À Lyon où elle habitait alors, elle était à la source des douleurs et des misères, — Lyon « la ville flagellée », comme elle l’appelait ; elle lui en représentait vivement le tableau : « Lyon, 7 février 1837.
C’est aux Mémoires qu’il appartenait de tout reprendre dans une unité plus vaste, et de représenter avec accord l’entière ordonnance de cette destinée.
Hugo a tout d’abord tendu la main à ce haut et grave vieillard ; c’est ainsi qu’il les aime, qu’il les peint et qu’il les rêve : don Ruy Gomès de Sylva, dans Hernani, n’est pas d’une autre souche ; et lui-même, poëte, il m’a fait souvent l’effet de représenter cette sorte de type inflexible, transporté, dépaysé dans la littérature et dans l’art de nos jours : de là en partie, j’imagine, ce qu’il y a de faussé dans sa puissance.
Vous ne pouvez vous représenter l’importance que nos aristocrates mettent à ces bêtises nées peut-être dans leur cerveau ; mais ils voudraient montrer l’Assemblée comme conduite par quelques étourdis excités, échauffés par une dizaine de femmes. » Mme de Staël, en revanche, n’a nulle part (que je me le rappelle) nommé Mme Roland.
Condillac, si vanté depuis sa mort pour ses subtiles et ingénieuses analyses, ne vécut pas au cœur de son époque, et n’en représente aucunement la plénitude, le mouvement et l’ardeur.
Il représente les inconvénients, les passions, les ridicules, et dans sa vie il y tombe ; La Bruyère jamais.
L’autorité concentrée y devient facilement injuste et oppressive ; le peuple y demande sa place et l’obtient : gouvernement pondéré, monarchie, aristocratie, démocratie, trinité d’Aristote, gouvernements modernes des trois pouvoirs diversement représentés.
Et le monde vous laissera mourir et tomber, parce que le monde laisse tomber et mourir tout ce qui n’est que l’égoïsme, tout ce qui ne représente pas pour le genre humain une vertu ou une idée.
Je reste constamment au coin du feu, en pantoufles et en robe de chambre, et je pourrais représenter la Mélancolie assez au naturel.
Ce tableau d’assez poétique intention, mais d’exécution médiocre, représentait une vierge en tunique blanche qu’on vient chercher dans son sépulcre ; mais, à la place de la morte, on ne trouve qu’un lit de fleurs dont les gerbes fraîchement nées semblent répandre dans le cercueil merveilleux des parfums et des ivresses du ciel.
Mais ils ne représentent pas la démocratie véritable, qu’il ne faut tout de même pas confondre avec la haine et la sottise, et qui sait bien que pour faire figure dans le monde et continuer la civilisation, elle a besoin de savants et de lettrés.
Regnier avait fait pour Henri IV une élégie où il représentait la France montant au trône de Jupiter, et s’y plaignait de l’état où l’avait réduite la Ligue.
La querelle entre le père Goulu et Balzac est comme l’escarmouche du combat qui devait se livrer plus tard entre les jésuites et Port-Royal, représenté par Pascal.
Avec une piété antérieure, un public, pour la seconde fois depuis les temps, hellénique d’abord, maintenant germain, jouit d’assister au secret représenté de ses origines.
Il donne des billets, mais il n’a ni or ni biens qui les représentent.
Je cherche vainement parmi les acteurs du drame un concitoyen de Regulus, et quant au Grec Spendius, on a vu quelles qualités de l’esprit hellénique représente ce personnage avili.
Représentons-nous d’abord le lieu de la scène, qui est la Cadmée de Thèbes, une Acropole chargée de temples et d’autels comme celle d’Athènes.
James Sully nous dit qu’il possède lui-même le pouvoir, quand il considère un objet nouveau, de se le représenter comme familier.
Et dans la salle à manger était encadrée L’Escarpolette, de Fragonard, qu’on lui avait dit représenter une femme qui avait le cauchemar.
Wafflard, entrepreneur des pompes funèbres, avec les prix de toutes les classes depuis la dixième jusqu’à la première, et où rien n’est oublié dans cette carte de la mort : le nombre des prêtres, des cierges, des franges, et où même une gravure sur bois, en haut de chaque classe, représente fidèlement ce qu’on aura pour son argent.
Cet enfant est un symbole : il me représente l’avenir des campagnes.
Nous nous arrêterons de préférence sur Victor Hugo, celui qui a vécu le plus longtemps parmi nous, et qui a ainsi le plus longtemps représenté en sa personne le dix-neuvième siècle.
Je me représente, je l’avoue, un mode d’apologétique chrétienne différent de celui qu’a choisi M.
Cousin, dans ce livre fadement exagéré sur les charmes de la duchesse de Chevreuse, nous fait l’effet de cette gravure qui est partout chez les coiffeurs et qui représente Héro, versant sur la tête de Léandre un pot de parfums.
En effet, si nous n’entretenons de relations réglées qu’avec des reflets de nous-mêmes, avec des frères qui nous ressemblent tant par le corps que par l’âme, tant par les manières que par les croyances, c’est à l’ensemble de tous ces caractères que se trouvera liée pour nous l’idée même du droit — nous ne reconnaîtrons d’existence juridique qu’à ceux qui nous représenteront cet ensemble.
Il a près de lui ses deux ministres, la Force et la Puissance, les mêmes que, dans la Grèce libre, Eschyle représente comme présidant à la vengeance exercée sur un dieu bienfaiteur de l’homme, sur le dieu philanthrope, dit le poëte, qui s’est avisé de donner au genre humain le feu et la science.
À présent que sont enregistrées les audaces, on le représente comme un grand inventeur de rythmes ; il était curieux de belles et nouvelles combinaisons métriques ; et il voulait que sa poésie eût un caractère musical. […] Il représente les droits logiques du badinage, qui est au bout de la dialectique. […] Poincaré voulut… je n’ose pas le dire… il voulut représenter ces fonctions qu’il avait établies, « par le quotient de deux séries ». […] Poincaré, quelqu’un qui y consacrerait son existence pourrait peut-être arriver à se représenter la quatrième dimension… » L’empêchement, c’est l’éducation préalable que nous avons reçue. […] Il ne crut pas indispensable qu’un incident quelconque, véritable ou imaginé, une anecdote, un épisode se trouvât représenté en chacun de ses tableaux.
. — Grâce à ces récentes découvertes, nous pouvons nous représenter avec plus de précision le travail qui s’accomplit dans l’écorce cérébrale. […] Grâce à cette correspondance, nous sommes en état de nous représenter plusieurs détails de la figure de danse.
Lundi 5 janvier Nos arts plastiques, à nous Européens, n’aiment à représenter que l’animalité supérieure : les féroces, le cheval, le chien. […] Samedi 4 juillet Un blagueur de toute croyance, de toute conviction, de tout dévouement, et apportant dans son irrespect une ironie du ruisseau, l’ironie toute personnelle à la race parisienne, à l’homme né à Paris, ce blagueur, pendant que je le voyais dire ses voyouteries, me faisait revenir sous les yeux, la belle composition de Prud’hon, qui représente Cérès dans la recherche de sa fille, changeant en lézard, le jeune Stellion se moquant de l’avidité de la faim de la déesse, en train de courir la Terre et les Enfers : — car c’était curieux, il y avait dans la bouche du blagueur, la même déformation que montre celle de Stellion, dans l’estampe de Copia.
Cet ouvrage amuse l’imagination du lecteur par un grand nombre de planches qui représentent les mœurs des François & leurs différens usages dans tous les tems ; mais les explications ne sont pas aussi piquantes que les figures. […] Les Princes, les Ministres & les Généraux qui entrent sur la scène, sont représentés avec des couleurs simples & naturelles ; l’auteur ne peint pas d’imagination.
Il a été représenté avec un incomparable éclat par Goethe et par Renan. […] La première règle de cette méthode, c’est que l’artiste doit se borner à représenter, sans prétendre à conclure… L’artiste est dans le monde comme le Dieu de Spinoza. […] Contempler, comprendre, représenter, voilà son œuvre, — œuvre qui requiert l’effort de tout l’homme, mais dont la récompense est si haute. […] Mais les personnages y ont des âmes rudimentaires, qui se distinguent à peine de la nature et en représentent en quelque sorte l’émanation anthropomorphique. […] Il faut croire, si l’on peut ainsi dire, que la nuance particulière de sainteté représentée éminemment par saint François d’Assise, s’accorde avec nos goûts actuels.
Un paysage dont la platitude morne, l’étendue blafarde, la lumière écliptique ressuscitaient comme un morceau de la sombre Gaule, évoquaient sous nos yeux le décor de Champs Catalauniques, ainsi que se les représente, à l’heure des grandes tueries de peuples, l’imagination moderne. […] Lui-même représente, avec une cruelle vérité, cette paresse rêveuse et indécise qui fait le fond du tempérament moscovite. […] que de privations représentait ce louis d’or ! […] Nos grands peintres de Munich vont se disputer l’honneur de vous représenter en Apollon, et le sculpteur qui fera votre statue l’appellera l’Antinoüs germain. […] Ce n’est que par des parallèles, des calculs, des considérations multipliés qu’ils arrivent à lui assigner le chiffre qu’il représente dans son art.
Quoi que l’on en ait voulu dire, ce sont des leçons de morale qu’il donne ; du haut de la chaire chrétienne ce sont bien des règles de conduite qu’il prescrit ; et je me repens de l’avoir jadis représenté, sur la foi de Désiré Nisard, comme j’aurais pu faire d’un théologien argumentant dans l’école sur le mystère de la Trinité. […] Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, il n’y en avait pas moins vingt autres raisons pour qu’Octave vainquît au promontoire d’Actium, et que tout ce qu’il était, joint à tout ce qu’il représentait, triomphât de tout ce qu’était l’amant de l’Égyptienne. […] Et j’ai voulu montrer enfin que rien n’était plus faux que de se représenter Bossuet, comme on le fait trop souvent encore, sur l’autorité de Voltaire, de Sainte-Beuve, et de M. […] Dans ce milieu déjà si différent de celui pour lequel avaient écrit Bossuet et Pascal, représentez-vous l’effet des idées de Bayle. […] Intolérants et orgueilleux, difficiles à manier, chagrins et moroses, méprisants et austères, affectant la religion jusque dans leur costume, les protestants possédaient, en revanche, les vertus dont ces défauts étaient comme l’enveloppe, et, grâce à elles, on peut dire que depuis plus d’un siècle, ils représentaient la substance morale de la France.
« C’était la statistique faite homme… La géographie et la statistique étaient ses sciences favorites : il en avait la passion ; il les représentait l’une et l’autre à l’Institut, comme membre de deux Académies, l’Académie des sciences et l’Académie des sciences morales et politiques. […] Pour ceux d’entre nous qui sont sortis des écoles vers 1846, il représentait 1830 plutôt que le Directoire. […] Henriette Scilly, m’a dit ce prêtre, nous est représentée comme une jeune fille très pieuse. […] Est-il assez incohérent, ce bourgeois qui met à jour sa correspondance commerciale dans une salle gothique avec un attirail de cuirasses, boucliers, bannières, tapis kurdes, bahuts de Bédouins, narghilés de Circassie, boîtes de laque hindoue, trophées d’épées, poignards, masses d’armes, pistolets à rouet, vitraux qui représentent des saints émaciés d’extase ! […] Pierre Quillard, qui fît représenter la Fille aux mains coupées, a quitté le « théâtre d’art » et les effets de terreur qu’enseigne M.
Si nous avons trouvé, par exemple, que Mme de Souza était simplement du dix-huitième siècle qu’elle continuait dans le nôtre, il nous a semblé que, tout en représentant de près la Restauration dans sa meilleure nuance, Mme de Duras ne représentait pas moins, dans un lointain poétique, par sa vie, par ses pages élégantes, par ses sentiments passionnés suivis de retours chrétiens, et par sa mort, quelque chose des plus touchantes destinées du dix-septième siècle.
Non, tu n’avais pas tué l’amour dans ton cœur ; tu en étais plutôt resté au premier, au timide et novice amour ; mais sans la fraîcheur naïve, sans l’ignorance adorable, sans les torrents, sans le mystère ; avec la disproportion de tes autres facultés qui avaient mûri ou vieilli ; de ta raison qui te disait que rien ne dure ; de ta sagacité judicieuse qui te représentait les inconvénients, les difficultés et les suites ; de tes sens fatigués qui n’environnaient plus, comme à dix-neuf ans, l’être unique de la vapeur d’une émanation lumineuse et odorante ; ce n’était pas l’amour, c’était l’harmonie de tes facultés et de leur développement que tu avais brisée dans ton être !
Qu’on oublie donc que ces vers parlent de moi ; qu’au lieu de moi, retiré depuis longtemps de la lice, et qui n’ai fait que toucher superficiellement et avec distraction la lyre jalouse qui veut tout l’homme, on suppose un nom véritablement et légitimement immortel ; qu’on se figure, par exemple, que Solon, poète d’abord, et poète élégiaque dans sa jeunesse, puis restaurateur, législateur et orateur de la république athénienne, puis banni de la république renversée par l’inconstance mobile des Athéniens, puis rentré obscurément dans sa patrie, par l’insouciance du maître, y végète pauvre et négligé du peuple sur une des montagnes de l’Attique ; qu’on se représente en même temps un jeune poète d’Athènes, moins oublieux que ses compatriotes, bouclant sa ceinture de voyage, chaussant ses sandales, et partant seul du Parthénon pour venir visiter bien loin son maître en poésie, relique vivante de la liberté civique ; que Solon reçoive bien ce jeune homme, partage avec lui son miel d’Hymette, ses raisins de Corinthe, ses olives de l’Attique ; que le disciple, revenu à Athènes après une si bonne réception, raconte en vers familiers à ses amis son voyage pédestre, ses entretiens intimes avec le vétéran évanoui de la scène et se survivant, mutilé, à lui-même et à tous dans un coin des montagnes natales.
LXII Voyez enfin l’embarras de l’explication qu’il charge Sénèque de donner par lettre au sénat, puis la bassesse des prétoriens qui le félicitent les premiers, toujours prêts à prostituer l’épée, pourvu que l’épée règne ; puis la vilité des sénateurs, qui feignent de croire à l’impossible pour avoir le prétexte de congratuler ; puis, dans un coin, la figure muette ou indignée du seul honnête homme, de Thraséa, qui sort du sénat, sachant bien à quoi il s’expose, et n’espérant rien de l’exemple pour la liberté, mais faisant seul rougir Néron, Burrhus, Sénèque, et toute l’armée, et tout le sénat, et tout le peuple, parce qu’il représente à lui tout seul plus que l’empire, l’armée, le sénat, le peuple, c’est-à-dire la conscience, la vertu, la postérité.
Son père, gentilhomme franc-comtois, attaché aux Bourbons par leurs droits traditionnels, et surtout par leurs malheurs, fut élu par le peuple à la chambre des députés en 1816, pour représenter le pays.
C’était doux à considérer, et à se représenter l’épanchement de l’amitié dans ces deux petites fleurettes.
Elles ont de l’imagination, autant d’imagination que les autres, mais pas la même : ce que cette imagination se représente surtout c’est le monde extérieur, et aussi les faits de l’intelligence, plus que les impressions de la sensibilité.
Doué d’une imagination vive et poétique, qui se représentait les idées comme des objets et colorait les abstractions elles-mêmes ; plein de finesse et de raison, riche de son fonds et du fonds antique, il trouva la prose à peine sortie du berceau, hardie et aventureuse comme tout ce qui commence ; il la plia aux caprices de sa pensée, et l’enrichit de tours originaux qui prirent cours en son nom.
Cette dernière comprenait, dès l’époque de l’invasion, les chefs de paroisse, les premiers du peuple, de même race que lui, possédant par héritage le droit de marcher à sa tête et de le représenter.
Le drame wagnérien qui mêle musique et texte, chant et mise en scène, demande à être représenté.
Le décor représente un parc planté de grands arbres séculaires, au centre duquel s’élève le pavillon d’Iseult.
Le poète, délivré des préjugés représentés par la Nuit, la Volupté et la Mort, s’est élevé jusqu’à l’Idée.
Pouvez-vous aider beaucoup la belle âme commerciale de Fernand Gregh à atteindre ce qu’il appelle, en bavant de gourmandise, « les honneurs précis qu’ont inventés les hommes pour représenter cette chose impalpable qu’on nomme la gloire » ?
C’est un monument, élevé au serin chéri, par une grande dame du temps, et où le pauvre oiseau, dont le squelette se voit dans le soubassement, est admirablement modelé en terre cuite, et représenté mort, les pattes raidies.
Les actions vertueuses qu’elle représente quelquefois, ne lui sont pas plus propres que les licentieuses, qu’elle met aussi souvent sous les yeux.
Ces collines, par leur engencement, leur étagement, la mobilité des ombres qu’elles se renvoient les unes les autres sur leurs flancs, du jour qu’elles se reflètent, par leur transparence au sommet, et les couches d’or que les rayons glissants du soleil y mêlent à la fleur déjà dorée des genêts, m’ont toujours rappelé les montagnes de la Sabine près de Rome, qu’aimait tant Horace ; depuis que j’ai vu la Grèce, elles me représentent davantage les cimes rondes et à grandes échancrures des montagnes de la Laconie et de l’Arcadie.
… En Angleterre, c’est Fox et Grey qui l’ont séduit et qui l’entraînent, Grey, un homme médiocre qui n’eut qu’une idée et une attitude, — il n’en faut pas plus en politique, — une idée qui a triomphé moins par la force du talent que par la force d’une situation, dans un pays aristocratiquement organisé, comme l’Angleterre, et Fox, comme lord Grey, parce qu’il représentait le wighisme, qui est le libéralisme anglais, cher à tous les libéraux de France, et non pas pour les raisons humaines tirées de l’âme de Fox, et qui, eût-il tort dans ses opinions politiques, ce qu’il eut souvent, faisaient cependant de son âme une toute-puissance d’orateur !
Le 9 juin, il envoie des photographies à son père : Le numéro 1 représente mon drapeau.
« Il importe bien de remarquer ici que, dans le point de vue de l’observateur de la nature extérieure, la cause qui produit ou amène une série de faits analogues, ne peut jamais être donnée a priori, ni conçue en elle-même, encore moins imaginée dans le comment de la production des phénomènes qui s’y rattachent ; aussi la langue des sciences naturelles manque-t-elle toujours du terme propre qui signifie précisément l’activité productive, l’énergie essentielle de toute cause efficiente, manifestée actuellement par les phénomènes sensibles qu’elle produit, mais non constituée par eux, puisqu’elle est connue comme étant nécessairement avant, pendant et après ces phénomènes26. » Ainsi, comme le remarque ici judicieusement un philosophe : « Dans ce que nous appelons, par exemple, force d’attraction, d’affinité, ou même d’impulsion, la seule chose connue (c’est-à-dire représentée à l’imagination et aux sens), c’est l’effet opéré, savoir, le rapprochement des deux corps attirés et attirant.
Combien de statues restent solitaires, dont le socle se ronge et dont les traits s’effacent parce qu’elles ne représentent point un révélateur ! […] Tandis que Byron est bien un type d’Anglo-Saxon, que ses révoltes mêmes contre sa race ne font qu’affirmer davantage, un fougueux, un bouillonnant, un volcan des brumes ; tandis que Goethe représente la Germanie et joint dans une œuvre telle que Faust l’amplitude septentrionale et son incoordination superbe à la mesure élégante du Midi ; tandis que Leopardi déploie en plein soleil une tristesse profonde, ombre noire des pays sans ombre et mène une tarentelle funèbre, Henri Heine nous apparaît un portrait composite de ceux-ci et d’autres encore, une superposition de traits et d’attitudes empruntés à bien des races, bien des climats, et cette simplicité même constitue sa manière, insinueuse, prenante et troublante, mais qui parfois désoriente et choque. […] Un défilé de religions, pompeux de costumes et d’erreurs, auxquelles l’âme croyante ne peut s’attacher, un écroulement des pierreries de la foi qui aboutit à un vague panthéisme par déroute de solides appuis. — Bouvard et Pécuchet nous représente une sorte d’avortement encyclopédique, une disproportion entre deux cerveaux de médiocres, et l’amplitude et la variété de toutes les études humaines qui ne servent de réactif qu’à leur sottise et leur stérilité. […] Ce qui ressort de ces Origines de la France contemporaine, c’est que l’ancien régime fut un chaos malsain, la Révolution une crise de boue et de sang, le premier empire une monstruosité ; quant à notre état actuel, il est représenté comme détestable et plat. […] Semblables à ces hiéroglyphes égyptiens qui représentent des animaux ou des objets usuels, mais ont pour l’esprit une valeur alphabétique, symbolique ou déviée, ils sont, ces mimes à double goût, une greffe de l’âme actuelle, consciente et pleine de tourments, sur l’âme antique primesautière et ensoleillée.
Félix Reyssié, opposant au portrait romantique « vague, impalpable », que le Lamartine des Confidences nous trace du Lamartine enfant, certain dessin au crayon qui nous le représente au naturel, à l’âge de huit ans : « C’est un bon gros garçon joufflu, l’air étonné, la bouche bée, le nez en l’air, cheveux en broussailles, l’air éveillé pourtant ; en somme, un beau gars de Milly qui a bien employé son temps et se porte à merveille. » — Et, à ce propos, je vous recommande la description que M. […] Nous aimons toujours, pour ainsi dire, par-delà ceux et celles que nous aimons ; et la preuve, c’est que nous ne les aimons jamais tels qu’ils sont, ni tels qu’ils apparaissent aux autres hommes, mais tels qu’il nous plaît de nous les représenter. […] Néron, vous vous en souvenez, s’amusait à faire représenter, « pour de bon » et sans nul artifice, les fables les plus obscènes ou les plus sanglantes de la mythologie.
Ces aquarelles représentent des panathénées de judicature, des rencontres d’avocats, des défilés de juges, sur des fonds blafards, éclairés du jour sinistre d’un cabinet de juge d’instruction, de la lumière grise d’un corridor de palais de justice. […] Nous sortons, en ne comprenant pas, mais pas du tout… Un étonnement nous est venu de la laideur, chez eux, de ces hommes qui représentent l’amour devant la rampe, avec leur teint gris, leurs traits comme grossis et déformés par la mimique théâtrale, leurs narines larges et dilatées.
Rappelez-vous cette fameuse tabatière — car la gloire est quelquefois grotesque, pour dégriser d’elle ceux qui l’aiment trop, — sur laquelle trois philosophes étaient représentés, comme trois rois sur une médaille, avec cette inscription prudhommesque : « au flambeau du genre humain ! […] Dans ces jours solennels on représentera une belle tragédie qui apprenne aux hommes à redouter les passions ; une bonne comédie qui les instruise de leur devoir et qui leur en inspire le goût. » Voilà pourtant à quel point il était tombé dans la foi niaise à cette comédie qui n’a jamais corrigé personne.
* Certes l’art suprême était noblement représenté par quelques maîtres glorieux. […] Sept ou huit numéros du journal la Patrie, où Glatigny avait tracé des zébrures blanches et roses, représentaient la souquenille de Scapin ou de Mascarille, et de la sorte, le comédien-poète n’avait pas besoin de coffre ni de malle, car il pouvait mettre sa garde-robe, pliée, dans son portefeuille, en place de billets de banque. […] Un jour il offrit au grand Opéra de Paris son poème le Vaisseau fantôme ; on le trouva passable et on l’acheta 500 francs, mais à la condition expresse qu’il n’en écrirait pas la musique ; et un peu plus tard, le Vaisseau fantôme, signé par un auteur dramatique que je ne nomme pats, parce qu’il est mort, et mis en musique par un compositeur qu’il est inutile de nommer, parce qu’il n’a jamais vécu, était représenté à l’Académie de Musique. […] Mon Dieu, oui, un jour, devant le public de soie et de dentelles, tout éclatant de diamants au corsage et de perles dans les chevelures, public parmi lequel se trouvaient Gustave Flaubert, Edmond et Jules de Goncourt, et une jeune fille, poète elle aussi, presque une Parnassienne, qui ne devait pas tarder à devenir Mme Alphonse Daudet, — devant ce public charmant et redoutable, nous osâmes représenter l’œuvre grandiose de Victor Hugo, dans des décors presque aussi petits que ceux d’un théâtre de poupées.
Du reste, c’est peut-être lui qui la supplée ces jours-là, car, sous divers pseudonymes, cette reporter représente souvent la Fronde en beaucoup d’endroits à la fois. […] « Comme, en scène, des dos de figurants font mouvoir la toile verte pour représenter la vague, ici, des ventres de noyés soulèvent la draperie sale de l’inondation. […] Une des héroïnes qui la représentent est aux anges d’épouser l’ex-amant d’une grande dame, délire de joie à l’idée de « succéder à une princesse ». […] Ô Edmond Rocher, ô Paul Cirou, ô tous les habiles dessinateurs, essayez de représenter les yeux qu’imagine Pierre Dax, ces yeux merveilleux qui, au besoin, savent donner l’oreille : « Deux yeux de turquoise, bordés de velours noir, allaient de l’un à l’autre des convives, caressaient, encourageaient, ponctuaient, avec cette attitude consommée qui donne l’oreille à droite ou à gauche… » *** Et voici, insultant à mon découragement, un nouvel escadron d’amazones.
Talent unique, le plus rare en un siècle classique, le plus précieux de tous, puisqu’il consiste à se représenter les êtres, non pas à travers le voile grisâtre des phrases générales, mais en eux-mêmes, tels qu’ils sont dans la nature et dans l’histoire, avec leur couleur et leur forme sensibles, avec leur saillie et leur relief individuels, avec leurs accessoires et leurs alentours dans le temps et dans l’espace, un paysan à sa charrue, un quaker dans sa congrégation, un baron allemand dans son château, des Hollandais, des Anglais, des Espagnols, des Italiens, des Français chez eux469, une grande dame, une intrigante, des provinciaux, des soldats, des filles470, et le reste du pêle-mêle humain, à tous les degrés de l’escalier social, chacun en raccourci et dans la lumière fuyante d’un éclair.
Nous n’avons plus d’amis à Naples, nos parents y sont nos ennemis ; et, à cause de ces circonstances, chacun craint de nous tendre la main… Mon angoisse est telle, excellente dame, que le désordre de mon esprit se communique à mes paroles ; c’est à Votre Excellence à se représenter l’excès des peines qu’il m’est impossible d’exprimer !
Lorsque le naturaliste Anderson, qui accompagna le capitaine Cook dans son troisième voyage autour du monde, recommandait à tous les médecins de l’Europe d’envoyer leurs malades à Ténériffe, pour y recouvrer le calme et la santé au sein de la belle nature, au milieu du tableau toujours vert d’une végétation luxuriante qui séduit l’âme, ce n’était pas une exagération, car Humboldt représente aussi cette île comme un jardin enchanté.
« L’inertie, d’ailleurs, n’est pas une propriété, mais la négation de toute propriété ; c’est l’état où l’auteur de la Genèse se représente la terre avant la vivification par l’esprit créateur : Terra autem erat inanis et vacua.
Ces vitraux représentaient le supplice du bon malfaiteur dans Jérusalem, demandant pardon au Christ sur sa croix, qui lui promet le paradis.
La mort, idée centrale du dogme chrétien, se détache de plus en plus de toutes les croyances qui lui donnent sa haute moralité et sa vertu consolante, pour devenir une horreur matérialiste de la fin fatalement assignée aux voluptés égoïstes : terreur des grands, des riches, de tous ceux qui ont et qui jouissent, revanche des petits, des meurt-de-faim, de ceux qui manquent et qui souffrent,, dont elle adoucit le désespoir par la satisfaction qu’elle donne à leur férocité égalitaire, la mort inexorable, universelle est un thème que tous les écrivains représentent à leur tour : lieu commun, sans doute, mais lieu commun non banal, où déborde la pensée intime, obsédante de chaque âme.
Dans cette voie pleine d’imprévu et, si l’on veut, de périls, Saint-Sulpice n’a été représenté que par un seul homme, mais cet homme fut certainement le sujet le plus remarquable que le clergé français ait produit de nos jours : je veux parler de M.
Fille de Cyrus, veuve de Cambyse, femme de Darius et mère de Xerxès, Atossa, jusqu’au retour de son fils, représentait aux Grecs, dans le drame d’Eschyle, la Perse incarnée.
Le crime et la vertu, représentés, l’un par Narcisse, l’autre par Burrhus, et se disputant l’ame de Néron, formaient un tableau sublime, mais qui devait d’abord échapper aux regards de la foule.
Dans notre langue, où le signe se rapproche beaucoup plus de la parole que dans d’autres langues, combien de signes qui ne sont que pour les yeux, et où nous sommes obligés de nous représenter la phrase écrite pour atteindre au sens de la phrase prononcée !
L’histoire du Jacobinisme est l’histoire d’une idée représentée par les clubs et les sections révolutionnaires répandus par toute la France, et l’enfermant en un réseau de suspicions, de dénonciations et de supplices.
C’est le préfet, juif d’origine, franc-maçon d’opinions, et « estaminaire » d’éducation, très bon garçon, incapable d’aucune pensée, et rebelle à toute érudition ; très capable, avec une diplomatie élémentaire et les dehors d’une bonhomie familière, de se faire supporter et bien venir dans son département et même d’y conquérir quelques partisans au gouvernement qu’il représente. […] À ce mur affreux, toujours maudit, elles s’étaient attachées : car ce qui attache, c’est l’habitude ; ce mur horrible, elles le regrettent ; car ce qu’on regrette, ce ne sont pas les choses, c’est le passé qu’elles représentent, et pour mieux dire, c’est soi-même. […] C’est le monde ecclésiastique, aussi mal connu que possible, à mon avis, mais vaguement représenté par le prêtre qui ne croit plus, d’une part, et, d’autre part, par le prêtre éperdu de charité et de dévouement. […] Je fus frappé, quand ces quelques pièces, Princesse Maleine, Les Aveugles, Pelléas et Mélisande, furent représentées à Paris, de leur ressemblance inattendue avec le théâtre indien, et je fus seul, je crois, à la signaler. […] Il y en a de fort estimables dans cette liste ; mais qu’à les prendre en groupe ils représentent la littérature française actuelle, non.
Lemontey, dans son Étude sur Paul et Virginie, a remarqué que ces mêmes sites, qui deviendront sous la plume du romancier les plus enviables de l’univers et un Éden ravissant, ne sont représentés ici que comme une terre de Cyclopes noircie par le feu.
Si l’un d’eux, avec le titre de gouverneur, allait dans une province, on a vu que c’était pour la montre ; pendant que l’intendant administrait, il représentait avec grâce et magnificence, recevait, donnait à dîner.
La scène représente la cathédrale de la petite ville, pendant une solennité à l’église.
XXXVII « Non, les Arabes ne sont point tels qu’on les représente en Europe.
Or nous avons représenté les hommes comme les gardiens d’un troupeau.
Moi, monsieur, je me représentai le chagrin que M.
Octave de Ségur, parti pour rejoindre, comme aide de camp, le maréchal, à Lons-le-Saulnier, sa réponse était un sourire d’une tristesse inexprimable, elle serra longtemps la main de M. de Lafayette, et lui dit devant deux amis qui mêlaient leurs vœux aux siens. « Dans ce cahot prochain, vous devez demeurer, vous devez paraître, pour résister au nom du droit et représenter 1789.
Pour moi, je ne puis me représenter Descartes sans un certain effroi, soit à cause du sentiment de mon infirmité, soit en pensant à tant d’efforts sublimes osés avec un corps comme le mien, afin d’arriver à cette puissance d’abstraction qui le fit appeler par Gassendi : O idée !
Il est trop évident que si une morale représente bien l’effort d’une société pour se former et se conserver, ou le résultat acquis par cet effort, ses principes et ses préceptes doivent dépendre étroitement de la nature de cette société.
Jeudi, 11 mai La photographie semble donner presque seulement l’animalité contenue dans l’homme ou la femme représentée.
Le Chercheur représente la science ; il est décidé à s’armer pour savoir, à se rendre fort contre toutes les illusions et tous les prestiges qui pourraient amollir son cœur.
Sébastien-Charles Leconte représente ce nouveau Parnasse avec éclat.
Et on n’était pas moins Français, quand on était catholique, pour s’appuyer sur l’Espagne, qu’on ne l’était, quand on était protestant, pour s’appuyer sur l’Angleterre… Mais c’est la vérité, pourtant, — et mon catholicisme est assez ferme pour en convenir, — qu’ils ne sont pas si grands dans cette histoire qu’on aurait pu s’y attendre et que l’opinion catholique trop reconnaissante les avait faits, ces Guise, qui ont mêlé aux intérêts éternels qu’ils eurent l’honneur de représenter leurs passions, leurs ressentiments et leurs vices, — passions, ressentiments et vices d’un temps terrible où chacun, même les femmes, avait sur les mains du sang de quelqu’un.