Aussi l’état de ma santé étant ce qu’il est, il ne me sera pas difficile, si l’ancien Moniteur suivait une ligne qui fût par trop en contradiction avec ma pensée, de m’abstenir et de rester dans ma chambre. […] Sainte-Beuve disait à un ami en face de lui, dans une de ces conversations familières qui le prenaient parfois après une forte journée de travail : « Je ne me serais pas cru libre dans un journal qui porte un emblème en tête (il montrait le Journal officiel) ; il faut trop se ranger, quand on marche sous une bannière ; on a peur de marcher sur le pied de son voisin ; on se gêne ou l’on gêne ; on n’est plus là pour discuter, mais pour suivre ; on est enrôlé ; allez donc discuter les affaires de Rome, par exemple, comme on les sent, dans un journal qui épouse tant là légitimité que cela ; qui semble voué à la reine Marie-Antoinette ; oh il est sans cesse question d’elle !
Enfin dans tout pays ou l’autorité publique met des bornes superstitieuses à la recherche des vérités philosophiques, lorsque l’émulation s’est épuisée sur les beaux-arts, les hommes éclairés n’ayant plus de route à suivre, plus de but, plus d’avenir, se laissent aller au découragement ; et à peine reste-t-il alors assez de force à l’esprit humain pour inventer les amusements de ses loisirs. […] Les opéras seuls sont suivis, parce que les opéras font entendre cette délicieuse musique, la gloire et le plaisir de l’Italie.
Je termine ici cette première partie, mais avant de commencer celle qui va suivre, je veux résumer ce que je viens de développer. […] Les enfants reçoivent la vie goutte à goutte, ils ne lient point ensemble les trois temps de l’existence ; le désir unit bien pour eux le jour avec le lendemain, mais le présent n’est point dévoré par l’attente, chaque heure prend sa part de jouissance dans leur petite vie : chaque heure a un sort tout entier indépendamment de celle qui la précède ou de celle qui la suit, leur intérêt ne s’affaiblit point cependant par cette subdivision ; il renait à chaque instant, parce que la passion n’a point détruit tous les germes des pensées légères, toutes les nuances des sentiments passionnés, tout ce qui n’est pas elle enfin, et qu’elle anéantit.
Ils sont si vivants et si présents dans l’imagination qu’on suit involontairement les changements de leur visage et les mouvements de leur âme. […] Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme.
La marquise de Raigecourt ne put la suivre, parce qu’elle était récemment mariée et en couche de son premier enfant. […] Le duc, pour ne pas perdre l’habitude féodale de ses ancêtres, s’y fit apporter un sac de monnaie par le concierge, et jeta une poignée de pièces d’argent à quelques mendiants qui nous avaient suivis, et qui étaient entrés avec la voiture dans la cour ; puis nous passâmes dans les appartements : c’était une suite de pièces décousues, composées de salle des gardes, de salle à manger, de salons, de chambres de lit ouvrant sur le penchant de la montagne récemment plantée en jardins pittoresques.
Mais tandis que plus ou moins péniblement, à intervalles plus ou moins longs, ses lourds in-4° s’abattaient sur l’ignorance et les préjugés, les principaux collaborateurs suivaient chacun leur direction, manifestaient leur tempérament, combattaient, instruisaient dans leurs œuvres personnelles. […] Il nous fait suivre la genèse naturelle des idées, le développement parallèle des signes, et nous montre dans le langage « un merveilleux instrument d’analyse », qui, par ses termes abstraits où se rassemblent des collections d’idées, par son mécanisme où s’expriment des séries de rapports, facilite de plus en plus la tâche de l’esprit536.
Voilà, mon cher enfant, les préceptes solides que mon honneur et ma conscience me suggèrent et que tu dois suivre, si tu aimes tant soit peu la fortune. […] Comme ma vieillesse ne me permet pas de suivre ma fille dans l’empire de la Lune, oserais-je demandera Votre Hautesse de quelle humeur sont ses sujets ?
Les poètes l’y suivirent. […] Raymond de la Tailhède, tout en hochant la tête, par intervalles, en signe de courtoisie pour les orateurs dont il semblait suivre les disputes, s’absorbait en réalité dans une sorte de contemplation muette et ne se départait pas d’ourdir, au milieu du bruit, la trame de son éternel songe éveillé.
Mme la duchesse d’Angoulême a été ou a pu être le centre de toute une littérature contemporaine qu’on suivrait à la trace, depuis la romance de M. […] Tous les efforts épuisés, et au moment de partir, se tournant vers les généraux qui l’avaient suivie, elle leur dit qu’elle comptait sur eux du moins pour garantir les habitants contre toute réaction : « Nous le jurons !
Le remède à ce mal immodéré des regrets, quand on ne le trouve point dans une grande égalité d’humeur et dans le tempérament naturel, est dans le travail, dans l’occupation sérieuse et suivie, dans tout ce qui maintient la force et l’équilibre de l’esprit, et qui se communique à l’âme. […] M. de Moncrif a quitté le poste où il avait huit ou dix mille livres de rentes pour suivre aux Ormes M. d’Argenson, qui n’en a pas quinze actuellement.
Les désastres qui avaient suivi ne l’avaient pas étonné, et, en voyant le caractère présomptueux ou l’incapacité des chefs employés d’abord à l’expédition, il en avait prédit quelque chose. […] Dans la précédente mission de Franklin, il ne s’agissait en quelque sorte que d’un procès de famille à suivre entre la colonie et les fils du colonisateur.
Il suit de là qu’aux yeux du spectateur mis au fait de la prétention du personnage, tous les actes de celui-ci font apparaître, au moyen d’une, intuition directe, la contradiction qu’il porte en lui, le défaut d’équilibre et d’harmonie dont son énergie est atteinte et qui la rend boiteuse. […] Il suit de là que la nécessité de farder son impuissance qui l’a tout d’abord contraint à s’isoler, à fuir toutes les occasions de concours avec les autres hommes, à se soustraire, par l’étrangeté de son souci, à toute comparaison, lui souffle ensuite par un singulier retour l’esprit de coalition.
Une composition parfaite, de celle des parties à celle de toute l’œuvre, permettra de penser que chez l’artiste qui la pratique, la cohésion des idées est étroite et suivie, c’est-à-dire qu’entre les phénomènes de sa vie mentale, le jeu des lois de similarité et de contiguïté est parfait. […] La psychologie semble donc suivre une marche doublecz : elle émet, grâce à l’introspection, des hypothèses extrêmement probables qu’elle vérifie ensuite sur des cas provoqués par la maladie ou l’expérimentation.
C’est une attention de tous les instants, à mettre si bien toutes les circonstances à leur place, qu’elles soient nécessaires où on les met, et que d’ailleurs elles s’éclaircissent et s’embellissent toutes réciproquement ; à tout arranger pour les effets qu’on a en vue, sans laisser apercevoir de dessein ; de manière enfin que le spectateur suive toujours une action et ne sente jamais un ouvrage : autrement l’illusion cesse, et on ne voit plus que le poète au lieu des personnages. […] Dans la fable simple, il n’y point de révolution décisive ; les choses y suivent un même cours, comme dans Atrée.
Il y a seulement quelques circonstances où il n’est ni contre la vérité ni contre l’intérêt de rappeler l’instant qui n’est plus ou d’annoncer l’instant qui va suivre. […] Nul fantôme qui vous obsède et qui vous suive.
On arrive par cette méthode, et c’est un petit excès, à voir, à travers le couplet d’un acteur, surtout la figure de celui qui ne parle pas et à qui le couplet est adressé, et c’est surtout Suréna qu’on suit des yeux pendant que Pompée a la parole, et la figure d’Orgon que l’on compose et que l’on contemple en la composant quand Dorine le raille ou quand Cléonte le chapitre. […] Ce mot indique tout un jeu de scène, coupe nettement le dialogue, sépare tout ce qui suit de tout ce qui précède, prépare l’attention du spectateur pour la révélation qui enfin va se produire, dessine aux yeux Phèdre encore assise et Œnone debout, attentive et anxieuse.
D’abord une biographie composée par Gilberte, et qui conduit Jacqueline depuis sa première enfance jusqu’au moment où elle entre à Port-Royal ; ensuite, dans les Mémoires de Marguerite Périer, plusieurs paragraphes consacrés à sa tante, qui développent et achèvent la première biographie… Nous rétablissons ici le vrai texte d’après deux excellents manuscrits, l’un de la Bibliothèque royale de Paris, Supplément français, n° 1485 ; et l’autre de la bibliothèque de Troyes, n° 2203. » Là-dessus suit un volume de textes, terminé, dit la table, « par la description du manuscrit de l’Oratoire, du manuscrit 1485, du manuscrit 2281, du manuscrit 397, etc., par une lettre de Pascal à la reine de Suède, et par un fragment d’un écrit sur la conversion du pécheur, avec les variantes des manuscrits. » — L’Histoire du P. […] Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matérialistes qui commençaient à lever la tête ; il aima la liberté pour lui-même, et défendit contre Rome les privilèges français, qui étaient les siens.
Cette antiquité, que nous avons suivie avec tant de prédilection, était tout asiatique, ou du moins méridionale. […] Dans les temps agités qui suivirent le règne glorieux d’Élisabeth, dans ces jours de sombre enthousiasme et d’énergie guerrière, entre le fanatisme de la religion et celui de l’honneur, l’imagination savante n’avait, en étudiant Pindare, réussi qu’à le parodier gravement et à gâter son audace par de froides affectations.
Bien vieux, dans sa retraite de Mâçon, séparé à regret de ses confrères de l’Académie, il aimait à correspondre avec eux par lettres ; il suivait leurs travaux, il s’intéressait à tout.
Wagnière, ses secrétaires, suivis de divers écrits de la marquise du Châtelet, du président Hénault, de Piron, d’Arnaud-Baculard, Thiriot, etc., etc.
Réélu à la Convention, Rabaut y apporta la fatigue et le malaise qui suivent les espérances déçues.
C’est dans son livre qu’il faut suivre en détail les finesses de cette conduite diplomatique, aussi habile que décente, et dans laquelle se nuancent merveilleusement la flatterie, l’élégance et la dignité.
Nous suivrons cette continuation avec l’intérêt qu’inspirent ces récits des vieux trouvères qui firent les délices de nos aïeux.
Idée générale de la seconde Partie J’ai suivi l’histoire de l’esprit humain depuis Homère jusqu’en 1789.
Le premier s’est étudié à donner à la Muse les formes simples et sévères de la muse antique ; le second, qui a souvent adopté le style des pères et des prophètes, ne dédaigne pas de suivre quelquefois la muse rêveuse d’Ossian et les déesses fantastiques de Klopstock et de Schiller.
C’est le but que nous nous proposons dans cette étude ; mais, pour l’atteindre, nous serons obligé de faire un assez long circuit ; comme nous passerons par des sentiers peu connus au moins du grand nombre des lecteurs, nous espérons qu’ils ne feront pas de difficulté de nous suivre.
L’abbé Cottin était aumônier du roi, prédicateur de la cour, ses sermons furent suivis avec ardeur quinze carêmes de suite.
Tel est le privilége des Grands Hommes : les momens de courte durée ; & leur goût se développant par une impulsion naturelle, ils marchent à pas de géant dans la carriere, devancent bientôt ceux qui les avoient précédés, & se rendent inimitables à ceux qui doivent les suivre.
Dans le même Chapitre, parlant des bonnes qualités de Scipion, qui le rendirent suspect aux Romains, il dit, que dans le temps qu'on l'accusoit, il pouvoit répondre & se justifier ; « mais, ajoute-t-il, il y a une innocence héroïque aussi-bien qu'une valeur, si on peut parler de la sotte ; la sienne négligea les formes où sont assujettis les innocens ordinaires ; & au lieu de répondre à ses Accusateurs : Allons , dit-il, rendre graces aux Dieux de mes victoires : & tout le monde le suivit au Capitole ».
Aussi faut-il suivre dans le récit, ses ripailles perpétuelles, ses incessantes invitations à la coupe, « ha buvons », ses festins de gros mangeur quand il a conquis à la guerre un château et des biens : « Il se ruinait en mille petits banquets joyeux et festoyements, ouverts à tous venants, mêmement à tous bons compagnons, jeunes fillettes et mignonnes galloises, abattant bois, prenant argent d’avance, mangeant son bled en herbe. » Ces belles bombances ne ressemblent ni au fastes de Timon d’Athènes, ni aux réceptions du vieux Capulet.
Sakaye suivit, sans mot dire, le yébem qui avait pris le chemin de la montagne indiquée.
Ils ont tous à peu près suivi la même méthode ; adoptons-la et, toute transposition gardée, elle nous donnera ce qu’elle leur a donné.
Il ne l’entoure d’aucune poésie, pas même de la poésie qui suit la force dévoyée.
Dès la nuit tombante du 24, plus d’un aumônier commença le tour des tranchées, suivi d’un jeune soldat qui portait une hotte pleine.
Pour suivre notre plan, nous allons tâcher de les faire connaître, indiquant rapidement et le nom des écrivains et le caractère des ouvrages ; c’est une branche de littérature qui mérite son coin dans l’histoire philosophique des hommes.
La vanité des nations, dont chacune veut être la plus ancienne de toutes, nous ôte l’espoir de trouver les principes de la Science nouvelle dans les écrits des philologues ; la vanité des savants, qui veulent que leurs sciences favorites aient été portées à leur perfection dès le commencement du monde, nous empêche de les chercher dans les ouvrages des philosophes ; nous suivrons donc ces recherches, comme s’il n’existait point de livres.
Raoul Toché enveloppa l’objet dans un morceau de journal ; je le suivis, et d’un air insinuant, nous l’offrîmes à l’éminent critique. […] Eh bien, je le suivrai. […] Ils le sont trop exclusivement, d’une façon presque trop suivie et trop immuable ; ils le sont avec excès. […] » A ce moment repasse la vieille dame du premier acte, toujours suivie des deux valets à tricornes. […] Nous n’avons pour cela qu’à suivre la pièce pas à pas.
Et les Romains, loin de vouloir forcer les habitudes des hommes, semblent avoir préféré les maintenir, et laisser les sociétés suivre dans ce pays leur voie traditionnelle. […] Les deux livres qui suivent, Le Double Jardin et L’Intelligence des Fleurs indiquent assez souvent une sérénité presque confiante. […] L’impulsion donnée, d’autres suivirent : Godefroid Kurth, avec peut-être moins de science rigoureuse, mais plus de lyrisme, écrivit une Histoire de la civilisation moderne. […] Paris, Vanier, 1889 ; Bruxelles, Lacomblez, 1890 et 1895 ; suivies de quinze chansons, Bruxelles, Lacomblez, 1900. — La Princesse Maleine. […] Paris, Crès, 1912. — Les Villes tentaculaires, précédées des Campagnes hallucinées et suivies des Visages de la vie et des Douze mois.
Mais vingt ans ont passé ; je ne me prétends pas impeccable ; je ne me crois ni sans erreur, ni sans faiblesse ; ces faiblesses ou ces erreurs de jugement sur la révolution de 1789, je les avoue, je les déplore, je les signale moi-même dans le commentaire refroidi qui suit pas à pas cette histoire, et je les publie en entier dans mes œuvres complètes, comme un correctif, comme un désaveu partiel de quelques appréciations erronées du livre. […] Mais que changer d’opinion sans abandonner ses sentiments personnels, ni les vaincus, ni les malheureux, ni les faibles ; changer à ses dépens en s’exposant sciemment, au contraire, aux dénigrements d’intentions, aux colères du respect humain, au mépris des partis et aux souffrances de considération qui suivent ordinairement ces progrès des hommes sincères dans ce qu’ils croient la route des améliorations morales et des vérités progressives, c’est souffrir pour la cause du bien, c’est le martyre d’esprit pour la vérité, martyre que les hommes aggravent par leur fiel et par leur vinaigre, mais que la vérité récompense par les jouissances de la conscience. […] Au lieu de suivre en hésitant un mouvement désordonné qui allait mener de convulsions en convulsions désormais irrésistibles aux derniers abîmes, je fis résolument la république ; je la fis seul, quoi qu’on vous en dise ; j’en assume seul la responsabilité ; je nommai seul les chefs les plus en vue et les plus populaires qui pouvaient lui apporter l’autorité des différentes factions auxquelles ils appartenaient ; je me nommai moi-même, parce que je n’appartenais à aucune, et parce que, soutenu par le peuple, seul je pouvais être arbitre dans ce conseil souverain du gouvernement. […] Le jeune orateur républicain Garnier-Pagès, ravi mais étonné d’entendre un ancien ministre du roi de juillet proférer les doctrines les plus envenimées et les menaces les plus acerbes contre la couronne, se leva d’enthousiasme de son banc radical, à l’extrémité gauche de l’assemblée, pour crier bravo au ministre conservateur dépaysé dans l’anarchie. « Oui, bravo, bravo, répéta debout le républicain encore incrédule ; mais nous suivrez-vous jusqu’au bout dans cette voie ou vous nous devancez à cette tribune ? […] La majorité se reconstitua sous la main de cet homme d’État et le suivit, malheureusement pour la couronne, jusqu’à la catastrophe qu’il ne sut ni prévoir, ni conjurer, ni dompter.
Une belle personne en robe de soie vient le matin lui faire visite, la servante s’étonne et la suit à son départ. […] Un étudiant n’a pas trop de temps s’il veut connaître le répertoire de chaque théâtre, étudier les issues du labyrinthe parisien, savoir les usages, apprendre la langue et s’habituer aux plaisirs particuliers de la capitale ; fouiller les bons et les mauvais endroits, suivre les cours qui amusent, inventorier les richesses des musées. […] Je suivis le chemin de Saché sur la gauche de la rivière, en observant les détails des collines qui meublent la rive opposée. […] Les scènes douces et amères qui suivent ce moment sont remarquablement écrites, mais ressemblent à toutes. […] Ainsi, à l’exception de l’abbé Prévost qui n’eut d’autre modèle que la nature, et de Chateaubriand, dans René, qui n’eut d’ivresse que celle du sentiment, presque tous les romanciers français suivirent servilement les mœurs de l’époque et n’écrivirent que pour un jour.
Sur un portrait Les nouvelles générations de poètes et d’artistes s’engagent dans une voie esthétique où il va être bien difficile de les suivre. […] De plus comme le ministre a laissé les professeurs libres de suivre provisoirement les vieux usages, quelques-uns prononcent modestement à la française. […] Pascal n’était pas un bon observateur, mais la généralité des hommes, étant encore moins observateurs que lui, l’ont suivi avec confiance. […] Si on réforme les divisions préfectorales, les anciennes provinces ne seront certainement pas un modèle à suivre. […] Un sieur Jannart, ami de Fouquet et parent de La Fontaine, ayant été prié de se retirer à Limoges, le poète l’y suivit.
Il y a une analogie entre les principes variables de la morale, qui suivent les transformations mêmes de la société, et les principes également variables de l’esthétique. […] Sous ce rapport, l’art suit nécessairement le développement de la science, pour laquelle il n’y a rien de petit, de négligeable, et qui étend sur toute la nature l’immense nivellement de ses lois. […] Tersite manqué blesse le regard, et Adonis manqué offre encore, à défaut de la vie, un certain charme primitif de lignes courbes, régulières, de contours que le regard suit sans effort. […] Les Indiens, pour se rappeler les grands événements, faisaient des nœuds à une corde, et ces nœuds disposés de mille manières rappelaient par association un passé lointain ; en nous aussi se trouvent des points où tout vient se rattacher et se nouer, de telle sorte qu’il nous suffit de suivre des yeux ces séries de nœuds intérieurs pour retrouver et revoir l’une après l’autre toutes les époques de notre vie. […] Aujourd’hui, j’ai vu la mer d’en haut : une grande étendue grise, puis, près du rivage, une ligne d’écume blanche qui s’avançait, croissait, s’épanouissait et mourait ; je ne mesurais pas l’élévation de la vague, car, de la colline où j’étais, tout était presque de niveau ; mais je sentais son mouvement, et c’était assez pour que mon œil s’attachât à elle, la suivît amicalement dans son essor : cette petite vague faisait vivre pour mon œil la mer tout entière.
Tous deux, stoïciens et épicuriens, invitent à « suivre la nature » ; cependant leur morale théorique réciproque diffère toto cælo. […] Épique, j’évoquerai la furieuse traversée de l’ancêtre barbare à travers le moutonnement des chênes vénérables, je clamerai la clameur du Gaulois échoué sur les ilots des clairières, je suivrai dans ses méandres, parmi les ondes pressées des halliers touffus, le sillage étincelant des chefs romains dont le manteau claquait au vent comme une voile. […] Or, il suffit de réfléchir un instant, pour s’apercevoir, en premier lieu, que si nous suivons les données d’un sens à l’intérieur de ce sens, nous pouvons passer de l’une à l’autre d’une façon absolument insensible. […] *** À présent que j’ai formulé hâtivement, mais, je crois, sans omissions graves de principes, l’essence de doctrine philosophique du symbole poétique, me sera-t-il permis d’ajouter quelques mots sur l’esprit qui anima cet Essai et sur les vers qui suivent, afin de dissiper l’équivoque toujours fâcheuse. […] Mais ceux qui m’auront suivi jusqu’ici m’auront compris, et cela suffit.
Il entraîna ceux qui le suivirent dans un mauvais chemin, et il criait bien fort que c’était la bonne voie. […] Je lui ai montré que je suivais ses regards, ses mains, ses manches, ses poches. […] C’est ainsi que la terre elle-même suit les destinées de la poésie. […] On a voulu, d’autre part, suivre dans son œuvre la trace grandissante de sa folie. […] Malheureusement la préoccupation du travail le suivait partout.
Lâchement trahi par ses complices, il achète des gardiens de Manon le droit de la suivre, de lui parler, de pleurer avec elle. […] Il est né avec la pensée, il la suit partout avec une exemplaire fidélité ; inégal, désordonné comme elle, il ne laisse jamais languir l’attention. […] Le procédé suivi par Prévost exclut généralement la sobriété. […] Hugo, une fois décidé à suivre cette doctrine, a su la mettre en œuvre avec une rare habileté. […] Lorsque Marianna rencontre George Bussy aux eaux de Bagnères, elle n’est plus assez clairvoyante, assez maîtresse d’elle-même pour l’interroger, pour l’éprouver avant de le suivre.
Béranger, en 1830, et dans les années qui ont suivi, a peu ou point chanté, parce qu’il n’était qu’à demi satisfait alors dans ses sentiments de patriote.
Quittez l’erreur que vous suivez Craignez que le ciel ne s’irrite ; Aimez pendant que vous vivez, Et songez que je ressuscite !
Il raconte simplement, humblement et presque individuellement ce que c’est qu’un jésuite, cet être abominable pour beaucoup et exécré ; il analyse les Exercices de saint Ignace, les Constitutions de la Compagnie ; il suit le novice dans les divers degrés d’initiation ; il traite du gouvernement et des doctrines de l’Ordre.
Arrivant à parler de lui-même et de l’éloquence de barreau et de tribune, l’orateur, que la froideur de l’auditoire semblait de plus en plus gagner, s’est retrouvé un moment : il caractérisait l’improvisation, il la montrait inégale, incorrecte peut-être, mais indispensable, irrésistible dans les luttes publiques, toujours sur la brèche, le glaive acéré et nu : « L’orateur, s’est-il écrié alors, n’a pas un cahier à la main, il ne lit pas, son œil ne suit pas des lignes, son geste n’y est pas enchaîné ; mais il vit, il regarde, il s’anime de l’impression universelle, etc., etc. » Et, tout en parlant ainsi, son doigt froissait le papier, son regard le dédaignait, et, l’oubliant durant quelques minutes, il s’est mis à lancer de rapides étincelles que le public lui a rendues en longs applaudissements.
, les chercheurs et les inventeurs non estampillés à la marque de l’X, et tous ceux qui, pour apprendre à construire des machines ou à fabriquer des engrais, ont suivi des voies pratiques et n’ont eu besoin que d’un minimum de mathématiques pures ; enfin, de se tenir et soutenir entre eux, quoi qu’il arrive, et, s’il apparaît que l’un d’eux a bâti une digue incertaine ou un pont douteux, de proclamer en chœur que c’est le pont et la digue qui ont tort.
Oui, j’ai aimé la vérité ; je l’ai cherchée ; je l’ai suivie où elle m’a appelé, sans regarder aux durs sacrifices qu’elle m’imposait.
Mais il est peut-être d’autres lecteurs qui n’ont pas trouvé inutile d’étudier la pensée d’esthétique et de philosophie cachée dans ce livre, qui ont bien voulu, en lisant Notre-Dame de Paris, se plaire à démêler sous le roman autre chose que le roman, et à suivre, qu’on nous passe ces expressions un peu ambitieuses, le système de l’historien et le but de l’artiste à travers la création telle quelle du poëte.
D’ailleurs, la profession du poëte dramatique, est de peindre les passions telles qu’elles sont réellement sans exagerer les chagrins qui les accompagnent, et les malheurs qui les suivent.
., mais je ne veux actuellement parler que des premiers : Jean Moréas Est l’auteur de deux recueils de vers : Les Syrtes, et Les Cantilènes ; il y a en lui du « Baudelaire avec plus de couleur », comme il l’a lui-même formulé ; du Heine, du Gœthe, du Verlaine, mais aussi beaucoup de Moréas ; dans ces derniers écrits il suit, par ses proses rythmées publiées dans La Vogue, le mouvement qui a porté MM.
Le suivrons-nous ailleurs ? […] Dans les premiers silences qui suivront, l’oreille et l’âme fatiguées croiront que tout est fini, étouffé dans le tapage. […] Dans ces deux pièces, l’auteur n’a fait, après tout, que suivre et exagérer la pente de son esprit amoureux de symbolisme oriental et panthéiste. […] Un grand événement trace une ligne rouge ou noire entre ce qui le précède et ce qui le suit, comme une frontière, un fleuve, une chaîne de montagnes, séparent deux pays limitrophes. […] Albert de Broglie en suit les progrès pas à pas, et nous fait assister à cette infiltration lente, assurée, infaillible, de l’élément chrétien dans ces âmes.
Nous parlerions aussi des jugements auxquels je dois m’attendre de la part des générations qui suivront la nôtre. […] Quant à ce qui me regarde, il était de ma situation et de mon devoir de, suivre le torrent ; mais je répète qu’entre lui et moi, directement ou indirectement, aussi bien pour ce qui regarde les Nassau que pour les autres princes nombreux que je fis entrer dans la Confédération du Rhin, il ne s’est jamais agi en aucune façon de marché, de conditions ou d’offres. […] ) — Cher ami, vous avez pris le seul bon moyen de répondre aux reproches et aux injures, celui de confirmer par un nouvel article le parti si simple en lui-même que vous avez suivi.
Il fit ses premières études à Lons-le-Saulnier, sous un autre vieil oncle prêtre ; de là il partit pour Dijon, où il suivit le collège sans y être renfermé, lisant beaucoup à part des cours, et se formant avec indépendance. […] Le héros, l’amant, flotterait de la passion à la philosophie, et on le suivrait pas à pas dans ses défaillances touchantes et dans ses reprises généreuses. […] Dans des observations qui suivent, on répond fort bien à ce gentilhomme flamand, un peu puriste, que, s’il est bon de bannir de la conversation et des écrits ces mots aventuriers dont parle La Bruyère, qui font fortune quelque temps, il ne faut pas exclure les expressions que le besoin introduit ; et à propos de distingué tout court qui choquait alors beaucoup de gens et que beaucoup d’autres se permettaient, on le justifie par d’assez bonnes raisons : « On parle d’un peintre et on dit que c’est un homme distingué : on sait bien que ce doit être par ses tableaux ; pourquoi sera-t-on obligé de l’ajouter ?
La morale a tout à y recueillir, l’imagination n’a rien à y colorier ; les passions humaines, cette âme de l’épopée, en sont exclues ; les prédications d’un homme né dans la cabane d’un artisan et suivi de village en village par douze pauvres pêcheurs de Galilée ne sont un poème que pour les philosophes qui étudient à loisir la semence et la germination des vérités divines. […] Eh bien, fiers de notre défaite, Suivons-les au désert sans détourner la tête ; Dans le camp des vainqueurs, surpris de nos dédains, Les Muses n’entrent pas...Qu’il s’ouvre aux baladins ; Une vengeance est prête, elle peut nous suffire. […] Vous êtes le remords qui les suit pas à pas ; De leurs fausses grandeurs démasquant l’imposture, Vos paisibles mépris font déjà leur torture ; Vous avez pour troubler leur magique festin Cet invincible espoir qui commande au destin.
On suit le personnage, on le pressent, on le devine, on se passionne pour ou contre lui, selon qu’on participe soi-même par l’admiration ou par l’horreur à l’héroïsme, au fanatisme, au crime ou à la vertu de l’homme historique ; on vit de sa vie ou l’on meurt de sa mort par l’imagination émue pour ou contre lui ; il disparaît, et l’historien alors reparaît lui ; et, semblable au chœur antique, cet historien prend la parole, prononce un jugement moral, court, nerveux, impartial, favorable ou implacable sur le personnage qu’il vient de représenter à vos yeux. […] Il congédie avec dédain les passions qui l’ont suivi jusque-là. […] Sa politique n’était que de l’engouement, son système n’était que son abandon alternatif à tous ceux qui lui promettaient le salut du roi. » XII Tout cela est parfaitement indulgent quoique parfaitement historique ; ce qui suit l’est également : « On en vint à la redouter dans le parti de la Révolution.
Les émigrés royalistes avaient suivi les princes fugitifs à l’étranger. […] Clotilde le suivit même au camp de Charles VI au Puy-en-Velay, au milieu de cette cour militaire composée de la jeune noblesse française. […] Du cœur au moins, dont vas fuyant l’hommage, Viens arrachier les sanglantz javelots… Ou va sa flamme estaindre dans les flots Cil dont te suit la desplorable ymage… » Ne peust fenir ; se tust : parlerent ses sanglots : Temps estoit qu’achevast sa tant doulce complainte ; La rayne en l’escoutant jà n’y pouvoit tenir ; Ne s’allanguissoit moinz d’un mesme soubvenir, Et, dès-lors qu’apparust, ne s’est que trop contrainte : Jà sur le trosne altier ne se peult soustenir ; Veult parler, ainz l’amour dont se sent eschauffée En soupirs inégaulx s’exhale de ses flancs ; Sa voix dans le palayz meurt soudain estouffée ; Et, comme Eurydice quant revist son Orphée, Laisse tomber son chief sur ses genouils tremblants.
La mort de son père, arrivée en 1657, lui permit de suivre librement sa vocation. […] Aux yeux de tous, et par leurs allures, leurs habitudes, leurs propos, ce sont deux bourgeois qui devraient être ailleurs : ni Voiture, ni Sarrazin, ni Saint-Amant, aucun des poètes de l’âge précédent, n’eût paru aussi dépaysé, et leur présence eût semblé naturelle dans la foule des gentilshommes qui suivaient le roi. […] Une partie de sa société l’y suivait ou l’y visitait.
Un drame musical, donc une œuvre de musique dont la musique est motivée par les péripéties d’une aventure ; or, un scénario enseigne l’aventure aux auditeurs, les paroles que les interprètes chantent en français notent les moments de l’aventure ; comment alors ne pas suivre et saisir parfaitement le sens littéraire de la musique, la signification du développement émotionnel qu’est le drame musical ? […] Privés, au théâtre, de l’intérêt qui s’attache aux grandes œuvres, nous avons suivi avec intérêt les séances intimes où l’on en exécutait des fragments. […] Uniquement parce que certaines gens qui font commerce de musique — qu’ils en composent ou qu’ils en vendent — avaient calculé quel coup irrémédiable un tel chef d’œuvre allait porter à leur trafic habituel… … Émouvant spectacle à suivre que cette lutte acharnée pour l’existence … Et quel cri du cœur que cette exclamation d’éditeur affamé : « Mais si Richard Wagner s’implante avec sa musique à Paris, je n’aurai plus qu’à fermer boutique. » Assurément : reste à savoir qui s’en plaindrait. » Le directeur gérant : Edouard Dujardin 8.
Le biologiste qui suit la vraie méthode scientifique accepte la vie, comme un fait dernier, dont il ne cherche que les fadeurs : ses conditions et les lois de sa manifestation. […] Il serait hors de notre sujet, et de notre compétence, de suivre M. […] Mais ceux qui refuseraient de les suivre jusque-là et d’admettre que l’hérédité puisse trancher une des questions les plus importantes et les plus controversées de la philosophie, ceux-là même seront pourtant bien obligés d’accorder qu’un grand nombre défaits psychologiques ont leur source dans la transmission héréditaire.
Un autre le suit. […] L’homme à la cage écarte le paquet d’épinards qui bouche d’ordinaire la gargouille, et pendant que le traqueur y place sa troublette, lui, passe dans la rainure du conduit la baguette de fer que suit le nez du chien, et le bout du filet s’agite et le traqueur l’élève en l’air, et montre un rat qui sautille, en disant : « Un gaspardo. » Il a été pris une vingtaine de rats en deux heures. […] À tout moment les ouvreuses suivies de femmes, demandant aux gens placés, le premier rang « pour des dames ».
Les œuvres dont elle est ornée ne sont pas d’une telle splendeur qu’elles puissent faire baisser les yeux à toute une génération, suivie de ses petits, car la renommée de Villemain n’a reçu, il faut bien en convenir, aucune atteinte du temps qu’il a vécu. […] Villemain, qui s’est fait grec le plus qu’il a pu pour admirer sans honte cette vaine poésie qui ne parle pas plus à notre pensée qu’à nos cœurs, prétend que de toute cette poussière, mêlée de sueur, foulée par la muse de Pindare, sortirent tous ces héros, beaux comme des demi-dieux, qui sauvèrent la Grèce et suivirent en Asie Alexandre. […] Mais partout, partout derrière eux, il y a Villemain, Villemain le professeur et le rhéteur, Villemain le ministre du Juste Milieu, l’académicien perpétuel aux éloges académiques éternels, Villemain célèbre un jour, mais qui commence à ne plus l’être, qui commence enfin d’entrer dans la pénombre vengeresse qui suit trop de célébrité !
Prenez un groupe de jeunes écrivains, vingt, trente, cinquante, et suivez-les dans la vie. […] Une femme voilée passe ; le cœur bat, on la suit ; mon Dieu ! […] Jeoffrin suit doucement les boulevards, au soleil. […] Non pas qu’au fond elle obéisse à des idées sur la vertu, car elle ne suit réellement que son instinct. […] La nouvelle qui suit, L’Infortune de M.
Dans tout ce qui nous reste des tragiques grecs, on ne trouve qu’un seul exemple d’une vertu sublime et d’un grand caractère : Antigone, qui brave un tyran et se dévoue à la mort par les motifs de la religion et de la piété fraternelle ; Hémon, son amant, qui la suit au tombeau : voilà le seul couple héroïque que présentent les fastes dramatiques de la Grèce. […] Cédant, malgré lui, à ce vœu unanime, le timide candidat fit inscrire son nom parmi les musiciens qui devaient exécuter des concertos de cithare, et disputer le prix ; il parut à son rang parmi les concurrents : les préfets du prétoire portaient sa cithare, suivis des tribuns militaires et des grands de la cour. […] Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d’ans sans gloire, Ou peu de jours suivis d’une longue mémoire. […] Racine a même beaucoup plus suivi Euripide dans Iphigénie que dans Phèdre. […] Le succès qu’elle obtient aujourd’hui prouve qu’elle fut alors très mal jugée, et que les littérateurs qui en ont fait une critique si amère ont suivi leurs préjugés plutôt que les principes de l’art.
Ses strophes à Le Franc, insérées dans l’Année littéraire (1758), suivirent probablement cette visite à Louis Racine, de qui il avait appris que Le Franc traduisait Virgile comme lui. […] Clément de Dijon seul, Clément l’inclément, comme dit Voltaire avec son volume d’Observations critiques (1771), que suivit bientôt un second volume de Nouvelles Observations (1772), vint troubler le succès du traducteur des Géorgiques et du poëte des Saisons. […] C’est qu’au spectacle du printemps l’imagination joint celui des saisons qui le doivent suivre ; à ces tendres bourgeons que l’œil aperçoit, elle ajoute les fleurs, les fruits, les ombrages, quelquefois les mystères qu’ils peuvent couvrir… » Le poète versificateur avait encore ici puisé l’inspiration dans la prose, et, bien qu’avec une liberté heureuse, il s’était souvenu de Rousseau47. […] Les choses ont bien changé, et de grands revers ont suivi ce triomphe alors unanime, d’un nom poétique qui du moins vivra.
X Nous ne sommes pas assez musicien nous-même, et nous ne pouvons pas chanter assez aux yeux nos paroles pour suivre la partition de Don Juan, et pour vous montrer à chaque scène l’esprit satanique du poète transformé, converti et divinisé par l’âme idéale, morale et sainte du musicien. […] Suivi de sa femme, il descendit d’abord à l’hôtel des Trois-Lions, sur la place au Charbon. […] D’Aponte, suivi de sa charmante femme, ne manque pas de trouver un prétexte pour passer par Venise et pour aller à Cénéda surprendre sa famille, embrasser son vieux père, éblouir ses frères, ses sœurs, ses amis d’enfance du spectacle de sa prospérité. […] Le garçon vient m’apporter le punch que j’ai demandé ; il trouve ma chambre vide, la petite porte ouverte ; il me suit dans ma loge et me lance un regard équivoque.
Pour le découvrir avec évidence, il faudrait connaître l’origine du peuple primitif de la Chine et le suivre pas à pas au flambeau de l’histoire depuis son berceau jusqu’à sa décadence actuelle (décadence militaire, entendons-nous bien). […] Il ouvrit, pour la première fois, dans sa propre maison, une école publique d’histoire, de science, de morale et de politique ; puis s’élevant bientôt à une mission plus haute et plus universelle : « Je sens enfin, dit-il, que je dois le peu que le ciel m’a donné ou qu’il m’a permis d’acquérir à tous les hommes, puisque tous les hommes sont également mes frères et que la patrie de l’humanité n’a pas de frontière. » Il partit alors suivi d’un grand nombre de disciples de tous les royaumes voisins pour aller, non prophétiser, mais raisonner dans tout l’empire où l’on parlait la langue de la Chine. […] Suivons : Les sujets sont égaux devant le père, qui est la loi vivante. […] « Le Ciel, le Tien ou Dieu, trois noms exprimant le Grand Être, répondit Confucius, est le principe universel ; il est la source intarissable d’où toutes les choses ont émané ; les ancêtres sortis les premiers de cette source féconde sont eux-mêmes la source des générations qui les suivent.
Il est égoïste : il suit l’instinct qui lui dicte de conserver son être. […] Si la société est mauvaise en son principe, et si tout son progrès a été de devenir plus mauvaise, il suit de là que le signe de l’état social le plus avancé est un indice de corruption plus complète. […] Son homme de la nature, c’est l’être d’instinct qu’il a été, sensuel, égoïste, pitoyable, incapable de suivre une autre loi que l’impulsion présente de son cœur : c’est l’ancien bohème, ignorant du savoir-vivre, gauche, timide, dépaysé dans le monde, dupe des formes qui adoucissent le frottement des égoïsmes, et y attachant à contresens une monstrueuse hypocrisie. […] La société, les sociétés sont des associations pour la conservation et la protection des membres qui les composent : d’où il suit que jamais gouvernement n’est légitime, s’il ne prend le bien public pour sa fonction et sa fin uniques.
Un grand pape, Innocent III, faisait au clergé un devoir d’obligation et de foi d’être instruit ; ses successeurs suivirent sa politique. […] dit Faux-Semblant, j’habite le monde et le cloître, mais plus le cloître que le monde parce que j’y suis mieux caché : Religieux sont moult couverts ; Les séculiers sont plus ouverts. » Faux-Semblant vit avec les orgueilleux, les fourbes, les gens d’intrigue, Qui mondaines honneurs convoitent Et les grands besognes exploitent Et vont traçant (cherchant) les grands pitances, Et pourchassent les accointances Des puissants hommes, et les suivent, Et se font povres et se vivent Des bons morceaux délicieux, Et boivent les vins précieux ; Et là povreté vont preschant Et les grands richesses peschant. […] C’est d’abord faire remonter bien haut le mot décadence, jusqu’alors réservé aux époques littéraires qui suivent les grands siècles : ceux qui découvrent ainsi des décadences dans le berceau même des langues, risquent fort d’altérer le sens consacré de ce mot, et de troubler les esprits sur l’idée générale qu’il exprime. […] Où sont les galants qu’il suivait dans sa jeunesse, Si bien çhantans si bien parlans ?
Il suit de là que toutes les racines des familles diverses ont eu leur raison dans la façon de sentir des peuples primitifs et que tous les procédés grammaticaux proviennent directement de la manière dont chaque race traita la pensée ; que le langage, en un mot, par toute sa construction, remonte aux premiers jours de l’homme et nous fait toucher les origines. […] Les faits qui suivirent l’établissement de l’islamisme, et qui sont si propres à montrer comment les religions se consolident, sont tous aussi du domaine de l’histoire. […] La multitude suit mes pas. […] Il est prouvé que l’immense majorité de ceux qui suivirent le hardi korcischite n’avaient en lui aucune foi religieuse.
Le seul progrès qui semble pouvoir se constater, c’est celui de l’intelligence, et aussi celui des sentiments, qui suivent l’évolution de l’intelligence même et deviennent de plus en plus généraux et généreux308. […] Les classiques ont produit des chefs-d’œuvre que nous avons tous encore dans la mémoire, mais le temps des tragédies était passé lorsque Chateaubriand et tous ceux qui l’ont suivi sont venus apporter au siècle nouveau une poésie nouvelle, — la vraie poésie de notre siècle. […] Dans le premier cas, l’homme arrivât-il à compter les grains de sable sur lesquels toute la lumière dont il dispose est répandue, il n’avancera point dans son exploration du monde ; dans le second cas, il aura vu le chemin assez pour se conduire, assez peut-être pour l’imaginer encore là où il ne pourra plus le suivre. […] Le romancier ou le dramaturge s’enlève donc la moitié de son champ d’action en décrivant une vie vertueuse, une évolution non suivie d’un déclin, une ligne droite qui va devant soi sans retour possible.
Appliqué tout entier à cette création d’âme, où il excelle, Tolstoï s’est trouvé amené heureusement, en subordonnant la composition, te récit dans ses œuvres à la nécessité de montrer et de suivre ses personnages, — à esquisser ce que nous considérons comme la forme future du roman, devenu exclusivement la description historique, sociale, biographique, d’une masse d’êtres, d’une foule groupée de façon à disperser l’intérêt sur une collectivité à laquelle le lecteur lui-même, quel qu’il soit, serait forcément agrégé, — et non plus à te concentrer sur un être, on une aventure particulière arbitrairement élue. […] On peut suivre pas à pas les progrès de ces dispositions sentimentales depuis la première grande œuvre, La Guerre et la paix qui est presque impassible et constitue un tableau grandiose du monde, le plus large qu’aucune littérature ait produit, jusqu’à ces écrits des derniers temps qui sont presque des contes de nourrice par l’exiguïté de ce qu’ils décrivent, et des homélies par le sentiment dont ils débordent. […] Les dures convictions qu’il se sentait obligé de suivre, lui paraissaient plus désolantes qu’à nous ; de plus son esprit le retenait sans cesse sur la pente des actes qu’il eût voulu accomplir : il vécut à l’étranger hors des conditions natives. […] Il suit de là que la sensibilité exagérée de l’artiste, ses longues introspections, son constant contrôle de toute sa vie passionnelle, aboutissent nécessairement à une atonie de sa volonté, la paralysent et l’abolissent.
A la fois joli, correct et classique, malgré cela on peut suivre le vol de ces ailes de lycénides sans l’escorte de souvenirs du XVIIIe siècle […] Léger transcrit très vraisemblablement l’évolution d’un « guerrier » primate de ces temps bourgeois et évolutifs depuis une date vétuste, chez qui deux siècles de progrès et de civilisation (dont le nôtre, ça se passe vers 2000) ont « déterminé » la supériorité de l’esprit ; que son métier de typographe aide à « suivre les grands courants de la pensée » contemporaine, au souffle desquels s’avivent ses lumières « naturelles », et qui complète son éducation le soir dans les salles de lecture. […] Ce qui suit est un index de quelques objets notoirement horribles et incompréhensibles pour ces cinq cents esprits et qui encombrent la scène sans utilité, en premier rang le décoret les acteurs. […] A moins qu’il ne faille suivre comme modèles MM.
Mézeray justifie les harangues qu’il a mises quelquefois dans la bouche des princes et seigneurs ; il y a cherché un ornement et rehaussement à l’histoire « dont le style est de soi simple et naïf », et aussi un rafraîchissement pour le lecteur « fatigué de suivre toujours une armée par des pays ruinés et déserts ». […] S’il le compte pour le premier des rois de France, c’est surtout pour obéir à la tradition et pour suivre l’ordre qui a été gardé jusque-là par les historiens.
On a déjà bien des anecdotes, qu’il faudrait vérifier pourtant et rassembler avec ordre ; des recherches suivies produiraient infailliblement quelques résultats. […] Une étude complète sur Massillon deviendrait naturellement celle de l’éloquence même dans la dernière moitié du règne de Louis XIV ; on y suivrait ce beau fleuve de l’éloquence sacrée, on le descendrait dans toute la magnificence de son cours ; on en marquerait les changements à partir de l’endroit où il devient moins rapide, moins impétueux, moins sonore, où il perd de la grandeur austère ou de l’incomparable majesté que lui donnaient ses rives, et où, dans un paysage plus riche en apparence, plus vaste d’étendue, mais plus effacé, il s’élargit et se mêle insensiblement à d’autres eaux comme aux approches de l’embouchure.
La table sur laquelle elle écrivait d’habitude était un bureau un peu exhaussé, de telle sorte que, sans se déranger, elle pouvait, dans les moments de pause, suivre le jeu d’un des joueurs à l’une ou à l’autre des tables qui étaient de chaque côté : C’était là son occupation lorsqu’elle n’écrivait point ; mais, aussitôt que quelqu’un entrait et s’approchait d’elle pour la saluer, elle quittait tout pour demander : Quelle nouvelle ? […] Décidément elle avait été un peu élevée selon la méthode de Ponocrates dans Rabelais : « Se eveilloit donc Gargantua environ quatre heures du matin… » : et ce qui suit.
Pour les années qui suivirent la prise de Calais, Froissart, qui avait vingt ans en 1353, et qui s’était senti au sortir de l’école la vocation de chroniqueur, recueillit ses informations par lui-même, composa de son cru et vola de ses propres ailes. […] » — « Je le dis, répond le chevalier, pour que vous voyiez bien qu’il est plus neuf que les autres. » — « C’est vrai », répondis-je. — « Or, dit-il, je vous conterai la chose et comment, il y a dix ans, cela arriva. » Et suit une histoire singulière de siège et de brèche faite à la muraille de cette ville de Cazères qu’ils traversaient en ce moment.
C’est que vous suivez trop votre esprit d’anatomie et d’exactitude en chaque chose. […] Ce qui est certain, c’est que le véritable Fénelon, tel qu’il se montre dans cette correspondance suivie et dans les écrits des dernières années, n’est point précisément le Fénelon du xviiie siècle, celui que Ramsay déjà, puis d’Alembert et les autres, ont successivement présenté au public et préconisé.
Quel spectacle, une fois que les tempêtes de l’automne se seraient emparées de ces lieux comme de leur domaine ; que l’izard léger et la triste corneille, seuls habitants de leurs déserts, en auraient fui les hauteurs ; qu’une neige fine et volage, entraînée de pentes en pentes, et volant de rochers en rochers, aurait englouti sous ses flots capricieux leur stérile étendue… Et avec un enthousiasme mêlé de joie il suit le tableau dans sa succession, jusqu’au retour du prochain printemps et jusqu’à la fonte des neiges. […] Et ce n’est que le centre et le pivot de la description ; il faut en suivre le détail et les circonstances chez l’auteur, sans oublier cette belle page sur l’absence totale de vie, sur la fuite ou l’anéantissement de tous êtres vivants dans ces mortelles solitudes dès cette époque de la saison : deux papillons seuls, non pas même des papillons de montagnes (ils sont trop avisés pour cela), mais de ceux des plaines, le Souci et le petit Nacré, aventuriers égarés on ne sait comment, avaient précédé les voyageurs jusqu’en ce vaste tombeau, « et l’un d’eux voletait encore autour de son compagnon naufragé dans le lac ».
Montaigne se présente volontiers à nous, donnant la main à son ami Étienne de La Boétie, suivi de sa fille d’alliance Mlle de Gournay, et accompagné de son second et disciple Charron. […] Cette opinion, ajoute-t-il cependant, me semble trop rude et éloignée de charité, et il y a comme en toute chose une médiocrité plus douce, qui est de ne forcer ni presser, mais tout simplement montrer et proposer le meilleur ; car il y a toujours en ce grand nombre quelques-uns capables et disposés à suivre en le leur montrant seulement au doigt.
Il fut très remarqué de ce dernier, qui l’encouragea fort, admira ses premiers essais de vers latins (la pièce sur la Bulle de savon), et lui donna, à travers ses louanges, toutes sortes de conseils qu’il ne suivit qu’à demi. […] Le Tourneux qui la lui suggéra, qui la lui dicta presque dans les mêmes termes, que le poète docile a suivis ; il n’a fait qu’y changer quelques mots pour la latinité : J’aimerais mieux, lui écrivait en effet M.
Il avait par avance quelque chose des héros de Corneille, et semblait s’être dit : Lorsque deux factions divisent un empire, Chacun suit au hasard la meilleure ou la pire ; Mais quand ce choix est fait, on ne s’en dédit plus. […] Au sortir de là, Rohan, bien qu’il eût titre toujours de général de l’armée du roi, se retira à Genève et refusa de ramener son armée par la Franche-Comté ; il se méfiait du cardinal, dont il n’avait pas suivi les ordres, et qui le lui rendait bien : Il est donc certain, dit ce redoutable ministre, ou que ledit sieur duc, qui était habile homme et connu pour tel, avait l’esprit troublé, ou qu’il y eut trop de timidité en son fait, ou beaucoup de malice ; et ce qui le condamne, c’est de s’être retiré du service du roi, de n’être point venu commander l’armée en la Franche-Comté, et d’être demeuré à Genève ; car, s’il n’avait point failli, et qu’il n’eût pu mieux faire ainsi qu’il disait, pourquoi feindre d’être malade à Genève, puis dire que l’armée qu’on lui donnait à commander était trop faible ?
Ses frères se fatiguaient à suivre cette volonté héroïque et périlleuse dans son laborieux développement. […] L’ennemi ne fait que vous suivre… Ces marches en arrière, à la longue, ne vont pas. » Après un entretien avec son frère, à Bautzen, où il essuya de durs reproches, et où, dit-on, forcé dans sa timidité, il en rendit quelques-uns à son tour, le prince Guillaume quitta le commandement.
Quoique tout semble perdu, il nous reste des choses qu’on ne pourra nous enlever : c’est la fermeté et les sentiments du cœur. » Cependant, Frédéric discutait librement avec elle de ses résolutions tragiques, de leur commune et unanime destinée ; il sentait la force des raisons qu’on lui opposait, et il les admettait en partie : Si je ne suivais que mon inclination, je me serais dépêché d’abord après la malheureuse bataille que j’ai perdue ; mais j’ai senti que ce serait faiblesse, et que c’était mon devoir de réparer le mal qui était arrivé. […] Toute cette fin d’année (1757), elle ne cesse, même après la nouvelle et tout à fait glorieuse victoire de Lissa ou Leuthen, de suivre la négociation entamée : elle ne respire que la paix.
Mme de Staël, qui a eu sa ligne droite et continue, ou du moins sa courbe d’un développement suivi et manifeste, s’en écartait parfois : elle avait des premiers mouvements irréguliers, irrésistibles, et elle ne perd pas à ce qu’on l’y surprenne. […] La seule chose qui ennuie, c’est la volubilité tout à fait extraordinaire de sa langue ; il faut se transformer tout entier en un appareil auditif pour pouvoir la suivre.
S’en suit-il que deux siècles plus tard, à l’époque d’Hamilcar et d’Hannibal, il y eût encore de ces immolations publiques et officielles ? […] Or, cela me suffit pour ne pas me déclarer satisfait, même au point de vue archéologique, du système suivi par l’auteur et de toutes ces éruditions rapportées qu’il a mises en œuvre.
Ce n’est là qu’un accident qui lui serait commun avec plus d’un partisan des idées démocratiques, si un autre événement notable dans son éducation intellectuelle n’avait suivi : cet événement, ç’a été son association temporaire, mais étroite et intime, au groupe saint-simonien. […] Il vient de parler des diverses hymnes et proses célèbres de la liturgie, le Dies iræ, le Vexilla, le Stabal, et il en a défini l’impression profonde avec largeur et vérité : « Je sais que beaucoup, dit-il, qui n’ont peut-être jamais mis le pied dans une église pour prier, qui n’ont jamais ressenti dans leur cœur la pieuse ferveur de la foi, riront de mon enthousiasme et de mon admiration ; mais je dois leur dire que depuis sept ans j’ai manqué peu de représentations au Théâtre-Italien, que j’ai suivi assidûment les concerts du Conservatoire, que Beethoven m’a donné la fièvre de plaisir, que Rossini m’a remué jusqu’au fond de l’âme, que Mme Malibran et Mlle Sontag ont été pour moi de bienfaisantes divinités ; que pendant près de deux ans je n’ai eu d’autre religion, d’autre espérance, d’autre bonheur, d’autre joie que la musique ; que, par conséquent, ils ne peuvent me regarder comme un trappiste qui ne connaît que ténèbres et matines ; mais il faut qu’ils sachent aussi que celui qui leur parle, et qui aujourd’hui est bien loin de la foi chrétienne, a été pendant cinq ans catholique fervent, qu’il s’est nourri de l’Évangile, de l’Imitation ; qu’élevé dans un séminaire, il y a entendu des chœurs de deux cents jeunes gens faire résonner sous une voûte retentissantel’In exitu.
Lorsqu’on remonte au jour, du Paris souterrain, Gloire, richesse, honneurs, que suit la foule avide. […] la plus belle et la plus assurée Est-elle plus pour nous, dans le dernier séjour, Que tous ces autres biens dont l’amour nous enivre, Et qui n’y peuvent suivre Leur possesseur d’un jour ?
La première édition du roman était composée de ces feuillets réunis ; l’édition régulière suivit aussitôt (1838). […] De cinq amateurs qui suivirent l’expédition, trois moururent de fatigue ou de chaleur.
Son analyse d’Homère, son explication du procédé tout instinctif qu’il suppose avoir été observé et suivi dans les tableaux de l’Iliade et de l’Odyssée ; ce qu’il accorde en sincérité, en fidélité naïve et spontanée, à l’auteur ou aux auteurs de ces poèmes, ce qu’il leur refuse de personnalité, d’individualité bien définie ; tout cela est ingénieux et me paraît en grande partie fondé. […] Après avoir parlé de la race née aux confins de la terre des monstres, dans la limoneuse vallée du Nil, et de l’autre race dite sémitique, habitante du désert et de l’antique Arabie, après les avoir définies l’une et l’autre, et les avoir montrées fléchissant de respect et de superstitieuse terreur, ou comme anéanties sous la main souveraine en face d’un ciel d’airain, il ajoute, par un vivant contraste, en leur opposant la race aryenne venue du haut berceau de l’Asie, et de laquelle est sortie à certain jour et s’est détachée la branche hellénique, le rameau d’or : « Une autre race encore s’éveille sur les hauteurs, aux premières lueurs du matin ; les yeux au ciel, elle suit pas à pas la marche de l’aurore, elle s’enivre de ce mobile et merveilleux spectacle du jour naissant ; elle mêle une note humaine à cette immense symphonie, un chant d’admiration, de reconnaissance et d’amour ; c’est la race pure des Aryas ; leur première langue est la poésie ; leurs premiers Dieux, les aspects changeants du jour, les formes multiples de la sainte lumière.
Si un tel spectacle attache fortement l’imagination, si l’on se plaît à retrouver dans la succession de l’espace ce qui semble n’appartenir qu’à la succession des temps, il faut se résoudre à ne voir que très peu de liens sociaux, nul caractère commun parmi des hommes qui semblent si peu appartenir à la même association. » S’il né semblait puéril et bien ingénu de prendre Talleyrand par le côté littéraire, on aurait à noter encore ce qui suit immédiatement, ces deux portraits de mœurs, le Bûcheron américain, le Pêcheur américain. […] A-t-il poussé et coopéré aussi activement qu’on l’a dit à toutes les mesures qui précédèrent et suivirent le 18 Fructidor ?
À un certain point la poussée manque, le ressort casse ou se retourne contre nous : d’autres déjà nous suivent, qui, à leur manière, recommenceront. […] Oui, je sais qu’on me dit cela ; mais je ne réponds pas, j’ai pitié de ceux qui me le disent… (Suit un exposé de ses nobles doctrines sociales.)
Il faudrait encore citer avec estime un traité sur la même matière, du peintre Lebrun, qui suivait les indications sommaires et si lumineuses de Descartes. […] Après avoir raconté l’histoire de la terre émergeant du sein des mers desséchées, celles des animaux qui la peuplent, des végétaux qui revêtent sa surface, des minéraux que recèlent ses entrailles, celle de l’homme, roi de toutes les choses créées, il voulut raconter ce qui a précédé toute histoire, décrire ce qui n’avait pas de forme, débrouiller le chaos, y suivre, y tracer les grands commencements des choses, en faire sortir par degrés l’univers avec la dernière face que la création lui a imprimée.
À un moment, cette union étroite des deux frères cessa ; le duc se sépara du grand prieur, et Chaulieu suivit la fortune de ce dernier. […] La sagesse et la raison vont plus souvent à conserver d’aimables erreurs et à faire durer un attachement aussi vrai et aussi tendre que celui que j’ai pour vous, qu’à suivre une sèche et stérile vérité.
Comme érudit, il suit ses auteurs, et tout ce qu’il y trouve à son gré, il l’enregistre sous leur garantie ; c’est à faire à eux d’en répondre. […] Après avoir épuisé sa série de curiosités de tout genre relatives à l’homme, il conclut par quelques réflexions philosophiques sur les Mânes, et sur ce qui suit la sépulture.
Fils unique, il avait, bien jeune, perdu sa mère : son père lui en tint lieu, surveilla son enfance et suivit ses études avec une sollicitude éclairée. […] Droz sous cette première forme de moraliste sympathique et bienveillant ; je ne le suivrai pas plus longuement dans les ouvrages qui s’y rapportent.
Pour exprimer la situation embrouillée de la seconde Fronde, dans laquelle il était impossible aux plus habiles de faire prévaloir un dessein et un plan quelconque de conduite, Patru disait qu’il n’y avait d’autre parti à suivre que de « trousser à l’aveugle », c’est-à-dire de marcher à travers bois et broussailles, sans savoir où. […] Je lui promis que je le suivrais, et que, s’il ne marchait devant moi, je passerais le premier.
Nous la suivrons, en nous aidant çà et là nous-même des renseignements d’alentour, sans trop appuyer, et en tâchant de dessiner en toute vérité un portrait singulier, où il entre à la fois du ravissant et, vers la fin, du bizarre. […] Sa sœur désormais eut tort auprès de lui, et c’est avec son dernier frère, le duc d’Alençon, que Marguerite renouera bientôt et suivra, tant qu’elle le pourra, une liaison de ce genre, qui laissait place à tous les sentiments et à toutes les activités ambitieuses de la jeunesse.
Il avait, certes, ses distractions, ses ravissements intérieurs, son doux enthousiasme qui l’enlevait souvent loin des humains ; le jour où il faisait parler dame Belette et où il suivait Jeannot Lapin dans la rosée, ils lui semblaient plus intéressants tous deux à écouter qu’un cercle de beau monde ou même de brillants esprits. […] Quand on prend le volume des Fables à ce VIIe livre et qu’on se met à le relire de suite, on est ravi ; « c’est proprement un charme », comme le dit le poète dans la dédicace ; ce ne sont presque que petits chefs-d’œuvre qui se succèdent, Le Coche et la Mouche, La Laitière et le Pot au lait, Le Curé et le Mort, et toutes celles qui suivent ; à peine s’il s’en glisse, parmi, quelqu’une de médiocre, telle que La Tête et la Queue du Serpent.
L’homme attentif qui lit les grands livres éprouve parfois au milieu de la lecture de certains refroidissements subits suivis d’une sorte d’excès de chaleur. — Je ne comprends plus. — Je comprends ! […] Pas de scrupule dans le choix des sujets, horribles ou douloureux, et toujours l’idée, fût-elle inquiétante et redoutable, suivie jusqu’à son extrémité, sans miséricorde pour le prochain.
Tandis que le vers classique ou romantique n’existe qu’à la condition d’être suivi d’un second vers, ou d’y correspondre à brève distance, ce vers pris comme exemple possède son existence propre et intérieure. […] Théophile Gautier, que nous aimons et connaissons plus et mieux que les fils de Parnasse, disait : « Je vois le monde extérieur et j’écris des métaphores qui se suivent. » Nous, nous avons cherché à voir le mieux possible le monde extérieur, à traduire quelques nuances, (le plus possible) du monde intérieur, ce qu’on en peut saisir, chacun dans les limites de ses forces, et nous avons cherché à créer des métaphores qui s’engendrent les unes les autres ; nous n’avons pas souvent tenu à les exprimer entièrement mais pour ainsi dire à les citer, à les énumérer.
Mais ces exemples sont assurément nombreux, au contraire, si l’on suit d’autres règles d’observation. […] Il suit de ces observations, que je ne considère le terme d’espèce que comme arbitrairement appliqué pour plus de commodité à un ensemble d’individus ayant entre eux de grandes ressemblances, mais qu’il ne diffère pas essentiellement du terme de variété donné à des formes moins distinctes et plus variables.
Rousseau se leva, autorisant le sentiment, consacrant l’idéal, proclamant l’invisible, et la moitié du public le suivit. […] On finit par faire des avances au clergé, présenter la philosophie comme l’alliée affectueuse et indispensable de la religion, offrir le dieu de l’éclectisme comme une base « qui peut porter la trinité chrétienne », et l’éclectisme tout entier comme une foi préparatoire « qui laisse au christianisme la place de ses dogmes, et toutes ses prises sur l’humanité99. » Il eût été bien difficile de ne pas réussir avec tant d’adresse, avec tant de soin pour séduire, amuser, entraîner et ménager les esprits, avec tant de précautions pour suivre ou devancer leur marche.
Cette noblesse d’âme va jusqu’à la naïveté ; il traite les autres sur le même pied que lui-même, et leur conseille ce qu’il pratique : suivre sa vocation, chercher dans le grand champ du travail l’endroit où l’on peut être le plus utile, creuser son sillon ou sa fosse, voilà, selon lui, la grande affaire ; le reste est indifférent. […] De là suit une certaine forme du condyle, pour que les deux mâchoires s’engrènent en façon de ciseaux, un certain volume dans le muscle crotaphite, une certaine étendue dans la fosse qui le reçoit, une certaine convexité de l’arcade zygomatique sous laquelle il passe, et une foule de propriétés qu’un anatomiste prédit.
La méthode qu’elle a suivie a consisté à chercher, pour chaque ordre de réalités, un principe positif approprié. […] Darwin suit une marche inverse. […] Il n’explique pas pourquoi des organismes qui se trouvaient côte à côte se sont développés en des sens divers au lieu de suivre la même voie. […] Or, soit que l’on suive la direction de Bacon, soit que l’on suive celle de Descartes, il paraît difficile de constituer la psychologie comme science. […] Étudier les deux termes dans leur liaison, telle est la méthode à suivre.
Il y aura là un travail de cirque fort curieux à suivre. […] Il aurait suivi le cours de M. […] Sommes-nous tenus de suivre toujours la plus sûre et la plus probable ? […] Suivons l’exemple du catéchisme qui débute par : « Etes-vous chrétien ? […] On suit l’édition française de Strasbourg, 1752.
Le langage sonore est pour eux une des formes les plus suivies de l’activité. […] J’ai souvent fait des plans de vie et d’études ; c’est dire que je n’en ai suivi aucun. […] Nous suivons la routine, tant que le changement ne nous apparaît pas comme nécessaire. […] En ce moment, pour tuer le temps, on lui fait suivre des cours. […] A mesure que l’on en suit l’itinéraire, les paysages se lèvent et parlent.
Cette traduction d’ailleurs, qui peut aider à l’interprétation de l’auteur grec, est accompagnée d’un texte élégant, et suivie des nombreuses imitations anacréontiques tirées de nos meilleurs poètes.
Scribe a pour système de suivre le public plutôt que de lui commander, et de chercher à lui plaire en obéissant à ses goûts plutôt que de le dompter en lui imposant les siens.
Fontenelle disait de ses Entretiens sur la pluralité des mondes : « Je ne demande aux dames, pour tout ce système de philosophie, que la même application qu’il faut donner à la Princesse de Clèves, si on veut en suivre bien l’intrigue, et en connaître toute la beauté. » Dans un dialogue de Diderot, le philosophe Crudeli, au moment d’entamer une discussion sur les matières les plus ardues avec la Maréchale, qui n’avait jamais lu que ses heures, répond à ses inquiétudes en disant : « Si vous ne m’entendiez pas, ce serait bien ma faute » ; et il fait toute sa démonstration en transposant dans le langage d’une femme ignorante les idées des plus obscurs métaphysiciens, sans que, dans cette conversion, la profondeur perde ce que gagne la clarté.
Appendice à la précédente conférence Un cheik afghan, remarquablement intelligent, de passage à Paris, ayant présenté dans le numéro du 18 mai 1883 du Journal des Débats des observations sur la conférence précédente, j’y répondis le lendemain, dans le même journal, ainsi qu’il suit.
On connaît ce mot plaisant prêté à je ne sais plus quel chef de bandes indisciplinées : « Il faut bien que je les suive : je suis leur chef. » De même un grand homme n’est aussi reconnu pour tel qu’à condition d’aller dans le sens du courant qui l’entraîne et le porte.
Les autres suivront.
L’auteur de ce drame ne se croit pas digne de suivre d’aussi grands exemples.
La femme, long-temps entretenue, & délaissée enfin par un homme débauché qu’elle avoit suivi en Hongrie, fut obligée de revenir avec son mari, qui la traita durement, jusqu’à condamner son épouse aux plus viles occupations de servante, & faire de sa servante son épouse.
Ils suivront le professeur de droit naturel et celui de l’histoire de la législation.
Ces enfans devenus de jeunes gens, ne se tiennent pas toûjours obligez de suivre les vûës pieuses de leurs bienfaicteurs.
Ils veulent que le public croïe voir une grande distance entr’eux et ceux de leurs contemporains qui paroîtront les suivre de plus près.
Ahmed a suivi les instructions de la guinnârou.
Les jeunes gens et les femmes, à une certaine heure, suivirent l’auteur de la Vie de Jésus, l’aimèrent comme un apôtre, parce qu’il portait dans ses bras les beaux trésors héréditaires mêlés au bagage de la critique moderne.
Mirbeau découvrait que Napoléon était le dernier des imbéciles, ce grand romantique rentier révolutionnaire ne faisait que suivre les leçons de ses anciens professeurs d’histoire ; ainsi, continuait l’historien Pierre Deloire, ainsi le professeur d’histoire, étant le roi, l’empereur, le général, tenait le monde entier sur ses genoux, et il pouvait, dans le chef-lieu de son arrondissement, mépriser le sous-préfet et les sous-lieutenants d’artillerie, qui ne sont que les subordonnés de l’empereur et des généraux ; il se payait ainsi des idées que le sous-préfet manifestait sur la supériorité de la hiérarchie administrative, et les sous-lieutenants sur la supériorité de la hiérarchie militaire. Par de tels retours suivies historiens antérieurs, notre ami Pierre Deloire croyait bien signifier que les historiens d’aujourd’hui, dont il est, sont devenus modestes ; et peut-être a-t-il raison ; peut-être les historiens, personnellement et comme historiens, sont-ils devenus modestes ; mais je me demande justement si tout l’ancien orgueil ne s’est pas réfugié dans la méthode, agrandi, porté à la limite, à l’infini ; je demande s’il n’est pas vrai que les méthodes scientifiques modernes, transportées en vrac dans l’histoire et devenues les méthodes historiques, exigent de l’historien des facultés qui dépassent les facultés de l’homme. […] Le ciel et le paysage lui tiennent lieu de conversation ; il n’a point d’autres poëmes ; ce ne sont point les lectures et les entretiens qui remplissent son esprit, mais les formes et les couleurs qui l’entourent ; il y rêve, la main appuyée sur le manche de la charrue ; il en sent la sérénité ou la tristesse quand le soir il rentre assis sur son cheval, les jambes pendantes, et que ses yeux suivent sans réflexion les bandes rouges du couchant. […] Si l’ordre d’idées que nous venons de suivre arrive à quelque réalité, il y aura contre la science, surtout contre la physiologie et la chimie, des persécutions auprès desquelles celles de l’inquisition auront été modérées. […] Qui répondra de demain ; comme dit ce gigantesque Hugo, si éternel toutes les fois qu’il n’essaie pas d’avoir une idée à lui : Non, si puissant qu’on soit, non, qu’on rie ou qu’on pleure Nul ne te fait parler, nul ne peut avant l’heure Ouvrir ta froide main, Ô fantôme muet, ô notre ombre, ô notre hôte, Spectre toujours masqué qui nous suit côte à côte, Et qu’on nomme demain !
Fournier suivi de Mariquita en page, Fournier qui était tout à l’heure un Charles IX authentique, en est à sa seconde transformation, et se remontre en pioupiou, au nez mangé par un chancre. […] Mon regard suit, au bout de la chaise où la main s’appuie, ce corps de femme vaporeux et remuant, toute cette dislocation voluptueuse et harmonieuse, de la grâce qui s’assouplit, de la légèreté qui se travaille. […] Gavarni. — On s’entend trop. » Mercredi 24 juin Au bout d’une allée du parc de Saint-Gratien, la princesse en robe de foulard écru, causant avec quelqu’un, les mains derrière le dos, à la Napoléon suivie d’un petit chien gras à lard, monté sur quatre pattes semblables à des allumettes. […] C’est un état délicieux de pensée figée, de regard perdu, de rêve sans horizon, de jours à la dérive, d’idées qui suivent des vols de papillons blancs dans les choux. […] Il me dessine aussi la silhouette de l’aumônier, pareil à un semeur de blé, semant les absolutions sur les champs des blessés, en train de le suivre de l’œil, ainsi que des affamés suivent un gigot à une table d’hôte.
Méry entre, suivi de ses amis, et avec son sang-froid et son naturel inimitables, demande M. […] Jules Janin était suivi de quatre ou cinq jeunes gens, apprentis écrivains que j’appellerai des jeunes gens de lettres. […] Mon compatriote qui la connaît, se fit ouvrir sa loge, où je n’osai le suivre, mais ma lorgnette y fut longtemps braquée. […] Vous savez quelle nuée d’écrivains se produisirent en France pendant les premières années qui suivirent la révolution de 1830 ; M. […] Jal, et je suivrai exactement Émile Souvestre, Léon Gozlan, Alphonse Karr, Soulié et quelques autres encore.
La veuve Scarron, objet à dignifier Louis XIV, comme Louis XIV était objet à dignifier Dieu, à travers ce couple, nous suivons la chaîne des asservissements. […] A ceux qui les auront suivis, et, soudain, peut-être, s’inquiéteraient de tous ces détours, ils auront toujours la ressource d’offrir, comme mot de passe, l’humanisme. […] Quant à ceux qui savent suivre le fil de leurs désirs, dans ces labyrinthes, ils finissent toujours par arriver là où il y a de la viande à acheter, à consommer. […] Elle sait suivre son temps, aussi, le plat du jour, sera-t-il, d’ici peu, le patriotisme de l’inconscient. […] Et ce fils se prête à ce petit jeu, d’aussi bonne grâce qu’Isaac suivit son père Abraham au bûcher et Jésus consentit à la crucifixion.
En définitive, vus d’ensemble, ils apparaissent simplement comme une série de soubresauts psychologiques, d’idées, de sensations, d’accidents, de phénomènes capricieux, qui se suivent en désordre, selon l’enchaînement que leur donne le hasard. […] Dès ce moment, du moins, la marche artistique à suivre lui était enfin tracée. […] Jusqu’ici le génie hindou et le sien propre, sans se joindre complètement et s’identifier, tout en gardant au contraire chacun leur marque spéciale, ont suivi deux voies parallèles assez voisines l’une de l’autre. […] La foule obscure des disciples infimes, assez complètement dépourvus de talent et de force propre pour suivre, avec une soumission aveugle, les réglementations qu’on leur offrait toutes prêtes et qui les dispensaient d’un effort original. […] Déterminés par des causes souvent inconnues, mais non pas forcément inconnaissables, ils suivent une marche fatale, naissent, grandissent, s’étiolent, et enfin disparaissent, quelquefois à l’heure même où on les croyait irrévocablement fondés et indestructibles.
Les quelques exposés qui vont suivre sont ainsi plus une constatation qu’une démonstration. […] Je pense que la vague d’anglomanie politique, qui suivit la défaite de Waterloo, comparable à la vague de germanophilie intellectuelle, qui suivit la défaite de Sedan, a été pour beaucoup dans la vogue de ce mode de représentation, fort étranger à notre génie national et réaliste, et qui nous a fait tant de mal. […] Le risible évolutionnisme philosophique a suivi dans la tombe l’évolutionnisme scientifique. […] Cette manie prépare à notre génération, et à celle qui va nous suivre, d’extraordinaires surprises et déconvenues. […] Le témoignage des sens, qui constitue l’expérience, ne vaut que par l’intervention de la raison et suit les vicissitudes de la raison, guide elle-même de l’imagination.
Dans la première étude, et assez complète, que j’en ai donnée à la Revue des deux mondes dès le mois de janvier 1840, et qui a été recueillie dans mon volume de Portraits de femmes entre Mme de Longueville et Mme de La Fayette, je disais, après avoir raconté tous les incidents de monde et de société qui accompagnèrent et suivirent la publication des Maximes et dont le salon de Mme de Sablé était le centre : Le succès, les contradictions et les éloges ne se continrent pas dans les entretiens de société et dans les correspondances ; les journaux s’en mêlèrent ; quand je dis journaux, il faut entendre le Journal des savants, le seul alors fondé, et qui ne l’était que depuis quelques mois.
Ainsi l’on trouve que Sieyes est d’abord surfait, et qu’à cette date du 18 brumaire comme dans tout le débat de Constitution qui a suivi, il n’avait déjà plus ce crédit que l’historien lui prête.
Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie.
Nous ne la suivrons pas sur ce terrain de pure esthétique, mais nous devions signaler ce dernier stade comme indispensable et requis : « Au théâtre, dans le roman, nous dit très finement le Dr Cabanès15… il est bon de nous donner des tranches de vie, mais à la condition de ne pas nous les servir toutes crues. » ⁂ Voici donc les naturalistes — affublés d’une impassibilité toute verbale — en quête du document humain.
On trouve la phrase qu’on vient d’écrire incomplète et inexacte : on la fait suivre d’une autre qui le sera moins, et l’on avancera ainsi péniblement et tortueusement vers l’objet qu’on a en vue, par une fastidieuse suite de tâtonnements et d’approximations.
, « plus je suis convaincu que, pour une très grande partie de son essence, l’homme est un pur animal. » Suit l’amplification de cette idée neuve que ventre affamé n’a pas d’oreilles.
On le suit avec une curiosité passionnée ; on le seconde de la ferveur de son désir ; on a pour le « patient » une sympathie, une pitié qu’on ne saurait dire, et, dans ce drame de vie ou de mort, on fait des vœux passionnés pour le triomphe de la vie.
Le roi est entouré de tous les cadets de Gascogne qui ont jadis suivi sa fortune ; il a entre les jambes le Gascon gasconnant Antoine de Roquelaure, le compagnon de ses équipées galantes, le maréchal borgne, qui a plus grand nez que son maître.
Lui, cependant, allait, creusant son sillon ; il allait, sans lassitude, et la jeunesse le suivait, l’accompagnait de ses bravos, de sa sympathie si douce aux plus stoïques ; il allait, et les plus vieux ou les plus sagaces fermaient dès lors les yeux, voulaient s’illusionner, ne pas voir la charrue du Maître s’embourber dans l’ordure.
Tous les nouveaux désastres qui suivirent de près le sac de Rome par Totila, firent sécher, pour ainsi dire, les plantes qu’il avoit déracinées.
Évidemment aussi cependant, il n’y a rien d’impossible à réaliser dans cette majestueuse et si simple utopie de l’histoire, et l’État moderne qui l’essayerait, même en laissant le flot méprisé de la libre histoire battre le pied de son monument, aurait du moins mis sous la garde d’une fonction, dont on descendrait en déméritant, le trésor de renseignements et de faits qu’il faut toujours remettre pur aux générations qui nous suivent, et arracherait la Nationalité, cette chose sacrée, aux mains humanitaires et cosmopolites des historiens de la Libre Pensée, qui si on les laisse faire, en auront fini avec cette chose sacrée, demain !
Sous les trois Césars qui suivent, les Romains d’abord indifférents pour la république, finissent par ignorer même ses intérêts, comme s’ils y étaient étrangers, incuriâ et ignorantiâ reipublicæ, tanquam alienæ .
Tout le monde s’empressa d’abord à le suivre, et le jour même de cette vilaine action, il revint du palais, suivi de trois cents personnes à cheval. […] Ensuite, on trouve le magasin du café, le magasin des pipes, celui des flambeaux, qu’on appelle la maison du suif, parce que la plus commune lumière dont les Persans se servent dans leurs maisons est faite avec des lampes nourries de suif raffiné, lequel est blanc et ferme comme la cire vierge ; et puis suit le magasin du vin. […] La Providence nous a mis entre les mains Hamzeh-Mirza ; que nous reste-t-il plus, que suivre ses ordres, et d’aller dès ce moment élever ce favori du ciel au trône sacré du prince du monde. » Après que le premier ministre eut prononcé ces paroles, il ne laissa pas peu à penser aux autres seigneurs d’où lui pouvait être venu ce sentiment ; néanmoins, comme c’était une personne qui avait toujours vécu dans une haute estime de probité, et que son âge déjà avancé et sa longue expérience dans les affaires le rendaient très-considérable, on ne soupçonna point que l’avis qu’il donnait fût intéressé, ni qu’il y fût porté par d’autres motifs que ceux qui regardaient le bien de l’État, vu principalement qu’il n’avait rien avancé que toute la compagnie n’estimât très-véritable. […] Si cela était, n’en aurais-je rien appris, moi qui, depuis le départ du roi de la capitale, ai toujours su précisément tout ce qui s’est passé dans le palais des femmes, qui l’ai toujours suivi partout, et qui ai, outre cela, la conduite du jeune prince ?
Aussi, quand la guerre avec l’Espagne éclata en 1667, Louis XIV trouva, pour l’y suivre, une armée bien organisée, et, pour l’y soutenir, une nation unie. […] Aussi un excellent air, des bois magnifiques tout alentour, la même vue que des hauteurs de Saint-Germain, avec l’avantage d’une colline plus douce et plus accessible, d’où l’on peut suivre de l’œil les charmantes sinuosités de la Seine, tant de beautés ne sauvèrent pas Marly de la destruction qui a épargné Versailles. […] Écrivains et roi, je le veux bien, se sont simplement entendus : le roi n’a pas eu à diriger, ni les écrivains à suivre. […] L’œil fixé sur les destinées du roi, et comme dans la contemplation de cet idéal, Racine semble suivre dans son théâtre la vie de Louis XIV. […] Puissant, magnifique, veut-il prendre ses résolutions, la droite raison est sa conseillère ; après, il se soutient, il se suit lui-même ; il faut que tout cède à sa fermeté et sa vigueur invincible262. » Douze ans après, son discours semble s’élever encore.
. — La Pendeloque, nouvelle suivie des Meurtres impunis, nouvelles. — La Psychologie au Théâtre (a paru dans La Presse). — Pèlerinages, critique documentaire (Rodenbach, Cladel, Mallarmé, Zola, l’Opéra et les bals romantiques, les Hydropathes, Barbey d’Aurevilly, George Sand et Flaubert) […] Paris, Soc. du Mercure de France, 1900. — Hercule chez Omphale, comédie héroïque en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1900. — Le Barbier de Midas, comédie en vers, Paris, Petite Collection de l’Ermitage, 1901. — Le Songe d’une nuit de doute, suivi de plusieurs poèmes, Paris, Soc. du Mercure de France, 1902. — La Prairie en Fleurs, poésies (rééd. de Aux Écoutes, Fables Renaissance, Le Chemin des ombres heureuses, etc.), Mercure de France, 1904, in-18. — Le Servage, roman. […] Œuvres. — Éveils, poésies (en collaboration avec André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — Le Retour, pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — La Chanson des Hommes, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — Le Tocsin, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900), éd. du Midi-Artistique, 1902. — Le Poème de la Jeunesse, Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — L’Or, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre, rep. des Poètes), 1901, non publié. — Le Dernier Rêve, pièce en 1 acte (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — L’Histoire merveilleuse de Claire d’Amour, suivie d’autres contes, E. […] Œuvres posthumes. — La Maison de la petite Livia, roman, suivi des Tablettes romaines (Mercure 1904). […] 1903, in-8º. — Saül suivi du Roi Candaule, id.
Il suit de là que, si nous considérons chaque espèce comme descendant de quelque autre forme inconnue, la forme mère, de même que toutes les variétés transitoires, devront en général avoir été exterminées, par suite du procédé même de formation et de perfectionnement de cette forme nouvelle. […] Il suit de là que le territoire neutre entre deux espèces représentatives est généralement très limité en comparaison de celui qui est propre à chacune d’elles. […] Tous ceux qui me suivront jusque-là ne devront pas hésiter à aller plus loin encore, si d’autre part ils trouvent dans le cours de cet ouvrage un vaste ensemble de faits inexplicables autrement que par la théorie de descendance modifiée. […] Il suit de là que les habitants d’une contrée quelconque, et généralement d’autant plus qu’elle est plus limitée, devront souvent céder le pas, comme du reste on le constate souvent, aux habitants d’une autre contrée, et surtout d’une contrée plus vaste. […] Il suit de là qu’en fait la loi des conditions d’existence est la loi suprême, et qu’elle comprend, au moyen de l’hérédité des adaptations antérieures, celle d’unité de type.
Sully Prudhomme a cru devoir les faire suivre de quelques réflexions personnelles qui sont d’un grand intérêt à l’heure présente et permettent de poser le problème de la poétique comme il me semble possible de le poser. […] Permettez-moi de relever une légère inexactitude : ce n’est pas cette année, c’est l’année dernière, que j’ai fait suivre de réflexions personnelles le règlement du concours de poésie qui porte mon nom, mais dont la Société des gens de lettres m’a fait l’honneur d’accepter la gestion littéraire (comportant, bien entendu, l’entière indépendance de ses jugements). […] J’espère cependant que ceux qui m’ont suivi dans ma démonstration auront compris qu’une telle définition non seulement n’est pas nécessaire pour résoudre le problème de la poétique tel qu’il se pose à nous, mais même qu’elle ne peut être que nuisible en conduisant à des malentendus. […] Pourtant, chacun se spécialisant de plus en plus, il est à craindre qu’un certain affaissement du niveau moral suive l’indifférence des hommes à l’égard des problèmes essentiels qui doivent avant tout nous préoccuper. […] Si on suit son évolution depuis la Renaissance, on peut remarquer que les modifications qu’il a subies sont peu nombreuses et que les innovations auxquelles il se prête sont limitées.
Nous n’avons plus qu’à suivre ses vers46. […] Mme Valmore ne peut s’empêcher d’y applaudir ; elle ne se raisonne pas, elle suit son élan ; elle a l’âme populaire ; elle était pour les souffrants, pour les opprimés et les mitraillés à Lyon, en 1834 ; elle était de tout temps pour les condamnés politiques, sans distinction de parti, que ce fût M. de Peyronnet ou Raspail, pour tous ceux dont elle entendait la plainte à travers les barreaux ; elle est pour eux encore le jour où elle se figure que le peuple triomphe et se délivre ; elle a son hymne du lendemain : « (1er mars 1848)… L’orage était trop sublime pour avoir peur ; nous ne pensions plus à nous, haletants devant ce peuple qui se faisait tuer pour nous. […] Une seule circonstance heureuse en rompt la note uniforme et triste, parfois déchirante, le mariage de sa fille Ondine, si tôt suivi d’une fin funeste : « (24 décembre 1849)… Mon bon Richard, si votre amitié n’est pas sans inquiétude sur nous et notre silence, je suis tout à fait de même sur tout ce qui vous concerne ; — et quoique je ne sache de quel côté donner de la tête, je prends sur la nuit pour vous écrire, — la nuit de Noël, mon cher Richard, qui changerait les destinées de ce triste monde et la vôtre, si le Sauveur écoutait son pauvre grillon, humblement à genoux dans la cheminée… où il y a bien peu de feu, mon celui de mon âme, très-fervente, très en peine !
. — Acquisition du langage par les enfants I Les observations qui suivent ont été faites au fur et à mesure et rédigées sur place. […] … L’observation a été interrompue par suite des calamités de l’année 1870. — Néanmoins les notes qui suivent peuvent servir à constater l’état mental d’un enfant. […] En effet, un esprit naturellement borné ne peut suivre les abstractions d’un certain ordre ; nous connaissons des gens qui, quoi qu’ils fassent et quoi qu’on fasse, n’entendront jamais la Mécanique céleste de Laplace ou la Logique de Hegel.
— Je n’aurai pas de peine à suivre ton idée, me dit-il en nous séparant, car ce ne sera que la vérité que je dirai au père Hilario, en parlant comme tu viens de dire. […] Dès demain, il faut achever de scier un barreau de fer de la lucarne derrière l’autel de la chapelle des prisonniers, de manière à ce qu’il ne tienne plus en place que par un fil, et laisser la lime à côté, pour qu’un coup ou deux de lime lui permette de le faire tomber en dehors dans le verger de la prison, et qu’à l’aide de l’égout qui ouvre dans ce verger, au pied de la lucarne, et qui traverse les fortifications de la ville, Hyeronimo se trouve hors des murs, libre dans la campagne… Et toi, pourquoi ne le suivrais-tu pas ? […] — Quand il sera libre, continua la voix, tu revêtiras le froc et le capuchon des pénitents noirs qu’il aura laissés tomber de la fenêtre en s’enfuyant, et tu reviendras dans son cachot, avant le jour, prendre sa place, pour que les sbires te mènent au supplice, en croyant que c’est lui qu’ils vont fusiller pour venger le capitaine ; tu marcheras en silence devant eux, suivie des pénitents noirs ou blancs de toute la ville qui prieront pour toi ; et quand tu seras arrivée au lieu du supplice, tu mourras en prononçant son nom, heureuse de mourir pour qu’il vive !
Un symbole est, en somme, une comparaison prolongée dont on ne nous donne que le second terme, un système de métaphores suivies. […] Voilà des métaphores qui ne se suivent guère. […] Allez, rien n’est meilleur à l’âme Que de faire une âme moins triste… Je ne me souviens plus que du mal que j’ai fait… Dans tous les mouvements bizarres de ma vie, De mes malheurs, selon le moment, et le lieu, Des autres et de moi, de la route suivie, Je n’ai rien retenu que la bonté de Dieu.
— « En attendant, chaque lit pleure, dans Suse, l’époux absent, et les femmes perses se désolent, ayant perdu les héros, compagnons armés de leurs nuits. » Ce grand chœur est le prélude de la symphonie funèbre qui va suivre ; tous les contrastes s’y heurtent, toutes les alternatives s’y balancent ; son rythme est celui de l’oscillation. […] Nous avons parlé des silences d’Eschyle et de leur sombre éloquence, ils suivaient ses grands foudroiements. […] C’est maintenant un juge sévère, qui recherche et qui interroge, — « Où as-tu laissé l’élite de tes amis, ceux qui se tenaient debout à ton côté ; Pharandacès, Susas, Pélagon, Datamas et Agdabatas, Psammis, Susicanès qui, pour te suivre, partit d’Echbatane ?
Confondue dans une foule tumultueuse, elle est dispensée de rougir : elle a d’ailleurs si peu de chose à faire ; l’illusion théâtrale est si frêle et si facile à troubler ; les jugemens des hommes rassemblés sont dépendans de tant de circonstances, et tiennent quelquefois à des ressorts si faibles ; l’impression exagérée d’un défaut se répand si aisément sur les beautés qui le suivent, que toutes les fois qu’il y a eu un parti contre un ouvrage de théâtre, le succès en a été troublé ou retardé. […] Mais si Britannicus était du nombre de ces ouvrages dont les beautés sévères ne sont appréciées qu’avec le temps, Bérénice , qui le suivit, se recommandait d’elle-même par celui de tous les mérites dramatiques qui est le plus difficilement contesté, dont le triomphe est le plus prompt et le plus sûr, le don de faire verser des larmes. […] âmes sensibles et presque toujours malheureuses, qui avez un besoin continuel d’émotion et d’attendrissement, c’est Racine qui est votre poëte, et qui le sera toujours : c’est lui qui reproduit en vous toutes les impressions dont vous aimez à vous nourrir ; c’est lui dont l’imagination répond toujours à la vôtre, qui peut en suivre l’activité et les mouvemens, en remplir l’avidité insatiable ; c’est avec lui que vous aimerez à pleurer ; c’est à vous qu’il a confié le dépôt de sa gloire ; et vous la défendrez sans doute, pour prix des larmes qu’il vous fait répandre.
Telle est la montre qui chemine A pas toujours égaux, aveugle et sans dessein : Ouvrez-la, lisez dans son sein : Mainte roue y tient lieu de tout l’esprit du monde ; La première y meut la seconde ; Une troisième suit ; elle sonne à la fin. […] Une précision de dialectique à faire envie au professeur de philosophie le plus exact ou voulant l’être, le plus exact, le plus minutieux et qui suit le plus rigoureusement son idée. […] Remarquez ceci : c’est un commerce (c’est-à-dire un concert de relations suivies avec quelqu’un) où l’on se propose quelque chose, non pas tout gagner, où l’on met du sien, mais où, certainement, on veut du retour Je passerais en revue tous les sentiments altruistes et je trouverais que tous ont un mélange d’intérêt.
Il a cet avantage des esprits infiniment poétiques, que la poésie suit, comme une lueur, où qu’ils aillent, et qui font tomber des ciels d’or sur la teigne des pouilleux, comme le faisait Murillo… Où d’autres seraient bas, comme le sujet de leur peinture, il reste poétique et quelquefois poète. […] Ces giroflées ont la vie plus dure que les murs sur lesquels elles ont poussé ; et cela, avec le vaste génie de Balzac, de ce chef de Dévorants qui a tout dévoré, même le temps qui a suivi sa mort, est une double raison pour qu’une Étude de mœurs parisiennes, à cette heure, quelque force de rendu qu’elle ait, ne produise pas sur l’imagination l’effet profond d’une œuvre dans laquelle ces mœurs seraient saisies et exprimées pour la première fois. […] Nous l’avons suivi.
Au Moyen Âge, ce mot de patrie existait peu : on suivait le seigneur féodal ; on se battait pour ou contre ceux qui étaient déjà ou qui devaient être des compatriotes. […] Henri IV consulte Rosny sur toutes choses, et, sans suivre toujours son avis, tient à l’écouter.
La publication de l’Essai, qui réussit en France plus qu’en Angleterre, fut suivie pour Gibbon d’un singulier épisode. […] Mais cette milice fut chose sérieuse, suivie, et eut presque les conséquences d’un enrôlement volontaire.
La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante. […] Il suit donc dans toutes ses subtilités et ses retours ce vice de médisance qui, « non content de vouloir plaire et de s’ériger en censeur agréable, veut même passer pour honnête, pour charitable, pour bien intentionné : Car voilà, dit-il, un des abus de notre siècle.
Mais ce réveil dura peu et conduisit même à l’excès de nivellement qui a suivi. […] Embrassant donc le xviie siècle dans son ensemble et le résumant dans le caractère qui y domine, il y voit, contrairement à l’esprit du xvie siècle, un perpétuel travail et une tendance suivie depuis Henri IV et Richelieu jusqu’à Louis XIV à l’établissement du pouvoir monarchique : On peut dire que l’esprit de tout ce siècle-ci, remarque-t-il, a été, du côté de la Cour et des ministres, un dessein continuel de relever l’autorité royale jusqu’à la rendre despotique ; et du côté des peuples, une patience et une soumission parfaite, si l’on en excepte quelque temps pendant la régence.
On y voyait l’église de Luçon encore toute remplie des souvenirs de son cher Armand, et aussitôt après on avait à suivre le vol de cet aigle qui s’élevait de la terre au ciel. […] Pendant que l’Église voit avec édification dans ces sages règlements la vérité de la doctrine, la pureté de la morale, l’intégrité de la discipline, l’autorité de la hiérarchie, établies, soutenues et conservées dans le diocèse de Noyon depuis l’heureux temps de votre épiscopat, nous y voyons encore ces divisions exactes, ces justes allusions, ces allégories soutenues, et surtout une méthode qu’on ne voit point ailleurs, et sans laquelle on suivrait difficilement des idées aussi magnifiques que les vôtres !
Notre façon d’être ne la détournait point de nous laisser suivre nos habitudes. […] Il est curieux de suivre pas à pas l’attente et les lents progrès de la fortune politique de d’Argenson.
J’étais au contraire très vive… » On voit au château de Charlottenbourg un tableau qui représente Frédéric âgé de trois ans, à la promenade, battant du tambour et paraissant entraîner sa sœur aînée la princesse Wilhelmine, qui l’accompagne et le suit. […] C’est elle qui eut dans ce qui va suivre les premiers torts ; voici comment on les explique.
Vous buvez la lie du détestable vin produit dans le siècle qui a suivi le siècle de Louis XIV. […] L’homme dont parle Grimm a tout l’air d’être le prince de Ligne, qui, de son côté, raconte ce qui suit d’une conversation de Voltaire, à Ferney : Je n’aime pas, disait Voltaire, les gens de mauvaise foi et qui se contredisent.
Et qui dit Louvois, dit en même temps tous les hommes importants de son époque, qui étaient en correspondance suivie avec lui, de sorte qu’on tient d’un même coup de filet toute la politique et toute l’histoire militaire de la plus belle période de ce grand règne. […] Louis XIV, enfin, s’y montre dans sa grandeur d’âme et son ambition de roi, avec son esprit de travail, son application de détail, son besoin de tout prescrire et de tout régler, ou du moins de tout comprendre, de se rendre un compte exact de la marche et de la conduite suivie en chaque affaire.
C’est sur ce terrain que j’aime à le suivre. […] La conquête de la Hollande, qui suivit le glorieux passage du Rhin et qui probablement eût été complète, si l’on avait songé plus tôt à s’assurer de Muyden, centre des écluses, eut son terme et son arrêt dans l’inondation soudaine qui noya tout le bas pays d’au-delà d’Utrecht et ferma l’abord d’Amsterdam : « La résolution de mettre tout le pays sous l’eau, dit à ce sujet Louis XIV, fut un peu violente ; mais que ne fait-on point pour se soustraire d’une domination étrangère !
II Quoi qu’il en soit de ses désirs de Cracovie, de Valachie et de Grèce, Montaigne a une grande envie de voir Rome, et c’est là (laissant de côté son passage par Vérone, Padoue, Venise, Ferrare, Bologne, Florence, Sienne, Montefiascone), — c’est là qu’il le faut suivre, entrant par la porte del Popolo. […] j’en prends occasion pour revenir parler de lui à mon tour, pour l’écouter et le suivre là où il est le plus à l’abandon et où il va le plus à l’aventure.
Un jour que je suivais une vallée, où s’engagent peu les Centaures je découvris un homme qui côtoyait le fleuve sur la rive contraire. […] Combien de fois, surpris par la nuit, j’ai suivi les courants sous les ombres !
« Monsieur, je profite de l’occasion du départ de M. Suit pour vous marquer combien je suis véritablement sensible aux invitations que vous m’avez faites d’aller à Londres, et combien je suis fâché de n’avoir pas encore fait ce voyage, dont le plaisir de vous admirer sera le principal motif. […] M. Suit Je viens de terminer une nouvelle tragédie : c’est Admète et Alceste, sujet tiré de notre Euripide.
3° Il y eut, en 1831, et dans les années qui suivirent, un mouvement de bonne volonté et de rapprochement de la part des croyants d’un certain ordre et de plusieurs jeunes esprits respectueux, mouvement qui n’eut lieu d’abord que dans une sphère assez restreinte, dont M. de Lamennais fut quelque temps le centre, mais qui se prolongea même après ses écarts et sa défection. […] Ce ne fut pourtant qu’après 1848 et dans la réaction qui suivit que toutes les forces du parti se déployèrent, imposantes et déjà formidables.
Dans toute cette série, Horacé, encore une fois, touché du coude son ami et camarade Charlet ; c’est la même veine : Charlet la suivra uniquement et y marquera de plus en plus par une finesse de crayon et une philosophie de mots qui le mettront à un si haut rang posthume. […] Horace conserve encore cette singulière élégance, ce goût exquis dont chacune de ses compositions est remplie. » Les critiques qui suivaient ces éloges, et qui portent sur la couleur, se feraient aujourd’hui avec beaucoup plus de justesse et de précision.
Gautier a appliqué ici aux tableaux peints le même procédé qu’il a suivi à l’égard des tableaux naturels et des climats : la soumission absolue à l’objet. […] Au moment de se quitter, le baron se décide tout à coup à les suivre, à profiter de leur offre et de leur chariot pour aller jusqu’à Paris.
Beugnot, et plus encore dans les pages qui suivent, et auxquelles je ne puis que renvoyer40. […] Je fais des poires tapées qui seront délicieuses ; nous séchons des raisins et des prunes ; on fait des lessives, on travaille au linge ; on déjeune avec du vin blanc, on se couche sur l’herbe pour le cuver ; on suit les vendangeurs, on se repose au bois ou dans les prés ; on abat les noix, on a cueilli tous les fruits d’hiver, on les étend dans les greniers.
Il répond de sa main au maréchal (26 novembre 1742) : « Le feu roi, mon bisaïeul, que je veux imiter autant qu’il me sera possible, m’a recommandé, en mourant, de prendre conseil en toutes choses et de chercher à connaître le meilleur pour le suivre toujours ; je serai donc ravi que vous m’en donniez : ainsi, je vous ouvre la bouche, comme le Pape aux cardinaux, et vous permets de me dire ce que votre zèle et votre attachement pour moi et mon royaume vous inspireront. […] Je ne puis m’empêcher de lui dire qu’il y a, dans toutes les parties de l’administration du gouvernement, une sorte d’engourdissement, d’indolence et d’insensibilité à laquelle il faut apporter le plus prompt remède, sans quoi, Sire, votre royaume est menacé de grands malheurs. » Suivaient des considérations et des recommandations générales fort justes ; mais tous ces conseils, reçus avec bienveillance et discutés même avec bon sens par Louis XV, profitaient peu pour la conduite.
Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les aines mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, — comme Watteau, qui échappe aux amitiés des grands et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne, qui se suicide ; comme Gabriel de Saint-Aubin, qui boude l’officiel, les Académies, et suit son génie dans la rue… Aujourd’hui nous avons changé cela : ce sont les lettres qui ont pris cette libre misanthropie de l’art. » Je le répète, cette page n’est pas juste. […] Il faut savoir valser sans s’éblouir pour suivre jusqu’au bout un tel cortège affolé et tournoyant.
Fournier cherche à ce fait des raisons et des enchaînements qui bien probablement ne s’y trouvaient pas : « En mettant son fils à l’Oratoire, le père de La Bruyère n’aurait fait que suivre l’exemple du fameux Senault, collègue de son père dans le gouvernement de la Ligue, dont le fils était supérieur de la Congrégation, à l’époque même où La Bruyère s’y serait trouvé comme novice. […] Aussi je le remercierai, encore une fois, pour ses recherches ; mais tout en en profitant, et de plus en le trouvant par moments très-ingénieux, il m’est impossible de le suivre dans la multitude et la menue infinité de ses conjectures.
Sa brouille avec Napoléon eut à traverser des phases diverses, et fut marquée à plusieurs reprises par des coups de tonnerre, suivis eux-mêmes d’apaisement et parfois de velléités presque bienveillantes. […] On sait que M. de Talleyrand fit semblant de vouloir sortir de Paris pour suivre l’impératrice à Blois, et qu’il s’arrangea de manière à se faire arrêter à la barrière.
Si on recherche avec curiosité les traditions locales, les vieux noëls en patois, les vestiges d’une culture ou d’une inspiration ancienne, il faut noter aussi ce qui est vivant, le poëte plein de vigueur qui, dans le moindre rang social où il se tient, enrichit tout d’un coup de compositions franches, originales, suivies, son patois harmonieux encore, débris d’une langue illustre, mais enfin un patois qu’on croyait déshérité désormais de toute littérature. […] A cet âge, il le fallait voir, le cornet en main, coiffé de papier gris, suivre son père dans les charivaris du lieu.
On suivrait à la trace cette succession illustre, depuis Mme de Maintenon, Mme de Lambert, Mme du Deffand (après qu’elle se fut réformée), Mme de Caylus et les jeunes filles qui jouaient Esther à Saint-Cyr, jusqu’à la maréchale de Beauvau20, qui paraît avoir été l’original de la maréchale d’Estouteville dans Eugène de Rothelin, jusqu’à cette marquise de Créquy qui est morte centenaire, nous dit-on, et dont je crains bien qu’un homme d’esprit ne nous gâte un peu les Mémoires21. […] Qu’importe qu’en peignant son aimable héros l’auteur ait cru peut-être proposer un exemple à suivre aux générations présentes, qui n’en sont plus là ?
CCLII Je n’étais déjà plus triste, parce que je savais ce que l’ange m’avait dit la nuit, et je le suivis, avec l’autorisation du bargello, jusqu’à la loge sous l’escalier de son couvent voisin. […] Elle était pleine de monde en deuil que les cloches, annonçant le supplice, et la prière des morts, avaient réveillé et rassemblé dès le matin ; un cordon de sbires les tenait à distance ; les pénitents, en longues files, m’entouraient et me suivaient : un petit enfant, à côté du père Hilario, marchait devant moi et tendait une bourse aux spectateurs pour les parents du meurtrier.
Je remarque d’abord que la plupart des auditeurs sont des croyants : ils prient, ils suivent la messe qu’on dit avant le sermon. […] je ne sais ; mais, tandis que retentissaient les nobles phrases du prédicateur, un sonnet de Sully Prudhomme murmurait tout bas dans ma mémoire, exprimant un sentiment presque pareil : Un de mes grands péchés me suivait pas à pas, Se plaignant de vieillir dans un lâche mystère ; Sous la dent du remords il ne pouvait se taire Et parlait haut tout seul, quand je n’y veillais pas.
je crains qu’il ne soit trop profondément satisfait de sa manifestation et de tout ce qui s’en est suivi. « Eh bien, c’est une assez bonne pierre dans la mare aux grenouilles ! […] … Cette horreur de tout développement suivi, de tout éclaircissement qui n’est pas en action, est si forte chez M.
La route que Jésus suivait d’ordinaire dans ces voyages était celle que l’on suit aujourd’hui, par Ginsea et Sichem 199.
Il conseillait donc à cette aimable amie le repos, l’immobilité, de suivre le seul régime dont il se trouvât bien, de rester longtemps couchée et de compter les solives : Votre activité, ajoutait-il, s’indigne d’un pareil bonheur ; mais voyons si votre raison ne serait pas de cet avis. […] Le coup de soleil qui suivit le 18 Brumaire s’était fait sentir mieux qu’ailleurs dans ce coin du monde : on aimait, on adoptait avec bonheur tout génie, tout talent nouveau ; on en jouissait comme d’un enchanteur ; l’imagination avait refleuri, et on aurait pu inscrire sur la porte du lieu le mot de M.
Ailleurs, il nous présentera les colonnes françaises dans leur marche, enveloppées, harcelées par ces Bédouins du désert : « Elles semblaient des escadres suivies par des requins. » Tel est son pittoresque, toujours sobre et vrai. […] Il renonça donc sans hésiter à l’Égypte, et n’eut que le temps, à la veille de son brusque départ, de dicter pour Kléber trois mémoires, où il exposait ses vues sur la politique intérieure à suivre et sur les dispositions militaires à prendre.
« Il ne s’agit pas de suivre les règles de la rhétorique, mais de faire connaître et aimer Dieu ; ayons la foi de saint Paul, ajoute-t-il, et parlons le grec aussi mal que lui. » Ici, pourtant, ne le prenez pas au mot. S’il s’affranchit de la rhétorique, c’est en vertu d’un principe supérieur de rhétorique ; et, pour suivre sa comparaison, il ne parle pas le grec plus mal que ses devanciers, il le parle autrement.
Saint-Simon, dans ses mémoires, a tellement rendu au vif cette entrée de Fénelon à la Cour, cette initiation dans le petit monde particulier de Mme de Maintenon, des ducs de Beauvilliers et de Chevreuse, cette rapide fortune de l’heureux prélat, sitôt suivie de tant de vicissitudes et de disgrâces, tout ce naufrage d’espérances qui est aujourd’hui une touchante partie de sa gloire, qu’on ne saurait que renvoyer à un tel peintre, et que ce serait profanation de venir toucher à de pareils tableaux, même lorsqu’on peut croire qu’il y a quelques traits hasardés. […] Mais tout à coup les malheurs viennent fondre : la duchesse de Bourgogne meurt le 12 février 1712 ; le duc de Bourgogne la suit le 18, six jours après, âgé de vingt-neuf ans ; et toutes les espérances, toutes les tendresses, oserons-nous dire les ambitions secrètes, du prélat s’évanouissent.
En un mot, pour suivre mon image toute physique et anatomique, je dirai : Quand il tient la carotide de son sujet, il l’injecte à fond avec fermeté et vigueur ; mais quand il est à faux, il injecte tout de même et pousse toujours, créant, sans trop s’en apercevoir, des réseaux imaginaires. […] En fait de torrent, M. de Balzac n’a jamais suivi que le sien.
Peu de jours après cette visite à Petit-Bourg, le roi, qu’il avait suivi à Fontainebleau, lui donna le gouvernement de l’Orléanais, qui était venu à vaquer. […] Au reste, il se connaissait à merveille, et il nous a dit son dernier mot dans le passage qui suit, et où il se pourchasse lui-même dans ses replis et ses déguisements : Au bout de tout cela, j’entre dans ma cinquantième année (1714).
Un contemporain, en le voyant à l’époque de sa gloire, et en ayant présent son buste par Houdon, nous l’a peint comme il suit : Il était, dit le duc de Nivernais, de la taille la plus haute et la mieux proportionnée. […] La partie sérieuse du mérite de l’abbé Barthélemy comme antiquaire, et avant son Voyage d’Anacharsis, échappe à mon appréciation : ce qu’on peut dire en général, c’est qu’il a rendu surtout de vrais services dans la science des médailles, et qu’il a contribué à la tirer de l’état de simple curiosité pour en faire un des appuis suivis et réguliers de l’histoire.
., — mais seulement s’ils précèdent ou suivent une voyelle atone ; si deux de ces monosyllabes se suivent l’une des muettes disparaît : je le veux.
On les rencontrait souvent, bras dessus, bras dessous, présentant le même aspect de sérénité un peu lourde et discutant leurs théories ; un passant qui aurait suivi leur conversation aurait sans doute entendu Gautier redire à Augier, d’un ton sentencieux, sa fameuse formule : « Rien ne sert à rien…, et d’abord il n’y a rien ; d’ailleurs, tout cela est bien indifférent ! […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.
Peut-être même que la generation qui suivra immédiatement la nôtre, frappée des fautes énormes d’Homere et de ses compagnons de fortune les dédaignera, ainsi qu’un homme devenu raisonnable dédaigne les contes puériles qui ont fait l’amusement de son enfance. […] Plusieurs philosophes anciens ont connu cette vérité, mais comme ces philosophes n’avoient pas en main pour la prouver les moïens que nous avons aujourd’hui, il étoit demeuré indécis si Philolaus, Aristarque et d’autres astronomes avoient raison de faire tourner la terre autour du soleil, ou si Ptolomée et ceux qu’il a suivis avoient raison de faire tourner le soleil autour de la terre.
De ce que nous sommes plusieurs à apprécier une chose de la même manière, il ne suit pas que cette appréciation nous soit imposée par quelque réalité extérieure. […] Les périodes créatrices ou novatrices sont précisément celles où, sous l’influence de circonstances diverses, les hommes sont amenés à se rapprocher plus intimement, où les réunions, les assemblées sont plus fréquentes, les relations plus suivies, les échanges d’idées plus actifs : c’est la grande crise chrétienne, c’est le mouvement d’enthousiasme collectif, qui, aux xiie et xiiie siècles, entraîne vers Paris la population studieuse de l’Europe et donne naissance à la scolastique, c’est la Réforme et la Renaissance, c’est l’époque révolutionnaire, ce sont les grandes agitations socialistes du xixe siècle.
Saint-Bonnet — l’auteur de ce livre — fait le plus frappant, le plus intéressant et le plus lumineux contraste avec Schopenhauer et Hartmann, et ils s’éclairent trop bien tous trois pour que, dans ces élucubrations critiques, je ne les fasse pas se suivre et, en se suivant, s’opposer… Ils sont tous trois, en effet, des philosophes et des métaphysiciens. […] Cette loi sublime, il la montre et la suit dans tous les phénomènes qu’ils appellent, eux, le mal de la vie : la faim, — tout commence par la faim, dit-il, — le travail, l’esclavage, les infirmités des organes, les maladies, la vieillesse, — dont il donne la raison divine, la raison suprême et rayonnante, — et enfin la mort, qui commence la grande vie.
La contraction est le premier mouvement qui suive la sensation pénible. […] Mais tous deux vous avez obtenu de vraies découvertes, et tous deux vous avez suivi la vraie méthode.
Tant, saisie par ta grâce et les douces amorces, toute nature animée te suit avec ardeur, où que tu veuilles la conduire ! […] Mais cette étude profonde de la poésie grecque, ce sentiment du beau qui remonte, non pas au type divin, mais aux copies sublimes de l’art, ce second enthousiasme, né de l’admiration et du goût, continuera de suivre la trace marquée par Catulle.
Mais de plus indiscrets ont voulu chercher plus avant ; et comme le héros du livre, Adolphe, est évidemment le portrait de Benjamin Constant lui-même, que celui-ci a bien eu l’éducation et la jeunesse qu’il donne à son personnage, qu’il a bien eu un père comme celui-là, d’apparence froide et sans confiance avec son fils, qu’il a bien réellement connu, dès son entrée dans le monde, une femme âgée, philosophe, telle qu’il nous la montre (Mme de Charrière), on a voulu le suivre plus loin et trouver, dans les tristes vicissitudes de la passion décrite, des traces et des preuves d’une de ses propres passions et de la plus orageuse.
Ma pensée est que, s’il suit ce train, le catholicisme en France vise à la secte.
Comme exception au grand fait que je signalais tout à l’heure, on cite M. l’abbé de Cazalès, fils de l’illustre Constituant ; après des études approfondies qu’il est allé suivre à Rome, il a été ordonné prêtre depuis quelque temps.
Veux-tu recommencer la vie, Femme, dont le front va pâlir ; Veux-tu l’enfance, encor suivie D’anges enfants pour l’embellir ?
Thiers, dit-il, écrivait ceci au sein d’une paix profonde, et loin des circonstances qui entraînèrent des hommes non moins sensibles que lui à suivre un drapeau ensanglanté, qu’ils regardaient comme celui de l’indépendance de la liberté du pays.
Mais le brave professeur vient de mourir, laissant une respectable veuve de soixante-quatre ans, et une petite nièce de quatorze, et lorsque Eugène se met, dès le matin qui suit l’enterrement, à contempler comme à l’ordinaire le galanthus nivalis et l’amaryllis reginæ, il est interrompu par la bonne veuve, qui l’avertit en rougissant qu’il faudra bien, pour éviter les malins caquets, ne plus continuer de loger ensemble sous le même toit.
Mais lorsque Byron eut débuté vers 1812, Scott nous avoue ingénument qu’il sentit qu’un trop dangereux rival allait entrer dans la lice ; et comme d’ailleurs la veine poétique qu’il avait suivie commençait à tarir, il se hâta de l’abandonner, et se jeta dans la prose et le roman.
On rencontre un personnage, un caractère dans une situation ; il suffit, s’il n’est pas le personnage essentiel, qu’il soit bien saisi : il aide à l’effet, et on ne se soucie pas de le suivre ensuite à perpétuité dans ses recoins.
Il fait son devoir dans les terribles journées des Quatre-Bras et de Waterloo ; blessé, il continue de lutter ; il se bat simplement, vaillamment, dans ce bois accidenté d’Hougoumont dont chaque arbre est pris et repris avec tant d’acharnement pendant tout le jour ; le soir, il rejoint l’héroïque et désespéré Capitaine dans le carré de la vieille garde, où l’âme guerrière de la France s’est comme réfugiée ; et il entend cette parole qui, en un tout autre moment, eût réjoui son cœur : « Mon frère, je vous ai connu trop tard. » On n’a pas à suivre le prince Jérôme dans les longues années de la proscription et de l’exil.
La monarchie, et surtout un monarque qui comptait l’admiration parmi les actes d’obéissance, l’intolérance religieuse et les superstitions encore dominantes, bornaient l’horizon de la pensée ; l’on ne pouvait concevoir aucun ensemble, ni se permettre aucune analyse dans un certain ordre d’opinions ; l’on ne pouvait suivre une idée dans tous ses développements.
Ce qu’on a le plus de peine aussi à supporter dans l’infortune, c’est l’absorbation, la fixation sur une seule idée, et tout ce qui porte la pensée au-dehors de soi, tout ce qui excite à l’action, trompe le malheur ; il semble qu’en agissant, on va changer la situation de son âme, et le ressentiment, ou l’indignation contre le crime étant d’abord ce qui est le plus apparent dans sa propre douleur, on croit, en satisfaisant ce mouvement, échapper à tout ce qui doit le suivre ; mais en observant un cœur généreux et sensible, on découvre qu’on serait plus malheureux encore après s’être vengé qu’auparavant.
Que de narrations, que de discours et de dissertations d’écoliers où coule le développement, gris et mou, où les mots suivent les mots, ternes et flasques, avec une désespérante insignifiance !
Les hommes de ma génération lui doivent peu de chose ; ceux qui suivront ne lui devront rien.
Un sublime écrivain n’en peut être infesté ; C’est un vice qui suit la médiocrité… Et encore : Que les vers ne soient pas votre éternel emploi, Cultivez vos amis, soyez homme de foi.
Charles-Henry Hirsch Je me borne à seulement dire mon extrême joie d’avoir suivi, avec M.
D’autres comiques suivirent l’exemple, et bientôt le masque de Polecenella se répandit dans tous les théâtres d’Italie et d’Europe2. » Au fond, c’est là probablement la vraie histoire du seigneur Polichinelle et de plus d’un type de la commedia dell’arte ; seulement les uns prétendent qu’il faudrait peut-être la transporter dans l’antiquité, les autres qu’elle ne doit pas être reculée au-delà de l’âge moderne.
Il ne suivit point l’exemple de Flaminio Scala : il écrivait le dialogue, tantôt en prose et tantôt en vers.
On négligea que l’histoire ne se compose point comme un roman, qu’elle n’a le droit de synthétiser le passé sous la forme d’un récit suivi qu’une fois en possession de documents complets et que jusque-là elle ne peut légitimement dresser qu’un inventaire des pièces en portefeuille.
D’abord le fait que les peuples germaniques adoptèrent le christianisme dès qu’ils eurent des contacts un peu suivis avec les peuples grecs et latins.
Comme il est presque impossible, en restant exact, d’analyser une analyse, nous n’essayerons pas de suivre l’auteur dans son examen des idées de ressemblance et différence, antécédent et conséquent, position dans l’espace, ordre dans le temps, quantité, qualité, etc.
Les bâtards de Henri IV, qui n’ont cessé de troubler la France, tant qu’ils ont vécu, ne faisaient que suivre la vocation naturelle des bâtards avoués qui, ne pouvant marcher les égaux des princes légitimes, ne veulent cependant point se soumettre à la condition de simples sujets.
Il ne se borne pas à faire sentir les travers qu’il attaque ; le plus souvent il a l’attention de rappeler aux regles qu’il faut suivre, & ses décisions ont l’avantage d’être appuyées sur les bons principes.
Marathon ne fut sans doute qu’une escarmouche auprès des grandes luttes qui suivirent mais ce petit combat décida leur issue future.
Il n’est jamais plus grand, plus redoutable, que lorsqu’on le voit suivre la marche de son ennemi, le terrasser à chaque pas, le faire tomber dans des contradictions grossières dont il profite habilement.
Mais non, je ne dois point suivre des loix pareilles.
Quoiqu’il en soit, le conseil ne fut pas suivi par l’auteur de la Henriade.
C’est Phèdre qui a substitué le geai à la corneille, et La Fontaine a suivi ce changement, qui ne me paraît pas heureux.
Ce qu’on peut dire sur lui de plus raisonnable, c’est que son incrédulité l’a empêché d’atteindre à la hauteur où l’appelait la nature, et que ses ouvrages, excepté ses poésies fugitives, sont demeurés au-dessous de son véritable talent : exemple qui doit à jamais effrayer quiconque suit la carrière des lettres.
Ainsi quoique les hommes soient plus capables que les femmes d’une application forte et d’une attention suivie, quoique l’éducation qu’ils reçoivent les rende encore plus propres qu’elles à bien apprendre tout ce que l’art peut enseigner, on a vû néanmoins depuis quarante ans sur la scéne françoise un plus grand nombre d’actrices excellentes que d’excellens acteurs.
En effet, l’extrême lassitude et l’épuisement, qui suivent une longue contention d’esprit, rendent sensible que les travaux d’imagination font une grande dissipation des forces du corps.
l’imitation du parler suit incontinent… etc. les leçons d’un maître de musique habile développent nos organes, et nous apprennent à chanter méthodiquement ; mais ces leçons ne peuvent changer que très-peu de choses dans le son et dans l’étenduë de notre voix naturelle, quoiqu’elles la fassent paroître plus douce et tant soit peu plus étenduë.
Nous eussions aimé voir de ces petites âmes, qui vivent de notre âme au contact des choses, évoluer dans le langage, etc. » Le singulier livre que j’aurais écrit, si j’eusse suivi le conseil de ces messieurs !
Jourdain, qui suivit les dix jours de cette genèse grotesque ?
Mais si, au lieu d’être des souvenirs, ce sont des inventions que ces histoires qui se suivent, variées de sujet, mais, toutes, dans l’unité de la même inspiration, eh bien, j’ai dit en commençant le mot de génie, et je ne m’en dédirai pas !
Nulle fiction semblable n’allait suivre la gloire de Sophocle ou de tel autre génie de la Grèce, devenue philosophe autant que guerrière et poétique.
Et Salabacca, suivie de ses pensionnaires et de ses clients, se précipite vers la maison de Cinésias pour y surprendre les deux coupables en flagrant délit. […] Elle qui fut si constante et si suivie dans ses desseins, elle s’abandonne à de turbulentes contradictions. […] Et naturellement les préférences du critique se conformaient aux décisions de l’historien, soit qu’elles les eussent provoquées, ou qu’elles ne fissent que les suivre. […] Puisque Ernestin et Nelly partent pour une tournée en Amérique, Gaston et Lucette les suivront. […] Suivent quelques dispositions touchant l’éducation de son fils.
Lockroy arrive au milieu du dîner, en s’excusant sur ce qu’il a attendu son successeur, au ministère, pour lui remettre son tablier, et qu’il s’est présenté un premier successeur qui a été suivi d’un autre, qui n’était pas encore le vrai successeur, et qu’enfin il s’est décidé à ne pas attendre un troisième. […] Et sur ce rêve, la conversation monte, et je dis qu’il serait du plus haut intérêt que l’ascendance de tout homme de lettres fût étudiée par un curieux et un intelligent jusque dans les générations les plus lointaines, et que l’on verrait le talent venant du croisement de races étrangères ou de carrières suivies par la famille ; et qu’on découvrirait dans un homme, comme Flaubert, des violences littéraires, provenant d’un Natchez, et que peut-être chez moi, la famille toute militaire dont je sors, m’a fait le batailleur de lettres que je suis. […] Et ce Russe me racontait, qu’au dîner donné à Saint-Pétersbourg, et où le Shah donnait le bras à l’Impératrice de Russie, en se levant de table, il avait, un moment, marché le premier en tête, faisant semblant d’oublier la souveraine, pendant que l’Impératrice le suivait assez embarrassée. […] Une seconde tournée à midi, suivie d’un repos, où le garde qui était un vieux soldat de la garde impériale, un grand homme sec, toujours grognonnant, mais le plus brave homme de la terre, me racontait interminablement toujours, je ne sais quelle bataille, où l’action terminée, n’ayant rien pour s’asseoir, ils avaient mangé assis sur des cadavres d’ennemis. […] À la troisième bouteille de Champagne suivie de la troisième femme… rasé !
Le commencement de l’affaire des Jésuites a précédé le brûlement de l’Émile ; l’affaire des Calas le suit immédiatement. […] Car aussi longtemps qu’il a suivi les traces de Diderot et de Sedaine, dans son Eugénie, dont il a placé la scène en Angleterre, 1767, et dans ses Deux Amis, 1770, il n’a fait que de médiocre besogne. […] En second lieu, si le classicisme — on l’a vu, ou du moins nous avons essayé de le faire voir — ne s’était déterminé dans sa forme que pour des raisons sociales autant que littéraires, il était inévitable qu’il mourût de l’exagération de son propre principe, ou, en d’autres termes, qu’il suivît la fortune de la société dont il avait été l’expression. […] Mais surtout il a eu le malheur d’avoir été précédé de Rousseau, et suivi de Chateaubriand. […] VIII]. — Arrivé à Paris le 10 février, il descend à l’hôtel de Bernières ; — où dès le lendemain affluent la ville et la cour, — l’Académie et la Comédie ; — les musiciens et les philosophes ; — l’ancien et le nouveau monde. — Une lettre de Mme du Deffand : « Il est suivi dans les rues par le peuple, qui l’appelle l’Homme aux Calas » ; — et, à ce propos, qu’il y a peut-être quelque exagération dans ce trait ; — comme aussi bien dans la plupart des témoignages contemporains, — qui se plaisent à faire contraster l’enthousiasme de la ville avec la froideur de la cour [Cf.
Les critiques de nos jours suivent un autre système ; ils augmentent l’engouement que le public paraît avoir pour deux ou trois sujets, et ne manquent jamais d’immoler tous les autres à l’idole du jour. […] ils ne se donnent pas la peine de la suivre ; le récitatif est niais, qu’est-ce que cela leur fait ? […] Antoine était meilleur guerrier qu’Octave, mais c’était le plus extravagant des hommes : il voulut vider la querelle sur mer pour plaire à Cléopâtre ; et pour la suivre, il fit la folie de s’enfuir au milieu du combat. […] Cinna est encore furieux après la scène avec Auguste ; mais quand la réflexion calme un peu cette fureur, les remords se font sentir : telle est la marche de la nature, et celle que Corneille a suivie. […] Aujourd’hui la chance est tournée : il n’y a presque personne à quelques pièces de Voltaire, médiocrement à quelques autres ; Œdipe est la seule qui soit suivie, à cause des acteurs.
De tous les systêmes imaginés, c’est le plus raisonnable & le plus suivi. […] Il daigna traiter avec leur ennemi d’écrivain à écrivain, le suivre & le combattre dans tous ses raisonnemens. […] Tous ces combats ne se donnèrent point sans être précédés & suivis de beaucoup de négociations. […] D’ailleurs il n’y étoit point parlé de suivre ou de ne pas suivre l’ange de l’école sur le chapitre de la prédestination. […] Ils furent bannis de Venise & y revinrent beaucoup plus tard que les capucins & les théatins, qui avoient suivi leur exemple.
Sous les yeux mêmes du roi, son fils Hémon, fidèle amant d’Antigone, se perce de son épée, et quelques instants après on lui annonce qu’Eurydice sa femme a suivi Hémon aux enfers. […] La conscience n’est pas plus satisfaite que l’intelligence, à l’aspect d’un combat sérieux de l’individu contre le Divin, suivi de son désespoir sérieux après la défaite. […] Rompre sans cesse le développement rationnel d’un roman tragi-comique, commencer arbitrairement, continuer et finir de même, jeter au hasard, pêle-mêle, sans suite, une foule d’images, de sentiments et de saillies : voilà le programme qu’il suit et qu’il nous propose. […] Les fils d’Adam marchaient nus, ou « sans autre vêtement qu’une ceinture de lierre et de bardane pour couvrir ce que la pudeur veut et voulut toujours tenir couvert226 », et quand ce costume modeste ne fut plus assez chaud, ils s’enveloppèrent de tuniques larges et flottantes dont les plis harmonieux suivaient tous les mouvements et toutes les poses de leurs corps souples et bien formés227.
Nous détruirons, ailleurs, l’ordre suivi, afin d’avoir plus nôtre, et plus exacte, l’Idée de l’auteur. […] Jésus, encore, vous en félicite, mais il vous parle ensuite de votre bonheur pratique et terrestre ; et vous pouvez suivre sa doctrine sans perdre vos métaphysiques illusions. […] Flosshilde remonte rapide ; les deux autres la suivent, et elles s’assemblent toutes autour du rocher. […] Nous avons suivi le texte donné par la partition, texte dernier et définitif.
II Or quel était donc cet homme si immense qu’un peuple tout entier se trouvait trop peu nombreux encore pour suivre et pour illustrer son convoi ? […] Un second corridor noir s’offrait à vous ; vous le suiviez ; un jour de reflet vous indiquait au fond du corridor la lumière répercutée d’une pièce éclairée par le soleil. […] Un peuple, un gouvernement, une armée, ne se disputent pas la préséance dans leur cortège funèbre ; une veuve, un enfant, un vieux serviteur, un chien fidèle, quelquefois suivent seuls leur convoi, à travers les brouillards du matin, dans un faubourg inattentif qui ne sait pas leur nom. […] Je me suis mesuré, et je me suis bâti une destinée juste à la proportion de mon ombre au soleil. » XXXI Quant aux années qui suivirent le désastre de son père, la mort de son grand-père, la dispersion et l’indigence de cette famille, il ne m’en dit jamais rien.
Elle aurait volontiers emprunté de l’illustre philosophe son idée d’un rapprochement et d’une fusion, d’une réconciliation entre les principales communions chrétiennes ; elle traduisait cela un peu brusquement à sa manière lorsqu’elle disait : « Si l’on suivait mon avis, tous les souverains donneraient ordre que parmi tous les chrétiens, sans distinction de religion, on eût à s’abstenir d’expressions injurieuses, et que chacun croirait et pratiquerait selon sa volonté… » Au milieu de cette cour de Louis XIV, qui allait être si unanime sur la révocation de l’édit de Nantes, elle apportait et elle conserva d’inviolables idées de tolérance : « C’est ne se montrer nullement, chrétien, disait-elle, que de tourmenter les gens pour des motifs de religion, et je trouve cela affreux ; mais lorsqu’on examine la chose au fond, on trouve que la religion n’est là que comme un prétexte ; tout se fait par politique et par intérêt. […] Mais comme il est dans le tempérament de Madame et dans son humeur d’outrer tout, même ses bonnes qualités, et d’y introduire quelque incohérence, elle va fort au-delà du but lorsqu’elle exprime le vœu de voir aux galères à la place des innocents ceux qu’elle suppose les persécuteurs, ou même d’autres moines quelconques, par exemple les moines espagnols qui furent les derniers à résister dans Barcelone à l’établissement du petit-fils de Louis XIV : « Ils ont prêché dans toutes les rues qu’il ne fallait pas se rendre ; si l’on suivait mon avis, on mettrait ces coquins aux galères, au lieu des pauvres réformés qui y pâtissent. » Voilà bien Madame dans sa bonté de cœur et dans ses excès de paroles, dans sa religion franche, sincère, mêlée de quelque bigarrure.
Ici nous n’allons plus pouvoir suivre de front la double carrière de Daru. […] Autrement, et livré à lui-même, il suivait sa vocation tout unie, plus douce, je le crois, droite, honorable, moyenne, avec considération sans doute, mais sans rien de grand ni d’immortel.
Les amis de Voiture songèrent aussitôt à recueillir ses lettres, et l’édition, qui demanda bien des soins, ne parut qu’en 1650, suivie presque aussitôt d’une seconde ; l’une et l’autre furent dévorées. […] Il aimait la vérité quand elle lui était favorable, et la révérait quand même elle lui était contraire… Il m’est arrivé souvent de l’entendre parler de l’ambition déréglée de ces écrivains qui se proposaient pour fruit de leurs veilles l’approbation universelle… En le louant ainsi de cette facilité à écouter la critique, Costar se mettait peu en devoir de le suivre : car l’instant d’après il reprenait en détail toutes les objections de Girac, il se faisait fort de les réfuter une à une, et de maintenir Voiture sans tache d’un bout à l’autre et, pour ainsi dire, impeccable.
On a beau suivre et étudier de près le récit que M. de Rohan a fait des guerres civiles religieuses sous Louis XIII, et le rôle si considérable qu’il y joua, on ne peut, même en se plaçant au point de vue le plus neutre et en évitant d’entrer dans les questions d’Église, s’intéresser fortement à lui et désirer à aucun moment son succès et le triomphe de ses armes. […] Mais les armes une fois prises, il ne les dépose que lorsqu’il n’y a plus moyen de prolonger la lutte, et il n’est pas d’expédients qu’il n’emploie pour obliger les siens à l’imiter, à le suivre jusqu’au bout.
Si je suivais mon inclination, ce serait là que je me fixerais, dans l’idée seulement d’apprendre à penser. […] Dans le temps où il faisait ses cours de physique si intéressants et si suivis, M.
Laissons-les venir, et cependant jouissons de notre liberté. » Et à quelques jours de là, 22 juin 1705 : En parlant de ces meubles (de la maison de Germigny) et de toute la sacristie, j’ai demandé à l’abbé Bossuet un petit calice de vermeil dont je me servais à Paris, disant la messe pour M. de Meaux, et que je le priais de m’en faire présent, afin que je m’en servisse encore le reste de mes jours à prier pour mon bienfaiteur : « Je ne vous demande que ce petit calice, lui dis-je, et non celui que je vous ai rendu ici à Meaux avec la crosse et le reste de l’argenterie qui fait partie de la petite chapelle de M. de Meaux, au lieu que ce petit calice est hors d’œuvre », — « Nous verrons cela à Paris, dit-il, puisque vous y venez. » Je suivrai donc cette demande, puisque la voilà une fois faite, et j’arracherai ce que je pourrai de ces messieurs, puisqu’ils ne me font aucune avance d’honnêteté pour ne me rien offrir ni donner. […] Aussi est-il d’une maigreur extrême, le visage clair et net, mais sans couleur, disant lui-même : « On ne peut être plus maigre que je le suis. » Dans les conversations qui suivent, Le Dieu a soin de remarquer que l’archevêque se garde bien de dire jamais un seul mot au sujet de Bossuet, ni en bonne ni en mauvaise part, et, lors même que Le Dieu est interrogé par lui sur les circonstances de la mort de M. de Meaux, Fénelon, qui demande nommément quel prêtre l’a exhorté à ses moments suprêmes, n’y joint pas pour le défunt le moindre petit mot de louange.
Je suis aussi hasardeux qu’un autre dans un projet de bataille… » Et tout ce qui suit ; il n’y en a pas un mot chez Frédéric. « Mais nos Parisiens aimeront cela », se dit La Beaumelle. […] La Beaumelle, en arrangeant et sophistiquant au courant de la plume les textes qu’il édite, suit sa vocation comme le menteur de Corneille, en ne disant pas un mot de vérité.
On se lisait les uns aux autres les ouvrages qu’on avait composés ; on se critiquait, on s’encourageait. « Les conférences étaient suivies tantôt d’une promenade, tantôt d’une collation en commun. » Pendant trois ou quatre ans, on continua de la sorte avec une entière obscurité et liberté : « Quand ils parlent encore aujourd’hui de ce temps-là et de ce premier âge de l’Académie, nous dit Pellisson, ils en parlent comme d’un âge d’or, durant lequel avec toute l’innocence et toute la liberté des premiers siècles, sans bruit et sans pompe, et sans autres lois que celles de l’amitié, ils goûtaient ensemble tout ce que la société des esprits et la vie raisonnable ont de plus doux et de plus charmant. » Il y avait secret promis et gardé : Qui sapit in tacito gaudeat ille sinu. […] Il l’aurait voulu avoir sur le Génie du christianisme le lendemain de la publication ; plus tard, sur les grandes œuvres poétiques qui ont fait schisme (je suppose toujours un Richelieu permanent et immortel) ; il aurait exigé, en un mot, que les doctes parlassent, n’attendissent pas l’arrêt du temps, mais le prévinssent, le réglassent en quelque sorte, et qu’ils donnassent leurs motifs ; qu’ils fendissent le flot de l’opinion et ne le suivissent pas.
C’est que ne songeant qu’à la conciliation et à la réunion des esprits, il a présumé qu’ils seraient aussi généreux que lui, que cette grâce les toucherait, que l’on suivrait ses intentions et que l’on n’en abuserait point. […] Mme de Boufflers pourtant ne suivit pas son conseil ; sans doute elle ne s’en trouva pas la force ; elle resta jusqu’à la fin aussi liée avec le prince, aussi assidue, aussi dévouée : elle souffrit et renferma en elle sa souffrance.
On s’étonnait qu’il n’eût point suivi, en une conjoncture si considérable, son procédé naturel, qui était de chercher à concilier. […] N’écrivant point la vie du prélat, je n’ai pas à le suivre dans le détail des dernières années.
S’il paraît si beau encore aujourd’hui que tant de chefs-d’œuvre ont suivi, et qu’on a tant de points de comparaison, qu’était-ce donc alors quand il n’y avait rien sur notre théâtre ? […] Ce que Chimène a en elle de femme, d’éternellement femme, d’éternellement cher et sympathique aux jeunes cœurs, s’accuserait mieux encore par contraste, si on la suivait en détail dans cette comparution maussade devant la Chambre du haut syndicat littéraire et devant le Conseil des Prudents.
Toutes ces réflexions se mêlent, se croisent et se combattent dans mon pauvre esprit : je m’y perds, et je tâtonne dans des ténèbres profondes. » On ne saurait être mieux initié que nous ne le sommes maintenant aux fluctuations et aux perplexités qui précédèrent, — et plus tard (on le verra) aux regrets, aux sombres amertumes qui suivirent incontinent cette fatale détermination au sacerdoce ; car c’est ainsi qu’on a acquis le droit de qualifier une vocation qui parut au monde si ardente, qui fut de tout temps si inquiète et qui se trouva en définitive si fragile. […] (Suit le passage de Fénelon, qui lui-même introduit une citation de saint Augustin.) » Les années 1812, 1813, sont très pauvres en correspondances ; sans doute nous n’avons pas tout ce qu’il a écrit. 1814 au contraire est fort riche.
Il est question de cette double lecture dans les lettres qui suivent : elle m’y loue plus que je ne le méritais, et elle se montre plus sévère pour elle qu’il n’était juste. […] En supprimant même ce qui est d’une confession trop positive et trop détaillée, on en suivrait la trace dans quelques-uns de ces billets, à la fois discrets et douloureux : « (7 mars 1833.)
Tandis que la portion positive du siècle suivait résolûment, tête baissée, sa marche dans l’industrie et le progrès matériel, la partie dite spirituelle se dissipait en frivolités et ne savait faire à l’autre ni contre-poids ni accompagnement. […] On suivrait le filon et ses retours jusqu’en de singuliers détails.
Il me semble donc que lorsqu’on parle d’un artiste et d’un poëte, surtout d’un poëte qui ne représente pas toute une époque, il est mieux de ne pas compliquer dès l’abord son histoire d’un trop vaste appareil philosophique, de s’en tenir, en commençant, au caractère privé, aux liaisons domestiques, et de suivre l’individu de près dans sa destinée intérieure, sauf ensuite, quand on le connaîtra bien, à le traduire au grand jour, et à le confronter avec son siècle. […] En effet, durant les quinze années qui suivent, jusqu’en 1693, il ne publia que les deux derniers chants du Lutrin ; et jusqu’à la fin de sa vie (1711), c’est-à-dire pendant dix-huit autres années, il ne fit plus que la satire sur les Femmes, l’Ode à Namur, les épîtres à ses Vers, à Antoine, et sur l’Amour de Dieu, les satires sur l’Homme et sur l’Équivoque.
Mais on ne peut dire qu’il gagne à ce procédé ; qu’on relise à propos des pages précédentes et de celles qui vont suivre ce poème, les Lavandières, où la philosophie de l’histoire prétend se mêler au lyrisme. […] Lorsqu’à la scène une strophe ou une exclamation a « porté », souvent on voit « l’effet » bientôt réduit par les paroles qui suivent et que l’acteur prononce après les applaudissements.
Sa colère suit leur plainte vaine. […] L’imagination suit les Danaïdes dans cette sombre voie, par-delà leur crime, et jusqu’aux Enfers.
Cette correspondance dans laquelle Rousseau n’entra qu’à son corps défendant, et où, du premier au dernier jour, chaque billet lui fut comme arraché, a pourtant cela de remarquable et d’intéressant, qu’elle est suivie, qu’elle forme un tout complet, qu’elle n’était pas destinée au public, qu’elle nous montre Jean-Jacques au naturel depuis le lendemain de La Nouvelle Héloïse jusqu’au moment où sa raison s’altéra irrémédiablement. […] Au reste, il aurait bien tort de se contraindre ; car ces deux femmes, dans les lettres qui suivent, vont entrer à leur tour dans ces détails de santé, non seulement avec intérêt et affection, mais avec importunité et harcèlement, jusqu’à discuter, par moments, les voies et moyens et les vices de conformation, comme feraient des chirurgiens et des anatomistes.
Placé à l’université de Cambridge, il apprit tout ce qu’on y enseignait, le droit civil, la philosophie ; il suivit les leçons de mathématiques du savant aveugle Saunderson. […] Tout ce petit cours d’éducation par lettres offre une sorte d’intérêt dramatique continu : on y suit l’effort d’une nature fine, distinguée, énergique, telle que l’était celle de lord Chesterfield, aux prises avec un naturel honnête, mais indolent, avec une pâte molle et lente, dont elle veut à tout prix tirer un chef-d’œuvre accompli, aimable, original, et avec laquelle elle ne réussit à faire, en définitive, qu’une manière de copie suffisante et estimable.
Mme Geoffrin, douée au plus haut degré de cette sorte d’esprit, différait tout à fait en cela de Mme du Châtelet par exemple, laquelle aimait à suivre et à épuiser un raisonnement. […] À la suite d’un jubilé qu’elle suivit trop exactement dans l’été de 1776, elle tomba en paralysie, et sa fille, profitant de cet état, ferma la porte aux philosophes, dont elle craignait l’influence sur sa mère.
C’est par des expériences fines, raisonnées et suivies, que l’on force la nature à découvrir son secret ; toutes les autres méthodes n’ont jamais réussi, et les vrais physiciens ne peuvent s’empêcher de regarder les anciens systèmes comme d’anciennes rêveries, et sont réduits à lire la plupart des nouveaux comme on lit les romans. […] À tout le mal qu’il dit des passions, on peut lui opposer cependant une seule, chose : « Mais vous-même, pourrait-on lui dire, auriez-vous échappé à cet ennui, à cette langueur de l’âme qui suit l’âge des passions, si vous n’aviez pas été soutenu et possédé de cette passion fixe de la gloire ?
Le premier pamphlet de Courier est sa Pétition aux deux Chambres, datée du 10 décembre 1816, et commençant en ces termes : « Je suis Tourangeau, j’habite Luynes sur la rive droite de la Loire, lieu autrefois considérable, que la révocation de l’édit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien par de nouvelles persécutions, si votre prudence n’y met ordre… » Suit l’exposé des faits, la rencontre de Fouquet à cheval allant au moulin, et du curé avec le mort qu’on mène au cimetière, Fouquet refusant de céder le pas, d’ôter le chapeau, lâchant même un juron au passage, et, pour ce méfait, pris un matin par quatre gendarmes et conduit pieds nus et mains liées entre deux voleurs aux prisons de Langeais ; puis, quelques mois après, l’arrestation de douze personnes dans ce petit endroit de Luynes, toutes enlevées nuitamment et jetées en prison pour propos séditieux ou conduite suspecte. […] J’en conclus seulement que Courier n’évitait pas les vers quand ils se présentaient dans sa prose, et qu’il les recherchait plutôt ; cela lui rendait le style plus alerte et plus sautant : Il aimait mieux, en écrivant, le pas des tirailleurs de Vincennes, que la marche plus uniforme et plus suivie de la ligne, — de la phrase française ordinaire.
La reine n’avait aucune vue suivie et se laissait conduire tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ses ministres, selon qu’il lui semblait s’être bien ou mal trouvée du dernier conseil : ce qui est, remarque-t-il, la pire chose en politique, où il n’est rien de tel pour conserver sa réputation, affermir ses amis et effrayer les adversaires, que l’unité d’un même esprit et la suite des mêmes desseins et moyens. […] Richelieu, dans la description de ces scènes qui suivirent le meurtre du maréchal d’Ancre, est un grand peintre d’histoire.
Je tâchai de la diminuer en parlant des regrets qu’ils laisseraient dans le public, et de la juste considération qui les suivrait dans leur retraite ; en quoi je ne les flattais pas. « Je ne regrette, me dit M. […] Necker composa dans les années qui suivirent (1781-1788), portent la marque de cette sensibilité tendre et vive qu’il ne prend pas le soin de dissimuler.
L’usage de cette idée est donc, selon le mot de Kant, régulateur, c’est-à-dire qu’elle dirige l’entendement vers un certain but, où convergent les lignes qu’il suit. […] L’expérience, objecte-t-on, peut bien nous apprendre que certaines successions se reproduisent plus fréquemment que d’autres, et établir ainsi, entre la veille et le rêve, une distinction de fait ; mais elle ne peut pas nous répondre que la veille ne soit pas elle-même un autre rêve, mieux suivi et plus durable ; elle ne peut pas convertir « le fait en droit », puisqu’elle ne se compose que de faits et qu’il n’y a aucun de ces faits qui porte en lui-même, plutôt que tous les autres, le caractère du droit.
De là une intolérance naturelle qui fait que chaque nouvelle école, se croyant en possession de la vérité absolue, chasse et extermine autant qu’il est en elle les écoles antérieures, excommunie même les écoles rivales : chacune recommence éternellement la philosophie, comme si rien n’existait avant elle, comme si rien ne devait la suivre. […] Les Allemands qui ont suivi Kant se sont tenus sur les pics aigus de la spéculation la plus abstraite.
[Plan] L’étude de ces divers contes9 se subdivisera comme suit : I. […] Quels modèles il se propose et quels exemples il suit.
Il n’écrit pas la biographie minutieuse et suivie des Saints qu’il groupe dans son livre. […] Il a la critique, et non pas seulement la critique historique, qui perce la brume des textes emmêlés et contradictoires avec une sagacité puissante, mais jusqu’à la critique littéraire, qui suit dans toutes les nuances du style les nuances de l’âme, de l’écrivain.
Suivons toujours celui-ci, et voyons s’il convient aux raisonnements de M. […] Il suivit Locke, dont les Essais avaient paru.
Sans doute, monsieur le ministre, la pensée de l’arrêté du 12 octobre 1851 n’a pas été de provoquer sur la première scène française la création d’un genre exclusivement moral, qui ne s’attacherait à présenter que des exemples vertueux, et à en tirer directement des leçons : un tel genre a été tenté en d’autres temps et n’a produit bien vite que monotonie, emphase et déclamation suivie de beaucoup d’ennui.
Grâce à ce prétexte, chacun suit en conscience et sans remords M.
Il y aurait maintenant à suivre dans l’un ou l’autre des anciens Sermons de Bossuet, et des tout premiers en date, la formation de ce talent, à bien marquer, dès ses débuts, la marche et les progrès de cette grande éloquence, pour la considérer bientôt (car elle y arriva promptement) dans sa plénitude.
Voilà qui est bien conforme et « en parfaite harmonie avec le goût théâtral du moment où nous vivons71. » Pour peu donc qu’on ait le sentiment dramatique et qu’on se mette à envisager les choses à ce point de vue, on indiquerait d’avance, comme dans un bon cours de rhétorique, les endroits, les motifs qui prêtent à une jolie lettre et qui font canevas ou thème : Le moment où la Dauphine quitte les terres de l’empire ; Le moment où elle met le pied sur la terre de France ; Le moment, la minute qui suit la célébration du mariage ; Le moment, la minute où elle devient reine, Louis XV venant de rendre le dernier soupir ; Le moment où, souveraine outragée, elle apprend l’Arrêt du Parlement dans l’affaire du Collier, etc., etc.
Ainsi, ils ne surviennent, en l’épisodique empoisonnement de Mme Bovary, qu’au moment de la discussion médicale qui suit l’incident, alors que MM.
Il n’est rien qui exige plus de délicatesse de la part des parents, que la méthode qu’il faut suivre pour diriger la vie de leurs enfants sans aliéner leur cœur ; car il n’est pas même possible de sacrifier leur affection à l’espoir de leur être utile, toute influence durable sur la conduite finissant avec le pouvoir du sentiment, le point juste n’est presque jamais atteint dans cette relation.
Vous le pouvez facilement ; et lorsqu’aucun des événements de la vie n’est précédé, ni suivi par de brûlants désirs, ni d’amers regrets, l’on trouve une part suffisante de félicité, dans ces jouissances isolées que le hasard dispense sans but.
Au moyen de leurs tableaux et de leurs estampes, nous les suivons dans leur vie domestique ; nous voyons leurs habillements, leurs attitudes et leurs gestes.
. — On ouvre un cahier de musique, et, pendant que le regard suit les ronds blancs ou noirs dont la portée est semée, l’ouïe écoute intérieurement le chant dont ils sont la marque. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.
Gustave Kahn a ouvert une voie et tracé un sillon vers des horizons de liberté ; plusieurs bons poètes le suivirent dans cette louable tentative.
d’une chose : c’est d’avoir, en reculant la ligne d’ombre vers les hautes ténèbres intellectuelles, suscité à nos esprits qui vous ont suivi quelque crépusculaire illusion d’un radieux midi ; c’est d’avoir, levant, d’un geste, nos yeux vers l’éblouissement interdit de l’absolu, d’avoir obscurci en nous le sens de la clarté.
On est libre de ne pas le suivre jusqu’au bout de ses conclusions, mais on ne peut s’empêcher, après l’avoir lu, de souhaiter la transformation des pénitenciers militaires.
Si l’on met d’un côté la perfection, de l’autre la vanité, comment ne pas suivre la perfection ?
Beaucoup de monde l’y suivit.
En un mot, ses exclamations & ses invectives ne furent pas moindres que celles dont Cicéron se servit à la vue d’une horrible conspiration contre l’état. » Ce discours parut en 1531 ; il fut bientôt suivi d’un autre dans le même goût.
Quantité de gens, qui s’étoient appliqués d’abord à la littérature, & qui ont voulu ensuite suivre le barreau, ont été forcés de renoncer à leur entreprise.
Sénèque le père dit que les écrivains arides et stériles suivent facilement le fil de leurs discours ; que rien no les détourne, ne les amuse, ne les distrait en chemin, ne les embarrasse, ni les figures, ni le choix des mots, ni la manie des réflexions.
Puis en continuant de suivre la composition de droite à gauche, une fille aînée debout, appuyée sur le dos du fauteuil de son père.
Les inclinations des hommes ne sont si differentes que parce qu’ils suivent tous le même mobile, je veux dire l’impulsion de leur génie.
Il suivait aveuglément les conseils de Bouilhet, qui ne le valait pas.
Cette préface, qui ne dit rien parce que le livre qui la suit dit tout, n’est que l’index tendu vers ce livre qu’il faut montrer aux autres pour qu’ils l’aperçoivent.
Cet enfant de vingt-trois ans et cette jeune femme sont admirables en ce que jamais, au cours du débat qu’ils ont institué sur la voie à suivre pour créer à l’un d’eux une belle vie de culture, ils n’acceptent le point de vue des avantages mondains.
« Je me souviens du long silence où nous tombions lorsque, lieue après lieue, nous retrouvions toujours les têtes rondes des chênes, les files d’arbres étagées et la senteur de l’éternelle verdure. » Cependant, il suivait les cours d’une petite école dirigée par un M.
J’ai parlé de son éloquence, elle est connue ; en général ce n’est pas une éloquence de mots et d’harmonie, c’est une éloquence d’idées qui se succèdent et se heurtent ; il semble partout que la pensée se resserre pour occuper moins d’espace ; on ne la prévient jamais, on ne fait que la suivre ; souvent elle ne se déploie pas tout entière, et elle ne se montre, pour ainsi dire, qu’en se cachant.
III L’acte qui suit est une puérilité savante et poétique intercalée hors de propos par le poète comme un ballet infernal et vertigineux dans le drame humain. […] « Comme le voyageur qui, le soir, fixant encore ses regards sur les derniers rayons du soleil, voit flotter son image dans un bosquet obscur, puis auprès d’un rocher, et, de quelque côté qu’il se tourne ensuite, croit toujours la voir courir devant lui et se reproduire en couleurs étincelantes, ainsi la suave image de la jeune fille se montre aux yeux d’Herman et paraît suivre le sentier qui s’en va à travers les champs de blé… Mais, ce n’est pas une illusion, c’est elle-même ! […] XVI Dorothée suit Herman vers la ville.
» Bothwell porta la main à ses lèvres et la baisa, puis il s’enfuit, suivi seulement de douze cavaliers, vers Dunbar. […] Un plan détaillé de délivrance pour elle suivait cette approbation donnée si explicitement au plan du régicide sur Élisabeth. […] « Elle était précédée du shériff, de Drury et de Pawlet, des comtes et des nobles d’Angleterre ; elle était suivie de ses deux femmes et de quatre de ses officiers, parmi lesquels on remarquait Melvil, qui portait la queue du manteau royal.
Les livres où ces détails se trouvent peuvent bien être inconnus d’eux, mais il ne suit pas de là qu’ils le soient de tout le monde… En engageant le Théâtre-Français à jouer toutes les œuvres des maîtres et toutes les pièces notables, depuis Rotrou, comme étude de l’art et de la langue française et comme introduction à la littérature dramatique d’aujourd’hui, nous avons rapporté le drame moderne à M. […] La voie qu’il avait ouverte, il l’a suivie courageusement sous le feu croisé des moqueries et du dédain. […] On suit, avec un intérêt respectueux, sinon affectueux, ce front sévère, opiniâtre, assiégé de doutes, d’ambitions, de pensées nocturnes qui le battent de leurs ailes.
« Sans considérer si je serai suivi et soutenu, dit-il, j’entreprends le combat contre les amants passionnés des Grecs et des Latins, qui voudraient nous faire quitter la plume en nous mettant, s’ils le pouvaient, dans le désespoir de les pouvoir jamais atteindre1. » Ce cri de guerre était d’un homme accoutumé à emboucher la trompette épique. […] En littérature, elle a suivi les créations ; les règles ne sont que les raisons du plaisir que nous prenons aux beautés des lettres. […] Fontenelle suivit ce conseil.
Je fus fait de telle sorte pour le bien, pour le vrai, qu’il m’eût été impossible de suivre une carrière non vouée aux choses de l’âme. […] Elles le suivaient dans sa carrière, et veillaient sur ses mœurs avec une sorte de soin jaloux La prêtrise était donc la conséquence de mon assiduité à l’étude. […] Il a fallu les exagérations des temps qui ont suivi pour intervertir les rôles et pour qu’on ait pu le considérer comme un gallican et un orléaniste.
Dans Gwendoline une moitié est sacrifiée (descriptions, divertissements, aubades) ; une moitié est un visible essai à l’analyse ; essai à suivre une série de sentiments, essai à dire une émotion, essai à faire de l’humain, — chétif et pauvre essai pour qui se rappelle vingt mesures de Parsifal ou de la Missa Solemnis, — mais admirable et superbe effort parmi l’affaissement, l’ignorance des théories, l’incuriosité de toute recherche, le croupissement d’insignifiante badauderie où se complaisent, à la suite de la musique mendelsohnnienne, compositeurs et public. […] L’idée qu’il a voulu suivre, apparaît nettement, dès l’abord. […] Mais cette strophe est immédiatement suivie d’une anti-strophe, qui par des modulations douloureuses et quelque peu effarées, s’échappe de la poitrine comme un cri aigu : le cri de l’aigle prisonnier qui veut retourner aux régions de tempêtes et du soleil : le cri de l’âme qui veut remonter aux Cieux.
Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] Il ne l’empêchait pas absolument d’y aller, mais il se refusait impérieusement à la suivre, déclarant que le gaz carbonique dégagé par les arbres, l’étouffait. […] Il était allongé sur son divan, dans un état de prostration crispée, qui suit la journée d’un ouvrier de la pensée : Je voudrais écrire un dernier livre, soupira-t-il tout-à-coup, oh un dernier livre !
Les uns condamnent le genre qu’il a suivi ; les autres l’admettent, & ne veulent pas que l’on se prive d’une nouvelle source de plaisirs. […] L’apologiste du théâtre termine sa lettre par cette réflexion : « D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, & m’appelleront casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une morale austère, & de ne la pas pratiquer : mais je vous jure, monsieur, que je ne me suis pas arrêté à la douceur, ou à la rigueur de l’opinion, mais uniquement à la vérité. » Un prêtre, un religieux, qui entreprend de laver le théâtre de son ancien opprobre, étoit capable de rassurer bien des consciences : mais le P. […] Suivons le fil de la querelle.
Cependant, même dans ces livres qui n’en sont pas, dans ces pages qui se superposent ou se suivent, il peut y avoir du talent, un talent alors tout de style, de mouvement, de couleur, d’expression, d’humeur, ah ! […] cet accent y est si prononcé, si vif et si éloquent, que, de tous les grands moralistes qui l’ont précédé ou suivi, je n’hésite pas à poser que Proudhon est le plus chrétien La Bruyère excepté. […] Cette étude, purement littéraire, qui devait être suivie d’une étude morale sur le livre de Proudhon, était à peine terminée quand le Moniteur vint nous apprendre que le livre était saisi.
En effet, de composition quelconque, il n’y en a pas plus dans les trois volumes qui le suivent que dans le premier… Le premier — vous l’avez vu — était un récit de journal, de faits-Paris quelconques, racontés avec la platitude ordinaire aux faits-Paris, et coupé odieusement, et sans cesse, par des dissertations de revue. […] Quatre-vingts pages (et même moins) peuvent être un chef-d’œuvre, mais c’est à la condition première de se tenir et de se suivre, et dans l’Homme qui rit rien ne se suit ni ne se tient.
Elle était également laide, vertueuse et sotte ; elle était un peu bossue, et avec cela un gousset fin qui la faisait suivre à la piste, même de loin. […] C’est un homme que je ne vois point. » Le premier favori, l’homme habile, le grand courtisan est le duc de la Rochefoucauld : suivez son exemple. […] Le politique n’en voit qu’une qui est la vraie ; il a le tact juste, plutôt que l’imagination abondante ; d’instinct, il devine la bonne route, et la suit sans plus chercher.
Je le revoyais dans la Haute-Marne, à Breuvannes, là, où se sont passés les étés de mon enfance, par les ensoleillés matins de juillet et d’août, marchant de son grand pas, que mes petites jambes avaient peine à suivre, marchant à la main, un paisseau arraché dans une vigne, et m’emmenant avec lui boire une verrée d’eau, à la « Fontaine d’Amour », une source au milieu de prés fleuris de pâquerettes, apportant aux gourmets d’eau, le bon et frais goût d’une eau, qu’il trouvait comparable à l’aqua felice de Rome. […] voici la pauvre bête, dans sa souffrance ayant besoin qu’on soit près d’elle, et elle vous suit de ses deux grands yeux tristes, quand on s’éloigne, et elle vous salue d’un petit miaulement, quand on revient, et elle vous remercie de votre caresse, par un petit ronronnement tout doux. […] Et il arrivait qu’un jour, Français ayant dîné chez le père de Corot, ce père, au moment où Français allait sortir, lui dit qu’il allait le reconduire, et comme son fils s’apprêtait à le suivre, il lui fit signe de rester. […] Et pour cette opération, ayant obtenu un beau complet gris perle, et suivi d’un vacher, il courait les foires, mais aussitôt qu’on l’apercevait, on s’écriait : « C’est le gars aux vaches robinières ! […] Les lettres sont brutalement arrachées des mains de Marthe par Nachette, et les paroles un peu bêtotes qui suivaient, remplacées par la rentrée du mari, au moment où Marthe est penchée, aplatie sur la table, pour les reprendre : rentrée qui empêche toute explication, et qui ne fait pas la femme si complice de la vilaine action de Nachette.
Les Pacifiques m’apparaissent, à cet égard, l’œuvre majeure de Han Ryner, non pas œuvre majeure dans l’absolu de mon jugement, car j’ai trop le goût de l’abstraction, pour ne pas suivre Psychodore et les Paraboles Cyniques avec une joie d’algébriste au milieu de ses équations. […] Il fut suivi du « Siège de Jérusalem »ab où sont relatées les aventures célestes de Matorel, et qui compléta, et épanouit l’essor dont nous avions été avertis. […] Il a écrit, en tête des deux livres qui ont suivi les Matorel, deux préfaces où la malice le dispute à la sagacité. […] Une fois admis, le nouveau clerc devait se perfectionner dans un art approprié afin de suivre les prescriptions en vigueur dans les ateliers monastiques. […] Voir Max Jacob, Saint Matorel, roman suivi des Œuvres burlesques et mystiques de frère Matorel mort au couvent et du Siège de Jérusalem, drame céleste, Paris, Gallimard/NRF, 1936.
Ronsard avait commencé avec La Franciade ; d’autres suivirent, de plus en plus nombreux ; Chapelain promit le chef-d’œuvre ; n’était-il pas très savant ? […] Il faut avoir suivi de près le travail créateur d’un artiste, connaître l’influence du Salon sur un sculpteur, sur un peintre, lire par exemple la correspondance de Flaubert, pour savoir ce que peuvent sur une œuvre d’art les critiques, les encouragements, l’esprit ambiant. […] Romantique dans Salammbô, dans La Tentation, il a créé avec Madame Bovary (1857) le chef-d’œuvre du roman réaliste, qui lui valut les critiques qu’on sait et la cour d’assises ; ce procès ne fut pas rien qu’une erreur ; il fut un malheur pour Flaubert et pour la littérature ; il ne serait pas bien difficile de montrer, par la correspondance et par d’autres documents, que la sévérité des considérants, la lâcheté des critiques et des éditeurs, ont fait dévier Flaubert de sa ligne droite ; la haine du bourgeois nous a privés d’autres chefs-d’œuvre ; et c’est ici, sous une forme nouvelle, un exemple à ajouter à ceux de Molière et de Racine : de l’inintelligence du public à l’égard d’une grande individualité, et de l’influence de ce public sur l’artiste ; l’exemple est différent en ce sens que Flaubert était du moins dans le « genre » de son époque ; il fut ainsi un précurseur, malheureux personnellement, mais suivi bientôt d’une école illustre : Zola, les Goncourt, Daudet, Maupassant. […] Lanson : « La forme grave et supérieure de notre intelligence, c’est l’esprit d’analyse, subtil et fort, et la logique, aiguë et serrée : le don de représenter par une simplification lumineuse les éléments essentiels de la réalité, et celui de suivre à l’infini sans l’embrouiller ni le rompre jamais le fil des raisonnements abstraits ; c’est le génie de l’invention psychologique et de la construction mathématique. » Rassemblant ces remarques qui semblent éparses, revenons-en à la grande ligne de l’évolution. […] Pour l’esquisse de chaque période je suivrai le même plan : 1º les conditions générales au point de vue politique, social et moral, avec indication des œuvres littéraires, de valeur relative, qui sont d’un intérêt particulier pour ce tableau de mœurs ; 2º le « genre » qui est l’expression littéraire de l’époque ; 3º les autres genres, dont l’un est en décadence et l’autre en devenir.
Je ne méritais pas cette mercuriale et je ne suivis pas l’exemple donné par le comte Albert de Mun quand j’eus à recevoir M. […] Un chapeau de haute forme, posé en bataille, complétait l’aspect quelque peu archaïque et démodé de l’illustre auteur de Manette Salomon, aspect qui contrastait avec celui qu’offrait Paul Hervieu, attentif à suivre la plus exacte mode du jour, ainsi que le devait à sa situation mondaine le spirituel romancier de Flirt. […] Son avis est écouté et suivi sans discussion, car son opinion est toujours motivée, et accompagnée d’arguments convaincants que lui fournissent son expérience littéraire, sa vaste érudition, son admirable sens critique. […] C’était un merveilleux spectacle que de suivre la trace de son crayon sur la pierre lithographique ou sur le feuillet d’un carnet. […] Je l’y ai suivi plus d’une fois.
Nous savons tous assez l’histoire romaine pour nous figurer tout ce qui est sous-entendu, le désordre qui a précédé et le tumulte qui a suivi. […] Mais une faculté qui n’est certes pas féminine, et qu’il possède à un degré éminent, est de saisir les parcelles du beau égarées sur la terre, de suivre le beau à la piste partout où il a pu se glisser à travers les trivialités de la nature déchue. […] Le prisonnier vaincu, lanciné par le brutal vainqueur qui le suit, les paquets de butin en désordre, les filles insultées, tout un monde ensanglanté, malheureux et abattu, le reître puissant, roux et velu, la gouge qui, je crois, n’est pas là, mais qui pouvait y être, cette fille peinte du moyen âge, qui suivait les soldats avec l’autorisation du prince et de l’Eglise, comme la courtisane du Canada accompagnait les guerriers au manteau de castor, les charrettes qui cahotent durement les faibles, les petits et les infirmes, tout cela devait nécessairement produire un tableau saisissant, vraiment poétique. […] Tous les élèves n’ont pas strictement et humblement suivi les préceptes du maître. […] Le premier ne nous a rien montré en ce genre cette année ; mais les amateurs qui suivent attentivement les expositions, et qui savent à quelles œuvres antécédentes de cet artiste je fais allusion, en ont comme moi éprouvé du regret.
La question qui se présente aujourd’hui au philosophe est de savoir si l’on peut suivre une marche rétrograde, passer d’un régime absolu à celui de la liberté, de la hiérarchie des rangs à l’égalité toujours combattue par la richesse, qui n’aspire pas moins aux distinctions qu’aux jouissances. […] Je laisse perdre le temps, et ensuite je veux tout forcer : voilà la clef de ma conduite… Mon amour-propre est extrême ; mais dans les petits objets, dans la société, il n’est que sur la défensive, il ne demande qu’à n’être pas blessé, sans désir d’être flatté ; dans les grands, il ne me porterait qu’à la gloire la plus éclatante ; mais le dégoût suivrait de près, et le mépris de mon siècle ne me permettrait pas de mettre longtemps du prix à son approbation… Mon amour-propre s’irrite quelquefois dans le tourbillon du monde : il se tait dans la solitude… Je n’aime point à me montrer à mes amis sous un côté défavorable ; je souffre de les voir malheureux de mon malheur, et je suis convaincu que les sentiments diminuent par la perte des avantages… Il faut donc cacher ses plaies, dissimuler les grandes impuissances de la vie : la pauvreté, les infirmités, les malheurs, les mauvais succès… Il ne faut confier que les malheurs éclatants, qui flattent l’amour-propre de ceux qui les partagent et s’y associent.
tu gagneras ta vie. » Il suivit le conseil et l’appliqua immédiatement en jugeant l’Exposition de peinture et de sculpture, comme il fit bientôt pour les œuvres littéraires elles-mêmes. […] III Il est temps de le suivre en Afrique où il fera désormais ses plus belles conquêtes, et où il aura à peindre non plus seulement des souvenirs de grande armée, mais des exploits présents et de chaque matin, dans lesquels il fut proche témoin et presque acteur.
Du Caire, il se dirige vers l’Asie en longeant le Delta, et cette triste route monotone est décrite avec une fidélité vive, précise, et sans charge : « Pour arriver à El-Arich, nous n’avons, pendant douze jours, rencontré qu’un groupe d’Arabes à cheval, qui, sans doute, nous ont trouvés trop bien disposés, et qui se sont contentés de nous suivre pendant deux lieues à peu près. […] Cependant les choses politiques suivirent leur cours, et la mésintelligence diplomatique continuant de plus belle, Horace finit par se féliciter de n’avoir pas redit complètement des paroles d’amitié qui avaient perdu tout à-propos26.
Si quelqu’un des sujets de son père va lui faire de ces protestations dont on use ordinairement avec les princes, il les reçoit, et, le prenant à part, il le force à jurer, en un livre, qu’il le suivra dans toutes les guerres où il ira ; il le contraint ensuite à accepter à l’instant même quelque présent. » L’excellent précepteur, avec son De Officiis fut de tout temps impuissant, on le conçoit, à modérer la fougue de ce jeune poulain vicieux de nature. […] Sa voix est fine et fluette ; il éprouve de la gêne quand il commence à parler, et les mots sortent difficilement de sa bouche ; il prononce mal les r et les l ; en somme toutefois, il sait dire ce qu’il veut, et parvient à se faire comprendre assez bien. » Suivent quelques détails sur son moral, un peu mêlés, et où il entre du pour et du contre.
Chimène, dans la scène qui suit, exprime des craintes et un triste pressentiment au milieu de sa joie. […] Cette abstraction cornélienne est moins complète dans le Cid que dans les pièces qui ont suivi, et si le brillant Rodrigue nous plaît plus que les autres héros de Corneille, c’est qu’aussi il a gardé plus de vie, plus de flamme au front et plus d’éclairs.
Le nôtre y avait réuni un certain nombre d’élégies qui composaient l’histoire d’une passion, alors encore brûlante : il y en a de belles, et d’admirables surtout au début, — comme un cri : Ils ont dit : « L’amour passe, et sa flamme est rapide ; « Le plaisir le plus doux, toujours suivi du vide, « Laisse au cœur un vague tourment ! […] Après bien des détours dans l’ombre et sur la mousse L’aurore avec le jour amenait les adieux : En me disant demain, que sa voix était douce Que loin, en la quittant, je la suivais des yeux !
Le Clerc, nous assure-t-on, s’occupe activement de suivre au moyen âge la trace du journal. […] Jusqu’ici encore, on a, par-ci par-là, rencontré et coupé des veines au passage ; il y a à suivre ces veines elles-mêmes dans leur longueur, et bien des rapports constitutifs et des lois de formation ne s’aperçoivent qu’ainsi.
Un petit nombre d’hommes en haillons et de femmes salariées suivaient les roues en couvrant les condamnés d’imprécations et de huées. […] Ce sang le suivait à la trace.
Un jeune valet de chambre, qui l’avait suivi dans son voyage du Brésil, faisait tout son service. […] Fontanes, l’homme aux habiles pressentiments, pouvait deviner ces choses et n’en pas moins pousser sa pointe : il avait ses éperons à gagner, a-t-on dit, contre la nouvelle Clorinde ; et d’ailleurs, sans chercher tant d’explications, il suivait son instinct de critique en même temps que d’homme du monde, très-décidé à n’aimer les femmes que quand elles étaient moins viriles que cela.
N’ayant pas le tempérament oratoire, cette faculté qui perçoit la distance entre deux idées et toute la série des raisonnements par où l’on s’avance de l’une à l’autre, incapable de suivre un principe dans ses conséquences les plus lointaines et d’emporter l’une après l’autre toutes les défenses d’un auditeur par la marche savante des preuves, Boileau se trouve assez mal à l’aise dans son rôle d’orateur moraliste. Ce n’est pas la causerie facile d’Horace, si finement liée par l’unité de la pensée qui suit sa pente naturelle : ce n’est pas la déclamation fougueuse de Juvénal, entassant avec rage faits sur faits, invectives sur invectives, pour enfoncer dans l’esprit du lecteur le sentiment qui réchauffe.
Et voici ce qu’on y trouvait, et par où il s’adaptait admirablement à l’esprit des deux siècles qui suivirent. […] Mais à travers cette folie d’invention on rencontre sans cesse une ferme réalité : des amours « exécutés » tels qu’ils le peuvent être dans le train le plus commun du monde, et plus rapidement même, de positives conclusions qui suivent, et parfois précèdent les vaporeuses adorations, une franchise d’accent, presque une brusquerie délibérée d’humeur chez ces chimériques héros, qui leur donne un peu de consistance et l’air de la vie.
Il suppléait à toutes les lacunes de l’érudition : il allait chercher à travers les siècles et les races de quoi compléter ses textes, cueillant ici un trait du Sémite biblique, et là faisant concourir sainte Thérèse à la détermination du type extatique de Salammbô. « Je me moque de l’archéologie, écrivait-il ; si la couleur n’est pas une, si les détails détonnent, si les mœurs ne dérivent pas de la religion et les faits des passions, si les caractères ne sont pas suivis, si les costumes ne sont pas appropriés aux usages, et les architectures au climat, s’il n’y a pas, en un mot, harmonie, je suis dans le faux. […] Pour nous en tenir à la littérature, ils se flattent un peu ; cependant Germinie Lacerteux est de 1865, et suivait Renée Mauperin, qui est de 1864.
Mais les yeux des amoureuses nous suivent longuement, nous tiennent, nous hantent ; et nous les revoyons toujours. […] Octave Feuillet résume comme il suit : Développer à toute leur puissance les dons physiques et intellectuels qu’il tenait du hasard, faire de lui-même le type accompli d’un civilisé de son temps, charmer les femmes et dominer les hommes, se donner toutes les joies de l’esprit, des sens et du pouvoir, dompter tous les sentiments naturels comme des instincts de servage, dédaigner toutes les croyances vulgaires comme des chimères ou des hypocrisies, ne rien aimer, ne rien craindre et ne rien respecter que l’honneur : tels furent, en résumé, les devoirs qu’il se reconnut et les droits qu’il s’arrogea.
Vous n’y trouverez ni art ni politesse ; mais vous les lirez avec indulgence, parce qu’ils sont d’un apprenti, et peut-être avec plaisir, parce qu’ils sont de votre fils. ) Voilà qui n’est point mal pour un enfant de onze ans ; mais mon insupportable méfiance me suit partout. […] Mais mon embarras est grand, car j’ai sous les yeux une autre étude sur la bataille de Rocroy, écrite aussi par un homme du métier et d’après des documents authentiques, et j’y lis cette description d’un autre mouvement non moins décisif : … Mais, au moment où la situation était le plus critique, où le duc d’Anguien se démenait sur place contre l’infanterie wallonne (cela, c’est le mouvement de tout à l’heure), où la droite ennemie, dirigée par Melo, s’apprêtait pour un dernier effort, il se produisit dans les derniers rangs une oscillation étrange, suivie d’une vaste clameur, d’un cri général de Sauve qui peut !
Notre ame est faite pour penser, c’est-à-dire pour appercevoir ; or un tel être doit avoir de la curiosité : car comme toutes les choses sont dans une chaine où chaque idée en précede une & en suit une autre, on ne peut aimer à voir une chose sans desirer d’en voir une autre ; & si nous n’avions pas ce desir pour celle ci, nous n’aurions eu aucun plaisir à celle-là. […] De-là suit une regle générale : par-tout où la symmétrie est utile à l’ame & peut aider ses fonctions, elle lui est agréable ; mais par tout où elle est inutile elle est fade, parce qu’elle ôte la variété.
Il n’y aura donc, en tout ce qui va suivre, que des opinions. […] Elle les suivra demain comme elle est venue hier s’abriter au palais de songes que d’autres lui avaient construit.
Suivons-les, si vous voulez, dans l’époque où la société polie se constitua en France, c’est-à-dire dans la première moitié du xviie siècle. […] Qui saura suivre ainsi dans ses variations sans fin la vie mondaine comprendra pourquoi la littérature française diffère si profondément de la littérature anglaise ou allemande durant notre période classique, et pourquoi elle s’en rapproche à partir du romantisme.
D’ailleurs, les opinions que j’ai énoncées récemment dans la Revue Wagnérienne ont été à ce point attaquées que je dois donner aux lecteurs qui me suivent depuis deux ans et demi une explication positive. […] Ici, les fatales coupures font leur apparition, mais sont plus discrètes qu’à l’opéra de Berlin ; tandis qu’à Berlin on supprime purement et simplement le prélude du troisième acte, les accords d’une extraordinaire beauté qui suivent la prière d’Elisabeth, et toute la fin, nous n’avons eu à déplorer à Leipzig que la suppression du chœur dit miracle.
Ma remarque pourra paraître minutieuse, mais ce n’est pas une petite chose pour un poète de savoir donner à son héroïne un nom qui aille à son caractère comme une guirlande à son front. « S’il te naît une fille, — disent les livres sacrés de l’Inde, — donne-lui un nom doux, facile à prononcer, et qui résonne harmonieusement à l’oreille. » Molière, Shakespeare, et tous les grands poètes ont suivi, sans le savoir, le conseil des brahmes ; Shakespeare surtout, qui, pour parer ses filles de prédilection, va cueillir on ne sait où, dans la lune, sur les nuées, des noms inouïs, éthérés, célestes, des auréoles de pudeur, des étoiles de couronnement. […] Les propos s’aigrissent, le débat s’envenime, et l’artiste, après avoir livré son œuvre, jette au grand laquais qui le suit la bourse d’or que le baron vient de lui tendre.
Mais bien des gens, ou du moins plus d’un, ont de ces saillies qui partent sur le temps, qui ne durent qu’un éclair, et qui sont suivies d’un long silence, et avec l’abbé Galiani il n’y avait pas de silence : il alimentait presque à lui seul la conversation ; il y répandait les imaginations les plus folles, les plus réjouissantes, et qui portaient souvent leur fin bon sens avec elles. […] Il ajoutait encore que l’incrédule, celui qui persiste à l’être à tous les instants, fait un vrai tour de force ; qu’il ressemble à « un danseur de corde qui fait les tours les plus incroyables en l’air, voltigeant autour de sa corde ; il remplit de frayeur et d’étonnement tous les spectateurs, et personne n’est tenté de le suivre ou de l’imiter ».
Bossuet suivait cette alternative de retards et de progrès avec une sollicitude paternelle : « Il me semble, disait-il de l’humble convertie, que, sans qu’elle fasse aucun mouvement, ses affaires avancent. […] Ce n’est pas à nous ici de le suivre.
Suit alors l’énumération de ses talents, vers, prose, chansons improvisées : Elle exprime même si délicatement les sentiments les plus difficiles à exprimer, et elle sait si bien faire l’anatomie d’un cœur amoureux, s’il est permis de parler ainsi, qu’elle en sait décrire exactement toutes les jalousies, toutes les inquiétudes, toutes les impatiences, toutes les joies, tous les dégoûts, tous les murmures, tous les désespoirs, toutes les espérances, toutes les révoltes, et tous ces sentiments tumultueux qui ne sont jamais bien connus que de ceux qui les sentent ou qui les ont sentis. […] « Mlle de Scudéry vient de m’envoyer deux petits tomes de Conversations, écrivait Mme de Sévigné à sa fille (25 septembre 1680) ; il est impossible que cela ne soit bon, quand cela n’est point noyé dans son grand roman. » Ces petits volumes, et d’autres du même genre qui suivirent et qui recommandent la vieillesse de Mlle de Scudéry, sont encore recherchés aujourd’hui des curieux et de ceux à qui rien n’est indifférent de ce qui intéresse le Grand Siècle.
Une âme faible se fût laissé gagner et eût suivi cet exemple : une âme délicate et forte se le tourna en morale et en leçon ; elle prit noblement sa revanche dans le bien. […] On trouve chez Mme de Lambert quelques pensées qu’on croirait qu’elle a d’avance empruntées aux moralistes qui l’ont suivie.
Suivent quelques détails sur la digestion ; puis des éloges donnés à la traduction de Tacite que Dureau faisait alors ; des nouvelles de Paris et de la littérature ; un récit des mésaventures de La Harpe et de ses mille chamailleries de journaliste : « Puisque je suis en haleine, ajoute l’abbé Maury, que le diable emporte le maudit maladroit qui a failli tuer ou du moins défigurer mon petit Adolphe » (un des fils de Dureau qui avait failli éprouver quelque accident). […] Il ne reste, au milieu de beaucoup de redondance et d’une érudition indigeste et hâtive, uniquement suffisante pour l’instant de la tribune, il ne reste, dis-je, qu’un raisonnement assez suivi et assez vigoureux, des portions qui sont encore de bon sens, et d’autres qui ne peuvent jamais avoir été de bonne foi.
Suit une critique qui semblait amère et excessive alors, et qui n’est que trop justifiée aujourd’hui. […] Il raconte ce qui s’est passé aux États généraux avant la réunion des ordres, et il suit ce récit à mesure que les événements se développent.
Hennin à cette lettre, réponse que les éditeurs ont eu le tort de supprimer, on voit cet homme de sens combattre la détermination de Bernardin, et lui représenter qu’il n’y a rien d’humiliant dans l’offre qui lui est faite ; que le premier pas est l’essentiel, et que le reste ne peut manquer de suivre : « Considérez, monsieur, que dans un pays où les sujets manquent, vous auriez été le premier employé. […] (Suit l’énoncé de quelques principes justes d’administration ; puis M.
Au lieu de nous raconter ses marches, l’emploi de ses journées, et de nous permettre de le suivre, il n’a donné que les résultats de ses observations durant trois ans : « J’ai rejeté comme trop longs, dit-il, l’ordre et les détails itinéraires ainsi que les aventures personnelles : je n’ai traité que par tableaux généraux, parce qu’ils rassemblent plus de faits et d’idées, et que, dans la foule des livres qui se succèdent, il me paraît important d’économiser le temps des lecteurs. » Il a donc composé un livre, un tableau, et n’a pas senti qu’il y avait plus de charme pour tout lecteur dans la simple manière d’un voyageur qui nous parle chemin faisant, et qu’on accompagne. […] Il suivit le mouvement constitutionnel et même démocratique, sans y apporter les réserves et les craintes que de bons esprits concevaient déjà.
Plus on la lit, plus on la médite, et plus on s’aperçoit de la vérité de cette assertion ; en sorte que, considérant combien la conduite des nations et des gouvernements, dans des circonstances analogues, se ressemble, et combien la série de ces circonstances suit un ordre généalogique ressemblant, je suis de plus en plus porté à croire que les affaires humaines sont gouvernées par un mouvement automatique et machinal, dont le moteur réside dans l’organisation physique de l’espèce. […] Pour suivre le procédé que j’ai déjà appliqué au premier Voyage de Volney, j’extrairai de son Voyage aux États-Unis une page, la plus marquante à mon gré, et qui rend bien le genre de mérite que j’ai précédemment signalé en lui, la rectitude et la perfection du dessin physique.
L’histoire sociale de la Révolution a été tentée pour la première fois dans ces études qui ont aujourd’hui l’honneur d’une nouvelle édition : l’Histoire de la société française pendant la Révolution, que va suivre l’Histoire de la société pendant le Directoire, en ce moment sous presse. […] Trois volumes, si nous vivons, suivront ce volume de La Femme au xviiie siècle.
Féré, toute sensation, est suivie d’une augmentation de nos forces nerveuses. […] Le deuxième élément est le plaisir de sympathiser avec l’auteur de l’œuvre d’art, avec son travail, ses intentions suivies de réussite, son habileté.
Une direction, un type, un entreprenant, un but, peuvent apparaître seuls et sans suite : une force, une variété animale, une masse d’hommes actifs, une volonté ne peuvent être conçus indéterminés ; le rapport qui unit ces deux facteurs est le même que celui qui relie la forme et la substance d’Aristote ; c’est un rapport de plasticité, de formation, d’assimilation, d’imitation enfin ; des facteurs que cette relation unit en un ensemble, c’est le premier en fonction de temps qui est le générateur et qui participe le plus largement à l’existence ; comme un nombre produit ceux qui le suivent et se multiplie en eux, un grand homme s’agrège la foule et grandit par sa masse. […] Ces considérations nous amènent à donner de l’œuvre d’art une définition dernière qui modifie en partie ce que nous avons dit au début de cet ouvrage : l’œuvre d’art est en résumé un ensemble de moyens et d’effets esthétiques tendant à susciter des émotions qui ont pour signes spéciaux de n’être pas immédiatement suivies d’acte, d’être formées d’un maximum d’excitation et d’un minimum de peine et de plaisir, c’est-à-dire, en somme, d’être fin en soi et désintéressées ; l’œuvre d’art est un ensemble de signes révélant la constitution psychologique de son auteur ; l’œuvre d’art est un ensemble de signes révélant l’âme de ses admirateurs qu’elle exprime, qu’elle assimile à son auteur et dont, dans une faible mesure, elle modifie les penchants, à cause soit de sa nature, soit de son espèce.
Il a sa loi et la suit. […] Mais aussi ce Shakespeare ne respecte rien, il va devant lui, il essouffle qui veut le suivre ; il enjambe les convenances, il culbute Aristote ; il fait des dégâts dans le jésuitisme, dans le méthodisme, dans le purisme et dans le puritanisme ; il met Loyola en désordre et Wesley sens dessus dessous ; il est vaillant, hardi, entreprenant, militant, direct.
Chacun ne peut juger qu’avec son jugement, ne peut penser qu’avec sa pensée, cela est évident ; mais il ne suit point de là que la vérité soit individuelle et qu’il n’y ait pas en soi une vérité absolue que chacun atteint dans la mesure où il le peut, et qu’il transmet aux autres dans la mesure où ils sont capables de la recevoir. […] Le cri de la nature, dit-on, est irrésistible, et la raison elle-même n’a qu’à le suivre.
Qu’il vienne, le maître de la pensée et du verbe, la jeune âme française lui obéira et le suivra. […] Suivons la nature, sans doute, mais la nature d’à présent et non point celle de l’âge de Montchrétien ou de Bossuet.
Le fragment qui suit est d’un genre différent, par la mélancolie dont il est empreint : on dirait que André Chénier, en le composant, avait un pressentiment de sa destinée. Souvent las d’être esclave et de boire la lie, De ce calice amer que l’on nomme la vie ; Las du mépris des sots qui suit la pauvreté, Je regarde la tombe, asile souhaité ; Je souris à la mort volontaire et prochaine ; Je me prie, en pleurant, d’oser rompre ma chaîne.
Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre. […] Malgré l’impulsion qui me presse, je n’ose me suivre plus loin, de peur de m’enivrer et de tomber dans des choses tout à fait inintelligibles.
Il suit, solitaire, l’étroite lisière qui sépare les Allées Neuves de la chaussée. […] Suivez le raisonnement du perfide enfant d’Albion : « Payons chaque chose le double de sa valeur, — une côtelette panée 3 fr. 50 c ; — une chambre, avec salon et vue sur les Tuileries, 88 fr. par jour.
C’est ainsi qu’elle a été si souvent étrangère aux mouvements de la civilisation ; qu’elle a suivi la marche progressive indépendamment des autres états ; que l’influence exercée par les croisades a été nulle pour elle, quoiqu’elle ait participé à ces expéditions lointaines. […] Toutes ces vicissitudes des langues, qu’il serait long de suivre, et trop difficile d’expliquer, devaient amener graduellement l’âge de l’émancipation de la pensée.
C’est de lui rappeler, en chaque circonstance, les conséquences avantageuses ou nuisibles qui ont pu suivre des antécédents analogues, et de le renseigner ainsi sur ce qu’il doit faire. […] À l’état de veille, le souvenir visuel qui nous sert à interpréter la sensation visuelle est obligé de se poser exactement sur elle ; il en suit donc le déroulement, il occupe le même temps ; bref, la perception reconnue des événements extérieurs dure juste autant qu’eux.
Qu’on suive en effet la direction idéaliste ou la direction naturaliste de la morale, — celle des doctrines de la dignité ou celle des doctrines de l’utilité, celle de Rousseau et de Kant ou celle de Bentham et de Stuart Mill, — on verra que ces routes opposées conduisent toutes deux à l’égalitarisme. […] Des principes tout contraires dominent le chaos qui suit l’écroulement de l’antiquité, jusqu’au jour où les modernes, reprenant à leur compte les idées anciennes, reconstruisent, sur nouveaux plans, des démocraties.
Dès ce moment, il observe madame Bovary, l’épie, la suit, la poursuit ; elle sort, il sort ; couvert par l’ombre, le chapeau rabattu sur la figure, il l’attend des heures entières à la porte de M. […] Ce fut, quand on y songe, une situation bien cruelle que la situation faite par la génération de 1830-40 à celle qui la suivit immédiatement. […] les désastres physiques, qui suivent le désastre moral fait dans son âme, l’avertissent assez de la violence et de l’inflexibilité de sa passion. […] Quand on l’a suivi de près, on voit trop que c’est lui-même qu’il a confessé dans les Confessions d’un hypocondriaque. […] Féval, de suivre dans leurs énumérations complaisantes MM.
. — J’aime mieux suivre M.
Dans les premières années qui suivirent, il semblait que, sauf un peu plus de vivacité dans ce qui concernait les droits du poëte au théâtre, il fût resté dans cette même mesure.
Barbier, dans le principe, était sans doute beaucoup moins grande qu’elle n’avait paru et dû paraître à ceux qui ne suivent pas de très-près ces choses de poésie.
Il suivit à son tour le convoi de ces veillards, et mourut, pour ainsi dire, le dernier, en mai 1831.
Dès lors il s’est habitué à les saisir d’un coup d’œil rapide, non plus en eux-mêmes, mais par groupes de partis et comme par rangs de générations ; et ces partis, ces générations, il les a personnifiés en idée et s’est mis à observer leur marche comme il aurait suivi la conduite d’un seul homme.
On la voit, pendant les dix années qui suivent, au premier rang dans les affaires.
Hugo ne s’élève pas jusqu’aux hauteurs de l’ode, il se délasse souvent dans les rêveries les plus suaves, dont nul souffle étranger n’altère la fraîcheur : il se plaira, par exemple, à montrer à son amie le nuage doré qui traverse le ciel, à le suivre de la pensée, à y lire ses destinées de gloire ou d’amour, puis tout à coup à le voir s’évanouir en brouillard ou éclater en tonnerre.
Nous ne suivrons pas l’auteur dans ses récits du Consulat, de l’Empire, des Cent jours et des deux captivités.
L’apostasie de nos gouvernants, l’impudente palinodie de certains hommes qui se retournent aujourd’hui contre les idées dont ils sont issus ; l’hésitation de la société à se reconnaître et à reprendre son train progressif au milieu du désappointement qui a suivi la dernière secousse ; toutes ces circonstances ont favorisé chez quelques esprits élevés, mais trop absolus, trop prompts, le dénigrement inconsidéré des principes et des garanties qui sont pourtant devenus plus que jamais l’indispensable condition de la société moderne.
Traduit du polonais, par M. de Montalembert, suivi d’un hymne à la Pologne, par M. de La Mennais.
Enfin à cette époque, comme on n’avait pas découvert la véritable méthode qu’il faut suivre dans l’étude de la nature physique, l’émulation n’était point excitée dans une carrière où de grands succès n’avaient point encore été obtenus.
Le gouvernement étant le centre de la plupart des intérêts des hommes, les habitudes et les pensées suivent le cours des intérêts.
Au siècle suivant, en dépit de la suprême clarté dont se piquaient les philosophes, et des polissonneries facétieuses dont ils paraient leur matière, il fallait de l’attention et de la pénétration pour les suivre, et on ne sentait point tout l’agrément de la forme, si l’on ne comprenait le sérieux du sujet.
Toutefois que, à suivie la propriété de la langue française, elle est si diverse en soi selon les pays et régions, voire selon les villes d’un même diocèse, qu’il est bien difficile de pouvoir satisfaire à toutes oreilles et de parler à tous intelligiblement.
Cette direction d’idées, je pense que la majorité des hommes de vingt ans l’a suivie.
Je le suivis tout de même, convaincu que, si je prenais l’autre, ce serait celui-là le mauvais.
Francis Vielé-Griffin semble les vouloir suivre dans cette voie.
Pendant cette période du gouvernement de Richelieu, notre art comique suivait une marche ascendante continue.
L’art, et l’auteur de ce livre n’a jamais varié dans cette pensée, l’art a sa loi qu’il suit, comme le reste a la sienne.
Ce père, se défiant de pouvoir à son âge suivre des maximes aussi détestables, amenoit son fils pour qu’il apprît de bonne heure à les mettre en pratique.
Un autre savant, le docteur Lélut (de l’Institut), s’est aussi fait une place dans la science par ses belles études sur la physiologie de la pensée, et il a publié récemment un intéressant ouvrage sur ce sujet, suivi de quelques mémoires spéciaux pleins de faits curieux.
On sait bien que, dans la mémoire ou dans l’habitude si étroitement liées, il y a une liaison d’états tels que, le premier étant donné, les autres suivent automatiquement, ce qui suppose évidemment une tendance à la reproduction des actes.
Ce vers de six syllabes, suivi d’un autre de trois, si l’on peut appeler ce dernier un vers, ne me semble qu’une négligence et non une beauté.
Pour suivre à présent l’ordre des principales parties de la Philosophie, on pourra le borner pour la Logique au fameux Art de penser, par les illustres Solitaires de Port-Royal, à la Logique de Crousaz, à l’introduction à la Logique & à la Métaphysique, par M.
Qui commencera avec le premier cours, et sera commun à tous les élèves qui le suivront jusqu’à leur sortie de la faculté des arts dont il est la suite.
Ceux qui transplantent quelqu’art que ce soit d’un païs étranger dans leur patrie, en suivent d’abord la pratique de trop près, et ils font la méprise d’imiter chez eux les mêmes originaux que cet art est en habitude d’imiter dans les lieux où ils l’ont appris.
De pareilles révolutions sur la surface de la terre, qui causent toujours beaucoup d’altération dans les qualitez de l’air, et qui ont encore été suivies d’un si grand changement dans les alimens ordinaires, que les nouveaux habitans se nourrissent en pêcheurs et en jardiniers, au lieu que les anciens habitans se nourrissoient en chasseurs, de pareilles révolutions, dis-je, ne sçauroient arriver sans que le caractere des habitans d’un païs cesse d’être le même.
L’un de ces arts qui étoit le metrique ou le mesureur, enseignoit à réduire sous une mesure certaine et reglée, toute sorte de gestes en toute sorte de sons, qui pouvoient être assujetis à suivre les temps d’une mesure, et l’art rithmique n’enseignoit plus qu’à bien battre cette mesure, et principalement à la battre d’un mouvement convenable.
Suivons ce concierge !
Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer.
il a un plan, et il veut le suivre.
Alors il passe dans la manière du poète un phénomène d’expression colorée, brûlante et sensuelle, que les vers qui suivent traduisent et peignent : Ne me demandez pas si sa prunelle est peinte Ou du céleste azur ou du bleu de la nuit ; Quelle nuance d’or, de jaspe ou d’hyacinthe A ses tempes se joue, en sa tresse reluit ; D’albâtre ou d’incarnat si sa joue est empreinte ; Si c’est grâce chez elle ou beauté qui séduit ; Ne me demandez pas quel espoir, quelle crainte, Se mêlant à mes feux, me guide ou me poursuit !
Un autre grand mérite de cet orateur, c’étaient des finesses et des grâces de style ; or, ces finesses et ces grâces tiennent ou à des idées ou à des liaisons d’idées qui nous échappent ; elles supposent l’art de choisir précisément le mot qui correspond à une sensation ou délicate, ou fine ; d’exprimer une nuance de sentiment bien distincte de la nuance qui la précède ou qui la suit ; d’indiquer par un mot un rapport, ou convenu, ou réel entre plusieurs objets ; de réveiller à la fois plusieurs idées qui se touchent.
Il a vite passé ; mais j’ai été suivi, affolé, poursuivi par l’angoisse, et je suis accouru ici près de toi, aussi vilo que j’ai pu… Ah ! […] Lélio ; j’en suis sûr, je l’ai vu, je vous ai suivie. […] La scène qui suit n’est pas mal non plus. […] Va-t’en, et passe ton chemin, Je te suivais : il faut, pour tromper, plus d’adresse. […] Et la petite cocotte déclare en effet qu’elle le suivra.
Tu la suivras depuis l’aube jusqu’au crépuscule. […] Les siècles suivent les siècles : je m’accrois toujours. […] Ceux qui vont suivre les propagent à travers la vie multiforme. […] Cela me causera tant de plaisir. » Mais Nietzsche les repousse : « Je ne veux ni vous plaire, ni vous suivre. […] Autre exemple : les gouvernants se suivent et se ressemblent.
Cesse enfin de suivre ainsi pas à pas ta mère, toi déjà mûre pour être aimée d’un époux. » Ailleurs c’est une larme versée dans le sein de Virgile sur le sort d’un ami commun, Quinctilius. […] les années glissent en nous entraînant, etc., etc. » Et après une énumération éloquente de la vanité de nos prières et de nos efforts pour ralentir cette fuite du temps qui nous rapproche de la mort : « Il faut quitter cette terre, cette maison, cette épouse chérie ; et, de tous ces arbres que tu plantas avec tant d’amour, aucun autre que le cyprès funèbre ne suivra hors de ton enclos son maître d’un jour ! […] … Le cœur satisfait d’un présent borné dédaigne de se troubler pour ce qui doit suivre ; il tempère l’amertume des soucis par le sourire de l’insouciance.
Chaque modification spécifique de la conscience est le simple « accompagnement » d’un certain mode de changement cérébral ; les changements cérébraux se déterminent l’un l’autre selon des lois toutes physiques, et les changements mentaux suivent une marche subordonnée, comme les mouvements des ombres se subordonnent aux mouvements des objets qui les projettent. […] Ainsi, entre la sensation présente et la réaction de l’intelligence appelée attention, puis la réaction de la volonté appelée aversion, il n’y a pas simplement un rapport dans le temps dont on ferait la constatation brute en disant : « Cela se suit de cette manière », sans qu’on sache pourquoi ce ne serait pas aussi bien l’inverse. […] La méthode synthétique que nous nous proposons de suivre a, si nous ne nous trompons, l’avantage de rattacher non seulement la physiologie à la psychologie, mais encore la psychologie à la philosophie générale.
seul au foyer, Votre image me trouble, et me suit comme l’ombre De mon bonheur passé qui veut me retenir. […] La tyrannie en vain se fatigue à l’y suivre. […] Et moi puissé-je, au bout de l’uniforme plaine Où j’ai suivi longtemps la caravane humaine, Sans trouver dans le sable élevé sur ses pas Celui qui l’enveloppe et qu’elle ne voit pas, Puissé-je, avant le soir, las des Babels du doute, Laisser mes compagnons serpenter dans leur route, M’asseoir au puits de Job, le front dans mes deux mains, Fermer enfin l’oreille à tous verbes humains, Dans ce morne désert converser face à face Avec l’éternité, la puissance et l’espace : Trois prophètes muets, silences pleins de foi, Qui ne sont pas tes noms, Seigneur !
Nous ne suivrons pas cette coutume ; nous n’accuserons pas le public, car nous le trouvons souvent débonnaire jusqu’à l’excès, et, si notre temps nous repousse, nous ne nous en prendrons qu’à notre insuffisance. […] Suivez bien ses phrases ampoulées, développez ses traînantes périphrases, soulevez ses images vieillies, et vous trouverez quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement, car il n’y a pas de danger à les dire ; vous y verrez à chaque phrase, à chaque mot, l’éloge du temps où il avait voix délibérative dans les affaires du pays ; vous y sentirez, cachée sous des réticences, l’attaque envieuse contre tout ce qui est jeune, contre tout ce qui vit, contre tout ce qui a de l’avenir ; c’est la malédiction de la mort contre la vie ; c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre, mesquin, incolore, ordinaire, connu, ressassé, pauvre et croulant ! […] on s’égare dans la recherche, on entre dans la nuit, on suit de fausses routes, et l’on se bat en partisan avec la mauvaise devise : « Chacun pour soi et Dieu pour tous. » Tiraillée par vingt côtés différents, la pauvre Vérité se sauve à toutes jambes et rentre dans son puits ; et tous, nous pleurons son absence !
Vraiment il faudrait être né ennemi de la clarté et du bel ordre pour ne pas suivre en esthétique la ligne droite des conséquences logiques, quand on voit à quel point cette science en est simplifiée. […] Lorsque Pascal écrivait aux jésuites : « Vous avez bien mis ceux qui suivent vos opinions probables en assurance du côté des confesseurs, mais vous ne les avez point mis en assurance du côté des juges, de sorte qu’ils se trouvent exposés au fouet et à la potence en suivant vos probabilités » ; lorsqu’il ajoutait : « Obligez les juges d’absoudre les criminels qui ont une opinion probable, à peine d’être exclus des sacrements, afin qu’il n’arrive pas, au grand mépris et scandale de la probabilité, que ceux que vous rendez innocents dans la théorie, soient Fouettés ou pendus dans la pratique9 » ; quand Pascal flagellait ainsi les jésuites, il s’armait d’une sanglante ironie, mais certes il n’y mettait pas de gaieté ; il n’y a donc point là de comique. […] La moindre attention suivie lui est un tourment et une fatigue. […] « Que voulez-vous, dit ce bon vivant, c’est ma vocation, et ce n’est pas péché pour un homme que de suivre sa vocation61.
Elle était dans une de ces périodes de lassitude qui suivent les grandes convulsions ; alors les nations ne s’inquiètent plus comment, mais par qui elles sont gouvernées. […] Le général Bonaparte imagina d’employer ces divers moyens comme il suit. […] Il n’y a pas une marche ou une contremarche dans l’armée de Moreau en Allemagne qu’on ne suive du pas avec l’historien. […] On ne voyait que l’abandon où il laissait la malheureuse armée qui avait eu assez de confiance en son génie pour le suivre.
Ces deux livres renferment des pages superbes, et ont une puissance dramatique qu’on ne retrouve pas au même degré dans ceux qui les ont suivis. […] Suivons-le un instant dans l’étude préparatoire de l’un quelconque de ses livres de La Faute de l’abbé Mouret, par exemple. […] Pas celui de Coupeau, il est vrai, et c’est là le grand mérite de la pièce ; les auteurs l’ont aussi bien suivi dans les lentes péripéties de sa chute qu’il était matériellement possible de le faire. […] Conclusion La critique littéraire agit en général comme les gouvernements : elle suit, à une respectable distance, le mouvement de l’esprit et les évolutions de la pensée.
Thiers corrige et recorrige, il y met tous ses soins ; il vient de revenir à Paris pour suivre l’impression de plus près.
Les obsèques ont eu lieu à l’église de Saint-Germain-des-Prés au milieu d’un grand concours de médecins, de membres de l’Université et d’amis, dont un bon nombre a suivi le convoi jusqu’à Auteuil.
Paul Albert est une date ; c’est le premier d’une série, le premier jalon d’une route, d’une œuvre collective nouvelle que je définirai ainsi : la vulgarisation élégante et élevée des notions acquises par la critique littéraire la plus saine et la plus avancée ; le renversement ou plutôt l’annulation des vieilles rhétoriques ; une méthode vivante et naturelle substituée aux formules didactiques, — je dis une méthode et non pas de simples séances d’Athénée agréables et décousues, mais tout un mode d’enseignement suivi, et cela à l’usage spécial d’un sexe qu’on avait trop accoutumé jusqu’ici au décousu et à l’amusant.
Lettres sur la religion et la politique, 1829 ; suivies de l’Éducation du genre humain ; traduit de l’allemand de Lessing.
L’étude offre un but qui cède toujours en proportion des efforts, vers lequel les progrès sont certains, dont la route présente de la variété sans crainte de vicissitudes, dont les succès ne peuvent être suivis de revers.
Un de ces auteurs, Desmarets de Saint-Sorlin, ayant donné son Clovis en 1657, crut nécessaire, lorsqu’il vit s’élever une école dont les maximes essentielles allaient, dans tous les genres, à suivre les anciens et à reprendre les sujets déjà traités par eux, de justifier le choix qu’il avait fait dans son poème d’un héros moderne et chrétien.
C’est un des plus beaux exemples d’acrobatie intellectuelle que je connaisse, un des plus suivis, des mieux exempts de lassitude ou de distraction.
Il la suit un soir dans son petit hôtel, bien résolu à oublier _l’autre_.
L’écho de ces stances est un perpétuel applaudissement de l’âme et de l’imagination qui vous suit de la première à la dernière stance, comme, en marchant dans la grotte sonore de Vaucluse, chaque pas est renvoyé par un écho, chaque goutte d’eau qui tombe est une mélodie.
Nous ne le suivrons pas dans le détail, qui est d’ailleurs exposé sans beaucoup de suite, car l’auteur a eu l’intention non de faire un traité complet et méthodique, mais d’aborder seulement les questions où il a quelque chose à dire.
On lit ce qui suit dans le journal de L’Étoile, sous la date indiquée : « Notre nouveau roi Louis XIII fut fouetté ce jour par le commandement de la reine régente sa mère, pour n’avoir pas voulu prier Dieu.
De là vient que Boileau, quoique voué à Horace, ne fait pas difficulté de l’abandonner pour suivre Perse & Juvenal, toutes les fois qu’il trouve, chez ces Poëtes, de quoi enrichir sa Muse d’un nouvel ornement.
Au rondel qui suit — chaperon mi-partie blanc et rouge — s’entrelacent les assonances et les rimes : Chanson d’Amour Une chanson d’amour d’un autre temps.
C’est dans la joie qui suit un avantage remporté, que l’amour-propre s’épanche plus librement.
Je voulus fuir ; tu me suivis, et, élevant la voix, tu t’écrias : « Retourne, belle Ève !
Suivez les armées, allez, voyez et peignez.
On ferme les bibliotheques comme on ferme les tombeaux pour toujours, et l’on ne songe qu’à faire faire des hidrauliques, des lyres énormes, des flutes de toute espece et tous les instrumens qui servent à regler les gestes des acteurs. " je dois avertir le lecteur qu’en évaluant la monnoïe romaine par notre monnoïe de compte, je n’ai pas suivi le calcul de Budé, quoique ce calcul fut juste lorsque ce sçavant homme le fit.
Et quoique les amours qui suivirent celui-là et se succédèrent les uns aux autres avec une précision et une rapidité presque militaires, fussent des amours plus passionnés, il ne faut jamais perdre de vue qu’ils étaient toujours plus ou moins des amours de bas-bleu, dans lesquels le galimatias philosophique et littéraire se mêlait sans cesse au galimatias involontaire de la passion.
Il m’a regardé et il a passé… Il a suivi imperturbablement la voie de son esprit, qui est robuste et logique.
Mais sa tentative, qui va reporter sur son œuvre le regard qu’attire invinciblement et toujours ce nom « aimanté » de Napoléon partout où l’on s’avise de l’écrire, doit lui rapporter aussi le jugement qui suivra ce regard, mendié à l’aide d’un pareil nom, et ce jugement sera sévère.
Pour peindre ces iarls farouches que la Féodalité chrétienne apprivoise à peine, et ces tribus qui les suivent, — qui plongent dans les rayons du baptême leur front déformé par les coups du marteau de Thor, tandis qu’ils s’enfoncent jusqu’au flanc dans le limon de la barbarie, — il semble qu’il ne faudrait rien moins que de transporter dans l’histoire, en les élevant à ses sévères proportions, les qualités de ce romancier épique, Fenimore Cooper, l’Américain qui fut tout ensemble l’Homère et l’Hésiode des Peaux-Rouges et des Visages-Pâles.
Nous ne pouvons suivre malheureusement sur ce terrain Rigault, devenu le Blondel de Victor Hugo, que l’univers abandonne (sans calembour), mais la critique, qui est aussi une justice, ces messieurs des Débats ne la permettent pas, et Rigault, leur porte-voix, nous l’interdit.
On en fait de nobles exemples pour les générations qui suivent et de grands souvenirs pour l’histoire.
La couleur les a aveuglés, et ils ne peuvent plus voir et suivre en arrière l’austère filiation du romantisme, cette expression de la société moderne.
Je te loue, s’écrie l’habitant sauvage du Groenland, ô toi dont la main invisible amène tous les ans la baleine sous mes harpons, et fait couler son sang dans les mers, pour m’aider à suivre sa trace quand elle s’éloigne du rivage.
Et cependant l’ordre manque, la question n’est point ramenée à une idée unique ; on ne voit point sa route ; les preuves se succèdent sans se suivre ; on est plutôt fatigué que convaincu. […] D’elle-même la passion suit ; l’exaltation l’apporte avec les images. […] Déjà, dans celui qui suit, Lycidas, en célébrant, à la façon de Virgile, la mort d’un ami bien-aimé505, il laisse percer les colères et les préoccupations puritaines, invective contre la mauvaise doctrine et la tyrannie des évêques, et parle déjà « du glaive à deux mains qui attend à la porte prêt à frapper un coup pour ne frapper qu’un coup. » Dès son retour d’Italie la controverse et l’action l’emportent ; la prose commence, la poésie s’arrête. […] Avec quel ordre industrieux, pour éviter la confusion des goûts, pour ne pas les mal assortir, pour qu’une saveur suive une saveur relevée par le plus heureux contraste ? […] Le soleil tombait, revêtant d’or et de pourpre reflétés — les nuages qui font le cortége de son trône occidental. — Alors se leva le soir tranquille, et le crépuscule gris — habilla toutes les choses de sa grave livrée. — Le silence le suivit, car, oiseaux et bêtes, — les uns sur leurs lits de gazon, les autres dans leurs nids, — s’étaient retirés, tous, excepté le rossignol qui veille. — Tout le long de la nuit, il chanta sa mélodie amoureuse. — Le silence était charmé.
La sincérité, et, à ses fins, l’impression du moment, suivie à la lettre, sont ma règle préférée aujourd’hui. […] Ce qui suit ne sera donc, s’il vous plaît, qu’une humble analyse uniquement destinée à diriger votre admiration vers quelques détails d’un ensemble prodigieux. […] Suit alors une histoire à vol d’oiseau de Paris, depuis la campagne « quelconque » qui fut son berceau jusqu’à la ville énorme qu’on sait. […] Nous allons l’y suivre. […] S’en suit-il que l’auteur des Fleurs du Mal, fidèle, comme il le dit, à son douloureux programme et forcé, de par son titre même, à des logiques heureusement presque inaccessibles, y ait même essayé ?
Flaubert suivit le conseil et écrivit Madame Bovary. […] Il refuse, en vain, le titre de chef d’école, assurant que le naturalisme est ancien, que ce n’est pas lui qui l’a inventé, qu’il ne l’impose à personne et qu’avant lui d’autres auteurs le suivirent. […] Tout écrivain réaliste est libre de s’écarter d’un chemin aussi serpenteux, que n’ont jamais suivi nos meilleurs classiques, qui étaient cependant réalistes et très réalistes. […] Le plus grand astre du firmament britannique, l’illustre Shakespeare porta le Réalisme à un certain point où n’oserait peut-être pas le suivre Zola. […] Les géographes, les paysagistes et les auteurs de marines qui suivent les traces de Fenimore Cooper, le capitaine Mayne-Reyd, le capitaine Marryat, et d’autres capitaines, jouissent aussi de la faveur de ce peuple colonisateur et touriste.
Les pages qui suivent ne sont pas de critique, mais d’analyse psychologique ou littéraire. […] Cependant le poète suit bien sagement son calendrier et, comme Virgile oublie un instant les soins que l’on donne aux abeilles pour nous conter l’aventure d’Aristée, M. […] Par cette méthode, toute spontanée, il apparut aux uns tel qu’un philosophe, aux autres tel qu’un poète, et les clients qui suivirent sa litière sortirent de toutes les régions intellectuelles. […] Quelques-uns ne suivirent M. […] Le résultat, en plusieurs volumes de contes et particulièrement dans les Vies Imaginaires, est qu’une centaine d’êtres sont nés, remuent, parlent, suivent les routes de terre ou de mer avec une merveilleuse certitude vitale.
L… pousse un juron formidable, suivi d’un appel olympien, dont le retentissement sonore se prolonge de salle en salle, pénètre dans les cabinets particuliers, et arrache la dame de comptoir aux mystérieuses combinaisons d’addition par erreur. […] Il n’en dormit pas la nuit qui suivit ce désastre. — Le lendemain, on donnait une première représentation dans un grand théâtre. […] Dans les théâtres, où il assiste à toutes les pièces nouvelles, il affecte de n’en suivre la représentation qu’avec indifférence. […] Chaque fois qu’un consommateur demande le journal où il se trouve imprimé, il suit des yeux les mouvements de son visage pendant sa lecture, et si elle ne se continue pas jusqu’à la colonne où se trouve son article, il ne peut cacher son dépit. […] Adopter en tout, et proclamer partout et toujours le système du maître qu’il veut suivre ; avoir dans sa poche du drap de toutes les couleurs, afin de changer de cocarde littéraire en même temps que celui-ci.
Ne cherchez pas d’autre titre à l’intérêt qui s’attache au nom de Juliette dans ce siècle et qui la suivra plus loin que son siècle ; elle fut la beauté ! […] Je l’admirais passionnément, non comme homme, mais comme génie ; j’étais trop petit pour porter aucune ombre sur sa trace ; mais, soit que madame Récamier se souvînt de notre rencontre muette chez la duchesse de Devonshire, soit qu’elle fût flattée de produire un nom naissant de plus aux yeux de son cénacle dans son salon, elle me fit allécher par tant de grâces indirectes que je ne pus me refuser, malgré mon éloignement pour les camarillas lettrées ou politiques, à me laisser présenter à elle dans ce couvent de l’Abbaye-aux-Bois, où je devais plus tard suivre le convoi indigent du pauvre Ballanche. […] Je me levai enfin pour me retirer ; il me suivit, en me retenant par le pan de mon habit, jusque vers la porte.
Rousseau, il faut le suivre de son berceau, dans une boutique d’horloger, jusqu’à sa tombe, dans le jardin d’un grand seigneur de Paris. […] Elle suivait sa bonne et sa mauvaise fortune, elle lui gardait avec soumission et tendresse son ménage intime au retour des palais et des fêtes élégantes qu’il fréquentait pour y porter d’autres hommages et pour y chercher d’autres jouissances auprès d’autres femmes de ville et de cour qui caressaient mieux sa sensualité ou sa vanité. […] Son costume d’Arménien le fait suivre dans les rues, et il se plaint de l’importunité qu’il provoque.
Daignez me suivre. […] Après avoir suivi les détours de ce chemin pittoresque dont les moindres accidents réveillent des souvenirs et dont l’effet général tend à plonger dans une sorte de rêverie machinale, vous apercevez un renfoncement assez sombre, au centre duquel est cachée la porte de la maison à M. […] ” Son exclamation était toujours suivie d’un regard indéfinissable que lui jetait la vieille servante.
Lorsqu’il reparut, deux heures après, suivi de trois docteurs qu’accompagnaient des gardiens munis de cordes, le désolant fol avait disparu. […] Nous serions heureux de pouvoir, pour cette fin, trouver un renseignement précieux dans la contemplation des procédés que suivit Beethoven vers le développement de son génie musical. […] Lettre sur la musique, page 57 : remarquer les mots par intervalles et encore, et lire ce qui précède et ce qui suit.
Mais au moment d’y entrer on lui défend d’y pénétrer avec son chien, qui l’a suivi seul jusqu’à ces limites du monde. […] » Damayanti suit néanmoins la caravane, couverte à peine de haillons, et insultée à l’entrée et la sortie des villes par les dérisions de la populace. […] « La femme aux joues vermeilles attire sur son sein la tête de son bien-aimé ; elle soupire et sourit à la fois ; ils passent la nuit à se redire comment ils avaient erré sans guide, sans vêtement et sans nourriture, dans la forêt. » XXXVIII Nala, purifié de ses fautes par le pardon de l’amour, rentre, suivi de Damayanti, de ses enfants et de ses serviteurs, dans ses États.
Si l’on ne connaissait pas la date du Cid ou d’Horace, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que Britannicus ou Bajazet les ont assurément suivis. […] Mais ce n’est pas Villon qu’on a suivi. […] Comme nous ne suivons pas, — et pour cause, — dans les notes de ce premier chapitre, l’ordre chronologique, mais plutôt un ordre systématique, c’est cet ordre aussi que nous observons dans l’énumération des Sources, et nous avons moins d’égard à la date de publication des ouvrages qu’à la nature de leur contenu.
Les horticulteurs suivent les mêmes principes ; mais ici les variations sont souvent plus soudaines. […] Si l’on rapproche les documents anciens que l’on possède sur les Pigeons Messagers et Culbutants, de l’état actuel de ces races dans les Iles Britanniques, dans l’Inde et dans la Perse, il est possible de suivre toutes les phases que ces races ont traversées successivement pour en venir à tant différer du Pigeon Biset. […] L’Oie commune, au contraire, n’a fourni qu’un très petit nombre de variétés ; il s’en est suivi que la race de Toulouse et la race commune, qui diffèrent seulement en couleur, le moins constant de tous les signes caractéristiques, ont été exhibées comme distinctes à nos expositions de volatiles.
Si en effet ce rhythme pompeux, que l’ancienne poésie grecque a rarement fait servir à l’inspiration lyrique, est loin de pouvoir, aussi bien que l’impétueuse diversité du dithyrambe, suivre tous les mouvements de la muse hébraïque et s’élancer ou se briser comme elle, il nous semble cependant que cette paraphrase est encore toute frémissante d’une poésie qui doit tenir beaucoup du texte hébreu. […] Ce reste des blessures du siècle le suivra, le tourmentera dans la retraite, soit cette retraite passagère et troublée qu’il se faisait parfois au milieu des splendeurs de sa métropole, soit cette solitude profonde et sans retour où il ensevelit ses dernières années. […] Qu’elle a suive de préférence la loi d’un saint hymen, inviolable et pur, inaccessible à tout criminel désir !
De telles gens sont parfois des trouble-fête ; il en faut pourtant de cette trempe et de ce ton pour faire contrepoids aux mous, aux doucereux, aux « âmes moutonnières », comme il les appelle, à tous ceux qui suivent la vogue et le succès, aux honnêtes gens prudents qui se ménagent, qui prennent leurs précautions de toutes parts, qui passent leur vie à côté du mal en se gardant bien de le voir et d’y croire, pour ne pas avoir à le dénoncer. […] Diafoirus dit en parlant de son fils : « Mais sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle touchant la circulation du sang, et autres opinions de même farine. » Les créations comiques de Molière sont immortelles en ce qu’elles ont pied à tout moment dans la réalité.
Redemandant cette même faveur d’être aide de camp du roi pour la campagne qui suivit celle de Namur, et qui fut la dernière que fit Louis XIV, Lassay savait bien qu’il allait au cœur de Mme de Maintenon lorsqu’il insistait sur la prudence et qu’il disait bien plus en courtisan qu’en soldat : Si je ne regardais que mon intérêt particulier, par toutes sortes de raisons je souhaiterais ardemment qu’il (le roi) allât commander ses armées, mais je crois qu’il n’y a pas de bon Français qui doive souhaiter qu’il y aille : quand je songe à Namur, je tremble encore ; sans compter les autres périls, le roi passait tous les jours au milieu des bois qui pouvaient être pleins de petits partis ennemis ; on n’oserait seulement porter sa pensée à ce qui pouvait arriver : que serait devenu l’État, et que serions-nous devenus ? […] Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et, depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène… Les circonstances qui précédèrent et suivirent ce mariage furent assez singulières, et achevèrent de donner à Lassay, de lui confirmer aux yeux du monde le caractère de bizarrerie et d’excentricité qui tenait plus aux personnes auxquelles il s’était lié, qu’à lui-même.
Bonstetten, sous ses airs de xviiie siècle, est spiritualiste, et très spiritualiste ; il croit à l’éducation continuelle, à l’acquisition et au renouvellement possible jusqu’à la fin de la vie : Ce n’est pas parce qu’on est jeune que l’on apprend quelque chose, mais parce que dans la jeunesse on vous tient au travail et qu’on vous fait suivre avec méthode une pensée. […] Prenez l’habitude de ne fixer aucune pensée, gardez-vous de tout travail sérieux et suivi, tâchez de ne rien observer, d’être les yeux ouverts sans voir, de parler sans avoir pensé : alors, dans l’ennui qui vous dévore, laissez-vous aller à toutes vos fantaisies, et vous verrez les progrès rapides de voire imbécillité.
Ici le Mémoire très bien fait que j’ai sous les yeux, et qui émane évidemment d’une plume distinguée autant que d’une belle âme, a cru devoir entrer dans des détails précis, circonstanciés, sur les rebuts et les dégoûts inhérents à la pratique de la charité : je me garderai de le suivre ; nous sommes pour cela trop délicats. […] Il y a eu de grands siècles littéraires : nul né les salue et ne les admire plus profondément que moi ; mais de nos jours la littérature a pris un développement plus suivi, plus régulier, en rapport avec une société moyenne ou démocratique qui consomme prodigieusement.
La vôtre, mon cher Samaritain, suivra l’ordre divin qu’elle a reçu d’aller verser l’huile sur toutes les blessures… « Le fils de cette femme est très malade, pauvre comme sa mère, très joli, très musical, très fier et très intelligent, — un Chatterton. […] Si une punition triste et éternelle suivait une vie si orageuse et si amère, mon âme éclaterait de douleur. » Son âme aimante, encore plus que son bon sens, se refusait à cette idée d’une éternité de peines. — Quelques mois après la publication de ces articles, M.
Mais lorsque, deux ans après, parut le tome second de l’Indifférence, et que l’auteur développa sa théorie de la certitude, puis les applications successives de cette théorie au paganisme, au mosaïsme et à l’Église, l’attention publique, détournée ailleurs, ne revint aucunement ; sur ce terrain il n’y eut plus guère que le clergé, les théologiens gallicans et les personnes faites aux controverses philosophiques, qui le suivirent. […] Mais ayant en face de lui un pouvoir temporel qui se disait à tout propos très-chrétien, et un parti libéral, révolutionnaire, à qui il supposait au contraire des intentions très-antichrétiennes, il n’eut d’autre marche à suivre que d’opposer d’un côté aux champions de la souveraineté du peuple quand même la souveraineté de l’ordre d’esprit et de justice, et, d’un autre côté, de parler aux défenseurs soi-disant chrétiens de l’obéissance passive le langage catholique sur l’admissibilité des pouvoirs et la suprématie d’une seule loi.
En ce cas, l’enfance et la première jeunesse de M. de Balzac au collége se rapportent bien à ce qu’on pourrait conjecturer : une imagination active, spirituelle ; de l’ébullition, du désordre et de la paresse ; des lectures avides, incohérentes, à contre-temps ; l’amour du merveilleux ; les études mal suivies ; un mauvais écolier sans discipline, semper aliud agens, que ses maîtres chargent de pensums et que ses camarades appellent du sobriquet de poëte. […] Au reste, malgré les trente ouvrages promis et donnés par l’auteur du Vicaire, aucune œuvre suivie n’entrait alors dans sa pensée ; il écrivait au hasard, à foison, sans but ni souci littéraire.
Et parmi ceux qui ne donnent pas le mouvement, mais qui se montrent attentifs à le suivre, ce genre d’influence est très-sensible : le Journal des Savants contient des articles de M. […] Que si on s’en tient aux récits contemporains et à ses œuvres mêmes, on arrive à quelque chose de plus suivi et de plus cohérent, à quelqu’un de plus réel.
Gaillard (qui s’entremettait pour lui) que je suis un philosophe sans entêtement, et qui regarde Aristote, Épicure, Descartes, comme des inventeurs de conjectures que l’on suit ou que l’on quitte, selon que l’on veut chercher plutôt un tel qu’un tel amusement d’esprit. » C’est ainsi qu’on le voit engager ses cousins à prendre le plus qu’ils pourront de philosophie péripatéticienne, sauf à s’en défaire ensuite quand ils auront goûté la nouvelle : « Ils garderont de celle-là la méthode de pousser vivement et subtilement une objection et de répondre nettement et précisément aux difficultés. » Ce mot que Bayle a lâché, de prendre telle ou telle philosophie selon l’amusement d’esprit qu’on cherche pour le moment, est significatif et trahit une disposition chez lui instinctive, le fort, ou, si l’on veut, le faible de son génie. […] Si, par impossible, quelque bel esprit janséniste avait entretenu une correspondance littéraire, y rencontrerait-on jamais des lignes comme celles qui suivent ?
Une enfance sans parents, un mariage sans tendresse, un mari qui la trompe, la ruine, et se fait tuer pour une autre, la laissant veuve en pleine jeunesse, en pleine beauté, avec deux enfants à élever ; ces enfants à peine élevés, les craintes pour le fils qui va à l’armée, le désespoir surtout de perdre la fille qui suit son mari à l’autre bout du royaume, et dès lors de longues séparations qui remplissent tous ses jours d’inquiétude, de brèves réunions où sa tendresse, irritée et froissée à tout instant, envie les tourments de l’absence ; la fortune qui s’en va, l’argent difficile à trouver, le dépouillement, lent et douloureux, pour payer les fredaines du fils, l’établir, le marier, mais surtout pour jeter incessamment dans le gouffre ouvert par l’orgueil des Grignan ; une petite-fille à élever, tant de veilles, de soins, d’appréhensions, pour voir la pauvre Marie Blanche, ses petites entrailles, disparaître à cinq ans dans un triste couvent ; la vieillesse, enfin, triste avec les rhumatismes et la gêne : telle est la vie de Mme de Sévigné359. […] Elle livra ainsi l’État, dans des circonstances terribles, à des gens qui n’étaient bons que pour suivre une procession.
A ce principe s’en joint un autre, qui inspire toute la méthode : il faut suivre la nature, l’aider, la redresser au besoin, surtout la développer. […] Mais, dans les pages qui suivent, le voilà qui veut tout brouiller : il se plaint de la pauvreté de la langue, il regrette l’épuration à laquelle Malherbe, Vaugelas et leurs contemporains ont procédé ; il regrette le court, nerveux et pittoresque langage du xvie siècle.
On sait comment les fantaisies parurent d’abord sur la scène du théâtre français de Saint-Pétersbourg, d’où Mme Allan les rapporta : le Caprice fut joué d’abord (nov. 1847) ; et peu à peu le reste suivit. […] Après avoir suivi docilement la tradition dans les Vêpres Siciliennes (1819), il habille d’oripeaux romantiques la maigreur de la tragédie pseudo-classique ; et par ses drames vides de psychologie, d’une sentimentalité fausse ou banale, d’un pittoresque criard et plaqué, par son Marino Fuliero (1829), son Louis XI (1832), ses Enfants d’Edouard (1833), il escamote d’assez bruyants succès.
Pour que cette exception, dont me suit le charme, fonctionne, ordinaire, élégante, hautaine, se doit un sol traditionnel introublé : le même, où halètent des provinces de fer et de poussier populeuses, supporte la jumelle floraison, en marbres, de cités, construites pour penser. […] Suivez, que se passe-t-il ?
Entre l’écrivain qui les voit par l’esprit, sous la forme de types, et celui qui, l’œil fixé sur l’objet, en suit servilement les contours comme la lumière indifférente dans l’appareil photographique, il y a le peintre. […] Elle avait suivi ses admirations.
Pour répondre à cette question, ceux qui sauraient déjà la géométrie raisonneraient comme il suit. […] Pour ceux qui savent déjà la géométrie, il serait aisé de le leur faire comprendre en raisonnant comme il suit.
Quoique ce ne soit-là qu’un très-petit échantillon de l’urbanité des Apôtres de la Philosophie à l’égard des successeurs des Apôtres du Christianisme, quelques-uns de ceux-ci ne laissent pas d’avoir beaucoup d’estime pour les premiers : on a vu même plusieurs Lévites abandonner les pavillons d’Israël, pour suivre ceux de la Philosophie*, & déclamer ensuite contre Israël avec plus d’acharnement que les autres Sectaires. […] Qu’on ose dire, après cela, que la Philosophie n’est pas l’art de manier les esprits ; que son flambeau n’est pas un guide capable de se faire suivre par-tout où il veut conduire ; que ses prestiges n’ont pas le pouvoir de transformer les êtres au gré de ceux qui ont le don de la métamorphose.
Augier semblait s’être retiré de la poésie dans cette maison de santé littéraire qui s’appelait l’école du bon sens, et il faut dire que son vers l’avait suivi dans sa retraite ; il avait perdu sa fleur, sa fraîcheur, sa légèreté juvénile, il économisait ses rimes, il épargnait ses métaphores. […] voici Louis XIII qui entre, suivi de Richelieu.
Cette femme qu’il adore en la maudissant, il la suit, il la voit entrer dans la maison de celui qu’il a toute raison de prendre pour son séducteur, son acheteur, pour mieux dire. […] Cette femme s’est laissée follement prendre dans une lugubre aventure, elle est entraînée vers le mal par un homme qu’elle déteste et méprise au fond, et elle suit, avec un sombre égarement, ce morne esclave qui va bientôt devenir son maître.
Dans une étude un peu suivie du xviiie siècle, Mme de Pompadour est inévitable. […] [NdA] Parlant de Diane de Poitiers, la Pompadour de son temps, un poète du xvie siècle, Olivier de Magny, disait : Partout où vous allez, et de jour et de nuit, La piété, la foi, et la vertu vous suit, La chasteté, l’honneur…………………… Ces poètes ont une façon de prendre les choses, qui n’est qu’à eux.
Le poète Racan était ami de son père et avait fait pour lui une de ses plus belles odes, dans laquelle il l’exhortait à la retraite : Bussy, notre printemps s’en va presque expiré ; Il est temps de jouir du repos assuré Où l’âge nous convie : Fuyons donc ces grandeurs qu’insensés nous suivons, Et, sans penser plus loin, jouissons de la vie Tandis que nous l’avons. […] Je n’ai voulu qu’ajouter quelques impressions de lecture à leur travail exact et suivi, aux développements si complets de l’un, et au, résumé si net de l’autre.
Si d’autre part, ayant construit les conséquences logiques qui devraient suivre l’existence d’un libre arbitre, on abaisse les yeux sur la réalité pour y découvrir ces conséquences, on s’aperçoit aussitôt qu’elles y sont absentes. […] Il suit de là que le mal moral ne devrait pas exister.
La haute raison des libres-penseurs ne se déformera pas beaucoup en découvrant que ce fut la routine d’une religion timorée, comme si tout ce qui ne change pas, tout ce qui se suit et ce qui dure n’était pas aussi une routine, depuis la fidélité dans l’amour jusqu’au train du ciel étoilé au-dessus de nos têtes, depuis la persévérance dans la volonté de l’homme jusqu’à l’adoration perpétuelle des Anges devant le trône de Dieu ! […] » La servante de Jésus-Christ s’embaumait de la douceur et de la pitié de son Maître, quand il adressait presque le même adieu voilé et tendre à ceux qui l’avaient suivi sur la terre.
Je défendais aux hommes de cueillir des prunes ; on n’avait le droit de ramasser que celles tombées dans l’herbe, mais les petits des villages, qui nous suivent toujours, sont montés dans les arbres et ont secoué. […] Partir vers minuit, suivre dans la nuit sombre, à travers les sapins, un sentier caillouteux et couvert de verglas ; observer un silence absolu, tomber, se relever, s’égarer, retrouver enfin son chemin et, une fois arrivés, placer les sentinelles, faire coucher les hommes, reconnaître, en cas d’attaque, les tranchées de combat ; enfin songer à soi, et se jeter sur la paille, le revolver à la ceinture.., voilà ce que c’est qu’une relève.
Je me sens au contraire lié à cet homme qui me dit de ne pas suivre ce chemin, et qui me le dit par sympathie pour moi poussé par un intérêt commun, par un intérêt d’humanité. […] Le monde les suivra et toutes ses barrières seront percées à jour.
Qui n’a suivi parfois un de ces crieurs qui vont, le long des rues de faubourgs, portant en bandoulière un sac plein de journaux et de livraisons à bon marché ? […] Aimez ceux dont vous aurez à parler, car c’est la condition essentielle pour qu’ils se reconnaissent et vous suivent.
La Cour de Cassation reconnaît à toute société autorisée, sinon la capacité de recevoir des libéralités, du moins la capacité d’ester en justice, — d’où suit la capacité de contracter. […] — Et il faut reconnaître que souvent la même dignité suit l’homme à travers les cercles les plus variés, et qu’ainsi, changeant de groupe, on peut dire qu’il ne change pas de classe.
C’est une loi du droit naturel des gens, que le domaine suit la puissance. […] La Providence, en faisant naître les familles, qui, sans connaître le Dieu véritable, avaient au moins quelque notion de la Divinité, en leur donnant une religion, une langue, etc., qui leur fussent propres, avait déterminé l’existence d’un droit naturel des familles, que les pères suivirent ensuite dans leurs rapports avec leurs clients.
MM. les ministres, consultés par vous à ce sujet, monsieur le président, ont bien voulu autoriser la Commission à suivre l’esprit plutôt que la lettre de l’arrêté, et à proposer cette fois d’attribuer cette seconde prime de trois mille francs à un ouvrage qui a plus de quatre actes, qui par conséquent est plus considérable qu’on ne le demande, et qui remplit d’ailleurs si bien les vues de l’institution.
On ne s’attend pas que je suive Villars dans les dernières années de sa vie ; il avait soixante-deux ans à la mort de Louis XIV, et il en vécut encore près de vingt.
En les livrant au lecteur qui m’aura suivi jusqu’à la fin de ce huitième volume de Portraits, je me persuade avoir affaire à-un ami.
La scène où l’on réveille Louis XVI est le contre-coup fatal de celles où, quinze ans auparavant, on suivait la fin honteuse de Louis XV.
Les efforts de pareils individus se perdaient alors dans le tourbillon universel ; les passions déchaînées suivaient leur développement fatal ; elles étaient l’âme de la Révolution, le moteur aveugle, irrésistible de cette machine vaste et puissante.
Le plus actif, le plus nécessaire et le plus méritant des cinq membres, vers cette époque du 18 fructidor et durant les vingt mois qui suivirent, celui qui représente du gouvernement directorial toute la partie bonne et honnête, de même que Barras en représente toute la partie cupide et honteuse, est La Révellière, au nom duquel se rattache, comme un ridicule, le souvenir des théophilanthropes, et dont jusqu’ici on s’est plu à nous faire une espèce d’abbé de Saint-Pierre, tour à tour occupé de sa botanique et de ses hymnes à l’Être suprême.
Saint-Beuve a déjà détaché un fragment de cet article, ainsi que des deux qui suivent immédiatement sur les Mémoires de Casanova de Seingalt et Le Livre des Pèlerins polonais par le poëte Mickiewicz, dans la dernière édition des Portraits Contemporains (tome II, page 505, 509, 512).
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde.
Le danger du genre qu’il a créé, et dans lequel nul jusqu’ici n’a pu le suivre, c’est que la thèse ne détruise le drame.
Car si Joris-Karl Huysmans a suivi une gradation qu’on peut noter dans l’agencement de ses œuvres, on ne peut pas trouver depuis presque le Drageoir aux épices, sûrement depuis les Croquis parisiens, de modification en son écriture.
Dans un article : les Symbolistes, il écrivait : « À qui suit de près la jeunesse littéraire et se rend compte de la totalité de son effort, il n’apparaît point que les esprits soient tournés plutôt vers le Symbolisme que vers n’importe quoi.
Mais comment nos critiques à tant la ligne pourraient-ils suivre cet exemple, eux, qui manquent de goût pour discerner le beau et qui adorent la réclame au point de s’intéresser plutôt aux œuvres bruyantes qu’aux œuvres vraiment belles ?
Il était défendu de manger et de boire avec eux 671 ; c’était un axiome de certains casuistes qu’« un morceau de pain des Samaritains est de la chair de porc 672. » Quand on suivait cette route, on faisait donc ses provisions d’avance ; encore évitait-on rarement les rixes et les mauvais traitements 673.
Plus importante et moins aléatoire est celle qui suit l’homme dans son développement.
D’après ce principe établi par systême, ou suivi par instinct, tout est devenu problématique sous sa plume.
Il suivit d’abord le barreau.
J’ai suivi cette longue enfilade de bustes, cherchant toujours inutilement quelque chose à louer.
Elle consiste dans une refléxion sérieuse sur les ouvrages des grands maîtres, suivie d’observations sur ce qu’il convient d’imiter, et sur ce qu’il faudroit tâcher de surpasser.
Maintenant il ne faut pas s’y tromper, l’émancipation des colonies doit suivre la règle de l’émancipation des enfants.
Le mal n’est point — comme le dit ce prudent de Lescure un peu à la légère — d’être un satirique, d’avoir suivi cette vocation terrible qui ne rapporte que des douleurs à ceux qui l’ont, d’avoir touché à cette arme « sur laquelle on mêle son sang à celui de la victime », mais d’avoir été un satirique à froid, sans sincérité profonde, esclave des autres, et ne s’appartenant pas, à soi !
C’est un bazar excessivement varié, où l’on trouve de tout, même de la politique de rechange dans cette chronique qui, pour ne pas mentir à son nom, a suivi les ondulations des ministères pendant dix-huit ans !
Les suit-il avec la longueur de regard qu’il faudrait pour en poursuivre et en atteindre les conséquences universelles ?
Le premier volume dégoûtera de ceux qui vont suivre, et c’est la gloire de Madame Sand qui paiera les frais de cette triste spéculation.
Parti non le premier, ni même le second des Coureurs Olympiques du temps, il est arrivé aujourd’hui, montrant plus que ce maigre volume de poésies qui a suivi au bout de tant d’années les Contes d’Espagne et d’Italie (cette éblouissante promesse d’une jeunesse, trahie par la virilité), et n’ayant jamais eu dans sa vie de Contemplations !
Et on n’oubliait pas surtout la fameuse strophe : Non loin quelques bœufs blancs couchés parmi les herbes Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intérieur qu’ils n’achèvent jamais !
Les hommages suivirent Théodose jusqu’au-delà du tombeau.
On pourrait en suivre pas à pas la genèse, montrer quels vers ont dû être faits les premiers, quels les derniers, et pourquoi. […] La rime a un charme propre et qui se suffit : l’on le voit par certaines chansons populaires et par ces rondes d’enfants où il n’y a que des assonances et aucune idée suivie. […] On suit les méandres des longues périodes où l’on est amusé par chaque mot et bercé par la phrase entière. […] Il donne là un exemple que beaucoup de ses contemporains devraient suivre. […] Il loue ou blâme les livres selon qu’ils suivent ou enfreignent les règles qu’il a dégagées de ses modèles préférés, si bien qu’au fond ce qui est beau, c’est ce qui lui plaît.
Il y avoit matiere à discourir, il y a des siecles qu’on suit la routine des colleges, & qu’on finit après neuf & dix ans d’étude, par n’être qu’en état d’apprendre. […] Notre biscayen a suivi le conseil, il a des écoliers plus qu’il n’en veut, & chose incroyable, il apprend très bien aux autres, ce qu’il ne sait pas lui-même. […] Elle suit les fantaisies du siecle avec une docilité surprenante. […] Il faut l’endosser pour devenir savant, & pour être suivi. […] Mais qui vous dira qu’ils ne suivront pas l’impulsion d’un méchant homme, qui pour perdre un concurrent, fera de faux rapports….
Je me trompe, c’est l’argent qui a suivi le banquier pour le récompenser de l’avoir préféré à l’honneur. […] Guizot, je prenais d’autant plus de plaisir à écouter son rival oratoire, que j’étais plus assuré contre l’envie de le suivre. […] C’est aux générations qui nous suivront à juger nos témoignages et à rendre le verdict. […] On y lit ce qui suit : L’École normale a changé bien des fois et changera bien des fois encore ; il en sort les générations les plus différentes. […] Je n’en continue pas moins à m’en garder rancune, et c’est en manière de confession et de soulagement que j’écris les pages qui suivent sur cet homme d’un esprit si rare, d’un cœur plus rare encore.
Il lui faut donc tout ensemble s’occuper de définir sa pensée à ses propres yeux, et de la rendre claire aux yeux de ceux qui suivent sa leçon. […] Pour Molière, suivre la nature consiste à marier les jeunes gens. […] Il suit tout droit son chemin de romancier. […] C’est pourquoi je ne te suivrai plus. […] Dès le moyen âge, les jardiniers français avaient créé et suivaient une tradition nationale, que les gentillesses italiennes menacèrent bientôt d’abâtardir.
……… Cependant le char roule, Il nous entraîne, et nous suivons la foule Vers ces jardins par Le Nôtre plantés, D’un peuple oisif chaque soir fréquentés. […] Il ajoute que le souvenir de ses premières félicités suivit Jean-Jacques dans l’ombre des villes : . . . . . . . . . . . […] Ces « psaumes modernes », comme Lamartine avait voulu les nommer, sont en effet un vaste cantique au Divin perçu et considéré successivement dans toutes ses manifestations et tous ses modes ; mais ils suivent, si je ne m’abuse, une espèce d’ordre logique, naturel et ascendant. […] … Suit une vision des derniers âges. […] La tyrannie en vain se fatigue à l’y suivre.
Polyeucte se dit : « C’est fini ; plus rien à faire… Elle ne m’aime pas, elle ne me suivra point. […] dit Pauline, Je te suivrai partout, et mourrai si tu meurs. — Ne suivez point mes pas ou quittez vos erreurs. […] Tout cela se fera par des valets : Séverine fait tout bonnement suivre son mari par sa femme de chambre. […] C’est une pièce d’été, facile à entendre et à suivre, sans duretés ni surprises, unie, aimable, douce, et même doucette.
. — Deux traits principaux : les idées distinctes et les idées suivies. — Construction psychologique de l’esprit français. — Narrations prosaïques, manque de coloris et de passion, facilité et bavardage. — Logique et clarté naturelle, sobriété, grâce et délicatesse, finesse et moquerie. — L’ordre et l’agrément. — Quel genre de beauté et quelle sorte d’idées les Français ont apportés dans le monde. […] Rien de plus clair que le style de ses vieux contes et de ses premiers poëmes ; ou ne s’aperçoit pas qu’on suit le conteur, tant sa démarche est aisée, tant le chemin qu’il ouvre est uni, tant il se laisse glisser doucement et insensiblement d’une idée dans l’idée voisine ; c’est pour cela qu’il conte si bien. […] Le Normand a amené avec lui son ménestrel ; il y a un jongleur Taillefer qui chante la chanson de Roland à la bataille d’Hastings ; il y a une jongleuse, Adeline, qui reçoit une terre dans le partage qui suit la conquête. […] Le premier Anglais qui s’y essaye est un prêtre d’Ernely, Layamon110, encore empêtré dans le vieil idiome, qui tantôt parvient à rimer, tantôt n’y réussit pas, tout barbare et enfant, incapable de développer une idée suivie, et qui balbutie de petites phrases heurtées ou inachevées, à la façon des anciens Saxons ; après lui un moine, Robert de Gloucester111, et un chanoine, Robert de Brunne112, tous deux aussi insipides et aussi clairs que leurs modèles français ; en cela ils se sont francisés et ont pris le trait marquant de la race, c’est-à-dire l’habitude et le talent de raconter aisément, de voir les objets émouvants sans émotion profonde, d’écrire de la poésie prosaïque, de discourir et développer, de croire que des phrases terminées par des sons semblables sont de vrais vers. […] Par exemple, le roi d’Écosse étant venu à Londres avec cent chevaliers125, tous, mettant pied à terre, abandonnèrent au peuple leurs chevaux avec les superbes caparaçons, et aussitôt cinq seigneurs anglais qui étaient là suivirent par émulation leur exemple.
L’attention involontaire est, physiologiquement, un réflexe vaso-moteur qui suit immédiatement l’excitation de telle ou telle partie du sensorium par un stimulus extérieur. […] L’hallucination suggérée peut être suivie d’une image consécutive, comme si c’était une sensation réelle : suggérez l’hallucination d’une croix rouge sur du papier blanc, le sujet, en regardant une autre feuille de papier, verra une croix verte. […] Un sujet très sensible suivra l’hypnotiseur tout autour de la chambre ou dans la maison ; il pourra même, assis dans un fauteuil, suivre avec la tête, comme une aiguille aimantée, la marche de l’hypnotiseur autour de la maison.
Il fatiguait la Victoire à le suivre ; Elle était lasse : il ne l’attendit pas. […] Mes enfants, dans ce village, Suivi de rois il passa ; Voilà bien longtemps de ça : Je venais d’entrer en ménage. […] Suivi d’une faible escorte. […] Chantez une de mes chansons puisqu’elles vous consolent, mais surtout suivez ma morale : le bon Dieu, le travail et les honnêtes gens !
il m’est arrivé souvent de désirer, en le lisant, que M. de Saint-Victor suivît cet exemple et n’y mît pas plus de façons.
Ses premiers mécomptes, la manière naturelle et facile dont Raymon les répare, dont il la fascine et l’enchante ; l’éclair sinistre qu’un mot de sir Ralph sur l’aventure de Noun jette dans l’esprit d’Indiana, le coup qu’elle en reçoit et qu’elle rend à Raymon ; sa croyance en lui, malgré la découverte, sa résolution de fuir avec lui, de se réfugier chez lui, plutôt que de suivre son mari au départ ; cet abandon immense, généreux, inébranlable, sans souci de l’opinion, sans remords, et mêlé pourtant d’un superstitieux refus ; toute cette analyse vivante est d’une vérité, d’une observation profonde et irrécusable, qu’on ne saurait assez louer.
Il est nécessaire à un auteur, en ces sortes de compositions, de s’arrêter souvent et de n’avancer que pas à pas, pour suivre sans écart le courant caché.
Aucun monument véritable, aucune pièce étendue et exemplaire, n’a suivi les admirables préludes que leurs auteurs n’ont pas surpassés ; la perfection du genre n’est pas venue.
La grande raison politique alors se bornait à rappeler combien les Anglais avaient mis d’années pour arriver à la liberté dont ils jouissent ; ce qui signifiait apparemment que les antres peuples étaient condamnés à ne les suivre qu’à quelques siècles de distance.
Dans le cours de sa plainte austère, Alvise, qui s’exalte, arrive jusqu’à dire à Ordonio : « Je vous observais depuis longtemps ; … je suivais tout… Si vous eussiez aimé vraiment, … si vous eussiez été aimé, … peut-être… alors… qui sait ?
Les Français feraient un livre mieux que les Anglais, en leur prenant leurs idées ; ils les présenteraient avec plus d’ordre et de précision : comme ils suppriment beaucoup d’intermédiaires, leurs ouvrages exigent plus d’attention pour être compris ; mais la classification des idées y gagne, soit par la rapidité, soit par la rectitude de la route que l’on fait suivre à l’esprit En Angleterre, c’est presque toujours par le suffrage de la multitude que commence la gloire ; elle remonte ensuite vers les classes supérieures.
Les frères d’armes l’ont suivi jusque-là.
On suit assez bien les transformations de ces types à travers le moyen âge, jusqu’à l’époque de la Renaissance, où leur rôle s’agrandit et leur succès prit des proportions nouvelles.
Il n’est pas de ligne qui, suivie jusqu’au bout, ne mène à ce foyer.
Le christianisme naissant, du reste, ne faisait en ceci que suivre la trace des Esséniens ou Thérapeutes et des sectes juives fondées sur la vie cénobitique.
J’ai peint à la vérité d’après nature ; j’ai pris un trait d’un côté et un trait d’un autre, et de ces divers traits, qui pouvaient convenir à une même personne, j’en ai fait des peintures vraisemblables, cherchant moins à réjouir les lecteurs par la satire de quelqu’un, qu’à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre ».
Où trouver une touche plus philosophique, que dans la Description des maux qui suivent la mollesse & l’oisiveté ?
Lucrece a suivi la même route, sans que sa réputation s’en soit moins étendue chez les Latins.
Par tout je les retrouve & j’en vois quelque gage, L’espérance renaît, elle suit leur image.
« On ne croit plus de nos jours aux possédés, quoiqu’on croie à ceux de l’écriture. » Le sentiment de l’anabaptiste Vandale, suivi par Fontenelle, scandalisoit de P.
Quelle est la meilleure rhétorique pour un jeune homme, demandoit-on à un vieillard qui avoit suivi avec honneur la carrière des Démosthène ?
Il a l’air d’approuver par ce mot ce voleur qui suit l’exemple des autres : proposition insoutenable en morale.
Le vrai y est exposé avec cette aimable liberté qui sied si bien dans les ouvrages, où l’esprit ne fait que suivre les sentimens du cœur.
L’ame livrée toute entiere aux idées qui s’excitent dans l’imagination échauffée, ne sent pas les efforts qu’elle fait pour les produire : elle ne s’apperçoit de sa peine que par cette lassitude et par cet épuisement qui suivent la composition.
Diplomates tous deux, ils n’ont influé, ni Donoso Cortès sur la situation de l’Espagne, livrée dès ce temps-là à une anarchie qui allait épouvantablement s’accroître, ni Raczynski sur le Roi de Prusse, qui le voulait bien pour son serviteur d’apparat et d’étiquette, mais qui ne suivait pas ses conseils.
Il a la petite camisole de force de son habit, il la sent sur lui, et il en est gêné… Lorsque les notices qu’il s’est permises sur ses confrères morts doivent être suivies de notices sur ses confrères vivants, quand il a épuisé la liste des extraits mortuaires, il s’arrête… Il voudrait peut-être aussi, lui, comme Pélisson, pour continuer, des arbres et des fontaines, et peut-être va-t-il les chercher ; car il termine brusquement son histoire, si l’on peut nommer du nom d’histoire ces anecdotes et ces commérages, choses trop petites pour n’avoir pas passé à travers les trous de ce crible qu’on appelle la mémoire des hommes, et qu’il était si peu nécessaire de ramasser !
L’ouvrage qu’il publia sous ce titre, d’une longueur allemande : Histoire de France, principalement au xvie et au xviie siècle, marque avec plus de netteté que jamais la voie qu’il a toujours suivie, et dans laquelle il a marché le front parfaitement essuyé des premières ferveurs de sa jeunesse.
la prétention, dans un seul chapitre, de suivre un auteur qui a devant lui l’espace de deux longs volumes pour dérouler les faits d’un règne de dix-huit ans.
Jules Simon, qu’il appelle La Religion naturelle, et qui pourrait très bien, sans jeu de mots, dispenser du devoir qui a dû le suivre, car, quel que soit l’ordre de succession dans la publicité, il est certain que le devoir est la conséquence de la Religion naturelle, au moins dans la tête de l’auteur !
Tableau historique de la philosophie politique, suivi d’une étude sur Sieyès, par M.
Dans l’impossibilité de le suivre en ces neuf stations qu’il traverse, nous nous permettrons de signaler à l’homme d’idée le sermon final de son Carême, parce qu’il résume en somme toutes les questions agitées dans les autres et qu’il pose celle-là qui nous couvre, nous protège et doit nous défendre dans les éventualités que l’avenir nous garde, c’est-à-dire, la restauration et l’affermissement de l’Empire.
Lacombe a suivi d’un œil perçant ces dégradations successives d’une organisation qui se corrompit, mais qui, malgré la corruption à laquelle elle était en proie, fut encore une force immense au service de la démocratie jusqu’au milieu du xvie siècle.
La rime à laquelle tiennent si fort tous les hommes pour qui la poésie consiste dans l’art d’échiquier de mouvoir et de ranger les mots, la rime touche ici presque à l’identité du son et donne à la phrase poétique des deux vers qui se suivent quelque chose de bicéphale et de monstrueux.
Et tous ceux qui suivent, à l’exception de deux à trois pièces imitées, elles, de Béranger, vont le reproduire en l’affadissant et en le diminuant encore.
J’applaudis à cette pensée, L’un des besoins de notre temps… …………………………………… Suit la description de cette maison merveilleuse, description d’un lyrisme éclatant et d’une magnifique haleine ; et quand cette immense et étincelante bulle de savon est soufflée : Tout étant prêt, je me hasarde !
Levallois ; car pour les détails de ce triste amour du grand Corneille vieillissant et dédaigné pour le jeune Racine, beau alors comme le jour à son aurore et qui s’élançait dans la gloire, nous pourrions en suivre la trace dans les œuvres même de Corneille, à la piste de ses plus beaux vers.
Un livre de récits qui se suivent n’est point un collier, quoique, même dans un collier, le fil qui passe à travers les perles doive être tout ensemble solide et fin… Ou M.
Dès les premières lignes et les premières pages, vous sentirez, quel que soit le livre, quelles que soient les inventions ou les observations qui vont suivre, qu’il y a ici (s’en serait-on douté ?)
Mérillon, avocat général à la Cour d’appel de Paris, les éléments de l’aperçu qui va suivre sur la lente genèse de l’idée de justice appliquée aux relations inter-sociales61 ; ce discours a le mérite d’être un excellent résumé de la question et je n’y ajouterai que quelques détails complémentaires.
On disait aussi qu’il était allé consulter en Thesprotie un oracle des morts, dans l’espoir de se faire suivre par l’âme de son épouse Eurydice, et que, cet espoir déçu, il s’était tué.
24 février Il y a juste vingt ans, vers une heure, du balcon que nous avions, rue des Capucines, je vis le chaudronnier d’en face, grimper très vite sur une échelle, et abattre à coups de marteau pressés, les mots du Roi qui suivaient le mot Chaudronnier. […] L’argent sort tout chaud de la femme, qui le suit d’un regret fauve, et pendant que le visage du fils prend un sérieux consterné, l’émotion de l’argent sortant à jamais du sac, tressaille dans les lobes des grandes oreilles du père. […] Mais je suivrai votre conseil.
Il convenoit bien que les dieux & les héros de l’Iliade ne valent pas nos honnêtes gens ; mais il nioit que ce fût la faute du poëte, qui avoit dû peindre les mœurs & suivre les idées du temps. […] Le peuple Romain croyoit à cette métamorphose, & le poëte a suivi la tradition ; ainsi que dans un poëme sur Clovis, il n’y auroit aucun ridicule, selon M. de Voltaire, à parler de notre sainte Ampoule. […] Comme ce ton détestable est le plus aisé à prendre, il est aussi le plus suivi.
XVII La première de ses satires, qui suivit son Épître au Roi, n’est qu’une déclamation un peu vague, calquée d’Horace et de Juvénal et appliquée aux mœurs générales du temps. […] Celle qui suit commence par de très beaux vers sur le métier du satiriste : Muse, changeons de style et quittons la satire ; C’est un méchant métier que celui de médire ; À l’auteur qui l’embrasse il est toujours fatal : Le mal qu’on dit d’autrui ne produit que du mal. […] Mais vraisemblablement le revenu de l’évêché d’Héliodore n’approchait guère du revenu de l’évêché de Cambrai. » On suit dans ces lettres, avec une certaine pitié d’esprit, les sollicitudes un peu puériles d’une longue existence passée à aligner des rimes, à élucider une épigramme, à justifier une ode, à commenter un sonnet.
En d’autres termes, ainsi que nous le disions plus haut, chacune des unités avec lesquelles je forme le nombre trois paraît constituer un indivisible pendant que j’opère sur elle, et je passe sans transition de celle qui précède à celle qui suit. […] Peut-être quelques-uns comptent-ils d’une manière analogue les coups successifs d’une cloche lointaine leur imagination se figure la cloche qui va et qui vient cette représentation de nature spatiale leur suffit pour les deux premières unités ; les autres unités suivent naturellement. […] De là l’idée erronée d’une durée interne homogène, analogue à l’espace, dont les moments identiques se suivraient sans se pénétrer.
Il a constamment sous les yeux la race dont il sort et dont le génie et la tradition l’enveloppent : ce qui ne l’empêche pas de franchir chaque fois qu’il le faut les limites de sa « petite patrie », de suivre avec une attention réfléchie la marche des événements dans le monde, et enfin de n’ignorer rien de tout ce qu’un esprit initié de bonne heure aux méthodes intellectuelles peut acquérir d’expérience et de savoir par les voyages, la culture et l’étude. […] Ils se sont fortement ressentis de cette baisse de la culture qui a suivi la Révolution de Quarante-Huit. […] Quelle méthode suivrons-nous pour nous débrouiller au milieu de ce chaos ?
Il suit son siècle, comme autrefois Voltaire, ou plutôt il va où l’entraîne la foule. […] Ses caractères sont d’ailleurs et d’abord entiers, constants, semblables à eux-mêmes, « posés » et suivis, savamment nuancés, mais non pas anatomisés, compliqués et brouillés à force de « psychologie ». […] Mais ce qui est ici plus important, c’est de suivre dans l’œuvre du poète le développement de ses prémisses, et, à mesure, de voir ses leçons s’opposer point par point à celles des romantiques. […] Paul Verlaine ont commencé par suivre assez docilement ses traces. […] Mais ce qui suit est plus obscur, ou plus flottant encore : « Pour oser dire laquelle de ces deux directions a raison, continue-t-il, il faudrait savoir quel est le but de l’humanité.
Et telle me semble bien avoir été la marche de Frédéric Nietzsche ; et en tout cas, telle sera la mienne en cheminant sur ses traces et en cherchant à les reconnaître ; tel sera le plan que je suivrai pour lire Nietzsche avec une certaine méthode. Mauvaise ou bonne ; mais il m’en faut une pour le lire d’une façon suivie, après l’avoir si souvent lu comme il écrivait, au hasard du jour et de l’heure. […] C’est Nietzsche devant les objections et discutant lui-même qu’il faut voir et qu’il faut suivre ; et nous y arrivons. […] L’Empire laissait dans la littérature française, non sa force, mais la trépidation qui suit un arrêt brusque. […] Leurs satisfactions sont si rapides et si violentes qu’elles sont immédiatement suivies d’antipathie, de répugnance et de fuite dans le goût opposé.
Les secousses souvent contradictoires, les espérances précipitées suivies de découragement, puis de nouveau reprises avec ferveur, les jugements excessifs, passionnés, lancés dans la colère, et que plus tard elle mitigera, le bon sens fréquent qui s’y mêle, la sincérité invariable, tout contribue à faire de ces pages sans art un témoignage bien honorable à celle qui les écrivit, en même temps qu’une utile leçon, suivant nous, pour ceux qui cherchent dans la réflexion du passé quelque sagesse à leur usage, quelque règle à leurs jugements en matière politique, quelque frein à leurs premiers et généreux entraînements. […] Dégoûtée vite de Lyon, et désespérant de rien voir sortir d’intérêts contraires aussi aveugles à se combattre et aussi passionnés, elle n’apporta que plus d’irritation dans la querelle générale qu’elle n’avait pas suivie de près et dont la complication, même de près et durant la première phase d’enthousiasme, lui eût peut-être également échappé.
On sait les craintes, les obstacles qu’on s’exagérait peut-être, les péripéties du débat, l’éclat de l’éloquence qui y fut déployée, la joie qui suivit le succès : il y eut un moment où l’on crut réellement (et dans cette supposition je me place en dehors du Sénat, et je me tiens avec le simple public), — où l’on crut tout de bon qu’on entrait à pleines voiles dans un second bassin politique, dans la seconde période toute libérale de l’Empire. […] Et ici je sens le besoin de remercier notre bienveillant rapporteur pour les bonnes paroles qu’il a prononcées : « Supprimer une peine, a-t-il dit, c’eût été faire un pas de plus dans la voie que suit depuis longtemps notre législation » ; et il a exprimé le vœu que cette peine corporelle, réintroduite au dernier moment dans la loi, ne fût appliquée à l’avenir que le plus rarement possible.
Non seulement il y a des précédents, et en cela le gouvernement ne fera que suivre son propre exemple ; mais telle est sa règle quotidienne, puisqu’il ne vit qu’au jour le jour, à force d’expédients et de délais, creusant un trou pour en boucher un autre, et ne se sauvant de la faillite que par la patience forcée qu’il impose à ses créanciers. […] Enfermée d’abord dans le réservoir aristocratique, la doctrine a filtré par tous les interstices comme une eau glissante, et se répand insensiblement dans tout l’étage inférieur Déjà en 1727, Barbier, qui est un bourgeois de l’ancienne roche et ne connaît guère que de nom la philosophie et les philosophes, écrit dans son journal : « On retranche à cent pauvres familles des rentes viagères qui les faisaient subsister, acquises avec des effets dont le roi était débiteur et dont le fonds est éteint ; on donne cinquante-six mille livres de pension à des gens qui ont été dans les grands postes où ils ont amassé des biens considérables, toujours aux dépens du peuple, et cela pour se reposer et ne rien faire578 » Une à une, les idées de réforme pénètrent dans son cabinet d’avocat consultant ; il a suffi de la conversation pour les propager, et le gros sens commun n’a pas besoin de philosophie pour les admettre. « La taxe des impositions sur les biens, dit-il en 1750, doit être proportionnelle et répartie également sur tous les sujets du roi et membres de l’État, à proportion des biens que chacun possède réellement dans le royaume ; en Angleterre, les terres de la noblesse, du clergé et du Tiers-état payent également sans distinction ; rien n’est plus juste. » — Dans les dix années qui suivent, le flot grossit ; on parle en mal du gouvernement dans les cafés, aux promenades, et la police n’ose arrêter les frondeurs, « parce qu’il faudrait arrêter tout le monde ».
Il faut qu’il nous amène à juger que si Horace ne tuait pas sa sœur, ou Médée ses enfants, c’est alors que la nature ne suivrait pas son cours. […] Nous convenons tous de ces préceptes ; pour les suivre, c’est autre chose.
« Qu’il fasse son métier, écrivait-il, qu’il nous enchante653. » Faute de mieux, Chateaubriand s’y rabattit : il trouva le chemin des cœurs, parce qu’il suivit la méthode de son cœur. […] Voici les principaux faits : 1814, De Buonaparte et des Bourbons, brochure écrite à la fin de la campagne de France, avant l’abdication ; 1815, il suit Louis XVIII à Gand, et il est ministre de l’intérieur par intérim : la seconde Restauration le fait pair de France ; 1816, il publie la Monarchie selon la Charte, dont l’édition fut saisie, après quoi l’auteur fut rayé de la liste des ministres d’Etat et sa pension supprimée (elle lui fut rétablie en 1821) ; 1818, il fonde le Conservateur ; 1821, il devient ambassadeur à Berlin, puis à Londres ; 1802, il représente la France au Congrès de Vérone ; 1823, ministre des affaires étrangères, il fait décider la guerre d’Espagne ; 1825, il est renvoyé du ministère ; 1828, sous le ministère Chabrol et Martignac, il va en ambassade à Rome, et donne sa démission au ministère Polignac.
Pétrarque, au contraire, qui n’a pas encore lu Homère, mais qui en possède un manuscrit en langue originale et l’adore sans le comprendre 74, a deviné l’antiquité ; il en possède l’esprit aussi éminemment qu’aucun savant des siècles qui ont suivi ; il comprend par son âme ce dont la lettre lui échappe ; il s’enthousiasme pour un idéal qu’il ne peut encore que soupçonner. […] Comte, au lieu de suivre les lignes infiniment flexueuses de la marche des sociétés humaines, leurs embranchements, leurs caprices apparents, au lieu de calculer la résultante définitive de cette immense oscillation, aspire du premier coup à une simplicité que les lois de l’humanité présentent bien moins encore que les lois du monde physique.
. — Un état d’épuisement physique et moral, de prostration, devait nécessairement suivre ; aussi, la dernière note écrite, se hâta-t-il de prendre un congé. […] Nous avons en cette revue (numéro du 8 octobre, page 257) expliqué le système de traduction suivi par M.
Notre objet dans cette étude est de suivre dans le drame de Parsifal cette perception des sens et d’arriver par elle à la compréhension de l’œuvre. […] Les représentations suivent tous les lundis, mercredis et vendredis.
Ribot suit ici Spencer et va encore plus loin ; il ne place même pas la reconnaissance parmi les opérations du souvenir et se contente de dire que, puisqu’on a connu les choses une première fois, il n’est pas étonnant qu’on les reconnaisse une seconde. […] À l’adaptation inconsciente, aveugle, accidentelle, dépendante des circonstances, s’est ajoutée une adaptation consciente, suivie, dépendante de l’animal, plus sûre et plus rapide que l’autre : elle a abrégé le travail de la sélection. » 87.
Une fantastique personne que cette miss Charlotte, passant automatiquement dans le paysage, ombragée de son chapeau de paille brun en forme de tourtière, tenant dans la paume d’une main levée en l’air, une toute petite cage garnie de ouate, sur laquelle trébuche un oisillon aux ailes coupées, suivie à trois pas, par un de ces petits chiens ratiers, auquel Landseer fait agacer un perroquet. […] Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les âmes mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, comme Watteau qui échappe aux amitiés des grands, et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne qui se suicide, comme Gabriel de Saint-Aubin qui boude l’officiel, les académies, et suit son génie dans la rue, comme Le Bas qui met son honneur d’artiste sous la garde de la blague moderne.
Toute la journée, monsieur brûle le pavé dans un tilbury, en compagnie de son valet de chambre ; et dans un coupé qui suit, madame, en compagnie de sa femme de chambre. […] En vue de Bar-le-Duc, ma pensée va à ce temps, où je suis venu dans cette ville, tout jeunet, tout plein de cette tendre flamme amoureuse, qui suit, à deux ou trois ans de là, la flamme amoureuse de la première communion.
Cette loi est formulée comme il suit par M. […] A dix ans, « déjà tourmenté du désir de sortir de lui-même, de s’incarner en d’autres êtres dans une manie commençante d’observation, d’annotation humaine, sa grande distraction pendant ses promenades était de choisir un passant, de le suivre à travers Lyon, au cours de ses flâneries et de ses affaires pour essayer de s’identifier à sa vie. » (Daudet, Trente Ans de Paris ; Revue bleue, p. 242, 25 février 1888.)
« Virgile n’a voulu faire — nous dit-il — ni une Théséide, ni une Thébaïde, ni une Iliade purement grecque, en beau style latin ; il n’a pas voulu purement et simplement faire un poème à la Pharsale, tout latin, en l’honneur de César, où il célébrerait avec plus d’éloquence que de poésie la victoire d’Actium et ce qui a précédé chronologiquement et suivi ; il est trop poète par l’imagination pour revenir aux chroniques métriques d’Ennius et de Nævius, mais il a fait un poème qui est l’union et la fusion savante et vivante de l’une et de l’autre manière, une Odyssée pour les six premiers livres et une Iliade pour les six autres… une Iliade julienne et romaine… » Ainsi, on le voit, le critique revient sans cesse à cette idée de fusion qui calomnie Virgile et qu’il a eue déjà en voulant caractériser son génie, mais il nous est impossible, à nous, d’admettre un tel procédé dans le poète, il nous est impossible de croire à cette ingénieuse, trop ingénieuse fusion des deux poèmes d’Homère en un seul. […] après le premier volume de l’Essai sur l’indifférence, il y en eut un second qui n’était plus que du talent, un troisième qui n’était même plus du talent, et tout ce qui suivit fut marqué du signe vengeur de la Bête, depuis la singerie biblique des Paroles d’un Croyant jusqu’au gâchis d’une Esquisse de philosophie !
Mais il y eut quelque chose de plus efficace et de plus puissant à produire cette révolution, que toutes les intrigues particulières ; ce fut, à un moment donné, le concert universel et la conspiration véritable de tous, le mépris profond dans lequel était tombé Pierre III, l’intérêt qu’inspirait Catherine, et la faveur populaire qui n’avait cessé de la suivre pendant des années jusque dans sa disgrâce.
Comme un enchantement d’espérance et de joie, Il vient avec sa cour et ses chœurs gracieux, Où, sous des réseaux d’or et des voiles de soie, S’enchaînent des Esprits inconnus dans les cieux ; Soit que, dans un soleil où le jour n’a point d’ombre, Il me promène errant sur un firmament bleu, Soit qu’il marche, suivi de Sylphides sans nombre Qui jettent dans la nuit leurs aigrettes de feu : L’une tombe en riant et danse dans la plaine, Et l’autre dans l’azur parcourt un blanc sillon ; L’une au zéphyr du soir emprunte son haleine, A l’astre du berger l’autre vole un rayon.
Les hommes d’esprit, étonnés de rencontrer des rivaux parmi les femmes, ne savent les juger, ni avec la générosité d’un adversaire, ni avec l’indulgence d’un protecteur ; et dans ce combat nouveau, ils ne suivent ni les lois de l’honneur, ni celles de la bonté.
Il y a peu de gens qui aient le courage d’avouer que, bien comprises, ces règles valent encore aujourd’hui, et que les plus indépendants, s’ils ont un vrai sentiment de l’art, suivent d’instinct les lois qu’ils méprisent par théorie.
Les visiter n’est point une fatigue : les magasins sont dans le centre, qui les organisent ; les toiles sont en petit nombre, en bon jour, dans des salles aérées ; en même temps l’effort réalisé d’un peintre durant un certain nombre d’années est mis sous les yeux du curieux, qui peut suivre et comprendre l’évolution de l’artiste.
C’est surtout en démocratie que se vérifie le mot connu : « Je suis leur chef ; il faut bien que je les suive ».
Moyens et méthode à suivre.
La légende se plaît à le montrer dès son enfance en révolte contre l’autorité paternelle et sortant des voies communes pour suivre sa vocation 142.
Nous avons en général suivi la rédaction de Babylone, qui semble plus naturelle.
C’est ce produit héréditaire qui, dès les premiers jours qui suivent la naissance, entre en concours ou en conflit avec les images que font briller dans sa conscience l’exemple d’abord, puis l’enseignement moral, l’instruction, la littérature, l’art.
Il faut pour entreprendre la restitution d’un de ces grands êtres intellectuels qui sont, dans l’ordre de la pensée et de la sensibilité pures, comme les initiateurs d’une espèce morale, qui concentrent et qui exaltent en eux toute l’émotion et la réflexion excitée dans la foule mêlée de leurs admirateurs, remonter des parties éparses de son esprit à leur enchevêtrement et leur engrenage dans le tout, replacer cet esprit ainsi particularisé dans chacune de ces facultés et dans leur association, en un corps dont il sera nécessaire de connaître les représentations graphiques et dont les habitudes ressortiront des témoignages des contemporains : ce corps même et cet esprit, il faudra le prendre dans ses origines, la famille, la race, la nation, — dans son milieu premier, le lieu de naissance et d’enfance, le climat, le paysage, le sol : il faudra le suivre dans son développement et ses relations, de son enfance à sa jeunesse, de ses amitiés à ses liaisons, de ses lectures à ses actes, tracer le cours de ses productions, connaître les joies et les amertumes de sa vie, le conduire enfin à ce déclin et ce décès qui si rarement, pour les grands artistes, sont glorieux, ou fortunés ou paisibles.
On la tient pour la pire des rhétoriques, on déclare « le paysan qui herse supérieur à l’écrivain qui suivrait un pareil conseil ».
Nous suivîmes les quais jusqu’en face de Notre-Dame.
C’était Rivarol qui disait, je crois, qu’il ne fallait pas attacher de plomb à une robe de gaze, mais le conseil de Rivarol n’a pas été suivi par M. de Falloux, et toute la pauvre gaze de Mme Swetchine a été plombée !
Déjà dans la préface de son Dictionnaire il nous avait dit — et c’était à nous faire venir l’eau à la bouche, à la bouche trompée, — « qu’il avait d’abord conçu son Dictionnaire de manière à suivre la langue proverbiale des troubadours jusqu’à nos jours et à former trois gros volumes in-8o », mais que prudemment il l’a diminué de deux volumes « parce qu’il aurait été trop difficile de rencontrer un éditeur », et c’est devant cette fuite d’éditeur que son épicurisme de savant s’est déconcerté et qu’il a sacrifié deux chers volumes à cette panique.
Mais, soyons juste, il en joue avec une telle supériorité qu’aux premiers sons qu’il en a tirés il s’est fait suivre, comme le plus charmant des pasteurs, par le troupeau enthousiasmé de Panurge, par tous les petits moutons de la libre pensée.
Campaux en a fait trop le père de tout le monde, l’ab Jove·principium de tout ce qui a suivi.
L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.
Dorat et le marquis de Bièvre sont les contemporains de Jean-Jacques. » (Mais où est le Molière qui a suivi les Voiture de la décadence de l’antiquité, quel est le Jean-Jacques, qui d’ailleurs n’était qu’un rhéteur aussi, qui ait été le contemporain des Dorat et des de Bièvre de cette vieille société païenne ?)
Guizot, suivi des lettres d’Abailard et d’Héloïse, traduites par M.
L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.
Guizot, suivi des lettres d’Abailard et Héloïse, traduites par M.
nous n’aurions pas eu la figure de l’abbé Mical, — la plus profonde figure du livre et la plus belle sans en avoir l’air ; — l’abbé Mical, qui croit en Capdepont, qui le veut évêque ; l’abbé Mical, au conseil de prêtre, à l’amitié de prêtre qui va jusqu’aux coups, qui les reçoit et qui les pardonne ; l’abbé Mical, le petit poisson qui conduit ce requin aveugle et qui a plus de mérite que le petit poisson, que le requin ne mangera pas, quand, lui, peut être dévoré par le sien ; l’abbé Mical, enfin, le Père du Tremblay du Richelieu futur, mais autrement sublime, car Richelieu, qui suivait les conseils du Père Joseph, ne le battait pas.
Comparez-les à toute cette société puissante, idéale et réelle de Balzac, et réelle au même degré qu’idéale, quoique l’idéal dans Balzac atteigne à une telle élévation ou à une telle profondeur que les imaginations qui ne peuvent le suivre l’accusent de manquer de réalité !
Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour.
Suivez cette imbécille histoire !
Un Croisé trouve tout naturel d’acheter par sa mort la liberté du Tombeau du Christ ; le vieux Corneille ravit tout le public par ses tirades sur l’honneur ; Vincent de Paul est sûr de trouver toujours qui le suive dans sa mission de charité.
Quelles merveilles suivirent, quel monde nouveau s’ouvrit à l’imagination des Hellènes, quelle gloire consola leur défaite intérieure et leur asservissement, quel simulacre de liberté leur resta, par l’absence chaque jour plus lointaine de leur puissant vainqueur, qui semblait leur général délégué dans l’Asie, il n’appartient pas à notre sujet de multiplier ici ces grands souvenirs d’une prodigieuse fortune.
Les sept chapitres qui suivent y sont consacrés. — Essayons d’en esquisser d’abord, très sommairement, les lignes générales et les grandes divisions. […] Encore aujourd’hui la plupart des jeunes gens, abandonnés à eux-mêmes, suivraient ces vieux errements. […] De ce qu’un fait n’a pas été noté il ne suit pas qu’on ne l’ait pas vu. […] Doit-on commencer par les périodes les plus anciennes et les pays les plus anciennement civilisés pour suivre l’ordre chronologique et l’ordre de l’évolution ? […] — Dans l’exposition de chaque période doit-on suivre un ordre chronologique, géographique ou logique ?
Il eût été certes impossible ni de conter plus gaiement une histoire plus lugubre, ni de donner, aux considérations techniques qui ont suivi, une forme plus lumineuse et plus vivante. […] … Il s’échappe ; il fait signe de la tête… comme pour m’inviter à le suivre… Oui, pauvre âme, tu auras du repos… Je viens, mon père, je viens ! […] (Mais peut-être n’a-t-il voulu rien prouver du tout, auquel cas je retire et ce qui précède et ce qui va suivre.) […] Dans l’instant où elle se dispose à suivre le brutal dompteur, son enfant, dont elle ne s’était guère souciée jusque-là, s’attache à elle, ne veut pas la laisser partir. […] Tout le public « chic », d’abord, voudra voir Pension de famille ; les autres suivront, et ça pourra durer longtemps.
Elle a été plus qu’une muse, elle n’a jamais cessé d’être la bonne fée de la poésie, et dans mes nombreux souvenirs de cœur, mon titre le plus doux est d’avoir conservé sa sympathie qui m’a suivi à travers tous mes barreaux.
Même dans le discours de réception de Lamartine à l’Académie, en 1830, on trouve un grand parallèle établi entre la poésie et l’action, entre la vie du littérateur en temps régulier et cette même existence dans les siècles d’orage, en « ces époques funestes au monde, glorieuses pour l’individu. » Dans les temps calmes, chacun est classé, chacun suit sa voie ; avec plus ou moins de distinction, selon nos forces ou nos faiblesses, « nous arrivons au terme.
Les tragédies grecques sont donc, je le crois, très inférieures à nos tragédies modernes, parce que le talent dramatique ne se compose pas seulement de l’art de la poésie, mais consiste aussi dans la profonde connaissance des passions ; et sous ce rapport la tragédie a dû suivre les progrès de l’esprit humain.
Dans cet avenir incertain qui se présente confusément au-delà du terme de notre être, ceux qui nous ont aimés semblent devoir encore nous suivre ; mais si nous avions cessé d’estimer leurs vertus, de croire à leur tendresse ; si nous étions déjà seuls, où serait l’appui d’une espérance ?
C’est ce passage qui nous a suggéré l’idée du mode de division et de composition que nous avons suivi.
« ARRÊTÉ. » Et voici ce qu’il avait écrit déjà, en 1832, à propos de la mort de son père, dans un de ces articles, nécrologiques qu’il se plaisait à composer sur lui-même : « Pendant le premier mois qui suivit cette nouvelle, je n’y pensai pas trois fois.
Fort d’un si considérable exemple, j’ai tenté de le suivre.
Les Souvenirs d’Enfance n’ont pas la prétention de former un récit complet et suivi.
L’unique devoir de celui-ci est de le suivre toujours, mais quelquefois d’un peu loin : c’est même par cette espèce de liberté qu’il lui fait honneur.
Il semble que ces bruits qui ne s’accelerent ou ne se retardent, quant à l’intonnation et quant au mouvement, que suivant une proportion lente et uniforme, soient plus propres à faire reprendre aux esprits ce cours égal, dans lequel consiste la tranquillité, qu’un silence qui les laisseroit suivre le cours forcé et tumultueux, dans lequel ils auroient été mis.
Pour bien écrire, il faudra toujours s’assujettir aux regles que cet auteur et ses premiers successeurs ont suivies.
Faute de suivre cette méthode, l’imagination échauffée par quelques beautés du premier ordre dans un ouvrage, monstrueux d’ailleurs, fermera bientôt les yeux sur les endroits faibles, transformera les défauts même en beautés, et nous conduira par degrés à cet enthousiasme froid et stupide qui ne sent rien à force d’admirer tout ; espèce de paralysie de l’esprit, qui nous rend indignes et incapables de goûter les beautés réelles.
Suit ce paragraphe extraordinaire (p. 168 et sq.) : « Le livre sera reproduit ainsi comme un objet de lecture réelle sur lequel se seront fixés des yeux humains froids, souriants, émerveillés, hagards, ou à demi clos d’une douleur qui se contient, yeux d’hommes, las de vrais spectacles, limpides ou cruels yeux de femme, yeux ternes des oisifs, yeux lumineux d’adolescent qui, se durcissant aux fictions, s’accoutument à la vie.
Aussi la première semaine qui a suivi la furie de M.
XI Le christianisme voit la faute et en suit la trace dans l’instinct, dans l’âme, dans tout, dans le génie, mais jamais il ne vous la montre que pour vous dire de l’effacer.
Aux pages 136 et suivantes de son histoire, il cite, d’après Tempesti, une lettre envoyée au pape Sixte-Quint par Henri de Béarn, frappé d’excommunication, et dans laquelle « il assurait Sa Sainteté qu’il avait toujours été vrai catholique et qu’il voulait mourir dans la vraie foi, mais que les trames des ligueurs l’avaient contraint à suivre la marche qu’il avait prise ».
… Et cette page est suivie de beaucoup d’autres de la même énergie, frémissante et surmontée.
. — Et peut-être le regarde-t-il comme le premier aussi des temps qui ont suivi le temps de Chénier, et qui ont produit, par exemple, des journalistes de la volée de Chateaubriand, de Bonald, de Lamennais, et de celui-là qui s’est tu trop tôt sous la maladie et dont le silence que nous entendons après sa voix fit un silence si grand3… IV Je dis peut-être… car M. de Vallée ne l’a pas écrit expressément dans son livre, et il a même laissé entrevoir la raison qui l’a empêché de l’écrire.
Seulement, le dix-huit Brumaire de Balzac, qui a fini par cette merveille des Parents pauvres, n’a pas été suivi d’un Waterloo !
Nous sommes de ceux qui croient que l’atticisme suit les destinées de nos décadences.
… Voilà ce que nous nous demandions en lisant ces deux gros volumes d’Alexis de Tocqueville (qui, nous annonçait-on, devaient être suivis, dans un temps donné, de plusieurs autres), publiés sous le vieux nom éternel d’Œuvres et Correspondances inédites.
Il a décliné la discussion elle-même ; il s’est fait, avec une passion singulière, et dont nous dirons le mot tout à l’heure, le caudataire du soi-disant génie d’Hoffmann, et il l’a suivi ou précédé modestement dans de petites notes, attachées aux documents qu’il a recueillis.
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Un homme lumineux ou un ange (c’était le premier de toutes les séries d’anges qui allaient suivre !)
C’est un récit libre et ondulant, qui s’avance et se replie du xviie siècle jusqu’à nos jours et de nos jours au xviie siècle, quittant la vie du fondateur pour suivre la destinée des grandes œuvres qu’il a fondées.
Malheureusement, Cousin ne suivit pas cette vocation de vulgarisateur qui était la sienne, et qu’il a mal remplie ; car il a souvent faussé ce qu’il a vulgarisé, par la faute d’une intelligence ambitieuse qui voulut avoir ses idées et ses systèmes à elle, et qui fut toujours radicalement impuissante à en produire qu’on dût respecter.
Paul de Musset sent peut-être autant que moi en ce moment l’insuffisance de son volume et le néant d’une entreprise faite à l’instigation des trois éditeurs de son frère, — de ces trois Rois Mages d’éditeurs qui ont suivi la même étoile, et qui ont voulu la faire luire également sur leurs trois éditions !
L’ardente jeunesse qui avait suivi Pedrarias (l’amiral de l’Armada) dut l’éprouver à ses dépens… Vivès emploie plus d’un de ses Dialogues au fastueux dénombrement de ces somptuosités.
Une femme le suit, — presque folle, — étouffant Dans sa poitrine en feu le sanglot qui la brise.
Pour suivre l’image acceptée, ce n’est encore qu’un bas lilas, c’est-à-dire qu’il y a en elle de la femme encore, de la grâce de femme, de la nuance légère !
C’est la mode maintenant, à ce qu’il paraît, de nous donner des Introductions qui n’introduisent plus aux livres, mais qui suivent les livres qu’on publie.
Seulement, quand c’est elle, la vie privée, qui abat le mur et passe par la brèche ; quand c’est elle, elle que le législateur voulait préserver et défendre, qui déborde dans la vie publique, et fastueusement ou méchamment s’y étale, je ne vois plus ce qu’on lui doit, si ce n’est peut-être le châtiment de l’y suivre et de la montrer.
Je sais bien cependant qu’on a dit, et c’est même un axiome qui a force de bon sens et force de loi, que la vie privée doit être murée ; seulement, quand c’est elle, la vie privée, qui abat le mur et passe par la brèche ; quand c’est elle, elle que le législateur voulait préserver et défendre, qui déborde dans la vie publique, et fastueusement ou méchamment s’y étale, je ne vois plus ce qu’on lui doit, si ce n’est peut-être le châtiment de l’y suivre et de la montrer.
On ne peut pas dire précisément qu’il ait créé le roman physiologique, mais il lui donna le grand caractère que son génie donnait à tout, et par son exemple il imprima plus profondément la marque de cette influence du temps, à laquelle nul ne peut se soustraire sans s’appauvrir, à tous les romans qui suivirent les siens.
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Jamais on n’aurait trouvé dans Fanny, dans Catherine d’Overmeire, ni dans Daniel (le plus mauvais de ses romans avant ceux d’aujourd’hui), quelque chose de comparable au commencement d’Un Début à l’Opéra, qui est purement et simplement une dissertation technique et numérotée sur l’intérieur de l’Opéra, l’administration supérieure, le directeur, les sujets de la danse, les protecteurs du corps du ballet, les auteurs, compositeurs, professeurs, maîtres de ballet, les habilleuses, les coiffeurs, les chefs de claque, les abonnés, les feuilletonistes ; et qui, placée là en dehors du roman, comme un feuilleton à part, pouvait se publier toute seule, puisqu’elle ne se rattache en aucun lien appréciable à l’économie du récit qui va suivre.
Ils n’auraient pas suivi aisément le drapeau de leur pays dans une guerre d’agression.
Sur une partie de la terre régnaient la dévastation, le silence, et cet étonnement stupide qui suit les grands malheurs.
Il est bien d’un enfant. « Le monde est si affreux qu’on se tuerait si l’on était sûr que la mort fût suivie du néant ! […] En somme, rien de plus suivi que ce caractère. […] Elle s’en veut d’avoir suivi le bel étranger aux douces paroles, l’élégant et paresseux jeune homme à la beauté de femme. […] Il est toujours très facile, quand on n’est pas malade, de suivre certaines lois de la bonne nature. […] La chair est maudite. « Les dévots, dit la Bruyère, ne connaissent de crime que l’incontinence. » Cette remarque va loin… Mais que suit-il de là ?
Pour cela, nous n’avons qu’à suivre les voyageurs des deux pays qui à ce moment franchissent la Manche. […] Ici on l’écoute, on le suit ; à sa mort, il avait quatre-vingt-mille disciples ; aujourd’hui il en a un million. […] J’entendis le battement de ses pieds qui semblaient près de rompre les planches, tant les convulsions étaient fortes pendant qu’il gisait au fond du banc… Je vis aussi un petit garçon bien bâti d’environ huit ans, qui hurlait par-dessus tous ses camarades ; sa face était rouge comme l’écarlate ; presque tous ceux sur qui Dieu mettait sa main devenaient ou très-rouges, ou presque noirs823. » Ailleurs une femme, choquée de cette démence, voulut sortir. « Elle n’avait pas fait quatre pas qu’elle tomba par terre dans une agonie aussi violente que les autres. » Les conversions suivaient ces transports ; les convertis payaient leurs dettes, quittaient l’ivrognerie, lisaient la Bible, priaient et allaient exhorter les autres. […] Suivez ce sentiment du droit dans le détail de la vie politique ; la force du tempérament brutal et des passions concentrées ou sauvages vient lui fournir des armes. […] Les artifices oratoires deviennent entre ses mains des instruments de supplice, et lorsqu’il lime ses périodes c’est pour enfoncer plus avant et plus sûrement le couteau ; avec quelle audace d’invective, avec quelle roideur d’animosité, avec quelle ironie corrosive et brûlante, appliquée sur les parties les plus secrètes de la vie privée, avec quelle insistance inexorable de persécution calculée et méditée, les textes seuls pourront le dire : « Milord, écrit-il au duc de Bedford, vous êtes si peu accoutumé à recevoir du public quelque marque de respect ou d’estime, que si dans les lignes qui suivent un compliment ou un terme d’approbation venait à m’échapper, vous le prendrez, je le crains, pour un sarcasme lancé contre votre réputation établie ou peut-être pour une insulte infligée à votre discernement862… » « Il y a quelque chose, écrit-il au duc de Grafton, dans votre caractère et dans votre conduite qui vous distingue non-seulement de tous les autres ministres, mais encore de tous les autres hommes : ce n’est pas seulement de faire le mal par dessein, mais encore de n’avoir jamais fait le bien par méprise ; ce n’est pas seulement d’avoir employé avec un égal dommage votre indolence et votre activité, c’est encore d’avoir pris pour principe premier et uniforme, et, si je puis l’appeler ainsi, pour génie dominant de votre vie, le talent de traverser tous les changements et toutes les contradictions possibles de conduite, sans que jamais l’apparence ou l’imputation d’une vertu ait pu s’appliquer à votre personne, ni que jamais la versatilité la plus effrénée ait pu vous tromper et vous séduire jusqu’à vous engager dans une seule sage ou honorable action863. » Il continue et s’acharne ; même lorsqu’il le voit tombé et déshonoré, il s’acharne encore.
Ces battements d’ailes ‒ cette poésie ‒ ont un rythme fou et sans mesure : on perd le souffle à vouloir suivre le vol de ces strophes vers la gloire. […] Ces exagérations d’expression ne peuvent pas cependant étouffer tout à fait la sincérité de ce sentiment subit : Tu passas… je me tus… L’âme, à tes pieds, fauchée, J’écoutai, les yeux clos, tes pas qui décroissaient, Je te suivis de toute mon ardeur cachée… Oh ! […] Elle parle à l’amour, qui est nu devant elle, et elle s’écrie : Quand vous nous imposez vos farouches élans, Lorsque vous nous brisez sous le grand poids de vivre… Mais pour nous empêcher d’être à vous, de vous suivre, Il faudrait qu’on changeât la forme de nos flancs ! […] N’attendez pas, ô mort, que j’aie assez de vivre Pour venir me chercher, Et que, sur le chemin où je devrai vous suivre, Le soleil soit couché. […] Beauté de nos regards, de nos visages, fastes De nos tranquilles pas que suivent des dentelles… ……………………………………………………………………………………… Elle note ce « soir cruel » Oui nous atteint avec un charme fatidique.
Il suit de là qu’il y a une contradiction évidente entre le romantisme et les œuvres de ses principaux sectaires. […] Attentifs à suivre et à surprendre la ligne dans ses ondulations les plus secrètes, ils n’ont pas le temps de voir l’air et la lumière, c’est-à-dire leurs effets, et s’efforcent même de ne pas les voir, pour ne pas nuire au principe de leur école. […] « Le bon maître me dit : — Regarde celui qui marche, une épée à la main, en avant des trois autres, comme un roi : c’est Homère, poëte souverain ; l’autre qui le suit est Horace le satirique ; Ovide est le troisième, et le dernier est Lucain. […] Polichinelle le suit, — tête un peu avinée, œil plein de fatuité, pauvres petites jambes dans de grands sabots. […] Ingres, c’est qu’il s’applique plus volontiers aux femmes ; il les fait telles qu’il les voit, car on dirait qu’il les aime trop pour les vouloir changer ; il s’attache à leurs moindres beautés avec une âpreté de chirurgien ; il suit les plus légères ondulations de leurs lignes avec une servilité d’amoureux.
Je ne m’arrêterai point aux consolations communes qu’on peut tirer de l’espoir d’un changement dans les circonstances : il est des genres de peines qui ne sont pas susceptibles de cette sorte de soulagement ; mais je crois qu’on peut hardiment prononcer qu’un travail fort et suivi a soulagé la plupart de ceux qui s’y sont livrés. […] -C., car ils seront consolés : si quelqu’un veut venir avec moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. […] La lettre que l’on va lire pourrait avoir été écrite dans le mois de Février 1554 ; ce qu’il y a de certain c’est qu’à cette époque qui est celle de la mort de Lady Jane Grey, elle entretint de sa prison une correspondance suivie avec ses amis et ses parents, et que jusqu’à son dernier moment son esprit philosophique et sa fermeté religieuse ne se démentirent point.
La barque du prince était suivie de batelets, où était la fleur des femmes de la haute société orléaniste. […] Un dessin d’un grand caractère est l’interprétation de la parole : « Vous suivrez un homme qui porte une Cruche », — un homme à la robe jaune, gravissant au jour tombant, la montée qui contourne le rempart, et qu’en bas du dessin, un apôtre désigne à un autre. […] Eh bien, sous ces attaques, et plus tard dans le silence un peu voulu qui a suivi, renfonçant en lui l’amertume de sa carrière, et n’en faisant rejaillir rien sur les autres, Flaubert est resté bon, sans fiel contre les heureux de la littérature, ayant gardé son gros rire affectueux d’enfant, et cherchant toujours chez les confrères ce qui était à louer, et apportant à nos heures de découragement littéraire, la parole qui remonte, qui soulève, qui relève, cette parole d’une intelligence amie dont nous avons si souvent besoin, dans les hauts et les bas de notre métier.
Planche, suivait les cours du Lycée impérial (Louis-le-Grand) : il y rencontra, pour professeur de rhétorique latine, M. […] Villemain, ne semble pas moins singulier qu’eux et moins bizarre, nous souffrons d’une dispensation si inégale de la part du critique fait pour donner la loi à ces Ombres flottantes du public des poëtes, encore plus que pour la suivre.
Si nous avons trouvé, par exemple, que Mme de Souza était simplement du dix-huitième siècle qu’elle continuait dans le nôtre, il nous a semblé que, tout en représentant de près la Restauration dans sa meilleure nuance, Mme de Duras ne représentait pas moins, dans un lointain poétique, par sa vie, par ses pages élégantes, par ses sentiments passionnés suivis de retours chrétiens, et par sa mort, quelque chose des plus touchantes destinées du dix-septième siècle. […] Sans plus donc chercher à la déplacer en idée et à la transporter par delà les lointains de l’horizon, nous allons l’envisager et la suivre dans ce qu’il lui a été permis d’être au jour qu’elle a vécu.
Suivons-les d’impôt en impôt En premier lieu, non seulement les nobles et les ecclésiastiques sont exempts de la taille personnelle, mais encore, ainsi qu’on l’a déjà vu, ils sont exempts de la taille d’exploitation pour les domaines qu’ils exploitent eux-mêmes ou par leurs régisseurs. […] Mais la misère y suit les pauvres ; car, d’une part, elles sont obérées, et, d’autre part, la coterie qui les administre assoit l’impôt sur les indigents.
L’éclat du soleil d’été qui s’y répercute dans sa nappe éblouit la vallée entière d’une fumée de lumière, d’une sorte de brouillard de rayons qui double tout à coup le jour de la surface de la vallée, comme une glace double la clarté dans une chambre obscure ; on ne voit pas encore le lac qu’on voit déjà sa lueur monter dans le ciel comme un incendie des eaux ; on regrette de ne pas pénétrer dans cette gorge éblouissante, qui mène le voyageur par une avenue d’eau et de forêts à Genève ; mais la route de Franche-Comté continue à suivre la rivière d’Ain, et on la côtoie de village en village sur des collines qui s’élèvent insensiblement et par une vallée qui se rétrécit toujours. […] XXVII Les diverses terrasses sur lesquelles le donjon grisâtre est élevé ou auxquelles il est adossé, ou dont il est flanqué d’un côté, donnent des places diverses aux chambres : de plain-pied d’un côté, avec les jardins, on est de l’autre au premier étage ; cette disposition de terrain sur les pentes de montagnes donne du mouvement, du pittoresque, des escaliers, des paliers, des rampes extérieures et intérieures aux maisons ; elles semblent, comme un manteau pétrifié, suivre en rampant dans leur inflexion au sol les ondulations de la roche ou du gazon qui les porte.
Il fut aussitôt enlevé de sa résidence ; puis, seul avec le cardinal Pacca, pro-secrétaire d’État, sans un domestique, sans personne des siens, — on ne permit ensuite qu’à un petit nombre de le suivre, — on le jeta dans une mauvaise voiture, sur le siège de laquelle le général français avait pris place. […] Suivaient les grands de la cour, les ministres, les rois, les princes, les princesses, les reines, et autres dignitaires.
La facilité avec laquelle, sous les tropiques et sous les latitudes très méridionales, on peut, dans les beaux jours, suivre distinctement le mouvement des comètes, est un argument en faveur de cette conjecture. » IV « L’agroupement en constellations nouvelles des étoiles situées près du pôle antarctique appartient au xviie siècle. […] Suivez-moi, commencez par la forêt vierge de l’équateur, ce miracle de la puissance créatrice végétative.
Il n’est plus ; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve, Et nous dit avec pitié : « Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? […] Un jour d’été, de très grand matin, je sortis du parc, des lits d’eau, des grands bois de lauriers de Saltochio, et je gravis les collines opulentes qui portent les gros et riches villages du pays de Lucques ; mon chien me suivait par amitié, et je portais mon fusil par contenance, car dès ce temps-là je ne tuais pas ce qui jouit de la vie.
Taine nous dit qu’en certaines circonstances, par exemple à la mort de quelque vieux compagnon d’armes, il avait des accès de sensibilité et de douleur suivis de rapides oublis. […] Il ne m’eût pas déplu, d’abord, que le poète éliminât de son paradis l’amour charnel, parce que c’est un bien trop douteux, trop rapide, mêlé de trop de maux, précédé de trop de trouble, suivi de trop de dégoût… J’ose presque dire que M.
On dit que le commerce suit le drapeau ; il est encore plus vrai de dire que l’art est en fonction des armes. […] En partant de l’Ouest, la limite commune aux deux langues de la France suit le cours de la Gironde, depuis l’embouchure du fleuve jusqu’à six kilomètres en amont de Blaye.
disait un auditeur de la première représentation, elle imprègne l’âme d’une irrésistible somnolence, et puis elle est si bruyante qu’on ne peut s’endormir… Les concerts se suivent et se ressemblent. […] Dans l’Edda de Sœmund, Regin raconte ce qui suit : « Notre frère Ottur nageait souvent dans une chute d’eau sous la forme d’une loutre.
Dumont, de l’instruction publique, suit Charles Edmond. […] Il me raconte, très spirituellement, qu’il était le fils d’un petit employé, se saignant des quatre veines pour l’élever, et que malgré ses résolutions de bon fils, malgré un petit memento des sacrifices de ses parents, qu’il écrivait, tous les soirs, pour se forcer à travailler, il était pris d’une paresse, dont il ne pouvait pas absolument s’arracher : une paresse singulière, dans laquelle il passait tout son temps, à suivre le vol des martinets sur le bleu du ciel.
Les deux volumes que voici n’ajoutent pas un iota à ce génie que j’ai suivi, reconnu, décrit et jugé tant de fois dans ses œuvres. […] Il ne le suivit pas, bien entendu.
L’école poétique nouvelle avait été volontiers jusque-là religieuse, élevée, un peu solennelle, ou sentimentale et rêveuse ; elle se piquait d’être exacte et même scrupuleuse par la forme : il rompit d’emblée en visière à cette solennité ou à cette sensibilité, et se montra familier ou persifleur à l’excès ; il nargua le rythme et la rime ; il mit la poésie en déshabillé et fit Mardoche, suivi bientôt de Namouna.
« Fidèle à la détestable méthode de collège, M. de Pongerville a tellement en aversion tous les mots qui servent de lien logique au langage, il les supprime si constamment, de peur de tomber en prosaïsme, que, pour peu que le raisonnement se prolonge, ce qui est très ordinaire chez Lucrèce, il devient impossible d’en suivre l’enchaînement chez son traducteur.
Elles passent comme à travers un rêve affreux, et au réveil elles bénissent Dieu qui les a délivrées de ce tourment. » Et suit alors l’hymne de départ du jeune soldat de l’avenir, du soldat qui s’en ira combattre une dernière fois pour la justice, pour la cause du genre humain, pour l’affranchissement de ses frères : « Que tes armes soient bénies, jeune soldat !
Il suit de là que le sentiment du vrai et du réel s’altère, qu’on adopte un monde de convention et qu’on ne s’adresse qu’à lui.
Nous n’avons pas l’intention de suivre plus longtemps la vie de notre poëte.
De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.
Sir Walter Scott, avons-nous dit, prononce la clôture de la Révolution à la mort de Robespierre ; mais il ne tient pas à lui qu’elle n’ait été terminée plus tôt, et les projets de répression qu’il expose à ce sujet n’eussent pas manqué, si on les avait suivis, de tout rétablir dans l’ordre dès la journée du 14 juillet, qu’il appelle par inadvertance le 12 juillet.
Jouffroy est celui de tous les spiritualistes, et comme de plus il élève la prétention d’avoir le premier donné à sa doctrine une valeur scientifique, il sera bon de le suivre dans son analyse et de l’arrêter au point où il tombera dans la pure abstraction.
En un mot, ce n’est que par des travaux soutenus, et non sans de continuels dangers, que nous parviendrons à conserver la liberté que nous avons conquise ; mais nous la conserverons : la masse d’influence et de richesse est assez grande de notre côté pour que nous n’ayons à craindre aucune tentative violente ; nous n’avons qu’à nous réveiller et à briser les cordes lilliputiennes dans lesquelles on nous a enlacés durant le premier sommeil qui a suivi nos travaux. » Cette délivrance, que Jefferson présageait si énergiquement en 96, il a eu l’honneur de l’accomplir.
Ce moment qui suit la séparation est très-bien peint, et les couleurs qu’y a employées l’écrivain devenu poëte nous font entrer dans le génie de la race : « Tarass voyait bien que, dans les rangs mornes de ses Cosaques, la tristesse, peu convenable aux braves, commençait à incliner doucement toutes les têtes.
Partout où il n’y a pas à suivre le développement d’un genre, d’une précise forme d’art et même alors le plus souvent, il faut s’attacher à la chronologie.
J’ai vu parfois, ayant le ciel bleu pour émail, Les nuages d’argent et de pourpre et de cuivre, A l’Occident, où l’œil s’éblouit à les suivre, Peindre d’un grand blason le céleste vitrail.
Les charnelles senteurs des verdures marines Suivent le long des flots le spectre de Vénus, ………..
» Même après que l’étroitesse d’esprit et la grossièreté de ses compatriotes l’ont dépouillé de ses illusions, il croit encore : « Ne serait-il pas mieux de les laisser suivre leur sort et de les abandonner aux erreurs qu’ils aiment ?
Le public et les poètes ne suivent guère le même chemin.
Peu soucieux de dynastie nationale ou d’indépendance politique, il accepte tous les gouvernements qui le laissent pratiquer librement son culte et suivre ses usages.
C’était ici une application du procédé que la théologie juive et la théologie chrétienne allaient suivre durant des siècles, et qui devait produire toute une série d’assesseurs divins, le Métatrône, le Synadelphe ou Sandalphon, et toutes les personnifications de la Cabbale.
« Il existe, prétend-il, une sorte d’harmonie préétablie entre le cours de la nature et la succession de nos idées, et quoique les puissances et les forces par lesquelles la première est gouvernée nous soient pleinement inconnues, nos pensées et nos conceptions ne laissent pas en définitive d’avoir suivi la même marche que les autres objets de la nature.
Seulement il ferait, suivre son nom d’un de ses nombreux titres et serait pour la circonstance « François Coppée, de la société protectrice des animaux ».
Si cette « chère âme » était belle de quelque générosité native ou acquise, nous serions — malgré le néant de la pensée, malgré l’enfantillage des constructions et le manque de vie des personnages — payés un peu de notre effort à suivre les longues divagations.
Que la flûte se résigne à le suivre de loin, dans le chœur, car elle n’est que la servante.
Elles voient les morceaux de blanc d’œuf qu’on leur jette, les suivent, les saisissent ; elles luttent avec les carpes intactes pour happer ces morceaux.
On forme encore beaucoup de nouveaux mots en faisant suivre d’un nom un verbe à l’impératif21 singulier ou un substantif verbal ; cette méthode a enrichi la langue française depuis l’origine : coupe-gorge, tire-laine, pèse-goutte, hache-paille.
Oui, génies, oui, poètes, philosophes, historiens, oui, géants de ce grand art des siècles antérieurs qui est toute la lumière du passé, ô hommes éternels, les esprits de ce temps vous saluent, mais ne vous suivent pas ; ils ont vis-à-vis de vous cette loi : tout admirer, ne rien imiter.
L’exemple de ce grand poëte & les vers* d’Alain Chartier, sont une belle leçon : Le chagrin suit les cours ; fuis-les pour être heureux.
Chamfort avait eu une jeunesse très orageuse ; sa pauvreté, ses passions, son goût exclusif pour les lettres, qui l’éloignait de toute occupation lucrative, donnèrent, à son entrée dans le monde un aspect qui put blesser des hommes austères ; et ceux qui l’avaient suivi de moins près depuis cette ancienne époque, pouvaient en avoir conservé de fâcheuses impressions.
Ce cri sinistre de guerre aux châteaux, suivi d’un incendie général et spontané, fut-il chez nous une clameur vaine et sans conséquence ?
Voilà selon moi la meilleure explication à donner de cette Cosaque par trop décosaquée… Une âme d’actrice plus que de femme, ce qui n’est pas monstrueux du tout, quoique j’en aimasse mieux une autre… Une pareille âme a obéi à sa nature et suivi son courant, en s’affolant (même avant de l’avoir vu) d’un acteur comme elle, — d’un très grand artiste, j’en conviens, — mais du plus éclatant des saltimbanques, du fameux pianiste, au sabre hongrois qu’il a remplacé par le bréviaire.
Tout à coup, elle devint, un matin, de George Sand, Mme George Sand, et même parfois Mme Dudevant… Mme Gustave Haller qui dédie ses livres à George Sand, la Présidente, en son vivant, de la République féminine des lettres, et dont les moindres billets sont pour les femmes des décorations qu’elles pendent au cou des livres qu’elles écrivent, Mme Gustave Haller suivra certainement l’exemple de celle qui l’a décorée… Et de cette façon, comme tout bas-bleu, du reste, elle ne montrera pas plus d’originalité dans sa manière de faire que dans sa manière de penser.
Les premiers parurent dans les années qui suivirent 1860.
… Certes, la vanité des bas-bleus a de singulières ivresses ; elle est quelquefois au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer, Mais pour se permettre de toucher à un sujet sur lequel la main colossale de Balzac avait écrit à suivre !
Tout ce qui a en soi une force quelconque de pensée doit s’attacher à réprimer, dans la mesure de cette force, cet histrionisme envahisseur, qui va nous déborder demain et qui a fait toujours suivre, dans l’histoire du monde, les saltimbanques par les Barbares.
Il aurait envoyé, sans la suivre, se promener la métaphysique dans le champ des révélations arbitraires, et il serait resté avec la théologie positive dans le champ de la révélation historique.
Et encore cela ne l’est-il qu’à moitié, puisque déjà, à travers les romans et les légendes, il y a un récit, interrompu ou confus, mais qui est pour l’histoire la voie qu’il faut suivre ou qu’il faut rétablir, à force de sagacité.
L’examen de ces livres nous sera une bonne occasion de démontrer par les faits que les vrais exemples à suivre pour la politique des temps présents ne sauraient être invoqués que là où nous trouvons, soit en germe, soit développés, les deux principes de la société moderne : l’élévation des mœurs dans la famille, et la grandeur de la nationalité.
Il a bien senti qu’il n’y pouvait y avoir d’organisation efficace et forte sans l’esprit de suite, sans le lien qui unit, dans leurs tendances et leurs aspirations, la génération qui vit à celle qui l’a précédée et à celle qui va la suivre, et que, là où le père de famille ne laisse point à son fils d’exemple à imiter et de nom à grandir, l’organisation politique, à proprement parler, n’existe pas.
» Ce fut lui qui, devenu l’argentier du roi, dit cette simple parole que l’Histoire a gardée : « Syre, tout ce que j’ay est vostre », et qui la fit suivre du fait, en versant une part de son immense fortune dans les finances de son pays.
Il voulut être enterré à Grenade, à côté d’Isabelle de Castille, et la royale sépulture de Poblet, où nous avons conduit tant d’illustres cendres, vit clore définitivement le rôle qu’elle avait joué sous les comtes de Barcelone et les rois d’Aragon. » C’est alors que l’historien ajoute : « Ce n’est pas sans raison que nous avons pris soin de suivre les rois et les comtes dans leur dernier asile.
D’un autre côté, par cela même que Jobez, comme, du reste, tous les économistes de père en fils, déplace la question sociale et la met dans un accroissement de richesse au lieu de la mettre dans un accroissement de moralité, toutes les questions qui suivent celle-là et qui auraient dû trouver place dans ce livre n’y sont pas même abordées.
Après Les Nièces de Mazarin, dont le succès a été brillant et mérité, il publie Madame de Montmorency, qu’il fera suivre, dit-on, d’autres portraits et d’autres biographies.
L’oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, toutes choses que ne lui donnait pas la reine, voilà ce que Louis XV demandait à l’adultère, voilà ce que, toute sa vie, il devait y chercher… » Tel il est, ce portrait que je n’ai pas voulu abréger et que je trouve, presque à ma surprise, dans cette histoire de Madame de Châteauroux, dans le récit des amours de madame de Mailly, de ce premier de tous les adultères qui vont suivre !
Les journaux, muets sur de Maistre, mugirent sur lui, et les coups de corne suivirent les mugissements de ces bœufs enragés ou de ces buffles stupides.
Quand il traduisit l’Imitation et qu’il y oubliait son génie, il allait tout uniment au courant pour lequel il était fait, il suivait la pente de son âme et de son instinct.
Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
À qui suivra comme nous ce grand mineur, ce grand stratégiste, qui creuse si bien le dessous des questions qu’il veut résoudre, il ne restera nulle incertitude pour les plus inquiets.
Malgré ce défaut qui l’a suivi partout, excepté en ces lettres, et malgré des inconvénients bien plus graves qui tenaient à de véritables indigences de cerveau, — par exemple, son manque de métaphysique et son scepticisme religieux, et même très souvent scientifique, — il n’en fut pas moins — je ne l’ai pas contesté en ce chapitre — une des forces spirituelles de son temps, mais il ne fut point le grand homme absolu qu’on l’a fait.
Pelletan restera la profession de foi — isolée — de son auteur aux incomparables grandeurs et à la vérité du dix-neuvième siècle, et nous ne disons pas assez, à toutes les grandeurs et à la vérité de tous les siècles qui le suivront.
Ainsi, déjà, pour qui sait juger, l’éloquence de Mirabeau n’est plus qu’un grand éclat de lave figée et vide, qui se creusa en bouillonnant, mais le large ruissellement de son passage, qu’on suit encore avec étonnement sur la poussière contemporaine, finira bientôt par s’effacer.
Il parle encore de Descartes et de Pascal, mais il les cite en bloc, pour les opposer, comme philosophes, aux sophistes nés d’eux et qui les ont suivis.
dans l’Hécatombe à Diane, en ces cent sonnets qui se suivent sous le titre de Printemps, lequel semble vouloir leur donner l’unité d’un poème, savez-vous combien j’en ai compté dignes d’être repêchés au fil du torrent qui les emporte et mis à l’écart et gardés comme les épaves d’un génie écumant, mais qui s’est noyé dans sa propre écume ?
Ce n’est plus seulement une description, mais une espèce d’ascension lyrique, qui, de strophe en strophe, vous porte plus haut, et, dans son rythme et son sentiment, vous enlève : Pour atteindre au plateau de la montagne, il faut Suivre un sentier pierreux, capitonné sur tranches De buis mystérieux et d’aubépines blanches.
Elle les met tous, plus ou moins, dans le sac où Scapin met Géronte, ce qui est honteux, même quand les coups de bâton ne suivraient pas… Mais, au bout du compte, elle atteste qu’il y a des mœurs et des croyances publiques auxquelles il faut, au prix de sa considération ou de son âme, se conformer.
Prosper Mérimée a eu le bonheur de naître à la littérature en cet instant, qui sera probablement unique dans l’histoire du dix-neuvième siècle, où la France, lasse de guerre et de politique, sembla vouloir changer de gloire, et se retourna vers les choses de l’esprit avec cette furie française qui n’a d’égale que les mollesses qui la suivent.
Pinelli possédait tout le charlatanisme de certains artistes : ses deux énormes chiens qui le suivaient partout comme des confidents et des camarades, son gros bâton noueux, ses cheveux en cadenette qui coulaient le long de ses joues, le cabaret, la mauvaise compagnie, le parti pris de détruire fastueusement les œuvres dont on ne lui offrait pas un prix satisfaisant, tout cela faisait partie de sa réputation.
Il suit de là que toute éloquence qui ne se propose que de faire battre des mains, doit être, à la longue, froide, fausse et médiocre.
Il n’y suit, le plus souvent, que sa fantaisie. […] Suivez-moi bien, je vous prie. […] Il la suivra en Amérique. […] Même ils ont été suivis d’un silence particulièrement profond, vous savez ? […] Mais non : il n’a jamais eu avec elle que de méchantes ironies suivies de lâches faiblesses.
Tu serviras l’homme, lui disait-il ; tu n’auras pas de liberté ; tu détourneras tes regards de ton propre cœur, tu feras abnégation de tes idées, comme de tes désirs, comme de tes instincts ; l’homme fera la loi, et tu t’y assujettiras ; ton père te choisira un époux, et tu suivras ton époux ; ton époux sera ton maître, tu lui obéiras. […] C’est que le Christ sait que cet amour même, qui l’a perdue, doit tôt ou tard la sauver ; que l’amour est sa loi ; que c’est la lumière qu’elle a reçue primitivement du Créateur ; qu’elle a raison de suivre cette lumière ; qu’elle n’a pas encore la vraie lumière, mais qu’elle a pourtant la lumière, et qu’ainsi, si elle est condamnable dans l’idéal et par l’idéal, elle est également pardonnable de droit, et par conséquent absoute, par la loi même de cet idéal, puisque, encore une fois, c’est l’amour qui tôt ou tard doit la sauver : « Parce que tu as beaucoup aimé, tes péchés te seront remis. » La société aujourd’hui a-t-elle, en pareil cas, un droit quelconque de condamner ? […] Werther et Faust, Child-Harold et don Juan, suivent l’ombre d’Hamlet, suivis eux-mêmes d’une foule de fantômes désolés qui me peignent toutes les douleurs, et qui semblent tous avoir lu la terrible devise de l’enfer : Lasciate ogni speranza.
Votre cœur y a fixé votre vie ; votre esprit y a suivi votre cœur. » Hein ! […] Après les grandes guerres africaines et asiatiques, les cortèges qui suivaient le triomphateur, prisonniers et captives dans leur costume national, les animaux et les plantes des pays lointains, et les produits de leur industrie et de leur art entassés sur des chariots, tout cela formait de véritables expositions ambulantes. […] Enfin (car, vivant beaucoup dans la rue, j’ai suivi de près toute cette évolution) voici les dégustateurs automatiques. […] Rappelons-nous ce qui suivit la délicieuse et sublime fête de la Fédération de 1790, et soyons les gardiens vigilants de nos propres cœurs. […] Mais quelqu’un qui y est allé voir, ayant « suivi le monde », m’assure que presque tous les objets qui figurent là semblent sortis des mêmes magasins de bimbeloterie.
Les rimes féminines et masculines se suivent, se croisent ou s’embrassent avec une parfaite exactitude. […] Comment ne pas suivre avec curiosité de si ardents débats ? […] De Mallarmé — qui aimait l’ouvrier d’une œuvre restreinte — l’œuvre si peu volumineuse exerça et continue à exercer sur les générations qui le suivirent une influence dont la profondeur et l’étendue apparaîtront en traits toujours plus nets et sensibles. […] Il semble que dans ses précédents ouvrages il en ait essayé de premiers crayons, et que dans ceux qui suivirent il n’ait pu s’affranchir entièrement de son souvenir. […] Pourtant, c’est dans la vie d’un artiste ou plutôt dans celle de ses œuvres une heure importante, quand on discerne leur influence sur des œuvres qui les suivent ; quand on remarque que les graines qu’elles ont semées et répandues se développent et fructifient dans de nouveaux esprits ; qu’une suite d’ouvrages étrangers et toutefois parents se dispose à les entourer ou à leur faire escorte.
À ce double point de vue, je puis bien dire, sans fausse honte, que la méthode ici pratiquée diffère de celles couramment suivies. […] Qui ne voit que dans certaines choses d’ordre prépondérant, d’ordre vital, Paris, la France et le monde latin, loin de mener l’humanité, ne la suivent même pas, et sont contraints d’accepter du dehors certaines vérités et certains éléments indispensables à l’existence moderne ? […] Suivons au moins l’humble exemple, si admirable, des fourmis : suppléons au manque d’instinct par l’intelligence. […] L’enfant leur étant périodiquement présenté, ils suivraient le processus de sa croissance, constateraient la rigueur des soins donnés et des méthodes suivies, conseilleraient, expliqueraient, rappelleraient à l’exécution des décrets. […] Il semble que leur vision mentale n’aille pas au-delà de ces mots auxquels ils attribuent une vertu magique, une puissance de fécondité miraculeuse… Il me semble, au contraire, que nous avons impérieusement besoin de fanatisme et de sectarisme, mais pratiqués à l’inverse de la méthode suivie jusqu’ici.
Puis il s’est mis à suivre assidûment les débats de la Chambre, et à en rapporter les échos de couloir, des bouts de conversation happés au passage, des indiscrétions qui courent les escaliers. […] Des jeunes filles, costumées en Alsaciennes, avec des cocardes tricolores, suivaient le convoi ; il y avait aussi un détachement de la Ligue des Patriotes ; le tout, couronné par un discours de M. […] Caro son noble refus de marcher à côté d’un corbillard que ne décorait aucun attribut religieux et que ne suivait aucun prêtre. […] Je ne puis suivre Victor Hugo dans son œuvre et dans sa vie. […] Mais il est à craindre que ce bel exemple dont Hennequin avait été l’initiateur ne soit pas suivi.
Mon but, dans cette introduction, sera surtout d’amener tous les esprits qui daigneront me suivre à comprendre que ces Mémoires sont tout à fait d’accord, et pour le fond et pour le ton, avec ce qu’on pouvait attendre de la jeunesse de Fléchier ; qu’ils ne la déparent en rien ; qu’ils font honneur à l’esprit de l’auteur, à sa politesse, sans faire aucun tort à ses mœurs, ni à sa prochaine et déjà commençante gravité ; que dans ce léger et innocent ouvrage, il a tout simplement le ton de la société choisie où il vivait ; et qu’on ne saurait, même au point de vue de la morale et de la religion, trouver cela plus étonnant que de voir saint François de Sales ouvrir son Introduction à la vie dévote en nous narrant de la bouquetière Glycera. […] Je n’ai pas à suivre la vie et la carrière de Fléchier.
» Qu’on énumère maintenant ce qui nous reste de ces neuf maîtres, sans parler de tant d’autres qui les suivaient de près, et qu’on calcule, si l’on ose, la part du naufrage. […] Nous nous garderons bien de traduire ici cette comparaison trop suivie de la petite Timo avec quelque carène délabrée de Tyr, et mieux vaut passer à la petite Fanie.
« Plutarque, dans un de ses traités philosophiques, examine si la fortune ou la vertu firent l’élévation d’Alexandre ; et voici, à peu près, comme il raisonne et décide la question : « J’aperçois, dit-il, un jeune homme qui exécute les plus grandes choses par un instinct irrésistible, et toutefois avec une raison suivie. […] Le clocher solitaire s’élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête.
(Notons que la situation même d’Athalie, si elle ne peut aussi facilement se transposer, n’est pas extrêmement rare entre rois. ) Il suit de là qu’il ne faut point un grand effort pour sympathiser avec les personnages de Racine, que nous nous sentons de plain-pied avec eux ; que c’est nous, mieux parlants et plus agités, que nous voyons souffrir et pleurer sous leur masque élégant et tragique. […] La névrose et ses mystères ont parfois dispensé nos contemporains de présenter le développement suivi d’un caractère ou d’une passion.
Le roi, suivi par son ministre et son grand prêtre, s’avança vers l’ermitage, animé du désir de voir le saint homme, trésor inépuisable de science religieuse ; il regardait le solitaire asile, pareil à la région de Brahma ; il entendit les sentences mystérieuses, extraites des Védas, prononcées sur un rythme cadencé… Ce lieu rayonnait de gloire par la présence d’un certain nombre de brahmanes… dont les uns chantaient le Samavéda, pendant qu’une autre troupe chantait le Bharoundasama… Tous étaient des hommes d’un esprit cultivé et d’un extérieur imposant… Ces lieux ressemblaient à la demeure de Brahma. […] À chaque pas que je faisais vers l’autel, le doute me suivait ; c’était la science, et, enfant que j’étais, je l’appelais le démon.
La sérénité de l’air éclairci par la fraîcheur qui suit les tempêtes s’était ensuite répandue sur sa première forme. […] Un cortège pieux suit vos pas.
Suivez donc votre ami jusqu’aux bords du Danube, et croyez que rien ne pourra altérer l’amitié qu’il vous a jurée. […] Ce me serait une joie infinie de voir votre grande Impératrice accompagnée de toute sa cour, traversant cette grande place du Palais, suivie d’une multitude de peuples.
” « Ce qui suit, est une sensation semblable à toutes les sensations que nous avons éprouvées. […] Au milieu d’un fouillis immense, il y a quelques très jolies et charmantes choses, achetées à vil prix par Burty, qui a suivi la vente, depuis les salles d’en haut jusqu’à Mazas : la salle d’en bas, où on vend la literie et les batteries de cuisine.
Voilà un homme qui n’a jamais su parler d’abondance, qui n’a jamais su même soutenir une conversation un peu suivie, qui balbutiait, qui bredouillait, et voilà l’homme qui a étudié le droit pour être avocat. […] Tous les deux, la même année, faisaient une fin très honorable, seulement avec cette différence que Maucroix persista dans cette fin, si je puis m’exprimer ainsi, tandis que La Fontaine, vous savez d’avance… Je serai court sur le mariage de La Fontaine et ce qui s’en suivit.
Les bas-reliefs du Parthénon emportés par lord Elgin n’en étaient pas moins des chefs-d’œuvre que l’admiration suivait partout, et il n’y a pas non plus une seule pierre de cet autre Parthénon de La Comédie humaine qu’on ne puisse admirer encore hors de la place où le grand architecte l’incrusta. […] je laisse là les opinions ou les intentions criminelles de Rabelais, qui dirigea son esprit, comme une catapulte, contre un ordre social magnifique et qu’on ne calomnie que parce qu’on l’ignore, mais je parle de l’essence la plus subtile de sa pensée et des influences dont elle a pénétré les générations littéraires qui l’ont suivi.
Pour moyens d’y arriver, il n’eut que deux maximes principales, qu’il suivit constamment et exactement tous les jours : c’était d’étudier mieux que ses rivaux toutes les choses qui déplaisaient à celui qui gouvernait, pour les éviter, et toutes les choses qui lui plaisaient et celles qui lui plaisaient le plus, pour les rechercher avec soin dans l’étendue de son ministère.
Ainsi, dans la note qui est à la page 123 du tome VIII, et dans laquelle je remarquais que depuis quelque temps on en est venu en littérature à faire de l’exagération une vertu et à instituer une théorie en l’honneur des génies outrés, une des phrases doit être rectifiée comme il suit : « C’était aussi la théorie déclarée de Balzac, qui n’admettait pas que Pascal pût demander à l’âme des grands hommes l’équilibre et l’entre-deux entre deux vertus ou qualités extrêmes et contraires.
La résistance de Mme Pierson, la tristesse résignée d’Octave, les sons de la voix aimée qui n’éveillent plus en lui ces transports de joie pareils à des sanglots pleins d’espérance, sa pâleur, qui réveille au contraire en elle cet instinct compatissant de sœur de charité ; puis, au premier baiser, l’évanouissement, suivi d’un si bel effroi, cette chère maîtresse éplorée, les mains irritées et tremblantes, les joues couvertes de rougeur et toutes brillantes de pourpre et de perles ; ce sont là des traits de naturelle peinture qui permettraient sans doute de trouver en cet épisode la matière d’une comparaison, souvent heureuse, avec Manon Lescaut ou Adolphe, si une idée simple et un goût harmonieux avaient ici ménagé l’ensemble, comme dans ces deux chefs-d’œuvre.
Lorsque les sorcières annoncent à Macbeth qu’il sera roi, lorsqu’elles reviennent lui répéter cette prédiction au moment où il hésite à suivre les sanglants conseils de sa femme, qui ne voit que c’est la lutte intérieure de l’ambition et de la vertu, que l’auteur a voulu représenter sous ces formes effrayantes ?
Le ciel et le paysage lui tiennent lieu de conversation ; il n’a point d’autres poëmes ; ce ne sont point les lectures et les entretiens qui remplissent son esprit, mais les formes et les couleurs qui l’entourent ; il y rêve, la main appuyée sur le manche de la charrue ; il en sent la sérénité ou la tristesse quand le soir il rentre assis sur son cheval, les jambes pendantes, et que ses yeux suivent sans réflexion les bandes rouges du couchant.
Voilà la géographie de l’âme, qui donne seule de l’importance à cette géographie terrestre, et qui fait suivre d’un œil curieux les routes, les stations, les progrès, les bornes, les catastrophes des empires, conduisant par des voies visibles l’humanité au but invisible, mais ascendant, non de sa grandeur ici-bas, mais de sa grandeur ailleurs, c’est-à-dire de sa moralité !
J’ai d’ailleurs remarqué que cette amabilité des citations l’avait suivi dans toute sa carrière : alors qu’il était arrivé, n’ayant besoin de personne, il aimait à citer des travaux secondaires d’inconnus, de jeunes gens, sans intérêt alors assurément, par souci d’exactitude et minutie d’information.
Théodore de Banville a été un des premiers poètes de ce temps qui aient suivi les traces de Chénier aux pentes fleuries de l’Hymette où Béranger n’éveilla pas les abeilles, un des premiers à faire sur des sujets antiques des vers nouveaux, ce qui fut la gloire vraie de Chénier.
Comme il suit ses métaphores, quand il en rencontre une, parce qu’il sait bien que des mois succéderont aux mois avant qu’il en rencontre une autre !
Il possède la foi et, avec elle, l’intolérance qui la suit de près.
Cependant Flaminio, qui n’était pas satisfait de l’hymen qu’on lui préparait, s’était enfui de Gênes et était venu à Bologne, où il s’était épris d’Isabelle, qu’il avait suivie à Rome.
Les livres agissent de deux manières sur les mœurs : ou bien ils posent des modèles à suivre, ils imaginent des types dont l’imitation est conseillée, ce sont les livres des moralisateurs ; ou bien ils décrivent, sans arrière-pensée, des anecdotes et des figures contemporaines, véridiques ou de fiction, c’est-à-dire de combinaison, ce sont les livres des moralistes, qui agissent parce qu’ils font voir clair.
On comprend que Renan ait pu, à la fin de la vie de Jésus, poser cette question : la grande originalité renaîtra-t-elle ou le monde se contentera-t-il désormais de suivre les voies ouvertes par les hardis créateurs des vieux âges36 ?
Il rentra bientôt sous la poussée violente d’un petit homme vif et glabre qui le suivait et criait : « Non, non, je ne m’en irai pas.
J’aime mieux un yogi, j’aime mieux un mouni de l’Inde, j’aime mieux Siméon Stylite mangé des vers sur son étrange piédestal qu’un prosaïque industriel, capable de suivre pendant vingt ans une même pensée de fortune.
Plusieurs des disciples le suivaient.
On en rencontre dans les cours des sciences les plus abstraites, et, dans l’Assemblée constituante, on a vu les plus brillants orateurs jaloux de l’attention d’un essaim de femmes célèbres par l’esprit, la beauté et le patriotisme, qui suivaient toutes les grandes discussions.
À l’étranger de même, il est inutile de tenir compte soit des travaux de Brandèscj qui suit Sainte-Beuve, soit de la critique anglaise qui est théologique avec M.
Un conseil de lui est suivi, comme l’éclair, d’un grondement ténébreux dans la nuée, prolongement inquiétant.
C’est de l’un des plus intéressants entre ces esprits libres, personnels, originaux, que nous allons, dans les pages qui suivent, exposer les principes et les idées.
Rien de si naturel que ce sentiment et la réflexion qui le suit.
Le grand nombre de ceux qui ont suivi et défendu une opinion sur la physique établie par voïe d’autorité ou de confiance aux lumieres d’autrui, ni le nombre des siecles durant lesquels cette opinion a regné, ne prouve donc rien en sa faveur.
Ainsi cette division des sons de la voix en son continu et en son mélodique ou en son géné, assujeti à suivre dans sa progression des intervalles reglez, étoit un des premiers principes de la science de la musique.
Il ajoûte, qu’il a vû deux comédiens célebres également applaudis, quoique leur maniere de déclamer fut bien differente, mais chacun avoit suivi son naturel dans la maniere de joüer la comédie qu’il avoit prise.
Si donc nous connaissions la société la plus simple qui ait jamais existé, nous n’aurions, pour faire notre classification, qu’à suivre la manière dont cette société se compose avec elle-même et dont ses composés se composent entre eux.
Les charmes, il faut savoir les goûter ; il faut savoir écouter longtemps ; il faut savoir suivre le penseur dans tous les détours et même dans toutes les hésitations de sa pensée ; il faut sentir l’objection se lever doucement dans notre esprit, mais la prier de ne pas éclater et d’attendre le moment où peut-être l’auteur se la sera faite lui-même, et le plaisir est très vif alors ; car d’abord nous sommes sûrs d’être bien en commerce intellectuel avec l’auteur, puisque nous l’avons prévenu, c’est-à-dire compris d’avance, et ensuite nous nous disons avec satisfaction que nous ne sommes pas indignement inférieurs à lui, puisque l’objection qu’il s’est faite, nous la lui faisions, c’est-à-dire puisque nous circulions dans sa pensée presque aussi largement, presque aussi aisément que lui-même.
Roselly de Lorgues les énumère et les développe avec un détail que nous ne pouvons suivre, parce qu’il nous mènerait trop loin, mais il ne s’est pas contenté de cela.
Non seulement, comme nous l’avons dit plus haut, ce livre ne remonte pas aux causes qui produisirent la Ligue, mais, de plus, il n’éclaire pas les faits qui suivirent sa dissolution, et qui auraient mieux prouvé, que ses causes encore, combien elle était dans la vérité.
En effet, si, philosophiquement, le fond des choses manque au livre des Sociétés humaines, si la théorie n’y bâtit même pas la première arche du pont sur lequel elle doit passer, il y a néanmoins, dans cette œuvre d’expectative, des opinions qui font prendre patience aux plus pressés et qui préviennent sur ce qui doit suivre.
Theiner, outre que c’est là un nom modéré et honnête pour toutes les lâchetés politiques, c’est précisément la question, et elle nous semble suffisamment résolue par les événements déplorables dont l’abolition fut suivie.
Après nous avoir donné récemment les Filles du régent, cette Critique historique vient de les faire suivre des Six Filles de Louis XV, et nécessairement parmi ces dernières, plus ou moins insultées, elle a dû toucher surtout à celle-là qui, elle !
Venu tard dans le mouvement qu’il suit et qui va s’arrêter, on peut prendre Banville pour le dernier des romantiques contemporains.
C’est le caractère le mieux venu, le mieux suivi, le plus étudié de tout le roman.
En divers pays, l’exemple de libération fut suivi.
C’est le concours des philosophes et des poètes qui perfectionne les langues ; c’est aux philosophes qu’elles doivent cette universalité de signes qui rend une langue le tableau de l’univers ; cette justesse qui marque avec précision tous les rapports et toutes les différences des objets ; cette finesse qui distingue tous les progrès d’actions, de passions et de mouvements ; cette analogie qui dans la création des signes les fait naître les uns des autres, et les enchaîne comme les idées analogues se tiennent dans la pensée, ou les êtres voisins dans la nature ; cet arrangement qui, de la combinaison des mots, fait sortir avec clarté l’ordre et la combinaison des idées ; enfin cette régularité qui, comme dans un plan de législation, embrasse tout et suit partout le même principe et la même loi.
» On sent bien qu’il devait parler des connaissances et des lettres avec dignité ; il fait voir qu’elles ont été chères à tous les princes qui ont été grands ; il cite Aristote comblé de bienfaits par Philippe, Xénocrate par Alexandre, Aréus par Auguste, Dion par Trajan, Sextus par Marc-Aurèle : « Tu imites ces grands hommes, dit-il à un empereur, la philosophie et les lettres marchent partout avec toi ; elles te suivent dans les camps ; par toi elles sont respectées, non seulement du Grec et du Romain, mais du Barbare même ; le Scythe épouvanté qui est venu implorer ta clémence, a vu la philosophie près de toi, balançant le sort des peuples, et décidant des trêves de la paix que tu accordes aux nations.
Démêlez ce ressort, montrez comment il communique le mouvement aux autres, suivez ce mouvement de pièce en pièce jusqu’à l’aiguille où il aboutit. […] Quand l’esprit, à peine attentif, suit les contours indistincts d’une image ébauchée, la joie et la douleur l’effleurent d’un attouchement insensible. […] Vous ne suivez pas ce développement ; vous maintenez toujours votre personnage dans la même attitude ; il est avare ou hypocrite, ou bon jusqu’au bout, et toujours de la même façon ; il n’a donc pas d’histoire.
À ce moment où le petit journaliste défendait à Périgueux le gouvernement des satisfaits, tout en songeant à part lui qu’il faisait peut-être une besogne honteuse s’il avait rencontré sur son chemin quelque théoricien du socialisme, imposant par sa foi, ardent de langage, austère de mœurs et sacerdotal d’allures, comme il s’en est trouvé, il n’est pas déraisonnable de supposer qu’il eût suivi cet apôtre en lui disant : « C’est vous la vérité et la vie ». […] Il triompha du moins assez vite de ces premiers assauts, plus redoutables, qui suivirent immédiatement son retour à Dieu, de la séduction du péché encore tout proche, des mauvais souvenirs encore tout chauds dans le sang de ses veines. […] tous vos arguments, je les connais ; pendant les six années de catéchisme de persévérance qui ont suivi ma première communion, j’ai entendu réfuter toutes les hérésies, sans compter les schismes.
On en suivrait aisément les traces et le progrès au sein de cette obéissance sans réserve et de cette foi universelle à la royauté de Louis XIV ; mais il est contenu, réglé, et comme contre-balancé par l’esprit de discipline. […] Les expressions suivent, sans interruption et sans effort. […] Là Fénelon n’a point suivi Homère et Virgile.
* * * — La vie est hostile à tout ceux qui ne suivent pas le grand chemin de la vie, à tous ceux qui ne rentrent pas dans les cadres de la grosse armée régulière, à tous ceux qui ne sont ni fonctionnaires, ni bureaucrates, ni mariés, ni pères de famille. […] Trois intérieurs, à trois crans de l’échelle, m’ont frappé… Au fond d’une cour, rue Jacob, on monte cinq étages, on suit un corridor où donnent des portes de chambres de domestiques, une sorte de labyrinthe dans des communs. […] Gavarni, Chennevières, Nieuwerkerke sont déjà là, puis arrive la princesse, suivie de sa lectrice, Mme de Fly.
» phrase qu’il fit suivre à peu près de ceci : « Vous dites à une femme, je vous aime ! […] Enfin, un jour, à propos de je ne sais quoi de patricoté sans sa participation, le maréchal furieux se rendit chez le Roi. « J’étais averti, dit Thiers, et ma voiture suivit de près la voiture du maréchal… Dans les affaires, voyez-vous, Gambetta, il faut toujours avoir une figure de bonne humeur… Retenez cela, Gambetta, ça vous servira… La porte du Roi était fermée pour tout le monde. […] Il y a une gibelotte de lapin, suivie d’un rosbif, après lequel fait son entrée un poulet rôti.
Il me dit qu’il lui faut un certain courage pour sortir dans la rue, suivi de ses cinq enfants, qu’on s’étonne, qu’on rit, qu’on les compte tout haut, derrière lui. […] Il a eu la curiosité de suivre Eyraud, au champ des navets, où il l’a vu mettre en terre, après qu’on a retourné sa tête, dont le visage se trouvait tourné du côté de son dos, dans la bière, sur laquelle il y avait écrit son prix : 8 francs. […] Et c’est aussitôt, avec une vivacité, un entrain, un brio de la parole, l’histoire de ses tournées à travers l’univers, nous donnant ce curieux détail, que sur l’annonce de futures représentations aux États-Unis, annonce toujours faite un an d’avance, une cargaison de professeurs de français est demandée, pour mettre les jeunes gens et les miss de là-bas, en état de comprendre et de suivre les pièces qu’elle doit jouer.
Dernièrement il avait vu, dans la rue, Huysmans fermer son parapluie, et il nous peint le petit frottement des mains contre le haut de sa poitrine qui a suivi, et la contracture des gestes, et l’incurvation du poignet, et enfin la marche de l’homme névrosé, qui n’a pas la grande enjambée ordinaire, mais une enjambée, qui a l’air d’être retenue par une chaîne. […] Un trapéziste extraordinaire, un homme volant dans l’espace, et c’est singulier, comme cet exercice a un retentissement chez moi, comme il n’est pas suivi seulement par mes yeux, mais par un jeu émotionné et presque actif de mes muscles et de mes nerfs, dans l’immobilité. […] Il parle de Réjane, proclame qu’elle a été admirable, alors que dans son écroulement moral, elle l’a forcé, pour ne pas l’y laisser, de la suivre dans sa tournée. […] Alors — c’est bien de ce temps catholico-romantique — pour remercier Dieu de l’article, Adolphe Dumas faisait communier, en sa compagnie, et celle de deux autres littérateurs, Mistral à Notre-Dame, après qu’on s’était confessé au Père Félix : communion suivie d’un gueuleton, où l’on se grisait fortement.
Ce fut, je pense, durant la période troublée de son existence qui suivit les jours de la Commune, à laquelle il avait été mêlé. […] Et son vieux parrain, le baron Heurtel, qui a suivi avec une amicale sollicitude l’entreprise sentimentale de son ambitieuse petite filleule, achève de l’éclairer sur elle-même par de sages paroles. […] René Boylesve l’attestaient écrivain délicat et conteur ingénieux, ce furent Mlle Clocque, suivie bientôt de la Becquée et de l’Enfant à la Balustrade, qui affirmèrent et caractérisèrent son talent. […] C’est pourquoi il prend soin d’accoupler ses notices et de les faire suivre de parallèles, à la façon de Plutarque, parallèles ingénieux où il s’attache à faire ressortir les différences de caractères et de méthodes de ces divers conquérants du bien d’autrui. […] Certes, l’ancien capitaine du Royal-Dragon était bon royaliste et devait suivre avec tristesse et avec inquiétude les débuts du mouvement révolutionnaire, mais de là à quitter la France, il y avait un pas, et il ne le franchit que malgré lui.
On les suit cependant ! […] Weiss, Cuvillier-Fleury, Prévost-Paradol, — a bien fait mine de résister, mais on ne l’a point écoutée et surtout on ne l’a pas suivie. […] Albert Blanc, en 1858, les Mémoires politiques de J. de Maistre, Paris, Michel Lévy ; — suivis, en 1861, de la Correspondance diplomatique [1811-1817], Paris, Michel Lévy. […] Rome a refusé de le suivre ou de se laisser entraîner dans cette voie ; — pour des raisons dont elle était seule juge ; — et qui avaient bien en 1836 leur valeur politique. — Lamennais a rompu avec la Papauté pour des motifs qu’il a donnés lui-même [Cf. […] II, Paris, 1843] ; — Benjamin Constant, « De Wallenstein et du théâtre allemand », dans ses Mélanges, Paris, 1829 ; — Fauriel, Carmagnola et Adelghis, tragédies de Manzoni, suivies d’une Lettre de Manzoni à M.
nous avons de la peine à suivre vos paroles : c’est dans votre intérêt même que je me permets cette interruption. […] La calomnie, on le voit, avait mis du temps à cheminer et à suivre son détour.
III Après ses études classiques, prématurément achevées avec une facilité qui dévorait les difficultés de l’étude, son père, riche et facile, sans préoccupation de fortune pour son fils, le rappela dans sa maison pour lui laisser le choix réfléchi d’une carrière à suivre. […] L’influence alternative de Voltaire sur l’esprit humain a suivi depuis 1778 la destinée de ce cercueil.
La paix qui suivit les grandes guerres de l’Empire fit connaître l’Europe à la France. […] Il la suit quand elle traduit heureusement leur commun modèle ; souvent il l’abandonne pour la surpasser18.
Il a suivi imperturbablement la voie de son esprit, qui est robuste et logique. […] Michelet, cet halluciné dans l’Histoire, est l’historien qui doit laisser le plus sa détestable influence sur l’imagination de la génération présente et des générations qui vont suivre.
Commencer par la prière, l’amour, l’adoration, et finir par l’union, telle est la gradation nécessaire et légitime que suit l’âme religieuse. […] Le Dieu dont l’âme religieuse écoute la voix, suit la volonté, prend en quelque sorte la nature, est un Dieu sorti lui-même des entrailles de l’humanité.
Ils sont bien montés et te suivront aisément.
Vous êtes entré dans une voie que vous ne sauriez suivre jusqu’au bout sans mettre en péril une foule d’idées qui vous sont encore chères et sacrées. » Nous sommes avertis, en effet, par l’auteur dans la courte préface qu’il a mise en tête, que ce volume renferme « des manières de dire et de penser qui lui sont devenues à peu près étrangères ».
C’est ce qu’il appelle la conscience du genre humain, — une sorte de miroir supérieur et mobile où se réfléchissent et se concentrent les principaux rayons, les principaux traits du passé, et qu’à chaque époque le nombre plus ou moins grand des hommes qui pensent promène avec soi et transmet à ceux qui suivent.
Ce n’est point à cette révolution même que je l’impute, mais au manque absolu de direction morale qui a suivi, et auquel les hommes d’État les mieux intentionnés n’ont pas eu l’idée, ou le temps et le pouvoir, de porter remède.
En dépit de Bavus soyez lents à me suivre.
Les autres portraits qui suivent, plus fins, plus nuancés et assaisonnés de malice, sont évidemment d’après nature.
Examinons cependant pourquoi, depuis les premières années de la révolution, l’éloquence s’altère et se détériore en France, au lieu de suivre les progrès naturels dans les assemblées délibérantes ; examinons comment elle pourrait renaître et se perfectionner, et terminons par un aperçu général sur l’utilité dont elle est aux progrès de l’esprit humain et au maintien de la liberté.
Taine, et j’ajoute sans perdre un instant de vue la réalité et les faits) à une conception de l’art de plus en plus élevée, partant de plus en plus exacte… Aucune de ces définitions ne détruit la précédente, mais chacune d’elles corrige et précise la précédente, et nous pouvons, en les réunissant toutes et en subordonnant les inférieures aux précédentes, résumer ainsi qu’il suit tout notre travail : L’œuvre d’art a pour but de manifester quelque caractère essentiel ou saillant, partant quelque idée importante, plus clairement et plus complètement que ne font les objets réels.
Si sa critique n’est pas plus technique, n’est-ce pas que le public ne l’aurait pas suivi ?
Par l’explication, on s’habitue à se mettre dans une certaine attitude d’esprit, dans un certain état d’activité en face des textes ; on acquiert l’art de les interroger rapidement, de les presser, d’en voir et résoudre les difficultés, d’en saisir et d’en suivre les suggestions, de leur faire rendre tout ce qu’il nous est possible de leur arracher de leur contenu.
Il est vrai que ce mysticisme simulé peut quelquefois redevenir sincère ; car la conscience de l’incurable inassouvissement du désir et de sa fatalité, le détraquement nerveux qui suit les expériences trop nombreuses et qui dispose aux sombres rêveries, tout cela peut faire naître chez le débauché l’idée d’une puissance mystérieuse à laquelle il serait en proie.
Il suffit de se rappeler ce que dit Brantôme du goût de Catherine de Médicis pour les spectacles de la commedia dell’arte, pour qu’on ne doute pas que l’apparition des artistes italiens parmi nous dût suivre de près le mariage de cette princesse et devenir, dès lors, de plus en plus fréquente.
Comme nous ne saurions jamais suivre à l’infini le retentissement de nos actes et comprendre leur rapport avec l’ensemble des choses, comment pourrons-nous jamais avoir une certitude sur la valeur morale de ce que nous faisons ?
Dans la mémoire de tous leurs élèves, ces deux physionomies se sont gravées en traits ineffaçables ; pour tous ceux qui ont eu le bonheur de suivre leurs leçons, ce souvenir est encore tout récent ; il nous est aisé de l’évoquer.
Villemain, fait naître plus de tracasseries que de grandes luttes, plus d’intrigues que de grandes passions. » L’esprit humain a infiniment plus travaillé sous les années de compression de la Restauration que sous les années de liberté raisonnable qui ont suivi 1830.
Sa foi dans la prochaine venue du Messie ne fit que s’affermir ; il suivait avec attention les mouvements du dehors, et cherchait à y découvrir les signes favorables à l’accomplissement des espérances dont il se nourrissait.
Les brebis entendent sa voix ; il les appelle par leur nom et les mène aux pâturages ; il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.
Je prends à tache de fixer l’attention sur cette vérité et sur la date précise de 1669, parce que postérieurement aux négociations, à la fin de 1669 et en 1670, nous voyons madame Scarron en correspondance suivie, et toute pieuse, avec un directeur spirituel, nommé Gobelin, que quelques dévotes regardaient comme un saint, mais que madame Scarron traitait comme un sot.
Ma tête ébranlée retentissait à chaque coup. » Les appels au père recommencent, pressants et perçants à fendre sa tombe ; le mémento suit l’invocation.
Pourtant, parce qu’un homme tel que M. de Lamartine a trouvé convenable de ne pas clore l’année 1848 sans donner au public ses confessions de jeunesse et sans couronner sa politique par des idylles, faut-il que la critique hésite à le suivre et à dire ce qu’elle pense de son livre, faisant preuve d’une discrétion et d’une pudeur dont personne (et l’auteur moins que personne) ne se soucie ?
un parallèle suivi qui serait curieux pour l’histoire des mœurs du Grand Siècle.
Les aventures du début sont les plus agréables et les plus suivies.
Qui lui dira de quoi eut été suivie cette première représentation ?
Partout la vertu s’y présente sous mille formes, suivie de la félicité.
Gall a entrepris cette œuvre, mais il en a compromis le succès par une précipitation excessive ; il a voulu réaliser à lui tout seul une entreprise qui, en supposant qu’elle fut possible, demanderait peut-être plusieurs siècles d’observations et d’expériences rigoureusement suivies.
Depuis longtemps, le protestantisme s’est mis d’accord avec les principes de la société moderne, et d’ailleurs l’Église catholique elle-même, si elle est bien inspirée et si elle suit les conseils de ses vrais amis, de ses plus généreux adhérents, se hâtera de faire disparaître les causes de cette fâcheuse défiance en s’alliant hardiment et librement avec l’esprit nouveau.
L’auteur de cet ouvrage (M. l’Abbé de la Porte) a cru qu’une histoire abrégée des Voyages, en forme de Lettres, dont le style familier, commode, est à la portée de tous les lecteurs, amuseroit plus & soutiendroit mieux l’attention, qu’une rélation suivie, continue, didactique & surement il a trouvé des partisans de sa méthode.
Mais, pour suivre la comparaison, ce même pendule, une fois éloigné de sa situation naturelle, y retombe mille fois sans s’y arrêter, jusqu’à ce que son mouvement, ralenti peu à peu par le frottement et par la résistance, soit enfin totalement détruit.
Lisez en effet tous ces récits de la sœur Emmerich, et entre tous, ce splendide et angoissant récit de la Passion, suivie d’heure en heure, de minute en minute, sans rien oublier ; et voyez si la sublimité de l’Évangile a éteint les couleurs de ce récit et diminué son effet déchirant et profond !
Pour beaucoup de ceux dont la vie fut une lutte et un mérite sans éclat et sans justice, on se ravise… Et c’est ainsi que, pour ceux-là, les quelques jours qui suivent immédiatement la mort sont les meilleurs de la vie.
Tous les grands hommes n’ont pas que des filles à la manière d’Épaminondas… Tous les grands ministres, même ceux qui furent cardinaux, ne sont pas des moines comme Ximénès et ne sombrent pas tout entiers sous leur cilice et dans la tombe, et il est intéressant de suivre, après eux, la destinée de ces familles au sein desquelles ils ont brillé, — dont ils étaient l’âme et la puissance ; il est intéressant d’apprendre comment se sont écartées et rompues ces racines, verticales et horizontales (comme dit un écrivain allemand), qui les attachaient à la terre !
Beaucoup sont incapables d’y procéder ; et celles qui en sont capables se règlent, dans cette opération, sur la forme de leur activité et sur la nature de leurs besoins. « Les corps, écrivions-nous, sont taillés dans l’étoffe de la nature par une perception dont les ciseaux suivent le pointillé des lignes sur lesquelles l’action passerait 16 ».
Ne perdant jamais de vue ce point, suivons la variation de notre figure de lumière.
C’est l’œuvre d’un physiologiste de génie qui s’interroge sur la méthode qu’il a suivie, et qui tire de sa propre expérience des règles générales d’expérimentation et de découverte.
Son extérieur était simple, son caractère ne l’était pas ; ses discours, ses actions avaient de l’appareil et semblaient avertir qu’il était grand ; suivez-le, sa passion pour la gloire perce partout ; il lui faut un théâtre et des battements de mains ; il s’indigne quand on les refuse ; il se venge, il est vrai, plus en homme d’esprit qu’en prince irrité qui commandait à cent mille hommes, mais il se venge ; il court à la renommée, il l’appelle ; il flatte pour être flatté : il veut être tout à la fois Platon, Marc-Aurèle et Alexandre57.
Ils me suivent par milliers, demandant où est le sentier battu qui conduit au bonheur, les uns sollicitant des prédictions, les autres la guérison des maux divers qui les affligent. » Ces promesses d’Empédocle lui donnaient un caractère d’oracle ou de magicien : « Quel secours, disait-il91, peut écarter les maux et la vieillesse ?
» Il est évident qu’à ses yeux l’imagination était le don le plus précieux, la faculté la plus importante, mais que cette faculté restait impuissante et stérile, si elle n’avait pas à son service une habileté rapide, qui pût suivre la grande faculté despotique dans ses caprices impatients. […] C’est là un de ces sujets légendaires qu’on trouve répercutés dans plusieurs religions et qui occupent une place même dans la mémoire des enfants, bien qu’il soit difficile d’en suivre les traces positives dans les saintes Écritures. […] G., dirigé par la nature, tyrannisé par la circonstance, a suivi une voie toute différente. […] Il a souvent récité les ïambes d’Auguste Barbier sur les Journées de Juillet, mais il n’a pas, avec le poëte, versé son pianto sur l’Italie désolée, et il ne l’a pas suivi dans son voyage chez le Lazare du Nord. […] Après avoir énuméré tous les châtiments qui suivent incessamment les violateurs de la loi morale et les enveloppent déjà comme un enfer terrestre, il adresse aux cœurs défaillants et faciles à fasciner cette apostrophe qui ne manque ni de sinistre ni de comique : « Malheur à vous, messieurs, si le sort des Loustau et des Lucien vous inspire de l’envie !
Ils le suivent, parce qu’il y a de la gloire et surtout de l’avancement à gagner. « Deux officiers, dit Stendhal, commandaient une batterie à Talavera ; un boulet arrive qui renverse le capitaine. — Bon ! […] Ce fut là sa vie jusqu’à vingt-sept ans, et celle qui suivit ne valut guère mieux. […] Nous la suivons en lui à mesure qu’elle naît, nous la voyons sortir d’une autre, grandir, s’abaisser, puis remonter encore, comme nous voyons la vapeur sortie d’une source s’élever insensiblement, enrouler et développer ses formes changeantes. […] Son meilleur plaisir est de suivre tout au long non point même un vice, mais un travers, la manie du bric-à-brac dans l’antiquaire, la vanité archéologique dans le baron de Bradwardine, le radotage nobiliaire dans la douairière de Tillietudlem, c’est-à-dire l’exagération plaisante de quelque goût permis, et cela sans colère, parce qu’en somme ces gens ridicules sont estimables et parfois généreux.
Je devrai mettre à nu des idées nouvelles, préciser des tendances, deviner des frissons, suivre le sourd travail des consciences, découvrir des individus, détruire quelques réputations usurpées, jeter de la clarté, enfin, dans cette mêlée littéraire, qui apparaît aux regards du public comme un remous si trouble et si confus. […] Le Blond suit sa pensée et sa passion. […] Comme ce genre de tournoi me répugne suffisamment, j’ai refusé de les suivre sur ce terrain, car qu’importent pour le lecteur les vagues agissements de quelques personnalités médiocrement connues ? […] Mais, si nous étudions d’un peu près les auteurs et les philosophes que les récentes générations se sont choisis et suivent encore comme des maîtres et comme des exemples, nous n’en verrons aucun qui se soit élevé à la suprême dignité d’un apôtre du cœur et qui se soit soucié de rehausser la sensibilité abolie, anémiée ou corrompue de ses concitoyens.
Et déjà, malgré les railleries, il a été suivi dans cette voie précieuse. […] Non point d’agir par de généreuses et passagères saccades : mais ils étaient désormais incapables d’une action suivie, des réalisations obstinées, des longues résistances. […] Un plan tracé d’avance, un ordre suivi rigoureusement, il faut, pour ces choses, être de sang-froid, asservir, dès le début, sa création à une fin pratique. […] Aussi les Albains suivent-ils des chefs, seuls capables — en fait — d’opinions. […] Pour suivre les poètes j’avais tout sacrifié.
Année 1895 Mercredi 2 janvier Ce soir, une femme agitant un éventail en plumes blanches, que je lui ai donné, me disait cette phrase gentille, et comme seules les femmes savent en trouver : « Pour moi, les choses que vous me donnez, et que je pose sur une commode, ou que j’accroche au mur, ne me sont de rien, je n’aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail. » Dimanche 6 janvier Carrière, qui était à la parade de la dégradation militaire de Dreyfus, perdu dans la foule, parlant de La Patrie en danger, me disait que moi, qui avais si bien rendu le mouvement fiévreux de la rue, pendant la Révolution, il aurait voulu que je fusse là, et que bien certainement, j’aurais tiré quelque chose du frisson de cette populace. […] ……………………………………………………… Et pendant que Sarah récite ces vers, il m’est donné de les suivre, dans un exemplaire calligraphié par Montesquiou, et enluminé par Caruchet, où sur le chamois du papier, de délicates plumes blanches de paons, peintes d’une discrète manière à la gouache, semblent les élégants filigranes du papier. […] Les heures, où l’on va à un enterrement, où on le suit, me semblent des heures, où l’activité de votre esprit est engourdie par du néant.
» Burty me confirme l’affiche mystique de Trochu, dont on avait parlé au dîner de Brébant : la célébration, par ordre, d’une neuvaine à la Vierge, que devait suivre un miracle. […] C’est insupportable, cette incertitude, devant une action que vous avez sous les yeux, que vous suivez avec une longue-vue, et dont vous ne pouvez vous rendre compte. […] Sa femme le suit, en poussant des cris terribles. […] La vraie dévastation commence à l’Avenue de la Grande Armée, et suit tout le long jusqu’au rempart du côté des rues de Presbourg, des rues Rude, des rues Pergolèse, etc. […] Derrière suivent deux voitures pleines de fusils.
Le duc de Bourgogne n’a pas régné, et la monarchie française, lancée à travers les révolutions, a suivi un tout autre cours que celui qu’il méditait de lui faire prendre. […] Les plans que Saint-Simon développa au duc d’Orléans pour une réforme du gouvernement ne furent qu’en partie suivis.
Condamnée à reproduire sans fin des types invariables, où la figure humaine se dégrade en d’étranges associations avec des formes animalesques, elle est l’expression de ce peuple mystérieux, soumis et grave, qui voit dans la vie des animaux une image de la vie divine et un modèle à suivre, afin de participer lui-même, par l’asservissement à une règle imposée, à l’immutabilité sacrée des lois de l’univers. […] L’œil ne peut s’en arracher ; on les regarde, on les suit, on les admire, on les plaint avec ce sentiment qu’on éprouverait pour des êtres qui auraient eu ou qui auraient encore le sentiment de la vie.
Valjean trouve à l’embouchure tous les personnages dont le roman a besoin pour se dénouer : Javert, qui l’a suivi, invisible, et qui croit tenir en lui un assassin emportant un cadavre accusateur à la rivière ; Thénardier, qui erre aussi dans ces parages et qui lui en donne la clef ; Marius, évanoui sur ses épaules, qu’il couche sur la plage et qu’il rapporte ensuite à son grand-père, sans se faire connaître. […] C’est du Pixerécourt, mais toujours écrit par le génie du grand écrivain qui, comme sa lanterne sourde, le suit partout.
Quand les nuages promènent leurs mouvants bataillons autour d’une montagne, ou plongent en se courbant entre ses cimes ; qu’on suit l’ombre et la lumière illuminant ou obscurcissant ses vallées, et qu’on entend les eaux sourdre de ses flancs, que de proportions, d’harmonies, de beauté dans cette portion de la nature promenant autour du mont immobile son éternelle mobilité ! […] Il se rejettera plein de tristesse et d’amertume dans la nature ; et c’est en effet la marche que notre littérature a suivie.
Notre langue suit la destinée de la nation. […] Quant aux exploits du capitaine, outre sa part dans tous les combats qui précédèrent ou suivirent l’occupation de Constantinople, quoi de plus héroïque que sa belle retraite devant les Bulgares, et ce combat offert par quatre cents chevaliers français à quarante mille cavaliers ; soutenus par des troupes de pied !
D’autre part il détourne l’homme de profiter des lacunes de la solidarité sociale pour suivre, contre les autres, son propre intérêt. […] Et je rappellerai un mot bien connu et qu’on ne prend guère que par son côté plaisant : « Je suis leur chef, il faut bien que je les suive. » Il exprime une vérité profonde.
Chaque individu parcourt à son tour la ligne qu’a suivie l’humanité tout entière, et la série des développements de l’esprit humain est exactement parallèle au progrès de la raison individuelle, à la vieillesse près, qu’ignorera toujours l’humanité, destinée à refleurir à jamais d’une éternelle jeunesse. […] Voltaire ne faisait d’ailleurs que suivre les traces des apologistes.
Eva n’est point seule : sa servante Madeleine la suit à pas comptés, en beaux atours, son livre d’Heures à la main, commère coquette et prudente. […] La Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter) Analyse du numéro de février 1885 1° H. de Wolzogenal : — Conférence faite à Vienne le 13 février 1884. — L’auteur suit le développement de Wagner : d’abord révolutionnaire des conditions sociales et artistiques de son temps ; puis réformateur de l’art ; enfin régénérateur d’une culture idéale.
Boulanger a parlé comme il suit à notre collaborateur : « — Il y a eu beaucoup d’exagération dans les propos qui ont été tenus sur mon compte, en ce qui concerne la représentation de Lohengrin. […] La Nouvelle Presse Libre fait suivre cette lettre, du certificat de M.
D’autres partisans du libre arbitre, qui se prétendent en même temps adversaires de la liberté d’indifférence, accordent que la volonté suit toujours l’ensemble des impulsions actuelles les plus fortes, mais ajoutent qu’elle contribue elle-même à la force de ces impulsions par l’attention qu’elle leur accorde ou leur refuse. […] James, au contraire, on peut admettre qu’il y a dans toute volition « une variable indépendante, à savoir l’intensité ou la durée de notre effort d’attention à une idée » ; étant donnée cette variation d’intensité et de durée dans le maintien d’une idée, nous rendrons dominante et fixe une idée qui, sans cela, eût passé vite ou eût été faible, et les mouvements corporels suivront. « L’unique fonction de la volonté, avait déjà dit M.
Dans les uns, dit l’Abbé Goujet, on se contente d’examiner assez superficiellement son origine, mais on en suit peu les progrès. […] Le public frappé par le brillant des couleurs, ferme les yeux aux défauts ; & si M. de Voltaire est moins estimé que nos trois grands Poëtes, il est plus goûté, puisqu’il est plus suivi.
Après avoir suivi les meilleurs maîtres qui fussent pour lors à Rome, il alla dans la Grèce pour se perfectionner dans cette ancienne patrie des Arts. […] Car comme dit Aristote : le corps suit la matiere.
C’est le génie de l’Allemagne, il faut lui rendre cette justice, qui a conçu, développé dans toutes ses conséquences, suivi dans toutes ses applications la théorie dont le plus allemand de tous les philosophes de ce pays a donné la formule métaphysique36. […] Amédée Thierry a suivi la même méthode dans ses études sur le Bas-Empire.
Mme Récamier, en définitive, n’avait rien à cacher ; et dans ce qu’on nous donne aujourd’hui au nom de la famille, nous possédons véritablement ce qui était l’habitude aimée et préférée, la manière d’être constante et suivie, l’extérieur et l’intérieur de cette femme aimable et célèbre.
Napoléon a vu la faute ; il suit de l’œil l’écartement de Blucher ; il en ressent une vive joie, une joie croissante, « la seule qu’il lui fût encore donné d’éprouver ».
Le passage qui suit se trouve dans l’édition Monmerqué, mais transposé et déplacé.
Quoi qu’il en soit, Delille ouvrit la marche dans notre littérature et commença par Virgile ; chacun le suivit dans cette voie : Daru un peu lentement et pédestrement pour Horace ; Saint-Ange, avec une obstination parfois couronnée de talent, pour Ovide ; Aignan sans assez de feu et trop médiocrement pour Homère ; Saint-Victor, le père du nôtre, par une vive, légère et encore agréable traduction d’Anacréon.
Ce sentiment ne prit point corps ni figure : Maurice, pauvre et n’ayant rien à offrir, alla à Paris suivre ses études, s’attacha à M. de Lamennais, le quitta, donna des leçons, essaya de la vie littéraire ; distrait et guéri, une jeune fille riche, une de ses élèves créole, se rencontra qui se prit de goût pour lui ; il se maria pour mourir presque aussitôt.
Il ne fit que suivre le courant de l’opinion publique en se mettant du parti contraire à la Cour dans l’affaire des Parlements et en s’abstenant de paraître à la séance royale pour le Parlement-Maupeou.
Patru suivait l’instinct du siècle quand, ne voyant que la « vérité », et ne considérant la fable que comme un appareil destiné à enregistrer les résultats d’une étude expérimentale de l’homme et de la vie, il conseillait à La Fontaine d’écrire en prose.
Rochefort a suivi, simplement.
À la page 6 de l’imprimé, on lit : « Flore sera représentée par la gentille et jolie Louise-Gabrielle Locatelli, dite Lucile, qui, avec sa vivacité, fera connaître qu’elle est une vraie lumière de l’harmonie. » À la page 7 : « Cette scène sera chantée, et Thétis sera représentée par la signora Giulia Gabrielli, nommée Diane, laquelle à merveille fera connaître sa colère et son amour. » Même page : « Le prologue de cette pièce sera exécuté par la très excellente Marguerite Bertolazzi, dont la voix est si ravissante, que je ne puis la louer assez dignement. » Une scène est suivie de cette note : « Cette scène sera toute sans musique, mais si bien dite qu’elle fera presque oublier l’harmonie passée. » 34.
On a suivi longtemps une voie en apparence inféconde, puis on l’a abandonnée de désespoir, quand tout à coup apparaît une lumière inattendue ; sur deux ou trois points à la fois, la découverte éclate, et ce qui, auparavant, n’avait paru qu’un fait isolé et sans portée devient, dans une combinaison nouvelle, la base de toute une théorie.
Ce plan, nous croyons l’avoir suivi.
Le 12 juin, elle lui écrit ce qui suit : « Madame de Montespan continue son bâtiment ; elle s’amuse fort à ses ouvriers.
Dans la première conversation suivie qu’elle a avec Raphaël, Julie lui explique très franchement sa situation et lui raconte son histoire.
Dans une très belle lettre, adressée au comte de Mercy-Argenteau, où on lit ces mots, elle disait encore, après avoir exposé un plan désespéré (août 1791) : J’ai écouté, autant que je l’ai pu, des gens des deux côtés, et c’est de tous leurs avis que je me suis formé le mien ; je ne sais pas s’il sera suivi, vous connaissez la personne à laquelle j’ai affaire (le roi) : au moment où on la croit persuadée, un mot, un raisonnement la fait changer sans qu’elle s’en doute ; c’est aussi pour cela que mille choses ne sont point à entreprendre.
D’où il suit que la pensée arrivera à se concevoir elle-même sous une idée d’unité, de simplicité, d’indivisibilité.
Enfin, tandis que la géologie et la zoologie entraient dans cette voie historique, l’astronomie elle-même les suivait de loin, et au moins par hypothèse elle nous faisait assister à l’éclosion des mondes et au développement du système planétaire.
Un poëte peut exprimer plusieurs de nos pensées et plusieurs de nos sentimens qu’un peintre ne sçauroit rendre, parce que ni les uns, ni les autres ne sont pas suivis d’aucun mouvement propre et specialement marqué dans notre attitude, ni précisement caracterisé sur notre visage.
Peut-être serons-nous conduits à croire que, contre le cours ordinaire des choses, il faut laisser l’opinion suivre sa pente naturelle, indépendamment des mœurs.
Si nous voulons donc résoudre le problème que nous posions tout à l’heure, notre méthode devra être, conformément à ces principes, d’essayer tour à tour, dans les chapitres qui vont suivre, l’induction et la déduction, — c’est-à-dire, dans l’espèce, les constatations historiques et les démonstrations psychologiques.
Il suit de là que Dieu est dans la nature aussi bien que dans l’homme. » Et il ajoute : « Ce système est le vrai.
L’exploration de la vie réelle et l’initiation à ses mystères a été faite par lui avec une audace, une vigueur d’intuition et une sûreté de génie qui doivent effrayer les plus vaillants parmi ceux qui le suivront. […] Nous suivrons d’un œil bienveillant toutes les tentatives généreuses, empressé de transmettre aux créateurs de l’art nouveau les conseils du siècle, fidèlement consulté. […] L’un fit l’exposé de ce qu’il appelait sa théorie du beau bizarre ; l’autre suivit, siècle à siècle, les traditions de l’élégance dans la société française, à partir de la Renaissance jusqu’à lui, — exclusivement. […] a dit un ancien. — Tant que vous tiendrez table ouverte, vous serez cité partout comme un grand poète, mais votre génie suivra votre dernière obole. — C’est ce qui est arrivé à l’auteur de Sapho. […] La muse moderne, on devrait s’en apercevoir, ne fait que suivre leur exemple.
Il faudrait tout reproduire de ce prodigieux enfantillage ; car tout se suit, se ressemble et se vaut : dans l’impossibilité qu’il y a de le faire, je bornerai les extraits que j’emprunte à l’Artiste à deux ou trois citations caractéristiques et suffisamment édifiantes Voici d’abord un tableau représentant un poisson mort et un verre mousseline empli d’un généreux médoc : « Avec la belle robe changeante qui vêt sa corruption, le petit poisson éblouit l’œil des amants de la couleur ; et même le nez des attablés ne boude pas longtemps ses senteurs fermentées, qui tombent, en cette terre des fraises, comme un pouilleux des sierras dans une charretée de senoras. » Comme de pareilles images, exactes, naturelles, et nullement cherchées, sont bien faites pour titiller le goût et réveiller l’appétit ! […] À lui de prendre l’initiative, mais à nous de suivre son exemple ; justifions-nous tous de l’odieux soupçon qui plane sur la presse en général, et le coupable silencieux se trahira tacitement ; serrons nos rangs et allons bravement sous le commandement de Figaro, saper le piédestal où trône ce dieu d’argile, encensé par l’ignorance et par la peur. » « Alexandre Des Appiers. » Figaro n’accepte que sous bénéfice d’inventaire les éloges qu’on lui décerne. […] Suivez bien la politique de M. de Prémaray. […] Montazio accuse positivement Verdi de l’avoir recueillie de la bouche des Lazzaroni : ce qui ne l’empêche pas, tout en croyant suivre sa démonstration apparemment, de la terminer par cette conclusion stupéfiante : « Des mélodies charmantes, des cantilènes pétillantes de verve et d’imagination, sont semées à pleines mains dans le courant de cinq actes. » Nous voici bien loin des masques trop connus de tout à l’heure ! […] Sur le banc placé devant nous, une vieille femme suivait avec une fiévreuse attention la pantomime expressive des marionnettes.
Il faut être homme ; oui, mais non pas homme des bois, qui ne connaît de règle que son caprice ; mais homme de société appartenant à une nation qui a ses idées, ses principes, ses coutumes, ses lois, ses sentiments, son esprit et son caractère : l’homme qui, sous prétexte d’être lui, prétend tout fronder, tout bouleverser, penser à part, ne suivre que ses goûts, n’a pas l’âme sensée ; c’est un fripon ou un fanatique : il est dans la société ce que sont dans l’Église universelle ceux qui prétendent expliquer l’Évangile à leur mode, et ne prennent pour guide que leur faible raison. […] La raison, éclairée par l’expérience, apprend aux hommes sages à se conformer à l’ordre, à suivre ce qui est établi, à respecter les institutions et les mœurs de leur pays. […] Quand on vit l’auteur de la comédie des Philosophes prosterné devant le lama de la philosophie, devant le Baal des infidèles, on sentit combien il était indigne de la gloire de défendre une si belle cause ; on aurait pu lui appliquer ces vers d’Athalie : Jéhu, qu’avait choisi sa sagesse profonde, Jéhu, sur qui je vois que votre espoir se fonde, ………………………………………………… ………………………………………………… Suit des rois d’Israël les profanes exemples ; Du vil Dieu de l’Égypte il conserve les temples ; Jéhu, sur les hauts lieux enfin osant offrir. […] Ce nouveau genre de persécution ne dura pas longtemps : malgré le jeu de Le Kain, malgré l’enthousiasme de quelques écoliers de rhétorique, enfin malgré la protection de L’Anglais à Bordeaux (comédie de Favart), il fallut retirer la tragédie après six représentations, tandis que la petite pièce n’en suivit que plus lestement le cours de son succès, affranchie du tribut onéreux qu’on avait imposé à la curiosité publique. […] La marche très opposée que les deux poètes ont suivie, annonce déjà de grands changements dans les mœurs, dans l’espace de moins de trente ans.
Auger qui n’a jamais rien fait, et moi soussigné qui n’ai jamais rien fait non plus, d’une discussion frivole et assurément sans importance pour la sûreté de l’État, sur cette question difficile : Quelle route faut-il suivre pour faire aujourd’hui une tragédie qui ne fasse point bâiller dès la quatrième représentation ? […] Mérilhou, les idées et propos plaisants des jeunes avocats présents à l’audience, les étranges choses que ces propos révèlent avant, pendant et après le jugement ; voilà le cinquième acte, dont la dernière scène est l’écrou à Sainte-Pélagie pour un emprisonnement de quinze jours, suivi de la perte de tout espoir de voir à tout jamais la censure tolérer la représentation de ses comédies. […] 3º L’intérêt passionné avec lequel on suit les émotions d’un personnage constitue la tragédie ; la simple curiosité qui nous laisse toute notre attention pour cent détails divers, la comédie.
Pour moi, des Esseintes, ce maniaque héros qui caractérise si parfaitement l’état d’âme de toute une génération d’artistes, suivra bientôt dans l’oubli son devancier le jocrisse et déliquescent Adoré Floupette. […] Chacun suit la route qui passe dans son village ; celui-ci va dans les cloîtres, cet autre dans les casernes, ce troisième sera cuistre dans les bibliothèques et ce quatrième courra les maisons de joie. […] À sa suite, et avec l’espoir au cœur, nous nous sommes précipités vers le futur ; comme des jeunes fous émerveillés nous avons suivi le galop de la belle Yeldis !
Cette ombre dit : « Je suis l’être d’infirmité ; Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. » L’ange laisse passer à travers lui l’aurore ; Nul simulacre obscur ne suit l’être normal ; Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le mal. La peinture qui suit est un nouveau mélange d’idées et de symboles orientaux : Et d’abord, sache Que le monde où tu vis est un monde effrayant Devant qui le songeur, sous l’infini ployant, Lève les bras au ciel et recule terrible. […] Un homme d’esprit s’est amusé à résumer comme il suit les pièces d’Hugo : — « On s’amuse et la mort arrive (Noces et festins) ; Nous allons tous à la tombe (Soirée en mer) ; Il faut être charitable pour gagner le ciel (Pour les pauvres) ; Le bonheur pour les jeunes filles est dans la vertu (Regard jeté dans une mansarde) ; L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir (Tristesse d’Olympio), etc.
Même quand il s’agit des propositions les plus générales, sur lesquelles semble se faire l’accord de tous les individus, on considérera que, d’après l’hypothèse pragmatiste, ce n’est pas la vérité objective d’une proposition qui impose cette proposition aux différents esprits ; mais c’est la conformité psychologique de ces esprits eux-mêmes qui les obligea suivre une même vérité. […] Les directeurs spirituels en venaient à dire qu’on doit suivre, sans la comprendre, la direction spirituelle.
Il regrette un volume d’environ 150 pages, composé l’année qui a suivi sa philosophie : la visite d’un jeune splenétique à une fille, un roman psychologique trop plein, dit-il, de sa personnalité. […] Nous nous raidissons, et nous suivons avec ses internes, Velpeau ; mais nous nous sentons les jambes, comme si nous étions ivres, avec un sentiment de la rotule dans les genoux, et comme du froid dans la moelle des tibias.
Quand je me réveille sur la place de la Concorde, sous un ciel d’un bleu noir, sans étoiles, et ou mortuairement brillent six ou huit flammes électriques, dans de hauts lampadaires, j’ai, une seconde, le sentiment de n’être plus vivant, et de suivre une Voie des Âmes, dont j’aurais lu la description dans Poe. […] Et soudain, et à tout moment, la femme disparaissant dans la pièce voisine, où l’on entend un bruit sec, le bruit de ses genoux qui cognent le plancher, suivi du bruissement de baisers.
En France, depuis vingt ans au moins, cette œuvre et celles qui l’ont suivie sont traduites et lues de tous. […] Mme Dorrit a suivi son pauvre homme de mari à la prison pour dettes ; elle est sur le point d’accoucher, il lui faut une garde, celle-ci se présente et le discours graphique par lequel elle débute montre tout entière cette singulière personne bavarde, niaisement serviable et toute prête à se consoler la première par ses bonnes paroles.
Athalie, suivie de son général Abner, paraît ; elle révèle en une langue digne de Corneille sa politique ; mais le remords l’agite sous la figure de ses songes. […] La scène qui suit, une des plus tragiques et des plus naïves en même temps qui soit sur aucun théâtre, place face à face Athalie et l’enfant vengeur encore inconnu de David.
Une légère crise les alarma un instant dans la soirée ; elle fut suivie d’un bien-être et d’un calme perfides ; il témoigna le désir de dormir ; il s’endormit et ne se réveilla pas. […] De sourds sanglots éclatèrent autour de sa couche, et des prières suivirent son âme légère et repentante au séjour des bons et des miséricordieux ; il avait été l’un et l’autre.
Costant vous suit plus que le pas.