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1584. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

On y sent une habitude ancienne et presque une pratique de ces penseurs, une comparaison déjà douloureuse de son propre intérieur avec ce qu’ils ont découvert de celui de l’homme.

1585. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Un intérieur tout rempli de gentilles et bavardes fillettes.

1586. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Le théâtre de la Cité Variété avait donné en floréal an III : L’Intérieur des comités révolutionnaires, ou les Aristides modernes, on y traînait dans la boue les Jacobins vaincus ; en frimaire an VI, le Pont de Lodi, qui reproduisait les péripéties de la bataille qu’Augereau venait de remporter ; en germinal de la même année les Français à Cythère, qui apprenait aux Parisiens que le traité de Campo-Formio venait d’annexer à la République cette île mythologique.

1587. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes.

1588. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

À sa gauche se placeront les personnes de sa famille habitant son intérieur, et à sa droite les personnes distinguées par leur naissance.

1589. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Accoudé sur ce sable, immuable oreiller, J’écoute, en retenant l’haleine intérieure, La brise du dehors, qui passe, chante et pleure ; Langue sans mots de l’air, dont seul je sais le sens, Dont aucun verbe humain n’explique les accents, Mais que tant d’autres nuits sous l’étoile passées M’ont appris, dès l’enfance, à traduire en pensées.

1590. (1914) Boulevard et coulisses

Hervieu y donnait des considérations générales et philosophiques sur les événements, et j’y étais chargé de la politique intérieure et des débats de la Chambre.

1591. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Quelquefois, ils se réunissent en grande cérémonie pour distribuer des prix de vertus — ce qui, soit dit entre parenthèse, serait beaucoup mieux dans les attributions du ministère de l’intérieur. — Ces jours-là ils arrivent en nombre, rayonnants de joie, car ils se font cette illusion qu’ils sont revenus à ce bon temps où ils pouvaient bavarder tout à leur aise dans une assemblée consultative ; un orateur désigné d’avance se lève, il déroule un cahier et se met à lire.

1592. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Mais peu à peu il s’aperçut que, sans son ami, son intérieur était fort peu récréatif. […] Quand elle allait voir son père, il l’accueillait avec une tendresse mélancolique, il la regardait avec une expression de considération et il ne lui faisait aucune question sur son intérieur.

1593. (1881) Le naturalisme au théatre

L’intérieur d’une usine, l’intérieur d’une mine, la foire aux pains d’épices, une gare, un quai aux fleurs, un champ de courses, etc., etc. […] La vie intérieure de madame Sarah Bernhardt ne regardait ni les reporters ni les chroniqueurs. […] La Noce juive, de Delacroix, un tableau d’intérieur large comme la main, est du grand art, tandis que les toiles immenses de nos Salons annuels sont généralement de l’art odieux et lilliputien. […] Mais qu’il me soit permis au moins une fois de ne rien cacher, de dire ma révolte intérieure contre un de ces drames de la queue romantique, qui se moquent du style, de la vérité et du simple bon sens.

1594. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Les habitudes négligées de sa personne et de son vêtement, son allure courbée, son regard vague, sa parole sourde et comme intérieure, tout en lui trahissait l’homme songeur et méditatif. […] Un habitant de l’intérieur des terres pourrait donc confondre une rame de cette forme, avec une pelle à vanner.

1595. (1903) Propos de théâtre. Première série

L’homme soumis à des fatalités extérieures qui sont la force des croyances, la force des préjugés ou la force des circonstances ; — l’homme soumis à des fatalités intérieures qui sont ses passions, et toujours déterminé par elles ; — et, au milieu de tout cela, et malgré tout cela, l’homme libre d’agir dans tel sens ou dans tel autre, et responsable, par conséquent, de ses actes : voilà les trois idées parfaitement contradictoires et inconciliables que l’homme se fait de l’homme à l’heure où nous sommes, qu’il apporte au théâtre quand il en fait, et qu’il y apporte aussi quand il y vient en spectateur ; et voilà aussi les trois idées dont se composait, du temps d’Eschyle, la notion de l’homme moral. […] Si mes regards sont voilés, c’est simplement qu’ils sont tournés sur le trouble intérieur de mon âme. […] Sous l’empire d’une passion croissante, mon cœur égaré ne voit plus qu’elle, et brûle d’une flamme intérieure. » « Brises du vent qui, toutes chargées du parfum des sucs que distillent les pousses du jasmin, avez caressé cette délicate jeune fille aux yeux si vifs, venez, venez toucher mon corps. » Des contemplateurs et des voluptueux, des êtres tout sensitifs, voilà ce qu’ils sont. […] Il traverse des événements ou il est traversé par des événements ; soit ; mais, d’une part, il n’en est pas ébranlé en son for intérieur, Ils déchirent son âme et ne l’ébranlent pas, et, d’autre part, le principal événement, l’événement essentiel de la pièce, c’est, parbleu, bien lui qui le fait, qui le crée, par un acte de sa puissante volonté, par une décision du moi. […] Ils veulent obstinément une même chose, le regard intérieur toujours fixé sur elle, incapables de regarder plus loin, de s’arrêter en deçà, de reculer, ou de s’en distraire.

1596. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Je faisais en même temps les Poésies et Élégies intérieures qui parurent en mars 1830 sous le titre de Consolations.

1597. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans la teneur de la vie, elle était surtout sensée ; elle avait le jugement au-dessus de son esprit, lui disait-on, et cette louange la flattait plus que le reste : ici, la poésie, la sensibilité intérieure reprennent le dessus, quoique la raison ne manque jamais.

1598. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

A en juger par les fruits plus savoureux en avançant, il faut croire que la fatigue intérieure et trop réelle se trompe, s’élude, dans la production, par de certains charmes.

1599. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Pour tout homme sensible qui comprend les sonnets de Pétrarque dans la langue où ils ont été pleurés ou gémis, les sonnets du poète de Vaucluse sont un manuel qu’il faut porter sur son cœur ou dans sa mémoire comme un confident ou un consolateur dans toutes les vicissitudes des attachements humains ; ils calment comme des versets de l’Imitation, et de plus ils enchantent par des mélodies intérieures toujours en concordance du son et des sens.

1600. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Ainsi les arbres, les vignes et jusqu’aux plus petites plantes, ou conservent une perpétuelle verdure, ou, après s’être dépouillées de leurs feuilles pendant l’hiver, s’en revêtent tout de nouveau au printemps ; il n’y en a aucune qui, par un mouvement intérieur et par la force des semences qu’elle renferme, ne produise des fleurs ou des fruits ; de sorte qu’à moins de quelque obstacle, elles parviennent toutes au degré de perfection qui leur est propre.

1601. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Deux anecdotes d’une indécence révoltante sur une courtisane de Venise, sans autre sel que le cynisme des expressions, sont, avec ces rixes d’intérieur, les seules traces de sa résidence à Venise.

1602. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Je changeai d’amorce et mis une jeune sauterelle que je fis flotter dans l’intérieur du nid : l’insecte fut rejeté comme le ver ; et vainement, à deux ou trois reprises, j’essayai de piquer le poisson.

1603. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

XXXII Ma renommée de poète à peine éclos, ma qualité de diplomate français, l’accueil dont j’étais l’objet à la cour du souverain, mon bonheur intérieur, la présence de mes meilleurs amis, le loisir réservé à la poésie de ma vie comme à celle de mes pensées, ma reconnaissance pour tous ces dons de la Providence et mon penchant à la contemplation pieuse qui s’est toujours accru en moi dans les moments heureux de mon existence, comme les parfums de la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée ; lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de proscription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption.

1604. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

J’en ai dit assez pour montrer combien il importe de noter en chaque période la forme et l’essence du gouvernement, le degré de liberté atteint, les grands événements intérieurs ou extérieurs.

1605. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Une lutte nécessaire s’établit entre deux forces, l’une intérieure qui tend à la maintenir dans ses opinions et ses habitudes, l’autre extérieure qui tend à la mettre en harmonie avec les changements opérés autour d’elle.

1606. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Pendant ce massacre, une sœur d’Ochosias, qui vivait dans l’intérieur du temple, était parvenue à sauver un de ses neveux, le petit Joas, encore à la mamelle.

1607. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Livingstone rapporte que les Nègres de l’intérieur de l’Afrique, qui n’ont aucuns rapports sociaux avec les Européens, évaluent à un haut prix les bonnes races d’animaux domestiques.

1608. (1929) La société des grands esprits

Dans sa simplicité et sa bonhomie, la famille grecque annonçait en somme la famille française, sans rien de la terrible discipline romaine, et les gynécées d’Athènes ne différaient guère de nos intérieurs bourgeois. […] Il semble, en certains passages, ne compter en effet que sur le sens intérieur. Mais que lui apporte ce sens intérieur et a-conceptuel ? […] « Un homme de lettres dans toute l’acception du terme, impressionnable, impatient, irritable… Une âme d’artiste, aux vives réactions féminines, entièrement dominée par ses mouvements intérieurs, par les influences du dehors, par les suggestions de toute nature qui viennent traverser ou aider ses desseins » : voilà, semble-t-il, un portrait de Schiller, assez exact. […] Tantôt elle se sert d’un livret ou d’un programme comme d’un intermédiaire, tantôt elle exprime directement le verbe intérieur.

1609. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il savait prévoir, et telles de ses divinations de politique intérieure ou extérieure sont prodigieuses. […] Il ne dissimule rien : ni le relâchement des mœurs dans le clergé « régulier », c’est-à-dire dans les couvents ; ni la lourdeur des dîmes, qui, le plus souvent, ne profitaient même pas au pauvre curé de village, mais à de lointains bénéficiaires ; ni les vexatoires et ruineux impôts féodaux ; ni l’absurdité funeste des douanes intérieures ; ni la terrible « gabelle », qui était un instrument d’appauvrissement continu et progressif, qui même, par sa rigueur, excitait au « crime » les plus honnêtes gens, témoin ce pauvre prêtre, qui, apportant sur son épaule un sac de sel de contrebande, fit un faux pas, car « il faisait glissant », se déchira une joue et le nez et fut en grand embarras pour expliquer ses blessures, que la malignité pouvait attribuera toute autre cause. […] Chuquet nous la fait connaître intimement, et, ainsi, nous introduit, une fois de plus, dans cet intérieur de la famille de Goethe, qui est si intéressant. […] Yeux tirés par les combats intérieurs. […] Tout préoccupé de ses idées intérieures, il disait en riant qu’il se faisait un devoir de ne pas écouter quand on lui parlait.

1610. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Je me sentis soudain exalté par la colère, au point de perdre tout empire sur ma frénésie intérieure : « Ah ! […] L’intérieur de la maison des brodeurs, voisine de la cathédrale qui l’abrite et semble l’écraser : L’ombre éternelle y était pourtant très douce, tombée de la croupe géante de l’abside, une ombre religieuse, sépulcrale et pure, qui sentait bon. […] André Theuriet qui, sous le titre de l’Affaire Froideville, nous a peint un charmant tableau de genre pris sur le vif de l’intérieur de l’un de nos ministères. […] Ces recherches nous transportent, pendant quelques pages, en Perse, où l’auteur nous donne un aperçu très curieux de l’intérieur des harems et de celles qui les habitent.

1611. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ma satisfaction intérieure, je le sens, n’est pas proportionnée aux compliments et aux félicitations qu’en ma qualité de Français je reçois chaque jour des fonctionnaires et des journalistes de mon pays. […] Plus qu’aucun de ses collègues il a bénéficié de ce courant de l’opinion publique, grâce auquel, depuis près de soixante-dix ans, le souvenir de la sanglante tyrannie exercée à l’intérieur a été en s’effaçant, tandis que chaque jour la nation a accepté avec plus de complaisance cette théorie qui représente la Terreur comme ayant été nécessaire pour repousser l’invasion. […] On lui demande de renoncer à toute pensée de conquête, de ne plus s’occuper que du bien-être intérieur, de l’éducation des enfants, enfin, de se contenter de l’estime et du respect des étrangers, au lieu de leur méfiance et de leur jalousie. […] Dans ma jeunesse, je voulais escalader le ciel et y trouver Dieu, puis j’ai rêvé le bien du genre humain, celui de la patrie, puis je me suis résigné à m’arranger une vie d’intérieur, et voilà qu’une vile taupinière m’a jeté par terre ; que dis-je ?

1612. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Peut-être, en son for intérieur, éprouva-t-il une grosse déception, peut-être en voulut-il au général de sa déplorable insuffisance. […] L’accomplissement réel, absolu, parfait, c’est le moment intérieur que nous avons éprouvé l’un et l’autre, dans la splendeur funèbre de ce caveau. […] Georges Rodenbach ne se borne pas à peindre des intérieurs, il brosse des paysages — des paysages du Nord, aux lignes vagues, enveloppées de brouillard. […] Anatole France le compare très ingénieusement à un faune, à un satyre, à un être demi-brute, demi-dieu, inconscient de lui-même et soulevé par un souffle intérieur.

1613. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Chacun, s’observant à l’approche d’un si profond observateur, avait lieu de trembler que ses manies ne se décelassent à la subtilité de son esprit, et sentait qu’un œil si prompt à sonder l’intérieur des âmes en surprenait les plus secrets mystères. […] Veut-on se convaincre bien de cette même pénétration qu’il exerçait sur lui, de sa rare sensibilité, de son indulgente sagesse et de la conscience scrupuleuse de ses jugements : un trait unique dans la vie des hommes, toujours aveuglés en leur propre cause, attestera sa clairvoyance intérieure, et son impartialité sur ses plus chers intérêts. […] La force n’est pas l’exagération ; et qui descendra des plus nobles maisons dans l’intérieur de la dernière bourgeoisie et au-dessous d’elle encore, verra des contrastes plus marquants et plus tranchés que ceux qu’il envisage à la scène comme de folles caricatures. […] S’il est nécessaire que les acteurs d’une pièce se transportent d’un lieu en un autre, on ne fera pas difficulté de le souffrir : comme on le voit dans le Médecin malgré lui, dans le Festin de Pierre, et dans la plupart des comédies d’intrigues : ces pièces pécheraient par le vraisemblable, si le fagotier exerçait la médecine dans son bois et non dans une maison ; si les aventures de dom Juan se passaient toutes dans sa chambre ; si les accidents, qui n’arrivent que dans les rues ou dans les places, s’effectuaient dans l’intérieur de l’asile des personnages. […] Mais cette uniformité n’existe dans aucun pays, ni d’une capitale à une province, ni d’une cité à un village, ni dans l’intérieur d’une seule ville, ni d’une maison à une autre, ni même dans une seule maison.

1614. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Par exemple, celui-ci, qui était un habile faiseur de jolies comédies, et qui s’est laissé faire sous-préfet à Saint-Denis ; celui-ci, qui était un satirique écrivain de comédie politique, et qui s’est coupé en deux, si bien qu’une partie de ce spirituel Dufougerais est administrateur des haras, pendant que l’autre partie administre le ministère de l’intérieur ; cet autre était double aussi, il faisait de la satire politique, il avait une rime pour tous les noms, un nom pour toutes les rimes ; il a déposé sa virulente satire on ne peut dire à quel seuil, et il est allé chacun de son côté, on ne sait où. […] Puis enfin, le drapeau gagné et l’ennemi en fuite, il est revenu à ses travaux, à ses études, à la paix intérieure ; il n’a plus contemplé que de loin le choc tumultueux des partis. […] Werther est un enfant du siècle passé ; il est un sceptique, il appartient au genus ardelionum, à ces ardélions de la vie intérieure qui agissent beaucoup pour ne rien faire, qui s’usent eux-mêmes en efforts inutiles. […] On lui doit le recueil des décrétales du viiie  siècle, et les comptes perdus de tant de villes, de seigneuries, de châteaux, de bibliothèques, et grande quantité de vieux titres dont se sont enrichis, plus tard, le ministère de l’intérieur, le ministère de la marine et celui de l’agriculture. » Tel était leur travail. […] Ce que nous disons là est si vrai, que nous pourrions citer tel journal parisien qui a déjà usé trois générations de publicistes et de critiques, sans que, dans son public, qui est immense, pas un lecteur s’aperçût de ses révolutions intérieures.

1615. (1894) Critique de combat

Ce n’est pas nous qui lui reprocherons d’attacher une importance extrême à la réforme intérieure, de rendre aux forces morales la part considérable qui leur revient dans l’évolution des choses humaines. […] C’est un sérieux effort pour démêler et pour rattacher par un lien logique plusieurs manifestations très diverses de la force intérieure dont l’œuvre du poète est la visible et multiple expression. […]   Vous vous rappelez, mon cher Millerand, l’intérieur modeste et charmant où nous reçut, par un jour neigeux d’avril 1890, le président de la Confédération. […] Je parle seulement de la lutte intérieure qui tourne une moitié de chaque peuple contre l’autre moitié.

1616. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Sensible, mélancolique, souffrant, le peintre immortel de Didon aurait dû, ce semble, avoir pour lui toutes les âmes tendres ; il aurait eu bien besoin, on croit l’entrevoir, de ces entretiens consolants et reposants qui charment dans l’habitude intérieure de la vie, qui soutiennent dans les jours d’affaiblissement et de langueur.

1617. (1929) Dialogues critiques

Pierre Mais c’est contre lui-même, Thibaudet, que celui-ci se confesse de l’aimer, indiquant ainsi qu’il accueille et nourrit en son for intérieur au moins quelques larves.

1618. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

On n’avait pas de ces préoccupations d’affaires qui gâtent l’intérieur et rendent l’esprit épais.

1619. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

En ce temps-là, poursuit-il, une jeune et belle personne de seize ans, que je n’aurais voulu aimer que comme un père, habitait avec sa mère dans ma maison ; elle entrait dans ma chambre de travail pour les petits services de l’intérieur chaque fois que je sonnais pour demander quelque chose ; j’abusais un peu de la sonnette, surtout quand je sentais ma verve tarir ou se refroidir.

1620. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Ces tantes font le charme de ces intérieurs ; ce sont les cariatides gracieuses et vivantes de la maison : elles ne la supportent pas, mais elles la décorent.

1621. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Hier, mercredi des Cendres, j’étais à genoux, seul, dans cette église de Santa-Croce, appuyé sur les murailles en ruine de Rome, près de la porte de Naples ; j’entendais le chant monotone et lugubre des religieux dans l’intérieur de cette solitude.

1622. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Ses traits étaient sévères, nobles, purs, élégants, éclairés par l’intelligence intérieure qui les avait, pour ainsi dire, façonnés à son image ; le front, élevé, et poli comme une table de marbre destinée à recevoir et à effacer les mille impressions qui le traversaient ; le nez, aquilin, très resserré entre les yeux ; le regard, à la fois recueilli en lui-même, ferme et assuré sans provocation quand il s’ouvrait et se répandait sur la foule ; la bouche, fine, bien fendue des lèvres, sonore, passant aisément de la mélancolie des grandes préoccupations à la grâce détendue du sourire ; les joues, creuses, pâles, amaigries par les contentions de l’étude et par les fatigues de la tribune aux harangues.

1623. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

XXIV C’est ainsi qu’il arriva à ses derniers moments, résigné, pieux, plein de cette joie intérieure que l’homme étendu sur le fumier de Job trouve dans l’entretien perpétuel et solitaire avec son invisible ami.

1624. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Voilà quelle était la vie habituelle des habitants du Cayla, avec les modifications que l’âge, les circonstances, les petits événements intérieurs apportaient dans ces habitudes.

1625. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Mais ce jour-là, chaque famille se tenait autour de son âtre, et l’on voyait les petites vitres rondes comme piquées d’un point rouge, à cause du grand feu de l’intérieur.

1626. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Elle a cent mille organes intérieurs pour se prouver à elle-même ces vérités, qu’on ne saurait lui démontrer ; elle fait ainsi ces actes de foi.

1627. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

J’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu, ô Éternel… Que chacun de mes semblables se découvre à son tour au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu’un seul te dise, s’il ose : Je fus meilleur que cet homme-là ! 

1628. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

cette agonie muette, intérieure, sans autre témoin que l’amour-propre qui saigne et le cœur qui défaille !

1629. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Il ajoutait encore que ces psychologues, bon gré, mal gré, étaient plus faits pour les descriptions de l’extériorité que pour des phénomènes intérieurs, que par leur éducation de l’heure présente, ils étaient capables de décrire très bien un geste, et assez mal un mouvement de l’âme.

1630. (1894) Textes critiques

Il y a deux sortes de décors, intérieurs et sous le ciel.

1631. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Son âme a reçu plus de part que celle des autres nations dans ce type éternel et ineffable de beauté qui est le modèle intérieur sur lequel se moulent les actes ou les œuvres de l’homme.

1632. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

De la cité intérieure il est allé à la cité future.

1633. (1926) L’esprit contre la raison

Ici, l’intérieur fait exploser l’enveloppe charnelle étriquée ; l’armature bloque l’expression de l’infini.

1634. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

À l’intérieur des terres, tout le long du rivage septentrional de la Plata, je n’ai vu, en outre des couches tertiaires modernes, qu’une étroite bande de rochers légèrement métamorphiques, qui seuls pouvaient avoir appartenu au revêtement originel de la série granitique.

1635. (1903) La renaissance classique pp. -

Flaubert avait vu pourpre lorsqu’il conçut Salammbô : sur toute son épopée africaine, il y aura comme un reflet d’étoffes éclatantes et précieuses… Puis le poète demandera sans doute à son œuvre de flatter son imagination amoureuse des lignes et des couleurs, de lui chanter les mélodies intérieures qui accompagnent en son âme les plaintes ou les émois du sentiment, de fournir une matière docile à ses aptitudes d’ordonnateur et d’architecte verbal, de vibrer à l’unisson de sa sensibilité, de contenter ses enthousiasmes et jusqu’à ses manies, de soulager même sa mémoire, éprise des choses antiques… Quoi encore ?

1636. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Conforme à la chronologie, le plan se trouvera l’être ainsi, de plus, à ce que nous appellerons l’histoire plus intérieure du genre. […] Les Pensées sont venues compléter les Provinciales, et, à cette idée que la morale ne saurait, sans cesser d’être elle-même, se ployer aux exigences des temps ni des lieux, elles sont venues ajouter celle-ci, que le devoir essentiel de l’homme est de travailler au « renouvellement » intérieur de lui-même. […] Et c’est même pour cette raison qu’à de certains égards la destruction de Port-Royal, qui semble n’être dans notre histoire politique intérieure qu’une mesure d’ordre administratif, à la vérité violente et tyrannique, est dans notre histoire intellectuelle et morale un fait presque aussi considérable que la révocation de l’édit de Nantes. […] Ce qui est du moins certain, c’est que, de tout temps, avant d’être une règle de conduite intérieure pour lui, la religion a été pour Louis XIV une affaire d’État.

1637. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

représente l’intérieur de ce couvent des Carmélites de Chaillot où vinrent expirer tant de haines, où furent expiées, si cruellement, tant d’ambitions et tant d’amour. […] Acte III. — Intérieur d’une chapelle, le tonnerre, les éclairs, la nuit, etc.

1638. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Je vous dirai tout à l’heure ce que c’était que cet intérieur de Francis Coppée, si doux, si hospitalier, si tendre, avec une indulgente vieille femme dont je fus un peu le fils, moi aussi. […] Au contraire tout ce qui est beau, tout ce qui est tendre et fier, la mélancolie hautaine des vaincus, la candeur des vierges, la sérénité des héros, et aussi la douceur infinie des paysages forestiers traversés de lune et des méditerranées d’azur où tremble une voile pâle au loin, — l’impressionne incessamment, le pénètre, le remplit, devient comme l’atmosphère où respire heureusement sa vie intérieure. […] Mais sous la dureté livide de la chair Se débat en hurlant l’angoisse intérieure, Comme un chacal captif qui miaule et qui pleure Bondit sans l’ébranler dans sa cage de fer.

1639. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Aucun d’eux n’avait su se faire écouter : — ni les princes charmants des mille et une nuits parisiennes, dont les cartes de visites ont parfaitement cours dans les exchange office ; — ni les gros sacs de la finance, hydropisies sonores qui veulent bien consentir à adresser l’expression de leur hommage, sous enveloppe, dans une toison du Thibet, — mais qui n’aiment pas à remettre à huitaine, comme Bilboquet, l’achat des carpes qui excitent leur convoitise ; — ni les Tucarets de l’industrie, dégustateurs jurés de toutes les primeurs friandes, qu’elles mûrissent au feu du soleil, ou aux feux de la rampe ; — ni les petits messieurs qui trempent leur chaussure dans le carmin de la Régence ; — ni les vicomtes et barons de fantaisie, dont la vicomté ou la baronnie n’existe que brodée au plumetis dans le coin de leur mouchoir et qui exigeraient volontiers que l’on peignît le rébus de leur blason sur les panneaux des omnibus ; — ni les amoureux saules-pleureurs, qui n’ont que le cœur et pas de chaumière ; — ni les poëtes de première année, qui gravissent la montagne de l’Hélicon— mortelle aux bottes, et se nourrissent exclusivement de radis noirs, afin d’économiser les frais d’impression d’un petit volume jaunâtre, dans l’intérieur duquel ils crachent leurs poumons ; ce qui est aussi malsain pour la santé que pour la littérature. — Ô miracle ! […] Il les a logées dans un intérieur auprès duquel Trianon n’est qu’un hôtel garni. […] Il pensa qu’il n’y aurait pas d’indiscrétion à se présenter au ministère de l’intérieur, et que ses anciennes relations avec le portefeuille de la rue de Grenelle ne pourraient que lui être favorables.

1640. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Apparemment quand ils ont dit strict au lieu d’étroit, quand ils ont multiplié, au début ou dans l’intérieur des mots, des combinaisons de consonnes que nos ancêtres ne pouvaient pas seulement prononcer ! […] Il est loin de dédaigner les recherches élégantes ; il se plaît dans les savantes inventions du confort et du luxe contemporains ; il est amateur de meubles de prix, connaisseur en bibelots ; il n’a pas son pareil pour composer aux héroïnes de ses romans un intérieur moelleux, coquet, aristocratique ; il a souci de leur toilette comme de la sienne ; il se plaît à garder dans sa tenue une correction raffinée. […] Les fleurs s’ouvrent sous sa fenêtre, amoureusement ; l’or tendre du soleil couché s’étend sur la ligne de l’horizon avec une délicatesse adorable41. » Il esquisse ainsi tout un tableautin d’intérieur avec une vaste échappée sur la nature.

1641. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ces deux pièces, très différentes de style, de mouvement et d’inspiration, mais identiques d’accent et qu’il m’a été donné de lui entendre chanter plusieurs fois — Dieu sait avec quelles trépidations intérieures !  […] Car il y a en lui, en cet esprit ailé qui se tord, un mystique singulièrement contagieux et pénétrant, un mystique égaré et sans flambeau, mais fixé, comme tous les mystiques, dans une intense et expectante préoccupation du surnaturel — dès lors, perpétuellement livré aux affres de l’invisible et, sans relâche, suraiguisant de toute l’angoisse de sa vision intérieure l’atroce couteau de la réalité. […] Les âmes supérieures s’égorgent silencieusement et invisiblement elles-mêmes dans l’obscurité quasi sépulcrale de leurs combats intérieurs.

1642. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

On l’a repris d’avoir, en ses tableautins d’intérieurs bourgeois, de rues qui quittent la cité, et des banlieues où les venelles sont des ruelles, usé de locutions peu relevées, de rythmes peu magnifiques, et, en un mot, de quelque prosaïsme. […] De même qu’il y a de l’amour, du vrai amour dans les plus parisiennes « Intimités » de François Coppée, il y a de la bonté, de la vraie bonté, dans ses « Promenades et Intérieurs » ; il plaint d’une âme infiniment tendre et comme fraternelle, les petits, les humbles, les médiocres même, dont il décrit les séjours chétifs et laborieux, dont il conte les délassements dominicaux, hors des murs, près des guinguettes. […] Il y a eu révolution à l’intérieur, il n’y avait jamais eu « invasion », et si Banville, Glatigny, Mendès ont fait, il y a vingt-cinq ans, des vers ternaires, que certains symbolistes dénommèrent avec moins de simplicité : « dodécapopes tripartites », — Corneille en a fait aussi.

1643. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Car ce sage gardait dans l’esclavage le plus cher des trésors, la liberté intérieure. […] D’ailleurs, qu’est-ce que la volonté, au sens vulgaire du mot, sinon la puissance intérieure par laquelle l’homme se détermine à agir ou à ne pas agir ? […] L’intérieur de la demeure est nu, frais et sombre. […] Les couloirs de la chambre intérieure étaient en maçonnerie et renouvelaient les merveilles de construction des dieux.

1644. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Et cependant il a envie d’avoir un intérieur, un ménage, des enfants. […] Tant qu’on reste dans son for intérieur, dans le monde pur de la spéculation, rien de plus simple que d’enchaîner les conséquences aux prémisses par des liens rigoureux ; mais quand il s’agit de la vie active, oh ! […] De ce qu’il a épousé une « demoiselle » par ambition et de ce que ce mariage, au lieu des honneurs qu’il en attendait, ne lui a apporté qu’humiliation et gourmades ; c’est, si l’on peut dire, un comique intérieur plutôt qu’extérieur. […] Mais il s’est fait une révolution dans son âme, révolution tout intérieure, qu’il ne trahit par aucun aparté, que rien n’a pu nous faire soupçonner, et pourtant, quand il se tourne vers son fils, et qu’il lui crie tout d’un coup : Ah ! […] Elle se tenait à trois pas de sa Psyché, lui débitant sa petite affaire sans cette émotion intérieure qui aurait dû attendrir ou enflammer ses paroles.

1645. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Les révolutions que la comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des peuples & dans la forme des gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des chefs, étant l’objet principal de l’envie & de la censure dans un état démocratique, le peuple d’Athenes, toûjours inquiet & mécontent, devoit se plaire à voir exposer sur la scene, non-seulement les vices des particuliers, mais l’intérieur du gouvernement, les prévarications des magistrats, les fautes des généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre ou séduire. […] Une voix ingrate, des yeux muets & des traits inanimés, ne laissent aucun espoir au talent intérieur de se manifester au-dehors. […] L’histoire n’est pas moins le tableau de l’intérieur que de l’extérieur des hommes. […] Ce n’est point ce doux soûrire, cette complaisance intérieure qu’excite en nous Janot Lapin, la mouche du coche, &c.

1646. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Les sots croient qu’en elles-mêmes souvent, à l’intérieur d’elles-mêmes elles se contredisent. […] Souvent elles-mêmes à l’intérieur d’elles-mêmes elles se contredisent. […] C’est une œuvre de vie intérieure et ensemble de vie publique. […] Voilà du moins la triple contrariété, intérieure, le triple retournement, le triple renversement, (la triple ingratitude), qu’il faudrait analyser un peu, éclairer, classer, établir, démonter peut-être.

1647. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Voici par exemple une échappée sur un de ces intérieurs « d’artistes » ou plutôt de cabotins qu’on voit manœuvrer dans le roman : Sur un guéridon, entre deux sacs de bonbons, l’un portant l’étiquette de Boissier, l’autre l’étiquette de Siraudin, étaient posés un plat de perdrix aux choux et une salade sentant le vinaigre. […] Ses beaux bras étaient nus, elle était couverte de bracelets et de colliers et portait la volumineuse coiffure à paillettes de métal des femmes de l’intérieur, qui jetait sur sa beauté un mystère d’idole. […] Mon œuvre fait tellement partie de mon être intérieur, elle est si véritablement le produit de mes observations, de mes réflexions, de mes impressions personnelles, que c’est véritablement une portion de moi-même que je donne au public sur la scène ; et quand j’arrive au lecteur, je lui livre le reste, le fond même de ma pensée, que les lois du théâtre ne me permettent pas toujours de dire tout entière.

1648. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Non, non, le dieu de la philosophie antique, l’homme à la voix intérieure, n’est pas sorti vaincu de la fête licencieuse et avinée des tonneaux, des coupes et des marmites. […] Ce bel esprit trop heureux n’a pas le temps de tirer d’un personnage le parti qu’il en pourrait tirer ; il veut vivre, il veut obéir à la fantaisie, à la poésie, à la fortune, au rire intérieur ; prends garde, il arrive le tourbillon ! […] Il était d’assez belle stature, maigre et bien fait ; il portait la tête haute, et jamais, à le voir, on n’eût pensé que toute cette pauvreté intérieure était le partage de cet homme au bel aspect. […] Voilà pourquoi ce caractère de l’égoïste de la bonne compagnie, grâce aux progrès que nous avons faits dans la vie élégante, nous paraît aujourd’hui très supportable. — Cet homme, dites-vous, est maussade dans son intérieur, mais cependant vous avouez qu’il est charmant dans le monde !

1649. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

C’est cet esprit, qui, commun à ce moment à l’Angleterre et à la France, imprime son image dans la diversité infinie des œuvres littéraires, en sorte que dans son ascendant partout visible on ne peut s’empêcher de reconnaître la présence d’une de ces forces intérieures qui ploient et règlent le cours du génie humain.

1650. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Un appartement salubre et décent fut affecté, dans l’intérieur de l’hôpital Sainte-Anne, à la réclusion du poète.

1651. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

« Certes, il est fort étrange d’aller ici chercher une comparaison parmi les animaux, pour soutenir que les fonctions des femmes doivent être absolument celles des maris, auxquels on interdit, du reste, toute occupation intérieure.

1652. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il ne craint pas, dit-il, d’aller contre l’opinion commune, et dût-il être poursuivi par l’Attorney-général, il avouera que dans la situation extérieure et intérieure du pays, il ne voit aucune nécessité absolue d’extirper le christianisme en Angleterre.

1653. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Une femme âgée d’environ quatre-vingts ans, dont la figure conservait des traces de noblesse et de beauté pâlies par la souffrance, vous indiquait du geste la porte de la chambre adjacente, d’où l’on communiquait par l’intérieur avec sa chambre à elle.

1654. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Il ne me semble pas non plus difficile qu’un insecte isolé, tel qu’une Guêpe-reine, construise des cellules hexagones, s’il travaille alternativement à l’intérieur et à l’extérieur de deux ou trois cellules commencées en même temps, se tenant toujours à une juste distance des parois des cellules commencées pour décrire des sphères ou des cylindres imaginaires, et élevant ensuite des cloisons dans chaque plan d’intersection118.

1655. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Le théatre de Marcellus, le portique et les décorations intérieures de la rotonde, le temple de Jules Cesar dans le Campo Vaccino , le temple du Jupiter Anxur à Terracine, qu’on sçait par une inscription gravée sur un des marbres du gros mur, être l’ouvrage du C.

1656. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

En se montrant peintre à ce degré, en prenant si particulièrement les hommes à partie dans le sujet qu’il abordait, Cassagnac n’obéit pas seulement à l’inspiration naturelle de son esprit, à cette projection intérieure qui est l’impulsion du talent.

1657. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Au fond, toutes ces divisions ne sont que des noms… Cette nature spirituelle de l’homme, cette force vitale qui habite en lui, est essentiellement une et indivisible, et ce que nous nommons imagination, compréhension, fantaisie, ne sont que les différentes figures de la puissance de Vision intérieure (Power of insight), qui est tout l’homme et qui donne rigoureusement sa mesure (a correct measure ofman). » Et Carlyle ne s’arrête pas là.

1658. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Si le monastère n’a pas péri de ce mal intérieur qui lui dévorait les entrailles, c’est grâce à la piété de ses moines et au courage de ses commandants militaires, parmi lesquels il se rencontra un abbé, un abbé-capitaine, Geoffroy de Servon, ami de Duguesclin, qui, au plus noir de la guerre de Cent ans, fit de sa crosse une lance et fut exactement un héros.

1659. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Lorsque, maintenue par l’énergie du pouvoir laïque, l’autorité religieuse n’exerçait plus une action directe sur la politique intérieure, sa haine contre les nouveaux émancipés redoublait dans l’ombre, grosse de vengeances futures.

1660. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Voyez plutôt comme tout se tient : quand les actes sont séparés par un certain laps de temps, et que l’action se déroule, forcément, dans des milieux divers, on ne saurait passer d’un acte à l’autre comme on passe, dans un roman, d’un chapitre à l’autre, en tournant une page ; il faut laisser aux machinistes le temps de remplacer un intérieur parisien par une plage de la côte d’Azur ; il faut permettre à l’héroïne de changer de toilette et de coiffure, et au héros de se vieillir un peu.

1661. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Examiner pourquoi l’on rit moins aujourd’hui au théâtre, & si c’est la faute des Auteurs ou celle des spectateurs, est une entreprise délicate, & qui tient néanmoins à la solution du problême : on doit distinguer d’abord le mouvement machinal des lèvres, de la satisfaction intérieure. […] Il faut travailler avec soin l’intérieur de notre âme, qui est le sanctuaire où résident les images & les pensées.

1662. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Il nous engage à observer (dans la préface des Grands Initiés) que toutes les religions, par exemple, ont deux histoires : l’une extérieure et l’autre intérieure ; l’une apparente et l’autre cachée. […] Ce grand bavard de Pausanias qui, voyageant par la Grèce, écrit tout ce qu’il voit, tout ce qu’il sait, se tait subitement lorsqu’il a dépeint de son mieux les dehors du sanctuaire éleusinien : « Quant à ce qu’on voit à l’intérieur du sanctuaire, dit-il, je n’ai pas le droit de le révéler ; les profanes ne doivent pas le connaître et ils n’ont pas la liberté de s’en informer curieusement. » C’est qu’il était, ce Pausanias, quoiqu’un peu sot, l’un des initiés d’Éleusis ; et, pendant le millier d’années que durèrent les révélations circonspectes, il n’y eut pas un seul initié pour trahir l’auguste confidence. […] Mais il a choisi pour son héros un catholique, voire un défenseur de la religion, de la doctrine et même de l’orthodoxie, un laïc, un homme de plume et qui consacre son talent, sa foi, son énergie à lutter contre les ennemis de l’Église, ennemis du dehors, les athées et anticléricaux, ennemis de l’intérieur, les novateurs chrétiens et modernistes. […] Ma chaîne est trop fortement rivée pour que vous ayez l’intention de la détacher… » Et puis : « En fait de distractions intérieures, j’ai la distraction de lire Le Moniteur !

1663. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

L’angoisse que les graves événements de l’intérieur et de l’extérieur donnent à tous les cœurs nobles, ne nous permet point les loisirs tranquilles et charmants que nous aimions. […] Sa jeune âme, à peine sortie des limbes, n’avait, pour s’affirmer devant la vie, pour prendre conscience avec la vie, que ces visions macabres… Aussi, c’était avec un véritable effroi qu’il voyait arriver ces mercredis, marqués de croix noires, et il préférait, à ces désolants spectacles du dehors, les mornes cours intérieures et les salles d’études pleines d’ennui et de silence. […] Ce qui nous étonne surtout, ce qui nous subjugue, c’est la force de l’action intérieure, et c’est toute la lumière douce et chantante qui se lève sur ce livre, comme le soleil sur un beau matin d’été.

1664. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Or, pour développer la matière propre à la haute poésie qui la met en œuvre, nous avons sondé, comparé le goût universel des temps et des nations ; indispensable tableau de ce qui leur sembla digne d’être célébré, tableau d’où rejaillirent les clartés qui devaient nous diriger en nos jugements ; et pour reconnaître par quelles facultés le poète sait démêler et choisir cette même matière, que son art embellit avec tant d’efforts et de persévérance, nous dûmes interroger sa vie, scruter les sentiments intérieurs de son âme, descendre dans le mystère de sa studieuse sagesse, et revenir ainsi, par cet examen de son portrait moral, au principe sur lequel je fondai particulièrement mon cours, qui tend à rapporter aux vertus du cœur de l’homme le caractère analogue de son génie. […] Non sans doute ; il s’adressera donc, en son sujet tout mystique, à la plus auguste puissance qu’il ressente en lui-même capable d’y répandre une lumière intérieure et profonde, et s’écriera par un nécessaire transport : « Âme immortelle !

1665. (1923) Au service de la déesse

Et, quant aux mortels, la loi de partage les enferme dans des limites, à l’intérieur desquelles ils sont libres. […] Dépris de ses rêves héroïques de jeunesse, déçu ensuite dans son apostolat à l’intérieur, rejeté à la direction des âmes de femmes, il cherchait, quoi ? […] Le quiétisme divinise, en quelque sorte, les impressions et les spontanéités de l’homme intérieur ; le quiétisme, en quelque sorte, a réhabilité l’instinct : bref, le quiétisme suppose l’âme humaine apte à connaître Dieu par le pur amour. […] Trois pages de la Fille Élisa vous offrent ce bouquet de jolies phrases : « En le saisissement de ce mortel oui, du froid passe dans tous les dos… On aperçoit des gestes irréfléchis, errants, des mains boutonnant, sans y prendre garde, un habit sur les battements d’un cœur… L’accusée s’assied, s’agitant dans un dandinement perpétuel sur le grand banc… Un larmoiement intérieur lui fait la narine humide… Des paroles basses sont échangées sous des acquiescements de fronts pâles… La condamnée, se jetant en avant dans un élancement suprême, et la bouche tumultueuse de paroles qui s’étranglent… » etc.

1666. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Portrait d’Armande Béjart ; Molière l’épouse ; intérieur de son ménage ; sa femme et ses deux anciennes maîtresses. […] Le Roi, cependant, malgré son trouble intérieur, eut assez de présence d’esprit pour adresser à Molière un reproche d’omission : « Voilà », lui dit-il après la représentation, en voyant passer M. de Soyecourt, son grand veneur, « voilà un grand original que vous n’avez point encore copié. » — « C’en fut assez, dit l’auteur du Menagiana, qui rapporte ce fait ; cette scène fut faite et apprise en moins de vingt-quatre heures. » Et le Roi eut la satisfaction, à la représentation de cette comédie donnée à Fontainebleau le 25 du même mois, d’y voir joint ce rôle, « dont il avait eu la bonté de lui ouvrir les idées45 ». […] Quand on porte ses regards sur l’intérieur du ménage de Molière, on doute qu’il ait vécu un seul instant heureux. […] Molière chercha dans la tranquillité de son intérieur un remède à sa douleur.

1667. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

La lettre de Malherbe, animée d’une égale admiration, porte le cachet particulier à une génération différente : on y trouve rendu, dans une grande énergie et vivacité d’impression, le sentiment de ceux qui, ayant joui du bienfait de l’ordre et de la paix intérieure sous le régime de Henri IV, estimaient tout perdu ou au hasard de l’être pendant les quatorze ans d’interrègne réel, et qui virent enfin reparaître en Richelieu un pilote inespéré et un sauveur.

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