Or, le désaccord n’a cessé de s’aggraver entre l’écriture et la parole ; l’une est restée à peu près fixe, l’autre s’est modifiée assez profondément par le fatal affaiblissement des voyelles et l’assourdissement prévu des consonnes.
La publication de ce livre le forcera-t-elle à rester dans la nouvelle école et à s’y fixer définitivement ?
Sa maison est restée debout, mais il ne l’habite plus.
. — Toute l’histoire de la Russie, jusqu’à nos jours, explique suffisamment pourquoi, malgré la centralisation, elle devait longtemps rester réfractaire à l’égalitarisme occidental.
Son premier livre est beau et restera.
Resté seul, Paolo recommence pour la quatrième fois la thèse que nous avions la bonhomie de croire épuisée. […] Teresa, placée entre la crainte de découvrir à son mari la passion qui la dévore, et la perte de son amant, décide Arthur à rester, et à devenir son gendre. […] Resté seul, Alfred reçoit une lettre qui lui apprend qu’Angèle est dans la chambre voisine, qu’elle va mettre au jour un enfant, et qu’elle réclame le secours d’un médecin. […] Il vous restera beaucoup, si ce n’est tout, à faire avant d’aborder la scène. […] Soyez contents ou restez chez vous.
Dans le naufrage de son cerveau, il est resté une case intacte, la case du dessin. […] Il cause médecine, dit qu’en France un médecin est obligé de faire de la clientèle pour vivre, tandis qu’en Allemagne, le médecin a un traitement qui lui permet de rester à son laboratoire ; et laisse un professeur de pathologie tout à ses dissections et à ses travaux micrographiques. […] Mardi 24 juillet Je relis ici, à Champrosay, La Fiancée de Lammermoor, un roman resté dans mon souvenir des lectures de ma jeunesse.
Rochefort et Drumont eurent de l’entêtement, non de la volonté politique ; ce qui fit qu’ils restèrent dans la polémique et ne pénétrèrent point dans l’Etat. […] Ce qui restait se jeta avidement sur ce mouvement romantique, qui avait les apparences du génie et de la nouveauté, sans avoir la réalité du génie, qui est la supériorité et la clarté du jugement. […] Très bien, mais que reste-t-il de ses copieux romans et de ses burlesques drames, et qu’en restera-t-il dans vingt ans ? […] Il nous restera, il est vrai, les embêtements et deuils courants de l’existence. […] Elle s’est tellement manifestée en paroles et en écrits (officiellement, du moins) qu’il ne lui est plus resté de forces pour se manifester en actes.
Comment donc se fait-il qu’il ne soit rien ou presque rien resté d’eux ? […] Ils n’ont cependant ni seuls pensé, ni seuls écrit, ni seuls agi ; et, si l’on osait un moment supposer qu’ils n’eussent pas existé, on voit bien ce qui manquerait à la philosophie ou à la littérature du xviie siècle, mais il en resterait encore quelque chose. […] Dans les douze ou quinze volumes de Sermons qui nous restent de lui, il n’y en a pas un — je dis même ceux qu’il a prêchés sur la Fréquente Communion — auquel Port-Royal tout entier n’eût pu souscrire. […] Mais Voltaire, lui, pense, à l’égard de la « canaille », qu’elle restera toujours « canaille » ; et il n’y trouve pas de difficulté, ni d’inconvénient, ni même d’injustice, car, sans cela, demande-t-il, comment s’accomplirait le gros ouvrage de la société ? […] Et, à la ville enfin comme à la cour, c’étaient les jansénistes, les Desmares et les Singlin, les gens de Port-Royal, ceux du « parti », comme on disait alors, c’était l’honnête et doux Nicole, c’était Arnauld, c’était ce chrétien austère et passionné qui usait ce qui lui restait de forces à griffonner les fragments du livre des Pensées, c’était Pascal ; — et je ne nomme ici que les plus importants.
Combien longtemps, pour quiconque a réussi, ceux qui réussissent après lui ne restent-ils pas des intrus ! […] La dernière enfin, du rhéteur La Harpe, représentée en 1784, est la seule qui soit restée au théâtre. […] Celui-ci fut mandé à la cour après la mort de son père, et la pauvre Gillette, c’était le nom de la fille de Gérard, resta en Roussillon bien résolue de n’avoir jamais d’autre époux que Bertrand. […] Il se croyait précieux devant Dieu, soutenu par son bras, armé de sa puissance ; déchu de ce rang mystérieux où il s’était placé, il ne s’en connaît plus aucun sur la terre ; dépouillé de la force qu’il croyait son droit, il ne suppose pas qu’il lui en puisse rester aucune : aussi ne résiste-t-il à rien ; ce serait essayer ce qu’il suppose impossible : pour réveiller son énergie, il faut qu’un danger pressant, soudain, provoque, pour ainsi dire, à son insu, des facultés qu’il désavoue : attaqué dans sa vie, il se défend et meurt avec courage. […] Resterait donc seulement la supposition d’une première ébauche, perfectionnée ensuite par son auteur.
Votre affection ne restera pas sans récompense. […] Il est resté au-dessous, dans la comédie d’intrigue159, dans la peinture des grotesques160, dans la représentation des ridicules trop temporaires161 ou des vices trop généraux162.
Il ne lui restait d’autre parti à prendre que la fuite. […] « On ne peut refuser non plus de tenir compte de cette longue suite de temps et d’années, où, certes, un tel système, s’il était bon, ne serait pas resté inconnu.
De plus, ce processus n’étant pas indifférent, l’être animé s’aperçoit du processus, dont les divers moments restent à l’état d’échos dans son souvenir. […] Supprimez de la conscience toutes les représentations, tous les sentiments, tout le concret, que restera-t-il ?
Le penchant naturel des courtisans pour l’ignorance se trouva beaucoup plus à son aise sous les rois qui suivirent, et qui furent tous protecteurs peu zélés des lettres ; je n’en excepte ni Charles IX, auteur de quelques vers, dont on n’aurait peut-être jamais parlé s’ils n’eussent été d’un souverain ; ni même d’Henri IV, qui faisait, dit-on, assez d’accueil aux savants, mais qui traitait à peu près aussi bien tous ses sujets ; parce qu’après avoir conquis son royaume, il lui restait à s’assurer le cœur de ses peuples, et que des distinctions trop marquées pour un petit nombre d’hommes rares n’eussent peut-être servi qu’à éloigner la multitude. […] Fouquet fut abandonné dans sa disgrâce de tous ceux qui lui devaient leur fortune ; deux hommes de lettres seuls lui restèrent fidèles, La Fontaine et Pélisson ; sans doute le nombre aurait pu en être plus grand, et je suis fâché de ne pouvoir joindre à ces deux noms ceux de Molière et du grand Corneille.
Il fit durant les six mois qu’il resta à Paris une conquête plus difficile que ne l’était celle de Mme Necker : il acquit la bienveillance de Mme Du Deffand, si susceptible en fait d’ennui, et qui trouva sa conversation « charmante et facile ».
Daru en 1814, il commença sa vie d’homme d’esprit et de cosmopolite, ou plutôt d’homme du Midi qui revient à Paris de temps en temps : « À la chute de Napoléon, dit Beyle en tête de sa Vie de Rossini, l’écrivain des pages suivantes, qui trouvait de la duperie à passer sa jeunesse dans les haines politiques, se mit à courir le monde. » Malgré le soin qu’il prit quelquefois pour le dissimuler, ses quatorze ans de vie sous le Consulat et sous l’Empire avaient donné à Beyle une empreinte ; il resta marqué au coin de cette grande époque, et c’est en quoi il se distingue de la génération des novateurs avec lesquels il allait se mêler en les devançant pour la plupart.
Un mal d’yeux interrompit quelque temps ses études ; il fut mis ensuite à l’école de Westminster, où il eut pour amis des condisciples distingués qui se firent connaître depuis ; il y resta jusqu’à dix-huit ans.
On n’y voit point la grandeur, la majesté, la magnificence et la pompe de votre style, cette rapidité impétueuse semblable aux torrents… M. de Voiture a fait judicieusement de vous laisser toute libre cette large et vaste carrière du genre sublime, ayant reconnu que vous en aviez remporté le prix, et qu’il ne restait plus d’honneur à y acquérir après vous.
Il prétend, à travers tout, être resté un bon Français ; il a toujours l’air de ne prendre les armes que malgré lui, à son corps défendant, et parce qu’il ne peut en honneur s’en empêcher sans manquer à son devoir et au bien des Églises.
Mais, quoique je sois trop bon chrétien pour être jamais catholique, je ne m’en crois pas moins de la même religion que vous ; car la bonne religion consiste beaucoup moins dans ce qu’on croit que dans ce qu’on fait : ainsi, madame, restons comme nous sommes ; et quoi que vous en puissiez dire, nous nous reverrons bien plus sûrement dans l’autre monde que dans celui-ci.
Il se fraie sa voie, là où d’autres restent court et s’arrêtent.
Il avait pour ami particulier le plus sage et le plus doux des catholiques restés fidèles à Lamennais, Joseph d’Ortigue.
Elle est toujours au même point ; il y a eu un moment où l’on avait cru le contraire ; même Monsieur se vantait beaucoup ; mais la suite a bien prouvé que ce n’était qu’une gasconnade, et je crois qu’il restera toujours comme il est. » Marie-Antoinette s’est chargée là de fournir une note historique à l’appui, pour une future édition des Chansons de Béranger : relisez Octavie 63.
Ce qui me plaît dans le parti pour lequel je m’étais décidé, c’est qu’il finirait tout, et qu’après l’avoir pris je ne vois pas quels sacrifices il resterait encore à faire : mais cela même n’est peut-être qu’une illusion et qu’un désir produit par un retour subtil de l’esprit de propriété et l’ennui de la souffrance.
Béranger restait aussi tout à fait en dehors ; mais il le pouvait, grâce à la maturité originale de son génie, au caractère expressément politique de sa mission, à la spécialité unique de son genre.
Mais, prenez garde, ce n’est qu’un réseau superficiel qui fait illusion, une forte crise nerveuse sous le nuage, ce ne sont que des soubresauts galvaniques, à la suite desquels il ne restera que plus de fatigue et de néant.
C’est ainsi qu’on voit dans les lettres latines d’Héloïse à Abélard que celle-ci refusa de devenir la femme du théologien, comme il était permis alors, mais peu honorable, aux gens de sa robe, et qu’elle aima mieux rester sa maîtresse, afin d’avoir seule la tache, et qu’il n’y en eût pas au nom de l’illustre maître.
., est restée connue dans le pays sous le nom de fontaine de Boileau.
Morale : s’ils étaient restés à la Cassoire, tout cela ne serait pas arrivé.
Il ne veut pas qu’il soit dit qu’aucune affection mentale de son temps lui ait été étrangère ou lui soit restée incomprise.
Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour, mais) par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman.
Le théâtre formulait la vie (non pas seulement parce que ses costumes, même dans la tragédie, restaient ceux de la cour), mais par sa conception, par ses règles, par sa langue, par les allusions qui transparaissaient : on donnait d’autres noms à Alceste, à Cinna, à Aman.
Il est triste de songer que les trois quarts des choses de détail que l’on cherche sont déjà trouvées, tandis que tant d’autres mines où l’on découvrirait des trésors restent sans ouvriers, par suite de la mauvaise direction du travail.
Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle.
— des secrets qui devaient rester enfouis dans le lit nuptial, comme dans un tombeau.
Il appelle ces amis de son choix, à qui il resta de tout temps fidèle, « des hommes remplis de défauts, mais de probité, de caractère et de courage ».
Byron, qui n’était pas exempt de ce même mal dont furent diversement atteints Chateaubriand et Rousseau, a mieux daigné y entrer et le comprendre ; les stances qu’il a consacrées, dans Childe-Harold, au peintre de Clarens et à l’amant de Julie, resteront le portrait le plus sympathique et le plus fidèle.
[NdA] Je veux parler d’une Jeanne d’Arc de la princesse Marie, autre que celle que l’on connaît, et restée à l’état de projet ou de modèle.
Né dans une famille poétique et bourgeoise, dont l’illustration datait d’avant Louis XIV, Fontenelle resta un peu arriéré au point de vue littéraire, en même temps qu’on va le voir singulièrement en avance pour le point de vue philosophique.
Elle réfléchissait dans un âge et dans un train de vie où à peine les autres sont capables de penser, et elle, qui resta jeune si longtemps par l’esprit, elle se trouva mûre par là aussi avant l’âge.
Bonald restait ce qu’il avait été dès l’abord, l’homme de la tour et du clocher antique et gothique, tandis que Chateaubriand, livré à ses brillants instincts, se faisait déjà l’homme du torrent : C’est le grand champion du système constitutionnel, écrivait Bonald à Joseph de Maistre en 1821 ; il va le prêcher en Prusse, et n’y dira pas de bien de moi, qu’il regarde comme un homme suranné qui rêve des choses de l’autre siècle… C’est un très grand coloriste, et surtout un très habile homme pour soigner ses succès.
Voltaire, ainsi interpellé, tressaillit et vibra : il appela sans retard auprès de lui la nièce de Corneille, et Le Brun resta, dans l’opinion, le médiateur honorable et comme le parrain qui avait amené cette adoption.
En philosophie, il le traite avec le dédain d’un homme qui n’en est pas resté aux demi-partis et dont l’incrédulité, du moins, n’est point inconséquente : Voltaire, au contraire, s’arrête à mi-chemin et, en continuant de mal faire, s’effraye par moment de sa propre audace : « Il raisonne là-dessus, dit Grimm, comme un enfant, mais comme un joli enfant qu’il est. » À partir de Tancrède, tout ce que Voltaire produit pour le théâtre lui paraît marqué du signe de la vieillesse ; mais, à sa mort, il se reprend à l’envisager dans son ensemble, et avec l’admiration qu’une telle carrière inspire ; il exprime très bien le sentiment de la décadence littéraire que, selon lui, Voltaire retardait, et qui va précipiter son cours : « Depuis la mort de Voltaire, un vaste silence règne dans ces contrées, et nous rappelle à chaque instant nos pertes et notre pauvreté. » Il écrivait cela à Frédéric (janvier 1784).
Mais les autres ne le lui permirent pas de sitôt ; et, après avoir commencé par être un envahisseur, force lui fut de rester pendant des années un infatigable donneur de batailles et de devenir le plus grand capitaine de son époque : mais, l’étoffe de l’esprit et du caractère y étant, on peut dire encore qu’il ne le devint que par la force des choses.
Le futur Louis XVIII resta assez longtemps avant de le distinguer, de lui adresser la parole ; après un an ou deux seulement, lorsqu’il sut que ce jeune homme qui était de sa maison allait avoir une tragédie représentée au Théâtre-Français, Marius à Minturnes, le comte de Provence y prit intérêt, se fit donner la pièce à la dérobée, porta son pronostic, fut presque fier du succès que cependant il n’avait point prédit, et honora dès lors le jeune poète, à son lever, de quelques-unes de ces paroles perlées et de ces citations coquettes qu’il méditait toujours à l’avance et qu’il savait placer à propos.
Malheureusement, il est aussi difficile de rester longtemps dans le simple et le naturel que dans le sublime.
Par ce commerce avec la nature humaine profonde, infiniment fugace et variable, il est resté plein de compassion, s’abstenant également des conclusions optimistes et de la misanthropie, dans une humeur large et patiente, propice à lui laisser découvrir en tout acte et en tout caractère une part de fatalité, quelque chose d’inévitable méritant l’excuse.
Ce sabir contient en puissance le patois futur de l’A.O.F. dont le français restera — nous y comptons — la langue officielle et littéraire.
Il avait dit à son père en le quittant : « La Lorraine, je vous la rapporterai ou j’y resterai. » Les habitants l’ensevelirent et le maire a pu faire parvenir aux parents la médaille de piété trouvée sur leur fils ; elle portait l’inscription traditionnelle ; « Tu aimeras l’Éternel. » Sur le papier qu’il avait préparé avant son départ et où il exprimait ses dernières volontés, il invoquait la parole sacrée : « Il chemina avec Dieu tous les jours de sa vie.
La même objection que les partisans de l’égotisme étroit et stérile opposent à la solidarité sociale, sert aux défenseurs du nationalisme exclusif et impénétrable, et c’est l’argument vulgaire, vulgairement compris : pour être fort, il faut rester soi.
Son abjuration, certaines missions secrètes restées mal connues, lui valurent de la cour de Turin une pension de quinze cents livres. […] Si peut-être Jean-Jacques allait rester « incompris ! […] Ayant surmené à cette poursuite de l’inattingible son extrême sensibilité, sa belle imagination, sa force morale, sa dialectique, que lui restait-il à nous confier ? […] On le loue, parmi tant de versatilités, d’y être resté fidèle, ce qui serait assez troublant, la fermeté des opinions n’allant pas sans consistance du caractère. […] Toute sa vie, il restera l’élégiaque et l’évocateur passionné de Combourg.
« Naître sans fortune est le plus grand des maux » ; et encore : « Mon père resta seul avec peu de fortune : malheur dont rien ne tire quand on est honnête homme ! […] Mais, comme à tant de prophètes, s’il devait nous arriver un jour de nous être trompé, il resterait du moins qu’en parlant du Bonheur, nous n’avons pu nous empêcher de proposer la question. […] Que restera-t-il donc d’Alexandre Vinet ? […] Il en restera tout d’abord ce que l’on pourrait appeler un penseur dans la critique et dans l’histoire de la littérature, abondant et fécond en idées, qu’il n’a pas eu la force ou le temps de développer lui-même, et qu’ainsi nous pouvons lui reprendre pour nous les approprier. […] Spronck n’en restera pas sur ce premier début.
Nul code de société ; sauf un jargon exagéré de courtoisie chevaleresque, ils restent maîtres de parler et d’agir selon l’impulsion du moment ; vous les trouverez affranchis des bienséances comme du reste. […] Le paganisme du Nord s’exprime tout entier dans cet héroïque et douloureux soupir ; c’est ainsi qu’ils conçoivent le monde tant qu’ils restent hors du christianisme, ou sitôt qu’ils en sortent. […] Ma conscience me la fera plus honnête que le palais du pape, et plus paisible que ton âme, quoique tu sois un cardinal. » — Contre son amant furieux qui l’accuse d’infidélité, elle est aussi forte que contre ses juges ; elle lui tient tête, elle lui jette à la face la mort de sa duchesse, elle le force à demander pardon, à l’épouser ; elle jouera la comédie jusqu’au bout sous le pistolet, avec une effronterie et un courage de courtisane et d’impératrice81 ; prise au piége à la fin, elle restera sous le poignard aussi brave et encore plus insultante. « Je ne crains rien, je recevrai la mort comme un prince reçoit les grands ambassadeurs.
De mes persécuteurs j’ai vu le ciel complice : Tant d’horreurs n’avaient point épuisé son courroux ; Madame, il me restait d’être oublié de vous. […] Dans Inès de Castro, Inès est au pouvoir de la reine son ennemie ; don Pèdre son époux, qui a forcé le palais pour venir la délivrer, ne peut l’engager à le suivre ; elle lui rappelle le respect qu’il doit à son père, et veut rester comme un garant de sa fidélité. […] Comment, au milieu de tant de chanteurs, l’homme serait-il resté dans le silence ?
À l’égard des mots qui ne se trouveront que dans une seule table, on cherchera parmi ces mots celui qui renferme ou paraît renfermer l’idée la plus simple ; ce sera le mot radical : je dis qui paraît renfermer ; car il restera souvent un peu d’arbitraire dans le choix ; les mots de temps et de durée, dont nous avons parlé plus haut, suffiraient pour s’en convaincre. […] L’intérêt vif que les Athéniens prenaient à l’objet de ces harangues, la déclamation sublime de Démosthène sur laquelle il nous est resté le témoignage d’Eschine même son ennemi, enfin l’usage sans doute inimitable qu’il faisait de sa langue pour la propriété des termes et pour le nombre oratoire, tout ce mérite est ou entièrement ou presque entièrement perdu pour nous. […] L’Académie des sciences doit certainement à Fontenelle une partie de la réputation dont elle jouit : sans l’art avec lequel ce célèbre écrivain a fait valoir la plupart des ouvrages de ses confrères, ces ouvrages, quoique excellons, ne seraient connus que des savants seuls ; ils resteraient ignorés de ce qu’on appelle le public ; et la considération dont jouit l’Académie des sciences serait moins générale.
Dans ces jours déplorables, une industrie nouvelle se produisit, qui ne contribua pas peu à confirmer la sottise dans sa foi et à ruiner ce qui pouvait rester de divin dans l’esprit français. […] Comme rébus, elle est, jusqu’à présent, restée inférieure à L’Amour fait passer le Temps et Le Temps fait passer l’Amour, qui ont le mérite d’un rébus sans pudeur, exact et irréprochable. […] Parmi tous ceux qui ont su arracher cette faveur, celui qui m’a paru la mériter le mieux, parce qu’il est toujours resté un franc et véritable artiste, est M.
, mais la réputation ne lui en serait pas restée.
Il avait la manie de rester au lit des journées entières, et prétendait qu’il n’avait plus la force d’en sortir : Sortez donc quelquefois, mon cher ami, lui écrivait le prince de Ligne : si je pouvais être tous les jours chez vous avec un récipient pour toutes les idées que vous jetez en l’air, je ne demanderais pas mieux ; mais vous jetez bien des perles aux pieds de ces messieurs qui vont chez vous.
— Pour moi, j’ai été obligé de rester aux Tuileries, il n’y a pas eu moyen d’en sortir avant neuf heures. — Vous avez donc vu passer le roi ?
. ; tout le monde y restera quinze jours ; on dit à Paris que ces belles dames sont allées trouver des houlans, parce qu’ils sont affamés de chair humaine et qu’ils vivent comme des reclus dans ce désert ; mais ce n’est que par envie que les autres femmes aboient ainsi. » Maurice n’y allait pas de main morte avec le sexe. — Ce régiment de houlans ne se contentait pas de houspiller les belles dames, il tourmentait et pillait un peu trop, dit-on, tous les villages aux environs de Chambord.
Le succès de ses Mémoires fut grand et dut le tenter à une continuation que tous désiraient : ce fut peut-être bon goût à lui de laisser les lecteurs sur ce regret et d’en rester pour son compte aux années brillantes et sans mélange.
Mais, en somme, la nature resta toujours pour lui une étrangère.
Sans doute, si la culture intellectuelle devait toujours rester ce qu’elle est parmi nous, une profession à part, une spécialité, il faudrait désespérer de la voir devenir universelle.
En tout temps les esprits sont partagés ; en tout temps il y a des gens qui restent attachés au passé ou qui s’élancent dans l’avenir ; mais, en tout temps aussi, du conflit des opinions individuelles se dégage un courant plus fort, qui, malgré les remous et les contre-courants, entraîne la majorité de ceux qui pensent et la masse de ceux qui se reposent sur autrui de cette fatigue.
Claude refuse, voulant rester seul maître de son oeuvre, et il laisse Cantagnac discuter, en tête-à-tête avec sa femme, la vente de cette maison qui représente l’apport de sa dot.
Pierre Dupont sentit en lui le démon plus fort que la règle ; il brisa ou délia sa chaîne légère, je ne l’en blâme pas ; il voulut être tout à fait libre et indépendant, sans rester moins reconnaissant du passé.
Au contraire, les autres personnages plaisent et séduisent par une touche légère et d’une nuance bien naturelle : et Suzanne, « la charmante fille, toujours riante, verdissante29, pleine de gaieté et d’esprit, d’amour et de délices », très peu sage, quoi qu’on en dise, très peu disposée du moins à rester telle, mais qui n’en est encore qu’à la rouerie innocente et instinctive de son sexe ; de même, dans un ordre plus élevé, la comtesse, si habile déjà à son corps défendant, et si perfectionnée en femme du monde, sans avoir pourtant failli encore au devoir et à la vertu.
J’avais lu et entendu répéter que de tous les moyens d’orner l’esprit et de former le jugement, le plus efficace était de voyager : j’arrêtai le plan d’un voyage ; le théâtre me restait à choisir : je le voulais nouveau, ou du moins brillant.
Le grand art est donc, comme la grande nature : chacun y lit ce qu’il est capable d’y lire, chacun y trouve un sens plus ou moins profond, selon qu’il est capable de pénétrer plus ou moins avant ; pour ceux qui restent à la surface, il y a les grandes lignes, les grands horizons, la magie visible des couleurs et les harmonies qui emplissent l’oreille ; pour ceux qui vont plus avant et plus loin, il y a des perspectives nouvelles qui s’ouvrent, des perfections de détail qui se révèlent, des infinis qui s’enveloppent.
Ce qui devrait nous étonner, ce n’est pas la possibilité d’une action constante des êtres les uns sur les autres ; c’est l’hypothèse contraire, à savoir que la présence d’un organisme vivant, c’est-à-dire d’un complexus de mouvements et de courants, restât sans influence sur un autre complexus semblable.
Mais le poète avait traversé dans son enfance l’époque de l’invasion française ; des souvenirs de l’épopée napoléonienne lui restèrent toute sa vie ; les sympathies de sa race et de sa famille durent le porter du côté de la nation qui la première traita les Juifs humainement.
Un autre, plus professeur encore, disait ce mot, resté célèbre à l’École normale : Je rejette Juvénal au fumier romantique.
Sans doute les aristocraties dirigeantes, qui mettent la nuit sur les yeux des masses, sont les premières coupables, mais, en somme, la conscience existe pour un peuple comme pour un individu, l’ignorance n’est qu’une circonstance atténuante, et quand ces dénis de justice durent des siècles, ils restent la faute des gouvernements, mais deviennent la faute des nations.
En un mot, si loin qu’on nous presse, on peut bien nous faire reconnaître qu’il y a souvent beaucoup d’intermédiaires entre la vérité et moi ; mais il restera toujours vrai que le dernier juge, c’est moi-même, j’entends pour moi-même, et il est impossible qu’il en soit autrement.
Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre.
Les pays qui restent en arrière du mouvement démocratique, comme la Russie, sont aussi ceux où les grandes agglomérations urbaines ont toujours été exceptionnelles : dans un territoire qui couvre la moitié de l’Europe, et compte 28 pour 100 de sa population, il ne se rencontre, que 8 pour 100 de ses grandes villes.
Ce qui restait de cet éclat réfléchi sur la première moitié de l’âge suivant ne jeta plus, après Rocroi, qu’une pâle et funèbre lueur, sous ces voûtes de l’Escurial où s’endormit plus tard une race française, également déchue de son origine et de sa conquête.
Dans ce livre splendide : Paris sous les deux sièges, il écrit, à propos des exécutions sommaires, contre lesquelles il proteste (pour d’autres raisons que les députés de Paris) : «… Devant ces misérables, la société… subit la conséquence horrible de rester sans pitié. […] Sauf erreur, les Libres Penseurs et les Odeurs de Paris restent nos plus beaux livres de satire sociale.
Les livres, saints lui offraient, dans l’enceinte de la même ville, deux familles de race royale séparées par la haine et le meurtre, l’une victorieuse et sur le trône, l’autre vaincue, mais restée maîtresse de la religion nationale, gardant au fond du temple le roi légitime, et tolérée parce qu’on la croyait faible. […] Et l’exemple d’Agrippine s’étant présenté : « Combien, dis-je, n’y a-t-il pas d’Agrippines domestiques, femmes de tête, comme on les appelle, qui veulent rester maîtresses dans la maison d’un fils devenu chef de famille, et qui continuent à gouverner sous son nom ?
Alors c’est le désir de se perdre dans cette, nature ou plutôt de s’abandonner à son rythme : Ce plaisir formidable m’absorbe De respirer d’accord avec les blés déments, De rester là debout au bord du firmament Avec mon âme ouverte, avec ma chair qui s’offre. […] Si, de même que pour l’œuvre de Sapho, il ne nous restait de l’œuvre de Renée Vivien que ces quelques fragments que je citerai, on pourrait affirmer que la femme qui a aimé la vie et l’amour avec une mélancolie si discrètement passionnée fut une sensibilité merveilleuse et un artiste d’une rare perfection : Ô toi que je verrai dans les yeux de la mort ! […] « Elle l’obligeait à rester avec elle, au bord de la fenêtre, le soir, sous la lune, et, la tête collée à son épaule dans la pose de l’alanguissement et du soupir, elle essayait qu’il fût, comme elle, empli d’une mélancolie indécise.
On croit généralement que les seuls écrivains qui aient élevé quelques objections soit morales, soit littéraires contre Molière, c’est Bossuet, c’est Boileau ; Bossuet, par esprit religieux ; Boileau, dans des vers restés célèbres sur « Scapin et le sac où il s’enveloppe », vers qui ne constituent un jugement exact ni dans la forme ni dans le fond. […] Un poète peut s’en mêler ; il peut devenir poète politique et rester cependant grand poète. […] Quand bien même il ne resterait sur terre que deux familles, ces deux familles recèleraient en germe toutes les combinaisons possibles de tous les sentiments contraires. […] Il s’établirait ainsi entre les deux sexes une séparation absolue ; les femmes resteraient des ménagères utiles et rien de plus. […] ——— Les hommes ont beau s’élever ou descendre ; ils restent partout ce que la première éducation les a faits.
Nous ne pouvions pas y rester : nous étions jeunes, nous aussi ; et, somme toute, nous avions inventé un orgueil, qui, s’il a tourné mal, avait quelque gentillesse imprudente, condamnable par conséquent, un peu absurde, un peu héroïque tout de même. […] Tout cela, soudain, s’écroula : il ne resta que des décombres. […] Il est resté fidèle, et de plus en plus fidèle, à un usage ancien dont il prouve l’éternelle jeunesse. […] Afin de rester toujours en état de certitude, il supprimait les problèmes de la métaphysique ou de la science, les déclarait vains et, refusant une curiosité malsaine, il les anéantissait. […] Il prétend qu’amoureux de Lycé peu clémente, il est resté, toute une nuit, couché dehors, devant la porte de la cruelle, par un très mauvais temps : Lycé ne le crut pas ; et imitons cette belle avertie.
Quand il s’était assuré que Sieyès n’avait ou n’attendait chez lui personne d’étranger (car, pour ne pas donner d’ombrage à ses quatre collègues logés comme lui dans le petit hôtel du Luxembourg, il ne fermait jamais sa porte), on m’avertissait dans la voiture où j’étais resté, et la conférence avait lieu entre Sieyès, Talleyrand et moi.
Les cinq cents marcs de rente n’en resteront pas là : le généreux d’Audelée va les donner en cadeau et en héritage à ses quatre braves écuyers, par l’aide et confort desquels il a pu tenir son vœu : Car, cher Sire, dira-t-il ensuite au prince, je ne suis qu’un seul homme, et ne puis que ce que peut un homme, et c’est parce que je comptois sur leur secours et leur aide que j’ai entrepris d’accomplir le vœu que j’avois de longtemps voué ; et c’est grâce à leur force et à leur bravoure que j’ai été le premier assaillant ; je serais mort et j’aurois péri à la peine, s’ils n’eussent été là.