Seulement, je m’aperçus bientôt que les plafonds sous lesquels je voulais vivre étaient trop bas, et je revins presque immédiatement à l’observation élargie et à la grande nature humaine, hors de laquelle — comme en religion l’Église romaine — il n’y a pas, en littérature, de salut ! […] Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Disproportionné avec la nature humaine, avec les talents les plus beaux de son époque et de toutes les époques qui eurent des côtés plus parfaits, mais qui ne furent pas plus puissants ; à quarante ans majeur à peine, mort à cinquante dans une plénitude de midi pour nous, qui n’était pour lui qu’une aurore, il était de conception infatigable. […] , c’est par la peinture de genre qu’il vivra, s’il vit, ce peintre effrayant de nature humaine, de société, de caractère, d’histoire, qui allait être encore un peintre de batailles, s’il n’était pas mort !
Ces querelles de jésuites vont juste à cette nature avocassière et bourgeoise de Dupin, le remettent en verve et le ravigotent.
On est tenté d’en vouloir à la politique d’avoir ainsi détourné de sa voie, abreuvé et noyé dans ses amertumes, une nature si fine, si délicate, si faite pour goûter elle-même les pures jouissances qu’elle prodiguait.
Fuster a trouvé des développements fort touchants, et sa muse y a pris prétexte à chanter aussi bien les grandes guerres, l’héroïsme, que le charme de la nature et les phases d’un amour qui s’éteint et se ranime.
S’il fait quelques excursions dans un domaine rustique, on sent toujours en lui le raffiné, en qui le spectacle de la nature éveille volontiers des sensations compliquées de comparaisons et de souvenirs.
Maurice Magre est un poète de grand talent ; ses vers nous révèlent une nature charmante et un génie harmonieux et doux.
Pierre de Bouchaud Somme toute, c’est l’artiste qui a dominé chez lui et lui a dicté ses moindres pensées, en poésie, où les mots : gloire, patrie, amour, bonheur, souffrance (toute la vie), reviennent sans cesse sous sa plume, sauvés de la vulgarité par le charme d’une langue nerveuse, colorée, et par de beaux élans d’enthousiasme, transformés par la magie d’un talent sensitif, fécond, impressionnable, précisément parce qu’il provient d’une nature artiste, revêtus enfin du majestueux vêtement d’un style imagé, toujours respectueux de la forme.
Dans ce poème, car le volume n’en contient qu’un, l’auteur a fait un adieu au monde social pour se retirer dans la nature, pour vivre loin des humains et laisser errer ses rêves des cimes des montagnes aux profondeurs des mers, des abîmes du ciel à ceux de la terre.
Il n’est pas question d’opposer ici à la société l’homme primitif, l’homme de la nature de Rousseau, chimérique idéal de bonté naturelle, expression naïve d’un optimisme naturaliste suranné.
Il ne s’attachoit qu’à la nature, la peignoit sans effort ; & les caracteres, en s’offrant à lui, tels qu’ils étoient en effet, acquéroient sous son pinceau une vigueur qui en faisoit ressortir toute la vérité.
Il avoit reçu quelques talens de la Nature.
Toujours Philosophe, après avoir étudié la marche de la Nature, il nous donne ses lumieres pour abréger les difficultés.
On trouve dans ses Considérations sur l’origine & la décandence des Lettres, chez les Romains, des vûes souvent profondes, & des réflexions assez justes ; mais un Ouvrage de cette nature exigeoit une finesse d’observation, & un discernement exquis, dont M.
L’expression est heureuse ; mais ces Messieurs devroient savoir que, si cet Auteur, réprouvé parce qu’il est décent, honnête, raisonnable dans la plupart de ses sentimens, n’a pas mérité d’être célébré par eux, comme tant d’autres, il n’en a pas moins le mérite d’écrire d’une maniere bien supérieure aux Auteurs de la Philosophie du bon sens, du Code de la Nature, du Christianisme dévoilé, & de tant d’autres rapsodies aussi insupportables par l’extravagance des idées, que par la bizarre contexture du style.
Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse, comme cette création du monde, et cette innocence des hommes primitifs, qu’il nous peint ; et que tout est terrible et hors de la nature dans le dernier prophète, comme ces sociétés corrompues, et cette fin du monde, qu’il nous représente ?
Cependant, Machiavel, Thomas Morus, Mariana, Bodin, Grotius, Puffendorf et Locke, philosophes chrétiens, s’étaient occupés de la nature des gouvernements bien avant Mably et Rousseau.
La nature entre encore dans le drame indien par les comparaisons perpétuelles. […] La leçon morale est celle-ci : Les natures les plus élevées sont gâtées par le pédantisme. […] Elles se sont élevées toutes seules, et ont poussé dans le sens de leur nature. […] Il faut bien se garder de s’écarter ainsi de la nature. […] Brunetière l’a admirablement dit, Molière c’est la philosophie de la nature, c’est le retour à la bonne nature, à la nature tenue pour bonne, pour bonne mère et pour bonne conseillère.
François Coppée Son enfance, passée en pleine nature, à dénicher les oiseaux, à courir sous les grands hêtres et parmi les genêts et les bruyères du Ségala, a fait de lui un poète rustique, d’un accent un peu âpre, mais très sincère et très pénétrant.
Une lumière idéale enveloppe sa poésie et jette son voile d’or sur les réalités de la vie ou de la nature.
Lui qui ne savait pas écrire en vers, comme par une revanche de la nature, aux regrets d’avoir fait un pareil colosse, s’était associé M.
Car l’hérésie tend elle-même à se socialiser, à dépouiller sa nature originellement individuelle pour devenir à son tour une orthodoxie ; cette dernière n’étant jamais qu’une hérésie qui a réussi.
Tantôt donc on découvrira une coïncidence entre ce qui s’est passé en France et ce qui se passait vers le même temps chez les nations voisines ; c’est le cas, par exemple, pour le retour à la nature qui a été un des faits saillants du dix-huitième siècle.
On ne peut croire que la Nature, qui donne à tous les hommes une mesure ordinaire de bon sens, leur en ait dispensé à proportion de leur taille ; on y suppose toujours du vide.
Nous aimons mieux croire que, par une prudence peu ordinaire dans ce Siecle, il préfere l’avantage solide de cultiver, dans le silence de l’étude, les heureuses dispositions qu’il a reçues de la Nature, à l’éclat subit & passager d’une réputation trop prompte.
Et pour cela, il faut en revenir à la nature du cœur humain : la gaieté le captive, la malignité a toujours su lui plaire, & la licence n’est pas toujours propre à le révolter, parce qu’elle flatte en quelque maniere un fond de corruption qui en est inséparable.
« Forcé par la fortune à être avare de mon temps, je suis souvent réduit à le consacrer à ces hommes qui, nés avec plus de fortune que de talent, aspirent à la gloire littéraire, quoique la Nature leur ait refusé les moyens d’en acquérir.
Mais si les démons se multiplient autant que les crimes des hommes, ils peuvent aussi présider aux accidents terribles de la nature ; tout ce qu’il y a de coupable et d’irrégulier dans le monde moral et dans le monde physique, est également de leur ressort.
Non seulement les messagers du Très Haut portent ses décrets d’un bout de l’univers à l’autre ; non seulement ils sont les invisibles gardiens des hommes, ou prennent, pour se manifester à eux, les formes les plus aimables ; mais encore la religion nous permet d’attacher des anges protecteurs à la belle nature, ainsi qu’aux sentiments vertueux.
Son livre renferme le tableau du commerce de toutes les parties du monde ; la définition de toutes les productions de la nature & de l’industrie, qui entrent dans le commerce ; la théorie des opérations de commerce & toutes les connoissances relatives à ce grand art.
Dans la lutte contre la nature, c’est beaucoup de s’être affranchi de l’inclémence des saisons.
C’est que les récompenses et les honneurs éveillèrent les talents, et que le peuple accoutumé à regarder la nature et à comparer les productions des arts, fut un juge redoutable.
Avis du traducteur Les Principes de la Philosophie de l’Histoire dont nous donnons une traduction abrégée, ont pour titre original : Cinq Livres sur les principes d’une Science nouvelle, relative à la nature commune des nations, par Jean-Baptiste Vico, ouvrage dédié à S.
. — Procédé général et voie économique que suit la nature dans la construction de l’esprit. […] « On constate par l’analyse prismatique que le gris est identique au blanc, le brun au jaune, le rouge brun au rouge, le vert olive au vert, quand le blanc, le jaune, le rouge, le vert sont faiblement lumineux. » Cela établi, on a tous les éléments nécessaires pour expliquer toutes les sensations de couleur, et l’on voit les éléments de la sensation former des composés qui, s’unissant entre eux, forment des composés plus complexes et ceux-ci de même, comme on voit les atomes physiques former les molécules chimiques, celles-ci les composés chimiques et ceux-ci enfin les minéraux ordinaires de la nature. — Au plus profond de l’analyse, on atteint trois sensations élémentaires qui toutes ensemble, mais chacune différemment, sont excitées par un rayon simple du prisme. […] Cette analyse dégage trois principes importants. — Le premier est que deux sensations successives qui, séparées, sont nulles pour la conscience, peuvent, en se rapprochant, former une sensation totale que la conscience aperçoit. — Le second est qu’une sensation indécomposable pour la conscience, et en apparence simple, est un composé de sensations successives et simultanées, elles-mêmes fort composées. — Le troisième est que deux sensations de même nature et qui diffèrent seulement par la grandeur, l’ordre et le nombre de leurs éléments, apparaissent à la conscience comme irréductibles entre elles et douées de qualités spéciales absolument différentes. — Armés de ces trois principes, nous concevons la nature et la diversité des sensations des autres sens. […] Par cette correspondance, les événements du dedans cadrent avec ceux du dehors, et les sensations, qui sont les éléments de nos idées, se trouvent naturellement et d’avance ajustées aux choses, ce qui permettra plus tard à nos idées d’être conformes aux choses et partant vraies. — D’autre part, on a vu que les images sont des substituts de sensations passées, futures, possibles, que les noms individuels sont des substituts d’images et de sensations momentanément absentes, que les noms généraux les plus simples sont des substituts d’images et de sensations impossibles, que les noms généraux plus composés sont des substituts d’autres noms, et ainsi de suite. — Il semble donc que la nature se soit donné à tâche d’instituer en nous des représentants de ses événements, et qu’elle y soit parvenue par les voies les plus économiques.
Cet appétit bizarre de l’anéantissement des objets, je l’ai constaté encore chez un autre enfant, chez le petit garçon de Pierre Gavarni ; mais celui-ci qui est d’une nature sage, rangée, tranquille, demandait gentiment la permission de détruire. […] Et là-dessus, il se mettait à nous parler de son procédé de travail, de ce facile labeur de poète méridional, qui consiste dans la confection de quelques vers, fabriqués aux heures crépusculaires, à l’heure de l’endormement de la nature : le matin, dans les champs, selon Mistral, étant trop plein du bruyant éveil de l’animalité. […] Dimanche 8 juin Pour rendre la nature, Théophile Gautier faisait seulement appel à ses yeux. […] Au matin, l’impression est navrante dans la sereine indifférence de la nature, et le joyeux éveil de toutes les bêtes de la maison, qu’il aimait tant : les oies, les canards, les poules, la chèvre, et quand je descends prendre une tasse de café dans la salle à manger, son joli petit chat blanc vient prendre position sur le collet de ma jaquette, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire, pendant le déjeuner de son maître. […] » J’avais eu l’ingénuité de répondre au rédacteur qui me posait ces questions : « C’était une nature gaie, et la gaieté du pauvre garçon avait quelque chose de charmant, quelque chose de la gaieté enjouée et spirituelle d’un personnage de la comédie italienne. » Ce matin, j’ouvre le journal, et je lis que M. de Goncourt regardait de Nittis comme un personnage de la comédie italienne.
Et Taine explique les avantages et les commodités du protestantisme pour les esprits supérieurs par l’élasticité du dogme, et par l’interprétation que chacun, selon la nature de son esprit, peut fournir à sa foi. « Au fond, finit-il par dire, tout cela est une affaire de sentiment, et j’ai la conviction que les natures musicales sont portées au protestantisme et les natures plastiques au catholicisme. » 20 mars Soirée chez Nieuwerkerke au Louvre. […] Saint-Victor. — Allons donc… la nature, le grand Pan ! […] Lors de cette réception, il avait une cravate noire, et rencontrant dans la bibliothèque Spontini, qui avait gardé l’étiquette du costume impérial, il lui jette en passant : “L’uniforme est dans la nature, Spontini ! […] Un intérieur tout plein d’un gros Orient, et où perce un fonds de barbare dans une nature artiste. […] Il y a déjà là, dans le petit détail du paysage, l’observation artiste et amoureuse de la nature de Madame Bovary.
D’abord il emprunte à Rousseau l’idée de nature. […] Taine soutient que cela repose sur des paradoxes avérés, le retour à la nature, la bonté naturelle de l’homme, etc. […] Avec sa nature, c’était fatal. […] Dès lors, naturellement, il se perd en vaines conjectures sur la nature du pouvoir. […] Il examine les œuvres d’art aussi impartialement que les créations de la nature.
Ô nature ! […] On peut être « fâcheux » par nature ou par accident. […] Mais, la nature inique ayant donné le génie à M. […] ) un je ne sais quoi qui viole une loi de la nature et qui offense une pudeur. […] Mais, dès que la Nature se fait clémente et veut bien les accueillir, ils vont à elle, amoureusement.
Ce sont bien des confidences, en effet, ces poèmes où le rythme semble dérouler tout ce qui, dans la nature, souffre, s’effraie et s’atténue : l’automne et les suprêmes parfums passant dans le sillage des départs ailés ; les couchants dont des nuages en fuite pansent la gloire meurtrie ; les yeux stagnants des vieilles résignant, songe à songe, leur vie ; les vaisseaux que cerne la brume marine ; les pleurs que font tinter dans l’air les clochers exhalant l’Angélus ; — et la mélancolie du Désir, nostalgique et toujours inassouvi, qui supplante aux fins de l’étreinte la fougue lassée du déduit.
La célèbre pièce sur la Voulzie respire une mélancolie, un désenchantement et un sentiment de la nature qui n’ont pas vieilli et qui contrastent avec l’âpreté de ses satires politiques de haut style et, richement ornées à la rime de ces fameuses « consonnes d’appui » que Banville a tant réclamées plus tard.
L’homme, bon ou mauvais, y agit rarement selon sa vraie nature ; mille liens l’étouffent, mille hasards l’éparpillent.
Un goût universel pour les Beaux-Arts, des talens pour les cultiver avec succès, doivent le faire regarder comme un de ces génies heureux, propres à faire admirer les richesses de la Nature.
On sent qu’un Ouvrage de la nature de celui-là, qui contredit les idées reçues, & qui contient une doctrine si opposée à celle des Inoculateurs & à leurs intérêts, devoit nécessairement éprouver des contradictions, & susciter des ennemis à l’Auteur.
De quelle nature est ce crépuscule ?
La nature servait cette amoureuse agape ; Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits, Et l’anneau nuptial s’échangeait sur la nappe, Premier chaînon doré de la chaîne des nuits !
Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans Quand Virgile composa ses georgiques qui sont un poëme dogmatique, dont le titre nous promet des instructions sur l’agriculture et sur les occupations de la vie champêtre, il eut attention à le remplir d’imitations faites d’après des objets qui nous auroient attachez dans la nature.
Ces missions sont d’une nature trop particulière pour être exposées soit en entier, soit incomplètement. Je me borne, pour ces années, à noter quelques paroles tirées çà et là des conversations de l’empereur, et par lesquelles cette grande nature continue de se définir elle-même avec l’accent qui lui est propre. […] Dans ses Mémoires qu’on a récemment publiés (1866), il ne dissimule nullement cette sorte d’antipathie de nature et cette discordance de ton (t.
Il était assez reçu autrefois que l’histoire devait être écrite en beau langage par quelque académicien, et qu’il fallait quelque abbé ou bénédictin de métier pour faire les recherches : on ménageait le bel esprit brillant et qu’on savait volontiers impatient de sa nature ; il ne venait qu’à la fin tout frais et tout reposé. […] Le genre d’observations qui est propre à Duclos est sensé, rapide, mais d’une nature très sobre : J’ai cru devoir donner, dit-il, une idée de l’état de la France et de la cour de Charles VII, pour faire mieux entendre ce qui regarde son successeur : on verra que Louis XI, né et élevé au milieu de ces désordres, en sentit les funestes effets. […] Entre ces érudits modestes qui s’ensevelissent dans les fondations d’un vieux règne et dans les monuments d’un siècle où ils deviennent ensuite d’indispensables guides (comme l’abbé Le Grand), entre ces peintres éclatants et fougueux qui mettent toute leur époque en pleine lumière et qui la retournent plus vivante à tous les regards (comme Saint-Simon), Duclos n’a suivi qu’une voie moyenne, conforme sans doute à la nature de son esprit, mais qu’il n’a rien fait pour élargir, pour décorer chemin faisant, pour marquer fortement à son empreinte et diriger vers quelque but immortel ou simplement durable : l’abbé Le Grand le surpasse dans un sens, comme dans l’autre Saint-Simon le couvre et l’efface, et comme le domine Montesquieu.
Ces natures d’hommes sont le contraire des natures légères. […] En novembre 1806, Pelleport, sur la présentation du maréchal Soult, est nommé chef de bataillon dans le même régiment : « J’avais dix ans d’exercice dans l’emploi pénible d’adjudant-major ; néanmoins, cette promotion fut une grâce et non un droit, car on comptait dans le régiment dix capitaines plus anciens de grade que moi. » À la veille d’Eylau, il lui arrive un événement fort extraordinaire dont on pensera ce qu’on voudra, et qui serait de nature à justifier l’apparition du fantôme à Brutus, à la veille de Philippes : L’on va rire de moi, n’importe… La veille de la bataille d’Eylau, je dormais profondément, lorsque je fus réveillé par un bruit léger : une femme belle et richement habillée était devant moi : « Tu seras blessé, me dit-elle, et grièvement.
Francis Wey,, dans un spirituel Rapport adressé au Comité des travaux historiques51, a cité de ce poème des vers descriptifs fort exacts sur l’avalanche, sur sa formation et sa marche ; mais là encore ce qui domine chez Peletier, dans cet ouvrage qu’on a bien fait de réimprimer et qui est, en effet, une curiosité locale, je le demande, est-ce bien le poète, celui qui mérite qu’on l’appelle et qu’on le salue de ce nom, et n’est-ce pas plutôt le savant encore, l’observateur, le physicien et le curieux de la nature ? […] Seulement on distingue encore, à la nature de ses legs et donations, bien de la bonté ; mais plus rien de l’ancien poète ne transpire : le voile funèbre s’abaisse et nous le dérobe. […] Y aurait-il eu un jour, une heure où, regardant au fond de ce cœur trop confiant en sa flamme, elle l’eut trouvé changé, refroidi, presque méconnaissable, et aurait-elle jamais consenti, condescendu par degrés au sentiment doucement attristé qui inspira à de plus humbles et à de plus résignées des vers comme ceux-ci : Serait-ce un autre cœur que la Nature donne A ceux qu’elle préfère et destine à vieillir ?
La première langue qu’il balbutia fut l’italien des îles ; la première nature qui se réfléchit dans sa prunelle fut cette âpre et sévère physionomie d’un lieu peu remarqué alors, désormais insigne. […] Tout s’embrasa, se tordit, se fondit intimement dans son être au feu vulcanien des passions, sous le soleil de canicule de la plus âpre jeunesse, et il en sortit cette nature d’un alliage mystérieux, où la lave bouillonne sous le granit, cette armure brûlante et solide, à la poignée éblouissante de perles, à la lame brune et sombre, vraie armure de géant trempée aux lacs volcaniques. […] Qu’on ne juge point pourtant que le résultat dernier de cette période fut d’être fatale à la poésie et à l’art ; ceux qui étaient condamnés au mauvais goût en furent infectés et en périrent, voilà tout : les natures saines et fortes triomphèrent.
Il faut tout voir sur M. de Lamartine, et, en étant sévère là où il convient, ne pas chicaner en détail une si noble nature. […] Que ne puis-je à mon gré, te choisissant pour maître, Dans tes sages leçons apprendre à me connaître, Et, de ma propre étude inconcevable objet, De ma nature enfin pénétrer le secret ! […] Il est une clarté plus prompte et non moins sûre Qu’allume à notre insu l’infaillible nature, Et qui, de notre esprit enfermant l’horizon, Est pour nous la première et dernière raison.
Je n’irai pas jusqu’à dire avec La Bruyère que « les enfants des dieux se tirent des règles de la nature, que le mérite chez eux devance l’âge et qu’ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance ». […] III A vingt et un ans, il se révéla grand homme de guerre, par la science déjà, mais surtout par un instinct merveilleux, par un don de nature. […] Rien que pour mettre en branle un régiment, que de choses dont il faut tenir compte : le nombre des hommes, leur état physique et moral, la vitesse de leur marche, la forme des terrains, la nature du sol, les chemins, la température, les mouvements possibles de l’ennemi !
La nature humaine ne change guère. […] Ce dernier individualisme est un appel au génie inventif des individus en vue d’une production accrue et intensifiée ; en vue de la domestication par l’humanité de toutes les forces de la nature, en vue de l’utilisation de toutes les ressources de la planète. […] Un idéal nouveau : celui de l’accroissement de la puissance collective de l’humanité sur la nature se substitue à l’idéal ancien de la volonté de puissance individuelle s’exerçant sur autrui et contre autrui.
Je suppose d’autre part qu’à chaque objet du premier monde, corresponde dans le second un objet de même nature placé précisément au point correspondant. […] L’expérimentateur pose à la nature une interrogation : est-ce ceci ou cela ? […] Pour lever cette difficulté, n’envisageons que des sensations de même nature, des sensations rouges, par exemple, ne différant les unes des autres que par le point de la rétine qu’elles affectent.
Si j’ai fait une fausse réponse, c’est parce que j’ai voulu répondre trop vite, sans avoir interrogé la nature qui seule savait le secret. […] Ils auront le choix entre deux attitudes ; ils pourront dire que la gravitation ne varie pas exactement comme l’inverse du carré des distances, ou bien ils pourront dire que la gravitation n’est pas la seule force qui agisse sur les astres et qu’il vient s’y ajouter une force de nature différente. […] Quelle est maintenant la nature de cet invariant, il est aisé de s’en rendre compte, et un mot nous suffira.
Par suite des fondations de M. de Montyon et de quelques autres philanthropes éclairés, il est dérogé ici une fois par an à cette loi profonde de la nature qui a voulu que la récompense du devoir accompli fût obscure et insaisissable. […] Elle prétend que ces natures brutes ont un grand fond de poésie naïve et qu’on s’empare aisément d’elles. […] Vous avez également accordé un prix de la valeur de deux mille francs à deux frères jumeaux, Edouard et Calixte Chaix, qui ont su faire du lien étroit que la nature a établi entre eux une touchante association de vertu.
Il semble que, Dieu ayant donné la raison aux hommes, cette raison doive les avertir de ne pas s’avilir à imiter les animaux, surtout quand la nature ne leur a donné ni armes pour tuer leurs semblables ni instinct qui les porte à sucer leur sang. » Ces mêmes obstinés, trouvant étrange qu’on offrît pour modèles à l’humanité les loups et les ours, ont dit encore : Quand même l’histoire prouverait que de grands empires d’autrefois se sont formés par ce vol à main armée qu’on appelle la conquête, quand même de grands empires d’aujourd’hui ne seraient qu’une agglomération de provinces ou de colonies soudées de force ensemble, s’ensuit-il que le passé puisse servir de règle à l’avenir et qu’il soit permis de confondre ce qui a été ou ce qui est avec ce qui doit être ? […] En vertu de cette conception réaliste, empruntée mi-partie à l’Allemagne et à l’Angleterre, il n’a pas eu assez de reproches et de sarcasmes à l’adresse de Jean-Jacques osant poser pour base de son système l’égalité des citoyens entre eux, quand si visiblement les hommes sont inégaux de nature ; il a foudroyé « l’esprit classique » formulant des principes universels et aboutissant à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ; il a écrasé de son mépris les « métaphysiciens » de la Révolution s’épuisant à forger de toutes pièces des Constitutions qui, suivant lui, ne pouvaient être viables, par cela seul qu’elles n’étaient pas le produit d’une sorte de végétation inconsciente. […] Ce qu’on a moins remarqué, c’est la nature des appréciations portées le plus souvent par la littérature sur les usages et le personnel des tribunaux.
Elle apprivoisait cette chèvre sauvage, elle changeait en fleur cette nature d’ortie hérissée, et ce doux sortilège s’accomplissait, au son de la flûte bucolique, dans un paysage digne d’encadrer les magies amoureuses de la Symétha de Théocrite. […] Ses personnages, lorsqu’ils s’avisent de pindariser et d’admirer le ciel bleu, me rappellent tout à fait les Philistins de la chanson d’Henri Heine : « Des Philistins, dans leurs habits du dimanche, se promènent à travers bois et vallons ; ils poussent des cris de joie, ils frétillent comme des poissons, ils saluent la belle nature. […] C’est la loi, c’est la règle, c’est le phénomène fatal et sacré de la nature.
., vous ne soupçonnez pas que les dés de la nature sont aussi pipés, et qu’il y a là-haut un grand fripon qui se fait un jeu de vous attraper, etc. » Morellet ne fait qu’indiquer le canevas de ce développement, lequel, dans la bouche de Galiani, était, assure-t-il (et on le croira sans peine), la plus piquante chose du monde et valait le spectacle le plus amusant. […] Il avait l’esprit trop fin, trop sensé, pour ne pas être choqué des théories absolues de d’Holbach : « Au fond, nous ne connaissons pas assez la nature, pensait-il, pour en former un système. » Il reprochait à ces prétendus systèmes de la nature de ruiner toutes les illusions naturelles et chères à l’homme ; et, comme le livre de d’Holbach parut vers le temps où l’abbé Terray décrétait la banqueroute, il disait : « Ce M.
— qui se rapportaient à la manière trop habituelle et très incomplète dont l’abbé Genest, en ses jours de distraction, attachait le vêtement que les Anglais n’osent nommer ; ce sont des plaisanteries de nature à n’avoir place que dans Le Lutrin vivant. […] Ceci interrompit un peu les fêtes de Sceaux, et il y a deux temps, deux époques distinctes dans cette longue vie mythologique de plaisirs, dans ce que j’appelle cette vie entre deux charmilles : la première époque, celle des espérances, de l’ivresse orgueilleuse, et de l’ambition cachée sous les fleurs ; puis la seconde époque, après le but manqué, après le désappointement et le mécompte, si l’on peut employer ces mots ; car, même après une telle chute, après la dégradation du rang et l’outrage, après la conspiration avortée et la prison, cette incorrigible nature, revenue aux lieux accoutumés, retrouva sans trop d’effort le même orgueil, le même enivrement, le même entêtement de soi, la même faculté d’illusion active et bruyante, de même qu’à soixante-dix ans elle se voyait encore jeune et toujours bergère. […] Un enseignement sérieux ne pourrait-il pas se tirer déjà à la vue d’une telle existence et d’une telle nature, qui nous semblent aujourd’hui fabuleuses ?
L’originalité propre à Turgot et aussi à Condorcet est dans la nature et la mesure de progrès extrême et indéfini dont ils croient cette maturité du genre humain susceptible. […] L’auteur supprime en idée tout ce qui est du caractère et du génie particulier aux diverses races, aux diverses nations ; il tend à niveler dans une médiocrité universelle les facultés supérieures et ce qu’on appelle les dons de nature ; il se réjouit du jour futur où il n’y aura plus lieu aux grandes vertus, aux actes d’héroïsme, où tout cela sera devenu inutile par suite de l’élévation graduelle du niveau commun. […] Condorcet restera, quoi qu’on fasse, le plus manifeste exemple de ce que peuvent engendrer de funeste un coin d’esprit faux et d’esprit de système opiniâtrement logé au sein des plus vastes connaissances et de ce qu’on appelle lumières, un germe de fanatisme et de malignité développé au cœur d’une nature primitivement bienveillante, l’application indiscrète et outrée des méthodes mathématiques transportées dans les sciences sociales et morales, l’abus de l’analyse et une crédulité, une superstition abstraite, d’un genre tout nouveau chez ceux même qui se proclament le plus affranchis de toute illusion et de toute croyance.
Dans ce portrait de Sapho, qui est en si grande partie le sien, elle insiste beaucoup sur ce que Sapho ne sait pas seulement à fond tout ce qui dépend de l’amour, mais sur ce qu’aussi elle ne connaît pas moins tout ce qui est de la générosité ; et toute cette merveille de science et de nature, selon elle, se couronne encore de modestie : En effet, sa conversation est si naturelle, si aisée et si galante, qu’on ne lui entend jamais dire en une conversation générale que des choses qu’on peut croire qu’une personne de grand esprit pourrait dire sans avoir appris tout ce qu’elle sait. Ce n’est pas que les gens qui savent les choses ne connaissent bien que la nature toute seule ne pourrait lui avoir ouvert l’esprit au point qu’elle l’a, mais c’est qu’elle songe tellement à demeurer dans la bienséance de son sexe, qu’elle ne parle presque jamais que de ce que les dames doivent parler. […] Peu s’en faut que Mlle de Scudéry n’y prêche l’observation de la nature : elle fait débiter au poète Anacréon presque d’aussi bonnes règles de rhétorique qu’on en trouverait chez Quintilien.
Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et, en t’écrivant ceci, je pleure comme un enfant. » Cette première éducation pure, étroite et forte, acheva de déterminer la nature déjà énergique du jeune de Maistre ; il fut comme ces chênes qui prennent pied dans une terre un peu âpre et qui s’enracinent plus fermement entre les rochers. […] La nature a donné à son esprit ce coup d’œil à distance, cette prévision merveilleuse qui saisit et devance les moments décisifs, et il en abuse. […] En vieillissant, ces traits de nature se dessinent de plus en plus, avec quelque chose de plus brusque peut-être, mais de non moins aimable.
L’abbé Maury en effet, durant cette première partie de sa carrière, antérieure à la Révolution, n’était encore qu’un homme d’esprit et de talent, faisant volontiers oublier dans la société ce qu’il annonçait de supérieur par ce qu’il avait d’aimable, très gai, capable d’un bon conte, d’un conte salé qui sentait le frère Jean des Entommeures encore plus que le panégyriste de saint Vincent-de-Paul ou de saint Louis32 ; vif, ardent, véhément de nature, au demeurant bon homme et cher à ses amis. […] C’était, s’il est permis de le dire, un esprit et surtout un talent supérieur dans une nature grossière. […] Ce que j’en veux seulement conclure, c’est que cette nature impétueuse et improvisatrice s’était gâtée alors en abondant sans mesure dans son propre sens, et qu’elle ne perdait en aucun sujet cette habitude de parler à tout propos et quand même, de prendre les choses grosso modo et de s’en tenir aux à-peu-près, sauf à revêtir le tout d’une draperie oratoire ; et il n’y avait plus même ombre de draperie quand il causait familièrement.
Mais on ne sent pas impunément à ce degré de sympathie une nature comme celle de Rabbe. […] En général, la nature de son esprit était de ne comprendre les choses que par portions et graduellement. […] Ajoutons que la nature de son caractère était, quand il avait fait une fois, et avec lenteur, un pas en avant, de ne s’en plus départir et de ne reculer jamais.
Sa poésie et sa prose laissent entrevoir une âme curieusement divisée, émue, simple, songeuse et pure, en une communion étroite et panthéiste avec la nature, mais aussi méchante, d’une ironie particulièrement âcre, perfide et subite, sûre et rageuse. […] Il semble qu’une fois chrétien, sa nature inquiète et variable lui fit éprouver un peu de la tristesse des anciens renégats juifs, invinciblement ramenés à la synagogue, sans que la peine des relaps pût contenir leur nostalgie. […] À sa nature de poète plus sensible qu’intellectuelle, il fallait l’illusion d’un être qui écoulât ses plaintes secrètes, avec qui il put entrer en contestation dans ses veilles, qui lui promit au bout de sa lente dissolution, avec une consolante immortalité, la permanence de sa vie personnelle.
Ces résistances venaient de l’organisation générale de la France, de ses organisations spéciales : clergé, armée, marine, maison du roi, magistrature ; de la nature et du nombre des Impôts ; de la variété et de l’esprit des lois civiles, etc., etc. […] 1º D’une administration uniforme pour toute la France ; 2º D’un impôt territorial ; 3º D’une réforme des grains et de l’abolition des corvées en nature ; 4º D’une vaste réforme agricole et commerciale, etc. […] Il n’est pas un seul de ces hommes, dont Cassagnac fait une hécatombe expiatoire à la vérité et à la dignité de l’Histoire outragée, qui n’atteste, par l’abaissement de ses facultés, la terrible puissance du mal, que possèdent, à l’égal des hommes de génie, les êtres médiocres et même les natures ineptes.
D’ailleurs la nature ne nous montre-t-elle pas à tout instant de semblables disparates ! […] Celui qui tient la plume, y doit faire attention, ainsi qu’à la nature des phrases. […] Examinons, lui dis-je, la nature des journaux qui occupent maintenant les esprits, & qui nous indiquent les livres nouveaux. […] La nature l’avoit exactement fait en dérision, car elle est quelquefois maligne. […] Celles d’automne ne ressemblent point à celles du printemps, & la nature est une excellente chose à copier.
» Ceci est assez bien dit, sauf l’emphase ; mais que penser, lorsque venant à parler de l’art chrétien, de l’art gothique, de la cathédrale où Goëthe vit surtout une morte imitation de la nature, une cristallisation infinie, et où Hugo vit surtout le lai]d et le diable, Michelet ajoute : « L'un et l’autre regarda le dehors plus que le dedans, tel résultat plus que la cause.
Courteline, un vrai lettré aussi, me disait un jour, en me parlant des contes de Paul Arène : « C’est superbe et on ne voit pas comment c’est écrit. » Dans ses poésies non plus, c’est-à-dire dans une expansion plus intime encore de sa nature, — car c’est dans le rythme surtout que ce poète affirme, même inconsciemment, les sincérités de son âme, — on ne rencontre que lui-même.
Je pense qu’il se fait exprès plus « grossier » que nature.
De clairs paysages de nature jeune, un crépuscule sur un bois d’avril, des plaintes d’oiseaux parmi les branches, une forêt effeuillée par la brise, des processions pieuses de jeunes filles dans un lointain discret, et puis les sanglots et les joies d’une âme fraîche et calme, voilà tous les aspects qu’a présentés, à notre vue, le poète du Lis dans son récent ouvrage.
) ; milieu terrestre et cosmique (climat, aspect du sol, nature ambiante, etc
Ce n'est que par une application constante, par une continuité non interrompue de travaux sur le même objet, qu'on peut développer les dons qu'on a reçus de la Nature pour y réussir.
On se relève de cette victoire, à laquelle les indifférents et les amis applaudissent, ayant frappé de mort une portion de son âme, bravé la sympathie, abusé de la faiblesse, outragé la morale en la prenant pour prétexte de la dureté ; et l’on survit à sa meilleure nature, honteux ou perverti parce triste succès.
Il y a des peintres qui connaissent la nature et qui savent dessiner.
… Non… Ni moi non plus, et voilà pourquoi je m’essaie comme il me plaît, dans une chose qui n’a point de modèle en nature… Monsieur Boucher, vous n’êtes pas bon philosophe, si vous ignorez qu’en quelque lieu du monde que vous alliez, et qu’on vous parle de Dieu, ce soit autre chose que l’homme.
Qui est-ce qui regarderait les Téniers, les Wouwermans, les Berghem, tous les tableaux de l’école flamande, la plupart de ces obscénités de l’école italienne, tous ces sujets empruntés de la fable qui ne montrent que des natures méprisables, que des mœurs corrompues, si le talent ne rachetait le dégoût de la chose ?
Un charme secret nous attache donc sur les imitations que les peintres et les poëtes en sçavent faire, dans le tems même que la nature témoigne par un fremissement interieur qu’elle se souleve contre son propre plaisir.
Aux épouvantes du crime commis contre la nature succède le besoin, la volonté du châtiment. […] Toute la nature, flairant l’hiver, gardait une immobilité sibylline. […] Il n’admet pas que l’on confonde Dieu avec la Nature, si proche qu’elle soit de lui, organisateur immuable de la nature qui se modifie sans cesse. […] Nature au front serein comme vous oubliez ! […] La statue est le double de nature ; elle était conçue pour être sur une place publique, sur un haut piédestal, triomphante et dominante.
Cinq années suffisent à Pocquelin pour achever ses études : son père, devenu vieux et infirme, le rappelle pour exercer auprès du roi les fonctions de sa charge ; elle avait contrarié l’enfant avide d’instruction, elle ouvre aujourd’hui la mine la plus féconde à l’homme instruit, à l’homme que la nature destine à la saisir et à la peindre dans ses diverses attitudes5. […] Ma mémoire me sert encore assez bien, pour que je puisse dire à nos jeunes premiers 15 : si vous avez jamais le bonheur de jouer la belle scène qui donne le titre à la pièce, ne cherchez pas à mettre la manière à la place de la nature. […] Cependant, d’après le portrait qu’a laissé de lui une actrice, sa contemporaine, la nature semblait lui avoir donné un physique propre à la tragédie. […] Une stature colossale interdit à l’esprit, comme au corps, les mouvements prestes ; ils font plutôt souffrir qu’ils ne font rire : la nature avait formé Desessard exprès pour peindre les lourds Midas, et tous les ridicules de l’épaisse finance. […] Sgnanarelle, aussi brutal que le mari du conte, est bien plus dans la nature, en rossant sa femme parce qu’elle l’ennuie de ses criailleries.
Bertin et Parny se souviennent trop peu, dans leurs vers, de l’île et de la nature où ils sont nés ; ils en ont pourtant gardé quelque flamme. […] L’avenir du monde, la souffrance de ses semblables, les grandeurs de la nature, l’ont préoccupée. […] Mais la réalité, nous la voyons, et la beauté morale de sa nature s’y montre à nu en toute sincérité. […] » Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaîté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer.
Cette qualité qu’avait Henri IV, ce roi conquérant du sien, de tout faire, de tout voir par soi-même, et d’être infatigable comme César et comme tous les grands hommes, cette nature de diable à quatre est bien sentie et rendue par d’Aubigné. […] Et continuant le portrait de celui qu’il connaissait si bien pour l’avoir servi de près, d’Aubigné insiste sur ce que Henri IV, dans sa grande promptitude d’esprit, était servi par deux sens dont la nature l’avait merveilleusement doué, l’ouïe et la vue, qu’il avait perspicaces, aiguisées et sûres à un degré inimaginable : d’Aubigné en cite des exemples.
« On m’appelle souvent un fantaisiste, me disait-il un jour, et pourtant, toute ma vie, je n’ai fait que m’appliquer à bien voir, à bien regarder la nature, à la dessiner, à la rendre, à la peindre, si je pouvais, telle que je l’ai vue. » Qu’il y ait eu des excès dans le rendu des choses réelles, je le sais et je l’ai dit quelquefois. […] Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ?
Dans ses Études d’après nature 45, il a donné de bons portraits rustiques copiés sur modèle, vrais, consciencieux, honnêtes. […] Dans un premier recueil, la Flûte de Pan, il s’est livré à des études de poésie en quelque sorte plastique et sculpturale ; il avait demandé à la nature extérieure le sens confus de ses harmonies et de ses symboles : aujourd’hui, sous le titre de la Lyre intime 46, il aborde le monde du cœur ; il se détache, non sans peine et sans effort, du grand Pan pour en venir à un sentiment plus distinct, plus défini, qui a pour objet la personne humaine.
Laissons au fond des eaux ou du moins n’étalons pas le noyé livide ; la nature épure et blanchit les ossements. […] A cet âge de séve restante et de jeunesse retrouvée, ce serait puissance et génie de la savoir à propos ensevelir, et d’imiter, Poëte, la nature tant aimée, qui recommence ses printemps sur des ruines et qui revêt chaque année les tombeaux.
A son avis, la nature va au plaisir, ainsi que l’eau à la rivière ; elle y va (ce n’est pas moi qui parle), quelles que soient les digues, religion ou mariage. […] Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre.
Ce paradoxe apparent est le résultat nécessaire d’une des lois les plus générales de notre nature : ces causes immédiates n’ayant jamais un champ d’opérations très étendu, l’idée de ces causes n’est associée qu’avec un nombre limité de plaisirs ou de douleurs. […] Des sons d’une autre nature produisent le sentiment du beau : une chute d’eau, le murmure d’un ruisseau, la clochette des troupeaux54.
Saint-Marc Girardin obéissait de plus à sa nature. […] Saint-Marc Girardin, qui connaît si bien la nature humaine, le sait mieux que nous.
Les hommes, après quelques années de paix, oublient trop cette vérité ; ils arrivent à croire que la culture est chose innée, qu’elle est pour l’homme la même chose que la nature. […] Ce qui se passerait dans un bureau du ministère de l’Intérieur serait de nature si nette et si franche qu’à toute heure, à la première interpellation, il en pourrait être rendu bon compte au public du haut de la tribune, aux applaudissements des honnêtes gens.
Figurez-vous la botanique déclarant à un végétal qu’il n’existe pas, et la nature offrant timidement un insecte à l’entomologie qui le refuse comme incorrect. […] Le voisinage de la nature le rend propre à l’émotion sainte du vrai.
On voit dans ce livre l’école démocratique s’affranchir peu à peu du joug de Rousseau et du Contrat social, s’attaquer aux républiques anciennes, comme à des sociétés barbares, contraires à la nature, et combattre ces restaurations de l’antique qui avaient été à la fois si ridicules et si funestes pendant la Révolution. […] Il nous apprend « que toutes choses ne sont pas dans le monde comme elles devraient l’être. » Il nous assure que lorsque le peuple aura le suffrage universel, « les enfants ne demanderont plus à leurs pères le pain qui leur manque et que le vieillard rassasié de jours se réjouira dans le pressentiment intime et mystérieux d’un nouveau printemps et d’une nature nouvelle. » Les seules idées qui aient un peu de corps dans ces écrits sont celles qu’il emprunte à l’école socialiste, école plus riche en penseurs que l’école démocratique, et qui précisément à cette époque commençait à s’allier à elle.
Corneille, à la Motte-Sainte-Heraye (Poitou) ; Cloarec, à Ploujean ; Léon Le Clerc et R. de la Villehervé, en Normandie et le Théâtre Antique de la Nature d’Albert Darmont à Champigny la Bataille. […] Lugné-Poë a offert à Paris trois œuvres de manières différentes, de nature éminemment originales, mais toutes trois exubérantes de la jeune et régénératrice sève : la foi en l’idéalité des formes parallèles à l’idéalisme des pensées.
Je l’ai déjà dit et je le répète, les groupes ne sont pas aussi fréquens en nature qu’on le croirait, ils sont presque absurdes dans les sujets tranquilles. […] Mais il n’en est pas de même de ceux-ci, ce ne sont pas des natures sveltes ; ils ont un caractère dont on ne saurait s’affranchir sans pécher contre la vérité ; des chairs molles, je ne sais quoi de non développé qui est de leur âge.
Telle est la melopée des vers tendres qui comprend celle des épithalames ; telle est encore la melopée des vers comiques et celle des panegiriques. " ainsi la melopée étoit la cause, et la melodie l’effet. à la lettre, melopée signifioit la composition des chants, de quelque nature qu’ils fussent, et melodie des chants composez. […] De toutes ces differentes divisions de la melopée considerée sous diverses faces, il n’y en a qu’une à laquelle il nous convienne de nous arrêter ici, celle qui la partage en melopée basse ou tragique, en melopée moïenne ou dithirambique, et en melopée haute ou nomique, et qui par consequent partage aussi les melodies en trois genres de même nature.
Les académiciens de province et les médiocrités trouveraient leur compte à la Décentralisation : les académiciens, parce qu’ils tiendraient alors la littérature sous leur férule et régleraient les intelligences comme une montre ; les médiocrités, parce qu’il est de leur nature de vouloir être régentées. […] Il s’y mêle les pleurnichements de ces natures molles qui n’ont pas eu l’énergie de se jeter à travers la foule Pour s’y tailler leur place à coups de volonté.
Mais alors, quelle idée favorable La Rochefoucauld se fait de la nature humaine ! […] La suite des états d’esprit à cet égard est celui-ci : on commence par ne pas saisir les contradictions en lisant les penseurs ; puis on en relève beaucoup ; puis on en aperçoit trop, et dès lors, selon la nature d’esprit que l’on a, on les multiplie avec malignité, et l’on en triomphe, ou l’on s’habitue à les résoudre toutes et l’on finit par les multiplier pour les résoudre.
Nous, sans faire attention que nous nous sommes portés héritiers à la fois des Grecs et des Romains, nous voudrions encore conserver des limites artificielles, mais c’est en vain, puisque ces limites ne sont pas dans la nature même des choses. […] Je ne parle point ici de ces idées fugitives et délicates qui tiennent seulement aux usages du monde, à une élégance convenue : ces idées, tout en nuances, sont, par leur nature même, mobiles et passagères.
Il est, dans l’histoire de l’humanité, des époques de véritable hermaphrodisme social, où l’homme s’effémine et la femme s’hommasse, et quand ces fusions contre nature se produisent, c’est toujours, pour que l’ordre soit troublé davantage, la femelle qui absorbe le mâle jusqu’à ce qu’il n’y ait plus là ni mâle ni femelle, mais on ne sait plus quelle substance neutre, pâtée à vainqueur pour le premier peuple qui voudra se l’assimiler ! […] Mais pour être nos semblables, en nature humaine, doivent-elles se donner, — comme elles le font, — pour nos égales ?
Et ce n’est pas seulement une raison politique (quoiqu’elle y soit pourtant) qui les empêche de se livrer à cette imitation dernière devant laquelle leur nature simiesque, pour la première fois, s’arrête court. […] Il est de cela une raison plus intime, et qui vient de leur nature même.
Jeté par ses folies de jeune homme et les passions d’une époque qui avait aussi ses folies sur le pavé de Paris, ce bitume d’enfer qui fond les fortunes, les caractères et les courages, Gaston de Raousset, même quand il fut le plus ce qu’on appelle un franc jeune homme, ivre de ce pauvre luxe dont il eut bientôt vu la fin, éprouva toujours ces virils tressaillements intérieurs qu’éprouvent les natures héroïques quand elles sentent que l’action leur manque, l’action pour laquelle elles sont faites ! […] Sa plus belle conversion fut de changer l’auteur en homme ; car il fut un homme, comme dit Shakespeare, et la Nature pourra s’en vanter !
» répondit-il, et c’est là un mot beau et vrai, car c’est là qu’avec sa nature de poète il devait siéger. […] — le Génie poétique, lequel dominait tellement dans sa noble nature qu’il absorbait toutes ses autres facultés ou en troublait ou en empêchait le jeu.
À certaines places de ce récit merveilleux où le surnaturel a complètement remplacé la nature, on voit surgir du fond de cette Contemplative, éperdue et perdue dans son Dieu, une raison plus forte que toutes ces flammes, qui met la main sur le cœur qui palpite et dit à ce cœur : « N’es-tu pas ta proie à toi-même ? […] Malheureusement, du reste, ce n’est pas dans un chapitre de la nature de celui-ci que nous pouvons donner une idée complète de la vie de Sainte Térèse écrite par elle-même ; il faudrait s’arrêter plus longtemps que nous ne le pouvons.
L’avalanche se ramasse en tombant dans le fond du gouffre ; les dernières pages sont les derniers coups… Il faut empêcher par toute voie que le Christianisme soit un démenti donné à toutes les lois du monde, de la nature et de l’humanité ! […] Boissier a cette magie… Je me suis intéressé, moi qui le pénétrais pourtant, à toute la peine qu’une nature souple, gracieuse et veloutée comme la sienne, s’est donnée pour saisir délicatement de ses fines dents de rat érudit et pour ronger, sans faire le bruit scandaleux d’une vaste déchirure, le bas de cette aube divine du Christianisme, qui traîne dans les siècles et qui y passe, sans perdre jamais un seul fil de sa trame sacrée, au-dessus du museau de tous les rongeurs !
Cette jeune fille orpheline, vierge et mère, car elle élevait dix enfants, — ses frères et ses sœurs, — fit éprouver à Wolfgang Goethe ces deux minutes de passion par lesquelles tout ce qui a une nature complète doit passer pour devenir un homme. […] Goethe, par la nature du sien, avant tout dramatique, ne montre guères que les extrémités de la personne : c’est par le geste, un mot, une indication, qu’il la révèle.
Il aurait pu nous donner un roman mordant et profond, qui aurait coupé non plus dans le vif, mais dans cet énervé et ce lâche de la nature humaine qui a remplacé le vif ; mais il n’a su être ni le Tacite ni le Juvénal du roman. […] de la nature de ce diplomate romancier, d’être, dans son livre, tout à la fois Zénon et Céladon, stoïcien et berger.
En présence de cet espace homogène nous avons placé le moi tel qu’une conscience attentive l’aperçoit, un moi vivant, dont les états à la fois indistincts et instables ne sauraient se dissocier sans changer de nature, ni se fixer ou s’exprimer sans tomber dans le domaine commun. […] Comme ils n’envisagent de notre vie consciente que son aspect le plus commun, ils aperçoivent des états bien tranchés, capables de se reproduire dans le temps à la manière des phénomènes physiques, et auxquels la loi de détermination causale s’applique, si l’on veut, dans le même sens qu’aux phénomènes de la nature.
J’ai dit que sa nature l’y poussait d’elle-même et que, de ce don, elle avait fait un art. […] Cela, même, était contraire à sa conception de la vie et à sa nature. […] Et cette autre Nature, alors, qui vous pousse à contrarier l’autre ? J’aimerais assez à savoir ce qui n’est pas venu de la nature. […] Seulement on a pris l’habitude d’appeler en nous « nature » ce qui nous est commun avec le reste de la nature, et d’appeler d’autres noms ce qui nous en distingue.
Gautier ou tout autre ambassadeur bousingot. » On voit à quel point il y avait méprise ; la singularité du costume donnait le change sur la nature des opinions : Auguste Le Prévost méconnaissait le jeune France ; il appelait bousingot ce qu’il y avait de plus opposé à cette catégorie de politiques tapageurs et communs.
Ceux donc qui ont reçu en naissant la fermeté, la vénération, l’estime d’eux-mêmes, ces nobles et gouvernantes facultés, que la nature, à ce que pensent les phrénologistes, aurait placées au sommet du front comme un diadème moral, ceux-là agissent avec suite, se maintiennent purs dans les vissicitudes, et opposent aux déchaînements les plus contraires une auguste permanence.
Leconte de Lisle L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art.
Jules Claretie C’est un romantique d’une espèce particulière, un poète de la fantaisie et du caprice ; admirateur de Hugo et de Sterne à la fois voyageant à son gré à travers la vie, un indépendant qui court après les papillons et les libellules et qui trouvait, comme le peintre Chaplin, que le reste est dans la nature aussi bien que le bitume et l’ocre jaune.
Vois ce col détourné, ce pied droit suspendu, Ce coude replié, ce bras gauche étendu ; La cruauté de l’Art fait plaindre la Nature De tenir si long-temps leurs corps à la torture….
Il a encore retouché la Mere coquette de Quinault, sans y changer autre chose que le caractere du Marquis, personnage parasite & hors de nature, qu’il a su ajuster au reste de la Piece.
petits moutons, que vous êtes heureux ; Vous paissez dans nos champs sans souci, sans alarmes ; Si-tôt qu’êtes aimés, vous êtes amoureux ; Vous ne savez que c’est de répandre des larmes, Vous ne formez jamais d’inutiles désirs ; Vous suivez doucement les loix de la Nature ; Vous avez, sans douleur, tous ses plus grands plaisirs, Exempts de passions qui causent la torture.
C’est donc par des loix générales, & non par des volontés particulieres, qu’ils doivent faire régner la justice sur leurs Sujets ; & l’unique objet des loix qu’ils sont obligés de donner à leurs Peuples, doit être de les faire jouir de tous les avantages qu’ils ont reçus de la Nature.
Le Constitutionnel compte des milliers de lecteurs, et d’une nature très variée.
Les ruines ont ensuite des harmonies particulières avec leurs déserts, selon le style de leur architecture, les lieux où elles sont placées, et les règnes de la nature au méridien qu’elles occupent.
Quelles précieuses, quelles miraculeuses vérités de nature dans toutes ces parties !
Il compte pour rien la nature.
— Un grand homme fait par la nature, et non par la volonté ! […] Je réfléchis, mes idées mûrissent, je reconnais que la nature m’a traité favorablement en me donnant mon cœur et ma tête. […] Louis XVI tombe sous ses fureurs ; les Girondins périssent pour avoir voulu la modérer ; Vergniaud, Marat, Danton, Camille Desmoulins, Robespierre lui-même, sont dévorés par le régime qu’ils ont créé ; la Convention est décimée par sa propre nature ; le Directoire exécutif tente vainement ses coups d’État contre le gouvernement parlementaire, Bonaparte le renverse du vent de son épée ; il renverse lui-même Bonaparte en 1814. […] XXIII Mais jugez-le aussi par sa nature, continuait-il. […] — Non, Dieu a donné par la nature des choses des règles instinctives aux peuples comme aux individus
La nature seule peut faire grand. […] Et à la voir ainsi souffrir et s’encolérer, on sent l’aimante et jalouse nature qu’elle est. * * * — L’artiste peut prendre la nature au posé, l’écrivain est obligé de la saisir au vol et comme un voleur. […] * * * — Toute femme est, de nature, secrète et ténébreuse. […] 26 octobre Le vin, le haschich, l’opium, le tabac, ont été libéralement offerts à l’homme par la nature, comme les bonheurs de l’oubli de vivre, comme des poisons contre l’ennui d’être.
De nature plus haute qu’un folliculaire, il était organisé pour écrire l’histoire, non pour la troubler. […] À part cette flatterie involontaire dont nous parlions plus haut, à part cet éblouissement des quelques lueurs qui restent au front du Lucifer tombé, et cet attendrissement causé par ces fibres humaines qui étaient en Luther comme elles furent en Danton, du reste, et qui mettaient la grâce et la beauté des larmes dans ces deux natures de porcher, Audin a saisi Luther par toutes ses faces, extérieures ou intimes, élevées ou basses, éclatantes ou sombres, mais avec une force et une souplesse de préhension irrésistible. […] Sa nature l’attirait trop vers le miel qui est le poison de ce temps. […] Toutes ces fragiles gloires de passage, Bembo, Politien, Ficin, Sannazar, talents de reflet qui, n’ayant pas d’originalité à perdre, pastichèrent l’antiquité dans des écrits qu’on ne lit plus, lui semblent plus grandes qu’elles ne sont, et la superstition de l’humanisme le possède si bien, qu’il perd entièrement la mesure d’Érasme, — cette première et débile ébauche, essayée par la nature, de l’homme qui sera Voltaire plus tard ! […] En cela, vraie nature d’historien !
L’érudition ou ce qui pourrait en avoir l’air, en s’appliquant à ces sujets qui en sont si éloignés par nature, change véritablement de nom et prend quelque chose de la piété qui se met en quête vers les moindres reliques d’un mort chéri. […] La phrase qu’on a lue plus haut sur le procédé d’une certaine personne, lequel était de nature, selon Bolingbroke, à faire désirer à Mlle Aïssé un éloignement momentané de Paris, pourrait bien s’appliquer à ce qu’on sait d’une tentative du Régent auprès d’elle. […] Tout cela, on le voit ; concorde et s’explique à merveille ; on a le cadre et le canevas du roman ; mais c’est de la physionomie des personnages et de la nature des sentiments qu’il tire son véritable et durable intérêt. […] Le joli chien Patie , comme s’il comprenait la pensée de sa maîtresse, se tenait toujours en sentinelle à la porte pour attendre les gens du chevalier. — Cependant Aïssé était une de ces natures qui n’ont besoin que d’être laissées à elles-mêmes pour se purifier : elle allait toute seule dans le sens des conseils de Mme de Calandrini. […] Mme de Calignon était peut-être plus capable de dévouement, car sa nature était plus exaltée.
Mais vous savez qu’en ce siècle raisonneur il s’est trouvé des prêtres ou des philosophes chrétiens, ou d’anciens élèves de l’École polytechnique, pour expliquer couramment ce qui est, par nature, inexplicable. […] Il comprend profondément le rôle social de l’Église et en quoi ses dogmes correspondent aux besoins les plus intimes et les plus nobles de la nature humaine. […] J’étais d’ailleurs peu fait pour les ressentir, et trente années de polémique ont anéanti en moi cette faculté dont la nature ne m’avait que médiocrement pourvu. […] Rêve toujours surveillé par sa conscience de chrétien ; car c’est dangereux, la nature et la musique, et la mélancolie, et même la tendresse. […] La « grâce », je le vois bien, vous a fait une seconde nature, mais est-ce que vous ne l’oubliez pas quelquefois ?
Mais il est, parmi les morts, un poète dont l’œuvre est à la fois suave, héroïque, ingénue, capiteuse et dolente, irréelle et humaine à ce point que, quelle que soit la nature de mon ennui et de mes dégoûts, je suis certain d’être par sa lecture, radicalement guéri ou consolé. […] Tous les goûts sont dans la nature et je sais pardonner aux erreurs d’autrui ; ces divergences d’opinion n’altèrent pas les amitiés sincères. […] J’aime trop la nature pour cela, et c’est à peine si j’ai le temps d’écouter tout ce que, autour de moi, en moi, elle chante. […] C’est dans ce sens purement extérieur qu’on peut dire d’Hugo qu’il représente une valeur esthétique plus variée, plus féconde et plus dense, de nature donc à lui assurer une suprématie où tendirent avec des énergies inégales ceux qui vécurent dans son temps. […] J’ai vainement cherché — c’est dire que je ne n’avais pas d’avance trouvé — parmi les défunts poètes du siècle écoulé, celui qui put vraiment réunir les qualités qui je prédilecte : sentiment de la nature, émotion humaine, clarté, simplicité et harmonie verbales.
En choisissant et indiquant les points élevés et lumineux, vous avez obéi à cette noble nature qui va, comme le cygne, se poser à tout ce qui est limpide, éclatant et pur ; et vous m’avez ainsi, rien que par le bonheur amical de vos citations, élevé à ta fois et idéalisé à votre exemple.
A côté des scènes plaisantes d’hôtel garni et d’atelier, d’étudiants en droit et d’artistes, l’auteur sait introduire de fraîches descriptions de la nature, et même de touchantes situations de cœur.
Il lui eût été facile de détruire l’effet de ces lâches insinuations, même auprès des intelligences les plus faibles et les plus prévenues, s’il avait poursuivi le parti vaincu de grossières injures ou de sarcasmes cruels ; mais il y avait trop de noblesse dans sa nature pour un pareil rôle.
d’autres rapports avec son poète que ceux qui viennent de l’analogie des natures et des manières de sentir.
J’y trouve une vive intelligence de l’histoire, une sympathie abondante, une forme digne d’André Chénier ; et je doute qu’on ait jamais mieux exprimé la sécurité enfantine des âmes éprises de vie terrestre et qui se sentent à l’aise dans la nature divinisée, ni, d’autre part, l’inquiétude mystique d’où est née la religion nouvelle.
Il nous a semblé que l’esprit de liberté n’est pas de sa nature et nécessairement plutôt négatif qu’affirmatif, qu’il n’est autre chose que la volonté de ne décider qu’après examen : ce qui ne peut pas préjuger d’avance le résultat de cet examen.
Les histoires de l’Ancien Testament ont rempli nos temples de pareils tableaux, et l’on sait combien les mœurs patriarcales, les costumes de l’Orient, la grande nature des animaux et des solitudes de l’Asie, sont favorables au pinceau.
Quand on choisit de ces natures-là, il faut en sauver le dégoût par une exécution supérieure, et c’est ce que M. le chevalier Pierre n’a pas fait.
La nature et les Grâces ont disposé de l’attitude de la statue.
trop claires aujourd’hui, sur le Romantisme en général, et en particulier sur la nature de l’illusion théâtrale. […] C’est un siècle après leur mort, les gens qui les copient au lieu d’ouvrir les yeux et d’imiter la nature, qui sont classiques14. Êtes-vous curieux d’observer l’effet que produit à la scène cette circonstance de ressembler à la nature ajoutée à un chef-d’œuvre ? […] Ici la délicatesse du théâtre français est allée bien au-delà de la nature : un roi arrivant la nuit dans une maison ennemie dit à son confident, quelle heure est-il ? […] (brillants privilèges de la poésie), les raisons de sentir une beauté de la nature ; or dans le genre dramatique ce sont les scènes précédentes qui donnent tout son effet au mot que nous entendons prononcer dans la scène actuelle.
Le curieux de cette révolution, me fait remarquer Heredia, c’est que le retour à la nature de Ronsard, est amené par l’étude et l’emploi dans son œuvre de l’antiquité : retour qui a lieu plus tard chez André Chénier par la même source et les mêmes procédés. […] Lundi 19 janvier C’est typique, ces femmes scandinaves, ces femmes d’Ibsen, c’est un mélange de naïveté de nature, de sophistique de l’esprit, et de perversité du cœur. […] Il nous le peint comme un esprit de la même famille que le sien, comme un mystique, mais avec une touche mélancolieuse, venant d’une santé plus frêle, d’une nature plus délicate. […] Il y retrouve comme garde de marais, un garçon qui a été élevé avec lui, un garçon resté simple paysan, et marié à une femme de sa condition, mais d’une nature délicate, distinguée. […] Il aurait aussi l’ambition de faire cette petite pièce très nature, de montrer son monde au milieu d’anguilles d’argent frétillantes, et tout grelottant de fièvre, comme la famille qui lui sert de modèle dans son souvenir.
Les exemples sont plus rares d’écrivains qui s’élèvent ou s’abaissent selon la nature des vérités qu’ils traitent. […] Ou je me trompe fort, ou le jour n’est pas éloigné où ils se détermineront à penser comme Bossuet sur Dieu et sur l’âme, et où descendra en eux la grâce, c’est-à-dire le suprême acquiescement de la nature humaine à une doctrine qui lui apprend sa grandeur et lui révèle son immortalité. […] Et ce grand établissement, commencé il y a trois siècles, ne porte pas de menaces de ruine qui lui soient particulières, ni qui tiennent à la nature même du protestantisme. […] Mais telle est la beauté de cette fiction, qu’on croit malgré soi, et malgré Bossuet lui-même, qu’il a pris, un moment, le rôle de quelque chrétien du temps des martyrs, murmurant de sombres imprécations contre les bourreaux dans un moment où la nature exaspérée prenait le dessus sur la foi. […] Le représentant du catholicisme, c’est-à-dire de l’universel, devait repousser une doctrine à l’usage d’esprits de choix, d’âmes placées dans un certain état, laquelle corrompait l’excellence même du christianisme, qui est d’être la religion de tout le monde, des esprits de toute nature et de tout état.
C’est l’œuvre d’un patient ciseleur de rimes, amoureux des mots scintillants, qui, avec un grand fond de tendresse, souvent se plaît à voir la nature et l’âme comme à travers un prisme, qui cherche à saisir le caprice de la couleur et du reflet.
Le changement de direction dans le mouvement constitue la forme… « Le poète délaissant la copie du monde extérieur créera ses formes esthétiques par le dégagement de l’essentiel dans les éléments que fournit la nature.
Descartes possédoit, dans un degré supérieur, l’art du raisonnement & celui d’en trouver les principes, le talent d’analyser les idées, d’en créer de nouvelles & de les multiplier par une méditation profonde ; talent unique & sublime qu’on ne peut devoir qu’à la Nature, que le travail & l’étude peuvent aider quelquefois, mais qu’ils ne sauroient donner ni suppléer.
Quoi-qu’il eût reçu de la nature une imagination vive & brillante, un caractere tendre & enjoué, & un génie véritablement poétique, nous doutons qu’il eût également réussi, s’il avoit écrit en François, Langue pauvre & timide en comparaison de celle qu’on parle en Languedoc.
Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé.
Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions pas encore maîtres de notre instrument, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis, il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné1.
Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné35.
Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science, la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif et continuel de chaque chose d’après nature, la critique consciencieuse de soi-même ; et l’inspiration qui se dégage selon ces nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large souffle et de plus fortes ailes.
» Il s’avance dans le jardin du bonheur, au travers des bocages de myrtes, et des nuages de nard et d’encens ; solitudes de parfums, où la nature, dans sa jeunesse, se livre à tous ses caprices… Adam, assis à la porte de son berceau, aperçut le divin Messager.
Ce chant pareil, qui revient à chaque couplet sur des paroles variées, imite parfaitement la nature : l’homme qui souffre, promène ainsi ses pensées sur différentes images, tandis que le fond de ses chagrins reste le même.
Quiconque rejette les notions sublimes que la religion nous donne de la nature et de son auteur, se prive volontairement d’un moyen fécond d’images et de pensées.
On dessine d’après l’exemple, d’après la bosse et d’après la nature ou le modèle.
Un corps de savants qui se forme de lui-même, ainsi que la société des hommes s’est formée, celle-ci pour lutter avec plus d’avantage contre la nature, celui-là par le même instinct ou le même besoin : la supériorité avouée des efforts réunis contre l’ignorance.
Rien d’exécuté comme nature l’inspire.
Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite Quand on a fait reflexion que la tragedie affecte, qu’elle occupe plus une grande partie des hommes que la comedie, il n’est plus permis de douter que les imitations ne nous interessent qu’à proportion de l’impression plus ou moins grande que l’objet imité auroit faite sur nous.
La tragédie, bien différente dans son objet, met sur la scène les haines, les fureurs, les ressentiments, les vengeances héroïques, toutes passions des natures sublimes.
Tellier était un esprit philosophique servi par une nature ardente, enthousiaste, mais concentrée et un peu sombre. […] Et j’emploie à dessein ce mot « nature » puisque la chose nature, pardieu et de par Dieu ! […] En effet, l’art violent ou délicat prétendait régner presque uniquement dans les précédents et il devient dès lors possible de discerner des vues naïves et vraies sur la nature matérielle et morale. […] Car Racine a, indiscutablement, surpassé Shakespeare dans l’étude de la femme, faisant rayonner sur elle une lumière intense, et révélant quelques-uns des plus intimes secrets de sa nature. […] La nature du génie de ces deux grands hommes, la même quant à l’essence, fut évidemment modifiée dans les deux cas par leur éducation première et l’existence qui s’en suivit.
La nature, avec tous les dons de l’esprit, lui avoit accordé une constitution excellente. […] Il veut qu’il soit réservé aux seuls Italiens d’avoir reçu de la nature tout ce qui est du ressort de l’harmonie. […] Zeuxis saisissoit la nature dans toute sa vérité. […] La nature s’est peinte elle-même dans tous ses ouvrages. […] Belles, vengez son injure : Il a pour lui la nature, Le calcul & la raison.
Je sais bien que la nature sacrifie beaucoup de houille pour faire étinceler la flamme inutile d’un diamant. […] Qu’est-ce que cette union décevante, que la nature exige et refuse ? […] La nature ! […] La nature a un double visage. […] Malgré la nature spéciale du sujet et le caractère fort sérieux de l’auteur, c’est presque un livre d’actualité.
Bref, Octave Feuillet n’a pas eu le courage de peindre l’homme fort dans la vérité de sa nature. […] Si, par sa nature même, l’art dramatique n’admet qu’une vérité approchée, le Théâtre-Libre a sûrement contribué à resserrer ces approches. […] Il a des « mots de nature » tant qu’il veut et tant qu’on veut. […] Mais la nature n’a souci de ces refus. […] Ou bien on dit que le sentiment de la nature selon Michelet ou George Sand était dans Rousseau et, bien des siècles avant Rousseau, dans les poètes latins et grecs.
Ce chapitre, me dira-t-on, est d’une couleur trop sombre, la pensée de la mort y est presque inséparable du tableau de l’amour, et l’amour embellit la vie, et l’amour est le charme de la nature.
Mais une âme fine et philosophique qui ait senti ce que la présence de l’homme met d’intérêt dans les choses inanimées, ce que l’indifférente sérénité de la nature a de navrant, quand disparaît ce bonhomme qui allait, venait, bêchait, taillait, introduisant le mouvement, la variété, la vie, peuplant ce désert à lui seul, âme de ce petit inonde ; une imagination imbue de poésie païenne, qui exprime la tristesse de cette impassibilité même, et mette en deuil pour le vieux jardinier les fleurs éternellement belles et souriantes, peuvent seules dicter cette brève parole, où l’on entend un écho d’Homère et de Virgile.
Pierre Quillard Dès longtemps nous n’avons entendu célébrer avec une pareille intensité de passion la douceur et l’amertume de la chair sensuelle, le dégoût des heures vaines dépensées en futiles plaisirs et l’âpre volupté des déchéances consenties, simultanément ; dès longtemps aussi, on n’avait associé avec une telle plénitude l’universelle nature, dédaigneuse de nous, aux sursauts passagers de la fragile et magnifique humanité.
Non, le terme est trop noble pour cette nature farouche, entière, emportée par l’instinct sauvage de la brute.
La nature l’a merveilleusement douée.
Quant à la science sérieuse et philosophique, qui répond à un besoin de la nature humaine, les bouleversements sociaux ne sauraient l’atteindre, et peut-être la servent-ils en la portant à réfléchir sur elle-même, à se rendre compte de ses titres, à ne plus se contenter de jugement d’habitude sur lequel elle se reposait auparavant.
Si Jupiter veut donner aux autres dieux une idée de sa puissance, il les menace de les enlever au bout d’une chaîne : il ne faut à Jéhovah, ni chaîne, ni essai de cette nature.
Dans le second ouvrage, il rejette la manière de raisonner par syllogisme, et propose la physique expérimentale, pour seul guide dans la nature.
Il peut rester à ces mutilés une tête virile, comme celle de Narsès, tandis que nous, nous mourons en proie aux femmes, et émasculés par elles, pour être mieux en égalité avec elles… Beaucoup de peuples sont morts pourris par des courtisanes, mais les courtisanes sont dans la nature et les Bas-bleus n’y sont pas !
Elle est dans la nature.
Cette vérité, vous la faisiez trop matérielle, trop concrète ; au fond, cependant, vous aviez raison, et je vous remercie d’avoir imprimé en moi comme une seconde nature ce principe, funeste à la réussite mondaine, mais fécond pour le bonheur, que le but d’une vie noble doit être une poursuite idéale et désintéressée. […] Le latin produisait sur ces natures fortes des effets étranges. […] Quoique antipathique par bien des côtés à ma nature, cette éducation fut comme le réactif qui fit tout vivre et tout éclater. […] Sa piété, sérieuse et vraiment élevée, provenait d’une nature douée des plus hautes aspirations.
Leur ignorance des anatomies réelles était constante, extrême leur souci de l’expression : ils ont peint le corps humain et la nature tels que, dans la disposition précieuse de leurs âmes, ils les voyaient. […] Les poètes, les peintres symphonistes, créent bien des émotions comme les musiciens ; mais ils créent des émotions tout autres, dont la différence ne peut se définir, l’émotion, par sa nature même, étant indéfinissable en des paroles. […] … » — Aspirer a la Douleur, n’est-ce point aspirer à l’Infini, car qu’est-elle alors, sinon la meurtrissure de l’âme s’aheurtant aux limites de notre nature, qu’elle ne veut pas renoncer à dépasser ? […] Le Ciel me sourit … la Nature me répond … et mon cœur crie hautement : Vers Elle !
C’est la vilenie prise sur nature : et j’admire l’art avec lequel les auteurs ont su tirer des traits saillants et des contours expressifs de cette platitude. […] Certes, il est hardi son petit projet, à Madame Olympe : changer de nature, de personnalité, d’existence ; sortir courtisane par une porte et rentrer comtesse par une autre, cela pourrait réussir dans les pays où le carnaval dure six mois. […] Augier peut me répondre qu’il a voulu enlever toute défense à sa courtisane, en la plaçant dans un milieu plein d’indulgence et de douceur, ou sa nature anormale pût s’acclimater sans trop de contrainte. […] On l’épouse, comme le doge de Venise épousait la mer, avec ses impuretés, sa fange, son écume ; on jette son anneau dons cette nature « perfide comme l’onde », sans s’inquiéter de l’abîme où il va tomber.
Car un mot d’esprit nous fait tout au moins sourire, de sorte qu’une étude du rire ne serait pas complète si elle négligeait d’approfondir la nature de l’esprit, d’en éclaircir l’idée. […] Tandis que la comparaison qui instruit et l’image qui frappe nous paraissent manifester l’accord intime du langage et de la nature, envisagés comme deux formes parallèles de la vie, le jeu de mots nous fait plutôt penser à un laisser-aller du langage, qui oublierait un instant sa destination véritable et prétendrait maintenant régler les choses sur lui, au lieu de se régler sur elles. […] Elles sont, l’une et l’autre, des formes de la satire, mais l’ironie est de nature oratoire, tandis que l’humour a quelque chose de plus scientifique. […] Nous nous proposons, en effet, d’étudier les caractères comiques, ou plutôt de déterminer les conditions essentielles de la comédie de caractère, mais en tâchant que cette étude contribue à nous faire comprendre la vraie nature de l’art, ainsi que le rapport général de l’art à la vie.
La nature veut qu’il y ait des spectacles, et la religion n’est qu’une perfection de la loi naturelle. […] Ce n’était point du tout une nature sèche d’annotateur et de commentateur, on l’a déjà pu voir ; il avait l’âme ouverte en même temps que l’esprit ; ses préférences n’étaient point exclusives ; il a écrit sur La Fontaine ; il a dit de Fénelon avec qui il paraît avoir eu quelque liaison assez particulière : « J’attends ce que l’archevêque de Cambray me promet. […] Il y a longtemps que j’applique à ce grand homme un éloge plus étendu que celui que Phèdre donne à Ésope : Naris emun-ctæ 4, natura nunquam verba cui potuit dare (homme au nez fin, à qui la nature n’a jamais pu donner le change).
Malheur à l’âge pour qui la nature a perdu ses félicités ! […] Quelquefois un peu de verdure Rit sous les glaçons de nos champs ; Elle console la nature, Mais elle sèche en peu de temps. […] Cependant il est une exception à cette infirmité des choses humaines : il arrive quelquefois que dans une âme forte un amour dure assez pour se transformer en amitié passionnée, pour devenir un devoir, pour prendre les qualités de la vertu ; alors il perd sa défaillance de nature, et vit de ses principes immortels. » Que dites-vous maintenant ?
En tête de ce volume, Béranger portera sur lui-même, sur l’ensemble de son œuvre, sur la nature de son rôle et de son influence durant ces quinze années, un jugement qu’il nous serait téméraire de devancer ici pour notre compte. […] L’être complet dans la nature immense. […] Pour qu’il surgisse et que son jour commence, La terre exprès tourne les éléments ; Le temps n’est rien ; lenteurs, avortements, Par où la vie à lui seul se prépare, Ne coûtent pas à la nature avare.
Cousin, s’était porté en avril 1842 sur Pascal, au moment où d’autres écrivains s’en occupaient également ; mais il s’y était porté avec les caractères propres à sa nature entraînante et impétueuse. […] Il m’est arrivé, dans un chapitre de Port-Royal, d’avancer que chacun, plus ou moins, porte en soi son Montaigne, c’est-à-dire sa nature un peu païenne, son moi naturel où le christianisme n’a point passé. […] Et cela indépendamment de la grandeur de leurs esprits et de la nature des idées.
Bien qu’il soit impossible de diviser les facultés indivisibles de notre nature pensante, on appelle âme, dans les langues des idées, cette partie de notre être immatériel qui est la plus distincte de nos sens et qui se confond ainsi le plus avec l’essence divine. […] II Nous ne prétendons pas discuter ici pour ou contre la nature d’inspiration directe ou indirecte de ces livres sacrés ; ce n’est ni la place, ni le sujet de ces controverses dans un Cours de littérature. […] Cette prosodie de la consonance de deux pensées se répondant, comme deux voix, du commencement du vers et à la fin de la strophe, avait sans doute été inspirée aux premiers poètes ou prophètes hébreux par la nature de leur contrée.
Il fait voir admirablement avec quel bonheur de première invention et quel esprit de suite on y fait servir la guerre à l’agrandissement au dehors et à la paix au dedans ; avec quelle audace réfléchie on la porte chez l’ennemi au lieu de l’attendre ; avec quelle habileté on change les vaincus en alliés pour en vaincre d’autres ; avec quelle magnanimité farouche on y sacrifie la nature à la discipline ; avec quel sens pratique on imite de l’ennemi ses usages militaires et jusqu’à ses armes pour le battre ; avec quelle prévoyance Rome se fait de ses colonies militaires comme autant d’enceintes fortifiées qu’il faudra franchir avant de l’atteindre. […] Où le publiciste ne voit qu’un expédient politique, l’évêque reconnaît et admire une des vertus de la nature humaine. […] Les Pères de l’Église ne s’y étaient pas trompés, eux qui, dans les premiers siècles de l’Église, sur tous les points du monde romain, partout où il y avait des hommes vivant en société, c’est-à-dire de la matière pour l’extrême bien comme pour l’extrême mal, avaient si profondément médité sur la nature humaine.
Le dessous, encore une fois, était d’une nature moins effrayante, d’une nature riche, ample, copieuse, généreuse, souvent grossière et viciée, souvent fine aussi, noble, même élégante, et, en somme, pas du tout monstrueuse, mais des plus humaines. […] Je connais M. de Monnier : dissimulé par nature, il affecte de la sécurité par amour-propre.
Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes ; et à cette occasion sur la latinité des modernes On entend tous les jours des gens de lettres se récrier sur l’harmonie de la langue grecque et de la langue latine, et sur la supériorité qu’elles ont à cet égard au-dessus des langues modernes, sans compter d’autres avantages encore plus grands, qui tiennent à la nature et au génie de ces langues. […] Je m’en tiens ici à la connaissance de la valeur des mots, de leur signification précise, de la nature des tours et des phrases, des circonstances et des genres de style dans lesquels les mots, les tours, les phrases peuvent être employées ; et je dis que pour arriver à cette connaissance, il faut avoir vu ces mots, ces tours et ces phrases, maniés et ressassés, si je puis m’exprimer ainsi, dans mille occasions différentes ; qu’un petit nombre de livres, quand même on les aurait lus vingt fois, est absolument insuffisant pour cet objet ; qu’on ne saurait y parvenir que par des conversations fréquentes dans la langue même, par un usage assidu, et par des réflexions sans nombre, que cet usage seul peut suggérer. […] Mais connaîtrons-nous la valeur et la nature des mots et des tours, connaissance absolument essentielle pour bien parler et bien écrire la langue ?
Tout, évidemment, n’y était pas mauvais ; les populations inférieures, imprévoyantes par leur nature et leur condition, trouvaient appui et tutelle dans le supérieur, et demeuraient en rapport avec lui à tous les instants et par tous les liens. […] Si l’ouvrier littéraire ne s’aigrit pas en vieillissant et en grisonnant, c’est qu’il est bon de nature et un peu léger.
Mais, pour ces natures mêmes, il est vrai de dire qu’il y a du talent, du génie en plus, disponible encore après l’expression des choses nties. […] Que d’efforts et quel douloureux acheminement, ô Nature, pour arriver à la puberté du talent !
Durant les sept années qu’il passa dans la docte Congrégation de Saint-Maur, il dissimula de son mieux, il fit effort sur lui-même ; mais la nature l’emporta, et il rompit ses liens par une fuite éclatante en 1728. […] Les autres portraits qui suivent, plus fins, plus nuancés et assaisonnés de malice, sont évidemment d’après nature.
Que Boccace arrange des meurtres, des empoisonnements, des avortements, des goûts contre nature et toutes sortes de vilenies sanglantes ; qu’il mette des amants sur le bûcher, cela est bon pour des nerfs du quatorzième siècle. […] Il est crédule jusqu’au bout, et, de son propre aveu, toujours le même « enfant à barbe grise, qui fut dupe et le sera toujours. » Il ne sait ni se conduire ni se contraindre, il se laisse aller ; c’est la pure nature.
La nature et l’artifice se coudoient en ce domaine exquis. […] Et c’est sa nature double qu’en grand il a exprimée, chantée et immortalisée.
Au lieu de cette faculté illimitée de croire, heureux don des natures jeunes, qu’il trouvait en Galilée, au lieu de ces populations bonnes et douces chez lesquelles l’objection (qui est toujours le fruit d’un peu de malveillance et d’indocilité) n’avait point d’accès, il rencontrait ici à chaque pas une incrédulité obstinée, sur laquelle les moyens d’action qui lui avaient si bien réussi dans le nord avaient peu de prise. […] Son imagination, son goût de la nature se trouvaient à l’étroit dans ces murailles.
Rollin, en condamnant l’usage des fictions dans un poëte chrétien, n’interdit point certaines figures hardies qui font image, & par lesquelles on donne de la voix, du sentiment, de l’action même aux choses inanimées : « Il sera toujours permis, dit il, d’adresser la parole aux cieux & à la terre ; d’inviter la nature à louer son auteur ; de supposer des aîles aux vents pour en faire les messagers de dieu ; de prêter une voix de tonnerre aux cieux pour publier sa gloire ; de personnifier les vertus & les vices. […] On s’est aussi dégoûté, & avec raison, de voir la nature forcée sous des formes bisarres.
Un anatomiste un peu distingué ne peut réellement jeter les yeux sur ces figures sans éprouver un sentiment pénible, tant elles sont peu conformes à celles que la nature nous offre. » Je laisse à décider aux anatomistes si M. […] Broca : « Je ne puis admettre, dit-il, que la complication des hémisphères cérébraux soit un simple jeu de la nature, que la scissure de Sylvius ait été faite uniquement pour donner passage à une artère, que la fixité du sillon de Rolando soit un pur effet du hasard, et que les lobes occipitaux aient été séparés des lobes temporaux et pariétaires à cette seule fin d’embarrasser les anatomistes.
Il fait donc voyager un Provençal qui part de Marseille pour se rendre dans le Levant, écrit de tous les endroits où il a séjourné, & rend exactement compte à une Dame de tout ce qu’il y a d’intéressant à savoir sur la position des lieux, sur les singularités de la nature, sur les loix, sur les mœurs, les usages, la religion, le gouvernement, le commerce, les sciences, les arts, l’habillement, les édifices, les productions naturelles, &c. […] &c., avec des observations sur diverses productions de la nature & de l’art : ouvrage traduit de l’Anglois, à Paris 1763. quatre vol.
Ainsi, tandis que la plus grande partie des hommes, condamnés aux sueurs et à la fatigue, envie l’oisiveté de ses semblables, et la reproche à la nature, ceux-ci se tourmentent par les passions, ou se dessèchent par l’étude, et l’ennui dévore le reste. […] En suivant une route contraire, cette étude aurait été pour vous une source intarissable de plaisir et d’instruction ; vous y auriez admiré les ressources de la nature, celles de tant de grands génies, soit pour la forcer à se découvrir, soit pour la mettre en œuvre dans les différents arts, monuments admirables et sans nombre de l’industrie des hommes, soit enfin pour apercevoir la liaison et l’analogie des phénomènes dont vous vous plaignez d’ignorer les premières causes.
On devine à ce brusque revirement une de ces natures impétueuses, irascibles, passant d’une extrémité à l’autre, et incapables, au lendemain de l’insulte, d’apercevoir une seule des qualités de l’homme dont elles ne voyaient pas la veille les défauts. […] que ces âmes inflammables, auxquelles la nature donne de si vigoureuses colères contre le vice, de si éloquents ressentiments de l’injustice, portent en elles le châtiment de leur propre délicatesse, et sont destinées à expier dans leurs personnes les vices qu’elles châtient ?
Jules Janin, de nature, était presque le contraire de ce qu’il faut entendre pour être un critique. […] il me plaît tant, cet homme de lettres et d’esprit, et d’esprit français, que j’ai essayé de replacer aujourd’hui dans la lumière de son mérite, qui est immense et qui est charmant, et dont la nature est de passer, — de n’être pas plus immortel que les fleurs qui passent, — il me plaît tant que j’arrête ici mon chapitre !
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations, il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux Lettres dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse. […] Il n’était pas de la nature de Diderot, quoiqu’il en eût la philosophie.
Il eut beau s’éloigner, en effet, des premières fonctions de sa vie, de ses premières préoccupations ; il eut beau devenir, à moitié d’existence, un observateur, les bras croisés, de la nature humaine, un pacifique dilettante de beaux-arts, un causeur de Décaméron, un capricieux de littérature qui avait fini par prendre goût aux lettres, dont il avait d’abord médit, son genre de talent, qui brusquait l’expression pour aller au fait, se ressentit toujours de la mâle éducation de sa jeunesse. […] Il n’était pas de la nature de Diderot, quoiqu’il en eût la philosophie.
Les défauts qui tiennent à la nature, sont quelquefois piquants ; les beautés qu’on emprunte sont presque toujours sans effet : il y manque pour ainsi dire l’assortiment et l’ensemble. […] D’ailleurs, ma muse acquitte un devoir ; elle rend ce qu’elle doit à la vertu, à la patrie, au genre humain, à la nature immortelle et souveraine qui lui a donné, comme à sa prêtresse, la charge honorable de chanter des hymnes en l’honneur de tout ce qu’elle forme de grand et de beau dans l’univers. » On voit quel est le ton et la noblesse de ces éloges ; la vigueur d’âme qui y règne, vaut bien notre délicatesse et notre goût.
Lui, il s’inquiète beaucoup des habiletés et des ruses de métier, et sa raillerie ingénieuse ne puise pas à même de la société pour ainsi dire ; Picard, pour ne prendre qu’un exemple proportionné, le Picard du bon temps était bien autrement que lui en pleine et vraie nature humaine.
Ajoutez à cette noble qualité de l’esprit toutes les délicatesses et les fiertés de l’honnête homme et du gentleman, pour parler son langage de lord Feeling ; on comprendra quelles difficultés et quelles amertumes une telle nature dut rencontrer dans la vie.
Parmi le nombre infini de « documents humains » offerts par la nature à leurs investigations, les naturalistes 5 s’aperçurent bientôt que tous n’avaient pas une égale signification ni valeur expressive ; qu’il en existait une catégorie particulièrement féconde, les documents pathologiques, et s’y complurent.
En sorte qu’on doit le considérer comme le représentant et l’abrégé d’un esprit duquel il reçoit sa dignité et sa nature.
Charles Maurras Je crois qu’on sentira dans ce livre profond et clair : De la métamorphose des fontaines, les deux traits essentiels du génie de M. de La Tailhède : c’est la force lyrique, d’une part, et, d’autre part, un sentiment d’admiration et d’étonnement religieux devant le secret de la nature des choses.
Ainsi je me féliciterais que la nature vous ait créé — non seulement narrateur, soit enclin à formuler, pour les sentir plus largement et mieux en détail, les légendes écloses en votre imagination — mais encore, et auparavant, et éminemment voyeur (pour ne pas dire sensuel ou sensible, mots dont la signification s’est trop épandue), oui, regardeur, écouteur, gourmet, nez fin, avec toutes ces particularités compliquées de mémoire (souvenir des paysages, gestes, odeurs, etc.), à seule fin que se manifestent en réalités immédiatement reconnaissables lesdites cérébrales éclosions.
. — « Soit, dira-t-on, nous voulons bien à la rigueur qu’une œuvre soit contrainte par une analyse sévère de livrer la plupart de ses secrets, de laisser paraître au grand jour les mystères de sa nature intime et même de révéler les principales qualités de son auteur.
L’Auteur s’y écarte presque toujours de la vérité, de la nature, du bon goût, & sur-tout de la raison.
Le génie seul, & le génie exercé sur de grands objets, ou sur des objets utiles, peut transmettre les Productions aux siecles à venir ; & ce rare présent n’est pas celui que la Nature a fait à M.
L’esprit d’anarchie s’est répandu sur tous les genres : en matiere de goût, comme en matiere de raison, tout se réduit à l’arbitraire ; le plus grand nombre des Ouvrages d’agrément annoncent l’oubli des regles, l’amour des systêmes, le renversement des principes reçus ; les Ouvrages de morale ne sont le plus souvent que le fruit d’une imagination indépendante, qui assujettit à ses caprices les sentimens, les devoirs, les bienséances ; dans les Ouvrages de raisonnement, le sophisme triomphe, la Philosophie attaque les vérités les plus certaines, mine avec activité les fondemens de la Religion, des Mœurs, des Loix, rompt les nœuds de la Société, & obscurcit jusqu’aux notions les plus claires de la Nature.
Et veux-tu de son cœur qu’étouffant le murmure, Il ajoute à l’impôt qu’il paye à la Nature ?
Prenant le groupe des littérateurs qui ont été les plus récemment francisés, nous essayerons de distinguer la nature exacte de leur organisation mentale déduite de leurs écrits par une méthode d’analyse esthétique et psychologique que nous avons tenté d’exposer ailleurs.
On reconnut Homère à son talent de rendre la nature avec une noble simplicité ; à sa poësie vive, pleine de force, d’harmonie & d’images ; à son érudition agréable, lorsqu’il décrit l’art de la guerre, les mœurs & les coutumes des peuples différens, les loix & la religion des Grecs, le caractère & le génie de leurs chefs, la situation des villes & des pays.
Or, il est aisé de prouver trois choses : 1º que la religion chrétienne, étant d’une nature spirituelle et mystique, fournit à la peinture un beau idéal, plus parfait et plus divin que celui qui naît d’un culte matériel ; 2º que, corrigeant la laideur des passions, ou les combattant avec force, elle donne des tons plus sublimes à la figure humaine, et fait mieux sentir l’âme dans les muscles, et les liens de la matière ; 3º enfin, qu’elle a fourni aux arts des sujets plus beaux, plus riches, plus dramatiques, plus touchants, que les sujets mythologiques.
Son affinité avec les monuments de l’Égypte nous porterait plutôt à croire qu’il nous a été transmis par les premiers chrétiens d’Orient ; mais nous aimons mieux encore rapporter son origine à la nature.
Pierre Mancel de Bacilly16 I De tous les genres de littérature que l’homme cultive, l’une des plus vaines et des plus stériles en toutes choses, excepté en dangers, est cette littérature politique qui procède, voici tantôt deux siècles, par des théories sur l’origine et sur la nature du pouvoir.
En somme, c’est déjà un peu le procédé des jeunes auteurs du Théâtre-Libre, en quête de « mots de nature ». […] Par exemple, on trouve assez nature ! […] Brunetière parce qu’il a été le disciple de la « nature ». En sorte qu’on ne sait pas s’il faut reprocher à Molière d’avoir adoré la nature ou de l’avoir dédaignée. […] Ô nature, qu’es-tu donc ?
Tout rapporte aujourd’hui, jusqu’aux choses qui, par leur nature, semblent le plus devoir être gratuites. […] L’étude des choses vraies signifie seulement pour lui l’étude de la nature. […] Ma nature m’inclinant à me mettre en général de ce qu’on a appelé le parti des guillotinés, je me rangerais plutôt de leur bord. […] Il n’était pas né pour souffrir ; — sa nature vigoureuse prit le dessus. […] Ce n’est pas voir juste que de n’observer jamais que ce qui est plus grand, ou ce qui est plus petit que nature.
Je ne souhaite, pas d’autre repos que celui de la mort… » Un goût de la nature toute simple, sans luxe ni artifice, à la Rousseau : « Je n’aime pas que ma joie soit parée, ni que la Sulamite ait passé par des salles… » (Curieux historiquement, comme réaction contre Baudelaire et Huysmans.) […] Chacune cède à sa nature et au désir du nouveau. […] Enfin la nature se complaît dans sa splendeur avec une superbe indifférence pour nos maux et nos fautes ; peut-être est-elle encore plus belle qu’un Beethoven lui-même n’est capable de le comprendre et de l’exprimer. […] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. » Vous avez reconnu le célèbre début des Confessions. […] André Gide est réellement fuyant et vague par nature, sauf sur un point.
L’objet des mathématiques n’est pas la satisfaction d’une curiosité oisive, mais l’invention de machines propres à alléger le travail de l’homme, à augmenter sa puissance à dompter la nature, à rendre la vie plus sûre, plus commode et plus heureuse. […] Elle est la véritable imitation de la nature ; elle est plus complète que la pure analyse ; elle ranime les êtres ; son élan et sa véhémence font partie de la science et de la vérité. […] L’Arioste, dit-il, nous raconte l’histoire d’une fée, qui par une loi mystérieuse de sa nature, était condamnée à paraître en certaines saisons sous la forme d’un hideux et venimeux serpent. […] But in the government of the country, he had less real share than the youngest writer or cadet in the Company’s service… Of his moral character it is difficult to give a notion to those who are acquainted with human nature only as it appears in our island. […] Ariosto tells a pretty story of a fairy, who, by some mysterious law of her nature, was condemned to appear at certain seasons in the form of a foul and poisonous snake.
Alors en effet on se plaisait à concevoir une sorte de drame à la fois réel et idéal, qui reproduirait avec étude et fidélité les mœurs et les personnages de l’histoire, y associerait les passions éternelles de la nature humaine, et ferait parler le tout d’un ton plus simple et plus sincèrement poétique à la fois qu’on n’avait osé jusqu’ici.
Mais dans notre état social, qui est un état de conquête sur la nature, l’homme tâche de s’affranchir du climat : il fait mieux encore ; par des moyens indirects, tels que la culture, les plantations, l’écoulement des eaux, il le change et le perfectionne sans cesse ; et celui-ci modifié réagit incessamment sur l’homme.
Le Beau est partout comme Dieu : il y a dans Aubanel réaliste à sa manière et quand sa pensée l’exige, un merveilleux poète de la nature.
Des deux volumes, je préfère À l’orée de beaucoup ; j’aimerais mieux que la nature y fût chantée librement, au lieu d’être ainsi sévèrement modelée ; mais en se contentant de ce qu’on y trouve, on se sent en contact avec de la poésie vraie, encore que nuancée, fond et rythme, à la façon d’un érudit, ce qui ne peut surprendre personne, étant donnée la sûre et modeste érudition dont M.
Paul de Saint-Victor La poésie n’était pas pour lui ce qu’elle est, ce qu’elle doit être pour les autres, une lyre qu’on prend et qu’on pose pour vaquer aux choses extérieures ; elle était le souffle, l’essence, la respiration même de sa nature.
Alfred Mortier Dans tels poèmes, dans certains de ses contes, j’ai trouvé un artiste magnifiant ses pensées dans la forme large et belle d’un symbole en intime communion avec la nature profondément sentie et non à l’aide des artificiels joyaux dont parent l’idée tant de modernes poètes.
« On eut lieu, dit Saint-Simon, d’être surpris de ce qu’un élève de l’hôtel de Rambouillet, et pour ainsi dire l’hôtel de Rambouillet en personne, et la femme de l’austère Montausier, succédât à madame de Navailles si glorieusement chassée. » Le reproche d’avoir succédé à madame de Navailles, si glorieusement chassée pour avoir fermé au roi la porte des visites nocturnes, est absolument dénué de fondement, cette clôture, vraie ou supposée, n’a point été la cause de la disgrâce de madame de Navailles : ce fut l’imputation d’un fait qui, par sa gravité, était de nature à motiver la disgrâce et non à la rendre glorieuse.
Les graces n’ont pas besoin de fard, la nature est le plus bel ornement.
Déjà même la Langue, & moins belle & moins pure, Rougit de se prêter à la simple Nature.
La curiosité, l’intérêt, l’amusement, le rire, les larmes, l’observation perpétuelle de tout ce qui est nature, l’enveloppe merveilleuse du style, le drame doit avoir tout cela, sans quoi il ne serait pas le drame ; mais pour être complet, il faut qu’il ait aussi la volonté d’enseigner, en même temps qu’il a la volonté de plaire.
Il faut peut-être chercher la raison de cette omission dans la nature de son talent, qui avait plus d’enchantement que de vérité, et plus d’éclat que de tendresse.
Les vertus purement morales sont froides par essence : ce n’est pas quelque chose d’ajouté à l’âme, c’est quelque chose de retranché de la nature ; c’est l’absence du vice, plutôt que la présence de la vertu.
Elle tient son enfant dans les bras, et calme les flots par un sourire : charmante religion, qui oppose à ce que la nature a de plus terrible, ce que le ciel a de plus doux !
Il ne connaît pas la nature.
Comme tous les hommes qui ont le génie pratique de l’enseignement, comme ces admirables natures de maîtres, mêlées de prêtres, qui préparent eux-mêmes, de leurs saintes mains paternelles, la tête et le cœur destinés à recevoir la vérité, l’abbé Noirot se soucie peu d’écrire et n’écrit point.
Il s’appliqua à classer les faits sous un autre fait dont on pût déduire leur nature, leurs rapports et leurs changements.
Un jour, ne sachant que faire, il a voulu passer une revue, et il a mandé ses vassaux de toute nature, « envoyant de tous côtés une circulaire avec son sceau. » Leur assemblée fera une belle « cour plénière », et le roi, « un mois durant », pourra se donner une représentation de sa royauté. […] On imiterait encore plus aisément la gourmandise du seigneur que son impertinence : car il n’est gourmand que par accident, tandis qu’il est impertinent par nature. […] Les paysans du bon pays de France sont gausseurs par nature, mais leurs plaisanteries ressemblent aux taloches qu’ils s’assènent quelquefois par plaisir dans leurs fêtes, et qui pourraient assommer un boeuf. […] Il manda donc par députés Ses vassaux de toute nature, Envoyant de tous les côtés Une circulaire écriture Avec son sceau. […] Le secret, sans doute, en est beau Pour la nature défaillante.
Par toutes ses racines corporelles l’homme en tout pays plonge dans la nature, et il y plonge d’autant davantage qu’étant plus inculte, il en est moins affranchi. […] Ainsi que chacun fasse justice, s’il le peut, avant sa mort. » Regardez à côté de lui ces monstres qu’il détruit, derniers souvenirs des anciennes guerres contre les races inférieures et de la religion primitive, considérez cette vie dangereuse, ces nuits passées sur les vagues, ces efforts de l’homme aux prises avec la nature brute, cette poitrine invaincue qui froisse contre soi les poitrines bestiales, et ces muscles colossaux qui, en se tendant, arrachent aux monstres un pan de chair ; vous verrez, dans le nuage de la légende et sous la lumière de la poésie, reparaître les vaillants hommes qui, à travers les folies de la guerre et les fougues du tempérament, commençaient à asseoir un peuple et à fonder un État. […] Dans leur langue, les flèches « sont les serpents de Héla, élancés des arcs de corne », les navires sont « les grands chevaux de la mer », la mer est la coupe des vagues, « le casque est « le château de la tête » ; il leur faut un langage extraordinaire pour exprimer la violence de leurs sensations, tellement que lorsque avec le temps, en Islande où l’on a poussé à bout cette poésie, l’inspiration primitive s’alanguit et l’art remplace la nature, les Skaldes se trouvent guindés jusqu’au jargon le plus contourné et le plus obscur. […] Étranges tours de force littéraires, qui transforment les poëtes en artisans ; ils témoignent de la contrariété qui opposait alors la culture et la nature et gâtait à la fois la forme latine et l’esprit saxon. […] La splendeur de l’univers, la beauté du firmament, la grâce de la nature, la gloire du jour, le distributeur des heures. — Qu’est ce que la mer ?
Pour la première fois, chez Chaucer, comme chez Van Eyck, le personnage prend un relief, ses membres se tiennent, il n’est plus un fantôme sans substance, on devine son passé, on voit venir son action ; ses dehors manifestent les particularités personnelles et incommunicables de sa nature intime et la complexité infinie de son économie et de son mouvement ; encore aujourd’hui, après quatre siècles, il est un individu et un type ; il reste debout dans la mémoire humaine comme les créatures de Shakspeare et de Rubens. […] Au fond de chaque œuvre d’art est une idée de la nature et de la vie ; c’est cette idée qui mène le poëte ; soit qu’il le sache, soit qu’il l’ignore, il écrit pour la rendre sensible, et les personnages qu’il façonne comme les événements qu’il arrange ne servent qu’à produire à la lumière la sourde conception créatrice qui les suscite et les unit. […] Mettez dans tous les esprits d’un siècle une grande idée neuve de la nature et de la vie, de telle façon qu’ils la sentent et la créent de tout leur cœur et de toutes leurs forces ; et vous les verrez, saisis du besoin de l’exprimer, inventer des formes d’art et des groupes de figures. Arrachez de tous les esprits d’un siècle toute grande idée neuve de la nature et de la vie, et vous les verrez, privés du besoin d’exprimer les pensées capitales, copier, se taire, ou radoter. […] — Que les attributs déterminent les personnes, et non pas la substance, c’est-à-dire la nature. — Comment les propriétés peuvent être dans la nature de Dieu et ne pas la déterminer. — Si les esprits créés sont locaux et circumscriptibles. — Si Dieu peut savoir plus de choses qu’il n’en sait. » Voilà les idées qu’ils remuent ; quelle vérité en peut sortir ?
Le goût de la vérité, le don de l’attirer par la douceur et les grâces, en mettant à l’aise ceux qui pouvaient la lui dire, le don non moins rare de se l’approprier, pour en faire usage dans sa conduite, ce sont là des qualités supérieures, parce que la volonté y a peut-être plus de part que la nature. […] « Saint-Germain, remarque-t-il, offrait à Louis XIV une ville toute faite et que sa position entretenait par elle-même. » Il l’abandonna pour Versailles, le « plus triste et le plus ingrat de tous lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre, parce que tout y est sable mouvant ou marécage ; il se plut à y tyranniser la nature, à la dompter à force d’art et de trésors. […] « Il se plut à y tyranniser la nature » : où donc est la beauté du travail de l’homme, si ce n’est dans sa lutte avec la nature ? […] Où la nature a tout fait, faut-il que l’art vienne étaler son impuissance à l’embellir ? […] Ce fut Bossuet qui lui parla le premier, « avec le respect d’un sujet, mais aussi avec la liberté d’un prédicateur. » A ce jeune prince si porté à la tendresse, si bien fait, si magnifique, « dont les belles qualités, dit Mme de Motteville, causaient toutes les inquiétudes des dames », il peignit la violence des désirs de la jeunesse, « ces cœurs enivrés du vin de leurs passions et de leurs délices criminelles, l’habitude qui succède à la première ardeur des passions, et qui est quelquefois plus tyrannique247. » Il lui découvrit les pièges de l’impudicité, « laquelle va tête levée, et semble digne des héros, si peu qu’elle s’étudie à se couvrir de belles couleurs de fidélité, de discrétion, de douceur, de persévérance 248. » Il lui représenta le « plaisir sublime que goûtent ceux qui sont nés pour commander, quand ils conservent à la raison cet air de commandement avec lequel elle est née ; cette majesté intérieure qui modère les passions ; qui tient les sens dans le devoir, qui calme par son aspect tous les mouvements séditieux, qui rend l’homme maître en lui-même249. » A ce roi si absolu, si maître de tout, si obéi, il montra le cœur d’un Nabuchodonosor ou d’un Balthasar, dans l’histoire sainte, d’un Néron, d’un Domitien dans les histoires profanes, « pour qu’il vît avec horreur et tremblement ce que fait dans les grandes places l’oubli de Dieu, et cette terrible pensée de n’avoir rien sur sa tête250. » Le premier, devant ce roi si plein de vie, et qui paraissait si loin de la mort, devant cette cour si attachée aux choses du monde, il ne craignit pas de soulever la pierre d’un tombeau, et d’y faire voir « cette chair qui va changer de nature, ce corps qui va prendre un autre nom, ce je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue, tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes251. » A ce roi entouré de tant de faveur, d’une si grande complaisance des jugements humains, il révéla les secrets de la justice « de ce Dieu qui tient un journal de notre vie, et qui nous en demandera compte dans ces grandes assises, dans cette solennelle convocation, dans cette assemblée générale du genre humain252. » Ce qui sied le mieux à l’âge où l’imagination et la passion dominent, ce sont de fortes peintures.
M. le baron Taylor était une de ces natures fines et intelligentes, qui se connaissent en toutes choses, qui ne sont étrangères à rien, qui touchent par un point quelconque de leur individualité à toutes les classes sociales, un de ces hommes qui doivent se baisser s’ils veulent paraître petits, mais qui n’ont pas besoin de se hausser pour être grands. […] J’honore l’ignorance, je respecte l’incapacité ; je comprends l’insouciance qui n’a pas demandé à l’éducation de réparer les torts de la nature : mais ce qui ne comporte pas de justification, ce qui est intolérable, c’est l’abus d’une autorité déléguée, la haine personnelle se substituant au devoir de l’administrateur, l’hostilité la plus ardente craignant de s’avouer et ne marchant à son but que par des détours. […] Ma pièce reçue, malgré les efforts notoires du commissaire du roi, dénoncée par lui aux bureaux du ministère comme une œuvre monstrueuse et antisociale ; mes entrées au théâtre refusées, contre tous les usages, dans l’intervalle de la réception aux répétitions ; des obstacles suscités contre la distribution des rôles ; annonces tardives, omission de réclames, refus formel de répétitions jugées indispensables, et cent autres entraves de toute nature qu’attesteraient au besoin tous les sociétaires indignés : voilà ce que j’ai eu à souffrir, moi, écrivain isolé, inconnu, sans protection, sans coterie, de la part de l’homme auquel ses fonctions imposaient la défense de mes intérêts et de mes droits. […] « Ce n’est pas le sujet de la pièce que nous blâmons, dit le critique (il a cette pudeur du moins), mais bien le mouvement et la nature des pensées que le poète appelle à son aide pour exprimer sa reconnaissance : il reproche aux canons de l’hôtel des Invalides de n’avoir pas tonné le glas aux funérailles de Charles X ; il les accuse de partager la lâcheté humaine et d’adorer tour à tour Henri IV et Louis XI. […] Nulle part on ne sent l’étude de la nature, nulle part le désir d’appliquer exactement le mot sur la chose ; les descriptions sont vagues, sans intérêt, et n’évoquent pas les objets qu’elles devraient représenter ; le style passe de l’afféterie la plus maniérée à la boursouflure la plus asiatique, et rien n’est plus désagréable que ce mélange du mignard avec le gigantesque : les comparaisons ne se rapportent pas aux choses qu’elles expriment, et détruisent l’effet des vers qui les précèdent. » Je m’arrête, mon ami, je n’ai pas assez d’haleine pour vous dire quatre pages de critique, et surtout lorsque cette critique frappe un de mes meilleurs amis.
Par la hardiesse de son esprit, qui n’a peur de rien, et par la nature de son sujet, qui renferme tout ce qui peut effrayer des esprits moins fermes, — car il ne s’agit de rien moins, ici, sous tous ces noms de Monarchie de Juillet, de République et d’Empire, que de s’interroger et de se répondre sur la destinée du pouvoir dans les sociétés de ce temps, et aussi de recueillir la haine, l’indomptable haine des partis qu’on démasque et qu’on déshonore, — Cassagnac était digne d’écrire cette terrible histoire, et elle, à son tour, était digne de lui. […] Barrot a certainement la nature ambitieuse de Pétion, mais il n’en a pas la nature perverse. […] Barrot est une nature douce, naïve, crédule, un peu vaniteuse. […] … Par la nature comme par l’ensemble de ses facultés, Cassagnac est destiné à l’écrire.
Bon gré, mal gré, et nonobstant tous mes efforts consciencieux en sens contraire, j’étais prédestiné à être ce que je suis, un romantique protestant contre le romantisme, un utopiste prêchant en politiqué le terre à terre, un idéaliste se donnant inutilement beaucoup de mal pour paraître bourgeois, un tissu de contradictions, rappelant l’hircocerf de la scolastique, qui avait deux natures. […] Le dédain est la seule chose pénible pour les natures simples ; il trouble leur foi au bien ou les porte à douter que les gens d’une classe supérieure en soient bons appréciateurs. […] Plus tard, quand je connus l’Inde, je vis que mes saints étaient de vrais richis, et que par eux j’avais touché à ce que notre monde aryen a de plus primitif, à l’idée de solitaires maîtres de la nature, la dominant par l’ascétisme et la force de la volonté. […] Dieu était pour lui l’ordre de la nature, la raison intime des choses.
En effet, les choses de la nature ne sont-elles pas tout aussi vraies, vues dans le clair de lune, que dans un rayon de soleil de midi ? […] * * * — Nous faisons aujourd’hui aux jeunes le reproche, et le juste reproche de voir la nature non directement, mais à travers les livres de leurs devanciers. […] La nature appelle des petits. […] Le vieux vaudevilliste, très paillard de sa nature, la décidait à venir lui ôter ses chaussettes, le soir, dans sa chambre… La charmante fille était cousue dans un sac.
Duclos avait un caractère, ou du moins une nature primitive très caractérisée, une manière d’être à lui, qu’il imposa partout où il fut. […] Dans son genre et dans le cercle qu’il s’est tracé, il a de bonnes et utiles remarques de détail, et il justifie pleinement, quand il écrit, l’axiome de son temps qu’il professe avec Condillacj : « En s’appliquant à parler avec précision, on s’habitue à penser avec justesse. » Ses conversations étaient d’une tout autre nature et échappaient à cette loi ; bien qu’il y parlât fort net, je ne sais s’il en pensait toujours plus justement.
Tel qu’il est pourtant, il intéresse, il attache vivement par ses récits, même lorsqu’on sait qu’il est de sa nature plus enclin à s’y surfaire qu’à s’y oublier. […] Corne a recueilli des pièces, lettres autographes et documents de diverse nature, qui seraient à consulter pour une biographie complète de l’illustre guerrier. — Quant aux appréciations militaires, j’ai profité dans cette étude d’un travail bien fait et très précis intitulé : Biographie et maximes de Blaise de Montluc, par M.
Malgré sa dureté de nature, dans toute cette affaire de Sienne et dans les actes qui s’y consomment, Montluc n’est point inhumain. […] Au milieu de tous ses défauts et de ses excès de nature, il était religieux ; il ne s’était jamais trouvé dans aucune entreprise sans invoquer Dieu à son aide, et il nous a laissé la formule de l’oraison qu’il prononçait dans les périls, et qui, lui rendant la netteté de l’entendement, chassait de lui toute crainte.
D’autres enfin n’ont pas eu du tout d’anathème : il ont osé soutenir en moralistes hardis, mais surtout en poètes, qu’il faut dans ce monde nouveau, où la nature domptée par la science devient la première collaboratrice de l’homme, marcher résolûment à la fortune pour en faire un large et magnifique usage, conquérir l’or pour le répandre ensuite d’une main souveraine, pour fertiliser en tous sens et renouveler la face de la terre. […] C’est sur le terrain élargi de ce second et plus impartial jugement que j’ai vu des hommes de directions et de natures de talent très diverses se rencontrer, se rapprocher durant des semaines, et chercher sincèrement à se mettre d’accord pour rester justes envers les concurrents, ces autres confrères inconnus.
Il y a dans l’ordre de la nature de ces moments de retour et de ces reprises de jeunesse : il y a, au déclin de l’automne, de ces journées encore si brillantes, qu’on est tenté de se demander si c’est le printemps qui revient. […] Au milieu des plus formidables difficultés et dans une situation extrême, la netteté des vues, leur promptitude, leur multiplicité (chaque jour et chaque heure en demandant de nouvelles), l’à-propos et la perfection de l’exécution avec des moyens tels quels, tronqués et insuffisants ; le nerf et la vigueur dans leur dernière précision, une célérité qui suppléait au nombre ; une vigilance de tous les instants ; l’infatigable prodigalité de lui-même ; non seulement la constance, cette vertu des forts, mais l’espérance, ce rayon de la jeunesse, tout cela lui était, je ne dirai pas revenu (car tout cela appartenait de tout temps à sa nature), mais rendu au complet et à la fois, s’était renouvelé, réexcité en lui, et se couronnait d’une suprême flamme.
Le général Joubert, qui a commandé à la bataille de Rivoli, a reçu de la nature les qualités qui distinguent les guerriers. […] Il en est de l’histoire comme de la nature : elle essaye avant de réussir, elle ébauche avant de créer.
La nature de son esprit aussi bien que l’éducation première qu’il a reçue, son milieu d’enfance et de jeunesse, l’ensemble de ses, habitudes et de ses mœurs, le disposaient à être tout d’abord le peintre le plus distingué de l’honnête et élégante bourgeoisie, de la bonne compagnie de province, de la noblesse qui vit encore dans ses châteaux. […] C’est un reproche de cette nature que je ferai à l’art de M.
Térence n’a laissé que six pièces de théâtre, et toutes imitées du grec ; on était encore à cet âge intermédiaire que traversent les littératures de seconde formation, où il semble plus honorable d’imiter et d’importer que d’inventer et de créer sur place, d’après nature. […] Mais dans tout ce récit où se complaît cette nature paterne si sincère et si naïve, ne sentez-vous pas la veine de bonhomie, d’indulgence et d’humanité, propre au poète qui avait le droit de dire : Homo sum ?
Le roi de Saxe auprès de qui se traitaient toutes les affaires de Pologne, avait alors pour ministre des Affaires étrangères, et auquel il accordait une confiance presque exclusive pour les affaires du duché, le comte de Senfft, personnage distingué, nature d’élite, que nous avons à faire connaître. […] Imitez tous vos collègues qui m’aident au lieu de me fatiguer, et qui font marcher le gouvernement, bien loin de le gêner de leurs passions privées. » Fouché était, par essence et par nature, le plus grand ourdisseur de trames ; il jetait ses filets et accrochait ses fils partout où il pouvait, et quand on lui avait crevé sa toile sur un point, il ne se décourageait pas, il recommençait aussitôt.
Un homme de son temps, au contraire, un habile que la nature avait doué d’une rare faculté philologique comme elle avait doué Malebranche d’un génie métaphysique éminent, avait entrepris cet examen puisé aux sources et avait fondé la véritable critique des Écritures en l’appuyant sur la connaissance de l’hébreu, des langues orientales prochaines qui en sont comme autant de branches, et sur la familiarité avec les anciens commentateurs juifs les plus compétents. […] La nature ne manque pas de faire naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés, mais il faut lui aider à les former.
Le Roi, abbé de Haute-Fontaine, personnage estimable, généreux de nature et d’humeur libérale, de plus d’ambition peut-être que de talent, d’un mérite réel toutefois, et qui est fort connu dans l’histoire ecclésiastique du XVe siècle. […] Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.
Beugnot, celui pour lequel il était le plus fait par la nature de son esprit et par ses goûts, c’est la fin des belles années de Louis XVI, au lendemain de la guerre d’Amérique, l’heure de la popularité suprême et du dernier éclat des parlements. […] Louis XVIII n’en voulut pas même entendre de sa bouche la lecture avant la séance royale ; l’heure pressait : « Nous avons confiance en vous, lui dit le roi, et je sais que vous êtes passé maître en ce point. » Cet auguste préambule de la Charte fut encore un des succès anonymes ou pseudonymes de celui qui en eut plus d’un de cette nature en 1814.
« L’inimitable Monsieur Dominique, dit son successeur Gherardi, a porté si loin l’excellence du naïf du caractère d’Arlequin, que les Italiens appellent goffagine, que quiconque l’a vu jouer trouvera toujours quelque chose à redire aux plus fameux Arlequins de son temps. » L’inimitable, c’est l’épithète attachée à son nom : « Qui ramènera, dit Palaprat dans la préface de ses œuvres, qui ramènera les merveilles de l’inimitable Domenico, les charmes de la nature jouant elle-même à visage découvert sous le visage de Scaramouche ? […] On semble avoir voulu exprimer par ce bariolage cette nature de caméléon dont Riccoboni parlait tout à l’heure.
Mais sa bonne nature lui révéla bientôt la faute qu’il venait de commettre. […] S’il faut en croire Jean, il aurait avoué sa royauté, mais prononcé en même temps cette profonde parole : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » Puis il aurait expliqué la nature de sa royauté, se résumant tout entière dans la possession et la proclamation de la vérité.
Il ne voit guère qu’une recommandation à faire à l’artiste : « Il faut obéir à son génie. » Et il dit à tous : « On n’agit décemment qu’en conformité avec sa propre nature ; les gens qui veulent agir ou ne pas agir d’après les ordres d’une morale extérieure à leur vérité personnelle finissent, Dieu aidant, dans les compromis les plus saugrenus. » Décidément cet homme ne respecte rien : morale extérieure, lois, science aux prétentions « législatives », il raille toutes les beautés rectilignes qui émeuvent les braves gens de la « règle » et du « droit chemin ». […] La préciosité — qui a d’ailleurs des apparences fort diverses — c’est le souci exclusif de l’écriture, du petit détail souriant ou pittoresque, de la mouche au coin de l’œil, du rouge et du blanc dont on corrige les couleurs de la nature.
Quand on veut juger Mme de Sévigné ou Mme de Maintenon, et se rendre compte de leur nature, est bien obligé d’avoir une idée générale et une théorie sur elles. […] Il y a des natures qui naissent pures et qui ont reçu quand même le don d’innocence.
Placé entre un prince de cette nature et le Parlement, cette autre machine compliquée et non moins désespérante à mouvoir, primé dans le parti par le prince de Condé, son ennemi alors et dont il ne peut vouloir le triomphe, Retz se consume durant deux années dans les pourparlers, les expédients, les tentatives perpétuelles d’un tiers parti impuissant à naître et toujours avorté. […] Sa prison, sa fuite, son séjour à Rome, ses voyages et caravanes en divers lieux, ses obstinations dernières pour conserver son siège de l’archevêché de Paris, nous fourniraient trop de vues sur ses faiblesses et sur les côtés infirmes de sa nature.
Ces sortes de fondations peuvent avoir leurs avantages, en ce que l’enfant d’un artisan, d’un pauvre homme dépourvu de toute espèce de moyens, peut apporter en naissant des dispositions si heureuses, qu’il n’y ait rien de mieux que de venir à son secours, et de lui donner les moyens de développer les dons de la nature. […] En Allemagne l’étude du droit de la nature et des gens est fort cultivée.
Incapable de creuser longtemps dans la nature humaine et de nous faire un livre profond de ce qu’elle y aurait trouvé, Mme Colet a pour ressource de plaquer autour des amours avilissants et avilis, dont elle nous raconte les orages, de longues descriptions de Venise, fourbues à force d’avoir servi, et des citations de Byron toujours inévitables, quand on parle de Venise et qu’on n’a pas en soi d’impression, neuve et sincère. […] Par une contradiction de la nature, elle est déclamatoire et flasque, La déclamation de Diderot a du muscle.
Il fut jeté, pour ainsi dire, hors des bornes de la nature. […] Ainsi, de quelque côté qu’on jette les yeux on voit des succès et des malheurs ; on voit de grandes vues et de grandes fautes ; on voit le génie, mais tel qu’il est chez les hommes, et surtout dans les objets de gouvernement, toujours limité ou par les passions, ou par les erreurs, ou par les bornes inévitables que la nature a assignées à toutes les choses humaines.
« Blondin, sans lettres ni aucun ornement dans l’esprit, méchant et malin par nature, également insolent, moqueur et bas ! […] Marivaudage est resté, parce qu’en effet Marivaux est resté. » Ainsi parlait mon maître, au nom même de la nature ! La nature ! […] On a écrit et débité de grandes sottises au nom de la nature. Va donc pour la nature, et cependant respectons l’art, il a ses droits et ne peut rien gâter.
Villemain ; la médecine, cette fois comme tant d’autres, a été mise en défaut, mais dans un sens plus favorable que d’ordinaire : elle pronostiquait au plus grave, et la nature l’a déjouée.
C’est qu’en effet ce qui est faux n’est jamais utile, et qu’au fond il y a quelque chose d’immoral et de pervers dans cette falsification de l’histoire qui ment sans pudeur à la vérité des traditions, et dans cette falsification bien autrement coupable de la nature humaine, qui la représente dégradée par d’indéfinissables passions, poussée au crime par je ne sais quel vertige sans objet, qui la calomnie en lui prêtant des désordres qui ne sont pas les siens, et qui n’est qu’une insulte, un attentat perpétuel aux lois éternelles et sacrées de la raison.
Mais ce qu’il a surtout excellé à reproduire en mille endroits, c’est l’impression des objets de la nature sur un cœur passionné.
Bien que le don de poésie soit de sa nature une chose essentiellement imprévue, et que ce souffle, comme celui de Dieu, aille où il lui plaît, on ne peut s’empêcher d’être surpris chaque fois qu’on voit ce talent se déceler tout d’un coup, et sortir de terre avec fraîcheur dans de certaines circonstances qui semblaient faites plutôt pour l’étouffer ; s’il n’y a pas lieu toujours de crier au miracle, ce n’est jamais le cas non plus de faire les inattentifs et les dédaigneux.
Aussi peut-il être bon, la nature de l’objet une fois bien définie, de se le figurer par une représentation concrète.
Le premier avait éclaté, irrésistible, avec la Ciguë ; il nous a donné coup sur coup l’Aventurière, Gabrielle, Philiberte ; il a fini par la Pierre de touche, ayant eu cependant encore, depuis la Pierre de touche, deux belles explosions de la nature primitive : la Jeunesse et Paul Forestier.
Il est mort plein de jours, en possession d’une immense sympathie publique, et je ne veux, certes, contester aucune de ses vertus domestiques ; mais je nie radicalement le poète aux divers points de vue de la puissance intellectuelle, du sentiment de la nature, de la langue, du style et de l’entente spéciale du vers, dons précieux, nécessaires, que lui avaient refusés tous les dieux, y compris le dieu des bonnes gens, qui, du reste, n’est qu’une divinité de cabaret philanthropique.
Henri Mercier Si la joie d’être débordait dans les Chansons joyeuses, les Poèmes de l’Amour et de la Mer, qui vinrent ensuite, révélèrent en Maurice Bouchor un autre poète, un poète du cœur, plein de tendresse pour la nature, de délicatesse en sa conception de la femme et de douce mélancolie.
Étant donné que toute œuvre d’art ne vaut que par l’émotion qu’elle produit, ce peintre désire exciter la sympathie de ses spectateurs par l’exactitude minutieuse et il faut le dire, magistrale, avec laquelle il reproduit ses types ; par leur choix généralement excellent et notable ; par leurs occupations et manières d’être parfaitement appropriées à leur extérieur ; en d’autres termes, par sa pénétration dans une série de caractères, d’âmes, de natures humaines ; et par sa faculté de nous les faire pénétrer, de nous les révéler.
si tout meurt avec nous, les soins du nom et de la postérité sont donc frivoles ; l’honneur qu’on rend à la mémoire des hommes illustres, une erreur puérile, puisqu’il est ridicule d’honorer ce qui n’est plus ; la religion des tombeaux, une illusion vulgaire ; les cendres de nos pères et de nos amis, une vile poussière qu’il faut jeter au vent, et qui n’appartient à personne ; les dernières intentions des mourants, si sacrées parmi les peuples les plus barbares, le dernier son d’une machine qui se dissout ; et, pour tout dire en un mot, si tout meurt avec nous, les lois sont donc une servitude insensée ; les rois et les souverains, des fantômes que la faiblesse des peuples a élevés ; la justice, une usurpation sur la liberté des hommes ; la loi des mariages, un vain scrupule ; la pudeur, un préjugé ; l’honneur et la probité, des chimères ; les incestes, les parricides, les perfidies noires, des jeux de la nature, et des noms que la politique des législateurs a inventés.
Des figures plus grandes que nature ne seroient point propres à répresenter une toilette de Venus.
Elle est même, en un sens, essentiellement conservatrice, puisqu’elle considère les faits sociaux comme des choses dont la nature, si souple et si malléable qu’elle soit, n’est pourtant pas modifiable à volonté.
Pour les esprits qui ne passent pas leur vie à couper en quatre des fils de la Vierge avec de microscopiques instruments, il n’y a que trois femmes en nature humaine et en histoire : La femme de l’Antiquité grecque (car la matrone romaine, qui tranche tant sur les mœurs antiques, n’est qu’une préfiguration de la femme chrétienne), la femme de l’Évangile, et la femme de la Renaissance, — pire, selon nous, que la femme de l’Antiquité, pire de toute la liberté chrétienne dont la malheureuse a si indignement abusé.
Les lois, par la nature, n’ont de prise sur l’homme qu’autant qu’il respire ; elles le suivent jusqu’au bord du tombeau : là elles s’arrêtent, et il leur échappe.
De cette logique conforme à leur nature sortit la morale poétique, qui d’abord les rendit pieux.
La plupart des personnages y sont exhaussés jusqu’au symbole, et la Nature (qui est, ici, lamer) y est intimement mêlée au drame humain. […] Seulement, cette émotion candide qu’il partage avec Mimi Pinson et que la grisette n’a point souci d’étudier dans sa nature et dans ses causes, le puissant critique éprouve naturellement le besoin de la définir et de la justifier. […] Ô nature ! […] Sarcey ne fait, en tout ceci, qu’obéir à sa nature. […] Mais il paraît qu’en 1869, en dépit de la « corruption des mœurs », qui est de tous les temps, on était moins éloigné de la nature que nous ne sommes aujourd’hui… Donc, le comte de La Rivonnière continue à s’amuser.
« Il y a dans l’art un point de perfection comme de beauté et de maturité dans la nature. […] Le spectre du Nord habite une nature mieux faite pour les fantômes ; il doit se plaire dans la brume épaisse et mélancolique des montagnes. […] Natures mauvaises et perfides que lord Byron lui-même n’a pas pu relever de la haine et du mépris qu’elles inspirent. […] « pour sa science et pour son génie, qui peuvent enseigner aux artistes, quelle que soit leur profession, que : l’art et la poésie de la nature expriment le vrai au travers du prisme de l’idéal ». […] Pour la parer, la nature s’épuise, tous les arts suent, toute l’industrie se consume. » À quoi bon ?
Cela aussi était exclusif, hors nature, forcé, tout d’un morceau, et cependant vrai. […] Au contraire, lorsque j’allai voir l’abbé Lacordaire qui était dans une chambre au premier étage, je fus frappé du contraste ; celui-ci ne parlait qu’avec une extrême réserve et soumission des mécomptes qu’ils avaient éprouvés, et il employa notamment cette comparaison du grain « qui, même en le supposant de bonne nature, a besoin d’être retardé dans sa germination et de dormir tout « un hiver sous terre » : c’est ainsi qu’il expliquait et justifiait, même en admettant une part de vérité dans les doctrines de l’Avenir, la sévérité et la résistance du Saint-Siège. […] Il était grand ami de la nature et des courses pédestres ; il s’était, je crois, pris d’amour, dans l’une de ses courses, pour la fille de quelque garde forestier, et cette liaison, qui avait eu des suites, avait déplu à sa famille bourgeoise, laquelle était restée implacable et l’avait depuis lors renié.
C’est un fort honnête homme à qui il ne manquerait rien, si la nature l’avoit fait aussi agréable qu’il a envie de l’être. […] Toutes ses remarques sur les héros et les enfants des Dieux naissent de là : il y a toujours dissimulé l’amertume : « Les enfants des Dieux, pour ainsi dire, se tirent des règles de la nature et en sont comme l’exception. […] Quoique ce soit l’homme et la société qu’il exprime surtout, le pittoresque, chez La Bruyère, s’applique déjà aux choses de la nature plus qu’il n’était ordinaire de son temps.
déchargeons autant que possible la magistrature, — cette magistrature si respectable, si méritante, si indispensable et si vigilante à chaque heure du jour et de la nuit, si digne de reconnaissance dans le cercle étendu de ses justes attributions, — déchargeons-la le plus possible d’une responsabilité de cette nature, sujette à tant d’écarts et dont les actes, à distance, font un étrange effet en présence de l’histoire et de la postérité. […] Et m’autorisant plus que jamais de mon expérience d’homme de la presse et avec qui la presse sait bien qu’elle peut tout se permettre sans aucun risque, je dirai : « Ô vous tous qui avez du mérite, un mérite social et de nature à être apprécié de vos concitoyens, ne faites pas la guerre à la publicité. […] La presse, messieurs, n’est pas de sa nature si ingrate qu’on se le figure et que toute cette loi (sauf le premier article) le suppose.
La nature, quoi qu’il en dise, ne l’avait pas créé éloquent ; il avait besoin de cuver longtemps, sa plume à la main, des discours rares et lus ; ses foudres se forgeaient péniblement dans son cabinet, au feu soufflé de ses rancunes. […] C’est le parfum de l’amour, indélébile comme ce qui est divin ; on sent jusqu’à la dernière vieillesse qu’il a passé dans les cœurs, et qu’il a amélioré la nature. […] Quand les chants populaires ne sont pas composés à froid par des poètes politiques, ils ne sont jamais sublimes ; le peuple ne l’est pas, mais il est peuple, c’est-à-dire nature.
C’est la nature qui lui inspire un assez grand nombre de vers pleins de douceur, qui subsistent par la vérité des pensées et par la nouveauté d’un langage aimable et délicat. […] Il peignit par ces traits généraux et sommaires sous lesquels nous apparaît la nature extérieure. […] Nos pères y ont admiré, il y a plus de deux siècles, ce que nous y admirons encore aujourd’hui, l’esprit français entrant enfin dans sa virilité, et une langue poétique conforme à sa nature et à ses destinées.
S’ils étaient des adeptes de la philosophie de Schopenhauer, ils sauraient dompter la passion qui les ronge, puisqu’ils sauraient que l’amour n’est qu’un leurre tendu par la nature pour la préservation du genre aux dépens de l’individu (Die Welt als Wille… II, 638) ; ils ne se répandraient pas en plaintes interminables, puisque leur maître enseigne qu’il faut bénir les souffrances (1, 468) ; et surtout ils n’appelleraient pas constamment la mort, puisque rien n’est plus contraire aux principes et aux doctrines de l’école. […] Par contre, il enseigne : « Vérité, réalité, sensualité, sont trois termes identiques… il n’y a d’autre preuve de l’être que l’amour, que les sens. » Et Wagner nous dit : « Ce qui m’attira vers Feuerbach, ce fut que cet écrivain renie la philosophie et qu’il donne de la nature humaine une explication dans laquelle je crus reconnaître l’homme artiste tel que je l’entendais moi-même » (III, 4). […] Les deux profils même, comme cela est constant dans la nature, n’ont pas la même expression ; l’un est plus sévère, l’autre plus serein, et l’ensemble donne bien la sensation de celui qui fut ensemble, et si éminemment, homme de pensée et homme d’action.
Nous n’avons, pour l’œil, que des mesures angulaires, et, d’autre part, nous ne pouvons connaître qu’un homme, par exemple, est plus ou moins grand que nature qu’en estimant sa hauteur angulaire et en la jugeant d’après la distance à laquelle il nous semble placé. […] Si elles étaient de mêmes dimensions, la perspective serait normale, et nous ne serions pas égarés sur la hauteur et l’éloignement de l’horizon ; or, elles augmentent de hauteur et de largeur à mesure qu’elles s’éloignent de la scène, et, par conséquent, la convergence des lignes qui les sous-tendent a lieu plus tôt ; l’horizon s’approche, c’est-à-dire que tout semble s’approcher de lui, et cependant les dimensions des personnages ainsi reculés ne diminuent pas, ce qui provoque en nous l’illusion d’un monde plus grand que nature. […] Il s’agissait de faire paraître cette droite plus longue que nature.
L’automatisme est un mode d’action et de réaction entre des éléments dont nous ne pouvons nous figurer la nature intime que sous des formes empruntées à notre conscience, et les lois mêmes du mécanisme, après tout, sont encore un emprunt à la conscience, à la pensée. […] II Conclusions sur l’évolution de la mémoire Nos conclusions sur la nature essentielle de la mémoire nous permettent de marquer les divers stades de son évolution dans le passé et même dans l’avenir. […] C’est en vertu de cette loi que la nature tend à un minimum de complication, que la conscience distincte abandonne progressivement tous les phénomènes physiologiques où elle ne peut plus être d’aucun usage, que la mémoire enfin tend à se convertir en automatisme.
D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté. […] Il convient de se demander si la fascination du passé n’est pas de nature à causer un danger analogue. […] Nous voyons ici combien le droit antique, pour s’être conformé à la religion, a méconnu la nature. »15 On a cru devoir citer textuellement ce passage parce qu’il montre d’une façon frappante les compromis singuliers auxquels se voit entraînée une collectivité sociale pour concilier sa croyance actuelle avec les prescriptions d’une croyance morte qui a continué d’exercer son autorité dans l’idée abstraite et dans la loi.
SI les Hérésies déshonorent pour la plûpart la nature humaine, les différens Ecrivains que l’Eglise a produit ne peuvent que lui faire beaucoup d’honneur. […] Si l’on veut savoir de quelle nature étoient les écarts qu’on lui reprochoit, on peut consulter un savant Mémoire de Mr. […] “Quelle conséquence, dit l’Abbé Lenglet, peut-on tirer pour le dogme d’un fait de cette nature ?
Elle humiliera la nature : « On fait de la chair comme du marbre », disait Diderot. […] Renan, un homme plus tendre que gai, de nature ; car, quoique le Dieu incertain auquel il ne croit pas lui ait donné un visage qui n’est pas plus fait pour l’amour que celui de Turenne, il est tendre pourtant, à sa manière, comme Turenne était amoureux à la sienne, et c’est cette tendresse jusqu’aux larmes de « l’âme divinement bonne » de Marc-Aurèle, qui l’a enlevé et qui l’a entraîné à écrire sa biographie. […] l’auteur du Marc-Aurèle a été encore une fois l’esprit illogique qu’il est, de constitution cérébrale et de système, répugnant de nature et de volonté à tout embrassement d’ensemble, à toute unité, à toute conclusion sévère.
Mais si vous admettez qu’un homme puisse s’élever au-dessus de la nature et la dompter au point de faire du sacrifice la loi même de sa vie, l’inexplicable devient clair. […] Je dirai même que je les crois nécessaires, mais à une condition, qui est de ne jamais les relire, à moins d’y être invité par l’appel immédiat du sujet, par la rencontre qui se fait, dans l’esprit, du geste logique d’un personnage avec le geste autrefois vu et saisi au vif de la nature. […] Il y a bien longtemps que vous la connaissez, que vous avez observé le fond d’envie de cette nature molle et d’imagination égoïste, sa perpétuelle et lointaine tentation d’échapper au devoir commun, d’être délivrée des soucis de sa vie de paysanne, obligée de soigner l’homme, les enfants et les bêtes.
Notre intention n’est pas d’approfondir la nature de la matière, pas plus d’ailleurs que la nature de l’esprit. On peut distinguer deux choses l’une de l’autre, et en déterminer jusqu’à un certain point les rapports, sans pour cela connaître la nature de chacune d’elles.
C’est à cet immense amour de la nature en Dieu qu’il faut rapporter toutes les lueurs et toutes les ténèbres de l’introduction écrite par M. […] Le poète ne les comprend que par la douleur ou la joie ; mais dans l’immensité de son affliction ou de son extase, l’homme disparaît et s’efface comme un point, et l’âme qui parle se trouve face à face avec Dieu, ou du moins s’entretient avec la nature comme avec l’image de Dieu, et oublie la nature elle-même pour n’apercevoir que le type divin qui s’y réfléchit. […] Guerrier, législateur, diplomate, tour à tour homme d’aventure et d’organisation, il résume en soi les natures les plus diverses et souvent les plus contradictoires. […] Au second acte, la double nature d’Alceste se dessine plus nettement. […] Faut-il louer mademoiselle Mars d’avoir transformé le poète pour le ramener aux conditions de sa nature ?
Et quand d’une seule ouverture Ils verraient toute la nature, Que serait-ce pour toi qu’un vain amusement ? […] Ignorez-vous la nature de l’amour ? […] Or, aujourd’hui, cinquante-trois ans, ce ne serait plus un obstacle : c’est l’âge des jolis cheveux gris en brosse et des moustaches plus noires que nature… Mais que vouliez-vous que le pauvre homme espérât dans un temps où les mœurs étaient encore si primitives et si conformes à la nature que Molière trouve Arnolphe ridicule parce qu’il s’avise d’aimer à quarante-trois ans ? […] Toutefois, de ces mots de nature du genre « rosse », — comme mon maître Sarcey n’a pas craint de les baptiser, — Molière en a jeté quelques-uns çà et là. […] Il la déteste, dis-je, parce qu’elle est « l’artifice », comme il aime Henriette, parce qu’elle est « la nature. » Ah !
Jasmin, au milieu de ses airs d’improvisation, travaille beaucoup ses poëmes : il est de l’école qui fait difficilement des vers faciles, et qui revient par le goût à la nature.
Veut-on savoir ce qu’étaient autrefois, au dire populaire, ces colossales statues de rochers, dressées par la puissante main de la nature, et auxquelles le montagnard du Jura a donné le nom de Dames d’Entreporte ?
Impérieusement salutaires, elles résultent de la nature des choses et de la forme immuable de l’esprit humain.
Ce décousu, dans une lettre, et dans tout écrit dont la matière est déterminée par des causes extrinsèques et particulières, comme dans les écrits périodiques, qui suivent forcément non pas la logique et la nature, mais la date des événements, ce décousu ne peut guère disparaître sans emporter le naturel.
Le sentiment du style est précisément le discernement délicat de l’élasticité des mots : il faut posséder, par un don naturel ou une patiente étude, le secret de cette sorte de manipulation chimique, qui, par la combinaison des mots, change la couleur, le parfum, le son, la nature même de chacun d’eux et peut obtenir un tout, homogène et simple en apparence, où les éléments associés n’ont souvent gardé aucune de leurs propriétés individuelles.
Joachim Gasquet Goethe a dit : « L’homme est un entretien de la nature avec Dieu ».
. — Lydie, femme du précédent, est une enfant trouvée, nature débauchée et hystérique.
Au mérite de bien analyser un Ouvrage, d’en faire connoître les défauts, de donner d’excellens préceptes de goût, tous fondés sur la nature & la raison, M.
Malgré les imperfections qui y regnent, on y reconnoît toujours le Fléau du ridicule, le Peintre de la Nature, le Précepteur de la Société.
Jamais ses décisions ne s'éloignent des regles que la Nature prescrit aux grands talens.
— ce soleil et cette chair que la nature refusa toujours aux peintres spiritualistes, comme si elle voulait les punir de la négliger et de la trahir.
On voudroit qu’ils apprissent à se respecter eux-mêmes, à craindre les écarts & le sort de leurs semblables ; à mieux user des dons qu’ils ont reçus de la nature ; à ne se point rendre le jouet du public.
L’artiste peut se vanter de posséder le secret de faire d’une couleur qui est d’elle-même si douce que la nature qui a réservé le bleu pour les cieux, en a tissu le manteau de la terre au printemps, d’en faire, dis-je, une couleur à aveugler si elle était dans nos campagnes aussi forte que dans son tableau.
L’art supplée mal à la nature, et tous les rafinemens ne sçauroient apprêter, pour ainsi dire, le plaisir aussi bien que le besoin.
Ainsi les poëtes excellens qui ont travaillé en France et dans les païs voisins ont bien pu embellir, ils ont bien pu enjoliver, qu’on me pardonne ce mot, la poësie moderne ; mais il ne leur a pas été impossible de changer sa premiere conformation qui avoit son fondement dans la nature et dans le génie des langues modernes.
Pour bien peindre la Nature, ne doit-on pas s’efforcer de l’observer ?
Les grands artistes étudieront Soulié comme on étudie certains torses, certains raccourcis, certains écorchés, toutes ces choses qui ne sont en elles-mêmes que des fragments tourmentés de la vie et de la nature, mais qui servent à les exprimer !
Elle confirmerait la distinction radicale de nature que nous établissions jadis entre le Temps réel et l’Espace pur, indûment considérés comme analogues par la philosophie traditionnelle.
Du sein des forêts séculaires, comme du sein de l’onde immortelle, s’élève la même voix : « Je n’ai pas affaire à toi, dit la nature à l’homme ; je règne, et toi, tâche de ne pas mourir. » Mais la forêt est plus triste et plus monotone que la mer, surtout la forêt de sapins. […] Était-ce le résultat de sa vie incessamment passée dans les forêts face à face avec la triste et sévère nature de ces déserts ? […] À force de la regarder, il me sembla que je comprenais le sens de la vie de la nature ; une animation tranquille et lente, une absence de hâte, rien de trop, l’équilibre de toutes les sensations. […] Tout ce qui sort de ce niveau, soit au-dessus soit au-dessous, est rejeté par la nature. […] — Parce que je commence à soupçonner de quelle nature sera ma résolution. » Elle prétexta un mal de tête et monta à sa chambre, en lui tendant d’un air irrésolu le bout de ses petits doigts.
» Daudet soutenait que les locutions des gens sont, la plupart du temps, en rapport avec la nature de leurs facultés. […] Et dans les choses inférieures, méprisées par les natures non artistes, j’aurais dépensé autant d’imagination que dans mes livres. […] Marin me disait, que la qualité du Vin de Champagne, était due à la nature de la montagne de Reims : un terrain à la couche de terre très mince, et au-dessous de laquelle se trouve de la craie, mais un terrain tout plein de pyrites sulfureuses. Le curieux, c’est que les Chandon, avec une composition de même nature, que celle de la montagne (pyrites sulfureuses et fumier), n’ont pu, à un kilomètre de là, propager la vigne donnant le vrai champagne. […] Dans cette appropriation japonaise, la nature du pays perce, et rend, pour ainsi dire, l’imitation originale.
Placide ne peut douter de sa sincérité, et aussitôt sa jalousie change de nature. […] La nature, même bonne, quand c’est réellement elle qui parle, n’est point si uniformément optimiste, vertueuse et désintéressée. […] L’histoire même de ses sentiments est harmonieuse, conforme à la nature. […] Mais il ne l’est pas à chaque minute, il se repose quelquefois de dire des « mots de nature ». […] Et, à cause de cela, il se limite lui-même (l’homme dont nous parlons n’étant d’ailleurs nullement cruel de sa nature).
Ne seront-ils un jour tentés de contrôler sur la nature la vérité de leurs créations ? […] Là, la nature, ici la thèse primeront, supprimeront l’art ; — le pire sera qu’« eux » ne s’en aperçoivent. […] Douons-le gratuitement de la plus indomptable nature, celle d’un Cellini, d’un César Borgia, y compris même le poison… Cela ne préjuge en rien de sa nature de créateur et d’artiste. […] A la fatalité de sa nature il n’échappera pas toujours. […] Rostand ne changeront pas sa nature.
Et Decan nous donne la formule du père Corot pour faire des chefs-d’œuvre, en face de la nature. […] Hier, à six heures, le fils de Popelin m’avait dit : « Il y a un petit mieux… ses crachats sanguinolents sont d’une meilleure nature… mais il n’y a pas à se le dissimuler, c’est un homme touché, bien gravement touché… et dont l’existence demandera à être entourée de grandes précautions. » Vendredi 20 mai Il n’y a plus qu’une chose qui m’amuse, m’intéresse, m’empoigne : c’est une conversation entre lettrés sympathiques, dans l’excitation d’un peu de vin, bu à dîner. […] Jeudi 23 juillet En revenant de Saint-Gratien, dans le chemin de fer, le docteur Blanche me parlait de cette loi de nature féroce, de l’espèce de courant électrique, qui pousse les gens des familles, où il y a des aliénés, à se réunir, à se joindre, à se marier ensemble — et sans me nommer les gens, il me citait des multitudes de cas venus à sa connaissance, comme médecin aliéniste. […] Ruysdael et Hobbema ont fait la nature, sans l’animation particulière de sa vie végétale, et de plus Hobbema a un feuillé, qui ressemble au feuillé des paysages en cheveux. […] Vendredi 29 juillet Je lis les Conversations de Goethe, par Eckermann, et je trouve que l’écrivain allemand divisait l’humanité en deux classes : les poupées, jouant un rôle appris, et les natures, le petit groupe d’êtres, tels que Dieu les a créés.
Ces natures ardentes n’y regardent pas à deux fois. […] Il aime peu la presse d’ailleurs, et si en 1847 on le voit n’augurer rien de bon du système politique ministériel qui continuait de prévaloir, ce n’est point qu’il penche du côté des journaux ; il s’exprime sur leur compte avec un dédain et une énergie de soldat : antipathie de milieu et de métier, plus encore que de nature. […] le vrai temple de Dieu, c’est la nature. […] Il y avait d’autres heures moins soumises et où la nature retrouvait ses plus âpres plaintes ; à la maréchale encore, et à deux jours de là, il écrivait : « Aurai-je assez bu dans le calice d’amertume ?
L’habitude est une seconde nature. […] XXXIV Qu’y a-t-il dans tout cela, dans ce jeune lévite, dans cette belle fiancée, dans ces quelques sonnets écrits sous une grotte, jetés au vent de la Sorgues et recueillis par les couples amoureux d’Avignon, qui soit de nature à perpétuer son contrecoup et son bruit à travers les siècles ? […] Et si ces sensibilités profondes et délicates, comme celle de Pétrarque, ont été douées par la nature et par l’art du don d’exprimer avec force, grâce, naturel et harmonie leurs enthousiasmes, de chanter leurs soupirs, de moduler leurs larmes, de confondre leur passion profane pour une créature divinisée avec cette passion sainte pour l’éternelle beauté qui devient la sainteté de la passion, alors ces âmes s’emparent du monde par droit de consonance avec tout ce qui sent, souffre ou aime comme elles ont aimé ; car le cœur de l’homme a été fait, comme le bronze ou comme le cristal, sonore ; il vibre à l’unisson de tous les autres cœurs créés de la même argile et susceptibles des mêmes accords, dans le concert universel des sensations. […] David seul a des versets de cette nature dans ses Psaumes.
Mais partout c’est la gausserie de la nature humaine, la fable de ce bas monde, l’esprit de renardie opposé à celui de chevalerie et le plus souvent parvenant à en triompher ; en un mot, c’est la parodie de la nature humaine prise dans tous ses vices.
— Non, me direz-vous : je parle de la pensée appliquée aux grands problèmes de la destinée, aux facultés de notre nature, je parle de la pensée appliquée à elle-même. — Ici, je vous arrête encore, et je ne puis admettre que ce genre d’application et d’étude ait jamais été la mesure de la force morale des sociétés ni de la vigueur de la civilisation : car cette philosophie-là touche de bien près à la sophistique. […] Il avait une langue pure, facile et pleine, une perception vive et pénétrante de la nature, un tour d’imagination assez romanesque, et un sentiment exquis de critique littéraire : il aurait pu se porter sur plus d’un sujet qui eût du corps, s’y reposer du moins et s’y refaire dans les intervalles de ses soliloques psychologiques trop prolongés.
Ce que le trouvère n’a pas cherché, mais ce qui ne laisse pas de frapper encore et d’émouvoir, le combat continuant, c’est le contraste du lieu riant et frais et de la mêlée si lourde et si sanglante : « Dedans un très beau pré, sur une douce pente, à mi-voie de Josselin et du château de Ploërmel, au chêne que l’on appelle de la mi-voie, le long d’une geneslaie qui était verte et belle… » Il y a là un sentiment comme involontaire de nature, un souvenir circonstancié de la terre de la patrie, qui ajoute à l’effet simple et grandiose. — Si le poète y a pensé, ce n’est pas pour y voir un contraste, mais plutôt pour y noter un accord entre cette belle nature chérie et ce beau fait d’armes glorieux : son patriotisme marie tout cela.
Et qu’on me permette ici une réflexion générale qui s’applique à cette époque et à beaucoup d’autres : il y a, dans les divers états de la société et aux divers degrés de la civilisation, des facultés nécessaires et des talents qui, répandus par la nature sur certains hommes, diffèrent beaucoup moins qu’on ne suppose de ces mêmes talents, développés à des époques en apparence plus favorisées. […] Les Vénitiens, peuple marchand, n’y perdirent pas ; à défaut d’argent, ils se firent payer des croisés en corvée et en nature.
Quoi qu’il en soit, il demeure constant que la corruption de ce siècle et de cette cour l’avait atteint au cœur : la nature de son esprit s’en ressentit. […] M. de Meilhan paraît compter, pour varier la monotonie, sur quelques petites guerres encore, sur trois ou quatre banqueroutes ; mais ces accidents qu’il prévoit ne lui paraissent pas de nature à régénérer suffisamment le fond social ni à en dérider la surface : Quelle ressource, se demande-t-il, aura donc alors l’esprit humain agité par son énergie, pour se manifester ?
C’est à propos du prix d’utilité déjà fondé par M. de Montyon, et que le peintre des Études de la nature disputa à M. […] La vicomtesse de Noailles, en écrivant la Vie de la princesse de Poix, née Beauvau, sa grand-mère72, a fait comme le testament de ce vieux et délicieux monde qui s’est prolongé assez tard pour quelques natures d’élite abritées depuis leur naissance dans des cercles privilégiés.
Parlant tout d’abord de M. de Candale, l’un des beaux les plus à la mode en son moment, Bussy le définissait de la sorte : « Le génie en était médiocre ; mais, dans ses premiers amours, il était tombé entre les mains d’une dame qui avait infiniment de l’esprit, et comme ils s’étaient fort aimés, elle avait pris tant de soin de le dresser, et lui de plaire à cette belle, que l’art avait passé la nature, et qu’il était bien plus honnête homme que mille gens qui avaient bien plus d’esprit que lui. » — Mme de Châtillon, accueillant avec une faveur marquée la déclaration de M. de Nemours et lui laissant voir qu’elle a bonne opinion de son mérite, s’attire cette réponse : « Ah ! […] Avec Tallemant on est avec une tout autre nature d’homme, d’une autre condition et d’un autre tempérament.
Hauréau pour ses travaux d’érudit et pour autre chose encore, il ajoutait : « … Son cœur ne cessant pas de battre pour toutes les nobles causes au milieu de ses arides travaux, on pourrait craindre qu’il ne fît une aussi mauvaise fin que M. de Tocqueville, s’il ne paraissait vraiment destiné par la nature à vivre très longtemps… » J’avoue que je conçois peu l’ironie prolongée en telle matière. […] Je laisse de côté sa vocation politique active que j’admets en effet qu’il manque, je lui trouve deux talents de second plan, deux pis aller qui seraient de nature à satisfaire de moins difficiles : talent d’écrivain politique qui trouvera toujours moyen de dire ce qu’il pense, et qui a même intérêt à être gêné un peu ; car il y gagne le tour, et avec le tour l’agrément, ce qui cesse quand il écrit dans les journaux où il ne se gêne pas ; — talent de critique ou de discoureur littéraire des plus sérieux et des plus aimables, qui peut se jouer sur tous sujets anciens ou modernes, et s’exercer même sur des matières de religion, d’un ton de philosophe respectueux à la fois et sceptique.
On s’est depuis longtemps raillé de ces romans ou tragi-comédies d’autrefois, où l’on montrait Alexandre amoureux, Porus amoureux, Cyrus amoureux, Genseric amoureux ; mais Mâtho amoureux, ce Goliath africain faisant toutes ces folies et ces enfantillages en vue de Salammbô, ne me paraît pas moins faux ; il est aussi hors de la nature que de l’histoire. […] Flaubert très-vivant, que nous l’aimons et qu’il nous aime, qu’il est cordial, généreux, bon, une des meilleures et des plus droites natures qui existent, je dis hardiment : Il y a là un défaut de goût et un vice d’école.
Il est une secrète alliance entre la nature et le génie. » M. […] Une comédie politique, pénétrante et rapide, qui percerait çà et là des jours hardis, qui irait dénoncer la nature humaine dans ses duplicités fuyantes jusqu’au sein des plus nobles cœurs, ne ferait que son métier.
Avec sa nature d’esprit et ses habitudes, Rousseau pouvait-il prétendre à l’être ? […] En supposant cette conversion sincère, on s’étonne que Rousseau n’ait pas plus tiré parti pour sa poésie de cette nature de sentiments ; c’était peut-être en effet la seule corde lyrique qui fût capable de vibrer en ces temps-là.
S’il se rencontre surtout dans une nature aimable, facile, qui n’a en rien l’ambition de ce rôle et qui ignore absolument qu’elle le remplit ; s’il se produit en œuvres légères, courtes, inachevées, mais sorties et senties du cœur ; s’il se termine en une brève jeunesse, il devient tout à fait intéressant. […] André Chénier, lui, nature gracieuse et studieuse, mais énergique pourtant et passionnée, vaincu violemment et intercepté avant l’heure, a son harmonie à la fois délicate et grande.
Toute son œuvre le montre trop faible de talent et d’esprit pour se hausser à un tel machiavélisme : je crois qu’il prenait de bonne foi ses héros pour des artistes, sur nature et dans son livre, et qu’il pensait leurs déclamations de brasserie et de mansarde. […] Nous avons connu maint garçon que des biens au soleil, de bonnes rentes, la chasse et la vendange attendaient en quelque belle province, et qui s’entêtait jusqu’à l’âge des cheveux gris dans les brasseries où l’on clame des vers, qui se ruinait l’estomac, s’acoquinait à des filles stupides et collectionnait les dégoûts de tous les hôtels garnis, uniquement appâté par cette vanité étrange et hors nature.
Spinoza définit : « les œuvres insolites de la nature ». Mais ces coutumes de la nature avec qui tels faits sont inconciliables, en avons-nous une charte si exacte et si immuable ?
Il les a interroges paternellement, pour savoir s’ils n’étaient pas étrangers à ce qui se passe dans la nature. […] Un volumineux gentleman, qui semble moulé sur la corpulente nature de sir John Falstaff, se sistingue surtout parmi les convives par son appétit pantagruélique. […] Émile Augier, emporté par sa véritable nature, s’échappait quelquefois du préau de l’école du bon sens, et s’aventurait à faire de la poésie buissonnière. […] Il n’a point voulu y voir ce que l’auteur n’avait pas voulu montrer, — une mère monstrueuse, c’est-à-dire un outrage fait au sentiment le plus sacré de la nature. […] L’intervention des influences de la nature peut être discutée comme moyen dramatique.
Or, il semble dans la nature des choses que, tout immortelle, toute légitime qu’elle soit, une telle renommée doive, un jour ou l’autre, perdre tant soit peu, non pas en estime, non pas en reconnaissance, mais en vogue, en enthousiasme auprès de la postérité ; bien plus, il semble désirable que l’instant arrive, et qu’il arrive au plus tôt, où, la victoire étant décidée et le libre usage de la raison à jamais reconquis, on se mette, sans plus craindre d’être harcelé et distrait, à marcher dans les voies nouvelles plus loin que ses devanciers, et si loin que, tout en les voyant encore et les saluant toujours du regard, on ne les voie plus qu’à distance et dans le passé, environnés d’une consécration à la fois plus auguste et plus calme.
Et voilà donc quels sont les hommes, quand l’éducation et les institutions ne viennent pas au secours de leur faible nature !
De tels prodiges sont rares sans doute dans le Monde Littéraire, par la raison qu’ils sont des prodiges, & la Nature ne doit ni ne peut les répéter souvent.
La Nature en eux, lassée d'incommodités & de peines, s'abandonne aux premiers plaisirs qu'elle rencontre ; alors ce qui avoit paru vertueux, se présente avec un air rude & difficile, & l'ame, qui croit s'être détrompée d'une vieille erreur, se complaît en elle-même de son nouveau goût pour les choses agréables.
Cependant, à pénétrer plus profondément dans le mécanisme de l’acte qui aboutit à connaître, il apparaît que malgré l’existence des nombreux objets que présentent à leurs regards les formes de la nature inanimée, les floraisons végétales, les activités animales et les passions humaines, ces contemplatifs risquent pourtant, par l’exagération de leur passion, d’en voir disparaître l’objet.
L’impulsion de la nature à laquelle on ne resiste gueres, ne fait-elle pas aimer encore aujourd’hui les exercices qui fortifient le corps à ceux à qui elle a donné une santé capable de les soutenir ?
Ce même auteur dit encore dans un passage que j’ai déja cité, que ceux qui joüoient les comedies ne s’éloignoient point de la nature dans leur prononciation, du moins assez pour la faire méconnoître dans leur langage, mais qu’ils relevoient par les agrémens que l’art permet, la maniere de prononcer usitée dans les entretiens ordinaires.
Pour une raison ou pour une autre : nature d’esprit, blessure au cœur, manque de bonté dans la vertu, tous les satiriques ont été cruels plus ou moins, soit dans leur rire, soit dans leur colère, soit dans leurs larmes ; or, pour la première fois, en voici un qui ne l’est pas, et dans les coups duquel on sent la pitié… Oui !
Mais ce qui le rend différent, ce qui appartient à Barbara, et ce que cet écrivain n’a trouvé qu’en creusant dans la nature humaine, c’est le besoin, subsistant avec une égale force dans les âmes criminelles, de taire son crime et de l’avouer !
On a chaud de toute cette bonne et grasse couleur qu’Hebel étend sur la nature et les choses visibles ; on est encore tout attendri du sentiment moral qui spiritualise et poétise cette couleur d’école hollandaise appliquée sur des sujets allemands, et voilà que de ces fomentations délicieuses pour l’imagination et pour le cœur on entre dans le froid de la nudité et de la pauvreté réunies, — pauvreté d’idées, nudité de style, toutes les indigences à la fois !
Comment était-il affecté du spectacle de la nature ?
Cela admis, tout homme qui réfléchit, ne s’étonnera-t-il pas que les philosophes aient entrepris sérieusement de connaître le monde de la nature que Dieu a fait et dont il s’est réservé la science, et qu’ils aient négligé de méditer sur ce monde social, que les hommes peuvent connaître, puisqu’il est leur ouvrage ?
A-t-elle été détournée du chemin littéraire que sa nature lui frayait ? […] Maurice Rollinat était ému devant la Nature, et il en tirait des descriptions souvent inutiles. […] Les âmes de Montaigne et de La Boëtie pouvaient, sans doute, soutenir de pareils sentiments, mais ils logent aussi, — assez souvent, — chez des natures fort médiocres. […] Une excellente emphase qu’il faut approuver, car Shakespeare, de cette façon, observe simplement la nature de la haute poésie. […] Puis il reprenait : — Certes, une loi qui impose les changements, traverse la nature entière.
Mme Récamier a dit encore de lui dans une de ses lettres, en indiquant ce dernier trait distinctif de cette nature aussi factice que possible (23 septembre 1845) : « M.
Béranger, dans ses dernières années et avant que la maladie de cœur à laquelle il a succombé le retint dans sa chambre, se faisait remarquer par une qualité rare et qui dénotait l’excellence de sa nature : il était le plus activement obligeant et le plus utilement serviable des hommes.
Que la nature a fait exprès Pour les promenades des ombres.
Ce malaise universel, symptôme de révolution, qui n’échappait pas aux yeux même les moins clairvoyants, est remarquable ; l’aveuglement imperturbable de Louis XV et de la cour ne l’est pas moins, et pourtant s’explique par la nature humaine.
En s’arrachant aux principes immuables, et se livrant à toute la fougue de leurs passions, ils altérèrent leur nature, l’habituèrent à une sorte de crise permanente, et la mirent comme en dehors des règles éternelles.
Bœrne de comparer cette nature d’imagination à une alouette qui, dans le crépuscule du soir, s’élève en cercles joyeux, autour de vertes moissons.
C’est ainsi qu’en ces années-là, de ces échanges d’idées avec tant de natures diverses, de la contemplation des mœurs et de l’observation des individus, naquirent et se développèrent dans M.
L’Examen de conscience philosophique rassemble sur l’univers connaissable, sur les infinis possibles, sur l’amour, lien ombilical avec la nature, sur l’excellence logiquement nécessaire du monde, sur Dieu, — ce Dieu fuyant, improbable, discuté et finalement admis comme après ballottage, — des idées que par ses dialogues, ses essais, préfaces, etc., on savait déjà être celles de ce penseur.
Alternatives curieuses, qui non seulement démontrent la permanence des effets produits par l’œuvre de Corneille sur les Français, mais qui permettent d’en noter avec une précision presque mathématique et la nature et la puissance dans les différentes époques de notre histoire !
Quelle leçon, s’écrie à ce sujet un de ses Panégyristes**, pour nos jeunes Métromanes, qui la plupart prennent pour génie une vaine ardeur de rimer, s’imaginent follement remplir par-là le poste que leur marqua la Nature dans la grande Société !
Vous m’écrasez, il est vrai, et vous me le dites trop, de la hauteur des milliers de pieds cubes de l’atmosphère intellectuelle, dans laquelle vous planez, vous gravitez, vous « tourneboulez » au-dessus de moi, — ainsi que s’exprimait René François, prédicateur du Roy, en son Essay des merveilles de nature… Un conseil, M.
La greffe ou la soudure prennent mal sur des œuvres de cette nature, qui doivent jaillir d’un seul jet et rester telles quelles.
La scène étoit en proie à des sentimens hors de nature & gigantesques ; à des expressions dures, raboteuses, obscures, embarrassées ; aux situations les plus terribles & les moins vraisemblables.
Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature.
Or les poësies dramatiques, en mettant sous nos yeux les égaremens où les passions nous conduisent, nous en font connoître les symptômes et la nature plus sensiblement qu’un livre ne sçauroit le faire.
Argument Frappé de l’idée que l’admiration exagérée pour la sagesse des premiers âges est le plus grand obstacle aux progrès de la philosophie de l’histoire, l’auteur examine comment les peuples des temps poétiques imaginèrent la Nature, qu’ils ne pouvaient connaître encore.
Il savait que, si la politique est ingrate, les lettres de leur nature sont reconnaissantes. […] Il avait même là-dessus une théorie : il considérait ce manque de la sixième pulsation comme un temps d’arrêt, un repos de nature, et il paraissait croire que ces pulsations en moins et qui lui étaient dues devaient se retrouver en fin de compte et s’ajouter à la somme totale de celles de toute sa vie : ce qui lui promettait de la longévité. Il expliquait aussi par là son peu de besoin de sommeil, comme si la nature avait pris ce sommeil en détail et par avance à petites doses.
Dans sa belle et récente biographie de Byron, il a évité de sonder chez le poëte la corruption du cœur et s’est rejeté vite sur la licence d’imagination, quand cette corruption trop certaine, plus approfondie, eût mieux donné à connaître, ce semble, l’abîme mystérieux du génie et les alliances contradictoires de la nature humaine. […] Introduit pour la première fois à cette lecture à l’occasion d’un Essai sur l’Oraison funèbre, qui complète l’Essai sur les Éloges de Thomas, il était tout d’abord allé, selon la nature de son esprit d’abeille, au miel contenu dans le tronc de ces vieux chênes. […] On pourra trouver encore qu’il s’est complu à élever un péristyle bien svelte et bien gracieux, en tête d’un Dictionnaire qui, par sa nature, est plutôt un produit et un meuble volumineux d’utilité qu’un monument.
Il couvrait un cerveau où furent senties, et vécues, et recrées parfaitement, toutes les douleurs et les espérances et les joies de la nature humaine. […] L’adjonction aux sons des paroles, ce n’était nullement une survenue de l’art littéraire dans la musique ; car les paroles, toutes destinées à être chantées, n’exprimaient point des notions précises, elles dirigeaient seulement l’émotion, indiquant sa nature exacte. […] Entre les deux musiques, dont l’une exprime et analyse les émotions d’un individu, dont l’autre recrée les émotions collectives de masses humaines, Offenbach a, constamment, choisi la seconde : les personnages de ses opérettes n’ont point de nature propre : les plaies mélodies par eux débitées ne traduisent nullement des états d’âme personnels.
La sévérité rectiligne du parnassien donne une impression de contrainte et son mépris pour le romantique, nature si visiblement supérieure, le fait paraître un cuistre étroit peu séduisant à fréquenter. […] Mais sa nature et les événements s’unirent contre ses ambitions. […] Son éthique, quand elle sera dégagée d’une influence contraire à sa nature, sera faite uniquement de tendresse, uniquement du besoin de donner et de recevoir, Et l’esprit délicieusement ressemble à l’âme.
ô cœur de la nature ! […] C’est à cela que je suis occupé pendant le court loisir que m’ont donné par force la nature et les affaires politiques, d’accord pour me congédier de Paris. […] Dans ce pauvre homme je venais de reconnaître un des plus vieux coquetiers de ces montagnes, qui louait à notre mère des ânesses au printemps pour donner leur lait à ses pauvres femmes malades, qui lui servait de guide, d’écuyer pour promener ses enfants avec elle sur ces solitudes élevées, où elle voyait la nature de plus haut, et où elle adorait Dieu de plus près.
Si je songe à vous engager dans les soins du monde, et que je veuille vous obliger de prendre la conduite de mes affaires, qui sont les vôtres, n’ayez plus d’égard, j’y consens, ni aux lois de la nature, ni aux peines que j’ai essuyées pour vous élever, ni au respect que vous devez à une mère, ni à aucun autre motif pareil : fuyez-moi comme l’ennemi de votre repos, comme une personne qui vous tend des pièges dangereux. […] Ne voit-on pas que tout y coule de source, et que c’est la nature même qui l’a dicté ? […] Tantôt c’est en lui découvrant l’origine des préjugés, tantôt c’est un livre sur l’esprit, tantôt le système de la nature ; cela ne finit point.
Transformez cet Amour en un génie de la guerre, et vous n’aurez plus qu’une seule figure douce et pathétique contre un grand nombre de natures fortes et de figures terribles. […] Si les méchants sont plus entreprenants avec vous qu’avec un autre, et cela à proportion de votre faiblesse et de votre impuissance, c’est la loi générale de la nature ; il faut, s’il vous plaît, s’y soumettre : car il y aurait peut-être bien du mal à la changer ; et puis ne dirait-on pas que la nature entière conspire contre vous ; que le hasard a rassemblé toutes les sortes d’infortunes pour les verser sur votre tête ? […] La voilà dans la nécessité de montrer que la nature n’a fait les obstacles que pour discerner les grandes âmes des âmes communes ; et on le verra. […] Elle nomme ceux à qui ces effets appartiennent, et elle en motive l’emprunt par la nature de la maladie de sa mère, qui exigeait plus de linge qu’il n’y en avait à la maison. […] Il n’est point d’auteur qui n’ait cette sorte d’autorité, et qui ne consulte sur le caractère et la page son goût particulier, la nature de son ouvrage, et l’espèce de lecteurs qu’il se promet.
En même temps il se passionnait pour la littérature anglaise dont la poésie, avec son flou particulier, sa rosée, sa nonchalance, ravissait la nature d’Henri Bremond que des appétits rationalistes avaient jusque-là commandée. […] Un conteur qui s’attache surtout à rendre les figures d’hommes, un poète rude et tumultueux de la nature dont notre Occident n’offre que d’assez rares exemples. […] Unruh a toujours en vue la nature et la joie, il ne dirige jamais sa pensée et son action dans un sens artificiel. […] Le grand tort de Fabre-Luce, aux yeux de quelques-uns, a été dans la Victoire de ne point sortir de sa nature. […] Suzanne ne périra point, allons donc la voir : elle est polynésienne, et charme les oiseaux, les saisons, les flots, la nature entière.
Cela est peut-être dans la nature en général, et cela est certainement dans la nature française. […] simplifient trop la nature humaine. […] Dupuis est plus naturel que la nature même. […] La nature matérielle, la science, la philosophie vous suffisent. […] Mais, à Paris même, la nature est bonne et belle et généreuse.
Jamais l’humanité n’a été plus mêlée à la nature, ni à une nature plus riche, plus douce et plus belle. […] Point de mots d’auteur : des mots de nature à foison, et point « fabriqués ». […] La seule différence, c’est que Fortunio, amoureux et jeune, était plaisant aux yeux et qu’il avait pour lui l’assentiment de la nature et de la poésie et l’approbation de tous les hommes, — le mari excepté ; — au lieu que Fortunio, vieux mari jaloux d’une trop jeune femme, est fâcheux à considérer et a contre lui cette même nature et cette même poésie, et la tradition, soit romanesque, soit gauloise, et enfin tous les « honnêtes gens ». […] Même, il réjouit la nature, puisque la vie sort de la mort, et que le meurtre en masse hâte et facilite l’admirable jeu des transformations de la matière. […] Ce conseil est pourtant le seul conforme aux indications de la nature et aux exigences de la morale.
Et, très honnêtement encore et très généreusement, il réhabilitait la nature. La nature n’est pas mauvaise. […] C’est de s’habituer à « écouter la voix de la nature. » — « Puisqu’elle est bonne ! […] Ils ont vu d’abord la vertu sortant de la nature, et ils ont fini par ne plus voir que la nature toute seule, et par la trouver en soi-même vertueuse, ou tout au moins innocente. […] C’était dans sa nature.
Ils s’en prennent ensuite aux institutions : c’est à leurs passions qu’il faut s’en prendre ; mais les passions sont aussi dans la nature : rien n’est stable parce que rien n’est dans l’ordre. […] Nous ne savons pas le nom de cette confidente épistolaire anonyme, mais nous croyons le deviner à la nature de la confidence. […] Vous savez que je voudrais y croire, mais qu’au fond je n’y crois pas, et c’est là mon mal ; car, si une fois il pouvait m’entrer dans l’esprit que je suis un chef-d’œuvre de nature, je passerais mes vieux jours en contemplation de moi-même. […] Je vais aller voir un pinson de ma connaissance qui chante quelquefois dans les vignes qui dominent mon toit. » Quel sentiment des tristesses de la nature à un âge qui ordinairement a bien assez de ses propres tristesses, et comme il associe tout au souvenir de son amie !
C’est l’opulence de la contrée ; cela suffit pour vivre dans l’aisance relative, en y surajoutant le produit en nature du petit jardin, du champ réservé, de la vigne, du moulin, du verger en pente, qui donnent le blé de l’année, les pommes de terre, le maïs, les châtaignes conservées, les noix cassées par les maîtres et les serviteurs pendant les veillées d’hiver, sur la table solide de la cuisine ; le vin, les légumes, les fruits, cueillis par la servante et les enfants, et soigneusement encaissés et visités dans le fruitier ; tout ce qui est strictement nécessaire, en un mot, pour vivre largement et pour donner libéralement aux malades, aux infirmes, aux pauvres du village, aux mendiants errants et réguliers des villages voisins. […] La nature des ouvrages rappelait les occupations sérieuses du père, du fils, et surtout de la fille aînée, mademoiselle Eugénie de Guérin, qui remplaçait la mère par nécessité, par vertu et par goût, auprès de son frère Maurice et de sa plus jeune sœur. […] C’en est bien un, qu’une belle nature, un air pur, un ciel radieux, petites images du séjour céleste, et qui font penser à Dieu. […] La monotonie n’est pas dans la nature, elle est un nom ; l’âme douée d’une vie éternelle donne la vie à tout ce qui l’impressionne ; sa candeur n’est pas le néant, sa candeur est sa sincérité ; plus elle s’observe, plus elle se peint elle-même ; plus elle se passionne et plus elle nous intéresse.
« Ce chapitre un peu long, que j’ai placé dans la suite parmi mes poésies, est le premier et à peu près l’unique essai que j’aie tenté dans le genre de Berni, dont je crois sentir toutes les grâces et la délicatesse, quoique la nature ne me porte pas de préférence vers ce genre. […] Ce sujet m’avait paru tout aussi peu que la Bible ou tout autre fondé sur un amour incestueux de nature à être traduit sur la scène ; mais tombant par hasard, comme je lisais les Métamorphoses d’Ovide, sur ce discours éloquent et vraiment divin que Myrrha adresse à sa nourrice, je fondis en larmes, et aussitôt l’idée d’en faire une tragédie passa devant mes yeux comme un éclair. […] Le Salluste me sembla de nature à pouvoir passer, et je le laissai aussi ; mais non pas le Térence, lequel, n’ayant été fait qu’une seule fois, n’avait été ni revu ni corrigé, était tel, en un mot, qu’il est encore aujourd’hui. […] « Je n’avais pas eu la même force, au mois de septembre de l’année précédente, pour résister à une nouvelle impulsion, ou, pour mieux dire, à une impulsion renouvelée de ma nature, impulsion toute-puissante cette fois, qui m’agita pendant plusieurs jours, et à laquelle il fallut bien me rendre, ne pouvant la surmonter.
Par Erckmann Chatrian I Un phénomène, c’est-à-dire un nouveau genre de beauté en littérature, inventé comme par accident, sorti du néant, ne répondant à rien de ce qui a été conçu jusqu’ici, n’ayant été ni prédit, ni annoncé, ni vanté d’avance, mais né de soi-même, comme un instinct irréfléchi, et s’emparant de l’attention comme par une force de la nature, vient de se produire inopinément parmi nous. […] Seulement, il faut que la simplicité des détails et la naïveté des récits forcent le lecteur à reconnaître qu’on ne le trompe pas et qu’il se dise : « Cela est si naturel que la nature ne se laisserait pas imiter à ce point ; cela est si vrai qu’aucun mensonge ne pourrait se glisser dans la sincérité de ces événements, ou dans les paroles de ces personnages. […] XII Voilà ce roman, vrai comme la nature ; ce roman photographique, si j’ose me servir de cette expression. […] Ce n’est pas là un roman, c’est la nature !
C’est ce que Wagner a fait, en partie par une série de scènes nouvelles, en partie par une foule de modifications de détails qui passent inaperçus à l’œil banal, quoiqu’ils changent la nature du drame du tout au tout. […] C’est toute une théorie de la nature même de l’art, théorie intuitive par son origine, philosophique et historique par sa méthode, et qui aboutit à la démonstration de la suprême importance que pourrait et devrait avoir l’art dans la vie de l’homme et dans la vie de la société. […] Bon gré, mal gré, nous serons donc forcés d’aller le même chemin qu’est allé le maître ; nous serons forcés d’examiner, ainsi que lui-même a dû le faire, la nature de l’art, son histoire, etc. […] Mais il y a pour la France une considération spéciale qui devrait la sauvegarder contre bien des dangers : c’est que la nature même du drame wagnérien, l’importance que chaque mot y acquiert et l’immobilité qui est assignée au mot par sa liaison avec la musique, rendent toute traduction de ces drames en langue française impossible.
Lui, le fils pieux, il a dû souffrir d’être réduit à flétrir la mère si dévouée à ses enfants, qui les éleva et les soigna si tendrement alors que le père les abandonnait, qui les laissa librement se développer et obéir aux impulsions de leur nature. […] III Madame Hugo n’aimait pas Napoléon, elle choisissait pour amis ses ennemis ; après la défaite de Waterloo, afin de fouler aux pieds la couleur de l’Empire, elle se chaussa de bottines vertes, ce simple fait caractérise la nature violente de ses sentiments9. […] Un socialisme qui se limite à cette réforme sociale pratique : l’abolition de la peine de mort, n’est de nature qu’à inquiéter les bourreaux, dont il menace les droits acquis. […] La Révolution de 1830 remit à la mode Voltaire et la libre-pensée ; Victor Hugo, ce tournesol, que sa nature condamnait à tourner avec le soleil, déposa, comme une cuisinière son tablier, son légitimisme et son catholicisme de circonstance.
Venu à une époque où la corruption était déjà poussée au plus haut degré, et où elle ne se recouvrait que d’un voile léger en présence du monarque, il comprit bien quelle était la nature de l’incrédulité qu’il avait à combattre, et en ce sens il est curieux de voir l’ordre d’arguments qu’il juge le plus à propos de lui opposer. […] Massillon, par cette portion de son Petit Carême, inaugure cette politique, dont Louis XV sans doute ne sut point profiter à temps, mais qui, dès qu’on voulut l’appliquer en réalité, réussit, comme on l’a vu, si mal à Louis XVI, à Malesherbes, à ces hommes excellents et trop confiants par là même en l’excellence générale de la nature.
Lassay, en cet âge de vingt-six à vingt-sept ans, eut donc une peine aussi profonde que sa nature le comportait ; il eut un accès ardent de pénitence, une veine religieuse bien sincère. […] La maîtresse en était absente, et, en la remerciant de l’hospitalité donnée en son nom, il lui écrivait avec un vif sentiment de la nature italienne : Vous ne m’aviez point dit assez de bien de Bagnaia, madame ; c’est le plus aimable lieu du monde que j’aie jamais vu ; on y trouve en même temps une belle vue, de grands arbres aussi verts qu’en France et qu’il ne faut point aller chercher, et des quantités de fontaines qui vont quand les maîtres n’y sont point : jamais ordre n’a été plus inutile que celui que vous aviez donné au jardinier de les faire toutes aller ; elles n’attendent pas vos ordres pour jeter des torrents de la plus belle eau du monde.
D’Aubigné s’accoutuma donc à assembler en sa nature passionnée bien des contraires qui, en d’autres temps, n’eussent pas tenu bon et n’eussent point résisté en lui avec cette hauteur et cette âpreté. […] Il dut à sa race, à sa trempe d’éducation et au rude milieu où il fut plongé, de conserver, à travers ses passions contradictoires et qu’il combattait très peu, un fonds de moralité qui étonne et qui ne fait souvent que leur prêter une plus verte sève : nature généreuse après tout, témoin subsistant d’un siècle plus robuste et plus endurci que les nôtres, et qui nous en rend au hasard et avec saillie les caractères les plus heurtés.
Quand je me souviens de Henri IV, et pour me le résumer à moi-même au juste, sans pencher ni du côté de la tradition factice et arrangée, ni du côté de l’anecdote maligne et injurieuse à l’histoire, je tiens à me rappeler trois ou quatre points essentiels qui me le déterminent, en quelque sorte, dans les grandes lignes de sa nature morale et de son caractère politique. […] Mais ce sentiment d’homme et de roi pasteur de peuples n’ôtait rien à sa clairvoyance sur le fond de la nature humaine.
Santeul, le poète latin si fier de ses vers, si heureux de les réciter en tous lieux ou de les entendre de la bouche des autres, et qui aimait encore mieux qu’on dît du mal de lui que si l’on n’en avait rien dit du tout ; Santeul, qui dans une de ses plus grosses querelles écrivait à l’abbé Faydit, qui l’avait attaqué sur son épitaphe d’Arnauld : Je fais le fâché par politique, mais je vous suis redevable de ma gloire ; vous êtes cause qu’on parle de moi partout, et presque autant que du prince d’Orange ; vous avez rendu mes vers de l’épitaphe de mon ami plus fameux que l’omousion du concile de Nicée ; ceux des autres poètes sur le même sujet sont demeurés ensevelis avec le mort, faute d’avoir eu comme moi un Homère pour les prôner et les faire valoir ; — Santeul, qui était si fort de cette nature de poète et d’enfant qui tire vanité de tout, serait presque satisfait en ce moment. […] Un humble silence est peut-être le sacrifice que Dieu demande présentement de vous. » Mais la nature chez Santeul échappa vite à ces prescriptions de M.
Sénecé n’a pas assez tenu compte de cet avis, ou plutôt il a obéi et cédé à sa nature, qui était plutôt facile que laborieuse. […] Travail, art, nature, foyer intérieur, sentiment, éclat et flamme, c’est de tous ces éléments combinés et pressés, que se compose à des degrés différents et variés à l’infini ce charme que la muse seule possède, dont elle seule livre le secret au petit nombre, et qui fait que l’agrément du premier jour est aussi l’agrément qui ne périt pas.
Jouvin au Figaro dansdes articles de véritable critique, reprirent et poussèrent l’attaque : George Sand, dans le Siècle, sans répondre à personne en particulier, évoqua un Béranger noble, élevé, sérieux, fier, idéalisé et encore ressemblant, plusgrand que nature, une figure d’au-delà, telle qu’elle sort de la tombe à l’heure du réveil, en dépouillant toutes les petitesses humaines et les chétives misères. […] Ses lettres à Rouget de Lisle sont une preuve des plus agréables et, on peut le dire, des plus amusantes, de ce côté tout à la fois bienfaisant et piquant de sa nature.
Les haines religieuses, en bien des lieux, s’associaient et s’accouplaient aux haines politiques pour les mieux empoisonner encore, et ce vieux levain de cupidité, d’avarice et d’envie qui fait le fond de la nature humaine autant et plus que la bonté (quoi qu’en ait dit Bossuet dans une phrase oratoire célèbre, empruntée au déclamateur Tertullien), ce mauvais fond sauvage qu’il n’est besoin que d’éveiller pour le remettre en goût et en appétit, faisait le reste. […] Mais pour des talents de tribune et prédestinés par la nature aux triomphes de la parole, ces difficultés, ces périls ne sont qu’un attrait et un ressort de plus : aussi cette Chambre introuvable fut-elle un théâtre d’éclatant début et de succès, et pour M.
Que je me sens mortel près de ce tronc vivace, Dont la nature a fait un de ses monuments ! […] regardez la nature.
Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature. […] Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées.
Il fallait tracer un portrait flatteur de la princesse, un portrait vrai pourtant et à ne pas être démenti, fait d’après nature. […] Ce qu’on a appelé le siècle de Louis XV se partage en deux ; la fin de la première moitié demeure assez belle : la figure du maréchal de Saxe apparaît de loin dans nos dernières victoires et perce le nuage ; il rejoint la chaîne historique, il tend la main aux Kléber ; malgré des défauts, malgré des vices, il est d’une ampleur et d’une générosité de nature qui le fait sympathique à la France nouvelle, et de lui aussi on peut dire avec quelque vérité : C’est le Mirabeau des camps.
à la fougue d’une imagination qui outrait tout… » Mais au pis, et malgré l’inconséquence reprochable, et malgré le danger de la pente rapide, ce rôle d’un Arnauld, d’un Savonarole, offrait encore de grandes parties continues et en harmonie avec cette nature invincible de prêtre : il y avait la foi. […] La vive et séduisante relation que fait l’auteur à partir de la descente du Rhône sent plutôt le poëte amoureux de la nature et des monuments, je dirai presque le touriste de génie qui, après tant d’autres illustres voyageurs, sait rajeunir l’immortelle peinture, et non point le pèlerin véritablement inquiet, le persécuté soucieux, qui va consulter l’oracle des fidèles.
Au milieu d’un paysage délicieusement décrit, dans l’oubli de toutes choses lointaines, et au sein amoureux de la nature, le poëte reçoit donc l’épître de M. […] Ma personnalité remplissait la nature… Pardonnez-nous, mon Dieu !
Énergie, grandeur, grossièreté, vices et bassesses, ces traits en eux de la nature romaine corrompue sont envisagés d’un coup-d’œil ferme et recueillis dans une parole en quelque sorte latine elle-même, sobre, positive, et qui n’ajoute rien de moderne aux choses. […] Au moment où, par le sujet et par la manière, il a l’air de se ressouvenir le moins des modèles enseignés, tout d’un coup il les rejoint et les touche au vif sur un point, parce que, ainsi qu’eux, il a visé droit à la nature.
Mais cette légère inconséquence, qui lui est commune avec d’autres grands esprits naïfs de son temps, n’a pas lieu d’étonner chez lui, et elle confirme bien plus qu’elle ne contrarie notre opinion sur la nature facile et accommodante de son génie. […] D’ailleurs, en cette remarquable épître, il proteste contre l’imitation servile des anciens, et cherche à exposer de quelle nature est la sienne.
Mon malade revient à la vie grâce à la médication stimulante, les préparations de musc, de quinine, etc. et peut-être aussi grâce à la nature médicatrice. […] Un seul exemple fera comprendre la nature du reproche que nous sommes en droit de faire à M.
Puis il s’est livré à la science, il en a tenté les deux voies maîtresses, les sciences de la nature, et l’érudition philologique ; celles-là pour en comprendre l’esprit, les méthodes, la portée, et pour compléter sa culture, celle-ci pour y chercher la matière de sa pensée et l’aliment de son activité. […] Enfin, il a rendu à la critique l’essentiel service de lui donner l’exemple de la sympathie : personne n’a enseigné plus hautement, plus constamment à aimer l’homme, l’effort vers le vrai et vers le bien, même dans les formes qui répugnent le plus à notre particulière nature.
Dans sa captivité de 1575, s’adonnant à la lecture et à la dévotion, dit-elle, elle nous montre l’étude qui ramène à la religion, et nous y parle du livre universel de la nature, de l’échelle des connaissances, de la chaîne d’Homère, de « cette agréable encyclopédie qui, partant de Dieu même, retourne à Dieu même, principe et fin de toutes choses ». […] beau miracle de la nature !
Quoi qu’il en soit, il y a lectures très différentes selon les différentes natures d’esprit, et par suite il y a, et elle est amusante, décevante aussi ou peu sûre, et telle qu’il ne faut pas s’y fier légèrement, mais assez instructive en somme, une étude des esprits et même des âmes, une étude des hommes par ce qu’ils se montrent comme lecteurs. […] Le lecteur de livres idéalistes n’est pas nécessairement optimiste ; mais il aime à croire à la noblesse de la nature humaine au moins chez un certain nombre d’individus privilégiés parmi lesquels il se place et non pas toujours à tort.
La nature lui départit le don de paraître toujours jeune, mais évidemment, en 1658, elle était loin d’avoir déjà besoin de ce privilège, car elle put rester au théâtre jusqu’en 1685, et elle vécut jusqu’en 1706. […] Malheureusement il ne paraît pas que cette tragédie fut de nature à vaincre la ligue silencieuse : elle n’eut que trois représentations dont le produit fut peu élevé. […] L’art avec lequel Molière savait dresser la nature la plus inculte à rendre un petit rôle, qu’il avait tracé en l’ayant en vue, le dispensait d’augmenter son personnel. […] La nature lui accorda le don de conserver un air de jeunesse jusque dans un âge fort avancé. […] Les sentiments et les rôles de ces divers personnages devaient bientôt changer de nature ; mais n’anticipons pas sur les événements.
Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut d’abord se donner pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple, étaient imbus des principes, des lumières sans doute, mais aussi, à un haut degré, des préjugés du siècle, dont le fond était une excessive confiance dans la nature humaine.
C’est ce qu’il faut en extraire d’abord, pour en bien concevoir la nature et la portée.
On a pris à tâche d’exagérer toutes les parties que la nature a faites plus saillantes dans le corps féminin : la poitrine, les hanches, la croupe et même, dans une mesure plus discrète, le ventre.
Nul mieux que lui n’a d’ailleurs défini — dans ce passage dont l’application est tout autre — la nature de son talent : « — Hélas !
« Il voulut revivre autant que possible le livre révélateur et conformer sa bonne nature à la nervosité de des Esseintes.
Ne pas détruire les religions, les traiter même avec bienveillance, comme des manifestations libres de la nature humaine, mais ne pas les garantir, surtout ne pas les défendre contre leurs propres fidèles qui tendent à se séparer d’elles, voilà le devoir de la société civile.
Ensuite, on oublie qu’entre génie et talent il y a différence de degré, non de nature ; ou, si l’on aime mieux une formule plus claire, qu’à toute époque l’originalité, la faculté d’innover, le don de créer sont répartis à doses inégales parmi beaucoup de personnes, au lieu d’être concentrés en deux ou trois seulement.
Il se défendit par la nature de son ouvrage ; mais il avoua que ces mots dont on lui reprochait l’usage, étaient justement bannis de la conversation, et il souscrivit à leur réprobation.
Près d’elle Jupiter a placé cette Balance dans laquelle il pese la Nature, & qui tempérant les feux du soleil, alonge les nuits, & rend leur empire égal à celui du jour ».
C’est dans ce spectacle vivant de la nature humaine, que les Poëtes, les Orateurs, les Moralistes eux-mêmes, peuvent trouver encore plus sûrement de quoi s’instruire, parce que les exemples y sont plus frappans, que les préceptes ne le sont dans un Traité de Morale.
Il est une dernière classe d’émotions qui demanderait une longue étude et dont nous ne pouvons dire ici que quelques mots : les émotions esthétiques, ainsi appelées parce qu’elles sont liées à la nature même de notre sensibilité et à ses rapports avec nos autres puissances.
Ebloui par la sottise de quelques-uns qui l’appelloient Abysme d’érudition, Océan de science, chef-d’œuvre, miracle, dernier effort de la nature, il s’imaginoit bonnement qu’elle s’étoit épuisée en sa faveur.
Il est pourtant de la plus haute importance d’arriver à une conception claire des moyens de modification et d’adaptation employés par la nature.
audita visis laudamus libentius. cet apophtegme est encore plus veritable en parlant des hommes, qu’en parlant des ouvrages de l’art ou des merveilles de la nature.
Oui, ce grand homme ne se contenta pas d’approcher le plus près que sa nature lui permettait de la perfection entrevue par les grands esprits ; il ne se contenta pas de se dévouer à la recherche de la vérité, d’être désintéressé et respectueux chez tous de la dignité humaine.
Constatons d’abord un premier fait, c’est que la langue latine était par sa nature, par ses formes savantes et complexes, promptement exposée à subir de graves altérations. […] J’en conclus que les habitants de toutes les parties de la France sont également spirituels, et que peu de pays ont été mieux pourvus par la nature. […] On s’étonne de voir cette rude et vive nature se plier ainsi, et se laisser emboîter dans les formes de versification les plus symétriques. […] Souvent elles étaient en guerre ; les peuples hésitaient, si j’ose parler ainsi, entre les prédicateurs et les chanteurs ; et quelquefois, par la corruption et la frivolité de notre nature, les chanteurs l’emportaient. […] Comme elles tiennent au fond même de notre nature, elles reparaissent sitôt que notre esprit s’exerce par l’étude.
Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connaître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auraient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avait tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des savants.
Ce sera le moyen de le tenir en laisse par une correspondance suivie et qui soit de nature à pouvoir être publiée dans les journaux, afin qu’il soit presque toujours en scène.
c’est une question qu’il devient même inutile de se poser, puisqu’il ne le pouvait certainement avec sa nature personnelle et avec la forme absolue de son génie.
Andrieux ne pouvait être douteuse ; cette opinion lui était dictée par ses antécédents, ses souvenirs, la nature de son goût, les qualités qu’il avait, et aussi par l’absence de celles qu’il n’avait pas ; mais sa bienveillance naturelle ne s’altérait jamais, même en s’aiguisant de malice ; il embrassait peu les innovations, il raillait de sa vois fine les novateurs, mais comme il aurait raillé M.
Cependant ce n’est pas là le défaut le plus commun dans les écoles et dans les lycées : les élèves, en général, y développent leur esprit en sens contraire de la nature ; ils y prennent des défauts qui ne sont pas de leur âge.
En pratique, il croit que l’obstacle à la réalisation de cet idéal est, non point dans la nature humaine elle-même, partout mauvaise ou fort mêlée, mais dans l’égoïsme, la dureté, la cupidité, les vices, les crimes volontaires et prémédités d’une seule classe sociale. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois.
Sans doute les Arlequin, les Pedrolino, les Pantalon, étaient d’excellentes charges (ce mot est la traduction du mot italien caricature, passé depuis lors dans notre langue), c’est-à-dire des copies ressemblantes, quoique outrées, de la nature humaine.
Sachant qu’un excès ne se corrige que par un autre, la nature humaine ayant besoin d’être forcée en sens contraire pour revenir au juste milieu, nous souhaitions des vers sans rimes, reconnaissables seulement à la sonorité et à l’éclat, obéissant aux seules lois de la fantaisie, scandés d’un frémissement intérieur, distincts de la prose, par leur intensité musicale.
À vrai dire, la meilleure garantie que possède l’historien sur un point de cette nature, c’est la haine soupçonneuse des ennemis de Jésus.
Hartley déclare qu’il a emprunté la théorie des vibrations à Newton qui, en terminant ses Principia et ses Quæstiones opticæ, suggère quelques hypothèses sur la nature des sensations et des mouvements ; sa théorie de l’association, à Locke, « ainsi qu’à quelques penseurs très pénétrants » qu’il se dispense de nommer15.
Si, pour Marie-Thérèse et pour le chancelier de France, ce ne sont plus les mouvements des premiers éloges, les idées du panégyriste sont-elles prises dans un cercle moins large, dans une nature moins profonde ?
La nature semble avoir fait l’homme le plus fort pour un moment faible, et l’homme le plus faible pour un moment fort.
« Sa vie passée dans le luxe, dit Bossuet, ne lui faisait point sentir la durée, tant elle coulait doucement17. » C’est le mot ordinaire ; mais si je veux, spontanément par trouvaille, ou volontairement par effort, si je veux donne ; à ce mot plus de hardiesse, l’accoupler à des pensées imprévues, ce simple verbe peut devenir admirable, la plume de Bossuet : « Laissez couler sur le prochain cet amour que vous avez pour vous-même18. » Et ailleurs « Dieu a tant d’amour pour les hommes et sa nature est si libérale qu’on peut dire qu’il semble qu’il se fasse quelque violence quand il retient pour un temps ses bienfaits et qu’il les empêche de couler sur nous avec une entière profusion19. » Et toujours de Bossuet dans cet ordre d’idées : « Les générations des hommes s’écoulent comme des torrents. » Encore une fois, ces trouvailles, ces images, ces transpositions de sens peuvent n’avoir pas coûté d’effort à Bossuet.
Nous avons le droit de parler de saints français et de tradition catholique française, car la grâce ne détruit pas la nature, mais simplement la perfectionne en gardant ce qu’il y avait de bon dans l’individualité.
On ne peut même dire qu’il y ait chez elle de l’affectation, tant celle-ci est devenue une seconde nature. […] Il est tel par sa nature ou par destination, ou par habitude. […] Très sage, il a la folie de s’irriter contre des imperfections inhérentes à leur nature. […] Durandeau a insisté surtout sur cette idée que Piron, sous ses apparences de bohème, était surtout un naïf et passionné adorateur de la nature, presque un précurseur de J. […] Tout cela est trop contraire à sa nature.
L’homme qui veut créer se trouvera aux prises avec une double résistance : celle de sa nature bornée qui ne saurait tout à fait obéir aux ordres de l’esprit ; celle de la matière brute qu’il informe : couleur, marbre, sons ou mots. […] Étant par nature action, si l’auteur n’a pas fait l’épreuve de ses vertus actives à la scène et sur le public, elle demeure virtuelle et rien de plus que l’idée d’un tableau ou d’une statue par rapport à la statue et au tableau. […] Il n’aura pas à forcer sa nature pour se mettre au ton de son temps. […] La tragédie, de par sa nature, transpose ; elle a le masque, le cothurne, le style ; elle épanouit et grandit l’objet. […] Il n’est pas particulier à l’art dramatique chrétien : c’est le problème de l’art dramatique tout court, à un certain degré d’ampleur, de généralité et de conformité à sa nature.
Il y a là, un apitoiement, une miséricorde de nature, presque une familiarité du petit bourgeois pour le pauvre, le misérable, le haillonneux, qui vous étonne, quand on vient d’un de ces pays durs aux sans-le-sou, où l’on fait des cours officiels de philanthropie. […] L’élégance de la petite nature d’Egypte et le suave enveloppement des formes. […] Il nous confirme dans cette idée, déjà instinctive en nous, que le suprême Beau est la représentation de génie exacte de la Nature, que l’Idéal qu’ont cherché à introduire dans l’art, les talents inférieurs et incapables d’atteindre à cette représentation, est toujours au-dessous du vrai. […] * * * — Jamais un homme, si riche qu’il soit, n’achètera un bel enfant, une belle petite fille, pour avoir sous les yeux un chef-d’œuvre de nature, de l’art de Dieu. […] À peine deux ciels de mer… Hors de là, chose piquante, chez ce maître du réalisme, rien de l’étude de la nature.
Necker, et prépara la Révolution française, sans être philosophe ni novateur. » Protégée et abritée jusqu’au sortir des plus affreux malheurs sous l’aile de son excellente mère, la jeune Clary, dans une profonde retraite de campagne, prolongeait, près de sa sœur cadette236, une enfance paisible, unie, studieuse, et abordait sans trouble la tendre jeunesse, ne cessant d’amasser chaque jour ce fonds inappréciable d’une âme sainement sensible et finement solide : telle la nature l’avait fait naître, telle une éducation lente et continue la sut affermir. […] L’heureuse illusion dont s’enveloppe une nature aimante rayonne autour d’elle et en rend ou en prête aux autres. […] La nature n’a pas cette unité, et parce que la vie de la cour et la pratique de ses intrigues auront émoussé les facultés sensibles de tel personnage, il ne faut pas conclure pourtant qu’elles soient entièrement détruites. » — Un jour, après un dîné d’apparat chez ce ministre, la conversation se soutient avec un remarquable intérêt : « Chose assez étrange (dit l’un des personnages du roman), grâce à la liberté d’esprit dont le ministre donnait l’exemple à tous, ses conviés diplomatiques n’avaient point l’air de s’étudier à ne prononcer que des paroles qui n’eussent aucun sens.
En ce cas, c’est un geste vocal naturel, non appris, à la fois impératif et démonstratif, puisqu’il exprimé à la fois le commandement et la présence de l’objet sur lequel porte le commandement ; la dentale t et la labiale m réunies dans un son bref, sec, subitement étouffé, correspondent très bien, sans convention et par leur seule nature, à ce sursaut d’attention, à ce jaillissement de volonté brusque et nette. — Ce qui rend cette origine probable, c’est que d’autres mots ultérieurs et dont on parlera tout à l’heure sont visiblement l’œuvre, non de l’imitation, mais de l’invention177. […] Nous ne pouvons peler l’orange, mettre la peau d’un côté et la chair de l’autre, et nous pouvons peler le langage et mettre les mots d’un côté, et la pensée ou le sens de l’autre ; mais nous ne trouverons jamais dans la nature une orange sans peau, ou une peau sans orange, et nous ne trouvons jamais dans la nature une pensée sans mots ou des mots sans pensée182. » Ainsi, des racines et des concepts, voilà la production spéciale de l’intelligence humaine, et il n’est pas étonnant qu’on les y rencontre ensemble, puisqu’ils ne sont qu’une même production sous deux aspects.
Comme on complique le rythme, on complique le style : et là aussi, la beauté consiste à prendre le contre-pied de la nature, et à chercher en tout la difficulté. […] La grande règle de la rhétorique naturelle, c’est de plaire et de toucher : pour cela les prédicateurs ramassent de tous côtés ce qu’ils croient de nature à intéresser, même à amuser l’auditeur. […] Un sermon sur l’immaculée Conception est un débat entre Nature et Grâce, et un débat judiciaire avec plaidoiries et arrêt eu forme.
Ce paysage idéal, il le demandera vainement à la nature : toujours quelque détail disparate y rompra l’harmonie rêvée. […] On a vu dans le cénacle parnassien sa face de faune cornu, fils intact de la nature mystérieuse. […] Il trouve moyen de vivre dans une société civilisée comme il vivrait en pleine nature.
De là la médiocrité — pour ne pas dire plus — de la plupart des pièces ; ce qui guide avant tout l’auteur, c’est le désir patent, que, dans sa pièce, le grand acteur à qui il la destine rencontre tout ce qui peut lui plaire, c’est-à-dire tout ce qui peut lui offrir des effets faciles et bien dans sa nature, flatter ses goûts personnels, même ses manies. […] Je n’entends pas dire par là que le théâtre n’offre que des agréments de cette nature, mais il en offre toujours de cette nature, même alors qu’il contient, par exception, des éléments d’un ordre élevé, et ce sont ces petites misères qui ont prise sur le plus grand nombre.
Flaubert déclare qu’il danserait devant sa glace. « Moi, c’est singulier, dit Tourguéneff, après, seulement après, je rentre en rapport avec les choses qui m’entourent… Les choses reprennent la réalité qu’elles n’avaient point, un moment avant… Je me sens moi… et la table qui est là, redevient une table… Oui, les relations entre mon individu et la nature se renouent, se rétablissent, recommencent. » Mercredi 6 février Flaubert, parlant de l’engouement de tout le monde impérial, à Fontainebleau, pour la Lanterne de Rochefort, racontait un mot de Feuillet. […] Enfin, chez ce garçon qui n’avait pas plus de douze à quinze mille livres de rente, toutes les choses du boire et du manger venaient du meilleur fournisseur existant dans le monde, qu’il fût à Paris ou aux Grandes Indes, et un jour, que le peu difficile Bracquemond déjeunait chez lui, et que sa rude nature s’impatientait de toutes ces recherches, de toutes ces provenances, il lui jeta : — Et votre sel, d’où le faites-vous venir ? […] Avec un pinceau écrasé et aux poils presque secs, il rend l’extrémité duveteuse de la plume, de la façon la plus extraordinaire, et modèle, avec des plans dans la demi-teinte, en un gris noyé dans l’eau, le plus savant et le plus moelleux dessin de nature de la poitrine de l’oiseau noir.
C’est un pays véritablement français ; ici je n’aurai pas à contredire Taine, c’est un paysage véritablement de notre pays central ; c’est un paysage qui n’a rien de grand, qui n’a rien d’imposant, qui n’a rien de tragique, c’est un paysage qui est une grâce légère, fine, intelligente et intellectuelle, pour ainsi parler, et qui était tout à fait de nature à former le génie que nous allons étudier. […] Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas. […] Plus tard, en beaucoup moins beaux vers, mais j’insiste parce qu’il a insisté, j’insiste parce que ce ne fut pas une boutade, ce ne fut pas un premier mouvement ; il a eu, cet homme, le premier mouvement dont il faut se défier, car c’est le bon, a dit Talleyrand ; mais il a eu aussi le second mouvement qui était aussi bon que le premier ; peu de temps après, il écrivait encore, en moins beaux vers, mais les vers ici nous importent peu : Oronte seul, ta créature, Languit dans un profond ennui ; Et les bienfaits de la nature Ne se répandent plus pour lui.
D’autre part, le travail sui generis qu’on effectue, en acquérant le souvenir, pour favoriser l’effort intelligent de rappel ou au contraire pour le rendre inutile, nous renseignera sur la nature et les conditions de cet effort. […] Le schéma est quelque chose de malaisé à définir, mais dont chacun de nous a le sentiment, et dont on comprendra la nature si l’on compare entre elles les diverses espèces de mémoires, surtout les mémoires techniques ou professionnelles. […] D’un malentendu sur la nature de cette unité sont sorties les principales difficultés que soulève la question de l’effort intellectuel.
Sur Vardes si mêlé aux intrigues de la cour de Madame, et qui n’était plus de la première jeunesse, « mais plus aimable encore par son esprit, par ses manières insinuantes, et même par sa figure, que tous les jeunes gens » ; — sur Lauzun, « le plus insolent petit homme qu’on eût vu depuis un siècle », excellent comédien, non reconnu tout d’abord ; — sur Bellefonds qui était creux et faux en tout, « faux sur le courage, sur l’honneur et sur la dévotion » ; — sur La Feuillade « fou de beaucoup d’esprit, continuellement occupé à faire sa cour, et l’homme le plus pénétrant qui y fût, mais qui souvent passait le but » ; — sur Marcillac, fils de La Rochefoucauld, c’est-à-dire de l’homme de son temps le plus délié et le plus poli, et qui lui-même réussit dans la faveur, « étant homme de mérite, poli, et sage de bonne heure, caractère que le roi a toujours aimé » ; — sur le chevalier de Rohan, au contraire, qui fut décapité pour crime de lèse-majesté, « l’homme de son temps le mieux fait, de la plus grande mine, et qui avait les plus belles jambes » (car il ne faut pas mépriser les dons de la nature, pour petits qu’ils soient, quand on les a dans leur perfection)75 ; — sur tous ces originaux et bien d’autres le témoignage de La Fare est précieux, de même que son expression est parfaite. […] [NdA] Il y a bien du mélange dans ces Poésies de La Fare, mélange de bon et de mauvais, mélange de ce qui est de lui et de ce qui lui a été à tort attribué : on cite toujours comme de sa meilleur façon ces jolis vers sous le titre de madrigal : Présents de la seule nature, Enfantement de mon loisir, Vers aisés par qui je m’assure Moins de gloire que de plaisir, Coulez, enfants de ma Paresse : Mais, si d’abord on vous caresse, Refusez-vous à ce bonheur ; Dites qu’échappés de ma veine Par hasard, sans force et sans peine, Vous méritez peu cet honneur !
Il vivait sans se contraindre, selon ses veines et ses boutades de nature. […] Voltaire se moque quelque part du bruit qui avait couru qu’on allait ériger sa terre de Ferney en marquisat : « Le marquis Crébillon, le marquis Marmontel, le marquis Voltaire, ne seraient bons qu’à être montrés à la foire avec les singes de Nicolet. » C’est avec son goût qu’il se moque du titre ; mais son esprit, sa nature était aristocratique au fond, et cette fois sa première impression l’a emporté plus loin, il a été brutalement féodal.
Et les gouvernements sont également fondés sur les mœurs et sur les lois ; détruisez les uns ou les autres, et vous renverserez l’édifice… L’emploi de l’esprit aux dépens de l’ordre public est une des plus grandes scélératesses, parce que de sa nature elle est ou la plus impunissable ou la plus impunie ; et de toutes la plus dangereuse, parce que le mal qu’elle produit s’étend et se promulgue par la peine même infligée au coupable, et des siècles après lui. […] La défiance empoisonne ou détruit le sentiment ; elle n’est pas l’ouvrage de la nature.
Certes je prise et goûte fort le joli récit traduit par Courier : il est net, proportionné, piquant, épigrammatique ; mais les additions d’Apulée ne me déplaisent pas tant ; elles m’apprennent bien des choses sur les mœurs tant publiques que privées, sur la police des villes dans les provinces, sur les travers éternels et les maladies de l’esprit humain : « Ce sont des tableaux de pure imagination, où néanmoins chaque trait est d’après nature, des fables vraies dans les détails, qui non seulement divertissent par la grâce de l’invention et la naïveté du langage, mais instruisent en même temps par les remarques qu’on y fait et les réflexions qui en naissent. » Tout cet éloge (sauf le point de la naïveté du langage), que Courier donne à son Lucius, je l’accorde à plus forte raison et je l’étends à notre Lucius latin, à notre Apulée, pour ses additions nombreuses ; lu à côté, le premier Lucius me paraît, je l’avoue, un peu sec. […] Mais, à part quelques ravissants passages de La Fontaine et son Hymne final à la Volupté, à part le couplet charmant de Corneille où l’Amour déclare avec passion comme quoi il est jaloux de tous et de chacun : Je le suis, ma Psyché, de toute la nature…, aucune de ces imitations, d’ailleurs, ne vaut le récit primitif ; elles sont froides par quelque endroit ; un peu de langueur et d’ennui s’y glisse.
il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment. […] Étant tel de sa nature, homme de prudence et de conseil avant tout, la principale ou même la seule raison de l’abdication de Charles-Quint, ce fut sa santé usée, ruinée par les fatigues, et aussi, il faut le dire, par les intempérances.
Il ne tient qu’à vous d’y ajouter encore en me permettant de cultiver l’honneur de votre correspondance… » Ainsi Ducis ne savait pas l’anglais, et le progrès en toute chose est si boiteux, que l’idée ne lui vint jamais de l’apprendre ; mais il sentait de ce côté de Shakespeare un « attrait inexplicable » qui n’est pas la moindre singularité de cette nature candide. […] Deleyre vient y passer quelques jours en tiers avec Ducis et s’en trouve bien ; une lettre qu’il a écrite au retour respire un certain calme, une certaine paix de l’esprit qui prouve que le bonheur n’est pas chose tout à fait étrangère à sa nature ; Ducis lui répond : « Vous voilà bien, mon cher Deleyre, conservez-vous dans cet état.
Cet homme, ce grammairien modeste, attentif, non décisif, d’un genre et d’une nature si à part, et qui mérite une définition précise non moins qu’une estime singulière, c’était un gentilhomme de Savoie, venu de bonne heure à la Cour, — c’est Vaugelas. […] Et je vous proteste qu’il ne s’y peut rien ajouter, et que si l’ouvrage réussit un peu long, ce n’est pas par la négligence des ouvriers, mais par la nature de la matière qui, comme vous le savez par expérience, est épineuse et de grande discussion pour la bien traiter.
La nature vous a fait indulgent et bon, nullement polémiste ni armé en guerre ; ne sortons pas de notre nature.
— Par une autre suite de la même qualité, il perçoit des redevances sur tous les biens que jadis il a donnés à bail perpétuel, et, sous les noms de cens, censives, carpot, champart, agrier, terrage, parcière, ces perceptions en argent ou en nature sont aussi diverses que les situations, les accidents, les transactions locales ont pu l’être. […] Rien de plus difficile à fonder que le gouvernement, j’entends le gouvernement stable : il consiste dans le commandement de quelques-uns et dans l’obéissance de tous, chose contre nature.
Cette parcimonie de la nature à créer les grands historiens s’explique d’elle-même, quand on y réfléchit, par le nombre, la diversité et la supériorité des dons naturels et des dons acquis nécessaires pour écrire une histoire digne de ce nom. […] III D’abord, il faut qu’il soit né poète, c’est-à-dire sensible, coloriste, éloquent de nature ; car comment ferait-il sentir dans son style ce qu’il n’aura pas senti lui-même ?
Il vaut la peine de les étudier, quand on veut se représenter les caractères de la dévotion du moyen âge : ces drames, comme les narrations de Gautier de Coincy et autres de même nature, nous font apercevoir dans leurs incroyables excès l’absurdité, la grossièreté, l’immoralité même des formes où se dégradait la noblesse essentielle du culte de la Vierge. […] Vous aurez une idée légère de l’inénarrable pièce où Adam le Bossu a jeté tout à la fois ses rancunes et ses observations, toute son individualité, et la vie de cette ardente commune picarde, et jusqu’aux superstitions légendaires qui, à côté de la religion, maintenaient une idée du surnaturel dans ces natures matérielles : outre le dessin de l’œuvre, outre la verve des scènes populaires, il y a des coins de vraie poésie, tendre ou fantaisiste, où l’on n’accède parfois qu’à travers d’étranges et plus que grossières trivialités.
Je sais des natures plus fortes chez qui le scepticisme a mué l’amour en dédain et en « froid silence », et celles-là je les aime plus fortement. […] Petite fille qui joue avec ses poupées et qui leur donne sa propre nature, Paule, Mauricette ou Henriette range gentiment les idoles et leur prête des phrases jolies.
Dans la première période, grâce à l’entêtement qui est le fond de sa nature, Zola nous émut par une apparence de bravoure. […] Cet occitan agressif est un romantique par l’élan intérieur ; la mode du jour et la pauvreté de sa nature le retiennent parnassien.
Elle se contenta donc d’égayer tout ce monde, de le consoler, d’inspirer la fermeté et une sorte de joie autour d’elle, de ne pas trop voir les choses en noir de son œil malade, d’obéir plutôt à sa douce humeur et à une certaine inclination d’espérer qui lui venait de la nature : Il arrive souvent, madame, écrit-elle à Mme de Maintenon, que lorsqu’on croit tout perdu, il survient des choses heureuses qui changent absolument la face des affaires. — Je pense, dit-elle encore, que la fortune peut nous redevenir favorable ; qu’il est de ses faveurs comme du trop de santé, c’est-à-dire qu’on n’est jamais si près d’être malade que lorsqu’on se porte trop bien, ni si proche d’être malheureux que quand on est comblé de bonheur. […] Mais il est encore bien d’autres traits à relever dans sa nature, et qui la mettent en parfait contraste avec son amie Mme de Maintenon.
Pourtant, quand il aura vu Rome, c’est-à-dire la grande et suprême beauté, il regrettera plus d’une de ses exclamations premières et superlatives, qui lui sont échappées : « À mesure qu’on se forme le goût, on devient plus difficile. » Il ne regarde pas seulement ce qui est de l’art, il fait attention aux hommes, beaucoup aux dames, à la société, aux conversations, à la nature. […] Ses jugements, ses impressions sur Michel-Ange et la chapelle Sixtine, sur Raphaël et les Chambres du Vatican, sont de l’homme de goût que la nature a doué avant tout d’organes délicats, et qui ne mêle à son sentiment direct rien d’étranger ni de littéraire.
Les contes et nouvelles de la reine de Navarre n’ont rien, comme on le pourrait croire, qui soit tant en désaccord et en contradiction avec sa vie et avec la nature habituelle de ses pensées. […] Chaque histoire est l’objet d’une moralité, d’un précepte bien ou mal déduit ; chacune est racontée à l’appui d’une certaine maxime, de quelque thèse en question sur la prééminence de l’un ou de l’autre sexe, sur la nature et l’essence de l’amour, et comme exemple ou preuve (souvent très contestable) de ce qu’on avance.
La loi en question est essentielle, fondée sur l’organisation stable du cerveau, qui elle-même résulte de l’action constante de la nature sur l’homme. […] Les associations par simple contiguïté sont ici extrinsèques et superficielles : elles sont plutôt des associations de sentiments avec les perceptions concomitantes que des associations de sentiments avec d’autres sentiments ; la vraie loi primordiale est intrinsèque, inhérente à la nature de l’activité mentale et à celle de l’activité nerveuse qui en est la condition.
Comme la langue française, le vers français est un vers d’origine populaire, c’est-à-dire traditionnelle, et il ne pouvait emprunter au latin que des éléments assimilables à sa propre nature . […] Trop strictement, peut-on répondre, et nous voulons rendre les estampes non pas moins nettes, mais plus claires et qu’entre les traits noirs se joue plus de soleil, et aussi que les traits soient un peu tremblés comme, fabriquées par la nature, les feuilles sont découpées, quoique uniformes, selon un tel caprice, que l’on ne vit jamais deux feuilles pareilles.
Pour être plus digne de lui, il veut qu’Henriette devienne une Bélise, et cette nature de Trissotin, qui n’a cessé d’exister, tant qu’il vécut, en Mérimée, malgré ses airs d’homme du monde en cérémonie et de dandy dégoûté, est encore la meilleure raison pour qu’il n’ait jamais été capable de ce bel oubli de tout, excepté d’une seule chose, qu’on appelle l’amour ! […] C’est alors qu’on voit dans toute sa vérité, dans toute la naïveté première de sa nature, l’écrivain qui, dans son livre, fera le beau avec toutes les recherches de l’art et quelquefois de l’artifice.
Pourtant, comme la diversité des esprits jusque dans les mêmes genres est infinie, comme la bonne foi et la sincérité en chacun est le grand secret pour tirer de sa nature tout ce qu’elle renferme, il y a moyen toujours, en ne disant que ce qu’on a senti, en n’écrivant que ce qu’on a observé, d’ajouter quelque chose peut-être à ce que les maîtres lumineux et perçants de la vie humaine ont déjà embrassé, ou du moins de faire en sorte que le lecteur soit ramené sur les mêmes chemins et vers les mêmes vues sans fatigue et sans ennui.
Olivier une Correspondance de la nature de celle que nous publions.
Sa petite pièce, intitulée Milan, nous la montre plus sensible encore aux maux de la grande famille humaine qu’aux beautés de l’éblouissante nature.
Il vous sera permis de dire alors que rien d’incompatible avec le plus scrupuleux sentiment de notre dignité ne trouverait une excuse dans l’or reçu en échange ; mais vous saurez aussi que des richesses loyalement acquises seraient d’un grand prix, et vous laisserez la prétention de mépriser les biens à ceux qui, ne pouvant s’en détacher, s’irritent contre une sorte d’ennemi toujours victorieux. » Voilà le cri à demi étouffé d’une nature haute que la pauvreté comprime : mais, cela dit, il faut se taire.
Ce discours, prononcé le 29 août dernier, à la séance d’inauguration solennelle d’une Société historique locale et accueilli avec une sympathie si marquée par toute la population d’un département et d’une province, est de nature à faire naître plusieurs réflexions.
Nous lui avons dit que l’imagination était la folle du logis ; que les maximes de La Rochefoucauld étaient désolantes ; que Montesquieu avait fait de l’esprit sur les lois ; que Delille n’avait vu la nature que dans les décorations de l’Opéra ; que la Henriade n’était pas un poème épique, qu’il n’y avait en France qu’un poème, le Télémaque.
Émile Pouvillon, des paysans à demi conscients, tout pareils à leurs bêtes et comme absorbés et fondus dans la nature environnante.
Ni la prière, ni la lecture des Livres saints, ni la joie austère d’instruire les enfants et d’évangéliser les humbles, ni les rencontres et les agapes cordiales avec les confrères, ni la nature qui est belle partout, même en pays plat, ni les plaisirs du jardinage, ni les promenades dans les champs, le bréviaire à la main, ni la fraîcheur des matins, ni la douceur des soleils couchants sur la lande, ne suffisaient à remplir cette âme inquiète.
Il lui arrive quelque chose de fort simple : il est à la campagne ; le printemps lui fait aimer une femme, et son amour lui fait trouver la nature plus belle.
Il s’est échappé de la royauté, comme un moine incroyant de son monastère, pour retourner à la nature, pour vivre vraiment selon sa pensée et selon son cœur, pour jouir librement du vaste monde, sans avoir à rendre des comptes spéciaux, à Dieu et aux hommes, d’une tâche à la légitimité de laquelle il ne croyait plus… Partout l’ordre ancien chancelle.
Au gré des saisons, elle musa de la nature proche à l’humanité ambiante, épelant des âmes au miroir peu limpide des faces frustes, pénétrant les tâches du village, son trantran passif, héroïsant les piètres destins qui s’y accomplissent, et les confrontant, pour un résultat de magnification harmonieuse, avec l’autorité némorale.
Armand Silvestre est surtout une musique ; comme la musique, elle est perceptible aux sens et à l’âme plutôt qu’à l’entendement ; on dirait que cet artiste s’est trompé sur l’espèce d’instrument que la nature avait préparé pour lui : il semblait fait pour noter ses sensations et ses rêves dans la langue de Schumann, et M.
Mais si la philosophie parvenait à noter d’une manière suffisamment précise les degrés ascendants de l’abstraction, comme l’arithmétique détermine les puissances croissantes d’un nombre ; si elle parvenait, autant que le comporte la nature des choses, à faire pour la qualité ce qui a été fait pour la quantité ; si elle parvenait à résoudre les plus hautes abstractions dans les abstractions inférieures, et celles-ci dans les concrets, il semble que bien des questions vaines et des difficultés factices disparaîtraient.
La Poésie a toujours été regardée comme une imitation de la Nature, & non comme une science de raisonnement ; elle est l’art de peindre, non l’art d’enfiler des pensées.
Quelque génie qu’il eût reçu de la nature, il ne se croyoit pas dispensé de l’étude : il ne connoissoit qu’elle.
Enfans d’Apollon tous les deux, ils n’ont pas eu également à se louer de la nature dans le partage de ses dons.
À toute force enfin elle se résolut D’imiter la nature et d’être mère encore.
Ce qu’on peut dire sur lui de plus raisonnable, c’est que son incrédulité l’a empêché d’atteindre à la hauteur où l’appelait la nature, et que ses ouvrages, excepté ses poésies fugitives, sont demeurés au-dessous de son véritable talent : exemple qui doit à jamais effrayer quiconque suit la carrière des lettres.
La vrai-semblance mécanique consiste donc à ne point donner à une lumiere d’autres effets que ceux qu’elle auroit dans la nature : par exemple à ne lui point faire éclairer les corps sur lesquels d’autres corps interposez l’empêchent de tomber.
En effet, la nature a assigné un geste particulier à chaque passion, à chaque sentiment.
Les seconds, de toute leur vie, ne liront que leur journal, en en choisissant un où l’on ne fera jamais de critique littéraire ; de quoi il ne faut pas les blâmer, car on est bien plus sot en contrariant sa nature qu’en la suivant Voilà les trois catégories.
Je ne connais rien du moins qui fasse mieux concevoir la succession inévitable de deux ordres de choses très divers qu’un ouvrage de la nature de celui-ci.
Quand la question est ainsi posée, et elle l’est par la nature des choses, il n’est pas permis de rester froid, de tenir en suspens la décision de sa pensée et de jouer à une impartialité supérieure qui ne serait que l’impartialité de l’embarras.
I Pendant que la comédie s’en va mourant sur tous les théâtres de l’Europe, pendant que toutes les pièces qu’on y joue ressemblent — tant elles se copient les unes les autres — au gant retourné de l’escamoteur qui a la prétention de faire des tours différents toujours avec le même gant, il se publie parfois, trop rarement, il est vrai, avec un sang-froid et un sérieux imperturbable, des livres d’un comique profond et achevé qui ne sont plus de la comédie de convention, mais de la bonne et brave comédie de nature humaine.
Et d’abord souvenons-nous qu’en quelque mesure nous sommes ses élèves et disons avec lui : « Ce que chacun sent lui est propre et particulier comme nature.
L’homme qui prostitue un grand nom, qui manque à une mission écrite dans sa nature, ne peut se permettre sans conséquence une foule de choses que l’on pardonne a l’homme ordinaire, qui n’a ni passé à continuer, ni grand devoir à remplir. […] Il serait contre nature qu’une moyenne intellectuelle qui atteint à peine celle d’un homme ignorant et borné se fit représenter par un corps de gouvernement éclairé, brillant et fort. […] Le territoire qui lui restait était tout au plus le cinquième de ce qui nous reste ; ce territoire était le plus pauvre de l’Europe, et les conditions militaires qui lui étaient faites semblaient de nature à le condamner pour jamais à l’impuissance. […] Elle consiste à se corriger de ses défauts, et parmi ses défauts à se corriger justement de ceux qu’on aime, de ce défaut favori qui est presque toujours le fond même de notre nature, le principe secret de nos actions. […] La lutte contre la nature ne suffit pas ; l’homme finirait, au moyen de l’industrie, par la réduire à peu de chose.
Cette première difficulté levée, c’est, selon nous, dans la nature de la sensibilité et de la volonté qu’on doit chercher les raisons les plus profondes de la conception de la durée ; c’est par son rapport à la sensibilité et à l’activité motrice que chaque représentation, chaque idée est une force psychique, et c’est parce qu’elle est une force en ce sens qu’elle peut, nous allons le voir, produire la conscience du temps. […] L’art suprême de la nature ressemble à celui du poète selon Boileau : c’est « l’art des transitions ». […] C’est cette petite histoire en raccourci, durant quelques fragments de seconde, qu’on appelle le présent, et dont nous allons approfondir la nature. […] Bergson, que toute mesure du temps, même grossière, soit de nature spatiale130.
En France, trop de science chez les femmes, et surtout l’affiche et le diplôme qui y serait attaché, nous a toujours paru contre nature : « Nous avons bien de la peine à permettre aux femmes un habit de muse, disait Ginguené en parlant de celles qui font honneur à l’Italie : comment pourrions-nous leur souffrir un bonnet de docteur ? […] Ce poème est si différent de l’Iliade par sa nature, qu’il ne saurait produire des impressions semblables à celles qu’on reçoit de ce dernier ouvrage.
De quelle nature fut, dans le principe, cette religion du président Hénault ? […] Les malins et satiriques dirent dans ce temps-là, en faisant allusion à son goût pour la faveur : « Vous verrez qu’il a pris le bon Dieu pour un homme en place. » — Il aurait prêté à ce mot, si lui-même, comme on l’assure, il avait dit plus gaiement qu’il ne convient, en parlant de la confession générale qu’il fit alors et qui dura longtemps : « On n’est jamais plus riche que lorsqu’on déménage. » Toutefois, les impressions premières qu’il avait anciennement reçues dans l’Oratoire, la compagnie de la pieuse reine Marie Leczinska dont il était devenu le surintendant, et, on peut dire, l’ami, et qu’il comparait un peu magnifiquement à la grande reine Blanche, une certaine disposition affectueuse et plus sensible qu’on ne suppose, qui lui faisait rechercher les consolations au-delà de la vie, tout contribua, en définitive, à lui donner, dans son retour, une sincérité selon sa nature et digne de respect.
L’influence de M. de Chateaubriand (juge d’ailleurs assez équitable de Voltaire), celle de Mme de Staël, c’est-à-dire de Rousseau toujours, le réveil d’une philosophie spiritualiste et respectueuse pour la nature humaine, l’action aussi de la renaissance religieuse qui atteignait au moins les imaginations quand ce n’était pas les cœurs, l’influence littéraire enfin qui soufflait tantôt de la patrie de Goethe et de Schiller, tantôt de celle de Shakespeare, de Walter Scott et de Byron, ces diverses causes générales avaient fort agi sur plusieurs d’entre nous, jusque dans nos premières lectures de Voltaire. […] Chacun de ses rayons dans sa substance pure Porte en soi les couleurs dont se peint la nature ; Et, confondus ensemble, ils éclairent nos yeux, Ils animent le monde, ils emplissent les cieux… Ainsi cette excursion fort inutile de Voltaire dans les mathématiques, et qui allait devenir une fausse route, ne fut pas tout à fait perdue : elle lui servit du moins à composer cette belle épître2. — « Je suis bien malade, écrivait-il à Thieriot en août 1738, Newton et Mérope m’ont tué. » Ni l’un ni l’autre ne le tuèrent.
Ses malheurs pourraient intéresser à lui, ou du moins seraient de nature à désarmer la sévérité. […] Cette correspondance, telle que je viens de la lire et de l’examiner à sa vraie source, me paraît une des branches les plus précieuses de la correspondance du roi de Prusse, et de celles qui le font le mieux connaître dans l’intimité de sa nature.
» La vie, si longue qu’elle soit, est trop courte pour de telles natures. […] Et Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, dans je ne sais quelle épître de sa vieillesse, a trouvé ce vers qu’il adressait à la nature ou à la Providence : Laisse-moi vivre au moins par curiosité !
Les contemporains appelaient le marquis d’Argenson (pour le distinguer de son frère plus fin et plus poli) d’Argenson la bête : on conçoit, quand on a lu et vu le marquis en déshabillé avec toutes ses rudesses et ses grossièretés de nature, que des gens du monde, surtout sensibles à la forme, lui aient donné ce surnom-là ; mais il faut convenir que la bête avait de terribles instincts, et qu’elle devinait plus juste bien souvent que les soi-disant spirituels. […] Je dissimulerais mon impression si je ne disais que, tel qu’il se dessine dans ce premier volume de son Journal, d’Argenson paraît plus ambitieux qu’on ne le jugerait d’après l’ensemble de sa carrière, et qu’il s’y montre aussi moins bonhomme, plus brutal et plus désagréable de nature qu’on ne se le figurait d’après ses écrits jusqu’ici publiés et tous plus ou moins arrangés ou morcelés à dessein.
Le triomphe si bien ménagé de M. de Harlay en cette circonstance achève de nous le montrer dans tout son beau, j’allais dire dans tout son plein ; et, après tant de témoignages déjà produits, je ne saurais mieux le définir encore qu’avec les excellentes paroles de d’Olivet, qui cette fois (chose unique dans sa vie de grammairien et d’écrivain correct) a eu un ou deux traits de pinceau : « Personne ne reçut de la nature un plus merveilleux talent pour l’éloquence. […] Feuillet lui répondit qu’il n’en savait rien, mais que depuis peu il avait dit sur ce sujet à Monsieur (et l’on sait de quelle nature étaient les mœurs de ce prince) qu’il n’avait point besoin de confesseur en menant la vie qu’il mène à la Cour, et qu’il lui conseillait d’épargner les 6,000 livres qu’il donne à son confesseur qui ne sert qu’à le tromper, et qu’il valait bien mieux pour lui de les donner aux pauvres, afin de fléchir pour leurs prières la miséricorde de Dieu sur sa personne : après quoi, si Jésus-Christ lui donnait quelque sentiment de pénitence pour se convertir, il choisirait lui-même un homme de bien pour régler ses mœurs et la conduite de sa vie. — Ce discours, que la plupart des gens prendraient pour quelque chose de bien grave et de bien sérieux, parut à M. de Paris si agréable et si divertissant qu’il fut plus d’un bon demi-quart d’heure à en rire de tout son cœur. » 54.
J’ai en ce moment présent à la pensée plus d’un exemple de chaque genre de recherche et de chaque nature de résultats. […] Montaigne aimait et admirait fort son père, « l’âme la plus charitable et la plus populaire qu’il eût connue. » Mais lui, il n’est point tel ni débonnaire de nature et d’humeur à ce degré ; il n’est point disposé à être, comme son père, perpétuellement agité et tourmenté des affaires de tous ; il confesse ne pouvoir le suivre et l’égaler en cela ; il n’est pas homme à se jeter à tout moment, comme un Curtius, dans le gouffre du bien public.
Coulmann a une nature morale assez riche, et c’est assurément un homme d’esprit ; mais son pinceau est mou ; on voit bien qu’au collège il se plaisait à lire en allemand les romans d’Auguste Lafontaine auxquels il avait collé un titre d’ Histoire romaine pour mieux tromper le maître d’étude. […] Cette nature vaillante, franche, hardiment spirituelle, se produit avec avantage dans les lettres d’elle qu’il publie.
On peut juger de l’étonnement et de l’irritation chez une nature vive et susceptible. […] Mais la volonté absolue, qui allait se briser contre la nature du Nord, n’aimait pas qu’on lui représentât ce qui en était, ni qu’on l’avertît trop de ce qui contrariait ses desseins.
Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire. […] Quand on ne connaît les gens, surtout ceux de sensibilité et d’imagination, qu’à partir d’un certain âge, et durant la seconde moitié de leur vie, on est loin de les connaître du tout comme les avait faits la nature : les doux tournent à l’aigre, les tendres deviennent bourrus ; on n’y comprendrait plus rien si l’on n’avait pas le premier souvenir.
Il est des douleurs tellement irrémédiables à la fois et fécondes, que, malgré la fragilité de notre nature et le démenti de l’expérience, nous nous obstinons à les concevoir éternelles ; faibles, inconstants, médiocres nous-mêmes, nous vouons héroïquement au sacrifice les êtres qui ont inspiré de grandes préférences et causé de grandes infortunes ; nous nous les imaginons comme fixés désormais sur cette terre dans la situation sublime où l’élan d’une noble passion les a portés. — Mais nous n’en étions qu’au départ de Rome. […] Le changement qui nous est sensible chez Mlle de Liron, à mesure que nous lisons mieux dans son cœur et que sa bonne santé s’altère, n’est pas plus difficile à concevoir que tant de changements à nous connus, développés dans des natures de femmes par une rapide invasion de l’amour.
Toute la nature et tous les livres lui fournissent des comparaisons, des images, des agréments : il a une libre fantaisie qui se promène à travers le monde, ramassant toutes les curiosités et toutes les singularités, à la façon de Montaigne. […] Il imite souvent : soyez sûr que s’il imite, c’est qu’il a reconnu dans la nature l’objet que son modèle lui offrait, et que son imitation, tout spontanément, rectifiera le modèle littéraire sur la réalité vivante.
L’homme, non plus seulement ajouté à la nature, comme Bacon définissait l’art, mais l’absorbant et l’incorporant, dramatisant ses phénomènes et substituant ses actions à ses forces ; toute la mythologie hellénique est là. […] — « Je tremble, s’écrie-t-il en les voyant embrasser ces autels. » C’est une figure ingénuement humaine que celle de ce roi primitif : nullement tendu et tout d’une pièce, comme les monarques de nos tragédies, mais peint en pleine franchise de nature, avec ses irrésolutions respectables et sa bonté combattue par la prudence politique.
Ici, dans ces Œuvres, c’est l’homme au contraire qu’on saisit, c’est la nature et la qualité de l’esprit encore plus que celle du talent, c’est la personne morale. […] Ses lettres écrites aux Lameth, à cette date, indiquent assez en quel sens et de quelle nature pouvaient être les seuls conseils qu’il fût capable de donner1.
La nature l’avait faite très timide, et elle fut longtemps avant de se dégager de l’influence et de l’esprit des autres, avant d’être elle-même. […] Toutes les scènes où elle figure sont excellentes et prises sur nature : mais la première, dans laquelle elle arrache le secret à la jeune femme et l’excite à aller plus avant, passe toutes les autres.
L’auteur, comme toujours, pousse à l’effet, il force les couleurs, il fait grimacer les personnages qui interviennent, il badine hors de propos ; il se fait gai, vif, fringant et pimpant contre nature ; il dramatise, il symbolise. […] Quicherat, une Jeanne d’Arc exposée avec plus de tenue et de simplicité, et sur laquelle la critique pourtant sache garder assez de prise pour n’y guère rien laisser qui ne soit de nature à satisfaire les esprits à la fois généreux et judicieux.
Il continua de justifier les faveurs de la fortune en publiant, en 1572, les Œuvres morales de Plutarque, qu’il dédia à son élève et maître le roi Charles IX, par reconnaissance pour ses bienfaits, « et aussi, dit-il, pour témoigner à la postérité et à ceux qui n’ont pas cet heur de vous connoître familièrement, que Notre-Seigneur a mis en vous une singulière bonté de nature… ». […] De nos jours, on a imputé d’une part à Plutarque plus de rhétorique peut-être et d’artifice qu’il n’en a par nature, et de l’autre on a prêté à Amyot plus de naïveté et de bonhomie qu’il ne convient, et on a ainsi exagéré le désaccord.
Cette Notice, lue dans la dernière séance publique de l’Académie des inscriptions, a ramené l’attention sur un homme respectable et excellent, original de mœurs et de caractère, bon de nature, fin pourtant, rude et brusque d’accent et de ton, qui a eu, au début de l’Empire, le plus grand succès tragique d’alors (Les Templiers), qui, depuis, a créé toute une érudition (l’étude du provençal classique et de ce qui en dépend), l’a établie et organisée d’une manière féconde, et s’est véritablement illustré par ce vaste et sagace labeur. […] On souriait du bonhomme Raynouard, mais on sentait la nature énergique en lui, on le reconnaissait pour maître et on l’aimait.
Quand la nature a une fois doué quelqu’un de cette vivacité de tact et de cette susceptibilité d’impression, et que l’imagination créatrice ne s’y joint pas, ce quelqu’un est né critique, c’est-à-dire amateur et juge des créations des autres. […] Mais, là où il le trouve incomparable, c’est dans l’art de dessiner des caractères, et de donner à tous ses personnages un air de vérité : Quel génie a pénétré jamais plus profondément dans tous les caractères et dans toutes les passions de la nature humaine ?
Arnault est assez piquant lorsqu’il parle de Monsieur, et il nous le définit bien dans sa nature et sa portée d’esprit littéraire ; pourtant il abuse un peu du droit que lui donne la proscription dont l’honora plus tard son ancien maître, lorsqu’il dit d’un ton cavalier : « Monsieur, à tout prendre, était un garçon d’esprit, mais il le prouvait moins par des mots qui lui fussent propres que par l’emploi qu’il faisait des mots d’autrui. » Est-ce de ma part une excessive délicatesse ? […] Il avait pour lui ces avantages de la jeunesse et de la nature qui ne sont pas inutiles pour assurer à l’esprit toute sa valeur aux yeux du monde.
III Livre tout en style et tout en idées, qui, par sa nature, répugne au compte rendu de la Critique. […] S’il était moins chrétien, par le fait de la nature de son esprit il irait droit au paradoxe.
Jamais Bossuet n’a été plus tendre, plus persuasif, plus invitant à entrer, jamais plus facile et plus large dans l’explication d’une parole qui est un scandale pour la nature, jamais d’une expansion plus charitable, ni d’une plus belle et plus désirable catholicité de doctrine.
Gaston Paris, dans la Revue critique du 6 octobre 1866 ; il s’agit de ces découvertes à la fois imprévues et trop prévues, qui viennent satisfaire si agréablement à un vœu secret du lecteur ; le jeune et savant critique disait à ce propos : « Quand des documents, de quelque nature qu’ils soient, se présentant sans garanties absolues, sont justement ceux que, dans l’état de nos connaissances, nous aurions pu fabriquer ou que nous aurions simplement attendus, ces documents sont presque toujours faux.
Si par malheur vous comprenez peu et que vous n’aimiez guère la poésie ; si vous n’avez pas reçu de la nature le sens délicat de la mélodie, le goût exquis du chant, et que vous vous trouviez embarrassé pour apprécier directement le mérite d’un poète, écoutez-le une demi-heure parler en prose ; et si sa prose est molle, vide d’idées, sans éclat, sa poésie court grand risque d’être elle-même pauvre, pâle et chétive ; osez-le ranger impitoyablement parmi les versificateurs.
Mais ce pauvre diable de Joseph Delorme n’avait pas le choix des douleurs : ces nobles doléances ne lui allaient guère ; il n’aimait pas une dame polonaise, comme Adolphe ; il n’était pas pair du royaume, comme Byron ; il n’avait pas de château, d’aïeux en Bretagne comme René ; Werther était bien autrement philosophe que lui, bien plus avant que lui, plongé dans le sein de l’être et de la nature.
À cet égard, nos préférences seraient vaines ; d’avance la nature et l’histoire ont choisi pour nous ; c’est à nous de nous accommoder à elles, car il est sûr qu’elles ne s’accommoderont pas à nous.
. — Nature et importance de la substitution.
Oui, l’humanité dans son fond est abominable et féroce, et la nature n’a jamais connu la justice ; mais c’est bien long, Zola et c’est bien gros Des artistes abondants nous décrivent le monde ou les hommes avec un luxe de détails dont nous n’avons que faire ; car, nous aussi, nous savons regarder.
Par la nature de ses travaux, il semblait destiné à n’être connu que d’un groupe d’hommes assez restreint.
Il l’était de par sa nature élégante et hautaine, qui donnait tant de grâce fière au moindre de ses gestes, tant de finesse à son sourire, tant d’autorité à son beau regard lumineux.
Les plus crottés étaient admis comme « plus nature ».
Pour nous, qui connoissons & la nature de la planete dont il dirige les mouvemens, & les besoins de la République dont il est le Dictateur, bien loin de blâmer sa conduite, nous conviendrons qu’elle est plus sage qu’on ne l’imagine.
Il traite tout avec le même enthousiasme ; il est toujours dans la tribune aux harangues, toujours orateur, lors même qu’il ne devroit être que philosophe, qu’écrivain didactique, comme dans ses ouvrages sur la Morale, sur la Nature des dieux, sur les Préceptes de l’éloquence.
Et ainsi, attentifs à ne rien mutiler de ce qui vit autour de nous et qui peut servir à notre vie propre, nous pourrons atteindre à une compréhension plus large et plus personnelle des choses, comme à un art plus plastique, plus directement modelé sur la nature vivante ; et après tant de courses vagabondes hors des frontières, tant d’excursions dans tous les domaines défendus, y compris ceux de la chimère et de la folie, nous pourrons enfin nous rasseoir chez nous et inaugurer un mouvement qui sera vraiment un retour à la tradition française comme à la réalité humaine. » C’est sur ces mots que nous voudrions finir.
Il a même rendu capables de se tuer ceux des animaux à qui la nature a voulu refuser des armes qui pussent faire des blessures mortelles à leurs semblables, il leur fournit avec industrie des armes artificielles qui blessent facilement à mort.
La nature n’a pas voulu, dit Quintilien, que rien de considerable fut achevé en peu de temps.
Dans les contes et fables de cette nature, les griefs des animaux contre lui sont énumérés soit de façon acrimonieuse, soit d’une manière plaisante, mais toujours en grande abondance et on est obligé de reconnaître que le portrait est exact et justifie la pointe du fabuliste français que le plus pervers des animaux : Ce n’est point le serpent, c’est l’homme109.
Semblable à tous les esprits qui n’ont pas une assez ferme et assez complète possession d’eux-mêmes, l’auteur de la Religion progressive va de préférence aux natures qui lui ressemblent.
Il semble que Tacite, fatigué des émotions douloureuses et profondes que lui a données l’indignation du crime et le spectacle de la cour d’un tyran, cherche, pour écarter ces images, à se reposer sur les sentiments les plus doux de la nature : c’est la sensibilité d’un grand homme qui tout à la fois vous attendrit et vous élève.
Sans sortir du point de vue littéraire, j’ai pu faire cette remarque ; par exemple, lorsqu’on étudie Boileau et qu’on le compare avec ses frères, dont l’aîné et très aîné Gilles était déjà un satirique, et dont Jacques, celui qui ne précédait Nicolas que d’un an, poussait l’humeur railleuse jusqu’à la charge et au grotesque : Nicolas, venu après ses deux frères, qui semblent deux ébauches de lui-même, l’une inachevée, l’autre exagérée, où s’essayait par avance la nature, en est plus nettement défini. […] Dans le cas présent, quoique le groupe dont il s’agit ne soit point direct par rapport à Mazarin, et qu’il s’éloigne même d’un degré en descendant, il n’est pas inutile pourtant pour mieux définir et circonscrire la nature originelle de ce cardinal-ministre et pour achever de le faire comprendre. […] — Messieurs de la Régence et des années qui ont suivi, nous en avons trop fait, et plus encore par genre et par bel air que par tempérament et par nature, et c’est ce qui tue ; nous ne sommes plus gaillards et drus d’humeur, comme l’était, par exemple, un Vivonne aux belles années de Louis XIV.
On voyait en lui une de ces natures trop chargées de l’électricité du temps, qui ont besoin que les commotions les soulagent sans cesse. […] Bergeret est taquiné, dans la vie, par ces mille piqûres que ressentent vivement les natures fines. […] On peut les étiqueter selon leur nature et d’après leurs effets. […] Malgré son pèlerinage à Lourdes et ses voyages aux eaux des Pyrénées, c’est aux environs de ce fleuve qu’il a le mieux connu la nature et les hommes. […] La nature semble se recueillir, attendre.
Est-ce que la nature a cessé d’en produire ? […] Qu’aura-t-il fait autre chose que ce que la nature inspire au malheureux ? […] La conservation personnelle n’est-elle pas la première des lois dans l’ordre de la nature ? […] La nature suivit l’ordre de l’âge ; Sentia mourut la première, et Pollutia la dernière. […] » Non ; mais en était-ce donc un si mince que d’en avoir fait, en dépit de la nature, un grand empereur, et cela pendant cinq années, presque la moitié de son règne ?
Il est juste de dire que malgré les défauts de toute nature dont ces sortes de pièces fourmillaient, on y trouvait cependant parfois des idées morales et des mots spirituels. […] Ses pièces sont comme une source de poésies de toute nature. […] Il savait, en peignant la nature sous ses plus riants aspects, l’embellir encore sans la déguiser. […] La nature lui avait donné en partage un talent des plus extraordinaires pour la poésie. […] La nature n’enfante pas coup sur coup des hommes comme Corneille et Racine.
Et par la pensée qui généralise ou spécifie, qui développe ou résume, qui choisit et coordonne, l’œuvre de la nature ou de la société, transformée, devient l’œuvre d’un homme. […] Mieux qu’aucun autre, il chante cette nature si spirituellement artificielle où les arbres ont l’air de figurer dans une forêt de féerie au théâtre du Châtelet, où les horizons se piquent de ressembler à des décors. […] C’est qu’on trouve un charme, en effet, À ce fantôme de nature. […] L’auteur de Kaïn est peut-être, de tous les inventeurs de ce temps, celui dont l’âme s’ouvre le plus largement à l’intelligence des vocations et des œuvres le plus opposées à sa propre nature. […] Et si la beauté de la femme ne parvient pas à étancher la soif d’idéal qui dévore Armand Silvestre, la nature extérieurement considérée ne l’apaise pas davantage.
» Autre peinture : celle-ci représente le lever et le coucher du soleil : « Tous les matins d’été, le tablier d’or aux reins, le soleil sert à la nature le divin cordial (le vin)… Sitôt que ce premier rayon alerte a sonné la diane du jour (un rayon qui sonne !) […] D’abord il est assez mauvais nageur, puisqu’il est sur le point de se noyer dans un verre de Médoc ; puis il est tour à tour sommelier servant à boire à la nature, tambour battant la diane sur les nuages, officier de cavalerie lançant un escadron, lazzarone dormant sur les cailloux pointus, et allumeur de réverbères accrochant à chaque feuille d’arbre une émeraude en guise de lanterne ! […] Les burgs démantelés, comparés à une scie, y ébrèchent le ciel de leur silhouette féodale , et la nature entière y fait la cabriole sur le tremplin de la phrase de cet écrivain paysagiste. […] Le pugilat catholique, auquel il se livre avec un si grand succès, n’est pas un rôle qu’il joue, mais un besoin qu’il satisfait et comme un dérivatif salutaire pour sa nature indomptée. […] Il y a toujours un dévouement absolu au fond de ces natures turbulentes.
Les observations pathologiques ne sont pas moins démonstratives… Alors que des lésions du cervelet, des couches optiques, des corps striés, enfin des masses médullaires blanches des lobes cérébraux ne déterminent d’ordinaire aucun trouble permanent et bien accentué des fonctions intellectuelles, les altérations étendues de la substance grise des circonvolutions ou les excitations morbides de cette substance engendrent nécessairement un affaiblissement ou une exaltation de ces fonctions, suivant la nature de l’altération et la période à laquelle elle est arrivée. […] On doit donc admettre que son action éveille partout des événements moraux d’espèce voisine ; et puisque d’ailleurs, même dans la protubérance et les lobes, la majeure partie de ces événements n’apparaît pas à la conscience, rien n’empêche que, dans la moelle, son action n’éveille aussi des événements moraux analogues à la sensation, situés, cette fois, non par accident, mais par nature, hors des prises de la conscience. — Il y aurait ainsi trois degrés dans la sensation. […] — Il est utile que tous les segments puissent collaborer, quel que soit le point inférieur, supérieur ou moyen, où l’irritation se rencontre ; pour cela, il faut qu’à chaque cellule aboutisse, outre le nerf afférent, un nerf efférent. — Une pareille esquisse est aussi écourtée que grossière ; néanmoins elle n’est pas une œuvre de fantaisie : c’est à peu près sur ce plan que la nature a travaillé pour dessiner les linéaments principaux de la moelle épinière et de ses trente et une paires de nerfs. […] La nature a tracé en lui tous les chemins qui peuvent être utiles ; parmi ces chemins, la pratique a aplani, achevé, abouché, isolé les plus utiles, et aujourd’hui le courant nerveux suit la voie que la nature jointe à la pratique lui a préparée.
Lundi 2 mars Avant de me lever, au petit jour, je réfléchissais dans mon lit, au sujet d’Henriette Maréchal, que si je continuais à faire du théâtre, je voudrais le balayer de tout le faux lyrisme des anciennes écoles, et remplacer ce lyrisme par la langue nature de la passion. […] Plus tard je suis devenu amoureux exclusif de la réalité et du d’après nature. […] Pour les Baux, pour Lamanon, pour ces endroits que j’appellerai de leur vrai nom, du nom de paysages historiques, et que dégrade et modifie, chaque jour, l’action meurtrière de la nature, ou la recherche de la pierre de construction par l’homme, comment ne s’est-il pas trouvé un préfet, un administrateur intelligent, qui ait songé à les faire reproduire dans une série de grandes photographies, et en faire un musée dans le chef-lieu du département ? […] Elles ont ces plantes à hautes tiges, avec leurs houppes à la façon de certains échassiers, et en leurs penchements et en leur langueur, quelque chose de séducteur, d’attractif des produits originaux excentriques, paradoxaux de la nature. […] Déjà à propos d’une note dans : Idées et sensations, d’une note prise l’hiver, d’après nature, dans le parc du comte d’Osmoy, où nous parlions de la lisière de ce parc, « toute gazouillante et rossignolante du sautillant bonsoir des oiseaux au soleil » il nous accusait d’avoir peuplé les bois de France de rossignols, au mois de janvier.
Ce fut dans les calmes jardins qui descendaient jusqu’à la rive du lac que ses yeux avides et attentifs firent connaissance avec la nature qu’elle devait tant aimer. […] Maupassant préférait les spectacles de la nature aux œuvres de l’art. […] Ce qu’il y a dans la nature de plus imperceptible et de plus fugitif, c’est ce qu’il s’acharne à fixer, mais cet acharnement même lui impose de bizarres façons d’écrire. […] Si Francis Poictevin a passionnément interrogé la nature, il a passionnément aussi scruté les œuvres de l’art. […] Tantôt il se montrait conseiller discret, tantôt censeur acerbe, mais je crois que le fond de sa nature était le mépris, un mépris plus ou moins dissimulé et nuancé, qu’il étendait peut-être bien jusqu’à soi-même.
C’est leur faute, suivant nous, bien plus que celle de la nature, qui n’a jamais manqué aux grandes époques de l’humanité ; alors les hommes de génie naissent en foule. […] J’ai montré Jacquemont sous quelques-uns des jours où brille l’originalité de sa nature, mais combien je suis loin d’avoir complété l’histoire de son caractère et de son esprit, la seule que j’aie voulu faire ! […] Je commence à me considérer comme un vieux vase, fragile par sa nature, mais endurci par le choc des accidents et habitué à tomber sans se briser. […] Jacquemont, qui était lui-même un médecin fort instruit, ne se fit aucune illusion sur la nature de la maladie qu’il avait rapportée de son dernier voyage, et sur le danger qu’il courait. […] Si je me rappelle bien, cher ami, nous nous sommes embrassés la dernière fois sans pleurer, et c’était mieux comme cela ; mais la première fois que nous nous embrasserons, nous laisserons nature faire à sa guise.
Une main invisible m’a conduit des montagnes du Vivarais au faîte des honneurs ; laissons-la faire, elle saura me conduire à un état honorable et tranquille ; et puis, pour mes menus plaisirs, je dois, selon l’ordre de la nature, être l’électeur de trois ou quatre papes, et revoir souvent cette partie du monde qui a été le berceau de tous les arts. […] Il y gagna l’estime et l’affection reconnaissante de Clément XIV, qui le traita avec autant de confiance qu’il était dans sa nature d’en accorder, et avec une distinction qui ressemblait à une amitié particulière.
Tel il sera toute sa vie : à l’affût des nouvelles, des particularités et personnalités, et y appliquant sa nature d’esprit ; railleur, franc-parleur, franc-jugeur ; avide des on dit qui courent, les redisant non sans les colorer de son humeur et sans les redoubler de son accent ; un anecdotier, comme La Fontaine était un fablier. […] Il a des idées qui semblent justes sur la nature et l’usage des remèdes.
Il se destinait donc et on le destinait, ainsi fait par goût et par nature, à devenir ministre. […] M. d’Argenson désirait depuis longtemps savoir avec précision vers quoi on le voulait diriger, afin de s’y préparer et de se rendre digne de l’emploi par l’étude approfondie et le travail : il était de cette nature d’esprits probes qui n’aiment à traiter et à raisonner des choses qu’après s’en être instruits à fond.
Mais ces matériaux, peut-on lui répondre, étaient tellement sous la main et de telle qualité, et si appropriés au dessein une fois conçu, ils étaient d’une nature si vive, si combustible, qu’ils donnaient terriblement envie sinon de bâtir une nouvelle maison, du moins de commencer par brûler l’ancienne. […] Examinant la nature des différents gouvernements et le dédain que professent les républicains pour celui d’Angleterre, le président de Longueil remarque que le gouvernement romain et celui des Anglais sont les seuls qui aient dû leurs succès et leur grandeur à leur constitution, tandis que les autres ont dû leur plus grande prospérité à ceux qui en ont tenu les rênes : Mais l’art d’attacher les hommes au régime qui les gouverne, et de le renforcer par leurs efforts, quoique souvent en sens contraire en apparence, n’a été le partage que de ces deux peuples.
Il se rend un compte exact de la manière dont il faut agir avec chaque espèce et chaque nature d’individus parmi les révoltés. […] Villars, de plus, ne méprise point son ennemi, si bas qu’il le voie d’apparence, et il apprécie Cavalier, ce paysan de vingt-deux ans à qui la nature a donné le génie et les qualités du commandement ; il n’hésite pas à conférer avec lui : « C’est un bonheur, dit-il, si je leur ôte un pareil homme. » On voit qu’il n’aurait pas hésité à en faire un de ses lieutenants dans les guerres.
» Il avait raison en un sens, il choisissait bien ses exemples ; mais il avait tort en ce qu’il confondait tous les âges et qu’il ne se figurait pas qu’il avait pu y avoir une belle jeunesse première, une saison d’efflorescence vigoureuse dans la mieux douée des races, se servant de la plus variée et de la plus euphonique des langues, et que sous des conditions uniques il en était sorti toute une poésie et un art primitif, plus voisin de la nature, et qui ne s’est vu qu’une fois : Homère, disait-il avec une sorte de naïveté contente de soi et de son temps et très commune alors, Homère aurait peut-être atteint à la perfection, s’il fût né dans le siècle d’Auguste ou dans le nôtre ; mais né dans des temps où l’art ne s’était point encore montré, n’étant guidé par aucunes règles, éclairé par aucun exemple, on lui doit tenir grand compte de son poème, tout monstrueux qu’il est. […] La nature s’essaie ainsi quelquefois avant de donner ses hommes.
S’il faut, outre cela, dire quelque chose de ses mœurs, le lieu d’où il est né, sa physionomie, ses paroles, ses gestes plus militaires qu’autrement, le font soupçonner d’être léger ; et néanmoins, soit par artifice qui a corrigé la nature, soit par vraie et naturelle inclination, il n’y a rien au monde si constant que lui, si attaché à une chose de laquelle il ne déprend jamais, quand il s’y est mis, qu’elle ne soit achevée, voire jusques au blâme véritable d’opiniâtreté. […] Il y eut là, vers l’année 1600, dans la nature aussi bien que dans les âmes, comme un immense et vigoureux printemps ; on avait un puissant besoin de réparation et de saine jouissance ; c’était le cri universel.
Cette doctrine suppose un grand fonds de confiance dans la nature humaine. […] Rapprochons Benjamin Constant de Chateaubriand ; rapprochons-les, non pour faire un vain parallèle, mais pour mieux voir clair dans leurs deux natures.
Viollet-Le-Duc, en étudiant de près la construction des édifices de cette époque, qu’il eut plus d’une fois à rebâtir à son tour, a très bien vu et démontré qu’il n’y avait pas à chercher si loin une explication dont la clef est dans la nature même des choses ; que cet art gothique s’était formé graduellement et avait été, pour ainsi dire, commandé par la nécessité, du moment qu’on ne s’arrêtait pas et que le progrès continuait. […] Celle qui voulut employer d’autres préparations (le fard) fit apporter les objets devant elle42 ; quelques-unes ne s’en soucient point, tant la nature leur a donné de beauté !
» On entrevoit quel genre de difficultés Jean-Bon rencontra en tout temps, difficultés inhérentes à la nature même des choses, mais qui depuis la fin de 1812 s’accroissaient à proportion des chances défavorables et sous la menace des événements. […] pour le groupe montagnard auquel il appartint, de faire en lui la part de l’exaltation et celle de l’honnêteté ; car Jean-Bon, pour parler sans rhétorique, m’a semblé, malgré ses erreurs, malgré son emportement révolutionnaire, constituer un bon Français et, en définitive, ce qu’on peut appeler un brave homme dans sa nature foncière, dans son intime et dernière forme.
Le tour d’esprit d’un Fontenelle n’est qu’à lui ; Diderot, non plus, n’imite personne : c’est tout une nature en action et en éruption. […] Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.
Deschanel est en grande partie la mienne : prétendre qu’un lecteur ne doit être, à l’égard des livres anciens ou nouveaux, que comme le convive pour le fruit qu’on lui offre et qu’il trouve bon ou mauvais, qu’il savoure ou qu’il rejette sans en connaître la nature ni la provenance, c’est trop nous traiter en gens paresseux et délicats. […] et que rien n’y ressemble moins que d’être toujours sur les épines comme aujourd’hui en lisant, que de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c’est le bon texte, s’il n’y a pas altération, si l’auteur qu’on goûte n’a pas pris cela ailleurs, s’il a copié la réalité ou s’il a inventé, s’il est bien original et comment, s’il a été fidèle à sa nature, à sa race… et mille autres questions qui gâtent le plaisir, engendrent le doute, vous font gratter votre front, vous obligent à monter à votre bibliothèque, à grimper aux plus hauts rayons, à remuer tous vos livres, à consulter, à compulser, à redevenir un travailleur et un ouvrier enfin, au lieu d’un voluptueux et d’un délicat qui respirait l’esprit des choses et n’en prenait que ce qu’il en faut pour s’y délecter et s’y complaire !
Les autres qualités qui élèvent au sublime sont des dons de la nature et de l’expérience. » « Je répondis que j’acceptais l’augure, et que je profiterais de ses leçons ; il m’embrassa une seconde fois, et je rentrai dans mon rang. » Il y rentrait pour en sortir bientôt par ses hauts faits8. […] Il savait qu’il n’est pas vrai que tous les hommes soient braves, ni que les braves eux-mêmes le soient toujours, que la valeur des troupes est journalière ; que les mêmes qui sont victorieux en attaquant seront battus si on les retient sur la défensive : il est perpétuellement en garde contre ces défaillances de la nature et ce qu’il appelle l’imbécillité du cœur.
Il aurait voulu l’être en réalité, sur un si lointain théâtre que ce fût, pour donner carrière à sa forte et libre nature sans gêne aucune, sans assujettissement ni subordination à la volonté ou à la dignité d’autrui. […] Il était de ces natures qui se révèlent selon les rencontres et se trouvent à la hauteur de toutes les situations données.
Mais, quelque estime que nous ayons pour les savants étrangers qui s’occupent de nous à ce degré et qui veulent bien entrer dans notre inventaire domestique, quelque reconnaissance que nous leur devions, c’est toujours pour nous une impression singulière de nous voir ainsi établis par eux sur une table de dissection, comme une nature morte, comme une langue morte. […] Qu’on regrette qu’il y ait eu interruption depuis deux cents ans déjà avec les sources premières du moyen âge et que la déviation ait été si profonde, je le comprends ; mais qu’on en fasse un crime à de jeunes hommes qui n’ont eu encore le temps que d’embrasser et d’épouser un seul ordre d’études, le plus noble de tous, et qui, la plupart, vont s’y consumer par trop de zèle et s’y dévorer, cela est souverainement injuste, et c’est méconnaître le rôle et la vocation assignés par la nature des choses et par la loi de l’histoire aux générations successives.
Magnin n’est pas du tout ainsi : à vouloir conclure ce qu’il est intimement et par nature d’après ses écrits, il serait difficile de le deviner, sinon que c’est un homme d’esprit, de fine et excellente littérature. […] Magnin, de cette nature des plus fidèles à elle-même et à ce qu’elle a une fois accepté ; il tient beaucoup en cela de ces personnages de la fin du xviiie siècle, qu’il connaît si bien, qu’il a pratiqués de bonne heure, et dont il a gardé plus d’une doctrine et plus d’un pli, tout en se séparant d’eux si complétement sur la question littéraire.
L’un croyait à une nature de choses, l’autre ne croira qu’à des circonstances. […] Combien n’en rencontre-t-on pas de tels au sein de cette parole généreuse, de cette nature enthousiaste et douée des hautes clartés !
« Voltaire l’avait, les anciens ne l’avaient pas. » Le style de son temps, du xviiie siècle, ne lui paraît pas l’unique dans la vraie beauté française : « Aujourd’hui le style a plus de fermeté, mais il a moins de grâce ; on s’exprime plus nettement et moins agréablement ; on articule trop distinctement, pour ainsi dire. » Il se souvient du xvie , du xviie siècle et de la Grèce ; il ajoute avec un sentiment attique des idiotismes : « Il y a, dans la langue française, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire. » Ce Gil Blas, que Fontanes lui citait, n’était son fait qu’à demi : « On peut dire des romans de Le Sage, qu’ils ont l’air d’avoir été écrits dans un café, par un joueur de dominos, en sortant de la comédie. » Il disait de La Harpe : « La facilité et l’abondance avec lesquelles La Harpe parle le langage de la critique lui donnent l’air habile, mais il l’est peu. » Il disait d’Anacharsis : « Anacharsis donne l’idée d’un beau livre et ne l’est pas. » Maintenant on voit, ce me semble, apparaître, se dresser dans sa hauteur et son peu d’alignement cette rare et originale nature. […] Je vais donc me faire une sphère un peu céleste et fort paisible, où tout me plaise et me rappelle, et de qui la capacité ainsi que la température se trouve exactement conforme à la nature et l’étendue de mon pauvre petit cerveau.
La témérité, la noirceur et l’ingratitude furent imputées à l’imagination d’un poëte, qui n’avait d’autre tort que d’avoir rêvé et peint plus beau que nature. […] Fénelon avait corrigé et achevé dans cette âme l’œuvre ébauchée par la nature d’un prince accompli.
La nature n’est admise qu’en toilette, humanisée, civilisée, dénaturée. […] Parlerai-je de l’éloquence religieuse énervée par la crainte de hasarder un mot vif ou un reproche blessant ; du sentiment de la nature entravé dans son expansion et peu à peu étouffé, parce qu’on daignait à peine entrevoir la campagne par les vitres d’un château et qu’il était de mauvais ton de nommer par leur nom veaux, vaches, couvée et villageois aussi ?
Ainsi, c’est Tristan et Isolde, la cause de votre antipathie, je comprends que cette œuvre puisse blesser et éloigner une pure nature de jeune fille. […] L’enjeu en est la nature de leur relation.
Qu’on se récrie tant qu’on voudra contre ce phénomène humiliant ; puisqu’il existe dans la nature humaine, le droit du poète est de le montrer. […] On ne le sent pas peint d’après nature, mais fabriqué, de pièces et de morceaux, d’après des pamphlets surannés.
L’acte précédent s’ouvrait par une cantate sur les tribus d’Israël ; celui-ci débute par un long soliloque de Claude à la nature et à Dieu. […] Son caractère éclate en traits vibrants de nature, dans la scène qu’elle fait à Octave pour lui arracher son secret.
Camille, le futur écrivain du Vieux Cordelier, est déjà tout entier dans cette brochure de La Lanterne pour la nature de talent et pour les drôleries. […] L’hyène était entrée dans le bercail, et, par le seul instinct de sa nature, elle avait tout étranglé.
La beauté de Mlle de La Vallière était d’une nature, d’une qualité tendre et exquise, sur laquelle il n’y a qu’une voix parmi les contemporains. […] Ce petit écrit, dans lequel deux ou trois traits au plus ne s’accorderaient pas entièrement avec l’idée classique qu’on se fait de Mme de La Vallière, lui a été attribué par la tradition la plus constante et lui a été compté dans l’estime de ses contemporains : « Il est certain, dit Mme de Caylus, que le style de la dévotion convenait mieux à son esprit que celui de la Cour, puisqu’elle a paru en avoir beaucoup de ce genre. » Mme de Montpellier dit également : « Elle est une fort bonne religieuse et passe présentement pour avoir beaucoup d’esprit : la grâce fait plus que la nature, et les effets de l’une lui ont été plus avantageux que ceux de l’autre. » Si Mme de La Vallière, à qui on avait refusé l’esprit du monde, passait pour en avoir beaucoup dans le genre de la dévotion, ce devait être en grande partie à cause de ce petit écrit qu’on avait lu et qu’on avait cru d’elle.
Celle qui s’appelait Mademoiselle par excellence ne pouvait se décider à cesser de l’être, et cela dura jusqu’au moment où la nature tant ajournée reprit ses droits et parla une fois pour toutes à son cœur. […] Il y a du pêle-mêle dans ses admirations : elle prise fort Corneille, elle fait jouer chez elle Le Tartuffe, mais elle reçoit aussi l’abbé Cotin : « J’aime les vers, de quelque nature qu’ils soient », dit-elle.
Je dois croire, à ce procédé, que les marques de ma tendresse vous touchent peu ; elle est cependant d’une nature à espérer un plus heureux sort. […] Si vous aimiez, vous comprendriez qu’étant rassurée sur votre état par des étrangers, il est encore une nature d’inquiétude qui doit me tourmenter ; mais, dès que vous me la faites avoir, vous ne la connaissez point.
La « représentation », comme telle, exprime surtout les relations de l’être vivant avec les autres objets, conséquemment le reflet de ces objets en lui ; la volition, le désir, le plaisir et la peine, en ce qu’ils ont de constitutif, expriment la nature même et le développement propre de l’être vivant. […] Bastian avec Leibnitz, un simple « miroir du monde » ; il mêle sa propre nature à celle des choses, il les informe et souvent les déforme, d’abord selon ses plaisirs ou ses peines, puis selon ses appétitions.
Et le Grec Athanasiadis est pris par Zola, pour un personnage crayonné d’après nature. […] Jeudi 20 octobre Zola est de sa nature contempteur de l’argent.
Seuls, les Shakespeare, plus faciles à compter, résistent à la prostitution du génie, parce que, redevenus pareils à la nature qu’ils représentent, ils offrent aux hommes moins une source d’imitation qu’une source d’art, un monde nouveau et second où l’on peut puiser sans honte et sans peur, éternellement. […] Je ne sais si je m’explique clairement ; le volume a pour titre : Album poétique ou la Nature et l’Homme et il a été publié à Cap-Haïtien par un magistrat de couleur, M.
Le dard de sa flèche ressemble un peu trop aux plumes dont elle est empennée… Polémiste par habitude et par situation plus que par la nature de son intelligence, c’est en vain qu’il a été rompu à ces luttes incessantes du journalisme qui donnent à l’esprit tant de fil et tant de trempe, et l’assouplissent et l’affermissent comme une épée dont on passerait la lame au feu. […] C’est un homme rond et bienveillant, une de ces natures sphériques qui ne sont pas un monde pourtant et qui ont été créées pour rouler, tant elles sont polies !
Pommier, dans cette vision du dernier jour et de l’Éternité, Jésus-Christ, qui, par sa double nature d’homme et de Dieu, est de plein droit l’arbitre agréable et agréé du genre humain entre son Père et nous, Jésus-Christ n’apparaît pas assez. […] Dieu veut, et soudain s’effectue La résurrection des morts, Et la nature restitue À chaque individu son corps.
Un talent précoce, incontestable, un travail opiniâtre et qui ne se fie pas à la seule nature, le culte des sérieuses traditions, un patriotisme ardent, une pureté de conscience inaltérable, et tout cela n’aboutissant qu’à une carrière manquée et à un douloureux avortement !
De jeunes esprits, nourris du Génie du Christianisme, tournés par leur nature et leur éducation aux sentiments religieux et aux croyances mystiques, avaient pensé, à la vue de tant d’événements mémorables, que les temps marqués étaient accomplis et que l’avenir allait enfin se dérouler selon leurs vœux.
Mais, toute souffrante qu’elle est incontestablement, tout exposée qu’on la voit aux fléaux de la nature et à l’incurie de ses guides, cette pauvre humanité ne paraît pas empressée de courir à l’un plutôt qu’à l’autre de ces paradis terrestres qu’on lui propose.
Après tout, M. de Bernard, en se livrant vers cette fin au terrible à la mode, a pu se dire qu’il avait, dans les trois autres quarts du roman, payé assez largement sa dette à l’observation fine et franche, à la vérité amusante des mœurs, à cette nature humaine d’aujourd’hui, vivement rendue dans ses sentiments tendres ou factices, ses élégances et ses ridicules, ses affectations naïves ou impertinentes ; car il a fait de tout cela dans Gerfaut, et bon nombre de ces pages, de ces conversations et de ces scènes scintillantes ou gaies, entraînantes ou subtiles, et parfois simplement plaisantes, auraient pu être écrites par un Beaumarchais romancier, ou même par un Regnard.
On ne verra plus rien de pareil en France avec un gouvernement d’une autre nature, de quelque manière qu’il soit combiné ; et il sera bien prouvé alors que ce qu’on appelait l’esprit français, la grâce française, n’était que l’effet immédiat et nécessaire des institutions et des mœurs monarchiques, telles qu’elles existaient en France depuis plusieurs siècles.
L’un des maîtres de l’humanisme français, Budé, enfermé dans son grec et sa philologie, donne déjà des exemples de prudence et d’abstention, que tous ses successeurs ne suivront pas : pendant tout le siècle on rencontrera des natures réfractaires à la spécialisation, ou qui mêleront toutes les passions du temps dans leur activité scientifique ; mais le mouvement se fait en sens contraire.
Une sorte d’aveuglement, habilement ménagé par la nature, vous présente l’existence comme une proie désirable, que vous aspirez à saisir.
Pour le groupe, pour la collectivité, de quelque nature qu’elle soit, ce fait de Bovarysme se réalise aussitôt qu’un certain nombre des individus qui le composent subit la fascination d’une coutume étrangère au lieu de subir la suggestion de la coutume propre à son groupe.
Le cœur humain est comme la terre ; on peut semer, on peut planter, on peut bâtir ce qu’on veut à sa surface ; mais il n’en continuera pas moins à produire ses verdures, ses fleurs, ses fruits naturels ; mais jamais pioches ni sondes ne le troubleront à de certaines profondeurs ; mais, de même qu’elle sera toujours la terre, il sera toujours le cœur humain ; la base de l’art, comme elle de la nature.
À cela près de quelques changements de détail qui ne modifient en rien ni la donnée fondamentale de l’ouvrage, ni la nature des caractères, ni la valeur respective des passions, ni la marche des événements, ni même la distribution des scènes ou l’invention des épisodes, l’auteur donne au public, au mois d’août 1831, sa pièce telle qu’elle fut écrite au mois de juin 1829.
Peut-être aussi, comme le pensent quelques-uns, est-il dans la nature des choses que les études des anatomistes rencontrent toujours en ces matières une ou plusieurs inconnues, et cela même serait déjà un fait important à constater.
Or nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtuë de moeurs, de manieres, d’usages et d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon.
Le terrain y a si bien changé de nature que les boeufs et les vaches de ce païs sont plus grands qu’ailleurs, au lieu qu’autrefois ils étoient très-petits.
Comme le dit Ciceron, la nature a marqué à chaque passion, à chaque sentiment son expression sur le visage, son ton et son geste particulier et propre.
Imiter un auteur, c’est étudier ses procédés de style, l’originalité de ses expressions, ses images, son mouvement, la nature même de son génie et de sa sensibilité.
Les réfractaires de Jules Vallès n’appartiennent pas à la grande nature humaine.
Ce qui a entraîné Véron vers les idées toutes faites de sa brochure, c’est que les idées dont il ne voulait plus l’ont pris au mot ; c’est que le silence, cette belle chose qui semble facile et qui ne l’est pas, est impossible à certaines natures expansives.
En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure.
Cela suffirait seul pour justifier nos observations sur Erckmann-Chatrian, qui, de nature, n’est pas fait pour ce monde à part, surnaturel et clair-obscur, ou fantastique, et dont le talent n’a qu’au plein jour de la vie réelle et corpulente, sa force et son intensité.
Les arts et les plaisirs d’Athènes, un peuple facile, un caractère brillant, les grâces jointes à la valeur, la volupté mêlée quelquefois à l’héroïsme, de grands hommes populaires, des lois qui dirigeaient plus la nature qu’elles ne la forçaient, enfin des vertus douces et des vices même tempérés par l’agrément, devaient plaire bien davantage à un genre d’esprit qui ordonnait tout, et préférait la grâce à la force.
L’évêque, son successeur, nous a laissé, à la tête de ses éloges, une description charmante de ce lieu ; on y voit un homme enthousiaste des lettres et du repos, un historien qui a l’imagination d’un poète, un évêque nourri des doux mensonges de la mythologie païenne ; car il nous peint avec transport ses jardins baignés par les flots du lac, l’ombre et la fraîcheur de ses bois, ses coteaux, ses eaux jaillissantes, le silence profond et le calme de sa solitude ; une statue élevée dans ses jardins à la nature ; au-dedans, un salon où présidait Apollon avec sa lyre et les neuf Muses avec leurs attributs ; un autre où présidait Minerve ; sa bibliothèque, qui était sous la garde de Mercure ; ensuite l’appartement des trois Grâces, orné de colonnes doriques et de peintures les plus riantes ; au-dehors, l’étendue pure et transparente du lac, ses détours tortueux, ses rivages ornés d’oliviers et de lauriers ; et, dans l’éloignement, des villes, des promontoires, des coteaux en amphithéâtre, chargés de vignes ; et les hauteurs naissantes des Alpes, couvertes de bois et de pâturages, où l’œil voyait de loin errer des troupeaux.
Corollaire relatif aux mœurs héroïques De telles natures héroïques, animées de tels sentiments héroïques, durent créer et conserver des mœurs analogues à celles que nous allons esquisser.
Aimer Molière, c’est être assuré de ne pas aller donner dans l’admiration béate et sans limite pour une humanité qui s’idolâtre et qui oublie de quelle étoffe elle est faite, et qu’elle n’est toujours, quoi qu’elle fasse, que l’humaine et chétive nature. […] Il y a en lui une grâce, un tact des convenances, un ton délicat de bonne compagnie que pouvait seule atteindre une nature comme la sienne, qui, étant née belle par elle-même, a joui du commerce journalier des hommes les plus remarquables de son siècle. […] Plaute et Térence lui ont servi, bon gré, mal gré, et il a emprunté à l’antiquité plus d’un de ses procédés dramatiques ; mais une fois que son génie a pu déployer ses ailes, sûr de vaincre, il s’est écrié : « Laissons Plaute et Térence de côté, allons droit à la nature ! […] Une détermination de cette nature ne peut qu’honorer le spectacle national et tous les gens de lettres, qui se feront un devoir indispensable d’y contribuer. […] Les monstruosités de Shakespeare tiennent à son temps ; son génie tient à lui-même et à son respect de la nature.
la nature nourrit la betterave avec l’eau des nuages. […] La nature et les goûts de Jaurès le portaient certainement vers l’Allemagne, faisaient d’une entente franco-allemande la clef de voûte de sa politique. […] Mais l’élasticité de ces possibles survivait dans la plasticité de sa nature. […] L’un et l’autre impliquent en somme la même nature de passivité. […] Vidée de ses éléments je ne dis pas seulement traditionnels, mais traditionalistes, frappée dans sa nature d’héritage, dans la conscience et dans l’accumulation de sa durée, dans son épaisseur de mémoire, la France se sécherait comme une grappe vide.
Mais c’est surtout la lecture de l’ouvrage qui est de nature à faire impression. […] Quand même Papias ne nous apprendrait pas que Matthieu écrivit les sentences de Jésus dans leur langue originale, le naturel, l’ineffable vérité, le charme sans pareil des discours synoptiques, le tour profondément hébraïque de ces discours, les analogies qu’ils présentent avec les sentences des docteurs juifs du même temps, leur parfaite harmonie avec la nature de la Galilée, tous ces caractères, si on les rapproche de la gnose obscure, de la métaphysique contournée qui remplit les discours de Jean, parleraient assez haut. […] Une grande réserve était naturellement commandée en présence d’un document de cette nature.
Ce n’est point qu’elle nous donne l’émotion artistique des autres drames wagnériens ; Walther de Stolzing, Eva ne traduisent guère, par leur chant, la nature spéciale, assez légère, de leur amour ; sauf le poète Hans Sachs, tous les personnages agissent et se remuent plus qu’ils ne sentent ; même cette œuvre est trop symbolique ; elle est encore une féerie. […] Ici, nous verrons les forces de la nature, incarnées dans les dieux, dans les géants et dans les nains, lutter entre elles et, tour à tour victorieuses ou défaites, s’anéantir enfin au profit d’une autre force plus récemment surgie, au profit de l’homme triomphant. […] Un savant jeu de colonnes crée l’illusion que les chanteurs sont plus grands que nature.
L’art théâtral, cet art malade, cet art fini, ne peut trouver un allongement de son existence que par la transfusion, dans son vieil organisme, d’éléments neufs, et j’ai beau chercher, je ne vois ces éléments que dans une langue littéraire parlée et dans le rendu d’après nature des sentiments, — toute l’extrême réalité, selon moi, dont on peut doter le théâtre. […] Voici la route de Bellevue, et, sur cette route, nous rencontrons tenant par la main un joli enfant, la jeune fille, jeune femme aujourd’hui, que l’un de nous a eu, au moins pendant huit jours, la très sérieuse pensée d’épouser… et qui nous rappelle du vieux passé… Il y a des années qu’on ne s’est vu… On s’apprend les morts et les mariages… et l’on nous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Puis nous voilà dans la maison de santé du docteur Fleuri, causant avec Banville, et croisant dans notre promenade, le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… « … Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, au milieu de toute notre vie morte que le hasard ramène autour de nous et qui semble nous mener à une vie nouvelle, nous roulons, les oreilles et les yeux aux bruits et aux choses comme à des présages bons ou mauvais, et prêtant à la nature le sentiment de notre fièvre… En rentrant : rien. » Une semaine après, nous apprenions que notre pièce n’était ni reçue ni refusée, que Beaufort voyait un danger dans la mise à la scène de la petite presse… qu’il attendait. […] Mais, les qualités d’une humanité véritablement vraie, le théâtre les repousse par sa nature, par son factice, par son mensonge.
Ils n’admettent nulle sorte de vœux : on a même pourvu chez eux à ce qu’on n’y contractât jamais d’engagement de cette nature. […] Ces désordres sont de la nature de las porquerias que los padres, divisés entr’eux, se sont plus d’une fois reprochées. […] quiddités, horreur du vuide, formes substantielles, étudia la nature, en développa les causes & les effets. […] Pourquoi la nature n’auroit-elle pas répandu sur plusieurs ce qu’elle a pu réunir dans un seul » ? […] Le Tasse a suivi les règles d’Aristote ; l’Arioste n’a eu que la nature pour guide.
M. de Chateaubriand lui-même, malgré son âpre et forte nature, n’y est point parvenu. […] — Mais celui-là est d’une nature si délicate, que je ne sais trop comment le formuler : essayons pourtant. […] Ces deux excès, également conformes au secret penchant de la nature humaine, suivant qu’elle apporte aux lendemains de la lutte plus d’amertume ou plus de lassitude, je voudrais les éviter aujourd’hui en parlant de M. […] Caro nous raconte l’histoire, était d’une nature beaucoup plus éthérée, et il n’aimait à le partager avec personne. […] Le pauvre Saint-Martin, j’en suis sûr, ne s’en doutait pas, et s’en serait défendu comme d’un crime, lui, nature si aérienne, si ailée, si pure, si impalpable.
Après les premières stances, il n’insiste plus sur cette seconde beauté préférable ou encore enviable de la maturité ; il accorde que le Temps triomphe, et qu’il renverse les grâces fragiles comme il change et détruit tout ce qui se succède incessamment sur cette scène toujours renouvelée de la nature ou de l’histoire.
Dans cette innovation louable et de bonne nature, il était juste que la Faculté de Paris donnât le signal.
A celui qui ajournait la religion, l’auteur de ces lettres avait à faire sentir et à démontrer que la science est sans vie, l’industrie sans réhabilitation, les beaux-arts sans rôle social, si un lien sacré d’amour ne les enserre pour les féconder ; il avait à révéler l’influence puissante, bien qu’incomplète, du dogme chrétien et de la théologie sur la politique d’alors et sur les progrès de la société ; il avait à prouver qu’aujourd’hui que cette théologie est reconnue arriérée, s’abstenir d’y substituer celle qui seule comprend l’humanité, la nature et Dieu ; rejeter ce travail glorieux et saint à un temps plus ou moins éloigné sous prétexte que le siècle n’est pas mûr ; s’obstiner à demeurer philosophe, quand l’ère religieuse est déjà pressentie, se rapetisser orgueilleusement dans le rôle de disciples d’un Socrate nouveau, quand la mission d’apôtres devrait soulever déjà tous nos désirs ; — que faire ainsi, c’était se barrer du premier pas la carrière, se poser une borne au seuil de l’avenir, s’ôter toute vaste chance de progrès et être véritablement impie.
Elle badine volontiers sur les assassinats, se joue autour de la guillotine ; et les plus effroyables manifestations du mal physique, les pires cruautés de la nature mauvaise, incendie, inondations, tremblements de terre, catastrophes de toute espèce, lui sont matière à calembours et à coq-à-l’âne.
Ayant cherché Dieu dans la nature et ne l’ayant pas trouvé, il voulait que l’être humain se tint seul et debout, ayant son Dieu présent en lui : l’Honneur.
Seulement, on se fatiguera bientôt de ta chanson d’enfant, on la trouvera monotone et « par trop nature ».
Les personnages de la cour et leurs vicissitudes n’étaient pas de nature à y rappeler les esprits sages.
Non seulement ses Héros conservent en général les inclinations & les intérêts que l’Histoire leur attribue, mais encore chaque passion est approfondie dans ses sources, développée avec ses diverses nuances, manifestée par le langage qui lui est propre, sans s’écarter en rien de la Nature.
Elle prend ses lois dans la nature.
L’aggresseur de Balzac en avoit fait un pigmée, & son apologiste en fit un héros hors de nature.
Il peignit plus d’un personnage d’après nature.
On peut voir dans le troisiéme chapitre de l’onziéme livre de Quintilien, que par rapport à tout genre d’éloquence, les anciens avoient fait de profondes refléxions sur la nature de la voix humaine, et sur toutes les pratiques propres à la fortifier en l’exerçant.
Vous en verrez d’excellentes, chacune en leur genre, comme l’ode à la Fortune et l’ode à la Veuve, dont le caractère est absolument différent, quant aux idées, quant au style, quant à la nature même des stances et de la mesure ; et vous viendrez après cela nous tracer des règles.
ce n’est pas une loi de la nature et de notre misère qu’une grande gloire morte ait ses vers qu’elle engraisse de sa lumière comme les cadavres ont les leurs, et il est bien temps, pour l’honneur de l’esprit en France, que la critique enfin proteste contre toutes ces profanations !
Si l’on en considère les phases et si l’on se place en dehors de la question mère du Moyen Âge qui embrasse tout en Europe, depuis les Mamertines jusqu’à la Renaissance, pour ne voir seulement, comme Labutte, que rétablissement du grand Rollon et de ses fils sur nos rivages, cette histoire, par la nature des choses, relève bien plus de l’artiste que du penseur.
Ces lettres d’une religieuse qui n’a pas un remords, — qui n’a pas un scrupule, — qui, nous le répétons, ne parle pas une seule fois de Dieu dans sa chute, qui n’a pas même sur son front le signe de la Bête dont Dieu marque ses réprouvés, ce coup de marteau donné à l’arbre qui doit être coupé pour l’enfer ; — ces lettres à mignardises éplorées et à obscénités hypocrites sont apocryphes en nature humaine, et nous n’hésitons pas à le déclarer !
disent ses amis… Au xixe siècle, en l’an de grâce 1866, Dumas fils, qui lave, brosse et vernit ses moindres petits mots avant de les risquer dans la circulation, tutoie le printemps et la nature et leur parle comme si c’étaient des personnes !
« Les événements moraux — dit-il ailleurs — ne sont que des sensations transformées ou déformées. » Et, allant toujours : « Il n’y a plus aujourd’hui que le moi et la nature. » Certes !
Son livre, qui n’est, du reste, que le commencement d’une série de romans à publier sous ce titre : Les Chevaliers de l’Esprit, n’est point, comme on pourrait le croire, une œuvre d’art et de nature humaine désintéressée : c’est un livre d’apostolat et de propagande.
Ceci est le pain des forts et le triomphe du spiritualisme ; cruel comme la nature, ce tableau a tout le parfum de l’idéal.
Ceux qui ont reçu de la nature une âme forte, ceux qui ont le bonheur ou le malheur de sentir tout avec énergie, ceux qui admirent avec transport et qui s’indignent de même, ceux qui voient tous les objets de très haut, qui les mesurent avec rapidité et s’élancent ensuite ailleurs, qui s’occupent beaucoup plus de l’ensemble des choses que de leurs détails, ceux dont les idées naissent en foule, tombent et se précipitent les unes sur les autres, et qui veulent un genre d’éloquence fait pour leur manière de sentir et de voir, ceux-là sans doute ne seront pas contents de l’ouvrage de Pline ; ils y trouveront peut-être peu d’élévation, peu de chaleur, peu de rapidité, presqu’aucun de ces traits qui vont chercher l’âme et y laissent une impression forte et profonde ; mais aussi il y a des hommes dont l’imagination est douce et l’âme tranquille, qui sont plus sensibles à la grâce qu’à la force, qui veulent des mouvements légers et point de secousses, que l’esprit amuse, et qu’un sentiment trop vif fatigue ; ceux-là ne manqueront pas de porter un jugement différent.
Je ne parle pas de vingt autres causes qui la préparèrent ; mais je remarque que dès le premier siècle, la grandeur de l’empire, une puissance qui n’était limitée par rien, des fantaisies qui n’avaient de bornes que la puissance, des trésors qu’on ne pouvait parvenir à épuiser, même en abusant de tout, firent naître dans les princes je ne sais quel désir de l’extraordinaire qui fut une maladie de l’esprit autant que de l’âme, et qui voulait franchir en tout les bornes de la nature ; de là cette foule de figures colossales consacrées aux empereurs, la manie de Caligula de faire enlever de toutes les statues des dieux leur tête, pour y placer la sienne ; le palais d’or de Néron, où il avait englouti un quart de Rome, une partie des richesses du monde, et des campagnes, des forêts et des lacs ; la statue d’Adrien élevée sur un char attelé de quatre chevaux, et qui faite pour être placée au sommet d’un édifice, était d’une grandeur que nous avons peine à concevoir ; sa maison de campagne, dont les ruines seules aujourd’hui occupent dans leur circonférence plus de dix milles d’Italie, et où il avait fait imiter les situations, les bâtiments et les lieux les plus célèbres de l’univers ; enfin le palais de Dioclétien à Spalatro en Illyrie, édifice immense partagé par quatre rues, et dont chaque côté avait sept cents pieds de long.
À voir sous la cognée tomber ces grands arbres, avec des vacillements de blessés à mort, à voir là, où c’était un rideau de verdure, ce champ de pieux aigus, luisant blanc, cette herse sinistre, il vous monte de la haine au cœur pour ces Prussiens, qui sont cause de ces assassinats de la nature. […] » On sent chez cette vieille femme un sentiment manquant absolument à la population féminine parisienne m’entourant : l’attachement à la nature, aux arbres, à tout ce qui a été son berceau. […] La nature semble se complaire dans le contraste qu’affectionnent les romanciers pour leurs catastrophes intimes. […] Un morceau de nature qui se détache sur les couleurs crues du drapeau tricolore, flottant sur la barrière de bois, ainsi qu’un paysage, dessiné dans un métal en fusion, et me rappelant ce que je voyais dans une pelle rouge, quand tout gamin, j’y faisais fondre un morceau de plomb. […] On parle du bombardement, qu’on croit plutôt, dans le moment, de nature à agacer qu’à terrifier la population parisienne — cela contrairement à la pensée d’un journal allemand, trouvant que le moment psychologique du bombardement est arrivé.
J’ai bien souvent, donc, entendu Stéphane Mallarmé exprimer son sentiment sur l’œuvre de Wagner et en définir la nature et la portée. […] De quelle nature était cette ivresse ? […] Nous aimons à voir le décor de nature qu’ils ont eu sous les yeux, et à connaître les objets qui leur furent familiers. […] Il aimait les plaisirs de la société sans dédaigner ceux de la nature, la campagne presque autant que le théâtre. […] Mais les attraits vivants ne vous laissaient point insensible à celui que vous ressentiez pour les imitations peintes de la nature.
« Les Anciens ne se sont pas contentés de peindre simplement d’après nature, ils ont joint la passion à la vérité. » Fénelon, Lettre sur l’Éloquence. […] Dans le vrai pourtant, Médée, tout en cédant à ces fluctuations, ne s’en est pas ainsi rendu compte en moraliste, et Apollonius, plus voisin en cela de la nature, ne lui prête pas cette réflexion. […] Heureusement, chez nous autres Modernes (rendons-nous justice), tout cela a bien changé ; la terminaison se dissimule d’ordinaire, se recouvre d’hommages prolongés, et, chez les natures délicates, s’enveloppe d’un culte d’amitié et de souvenirs.
A travers le chimérique de l’action, le vague et l’exalté des caractères, on y peut relever quelques tableaux de nature qui rappelaient alors les touches encore récentes de Bernardin de Saint-Pierre, et qui supposaient le voisinage prochain de Chateaubriand et d’Oberman. […] Doué par la nature de l’organe le plus exquis des commentateurs, il l’avait encore armé d’une loupe grossissante qui ne se fixait plus décidément que sur les infiniment petits de la grammaire. « M. le chevalier Croft, écrivait de lui Nodier émancipé dans un article un peu railleur, peut se dire hautement l’Épicure de la syntaxe et le Leibnitz du rudiment ; il a trouvé l’atome, la monade grammaticale…. » Quand il s’appliquait à un classique, sous prétexte de l’éclaircir, il y piquait de tous points ses vrilles imperceptibles et petit à petit destructives, presque comme celles des insectes rongeurs particuliers aux bibliothèques. […] Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820.
Ce prince de l’Eglise qui lésine et triche au jeu n’est pas fait pour inspirer le respect, et certaines aventures de son passé ne sont pas de nature à lui donner l’ascendant qui lui manque. […] Donnez à vos romans une odeur d’hôpital ; Faites-en des charniers peuplés de bêtes fauves : Allez fouiller du nez dans toutes les alcôves ; Peignez-nous chaque ulcère et chaque exploit galant, Comme dit le critique, « en style truculent » ; Et pour féconder l’art dans ce nouveau domaine Traînez tout le fumier de la nature humaine. […] Or, dans la conception démocratique de l’univers, il y a rapprochement et comme fusion des espèces ; et l’homme, petit dieu terrestre, roi despotique du globe, rentre dans la nature hors de laquelle il se classait superbement.
Expliquer scientifiquement un phénomène, c’est, le rendre exprimable au moyen de trois quantités fondamentales, la longueur, le temps, la masse, dont on ne discute pas la nature. […] Nos procédés de synthèse intellectuelle sont donc des artifices d’analyse psychologique qui ne reproduisent nullement le processus réel de la nature et de la vie, c’est un symbolisme trompeur : nous prenons, comme l’a fait Wundt autrefois, le raisonnement, effet final, pour un principe ; nous expliquons les sensations par des raisonnements plus ou moins inconscients, au lieu d’expliquer le raisonnement même par le développement continu des sensations où la réflexion introduit des discontinuités artificielles. […] Ici encore, les psychologues confondent le procédé d’analyse des idées avec le processus de la nature.
La sensibilité de Gui Patin a été contestée : il en avait pourtant comme en ont ces natures fortes et ces vies sobres : il ne s’agit que de toucher en elles les vraies cordes. […] » et que c’est bien la marque d’un vigoureux et bon esprit de se sentir ému à en pleurer par la considération d’une perte de cette nature !
Il me semble que nous connaissons déjà Froissart, cette nature vive, mobile, curieuse, amusée, toute à l’impression du dehors, toute au phénomène. […] Cette édition est quelquefois de nature à en faire souhaiter une autre, mais aussi elle permet de l’attendre28.
Dès qu’on parle de Catinat, il y a à prendre garde : si le xviiie siècle, en le célébrant et en cherchant à préconiser en lui un de ses précurseurs, une des victimes du grand roi, a raisonné un peu à l’aveugle de ses talents militaires et les a exaltés académiquement, il ne faut pas tomber dans l’excès contraire ni trancher au détriment d’un homme qui eut ses jours brillants, dont l’expérience et la science étaient grandes, et dont le caractère moral soutenu, élevé, est devenu l’un des beaux exemplaires de la nature humaine. […] Je ne crains pas d’insister sur cette étude de Villars, parce qu’il me semble qu’en exprimant à fond, et à l’aide de ses propres paroles, sa brillante nature si décidée et si en dehors, je dépeins peut-être plus d’un homme en sa personne et plus d’un vaillant guerrier· 9.
Il avait ramassé dans les divers auteurs toutes les phrases qu’il jugeait applicables à sa propre nature et à son caractère. […] Ce coin de sa nature est essentiel ; il se marque dans beaucoup de ses notes érudites et dans le choix de plus d’un de ses sujets de publication.
Sa nature n’était pas de celles qui se guérissent par des conditions extérieures ; elle était trop marquée au fond et en elle-même d’un signe de désespoir, et ce désespoir le ressaisissait souvent sans cause : la bile noire reprenait le dessus. […] En définitive, le public y retrouve à peu près son compte. — Je ne finirai point sans citer de La Mennais une belle pensée admirablement exprimée ; car je n’ai en tout ceci aucun but de sévérité ni d’indulgence ; je ne tiens qu’à montrer l’homme d’après nature, et je voudrais avoir le temps d’extraire tout ce que j’ai noté de remarquable.
Il est rare, quand un homme possède un talent supérieur évident, qu’on n’en profite pas pour lui en dénier un autre ; cela est de la nature humaine et de tous les temps. […] L’ami et le correspondant auprès de qui il s’épanchait pendant sa crise morale de 1810, le baron Monnier, lui avait représenté fort sensément le vrai de sa situation, en la dégageant autant que possible des irritations toutes personnelles qui venaient s’y joindre : « … N’accusez cependant personne, lui avait-il dit, des désagréments que vous avez éprouvés : ils étaient inhérents aux circonstances de votre carrière, et il faut bien moins vous en prendre aux hommes qu’à la nature des choses.
Par sa naissance, par son éducation et sa première vie dans une province la plus fidèle de toutes à la tradition et à l’ordre ancien, par le genre de ses relations ecclésiastiques et royalistes dans le monde lorsqu’il s’y lança, par la nature de son scepticisme lorsqu’il fut atteint de ce mal, par la forme soumise et régulière de son retour à la foi, par tout ce qui constitue enfin les mœurs, l’habitude pratique, l’union de la personne et de la pensée, l’allure intérieure ou apparente, la qualité saine du langage et l’accent même de la voix, M. de La Mennais, à aucune époque, n’a trempé dans le siècle récent, ne s’y est fondu en aucun point ; il a demeuré jusqu’en ses écarts sur des portions plus éloignées du centre et moins entamées ; dans toute sa période de formation et de jeunesse pieuse ou rebelle, il a fait le grand tour, pour ainsi dire, de notre Babylone éphémère, et si plus tard il est entré dans l’enceinte, ç’a été avec un cri d’assaut, muni d’armes sacrées, se hâtant aux régions d’avenir et perçant ce qui s’offrait à l’encontre au fil de son inflexible esprit. […] Les systèmes mitoyens n’ont d’autre effet que de tourner contre lui tout ce qui dans l’État est doué de quelque action… Trouverait-on, quelle que soit d’ailleurs la nature de ses opinions, un homme, un seul homme qui veuille ce qui est, et ne veuille que ce qui est ?
M. d’Aumont, plus verbeux que personne, faisait plus de phrases ; mais, plus timide et plus sot, il n’était d’aucun avis ; son fils290 était un peu plus décidé pour qu’on cachât absolument au roi la nature de son mal, et M. de Bouillon voulait qu’on ne lui laissât rien ignorer. […] Son affaissement, le peu d’inquiétude qu’il témoignait, lui qui était l’homme du monde le plus douillet et le plus penaud, me paraissaient la preuve la plus décisive du danger de son état à ajouter au danger seul de la nature de sa maladie.
Si vous persistez dans vos interruptions, je serai obligé, monsieur Sainte-Beuve, de vous rappeler à l’ordre, « Vous soulevez, vous le voyez, des incidents qui sont de nature à troubler le calme habituel des délibérations du Sénat. […] Je trouve sur la même liste Jean-Jacques Rousseau pour ses Confessions, une œuvre de courage, où se mêle sans doute une veine de folie ou de misanthropie bizarre, mais production à jamais chère à la classe moyenne et au peuple, dont elle a osé représenter pour la première fois les misères, les durs commencements, les mœurs habituelles, les désirs et les rêves de bonheur, les joies simples, les promenades au sein de la nature, sans en séparer jamais l’espérance en Dieu ; car, à celui-là, vous ne lui refuserez pas, je le pense, de croire en Dieu, d’y croire à sa manière, qui.à l’heure qu’il est, est celle de bien des gens.
Et pourtant elle est encore au-delà de ce que la nature humaine peut porter. […] Le paysan est trop pauvre pour devenir entrepreneur de culture ; il n’a point de capital agricole640. « Le propriétaire qui veut faire valoir sa terre ne trouve pour la cultiver que des malheureux qui n’ont que leurs bras ; il est obligé de faire à ses frais toutes les avances de la culture, bestiaux, instruments et semences, d’avancer même à ce métayer de quoi le nourrir jusqu’à la première récolte. » — « À Vatan, par exemple, dans le Berry, presque tous les ans les métayers empruntent du pain au propriétaire, afin de pouvoir attendre la moisson. » — « Il est très rare d’en trouver qui ne s’endettent pas envers leur maître d’au moins cent livres par an. » Plusieurs fois, celui-ci leur propose de leur laisser toute la récolte, à condition qu’ils ne lui demanderont rien de toute l’année ; « ces misérables » ont refusé ; livrés à eux seuls, ils ne seraient pas sûrs de vivre En Limousin et en Angoumois, leur pauvreté est telle641, « qu’ils n’ont pas, déduction faite des charges qu’ils supportent, plus de vingt-cinq à trente livres à dépenser par an et par personne, je ne dis pas en argent, mais en comptant tout ce qu’ils consomment en nature sur ce qu’ils ont récolté.
Et voici les Burgraves : « l’histoire, la légende, le conte, la réalité, la nature, la famille, l’amour, des mœurs naïves, des physionomies sauvages, les princes, les soldats, les aventuriers, les rois, des patriarches comme dans la Bible, des chasseurs d’hommes comme dans Homère, des Titans comme dans Eschyle, tout s’offrait à la fois à l’imagination éblouie de l’auteur ». […] Lire toute la page, qui finit ainsi : « Ce serait le rire, ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la Providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand !
La Nature a lieu, on n’y ajoutera pas ; que des cités, les voies ferrées et plusieurs inventions formant notre matériel. […] La nature n’engendre le génie immédiat et complet, il répondrait au type de l’homme et ne serait aucun ; mais pratiquement, occultement touche d’un pouce indemne, et presque l’abolit, telle faculté, chez celui, à qui elle propose une munificence contraire : ce sont là des arts pieux ou de maternelles perpétrations conjurant une clairvoyance de critique et de juge exempte non de tendresse.
Nous ne nous abordâmes point de front ; nous ne fîmes qu’exposer, moi, la nature de mes doutes lui, le jugement qu’il devait en porter comme orthodoxe. fut extrêmement sévère et me déclara nettement 1ºqu’il n’était nullement question de tentations contre la foi, terme dont je m’étais servi dans ma lettre, par l’habitude que j’avais contractée de me conformer à la terminologie sulpicienne pour me faire entendre, mais bien d’une perte totale de la foi ; 2º que j’étais hors de l’Église ; 3º qu’en conséquence je ne pouvais approcher d’aucun sacrement, et qu’il ne m’engageait pas à pratiquer l’extérieur de la religion ; 4º que je ne pouvais sans mensonge continuer un jour de plus à paraître ecclésiastique, etc. […] Je pris pour mon partage cette vérité qui est le Dieu caché ; je me consacrai à sa recherche, renonçant pour elle à tout ce qui n’est que profane, à tout ce qui peut éloigner l’homme de la fin sainte et divine à laquelle l’appelle sa nature.
La nature n’avait rien fait, d’ailleurs, pour aider le jeune roi à surmonter cette éducation efféminée et sénile. […] Elle devint donc telle à peu près qu’il lui fallait être38 ; elle força sa nature, plus faite pour le gouvernement des petits cabinets et des menus plaisirs.
* * * — Rien n’est moins poétique que la nature et les choses naturelles. […] ” » Là-dessus il nous parle de Sœur Philomène, disant que seules ont de la valeur, les œuvres venant de l’étude de la nature, qu’il a un goût très médiocre pour la fantaisie pure, qu’il prend peu de plaisir aux jolis contes d’Hamilton ; qu’au reste, cet idéal dont on parle tant, il n’est pas bien sûr que les anciens s’en soient préoccupés, qu’il croit au contraire que leurs œuvres étaient des œuvres de réalité, — que peut-être seulement ils travaillaient d’après une réalité plus belle que la nôtre.
Mardi 11 février Le travail de la note d’après nature, de la saisie rapide et fiévreuse pendant toute une soirée, dans un cirque, de ces riens qui durent une seconde, me jette à la fin dans un état d’émotion étrange, avec dans la cervelle du vague exalté, dans le corps du remuement inquiet, dans les mains de petits tremblements nerveux. […] Dimanche 18 mai Cette fois, j’avais cru que la nature de mon livre, ma vieillesse même, désarmeraient la critique.
Shakespear, le créateur du Théâtre Anglois & Poëte par la seule inspiration de la nature, a toutes les qualités du génie. […] Nous ne peignons que nos idées & nos caprices ; ils peignent la nature.
Est-il souhaitable que de pareilles tentatives se multiplient, ou bien sont-elles condamnées, par la nature même de leur objet, à n’être que l’expression d’un art inférieur et médiocre ? […] Ils la connaissaient sous ses divers aspects, égalité de nature, égalité dans la souffrance et dans le mérite, égalité devant la mort, égalité dans la destinée immortelle, et, s’ils étaient tentés de l’oublier, un grand fait venait la leur rappeler, et c’était, aux mêmes fêtes chrétiennes qui les réunissaient, la participation de tous aux mêmes sacrements, la même dignité morale reconnue aux maîtres et aux serviteurs, aux riches et aux pauvres, égalité, en somme, la plus parfaite, puisqu’elle s’opère par la commune grandeur des hommes.
C’était un instinct de la grandeur sous toutes les formes, un goût pour les choses éclatantes, depuis les phénomènes de la nature jusqu’aux pompes de la puissance et de la richesse humaines ; c’était aussi ce ferme jugement, en contraste avec l’imagination éblouie, ce retour sévère et triste qui abat ce qu’elle avait d’abord admiré et se donne le spectacle de deux grandeurs également senties, celle du monument et celle de la ruine. […] On y verrait ce même art, ou plutôt cette création spontanée, cette création par le verbe du génie, sans matière préexistante, qui tire de soi la grandeur que les choses n’ont pas, en même temps que, d’instinct et sans hausser la voix, elle s’égale par la parole à tout ce qui est sublime dans la nature, ou dans l’homme.
Mais le mot est si bien dans sa nature, que, s’il ne l’a pas dit, il a dû le dire.
quand il m’arrivait d’entrer pas à pas en ces confidences pieusement domestiques, comme ma nature admiratrice et compréhensive se dilatait !
Les secours furent insuffisants et intempestifs ; des ordres contradictoires arrivèrent à la fois des deux petites cours rivales, et déconcertèrent les opérations commencées ; en deux conjonctures tristement mémorables, à Quiberon et à l’Ile-Dieu, de misérables scrupules de vanité empêchèrent d’adopter le genre de guerre qui convenait le mieux à la nature de la contrée et aux habitudes des paysans.
Parmi les hommes assez rares de cette nature, nous ne pouvons pas ne pas mentionner M.
Je sais que c’est une défense peu avantageuse à prendre que celle du Système de la nature et de cette faction d’holbachienne ; mais je ne veux soutenir d’Holbach ici que comme un homme d’esprit, éclairé quoique amateur, sachant beaucoup de faits de la science physique d’alors, n’ayant pas si mal lu Hobbes et Spinosa, maltraité de Voltaire, qui le trouvait un fort lourd écrivain et un fort ennuyeux métaphysicien, mais estimé de d’Alembert, de Diderot, et dont l’influence fut grande sur Condorcet et M. de Tracy.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde.
Mais ces exceptions mêmes prouvent ce que je dis : si ces rares natures se dispensent de l’ennui de la composition, c’est que, par un don singulier, elles conquièrent d’une seule vue, par une rapide intuition, ce que le vulgaire n’obtient que par la longue patience et l’attention laborieuse : c’est que leur plan s’est fait en un moment, et leur œuvre se développe selon un modèle idéal que leur imagination contemple.
Verhaeren : je confesse qu’il a une manière de nature et de tempérament.
Il éblouit sous ses mille faces et l’étude de cette seconde partie de l’opuscule, nous la dirigerons à fixer quelques traits de sa nature.
On croyait que la nature l’observait ; toutes les sources intermittentes passaient pour « sabbatiques 643. » C’était aussi le point sur lequel Jésus se plaisait le plus à défier ses adversaires 644.
On souriait avec dédain à l’idée qu’on pût se permettre de dire : qu’une poésie est bien châtiée ; qu’un souris est fin, qu’un souris est amer ; qu’un mauvais poète est un bâtard d’Apollon ; que les peintres sont des poètes muets ; que le soleil est l’époux de la nature.
Mais l’homme considéré comme ce qu’il est, c’est-à-dire comme être à deux natures, comme point de jonction entre la matière et l’esprit, entre le néant et la Divinité, change à l’instant d’aspect.
Je ne vous dirai pas que les têtes penchées sur les mains sont bien usées, tant qu’elles seront en nature on aura le droit de les employer dans l’art.
Le duel, reste de nos anciennes mœurs gauloises et de nos mœurs chevaleresques, qui servit quelquefois à redresser de véritables torts, qui nous sauva peut-être des atroces représailles du stylet, le duel se retirera peu-à-peu devant l’institution du jury, destinée par sa nature même à redresser tous les torts envers les particuliers comme envers la société, à laver toutes les taches de l’honneur le plus susceptible.
Les Philippiques de la Grange-Chancel35 I Voici une publication curieusement entreprise et de nature à faire trembler sur la destinée de toute gloire faite, en un tour de main, par les engoûments de haine ou d’amour d’une époque qui dispensent de tout, même de talent.
Est-ce là du sang-froid de nature, de la distraction ou de la frivolité ?
C’était un écrivain bien appris, je ne le nie pas, d’une certaine élégance brillantée plus que brillante, mais c’était intellectuellement une nature de rhéteur.
On a reproché à Lessing — et ici l’allemand revenait trop dans cette nature si peu allemande — de n’avoir pas eu assez profond le sentiment de Molière et de lui avoir (ô triple allemand, de cette fois !)
Saint Thomas d’Aquin, c’est la nature se faisant écho à elle-même, à travers les temps, recommençant un homme comme une création et remoulant un Aristote sur l’exemplaire qu’elle avait gardé du premier.
Il est naturellement affecté, et il ajoutait à la nature la théorie.
Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur.
Mais nous admettons cette forme vive pour ce qu’elle veut dire, et elle veut dire qu’on trouve l’expression quand on la cherche, l’expression, ce don gratuit de Dieu, et quand on ne l’a pas, de nature, qu’on peut très bien, ma foi !
C’est que cette plume, bonne pour la guerre et pour l’Histoire, pour l’histoire qui se fait ou pour l’histoire faite, n’est pas la plume du romancier, de l’homme de la nature humaine désintéressée, à l’observation suraiguë, à la grande bonhomie, à la rêverie poétique, qui est le fond indispensable du romancier.
À travers la fumée des usines et des locomotives, j’ai entrevu, pour les curiosités du savoir, quelques antiquités sur les bords de l’Ohio et sur le plateau mexicain ; pour les plaisirs de l’imagination, une poétique nature, la chute du Niagara, les palmiers des Tropiques. » Chateaubriand nous en avait donné quelque idée… N’importe !
La mort d’un homme juste est un objet sublime par lui-même ; mais si ce juste est opprimé, si l’erreur traîne la vérité au supplice, si la vertu souffre la peine du crime, si en mourant elle n’a pour elle-même que Dieu et quelques amis qui l’entourent, si cependant elle pardonne à la haine, si de l’enceinte obscure de la prison où elle meurt, ses regards se tournent avec tranquillité vers le ciel, si, prête à abandonner les hommes, elle emploie encore ses derniers moments à les instruire, si enfin, au moment où elle n’est plus, ce soit le crime qui l’a condamnée qui paraisse malheureux et non pas elle, alors je ne connais point d’objet plus grand dans la nature : et tel est le spectacle que nous présente Platon, en décrivant la mort de Socrate ; il y joint tous ces détails qui donnent de l’intérêt à une mort célèbre et qui en reçoivent à leur tour.
Il n’est que trop prouvé par l’histoire, que Théodose avait reçu de la nature un caractère violent.
Il n’est pas moins naturel qu’aux temps humains le droit devenu plus large et plus bienveillant, ne considère plus que ce qu’un juge impartial reconnaît être utile dans chaque cause (axiome 112) ; c’est alors qu’on peut l’appeler proprement le droit de la nature, fas naturæ, le droit de l’humanité raisonnable.
Le drame musical devenait ainsi une sorte de religion : aux plus sublimes révélations des mystères purificateurs il pouvait opposer les orgies les plus déchaînées des bacchanales ; il célébrait sous mille formes diverses la lutte de l’homme et contre les forces aveugles de la nature et contre son propre cœur. […] Le problème qu’il y sentait obscurément formulé revient souvent dans son œuvre et se posait au fond de sa propre nature, à la fois très sensuelle et très idéaliste. […] La vague conception des anciens âges est ici singulièrement ennoblie par une pensée où ont passé le souffle de la philosophie idéaliste et la flamme de la charité chrétienne ; mais elle est essentiellement la même, et elle répond à l’éternelle antinomie qui fait le fond de la nature humaine. […] Elle nous réconcilie avec notre destinée en nous montrant que cette destinée nous est imposée par notre nature et que nous en rêverions vainement une autre tant que nous garderons cette nature, dont nous ne pouvons nous défaire sans cesser d’être nous-mêmes. […] Il est dans la nature de la tradition populaire de substituer aux anciens noms les noms plus nouvellement célèbres et de confondre ce qui a quelque analogie.
Cette finesse voluptueuse et ce libertinage spirituel des Italiens allait admirablement bien à sa nature, beaucoup plus que toute autre inspiration. […] » avec une sorte de familiarité tragique que je serais bien en peine d’analyser et de définir, mais qu’on sentait qui était le naturel même, la nature même. — Je ne saurais dire à quel point Mlle Leconte a été exquise de grâce chaste, de fierté pudique, de douleur concentrée et ombrageuse. […] Il y a aussi une certaine obscurité, qui est d’une nature bien particulière. […] A travers sa stupéfaction, Mme Marèze, qui est une nature droite, d’abord rend pleine justice à Juliette ; ensuite lui donne un peu de son cœur ; et enfin elle finit par comprendre. […] Pierson s’est résignée, en vaillante artiste qu’elle est, à un rôle qui est le contraire même de sa nature, celui de l’acidulée, envieuse et vipérine Mme de Guingois.
En montant au-dessus de la montagne, à l’endroit de cette grande ouverture, on voit, par un soupirail qu’a formé la nature, l’eau dans le sein de la montagne, semblable à un lac dormant, qui n’a point de fond: car en jetant des pierres dedans, on entend le retentissement du son répercuté dans les concavités avec un fort grand bruit. […] Soixante années de bons services rendus à Votre Majesté et à ses prédécesseurs, et son extrême vieillesse, valent bien qu’on lui pardonne quelque faute ; toutefois, s’il en a fait de telle nature qu’elle exige punition, ôtez-lui sa charge, et laissez à la mort, qui est si proche de lui, à lui ôter la vie. » Le roi lui répondit: « Anâ kanum 18, duchesse, ma mère, son affaire est faite ; il vient de mourir. » Les femmes, dans tout l’Orient, surtout celles de qualité, ne s’étudient point à réprimer les passions, ce qui fait qu’elles en sont toujours agitées avec fureur. […] Leur conclusion fut que, comme ils voyaient que le prince aîné ne pouvait pas vouloir du bien aux grands, que c’était à eux une imprudence de lui en faire, particulièrement un bien de cette nature, qui le mettait en pouvoir de leur faire tout le mal qu’il lui plairait ; et dans cette conjoncture, le parti le plus assuré était de faire tomber leur élection sur le puîné, Hamzeh-Mirza ; que ce jeune prince promettait beaucoup et donnait pour l’avenir de grandes espérances pour la grandeur de l’empire des Perses, et pour le présent il leur donnait sujet à tous de s’attendre à un doux repos, puisque, étant incapable des affaires, il leur en laisserait le maniement un fort long temps, qui ne pouvait être moindre que de douze ou quinze ans. […] Il crut qu’il y allait de son devoir d’empêcher ce désordre autant qu’il pourrait ; et qu’encore qu’il n’eût pas de droit de parler en cette assemblée, il lui était permis de violer ce droit, qui n’était que de pure cérémonie, pour remettre dans le bon chemin ceux qui violaient une loi que la nature semblait avoir établie et que la religion favorisait.
L’âme tumultueuse de Ney y est démêlée et montrée avec une vérité saisissante, avec une connaissance supérieure de la nature humaine, au degré juste qui fait dire au spectateur charmé de l’évidence : C’est bien cela !
Or Swift avait été privé par la nature du principe de l’amour.
Combien de natures originellement riches et tendres se sont ainsi perverties, tout en continuant de plaire, et d’abuser les autres, et de s’abuser elles-mêmes !
Sainte-Beuve signale en ces termes son ancien article que nous allons reproduire : « Comme il m’est arrivé de parler bien des fois des mêmes hommes et que c’est par suite de ce commerce réitéré que je me hasarde ainsi à les juger en définitive, j’indiquerai encore quelques lignes de moi sur la nature de talent et d’esprit de M.
La vie d’un être, c’est le développement de sa nature vers l’accomplissement de sa destinée ; mais tous les êtres n’ont pas conscience de la fin pour laquelle ils ont été créés.
Si l’ouvrier littéraire ne s’aigrit pas en vieillissant et en grisonnant, c’est qu’il est bon de nature et un peu léger.
Les anciens sont plus forts en morale qu’en métaphysique ; l’étude des sciences exactes est nécessaire pour rectifier la métaphysique, tandis que la nature a placé dans le cœur de l’homme tout ce qui peut le conduire à la vertu.
La distinction de l’auteur et du déclamateur est un procédé imparfait, qui n’a d’autre raison d’exister que l’insuffisance de la nature humaine.
On sait les vers placés au-dessous de son portrait gravé par Vermeulen : Il fut le maître de Molière, Et la nature fut le sien.
Ils avaient à se défendre et, si porté que l’on fût à leur accorder des circonstances atténuantes, cette erreur judiciaire était de nature à les discréditer.
J’ai peint à la vérité d’après nature ; j’ai pris un trait d’un côté et un trait d’un autre, et de ces divers traits, qui pouvaient convenir à une même personne, j’en ai fait des peintures vraisemblables, cherchant moins à réjouir les lecteurs par la satire de quelqu’un, qu’à leur proposer des défauts à éviter et des modèles à suivre ».
Pourquoi donc envelopper d’une désignation vague et collective ces créations, qui, pour être toutes animées de la même âme, la vérité, n’en sont pas moins dissemblables et souvent contraires dans leurs formes, dans leurs éléments et dans leurs natures ?
C’en est fait ; la nature est bornée.
Sans croire, comme certains philosophes, que la nature partage également bien tous ses enfans, il est pourtant certain que c’est l’éducation qui met, entre un homme et un autre, l’énorme différence qui s’y trouve quelquefois : c’est d’ailleurs une opinion qu’on ne saurait trop répandre, parce qu’elle est le meilleur moyen d’encourager les réformes que l’on peut faire dans l’éducation, réformes sans lesquelles il est impossible de changer les fausses opinions et les mauvaises mœurs.
Il a été cependant goûté médiocrement par ceux qui n’aiment la morale, même la plus judicieuse, qu’autant qu’elle est animée par des peintures vives, par des portraits d’après nature, par les traits piquans d’une satyre délicate.
L’homme, en effet, qui entre autres choses du présent volume, a écrit la grande et simple et superbe étude sur Chateaubriand, dans laquelle je rencontre des passages aussi surprenants par la gravité forte que par la profondeur de la mélancolie n’est plus, et de nature première ne saurait être uniquement ce poète léger du Plaisir et de l’Amour qui commença par les sensualités du cœur pour finir par les sensualités de l’estomac.
On descend enfin, quelque jour, du zénith… Après ce livre des Deux Masques, je ne vois pas très bien ce que, sans se transformer, sans changer entièrement de nature, pourrait devenir maintenant le talent de son auteur.
Demogeot est une nature oratoire, électrique, émue, déchirant un sujet sous sa parole avec ces beaux mouvements de griffes et ces grâces de lion qu’ont parfois les hommes qui savent parler, mais ce que nous savons, c’est que dans sa chaire, s’il est tout cela, il ne l’est pas dans son livre.
La traduction des abbés Sisson et Crampon que nous avons sous les yeux n’est pas de nature à donner une idée très haute du style du docteur, si cette traduction est fidèle.
Pour qu’il soit dans la nature d’un homme, il faut combiner la réalité du point de vue que l’on embrasse et la force de volonté que l’on met à l’embrasser.
L’Histoire, qui répercute en détail la nature humaine et ses mystères, a montré souvent de ces races, fatalement prédestinées, chez lesquelles la transmission du mal s’accomplit, de génération en génération, avec une épouvantable exactitude.
I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico ; car, de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux, et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes.
Ils y resteraient toute l’éternité, si la mort, cette bibliothécaire turbulente, qui range si brusquement les livres et les hommes, ne les en ôtait pas… Seulement, par un caprice de cette spirituelle Nature, qui est plus gaie que Taillandier et qui ne travaille point pour la Revue des Deux-Mondes, cet érudit, ce Génevois, ce Sismondi aimait les femmes (oh !
Silvio Pellico29 [Le Pays, 6 août 1857] I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico, car de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes.
Parce que cette organisation appartenait au Moyen Âge, à une époque couchée dans la tombe, il n’a pas cru qu’elle en partageât la poussière ; il ne l’a pas cru finie, épuisée, impossible ; car une institution fondée sur la nature des choses doit échapper à la destinée de ces institutions ambulatoires que les siècles emportent avec eux.
Nature nerveuse et contemplative, si nerveuse, sous les placidités extérieures de la force, qu’il ne pouvait rester dans les ténèbres, et si contemplative, que jusqu’à plus de moitié de sa vie il porta à son insu la puissance de l’action dans le fond mystérieux de son être, comme il y portait aussi la puissance des passions charnelles qui éclatèrent si tard en lui et qui finirent par dégrader sa calme et grande physionomie.
et il associe ses bêtes à la souffrance de son âme, secret de nature surpris et que je ne blâme point encore.
Il a lu les Contes d’enfants et de la maison, les Forêts tudesques et les Légendes allemandes, et avec cette nature d’esprit qui le distingue et qui lui fait rencontrer parfois les unissons les plus heureux, il s’en est admirablement inspiré.
En Europe, aucune convention générale de cette nature n’a encore abouti ; mais, dans les traités entre nations, à l’exemple de l’Italie, la clause compromissoire, de plus en plus fréquente, est devenue presque d’usage.
« En attendant, je vivais en tout et partout inconnu à moi-même, ne me croyant aucune capacité pour quoi que ce fût au monde, ne me sentant de vocation décidée que pour cette mélancolie continuelle, ne goûtant ni paix ni repos, et ne sachant jamais bien ce que je désirais : j’obéissais aveuglément à ma nature sans la connaître ni l’étudier en rien. […] Mais ma nature austère, réservée, difficile, me rend, et, tant que je vivrai, me rendra peu propre à inspirer à d’autres ce sentiment qu’à mon tour je n’accorde pas sans une extrême difficulté. […] La plupart des seigneurs du pays et tous les étrangers qui avaient quelque naissance étaient reçus chez elle ; mais, plongé dans mes études et ma mélancolie, sauvage et fantasque de ma nature, et d’autant plus attentif à éviter toujours entre les femmes celles qui me paraissaient les plus aimables et les plus belles, je ne voulus pas, à mon premier voyage, me laisser présenter dans sa maison.
la loyauté est contre ta nature. […] Il arrive au camp un allié qui n’était guère attendu : c’est Genius, le chapelain de dame Nature. […] Dans sa confession à son chapelain, Nature explique à sa manière la création du monde, la formation le cours et l’harmonie des planètes, le préjugé qui rejette sur les constellations les fautes des hommes, la prédestination conciliée avec la liberté humaine, le tonnerre et les éclairs, les verres ardents, le télescope les songes les comètes.
Je suis une nature subjective… Oui, je vous dis ce que je sens. […] Un parfait honnête homme, mais avec toutes les illusions de l’honnête homme, et absolument garé des leçons sceptiques du jeu de la vie, et croyant presque les lois d’une Salente bonnes pour la France, et ne guérissant pas de cette crédulité ingénue par quatre années de législature… C’était un ancien capitaine d’artillerie, un peu sourd, brusquement cordial, appelant tout le monde mon camarade, puis encore un homme de la campagne, doué de tout le bon que la nature donne aux bons êtres, incapable de vouloir du mal à ses ennemis, et qui portait cette bonté ainsi que son courage, sans effort, presque sans mérite, comme faisant partie de son tempérament. […] Et nous allons religieusement émus dans ce passé tout présent, tout vivant encore en ces arbres, ces eaux, ces rochers, ces pavillons, cet opéra-comique de la nature, cette berquinade de la princesse et d’Hubert-Robert, marchant peut-être où elle a marché, et coudoyant des bourgeois irrespectueux, et où rien ne rappelle plus la royauté qu’une sentinelle ridicule, du haut d’un pont rustique, s’efforçant d’empêcher un cygne en fureur de battre les autres.
Cette loi d’effacement s’étend fort loin, car elle s’applique non seulement aux diverses apparences du même objet, mais encore aux divers objets de la même classe ; or tous les objets de la nature se groupent en classes. […] Elle a aussi peu conscience de son double personnage que deux personnes distinctes n’en ont de leurs natures respectives.
Or, c’est proprement la part de la Renaissance dans l’ouvrage de Rabelais ; ce sont toutes ces vérités générales sur l’homme, sur la société, et, comme dit Rabelais, sur l’état politique et sur la vie économique ; ce sont mille traits de lumière sur notre nature, qui jaillissent du milieu de cette ivresse, comme ce bon sens de hasard qui échappe aux gens pris de vin ; ce sont mille perles semées dans ce fumier, et dont trois siècles n’ont pas encore terni l’éclat. […] Nature.
Au lieu de s'amuser à faire le portrait de leurs Héros, ils sesont contentés de les peindre par leurs actions, de leur donner des caracteres puisés dans la Nature, d'en distinguer les nuances avec autant d'énergie que de vérité, de régler constamment leurs mouvemens & leurs discours, selon les passions & les intérêts qu'ils ont cru devoir leur attribuer pour le ressort & le développement du Poëme. […] La Passion ne fut jamais sententieuse ; la Nature sait s'expliquer sans emphase & sans détour.
Ici tout est de l’homme et à l’homme ; à peine un maladif arbre dans une crevasse d’asphalte, et ces façades lépreuses me parlent comme ne m’a jamais parlé la nature. […] Passionnée pour monter à cheval, pour conduire un panier, elle se trouve mal à la vue d’une goutte de sang, a la terreur enfantine du vendredi, du nombre treize, possède tout l’assemblage des superstitions et des faiblesses humaines et aimables chez une femme : faiblesses mêlées à d’originales coquetteries, celle du pied par exemple qu’elle a le plus petit du monde, et qu’elle porte toujours chaussé d’un soulier découvert à talon… Mal jugée et décriée par les femmes et les petites âmes qui ont l’horreur de la franchise d’une nature, elle est faite pour être aimée d’une amitié amoureuse par des contempteurs comme nous des âmes viles et hypocrites du monde.
Au collège quelques-uns des camarades de mon frère, en auraient mangé à belles dents, et ces camarades à la vilaine gueule, jaloux de sa jolie figure, ont tâché, plusieurs fois, de le défigurer, et cela sans qu’il y eût presque de rapport, de contact avec eux, mais par ce sentiment enragé des démocraties contre les aristocraties, de quelque nature qu’elles soient. […] * * * — Il y a, dans la lourdeur qui précède un orage, comme un évanouissement de l’homme et de la nature.
Si donc on veut de cette femme un ensemble, si on la tire du demi-jour des mémoires et du profil fuyant qu’elle y découpe, c’est apparemment dans un intérêt, sinon d’histoire, au moins d’imagination et de nature humaine ; c’est pour lui faire tomber la lumière d’aplomb et de face sur la tête et sur le visage, et il faut alors que le peintre crée, par sa peinture, l’intérêt que son modèle n’a pas ! […] … Dupe des cérémonies d’une précieuse qui n’en faisait pas toujours, il nous donne un portrait de la pure Mme de Hautefort, plus grand que nature, parce que ce portrait (comme celui de Mme de Chevreuse dans un genre différent) est privé du fonds historique qui le supporte et qui l’expliquerait.
Le fruit défendu a toujours du charme, mais il y avait encore autre chose : sa nature, dès lors, était double : « Les appétits de l’esprit ne se faisaient pas moins sentir en lui que ceux de l’imagination et des sens. » Il sortit des Pages avec un brevet d’officier.
Après l’intérieur de la ferme et le bal champêtre qu’un critique très-spirituel, dans la Revue des deux Mondes, a comparés à quelque tableau malicieux et tendre de Wilkie, on a, au retour, cette nature si fleurie et si odorante, sur laquelle la nuit jette ses ombres grandioses et que la lune éclaire avec beauté ; on a, dans ces solitudes suaves, un chant mélodieux de jeune homme qui arrive tout d’abord au cœur d’une amazone égarée comme Herminie.
« Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.
De telles recherches sont le complément naturel des premières ; elles importent essentiellement à la connaissance de notre histoire nationale… Les instructions que j’aurai l’honneur de vous adresser à ce sujet s’appliqueront, les unes, aux travaux à faire pour la découverte et la publication des manuscrits enfouis dans les Bibliothèques, Archives et Collections ; les autres, à un grand ensemble de recherches et d’études d’une nature différente sur les monuments d’arts en France, monuments bâtis ou monuments meubles, monuments religieux, militaires, civils, etc.
… Sans réflexion, sans calcul, poussé par sa nature et par l’esprit du temps, il s’est livré à ses séductions, dont il n’a pas vu le danger : c’est si facile, si doux, si distingué, de jouer avec les idées, de s’en caresser l’intelligence, d’en extraire l’essence, et, comme un riche répand sur ses mouchoirs un parfum dont le prix nourrirait des familles, d’en saupoudrer élégamment sa vie… Cependant, ces plaisirs s’émoussent comme toutes les ivresses : le Pharisien se fatigue à la fin des arcs-en-ciel qu’allument sur toutes choses les prismes de son esprit.
Et, dans la mesure où il est libre, il ne peut élire que des idées qui arrivent à lui un temps nécessairement longs après leurs conceptions, soit après que la nature des choses les avait suggérées à des penseurs, par conséquent au moment même où les choses qui n’ont garde de stagner imposent à des synthétistes plus récents des philosophies plus adéquates.
Son honorable cause n’était pas de nature à être comprise parle vulgaire ; elle n’était pas non plus de celles qu’on divulgue.
L’idéalisme répète sans cesse que tout ce que nous connaissons est par cela même dans notre conscience ; que les perceptions, sensations et autres choses semblables sont des faits de conscience ; que les phénomènes de la nature nous sont connus seulement sous forme de représentations, conséquemment comme processus psychiques ; en un mot, qu’on ne peut dépasser sa conscience.
Chaque détail sera réfléchi sous l’angle de son incidence, chaque moyen rendu par son action, et les effets même de l’œuvre considérés et goûtés à nouveau par un esprit qui saura non plus seulement les discerner mais les ressentir, seront figurés du même coup et mesurés dans la description de leur nature et de leur charme.
Ils la peignirent comme une de ces figures hideuses, dont le contraste avec la belle nature effraye tous ceux qui les examinent de près.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui que le règne de la lettre commence, comme nous l’avons déjà dit, il faut que l’opinion prenne un ascendant tel que ce soit elle qui dirige tout dans la société ; car la lettre, de sa nature, étant imployable, elle se briserait continuellement par l’effet même de l’expansion des idées.
Et je ne parle pas des faits — des faits oubliés — de la liaison avec Talleyrand, par exemple, des discussions avec Lewis, de l’intimité avec les Grey, et surtout du séjour de Byron à Coppet ; mais y est-elle saisie dans sa nature, surprise à travers les idées reçues, plus ou moins injustes sur elle ?
II Nature discrète et intérieure.
Mais le continuateur, qui vient après lui et reprend en sous-œuvre la création inachevée, doit faire taire en soi sa personnalité, cette personnalité toujours si vive dans les natures d’artistes, et entrer dans la pensée d’autrui avec assez de loyauté, d’intelligence et de profondeur pour y perdre entièrement la sienne.
Faire, de système et de réflexion, acte négatif de raison en histoire au lieu de faire acte positif de compréhension historique, chicaner le fait mystérieux qui est à l’origine de tout, en histoire aussi bien qu’en nature humaine et quand la chicane qu’on en fait est impuissante, le supprimer d’autorité et passer outre, — comme Thucydide a passé outre sur les temps barbares de la Grèce, — est-ce là réellement le dernier mot du génie humain dans une race, et du génie d’un homme qui, dans cette race, à un moment donné, écrit l’histoire ?
Et elle était bien due, cette exception, à l’auteur de L’Écossaise et des infamies du Pauvre Diable ; elle était bien due à Voltaire, la nature la plus scélérate qui fût parmi les scélérats qui se mettaient en troupe contre Fréron.
Ce reproche, qui s’applique sans nul doute à la guerre de la succession d’Espagne, montre combien la faculté politique est muette chez Weiss ; car c’est un fait maintenant acquis, et grâce à des travaux récents très complets, que sur cette question de la succession d’Espagne Louis XIV soutint la seule politique qui convînt à la nature des choses, au droit européen et à l’intérêt de la France.
Ce sont eux qui, à l’heure qu’il est, publient les œuvres de l’homme qui, de nature, leur ressemblait si peu, et paient son convoi (croient-ils) pour l’immortalité.
D’un autre côté, je connais trop aussi l’argile dont est fait le cœur dans la nature humaine pour que, moi qui crois si absolument à l’amour de Dieu, je puisse croire aussi absolument à l’amour qui n’est pas pour lui.
On verrait que l’illusion vient des perspectives de l’éloignement, de l’étrangeté des spectacles, de la différence de nature et de climat, de la magnificence physique, de tout ce qui peut, en passant, effleurer notre âme, mais ne pourrait pas l’entamer !
C’est très bien, très convenable, mais cela ne respire ni l’amour sacrilège, ni les affreux regrets des passions coupables, ni la rapide corruption du péché, ni la nature humaine outragée, rien enfin de ce que Shakespeare, par exemple, y aurait mis, si ce sujet d’Héloïse et d’Abélard était tombé dans ses terribles mains… Je te plains de tomber dans ses mains effroyables, Ma fille !
Auraient-ils, eux, ces libres penseurs, qui répètent, avec le calme stupide des bêtes devant la mort, le mot imbécilement oraculaire de Goethe : « La nature se moque bien de l’individualité humaine ; elle ne se préoccupe que de la conservation des espèces », auraient-ils, eux, s’ils étaient à sa place, une personnalité égale en soulèvements et en incompressibilité à celle de ce phtisique, qui voit sa vie tomber par morceaux autour de lui et qui ne se résigne pas une seule minute à mourir ?
On verra s’il peut y avoir quelque chose de commun entre le Rédempteur des hommes qui nous a relevé de la chute et ceux qui, repoussant l’idée de la chute comme une calomnie à la nature humaine, nient que le monde eût besoin d’être relevé ; entre Celui qui a dit : « Bienheureux ceux qui souffrent !
Quoiqu’il n’y soit pas question de race noire, il s’agit aussi d’y régler les rapports du civilisé et du sauvage et de transfigurer l’homme de la nature en homme social.
Au fond, cela pourrait bien n’être qu’un pamphlet, — un pamphlet à la portée de Rémusat, homme peu véhément de sa nature ; mais enfin l’Histoire y est, sous les arrangements et les ruses de la pensée, l’Histoire, avec l’intérêt poignant de ses événements, et malgré tous les efforts de l’historien pour en faire une impertinence.
Le Misanthrope de Molière, cette perfection du comique élevé, n’a eu besoin, pour être, que de la nature humaine surprise par un homme de génie dans ses contradictions, ses passions, ses travers et ses ridicules éternels.
Il applique la nature sur tous les maux comme un dictame, j’allais presque dire un emplâtre.
Cela ne doit pas le satisfaire absolument que la patience enflammée de l’imitation, je ne dis pas de sa manière mais de sa nature, puisse obtenir non pas une ressemblance, mais une identité.
Ce poète, ce grand seigneur, cet homme de cour, qui n’aima jamais que deux paysannes, deux filles tout près de la nature, rencontrées au bord des rivières et des bois : Simples glayeuls, à couleur arc-en-cine, et qu’il engrava en ses vers sous les noms, de Marie et de Cassandre, — car la troisième, qu’on y trouve aussi sous le nom de Synope, il n’est pas bien sûr qu’il l’ait aimée, — aima donc au-dessous de lui, comme les hommes vraiment grands, qui descendent presque toujours vers la femme qu’ils aiment, tandis que les petits veulent monter vers elle, — et il eut dans l’expression de son double amour une ampleur d’embrassement, un si vaste réchauffement de cœur, un emportement de geste si impérieux dans la caresse, que ses Sonnets et ses autres pièces intitulées : Amours, effacent par la passion, le mouvement et l’image, tout ce qui a jamais parlé d’amour.
Le Tigrane de Fabre n’est pas l’Ange ou le Saint que peut devenir le prêtre quand l’esprit de son sacerdoce a vaincu, en lui, la nature.
Cette différence dans la composition de ce qui n’est qu’un dialogue à ce qui est un livre — de ce qui n’est qu’une joute de morale entre deux interlocuteurs, et un feu roulant d’épigrammes littéraires dont le temps a émoussé la pointe ; d’anecdotes obscures et de commérages, à ce qui est l’histoire d’un siècle, liée autour d’un homme, — à ce qui est une question de société et de nature humaine, — cette différence doit produire mille autres conséquences différentes de celle-là qui est fondamentale, et elle n’a pas manqué de les produire.
C’était, de nature, un vrai poëte, une incontestable supériorité d’imagination, faite pour aller ravir l’inspiration aux plus grandes sources ; mais il n’est pas bon que l’homme soit seul, a dit le saint Livre, et Poe, ce Byron-Bohême, vécut seul toute sa vie et mourut comme il avait vécu, — ivre et seul !
Le capitaine Millon s’était lié intimement, dans les tranchées, avec son chef de bataillon, le capitaine P…, libre penseur et franc-maçon, d’une nature généreuse.
Mais des génies originaux, de puissants observateurs se sont mis à interroger et à sonder la nature ; ils ont laissé de côté les vieux livres et les explications creuses, ont considéré les faits en eux-mêmes et ont constaté les lois.
Raspail était allé passer ses années de bannissement en Belgique ; il y jouissait de l’espace retrouvé, de la nature, du soleil ; il y vivait à la campagne et s’amusait à rédiger un journal de médecine, une Revue où il parlait de tout à son gré, et dont il était le seul rédacteur.
Thiers l’a rêvé aussi, ce rôle idéal ; il s’en fait l’interprète pour tous, et de même que dans les chants du chœur antique, dans ces vœux, ces prières, ces conseils jetés au milieu de l’action sans la hâter ni la ralentir, le spectateur aimait à entendre le cri de la nature humaine et à reconnaître ses propres impressions, de même, en lisant l’historien, on éprouve une vive et continuelle jouissance à retrouver partout l’accent simple et vrai d’une émotion qu’on partage et à sentir un cœur d’homme palpiter sous ces attachants récits.
Il avait reçu de la nature, avec une volonté très forte, un don merveilleux d’observation, et, comme on dit aujourd’hui, de dédoublement.
Comprendrions-nous des séances solennelles et publiques occupées par les lectures suivantes : Sur la nature de la conjonction. — Sur la période allemande. — Sur Les mathématiciens grecs. — Sur la topographie de la bataille de Marathon. — Sur la plaine de Crissa. — Sur les centuries de Servius Tullius. — Sur les vignes de l’Attique. — Classification des prépositions. — Éclaircissement sur les mots difficiles d’Homère. — Commentaire sur le portrait de Thersite dans Homère, etc.
La nature des sons augmente ou affaiblit l’image, leur quantité la resserre ou l’étend.
Mais nos bons poëtes françois ont imité les anciens comme Horace et Virgile avoient imité les grecs, c’est-à-dire, en suivant comme les autres l’avoient fait le génie de la langue dans laquelle ils composoient, et en prenant comme eux la nature pour leur premier modele.
Son imagination grise et froide n’en reçoit ni la chaleur ni le reflet, et par la nature gourde de son esprit, comme dirait Montaigne, il est condamné au triste rôle d’écrire des gaités sans gaîté, le plus fatigant des esclavages !
que le naturaliste de la philosophie et de la nature.
Elles ont affaibli, amolli tout ce qui était fort avant elles, tout ce qui était primitif, familier, tout-puissant de nature et de simplicité !
Nature artiste, qui s’invente politique et croit l’être, et, pour ne pas manquer son coup, donne du plus haut qu’il peut à toutes les choses l’absolution du résultat.
Vous revoyez passer la figure déjà dessinée, les mêmes détails, entre lesquels il est bon de ne pas oublier la mort philosophique, sans confession, et le petit éloge de la femme de Marat, épousée devant le soleil et la nature, de cette femme dévouée dont l’Histoire n’aurait jamais parlé sans Michelet.
Carlyle alluma certainement le Michelet que nous avons maintenant, mais tout en l’allumant, — et trop, — il n’en changea pas la nature pour lui donner la sienne.
Par l’élévation de son âme et la nature des opinions politiques de son esprit, M.
La nature répugne à ces épouvantables phénomènes.
» C’est cette admiration pour l’Amérique, tempérée par un scepticisme dû à la nature un peu molle de l’esprit de l’auteur, qui donne au livre de Xavier Eyma ce caractère incertain et chancelant, lequel est, pour les esprits amoureux de netteté, la chose la plus antipathique.
Très conséquent, du reste, à sa nature inconséquente, la Correspondance nous le montre s’abusant le plus possible sur lui-même, voulant à toute force être passionné, et puis finissant par nous dire « qu’il n’a jamais eu que des opinions », ce qui, pour le coup, est la vérité !
Soury, c’est : « l’affection nerveuse, de nature d’abord congestive, puis inflammatoire !
Mais il ajoute : « C’est que la nature n’est qu’un écho de l’esprit, que l’idée est la mère du fait, et qu’elle façonne graduellement et nécessairement le monde à son image. » Et voilà l’étincelle, l’étincelle de l’hégelianisme le plus pur !
Il est bien évident, en effet, qu’il y a dans cette contemplation puissante des mérites inouïs de Vincent de Paul, de quoi assainir l’esprit d’un homme et l’élever aussi haut que, sa nature une fois donnée, cet esprit peut jamais monter.
Malheureusement (je l’ai dit déjà et c’est la seule critique qu’il y ait à faire dans ces Contes), tout n’y est pas de la même puissance, et j’y retrouve l’inégalité que j’avais indiquée déjà dans les premiers ouvrages de Hello, cette inégalité qui est dans la nature des hommes qui vont très haut, et qui retombent d’autant plus raide et plus bas qu’ils se sont élevés davantage.
avec sa nature poétique et plastique, avec ses facultés de coloriste débordant, Heredia a dû souffrir de s’être passé cette gourmette du mot à mot, humble et résigné.
car l’Humour, c’est la fantaisie même dans ce qu’elle a de plus libre et de plus capricieux, et c’est, de plus, la fantaisie malade, ajoutant au caprice de sa nature le caprice de sa maladie !
Cette espèce de phénomène très rare, j’ai tardé, pour ma part, à le signaler, tant je le croyais impossible, tant je croyais à un engourdissement momentané de facultés en cette puissante nature qui m’avait donné de si mâles plaisirs, et tant je répugnais à montrer, dans ce Samson tondu par je ne sais quelle main invisible, non pas une faiblesse relative après une force absolue, mais une faiblesse absolue arrivant à l’anéantissement de toute faculté.
Théodore de Banville a, de nature, l’imagination joyeuse.
Chose qui prouve l’étendue et la souplesse de ses facultés : foncièrement de nature classique, il n’en fut pas moins un romantique déterminé.
Du reste, au milieu de ces étranges nettetés, on trouve des inexpériences et des gaucheries de nature humaine qui indiquent dans M.
Oui, la facilité ; rien n’est facile comme le monstrueux, parce qu’il renverse les lois connues de la nature, et qu’il n’est jamais difficile de rêver le renversement d’une loi.
Ils luttent contre une oppression qui leur refuse le droit d’épanouir leur nature la plus complète.
Il fallait surtout que les hommes cessassent d’être esclaves ; car la nature a défendu aux esclaves de penser.
La nature, sans savoir pourquoi, avait amassé dans la nuit ces choses claires. […] Vouloir rapetisser la nature humaine, m’enlever, à moi, la suprême jouissance de la communion ! […] Nous autres, pour mieux montrer ce qu’il y a d’indécis et d’indéterminé dans la nature, nous négligeons de finir nos tableaux. […] Par devoir, le même Anglo-Saxon, pour se conformer aux vues de la nature qui le doua d’un robuste appétit, s’assied devant un confortable beefsteak. […] Il sait les affinités mystérieuses par où la nature éternelle répond à notre cœur fragile.
On aurait en vain parlé raison à ce public, on aurait en vain représenté à cet enthousiasme socialiste que la société ne doit à personne, et surtout à un enfant de dix-huit ans comme Chatterton, que le prix réel de ses services, et non le prix auquel il évalue ses rêves ; qu’il n’y a rien d’humiliant dans un emploi servile bien rétribué, quand cet emploi, qui est celui des dix-neuf vingtièmes de la population, est honorable ; que le cri de haine contre la société étayée ainsi est le cri d’un fou qui veut avoir raison contre la nature des choses, et que le suicide à dix-huit ans par impatience est l’acte d’un frénétique. […] Toutes les constitutions, toutes les déclamations, n’y changent rien ; nous changerons cent fois de gouvernement, nous ne changerons point de nature. […] Cette rencontre me révéla une nature d’homme qui m’était inconnue, et que le pays connaît mal et ne traite pas bien ; je la plaçai dès lors très haut dans mon estime.
Cette Société ne pouvait rester neutre dans une question de cette nature : aussi y a-t-elle pris part, mais de la manière qui convient à une compagnie savante. […] Voilà la vérité sur la nature de ces monuments ; cherchons-la maintenant dans ces monuments eux-mêmes. […] Mais, pour exprimer la nature entière, l’un n’est pas moins nécessaire que l’autre ; la pleine lumière est le jour d’Homère, l’ombre et les nuages sont le crépuscule d’Ossian.
La poésie est la langue naturelle du genre humain ; les premiers hommes furent, de par la nature, de sublimes poètes (Estetica, p. 31). […] Nous avons donc chaque fois un cas particulier, et c’est par d’insensibles nuances qu’on va depuis la création géniale, qui relègue les sources dans l’oubli, jusqu’au démarquage pur et simple d’un grand poète par un esprit qui lui est inférieur ou qui est d’une nature essentiellement différente. […] Tenons-nous en à ce simple fait, que la moindre nature morte suppose une convention ; devant ce bœuf à l’étal de Rembrandt ou devant ces pèches de Chardin, je sais que le peintre a voulu me donner, non de la viande, ni des fruits mûrs, mais quelque chose d’autre, par la forme et la couleur ; j’y consens ; tout est là. — Or, de tous les arts, c’est bien l’art dramatique qui implique le plus grand nombre de conventions, précisément parce qu’il se sert des moyens les plus matériels, les plus semblables à la nue réalité.
Pétrarque, en son langage, a fait sa seule affection approcher à la gloire de celui qui a représenté toutes les passions, coutumes, façons et natures de tous les hommes, qui est Homère. » Quel éloge de Pétrarque ! […] … » Il règne dans tout ce passage une éloquence vive et comme une expression d’après nature ; le mouvement de comparaison soudaine avec Orphée : « Combien en vois-je… » est d’une véritable beauté. — Mercure a donc mis dans tout son jour la vieille ligue qui existe entre Folie et Amour, bien que celui-ci n’en ait rien su jusqu’ici.
Telle est la nature humaine, que l’on considère d’un regard malveillant la récente fortune d’autrui. […] Mais il n’y en a qu’un depuis qu’on écrit les annales des peuples, et, en considérant la prodigieuse rencontre de facultés diverses que la nature et la société doivent faire concorder dans un même homme pour faire un Tacite, il n’est pas probable qu’il y en ait deux.
Dans l’Olive, où il compare toutes les beautés de sa maîtresse à celles de la nature, Charles Fontaine, l’un des poëtes attaqués dans l’Illustration, notait, sans trop exagérer, cinquante fois, en quatre feuilles de papier, ciel et cieux, armées et ramées, oiseaux et eaux, fontaines vives et leurs rives, bois et abois, et tout un vain travail de la mémoire, répétant sans cesse les mêmes mots, à la place de l’inspiration qui les renouvelle et les varie à l’infini. […] C’est à bâtir ce monstrueux édifice, qui devait crouler après lui, que Ronsard passa une assez longue vie, au milieu de la faveur universelle, richement doté, sauf la difficulté de toucher ses rentes dans ces temps de guerres civiles ; aime des princes, qui comparaient leur couronne à la sienne ; qualifié de prodige de la nature et de miroir de l’art ; admiré par Montaigne et consulté par le Tasse, qui lui lut les premiers chants de la Jérusalem délivrée ; respecté, dans ses vers, par les protestants qui l’attaquaient dans ses moeurs, et remercié officiellement par le pape, pour s’être donné la peine de leur répondre ; pour comble de fortune, mourant avant que Malherbe, qui avait alors trente ans, eût songé à être poète.
Pourtant les Grecs, race de théoriciens et de raisonneurs, comprirent, mieux peut-être que ne l’a fait depuis aucun peuple, la nature véritable de l’art musical. […] Wagner avait imaginé un festival qui devait avoir lieu dans la nature et non en ville.
Honnête sans effort, vertueuse sans mérite, la tentation n’a même pas de prise sur cette nature indécise et molle. […] On a ri souvent de la bonhomie de Ducis écrivant deux dénouements pour son Othello : l’un heureux et l’autre funeste, qu’il offre, dans sa préface, au choix du public et des directeurs de théâtre. « Pour satisfaire, — dit-il, — plusieurs de mes spectateurs qui ont trouvé, dans mon dénouement, le poids de la pitié et de la terreur excessif et trop pénible, j’ai profité de la disposition de ma pièce, qui me rendait ce changement très facile, pour substituer un dénouement heureux à celui qui les avait blessés, quoique le premier me paraisse toujours convenir beaucoup plus à la nature et à la moralité du sujet.
Partie de canot, où Daudet, crânement, renversé sur les avirons, et jetant à la rive des chansons de marin, fait plaisir à voir parmi la jolie ivresse, que lui verse la nature. […] Mais il n’est pas prouvé du tout que Hobbema, ait mieux peint la nature, que Théodore Rousseau.
La nature de M. […] Les paroles qui commencent son livre sont d’un calme encore plus grand que leur clarté ; « une nature, dit-il, également indifférente à Dieu et à Satan, explique seule les libertés, les servitudes, les partis, les guerres et les révolutions.
Car il était dans la nature de son talent de nous en donner beaucoup, de nous en donner indéfiniment ; la qualité de Victor Hugo étant, et je ne veux pas la diminuer, d’être un puits artésien de poésie, — un puits artésien intarissable, mais intarissable de la même eau. […] Il ne s’agissait pas de caprices, là, fussent-ils énormes ; il ne s’agissait pas de bucoliques et de madrigaux à charger un mulet d’Espagne ; il ne s’agissait pas d’amourettes posthumes, de libertinage d’impuissant dans une langue qui détonne sur tout cela ; il ne s’agissait pas, à force d’antithèses, de devenir l’antithèse de soi-même, et d’épique qu’on est de nature, de soldat et de prêtre qu’on est par la tournure de son esprit, de se faire bucolique, un pleutre pleurard d’humanitaire !
Bornons-nous à en définir la nature. […] Peu importe que ces effets ne suivent pas la même loi que ceux de la gravitation naturelle, qu’ils croissent proportionnellement à l’éloignement du centre, etc. : tout l’essentiel de la gravitation est là, puisque nous avons une action qui, émanant du centre, s’exerce sur les objets découpés dans le disque sans tenir compte de la matière interposée et produit sur tous, quelle que soit leur nature ou leur structure, un effet qui ne dépend que de leur masse et de leur distance.
Poète qui n’a été qu’un type éclatant de bien des âmes plus obscures de son âge, qui en a exprimé les essors et les chutes, les grandeurs et les misères, son nom ne mourra pas, Gardons-le particulièrement gravé, nous à qui il a laissé le soin de vieillir, et qui pouvions dire l’autre jour avec vérité en revenant de ses funérailles : « Notre jeunesse depuis des années était morte, mais nous venons de la mettre en terre avec lui. » Admirons, continuons d’aimer et d’honorer dans sa meilleure part l’âme profonde ou légère qu’il a exhalée dans ses chants ; mais tirons-en aussi cette conséquence de l’infirmité inhérente à notre être, et de ne nous enorgueillir jamais des dons que l’humaine nature a reçus.
En essayant du nom de Drouot, je ne me trompais pas ; toutefois la physionomie de Drouot a un caractère un peu plus personnel que ce que je cherchais, sa nature se complique de singularités assez marquées, et d’ailleurs il appartenait à une arme savante, spéciale.
Connaissant la nature des richesses littéraires que j’avais rapportées de mes différents voyages, il attachait la plus grande importance à leur prompte publication.
Béranger tient au terroir ; la nature qu’il peint à la dérobée et qu’il aime, ce sont nos cantons fleuris, notre joli paysage entrecoupé, des vignes, des bois, de petites maisons blanches, Passy, même Surène.
Il est donc à errer dans ce monde, à interroger tous les vents, toutes les étoiles, à se pencher du haut des cimes, à redemander le mot de la création au mugissement des grands fleuves ou des forêts échevelées ; il croit la nature meilleure pour cela que l’homme, et il trouve au monstrueux Océan une harmonie qui lui semble comme une lyre au prix de la voix des générations vivantes.
Régulièrement, durant tout le volume, on aura le récit des causes célèbres qui vont être jugées, des grandes exécutions qui vont faire éclat, et, entre deux petites histoires de la question ordinaire ou extraordinaire, on aura le délassement de ces horreurs, la conversation avec les dames, de galantes promenades en carrosse hors de la ville, quand le soleil d’automne le permet, non pas sans quelques excursions plus lointaines, à Vichy, par exemple, avec des descriptions de nature qui rappellent et égalent celles de madame de Motteville en face des Pyrénées.
La littérature du siècle de Louis XIV repose sur la littérature française du xvie et de la première moitié duxviie siècle ; elle y a pris naissance, y a germé et en est sortie ; c’est là qu’il faut se reporter si l’on veut approfondir sa nature, saisir sa continuité, et se faire une idée complète et naturelle de ses développements.
Avant de quitter Lucrèce, rendons hommage à l’actrice qui l’a si tragiquement réalisée : mademoiselle Georges, sans déroger à l’idéal effrayant, au diadème de bronze qui couronne ce rôle d’horreur, a trouvé des accents de nature, des cris de passion familière, la vérité dans la majesté.
Une jeune fille sentimentale, exaltée, élevée dans la pratique chrétienne et d’une nature un peu mystique, Claire, est aimée d’un jeune homme éloquent et enthousiaste qui a embrassé le saint-simonisme, et dont l’amour l’entraîne à sa secte sans la convaincre ; le malheur qui les frappe tous les deux semble à l’auteur provoquer une moralité favorable au christianisme.
Comment la réalité et la nature s’introduisent dans la poésie lyrique.
Il dédaigne les sentiments que suggère la simple nature.
Il est impossible d’hésiter sur la nature de cet amour, malgré la pudicité du style.
Et je n’arrive pas à donner une idée de ces prestigieuses aventures, plus grandes que nature où s’est complu le pur talent d’Élémir Bourges, et que tachent à peine, en fin de roman, de superflus dialogues d’un scepticisme facile.
Encore Maillard regrette-t-il que la présence de ces dames « plus étoffées en nature et en vêtement » ne permette pas d’en entasser davantage.
La nature de Jean était trop puissante et trop profonde pour qu’il pût se plier au ton impersonnel des premiers évangélistes.
Des femmes, le cœur plein de larmes et disposées par leurs fautes aux sentiments d’humilité, étaient plus près de son royaume que les natures médiocres, lesquelles ont souvent peu de mérite à n’avoir point failli.
Il ne se sentait « l’imagination ni assez vive ni assez riche » pour « les égaler dans la peinture des choses matérielles, dans la description de la nature et de l’homme ».
Lui, si doué de la nature, il ne s’y confie pourtant que jusqu’à un certain degré.
J’étais dans la salle à manger, le soir d’un de mes mercredis, causant et buvant avec deux ou trois amis… La nuit finissait, l’aurore se leva à travers les petits rideaux, mais une aurore d’un sinistre jour boréal… Alors tout à coup beaucoup de gens se mirent à courir en rond dans la salle à manger, saisissant les objets d’art, et les portant au-dessus de leurs têtes, cassés en deux morceaux, entre autres, je me souviens, mon petit Chinois de Saxe… Il y avait aux murs, dans mon rêve, des claymores, des claymores immenses ; furieux j’en détachai une et portai un grand coup à un vieillard de la ronde… Sur ce coup, il vint à ce vieillard une autre tête, et derrière lui deux jeunes gens qui le suivaient, changèrent aussi de têtes, et apparurent tous les trois avec ces grosses têtes ridicules en carton, que mettent les pitres dans les cirques… Et je sentis que j’étais dans une maison de fous et j’avais de grandes angoisses… Devant moi se dressait une espèce de box où étaient entassés un tas de gens qui avaient des morceaux de la figure tout verts… Et un individu, qui était avec moi, me poussait pour me faire entrer de force avec eux… Soudain je me trouvai dans un grand salon, tout peint et tout chatoyant de couleurs étranges, où se trouvaient quelques hommes en habit de drap d’or, avec sur la tête des bonnets pointus comme des princes du Caucase… De là je pénétrai dans un salon Louis XV, d’une grandeur énorme, décoré de gigantesques glaces dans des cadres rocaille, avec une rangée tout autour de statues de marbre plus grandes que nature et d’une blancheur extraordinaire… Alors, dans ce salon vide, sans avoir eu à mon entrée la vision de personne, je mettais ma bouche sur la bouche d’une femme, mariai ma langue à sa langue… Alors de ce seul contact, il me venait une jouissance infinie, une jouissance comme si toute mon âme me montait aux lèvres et était aspirée et bue par cette femme… une femme effacée et vague comme serait la vapeur d’une femme de Prud’hon.
Que l’émotion esthétique que donne une telle complainte soit d’une nature un peu spéciale, je le veux bien ; mais il ne faut pas la dire vulgaire, car, après tout, il s’agit ici du drame humain élémentaire et nu.
Le docteur Akakia se moque surtout de l’idée d’établir une ville latine, du beau projet de ne point payer les médecins, lorsqu’ils ne guérissent pas les malades ; de cette comète qui viendra voler notre lune, & porter ses attentats jusqu’au soleil ; de ces observations nouvelles sur la génération ; de l’âge de maturité qui est la mort, & non l’âge viril ; de la démonstration, par algèbre, de l’existence de dieu ; du moyen de connoître & de prédire sûrement l’avenir ; du conseil de dissequer des cervaux de géans hauts de onze pieds, & d’hommes velus portant queue, afin de sonder la nature de l’intelligence humaine .
Quelque intéressants que soient par eux-mêmes les faits que nous venons de rapporter, il est difficile d’en tirer une théorie générale, et c’est assez arbitrairement qu’on désigne des phénomènes si différents sous le nom général d’aphasie, à moins qu’on ne convienne que c’est là une étiquette purement arbitraire, qui sert à dénommer tous les troubles, de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent affecter les rapports du langage et de la pensée.
Quel nombre de temps les grecs et les romains mettoient-ils dans les mesures des chants, composez sur des paroles de quelque nature que ces chants-là pussent être ?
Ainsi l’homme qui veut exprimer distinctement sans parler, une autre chose qu’une affection, est obligé d’avoir recours à ces démonstrations et à ces gestes artificiels, qui ne tirent pas leur signification de la nature, mais bien de l’institution des hommes.
Ceux que l’impulsion de la nature aura forcé d’être poètes, sauront bien nous plaire malgré tous ces liens dont nous les avons chargés ; les autres auraient mauvaise grâce à se plaindre des entraves qu’on leur donne ; ils n’en marcheraient pas mieux quand ils auraient leurs membres libres.
Comme de savants géologues trouvent dans les productions fossiles, et dans les différentes couches de la terre, plusieurs âges de la nature, je trouvais plusieurs âges de civilisation dans les ruines de Rome.
Quand nous sommes éloignés de la patrie, nous nous rappelons toujours avec délices les jours où nous vivions sous les arbres qui ombragèrent notre berceau ; nous aimons à retracer à notre mémoire et la prairie et le ruisseau et la forêt qui étaient près du toit paternel : nous visitons mille contrées fameuses ; nous admirons les aspects les plus variés d’une nature tantôt belle, tantôt agreste et sauvage ; mais nulle part il ne sort de la terre que nous foulons sous nos pieds des souvenirs animés ; nulle part nous ne reconnaissons et le vent et la lumière et les ombres.
Une femme y périrait, tuée par le sujet même et aussi par sa nature de femme, qui l’empêchera toujours de peindre ce qu’elle ne peut pas éprouver.
Toutes les questions relatives au duel et qui le constituent : l’offense, l’appel, la nature des armes, les témoins et leurs devoirs, les différentes espèces de duels, les duels ordinaires et exceptionnels, sont examinées et discutées dans ce livre avec une compétence profonde.
Il l’est pour Corneille, par exemple, quand Corneille, avec tout son génie, outre la nature humaine et échoue dans le déclamatoire.
Mais s’il n’est pas apte, de nature, à traduire Shakespeare, Guizot l’historien, qui a fait sa fortune par l’histoire, est apte au moins à nous écrire une Vie de Shakespeare, — une Vie de Shakespeare comme il nous a écrit une Vie de Washington, car il y a des hommes si grands que leur vie seule, leur simple biographie est de l’histoire dans le sens le plus majestueux du mot.
Dans une pareille nature, il est inextinguible.
dans ce pays moitié soldat et moitié femme, là où la gloire et l’amour ont mis leur double rayon il y a fascination, éblouissement et sorcellerie ; mais l’honneur de l’Histoire est d’être impassible, et d’ailleurs l’amour de Charles pour Agnès n’était pas de si noble nature qu’il pût justifier son prestige.
Nature particulière de climat, de production et de situation ; influence de ces agents physiques sur les habitants qui viennent successivement s’y fixer ; importance des révolutions intérieures qui agitèrent ces populations ; part immense qu’elles prirent aux événements qui se déroulèrent dans l’Espagne et dans les Gaules… » Et, plus loin, il ajoute encore : « Si les champs catalauniques furent, au temps d’Attila, selon la belle expression de Jornandès : l’aire où venaient se broyer les nations, les Pyrénées, au contraire, furent la retraite bienfaisante où les débris de ces mêmes nations abritèrent leurs pénates et leurs croyances… Lorsque le mouvement torrentiel des diverses races a fini de s’agiter à leur base, l’historien retrouve dans leurs vallées l’Ibère, le Gaulois et le Cantabre, avec leurs forces primitives, leurs fueros, leur farouche liberté.
affirme l’excellence de la nature humaine, qui pense que toute direction morale comme tout gouvernement politique est un abus, et que l’adoration de l’homme par l’homme, ou de la femme par la femme, et la satisfaction de tous les besoins, n’importe à quel prix !
Blaze de Bury, ce lettré compétent à tant de choses, mais qui, de nature, répugne aux classements et aux catégories, a certainement autant de talent que beaucoup d’écrivains de ce temps qui font plus de tapage que lui.
» ayant assez d’esprit, quoiqu’il n’en ait pas immensément, pour savoir que le principe de la contradiction est si fort dans la nature humaine que quand on lui dit de ne pas faire une chose, elle la fait toujours !
Ce livre, qui n’est qu’un recueil de maximes, d’aperçus et de pensées de Gœthe, empruntés à ses œuvres complètes, donne une idée plus nette et plus riche de lui que les Entretiens d’Eckermann, et on le conçoit bien, pour peu qu’on se rappelle la nature spéciale de son esprit.
C’est un druide « qui soutient le libre arbitre de la vieille doctrine gauloise et bretonne, tout au moins de l’école de Lérins, qui sape l’ascétisme par la réhabilitation de la nature et tend à transformer Jésus-Christ en initiateur… Mais — continue M.
Et celle-ci est soumise naturellement aux conditions de sa nature ; les glaces n’ont pas d’opinion et les miroirs sont impassibles.
Nous sommes pour la liberté de cœur. » — « Nous estimons par-dessus tout — dit-il ailleurs — les natures dévouées qui s’oublient dès qu’elles aiment, et qui paieraient de leur honneur et de leur paradis les joies de l’amant. » Parmi toutes les passions que Vacquerie respecte et couronne, il n’y en a qu’une seule qu’il ne comprend pas plus que les passions de la tragédie de Racine : c’est la passion de la décence, de la chasteté et du devoir !
Il était un dandy d’attitude, de diaphragme, de nature, parce qu’on est dandy comme on est gentilhomme.
qu’après des affirmations de cette nature, un homme sensé ne discute plus.
Même après l’avoir lu, je n’ai assurément aucun doute sur la foi et la piété de celui qui vient de l’écrire, mais je me dis que les milieux pèsent beaucoup sur les natures oratoires qui s’inspirent ou se déconcertent sous l’influence du visage des hommes, et le R.
La Chute admise, le Progrès ne serait plus ï Les enfants verraient cela… Seulement, pour rendre son soufflet à l’histoire, il fallait rester dans la philosophie, nous donner, d’après la nature de l’homme et l’étude de ses instincts et de Ses facultés, la preuve philosophique de l’impossibilité radicale, humaine, de la chuté.
À l’optimisme de sa nature s’ajoute, du moins pour l’expression de sa pensée, la modération d’un tempérament plus équilibré qu’énergique.
En faisant précéder le système qui viendra plus tard par une théodicée, l’abbé Gratry a suivi la marche de la Nature et l’ordre des vérités prises en elles-mêmes.
Elles montrent trop — et fort inutilement — ses mille procédés de travail, et ces procédés de travail, bons comme toutes les méthodes qui sont relatives et personnelles, n’en sont pas moins chétifs et de nature à rabaisser l’idée qu’on a de son génie.
Voilà pourquoi la littérature et la librairie étant jointes par la nature des choses, la Critique, pour être complète, doit les embrasser toutes les deux.
La corruption du goût, qui naît des vices et des passions fortes, est différente de celle qui naît du défaut d’énergie, et de l’oisiveté qui s’amuse de tout ; l’une fait trop d’efforts, l’autre n’en fait pas assez : ainsi l’une exagère, l’autre affaiblit, et par là même peut-être le goût à Rome était plus près d’une décadence entière que dans la Grèce et dans l’Asie ; car celui qui ne va pas où il peut aller, est bien plus près de la nature que celui qui est emporté au-delà.
Soit que cette poésie des hymnes homériques célèbre les grands spectacles de la nature, soit qu’elle rappelle les traditions du culte mythologique, jamais rien de subtil, comme dans les hymnes savants de Proclus, ou dans les réminiscences tardives placées sous le nom d’Orphée.
C’était sa nature même, son génie. […] Qu’au surplus ces paysages, (dans la nature), étaient infiniment plus beaux que pour du Fénelon. […] Ils blessent par métier, par office, par nature. […] Par nature, par entraînement ; par habitude, par exercice ; par maintien, par cette contenance ; par désœuvrement, le pire de tout ; par attitude prise, gardée ; par une attitude de cœur. […] Ils se pardonnent d’avance, par nature, tout ce qu’ils se feront.
On s’y moque très spirituellement des vieilleries, et le « retour à la nature » n’y est qu’un jeu d’académie ou de salon. […] Et la grâce, plus forte que tous les autres dons de la nature, donne de l’agrément aux plus fastidieuses loquacités. […] Malheureusement la nature prodigue ses trésors en pure perte, lorsque sa beauté n’est point rehaussée par le sublime commentaire des poètes et des peintres. […] La vie, en ces terres où la nature aplatit l’humanité, se mêle perpétuellement à la mort, comme si l’homme, affligé des limites que lui impose la durée, aspirait sans cesse aux perspectives illimitées du repos éternel. […] Il a recours, pour apaiser son remords, à l’habituel sophisme des séducteurs de filles : « Après tout, ce bébé n’est peut-être pas de moi. » Pourtant, la nature est plus forte que tous les raisonnements : il veut que l’enfant vienne lui dire adieu, une dernière fois, à l’appontement du paquebot.