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1978. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Cela serait triste ; heureusement, il est certain que la connaissance du passé peut servir au présent et à l’avenir, et même qu’il doit s’en dégager des leçons de haute valeur.

1979. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

C’est le type dans la disgrâce physique de la grâce morale ; il y a chez cet apôtre du Doute, la haute et intelligente amabilité d’un prêtre de la science.

1980. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Euripide s’éleva moins haut.

1981. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

Une grosse draperie jetée sur le haut de sa tête retombe sur ses épaules ; toute la partie supérieure de son corps est nue par devant.

1982. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Tableau de 14 piés de large sur 10 piés de haut. énorme composition, énorme sotise.

1983. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — I »

Mais eût-il été maigre et d’humeur bougonne, qu’il avait un trop haut sentiment de sa tâche et de ses responsabilités pour s’accorder le plaisir de laver la tête à tous ceux qui ne l’ont pas propre.

1984. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Les uns devinrent conseillers d’État, sous-secrétaires d’État, en attendant d’être ministres ; les autres voulurent être et furent conseillers d’université, pairs de France : il y eut une légère curée dans les hauts rangs. […] Magnin des airs superbes, et il se sentait pour lui quelque dédain qu’il ne dissimulait pas ; il riait de lui voir des velléités de savoir en tous sens quand les instruments pour cela lui manquaient en partie ; il ne se prêtait pas toujours à le satisfaire, quand on le questionnait au nom de son curieux et friand collaborateur, sur les choses et les hommes d’au-delà du Rhin : « Ce sont des envies, des caprices d’érudition, disait-il ; il peut attendre. » Il triomphait avec supériorité de son accès aux hautes sources germaniques et de sa première nourriture de moelle de lion. […] Tout cela, à quelques liaisons près, forme un ensemble depuis le haut Moyen-Age jusqu’aux abords du VIe siècle.

1985. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

… » Et plus loin… « En entrant dans ma chambrette ce soir à dix heures, je suis frappée de la blanche lumière de la lune qui se lève ronde derrière un groupe de chênes aux Mérix ; la voilà plus haut, plus haut, toujours plus haut, chaque fois que je regarde.

1986. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

La gloire la plus haute, c’est de fonder ce qui dure ; et ce qui n’est fait que pour un seul ne dure pas. […] Il a fait la guerre pendant vingt ans : cela veut dire que, pendant vingt années, il a tenu haut l’âme de ce peuple, en exaltant chez lui le courage, la fierté, l’esprit de sacrifice. […] Faustus, après le parfait contentement de ses sens, a la joie plus haute de connaître la vérité.

1987. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

M. de Goncourt, dans le haut de son petit hôtel, pour qu’on ne dérangeât pas les autres pièces, réunissait tous les fidèles. […] L’extravagance et la bizarrerie paraissent, en ce temps de profonde ignorance et de complète inculture, les signes d’un haut esprit. […] » Il dit encore : « Ce que les hommes et les femmes de race ont de supérieur aux autres et ce qui leur donne un droit indéniable à une estime plus haute, ce sont deux arts perfectionnés de siècle en siècle par héritage : l’art de savoir commander et l’art de l’obéissance fière.

1988. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Je ferai connaître, de mon mieux, à vos lecteurs notre école Wagnérienne russe ; encore que les exigences d’un commerce de fourrures et de thés me rendent bien incompétent pour traiter d’aussi hautes questions. […] Sans doute les grands poètes ont créé une vie plus haute et meilleure que d’autres ne pouvaient le faire : mais le musicien, pour exprimer pleinement par sa musique la vie émotionnelle d’un personnage, doit recréer entièrement ce personnage ; et il est à craindre que les inventions des grands poètes ne puissent pas être revécues aussi entièrement par lui que ses propres inventions. […] Brünnhilde ma forte, dors couchée en les ruissellement du rouge sonore, dors en la très haute paix des divins embrasements, sommeille, calme, sommeille, bonne : Brünnhilde, espère à Lui : Héros viendra, le réveilleur, Noble viendra, vainqueur des Dieux, superbe et roi … sur le roc transfulguré, ô Brünnhilde, en l’indubitable attente, sommeille, dors, bien aimée, parmi la jubilante flamme : je te sens, et je te pense, et, dans les majestueux gais épanouissements du feu, avec toi je rêve aux Crépuscules futurs, ô dormeuse des divinités passées … » Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter)   Analyse du numéro IX Hans von Wolzogen : Notes sur les œuvres Posthumes de Wagner, avec le fragment complet « le féminin dans l’humain ».

1989. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

. — Entendez, résonnement fait de souvenir, la voix tue du rossignol : « Les dernières notes de son chant étaient tombées, rebondissantes en écho, comme des perles jetées de très haut dans un bassin de fabuleux cristal. » — Un être lucide jusqu’ici devient fou. […] Aujourd’hui, mieux regardée et mieux comprise, c’est l’œuvre entière que j’aime en sa beauté diverse et savante, en la haute signification de son ensemble. […] Les rayons du ponant accrochent au passage Les nuages en haut, en bas les hautes branches.

1990. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Nous avons vu plus haut la belle hypothèse de Spencer sur la « genèse des nerfs », que plusieurs découvertes récentes ont paru confirmer ; Spencer aurait pu employer des considérations analogues pour expliquer comment l’organe de la mémoire s’est peu à peu formé dans le cerveau et dans tout le système nerveux. […] De même que les lois biologiques ou vitales, qu’on reconnaît nécessaires pour l’explication du souvenir, sont simplement, à nos yeux, le premier degré des lois psychiques, de même les lois sociologiques en sont le plus haut développement, et la considération de ces dernières lois nous semble également nécessaire pour expliquer le souvenir. […] Voir plus haut, chapitre premier.

1991. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Je les repais de vent, que je mets à haut prix ; Prends garde à ce qui peut allécher leurs esprits ; Sais toujours applaudir, jamais ne contredire ; Etre de tous avis, en rien ne les dédire ; Du blanc donner au noir la couleur et le nom ; Dire sur même point tantôt oui, tantôt non. […] Lorsque l’amour s’empare de deux cœurs, Pour rompre leur commerce et vaincre leurs ardeurs, Employez les secrets de l’art et la nature, Faites faire une tour d’une épaisse structure, Rendez les fondements voisins des sombres lieux, Elevez son sommet jusqu’aux voûtes des cieux, Enfermez l’un des deux dans le plus haut étage, Qu’à l’autre le plus bas devienne le partage, Dans l’espace entre deux, par différents détours, Disposez plus d’Argus qu’un siècle n’a de jours, Empruntez des ressorts les plus cachés obstacles ; Plus grands sont les revers, plus grands sont les miracles : L’un, pour descendre en bas osera tout tenter, L’autre aiguillonnera ses esprits pour monter. […] Mon très lettré ami M. de Couynart me fait remarquer : 1° qu’en 1680-1685 des essais assez nombreux d’acclimatation de Shakespeare en France avaient été faits et que La Fontaine avait pu jeter les yeux sur quelque oeuvre du dramatiste anglais   2° que la tragi-comédie de Statira, tirée par Pradon de la Cassandre de La Calprenède, jouée à la fin de 1679, avait été incriminée de mélange de trivialité et de tragique, et que, du reste, Pradon en 1684 ayant, par un factum, exercé des représailles contre Boileau, La Fontaine a pu, réveillé par ce factum contre son ami, se souvenir de Statira et y faire cette allusion prolongée que nous venons de voir ; M. de Couynart penche pour la seconde de ces hypothèses  J’y pencherais aussi, sans doute ; mais d’abord en 1684 Boileau et La Fontaine, compétiteurs à l’Académie, ne devaient pas être si bien ensemble que La Fontaine voulût venger Boileau de Pradon avec un tel éclat ; ensuite Statira présente-t-elle en effet un tel mélange de haut style et de bassesses ?

1992. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il sort avec éclat du juste milieu des théories, de la vieille danse des équilibres, de la prudence des ménagements, de l’hypocrisie des respects, et voilà pourquoi nous signalons très haut le livre qu’il ose publier. […] Qu’importent à l’historien, qui voit de haut, les jalousies et les rivalités de voisinage de ces Commères sanglantes qu’on appelle les Municipalités italiennes. […] Il est d’abord dans la décision même du livre, qui rompt du haut avec les opinions intermédiaires.

1993. (1864) Études sur Shakespeare

Plus d’une fois, se laissant séduire à cette haute fortune, l’art dramatique a perdu ou compromis son énergie et sa liberté. […] Il ne manquait à ce mouvement national qu’un homme de génie, capable de le recevoir et d’élever à son tour le public vers les hautes régions de l’art. […] Le poëte est rarement propre à l’action ; sa force est hors du monde réel, et elle ne l’élève si haut que parce qu’il ne l’emploie pas à soulever les fardeaux de la terre. […] Shakespeare a évidemment aspiré plus haut dans Timon d’Athènes. […] C’est dans le développement de la haute fortune et de ses terribles vicissitudes que paraît l’homme tout entier, avec la richesse et dans l’énergie de sa nature.

1994. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais, comme j’ai dit plus haut, il était complet. […] » Il a crié du haut de sa tête et Oscar, qui était dans la maison, accourt. […] Dénouement véritable, seul logique, seul possible, seul vrai, et d’une haute moralité. […] Autour de tout ce petit manège tourne, très attentive et ayant son plan, Christiane Margès, Christiane, épouse de Margès fils, que je vous ai présentée plus haut. […] Elle ne pouvait qu’y être éclatante, et elle l’a été, il faut le dire très haut.

1995. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

» En remontant plus haut, les Lettres sur Jean-Jacques Rousseau, qu’il faut lire de très près, définissent déjà fort exactement la pensée de Mme de Staël. […] Mais comme on hésite quand on songe au divorce continuel qui existe entre la haute littérature d’un pays et celle dont le peuple s’inspire ! […] Elle a compris, senti et exprimé le xviiie  siècle en ce qu’il a de plus haut, de plus noble et déplus pur. […] Il l’emporte avec lui un peu plus haut, beaucoup plus haut, pour être juste ; mais il ne s’en affranchit pas. — Nous verrons peut-être que cela peut expliquer bien des choses, même en ce qui concerne sa tournure d’esprit. […] Il veut, par exemple, une chambre haute héréditaire, sans expliquer très nettement pourquoi il la veut telle.

1996. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Elle nous le montre au plus beau moment du voyage, à son plus haut soleil du matin, au midi de l’été et de la journée, dans la fleur entière d’un talent et d’un cœur déjà épanouis. […] — « C’était le temps, dit-il, que moi et Eucrite nous allions de la ville vers le fleuve Halès, et en tiers avec nous était Amyntas ; car Phrasidame et Antigènes célébraient les fêtes de Cérès, — deux enfants de Lycopée, de vieille et haute souche s’il en fut jamais. » Ici le poëte entre dans quelques détails généalogiques et mythologiques en l’honneur de ses amis. […] » Cependant la lune s’est levée et plane au haut du ciel ; Diane est dans les carrefours ; les chiens la saluent au loin par la ville en rugissant ; Simétha commande à Thestylis d’y répondre en sonnant au plus tôt de la cymbale. […] Les paroles avec lesquelles il termine rentrent dans le sérieux, et trahissent tout haut sa réflexion secrète : « A ce qu’il semble, dit-il, Amour brûle souvent d’une flamme plus ardente que Vulcain de Lipare.

1997. (1929) Dialogues critiques

D’abord, on doit soutenir toute la haute littérature contre les contrefaçons industrielles, tous les vrais artistes contre les galfâtres et les mercantis. […] J’ai une haute opinion du courage et de l’impartialité de M.  […] Celui-là est un pur esthéticien, un amant et un paladin de la haute poésie. […] Paul C’était un honneur pour celles de la plus haute noblesse que de pourvoir le roi d’une favorite.

1998. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le jeune poète excellait déjà dans l’ode et dans le sonnet, deux formes récentes de cette poésie ; mais son ambition de gloire poétique était immense, sa modestie était inquiète ; on voit cette naïveté de ses découragements dans une de ses conversations avec son maître intellectuel, Jean de Florence, vieillard contemporain du Dante, qui professait alors les hautes sciences à Avignon. […] « Je m’y tiens à midi ; le matin je vais sur les collines plus hautes ; le soir dans les prés ou dans le voisinage de la fontaine de Vaucluse, ou dans ce petit jardin dans l’île en bas de la grotte, à l’ombre du rocher au milieu des eaux. […] Laure brillait encore à Avignon de tout l’attrait de sa beauté et de sa vertu ; les sonnets de son poète, trop étroits pour contenir son culte croissant pour elle, s’étaient transformés en formes plus larges et plus hautes de poésie qu’on appelait des canzone ou des trionfi ; et la plus poétique de ces canzone fut écrite à cette époque au murmure de la fontaine de Vaucluse devant l’image de Laure : Chiare fresche et dolci aque  ! […] L’ignorance de la populace transtévérine de Rome pourrait seule l’expliquer ; mais en s’élevant contre le séjour des papes à Avignon et en retenant à l’usage de Rome les impôts que Rome envoyait précédemment au pape absent, il se créait une popularité ambiguë contre laquelle ni le peuple ni le pape n’osaient protester trop haut.

1999. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Il eut de la peine à s’y résigner, mais la majesté romaine de l’exil et la haute fortune dont on lui dorait cet exil le firent enfin partir. […] Il appelait la pitié sur cette noble ruine de la monarchie, mais il la livrait en même temps au sourire du siècle ; on voyait qu’il avait voulu écrire des pages de haute comédie parmi les pages tragiques de ses Mémoires. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris. […] Hugo, exilé volontaire et enveloppé, comme César mourant, du manteau de sa renommée, écrit dans une île de l’Océan l’épopée des siècles auxquels il assiste du haut de son génie.

2000. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

En recevant le volume de poésies, Goethe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. […] Goethe, qui connut et ne goûta que médiocrement Mme de Staël, ne paraît pas avoir eu une bien haute idée de Chateaubriand, le grand artiste et le premier en date de la génération nouvelle. […] On rencontre réunies à Weimar bien des choses utiles, et peu à peu vous trouverez dans la haute classe une société égale à la meilleure de n’importe quelle grande ville. Je suis lié avec des hommes très distingués ; vous ferez peu à peu connaissance avec eux, et leur commerce sera pour vous à un haut degré instructif et utile. » Il me nomma plusieurs personnes, me dit en peu de mots leurs mérites distinctifs, et continua : « Où pourriez-vous trouver, sur un petit espace, tant d’avantages ?

2001. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Qui donc lui donnait le droit de le prendre de si haut avec les pères de famille ? […] Et quant à nous, qui n’avons ni la folie de nous tant idolâtrer, ni sujet de nous tant mépriser, si nous ne prétendons pas nous élever si haut, nous prétendons bien ne pas tomber si bas. […] De même la morale a pu être gênée par les mœurs publiques, et la nature par l’éducation ; mais les préceptes de l’une et la voix de l’autre ont parlé toujours assez haut pour quiconque ne se bouchait pas les oreilles. […] De même que les vertus que s’imposa Rousseau, après sa réforme, ont je ne sais quoi d’âpre et d’inquiet, qui leur donne l’air d’un engagement de vanité pris avec l’opinion, plutôt que d’un ferme propos] et d’une mâle résolution de faire le bien ; de même plus d’un tour guindé et plus d’une phrase tendue annoncent, jusque dans ses plus belles pages, que l’élévation lui coûte des efforts, et qu’il n’entre pas de plain-pied dans les pensées hautes.

2002. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Par contre, les faits généraux qui se rapportent aux origines de la Tétralogie de Wagner sont du plus haut intérêt, tant pour la connaissance de l’œuvre que de l’homme, et ils sont presque généralement inconnus. […] Certes il faut reconnaître que les drames du maître sont aussi une manifestation de sa conception de l’art ; et je dirais même que ses œuvres artistiques sont plus éloquentes, plus convaincantes, plus pleines de haute vérité que tous les écrits théoriques. […] Et ce Bayreuth, dans lequel l’influence personnelle de Wagner, que rien au monde ne saurait remplacer, vit encore dans la personne de sa veuve, — ce Bayreuth où se trouve réuni pour la haute direction des œuvres à représenter un ensemble d’hommes qui ont été formés par Wagner lui-même, qui connaissent ses intentions dans chaque détail, — ce Bayreuth ne vit que par le dévouement de ces quelques personnes, et dépend pour son existence des hasards de chaque année. […] Cela est triste, que des êtres doués d’âmes compréhensives n’aient point su se donner tout à la vénération d’un génie immense : pour savourer la chaste, forte et désintéressée volupté de ce bonheur qui renferme en lui toutes les joies d’amour et, moins égoïste qu’elles, va plus haut : l’admiration.

2003. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Chaque conscience étant, avons-nous dit plus haut, une monnaie frappée à l’effigie du monde, les lois du grand balancier se retrouvent dans l’empreinte ; mais, d’autre part, nous ne connaissons le balancier et la loi du monde que par l’empreinte. […] Quant à ajouter : — Ce que telle chose a fait une fois et ce que telle autre a souffert de son action arrivera encore de la même manière, selon une loi, — c’est là une idée très ultérieure, dont nous avons montré plus haut la genèse. […] Ce sentiment est au plus haut point dans la douleur subie malgré nos efforts, pour nous en délivrer. […] Voir plus haut ch. 

2004. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

” » Voici deux faits qui sont le jugement du haut et du bas, ça me semble décider la question. […] ……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] Cette rage, ce mépris, cette haute contemption, se traduisent par une contradiction avec ses coreligionnaires, à propos de tout. […] Je suis resté seul, sur le haut sommet, jouissant de ma solitude, dans ce lieu foudroyé, qui semble l’endroit affectionné de l’orage, toutes les fois que l’orage éclate dans ces montagnes.

2005. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Et Francis croit, que d’ici à très peu de temps, l’armée doit devenir le corps influent de l’État, et avoir la haute main dans le gouvernement. […] De très hautes et de très rares qualités. […] Et Mme Daudet revient élogieusement sur le compte de Leconte de Lisle… Quant à Daudet, après s’être agité, sans rien dire, il s’écrie qu’il trouve tout à fait extraordinaire ces chinoiseries, et que si, par hasard, il s’y trouvait, il serait pris de l’envie de siffler, voire même, au milieu d’applaudissements d’idiotes comme Mme X… et Mme Z…, de commettre une inconvenance encore plus grande, et de se faire mettre à la porte, en disant bien haut à tout ce monde : « Eh bien oui, c’est moi !  […] Mais le jour de l’examen, au moment où Bertrand lui adressait la question convenue, Meilhac, regardant dans la salle, disait tout haut : « Papa n’est pas là », et ne répondant pas même à la question, s’en allait.

2006. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Le puriste & l’élégant Muret lui envoya ces vers* qui renferment une grande moralité : Si les gémissemens, les pleurs & les hauts cris Pouvoient être un remède aux misères humaines, Est-il douteux qu’alors ils ne fussent sans prix. […] Mes lectures frivoles ne montent pas à beaucoup près si haut ; mais je ne veux point chicaner, & je consens que l’un aille pour l’autre. » Tous les gens de lettres furent encore partagés. […] De ce haut point d’élévation, où le cigne du Tibre étoit parvenu au milieu de son vol, il n’a fait que descendre. […] Mais le roman informe alors, a été porté depuis à la plus haute perfection dont il étoit susceptible.

2007. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

S’il avait confessé qu’en rimant l’ode sur la naissance du duc de Bordeaux ou l’ode sur son Baptême, ou n’importe quelle autre de ses odes, il avait été inspiré et soutenu par l’espoir du gain, il aurait du coup conquis la haute estime de la Bourgeoisie, qui ne connaît que le donnant-donnant et l’égal échange et qui n’admet pas que l’on distribue des vers, des asticots ou des savates gratis pro deo. […] Cependant, le pair de France de la monarchie orléaniste, qui faisait porter à sa mère le poids de son royalisme, eût pu expliquer son orléanisme par son amour de la morale et leur dire : « Moi, l’homme toujours fidèle au devoir j’ai dû obéir aux commandements d’une morale plus haute que la reconnaissance : j’ai obéi aux injonctions de la morale pratique : pas d’argent, pas de suisse, ni de poète. » Mais les anciens patrons de l’écrivain dépassent toute mesure, quand pour nuire à l’écoulement de sa marchandise parmi les gens pieux, ils le calomnient et l’appellent un impie. […] Tout écrivain que consacre l’engouement du public, quels que soient ses mérites et démérites littéraires, acquiert par ce seul fait une haute valeur historique et devient ce que Emerson nommait un type représentatif d’une classe, d’une époque. — Il s’agit de rechercher comment Hugo parvint à conquérir l’admiration de la bourgeoisie. […] Ses talents d’étalagiste littéraire n’eurent pas suffi pour lui assurer cette admiration de confiance, si universelle ; ses actes, plus encore que ses écrits, lui valurent la haute estime de la bourgeoisie.

2008. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Voltaire, ce Boileau transcendant, ce Boileau qui donna au bon sens et au bon goût français des ailes plus vastes, plus hautes et plus légères, reconnaissait tout ce qu’il devait à son maître. […] Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse N’est point le fruit tardif d’une lente vieillesse, Mais qui, seul, sans ministre, à l’exemple des dieux, Soutiens tout par toi-même et vois tout par tes yeux, Grand roi, si jusqu’ici, par un trait de prudence, J’ai demeuré pour toi dans un humble silence, Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû ; Mais je sais peu louer… Je mesure mon vol à mon faible génie, Plus sage en mon respect que ces hardis mortels Qui d’un indigne encens profanent tes autels, Qui, dans ce champ d’honneur où le gain les amène, Osent chanter ton nom sans force et sans haleine, Et qui vont tous les jours d’une importune voix T’ennuyer du récit de tes propres exploits. […] Il y avait plus d’analogie avec Juvénal ; mais, s’il tombait moins bas, le satiriste français s’élevait moins haut que le latin. […] On n’aime pas beaucoup plus Boileau après avoir lu ces quatre énormes volumes, mais on apprend à l’estimer plus haut : c’est le poète honnête homme.

2009. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Ces vers attestent que le poète ne restait terre à terre que par système, mais qu’il pouvait, s’il l’avait voulu, déployer des ailes dans une région plus haute de la pensée. […] Quand on peut chanter si haut, comment peut-on descendre soi-même des cieux pour ricaner dans la fange avec un grossier vulgus ? […] La conception de ce poème du Saule est indécise et obscure, mais dans l’exécution et dans l’inspiration de certaines scènes, la poésie moderne ne monte pas plus haut et ne plane pas plus vaporeusement dans l’éther ; mais le poète est insaisissable comme le caprice. […] Il ne tachera plus le cristal de ton onde Le sang rouge du Franc, le sang bleu du Germain ; Ils ne crouleront plus sous le caisson qui gronde, Ces ponts qu’un peuple à l’autre étend comme une main ; Les bombes et l’obus, arc-en-ciel des batailles, Ne viendront plus s’éteindre en sifflant sur tes bords ; L’enfant ne verra plus du haut de tes murailles Flotter ces poitrails blonds qui perdent leurs entrailles         Ni sortir des flots ces bras morts.

2010. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Vous pouvez tenir pour certaines la médiocrité d’un artiste qui trouve bonne son œuvre telle qu’elle est, l’insuffisance d’une vertu qui ne se souhaite pas plus parfaite : augurez de même d’un siècle ou d’un peuple qui n’aspire pas à sortir de soi pour s’élever plus haut. […] Rien de plus séduisant ; la jeune intelligence qui voit pour la première fois, dans des leçons d’une éloquence incomparable, ces grandioses formules se dérouler et s’appliquer tour à tour à la religion, à l’art, à la politique, à la philosophie des trois périodes de l’histoire universelle, se sent portée, comme par un souffle puissant et continu, vers les plus hauts sommets de la pensée. […] Le progrès est un fait, incontestable et indiscutable, pour qui contemple de haut et en sincérité d’esprit la marche du genre humain. […] A la tête se placent les Anglais et les Allemands, qui, par la découverte et le développement de la théorie de l’évolution, viennent de poser les bases d’une nouvelle période de haute culture intellectuelle.

2011. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

En d’autres termes, ainsi que nous le disions plus haut, chacune des unités avec lesquelles je forme le nombre trois paraît constituer un indivisible pendant que j’opère sur elle, et je passe sans transition de celle qui précède à celle qui suit. […] L’impénétrabilité fait donc son apparition en même temps que le nombre ; et lorsqu’on attribue cette qualité à la matière pour la distinguer de tout ce qui n’est point elle, on se borne à énoncer sous une autre forme la distinction que nous établissions plus haut entre les choses étendues, qui se peuvent traduire immédiatement en nombre, et les faits de conscience, qui impliquent d’abord une représentation symbolique dans l’espace. […] Rappelons-nous ce que nous disions un peu plus haut de l’intensité de certains états psychiques. […] Or, quand on parle d’un ordre de succession dans la durée, et de la réversibilité de cet ordre, la succession dont il s’agit est-elle la succession pure, telle que nous la définissions plus haut et sans mélange d’étendue, ou la succession se développant en espace, de telle manière qu’on en puisse embrasser à la fois plusieurs termes séparés et juxtaposés ?

2012. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et nous aussi, nous avons vu comme on tombe dans une révolution, et comme on en sort ; comment tous, et les derniers, et les plus distingués, y poussent à l’envi, comment plusieurs même aimeraient à y rester, mais comment un seul, inspiré de plus haut, vous en retire. […] Dans un cours que je faisais à Liège il y a six ans et dont M. de Chateaubriand et ses amis formaient le sujet principal, je disais quelques-unes de ces choses ; sur ce point en particulier qui tient à la production du Génie du christianisme, je concluais en des termes qui ont encore leur application et que je ne pourrais qu’affaiblir en essayant de les varier : Je ne crois pas me tromper, disais-je à mes auditeurs, en assurant que nous avons eu une satisfaction véritable à lire cette lettre de Chateaubriand à Fontanes, qui nous l’a montré sous l’empire d’une haute exaltation sensible et religieuse, au moment où il concevait le Génie du christianisme.

2013. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Tel est, le talent y aidant, le secret pour nous de sa puissance, de sa haute et religieuse beauté. […] Il faut l’entendre parler, quand il est chez lui et non plus dans la chaire, de ceux à qui, par crainte et faiblesse, le cœur fait mal, étant sur une haute tour et regardant en bas.

2014. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Son livre, sans qu’il y soit question nommément de Santeul, est écrasant pour ce dernier par la comparaison involontaire qu’on est amené à établir entre l’enthousiasme un peu factice du gai chanoine de Saint-Victor et la haute source d’inspiration habituelle de ces grands docteurs et promoteurs de la foi, les saint Bernard, les saint Bonaventure, les saint Thomas d’Aquin, le pieux roi Robert, et bien d’autres de ces âges anciens. […] Il s’arrête devant les fontaines où il y a des inscriptions de lui, et les lit tout haut.

2015. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Il s’était levé le matin, et avait même assisté aux harangues qu’on faisait à M. le duc avant son départ, louant les uns et blâmant les autres avec sa liberté ordinaire, et si haut que M. le duc fut, dit-on, obligé de le repousser du bout de sa canne. […] Je me souviens que lui ayant dit, en le quittant, que j’espérais le retrouver en meilleure santé le lendemain, il me répondit, le plus haut qu’il put : Mort, mort !

2016. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

On l’envoya d’abord dans la Haute Alsace, où il fit tête au duc Charles de Lorraine ; mais la destination réelle, qu’il importait de masquer jusqu’au bout, était la prise de possession de la Valteline. […] Richelieu reproche à Rohan d’avoir aidé au mécontentement des Grisons par son mauvais gouvernement et par des concussions, par des profits illicites dont il va jusqu’à nommer les intermédiaires et les porteurs ; et, flétrissant dans les termes les plus durs la capitulation finale en date du 26 mars 1637, qui fut consommée le 5 mai, et par laquelle, cédant aux Grisons révoltés, le duc leur remit la Valteline contrairement aux ordres du roi, Richelieu l’accuse d’avoir été pris d’une terreur panique : Il est certain, dit le cardinal, qu’il avait jusques alors porté à un haut point glorieusement les affaires du roi en la Valteline ; mais sa dernière action, non seulement ruina en un instant tout ce qu’il avait fait de bien les années précédentes, mais apportait plus de déshonneur aux armes de Sa Majesté que tout le passé ne leur avait causé de gloire.

2017. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Or, c’est précisément de cet éminent degré de condition et de fortune qu’elle va partir, à cet âge, pour désirer au-delà et pour concevoir de plus hautes espérances. […] Il y a des femmes qui sont nées et qui mourront bergères ; elles portent le chapeau de fleurs et la houlette jusqu’à quatre-vingts ans : Mme des Ursins était née et ne vivait que pour brasser de grandes affaires et pour avoir la haute main dans de magnifiques tripots, au sein des jardins et des palais.

2018. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Le don de voir ce qui est mobile, celui de juger sainement ce qui est imprévu, serait-il refusé à qui voit de trop haut, ou le sentiment de la puissance de l’homme lui ferait-il croire qu’il commandera au temps de s’arrêter devant lui ? À propos de cet aveuglement si remarquable alors chez ceux qui auraient dû voir de plus haut, Rivarol disait une belle parole de royaliste irrité : « Autrefois les rois avaient leur couronne sur le front, ils l’ont aujourd’hui sur les yeux. » Bonstetten n’a jamais de ces mots qui gravent ; mais il a le crayon fin, juste et léger.

2019. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

Quoi qu’il en soit et telle qu’on nous la donne, toute mutilée qu’elle nous arrive, cette Correspondance est d’un haut intérêt pour l’explication de l’âme et de l’intelligence de Lamennais. […] Il a, dans tous les cas, de bien grandes et fortes paroles sur le silence dont là-bas on l’accueille, sur le sentiment de cette immobilité invincible, de ce peu de réponse et d’écho, de cette neutralité si prolongée qui était sans doute une sagesse relative, mais qui différait tant de la grande sagesse et de la haute politique d’autrefois : « Combien de temps Dieu permettra-t-il encore qu’on se taise là ?

2020. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Qu’aurait-il été sans ce jour inattendu qui lui fut ouvert sur le plus grand monde, sans cette place de coin qu’il occupa dans une première loge au grand spectacle de la vie humaine et de la haute comédie de son temps ? […] Après avoir peint dans toutes les conditions, et depuis les plus sordides jusqu’aux plus hautes, les mœurs de son temps, l’auteur en vient donc à considérer l’humanité en général ; on voit la gradation.

2021. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Voilà déjà dix ans que la popularité de Béranger a commencé visiblement à décroître ; c’était encore de son vivant ; mais une popularité si haut montée ne pouvait décliner doucement et baisser petit à petit : il s’est bientôt déclaré, lui disparu, un entraînement en sens contraire ; et, comme, après une grande marée, on a eu sous les yeux un vaste reflux. […] Pour Scribe, cette réaction, qui d’ailleurs ne venait pas de bien haut, n’a pas dépassé le jour funèbre et s’est arrêtée au bord de sa fosse ; il n’y avait plus lieu de lui en vouloir plus longtemps.

2022. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Les hommes éminents qui tiennent le haut bout à l’Académie, et dont la carrière est si remplie, ne peuvent être informés de tout : ils ignorent presque forcément bien des œuvres, et jusqu’à bien des noms. […] Quand il a voulu aborder la haute scène, où quelquefois il a très joliment réussi, ses défauts d’observation directe pourtant se sont fait sentir ; et trop souvent vers la fin, sur la scène de la Comédie-Française, ses personnages n’étaient plus que des ressorts habillés en rois ou en reines, en ministres, etc.

2023. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Le marquis de Villars, qui découvrit leur intention. parla haut, maintint son droit, et eut raison de leur procédé malhonnête ; il assista à la cérémonie : « Le roi arriva sur les onze heures du matin au village, composé de neuf ou dix maisons. […] Tout était au pillage ; les concussions s’exerçaient effrontément ; les membres du Conseil royal avaient, sous d’autres noms, les entreprises de la viande, du charbon, de l’huile, des blés, et, en qualité de magistrats, arbitres de la police, ils fixaient eux-mêmes les prix aussi haut qu’il leur plaisait.

2024. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

Mme Lenormant, si ce chapitre est d’elle (et elle a bien assez d’esprit, — assez de finesse et de précision dans l’esprit, — pour avoir mené cette discussion comme on l’a fait), l’a pris vraiment sur un ton un peu trop haut. […] Je m’explique : vivra-t-elle autrement que comme un grand témoin historique, que comme l’expression de la plus haute littérature de société et comme un nom à jamais mémorable ?

2025. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Il a même combattu, comme des esprits prévenus et préoccupés de trouver partout le ridicule et le grotesque, ceux qui ont ri plus qu’il ne fallait d’une fête des Fous, d’une fête de l’Âne, célébrées à l’époque de la Circoncision, et, qui, tout en se moquant, ont commis, à ce qu’il paraît, quelques bévues singulières ; et il a montré dans tous les cas que ces plaisanteries n’atteignaient pas le haut moyen âge66. […] Ce témoignage sincèrement rendu à ce qu’on appelle le haut moyen âge, il faut voir le drame religieux se détachant par degrés de l’autel, traduit, délayé en langue vulgaire (et bien vulgaire en effet) ; il nous paraîtra déchu.

2026. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il a au plus haut degré l’idée de sacrifice. […] (Haut.)

2027. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

En lisant cette histoire de Louvois, en la voyant ainsi montrée à nu et comme par le revers de la tapisserie, je crois entendre continuellement ce mot de la tragédie grecque, qui résonne et se murmure de lui-même à mon oreille ; « S’il faut violer le droit, c’est pour l’empire et la domination, c’est en haute matière d’État qu’il est beau de le faire : dans tout le reste, observe la bonne foi et la justice. » Je paraphrase un peu là parole d’Euripide, cette parole si détestée de Cicéron. […] N’est-ce pas du haut de son Minster que prit l’essor l’Hymne enflammé qui parcourut d’un coup d’aile toutes nos frontières et plana sur nos jeunes armées comme une Victoire ?

2028. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Guizot que, si l’on refuse au christianisme sa sanction miraculeuse, sa divinité, c’est-à-dire sa sincérité même et sa loyauté originelle, de telles négations vont plus loin encore et s’attaquent à autre chose qu’à Jésus-Christ en personne ; elles mettent en question tout l’édifice moral du monde dès le commencement : « Elles ne peuvent se concilier, dit-il, avec le gouvernement d’une Providence sage et bonne qui n’a pu permettre que la plus sublime sagesse fût révélée au monde dans la folie la plus méprisable, et la plus haute perfection dans la fourberie la plus repoussante. […] On n’a pas de bonnes nouvelles, comme ils l’entendent, à leur annoncer : on poursuit solitairement des vérités hautes, mais imparfaites, dont le prix n’est qu’en soi et à l’usage du très petit nombre.

2029. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Ce n’est pas la bonne méthode de prendre les grands hommes de biais ou au rebours ; ne faisons pas une guerre de chicane à ces hautes natures. […] La nature, en livrant à l’historien ce personnage nouveau de sa plus haute invention et en qui elle s’est visiblement complu, en le remettant, pour ainsi dire, entre ses mains pour le raconter et le peindre, semble lui dire comme Horace au poëte : « Regardez-y bien !

2030. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mérimée, une barrière aussi haute qu’entre le maître et l’esclave. […] La pointe hardie de Télésinus sur Rome, sa victoire tout d’un coup arrachée, Sylla qui se croit perdu et qui est vainqueur par l’aile opposée, ces jeux sanglants, bizarres, du courage et du destin, fournissent un chapitre d’une haute beauté.

2031. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

A l’âge d’or de fantaisie et d’opéra rêvé par La Curne de Sainte-Palaye et Tressan20, ont succédé des études plus sévères, qui ont jeté quelque trouble dans le premier arrangement romanesque ; puis ces études, de plus en plus fortes et intelligentes, ont rencontré au fond un âge non plus d’or, mais de fer, et pourtant merveilleux encore : de simples prêtres et des moines plus hauts et plus puissants que les rois, des barons gigantesques dont les grands ossements et les armures énormes nous effraient ; un art de granit et de pierre, savant, délicat, aérien, majestueux et mystique. […] Quels qu’ils soient, ils sont courts… C’est, on le voit, une confession grave, ingénue, où l’onction religieuse et une haute moralité n’empêchent pas un reste de coup d’œil amoureux vers ces chimériques délices dont on est mal détaché.

2032. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

On sait les hautes qualités de M. de Vigny, son élévation naturelle d’essor, son élégance inévitable d’expression, ce culte de l’art qu’il porte en chacune de ses conceptions, qu’il garde jusque dans les moindres détails de ses pensées, et qui ne lui permet, pour ainsi dire, de se détacher d’aucune avant de l’avoir revêtue de ses plus beaux voiles et d’avoir arrangé au voile chaque pli. […] Son élévation, encore une fois, l’a trompé ; sa haute fantaisie a prêté des lueurs à un sujet tout réel ; c’est un bel inconvénient pour M. de Vigny de ne pouvoir, à aucun instant, se séparer de cette poésie dont il fut un des premiers lévites, et dont il est apparu hier aux yeux de tous comme le pontife fidèle, inaltérable.

2033. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

La législation, qu’on doit regarder comme une branche de la philosophie, fut portée au plus haut point de perfection à Rome avant qu’il y eût des poètes. […] Le plus sublime des poètes, Homère, a existé quatre siècles avant le premier écrivain en prose qui nous soit connu ; Phérécide de Scyros, trois cents ans avant Solon, un siècle avant Lycurgue ; et le premier art de l’imagination, la poésie, avait presque atteint en Grèce le plus haut degré de perfection, avant que l’on eût sur d’autres objets les idées suffisantes pour faire un code de lois et former une société politique.

2034. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

Les règles de la prudence (et la vertu, fondée seulement sur l’intérêt, n’est plus qu’une haute prudence), les règles de la prudence les plus reconnues, souffrent une multitude d’exceptions ; pourquoi la vertu, considérée comme le calcul de l’intérêt personnel, n’en aurait-elle point ? […] En étudiant chacune des parties de la nature, il faut supposer des données antérieures à l’examen de l’homme ; l’impulsion de la vertu doit partir de plus haut que le raisonnement.

2035. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Richepin nous montre une bande d’oiseaux voyageurs passant très haut sur la tête des poules, des canards et des dindons. […] Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.

2036. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Chacun sait combien il a fallu d’étapes au goût français pour s’élever peu à peu, à partir de Rousseau, de la forêt et de la prairie plus gracieuses encore que grandioses, jusqu’aux âpres et tragiques splendeurs des hautes régions alpestres. […] Partout, au contraire, où la nature écrase l’homme, dans le voisinage de l’océan ou dans la haute montagne, quand il se sent petit et faible en présence de la tempête ou de l’avalanche, il y a persistance en lui des paniques de l’humanité primitive ; il trahit un penchant à la tristesse rêveuse, il croit au merveilleux, il se voit entouré d’êtres surnaturels  ; dans sa foi, dans ses coutumes, dans ses fêtes, dans ses légendes, il garde au passé un pieux attachement, qui est une entrave au progrès des mœurs et des idées, mais qui a aussi quelque chose de touchant et de pittoresque.

2037. (1886) De la littérature comparée

Marc Monnier, je n’oublierai jamais la reconnaissance que je dois au Conseil d’État du canton de Genève pour le périlleux honneur qu’il m’a fait et la haute confiance qu’il m’a témoignée en m’appelant à cette chaire ; je n’oublierai jamais non plus — qu’il me soit permis de le dire en entrant dans une carrière pour moi toute nouvelle, — la reconnaissance qui me lie aux amis que j’ai dû quitter, dont beaucoup m’ont donné de publics témoignages de sympathie que des circonstances que je tiens à passer sous silence m’ont rendus particulièrement précieux. […] En effet, Messieurs, il y a presque toujours eu état de guerre entre ce que je nommerai la littérature militante et la haute culture que représente l’enseignement universitaire.

2038. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Et « les cartes de tarot » et « la princesse peinte par Pisanello » et « le piédestal d’argent du haut crucifix de Verrocchio » et, en un mot, « tous les objets du musée, alors comme aujourd’hui, entouraient leur maître ». […] Pour lui aussi, « français » est le mot qui manifeste la plus haute admiration.

2039. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Le haut fumet de corruption qu’elle exhale monte à sa tête, enivre ses sens. […] Il faut la voir entrer, la tête haute, dans ce salon bruyamment hostile, et le fendre d’un long sillage, et démêler, en passant, d’un mot furtif, d’un geste imperceptible, les deux ou trois intrigues dont elle tient les fils.

2040. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Ce qui frappe surtout, c’est le contraste de cette expression, bien souvent un peu mince, avec la grandeur de l’esprit qui embrasse et parcourt les plus hauts sujets. […] Dans celui qu’il fit de Haller, un des morceaux les plus admirés était l’endroit où il montrait Haller et son ami le poète Gessner herborisant ensemble dans les hautes montagnes, et Gessner, épuisé de fatigue, se couchant à terre et succombant au sommeil au milieu d’une atmosphère glacée : M. de Haller, disait-il, vit avec inquiétude son ami livré à un sommeil que le froid aurait pu rendre funeste.

2041. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

C’est sous Néron qu’il s’amusa à ces menues questions grammaticales et littéraires ; il n’était pas sûr alors à la pensée de prendre son vol plus haut. […] Comparant sur ce globe la chétive étendue de la terre par rapport à celle de l’Océan et des mers (disproportion qui semblera encore évidente aujourd’hui malgré la découverte des continents nouveaux), il nous montre avec ironie ce théâtre de notre gloire, de nos ambitions, de nos fureurs ; il dira presque comme a dit depuis le poète Racan, qui, dans de beaux vers, nous transporte en idée avec le sage au haut de l’Olympe : Il voit comme fourmis marcher nos légions Dans ce petit amas de poussière et de boue, Dont notre vanité fait tant de régions !

2042. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz cette bénignité première de l’âme, ne firent que la mûrir et la confirmer en vertu ; la vieillesse ne lui apporta qu’une douceur plus haute et comme fixée en sérénité. […] Ses dernières années furent consacrées aux plus hautes comme aux plus humbles méditations que puisse se proposer le sage.

2043. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Qu’ils me pardonnent ce regret où il entre une si haute idée de ce que je leur reconnais avant tout, de leur talent même. […] Villemain a trouvé moyen de faire parler Napoléon en personne sur les études classiques et sur le haut enseignement.

2044. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Ce grand citoyen, dans le ravissement de voir enfin ses maîtres honorer le plus utile établissement de leur présence, après neuf ans d’une attente vaine et douloureuse, m’embrassa les yeux pleins de larmes, en disant tout haut : Cela suffit, cela suffit, mon enfant ; je vous aimais bien ; désormais, je vous regarderai comme mon fils : oui, je remplirai l’engagement que je viens de prendre, ou la mort m’en ôtera les moyens. […] Selon cette théorie d’un faux bon sens ennemi du grand goût, il suffirait de transporter purement et simplement toute action émouvante et attendrissante de la vie bourgeoise sur le théâtre pour avoir atteint le plus haut point de l’art : Si quelqu’un est assez barbare, assez classique (il est piquant de voir ces deux mots accolés par Beaumarchais et pris comme synonymes), pour oser soutenir la négative, il faut lui demander si ce qu’il entend par le mot drame ou pièce de théâtre n’est pas le tableau fidèle des actions des hommes.

2045. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Descendez, descendez au fond des Catacombes,                    Aux plus bas lieux ; Descendez, le cœur monte, et du haut de ces tombes                    On voit les cieux ! […] Je ne puis qu’indiquer, en passant, à tous ceux qui sont avides d’étudier dans Rome matérielle la cité supérieure et intelligible, ces hautes et vives considérations.

2046. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Cette estime trop haute, cette suspension momentanée du pendule critique n’était qu’un artifice pour prendre à la pipée l’âme d’une chose. » Il faut donc être un lecteur armé, qui désarme par méthode et pour comprendre, qui reprend ses armes pour discuter, qui désarme enfin de nouveau quand l’examen critique lui a prouvé qu’il est en face d’une chose dont la vérité ou la beauté est indiscutable. […] En dehors même de cette impatience des supériorités dont j’ai parlé plus haut, l’instinct de taquinerie est une des formes de l’instinct querelleur, qui est extrêmement fort dans l’humanité.

2047. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

L’égalité, ainsi que je l’ai remarqué plus haut, est aussi dans nos opinions actuelles ; mais elle est bien loin d’être dans nos mœurs. […] Je pourrais dire, ce que je crois vrai, que la masse d’une nation, qui d’ordinaire suit une marche progressive, mais lente, et par conséquent ne fait qu’obéir à une impulsion imprimée de plus haut et de plus loin, maintenant a une marche rapide et spontanée, et aide elle-même au mouvement, ce qui change toutes les données sociales.

2048. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Ils ne sont pas montés plus haut que ce sujet pour le traiter de plus haut ; car c’était un de ces sujets terribles, à fond de corruption, qu’il fallait peindre le pinceau levé comme la cravache du dompteur ou l’épée d’un homme énergique qui mène un peuple corrompu.

2049. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il s’agit de refaire l’âme humaine défaite, de refaire, en vue du bonheur des époux, la famille chrétienne, fondée en vue, de l’amour des enfants ; c’est l’égoïsme à deux de cette pauvre madame de Staël, élevé à sa plus haute, non ! […] Il fut, d’ailleurs, professeur de morale et d’histoire, et les Josses de la philosophie, les orfèvres comme Saisset et Cousin, répètent assez haut que désormais les prêtres de l’avenir ne peuvent être que les philosophes.

2050. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Les chambres sont hautes, lambrissées, avec des panneaux et des peintures dans le goût du dix-huitième siècle. […] J’étais comme un voyageur placé sur le haut d’une montagne ; de loin il voit une tache grise et dit : « C’est Paris » ; le nom correspond à un fait ; mais le fait traduit le nom incomplètement.

2051. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

C’était une chose triste et touchante que de voir ce puissant esprit, déchu de hautes fonctions qu’il honorait, se rabaisser à l’enseignement de la grammaire, et relire Burnouf pour sa répétition du matin. […] Au suprême sommet des choses, au plus haut de l’éther lumineux et inaccessible, se prononce l’axiome éternel, et le retentissement prolongé de cette formule créatrice compose, par ses ondulations inépuisables, l’immensité de l’univers.

2052. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Elle fut très haut dans son estime, laquelle n’était pas de ces estimes prostituées dont parle Molière. […] Il l’avait deviné, ce qui donne une haute idée de son goût et de son flair ; il l’avait encouragé à écrire. […] Et ceci, dépendant de la volonté, peut être inscrit dans le Code, non seulement sans ridicule, mais avec une haute raison. […] Il est bien l’homme qui déclarait, comme nous l’avons vu plus haut, qu’il ne lisait jamais. […] il y a un autre personnage à double existence, celui-ci véritablement de haute naissance.

2053. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

Il est vrai que voilà bien des années déjà qu’il ne s’est point produit d’œuvre poétique qui ait appelé à un haut degré l’attention du grand public et qui lui ait fait saluer une jeune gloire.

2054. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

Les personnages, même les meilleurs, qu’il voulut d’abord se donner pour auxiliaires et collaborateurs dans son sincère amour du peuple, étaient imbus des principes, des lumières sans doute, mais aussi, à un haut degré, des préjugés du siècle, dont le fond était une excessive confiance dans la nature humaine.

2055. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

Il est tel poëte de nos jours qui a commencé d’être atteint de ce regret public de la fuite des années le jour où il a eu trente ans, et même on commence maintenant à gémir tout haut sur cette perte dès vingt-cinq.

2056. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Quoique plus jeune, il le précéda dans les hautes charges ; et quoique aussi honnête homme, il lui survécut au ministère : protecteur des savants et des philosophes, il s’est conquis aussi leur reconnaissance et leurs éloges.

2057. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Quoi qu’il en soit, son récit, réduit aux simples faits, donne une haute idée de la capacité prodigieuse et de l’infatigable activité du général proscrit.

2058. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Doué d’une sensibilité contenue et profonde, d’une vaste et paisible imagination, il a vu de bonne heure les plus magnifiques spectacles de la nature ; il a vu ou il a rêvé, au sein de ces spectacles sublimes, quelques êtres humains en harmonie avec les forêts vierges, les prairies illimitées, et le ciel plus haut et plus immense là qu’ailleurs.

2059. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Sans compter les manches à gigot qui amincissent encore la taille, ou les hauts talons faits pour jeter le buste en avant et pour imposer aux mouvements du corps une gêne qui révèle mieux les formes.

2060. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Le cheik Gemmal-Eddin est un Afghan entièrement dégagé des préjugés de l’islam ; il appartient à ces races énergiques du haut Iran, voisin de l’Inde, où l’esprit aryen vit encore si énergique sous la couche superficielle de l’islamisme officiel.

2061. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières.

2062. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Mais comment pourra-t-on jamais concilier cet enthousiasme avec la haute opininion que notre siecle a de ses propres lumieres ?

2063. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

J’ai la plus haute opinion de celui-là ; il peut me tromper.

2064. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Dans les revues un peu bien faites, il y a chaque trimestre un article d’une haute compétence sur la question.

2065. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

» et sur la route de Montmorency, elle nous conte l’hôtel qu’elle rêve : un rez-de-chaussée avec un immense atelier au milieu, éclairé par le haut ; et tout autour une colonie d’une dizaine de nous, logés dans de petites maisonnettes. […] * * * 3 septembre … Aujourd’hui la princesse a été d’un révolutionnarisme terrible ; au milieu du monde académique qu’elle avait à dîner, elle a déclaré tout haut et violemment qu’elle préférait un vase japonais à un vase étrusque… Retour en chemin de fer avec Carpeaux qui déborde d’esthétique passionnée. […] 16 novembre Après les répétitions, dans cette haute salle des Français, on a l’impression de trouver le plafond de son chez soi écrasant, et le sommeil vous ennuie… La nuit vous paraît vide et impatientante, ainsi qu’à un homme qui a quelque chose devant lui qu’il voudrait hâter. […] Aujourd’hui, les grands hommes sont plus haut et le public plus bas. […] j’ai la conscience d’avoir dit la vérité, et d’avoir signalé la tyrannie des brasseries et de la bohème à l’égard de tous les travailleurs propres, de tous les gens de talent qui n’ont pas traîné dans les caboulots, d’avoir signalé ce socialisme nouveau, qui dans les lettres recommence tout haut la manifestation du 20 mars, et pousse son cri de guerre : « À bas les gants ! 

2066. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Selon l’empressement ou l’hésitation que marquent les brahmanes à accepter des présents ou des aliments offerts par une caste, cette caste a un rang plus ou moins haut. […] Elle fraude par vanité, par paresse, pour donner une plus haute idée d’elle-même, pour épargner ses forces fluidiques. […] Ils sont presque toujours mélancoliques, et cela ressort nécessairement du principe posé plus haut, que les livres d’amour ne peuvent guère être écrits que par des désenchantés. […] Lequel l’emporte, c’est-à-dire lequel a le triste privilège, compensé, il est vrai, par le privilège opposé, de ressentir la douleur selon sa plus haute intensité ? […] Elle n’a plus aucun sens depuis que l’on sait que la terre tourne sur elle-même, et qu’il n’y a par conséquent, pour nous, dans l’espace, ni haut ni bas.

2067. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Haute et sérieuse, elle formera à sa ressemblance les termes qui la peignent ; elle pourra appeler à soi les mots du peuple, et même de la populace : elle leur ôtera par cette élection leur grossièreté en leur laissant leur énergie.

2068. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Et toute la dernière pièce, Vers dorés : Sois pur, le reste est vain, et la beauté suprême, Tu le sais maintenant, n’est pas celle des corps : La statue idéale, elle dort en toi-même ; L’œuvre d’art la plus haute est la vertu des forts.

2069. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

L’autre, italien, était arrivé au plus haut point de culture, et jetait le plus vif éclat.

2070. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

. — Quelques jours après, Dion était égorgé par ses soldats révoltés, son fils se jetait du haut d’un toit et mourait, sa femme et son nouveau-né périssaient en mer.

2071. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Elle commettait bien à cette charge, selon nous, immense, d’écrire l’histoire, des hommes éprouvés et capables, qui semblaient avoir conquis une telle position, de haute lice, par l’élévation du talent et du caractère et cette conséquence de l’esprit qu’on ne connaît plus et qui est autant l’honneur de la vie que de la pensée.

2072. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

. — La difficulté devient plus grande encore, lorsqu’on songe que dans la haute antiquité il n’y avait point de forteresse, et que les cités héroïques formées par la réunion des familles n’eurent point de murs pendant longtemps, comme nous le certifie Thucydide105.

2073. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Tous les jours, sous nos yeux, les formes les plus hautes de la vie sortent d’une forme très élémentaire. […] La science porte cette opération au plus haut degré possible d’exactitude et de précision, mais elle n’en altère pas le caractère essentiel. […] Si donc nous pouvions montrer, dans ce cas privilégié, l’insuffisance des principes invoqués de part et d’autre, notre démonstration aurait atteint tout de suite un assez haut degré de généralité. […] La théorie qu’il dégage de ses expériences est du plus haut intérêt. […] Sa thèse repose sur des observations du plus haut intérêt, dont le point de départ a été l’étude de la marche suivie par la variation de la coloration de la peau chez certains Lézards.

2074. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Dans l’hypnotisme, au contraire, les fonctions de la plus haute partie de l’écorce sont entravées ; et puisque ces fonctions sont elles-mêmes, à l’état normal, des fonctions d’arrêt correspondant au pouvoir directeur ou suspensif de la volonté, il en résulte que l’hypnotisme produit, dans l’écorce cérébrale, l’inhibition de la fonction inhibitoire elle-même. […] Nous avons vu plus haut l’application de ces lois au sommeil naturel ; Lehmann les applique également au sommeil artificiel. […] Pour comprendre ce fait, on peut le rapprocher de l’intéressante expérience sur les hystériques que nous avons citée plus haut. […] Action curative de l’hypnotisme L’influence des idées sur la vie organique atteint dans l’hypnotisme son plus haut degré et produit les effets les plus curieux, les plus propres à montrer que le mental se retrouve au fond du physique. […] Ce rapport, dont nous avons déjà parlé plus haut, consiste dans l’idée et l’impression permanentes laissées par les relations que l’hypnotisme a établies entre les deux personnes.

2075. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Mais Renan, à ses débuts du moins, ne disait pas autre chose : « La science restera toujours la satisfaction du plus haut désir de notre nature : la curiosité ; elle fournira toujours à l’homme le seul moyen qu’il ait pour améliorer son sort. » Et, en un autre endroit, dans ce même livre sur l’Avenir de la science, dont le titre à lui seul était tout un programme : « Organiser scientifiquement l’humanité, — c’est lui qui soulignait, — tel est donc le dernier mot de la science moderne, telle est son audacieuse, mais légitime prétention6. » Voilà, je pense, des promesses qui vont un peu plus loin que l’ambition du chimiste ou du physicien ! […] Mais nous dirons, nous, que, même quand on écrit sur « les Pharaons d’Égypte » ou sur « les maîtres de Ninive » on est tenu d’une autre obligation, plus haute, mais non moins rigoureuse, que de rétablir la succession des rois pasteurs ou de décrire avec exactitude le palais de Khorsabad. […] Non pas du tout, à ce propos, que je méconnaisse la haute valeur du protestantisme, sa raison d’être historique, et les exemples de vertu qu’il a donnés, qu’il donne encore tous les jours25 ; mais le catholicisme a sur lui de grands avantages ; dont le premier sans doute est d’être, selon le mot de Renan, « la plus caractérisée, et la plus religieuse de toutes les religions. » Le catholicisme est d’abord un gouvernement, et le protestantisme n’est que l’absence de gouvernement. […] Ç’a été la chimère de Taine, nous le rappelions plus haut, que de vouloir à tout prix, comme il disait, les « souder » les unes aux autres, et rien n’est plus laborieux, ni plus triste en un sens, dans ses derniers écrits, que la peine qu’il se donne pour se persuader à lui-même qu’il y a réussi. […] Professeur au Collège de France ; directeur et président de section à l’École des hautes études ; secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; grand officier de la Légion d’honneur, sénateur ; ancien ministre ; membre d’une foule de Conseils plus supérieurs les uns que les autres ; logé par l’État, à la ville, et à la campagne, du côté de Meudon, où l’on conte qu’il étudie « la fixation de l’oxygène de l’air par le vert des plantes » en mangeant des fraises exquises, — on ne peut évidemment pas dire que la science ait fait « banqueroute » à mon très cher et très éminent confrère M. 

2076. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Lorsque nous observons un organe quelconque parfaitement adapté pour quelque habitude particulière, tel que l’aile d’un oiseau pour le vol par exemple, il faut nous rappeler sans cesse que les diverses formes organiques, qui ont servi de degrés de transition entre cet état de haute perfection et un état antérieur moins parfait, ne peuvent que par exception avoir subsisté jusqu’aujourd’hui ; car elles doivent, en général, avoir toutes été supplantées en vertu même du procédé de perfectionnement par sélection naturelle. […] En conséquence, nous l’aurions considérée comme un caractère de haute importance qui pouvait avoir été acquis par sélection naturelle. […] Je sais combien il est difficile, au premier abord, d’admettre qu’un organe aussi parfait que l’œil ait jamais pu se former par sélection naturelle ; cependant, si nous connaissons une série de degrés intermédiaires de complication et de perfection, pouvant représenter les divers états transitoires qu’un organe quelconque a successivement revêtus, chacun de ces états étant avantageux à ses possesseurs, dès lors il n’y a plus aucune impossibilité logique à ce que, sous des conditions de vie changeantes, il acquière graduellement par sélection naturelle le plus haut degré de complication et de perfection qu’on puisse concevoir. […] De même, ce ne sont point des oiseaux de haut vol qui affectèrent les premiers l’organisation des Mammifères, ni même des oiseaux marcheurs comme l’Aptéryx ; ce furent des types restés inférieurs, transitoires, encore douteux et flottants, ni reptiles ni oiseaux, mais un peu l’un et l’autre, qui eurent chance de devenir la souche d’un type supérieur. […] Par suite de la division du travail physiologique, la faculté électrique a dû se localiser d’une manière quelconque, d’abord dans chaque individu ; plus tard, en vertu des deux principes de divergence des caractères et de sélection naturelle, cette faculté a dû devenir spéciale à certaines espèces, de moins en moins nombreuses, mais en se perfectionnant toujours de manière à ne se perpétuer que chez celles où elle avait atteint le plus haut degré possible de force et de perfection, tandis qu’elle s’atrophiait de plus en plus chez les autres : à peu près aussi comme les espèces ailées, aujourd’hui vivantes, sont admirablement appropriées pour le vol, ou, comme les Coléoptères de Madère, renoncent complétement à l’usage de leurs ailes pour éviter les dangers qu’ils courent à en faire usage.

2077. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Vernet J’avais écrit le nom de cet artiste au haut de ma page, et j’allais vous entretenir de ses ouvrages, lorsque je suis parti pour une campagne voisine de la mer et renommée par la beauté de ses sites. […] Un bruit éclatant me fait regarder à ma gauche, c’est celui d’une chute d’eaux qui s’échappent d’entre des plantes et des arbustes qui couvrent le haut d’une roche voisine, et qui se mêlent en tombant aux eaux stagnantes du torrent. […] Ce château était terminé dans sa plus grande hauteur par une esplanade, et nous distinguions très-bien le long de la terrasse, et autour de l’espace compris entre la tourelle et les mâchicoulis, différentes personnes, les unes appuyées sur le parapet de la terrasse, d’autres sur le haut des mâchicoulis ; ici il y en avait qui se promenaient, là d’arrêtées debout qui semblaient converser. […] Les dieux assis à leurs tables regardent aussi du haut de leurs célestes demeures le même spectacle qui attache nos regards, du moins, les poëtes du paganisme n’auraient pas manqué de le dire. ô sauvages habitans des forêts, hommes libres qui vivez encore dans l’état de nature et que notre approche n’a point corrompus, que vous êtes heureux, si l’habitude qui affaiblit toutes les jouissances et qui rend les privations plus amères, n’a point altéré le bonheur de votre vie ! […] Tout s’exécute dans un ordre contraire, si l’action des intestins sur la tête est plus forte que ne le peut être celle des objets mêmes : un imbécille dans la fièvre, une fille hystérique ou vaporeuse, sera grande, fière, haute, éloquente, nil mortale sonans ; … la fièvre tombe, l’hystérisme cesse, et la sottise renaît.

2078. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

On lit tout haut la lettre : la mère s’évanouit, le père regarde ses enfants et sort dans une horrible anxiété. […] En mettant le pied sur ce rivage de son espérance, elle trouva la colonie en révolte, le cousin massacré, sa veuve en fuite dans les hautes terres, et l’incendie partout dans les plantations. […] Vous savez d’ailleurs que tous les rêves de cette aimable Ondine sont si hauts et si purs, que l’on peut du moins y sacrifier en toute sûreté la joie de sa présence.

2079. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

De nobles patronages, de hautes amitiés, qui ne sont pas étrangères à ce grand nom des Stuarts, agirent-elles en effet sur elle pour la fixer dans ce choix ? […] Ou je me trompe, ou je vois dans ce départ empressé quelque chose de généreux, un trait tout à fait digne d’un lendemain de haute tragédie. […] Lebrun la carrière de la haute administration et des affaires, a tenu, en quelque sorte, pour lui les promesses et payé l’arriéré de l’Empire.

2080. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Au surplus, je n’emporte aucun ressentiment contre le tribunal, pas même contre la Convention et les patriotes : ce ne sont pas eux qui veulent ma mort ; elle vient de plus haut… » Et il se tut. […] mais c’était par une ambition plus haute qu’un trône, par l’ambition de la liberté de mon pays et de la félicité de mes semblables ! […] Il parlait tout haut et frappait du pied les dalles, des mains les murs de son cachot. » Lamartine.

2081. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Nous n’avions plus ni raves, ni maïs, ni goutte de vin, plus rien que les salsifis sauvages, les chicorées amères et l’oseille acide, qui poussaient çà et là dans les lagunes humides aux creux des hautes montagnes ; il ne restait plus un seul baïoque de notre dernière récolte de soie, depuis que les mûriers donnaient leurs feuilles au fermier du sbire ; et puis comment sortirais-je pour aller à la messe, le dimanche, aux Camaldules, si le pauvre Zampogna, que j’entendais respirer en haletant, venait à ne pas réchapper de son coup de feu ? […] CXXXIII — Je leur dis alors, comme on parle dans le délire de la fièvre, tout ce qu’on peut dire quand on a perdu sa raison et qu’on n’écoute rien de ce qui combat votre folie par des raisons, des caresses ou des menaces, que mon parti était pris ; que si Hyeronimo devait mourir, il valait autant que je mourusse avec lui, car je sentais bien que ma vie serait coupée avec la sienne ; que des deux manières ils seraient également privés de leurs deux enfants ; que, vivant, il aurait peut-être besoin de moi là-bas ; que, mourant, il lui serait doux de me charger au moins pour eux de son dernier soupir et de prier en voyant un regard de sœur le congédier de l’échafaud et le suivre au ciel ; que la Providence était grande, qu’elle se servait des plus vils et des plus faibles instruments pour faire des miracles de sa bonté ; que je l’avais bien vu dans notre Bible, dont ma tante nous disait le dimanche des histoires ; que Joseph dans son puits avait bien été sauvé par la compassion du plus jeune de ses frères ; que Daniel dans sa fosse avait bien été épargné par les lions, enfin tant d’autres exemples de l’Ancien Testament ; que j’étais décidée à ne pas abandonner, sans le suivre, ce frère de mon cœur, la chair de ma chair, le regard de mes yeux, la vie de ma vie ; qu’il fallait me laisser suivre ma résolution, bonne ou mauvaise, comme on laisse suivre la pente à la pierre détachée par le pas des chevreaux, qui roule par son poids du haut de la montagne, quand même elle doit se briser en bas ; que toutes leurs larmes, tous leurs baisers, toutes leurs paroles n’y feraient rien, et que, si je ne me sauvais pas aujourd’hui, je me sauverais demain, et que peut-être je me sauverais alors trop tard pour assister le pauvre Hyeronimo. […] Quand je fus seule ainsi, sur le haut pont, je vis tout au sommet de l’arche du milieu un pilier creusé en niche où rayonnait une Madone toute couverte d’or et d’argent, de fleurs en papier, et de poussière sous sa grille.

2082. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Quand la morale effrayée déplorait la perle du culte et des dogmes antiques, déjà leur rétablissement était médité par la plus haute sagesse. […] « Un autre phénomène me confirma dans cette haute idée. […] Ces hospices de mon pays, ouverts aux malheureux et aux faibles, sont souvent cachés dans des vallons qui portent au cœur le vague sentiment de l’infortune et l’espérance d’un abri ; quelquefois aussi on les découvre sur de hauts sites où l’âme religieuse, comme une plante des montagnes, semble s’élever vers le ciel pour lui offrir ses parfums.

2083. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Pour la politique même et le gouvernement, ni les plus hauts esprits, ni les volontés les plus efficaces n’ont été toujours servis par le talent oratoire, et les partis eux-mêmes seront loin d’être représentés ici selon leur force ou leur influence. […] Magistrat, d’une vieille famille de magistrats de Savoie, jeté hors de chez lui par la Révolution française qui annexa son pays, Joseph de Maistre671, s’en alla à l’autre bout de l’Europe représenter son maître le roi de Sardaigne : il passa quatorze ans de sa vie (1802-1816) dans cet exil de Saint-Pétersbourg, vivant pauvrement, stoïquement, jugeant de haut les événements et les hommes, et composant dans son loisir ses principaux ouvrages. […] Guizot, il avait cet esprit de mesure et cet amour de la clarté, qui écartent les inquiétudes troublantes et les trop hautes questions : il était à l’aise dans la sphère des choses finies, matérielles et tangibles, des intérêts et des faits.

2084. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Ecoutez d’abord ceci : La lune plaquait ses teintes de zinc   Par angles obtus ; Des bouts de fumée en forme de cinq Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus. […] Il lui préfère « le moyen âge énorme et délicat » ; il voudrait y avoir vécu, avoir été un saint, avoir eu Haute théologie et solide morale. […] vous si haut, si loin de moi, comment vous aimer ? 

2085. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Le monde est mauvais ; l’injustice y règne, et la douleur ; le monde comme il est serait une infamie si Dieu existait ; la nature est insensible et cruelle ; toute supériorité condamne à un plus grand malheur ceux qui en sont affligés… Donc il faut se taire, se résigner, demander à la nature non une consolation, mais un spectacle, avoir pitié de la vie — de très haut — sans jamais se plaindre pour son compte. […] La Haute et le Nouveau Jeu, Leur Cœur et Nocturnes, le Prince d’Aurec et Viveurs, c’est la surface brillante et pourrie de la société contemporaine, décrite par un esprit aigu, — mais en même temps jugée, le plus souvent sans le dire, par une âme qui, dans sa rencontre avec l’éphémère, continue de porter en soi quelque chose de stable et de traditionnel : la vieille France, simplement. […] L’immense ennui, le néant qui est au fond des existences purement mondaines, cette mélancolie noire dont sont envahis, quand ils ne s’amusent plus et même en s’amusant, ceux qui font profession de s’amuser, il nous en a donné, maintes fois, l’impression poignante (la Haute, Nocturnes).

2086. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

» ………………………………………………… Que l’on compare ces vers avec la Dame qui tissait, citée un peu plus haut, on verra comme ils correspondent déjà à l’analyse de la phrase. […] Quelques-uns remplacent le mouvement des toniques par un autre mouvement fondé sur l’accent oratoire, — j’en ai parlé plus haut, — ou par les modulations naturelles de la voix en chacune des parties de la phrase ; ils gardent ainsi à leurs poèmes une certaine base musicale, assez faible, il est vrai ; cependant d’autres affirment se trouver fort bien de n’avoir plus de base du tout. […] En son Traité du Verbe, livre de haute curiosité aux conclusions trop hasardeuses, M. 

2087. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Ces religions ne sont, au fond, que l’État, la famille, l’art, la morale, élevés à une haute et poétique expression. […] Quelle consolation, au milieu des larmes de notre état de souffrance, de voir des malheureux, courbés sous le travail de six journées, venir au septième jour se reposer à genoux, regarder de hautes colonnes, une voûte, des arceaux, un autel, entendre et savourer des chants, écouter une parole morale et consolante. […] L’esprit qui aspire à une haute culture réfléchie doit préalablement s’affranchir du catholicisme ; car il y a dans le catholicisme des dog-mes et des tendances inconciliables avec la culture moderne.

2088. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Les vagues fuient encore avec la rapidité et le sifflement de la flèche, toutes frémissantes de l’impulsion qu’elles ont reçue en tombant de si haut ; elles rejettent à droite et à gauche, sur les prairies, les larges flocons d’écume qui les blanchissent encore, pour aller s’enfoncer en tournoyant sur elles-mêmes dans la sombre vallée de Narni, où elles se rassemblent sous les arches brisées du pont d’Auguste. […] La nature a caché ses grâces les plus douces             Sous ses plus hauts sommets. » Ainsi les noms qu’au ciel la renommée élève De leur éclat lointain semblent nous consumer, Jalouse de ses dons, la gloire leur enlève             Tout ce qui fait aimer ! […] XXXIV Malgré le froid de la saison, une grande porte vitrée était ouverte sur une petite cour fermée de tous côtés par de hautes murailles.

2089. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

et on les dit et on les fait, et de haut encore, comme si cela rentrait dans la poétique de la chose. […] Mais aussi la punition de tout cela ne tarde pas à arriver ; je l’ai dit plus haut, c’est l’ennui, un ennui implacable, un ennui qui n’est pas français, un ennui allemand, l’ennui du second Faust de Gœthe, par exemple, auquel La Tentation de saint Antoine ressemble. […] Mais dans Bouvard et Pécuchet, c’est le coup à fond, c’est le coup de la haine et du mépris élevés à la plus haute puissance, et dont la bourgeoisie du xixe  siècle doit mourir.

2090. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Et, d’ailleurs, n’importe où, ni dans leurs romans, ni dans leurs poèmes (Moore a fait un poème fashionable), ni dans Don Juan, la plus belle œuvre que le dandysme, servi par une tête de génie, ait créée jamais, la pensée anglaise n’a exprimé sur cette haute question d’art humain et d’esthétique sociale — l’élégance dans la vie !  […] Il n’a pas l’idéale noblesse de Callot, le plus idéal des artistes, qui élève la caricature aussi haut qu’elle peut monter, transforme la réalité sans cesser de la tenir d’une main puissante, nous pose des mendiants magnifiques drapés dans leurs guenilles comme dans des manteaux de rois, et des bourreaux tortionnaires à tournure d’archange, dardant la triple épée de feu au dos des coupables, mais il en a souvent l’audace, la cambrure, le tortillement italien, ce mouvement de serpent ou de diable (c’est la même chose depuis la Bible) qui donne aux types de l’auteur de La Tentation de saint Antoine ce je ne sais quoi de provocant et de passionné qui est certainement un des charmes de l’enfer. […] Maisons, châteaux forts, églises, rues, hommes d’armes, hauts barons et baronnes, moines, routiers, écoliers, ribauds et truands, il nous a montré tout cela comme tout cela fut (pittoresquement parlant), avec des détails infinis d’archéologie et des connaissances appropriées ; mais, selon moi, ce mérite, que je reconnais, est bien inférieur à celui qu’il a quelquefois (s’il l’avait toujours !)

2091. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Ce moqueur, qui nous fait ainsi les honneurs de son père, a dit d’ailleurs, en rendant plus de justice à ses hautes qualités : « Il avait une grande élévation, et était aussi fier en dedans qu’en dehors. » La dernière fois qu’il le vit, après quelques détails d’affaires dont son père, déjà malade, le chargea, en ajoutant : « Au reste, cela vous regarde plus que moi, puisque… » ; ce puisque, confesse-t-il, qui exprimait la certitude d’une fin prochaine, le fit fondre en larmes. […] On avait Jean-Jacques Rousseau qui avait découvert et révélé la solitude, les douceurs ou les sublimités qu’elle enferme ; on allait avoir Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand découvrant et décrivant à leur tour la forêt vierge, les sauvages et splendides beautés d’un autre monde ; on allait avoir Oberman s’abîmant dans la contemplation solitaire et dans l’expression intime des aspects reculés ou désolés ; mais les amateurs restés gens du monde, les gens de goût, et d’un noble goût, touchés en effet de la nature, et ne la voulant point cependant séparer jamais de la société, disaient entre autres choses avec le prince de Ligne, et ne pouvaient en cela mieux dire que lui : J’aime dans les bois les quinconces et les percés, de belles routes mieux tenues que celles des jardins, de belles palissades, des allées de hêtres surtout : elles ont l’air de colonnes de marbre quand elles ressortent sur un taillis bien haut et bien vert.

2092. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Il est trop bon esprit et trop sincère pour le charlatanisme ou pour la chimère brillante ; il n’est pas de nature assez haute et assez fine pour concevoir le grand art en rien ni le vrai beau. […] Mais si la distinction et l’esprit de choix lui font faute habituellement, il a au plus haut degré la véracité, la bonhomie pleine de sens, le cœur dans les choses essentielles, la naïveté dans les moindres ; cela lui donne quelquefois l’expression.

2093. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Il y a dans ce grand homme plus de vers faibles qu’il n’y en a d’incorrects ; mais, malgré tout cela, nous savons vous et moi, que personne n’a jamais porté l’art de la parole à un plus haut point, ni donné plus de charme à la langue française. […] Et c’est ainsi que lorsqu’il s’est agi d’une introduction pour le présent recueil, il est allé tout droit dans sa modestie vers l’écrivain qui peut paraître, au meilleur titre, concilier en lui ces deux filiations, ce double mérite de la haute critique et de la gentillesse de parole et d’esprit ; il s’est donc adressé à M. 

2094. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il est peu de pages plus belles que celles qu’il a consacrées à décrire ce qu’on voit du haut du Bergonz, montagne située derrière Luz, et qui est fort bien placée pour servir de belvédère sur l’ensemble des Pyrénées ; c’est le point central du livre et du tableau : Quelle vue ! […] Les arêtes sont tranchantes et dentelées comme les crêtes des flots soulevés ; ils arrivent de tous côtés, ils se croisent, ils s’entassent, hérissés, innombrables, et la houle de granit monte haut dans le ciel aux quatre coins de l’horizon.

2095. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Il ne se peut de plus beau plaidoyer en faveur de l’ambition, considérée comme le déploiement des plus hautes facultés de l’être humain au complet. […] Mais l’homme dur et rigide, l’homme tout d’une pièce, plein de maximes sévères, enivré de sa vertu, esclave des vieilles idées qu’il n’a point approfondies, ennemi de la liberté, je le fuis et je le déteste… Un homme haut et ardent, inflexible dans le malheur, facile dans le commerce, extrême dans ses passions, humain par-dessus toutes choses, avec une liberté sans bornes dans l’esprit et dans le cœur, me plaît par-dessus tout ; j’y joins, par réflexion, un esprit souple et flexible, et la force de se vaincre quand cela est nécessaire : car il ne dépend pas de nous d’être paisible et modéré, de n’être pas violent, de n’être pas extrême, mais il faut tâcher d’être bon, d’adoucir son caractère, de calmer ses passions, de posséder son âme, d’écarter les haines injustes, d’attendrir son humeur autant que cela est en nous, et, quand on ne le peut pas, de sauver du moins son esprit du désordre de son cœur, d’affranchir ses jugements de la tyrannie des passions, d’être libre dans ses idées, lors même qu’on est esclave dans sa conduite.

2096. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

M. de Louvois dit l’autre jour tout haut à M. de Nogaret : « Monsieur, votre compagnie est en fort mauvais état. — Monsieur, dit-il, je ne le savais pas. — Il faut le savoir, dit M. de Louvois ; l’avez-vous vue ? […] Camille Rousset a consacré à l’examen approfondi et détaillé des institutions militaires réformées ou créées par Louvois, gardera du génie du ministre la plus haute et la plus respectable idée.

2097. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance. […] Rousset lui-même nous procure la plus belle preuve des hautes qualités royales, dans le Mémoire dicté par Louis XIV sur la campagne de 1672, et sur les motifs qui la lui firent entreprendre.

2098. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Vous avez bien voulu m’y accorder mes entrées ; je suis bien tenté d’aller les mettre à profit, pour voir une nation respectable dont j’estime le caractère fort et prononcé, et pour causer avec vous, en les prenant sur le fait, des plus hauts mystères de la tragédie. […] Continuez-moi, je vous prie, les sentiments dont vous m’honorez, et soyez persuadé de la haute estime et de la reconnaissance avec lesquelles j’ai l’honneur, etc. » On s’explique assez difficilement que, sentant de la sorte ce qui lui manquait sur Shakespeare et ce que la vue de Garrick pouvait lui apprendre, lui rendre immédiatement, il n’ait pas fait cet effort de passer le détroit, et, puisqu’il n’avait pas vu apparemment le grand tragédien dans son ancien voyage à Paris, qu’il ne soit point allé l’admirer une bonne fois sur son théâtre, avant sa retraite, et, comme on dit, prendre langue avec lui.

2099. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

C’était un de ces moments si précieux pour la haute éducation de l’esprit, où les masques se détachent, où les physionomies ont toute leur expression, où les caractères ont tout leur jeu, où les conditions sociales s’opposent violemment les unes aux autres, où les travers, les vices, les ridicules se montrent avec une pétulance fanfaronne… » Non content d’une large et riche Introduction, qui se poursuit et se renouvelle même en tête du second volume par une Étude sur la troupe de Molière, M.  […] Aimer Molière, c’est être guéri à jamais, je ne parle pas de la basse et infâme hypocrisie, mais du fanatisme, de l’intolérance et de la dureté en ce genre, de ce qui fait anathématiser et maudire ; c’est apporter un correctif à l’admiration même pour Bossuet et pour tous ceux qui, à son image, triomphent, ne fut-ce qu’en paroles, de leur ennemi mort ou mourant ; qui usurpent je ne sais quel langage sacré et se supposent involontairement, le tonnerre en main, au lieu et place du Très Haut.

2100. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Mais, pendant son séjour en Angleterre, Gavarni ne s’en tint pas à Londres et à ses spectacles journaliers, aux figures de marins, aux nourrices de Saint-Giles, aux buveuses de gin et aux balayeuses en chapeau, il voyagea ; il voulut visiter les campagnes et les hautes terres ; il alla en Écosse et y fit moisson. […] En regard de ses boxeurs, je me plairais à mettre un Mariage dans le grand monde, tous ces beaux fronts inclinés devant l’élégant ministre qui les prêche en cravate blanche, ou encore ces deux dames qui se promènent dans West-End, le valet de pied derrière, à distance, tenant sous le bras les volumes du roman nouveau qu’elles viennent d’acheter : c’est du plus haut ton.

2101. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Une tapisserie jaune, suspendue dans le fond, laisse un vaste jour ouvert sur un parc dont on entrevoit de hauts ombrages. […] Ceci me rappelle qu’un soir que Dugas-Montbel lisait, chez Mme Récamier, une tragédie traduite d’Eschyle ou de Sophocle, le marquis de Vérac qui s’était endormi se réveilla quand la lecture était déjà finie depuis quelques instants, et il dit tout haut : « L’intérêt se soutient. » On rit beaucoup.

2102. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Othman fait d’abord trois voyages en Algérie, et, entre chacun de ces trois voyages, il conduit des explorateurs français dans son pays ; enfin, pour couronner ses efforts, tendant à des ouvertures de relations, il vient en 1862 à Paris, ville où jamais un Targui n’avait mis les pieds… Homme d’une haute intelligence et d’un grand sens pratique, Othman a surtout remarqué en France ce qui contraste avec le désert : le nombre considérable des habitants, l’abondance des eaux, la richesse et la variété de la végétation, la rapidité et la sécurité des communications, enfin la généreuse hospitalité qu’il y a reçue. […] Les Touareg sont grands, maigres, secs, nerveux ; leurs muscles semblent des ressorts d’acier : « Un des caractères physiques auxquels un Targui peut se reconnaître entre mille est l’attitude de sa démarche grave, lente, saccadée, à grandes enjambées, la tête haute, attitude qui rappelle un peu celle de l’autruche ou du chameau en marche, mais qui est due principalement au port habituel de la lance. » Ils sont pauvres.

2103. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Je signalerai pourtant un reproche qui lui a été adressé par un écrivain d’une haute autorité morale : « Un caractère distinctif des Entretiens sur la Pluralité des Mondes, a dit M.  […] Conservons avec soin, augmentons le dépôt de ces hautes connaissances, les délices des êtres pensants.

2104. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Quand, du haut de sa studieuse pauvreté, il parle si fièrement des gens qui n’ont pas le moyen d’être nobles ; quand, drapé dans son indépendance roturière, il s’amuse avec une si fière ironie des Geoffroy de La Bruyère que tout autre que lui tâcherait de se donner pour ancêtres, ne trouve-t-on pas sous ce qu’il dit quelque chose de cette démocratie ligueuse, qui éclatait si effrontément bruyante dans les sermons des curés Lincestre et Boucher ? […] Fournier part de là pour faire le procès à Valincour et pour dire : « Il faut se souvenir que l’académicien qui va parler était d’un genre d’esprit assez semblable à celui de Boileau, son ami, et, par conséquent, très-différent de celui de La Bruyère ; haut guindé sur le savoir-vivre, volontiers pédant, grand liseur des auteurs anciens, se plaisant à le faire voir… ; grand citateur, ainsi que sa lettre va du reste nous le prouver… » Raisonner ainsi, c’est tordre beaucoup trop un témoignage curieux et qu’il suffit de prendre pour ce qu’il est.

2105. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Une autre fois, il voulut le prendre sur un haut ton avec le procureur général Joly de Fleury pour une odieuse affaire où s’étaient brutalement compromis un gentilhomme de sa maison et un officier de son régiment : il trouva une ferme résistance dans le magistrat. […] Il fut envoyé, dans les derniers mois de cette même année 1744, sur le haut Rhin avec le chevalier de Belle-Isle ; pendant le siège de Fribourg, il s’avança avec un gros corps de troupes jusqu’à Constance.

2106. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Cette renaissance, qui n’a plus à s’appliquer à la lettre de l’antiquité, va au fond, à l’esprit des temps, remonte plus haut que la Grèce, ne s’arrête plus à la décadence de Rome : en particulier, elle a pour objet le moyen âge, toute cette époque dont l’oubli et le rejet avaient été une condition de la renaissance aux xve et xvie  siècles. […] Mais souvenons-nous que Volney, qui place si haut la propreté dans l’échelle des vertus, était aisément le plus sec et le plus égoïste des hommes.

2107. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Molière a tiré du spectacle de la vie, du jeu animé des travers, des vices et des ridicules humains, tout ce qui se peut concevoir de plus fort et de plus haut en poésie. […] Ce fut l’asile des bonnes mœurs au sein de la haute société.

2108. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

« Qu’on établisse le paradis dans un lieu plus élevé, qu’on dispose à l’entour des draperies et des tentures de soie, à telle hauteur que les personnes qui seront dans le paradis puissent être vues par le haut à partir des épaules. […] L’élan non encore lassé des croisades, la touchante confiance en la sollicitude divine, la vulgarité passablement matérialiste, qui, pour n’être pas dupe, réclame de Dieu, de son saint, un service temporel et des miracles lucratifs, voilà les hauts et les bas de la foi du moyen âge : mais dans la vie facile et bruyante de la province artésienne, que de place prennent les tavernes, les « beuveries », les drôles insolents et amusants que la police bourgeoise pourchasse, mais qui font les délices de la gaieté bourgeoise !

2109. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Hugo, dans l’égale perfection de la forme, tire sa plus haute valeur ? […] Pour ces hautes conceptions, le poète a choisi une forme étriquée et raffinée : d’un bout à l’autre s’égrènent des sonnets alternant avec quatre quatrains.

2110. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Claude, cette nuit-là, a passé une heure à regarder l’eau du haut du pont des Saints-Pères ; il est enfin rentré ; mais, à peine couché, il s’est échappé du lit. Christine le trouve dans l’atelier, au haut de son échelle, une bougie au poing, s’acharnant comme un aliéné sur son grand tableau.

2111. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

L’oreille, l’œil, trouvent leur plaisir dans le rapport harmonique de deux sons ou de deux couleurs ; mais ici c’est pour ainsi dire le plus haut degré de consonance que l’âme puisse percevoir, car en même temps toutes ses puissances sont en jeu : l’imagination, les sens sont séduits, satisfaits par un des termes de la comparaison ; la raison spéculative ou le sens du beau moral, par l’autre ; et ce double plaisir est encore surpassé par celui qui naît simultanément du rapport entre les deux termes, c’est-à-dire de la similitude même. […] Hugo un exemple de comparaison symbolique : Il (Napoléon) a bâti si haut son aire impériale, Qu’il nous semble habiter cette sphère idéale Où jamais on n’entend un orage éclater ; Ce n’est plus qu’à ses pieds que gronde la tempête ;         Il faudrait pour frapper sa tête         Que la foudre pût remonter.

2112. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Cependant un cantonnier qui travaille là-bas, au haut de la route, ira avertir à la métairie pour qu’on ne soit pas inquiet du marmot. […] Il commençait non seulement à le penser, mais à le dire tout haut et à s’embrouiller un peu : « Dites donc, laboureur !

2113. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

De même dans ce qu’il a dit de Catherine, tout en reconnaissant aussitôt que la nature semblait l’avoir formée pour la plus haute élévation, il ne paraît pas s’être rendu tout à fait compte de ce génie viril qui allait la classer, avec Élisabeth d’Angleterre, dans le petit nombre des grands monarques. […] Rulhière était d’avis que, dans un cercle, il ne fallait jamais se presser de demander quel était l’homme qu’on voyait entrer et qu’on ne connaissait pas : « Avec un peu de patience et d’attention, on n’importune ni le maître ni la maîtresse de la maison, et l’on se ménage le plaisir de deviner. » Il avait là-dessus toutes sortes de préceptes, de menues remarques très fines, très ingénieuses, dont il faisait la démonstration quand on le voulait, et il ne se trompait guère : Il en fit en ma présence l’application chez Mlle Dornais, raconte Diderot : il survint sur le soir un personnage qu’il ne connaissait pas ; mais ce personnage ne parlait pas haut ; il avait de l’aisance dans le maintien, de la pureté dans l’expression, et une politesse froide dans les manières

2114. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais, dans une note qu’il ajouta à la lettre de son ami, La Harpe, l’un des rédacteurs du Mercure, le prit de plus haut : S’il s’est tu jusqu’à présent, disait-il, c’est par mépris : Mais aujourd’hui que l’on voudrait infirmer l’hommage que je rends à la liberté, et faire croire que ma haine pour l’aristocratie n’est que le sentiment de jalousie que l’on suppose aux conditions inférieures, je suis obligé de déclarer qu’en effet le hasard m’a fait un assez bon gentilhomme, d’une famille originaire de Savoie et établie dans le pays de Vaud, remontant en ligne directe jusqu’à l’année 1389, où l’un de mes ancêtres était gentilhomme de la chambre de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie. […] Petit de taille et même exigu, « haut comme Ragotin », disait Voltaire, ses ennemis l’avaient surnommé Bébé, en lui appliquant le sobriquet d’un nain du roi Stanislas (j’omets les autres sobriquets de Harpula, Psaltérion, Cithara, qui ne sont que des traductions ou des travestissements de son nom).

2115. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Une âme fière, généreuse, un cœur haut placé se serait dit : « La honte est dans ma maison, mon père n’a pas su sauver les dehors, et porter son malheur avec calme et dignité ; je soutiendrai mon nom mieux que lui. […] Sa disgrâce, en 1707, après vingt-quatre ans de service, lui semble donc complète, et il la déplore avec des accents où la servilité elle-même se déguise sous des airs de sentiment : Mon malheur est sans exemple… Ce qu’il y a de plus épouvantable pour ce qui me regarde, c’est que le roi a toujours paru content de moi et touché de mes soins ; il l’a dit en son particulier même à qui l’a voulu entendre ; j’ai toujours été favorablement traité, même avec privauté et distinction ; un mois même avant ce dernier coup, il me dit tout haut dans son cabinet, devant toute la Cour, que j’avais toujours bien fait ; et cependant en voilà la récompense !

2116. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Les actions de la société avaient été portées fort haut, et peut-être d’une manière artificielle. […] Dans une discussion du Conseil à laquelle il est admis, il a peine à entendre Danton, qui pourtant parlait assez fort et assez haut : M. 

2117. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il y a du novice dans ces premières confidences belliqueuses de Frédéric à Jordan ; ce n’est pas, comme pour Napoléon, dès le premier jour, le grand géomètre militaire embrassant du haut des Alpes son échiquier et développant, avec une perfection inventive, des combinaisons profondes et savantes que l’héroïsme exécutera comme la foudre : Frédéric se forme lentement ; il s’essaye, il entame, il échoue, il revient à la charge, il s’y prend et reprend maintes fois. […] L’impératrice de Russie meurt, et le nouvel empereur se déclare pour lui ; cela fait péripétie dans la situation : « Je me reviens, dit-il, comme un mauvais auteur qui, ayant fait une tragédie embrouillée, a recours à un dieu de machine pour trouver un dénouement… ; — trop heureux, après sept actes, de trouver la fin d’une mauvaise pièce dont j’ai été acteur malgré moi. » Une place pas la gloire plus haut ; il ne monte pas au Capitole plus fièrement que cela : — « Je soupire bien après la paix, mon cher Milord ; ballotté par la fortune, vieux et décrépit comme je le suis, il n’y a plus qu’à cultiver mon jardin. » — Jean-Jacques Rousseau, sur ces entrefaites, poursuivi en France pour l’Émile, s’était réfugié dans la principauté de Neuchâtel.

2118. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Voici comment raisonnent la plupart des hommes opulents qui occupent les grands artistes : la somme que je vais mettre en dessins de Boucher, en tableaux de Vernet, de Casanove, de Loutherbourg, est placée au plus haut intérêt. […] De celles surtout qui rarement exposées à nos yeux, telles que le ventre, le haut des reins, l’articulation des cuisses ou des bras, où le (…) et le (…) sont sentis par un si petit nombre d’artistes, ne tiennent pas le nom de belles de l’opinion populaire que l’artiste trouve établie en naissant et qui décide de son jugement.

2119. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Saint-Marc à l’endroit des autobiographies, je ne lui fais pas un crime de cette intolérance : le Haut Enseignement l’exige ! […] Vous vous étonnez bien haut qu’ils n’épousent pas comme vous, qu’ils n’aient pas un pot au feu comme vous, qu’ils ne se tiennent pas dans les exigences sociales comme vous !

2120. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Haut d’un mètre au plus, il a les pieds tournés en arrière et porte la longue barbe qui semble à peu près générale chez les nains ; il est toujours de couleur sale par suite de l’habitude qu’il a de se coucher parmi la cendre. […] Le guinné possède au plus haut point l’instinct de propriété.

2121. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Ce travail inouï est si grand, et il a tant d’attitude, qu’il fait croire non seulement, comme nous le disions, à la vérité de la peinture, mais à la plus haute moralité dans le peintre qui, au fond, ne fut point ce grand honnête homme qu’il se pique d’être et qu’il paraît. […] Il va son train, il insulte, il raille, il remet sa langue de tigre au sang de la bête morte, mais pas un mot qui révèle que son esprit soit un peu plus haut que son mépris et que sa haine.

2122. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Nul homme n’eut plus que Joseph de Maistre une notion plus haute, plus noblement tyrannique, et malgré cela plus vaste, de l’unité ! […] Quoique, par le titre qu’ils portent, les Quatre chapitres puissent donner à penser que l’auteur avait eu l’intention d’écrire une histoire de cette Russie dans laquelle il avait vécu et qu’il connaissait bien, ce ne sont pourtant que des lettres confidentielles à un haut fonctionnaire russe, sur des questions qui importaient alors à la prospérité et à la force de l’Empire.

2123. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

On a trouvé bon le vénéneux nectar, et l’on en a pris à si hautes doses que la nature humaine en craque et qu’un jour elle s’en dissout tout à fait. […] Elle n’a pas le merveilleux épique qui enlève si haut l’imagination et calme ses terreurs dans la sérénité dont les génies tout à fait exceptionnels savent revêtir leurs œuvres les plus passionnées.

2124. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

La Nationalité l’aurait pris et porté plus haut dans ses bras puissants, mais il ne fallait pas hésiter avec le génie de sa race, puisque l’autre génie, il ne l’avait pas. […] Je l’ai dit plus haut.

2125. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine. […] Si la Critique était une chose de sensibilité, il serait absous… mais la Critique relève de plus haut que de l’émotion du critique.

2126. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Parbleu, il faisait des fautes de grammaire, il avait le verbe haut et la prononciation de son village ; il disait aux beaux seigneurs et aux belles dames de Paris : « Je vous saluons, j’étions dans nout jardrin, je pansions nos bêtes » ; peut-être même lui arrivait-il de leur dire, en langue verte, qu’il était le maître chez lui. […] Sans doute ils trouveraient un décor indéfiniment renouvelé, dans ces paysages de villes et de campagnes dont la variété émerveille l’étranger et lui fait aimer notre pays, ce « splendide hexagone », comme dit miss Betham Edwars ; et ce serait déjà quelque chose de ne pas être exposé à relire la description des ponts de la Seine au soleil couchant, ou de la ville aperçue du haut de Montmartre à l’heure du bec de gaz.

2127. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

On se taisait alors : on jouissait de cette haute et vraiment grande éloquence, d’autant qu’elle était plus rare.

2128. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Dans sa pièce à Mme Tastu, noble sœur qu’elle envie, notre élégiaque éplorée a pu dire : Vous dont la lampe est haute et calme sous l’autan, …………….

2129. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Il est difficile de croire, par exemple, que Shakspeare et Molière, les deux plus hauts types de cette classe d’esprits, n’aient pas senti avec une passion profonde et parfois amère les choses de la vie.

2130. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Avec ses contemporains au contraire, quelque mobile et inachevée que soit l’œuvre, quelque contraignantes que soient les convenances, si l’on a saisi la clef, une des clefs de leur talent, de leur génie, on la peut toujours laisser voir, même quand il ne serait pas séant de s’écrier tout haut : la voilà.

2131. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

On lui a contesté encore la vérité des mœurs qu’il s’est piqué de rendre et l’espèce de haute société où il s’est voulu tenir.

2132. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

Il faut rendre à M. de Persigny cette justice qu’il a dans le cœur ce je ne sais quoi d’élevé qui répond bien à un tel sentiment, qui y sollicite et peut y rallier même des adversaires, qui va chercher en chacun ce qui est vibrant, et que le sentiment napoléonien historique et dynastique tel qu’il le conçoit dans son esprit et dans son culte, tel qu’on l’a entendu maintes fois l’exprimer avec une originalité saisissante (toute part faite à un auguste initiateur), est à la fois ami de la démocratie, sauveur et rajeunisseur des hautes classes, animateur de la classe moyenne industrielle en qui il tend à infuser une chaleur de foi politique inaccoutumée.

2133. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé  Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile  Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social  Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue  Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion  À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.

2134. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Mais, tandis qu’elles me félicitaient tout bas, j’étais accusé tout haut d’injustice et d’irrévérence, et j’ai vu que plusieurs de mes confrères persistaient à revendiquer pour Victor Hugo « l’immortalité hors classe », une immortalité d’un caractère officiel, sanctionnée par les pouvoirs publics.

2135. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Continuellement, des dames à paniers, poudrées et haut coiffées, des petites femmes de Watteau et de Lancret, s’y promenaient par les cloîtres.

2136. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Et c’est pourquoi, outre un naturel sentiment de compassion pour les pauvres, cette dame éprouva sans doute le besoin de racheter ce qu’il pouvait y avoir, non certes de souillé et d’injuste, mais, forcément, de gênant pour une âme haute, et de pas du tout vénérable et de pas du tout évangélique, dans l’origine, quelle qu’elle ait été, d’une opulence aussi démesurée.

2137. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Comme nous, nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut.

2138. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Dans tout cela, pas le plus petit mot drôle : un lyrisme soutenu, soutenu très haut, des images grandioses, de vagues effusions panthéistiques, un sublime voyage sur la croupe d’une chimère, des aurores aux couchants, l’héroïque chevauchée d’un rêveur sur le cheval ailé des Mille et Une nuits.

2139. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Il avait, pour y réussir, non seulement les dons mystérieux du poète, mais encore une absolue sincérité, une inflexible douceur, une pitié sans faiblesse, et cette candeur, cette simplicité sur lesquelles son scepticisme philosophique s’élève comme sur deux ailes dans les hautes régions où jadis la foi ravissait les mystiques.

2140. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Ne profanez jamais l’amour ; c’est la chose la plus sacrée du monde ; la vie de l’humanité, c’est-à-dire de la plus haute réalité qu’il y ait, en dépend.

2141. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Racine, en 1664, dans La Renommée aux muses, Boileau, en 1665, dans son Discours au roi, avaient porté l’art de louer au plus haut degré.

2142. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

La plus haute commémoration du triomphe fut l’emploi qu’elle fit d’un bloc de marbre repris à l’ennemi.

2143. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

On eut dit que Rousseau craignoit de lui voir prendre un vol si haut.

2144. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

Sera-ce dans Locke, placé si haut par Condillac ?

2145. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Agir devant ses enfants, et agir noblement, sans se proposer pour modèle ; les apercevoir sans cesse, sans les regarder ; parler bien, et rarement interroger ; penser juste et penser tout haut ; s’affliger des fautes graves, moyen sûr de corriger un enfant sensible : les ridicules ne valent que les petits frais de la plaisanterie, n’en pas faire d’autres ; prendre ces marmousets-là pour des personnages, puisqu’ils en ont la manie ; être leur ami, et par conséquent obtenir leur confiance sans l’exiger ; s’ils déraisonnent, comme il est de leur âge, les mener imperceptiblement jusqu’à quelque conséquence bien absurde, et leur demander en riant : Est-ce là ce que vous vouliez dire ?

2146. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

En effet le parterre rit presqu’aussi haut qu’à une scene de comedie à la répresentation de la derniere scene du second acte d’Andromaque, où Monsieur Racine fait une peinture naïve des transports et de l’aveuglement de l’amour veritable, dans tous les discours que Pyrrhus tient à Phoenix son confident.

2147. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Elle est si peu un plaisir : elle nous fait sentir si peu l’harmonie du vers, que l’instinct nous porte à prononcer tout haut les vers que nous ne lisons que pour nous-mêmes, lorsqu’il nous semble que ces vers doivent être nombreux et harmonieux.

2148. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Il me semble qu’il serait exactement dans la situation de cet humaniste dont je parlais plus haut : il n’aurait que le sentiment de l’excellent, avec une certaine étroitesse dédaigneuse d’esprit.

2149. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Voyez un paysage du haut d’une montagne : tout se nivelle, plus de relief, la plaine est égale ; mais descendons, s’il vous plaît : voici des vallées, des monticules, des rocs, mille accidents de terrain.

2150. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Pour plusieurs, elle repose sur l’utilité ; pour moi, son sanctuaire est placé bien plus haut.

2151. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

c’est là un singulier spectacle, une bonne bouffonnerie de haute graisse, comme dirait Rabelais.

2152. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

À côté et en comparaison, Gulliver et les Mille et une nuits sont des monuments de haute évidence.

2153. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Telle est sa haute valeur comme apologiste, et c’est ce que nous voulions noter en passant plus que le mérite intrinsèque de son livre, nous qui nous préoccupons beaucoup moins de la beauté même des œuvres littéraires que des conquêtes de la vérité.

2154. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Taine, qui croyait que par un effort de l’intelligence individuelle on saisit les lois des choses, n’a fait que raisonner et organiser des sensations qui, des cénacles romantiques jusqu’aux brasseries de Montmartre, ont été éprouvées et exprimées par tous les artistes, par les plus minables et par les plus hauts, par les rapins de Murger et par le jeune Ernest Renan.‌

2155. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

On racontait encore que, dans la vallée entre le Cithéron et l’Hélicon, le dieu Pan s’était montré chantant lui-même un hymne de Pindare ; et on trouvait une réponse du poëte à cet insigne honneur, dans un hymne dont il ne reste que ce vers : « Ô Pan, protecteur de l’Arcadie et gardien des asiles sacrés. » De là même, d’anciens vers rappelant plusieurs souvenirs merveilleux de la jeunesse du poëte : « Autant le clairon retentit plus haut que des flûtes d’ossements légers, autant, Pindare, ta lèvre domine par l’accent toutes les autres.

2156. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il semble que ces moujiks et ces petits marchands, si ignorants et si sérieux, aient à peu près la même vie morale que nos ancêtres du haut moyen âge. […] Poirier, Guérin, Maréchal ont la solidité, le haut et lumineux relief des bonshommes de Molière. […] Cela peut se soutenir, mais cela n’est pas accablant d’évidence. — Il le prend de bien haut avec nous autres, ce fils des pampas. […] Tandis que Desforges tenait à la petite femme des propos d’une si haute raison, je me disais : — Où donc ai-je déjà entendu cela ? […] Le savant Prospero a les Esprits à son service ; c’est la traduction concrète de cette vérité profonde : « Savoir, c’est pouvoir. » Il pardonne à ceux qui lui ont fait du mal, et il marie sa fille au fils de son ennemi ; cela signifie que la plus haute sagesse et la plus haute puissance aboutissent à l’indulgence universelle… Ô symboles !

2157. (1890) Dramaturges et romanciers

Vous vous étiez condamné vous-même, exclu vous-même des hautes castes littéraires par le choix du genre bas et trivial appelé roman. […] Depuis ce temps, le chasseur n’a plus quitté la vallée, et en expiation de son crime il a renoncé aux lieux hauts qu’il aimait autrefois. […] Je fais allusion ici au saut périlleux que Maxime exécute du haut de la tour. […] Victor Cherbuliez nous introduisent dans une sphère poétique moins haute. […] et la Haine, rappellent la plus haute et la plus hardie des ambitions qu’ait eues M. 

2158. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Si jamais sujet fut vaste et capable d’emporter la pensée dans les plus hautes régions, à coup sûr c’est le sujet des Feuilles d’automne. […] Il se prête avec un égal bonheur à la peinture des mœurs, à l’analyse des passions ; il peut même, sans désavantage, s’il sait se contenir dans de justes limites, aborder les plus hautes questions sociales. […] Son imagination ne parle pas moins haut que son cœur. […] L’amour qu’elle subit sans pouvoir y répondre parle assez haut pour la décider. […] L’enthousiasme excité par Lucrèce, il y a trois ans, a placé si haut l’auteur d’Agnès de Méranie, que le public, justement exigeant, attendait beaucoup de l’œuvre nouvelle ; et M. 

2159. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Et c’est partout dans ce haut goût ; et M.  […] Bouilhet doit se trouver flatté de la haute position que nous lui avons faite en nous occupant aujourd’hui exclusivement de son drame. […] C’est l’art qui excite l’imagination au plus haut degré. […] Il n’y a pas de haut et de bas en littérature, il y a des hommes. […] Et c’est partout dans ce haut goût ; et M. 

2160. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il faut avoüer que Me D l’a portée à un haut point ; elle en a servi utilement son siecle par un grand nombre de traductions fidelles ; et puisque je ne sçay point le grec, je suis du nombre de ceux qui luy ont là-dessus le plus d’obligation. […] Je trouve seulement que l’on fait sonner trop haut les noms des écrivains de l’antiquité. […] Mes lectures frivoles ne montent pas à beaucoup près si haut, mais je ne veux point chicanner, et je consens que l’un aille pour l’autre. […] L’orgueil d’un poëte consiste en deux choses ; à se faire une trop haute idée de son art, et à s’éxagérer le mérite et la perfection de ses propres ouvrages. […] Moindre est le bruit des flots que l’orage souleve, du tonnerre sortant du nuage qu’il creve, des rapides torrens tombant du haut des monts, et des vents opposez luttant dans les vallons.

2161. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Il faudrait donc se garder, dans l’association que j’ai signalée plus haut, de donner une prédominance exagérée soit au sentiment, soit à la raison, soit à l’expérience. […] Mais le savant ne doit pas s’arrêter en chemin il doit toujours s’élever plus haut et tendre à la perfection, il doit toujours chercher tant qu’il voit quelque chose à trouver. […] Il put le garder à son service pendant sept années, durant lesquelles il fit un très-grand nombre d’observations du plus haut intérêt pour la physiologie. […] La combustion vitale au contraire suppose une régénération corrélative, phénomène de la plus haute importance dont il nous reste à tracer les caractères principaux. […] Nous n’assistons pas à la création de l’œuf ex nihilo, il vient des parents, et l’origine de sa virtualité évolutive nous est cachée ; mais chaque jour la science remonte plus haut vers ce mystère.

2162. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Ils veulent bien accorder que votre compère Jean et votre compère Jacques parlent selon leur état ; mais ils ne s’amusent point de leurs pots à bière et de leurs guenilles701. » C’est pour eux maintenant qu’on doit écrire, et surtout pour les plus instruits702 ; car ce n’est pas assez d’avoir de l’esprit ou d’aimer la tragédie pour être bon juge : il faut encore posséder une solide science et une haute raison, connaître Aristote, Horace, Longin, et prononcer d’après leurs règles. […] La fuite des actions violentes et des horreurs physiques, la proportion et l’ordre de la fable, l’art de déguiser ou d’éviter les êtres grossiers ou trop bas, la perfection continue du style le plus mesuré et le plus noble, tout contribue à porter la scène dans une région sublime, et nous croyons à des âmes plus hautes en les voyant dans un air plus pur. […] Les noms de whigs et de tories venaient de naître, et les plus hauts débats de philosophie politique s’agitaient, nourris par le sentiment d’intérêts présents et pratiques, aigris par la rancune de passions anciennes et blessées. […] Si Dryden est un politique expérimenté, un controversiste instruit, bien muni d’arguments, sachant tous les tournants de la discussion, versé dans l’histoire des hommes et des partis, cette habileté de pamphlétaire, toute pratique et anglaise, le retient dans la basse région des combats journaliers et personnels, bien loin de la haute philosophie et de la liberté spéculative, qui impriment au style classique des contemporains français la durée et la grandeur. […] Tout à coup les sons de la lyre s’enflent ; ils s’enflent plus haut ; ils grondent comme un tonnerre ; le roi assoupi se redresse égaré, les yeux fixes. « Vengeance !

2163. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Elles voient les choses de plus haut ; de mon côté, je ne peux les suivre, de sorte que nous ne nous sommes pas rencontrés. […] Et une autre, plus haute, oseuse, difficile, Poésie scientifique et sociologique que j’ai tentée, que j’apporterai de méthode et d’œuvre. […] Ce qui manque justement aux groupes récents, c’est cette haute conscience, ce sentiment de l’héroïque et du divin. […] Son poème du Rhône devra donc bondir en phrases tumultueuses, rocailleuses, portant de hautes roches et des fleurs — comme un sauvage fleuve sous la foudre. […] Aussi suis-je heureux au possible de collaborer avec Zola, avec qui je suis tendrement lié, pour qui je professe la plus haute admiration, la plus profonde amitié.

2164. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Chargé d’abord de la garde des bestiaux, puis cocher du gérant de M. de Noé, dès qu’il sut lire et signer son nom, il sembla deviner la haute fortune qui lui était réservée. […] Il leur disait du haut de la chaire, en promenant sur son auditoire un regard impérieux : Je pars, mais n’oubliez pas que je laisse parmi vous mon œil et mon bras, mon œil pour vous surveiller, mon bras pour vous frapper. […] Malheureusement pour le savant et le poète, personne encore n’a trouvé le moyen de soumettre l’exercice de la pensée aux mêmes conditions que les champs et les hauts fourneaux. […] Voilà un fait d’une haute importance, une idée lumineuse, qui vaut la peine d’être enregistrée. […] Reprenons cette phrase qui domine de bien haut toutes les préfaces où Corneille discute le mérite de ses ouvrages, se condamne ou s’approuve avec une modestie si franche, une fierté si vraie, et voyons comment M. 

2165. (1890) Nouvelles questions de critique

Bien parler, c’est penser tout haut. […] Las, du plus haut goutte à goutte elles filent Tombant aux seins, dont elles sont puisées. […] Pellissier, dans le chapitre qu’il y consacre, l’explique par d’autres causes dont, à la vérité, je n’ai garde de nier l’importance, puisqu’au contraire je les trouve trop générales et trop hautes. […] Mais, imbus de l’idée romantique, et fâcheuse, que l’artiste n’est pas un homme comme les autres, ils ont traité de haut tous ceux qui ne se faisaient pas de leur art une aussi grande idée qu’eux-mêmes. […] C’est que, comme plus haut les différents sens du mot de naturalisme, les sens différents du mot d’idéalisme se rejoignent et se concilient à leur tour.

2166. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Entendant ce haut style, aussitôt je seconde, Et réponds brusquement, sans beaucoup m’émouvoir : « Vous êtes donc de fer, à ce que je puis voir ?  […] Dirai-je qu’elle habite trop haut ? […] Vous lardez votre pièce, vous la piquez enfin de lazzis à l’italienne, bourrades et coups de poing, plaisanteries au gros sel, bouffonneries de haut goût ; vous remuez… vous dressez… vous parez… vous servez : c’est du Regnard ; ce sont les Folies amoureuses, que l’on vient de jouer devant vous. […] C’en est même un médiocre, de peu d’étendue, de peu de portée, qui n’a jamais pensé bien haut ni bien profondément, ni peut-être pensé du, tout. […] Vous remarquerez qu’il n’y en a pas non plus dans la haute comédie : Alceste est Alceste, et Tartufe est Tartufe.

2167. (1911) Études pp. 9-261

Le bras de Thètis se déroule sur la poitrine de Jupiter comme une immense tige qu’achève la haute fleur de la main ; il est aussi long dans l’espace qu’il le serait dans le temps. […] La sagesse le parcourt, unit toutes ses parties, chante ainsi qu’un oiseau dans ses arbres, et imite tendrement sur les roses rivages les hautes vagues, courbes et calmes, de son océan de tulle bleu. […] Et l’Énéide, et la Divine Comédie passent ainsi que de hauts vaisseaux entrevus… Le poème est conduit par l’imagination. […] Ceux-mêmes qui affectent de le tenir en haute estime, on les sent pleins d’inquiétudes et de restrictions secrètes : leur louange se tait aussitôt, elle redoute d’aller trop loin. […] Il ne s’épargne aucune idée ; en même temps que par les plus hautes, il est séduit par les plus basses, et sous leur conseil divisé il ne peut arriver à une décision.

2168. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Et après avoir touché les harangues, il en vient aux lettres, lesquelles, dit-il, ne se prononcent point : « Car, encore qu’on en lise tout haut, ce n’est pas ce qu’on appelle prononcer ; on ne les doit pas écrire tout à fait comme on parle. » Pour preuve de cela, continue-t-il, si l’on voit une personne à qui l’on vient d’écrire une lettre, fût-elle excellente, on ne lui dira pas les mêmes choses qu’on lui écrivait, ou pour le moins on ne les lui dira pas de la même façon. […] Ces longs raisonnements tirés de ligne en ligne vous empêchent d’entrer d’abord en des connoissances plus hautes qui ne trompent jamais. […] J’ai connu Voilure : on sait assez que c’étoit un génie exquis et d’une subtile et haute intelligence ; mais je vous puis assurer que dans ses discours ni dans ses écrits, ni dans ses actions, il n’avoit pas toujours cette extrême justesse, soit que cela lui vînt de distraction ou de négligence. […] Je soumets ces observations à la critique attentive des deux excellents biographes MM. de Monmerqué et Walckenaer, qui ont dès longtemps comme la haute main sur ce beau domaine de notre histoire littéraire.

2169. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Lorsque Pierre fut banni de Florence, il lui confia des choses de la plus haute importance. […] Il se désolait de voir, du haut des fortifications, sa pauvre maison saccagée, et sa femme et ses enfants au pouvoir des ennemis : de sorte qu’il n’osait faire son devoir, de peur de tirer sur eux. […] Un jour, le prélat étant à sa fenêtre, Benvenuto allait tirer sur lui, s’il ne s’était retiré ; mais, ayant manqué son coup, il tira sur un pigeon qui couvait au haut du palais, et lui enleva la tête, chose difficile à croire ; car il ne voyait que cela du corps de l’oiseau. […] Deux jours après, je tirai, sur le haut du palais Santa-Fiore, un pigeon qui couvait dans un trou, et qui avait été manqué plusieurs fois par l’orfèvre Tacca, qui était mon rival au tir de l’arquebuse.

2170. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Mais, comme je m’en félicitais, il me dit presque en colère et en murmurant, que je n’avais rien fait, si je ne sauvais aussi ses écritures, qui étaient de la plus haute importance. […] Il se jeta alors sur moi, plus furieux encore ; mais cette arme, que je tenais assez haut, partit d’elle-même, et la balle, ayant frappé l’arc de la porte, rebondit sur sa tête, et l’étendit par terre. […] Jacobo Guidi, secrétaire de Son Excellence, m’appela avec sa bouche de travers, et d’une voix assez haute, se tenant droit comme un pieu, me dit : Le duc veut savoir ce que vous demandez pour votre Persée. […] Cet homme, plus roide encore et d’une voix plus haute : Je vous demande de sa part ce que vous en voulez, et je vous ordonne de me le dire, sous peine de sa disgrâce.

2171. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Malgré cet échec, le haut et le bas clergé, continuaient leur œuvre. […] Nous avons fait observer plus haut quelle part prépondérante avait prise le clergé de France, dès l’origine et durant tout le seizième siècle, dans les mesures contre les Reformés. […] À ce moment, dans toutes les provinces, le haut et bas clergé se servirent des dragons pour assouvir leur longue rancune contre ces « hérétiques » insolents qui avaient l’audace de se montrer honnêtes, loyaux, intelligents et austères, sans pour cela fréquenter les « sacrements. » « Dans plusieurs bourgades, dit encore le même auteur, les curés suivaient les dragons dans les rues en criant : « Courage, messieurs ; c’est l’intention du roi que ces chiens de huguenots soient pillés et saccagés. »‌ S’agit-il de la part effective que prit Bossuet aux persécutions de toutes sortes dirigées contre les protestants ? […]   Si quelques-uns estiment qu’il y a presque incompatibilité entre le génie de Bossuet et le rôle odieux que lui assigne l’histoire — et nous venons de dire pour quelles raisons nous ne sommes pas de cet avis, — d’autres s’étonneront de l’ascendant tout-puissant qu’il dut posséder sur l’esprit du roi, pour diriger de haut l’Inquisition.

2172. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Si S est le système de référence, le physicien placé en S, considérant que son confrère en S′ trouve la même vitesse que lui à la lumière, interprétera le résultat comme nous le faisions plus haut. […] Évidemment d’un temps réel, au sens que nous donnions plus haut à cette expression. […] Or, à ses yeux, la lumière se meut avec une vitesse moindre pour le système S′ (les conditions de l’expérience étant celles que nous avons indiquées plus haut) ; mais aussi, les horloges en S′ ayant été réglées de manière à marquer des simultanéités là où il aperçoit des successions, les choses vont s’arranger de telle sorte que l’expérience réelle en S et l’expérience simplement imaginée en S′ donneront le même nombre pour la vitesse de la lumière. […] Nous avons montré plus haut (p. 54) et nous venons de répéter qu’on ne saurait établir une distinction radicale entre la simultanéité sur place et la simultanéité à distance.

2173. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Marquer ainsi son but tout d’abord, et ne point le placer plus haut, c’est donner sa mesure comme poète. […] Bernis n’avait aucune rancune de ce genre contre le grand Frédéric, et son cœur d’honnête homme était plus haut placé.

2174. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Quarante-huit ans après, c’était le même homme qui publiait son Mémoire sur la société polie ; ce qui faisait dire à M. de Talleyrand, parlant au fils de l’auteur : « Il y a une chose remarquable dans la vie de votre père, et qui n’est peut-être arrivée à personne avant lui, c’est qu’à cinquante ans de distance il a publié deux ouvrages, dont le premier a fondé sa réputation, et dont le second vient de la couronner. » En même temps et aux approches de 89, Roederer avait l’habitude et le besoin d’écrire sous forme plus courante et plus brève sur toutes les questions du jour, sur les événements ou conflits qui occupaient à Metz l’attention publique : en un mot, comme Franklin, il était par nature et par goût journaliste ; il le sera pendant une grande partie de sa vie, et conciliera, tant qu’il y aura moyen, ce genre de publication avec les hauts emplois et les dignités même de l’État. […] Dans les mois qui précédèrent la chute des Girondins, Roederer avait reparu, et il faisait à l’Athénée un cours dans lequel il réfutait les écrivains qui attaquaient la propriété ; il s’appliquait à en démontrer le fondement d’après des notions positives et prises de moins haut qu’on ne l’a fait depuis.

2175. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Sur ces parties accessoires il sera nécessairement surpassé un jour par ceux qui étudieront ces peuples dévastateurs en eux-mêmes, et remonteront plus haut vers leurs racines et leurs sources asiatiques : là où il reste original, c’est dans l’exposé des derniers grands règnes romains ou byzantins, quand il parle de Dioclétien, de Constantin, de Théodose, de ces âmes héroïques et venues trop tard comme Majorien ; c’est quand il parle de Justinien et de Bélisaire. […] S’il se fait quelque part une grande révolution dans l’âme humaine, il ne la sentira pas, il ne la signalera pas en allumant un fanal du haut de sa tour ou en sonnant un coup de la cloche d’argent.

2176. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Depuis que les Mémoires de Saint-Simon sont publiés en entier, je ne dirai pas que les pages de chronique qu’on doit à Madame ont pâli, mais elles ont cessé d’étonner ; on y a reconnu de bonnes peintures naïves, un peu hautes en couleur et un peu grosses de traits, chargées et grimaçantes parfois, mais au fond ressemblantes. […] Mme de Sévigné se trompe : Madame n’était nullement étonnée de sa grandeur ; elle se sentait faite pour ce haut rang d’épouse de Monsieur, elle se fût sentie à sa place plus haut encore ; mais Mme de Sévigné, qui se promenait pourtant si volontiers dans ses bois de Livry ou dans son parc des Rochers, ne devinait pas la jeune fille fière, brusque et sauvage, qui avait mangé avec délices son morceau de pain et ses cerises cueillies à l’arbre, à cinq heures du matin, sur les hauteurs de Heidelberg.

2177. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il était né à Grenoble le 23 janvier 1783, fils d’un avocat, petit-fils d’un médecin, appartenant à la haute bourgeoisie du pays. […] Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe  siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases.

2178. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

La haute idée qu’il avait de lui le rendait naturellement indulgent aux autres lorsqu’on ne l’offensait pas. […] Toutefois, le bon sens y est ; dès qu’un certain nombre d’hommes sont en présence, il est toujours quelque part, grâce à la diversité et à la contrariété des natures ; et si, plus tard, la postérité croit trouver la première les jugements justes et se flatte en quelque sorte de les inventer, c’est qu’elle n’a pas été informée des contradictions et protestations contemporaines : mais, après tout, les hommes qui se voient de près ne sont pas tous dupes ou enthousiastes, ils se connaissent et se jugent ou tout haut ou tout bas, mais aussi bien qu’on le fera jamais.

2179. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

On voit que dans les affaires comme dans la littérature, comme dans le monde, et partout, il entre la tête haute, sûr qu’il est de son fait, remettant les gens à leur place et prenant la sienne hardiment, en grand seigneur de l’esprit. […] Et Voltaire, ce même homme qui trébuchait ainsi dans le détail, reprenait ses avantages dès qu’il s’agissait d’ensemble ; il était de ces esprits fins et prompts qui devinent mieux qu’il ne connaissent, qui n’ont pas la patience de porter une démonstration un peu longue, mais qui enlèvent parfois tout d’une vue une haute vérité, et qui réussissent alors à l’exprimer de manière à ravir les savants eux-mêmes.

2180. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Ici, nous avons encore affaire à un journal et à des confidences posthumes, mais il s’agit du journal et registre d’une belle âme, d’une haute intelligence, et le choix a été fait par un homme de mérite, digne parent par le cœur et par la pensée de celui qu’il présente et introduit. […] C’est une vraie misère de vivre sur la terre. » Il a besoin d’un secours extérieur encore, mais, cette fois, de ce secours invisible qui opère par la grâce et moyennant le canal de la prière. « La plus fâcheuse des dispositions, dit-il, est celle de l’homme qui, se méfiant de lui-même au plus haut degré, ne s’appuie pas sur une force supérieure et ne se livre à aucune inspiration ; il est condamné à être nul aux yeux des hommes comme à ses propres yeux. » Il connaissait bien cet homme-là.

2181. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mais ce qui frappe d’abord, c’est la haute idée qu’il a prise de Vauvenargues, et l’espèce de déclaration qu’il lui en fait : Des qualités ordinairement séparées, et toujours recherchées, se joignent en vous, lui dit-il ; jugez des sentiments qu’elles y attirent. […] Du sein même de ses études, de ses méditations économiques, dans un séjour au château de ses pères, où il s’est retiré pour une saison, Mirabeau confesse le vice qui est celui de tout son temps et qui lui gâtera sa vie, d’ailleurs intègre : « La volupté, mon cher ami, est devenue le bourreau de mon imagination, et je payerai bien cher mes folies et le dérangement de mœurs qui m’est devenu une seconde nature ; hors de là, je suis maintenant comme un poisson dans l’eau. » À côté de cet aveu que justifieront trop les futurs scandales et les éclats de sa vie domestique, mettez la sagesse et la sobriété de Vauvenargues, à qui son peu de santé interdirait sans doute les plaisirs, mais qui en est éloigné encore plus par la haute et pure idée qu’il se fait de l’amour, par le peu de goût qu’il a pour les femmes, « celles du moins qu’il connaît ». — « Je hais le jeu comme la fièvre, et le commerce des femmes comme je n’ose pas dire ; celles qui pourraient me toucher, ne voudraient seulement pas jeter un regard sur moi. » Vauvenargues avait toujours pris l’amour au sérieux : « Pour moi, je n’ai jamais été amoureux, que je ne crusse l’être pour toute ma vie ; et, si je le redevenais, j’aurais encore la même persuasion. » C’est pour cela qu’il recommençait rarement.

2182. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Malgré l’ignorance qui nous environne, nous étudions, nous disputons sans cesse, et cette soif de savoir n’est jamais assouvie ; il me semble, en lisant les philosophes et les théologiens, voir des aveugles qui errent dans l’obscurité, qui s’entre-heurtent, qui, en voulant s’éviter, se font choir, qui embrassent l’ombre pour le corps, et qui se servent quelquefois, pour s’assommer, du bâton qui leur a été donné pour se conduire, Un petit nombre, tel que vous, Euler et Clairaut, élevés dans une plus haute région, rient de leurs folies et de leurs méprises, Qu’est-ce qui produit tant de faux jugements ? […] Je ne crains donc pas de répéter bien haut ce que je lis dans une note écrite par M. 

2183. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Ceux qu’il soulagea ne l’en remercièrent point, trouvant que c’était justice, comme il arrive toujours ; et ceux qu’il augmenta crièrent si hauts cris, voulant le manger, que tout retentit de reproches qui assiégèrent le trône et la Cour. […] Il estime qu’on le pouvait au moment de la paix de 1735, à la suite des succès de nos armes : « On le pouvait assurément, dit-il, et on aurait eu toute l’Europe pour soi si, agissant avec candeur, on eût fortifié le tiers-parti des dépouilles de la maison d’Autriche en Italie, sans en revêtir la maison de Bourbon aucunement. » Le désintéressement pour soi et pour les siens aurait donné le droit de parler haut et ferme.

2184. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il a cru que cela tenait à une absence de hautes croyances dont il s’est plu à s’attribuer l’honneur. […] Est-il donc besoin de rappeler ces choses à l’écrivain qui se présente en redresseur de tous ses confrères ; et est-ce au moment où le critique élève la voix pour parler de haut, qu’il lui est permis à ce point de détonner ?

2185. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

allez regarder à Versailles, dans la galerie du haut, le tableau d’Olivier qui a pour sujet « le thé à l’anglaise dans le Salon des Quatre-Glaces au Temple. » MM. de Goncourt l’ont très-bien décrit. […] J’ai entendu parler d’un homme de grand jugement, nullement lié avec vous, qui soutenait en public dans une compagnie que, si le bruit était fondé, rien ne pourrait donner une plus haute idée des louables et nobles principes de votre ami] (le prince).

2186. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Sans parler des dames qu’on y met sur le tapis, des d’Au-mont, des Brissac et autres bonnes fortunes de rencontre, on citait, comme amie attitrée du prélat, Mme de Bretonvilliers, de la haute bourgeoisie. […] Quoi qu’il en soit du mobile, il fut le principal auteur et acteur dans cette élévation d’un cran et cet anoblissement définitif de la Compagnie ; il obtint que l’Académie eût désormais ses séances dans une salle du Louvre et fût considérée comme un des ornements ou accessoires du trône ; il usa de tout son crédit pour la faire valoir en toute occasion et la maintenir dans l’intégrité de son privilège ; et un jour qu’allant complimenter le roi elle n’avait pas été reçue avec tous les honneurs rendus aux Cours supérieures, il s’en plaignit directement à Sa Majesté, en rappelant « que François Ier, lorsqu’on lui présentait pour la première fois un homme de Lettres, faisait trois pas au-devant de lui. » La querelle engagée entre l’Académie et Furetière intéressait au plus haut degré l’honneur de la Compagnie : « car c’est grand pitié, comme remarque très sensément Legendre, quand des personnes d’un même corps s’acharnent les uns contre les autres, et qu’au lieu de se respecter et de bien vivre ensemble comme doivent faire d’honnêtes gens, elles en viennent à se reprocher ce que l’honneur de la Compagnie et le leur en particulier aurait dû leur faire oublier. » Il s’agissait, au fond, de l’affaire importante de l’Académie, le Dictionnaire, et de savoir si un académicien avait le droit d’en faire un, tandis que l’Académie n’avait pas encore publié le sien.

2187. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Le maire était pris d’ordinaire parmi les nobles de haute qualité, « parmi les plus vaillants et capables seigneurs du pays. » Il montait à cheval selon les occurrences, ayant une compagnie dressée pour pourvoir aux désordres en temps de paix et de guerre. […] Vaillac surpris essaya de se justifier et de payer de paroles ; mais le maréchal, coupant court aux beaux semblants, lui dit que, s’il n’obéissait sur l’heure et n’ordonnait à ses officiers, et à sa femme qui était dedans, de lui ouvrir et rendre le château, il le ferait pendre haut et court à la vue du château même.

2188. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Toujours à Sainte-Barbe, il eut des succès dans les hautes caisses ; il en eut même à la lingerie, ce qu’il nous apprend d’une manière assez peu voilée. […] Cuvier, dit-il, un des plus grands génies de notre époque, qui a participé à l’instruction publique toute sa vie, soit comme professeur, soit comme haut administrateur, soit par ses ouvrages, soit par ses voyages d’inspection, était un ennemi prononcé de la rhétorique.

2189. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Elle a beaucoup parlé dans ses Mémoires de La Blancherie, manière d’écrivain et de philosophe qui tomba assez vite dans la fadaise et même dans le courtage philanthropique ; elle le juge de haut, et, après quelque digression avoisinante, elle ajoute lestement en revenant à lui : Coulons à fond ce personnage. […] La jeune héroïne, que j’ai comparée plus haut à un personnage de la Nouvelle Héloïse, était devenue très-semblable à quelque amante de Corneille quand elle songeait au vertueux et sensible absent.

2190. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

De nos jours, une haute et philosophique méthode s’est introduite dans toutes les branches de l’histoire. […] Présenté à la cour en 1669, il est nommé historiographe en 1677 ; à cette époque, par la publication de presque toutes ses satires et ses épîtres, de son Art poétique et des quatre premiers chants du Lutrin, il avait atteint le plus haut degré de sa réputation.

2191. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Il n’ose être sincère, montrer la chose toute nue, parler sans apprêt, en bonhomme, retomber du haut du style passionné dans les petites idées communes qui viennent ensuite. […] Un rat des plus petits voyait un éléphant Des plus gros, et raillait le marcher un peu lent     De la bête de haut parage,     Qui marchait à gros équipage.

2192. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Mais sa haute vie l’a mis en rapport avec l’esprit éternel qui agit et se continue à travers les siècles ; il est immortel. […] En lui s’est montré au plus haut degré ce que « le peuple gallican », comme on disait au moyen âge, a de droiture, de sincérité, d’honnêteté, et, sous apparence révolutionnaire, de sage réserve et de prudente raison.

2193. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

On disait tout haut qu’elle commençait par où les grandes comédiennes finissent. […] En entendant, l’autre jour, le drame intéressant dans lequel la lutte du talent et du sentiment vrai contre le préjugé et l’orgueil social est si vivement représentée sous son nom, je me disais combien les choses ont changé depuis un siècle, combien la haute société ne mérite plus, à cet égard du moins, les mêmes reproches, et combien elle est peu en reste d’admiration et de procédés délicats envers tout talent supérieur.

2194. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Ce qui suffirait pour donner la plus haute idée de la qualité du talent de M. de Chateaubriand, c’est en général la nature distinguée des femmes qui s’y sont prises, qui se sont éprises de lui pour son talent. […] Du moins sur ma taille, je ne veux coûter aucun frais à votre imagination ; j’ai, raisonnablement chaussée, quatre pieds neuf pouces et dix lignes de haut, et de l’embonpoint tout ce qu’il faut en avoir.

2195. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Elle se sentit lésée dans son bien le plus cher, et poussa les hauts cris, comme s’il se fut agi d’un vol domestique. […] Héros avorté de cette époque de Louis XVI qui n’a eu que des promesses, M. de Guibert entra dans le monde la tête haute et sur le pied d’un génie ; ce fut sa spécialité pour ainsi dire que d’avoir du génie, et vous ne trouvez pas une personne du temps qui ne prononce ce mot à son sujet.

2196. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Je vous dirai seulement que je suis insolent, que je parle beaucoup, bien haut et d’un ton de maître ; que je chante et que je danse en marchant, et enfin que je fais une dépense furieuse en poudre, plumets, gants blancs, etc. […] Il ne comparait point toutefois les deux scènes, quant à l’importance des débats et à l’influence politique qu’on y pouvait acquérir : Il est inouï, disait-il plus tard de Pitt, au moment où ce grand orateur consentit à entrer dans la chambre haute sous le titre de lord Chatham, il est inouï qu’un homme, dans la plénitude de sa puissance, au moment même où son ambition venait d’obtenir le triomphe le plus complet, ait quitté la Chambre qui lui avait procuré cette puissance, et qui seule pouvait lui en assurer le maintien, pour se retirer dans l’hôpital des incurables, la Chambre des pairs.

2197. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Mme Geoffrin ajoute un nom de plus à cette liste des génies parisiens qui ont été doués à un si haut degré de la vertu affable et sociale, et qui sont aisément civilisateurs. […] Mme Geoffrin, douée au plus haut degré de cette sorte d’esprit, différait tout à fait en cela de Mme du Châtelet par exemple, laquelle aimait à suivre et à épuiser un raisonnement.

2198. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

La vérité, s’écrie-t-il, il l’a eue en vue jusqu’à lui sacrifier toutes choses : « C’est même cet amour de la vérité qui a le plus nui à ma fortune ; je l’ai senti souvent, mais j’ai préféré la vérité à tout, et je n’ai pu me ployer à aucun déguisement ; je puis dire encore que je l’ai chérie jusque contre moi-même. » Pourtant, s’il redresse si haut la tête sur ce chapitre de la vérité, il convient que l’impartialité n’a pas été son fait ; il sent trop vivement pour cela : On est charmé, dit-il, des gens droits et vrais ; on est irrité contre les fripons dont les cours fourmillent ; on l’est encore plus contre ceux dont on a reçu du mal. […] Devant une peinture de pareille dimension, il faut choisir ; je prendrai de préférence deux grandes scènes, pour y démontrer quelques-unes des hautes qualités de Saint-Simon.

2199. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Voulant donc convaincre le prince de Condé qu’il y a un grand et incomparable rôle à jouer dans cette crise entre la magistrature et la Cour, voulant tempérer son impatience et ses colères à l’égard du Parlement, et lui prouver qu’on peut arriver moyennant un peu d’adresse, quand on est prince du sang et vainqueur comme il l’est, à manier et à gouverner insensiblement ce grand corps, Retz, dans un discours qu’il lui tient à l’hôtel de Condé (décembre 1648), s’élève aux plus hautes vues de la politique, à celles qui devancent les temps, et à la fois il touche à ce qui était pratique alors. […] Ces portraits, venant après la belle conversation politique avec le prince de Condé, après les merveilleuses scènes de comédie des premiers jours des Barricades, et après les grandes et hautes considérations qui précèdent, composent une entrée en matière et une exposition unique qui subsiste même quand le reste de la pièce ne tient pas.

2200. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Louis XIV a lui-même exposé la première idée qu’il se fit des choses, et cette première éducation intérieure qui s’opéra graduellement dans son esprit, ses premiers doutes en vue des difficultés, ses raisons d’attendre et de différer ; car « préférant, comme il faisait, à toutes choses et à la vie même une haute réputation, s’il pouvait l’acquérir », il comprenait en même temps « que ses premières démarches ou en jetteraient les fondements, ou lui en feraient perdre pour jamais jusqu’à l’espérance » ; de sorte que le seul et même désir de la gloire, qui le poussait, le retenait presque également : Je ne laissais pas cependant de m’exercer et de m’éprouver en secret et sans confident, dit-il, raisonnant seul et en moi-même sur tous les événements qui se présentaient ; plein d’espérance et de joie quand je découvrais quelquefois que mes premières pensées étaient les mêmes où s’arrêtaient à la fin les gens habiles et consommés, persuadé au fond que je n’avais point été mis et conservé sur le trône avec une aussi grande passion de bien faire sans en devoir trouver les moyensm. […] Il voudrait que son fils, au lieu de s’arrêter en chemin, et de regarder autour de lui et au-dessous de lui, ceux qui valent moins, reportât ses regards plus haut : Pensez plutôt à ceux qu’on a le plus sujet d’estimer et d’admirer dans les siècles passés, qui d’une fortune particulière ou d’une puissance très médiocre, par la seule force de leur mérite, sont venus à fonder de grands empires, ont passé comme des éclairs d’une partie du monde à l’autre, charmé toute la terre par leurs grandes qualités, et laissé depuis tant de siècles une longue et éternelle mémoire d’eux-mêmes, qui semble, au lieu de se détruire, s’augmenter et se fortifier tous les jours par le temps.

2201. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Les gens qui sont d’une si bonne composition n’ont jamais eu le bonheur de sentir l’enthousiasme qu’inspirent les chefs-d’œuvre des grands génies, et ce n’est pas pour eux qu’Homère, Sophocle (je supprime Richardson, que Grimm place en trop haute compagnie), Raphaël et Pergolèse ont travaillé. […] Il ne dit jamais aux Français d’abandonner leur tragédie pour l’imitation des beautés étrangères : « Nous dirons au contraire : Français, conservez vos tragédies précieusement, et songez que, si elles n’ont pas les beautés sublimes qu’on admire dans Shakespeare, elles n’ont pas aussi les fautes grossières qui les déparent. » En jugeant la tragédie française de son temps, il en sait toutes les faiblesses et toutes les langueurs ; il a des réflexions à ce sujet, qui lui sont suggérées par le Timoléon de La Harpe, mais qui remontent et portent plus haut.

2202. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Pourquoi des sujets si éloignés dans le lieu et dans le temps, pourquoi des personnages si haut placés dans la hiérarchie sociale, des rois, des princes ? […] Nisard ne craint pas de taire entre Bossuet et Voltaire, supérieurs l’un et l’autre par le bon sens, l’un dans les vérités familières, l’autre dans les plus hautes vérités morales ; mais enfin le bon sens suffit-il à constituer le génie ?

2203. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

S’il est vrai en effet que l’univers ne soit que le développement, l’évolution de l’idée, si l’idée, en sortant d’elle-même, devient la nature, et en revenant à elle-même devient l’esprit, si la plus haute forme de l’esprit est la philosophie, et si la plus haute forme de la philosophie est la doctrine hégélienne, on ne voit pas du tout pourquoi l’idée s’arrêterait là, et pourquoi on lui interdirait tout développement ultérieur.

2204. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Elle n’a pas trouvé davantage à placer la seconde prime de 3 000 francs proposée « à l’auteur d’un ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès, pendant le cours de l’année, sur le Théâtre-Français, et qui, dans des proportions différentes, serait jugé avoir rempli, au plus haut degré, les mêmes conditions ».

2205. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Tous les trois, doués ainsi diversement, mais au plus haut degré, du talent de la parole, ils ont possédé moins également celui d’écrire.

2206. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Les ambitions sont excitées au plus haut degré, toutes les cupidités (irritamenta) fermentent.

2207. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Le roi se prêta à tout ; mais, ne se fiant pas entièrement à cette haute amitié, si souvent impuissante, Cinq-Mars, pour perdre le ministre, se laissa persuader par le duc de Bouillon de traiter avec l’Espagne, qui lui fournirait au besoin une armée.

2208. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Nous estimons trop l’Université de France, nous avons une trop haute idée des esprits supérieurs, des maîtres illustres qu’elle a produits et qu’elle possède, et de ceux, plus jeunes, qui aspirent à les continuer, pour ne pas exprimer ici ce que nous croyons la vérité : l’Université n’a pas été sans préjugés et sans prévention dans l’étude du grec ancien et à l’égard de la Grèce moderne.

2209. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Thiers se rattache à une autre question de haute importance, celle de la force des choses en temps de révolution.

2210. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Jetée, jeune et pauvre, dans le monde, avec sa beauté et son titre de demoiselle, exposée dès l’enfance aux persécutions des dévots, qui la convertirent à grand’peine, et plus tard chez Scarron, aux galanteries des grands seigneurs qui ne la séduisirent pas, madame de Maintenon se distingua de bonne heure, et dans tous les états, par cette prudence accomplie, cet esprit de conduite, qu’alors on regardait comme la première vertu de son sexe, et qui de nos jours est resté tant à cœur à la haute société monarchique, sous le nom presque sacré de convenance.

2211. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

il s’est exprimé sur tous points avec convenance et franchise ; il n’a manqué ni à ses convictions politiques ni à sa haute position littéraire, et, dès le premier jour, il a pris dans l’Académie, avec une noble aisance, la place que son génie lui assure partout.

2212. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Que dans un état de société si calme et sensé, au milieu d’une modération si profonde et d’une intelligence si impartiale, on vienne maintenant conseiller à ceux qui demandent haut les conséquences politiques des événements de juillet, de ne pas pousser à l’anarchie ; qu’on leur vienne parler à l’oreille du 10 août et des excès républicains ; que, s’ils persistent, on signale leurs doctrines comme imprudentes et pernicieuses : c’est presque une moquerie ; c’est faire une étrange confusion des choses et des temps.

2213. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Dès le début, en effet, les naturalistes prétendirent faire œuvre de savants et le clamèrent bien haut.

2214. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Avec de telles ressources, on devient presque le contemporain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles écritures, j’étais tenté de leur parler tout haut.

2215. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Voici une large période qui n’est au fond qu’une antithèse : Cent mille hommes criblés d’obus et de mitraille, Cent mille hommes couchés dans un champ de bataille, Tombés pour leur pays par leur mort agrandi, Comme on tombe à Fleurus, comme on tombe à Lodi, Cent mille ardents soldats, héros et non victimes, Morts dans un tourbillon d’événements sublimes, D’où prend son vol la fière et blanche Liberté, Sont un malheur moins grand pour la société, Sont pour l’humanité, qui sur le vrai se fonde, Une calamité moins haute et moins profonde, Un coup moins lamentable et moins infortuné Qu’un innocent, un seul innocent, condamné, Dont le sang ruisselant sous un infâme glaive, Fume entre les pavés de la place de Grève, Qu’un juste assassiné dans la forêt des lois, Et dont l’âme a le droit d’aller dire à Dieu : “Vois !

2216. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Il n’y aurait point d’images, de métaphores, de grands mouvements de style, qui me donneraient de Turenne une idée plus haute, plus complète, qui me le feraient mieux voir et plus admirer, que le très sobre portrait que Bussy-Rabutin en a tracé : c’est comme une ligne légère et ferme qui, par un léger relief, exprime toute la vie et toute la beauté du modèle.

2217. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Elle disputera au latin les matières de science haute et ardue ; elle prétendra au privilège de traduire les plus graves et les plus nobles idées : histoire, morale, philosophie, théologie, science, tous les genres lui appartiendront un jour, et son extension coïncidera avec l’étendue de l’esprit français.

2218. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Au lieu que les autres, le plus souvent, voient la nature de haut, et l’arrangent, ou lui prêtent leurs propres sentiments, elle se livre, elle, aux charmes des choses et s’en laisse intimement pénétrer.

2219. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Renan…   Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.

2220. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Je me dis que les choses en sont au point qu’il n’est plus permis de prendre la parole ici sans remuer les plus hautes questions.

2221. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Stéphane Mallarmé, trop haut artiste et trop autre pour qu’on puisse récuser la sincérité de son avis ; l’autre d’Émile Hennequin, théoricien indifférent aux écoles et soucieux seulement d’exactitude.

2222. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Comme, dans « les hauts pays » ( er broïo huel ) où j’ai été, il n’y a qu’à se baisser pour récolter l’or, ils trouvent tout simple que je sois un peu plus riche qu’eux.

2223. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Quelquefois, à Élie on associait, soit le patriarche Hénoch, auquel, depuis un ou deux siècles, on s’était pris à attribuer une haute sainteté 564, soit Jérémie 565, qu’on envisageait comme une sorte de génie protecteur du peuple, toujours occupé à prier pour lui devant le trône de Dieu 566.

2224. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre II. Bovarysme essentiel de l’être et de l’Humanité »

Ce vœu de l’existence se voit donc réalisé d’une façon concrète et saisissable selon deux modes dans l’humanité : sous son aspect le plus haut et le plus dramatique, ainsi qu’on l’a déjà montré, avec le héros qui, parvenu à l’émotion esthétique, se reconnaît le propre créateur de la suggestion qui lui fit accomplir sa destinée, sous un autre aspect moins mystique, avec le savant qui, désintéressé des applications déduites par les autres hommes de ses découvertes, fait sa joie du seul fait de connaître, du seul spectacle de toutes les choses créées par l’activité objective de l’être.

2225. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

5° Par le caractère exagérant des mots, c’est-à-dire par le fait que le mot contient les caractères principaux d’une classe de choses portés à leur plus haut degré : L’effet exaltant.

2226. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

Dans ses drames, vers et prose, pièces et romans, il mettrait l’histoire et l’invention, la vie des peuples et la vie des individus, le haut enseignement des crimes royaux comme dans la tragédie antique, l’utile peinture des vices populaires comme dans la vieille comédie.

2227. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On représenta encore ce fameux parasite logé mesquinement, & fort au haut au collège de Boncour, afin de pouvoir observer la fumée des meilleures cuisines de la ville.

2228. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Nous repousserons les philtres de la sirène étrangère, et nous n’imiterons pas l’imprudent Ulysse, qui but dans la coupe de l’enchanteresse l’oubli de la patrie et du foyer domestique… Nous prendrons pour modèle l’humble effort de l’arbre qui, tout entier concentré dans l’élaboration des sèves, envoie ses racines les plus profondes comme ses branches les plus hautes à la poursuite de toutes les nourritures qui fructifieront sous son écorce.

2229. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

« L’orgueilleux, dit-il, a le verbe haut et le silence boudeur ; il est dissolu dans la joie, furieux dans la tristesse, déshonnête au dedans, honnête au dehors ; il est roide dans sa démarche, aigre dans ses réponses, toujours fort pour attaquer, toujours faible pour se défendre ; il cède de mauvaise grâce, il importune pour obtenir ; il ne fait pas ce qu’il peut et ce qu’il doit faire ; mais il est prêt à faire ce qu’il ne doit pas et ce qu’il ne peut pas192. » N’oublions pas cette espèce de phénomène du treizième siècle, le livre de l’Imitation de Jésus-Christ.

2230. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

D’une main elle tient le haut du bras de sa fille ; de l’autre elle serre ce bras au-dessus du poignet.

2231. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Lépicié Jésus-Christ ordonne à ses disciples de laisser approcher les enfans qu’on lui présente. tableau ceintré de 7 pieds 9 pouces de haut, sur sept pieds 6 pouces de large.

2232. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Lorsque le bon goût a été porté chez une nation à son plus haut point de perfection, on dispute sur le mérite des anciens, qu’on lit moins que jamais.

2233. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Je crois donc que l’âge de trente ans, est l’âge où communément parlant, les peintres et les poëtes se trouvent être parvenus au plus haut dégré du parnasse, où leur génie leur permette de monter.

2234. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Les avanies qu’elle subit ne l’empêchent pas de rester infatuée d’elle-même au plus haut point.

2235. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

On déclarait plus haut que la science ne « pouvait établir aucune théorie » ; mais on entreprend sérieusement toute une théorie scientifique du style, sur laquelle, d’ailleurs, nous aurons occasion de revenir.

2236. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Pour mieux avoir la mesure des autres, prenez les plus fortes de ces œuvres, ou du moins celles-là que l’opinion surprise ou entraînée a mises, un moment, le plus haut.

2237. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

La troisième est l’autorité humaine, laquelle n’est autre que le crédit des personnes expérimentées, des hommes remarquables par une haute sagesse dans la spéculation ou par une prudence singulière dans la pratique.

2238. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Ainsi ces alliés étaient seigneurs de fiefs souverains soumis à une plus haute souveraineté.

2239. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

C’est une chaîne abrupte et boisée de montagnes habitées par des pasteurs ; elles s’avancent comme un long cap entre le golfe de Gaëte, le golfe de Naples et le golfe de Salerne, à peine séparé de Sorrente par un haut promontoire, en approchant de San-Germano, d’Itri, de Fondi, de Gaëte et de Naples. […] La privation de ses livres, laissés à Ferrare, de ses manuscrits, du bruit de sa renommée qui s’amortissait dans la solitude à Sorrente ; la monotonie de la maison rustique de sa sœur ; la société douce, mais stérile, de ses deux neveux, dont l’enfance ne s’élevait pas assez haut pour lui dans la sphère de la poésie et de la philosophie qu’il habitait à la cour de Ferrare ; peut-être même l’absence de ces agitations de l’esprit qui fatiguent la vie, mais qui l’occupent, ne tardèrent pas à lui faire désirer un autre séjour. […] C’est peu connaître l’Italie et les mœurs de ses cours voluptueuses, que de supposer qu’un amour chevaleresque entre un gentilhomme de haute naissance, devenu le plus grand homme d’Italie, et une princesse libre de sa main et de son cœur, chérie de son frère, honorée de toute la cour, eût été un crime si monstrueux et si irrémissible aux yeux d’Alphonse.

2240. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

C’est comme les tapisseries de haute lice, dont on travaille les peintures à l’envers, jusqu’à ce que, mises en place, on en puisse juger l’effet. […] Necker affectait pour elle ; ces respects lui paraissent une grande sanction donnée par une femme révolutionnaire elle-même, de sa nécessité ; l’aristocratie, relevée de ses chutes dans une chambre des pairs souveraine, se félicitait d’une institution qui l’élevait politiquement plus haut qu’avant la révolution ; enfin les révolutionnaires de toute date et de toute nature, abrités dans une constitution quelconque, ne tarissaient pas en feinte admiration pour un livre qui accordait dans une chambre plébéienne la réalité du pouvoir aux plébéiens ambitieux et éloquents. […] Ce n’est que le style des notes du Moniteur ; et si jamais je me rétablis, je crois pouvoir réfuter cet écrit de bien haut. » Ses derniers moments furent illuminés comme un soir de fête ; ils resplendirent pour elle de la gloire de la vie terrestre qui allait s’éteindre sur sa couche, et des espérances de sa vie immortelle qui allait éclore.

2241. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Qu’est-ce qui a fait la si haute et si grande et si juste fortune de la philosophie cartésienne. […] C’était un métaphysicien à son rang, à sa place, qui fut haute, un géomètre à son rang, un mécanicien à son rang, un physicien à son rang, parmi les premiers, nullement un métaphysicien, un géomètre déduit, et continûment déduit, nullement un métaphysicien, un géomètre, un mécanicien, un physicien à qui un secret de méthode, soudainement surgi dans l’histoire du monde, eût conféré cette infaillibilité promise à l’extérieur. […] Mais qu’est-ce à dire, sinon que je trouve ici un renforcement de ce que j’avançais au commencement de cette note, que ce n’est pas parce que la méthode de Descartes est bonne qu’elle a eu une aussi haute fortune, mais parce qu’elle est une méthode.

2242. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il était leur directeur à tous ; cela faisait une coterie à part, une sorte d’école d’où les profanes étaient exclus et qui avait ses hauts secrets. […] Je perdis de bonne heure toute confiance en cette métaphysique abstraite qui a la prétention d’être une science en dehors des autres sciences et de résoudre à elle seule les plus hauts problèmes de l’humanité. […] Mais aujourd’hui, à trente-huit ans de distance, je reconnais la haute pénétration dont il fit preuve.

2243. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

— Une coopération de la conscience avec les objets extérieurs, soit ; mais, encore une fois, cette coopération existe aussi bien dans la plus humble des sensations que dans la plus haute des connaissances. […] Il importe au plus haut point à l’animal qui veut vivre d’exécuter les mêmes mouvements de défense et de fuite devant le même ennemi ou devant un ennemi semblable au premier. […] Nous croyons que la nouvelle psychologie devra insister de plus en plus sur cet aspect des faits intérieurs, dont nous avons montré plus haut l’importance.

2244. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Et il a montré, malgré toutes les séductions de ces Sirènes de l’Histoire, qu’ici la Cause fut plus grande que ses serviteurs et l’idée plus haute que les hommes. […] Après cela, on aurait pu croire que le flot de l’anarchie ne monterait pas plus haut. Mais il monta plus haut.

2245. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

le jeune bourgeois moderne et éduqué, sorti, non pas de Louis-Philippe et du parlementarisme, comme dit Edmond de Goncourt dans sa préface, car il date de plus haut, il est ici et sans caricature ; car la caricature est une outrance, et le jeune bourgeois n’a rien d’outré. […] Ils peuvent s’élever plus haut, brasser d’autres matières, respirer d’autres odeurs, et s’appliquer très bien aux élégances des classes élevées… « Nous avons, nous ! […] M. de Goncourt est trop haut dans l’estime et dans l’admiration publiques, il a trop de passé, pour que la critique se taise sur ce qu’il a dit quand il a parlé… Seulement, pourquoi, dans sa Faustin, n’a-t-il rien dit de grand ?

2246. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

En un mot, si l’on trace un cercle autour des actions et dispositions qui compromettent la vie individuelle ou sociale et qui se châtient elles-mêmes par leurs conséquences naturelles, il reste en dehors de ce terrain d’émotion et de lutte, dans une zone neutre où l’homme se donne simplement en spectacle à l’homme, une certaine raideur du corps, de l’esprit et du caractère, que la société voudrait encore éliminer pour obtenir de ses membres la plus grande élasticité et la plus haute sociabilité possibles. […] Tout au plus réussira-t-il à percer quand l’incompatibilité naturelle sera si profonde entre l’enveloppant et l’enveloppé qu’un rapprochement même séculaire n’aura pas réussi à consolider leur union : tel est le cas du chapeau à haute forme, par exemple. […] Une logique de moins en moins serrée, qui ressemble de plus en plus à la logique des songes, transporte la même relation dans des sphères de plus en plus hautes, entre des termes de plus en plus immatériels, un règlement administratif finissant par être à une loi naturelle ou morale, par exemple, ce que le vêtement confectionné est au corps qui vit.

2247. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Plus l’art est grand, sincère, haut et vrai, plus les combinaisons qu’il admet deviennent simples et, par elles-mêmes, banales, indifférentes. […] Paul Guigou a mis en tête de ce recueil une préface qui témoigne d’une exquise délicatesse de cœur et d’un sentiment très haut des choses de l’art. […] Il avait à un très haut point l’esprit de finesse et une pénétration singulière. […] C’est cette partie de la prophétie que Jules Tellier rappelle dans le passage que nous avons cité plus haut. […] Il en mérite une autre encore plus grande et plus haute.

2248. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Voilà qui va bien, et le « libertin » Molière a dû être fort satisfait de cette caricature, très belle et très haute en couleur, de la canaille dévote. […] Sarcey. ) « Ça ne veut rien dire, ça n’a pas plus de sens que le mot fameux : « Du haut de ces Pyramides, quarante siècles vous contemplent !  […] Vous m’avez, en somme, traitée de haut, comme une petite créature qui vous serait fort inférieure. […] Et qu’André aille trouver cette petite malheureuse, et qu’il lui parle de haut… Les femmes sont des enfants malades et vicieux. […] elles se riaient des promeneuses et des enfants ; elles riaient trop haut peut-être, car je les ai trouvées et cueillies pour vous… Marco, voulez-vous de mon pauvre bouquet ?

2249. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Cela n’est-il pas d’une haute saveur ? […] Il parlait très haut ; il avait une extrême assurance. […] Mais surtout il a, au plus haut point, l’allégresse lyrique, une sorte d’ivresse innocente et ravie. […] Dehelly (rôle d’Horace, dans l’École des Femmes) a été décrit plus haut. […] », faisant sans doute entendre par là que Mlle Syma lui paraissait digne d’une plus haute récompense.

2250. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Cette divergence d’opinions semble pouvoir être expliquée par la distinction établie plus haut. […] Pillon dans l’étude citée plus haut. […] Beaunis et sur le remarquable article du Dr Gley, dont nous avons parlé plus haut. […] Cette activité consiste à s’analyser elle-même, et, par là, à se diversifier, à se transformer en facultés plus spéciales et plus hautes. […] Mais alors nous retombons dans certaines difficultés exposées plus haut.

2251. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

La haute société, que le luxe de l’hiver exile à la campagne dès le mois de mai, a un immense besoin de romans ; il faudrait que vous fussiez bien ennuyeux pour l’être davantage qu’une soirée de famille à la campagne, un jour de pluie26. […] Villemain, l’un d’eux, celui qui, au dire de son propre journal, réfute, et de si haut 37, les erreurs des Romantiques, va jusqu’à placer le fleuve de l’Orénoque dans l’Amérique du nord 38. […] Je croyais non pas vous, monsieur, mais le parti romantique injuste, et, si j’ose le dire, insolent envers ce grand homme ; il me semblait voir ce parti Burlesquement roidir ses petits bras Pour étouffer si haute renommée. […] Voilà une haute leçon ; la nation a des torts ; le grand homme aussi a les siens. […] Ils ne croient à rien qu’à la mode, mais simulent toutes les convictions, non point par hypocrisie raisonnée comme le Cant des hautes classes anglaises, mais seulement pour bien remplir leur rôle aux yeux du voisin.

2252. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

En effet, à quel haut degré de perfection n’auroient-ils pas porté nos découvertes, utiles ou agréables, si elles cussent été faites de leur temps ? […] Les personnes de la plus haute naissance, les Princes mêmes, ne dédaignoient pas d’embrasser cette profession, qui, ayant commencé vers le milieu du onzième siècle, prolongea sa durée jusques vers le milieu du treizième. […] Les Lettres, sous le règne de Louis XIV, parvinrent au plus haut degré de splendeur, & la nature parut prendre plaisir à s’épuiser, pour rendre le siècle de ce Monarque un des plus célèbres de l’Histoire. […] Cependant elles sont la clef de toutes les Sciences & de tous les Arts : elles sont utiles, dans tous les temps de la vie, à quiconque en a su profiter : elles aident & favorisent les dispositions naturelles des ames heureusement nées, elles écartent le soupçon honteux d’ignorance & d’éducation négligée, elles ornent l’esprit, étendent les connoissances, conduisent directement aux sources premières du goût, ajoutent enfin un plus haut prix au mérite personnel de l’homme en place. […] Mais, malgré le mérite de ce nouveau genre, quand même on le porteroit au plus haut degré de perfection, il sera toujours infiniment au-dessous de celui de la bonne Comédie.

2253. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Au plus haut de la courbe, ce mot divin est le mot du sacrifice ravissant qui sourit : c’est la croix du sourire. […] Pour les autres, ils ne sont pleinement émus que s’ils voyagent dans les plus hautes régions de l’esprit, rêve ou caprice, et dans les paradis de la pensée. […] Ce sourire est haut comme le ciel, et souverain comme lui. […] Ainsi Tolstoï gagna peu à peu et non sans peine, la haute et définitive sagesse de ses derniers ans. […] Sage pénétré de la casuistique grecque, où l’algèbre semblait le rire même du soleil sous les oliviers ; penseur méprisant qui ne sut arriver au calme devant la vie qu’après des luttes douloureuses et des révoltes ; poète ardent dont l’âge éréthise le goût passionné pour le Grand Tout, rêveur et abstracteur, amoureux de mythes et d’idées, Han Ryner est probablement le plus haut génie de notre temps.

2254. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Il ne se trompe certainement pas lorsqu’il montre les grands, les nobles, le haut clergé, les femmes à la mode, ceux qu’on appellera aristocrates quelques mois plus tard, commencer par être les vrais démocrates, désirer un changement dans le gouvernement, y pousser à l’aveugle pour se procurer chacun plus de crédit dans sa sphère, se comporter en un mot comme des enfants qui, en maniant des armes à feu, se blessent et blessent les autres : « Ces aristocrates, dit-il, sont les véritables auteurs de la Révolution ; ils ont enflammé les esprits dans la capitale et les provinces par leur exemple et leurs discours, et n’ont pu ensuite arrêter ou ralentir le mouvement qu’ils avaient excité. » La bourgeoisie française a fait depuis, et sous nos yeux, ce que l’aristocratie avait fait alors ; ç’a été la même répétition, et selon le même esprit, à un autre étage. […] Pendant que Salem, qui a été doué tout au rebours d’Aladin et qui est la perfection de l’homme actif et médiocre, fait son chemin méthodiquement et parvient aux plus hautes places du royaume, Aladin, à qui il arrive mainte mésaventure par imprudence, cède aux conseils de ses amis, et se met à voyager en compagnie du Kalender.

2255. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

que cela est vu de haut et en grand ! […] Il voit les choses du plus haut des clochers, et voit bien et grandement, sans que rien l’arrête.

2256. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Campaux, mais ici la source première est plus haut que chez Villon : elle est dans saint Bernard et dans d’autres auteurs de la grande époque du Moyen Âge. […] Laissons-nous faire à la poésie ; relisons, redisons-nous tout haut la pièce entière… Heureux celui qui a su ainsi trouver un accent pour une situation immortelle et toujours renouvelée de la nature humaine !

2257. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Mais toutes ces divisions sont elles-mêmes incomplètes ; car il y a, à chaque moment, les différentes classes distinctes ou séparées, la Cour, la Noblesse, la Ville, et celle-ci partagée en haute finance, bourgeoisie moyenne et petite bourgeoisie, et ce qui est vrai de l’une de ces sociétés, ne l’est pas de l’autre. […] Dans une lettre écrite de Paris au poète Gray (25 janvier 1766), lettre toute émaillée de portraits et qui fait songer à la galerie de la Fronde de Retz, ou plutôt encore aux portraits de haute société de Reynolds et de Gainsborough, après avoir peint de sa touche la plus vive la duchesse de Choiseul et sa belle-sœur, la duchesse de Grammont, et bien d’autres, il continuait ainsi : « Je ne puis clore ma liste sans y ajouter un caractère beaucoup plus commun, mais plus complet en son genre qu’aucun des précédents, la maréchale de Luxembourg.

2258. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

C’est le même homme qui, quelques années après, étant allé en Russie pour y peindre de hauts personnages et des batailles, disait à propos du progrès factice et forcé dont il était témoin : « On est ici comme en Egypte, sur une boursouflure qui, tôt ou tard, s’enfoncera. » J’appelle cela du bon sens d’observation. […] En arrivant sur le haut d’une montagne, on voit tout d’un coup Bethléem de l’autre côté d’un ravin profond.

2259. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Corneille a voulu nous donner la plus haute idée du mérite de son héros, et il est glorieux pour le Cid d’être aimé par la fille de son roi en même temps que par Chimène. […] Vinet, lisait le Cid en famille ; arrivé à cet endroit où Rodrigue exhale sa plainte, il sortit du salon et monta dans sa chambre : comme il ne descendait pas, on alla voir et on le trouva récitant tout haut ces Stances mélodieuses et fondant en larmes.

2260. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Villemain excita en lui jusqu’à l’exaltation tout ce qu’il avait d’inclination littéraire ; il eut au plus haut degré le sentiment de sa vocation en ce genre ; il eut comme une vision de tout l’avenir qui lui était réservé s’il eût cultivé exclusivement les Lettres ; il lut page à page toute cette histoire de travaux, d’émotions, de succès, d’influence, qui aurait pu être la sienne aussi, et que son dévouement à des devoirs religieux avait tout entière annulée ; il vit à la fois tout ce qu’il avait sacrifié, et fut tenté (car c’est bien ainsi qu’il voyait la chose) d’un amer et indicible regret. […] et que rien n’y ressemble moins que d’être toujours sur les épines comme aujourd’hui en lisant, que de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c’est le bon texte, s’il n’y a pas altération, si l’auteur qu’on goûte n’a pas pris cela ailleurs, s’il a copié la réalité ou s’il a inventé, s’il est bien original et comment, s’il a été fidèle à sa nature, à sa race… et mille autres questions qui gâtent le plaisir, engendrent le doute, vous font gratter votre front, vous obligent à monter à votre bibliothèque, à grimper aux plus hauts rayons, à remuer tous vos livres, à consulter, à compulser, à redevenir un travailleur et un ouvrier enfin, au lieu d’un voluptueux et d’un délicat qui respirait l’esprit des choses et n’en prenait que ce qu’il en faut pour s’y délecter et s’y complaire !

2261. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il put continuer d’être cher à ses amis et leur tenir de fort beaux propos, leur prodiguer de généreux sentiments, et gémir plus haut que personne en se promenant avec eux le soir dans les allées du Luxembourg97 ; mais l’homme public ne comptait plus, il s’était brisé du même coup et devant ses contemporains et devant la postérité. […] Le ministre lui en voulut peut-être moins de ce refus que de certains bruits qui couraient parfois et qui semblaient désigner Malouet lui-même comme un ministre possible de la marine ; l’amitié du consul Lebrun pouvait le porter très haut.

2262. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Berthier, dans ses hautes fonctions et dans son aptitude limitée, flaira de bonne heure en Jomini un talent supérieur, un rival possible auprès de Napoléon ; les missions de confiance que Jomini va remplir au quartier général impérial dans les campagnes de 1806-1807 éveilleront surtout la jalousie du major général, qui ne perdra aucune occasion dès lors de rabaisser, de retarder, s’il était possible, et finalement de décourager, d’ulcérer et d’outrer, jusqu’à le jeter hors des gonds, un étranger de mérite, et de l’ordre de mérite le plus fait pour lui porter ombrage. […] Napoléon suivait ces péripéties du haut du cimetière qui dominait une partie du champ de bataille, attendant le moment de faire donner les réserves de la Garde qui l’entouraient.

2263. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Le critique ne sonnait si haut de la trompette que parce qu’il se sentait suivi, entouré, devancé même en plus d’un endroit par de généreuses ambitions qui n’attendaient que le signal pour se produire. […] On tiraillait sur l’ennemi, sur l’absolutiste littéraire, jusque du haut du balcon de Juliette, et on espérait bien avec Roméo escalader, en dépit des unités, cet asile, ce sanctuaire trop interdit d’émotions et d’enchantements.

2264. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Il se débarrassa vite pourtant de ce qui n’était pas digne de lui dans ce premier enthousiasme de la jeunesse ; cette boue des Mercier et des Rétif ne lui passa jamais le talon : il réalisa de bonne heure cette haute pensée : « Dans le tempéré, et dans tout ce qui est inférieur, on dépend malgré soi des temps où l’on vit, et, malgré qu’on en ait, on parle comme tous ses contemporains. […] Voici comment je le conçois : il est sûrement composé de la substance la plus pure et a de hauts enfoncements ; mais ils ne sont pas tous égaux.

2265. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Pourtant les dépêches écrites par M. de Ségur durant sa campagne d’Amérique avaient donné de sa prudence et de sa finesse d’observation une assez haute idée, pour qu’au retour M. de Vergennes songeât à le demander au maréchal son père, et à le lancer activement dans la carrière des négociations. […] On sait que la glorieuse impératrice n’avait pas seulement des pensées hautes, et qu’elle conserva jusqu’au bout le don des caprices légers.

2266. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

En l’écrivant, il savait assez que c’était la plus haute adulation qu’il pût adresser au restaurateur du vieux monde, qui pétrissait dans ses mains un monde nouveau. […] Il abordait un homme quelconque de plain-pied ; son tact merveilleux le plaçait juste dans l’attitude, ni trop haut ni trop bas ; on voyait qu’il rendait tout ce qu’il devait rendre à son puissant interlocuteur, mais qu’il se sentait devant lui digne d’être regardé et respecté à son tour.

2267. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Un soir, à la tombée du crépuscule, assis dans le salon déjà sombre, devant le jardin, — comme de rares paroles, entre de longs silences, venaient d’être échangées, sans avoir troublé le recueillement où nous nous plaisions, — je demandai, sans vains préambules, à Wagner, si c’était pour ainsi dire, artificiellement — (à force de science et de puissance intellectuelle, en un mot) — qu’il était parvenu à pénétrer son œuvre, Rienzi, Tannhæuser, Lohengrin, le Vaisseau Fantôme, les Maîtres Chanteurs même — et le Parsifal auquel il songeait déjà — de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, — bref, si, en dehors de toute croyance personnelle, il s’était trouvé assez libre-penseur, assez indépendant de conscience, pour n’être chrétien qu’autant que les sujets de ses drames-lyriques le nécessitaient ; s’il regardait, enfin, le Christianisme, du même regard que ces mythes scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en ses Niebelungen. […] Il est intéressant de voir que Wagner n’a jamais condamné l’homosexualité et porte même l’amour grec des athéniens au plus haut étant hors procréation, donc «  non égoïste  » dans son texte L’Œuvre d’art de l’avenir publié en 1849 (III-2 chapitre sur la sculpture).

2268. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Claude l’écoute du haut de son froid mépris ; mais il lui déclare que, si elle s’attaque jamais aux deux êtres qu’il aime, à Antonin ou à Rebecca, il la tuera tranquillement, comme il tuerait une bête enragée. […] Est-ce qu’on interroge, sur des questions si hautes, un gredin pareil ?

2269. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Tel défaut qui, dans le chef, était balancé et tenu en échec par une haute qualité, se démasque tout à coup chez les descendants, et apparaît hors de mesure. […] Voilà des éloges qui donneraient une haute idée du personnage ; mais n’oublions pas que c’est dans une épître dédicatoire que Voltaire s’exprime de la sorte.

2270. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

On la vit un jour, au haut de la coupole du Panthéon, réciter son Hymne à sainte Geneviève, en l’honneur des peintures de Gros. […] Partie des salons de la haute aristocratie sous la Restauration, de ces salons exclusifs où elle gardera toujours un pied et où elle aura ses entrées franches, Mme de Girardin se trouve, à un moment, jetée dans le monde tout artiste, tout littéraire et, à sa manière, artificiel aussi, du journalisme.

2271. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

., naquit à Paris, en 1644, d’une de ces hautes familles bourgeoises qui avaient le privilège de fournir à l’ancienne monarchie ses meilleurs secrétaires d’État, ses conseillers et ministres les plus laborieux et les plus fidèles. […] Mais cette coquetterie féminine de toilette que j’ai relevée dans l’abbé de Choisy, le cardinal de Rohan l’avait au plus haut degré, et une riche dentelle qu’il revêtait avec grâce était pour lui un sujet de satisfaction et de triomphe.

2272. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Quant à la société, c’est-à-dire à la généralité des hommes réunis et établis en civilisation, ils demandent qu’on fasse comme eux tous en arrivant, qu’on se mette à leur suite dans les cadres déjà tracés, ou, si l’on veut en sortir, qu’alors, pour justifier cette prétention et cette exception, on les serve hautement ou qu’on les amuse ; et, jusqu’à ce qu’ils aient découvert en quelqu’un ce don singulier de charme ou ce mérite de haute utilité, ils sont naturellement fort inattentifs et occupés chacun de sa propre affaire. […] Dans cette agonie universelle, il n’y eut qu’un seul oiseau, le plus petit, le plus humble de tous, le roitelet, qui ne se découragea point, et qui voltigea tant et si bien, qu’il alla jusqu’au haut des cieux ressaisir l’étincelle pour la rapporter au monde.

2273. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Au grand Corneille il a fait avanie ; Mais, à vrai dire, on riait aux éclats De voir ce nain mesurer un Atlas, Et redoublant ses efforts de Pygmée, Burlesquement roidir ses petits bras Pour étouffer si haute renommée. […] Nous sommes devenus difficiles et de haut goût ; nous aimons les choses fortes, fortes en couleur, sinon en nature et en sentiment.

2274. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Ce préjugé qui mesure la liberté à la négation pourrait donc aller jusqu’à cette conséquence, que le plus haut degré de liberté d’esprit consiste à ne pas même croire à la liberté. […] Les mauvaises passions plaident trop haut en faveur de l’incrédulité.

2275. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Par les rythmes berceurs et les cabrements de nos aéroplanes, leurs bizarres zig-zags et leurs hiéroglyphes les plus imprévus, par les cabrioles les plus divertissantes exécutées suivant un dessin voulu, nous manifestons aux foules, du haut du ciel, nos sensations les plus intimes et notre lyrisme personnel d’hommes volants. […] La voix du moteur peut être réglée en plein ou réduite, hachée en éclats brusques et impérieux, ou modulée en gammes hautes et basses, et qui constitue une expression musicale et bruitiste qui complétera le drame aérien.

2276. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Cette histoire est très belle, très tragique, et les personnages en sont très criminels, puisque c’est la séduction d’une religieuse de haut lignage, princesse de naissance, supérieure de son couvent, par un jeune seigneur italien de beauté singulière, de mœurs très corrompues, assassin trois ou quatre fois. […] De tous les hommes, il semblait certainement le plus incapable de ce mélancolique plongeon… Y avait-il un esprit, de prétention critique, d’une sensation plus vive que la sienne, plus aiguë et plus haute ?

2277. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Les premières œuvres de Pigal remontent assez haut, et Carle Vernet vécut très-longtemps. […] Il avait quelquefois, il faut l’avouer, de bonnes intentions. — Dans une forêt, des brigands et leurs femmes mangent et se reposent auprès d’un chêne, où un pendu, déjà long et maigre, prend le frais de haut et respire la rosée, le nez incliné vers la terre et les pointes des pieds correctement alignées comme celles d’un danseur.

2278. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Estime-t-on trop haut, les mille actions incessantes des formes sociales si l’on conclut que cette « universalité », propre à l’empire romain, en faisait un terrain tout préparé pour la floraison des doctrines stoïcienne et chrétienne, et désignait à jamais Rome comme le siège consacré des idées « catholiques ?  […] C’est le prestige, c’est le cortège d’honneurs dont un haut personnage reste entouré dans notre imagination qui nous empêche de l’assimiler aux autres hommes, et de les tenir, eux et lui, pour des unités comparables.

2279. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Guizot a parlé ; et, en tout, cet improvisateur ardent, hasardeux, assujetti cette fois au débit académique, me faisait l’effet d’un oiseau de haut vol, attaché et retenu par un fil ; il y avait des moments où l’on aurait dit qu’il allait prendre son essor ; mais le fil était court, l’essor se brisait, et l’on n’avait qu’un vol saccadé.

2280. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Dubois de rendre compte dans le Globe du recueil des Odes et Ballades ; je l’avais fait avec des réserves, mais dans un assez vif sentiment de sympathie et de haute estime.

2281. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Hugo, l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses.

2282. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Bonaparte fit former son infanterie en carré pour recevoir l’attaque, et dit à ses soldats : — Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent — Les mameluks fondirent sur les Français, etc., etc. » Sir Walter Scott, en opposant le mot de Bonaparte à celui de Murad-Bey, a voulu faire une sorte d’antithèse, très-plaisante apparemment ; il est dommage que la vérité historique ne s’y prête pas.

2283. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

En même temps que les Vies de Plutarque enivrent les âmes imprégnées de l’amour de la gloire, et à qui ces éloges des plus hautes manifestations de l’énergie personnelle qui se soient produites dans la vie de l’humanité, montrent la voie où elles voudraient marcher, toute l’œuvre de Plutarque séduit comme déterminant assez exactement le domaine de ce que devra être la littérature : morale et dramatique.

2284. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

M. l’abbé Fulcran a pour Méniquette la plus haute estime : — Mlle Pigassou est une âme d’élite, répète-t-il à tout propos.

2285. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Molière ne se ralentit pas jusqu’au dernier jour ; il n’aurait pu, à dire vrai, écouter les conseils de Boileau, rester dans la haute comédie, sans compromettre la prospérité de son théâtre.

2286. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

La civilisation, sous sa forme la plus haute, qui est la République, a été terrassée par la barbarie sous sa forme la plus ténébreuse, qui est l’Empire germanique.

2287. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Cette Société publie des annales trimestrielles, où se trouvent de nombreux mémoires dignes du plus haut intérêt.

2288. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

mais les hauts projets conviennent à notre âge.

2289. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Il est sûr que de hautes montagnes, que d’antiques forêts, que des ruines immenses en imposent.

2290. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

On voit ses petits doigts posés sur le haut du fauteuil.

2291. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Cependant ce païs qui est uni comme un parquet, est déja plus bas que les hautes marées.

2292. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Cependant, pour rentrer dans mon sujet, j’avouerai, si l’on veut, que la triple tiare a souvent abusé de ses hautes prérogatives ; car pour elle aussi il a fallu que l’abus prouvât la liberté.

2293. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Même ce marbre dont nous parlions plus haut, ce marbre y est, et si nous avions une critique à faire, ce serait peut-être qu’il y est trop.

2294. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

… J’ai déjà dit que le moraliste, l’homme plus haut que ce qu’il voit et qui le juge, n’était pas en lui.

2295. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Les Pittoresques sont de hauts et puissants seigneurs littéraires.

2296. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Ce n’est pas moi qui repousserai jamais un sentiment quand son expression sera énergique, le plus haut point de sa vérité !

2297. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Ce n’est point une thèse de parti qu’il a soutenue, son esprit vise plus haut que cela ; mais il n’en est pas moins vrai qu’il a mis une grande force aux mains de son parti en établissant un pareil système.

2298. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

— j’ai payé deux fois par des avertissements en trois jours cette haute satisfaction de dire librement ma pensée.

2299. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

On prétend que Démosthène l’admirait ; il fut loué par Socrate ; Platon en a fait un magnifique éloge ; Cicéron l’appelle le père de l’éloquence ; Quintilien le met au rang des grands écrivains Denys d’Halicarnasse le vante comme orateur, philosophe et homme d’État ; enfin, après sa mort, on lui érigea deux statues, et sur son mausolée on éleva une colonne de quarante pieds, au haut de laquelle était placée une sirène, image et symbole de son éloquence.

2300. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

En parcourant ce second âge des monuments et des ruines éclatantes du génie grec, nous approchons par degrés du grand poëte qui devait en porter si haut la gloire dans ses chants sublimes et populaires.

2301. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Si haut, si mince, et vif, et preste, avec sa jolie allure, sa grâce délicate, il avait quelque chose de volontaire et de rapide. […] Ils le tenaient en haute estime. […] Il avait gagné, avec peu de volumes, la plus haute estime des lettrés ; ceux qui le connaissaient le mieux lui promettaient une destinée magnifique. […] Son génie s’est élevé plus haut que nul autre dans la contemplation de l’organisme intellectuel du monde ; et, de là-haut, il a méprisé toute cette idéologie calamiteuse. […] Plus haut que son visage, la Vierge hausse, de ses bras, l’enfant dont elle sait les prédestinations.

2302. (1893) Alfred de Musset

Je ne montai pas si haut pour m’en délivrer, et je me contentai de les jeter au feu. […] C’est toujours de la réaction contre la rime et les rimeurs, contre la poésie lyrique et haute dont, après tout, il est sorti. […] Il est dans la chambre du haut de notre tourelle où il a un bon lit, un bon feu, et un rouet avec une quenouille, et il file. […] Il a pensé tout haut. […] Les mêmes causes qui l’avaient fait monter si haut dans la faveur des foules détournent maintenant de lui la nouvelle école, celle qui grandit sur les ruines du naturalisme.

2303. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Après les trois premiers petits bassins qu’on rencontre à l’entrée de la colline, si l’on persiste et qu’on pénètre à travers les plis de plus en plus étroits de la montagne, on arrive à un bassin parfaitement circulaire, bien plus vaste, d’une eau claire et profonde, réservoir alimenté sans doute par des sources cachées et de toutes parts entouré de rochers escarpés et nus, du haut desquels tombe la cascade dite du Bernica. Ces masses rocheuses, d’un aspect sévère, sont animées seulement du vol des ramiers sauvages qui s’y sont retirés ; les chasseurs y arrivent rarement et avec assez de peine. » Voilà un beau cadre, nous dira-t-on, un cadre grandiose, et que Parny ne saura pas remplir ; car, s’il eut en lui du ramier, ce ne fut certes pas du ramier sauvage, et son vol ne s’éleva jamais si haut ; on peut douter que, dans sa paresse, il ait songé à gravir au delà des trois petits bassins. […] C’est assez dire d’ailleurs combien il n’eût rien entendu, selon toute probabilité, aux mérites sérieux, aux qualités d’élévation et de haute harmonie qui sont l’honneur de cette lyre moderne.

2304. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Cathos, Armande, Philaminte, les bourgeoises qui font les précieuses et jouent au bel esprit ; Orgon et sa famille, la haute bourgeoisie ou la noblesse de robe, de bon ton, de vie large et déjà luxueuse. […] Et d’autre part, ceux qui n’auront pas de si hautes ambitions ne chercheront plus à donner une valeur universelle ni une portée morale à leurs peintures de mœurs ou à leurs folles fantaisies : ils s’amuseront à des pochades et à des bouffonneries sans conséquence. […] Nombre de comédiens393 se mêlent d’écrire, et l’ont prédominer dans leurs œuvres, selon la tradition offerte parle répertoire qu’ils jouaient ordinairement, l’intrigue à surprises et la bouffonnerie haute en couleur.

2305. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il dresse toutes les fières vertus, toutes les hautes croyances, dans le vide. […] La composition est sévère, de proportions très calculées, de coupe et déstructuré soigneusement étudiées ; le développement est d’une sobriété puissante : les images, choisies, précises, fortes, sortent en pleine lumière ; Vigny a l’expression pittoresque, qui dessine de vastes paysages avec ampleur et netteté : voyez-le nous mener au haut d’une montagne d’où Les grands pays muets longuement s’étendront. […] Mais que la pensée soit haute, le sentiment puissant, l’expression s’enlève, acquiert une plénitude, une beauté incomparables.

2306. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

pourquoi si haut mes yeux ont-ils monté ? […] Victor Hugo fit principalement la terre de ce ciel ; et comme la monarchie qu’il avait sous les yeux ne répondait pas à la grandeur de son génie, ni à son âme forte et indépendante, il remonta plus haut dans les siècles, et sa lyre se passionna pour ce Moyen-Âge dont elle voyait le reflet dans notre temps : c’était naïvement qu’elle se passionnait ainsi ; mais on aurait dit que c’était pour dorer ce reflet, ces derniers rayons presque éteints, que sa poésie essayait de rallumer le soleil du Moyen-Âge. […] Et remarquez que ces deux grands poètes, mis en parallèle sous le rapport de leurs ressemblances comme sous celui de leurs contrastes, s’harmonisent admirablement, et forment entre eux un parfait accord : car ils ont tous deux, au plus haut degré, le même sentiment de la vie universelle, et, d’un autre côté, leurs génies sont tellement opposés qu’ils expriment cette Vie par les deux faces, l’un de l’unité, et l’autre de la variété.

2307. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Les soixante-dix mille braves gens dont j’ai parlé plus haut seront là ; mettons-en seulement cinquante mille, car il y aura dans la foule un minimum de vingt mille désœuvrés et de braillards toujours prêts à faire ce qu’ils appellent du boucan, à tout propos et sans que la cause repose autrement sur leur conviction. […] L’art, dans sa haute sérénité, peut devenir une consolation aux plus grandes douleurs, mais c’est à la seule condition qu’il n’y ait point de rapports entre lui et d’éternels souvenirs … Pour moi, lorsque j’entends la musique de Wagner, j’entends la marche des soldats du vainqueur, le chant de ses triomphes, les sanglots de la défaite. […] S’il faut, au lieu d’une soirée artistique d’un haut intérêt, rencontrer une bataille entre fanatiques opposés, je préfère de beaucoup rester chez moi et relire Lohengrin au coin de mon feu.

2308. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Le psychologue, il est vrai, ne peut saisir directement, chez les animaux inférieurs, les plus simples formes de la vie consciente et noter le passage progressif à des formes plus hautes, comme le biologiste analyse les diverses fonctions vitales de l’amibe, aperçoit les segmentations de l’œuf fécondé, etc. […] Ce qui est certain, c’est que l’objectivité, nous l’avons vu plus haut, est un rapport ultérieurement conçu ; la représentation ne représente que par son rapport à autre chose qu’elle ; primitivement, il n’y a que des modes de conscience, agréables ou pénibles, acceptés ou repoussés, par conséquent des passions et réactions. […] Si la corde spinale d’une grenouille est séparée du cerveau, les pattes continuent de faire des mouvements qui révèlent sensation et appétit ; peut-être même reste-t-il une certaine intelligence, puisque, si l’une des pattes est enlevée, l’autre fait sa besogne à sa place, comme nous en avons donné plus haut un exemple.

2309. (1914) Boulevard et coulisses

Jules Lemaître lui consacra une étude dans la Revue Bleue et marqua tout de suite cette jeune notoriété du boulevard du sceau de la haute critique. […] Toute la petite bohème du boulevard, journalistes, acteurs, clubmen, jouait à la Bourse aussi bien que la bourgeoisie et la haute finance. […] Certes, les fureurs de la réclame en littérature et du cabotinage au théâtre sont de toute éternité, et nos aînés les connaissaient » comme nous, mais il y avait dans l’art des zones réservées et hautes où on ne les laissait point pénétrer.

2310. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

C’est qu’en effet les arbres semblent peu propres à émigrer jusque dans les îles océaniques éloignées, tandis qu’une plante herbacée, bien que fort incapable de lutter en stature avec un arbre déjà développé, lorsqu’elle vient à s’établir sur une île où elle n’a d’autres concurrents que des plantes herbacées comme elle, peut rapidement gagner l’avantage sur celles-ci par une disposition à acquérir une taille de plus en plus haute, jusqu’à couvrir ses rivales de son ombre. […] Ainsi s’explique aisément la haute importance des barrières naturelles, soit de terre ou d’eau, qui séparent nos diverses provinces zoologiques ou botaniques. […] Sachant que les relations mutuelles d’organisme à organisme sont de la plus haute importance, nous comprenons pourquoi deux régions qui présentent presque les mêmes conditions physiques peuvent souvent être habitées par des formes très différentes.

2311. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Un peu plus haut Il place ceux chez qui une caste plus ou moins grande est forcée d’avoir le patriotisme à l’état pur, sans quoi tout périt. […] Il est patriote républicain, et Montesquieu nous a prouvé que c’est la plus haute manière d’être patriote et la seule manière d’être républicain. […] Il l’est, non par souci de limiter l’autorité souveraine, mais par désir de la fonder sur l’ignorance populaire ; et non par désir de hiérarchiser la nation, mais par passion de maintenir une énorme distance entre le peuple et les hautes classes : « Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. […] Vous n’avez qu’à combattre le trop de moines, le trop de grands seigneurs, le trop d’oisifs et même le trop de célibataires, par les mesures exclusivement financières que j’indiquais plus haut. […] On ne peut donc pas douter que la nature humaine ne soit parvenue, dans plus d’un pays, à ce dernier degré d’horreur, et il faut bien que cette exécrable coutume soit de la plus haute antiquité, puisque nous voyons, dans la Sainte Ecriture, que les Juifs sont menacés de manger leurs enfants s’ils n’obéissent pas à leurs lois.

2312. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Si de plus on parle de fait dominateur auquel tous les autres ne feront que se relier, il devient de la plus haute importance de ne se point tromper dans la perspective, de voir d’un peu loin, d’un peu haut surtout. […] Est-ce que la réalité la plus haute n’appartient pas toujours aux sentiments capables de nous porter en avant, ne fût-ce qu’un seul instant, d’élever au-dessus de nos têtes ne fût-ce qu’un seul d’entre nous ? […] Tels romans, qui semblent faire exception aux lois de composition et de développement posées plus haut, en sont au contraire la confirmation quand on les examine plus attentivement.

2313. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Il a fallu bien des années, bien des efforts et des bégayements de l’admiration et de la critique pour arriver à le refaire et à le compléter ainsi ; mais ces efforts n’ont pas été vains, mais on ne s’était point trompé dans un premier élan d’enthousiasme et de sympathie filiale ou fraternelle ; on ne l’avait point porté trop haut, et l’étude attentive, approfondie, n’a fait que justifier les désirs du cœur et confirmer les pressentiments du goût.

2314. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Mais le sentiment, qui anime les pères et les frères en Saint-Simon d’Eugène Rodrigues, est à la fois plus simple et plus haut, plus calme et plus touchant ; leur langage est plus d’accord avec ce qu’il a dû désirer et espérer lui-même, avec ce qu’il doit continuer de sentir au sein de la vie nouvelle où il est déjà entré.

2315. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

., je montrerai comment le talent exprime avec d’autant plus de force et de chaleur les affections sensibles, que la réflexion et la philosophie ont élevé plus haut la pensée.

2316. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Nous avons parlé plus haut de ces épopées prosaïquement emphatiques, auxquelles le goût précieux avait donné naissance.

2317. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Il semblait pourtant que cette haute personnalité fût à l’abri des soupçons, etc… » Et plus loin, après avoir rapporté un propos de M. 

2318. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Un jeune homme, de vieille race, mais pauvre, André de Mercy, intelligent, cultivé, très loyal et très bon, petit employé dans un ministère (sa mère ne lui ayant pas permis de se faire soldat), épouse une petite provinciale sans fortune ; car il a le cœur trop haut pour trafiquer de son nom et faire un mariage d’argent, et, d’autre part, il est de ceux qui ne peuvent résister à la solitude et qui ont besoin d’un foyer.

2319. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

On pouvait attendre beaucoup du jeune maître chanteur sans concevoir des espérances si hautes.

2320. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Je m’exerce à connaître le cœur féminin ; et, puisque je réussis si aisément en tout ce que j’entreprends, je m’élèverai à des entreprises plus hautes, sauf à alléguer pour excuse que septies in die cadit justus. » La fuite d’Annette et d’autres disgrâces accablent le vieux LISEO.

2321. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Il est certain que ce mariage fut la première cause qui mit fin à ce qu’on peut appeler le règne de l’hôtel Rambouillet, c’est-à-dire à ses nombreuses réunions, à l’appareil des conversations de haut intérêt, à l’influence, à l’autorité des opinions qui y prévalaient.

2322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Souvent une seule Fable réunit la naïveté de Marot, le badinage & l’esprit de Voiture, des traits de la plus haute Poésie, & plusieurs de ces Vers que la force du sens grave à jamais dans la mémoire.

2323. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

J’ai dit plus haut que l’Être, sous toutes ses faces, s’ouvre — champ d’espace infini — aux investigations du poète ; j’ai montré que beaucoup, pour avoir volontairement clos d’une limite leur horizon, n’ont exprimé que la Beauté partielle et furent incomplets : Parnassiens et Symbolistes.

2324. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Voyons, dans cet écrivain, rival des tragiques Grecs & de Corneille pour l’intelligence des passions, une élégance toujours soutenue, une correction admirable, la vérité la plus frappante, point ou presque point de déclamation ; partout le langage du cœur & du sentiment, l’art de la versification avec l’harmonie & les graces de la poësie porté au plus haut dégré.

2325. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

On retint la suivante : Cet écrivain, si fertile en libelles, Croit que sa plume est la lance d’Argail ; Au haut du Pinde, entre les neuf pucelles, Il s’est placé comme un épouvantail.

2326. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Aucun poète français ne connaissait, avant La Fontaine, cet art plaisant d’employer des expressions nobles et prises de la haute poésie, pour exprimer des choses vulgaires ou même basses.

2327. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

On dit qu’un vainqueur féroce ayant fait égorger les bardes ennemis, un seul échappé au glaive monta sur une haute montagne, chanta la défaite de ses malheureux compatriotes, chargea d’imprécations leur barbare vainqueur, lui prédit les malheurs qui l’attendaient, le dévoua lui et les siens à l’oubli, et se précipita du rocher.

2328. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

— et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose !

2329. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Il ne s’agit plus d’idéal en présence d’une réalité qui parle aussi haut que l’Idéal lui-même, d’une réalité qu’il faudrait étreindre pour l’exprimer, tâche difficile, tant Napoléon est immense !

2330. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

et l’Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre 20 par le seul duc qui soit un peu connu, parce qu’il a pris position de roi dans l’histoire, qu’est-ce que cela fait au xixe  siècle, à sa politique, à son industrie, à ses passions, à sa haute raison et même à sa curiosité ?

2331. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Si donc le talent n’explique rien et n’existe pas réellement dans les lettres de la Religieuse portugaise, le piquant problème que nous signalions plus haut à la Critique n’est-il pas le seul qui lui reste aujourd’hui à poser ?

2332. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Il y a, sous la pantomime, fort bien exécutée, de ces coups de cravache impitoyablement et froidement appliqués à toutes les vanités et les avidités ambiantes, par ce jeune chroniqueur qui ne se contente pas de raconter, mais qui châtie ; un faire de moraliste eu germe, de moraliste pour plus tard… Car le moraliste n’existe pas seulement en vertu de l’indignation d’un noble esprit ou d’un cœur haut.

2333. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

— le xixe  siècle, mais qui, au point où nous en sommes, devraient envahir un peu moins les œuvres des observateurs qui, portant leurs regards loin et haut, après avoir observé veulent conclure, et croient, sous l’artiste, cacher des penseurs ?

2334. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Dans les premières de ces deux espèces, comptent au plus haut degré la race juive et la race germanique, et peut-être de toutes sont-elles celles-là qui enfoncent davantage leur cachet jusque dans la pulpe même du cerveau humain.

2335. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

I Dans une de nos Expositions des dernières années, on voyait, en montant le grand escalier du Louvre, au haut duquel il était placé, dans un coin, un buste qui n’avait guère que la tête et le cou, et dont la bouche ouverte était presque tout le visage.

2336. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Huysmans mette Ruysbroek sur la couverture de son roman, il faut que le naturalisme moderne craque furieusement en lui, et qu’il commence d’en avoir assez de cette littérature en vogue et dans laquelle il a morfondu des facultés qui seraient plus hautes qu’elle.

2337. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

L’auteur, Paul Meurice, n’avait jamais montré de prétentions si hautes ; mais tout finit par pousser dans la vanité des hommes, et il arrive toujours un moment où le melon est mûr… Quoiqu’il eût romancé déjà, Paul Meurice n’est guères connu comme romancier.

2338. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

On serait tenté de se rappeler ici le mot d’un fameux Anglais52 sur Philippe V et l’archiduc, dont aucun ne se trouva à la bataille d’Almanza ; mais ce qui est plus curieux, sans doute, et qu’on aura de la peine à croire, l’orateur rapporte de très bonne foi et propose à Constantin l’exemple d’un prince qui, du haut d’une double échelle, avait regardé de loin une bataille : « Cet exemple n’est pas noble, dit-il, mais il est sûr.

2339. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Vous la laissez au plus haut des cieux parmi les hommages publics ; vous vous repliez, vous vous réduisez aux questions de fait, aux dissections menues, aux opérations de laboratoire. […] Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] Nous ne nous en servons que pour la commodité1482. » — « Si nous avions une mémoire assez ample et la faculté de maintenir l’ordre dans une grosse masse de détails, nous pourrions raisonner sans employer une seule proposition générale1483. » Ici, comme plus haut, les logiciens se sont mépris : ils ont donné le premier rang aux opérations verbales ; ils ont laissé sur l’arrière-plan les opérations fructueuses. […] Voilà sans doute une conception originale et haute. […] Les prairies regorgeaient de hautes herbes ; les faucheurs y entraient jusqu’au dessus du genou.

2340. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Grec, disaient les stoïciens, dont la formule résumait le plus haut enseignement de la sagesse païenne. […] À une condition cependant, qui est qu’une règle plus haute que celle de la nature devienne la guide et comme la loi de cette observation de nous-mêmes. […] Mais encore ici, comme plus haut, le symptôme est significatif. […] La valeur littéraire du Roman. — Abondance, richesse et complexité de l’imagination de Rabelais ; — et que possédant au plus haut degré le don de voir, celui de peindre, et celui de conter, — il a eu même le don d’inventer de véritables mythes. — Allégorie, Mythe et Symbole. — L’humour de Rabelais. — Le don du rire. — Le style de Rabelais, et qu’il convient de distinguer deux époques dans son style ; — dont la première est la meilleure. — De quelques procédés de Rabelais. — Le don de l’invention verbale ; — comment Rabelais s’y laisse entraîner ; — et, en s’y abandonnant, s’élève parfois jusqu’au lyrisme. — Qu’il ne semble pas que Rabelais ait fait école, et pourquoi ? […] Que son rôle philosophique n’a pas été non plus sans réelle importance. — De sa traduction du Manuel d’Épictète et de son Traité de la philosophie des Stoïques. — Comment son œuvre est connexe de celle de Charron, qu’elle éclaire ; — mais, de plus que Charron, il a été mêlé aux grandes affaires, et de là sa supériorité d’expérience ; — le champ de l’observation psychologique et morale s’en élargit d’autant. — Il se fait aussi de la dignité de la raison et du pouvoir de la volonté une idée plus « stoïcienne » ; — et plus haute, par conséquent, de la hauteur dont le point de vue stoïque dépasse le point de vue épicurien. — Enfin, dans son Traité de la sainte philosophie, il accomplit le dernier pas : — après avoir essayé de séculariser la morale, il y renonce ; — et ne voyant plus de remède à la corruption que dans le retour à la morale chrétienne, il en proclame la nécessité. — Analogie de cette évolution avec celle de la pensée de Pascal. — Les Traités philosophiques de Du Vair sont aussi nécessaires que la Sagesse à l’intelligence du mouvement d’où va sortir le jansénisme.

2341. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Vous la laissez au plus haut des cieux parmi les hommages publics ; vous vous repliez, vous vous réduisez aux questions de fait, aux dissections menues, aux opérations de laboratoire. […] Cette table est brune, longue, large et haute de trois pieds à l’œil : cela signifie qu’elle fait une petite tache dans le champ de la vision, en d’autres termes qu’elle produit une certaine sensation dans le nerf optique. […] Nous ne nous en servons que pour la commodité11. » — « Si nous avions une mémoire assez ample et la faculté de maintenir l’ordre dans une grosse masse de détails, nous pourrions raisonner sans employer une seule proposition générale12. » Ici, comme plus haut, les logiciens se sont mépris : ils ont donné le premier rang aux opérations verbales ; ils ont laissé sur l’arrière-plan les opérations fructueuses. […] Voilà sans doute une conception originale et haute. […] Les prairies regorgeaient de hautes herbes, les faucheurs y entraient jusqu’au-dessus du genou.

2342. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Il est né, en effet, d’une haute race aristocratique dans la Russie orientale ; à Orel. […] Sa complaisance envers le roi et son exigence envers le pape ne donnent pas une haute idée de sa magnanimité. […] et il se vante d’y avoir acquis une haute instruction ! […] Aussitôt il monta au haut de l’escalier, enfonça son bâton dans le trou que Guérassime avait fermé et l’agita en répétant : « Sors donc ! […] Avec sa haute taille, ses mains robustes appuyées sur ses flancs, et sa chemise rouge de paysan, il apparaissait en face d’eux comme un géant en face d’une troupe de nains.

2343. (1923) Paul Valéry

Nous traversons seulement l’idée de la perfection, comme la main impunément tranche la flamme ; mais la flamme est inhabitable, et les demeures de la plus haute sérénité sont nécessairement désertes » et « La poésie absolue ne peut procéder que par merveilles exceptionnelles. » Cette fuite et cette allusion, le caractère exceptionnel d’une merveille entrevue, inquiètent le lecteur, habitué à la poésie ordinaire, sentimentale et logique. […] Et la prunelle suspendue Au point le plus haut de l’horreur, Le regard qui manque à son masque, S’arrache vivant à la vasque, A la fumée, à la fureur. […] Beaucoup d’éventails indépendants vivaient sur le monde sombre et clair, écumant jusqu’aux feux du haut. […] Et il en sort en effet ceci : inspiration qui se chante elle-même, qui se prend pour matière poétique, et qui, parce qu’elle représente le génie artistique à sa plus haute température, dans sa plus formidable tension, coïncide spontanément avec cet élan créateur du monde dont le génie nous donne probablement la clef. […] Une idée de la poésie pure, dont Mallarmé avait figuré la plus haute et la plus inquiète conscience, s’est imposée.

2344. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Fauriel, et d’autant plus méritoire en lui qu’elle trouvait un fonds de convictions philosophiques et politiques antérieures ; mais, à un si haut degré qu’il la possédât, seule elle ne suffirait pas pour expliquer et caractériser tout ce qu’il y eut de nouveau et d’inventif dans les points de vue auxquels une étude continuelle le porta successivement. […] Je le crois encore plus sombre que sensible ; mais il suffit de n’être pas heureux, de n’être pas satisfait de la vie, pour concevoir des idées d’une plus haute nature et qui plaisent aux âmes tendres45. […] Un autre passage vient tout à fait comme preuve nouvelle à l’appui de la haute et sérieuse estime, de l’affection que Mme de Staël portait à Fauriel, et elle nous montre aussi Constant dans l’un de ses meilleurs jours : « J’ai annoncé votre lettre à une dame que je vois souvent. […] Or, entre autres conceptions plus ou moins heureuses dans leur singularité, le poëte a imaginé à un certain moment de personnifier et de figurer le Dieu du Vertige, gardien des hautes cimes. […] Dans le choix toujours si délicat d’une amitié littéraire, mon cœur et ma raison s’étaient heureusement trouvés d’accord pour m’attacher à l’un des hommes les plus aimables et les plus dignes d’une haute estime.

2345. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

S’il n’y prend pas une très haute idée de la nature humaine, il ne continue pas moins d’estimer que « nous sommes des espèces de singes, que l’on peut dresser à la raison comme à la folie », et c’est tout justement l’objet qu’il se propose ; Mais c’est ainsi que se forme l’idée d’un homme universel, maniable et ployable en tout sens, qui ne diffère en aucun lieu de lui-même, qui n’est à vrai dire ni Français ni Anglais, mais homme, et dont la diversité de mœurs n’est intéressante à connaître que dans la mesure où l’on peut se flatter de la ramener un jour à l’uniformité. […] Et l’Esprit des lois n’en demeure pas moins un livre manqué ; mais on ne le trouve plus indigne de sa haute fortune ; on comprend que l’influence en ait passé le mérite ; et on se l’explique en considérant que le génie de Montesquieu a sans doute été supérieur à son œuvre. […] Cependant un autre écrivain, un poète, et le seul en son temps qui ait eu le sentiment de l’art, remonte plus haut encore, jusqu’aux origines du classicisme ; et c’est vraiment Ronsard qui revit dans André Chénier. […] De Grimm et d’Helvétius les seules œuvres qui comptent sont celles que nous avons signalées plus haut. […] VI et VII]. — Il domine maintenant de plus haut sa matière. — Les vues nouvelles abondent dans son œuvre. — Il écrit les Époques de la nature ; — et à mesure qu’il est plus convaincu de la petitesse de l’homme dans la nature ; — de l’humilité de notre condition ; — et de la généralité des lois qui nous gouvernent, — on dirait qu’il sent davantage le prix de la société ; — ce qui le remet d’accord avec les idées générales de ses contemporains ; — et avec cette religion de l’humanité dont ils sont maintenant tous imbus.

2346. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Duruy institua l’École pratique des hautes études ; en même temps le ministre me proposa, dans cette création, la physiologie. […] Il est relatif aux oiseaux de haut vol, tels que les rapaces et particulièrement le Condor, qui s’élève à des hauteurs de 7000 à 8000 mètres. […] Le rôle véritable de l’oxygène est inconnu, avons-nous dit plus haut. […] À ses débuts, et à son plus haut degré de simplicité, le phytoblaste nous apparaît comme une petite masse arrondie d’une substance plus ou moins finement grenue, sans noyau condensé ni paroi distincte. […] La sensibilité, qui est, à son plus haut degré, un phénomène complexe, n’est au fond, comme nous le verrons, qu’une modalité particulière de l’irritabilité, seule propriété vitale élémentaire, dont l’existence est commune aux deux règnes.

2347. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

L’une d’elles, pendant qu’ils passaient, se mit à battre des ailes, et, du plus haut de l’arbre, proféra les intentions de Junon : « O le sot devin, qui ne sait pas même comprendre avec son esprit ce que savent les petits enfants, qu’une jeune fille ne dira ni douceurs ni propos d’amour à un jeune garçon, s’il y a des étrangers pour témoins ! […] N’est-ce pas ainsi, et selon un sentiment très-approchant, que, dans les Lettres portugaises, la religieuse, se rappelant le jour où elle a, pour la première fois, aperçu du haut de son balcon le bel étranger, dit : « Il me sembla que vous vouliez me plaire, quoique vous ne me connussiez pas : je me persuadai que vous m’aviez remarquée entre toutes celles qui étoient avec moi. […] Les gardiens des portes avaient de la considération dans la haute antiquité : Homère les appelle sacrés.

2348. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

— Il n’y a là, comme on l’a vu plus haut, qu’une association d’un certain genre. […] Nous construisons l’utile, le beau et le bien, et nous agissons de manière à rapprocher les choses, autant que possible, de nos constructions. — Par exemple, étant données des pierres éparses et brutes, nous les supposons équarries, transportées, empilées à l’endroit où nous voulons habiter, et, conformément à l’idée du mur ainsi construit, nous construisons le mur réel qui nous préservera du vent. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents. Nous isolons ce dernier motif, nous désirons qu’il ait l’ascendant dans chaque délibération humaine, nous le louons tout haut, nous le recommandons à autrui, nous faisons parfois effort pour lui donner l’empire chez nous-mêmes.

2349. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

C’est la plus noble, la plus légitime ambition, que celle qui cherche à fonder son empire sur la satisfaction des vrais besoins des peuples. » V Nous citons ces pages parce qu’elles sont très belles d’expression et de sentiment, les plus belles peut-être que l’historien politique ait écrites dans sa vie ; mais, en admirant la haute portée de ces vues d’homme d’administration et de ce style d’homme de discipline civile, peut-on se dissimuler la simonie des idées (si on tolère cette expression) qui éclate dans la pensée ? […] Le fils du prince de Condé, le duc d’Enghien, jeune prince de grande race militaire et de haute espérance, se trouve à sa portée, quoique sur un territoire étranger et inviolable ; il le fait arrêter, conduire à Paris, juger par une commission, fusiller dans le fossé de Vincennes, les pieds sur sa tombe. […] Thiers seul a fait le poème ; ce poème, quoique écrit dans la prose la plus nue et souvent la plus vulgaire, s’élève quelquefois, non par les mots, mais par la composition, à la plus haute poésie ; c’est bien mieux que la poésie des paroles, c’est la poésie des faits ; cette poésie des faits, la meilleure de toutes, résulte de la composition et non des phrases.

2350. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

XXVI « Cette extase, disais-je, est comparable à celle que nous avons éprouvée quelquefois nous-même, en tombant par hasard sur une de ces pages mutilées des livres sacrés de l’Inde, où la pensée de l’homme s’élève si haut, parle si divinement, que cette pensée semble se confondre dans une sorte d’éther intellectuel avec le rayonnement et avec la parole même de Dieu, de ce Dieu qu’elle cherche, qu’elle atteint, qu’elle entrevoit enfin au fond de la nature et du ciel, en jetant un cri de voluptueuse joie et de délicieuse possession du souverain Être. […] XXVII « La première fois, j’étais seul dans une petite chambre haute et nue d’une maison de campagne inhabitée, où les maîtres en s’en allant avaient laissé quelques feuilles volantes de brochures et de journaux littéraires éparses et livrées aux rats sur le plancher. […] Je ne pleurai pas, parce que j’ai les larmes rares à l’enthousiasme comme à la douleur, mais je remerciai Dieu à haute voix, en me relevant, d’appartenir à une race de créatures capables de concevoir de si claires notions de sa divinité, et de les exprimer dans une si divine expression. » Si le poète inconnu qui avait écrit ces lignes quelques milliers d’années avant ma naissance, assistait, comme je n’en doute pas, du fond de sa béatitude glorieuse, à cette lecture et à cette impression de sa parole écrite, prolongée de si loin et de si haut à travers les âges, que ne devait-il pas penser en voyant ce jeune homme ignorant et inconnu dans une tourelle en ruine, au milieu des forêts de la Gaule, s’éveillant, s’agenouillant, et s’enivrant, à quatre mille ans de distance, de ce Verbe éternel et répercuté qui vit autant que l’âme, et qui d’un mot soulève les autres âmes de la terre au ciel !

2351. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

On ne reconnaît plus en lui que le Yankee, l’enfant perdu de cette race puritaine qui a mis sa main musclée sur le Nouveau Monde, — qui la mettra partout où il y a de la matière à asservir, — et dont la plus haute expression littéraire fait pâlir tout ce qu’elle rappelle : ce Robinson Crusoé qui est sorti d’une plume anglaise, mais qui n’en est pas moins le génie américain deviné ! […] Jamais il ne sort de l’ordre des sensations, et encore des sensations troublées, pour monter dans une sphère plus haute. […] Edgar Poe, le poète et le conteur américain, est à nos yeux le Bohème accompli, le Bohème élevé à sa plus haute puissance.

2352. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

A droite dans le haut, un petit bout de ciel ou de rocher — quelque chose de bleu ; — les yeux de la Madeleine sont fermés, la bouche est molle et languissante, les cheveux épars. […] Bosio au contraire se rapproche de Bartolini par les hautes qualités qui séparent le grand goût d’avec le goût du trop vrai. — Sa Jeune Indienne est certainement une jolie chose — mais cela manque un peu d’originalité. — Il est fâcheux que M.  […] Pradier a voulu sortir de lui-même et s’élever, d’un seul coup, vers les régions hautes.

2353. (1739) Vie de Molière

L’Europe regarde cet ouvrage comme le chef-d’œuvre du haut comique. […] Pourceaugnac est une farce ; mais il y a dans toutes les farces de Molière des scènes dignes de la haute comédie. […] C’est une de ces farces de Molière dans laquelle on trouve beaucoup de scènes dignes de la haute comédie.

2354. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Elle était touchée et lui répondait : « Croyez que je vous aime de reconnaissance, de haute opinion et d’attrait. » Cette relation de Roederer et de Mme de Staël fut donc assez vive, de la part du moins de cette dernière ; mais elle s’interrompit bientôt et ne tint pas. […] Sieyès ne fut pas long, du reste, à comprendre que son rôle était accompli, que le chef d’État idéal qu’il avait cherché à faire asseoir théoriquement au haut de sa pyramide était trouvé, debout, vivant, en action, investi de puissance et de gloire, et que le moment pour lui était venu d’abdiquer.

2355. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Villars fit partir de Paris, à l’avance, un grand train conforme à son nouvel état de représentant du plus magnifique des rois : trois carrosses à huit chevaux, quatre chariots attelés de même, cinq ou six charrettes chargées de meubles, six pages, quatre gentilshommes, avec grand nombre de domestiques ; mais comme il avait su allier toute cette pompe avec un esprit d’exacte économie, il ne put s’empêcher de s’en vanter tout haut et de le raconter au roi et à tous : Il demanda à Sa Majesté (ce sont les mémoires qui parlent) ce qu’elle pensait que pouvait coûter la conduite d’un tel équipage de Paris à Vienne. […] La lettre, d’ailleurs, se terminait par un post-scriptum plus grave et qui montrait qu’à travers les bouffées et les saillies de la vanité, on avait affaire à un chef réfléchi, ayant la conscience de ses hauts devoirs militaires.

2356. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le ton du diapason, dans l’éloge et dans la critique, comme dans la musique, a fort monté depuis lors, mais il paraissait déjà fort monté, et aussi haut que possible, à cette date ; chaque époque renchérit ainsi sur la précédente et a peine à concevoir qu’on puisse aller au-delà : C’est un singulier spectacle pour un observateur, écrivait Bonstetten, que celui de l’opinion publique. […] Au fond de la rue des Granges, une maison haute, étroite, vieille et triste, présente une façade étriquée sur laquelle le soleil ne se hasarde que d’un air méfiant.

2357. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Quelquefois nous étions obligés d’attendre que l’eau fût moins haute ; souvent nous traversions à grand-peine, tandis que les roues jusqu’au moyeu et le plancher de la voiture étaient mouillés. […] Ce je ne sais quoi de mélancolique que le poète veut imprimer à la physionomie de son guerrier, il le grave et le condense dans cette répétition du domus alia qui fait la note fondamentale, et il prend l’idée de cette particularité rythmique, de cette répétition à effet, non dans le passage même d’Homère sur le guerrier mort, mais dix-huit vers plus haut, à l’endroit où Hector, se faisant fort de braver Achille, répétait coup sur coup à la fin et au commencement du vers les mêmes mots : « Dussent ses mains être comme la flamme… » Évidemment le voisinage des deux passages saillants lui a donné l’idée de les unir, de les combiner.

2358. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

La Mennais était au plus haut degré sous cette impression, qui était également celle de Joseph de Maistre, et il écrivait de Londres le 12 septembre 1815 : « Selon toutes les vraisemblances humaines, notre pauvre patrie, déjà si malheureuse, est à la veille de plus grandes calamités encore. […] Les textes irrécusables, les témoignages directs, longtemps tenus sous clef, sortent enfin et parlent assez haut.

2359. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Mme Valmore vit l’Italie, la haute Italie du moins. […] Dans ces grandes crises, elle n’était plus maîtresse de ses sentiments : soudains et prompts, ils s’envolaient au plus haut de l’air, comme des nuées de colombes.

2360. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Jamais la pensée brusque et haute ne s’était dressée jusqu’ici dans cette entière beauté d’attitude ; le ciseau bien souvent n’a fait qu’attaquer le marbre, mais le torse est là debout qui jaillit déjà pour ainsi dire, majestueux et plutôt brisé qu’inachevé. […] Son cœur parlait plus haut et faisait taire l’autre.

2361. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Ce qui reste beau, ce sont les raisonnements philosophiques d’une haute mélancolie que se font en plusieurs endroits Cléveland et le comte de Clarendon. […] Sa figure, dit-on, et ses agréments avaient touché une demoiselle protestante d’une haute naissance, qui voulait l’épouser.

2362. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Puis il remonta sur les hauts lieux avec ses compagnons de guerre. […] XXI Maintenant, pour nous faire une idée juste de ce qu’est la poésie lyrique, écoutons chanter dans un même homme d’abord ce pauvre petit berger des montagnes de Bethléem ; puis cet adolescent armé de sa fronde, libérateur de son pays ; puis ce musicien favori de Saül assoupissant avec sa harpe les convulsions d’esprit de son roi ; puis ce proscrit cherchant asile dans les cavernes de Moab ; puis ce chef de bande et de parti courant les aventures sur les frontières de la Judée ; puis ce roi choisi par les prêtres et acclamé par le peuple pour éteindre la race de Saül et pour fonder sa propre dynastie ; puis ce souverain exalté par sa haute fortune, ne refusant rien à ses intérêts ni à ses amours, et ternissant ainsi sa vieillesse après avoir couvert d’innocence et de gloire ses jeunes années ; puis le vieillard puni, repentant, rappelé à Dieu par l’extrémité de ses châtiments, et convertissant encore ses sanglots en cantiques pour fléchir et pour attendrir son juge là-haut.

2363. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] Je finirai donc en affirmant qu’il n’y a rien de ce qu’on peut désirer dans une femme d’une beauté et d’un mérite accomplis qui ne se trouvât en elle au plus haut degré.

2364. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Le fond de la poésie lyrique, étant ainsi ce qu’il y a de plus universel dans les idées de l’humanité, la vibration personnelle du poète qui contemple ces hautes vérités ne sert qu’à leur donner une plus grande force de pénétration pour aller au fond des cœurs. […] la cour et la ville : c’est-à-dire la noblesse et la haute bourgeoisie, le monde, ce qui se rassemble dans les salons.

2365. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Un autre la continua, et fit la chanson de Jérusalem, d’après la tradition orale qui s’était établie dans l’armée même des croisés Le succès de ces émouvantes histoires en fit le noyau d’un cycle qui se développa selon les procédés qu’on a indiqués plus haut : le récit de la croisade se prolongea à travers toute sorte d’inventions romanesques, du plus vulgaire et souvent du plus grossier caractère, tandis que le héros central de la geste, le grand Godefroy de Bouillon, était doté d’une généalogie fabuleuse où s’insérait la merveilleuse légende du chevalier au Cygne50. […] Par toute la chrétienté enfin, pendant le moyen âge, régnèrent les romans de France : et peut-être cette universelle popularité de notre littérature est-elle due en partie à quelques-uns des défauts que j’ai signalés plus haut.

2366. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Partout s’échappe sa franche et personnelle sensibilité, atténuant les saillies de haut style par le laisser-aller du langage domestique et quotidien, relevant la négligence du parler populaire par la chaude sincérité de l’accent, d’une façon tout originale et inimitable. […] Nous apprenons ainsi (je vous fais grâce de ses ascendants) qu’il était né à onze mois, fut mis en nourrice au village, apprit le latin avant le français, était éveillé en son enfance au son des instruments, reçut les verges deux fois, joua des comédies latines au collège de Guyenne ; qu’il était de taille au-dessus de la moyenne, assez peu porté aux exercices du corps et à tous les jeux qui demandent de l’application physique, qu’il avait la voix haute et forte, un bon estomac, de bonnes dents, dont il perdit une passé cinquante ans, qu’il aimait le poisson, les viandes salées, le rôti peu cuit, le vin rouge ou blanc indifféremment, et trempé d’eau ; qu’il était sujet au mal de mer, et ne pouvait aller ni en voiture, ni en litière sans être malade, mais en revanche faisait de longues traites à cheval, même en pleine crise de coliques néphrétiques ; qu’il ne prenait pas de remèdes, sauf des eaux minérales, et qu’il gémissait sans brailler, quand la gravelle le tenait.

2367. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Veut-il peindre un docteur, il nous montre l’homme « qui a un long manteau de soie ou de drap de Hollande, une ceinture large et placée haut sur l’estomac, le soulier de maroquin, la calotte de même, d’un beau grain, un collet bien fait et bien empesé, les cheveux arrangés et le teint vermeil » : ce costume, c’est le « caractère » ; un peintre qui ferait un portrait n’exprimerait pas autrement le moral. […] Les hautes parties du lyrique et de l’épique le touchent moins.

2368. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Que Molière en fasse les Précieuses ridicules, rien de mieux : mais d’en faire Ruy Blas, d’espérer sur cette donnée de haute fantaisie élever une action sérieusement attendrissante et tragique, c’est vraiment manquer de sens commun. […] Lire toute la page, qui finit ainsi : « Ce serait le rire, ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la Providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela on sentirait planer quelque chose de grand ! 

2369. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Mais vous, vous n’êtes guère poli et je crois d’ailleurs que vous exagérez. » On m’a raconté qu’il disait un jour : « Depuis que je suis au monde, j’entends un tas de gens dire qu’ils sont agacés ; moi, je ne sais pas ce que c’est : je n’ai jamais été agacé de ma vie. » Écrivain, il a au plus haut point le naturel et la clarté, car il ne parle jamais que dès choses qu’il « conçoit » parfaitement. […] Ceux qui affectent de traiter de haut la critique de M. 

2370. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Puis ils ne songent point combien serait dure à jouer et de peu de profit (sinon dans les hautes dignités) la comédie qu’ils leur attribuent, et de quels horribles sacrifices les prêtres incroyants payeraient d’assez minces avantages. […] Songez donc qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long au pied de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant.

2371. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

S’il y a en lui des parties d’un grand esprit, c’est pour la géométrie, où, de l’avis des bons juges, il a excellé, où il se serait élevé plus haut s’il eût donné à la science tout le temps qu’il a perdu dans les lettres, pour n’être pas même parmi les premiers du second rang. […] C’est pitié de voir dans quel cercle tournent ces gens qui le prennent de si haut avec l’esprit humain.

2372. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

M. de Chateaubriand commença sa carrière politique avec la Restauration en 1814 ; il avait quarante-cinq ans, il avait publié tous ses grands ouvrages littéraires, et il se sentait dans un certain embarras pour appliquer désormais ses hautes et vives facultés. […] Ceux pourtant qui continuent d’aimer les phrases, les belles pensées détachées, les fragments spécieux de théorie, les prédictions inutiles et frappantes, les fantaisies poétiques dont on peut faire collection, trouveront amplement encore, en le lisant, de quoi se satisfaire ; mais les esprits qui demandent de la suite, de la raison, un but, quelque conséquence dans les actes et dans la conduite, savent désormais à quoi s’en tenir sur la valeur de l’écrivain éminent qui, avec de si hautes parties, n’a été en politique qu’un grand polémiste toujours personnel, et un agent lumineux de dissolution.

2373. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Ici il ne mange plus, — car nous dînions, — sa voix devient amoureuse, son œil, plus vif, prend de la fixité, et avec sa haute parole, il nous emporte comme dans un monde de rêves et d’idées, où il fait jaillir, sous des mots, des éclairs qui nous montrent des sommets. […] Et nous passons toute la soirée, à regarder le roi Louis XV passer la revue de sa maison militaire, son livret à la main, et les soldats microscopiques et les curieux refoulés à coups de crosse de fusil, et les chambrières montées sur le haut des carrosses, et dont un coup de vent fait envoler les jupes. — Notre plaisir mêlé d’un petit remords, d’avoir pu si peu donner d’argent, pour un si beau dessin, à de si pauvres gens !

2374. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

De cette grande loge à salon qui est sur le théâtre, on voit les acteurs et les actrices avec leurs sabrures de bouchon et la tache de leur rouge ; on perçoit, quand on danse, le bruit mat des danseuses retombant sur le plancher et le fouettement sec de leur talon contre la cheville ; on entend, quand on chante, le souffleur qui souffle tout haut. […] Seulement, comme fait presque toujours Rembrandt, ce n’est pas avec du jour, un jour égal qu’il a éclairé sa toile, mais avec un coup de soleil qui tombe de haut et éclate en écharpe sur les personnages.

2375. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Chaudon, autre biographe, caractérise ainsi l’auteur du mot à Louis XV cité plus haut : « Une dame de la cour, madame Du Barry. » L’histoire accepte pour attaque d’apoplexie le matelas sous lequel Jean II d’Angleterre étouffe à Calais le duc de Glocester. […] Devant cette histoire, le génie lui-même, fût-il la plus haute expression de la force servie par l’intelligence, est tenu au succès continu.

2376. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Le conte est un des genres littéraires les plus anciens que l’on sache ; il date de la plus haute antiquité. […] Il a conté à la seconde des manières que j’indiquais plus haut, un peu, pas tout le temps, mais il a conté certainement à la seconde des manières que j’ai indiquées ; dans une certaine mesure il a introduit l’élément du conte psychologique.

2377. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Exercer une « autorité » c’est au fond donner la plus haute preuve de sympathie humaine, c’est l’acte supérieur de toute solidarité et la marque du lien le plus fort qui nous unit tous, faibles et forts, jeunes et vieux, sages et fous. […] Idéal et symbolique par son essence même, cherchant et formulant les rapports, la loi d’harmonie et d’unité qui régissent les êtres et les choses, l’Art sera la haute vie morale en son effort pour manifester les dieux que nous sommes nous-mêmes… »‌ Retrouver le « divin » en nous comme dans les choses, le sentir au fond de nos êtres comme au fond de chaque vie terrestre, voilà bien la nouvelle conception religieuse.

2378. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Si, chez les Anglo-Saxons et les Flamands, la liberté d’association est une des libertés « cardinales », en Allemagne toute réunion reste soumise, à la haute surveillance de la police ; en France, lorsque plus de vingt personnes se réunissent sans autorisation préalable, c’est un délit159. […] Des hommes à chaque instant nouveaux se succèdent dans les hautes situations.

2379. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Je n’ai cessé, au reste, de rendre justice à ses hautes qualités.

2380. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Mais de tels contrastes n’ont leur plein effet que dans la haute poésie.

2381. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute.

2382. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

L’unité pratique du Globe parut résider en lui ; nul en effet ne porta plus constamment et ne soutint plus haut dans la lutte le drapeau de liberté, en ralliant alentour bien des défenseurs inégaux du principe, et en les maintenant jusqu’au bout dans une sorte d’harmonie, malgré les diversités profondes et croissantes.

2383. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Il fut de la cabale du duc de Bourgogne, et put fonder de hautes espérances de fortune sur le prochain règne : la mort du prince le fit désespérer du bonheur public et du sien.

2384. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Je mets plus haut, pour ses chefs-d’œuvre, un genre qui appartient spécialement au second empire, et qui en est, à certains égards, l’originale expression : je veux parler de l’opérette telle que l’a compris Offenbach897, surtout lorsque ses rythmes échevelés coururent sur les livrets de MM. 

2385. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais il se portait très bien, un peu haut en couleur, l’air d’un robuste bourgeois campagnard.

2386. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Elle va plus haut et plus loin ; c’est sa beauté de défier les esprits symétriques qui, pour la comprendre, se souviennent encore d’eux-mêmes.

2387. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

. — Ce n’est donc pas un mérite banal que la compréhension scientifique si haute de M. 

2388. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Mais il faut se rappeler que les disciples, dont l’esprit étroit ne se prêtait pas à cette haute indifférence pour la qualité de fils d’Abraham, ont bien pu faire fléchir dans le sens de leurs propres idées les instructions de leur maître.

2389. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

La plus sublime des facultés de l’homme, c’est l’admiration ; nous voulons donner une haute idée de l’homme par ses œuvres, afin de vous soutenir, en morale comme en littérature, à la hauteur de l’idée que vous aurez conçue de vous-même.

2390. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Tous ne sont pas lisibles par des gens comme nous, et il en est qui ne le sont que par gens appartenant à l’une des trois catégories que j’indiquais plus haut.

2391. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Certes, je rends hommage à la haute valeur de M. 

2392. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

La critique, la critique qui dise d’où elle vient et où elle va, la critique qui se réclame d’un principe moral plus haut qu’elle, il n’y a pas plus de cette critique-là à la Revue des Deux Mondes, veuve de Gustave Planche, qu’à la Revue Contemporaine, qui n’a plus besoin de se chercher un Gustave Planche puisque la Revue des Deux Mondes a perdu le sien.

2393. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

— je ne sais quelle grâce méprisante qui l’empêchera de tomber jamais dans les hautes niaiseries du pédantisme contemporain : « Cela est assez ignoble pour être historique », est un mot qui le révèle.

2394. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Nous pensions et nous espérions que l’on sortirait de l’éloge confus et de la petite explication à ras de terre, pour pénétrer dans cette haute valeur intellectuelle, dans le mystère de ce talent, et pour nous le faire bien comprendre ; Adrien Destailleur semblait un commentateur digne de La Bruyère.

2395. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Les fragments historiques cités plus haut sur certaines phases de la Révolution française, l’attestent, par les qualités dont ils brillent.

2396. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

On sent qu’il ne l’emploie que dans un noble but, cette plaisanterie qui, d’elle-même, tend en bas, et à laquelle il faut donner, comme il l’a fait, de plus hautes destinations.

2397. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saisset a le haut du pavé sur M. 

2398. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

Au lieu du Scarron qu’il s’est nommé lui-même, sous l’analogie de quelques-unes des mêmes douleurs, — un Scarron à imagination  de plus haute origine que celle de ce bouffon qui ne fut pas sublime, ce qu’il s’agissait d’être pour un poète comme Roger de Beauvoir, — le livre que voici ne nous offre que ce visage jumeau d’Alfred de Musset, qui n’est pas un masque, mais le visage vrai de Beauvoir ; car il n’imite pas Alfred de Musset, mais naturellement il lui ressemble, comme un frère brun ressemble à son frère blond, — plus idéal et plus lumineux !

2399. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Gautier, sans rien changer à ses conceptions esthétiques, s’est toujours élevé plus haut dans l’aire de son talent et de son vol pendant que tant d’autres sont si tristement descendus.

2400. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

On juge, à le voir rouler en se débattant dans cette vacuité de pensées, dans ce vortex du rien où il meurt, de la solidité d’articulations qui était en lui et qui eût pu l’élever dans l’éther du ciel poétique, s’il avait eu seulement un peu d’âme, — un peu d’âme qui est l’haleine du poète et qui lui permet de monter haut !

2401. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Ces verselets, puisque verselets il y avait, n’étaient pas la haute vulgarité, rimée et sonore, qu’on rencontre partout et qui s’appelle de la poésie.

2402. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

…), tiendrait actuellement son noble esprit plus haut que ses passions d’homme de parti ?

2403. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Et sans doute, dans la civilisation gréco-romaine, tous ces caractères sont singulièrement moins marqués qu’ils ne le seront dans la civilisation contemporaine : quand ils reparaissent après le moyen âge, ils sont portés à de bien plus hautes puissances.

2404. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Ce n’est pas tout ; d’après la définition du vrai et du certain que nous avons donnée plus haut, les hommes furent longtemps incapables de connaître le vrai et la raison, source de la justice intérieure 39, qui peut seule suffire aux intelligences.

2405. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

« Tu glisseras sur la mer aplanie, et, triomphant, du haut de la poupe armée de la croix, tu vogueras il l’abri des flots et des vents.

2406. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Le traitement des professeurs du Collège de France et de la Sorbonne, des savants auxquels l’État accorde les plus hautes distinctions dont il dispose, vient d’être porté à sept mille cinq cents francs. […] Donc, à quoi bon proclamer si haut notre propre prééminence, et qu’importe à cela notre prospérité ? […] On a reçu les uns au bas, les autres au haut du grand escalier, selon leur rang. […] Si l’esprit ne suffit pas, comment avez-vous pu le placer si haut jadis ? […] Dieu sait si la leçon, l’unique leçon qu’il lui ait été donné de faire du haut de sa nouvelle chaire a fait du bruit !

2407. (1914) Une année de critique

Voici la poule : … Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte. […] Qu’il possédât au plus haut point les vertus et les défauts du littérateur professionnel, tout l’indique, et il n’essaye pas de s’en défendre. […] Il n’existe qu’une esthétique morale, il n’existe qu’un devoir pour l’homme supérieur : réaliser les plus hautes ambitions qu’il découvre en soi. […] Toi, du sommet de ta tour, tu regardes les drames du monde comme des batailles de fourmis ; et, monté si haut, tu crois peut-être devenir un dieu : garde-toi seulement de cesser d’être un homme. […] Or, Jérôme et Jean Tharaud rompent avec cette manie, et s’il faut les apparenter à quelques écrivains français, certains noms s’imposent : Mérimée, Fromentin, Stendhal, pour ne pas remonter plus haut que le dix-neuvième siècle.

2408. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Quand Mme Chrémès apprend la chose, elle jette les hauts cris : « Quelle indignité ! […] Monval doit avoir, au plus haut point, la sécurité intellectuelle. […] (A haute voix. ) Géromé ! […] A vrai dire, s’il a parlé tout haut, c’est presque à son insu. […] On pourrait dire que l’amour, c’est la passion de la propriété portée à son plus haut degré d’exaltation.

2409. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Une population très limitée confère à chaque individu cette haute importance. […] Sans se laisser abuser par la phraséologie religieuse, il déclare tout net que la religion des Anglais dans la haute société n’est que le complément d’une bonne éducation. […] Dès les premiers mots de l’entretien, M. de Luynes le prit de très haut : « De quoi se mêle le roi, votre maître ? […] À son tour, Juliette s’est soulevée de son cercueil, et, regardant du haut de ce balcon funèbre, elle a vu le corps inanimé de Roméo. […] Leurs âmes n’ont plus de mystères, plus de vie intime, cachée et personnelle ; elles pensent tout haut et parlent tout haut, sans frein, sans retenue et sans pudeur ; leurs actions sont accomplies aussitôt qu’annoncées, leurs cœurs sont aussi près de leurs lèvres que les épées de deux combattants sont près de leurs mains.

2410. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Les moralistes avaient pris le haut du pavé. […] La même sensibilité, ne la remarque-t-on pas chez beaucoup de gens qui ne tombent pas du haut mal ? […] Il supprimait l’idée religieuse et remontait plus haut dans l’histoire de la pensée humaine, jusqu’à la pensée antique. […] Le roc où est perchée Angoulême « la porte très haut dans le ciel comme une couronne royale ». […] Les critiques antérieurs voulaient remonter beaucoup plus haut, jusqu’au dixième siècle, par exemple, ou même au-delà.

2411. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Dans cette scène de la vie de province où il nous raconte toutes les tribulations d’un vieux prêtre dépouillé de ses chers fauteuils et de sa bibliothèque, il nous touche au plus haut degré, bien que ce qu’il raconte repose sur des faits assez insignifiants par eux-mêmes ; mais dans Esther dont la fable est excessivement compliquée, et où l’on voit l’esprit de tous les espions patentés et émérites de Paris mis aux prises avec le célèbre Vautrin, l’action circule avec peine à travers des labyrinthes laborieusement construits ; elle se brise mille fois en route, et à la fin, au lieu de se dénouer, elle se casse définitivement sans qu’on puisse deviner pourquoi le livre s’arrête là. […] Dans Esther, le style n’a rien de bien attrayant ; sous ce rapport, M. de Balzac n’a jamais été en première ligne, et sa nouvelle production ne le fait pas monter plus haut que les anciennes. […] Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. […] Il a certainement et à un haut degré l’amour du beau et du bien dans les productions de la littérature, de la peinture, de la musique. […] C’est là certainement le côté le plus fâcheux de sa vie littéraire, et j’ai une trop haute opinion de sa loyauté vis-à-vis de lui-même pour ne pas croire qu’il a regretté plus d’une fois dans son for intérieur le manque de réflexion de ses jugements.

2412. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Vivre au haut d’une colonne était regardé comme un acte de grande sagesse. […] Aller, non pas plus haut, car le monde n’a ni haut ni bas, mais plus loin, sans ignorer que ce plus loin représente le diamètre d’un grain de poussière comparé à celui de l’univers visible. […] Elle monta même si haut que je la crus égarée. […] Un siècle plus tard, Boileau n’osa remonter si haut, quoiqu’il connût certainement le Romant de la Rose. […] Mais toutes les femmes de haut parage lisaient au seizième siècle.

2413. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

C’est en général le talent et l’argent qui, bien plus que la naissance, assurent une haute position sociale. […] En un mot, ainsi que nous l’avons déjà dit plus haut, notre personnalité morale se reflète autour de nous jusque sur les moindres objets. […] À travers la colonnade du fond, on aperçoit une haute colline que couronnent trois temples. […] Mais il est inutile de multiplier ces exemples ; les deux que nous avons choisis plus haut suffisent. […] C’est pour cela que nous avons dit plus haut que l’école agrandissait la superficie de l’art, en abaissant sensiblement l’idéal.

2414. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.

2415. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

C’était affaire à nous autres, oiseaux de moins haut vol et de moins large envergure.

2416. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Oui, M. de Saint-Victor, classique en cela, classique dans la plus large acception sans doute, classique toutefois, comme le pourrait être un fils retrouvé de Chateaubriand, a au plus haut degré et possède en toute sincérité la religion de l’art, la religion littéraire ; à la manière dont je les lui ai vu quelquefois défendre, dans la conversation comme dans ses écrits, j’ai compris qu’il a bien réellement des dieux, et il a eu droit, par une sorte d’invocation, de les inscrire dès le début au frontispice de son livre.

2417. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Je conçois bien qu’à l’âge d’Indiana, et malgré la blessure d’une si furieuse passion, on s’adoucisse, on vive, on oublie un peu, et qu’après un intervalle assez long, on finisse même par aimer ailleurs ; mais ici le passage est brusque, la guérison magique ; sir Ralph joue le rôle d’un véritable Deus ex machina, qui, déguisé jusqu’alors en quelque rustre, et demeuré témoin insignifiant du drame, se révèle soudain, reprend sa haute beauté et ravit à lui l’Ariane : l’histoire réelle finit comme un poëme mythologique. 

2418. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Le front reste uni et pur, les cheveux sont noirs, abondants comme toujours ; la taille élégante et haute n’a pas fléchi.

2419. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — I »

Il nous semble qu’au moins la haute impartialité de l’éclectisme devrait s’arrêter quelque temps devant cette solution nouvelle, quelle qu’elle fût, et ne la déclarer insuffisante ou inopportune qu’après un examen raisonné.

2420. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Rien n’avertit une littérature d’être digne, sérieuse, honnête, comme de sentir qu’on a l’œil sur elle et qu’elle est l’objet d’une haute attention.

2421. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Cette disposition d’esprit, chez les Français, doit porter très haut le vrai talent ; mais elle entraîne la médiocrité dans des efforts gigantesques et ridicules.

2422. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Je crois, pour ma part, que deux ou trois de ces ouvrages ont la plus haute valeur comme œuvres du génie, mais que pas un seul n’a la moindre valeur scientifique.

2423. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Au reste c’est l’éternelle antinomie : l’exercice de la vertu suppose l’homme libre, et les doctrines qui marquent le plus haut degré de l’effort moral dans la vie de l’humanité, stoïcisme, calvinisme, jansénisme, sont celles qui théoriquement suppriment la liberté.

2424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Parigot a bien raison d’étudier à fond et de mettre très haut, malgré les dédains des lettrés.

2425. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

On lui dit qu’il est avec des gentilshommes à conférer sur des affaires de haute importance.

2426. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

Tout individu sans importance ou ennemi du pouvoir sera qualifié « grosse pièce » et renvoyé devant les tribunaux ; au contraire, celui qui aura l’avantage d’être protégé par une haute situation ou une parenté puissante sera rangé dans le “menu fretin” que le parquet néglige.

2427. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

En dégageant l’homme de ce qu’il appelait « les sollicitudes de ce monde », Jésus put aller à l’excès et porter atteinte aux conditions essentielles de la société humaine ; mais il fonda ce haut spiritualisme qui pendant des siècles a rempli les âmes de joie à travers cette vallée de larmes.

2428. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

L’analyse externe d’une œuvre littéraire Elle porte, nous l’avons dit plus haut, sur les moyens d’expression employés par l’auteur.

2429. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Souhaitons longue haleine à tous ces pauvres Sisyphes essoufflés, qui vont roulant et roulant sans cesse leur pierre au haut d’une butte ;                                        Palus inamabilis undâ Alligat, et novies Styx interfusa coercet.

2430. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

Il possédoit au plus haut dégré l’esprit de dialectique.

2431. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Après qu’elle fut à sa Majesté, Monsieur de Molière continua de donner plusieurs Pièces de Théâtre, tant pour les plaisirs du Roi que pour les divertissements du public, et s’acquit par là cette haute réputation qui doit éterniser sa mémoire.

2432. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

En Espagne, où le mérite conduit à l’épiscopat et la protection de l’évêque aux fonctions subalternes, le haut clergé est savant et respectable et le bas clergé ignorant et vil.

2433. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Depuis, on en a vu une autre… En 1848, on remarquait aux dîners de M. de Lamartine une vieille femme, aux bonnets impossibles, à la voix haute et rude, qui exhalait la plus rabelaisienne des odeurs, et jurait comme un capitaine de corsaire.

2434. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Elle en a dit le mot de tout le monde, quand elle a dit que c’est là l’empêchement radical pour les Musulmans de s’élever à une civilisation meilleure et plus haute.

2435. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Je n’aime point le galon pour cette grande famille de haute et puissante seigneurs littéraires.

2436. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Il juge Ronsard de très haut.

2437. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Croyez-vous qu’il n’y ait pas, si maintenu qu’on soit par les faits, — ces fers aux pieds et aux mains, mais qui n’empêchent pas les hommes vraiment forts de se mouvoir et de se dilater dans la beauté de leur puissance, — croyez-vous qu’il n’y ait pas, au sein de tous les esclavages de l’histoire, des manières d’ouvrir ses points de vues qui sont de la plus haute, de la plus réelle originalité ?

2438. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Mais, au seizième siècle, elle est formée, sa mue est faite ; elle a traversé le Moyen Âge, elle a passé à travers Froissard et Commines, puis elle s’est engouffrée dans Rabelais, dans cette espèce d’orgue immense, aux mille tuyaux redoublés et prodigieux aux mille spirales sonores, et elle en est sortie, en harmonies variées et toutes-puissantes, pour ruisseler dans les œuvres d’un temps fécond en écrivains comme ceux que j’ai nommés plus haut.

2439. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Toujours est-il que le coup d’œil jeté, dans ces biographies, sur ce tas d’hommes médiocres qui ont eu, pourtant, leur jour et leur heure, n’est jamais tombé de plus haut et avec un rayon plus calme.

2440. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Les lettres de Ninon qu’il loue, agréables de ton, ne dominent en rien le ton général des hautes sociétés que voyait mademoiselle de Lenclos.

2441. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Il a, à un très haut degré, l’indépendance du moraliste, qui ne se laisse imposer par aucune hypocrisie de sentiment ou de société.

2442. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Par une de ces préoccupations familières aux gens qui se coiffent d’un sujet jusqu’aux yeux, l’auteur de l’Histoire de la Presse a voulu voir le journalisme partout, même à Rome, mais il n’a pas compris que ce journalisme, dont les grands pontifes avaient exclusivement le monopole, était précisément la condamnation de celui-là dont il cherche beaucoup trop haut la conception dans l’histoire ; car elle n’appartient qu’à ces derniers temps.

2443. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Nous avons voulu dire d’un homme dont toute la supériorité est dans l’âme, et pour lequel nous avons une affection qu’il nous fallait cacher à cause de ceux qui étalaient la leur pour lui avec un intérêt perfide : maintenant que Silvio Pellico n’est plus qu’un chrétien qui baise sa croix et que renient les sociétés secrètes, nous pouvons tout haut l’admirer !

2444. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Venu à Paris vers 1813, Sismondi vit les reines de la haute société d’alors : Mesdames de Duras, de Lévis, de Béranger (Châtillon), de la Tour du Pin, de Montmorency, de Chabot.

2445. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Comme c’est commode pour la haute épicerie que d’y renoncer !

2446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

prenez seulement le dictionnaire de Bayle, l’histoire de la philosophie de Brucker et le vocabulaire de Tennemann, et vous verrez quelle masse de rêveurs inutiles, de cracheurs dans les puits pour faire des ronds, se trouvent mêlés, pour l’encombrement de nos mémoires, aux quelques noms et aux quelques idées, très rares, très clairsemées, et pour les raisons providentielles les plus hautes, qui ont réellement allongé la corde de l’esprit humain et un peu étendu de la circonférence de ses efforts !

2447. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Nous avons voulu dire d’un homme dont toute la supériorité est dans l’âme, et pour lequel nous avons une affection qu’il nous fallait cacher à cause de ceux qui étalaient la leur pour lui, avec un intérêt perfide : Maintenant que Silvio Pellico n’est plus qu’un chrétien qui baise sa croix et que renient les sociétés secrètes, nous pouvons tout haut l’admirer !

2448. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Fière source de certitude pour ceux-là qui, du haut de leurs incertitudes, nous insultent, nous autres qui buvons à la source de la tradition et du passé !

2449. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Maurice Bouchor a pu mettre le pied sur le tombeau de Faust, mais que ce soit pour s’élancer plus haut, — dans quelque conception hardie et nouvelle, qui nous prouve qu’il a poitrine d’aigle et qu’il peut respirer à l’aise dans un éther où personne n’a encore respiré !

2450. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Il était classé ; mais ne croyez pas que l’inspiration de son génie l’ait abandonné, parce qu’elle ne pouvait pas le porter plus haut.

2451. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Cherchez des semblants de tourelles, Cherchez des semblants de donjons, Respectez plus vos blanches ailes, Volez haut, parmi les pigeons !

2452. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Le passage de Tacite que nous avons cité plus haut, nous porte à croire qu’il en fut de même chez tous les peuples barbares de l’antiquité, et par suite, à conjecturer que la loi salique qui était certainement en vigueur dans la Germanie, fut aussi observée généralement par les peuples du moyen âge.

2453. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?

2454. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

En fait de génie, Shakespeare n’a peut-être point de rivaux ; dans les hautes et pures régions de l’art, il ne saurait être un modèle. […] Elle prouve, comme nous l’avons dit plus haut, que le premier Hamlet ne peut pas être postérieur à 1591 ; voilà ce qu’elle prouve, et rien de plus ; elle indique une période dont on sait la limite, non un fait précis dont on sache la date spéciale. […] Bien qu’ils ne tinssent, à ce qu’il paraît, à la haute noblesse d’Écosse que par des degrés assez « éloignés, les nobles, dit la chronique, furent très-offensés de cette extrême rigueur, regardant comme un déshonneur, pour des gens descendus de noble parentage, d’être contraints de gagner leur vie par le travail de leurs mains, ce qui n’appartient qu’aux hommes de la glèbe et autres de la basse classe, nés pour travailler à nourrir la noblesse et pour obéir à ses ordres ». […] Le rôle de la nourrice de Juliette offre également peu de ces subtilités que Shakspeare paraît, dans cet ouvrage, avoir réservées aux gens de la haute classe, et quelquefois aux valets qui les imitent. […] Mais, avec le tort de n’avoir pas cherché assez haut les objets de sa fidélité et de son dévouement, Faulconbridge a le mérite éminent d’un dévouement et d’une fidélité inébranlables, vertus singulièrement hautes, et par le sentiment dont elles émanent, et par les grandes actions dont elles peuvent être la source.

2455. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Elles lui venoient de sa vaste érudition & de sa haute naissance. […] Pour les faire cesser, il se proposa de crier plus haut que personne, & se fit un bouclier impénétrable à tous les traits en répétant toujours ces deux grands mots : vertu, vérité ! […] Le petit prophète de Boehmisch Broda en Bohême, du haut d’un grenier obscur & glacé, se voit transporté subitement dans une sale bien illuminée & retentissante de voix & d’instrumens. […] Elle fit peu de progrès en Égypte ; mais elle fut portée à son plus haut point dans les célèbres écoles de la Grèce. […] Ils donnèrent des feux d’artifice, représentèrent des comédies, firent dresser des arcs de triomphe au haut desquels étoient gravés, en caractères d’or, ces deux mots : Molina victorieux.

2456. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Quelle comparaison du haut relief et de la vigueur de coloris du Buonaparte d’Hugo, ou de la mélancolie voluptueuse du Lac, au prosaïsme déclamatoire d’une « Messénienne » : sur le besoin de s’unir après le départ des étrangers ? […] Et l’on voit sans doute ici comment, dans la pensée d’Auguste Comte, cette conception de la « psychologie » se lie à ce que nous disions plus haut des progrès de la science de son temps. […] « Le poète, à son avis, devait voir les choses humaines comme on verrait un Dieu du haut de son Olympe, les réfléchir sans intérêt dans ses vagues prunelles, et leur donner, avec un détachement parfait, la vie supérieure de la forme » [Cf.  […] Nous avons déjà dit plus haut qu’il fallait joindre aux Chansons — les Mémoires de 1857, Ma biographie ; — et quatre volumes de Correspondance. […] — Ç’a été aussi celle de Taine ; — mais par une contradiction qui achève de les caractériser tous les deux, — tandis que Taine, après être parti du pur « naturalisme », a presque constamment tendu à la reconstitution des principes de la vie morale ; — Renan, qui était parti d’une morale très haute, et très étroite, — a fini, à force de vouloir l’élargir, — par n’en plus tenir aucun compte, — et à faire du dilettantisme sa règle de vie.

2457. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Toute cette voûte semblait incrustée d’écailles de cuivre ; des bosselures innombrables, les unes presque ardentes, les autres presque sombres, s’étageaient par rangées avec un étrange éclat métallique jusqu’au plus haut du ciel, et, tout en bas, une longue bande verdâtre qui touchait l’horizon était rayée et déchiquetée par le treillis noir des branches. […] Lorsqu’on a écouté un beau timbre plein et frappant, par exemple une note haute et prolongée de violoncelle, une note moyenne et prolongée de clarinette ou de cor, si tout d’un coup ce son cesse, on continue pendant quelques secondes à l’entendre mentalement, et quoique, au bout de quelques secondes, son image s’affaiblisse et s’obscurcisse, on continue, pour peu que le plaisir ait été vif, à la répéter intérieurement avec une justesse singulière, sans laisser échapper presque aucune parcelle de son velouté et de son mordant. […] « Les actes de conception et d’imagination19, dit très bien Dugald Stewart, sont toujours accompagnés d’une croyance (au moins momentanée) à l’existence réelle de l’objet qui les occupe… Il y a très peu d’hommes qui puissent regarder en bas du haut d’une tour très élevée sans éprouver un sentiment de crainte.

2458. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Étrangère de haute distinction, il n’était guère possible de ne la point voir et de ne pas la remarquer, plus impossible encore, une fois vue et remarquée, de ne pas lui trouver un charme infini. […] Il y avait alors dans les possessions flamandes de la maison d’Autriche des abbayes pourvues de dotations considérables, et dont les dignités, c’est-à-dire les revenus, appartenaient de droit à la plus haute aristocratie de l’empire. […] Nous avons vu plus haut en quels termes il raconte lui-même son arrivée.

2459. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Qui ne connaît le passage classique de Bossuet : « Les yeux fixés sur le soleil y souffrent beaucoup et à la fin s’y aveugleraient ; mais le parfait intelligible récrée l’entendement et le fortifie ; la recherche en peut être laborieuse, mais la contemplation en est toujours douce. » Toutefois, ces plaisirs absolument purs de l’intelligence ne sont qu’un idéal irréalisable, la contemplation même dont parle Bossuet ne demeure douce que le temps pendant lequel l’attention n’est point fatiguée ; la plus haute extase ne va point sans une tension des muscles qui se manifeste dans l’attitude même, et sans un épuisement consécutif de la substance nerveuse. […] Au reste, entre les sens supérieurs et les inférieurs il y a une sorte d’intermédiaire, dont la haute importance n’a pas été ici assez remarquée : nous voulons parler des sensations musculaires ou tout au moins des sensations de résistance, que beaucoup de philosophes considèrent comme la base de toutes les autres sensations et qui en sont au moins la condition ou l’accompagnement. […] Mais, à un degré plus haut de l’échelle des êtres, le plaisir devient, par l’intermédiaire de l’idée qui l’anticipe, le sur aiguillon de l’activité.

2460. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Soit qu’on se rattache aux traditions indiennes, qui font échapper quelques naufragés sur l’Hymalaïa ; soit qu’on se rattache aux livres de la Chine, qui font réfugier un petit nombre de peuples sur les montagnes centrales ; soit qu’on se rattache aux monuments de l’Éthiopie ou de la haute Égypte, qui font creuser longtemps aux Troglodytes des cavernes dans les hauts lieux pour éviter une seconde inondation de la plaine ; soit qu’on se rattache aux récits bibliques, qui font naviguer Noé sur les eaux avec une élite de la famille humaine, il est impossible de nier les traditions orientales d’une grande submersion de cette partie du monde. […] Dans la Mésopotamie, ils bâtirent des Babylone, des Babel, des villes, des édifices refuges contre les eaux ; en Éthiopie et dans la haute Égypte, des catacombes immenses et élevées dans le flanc des rochers, propres à contenir des populations entières.

2461. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Si profondes que soient les différences qui séparent deux images, on trouvera toujours, en remontant assez haut, un genre commun auquel elles appartiennent, et par conséquent une ressemblance qui leur serve de trait d’union. […] Une perception A, comme nous le disions plus haut, n’évoque par « contiguïté » une ancienne image B que si elle nous rappelle d’abord une image A′ qui lui ressemble, car c’est un souvenir A′, et non pas la perception A, qui touche réellement B dans la mémoire. […] Voir plus haut, p. 152.

2462. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Son tort n’est pas de priser trop haut l’expérience, mais au contraire de substituer à l’expérience vraie, à celle qui naît du contact immédiat de l’esprit avec son objet, une expérience désarticulée et par conséquent sans doute dénaturée, arrangée en tout cas pour la plus grande facilité de l’action et du langage. […] La plus ou moins haute tension de leur durée, qui exprime, au fond, leur plus ou moins grande intensité de vie, détermine ainsi et la force de concentration de leur perception et le degré de leur liberté. […] Chacun de ces degrés successifs, qui mesure une intensité croissante de vie, répond à une plus haute tension de durée et se traduit au dehors par un plus grand développement du système sensori-moteur.

2463. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les romans de chevalerie sont pleins de cabrioles merveilleuses, de bonds prodigieux, de chevaliers qui se précipitent du haut des tours et touchent terre sans se faire le moindre mal. […] Il a pour lui la plus haute ambition, et il tient pour lui école de manières nobles et polies. […] Il est vrai qu’il met cet optimisme à un haut prix. […] Neuwied (la nouvelle Wied), comme son nom l’indique d’ailleurs, est d’origine moderne ; elle ne remonte pas plus haut que 1735. […] Quelque haute que fût l’origine de la race dont il était issu, cette noblesse de maintien en avait une plus haute encore, car elle n’existait qu’en vertu des paroles d’un prophète et d’un homme inspiré.

2464. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

C’est dans ce siecle que la Poésie Latine est portée à son plus haut degré de perfection. […] quel autre, en effet, réunit jamais dans ce genre tant de justesse à tant d’élévation, tant d’élégance à tant de force, porta aussi haut son vol, & le soutint aussi vigoureusement ? […] Il recommandait à ceux qui, parmi nous, visaient à la haute éloquence, d’employer, tour-à-tour, cette élégance qui plaît, cette onction qui touche, cette véhémence qui entraîne, cette force qui subjugue. […] L’Ode, j’entends celle du haut genre, fut peu cultivée dans le dernier siecle. […] C’est dans l’espace de cent années que ce bel art est parvenu en France au plus haut degré de perfection où l’esprit humain l’ait jamais porté.

2465. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Que le bouc et la biche resplendissent au soleil, et que, plus haut que les cloches d’argent sur la ville, tout le feuillage chante : Pan est ressuscité !  […] Cet autre petit tableau exquis : Le Jardin et la Maison donnera une idée exacte du talent de Mme de Noailles, de sa vraie sincérité, en face des spectacles de la Nature, que l’on ne peut s’empêcher d’opposer aux artifices littéraires constatés plus haut. […] Grâce Mirbel est la trouvaille de Mme Henri de Régnier, et si c’est une trouvaille littéraire par l’art dont furent assemblés les traits qui composent sa physionomie, déjà nous avons admis que leurs éléments essentiels en doivent être recherchés plus haut, dans une inconsciente hérédité. […] Je voudrais que ce fût le simple développement de la passion se peignant par des faits extérieurs. » — Déjà cette sobriété qui déblaie tout accessoire, et subordonne le dehors au dedans, c’est un des premiers mérites de notre génie latin, auquel plus haut nous rendions hommage. […] J’ai parlé plus haut de trouvaille, en commentant Grâce Mirbel.

2466. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Quand les vapeurs de la vallée s’élèvent devant moi, qu’au-dessus de ma tête le soleil lance d’aplomb ses feux sur l’impénétrable voûte de l’obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d’un ruisseau, je découvre dans l’épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l’existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d’insectes de toutes les formes, que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d’éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l’image d’une bien-aimée, alors je soupire et m’écrie en moi-même : « Ah ! […] La vraie conclusion de Werther pour les artistes (car Werther est un artiste ou veut l’être), ce serait la conclusion qu’a choisie Goethe lui-même, s’occuper, produire, se guérir en s’appliquant ne fût-ce qu’à se peindre ; et si tous, dans cette tâche, n’atteignaient pas aussi haut qu’un Goethe le peut faire, ils y gagneraient du moins de sortir de leur mal, de le traverser, et de se rattacher bientôt derechef aux attraits puissants de la vie.

2467. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Méconnaissant donc tout à fait le rôle de plus en plus difficile des hommes sincères de 89, ne voyant dès lors dans l’opposition patriotique et les Constituants qu’amis et ennemis du peuple en présence, et persuadée que là aussi on n’avait rien à emporter que de haute lutte, son point de départ, pour sa conduite politique active, fut une grave erreur de fait, une fausse vue de la situation. […] Une lettre à Brissot, du 7 janvier 91, finit par ces mots précipités : « Adieu tout court ; la femme de Caton ne s’amuse point à faire des compliments à Brutus. » A partir du mois de février, époque où Mme Roland vient à Paris, jusqu’au mois de septembre, époque de son retour à Lyon, durant ces six mois si pleins, si effervescents, qui comprennent la fuite du roi et les événements du Champ-de-Mars, nous voyons ses dispositions agressives se déployer de plus en plus et s’exalter au plus haut degré dans l’atmosphère tourbillonnante où elle vit.

2468. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

« En vérité, je ne doute point, s’écrie La Bruyère avec un « accent d’orgueil auquel l’outrage a forcé sa modestie, que « le public ne soit enfin étourdi et fatigué d’entendre depuis « quelques années de vieux corbeaux croasser autour de ceux « qui, d’un vol libre et d’une plume légère, se sont élevés à « quelque gloire par leurs écrits. » Quel est ce corbeau qui croassa, ce Théobalde qui bâilla si fort et si haut à la harangue de La Bruyère, et qui, avec quelques académiciens, faux confrères, ameuta les coteries et le Mercure Galant, lequel se vengeait (c’est tout simple) d’avoir été mis immédiatement au-dessous de rien 150 ? […] On se révolte, il est vrai, de temps à autre, contre ces belles réputations simples et hautes, conquises à si peu de frais, ce semble ; on en veut secouer le joug ; mais, à chaque effort contre elles, de près, on retrouve cette multitude de pensées admirables, concises, éternelles, comme autant de chaînons indestructibles : on y est repris de toutes parts comme dans les divines mailles des filets de Vulcain.

2469. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Quantité d’exemples, cités plus haut, ont, je crois, mis cette vérité hors de doute, et l’on a vu que la transformation se fait de deux façons, tantôt par un progrès lent dont on peut suivre plusieurs phases : c’est le cas de la rêverie qui aboutit au sommeil ; tantôt brusquement, après une incubation sourde dont souvent on retrouve les traces : c’est le cas ordinaire pour l’hallucination17. […] Voyez plus haut, première partie, liv II, ch. 

2470. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Vous trouverez encore décadence de la haute culture, disparition de l’« honnête homme » de jadis dans l’armée et dans certaines grandes administrations (tout ce qui dépend de la Préfecture de la Seine, par exemple) ainsi que dans presque tous les ministères à tendances modernes (travail, commerce, colonies, etc…). […] Cette démocratie se distingue des systèmes abolis d’abord en ceci qu’elle ne fait point de la culture le privilège d’une caste, mais la rend accessible à tous les enfants et jeunes gens bien doués, sans distinction de naissance, ni de fortune ; et secondement en ceci qu’elle estime infiniment plus haut un homme cultivé et intelligent qu’un fils de prince ou un millionnaire ignorant ou borné.

2471. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Certes, il était dur, après avoir touché à la plus haute culture de l’esprit et avoir occupé une place déjà honorée, de descendre au degré le plus humble. […] Je ne suis à l’aise qu’à l’Institut et au Collège de France, parce que nos employés sont tous des hommes très bien élevés et nous témoignent une haute estime.

2472. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

.) ; il était profondément religieux, mais toute théologie lui était antipathique au plus haut degré, il lui fallait voir de ses yeux le Christ crucifié et entendre de ses oreilles le soupir poussé sur Golgotha (Bayr. […] Mais tirées à petit nombre, d’un prix assez haut, vite elles furent épuisées… je crois qu’il serait aujourd’hui absolument impossible d’acquérir la plupart d’elles.

2473. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

L’optique est en effet meilleurs que l’acoustique à Bayreuth, sauf cependant vers le haut de l’amphithéâtre et surtout aux galeries d’où l’on entend merveilleusement la partie orchestrale surtout, où les voix portent davantage, mais d’où la perspective est déjà faussée, comme cela se montre surtout aux deux tableaux du Gral. […] Haute est l’œuvre que nous allons connaître et applaudir en France, après l’avoir désirée bien longtemps !

2474. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Périgois célèbre M. de Latouche au nom des démocrates de l’Indre : « Il eût pu mettre à profit, dans l’intérêt de sa carrière, la haute position et le crédit de son oncle (M.  […] C’est faire remonter bien haut le républicanisme du jeune employé des droits réunis.

2475. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

La principale et la plus avisée de ces attitudes est cet orgueil démesuré et tutélaire par lequel il se persuade que la plus haute forme de civilisation, la plus humaine et la plus morale a été réalisée par lui. […] Ils apportent dans ces carrières une activité qui peut être un gain pour la collectivité ; mais s’ils viennent à prévaloir dans les divers domaines qui touchent à la haute direction, du pays, le pays de ce fait va courir un risque : celui de se voir appliqué, d’une, façon plus ou moins sensible, un ensemble de mesures où se trahira une conception morale et politique empruntée à une autre hérédité sociale, où se trahira tout au moins l’ignorance de la coutume nationale.

2476. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

bien, je lirai ce soir du Chateaubriand. » Lire tout haut les Mémoires d’outre-tombe, c’est son idée fixe, sa manie ; il m’en persécute, du matin au soir, — et il faut que ma figure ait l’air d’écouter. […] À mon coup de sonnette, quand la porte s’est ouverte, j’ai vu, sur le haut de l’escalier, le bien-aimé enfant qui venait de sortir de son lit en chemise, et tout de suite, j’ai entendu sa voix me caresser de toutes sortes d’interrogations amies.

2477. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

La « patte de grenouille » figure dans l’anglo-saxon, lodewort (herbe au crapaud) ; dans le moyen haut allemand, froscfusz, que traduit l’appellation normande, patte de raine. […] Voici, semble-t-il, la marche de cette métaphore qui n’a pu naître qu’avec le costume moderne des femmes, lorsque, l’« ajustement » remplaçant la draperie, la robe dut se partager en deux moitiés, le haut et le bas.

2478. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

. — La Troupe de Molière Quand Molière improvisa L’Impromptu de Versailles, il était arrivé au plus haut degré sinon de sa gloire, au moins de sa faveur. […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux.

2479. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Werner, connu, même en France, par le succès mérité de sa tragédie de Luther, et qui réunit au plus haut degré deux qualités inconciliables en apparence, l’observation spirituelle et souvent plaisante du cœur humain, et une mélancolie enthousiaste et rêveuse, Werner, dans son Attila, présente à nos regards la cour nombreuse de Valentinien, se livrant aux danses, aux concerts, à tous les plaisirs, tandis que le fléau de Dieu est aux portes de Rome. […] On dirait que des voix descendent du haut des cieux, s’élancent de la cime des rochers, retentissent dans les torrents ou dans les forêts agitées, sortent des profondeurs des abîmes.

2480. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

A l’appui de cette dernière affirmation, nous citerons l’observation suivante, déjà préjugée plus haut, mais sur laquelle il est bon de revenir et d’insister : La parole intérieure calme, écho d’un écho, n’a point elle-même d’écho ; elle ne saurait être plus basse, plus évanouie que nous ne l’avons décrite ; entre l’intensité de la parole intérieure dans la rêverie la plus tranquille, dans l’ennui entrecoupé de bâillements, et le silence intérieur absolu, nous pouvons concevoir un milieu ; mais ce milieu est une pure conception mathématique de notre entendement, et notre imagination, c’est-à-dire notre souvenir, se refuse à la confirmer par les moyens qui lui sont propres. […] Les faits notés plus haut [chap.

2481. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, l’a empêché de se laisser aller aux entraînements du grand écrivain qu’il aurait été, probablement, s’il avait été un autre homme que l’homme au « grattoir » dont j’ai parlé plus haut. […] XI Voilà ce que je voulais seulement dire à propos de l’Antechrist, ce livre qui n’a pas monté d’un cran plus haut la réputation de son auteur, immobile, maintenant, dans l’opinion, comme une pagode.

2482. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Une formule de ce genre, nécessairement provisoire, ne pourra prétendre qu’à une plus ou moins haute probabilité. […] Nous essayons de toutes les lettres de l’alphabet l’une après l’autre ; nous les prononçons intérieurement d’abord ; puis, si cela ne suffit pas, nous les articulons tout haut ; nous nous plaçons donc, tour à tour, dans toutes les diverses dispositions motrices entre lesquelles il faudra choisir ; une fois que l’attitude voulue est trouvée, le son du mot cherché s’y glisse comme dans un cadre préparé à le recevoir.

2483. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Du haut de ses soixante-deux éditions, — c’est le dernier chiffre officiel en attendant la suite, — il regarde en pitié et son siècle et les siècles qui l’ont précédé. […] On est ravi et l’on bat des mains : voilà l’une des causes, et non la moins puissante, de ce succès dont on est si fier, de ces éditions innombrables que l’on fait sonner si haut.

2484. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

On sait maintenant qu’il y eut un double courant d’intrigue, l’un dans l’armée, déterminé et excité par les Orlof, l’autre dans la haute société et auprès des grands par l’initiative de la princesse Daschkoff.

2485. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Quel bonheur ineffable et quelle volupté D’être un rayon vivant de la divinité ; De voir du haut du ciel et de ses voûtes rondes Reluire sous ses pieds la poussière des mondes, D’entendre à chaque instant de leurs brillants réveils Chanter comme un oiseau des milliers de soleils !

2486. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur.

2487. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Il s’est conservé, en quelques localités de la France, des fêtes, des représentations dramatiques populaires dont l’origine semble remonter à une haute antiquité.

2488. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Peut-être serait-il naturel que, dans un tel état, la littérature proprement dite devînt le partage des femmes, et que les hommes se consacrassent uniquement à la haute philosophie.

2489. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Il était bien le même soleil, et au même instant précis de sa durée sans fin ; là pourtant il avait une couleur très différente ; se tenant plus haut dans un ciel bleuâtre, il éclairait d’une douce lumière blanche la grand’mère Yvonne, qui travaillait à coudre, assise sur sa porte.

2490. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Le roi dispensant les hautes classes de travailler au bien public, ce loisir développe les relations sociales, et donne un éclat intense à la vie de société.

2491. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Fontenelle prit parti pour les modernes dans la querelle soulevée par Perrault (cf. plus haut p. 586). comme il se retrouva aux côtés de La Motte, lorsque le débat se renouvela.

2492. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

À cette heure, il est seul, avec deux ou trois poètes, à maintenir une haute forme d’art.

2493. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Non qu’il n’y ait de la haute raison parmi ses contes, mais elle est indépendante de sa manière de rédiger.

2494. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

L’œil, du haut du portique, ne mesurait pas le fond du ravin, et il semblait, par suite de l’inclinaison des talus, qu’un abîme s’ouvrît à pic sous le mur 1001.

2495. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Celui-ci fit voir, dans une ode, que les difficultés de la versification disparoissent devant ceux qui sont nés poëtes ; & que, bien loin d’être nuisibles au talent, elles contribuent à le faire sortir, & deviennent la source de mille beautés : De la contrainte rigoureuse, Où l’esprit semble resserré, Il acquiert cette force heureuse Qui l’élève au plus haut dégré.

2496. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Albalat pose Homère en modèle absolu : Tu imiteras Homère, il donne un mauvais conseil, parce qu’il ne faut imiter personne. » Certes, oui, il ne faut imiter personne, au sens étroit qu’on nous prête (Voir plus haut) ; mais l’imitation est une chose excellente dans le sens que nous lui donnons raisonnablement.

2497. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Les législateurs anciens étaient dirigés par de bien plus hautes raisons que celle qu’on leur suppose si gratuitement d’avoir voulu entretenir l’ignorance des peuples ; et, une fois pour toutes, ne devrait-on pas s’entendre sur la vraie et juste acception de ce terrible mot d’ignorance ?

2498. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

La biographie en question est précédée d’une haute notice sur les salons et l’esprit de salon — qui a presque des ambitions politiques.

2499. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

N’ai-je pas dit plus haut que Mme Quinet avait l’emphase maritale ?

2500. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

Elle n’a pas le regard qu’on rabat du ciel sur les choses de la vie et qui, tombant de si haut, va au fond… C’est une femme du monde, qui peint une société dont les surfaces l’attirent, bien plus qu’un romancier moraliste qui prend les passions et les jauge partout où elles sont… Mais, si elle n’est pas, si elle ne peut pas être le moraliste à la façon des grands romanciers qui savent l’ordre le cœur humain pour tirer la morale du sang, des larmes et de la fange qu’ils en font sortir, elle est toujours et partout la plume pure que j’ai dit qu’elle était.

2501. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Quant à savoir si cet écrivain ou ces écrivains acquerront jamais la haute aptitude exigée pour résumer une société morte, après l’avoir ressuscitée dans un volume de trois cents pages, c’est là une question qu’il est inutile de poser, car, pour cela, il faut du génie.

2502. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Or, à côté du sentiment et de la grâce de la paternité dans un homme de génie, il y a en Joseph de Maistre un sentiment bien plus étonnant et bien plus rare, un sentiment qui fait moins son train dans les cœurs et qui surtout, dans cette correspondance-ci (Correspondance diplomatique)44, s’élève en lui jusqu’à la plus haute raison et la plus haute vertu, sans cesser pour cela d’être une grâce, sans cesser d’être une chose charmante d’expression, et ce sentiment-là, c’est le respect voulu et maintenu de tout ce qu’on pourrait ne plus estimer ou mépriser peut-être.

2503. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Il n’a eu que son bruit, et le bruit le plus éclatant peut expirer très bien dans une gloire qui n’aura pas le verbe très haut.

2504. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Ôtez Saint-Simon et la Philosophie, et peut-être madame de Maintenon aurait-elle dans l’histoire une place aussi haute que la place qu’elle eut dans la vie, c’est-à-dire, selon nous, celle qu’on lui doit.

2505. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

Or, selon moi, ce pouvoir remonte beaucoup plus haut, et, pour parler plus exactement, il ne se date d’aucune loi, mais il vient de la nature de la chose qu’on appelle le Christianisme.

2506. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

De tous les professeurs de cette époque qui ont brillé en dehors de leur enseignement, c’est un de ceux que je place le plus haut… On a beaucoup vanté About, qui a les mauvaises qualités françaises sans en avoir les bonnes, — qui est un esprit sans profondeur, sans consistance, sans élévation ; qui se donne des airs de Voltaire, mais qui n’en a pas les grâces.

2507. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Quoiqu’il ait écrit ce chef-d’œuvre de discussion sur le scepticisme dont j’ai parlé plus haut, Doudan était un sceptique de fait, s’il ne l’était pas de théorie.

2508. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Il est trop primitif, en vérité, de mettre en capitales au haut ou au bas d’une page, pour la réfuter, Opinion de M. 

2509. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe  siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ?

2510. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

… Je me le suis demandé plus haut, si cela aurait été meilleur pour sa gloire, en supposant que cet infortuné ait un jour son atome de gloire, de vivre que de mourir ; si, en vivant, il aurait mis un jour au service de quelque grande conception le talent de style contracté, affiné, acéré et passé au feu de toutes les douleurs, un jour ressenties ?

2511. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Malgré l’indifférence dont on s’est beaucoup vanté pour une religion finie, que plusieurs considéraient, disaient-ils, comme ils auraient considéré les antiquités d’Herculanum, il s’est pourtant rencontré que le xixe  siècle, qui jouait la comédie de la plus haute impartialité à l’endroit de tous les symboles et qui avait la prétention de les ramener à une explication scientifique, s’est élevé de plus belle contre cette religion qui a fait rugir tous les impies, depuis Celse jusqu’à Condorcet, et l’a passionnément attaquée non plus dans sa morale et les conclusions politiques qui en découlent, mais dans le plus fondamental de ses dogmes, — la personnalité divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

2512. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Excellent tout le temps qu’il n’est qu’historien et peintre, il n’a plus la même valeur quand, des faits qu’il décrit avec une si pénétrante ironie, il veut monter dans les généralités philosophiques et, dominant Soulouque et son empire, regarder plus haut que cette tête crêpue et ce globe impérial fait avec une boule de jongleur.

2513. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Supposez Burke sans cette haine, Rémusat l’aurait mal jugé, et il n’en serait pas moins cependant, avec les talents qui firent illusion à son siècle, Burke le déclamatoire, le pédant de justice et de vérité, le pharisien, le philanthrope, tout ce qui nous le diminue, à nous, malgré sa haine anglaise contre la Révolution française, laquelle ne prenait pas sa source plus haut que dans les sentiments du whig.

2514. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Vous imiteriez la Critique impie de ces derniers temps qui veut chasser Dieu de l’Histoire, vous supprimeriez dans la Bible l’inspiration divine, aussi visible que la main terrible sur le mur du festin de Balthazar, et vous ne verriez dans le livre sacré que la force de l’esprit humain élevé à sa plus haute puissance, que pour l’interpréter besoin serait, je ne dis pas d’un génie égal, mais de plusieurs génies ; car le génie de la Bible est multiple.

2515. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Le poète plane, mais pas assez haut.

2516. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ils en avaient le droit… Seulement il faut porter dans les sujets bas des facultés d’autant plus hautes qu’ils sont plus bas, et que l’idéal dans le laid et dans le mauvais est aussi difficile à atteindre que dans le beau et dans le bon, et peut-être qu’il l’est beaucoup plus.

2517. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Or, précisément c’est ce que j’ai fait, moi, avec toute la conscience dont je suis capable, et, en fait d’aventures et d’événements créés par une imagination souveraine, voici exactement ce que j’ai trouvé : Écoutez : Le baron de Sigognac est le dernier descendant mâle de l’antique famille de ce nom, tombée du haut d’une splendeur historique dont les rayons remontaient aux croisades, dans une de ces ruines si profondes, qu’on peut les nommer une splendide pauvreté.

2518. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Edgar Poe, le poète et le conteur américain, est à nos yeux le Bohême accompli, le Bohême élevé à sa plus haute puissance.

2519. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Dans l’ingénuité de sa colère, Mgr l’archevêque de Bordeaux, en dénonçant le Maudit du haut de la tribune sénatoriale, ne s’est pas douté de la réclame qu’il faisait à M. l’abbé Trois-Étoiles et à MM. 

2520. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

C’est moi qui vous ai formés à la haute vie morale.

2521. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Enfin, c’est peut-être de tous les orateurs celui qui a le plus approché de la marche de Bossuet ; mais il est loin de son élévation, comme de ses inégalités : il n’est pas donné à tout le monde de tomber de si haut.

2522. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Ami des philosophes pythagoriciens et des arts de la Sicile, attiré par un despote corrompu à cette cour de Syracuse où, un siècle auparavant, Pindare avait été l’hôte favori d’un roi généreux, Platon aimait les hautes pensées et la majesté religieuse du grand lyrique thébain.

2523. (1925) Dissociations

Il est du moins certain que ces philosophies, comme celle de Spinoza, ne se sont pas proposé la recherche directe du bonheur humain, mais cherchant la vérité, elles ont par cela même visé à la crédibilité et promis aux esprits qui peuvent y acquiescer la haute satisfaction de se sentir conformes à l’harmonie même des choses, même si cette vieille harmonie est en réalité une désharmonie. […] Mais, de même que leur bouddhisme, il est probable que leur protestantisme sera toujours nominal, et que c’est la basse et non la haute superstition qui continuera à régner dans les esprits. […] Croyances Les Turcs, qui n’ont pas le culte de la mort, font de leurs cimetières des lieux de promenade et d’agrément ; les Français, qui l’ont à un haut degré, obtiennent souvent le même résultat. […] Mais quel contraste entre ces instituteurs et ces enfants du peuple qui travaillent courageusement à l’œuvre du reboisement des flancs de montagne et des hauts plateaux et ces grands seigneurs qui vendent leurs forêts pour qu’on en fasse des poteaux télégraphiques, des traverses de chemins de fer et du papier ! […] Les villes seront conçues en forme de parcs où s’élèveront de place en place des maisons pas trop hautes, ce qui sera charmant et très sain.

2524. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Disons donc simplement que la religion étant la plus haute fiction de l’esprit humain (je parle exprès comme parlerait un athée professeur de beaux-arts, et rien n’en doit être conclu contre ma foi), elle réclame de ceux qui se vouent à l’expression de ses actes et de ses sentiments l’imagination la plus vigoureuse et les efforts les plus tendus. […] La douleur et la pompe, qui éclatent si haut dans la religion, font toujours écho dans son esprit. […] Mais je ne suis qu’un écho ; tout haut ou tout bas, avec malice ou avec tristesse, chacun a déjà prononcé ce que j’écris aujourd’hui. […] Méphisto et son ami Faust, invincibles et invulnérables, traversent au galop, l’épée haute, tout l’orage de la guerre. […] Ses paysans sont des pédants qui ont d’eux-mêmes une trop haute opinion.

2525. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

En vain voulait-on inculquer quelque chose de haut à ces petits bourgeois révoltés. […] Ce que nous appelons nos sentiments, écrit Emmanuel Berl, dans l’ouvrage que nous citions plus haut, ne serait peut-être que des fantômes. […] C’est ce point de vue qui dominera encore la Victoire dont l’apparition a causé le scandale dont je parlais plus haut. […] Cela crée de hautes obligations. […] Nous avons vu plus haut comment il échappa à cette suggestion.

2526. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

* *   * J’ai, plus haut, appelé M.  […] Et si nous comprenions leur emblème social, leur symbolisme supérieur, tant d’outils discrédités, les sonnantes truelles, et les fourches sournoises, et les râteaux bruissants nous paraîtraient d’une beauté aussi haute que les riches et claquants étendards des chevaleries évanouies. […] Et nul ne s’élève à une haute beauté morale. […] Il lui plut d’être « le Sourire de la terre » ; d’interpréter, en sa conscience et sa haute raison, la vie muette, pourtant si intense de toutes choses.

2527. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Or, rire était bien dans son tempérament ; il a au plus haut degré ce don du comique, où la réalité et la fantaisie, le déjà vu et l’imprévu vous soulèvent dans une saine gaîté, dans une allégresse absolue de l’esprit ; mais il a autre chose encore : il a la compréhension des douleurs humaines, la vision très nette de nos conflits avec la société, avec nous-mêmes, de nos pauvres illusions, de la jeunesse qui fuit, de la raison qui s’écroule aux pieds de l’amour… ; et Molière, le grand comique, aurait écrit les drames les plus poignants, si son époque avait aimé le drame et s’il n’eût pas dû être un amuseur… Il a frôlé le drame dans Tartufe, dans Le Misanthrope, dans Le Bourgeois gentilhomme, dans Le Malade imaginaire, ailleurs encore ; ce drame, il l’a vu, mais n’a voulu montrer que la comédie. […] Il serait injuste de n’en voir que ce côté ; elle fut aussi pour la généralité, et surtout dans certains cas, une haute discipline de l’esprit ; elle donna à toute la vie intellectuelle du xviie  siècle une tenue qui est en fin de compte une qualité de fond ; ce serait une belle tâche que d’en dégager l’essentiel, ce qui nous en demeure acquis grâce au travail de plusieurs générations, et aussi ce que nous en avons perdu par le journalisme hâtif, par l’arrivisme démagogique et par l’esprit facilement ordurier des boulevards ; mais ce sujet, même si je ne faisais que l’esquisser, nous entraînerait trop loin ; il me suffit de l’avoir indiqué, comme un complément nécessaire à ma synthèse. […] L’esprit français, dépourvu de lyrisme et d’imagination, réaliste dans sa logique et équilibré, doué au plus haut point de cette sociabilité que Brunetière a si bien analysée, s’adressant donc au public et voulant être compris de lui, soucieux de précision plus que de beauté, artiste intellectuel plus que sentimental pour qui un sonnet peut valoir un long poème, l’esprit français grâce à ses défauts et à ses qualités peut comprendre à la rigueur, mais ne saurait créer l’épopée de Dante, le drame de Shakespeare, le Faust de Gœthe. […] De la Montagne Sainte-Geneviève, du Panthéon où repose Hugo, le prophète, allez aux galeries de l’Odéon où se feuillettent par milliers les livres nouveaux, puis, par le quartier des Écoles, descendez au quai Voltaire, flânez en bouquinant, et, passant la Seine, remontez par le Louvre, le Théâtre-Français, le Palais-Royal, le quartier du Temple jusqu’au Père-Lachaise ; redescendez par le Faubourg Saint-Antoine à la place de la Bastille, et enfin, du haut des tours de Notre-Dame, ou des jardins où furent les Tuileries, regardez le soleil se coucher derrière l’Arc de Triomphe ; et vous revivrez en raccourci toute l’histoire de Paris, ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité.

2528. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Elle aimait les femmes poètes, celles qui sont dignes de ce nom ; elle les louait volontiers, elle les préférait à elle, et cela non pas seulement tout haut, mais aussi tout bas, sincèrement.

2529. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

« Au reste je le trouvai plus grand et plus sec que jamais, le profil noble et roide, bien portant malgré sa fatigue et sa maigreur, soutenant à merveille ce rôle de chef populaire, avec cet œil d’oiseau de haut vol qui plane et qui discerne toutes choses de sa hauteur.

2530. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Et qu’on ne dise pas que, si la critique avait un point de vue central, si elle jugeait en vertu d’un principe et d’une vérité absolus, elle s’épargnerait en grande partie la fatigue de ce mouvement, de ce déplacement forcé, et que, du haut de la colline où elle serait assise, pareille à un roi d’épopée ou au juge Minos, elle dénombrerait à l’aise et prononcerait avec une véritable unité ses oracles.

2531. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Oui, tout est moralité dans les sources de l’enthousiasme ; le courage militaire, c’est le sacrifice de soi ; l’amour de la gloire, c’est le besoin exalté de l’estime ; l’exercice des hautes facultés de l’esprit, c’est le bonheur des hommes qu’il a pour but ; car on ne trouve que dans le bien un espace suffisant pour la pensée.

2532. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature »  Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine.

2533. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Les médiocrités agitées provoquent les plus délicates, les plus hautes émotions.

2534. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Catulle Mendès, morceaux certes d’élévation, nourris de souvenirs amusants et à qui ne manquent point les hauts points de vue, ont beau n’être que les coupures de ses livres de critique et d’histoire musicale, quand il les lit lui-même on l’acclame ; mais tout seul, auprès de son feu, on ne songerait pas à les lire, parce qu’on ne lit pas, parce qu’on est trop paresseux.

2535. (1890) L’avenir de la science « VI »

La haute philosophie, le commerce de la société ou la pratique des affaires peuvent seuls préserver la science du pédantisme.

2536. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Une société où la distinction personnelle a peu de prix, où le talent et l’esprit n’ont aucune valeur officielle, où la haute fonction n’ennoblit pas, où la politique devient l’emploi des déclassés et des gens de troisième ordre, où les récompenses de la vie vont de préférence à l’intrigue, à la vulgarité, au charlatanisme qui cultive l’art de la réclame, à la rouerie qui serre habilement les contours du Code pénal, une telle société, dis-je, ne saurait nous plaire.

2537. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Segrais, âgé de vingt-six à trente-six ans, était son secrétaire, sous le titre de son gentilhomme ordinaire, il paraît qu’il a revu les écrits de la princesse, sans en avoir fait néanmoins disparaître les imperfections et les négligences qui caractérisent d’ordinaire les ouvrages venant de si haut.

2538. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Il a ajouté à l’éclat des grands talens, le mérite des plus hautes vertus : c’est plus qu’il n’en faut pour consacrer son nom à l’amour & au respect, autant qu’à l’immortalité.

2539. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Or il y a dans l’histoire certains hommes qui ont éprouvé au plus haut degré le sentiment de l’union de l’homme et de Dieu ; ceux-là sont les initiateurs religieux, ce sont des médiateurs.

2540. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Un homme qui parle long-temps sur le même ton, endort les autres, et la preuve que leur assoupissement vient de la continuation d’un bruit qui se soûtenoit toûjours à peu près le même, c’est que l’auditeur se réveille en sursaut, si l’orateur cesse tout-à-coup de parler, ou s’il lui arrive de faire quelque exclamation sur un ton beaucoup plus haut que le ton sur lequel il déclamoit auparavant.

2541. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Des quinze cordes ou des quinze notes principales qu’avoit le systême de la musique harmonique, il y avoit même quatre tons, sçavoir le ton le plus haut et les trois tons les plus bas qui n’entroient point dans le chant ambroisien.

2542. (1757) Réflexions sur le goût

Mais le contraire est malheureusement arrivé ; ceux qui possèdent et qui connaissent le moins l’esprit philosophique, en sont parmi nous les plus ardents détracteurs, comme la poésie est décriée par ceux qui n’ont pu y réussir, les hautes sciences par ceux qui en ignorent les premiers principes, et notre siècle par les écrivains qui lui font le moins d’honneur.

2543. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Ceux-là seuls, en effet, ont le droit de prier tout haut, parmi les peuples, qui ne mêlent pas d’erreurs à leur prière, et tel n’est point le cas ici.

2544. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

L’Histoire gagne en beauté humaine et en moralité sensible lorsqu’elle montre à travers la chaste amitié de Mathilde, qui l’adoucit, mais ne la change pas, cette tête moïsiaque d’Hildebrand, toujours plus haute que les calomnies qui veulent monter jusqu’à elle, et qui les domine de son impassible majesté.

2545. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

Ils discernent bien la faute politique, qu’ils cherchent incessamment « à grand renfort de besicles », comme dirait Rabelais, mais s’ils avaient l’œil plus perçant et l’aile plus robuste, s’ils remontaient d’un cran plus haut que cette politique dans laquelle ils se prennent les pieds, ce qui se détache en faute pour eux rentrerait dans le tissu des nécessités de l’histoire, dont les rois sont bien les tisserands, disait Philippe II, mais à qui Dieu fournit le fil.

2546. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Elle a la sienne, et au Moyen Âge elle l’a tenue si haut, et cette bannière était si vaste, que toutes les autres passaient par dessous et qu’elle les couvrait !

2547. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

MM. de Goncourt, je l’ai dit plus haut, adoraient le xviiie  siècle.

2548. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Pour leur donner vis-à-vis du public plus de solidité et de consistance et piper le bruit, on a écrit au frontispice de ces Mémoires cette ligne majestueuse : « Publiés sous le patronage (on a oublié le mot haut) de M. le duc de Luynes (ce qui fait deux ducs), par MM. 

2549. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Hogarth, mais dans des sujets plus hauts, dans une sphère plus élevée, la fresque immense sur laquelle il a transporté la caricature, voilà Carlyle.

2550. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Tout en admirant André Chénier, il a signalé, avec la justesse d’un homme qui voit le faible de ce qu’il aime et qui en convient pour s’en affliger, la raison qui doit séparer André Chénier, dans l’estime des hommes, des grands journalistes que je viens plus haut de citer, et qui, comme lui, ne furent pas au xixe  siècle que des journalistes éclatants.

2551. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Il y aura peut-être des esprits d’une délicatesse outrée, qui trouveront qu’il ne fallait pas livrer ces intimités au public… Cette haute pruderie n’est pas la mienne.

2552. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’homme résista, mais la force qui sert à aimer avec cette exclusion sublime, la force du cœur, en lui, n’existait plus… VI Ces cent soixante et une lettres, qui ne sont pas un livre, — qui ne sont pas de la littérature, — intéresseront au plus haut degré tous ceux qui, par compassion ou par mépris, prennent quelque souci de l’âme humaine… il y a là deux choses qui vont souffleter bien des esprits.

2553. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Il fallait prouver que la plus haute source de mémoire, d’intelligence, de bonne volonté, d’acquisition, c’est la famille, l’éducation et le langage.

2554. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Cette sublimité qu’on rencontre en ces quelques pages inachevées, et qui n’ont aucun modèle, quant à l’inspiration qui les anime, cette sublimité qui n’existait plus depuis les effarements de quelques Prophètes, je la trouve en Pascal, dans la peur de Dieu et de sa justice, la plus grande peur de la plus grande chose qui pût exister dans la plus grande âme, l’âme de Pascal, que j’appelais plus haut : « À elle seule tout un infini ! 

2555. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

J’ai parlé plus haut de M. 

2556. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Ce qu’on entend maintenant, ce qu’il est impossible de ne pas entendre, c’est la grande voix de la Société moderne tout entière, qui passe de bien haut par-dessus cette tête de Soury, et qui, si elle ne dit pas les mêmes choses, identiquement les mêmes choses, — car chacun a sa spécialité d’injures quand il s’agit d’insulter le Christianisme, — dit des extravagances et des impiétés équivalentes, et, dans tous les cas, est disposée à tout entendre, à tout applaudir et à tout accepter.

2557. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Balzac, qui était tellement créateur que son génie de créateur a fait souvent tort à ses hautes aptitudes d’historien et de critique quand il toucha à la Critique ou à l’Histoire, Balzac nous avait inventé un Swedenborg comme il nous inventa plus tard un Stendhal, — non pas un Stendhal du Rouge et Noir, qui s’était fait tout seul et très bien, mais un Stendhal de la Chartreuse de Parme, auquel beaucoup de nous ont été pris.

2558. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Il n’est point pédant comme les philosophes qu’il combat, et dont quelquefois il se moque avec une bonhomie meurtrière… Du fond de sa province, où il est peut-être resté toute sa vie, — comme Rocaché, le grand médecin des Landes, cet immense praticien, plus haut que la fortune et que la gloire, inconnu à Paris, mais regardé comme un dieu de Bordeaux à Barcelone, où il régna cinquante ans sur la santé et sur la maladie, — le Dr Athanase Renard, dont j’ignore la valeur comme médecin, apparaît dans son livre comme un robuste penseur solitaire, et ce qui étonne davantage, comme un homme de la compétence la plus éclairée sur toutes les questions d’enseignement, de méthodes et de classifications de ce temps, et comme s’il avait vécu dans le milieu philosophique où ces questions s’agitent le plus… Par ce côté, il ressemble encore à Saint-Bonnet, le grand esprit métaphysique dont le rayonnement finira un jour par tout percer, et qui aussi vivait au loin de ce que les flatteurs ou les fats de Paris appellent insolemment la Ville-lumière.

2559. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Je l’ai dit plus haut, il est, à cette, heure, revenu à son point de départ, au sens commun de l’école écossaise, qui n’est, après tout, que l’école primaire en philosophie.

2560. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

J’ai donné plus haut la liste des historiens de saint Louis (qui du reste n’y sont pas tous) derrière lesquels Guizot a eu le soin de cacher sa tête vide.

2561. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Il aimait beaucoup de choses avant la gloire ; car pour les esprits très hauts et très purs, il y a beaucoup de ces choses-là qui doivent passer avant elle.

2562. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

Mais le monde est devenu si sot qu’il faut maintenant craindre leur influence, et que nous arriverons peut-être à être obligés de la discuter, cette haute influence des farceurs !

2563. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Grâce au silence qu’on étend respectueusement sur elle, elle restera sinon beaucoup plus haut que terre, au moins comme une oblique étoile qui fait, au raz de l’horizon, trembler sa lueur !

2564. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Joséphin Soulary est, comme nous l’avons dit plus haut, le sombre à travers le brillant, le vin noir, l’absinthe glauque, le bitter plus amer encore et plus dense, teintant les cristaux étincelants aux reflets d’or !

2565. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Il fut recherché, choyé, adoré par les plus hautes sociétés de son temps.

2566. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Si la Critique, comme je l’entends du moins, n’était pas plus haute que la sensation, le sentiment et tous les genres de critiques de ce temps matérialiste, sentimentalement niais et individuel, le livre, je l’avoue, aurait passé avec moi un mauvais quart d’heure.

2567. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Bataille, qui est, avant et après tout, un esprit de haute graisse, un Rabelaisien de nature, sensuel jusqu’aux sauces, entendant la ripaille comme un paysan qu’il est, et la peignant bien, et même mieux que ses paysages.

2568. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Au lieu de s’abattre de haut et de gauler fort et ferme sur tout ce qui fait que la Russie est la Russie, Gogol, dans la seconde partie des Ames mortes, rabat sa manche, pédantise, devient utilitaire, et le satirique disparaît derrière l’utopiste.

2569. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Mais nous avons la Croix du Calvaire et puis la Parole. »‌ Approchons-nous, écoutons, tâchons de saisir les nuances belles et profondes qui distinguent la haute vie spirituelle des protestants à la guerre.

2570. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

On sent bien qu’en leur parlant à eux-mêmes, il n’était guère possible de les mettre moins haut.

2571. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Je t’ai vu toujours le plus infortuné des hommes, et le plus tranquille. » Et après avoir parlé de son goût, de sa philosophie et de son éloquence, il ajoute : « Comment avais-tu pris un essor si haut dans le siècle des petitesses ?

2572. (1774) Correspondance générale

Alfred Sensier nous a communiqué, outre la lettre à Le Monnier qui figure plus haut, quelques piquants billets à Suard ; c’est ainsi encore que le regretté M.  […] Je lui contai ce qui vous était arrivé, et, au milieu du dîner, il le répéta tout haut. […] Le caractère du réfutateur en sera un peu plus barbouillé ; on n’en aura pas plus haute opinion de sa suffisance, et la question n’en sera pas plus éclaircie. […] En attendant, je pantagruélise ici, et tiens le nez haut pour sçavoir d’où vient le vent, et comme il soufflera. […] Voir plus haut la lettre où Diderot le remercie de lui avoir envoyé cette brochure.

2573. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Et il est possible aussi que les deux tableaux tracés, plus haut soient faux tous les deux. […] La question ne semble pas s’être posée pour lui. — Il y a même en ceci une contradiction avec ce que nous avons vu de lui plus haut. […] Telle est la nature humaine, et, comme je l’ai dit plus haut, il faudrait la changer ; et précisément il faut la changer. […] S’il n’était pas tombé, il ne ferait pas d’efforts vers un plus haut. […] Il voyait de plus haut, il voyait plus loin ; il avait pris à la science quelque chose de sa sérénité, de sa liberté aussi ; il en était moins asservi à certains préjugés d’école, ou de parti, ou personnels.

2574. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

J’entens par orgueil, une haute opinion de son propre mérite et de sa supériorité sur les autres. […] Je n’ai qu’un avis à donner sur les reconnoissances : c’est qu’il ne faut pas, quand on a porté l’émotion de la scene au plus haut dégré, et que la reconnoissance est consommée, la laisser dégénérer en longs discours sur l’état présent des choses, à moins qu’ils ne pussent être aussi pathétiques, ce qui ne sauroit gueres arriver. […] Une autre cause du plaisir propre à la tragedie, c’est que l’action soit portée dès le commencement à un haut point d’intérêt ; et que cet intérêt croisse sans interruption jusqu’à la fin ; car ce ne seroit pas assez de la moitié du précepte. […] Où trouveroit-on dans la nature des hommes raisonnables qui pensassent ainsi tout haut ! […] Si elles ne plaisoient pas, quoiqu’aux vers près, elles rassemblassent à un haut degré toutes les beautés du genre, qu’aurions-nous perdu ?

2575. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Le janséniste est homme de protestation et d’opposition ; et c’est pourquoi Port-Royal a été si fort à la mode dans une partie de la noblesse et de la haute bourgeoisie. […] Pour moi je n’en avais pas une idée si haute, etc… Voilà le ton. […] Lorsque Néron prend pour maîtresse la bonne Acté (je dis la bonne Acté parce que les historiens la soupçonnent d’avoir été quelque peu chrétienne), Agrippine jette d’abord les hauts cris. Mais, peu après, elle offre à Néron son propre appartement « pour cacher des plaisirs dont un si jeune âge et une si haute fortune ne sauraient se passer », et elle lui donne de l’argent tant qu’il en veut. […] Il devait être persuadé que son art était la plus haute des occupations humaines.

2576. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Pauline immolant les sentiments les plus chers aux devoirs sacrés d’épouse ; Cornélie se montrant, dans l’excès du malheur, plus grande que César au plus haut degré de la fortune, sont donc de vains fantômes, des illusions, des chimères qui n’ont rien de commun avec la nature et le cœur humain ? […] Avec de tels moyens il se croyait un Orphée, et il l’emportait sur tous les artistes musiciens par la haute opinion qu’il avait de son talent. […] Chaque tragédie que l’on fait est un nouveau trait de lumière sur le mérite de Racine : cet homme écrase l’art en l’élevant trop haut, et l’habitude de voir ses chefs-d’œuvre est la mort de toutes les nouveautés. […] J’ose n’être pas absolument de l’avis de Collé, lorsqu’il dit : « La comédie n’était point, comme l’on sait, le genre du tendre Quinault ; mais comme il était le poète du sentiment, si j’ose m’exprimer ainsi, l’on ne doit pas être surpris qu’il ait porté presque au plus haut degré de perfection sa comédie de la Mère coquette, dont le fond du sujet le mettait à même de faire la peinture de l’amour le plus tendre, le plus passionné et le plus délicat. » Je suis fâché d’entendre raisonner ainsi un aussi bon esprit que Collé : on ne sait point du tout que la comédie n’était pas le genre du tendre Quinault : quand on a composé comme lui dans ce genre un chef-d’œuvre de naturel, un ouvrage qui approche du plus haut degré de perfection, pour me servir des expressions de Collé lui-même, il me semble que c’est là le signe du talent le plus décidé et de la vocation la moins équivoque. […] Cette haute et puissante dame, en jouant le rôle d’Hortense, fit beaucoup d’honneur au Florentin ; mais cette fantaisie n’a rien ajouté à sa réputation, et mademoiselle Lecouvreur n’est connue que par le rang distingué qu’elle occupe parmi les grandes actrices tragiques.

2577. (1930) Le roman français pp. 1-197

D’ailleurs, l’exemple de l’adultère venait de haut : du roi lui-même, et l’on acceptait sans trop protester qu’il légitimât ses bâtards. […] Non seulement l’aristocratie et la haute bourgeoisie, mais les tout petits bourgeois, des artisans, des horlogers, des ébénistes, se mettent à écrire, à « verbiager » comme Saint-Preux, et leurs femmes, leurs filles, comme Julie. […] « Un gros homme, haut en couleurs. […] J’ai reçu de lui les plus hautes leçons, sinon d’art — le sien fut inimitable — du moins de liberté de jugement : car nul homme jamais ne fut plus libre de sa pensée, au point qu’on l’accusa « d’anarchisme intellectuel ». […] Il est dangereux de leur permettre l’accès immédiat aux plus hautes fonctions, de leur faire monter d’un coup tous les degrés de l’échelle sociale.

2578. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Ce couvent, situé au sommet d’une des collines escarpées qui bordent le fleuve et dominent de très haut la ville, est un des sites les plus pittoresques qu’un poète pût imaginer pour son repos. […] « Je ne trouverai jamais d’éloquence, lui dit le Tasse dans ses billets, qui arrive à égaler votre tendre courtoisie pour moi, ni d’images qui puissent peindre votre modestie. » Le Tasse, protégé par tant de hautes influences à Naples, intenta un procès pour réclamer la dot considérable de sa mère, retenue par les oncles de Porcia, et cinq mille écus des propriétés confisquées de son père Bernardo Tasso. […] « Au reste, si la Jérusalem a une fleur de poésie exquise, si l’on y respire l’âge tendre, l’amour et les déplaisirs du grand homme infortuné qui composa ce chef-d’œuvre dans sa jeunesse, on y sent aussi les défauts d’un âge qui n’était pas assez mûr pour la haute entreprise d’une épopée.

2579. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Remarquons que l’art de gouverner un grand peuple est le seul pour lequel il n’y ait pas de technique préparatoire, pas d’éducation efficace, surtout s’il s’agit des plus hauts emplois. […] Dans ces conditions, comme il a été dit plus haut, un retour à la simplicité n’a rien d’invraisemblable. […] Ne nous bornons donc pas à dire, comme nous le faisions plus haut, que la mystique appelle la mécanique.

2580. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Vous n’y monterez pas plus haut que mon cœur qui chante avec vous ! […] est-ce bien possible, se disaient tout bas les garçons en retenant leur rire, que ce pauvre Didier, qui n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre, chante aujourd’hui comme un ménétrier qui s’en retourne de la fête ?

2581. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Sans doute aussi, dans les deux autres périodes, son optimisme féminin, son besoin d’aimer les gens dont elle disait l’histoire, lui ont fait peupler ses romans d’êtres plus généreux, de passions plus nobles, de plus belles douleurs qu’on n’en rencontre selon la loi commune de l’humanité ; elle forme des idées de pures ou hautes créatures sur qui sa large sympathie puisse se reposer sans regret. […] Ils ne renonceront pas, ils mettront habit bas, bas aussi toutes les délicatesses de sentiment, toutes les idées de moralité dont l’éducation les ligotte, et ils entreront dans la mêlée, la tête haute et le poing levé : ils feront leur trou, hardiment, brutalement824.

2582. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Nous admirons au plus haut degré Wagner, mais il n’est pas vrai que nous engagions personne à le pasticher. […] Le roi Marc s’avançait non loin d’YseuIt ; il était couvert, du manteau royal, avait sa haute couronne sur la tête et tenait son sceptre dans la main droite.

2583. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Au temps de la plus grande misère des cœurs, c’est par le sang Aryen que fut rendu possible le plus haut élan de l’Art vers la représentation parfaite de l’homme idéal. […]     ROME. — La Société Orchestrale, bien connue dans la haute société et dans le monde artistique de Rome, aussi bien qu’à l’étranger, vient de donner, pour la première fois en Italie, une audition d’une partie du Parsifal, sons la direction de M. 

2584. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Plusieurs unités sont groupées en une unité plus haute, en un processus nerveux qui est une fusion de vibrations : chaque processus peut se grouper avec d’autres et de ce groupement de groupes naissent toutes les variétés. […] Mais on déclare bien haut qu’entre le mouvement et la sensation (feeling), il n’y a, il ne peut y avoir aucun passage.

2585. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Autour de tous ceux dont la sincérité ou la force vous humilie, vous resserrez cette fameuse « conspiration du silence » qui vous fait rire si haut et si faux dès qu’on la dénonce au public. […] Précieux entre tous, les renseignements sur Mallarmé, poète ligoté dans un système, mais, semble-t-il, causeur admirable qui donnait à quelques amis son âme haute et sa pensée noblement paralysante.

2586. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

C’est pourquoi nous la voyons, au premier acte, arriver, le front haut, chez M.  […] Ainsi, il fait sonner très haut les sabots de son père, qui a été jardinier chez les parents de M. 

2587. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur plus haut point de valeur commerciale, les langues littéraires se transforment avec une grande rapidité. […] Ce « biau marle qui subloit tant haut ».

2588. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Il est logique que les industries les plus productives soient les plus recherchées ; que les détenteurs des produits les plus demandés et les plus rares les vendent au plus haut prix. […] Ceux qui sont situés plus profondément sont, sans doute, plus essentiels ; leur valeur explicative est plus haute, mais ils sont inconnus à cette phase de la science et ne peuvent être anticipés que si l’on substitue à la réalité quelque conception de l’esprit.

2589. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

Supposons aussi qu’il rapporte les points A′ et B′ à des axes situés dans son nouveau système, se plaçant d’ailleurs dans les conditions simplifiées que nous avons décrites plus haut quand nous établissions les équations de Lorentz. […] La notation mathématique de ces articulations, effectuée sur le virtuel et portée à son plus haut degré de généralité, nous donnera sur le réel une prise inattendue.

2590. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Des esprits de haute portée et d’une grande puissance de dialectique peuvent s’égarer dans le domaine des spéculations métaphysiques sans profit pour la philosophie elle-même, parce qu’ils sont dupes d’abstractions verbales, et que la réalité se dérobe parfois sous leurs pieds. […] Rien de pareil ne se remarque même chez cette espèce de singes qui occupent le haut de l’échelle animale, et que certains naturalistes nous donnent pour ancêtres.

2591. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Cette histoire des idées humaines montre jusqu’à l’évidence l’erreur de ceux qui attribuant, selon le préjugé vulgaire, une haute sagesse aux anciens, ont cru que Minos, Thésée, Lycurgue, Romulus et les autres rois de Rome, donnèrent à leurs peuples des lois universelles. […] Ils portaient avec eux leur signification ; ainsi trois épis, ou le geste de couper trois fois des épis, signifiait naturellement trois années ; d’où il vint que caractère et nom s’employèrent indifféremment l’un pour l’autre, et que les mots nom et nature eurent la même signification, comme nous l’avons dit plus haut.Ces armoiries, ces armes et emblèmes des familles, furent employés au moyen âge, lorsque les nations, redevenues muettes, perdirent l’usage du langage vulgaire.

2592. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Capables de raisonner très loin et très haut, par malheur nous manquons de base : « Ce n’est pas tant le raisonnement qui nous manque que la prise du raisonnement. » L’instinct de certains animaux est à faire envie à la raison de l’homme.

2593. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

C’était un droit pour nous d’examiner avec sévérité ses titres ; et comme nous les avons trouvés de faux aloi, et nuls de toute nullité, nous avons cru de notre devoir de le déclarer bien haut, sans réticence, et dans l’intérêt des plus dignes. » 180.

2594. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

tous les vrais cœurs de poëtes, tous les esprits rapides et de haut vol, de quelque côté de l’horizon qu’ils arrivent, se rencontrent dans une prophétique pensée, et signalent aux yeux l’approche inévitable des rivages.

2595. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Avant la fin de la première quinzaine, on les verrait, je gage, du moins les plus agiles, aux réceptions du président : au premier bal après l’installation, il pourrait bien y avoir quelque invention comme celle du sopha qu’on essaierait doucement ; à défaut de trône, on hausserait bien haut et on dorerait bien épais le fauteuil.

2596. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

En général, Tacite, qui pénètre si avant dans le cœur humain, n’a pas la même portée pour sonder (quoiqu’il en ait la prétention) lesplus hautes causes des événements.

2597. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.

2598. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Car vous voulez qu’on dise en le voyant ici : « Ce dernier, digne fils d’une race si haute, Fut un traître et vendit la tête de son hôte ! 

2599. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

La littérature est, dans le plus noble sens du mot, une vulgarisation de la philosophie : c’est par elle que passent à travers nos sociétés tous les grands courants philosophiques, qui déterminent les progrès ou du moins les changements sociaux ; c’est elle qui entretient dans les âmes, autrement déprimées par la nécessité de vivre et submergées par les préoccupations matérielles, l’inquiétude des hautes questions qui dominent la vie et lui donnent sens ou fin.

2600. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

L’incessante fermentation de cette population immense et hétérogène, barons hantant la cour du roi, bourgeois dévots et caustiques, écoliers batailleurs et disputeurs, prompts de la langue et de la main, et tout ce qui s’y remuait d’idées et de passions dans le conflit des esprits et des intérêts, étaient éminemment propres à susciter une poésie sinon très haute, du moins très vivante : le poète, cette fois, ne manqua pas.

2601. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie.

2602. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Ce qu’on ne peut certes lui refuser, c’est d’avoir été un Inquiet, il a eu, au plus haut point ce qui a manqué à de plus grands que lui : le sentiment, le souci et souvent la terreur du Mystère qui nous entoure.

2603. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

« Persuadé qu’Arlequin connaît le meurtrier du commandeur, Pantalon fait sonner bien haut la récompense promise à celui qui le déclarerait.

2604. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Solness ne s’isole pas de son milieu : sa sentimentalité se greffe sur celle de son groupe ; son effort d’intrépidité est suscité par un sentiment supérieur de sociabilité, par le dévouement à un haut idéal (Hilde symbolise pour lui la jeunesse, le renouveau, l’avenir).

2605. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Si tu trouves la société actuelle trop imparfaite et indigne de ton sacrifice, sacrifie-toi du moins à une société idéale qui ne peut manquer de se réaliser un jour et que ton sacrifice aura préparée. » — Toute morale rentre dans le système d’illusionnisme social que nous avons décrit plus haut ; ou plutôt elle en est la maîtresse pièce.

2606. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « II »

Est-il certain que les Allemands, qui ont élevé si haut le drapeau de l’ethnographie, ne verront pas les Slaves venir analyser, à leur tour, les noms des villages de la Saxe et de la Lusace, rechercher les traces des Wiltzes ou des Obotrites, et demander compte des massacres et des ventes en masse que les Othons firent de leurs aïeux ?

2607. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

L’habitude est le principe qui a produit cette correspondance125. » Ce même philosophe a dit quelque part que « la physique, dans sa plus haute perfection, ne fait que reculer un peu notre ignorance. » Ne pourrait-on pas dire qu’une pareille métaphysique ne fait que la redoubler ?

2608. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Quand, au milieu des admirations, l’adroit spécialiste s’arrêta avec aux lèvres un sourire aimable et triomphant, Alexandre dit tout haut à quelqu’un de sa suite : « Il convient de récompenser cet homme selon ses mérites : vous lui donnerez un boisseau de lentille. » Qui refusera à l’auteur des Trophées le boisseau de lentilles ?

2609. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Le plaisant, c’est que Matilde Serao s’oublie assez souvent à croire, elle aussi, à la supériorité de Lucie Altimare, et qu’il lui arrive de la proclamer une figure « grande et haute ».

2610. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Il entre dans son sujet de haute lice ; il a l’élévation de ton aisée, naturelle, l’ampleur du tour, la propriété lumineuse et simple de l’expression.

2611. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Voir plus haut le chapitre sur le vers libre.

2612. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Quelquefois c’était dès le matin ; il allait, il gravissait la montagne et la ruine, brisait les ronces et les épines sous ses talons, écartait de la main les rideaux de lierre, escaladait les vieux pans de mur, et là, seul, pensif, oubliant tout, au milieu du chant des oiseaux, sous les rayons du soleil levant, assis sur quelque basalte verte de mousse, ou enfoncé jusqu’aux genoux dans les hautes herbes, humides de rosée, il déchiffrait une inscription romane ou mesurait l’écartement d’une ogive, tandis que les broussailles de la ruine, joyeusement remuées par le vent au-dessus de sa tête, faisaient tomber sur lui une pluie de fleurs.

2613. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre II. Le dix-neuvième siècle »

Stimuler, presser, gronder, réveiller, suggérer, inspirer, c’est cette fonction, remplie de toutes parts par les écrivains, qui imprime à la littérature de ce siècle un si haut caractère de puissance et d’originalité.

2614. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé d’Aubignac, avec Ménage, Pierre Corneille, Mademoiselle de Scudéri et Richelet. » pp. 217-236

Ces hauts cris sont bientôt entendus de l’abbé d’Aubignac.

2615. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le docteur Akakia se moque surtout de l’idée d’établir une ville latine, du beau projet de ne point payer les médecins, lorsqu’ils ne guérissent pas les malades ; de cette comète qui viendra voler notre lune, & porter ses attentats jusqu’au soleil  ; de ces observations nouvelles sur la génération ; de l’âge de maturité qui est la mort, & non l’âge viril ; de la démonstration, par algèbre, de l’existence de dieu ; du moyen de connoître & de prédire sûrement l’avenir ; du conseil de dissequer des cervaux de géans hauts de onze pieds, & d’hommes velus portant queue, afin de sonder la nature de l’intelligence humaine .

2616. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Il ne veut, sur le théâtre, ni un ton plus haut, ni un discours plus soutenu, ni une prononciation plus marquée que dans la conservation.

2617. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Trousseau à propos du malade nommé Paquet, que nous avons cité plus haut) de faire le geste d’un homme qui joue de la clarinette : il fit celui d’un homme qui bat du tambour.

2618. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Nous avons vu un peu plus haut le prétexte de la dévotion cacher le goût de toutes les jouissances.

2619. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

On entend, par exemple, distinctement le passage où Suetone dit que Caligula aimoit avec tant de passion l’art du chant et l’art de la danse, que même dans les spectacles publics il ne s’abstenoit pas de chanter tout haut avec l’acteur qui parloit, ni de faire le même geste que l’acteur qui étoit chargé de la partie de la gesticulation, soit pour approuver ce geste, soit pour y changer quelque chose.

2620. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

J’ai dit plus haut que Rodolphe Bresdin est exact et minutieux comme Van Eyck.

2621. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

M. de Sainte-Croix se proposait d’écrire une histoire du théisme, depuis la plus haute antiquité.

2622. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

La préparer, c’est différent ; en faire le ménage, en balayer les étagères, en ramasser les épingles, y tenir les comptes courants ; être des statisticiennes, des antiquaires, des archéologues, des érudites, des chercheuses ou des trouveuses de détails heureux ou utiles, je l’admets ; mais écrire l’histoire, mais juger de haut les choses et les hommes ; mais Voir, — cette intuition virile et qu’ont si peu d’hommes, tout hommes qu’ils soient, je ne l’admets pas pour les femmes.

2623. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Il piaffe dans les sciences naturelles, et il voudrait appliquer, haut la main, la paléontologie à l’histoire.

2624. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Non une gloire de haute graisse, — comme disait Rabelais, qui n’est pas, lui, un horatien avec sa grande expression et son large rire, — mais une gloire de fin goût, une gloire qui a un schiboleth que tout le monde ne sait pas dire et n’entend pas !

2625. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Que la Critique ne l’oublie pas : malgré les encharmements de la Correspondance de Joubert, sa supériorité distinctive, absolue et qu’il porte jusque dans cette Correspondance, c’est la pensée, l’intuition, l’aperçu sur toutes choses, le fruit qui tombe du tronc caché, la lueur qui filtre comme d’une étoile de cet esprit haut, sans vapeur, et qui a jusque dans la rêverie la clarté du jour.

2626. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

L’homme, mis si haut, avait dans l’esprit et dans le caractère des indigences qu’il fallait la courageuse biographie de Louis Vian pour retrouver.

2627. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

… Dans ce fouillis de gloire qu’on appelle les Montmorency, il doit y avoir, si on fait l’histoire de chaque tombe, bien de hautes vertus, de fières et chastes physionomies de femmes, de destinées sublimes de grandeur et de simplicité, qu’on pourrait nommer aussi : Madame de Montmorency, comme l’héroïne de Renée, et qu’on ne distinguerait pas, à la première vue, sous ce nom collectif porté comme un pavois par soixante générations, et qui nous brouille tout de sa splendeur.

2628. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné.

2629. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Nous autres, les Majestés du xixe  siècle, nous regardons la Royauté du haut de notre grandeur de peuple.

2630. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

L’auteur a pris une visée plus haute.

2631. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Adam, le millionnaire, a sauvé Μ. de La Rochetravers d’une ruine certaine, en lui achetant sans discuter, au plus haut prix, son hôtel à Paris et sa terre de Bourgogne.

2632. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Il n’en ressentit pas le moindre trouble, et ce n’est pas cette haute dignité qu’il regretta, mais ces pauvres biens de quatre sous qu’il n’eut pas davantage : l’indépendance et l’obscurité.

2633. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Au lieu de s’abattre de haut et de gauler fort et ferme sur tout ce qui fait que la Russie est la Russie, Gogol, dans la seconde partie des Âmes mortes, rabat sa manche, pédantise, devient utilitaire, et le satirique disparaît derrière l’utopiste.

2634. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Pour Schopenhauer, c’est là l’état de la plus haute moralité qu’il y ait sur la terre.

2635. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.

2636. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Cette nécessité philosophique du néant exaspère son âme, qui a soif d’infini puisqu’elle est poète, et si elle l’accepte, cette nécessité, comme philosophe, comme poète, elle la maudit III Elle la maudit, — et voilà justement pourquoi cette poésie, comme je l’ai dit plus haut ; n’est pas dangereuse.

2637. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

« Après tout, — reprend Limayrac, — cette mauvaise fortune du livre de l’Amour n’est qu’apparente ; car, lorsqu’il aura conquis la popularité qui ne peut lui faire défaut et qui aura été longue à venir seulement, il ne l’aura pas achetée par des concessions, et il sera populaire en conservant sa qualité superfine. » Pour notre compte, nous ne savons pas si un esprit superfin comme Stendhal-Beyle, de cette saveur et de ce haut goût, sera jamais populaire, mais ce que nous savons, c’est qu’il a résolu le problème le plus difficile dans les lettres, comme dans les arts, comme dans la politique, et qui consiste à exercer une grande puissance sans avoir une grande popularité.

2638. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

J’ai parlé plus haut de Werther, d’Ourika, d’Édouard et d’Adolphe, à la famille desquels appartient ce genre de roman.

2639. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

L’individualité de l’auteur s’y révélant bien moins que dans la publication d’un ouvrage, jusque-là inédit, les réimpressions sont des espèces de renseignements sur l’esprit public que le libraire suit toujours plus qu’il ne le précède… Mais quand, de plus, elles sont une rénovation de l’œuvre déjà publiée, quand l’auteur y apparaît derrière le libraire, quand, riche du bénéfice des années, l’écrivain change le caractère d’un livre qu’il juge et condamne, du haut des acquisitions de sa pensée, les réimpressions prennent alors une importance que la Critique est obligée de signaler.

2640. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

L’auteur a été délicieux dans ces lettres deux fois spirituelles (comme la vie religieuse et comme le monde), où le saint mépris de la contemplatrice tombe de si haut et avec une telle paix sur tous les prosaïsmes de l’existence et du mariage.

2641. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

… L’auteur des Dévotes s’est infusé du La Bruyère à si haute dose qu’il peut être en colère pour son compte personnel avec une voix dans une voix qui n’est pas la sienne, et que nous reconnaissons dès le premier mot qu’il dit en ouvrant sa galerie de caricatures ; « D’où vient votre presse, Gudule ?

2642. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

« Non, s’est écrié plus haut le feuilletoniste, la baronne d’Ange n’est pas une comédie nouvelle ! […] Paul de Saint-Victor traite l’auteur du proverbe de « sonneur aux cloches du tocsin conjugal ». — L’image est terriblement cherchée, mais, à tout prendre, elle semble dire quelque chose, tandis que je me demande ce que le feuilletoniste entend, un peu plus haut, par cet adorable galimatias : « peindre le trouble des âmes limpides ». […] Il serait libre assurément d’infliger à un artiste de valeur un traitement élogieux que celui-ci n’a pas mérité, et personne n’y prendrait garde, si cette opinion n’empruntait un crédit, qu’elle n’a pas elle-même, à un journal qui parle du haut d’une tribune de 40 000 abonnés. […] tout homme d’esprit qu’il est, le critique de la Patrie me pardonnerait-il si, faisant figurer son nom sur une liste des hautes illustrations du théâtre en France, j’écrivais sans transition : Molière, — Regnard, — Beaumarchais, — Jules de Prémaray ? […] Ce thème étant donné, il y avait une bonne vérité à faire entendre, en prenant le théâtre d’un peu haut.

2643. (1899) Arabesques pp. 1-223

Mais, comme il a été dit plus haut, cette évolution est aujourd’hui terminée ; et cela pour plusieurs raisons. […] « Tous les êtres ont, jusqu’ici, créé quelque chose de plus haut qu’eux-mêmes et vous voudriez être le reflux de cette immense marée, et plutôt revenir à la bête que dépasser l’homme ? […] Lorsqu’il se concentre, c’est pour opposer, par une contradiction nécessaire, le jeu impassible des forces qui mènent les mondes aux élans de tout son être vers une beauté toujours plus haute. […] Ce n’est pas du haut d’un tribunal, par la bouche d’un homme faillible comme nous, qu’elle peut s’exprimer. […] » ils poussent les hauts cris.

2644. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Je vais plus loin, j’ose dire que pour peindre la nature, il faut abandonner les Hautes Conditions, où la nature n’existe plus, il est certain que les mœurs communes, les mœurs bourgeoises ou même campagnardes étaient autrefois les mœurs de tous les états. […] Dans les trois bons portraits que j’ai donnés plus haut, pas un n’est fait par le même procédé, et pourtant tous sont clairs, se détachent. […] Ce que je dis tout haut, je l’imprimerai ; je ne crains guère mes ennemis, mais je crains encore moins mes amis. » Mariette finit comme toutes les Mariette, par l’argent. […] Qu’ils le lisent en cachette et que tout haut ils le méprisent, c’est de leur caractère et j’ai bien tort de ne pas les reconnaître tout de suite ; cependant je ne crois pas que leurs sophismes doivent rester sans réponse. […] Le premier se montre ami des hommes, sans précisément avoir une haute idée d’eux ni de l’humanité ; le second pense si grandement de l’humanité qu’il court par là le risque de mépriser les hommes.

2645. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc. […] Ce résumé des impressions reçues durant ces quatre mois de haute judicature, et du rôle que chacun y a tenu, est d’un écrivain qui ne laisse rien au hasard, et qui sait comment on termine un ouvrage même facile, et qu’il ne publiera pas.

2646. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

de toute cette superfluité première dont il s’échappait de temps en temps quelque chose dans le Mémorial d’Abbeville, mais de plus muni d’articles de haute critique comme il disait en plaisantant, et surtout du fonds qui était capable de les produire. […] Voir ce qui est dit dans la Satyre même, ou du moins dans le Discours de l’imprimeur, contre les gens du lendemain : « J’en vois d’autres qui n’ont bougé de leurs maisons et de leurs aises, à déchirer le nom du roy et des princes du sang de France tant qu’ils ont pu, et qui, ne pouvant plus résister à la nécessité qui les pressoit, pour avoir eu deux ou trois jours devant la réduction de leur ville quelque bon soupir et sentiment de mieux faire, sont aujourd’hui néanmoins ceux qui parlent plus haut, etc., etc. » 236.

2647. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il est gourmet pourtant comme doit l’être une bête de haut parage. […] Quand on le voit dans l’herbe haute, couché sur ses genoux, et qu’on suit le mouvement régulier de ses joues qui roulent et ramènent le fourrage broyé sous ses larges dents, il semble qu’il n’y ait en lui qu’une pensée sourde et végétative, affaissée sous la chair massive, et endormie par la monotonie machinale de son action.

2648. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

La ligne droite, base fondamentale de ses statues, depuis l’orteil jusqu’au sommet de la tête, est plus longue et plus élancée que la ligne grecque ; les inflexions, plus hardies et plus étranges de cette ligne donnent aux traits, aux formes et aux mouvements de ses statues des nervures, des attitudes, des torsions, des majestés, des hardiesses qui dressent l’homme plus haut sur ses pieds et qui semblent faire escalader l’art jusqu’au ciel. […] « Ce qu’il y aurait à dire de lui ne pourra jamais être dit, car son génie s’alluma à des sphères trop hautes pour les mortels ; il est plus aisé de flétrir ce vil peuple qui l’outragea que de s’élever jusqu’à l’éloge d’un tel poëte !

2649. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Il y a plus : le haut sentiment religieux dont elle paraît animée rend à peu près incompréhensible le genre de sacrifice auquel elle a consenti. […] Jamais la haute équité de Flaubert ne se fût permis les lourdes railleries dont Eliot accable, avec une insupportable abondance, les petites gens du Moulin sur la Floss.

2650. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

» Mercredi 19 juin Je n’ai jusqu’ici rencontré, dans ma vie, que trois très grands esprits, trois très hautes cervelles, trois engendreurs de concepts tout à fait originaux. […] Il ajouta à la fin, au haut du panneau, un cinquième oiseau, un calfat au bec de corail.

2651. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Resterait à vérifier cette loi sur les formes les plus hautes de l’effort intellectuel : je veux parler de l’effort d’invention. […] Paulhan a montré sur des exemples du plus haut intérêt comment l’invention littéraire et poétique va ainsi « de l’abstrait au concret », c’est-à-dire, en somme, du tout aux parties et du schéma à l’image 78.

2652. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

J’aurai, parmi les catholiques, ceux qui aiment la France et l’honneur. » Givry entre sur cette conclusion, ajoute d’Aubigné, et avec son agréable façon prit la jambe du roi, et puis sa main, dit tout haut : « Je viens de voir la fleur de votre brave noblesse, Sire, qui réservent à pleurer leur roi mort quand ils l’auront vengé ; ils attendent avec impatience les commandements absolus du vivant : vous êtes le roi des braves, et ne serez abandonné que des poltrons. » Cette brusque arrivée et la nouvelle que les Suisses venaient prêter leur serment mirent fin aux fâcheuses paroles, et Henri IV, coupant court à ceux qui hésitaient, n’eut plus qu’à faire acte de roi de France.

2653. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

Bonaparte y ferme l’oreille, et dit tout haut, de manière à ce qu’on le lui rapporte29 : « Je compte sur lui comme sur moi. » Enfin il se résigne, et il écrit au général en chef, le 18 décembre : Je n’accepte ce grade qu’avec inquiétude.

2654. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il aimait et estimait le bon abbé et n’avait pas à un haut degré le culte de Louis XIV ; il aurait autant aimé que l’Académie revînt sur sa première décision ultra-royaliste sans le consulter, et qu’elle lui fit grâce de cette tracasserie mesquine. « Lavez votre linge sale en famille, messieurs » ; il ne dit pas la chose, mais c’était le sens.

2655. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je ne parlerai donc pas de vous cette fois, Armand Renaud, auteur des Poëmes de l’amour 25, des Caprices de boudoir 26, et en dernier lieu des Pensées tristes 27, vous qui avez déjà eu trois manières ; qui, après avoir commencé par vous inspirer aux hautes sources étrangères et par moissonner la passion en toute littérature et en tout pays ; — qui, après vous être terriblement risqué ensuite aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en êtes venu à vous interroger vous-même plus à fond, à vous sentir, à fouiller en vous, à chanter vos propres chants, à pleurer vos propres larmes.

2656. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Shakespeare, égalé quelquefois depuis par des auteurs anglais et allemands, est l’écrivain qui a peint le premier la douleur morale au plus haut degré ; l’amertume de souffrance dont il donne l’idée pourrait presque passer pour une invention, si la nature ne s’y reconnaissait pas.

2657. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Tu regardais la peur en face, en homme libre, Et ta haute raison rendait plus d’équilibre À mon esprit frappé de tes grands à-propos Que le bain n’en rendait à mes membres dispos !

2658. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Floquet se plaint de n’avoir jamais reçu la moitié des sommes que la prévoyance du Panama attribuait à sa haute influence et à sa grande réputation de probité. » Vous voyez le ton de pince-sans-rire.

2659. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Quant à ceux qui méprisent la science comme ils méprisent la haute poésie, comme ils méprisent la vertu, parce que leur âme avilie ne comprend que le périssable, nous n’avons rien à leur dire.

2660. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

C’est là un fait de la plus haute importance possible pour la morale et la philosophie. » L’auteur n’a point de peine à montrer que la richesse est un moyen de nous procurer les services des autres en les rémunérant ; que le pouvoir est un moyen de les plier sous notre obéissance par l’espoir ou la crainte ; que les dignités enfin nous procurent leur respect, non pas seulement un respect extérieur, mais qui se traduit par leurs actions49.

2661. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Nous retrouvons les mêmes tendances dans le grand physicien Tyndall, dans Huxley, qui s’élève même parfois aux plus hautes conceptions philosophiques, soit pour faire ses réserves à l’égard du positivisme, soit pour adhérer à l’idéalisme de Berkeley.

2662. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Tels furent les premiers fondements de la haute considération qu’elle devait bientôt acquérir.

2663. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Dans cette hypothèse, la haute antiquité de ces notions primordiales, leur durée considérable, le nombre infini de connaissances secondaires qu’elles soutiennent, seraient les seules causes qui les garantiraient contre la possibilité d’une dissociation ; elles ne tiendraient plus leur autorité d’une loi inhérente à la nature des choses, mais elles la recevraient d’une considération d’utilité intellectuelle.

2664. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Fût-on en apparence plus assidûment livré à d’autres études, non moins hautes, non moins fécondes, mais plus libres dans le temps et l’espace, il faut accepter, lorsqu’elles se présentent, certaines tâches austères de la pensée.

2665. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

Non, la pensée a une source plus haute, et fussions-nous spinoziste, nous dirions encore que la pensée a sa source en Dieu, et que les phénomènes corporels qui l’accompagnent n’en sont que les conditions extérieures et les symboles imparfaits.

2666. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Après avoir fait sonner bien haut devant l’assemblée qui leur donna cette audiance, les grands noms du peuple et du sénat romain, dont nos gaulois n’avoient entendu parler que comme des ennemis de ceux de leurs compatriotes qui s’étoient établis en Italie, ils proposerent de fermer le passage aux carthaginois.

2667. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Dans la comédie, les acteurs chaussez et vétus à l’ordinaire ne crient point si haut, mais leurs masques sont encore plus ridicules que ceux des premiers. " il est vrai qu’à l’aide de ces masques, l’acteur paroissoit aussi conforme qu’il le vouloit au caractere qu’il devoit soutenir.

2668. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Or, il n’y a rien d’impossible à ce que des sociétés d’espèces différentes, situées inégalement haut sur l’arbre généalogique des types sociaux, se réunissent de manière à former une espèce nouvelle.

2669. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Je sais des hommes de la plus haute intelligence qui n’en voient point ici et qui rattachent très ingénieusement le Contrat Social à l’œuvre tout entière, pour eux très une et très cohérente, de Rousseau.

2670. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Ce qui n’avait été qu’à l’état de haute aspiration personnelle, dans Mme de Staël, prit tout à coup, sous l’action du saint-simonisme, l’impérieuse généralité et la décision incisive du dogme.

2671. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Elle a cru qu’elle allait changer le Byron de l’opinion faite et en nous l’affirmant sans preuves et sans notions nouvelles à l’appui de son affirmation, nous faire son Byron, — à elle, — son Byron purifié et rectifié ; car le sens du livre qu’elle publie, c’est, ne vous y trompez pas, je vous prie, une délicate purification de Byron…… J’ai parlé plus haut de petites chapelles, élevées discrètement et chastement, tout le long du livre, à la mémoire de Byron ; j’ai dit même que je comprenais très bien qu’elles y fussent élevées… Mais je les crois trop en albâtre… Il y en a à la religion, à l’humanité, à la bienveillance, à la modestie, à toutes les vertus de l’âme de Byron (textuellement), à son amour de la vérité, mais c’est aussi par trop de chapelles… Les vertus de Byron font un drôle d’effet… Sont-ce les cardinales ?

2672. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

J’ai parlé plus haut de Sénèque comme d’un chrétien anticipé, et que saint Paul, pour qu’il le fût, n’avait pas besoin de convertir ; — de Sénèque, qui, par parenthèse, fut à son époque un éclectique et un sceptique comme M. 

2673. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Quant à des mortifications plus hautes, de celles qui allaient plus loin que la chair et ses frissons, elle dit, à l’heure de sa mort, qu’on remportât le crucifix qui avait servi à son père pour mourir.

2674. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Dire comment il n’est que le troisième, expliquer sa place hiérarchique dans l’ordre de composition qu’il avait choisi pour les ambitions et les bonheurs de sa pensée, nous donnera l’occasion de poser quelques-unes de ces idées générales préliminaires sur lesquelles la Critique doit s’élever pour mieux juger les hommes qui seraient plus haut qu’elle de plain-pied.

2675. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

En critique, Dumas n’aurait pas même sur ce livre le droit du mépris ; car le mépris doit tomber de haut.

2676. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

J’ai nommé plus haut la Delphine de madame de Staël.

2677. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Nous nous transportons en Corse avec les hautes idées que nous avons conçues du personnage, et c’est de l’admiration même que nous lui portons que naît la sévérité de notre jugement… » Cela est fortement pensé, mais il ne faut pas oublier que le plus grand homme est un homme. […] Aux traits empruntés de l’histoire, il fait succéder les raisons de la philosophie, l’apologie de la mort, le tableau des dangers de la vie, l’apothéose de son fils admis au rang des Immortels ; et il finit par une très-belle prosopopée, dans laquelle Cordus, du haut des cieux, relève l’âme abattue de Marcia, sa fille. […] … » Puis il ajoute : « Marcia, on a choisi pour vous. » « Je vois toutes les misères de la vie ; mais à côté d’elle, je vois la mort. » Il faut convenir que ce motif de consolation donne une haute idée de la fermeté de caractère dans la personne à qui l’on ose le proposer. […] Que nous serions heureux, si nous réfléchissions sur les avantages que nous devons à notre médiocrité, et dont les hautes conditions sont privées ! […] Quant à la prétendue lettre apologétique adressée au sénat après la mort d’Agrippine, j’inviterai ceux qui seraient encore tentés de lui en faire un reproche, de revenir sur ce que j’en ai dit plus haut, et de peser mûrement ce que j’en vais dire ici.

2678. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

C’est un mélange de haut goût. […] Il ne voit pas plus haut que ça. […] Et cela fait une fort bonne scène de drame historique, haute de couleur et plausible de ton. […] La guerre est abominable en soi ; mais la plus haute horreur, c’est la guerre moderne et c’en est la cuisine. […] Au troisième acte, la guerre rallumée, du haut d’une terrasse tragique, nos cosmopolites assistent aux diverses horreurs qui leur doivent assurer une vie confortable.

2679. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Les uns meurent à la fleur de la jeunesse, au printemps des espérances ; on leur rêvait tout un avenir de bonheur ou de gloire, et ils disparaissent : leur image continue de nous sourire de loin, à demi voilée, du haut d’un nuage. […] » De bonne heure il avait du professorat cette haute idée ; il s’en approchait avec précaution et respect comme le jeune lévite s’approche du ministère : « (13 juillet.) — Pour ne pas me fatiguer à la veille des épreuves de la licence, je suis resté chez moi. […] À peine ceci est-il écrit que je sens le besoin de m’excuser et que je suis tenté de m’en repentir ; car, je le sais, d’une part le haut enseignement a ses obligations ; le professorat, on l’a dit, celui des Facultés du moins, est « une sorte d’apostolat laïque », il a charge d’esprits et d’âmes ; il est presque tenu à ne jamais sourire ; et, d’autre part, la critique est devenue une science, et des plus complexes ; elle a nécessairement quelque chose d’artificiel ; elle est une construction savante ; l’ordre et la méthode y sont indispensables.

2680. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Et, de même, la théorie de la réversibilité des mérites, ce n’est autre chose, après tout, que du communisme, le communisme des âmes, et c’est encore où Veuillot trouve de quoi contenter ce sentiment et cet amour de la solidarité humaine qu’il avait au plus haut point. […] Les pages que lui inspira la guerre de Crimée sont de la plus haute et de la plus chaude éloquence. […] Il est remarquable qu’une de ses meilleures pages en vers soit celle où il définit la prose, page succulente et que Sainte-Beuve prisait si haut : Ô prose !

2681. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Une grande cour carrée, encadrée de hauts murs. […] De la plus humble à la plus haute, la création porte témoignage d’un créateur. […] … Je parle tout haut, pour que ce beau mot décoloré reprenne sa vie, son vol, son vert reflet d’aile sauvage et de forêt… En vain ! […] Ces humbles serviteurs des deux déesses tiennent le haut du pavé, dans la cité universitaire ; et que de morgue ! […] Il n’a point eu à modifier son mode architectural ; mais il travaille plus haut.

2682. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Prenons, en effet, une pensée originale, la plus haute et la plus rare. […] L’invention peut aller du génie le plus haut à la plus complète insignifiance. […] Les « longueurs » dans les œuvres littéraires en sont une forme fréquente et les plus hauts esprits y sont parfois les plus exposés. […] M. de Curel présente à un haut degré le type imaginatif. […] Inversement d’autres auteurs ont vu dans le génie une manifestation de la santé la plus haute et de la plus grande vigueur de l’esprit.

2683. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle n’était consumée que du désir d’être heureuse et glorieuse ici-bas, et d’arriver à une haute alliance. […] Dans un voyage en France, quelques années après (1766), Horace Walpole retrouve le duc de Nivernais et son monde ; il se loue en toute occasion de sa serviabilité, de son obligeance ; mais il le peint au vif dans sa haute coterie.

2684. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Ce dogme vient évidemment du haut Orient ; il touche à ce qu’on appelle improprement panthéisme, panthéisme dont on pourrait également accuser le christianisme dans ces mots de saint Paul : Nous vivons en Dieu, nous nous mouvons en Dieu, nous sommes, nous existons en Dieu. […] Cousin, qui comprend tout de si haut, semble n’avoir pas assez sondé le danger d’offrir en admiration aux hommes des théories qui ne sont que des rêves contre la société possible : car la société est la première des réalités ; les rêves la tuent.

2685. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

… » XIII Murray, le frère bâtard de Marie, qui lui avait affermi le royaume sous ses pas par sa haute et sage administration, ne tarda pas à être congédié par le nouveau roi, conseillé et dominé par le favori Rizzio. […] Voilà ma récompense à moi, qui, par son conseil, t’ai élevé à une dignité si haute !

2686. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

L’année 1638 commença la gloire et les malheurs de Port-Royal et du jansénisme : cette année-là, Antoine Le Maître335, avocat, conseiller d’État, quitta l’espoir d’une haute fortune pour se retirer à Port-Royal. […] L’indépendance et le haut essor de la raison laïque rendaient chez nous ces complaisances plus meurtrières à la religion : entre les mains des casuistes, l’originale hauteur de la morale chrétienne s’amortissait, se fondait, s’aplanissait, et tendait à se mettre de niveau avec la mollesse équivoque de la morale mondaine.

2687. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

S’il est vrai que plus on voit les choses de haut, plus on les voit dans leur vérité, le dix-septième siècle étant le point le plus haut d’où l’on puisse regarder les choses de l’esprit en France, c’est de cette hauteur, où l’on respire la modération et la sérénité, qu’on jugera le plus équitablement ce que le seizième siècle a fait pour préparer la perfection des lettres françaises, et ce que le dix-huitième a fait pour n’en pas déchoir.

2688. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

On prisait si haut la faveur de participer à une éducation tenue pour exceptionnelle, que cette paternelle déclaration était redoutée comme un arrêt de mort. […] Sa piété, sérieuse et vraiment élevée, provenait d’une nature douée des plus hautes aspirations.

2689. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

Par le terme d’affinités systématiques, on entend les ressemblances de structure et de constitution que les espèces ont entre elles, et plus particulièrement dans des organes de haute importance physiologique qui, en général, diffèrent peu entre des espèces proche-alliées. […] Ces inégalités capricieuses sont de la plus haute importance ; car elles prouvent que la faculté que deux espèces possèdent de pouvoir s’allier peut être complétement indépendante de leurs affinités systématiques ou de toute différence reconnaissable dans leur organisation totale.

2690. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Ce n’est que dans la doctrine chrétienne que le pessimiste et l’optimiste non seulement se confondent dans une certaine mesure, mais qu’ils existent côte à côte à leur plus haute puissance. […] « Soldats… Du haut de ces Pyramides… Quarante siècles vous contemplentv » C’était le cri du plus grand guerrier et d’un grand homme.

2691. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Les maisons sont grises et hautes, leurs fenêtres blanchement linceulées de rideaux mornes. […] Dedans, la bleue réfraction des hautes vitres grisaille les vibrances des nuances.

2692. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

M. de Sacy, père de famille, fils d’un père très religieux, et religieux lui-même, à demi platonicien autant qu’il sied à un admirateur déclaré de Cicéron, ayant en lui, dans sa nature modérée et sensée, de beaux restes et comme des extraits mitigés de toutes ces hautes doctrines, M. de Sacy, homme pratique et de mœurs domestiques vertueuses, a lu les Maximes, et, en les admirant littérairement, il en a souffert dans sa sensibilité : « Ma répugnance est invincible, dit-il ; je tiens les Maximes pour un mauvais livre.

2693. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Lamennais, pour ceux qui l’ont le mieux connu, reste une énigme ; on s’explique difficilement qu’une si haute et si puissante intelligence, à côté de si vives lumières et de si profondes pénétrations, ait eu de telles éclipses, de tels aheurtements presque absurdes.

2694. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Dans tout état de société, — qu’il s’agisse de la Russie méridionale et des paysans agriculteurs, chez qui la religion n’empêche sans doute ni l’intempérance, ni la ruse, ni la fraude, ni bien des vices, mais à qui elle inspire un pieux et absolu respect dans les rapports des fils aux parents, « une résignation stoïque dans les souffrances physiques et morales, et, en présence de la mort, une assurance, une sérénité qui a parfois un véritable caractère de grandeur » ; — qu’il s’agisse, tout au contraire, des peuples et des régimes les plus avancés, tels que l’Angleterre, chez qui les hautes classes et les lords peuvent être dissolus à leur aise, mais que gouverne réellement et que maintient avec fermeté, en présence des masses chartistes, l’immense classe bourgeoise ou rurale moyenne, tout imprégnée de la Bible et de la forte moralité qui en découle ; — partout l’élément religieux, sous une forme ou sous une autre, lui a paru essentiel à la durée et à la stabilité des sociétés.

2695. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

On avait raconté que Prevost, jeune, au sortir du collège, avait eu une liaison amoureuse dans sa ville natale, et qu’un jour son père étant venu lui faire une scène chez sa maîtresse qu’il avait maltraitée, l’amant en fureur avait précipité du haut d’un escalier le bonhomme, qui, sans accuser personne, était mort des suites de sa chute : on prétendait expliquer de la sorte la brusque vocation du coupable et son entrée chez les bénédictins.

2696. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Mais si, comme nous n’en doutons pas, l’humanité est autre chose qu’une collection et qu’une succession d’individus ; si elle existe et vit par elle-même en présence de la nature ; si, comme la nature et à un plus haut degré encore, elle est une manifestation incessamment perfectible de Dieu ; si l’humanité, en un mot, vit et se développe en Dieu, et l’homme dans l’humanité, à plus forte raison alors ne sera-t-il pas permis d’isoler l’homme et de l’interroger uniquement dans son moi pour lui faire rendre l’oracle de la destinée sociale et humaine, destinée qui aura recouvré en ce cas son acception la plus profonde et la plus sublime.

2697. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

vous n’avez pas tout le monde pour vous ; bien des fractions de l’opinion vous échappent ; la jeunesse des Écoles, par exemple, est demeurée récalcitrante et rebelle ; à trois cents pas du Louvre, vous ne régnez pas ; les hautes Écoles ne sont pas du tout pour vous : et c’est dans ces générations de 20 à 25 ans que se forme en grande partie l’avenir d’un pays, on répondait (combien de fois ne l’ai-je pas entendu :) : « Ah : les Écoles ont toujours été ainsi : ces mêmes jeunes gens dans quelques années penseront autrement ; et puis, ce n’est qu’une infiniment petite partie de la nation : nous avons pour nous la masse, les ouvriers des villes et des campagnes. — Les Écoles, le quartier Latin, qu’est-ce que cela nous fait ?  

2698. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

sans que le succès soit élevé plus haut, le revers vous fait tomber plus bas, vous enfonce plus avant dans le néant de votre destinée.

2699. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Après avoir chanté les plus douces leçons de la morale et de la philosophie, Sapho se précipita du haut du rocher de Leucade ; Élisabeth, après avoir dompté les ennemis de l’Angleterre, périt victime de sa passion pour le comte d’Essex.

2700. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Je connais que pauvres et riches, Sages et fols, prêtres et lais (laïques), Noble et villain, larges et chiches, Petits et grands, et beaux et laids, Dames à rebrassés (hauts et plissés) collets, De quelconque condition, Portant atours et bourrelets, Mort saisit sans exception.

2701. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Caractère de Diderot « La tète d’un Langrois est sur ses épaules comme un coq au haut d’un clocher : elle n’est jamais fixe dans un point ; et si elle revient à celui qu’elle a quitté, ce n’est pas pour s’y arrêter.

2702. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Il porte au plus haut point ce don merveilleux de « réceptivité » que Proudhon attribue aux mieux douées d’entre les femmes.

2703. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Soyez tranquille, la mort le prendra debout, niant le temps, la tête haute, superbe et redressé, et s’épandant en propos fastueux.

2704. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Je voudrais prouver que Paul Verlaine mérite ce haut titre.

2705. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

À la première page il y a une figure d’Arlequin, qui est de trois pouces et trois lignes de haut.

2706. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

En acceptant les utopies de son temps et de sa race, Jésus sut ainsi en faire de hautes vérités, grâce à de féconds malentendus.

2707. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Le haut sacerdoce et les sadducéens avaient pour lui plutôt du dédain que de la haine.

2708. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Nos idées de haut et de bas sont dues à notre sens du mouvement et nullement aux images optiques.

2709. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Parvenu au haut d’une colline, je contemplai longtemps, dit le narrateur, ce spectacle qui rappelait les guerres des conquérants de l’Asie ; la plaine était couverte de ces immenses bagages, et les clochers de Moscou, à l’horizon, terminaient le tableau.

2710. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Son origine est de la plus grande noblesse & de la plus haute antiquité.

2711. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Dareste, dans un mémoire signalé plus haut, démontre la loi suivante : c’est que dans un groupe naturel le nombre des circonvolutions est en raison de la taille des diverses espèces ; les plus grandes en ont plus, les plus petites en ont moins, et même pas du tout.

2712. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Il est surprenant que la négation de la personnalité divine soit venue de l’école de Hegel ; cette école, qui n’admet que le sujet, que la pensée, que l’idée, devait définir Dieu le sujet absolu, ce qui est la plus haute idée que l’on puisse se faire de la personnalité.

2713. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Or, Jules Janin, tête sans métaphysique supérieure, ayant le bon sens et le discernement mais sans haute portée et sans grande profondeur, se vengeant de cette médiocrité par une imagination adorablement colorée et par la plus vive sensibilité d’écrivain, n’avait ni cette fermeté de jugement, ni cette connaissance des lois de l’esprit, ni ces principes qui constituent la Critique et son mâle génie.

2714. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Ainsi il admire l’Hôpital et Coligny, ses héros d’opinion, et il admire avec autant de passion sincère le grand François de Guise, par exemple, qui est le héros de l’opinion opposée à la sienne, mais il ne jugera plus avec cette haute et radieuse libéralité les travaux du Concile de Trente, et quand il aura dit des Jésuites « qu’ils eurent le génie de la politique et la passion religieuse », cet écrivain généreux, quand il s’agit de tel homme historique, se croira quitte envers la justice et la vérité.

2715. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il ne se condamne ni ne s’absout ; il ne s’applaudit ni ne se siffle ; il ne se reprend en sous-œuvre ni ne monte plus haut que soi pour se juger ; et c’est la vérité qu’il s’est appliqué intellectuellement cette maxime affreuse qui fut la sienne : « Ne jamais, jamais se repentir. » Donc, pas de surprise !

2716. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

», qui n’est, après tout, qu’un mot gai, il n’y a pas un seul trait qu’on puisse retenir, et pourtant cette haute société, dont l’âme peut être usée, se venge à vivre sur la plaisanterie et sur la finesse d’aperçu.

2717. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il ne se condamne ni ne s’absout ; il ne s’applaudit ni ne se siffle, il ne se reprend en sous-œuvre ni ne monte plus haut que soi pour se juger, et c’est la vérité qu’il s’est appliqué intellectuellement cette maxime affreuse qui fut la sienne : « Ne jamais, jamais se repentir. » Donc, pas de surprise !

2718. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Mais, pour des raisons bien plus hautes même que son talent, il est immortel, et non pas à la façon d’une Académie.

2719. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Demolins qui inspira les phrases citées plus haut à M. 

2720. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Au contraire, proclamez bien haut que si l’on continue à croire vos adversaires, Dieu, la vérité, la morale publique sont en danger ; aussitôt l’auditoire dressera les oreilles ; les propriétaires s’inquiéteront pour leur bien, et les fonctionnaires pour leur place ; on regardera les philosophes dénoncés avec défiance ; par provision on ôtera leur livre des mains des enfants ; le père de famille ne laissera plus manier à son fils un poison probable.

2721. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Barre voit dans les stances des « sentiments philosophiques d’une élévation assez haute pour valoir au poète qui les fixe dans ses vers l’honneur de se voir comparer aux plus grands maîtres de la pensée moderne, d’être même appelé le Vigny du XXe siècle. » Cela est à la page 235, et Moréas seul n’en eût pas été étonné ; mais qu’en pensa en Sorbonne son répondant, M. 

2722. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

ma fille qu’il me faut Dans l’horrible bourbier voir tomber de si haut ! […] Ils invoquent continuellement les anciens, parlent du haut des règles, ont des scrupules à la fois humbles et suffisants. […] J’entends qu’ils s’ennuieront un peu, et que, tout en s’ennuyant tout bas, ils diront tout haut : « C’est exquis !  […] Je ne me sens capable ni de monter si haut ni de descendre si bas. […] Salle gothique, haute voûte ogivale, vaste cheminée sculptée, fourneaux chargés de cornues, de creusets et d’alambics.

2723. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Joignez qu’il a, au plus haut point, le souvenir des lieux, qui l’aide à garder celui des faits ou des sentiments. […] Il remonte plus haut que Marivaux, que Fontenelle, que Voltaire, même que La Bruyère. […] Dans cet article, « concerté avec des Genevois du plus haut étage », et où Voltaire avait mis la main, d’Alembert conseillait l’établissement d’un théâtre à Genève. […] A ce mot je me crus tout de bon dans les hautes aventures, car j’en revenais toujours là. […] La question est du plus haut intérêt.

2724. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Un demi-tyran serait indigne d’être regardé ; mais l’ambition, la cruauté, la perfidie, poussées à leur plus haut point, deviennent de plus grands objets. […] La vanité, qui a pris dans la bourgeoisie un ton plus haut qu’autrefois, traite de grossier tout ce qui n’a pas l’air du beau monde : c’est peut-être cette disposition des esprits qui a fait tomber en France la vraie comédie. […] Si les grands mettaient leurs ridicules en évidence aussi naïvement, le haut comique ne serait pas si difficile. […] C’est qu’il est évident qu’une amante pénétrée, qui se trouve dans la situation de Mandane, répétera à son amant, au moment de la séparation, de vingt manières passionnées et différentes, les mots cités plus haut.

2725. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mais, en tout cas, nous nous convaincrons, je l’espère, que pour n’être pas une science, la critique n’en a pas moins ses méthodes ; et que, conséquemment, les jugements qu’elle porte sur les œuvres dérivent de quelque source plus haute que son caprice et que sa fantaisie. […] Disons donc plus simplement qu’en continuant, avec Ronsard, de placer très haut l’objet de la poésie — plus haut même peut-être, si Ronsard et les siens n’en avaient guère fait en somme qu’un divertissement, — Malherbe a le premier rapproché le vocabulaire de la poésie de celui de tout le monde, et qu’il a le premier compris et fait comprendre le pouvoir de la forme. […] J’irai plus loin ; et, comme sa doctrine faisait la part manifestement trop étroite à l’originalité du poète, en le réduisant à l’expression des idées communes, je dirais volontiers que, comme c’était l’unique moyen de l’y réintégrer, peut-être a-t-il mis quelquefois trop haut le mérite de la forme… Je livre le problème à vos méditations. […] Enfin, ce qu’il y a de plus fâcheux et de plus irritant que tout le reste, c’est l’abus de l’allusion politique, où se trahissent les intentions et, les ambitions du jeune professeur qui se croit appelé à quelque destinée plus haute que d’interpréter en Sorbonne les textes des autres. […] Est-il grand, haut en couleur, est-il bien équilibré, comme Buffon, ou, au contraire, comme Pope, est-il malingre, chétif et contrefait ?

2726. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Son dessein était de plaire au peuple, qui avait une haute opinion de la sagesse et des talents de ce philosophe  ; de mettre Domitius, dès son enfance, sous un aussi grand maître, et de s’étayer de ses conseils pour s’assurer l’administration des affaires. […] Le maître en conçoit les plus hautes espérances ; il voit ses mœurs se corrompre, et il s’en afflige : lorsque ses vices, sa cruauté, sa dépravation, ses fureurs se sont développés, il veut se retirer. […] Que Sénèque ait ou n’ait pas obtenu le consulat, il est constant qu’au retour de son exil, il parut avec l’éclat de la haute faveur, et bientôt après avec celui de la grande opulence. […] On ne peut non plus louer ou blâmer ces deux personnages dans cette circonstance où ils obéissent aux ordres du souverain, qu’on ne pourrait louer ou blâmer aujourd’hui des commissaires du roi dans une affaire de haute trahison. […] Néron, spectateur du haut de la tour de Mécène, en habit de théâtre, chante l’embrasement de Troie.

2727. (1923) Au service de la déesse

Il se contente de crier bien haut, monte en carrosse paisiblement et va dans les cieux se plaindre à Jupiter son père ; et, pour parler plus sérieusement, il montre son bobo à son bon papa afin qu’il souffle dessus pour en apaiser la douleur. […] C’était un garçon maigre et sec, très haut, perché sur ses jambes, assez gauche d’allures, les yeux au loin. […] Il tenait son livre à la hauteur de son front, plus haut que son front, en l’air, et le lisait, de près, comme on regarde au plafond, le lisait un peu, avec méfiance, y trouvait des fautes, — des fautes, des fautes !  […] La vie, remarque-t-il, est « faite de hauts et de bas, de grave et de comique… » Assurément ! […] S’il le faisait, il oublierait que la profusion est, ici-bas, loi de nature et condition créatrice ; que le plus haut chêne, orgueil de la forêt, naquit dans un incroyable gaspillage de glands ; et qu’il nous est impossible d’imaginer Homère tout seul poète à son époque.

2728. (1924) Critiques et romanciers

Il ne se décourage pas et tient haute sa lyre sans cesse accordée pour l’ode ou l’odelette. […] En 1898, appréciant les auteurs dramatiques déjà célèbres, il annonce « de hautes destinées » à l’un d’eux, à M.  […] Les plus hautes herbes ne l’arrêtent pas. […] Elle ne s’use pas par le haut, dans ses étoiles. […] Il bâtissait son œuvre singulière, très large, très haute, d’une architecture bizarre et superbe, où le faîtage manquera.

2729. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Des propos de haute mer. […] Le plus haut attentat que puisse faire un homme. […] Qui à ce seul mot coucher de soleil, ou plus pleinement au spectacle d’un coucher de soleil vous rendra la grande, la haute brutalité de ce vers : Ce soleil qu’on espère est un soleil couché ! […] Un texte comme celui-là, du haut de son petit coin d’épigraphe, met tout par terre. […] Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre ; Et, dans ce haut degré de puissance et d’honneur, Les plus grands y tiendront votre amour à bonheur.

2730. (1802) Études sur Molière pp. -355

Toutes ces puérilités, toutes ces niaiseries, méritaient au plus un sourire de pitié ; mais Boursault avance, dans sa pièce, que Molière fait circuler une clef de l’École des femmes : celui-ci, outré qu’on osât lui prêter une pareille infamie, en marque tout haut son indignation ; Louis XIV lui permet, lui ordonne même de se venger. […] Le but moral. — Molière l’a porté au plus haut degré, en faisant de Tartuffe, non seulement un hypocrite, mais encore un suborneur qui, tout en parlant vertu, veut séduire la femme de son ami ; un monstre enfin qui dénonce son bienfaiteur. […] Ces deux vers encore : Et je vous verrais nu, du haut jusques en bas, Que toute votre peau ne me tenterait pas, est-ce le ton positif qui leur convient ? […] Par exemple, dans l’acte V, scène iv, Dorine, quoique très applaudie, a un tort, deux torts, trois torts, en prenant Loyal par le haut de la tête et par le bas de son menton, en lui tournant le visage sur les épaules, pour le considérer plus à son aise, et en lui disant, d’un ton moitié plaisant, moitié dédaigneux : Ce monsieur Loyal porte un air bien déloyal. […] Ajoutons à tout cela une infinité de traits comiques amenés naturellement par des situations adroitement combinées ; et demandons à Voltaire, si nombre de pièces du plus haut genre réunissent plus de qualités dramatiques que la farce de Pourceaugnac ?

2731. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

En presque tout il se conforme aux préceptes jésuitiques — si ce sont des préceptes, et particuliers aux Jésuites — mais il se veut idéalement plus haut que ses mœurs. […] Le Génie, pour eux, est l’homme qui viendra sûrement, prochainement, afin d’exprimer très haut les idées — bien que contradictoires — du groupe, et de revêtir d’une forme imposante les imprécises imaginations de ces orphelins. […] N’est-ce point un signe d’intelligence et de haute spiritualité que de se plaire en ces œuvres où n’ose entrer la multitude ? […] Persuadée d’avoir atteint le plus haut degré d’instruction qui soit permis aux femmes, elle n’est pas sans vanité intellectuelle. […] Il faut vivre plus haut que cela et ne point s’occuper du bonheur des autres, alors que l’on dédaigne le sien propre.

2732. (1925) Comment on devient écrivain

Il a le verbe haut, il dit : « Mes livres, mes œuvres, mon métier… » Il est fier d’être homme de lettres. […] Quant à la littérature, ils étaient tous deux aux antipodes, non seulement pour la forme, comme nous le disions plus haut, mais pour le fond. […] Ses artificielles duchesses de Langeais et de Maufrigneuse ne donnent ni la sensation de la haute élégance, ni le ton des conversations aristocratiques. […] Huet, dont on sait la haute compétence, louait la fidélité de cette traduction. […] On ne rencontre plus des modestes comme Berryer, « uniquement préoccupé de faire briller ses amis… et qui possédait au plus haut degré cette vertu si rare : le détachement de soi.

2733. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Volney avait fait retentir ses Ruines « des lugubres cris des chacals », l’auteur d’Atala lâche dans ses solitudes toute une ménagerie de monstres glapissants, hurlants, de serpents à sonnettes, de caribous, de carcajous, de petits tigres et « d’ours enivrés de raisins » ; il plonge dans les eaux du Meschacébé des « bisons à la barbe antique et majestueuse » ; il couche « sous les tamarins des crocodiles à l’odeur d’ambre », qui rugissent au coucher du soleil… (Une remarque en passant : ces crocodiles à l’odeur ambrée, — musquée serait plus exact, — ne semblent-ils pas présager cette littérature du nez que Senancour, et plus tard Baudelairea et Zola, devaient porter à une si haute perfection ?) […] Une œuvre littéraire, alors même qu’elle n’aurait aucune valeur artistique, acquiert une haute valeur historique, du moment que le succès l’a consacrée ; le critique matérialiste peut l’étudier avec la certitude de saisir sur le vif les impressions et les opinions des contemporains.

2734. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Le soleil et la lune, le feu et le vent, la terre et le firmament, et la vaste étendue des eaux, le jour et la nuit, les deux crépuscules du matin et du soir, tous les éléments sont les témoins des actions les plus secrètes de l’homme : s’il n’a point agi contre la voix intérieure de sa conscience, le juge incorruptible le fait jouir d’une félicité éternelle ; mais si en étouffant cette voix il s’adonne au crime, il est condamné aux plus terribles châtiments. » Un tel discours, dans un tel moment, est déplacé ; on voit que dans ces poèmes les situations les plus pathétiques servent moins au développement des passions qu’au développement de la haute morale qui domine dans l’âme des poètes les passions elles-mêmes. […] (Haut, en s’adressant au roi.)

2735. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Plus généralement pourtant il résulte, de la théorie de sélection naturelle, que les espèces les plus récentes doivent tendre à prospérer et à s’élever plus haut que leurs souches mères, parce que chaque espèce ne peut se former qu’à l’aide de quelques avantages qu’elle possède dans la concurrence vitale sur d’autres formes antérieures. […] » Dans le combat si complexe de la vie, il est tout à fait croyable que des crustacés, par exemple, et non pas même les plus élevés de leur classe, puissent vaincre des Céphalopodes, c’est-à-dire les mollusques les plus élevés ; et de tels crustacés, bien que d’une organisation peu élevée, n’en seraient pas moins ainsi placés très haut dans l’échelle des animaux invertébrés en vertu du plus décisif de tous les jugements, le jugement du combat.

2736. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.

2737. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Quand ce sont les pouvoirs publics, quand c’est l’État qui prend à cet égard l’initiative, cela s’appelle protection, et cette protection favorisée d’heureuses rencontres et entourée de hautes lumières, a pris, à de certaines époques, un caractère d’immortelle grandeur.

2738. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Le duc de Luynes, l’auteur des mémoires, s’était donc proposé un travail bien minutieux, bien peu élevé, ce semble, et sans haute portée : il ne visait qu’à être (incognito) un collecteur d’anecdotes, — pas même d’anecdotes —, de faits quelconques journaliers se passant à la Cour et sous ses yeux.

2739. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Adolphe Regnier, si distingué comme helléniste et orientaliste, et qui a bien voulu descendre de son haut Orient jusqu’à nous.

2740. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Je ne sais rien, en revanche, de plus magique et de plus féeriquement éclairé que la haute avenue couverte, la nef ogivale de frênes séculaires, par laquelle le jeune prince s’avance vers le perron de l’escalier, dans la Belle au bois dormant. — Le livre, enfin, est précédé d’une Introduction de M. 

2741. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Et le héros grec Diomède, parlant d’Énée dans Virgile, et voulant donner de lui une haute idée : « Croyez-en, dit-il, celui qui s’est mesuré avec lui ! 

2742. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Pour quelques-uns et quelques-unes qui ressentent sérieusement ce mal, combien s’affectent et s’en vont gémissant tête haute par les salons !

2743. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Or, Mme la comtesse Agénor de Gasparin, — c’est elle en toutes lettres, — femme d’un homme de cœur et d’un homme de bien, Genevoise de famille et de naissance, de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie de cette république (c’est tout un), passant certaines saisons à Paris, mais établie et vivant plus ordinairement en son château ou manoir au pied du Jura suisse, dans le canton de Vaud, dans le pays de Glaire d’Orbe, a publié, en ces dernières années surtout, une série d’esquisses, d’impressions morales ou pittoresques, de tableaux paysanesques ou alpestres avec intention et inspiration chrétienne très-marquée46, toute une œuvre qu’il est naturel de rapprocher des Lettres et Journaux d’Eugénie de Guérin.

2744. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.

2745. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Au nord-est, on voit des cimes couvertes d’une neige éternelle, mais de hauts sapins ombragent tous les rochers qui entourent le vallon.

2746. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Celui qui fit Werther domine sa propre émotion et semble, du haut de son génie, regarder sa sensibilité un moment brisée, comme le rocher qui surplombe regarde à ses pieds l’écume de la cascade insensée.

2747. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

C’est par le secours de la réflexion, c’est en écartant de moi l’enthousiasme de la jeunesse que je considérerai l’amour, ou, pour mieux m’exprimer, le dévouement absolu de son être aux sentiments, au bonheur, à la destinée d’un autre, comme la plus haute idée de félicité qui puisse exalter l’espérance de l’homme.

2748. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

« L’amour est une grande chose, un grand bien, qui rend tout fardeau léger… L’amour pousse aux grandes actions, et excite à désirer toujours une perfection plus haute… Rien n’est plus doux que l’amour, rien n’est plus fort, ni plus liant, ni plus large, ni plus doux, ni plus plein, ni meilleur au ciel ni sur la terre… L’amour vole, court, il a la joie.

2749. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Il a gardé, dans la société contemporaine, quelque chose de la fière allure de ces aventuriers d’autrefois qui, vivant dans des sociétés moins munies de police et de gendarmes, payaient de beaucoup de courage le droit de faire à leur guise et de n’être point jugés tout haut.

2750. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Dans ce cas l’antinomie que nous avons exposée plus haut s’évanouirait.

2751. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

L’occultisme est l’instrument des plus hautes capacités humaines, la synthèse de toutes les sciences et la clef de tous les mystères.

2752. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Un concert doit avoir lieu d’ici peu de jours, un « concert Franck », où des œuvres seront exécutées, qui comptent parmi les plus hautes de ce temps.

2753. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

En communiquant avec les autres êtres et en sachant qu’ils ont les mêmes expériences que nous, nous formons une abstraction de nos expériences passées et de celles d’autrui, et c’est là ce que nous pouvons atteindre de plus haut, par rapport au monde matériel.

2754. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

On regrette qu’un observateur aussi impartial et aussi supérieur n’ait pas tracé un pareil portrait de la reine aux divers moments de son existence, jusqu’à l’heure où elle devient une grande victime, et où ses hautes qualités de cœur éclatent assez pour frapper et intéresser tout ce qui est humain.

2755. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Pour lui, la tendance active qui se manifeste au fond de toute impulsion n’est que la tendance de la représentation dominante à se maintenir contre les représentations opposées, à atteindre son summum d’intensité et à s’élever ainsi dans la conscience au plus haut degré de clarté possible.

2756. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

D’autres sont placés plus haut ; mais il se trouve que Lejeune-Dirichlet, l’élève de Gauss, et qui n’est pas son égal pour le génie, est précisément avant lui.

2757. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

On distingue à l’extremité du grouppe un homme bilieux et sanguin : il a le visage haut en couleur, la barbe tirante sur le roux, le front large, le nez quarré et tous les traits d’un homme sourcilleux.

2758. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Les maris et les femmes se disputent à qui leur donnera le haut du pavé.

2759. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Préjugé de traducteur à part, comme il est sans comparaison le plus grand historien de l’antiquité, il est aussi celui dont il y a le plus à recueillir ; mais ce que j’offre aujourd’hui suffira, ce me semble, pour faire connaître les différents genres de beautés dont on trouve le modèle dans cet auteur incomparable, qui a peint les hommes avec tant d’énergie, de finesse et de vérité, les événements touchants d’une manière si pathétique, la vertu avec tant de sentiment ; qui posséda dans un si haut degré la véritable éloquence, le talent de dire simplement de grandes choses, et qu’on doit regarder comme un des meilleurs maîtres de morale, par la triste, mais utile connaissance des hommes, qu’on peut acquérir par la lecture de ses ouvrages.

2760. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Cet homme, digne de porter le nom d’une femme, tant il en avait la tendresse (il s’appelait Lawrence, et, nous l’avons dit plus haut, il croyait que le nom influait sur la destinée), avait dans ses facultés ce que les Saints ont dans leurs vertus.

2761. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Là est le haut conseil, le grand enseignement qu’il donne.

2762. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Dante, repoussé par la réalité du présent, s’est réfugié dans les vérités plus hautes et plus durables.

2763. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Mais la cristallisation amoureuse et la cristallisation artistique seraient-elles si belles et iraient-elles si haut, si elles n’avaient devant elles, parfois comme leur mur de prison et parfois comme leur image idéale, la cristallisation sociale ?

2764. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Cette locution autorisée par l’usage des meilleurs auteurs latins, devoit faire conclure naturellement que laudaturus sim, ainsi que les autres expressions que nous avons indiquées plus haut, étoient du mode subjonctif ; & l’on a mieux aimé imaginer des exceptions chimériques & embarrassantes, que de suivre une conséquence si palpable. […] Nous avons fait usage plus haut de cette remarque même, pour rappeller ce tems à la classe des prétérits ; & il est assez surprenant que Priscien avec du jugement l’ait faite sans conséquence. […] V. de casu : Genitivus, dit-il, naturale vinculum generis possidet, nascitur quidem à nominativo, generat autem omnes obliquos sequentes ; & il avoit dit un peu plus haut, Generalis videtur esse hic casus genitivus, ex quo ferè omnes derivationes, & maximè apud Graecos, solent fieri. […] On donne à ces locutions particulieres le nom de figures de construction, pour les distinguer de celles dont nous avons parlé plus haut, & qui sont des figures de mots, les unes relatives au matériel, & les autres au sens. […] Elles auront chacune en particulier, disoit-il un peu plus haut, quelque perfection qui ne se trouvera pas dans les autres, parce qu’elles tiennent toutes des moeurs & du génie des peuples qui les parlent : elles auront chacune des termes & des façons de parler qui leur seront propres, & qui seront comme le caractere de ce génie ».

2765. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ajoutons encore une observation qui ne manquera pas de plaire à la plus grande partie des gens du monde ; mais il faut tout dire à charge & à décharge, & je dois leur donner un petit dédommagement pour quelques bonnes vérités que je leur ai dites plus haut ; c’est que tel homme qui n’a jamais écrit, n’a point encore donné sa mesure, & qu’il vous laisse conséquemment deviner s’il a de la force, de la pénétration au-delà de la vôtre, de celle même de plusieurs Ecrivains connus ; mais celui qui a publié des essais, a découvert la foiblesse de ses épaules, & l’on peut le juger ; or, presque tous les Gens de Lettres qui touchent à la cinquantaine, ont entendu prononcer leur arrêt ; il devient irrévocable ; car le plus grand phénomène seroit de les voir aller au-delà des idées qu’ils ont déjà exposées. […] N’est-ce pas aussi trop exiger de ceux que l’on reconnoît généralement avoir un plus haut dégré de sensibilité que les autres hommes ? […] Dès qu’un peuple est arrivé au point d’avoir goûté les Sciences & les Arts, il faut qu’il les pousse au plus haut degré de perfection, s’il ne veut pas augmenter ses maux. […] Cette image sera jeter les haut cris, j’en suis fâché ; mais l’image est juste, je ne sçaurois l’effacer. […] Pour toute réponse, j’ai étendu mes idées & mes réflexions, en les frappant d’une maniere plus haute & plus décidée, laissant au tems, dont je connois les effets, le soin de mettre mes opinions à leur place.

2766. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Me conformant alors aux principes que je vous ai signalés plus haut, je ne pensai pas que ce fût là une exception, c’est-à-dire un fait n’ayant pas sa raison d’être. […] S’il y en avait de très faibles proportions, on pourrait agir sur le liquide avec le chromate de potasse et l’acide sulfurique, ainsi qu’il a été dit plus haut. […] Quand ensuite la digestion se ralentit, le sucre diminue peu à peu, et au bout de quelques heures tout rentre dans l’état physiologique signalé plus haut. […] Dans la marmotte qui a fait le sujet de l’expérience citée plus haut, il est question d’une sorte de diffusion de la matière sucrée dans l’organisme ; car on constata qu’outre le tissu du foie, il y avait encore des traces de sucre dans la bile, dans le diaphragme, dans la capsule surrénale droite et dans l’estomac. […] Pour constater ce fait, nous avons opéré de la manière suivante sur les chiens : On fait une grande incision oblique dans le flanc droit, immédiatement au-devant de la masse des muscles sacro-lombaires, et remontant aussi haut que possible dans l’angle de la dernière fausse côte.

2767. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Les sons vibrants d’une grosse cloche nous semblent trembler bien loin et bien haut dans l’air ; un coup de sifflet de locomotive nous semble percer l’air à cinquante pas, à gauche. — L’emplacement, même lointain, est bien plus net encore pour les sensations visuelles. […] Si le toucher explorateur est arrêté par une éminence fixe comme les dents, la sensation paraîtra située à la superficie de l’éminence, quoique l’ébranlement nerveux soit beaucoup plus profond. — Si le toucher explorateur ne peut vérifier l’emplacement de deux ébranlements nerveux dont l’un est situé plus haut, l’autre plus bas, ce qui est le cas pour les impressions de la rétine, et si, en même temps, il trouve les deux conditions extérieures de ces deux impressions situées l’une par rapport à l’autre dans l’ordre inverse, ce qui est le cas pour les objets visibles, nous situerons dans l’ordre inverse les deux sensations qui en dérivent. […] Partant, selon la distance plus ou moins grande de l’objet, nous avons telle ou telle sensation musculaire de l’œil. — D’autre part, suivant que l’objet est dans telle ou telle direction par rapport à notre œil, tel ou tel des muscles moteurs de l’œil se contracte plus ou moins, pour le tourner plus ou moins vers le haut, vers le bas, vers la droite ou vers la gauche ; de sorte qu’une sensation musculaire distincte correspond pour la même distance à chaque changement de la direction. — Nous apprenons à remarquer et à graver dans notre mémoire ces innombrables sensations musculaires distinctes de nos yeux.

2768. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je logeais, comme à l’ordinaire, dans une chambre étroite et haute du cinquième étage du grand hôtel du Maréchal de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin, sur un vaste jardin qui confinait avec le boulevard. […] Elles viennent s’appliquer sans effort, d’elles-mêmes, aux vers comme les ailes se collent à la flèche pour la faire voler plus haut dans le ciel, pour les faire percer plus avant l’oreille et dans le cœur.

2769. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Laissons la statue aux hommes célèbres qui ont marché sur cette terre avec autorité, d’un pied sûr, orgueilleux ou solide : pour l’homme de lettres, pour le romancier, pour celui que l’amour de la retraite poursuit jusque dans le bruit, pour ceux qu’une demi-ombre environne et que plutôt elle protège, pour ceux-là c’est le buste qui convient, et celui de l’abbé Prévost, placé comme il l’est aujourd’hui, répond bien à ce qui eût été son espérance la plus haute et son plus doux vœu.

2770. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Un coin de roman et de haute ambition de cœur s’était secrètement logé en lui, et, recouvert en silence, lui rendait fastidieux tout le reste.

2771. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

De sorte que si Dante avait écrit lui-même le commentaire de son grand poème, comme il l’a fait pour d’autres de ses poèmes moindres, il aurait pu soutenir doublement qu’en effet Béatrix était bien la Béatrix qu’il avait aimée, la fille de Folco de’ Portinari de Florence, et qu’elle n’en était pas moins aussi, en définitive, la Théologie sublime, revêtue de rayons, et dirigeant l’œil humain, qui la considère et qui l’étudie, vers les plus hautes vérités.

2772. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Mais aussi il y a un historien des plus heureusement doués dont le procédé est autre : il lit, il étudie, il se pénètre pendant des mois et quelquefois des années d’un sujet, il en parcourt avec étendue et curiosité toutes les parties même les plus techniques, il le traverse en tous sens, s’attachant aux moindres endroits, aux plus minutieuses circonstances ; il en parle pendant ce temps avec enthousiasme, il en est plein et vous en entretient constamment, il se le répète à lui-même et aux autres ; ce trop de couleur dont il ne veut pas, il le dissipe de la sorte, il le prodigue en paroles, en saillies et en images mêmes qui vaudraient souvent la peine d’être recueillies, car, plume en main, il ne les retrouvera plus : et ce premier feu jeté, quand le moment d’écrire ou de dicter est venu, il épanche une dernière fois et tout d’une haleine son récit facile, naturel, explicatif, développé, imposant de masse et d’ensemble, où il y a bien des négligences sans doute, bien des longueurs, mais des grâces ; où rien ne saurait précisément se citer comme bien écrit, mais où il y a des choses merveilleusement dites, et où, si la brièveté et la haute concision du moraliste font défaut par moments, si l’expression surtout prend un certain air de lieu commun là où elle cesse d’être simple et où elle veut s’élever, les grandes parties positives d’administration, de guerre, sont si amplement et si largement traitées, si lumineusement rapportées et déduites, et la marche générale des choses de l’État si bien suivie, que cela suffit pour lui constituer entre les historiens modernes un mérite unique, et pour faire de son livre un monument.

2773. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Genève possédait alors, comme toujours, un grand nombre d’hommes de mérite, parmi lesquels des étrangers illustres et des visiteurs de haute distinction.

2774. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà.

2775. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

D’autres se sont intitulés bourgeois de Paris, et je ne prétends pas disputer à ces gens d’esprit et de haute notoriété leur qualification, leur personnalité saillante et reconnaissable ; il y a place pour plus d’un dans la grande ville.

2776. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

On peut dire que le jour où un tel discours fut proféré du haut d’une colline de la Galilée, il s’était produit et révélé quelque chose de nouveau et d’imprévu dans l’enseignement moral de l’homme.

2777. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il se regardait, selon sa magnanime expression, « comme une des nombreuses vagues avant-courrières qui doivent se briser et mourir sur le rivage avant que la marée soit haute. » Dans son ambition modeste et mâle, il n’ambitionnait que « la fosse du soldat », Le premier et le plus glorieux des philhellènes, il se montra, dans le court espace de temps qu’il lui fut donné de vivre encore et d’être à l’œuvre, homme d’action et homme pratique, d’une générosité judicieuse, propre à l’organisation et au commandement.

2778. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Cambouliu, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a écrit à l’un de ses amis, à l’occasion de ce mien jugement : « … Il n’y a rien en effet chez les Félibres de comparable à Mistral (à qui j’ai consacré cet hiver une leçon qui a eu un grand succès), et Jasmin a largement obtenu tout ce qu’il méritait, — j’oserai même ajouter plus qu’il ne méritait ; car je vous avoue franchement que je ne le tiens pas en très haute estime et que je ne puis guère voir en lui qu’un écolier de nos maîtres parlant patois ; je mets une grande différence entre lui et l’auteur de Mireïo, qui est, celui-là, un véritable poëte.

2779. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Il avait donc atteint à la plus haute fortune, sinon à la puissance ; sa considération en Europe était au moins aussi grande que dans le royaume ; il avait tous les dehors de l’autorité et du crédit, et quelque chose de la réalité.

2780. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Le monarque puriste suggéra donc une correction, et à la place de : à leurs plus grands bienfaits, il proposa ou même il écrivit de sa main : à leurs plus hautes faveurs.

2781. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

V. plus haut, p. 22.

2782. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Ils croyaient que du haut du ciel, Odin les animait au carnage.

2783. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Les chefs de parti peuvent se croire assez sûrs d’eux-mêmes pour se guider toujours d’après la plus haute sagesse, mais il n’y a rien de si funeste pour eux que des sectaires privés de l’instinct de la pitié ; d’abord ils sont par cela même incapables d’enthousiasme pour les individus ; ces sentiments tiennent l’un et l’autre, quoique par des rapports différents, à la faculté de l’imagination.

2784. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Le Traité des Passions, qu’on a trop souvent le tort d’abandonner aux philosophes, est du plus haut intérêt.

2785. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Pour nous, chères Marges, laissons la très illustre et respectable maison à sa place, très haut dans la hiérarchie sociale, et tout à fait en marge de ce qui nous occupe, je veux dire l’art, la poésie, etc… Louis Dumur En décadence, non, si l’on s’en tient aux principes qui ont toujours prévalu à l’Académie.

2786. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Y a-t-il eu un personnage de plus haute allure officielle que Puvis de Chavannes, ou un homme plus foncièrement simple, de la belle simplicité d’âme, que le pauvre et grand Ernest Chausson ?

2787. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Dans le portrait cité plus haut.

2788. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Il rêvait donc, après ce premier grand orage de sa vie, une retraite où il pût, sans être isolé, vivre abrité, indépendant, et penser assez haut, sans être privé tout à fait de sentir : Mon Dieu !

2789. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Quand on veut lire tout haut du Rabelais, même devant des hommes (car devant les femmes cela ne se peut), on est toujours comme quelqu’un qui veut traverser une vaste place pleine de boues et d’ordures : il s’agit d’enjamber à chaque moment et de traverser sans trop se crotter ; c’est difficile.

2790. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Le pauvre Chastellard eut la tête tranchée ; il mourut en récitant, dit-on, un hymne de Ronsard, et en s’écriant tout haut : « Ô cruelle Dame !

2791. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Il faut rendre à Cosnac cette justice qu’il ne s’y laissa point éblouir, et qu’il vit surtout dans cette idée ce que nous y voyons aujourd’hui, un haut témoignage de l’estime de Madame : « Quelque ambitieux qu’on m’ait cru dans le monde, je puis dire avec sincérité que ce qui me flattait le plus dans cette lettre, c’était d’y voir l’augmentation de l’amitié de Madame.

2792. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

La méthode esthopsychologique est d’autant plus fructueuse que les œuvres auxquelles on l’applique sont plus hautes et plus belles.

2793. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Ce qu’il blâmait dans la méthode hypothétique, c’était de s’élever subitement de quelques faits particuliers aux plus hautes généralités, à ce qu’il appelait les axiomes généralissimes ; il recommandait au contraire de ne s’élever que par degrés dans la voie des généralités, et c’est pourquoi il disait, faisant allusion à un mythe célèbre de Platon, que ce qu’il faut à l’homme, ce ne sont pas des ailes, c’est du plomb.

2794. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Rien ne prouve mieux l’insuffisance du principe matérialiste et sensualiste que ce progrès spontané et régulier de la pensée qui conduit un Biran et un Cabanis29 à s’élever d’eux-mêmes au-dessus de leurs propres principes jusqu’à une philosophie plus délicate et plus haute.

2795. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Ce sens misterieux est placé si haut que personne n’y sçauroit atteindre.

2796. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

La Critique est plus haute et plus simple que cela.

2797. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Toute son ambition de peintre, d’ailleurs très haute et très périlleuse, tend à éveiller dans une autre âme l’impression qu’a produite sur lui-même le spectacle de la forêt, — sur lui-même, observons-le bien, qui ne cherchait que la beauté, et appliquait à cette contemplation ses sens et son esprit.

2798. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Voici par exemple le beau poème de Verlaine : En sourdine : Calmes dans le demi-jour Que les hautes branches font, Pénétrons bien notre amour De ce silence profond.

2799. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Des prisons et des gibets ne remplaceront-ils point la cabane ouverte et le haut chêne qui ne porte que le nid des oiseaux ? […] Chateaubriand devint presque un personnage ; « la haute émigration le rechercha ». […] Il était socialement utile de relever et de remettre au premier rang les écrivains du siècle de Louis XIV, « qui, dit-il, ne s’élevèrent à une si haute perfection que parce qu’ils furent religieux ». […] Je n’ai jamais dit qu’il n’eût point l’âme haute ou manquât de courage. […] C’est quand, du haut de la colline où fut la citadelle de Sparte, il découvre les ruines (d’ailleurs incertaines) de la ville.

2800. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Lorsqu’Homére dit que depuis le comencement des tems les heures veillent à la garde du haut olympe, et que le soin des portes du ciel leur est confié, Madame Dacier remarque qu’Homére apèle les heures ce que nous apelons les saisons. […] Tout le monde sait ce vers du pére de Chimène dans le cid : à de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre. […] C’est ainsi que le bourreau est apelé par honeur, le maitre des hautes oeuvres. […] Il y a quelques noms substantifs qui sont pris adverbialement, c’est-à-dire qu’ils n’entrent dans une proposition que pour marquer une circonstance du sujet ou de l’atribut, en vertu de quelque préposition sous-entendue ; etc. (…) se prend aussi adverbialement, come nous l’avons remarqué plus haut. […] Les adjectifs se prènent aussi fort souvent adverbialement, come je l’ai remarqué en parlant des adverbes ; par exemple : parler haut, parler bas, parler grec et latin, (…) : penser juste, sentir bon, sentir mauvais, marcher vite, voir clair, fraper fort, etc.

2801. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Plusieurs de ces souverains ont été eux-mêmes des lettrés ou des poètes du plus haut mérite. […] Les onze premiers ne traitent que de la haute astronomie, le firmament, les astres, les phénomènes célestes ; puis viennent les livres qui concernent la division de l’année en mois, jours, saisons ; puis ce qui concerne la terre et le sol, puis ce qui concerne les eaux, leur régime, leur application.

2802. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ces hommes excellents, par le besoin que la France avait de leur génie particulier, par l’à-propos de leurs travaux, par la pénétration et la patience qu’ils y déploient, par plus d’une page où la science la plus profonde se cache sous la modestie, où la vérité ne veut être la satire de personne, sont très supérieurs aux gens dont je parlais plus haut, imitateurs superficiels des anciens et historiens avant le temps, Mézerai, Saint-Réal et Vertot. […] Le disciple de Molière n’a pas eu sa haute comédie, il s’est arrêté à son École des femmes.

2803. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Emmanuel Delbousquet a peint, avec un coloris, une puissance d’évocation digne de Villiers de l’Isle-Adam, de hautes fresques tragiques sur l’horizon des landes de Gascogne, son pays. […] Trop froids ou d’une énergie trop haute nous paraissaient des héros de Mme Gautier, descendants directs des créations de Chateaubriand.

2804. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Dans le seul portrait qu’on a d’elle, elle est représentée déjà vieille, avec une coiffure montante et, je l’avoue, un peu hérissée, le voile rejeté en arrière, le front haut, les sourcils élevés et bien dessinés, la figure forte et assez pleine, le nez un peu fort, un peu gros, la bouche fermée et pensive ; elle a de la fierté dans le port et quelque épaisseur dans la taille.

2805. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Si quelque chose pouvait être nécessaire pour convaincre de la profonde sincérité chrétienne de Fénelon et de sa haute rectitude morale, cette correspondance avec le duc de Bourgogne ou à son sujet suffirait à en donner la preuve ; car, au point de vue humain et à celui de la Cour, il n’est rien de plus vif, de plus désobligeant, de plus blessant même ni de plus âpre en fait de vérité : il n’y a rien là qui tende à ménager et à prolonger le crédit par aucune flatterie ni louange.

2806. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il raisonnait fort et se raillait bien haut de ce qu’il appelait des superstitions, et il croyait aux songes, aux revenants, et quelque peu à la magie : il associait la guerre, la controverse, l’érudition, le bel esprit, la satire railleuse et cynique, une langue toujours prompte et effrénée, et à la fois la crainte d’un Dieu terrible et toujours présent, et aussi par instants la consolation d’un Dieu très doux.

2807. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Ce mélange de sacrifice à la Cour et de faste encore persistant, de chasses, de jeux de toutes sortes, dont on sait le nom et chaque partie soir et matin, tout ce train habituel et détaillé de Versailles, dont le côté frivole disparaît dans la haute tranquillité du monarque, compose une lecture qui n’est pas du tout désagréable, du moment qu’on y entre, et je me suis surpris à en désirer la suite. — C’est en avoir assez dit, je crois, et c’est rendre assez de justice à l’homme qui ressemble le moins à Tacite, mais qui cependant a son prix.

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