Dans la visite qu’il fait à une charmante villa à Bagnaia près Viterbe, il est évident, à la manière dont il y est accueilli et dont il en parle, qu’il s’y considérait volontiers en passant comme le maître de la maison. […] Cessez donc d’écrire à un homme qui traîne tous les malheurs après lui, et dont l’étoile est empoisonnée… » Lassay fera toute sa vie grand usage de cette étoile, pour lui imputer tout ce qui sera faute ou légèreté de sa part : et quant à vouloir mourir sans cesse, cette manière de dire le mènera jusqu’à quatre-vingt-six ans.
Ce sont gens, après tout, qui, si aiguisés qu’ils soient à leur manière, manquent d’un sens, et à qui cela donne une sorte d’impudeur et de hardiesse dans leur procédé avec ceux qui en sont doués. […] Dans le public, l’impression de cette querelle fut plutôt à l’avantage de La Motte ; on ne jugea point du fond, mais uniquement de la manière, selon notre habitude.
Quand tout bas elle soupire, N’en soyez pas interdit : Écoutez ce qu’on veut dire, Et non pas ce que l’on dit… Il y a ainsi de Maucroix en sa jeunesse quantité de couplets, épigrammes, madrigaux, épîtres familières, desquels il aurait pu dire comme Pline le Jeune envoyant à un ami ses hendécasyllabes : « Ce sont de petits vers dans lesquels tour à tour je raille, je badine, je suis amoureux, je me plains, je soupire, je me fâche. » Il aurait eu grand besoin, comme Pline, de demander pardon des légèretés et des endroits libres, en se couvrant des illustres exemples d’hommes réputés graves dont les mœurs, dit-on, valaient mieux que les paroles ; mais il n’aurait pu ajouter, comme le docte et ingénieux Romain, qu’il avait été, dans sa manière, tantôt plus serré, tantôt plus élevé et plus étendu (modo pressius, modo elatius) : Maucroix n’est jamais ni resserré ni élevé ; il a du naturel et une certaine douceur de rêverie, il n’a pas de force ni de travail. […] Sa manière, qui se rapporte bien à celle des traducteurs de son siècle, qui ont Perrot d’Ablancourt pour chef, est large, facile, coulante, naturelle : « Il n’y a rien de gêné, disait Boileau d’une des traductions de Maucroix ; tout y paraît libre et original. » Maucroix aimait cette habitude et ce train de traduire, même lorsqu’il l’appliquait à des matières assez ingrates : Pour écrire, disait-il, il me faudrait un grand fonds de science et peu de paresse.
Des pièces de Racine qui sont de sa première manière, Dangeau nous apprend laquelle Louis XIV préférait : « Le soir (dimanche 5 novembre 1684, à Fontainebleau), il y eut Comédie-Française ; le roi y vint, et l’on choisit Mithridate, parce que c’est la comédie qui lui plaît le plus. » Mais quand Racine eut fait Esther, ce fut certainement la pièce de prédilection de Louis XIV, si l’on en juge par le nombre de fois qu’il y assista. […] Schomberg pourtant ne mourut pas si vite ni sans s’être vengé à sa manière ainsi que la cause à laquelle il restait fidèle.
J’y reviendrai après avoir expliqué à ma manière ce qu’on peut entendre par Henri IV écrivain. […] Deux lettres écrites vers ce temps à l’un de ses plus fidèles serviteurs et compagnons d’armes, M. de Batz, donnent idée de tout ce qu’il y a d’alerte, de gai, de familier dans sa manière : Monsieur de Batz, ils m’ont entouré comme la bête, et croient qu’on me prend aux filets.
Rohan institue, en concluant son récit, une manière de parallèle entre le génie des différents peuples et leur gouvernement. […] Rohan sera, à sa manière, un héros, mais un héros empêché, qui aura un fardeau à porter sur les épaules : on dirait qu’il s’y plaît encore plus qu’il ne s’y résigne ; il aime la peine.
Pourquoi, quand on est si familier avec les personnages du xviie siècle, avec leurs actes et avec leurs discours, quand on est entré si avant dans leur conversation et leur correspondance, pourquoi écrit-on d’une manière qui leur est si étrangère, qui leur serait si antipathique ? […] C’est, madame, que M. de Torcy, de son chef, et sans y intéresser le nom du roi en rien, voulût, par manière de conversation, demander à l’ambassadeur de Savoie, qui est à Paris, quelle est la personne que son maître destine ù cet emploi, et qu’il voulût bien me nommer comme m’y trouvant assez propre.
Ceux qui sont à même de comparer les ouvrages de lui qui appartiennent à chacune des deux littératures, ont cru remarquer qu’il s’était fait une espèce de compensation dans sa manière de dire ; que sa phrase allemande avait gagné à son habitude du français d’être plus rompue et plus aisée qu’elle ne l’est d’habitude chez de purs Germains ; et que, dans sa dernière période toute française, son style épistolaire, en revanche, était un peu moins court et moins alerte que d’abord. […] Sa dépense était celle d’un seigneur, ses manières celles d’un magistrat populaire.
Il voudrait régénérer la société ; il s’est fait du monde au Moyen-Age et du catholicisme en son beau temps une idée une et magnifique que l’étude de l’histoire, à coup sûr, ne justifierait pas ; mais enfin, sentant que ce beautemps est passé, il voudrait le renouveler à sa manière ; il a un plan pour cela, une recette sûre, son système à lui. […] la fibre humaine a vibré. » Je fus averti d’une singulière manière.
Scribe (ce qui ne laissait pas d’être singulier et presque scandaleux à sa manière), est revenu naturellement. […] Mais, en définitive, il est éloquent, quoique d’une autre manière que ne l’était M.
Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Fontenelle a fait de Fagon un Éloge charmant et fin, comme tous ses Éloges. […] Les médecins liront avec intérêt toute cette description mémorable en son genre, et même, quand on est à demi profane, on partage presque l’enthousiasme du savant et pieux Vallot qui dit en finissant : « Cette évacuation (une très abondante sécrétion finale par les voies urinaires) continua neuf jours de cette même force, et fut tellement avantageuse qu’elle acheva ladite guérison de Sa Majesté, sans aucun accident et sans aucune rechute, et même sans aucun ressentiment de la moindre incommodité du monde ; de manière qu’après cette parfaite guérison, le roi s’est trouvé beaucoup plus fort, beaucoup plus vigoureux et plus libre de toutes ses actions, tant du corps que de l’esprit, et l’on peut dire avec vérité que Dieu a conduit cet ouvrage par des voies si extraordinaires et par des secours et des grâces si particulières, s’étant servi des causes secondes en une conjoncture qui semblait devoir être plutôt destinée au miracle qu’à l’industrie et l’expérience des médecins. » Vallot ne fait là que délayer le mot d’Ambroise Paré : « Je le traitai, Dieu le guarit.
je ne sais, mais il y habite un Dieu). » Il lui est échappé un jour, dans un article sur Feuerbach, de se prononcer sur le sens du mot Dieu, et il l’a fait cette fois d’une manière un peu légère et du ton un peu trop protecteur d’un raffiné en matière de philosophie : il est revenu depuis sur la chose et sur le mot ; il a rétracté, c’est-à-dire retouché sa première parole. […] Renan ne se satisfait point à si peu de frais ; il comprend trop d’idées et de manières de voir différentes pour s’en tenir à une seule exclusivement ; le négatif surtout lui répugne, et il se résigne difficilement à nier une chose dans un sens, sans la reconnaître presque en même temps et l’admettre dans un autre sens, par un autre aspect.
Les lumières proprement dites, dans l’idée desquelles entre la pensée du bien public, de l’amélioration de l’homme en société, d’une constitution plus juste, d’une manière de penser plus saine et plus naturelle, ne vinrent que peu à peu, et d’abord à l’état de vœu, de rêve et un peu de chimère. […] Bossuet avait déjà fait usage de cette argutie théologique dans un de ses sermons de jeunesse (sermon pour le neuvième dimanche après la Pentecôte), et il y essayait d’une manière encore enveloppée la pensée qu’il devait reprendre plus tard et placer, comme on l’a vu, en si belle occasion, et en l’offrant sous un jour si spécieux.
Et ce ne sont pas là de simples manières de dire ; dans les proses, liturgiques latines les plus-anciennes qui se chantaient et se chantent encore à Pâques, le chœur où les disciples s’adressent brusquement à Marie-Madeleine qui revient du sépulcre et qui ; la première, a vu Jésus ressuscité : « Dic nobis, Maria… Dis-nous, Marie, qu’as tu-vu sur le chemin ? […] Dieu tout d’abord parle à Adam en ces termes : « Écoute, Adam, et entends ma raison. — Je t’ai formé ; maintenant, je te donnerai tels dons : — toujours tu peux vivre, si tu tiens mon sermon, — et tu seras sain et ne sentiras pas le frisson (la fièvre) ; — tu n’auras faim, par besoin ne boiras ; — tu n’auras froid, ni chaud ne sentiras. — Tu seras en joie, et jamais ne te lasseras, — et en déduit, ni douleur ne sauras. — Je te le dis à toi, et je veux qu’Ève l’entende ; — si elle ne l’écoute, elle s’afoloie (elle fait folie). — De toute terre avez la seigneurie, — d’oiseaux, de bêtes et de toute la maisnie. — Peu vous souciez de qui vous porte envie, — car tout le monde vous sera enclin et soumis. — En votre corps (votre personne) je mets le bien et le mal ; — qui a tel don n’est pas lié à un pal (à un pieu, — c’est-à-dire est libre), etc., etc… » On le voit, Dieu parle d’une manière bien enfantine : nous voilà tombés dans la rue et dans le populaire ; adieu la belle liturgie !
Le livret (car il y en a un ici également, dont les indications sont jointes aux scènes), nous avertit que tout ce que dit Dieu le Père, toute sa loquence doit se prononcer d’une manière claire et distincte à l’oreille, et est récité ou chanté en trois voix, à cause de la Trinité ; à savoir : un haut-dessus, une haute-contre et une basse-contre, le tout allant d’accord et avec harmonie. […] Pour leur peine, tout en arrivant, ils sont battus ; frottés, torchonnés de la belle manière et passés au feu par Astaroth et Belzébuth et tous les diables ameutés.
L’aqueduc, saigné par son milieu, déverse brusquement toute une cataracte dans la plaine : le moment où la chute d’eau s’élance est décrit d’une manière grandiose. […] le côté politique, le caractère des personnages, le génie du peuple, les aspects par lesquels l’histoire particulière de ce peuple navigateur, et civilisateur à sa manière, regarde l’histoire générale et intéresse le grand courant de la civilisation, sont sacrifiés ici ou entièrement subordonnés au côté descriptif exorbitant, à un dilettantisme qui, ne trouvant à s’appliquer qu’à de rares débris, est forcé de les exagérer.
Le Saint-Simonisme rendit à l’esprit français d’alors cet éminent service d’implanter dans le camp de la Révolution et dû progrès quelques-unes des pensées élevées de M. de Maistre, et de les y naturaliser en bonne terre et d’une manière vivante. […] Guéroult, bien jeune alors, fut à sa manière et dans sa ligne l’un des adeptes de ce mouvement ; il n’a pas à en rougir ni à en rien renier aujourd’hui.
La réaction de 1815 peut s’étudier dans deux ordres principaux et parallèles de faits où elle s’est concentrée, déchargée, où elle a fait éruption : à savoir les condamnations capitales avec accompagnement de massacres organisés dans les départements du Midi, et les propositions de la Chambre introuvable, cette Chambre où il ne fut pas même permis de parler de ces massacres comme d’un on dit et par manière d’hypothèse, et de laquelle, pour peu qu’on l’eût laissée faire, toute une contre-révolution sociale allait sortir, au risque de faire éclater et sauter sur place la seconde Restauration dès sa naissance. […] Royer-Collard tout le premier, avec sa forte et haute manière et ce je ne sais quoi d’auguste dans le bien dire qui ne ressemblait à rien de ce que l’on connaissait jusque-là ; et pour M. de Serre, cette grande âme oratoire, au large essor, au coup d’œil étendu, à l’inspiration palpitante et passionnée, un de ces oiseaux de haut vol qui ne s’élèvent jamais plus haut que dans la tempête ; et pour M.
Ce positif est, à sa manière, un croyant. […] J’ai remarqué dans sa dernière manière plus d’un trait de talent littéraire proprement dit, de ces traits qu’on retient, — lorsqu’il a eu à revenir sur M.
Comme il m’aime plus que ses enfants, je l’ai attaqué du côté de la religion, et lui ai fait sentir si ce mariage (espagnol) n’était pas heureux, on s’en prendrait à lui ; que Rome donnait des dispenses auxquelles bien des honnêtes gens, dans le royaume, ne donnaient pas leur approbation ; enfin je me suis retourné de tant de manières, que le roi m’écrit qu’il a pris son parti, et qu’après avoir vaincu ses ennemis, il faut bien que tout me cède (c’est une galanterie de sa part). » Ainsi le maréchal, qui sous ses airs de soldat a des finesses de négociateur, s’est fait casuiste un moment avec Noailles ; il a eu recours à un ordre d’arguments gallicans et presque jansénistes. […] Je trouve cette affaire avantageuse de tout point pour votre maison, et je descendrai sans regret au ténébreux empire, après l’avoir vue terminée ; j’aurai rempli ma carrière : j’ai joui des délices de ce monde ; la gloire me comble de ses bienfaits ; il ne me restait plus qu’à vous être utile, et toute ma destinée aura été remplie d’une manière bien satisfaisante.
Et, par exemple, si je veux définir la manière de tel historien moderne qui, à force de dramatiser l’histoire, l’a énervée ; qui, en peignant les hommes de la Révolution, les a décrits dans un détail minutieux et impossible, comme Balzac fait pour ses héros de roman ; si, parlant de cet historien, je dis : « L… (Lamartine), dans son Histoire de la Révolution et dans les scènes qu’il y retrace, ne se contente pas d’exciter les sentiments de pitié ou d’indignation, il ébranle les nerfs ; il ne se contente pas d’émouvoir, il veut émotionner » ; — eh bien ! […] Cette espèce d’accident et d’affront qui a défiguré tout d’abord d’une manière irréparable le mot même exprimant l’art d’écrire avec rectitude, nous est un avertissement qu’en telle matière il ne faut pas ambitionner une réforme trop complète, que la perfection est interdite, qu’il faut savoir se contenter, à chaque reprise, du possible et de l’à peu près.
Mais sur les autres sujets un peu mixtes et par les autres œuvres qui atteignent les bons esprits dont je parle, dans ces matières qui sont communes à tous ceux qui pensent, et où ces hommes de sens et de goût sont les excellents juges, prouvons-leur aussi que, tout poëtes que nous sommes, nous voyons juste et nous pensons vrai : c’est la meilleure manière, ce me semble, de faire honneur auprès d’eux à la poésie, et de lui concilier des respects ; c’est une manière indirecte et plus sûre que de rester poëtes jusqu’au bout des dents, et de venir à toute extrémité soutenir que nos vers sont fort bons .
Sous le règne d’Auguste même, quelques écrivains, Tite-Live surtout, montrent souvent dans leur manière d’écrire l’histoire, un esprit républicain ; mais pour analyser avec justesse le genre distinctif de ces trois époques, il faut examiner leurs couleurs générales, et non les exceptions particulières. […] Les premières, cherchant toujours à s’élever, ne tardent pas à remarquer que la noblesse des manières, la délicatesse de l’éducation, font mieux sentir la distance des rangs que toutes les gradations légales.
Il en rapporte quelques milliers de rimes sur la mer, qui est, elle aussi, une indépendante, une révoltée, une gueuse, une manière de Touranienne. […] Je les aime, non à cause de cela, mais parce que j’ai arrêté mes regards sur leur misère, fourré mes doigts dans leurs plaies, essuyé leurs pleurs sur leurs barbes sales, mangé de leur pain amer, bu de leur vin qui soûle, et que j’ai, sinon excusé, du moins expliqué leur manière étrange de résoudre le problème du combat de la vie, leur existence de raccroc sur les marges de la société et aussi leur besoin d’oubli, d’ivresse, de joie, et ces oublis de tout, ces ivresses épouvantables, cette joie que nous trouvons grossière, crapuleuse, et qui est la joie pourtant, la belle joie au rire épanoui, aux yeux trempés, au cœur ouvert, la joie jeune et humaine, comme le soleil est toujours le soleil, même sur les flaques de boue, même sur les caillots de sang.
Il convient d’apprécier d’une manière générale les progrès de cet esprit et de cette langue dans le long espace de temps qui s’est écoulé entre le xiie et le xvie siècle, c’est-à-dire entre l’époque où s’est formée la langue française et celle où elle va devenir la plus grande langue littéraire des temps modernes. […] Ce grand mot plane en quelque manière sur toute l’époque, mais on ne pénètre pas dans la chose ; et, parmi tant de philosophes, il n’en est pas un qui soit tenté un jour de n’être qu’un moraliste.
Les défauts, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le style, ces traits saillants qu’on veut mettre partout, ces mots « qui nous éblouissent un moment pour nous laisser ensuite dans les ténèbres, ces pensées fines, déliées, sans consistance, qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité » ; la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; les phrases arrangées, les mots détournés de leurs acceptions, les traits irréguliers, les figures discordantes ; — d’où tout cela vient-il, sinon de ce qu’on écrit hors de soi, à côté de soi, et qu’il y a un auteur au lieu d’un homme ? C’est ce qui explique qu’aux époques où fleurit cette manière d’écrire, elle ait tant d’imitateurs.
On ne peut tout lire, sans doute, de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière et donner, à l’auditeur qui sort de là, l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original : mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au-delà, il en garde un souvenir propre, et qu’il attache à chaque nom connu une idée précisé. […] Ce fond général une fois posé, il serait possible d’y rattacher les morceaux qui sont d’une manière plus sobre, modérée et légère, et l’on ne serait pas forcé de se tenir, dans les citations d’histoire, aux auteurs plus tranchés qui ont le relief un peu gros, et qui, avec du feu et de la sève, ne sont pas exempts de déclamation.
C’est cette histoire positive, vérace, à la Guichardin ou à la Machiavel, sans hypothèse, non adaptée aux vœux et aux combinaisons politiques du jour, toujours prête à voir ce qui est, ne relevant que de l’examen des faits et d’une connaissance sévère des hommes, qui est peut-être l’originalité à trouver et le correctif, après la manière de M. […] Villemain, voulant critiquer les traductions des candidats par son exemple, s’avisa de donner des échantillons de la vraie manière, selon lui, de traduire le grand lyrique grec ; on assure que ces échantillons, en se multipliant, ont fini par se rejoindre, et que Pindare est traduit désormais.
Le duc d’Anjou propose donc à sa sœur de changer sa manière de vie, d’être désormais assidue auprès de la reine leur mère à toutes les heures, à son lever, dans son cabinet tout le jour, à son coucher, et d’obtenir ainsi d’être traitée désormais non plus comme un enfant, mais comme une personne qui le représente pendant son absence. […] La langue de ses Mémoires n’est pas une exception à opposer à la manière et au goût de son temps, ce n’en est qu’un plus heureux emploi.
Eschyle est une « manière de fou. » Le dix-huitième siècle en masse raille Diderot admirant les Euménides. […] Chaque époque a sa manière à elle d’être libre.
Nisard juge toute cette littérature de la manière la plus saine et la plus éclairée. […] La proportion de la raison et de l’imagination dans les œuvres d’art ne peut être fixée d’une manière absolue.
Comment voulez-vous que Corneille puisse trouver bon Racine, qui goûte les sujets que Corneille a toujours évités et les manières de traiter les sujets que Corneille très visiblement n’aime point, et qui se donne tout entier à la peinture de l’amour, sentiment que Corneille a toujours considéré comme trop chargé de faiblesse pour pouvoir soutenir une tragédie ? […] C’est qu’aux yeux de la génération qui existe à ce moment-là, l’écrivain qui vient de disparaître est suranné ; il était un peu vieux ; on en avait assez de sa manière.
Ses manières sont douces et féminines, et, quoique savante, elle n’affiche aucune prétention. […] De son côté, Mme de Rochefort prit goût aux manières bizarres du marquis ; il l’amusa par son contraste avec le duc de Nivernois, modèle accompli de l’homme de bon ton. […] C’est là le correctif qu’il convient d’ajouter à l’éloge des belles manières et du ton exquis de céans. […] De cette manière nous nous instruisons et nous prenons une juste idée des choses et de nous-mêmes. […] Il y a deux manières de généraliser : la première consiste à résumer les faits en en donnant le sens profond ; la seconde consiste à parcourir les faits en en donnant un aperçu superficiel.
C’est bien, en effet, leur maître livre, leur livre parfait, celui où ils ont le plus tempéré leur manière. […] Il a en général peu goûté les procédés qui s’éloignaient de sa manière d’écrire. […] L’exotisme est donc une manière de regarder et de rendre tes choses. […] La première manière est vraie, dites-vous, et la seconde ne l’est pas. […] Il y a là évidemment une manière très haute de comprendre l’observation.
Il n’a point eu à modifier sa manière. […] Mais il a du tact, et il sent que les innocences de cette manière ne tarderaient pas à nous ennuyer. Alors, il change de manière. […] Mais notre auteur le traite à sa manière. […] D’ailleurs, il avait le don, l’originalité naïve, la spontanéité que l’habileté ne remplace pas ; il avait sa manière, qui est une grande manière, et sa désinvolture, qui impose.
Veut-on quelques exemples de cette manière poétique ? […] J’y ai trouvé notamment plusieurs des poèmes de la première manière de M. […] J’y ai trouvé aussi plusieurs des poèmes de la seconde manière. […] Mais les volumes de la Logique, alors traduits, et d’assez fâcheuse manière, par M. […] Chevrillon, pour la reprendre, a dû reprendre aussi les idées et la manière d’écrire de son illustre parent.
Les quatorze ou quinze années du règne de Louis XVI, antérieures à la Révolution, seront toujours un sujet de méditation et d’étude pour ceux qui cherchent à se rendre compte de la manière dont les révolutions se forment, se préparent, et de ce qu’il faudrait faire pour les prévenir et les éviter.
Si l’on s’attaque à un lyrique, la question change, et il est permis de douter que la même manière convienne.
Cooper est allé se perfectionnant de jour en jour ; il a mieux connu son talent, à force de le mettre à l’œuvre ; sa manière, d‘abord timide et douteuse, est devenue plus ferme, plus large, plus originale ; il a osé avoir ses qualités et ses défauts propres ; en un mot, sans jamais cesser d’appartenir à la famille du romancier écossais, il a suivi sa route à part, et le colon s’est émancipé.
Presque en même temps, une dame modestement vêtue, aux manières élégantes et simples, descend dans l’auberge, qui ressemble décidément, à ne pas s’y tromper, au terrain vague, rendez-vous si commode de tous les personnages du vieux théâtre.
Moréas, ayant changé de manière, répudie ces primitives œuvres, je n’insisterai pas.
Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières.
Il est vrai que les pensées du Chancelier d’Angleterre deviennent méconnoissables par la maniere étrange dont elles sont travesties : c’est un corps robuste duquel on n’a fait qu’un squelette, sans y laisser la moindre apparence de nerfs & de muscles ; tout y est en germe, tout y est si recondit & si obscur, qu’on peut regarder cette Interprétation comme beaucoup plus inintelligible que le texte.
Ces Conversations ont trois Interlocuteurs, qui concourent à expliquer, à justifier d’une maniere aussi agréable qu’instructive, tout ce que le Philosophe avoit avancé dans la Recherche de la Vérité.
Et puis, mettre au jour un nouveau drame six semaines après le drame proscrit, c’était encore une manière de dire son fait au présent gouvernement.
De cette manière, il y aura toujours un cours du droit civil ouvert.
Je comparerois volontiers le coloris avec cette partie de l’art poetique qui consiste à choisir et arranger les mots, de maniere qu’il en résulte des vers qui soient harmonieux dans la prononciation.
Le coeur contracte un calus de la même maniere que les pieds et les mains en contractent.
Pendant la nuit, la femme d’Ahmed cherche le kélé pour ce que l’on devine ; c’est Ahmed qu’elle touche et il fait des manières.
Nous enjoint-il de traiter de manière identique les individus différents ?
Des manières pleines de dignité, une physionomie froide mais imposante, l’air supérieur que donne l’habitude du commandement n’ôtaient rien à la cordialité de son accueil, et semblaient même donner du prix à la manière flatteuse dont il savait encourager le mérite. […] Tous affectaient les manières et la politesse françaises. […] Ces pleurs émurent M. de Saint-Pierre jusqu’au fond de l’âme, et lui firent sentir d’une manière bien cruelle la folie de tant de courses inutiles qui l’avaient ramené plus pauvre que jamais sous le toit de la pauvre Marie. […] Après tout, qu’avaient besoin ces jeunes gens d’être riches et savants à notre manière ? […] Quelquefois il avait l’espoir de l’aborder ; car la mer, dans ses mouvements irréguliers, laissait le vaisseau à sec, de manière qu’on en eût pu faire le tour à pied ; mais bientôt après, revenant sur ses pas avec une nouvelle furie, elle le couvrait d’énormes voûtes d’eau qui soulevaient tout l’avant de sa carène, et rejetaient bien loin sur le rivage le malheureux Paul, les jambes en sang, la poitrine meurtrie, et à demi noyé.
On trouvera ici, à défaut d’une étude complète, quelques notes sur la manière dont Balzac semble avoir compris l’art du roman. […] Dans tout poète, dans tout moraliste, dans tout philosophe même, il aperçoit des manières de sentir, ou voluptueuses ou mystiques, ou dégradantes ou exaltantes. […] Voyez-le qui les matérialise, ces petits faits, dans des tableaux exécutés d’après la manière concrète de l’école de Victor Hugo. […] Cet immense travail s’est accompli dans un constant renouvellement de sa manière. […] Son chef-d’œuvre, le Chevalier Destouches, est traité de cette manière qui suppose chez le romancier un don singulier de création.
Comme l’histoire sainte est révelée, il seroit impie de la soûmettre à l’examen de la raison ; mais il est une maniere de la discuter pour le triomphe même de la foi. […] L’orateur se donne plus de liberté, & définit d’une maniere plus étendue & plus ornée. […] Le préparer, c’est disposer l’action de maniere que ce qui le précéde le produise. […] C’est la maniere de Corneille, & de tous ceux dont les idées ont coulé à pleine source. […] Mais lorsqu’il veut exprimer la douleur d’un autre, ce n’est plus dans son ame, c’est dans son imagination qu’il en puise les couleurs : il ne prend plus son modele en lui-même, mais dans les possibles : ce n’est pas sa maniere d’être, mais sa maniere de concevoir qui se reproduit dans ses vers ; & la contention du travail qui le déroboit à lui-même, ne fait que lui représenter plus vivement un personnage supposé.
Mais nul écrivain de son temps ne donnait mieux que lui, par son abord et ses manières, l’idée du Français cultivé d’ancien régime. […] Mallarmé fut rare de ces deux manières, entre lesquelles il nous aide à établir des correspondances. […] Alors je compris que je faisais fausse route, et que la meilleure manière de me développer était de rentrer en moi-même ». […] L’œuvre réalisée, qui la saurait littéralement comprendre, l’entendant à la manière non de soi-même, ni du poète, mais d’autrui, peut-être du critique autorisé, du créateur de valeurs ? […] La figure verbale, d’une fidèle harmonie, est déterminée par l’objet même, par la manière de la métaphore, par la technique du vitrail.
Il connut ensuite pour lui et pour les siens la détresse et la misère ; il racontait, de ces années laborieuses, de précis et de touchants détails qu’on aurait pu rappeler sans inconvénientac, parce que de telles épreuves eurent une profonde influence sur son esprit et sur sa manière de juger les événements et sans doute les gouvernements.
Il mêlait volontiers à son enseignement des préceptes évangéliques qui rappelaient la manière morale de Bernardin de Saint-Pierre : il prêchait l’amour des hommes et l’indulgence, comme il convenait à l’ami de Collin l’optimiste, du bon Ducis, et au peintre d’Helvétius.
Disciples amoindris des Suard et des Morellet, ils glanent çà et là dans Addison, dans Franklin, dans Voltaire ; ils ont une manière qui louvoie entre toutes les qualités, qui se ménage entre tous les défauts ; ce sont les modèles du style négatif.
Aimer l’argent, pour arriver à tel ou tel but, c’est le regarder comme un moyen, et non comme l’objet ; mais il est une espèce d’hommes qui, considérant en général la fortune comme une manière d’acquérir des jouissances, ne veulent cependant en goûter aucune ; les plaisirs, quels qu’ils soient, vous associent aux autres, tandis que la possibilité de les obtenir est en soi seul, et l’on dissipe quelque chose de son égoïsme, en le satisfaisant au-dehors.
Stanley représente éminemment, en fait d’exploration, la dernière manière et, si je puis dire, le nouveau jeu.
On essaye de s’imaginer les préoccupations habituelles, l’état d’esprit, les impressions, les angoisses et les plaisirs de cet homme qui taille cette chair, qui répare ces organes, qui refait de la vie d’une manière plus visible, plus immédiate et plus sûre que le médecin, et qui a l’orgueil de créer presque après le Créateur.
Alexandre Vinet Dans aucun recueil de vers modernes, nous n’avons si souvent rencontré des mots sacrés ; mais jamais aussi nous ne les avons vus profaner d’une manière aussi affligeante.
Sa nature timide et sensible se masquait d’un redoublement de manières brusques et se remparait d’un monocle insolent.
Chassé du toit paternel, il garda toujours le souvenir de sa Mantoue ; mais ce n’était plus le Romain de la république, aimant son pays à la manière dure et âpre des Brutus : c’était le Romain de la monarchie d’Auguste, le rival d’Homère, et le nourrisson des Muses.
La mort, si poétique parce qu’elle touche aux choses immortelles, si mystérieuse à cause de son silence, devait avoir mille manières de s’annoncer pour le peuple.
Parce qu’il existe une manière de sentir ce que l’on veut exprimer et une façon d’exprimer ce que l’on a senti, et que ces deux choses sont distinctes.
Ils ont beaucoup de mémoire, écrivent d’une manière nette et concise ; ils comprennent fort « vite. […] Et cet orgueil n’est au fond qu’une variété de l’égoïsme. » Tout cela finit par une bonne et durable amitié. — Mais n’admirez-vous pas cette manière agréable de faire sa cour ? […] Les bonnes manières plaisent toujours, et l’on ne peut rencontrer d’hôte mieux élevé. […] Son talent n’était pas fait ; il oscillait entre plusieurs manières ; surtout il raisonnait. […] « Vous connaissez, disait-il27, ma manière de travailler, vous m’avez vu passer des jours entiers sur une page dont je n’étais pas content.
Il vainquit les Marcomans, que leur chef Maroboduus avait disciplinés presque à la manière romaine, et dont la résistance fut aidée par les Pannoniens et les Dalmates. […] Nourri de l’étude des Grecs et de Cicéron, curieux amateur des beautés du langage, Quintilien prétendit rendre à l’éloquence sa grandeur par de sages conseils sur la manière d’écrire. […] Cette manière d’écrire est une grande perte pour la curiosité du lecteur. […] On ne saurait le lire que dans l’original ou dans la traduction d’Amyot, dont le style un peu diffus est toujours naturel, ingénieux et élégant à sa manière. […] Cette manière de concevoir la tragédie, plus commode pour les auteurs, plus étourdissante, plus variée pour le public, fut également suivie par tous les poètes tragiques du temps.
Avant d’aborder la critique de détail, je voudrais qu’on me laissât présenter ces quelques vues d’ensemble sous un jour nouveau, et d’une manière moins abstraite. […] D’ailleurs, autant d’appels différents, autant de réponses, mais chacune d’elles doit se mouler en quelque manière, sur l’expérience initiale qui l’a provoquée ; elle doit prolonger cette expérience, la féconder, la renouveler, en un mot, la faire passer de la pointe à la surface active de l’âme. […] Famille innombrable, et, en quelque manière, auguste. […] Qu’il s’agisse de Bourdaloue ou de Racine, une intelligence appliquée à l’analyse des passions joue exactement de la même manière ; mais les paroles, par où s’exprime ce jeu, rendent autre chose que ce jeu. […] Il y a dans une page de Wagner des éléments qui ne sont pas moins abstraits, en quelque manière, que les notions fragmentées, irréelles, qu’évoquent les mots.
Condillac écrit le Traité des sensations d’après les idées de Mlle Ferrand, et donne aux jeunes filles des conseils sur la manière de lire sa Logique. […] Ouvrez-les ; chacune d’elles est un trésor ; il y a mis, dans un étroit espace, un long amas de réflexions, d’émotions, de découvertes, et notre jouissance est d’autant plus vive que tout cela, saisi en une minute, tient aisément dans le creux de notre main. « Ce qui fait ordinairement une grande pensée, dit-il lui-même, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une longue lecture. » En effet, telle est sa manière ; il pense par résumés : dans un chapitre de trois lignes, il concentre toute l’essence du despotisme. […] Il me paraît que ce peut être celles d’un valet de basse-cour, et même au-dessous de cet état, maussade en tout point, lunatique et vicieux de la manière la plus dégoûtante.
L’œil guetteur et amusé, il a commencé par être un écrivain excessivement pittoresque, un peu dans la manière d’Alphonse Daudet (Inconsolables, Sire). […] Au mot du prince d’Aurec : « Il y a la manière », répond le mot de Mme Blandain : « Vous vous croyez des Grammont-Caderousse ». […] J’ai remarqué que nul ne songeait plus, l’autre jour, à lui reprocher le soin légitime qu’il prend de son vêtement ou de ses cheveux, ni les « succès de salon » qu’il a pu rencontrer quand il était très jeune. — À mesure que sa pensée mûrissait, sa manière oratoire s’est simplifiée.
Le mari parti, survient Maximilien, qui rapporte sa bague à la comtesse, et lui présente étourdiment à sa manière, M. […] Cependant, ce qu’il prouve à sa manière, c’est qu’il est impossible aux amours illégitimes de vivre et de durer dans le monde habitable. […] Un esprit gai, ardent, subtil, joyeux et périlleux, comme le feu, répand sur ces cinq actes sa verve d’enfer : chatteries de mots, ruses d’expression, piqûres mortelles, dissimulées sous les ailes des saillies volantes, manières de tout dire, de sous-entendre plus encore et de chatouiller les plaies vives en déchirant leurs bandeaux.
Je voudrais bien vous rendre compte de mon voyage depuis Riga jusqu’à Königsberg d’une manière qui vous fût agréable. […] Elle m’a écrit une lettre si honnête sur mon retour dans ma patrie, que je crois qu’elle imagine de me tourner la tête de toutes les manières possibles. […] [NdA] Il s’agit de la princesse Marie Miesnik ; mais, à la manière même dont Bernardin de Saint-Pierre parle de son amour, on voit combien M.
Sans doute je ne nie point à l’homme, d’une manière absolue, la faculté d’inventer l’écriture, quelle que soit d’ailleurs la difficulté d’une telle invention. […] Mais le langage existant une fois, n’importe de quelle manière, il est plus facile de comprendre comment l’homme a pu ensuite fixer la parole par l’écriture : les difficultés ne sont rien lorsque l’on parvient à écarter l’impossibilité absolue. […] Il n’est pas permis d’approuver ou de désapprouver cette manière ; elle n’est ni bonne ni mauvaise, puisqu’on n’a pas de choix ; elle est obligée.
À la manière complaisante dont il développe l’opinion de ces derniers, il est assez sensible qu’il en serait volontiers lui-même. […] Il est dommage que sa dernière manière de vivre soit allée si fort jusqu’à la manie : car on conçoit un philosophe, un sage un peu marqué d’humeur, ayant écrit ces libres Histoires et se taisant désormais, renonçant au bruit, à la gloire, pour la plus grande indépendance, et se cachant pour bien finir.
M. de Forcalquier a tracé de Duclos en 1742, c’est-à-dire quand celui-ci était déjà un homme de lettres en pied et un académicien des Inscriptions, un portrait qui conserve encore et laisse voir quelques airs de jeunesse : « L’esprit étendu, l’imagination bouillante, le caractère doux et simple (ceci est pour le moins douteux), les mœurs d’un philosophe, les manières d’un étourdi. […] Sur son manque de travail et d’effort intérieur, Duclos en dit plus qu’on n’eût pu en exiger de lui, et peu s’en faut qu’il ne se brusque lui aussi à sa manière ; il se dit des vérités comme il en disait aux autres.
On a dit qu’il baissait volontiers les yeux en parlant, et qu’il s’interdisait cette éloquence du regard que Massillon s’accordait quelquefois : cela est possible ; mais, dans tous les cas, cette forme de débit n’était qu’une convenance de plus, une manière de pousser plus avant, et comme tout droit devant lui, dans sa démonstration inflexible et sévère. […] Cet éloge funèbre du Grand Condé, dont Mme de Sévigné a esquissé une vive analyse dans une lettre à Bussy et dont elle se disait transportée, est d’un caractère à part et garde encore l’empreinte morale de la manière de Bourdaloue ; il laisse la vie glorieuse et mondaine du prince, ou plutôt, dans cette vie, il ne s’attache qu’à son cœur, à ce qui s’y conserve d’intègre, de droit, de fidèle, jusque dans ses infidélités envers son roi et envers son Dieu, et il va dégageant de plus en plus cette partie pure, héroïque et chrétienne, jusqu’à ce qu’il la considère en plein dans la maturité finale et un peu tardive de ses dernières années.
Cependant ses manières avec elles étaient trop libres, et sa galanterie était de mauvais ton. […] C’était une manière comme une autre de se distinguer et de trancher.
Mais lorsqu’il lui est refusé d’étendre au dehors son action, elle l’exerce en elle-même, d’une manière inconnue aux esprits faibles et légers, que l’action du corps seul occupe. […] Ces manières d’agir, si contraires à nos mœurs, faisaient grande impression sur moi.
Un jour pourtant que Mme du Deffand, dans sa curiosité de femme ennuyée, l’avait interrogé à un peu plus près sur ses sentiments, sur la manière dont il était avec Mme de Grammont et dont il se gouvernait entre elle et Mme de Choiseul, outrepassant un peu dans sa réponse le sens et la portée de la question, il ajoutait, après quelque éclaircissement : Voilà tout ce que je puis vous dire sur ce sujet. […] je le suis de vous et de mon Horace… » Mais ces moments sont rares et passent vite ; ils font place à de longs intervalles de sécheresse et de stérilité : alors elle veut savoir ce qu’on pense d’elle au fond, si on l’aime vraiment, et de quelle manière : « Vous savez que vous m’aimez, dit-elle à Mme de Choiseul, mais vous ne le sentez pas. » Elle semble persuadée de cette terrible et cruelle maxime que j’ai vu professer à d’autres qu’elle, et dont le christianisme seul fournirait le correctif ou le remède, que « connaître à fond, et tel qu’il est, un être humain et l’aimer, c’est chose impossible ».
Enfant du XVIIIe siècle et païen à sa manière, — païen vertueux et innocent, — les scrupules néo-chrétiens, qui de notre temps ont prise sur tant d’âmes jeunes ou vieilles, lui sont restés inconnus et étrangers. […] on a ses mesures et ses degrés : on est aussi des classiques dans son genre et à sa manière.
Je ne vois à mettre en regard, et comme pendant, que certain écran que le cardinal d’Estrées avait donné, il y avait quelques mois, à Madame Royale en manière de surprise, et dont Mme de La Fayette, amie de la Régente, avait soigné les détails et fourni le dessin : « Vous savez, écrivait Mme de Sévigné, la tète pleine de ce galant cadeau, et voulant en donner idée à sa fille (13 décembre 1679), que Madame Royale ne souhaite rien tant au monde que l’accomplissement du mariage de son fils avec l’infante de Portugal ; c’est l’évangile du jour. […] C’était là aussi, comme à Strasbourg, une manière de conjuration qui réussissait, mais une conjuration lointaine et sujette à bien des risques, à bien des retours.
Mlle Pompéa a par hasard appris du tapissier chargé de meubler l’hôtel du comte, et qui se trouve être le sien, qu’il est de retour en France, qu’il habite à Maran aux environs de Fontainebleau, et elle s’est mise en route sur l’heure pour le revoir : elle arrive, accompagnée d’une vieille cantatrice, la signora Barini, ancien contralto qui a eu ses beaux jours, une manière de duègne très-peu duègne, une utilité, un embarras, le meilleur cœur et la meilleure langue de femme, baragouinant un français italianisé et jargonnant à tue-tête. […] M. d’Alton-Shée, par la bouche de sa Pompéa, nous a laissé à sa manière son tableau de Couture, L’autre jour, à propos de la Vérité dans le vin, cette jolie comédie de Collé, je parlais de ces œuvres d’esprit qui sont des témoins d’un temps et qui marquent une date dans l’histoire des mœurs et des plaisirs.
Il y a plus d’une manière de voir venir la mort, et nul ne peut savoir avant l’heure comment il l’envisagera lui-même. […] Marmontel, écrivant un Essai sur les Romans, lui fait tout au plus la grâce de le mentionner, et d’une manière vague et légère.
Nous y avons tous cédé plus ou moins dans nos propres confessions aussi, en vers ou en prose ; mais elle, elle était femme et devait s’en souvenir ; elle pouvait, si elle le voulait absolument, indiquer le fait en glissant un peu ; il y a manière de tout faire comprendre et de tout dire ; mais cette confidence de sang-froid, sous la plume d’une belle personne restée honnête et qui s’appesantit sur une sale image, est tout à fait déplaisante. […] que Mme de Staël, disciple également de Jean-Jacques, mais disciple plus libre dès ses débuts et bien autrement originale que Mme Roland par le tour d’esprit et la manière de dire, ah !
Mais cet étouffement était-il possible, et, très incomplet de toute manière, n’avait-il pas aussi ses inconvénients ? […] On incriminait à ce titre les extraits de livres galants produits en manière d’échantillons dans le catalogue.
Vous nous accusez, nous autres d’ici, d’être enfants de Du Bartas, et voilà que du pays de Du Bartas, tout à côté, naît à l’improviste un poëte vrai, franc, naturel et populaire, qui nous ressemble peu, direz-vous, mais que nous saluons parce qu’il nous rend aussi et nous chante à sa manière cette même espérance que nous avons : « Non, la poésie n’est pas morte et ne peut mourir. » La publication de l’Aveugle a mis, dans le pays, le comble à la gloire de Jasmin. […] Lafon nous paraît porter sur la détérioration inévitable du patois plus que sur la manière même de Jasmin, qui fait ce qu’il peut, qui n’a pas lu les troubadours, et qui se sert avec grande correction de son patois d’Agen tel qu’il le trouve à la date de sa naissance.
» Et il ne veut voir dans cette manière de présenter l’aveugle harmonieux qu’une perspective romanesque au service du commentateur moderne. […] De plus, lorsqu’un poëte, un peintre, a un style à lui et une manière reconnue, on lui passe d’ordinaire quelque mélange : ainsi La Fontaine se laisse souvent aller dans ses plus franches peintures à je sais quelles teintes du goût Mazarin.
Car ils lui empruntaient sa fragile apologétique sans le grand souffle qui la soutenait (en l’air), ses bizarreries de style sans sa prestigieuse imagination, toute sa manière enfin sans s’apercevoir qu’ils n’avaient ni ses dons originaux ni surtout son public. […] D’autres, à l’exemple de Lacordaire, agitent les questions de l’heure présente, combattent le siècle sur son propre terrain, mais à leur façon et sans chercher à imiter la manière du grand dominicain.
C’est un certain ensemble d’habitudes et une certaine manière de vivre qui constitue le monde. […] Ce qu’elles voient, ce qu’elles entendent, ce qu’elles devinent, la vie qu’elles mènent, toutes les impressions qu’elles reçoivent les façonnent singulièrement, agissent sur elles de deux manières presque contradictoires.
On conçoit à la rigueur qu’à une époque où tout était chose d’Etat, où s’achevait l’unité de la France, où toute son histoire aboutissait enfin à la monarchie absolue, où partout, dans les mœurs, dans les manières, dans la religion, dans les lettres, triomphait le même esprit de discipline et d’autorité, un cardinal ait eu l’idée de préposer une compagnie de lettrés à la fixation et à la conservation de la langue. […] Zola en personne ; et ce romancier était fort, était généreux, était magnanime : une manière de bon Dieu !
Un de ses spirituels confrères, M. de Féletz, répondit : « Geoffroy a trois manières de faire un article : dire, redire, et se contredire. » J’ai déjà parlé plus d’une fois de M. […] Il a une manière qui fait qu’il ne dit rien, absolument rien, comme un autre.
Les Mémoires de Frédéric et ceux du cardinal de Richelieu prêteraient aussi à un rapprochement ; mais, quoique ces grands hommes, dans les moments essentiels, se dégagent très bien des défauts de manière dont ils ne sont pas exempts, ils restent atteints dans leur ensemble et sont repris parfois, en écrivant, d’une sorte de manie de bel esprit que leur donnaient l’éducation littéraire de leur temps et leur prétention particulière11. […] Ce qui est là résumé en une page, se trouve développé et confirmé en mille manières dans le courant du récit.
J’essaierai de marquer ici quelques traits de sa manière. […] Tout y est dit d’une manière nette, charmante ; tout y est senti.
Il s’en va bien assez vite de lui-même. » Cette fin de La Mare au diable, dans la description des noces, semble peut-être un peu longue ; mais on n’est pas fâché, malgré tout, de s’arrêter sur ces images d’abondance rurale et de copieux bonheur, qui rappellent, à leur manière, le tableau de Théocrite dans les Fêtes de Cérès, et celui de Virgile célébrant les vertus des vieux Sabins : « Casta pudicitiam servat domus ». […] On peut préférer de lui telle ou telle manière, mais il est curieux de les lui voir essayer toutes.
Je sais bien que vous l’avez dit d’une autre manière, en le voilant de romanesque et de poésie, dans Le Dernier des Abencérages ; mais, du moment que vous faisiez des mémoires, il y avait lieu et il y avait moyen de nous laisser mieux lire dans ce cœur, s’il fut vrai et sincèrement entraîné un jour. […] On est charmé, en le revoyant, de sa manière si distinguée, si fine, si douce, si différente et si au-dessus de tout.
Mérimée pourrait se prendre comme opposition de ton et de manière, comme contraste. […] Mais c’est un homme de goût, de tact, de sens exact et rigoureux, qui, même dans l’excès de l’idée, garde la retenue et la discrétion de la manière ; qui a autant le sentiment personnel du ridicule que M. de Balzac l’avait peu, et en qui, au milieu de tout ce qu’on admire de netteté, de vigueur de trait et de précision de burin, on ne peut regretter qu’un peu de cette verve, dont l’autre avait trop.
Bien longtemps après, quand Mme de Montespan, tombée en disgrâce et dans une entière retraite, eut pris ce fils légitime comme une partie de sa pénitence et qu’elle se fut mise, par manière de réparation, à vouloir lui fonder une fortune régulière, elle exigea de lui qu’il ne jouerait plus ; croyant mieux l’y obliger, elle obtint qu’il chargeât le comte de Toulouse, son demi-frère, de dire expressément au roi que lui, d’Antin, renonçait au jeu pour toute sa vie : sur quoi le roi fit cette réponse bien naturelle, mais désespérante d’indifférence : « À la bonne heure ! […] Ce qui toucha d’Antin en cette circonstance, c’était moins encore la chose que la manière ; et, repassant tous les événements si contraires qui s’étaient succédé depuis son affront en avril 1707, jusqu’à ce retour bienveillant en septembre de la même année, il écrivait naïvement dans son Journal : « Jamais le cœur humain n’a reçu tant de secousses différentes. » Ce n’est pas la vie de d’Antin que j’écris, je ne fais que profiter de l’ouverture et du jour que lui-même, par ses aveux, nous a donné sur ses pensées.
Commandant d’artillerie, il ne croit pas à son métier ni à son art ; et quand il entrevoit, en s’arrêtant un moment dans une bibliothèque, l’occasion de publier et de traduire quelque ancien, il se moque encore de cette gloire-là ; mais il est évident, à la manière dont il en parle, qu’il y croit plus qu’à l’autre. […] Dès ce temps-là, il fallait regarder de bien près à la manière dont on s’y prenait avec Courier, de peur de le fâcher, même en le louant.
Molière, avec son génie, rime à bride abattue ; La Fontaine, avec son nonchaloir, laisse souvent flotter les rênes, surtout dans sa première manière ; le grand Corneille emporte son vers comme il peut, et ne retouche guère. […] Il y est traité dans une libre et large manière : l’ample perruque de rigueur est noblement jetée sur son front et ne le surcharge pas ; il a l’attitude ferme et même fière, le port de tête assuré ; un demi-sourire moqueur erre sur ses lèvres ; le pli du nez un peu relevé, et celui de la bouche, indiquent l’habitude railleuse, rieuse et même mordante ; la lèvre pourtant est bonne et franche, entrouverte et parlante ; elle ne sait pas retenir le trait.
Ôtez ce mot de grandeur, ôtez ces noms de Platon et d’Aristote qui sont de trop, il reste vrai que l’abbé Barthélemy avait la plus belle tête ; trop de maigreur, mais tous les avantages extérieurs qui préviennent, et des manières qui faisaient de ce jeune savant le plus naturel des gens du monde : « L’abbé Barthélemy est fort aimable et n’a d’antiquaire qu’une très grande érudition » ; c’est ce que dit Gibbon et ce que répètent tous ceux qui l’ont connu. […] En ces années, Barthélemy justifiait déjà les attentions dont il était l’objet par la manière même dont il traitait quelques points d’érudition devant le public dans les séances solennelles de son Académie.
Puis il revient à moi, et me crie que le grand Gavarni, l’immense Gavarni, le Gavarni qui touche à Michel-Ange est dans ses premières œuvres, mais qu’au sortir du Charivari, ce n’est plus qu’un procédé, qu’une manière… Il continue, dans une espèce de bagout à la Chenavard, à dire des choses qu’on ne dirait pas à un porteur de bandes. […] Demain je refuserais d’une manière retentissante, dans tous les journaux, et je passerais pour un pur, et je vendrais mon édition.
Vous leur dites si bien et si longuement (jamais trop longuement pour moi) les dangers, les passions, les déceptions de la vie, — avec les diverses manières de cultiver les tulipes, qu’ils n’ont presque plus le temps de courir des dangers, d’avoir des passions, de subir des déceptions — et d’arroser leurs tulipes. […] Il nous est revenu, rapportant, en manière de Souvenir de voyage, le Roman de toutes les femmes.
D’une manière comme de l’autre, ils n’ont pas une caractéristique suffisante pour les cataloguer. […] Le Symbolisme est un anachronisme, quelque chose comme le bouddhisme que des esprits malins et aigris contre le siècle jettent à leurs contemporains en manière de raillerie et de dérision.
Mais les abus valent infiniment mieux que les révolutions ; et ce second point s’adresse aux peuples. » Enfin, Calvin n’eût pas écrit : « J’ai toujours observé qu’on peut tout dire aux Français ; la manière fait tout. » Les esprits absolus et cruels se soucient bien de la manière !
C’est autre chose, — autre chose de bien autrement immatériel, qui ne tient pas à ce qu’on chante, mais à la manière dont on chante. […] Il est aussi inspiré à sa manière que Lamartine à la sienne.
Jouffroy entendit toujours la philosophie à la manière anglaise, et la présenta comme une science particulière, opposée aux sciences physiques, ayant pour objet non le tout, mais un fragment du tout, et restreinte aux phénomènes moraux et spirituels, comme les sciences physiques sont restreintes aux phénomènes sensibles et matériels. […] Pour la faire d’une manière utile, il faudrait chercher les causes qui fortifient cette idée, par exemple gueil (Anglais), le manque d’imagination (Hollandais), l’habitude du péril (Sauvages), la réflexion habituelle et intense, la vie solitaire, etc ; la volonté n’est qu’un effet.
Mais qui ignore les emportements, les défis par lesquels ces natures orageuses signalent leurs ruptures mêlant à leur langage, à leurs manières d’autrefois, les manières et le langage de leur situation nouvelle, à peu près comme ces exilés qui se hâtent de parler la langue de leur nouvelle patrie, et qui même en forcent l’accent, de peur d’être reconnus pour des étrangers ? […] Chaque parti d’ailleurs entend son honneur à sa manière, et l’on ne doit pas blâmer ceux qui regardent certaines alliances comme plus compromettantes et plus onéreuses que certaines inimitiés. […] On peut, dans ce simple détail, constater comment la manière primitive du poëte s’est aggravée et exagérée, comment il est tombé du côté où il penchait. […] Nous nous y sommes décidé pourtant, d’abord parce qu’ils résument, en abrégé, à peu près tous les défauts de la manière actuelle de M. […] Il y a trois manières de parler de la Révolution française : la glorifier, la maudire, et l’expliquer.
… Le seul livre que j’aie constamment médité est celui qui est ouvert à tous, c’est-à-dire l’homme agissant sous les influences qui le dominent sans cesse, ses intérêts et ses passions ; et si quelquefois j’ai jeté un coup d’œil rapide sur La Bruyère et sur La Rochefoucauld, je ne l’ai fait que pour être certain de ne pas laisser de simples réminiscences se glisser parmi mes propres observations. » De cette manière de composer il est résulté quelquefois, en effet, que le lecteur, familier avec les écrits soit de Sénèque, soit de La Rochefoucauld et de La Bruyère, soit de Massillon, de Montesquieu et du comte de Maistre, sent se réveiller en lui des traces de pensées connues, en lisant tel passage de M. de Latena.
., de manière, il paraît, à faire frémir l’auditoire de tendresse.
Mais ces enfants, même en étudiant avec soin ce qu’on leur apprend, ignorent une quantité de choses de la société et de la vie, et du monde moderne, qu’on apprend d’ordinaire par l’air, dans l’atmosphère générale et par les relations de tous les jours : ils arrivent au sacerdoce, bons prêtres peut-être quant à la piété et à la connaissance théologique et liturgique spéciale, mais ignorants d’ailleurs, grossiers de manières et incapables d’agir dans une sphère un peu élevée.
Comme exemple de la manière absurde dont tout se défigure et dont les incidents de société se déforment avec le temps et même avant le temps, je citerai encore un estimable écrivain, M.
Voilà le cadre à la fois composé et vrai, où depuis qu’elle a laissé sa première manière d’élégie libre, pour se soucier de plus d’art, Mme Valmore nous semble réussir le mieux.
Ainsi, la réaction catholique, sous Bonaparte et M. de Chateaubriand, par le Concordat et le Génie du christianisme, a puissamment servi à mitiger et à éteindre dans les jeunes générations d’alors cette haine farouche que portaient au catholicisme la plupart des premiers révolutionnaires et qui était une manière de fanatisme philosophique.
Damiron s’interdit peut-être un peu trop dans sa manière actuelle, plus scientifique et plus sobre qu’autrefois, les développements et applications historiques ou littéraires dont le bon Dugald Stewart orne et quelquefois recouvre son chemin ; mais nulle lecture n’est plus saine à l’âme, plus doucement pénétrante et persuasive, plus satisfaisante à tout esprit honnête et reposé que ce volume de M.
La cheville ouvrière de la conversion est une manière de personnage mystérieux qui, jusqu’à la fin, a tout l’air d’être un honnête jésuite espagnol, et qui se trouve, au démasqué, n’être qu’un de ces sublimes roués dont l’auteur a une escouade en réserve.
Il y a une manière pleine, franche et sensée de prendre les choses (même finement observées en détail) et de les confondre un peu en les créant, qui est le vrai procédé et le vrai mouvement dramatique.
L’occupation où l’on est de son ressentiment, l’effort qu’on fait sur soi pour le combattre remplit la pensée de diverses manières ; après s’être vengé, l’on reste seul avec sa douleur, sans autre idée que la souffrance ; vous rendez à votre ennemi, par votre vengeance, une espèce d’égalité avec vous ; vous le sortez de dessous le poids de votre mépris, vous vous sentez rapprochés par l’action même de punir ; si l’effort que vous tenteriez pour vous venger était inutile, votre ennemi aurait sur vous l’avantage qu’on prend toujours sur les volontés impuissantes, quelle qu’en soit la nature et l’objet : tous les genres d’égarement sont excusables dans les véritables douleurs ; mais ce qui démontre cependant combien la vengeance tient à des mouvements condamnables, c’est qu’il est beaucoup plus rare de se venger par sensibilité, que par esprit de parti ou par amour propre.
Si grande est notre paresse, inaccoutumés que nous sommes à chercher des idées ou des mots, que souvent nous aurions quelque inclination à penser d’une manière : nous parlons d’une autre, non par modestie, non par timidité, mais parce qu’il est plus commode de répéter une phrase apprise que de créer pour une pensée personnelle une forme originale.
Car on peut hésiter entre les deux interprétations, comme vous le verrez par ces deux passages qui vous donneront une idée de la manière de M.
Il y a, à mon avis, deux manières de concevoir une édition des œuvres de Molière : ou publier le texte dans sa nudité magistrale, ou fournir en même temps tout ce que peut recueillir sur l’homme et sur ses ouvrages une érudition spéciale.
Dans ses premières années surtout, l’enfant ressemblait à sa mère d’une manière frappante.
J’en conviens ; mais cela s’est fait d’une manière qui peut laisser espérer d’autres grâces.
Mais un effet plus étonnant de sa jalousie, c’est la manière dont il lut à Henri II une pièce de Ronsard.
J’ai aussi essayé de classer ces sources, et de les distribuer d’une manière qui en fût la critique, mais cette classification est trop imparfaite encore, — et c’est pourquoi je n’y insiste pas.
Peut-on mettre la morale en action d’une manière plus sensible et plus frappante ?
L’élégance de ses mœurs, ses belles manières, son goût pour la société, et surtout son humanité, l’auraient vraisemblablement rendu un des plus grands ennemis du régime révolutionnaire.
Quand on a dans sa tête des modèles parfaits de dialectique, on y rapporte, sans presque s’en clouter, les autres manières de raisonner.
Le commun des hommes est donc bien capable de reconnoître un caractere lorsque ce caractere a reçu sa forme et sa rondeur théatrale ; mais tant que les traits propres à ce caractere, et qui doivent servir à le composer demeurent noyez et confondus dans une infinité de discours et d’actions que les bienséances, la mode, la coûtume, la profession et l’interêt font faire à tous les hommes, à peu près du même air, et d’une maniere si uniforme que leur caractere ne s’y décele qu’imperceptiblement, il n’y a que ceux qui sont nez avec le genie de la comedie qui puissent les discerner.
Racine rapporte une partie du passage de Seneque d’une maniere à faire croire qu’il ne l’avoit pas lû tout entier.
La regle qui enjoint aux peintres comme aux poëtes de faire un plan judicieux, et d’arranger leurs idées de maniere que les objets se débroüillent sans peine, vient immediatement après la regle qui enjoint d’observer la vrai-semblance.
Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes Je conçois que le génie de leurs arts consiste dans un arrangement heureux des organes du cerveau, dans la bonne conformation de chacun de ces organes, comme dans la qualité du sang, laquelle le dispose à fermenter durant le travail, de maniere qu’il fournisse en abondance des esprits aux ressorts qui servent aux fonctions de l’imagination.
On appelle communément des pastiches les tableaux que fait un peintre imposteur, en imitant la main, la maniere de composer et le coloris d’un autre peintre, sous le nom duquel il veut produire son ouvrage.
On peut même dire que la difference de ces émanations tombe en quelque maniere sous nos sens.
Comme il avoit découvert que le quartier d’assemblée des romains, en cas d’allarme imprevûë, étoit le théatre de la ville, il y fit sonner le même air que les romains faisoient sonner pour s’assembler : mais les soldats de la garnison reconnurent bien-tôt à la mauvaise maniere avec laquelle la trompette étoit embouchée, que ce n’étoit pas un romain qui en sonnoit, et se doutant bien de la ruse de l’ennemi, ils se refugierent dans la forteresse, au lieu de se rendre sur la place d’armes.
Nous avons montré comment le sociologue devait écarter les notions anticipées qu’il avait des faits pour se mettre en face des faits eux-mêmes ; comment il devait les atteindre par leurs caractères les plus objectifs ; comment il devait leur demander à eux-mêmes le moyen de les classer en sains et en morbides ; comment, enfin, il devait s’inspirer du même principe dans les explications qu’il tentait comme dans la manière dont il prouvait ces explications.
La catharsis est, comme on sait, l’art de se débarrasser sans danger d’un sentiment qui pourrait nuire, de s’en purger de telle sorte qu’il ne reste pas en nous pour nous torturer, ou qu’il ne s’exerce pas d’une manière mauvaise et funeste.
C’est cette seconde manière, renforcée de métaphysique et de science, que choisissent M.
La liberté nécessaire au gouvernement est exprimée, je l’avoue, d’une manière trop absolue, et M.
Il n’y a que deux manières de parler de Voltaire.
II Figurez-vous donc qu’au lieu du précieux, compendieux et sérieux Armand Baschet, qui ne rirait pas pour un empire, nous eussions ici affaire à quelque génie plein d’abandon et de sincérité, à quelque grand caricaturiste historique, — car un caricaturiste peut être un historien, puisque la caricature n’est qu’une certaine manière de regarder la vérité, — figurez-vous donc, par exemple, un esprit comme Thomas Carlyle, que je regarde comme l’Hogarth de l’Histoire, tombant sur l’histoire de Baschet, le Dangeau posthume de Louis XIII, et demandez-vous quels effets grotesques et charmants et quelle conclusion de savoureuse moralité humaine il aurait tirés de ce conte de La Fontaine historique, qui fut une réalité, et, pour les gens intéressés à l’achèvement de ce mariage resté en l’air, la plus plaisante des mélancolies !
Non-seulement le génie du romancier crée des types, des situations, des caractères, des dénouements, et à sa manière, fait de la vie, comme Dieu, — de la vie immortelle, — mais ces types, ces caractères, ces situations sont des découvertes dans l’ordre de l’imagination et de l’observation combinées ; ce sont des faits qui doivent rester acquis à l’inventaire humain, comme les faits de la Science.
— même quand il les déteste, même quand il les accuse d’avarice (leur vice à eux), qu’il leur reproche et qu’il caractérise avec cette sanglante manière que Veuillot a prise un jour pour de la haine, et qui, au contraire, est de l’amour !
J’ai déjà dit un mot de la manière dont ces éloges sont écrits.
Ajoutez qu’on n’aime pas non plus un pays de trente-cinq millions d’hommes de la même manière qu’un État de dix mille citoyens. […] Voici d’ailleurs quelques spécimens de sa manière. […] J’ai été un bon torpilleur à ma manière ; j’ai donné quelques secousses électriques à des gens qui auraient mieux aimé dormir. […] Et c’est de la même manière que Pauline est bonne et dévouée. […] Prenons par exemple Pot-Bouille : non que ce soit le meilleur de ses romans, mais c’est un de ceux où s’étale le plus franchement sa manière.
Pouvait-il dire à Néron d’une manière plus énergique : « Prince, entendez-vous ? […] Il ne fut plus question que de savoir si ce serait par le poison, par le fer ou d’une autre manière. […] Assez d’autres exemples consoleront la méchanceté, sans y ajouter celui d’un sage… Qu’il perdit d’une manière honteuse une vie qu’il avait lâchement conservée. […] Claude n’était pas stupide au point de ne pouvoir être éclairé sur la manière artificieuse dont on le dépouillait de son autorité. […] Sa manière est précise, vive , énergique, serrée ; mais elle n’est pas large.
D’où de naturelles péripéties qu’une manière de fatalité, qu’autrefois il appelait être « saturnien » et qu’à présent il nomme moins baudelairement le train-train de l’existence, commande. […] J’ai entrepris de donner ce récit de ma première apparition dans le Royaume-Uni, en manière de courte préface au présent article touchant ma carrière de professeur en Angleterre. […] Les enfants dans tout ce qui concerne la reproduction graphique des objets, ont une manière devoir qui leur est propre, exactement comme les races sauvages. […] Ce pudding étalait sa blanche rotondité aux lieu et place de dessert qu’il remplaçait de manière avantageuse. […] Cette manière de concevoir et de procéder me semble et semblera sans doute plus particulièrement vivante et directe que toute cette psychologie purement descriptive qu’affectent nos « modernes ».
La manière du cardinal de Retz est un lazzi en figure. […] C’est une manière doucement savoureuse, et sans nulle âcreté. […] Pouvons-nous être à notre aise de la même manière avec Nietzsche ! […] Ce brasseur et cette belle Athénienne avaient peut-être raison, à leur manière. […] Mon Diable n’est pas une divinité dans la manière de ces vieilles Euménides qui faisaient : hon !
Bailly intitulé Lumen, avec ce sous-titre Féerie chatoyante, tout entier dans la nouvelle manière et, pour cela même, devenu date en cette évolution littéraire. […] | | La rime est donc remplacée dans ma nouvelle manière par le rythme, de plus je me fais une loi d’éviter les assonances des fins de vers ; et mes finales, toutes dissonantes sur la gamme a, e, i, o, u, produisent une mélodie qui n’est pas sans agrément. […] Le mouvement actuel, jusque dans ses pires aberrations et ne nous donnât-il jamais que des œuvres informes ou incomplètes, ne laissera pas d’influer à sa manière, et sérieusement, sur la versification française. […] — Sa nouvelle manière ? […] Même en admettant qu’il n’écrive pas en langue morte, je soupçonne dans sa manière un souci classique, homérique et virgilien, orienté aux plus orgueilleuses comparaisons et mal d’accord avec la naïveté célèbre qui ne permet pas à ce poète de se laisser inscrire parmi les Quarante… » Mais, je vous le répète, sur ce point, je n’affirme pas !
De quelque manière qu’il l’ait fait sentira l’offenseur alors en son pouvoir, les besoins de vengeance devinrent réciproques. […] En adoptant la foi de saint Rémi, les Francs trouvèrent dans la Gaule un clergé romain, riche, accrédité, et qui dut nécessairement entreprendre de modifier les institutions, les idées, la manière de vivre comme la croyance religieuse des conquérants. […] Lord John Oldcastle, ouvrage plus intéressant et composé avec plus de bon sens, s’anime aussi, dans quelques scènes, d’un comique plus voisin de la manière de Shakespeare. […] Dans Shakespeare surtout, cette excessive complaisance pour lui-même arrête et interrompt quelquefois, d’une manière fatale à l’effet dramatique, l’ébranlement qu’a reçu le spectateur. […] Une distraction semblable, réparée de la même manière, se fait remarquer à l’égard de Burbadge, Hemynge et Condell, les seuls de ses camarades de théâtre dont il fasse mention ; il lègue à chacun d’eux, aussi dans un interligne, trente-six schellings pour avoir une bague.
Le médecin lui-même, s’il veut donner au malade une guérison vraie, cherche à être fécond à sa manière, sinon ses guérisons ne sont que des accidents heureux, et, dans leur ensemble, ses traitements ne valent rien. […] Mais il y avait en lui assez de force résistante, aussi il a pu se maintenir un assez grand nombre d’années, et il se serait soutenu encore longtemps avec une manière de vivre plus saine. » Et Manzoni vit encore ! […] Ces moyens extérieurs font plus qu’on ne croit, et l’on doit venir au secours de l’esprit de toutes les manières. » Goethe fit apporter ce manuscrit nouvellement broché, et je fus surpris de sa grosseur ; il formait un bon volume in-folio. […] Quand on l’a lu avec bonne foi, on change sa manière de voir sur ce grand homme.
L’ascète est moins mal venu à mettre, sous ses pieds nos affections et nos plaisirs, quand nous le voyons traiter de la même manière les causes de nos souffrances. […] Les genres littéraires sont devenus, dans son système, un je ne sais quoi d’organique, qui vivrait indépendamment des œuvres particulières et des cerveaux où elles ont été conçues ; abstractions végétatives, qui ont des troncs et qui poussent des branches ; entités réalisées à la manière scolastique. […] Mais, comme il est académicien, qu’il mène forcément une vie plutôt artificielle et mondaine, la vie que son nom et sa condition lui imposent, et qu’il est, quoi qu’il fasse, sinon d’une coterie, au moins d’une société, avec qui qui sa pensée intime n’a presque rien ’ de commun, il semble, en quelque manière, exilé dans son monde. […] La malignité publique est telle qu’on voudra peut-être voir, dans cette constatation, une manière de mauvais compliment.
Ceci paraîtra à quelques uns un paradoxe ; mais nous avons un argument bien puissant en faveur de notre manière de voir, et qui prouve combien telle était bien réellement l’intention du Maître en écrivant la Gœtterdaemmerung . […] Wilder ; il a sacrifié le mot ; il a négligé le souci d’un style Wagnérien ; il a voulu la transposition en une autre manière, des poèmes Wagnériens. […] Le chant si miséricordieusement éloquent de celle qui réussit à infondre la clémence aux âmes courroucées de ces rudes chevaliers, est fort long et écrit d’une manière qu’on ne saurait caractériser autrement qu’en disant qu’elle se rapproche du style sacré. […] Les vers de ce récit sont remarquablement beaux ; mais l’auteur a trouvé le rare secret de les réunir, de les marier, de les identifier su chant d’une manière si adéquate, que d’une part il leur est impossible de passer inobservés, tant leur déclamation haute et intelligible est imposée par les intonations musicales, et que d’autre, on ne saurait se méprendre et considérer la musique comme un accessoire destiné à les faire ressortir.
D’une manière générale, l’initiative des assauts menés contre l’inégalité — justifiée ou injustifiée — est plutôt venue d’en haut, du milieu des mieux partagés, et non pas d’en bas, comme on aurait pu s’y attendre s’il n’y avait eu en présence que des intérêts de classe. […] Elles ne manifestent pas une nécessité qui dominerait les causes particulières d’alternance et qui s’imposerait d’une manière générale aux événements humains. […] On désigne par ce dernier mot quelque chose de complexe et de confus, un de ces concepts que l’humanité a voulu laisser dans le vague pour que chacun le déterminât à sa manière. […] D’une manière générale, l’industrie ne s’est pas assez souciée de la plus ou moins grande importance des besoins à satisfaire.
Daru a dit : « Je ne sais si cette manière de présenter les faits est prescrite par les convenances d’un éloge académique, mais il n’en est pas-moins certain que Sully chercha à tirer de ses charges le plus d’argent qu’il put ; ce sont ses expressions. » Et j’ajouterai : C’étaient les mœurs du temps, desquelles le personnage et le caractère de Sully ne sauraient se séparer. […] Ici le style s’abrège, s’affermit, et ce chapitre peut donner une juste idée de la manière du maître s’il avait pris plus souvent la plume.
Elle fut la consolation de Mme de Maintenon et sa plus sûre héritière ; elle et Mme du Peyrou maintinrent l’esprit d’exactitude et de régularité en même temps que la politesse et les nobles manières de la fondatrice, jusque bien après sa mort. […] Cette Histoire rappelle assez bien la manière dans laquelle le cardinal de Bausset a écrit la vie de Fénelon : c’est un courant de narration égal et pur.
Daru au milieu de cette école poétique régnante de la fin du xviiie siècle à laquelle il est mêlé, et dont il ne se séparera jamais d’une manière tranchée, c’est l’étude, l’amour de l’investigation et des recherches, le besoin en tout de ne pas s’en tenir à l’aperçu, à la fleur et à la cime des choses, mais de les prendre, en quelque sorte, par la base, de s’en informer avec suite, avec étendue, par couches successives, et d’en dresser, soit dans des préfaces, soit dans des rapports académiques, soit dans des comptes rendus destinés à lui seul, un exposé judicieux, fidèle, qui donne un fond aux discussions et qui souvent les abrège. […] L’application, la fermeté et l’ordre, il portait ces qualités en tout, et il le faisait avec satisfaction, d’une manière qui lui était naturelle et facile.
Laissons les comparaisons inutiles ; je me contenterai de supposer qu’on a une idée générale et suffisante de la manière et de la veine de l’abbé Delille, et je choisirai rapidement, dans le poème de La Tâche, les endroits qui indiquent chez le poète anglais d’autres sources et d’autres inspirations. […] Cette pièce est empreinte de sa manière la plus vigoureuse, avec ses qualités et ses défauts ; elle a de l’inégalité de style, de la complication de pensée, mais de la grandeur, et elle décèle, dans ce poète qui ne passe que pour celui des régions moyennes, un disciple énergique de Milton.
que de vues et de sentiments contraires, et qui se réfléchissent même dans la manière de dire et de s’exprimer ! […] Rohan, dans ses mémoires destinés à être lus en manière d’apologie, témoigne être satisfait de cette paix provisoire : ses lettres et missives confidentielles, dont quelques-unes furent surprises et rapportées au cardinal, trahissaient moins de contentement, et ce traité si désavantageux pour le parti « mit les deux frères en tel désespoir, assure Richelieu, que Mme de Rohan la mère, ne sachant plus quel conseil donner à Soubise, le persuada, par une lettre interceptée, de se joindre aux corsaires moresques et de se retirer en Barbarie », plutôt que de se résigner à la loi du vainqueur.
On peut dire que cette campagne de 1707, tout utile qu’elle fut à Louis XIV et à ses finances, ne servit point à la bonne réputation de Villars, et, par les scandales qu’elle causa, elle nuisit même d’une manière durable à sa considération : il aura beau faire pour regagner une entière et solide estime, il n’aura dorénavant à espérer que de la gloire. […] Si le sourire était permis en un tel sujet, on sourirait à voir la manière dont il présenta constamment, et de plus en plus, cette affaire, après tout sinistre, de Malplaquet.
Un jour de Pâques, à l’église, comme il allait se mettre à genoux pour communier, M. de Tende se présenta tout à coup devant lui en lui disant : « Monsieur, vous êtes en colère contre moi, et je crois que vous avez raison ; mais voici un temps de miséricorde, et je vous demande pardon. » — « De la manière dont vous le prenez, repartit Marolles, il n’y a pas moyen de vous refuser. […] Mais le discernement des noms, des sujets et des manières, avec un peu de mémoire locale, fait tout cela sans beaucoup de peine. » Un jour, l’avocat Jean Rou, dont on a récemment publié les Mémoires 31, lui procura une des plus vives jouissances qui puissent chatouiller l’amour-propre d’un collectionneur.
II Aurélie est une nouvelle qui débute d’une manière agréable et délicate. […] Ce père qui refuse sa fille5, qui fait si bon marché de son bonheur, qui la déclare punie pour les fautes d’une autre, et la réduit de gaieté de cœur à l’état de paria pour toute sa vie, M. de Pontmartin l’estime sans doute sublime d’honneur et de délicatesse ; à mes yeux il ne vaut pas mieux que la mère, et il fait pis à sa manière : il fait le mal par préjugé et par orgueil, comme l’autre par abandon.
Quand il vivait familièrement avec ceux qu’il aimait, il était simple dans ses manières, mais c’était la simplicité du génie : dans la société, il était le premier à bannir toute contrainte ; il s’en trouvait gêné lui-même au point d’en témoigner de l’impatience. […] Toute société élégante recherchera votre compagnie, et, quoique tout grand changement dans les habitudes et la manière de vivre puisse d’abord paraître désagréable, l’esprit se réconcilie bien vite avec sa nouvelle situation, surtout si elle lui est le plus naturelle et celle pour laquelle il est né (congénial).
Nul scrupule ne doit vous arrêter avec une personne capable de sentir le prix de cette faveur et qui croit à la vertu. » Se peut-il une manière de sentir et de dire, une façon de comprendre le bienfait, plus délicate et plus élevée ? […] On a beau être sage et se dire que l’homme est fou, on ne se l’imagine jamais aussi fou et d’une manière aussi singulière et aussi imprévue qu’il peut l’être.
Il va plaider ainsi dans tout ce chapitre pour son propre tempérament ; il fait la théorie de sa manière d’être. […] Nous pouvons dire, sans abuser des mots, que Montaigne, avec son bon sens, tant qu’il eut l’honneur d’être l’associé et le collaborateur du maréchal, dut être, à sa manière, l’un de ces esprits familiers, et le plus sur.
Cette thèse ou cette manière d’entendre et de défendre Marie-Antoinette, outre qu’elle a pour soi la vraisemblance, est plus sûre en même temps, notez-le bien, plus inexpugnable aux yeux de l’avenir et en regard de la démocratie survenante, accessible surtout aux raisons de sentiment et d’humanité, que la gageure un peu hasardée de ces valeureux champions, qui, dans leur préjugé de point d’honneur, semblent prendre pour devise à propos d’elle : Tout ou rien, et qui relèvent le gant en chaque rencontre sans rien concéder. […] Il ne devrait y avoir qu’une seule manière de transcrire. — Cette note qui accompagnait mon premier article du Constitutionnel est l’indice d’une bien délicate question que je m’adressais tout bas le plus timidement du monde, et que je faisais taire aussitôt ; mais depuis lors l’authenticité de toutes ces premières lettres a été contestée et combattue par des raisons de diverses sortes, qui semblent décisives.
On laissait ces vallées paisibles adorer Dieu à leur manière, selon l’esprit, et par une sorte de culte biblique et chrétien tout primitif. […] Il tâtonna lui-même dans la manière d’assembler son armée ; il paraît bien qu’il pouvait la concentrer plus promptement devant Turin ; il se comporta trop avec le duc de Savoie comme avec une puissance égale et ne brusqua pas assez l’offensive.
Mon cœur et mon imagination ne sont point blessés en aucune manière de la gloire que le maréchal de Villeroy pourra y acquérir, tant parce que je le crois un honnête homme et de mes amis, que parce qu’elle est inséparable du bien et de l’utilité du service. […] Louis XIV, par manière de réparation, lui donna, dès le 2 mars 1702, le commandement de l’armée du Rhin.
L’art, ou plutôt les vétilles de l’art, la bordure traînante du manteau, qui, chez quelques disciples de la précédente manière, était relevée et troussée en chemin avec un soin superstitieux, fait souvent place ici à un désordre, à une profusion négligente, qui n’est ni sans charme ni sans affectation. […] Ces personnages mêmes, l’artiste les a poussés d’ordinaire au profil le plus vigoureux et le plus simple, au langage le plus bref et le plus fort ; dans sa peur de l’épanchement et de ce qui y ressemble, il a mieux aimé s’en tenir à ce qu’il y a de plus certain, de plus saisissable dans le réel ; sa sensibilité, grâce à ce détour, s’est produite d’autant plus énergique et fière qu’elle était nativement peut-être plus timide, plus tendre, plus rentrée en elle-même ; elle a fait bonne contenance, elle s’est aguerrie et a pris à son tour sa revanche d’ironie sur le siècle : de là une manière à part, à laquelle toutes les autres qualités de l’auteur ont merveilleusement concouru. — Esprit positif, observateur, curieux et studieux des détails, des faits, et de tout ce qui peut se montrer et se préciser, l’auteur s’est de bonne heure affranchi de la métaphysique vague de notre époque critique, en religion, en philosophie, en art, en histoire, et il ne s’est guère soucié d’y rien substituer.
S’il s’était contenté de nous trouver un peu sévère, un peu rigoureux ce jour-là, nous nous abstiendrions de réclamer, ne pouvant trouver étonnant qu’on nous rendît à nous-même ce dont nous usions envers un autre ; mais la manière dont M.de Loménie présente l’ensemble de notre opinion, et dont il la combat dans les moindres détails, nous obligeait à dire tôt ou tard quelques mots, sous peine de paraître battu, ce qui est toujours désagréable quand on sent qu’on ne l’est pas. […] Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé.
Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction. […] Nous avons été assez heureux depuis pour démontrer positivement le contraire, et de la seule manière dont ces sortes de choses peuvent se démontrer, par l’alibi (voir Derniers Portraits ou, ce qui revient au même, le tome III des Portraits littéraires, édit. de 1864).
Elle a beaucoup parlé dans ses Mémoires de La Blancherie, manière d’écrivain et de philosophe qui tomba assez vite dans la fadaise et même dans le courtage philanthropique ; elle le juge de haut, et, après quelque digression avoisinante, elle ajoute lestement en revenant à lui : Coulons à fond ce personnage. […] Je conçois les difficultés et les scrupules lorsqu’on a en main d’aussi riches matériaux ; mais il importait, ce me semble, dans l’intérêt de la lecture, de conserver à la publication une sorte d’unité ; d’éviter ce qui traîne, ce qui n’est qu’intervalles, et surtout d’avoir toujours les Mémoires sous les yeux, pour abréger ce qui n’en est qu’une manière de duplicata.
Cette rigueur, surtout celle de Boileau, peut souvent s’appeler du nom d’équité ; pourtant, même quand ils ont raison, Malherbe et Boileau ne l’ont jamais qu’à la manière un peu vulgaire du bon sens, c’est-à-dire sans portée, sans principes, avec des vues incomplètes, insuffisantes. […] Perrault, Mansart, Lulli, Le Brun, Boileau, Vauban, bien qu’ils eussent entre eux, dans la manière et le procédé, des traits généraux de ressemblance, ne s’entendaient nullement et ne sympathisaient pas, emprisonnés qu’ils étaient dans le technique et le métier.
Aujourd’hui ils se contentent de vous regarder et ricanent : à peine êtes-vous sur le seuil, que vous les entendez parler de vous d’une manière plus leste que si vous étiez leur camarade » Aux environs de Paris, même attitude chez les paysans, et Mme Vigée-Lebrun747 allant à Romainville chez le maréchal de Ségur, en fait la remarque : « Non seulement ils ne nous ôtaient plus leurs chapeaux, mais ils nous regardaient avec insolence ; quelques-uns même nous menaçaient avec leurs gros bâtons. » — Au mois de mars ou d’avril suivant, à un concert qu’elle donne, ses invités arrivent consternés. « Le matin, à la promenade de Longchamps, la populace, rassemblée à la barrière de l’Étoile, a insulté de la façon la plus effrayante les gens qui passaient en voiture ; des misérables montaient sur les marchepieds en criant : L’année prochaine, vous serez derrière vos carrosses et nous serons dedans. » — À la fin de 1788, le fleuve est devenu torrent, et le torrent devient cataracte. […] Lettres de M. de Caraman (18 mars et 12 avril 1789), de M. d’Eymar de Montmeyran (2 avril), de M. de la Tour (30 mars). « Le plus grand bienfait du souverain a été interprété de la manière la plus bizarre par une populace ignorante. » 743.
D’abord il est évident qu’il y a manière et manière de pratiquer la double analyse sur laquelle doivent reposer toute appréciation et tout classement méthodiques.
Il en est de même pour ce mystérieux « mal du siècle » que Gœthe, Chateaubriand, Oberman, Byron, Ugo Foscolo ont crié ou soupiré, chacun à sa manière, dans les dernières années du xviiie siècle et dans les premières années du nôtre. […] Toute époque teint de ses propres couleurs les hommes d’autrefois ; toute nation accommode et interprète à sa manière les écrivains qui ne sont pas de chez elle.
Au risque de commencer d’une manière un peu brusque, prenons le sauvage adulte. […] En même temps et de la même manière se produisent des idées distinctes du nombre.
On pourrait sans doute désirer, en quelques endroits du récit, un coup de pinceau plus vif, un trait de burin plus profond ; mais je ne sais si une autre manière produirait une impression aussi nette, aussi lucide et aussi parfaitement juste que celle que laisse ce récit égal, uni, et ce style, interprète fidèle et patient de l’équité. […] Tout le monde aborde et lit cette histoire, mais il n’y a qu’une manière de la lire comme il faut, en détail, les cartes sous les yeux, sans rien passer, sans rien brusquer ; ce n’est pas là un de ces livres dont on prenne idée en le parcourant.
Tout en admirant une nature capable d’une si forte manière de sentir, on est tenté, en lisant, de supplier le ciel de détourner de nous, et de ce que nous aimons, une telle fatalité invincible, un tel coup de tonnerre. […] cette manière de sentir a plus de charme que l’ardeur et les secousses de la passion !
Que ce ne fût là qu’une manière de plaisanterie, on y voit du moins de quel ton étaient celles de Jeanne, de la Jeanne véritable et primitive. […] « Et lors elle monta sans qu’il se mût, comme s’il fût lié. » Peu s’en faut que le jeune narrateur ne voie déjà du merveilleux dans cette manière dont le coursier de Jeanne se laisse monter par elle près de la Croix.
De 1821 à 1828, chacun, tôt ou tard, arrivait à son tour à l’opposition, et y faisait la guerre à son poste, à sa manière. […] Ce secret était le mot même du proverbe (par exemple, Selon les gens l’encens, ou bien Il ne faut pas jeter le manche après la cognée, ou bien Les battus paient l’amende, etc.), mot qui était enveloppé dans l’action, et qu’il s’agissait de deviner : « de manière, dit Carmontelle (le grand créateur du genre), que si les spectateurs ne le devinent pas, il faut, lorsqu’on le leur dit, qu’ils s’écrient : Ah !
Cette manière élevée et sobre dont Jasmin conçoit l’art du poète, il l’a exprimée avec bien de la gentillesse et de l’esprit en une occasion singulière. […] Et les deux filles parlent de leurs chagrins, mais chacune à sa manière.
Il traduisait le roman de Théagène et Chariclée, mais il méditait déjà son Plutarque : et en général, tout ce qu’il fit dans l’intervalle, sa jolie traduction de Daphnis et Chloé, sa traduction honorable de Diodore de Sicile, ne furent que des manières de prélude et de passe-temps ; il réservait toutes ses forces pour son grand ouvrage. […] Parquoi Numa, pensant bien que ce n’étoit pas petite ne légère entreprise que de vouloir adoucir et ranger à vie pacifique un peuple si haut à la main, si fier et si farouche, il se servit de l’aide des dieux, amollissant petit à petit et attiédissant cette fierté de courage et cette ardeur de combattre, par sacrifices, fêtes, danses et processions ordinaires que il célébroit lui-même… Et plus loin, marquant que, durant le règne de Numa, le temple de Janus, qui ne s’ouvrait qu’en temps de guerre, ne fut jamais ouvert une seule journée, mais qu’il demeura fermé continuellement l’espace de quarante-trois ans entiers : Tant étoient, dit-il, toutes occasions de guerre et partout éteintes et amorties : à cause que, non seulement à Rome, le peuple se trouva amolli et adouci par l’exemple de la justice, clémence et bonté du roi, mais aussi aux villes d’alenviron commença une merveilleuse mutation de mœurs, ne plus ne moins que si c’eût été quelque douce haleine d’un vent salubre et gracieux qui leur eût soufflé du côté de Rome pour les rafraîchir : et se coula tout doucement ès cœurs des hommes un désir de vivre en paix, de labourer la terre, d’élever des enfants en repos et tranquillité, et de servir et honorer les dieux : de manière que par toute l’Italie n’y avoit que fêtes, jeux, sacrifices et banquets.
Il reste à savoir de quelle manière il l’a été. […] Il n’est pas nombreux avec suite ni d’une manière soutenue ; ses jets de talent sont isolés et attestent une force ingrate, à laquelle le ciel ni les parents n’ont jamais souri… Cui non risere parentes.
Dans ses Lettres à Delille sur la pitié, qui accompagnaient l’édition du Printemps d’un proscrit (1803), on le trouve servant à sa manière et dans sa mesure la restauration morale du pouvoir. […] Michaud, que cette espèce d’enchantement politique, ce mobile des grandes actions, est une des merveilles de l’ordre social ; et plus nous sommes éloignés aujourd’hui de ces idées, plus nous devons en sentir le prix. » Passant à la morale, il y suivait les mêmes formes, les mêmes jeux de l’amour-propre, et reconnaissait qu’elle a, comme la politique, « ses rubans et sa broderie : ce sont les illusions, et je n’entends par illusion que la manière d’envisager les choses sous leurs formes les plus attachantes ».
Arnault ne ressemblent pas à d’autres ; il les conçoit à sa manière et en invente les sujets ; il ne songe point à imiter La Fontaine, il songe à se satisfaire et à rendre d’une manière vive un résultat de son observation propre ; il obéit à son tour d’esprit, à son jet d’expression, et on ne peut s’étonner si, comme lui-même l’avoue, « l’apologue a pris peut-être sous sa plume un caractère épigrammatique ».
… Vous faites des coups d’État a la Richelieu, et vous voulez, comme lui, vous montrer évêque par des pièces qui, en ce genre, seraient enviées des maîtres… C’est un trait, que la manière dont vous parlez à votre troupeau de votre absence ; mais, il faut vous le dire, vous savez trop, à la fin, et vous ajoutez à la brutalité de l’étonnement ! […] Tel le droit que dans deux Mémoires55, restés inédits et remis aujourd’hui en lumière, Saint-Simon a établi de la manière la plus péremptoire et la plus irréfragable, avec la logique la plus victorieuse, car là où il y a l’obscurité d’un hiatus dans la chaîne des faits nécessaires au développement de sa thèse il répond par l’impérieuse et inévitable nature des choses, que les fautes et les crimes des gouvernements et des hommes peuvent violer, mais dont, pour l’avoir violée, les hommes et les gouvernements meurent nécessairement toujours !
Je m’imagine que s’il revenait au monde, lui, le superbe de son esprit, il regarderait comme une impertinence envers sa mémoire cette manière d’agir, littéraire ou commerciale, avec ses œuvres, — si on peut appeler de ce nom d’œuvres les improvisations d’un homme qui, en produisant, a si peu travaillé ! […] Toutes les ardeurs d’esprit d’un tel homme, de ce somptueux de style, de ce fulgurant, de cet Écarlate d’esprit comme d’habit, ses entraînements, son monde, ses vanités, ses mœurs frivoles (elles l’étaient, et même un peu plus…) toutes ses manières de sentir et de se produire au dehors, auraient fait croire, en Rivarol, à un tout autre historien que Tacite, et cependant ce fut celui-là qu’il devint quand il fallut écrire l’histoire !
Pour mon compte, je fus excessivement frappé de cette manière de comprendre le comique. […] Pierrot passe devant une femme qui lave le carreau de sa porte : après lui avoir dévalisé les poches, il veut faire passer dans les siennes l’éponge, le balai, le baquet et l’eau elle-même. — Quant à la manière dont il essayait de lui exprimer son amour, chacun peut se le figurer par les souvenirs qu’il a gardés de la contemplation des mœurs phanérogamiques des singes, dans la célèbre cage du Jardin-des-Plantes.
On a tant abusé de l’hospitalité avec ce pays-là qu’il croit sans doute que cette promesse est une manière de se faire bienvenir et de s’assurer de la part du maître toutes sortes de petits avantages.
Il est de fait, en outre, que pour une certaine éducation morale, paternelle, un peu aristocratique, et qui continue doucement les traditions du foyer et de la famille, les pensionnats tenus par des Pères plus ou moins jésuites sont incomparablement plus sûrs que les colléges de l’Université : ceux-ci produisent des lycéens bien appris, éveillés, de bonnes manières, et qui deviennent très-aisément de gentils libertins.
» Cette dernière pensée est la même que je trouve exprimée d’une manière plus formelle par M.
M. de Vigny a une imagination de poète, et c’est une arrangeuse systématique à sa manière que l’imagination ; elle symétrise en se jouant, et de la vie elle a bientôt fait un drame.
Pourquoi, aux élèves qui se seraient signalés dans les concours d’architecture, ne joindrait-on pas quelques-uns des élèves sortant de l’École normale, qui auraient également mérité cette distinction, et qui se destineraient d’une manière plus spéciale à l’enseignement des Lettres grecques en France ?
La meilleure manière pour eux de nous en remercier a été d’utiliser, quand ils l’ont pu, le résultat de notre recherche.
Voix sonore et retentissante, timbre éclatant et pur, geste simple ; puis une parole facile, abondante, harmonieuse ; une manière de style étrangère à toute affectation, à toute enflure ; un laisser-aller plein de ressources ; un art heureux de diriger, de détourner sa pensée, de la lancer chemin faisant dans les questions, et de l’arrêter toujours à propos ; un penchant à s’étendre sur les moralités consolantes quand il y a jour, et, sitôt qu’on arrive aux hommes, un parfait mélange de discrétion et de loyauté, voilà ce qui nous a surtout frappé dans l’éloquent discours de M. de Lamartine.
Ce dernier et vieux bras du grand fleuve de la légitimité, qui semblait peu guéable et qu’on essayait depuis longtemps de tourner ou de saigner de mille manières, parce qu’il gênait à chaque pas le développement social, avait été brusquement franchi par un accident sublime, par un miracle de l’audace populaire.
Dans tous les pays, un écrivain capable de concevoir beaucoup d’idées, est certain d’arriver à l’art de les opposer entre elles d’une manière piquante.
Les parents ont, pour se faire aimer de leurs enfants dans leur jeunesse, beaucoup des avantages et des inconvénients des rois ; on attend d’eux beaucoup moins qu’on ne leur donne ; on est flatté du moindre effort, on juge tout ce qu’ils font pour vous d’une manière relative, et cette sorte de mesure comparative est bien plus aisément satisfaite ; ce n’est jamais d’après ce qu’on désire, mais d’après ce qu’on a coutume d’attendre, qu’on apprécie leur conduite avec vous ; et il est bien plus facile de causer une agréable surprise à l’habitude, qu’à l’imagination.
Ce qu’il faut imiter de ce grand homme, c’est la manière d’étudier le monde au milieu duquel nous vivons, et l’art de donner à nos contemporains précisément le genre de tragédie dont ils ont besoin, mais qu’ils n’ont pas l’audace de réclamer, terrifiés qu’ils sont par la réputation du grand Racine.
Si les écrivains se mettent comme cela à changer leur manière, il n’y a plus de sécurité pour le lecteur.
Beaucoup se le figurent comme une manière de bon vivant et de bon plaisant, qui se moque gravement de tout, et — phénomène bizarre, retour absurde des choses d’ici-bas — on dirait que le vulgaire lui prête un peu des traits de ce banal Béranger, dont M.
Et, sensuel, il restait en quelque manière innocent.
Mallarmé a cessé d’être clair, après l’avoir été dans les magnifiques poèmes de sa première manière, c’est qu’il a voulu employer la poésie à des fins plus hautes.
Tout ceci est déjà bien amusant, mais le plus curieux c’est que ce bréviaire des « snobs » n’entend pas seulement inculquer les bonnes manières ; il veut aussi inculquer les bons principes.
Autrefois il y avait place pour ce petit rôle assez innocent du savant de la Restauration ; rôle demi-courtisanesque, manière de se laisser prendre pour un homme solide, qui hoche la tête sur les ambitieuses nouveautés, façon de s’attacher à des mécènes ducs et pairs, qui pour suprême faveur vous admettraient au nombre des meubles de leur salon ou des antiques de leur cabinet ; sous tout cela quelque chose d’assez peu sérieux, le rire niais de la vanité, si agaçant quand il se mêle aux choses sérieuses !
Voilà pourquoi un fabricant de romans-feuilletons peut faire une brillante fortune et arriver à ce qu’on appelle une position dans le monde, tandis qu’un savant sérieux, eût-il fait d’aussi beaux travaux que Bopp ou Lassen, ne pourrait en aucune manière vivre du produit vénal de ses œuvres.
J’ai été un torpilleur à ma manière ; j’ai donné quelques secousses électriques à des gens qui auraient mieux aimé dormir.
Cette idée de deux anciens prophètes devant ressusciter pour servir de précurseurs au Messie se retrouve d’une manière si frappante dans la doctrine des Parsis qu’on est très porté à croire qu’elle venait de ce côté 567.
Bien que les bonnes mœurs soient la plus sûre garantie du bon goût, cependant le bon goût a ses lois à part ; elles procèdent d’un instinct qui se développe dans la société avec la politesse des esprits, avec la délicatesse des âmes, avec l’élégance des manières, et s’exalte dans les douceurs des communications habituelles des esprits.
Un soir, dans un café à côté du Gymnase, par manière de passe-temps, nous jetions en l’air des titres de journaux. « L’Éclair », fait Villedeuil en riant, et continuant à rire : « À propos, si nous le fondions, ce journal, hein ?
On trouvera dans ce volume, à quelques nuances près, la même manière de voir les faits et les hommes que dans les trois volumes de poésie qui le précèdent immédiatement et qui appartiennent à la seconde période de la pensée de l’auteur, publiés, l’un en 1831, l’autre en 1835 et le dernier en 1837.
Il le reconnoîtra d’abord à la maniere dont il lui verra digerer ses leçons, et aux objections qu’il formera.
Or, le public ne se dedit gueres des jugemens generaux qu’il a porté sur le mérite des capitaines et des ministres en la maniere que nous l’avons exposé.
Dans les contes et fables de cette nature, les griefs des animaux contre lui sont énumérés soit de façon acrimonieuse, soit d’une manière plaisante, mais toujours en grande abondance et on est obligé de reconnaître que le portrait est exact et justifie la pointe du fabuliste français que le plus pervers des animaux : Ce n’est point le serpent, c’est l’homme109.
Tel est le fond de la pensée de Wallon sur Cousin, et la manière dont il la présente.
En parlant du seul historien de Christophe Colomb, il en a été aussi l’historien à sa manière, et le second après le premier !
Elles ne lui appartiennent ni par la date ni par l’inspiration, qui fut la grande inspiration du xixe siècle, l’inspiration de 1830, désormais épuisée ; car l’Esprit qui renouvelle les littératures, et qui ne souffle qu’à son heure, varie ses manières de souffler et ne descend point sur deux têtes ou sur deux époques sons la même forme de langue de feu… Il nous faut donc laisser là les réimpressions d’œuvres anciennes et d’œuvres posthumes qui ont aussi leur ancienneté.
Renan, dans la suite, a poussé sa manière, et, quant à la substance même c’est l’ouvrage d’un enfant.
Pierson, empêché par une indisposition. » Hinzelin s’est assuré, dans Vouziers, qu’aucun contemporain n’a oublié le petit garçon qui, à l’école de la ville, exerçait déjà d’une telle manière sa volonté de labeur assidu.
Et, le plus souvent, quand l’expérience a fini par nous montrer comment la vie s’y prend pour obtenir un certain résultat, nous trouvons que sa manière d’opérer est précisément celle à laquelle nous n’aurions jamais pensé.
Si on demande quel est l’homme qui a le mieux peint les vices et les crimes, et qui inspire mieux l’indignation et le mépris pour ceux qui ont fait le malheur des hommes, je dirai, c’est Tacite ; qui donne un plus saint respect pour la vertu malheureuse, et la représente d’une manière plus auguste, ou dans les fers, ou sous les coups d’un bourreau, c’est Tacite ; qui a le mieux flétri les affranchis et les esclaves, et tous ceux qui rampaient, flattaient, pillaient et corrompaient à la cour des empereurs, c’est encore Tacite.
Elle fait du bien autour d’elle ; elle s’est acquis une véritable considération pour ses bienfaits, comme par la noblesse de ses manières et son goût pour la solitude, grande vertu aux yeux des hommes du désert. […] « En me voyant, elle mit la main sur son cœur, à la manière dont les Arabes saluent, et, sans se lever, elle me fit place à ses côtés. […] Si mon nom peut procurer à leurs ouvrages des lecteurs, et des acheteurs à leurs libraires, je m’en réjouirai très sincèrement, car je veux faire le bien, de quelque manière que ce soit.
» L « C’est de la poésie, s’écrie-t-elle ailleurs, que toute cette manière de considérer le monde physique ; mais on ne parvient à le connaître d’une manière certaine que par l’expérience ; et tout ce qui n’est pas susceptible de preuves peut être un amusement de l’esprit, mais ne conduit jamais à des progrès solides. — Sans doute les Français ont raison de recommander aux Allemands le respect pour l’expérience ; mais ils ont tort de tourner en ridicule les pressentiments de la réflexion, qui seront peut-être un jour confirmés par la connaissance des faits. […] Ce qui est certain au moins, c’est que l’intérêt des sciences est singulièrement augmenté par cette manière de les rattacher toutes à quelques idées principales.
La Fontaine est à priser pour un certain sel qui n’est pas le sel attique, dit Perrault, et où il entre « une naïveté, une surprise et une plaisanterie d’un caractère tout particulier, qui charme, qui émeut, qui frappe tout d’une autre manière. » Etrange sel, en effet, que ce composé de naïveté qui charme, de surprise qui émeut, de plaisanterie qui frappe ! […] Il a une manière d’avoir tort qui le rend digne d’avoir raison. […] A côté de Perrault d’abord, puis de Lamotte, un homme qui se servait d’eux encore plus qu’il ne les servait, Fontenelle, faisait la guerre aux anciens, à sa manière, par des réflexions aiguisées et d’ingénieux paradoxes, plutôt que par des manifestes.
Ouverture de Tannhaeuser, fragments symphoniques du troisième acte des Maîtres, préludes de Parsifal et scène du Vendredi-saint, Faust-ouverture, prélude du troisième acte de Tristan, le premier acte de la Walküre et la Chevauchée, puis le Waldweben v, la marche de Siegfried et l’entracte de Lohengrin, — bien des morceaux différents, différents de signification, d’époque, de manière … Que l’on eût préféré une exécution intégrale d’une seule œuvre, Tristan ou Goetterdaemmerung, soit ! […] Quant à ceux qui veulent étudieriez différentes manières de Wagner, de tels programmes leur sont des bonheurs précieux autant que rares. […] Deux ou trois hommes qui savaient ce que Wagner était vraiment, apparurent parmi nous et commencèrent, d’une manière bien modeste encore, à nous enseigner.
Le 14 septembre, second feuilleton, sur Parsifal : … Il y a dans cette œuvre, malgré ses longueurs intolérables, une élévation de pensée et une simplicité relative dans les moyens employés qui me raccommoderaient presque avec cette troisième manière de Wagner avec lequel je suis presque toujours brouillé. […] Chaque époque, en effet, redit à sa manière le thème éternel de l’amour, et les lettres d’Héloïse et d’Abélard prouvent que ce docteur en robe et ce docteur en jupons entretenaient leur flamme en s’argumentant sur le réel et le nominal, etc. ; c’est ce qu’a excellemment rendu à M. de Rémusat dans son beau drame d’Abélard, où revit l’âme entière du XIIe siècle. […] Le dessinateur hollandais d’Armand Gerbens dans le dernier de ses quatre fusains pour ce cycle de poèmes de Chamisso, a interprété à sa manière la pensée de Schumann, en entourant la veuve du même cadre de paysage, jardin, arbres, banc, où il avait placé la jeune amante dans le premier dessin.
Alors l’ombre du grand Sébastien Bach lui était apparue, et il avait modifié sa manière. […] C’est là une manière de voir étroite et mesquine. […] L’exécution des Maîtres chanteurs a remis en mémoire le plaisir intense que la représentation de cette œuvre enchanteresse nous causa il y a deux ans ; elle a réveillé plus que jamais le désir de la voir figurer d’une manière définitive et permanente au répertoire de la Monnaie.
Malgré ses dettes, ses légèretés, ses impertinences, ses peccadilles conjugales, il garde constamment sur le boutiquier la supériorité, nette et décisive, que donnent la noblesse du cœur, le dédain des vulgarités et l’élégance des manières. […] Puis il reprend à sa manière le rêve casanier de sa fille : c’est le gaboulet de Paul de Kock après la flûte de Béranger. […] — Pas pour elle, en ce moment ; elle a repris le ton, les manières de sa vie passée.
fait Flaubert, parce qu’il faudrait avoir trouvé la forme et la manière de s’en servir. […] » Mercredi 12 avril Je suis tellement souffrant, en cette fin de mars et ce commencement d’avril, je me sens si près de mourir, tous les ans, pendant la semaine sainte, que parfois je me demande si la mort du Christ n’est pas une allégorie, et si la Passion, avec ses racontars légendaires, n’est pas une personnification, à la manière antique, de l’influence homicide du vent du Nord-Est, sur le renouveau des corps et des êtres. […] Jamais, je crois, il n’est arrivé de décrire par avance, d’une manière si épouvantablement vraie, le désespoir d’un homme de lettres sentant tout à coup l’impuissance et le vide de sa cervelle.
— La manière de penser de Stendhal. […] a. — Avaler d’une manière goulue. […] Linceulé Adj. — Couvert d’un linceul ou d’une manière de linceul.
» Qu’elle est contente de pouvoir regarder son mari comme une manière de gredin ! […] — Tel est ce double rêve, plus fou et plus audacieux, à sa manière, que les imaginations les plus effrénées des poètes lyriques. […] Et, par surcroît, il est fort bien élevé, il a d’excellentes manières. […] Cela devient donc assez rapidement une manière d’exercice de rhétorique. […] Il peut y avoir quelque chose d’aussi faux, à sa manière, qu’une berquinade : c’est une becquinade.
Je veux qu’ils se battent encore à qui m’embrassera le plus fort, chacun à sa manière ; qu’ils grimpent sur mes genoux et qu’ils s’y disputent la première place ! […] Il y a plusieurs manières d’entretenir l’intelligence, et il en est plus d’une qui n’est pas légale. […] dirai-je, car cela nous a valu un morceau littéraire dans sa meilleure manière. […] Lavretzky ne se serait pas reconnu lui-même, s’il avait pu se voir de la même manière dont il se représentait Lise. […] La manière dont les fonds ont été faits pour cette gigantesque entreprise est curieuse et surtout essentiellement anglaise.
Pourquoi tenter des voies nouvelles et ne pas se renfermer dans sa première manière ? […] Rien de singulier, lien qui étonne ; mais une harmonie calme et sévère, qui rappelle la grande manière des poètes et des peintres de l’Italie. […] Après la manière de Dante et la manière de Claude Gellée, nous avons celle de Théocrite et de Virgile. […] Aujourd’hui, cette illusion n’est plus possible ; il n’est plus permis d’ajouter foi à la modestie de l’auteur, et nous sommes forcé de le juger sévèrement, car la manière dont il parle de lui-même et de ses ouvrages éloigne toute pensée d’indulgence. […] À mon avis, c’est une triste manière de comprendre et de peindre la vérité.
Fromentin pensa que les Maîtres d’autrefois complétaient son œuvre littéraire d’une manière suffisante pour lui ouvrir l’Académie française. […] Mes observations porteront sur tout à la fois, car l’éducation d’un peintre ne saurait se faire d’une manière complète dans une nature qui ne l’est point par elle-même. […] Aussi la nature d’Orient est-elle chez lui de la nature interprétée, et s’il y a pour les yeux bien des manières de la voir, il n’y a peut-être pour des cerveaux d’Occident, à notre époque, qu’une manière générale de l’interpréter. […] Nous avons vu une construction analogue dans sa manière de sentir et de rendre littérairement le pays algérien. […] D’autre part Fromentin est obligé de reconnaître que l’intérêt littéraire ou dramatique du « sujet » a fait d’une manière générale le tort le plus grave aux qualités proprement picturales, qu’un tableau est devenu par là de moins en moins un tableau.
mais je viens de rencontrer sous ma plume les deux mots qui caractérisent le plus justement l’originalité de sa manière et la frivolité de son œuvre. […] Un des vices de la manière du feuilletoniste, c’est encore l’élasticité de ses définitions et de ses jugements. […] Cette cause réside uniquement dans notre manière d’accueillir ces sortes de publications et d’en être impressionnés. […] Quoi qu’il en soit, ce feuilleton contient des parties charmantes, des mots heureux, gâtés malheureusement par le voisinage de pointes intolérables et de calembours précieux dans le goût de Cyrano de Bergerac, — moins, bien entendu, la naïveté et la nouveauté de la manière. […] Il y a bien des manières, avant d’arriver à la bonne, de comprendre et de jouer Marivaux : madame Plessy est assez jeune pour les essayer toutes avant de se fixer.
Il me dit cela, à propos de la commande que vient de lui faire le gouvernement du « Baiser », et qui doit être exécuté en marbre, dans une figure plus grande que nature, et qu’il n’aura pas le temps de préparer à sa manière. […] Je descends jusqu’au boulevard, avec Dumény, qui me montre des lithographies de Gavarni, ad usum Jupillon, qu’il tire de sa poche, et me parle de la manière de se faire une bouche méchante, en la dessinant, dans le maquillage, de la minceur d’une bouche de Voltaire, et la relevant d’un rictus, dans un seul coin. […] Colombey n’a qu’un bout de rôle, qu’il joue d’une manière merveilleuse. […] Au milieu de la tirade dramatique du neuvième tableau, dite d’une manière trop mélo, par Mme Crosnier, Porel lui crie : « Mouchez-vous là, et ne craignez pas de vous moucher bruyamment. » Or, cette chose humaine fait la tirade nature, et lui enlève le caractère théâtre qu’elle avait, avant. […] Et aussitôt dîner, dans l’avant-scène de Porel avec les Daudet, moi, tout au fond, et invisible de telle manière, que Scholl, qui vient parler avec Mme Daudet sur le rebord de la loge, ne me voit pas.
Le fait d’exister est moins important que la manière d’être. […] Les disciples de Kant n’ont pas manqué de faire observer que Victor Hugo pose le problème exactement à leur manière. […] Le réel, c’est le juste… Selon Hugo, il n’y a en nous qu’une chose, une seule, qui puisse être complète, absolue à sa manière, inconditionnelle et adéquate : c’est l’idée du devoir, avec cette volonté de la réaliser qui est la justice : J’ai rempli mon devoir, c’est bien, je souffre heureux Car toute la justice est en moi, grain de sable. […] Toutefois, remarquons-le, il partage ce goût avec les grands esprits qui ont cherché à exprimer leur pensée d’une manière très saillante, dans des phrases courtes, en les avivant par des oppositions d’idées et même de mots d’autant plus sensibles que le son même des syllabes est plus semblable. […] Sous ce rapport on peut le rapprocher, d’une manière bien inattendue, du vieux philosophe d’Ephèse, Heraclite, dont les sentences voulant montrer dans la mort l’œuvre même de toute vie, s’appuie sur l’analogie des mots, en grec, désignent la vie et l’arc (βίος et βίός) il s’écrie : l’arc a pour nom vie et pour œuvre mort. » Malgré ces jeux de mots et d’idées, niera-t-on la profondeur d’Heraclite, l’un des penseurs qui ont été le plus avant au cœur des choses ?
Le Savonarole est caractéristique de la manière équitable et nuancée qu’adopte ici Gobineau. […] Et ne dédaignons pas non plus l’humble Dom Pourceau qui pense déjà, à sa manière, que « seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ». […] La meilleure manière d’honorer les grands écrivains est évidemment de répandre la connaissance de leurs œuvres. […] Le style et la prosodie se rattachent à la manière symboliste, mais ont l’originalité propre à M. […] Et l’imagination du poète, intervenant de la manière la plus touchante et la plus magnifique, donnait des ailes à la tendresse paternelle.
Ses manières, comme ses propos, étaient cérémonieuses et la gravité de son accueil égalait celle de ses discours. […] Ses manières étaient graves et simples, sa parole nette et cordiale. […] Ces manières d’être n’étaient pas seulement chez Maurice Maindron une attitude, elles provenaient aussi d’un caractère difficultueux et volontiers querelleur. […] Il eut paru facilement insupportable si ce qu’il y avait en lui d’épineux et de difficile n’avait été tempéré par d’excellentes manières et par une parfaite éducation qui l’empêchaient « d’aller trop loin ». […] Il y aurait une amusante étude à faire sur les trois manières de ces redoutables virtuoses de l’épigramme, ainsi que l’on nommait jadis ces sortes de jugements en raccourci portés sur les gens et les faits.
Il connaissait de plus le caractère et la manière de sentir du premier consul, que des attaques et des chicanes de ce genre allaient à l’instant porter au-delà du premier but. […] Par suite de cette confusion d’attributions qui faisait de lui à la fois une manière de grand maître de l’instruction publique et de directeur des Menus, Roederer, en revenant d’inspecter le prytanée de Saint-Cyr, se rendait à Versailles pour y juger des débuts de Mlle Duchesnois dans le rôle de Phèdre ; car c’est du passage de Roederer à l’administration des théâtres que datent l’entrée de Mlle Georges et de Mlle Duchesnois à la Comédie-Française, et l’admission de Mlle Bigottini à l’Opéra.
Duclos reconnaissait d’une manière ouverte les obligations qu’il avait au recueil de l’abbé Le Grand, déposé dès lors dans la Bibliothèque du roi : « Son travail m’a été extrêmement utile et m’en a épargné beaucoup ; c’est une reconnaissance que je lui dois, et que je ne saurais trop publier. […] Mademoiselle de Chausseraye, qui avait du bon et quelques principes de générosité, et qui d’ailleurs était amie du cardinal de Noailles, résolut de faire échouer, s’il se pouvait, cette machination du père Tellier, et, causant avec le roi, elle y parvint de la manière qu’expose Saint-Simon : Elle trouva le roi triste et rêveur ; elle affecta de lui trouver mauvais visage et d’être inquiète de sa santé.
L’auteur se crut obligé, dans la préface de la seconde édition (1789), de donner quelque explication en manière d’apologie, une espèce de satisfaction au sexe ; mais il en sut faire une piqûre de plus28. […] D’ailleurs c’est le style de l’écrivain, c’est l’enchaînement qu’il donnera aux choses, la manière de présenter les faits, de peindre les personnages, qui contribuera beaucoup au succès de l’ouvrage.
Il y aurait à marquer différentes manières dans la langue de Benjamin Constant, s’il était jamais arrivé à une grande manière et à l’ art d’écrire ; mais il n’eut, en définitive, qu’une extrême clarté, beaucoup de rapidité, de finesse, et de l’élégance.
Et avec tout cela, l’habit propre comme la feuille autour du fruit. » Est-elle assez galante et poétique, cette manière de dire ? […] Il en était ainsi d’Étienne de La Boétie, à sa manière, et les sonnets de Louise me remettent directement en mémoire le meilleur de ceux que Montaigne nous a transmis et conservés de son ami, au nombre de vingt-neuf.
A l’atelier comme au collège, et dès qu’il eut le pinceau en main, Gautier se montra curieux, chercheur et visant à sortir du lieu commun par une manière : son maître notait et dénonçait cette disposition en lui. […] Braves gens, vous haussez les épaules et vous dites que ce sont là des exagérations, des excentricités, de pures manières, un genre extravagant et après tout facile à copier, toutes vérités claires comme le jour et que vous vous mettez en devoir de démontrer point par point.
Les Athéniens étaient trop envieux pour rendre un honneur pareil à un homme, et ils n’avaient pas ces idées d’ordre en politique, qui se traduisent d’une manière si puissante dans la colonne du Forum de Trajan. […] C’est l’esprit et la manière de raisonner des anciens architectes, non la lettre et la forme qu’il faut prendre.
C’était l’heure précisément où l’on venait de reprendre Corbie sur les Espagnols (14 novembre 1636), où Voiture écrivait à ce sujet la lettre si éloquente et si française qui, en révélant dans ce bel esprit un sens politique supérieur, est, à sa manière, une pièce d’histoire. […] Va-t’en, honte de mon sang. » Mais lorsqu’il en vient à Rodrigue à qui il fait plus que de serrer la main, puisqu’il lui mord un doigt, voyant le rouge lui monter au front et sa douleur s’exhaler par la menace et la colère, il l’appelle « le fils de son âme », et lui confie le soin de sa vengeance ; il croit devoir lui expliquer en même temps, par manière d’excuse, pourquoi il s’est adressé à ses cadets avant lui : « Si je ne t’ai pas appelé le premier, c’est que je t’aime le mieux.
Voici ce jugement mémorable et souvent cité : « Je vis, je ne fis que voir, dit-elle en parlant d’un de ses voyages à Paris, en février 1791, le puissant Mirabeau, Bétonnant Cazalès, l’audacieux Maury, etc. » ; et, se reprenant à ce nom de Mirabeau, elle ajoutait en manière de rétractation et de repentir : « Le seul homme dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes, impulser une assemblée : grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander. […] Je sais qu’il y a des personnes qui trouvent cela théâtral ; mais, en vérité, il me semble que l’échafaud est bien réellement un théâtre aussi ; elle ne l’avait pas choisi, il lui échut par le sort ; elle y parut comme il sied, et y joua son personnage d’une manière à la fois aisée, courageuse et supérieure, décente et digne.
Et de quel droit cet officier, homme d’esprit assurément, bon aide de camp, mais un peu imposé (si l’on y réfléchit), amant de la comtesse d’Argenson et ami du mari ministre de la guerre, fort ménagé du maréchal à tous ces titres par bon goût comme par politique, agréé aussi pour sa personne, je le veux bien, et avec une sorte d’affection, de quel droit vient-il interpréter d’une manière si grave un geste de son général, qui ne juge pas à propos de risquer une seconde affaire sur la fin d’une journée si disputée et si sanglante ? […] Mais l’auteur de la Chercheuse d’esprit n’avait jamais cherché qu’à vivre ; il était cynique ; et, quoiqu’il eût du talent, il dédaignait toute espèce de réputation : c’était fort commode à l’abbé de Voisenon, qui précisément, enchanté par Mme Favart, était parvenu à l’ensorceler au point de lui faire adopter quelques-unes de ses idées et tous ses scrupules, de manière que, lorsqu’on était devenu familier dans la maison, voici le plaisir que Mme Favart vous procurait.
Admirateur et adorateur pieux des vieux maîtres, dans un beau désespoir de les égaler et de les atteindre, on se serait dit volontiers avec ce docte allemand (Creutzer) : « Il ne nous reste, à nous autres modernes, qu’à les aimer. » On pouvait se dire encore avec Goethe : « Négliger ces vieux modèles, Eschyle, Homère, c’est mourir. » J’ai surtout en vue nos Français attiques du bon temps, non ceux que le xviiie siècle nous a livrés sur la fin, un peu gâtés ou fort affaiblis, mais ceux-ci mêmes, dont était Fontanes, et quand ils se maintenaient dans cette noble mesure de goût, avaient leur manière d’être et de sentir heureuse et rare. […] Ces raisons, qu’il indique d’une manière aimable et bien naturelle, je les résume plus au net : dix ans se sont écoulés ; dans l’intervalle, Du Bellay a vieilli ; il a passé à Rome des années qui ont compté double ; les ennuis, les affaires, peut-être les plaisirs, l’ont blanchi ; il allègue pour excuse la diminution de la verve, « de cet enthousiasme qui le faisoit librement courir par la carrière de ses inventions », et en même temps il a conservé, dit-il, son goût de la poésie, « de ce doux labeur, jadis seul enchantement de ses ennuis ».
Je n’exagère pas ; il y avait des formules de tendresse, des manières adolescentes et pastorales de se nommer ; aux femmes, par exemple, on ne disait madamequ’en vers ; c’étaient des noms galants comme dans Clélie . […] Aussi les marques qu’il en contracta sont légères et se discernent à peine : ses premières ballades se ressentent un peu de l’atmosphère où elles naquirent ; il y a trop sacrifié au joli : il s’y est trop détourné à la périphrase : plus tard, en dépouillant brusquement cette manière, il lui est arrivé, par une contradiction bien concevable, d’attacher une vertu excessive au mot propre, et de pousser quelquefois les représailles jusqu’à prodiguer le mot cru.
oui, Arthur a raison : tout est souffrant, tout est mauvais, tout est corrompu ; les uns plus tôt, les autres plus tard, chacun à sa manière ; la vue même du mal rend mauvais, la simple connaissance de la corruption corrompt, quand on n’a pas l’aromate immortel. […] Mais tous sourient à ce beau temps inespéré des jours avancés de l’automne ; leurs conversations, plus animées que de coutume, renferment, entre autres, une phrase que j’entends depuis quelques jours avec un attendrissement inexprimable ; elle est répétée, commentée sur tous les tons, de toutes les manières, avec des inflexions de voix qui me vont à l’âme : « Quel beau temps pour nos blés !
Établie chez sa tante, elle se trouva dans le monde le plus différent de celui qu’elle venait de quitter, dans un monde pourtant à sa manière presque aussi belliqueux. […] Il se disait qu’elle ne l’aimait plus autant, qu’elle ne l’aimait plus de la même manière qu’aux autres absences des dernières années ; que quelque chose s’était calmé en elle à son sujet ; et, tout en se répétant cela dans l’avenue la plus enfoncée et la plus ténébreuse où il passait ses journées, il heurtait machinalement du pied chaque tronc d’arbre, il aspirait le soupir du vent à travers les feuilles à peine émues, et se surprenait à désirer de se perdre bientôt dans d’autres Élysées funèbres, sans plus garder de sentiment immortel ni de souvenir.
La figure et les manières du jeune homme plurent au futur souverain de l’empire. […] Il y a bien encore quelque trace de manière : « Quand un Siminole me raconta cette histoire (transmise de Chactas à René, et des pères aux enfants), je la trouvai fort instructive et parfaitement belle, parce qu’il y mit la fleur du désert, la grâce de la cabane, et une simplicité à conter la douleur que je ne me flatte pas d’avoir conservée. » Ce ton-ci, en effet, est bien moins de la simplicité que de la simplesse.
Il a consigné plus tard dans un colloque (ΊὙθυοφαΥία) ses souvenirs de Montaigu : l’ascétisme imbécile et inélégant, la nourriture sordide, l’écœurante malpropreté, les manières brutales ; et de telles rancunes exprimées après vingt ans attestent bien qu’avec l’étude des anciens se développe une conception absolument nouvelle de l’ordre général de la vie. […] Le fait est considérable, et ce premier apport de l’Espagne ne pouvait être passé sous silence : car Amadis ne fut pas seulement au temps de François Ier et de Henri II le code des belles manières et de l’honneur mondain, il ranima le roman idéaliste, et devint le point de départ d’une évolution qui nous conduit, par d’Urfé et Mlle de Scudéry, jusqu’à George Sand et à Feuillet.
Ce n’est donc pas une exagération de dire que la science renferme l’avenir de l’humanité, qu’elle seule peut lui dire le mot de sa destinée et lui enseigner la manière d’atteindre sa fin. […] La politique, c’est-à-dire la manière de gouverner l’humanité comme une machine, disparaîtra en tant qu’art spécial, aussitôt que l’humanité cessera d’être une machine.
La Fontaine, si original dans sa manière, met ses fables sous la protection d’Esope et de Phèdre ; on dirait, à l’entendre, qu’il se borne à les traduire, à les interpréter. […] La tragédie est une grande dame, qui n’admet chez elle que des personnes de choix, un ton et des manières raffinés.
Tous ses discours, tous ses écrits sous la Restauration viendraient bien à l’appui de cette manière d’expliquer l’esprit si distingué et si éminent, si ingénieux et si complexe, que nous avons le regret d’étudier trop rapidement. […] Je ne me permettrai d’exprimer qu’une seule critique pour la manière dont ces articles sont conçus et composés.
C’est un des traits de sa manière. […] On n’en saurait douter, c’est habituellement de cette dernière qu’entend parler Camille, c’est elle dont il tient en main la ficelle et qu’il se plaît à faire danser méchamment et par manière de niche aux yeux de ses adversaires ; c’est avec elle qu’il joue comme un enfant gâté, dira Robespierre, et nous nous dirons, comme le gamin insolent, insouciant et cruel, qui n’a pas en lui le sentiment du bien et du mal, qui ne l’aura que tard et par accès, et qui périra par où il s’est trop joué.
Ils remontent aux causes par les effets… À la manière dont le peuple rend compte des événements que certaines gens voudraient bien présenter encore comme des phénomènes inexplicables, on serait presque tenté de croire qu’il consacre chaque jour quelques heures à l’étude de l’analyse. […] Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux.
Abbé tonsuré dès l’enfance, mais surtout voué à la cornette et aux chiffons, coquette comme une nonne de Vert-Vert et libertin comme un perroquet, tour à tour comtesse de Sancy dans la paroisse Saint-Médard, et comtesse des Barres en Berry, puis pénitent, mais toujours léger, une manière d’apôtre à Siam converti et convertisseur sans tristesse, écrivain agréable et même délicat, finalement historien de l’Église, et doyen de l’Académie française, sa carrière, qui dura quatre-vingts ans, compose une mascarade complète, et, dans chacun de ses rôles, il fut au naturel, au sérieux, avec sincérité, et à la fois avec un air d’amusement et de badinage. […] Basset, saisira très bien, tout à côté, et nous rendra d’une manière charmante l’art et l’esprit habile des Jésuites qui, à peine débarqués dans un endroit, au cap de Bonne-Espérance ou à Batavia, chez les Hollandais protestants, se hâtent d’établir leur observatoire et de se faire bien venir en mettant du premier jour leur science, leurs lunettes astronomiques, au service de la curiosité populaire : « Ils vont dresser leurs machines, dit Choisy, pour au moins payer leur hôte avec un peu de Jupiter et de Mercure. » Et il ajoute comme moralité : « C’est une bonne chose, par tout pays, que l’esprit. » Pourtant, cette nature fine et mobile de Choisy a bien saisi, par éclairs, le vrai sentiment de l’inspiration apostolique.
C’est même par là autant que par son bon air, c’est par l’agrément de sa conversation, que Lauzun s’insinua d’abord auprès d’elle : « Je lui trouvais des manières d’expressions que je ne voyais point dans les autres gens. » Richelieu mort, Gaston, que les dernières intrigues avaient éloigné, fit son accommodement avec la Cour ; il revint à Paris et descendit chez sa fille : Il soupa chez moi ou étaient les vingt-quatre violons, dit Mademoiselle ; il y fut aussi gai que si MM. de Cinq-Mars et de Thou ne fussent pas demeurés par les chemins. […] Il y avait des jours pourtant où l’on aurait dit qu’il commençait à entendre ; mais il s’échappait toujours à temps « par des manières respectueuses qui étaient pleines d’esprit », et qui achevaient d’enflammer l’innocente princesse.
Il ne la connut en effet qu’en 1814, et cette idée de séparation et de privation paternelle revient souvent sous sa plume, paroles et expressions les plus vives et qui vont au cœur : « L’idée de partir de ce monde sans te connaître, lui écrit-il, est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination. » Il avait une autre fille aînée qui était également loin de lui, et qui était alors à marier, avec toutes sortes de qualités, mais sans fortune ; c’est en pensant à elle qu’il s’écriait d’une manière charmante : « Ah ! […] Mais il abuse aussi de ce rire, et il y a des moments où il l’introduit d’une manière déplacée.
Ce sont de ces contes qui, s’ils ne sont pas vrais, sont bien imaginés, et qui résument les destinées d’une manière piquante. […] Il n’abuse jamais du procédé de Diderot qui consiste à refaire à sa manière ce qu’il critique, mais il use à son tour du droit d’un maître en indiquant comment on aurait pu faire mieux.
Navarre, receveur des tailles à Soissons, était, nous dit un homme non amoureux (Grosley), la plus brillante partie de sa famille ; elle visait au grand, à l’extraordinaire, et se fit aimer du maréchal de Saxe : « La beauté, les grâces, les talents, un esprit délicat, un cœur tendre, l’appelaient à cette brillante conquête… Sa conversation était délicieuse70. » Marmontel nous la montre de plus imprévue, capricieuse, avec plus d’éclat encore que de beauté : « Vêtue en Polonaise, de la manière la plus galante, deux longues tresses flottaient sur ses épaules ; et sur sa tête des fleurs jonquille, mêlées parmi ses cheveux, relevaient merveilleusement l’éclat de ce beau teint de brune qu’animaient de leurs feux deux yeux étincelants. » C’est cette amazone, cette belle guerrière qui, sacrifiant l’illustre maréchal au jeune poète, enleva un matin Marmontel à ses sociétés de Paris et le transporta d’un coup de baguette dans sa solitude d’Avenay, où elle le garda plusieurs mois enfermé au milieu des vignes de Champagne comme dans une île de Calypso. Le plus infortuné des amants heureux, Marmontel nous raconte d’une manière piquante quelques-unes des bizarreries de démon par lesquelles elle le tenait perpétuellement en haleine dans ce tête-à-tête qu’elle craignait avant tout de rendre monotone.
Quelque jugement qu’on porte sur ce genre d’émotion singulière que confesse ici La Harpe et qui rappelle beaucoup d’autres exemples analogues dans l’ordre spirituel, on n’en saurait suspecter la sincérité, et il est dommage que sa conduite n’ait pas mieux répondu dans la suite à une révolution de cœur décrite d’une manière si touchante. […] J’ai été trompé de toutes manières par celle à qui je ne voulais faire que du bien, et Dieu s’est servi d’elle pour me punir du mal que j’avais fait à d’autres.
Ce passage de quelques heures à Paris eut la plus grande influence sur sa manière d’agir les jours suivants. […] En politique, dans ces actes extraordinaires, tout dépend de la manière, du but et du moment.
Même ces souveraines de l’amour que nous avions tenté de faire revivre, ne m’apparaissaient pas assez pénétrées dans l’intimité et le vif de leur féminilité particulière, de leur manière d’être, de leurs gestes, de leurs habitudes de corps, de leur parole, du son de leur voix… pas assez peintes, en un mot, ainsi qu’elles auraient pu l’être par des contemporains. […] Et ce prospectus, je le donne comme l’annonce d’un livre construit d’une manière assez originale pour le temps, et qui devait contenir des lettres et des documents que je ne retrouve pas dans les papiers de Talbot en ma possession.
Le principe d’adhésion, de répétition fait que la particularité humaine ainsi apparue, suscite, s’associe, unit tous ceux dont l’âme est faiblement ou fortement configurée de la même manière que celle de l’artiste et du héros, en vertu et dans la mesure de cette ressemblance. […] Tarde note ainsi, toujours dans l’article « La répétition universelle », de manière récapitulative : « tout n’est socialement qu’inventions et imitations » (Les Lois de l’imitation, op. cit.
Mais les latins déclinent leurs mots de maniere que la désinance ou la terminaison seule du nom marque le cas où il est emploïé. […] Quand les langues dérivées se forment, le hazard, la condition des organes de ceux qui les composent, laquelle est differente suivant l’air et la temperature de chaque contrée, la maniere dont se fait le mêlange de la langue qu’ils parloient auparavant avec celle qui entre dans la composition de la nouvelle langue, enfin le genie qui préside à sa naissance, sont cause qu’on altere la prononciation de la plûpart des mots imitatifs.
* * * De retour dans la vallée, je me mis, — par manière de vengeance, — à semer la défiance, parmi les habitués du café de la Terrasse et du café Divan, à l’endroit des Espagnols de Luchon. […] Détachons pourtant cette pensée, jetée, en manière de conclusion, à la suite de considérations sur les finances de l’État, par un ex-caissier qui a perdu ses illusions : « En général, ceux qui prennent le sac sont ceux qui ne l’ont pas. » Mon Dieu !
Il n’y a presque pas de différence entre les bons chauffeurs d’automobiles de course ; on note au contraire que chaque aviateur a sa manière spéciale de voler. Un aviateur ne vola pas toujours de la même manière.
Cela est étonnant pour un homme d’action, grand à sa manière, — car l’intrépidité, quand elle est complète, constitue à elle seule une grandeur ; — mais c’est particulièrement incroyable de la part d’un Anglais, de ce pays du rang et de la hiérarchie, qui aurait dû être aussi fier de son intimité avec lord Byron que le boxeur Johnson lui-même aurait pu l’être de la sienne, s’il en avait écrit. […] Enfin il n’est pas jusqu’à Don Juan qui, dans ses nombreuses amours, ne soit fidèle à sa manière.
Ne nous étonnons donc pas si des philosophes comme Schopenhauer veulent que le rêve traduise à la conscience des ébranlements venus du système nerveux sympathique, si des psychologues tels que Scherner attribuent à chaque organe la puissance de provoquer des songes spécifiques qui le représenteraient symboliquement, et enfin si des médecins tels qu’Artigues ont écrit des traités sur « la valeur séméiologique » du rêve, sur la manière de le faire servir au diagnostic des maladies. […] Le mécanisme ne travaille donc pas, ici et là, de la même manière.
C’est ce qui arrive à ceux de Michel Berthier, qui le secouent de la belle manière au milieu d’un banquet civique. […] Dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique. […] En voici une qui donnera une idée de la manière de l’auteur. […] Les rides de son front, ses manières, sa démarche révélaient un orgueil sans arrogance et sans faste, mais intraitable, qui disait de loin aux passants : Me voilà, c’est moi. […] À toutes les fatigues morales et physiques, il joignait l’habitude de se droguer à la manière anglaise, ce qui était encore plus dangereux peut-être que le reste.
Se reportant donc aux années des luttes parlementaires, l’ancien ministre s’est demandé comment il se faisait que M. de Tocqueville et lui, qui ne semblaient aujourd’hui, et dans ce raccourci de conciliation suprême, n’avoir jamais différé que sur des degrés et des nuances, avaient toujours été cependant en face l’un de l’autre et dans des camps opposés ; reprenant à son compte, exprimant à sa manière ce que M.
Cette manière de traduire en architecture le plan du poëte, toute singulière qu’elle peut paraître, le fait mieux comprendre que ne le pourrait une plus longue analyse.
On démêla d’une manière générale le sujet du Cours qu’il venait ouvrir ; il se proposait de parler de la société civile, des lois de la civilisation et de la perfectibilité, du rapport qui existe entre les lumières et le bonheur des nations ; c’était un publiciste qui aspirait à remanier le grand problème du xviiie siècle et à se frayer une voie entre Montesquieu et Rousseau.
Vinet disait cela de Bourdaloue par manière de conjecture, on peut le lui appliquer plus sûrement à lui-même : il était de ceux qui vivent d’une vie complète au dedans, et qui, sans rien laisser éclater, arrivent à savoir par expérience tout ce qu’il a été donné à l’homme de sentir.
Rollin, dans les nombreux morceaux traduits en ses histoires, nous semble le type de cette manière simple, facile et agréable, quoique faible.
Trois pièces importantes nous semblent marquer cette nuance nouvelle dans la manière religieuse de M. de Lamartine, savoir : L’Hymne au Christ, Pourquoi mon âme est-elle triste ?
Qu’un peu de fusion et d’harmonie de ton mette l’accord entre les diverses parties de sa manière, sans pourtant en éteindre aucune.
Les Tristes d’Ovide sont remplies des témoignages les plus faibles d’une douleur abattue, des flatteries les plus basses pour son persécuteur ; et Cicéron, dans l’intimité même de sa correspondance avec Atticus, contient et ennoblit de mille manières la peine que lui cause son injuste bannissement.
Toutes les vertus des anciens étaient fondées sur l’amour de la patrie ; les femmes exercent leurs qualités d’une manière indépendante.
L’Italie avait été un trop actif agent de notre Renaissance, pour ne pas avoir imprimé fortement sa marque jusque sur notre langage ; l’Espagne à la fin du siècle regagne du côté de l’influence intellectuelle ce qu’elle perd en influence politique ; elle nous insinue de ses manières et de ses façons de parler.
S’il y a dans le style de nos modernes d’évidentes fautes de goût, cela tient surtout à leur mauvaise manière d’envisager le monde, et fort peu au mépris qu’ils ont eu pour les préceptes de Boileau-Despréaux.
On l’a tenté de bien des manières ; mais il y en a une entre autres que je voudrais vous faire remarquer ; ce n’est pas l’explication qui tend aujourd’hui à prévaloir, mais c’est une de celles qui ont été proposées.
Ce n’est point par lettres qu’on peut développer toute sa manière de voir à cet égard.
La généreuse imprudence qui vous fait entrer sans une ombre d’arrière-pensée dans la carrière au bout de laquelle tant de désabusés déclarent n’avoir trouvé que le dégoût, est donc très philosophique à sa manière.
Avec l’audace des conceptions, il possède d’une manière extrême le sentiment de l’harmonie.
Son ami lui conseilla de la remplacer tout simplement par une manière d’avant-propos des éditeurs, dans lequel il pourrait se faire dire très décemment, par ces messieurs, toutes les douceurs qui chatouillent si voluptueusement l’oreille d’un auteur ; il lui en présenta même plusieurs modèles empruntés à quelques ouvrages très en faveur, les uns commençant par ces mots : Le succès immense et populaire de cet ouvrage, etc.
La précipitation, avec laquelle il étoit obligé de travailler, fut cause, sans doute, de sa manière d’écrire souvent diffuse, lâche, incorrecte & surtout familière & basse.
On connaît sa manière.
La maniere dont M. de Bremond, mort à la fleur de son âge, avoit commencé à publier les Transactions philosophiques, les auroit mis en état de figurer à côté des Mémoires précédens.
Et il y a sur la toile du peintre, deux, trois, quatre figures semblables ; elles y sont environnées d’une foule d’autres figures d’hommes d’un aussi beau caractère, toutes concourent de la manière la plus grande, la plus simple, la plus vraie, à une action extraordinaire, intéressante ; et rien ne m’appelle, rien ne me parle, rien ne m’arrête !
« Cette idée était très-populaire du temps de Diderot ; il nous est impossible de concevoir une manière raisonnable de l’appliquer.
Par hasard il arriva ce jour-là que ce fut son gendre qui lui apporta des aliments, et le bonhomme touché lui en témoigna sa gratitude d’une manière si vive, si pénétrée qu’elle suspendit les occupations et fixa l’attention de toute la famille.
Faites que les échanges se multiplient en cent manières diverses.
Les bâtimens de cette ville si vaste aïant été renversez par les gots, par les normands de Naples et par le temps, les décombres des édifices bâtis sur les sept colines ont comblé les vallées subjacentes, de maniere que dans ces vallées, l’ancien rez-de-chaussée est souvent enterré de quarante pieds.
Un médecin de vingt-cinq ans est aussi persuadé de la verité des raisonnemens physiques, qui prétendent développer la maniere dont le quinquina opere pour guérir les fievres intermittentes : qu’il le peut être de l’efficacité du remede.
Nous avons vû dans Quintilien qu’on tâchoit d’établir une proportion entre les gestes et les mots que disoit l’orateur, de maniere que son action ne fut ni trop fréquente ni trop interrompuë.
C’est une manière de parler.
Il avait une manière d’être libertin pire que son libertinage, car elle faisait de lui je ne sais quel abject personnage de comédie.
Du moins, les qualités qu’on y trouve ne sauraient constituer cette originalité qui doit, un jour ou l’autre, établir d’une manière fixe la valeur d’un livre dans l’opinion.
En France, où l’on avale les étrangers sans les mâcher, comme des hosties, et où les ennuyeux paraissent des majestueux et imposent, je l’ai dit, il réussit davantage en sa double qualité d’ennuyeux et d’étranger, ce valétudinaire studieux, — qui, malgré son nom, ne fut un léopard d’aucune manière, pas même un chat, ce cadet des cadets de la race féline, mais tout simplement et pacifiquement un rat de bibliothèque qui faisait des vers comme il faisait un commentaire sur Épictète, et par le même procédé !
Dans un temps donné, il sera peut-être, à sa manière, un chef d’école, quelque chose comme le Royer-Collard du bonapartisme.
Au lieu de l’étrange visionnaire à la sensibilité renversée qui fait le fond d’Edgar Poe ou d’Hoffmann, il y a un écrivain sensible à notre manière, à nous tous, pour tous les phénomènes normaux de la vie, et un observateur du cœur, quand le cœur est rythmé par les sentiments de l’humanité saine et pure.
Résolument hostile à toute nuance de protestantisme, je suis, pour ma part, complètement opposé à ces manières de voir du regretté philosophe, mais je me suis proposé ici de les exposer et non point de les réfuter.
Cette manière de chercher de petits rapports qui étonnent l’esprit sans l’éclairer, n’a dû être approuvée dans aucun siècle.
Enfin, il trouva un éditeur plus audacieux que les autres, ou peut-être qui avait moins à risquer : il s’appelait Nicole, et ce nom, pour un éditeur de vers, sonnait d’une manière un peu comique : et il dirigeait une librairie grecque, latine, allemande, ce qui alors devenait tout à fait funambulesque. […] Ils sentent plus vivement que les autres, ils ont les impressions d’une manière plus aiguë ; mais aussi, au moment même où ils ont les impressions, ils sentent qu’elles leur échappent, ils ont comme le tact immédiat de ce qu’il y a de décevant dans toutes les choses d’ici-bas. […] Mais Alfred de Musset l’a répété sous toutes sortes de formes, en cent manières ; il a, pour ainsi dire, le culte de l’amour, et c’est pourquoi il célèbre ceux et celles qui en ont été les victimes, les héros, les héroïnes. […] Le Victor Hugo de la fin, de la dernière manière, a une largeur, une abondance qu’on ne lui soupçonnait pas, même dans ses plus belles pièces du début. […] C’est une tentative pour vider la poésie des idées et des sentiments et pour substituer à ce qui avait été appelé la poésie jusque-là je ne sais quelle musique, musique indéchiffrable, musique que chacun interprétera à sa manière.
Il y a des centaines de manières de mal écrire ; toutes sont le résultat du manque de travail. […] Ajoutez à cela que les Italiens marquèrent sur lui d’une façon formidable, et que Samuel Cooper lui donnera peut-être la clef de sa dernière manière, dite manière anglaise. […] Je dois reconnaître cependant qu’il y a un ton de conversation et des manières qu’il faut absolument attraper, si l’on veut peindre les personnes du monde. […] Le prédicateur, après avoir débuté par l’exode le plus extravagant, peint l’archange Gabriel comme une poupée que toutes les planètes et toutes les étoiles ont habillée d’une manière ravissante. […] C’est de telle manière que nous autres, Allemands, avons traduit les auteurs étrangers, et nous avons eu l’avantage d’acquérir ainsi de nouveaux points de vue, de nouvelles formes de mots et des tournures nouvelles.
Les yeux fermés, c’est la meilleure manière de regarder l’âme. […] On peut y pousser son siècle de deux manières : soit par la violence et par le levier de la loi agraire, comme Catilina à Rome et Babeuf à Paris ; soit par l’excès des tendances égalitaires et par la magie séductrice d’un idéal plus beau que nature, comme Victor Hugo et les utopistes. […] En résumé, les Misérables sont un sublime talent, une honnête intention, et un livre très dangereux de deux manières : Non seulement parce qu’il fait trop craindre aux heureux, mais parce qu’il fait trop espérer aux malheureux.
Or il semble, au premier coup d’œil, que les objections abondent contre notre manière de juger la période poétique actuelle. […] M. de Chateaubriand s’est chargé de la Restauration de toute manière, comme religion et comme société ; il l’a précédée, introduite dans le monde, exaltée tour à tour et abaissée : il l’a corrigée comme une mère corrige son enfant, abandonnée comme on abandonne un fils ingrat ; et l’enfant s’étant tué à force de folies, il en porte encore le deuil. […] En d’autres termes, l’un n’est que lyrique, et encore n’est lyrique que d’une seule manière ; l’autre est à la fois lyrique et dramatique.
Elle vient donc clore son œuvre d’une manière intéressante et nous fera connaître en même temps les limites de son génie. […] Mais nous y trouvons agrandis les défauts de la troisième manière du maître ; longueur des récits et monotonie fatigante, dans la répétition des mêmes motifs, malgré la puissance du développement orchestral. […] Le maître allemand a donc créé une intégration supérieure d’éléments jusque là disconnexes, à la manière dont des feuilles alliées et modifiées constituent une fleur.
L’analyse rapide de quelques romans qui eurent de la vogue, sera la meilleure manière de donner une idée des goûts du public. […] La manière de vivre de chaque classe imprime aux sentiments et aux passions humaines une forme propre. […] Jamais Racine et Hugo n’auraient été proclamés par leurs contemporains des grands génies, si leurs œuvres, ainsi que des miroirs, n’avaient reflété les hommes de leur milieu social, avec leur manière de voir, de sentir, de penser et de s’exprimer.
Ramsai, éleve & ami de Fenelon, donna les Voyages de Cyrus, roman moral, roman politique, écrit d’une maniere languissante, & où l’auteur étale plus d’érudition que de génie. […] L’auteur s’étoit permis des fictions indécentes ; & il étoit plus propre à faire des phrases empoulées sur les nouvelles du jour, qu’à tracer, d’une maniere digne du sujet, des événemens inéfables, dont toute la parure est une belle simplicité. […] M. de Marivaux a mis dans ses Comédies des idées philosophiques, présentées d’une maniere neuve, singuliére & agréable.
« Il n’y a plus que repos sur la terre, c’est une prière, c’est une louange sans fin ; tous, de toutes les manières, célèbrent leur divin Créateur. […] J’ai parlé au monde, et de manière que tous m’entendent. […] Elle le respecte, l’aime en tout et même d’une certaine manière, adore tout comme divin. […] Ces Roumestan-là qui n’appartiennent peut-être point tous aux Droites, comme le héros d’Alphonse Daudet, le romancier a pu leur emprunter des traits, des gestes, des manières, formant un affreux dossier. […] Il court par les maisons catholiques de librairie de singulières idées sur la manière d’écrire l’histoire.
Enfin, ce fut tout au moins une manière de jouer assez dangereusement avec la mort. […] Mais les morceaux insérés dans les Mémoires ont été sûrement retouchés ou même « récrits » par l’auteur ; ils sont, à n’en pas douter, de sa dernière et souveraine manière. […] Il compare les manières de Jean-Jacques, de Saint-Pierre, de Chateaubriand et de Lamartine ; il compare les funérailles d’Atala et celles de Manon Lescaut. […] Chateaubriand était d’ailleurs devenu Anglais de manières et, « jusqu’à un certain point, de pensée ». […] Nous sommes trop sensibles à la gloire pour ne pas admirer ce lord Wellington, qui retrace d’une manière si frappante les vertus et les talents de notre Turenne. » (Diable !)
qui n’aimerait pas cet homme, ce bon homme, ce grand homme, original dans ses ouvrages, dans son caractère, dans ses manières, et toujours ou digne d’admiration ou aimable ! […] À la manière dont elle parle d’elle et de sa personne, on serait par moments tenté de lui croire des charmes médiocres et de chétifs agréments. […] « Monsieur, « J’avois résolu de me raporter au récit qui vous seroit fait par M. le comte de Rassa que j’envoye en France, de la manière indigne dont j’ay été traité pendant ma maladie et ma prison, mais comme il s’agit de la suspression des actes injurieux à ma personne et au caractère dont j’ay l’honneur d’estre revêtu, vous me permettrés, monsieur, de vous informer le plus succinctement qu’il me sera possible de tout ce qui s’est passé dans cette malheureuse occasion. […] Le genre de précision dans le bien-dire, que je trouve chez Mme du Deffand et chez les femmes d’esprit de la première moitié du xviiie siècle, me semble ne pouvoir être mieux défini en général que par ce que Mlle De Launay dit de la duchesse du Maine : « Personne, dit-elle, n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle.
Quand il a voyagé en Italie, ç’a été à la manière anglaise, notant les différences des mœurs, les particularités du sol, les bons et mauvais effets des divers gouvernements, s’approvisionnant de mémoires précis, de documents circonstanciés sur les impôts, les bâtiments, les minéraux, l’atmosphère, les ports, l’administration, et je ne sais combien d’autres sujets902. […] La conversation et les manières des Français travaillent à rendre le sexe plus frivole ou (comme il leur plaît de l’appeler) plus éveillé que ne le permettent la vertu et la discrétion. […] Quand Addison les salue, ce qui lui arrive souvent, c’est d’un air grave, et sa révérence est toujours accompagnée d’un avertissement ; voyez ce mot sur les toilettes trop éclatantes : « Je contemplai ce petit groupe bigarré avec autant de plaisir qu’une planche de tulipes, et je me demandai d’abord si ce n’était pas une ambassade de reines indiennes ; mais, les ayant regardées de face, je me détrompai à l’instant et je vis tant de beauté dans chaque visage que je les reconnus pour anglais ; nul autre pays n’eût pu produire de telles joues, de telles lèvres et de tels yeux934. » Dans cette raillerie discrète, tempérée par une admiration presque officielle, vous apercevez la manière anglaise de traiter les femmes ; l’homme, vis-à-vis d’elles, est toujours un prédicateur laïque ; elles sont pour lui des enfants charmants ou des ménagères utiles, jamais des reines de salon ou des égales comme chez nous. […] Par exemple, Addison raconte en manière de rêve la dissection du cerveau d’un élégant937 : « La glande pinéale, que plusieurs de nos philosophes modernes considèrent comme le siége de l’âme, exhalait une très-forte odeur de parfums et de fleur d’oranger.
La boutique se transfigure : « Dans la contagion générale, il semble qu’elle se change en je ne sais quelle machine maritime, confortable, faite en manière de vaisseau, n’ayant plus besoin que d’une bonne mer pour être lancée et se mettre tranquillement en chemin pour n’importe quelle île déserte1337. » La différence entre un fou et un homme de génie n’est pas fort grande. […] La manière de concevoir règle en l’homme la manière de sentir. […] Mais le principal intérêt sera pour les jeunes filles, qui apprendront de quelle manière empressée, et pourtant convenable, un prétendu doit faire sa cour.
Non, je ne le proposerai pas au sénat ; mais je vais te mettre à portée de connaître ses dispositions à ton égard de manière que tu n’en puisses douter. […] « Crassus n’a point vu l’Italie en proie aux feux de la guerre civile ; il n’a point vu le deuil de sa fille, l’exil de son gendre, la fuite désastreuse de Marius, le carnage qui suivit son retour ; enfin il n’a point vu flétrir et dégrader de toutes les manières cette république qui l’avait fait le premier de ses citoyens, lorsque elle-même était la première des républiques. […] En même temps que la grandeur de votre bienfait surpasse tout ce que je puis dire, votre affection et votre bienveillance se sont déclarées d’une manière si touchante, que vous me semblez avoir non seulement réparé mon infortune, mais ajouté un nouvel éclat à ma gloire. […] « Toutefois j’ai plus à cœur de trouver les moyens de m’acquitter envers vous que de chercher de quelle manière je punirai l’injustice et la cruauté de mes ennemis.
Je remarque en passant la manière dont Fénelon, dans cette lettre, parle de son ami le duc de Beauvilliers, « dont la faiblesse, dit-il, et la timidité déshonorent le roi. » C’est ainsi qu’il se servait de ses amitiés pour sa puissance, et peut-être de ses vertus pour sa faveur ; et quand l’esprit de domination, qui lui fit désirer jusqu’au dernier jour d’entrer dans le conseil, commandait d’écrire des duretés contre un ami, dût cet ami être le duc de Beauvilliers, l’âme de son âme, dit Saint-Simon, sa main n’hésitait pas. […] Il y revient dans le Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi, écrit à l’époque où de la royale famille, dépeuplée par la mort, il ne restait qu’un vieillard septuagénaire et un enfant. […] Ils plaisent cependant, même aux personnes mûres, par cette manière ingénieuse de mêler de sages préceptes à de curieux détails sur la vie des personnages historiques, et de faire converser et quelquefois se quereller les grands hommes sur les actions qui les ont rendus célèbres. […] Mémoire sur la question de savoir si Von doit rechercher le duc d’Orléans pour la mort du duc de Bourgogne. — Mémoire sur l’éducation du jeune prince. — Mémoire sur le conseil de régence. — Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi.
Les filles de Gautier ont un charme singulier, une espèce de langueur orientale, des regards lents et profonds, voilés de l’ombre de belles paupières lourdes, une paresse et une cadence de gestes et de mouvements qu’elles tiennent de leur père, mais élégantifiées par la grâce de la femme : un charme qui n’est pas tout à fait français, mais mêlé de toutes sortes de choses françaises, de gamineries un peu masculines, de paroles garçonnières, de petites mines, de moues, de haussements d’épaules, d’ironies montrées avec les gestes parlants de l’enfance ; toutes choses qui en font des êtres tout différents des jeunes filles du monde, de jolis petits êtres personnels, d’où se dégagent franchement, et d’une manière presque transparente, les antipathies et les sympathies. […] Au bal de l’Opéra, il avait été présenté à Saint-Victor un jeune Anglais, qui lui avait dit simplement, en manière d’entrée de conversation « qu’on ne trouvait guère à s’amuser à Paris, que Londres était infiniment supérieur, qu’à Londres il y avait une maison très bien, la maison de mistress Jenkins, où étaient des jeunes filles d’environ treize ans, auxquelles d’abord on faisait la classe, puis qu’on fouettait, les petites, oh ! […] Un élégant jeune homme ayant un peu de raideur dans les bras, et les mouvements de corps, à la fois mécaniques et fiévreux d’une personne attaquée d’un commencement de maladie de la moelle épinière, et avec cela d’excellentes façons, une politesse exquise, une douceur de manières toute particulière. […] Toutes ou presque toutes ont la tête carrée, des têtes de volonté et d’endurcissement, de mauvaises têtes de paysannes — et déprimées d’une manière curieusement uniforme.
Aux dernières pages du Sens de la vie et en manière de conclusion, M. […] C’est la même manière de mettre en œuvre les notes recueillies à travers les manuels et les ouvrages spéciaux. […] Il est à la base de tous nos sentiments, et dans la manière dont nous le concevons toute notre vie morale est engagée. […] En outre, une idée lui est sans cesse présente à l’esprit, une même phrase revient à sa mémoire en manière de refrain. […] Faut-il voir là une manière de symbole ?
Nous savons par cœur Le Lac, cette divine plainte de ce qu’il y a de fugitif et de passager dans l’amour : Denne-Baron, dans une pièce lyrique qui semble avoir été composée avant Le Lac, a rendu à sa manière un soupir né du même sentiment.
. — Quant à ce que pourrait objecter d’autre part une philosophie originale et convaincue contre cette manière de prendre un peu à un siècle et un peu à un autre pour se composer une doctrine raisonnable, nous ne nous en chargeons pas et nous laissons ce soin aux doctes Allemands de Berlin ou de Kœnigsberg, et aux professeurs comme Rosenkranz, qui sont en train de s’en acquitter à merveille.
Est-ce que je vais me mêler, moi critique littéraire, de la manière d’assembler les prochains conciles ?
. — On serait tenté aujourd’hui, en le relisant tout entier (et en particulier ce qui a rapport à Lessing), d’en rapprocher, en guise d’opposition et de contraste, — en une sorte de tête à deux faces à la manière antique, telle que M.
Il n’y a qu’une croyance profondément spiritualiste, on le sent, qui puisse produire, au printemps, cette manière d’aubépine.
Ça pourrait tout le temps tourner autrement : il y a tant de manières de mal tourner.
Sa manière nette, exacte, précise, non sans quelque sécheresse, diffère totalement de la psychologie descriptive dont M.
Ici il suffit de remarquer que le trouble et le désordre étaient dans la maison du roi comme dans l’État, et que la manière de vivre adoptée à l’hôtel de Rambouillet s’embellit et s’agrandit par son contraste avec ces désordres et ces petitesses.
Les jeunes gens s’y formaient à ces manières aimables qui, sans rien sentir de la contrainte, ne sortent jamais des bornés de la plus exacte pudeur.
Après avoir adopté le mot du Duc de Bourgogne, que Corneille étoit plus homme de génie, & Racine plus homme d’esprit, « Un Homme de génie, ajoute-t-il, ne doit rien aux préceptes, & quand il le voudroit, il ne sauroit presque s’en aider : il se passe de modeles, & quand on lui en proposeroit, peut-être ne sauroit-il en profiter : il est déterminé, par une force d’instinct, à ce qu’il fait & à la maniere dont il le fait.
Il est charmant d’une telle manière qu’il épouvante.
Wundt attribue aussi à l’aperception le fait suivant : dessinez au tableau un dé dont les arêtes seules soient indiquées, « vous pourrez mettre en avant dans votre esprit celle des deux faces que vous voudrez, selon que vous vous représenterez intérieurement le dé vu de dessous ou vu de dessus. » Mais qu’y-a-t-il de plus simple que ce changement de perspective, dû à la manière dont nos souvenirs intérieurs s’associent avec les lignes extérieures ?
On crut y reconnoître sa manière.
C’est lorsque ces deux auteurs se rencontrent le plus pour le fond des choses, qu’on remarque mieux combien ils diffèrent pour la manière de les rendre.
Aussi Milton appelle-t-il la femme, fair defect of nature, « beau défaut de la nature. » La manière dont le poète anglais a conduit la chute de nos premiers pères mérite d’être examinée.
Il commence ce magnifique épithalame, sans préparation et par un mouvement inspiré, à la manière antique : Hail, wedded love, mysterious law, true source Of human offspring… « Salut, amour conjugal, loi mystérieuse, source de la postérité !
» Étrange manière de gémir !
Sur ce point-là, et en dehors des mièvreries religieuses de sa manière, Mme Marie-Alexandre Dumas égaie presque monsieur son frère ; la Dauphine vaut le Dauphin.
Ce genre de raillerie qui touche au froid par son énormité même, ces hoax à la Swift, débités avec l’impassibilité et le sérieux d’un Anglais convaincu, et qu’écrit Rochefort dans une phrase qui ressemble à un visage où pas un muscle ne bouge, donnent toute la manière habituelle au spirituel écrivain ; mais, anglaise.
Le croiriez-vous jamais de cet homme de sobriété de manière et d’impitoyabilité d’observation ?
C’est un fou sans placidité, sans excuse majeure et touchante de sa folie, sans les longues et sereines intermittences de raison, d’esprit, de goût, de politesse et de grandes manières qui rendent le héros de Cervantes le plus aimable et le plus respectable des gentilshommes.
Or, la France depuis Clovis, c’est-à-dire depuis qu’elle est, la France est constituée d’une certaine manière qu’il est aisé d’analyser, quoique les historiens, dupes des formes que revêt l’histoire à sa superficie, n’aient pas souvent pénétré jusqu’à cette facile profondeur.
Huysmans a retrouvée, et qu’il a peinte dans un livre d’une originalité presque monstrueuse, — mais qui, certainement, n’est pas un paradoxe, une nouvelle manière de battre les cartes, dans le roman, pour en renouveler le jeu, aujourd’hui si commun et si cruellement ennuyeux.
IV Ironie de la vérité dont ne se doutent même pas les hommes qui sont l’objet de cette tranquille ironie, ses ennemis les plus acharnés participent encore d’elle… et c’est là sa manière de se moquer d’eux !
Nous avons des hymnes des Romains, ou du moins quelques morceaux dans leurs poètes, qui nous en donnent une idée3 ; mais nous n’avons rien de ce genre qui nous peigne la divinité d’une manière éloquente et forte.
Le troisième, dont on ne connaît pas l’auteur, est curieux, surtout par la manière dont on y traite l’abdication de ce prince, et son retour à l’empire.
Après cela, le panégyriste peint son héros qui vole sur les bords du Rhin pour combattre les Francs nos aïeux, et il le loue très sérieusement de ce que vainqueur, il a fait servir le carnage des vaincus aux amusements de Rome, de ce qu’il a embelli de leur sang la pompe des spectacles et donné le délicieux plaisir de voir dévorer par les bêtes une multitude innombrable de prisonniers ; de manière que ces malheureux en expirant, dit-il, souffraient encore plus des outrages de leurs vainqueurs, que des morsures des bêtes féroces et de la mort même. » Dans quels siècles de férocité et de bassesse de tels panégyriques ont-ils été écrits ?
C’est ainsi que pensaient et Molière et Regnard ; Mais notre romantisme a brisé ces barrières, Confondu tous les goûts, les styles, les manières.
Son action, pendant les mois qui suivirent, soit dans les assemblées sectionnaires, soit dans les missions qui lui furent confiées au dehors pour rallier à la ville les provinces voisines, ne nous est connue et indiquée que d’une manière fort générale : il est bien à regretter qu’il n’ait pas pris soin de laisser un récit de ce mémorable épisode révolutionnaire ; nul témoin n’était plus propre à nous en présenter un tableau fidèle autant qu’émouvant. […] … » Il eut beau dire, le lendemain de son Rapport l’incrédulité philosophique prit sa revanche : on le chansonna, on attacha à son nom des sobriquets burlesques, des refrains et des carillons en manière de charivaris111. […] Je vois la même manière de penser dans les autres. […] Ce sera une telle émotion pour moi et les miens que vous voir — Je vous remercie des renseignements que vous m’avez envoyés ; mais vous avez ôté le nom de l’homme, de manière qu’il est impossible de lui écrire directement. — Croyez-vous que Mme Lyonne de Boyer ait vraiment envie de venir ici ? […] La voici en ce qu’elle a d’essentiel ; il s’adresse, par manière d’apostrophe, à ses compatriotes lyonnais : « Après avoir prouvé que jamais votre ville n’avait joui d’un calme plus profond que depuis trois mois à l’ombre des paternelles administrations qu’elle s’était choisies, montrant que si, à des époques plus reculées, quelques assassinats y avaient été commis, comme dans toutes les autres parties de la République, par la négligence du gouvernement, ils n’appartenaient à aucun système réfléchi, à aucun mouvement contre-révolutionnaire, mais à la seule impulsion de la vengeance individuelle, je disais : Et dans quelle ville une telle vengeance dut-elle paraître davantage, je ne dis pas excusable ou permise, mais naturelle ?
Voulez-vous savoir la manière d’avoir du pain ? […] Et la manière d’avoir du vin ? […] Et la manière d’avoir du rôt ? […] Et la manière d’avoir des tripes ? […] Est-ce un ignoble cuistre, ou un aventurier d’agréables manières ?
… Evidemment, c’est ce second parti qui est le bon, et de toutes manières. […] Mais Adolphe connaît tout de suite que sa femme le hait ; et cette connaissance même devrait le tenir armé et, en quelque manière, lui donner du cœur. […] Dumas décourage la critique de deux manières : par ses pièces, — et par ses préfaces. […] J’ai seulement un scrupule sur la manière dont la belle Marsy l’a interprétée. […] Car, comme dit le prince d’Aurec, « il y a la manière », et celle de M.
En plongeant dans la personnalité des autres, il oublia la sienne : ce qui est la seule manière peut-être de n’en pas souffrir. » S’il y a une manière de ne pas souffrir, on peut ne pas désespérer du tout. […] L’abondance des détails concrets n’est que l’application d’une manière habituelle. […] Bourget seconde manière est resté à peu près équitable pour Renan. […] Sa manière fait songer à celle de Carlyle. […] La manière propre de M.
Mêlé d’assez près aux événements politiques et militaires de son temps, il n’y a marqué sa place d’une manière ni très éclatante ni très mémorable. […] Le traducteur du Faust de Gœthe, l’auteur de Léo Burkkardt eut sa part dans ce mouvement, mais il possédait une originalité si marquée, une manière de penser et d’écrire si personnelle, qu’il ne se laissa jamais absorber par le milieu qu’il fréquenta. […] Dans le vol, il y a la manière, et M. Whibley est fort sensible à la manière. […] Au lieu de m’éloigner de lui, sa manière d’être, un peu froide, me donnait le désir de lui plaire, sans pour cela néanmoins me porter à être familier.
Ses succès parurent avoir plus de solidité que d’éclat, et le jugement domina plus que l’enthousiasme dans sa manière de commander et de combattre. […] quelle femme digne d’inspirer ses chansons, s’est jamais exprimée de cette manière sur le peintre de l’amour et du plaisir ! […] Quelques traits de ce personnage avaient été indiqués dans les prophètes, mais d’une manière assez vague pour que l’auteur moderne, en le peignant, eut toute la liberté nécessaire à l’invention poétique. […] Nulle variété dans la manière de concevoir ni dans celle d’écrire. […] Cette manière de peindre Catinat est assurément très ingénieuse et très dramatique ; et quel intérêt n’éprouve-t-on pas au nom de tous ces grands hommes qui ne sont plus !
Certes il en est de charmants, mais ils rappellent une manière connue. […] On y voit non seulement la matière des « poésies », mais encore les qualités et quelques-uns des défauts de leur manière. […] Depuis elle a compliqué, pédantisé et spiritualisé sa manière et elle est devenue le premier écrivain de notre temps pour les vrais amateurs de phébus et de fin du fin. […] Georges Maldague a une manière de talent : elle délaie ses vaudevilles tragiques en une langue fade, mais correcte, supérieure à celle de tels « artistes » de l’un et de l’autre sexe. […] Un détail fera saisir nettement comment il se fait une manière en puérilisant les manières des autres.
Il souffrit encore de bien d’autres manières. […] Corneille avait, de la même manière, porté son Sertorius de l’hôtel de Bourgogne au Palais-Royal. […] Saint-Évremond a donc raison à sa manière. […] Sur ce théâtre, orné de la manière que je viens de dire, la troupe des comédiens du roi représenta la tragédie d’Iphigénie. […] Il est, par là, immortel à sa manière.
Cependant il gardait quelque souvenir de la sienne ; ou, quand il parlait la langue latine, il l’altérait à sa manière. […] Dans beaucoup d’autres passages des auteurs latins, le pronom ille est appliqué d’une manière emphatique. […] L’esprit de l’homme, on le dit en philosophie, on l’éprouve en littérature, n’invente rien d’une manière absolue, même quand il combine les fables les plus chimériques. […] À cette manière abstraite de voir dans Charlemagne le type de la chevalerie, nous pouvons ajouter un témoignage authentique. […] Il aimait, à sa manière, les plaisirs de l’esprit.
Pétrone, parlant d’un poëme de la Guerre civile, en esquisse largement la poétique en ces termes : « Il ne s’agit pas, dit-il, de comprendre en vers tout le récit des faits, les historiens y réussiront beaucoup mieux ; mais il faut, par de merveilleux détours, par l’emploi des divinités, et moyennant tout un torrent de fables heureuses, que le libre génie du poëte se fasse jour et se précipite de manière qu’on sente partout le souffle sacré, et nullement le scrupule d’un circonspect récit qui ne marche qu’à couvert des témoignages102. » On se ressouvient involontairement de cette recommandation en lisant les Argonautes ; non certes que les fables et les prodiges y fassent défaut : ils sortent de terre à chaque pas ; mais ici ces fables et ces prodiges sont, en quelque sorte, la suite des faits mêmes, et il ne s’y rencontre aucune machine supérieure, aucune invention dominante et imprévue, pour donner au poëme son tour, son impulsion, sa composition particulière. […] Si l’une glorifie trop l’amour et le vaporise, l’autre le vulgarise un peu trop fréquemment, deux manières contraires, et presque également certaines, d’en sortir : dans l’un des cas, il s’élève jusqu’à être une religion ; dans l’autre, il n’est plus qu’un plaisir. […] Aussi ne me témoigne point cette réserve extrême, ô jeune fille, si tu as quelque chose à me demander ou à me dire ; mais, puisque nous sommes venus ici à bonne intention, dans un lieu sacré où tout manquement est interdit, traite-moi en toute confiance… » Et il lui rappelle la promesse qu’elle a faite à sa sœur ; il la conjure par Hécate et par Jupiter-Hospitalier ; il se pose à la-fois comme son hôte et son suppliant ; et il touche cette corde délicate de louange qui doit être si sensible chez la femme ; car, après tout, Médée est un peu une princesse de Scythie, une personne de la Mer-Noire qui doit être secrètement flattée de faire parler d’elle en Grèce112. « Je te payerai ensuite de ton bienfait, lui dit-il, de la seule manière qui soit permise à ceux qui habitent si loin l’un de l’autre, en te faisant un nom et une belle gloire.
Ce problème est peu de chose en lui-même, mais la manière dont je l’ai résolu et les difficultés qu’il présentait lui donnent du prix. […] Cuvier, contraire en général à cette manière raisonneuse d’envisager l’organisation, combattit au même collège, dans sa chaire voisine, le collègue qui faisait incursion au cœur de son domaine ; il le combattit avec ce ton excellent de discussion, que M. […] On y peut prendre une idée de la manière de ce vaste et libre esprit : l’hypothèse antique retrouvée dans sa grandeur, l’hypothèse à la façon presque des Thalès et des Démocrite, mais portant sur des faits qui ont la rigueur moderne.
Par cette opération, la mécanique acquiert des cadres semblables à ceux de la géométrie, et les faits se conforment aux cadres dans le premier cas de la même manière et au même degré que dans le second. […] « Quand une pierre tombe, écrit Galilée, si nous considérons la chose attentivement, nous trouvons que la manière la plus simple d’accroître la vélocité, c’est de l’accroître toujours de la même manière, c’est-à-dire d’y ajouter des accroissements égaux dans des temps égaux. » De cette conjecture, Galilée conclut que les espaces parcourus depuis le commencement du mouvement doivent être comme les carrés du temps, puis, admettant que les lois de la chute d’une boule sur un plan incliné doivent être les mêmes que celles d’un corps qui tombe librement, il vérifia son hypothèse par l’expérience.
De quelle manière vous traiteriez un si beau sujet ! […] Il apprend d’abord que les pontifes de ce peuple ont réglé leurs années d’une manière si absurde que le soleil est déjà entré dans les signes célestes du printemps lorsque les Romains célèbrent les premières fêtes de l’hiver. « Il apprend que cette nation entretient à grands frais un collège de prêtres, qui savent au juste le temps où il faut s’embarquer, et où l’on doit donner bataille, par l’inspection d’un foie de bœuf, ou par la manière dont les poulets mangent l’orge.
Je suis dans votre main, tournez et retournez-moi de toutes manières. Voici votre serviteur, je suis prêt à tout : car je désire de vivre, non pour moi, mais pour vous ; faites que ce soit d’une manière parfaite et digne de vous. — Mon âme, dit l’homme, tu ne pourras trouver une pleine consolation ni une joie parfaite qu’en Dieu, qui est le consolateur des pauvres et le protecteur des humbles […] Il faut que vous soyez encore éprouvé sur la terre et exercé en diverses manières.
Vainement j’en appelais à ma conscience, qui m’avait conseillé de renoncer à tous les agréments attachés à la faveur de Bonaparte ; tant d’honnêtes gens me blâmaient, que je ne savais pas m’appuyer assez ferme sur ma propre manière de voir. […] Tout annonçait qu’il était résolu à m’en punir ; mais il s’arrêta devant l’idée de frapper le général Bernadotte, soit qu’il eût besoin de ses talents militaires, soit que les liens de famille le retinssent, soit que la popularité de ce général dans l’armée française fût plus grande que celle des autres, soit enfin qu’un certain charme dans les manières de Bernadotte rendît difficile, même à Bonaparte, d’être tout à fait son ennemi. […] Il s’est dit : — Je ferai des vers sur ce sujet, puis sur celui-ci, puis sur celui-là. — Et, sans s’en apercevoir, il nous met dans la confidence de sa manière de travailler.
Mais le procédé qui consiste à invoquer des correspondances est légitime et scientifique sauf quand on en use d’une manière aussi arbitraire que M. […] La réponse à cette question dépend de la manière dont on entend l’intuition. […] L’intuition n’a de sens pour nous qu’à la condition de s’alimenter à la source de la vie, dans notre sensibilité personnelle, dans notre personnelle manière de sentir et de réagir, dans nos passions, nos joies et nos douleurs, dans toute notre nature sensible, spontanée et primesautière.
Au terme, seulement, de sa complète évolution, nous pouvons apercevoir en quelle manière sa nature l’a poussé à la pleine contemplation intérieure de lui-même, à cette claire voyance du Rêve Universel le plus profond. […] Cet instinct, ici, décide tout, étonnamment ; c’est lui qui donne à Beethoven sa claire aversion pour une manière de vivre pareille à celle de Haydn. […] Or, c’est la même notion, mais instinctive, irréfléchie, qui détermina Beethoven dans sa résistance au monde, dans son amour de la solitude, enfin dans les tendances, presque dures, qui lui firent choisir sa manière de vivre spéciale.
Approprions-nous son génie, sa manière… Le Wagnérîste. — Arrêtez ! […] L’esprit allemand, les manières et les mœurs allemandes, ces choses lui étaient expliquées en des Manuels de provenance espagnole et italienne. […] Le Mot est, pour l’exposition dramatique, ce qu’est le Motif pour la musique. — L’Acteur : il trouve, dans la musique, la révélation de l’essence des caractères et des situations, et, en même temps, un commentaire perpétuel pour son jeu ; où le Motif s’intercale dans un discours, de façon à compléter la phrase, le chanteur doit s’identifier par le Geste avec la Parole musicale. « C’est dans de tels moments, que le Drame et la Musique révèlent, de la manière la plus saisissante, leur intime connexité ».
Elle a laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la même manière qu’elle en était sortie. » Paraphrase Par Franz Liszt29 Wagner a donné à l’ouverture de Tannhaeuser l’étendue d’une grande composition symphonique, et quoique les motifs principaux de l’opéra en forment la substance, cette ouverture peut néanmoins être considérée comme une œuvre à part, qui, détachée du reste, garderait toujours sa valeur intrinsèque, et serait comprise et admirée de ceux mêmes qui ne connaîtraient pas le drame dont elle est le magnifique résumé. […] La mélodie s’élève d’abord comme le frêle, long et mince calice d’une fleur monopétale, pour s’épanouir ensuite, de même qu’elles, en un élégant évasement, une large harmonie, sur laquelle se dessinent de fermes arrêtes, dans un tissu d’une si impalpable délicatesse, que la fine gaze paraît ourdie et renflée par les souffles d’en haut ; graduellement ces arrêtes se fondent ; elles disparaissent d’une manière insensible dans un vague amoindrissement, jusqu’à ce qu’elles se métamorphosent en insaisissables parfums qui nous pénètrent, comme des senteurs venues de la demeure des justes. […] Shakespeare, d’inexplicable et incomparable manière, a fait ceci : les formes du drame, que les pièces du grand Caldéron, déjà, avaient données comme un art spécial, mais bien rude et grossier encore, il les a pénétrées d’une vie si profonde qu’elles nous apparaissent traduire, immédiatement, la Nature : il a placé devant nous des hommes réels, non plus des créations de l’art : et, cependant, ces hommes nous sont lointains, tellement que tout contact avec eux nous paraît impossible, impossible comme un contact avec les visions de fantômes.
Le meilleur de nos poètes philosophes, Sully-Prudhomme nous dit : « Le vers est la forme la plus apte à consacrer ce que l’écrivain lui confie, et l’on peut, je crois, lui confier, outre tous les sentiments, presque toutes les idées. » A une condition, toutefois, c’est que le vers ne soit jamais un vêtement ajouté après coup à des idées conçues d’abord d’une manière abstraite. […] Il eût fallu continuer de la même manière, faire passer sous nos yeux les systèmes vivants, comme des idées devenues des âmes. […] Cette hypothèse matérialiste n’a-t-elle point été prise, très froidement comme thème à vers français de la même manière que Richepin, quand il était à l’Ecole normale, exerçait son talent sur les matières à vers latins ?
Il y a cinq manières principales d’exprimer sa pensée pour la communiquer aux hommes : La chaire sacrée qui parle aux hommes, dans les temples, de leurs premiers intérêts : la Divinité et la morale ; La tribune aux harangues qui parle aux hommes, dans les assemblées publiques, de leurs intérêts temporels de patrie, de liberté, de lois, de formes de gouvernement, d’aristocratie ou de démocratie, de monarchie ou de république, et qui remue leurs idées ou leurs passions par l’éloquence de discussion, l’éloquence parlementaire ; La place publique, où, dans les temps de tempête, de révolution, de sédition, le magistrat, le tribun, le citoyen monte sur la borne ou sur les marches du premier édifice qu’il rencontre, parle face à face et directement au peuple soulevé, le gourmande, l’attendrit, le persuade, le modère et fait tomber de ses mains les armes du crime pour lui faire reprendre les armes du patriotisme et des lois. […] Cependant Racine n’ayant pas été satisfait dans sa vanité de la manière dont les comédiens de Molière jouaient son Alexandre, retira brusquement sa tragédie de ce théâtre. […] Depuis ce jour le crédit de Mme de Maintenon alla en augmentant d’une manière si visible, que les deux historiens lui firent leur cour, autant qu’ils la savaient faire.
Aussi la Critique de la Raison pure ne produisit pas d’abord une grande impression ; il lui fallut plusieurs années pour faire sa route ; il fallut que quelques penseurs laborieux et indépendans, après avoir étudié la nouvelle doctrine, attirassent sur elle l’attention en l’exposant à leur manière. […] Les deux préfaces que nous venons d’analyser indiquent ce dessein de la manière la plus générale ; l’introduction le fera connaître avec tout autrement de profondeur et de précision. […] Or, cette connexion, que nous affirmons entre le sujet et l’attribut, peut nous avoir été donnée de deux manières : ou bien c’est l’expérience qui nous l’a révélée, ou bien nous l’établissons à priori, indépendamment de l’expérience.
Michelet introduit dans l’histoire des manières de dire que l’histoire jusqu’à lui ne connaissait pas. […] Michelet, ont paru déjà depuis quelque temps, et si nous n’en avons pas parlé plus tôt, c’est que ces deux volumes n’accusent aucun changement dans les opinions de l’auteur et dans sa manière d’exposer les faits, de les interpréter et de les traduire. […] Michelet n’a pas toujours feuilleté l’histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie : que sur cette vieille terre du Vaudeville et de la galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.
On voit que Molière perfectionna sa manière d’écrire, par son séjour à Paris. […] Ce préjugé fit donner la préférence à la pièce de Villiers sur celle de Molière ; et ce préjugé a duré si longtemps, que Thomas Corneille en 1673, immédiatement après la mort de Molière, mit son Festin de Pierre en vers : il eut alors un grand succès sur le théâtre de la rue Guénégaud, et c’est de cette seule manière qu’on le représente aujourd’hui. […] Mais la folie du bourgeois est la seule qui soit comique, et qui puisse faire rire au théâtre : ce sont les extrêmes disproportions des manières et du langage d’un homme, avec les airs et les discours qu’il veut affecter, qui font un ridicule plaisant ; cette espèce de ridicule ne se trouve point dans des princes ou dans des hommes élevés à la cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer.
Il fallait bien qu’il eût dans son amour-propre, et dans la manière dont il le portait, quelque chose qui choquait et offensait l’amour-propre des autres, pour qu’il ait excité, aux heures de ses succès militaires et de ses plus grands services, un déchaînement d’envie et une irritation telle qu’on en connaît peu d’exemples. « Mon fils, lui avait dit sa spirituelle mère quand il entra dans le monde, parlez toujours de vous au roi, et jamais aux autres. » Villars, a-t-on remarqué, ne suivit que la première moitié du conseil : il parlait constamment de lui devant tous et se citait en exemple dans les grandes comme dans les petites choses. — Après la paix de Riswick, le roi jugea à propos de l’envoyer à Vienne comme ambassadeur (1699-1701) ; le poste était important à cause de la question pendante de la succession d’Espagne, qui pouvait à tout moment s’ouvrir ; il s’agissait de négocier par précaution un traité de partage avec l’empereur, ce traité dût-il ne pas s’exécuter ensuite. […] Lui qui sait comment on mène les hommes, il indique donc très naïvement et assez gaiement à Chamillart de quelle manière il conviendrait de le mener lui-même, et à quelle fumée d’ambition il est le plus homme à se laisser prendre.
Cet asile propice, que la ville éternelle n’a cessé d’offrir depuis trois siècles aux fervents artistes, voués à leur œuvre dans un religieux silence, il en savait le prix et en jouissait à sa manière pour promener sa curiosité. […] L’idée me vint que, puisque après la mort il y a, dit-on, un développement de pensées, pourquoi n’y aurait-il pas aussi un développement de sentiments, de manière que les sentiments que nous avons eus iraient en se développant après la mort, et que les harmonies qui constituent les sentiments aimants prendraient un essor proportionné à l’étendue du principe mystérieux appelé âme ?
Ce qu’il faut dire à la décharge de sa mémoire, c’est qu’il avait de l’humanité ; que Mme Valmore n’avait jamais invoqué vainement en lui le compatriote et le pays ; qu’elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes, — des délivrances de prisonniers ; qu’elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (acoute’m un peo, écoutez-moi un peu !) […] C’est dans une lettre du 1er novembre 1826 ; elle lui écrivait, en bonne royaliste toujours, en amie spirituelle et sensée, mais qui n’entendait rien à ce genre de scrupules : « Mon cœur, disait-elle, sait lui pardonner (à la sœur de Mme Valmore, pour un grief en l’air et par manière de plaisanterie), comme il te pardonne la nonchalance que tu mets pour recevoir une pension qui ne peut, sous tous les rapports, n’être pour toi que fort agréable.
Sinon en politique, du moins en dissipations contradictoires, il semblait serrer de près la trace de Retz, son aîné de douze ans, et il fut aussi à sa manière un des roués de cette première régence, ne bougeant, dit Saint-Simon, de l’hôtel de Montbazon, ami de tous les personnages de la Fronde, et faisant volontiers de très-grandes parties de chasse avec M. de Beaufort, le chef des importants. […] » En vain, au début du livre, par manière de prélude, il se disait en une de ces paroles, telles que seul il les sut trouver : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. » À deux pas de là, il oubliait cette vieillesse que les dieux de la Grèce ne connaissaient pas, ou il ne s’en souvenait que pour s’écrier : « Ô Rome !
Les plus vifs, les plus passionnés tirent de cette succession mobile une sorte de plaisir passager, enivrant, qui réduit sur eux l’impression de chaque idée nouvelle au charme d’une sensation ; ils s’éprennent et se détachent tour à tour, ils épousent presque un système nouveau comme Aristippe une courtisane, sachant qu’ils s’en lasseront bientôt : c’est une manière d’épicuréisme sensuel et raffiné de l’intelligence. […] Sous la Restauration comme sous Louis XIV, le dogme politique en vogue, la prétention formelle des gouvernants était la légitimité, c’est-à-dire l’inadmissibilitédu pouvoir en vertu de certains droits de naissance, et nonobstant toute manière d’user ou d’abuser.
. — Comme ils sont l’auditoire, ils sont les juges. « C’est le goût de la cour qu’il faut étudier, dit Molière350, il n’y a point de lieu où les décisions soient si justes… Du simple bon sens naturel et du commerce de tout le beau monde, on s’y fait une manière d’esprit qui, sans comparaison, juge plus finement les choses que tout le savoir enrouillé des pédants. » — À partir de ce moment, on peut dire que l’arbitre de la vérité et du goût n’est plus, comme auparavant, l’érudit, Scaliger par exemple, mais l’homme du monde, un La Rochefoucauld, un Tréville351. […] De cette façon, la phrase est un échafaudage gradué, où l’esprit place d’abord la substance, puis la qualité, puis les manières d’être de la qualité, comme un bon architecte qui pose en premier lieu le fondement, puis la bâtisse, puis les accessoires, par économie et par prudence, afin de préparer dans chaque morceau de son édifice un support pour le morceau qui suit.
Un enfant, en ouvrant les yeux, doit voir la patrie, et, jusqu’à la mort, ne doit voir qu’elle… On doit l’exercer à ne jamais regarder son individu que dans ses relations avec le corps de l’État. » Telle était la pratique de Sparte et l’unique but du « grand Lycurgue » « Tous étant égaux par la constitution, ils doivent être élevés ensemble et de la même manière. » — « La loi doit régler la matière, l’ordre et la forme de leurs études. » À tout le moins, ils doivent tous prendre part aux exercices publics, aux courses à cheval, aux jeux de force et d’adresse institués « pour les accoutumer à la règle, à l’égalité, à la fraternité, aux concurrences », pour leur apprendre « à vivre sous les yeux de leurs concitoyens et à désirer l’approbation publique ». […] Au nom de la raison que l’État seul représente et interprète, on entreprendra de défaire et de refaire, conformément à la raison et à la seule raison, tous les usages, les fêtes, les cérémonies, les costumes, l’ère, le calendrier, les poids, les mesures, les noms des saisons, des mois, des semaines, des jours, des lieux et des monuments, les noms de famille et de baptême, les titres de politesse, le ton des discours, la manière de saluer, de s’aborder, de parler et d’écrire, de telle façon que le Français, comme jadis le puritain ou le quaker, refondu jusque dans sa substance intime, manifeste par les moindres détails de son action et de ses dehors la domination du tout-puissant principe qui le renouvelle et de la logique inflexible qui le régit.
Nous y trouvons d’abord toute sa personne physique et morale, naïvement, complaisamment étalée, non point dessinée en pied par de nets contours : la manière de Montaigne, c’est, si je puis (lire, le pointillé, un amas de petits traits, qui s’harmonisent à distance en une forme souple, palpitante de vie. […] « En quelque manière qu’on puisse se mettre à l’abri des coups, fût-ce sous la peau d’un veau, je ne suis pas homme qui y reculât : car il me suffit de passer à mon aise ; et le meilleur jeu que je puisse me donner, je le prends, si peu glorieux au reste et exemplaire que vous voudrez239. » Montaigne est de sa nature plus sensible à la douleur physique qu’à la douleur morale : il nous le dit.
Mme de Schomberg aimait dans La Rochefoucauld « des phrases et des manières qui sont plutôt d’un homme de cour que d’un auteur ». […] Bouhours a écrit les Entretiens d’Ariste et d’Eugène, et la Manière de bien penser sur les ouvrages de l’esprit. — A consulter : Sc.
Journaliste, il a une figure à part et une manière qui est bien à lui. […] Comme ces rythmes tantôt sautillants, tantôt furieux, avaient l’air d’être faits pour communiquer une trépidation morale aussi bien que physique à tout ce public de désaccordés, pour qui la vie n’était qu’une manière de danse macabre !
Ferdinand Fabre quelque chose de très particulier : ses personnages, qui sont des prêtres ou des paysans primitifs ; le théâtre de l’action, un âpre canton des Cévennes, une petite ville ecclésiastique à deux cents lieues d’ici ; sa manière enfin, qui rappelle celle de Balzac et dont s’est déshabitué le roman contemporain. […] Sans compter que sa fonction lui impose une vie à part, le fond de pensées habituelles que cette fonction implique doit non seulement réagir sur ses manières, sa parole et toute sa tenue, mais encore imprimer à tous ses sentiments, à ses passions, à ses vices comme à ses vertus, une marque énergiquement caractéristique.
Il y a donc aujourd’hui d’excellents critiques ; ne nous manquerait-il que la manière de nous en servir ? […] Il y a différentes manières d’exercer la critique littéraire, et chacune a ses avantages.
Ce que nous demandons à l’historien, pour en garder une impression durable, ce sont les causes de la guerre exposées et jugées, la situation des deux peuples qui vont en venir aux mains, leurs chefs, les préparatifs de la lutte, les batailles, et, dans les récits de ces batailles, les traits qui caractérisent le commandement chez les généraux et la manière de se battre chez les soldats ; enfin, la justice rendue à tous, avec un peu d’inclination pour tout ce qui peut honorer notre nation à ses propres yeux, et entretenir parmi nous la tradition de la discipline et du courage. […] C’est la civilisation, comme il la voulait pour lui et à sa main, une surface brillante, du luxe, des arts, des carrosses à glaces, de la politesse, des manières, une religion pour ceux qui n’ont pas le frein de l’éducation ou d’une modération naturelle, une justice douce par des magistrats qui ne se croient pas trop innocents ni les criminels trop pervers ; les lettres, les théâtres, et, pour tout dire, tous ses goûts satisfaits, toutes ses gênes supprimées ; une société où ses passions et ses fautes ne lui auraient pas donné plus d’embarras qu’ils ne lui donnaient de scrupules.
Gabrielle accusa un changement signalé dans la manière de M. […] Emile Augier aura tout à fait reconquis son originalité et sa manière.
On raconte que le fameux maître de danse Marcel, si connu par la solennité de ses aphorismes, demanda un jour une audience à M. de Lamoignon père pour lui déclarer qu’il ne pouvait lui dissimuler en conscience que son fils ne danserait jamais bien et ne pourrait conséquemment faire son chemin ni dans la magistrature ni dans l’armée : « À la manière dont il marche, concluait-il, vous ne pouvez raisonnablement le placer que dans l’Église. » M. de Malesherbes se plaisait gaiement à raconter ce lamentable pronostic de Marcel. […] Je ne citerai plus qu’un trait qui témoigne de la manière de voir élevée et désintéressée qu’il portait dans la direction des lettres.
Nous sommes trop sensibles à la gloire pour ne pas admirer ce lord Wellington, qui retrace d’une manière si frappante les vertus et les talents de notre Turenne. […] M. de Chateaubriand, en 1814, était moins désabusé en effet qu’il ne voudrait le paraître, il espérait encore beaucoup, il espérait tout, et parlait de Louis XVIII en conséquence : « Il marche difficilement, disait-il de lui avec toutes les ressources et les complaisances du langage, mais d’une manière noble et touchante ; sa taille n’a rien d’extraordinaire ; sa tête est superbe ; son regard est à la fois celui d’un roi et d’un homme de génie. » Plus tard il empruntera, pour peindre Louis XVIII, quelques-unes des couleurs de Béranger ; mais alors, quand il attendait encore de ce roi impotent sa fortune politique, il le voyait ainsi dans sa majesté.
À la réclamation que lui adressait un jour le maire de Strasbourg en faveur de quelques détenus, il répondait : « Un aveugle qui cherche une épingle dans un tas de poussière, saisit le tas de poussière. » Voilà bien l’homme60, et aussi sa manière de dire. […] C’est que les révolutions, à tant d’égards fatales, le sont particulièrement en ce qu’elles soumettent à la plus redoutable épreuve des âmes qui, dans un ordre plus régulier, parviendraient à franchir d’une manière moins funeste pour le monde et pour elles-mêmes les détroits orageux de la jeunesse.
Je suis arrêté en plein… je ne puis plus travailler… et il me prend des grippes pour celui-ci… mais ça passera… des grippes pour celui-là… ça, ça passera encore », — fait-il ironiquement et désespérément, en manière de refrain. […] … C’est ma bataille des Thermopyles… Je ferai un voyage en Grèce… Je veux écrire cela sans me servir de vocables techniques, sans employer par exemple le mot cnémides… Je vois dans ces guerriers, une troupe de dévoués à la mort, y allant d’une manière gaie et ironique… Ce livre, il faut que ce soit, pour les peuples, une Marseillaise d’un ordre plus élevé.
Il n’y avait en tête des premières éditions de cet ouvrage, publié d’abord sans nom d’auteur, que les quelques lignes qu’on va lire : « Il y a deux manières de se rendre compte de l’existence de ce livre. […] Nous étions donc personnellement d’accord avec ceux qui voulaient épargner les quatre ministres, et d’accord de toutes manières, par les raisons sentimentales comme par les raisons politiques.
Être un grand homme de la matière, être pompeusement violent, régner par la dragonne et la cocarde, forger le droit sur la force, marteler la justice et la vérité à coups de faits accomplis, faire des brutalités de génie, c’est être grand, si vous voulez, mais c’est une grosse manière d’être grand. […] Chose étrange que jusqu’à ce jour l’humanité ait eu une manière de lire l’Iliade qui effaçait Homère sous Achille !
Mentionner cette pièce et dire qu’elle a compté longtemps dans la balance du jury, c’est montrer au moins qu’on n’a fait exclusion d’aucune manière et qu’on ne s’est enfermé dans aucune école. » Dans ce mélange de compliments et de reproches, c’est surtout aux éloges que nous avons été sensible. […] Ce changement de dynastie se manifeste, à l’égard de l’écrivain, d’une manière matérielle et incontestable.
Jamais un roi ne ment… Il va sans dire qu’il termine par une petite épigramme à sa manière, pleine de bonne humeur. […] L’âne un jour pourtant s’en moqua… Il s’agit de l’âne qui n’a pas voulu interrompre son repas, son festin, pour se coucher, pour se pencher de telle manière que le chien pût prendre à dîner dans la hotte.
Il exposait d’une manière touchante ses idées aux enfants de son école. […] Ils ont compris que le problème de la discipline militaire se pose de la même manière que le problème de la discipline industrielle, et bien qu’ayant l’âme toute pleine de justice égalitaire, ils se sont rangés sous des chefs que la veille ils croyaient exécrer.
J’ai rappelé ce fait vieux de plus de trente années, parce qu’il a consacré d’une manière éclatante la naissance de ce sentiment nouveau et incomparablement fécond de la solidarité ; solidarité par-delà les territoires, ces frontières artificielles, et par-delà les races, ces frontières naturelles. […] Le petit groupe des pensants épars, spontanément associés par une vision commune de l’avenir, voilà ce que nous verrons, ce que nous voyons déjà en quelque manière.
Et prenez garde que ce n’est plus l’abbé Prévost, un peu suspect de laisser-aller et de facilité sur le chapitre des mœurs et manières, qui parle en ce moment ; il ne fait qu’emprunter les raisons du sage et poli Addison.
Tu as bien compris la manière dont je voudrais vivre.
Critiques curieux, imprévus, infatigables, prompts à tous sujets, soyons à notre manière comme ce tyran qui, dans son palais, avait trente chambres ; et on ne savait jamais dans laquelle il couchait.
Ainsi cette Assemblée terrible, sans peur et sans repentir, se montrait à sa dernière heure encore fidèle au mot d’ordre du 10 août ; ainsi elle gardait, même en finissant, quelque chose d’illégal, et il y avait, jusqu’au bout, de la colère dans sa manière de fonder la liberté.
Mais, cette année, le sort désigna Rewbell comme membre sortant, et Sieyes lui succéda, Sieyes, dédaigneusement jaloux de toute Constitution qu’il n’avait pas faite, et à qui il était échappé un jour de dire, en manière d’éloge, que dans celle de l’an III il y avait de l’instinct.
Le bon sens, non moins que le génie, quand il s’applique à quelque grand résultat philosophique ou politique, est sujet à cet excès : Jefferson n’y a pas échappé, à sa manière.
Nous avons foi, nous Français, dans l’un et dans l’autre de ces principes, et armés de ce double instrument de critique, nous ouvrons le premier théâtre comique venu, le théâtre d’Alfred de Musset, je suppose, et nous raisonnons ainsi : un poète comique peut paraître derrière ses personnages de deux manières : soit en faisant une allusion complaisante à lui-même, à sa vie, à son caractère, à ses goûts, soit en déployant avec coquetterie les grâces de son imagination et de son esprit.
Rédigeant ses Mémoires au temps où le roi de Prusse cajolait Voltaire, il y notait l’envoi eu exil d’un certain « Arouet, fils, écrit-il, d’un notaire qui l’avait été de mon père, et de moi » ; il n’eût pas parlé de cette bagatelle, « si ce Arouet n’était devenu une sorte de personnage dans la république des lettres, et même une manière d’important dans un certain monde ».
Ce n’était plus sa première manière, ce n’était pas encore sa formule définitive.
Souvent, il est vrai, on croit trouver dans les ordres qu’il donne à ses disciples une tendance toute contraire : il semble leur recommander de ne prêcher le salut qu’aux seuls Juifs orthodoxes 654 ; il parle des païens d’une manière conforme aux préjugés des Juifs 655.
On désigne par le nom d‘hérédité l’ensemble de ces manières d’être corporelles et mentales que tout enfant apporte en venant au monde.
Le cardinal s’en vengea ; mais de quelle manière ?
Les lettres sont des signes qui en se réunissant et en se combinant de diverses manières, d’après les règles convenues de la grammaire, forment des mots.
Frappé de la majesté divine, et de la fierté noble que Michel-Ange faisoit sentir dans le caractere de tête du pere éternel, qu’on voit en differens endroits de la chapelle de Sixte, faisant l’ouvrage de la création : il condamna sa maniere sur ce point, et il prit celle de son concurrent.
quand il sera clair de manière que vous l’entendiez… » La joie pour certains et même pour beaucoup est d’abord de comprendre, mais surtout de comprendre ce que le vulgaire ne comprend pas.
Mais ceci n’est qu’une forme de l’horreur du lieu commun et du goût que M. de Gourmont connaît bien — il l’a analysé dans une très bonne page — pour regarder toute chose avec des yeux frais, après s’être absolument débarrassé de tout préjugé, de toute manière traditionnelle et acquise de voir, de juger et de sentir.
Ils avaient dû certainement aviser l’objet, dans son coin sommeillant, mais ils n’avaient pas osé réveiller le chat qui dormait ; car c’était pour eux un chat, que ce manuscrit, roulé et tapi dans son carton, qui aurait sauté à la figure de leurs idées, de leurs manières de voir, de leurs portraits, et qui les aurait mis en pièces… Songez donc !
Cet Alceste, ou plutôt ce Timon, car Swift est trop robuste pour n’être qu’Alceste, cet homme enfin qui avait des manières presque shakespeariennes d’être misanthrope, et qui haïssait mortellement la société anglaise, était tellement le fils ou plutôt le produit de cette société, qu’il agissait comme elle quand il l’attaquait le plus violemment.
Avec son style naturellement sans couleur, ce style blanc et doux que l’abstraction a blanchi encore, il n’a fait aucun mal aux yeux des hommes à conserves qui avaient à le juger, et ils ont tous apprécié infiniment cette flanelle… Certainement, pour manquer le prix, il fallait s’y prendre de toute autre manière.
Le curieux, dans ces articles, c’est justement ce qui se mêle parfois d’une manière tout à fait inattendue à l’éloge de l’un et de l’autre.
Ce n’est pas seulement un démocrate, c’est un Bleu… Il n’a pas de hausse-col comme Carrel, toujours officier, même en habit noir ; mais il n’en est pas moins un Armand Carrel à sa manière.
On sait que dans tous les ouvrages de Platon, c’est Socrate qui mène l’homme à la vérité ; Socrate en même temps conserve son caractère et son génie ; partout il garde sa manière de raisonner, ses inductions, ses interrogations, ces espèces de pièges et de longs détours dans lesquels il enveloppait ses adversaires, pour les amener malgré eux à une vérité qu’ils combattaient.
À chacune de leurs réunions, les membres de cette société lisaient quelques essais dans le goût et la manière du Spectateur. […] Or, dès que le poète accepte un rôle, il est libre, à coup sûr, de le jouer à sa manière, de le composer à sa guise. […] Il se défend à sa manière et de toutes ses forces de cette qualité si intimement épique. […] Il y a, je l’avoue, dans cette manière leste et hardie de saccager les questions, quelque chose de séduisant pour le grand nombre. […] Derrière ces deux fables on retrouve une même et commune idée, qu’elles traduisent et développent chacune à leur manière ; cette idée, c’est l’adultère.
Antoine de la Sale était âgé de trente-cinq ans, et depuis assez longtemps établi en Italie, quand il eut l’idée, au mois de mai 1420, d’aller visiter ce fameux mont et ce lac, dont il avait, « dès sa jeunesse, ouï parler en plusieurs manières ». […] Quelques années plus tard, le frère de l’archevêque vint à son tour en Angleterre, et les moines qui l’accompagnaient assurèrent aussi qu’ils savaient d’une façon indubitable que ce Joseph, qui a vu le Christ prêt à mourir et qui attend son retour, vit encore à sa manière habituelle. […] Les trois « manières de savoir » qu’enseigne l’oiseau y sont ainsi formulées : Ne croi pas quant que tu orras ; Garde bien ce que tu avras, Par pramesse nel perdre pas ; Ne trop ne soies confondu Por nule rien qu’aies perdu 188 . […] La courtoisie était d’ailleurs considérée comme inséparable de l’amour, conçu d’une manière assez factice et subtile, et l’amour entendu de cette façon était à son tour regardé comme la condition indispensable du goût pour tout ce qui est bon et beau, notamment pour la nature, la verdure, et le chant printanier des oiseaux que les poètes d’alors ne se lassaient pas d’écouter, d’admirer et de célébrer. […] Et quant voit le vilain séant Qui desos le pint l’escoutoit, Qui fel et envios estoit, Si a chanté d’autre manière : « Quar laisse ton corre, rivière245 !
Ils expliqueront l’histoire des Juifs et du christianisme d’une manière aussi plausible et par des raisons aussi naturelles que le développement du polythéisme et l’histoire du peuple romain. […] Quand on sait de quelle manière un artiste invente, on peut prévoir ses inventions. […] Cette trivialité, cette bénédiction jetée en manière d’appoint, ces cris saccadés et étranglés de l’avare qui étouffe le père, sont horribles. […] Ses habits et ses manières feraient tache ; à peine si on les souffre dans une bouffonnerie ; encore les grands seigneurs ont trouvé dégoûtant de traîner leurs yeux pendant cinq actes sur un M. […] Quand un écrivain parvient à exprimer parfaitement le génie de son siècle, c’est qu’il l’a ; il se rencontre une correspondance exacte entre la manière de sentir publique et sa manière de sentir privée.
[Introduction] I Jusqu’ici, nous n’avons étudié dans les idées générales que les idées générales elles-mêmes et la manière dont elles se forment, tantôt par extraction, tantôt par construction, soit que, dégageant de plusieurs faits ou individus semblables un caractère commun, nous le pensions à part au moyen d’un signe et que, par une série d’additions et de rectifications, nous faisions coïncider le contenu et l’extension de notre idée avec le contenu et l’extension du caractère qu’elle doit noter, soit que, ayant dégagé et pensé à part certains caractères généraux très simples, nous combinions entre elles les idées ainsi acquises pour en fabriquer des composés mentaux, sortes de moules préalables auxquels les composés réels aient chance de se trouver conformes, sortes de modèles préalables auxquels nous ayons envie de conformer les composés réels. — Il nous reste une seconde recherche à faire. […] « Maintenant, cette loi si amplement établie peut se confirmer de trois manières différentes, et premièrement par déduction, en partant des lois connues que suit la vapeur aqueuse lorsqu’elle est diffuse dans l’air ou dans tout autre gaz. […] Le cas est un de ces cas rares où la nature fait l’expérience pour nous, de la même manière que nous la ferions nous-mêmes, c’est-à-dire en introduisant dans l’état antérieur des choses une circonstance nouvelle, unique et parfaitement définie, et en manifestant l’effet si rapidement que le temps manquerait pour tout autre changement considérable dans les circonstances antérieures. […] Attachons-nous à ceux qui sont le plus fructueux et qui servent à construire des sciences entières. — En tête de l’arithmétique, de l’algèbre et de la géométrie, on inscrit les deux axiomes suivants : si, à deux grandeurs égales entre elles, on ajoute deux grandeurs égales entre elles, les sommes sont encore égales ; si, de deux grandeurs égales entre elles, on ôte deux grandeurs égales entre elles, les restes sont encore égaux. — Certainement nous pouvons former ces deux propositions par l’induction ordinaire, et, très probablement, c’est de cette manière qu’elles s’établissent d’abord dans notre esprit. […] Placez des corps pesants sur une ligne droite, c’est-à-dire selon la première dimension ; ils se meuvent d’une certaine manière.
On trouva une pincée de thé enveloppée d’un morceau de papier rouge ; on découvrit un samowar, petit, à la vérité, mais qui fonctionnait d’une manière fort bruyante ; on trouva même quelques pauvres morceaux de sucre à moitié fondus. […] Tous deux se rendirent chez les Kalitine et y passèrent la soirée, mais d’une manière moins agréable que quelques jours auparavant. […] Il parla beaucoup de son excursion et se mit à parodier d’une manière très comique les divers propriétaires qu’il avait vus. […] Vous regardez de la même manière les innocents et les coupables… mais les purs de cœur seuls », ou quelque chose dans ce genre, « vous comprennent », c’est-à-dire non, « vous aiment. » Du reste, je ne suis pas poète. […] Sans proférer une parole, il remit sa romance en poche ; à la demande que fit Lise de la jouer encore une fois, il hocha la tête et dit d’une manière significative : « Maintenant, c’est fini. » Puis, il se replia sur lui-même et s’éloigna.
Énervée par la démocratie, démoralisée par sa prospérité même, la France a expié de la manière la plus cruelle ses années d’égarement. […] Cette sélection peut se faire de quatre manières qui ont été appliquées tantôt isolement, tantôt concurremment dans diverses sociétés : 1º par la naissance ; 2º par le tirage au sort ; 3º par l’élection populaire ; 4º par les examens et les concours. […] Tous les germes putrides qui eussent amené sans cela une lente consomption devinrent un accès pernicieux ; tous les voiles se déchirèrent ; des défauts de tempérament qu’on ne faisait que soupçonner apparurent d’une manière sinistre. […] I Il existe un modèle excellent de la manière dont une nation peut se relever des derniers désastres. […] Le facteur de la conscience slave, c’est la conscience allemande ; la conscience des Slaves grandira et s’opposera de plus en plus à celle des Allemands ; l’inconvénient qu’il y a pour un État à détenir des pays malgré eux se révèlera de plus en plus ; la crise interminable de l’Autriche amènera les péripéties les plus dangereuses ; Vienne deviendra de toute manière un embarras pour Berlin ; quoi qu’on fasse, cet empire est, né bicéphale, il vivra difficilement.
Mévisto me demande, de la manière la plus pressante, de créer le rôle du général Perrin, qu’il veut montrer sous l’aspect d’un général plébéien. […] Si j’étais un journaliste, voici l’article que je ferais : Personne plus que moi, et avant tout le monde, n’a loué d’une manière plus haute le talent de Millet (citations de Manette Salomon et de mon Journal). […] » Alors prenant le bras que vous lui tendiez, elle allait s’asseoir au piano, où elle jouait d’une manière tout à fait extraordinaire. […] Mais ce que je trouve de tout à fait remarquable dans l’ordre de l’imagination théâtrale, c’est la trouvaille de la façon dont le poison vient naturellement dans la poche de Paul Astier, et comme l’auteur fait d’une manière, pour ainsi dire explicable, de ce flacon presque un agent provocateur. […] C’est un espèce de Chemin de la Croix, en plus de cent cinquante pastels, exécutés de la manière la plus exacte, d’après les indications des religieux du pays, et vous donnant ainsi que des photographies, les petits sentiers d’oliviers où a dû passer le Christ, avec là-dedans, des bonshommes indiqués dans les Évangiles, de telle profession, de telle localité, retrouvés dans le type général des gens de ce temps-ci de la même profession, et de la même localité, où le peintre s’est transporté.
Mais il est trois sentiments plus ou moins empreints dans le cœur de tous les hommes : le goût de la nature, le besoin de croire et l’amour, dont la poésie n’a jamais cessé de se nourrir, qu’elle a plus d’une fois faussés, et que Goethe n’a pu négliger de mettre en œuvre à sa manière. […] Le siècle qui commençait ne comptait pas deux noms plus illustres, quoiqu’ils le fussent d’une manière si différente. […] L’Allemand est impuissant à devenir un hypocrite complet par la raison qu’il reste toujours en quelque manière sincèrement bonhomme et sincèrement pieux : je prends ici ce mot de piété dans son sens le plus étendu, le sens du latin pietas. […] Or, à cette date, il y avait déjà longtemps que Werther avait été traduit, lu, relu et imité de mille manières. […] Seulement, tandis que l’œuvre originale se termine par ces mots : « Aucun ecclésiastique ne l’accompagne », il survient à la fin du drame un curé qui prononce une manière de sermon et qui s’écrie pour tout arranger : « Allons, messieurs, cachons ce triste événement et adorons les voies de la Providence.
Personne n’en a fait un plus bel éloge que Saint-Simon, par la manière même dont il le critique. […] Celles-ci sont à citer pour la bonté et le grand sens : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation226, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. » Ainsi jugeait Louis XIV, toujours de sens rassis, jamais sur une première impression. […] Et il ne se contente pas de le laisser deviner ; il le dit clairement au roi, en manière d’exhortation : Jouissons à loisir du fruit de tes bienfaits Et ne nous lassons pas des douceurs de la paix. […] Devenu évêque de Condom, il imagina cette manière inouïe de déplorer la mort des personnes royales, qui devait surpasser toutes les merveilles de la parole humaine.
Là-dessus une invitation à dîner à un auteur dramatique, une invitation demandant sa collaboration d’une manière presque transparente. […] Aujourd’hui Taine parle, d’une manière très intéressante, de longues heures de sa jeunesse, passées dans une chambre où il y avait un cent de fagots, un squelette recouvert d’une lustrine, une armoire pour serrer les vêtements, un lit, deux chaises. […] Ils vous rabougrissent l’intelligence… Puis moi, sur l’éducation, j’ai des idées philosophiques… Ça tient peut-être à la manière dont j’ai été élevée… Oui, ma mère ne m’a pas gâtée ! […] Depuis nous l’avons connu d’une manière assez intime, et notre jugement de 1866, sur lui, s’est fort modifié.
……………………………………………………… Et pendant que Sarah récite ces vers, il m’est donné de les suivre, dans un exemplaire calligraphié par Montesquiou, et enluminé par Caruchet, où sur le chamois du papier, de délicates plumes blanches de paons, peintes d’une discrète manière à la gouache, semblent les élégants filigranes du papier. […] De retour, presque aussitôt un dîner de quarante-huit couverts, disposé d’une manière charmante, dans deux pièces, où deux grandes tables, fleuries de fleurs d’amandiers, forment un T, et où la table des vieux, a pour tête la table des jeunes, au milieu de laquelle apparaît la mariée, toute jolie avec son clair visage et son rire sonore, — tout le dîner, égayé, animé, fouetté, par des violons tsiganes faisant rage, et dont les chabraques rouges promènent leurs musiques nerveuses derrière le dos des convives. […] Samedi 10 août On disait aujourd’hui, que l’être préféré dans la famille, et aimé d’une manière trop injuste, par une revanche de la Providence, cet être, en dépit de toute la chaleur de la tendresse, sous lequel il était couvé, avortait, ne réussissait pas. […] Un moment, elle nous entretient de Wagner, qu’elle a vu, toute jeunette, et qui dans la visite qu’elle lui a faite, joua du piano d’une manière assez peu satisfaisante, pour faire jouer ses créations par Richter, et qui chantait faux, si faux, qu’en dépit de son admiration enthousiaste, elle fut surprise.
Mais cette concentration exclusive de l’attention sur l’élément sonore ne peut avoir le même effet sur les deux paroles : la parole extérieure étant un phénomène physique, les deux éléments qui la composent sont incessamment donnés à notre conscience sous forme de sensations ; l’habitude négative ne peut aller jusqu’à anesthésier notre langue et nos lèvres ; la sensation tactile, à la longue, n’est pas même émoussée ; seulement, nous n’avons pas pris l’habitude de la remarquer et de l’analyser ; elle est, par suite, oubliée à mesure ; mais, pour la retrouver, il suffit d’un peu d’attention, car, à mesure qu’elle disparaît sans laisser de trace dans le souvenir, elle est de nouveau produite ; observons-nous en prononçant quelques paroles insignifiantes, nous la constaterons d’une manière indubitable. […] Les émotions étant senties dans le cœur, et la pensée imaginée dans la bouche, deux jugements s’élaborent lentement et d’une manière inconsciente dans nos esprits : la pensée est un phénomène céphalique, le sentiment est un phénomène cardiaque149 ; ce sont deux croyances naturelles, deux préjugés instinctifs, que nous exprimons implicitement dans plus d’une locution150, et dont, à l’occasion, nous prenons nettement conscience. […] Ce n’est pas tout ; à l’idée du moi, la reconnaissance ajoute une détermination importante : le moi devient l’être dont la manière d’être se reproduit, dont le présent répète le passé : à l’idée positive de la succession se joint une idée plus positive encore, celle de la répétition ou de l’habitude. […] Il reste mien pourtant, s’il est un état faible ; mais il n’est mien que d’une manière implicite, sans être proclamé tel, et seulement parce qu’il n’est pas proclamé non-mien.
Il ne résume rien, ce n’est pas sa manière, il recommence son étude entière et toute son information personnelle pour tous et devant tous.
Hippolyte Babou est celui dont le nom revient le plus souvent, et qui a le plus donné : je lui ai, en ce qui me concerne, une obligation si entière pour la manière indulgente dont il a parlé du poëte en moi, que je pourrais être embarrassé désormais à qualifier et à définir sa critique.
Par exemple, il débutera par se poser et par traiter les trois questions suivantes : 1° Pourquoi les Bucoliques de Virgile ont-elles été si souvent traduites en vers français, et pourquoi ne peuvent-elles pas l’être d’une manière satisfaisante ?
Le succès de l’air tout entier dépendait de la manière dont on prendrait l’intonation.
Les corps académiques actuels, par la manière dont ils sont composés et dont ils se recrutent, sont voués pour longtemps peut-être à la bouderie ou à une médiocre action publique.
On fera toujours de la critique avec ses goûts personnels ; c’est la plus ancienne manière et la plus commode à première vue, celle qui nécessite le moins d’études préalables.
J’ai lu quelques volumes de la correspondance de Mme de Maintenon, et la vie de cette excellente dame par La Beaumelle ; et j’aime assez celle nature arrangée, compassée, comptant tous ses pas, et gardant toutefois un certain laisser aller gracieux dans le langage et dans les manières.
On peut prendre aussi, parmi les sermons recueillis, au tome XLVI, les 65 sermons sur l’Harmonie évangélique, et les 9 sermons sur la Passion, si on veut se faire une idée de la manière de Calvin.
Des éléments très contraires s’y mêlent harmonieusement ou dominent en certaines périodes d’une manière presque exclusive ; il a, pour parler par métaphore, un gout double et contradictoire pour les ordonnances symétriques des jardins à la française ^ et pour la beauté romanesque des parcs anglais ; et en réalité, malgré l’élection qu’il fit surtout d’époques antiques ou médiévales, ses vraies parentés, à les résumer en deux noms, seraient, par exemple, Racine et Tennyson ; il hésite presque toujours entre la régularité stricte jusqu’à une sorte d’austérité et la fantaisie plus libre de la pensée et du rythme.
Ils admettent qu’il ne doit plus y avoir élimination indistincte et mécanique de tous les individus qui ont troublé en quelque manière l’ordre public.
À vrai dire, ces mots de poésie, de philosophie, d’art, de science, désignent moins des objets divers proposés à l’activité intellectuelle de l’homme que des manières différentes d’envisager le même objet, qui est l’être dans toutes ses manifestations.
Le brigandage, qui était très enraciné en Galilée 493, donnait beaucoup de force à cette manière de voir.
A ce point de vue, personne ne confondra, j’imagine, la façon hardie, brusque, impétueuse, imprévue dont Michelet lance, et, pour ainsi dire, darde ses phrases avec la manière calme, lente, solennelle, méthodique dont Buffon développe et enchaîne les siennes.
Nous connoissons personnellement peu des Auteurs auxquels nous donnons des éloges, nous en connoissons encore moins de ceux que nous avons censurés : le Public décidera lui-même, si nous mettons quelque différence dans notre maniere de nous expliquer sur les uns & sur les autres, sur les vivans ou sur les morts.
Ils ont beau s’écrier d’un fausset philosophique, qu’il n’a fait que copier Horace & Juvenal, qu’il n’est tout au plus qu’un bon versificateur, qu’il ne connut jamais le sentiment, que ses idées sont froides & communes, qu’il n’est pas enluminé comme eux, qu’il n’a qu’un ton, qu’une maniere ; ils ont beau s’applaudir réciproquement de leurs prouesses littéraires, lever jusqu’aux nues l’entortillage & l’enflure de leurs pensées, ne trouver rien d’égal à la profondeur de leurs courtes vues, s’extasier sur le vernis de leurs mystérieuses expressions ; la voix noble & ferme de Stentor n’a qu’à se faire entendre, & aussitôt cette engeance mutine disparoîtra, avec son Général, pour se cacher sous ses humbles pavillons.
Et la femme retirée, toute sanglotante après avoir jeté un regard d’ineffable tendresse sur l’apparent dormeur, — Kuranosuké se lève, sans aucune trace d’ivresse dans les manières et avec des traits exprimant la plus vive émotion.
La manière dont il s’exprimoit paroissoit entièrement opposée aux opinions qu’on l’accusoit d’avoir.
Il les réduit toutes aux suivantes ; 1°. l’esprit pointilleux & d’analyse qui fait qu’on discute tout aujourd’hui, & qu’on ne sent rien ; 2°. le ridicule de se passionner pour l’antithèse, le recherché, le nouveau & ce qui n’est que dans la petite manière ; 3°.
Il serait imprudent de permettre qu’une portion aussi puissante des sujets que le clergé reconnût, de quelque manière que ce fût, un chef étranger ; ce serait la source d’une division perpétuelle entre l’Église et le sénat.
La furie qui porte la rage dans le sein de Turnus et d’Amata, n’auroit été, pour parler à notre maniere, qu’une furie pareille à la tranquille Eumenide de l’opera d’Isis.
Mais en vérité c’est la réflexion qui m’a fait trouver quelque chose à désirer à la manière dont j’ai été affecté ; car j’étais tellement occupé que je ne m’apercevais pas qu’il manquait un point de gradation et de variété à mon plaisir pour être parfait.
Mais, quoi qu’il en soit, j’ai besoin de le redire, et je voudrais faire passer dans mes lecteurs la conviction intime où je suis que Dieu ayant fait l’homme pour vivre en société, la providence de Dieu ne cessera point de veiller sur les sociétés humaines ; quoi qu’il en soit, répéterons-nous, s’il est vrai que jusqu’à présent Dieu se soit servi de la parole pour diriger les destinées du genre humain, si la parole enfin a été jusqu’à présent une révélation toujours subsistante au sein de la société, et que ce moyen ait cessé de lui paraître utile ou nécessaire, il saura bien en faire sortir un autre de la force même des choses, en supposant que celui-là manquât d’une manière absolue, ce que je suis loin d’admettre, ainsi qu’on a pu le voir, ou en supposant qu’il soit devenu insuffisant, ce qu’on sera beaucoup plus porté à croire.
Monselet a été toujours sérieux, quand il n’a pas été triste, tout le long de ce volume, et je n’y ai guères compté qu’une anecdote vraiment gaie, et enlevée dans l’ancienne manière de l’auteur.
C’est une manière comme une autre d’écrire l’histoire des mœurs et des influences, que de tracer la biographie des courtisanes qui ont trouvé une espèce de gloire dans leur infamie.
— c’est au nom du talent inutilement sacrifié de Léopold Ranke que nous accusons sa manière.
Mais elle ne lui fit jamais empoisonner le roi Louis XV d’autre manière que de ses vices, comme le dit très bien Crétineau.
Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour nous que le génie lui-même : l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié.
» Avouez que c’est là une puissante manière de fortifier aux yeux des hommes la personnalité de Dieu !
Quant aux détails chinois du livre, ils sont pris à Duhald, au père Amyot, à Brosset, loyalement cités, du reste, et à notre courageux et impartial voyageur, le père Hue qui, lui, ne nous donna pas sur la Chine des idées de troisième main… Il y a bien ici par là deux ou trois manières assez inconvenantes de parler du christianisme et de son divin fondateur qui étonnent et détonnent dans l’auteur, athée discret qui surveille sa parole tout en laissant passer sa pensée, et qui, quoique badaud d’opinion, a quelquefois le sourire fin… M.
Certes, quand on descend d’une pareille chaîne d’esprits et qu’on va d’Aristote à… Sieyès, à travers le christianisme qui de toutes les manières fut une révélation, on se demande ce qui aurait manqué à l’humanité, devenue chrétienne, quand elle n’aurait pas eu, pour tracasser ses annales, tous ces gaillards-là !
Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour, nous que le génie lui-même, l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié.
On y trouve des manières de parler comme celles-ci : Vous la reconnaîtrez à ses cheveux ardents Comme un soleil du soir qui se couche dedans La pourpre et l’or d’un ciel d’orage.
de l’homme qui diminue de toute manière et qui s’éteint, en s’éloignant.
— exilé comme l’homme de Florence, mais qui a des manières de parler de sa patrie encore plus tristes que celles du Dante, sous cette gaieté, mensonge et vérité, qui lui étreint avec une main si légère et des ongles si aigus le cœur !
Duranty peut être le plus brave travailleur en vulgarité et même le plus puissant, et la Critique se laisser toucher par la peine qu’il se donne pour être profond à sa manière, que son roman, en lui-même, reste ce qu’il est, c’est-à-dire d’un effet manqué, comme composition littéraire ; mais la sorte d’intérêt qu’il excite ne peut ricocher du livre à l’auteur.
Les Grecs eurent, comme les Égyptiens, des éloges funèbres ; mais ils les appliquèrent d’une manière différente.
Voilà la principale cause de la grandeur romaine que Polybe et Machiavel expliquent d’une manière trop générale, l’un par l’esprit religieux des nobles, l’autre par la magnanimité des plébéiens, et que Plutarque attribue par envie à la fortune de Rome.
Je crains que des sentiments trop quotidiens et dont ne sait intéresser que la « manière », eussent mal supporté une semblable crase. […] Maeterlinck ne condamne-t-il pas lui-même cette « première manière » haut et publiquement, au profit, il est vrai, d’une « seconde manière » qui nous apparaît aujourd’hui, après Monna Vanna 40, infiniment plus artificielle que l’autre ? […] Kahn, à le prolonger au-delà des limites de notre souffle, soit qu’enfin, selon la manière de M. […] A vrai dire, ils nous en proposent plusieurs : c’est leur manière de ne point théoriser. […] Debussy la soutenait d’harmonies vraiment chrétiennes et qui marquent dans sa manière un remarquable élargissement ; les décors splendides de M.
Mais lorsque la virtuose coquette et adulée par les grands seigneurs vit arriver chez elle, après un an d’intervalle, un jeune homme maigre, au long nez, aux gros yeux, à la tête exiguë, revêtu d’un habit rouge à boutons noirs qu’il portait en deuil de sa mère, elle le toisa d’une manière si froide et si cruelle que Mozart ne se le fit pas dire deux fois. […] Cette nouvelle perte, ajoutée à celle de son père, fit sur Mozart une impression profonde dont il a consigné le témoignage sur un album, de la manière suivante : “Aujourd’hui, 2 septembre 1787, j’ai eu le malheur de perdre, par une mort imprévue, cet homme honorable, mon meilleur et mon plus cher ami, le sauveur de ma vie. […] XVIII « Arrivé à Castelfranco, dit-il, et désirant savourer de toutes les manières possibles les délices et les surprises du retour que je me promettais, je laissai ma jeune et belle compagne de voyage seule à Castelfranco, et je lui donnai rendez-vous pour nous rejoindre à Trévise.
Il ne sait pas vivre, il n’a pas le ton, les manières du monde ; il souffre dans son amour-propre, et il essaie d’échapper au ridicule par un déploiement volontaire de rudesse et de sauvagerie. […] Ces réflexions saisissantes « sur la manière dont le laps de temps compense le peu de vraisemblance des événements, sur la puissance surprenante de causes très légères, lorsqu’elles agissent sans relâche564 », il faut en rendre l’honneur à Buffon, lu intelligemment. […] Leur influence va de pair avec celle des habitudes extérieures, des manières, des façons de vivre ; elle est pire encore, parce qu’elle crée chez les uns une réelle supériorité d’intelligence.
D’autres avant lui ont tracé, d’un coup, des profils et des tableaux également saisissants ; il n’est unique qu’en sa manière de montrer des vies entières, de décrire peu à peu par une lente accumulation de scènes, de récits et d’indications, toute l’évolution vitale, en ses variations, ses écarts et sa particularité permanente d’un être conduit d’un bout à un autre d’une partie ou du tout de sa carrière. […] Ces hommes, que l’on pourrait être tenté de considérer comme des types, l’auteur les réalise jusqu’au bout par mille traits adventices, les implique dans des épisodes, de menues aventures, les complique et les diversifie de toute manière, les met sans cesse en opposition avec eux-mêmes, use en un mot non pas de la méthode romanesque habituelle qui consisterait à les rendre le plus plausibles et le plus nus possible, mais d’une sorte de méthode historique fictive dans laquelle le personnage est d’abord posé comme existant, puis est narrée une histoire sans omission d’écarts ou de contradictions. […] L’émotion de sympathie cordiale que suscite le spectacle de vies humaines bien conduites et heureuses, s’attache à l’union aimante de Lévine et de sa femme Kitty, à la noblesse naturelle de leur condition que tempèrent si véridiquement la médiocrité de leurs pensées, leurs inclinations simples comme leurs manières, tous les incidents ordinaires de leur ménage, des singuliers accès de jalousie du mari à la transformation graduelle de la femme en une ménagère sans grand génie.
« Je te demanderai de t’attacher plus aux compositions qu’aux détails ; car je suis loin d’avoir une manière arrêtée. […] Le 6, George Sand donne à son ami Boucoiran, dans une lettre confidentielle, les raisons médicales de cette détermination, et elle ajoute : « Il était encore bien délicat pour entreprendre ce long voyage et je ne suis pas sans inquiétude sur la manière dont il le supportera. […] Je me sens de la force pour vivre, pour travailler, pour souffrir. » « La manière dont je me suis séparée d’Alf. m’en a donné beaucoup. […] Le Musset première manière avait subi le joug de la mode pour le rythme, le style, le décor, le choix des sujets. […] Le nez au vent et l’œil fureteur, elle a rapporté de sa pension des théories sur le mariage et sur la manière de faire marcher les hommes, qu’elle applique avec énergie, quitte à pleurer dès que le jeune premier fait semblant de prendre ses boutades au sérieux.
Ensuite je vous dirai que je pense avoir ajouté à la poétique réglementaire une nouvelle manière de versifier. […] Il rima, en manière de passe-temps, des ballades dans la façon des poètes du quinzième siècle, Eustache Deschamps et Villon. […] Les mêmes choses ne nous affectent pas d’une manière identique, selon qu’il nous arrive un accident heureux ou défavorable. […] Car, dès qu’un artiste a une manière, il s’imite lui-même ; et c’est aussi infécond, ou plus, que si un autre l’imitait. […] J’estime que nous ne devons nous préoccuper, nous, écrivains, ni des théories, ni des formules, ni de la manière de M.
Mahomet, lui, vit une femme qui cachait les flétrissures de l’âge sous de splendides ornements et qui, par la séduction de ses paroles et de ses manières, essayait de l’attirer à elle. […] Jourdain dont la sottise vaniteuse ne se manifesterait point dans la vie de tous les jours d’une manière aussi absurde. […] On a là un bon exemple de la manière ordinaire de Fromentin. […] Qu’importe que le spectacle change, si la manière de voir et de sentir reste toujours la même ? […] Sans elle, plus lentement, d’une manière moins attrayante, nous n’en aurions pas moins connu les grandes œuvres allemandes.
Il était affectueux et bon, « civil de manières, d’ailleurs honnête et loyal dans sa conduite », « d’un naturel ouvert et franc206 » ; s’il avait les entraînements, il avait aussi les effusions des vrais artistes ; on l’aimait, on se trouvait bien auprès de lui ; rien de plus doux et de plus engageant que cette grâce, cet abandon demi-féminin dans un homme. […] Cette manière d’exhorter sa fille au mariage est propre à Shakspeare et au seizième siècle. […] Il est aussi escroc que Panurge, qui avait soixante-trois manières d’attraper de l’argent, « dont la plus honnête était par larcin furtivement fait. » Et ce qui est pis, il est vieux, chevalier, homme de cour et bien élevé. […] On s’en aperçoit à la manière dont il offre ses inventions. […] Cette grosse voix, ce gros rire, ce brusque remercîment d’un homme qui sait agir et crier mieux que parler, annoncent la manière dont il va traiter les plébéiens.
Delavigne est un homme de 44 à 45 ans, d’un extérieur vulgaire, et dont la vie fait peu de bruit ; il demeure en famille, et les personnes qu’il reçoit vantent l’aménité de ses manières et la respectable tenue de sa maison. […] Jal qui, en tête d’un article, mettait un jour ceci pour épigraphe : « La manière dont j’ai conçu le caractère de mon héros, exige qu’on ne le comprenne pas. » Il y a des sujets qui vous emportent, une fois qu’on les a entamés ; d’après tout ce que j’ai recueilli sur M. […] Une contestation amicale s’éleva sur le nombre de verres que chaque bouteille pouvait fournir en versant le vin de certaine manière. […] Planche, à mon avis, ne mérite pas de figurer dans la liste des jeunes hommes de bon ton et de manières élégantes que j’ai cités. […] Planche n’a même pas de manières ; il tutoie tous les gens avec lesquels il a dîné une fois.
Hegel, en son temps, avait déjà ridiculisé cette manière de ne voir dans l’esprit qu’un sac à facultés. […] Bien que, dans sa manière d’être et de faire, tout me parût aller à l’encontre du juste, je me sentais solidaire de sa tournure et de ses actes. […] Manière de voir qui, du reste, coïncidant avec celle du jus Romanum, donc, devait singulièrement aider au triomphe du christianisme, dans une cité, où les pères avaient droit de vie et de mort sur leurs fils. […] La retenir par le collier n’eût donc été qu’une manière à la fois de jouer le bon maître et d’exaspérer, dans une si calme personne, l’envie de courir, de courir jusqu’à la mort. […] L’harmonie, en période classique, la désharmonie en temps romantique, ce qui, d’ailleurs revient au même, quant à la manière d’être, sur le champ, agréablement affecté, et aussi quant au comportement ultérieur dudit clavecin.
William Reymond, ancien bibliothécaire de l’Académie de Lausanne, ayant publié à Berlin en 1864, sous le titre de Corneille, Shakspeare et Gœthe, une Étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle, voulut bien me demander de lui écrire une Lettre qu’il put joindre à son livre en manière de Préface. […] Il y a plus de vingt-cinq ans déjà que, considérant que les soirées sont longues, que la plus grande difficulté pour l’homme qui vit seul est de savoir passer ses soirées, je me suis dit qu’il n’y avait pas de manière plus douce et plus sûre pour cela que l’habitude et la compagnie d’un bon livre.
Il excelle à profiter des inventions, à copier la manière des autres : c’est un faiseur, plutôt qu’un artiste. […] Je ne sais pas au reste s’il est jamais arrivé que l’objet d’une grande passion, au roman et au théâtre, fût peint d’une manière satisfaisante, et parût autre chose qu’un ressort qui met la passion en branle, ou bien une cible où elle tire.
Voici M. de Polignac : il « me jurait qu’il aimait la Charte autant que moi, mais il l’aimait à sa manière, il l’aimait de trop près ». […] La manière historico-dramatique et historico-pittoresque de Chateaubriand (Mém., t.
Il y règne une certaine emphase naturelle, qui vient moins de la corruption du goût que d’une manière de voir les choses, pareille à ce qu’on dit de certains animaux, lesquels n’obéissent si aisément à l’homme que parce qu’ils le voient plus grand qu’il n’est. […] On aurait d’ailleurs mauvaise grâce, à chicaner les étrangers sur la manière dont ils entendent les nobles jouissances de l’esprit.
La manière habile dont Rabelais sut se mettre en règle avec la Sorbonne justifierait la comparaison qu’on a faite de ses bouffonneries si prudentes avec la feinte folie de Brutus. […] Que prouvent toutes ces anecdotes douteuses comme faits, sinon comme impressions populaires : la niche de saint François, l’usage des coups de poing donnés aux bacheliers nouvellement reçus, la promenade sous les fenêtres du chancelier Duprat, les poisons pour le roi et pour la reine, les trois ou quatre manières bouffonnes dont on le fait mourir ?
C’est l’écrivain qu’il met en regard de « cette perfection du bien dire, laquelle consiste plus en la rondeur, en la netteté et en la simplicité du langage, avec quelque ornement, quand la matière l’exige, que non pas en ces sottes et ridicules affectations d’hyperboles extravagantes, de manières recherchées de s’expliquer, qui sont nouvelles parce qu’elles sont sauvages et monstrueuses. » Il y poursuit et y signale avec une sagacité qu’éclaire un vrai savoir, et que la passion rend cruelle, toutes les formes qu’affecte cette éloquence sans sujet, sans chaire, sans tribune, sans barreau. […] J’excepte pourtant la lettre sur le siège de Corbie, où le cardinal de Richelieu est peint dans la grande manière de Balzac, et avec une aisance dans le relevé, qui a manqué à Balzac.
La Fontaine n’a pas seulement connu notre fond, il a su de quelle manière et dans quelle mesure nous sommes attentifs. […] Il semble d’ailleurs avoir eu qualité pour caractériser, au nom des grands écrivains du dix-septième siècle, la manière dont ils ont imité les anciens ; ce qu’il dit de la sienne leur est commun à tous : Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue, Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue ; J’en use d’autre sorte, et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder.
Siehr sont des artistes fort convenables à la manière allemande ; Reichmann est plus distingué et sa voix est meilleure qu’aux années précédentes. […] Et il est important de remarquer que cette esquisse de Parsifal, est antérieure à l’achèvement du poème de Tristan, car, le 25 août 1857, Wagner déclara à quelques amis qu’il ne savait pas encore de quelle manière il ferait le troisième acte de Tristan (R.
Chacun à sa manière lui a déjà rendu hommage, un hommage mêlé, dans lequel les restrictions et les correctifs entrent pour une grande part, mais qui s’est trouvé unanime sur un point, la distinction de l’esprit. […] La manière, en effet, y revient vite et gâte tout. — M. de Latouche avait coutume de dire de Mme Sand par malice, et pour indiquer que son talent, comme celui de toutes les femmes, avait besoin, si grand qu’il fût, d’une initiative extérieure : « C’est un écho qui double la voix. » Il se flattait d’avoir été, à un moment, cette voix.
Je ne le connais pas d’ailleurs ; mais s’il fallait deviner son caractère d’après sa petite comédie, je parierais qu’il est petit-maître, bon enfant au fond, mais vain, pétri de petits airs, de petites manières, ignorant et confiant à proportion ; en un mot, de cette pâte mêlée dont il résulte des enfants de vingt à vingt-cinq ans assez déplaisants, mais qui mûrissent cependant, et deviennent, à l’âge de trente à quarante ans, des hommes de mérite. […] Je m’inscris en faux contre votre manière d’envisager les hommes de ma classe.
Il faut quelqu’un qui puisse faire cela pour les presbytères et les châteaux. » M. de Montalembert a de longs cheveux gris et plats, une face pleine, des traits de vieil enfant, un sourire dormant, des yeux profonds mais sans éclairs, une voix nasillarde et manquant de mordant, une amabilité douce et reposée, une caresse féminine des manières et de la poignée de main, une robe de chambre cléricale. […] Il consent toutefois à me montrer dans sa chambre cinq ou six Boucher, accrochés par un clou au mur, des Boucher de sa plus large manière, — tout le reste est sous son lit : un ci-devant lit doré de cocotte d’un affreux goût.
C’est sa manière de descendre du panier, où Les Nuées font monter Socrate… * * * — Nous venons de voir un amateur singulier, jaloux de sa collection comme un sultan, et peut-être est-ce la sagesse. […] 6 août Nous voici près de Blois, à la Chaussée-Saint-Victor, dans une façon de château et dans une manière de parc, avec Mario Uchard et sa perpétuelle bonne humeur, avec les beaux yeux de son bébé et son babil d’oiseau, et avec le nez rouge de miss Charlotte, la gouvernante du bébé.
Quoiqu’il ait voulu, — nous dit-il, à la fin de son ouvrage, sentant bien où en est la faiblesse, — quoiqu’il ait voulu opposer « la dame cultivée (sic) de La Femme à la simple femme de L’Amour », et que par là il se soit placé dans des conditions de nuances inappréciables au gros des imaginations qui, d’ordinaire, les méprisent, il n’a pas su pourtant introduire entre ses deux livres les véritables différences qui font d’un même sujet deux œuvres distinctes, au moins par l’aperçu, par le détail, ou même par une manière inattendue de présenter la même pensée exprimée déjà. […] Seulement, le Christianisme peut bien rire, s’il veut, dans sa vieille barbe de pape, du balai de Michelet et de sa manière de s’en servir.
II Une des choses qui prouvent avec le plus d’ascendant que l’anglo-catholicisme n’est — comme nous venons de le montrer — rien de plus que du catholicisme inconséquent et désobéissant encore, c’est moins la quantité de conversions qu’il a décidées que la manière très significative dont ces conversions se sont produites. […] Ce n’est ni l’habileté, ni la prudence, ni la puissance, ni l’adresse, ni la sagesse de l’homme qui ont concouru, même d’une manière éloignée, au grand dénouement qui s’annonce par tant de faits isolés, et qui paraît si prochain ».
La complexité due à l’existence d’un milieu organique intérieur est la seule raison des grandes difficultés que nous rencontrons dans la détermination expérimentale des phénomènes de la vie et dans l’application des moyens capables de la modifier… Si les phénomènes vitaux ont une complexité et une apparente différence de ceux des corps bruts, ils n’offrent cette différence qu’en vertu des conditions déterminées ou déterminables qui leur sont propres7. » Paroles que Zola commente et résume très clairement, de la manière suivante : « … La spontanéité des corps vivants ne s’oppose pas à l’emploi de l’expérimentation. […] Il est curieux de constater de quelle manière Zola procède dans sa théorie simpliste du monde, pour rétablir la part du génie chez l’artiste ; le postulat dont il se sert est assez faible.
alors que l’idée nationale s’affirme depuis si longtemps, d’une manière si évidente, comment expliquer la politique de ceux qui s’y opposent, et l’aberration des préjugés de races ? […] Nous en sommes déjà aux grandes individualités ; elles montrent en puissant relief ce qui se passe chez tout homme pensant, d’une manière plus effacée.
Il n’y avait pour elle, dans la situation, qu’une seule manière de ne pas être opprimée et écrasée ; c’était de devenir maîtresse unique et souveraine.
Tous les détails de cette soirée, la présentation de Bénédict aux orgueilleux parents de Valentine, l’invitation à la danse, l’embarras du baiser, l’aisance de bel air de M. de Lansac, fiancé de Valentine, tout cela est délicieusement conduit ; et le départ ensuite, le retour, la manière dont Valentine s’égare, la rencontre des deux jeunes gens près des buissons fleuris de l’Indre ; cette voix limpide et nerveuse de Bénédict, qui le précède et l’annonce, et dont Valentine a de loin admiré le chant ; cette arrivée à la ferme par les jardins de derrière et à travers les haies, leurs deux haleines se confondant au passage dans les fleurs ; cette visite nocturne de Valentine à Louise, à sa sœur aînée, si longtemps perdue, si merveilleusement retrouvée, et qu’une faute amère, déjà bien ancienne, avait bannie d’un lieu qu’elle a voulu revoir ; — oui, tout, jusqu’à cette façon naturelle et rusée d’éconduire M. de Lansac, tout, dans cette première partie du récit, captive, enchante et satisfait.
L’exemple de Nodier est là qui les réfute aujourd’hui et de la seule manière convenable en telle matière, c’est-à-dire qui les réfute avec charme.
Sous la discipline des Jésuites qui sont les grands éducateurs, l’étude des anciens est un instrument de culture élégante, qui sert à décorer la surface et comme à façonner les manières des esprits.
Crébillon eut une idée géniale : il comprit que, dans l’état des mœurs, une belle scène était celle qui présenterait la situation la plus contraire aux bienséances, d’une manière conforme à ces bienséances473.
Le « sens de la vie », il le cherche de la meilleure manière qui soit : en vivant.
Paul Stapfer D’une manière générale, son progrès a été de sortir et se dégager du faux pour entrer et pénétrer plus avant dans « ce que le vulgaire appelle des riens », creuser ces riens jusqu’au fond et en extraire la perle de poésie.
Non qu’il n’y ait de la haute raison parmi ses contes, mais elle est indépendante de sa manière de rédiger.
La délicatesse des manières et la finesse de l’esprit n’ont rien de commun en Orient avec ce que nous appelons éducation.
Leurs manières étaient ridicules et faisaient sourire même ceux qui les respectaient.
Mademoiselle de Montpensier rapporte à la page déjà citée que peu après les propos dont elle réprimanda Montespan, « madame de Montausier étant dans un passage derrière la chambre de la reine, où l’on met ordinairement un flambeau en plein jour, elle vit une grande femme qui venait droit à elle, et qui, lorsqu’elle en fut proche, disparut à ses yeux, ce qui lui fit une si vive impression dans la tête et une si grande crainte qu’elle en tomba malade. » Le duc de Saint-Simon raconte ce fait singulier et mystérieux d’une manière plus significative.
Rien ne forme autant le goût que la comparaison entre deux grands écrivains dont la manière est différente.
Je ne vois pas grande différence dans la manière de ces époux : On pourrait aisément s’y tromper.
Otez la fausse manière qui gâte son esprit, Blaze de Bury aurait du talent, et dans ce cas il nous eût donné un petit chef-d’œuvre, car c’est vraiment de la matière à chef-d’œuvre que le sujet qu’il a choisi.
Et il n’a pas même l’air de se douter qu’il est des raisons pour admettre l’emploi de tel procédé ou de telle manière, en dehors de toute tradition, que tout artiste trouve au fond de sa capacité esthétique et qui en marque même la profondeur.
Résumé d’une puissante plénitude, ce n’est là, après tout, qu’un morceau d’histoire… L’auteur a coupé dans l’histoire universelle de l’Église l’histoire de son gouvernement temporel, et il nous l’a montré depuis son origine et ses premières luttes jusqu’aux dernières, — depuis Constantin, et même avant, jusqu’à Napoléon, et même après, — et il a éclairé ce fort résumé d’une si pénétrante et pourtant si sobre lumière, qu’aucun éblouissement n’est possible et qu’il reste évident, pour qui lit attentivement cette histoire, que le gouvernement temporel de la Papauté, de tous les gouvernements déchirés par les hommes certainement le plus déchiré, est aussi essentiel au Christianisme, aussi constitutif de sa nature que son gouvernement spirituel, et qu’il y a entre eux une nécessité d’existence, une consubstantialité qui fait leur identité même, et contre laquelle rien ne pourrait prévaloir d’une manière absolue sans entraîner la mort de tous les deux !
Il a des manières à lui de caractériser l’expression des lettres d’Héloïse, que Madame Guizot trouve arrangée et déclamatoire, et nous sommes bien aise de les opposer à l’opinion de Madame Guizot… mais non pour la détruire : « Tous les passages des lettres d’Héloïse ne sont qu’une paraphrase anhélante du verset du Cantique des Cantiques… Sous les doigts de la nonne, le feu ruisselle.
Il a des manières à lui de caractériser l’expression des lettres d’Héloïse que Mme Guizot trouve arrangée et déclamatoire, et nous sommes bien aise de les opposer à l’opinion de Mme Guizot… mais non pour la détruire : « Tous les passages des lettres d’Héloïse ne sont qu’une paraphrase anhélante du verset du Cantique des Cantiques… Sous les doigts de la nonne le feu ruisselle.
Tessier, qui est peut-être, à sa manière, un chef de dynastie, — car, ou nous nous trompons beaucoup, ou il a toute une famille d’idées puissantes, à établir, — M.
Or, il y avait deux manières de traiter Schopenhauer et Hartmann : ou c’était avec le rire le plus vibrant d’un mépris gai, ou avec la cruauté d’un mépris atroce ; car leurs systèmes valent ces deux mépris, selon le point de vue d’où on les regarde.
En termes absolus, ce n’est d’aucune manière une question que la question du divorce, et qui la pose n’est plus qu’un outlaw du catholicisme, de l’histoire et de la politique, et discuter avec les outlaws, c’est se mettre hors de la loi comme eux.
Cela ne doit pas le satisfaire absolument que la patience enflammée de l’imitation, je ne dis pas de sa manière mais de sa nature, puisse obtenir non pas une ressemblance, mais une identité.
C’était le naturel d’un être qui n’en était pas moins réel parce qu’il était naturel et divin… On lui reprochait sa manière de voir et de représenter les choses.
Et si cela était, son livre ne serait plus qu’une manière de pressentir et de préparer l’opinion, et de repassionner cette gloire froidie dans laquelle il a donné le coup de fourgon qui tire du brasier encore un dernier flamboiement.
Seulement ces impressions ne se traduisent pas de la même manière.
Elle n’a donc servi, disons le mot, que chez des coquines, et cette particularité seule ôte au livre toute nouveauté, toute profondeur et toute portée, rien n’étant plus connu et plus rabâché sur les théâtres, dans les livres et dans les journaux de ce temps, que l’existence de ces dames, qui n’a rien, du reste, de bien compliqué, puisque c’est toujours le même luxe extravagant et gâcheur, la même manière de tromper et de voler leurs hommes, la même abjection d’âme et de langage, le même mutisme de sens moral et d’autres sens, et enfin la même stupidité souveraine, que je ne reprocherais pas cependant à un observateur tout-puissant de peindre encore, s’il en tirait des effets nouveaux et des choses nouvelles !
C’est leur manière d’être.
Jamais les systèmes en isme n’ont été plus nombreux, et chacun d’eux se complaît à définir l’art à sa manière, non sans traiter de haut quiconque ose l’entendre autrement. […] Il est vrai qu’il l’est à sa manière, qui n’est pas celle de tout le monde. […] Il serait curieux de comparer sa manière comme critique dramatique à celle de M. […] Becque, lui, préfère la manière noire. […] Il communique à ceux qui le fréquentent le goût de l’élégance poussée jusqu’à la recherche et une passion pour les façons de dire spirituelles qui confine à la manière.
C’est alors que l’opposition entre les deux mondes du Nord et du Sud apparaît d’une manière éclatante. […] En fin de compte, après tant de campagnes dures et meurtrières, l’hégémonie romaine n’a pu s’établir d’une manière fixe sur un point quelconque du territoire germanique. […] Deux fois l’antidote fut à notre portée, et deux fois nous avons manqué de l’employer d’une manière franche et efficace. […] D’une manière ou de l’autre, cela apparaît comme un simple retour à la tyrannie, négation de l’œuvre politique et sociale de tout le siècle dernier. […] Ne serait-ce pas là le plus sûr moyen de perpétuer l’influence française, italienne, espagnole, etc., que de l’associer largement, bien que d’une manière anonyme, au développement des sociétés vivantes et jeunes ?
Ce n’est pas de notre côté qu’on a de mauvaises manières. […] Rency, les ratés que vous connaissez aussi bien que moi et qu’il est inutile de citer ici, n’ont rien fait parce qu’ils étaient incapables de rien faire, leurs pompeuses promesses se sont évanouies. » Puis, il prouve d’une manière extrêmement judicieuse que l’émotion d’art est tout à fait différente de l’émotion de pensée. […] « L’art moderne, nous dit-il, rompt d’une manière décisive avec l’idéalisme, c’est-à-dire que, respectueux de ce qu’il voit et de ce qu’il sent, il ne se reconnaît pas le droit de trahir les formes dans le but de leur faire exprimer un autre sens que celui qu’elles possèdent réellement. […] Dans la seconde partie de sa carrière poétique, la manière de M. […] Hamon appelle d’une manière plus précise le militaire professionnel.
On y apprend à croire et non pas à raisonner, ce qui serait encore une manière d’agir et de vivre. […] Ce qui nous semble la vérité n’est qu’une manière de voir les choses ; relativement aux choses, une manière d’être vues. […] Ce n’est pas sur leurs croyances qu’il faut juger les hommes, ni sur leur manière d’interpréter dogmatiquement la morale. […] C’est une manière de sentir. […] Les hommes dignes de ce nom ne connaissent qu’une manière d’exercer la vie : par la lutte pour la liberté.
Le sujet est la chose accessoire ; la manière dont il est traité, voilà ce qui fait l’œuvre d’art. […] Voilà qui explique aussi comment on peut subordonner à la Musique un poème en, manière de chant, une représentation plastique en manière de pantomime, ou bien les deux ensemble en manière d’opéra. […] Sa manière, en cela, rappelle les frères de Goncourt, qui sont à rapprocher aussi de Wagner quant au style. […] Il le dépensa d’une manière prodigue et par bonté de cœur ; si bien que, pendant des siècles, les musiciens pourront encore se nourrir de ses pensées et de ses idées. […] » Reconnaissons qu’il y a dans notre manière hyperbolique de tout concevoir quelque chose qui correspond à cette image du Grand Pécheur chrétien, tourmenté par le remords et s’abîmant sans cesse dans une contrition d’autant plus factice qu’elle n’est le plus souvent justifiée par aucun crime authentique.
. — Manière dont les aveugles-nés imaginent l’étendue. — Pourquoi nous croyons percevoir simultanément par la vue un grand nombre de points distants et coexistants. — L’atlas visuel est un résumé abréviatif de l’atlas tactile et musculaire. — Commodité plus grande et usage presque exclusif de l’atlas visuel. — Circonstances où l’atlas tactile et musculaire est encore employé. — Il demeure chez nous atrophié et rudimentaire par la prédominance de l’autre. — Cas où l’autre ne peut se développer. — Perfection du toucher chez les aveugles. — Exemples. […] Les amputés finissent par s’y habituer ; cependant, dès qu’ils y font attention, ils le voient aussitôt reparaître, et souvent ils sentent d’une manière très distincte leurs orteils, leurs doigts, la plante du pied, la main… Un homme amputé de la cuisse éprouva encore au bout de douze années le même sentiment que s’il eût possédé les orteils et la plante du pied. […] Il m’assura d’une manière positive que la sensation physiologique et purement subjective de ce membre n’avait jamais cessé. » — C’est surtout pendant la nuit que l’illusion des amputés est plus forte ; ils sont parfois obligés de porter la main à l’endroit où devrait être leur membre pour se convaincre qu’ils ne l’ont plus. […] Donders et de Jaager ont fait l’expérience d’une manière un peu différente.
Joseph Autran avait mieux fait que révéler un progrès très réel dans sa manière. […] Je n’insiste pas davantage ; on voit assez la différence des deux manières. […] Mais vous connaissez trop bien la manière de M. […] Cette manière sobre dans le sarcasme, laissant les faits et les personnages se ridiculiser par eux-mêmes sans que l’auteur ait l’air de s’en mêler, n’a rien de la raillerie opulente et expansive de M. […] Tous ses mouvements étaient pleins de grâce et de vivacité ; il y avait dans ses manières, dans son maintien, une distinction exquise, et je ne sais quelle loyauté enfantine qui séduisait tous ceux qui l’approchaient.
Je ne sais si cette manière d’essayer des stradivarius en les brisant et en les rajustant est tout à fait conforme aux règles du métier ; un luthier en sait là-dessus plus long que moi ; c’est dans tous les cas une belle fable à l’Amphion.
Par la manière dont il la raconte, M.
Je pense que Molière, indépendamment de ses autres qualités inestimables dont il est inutile de parler, en a une dont on ne parle pas assez, et dont on ne lui tient pas assez de compte ; c’est d’être celui de nos écrivains où l’on trouve le plus la vraie langue française, les tours et la manière qui lui sont propres ; que les ouvrages de Despréaux sont le code du bon goût ; que La Fontaine a donné à la langue un tour naïf et original ; et qu’enfin Quinault, méprisé par Despréaux si injustement, est non seulement le plus naturel et le plus tendre de nos poètes, mais le plus pur et le plus correct de tous, mérite dont on ne lui sait pas assez de gré, et qu’on n’a peut-être pas assez remarqué en lui.
Renée aurait pu ajouter encore à tous ces docteurs et dictateurs de l’histoire : Thierry, qui fait de Grégoire VII un ambitieux à la manière humaine, voulant tout simplement, au prix de flots de sang, la suzeraineté de l’Angleterre ; Michelet, qui en fait un sceptique ; et Quinet, qui déshonore de son respect le saint pontife, après l’avoir transformé en révolutionnaire religieux, en une espèce de Robespierre !
Il oublie que la conversation est un genre de génie tout individuel, intransmissible, incommunicable, qui peut jeter sa flamme dans le monde comme elle peut la jeter partout ailleurs ; mais qu’elle ne tient à aucune atmosphère, qu’elle n’est ni une routine, ni une éducation, ni un procédé, et que quand elle devient une manière d’être générale elle n’est plus qu’une médaille effacée, tombée à l’état de monnaie qu’on se passe de main en main et que chaque main efface un peu plus !
L’auteur y a concentré heureusement, dans l’intérêt de la vérité historique, agrandie par son propre effort, à lui, et par sa recherche, les deux livres modernes qui ont versé le plus de jour sur les hommes et les faits d’une époque qu’il retrace à sa manière, je veux dire les Mémoires de Mignet sur la succession d’Espagne, et les Mémoires militaires du général Pelet, aussi intéressants que les premiers, mais moins connus.
Il a eu une manière à lui de la démontrer qui a sa vigueur et sa beauté particulières, — sa vigueur dans l’étude et le rapprochement des faits et des textes de son livre, et sa beauté — sa beauté littéraire — dans l’accent étrange qui y respire, d’un impassible désespoir.
Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations.
Marier sa fille et la marier bien, l’élever, de longue main, en vue de ce grand fait du mariage qu’il croit la destinée la plus sublime de la femme, ce notable embarras qui a tant fait gauloiser l’esprit français, cette vieille difficulté que les moralistes de l’ancien temps, les moralistes anti-rêveurs, croyaient éternelle, — comme, du reste, ici-bas, toutes les manières d’être heureux, — Alexandre Weill a cru qu’il pourrait, en s’y prenant bien, la diminuer, ou complètement s’en rendre maître.
La marquise des Mémoires a de l’éclat, de l’imagination, une voix timbrée, une manière de prendre du tabac dans sa boîte d’or en secouant ses jabots de dentelle, qui a tout ensemble de la grâce, de l’impertinence et de la grandeur.
« Je suis bien malheureux si ma manière de vous interpréter ou de vous parler vous blesse… Je ne le conçois pas.
Taine n’est pas seulement un athée de la grande manière : il l’est de la petite ; il l’est de toutes.
peut-être n’y a-t-il pas d’autre manière de mettre les pieds sur ces deux révoltés tenaces, le cœur de l’homme et son esprit !
Mais lui, l’historien et le critique (et j’ai dit déjà combien je lui trouve de qualités comme historien et comme critique), lui dont la grande mémoire n’a oublié personne parmi les plus obscurs, les plus imperceptibles de ceux-là qui ont parlé en quelque manière que ce soit de Swedenborg, pourquoi donc a-t-il oublié Balzac ?
C’était sa manière spéciale d’être saint, sa vocation dans la sainteté même.
Seulement il l’est à sa manière, avec une abondance de notions, une appropriation de connaissances qui prouve à quel point l’enthousiasme touche à la patience et que rien n’est impossible à l’amour !
Elle peut être toute dans leur manière de les exprimer… Sans doute, l’idéal de la poésie la plus puissante serait la réunion de la vérité la plus pure et de la plus pure beauté, dans un entrelacement sublime ; mais, en réalité, le plus souvent, elles se dédoublent, et la poésie a la vie assez dure, cette immortelle !
Il a dans sa manière bien plus de la gazelle que du lion.
Quand la famille s’écroule, c’est une manière touchante de lui faire ses adieux !
Joséphin Soulary fut un des plus acharnés de l’École, puisqu’il se moula en sonnets, tout entier, et qu’il ne permit pas d’autres manières de se produire à son génie.
Il eut tort, puisque le Pianto fut ce chant du cygne mourant qui doit emporter la voix et le cygne ; puisque après le Pianto son génie devait disparaître d’un coup, brusquement, presque avec effraction, absolument de la même manière qu’il s’était produit.
Je savais, d’ailleurs, que Laurent Pichat était un démocrate, une manière d’homme politique… Démocratie et politique !
Excepté le bohème (Nargaud), qui est le justicier en ce roman, moral à sa manière ; excepté ce paroxyste, comme il l’appelle, dont la prose est… les vers de Richepin auxquels il a enlevé la rime ; excepté deux ou trois scènes d’amour où se retrouve un peu de l’ancien Richepin des Caresses, le roman de Madame André n’a que le spiritualisme de l’analyse, qui regarde surtout dans le cœur et qui en épingle les ténuités.
Les originaires d’Alsace, Français de la même manière que les habitants de Nantes ou de Marseille, ont en plus un besoin personnel de la victoire, un intérêt immense à l’écrasement de l’Allemagne.
Le peuple des lecteurs, par curiosité ou par faiblesse, veut tout connaître de ceux qu’un rang élevé expose à ses regards, Le philosophe observe comment on voit les objets sur le trône ; l’historien cherche dans les écrits d’un roi l’histoire de ses pensées ; le critique qui analyse, étudie le rapport secret qui est, d’un côté, entre le caractère, les principes, le gouvernement d’un prince, et de l’autre, son imagination, son style et la manière de peindre ses idées.
On sait que de son vivant même elle trouva des censeurs ; les femmes, en France, lui reprochèrent de n’avoir point les manières et les agréments de son sexe ; les protestants, d’avoir changé de religion ; les politiques, d’avoir quitté un trône ; tous ceux qui avaient quelque humanité, d’avoir pu croire que sa qualité de reine pût autoriser un assassinat : mais elle fut l’objet éternel des hommages des savants et des gens de lettres.
A n’y pas regarder de près, nous paraissions une manière d’amis. […] Non que, sur les sujets des disputes entre les hommes, Quintius n’eût sa manière de voir personnelle. […] Guizot était libéral de réflexion plus que d’instinct, et par jugement plus que par impulsion ; ce qui est, à mon avis, la meilleure manière de l’être. […] C’était son neveu Hippolyte Royer-Collard, vraiment de sa famille, quoiqu’il n’y parût guère à son humeur et à sa manière de vivre. […] C’était un vieux gentilhomme de très bonnes manières, et point sot, hormis sur cet article.
Je regrette de séparer des feuillets qui sont faits pour être réunis, mais je ne puis résister au désir de faire admirer des passages délicats comme celui-ci par exemple ; l’enfant vient de découvrir la vraie manière de sauter et de courir : Ce devait être au commencement de mon second hiver, à l’heure triste où la nuit vient. […] Toutes des ratées, de délicieuses ratées qui n’arrivent, quand elles sont sensibles à leur manière, qu’à crever de chagrin en vieillissant. […] Cette transformation, suivie pas à pas, est étudiée d’une manière qui intéressera toutes les femmes. […] Cette façon de faire m’a valu, dans mes diverses promenades, la satisfaction de voir mon nom écrit des manières variées que voici : M. […] Ludovic Halévy sait voir à sa manière, prendre, sans le chercher, le point de vue où nul n’a songé à se placer croyant qu’on n’y pouvait rien trouver, et que sa force d’observation est telle qu’on pourrait refaire l’histoire de ces sanglantes journées rien que d’après les croquis qu’il en a donnés La vie de Versailles pendant la Commune, les horribles défilés d’insurgés, les conseils de guerre, Satory, les avant-postes, le bombardement, l’incendie de Paris, on revoit tout dans ces pages écrites sur des calepins, des carnets de poche.
Pendant les loisirs que lui laissent ses textes, il s’est égayé à la manière allemande, c’est-à-dire en variant un peu l’objet de son labeur et en changeant l’aspect de ses dossiers. […] En effet, le Pacha était un nécromant à sa manière. […] J’en ai dit assez pour montrer au lecteur quelle est la manière de cet écrivain corrosif. […] Sans doute, il retrouvait jusque dans les trivialités voulues de l’élève chéri de Flaubert sa propre manière de concevoir les hommes et les choses, et peut-être aussi, avec moins de rigueur et d’âpreté logique, l’allure et la chaude couleur de son style. […] Saint François avait interdit l’exagération dans les austérités, disant aux sœurs, par manière de plaisanterie, que, si elles lui désobéissaient sur ce point après sa mort, il reviendrait, la nuit, faire du bruit dans leurs dortoirs.
Unissons-nous donc, mes frères, non dans un amour qui est devenu impossible, mais dans une commune pitié pour les tristes échantillons que nous sommes tous, chacun à sa manière, de l’humanité misérable. […] Du moment que, sous quelques divergences particulières, subsiste au fond un accord général, il faut nécessairement en conclure ou qu’une certaine manière de voir s’imposait d’elle-même à tout le monde, ou qu’un homme d’une immense autorité a imposé la sienne à tous les critiques en sous-ordre. […] Max Nordau appelait « l’idiot belge »42, est devenu, aux yeux des jeunes gens, une manière de Shakespeare. […] Il n’est pas prouvé que l’espèce de fièvre qui agite et brûle les Parisiens, et dont ils se montrent si fiers comme de la seule vraie manière d’exister, soit en effet la meilleure forme de la vie. […] Les caractères, les sentiments, la manière d’être des personnages, tout est soumis à la règle de l’antithèse ; et, semblables au violon qui règle les mouvements des danseurs, les deux jambes de l’alexandrin règlent les mouvements du sentiment et de la pensée.
Bossuet admet tout, s’assimile tout, mais à sa manière, sans mêler les philosophies, sans associer des pensées contradictoires, sans s’emporter d’aucun côté, avec une fermeté et une liberté d’esprit dont l’histoire des lettres, dans aucun pays, n’offre un si bel exemple. […] Je ne parle pas de la philosophie : Descartes en avait créé la langue, et Bossuet n’a fait que la soutenir, mais à sa manière, en la rendant plus vive, plus pressante et plus colorée. […] Il n’y a, en effet, pour être philosophe, qu’à prendre garde à ce que nous pensons et voulons, et à la manière dont nous le pensons et le voulons. […] Encore craignait-il de se trop aimer lui-même dans cet amour ; c’est ce qui lui fit imaginer cette étrange échelle de cinq manières d’aimer Dieu, de cinq amours de Dieu, avec lesquels se combine, dans des proportions décroissantes, un mélange d’intérêt propre, et dont le dernier est cet amour entièrement désintéressé, sans espérance, sans crainte, sans alliage d’aucun sentiment humain, qui forme le suprême état de perfection enseigné par les quiétistes. […] Il veut renchérir surtout, aller au-delà de Dieu, s’il pouvait ; et, ne le pouvant pas, il veut raffiner sur la manière de lui rendre le culte si simplement exprimé dans les Ecritures. » Et plus loin : « On s’élève et on se guinde à des subtilités abstraites et impraticables, qui deviennent dangereuses par leur impossibilité même, et qui peuvent faire croire que la religion dépend de nos idées et qu’elle en est le pur ouvrage.
Admirons l’immutabilité de notre sensibilité, et que ce point de vue nous fasse juger d’une manière nouvelle nos poètes des siècles disparus, et les lecteurs qui furent émus par leur poésie. […] Sa poésie sera donc une manière de transposition de ce désir de développement physique de la race qu’elle porte en elle ; mais la poétesse, semble-t-il, s’est voulue infertile, c’est son œuvre qui est le prolongement d’elle-même. […] Et je ne m’indigne pas de reconnaître en ce poème de Mme Delarue-Mardrus, Fontaine : Penche-toi… Et vois monter la fleur de ta bouche lointaine Du fond de l’eau tremblante où ton fantôme est pris, la manière et l’inspiration mallarméenne. […] Cette dernière image nous montre qu’Hélène Picard s’est assimilé la manière de Mme de Noailles ; mais savez-vous pourquoi vous m’êtes aussi cher ? […] Elle l’attend, le miracle d’amour inévitable, le grand remous de l’âme, et l’Inconnu qui viendra lui dire, très triste : « Qui êtes-vous et qui suis-je, cela n’est rien ; mais à cause du soir lilas, à cause de la volonté des choses du printemps, de mon désir et de votre corps qui rêve, venez avec moi. » Peut-être ce Gérôme Herel sera-t-il celui-là, représentatif de « l’essentiel » de la vie, c’est-à-dire : « l’instinct, la force et la vie, et tout ce qui crie, s’élance et tombe… » Elle accroche sa tristesse amoureuse au profil de ce jeune musicien « qui chante dans le soir, souriant vers Elle, dès romances attendries où les sons mêlés aux vers inventent des paysages et des bonheurs » ; qui chante « comme les enfants jettent des cris, d’une manière qui semble l’exalter et l’épuiser… violence dont il semblait qu’il allait mourir. » « Elle trouvait qu’il devait ressembler à Adolphe de Benjamin Constant, à Werther, à Manon. » Et, tandis qu’elle se torture d’un amour que le jeune musicien ne semble guère partager, la lecture d’un livre nouveau éloigne un instant sa pensée de lui, et voilà qu’elle rêve un Docteur Faust « jeune et mystérieux au crépuscule sur la petite place de sa ville ».
* * * Toute poésie implique un capital d’images, une manière de penser par images, de rendre le monde par des images et d’organiser ses images en un monde. […] Le mythe de Narcisse a été traité non sentimentalement, comme eussent pu faire un disciple de Baudelaire, un Samain, mais métaphysiquement, à la manière (approchée plus théoriquement que réellement) d’un Léonard ou d’un Goethe. […] masse psychologique immédiate, sentie de près, investie à la manière dont l’amour envahit, occupe, étranger à toute « analyse », à toute intelligence, le corps ou l’âme de l’être aimé. — Cosmologique enfin, car ce physique et ce psychique n’existent pas en fonction d’un être incertain qui serait nous, mais comme aspects d’un être certain qui est l’univers, le Tout. […] Qui dit romantisme dit poésie personnelle, manière de rendre publics ses sentiments et de les imposer à la sensibilité de son temps. […] Nous nous trouvons des goûts et des dons que nous ne soupçonnions pas en nous ; le musicien devient stratège, le pilote se sent médecin ; et celui dont la vertu se mirait et se respectait elle-même se découvre un Cacus caché et une âme de voleur. » Mais pour le Socrate qui est devenu une réalité, un corps, une technique, il y a manière d’utiliser les Socrates qui demeurèrent Idées, et Valéry, dans son Léonard de Vinci, a rêvé, sous le nom de Léonard, d’un esprit qui aurait laissé coexister le plus grand nombre possible de ces Idées dans sa richesse intérieure.
Le voilà roi, et pour célébrer son avénement, elle institue des jeux à la manière antique ; d’abord la course des libraires qui se disputent la possession d’un poëte, puis le combat des écrivains qui braient et sautent dans la boue à qui mieux mieux, enfin la lutte des critiques qui doivent subir la lecture de deux in-folio sans dormir. […] J’ajouterais bien, en manière d’excuse, qu’il y a un genre où il réussit, que son talent descriptif et son talent oratoire rencontrent dans les portraits la matière qui leur convient, qu’en cela il approche souvent de La Bruyère ; que plusieurs de ses portraits, ceux d’Addison, de Sporus, de lord Wharton, de la duchesse de Marlborough, sont des médailles dignes d’entrer dans le cabinet de tous les curieux et de rester dans les archives du genre humain ; que, lorsqu’il sculpte une de ces figures, les images abréviatives, les alliances de mots inattendues, les contrastes soutenus, multipliés, la concision perpétuelle et extraordinaire, le choc incessant et croissant de tous les coups d’éloquence assénés au même endroit, enfoncent dans la mémoire une empreinte qu’on n’oublie plus. […] Il était rieur pourtant, mais à sa manière, ou plutôt à la manière de son pays.
« — Je suis fâché que nous n’ayons que ça, dit-il ; mais ça vaut mieux que du cheval cuit sous la cendre avec de la poudre dessus, en manière de sel, comme on en mangeait en Russie. […] « Comme il parlait d’elle de cette manière, nous l’entendîmes soupirer et dire : Ôtez ce plomb ! […] « Telle qu’elle est, son culte, interprété de manières diverses, est toujours incontesté.
« Même lorsqu’il arrivera, plus tard, à toute la grandeur de sa manière, il excellera surtout à peindre de grands paysages reposés. […] Chassé du toit paternel, il garda toujours le souvenir de sa Mantoue ; mais ce n’était plus le Romain de la république, aimant son pays à la manière dure et âpre des Brutus, c’était le Romain de la monarchie d’Auguste, le rival d’Homère et le nourrisson des Muses. […] Ce temple de marbre, peuplé de héros troyens, que se promettait d’édifier Virgile et qui est tout allégorique, il l’a réalisé d’une autre manière et qu’il ne prévoyait point alors, et il l’a exécuté dans l’Énéide : il n’avait fait que présager et célébrer à l’avance son Exegi monumentum !
Son précédent sonnet et sa manière en général de concevoir la Vénus éternelle m’ont rappelé un très-beau fragment de Sophocle, assez peu connu, que nous a conservé Stobée11. […] La manière dont elle le vient aborder, la coquetterie de sa toilette et l’artifice de discours qu’elle déploie pour le séduire sans l’effrayer, sont d’un grand charme et d’une largeur encore qui ne messied pas à la poésie homérique.
De retour en France, Farcy était désormais un homme achevé : il avait l’expérience du monde, il avait connu la misère, il avait visité et senti la nature ; les illusions ne le tentaient plus ; son caractère était mûr par tous les points ; et la conscience qu’il eut d’abord de cette dernière métamorphose de son être lui donnait une sorte d’aisance au dehors dont il était fier en secret : « Voici l’âge, se disait-il, où tout devient sérieux, où ma personne ne s’efface plus devant les autres, où mes paroles sont écoutées, où l’on compte avec moi en toutes manières, où mes pensées et mes sentiments ne sont plus seulement des rêves de jeune homme auxquels on s’intéresse si on en a le temps, et qu’on néglige sans façon dès que la vie sérieuse recommence. […] Géruzez, héritier des papiers de Farcy, la communication d’une note qui me concernait moi-même, et qui m’a montré que Farcy avait bien voulu s’occuper de mes essais poétiques d’alors : il y juge Joseph Delorme et les Consolation, d’une manière psychologique et morale qui est à lui.
Mercier cite un ouvrier, nommé Quatre-main, ayant quatre petits enfants, logé au sixième, où il avait arrangé une cheminée en manière d’alcôve pour se coucher lui et sa famille […] Cahier du Bugey. « Le sel revient à l’habitant des campagnes, qui le prend chez les revendeurs au détail, depuis 15 jusqu’à 17 sous la livre, par la manière dont le mesurage est fait. » 688.
« — Mais, c’est le travail organisé de manière que la concurrence soit détruite et n’avilisse pas nos produits et nos salaires. […] Vous voulez que le capital, qui appartient à tous, et qui n’est que le réservoir du nécessaire et du superflu de tout le monde, soit libre comme le travail, car, s’il n’est pas libre, il se cachera, il ne se montrera plus, il ne consommera plus, et par là même il fera mourir de faim le travailleur, en cessant de se répandre en salaires, et de s’accumuler en économies nouvelles, qui forment à leur tour des capitaux, et qui, en se dépensant, reforment des salaires, de manière que tout le monde jouisse et travaille à la fois pour jouir à son tour. » « — Oui !
Ses quatre manières : romans de passion : romans démocratiques ; romans champêtres ; romans romanesques. […] Elle en a le ton, les manières, l’esprit, quand il faut que ses personnages les aient.
Il y a déjà plusieurs années, nous essayâmes, dans un recueil périodique4, de caractériser d’une manière générale l’art de notre époque, et en particulier le genre de poésie dont Werther est le premier modèle. […] À cette époque, la poésie de style, la poésie qui vit de figures et de symboles, était fort peu connue chez nous : la manière dont furent reçus les premiers ouvrages de M. de Chateaubriand le prouve assez.
De là, dans ses œuvres, distinguées plutôt que de premier ordre, la délicatesse tournant à la manière, la finesse à l’énigme ; de là un poète qui, pour se dérober aux yeux des profanes, s’enveloppe d’ombres, et finit par se perdre de vue lui-même. […] Il était prêt ; il a renouvelé son talent, et ses dernières poésies, vivantes et passionnées, et que remplit l’humain, ont achevé sa célébrité brillamment commencée par les œuvres de sa première manière.
Jamais il ne s’étendait sur un objet, quel qu’il fût : il réservait la forte contention de son esprit pour les heures du travail et la causerie ne lui était, visiblement, qu’une manière de se délasser. […] On assure que l’auteur fait le plus grand cas de cette composition, qui contiendrait la révélation de sa seconde manière ; je ne pense pas que M.
Charles-Brun fait précéder ses poèmes d’un prologue où il blague et la manière qu’il adopte et celle qu’il aurait pu adopter. […] Il a publié en plaquette deux harangues qui appartiennent à sa manière limousine et enthousiaste.
Ses manières de grand seigneur ne font que masquer, chez lui, les manœuvres et les tripotages du faiseur. […] Elle représente, dans la pièce, ces femmes du monde excentrique qui singent les manières des filles, contrefont leur bagout, et copient leurs toilettes.
La duchesse, une femme très forte avec un peu de la voix d’une harengère, mais avec un beau port de corps et de grandes manières. […] Pas un mot de l’arbitrage de l’honneur : le duel, que la justice absout ou condamne d’après des manières de voir particulières, est jugé sans un texte.
Il est composé de deux styles disparates : d’un style alors amoureux de Janin, celui du frère cadet ; d’un style alors amoureux de Théophile Gautier, celui du frère aîné ; — et ces deux styles ne se sont point fondus, amalgamés en un style personnel, rejetant et l’excessif sautillement de Janin et la trop grosse matérialité de Gautier : un style dont Michelet voulait bien dire plus tard, qu’il donnait à voir, d’une manière toute spéciale, les objets d’art du xviiie siècle, un style peut-être trop ambitieux de choses impossibles, et auquel, dans une gronderie amicale, Sainte-Beuve reprochait de vouloir rendre l’âme des paysages, et de chercher à attraper le mouvement dans la couleur, un style enfin, tel quel, et qu’on peut juger diversement, mais un style arrivé à être bien un. […] Tous ces défauts, je suis le premier à les reconnaître, mais aussi que de manières de voir, de systèmes, d’idées en faveur, à l’heure présente, auprès de l’attention publique, commencent à prendre voix, à balbutier dans ce méchant petit volume.
On pouvait affirmer, car le monstrueux a sa manière d’être complet, que tout lui était possible, même s’émouvoir. […] La tendance du poète aux antithèses s’explique d’une, manière analogue.
Sa manière n’a rien de petit ni de léché, ni qui sente le faire de la femme ; on croirait plutôt avoir devant soi les productions d’un jeune homme de talent qui s’exerce avec largeur et se développe.
Qu’il meure d’une manière ou de l’autre, et je vous en tiendrai également compte. » Souvent malade et indisposé, Friant marchait toujours, et ses opérations ne s’en ressentaient pas.
Le dernier volume qui comprend bien des périodes, bien des successions d’écoles et des révolutions de goût, depuis la fin du xviie siècle jusques et y compris le commencement du xixe , offre un intérêt très vif : la manière seule dont les questions sont posées pique mon attention et m’arrête à chaque pas.
Je fuis la rhétorique directe qui s’étale et qui s’affiche ; je ne fuis pas moins la rhétorique retournée, qui est tellement occupée à faire pièce à la rhétorique solennelle, qu’elle en oublie le fond des choses, qu’elle se prend elle-même à des mots, leur donne une importance qu’ils n’ont pas, et devient une manière de rhétorique à son tour.
Dans ses descriptions de la nature, le poëte a souvent de l’éclat, des traits vifs et nouveaux : mais parfois, pour vouloir trop rajeunir la peinture éternelle, il tombe dans une manière étrange.
Je me figure que Manzoni en sa Lombardie, Wordsworth resté fidèle à ses lacs, tous deux profonds et purs génies intérieurs, réalisent à leur manière l’idéal de cette vie dont quelque image est assez belle pour de moindres qu’eux.
De quelle manière la vie à ses différents degrés se trouve-t-elle coordonnée et transformée dans l’homme, depuis la végétation obscure des ongles et des cheveux, jusqu’à la pensée la plus rationnelle ?
Jugez, par l’application de cette règle, de toutes les parties de notre constitution, et voyez si elles sont dans une dépendance directe de la volonté du peuple… Que tout homme qui combat et qui paie exerce son droit de concourir à l’élection des membres de la législature par un égal et juste suffrage ; soumettez-les, à de courts intervalles, à la réélection ou à la réprobation de leurs commettants : que le magistrat exécutif soit choisi pour le même terme et de la même manière par ceux dont il doit être l’agent. » Or, c’est là que nous tendons évidemment : partout l’élection, partout le contrôle !
En général, dans un siècle ou dans une race, on conçoit le souverain céleste à l’image du souverain terrestre, ou plutôt on conçoit la puissance d’une certaine manière, et on les modèle l’un et l’autre d’après cette conception.
« Et vous qui êtes cause de leur folie, dit le bon Gorgibus en manière de moralité après la fâcheuse aventure des Précieuses ridicules, pernicieux amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes, puissiez-vous être à tous les diables !
Don Juan met l’épée à la main ; Arlequin se couche à terre sur le dos, tient sa flamberge pointe en l’air, de manière que son adversaire la rencontre toujours en ferraillant ; ce jeu de théâtre bien exécuté faisait le plus grand plaisir.
. — C’est aussi bien l’individualisme de l’impulsif, du maniaque, de l’excentrique, du névrosé en quête de sensations bizarres et compliquées (tel un Des Esseintes), que l’individualisme du grand poète, du grand artiste qui exprime des manières de sentir délicates, puissantes on profondes, vraiment neuves et intéressantes, vraiment capables d’éveiller un écho dans l’âme des autres hommes.
De là cette inquiétude d’esprit qui fait que les meilleurs d’entre vous ne cessent pas d’évoluer et de changer de manière !
Et il pense que si sa manière d’expliquer les faits paraît plus incompréhensible qu’une autre, c’est qu’elle est moins accommodée au langage courant, et que par suite elle présente quelquefois des contradictions dans les termes.
Le roi s’amusant avec lui et content de la manière dont il répondait à ses questions, lui dit : Vous êtes bien raisonnable.
Le plus souvent par la bouche de Suzanne, quelquefois par celle des autres personnages, et aussi en son propre nom, Thomas Hardy fait une critique victorieuse de ce « contrat permanent basé sur un sentiment éphémère », de cet « abominable contrat qui m’engage à sentir d’une manière particulière dans une chose dont l’essence même est la spontanéité ».
* * * — Il y a de gros et lourds hommes d’État, des gens à souliers carrés, à manières rustaudes, tachés de petite vérole, grosse race qu’on pourrait appeler les percherons de la politique.
Parfois même la présence du laid, dans une œuvre d’art dont nous avons à rendre compte, nous réjouit comme celle du beau, mais d’une tout autre manière, à cause de ce mérite qu’elle nous procure de la signaler. « Oh !
On l’opposa à la Fontaine, pour la manière dont il avoit vêcu, & dont il étoit mort.
Nul poète n’a autant varié la sienne par la césure et le repos de ses vers, par la manière dont il entremêle les grands et les petits, par celle dont il croise ses rimes.
» Si Mercier vivait encore, il me ferait un sensible plaisir de m’enseigner la manière de placer le boulevard Montmartre à côté de la Concorde.
Cette manière de penser, si j’ose rendre compte ici de la disposition unanime de mes confrères, dirigera dans la suite plus que jamais le jugement de l’Académie Française sur les pièces de poésie qu’on lui adresse pour le concours.
Se mettre derrière quelqu’un, c’est sa manière de s’avancer.
Ce ne fut pas, du reste, dans son premier ouvrage que Daumas montra, dans toute leur plénitude, les vives qualités d’écrivain qui allaient distinguer sa manière.
Elle le reçoit de toutes manières.
… Je n’en serais pas étonné ; mais regardez bien ce Joubert, et voyez s’il n’est pas Platon à sa manière, — un Platon moderne, chrétien, par conséquent plus Platon, par là, que Platon lui-même.
Où mettrait-elle la flèche de ses condamnations quand elle ne sait pas ou qu’elle doute, cette seconde manière de ne pas savoir ?
Vian voudrait bien être un portrait dans la manière d’Holbein, c’est-à-dire une peinture intime, attentive, familière, profonde, éclairant l’homme surpris et posé dans les plus menus détails de sa vie, le peignant jusqu’à la gaule de vigneron qu’il portait sur l’épaule, quand il se promenait à la Brède, jusqu’au déshonorant bonnet de coton dont il coiffait sa maigre tête de buste antique !
Macaulay, qui a tracé de belles pages sur la manière d’écrire l’Histoire, pouvait-il l’ignorer ?
Sans avoir deux manières, l’habile et souple écrivain est de taille et d’aisance avec les deux peintures que la vie de madame de Montmorency lui a permis d’exécuter, et on voudrait que la dernière durât plus longtemps.
III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné.
On conçoit qu’étant un artiste réfléchi, savant, archaïque, qui s’assimilait bien plus les manières qu’il n’en créait, il eût moins de valeur sur place que dans ses livres.
On dirait un ordre donné et une même manière d’y obéir.
Quand un livre est fort et d’une discussion difficile, les tortionnaires de bonne volonté qui craignent la force de la victime ont une manière de l’étouffer : — ils n’en parlent pas9 !
Wallon a mis à la masse des livres sur Saint Louis, mais dans son stock il n’y a rien de plus que ce que nous savions, et sa manière de pénétrer et de juger l’homme dans Saint Louis, qui pouvait être toute la nouveauté de son livre, n’a pas été cette nouveauté.
À l’heure de négation universelle qui sonnait dans tous les esprits, un peu de la croyance de ses pères enveloppa peut-être, sans qu’il y pensât, ce cœur qui avait des manières d’aimer sa patrie comme les Saints aiment la leur, qui est le Ciel !
. ; ces passages, magnifiques comme expression, n’apprenaient rien de nouveau, ne modifiaient rien de ce qu’on sait sur la manière de Lamennais, et n’avaient le droit d’étonner personne.
Ils s’étaient écrit bien longtemps, puisque c’était sa manière de vivre.
Il mit, pour la première fois, devant les enfants, un père supérieur à ses enfants de toutes les manières, et par la raison, et par le caractère, et par la majesté de l’une et de l’autre, et par les grâces de l’esprit, et par la bonté, cette grâce des grâces, et on put comprendre, en le voyant, que la Famille, même atteinte par de fausses doctrines, pouvait se refaire, de par l’ascendant et l’influence de son chef, et rentrer noblement dans la vérité du respect et de l’obéissance.
Mais, dans ce livre nouveau, dans ce livre tout de sentiment, de rêverie et de ressouvenir, nous ne pensons pas qu’on puisse reprocher à l’auteur les qualités de sa manière, si appropriées et si seyantes à son sujet.
De Bonald, qui a beaucoup plus de structure dans ses œuvres et dans sa pensée, aurait peut-être été le métaphysicien de son époque, s’il n’avait pas étriqué un esprit fait pour tout embrasser dans les préoccupations de la politique et dans des aperçus trop fins qui rappellent bien souvent, avec un fond d’idées contraires, la manière grêle et brillantée de Montesquieu.
C’est le même poème, les mêmes sentiments, la même manière de les exprimer.
» Par cette poésie seule vous pouvez juger la manière de madame Ackermann.
Elles n’oublieront pas la manière dont il a chanté en pleurant sa fille morte, et c’est elles qui commenceront sa gloire.
Harley945. » Un autre jour, ayant trouvé que Saint-John, le secrétaire d’État, lui faisait froide mine, il l’en tança rudement. « Je l’avertis que je ne voulais pas être traité comme un écolier, que tous les grands ministres qui m’honoraient de leur familiarité devaient, s’ils entendaient ou voyaient quelque chose à mon désavantage, me le faire savoir en termes clairs, et ne point me donner la peine de le deviner par le changement ou la froideur de leur contenance ou de leurs manières ; que c’était là une chose que je supporterais à peine d’une tête couronnée, mais que je ne trouvais pas que la faveur d’un sujet valût ce prix ; que j’avais l’intention de faire la même déclaration à milord garde des sceaux et à M. […] En effet, c’est la meilleure manière de répondre : pour remuer de tels auditeurs, il faut mettre en mouvement leur sang et leurs nerfs ; dès lors les boutiquiers et les fermiers retrousseront leurs manches, apprêteront leurs poings, et les bonnes raisons de leur ennemi ne feront qu’augmenter l’envie qu’ils ont de l’assommer. […] Sans doute il est vrai qu’un gentleman envoie souvent à ma boutique prendre un échantillon d’étoffe : je le coupe loyalement dans la pièce, et si l’échantillon lui va, il vient, ou bien envoie et compare le morceau avec la pièce entière, et probablement nous faisons marché ; mais si je voulais acheter cent moutons, et que l’éleveur, après m’avoir amené un seul mouton, gras et de bonne toison, en manière d’échantillon, me voulût faire payer le même prix pour les cent autres, sans me permettre de les voir avant de payer, ou sans me donner bonne garantie qu’il me rendra mon argent pour ceux qui seront maigres, ou tondus, ou galeux, je ne voudrais pas être une de ses pratiques. […] Un jour il lui inflige un petit sermon sur le manque de patience ; une autre fois, en manière de compliment, il lui décoche cet avertissement délicat : « Stella, ce jour de naissance est ton trente-quatrième. — Nous ne disputerons pas pour une année ou un peu plus. — Pourtant, Stella, ne te tourmente pas, quoique ta taille et tes années soient doubles de ce qu’elles étaient lorsqu’à seize ans je te vis pour la première fois la plus brillante vierge de la pelouse.
Il les dit comme ils lui viennent, sans arrangement ni style, en manière de conversation, sans songer à faire un effet ou à combiner une phrase, avec les mots de métier et les tournures vulgaires, revenant au besoin sur ses pas, répétant deux et trois fois la même chose, n’ayant pas l’air de soupçonner qu’il y a des moyens d’amuser, de toucher, d’entraîner ou de plaire, n’ayant d’autre envie que de décharger sur le papier le trop-plein des renseignements dont il s’est muni. […] Il l’est pourtant, mais à sa manière. […] Lui-même, Primrose, compose des traités que personne n’achète contre les secondes noces des ecclésiastiques, écrit d’avance dans l’épitaphe de sa femme qu’elle fut la seule femme du docteur Primrose, et, en manière d’encouragement, encadre sur sa cheminée ce morceau d’éloquence. […] Cependant un chien attrape le cœur qui traîne à terre ; des fémurs et des crânes bouillent en manière d’accompagnement dans une chaudière, et les docteurs tout alentour échangent de sang-froid des plaisanteries chirurgicales sur le sujet qui, morceau par morceau, va s’en aller sous leur scalpel.
Telle est non point la caricature et la contrefaçon des méthodes historiques modernes, mais leur mode même, leur schème, l’arrière-pensée de ceux qui les ont introduites avant nous, de ceux qui les pratiquent parmi nous ; assistez à une soutenance de thèse historique ; la plupart des reproches que le jury adresse au candidat reviennent à ceci : que le candidat n’a point épuisé toute l’indéfinité, toute l’infinité du détail ; je ne dis pas que les membres du jury l’épuisent dans leurs propres travaux ; mais ce que je dis, si vous assistez à une soutenance de thèse et que vous entendiez bien, que vous interprétiez les critiques du jury, c’est qu’elles reviennent généralement à cela ; il faut avoir épuisé l’infinité du détail pour arriver au sujet ; et dans le sujet même il faut, par multipartition, avoir épuisé une infinité d’infinité du détail ; la manière dont on traite le sujet, quand on est parvenu au sujet, revient en effet à le traiter lui-même comme un chemin, comme un parcours, comme un lieu de passage indéfiniment détaillé, comme un circuit lui-même, à faire en définitive comme s’il n’était pas le sujet, à faire qu’il ne soit pas le sujet. […] Un tel être n’existe pas encore, puisque nous n’avons que trois façons de constater l’existence d’un être, le voir, entendre parler de lui, voir son action, et qu’un être comme celui dont nous parlons n’est connu d’aucune de ces trois manières ; mais on conçoit la possibilité d’un état où, dans l’infinité de l’espace, tout vive. […] « Dans quelques années, si nous existons et si quelque chose existe, nous pourrons reprendre ces questions et voir en quoi se sera modifiée notre manière d’envisager l’univers. […] Nous sommes ainsi conduits au seuil du plus grand débat de toute la pensée moderne ; au cœur de la plus grande contrariété moderne ; et c’est sur ce seuil que nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, car il est évident que ce simple avant-propos ne peut devenir ni un traité, ni même un essai de la manière d’écrire l’histoire ; c’est déjà beaucoup, peut-être, que d’avoir commencé de contribuer à la position du débat ; et nous reconnaissons ici que ce débat n’est autre que le vieux débat de la science et de l’art ; mais c’est un cas nouveau, et particulièrement éminent, de ce vieux débat général ; d’un côté ceux que nous avons nommés les historiens modernes, c’est-à-dire, exactement, ceux qui ont voulu transporter, en bloc, les méthodes scientifiques modernes dans le domaine de l’histoire et de l’humanité ; nous avons aujourd’hui recherché leurs intentions, mesuré leur présomption, non pas seulement sur des exemples éminents, sur deux exemples capitaux, mais sur les deux exemples qui commandent tout le mouvement, étant à l’origine, au commencement, au moment de la franchise enfantine, et le dominant tout ; de l’autre côté, en face des historiens modernes, et non pas contre eux sans doute, car il s’agit d’un débat, et non pas d’un combat sans doute, en face des historiens modernes tous ceux de nous qui ne transportons point en bloc les méthodes scientifiques modernes au domaine de l’histoire et de l’humanité, qui ne transmutons point servilement les méthodes scientifiques modernes en méthodes historiques ; tous ceux de nous qui croyons qu’il y a, pour le domaine de l’histoire et de l’humanité, des méthodes historiques et humaines propres ; des méthodes humainement historiques ; nous nous arrêterons, pour aujourd’hui, au seuil de ce débat ; c’est assez écrit pour un cahier, pour l’avant-propos d’un cahier ; gardons-nous quelque travail pour les veillées de cet hiver ; en outre, je parviens au point de nos recherches où il me serait presque impossible de continuer sans commencer à parler de Chad Gadya !
C’est une manière de Rouge et Noir 1930. […] Le référendum, autochtone dans la Suisse protestante, est une manière de protestantisme de la politique. […] Jaurès était naturellement et culturellement germanophile, à la manière dont un Guizot et un Tocqueville étaient anglophiles. […] Et l’idée socialiste s’oppose ici, de trois manières, à l’idée radicale. […] » Or qu’est-ce qu’un radical-socialiste pour le socialiste sinon une manière de rallié ?
Ce remue-ménage universel explique d’une manière parfaitement satisfaisante les phénomènes que nous avons mentionnés plus haut, et qui ne sont que le commencement des nouveautés que fera naître le nouvel ordre de choses. […] C’était une manière d’épreuve dans le genre de celles que les princesses du moyen âge exigeaient de leurs chevaliers courtois. — Le jeune premier jura qu’à dater de ce jour aucune femme n’existerait plus pour lui, et pria seulement mademoiselle *** de prendre sur son compte tous les suicides que causerait sa fidélité en l’obligeant à tenir rigueur à une foule de malheureuses. […] À peine consentirait-il, en manière de mise en train, à acheter une main de papier. […] — Un prix de vingts-cinq cigares est offert à celui qui résoudra le difficile problème d’installer Nadar. — Les calculs scientifiques n’ayant pas abouti, — Nadar trouve un biais, — trois ou quatre de ses amis resteront debout dans le wagon ; — de celle manière il pourra s’allonger à son aise. — La proposition est repoussée par ces messieurs, qui accusent Nadar d’abuser des droits que donne l’amitié. […] Les plus grandes dames d’aujourd’hui auraient pu consulter mademoiselle Rachel sur la manière de s’envelopper dans un châle. — Elle possédait, avec la merveilleuse intuition que donne l’art, le sens intime des grandes élégances de l’attitude et du vêtement. — Dans le moulage qui aurait reproduit les plis formés par son cachemire, un statuaire aurait pu, sans commettre d’anachronisme, couler la tunique destinée à revêtir les lignes harmonieuses d’une figure antique.
Sa seconde manière, celle par laquelle il est surtout connu, va se produire. […] En même temps que l’auteur, par sa manière plus naturelle et par la source où il puisait, réjouissait l’espérance des esprits libres, il satisfaisait pleinement les spectateurs simples.
Depuis un mois, il y a ajouté une nouvelle articulation fondamentale : « Ata, ada », et l’on distingué dans ses différentes manières de la prononcer quantité de véhémences et d’impétuosités très curieuses. […] Le plus simple concept est celui qui consiste à réunir deux choses en une seule ; ce concept peut être formé de deux manières, par combinaison ou par abstraction.
Au fond, parmi tous ces chevaliers, il n’y a guère que des routiers ; il n’y a que les paroles et les manières qui fassent une différence. […] Sa vie et son œuvre ne sont qu’une continuation, un agrandissement de la vie et de l’œuvre de Jean Lebel, chanoine de Liège, chroniqueur curieux et divertissant au service de son seigneur Jean de Hainaut101 : jamais Froissart n’ajouta rien à l’idée que son compatriote et maître lui donna de la manière de composer sa vie et son histoire.
Je pense que les romans les plus connus de Georges Eliot, et les plus caractéristiques de sa manière, c’est Silas Marner, Adam Bede, le Moulin sur la Floss, et Middlemarch. […] Et, de rencontrer chez eux des choses qui sont belles exactement de la même manière que les belles choses de chez nous, j’éprouve un plaisir que double la surprise et qu’attendrit la reconnaissance.
Il y eut, dans l’emploi des trucs, ou, plus simplement, dans l’exhibition des costumes, des toilettes et des décors, une manière facile de flatter les plus vulgaires instincts des foules ; on ne manqua pas d’user de ce moyen. […] Le théâtre a remplacé chez nous l’éloquence de la tribune ; il a transporté les conversations de salons sur la scène, mais jamais en aucune manière, il ne pourra avoir une influence directe sur le livre digne de ce nom.
Je doute que Racine en eût plus appris à Talma sur la manière de jouer ses pièces, que Talma n’en apprenait tout seul dans la méditation de Racine, en ce temps si cher à nos souvenirs, où le grand acteur, tour à tour Mithridate, Néron, Oreste, Achille, Joad, eût étonné l’auteur de ces sublimes créations. […] Il ne fallait que de l’esprit pour imiter la légèreté de ces conceptions, l’artifice de ses effets de scène, ses personnages romanesques qu’il ne réussit pas à rendre historiques, ses personnages historiques qu’il rend romanesques, Il ne fallait qu’un peu de talent pour attraper quelque chose de sa manière brillante.
Edgar Allan Poe7 Analyser l’œuvre d’Edgar Poe, discerner l’esthétique subtile, savante et parfaite, par laquelle il suscite, avec une certitude prévue, l’extrême de certaines émotions, remonter de ces moyens à ces effets, des artifices du style, de la psychologie, de la composition, aux propriétés intimes et essentielles, saisir enfin la cause dernière, l’âme même de Poe, complexe, ténébreuse, retorse et robuste, ayant d’un mécanisme d’acier le froid, le bleu, le fin et le dur, ce sera, d’une certaine manière, appliquer à cet artiste la loi du talion, le disséquer avec les instruments par lesquels il assume sur la plupart des esprits de ce siècle un ascendant impérieux et obéi. […] Si son originalité n’avait été contrainte de s’exercer sur une ligne logique et productive, elle eût dégénéré en incohérence, en bizarreries de manières et d’habitudes.
Mais si je ne craignais de blesser quelques bonnes âmes restées peut-être encore jansénistes au pied de la lettre, je dirais tout simplement qu’après avoir bien considéré les incidents et les personnages de ce drame intérieur, je suis persuadé que la mère Agnès, livrée à elle-même et à sa propre nature, eût été plus soumise qu’elle ne l’a été, qu’elle était portée, comme elle l’a écrit un jour, à l’indifférence sur ces questions de controverse, mot très sage chez une religieuse et dont elle eut tort ensuite de se repentir ; je dirais que la manière indulgente dont elle continua de traiter une de ses nièces qui avait signé ce qu’exigeait l’archevêque et ce que conseillait Bossuet, que la parole tolérante qui lui échappa alors : « À Dieu ne plaise que je domine sur la foi d’autrui !
Il existe aujourd’hui bien peu de témoins entre ceux qui purent comparer les deux manières : je n’ai pu applaudir qu’à la seconde.
On trouverait à ce fait incontestable bien des causes ; mais une des principales est assurément dans la manière dont on s’est accoutumé, durant la marche rapide, à se passer presque absolument des horizons de l’antiquité et de ces temples harmonieux qui en couronnent à jamais le fond.
Je ne réponds pas ici de la rigoureuse exactitude philosophique de cette manière de voir et de dire ; je ne parlais là qu’en littérateur et d’après l’opinion spécieuse généralement reçue (Note des Portraits contemporains, tome II, page 509).
La plus sûre manière de sortir du raisonnement systématique et de la fougue esthétique est de faire, de s’appliquer à une œuvre particulière ; on y entre avec le système qu’on veut vérifier et illustrer ; mais, si l’on a quelque talent propre, original, ce talent se dégage bientôt à l’œuvre, et, avant la fin, il marche tout seul, il a triomphé.
Ce plaisir ne ressemble en rien à la joie physique, qui est méprisable parce qu’elle est grossière ; au contraire, il aiguise l’intelligence et fait découvrir mainte idée fine ou scabreuse ; les fabliaux sont remplis de vérités sur l’homme et encore plus sur la femme, sur les basses conditions et encore plus sur les hautes ; c’est une manière de philosopher à la dérobée et hardiment, en dépit des conventions et contre les puissances.
Mais il n’est pas non plus un pur classique : l’art de Boileau, les règles de Voltaire ne lui suffisent pas ; et voici ce qu’il fait : il répète pour son compte la tentative de Ronsard, sans s’en douter, pour la même raison et de la même manière que Ronsard.
Quelle que soit la manière dont elle doive le juger un jour, l’Histoire littéraire la lui conservera.
Certes, le poète n’échappait point à la loi commune, et chacune de ces œuvres qu’il avait libérées du temps par sa volonté créatrice fut, à sa manière, une œuvre de circonstance, enfantée dans la douleur.
Les livres agissent de deux manières sur les mœurs : ou bien ils posent des modèles à suivre, ils imaginent des types dont l’imitation est conseillée, ce sont les livres des moralisateurs ; ou bien ils décrivent, sans arrière-pensée, des anecdotes et des figures contemporaines, véridiques ou de fiction, c’est-à-dire de combinaison, ce sont les livres des moralistes, qui agissent parce qu’ils font voir clair.
« À part les doctrines particulières des penseurs (Comte) qui visent à établir un despotisme de la société sur l’individu, il y a aussi dans le monde une forte et croissante inclination à étendre d’une manière outrée le pouvoir de la société sur l’individu et par la force de l’opinion, et par celle de la législation.
Le mouvement peut être intégralement dissipé et transformé en chaleur par le frottement ; la transformation contraire ne pourra jamais se faire que d’une manière partielle.
Elles sont étranges et plus qu’étranges, les conséquences où aboutirait cette manière par trop simple et commode d’expliquer les choses.
La conscience est le mot qui exprime, de la manière la plus générale, les diverses manifestations de la vie psychologique.
Ici Sainte-Beuve revient à son ambiguïté du début, et dit tout d’une haleine : « Chaque ouvrage d’un auteur, vu, examiné de la sorte, à son point, après qu’on l’a replacé dans son cadre, et entouré de toutes les circonstances qui font vu naître, acquiert tout son sens, son sens historique, son sens littéraire… Être en histoire littéraire et en critique, un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Sainte-Beuve développe plus loin l’idée exprimée dans ce second membre de phrase, et conseille, pour apprécier un auteur, de le comparer à ses antagonistes et à ses disciples, de distinguer les diverses manières de son talent, de déterminer ses opinions sur certains sujets d’ordre général, enfin de résumer sa nature morale dans une formule exacte et concise.
Ce qu’elles contiennent, on le voit d’ici ; c’est l’épanchement quotidien ; c’est le temps qu’il a fait aujourd’hui, la manière dont le soleil s’est couché hier, la belle soirée ou le matin pluvieux ; c’est la voiture où le voyageur est monté, chaise de poste ou carriole ; c’est l’enseigne de l’hôtellerie, l’aspect des villes, la forme qu’avait tel arbre du chemin, la causerie de la berline ou de l’impériale ; c’est un grand tombeau visité, un grand souvenir rencontré, un grand édifice exploré, cathédrale ou église de village, car l’église de village n’est pas moins grande que la cathédrale, dans l’une et dans l’autre il y a Dieu ; ce sont tous les bruits qui passent, recueillis par l’oreille et commentés par la rêverie, sonneries du clocher, carillon de l’enclume, claquement du fouet du cocher, cri entendu au seuil d’une prison, chanson de la jeune fille, juron du soldat ; c’est la peinture de tous les pays coupée à chaque instant par des échappées sur ce doux pays de fantaisie dont parle Montaigne, et où s’attardent si volontiers les songeurs ; c’est cette foule d’aventures qui arrivent, non pas au voyageur, mais à son esprit ; en un mot, c’est tout et ce n’est rien, c’est le journal d’une pensée plus encore que d’un voyage.
Je ne dirai qu’un mot sur la manière d’enseigner, c’est que si les élèves connaissaient mieux la fatigue des maîtres, ils supporteraient plus aisément la leur.
Vous comparez ; vous rapprochez ; vous vous souvenez que Platon adore les mythes, c’est-à-dire les théories habillées en fables, en manière de poèmes épiques ; et vous vous dites que la rencontre d’un mythologue et d’un spiritualiste a produit cette théorie des idées vivantes, des abstractions qui sont des êtres, des abstractions qui sont des forces, des abstractions qui sont des dieux.
Il y a tant de manières de mal exprimer sa pensée : le néologisme, l’abus des images, les termes techniques, les tours barbares ou étrangers, défauts qui mènent tous à n’être point entendu.
Elles trahissent aussi, comme les hommes… Néron commença comme Titus… Et quand elles ne trahissent pas, elles ont une autre manière de tromper encore.
Il y voir clair, et il y fait voir clair… Avec sa profonde manière d’attaquer l’Histoire, il pourrait être obscur comme un allemand ; et il brille de la clarté la plus française.
On prétend retrouver dans ce visage — médaille invulnérée — le signe des fronts qui souffrirent et qui les marque, en les défigurant d’une manière sublime, comme le fer à cheval de Redgauntlet !
Rien, en effet, dans un ouvrage où la clarté qu’on trouve rend très difficile sur la clarté qui n’y est pas, ne nous atteste d’une manière précise et fermement articulée que l’auteur ait le bonheur d’être catholique, mais rien, non plus, n’affirme qu’il ne le soit pas.
Selon la manière dont on sait l’écrire, on peut — autant du moins qu’il est donné à la faible créature humaine, — empêcher l’histoire qui va naître de recommencer l’histoire de ce qui n’est plus, ou bien c’est l’y faire ressembler.
Aimable d’ailleurs, et même gentil, à sa manière, tout le temps que durent la sybarite et l’amazone, qu’il aime toutes les deux, ce pauvre cul-de-plomb de bibliophile, peut-être par l’effet du contraste, il ne se sent plus, hélas !
dans lesquelles la femme qui les a écrites semble avoir eu à son service toutes les manières d’exprimer l’amour ?
Par dégoût du monde tel qu’il est, dégoûtant moralement, intellectuellement, esthétiquement, de toutes les manières, l’esprit donne un coup de pied à cette fange, comme à un tremplin, et remonte, pour se désouiller, vers les sphères bleues et constellées.
Les Grecs de la Sicile, de la Calabre et de la Campanie, leur donnèrent leurs divinités, leurs fables, leur alphabet et les caractères de leurs lettres ; les Étrusques, leurs superstitions, leurs augures et leurs combats de gladiateurs ; Athènes, Sparte et la Crète, leurs lois des Douze Tables ; des artistes Toscans et Samnites, leurs temples grossiers et leurs dieux de bois ou de terre cuite ; les peuples et les rois qu’ils vainquirent tour à tour, la forme de leurs armes et la manière d’attaquer et de se défendre.
Les mêmes objets leur communiquent les mêmes idées, et souvent la même manière de les rendre.
Mais cette création différait infiniment de celle de Dieu : Dieu dans sa pure intelligence connaît les êtres, et les crée par cela même qu’il les connaît ; les premiers hommes, puissants de leur ignorance, créaient à leur manière par la force d’une imagination, si je puis dire, toute matérielle.
Le Nabab, les Rois en exil caractérisent sa deuxième manière, la phrase arborescente et pailletante. […] Ce n’est rien du tout, et c’est beaucoup. » Le son des mots agissait sur lui d’une manière extraordinaire. […] Or, ce style vient uniquement chez lui d’une façon profonde d’exprimer des sensations, une façon spéciale qui rappelle la manière de Pierre Loti. […] Ce grand garçon, aux manières distinguées et de solide carrure normande, n’aimait pas beaucoup que l’on publiât son portrait. […] Ses manières simples, son accueil, sa parole dégagaient une attirante sensation d’autorité et de bonté.
Telle était sa manière d’embellir ses portraits d’ancêtres. […] D’ailleurs le beau style est vrai à sa manière et le style vrai peut avoir sa beauté. […] Prosateur-né, bien qu’il ait composé par jeu quelques sonnets dans la manière de Heredia, il n’avait pas naturellement le sens ni le culte du vers, au moins du vers français. […] Il répugnait à la manière forte, mais n’usait pas non plus de la manière franche. […] Ce serait bien la meilleure manière de s’en faire absoudre.
Dans la religion chrétienne, le simple d’esprit et l’homme intelligent, quand ils croient, ne croient pas sans doute tout à fait de la même manière, mais enfin ils croient l’un et l’autre à des dogmes qui excluent toute interprétation individuelle. […] M.Sarcey rend plus de justice au grand amuseur : « Cette nouvelle manière, c’était un tout jeune homme qui l’apportait. […] » Le bon brahmin répond négativement, et Voltaire raisonne là-dessus : « Il y a pourtant une furieuse contradiction dans cette manière de penser ; car enfin, de quoi s’agit-il ? […] Les tableaux sont composés de la même manière que les figures. […] est-ce que nous sommes, à notre manière, aussi bêtes que ça ?
Alors donc, on put voir ouvrir la scène d’une manière imposante. […] Or, comme la bravoure n’était pas le côté brillant des deux amis, la peur commença à les galoper de la belle manière. […] En outre, elle fut scandalisée de la manière trop passionnée avec laquelle on leur avait laissé jouer Andromaque. […] Cette pièce a cela de remarquable qu’elle fait époque, attendu qu’elle est la mère de toutes celles à scènes épisodiques ou à tiroir dont on a depuis usé et abusé d’une manière si fâcheuse. […] C’est une critique des plus amusantes des manières affectées, du langage ridicule et des modes outrées.
Les bords se repliaient à l’intérieur, en manière de corolle, comme ceux d’une large campanule. […] En tout cas, que l’on y consente ou non, qu’on damne Renan ou qu’on lui voue un culte d’adoration perpétuelle, il a le don de nous imposer sans contrainte, sur la plupart des sujets qu’il traite, sa manière de voir et sa façon de penser. […] cette merveilleuse histoire qui, exécutée d’une manière scientifique et définitive, révolutionnerait la pensée, avec quoi faudrait-il la construire ? […] Trouvons, si cela est possible, un nouveau biais pour regarder les choses et de nouvelles manières de philosopher. […] Nous n’avons pas gardé les mêmes manières d’exprimer nos sentiments et de déguiser nos faiblesses.
— Mon capitaine, lui répondis-je, je voudrais bien pouvoir répondre d’une manière précise à la question que vous me posez avec tant de bienveillance. […] Je voudrais faire sentir, par des exemples, la manière dont M. […] Jusqu’à nouvel ordre, il n’y a pas deux manières de mettre les enfants au monde. […] C’est la manière habituelle de tous ceux qui ont laissé, dans les lettres, une renommée durable et une trace profonde. […] C’est pour vous la seule manière de rendre possible une paix sérieuse entre vous et la nation russe.
XIII C’est alors, je crois, que vous vous liâtes par l’admiration avec Victor Hugo, seule manière de se lier avec lui ; votre liaison eut tous les caractères d’une passion ; vous ne quittiez plus la maison ; vous étiez comme ces jeunes Orientaux qui ont besoin de diviniser ce qu’ils admirent, et de pousser leur amour jusqu’à une servitude volontaire qui les identifie avec leur idole. […] Viguier, l’un des maîtres les plus distingués et les plus délicats de l’ancienne École normale, à qui j’avais dédié l’une des pièces (la IIe) du Recueil, après m’avoir remercié cordialement, après m’avoir dit : “Ce n’est pas un livre, c’est encore cette fois une âme vivante que vous m’avez fait lire ; telle est votre manière : entre votre talent et votre manière morale il y a intimité” ; ajoutait ces paroles que j’aurais dû peser davantage et dont j’ai vérifié depuis la justesse : « Voilà donc une phase nouvelle, un autre degré de l’échelle poétique et morale.
… Son sujet est conduit d’une belle manière ; Et chaque acte, en sa pièce, est une pièce entière2. […] De ces deux manières de concevoir le poème dramatique, quelle est la plus vraie ? […] Les théâtres, les livres en faveur, le donnent en spectacle tous les jours ; et, quelque naïfs que soient les premiers sentiments d’un jeune cœur, il est rare qu’il ne se glisse pas de l’imitation dans la manière dont il les exprime.
De même le premier orateur qui employa la prosopopée 27 fut, en quelque mesure, sincère ; il représenta à sa manière le phénomène qu’Homère avait décrit en poète, et le même instinct esthétique lui suggéra de placer à tort dans la bouche du conseiller imaginaire la démonstration du précepte après son énoncé. […] Parfois l’imagination développe à sa manière le thème fourni par la passion, de façon à occuper presque seule toute la scène de l’âme et à rejeter dans l’ombre le sentiment même qu’elle exprime ; d’autres fois, l’image évoquée est simple : elle représente soit l’objet direct de l’émotion, soit, quand la passion est surtout intellectuelle, un interlocuteur destiné à nous entendre bien parler du sujet qui nous anime et à se laisser convaincre sans résistance. […] Mais, dans l’Apologie de Platon (p. 26 et 27), Socrate établit avec une parfaite netteté les rapports logiques qui existent pour son esprit et, selon lui, pour tout esprit bien fait, entre […]— Dans sa Rhétorique II, 23, 8), Aristote, faisant une allusion évidente à cette argumentation de l’Apologie, en formule le début à sa manière avec beaucoup de précision : « […] ne peut être qu’un dieu ou l’œuvre d’un dieu… » 183.
Avec le roman et le théâtre, elle constitue la Littérature une et entière et la grande révolution qui transformera les deux autres genres, la renouvellera de la même manière comme le sang circule dans toutes les parties du corps. […] Voici en effet devant nous, une nouvelle manière d’être que ne comporte nulle part la nature organique et que ne régissent plus des lois seulement matérielles. […] À l’homme, la vie donc crée ce but, lui impose une manière d’être qui ne soit pas la volonté de son milieu. […] Même les étrangers reconnaissent à ce génie, la clarté, la simplicité, le naturel et surtout le don véritablement précieux, d’exprimer les choses de la manière la plus juste, la plus compréhensible.
De là une déformation de la conscience, une manière de quiétisme très particulier. […] Il ramène les animaux à l’humanité, non pas en leur attribuant, selon la manière de La Fontaine, nos actes et les mobiles de nos actes, mais en décrivant les leurs comme s’il s’agissait des nôtres. […] Depuis lors, un préjugé nous incline à considérer la manière de Flaubert comme supérieure à toute autre. […] Il y a certaines manières de voir, de sentir, de vivre, que M. […] C’est la manière du chroniqueur charmant et profond des Épilogues, du styliste incomparable du Songe d’une femme : l’allusion, le dédain.
Cependant nous exigerons désormais de Rouault une manière plus stricte. […] L’univers n’est qu’une manière totale de ne pas être ce qui est107. » — Dieu, s’il est, épuise toute l’existence. […] L’émerveillement, dont, sans fatigue, il nous emplit, vient non pas de l’originalité des mots ou des images qu’il nous propose, mais de le voir inventer à chaque phrase une nouvelle manière de s’écouler, un nouvel emploi de sa pente. […] Aussi le style de Gide va-t-il nous renseigner sur sa manière de composer et nous aider à en surprendre le secret. […] Or cette âme ne se demeure fidèle que par une sorte de privation ; d’un livre à l’autre elle ne se ressemble que par une certaine douce manière de refuser, elle ne garde que sa timidité, elle n’emmène que sa délicatesse séparée.
Cousin, justement scandalisé, n’y voit qu’une simple parodie des sophistes ; mais l’argumentation sophistique est trop semblable à d’autres argumentations employées très sérieusement et très habituellement par Platon, pour n’y pas reconnaître la manière de Platon lui-même. […] « — Mais se peut-il qu’un homme agisse vis-à-vis ce qui n’est pas, et qu’il fasse ce qui n’est en aucune manière ?
.… Je ne vois qu’une manière de me rendre la paix de l’âme et de tranquilliser mes pensées.… Et je conjure Votre Seigneurie, par l’ancienne amitié qui exista entre nous, par la grande affection qu’elle me porte et par sa charité chrétienne, d’agir envers moi, dans cette affaire, avec la même franchise qu’Elle m’a toujours montrée ; présentez ma supplique au cardinal de Pise ou à tout autre cardinal attaché à l’inquisition, et ne vous laissez dissuader par personne de présenter ma supplique, sous prétexte que je ne suis pas en parfaite santé d’esprit.… Mais présentez ma supplique au cardinal de Pise.… Employez toute votre influence, toute votre autorité à Rome ! […] Ces deux adolescents donnaient, depuis leur enfance, les signes de cette bonté de caractère et de cette grâce de manières qui les ont rendus depuis chers à tous les proches et à tous leurs compatriotes. » XIII « Cornélia, sa sœur, non contente d’entourer de ses soins et de sa tendresse le frère qui lui était rendu, voulut affermir encore sa convalescence par les soins des plus habiles médecins de Salerne et de Naples.
C’est au moment où l’on voit les caractères s’engager d’une manière irrésistible dans les situations, et se compléter ainsi la vraisemblance avec la vie, qu’éclate la perfection du poème dramatique. […] Un amour épisodique n’inspirera pas au poète un langage touchant, pathétique, durable, et s’il l’emploie comme embellissement, il risque de ne donner qu’une image bientôt surannée de la manière dont on comprenait l’amour de son temps.
Il n’est pas une de nos « vertus » qui ne soit faussée en quelque manière et continuellement, ou qui ne devienne, à l’occasion, un véritable vice. […] Elle devrait être une théorie des conditions de la vie sociale en général et de la vie de chaque société en particulier, selon sa nature et ses ressources, préciser la manière dont chaque société peut réaliser pour le mieux le type qu’elle présente, déterminer aussi une hiérarchie des types, selon leur aptitude à former des combinaisons supérieures de sociétés, et à créer une sorte de réalisation de l’humanité, ou même, dans nos rêves, d’une association supérieure à l’humanité.
Bourgeois sait apporter une agréable variété dans sa manière de succomber sous la lance du Dieu. […] On connaît le système musical que Wagner a appliqué aux œuvres de sa seconde manière.
En effet nul n’a l’émotion plus facile et plus intense que le créateur des Ballades françaises : « c’est une manière de sentir autant qu’une manière de dire ».
Proudhon, qui n’était pas plus vrai de principes et de doctrine, c’est-à-dire dans l’essence des choses, était au moins sincère dans sa manière de les penser : la profondeur est toujours sincère. […] Mais, né après Rousseau et de Rousseau, fou de sciences folles, né ouvrier, — dans un temps où la révolution des ouvriers se prépare contre les bourgeois avec la logique vengeresse des révolutions, — ouvrier lui-même, ayant mis la main à la pâte, il a été la victime de son siècle, le déforme de son siècle et de son berceau, qui n’ont pas tué son génie mais qui l’ont horriblement gauchi, mais pas encore de manière, cependant, qu’on n’aperçoive ces deux belles lignes qui, en talent, font les camées : le bon sens et la pureté de cœur, XVI Il les a retrouvées — intégralement retrouvées — dans le livre que voici, où il ne s’agissait plus des progrès chimériques de l’esprit humain, — la griserie des cerveaux modernes, — mais de la morale éternelle, — mais du rapport éternel de l’homme et de la femme, — mais de la famille, base, pour Proudhon comme pour Bonald, de toute société.
Et le rire sera bien plus fort encore si l’on ne nous présente plus sur la scène deux personnages seulement, comme dans l’exemple de Pascal, mais plusieurs, mais le plus grand nombre possible, tous ressemblants entre eux, et qui vont, viennent, dansent, se démènent ensemble, prenant en même temps les mêmes attitudes, gesticulant de la même manière. […] Un philosophe contemporain, argumentateur à outrance, auquel on représentait que ses raisonnements irréprochablement déduits avaient l’expérience contre eux, mit fin à la discussion par cette simple parole : « L’expérience a tort. » C’est que l’idée de régler administrativement la vie est plus répandue qu’on ne le pense ; elle est naturelle à sa manière, quoique nous venions de l’obtenir par un procédé de recomposition.
Toutes ne le font pas au même degré ni de la même manière. […] Nous n’aimerons plus en faibles créatures et d’un cœur resserré dans d’étroites bornes : l’amour infini aimera en nous, notre amour portera le caractère de Dieu même41. » Le philosophe religieux, Maine de Biran, n’a point une autre manière d’entendre l’union mystique de l’âme avec Dieu, sauf les exagérations de langage qu’il laisse aux théologiens.
Certainement un prêtre peut monter à cheval pour l’exercice de son ministère ; il y a des pays de montagnes où c’est la seule manière de voyager, et des évêques même ne se font pas scrupule de parcourir ainsi les parties abruptes de leur diocèse ; mais monter à cheval pour son plaisir, comme les fils de famille riches, qui vont passer la soirée au bois de Boulogne, je vous avoue que la chose me semble hardie dans un religieux.
Si le siècle lui paraissait infect, tout cloître, en revanche, était, à ses yeux, pur, céleste, innocent et sublime : autre manière d’illusion !
A part ce défaut, qui chez Le Brun avait dégénéré en une espèce de tic, son style, son procédé et sa manière le rapprochent beaucoup d’Alfieri et du peintre David, auxquels il ne nous paraît nullement inférieur.
» Mais on ne s’en tenait pas là, et il devenait trop clair que, pour une raison ou pour une autre, tout ce qui avait une plume et savait s’en servir d’une manière vive, acérée, spirituelle, venait se ranger dans des cadres opposés, et prenait plus ou moins parti contre vous.
« Et qui sait, ajoute M. de Fleury, si le xxe siècle n’écrira pas Werther à sa manière, avec figures dans le texte, chez un éditeur médical ?
Allez au contraire hardiment : pensez-y aussi longtemps qu’il faudra, mais après déclarez-vous : ayez une manière de voir, une seule, et écartez tout ce qui ne s’y conforme pas.
D’autre part, si curieux qu’ait été Ronsard de s’éloigner du vulgaire, il n’a jamais hésité à condamner les auteurs turbulents qui, « voulant éviter le langage commun, s’embarrassent de mots et manières de parler dures, fantastiques et insolentes ».
Aussi ne peut-on parler ici de labeur artistique, de lente élaboration, de composition savante et réfléchie : toutes ces simagrées ne sont pas sa manière.
D’abord ce n’est point là le style ni la manière d’un « ciseleur ».
Il ne sent plus que d’une maniere incertaine, & il devient le jouet infortuné du premier caprice qu’il vient de se forger.
J’échoue d’abord ou je dois me contenter de démonstrations par à peu près ; je me décide enfin à donner à mon objet une définition précise, ce qui me permet d’établir cette propriété d’une manière irréprochable.
Mais cette manière de concevoir les choses repose sur une fausse conception de la personne de Jean.
Le nom de Capharnahum, où entre le mot caphar, « village », semble désigner une bourgade à l’ancienne manière, par opposition aux grandes villes bâties selon la mode romaine, comme Tibériade 375.
III Avant de pénétrer dans une région plus élevée de la psychologie, en allant des sensations à la pensée, il nous reste à passer en revue, d’une manière aussi complète que possible, tous les phénomènes qui sont la matière brute de l’intelligence et de la volonté.
Le bouffon sera frappé par la providence exactement de la même manière que M. de Saint-Vallier.
Chacun a sa manière.
in-12. qui ont été accueillies d’une maniere distinguée.
C’est que l’hommage des hommes y était porté d’une manière plus secrète et plus libre.
Isaac Newton, Kepler, Pascal, étaient des poètes à leur manière.
Elle lui a donné des manières, des affectations, des grimaces d’originalité désagréables aux âmes qui ont la chasteté du Vrai… Sans doute, il est fort difficile de bien déterminer ce que c’est que le naturel dans l’originalité.
Elle lui a donné des manières, des affectations, des grimaces d’originalité, désagréables aux âmes qui ont la chasteté du Vrai… Sans doute, il est fort difficile de bien déterminer ce que c’est que le naturel dans l’originalité.
Il provient, je crois, de ce fait que la France ne voit qu’elle-même dans le monde, et qu’il lui est, dès lors, impossible de se juger, suivant la réalité ; manquant de points de comparaison, elle s’illusionne jusqu’à se croire d’une manière permanente et, pour ainsi dire, cosmique, à la tête de la civilisation et de l’humanité.
Il avait, comme Fontenelle, voulu orner la philosophie par les grâces ; il chercha de même à copier sa manière dans les éloges.
Vous demanderai-je encore si le fait principal, raconté par le poète, se termine d’une manière satisfaisante sans une conclusion absolue du destin des personnages ou de leur entreprise, sans un dénouement parfait ? […] Le poète a deux manières de raconter : l’une est de dire lui-même ce que les personnages font ; l’autre est de leur faire dire ce qu’ils ont fait. […] Quel avantage a le chantre italien dans la manière vive et naturelle dont il s’en sert ! […] Belle allégorie de Voltaire Les beautés réelles que le talent de Voltaire en a pourtant deux fois tirées, nous enseigneront de quelle manière on peut user de cette espèce d’ornement. […] Nous avons remarqué l’infériorité des machines allégoriques à côté de ces machines célestes dont les ressorts agissent d’une manière inexplicable, parce qu’ils tiennent aux systèmes religieux.
La manière violente et brutale, dont Dumas y a maltraité les personnages historiques dont il lui a plu de s’emparer, est indescriptible. […] Seule la façon toujours merveilleuse de les traiter fait l’unité de son œuvre Quand il y a (et c’est arrivé parfois) excès dans l’idée, cet excès est corrigé par la discrétion et la retenue de la manière. […] Ce sont là des questions de perspective et une manière d’enluminer les personnages afin que le masque garde plus d’expression et plus de vie. » M. […] « Le pauvre seul, a dit Lessing, sait combien souffre le pauvre ; le pauvre seul a appris la meilleure manière de donner au pauvre. » Le tact exquis de M. […] Nous voulons parler de l’Edgar Poë encore dans sa première manière, encore dans les ardeurs de curiosité du raisonnement, consacrant encore sa volonté patiente à jeter un défi aux difficultés.
Pour eux, ils gesticulent, ils jurent en italien, en français, en anglais2 ; ils plaisantent tout haut avec des mots recherchés, composites, colorés ; bref, ils ont les manières énergiques, originales et gaies des artistes, la même verve, le même sans-gêne, et, pour achever la ressemblance, la même envie de se singulariser, les mêmes besoins d’imagination, les mêmes inventions saugrenues et pittoresques, la barbe taillée en éventail, en pointe, en bêche, en T, les habits voyants et riches, empruntés aux cinq ou six nations voisines, brodés, dorés, bariolés, incessamment exagérés et remplacés par d’autres ; il y a un carnaval dans leur tête comme sur leur dos. […] Cent sortes de chaînes, cent mille sortes de liens, la religion, la morale et le savoir-vivre, toutes les législations qui règlent les sentiments, les mœurs et les manières, viennent entraver et dompter l’animal instinctif et passionné qui palpite et se cabre en chacun de nous. […] Élisabeth donnait des coups de poing à ses filles d’honneur, « de telle façon qu’on entendait souvent ces belles filles crier et se lamenter d’une piteuse manière. » Un jour, elle cracha sur l’habit à franges de sir Mathew ; une autre fois comme Essex, qu’elle tançait, lui tournait le dos, elle le souffleta. […] L’avocat parle d’abord latin77 : « Non, qu’il parle en langue ordinaire ; autrement, je ne répondrai pas. — Mais vous comprenez le latin. — Je le comprends, mais je veux que toute cette assemblée entende. » Poitrine ouverte, en pleine lumière, elle veut un duel public, et provoque l’avocat : « Me voici au blanc, tirez sur moi, je vous dirai si vous touchez près. » Elle le raille sur son jargon, l’insulte, avec une ironie mordante. « Sûrement, messeigneurs, cet avocat a avalé quelque ordonnance ou quelque formule d’apothicaire, et maintenant les gros mots indigestes lui reviennent au bec, comme les pierres que nous donnons aux faucons en manière de médicaments.
. — Enfin, quand ce genre d’esprit rencontre dans une âme orgueilleuse des habitudes de prêcheur triste, il produit les mauvaises manières. […] Il subsiste aujourd’hui même dans cet âge de nivellement et de destruction. « Je vois dans cette indestructibilité du culte de l’héroïsme la base de roc éternel au-dessous de laquelle les ruines confuses des écroulements révolutionnaires ne peuvent tomber. » II Il y a là une théorie allemande, mais transformée, précisée et épaissie à la manière anglaise. […] Il n’entend pas mieux notre manière d’agir que notre manière de penser.
Comme il sait toutes les théogonies et toutes les littératures, J’ai connu tous les dieux du ciel et de la terre, comme il a bu à toutes les sources, il connaît plus d’une manière de s’enivrer : dilettante d’espèce supérieure, quand il aura épuisé la joie des navigations, quand il aura choisi sa demeure (sans doute près d’une vieille fontaine sacrée), ayant beaucoup cueilli, ayant beaucoup semé de nobles graines, il se verra le maître d’un jardin royal et d’un peuple odorant de fleurs, Fleurs éternelles, fleurs égales aux dieux ! […] Il sait que tout arrive, qu’un fait n’est pas en soi plus intéressant qu’un autre fait et que seule importe « la manière de dire ». […] Tout en effet, dans une œuvre d’art devrait être inédit, — et même les mots, par la manière de les grouper, de les amener à des significations neuves, — et on regrette parfois d’avoir un alphabet connu de trop de demi-lettrés. […] Moréas, ayant changé de manière, répudie ces primitives œuvres, je n’insisterai pas.
Ces développements sont traités dans la manière fringante et claquante des chroniqueurs du second empire, d’un Villemot ou d’un Alphonse Karr. […] » Aucune de ces quatre « manières » n’est celle de Mlle Cécile Leguerrouic. […] Il espère une guerre, où il montrera qu’il sait du moins mourir. — « Comme nous », dit le romancier Moncade, ami de la maison. — « Il y a manière », réplique le prince. […] Me purifier, à cause de lui, par la souffrance, ce sera ma manière, à moi, de l’aimer. […] Elle s’est appliquée à « couper toutes ses fibres aimantes » ; elle a trouvé le calme ; elle est devenue une manière de dilettante, un peu stoïque, pour qui la vie n’est plus qu’un spectacle.
— Oui, vous êtes une manière de masque de fer. […] « Mme Worms-Clavelin, considérant la force et la richesse de l’Église, a tenu la main énergiquement à ce que Jeanne fût laissée à ces religieuses qui donnaient à la jeune fille des principes et des manières. […] Le suffrage universel a une si haute idée de la faveur dont il honore ses élus, qu’il ne se fait aucun scrupule de mettre leur reconnaissance à contribution de toutes les manières imaginables. […] On en pourrait faire un roman paisible, à la manière anglaise, sous ce titre : l’Idylle d’un receveur d’enregistrement. […] Son initiation, commencée en l’automne de 1891, par une châtelaine du pays « escualdanac » (c’est ainsi qu’il faut appeler le pays basque), vient d’aboutir à une manière de chef-d’œuvre : Ramuntcho.
Il est devenu une manière d’optimiste. […] Ne va pas prendre un dilettante du pessimisme, un adepte de la manière rosse pour un médecin qui scrute le mal en vue d’y apporter un remède ! […] En récrivant à sa manière la vie de Jésus, il suppose que le Christ mourant a lancé vers le ciel cinq gouttes de sang. […] Ne convient-il pas de rattacher aux diverses Facultés ou Sections les établissements pratiques correspondants, de manière qu’ils participent à la vie du Tout comme des membres à celle du corps ? […] Faguet s’attache à prouver que le déisme de Voltaire équivaut à l’athéisme, attendu qu’il « n’avait pas l’idée de Dieu présente à son esprit d’une manière constante » et que « l’idée de Dieu n’est rien, si elle n’est pas tout ».
Notre vouloir est un pronostic de ce que nous ferons dans toutes les circonstances ; mais ces circonstances nous saisissent d’une manière qui leur est propre. […] L’érudition, poussée à ce degré d’exubérance, est une manière de virtuosité. […] Ces messieurs lui plaisaient aussi, parce qu’ils avaient conservé quelque chose du langage et des manières de la cour. […] L’Impératrice s’exprima d’une manière étonnante sur les émigrés : « Ils sont cause des malheurs de la France, disait-elle. […] En rase campagne, il n’y a que deux manières de succomber : mourir ou être fait prisonnier, mais l’être à coups de crosse !
. — Certainement elle était de très-bonne compagnie — et tout agréable et aimable de façons. » Sans doute elle s’efforce « de contrefaire les manières de cour, d’être imposante », elle veut paraître du beau monde, et « parle le français tout à fait bien et joliment, à la façon de Stratford-at-Bow, car le français de Paris lui est inconnu. » Vous fâcherez-vous de ces affectations de province ? […] Ses trois grandes œuvres, la Chute des princes, le Siège de Troie, l’Histoire de Thèbes, ne sont que des traductions ou des paraphrases verbeuses, érudites, descriptives, sortes de processions chevaleresques, coloriées pour la vingtième fois de la même manière, sur le même vélin. […] Barcklay233 traduit le Miroir des bonnes manières et le Vaisseau des fous.
En un mot, Arcadi Pavlitch est l’un des seigneurs les plus accomplis, et un des promis les plus enviables de tout le gouvernement ; les femmes raffolent de lui et s’extasient particulièrement sur l’élégance de ses manières. […] Des enfants en longues chemises10 s’éloignaient à notre approche avec des hurlements, se couchaient à plat ventre sur le seuil des portes, baissaient la tête, levaient les pieds en l’air et se trouvaient très-expéditivement transportés de cette manière au fond des sénis 11 obscurs de leurs demeures respectives, qu’ils ne quittaient plus. […] … une quinzaine d’années, nous remarquâmes, ma femme et moi, la fille du starosta ; c’était une charmante enfant ; elle avait même un je ne sais quoi, vous me comprenez, quelque chose de très-prévenant dans les manières.
On lui a reproché de n’être point assez méthodique ; de peindre en amant de la nature, et de ne pas décrire en naturaliste: c’était lui reprocher de créer sa manière, et de rendre les voies de la science agréables et faciles. […] Mais comment ne remarquerions-nous pas l’adresse singulière avec laquelle l’auteur sait fondre à propos, dans son livre, des morceaux de Virgile et de Plutarque, de manière qu’ils ne forment qu’une seule pièce avec sa pensée ? […] Il faut qu’il croie en Dieu et qu’il le serve à ma manière… Je ne voudrais pas être votre femme, si ce n’était pour faire ensemble notre salut. » Ce dernier sentiment avait quelque chose de délicat, que M. de Saint-Pierre ne manqua pas de remarquer dans sa réponse, mais sans s’expliquer sur l’objet principal.
Voilà ce qu’a su faire entre tous, d’une manière qui lui est propre et qu’il serait aussi inutile qu’impossible d’imiter, Shakespeare, ce dieu du théâtre, en qui semblent réunis, comme dans une trinité, les trois grands génies caractéristiques de notre scène : Corneille, Molière, Beaumarchais. […] — Mà, nous objectera-t-on encore, à la manière dont vous concevez l’art, vous paraissez n’attendre que de grands poëtes, toujours compter sur le génie ? […] Cette manière a ses avantages.
Je laisse dans Grammont les accouchements des filles d’honneur et les goûts contre la nature : il faut les montrer ou les cacher, et je n’ai pas le courage de les insinuer joliment à sa manière. […] Quand il traduit une pièce hasardée, Amphitryon, par exemple, il la trouve trop modeste ; il en ôte les adoucissements, il en alourdit le scandale. « Le roi et le prêtre, dit Jupiter, sont en quelque manière contraints par convenance d’être des hypocrites bien masqués570. » Là-dessus, le dieu étale crûment son despotisme. […] En attendant, avec leur diction ornée, officielle, et leur pensées d’emprunt, ils sont comme des chambellans brodés, compassés, qui assistent à un mariage royal ou à un baptême auguste, l’esprit vide, l’air grave, admirables de dignité et de manières, ayant la correction et les idées d’un mannequin. […] Le théâtre, qui raille ces imitateurs, est imitateur à leur manière. […] Le monde ne nous déprave point, il nous développe ; ce n’étaient pas seulement les manières et l’intérieur qu’il polissait alors, mais encore les sentiments et les idées.
Mme Collet envoyait à l’auteur de Salammbô des petits contes gaulois, en vers de dix syllabes, dans la manière d’Andrieux. […] Cette Jeanne d’Arc-là est absurde, j’en ai peur : elle a le profil grec, une manière de casque en pointe, et son cheval n’est pas un cheval : c’est un coursier. […] j’aimais bien Frimousse, parce qu’il était à vous ; mais ses aboiements et aussi la pétulance et la brusquerie de ses manières m’étaient souvent insupportables. […] Cette manière de dater ne manquait point de grâce. […] Pour le découvrir, le marquis s’adresse au père Robert, qui est une manière de sorcier.
Elle vit des avances où je n’avais vu que des amitiés ; elle jugea que Mme Lard, se faisant un point d’honneur de me laisser moins sot qu’elle ne m’avait trouvé, parviendrait de manière ou d’autre à se faire entendre ; et outre qu’il n’était pas juste qu’une autre femme se chargeât de l’instruction de son élève, elle avait des motifs plus dignes d’elle pour me garantir des pièges auxquels mon âge et mon état m’exposaient. […] J’en rapporterai un des plus comiques par manière d’échantillon.
Ce n’est qu’à l’éloquence politique que l’éloquence judiciaire peut emprunter une certaine manière large, lumineuse et populaire de traiter les questions, de tirer le plaidoyer hors de la contestation aride et technique, et hors de l’érudition pâteuse et pédantesque, où invite la nécessité de plaire à des auditeurs peu nombreux et généralement lettrés. […] Quand il arrive à Paris, il est maître de son talent et de sa forma : cependant dans cette suite de chefs-d’œuvre qu’il accumule pendant onze ans, on peut distinguer deux manières : les sermons des premières années sont plus voisins des sermons de Metz, par la vigueur de l’appareil logique, par la chaude couleur du style.
« Il disoient ou païs que le soudanc de Babiloine avoit mainte fois essaie d’ont le flum venoit, et y envoioit gens qui portoient une manière de pains que l’en appelle bequis pour ce qu’il sont cuis par deux foiz et de ce pain vivoient tant que il revenoient arieres au soudanc, et raportôient que il avoient cerchié le flum et que il estoient venus à un grant tertre de roches taillées là ou nulz n’avoit pooir de monter ; de ce tertre cheoit le flum, et leur sembloit que il y eust grant foison d’arbres en la montaigne en haut ; et disoient que il avoient trouvé merveilles de diverses bestes sauvages et de diverses façons, lyons, serpens, oliphans, qui les venoient regarder dessus la rivière de l’yaue, aussi comme il aloient à mont4. » Un esprit superficiel peut décider que c’est là un bien faible progrès, pour être l’ouvrage d’un siècle. […] À tout temps avoit sens propre, et à toutes gens propres manières sage en conseil, froid en conclure, dur en rompre en propos, et ferme a en son promettre… Ne daignoit en basses choses tourner son haut coraige… Vaillant plus qu’homme, et plus mortel que nul glaive, aimoit plus honneur que sa vie, bonne grace que couronne en chief.
Il remettait entre les mains de ce saint homme au cœur tout frémissant encore des passions vaincues de la veille ; et c’est peut-être sous l’impression des premières douceurs que la parole de M. de Sacy avait fait couler dans son âme, qu’il écrivait sur un parchemin, en manière de mémorial, ces mots si pathétiques : « Joie, joie, pleurs de joie ! […] » Et la manière plaisante dont l’interlocuteur s’en corrige aggrave les confidences du père : « Je ne m’expliquais pas assez, mon père.
Obligé de reconnaître que le brutal aphorisme a du vrai pour aujourd’hui comme il en avait pour hier, et que la République n’a pas encore beaucoup fait pour la régénération du goût public, je me résigne, à peu près de la même manière qu’on se suicide, à imprimer cette pièce, un peu consolé cependant par un pressentiment vague, qui me dit qu’un jour, un jour que nous devons tous espérer, cette œuvre mort-née sera peut-être jugée digne d’être la voix avec laquelle un théâtre national fouettera le patriotisme à la France28. […] Il me revient même que, pressés de faire un opéra-comique par notre cousin de Villedeuil, qui avait de l’argent dans le Théâtre-Lyrique, nous avons écrit une farce dans la manière des vieux bouffons italiens, intitulée : Mam’selle Zirzabelle, acte pour lequel, je ne suis pas bien sûr que mon frère n’ait pas composé des vers qui s’entremêlaient à travers la prose.
Et la salle se vide d’une manière morne. […] Je trouve que la manière d’être la plus utile à sa patrie : c’est de passer toute sa vie, sans toucher un sou du budget de l’État.
Il fait en cette occasion un retour sur lui-même et sur cette prétention, qui est la sienne, d’avoir toujours été un des plus heureux et des plus fortunés hommes entre tous ceux qui aient porté les armes, ce qui est bien aussi une manière de vanité : « Et si (et pourtant), dit-il, n’ai-je pas été exempt de grandes blessures et de grandes maladies ; car j’en ai autant eu qu’homme du monde saurait avoir sans mourir, m’ayant Dieu toujours voulu donner une bride pour me faire connaître que le bien et le mal dépend de lui, quand il lui plaît ; mais encore, ce nonobstant, ce méchant naturel, âpre, fâcheux et colère, qui sent un peu et par trop le terroir de Gascogne, m’a toujours fait faire quelque trait des miens, dont je ne suis pas à me repentir.
Un Courtenay mousquetaire y fut tué, un descendant légitime de Louis le Gros et, à sa manière, un petit-fils de France. « Je voyais toute l’attaque fort à mon aise, écrit Racine à Boileau, d’un peu loin à la vérité ; mais j’avais de fort bonnes lunettes, que je ne pouvais presque tenir ferme tant le cœur me battait à voir tant de braves gens dans le péril. » Le roi, à ce siège de Mons comme l’année suivante à celui de Namur, s’offre bien à nous dans l’attitude sinon héroïque, du moins royale, et il satisfait à l’honneur, au courage, à tous ses devoirs, y compris l’humanité : « Jeudi 5 avril. — Le roi, en faisant le tour des lignes, a passé à l’hôpital pour voir si l’on avait bien soin des blessés et des malades, si les bouillons étaient bons, s’il en mourait beaucoup, et si les chirurgiens faisaient bien leur devoir. » La ville a demandé à capituler après seize jours de tranchée ouverte : « Le roi, dit Dangeau, a donné ce matin (9 avril) à Vauban 100000 francs, et l’a prié à dîner, honneur dont il a été plus touché que de l’argent.
Joubert représente donc parfaitement l’esprit de cette armée, de ces brigades intrépides et de leurs jeunes officiers, par le brillant de la valeur, par la politesse et l’élégance naturelle des manières, l’habitude et le prestige, de la victoire, et un attachement profond au général en chef qu’il eût suivi sans doute s’il eût vécu.
» Sans prétendre juger du fond des choses dans des affaires si embrouillées, il est certain pour moi, par la manière dont il est parlé de Joubert dans le récit de Fouché, et par la comparaison des pièces produites dans cette vie même du général, que Joubert, plus ou moins en garde d’abord contre les procédés de Brune, fut bientôt retourné et gagné par Fouché.
Son triomphe est le Béarn, et il mériterait d’être surnommé, à sa manière, le Béarnais.
A la manière dont il appuie sur chaque détail, sur chaque point environnant, il semble n’avoir pas voulu faire un poème, mais plutôt un tableau vrai, réel.
que cette timidité de bon goût et un peu excessive chez Mlle de Guérin est bien l’opposé de la manière osée, hardie, attaquante, de Mme de Gasparin qui, elle, ne trouve rien de trop franc à son gré, qui cherche, bien loin de les fuir, les notes aiguës, vibrantes, stridentes même, si elles rendent leur effet !
Le genre idyllique, en effet, peut se concevoir d’une manière plus étendue, plus conforme, même dans son idéal, à la réalité de la vie et de la nature.
« Je trouvai Monsieur, dit Retz, dans le cabinet de Madame qui le catéchisait ou plutôt qui l’exhortait ; car il était dans un emportement inconcevable, et l’on eût dit, de la manière dont il parlait, qu’il était à cheval, armé de toutes pièces, et prêt à couvrir de sang et de carnage les campagnes de Saint-Denis et de Grenelle.
Pan, la Flûte, le Chevrier, seraient peut-être les plus accomplis chefs-d’œuvre où il faudrait essayer de surprendre respectueusement la « manière » de Heredia.
S’ils gardent à Marie-Antoinette, sanctifiée par ses malheurs, une sorte de vénération sacrée, s’ils se lamentent sur le sort du roi-martyr, ne peut-on pas douter de leur sincérité quand on lit sous la plume de Villiers de l’Isle-Adam : « Les rois même défunts ont une manière parfois bien dédaigneuse de châtier les farceurs qui osent s’octroyer l’hypocrite jouissance de les plaindre » ?
Dans les premiers temps de l’exercice de sa charge, il avait eu avec ses administrés des difficultés qu’il avait tranchées d’une manière très brutale, mais où il semble que, pour le fond des choses, il avait raison.
Ils ont reçu de Wagner le goût du leitmotiv — et la manière de le traiter… Souhaitons qu’ils n’oublient point de marquer leur individualité spéciale, d’avoir, bien à eux, leur façon de sentir et leur façon d’exprimer.
Elle « s’applique à toutes les branches de la science, parce qu’elle est une fonction de l’esprit : elle embrasse toute la science, parce qu’elle est une manière de penser le monde ».
N’est-ce pas comme si l’on disait : Que m’importe la manière dont Rome a été gouvernée ?
Ce n’est pas la quantité du sang répandu, c’est la maniere dont il est versé qui fait le caractere de la tragedie.
Le dernier exemple de cette manière que l’on relève est celui de l’abbé Bourgade qui, en 1866, fit de ses inscriptions recueillies en Tunisie et en Syrie, la Toison d’or de la langue phénicienne.
Le seul fait littéraire qui, depuis la renaissance, puisse nous donner une idée de la manière dont se forment les traditions, le seul, en même temps, qui fasse concevoir ce que fut le cycle épique chez les anciens, ce sont les poèmes qui ont été destinés à célébrer la gloire de Charlemagne et de ses paladins.
Dès lors, n’est-il pas vraisemblable que le désir affirmer cette croyance soit pour quelque chose dans la facilité avec laquelle nous admettons, d’une manière générale, la maîtrise des systèmes sur les faits ?
. — On aurait pu lui répondre : Pardon, il y a une troisième manière d’être panthéiste, celle de Schelling et d’Hégel ; car ils repoussent avec autant de mépris que vous celle que vous venez de citer.
De justice, d’honneur, il ne parle qu’en courant et pour la forme : « Avant tout, dit-il à son fils, ayez des manières. » Il y revient dans chaque lettre avec une insistance, une abondance, une force de preuves, qui font un contraste grotesque. « Mon cher ami, comment vont les manières, les agréments, les grâces, et tous ces petits riens si nécessaires pour rendre un homme aimable ? […] Voilà la société que Gay mit en scène ; à son avis, elle valait la grande ; on avait peine à l’en distinguer : manières, esprit, conduite, morale, dans l’une et l’autre, tout est semblable. « En fait de vices à la mode, on ne peut dire si les gentilshommes du grand chemin imitent les gentilshommes à la mode, ou si les gentilshommes à la mode imitent les gentilshommes du grand chemin807. » En quoi, par exemple, Peachum diffère-t-il d’un grand ministre ? […] Nous estimons que si un réformateur « porte la main sur les fautes de l’État, ce doit être comme sur les blessures d’un père, avec une vénération pieuse et une sollicitude tremblante… Par votre facilité désordonnée à changer l’État aussi souvent, aussi profondément, en autant de manières qu’il y a de caprices et de modes flottantes, la continuité et la chaîne entière de la communauté seront rompues.
« On aurait tort, dit un mathématicien philosophe, de ne voir dans cette seconde manière qu’une abréviation convenue, une forme de langage, apparemment plus commode parce qu’elle est plus usitée. […] Si le type se retrouve le même à travers tant d’espèces différentes, c’est que toutes ces espèces, en vertu de l’hérédité, répètent les traits de leur progéniteur commun. — Par l’autre de ces propriétés, l’organe est un instrument utile qui accorde sa structure et sa fonction avec celles des autres, de manière que les espèces différentes puissent subsister dans leurs différents milieux : c’est que, grâce à une sélection continue, le plan commun légué par le progéniteur commun s’est modifié ici dans un sens, là-bas dans un autre, pour accommoder ses détails aux différences et aux changements du milieu. […] Que ce dernier fond de la chose nous soit accessible ou non, peu importe ; c’est par lui que le caractère s’attache au groupe de ses conditions ; en lui réside l’influence inconnue, la raison intime, première et dernière qui explique la liaison de fait constatée entre le caractère et le groupe. — Ainsi se justifie le jugement demi-scientifique, demi-divinatoire par lequel nous affirmons que tout phénomène, changement, état, propriété, manière d’être, tout caractère transitoire ou permanent d’un objet quelconque, a sa raison d’être, et que cette raison se trouve incluse dans le groupe de ses conditions.
D’abord il était de toute importance d’avoir sa figure à soi dans l’ombre et celle de son partner dans la lumière, aussi son fauteuil est-il arrangé de manière qu’en faisant demi-tour à droite, quand quelqu’un entre dans son cabinet, il tourne le dos à la fenêtre. […] Je ne trouve pas le sommeil, mais j’obtiens une espèce d’engourdissement, en la nuit de ma chambre fermée, dans laquelle mon ennui se formule à ma pensée, d’une manière moins distincte, plus vague, plus estompée. […] Sous ce costume ridicule, un monsieur, aux excellentes manières, à la parole flûtée d’un homme qui a l’habitude de parler aux femmes, et dont le manque de dents rappelle, parfois, l’intonation gutturale, mais en mineure, de Frédérick-Lemaître.
» Mardi 24 février Ce matin, à propos du patriotisme de Renan, je reçois une carte postale signée : « Un patriote français vainqueur à Coulmiers (9 novembre 1870) » me disant : « L’article du 15 septembre 1870 de la Revue des Deux Mondes, signé Renan, connu plus tôt, eût, peut-être empêché son élection à l’Académie française, car cet article antifrançais, n’était pas fait pour encourager les soldats de l’armée de la Loire, qui, comme moi l’ont lu à Orléans, avant de marcher à l’ennemi. » Mercredi 25 février À midi, enfin arrive une dépêche de la comtesse Greffulhe, qui m’annonce d’une manière positive, que l’Impératrice de Prusse ne viendra pas décidément chez moi, ce qui me comble de joie, vu que dans l’état des esprits et le mouvement d’éreintement de ma personne, cette visite aurait fait demander ma tête. […] Dimanche 19 avril À propos de son livre sur la Bonté, qu’annonce Rosny, Daudet me parle ce soir, de la privation grande qu’il éprouve maintenant à ne plus faire la charité, depuis qu’il ne marche plus : « Oui, dit-il, en répondant à sa femme qui lui rappelle les bonnes œuvres qu’ils font ensemble, oui, c’est vrai, mais ce n’est plus cela, dans ces bonnes œuvres, je ne joue plus le rôle de la Providence, de l’être surnaturel, si tu le veux, apparaissant au miséreux, au routier que je rencontre sur mon chemin. » Et il raconte alors, de la manière la plus charmante, avec de l’esprit donné par le cœur, l’affalement, la nuit tombée, du routier éreinté devant la fontaine faisant face à la maison de son beau-père, à Champrosay, et son incertitude angoisseuse en tête des deux chemins du carrefour, interrogeant du regard, l’un et l’autre, et se demandant celui au bout duquel il y avait l’espérance de manger et de coucher, puis, son aventurement dans l’un, puis dans l’autre, et son retour découragé au bout de quelques pas… Alors, dans ce moment, Daudet penché derrière les persiennes fermées, mettait une pièce de cent sous dans du papier, et la jetait. […] Et voici ses paroles textuelles : « Je sors, avec deux collègues, d’examiner les comptes de l’isthme de Panama… écoutez… quatorze cents millions ont été dépensés… eh bien, quatre cents millions ont été dépensés dans l’isthme… il y a un milliard qu’on ne retrouve pas… il est impossible qu’on ne poursuive pas Lesseps. » Puis causant des clubs d’une manière générale, Marin me disait, que pour y entrer tout de go, il fallait s’y présenter très jeune, parce qu’un homme, qui jouit à Paris d’une certaine notoriété, s’est fait nombre d’ennemis à quarante ans, et est presque assuré de plus de boules noires qu’il n’en faut pour être refusé.
Il disait joliment, que je ne sais quel cercle de province lui avait fait écrire par son secrétaire, qu’un schisme s’était produit entre les membres, à propos de la manière, dont on devait prononcer son nom, et que de forts paris avaient été engagés… Interrogation à laquelle il répondait : « Comment prononce-t-on chez vous schisme ? […] » Et l’Anglais demeurait au diable de Crystal Palace, près duquel gîtait Carrière, qui répondait imperturbablement : « Oh, je prendrai un cab à la petite place de voitures, qui est à côté. » Et il revenait à pied, et rentrait chez lui, tant c’était loin, à quatre heures du matin… « Ce qui m’a sauvé, jette-t-il, en manière de péroraison, c’est qu’il y avait chez moi, dans ma jeunesse, beaucoup d’animalité, de force animale. » Il me confessait qu’à Londres, il avait eu, tout le temps, un sentiment d’effroi du silence des foules. […] Enfin au dernier tableau, les acteurs sont couverts d’applaudissements, et surtout Duflos, qui joue d’une manière tout à fait supérieure sa scène de la folie, qui joue toute la pièce, au dire de Havet, comme il n’a jamais joué dans aucune pièce.
Au contraire, si, durant la période convenable du sommeil hypnotique, on leur suggérait le nom d’un roi, non seulement ils étaient poussés à dire que c’était le leur, mais ils sentaient et agissaient d’une manière qui témoignait de leur conviction qu’ils étaient rois. » Au lieu d’être passager, cet état peut être fixe ; il est fréquent dans les hospices, et on le rencontre souvent dans les époques d’exaltation religieuse. — Un quartier-maître dans l’armée de Cromwell, James Naylor, se crut Dieu le Père, fut adoré par plusieurs femmes enthousiastes, jugé par le Parlement et mis au pilori. — Dans les asiles, on trouve des fous qui se croient Napoléon, ou la Vierge Marie, ou le Messie, ou tel autre personnage. […] Par conséquent, dans un intervalle de temps, si long et si divisé qu’il soit, nous ne pouvons imaginer un moment où, l’un des deux composés étant donné, l’autre ne puisse et ne doive être aussi donné, en sorte que la possibilité et la nécessité de l’un et de l’autre durent sans discontinuité, pendant tous les moments de l’intervalle ; ce que nous exprimons en disant qu’il y a là un quelque chose stable, qui d’une manière permanente est tangible, résistant et revêtu de couleur. — À ce composé ainsi accru s’ajoute l’image des sensations visuelles distinctes que, selon les différences de l’éclairage et de la distance, la bille provoquerait en nous ; de toutes ces apparences liées se forme le simulacre interne qui aujourd’hui jaillit en nous en présence de la bille. — Joignez-y deux autres composés, l’image des sensations par lesquelles nous constatons les changements qu’à certaines conditions elle subit elle-même, et l’image des sensations par lesquelles nous constatons les changements qu’à certaines conditions elle provoque dans tel autre corps. — Tel est le vaste ensemble d’atomes intellectuels soudés un à un et groupe à groupe, dont tous les groupes surgissent ou sont prêts à surgir en nous, lorsque la sensation visuelle brute de la forme blanche ou la sensation tactile brute du contact lisse, du froid et de la résistance se produit en nous.
« La maison est située de manière, écrit-il à son ami Socrate, à Vaucluse, qu’il est facile d’y échapper aux visites des importuns. […] Après les compliments ordinaires et quelques questions que je lui fis sur votre compte, je me mis à considérer sa grande taille, sa physionomie tranquille, la douceur de ses manières et de ses propos.
« Elle ne consent pas à le laisser repartir tant qu’il n’est pas rétabli en parfaite santé, tant la tendre pitié qu’elle a éprouvée à son premier aspect, étendu sur la terre, puis, après le premier étonnement, tant sa beauté, sa grâce, ses manières, lui mordent le cœur d’une lime invisible : elle sent cette lime lui ronger peu à peu le cœur, qui se consume enfin tout entier d’une flamme amoureuse. […] La Fontaine l’a imité à sa manière dans le volume ordurier de ses Contes ; mais ce volume, feuilleté par le seul libertinage, est soigneusement écarté des yeux de l’enfance et de la jeunesse.
À quelques jours de là, Hetzel lui faisait dire de passer chez lui, et dans une entrevue féroce, lui déclarait qu’il n’avait aucun talent, n’en aurait jamais, que c’était écrit d’une manière exécrable, qu’il recommençait la Commune de Paris dans la langue française, qu’il était un détraqué de croire, qu’un mot valait plus qu’un autre, de croire qu’il y avait des épithètes supérieures… Et Huysmans me peignait l’anxiété que cette scène avait mise dans le cœur de sa mère, pleine de confiance dans le jugement de l’éditeur, en même temps, que la douloureuse méfiance qui lui était venue à lui, de son talent. […] Il devrait bien lâcher le macabre, et écrire un livre de prose, sur ce dont il cause d’une manière si spéciale.
Usant d’une série de moyens qui reviennent à indiquer un état d’âme momentané de la façon la plus sobre et en des mots dont le lecteur doit compléter le sens profond, il dit tantôt un acte significatif sans l’accompagner de l’énoncé de la délibération antécédente, tantôt la manière particulière dont une sensation est perçue en une disposition ; enfin il transpose la description des sentiments durables soit en métaphores matérielles, soit dans les images qui peuvent passer dans une situation donnée par l’esprit de ses personnages. […] Mes accès antérieurs ont eu lieu par violations exercées sur ma personne ; mais le bras de Dieu s’est appesanti d’une manière effrayante sur ceux qui ne sont pas revenus à lui… etc. » Que l’on fasse abstraction de l’absurdité des idées et que l’on considère seulement la brièveté et la rondeur des phrases, leur suite incohérente ou faiblement liée, toute l’allure mesurée et cadensée de ce petit morceau ; il semblera incontestable aux personnes qui ne répugnent pas par préjugé à l’assimilation d’un fou et d’un homme de génie, que certains passages de Flaubert sont l’analogue lointain et cependant exact de cette littérature d’asile.
De l’Unité sort la Triade, et de la Triade l’Unité ; non pas de la même manière que la source, le ruisseau, le fleuve, ne forment qu’une seule onde chassée en trois jets différents sur la terre ; non pas comme la flamme du bûcher s’en détache et revient s’y réunir ; non pas comme la parole s’élance de l’esprit, et pourtant y demeure ; non pas comme des eaux frappées par les traits du soleil jaillit une splendeur réfléchie sur les murailles, çà et là mobile, qui fuit au moment d’approcher, et se rapproche à l’instant où elle va fuir. […] seconde Rome, aussi supérieure aux autres villes que le ciel étoilé l’emporte sur la terre, je vous prends à témoin de tout ce que l’envie m’a fait, de quelle manière elle m’a séparé de mes religieux enfants, après mes longues luttes, après la lumière que j’avais apportée par les enseignements célestes, après les eaux limpides que j’avais fait jaillir du rocher !
À force de croquis manqués, on arrivera à en produire un passable, puis un parlant, et, à la fin, l’on se sera fait sa petite manière à soi de ne s’y prendre pas trop mal, et cela en ne poursuivant que la nature et sans imiter personne.
Il y aurait sur un point, et pour montrer l’insuffisance de son procédé poétique dans cette seconde manière, une comparaison facile à établir.
Ceux qui l’ont connue alors disent ce que l’on croira sans peine, c’est qu’elle eut dès le premier jour la place que sa distinction et ses manières lui assuraient partout.
J’aurai pourtant à faire remarquer plus tard que, dans ses articles des dernières années au Journal des Savants, sa manière était arrivée à une sorte de perfection et d’excellence ; sa diction proprement dite était accomplie, d’un choix très-pur dans les termes et d’une délicatesse extrême ; il avait fini par y porter comme un instrument de précision.
Pendant que le grand-duc joue avec ses valets, les exerce, change d’uniforme vingt fois par jour, dresse à grands coups de fouet une meute dans son vestibule, envoie à ses maîtresses en manière de cadeau des bonnets de grenadier ou des bandoulières comme le Cyclope amoureux offrait des oursins à Galathée, elle lit ; elle lit dans sa chambre, elle emporte même un livre dans ses parties de cheval, et, dès qu’elle a un moment à elle, elle en profite.
Jouvin, M. de Rovray30, notre ami Nestor Roqueplan, et hier encore M. d’Ortigue ; j'ai causé de plus avec des amis de l’illustre et aimable maître : il me semble maintenant que je le comprends dans sa manière de poëte musical, et que j’embrasse d’un coup d’œil toute sa carrière d’artiste.
M. de Pontmartin vient de même d’introduire toute une révolution dans sa manière : de critique aristocratique, de défenseur des hautes doctrines de la société, de chevalier avoué du trône et de l’autel, il s’est fait pamphlétaire satirique, auteur de Guêpes, diseur de vérités et de malices à tout prix ; les lauriers d’Alphonse Karr l’ont empêché de dormir.
Mais le même caractère, qui est admirable pris d’un point de vue élevé, est risible, considéré de la terre… L’on sent déjà pourquoi quelques personnes ont considéré Don Quichotte comme le livre le plus triste qui ait jamais été écrit ; l’idée, fondamentale, la morale du livre, est en effet profondément triste… » Il n’est, on le voit, que manière de prendre les choses.
Il goûta, lui aussi, les opprobres dans sa fuite précipitée de l’Égypte et dans son exil de quarante ans dans le désert ; il but, à sa manière, le calice pendant les fréquentes révoltes de son peuple ; il eut un avant-goût des choses de Jésus-Christ, même par l’amertume.
Sa poésie, pour nous, expression fidèle de sa manière d’être, est trop directe ou trop linéaire, si je puis dire ; elle ne passe point par une création : c’est une poésie qui a du nombre, un certain éclat, mais qui ne se transforme et ne se transfigure jamais à travers l’imagination.
Vuillart donne à sa manière le récit de faits assez connus d’ailleurs, mais il y met une précision qui ne laisse rien à désirer : « Et disons, pour finir cet ordinaire (car j’ai affaire à sortir demain dès le matin), que M.
Millevoye, lui, rencontre et introduit un soupir de l’âme que n’avait pas l’élégie sensuelle de Parny ; il est au fond tout païen encore, mais déjà mélancolique et d’une veine de sensibilité qui mène et achemine de loin à la première manière de Lamartine.
La seconde édition des Essais de Morale et de Politique (1809) contenait de plus une Vie de Mathieu Molé, où se mêlent avec convenance, à une manière nette et tout à fait saine, quelques traits d’imagination et de sentiment : « Pendant que Troie était en flammes, écrit l’auteur en commençant, peu de gens ont imité le pieux Énée ; pour moi, moins heureux que lui, je n’ai pu sauver mon père, mais je ne me suis jamais séparé de mes dieux domestiques. » Les dernières pages offrent quelque chose de méditatif, une sorte de reflet détourné, mais sensible, du jeune contemporain de René : « Au terme de sa carrière, dit-il de son grand-aïeul, on ne vit point se réveiller en lui ces regrets si ordinaires aux vieillards.
., dans la strophe que vous me citez de mon Ode à la Fortune ; et je vous avoue, puisque vous approuvez la manière dont je me suis approprié la pensée de cet ancien, que je m’en sais meilleur gré que si j’en étois l’auteur, par la raison que c’est l’expression seule qui fait le poëte, et non la pensée, qui appartient au philosophe et à l’orateur, comme à lui. » L’aveu est formel ; on conçoit maintenant que Saurin ait dit qu’il ne regardait Rousseau que comme le premier entre les plagiaires.
Aujourd’hui que l’on s’occupe beaucoup de cette question dans notre monde médical, j’ai trouvé intéressant de signaler ce fait, auquel n’ont probablement pas songé les auteurs du roman, ils ont fait mourir leur héroïne d’un rhume négligé, mais ils ont tracé les caractères et la marche du mal d’une manière que ne renierait pas l’auteur du meilleur Traité de clinique médicale que nous possédions. » Questionné à ce sujet précis par le Dr Cabanès, Ed. de Goncourt répondit textuellement dans une lettre : « Pour Germinie38 ça s’est passé ainsi dans la nature, la pleurésie a précédé la tuberculose », et une autre fois « … j’ai décrit un cas de pleurésie prétuberculeuse, c’est bien l’expression technique ?
Enfin, de quelque manière qu’on réfléchisse sur le sentiment de la pitié, on le trouve fécond en résultats prospères pour les individus et pour les nations, et l’on se persuade que c’est la seule idée primitive qui soit attachée à la nature de l’homme, parce que c’est la seule dont il ait besoin pour toutes les vertus, comme pour toutes les jouissances.
23° Droit de terrage ou champart : c’est le droit de percevoir, après que les dîmes sont levées, une portion des fruits de la terre. « En Bourbonnais, le terrage se perçoit de différentes manières, à la 3e gerbe, à la 5e, 6e, 7e, et communément au quart ; à Blet, c’est à la 12e. » Le seigneur de Blet ne perçoit le terrage que sur un certain nombre de terres de sa seigneurie ; « par rapport aux Brosses, il paraît que tous les domaines possédés par les censitaires sont assujettis à ce droit ». — Ces droits de terrage sont compris dans les baux des fermes de Blet et des Brosses.
À la vérité, nous ne pouvons concevoir les deux événements que comme irréductibles l’un à l’autre ; mais cela peut tenir à la manière dont nous les concevons et non aux qualités qu’ils ont ; leur incompatibilité est peut-être apparente, non réelle ; elle vient de nous et non pas d’eux.
On peindra donc ses contemporains et ses compatriotes ; on marquera les détails les plus délicats et les plus fugitifs du ton, du langage, des manières, et le poëte, sans y songer, deviendra historien. — Cette recomposition des personnages recomposera l’action.
Nous remarquons ainsi les témérités de Baïf, qui forge des comparatifs et des superlatifs à la manière latine, qui tente des vers métriques sur le patron des vers latins : ainsi le génie propre de la langue, le caractère original de la versification française sont méconnus.
Si sa place dans l’État était nettement délimitée, il deviendrait immédiatement homme du monde, il ne permettrait même pas à un bourgeois riche de revendiquer sur lui cette pauvre supériorité des « manières », l’élégance qu’il donne à ses peintures ou à ses poèmes rehausserait immédiatement son attitude.
Cependant les littératures modernes étaient nées, et quelques-unes des plus précoces, comme l’italienne, avaient leur manière d’antiquité déjà.
Elle mêlait dans toute sa conversation une douceur qu’on ne trouvait point dans toutes les autres personnes royales : ce n’est pas qu’elle eût moins de majesté, mais elle en savait user d’une manière plus facile et plus touchante, de sorte qu’avec tant de qualités toutes divines, elle ne laissait pas d’être la plus humaine du monde.
Dans les cas normaux où il sera maintenant considéré, il va au contraire s’exercer d’une manière efficace ; il va comporter un pouvoir de réalisation et d’adaptation, c’est-à-dire qu’il sera un moyen pour un être d’ajouter quelque chose à sa personnalité, de la modifier sans la détruire, de la déplacer sans la briser.
Sous la chamarrure des uniformes, en le déguenillement des souque-nilles, à travers le poli ou le débraillé des manières, ou des paroles choisies ou éructées, il sait discerner le fond même, boueux ou délicat, de l’homme, la simple créature matérielle, souffrante, transgressante, endolorie, irascible, périssable et vive.
XI Le problème de l’origine de la société étant intimement lié à celui de l’origine du langage, nous avons dû examiner en même temps ces deux problèmes pour les résoudre de la même manière.
. — Il s’apprête des embarras graves, en jetant imprudemment à chaque page des phrases panthéistes ; en disant par exemple que la création25 est fort aisée à comprendre et que Dieu créa le monde comme nous créons nos actions, « qu’il crée parce qu’il est une force créatrice absolue, et qu’une force créatrice absolue ne peut pas ne pas passer à l’acte. » On se souvient encore de la manière dont il absolvait l’industrie, la guerre, la philosophie, la géographie, et beaucoup d’autres choses.
André est composée exactement de la même manière, et c’est à peine si l’orateur moraliste apparaît dans six lignes égarées à travers une forêt de documents.
C’est que Gray, avec la science et le goût profond de l’antiquité, eut une manière originale de sentir et de rendre sa pensée.
(Quelle bizarre manière de concevoir le bonheur ! […] Ainsi, au « lieu que la comédie doit finir par quelque chose de gai, celle-ci finit par le désespoir d’un amant qui se retire avec un ouf, par lequel il tache d’exhaler la douleur qui l’étouffe, de manière que l’on ne sait pas si l’on doit rire ou pleurer dans une pièce où il semble qu’on veuille aussitôt exciter la pitié que le plaisir. » (Ce Lidamon n’a pas le style léger ! […] La tragédie était vivante… Corneille, qui devina le drame (préface de Don Sanche) « le rendit inutile par la manière dont il comprit la tragédie, dont il la rendit capable de recevoir tous les sentiments, toutes les passions, tous les caractères… » Sauf erreur M. […] Et je me souviens de cette jolie page d’Horace (Épîtres, II, 1) dont la Métromanie n’est, en somme, qu’une manière et un commencement de mise en action : « … C’est vrai, savants ou ignorants, nous avons la rage d’écrire des vers. […] Chose intéressante au plus haut point que ce dévouement de chefs de clan puritains et de paysans à demi sauvages à ce beau fils élégant et poudré, formé aux belles manières de France, de ces ours austères à cet oiseau sans cervelle !
Certes, elle était bien femme aussi, par sa démarche souple, par la finesse féline de ses manières, par ses yeux fondus qui se donnaient à chaque regard. Elle paraissait pourtant une créature plus forte, mieux armée pour la vie que le délicat enfant, œuvre fragile de la tendresse de deux femmes pures, qu’elle avait enlacé d’un si léger tissu de séduction, et qui, à peine plus grand qu’elle de trois lignes du front, s’abandonnait avec une fraternelle confiance ; et le mouvement même de leur démarche, d’une parfaite harmonie de rythme, disait assez la complète union des cœurs qui les faisait vibrer ensemble à ce moment d’une étroite manière. […] À l’idée que c’était fini, que dans quelques minutes il faudrait le quitter, son cœur se déchirait d’une manière affreuse. […] Mon Dieu, il n’était sans doute pas méchant, ce commis ; s’il disait cela de cette manière brutale, c’était plutôt manque de jugement, inintelligence de petit être incomplet. […] Comme tant d’autres, il est un de ces malheureux prédestinés faits pour produire des documents que de plus habiles sauront mettre en œuvre : une manière de préparateur, un de ces gens chargés de déplacer le point de vue de la lorgnette où d’autres iront regarder, et dans laquelle eux-mêmes n’ont su voir qu’à moitié.
Quand son nom ne signerait pas les siennes, sa manière molle et ardente, spirituelle et tendre, les désignerait entre mille. […] Il faut ajouter à cela que la manière dont on la servoit avoit si peu de rapport avec celle de France qu’elle en souffroit beaucoup. […] La Camarera-mayor avait prêché le roi pendant le voyage, elle l’avait effrayé en lui montrant la reine « jeune, vivo, d’un esprit brillant, élevée dans les manières libres de la cour de France », et prête à briser le cérémonial, si dès les premiers jours elle n’en sentait pas la rigueur. […] Le moyne, revestu d’habits d’église, devoit faire des exorcismes, mais d’une manière infâme ; ensuite de quoy, en la présence mesme du moyne, on devoit voir sy le charme estoit levé tout de bon. […] est celuy qui fut cause de sa mort, à ce qu’on m’a dit. » — Mine de Lafayette, qui avait vu mourir la mère, ne doute pas de l’empoisonnement. « A la vérité, dit-elle, la manière dont la reine d’Espagne mourut ajouta quelque chose à la douleur de Monsieur, car elle mourut empoisonnée.
Je me rappelle, entre autres, certain ambassadeur officieux qui me fit miroiter la perspective de conquérir, en adoucissant ce qu’il appelait ma manière, le « Grrrrand Public ». […] Cette manière d’agir m’a valu de précieuses sympathies. […] Il deviendrait une sorte d’automate, le prisonnier d’une manière, incapable désormais d’efforts nouveaux. […] Il est lourd, lent, large et puissant : il faut l’accepter tel quel. — Une autre cause de monotonie provient de sa manière d’écrire. […] Il y a de tout dans ce Journal où les Goncourt exposent, avec une entière franchise leurs « manières de voir et façons de penser » à la mode de ce Gavarni avec lequel ils ont de multiples points de ressemblance.
Dans les grands dangers, la bêtise augmente d’une manière formidable. […] Un moment, ce soir, le soleil couchant remplit complètement la baie du pont-levis du Bois de Boulogne, et les êtres et les choses qui passent sur ce carré de feu, s’y détachent d’une manière un peu surnaturelle, comme sur la plaque d’or d’un émail. […] est-il composé d’une manière artistique, ce désastre ? […] La pluie a cessé, un jour net, clair, cristallin, nettoyé de toute vapeur, dessine d’une manière presque aiguë les petites villas étagées sur les collines, et la masse rectiligne du Mont-Valérien, derrière lequel se couche le soleil dans un admirable effet. […] Vous concevez, ça n’est pas possible, on allume du feu, on se chauffe, on bat la semelle. » « J’ai mal aux yeux, ajoute l’autre, j’ai mal aux yeux comme tout, aujourd’hui, c’est du bois vert qu’on brûle, le vent vous chasse la fumée dans les yeux ; si ça dure un mois, il me semble que je serai tout à fait aveugle. » Lundi 5 décembre Saint-Victor, dans son feuilleton d’hier, disait, d’une manière brillante, que la France devait perdre la conception que jusqu’ici elle s’était faite de l’Allemagne, de ce pays qu’elle s’était habituée à considérer, sur la foi des poètes, comme la patrie de la bonhomie et de l’innocence, comme le nid sentimental des amours platoniques.
Le jeune Adraste est naïvement amoureux de la belle Isidore, il ne lui a parlé encore que des yeux ; son valet Ali, qui est un très naïf confident, conseille à son maître de chercher quelque moyen de se parler d’autre manière. […] Ce n’était, des deux parts, ni la même langue, ni les mêmes façons d’agir, ni la même manière de saluer ; ce n’était pas le même geste, le même regard, la même façon de se haïr ou de s’aimer. […] Ôtez la Bourgeoise de cette maison, aussitôt la joyeuse et bonne Dorine, l’aimable soubrette s’en va, loin de ses maîtres qu’elle aime et qu’elle défend à sa manière ; Cléanthe, le beau-frère, trouve la porte fermée ; Damis est battu par son père ; cette douce Marianne, aimable fille sacrifiée à ce misérable, en est réduite à épouser Tartuffe ; une lettre de cachet jette Valère à la Bastille ; il n’y a pas jusqu’à Flipotte, la servante de madame Pernelle, à qui Laurent, le valet de M. […] Toutes les fois qu’un écrivain donnera son nom à une manière, à un style, tenez-vous pour assuré que c’est un écrivain original. […] Quand donc un écrivain nous charme et nous attire, n’allons pas faire comme cet amant dont parle Marivaux : Un jeune homme à l’humeur douce, aux tendres manières, aimait une jeune demoiselle pour sa beauté, pour sa sagesse ; surtout ce qui charmait notre amoureux, c’étaient l’abandon et la naïveté de cette belle fille.
Le paradis est fait en manière de trône et d’estrade ; l’enfer s’ouvre en gueule de dragon ; les limbes ressemblent à des tours grillées ; les âmes sont des hommes en chemise. […] L’art affranchi des règles. — Conclusion Ainsi rapproché du réel par la nature des sujets qu’il choisit, il essaie de s’y conformer aussi par la manière dont il les traite. […] C’était dire au romancier et au poète que chaque homme a en propre une manière de parler qui le distingue. […] L’image qui nous semble la plus juste pour peindre la manière dont on procéda à la reconstruction générale de la société n’est pas beaucoup plus neuve. […] Il déprime de la même manière les faits et les actions.
Son application, ses progrès, son obéissance, sa modestie, la douceur de son caractère, la grâce de son langage et de ses manières en firent le modèle de l’école ; il fut chargé par le maître de le suppléer habituellement dans ses leçons aux plus jeunes de ses élèves. […] « Le vrai philosophe cherche à se rendre utile à l’État n’importe de quelle manière.
Est-ce que ces écrivains sans lettres ne vous représentent pas, dans leurs génies divers, dans leurs œuvres différentes, dans leurs manières distinctes, tous les genres, toutes les œuvres, toutes les manières de la littérature écrite ?
Woglinde le chante dans la première scène du Rheingold, et à partir de ce moment il entre dans la trame symphonique, dont il forme jusque dans la Gœtterdaemmerung un des éléments principaux, modifié de mille manières par la modulation, l’harmonisation, la combinaison avec d’autres thèmes, etc. […] Cette conclusion sibylline peut être interprétée de différentes manières et elle a fait couler beaucoup d’encre.
Il méritait qu’on s’occupât de la question de principe qu’il s’est posée très jeune, qu’il a résolue d’une manière qu’on est libre d’adopter ou de rejeter, mais qu’il faudrait connaître, et pour laquelle, une fois sa résolution prise, il a combattu jusqu’à son dernier jour. […] Il va sans dire que je ne demande pas que tous les Wagnéristes admirent Wagner exactement de la même manière et se trouvent juste au même point de compréhension.
* * * — De quelle manière se fait cet accord, par lequel tous et toutes reconnaissent, à la première vue, qu’on peut blaguer, turlupiner, maltraiter un quelconque. […] Il parle de l’armée mexicaine et conte spirituellement la manière dont elle se recrute : « Avez-vous arrêté un assassin, dit-il, le juge vous demande, si pour punition, vous ne donneriez pas votre agrément à ce qu’il fût condamné à être soldat ?
La princesse a fait d’une manière impromptue, comme aimable surprise à l’Empereur qui vient demain chez elle, a fait à l’improvisateur Gautier la commande de la mise en vers d’un morceau de prose du prisonnier de Ham sur le retour des cendres de son oncle. […] La princesse nous a pris tous les deux dans un petit coin, nous a pressés de la manière la plus tendre, la plus amicalement bourgeoise, de sortir de notre chez nous agaçant, se moquant joliment de l’ennui que j’éprouvais à lui apporter la tristesse de ma figure, de la pudeur que j’avais à être malade chez les autres, nous disant mille choses aimables, coquettes, trouvées avec le cœur.
J’étais très hardi d’aspirations, très timide de manières. […] Sa parole suave, ses manières sans apprêt, sa familiarité rassurante, élevaient tout de suite ceux qui l’approchaient à son niveau.
J’en expliquerai d’avance et d’une façon générale le caractère allégorique en disant que le dessein principal de l’auteur est démontrer, sous des couleurs figuratives, les trois manières d’être de la race humaine. « Dans la première partie il considère le vice, qu’il appelle Enfer, pour faire comprendre que le vice est opposé à la vertu comme son contraire, de même que le lieu déterminé pour le châtiment se nomme Enfer à cause de sa profondeur, opposée à la hauteur du ciel. […] Mais peut-être, Seigneur, exaucerez-vous ma prière d’une autre manière ?
Ils se mêlent de réglementer les plaisirs du peuple, ils entendent l’amuser à leur manière, — à la fois décente et instructive. […] Cette conviction ne nous empêchera point d’être curieux, à notre manière, des sciences et des philosophies.
Mézeray est modeste sur les erreurs ; il reconnaît qu’il a dû en commettre beaucoup : « Et vraiment il n’est pas au pouvoir d’un homme mortel de faire une course de douze siècles sans broncher. » De son style il déclare qu’il ne dira rien ; mais on voit qu’il y tient et qu’à ce début il l’a soigné : « C’est à vous, dit-il aux lecteurs désintéressés, à prononcer si j’ai écrit d’une belle manière, si j’ai découvert quelques lumières qui n’eussent pas encore été démontrées ; là où j’ai touché au but, et là où je m’en suis éloigné. » Il nous rappelle ce que nous ne devons jamais oublier quand nous nous reportons à la première époque où parurent ces ouvrages une fois en vogue, et dès longtemps vieillis : c’est que, si la matière était déjà vieille alors et semblait telle, la forme qu’il lui donnait à son heure la rendait toute nouvelle.
Pourtant il s’en consolait tout bas et prenait assez crûment son parti à la manière des vieux Gaulois, en se disant ou à peu près, comme dans le fabliau (je rends le sens, sinon les paroles) : « Après tout, ce n’est qu’une femme perdue, et il s’en retrouvera assez. » Je ne donne pas cette manière de sentir pour très délicate ni pour chevaleresque, mais elle est de Sully.
Son texte est pénible à lire d’une manière continue ; il se plaint quelquefois, lui d’humeur si libre, d’avoir à traîner ce « pesant chariot de l’histoire », et le lecteur en porte sa part avec lui.
Je me rappelais la manière dont M.
Toute cette scène est racontée par celui-ci d’une manière vive et charmante.
Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne.
Il écrivait en prose et en vers fort agréablement, et d’une manière si galante et si peu commune, qu’on pouvait presque dire qu’il l’avait inventée : du moins suis-je bien que je n’ai jamais rien vu qu’il ait pu imiter, et je pense même pouvoir dire que personne ne l’imitera jamais qu’imparfaitement ; car enfin, d’une bagatelle il en faisait une agréable lettre, et si les Phrygiens disent vrai lorsqu’ils assurent que tout ce que Midas touchait devenait or, il est encore plus vrai de dire que tout ce qui passait dans l’esprit de Callicrate devenait diamant, étant certain que du sujet le plus stérile, le plus bas et le moins galant, il en tirait quelque chose de brillant et d’agréable.
Il lui exprime dans chaque lettre, et de la manière la plus sentie, la part qu’il prend à ses souffrances et tout ce qu’elle est dans sa vie : Quoi !
De tels avertissements, de tels conseils toutefois, où se sent encore la brûlure et la flamme, ne sont souvent qu’une manière de repasser sur son mal, et, tout en le maudissant, de le préférer, comme aussi sans doute de le propager.
Matthew Arnold, sur Homère et sur la manière de le traduire15.
Le sage et le critique qui a d’avance purgé son esprit de toutes les idoles et de tous les fantômes se dit à lui-même et ces choses-là et beaucoup d’autres, et il ne continue pas moins, chaque jour et à chaque instant, de servir à sa manière l’avancement de l’espèce, d’étudier, de chercher le vrai, le vrai seul, de s’y tenir sans le forcer, sans l’exagérer, sans y ajouter, et en laissant subsister, à côté des points acquis, tous les vides et toutes les lacunes qu’il n’a pu combler.
Aidez-nous « d’une manière quelconque. » c’était à quoi se réduisait la prière qu’on adressait alors à la France.
La paix de 1763 ayant fait cesser le prétexte du traitement dont jouissait Malouet, ses amis lui firent obtenir une autre manière non pas de sinécure, mais de place superflue ou parasite de création nouvelle, celle d’inspecteur des embarquements pour les colonies.
Dix ans se sont écoulés, et ces mêmes esprits développés, rapprochés, peuvent, quand on les lit, sembler unis en une large nuance commune, qui ne laisse guère subsister d’essentiellement différent que ce qui tient au talent propre, à la manière, à la finesse.
Lui-même nous a dévoilé tous les ingénieux secrets de sa manière dans son poème de l’Invention, et dans la seconde de ses épîtres, qui est, à la bien prendre, une admirable satire.
Il y est comme une partie dans un tout, à titre de corps physique, à titre de composé chimique, à titre de vivant, à titre d’animal sociable, parmi d’autres corps, d’autres composés, d’autres animaux sociables, tous analogues à lui, et, à tous ces titres, il est comme eux soumis à des lois Car, si nous ignorons le principe de la nature et si nous nous disputons pour savoir ce qu’il est, intérieur ou extérieur, nous constatons avec certitude la manière dont il agit, et il n’agit que selon des lois générales et fixes.
Ses figures, nettement arrêtées en leurs contours, ont un vigoureux relief : il a une manière de peindre, grasse et comme substantielle ; ce ne sont pas les touches d’un homme qui croirait peindre les fluides apparences de l’universelle illusion.
Il ne craint ni le désordre ni les répétitions ; il n’a que des procédés primitifs et aucune « manière » dans son style.
Mais les contradictions de ce genre peuvent toujours se lever de deux manières : on peut supposer que les lois actuelles de la nature ne sont pas exactement celles que nous avons admises ; ou bien on peut supposer que les lois de la nature sont actuellement celles que nous avons admises, mais qu’il n’en a pas toujours été ainsi.
Il essaie de renouveler sa manière de composer phrases, chapitres et volumes et, grenouille qui veut imiter le bœuf, il s’applique à faire du Balzac.
« Entre tous ceux que j’ai jamais connus, dit Commynes, le plus sage pour se tirer d’un mauvais pas en temps d’adversité, c’étoit le roi Louis XI, notre maître, et le plus humble en paroles et en habits. » Et il nous initie au procédé de Louis XI, à sa manière de gagner les gens, de les pratiquer, de ne se point rebuter d’un premier refus.
Il avait, dans les dernières années, froissé celle-ci par ses duretés et ses négligences, depuis qu’il se voyait à l’abri de toute atteinte ; car, selon le témoignage de sa nièce Hortense, « jamais personne n’eut les manières si douces en public, et si rudes dans le domestique ».
« De l’esprit, des manières, du penchant à l’étude, pourvu néanmoins qu’on lui choisît une étude agréable » ; tel d’Olivet nous le peint dès les premières années, et tout ce début de la Notice de d’Olivet est à citer comme touchant déjà à fond le caractère : Patru fit excellemment ses humanités ; en philosophie, au contraire, la barbarie des termes le révolta.
Il aimait à citer entre autres un beau passage de Vincent de Lérins qui disait : « Que, grâce à vos lumières, la postérité se félicite de concevoir ce qu’auparavant l’Antiquité croyait avec respect sans en avoir l’intelligence ; mais cependant enseignez les mêmes choses qui vous ont été transmises, de telle manière qu’en les présentant sous un nouveau jour, vous n’inventiez pas des dogmes nouveaux. » Ainsi, en maintenant l’immutabilité sur le fond, il se plaisait à remarquer que l’ordre d’explication scientifique, malgré les déviations passagères, avait suivi une loi de progrès dans l’Église et s’était développé successivement ; et il le démontrait par l’histoire même du christianisme.
C’était pour beaucoup une manière indirecte de fronder le gouvernement dont M.
Celui-ci avait tout à fait les manières d’un gentleman.
D’abord, c’est un homme sur qui ses premières études ont eu une très grande influence, qui ne s’est pas ennuyé au collège, que ses professeurs n’ont pas dégoûté des auteurs classiques par la manière dont ils les enseignaient ; et voilà déjà un homme un peu exceptionnel.
Je la crois très vraie, très observée sur le vif, réelle enfin, mais la manière de l’auteur y est inférieure, enfantine et lakiste.
Il rompt d’une manière décisive avec l’idéalisme, c’est-à-dire que, respectueux de ce qu’il voit et de ce qu’il sent, il ne se reconnaît pas le droit de trahir les formes dans le but de leur faire exprimer un autre sens que celui qu’elles possèdent réellement.
— D’autre part, et a priori, il semble improbable que tant d’esprits pénétrants, depuis Aristote jusqu’à Brunetière, se soient trompés d’une manière aussi absolue, aussi irrémédiable, sur la valeur des genres littéraires… Il est certain que nos abstractions, nos groupements de faits, bien que nécessaires au raisonnement scientifique, ont quelque chose de brutal et de factice ; nous prétendons établir, en classifiant, des catégories aux cloisons étanches dans cet océan de la vie où tout se tient, où tout n’est que flux et reflux.
Aujourd’hui, cette source est visible ; on la découvre60 dans le choix et dans l’énoncé des questions par lesquelles il débutait et qu’il embrassait de toute son âme : à la manière dont elles sont posées, on s’aperçoit qu’elles sont résolues d’avance.
Elle modifie cet objet, quoique d’une manière indirecte, lorsqu’à la Salpêtrière elle observe les idées et les sentiments altérés par l’aliénation.
Si la décomposition est une cause, il y a un groupe d’opérations et d’organes institués et combinés de manière que le corps vivant puisse se décomposer.
Fictions, pures fictions, contre lesquelles tant d’hommes généreux ont au contraire protesté de toute manière, et qu’un geste du peuple a fait évanouir au soleil de juillet ! […] Parcourez les douze siècles de l’histoire de l’Europe depuis le moment où l’Église Chrétienne sortit des décombres de l’Empire Romain envahi par les Barbares, jusqu’au moment où la Philosophie posa ses hardis problèmes, vous reconnaîtrez d’une manière indubitable un caractère commun à toute cette époque. […] L’homme arrive à la connaissance avec égoïsme, et voilà son péché ; c’est par la manière dont il acquiert la connaissance qu’il y a chute.
Alors lâchant Michelet, le voilà faisant un tableau de ce que Marie-Antoinette a dû souffrir avec Louis XVI, ce brutal, ce lourdaud qui jette un pavé sur un paysan qui dormait, qui pète en réponse à un courtisan, lui demandant d’être nommé premier gentilhomme de la chambre, qui donne un soufflet à M. de Cubières, et, pour se faire pardonner, un cheval arrivé dans la même journée de Constantinople, ce qui fait dire au souffleté : « Le roi me l’a donné d’une manière touchante ! […] * * * — Aubryet me contait, que dans la rue, hier, une petite fille de sept ou huit ans, lui avait proposé sa sœur, une fillette de quatorze ans, en lui offrant de faire, avec son haleine, de la buée sur les carreaux de la voiture où ils monteraient, de manière que les agents de police ne voient rien. […] Ce sont toujours les moyens d’argumentation et la manière de défense que j’ai vu employer à Sainte-Beuve.
Le soir après dîner chez Marcille, qui nous fait défiler devant les yeux des cartons de portraits en manière noire de Lawrence, il nous faut de la politesse pour ne pas crier : « Merci ! […] Là-dessus, comme nous nous levons, en lui témoignant tous nos regrets, il s’écrie qu’il voudrait bien nous rendre service, qu’il a peut-être lu le rôle d’une manière superficielle, qu’il le relira et qu’il verra… Je commence à m’apercevoir que les comédiens sont comédiens chez eux. […] C’est ainsi qu’elle a joué toute notre pièce de répétitions en répétitions, et morceau par morceau, d’une manière supérieure, mais elle n’était supérieure chaque jour qu’à un endroit, où elle ne l’était plus le lendemain.
Elle était générale. » Elle se personnifiait d’une manière frappante, en un jeune homme, qui, sous un autre nom, devait passer à la postérité. […] Sa mauvaise santé l’avait engagé à changer sa manière d’être, et il avait suivi ce conseil. […] Les gens qui sont organisés d’une manière si irritable ont les passions plus vives.… On pourrait les nommer la secte des sentimentaux. […] Dans ses autres œuvres, le poète a tempéré sa manière. […] On remarque surtout une pièce adressée à la Nuit où l’auteur exprime d’une manière bien distinguée la lassitude secrète de son cœur et de son esprit.
Ne lui demandez pas plus de chaleur ni de sympathie pour cet ordre de sentiments ou de vérités ; il a du lettré chinois dans sa manière d’apprécier les religions.
Le seul défaut que j’y relèverai, c’est que le sage rapporteur n’y marque pas assez ce qui fut le charme et l’enchantement dans la manière du nouvel écrivain, ce par quoi il a fait avènement à son heure, et qu’il ne nous dit pas assez nettement ce qu’il faut toujours dire et proclamer à la vue des génies, même incomplets et mélangés : « La veille, il y avait un être de moins au monde ; le lendemain, il y a une création de plus. » De tout ce qu’on vient de lire il résulte, ce me semble, que si l’on veut considérer la littérature dite de l’Empire dans ses productions les plus saines, les plus honorables, on ne court aucun risque de s’attacher à M.
Le monde a changé de tour et de manière de voir ; il est devenu positif, comme on dit : je le répète sans idée de blâme : car, si par positif on entend disposé à tenir compte avant tout des faits, y compris même les intérêts, — disposé à ne pas donner à la théorie le pas sur l’expérience, — disposé à l’étude patiente avant la généralisation empressée et brillante, — disposé au travail et même à la discipline plutôt que tourné à la fougue sonore et au rêve ; si par positif on entend toutes ces choses et d’autres qui peuvent devenir d’essentielles qualités, au milieu de tout ce que laisserait de regrettable l’espèce des qualités et des défauts contraires, il y aurait encore de quoi se raffermir et se consoler.
Jeunes, les gens de lettres sont éloignés du monde, dont le commerce modéré, recherché sans avilissement d’un côté, accordé sans orgueil de l’autre, servirait infiniment à les former : dans un âge plus avancé ils y sont portés, fêtés, absorbés, de manière qu’il ne leur reste plus de temps pour l’étude ou le travail.