Il semble qu’il n’affecte que quelques individus parmi beaucoup d’autres ou quelques groupes sociaux à un moment déterminé de leur histoire ; il semble, qu’à ces exemples, choisis pour illustrer un cas pathologique, il soit possible d’opposer nombre de ces normaux, où des réalités, individuelles ou sociales, se montrent en harmonie avec elles-mêmes et nous offrent le spectacle d’un ensemble coordonné.
Les deux invités de l’Anglais prennent le parti de dîner à Belleville, et dînent ensemble sans se connaître.
On voit avec surprise dans le Tasse la Messe, la Confession, les Litanies des Saints & des morceaux de sorcellerie, confondus ensemble & formant le plus grotesque assemblage.
Elles y arrivent d’autant mieux que toute invention se greffe sur des souvenirs, que, dans toute opération un peu complexe de l’esprit, les mots qui appellent des idées et les idées qui appellent des mots se suivent, s’enchaînent, se groupent, formant rapidement des composés dont la conscience ne saisit que l’ensemble et néglige les détails ; ces attentes minimes d’un mot, d’une idée, déjà peu discernables, achèvent de s’annuler en se compensant et deviennent insaisissables à toute observation.
Cet enfant de dix-neuf ans écrit au courant d’une lettre familière une page que les historiens de la guerre feront bien de retenir : Si dans son ensemble il existe ici un esprit sain et noble, il est tout autre que celui de l’arrière et des dépôts.
Du moment qu’il est établi (nous l’avons démontré et nous le démontrerons mieux encore) que les gouvernements ne sont point nés de la fraude, ni de la violence d’un seul, peut-on, en embrassant tous les cas humainement possibles, imaginer d’une autre manière comment le pouvoir civil se forma par la réunion du pouvoir domestique des pères de famille, et comment le domaine éminent des gouvernements résulta de l’ensemble des domaines naturels, que nous avons déjà indiqués comme ayant été ex jure optimo, c’est-à-dire libres de toute charge publique ou particulière ?
temps des loyales adolescences qui, sans envie, sans arrière-pensée, partent ensemble, et en s’aimant, à la conquête du même avenir ! […] Quant à moi, la journée où j’ai pu lire en leur ensemble les sonnets de José-Maria de Heredia a été l’une de mes plus heureuses : admirer qui l’on aime, c’est la joie. […] et n’y aurait-il pas, si deux lecteurs même très raffinés lisaient ensemble la même page, un péril de cacophonie analogue à celle qui se produirait si deux violonistes jouaient une mélodie continue, — notez que je dis continue, — écrite sans aucune indication de mouvement, et sans aucune division en mesures ? […] Le moyen de ne pas être charmé, toujours, par l’imprécision, soit innée, soit volontaire, où se plaît, naïve ou précieuse, — l’un et l’autre ensemble, peut-être, — la chimère de M. […] Justement, nous venions de travailler ensemble pendant bien des semaines, lui, Emmanuel Chabrier et moi, lorsque j’appris qu’on désespérait de le sauver.
Et je doute que je lui en donnasse davantage si c’était à recommencer ; car il faudrait ou que l’un des deux frères fût amoureux, ou tous les deux ensemble. […] Calmettes, Grammont, Colin, Mmes Bossa et Morlet contribuaient très honorablement à un « ensemble » qui pourrait être plus brillant mais qui est convenable.
L’ensemble des harangues de Cicéron est demeuré comme le chef-d’œuvre de l’éloquence judiciaire, ou plutôt comme le monument d’une illustre vengeance exercée contre le crime par la vertueuse indignation du génie. […] Beauté, naissance, richesse, esprit, que chacune de ces choses, ou que toutes ensemble, et plus encore, forment ton attribut et soient couronnées en toi ! […] Shakspeare a souvent usé de ce moyen de terreur, et, par une combinaison singulière, il a représenté la folie feinte aussi souvent que la folie elle-même ; enfin il a imaginé de les mêler toutes deux dans le personnage bizarre d’Hamlet, et de joindre ensemble les éclairs de la raison, les ruses d’un égarement calculé, et le désordre involontaire de l’âme. […] Ainsi, dans la première partie de Henri VI brille la scène incomparable de Talbot et de son fils, refusant de se quitter l’un l’autre, et voulant mourir ensemble ; scène aussi simple que pathétique, où la sublimité des pensées, la mâle concision du langage se rapprochent tout à fait des passages les plus beaux et les plus purs de notre Corneille. […] Il ne lui suffit pas d’avoir montré dans l’éclat de leur beauté, dans l’innocence de leur tendresse, ces deux créatures nouvelles ; il ne lui suffit pas d’avoir achevé ce tableau de pureté, de gloire et de bonheur, par le contraste d’un témoin invisible échappé de l’enfer, et tout ensemble jaloux et presque attendri de la félicité qu’il vient détruire.
« Et ces deux âmes, sœurs tragiques, s’envolent ensemble, l’ombre de l’une mêlée à la lumière de l’autre. » « Prions Dieu qu’il les ait en sa sainte garde ! […] Et ces deux hommes ne se font pas place tour à tour ; non, ils sont là toujours tous deux ensemble. […] Et alors on conçoit que la Poésie et la Vérité indissolublement mariées, sans espoir de divorce, se disputent quelquefois et, s’échauffant, se mettent à crier ensemble. […] Non, car l’accomplissement d’une œuvre commune, un même effort d’ensemble pour faire avancer d’un pas l’humanité, voilà ce qui unit plus étroitement que le hasard aveugle de la naissance. […] Associé, notaire, architectes, fournisseurs, tous fondent ensemble sur la proie.
Le duc et le général avaient été vus ensemble à Ettenheim… Suivaient d’autres détails, non moins horrifiques, signalés par le préfet du Bas-Rhin. […] Et l’on s’en va, tous ensemble, à Compiègne, non sans narguer, au passage, les préparatifs du protocole ébahi et penaud. […] Sur l’ensemble des événements passés, à mesure qu’ils reculent dans l’histoire, la liberté d’hypothèse est illimitée. […] Tels, les chasseurs qui ressentent un plaisir infini à raconter les derniers moments des lapins qu’ils ont fusillés ensemble. […] L’ensemble de ces témoignages continue à nous présenter l’image d’une Chine vraie, longtemps cachée aux esprits frivoles et aux yeux distraits par un paravent bariolé de couleurs illusoires.
Mais, ajoutait-elle, il était « tendre et raisonnable tout ensemble » ; il trouva des forces dans sa raison, dans son bon naturel, « dans une âme à qui Dieu avait donné toute l’élévation nécessaire à un grand roi219. » Mme de la Fayette, dont la réserve à peine obligeante sur Louis XIV trahit l’âme de quelques frondeurs plus résignés que réconciliés, rend le même témoignage de la tendresse extraordinaire du roi220. […] Les classes, en se mêlant ainsi, ne perdirent aucun de ces traits propres à chacune, dont l’ensemble forme la physionomie française.
Je dois vous avouer, que Zola s’est très bien conduit, a mis beaucoup de chaleur à l’obtention de la chose, s’est proposé pour aller chez le ministre tout seul, mais je ne l’ai pas voulu, nous y avons été ensemble. […] Nous causons des yeux de Maupassant, qu’il dit avoir été de très bons yeux, mais semblables à deux chevaux, qu’on ne pourrait mener et conduire ensemble — et que le mal était derrière les yeux.
Ils sapent l’édifice que nous avons construit ensemble, et, quand ils auront réussi, il n’y aura plus de place pour personne. […] » Ces scènes se renouvelaient pour lui à chaque promenade que nous faisions ensemble.
Si la civilisation, comme nous le disions, n’est qu’une « rencontre » de forces qui doivent « se composer » ensemble pour se faire équilibre, nous dirons maintenant qu’il n’en faut méconnaître, ni vouloir expulser aucune du « système » dont elle fait comme les autres une partie nécessaire. […] si tous ceux qui suivent Jésus-Christpouvaient les oublier pour marcher ensemble à la conquête des vérités éternelles qui ont déjà transformé le monde, et doivent le transformer complètement !
L’appartement de Molière était à l’entresol, et celui d’Armande Béjart au-dessus : ils communiquaient ensemble au moyen d’un escalier de bois fort roide et de deux pieds et demi de largeur. […] Champmeslé les cousit ensemble, tant bien que mal, et les fit représenter avec succès. […] Or voici ce que Napoléon Ier a répondu : « Après-dîner, dit l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, l’Empereur nous a lu le Tartuffe ; mais il n’a pu l’achever, il se sentait trop fatigué ; il a posé le livre, et, après le juste tribut d’éloges donné à Molière, il a terminé d’une manière à laquelle nous ne nous attendions pas : “Certainement, a-t-il dit, l’ensemble du Tartuffe est de main de maître, c’est un des chefs-d’œuvre d’un homme inimitable ; toutefois cette pièce porte un tel caractère, que je ne suis nullement étonné que son apparition ait été l’objet de fortes négociations à Versailles et de beaucoup d’hésitations dans Louis XIV. […] Mariage de Molière « Du lundy vingtiesme (février 1662), Jean-Baptiste Poquelin, fils de Jean Poquelin et de feue Marie Cresé (sic), d’une part, et Armande Grésinde Béiard, fille de feu Joseph Béiard et de Marie Herué, d’autre part, tous deux de cette paroisse, vis à vis le Palais-Royal, fiancés et mariés tout ensemble, par permission de M.
Les mots qui signifient les parties du corps humain, ou des choses d’un usage journalier, & qui n’ont rien de commun avec le latin ou l’allemand, sont de l’ancien gaulois ou celte ; comme tête, jambe, sabre, pointe, aller, parler, écouter, regarder, aboyer, crier, coûtume, ensemble, & plusieurs autres de cette espece. […] Un gouvernement long-tems gothique étouffa toute lumiere pendant près de douze cents ans ; & des maitres d’erreurs payés pour abrutir la nature humaine, épaissirent encore les tenebres : cependant aujourd’hui il y a plus de philosophie dans Paris que dans aucune ville de la terre, & peut-être que dans toutes les villes ensemble, excepté Londres. […] Il se peut très-bien que Socrate ait été le plus heureux des Grecs, quoique des juges ou superstitieux & absurdes, ou iniques, ou tout cela ensemble, l’ayent empoisonné juridiquement à l’âge de soixante & dix ans, sur le soupçon qu’il croyoit un seul Dieu. […] Un aveugle né entend dans son imagination l’harmonie que ne frappe plus son oreille ; il est à table en songe ; les objets qui ont résisté ou cédé à ses mains, font encore le même effet dans sa tête : il est vrai que le sens de la vûe fournit seul les images ; & comme c’est un espece de toucher qui s’étend jusqu’aux étoiles, son immense étendue enrichit plus l’imagination que tous les autres sens ensemble.
Sa gloire est toute entière dans ces trois ouvrages ; mais, comme ils forment un ensemble harmonieux et complet, il nous semble convenable d’épuiser la liste des travaux du poète écossais, et le récit de sa biographie, avant d’entamer l’analyse et la critique de cette trilogie morale. […] Dans ce pêle-mêle confus d’Achilles et de Thersites, dans cette cohue de rois et de populaces, on ne distingue pas d’abord sur quels groupes l’attention va se fixer, Mais peu à peu l’histoire s’explique et s’éclaircit, les groupes se personnifient, les nations s’individualisent ; grâce aux dimensions colossales de l’action, une catastrophe qui ruine un royaume n’a plus que l’importance relative d’une scène ordinaire ; le drame tout entier prend une espèce d’unité involontaire et fatale, unité réelle et providentielle, qui ne résulte pas du choix ou de l’oubli, de la préférence ou du dédain, mais qui se fait d’elle-même, qui ressort des événements ; unité inhérente à l’ensemble, à laquelle tous les détails concourent merveilleusement. […] Est-ce au moins un ensemble de réalités étudiées attentivement, entassées pêle-mêle, mais entières, mais irrécusables, et d’où le philosophe et le poète pourront un jour tirer des leçons et des poèmes enfouis ? […] Mais juger comme une esquisse un ensemble de traits dont pas un n’est tracé sans viser à l’effet, ce serait une coupable indulgence. […] Et ainsi le roman de Mérimée vaut mieux par les détails et vaut moins par l’ensemble que son théâtre.
Chaque phrase prononcée par un de ses personnages nous fait voir, outre l’idée qu’elle renferme et l’émotion qui la dicte, l’ensemble des qualités et le caractère entier qui la produisent, le tempérament, l’attitude physique, le geste, le regard du personnage, tout cela en une seconde, avec une netteté et une force dont personne n’a approché. […] Lorenzo enlevait Jessica, Shylock était frustré de sa vengeance, les amants de Portia échouaient dans l’épreuve imposée ; Portia déguisée en juge prenait à son mari l’anneau qu’il avait promis de ne jamais quitter : ces trois ou quatre comédies, détachées, confondues, s’embrouillaient et se déroulaient ensemble, comme une tresse dénouée où serpentent des fils de cent couleurs. […] Montez d’un étage et contemplez la scène tout entière : l’ensemble porte la même marque que les détails.
Voilà deux mots qui jurent ensemble, et qui me troublent un peu. […] Il lui plaît aujourd’hui d’entrer dans un collège de province ; avec cinq ou six gamins, un vieux professeur et trois modistes, il reconstruit tout un ensemble de relations sociales. […] C’est une série de scènes qui se succèdent sans s’engendrer, et tel chapitre pourrait être déplacé ou même supprimé sans altérer l’ensemble général de l’œuvre. — Que reste-t-il donc à M.
Il faut donner cette page qui est vraie dans son ensemble, et qui est rassurante aussi, à force d’être désolée dans ses conclusions.
Mais on voit, par tout cet ensemble de conseils et de principes, combien il était peu grammairien au sens strict et étroit, et quelle part il faisait en tout genre au naturel et même aux aimables négligences.
Si l’on veut bien ne pas séparer de l’ensemble de l’œuvre lyrique française les deux grands poètes contemporains (Lamartine et Victor Hugo) qui l’accomplissent et la couronnent, on sera mieux à même encore d’apprécier la première et tout à fait généreuse tentative de ces poètes de la Pléiade, qui entrevirent de loin le but et qui amorcèrent la voie.
Au milieu des inexactitudes et des lacunes inévitables d’un tel mode de reconstruction, surtout avec une édition si fautive et si incohérente que celle qu’avait donnée Manuel du manuscrit de Vincennes, il n’en résultait pas moins pour l’ensemble de la jeunesse et de la première vie de Mirabeau une impression assez juste, sentimentale plutôt qu’irrécusablement motivée ; on voyait un homme dont les malheurs étaient plus grands que les torts, et les torts plus méchants que le fond.
À la molle clarté de la voûte sereine Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin, Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin… « C’est divin de mélodie, mais c’est plus vague de contour et plus amolli de ton que Chateaubriand dans la même peinture.
Mais ceci nous amène à la théorie de la vraisemblance, qui joue un rôle considérable dans l’ensemble de la doctrine de Boileau, et qui ne laisse pas d’en être une partie délicate et dangereuse.
Malherbe marqua le caractère et assura l’avenir de la haute poésie en France, le jour où il substitua au mécanisme qui permettait à Ronsard de faire deux cents vers à jeun, et autant après dîner122, un ensemble de difficultés ou plutôt un corps de lois qui devait interdire l’art aux vaines vocations, et ne le rendre accessible qu’aux poëtes vraiment inspirés.
Hitler n’a pas uniquement récupéré une musique, une mise en scène, mais aussi toute une idéologie véhiculée par l’ensemble du projet wagnérien.
Il affirme que si nous aimons, nous aimerons ensemble, et que les lois et les mœurs doivent faire une exception en faveur de notre dualité phénoménale.
Nous sommes ici pour faire des études ensemble.
Par exemple, dans le dernier livre, il y a une société hétéroclite et bizarre, du corbeau, de la gazelle, de la tortue et du rat ; et il faut avouer que c’est de la plus haute fantaisie que de les mettre ainsi ensemble.
Tout l’ensemble de ce dernier livre l’atteste, mais sa préface l’exprime avec une netteté qui ne permet plus aucun doute.
Si donc on veut de cette femme un ensemble, si on la tire du demi-jour des mémoires et du profil fuyant qu’elle y découpe, c’est apparemment dans un intérêt, sinon d’histoire, au moins d’imagination et de nature humaine ; c’est pour lui faire tomber la lumière d’aplomb et de face sur la tête et sur le visage, et il faut alors que le peintre crée, par sa peinture, l’intérêt que son modèle n’a pas !
On ne contestera pas que les personnages soient venus ici tous ensemble, à l’appel de l’idée.
Cet heureux ensemble a ses difficultés sans doute, & il n’appartient qu’au talent réel de les vaincre.
Les deux époux qui font la partie de se tuer ensemble, pour échapper au tyran, sont encore un exemple de ces situations forcées qui n’ont qu’un vain éclat : la véritable vertu n’a point tant d’apprêt ni de faste. […] Respiraient l’art : ces deux mots ne sont pas faits pour aller ensemble. […] Le seul chevalier aussi illustre que les rois dans l’histoire, c’est Bayard ; et du Belloi l’a présenté avec succès dans un ouvrage fondé tout entier sur la chevalerie, et qui, dans son ensemble, vaut mieux que Tancrède. […] Les deux vers sont peu liés ensemble : m’ouvre au trône une voie est sec et dur ; et Polyphonte qui déploie son cœur, paraît un peu ridicule. […] Dans le doute, il unit ensemble les deux motifs : Vincet amor patriæ, laudumque immensa cupido.
Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent un tout autre but, tendant à déduire, des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois historiques ou organiques les idées qu’elle exprime et les émotions qu’elle suscite. […] Il me disait qu’un écrivain ne devrait accomplir qu’une œuvre unique, concentrer en elle toutes ses forces, y consacrer toute sa vie, trop courte déjà, trop embarrassée par les difficultés ambiantes, pour qu’il fût possible de suivre plusieurs rêves ensemble. […] Si l’on conçoit la suite des sciences qui, prenant la matière organique à ses débuts, dans les cornues des chimistes ou l’abîme des mers, en conduisent l’étude à travers la série ascendante des plantes et des animaux jusqu’à l’homme, la décrivent et l’analysent dans son corps, ses os, ses muscles, ses humeurs, le dissèquent dans ses nerfs et son esprit ; si, abandonnant ici l’homme individu, on passe à la série des sciences qui étudient l’être social, de l’ethnographie à l’histoire, on verra que ces deux ordres de connaissances, les plus importantes, sans aucun doute et celles auxquelles s’attache l’intérêt le plus prochain, se terminent en un point où ils se joignent : dans la notion de l’individu social, dans la connaissance intégrale, biologique, psychologique de l’individu digne de marquer dans la société, constituant lui-même par ses adhérents et ses similaires, un groupe noble, propageant dans son ensemble particulier ou dans l’ensemble total, ces grandes séries d’admirations, d’entreprises, d’institutions communes, qui forment les États et agrègent l’humanité. » Et plus loin : « Dans l’ethnopsychologie des littérateurs, dans la physiologie biographique des héros, ces hommes sont mis debout, analysés et révélés par le dedans, décrits et montrés par le dehors, reproduits à la tête du mouvement social dont ils sont les chefs, érigés, avant leurs exemplaires, un et plusieurs, individus et foule, en des tableaux qui, basés sur une analyse scientifique nécessitant le recours à tout l’édifice des sciences vitales, et sur une synthèse qui suppose l’aide de toute la méthode historique et littéraire moderne, peuvent passer pour la condensation la plus haute de notions anthropologiques que l’on puisse accomplir aujourd’hui. » Voilà ce qu’Émile Hennequin eût fait pour notre temps. […] Byzance, qui est à L’Agonie le panneau d’un diptyque avec ses développements analogues et une catastrophe identique pour conclure, mais d’un ensemble très chaste et nullement érotique, comme dans L’Agonie, met aux prises les Verts et les Bleus, sous Constantin Copronyme, les amours de l’enfant Oupravda, qu’une conspiration réserve au trône et à qui le Basileus, en découvrant le complot, fait crever les yeux.
Historien aussi net que ceux-là même qui, se bornant à leurs impressions personnelles, pratiquent forcément la vertu de sobriété, observateur minutieux non seulement des phénomènes scrutés par lui-même, mais encore des nuances devinées, suggérées ou saisies au vol de la conversation, Balzac, riche entre tous, et n’ayant d’autre tort que de mettre en œuvre, un peu au hasard, le trésor de matériaux amassés par lui, a pu écrire cent romans de la vie actuelle, historiques au plus haut point possible, et dont l’ensemble, si incomplet qu’il soit resté faute de temps, excuse l’ambition immodérée de son titre : La Comédie humaine. […] Tout jeune homme fit son volume de vers empreint de l’imitation du maître préféré, et quelquefois mêlant plusieurs imitations ensemble. […] Des arbres, des buissons, des halliers, des profondeurs de la forêt s’élèvent mille voix qui chantent ensemble, chardonnerets, rouges-gorges, bouvreuils, pinsons, bergeronnettes, mésanges, merles, et, brochant sur le tout, quelques geais et quelques pies jetant leur dissonance à travers l’harmonie générale. […] Scribe, dont il diffère en tout le reste ; cherchant le danger qui double le succès ; jetant au public un perpétuel défi, l’agaçant, l’irritant à la manière des dompteurs, le faisant rugir pour se donner la gloire de le vaincre ; lettré studieux, nourri des meilleurs styles, habile à les prendre tous ; ménechme charmant de Beaumarchais quand il a voulu l’être ; joueur qui ne vise qu’aux coups de partie et refait peut-être trop souvent le coup de l’alcôve ; moralisateur qui a manqué sa visée dans La Famille Benoîton et prouvé une fois de plus que le théâtre châtie les mœurs sans les corriger, mais dont le succès marque une époque et aura eu l’honneur de donner un nom à l’extravagance de 1866 en matière de toilette ; Félicien Mallefille, talent inégal avec des parties de premier ordre ; excellent où il est bon : dans le portrait, dans le récit, dans la tirade satyrique et l’enchaînement précieusement travaillé du dialogue ; main de maître quand il écrit, moins habile à nouer l’ensemble de sa composition qui lui échappe ; écrivain dramatique plutôt qu’auteur dramatique ; supérieur à son œuvre incomplète où le comique a ironiquement survécu ; visant haut, sujet à manquer le succès, mais s’imposant à l’estime ; figure à part qui ne prend pas de rang, et, solitaire, se drape avec un juste orgueil dans sa noble renommée ; Puis les survivants et les derniers nés de l’école de 1830, fidèles à la forme du grand théâtre, à la poésie, à la rime rare, à la parole épique : Jules Lacroix, l’auteur du Testament de César, de Valéria et de La Jeunesse de Louis XI, le traducteur de Sophocle et de Shakspeare, d’Œdipe-Roi et de Macbeth ; Louis Bouilhet, aimé de la jeunesse de l’Odéon, poëte dans Madame de Montarcy, poëte dans La Conjuration d’Amboise, et dont l’inspiration dramatique, marquée dès le début au coin des vers de Ruy-Blas, en a toujours gardé la vive effigie ; Puis ceux qui devaient être aussi des poëtes et qui, surpris dans le mouvement arrêté par l’échec des Burgraves, se sont repliés sur le drame en prose avec les qualités supérieures de leur grande éducation littéraire : Paul Meurice, Auguste Vacquerie, Victor Séjour, Ferdinand Dugué et Édouard Plouvier ; Puis les romanciers qui se sont décidés à faire de leur propre invention ce que le théâtre s’était accoutumé à faire de l’invention d’autrui et à donner eux-mêmes à leurs récits la seconde façon du théâtre : Auguste Maquet, le collaborateur avoué d’Alexandre Dumas, associé à ses plus grands succès, lieutenant d’Alexandre et digne de devenir son émule ; Paul Féval, en qui Frédéric Soulié avait deviné son successeur, le dernier des romanciers de la forte race, et auquel il avait ouvert lui-même les portes de l’Ambigu-Comique ; puis les vieilles gloires du drame de passion et d’intrigue les habiles, les heureux, Adolphe d’Ennery et Anicet Bourgeois, maîtres d’un genre populaire dans toute l’Europe, traduit partout et partout imité ; En remontant à la comédie en vers : Camille Doucet, l’auteur des Ennemis de la maison et du Fruit défendu, esprit vif, alerte, enjoué, fin satirique, dont le vers bien disant part comme un trait et pique droit où il vise ; Pailleron, qui fait causer le sien, le rompt à son gré et le désarticule à plaisir pour l’ajuster à tous les mouvements de la conversation familière ; de Belloy, qui devait traduire Térence, dont il avait déjà, dans Pythias et Damon, la délicate et discrète élégance ; Théophile Gautier, qui a fait un chef-d’œuvre, le prologue de Falstaff, et qui frappe le vers de théâtre ( Pierrot Posthume et Le Chapeau de Fortunatus) avec le vrai coin du seizième et du dix-septième siècle ; Théodore de Banville, dont la muse gracieuse, car c’est bien une Muse, dédaigne de poser son brodequin de pourpre hors des palais qu’habite Cypris et des vallons où l’Amour vengé attire Diane chasseresse auprès d’Endymion endormi ; Gondinet, qui a fait Les Révoltées, et qui fera bien d’autres jolis vers amusants avec un esprit qui lui appartient, original, naturel et moderne ; Au-dessous (pourquoi au-dessous ?) […] Mais, à la suite de ce long dénombrement, je demande sans hésitation, même aux esprits les plus prévenus, s’il n’y a pas là un bel ensemble de forces vives et d’intelligences en pleine activité.
Jeudi 6 août Nous en sommes arrivés avec Daudet à ce degré d’intimité, où l’on reste à côté l’un de l’autre, sans se parler, silencieusement, heureux d’être ensemble, et n’éprouvant pas le besoin de le témoigner, et de remplir les vides de la conversation. […] Nous allons dîner ensemble, et en dînant, Geffroy me parle d’un livre, qu’il se prépare à faire et qu’il veut me dédier, un livre où il veut suivre et étudier une fillette du peuple, jusqu’à l’âge où j’ai mené ma Chérie.
Mais ici, encore une fois, le siècle et le ciel conspiraient ensemble : on ne fit qu’enfoncer une porte tout ouverte : la seule gloire fut de l’avoir enfoncée quelques heures plus tôt.
La fête même de cette réception était dirigée dans son ensemble par Maurice Sève, ancien conseiller-échevin et poëte distingué du temps ; les Sève tiraient leur origine d’une ancienne famille piémontaise.
Viguier, ce sage optimiste par excellence, cherchait, dans ses causeries abandonnées, à lui épancher quelque chose de son impartialité intelligente, il lui arrivait de rencontrer à l’improviste dans l’âme de Farcy je ne sais quel endroit sensible, pétulant, récalcitrant, par où cette nature, douce et sauvage tout ensemble, lui échappait ; c’était comme un coup de jarret qui emportait le cerf dans les bois.
On y entendait le pas cadencé de milliers d’hommes marchant ensemble à la défense des frontières sur le sol retentissant de la patrie, la voix plaintive des femmes, les vagissements des enfants, les hennissements des chevaux, le sifflement des flammes de l’incendie dévorant les palais et les chaumières ; puis les coups sourds de la vengeance frappant et refrappant avec la hache, et immolant les ennemis du peuple et les profanateurs du sol.
L’Italie, fût-elle toute construite de monarchies et de papautés dans ses parties, est républicaine dans son ensemble ; une république de rois, de pontifes, de nations, voilà la nature, voilà l’histoire, voilà la forme de la Péninsule.
Le génie et la fantaisie se tiennent par la main pour rêver et chanter ensemble à leur heure, ou bien pour (comme dit Virgile, connaisseur en indolence).
Nous écrivions les scènes, les portraits, les paroles, à mesure que ses souvenirs, provoqués par nos questions, se retrouvaient et se déroulaient dans la mémoire du vieillard : c’étaient comme les notes du tableau historique et véridique que je me proposais de composer d’ensemble à mon retour.
Ses cheveux blond-cendré étaient longs et soyeux ; son front haut et un peu bombé venait se joindre aux tempes par ces courbes qui donnent tant de délicatesse et tant de sensibilité à ce siège de la pensée ou de l’âme chez les femmes ; les yeux de ce bleu clair qui rappelle le ciel du Nord ou l’eau du Danube ; le nez aquilin, les narines bien ouvertes et légèrement renflées, où les émotions palpitaient, signe du courage ; une bouche grande, des dents éclatantes, des lèvres autrichiennes, c’est-à-dire saillantes et découpées ; le tour du visage ovale, la physionomie mobile, expressive, passionnée ; sur l’ensemble de ces traits, cet éclat qui ne se peut décrire, qui jaillit du regard, de l’ombre, des reflets du visage, qui l’enveloppe d’un rayonnement semblable à la vapeur chaude et colorée où nagent les objets frappés du soleil : dernière expression de la beauté qui lui donne l’idéal, qui la rend vivante et qui la change en attrait.
Nous pensâmes tout haut ou tout bas ensemble, car il y revint tous les ans à la chute des feuilles, jusqu’aux jours où les événements de 1848 me ravirent printemps, été et automne, et me précipitèrent dans le tourbillon où il n’y a plus de halte ni de repos dans la vie.
À l’autre bout de l’alcôve, Mme de Thianges et Mme de la Fayette lisoient des vers ensemble.
Le plus facile, à coup sûr, c’est de suivre alternativement ou de mêler et de combiner ensemble ces deux aspirations.
Chaumié est juste dans son ensemble, en s’en tenant strictement aux véritables grands poètes, comme Ronsard, Malherbe, Corneille, Racine, La Fontaine, Lamartine, Musset et Victor Hugo.
S’il a rarement l’espèce de beautés supérieures qui naissent d’un plan fortement conçu et d’un sujet traité en rigueur, ni cette perfection intérieure et secrète de l’ensemble qui se fait sentir par la réflexion, il a une diversité infinie de pensées justes, délicates profondes, qui sont comme des lumières répandues sur tout le domaine de la pensée.
Mais jamais auparavant la nature librement humaine et cependant idéale n’a pu être représentée d’une façon aussi vive et parfaite, et unie plus intimement à la pure expression de l’esprit chrétien que, aujourd’hui, dans l’art de l’Aryen Richard Wagner, dans cette grande œuvre d’ensemble dont Parsifal est l’acte final.
Cette règle posée, cette réserve faite, nous conviendrons volontiers que le nouvel épilogue de la Contagion a paru, dans son ensemble, très supérieur au premier.
Les personnages sont en harmonie avec cet ensemble de choses factices et suspectes.
Je garde l’âne, ou plutôt l’âne me garde quand les enfants n’y sont pas ; car il est vieux pour un animal presque autant que je suis vieux pour un homme ; il sait que je n’y vois pas, il ne s’écarte jamais trop des chemins ; et quand il veut s’en aller, il se met à braire, ou bien il vient frotter sa tête contre moi tout comme un chien, jusqu’à ce que nous revenions ensemble à la cabane. » — « Mais le jour ne vous paraît-il pas bien long ainsi, tout seul dans les sentiers de la montagne ?
Puisque vos cœurs sont attendris, et qu’une ardente charité en a fondu la glace et amolli la dureté, allons donc tous ensemble nous jeter aux pieds de l’Empereur : ou plutôt prions le Dieu de miséricorde de l’adoucir, en sorte qu’il nous accorde la grâce entière. » Ce discours eut son effet, et saint Chrysostome sauva la vie à Eutrope.
L’histoire de la tribune, dans les pays qui l’ont, c’est l’histoire générale, synthétique et d’ensemble, que le lettré Villemain, qui n’était que lettré, n’avait pas l’esprit assez mâle et assez décidé pour écrire, autrement qu’en la rapetissant entre les lignes de la sienne.
Ferrari où cette puissance de caractérisation a le plus marqué son empreinte, est le chapitre sur Venise, complet dans son ensemble, comme un poème, et beau de détail, comme des vers.
Au moment où le Pays publia mon premier article sur les Misérables, je reçus une lettre signée Omnès, où l’on me menaçait, si je continuais ma critique, d’écrire sur tous les murs de Paris : « Barbey d’Aurevilly, idiot » Et comme une telle menace ne m’arrêta pas, la chose fut faite immédiatement, — avec un ensemble et une rapidité électriques.
Je ne crois point que, dans ce temps de choses basses, on ait écrit de livre plus bas dans l’ensemble, les détails et la langue, que La Faute de l’abbé Mouret.
Et je ne parle même pas du mutisme de moralité dont ce livre est frappé dans son ensemble.
Le spectacle est magnifique et l’interprétation, dans son ensemble, tout à fait digne de notre première scène. […] Au reste, je ne suis déjà plus de ce monde. » Et il lègue sa femme à Sévère : « Vivez heureux ensemble ! […] … La pièce, dans son ensemble, est jouée avec trop de dignité et de majesté. […] Sur quoi Véranet réplique : « Réglons d’abord l’affaire ensemble. […] Les arbres que le zéphyr balance sur les amoureux ont pour feuilles des billets de banque, et les moutons qu’ils gardent ensemble, ce sont les moutons de Candide, les moutons d’or du pays d’Eldorado.
Ce sujet n’a point encore été traité dans son ensemble. […] Ce même roman, dans son ensemble, a paru porter la trace des souffrances intimes et des découragements de l’auteur. […] Si l’homme, par ses seules ressources, est incapable de conquérir ce bien inestimable, il le peut rencontrer dans l’ensemble des lumières répandues sur la surface du globe. […] Thorarensen, rappelle par ses tendances nos poètes de la Restauration, et l’on a défini sa poésie « la voix d’une âme rêveuse et aimante, qui a souvent caressé maint prestige et pleuré mainte déception. » Du reste, ses œuvres sont, dans la littérature étrangère, le dernier des documents que j’avais à mentionner ici, entre 1815 et 1830, et nous pouvons maintenant jeter un regard sur l’ensemble de l’époque comprise entre ces deux dates, soit en France, soit au dehors. […] Ils ne voulurent pas survivre à la chute de leurs espérances, et prirent le parti de se donner ensemble la mort.
Ceci dit pour poursuivre la nuance et pour être juste, puisque la vérité est dans les nuances, revenons et disons qu’en son ensemble et en sa couleur générale Molière est l’homme du bon sens moyen, l’homme de pensée impersonnelle, qui pense ce que tout le monde pense, ou qui se résigne à ne penser que cela et qui, si tant est qu’il s’y résigne, se trouve assez à l’aise dans cette résignation. […] Oui, je ne pus souffrir d’abord de les voir si bien ensemble ; le dépit alarma mes désirs et je me figurai un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence et rompre cet attachement dont la délicatesse de mon cœur se tenait offensé… » Voilà qui s’entend : le bonheur des autres offense Don Juan et l’amour chez lui commence par la jalousie, c’est-à-dire par la haine du bonheur des autres, et il éprouve et d’avance un plaisir extrême à désespérer un être qui aime et probablement deux. […] Il ne s’est jamais dit, avec La Rochefoucauld, que les hommes ne pourraient pas vivre un jour ensemble s’ils n’étaient pas dupes les uns des autres, et que le monde n’est qu’un composé déminés et que, sous peine de ne pas être, il ne peut pas être autre chose. […] Harpagon a un trésor chez lui, qu’il couve et sur lequel il veille comme un oiseau sur ses petits ; Harpagon est usurier et prête à la petite semaine ; Harpagon lésine sur sa nourriture, sur la nourriture de ses gens et sur celle de ses chevaux ; il a des calendriers particuliers où il fait doubler les Quatre-Temps et les Vigiles pour faire jeûner plus souvent son monde ; il chasse ses valets un peu avant le premier jour de Fan pour ne pas leur donner d’étrennes ; il fait assigner le chat de son voisin pour lui avoir dérobé un reste de gigot ; enfin mille traits d’avarice sont ramassés sur lui qui ne concordent pas tous très bien ensemble et qui, en tout cas, donnent plutôt l’idée d’un assemblage industrieusement fait que d’un être respirant et se mouvant7.
Lorsque le roi David a commis cet odieux abus de pouvoir d’enlever la femme de son pauvre et dévoué serviteur Urie, il est déçu, non que Bethsabé ne soit merveilleusement belle et délectable, mais ce que le puissant Souverain avait envié, ce n’était pas seulement Bethsabé, c’était tout l’ensemble de ce qui constituait l’humble bonheur d’Urie, c’est-à-dire évidemment la sincérité de l’amour et la simplicité du cœur. […] Ils firent leur rhétorique ensemble.
Il a gardé un souvenir confus des termes depuis qu’il a quitté l’université, mais il a perdu la moitié de leur sens, et les met ensemble sans autre motif que leur cadence, comme ce domestique qui clouait des cartes de géographie dans le cabinet d’un gentleman, quelques-unes en travers, d’autres la tête en bas, pour mieux les ajuster aux panneaux974. » Quand il juge, il est pire que quand il prouve ; témoin son court portrait de lord Wharton. […] Pope, Arbuthnot et Swift y ont travaillé ensemble.
Il cause, il blague aimablement, comme si nous soupions depuis des années ensemble, me parle de tout comme un homme revenu de tout, affirme qu’il faut à Paris mille francs d’argent de poche par jour, émet le paradoxe que le plus intelligent moyen de se loger est de louer une boutique, soutient que tout ce qu’il y a de bon dans une pièce est justement ce qui la fait tomber, déclare qu’il a donné des mots à des pièces de ses amis qui n’étaient pas plus mauvais que d’autres, — et qu’on les a toujours sifflés. […] Nous pensions à cette liberté, à ce charme de brusquerie, à cette parole passionnée, à cette langue colorée d’artiste, à ce sabrement des choses bêtes, à ce mélange de virilité et de petites attentions féminines, à cet ensemble de qualités, de défauts même, marqués au coin de notre temps, et tout nouveaux dans une Altesse, — et qui font de cette femme le type d’une princesse du xixe siècle : une sorte de Marguerite de Navarre dans la peau d’une Napoléon.
L’idée, dans son ensemble, et le style, dans quelques parties, m’en ont paru si remarquables, que j’en vais tenter l’analyse, ou plutôt l’historique, en m’aidant des vers du poète. […] Ce ne sont plus alors des pensées, ce sont des impressions vagues, qui ne s’analysent pas, qui ne se touchent pas au doigt ; ce sont des expériences sur cette langue qui ne lui est jamais rebelle, et qu’il façonne à toutes ses fantaisies ; des images qui se choquent entre elles et produisent d’autres images ; des couleurs qui se décomposent en mille nuances ; un cliquetis qu’on verrait et qu’on entendrait tout ensemble, où il y aurait des éclairs pour les yeux et des sons pour l’oreille ; quelque chose enfin qui ne se peut point définir et n’a point de réalité, ce qui est un défaut capital dans l’art. […] C’est peut-être le plus grand charme des chefs-d’œuvre des littératures anciennes et des grands monuments de la nôtre, qu’on y sent, dans l’ensemble et dans les détails, cette force de volonté et de conscience sans laquelle l’instinct le plus heureux ne produit rien de parfait. […] Un amour quelque peu contradictoire de la gloire des armes et de la liberté politique, des illusions nobles et généreuses, avec beaucoup de bon sens ; un esprit critique qui ne se laisse pas facilement duper, avec les espérances d’un enfant ; une admirable intelligence du passé, c’est-à-dire plus qu’il n’en faut pour désespérer de la liberté et de la vertu, et pourtant une ferme croyance que les nations seront heureuses quelque jour par la liberté et par la vertu ; de la satire poignante, avec la bonhomie attirante ; le Français gai et rieur, sans gros éclats ; sensible, mais non pleureur ; sans rancune et sans haine, mais non pas sans antipathies ; un tempérament et un mélange admirable de toutes ces choses ensemble, mélange qui fait dire aux Allemands, par exemple, que nous ne sommes pas profonds, parce que nous n’allons à l’exagération de rien : voilà Béranger. […] Il y a la manière commune, qui est lorsque l’esprit et le corps finissent ensemble, et que l’écrivain subit le sort de tous ; il y a ensuite la manière morale, qui est lorsque l’esprit finit avant le corps, soit par une stérilité soudaine, soit par une fécondité sans progrès, où l’auteur perd de sa gloire en proportion de ce qu’il ajoute à son bagage.
Notre bonne grand’mère aussi, que je me rappelle avec tant d’amour quand nous allions la voir ensemble ?
L’ensemble de sa figure, vue de loin et éclairée d’en haut, avait de l’éclat et de la force, mais du désordre.
Elle aimait tant notre fils Torquato et moi que, forcée de vivre loin de nous, sans espoir d’être jamais tranquille et heureux ensemble, son cœur était torturé de mille angoisses comme celui de Tityus, dévoré par les vautours ; elle désirait vivre avec moi, fût-ce même en enfer », ajoute-t-il. « Résignons-nous donc à ce qui finit ses peines !
Lisez et comprenez cette préface d’un autre Cosmos : « Je crois même que la question de la vie et des destinées humaines ne peut être bien résolue que par les enchaînements de la vie universelle dont elle fait partie : une même lumière logique, éclairant et fécondant ce vaste ensemble, sera la plus saisissante des preuves pour l’esprit humain.
L’amant, le poëte et le statuaire se révèlent ensemble dans le troisième de ces sonnets de Michel-Ange.
Mais l’ensemble va comme il peut : rien ne se tient.
La « couleur locale » chez Racine est un point sur lequel on reviendra et qui veut être traité dans des réflexions d’ensemble sur son théâtre.
Je sais bien que lorsque d’aventure tous nos députés applaudissent ensemble, on est à peu près sûr que les uns applaudissent contre les autres, ou pour détourner les autres d’applaudir.
Sur le fond, laissé complètement vierge, il a mouillé la plus grande partie, réservant, çà et là, des déchiquetures, pareilles à de petits archipels, et dont l’ensemble avait une certaine ressemblance avec une carte du Japon.
L’ensemble est immense et lugubre.
Il y eut là une très vive querelle entre Racine et Molière ; par conséquent, ils ne pouvaient plus se trouver ensemble.
Belle journée d’automne où la nature est calme, reposée, silencieuse, pacifique, où les êtres jouissent du calme de l’atmosphère et du calme, tel qu’ils doivent l’imaginer, de l’univers tout entier, où les animaux, bien plus, les végétaux causent ensemble, se querellent amicalement, vont jusqu’à une légère dispute, échangent leurs impressions, montrent leur caractère, le chêne avec son orgueil et sa pitié plus ou moins simulée, plus ou moins factice pour le roseau ; le roseau, avec sa sagesse, sa résignation qui sait se soumettre aux chocs et qui s’incline.
À considérer notre littérature dans l’ensemble de son développement depuis le commencement du siècle, il est bien vrai qu’on y trouve le reflet fidèle des grands changements qui se sont accomplis dans les esprits. […] … « Vie, vérité, mensonge, amour, haine, fiel et vinaigre mêlés ensemble dans mon ciboire, oui, l’univers, c’était moi. […] « Partons ensemble, dit Ralph à Indiana. […] » La confusion a été telle dans les idées morales, la distinction du bien et du mal est devenue si obscure, que romanciers et dramaturges en sont venus à les mêler la plupart du temps ensemble et à prendre presque indifféremment l’un pour l’autre. […] Il croit fermement toute amélioration humanitaire impossible tant qu’un état, démocratiquement organisé, ne s’emparera pas des jeunes citoyens, à l’heure même où les soins de la femme leur sont devenus inutiles, pour les élever en commun et chacun selon la direction indiquée par l’ensemble de ses facultés cérébrales.
Quand il n’est pas auteur, il est acteur ; quand il n’est pas l’un ou l’autre ou les deux ensemble, il est costumier et metteur en scène. […] Le professeur prenait un texte, le lisait, en dégageait l’idée générale, en analysait la composition, en examinait les intentions et le rattachait à l’ensemble. […] Ils se marièrent donc, et « pour éviter la satiété » ils ne logèrent pas ensemble. […] En Suisse, Shelley et Byron firent ensemble le tour du lac de Genève et faillirent sombrer à l’endroit même où Julie et Saint-Preux avaient manqué d’être engloutis. […] L’Université française, dans son ensemble, dit M.
Dans les fauteuils du bar, au Grand Hôtel, nous avons pris ensemble un bain de cuir, comme eût dit P. […] L’honneur d’écrire est défendu tout ensemble à Rouen par l’exemple de Flaubert et par le prédécesseur du nouvel et miteux Homais du Cartel, qui, s’il avait à rédiger l’épitaphe de la Bovary, l’écrirait sans doute en esperanto121. […] On peut dire qu’il avait trouvé là le titre d’ensemble de son œuvre future qui devait être si pleine, si variée, et que la poésie, le mysticisme, traversent si spontanément sans que jamais le bon sens de la race vaudoise en soit ébranlé.
L’observation s’appliquait à l’ensemble du discours… S.