Feuillet a voulu marquer dès le début que cette Locuste n’est qu’une darwiniste pratique, quelque chose comme un Lebiez en jupons : la première fois qu’elle apparaît à Vaudricourt, c’est en chasseresse braconnant sur les terres d’autrui et pénétrée des droits que lui confère la grande loi de la « lutte pour la vie ».
Au lieu de s’étendre avec une curiosité tranquille sur le détail de nos misères, il s’était borné à éclairer d’une lumière terrible les principaux objets de notre confiance, ce que l’on pourrait appeler les garanties des sociétés, la justice, la loi, la vertu.
Il n’est pas aisé d’écrire en vers même comme Louis Racine ; témoin la Loi naturelle de Voltaire, fort au-dessous de la Religion de Louis Racine.
Par suite des fondations de M. de Montyon et de quelques autres philanthropes éclairés, il est dérogé ici une fois par an à cette loi profonde de la nature qui a voulu que la récompense du devoir accompli fût obscure et insaisissable.
Mais les tristes gâteux qui font la loi sur nos scènes ne toléreraient jamais ni le finale de la Prise de Troie ni les dernières scènes des Troyens à Carthage !
Une particularité du caractère de Louis XIV était son respect pour la bienséance, que La Rochefoucauld appelle la moindre de toutes les lois et la plus suivie.
C’est la loi, c’est la règle, c’est le phénomène fatal et sacré de la nature.
La présence réelle est une des lois de l’intérêt, au théâtre ; là surtout les absents ont tort.
Pourtant, il est certainement l’un de ces hommes à propos de qui il serait permis, à certains jours, de s’adresser cette question : « Qui peut dire et savoir ce qu’arrive à penser, sur toute matière religieuse et sociale, un homme de plus de quarante ans, prudent, et qui vit dans un siècle et dans une société où tout fait une loi de cette prudence ?
La troisième strophe semble atteindre un moment au sublime : Un conquérant, dans sa fortune altière, Se fît un jeu des sceptres et des lois ; Et de ses pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur le bandeau des rois.
Dans sa petite maison du Luxembourg, qui est isolée et champêtre, et où l’on n’arrive que par un détour comme dans un village, elle se montre presque comme une fermière retirée au lendemain des grandeurs de Versailles : C’est un délice que de se lever matin ; je regarde par ma fenêtre tout mon empire, et je m’enorgueillis de voir sous mes lois douze poules, un coq, huit poussins, une cave que je traduis en laiterie, une vache qui paît à l’entrée du grand jardin, par une tolérance qui ne sera pas de longue durée.
Ceux qui ont écrit le récit de sa vie pénitente se sont plu à en citer des exemples singuliers, qui nous toucheraient trop peu aujourd’hui ; mais le principe qui les lui inspirait, et le but dont elle s’approchait par ces moyens, sont à jamais dignes de respect dans tous les temps, et de quelque point de vue qu’on les envisage : « J’espère, je crois et j’aime, disait-elle ; c’est à Dieu à perfectionner ses dons. » — « Espérer et croire, ce sont deux grandes vertus ; mais qui n’a point la charité n’a rien : il est comme une plante stérile que le soleil n’éclaire point. » Cette belle âme, réalisant désormais en elle les qualités de l’amour divin, se considéra jusqu’à la fin comme l’une des dernières devant Dieu : Je ne lui demande pas, disait-elle, de ces grands dons qui ne sont faits que pour les grandes âmes qu’il a mises dans le monde pour l’éclairer, je ne pourrais pas les contenir ; mais je lui demande qu’il incline mon cœur, selon sa parole, à rechercher sa loi, à la méditer nuit et jour.
Sa conclusion, qu’elle ne donne encore qu’avec réserve (car en telle matière qui touche la diversité des esprits, il ne saurait y avoir de loi universelle), sa conclusion, dis-je, est qu’en demandant plus de savoir aux femmes qu’elles n’en ont, elle ne veut pourtant jamais qu’elles agissent ni qu’elles parlent en savantes : Je veux donc bien qu’on puisse dire d’une personne de mon sexe qu’elle sait cent choses dont elle ne se vante pas, qu’elle a l’esprit fort éclairé, qu’elle connaît finement les beaux ouvrages, qu’elle parle bien, qu’elle écrit juste et qu’elle sait le monde ; mais je ne veux pas qu’on puisse dire d’elle : C’est une femme savante ; car ces deux caractères sont si différents, qu’ils ne se ressemblent même point.
Mme de Lambert, toute sa vie, se fit une loi de respecter d’autant plus la bienséance, qu’elle l’avait vue offensée davantage autour d’elle dans son enfance ; elle se proposa pour objet principal et pour but de toute sa conduite la considération et l’honneur.
Mme Necker se propose dans cet écrit, qu’elle traçait d’une main déjà défaillante, de combattre la loi française du divorce et d’en montrer les contradictions avec les principales fins de la nature en société et de la morale.
Tous ces jugements, ébauchés par lui dès 1772 et 1777, tout à fait neufs alors et originaux, développés depuis et mis en complète lumière dans les dernières éditions de l’Essai sur l’éloquence de la chaire, font loi et règlent désormais cette matière littéraire et sacrée.
Dès sa retraite chez l’empereur, Bonneval s’accoutume à être renégat et à ne suivre pour loi qu’un prétendu honneur personnel dont il se fait juge, et qui n’est que la vanité exaltée.
Voltaire ne se laisse point tranquilliser, et il n’est point d’humeur à laisser les autres tranquilles : Je lis et je relis votre contrat, et plus je le relis, plus je vois que vous m’avez dicté la loi en vainqueur ; mais j’en suis fort aise ; j’aime à embellir les lieux que j’habite, et je fais à la fois votre bien et mon plaisir.
J’entends la plainte de Prométhée que la Force et la Violence clouent à son roc de martyre » ; et cette apostrophe est la réclamation même de la justice contre la loi.
« Le prélat répondait longuement et savamment à leurs questions, exposait les lois de la gravitation, s’élevait contre l’imposture de nos sens, et finissait par conseiller aux moines de ne pas troubler les cendres de Copernic. » (Voyage en Italie.)
On accepta leur offre, et voilà les gens de lettres qui dans la suite firent respecter leur emploi parce que sous prétexte d’amuser et de délasser le peuple, ils l’instruisirent ; ils chantèrent les lois, ils encouragèrent au travail et à l’amour de la patrie ; ils célébrèrent les vertus, ils inspirèrent aux pères de la tendresse pour leurs enfans, aux enfans du respect pour leur père ; et nos agriculteurs furent chargés de deux impôts qu’ils supportèrent volontiers, parce qu’ils leur restituaient autant qu’ils leur prenaient.
Fuyez, mes amis, fuyez… est-ce que les habitants des campagnes, au milieu des occupations qui leur sont propres, n’ont pas leurs peines, leurs plaisirs, leurs passions : l’amour, la jalousie, l’ambition ; leurs fléaux, la grêle qui détruit leurs moissons et qui les désole, l’impôt qui déménage et vend leurs ustensiles ; la corvée qui dispose de leurs bestiaux et les emmène ; l’indigence et la loi qui les conduisent dans les prisons ?
Quand votera-t-on une loi équitable, stipulant qu’à l’élargissement de chaque prévenu injustement séquestré on enfermera, pour un nombre égal de jours, le magistrat ?
En Angleterre, où l’on souffre les distinctions et où la beauté de Byron passa sans révolter personne, ce sentiment d’envie n’a pas donné le succès sur lequel on comptait et qu’il aurait donné en France, par exemple, dans ce pays de l’égalité, ou être plus beau que les autres est contraire à la loi et au sentiment public.
Le sublime a ses lois d’optique, et l’Imagination n’y consentait pas.
Je sais maintenant, et je vais montrer aux autres, qu’on peut s’affranchir des lois de la pesanteur. » Si vous vous réveillez brusquement, voici, je crois, ce que vous trouverez.
Mon gentilhomme, un peu de modestie ; tout ton talent sera de savoir tuer, pour tuer ceux qui voudront tuer tes frères et les troubler dans leurs respectables professions. » Le robin, l’homme de loi ou le procureur, qui ne vient qu’en quatrième lieu, reçoit aussi sa leçon, et la mieux sanglée ; c’est le plus sacrifié des quatre. […] Il n’entendait rien, d’ailleurs, à l’étude de la nature, aux lois physiques générales.
L’honnêteté de son origine, un vote au lieu d’un attentat, une loi au lieu d’une épée au 18 brumaire, et toute la destinée de l’Europe, de la France et de l’homme, était changée. […] Cette analyse, cependant, a ce mérite d’être une excellente leçon de politique réelle en opposition avec la politique géométrique et scolastique d’un de ces illuminés du Contrat social qui croient pouvoir appliquer les lois de la mécanique aux intérêts moraux et aux passions des peuples.
À lui voir conduire ses affaires, expliquer les lois sur l’exportation, sur l’importation des grains, étudier leur esprit, saisir leurs défauts, un homme l’eût jugé capable d’être ministre d’État. […] Est-ce contre les lois que j’aille voir mes filles, le soir, au moment où elles sortent de leurs maisons pour se rendre au bal ?
Puis il y a cette loi de l’urgence. […] À chaque pas qu’ils font, toutes sortes de grandes et de petites choses tombent sur eux, comme les peines afflictives d’une grande loi de conservation de la société.
En cette ruine qui me menace, il ne faut m’attacher qu’aux observations qu’elle va me procurer sur les avoués, sur les huissiers, sur le monde de la loi, et les malheurs qui n’empêchent pas absolument de manger ne doivent être considérés par moi, que comme des auxiliaires de la littérature. […] Il ne s’est pas douté d’une chose, c’est que la Révolution a été accomplie et exécutée seulement par les légistes, les avocats, les hommes de loi, les procureurs… Songez qu’il y avait 240 avocats à la Constituante.
Ceux-là seulement peuvent avoir l’illusion d’en avoir démêlé tous les secrets, qui ne la cherchent qu’à travers les règles des grammairiens, car le grammairien connaît la loi. Mais au-dessus de la connaissance des lois, il y a le sentiment.
Ébranlée dans ses profondeurs par le courant qui l’entraînera, l’âme cesse de tourner sur elle-même, échappant un instant à la loi qui veut que l’espèce et l’individu se conditionnent l’un l’autre, circulairement. […] L’homme doit gagner son pain à la sueur de son front : en d’autres termes, l’humanité est une espèce animale, soumise comme telle à la loi qui régit le monde animal et qui condamne le vivant à se repaître du vivant.
On peut formuler cette loi, puisque l’évolution organique ne saurait s’exercer que sur des périodes incalculables. […] Déjà dans Flambeaux éteints, on trouve ce vers : L’horreur de n’être plus ce qu’on fut me déchire… qui répond à cette plainte qu’elle soupira naguère : Puisque telle est la loi lamentable et stupide, Tu te flétriras un jour, ah ! […] On sentie prodige « d’une occulte loi humaine survenue ».
On ne doit pas, comme un Blanqui, se rendre esclave des idées au point de s’ensevelir vivant dans la vanité du sacrifice perpétuel, mais il est bon d’avoir eu l’occasion de témoigner quelque mépris aux lois, à la société, au troupeau des citoyens ; si d’une vaine lutte on emporte quelque blessure, la cicatrice est belle. […] Barrès en a fait une prière qui ne se dit pas sur l’Acropole, mais dans les salons, et cela prend, le long de l’Ennemi des Lois, par exemple, un air innocent et pieux qui a ravi une génération bien décidée à mettre des gants blancs pour toucher à la vie. […] L’intelligence n’est libre que dans les limites des lois dynamiques. […] Sa philosophie est une sorte de positivisme panthéiste et optimiste ; le monde évolue, du germe à la plénitude, de l’inconscience à l’intelligence, de l’instinct à la loi, du droit au devoir, ― vers le mieux.
Il faut agir, n’importe en quel sens ; or, et c’est le principe même de là loi d’inertie, il n’y a pas de mouvement sans cause. […] Mais elle est affranchie de tout souci d’exactitude absolue, ne restant soumise qu’à cette exactitude relative qui est la logique générale, et les lois de la logique générale sont assez souples pour nous faire admettre la Divine Comédie ou les Voyages de Gulliver. […] Elle persiste ou demeure selon des lois qui ne sont pas claires. […] Les hommes de loi disent encore : en témoin, pour en témoignage ; mais c’est archaïque. […] Il est vrai aussi qu’on manque l’accord quand l’adjectif commence par une consonne ou une h aspirée : toutes seules, toute contente, et que cet usage a force de loi.
La thèse philosophique se résume en ces pages indignées contre la nature : L’être normal fait des enfants ainsi qu’une bête accouplée par la loi. […] … C’est la bizarre séduction de cette incessante loi de destruction qui gouverne les êtres et les choses. […] Il est dans son droit suivant la loi et il a tué sa femme prise en flagrant délit d’adultère, et cela pendant « la semaine sanglante », en sorte que le meurtre est confondu avec les accidents d’une guerre civile. […] Louis onze a livré la première bataille ; François premier, venu pour élargir l’entaille, Est mort à l’œuvre avant que le géant tombât ; Richelieu n’a pas vu la fin du grand combat ; Tous ces hommes, suivant leur loi haute et profonde, Ont fait la guerre. — Moi, j’ai fait la paix du monde ! […] vive la loi !
Dozy comment il a pu se faire que le Cid, tel que vient de nous le montrer l’histoire, lui, l’exilé, qui vivait a augure, comme on disait, à l’aventure, au jour le jour, consultant le vol des corbeaux et des oiseaux de proie, oiseau de proie lui-même, « qui passa les plus célèbres années de sa vie au service des rois arabes de Saragosse ; lui qui ravagea de la manière la plus cruelle une province de sa patrie, qui viola et détruisit mainte église ; lui, l’aventurier, dont les soldats appartenaient en grande partie à la lie de la société musulmane, et qui combattait en vrai soudard, tantôt pour le Christ, tantôt pour Mahomet, uniquement occupé de la solde à gagner et du pillage à faire ; lui, cet homme sans foi ni loi, qui procura à Sanche de Castille la possession du royaume de Léon par une trahison infâme, qui trompait Alphonse, les rois arabes, tout le monde, qui manquait aux capitulations et aux serments les plus solennels ; lui qui brûlait ses prisonniers à petit feu ou les donnait à déchirer à ses dogues… », — comment il s’est fait qu’un tel démon ait pu devenir le thème chéri de l’imagination populaire, la fleur d’honneur, d’amour et de courtoisie, qu’elle s’est plu à cultiver depuis le xiie siècle jusqu’à nos jours : — « un cœur de lion joint à un cœur d’agneau », comme elle l’a baptisé et défini avec autant d’orgueil que de tendresse ?
Montesquieu, à cette date, n’était pas du tout l’auteur de l’Esprit des Lois, et ceux qui ne le connaissaient point directement ne le prévoyaient pas un aussi grand homme.
Ici il n’y a pas de quoi s’offenser : c’est l’auteur même qui parle, qui se démontre, et la dissection ne porte que sur les procédés de l’intelligence ; ce que l’auteur ajoute sur sa disposition morale est digne de ce qui précède, et résume nettement sa profession de foi politique : « J’ai l’orgueil de croire que je suis plus propre que personne à apporter dans un pareil sujet une grande liberté d’esprit, et à y parler sans passion et sans réticence des hommes et des choses : car, quant aux hommes, quoiqu’ils aient vécu de notre temps, je suis sûr de n’avoir à leur égard ni amour ni haine ; et quant aux formes des choses qu’on nomme des constitutions, des lois, des dynasties, des classes, elles n’ont point, pour ainsi dire, je ne dirai pas de valeur, mais d’existence à mes yeux, indépendamment des effets qu’elles produisent.
Sa lettre à ce sujet, écrite à la date du 7 juillet 1814 et qui commence par ces mots : « Je viens de lire le projet de loi napoléonienne… », est mémorable.
La bienséance, le quod decet, était ta loi, et il y resta fidèle.
Nisard, qui se pique en général de suivre les lois de Malherbe et de Boileau, s’est mis, après force précautions ingénieuses, en contradiction avec ce dernier à propos de Perse ; et j’avoue que, de tous les jugements de son livre instructif, celui qu’il porte sur ce satirique latin m’a le plus étonné, et, pour parler franc, m’a tout à fait révolté par l’injustice criante et la latitude de la conjecture.
N’oubliez pas, en jugeant l’édition première, cet autre inconvénient pour elle d’avoir été faite par un Comité ; les Comités peuvent être bons pour les lois, mais non pour les éditions où le goût a surtout part. « Il n’y a point d’ouvrage si accompli, a dit La Bruyère, qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs, qui ôtent chacun l’endroit qui leur plaît le moins. » Les Pensées de Pascal n’ont pas fondu, dira-t-on, tant elles étaient solides !
L’esprit persistait ; la philosophie revient toute voisine de cette pièce pénitente et de quelques paraphrases des Psaumes, dans des réflexions hautement stoïques ; on dirait qu’elle essaie la mort de tous les côtés : Misérable jouet de l’aveugle fortune, Victime des maux et des lois, Homme, toi qui, par mille endroits, Dois trouver la vie importune, D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ?
On a vu il y a quelques années un abandon de la communauté de Boisse combiné entre les habitants, le seigneur et le décimateur de cette communauté » ; et la désertion serait bien plus grande encore, si la loi ne défendait à tous les taillables d’abandonner un fonds surchargé, à moins de renoncer en même temps à tout ce qu’ils possèdent dans la même communauté Dans le Soissonnais, au rapport de l’assemblée provinciale628, « la misère est excessive ».
D’ordinaire, ils se figurent nos connaissances, perceptions extérieures, souvenirs, actes de conscience ou de raison, comme des actes d’une nature spéciale et simple, desquels on ne peut rien dire, sinon qu’ils sont une action et un rapport, l’action d’un être simple, qui, par eux, entre en rapport avec des êtres étendus différents de lui-même, avec lui-même, avec des événements passés, avec des lois ou vérités supérieures.
Quand les premières atteintes de l’âge lui annoncèrent sa fin prochaine, il ne résista pas, il se résigna avec sérénité aux lois de la nature, il repassa avec sa famille et ses amis l’état de son immense fortune, noblement acquise, généreusement occupée pour la gloire des arts et des lettres ; il indiqua à ses héritiers l’usage qu’il convenait d’en faire après lui pour l’accroître et la conserver par sa destination au bien public.
Dumas y a exprimé, sous la forme dramatique, avec une réelle puissance, l’exaltation forcenée, sauvage de cet amour que le romantisme faisait supérieur à tous les devoirs, à toutes les lois, à toute morale.
Je n’ai point à discuter ici la thèse développée par Marivaux ; il me suffit de remarquer que la loi a plus tard conclu en sa faveur, en décidant qu’à vingt et un ans une jeune fille est parfaitement maîtresse de sa destinée et n’a plus que des conseils à recevoir de ses parents.
» Mais voici que le timbre de la cour sonne le tocsin, des pas retentissent dans l’antichambre, une voix officielle somme d’ouvrir, au nom de la loi.
Et nous nous demandons ce qu’il peut y avoir derrière cette voûte, ce que signifie cette comédie : la vie ; ce que c’est que ce Dieu, qui est loin de nous apparaître avec les attributs de la bonté, ce Dieu qui préside à la loi du dévorement des créatures ; ce Dieu de cette nature, seulement préoccupée de la conservation des espèces et si férocement dédaigneuse des individus… Et puis Dieu, se le figure-t-on occupé à fabriquer la cervelle de M.
Et l’homme sorti : « Voilà le voleur… C’est un pédéraste… il a fait le coup avec son amant, qui doit avoir la garde du magot… Demain je saurai, qui il est. » Mais Boitelle appuie surtout sur la désorganisation de la police de famille, de cette police qui doit être exercée par un préfet de police, dans les cas, où il faut défendre les honnêtes gens, quand la loi manque pour les protéger, — police qui doit être exercée à la façon d’un cadi, mais à la condition de ne jamais se tromper — répète-t-il deux fois.
Vous savez la fable que je vous ai déjà citée et qui commence par ces très beaux mots : Il se faut entr’aider ; c’est la loi de nature.
Il y a même ici une différence au désavantage du latin ; c’est que la langue française est sans inversions, au lieu que la langue latine en fait un usage presque continuel ; or cette inversion avait sans doute ses lois, ses délicatesses, ses règles de goût, qu’il nous est impossible de démêler, et par conséquent d’observer dans nos écrits latins.
Aussi l’Antiquité, libre de penser et de se passionner, a-t-elle réalisé et possédé l’idéal que le monde chrétien, soumis à une loi religieuse qui le réduisait à la rêverie, n’a fait que pressentir vaguement. […] Si la nature obéit aux lois inviolables qui la régissent, l’intelligence a aussi les siennes qui l’ordonnent et la dirigent.
Une église, la cathédrale des charbonniers, noire au dehors, noire au dedans ; un tribunal, un temple noir de la Justice, un Odéon de la loi, académiquement funèbre, et d’où l’on tombe sur une promenade, où les arbres maigrissent d’ennui dans une grande ombre moisie. […] Ainsi de Mirabeau… Et il se met à nous faire une loi providentielle de ces extrémités du destin des grands hommes, de ce cul-de-sac de malheur, où ils sont obligés de se jeter à la mer.
Elle la regarde apparemment comme un tribunal tyrannique qui ne laisse pas la liberté des jugemens en matiere d’ouvrages d’esprit ; elle croit que l’admiration religieuse des anciens, en est une loi fondamentale, et qu’en y entrant on lui prête serment de fidélité à cet égard. […] il n’y a, dit Me D qu’une loi divine qui soit plus forte que celle-là. cette proposition est fausse, la raison tient le milieu entre ces deux loix, elle cede à l’une, et elle corrige l’autre ; mais quand j’en conviendrois, il n’y en a pas moins une différence infinie entre ces deux loix qu’on raproche sans milieu. […] Car les cas, et les exemples même qu’il cite, désignent seulement les exceptions de la loi générale, qui ne souffre pas qu’on se loüe soi-même ; au lieu que dans l’iliade, l’usage général est de se louer sans scrupule, et qu’à peine y trouveroit-on cinq occasions où les héros les plus modestes s’en dispensent. […] C’est ce dessein, qui, pour ainsi dire, donne la loi à l’imitation ; c’est lui qui lui prescrit ses véritables bornes, et qui la rend bonne ou mauvaise, selon qu’elle le sert, ou qu’elle le dément.
Édouard Thierry, dont l’érudition fait loi en matière théâtrale, aura publié le Manuscrit de La Grange (Varlet), — cet honnête homme et loyal artiste qui a écrit, jour par jour, la chronique du théâtre de Molière, — nous saurons au juste comment fonctionnait ce théâtre qui s’ouvrait pour le public tous les mardis, vendredis et dimanches21. […] Plus tard, à la mort de Molière, il ajoutera des vers plus violents encore à une édition nouvelle de son Enfer burlesque, et on retrouvera dans ces vers la preuve que ce chantre est l’auteur enragé de ces quatre vers hideux, rimés contre Molière en forme d’épitaphe : Il se servit de la coquille Et de la mère et de la fille, Et ne trouva dedans sa fin Ni Dieu, ni loi, ni médecin. […] Il n’eut jamais une autre loi Que celle qui détruit la foi ; Il se servit de la coquille Et de la mère et de la fille ; Et ne trouva dedans sa fin, Ni Dieu, ni loi, ni médecin.
. — Comme je me suis fait une loi de répondre à tout ce que vous me dites ou me demandez (loi que j’espère que vous voudrez bien adopter aussi), je relis vos lettres sans ordre et répondrai à chaque article comme il se présente… Vous ne pouvez rien cacher de votre esprit sans y perdre, me dites-vous. […] Comme explication nécessaire toutefois, comme image complète de sa situation malheureuse en ces années de Brunswick, il faut savoir que ce premier mariage qu’il venait de contracter si à la légère tourna le plus fâcheusement du monde ; que, dès juillet 1791, il en était à reconnaître son erreur ; qu’il résumait son sort en deux mots : l’indifférence, fille du mariage, la dépendance, fille de la pauvreté ; que l’indifférence bientôt fit place à la haine ; qu’après une année de supplice, il prit le parti de tout secouer : « On se fait un mérite de soutenir une situation qui ne convient pas ; on dirait que les hommes sont des danseurs de corde. » Le divorce était dans les lois, il y recourut ; ce n’avait été qu’à la dernière extrémité : « Si elle eût daigné alléger le joug, écrivait-il, je l’aurais traîné encore ; mais jamais que du mépris !
La première curiosité épuisée, il n’a pas tardé à éprouver le vide de la patrie, le mal de l’absence : France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois… Il se compare à d’autres plus heureux que lui, à des agneaux qui ne craignent ni le loup, ni le vent, ni l’hiver, et qui n’ont faute de pâture.
Ces observations multipliées s’enchaînent, et leur ensemble aide à découvrir ou à vérifier des lois.
On a remarqué souvent combien la beauté humaine de son cœur se déclare énergiquement à travers la science inexorable de son esprit : « Il faut des saisies de terre, des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais, justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent les autres hommes. » Que de réformes, poursuivies depuis lors et non encore menées à fin, contient cette parole !
L’honneur est une loi que je ne dois pas enfreindre.
Bannis de ton cœur la vaine espérance ; que la partie plus noble et plus calme reprenne son empire sur tes sens ; armée d’une force irrésistible et d’une prudence plus grande, qu’elle soumette à ses lois tout désir contraire à sa volonté, et que ton funeste ennemi, désormais terrassé, n’ose plus dresser contre toi sa tête venimeuse. » C’est ainsi qu’il méditait en vers longtemps avant l’époque des Méditations.
nécessité fait loi.
Ces grandes pensées sur l’éducation, sur la paix et la guerre, sur la justice, sur les lois, sur les devoirs des princes ; ces vues si justes et si élevées sur les rapports qui lient les hommes dans une société bien réglée, sont autant de nouveautés dans la littérature française.
J’obéirais à une loi si fâcheuse, à cause que je suis bon citoyen ; mais ce serait par mon silence et non par ma lâcheté, et à la charge de ne point parler, et non pas de parler contre ma conscience16. » Vaugelas, un autre homme de bien à qui nous aurons aussi à rendre justice, défiait Phyllarque de trouver un meilleur cœur que Balzac, une plus grande douceur que « celle qui accompagnait toutes les parties de sa vie. » « Sa probité, ajoute-t-il, lui paraissait une des plus rares choses de ce siècle, comme son esprit est un des plus grands ornements de la cour17. » Quant à la langue, les services que Balzac lui a rendus suffiraient pour le sauver de l’oubli.
Le plus y vient avant le moins, la fin avant le commencement ; plus d’une chose à peine indiquée figure à côté d’une chose terminée, plus d’un trait n’arrive pas au moment précis où la loi du discours le voudrait ; mais tout arrive.
« D’abord, ce fut l’énorme et malheureux essai de l’Anneau du Nibelung ; — énorme, car n’est-ce point sa commune fortune, que l’artiste souhaite employer à une œuvre universelle la loi nouvellement trouvée ?
Il faudrait aussi admettre que Wagner fût allé à l’encontre de ses propres théories : « Dans le drame c’est par le sentiment que nous percevons… un sujet dramatique qui ferait appel tour à tour à l’intelligence et au sentiment serait un sujet sans cohésion, brouillé… le drame n’a qu’un seul but, agir sur le sentiment (IV, 97, 246, 253)… dorénavant deux chemins seulement s’ouvrent à la poésie ; ou bien elle peut quitter son domaine pour celui de l’abstraction, devenir philosophie, ou bien elle se confondra avec la musique… le langage de la musique ne peut être interprété selon les lois de la musique (VII, 150)… etc. » On pourrait m’objecter que dans ce cas spécial Wagner a oublié ces théories si clairement énoncées, si nous ne trouvions, dans ses propres œuvres, une preuve concluante du danger qu’il y a à vouloir voir des intentions philosophiques là où il n’y a qu’une œuvre d’art.
Pourquoi faut-il que ce pinceau ignore ou dédaigne les lois de la perspective ?
Il ne profite pas des appoints de l’illégalité brutale, et il a contre lui toutes les résistances que soulève une violation de la loi.
Cependant, malgré les gênes qu’elles imposent et les fautes qu’elles peuvent occasionner, les unités me semblent une loi sage.
Il se faut s’entr’aider ; c’est la loi de nature.
Les animaux d’espèces différentes ne connaissent aucune solidarité entre eux, et la loi de nature est, hélas !
C’est une loi et c’est un symptôme !
Dans un temps où le sentimentalisme gouverne le monde et a remplacé la religion, la morale et la loi, tous les pleurards qui tètent leur canne en regardant mélancoliquement les corniches, quand on parle des choses du cœur, trouveront admirable un livre dans lequel, à l’honneur de la nature humaine, Berquin bat constamment Borgia, par la très simple raison, du reste, c’est que le Borgia qu’on voulait mettre dans ce livre, en définitive n’y est pas !
Je trouve nos démocraties d’un intérêt poignant, travaillées par le terrible problème de la loi du travail, si débordantes de souffrance et de courage, de pitié et de charité humaines, qu’un grand artiste ne saurait à les peindre, épuiser son cerveau ni son cœur.
Mais comment Fromentin a-t-il deviné une loi capitale du roman, lui qui ne fut romancier que par occasion ?
Il faut lire ses poignantes diatribes contre les mariages de convenance et le sacrifice des filles, contre l’inégalité des héritages et l’envie des cadets, contre l’éducation des nobles et leurs traditions d’insolence, contre l’achat des grades à l’armée, contre l’isolement des classes, contre tous les attentats à la nature et à la famille inventés par la société et par la loi. […] Elle a pour ses filles une gouvernante incomparable, qui croit que Dante s’appelait Alighieri parce qu’il était d’Alger, mais qui a fait l’éducation de deux marquis et d’une comtesse. « Cette solitude est triste, lui dit quelqu’un, vous pourriez recevoir l’homme de loi. — Une famille comme la nôtre, cher monsieur, est-ce possible ?
Quoi qu’il en soit, les Gaulois, en subissant la loi du vainqueur, y trouvèrent un très-grand avantage. […] Il étoit donc de l’intérêt des Gaulois d’étudier avec soin la langue Latine, puisque, sans cette étude, leur éloquence leur devenoit inutile : d’ailleurs la nécessité leur en faisoit une loi.
Ces vers de Corneille dans Cinna, prens un siége, Cinna ; prens ; et sur toute chose observe exactement la loi que je t’impose, ne dérogent point, tout familiers qu’ils sont, à la majesté de la tragedie, parce que le sujet exige nécessairement l’expression. […] Ou l’on a voulu seulement me convaincre d’avoir violé la loi des vingt-quatre heures ; ou bien indépendamment de cette regle, on prétend que la multiplicité d’incidens est par elle-même un défaut ; tâchons de nous juger nous-mêmes à ces deux égards, en n’écoutant que la nature et la raison. […] Dans Athalie, tout l’apareil du couronnement de Joas, le bandeau royal, le glaive de David, le livre de la loi, le grand prêtre aux pieds du jeune prince, la surprise et la joïe des lévites en le reconnoissant, les sermens réciproques des sujets et du roi, enfin Joas sur son trône présenté tout à coup à Athalie qui reconnoît la nourice, et trouve encore la place du couteau ; tous ces objets frappent bien autrement que les plus beaux vers ; et c’est alors qu’on peut dire que le spectateur assiste à des événemens et non pas simplement à des discours, comme dans la plûpart des pieces. […] Non sans doute : mais on s’est imposé la loi de ne point changer de scene ; et l’on me dérobe par-là de grands spectacles qui feroient sans doute tout une autre impression que le récit le plus élégant.
La loi morale leur apparaît très confusément. […] Il observe les lois de l’hospitalité, lorsqu’il entend le tambourin des mendiants et ces trompettes en tibia humain, qui jettent des sons rauques. […] Il marcha longtemps, par les sentiers caillouteux avec vingt-deux jeunes gens, pris comme lui, dans le canton : la loi le voulait ainsi ; les plus beaux et les plus forts étaient choisis. […] A-t-il vu, sous le fourmillement des faits et l’éblouissante fantasmagorie des apparences, le mécanisme glacé des lois ? […] L’ancienne discipline, qui consistait essentiellement en une alternative d’extrême rigueur et d’extrême tolérance, et dont le premier article était l’usage des gros mots, pouvait convenir à une armée où l’iniquité de la loi poussait brutalement ceux qui n’avaient pas assez d’argent pour « acheter un homme », ceux que la pauvreté obligeait à « se vendre », sans compter un fort contingent de « mauvaises têtes », dont la liste grossissait les registres matricules, et que les professions dites régulières renvoyaient aux casernes.
, fut-elle antérieure à son mariage avec l’honnête et riche cordier Ennemond Perrin, ou se continua-t-elle jusqu’à travers les lois conjugales ?