[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
. — Les Français en Algérie (1854). — La Légalité (1854). — Le Lendemain de la victoire (1855). — La Guerre et l’Homme de guerre (1855). — Mélanges (1856-1858). — Le Parti catholique (1856). — Agnès de Lauvens (1867). — L’Honnête Femme (1858)
C’est pour eux, c’est avec eux, que j’ai appris à reconnaître, dans le magnifique ensemble des chefs-d’œuvre de l’esprit français, l’image la plus complète et la plus pure de l’esprit humain.
Il est par là dans la meilleure tradition française. […] La Révolution française lui offrait ce spectacle de l’humanité ramenée à la violence primitive. […] Les Italiens en ont été pénétrés comme les Français. […] Son talent, dans ce qu’il a d’essentiel, est de sève bien française. […] Ces romans traduits sont parmi les mieux écrits entre les romans français d’aujourd’hui. — Enfin M.
J’entendais, ce soir, à table d’hôte, des capitaines de vaisseaux marchands, parler, la rougeur au front, du règne de la paix à tout prix de Louis-Philippe, et où le canon français saluait toujours le premier. […] — C’est un malheur pour voyager en France d’être Français. […] Nous Européens et Français, nous ne sommes pas si riches d’invention, notre art n’a qu’un monstre, et c’est toujours ce monstre du récit de Théramène, qui, dans les tableaux de M. […] » J’aurais mis : « Tu es à moi, mon trésor » qu’il aurait été ravi, — absolument, disons-le, comme le public des Français. […] Et dans la salle, le public riait sans s’arrêter, d’un rire délicat, français, national.
A-t-elle procuré à la langue française un surcroît de ressources ? […] Cette langue française si claire, si simple, si concise dans sa construction, ils la surchargent, la dérangent, la rendent parfois prétentieuse et inintelligible. […] Il ne redoute pas, de même que Voltaire, Rousseau, la sincérité d’une verte expression, réminiscence de cette vieille langue française, de laquelle il avait été bercé, mais il se garde de persister sur ce ton. […] Zola quand il a su mettre en relief les turpitudes et les crimes du régime napoléonien, mais nous lui reprochons d’avoir douté de la force ethnique de la nation française et de son énergie morale. […] Zola, puisque l’esprit français se glorifie de Rabelais.
Leur ensemble comprend toute la pensée de Vinet sur le grand mouvement littéraire français dont il fut le spectateur et le juge. […] Au reste, je vous dirai comme nouvelle toute récente que Polyeucte, repris l’autre jour au Théâtre français, a eu un succès d’ensemble, un succès tel que je crois qu’il n’en eut jamais un si grand du vivant de Corneille. […] Telle n’est point, nous le croyons fermement, la disposition de l’auteur de ces Pensées ; ce sont bien ses pensées ; s’il les a écrites en vers, c’est par la même raison qu’un Français écrit en français ou un Espagnol en espagnol ; parce que les vers sont sa langue, la forme préférée de ses sentiments les plus profonds. […] Le caractère des Français veut un monarque sérieux ; c’est Montesquieu qui l’a dit : oserons-nous ajouter qu’il veut un Dieu sérieux ? […] Au sein du christianisme français, soit catholique, soit protestant, le même instinct se fait sentir.
Quant à cet acte des Dziady, d’Adam Mickiewicz, je crois pouvoir affirmer qu’il n’a pas eu cent lecteurs français, et je sais de belles intelligences qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu le comprendre. […] Ceci est une grande faute sans doute ; mais la grande révolution française, qui a commencé leur émancipation, savent-ils, les enfants du peuple, que c’est à Jean-Jacques qu’ils la doivent ? […] Je ne le prouverai point par des assertions qu’on pourrait suspecter d’engouement, mais par des citations qui perdront en français tout autant que celles de Faust et de Manfred. […] Les diables font une opposition furieuse, et pour qui lira en entier le petit volume des Dziady, traduit en français, ces diables paraîtront au premier abord empruntés à Callot ou aux légendes du moyen âge, beaucoup plus qu’à l’allégorie poétique. […] Le démon moqueur de Goethe est un Français voltairien.
Jeudi dernier, 27, l’Académie française a donné le prix de poésie dont le sujet était l’Éloge ou le monument de Molière à un numéro 34 qui est connu d’avance pour être de madame Louise Colet, poëte déjà une fois lauréat.
On se demande à qui une telle dédicace aussi bizarre et si peu française peut bien s’adresser… Serait-ce à la princesse Belgiojoso ?
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887).]
[Les Poètes français, recueil publié par Eugène Crépet (1861-1863).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Crépet, Les Poètes français (1863).]
Sainte-Beuve Monselet a une qualité précieuse : il est dans la veine française.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Il fait abattre l’hippogriffe dans une clairière des forêts de chênes de la Bretagne française, prend Angélique dans ses bras et la dépose mollement sur l’herbe. […] La hideuse description de sa folie, vantée comme un prodige de force poétique par les critiques italiens et même français, est selon nous une plaisanterie déplacée, plus propre à contrister le rire sur les lèvres qu’à le provoquer ; ce qui dégoûte cesse de charmer. […] « La république française, gouvernée alors par un dictateur à vues droites, mais courtes, au lieu de se borner à offrir un asile sûr et respectueux au pontife, intervint à main armée pour la souveraineté temporelle du pape. « La révolution romaine fut prise d’assaut dans Rome par l’armée française. » Le paragraphe suivant commence ainsi : « Sous un autre président de la république, etc. » C’est donc bien le général Cavaignac et son gouvernement que, dans ces quelques lignes, vous accusez d’être intervenu à main armée en faveur du pouvoir temporel ; ce serait l’armée du dictateur Cavaignac qui aurait pris d’assaut la république romaine. […] « La révolution romaine fut prise d’assaut par l’armée française. » À quelle époque et par qui ?
Frédéric régnait alors à Berlin, et ceux des beaux-esprits français qui ne se sentaient pas capables de briller en France à côté de l’astre éblouissant de Voltaire, allaient à Berlin faire en sous-ordre les amusemens de la cour et du maître. […] Je n’hésite point à le dire, il est pour ce siècle, en philosophie, ce que la révolution française est pour ce même siècle dans l’ordre social et politique. […] Ajoutez à ce défaut celui de la langue allemande de cette époque poussé à son comble, je veux dire ce caractère démesurément synthétique de la phrase allemande qui forme un contraste si frappant avec lecaractère analytique de la phrase française. […] Socrate aussi, deux mille ans avant Kant et Descartes, rapportait tout à sa méthode qui, au fond, était la même que celle du philosophe français et du philosophe allemand. […] Plus heureuse, la révolution française, née en même temps que la révolution philosophique de l’Allemagne, partie à peu près du même point, de la déclaration des droits primitifs et éternels de l’homme indépendamment de toute société, de toute histoire, comme l’autre des lois pures de la raison humaine indépendamment de toute expérience, proclamant également et le mépris du passé et les espérances les plus orgueilleuses, a parcouru, en quelques années, ses vicissitudes nécessaires, et nous la voyons aujourd’hui arrivée à son terme, tempérée et organisée dans la charte qui nous gouverne.
Un huissier se promenait, en habit à la française, la chaîne au cou, noir et grave, parmi ces jolies filles effrontées. […] Ce qu’il y avait d’impur dans la nation française allait travailler pour lui et le rendre solidaire de tout le mal commis et à commettre. […] Il eut aussi un rêve de grandeur française qui ne fut pas d’un esprit sain, mais qui ne fut pas non plus d’un esprit médiocre. […] C’est qu’outre le grand dramaturge qu’il est, c’est aussi un philosophe, un homme de conscience et de combat ; et ce n’est pas un moindre titre de gloire pour nos lettres françaises d’avoir à la fois à la tête de notre théâtre français Alexandre Dumas à côté d’Émile Augier, et Alexandre Dumas éloquent polémiste, prêt à défendre les belles causes et à vaincre par la force de la logique et de la raison dans la langue même de Diderot. […] Ne nous réjouissons pas trop, car voilà ce que, plus loin, il dit des Français ; Les autres parties du monde ont des singes ; l’Europe a des Français.
des torrents de sang français ? […] Les imprimeries d’ici sont trop chères et trop françaises pour rien d’un peu allemand : à vingt lieues d’ici, on trouverait mieux ; mais là ce ne peut être moi et encore moins Pictet, qui n’a point de goût pour la littérature. […] Notre ami, le comte Alfieri, a un prodigieux succès comme maître des cérémonies. — Les anciens grands seigneurs piémontais et les Français dans les administrations se rencontrent sans cesse à la cour et ne s’en aiment pas davantage. […] Dernières Vues de politique et de finances, offertes à la nation française, 1802. […] Le discours qui avait pour sujet l’Influence de la Révolution sur l’éloquence française.
Nulle trace de la vivacité hardie et de la sécheresse nerveuse qui sont le fond d’une Française. […] Un Français a peine à supporter l’histoire de Roderick Random ou plutôt celle de Smollett quand il est sur le vaisseau de guerre. […] C’est ici que l’étonnement d’un Français redouble. […] Nos anciennes éditions françaises suppriment tous ces détails caractéristiques. […] Puss, terme de chasse, sans équivalent en français.
Quand l’esprit français mourait avec Voltaire, l’esprit allemand commençait avec Diderot. Par la déclamation, l’enflure, la prêcherie, le pédantisme, l’ouverture et la pesanteur des mâchoires, Diderot a dénationalisé le génie français. […] Il n’était pas, d’ailleurs, besoin du souvenir de la révolution française, fille de la philosophie du xviiie siècle, pour applaudir aux sifflets vengeurs de 1811. […] Diderot n’était pas, il ne fut jamais comme Voltaire, qui écrivait à toute l’Europe de cette plume qui courait comme le feu sur la poudre, un chef d’opinion reconnu dans le vaste soulèvement, dans l’effroyable conspiration organisée au xviii® siècle contre l’ancienne société française et le christianisme qui l’avait faite. […] En dehors de la France, Gœthe, qui se reconnaissait en Diderot, — et c’était une fatuité, car il n’en avait pas la flamme, — Gœthe l’avait présenté à l’Allemagne comme un Français digne d’être Allemand, et, de fait, il l’était.
Du caractère français et de l’anarchie nobiliaire léguée par les guerres civiles aux Bourbons est sortie la monarchie de Louis XIV. […] Prêtres gras, vestales équivoques, héros grotesques, enfants hardis, toutes les figures sont françaises. […] Avant, Colbert et les conquêtes ; après, Mme Scarron et les défaites, la proscription de 500 000 Français. […] Hier, il préférait le bon sens du paysan aux théories du lettré, et demandait au peuple la vérité sur la révolution française. […] Charles le Téméraire reniait son titre de Français, se disait Portugais, traitait pour démembrer la France.
Il a lu, en outre, tout ce qui a été écrit, en français et en allemand, sur la comédie au moyen âge. […] voilà ce que je ne me lasserai point de crier aux Français » ? […] Hors de cela, on n’y apprend rien des mœurs des Français. […] Dehelly à l’administrateur de la Comédie française, M. […] — Esther : Voilà bien ces Français !
Toutefois on reconnaît, à la chaleur avec laquelle il peint les batailles, l’héroïsme d’un guerrier qui rendit celle de Saint-Quentin si désastreuse à nos Français. […] Épopée française. […] Les critiques de Perrault et de La Motte, surchargés de vain savoir, nous ont donné déjà contre les errements de l’antiquité, ces leçons que renouvellent les détracteurs des belles-lettres françaises. […] Il peut en croire l’éloge que lui adresse un Français qui, par une certaine fierté nationale, très facile à s’expliquer, eût rougi, tout en l’admirant, de chercher sa présence dans Paris, et qui désire que sa louange sincère le suive à Pétersbourg. […] On remarquera que ce vers français reçoit du choc des consonnes le mouvement des dactyles du vers latin, et qu’il finit aussi par un spondée.
Rassemble-t-il les remarques qu’il fait sur la langue française ? […] Mais un écrivain français se doit de le réussir, car depuis l’auteur des Caractères jusqu’à celui des Illuminations, la tradition en est constante. […] Est-ce là la tradition du théâtre français ? […] Nous ne parlerons point des coq-à-l’âne qu’ils mettent dans la bouche d’étrangers qui baragouinent le français. […] Des manières d’être de la prose française, la maxime et la période sont assurément sinon les plus, du moins des plus caractéristiques.
C’est la désespérance la plus complète, sous la forme ironique, la forme particulière au désespoir français. « Nous y sommes ! […] une main française a-t-elle pu signer cela ! […] Ce qui a amené l’anéantissement de l’armée, est en train de tuer la société française. […] Et cette campagne lui a fourni les observations les plus curieuses sur les cryptogames français et prussiens. […] Dire que j’entendais, ces jours-ci, des Français déclarer qu’ils préféreraient l’occupation prussienne à l’occupation versaillaise !
Comme il n’avait pas pu, je ne sais plus pour quel méfait, être de l’Académie française, il fonda l’académie Aubignac. […] C’est assez rare d’entendre monter d’une scène de théâtre des propos qui sont en français. […] Hinzelin ; aux Français la lecture des principaux poèmes de Vigny et Quitte pour la peur. […] Il fallait faire sa cour à tous les comédiens influents et toutes les comédiennes influentes du Théâtre Français. […] Il s’était présenté plusieurs fois à l’Académie française et toujours sans succès.
Dans le feuilleton des Débats du lundi 21 août, vous pouvez voir ce résultat, et comme quoi il a été décidé que la querelle n’avait pas franchi les bornes littéraires, et comme quoi encore tous les deux seront membres un jour de l’Académie française pour le plus grand honneur d’icelle.
Son Tableau de la Poésie française, que nous réimprimerons un jour avec toutes les notes et additions marginales, interfoliées, interlinéaires, dont sa main a laissé couvert un exemplaire qu’il destinait à une prochaine édition, n’a pas nui, sur le cours et marché de la Bourse littéraire, à la hausse actuelle des poëtes de l’illustre Pléiade, tant recherchée aujourd’hui des bibliophiles.
[Les Poètes français, recueil publié par Eugène Crépet (1861-1863).]
[Tableau historique de l’état et des progrès de la littérature française depuis 1789 (édit. de 1834).]
Cependant l’Ode française, généralement accusée de froideur et de monotonie, paraissait peu propre à retracer ce que les trente dernières années de notre histoire présentent de touchant et de terrible, de sombre et d’éclatant, de monstrueux et de merveilleux.
Petau fit imprimer son Rationarium temporum, traduit en françois par l’Abbé de Maucroix.
La nouvelle de Saint-Réal ne se présentait qu’appuyée et comme escortée du témoignage des historiens espagnols ou français, dont les noms étaient même cités au bas des pages ; elle était composée de manière à faire illusion. […] Un jeune écrivain français, de ceux qui s’occupent d’études sérieuses, M. de Mouy, venait de publier sur ce même épisode un volume très consciencieux, très estimable, puisé en partie aux mêmes sources et arrivant à très peu près aux mêmes résultats. […] L’Académie française, qui vient de remarquer et de couronner l’ouvrage de M. de Mouy, lui dira bientôt d’une manière flatteuse, et par un organe éloquent, tous ses mérites74.
Si j’avais donc à citer aujourd’hui dans la littérature de la Révolution un exemple pur et net de sentiments et d’accents romains en une âme française, je serais assez embarrassé de rien produire, ou ce seraient les quatre Lettres à Buzot que je proposerais. Cornélie, Porcie, Arrie, ces nobles dames transportées dans la situation, les eussent pu écrire à quelques égards ; elles sont d’un stoïcisme légèrement attendri, et la Française non plus, la républicaine un peu étonnée de l’être, n’y est pas absente ; le ton une fois admis, il y respire un sentiment vrai et comme de la douceur : « Puisse cette lettre te parvenir bientôt, te porter un nouveau témoignage de mes sentiments inaltérables, te communiquer la tranquillité que je goûte, et joindre à tout ce que tu peux éprouver et faire de généreux et d’utile le charme inexprimable des affections que les tyrans ne connurent jamais, des affections qui servent à la fois d’épreuves et de récompenses ‘a la vertu, des affections qui donnent du prix à la vie et rendent supérieur à tous les maux ! […] Certes, tu n’es pas fait pour manquer d’aucune, ni de rien de ce qui appartient à une âme forte et supérieure : ne te laisse donc pas entraîner par l’excès même du courage vers le but où mènerait aussi le désespoir. » D’après tous ces passages, on voit que s’il y a quelque emphase, elle est rachetée aussitôt par bien des mérites, par des délicatesses infinies dépensées, et que la Romaine en Mme Roland n’a pas absolument la roideur du bas-relief ; elle est touchante, elle est Française encore, elle est femme, et c’est par l’ensemble de ces qualités réunies que les quatre Lettres retrouvées restent, toutes critiques faites, une acquisition hors de prix pour la littérature.
Son libéralisme toutefois, qui n’est point précisément celui des libéraux français de cette date, qui est plutôt, ne l’oublions pas, le libéralisme d’un aide de camp d’Alexandre, se rattacherait à l’école gouvernementale éclairée et aux principes d’une bonne monarchie administrative. […] Dans le temps où il était occupé à mener à fin son grand ouvrage, de fâcheuses et légères paroles tombées de la tribune française et prononcées par des généraux distingués, membres de l’opposition, tantôt par le général Sébastiani, tantôt par le général Foy, semblaient indiquer qu’il n’y avait plus, de la part des puissances, à compter ni sur la Suisse ni avec la Suisse. […] Mais j’ai songé, en parlant si à fond de lui, à autre chose encore ; j’ai tenu surtout, en découvrant sincèrement sa vie et ses pensées, en y introduisant si avant le lecteur, à détruire un préjugé à son égard, à faire tomber une prévention (s’il en existait) dans l’esprit de notre jeunesse militaire française.
Une pièce de lui sur le Bonheur de l’Étude eut un accessit à l’Académie française ; il la publia avec d’autres poésies en 1817. […] Il concourut comme rédacteur aux Archives philosophiques, politiques et littéraires en 1817-1818133 et en 1819 au Lycée français, recueil distingué et délicat de pure littérature134. […] Il parlait et écrivait, dit-on, le portugais à merveille ; l’idiome de Camoëns était devenu sa langue favorite, et il lui fallut quelque temps avant de reprendre sa fluidité française.
Lui si Français d’esprit, il a excédé par ce bout peut-être notre mesure française, laquelle est restée très-discrète et très-rebelle, nonobstant le régime oriental et symbolique qu’on a essayé de nous inculquer. […] Plus d’un aperçu ingénieux aurait gagné, je le crois bien, à être rendu d’une manière plus simple, plus purement spirituelle, et avec l’habitude si française de l’auteur.
Fénelon analysait pour Bossuet ces livres français, espagnols ou italiens, où madame Guyon avait puisé ses propres enthousiasmes. […] Seize ans après que Télémaque, imprimé sous toutes les formes et traduit en toutes les langues, inondait l’Europe, les orateurs à l’Académie française, en parlant des œuvres littéraires du temps, se taisaient sur le livre en possession du siècle et de la postérité. […] Le service militaire réduit à cinq ans de présence sous les drapeaux ; les pensions aux invalides servies dans leurs familles, pour être dépensées dans leurs villages, au lieu d’être dilapidées dans l’oisiveté et dans la débauche du Palais des Invalides dans la capitale ; Jamais de guerre générale contre toute l’Europe ; Un système d’alliance variant avec les intérêts légitimes de la patrie ; Un état régulier et public des recettes et des dépenses de l’État ; Une assiette fixe et cadastrée des impôts ; Le vote et la répartition de ces subsides par les représentants des provinces ; Des assemblées provinciales ; La suppression de la survivance et de l’hérédité des fonctions ; Les États généraux du royaume convertis en assemblées nationales ; La noblesse dépouillée de tout privilége et de toute autorité féodale, réduite à une illustration consacrée par le titre de la famille ; La justice gratuite et non héréditaire ; La liberté réglée de commerce ; L’encouragement aux manufactures ; Les monts-de-piété, les caisses d’épargne ; Le sol français ouvert de plein droit à tous les étrangers qui voudraient s’y naturaliser ; Les propriétés de l’Église imposées au profit de l’État ; Les évêques et les ministres du culte élus par leurs pairs ou par le peuple ; La liberté des cultes ; L’abstention du pouvoir civil dans la conscience du citoyen, etc.
Même la fantaisie, chez Boileau, est liée inséparablement à l’harmonie du vers ; redites ces deux vers connus : Et la scène française est en proie à Pradon. […] C’est qu’il s’agit de Chapelain : en un moment, le bonhomme se dressera devant nous, dans sa fatuité sereine d’auteur sifflé et content, et deux vives images nous donneront la sensation immédiate de ses vers Montés sur deux grands mots comme sur deux échasses, et de son épopée symétriquement dessinée comme le plus ennuyeux des jardins français. […] VI ; Nisard, Histoire de la littérature française, t.
Corneille est d’un autre temps, il a et il exprime une nature plus rude et plus forte, qui a longtemps été la nature française, une nature intellectuelle et volontaire, consciente et active. […] Il n’a même pas beaucoup de couleur, sinon dans les sujets où l’imagination espagnole jette encore ses feux à travers le langage raisonnable de l’auteur français. […] Brunetière, les Époques du théâtre français, 1ere et 2e Conférences, in-12, Paris, 1892.
Augier a placé sa comédie au dix-huitièmesiècle, sous Louis XVI, à cette époque de politesse raffinée et de mœurs exquises, ou la galanterie française mettait l’encens en bonbonnière et l’offrait aux dames, avec des grâces infinies. […] Mais, si vous avez fait de votre oncle un duc et pair de la cour de Louis XVI, investi d’un nom historique et d’un illustre blason, à l’instant même vous lui devez les respects et les hommages dont la noblesse française entourait alors les aînés de ses branches et les suzerains de ses races. […] A la place de cette pochade de rapin français, nous aurions mieux aimé voir quelque loyale et rêveuse figure d’étudiant allemand, dans le goût de Schiller et de Novalis, les grands yeux bleus pleins de féeries et de rêves, les longs cheveux dorés du Germain s’épanchant sous la casquette romantique, un frais sourire sous une moustache blonde, de la candeur rehaussée d’humour et de vaillance, et, par moments, des bouffées d’enthousiasme, de poésie et de lyrisme s’exhalant, comme une fumée d’encens, de la longue pipe de porcelaine qui pend à ses lèvres.
Entre ses mains, l’ancienne chanson française, légère, moqueuse, satirique, non contente de se revêtir d’un rythme plus sévère, s’est transformée en esprit et s’est élevée ; ceux qui en aimaient avant tout la gaieté franche, malicieuse en même temps et inoffensive, ont pu trouver qu’elle perdait chez lui de ce caractère. […] À la cinquième, le poète a épuisé ses rimes et ses ressources ; la langue française, en poésie, n’en a pas plus. […] Béranger n’est pas de l’Académie française ; il s’est dit qu’il ne fallait pas en être.
Les poètes surtout, ceux qui se groupaient dans le recueil de La Muse française, Guiraud, Vigny, Hugo, Deschamps, aimaient alors à prédire à Delphine, comme on l’appelait tout fraternellement, la couronne de l’élégie lyrique : Son talent tout jeune, me dit un de ces fidèles témoins que j’ai voulu interroger pour être juste, nous paraissait devoir être un mélange de vigueur masculine avec une sensibilité de femme du monde, plus affectée des choses de la société que des spectacles de la nature ; plus nerveuse que tendre, plus douloureuse que mélancolique : le tout marchant de concert avec beaucoup d’esprit réel, sans prétentions, et se manifeste tant sous une forme de versification pure, correcte, savante même et assez neuve alors. […] Distinguée et couronnée par l’Académie française en 1822 pour avoir chanté le dévouement des sœurs de Sainte-Camille pendant la peste de Barcelone, Mlle Gay ne cessa de célébrer depuis en vers tous les événements publics importants, les solennités monarchiques ou patriotiques, la mort du général Foy, le sacre de Charles X, l’insurrection de la Grèce, tous les beaux thèmes du moment. […] Cette belle jeune fille ne sait pas, en général, dégager son imagination des types convenus (chevalier français, beau Dunois, muse de la patrie) ; elle se prend à ces types naturellement, de bonne foi, mais trop en idolâtre et par les dehors.
Lucas-Montigny m’a bien voulu confier, je trouve une traduction de l’Agricola de Tacite ; un petit Traité de l’inoculation, destiné à éclairer, à convaincre Sophie, pour qu’elle fît inoculer leur enfant ; un petit Abrégé de grammaire française, destiné aussi à cet enfant qu’ils avaient nommé Gabriel-Sophie. […] J’ai entrepris de te donner en vingt-cinq pages toutes les règles essentielles de la langue française, de t’en expliquer toutes les difficultés, de t’en énoncer les exceptions principales d’une manière aussi exacte que concise, et je crois y avoir réussi. […] Ce Mémoire est plus que suffisant pour te mettre en état de montrer toi-même le français par principes à ta fille.
En même temps la question de guerre le préoccupe, et même l’entête un peu ; non content d’applaudir à la réorganisation de l’armée par le maréchal Soult, qu’il exceptera toujours à l’avenir et ménagera plus ou moins dans ses virulences, il s’écrie (30 novembre) : Vienne le moment où se rencontreront en champ clos une avant-garde prussienne et une poignée de volontaires français ! […] On l’a appelé, dans la forme définitive où il nous reste à l’étudier, le Junius de la presse française. L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.
Sa ville natale lui élève une statue, l’Académie française couronne son éloge ; près de quarante ans après sa mort, le voilà encore une fois célébré. […] Elle était Française, née d’une famille honnête, ainsi que son mari. […] Bernardin, qui a sollicité à satiété, s’irrite de la forme, et du fonds sur lequel la somme est assignée ; c’est comme officier du roi, comme capitaine-ingénieur qu’il veut être indemnisé, ou comme ayant servi la politique française en Pologne ; il écrit au ministre « qu’il lui est impossible d’accepter une aumône de son département ».
Si on prend à la lettre ce qui se dit communément, que le caractère de notre langue est la clarté, on croira qu’il n’en est aucune plus favorable à l’orateur ; il ne faut pour se détromper qu’avoir écrit en français, ou interroger ceux qui ont pris cette peine. […] Ainsi la clarté est l’apanage de notre langue, en ce seul sens qu’un écrivain français ne doit jamais perdre la clarté de vue, comme étant prête à lui échapper sans cesse. […] Rien n’est donc plus opposé au style facile, et par conséquent au bon goût, que ce langage figuré, poétique, chargé de métaphores et d’antithèses, qu’on appelle, je ne sais par quelle raison, style académique, quoique les plus illustres membres de l’Académie Française l’aient évité avec soin et proscrit hautement dans leurs ouvrages.
car personne avant lui n’avait écrit, en français du moins, des vers de cette énergie morbide, de cet amer, de ce saignant ! […] Ainsi elle est dans ces Rayons jaunes dont la Critique française, toujours française, s’est moquée presque autant que de la Ballade à la lune d’Alfred de Musset, et avec un sens poétique qui aurait indigné les poètes anglais, ces premiers poètes du monde !
Quelques caricaturistes français Carle Vernet — Pigal — Charlet — Daumier — Monnier — Grandville — Gavarni — Trimolet — Traviès — Jacque I Un homme étonnant fut ce Carle Vernet. […] C’est une grande réputation, un réputation essentiellement française, une des gloires de la France. […] Il évite même avec soin tout ce qui ne serait pas pour un public français l’objet d’une perception claire et immédiate.
L’idée que les Français invoquent pour exiger telle réforme égalitaire n’est pas l’idée que seuls au monde les Français sont égaux entre eux, tandis que les Américains ou les Allemands seraient inégaux, c’est l’idée plus générale qu’un homme vaut un homme. Et qu’on ne croie pas que seul le « rationalisme français » était capable de remonter à ces notions universelles, M.
Les Guides-Richard deviendront aussi inutiles pour les voyageurs qu’une grammaire française peut l’être pour un vaudevilliste ou deux. […] — Si tu savais comme ces gens-là ont la tête dure, lui répondit l’ami ; voilà six ans que je vis avec eux et ils n’ont pas pu apprendre le français. […] Adresse-moi, au plus vite, une lettre— chargée, — très chargée, — et surtout aie le soin d’écrire mon nom en gros caractères, car la poste française a l’ingénieuse habitude d’apposer son timbre sur cette partie principale de l’adresse. […] Après une maladie dont l’issue, malheureusement trop certaine, n’était cependant pas aussi prochainement attendue, mademoiselle Rachel vient de mourir dans un petit coin de la terre française, qui est le vestibule de l’Italie […] Gnouf-gnouf et ô mon Dieur-je résument toute la gaieté et tout l’esprit français.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Albert Giraud Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays.
Elles sont écrites en meilleur français. […] Jullien n’est pas sans savoir que les vers latins et grecs s’éloignent beaucoup plus des proses grecque et latine que le vers français ne s’éloigne de la prose française. […] Mallarmé serait un malotru et il écrirait en bon français je lui en saurais plus de gré. […] De tous les écrivains français, depuis qu’il y a une langue française, il est le premier qui ait agi de la sorte. […] Écrivons en bon français, instruisons-nous chez les pères de la langue, rien de mieux.
Il est à remarquer qu’elle et Victor Hugo entrèrent sous l’aile de la muse avec je ne sais quelle secrète influence espagnole, l’un né à Besançon, l’autre à Douai, deux cités françaises très-marquées de ce caractère étranger ; mais elle, son talent ne portait au cœur comme au front que le caractère espagnol attendri. […] Il semblait que l’inspiration et la couleur françaises ne dussent se rajeunir qu’à ce prix. […] Elle avait lu d’aventure Tom Jones en français, et peut-être Gusman d’Alfarache ; elle avait commencé Paul et Virginie, sans oser le finir. […] Elle aime en toi le fils du père des pauvres, et te donne aujourd’hui pour protecteurs ceux qui les jugent et se consacrent à eux… « … Mais la politique empoisonne les esprits. — Moi qui pleurais de joie et de respect en traversant enfin Genève, patrie de notre grand-père paternel, on m’y a poursuivie avec ma petite famille en criant contre nous : « A bas les Français !
Necker, et prépara la Révolution française, sans être philosophe ni novateur. » Protégée et abritée jusqu’au sortir des plus affreux malheurs sous l’aile de son excellente mère, la jeune Clary, dans une profonde retraite de campagne, prolongeait, près de sa sœur cadette236, une enfance paisible, unie, studieuse, et abordait sans trouble la tendre jeunesse, ne cessant d’amasser chaque jour ce fonds inappréciable d’une âme sainement sensible et finement solide : telle la nature l’avait fait naître, telle une éducation lente et continue la sut affermir. […] Il repose sur une donnée singulière et gracieuse : dans une certaine ville d’Allemagne, deux émigrés français, un jeune homme et une jeune fille, voisins l’un de l’autre, s’aiment sans s’être jamais vus. […] La jeune fille qui, logée au couvent d’à-côté, soigne sa grand’mère malade, lui écrit un jour, ayant su qu’il était Français, pour le prier de ne pas jouer à de certaines heures où cela incommode sa grand’mère, et en même temps, toutefois, elle le prie de jouer encore, car, à certaines autres heures, cela pourrait faire distraction à sa pauvre grand’mère et à elle-même. […] Ce n’est qu’après la publication de l’écrit de Mme de Staël sur la Révolution française qu’elle eut l’idée et le courage de rassembler encore une fois ses souvenirs ; à défaut du premier et incomparable récit, ceux qui liront l’autre un jour auront de quoi se consoler.
. — De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret. […] Considérez, par exemple, deux moments d’une littérature ou d’un art, la tragédie française sous Corneille et sous Voltaire, le théâtre grec sous Eschyle et sous Euripide, la poésie latine sous Lucrèce et sous Claudien, la peinture italienne sous Vinci et sous le Guide. […] Il y eut une de ces contrariétés, lorsqu’au dix-septième siècle, le rude et solitaire génie anglais essaya maladroitement de s’approprier l’urbanité nouvelle, lorsqu’au seizième siècle le lucide et prosaïque esprit français essaya inutilement d’enfanter une poésie vivante. […] J’ai choisi l’Angleterre, parce qu’étant vivante encore et soumise à l’observation directe, elle peut être mieux étudiée qu’une civilisation détruite dont nous n’avons plus que les lambeaux, et parce qu’étant différente, elle présente mieux que la France des caractères tranchés aux yeux d’un Français.
Tantôt ce sont des modulations languissantes, quoique variées ; tantôt c’est un air un peu monotone, comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d’œuvre de simplicité et de mélancolie. […] Il voulut mettre le comble à son attendrissement en donnant comme complément René, le Werther de ce Gœthe français. […] La colonie française et le fort Rosalie se montraient sur la droite, au bord du fleuve. […] Il périt peu de temps après avec Chactas et le père Souël, dans le massacre des Français et des Natchez à la Louisiane.
Mais, dans quelques-unes des préférences de cette sorte, où ce qui représente le mieux le génie de notre race est mis au-dessous de ce qui le représente moins exactement, ne retrouverait-on pas la manie généreuse et bien française de faire bon marché de ce qui nous est propre pour embrasser ce qui porte un air extraordinaire ? […] Racine est un Français de France. […] Deschanel démonte avec beaucoup d’adresse l’admirable tragédie de Phèdre, nous fait toucher du doigt comment elle est composée, ce qu’elle garde d’Euripide et de Sénèque, ce que Racine y a mis du sien. « L’édifice a trois étages, trois ordres, dont les provenances diverses s’accusent dans la conception et dans le style : l’ordre attique, l’ordre romain, l’ordre français ; je dis trois ordres de poésie et de civilisation55 ». […] les personnages d’Andromaque et d’Iphigénie et de Phèdre ne sont point des gens des temps héroïques ; non, Mithridate ni Assuérus ne sont point des rois d’Orient, et les Romains de Bérénice ou même de Britannicus sont Français plus qu’à demi, et, en admettant que ce soit une nécessité absolue du drame que les personnages anciens y soient toujours en partie modernisés, ils le sont ici jusqu’à l’excès.
Il a encore employé ce mot dans une petite préface qu’il lit en 1670, au-devant des œuvres posthumes de Gilles Boileau son fière, de l’Académie française. « La traduction du quatrième livre de l’Énéide », dit-il, « a déjà charmé une partie de la cour, par la lecture que l’auteur, de son vivant, a été comme forcé d’en faire en plusieurs réduits célèbres. […] Leclerc, de l’académie française), elles se mirent à dire qu’il fallait faire une nouvelle orthographe, afin que les femmes pussent écrire aussi assurément et aussi correctement que les hommes. […] Les changements opérés dans la langue française durant la période des précieuses ne sont pas le premier exemple qu’on puisse citer du pouvoir de la conversation. […] Il nous en reste un monument irrécusable dans Les Dialogues concernant le nouveau langage français italianisé et autrement déguisé, principalement entre les principaux courtisans de ce temps : de plusieurs nouveautés (dans les usages) qui ont accompagné cette nouveauté de langage : de quelques courtisanismes modernes et de quelques singularités courtisanesques.
Rendre à la poésie française de la vérité, du naturel, de la familiarité même, et en même temps lui redonner de la consistance de style et de l’éclat ; lui rapprendre à dire bien des choses qu’elle avait oubliées depuis plus d’un siècle, lui en apprendre d’autres qu’on ne lui avait pas dites encore ; lui faire exprimer les troubles de l’âme et les nuances des moindres pensées ; lui faire réfléchir la nature extérieure non seulement par des couleurs et des images, mais quelquefois par un simple et heureux concours de syllabes ; la montrer, dans les fantaisies légères, découpée à plaisir et revêtue des plus sveltes délicatesses ; lui imprimer, dans les vastes sujets, le mouvement et la marche des groupes et des ensembles, faire voguer des trains et des appareils de strophes comme des flottes, ou les enlever dans l’espace comme si elles avaient des ailes ; faire songer dans une ode, et sans trop de désavantage, à la grande musique contemporaine ou à la gothique architecture, — n’était-ce rien ? […] Et c’est ainsi qu’au déclin d’une école et quand dès longtemps on a pu la croire finissante, quand de ce côté la prairie des muses semble tout entière fauchée et moissonnée, des talents inégaux, mais distingués et vaillants, trouvent encore moyen d’en tirer des regains heureux et de produire quelques pièces presque parfaites qui iraient s’ajouter à tant d’autres dans la corbeille, si un jour on s’avisait de la dresser, — dans la couronne, si l’on s’avisait de la tresser —, d’une anthologie française de ce siècle.
Il semble que de tous côtés les sensations et les idées affluent pour vous expliquer ce que c’est que le Français. […] Il ne faut pas trop se hasarder en conjectures, mais enfin c’est parce qu’il y a une France, ce me semble, qu’il y a eu un La Fontaine et des Français.
Il en approchait pourtant en maniant le vieux français, en lisant Rabelais, Marot, la reine de Navarre. […] Sauf une petite élite, les Français en sont restés à la morale de La Fontaine. « Amusons-nous », c’est là, ce semble, son grand précepte, et aussi le nôtre.
Eschyle et à créer une Orestie française, Leconte de Lisle se promenait, en causant avec le vieux combattant de Salamine et de Platée, dans le pays idéal de la Tragédie, tout à coup il s’aperçut que son compagnon de voyage était chauve à ce point, que les tortues pouvaient prendre son crâne pour un rocher poli. […] Puis, l’amour des anciens le reprit, et, en relativement peu d’années, il dota la littérature française d’immortelles traductions d’
On comprend ce que l’acteur français Des Lauriers, surnommé Bruscambille, disait, à quelque temps de là, dans un de ses prologues en parlant de la farce française : « Je puis dire avec vérité que la plus chaste comédie italienne est cent fois plus dépravée de paroles et d’actions qu’aucune des nôtres. » Bornons-nous à quelques indications sur ce point délicat.
Le titre, le sujet de son Cours, est la poésie française. […] Saint-Marc Girardin nous dira avec Fénelon ; et il nous répondrait encore avec Voltaire, car je me plais à laisser parler ces esprits excellents ; toute la vraie rhétorique française, la rhétorique naturelle est comme éparse dans leurs écrits ; il ne s’agit que de la recueillir.
tous les sentiments de l’âme humaine, épanouis ou concentrés dans sa personne… Il chanta et pleura, et il fit de l’Élégie — car les classificateurs l’auraient appelé un élégiaque — quelque chose de si splendide et de si grandiose, qu’un poète épique, impossible, dit-on, en France, y aurait paru et s’y serait emparé subitement de l’imagination française, qu’il n’aurait pas produit d’effet plus grand ! […] Mais ce qui restera de Lamartine, tant qu’il y aura une langue française, sera — comme je l’ai déjà dit — sa poésie seule, qu’il a faite seul, car ses fautes, il les a partagées, et il n’y a que son génie qui soit tout à lui !
Sainte Térèse, grâce à cette traduction de ses œuvres complètes, peut être maintenant aussi profondément connue du public français que jusqu’ici elle l’était peu ; et nous désirons qu’elle le soit. […] Sainte Térèse est toujours pour l’imagination ou l’ignorance françaises le fameux portrait de Gérard : la belle Sainte à genoux, avec sa blancheur de rose macérée, son œil espagnol qui garde, sous la neige du calme bandeau, un peu trop de cette mélancolie qui ne vient pas de Dieu, car il n’en vient nulle mélancolie, et ces mains de fille noble qui, jointes très correctement sur le sein, disent aussi un peu trop à la bure sur laquelle elles tranchent qu’elles étaient faites pour la pourpre.
Qu’elle soit ignorante ou cultivée, passionnée ou vertueuse, la femme, chez lui, ce n’est jamais que l’éternelle candeur allemande, — cette candeur qui nous plaît, à nous autres Français, parce qu’elle nous change et contraste avec nos faiseuses d’addition et de soustraction en amour ! […] Il a touché tous ces visages, pâles et vagues, avec l’ardente précision du génie français.
Nourri du dix-septième siècle français, cet âge de froide étiquette et de servilisme intellectuel, Voltaire et son temps, au nom de Corneille, excommunient Shakespeare, qui écrase cependant le tragique français de toute la souveraineté de son génie.
Les Français et les Italiens disent fasse le ciel, j’espère dans les secours du ciel ; il en est de même en espagnol. Les français disent bleu pour le ciel, dans une espèce de serment par bleu, et dans ce blasphème impie morbleu (c’est-à-dire meure le ciel, en prenant ce mot dans le sens de Dieu.)
C'est encore de l’école de la Muse française de 1824.
L'un des deux secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences et membre de l’Académie française, M.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
. — Histoire du quarante et unième fauteuil de l’Académie française (1845). — Romans, contes et voyages (1846). — Les Trois Sœurs (1847). — La Pantoufle de Cendrillon ; le Voyage à ma fenêtre (1851). — La Comédie à la fenêtre, un acte (1852). — Sous la Régence et sous la Terreur (1852). — Le Repentir de Marion (1854). — Poèmes antiques (1855). — Le Violon de Franjolé (1856). — Le Duel à la Tour (1856). — Le Roi Voltaire (1856). — La Symphonie de vingt ans (1867). — Le Chien perdu et la Femme fusillée (1872). — Cent et un sonnets (1873). — Roméo et Juliette, comédie (1873). — Lucie, histoire d’une fille perdue (1873). — Tragique aventure de bal masqué (1873). — La Belle Rafaela (1875). — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.
Villeroy connaît encore les classiques français, et nous serions étonné si, parmi eux, Corneille n’avait pas sa prédilection.
Qu’il n’espere pas de réussir, s’il n’entretient point les françois des lieux fameux dans leur histoire, et s’il ne leur parle point des personnages et des évenemens ausquels ils prennent déja un interêt, s’il est permis de parler ainsi, national.
. — Raisons tirées du caractère français […] Par instinct, le Français aime à se trouver en compagnie, et la raison en est qu’il fait bien et sans peine toutes les actions que comporte la société. […] Il ne suffit même plus d’être affable, il faut à tout prix paraître aimable à ses inférieurs comme à ses égaux224 ». — « Les princes français, dit encore une dame contemporaine, meurent de peur de manquer de grâces225. » Jusques autour du trône, « le ton est libre, enjoué », et, sous le sourire de la jeune reine, la cour sérieuse et disciplinée de Louis XVI se trouve à la fin du siècle le plus engageant et le plus gai des salons. […] « Être toujours gai, dit un voyageur anglais en 1785274, voilà le propre du Français », et il remarque que cela est d’obligation, parce qu’en France tel est le ton du monde et la seule façon de plaire aux dames, souveraines de la société et arbitres du bon goût. […] Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique Selon lui, le trait caractéristique du colon français comparé à ceux des autres nations, c’est le besoin de voisiner et de causer.
Bien que les belles proportions de l’opéra de Mozart eussent été forcément tronquées pour entrer dans ce lit de Procuste d’une petite salle des boulevards de Paris ; bien que la langue française, forcément employée aussi sur cette scène semble mettre une sourdine à ces notes éclatantes écrites pour la langue sonore de l’Italie, la perfection avec laquelle cette musique était exécutée par les trois cantatrices, par les chanteurs et par l’orchestre m’enleva pendant quelques heures au sentiment de mes afflictions pour m’enivrer tantôt de cette jeunesse et tantôt de cette amoureuse folie des notes de Mozart. […] Le souper du voyageur, auquel assistent les servantes et la belle hôtesse, la scène de la déclaration d’amour faite à l’aide d’un dictionnaire allemand-italien, où le doigt muet de la jeune veuve et du jeune poète marquent les mots qui révèlent leur inclination naissante est une scène supérieure à celle du page dans les Noces de Figaro que d’Aponte et Mozart devaient écrire et chanter bientôt ensemble : nous n’en connaissons pas de pareille en français. […] Quant au reste de l’Allemagne, de l’Italie, et quant à la France, le chef-d’œuvre de la musique moderne eut le sort d’Athalie, le chef-d’œuvre de la poésie française : il fallait que cette musique surhumaine attendît trente ans ses juges. […] Mais supposez, de plus, qu’au lieu de lire dans ma traduction française, langue trop virile et trop peu souple pour ces mollesses efféminées de l’âme, vous lisez en vénitien, langue aussi balbutiante et aussi transparente que le murmure des lagunes sur le sable du Lido. […] Semblable au poète français Gilbert, qui chanta mourant sa propre mort, Mozart se chanta à lui-même l’éternelle paix sur son lit d’agonie dans son Requiem.
Un écrivain français, explorateur pittoresque des littératures du Nord, M. […] L’esprit français ne s’accommode pas de cette suspension d’une action qui s’arrête à un soleil et reprend à l’autre. […] C’était le lendemain de la bataille d’Iéna ; les Français, vainqueurs, s’avançaient sur Weimar. […] Je ne veux pas les nommer, leurs œuvres les nomment ; ils s’annonçaient, avec la jactance de l’orgueil, comme les régénérateurs de la littérature française ; le monde intellectuel semblait n’avoir pas existé avant eux ; ils ne se reconnaissaient ni antécédents, ni modèles, ni ancêtres, ni égaux dans le monde de l’esprit. […] Cependant cette décentralisation, fatale jusqu’ici à l’Italie, nuisible à l’Allemagne, n’empêche pas le génie germanique d’influer puissamment depuis quelques années sur la littérature nouvelle de l’Europe dans ce que l’on appelle romantisme, c’est-à-dire dans cette tendance heureusement novatrice du génie français, italien, britannique, à sortir de la servile imitation des anciens ; à émanciper nos langues en tutelle, et à les rendre enfin originales et libres comme la pensée spontanée du monde moderne ; dans le romantisme il y a une propension évidente à germaniser la littérature moderne.
La suite des chapitres qui décrivent avec quel sentiment de trouble, d’horreur, de descellement de tous les fondements sociaux, la prise, l’incendie de Moscou, l’affolement, la sinistre soif de sang et de souffrances de toute cette population confondue, et abolissant dans l’éperdument de tous la raison de chacun, se continue par un raid de cosaques embusqués sur les pas de l’armée française en retraite, sous une pluie battante, dans une forêt défeuillée, par cet étrange bivouac des Russes où apparaissent deux ombres hâves de soldats français bientôt réconfortés, égayés et égayant toute la ronde ; par les larges dîners de club à Moscou, par de minutieux aperçus des salons aristocratiques de Saint-Pétersbourg, par les scènes de famille des Rostow, par cette nuit blanche de lune que Natacha et Sonia contemplent de leur fenêtre avec de légères paroles, tout l’ensemble enfin de ces scènes fugitives, familières, graves, belles, tragiques, toujours humaines, qui, surprises et restituées avec une force d’irrésistible persuasion, avec une accumulation des détails, avec un saisi graphique des incidents, partagent le lecteur entre une adhésion apparemment toute naturelle et une admiration parfois stupéfaite, imposent l’intérêt et la sympathie, font de ces livres, d’invention pourtant, mais auxquels s’applique si mal la désignation de romans, un des plus vastes et des plus véridiques recueils d’observations sur les mœurs et les individus dans la série presque complète des circonstances ordinaires et extraordinaires de la vie. […] Napoléon à son entrée à Moscou et s’ensanglantant l’esprit de ce dessein, qui perd toute cette barbarie assumée après quelques mots d’un insignifiant entretien avec un Français par qui il ne peut s’empêcher de se sentir ressaisi de tous les liens sociaux. […] Que l’on écarte toute idée de mièvrerie, de sensiblerie vertueuse, d’embellissement factice de la vérité ; il n’y a là aucune de ces effusions doucereuses, de ces feints attendrissements qui rendent odieux dans la littérature française les tableaux de la vie en famille ; mais la simple vérité virile et saine, comprenant les froissements, les conflits, les ridicules, le prosaïque de l’existence à plusieurs ; mais donnant aussi sa sûreté, sa dignité, sa douceur, sa gaîté, son aspect archaïque et patriarcal. […] Plus assidûment encore et avec de plus harcelants malaises, le prince Pierre Bezonkhof, inquiet et se dégoûtant des grosses jouissances dont il essaie de tromper ses besoins spirituels de foi, se lance de-ci de-là à la recherche d’une règle, d’un mot magique qui donne quelque sens à ses actes, et rencontre en plein désespoir, un singulier personnage qui lui parle de Dieu et de la vie future selon les formes de la franc-maçonnerie ; il se jette dans cette secte pour reconnaître promptement l’inanité de sa philosophie et de sa morale, retombe dans sa morosité et ses débauches quand à l’approche de l’année française il est témoin de la forte certitude, de la foi et de la joie qui animent les masses populaires et les armées ; pris de contagion, enflammé d’un patriotisme fumeux, il quitte son palais, se môle à la populace, conçoit un instant le dessin d’assassiner Napoléon ; une conversation dissipe ce transport de férocité, il se fait horreur devant l’exécution de quelques-uns de ses compagnons, et froissé, prostré, éperdu, rejoint une troupe de prisonniers, où l’existence de pauvre qu’il mène, cette vie de résignation et d’insouciance l’apaisent peu à peu et l’ouvrent aux humbles paroles d’un petit soldai paysan, familier, doux et sensé ayant sur lui quelque chose de la bonne fraîcheur de la terre.
Cette dame, qui, par son mariage, tenait à l’une des premières familles de Genève, était Française et Parisienne, fille de M. […] Lorsque l’abbé Prevost publia l’Histoire d’une Grecque moderne, assez agréable roman où l’on voit une jeune Grecque, d’abord vouée au sérail, puis rachetée par un seigneur français qui en veut faire sa maîtresse, résister à l’amour de son libérateur, et n’être peut-être pas aussi insensible pour un autre que lui, on crut qu’il avait songé à notre héroïne. […] Tandis qu’Aïssé, en France, cessait d’être un enfant, il avait maille à partir ailleurs ; l’extrait suivant, puisé aux sources, ne laisse rien à désirer : « En 1709, des plaintes ayant été portées contre lui par divers membres de la nation française, il est rappelé le 27 mars 1710. […] Essais de Littérature française, tome 1er , page 188 (3e édition). […] Bolingbroke savait sa littérature française par le menu.
Les filles de Gautier ont un charme singulier, une espèce de langueur orientale, des regards lents et profonds, voilés de l’ombre de belles paupières lourdes, une paresse et une cadence de gestes et de mouvements qu’elles tiennent de leur père, mais élégantifiées par la grâce de la femme : un charme qui n’est pas tout à fait français, mais mêlé de toutes sortes de choses françaises, de gamineries un peu masculines, de paroles garçonnières, de petites mines, de moues, de haussements d’épaules, d’ironies montrées avec les gestes parlants de l’enfance ; toutes choses qui en font des êtres tout différents des jeunes filles du monde, de jolis petits êtres personnels, d’où se dégagent franchement, et d’une manière presque transparente, les antipathies et les sympathies. […] Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie. […] 21 mai Quand le passé, religieux et monarchique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire, et peut-être arrivera-t-il qu’on trouvera qu’un Balzac vaut Molière, et que Victor Hugo est le plus grand de tous les poètes français. […] Non, voilà tout… Nous ne sommes pas Français, nous autres, nous tenons à d’autres races. […] 22 septembre Celui-là, je le répète, ferait un livre curieux, apporterait d’intéressants documents à l’histoire humaine et française, celui-là qui récolterait et assemblerait simplement les anecdotes singulières, relatives à certaines physionomies provinciales.
La vérité est, selon nous, qu’il est excellent de pouvoir dire, comme en français, tantôt un cheval noir, tantôt un noir cheval, ou, pour prendre un autre exemple de Spencer, tantôt : la Diane d’Ephèse est grande, ou Grande est la Diane d’Ephèse. […] C’est ainsi que Victor Hugo a perfectionné notablement notre métrique française, l’a coordonnée et systématisée au moment où on l’accusait de la détruire. […] Nous assistons de nos jours à la dislocation du vers français, que Victor Hugo avait porté à sa dernière perfection. […] La magnifique cantilène de Faust, Salut, demeure chaste et pure, traduite en italien, devient : Salve, dimora casta e pura ; et Gounod remarque que, dans cette sonorité italienne, la douceur profonde de sa musique disparaît : ces voyelles un peu sourdes et discrètes du vers français, « Salut, demeure chaste et pure », qui expriment à la fois le mystère de la nuit et le mystère de l’amour, font place à des voyelles éclatantes, à des a ouverts, à des o et à des ou arrondis, et les mots éclatent comme des fanfares : « Salve, dimora casta e pura. » Là où le chanteur français peut mettre toute l’expression de l’âme, le chanteur italien est presque obligé de déclamer : le poétique cède la place à l’oratoire. […] Un fait qu’on peut constater, et dont la signification est considérable, c’est que notre prose française devient de plus en plus poétique ; la plupart de nos grands écrivains sont des poètes ; et cependant la langue poétique de convention qui existait au dix-septième, au dix-huitième siècle, et qu’on retrouve encore dans Chateaubriand par exemple (coursier, laurier), a totalement disparu de notre style.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887).]
Des politiques transcendants se raillent de notre principe français, que, pour disposer des populations, il faut préalablement avoir leur avis.
Vous connaissez les bons auteurs français ; vous entendez les poètes latins ; que ne les lisez-vous donc ?
Mais assez de rythmique ; il est temps que nous aimions la poésie et non plus seulement les vers des Ballades Françaises. […] On voudrait, pour la sécurité de la joie, ignorer que ces masques couvrent des visages ; mais quand tous ces visages seront abolis il restera : que la prose française aura eu son Juvénal. […] Dujardin la conduisit par deux chemins qui devaient se rejoindre un peu plus tard, d’un côté vers Ibsen, de l’autre vers le symbolisme français. […] Arriver est donc devenu, dès l’adolescence, l’occupation de toute la jeunesse française. […] Tête d’or fut mis à la mer un jour par un homme qui écrivit en français avec génie, il y a sept ou huit ans, et qui depuis s’est tu.
L’héroïne du roman, Française de vingt-quatre ans, blonde au visage noble et animé, qui a quelque chose d’élégant, de modeste et de naturel dans toute sa personne, d’un abord parfois sévère, mais qui s’adoucit avec de la grâce et de la cordialité, telle enfin qu’on croit sentir en elle une âme à la fois aimable et forte, capable de grandes choses, mais sensible aux petites ; Thérèse de Longueville, au milieu des hommages dont elle est l’objet, et auxquels elle reste assez indifférente, ne tarde pas à distinguer Sextus, à le craindre d’abord (car d’anciens chagrins l’ont rendue prudente), puis à désirer de le revoir et de lui plaire.
Sachez qu’on n’a rien écrit de plus parfait en prose française depuis le Roman de la Momie et depuis Salammbô.
. — Les Poètes français (1863).]
Il est de toute évidente qu’une oreille française, fortement enracinée, restera toujours sensible au délicat tremblé de l’e muet.
Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.
Le traducteur de Grotius a mis aussi en françois le Droit de la nature & des gens, par Puffendorff, in-4°. deux volumes.
Mais les raisons que nous avons exposées dans ces refléxions et l’expérience du passé, montrent suffisamment que la possibilité de faire un poëme épique françois meilleur que l’éneïde, n’est qu’une possibilité métaphisique, et telle qu’est la possibilité d’ébranler la terre en donnant un point fixe hors du globe.
Quoi de plus différent que ces deux Français qui écrivirent en même temps, Rabelais et Calvin ? […] Les tout jeunes gens y apprendraient ce que c’est que sobriété, aisance, netteté, prose française enfin. […] Le chef-d’œuvre de Lesage nous appartient-il, à nous Français ? […] D’un bourgeois et d’un Prussien regardant, du pont de Charenton, brûler Paris, c’est le Prussien qui est le plus Français. […] Un jour, j’imagine, on les fera apprendre aux enfants pour leur mettre dans l’oreille le son et la cadence de la phrase française.
Péladan de nous avoir donné en français ce Léonard essentiel et portatif. […] Depuis cent ans, l’imagination française s’est très développée. […] Le Français et ses patois a naturellement nommé un grand nombre de rivières, soit en les débaptisant, soit en modifiant leurs noms anciens pour leur donner une signification française. […] Cf. la traduction française, 1876, tome Ier. […] Traduction française de A.
Cette musique est gaie, mais non d’une gaieté française ou allemande : sa gaieté est africaine. […] Le caractère ethnique de la musique italienne, française, allemande, espagnole, anglo-saxonne, scandinave, russe, ne subsiste plus guère que dans les chants populaires d’origine assez lointaine. […] Il en a paru récemment deux traductions françaises, l’une de M. de Wyzewa, l’autre de M. […] Un volume, paru en traduction française chez Fischbacher, Paris, 1884. […] Une traduction française de cet opuscule a paru dans la Société nouvelle, livraison de janvier-février 1892.
Je suis en danger d’oublier bientôt le peu de français que je sais ; je le désapprends tous les jours, et je ne parle tantôt plus que le langage de ce pays, qui est aussi peu français que le bas-breton. […] Mais pourquoi ce qui a « bonne grâce » dans les vers grecs ou italiens n’en aurait-il pas dans les vers français ? […] C’est une comédie héroïque et galante, très française, très conforme à l’esprit et aux imaginations du jeune roi et de la cour. […] Et le vieux Corneille, et tous les ennemis de Racine lui reprochent régulièrement que ses Grecs, ses Romains et ses Turcs ressemblent à des courtisans français ; et Racine se défendra là-dessus dans plusieurs de ses préfaces. […] Valincour (Histoire de l’Académie française) dit avoir vu alors Racine au désespoir.
Ils sont obligés de le trouver un peu trop savant pour eux ; ils disent que cela regarde l’Académie des inscriptions, et non l’Académie française. […] D’un côté se trouvaient les Français morts, de l’autre les Prussiens morts. Entre ces cadavres des torches répandaient de fugitives lueurs rouges ; des mots se croisaient en langue française et en langue allemande. […] D’un côté on déposa les Français, de l’autre les Allemands ; un frère prenait le numéro matricule de chaque Français avant de le descendre en terre. Parfois le capitaine prussien s’approchait des Français et s’informait du chiffre qu’il notait avec soin.
Le connétable, poussé à bout, passe à Charles-Quint, et va combattre l’armée française à la tête des impériaux. […] Les Français sont forcés d’abandonner l’Italie. […] Lautrec meurt, et l’armée française est anéantie. […] Il entame d’un ton cavalier, comme pourrait le faire un homme vieilli dans les chancelleries, la question russe, anglaise et française. […] La critique européenne, et en particulier la critique française, n’ont pas encore secoué leurs vieilles habitudes.
Viennet L’article suivant, qui a paru dans le Constitutionnel du 8 juin 1866, ne messiéra peut-être pas en regard de celui qui précède sur l’Académie française.
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Au souvenir des poètes qui, depuis Hugo, ont rajeuni la lyre française, il n’a pas enrichi sa métrique mais plutôt son inspiration.
Ç’aurait sans doute été plutôt ici le lieu d’agiter quelques-unes des hautes questions de langue, de style, de versification, et particulièrement de rhythme, qu’un recueil de poésie lyrique française au dix-neuvième siècle peut et doit soulever.
« — La révolution française est le sacre de l’humanité », dit le mourant. […] Puis, revenant sur l’évêque avec l’orgueilleuse satisfaction d’un mauvais raisonneur qui a réduit son adversaire au silence : « Monsieur, dit-il à l’évêque éperdu, retenez bien ceci : la Révolution française a eu ses raisons (peu s’en faut qu’il n’ait dit ses mystères) ; sa colère sera absoute par l’avenir. […] La révolution française est, comme toutes les choses humaines, mêlée de bien et de mal. […] « Monsieur, dit-il d’un ton doctoral à l’évêque confondu, retenez bien ceci : la révolution française a eu ses raisons ; sa colère sera absoute par l’avenir ; de ses coups les plus terribles il sort une caresse pour le genre humain.
Peut-être importait-il plus encore, pour cette branche de la littérature nationale que pour les autres, que l’esprit français fût renouvelé par la Renaissance. […] Ces restes de l’esprit gaulois auraient cédé naturellement place à l’esprit français entrevoyant pour la première fois, sous les mots charmants de tragédie et de comédie, l’idéal d’un art que le dix-septième devait réaliser. […] Ronsard, en 1549, traduisait en vers français le Plutus d’Aristophane. […] L’Académie française, dans la critique que Richelieu lui commanda de faire du Cid, et qu’elle fit plus modérée qu’il n’eût voulu, crut de bon goût de prendre le parti du devoir contre la passion.
Tandis que pour cette tâche, en effet, M. de Bonald était trop purement métaphysicien, M. de Chateaubriand trop distrait et profane, M. de Maistre d’une lecture peu accessible et alors presque inconnu, voilà que s’élevait un théologien ardent, unissant la hauteur des vues au caractère pratique, écrivain, raisonneur et prêtre, empruntant à Port-Royal, aux gallicans et à Jean-Jacques les formes claires, droites et françaises de leur logique et de leur style, les emplissant par endroits d’une invective de missionnaire, catholique d’ailleurs en doctrine comme Du Perron et Bellarmin. […] N’as-tu pas admiré dans le discours de M. de Montesquiou comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ? […] Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ?
Ce n’est pas dans cette assemblée qu’on peut faire l’apologie de celui qui a nié la divinité du Christ, et qui s’est posé comme l’ennemi acharné de la religion de nos pères qui est encore celle de la très-grande majorité des Français. […] Or ce livre, dénoncé par les pétitionnaires de Saint-Étienne, a eu l’honneur d’être couronné par l’Académie française en 1861 et de partager avec un ouvrage de M. […] Villemain, secrétaire perpétuel de l’Académie française, dans son Rapport lu en séance publique, en parlait comme il suit : « L’un (des deux ouvrages couronnés), l’Histoire de la Liberté religieuse en France et de ses fondateurs, par M.
Mais n’eussent-ils pas écrit de lettres, il n’en faudrait pas moins indiquer ici qu’ils vécurent et travaillèrent : car leur œuvre, étrangère à la littérature, et même souvent à la langue française, a préparé le merveilleux développement de la critique, de l’histoire, de l’archéologie, de toutes ces sciences où la littérature de notre siècle a trouvé quelques-uns de ses plus certains chefs-d’œuvre. […] Gilbert, coll. des Grands Ecrivains, 3 vol. in-8, Paris, 1868 ; OEuvres inédites, édit. de Barthélémy, in-8, Hachette, 1863. — A consulter : Prevost-Paradol, Moralistes français. […] Graecitatis (1688) ; Baluze (1630-1718), bibliothécaire de Colbert : Regum Francorum Capitularia (1677) ; Luc d’Achery (1609-1685) : Veterum aliquot scriptorum… spicilegium (165-1677) ; Luc d’Achery et Mabillon, Acta sanctorum ordinis Sancti Benedicti (1668-1701) ; Mabillon (1652-1707) : De re diplomatica libri VI (1682) ; Traité des études monastiques (1691) contre l’abbé de Ranéc ; Ruynart (1657-1709) : Acta primorum martyrum sincera et selecta (1689) ; Montfaucon (1655-1741) : l’Antiquité expliquée (1719) ; Paleographie graeca (1708) ; Monuments de la monarchie française (1729-1733), etc. — À consulter : E. de Broglie, Mabillon et la Société de l’abbaye de Saint-Germain des Prés, Paris, 1888, 2 vol. in-8 ; B. de Montfaucon et les Bernardins, Paris, 1891, 2 vol. in-8.
Il n’était pas ignorant des belles-lettres ; il savait quelque chose des poètes latins, et mille beaux endroits des poètes français : il aimait assez les bons mots et s’y connaissait fort bien. […] Il avait été nommé de l’Académie française à temps, un mois juste avant sa disgrâce et sa prison (mars 1665). […] [NdA] Aquila en latin ; à cette date, aigle était encore féminin en français.
Au fond de nous, la pensée de dépouiller notre qualité de Français, d’aller à l’étranger recommencer la Hollande libre parleuse des xviie et xviiie siècles, de faire un journal contre ce qui est, de s’ouvrir, de briser le sceau sur sa bouche, de répandre ses dégoûts dans un cri de colère… Il y a depuis un mois une veine de malheur sur nous. […] Août 1º Une troupe de comédiens. 2º Une troupe de danseuses. 3º Des montreurs de marionnettes (au moins trois ou quatre). 4º Une centaine de femmes françaises. 5º Des médecins, des chirurgiens, des pharmaciens. 6º Une cinquantaine de jardiniers. 7º Des liquoristes ; des distillateurs. 8º 200 000 pintes d’eau-de-vie. 9º 30 000 aunes de drap bleu et écarlate. […] * * * — Rien de plus charmant, de plus exquis que l’esprit français des étrangers, l’esprit de Galiani, du prince de Ligne, de Henri Heine.
Ce qui est le plus important, c’est qu’il est le seul homme de son temps qui soit remonté dans la littérature française au-delà de Montaigne. […] C’est là sa plus grande originalité au milieu de son temps, qu’il embrasse une période considérable de la littérature française et qu’il en fait son profit. […] À la vérité, le Nord, à cette époque-là, c’était la France, car il est bien certain que La Fontaine n’a pas lu Shakespeare, ni Marlowe, mais il veut dire : « Je lis les Français, les Italiens, quelquefois même un peu d’Espagnols, et je lis les auteurs anciens. » Autre particularité, et très importante, à laquelle on a fait attention et sur laquelle j’appelle la vôtre, il n’était pas seulement un livresque, comme a dit Montaigne, il tirait sa fable souvent d’aventures qui lui étaient racontées, de choses présentes, de choses du temps.
Au travail, il jetait sur le papier son dessin, son texte, ses preuves, en français ou en latin indifféremment, sans s’astreindre ni aux paroles, ni au tour de l’expression, ni aux figures : autrement, lui a-t-on ouï dire cent fois, son action aurait langui et son discours se serait énervé. […] M. de Maistre a appelé quelque part Bossuet une des « religions françaises » : et l’on conçoit très bien en effet qu’il soit devenu cela.
— les meilleurs auteurs latins et français dans leurs éditions les plus estimées, dans leurs conditions les plus parfaites et les plus irrépréhensibles ; pas trop de curiosité, pas de ces goûts d’exception qu’on voit présider au choix singulier de quelques cabinets rares ; une bibliothèque à la fois de luxe et de bon sens, et faite pour être lue. […] Quand il faut traduire et trouver en français le mot propre pour répondre au mot latin, alors cette richesse et cette facilité apparentes deviennent la torture du traducteur.
ugène Bareste vient de donner une traduction en prose française dans laquelle il s’est efforcé de rendre la couleur plus exactement que Dugas-Montbel et ses prédécesseurs ne l’avaient fait. […] Dès qu’on met la main à l’œuvre, il ne s’agit pas seulement de se croire littéral, il faut être lisible et plus on s’éloigne de la phrase ordinaire et de fa locution française consacrée, plus il serait besoin d’avoir en dédommagement les mille secrets d’un grand écrivain.
vous n’avez rien gagné auprès des hommes considérables du passé : et ces hommes, tout évincés et déchus qu’ils sont, ont encore leur clientèle ; ils recrutent de jeunes partisans : vous avez contre vous et d’une façon si déclarée qu’on n’y peut fermer les yeux, vous avez contre vous l’Académie française : « Ah ! […] Le bon effet produit par l’amnistie, — par cette amnistie qui a été le meilleur commentaire du sénatus-consulte, — permet de croire que la grande majorité du public et du peuple français continue d’aspirer à la stabilité et reste disposée à se contenter de ce qui serait bon, raisonnable et clément ; et, en politique, je ne distingue point la clémence de la justice.
Je n’ai point vu de roman anglais ou russe, en dépit de l’impartiale observation des auteurs, où l’on donnât d’un Français autre chose qu’une charge ; et l’on peut croire que nous agissons de même à l’égard des étrangers. […] « Le portrait qu’il trace du Français, de corps chétif, sans vigueur musculaire, incapable d’avoir des enfants, ignorant l’orthographe (t la géographie, hors d’état d’apprendre une langue étrangère, libre penseur sans avoir jamais pensé, ne songeant qu’à être décoré d’un ordre quelconque et à émarger au budget, dépaysé quand il a dépassé le boulevard des Italiens, hostile au gouvernement et acceptant servilement tous les régimes, incapable de comprendre ni les mathématiques, ni le jeu d’échecs, ni la comptabilité ; ce portrait, dis-je, est une vraie caricature.
Dans ce sens, il a vraiment innové : il a fait dire au vers français plus qu’il n’avait dit jusqu’à présent ; il a su l’agrémenter de mille détails faisant lumière et saillie et ne nuisant pas à la coupe de l’ensemble ou à la silhouette générale. […] [Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
La pompe, l’appareil dans lequel le jeune roi se montrait, cette grandeur empreinte sur toute sa personne, manifestaient en lui cette passion de gloire, ce besoin de respect et d’admiration qu’il est si agréable aux Français de satisfaire dans leur prince. […] Elle sentait d’avance que fixer les regards d’un roi aimable et aimé des français, d’un roi amant de la gloire, gage de leurs respects et de leur admiration, ce serait trouver lotis les bonheurs en un seul.
Il reconnaît donc hautement tous les mérites de l’école spiritualiste Elle a fondé, dit-il, la psychologie scientifique, ce qui est même, selon nous, beaucoup trop dire, car cette sorte de psychologie avait été fondée par Locke et les Écossais : l’école française y a peu ajouté. […] Voyez, dans la Revue des Deux-Mondes du 1er février 1869, le Christianisme et la Société française, par M.
Depuis Ha-milton, rien de pareil ne s’était vu dans les lettres françaises. […] mais vulgaire, tandis que sous les rideaux du livre français, tout est aristocratiquement spirituel et d’une distinction qui ne se dément jamais.
Il est arrivé exactement pour la société française, depuis treize ans, ce qui arrive pour un homme qui n’est pas jeune et qui fait une maladie violente, qui a quelque accès imprévu.
Sainte-Beuve n’était pas encore sénateur, ce qui prouve bien que sa nomination ne tenait pas à un article, comme ont pu le croire certains de ses confrères à l’Académie française, gros bonnets de la littérature, qui payèrent leur tribut au livre de… César par avancement d’hoirie, et n’entrèrent au Sénat que de longues années après.
Je saisis, en passant, l’occasion de rectifier ici une erreur d’impression qui m’est échappée sur ce nom de Lejeune (page 96, Tableau de la Poésie française au seizième siècle, édition Charpentier, 1843.)
» ; j’ajoute : le seul poème scientifique de toute la littérature française qui soit cependant de la poésie… Sa forme est bien à lui, sans parti pris d’école, sans recherche de l’effet, souple et véhémente, pleine et imagée, musicale toujours.
Camille Doucet, secrétaire perpétuel de l’Académie française, sur les concours de l’année 1891.]
[Anthologie des poètes français du xix e siècle (1887-1888).]
On reconnaît ceux du bel âge de la France à la fermeté de leur style, au peu de recherche de leurs expressions, à la simplicité de leurs tours, et pourtant à une certaine construction de phrase grecque et latine qui, sans nuire au génie de la langue française, annonce les modèles dont ces hommes s’étaient nourris.
Qu’on ne dise pas que les Français n’avaient pas eu le temps de s’exercer dans la nouvelle lice où ils venaient de descendre : l’éloquence est un fruit des révolutions ; elle y croît spontanément et sans culture ; le Sauvage et le Nègre ont quelquefois parlé comme Démosthène.
Les Modèles des Lettres imprimé à Lyon, il y a quelques années, est une collection puisée dans nos meilleurs épistolaires françois.
Or comme la destinée de Phédre est semblable à celle de Canacée, tout ce que l’italien allegue pour sa défense justifie le françois, et j’y renvoïe mon lecteur.
Dans cet âge de fer, on ne trouve d’écriture en langue vulgaire ni chez les Italiens, ni chez les Français, ni chez les Espagnols.
Le Français malin (pauvre petit ! […] Augier a gardé l’optimisme du dix-huitième siècle et des hommes de la Révolution française. […] Je vous parlerai donc de l’Étrangère, qu’on vient de reprendre à la Comédie française. […] Mais les trois quarts de la poésie française ne sont guère que de la prose cadencée et rimée. […] Pour toutes ces raisons, je souhaitais vivement que sa première pièce française fût bonne.
Car nous sommes des Français d’aujourd’hui, et non point des Anglo-Saxons d’il y a trois cents ans. […] La petite Française le prend, et, très digne, le présente à Délia. […] Il y a d’abord dans ce drame une petite Anthologie des poètes français. […] Le côté russe est sombre, le côté français est jovial. […] Les Français et les Russes se battent à la cantonade.
La Comédie française, qui ne se doutait pas alors de son glorieux avenir, était fondée. […] Jamais pièce française n’a été maniée par un de nos poètes, quelque méchant qu’il fût, qu’elle n’ait été rendue meilleure. Ce n’est ni faute d’invention, ni faute d’esprit que nous empruntons des Français ; c’est par paresse. […] D’abord il est dans, la tradition de la comédie italienne et de la comédie française auxquelles son public est fort habitué. […] C’est proprement le mal français.
Vous pourrez citer des Débats de ce matin la scène de M. de Chateaubriand, le good old man, comme disent les journaux anglais, c’est-à-dire en bon français le vieux bonhomme.
Dites que notre littérature s’est gâté le style, qu’elle s’est chargée d’abstractions genevoises et doctrinaires, de métaphores allemandes, de phraséologie drolatique ou à la Ronsard : et quatre ou cinq noms qu’à l’instant tout le monde trouvera vous rappelleront les écrivains les plus vifs, les plus sveltes et dégagés, qui aient jamais dévidé une phrase française.
C’est un beau triomphe pour Mme Judith Gautier, la vaillante fille d’un père à jamais illustre dans les lettres françaises.
Il sied de garder la mesure quand je veux avouer quel délice fut, imprimé pour un trop petit nombre d’élus par un artiste de Fontainebleau, À l’orée de la forêt, ce volume exquis entre tous ; et cependant, à ne point mentir, il faut affirmer que jamais, sauf par les compagnons de la Pléiade et André Chénier, Hellas ne revécut ainsi en syllabes françaises, avec son sourire et sa grâce « plus belle encor que la beauté ».
[La Revue française (1856).]
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !
Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens & une simplicité enfantine. » — Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts.
Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d’être étranger.
Depuis Raphaël, l’art et la nature se sont perfectionnez, et si Raphaël revenoit au monde avec ses talens, il feroit mieux encore qu’il ne l’a pû faire dans le temps où la destinée l’avoit placé, au lieu que Virgile ne pourroit point écrire un poëme épique en françois aussi-bien qu’il l’a écrit en latin.
Il y a beaucoup de gibier sur ses terres, sa maison est construite sur les plans d’un architecte français, ses gens sont habillés à l’anglaise, il a une table excellente, il accueille ses hôtes avec affabilité, et néanmoins on ne se sent nullement porté à lui rendre visite. […] Il s’habille avec goût, achète des livres français, des gravures, et reçoit des journaux, quoique la lecture ait peu de charmes pour lui ; c’est avec beaucoup de peine qu’il a terminé celle du Juif-Errant. […] Dans la conversation, il emploie à tout propos un grand nombre de termes français, comme par exemple : — Mais c’est impayable ! […] Et Arcadi Pavlitch entonna je ne sais quelle romance française. […] Toutes les phrases soulignées sont en français dans le texte russe.
De même, quand nous voulons parler une langue étrangère, nous commençons par penser dans notre langue, et nous « traduisons ensuite, comme un écolier qui fait un thème, notre pensée, formulée mentalement en français, dans la langue anglaise ou allemande. » Pour parler « réellement bien et sans gallicismes une langue étrangère », il faut nous habituer « à penser » directement « dans cette langue », sans le secours de la nôtre. […] Par exemple, les organes vocaux d’un homme ne parvenant pas à se plier à la prononciation de la langue russe, l’imagination du même homme peut être, en même temps, capable de reproduire exactement toutes ces articulations si difficiles : un Français établi en Russie aura de l’accent en parlant ; mais sa parole intérieure sera correcte, s’il a le ferme désir de corriger les défauts de sa parole audible, si son attention se porte toujours quand il parle et quand il étudie, vers la prononciation normale. […] Bain, Les sens et l’intelligence, p. 538-539, trad. française. […] Cf., en français, avoir un mot sur la langue, métaphore pour prêt à être dit, ce qui n’implique pas nécessairement la parole intérieure dans son rôle de souffleur. […] Inutile de multiplier les exemples. — La langue grecque distingue lire tout haut : […] ou […], et lire tout bas : […] (mot à mot : prendre connaissance) ; mais ce dernier terme, tout abstrait, ne renferme aucune allusion à la parole intérieure, et, en latin, la distinction s’affaiblit : recitare signifie lire tout haut, legère a les deux sens ; en français, elle a totalement disparu : nous n’avons qu’un mot, lire, pour les deux opérations, et ce mot ne signale à l’esprit ni la présence de la parole extérieure dans le premier cas, ni celle de la parole intérieure dans le second.
Sainte-Beuve (2e partie) I J’avais par hasard connu et aimé, en Italie, un beau jeune homme français, nommé Farcy. […] M. de Mareste est un homme qui rit souvent, mais chez qui le rire bienveillant ne va jamais jusqu’au cœur et laisse des larmes pour toutes les blessures, un homme qui, comme l’ami de Cicéron, se serait retiré au fond de la Grèce pendant les guerres civiles de Rome, pour éviter de haïr personne ; magister elegantium, un Saint-Évremond français suivant Hortense Mancini à Londres, afin d’aimer le beau jusque dans sa vieillesse ! […] VII Ce volume commence par une des épîtres les plus éthérées de la littérature française. […] L’élégie s’y mêle, et, au lieu de ces grains de sel attique en français qui font sourire, on y savoure avec délices ces gouttes de larmes un peu amères qui font presque pleurer. […] Lorsqu’il revint au commencement de 1830 pour sa réception à l’Académie française et pour la publication de ses Harmonies, il fut agréablement étonné de voir le public gagné à son nom et familiarisé avec son œuvre.
Il fait constamment l’effet d’un réfractaire qui se retient, qui en pense plus qu’il n’en dit. (« Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire ; les grands sujets lui sont défendus… ») Il semble d’ailleurs avoir aménagé sa vie et composé son attitude pour pouvoir, penser, à part soi, le plus librement possible. […] L’ensemble de son œuvre ne serait pas mal intitulé : « Suite de paradoxes sur la littérature française. » Ce prétendu « immuable » s’est d’ailleurs beaucoup modifié en vingt ans. […] François Coppée On voit bien tout de suite qu’il y a, dans la littérature française, des écrivains du Nord et des écrivains du Midi, des Provençaux, des Gascons, des Auvergnats, des Belges, des Hellènes et des coloniaux. […] On put croire d’abord que le jeune poète parnassien n’avait vu dans ces récits qu’un exercice amusant et difficile de versification, quelque chose comme le plaisir d’écrire en français des vers latins (si j’ose cette catachrèse) sur des sujets réfractaires à la poésie. […] Et il a restauré, en lui donnant une forme neuve, la « vieille gaieté française ».
Nous avons traduit en l’abrégeant l’édition de 1744 ; mais, dans l’exposé du système que l’on va lire, nous nous sommes souvent rapprochés de la méthode que l’auteur avait suivie dans la première, et qui nous a paru convenir davantage à un public français. […] Voyant qu’on négligeait surtout la langue latine, il se détermina à en faire un des principaux objets de ses études ; pour mieux s’y livrer, il abandonna le grec, et ne voulut jamais apprendre le français. […] Chez tous les écrivains que nous venons d’énumérer, les idées de Vico sont plus ou moins modifiées par l’esprit français du dernier siècle. […] Il ne nous reste qu’à donner la liste des principaux auteurs français, anglais et allemands qui ont écrit sur la philosophie de l’histoire. […] philosophie de l’histoire, dans le premier volume ; perfectibilité, dans le second (écrit en français).
Et j’estime qu’elle représente bien mal la sagacité et la finesse de l’esprit français. […] Des acteurs français qui jouent, sont restés des prêtres qui officient. […] Pas un coup de théâtre, à notre mode française. […] Tout devait y être, jusqu’au drapeau français. […] La petite chapelle était peut-être une cellule étroite où le génie français agonisait.
Il s’indigne donc de voir que cette noblesse française si célèbre, si illustre, est devenue un peuple presque de la même sorte que le peuple même, et seulement distingué de lui en ce que le peuple a la liberté de tout travail, de tout négoce, des armes même, au lieu que la noblesse est devenue un autre peuple qui n’a d’autre choix que de croupir dans une mortelle et ruineuse oisiveté qui la rend à charge et méprisée, ou d’aller à la guerre se faire tuer à travers les insultes des commis des secrétaires d’État et des secrétaires des intendants. […] Il n’a cessé de rêver là-dessus, et il a sa reconstitution de la monarchie française toute prête. […] Le duc de Bourgogne n’a pas régné, et la monarchie française, lancée à travers les révolutions, a suivi un tout autre cours que celui qu’il méditait de lui faire prendre. Quand on lit aujourd’hui Saint-Simon après les événements accomplis et en présence de la démocratie débordante et triomphante (quelles que soient ses formes de couronnement et de triomphe), on se demande plus que jamais avec doute, ou plutôt on se dit sans hésiter sur la réponse : Est-ce qu’il y avait moyen de refaire ainsi après Louis XIV, après Richelieu, apres Louis XI, les fondements de la monarchie française, de la refaire une monarchie constitutionnelle aristocratique avec toutes les hiérarchies de rang ?
Bonne fortune, en effet, car elles le conduisirent à l’Académie française, en dépit de leur légèreté qui leur valut tout d’abord les résistances du cardinal Fleury. […] Les Français n’ont-ils jamais vaincu ni les Allemands, ni les Russes ? Les Espagnols n’ont-ils pas repoussé ces mêmes Français de leur pays ? […] La Révolution française l’a tué.
En 1688, Bossuet publia son Histoire des Variations des Églises protestantes, qui fut fort attaquée par les protestants français et étrangers, par Basnage, Burnet, et surtout Jurieu. […] Dans une Instruction rédigée pour le jeune cardinal de Bouillon, il indique par quelle préparation se peut former un prédicateur : les ouvrages de l’antiquité profane, quelques livres français, tels que les Provinciales, sont recommandés avec les deux Testaments, les Pères grecs, saint Augustin et Tertullien. […] Cet abbé de ruelles, faiseur de vers latins aimables et de vers français coquets, assidu a l’hôtel de Rambouillet dans ses derniers beaux jours, intime ami de Mme et de Mlle Deshoulières, ce bel esprit d’Église qui est un des intermédiaires par où l’on passe de la préciosité de 1650 à celle de 1715, fit en sa maturité un prédicateur estimé et décent, un excellent évêque, zélé, charitable, doux. […] En somme, Saurin fait honneur à l’Eglise française de Hollande.
Entre l’élégie de Lamartine et la philosophie de Vigny, dès qu’il fut décidé à être romantique, il fit éclater le propre et sensible caractère du romantisme français : c’était de faire de la poésie une forme, et la peinture des formes. […] En un mot, la mesure de Béranger, c’est cette moyenne assez vulgaire de l’esprit français qu’on appelle l’esprit bourgeois : esprit positif, jouisseur, gausseur. […] À consulter : Becq de Fouquières, Traité de versification française, 1879, in-8. […] Th. de Banville, Traité de prosodie française (1872).
Le roi nous a dit qu’il n’avait jamais vu une si belle relation, et qu’il nous la ferait lire. » Les éditeurs ont eu l’heureuse idée de nous faire le même plaisir que Louis XIV à ses courtisans, c’est-à-dire de nous donner le texte même de la relation de M. de Luxembourg, conservée au Dépôt de la guerre, et de laquelle s’étaient amplement servis les historiens militaires du règne ; mais dans sa première forme et dans son tour direct, elle a quelque chose de vif, de spirituel, de brillant et de poli qui justifie bien l’éloge de Louis XIV, et qui en fait de tout point une page des plus françaises. […] J’ai remarqué plus d’une jolie anecdote, une entre autres, toute littéraire, qui montre que ce n’est pas seulement de nos jours que l’ironie s’est glissée sous un air d’éloge dans le discours d’un directeur de l’Académie française recevant un nouveau confrère.
On en était là, et dans le dernier concours d’éloquence à l’Académie française, l’éloge proposé de Vauvenargues avait produit quatre ou cinq discours diversement remarquables, où tous les points de vue avaient été présentés et avaient trouvé de spirituels avocats et interprètes pour les faire valoir. […] Il en est résulté l’édition que nous annonçons en ce moment, et qui est un véritable enrichissement de la littérature française.
Conservez cet esprit d’union et de discipline qui fera notre force et qui assure à tous les Français le maintien d’un gouvernement libre, et le respect des personnes et des propriétés. […] Un personnage célèbre, qui faisait alors ses premières armes dans les grandes affaires d’État, Fouché, envoyé à Milan comme ambassadeur de la République française près la République cisalpine, avait concerté avec le général en chef Brune, prédécesseur de Joubert, une répétition aussi du 18 fructidor, faite à l’eau rose (ce sont ses expressions).
Veuillot, un homme d’esprit, fin observateur des choses humaines, et qui a porté sur le caractère français des jugements aussi piquants que sincères. […] Il y apparaît éloquent, enthousiaste, religieux à la fois et bon Français, et, pour parler son langage, « tout rayonnant des meilleures ardeurs de la vie. » Je ne saispas, en vérité, de plus noble prose ni dont la presse doive être plus fière.
Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) […] Des historiens distingués lui doivent d’avoir fait des chapitres bien systématiques ou un peu fous ; et la dernière histoire qu’on a d’elle75, une histoire que l’Académie française a eu la complaisance extrême de couronner, est bien la faiblesse même et de plus une œuvre imprégnée d’un léger esprit de superstition.
Il avait été chargé, l’année, précédente, du siège de Mahon, entrepris fort à la légère, et il y avait réussi par un de ces coups de main où excelle la valeur française. […] Vérifiez, si vous voulez, sur l’édition Decker de Berlin, la seule authentique. — Ne pas se fier aux éditions françaises qui se disent exactes et fidèles, mais qui en imposent.
Ayant à parler d’un recueil de poésies choisies, d’une Anthologie française, M. […] Tous les noms de bourgs, de fleuves et de montagnes, qui d’abord s’étaient écrits à la française, revêtirent l’orthographe celtique, et purent paraître bizarres, d’harmonieux qu’ils étaient.
L’école moderne n’a pas non plus résolu cette question de savoir s’il est possible en français de faire un poëme de quelque étendue, un poëme sérieux et qui ne soit pas ennuyeux ; malgré Jocelyn, qui était si digne et si près de la résoudre, la question demeure pendante155. […] Ackermann conclut en terminant : « Pour nous, nous croyons fermement qu’un nouveau dix-septième siècle est réservé à la littérature française ; mais il faut le préparer par les idées, par la force morale et la science artiale.
Sans doute la tragédie française, si l’on excepte Polyeucte et Athalie, n’est pas exactement du même ordre que l’antique ; celle-ci égale la beauté et l’austérité de la statuaire ; elle nous apparaît debout après des siècles, et à travers toutes les mutilations, dans une attitude unique, immortelle. […] La lutte du cœur plutôt que celle des faits, tel est en général le champ de la tragédie française en son beau moment, et voilà pourquoi elle fait surtout l’éloge, à mon sens, du goût de la société qui savait s’y plaire.
Le Prince-Évêque de Liège aurait bien pu dire à Berquin et à Léonard : « Et vitula tu dignus et hic… Vous êtes dignes tous les deux de la tabatière. » Léonard, sur la fin de son séjour à Liège, dut connaître le jeune baron de Villenfagne qui aimait la littérature, qui se fit éditeur des œuvres choisies du baron de Walef (1779), et qui a depuis publié deux volumes de Mélanges (1788 et 1810) sur l’histoire et la littérature tant liégeoises que françaises. […] Le Prince-Évêque de Liège aurait bien pu dire à Berquin et à Léonard : « Et vitula tu dignus et hic… Vous êtes dignes tous les deux de la tabatière. » Léonard, sur la fin de son séjour à Liège, dut connaître le jeune baron de Villenfagne qui aimait la littérature, qui se fit éditeur des œuvres choisies du baron de Walef (1779), et qui a depuis publié deux volumes de Mélanges (1788 et 1810) sur l’histoire et la littérature tant liégeoises que françaises.
De la tradition gauloise, c’est-à-dire purement française, il tient l’esprit, le récit leste et vif, la raillerie subtile et pénétrante, sans parler de l’immoralité qui est un jeu de l’esprit plutôt qu’une fougue des sens. […] Elles sont d’abord un tableau de la vie humaine et de la société française.
En un petit article qu’imprimaient les Entretiens, il précisait les progrès vers l’assouplissement du vers français, depuis — pour prendre une date émouvante et respectueusement significative — la mort de Victor Hugo. […] Chénier à qui l’on doit, réparation tardive, élever une statue, Chénier, l’un des plus grands prosateurs français (comme Lamartine est un de nos plus beaux orateurs), a marqué dans ses quelques pièces de vers un sentiment autrement vif de la beauté grecque.
Parmi ceux dont le cardinal de Retz se souvint à son arrivée, il en est un que j’aime à distinguer, parce qu’il était bel esprit, poli, honnête homme et pauvre : c’est le célèbre avocat Patru, l’un des premiers académiciens français, si prisé de Boileau, un de ceux qui, les premiers, parlèrent le plus purement notre langue, un de ces Parisiens spirituels et malins que Retz n’avait pas eu de peine à rallier autour de lui pendant la Fronde, avec les Marigny, les Montreuil, les Bachaumont. […] Cet homme qui, comme je l’ai dit, n’avait jamais été qu’un demi-séditieux, et non un Catilina, comme l’a nommé Voltaire, et qui, jusque dans ses plus grandes révoltes, avait toujours respecté, en ce qui regardait l’autorité royale, ce qu’il appelait le « titre du sanctuaire », était devenu le plus réconcilié et le plus zélé des cardinaux français pour les intérêts de Louis XIV.
La langue française n’a pas de plus belles pages que les lignes simples et sévères de cet incomparable tableau. […] La société humaine, et pour prendre un exemple plus net, la société française m’apparaît quelquefois comme un voyageur infatigable, qui fait son chemin et poursuit sa voie sous plus d’un costume, et en changeant de nom et d’habit bien souvent.
Enfin il inventera ces étranges phrases disloquées, enveloppantes comme des draperies mouillées, mouvantes et plastiques qui semblent s’infléchir dans le tortueux d’une route : « Enfin l’omnibus, déchargé de ses voyageurs, prenait une ruelle tournante, dont la courbe, semblable à celle d’un ancien chemin de ronde, contournait le parapet couvert de neige d’un petit canal gelé » ; des phrases compréhensives donnant à la fois un fait particulier et une idée générale, des phrases peinant à noter ce que la langue française ne peut rendre et devenant obscures à force de torturer les mots et de raffiner sur la sensation : Ils savouraient la volupté paresseuse qui, la nuit, envahit un couple d’amants dans un coupé étroit, l’émotion tendre et insinuante, allant de l’un à l’autre, l’espèce de moelleuse pénétration magnétique de leurs deux corps, de leurs deux esprits, et cela, dans un recueillement alangui et au milieu de ce tiède contact qui met de la robe et de la chaleur de la femme dans les jambes de l’homme. […] Ce penchant qui le conduisit à recueilir les dessins du XVIIIe siècle, à étudier en toutes ses faces et à faire revivre en son entier cette époque de la grâce française, qui lui fit aimer dans les objets du Japon leur puérilité, l’ingénu et l’impromptu de leur art, pénètre et détermine ses œuvres d’imagination, leur infuse comme une nuance et un parfum à part, les farde et les poudre.
Les françois sçavent communement l’histoire de France depuis deux siecles. […] Ceux de l’Astrée sont plus connus aux françois qu’aux italiens.
Lorsque les célèbres romans de Grandisson pénétrèrent en France, grâce à l’adaptation de Prévost (Mémoires pour servir à l’histoire de la vertu, extrait du journal d’une jeune dame, traduit de l’anglais), ils obtinrent en très peu de temps auprès du public français un succès étourdissant. […] Edm. et J. de Goncourt, Histoire de la Société française sous la Révolution, ch.
C’est un livre intéressant comme s’il n’était pas amusant, et amusant comme s’il n’était pas de l’intérêt le plus raisonnable ; car l’auteur de ce livre sur Sterne cache sous son nom allemand (ou plutôt il ne le cache pas) l’esprit le plus français en raison précise, en droiture de jugement, en possession de sa faculté de critique devant l’imagination la plus dérangeante, la plus emportante et la plus ensorcelante. […] — et qu’il fût d’Église, dans ce pays qui ne croit plus à l’Église, il fit longtemps partie d’une société peu ecclésiastique, qui s’intitulait la Société des Démoniaques à Crazy-Castle (en français : Château détraqué), la résidence de Hall Stevenson, un ami chez lequel on commençait déjà ces orgies dérisoires, — monacales et funèbres, — qui se sont plus tard continuées chez Lord Byron.
Mais si, comme nous avons essayé de le prouver, cette explication est insuffisante, dès lors les apparitions de l’égalitarisme dans des sociétés séparées par le temps, comme l’Empire romain et la République française, ou par l’espace, comme la République française et les États-Unis, sont bien des phénomènes distincts et comparables ; et il est permis de rechercher les antécédents communs qui ont dû provoquer, ici et là, l’apparition des idées égalitaires.
Naturellement tous ces débris s’assemblent, emportés par un courant d’éloquence, et dirigés à peu près dans le même sens par les habitudes françaises et par l’éducation psychologique de l’auteur. […] Traduisons ceci en bon allemand, c’est-à-dire en mauvais français.
Proverbes français, italiens, allemands et anglais, y comparaissent tour à tour.
Pour Judith, c’est autre chose, on l’a jouée aux Français lundi.
Grimblot, qui, dans ses missions et ses fonctions consulaires à l’étranger, ne perd jamais de vue la littérature, non content de rapporter du fond de l’Orient toute une bibliothèque sanskrite et sacrée dont il vient d’enrichir, d’armer la science et l’érudition françaises, veut bien lire nos simples essais d’un œil à la fois vigilant et amical, et il m’a souvent aidé par ses bons avis à les rendre moins imparfaits.
Chez le barbier du coin, Un Français, un Gascon (la graine en va très-loin), Moi j’aimais à m’asseoir, guettant chaque figure : Molière ainsi souvent observa la nature.
La scène est au commencement du treizième siècle, notez l’époque ; et, quand il veut peindre son héroïne, il ne trouve d’autres images que celles d’Hélène, de Vénus, de Galatée et d’Eurydice ; Philippe-Auguste est l’Alcide français, l’Apollon de Lutèce.
Ainsi le Mariage de Figaro fut un éclair de la Révolution française, quoiqu’après tout, l’éclair n’apparaisse que quand l’orage se forme ou est formé.
Il y a en français des ouvrages où l’on trouve des beautés du premier ordre, sans le mélange du mauvais goût.
On peut être embarrassé de peindre le caractère du peuple athénien, et de résumer en quelques traits l’histoire du paysan français, tandis que l’on se tirerait convenablement du portrait du vieillard Dêmos ou de la vie de Jacques Bonhomme.
Émile Augier (Séance de l’Académie française du 28 janvier 1858).]
[Les Poètes français, recueil publié par Eugène Crépet (1861-1863).]
Je le dénonce pourtant à l’indignation du groupe ; quelques-uns de ses vers sont presque écrits en simple français !
[Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
. — Dans la troisième, j’étudierai le Théâtre français, depuis ses origines jusqu’à Beaumarchais.
Le vieux Loïs des Masures, Tournisien, qui nous a laissé les quatre premiers livres de l’Énéide en carmes françois, a traduit ainsi ce morceau : …………… Si d’un petit Énée, Avec ses yeux, m’estoit faveur donnée, Qui seulement te ressemblas de vis, Point ne serois du tout, à mon advis, Prinse et de toi laissée entièrement.
On sait que les modernes, et surtout les Français, ont peu réussi dans le genre pastoral47.
Si nous voulons examiner l’histoire des poëtes qui font l’honneur du parnasse françois, nous n’en trouverons pas qui ne doive au public la fortune de ses ouvrages.
En Angleterre déjà, dans nos clubs français, ce livre est compté, parmi tous les écrits contemporains, comme faisant seul autorité, à force d’exactitude, de discernement, de compétence sur la matière.
« Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau.
Le nez vraiment français, le nez légèrement retroussé, le nez coquin se fait rare. […] La vieille chanson française est un genre qui a fait son temps. […] Vibert qui représente la peinture française. […] Dès l’entrée, on se sent en pays français. […] Tout cela, c’est le pur esprit français.
Les séances de l’Académie française lui semblaient trop dénuées de philologie. […] Il vit tout d’abord des Français de l’année 1855. […] … » La démocratie française avant d’effrayer Taine par des incendies et des carnages, lui parut grotesque. […] En effet, le Français moderne, condamné à la laideur, est, aussi condamné à la misère. […] Alors, il manquait de respect à la langue française et faisait subir à la grammaire quelques menus outrages.
Voyez ce que devient le roi coupable du trône de 1830 sous le pinceau même de son panégyriste ; ce Trajan de la bourgeoisie est présenté en tyran à l’idéal de la jeunesse française. […] La détresse du peuple, les travailleurs sans pain, le dernier des Condés disparu dans les ténèbres, Bruxelles chassant les Nassau comme Paris les Bourbons, la Belgique s’offrant à un prince français et donnée à un prince anglais, la haine russe de Nicolas, derrière nous deux démons du midi, Ferdinand en Espagne, Miguel en Portugal, la terre tremblant en Italie, Metternich étendant la main sur Bologne, la France brusquant l’Autriche à Ancône, au nord on ne sait quel sinistre bruit de marteau reclouant la Pologne dans son cercueil, dans toute l’Europe des regards irrités guettant la France ; l’Angleterre, alliée suspecte, prête à pousser ce qui pencherait et à se jeter sur ce qui tomberait ; la pairie s’abritant derrière Beccaria pour refuser quatre têtes à la loi, les fleurs de lis raturées sur la voiture du roi, la croix arrachée de Notre-Dame, la Fayette amoindri, Laffitte ruiné, Benjamin Constant mort dans l’indigence, Casimir Périer mort dans l’épuisement du pouvoir ; la maladie politique et la maladie sociale se déclarant à la fois dans les deux capitales du royaume, l’une la ville de la pensée, l’autre la ville du travail ; à Paris la guerre civile, à Lyon la guerre servile ; dans les deux cités la même lueur de fournaise ; une pourpre de cratère au front du peuple ; le midi fanatisé, l’ouest troublé, la duchesse de Berry dans la Vendée, les complots, les conspirations, les soulèvements, le choléra, ajoutaient à la sombre rumeur des idées le sombre tumulte des événements. » VIII Tout cela mène à ce que l’auteur nomme l’Épopée de la rue Saint-Denis, c’est-à-dire aux barricades. […] C’est un pauvre idéal de peuple à présenter à l’admiration de nos artisans, la moelle peut-être de la population française.
Rocher m’amena donc un matin son compatriote, qui traduisait alors les magnifiques Psaumes de David de l’hébreu en français ; il savait par cœur quelques vers de moi, qu’il avait entendu réciter par hasard ; il en était ou en paraissait enthousiaste. […] Charles Gosselin, éditeur des traductions françaises de Walter Scott qui commencèrent sa brillante fortune. […] Je lus un jour, en Syrie, dans les journaux français, que nos troupes s’étaient emparées de deux femmes errantes qui paraissaient être du parti de la duchesse de Berri, mais dont on n’avait pu encore découvrir le nom, qu’elles cachaient avec soin à leurs persécuteurs ; que l’une de ces femmes inconnues portait un poignard attaché à sa jarretière, avec lequel elle s’était défendue. « Oh !
Mais à part la forme, et pour qui comprend le français, ces phrases aplaties et sans dents n’expriment-elles pas ce qu’exprime le cardinal de Retz d’une dent si mordante et si superbe : c’est que cette duchesse de Chevreuse était radicalement médiocre de tête et de cœur ! […] Elle passe humblement au service de cette Royauté plus forte qu’elle, elle dont la vie entière fut anglaise, espagnole, lorraine et jamais française ! […] Son cœur était plus espagnol que français.
Un collégien, dont l’enfance orpheline s’est écoulée à la campagne, s’éprend, à l’âge des premiers discours français, de la cousine d’un de ses amis, Madeleine d’Orsel. […] On peut dire qu’il est presque sans défaillance dans le roman de Fromentin, et toujours dans la pure tradition française. […] Tous les sels irritants de la mer ont exaspéré ce que l’air saisit, avivé le sang, injecté la peau, gonflé les veines, couperosé la chair blanche, et les ont, en un mot, barbouillés de cinabre. » Et puis, quelquefois, les deux manières se fondent, l’ancienne et la nouvelle, et nous avons des tableaux à la fois doux et puissants, fouillés avec des coins d’incertitude par où s’échappe le rêve, mélange de critique technique et de poésie, qui comptent parmi les plus belles pages de la littérature française.
Les paroles qu’il a prononcées sur l’exécrable forfait du 1456, sur ces tentatives sauvages « et d’autant plus irritées et féroces que la main qui les réprime est plus puissante et qu’elle présente plus de garanties à l’ordre français et européen », paroles qui correspondaient à d’autres, non moins énergiques, sorties du cœur de M.
Cette croix où, dans son enthousiasme, il reconnaît une main du XIIIe siècle, ayant par le fait été tracée sous les yeux du citoyen Terrasse (garde des archives judiciaires) en l’an XI de la République française une et indivisible, fera désormais pendant avec le camp de Caligula et le prætorium du bon Oldbuck de Monkbarns40.
— Jasmin, le poëte d’Agen, est allé faire visite aux Champenois, à Épernay où son fils est établi ; il y a été fêté et a répondu par une jolie chanson française (il faut savoir pour le piquant que son fils est à la tête d’une fabrique de bouchons pour les vins de Champagne).
De cette persuasion encore, où l’on est que l’exorde doit être rare et surprenant, viennent ces exordes à ricochets, comme on pourrait les appeler, qui visent une idée très étrangère au sujet, pour rebondir brusquement vers lui par un retour inattendu : ces exordes en cascade, où d’une idée très générale on descend à une autre, et de celle-ci à une autre encore, jusqu’à ce qu’au dernier degré on rencontre celle qui ouvre le sujet, comme dans les jardins français une eau, tombant de vasque en vasque et de marche en marche, s’arrête enfin et se repose dans le bassin inférieur.
C’est pourquoi j’estime que Laforgue est un écrivain vraiment français, de ceux pour qui Taine formula sans doute que les deux qualités dominantes étaient la sobriété et la finesse.
La publication de Psyché marque une date dans l’histoire de la poésie française.
, n’est pas une tournure bien poétique ni bien française : cependant elle ne déplaît pas, parce qu’elle évite cette phrase : depuis le temps où nous étions ensemble dans la Thrace.
Elle se perfectionna sous la Muse française, se soumit aux règles du goût, et atteignit sa troisième époque.
Vous paroissez résolu à ne lire que des Livres françois.
Un peu d’attention sur ces tableaux fera juger que si Paul Veronése est un si méchant voisin pour Le Brun quant au coloris, le françois est encore un plus méchant voisin pour l’italien, quant à la poësie pittoresque et à l’expression.
Il s’en faut beaucoup que le commun des hommes ait autant de connoissance de la mecanique de la peinture, que de la mécanique de la poësie, et comme nous l’avons exposé au commencement de ces essais, les beautez de l’exécution sont encore bien plus importantes dans un tableau qu’elles ne sçauroient l’être dans un poëme françois.
Gustave Brocher nous répond, par exemple, dans la Revue générale de bibliographie française (10 février 1904) : « Le travail ne suffit pas. » (Nous n’avons jamais dit que le travail suffisait ; nous avons toujours dit qu’il faut aussi le don, la vocation, la verve, l’inspiration.) « Un méchant écrivain ne deviendra pas un styliste en changeant cent fois la forme d’une phrase… » (C’est notre avis, et nous n’avons jamais prétendu le contraire.
Que la langue française est pauvre, que les verbes prendre, concevoir, dissiper, etc., se prêtent à différents sens et acceptent divers régimes.
Serguéi Petrowitch n’a pas reçu d’éducation ; il ne parle pas le français, mais il est, ne vous en déplaise, un homme charmant. […] Qu’il ne parle pas le français… le malheur n’est pas grand… Moi-même, je ne suis pas forte dans ce dialecte. […] De plus, elle lui portait envie : il était si bien élevé, il parlait si bien le français avec l’accent parisien, et elle pouvait à peine prononcer « bonjour », et « comment vous portez-vous ? […] Le même jour, Maria Dmitriévna avait parlé de lui à Fédor Ivanowitch, dans un français digne de nos institutions de demoiselles : Il n’y a plus maintenant de ces gens comme ça, comme autrefois. […] En se mettant au lit, Lavretzky prit une liasse de journaux français, qu’il n’avait pas lus depuis plus de quinze jours.
Il a remis en faveur une forme de roman qui est vraiment dans la tradition française. […] Il a des ancêtres dans toute la lignée des écrivains de souche purement française. […] Les limites de son esprit sont aussi bien celles dont l’esprit français ne sort que rarement. […] C’est avec ce fond de tempérament français et gaulois qu’il a traversé la société contemporaine. […] Mais c’est à des Français que nous nous adressons.
Des goûts et des verges, il ne faut pas disputer ; mais sans disputer on peut comprendre, et le plus sûr moyen de comprendre le goût anglais est de l’opposer au goût français. […] Un Français ne pourrait continuer aussi longtemps le sarcasme. […] On comprend que la pauvre enfant ait besoin de sympathie ; en quittant les poupées, ce cœur aimant s’est épris d’abord de Trenmor, de Sténio, du prince Djalma et autres héros des romanciers français. […] Il l’avala avec une grimace qui annonçait une convulsion imminente, et saisissant à côté de lui une bouteille qu’il croyait du Sauterne, mais qui se trouva être de l’eau-de-vie française, il en but près d’une pinte avant de reconnaître son erreur. […] Autant les Anglais l’emportent comme moralistes et satiriques, autant les Français l’emportent comme artistes et romanciers.
le jeune Léon Daudet m’apprend qu’au collège Louis-le-Grand, l’histoire de la Révolution, s’apprend dans notre Histoire de la société française pendant la Révolution et le Directoire. […] Mercredi 18 mars Dans la correction des épreuves des Lettres de mon frère, quand je le retrouve au collège, écrivant un drame en vers sur Étienne Marcel, cela me rappelle que, quelques années avant, dans ce même collège, en rhétorique, j’envoyais à Curmer une monographie de « La Cuisinière » pour Les Français peints par eux-mêmes, puis, que je faisais une « Histoire des Châteaux au moyen âge » pour entrer à la Société d’Histoire de France, tandis que mon frère continuait à versifier et à fantaisier. […] Lundi 23 mars Auguste Sichel affirmait, ce soir, que l’allemand de Henri Heine, était un allemand tout spécial, presque une langue particulière, une langue à phrases courtes, sans précédents dans la langue germanique, et qu’il croyait formée par l’étude du français des encyclopédistes, du français de Diderot. […] Vendredi 22 mai Drôle de peuple que le peuple français ! […] Le soir, il se trouvait avec Canrobert, lord Raglan, et un général anglais dont je n’ai pas retenu le nom, un général élégantissime, parlant le français assez mal, mais avec un accent d’incroyable du Directoire, et qui attirait l’attention de Canrobert sur les mouvements de l’armée russe dans l’éloignement et l’effacement de la nuit tombante, et s’écriait à un moment : « Est-ce que vous ne croyez pas, général, que ce serait le moment de se mettre à la poursuite des Russes… Je crois bien qu’on pourrait les détruire ?
Deux remarques : l’influence de Bastien-Lepage dans la peinture, et la vulgarisation des nuances anglaises esthetic dans la toilette de la femme française. […] Lors du siège de Sébastopol, dans les trêves entre les deux armées, des bals furent donnés, où les officiers français tentèrent de plaire à des femmes russes. […] Vendredi 7 septembre Le succès présent du roman russe est dû, en grande partie, à l’agacement qu’éprouvaient nos lettrés spiritualistes, de la popularité du roman naturiste français, et qui ont cherché le moyen d’enrayer ce succès. […] Le blanc de l’œil brillant, fiévreux, avec quelque chose de fou dans toute l’allure du corps, mais dans cette tête de toqué, une immense mémoire musicale des musiques de tous les pays et de tous les temps, avec une prédilection pour les chants populaires, pour les chants des provinces françaises, qu’il a récoltés en grande partie, dit-il, chez les bonnes, qu’il a eues à son service. […] Et causant de l’intérêt qu’aurait, le Livre de vérité, de ce cabaret au siècle dernier, nous arrivons à parler de l’étude d’après nature des êtres et des choses de notre vieux territoire, étude commencée au dix-huitième siècle, par Restif de la Bretonne, Jean-Jacques Rousseau, Diderot, et complètement enrayée par ce mouvement littéraire, rapporté des pays exotiques par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, et ne correspondant pas au tempérament français.
Le premier, le fils d’Éson reconnut qu’elle était tombée dans le mal sacré, et, d’une voix caressante, il lui tint ce langage… » L’admirable comparaison des deux arbres est du genre de celles qui abondent dans les littératures anciennes, qui sont assez rares dans les littératures modernes, mais dont en particulier la poésie française dite classique s’est scrupuleusement préservée. […] e Nemours prit la parole… » Voilà ce qu’est proprement le goût français ; on indique, on court, on sous-entend ; on a la grâce, la discrétion, la finesse, tout jusqu’à la poésie exclusivement. […] Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie française, demandait grâce vainement pour ces sortes de peintures naturelles où se joint la passion à la vérité. […] oissonade, n’est guère connue que des poëtes français. » Chardin dans son Voyage dit : « Les ruines de Colchos sont perdues : je n’en aperçois rien. » Je le crois bien, il n’y a point eu de ville de Colchos, partant point de ruines.
Grâce aux patients travaux que les anciens, les modernes, et surtout un savant français de nos jours, Walckenaer, ont consacrés à l’interprétation de ses œuvres et à la confrontation de ses vers avec sa vie, Horace est pour nous un homme d’hier ou d’aujourd’hui. […] Les Français aiment trop Horace (je le comprends, car Horace est certainement l’esprit le plus français de toute l’antiquité). […] Horace est plus Gaulois que Romain ; mais cette prédilection des Français pour Horace, comme pour l’ingénieux corrupteur de la morale et de l’âme qu’ils appellent le bon La Fontaine, m’a toujours fait une certaine peine au cœur.
La maison pleine de mélancolie où se sont accomplis les événements de cette histoire était précisément un de ces logis, restes vénérables d’un siècle où les choses et les hommes avaient ce caractère de simplicité que les mœurs françaises perdent de jour en jour. […] Dès que la République française mit en vente, dans l’arrondissement de Saumur, les biens du clergé, le tonnelier, alors âgé de quarante ans, venait d’épouser la fille d’un riche marchand de planches. […] Les trous inégaux et nombreux que les intempéries du climat y avaient bizarrement pratiqués donnaient au cintre et aux jambages de la baie l’apparence des pierres vermiculées de l’architecture française, et quelque ressemblance avec le porche d’une geôle. […] Sur la paroi opposée à la cheminée, deux portraits au pastel étaient censés représenter l’aïeul de Mme Grandet, le vieux M. de La Bertellière, en lieutenant des gardes françaises, et défunte Mme Gentillet, en bergère.
La pension dont j’ai parlé plus haut cessa de m’être payée à l’époque de l’invasion de Ferrare par les Français. […] Les Français attaquèrent les légations, la paix fut conclue. […] « Vous savez ainsi que moi », écrivit l’ambassadeur français au Directoire, « que personne à Rome n’a donné d’ordre de tirer ni de tuer qui que ce fût ; le général Duphot a été imprudent, tranchons le mot, il a été coupable. » Il y avait à Rome un droit des gens comme partout. […] À quelque distance de Rome, le commandant français le combla d’égards et le fit conduire à Naples.
Jeudi 20 mars Les Japonais ont une aimable ironie, une ironie un peu à la française. […] Vendredi 16 mai Un membre de la Chambre des députés de Belgique a dernièrement accusé la littérature française, et moi en particulier, d’avoir corrompu sa patrie. […] Dimanche 28 septembre Je relisais aujourd’hui Lutèce, de Henri Heine, et j’y trouvais que le Français ne demandait pas l’égalité des droits, mais l’égalité des jouissances. […] Pendant que dans la salle des dessins français, j’étais arrêté devant le « Couronnement de Voltaire », de Gabriel Saint-Aubin, qu’enfin, ils se sont décidés, je puis dire sur mes objurgations, à exposer, un monsieur qui le regardait admirativement, comme moi, et qui était Beurdeley fils, me dit que son père avait vendu 8 000 francs à M.
Jugé digne de succéder à Buffon pour son fauteuil à l’Académie française, choisi pour son médecin par la reine Marie-Antoinette, Vicq d’Azyr embrasse dans sa courte et brillante carrière tout l’espace qui fut accordé à ce règne de Louis XVI depuis Turgot jusqu’au 21 janvier : après en avoir partagé et secondé dans sa mesure toutes les réformes et les espérances, il survit peu à cette ruine, à celle des académies dont il était membre, et de la société savante dont il était l’âme ; il périt comme une victime morale, sous une impression visible de deuil et de terreur. […] Vicq d’Azyr, louant Buffon à qui il succédait dans l’Académie française, ne se souviendra plus de ce tort, si c’en était un.
Il y a du talent et beaucoup d’adresse, mais, du reste, il n’a pas fait grande sensation C’est français comme le diable. […] Il y a des choses de ce mauvais goût de Vincent qu’on ne digérera pas facilement ici, et c’est comme tu l’observes : on commence à bien tourner en ridicule le genre français.
Livet sortant à peine du collège fut conduit par son père dans une bibliothèque de province : il y avait de ces vieux auteurs français ; il les lut. […] Lié avec tous les beaux esprits de l’époque, Saint-Amant fut un des premiers membres nommés par l’Académie française : il demanda et obtint d’être exempté de la harangue d’usage, « à la charge qu’il ferait, comme il s’y était offert lui-même, la partie comique du dictionnaire, et qu’il recueillerait les termes grotesques, c’est-à-dire, comme nous parlerions aujourd’hui, burlesques. » C’est Pellisson qui parle.
Ses Mémoires, écrits en français, commencent à l’année qui précéda son mariage (1744), et la copie qu’on en a s’arrête malheureusement un peu avant son avènement au trône. […] Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà.
Placé aux confins de l’école française, un des représentants de cette école, non plus chez elle et dans les douceurs du chez-soi, dans les grâces légères de l’insouciance et du loisir, mais en marche et comme en voie de conquête, lorsque, chargée déjà de butin étranger, elle a un pied par-delà le Rhin, il fait la chaîne d’Auber à Meyerbeer ; d’un genre un peu mixte sans doute, mais non pas hybride ; élevé, savant, harmonique, très-soigneux de bien écrire musicalement parlant, sachant plaire toutefois, ne négligeant pas la grâce, cherchant et trouvant agréablement ce qu’Auber trouve sans le chercher, mais enclin surtout et habile à exprimer dramatiquement la tendresse et la passion. […] » Halévy, pour peu qu’il eût vécu, eût sans doute été nommé de l’Académie française.
Un de mes amis, qui n’est pas Français, il est vrai, et qui est sévère pour notre littérature, me disait à ce propos : « N’avez-vous pas remarqué ? il y a toujours de l’Opéra dans tout ce que font les Français, même ceux qui se piquent de réel ; il y a la décoration, et aussi les coulasses ; du solennel, et un peu de libertin. » Nous venons de voir le solennel dans tout son beau et son radieux.
Toujours est-il qu’il eut, sans plus tarder, le fauteuil de Racine à l’Académie française, et sa réception donna lieu à un incident dont nous parlerons tout à l’heure. […] Le discours que M. de Valincour a fait le jour de sa réception à l’Académie française en la place de M.
Racine fils avoue avec candeur qu’on peut regretter dans l’Iphigénie française cette vive peinture de l’Agamemnon grec ; mais Euripide n’avait pas craint d’entrer dans l’intérieur de la tente du héros, et de nommer certaines choses de la vie par leur nom29. […] Ingres, comme on a l’œil rempli de l’éclatante variété pittoresque du grand maître flamand, on ne voit d’abord dans l’artiste français qu’un ton assez uniforme, une teinte diffuse de pâle et douce lumière.
Son existence littéraire, comme on voit, ne laissait pas de devenir considérable : il était membre de l’Académie des Inscriptions ; l’opinion le désignait pour l’Académie française, comme héritier présomptif de Boileau. […] Marot et Saint-Gelais ne les ont point passées… S’ils ont badiné aux dépens des religieux, ils n’ont point ri aux dépens de la religion. » (Voir, si l’on veut s’édifier là-dessus, mon Tableau de la Poésie française au xvie siècle, 1843, page 37.)
D’ailleurs il n’est point de poëte qui tende plus de pièges à son traducteur ; c’est presque toujours des bizarreries, des énigmes ou des horreurs qu’il lui propose : il entasse les comparaisons les plus dégoûtantes, les allusions, les termes de l’école et les expressions les plus basses : rien ne lui paraît méprisable, et la langue française, chaste et timorée, s’effarouche à chaque phrase. […] En effet, la langue française ne recevra toute sa perfection qu’en allant chez ses voisins pour commercer et pour reconnaître ses vraies richesses ; en fouillant dans l’antiquité à qui elle doit son premier levain, et en cherchant les limites qui la séparent des autres langues.
Parmi les modernes en français, je lui cherche des antécédents, des prédécesseurs, et j’ai peine à en trouver. […] Garat sortant de chez Diderot, Charles Nodier encore, contant quelqu’un de ses jolis contes où le fond se dérobe et où la façon est tout, ce sont presque les seuls auteurs, en français, qui me donnent quelque idée à l’avance de cette manière unique de M.
La littérature française est bien riche, si on la suit dans ces genres un peu secondaires (journaux, correspondances, mémoires), qui tiennent à la société et au train même de la vie ; c’est le moyen, en y revenant souvent, de la pénétrer et de la traverser en bien des sens. […] Il voudrait qu’on nous montrât Zilia française, après nous l’avoir fait voir péruvienne ; qu’on la montrât non plus jugeant selon ses préjugés, mais comparant les siens et les nôtres ; qu’on lui fît remarquer combien elle avait tort d’être d’abord étonnée de la plupart des choses ; qu’on lui fît suivre en détail les causes de ces mesures tirées de l’antique constitution du gouvernement, et tenant à la distribution primitive ou graduelle des conditions, ainsi qu’aux progrès des connaissances.
J’y mettrais Molière, le génie poétique le plus complet et le plus plein que nous ayons eu en français : Molière est si grand, disait Goethe (ce roi de la critique), qu’il nous étonne de nouveau chaque fois que nous le lisons. […] Le propre de cette théorie, qui subordonne l’imagination et la sensibilité elle-même à la raison, et dont Scaliger peut-être a donné le premier signal chez les modernes, est la théorie latine à proprement parler, et elle a été aussi de préférence pendant longtemps la théorie française.
À la bravoure et à l’amour de la gloire, naturels aux Français, ils joignaient un grand respect pour la discipline, et une confiance sans bornes en leur chef, premiers éléments du succès… Les soldats d’aujourd’hui marchent dignement sur les traces de leurs devanciers ; et le courage, la patience, l’énergie qu’ils ne cessent de montrer dans la longue et pénible guerre d’Afrique, prouvent que toujours et partout ils répondront aux besoins et aux exigences de la patrie. […] [NdA] Les seules dotations, ainsi respectées, furent celles dont les titres portaient sur des provinces qui, bien que conquises par l’Empereur, avaient été ensuite reconnues dans les traités de paix comme faisant partie de l’Empire français.
Usant d’une imagination adroite et subtile, il s’emploie à donnera tous ses goûts une nourriture facticement convenable, présente à ses yeux des spectacles combinés, substitue les évocations de l’odorat à l’excercice de la vue, et remplace par les similitudes du goût certaines sensations de l’ouïe, pare son esprit de tout ce que la peinture, les lettres latines et françaises ont d’œuvres raffinées, supérieures ou décadentes, oscille dans sa recherche d’une doctrine qui systématise son hypocondrie, entre l’ascétisme morose des mystiques et l’absolu renoncement des pessimistes allemands. […] Cette phrase est précédée d’une intéressante liste d’auteurs latins de l’agonie de l’empire, et d’une énumération d’auteurs français dans laquelle se coudoient curieusement des écrivains catholiques qui n’ont d’intérêt que pour des antiquaires en idées et en style, quelques poètes réellement décadents comme Paul Verlaine dont certains volumes ont les subtilités métriques et le niais bavardage des derniers hymnographes byzantins, et une bonne partie de ce que la littérature contemporaine a produit de supérieur et de raffiné.
Albalat a lu, la plume à la main, annoté, disséqué les pages de tous nos écrivains français ; et, les textes sous les yeux, il explique comment on peut s’y prendre pour écrire sans recherche, mais avec précision, goût, sobriété et, si possible, de façon originale6. » M. de Gourmont lui-même le reconnaît : « Ce livre, dit-il, est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’ou aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire… L’œuvre garde des parties excellentes ». […] Et, dans un beau mouvement d’une indignation qui voulait être superbe, on fit pleuvoir l’anathème sur la tête de cet auteur assez imprudent pour parler de style et d’art en un temps où, comme chacun sait, tout être qui tient une plume écrit un français des plus corrects.
S’il est vrai que chaque peuple ait une mission à remplir, un ministère à exercer à l’égard des autres peuples, qui pourrait nier l’antique mission du peuple français, et son ministère auguste en Europe ? […] Il n’était point Français, et il a pris ses héros parmi nos ancêtres ; il ne pouvait faire autrement, puisqu’il avait à créer une épopée européenne.
Voyez ce qui est arrivé dans la révolution française, où l’on a marché dans cette voie du dégoût : on a commencé par abolir toutes les hiérarchies sociales, et il n’y a plus eu de ces barrières concentriques où les principes conservateurs peuvent, en se retirant, se retrancher avec quelque succès. […] Mais auparavant présentons, dans son ensemble, la théorie de la parole, en y comprenant l’esquisse rapide des destinées de la langue française.
Sa seconde lettre sur le clergé français est intitulée : Y a-t-il encore des jésuites ?
[Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
Non à tous ceux dont l’intelligence et la sensibilité n’ont pas été faussées par des éducations artificielles. » Psyché annonçait l’apparition prochaine en librairie du Catéchisme de la paix d’Éliphas Lévi et du Zohar, l’un des livres fondamentaux de la kabbale, pour la première fois, traduit en langue française.
Les plus grands orateurs de la chaire sacrée, Fléchier et Bossuet, en ont fait le sujet de leurs plus éloquentes oraisons funèbres ; un siècle après sa mort, l’Académie française aussi appelé sur ses hautes vertus l’éloquence philosophique ; le prix qu’elle offrit au meilleur éloge, fut partagé entre MM.
Et si l’on veut remonter plus haut, si l’on réfléchit quel abîme sépare la littérature française de ce siècle de celle des époques passées, on trouvera au pessimisme contemporain assez d’ascendants pour se convaincre que la tristesse est l’essence même du nouvel art, et peut-être de tout art noble.
Leroi, 277 Rollin, 103, 114 Rouillé, 115 Rousseau, 240, 268 Rousseau de Genève, 256, 356 Roux, 241, 313 Ruynart, 47 S SAcy, 346, 360 Le Sage, 250 Saint-Real, 3 Salluste, 111 Saverien, 375, 377 Saurin, 38 Sautreau, 241 Saxe (le Maréc. de) 371 Scuderi, 245 Sevigné, 265 S’gravesande, 334 Sigonius, 191 Siri, 159 Smolett, 179 Solier, 54 Solignac, 205 Spon, 197 Staal, 164 Suard, 239 Suetone, 122 Sully, 156 Surgere, 246 Surgi, 11 T TAcite, 120 Tailhié, 105, 115, 143 Targe, 179 Tavernier, 13 Tencin, 248 Terrasson, 323, 363 Testamens politiques, 318 Thucydide, 98 Thevenot, 14 De Thou, 144 Tillemont, 46, 124 Tissot, 325 Tite-Live, 113 Torcy, 162 Tournefort, 15, 328 Touron, 25 Toussaint, 363 Trevoux (Dict. de) 288 Tricalet, 61 Trogue Pompée, 88 Trublet, 358 Turpin, 167 Turselin, 190 V VAissette, 6 Vansleb, 23 Varennes, 359 Le Vassor, 146 Vauban, 372 Vaugelas, 296 Vauvenargues, 364 Velli, 133 Vertot, 116, 174 Vignoles, 377 Villars, 152, 163 Villedieu, 247 Villefore, 56 Villehardouin, 128 Villeroi, 156 Vocabulaire françois, 288 Vojeu de Brunem, 210 Voiture, 264 Voltaire, 91, 148, 187, 201, 202, 254, 357 d’Urfé, 246 Wailly, 273 Wan-Effen, 362 Wolff, 316, 333, 374 X XEnophon, 99 Z ZUrlauben, 197
Les françois se sont mépris comme les autres sur la nature du drame, lorsqu’ils ont commencé à faire des pieces dramatiques qui meritassent d’avoir un nom.
Fénelon, qu’on a trop grandi de toutes manières, bel esprit bien plus que grand esprit, continuant la Renaissance sous Louis XIV, Fénelon, ce grec en français, mais dont la forme antique pâlit devant celle d’André Chénier comme un poncif pâlit devant la vie, Fénelon n’a vraiment de talent personnel et incontestable que dans son Existence de Dieu, le plus éloquent fragment de métaphysique qu’on ait écrit, et ses Lettres spirituelles, ses œuvres de conseil et de direction.
car les satiriques ne manquent pas à la littérature française, mais aucun de ceux-là qui l’ont illustrée n’ont le caractère de force douce, comme l’est la vraie force, qui distingue la poésie satirique de ce chrétien qui trempe son fouet dans l’huile de la charité avant de frapper, et qui n’en frappe que plus fort après.
Les soupirs, les pleurs, le courage des femmes françaises (de tous âges) étaient présents dans cette grange glaciale.
C’est ainsi que nous usons de la Vie d’Henriette Renan, et très souvent j’ai admiré la parfaite délicatesse littéraire des journaux français qui tous ont écarté l’idée, assurément fort tentante, de donner à leur public ces pages fameuses.
Le premier volume, qui vient de paraître, est intitulé : Autour de la Comédie française. […] D’autre part, il était plus strict, plus intransigeant dans l’idée qu’il se faisait du génie français que M. […] Il leur arrive d’aimer la France autant que nous l’aimons ; et alors ils sont français comme nous, tout comme nous, — et cela d’autant mieux que le sang français, ne l’oublions pas, est un mélange incroyable de tous les sangs. […] Paul Anthelm. — Comédie Française : Athalie. […] Athalie triomphe à la Comédie française.
Ce genre de spectacle, depuis si charmant et si français, alors au berceau, était des plus humbles et des plus bas ; il consistait en de simples parades qui, nées sous la Régence, et grâce aux libres mœurs qu’elle favorisait, en avaient pris le ton. […] Tout cela est fait à la française ; mais aussi longtemps que nos auteurs dramatiques ne sauront pas peindre les mœurs des personnages qu’ils mettent sur la scène, ni l’esprit des peuples et des siècles dont ils empruntent leurs sujets, je regarderai leurs pièces comme des ouvrages faits pour amuser ou épouvanter des enfants ; mais jamais je ne les croirai dignes de servir d’instruction et de leçon aux souverains et aux nations ; c’est pourtant là le véritable but de la tragédie. » Il nous est impossible aujourd’hui, — à moi du moins, — de nous former une idée nette de ces pièces, surtout des tragédies d’alors, ni d’y saisir quelque différence à la lecture ; elles me semblent à peu près toutes pareillement insipides et d’un ennui uniforme. […] Cet abbé Legendre, nous dit Collé, était « le premier homme de table qu’il y ait eu, et le dernier des Français qui en ait encore soutenu les plaisirs » ; c’est sur lui que Piron a fait la joyeuse chanson, célèbre en son temps : Vive notre vénérable abbé, Qui siège à table mieux qu’au jubé ! […] On joue ce soir aux Français Rodogune ou Cinna : cela nous tournerait la tête du côté qu’il ne faut pas ; allons au boulevard ! […] Il faudrait à la Métromanie un auditoire de jeunes auteurs en herbe, étudiants, un public d’Odéon. — On l’a redonnée depuis au théâtre Français, où elle a été écoutée froidement : « La Métromanie a rencontré chez nous, cette fois encore, un accueil trop sérieux pour être durable. » C’est ce que dit Janin dans un des meilleurs feuilletons qu’il ait écrits (Journal des Débats du 18 septembre 1865). — On m’assure qu’en examinant les textes imprimés de la Métromanie, on trouverait de notables différences d’édition : ce serait à examiner.
. — Ils manquent dans la littérature française. — Le petit Joas et David Copperfield. — Les gens du peuple. […] Votre goût français, toujours mesuré, se révolte contre ces crises d’affectation, contre ces mièvreries maladives. […] Pour être heureux, il faut être léger comme un Français du dix-huitième siècle, ou sensuel comme un Italien du seizième ; il ne faut point s’inquiéter des choses ou en jouir. […] Les Français ont un Tartufe comme votre M. […] Après un intervalle, vous les retrouvez au seizième siècle, quand eut passé la littérature française importée de Normandie ; elles sont l’âme même de la nation.
nous ne sommes que des Français ; elle a toujours raison de se sauver quand il lui est démontré qu’elle se sauve ! […] On lui arracha le masque bientôt, et sous ce masque maladif on reconnut un autre jeune homme blond, frais, fin et profond de physionomie, Allemand plus que Français d’apparence. […] Excepté dans la Jeune Captive, pièce teinte avec son sang au pied de l’échafaud, André Chénier me paraissait un pastiche du Grec plus qu’un Français. […] Je le dis et je le répète ; c’est ce que je préfère dans la poésie française intime. […] Il était peu disposé, en général, en faveur des vers, et des vers français en particulier.
Byvanck, qui connaît aussi bien les poètes français de notre temps que ceux qui vivaient sous les rois Charles VII et Louis XI. […] Marcel Schwob, qui fait de si beaux contes, qui sait si bien la vieille langue française et qui a tant d’humour et de philosophie. […] Il suppose l’unité de l’art du Midi de l’Europe, qui a trouvé sa plus haute expression dans la littérature française. […] Et quel plaisir c’était de causer longtemps sur le pont solitaire après une exécution ainsi terminée suivant toutes les règles de la politesse française ! […] Guieysse, Étude sur l’argot français, p. 22.
La grand’mère Guyot-Desherbiers était un échantillon remarquable de la bourgeoise française du siècle dernier. […] Les fautes de français le révoltent, les rejets le blessent, les termes réalistes, tels que « pots » ou « haillons », lui font mal. […] Un historien attentif de la versification française, M. de Souza, parlant de la renaissance du vers lyrique dans notre siècle, ne tient aucun compte des premières œuvres de Musset. […] … « Ne serait-ce pas une grande nouveauté que de réveiller la muse grecque, d’oser la présenter aux Français dans sa féroce grandeur, dans son atrocité sublime ? […] Les Epoques du théâtre français.
On a beau lui faire l’éloge De ceux qui l’aiment tendrement, Cœurs françois, gascons, allobroges, Ne la tentent pas seulement. » « — Que je plains, dit l’ombre étonnée, Cette belle au cœur endurci !
Partout, autour d’eux, retentissaient des craintes confuses, a Ce royaume est « bien mal », disait un jour Mirabeau père, chez Quesnay, médecin du roi et de la favorite ; « il n’y a ni sentiments généreux ni argent. » — « Il ne peut être régénéré, reprit La Rivière, que par une conquête comme à la Chine, ou par un grand bouleversement intérieur ; mais malheur à ceux qui s’y trouveront, le peuple français n’y va pas de main morte !
En 89, madame de Genlis ne voit et ne loue, dans le but de la réforme, que l’abolition des lettres de cachet et du droit de chasse, c’est du moins quelque chose ; en 93, elle n’a de larmes que pour Athalie, bannie de la scène française.
Mémoires relatifs à la Révolution française Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.
Au tour d’imagination et de poésie figurative qui est particulier à son pays, il unit une prestesse et une pointe de raillerie véritablement françaises, qu’il semble avoir acquises dans le commerce assidu de Voltaire.
Le Théâtre Français a représenté une pièce nouvelle de M.
Un tel plaisir ne se peut expliquer que par un éveil de l’antique férocité animale chez « l’élite de la jeunesse française », et par ce fait qu’une réunion d’hommes est plus méchante et plus inepte que chacun des individus qui la composent (meilleure aussi en certains cas, mais c’est infiniment plus rare).
(Anthologie des poètes français du xixe siècle (1887-1888).]
Claretie), de Sorbonne (sur la langue française), de cimetière (pour M.
Entrez hardiment, avec votre génie propre, dans le concert de l’œuvre française ; portez-y votre raison, votre maturité.
Pourquoi ne se fâchait-il pas aussi contre ces vaisseaux, ships, man of war, qui sont (ainsi qu’en latin et en vieux français) si bizarrement du genre féminin ?
Quoique ce poëme ne nous touche plus que parce que nous sommes des hommes, il nous touche encore assez pour nous attacher : mais un poëte ne sçauroit promettre à ses ouvrages une fortune pareille à celle de l’éneïde, qui est celle de toucher sans cet interêt qui a un rapport particulier au lecteur, à moins d’une grande présomption, principalement s’il compose en françois.
Si je ne craignais de me servir d’un vilain mot d’école en parlant d’un talent si mélodieusement français, je dirais qu’il est un omniarque en littérature.
Non seulement, par la tradition du moyen âge, il est commandant-propriétaire des Français et de la France, mais encore, par la théorie des légistes, il est, comme César, l’unique et perpétuel représentant de la nation, et, par la doctrine des théologiens, il est, comme David, le délégué sacré et spécial de Dieu lui-même. […] Granier de Cassagnac, Des causes de la Révolution française, III, 58. […] (Laboulaye, De l’administration française sous Louis XVI.
L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne. […] Nous faisions beaucoup de vers latins ; mais on n’admettait pas que, depuis le poème de la Religion de Racine le fils, il y eût aucune poésie française. […] Faire des vers français passait pour un exercice des plus dangereux et eût entraîné l’exclusion.
A l’Académie française, d’Alembert, géomètre et mathématicien, lit des Éloges de littérateurs ; Buffon y prononce son fameux discours sur le style. […] Ce fut et c’est encore une des gloires de la littérature française d’être la grande vulgarisatrice. […] Assurément le français s’est ainsi enrichi, mais combien alourdi !
., 1 tuba, 4 harpes, 2 paires de timbales, Notes sur la musique wagnérienne en les œuvres musicales françaises en 1885-188629 ak. […] Au point de vue français, on pourrait s’effaroucher de quelques raffinements métaphysiques, ou, si l’on veut, d’une subordination trop visible des faits aux idées, mais là gît précisément le caractère essentiellement germanique du poème. Le même sujet, traité par un Français, eût pris une allure plus tranchante et plus vive ; seulement, il eût perdu en intimité ce qu’il eût gagné en mouvement et en surface.
Il est frappant et instructif de remarquer combien la psychologie française s’en est peu occupée. […] Elles étaient vraiment frappantes : les conclusions qu’il en tira furent annoncées dans ce style systématique, tranchant, absolu, qui caractérise les écrivains français » ; de là, leur popularité européenne, malgré les réserves de Müller et de Cuvier. […] Cette doctrine, qui s’accorde avec celle des écrivains français les plus autorisés, conduit M.
Si l’on prend le mot d’idées au sens plus étroit de représentations ayant un objet, on peut dire que les idées, ayant presque toutes pour objets des genres et des espèces, animaux, hommes, Français, etc., sont elles-mêmes des espèces plus ou moins viables et stables. […] Supposez qu’une boîte à musique, capable de jouer plusieurs airs, tombe à terre pendant qu’elle en joue un et que le cylindre garni de pointes se mette à rouler avec une très grande rapidité, de manière à briser ou à altérer ses pointes : un air entier pourra disparaître sans que les autres soient atteints, Tous les mouvements réflexes qui répondent à l’association des mots grecs entre eux et avec les mots français correspondants peuvent se trouver paralysés, tandis que les systèmes de réflexes répondant au français, appris dès l’enfance et solidement imprimés dans le cerveau, peuvent résister à la commotion.
Les Français ont presque entièrement banni le prologue de leurs pièces de théâtre, à l’exception des opéras. […] Un poète peu habile épuisera quelquefois tout son sujet dès le second acte, et se trouvera par là dans la nécessité d’avoir recours à des actions étrangères pour remplir les autres actes : c’était le défaut des premiers poètes français. […] On connaît encore, sur le théâtre français, une espèce d’ouvrages nommés comédies épisodiques, ou pièces à tiroir.
Dans quelles cours d’Allemagne n’a-t-on pas vu des théâtres français ? […] » Enfin, la langue française, Mylord, est devenue presque la langue universelle. […] » Je ne considère pas seulement Louis XIV parce qu’il a fait du bien aux Français, mais parce qu’il a fait du bien aux hommes : c’est comme homme, et non comme sujet que j’écris ; je veux peindre le dernier siècle, et non pas simplement un prince.
Étonnante fidélité de sensation pour des Français, qui ont si longtemps passé pour de beaux infidèles ! […] Rien de pareil, en effet, ne s’est vu dans la langue française, et même dans la langue française de Hugo.
Cela s’appelle le réalisme, cette idée, et cela sort des deux choses monstrueuses qui s’accroupissent, pour l’étouffer, sur la vieille société française : le Matérialisme et la Démocratie. […] Si ce charmant mouvement intellectuel continue, la Littérature française a chance de mourir asphyxiée derrière la porte infecte du cabinet d’Héliogabale. […] On ne se soucie plus de savoir à quel point il imite Victor Hugo ou Flaubert, en donnant à leurs profils des airs de gargouille qu’ils n’ont pas et en faisant de même avec ce pur camée de langue française, qui restait toujours ferme et correcte autrefois, alors qu’elle était le plus passionnée !
Ce sont précisément ces curiosités et ces sympathies qui m’ont poussé à entreprendre les études que voici : j’y recherche les opinions que certains des guides de la pensée française actuelle, quelle que soit d’ailleurs la forme de leurs écrits, professent sur les problèmes essentiels de la morale. […] Très érudit, connaissant à fond la littérature française et les littératures anciennes, M. […] Mais non : Scherer le conserve sous la république, en présence de toutes les manifestations nouvelles qu’il observe sans aucune sympathie, quoique avec une curiosité toujours en éveil : la langue française se corrompt, grâce à la presse quotidienne, grâce aussi à des causes plus profondes : « une culture superficielle, qui a perdu le sentiment de la propriété des termes et un besoin de raffinement qui veut innover à tout prix » et il est fâcheux que l’Académie française n’ait pas « un droit de haute et basse justice sur les malfaiteurs qui attentent à cette chose, sainte entre toutes, la langue maternelle7 ». […] Voyez les Évolutions de la critique française, par Ernest Tissot 1 vol. in-18. […] Nisard, Histoire de la littérature française.
J’avoue que rien, dans les théâtres grec, anglais et français, ne me paraît supérieur à cette comédie indienne. […] H.Sudermann, traduction française de M. […] Comédie française : l’Ami des femmes, comédie en cinq actes, de M. […] C’est d’être, à un degré qui rend la chose originale en ce temps de septentriomanie, — peut-être, il est vrai, finissante, — un beau drame français, écrit en français, avec une ingénuité, une générosité, une chaleur et une clarté toutes françaises, par un Parisien de Paris. […] Moi, citoyen français, me voilà prince-époux dans une cour germanique.
Ce fut, pour ainsi dire, en m’embarquant avec vous que je sentis tous les écueils dont les muses françaises étaient environnées. […] La valeur et l’industrie française ont compté leurs magnanimes Diomèdes, leurs indomptables Ajax, et leurs prudents Ulysses. […] Le Virgile français est en ceci, à peu près fidèle au texte latin : « Ô muse ! […] Aussi crierait-on justement au blasphème, si le rapprochement que je fais de la composition latine et de la française ne s’arrêtait à ce qui concerne la loi de l’unité. […] J’aurai plus d’une occasion de vous citer en vers français des fragments du beau poème, où brille cette fiction.
Voilà une idée qui ne viendra pas à un citoyen français. […] Le Français, qui a encore de la rêvasserie dans la cervelle, ne manquera pas de faire une belle place au phonographe ! […] Je viens de lire, sur ce mode de numération, un véritable dithyrambe et certes je n’ai pas l’intention d’y contredire, car il paraît que l’on reconnaît le mauvais Français essentiel à ce qu’il ne s’évanouit pas d’admiration devant une manière de compter à la fois si simple et si hermétique. […] Le latin hésitait entre le masculin et le neutre : tous deux se résolvent en français ‘par le masculin. […] Il circule à ce sujet une pétition qui parle de son charme, de son parfum d’histoire française : est-ce un argument qui puisse toucher les ravageurs du calme et antique quartier Saint-Séverin ?
Ces vers sont mâles comme le latin, femelles comme l’italien, transparents pour le français, comme des mots de famille qui se reconnaissent à travers quelque différence d’accent. Je pourrais vous les donner ici dans leur belle langue originale, mais j’aime mieux vous les traduire en m’aidant de la naïve traduction en pur français classique faite par le poète lui-même. Nul ne sait mieux ce qu’il a voulu dire ; notre français à nous serait un miroir terne de son œuvre : le sien à lui est un miroir vivant. […] Pourquoi chez nous (et je comprends dans ce mot nous les plus grands poètes métaphysiques français, anglais ou allemands du siècle, Byron, Goethe, Klopstock, Schiller, et leurs émules), pourquoi, dans les œuvres de ces grands écrivains consommés, la sève est-elle moins limpide, le style moins naïf, les images moins primitives, les couleurs moins printanières, les clartés moins sereines, les impressions enfin qu’on reçoit à la lecture de leurs œuvres méditées moins inattendues, moins fraîches, moins originales, moins personnelles, que les impressions qui jaillissent des pages incultes de ces poètes des veillées de la Provence ?
Si la politique française de la Restauration eût été dans de telles mains à Paris, Charles X aurait évité les écueils et neutralisé les tempêtes. […] Il n’en reste plus que deux qui aient été témoins du fameux passage de l’armée française. […] Elle avait seize ans ; elle était Romaine, nièce d’un cardinal d’origine française ; elle voyageait je ne sais pourquoi en France avec je ne sais quelle princesse de sa famille. […] On accusait alors madame Récamier d’indiquer impérieusement à l’opinion les candidats à l’Académie française.
inscription qu’on peut traduire ainsi en vulgaire français : « Maison petite, mais construite à ma convenance, mais n’enlevant le soleil à personne, mais d’une propreté élégante, et cependant bâtie tout entière de mes deniers personnels ! […] Les Italiens n’ont pas, sur ces badinages d’esprit, le rigorisme des Français, et surtout des Anglais. […] L’imagination ne se salit pas avec lui, elle s’enjoue, si le seigneur français me permet cette mauvaise expression dans sa langue. […] — Vous oubliez, belle Léna, dit gravement le professeur, qu’alors il ne serait plus l’Arioste, car le caractère de son génie est précisément de nager entre deux eaux, comme on dit en français, d’être un poète amphibie, si vous aimez mieux, et de passer du rire aux larmes ou de l’esprit au cœur, comme le parfait musicien passe d’une gamme à l’autre sur le même instrument : c’est le caractère du souverain artiste
Selon lui la tragédie grecque et la tragédie française ne touchent point. « Enlever, agiter, transporter, bouleverser le spectateur », voilà le but de l’art. […] C’est que Beaumarchais les a pris dans la nature et dans la société française. […] Tout en est français ; mais rien n’y est plus goûté de nos jours que l’esprit de mot, si en faveur au théâtre et dans les livres. […] Collin fait honneur aux lettres françaises par le souvenir de pureté morale et de douce bonhomie qui s’attache à son nom.
alors, vous n’êtes plus compris du tout. » Prenant au hasard un petit journal : « Tenez, voilà comme il faut écrire pour être compris… des nouvelles à la main… La langue française s’en va positivement… Eh ! […] Les deux gros volumes in-octavo de l’Histoire de la société française pendant la Révolution ET le Directoire furent ceci dans notre pensée au premier jour : « l’Histoire du plaisir sous la Terreur », un petit volume in-32, à 50 centimes. […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale ! […] Un dîner et une soirée, où la conversation, sortant des commérages sur les bidets de courtisanes et les tables de nuit d’hommes connus, se balança sur les hautes cimes de la pensée et les grandes épopées de la littérature, avec toutes sortes d’éclairs des uns et des autres, et avec les violences et les sorties de Saint-Victor, se déclarant Latin de la tête au cœur, et n’aimant que l’art latin, et les littératures et les langues latines, et ne rencontrant sa patrie, que lorsqu’il se trouve en Italie… Cette profession de foi, suivie d’un débordement d’exécration pour les pays septentrionaux, disant que le Français chez lui serait peut-être indifférent à une invasion italienne ou espagnole, mais qu’il mourrait sous une invasion allemande ou russe.
Samedi 12 mars Le pourboire, cette générosité essentiellement française, prouve l’humanité d’une nation. […] » Samedi 2 avril Comme article critique de mon Journal, je donne cet extrait du Français. […] Jeudi 14 avril Chez Noël où je déjeune, j’ai à côté de moi deux enfants, au type juif, presque des bébés, qui causent avec leur précepteur, tout le temps du déjeuner, de l’état comparatif de la dette française avec la dette allemande. […] Certes le tirage pour moi, n’est pas une marque de la valeur d’un volume, toutefois le livre, que le critique du Français estimait devoir se vendre à quarante exemplaires, est à son vrai huitième mille.
Considérons pourtant la poésie française, pour prendre un exemple restreint. […] Quant au dix-septième siècle, la principale supériorité qu’il semble posséder en fait de poésie, c’est d’avoir vu naître le théâtre classique ; mais, d’autre part, notre siècle a vu se produire un fait qui n’aura peut-être pas un jour moins d’importance dans une histoire d’ensemble de la littérature française : la naissance de la poésie lyrique. […] En prose, même obscurité voulue, avec un mélange de mots français, latins, grecs, et de mots qui ne sont d’aucune langue : — « Parmi l’air le plus pur de désastre, où le plus puissant lien une voix disparate, un point sévèrement noir ou quelque rouvre de trop d’ans s’opposait à l’intégral salut d’amour, et la velléité dès lors inerte demeurait, et muette sans même la conscience mélancolique de son mutisme. » Ces phrases relativement fort claires sont extraites du Traité du verbe de Verlaine, — car ils croient avoir inventé un verbe nouveau. Au reste, le bon sens français proteste vite contre un parti pris de bâtir avec des nuages, lesquels s’arrangent et se dérangent, changent de formes sans autre raison que le vent qui passe, — le vent d’une fantaisie de poète qui nous demeure étrangère par système.
Flint, abondante et décisive, et n’exclut pas d’ailleurs une profonde admiration pour le chef de l’école éclectique française. […] A l’origine des sociétés, elle a plutôt pour effet d’entretenir la barbarie : l’état d’abjection dans lequel s’immobilisent certaines tribus sauvages résulte principalement des luttes incessantes qu’elles se livrent entre elles. — On a dit que chaque bataille est un gain pour la civilisation ; mais en fait la civilisation n’a-t-elle pas plutôt souffert de ces guerres interminables qui mirent l’Italie sous les pieds des conquérans espagnols, français, allemands ? […] Histoire des animaux d’Aristote, traduite en français et accompagnée de notes perpétuelles, par M. […] Histoire de la zoologie, depuis l’antiquité jusqu’au xixe siècle, par Victor Carus, traduction française par M.
Il se serait élevé dans la hiérarchie ecclésiastique, et il aurait été l’une des figures les plus spirituelles et les plus calmes du clergé français ; mais, quand il fallut se décider, Audin n’entendit point en lui cette grande voix de la vocation qui fait tout taire, et le jeune lévite de Largentière quitta le séminaire pour s’en aller à Grenoble étudier la jurisprudence. […] Les trois têtes les plus fortes de la Révolution française sont des têtes de tonsuré, comme dirait agréablement la Philosophie. […] Lorsque dernièrement un écrivain soi-disant catholique13, dans une histoire de la Littérature française sous le gouvernement de Juillet, pieux ossuaire de toutes les médiocrités que le temps a balayées déjà et qu’il pousse à la fosse commune de l’oubli, a, parmi cette tourbe de noms qui importunent le regard, consacré trois lignes de protecteur distrait au respectable nom d’Audin, — c’est-à-dire de l’homme qui, après MM. de Maistre et de Bonald, a le plus contribué à la diffusion des idées catholiques au xixe siècle, comment s’étonner que les panthéistes, les libres penseurs, les journalistes, les vaudevillistes (plus nombreux qu’on ne croit), et les jongleurs de feuilleton, composant la littérature contemporaine, aient répugné à parler d’un écrivain qui n’est pas des leurs, et d’ailleurs irréfutable pour des gens de notions aussi peu certaines ? […] S’il avait continué et poussé dans cette voie, il eût pu, les visites aidant, entrer comme un autre à l’Académie française ; mais il aima mieux produire dix volumes de travaux immenses, où le talent égale l’abondance des notions.
Il plaira à ceux qui n’ont point les impatiences d’un goût trop superbe ou trop délicat, ni les promptes fièvres des admirations ardentes ; qui n’ont point surtout la soif de la surprise ni de la découverte, qui aiment à naviguer sur des fleuves unis, qui préfèrent au Rhône impétueux, à l’Éridan tel que l’a peint le poète, ou même au Rhin dans ses âpres majestés, le cours tranquille du fleuve français, de la royale Seine baignant les rives de plus en plus élargies d’une Normandie florissante. […] Languet, archevêque de Sens, au discours de réception du duc de Nivernais qui succéda à Massillon à l’Académie française (séance du 4 février 1743).
L’Académie française a mis depuis quelque temps au concours une étude sur Froissart. […] Il l’accueille donc à merveille, le salue de prime abord en bon langage français, et le loge en son hôtel.
Il signale les vices d’organisation dans l’armée des Impériaux ; il en reconnaît les éléments solides, la supériorité de la cavalerie sur l’infanterie, et par où pèche celle-ci : « Ils ont peu d’officiers ; et on ne voit point dans ceux qu’ils ont un certain désir de gloire qui est dans les officiers français. » Lorsqu’il en vient aux Turcs et à leur gouvernement, il donne aussi ses idées, ses pronostics ; il se livre à des considérations proprement dites, et tourne le tout à la plus grande gloire de Louis XIV qu’il se plaît à supposer voisin de l’Empire ottoman, pour lui faire faire de ce côté des conquêtes plus faciles à exécuter, prétend-il, que ne l’a été celle des Pays-Bas. […] Il avait trente-trois ans, il était Français, il venait de faire le paladin en Hongrie, et avait une certaine auréole d’extraordinaire, même par sa douleur et sa pénitence manquée : c’était assez pour avoir tous les succès.
Ce que Fénelon écrit en cette année 1708 au duc de Bourgogne, il ne cessera de le répéter et de le lui faire arriver par le canal du duc de Chevreuse durant les années suivantes ; il est affecté dans sa religion de chrétien éclairé, dans sa tendresse de père nourricier et de maître, dans son patriotisme de citoyen, de voir un prince qui devrait être si cher à tous les bons Français, et dont il sait les vertus essentielles, devenu l’objet d’un dénigrement et d’un déchaînement si général. […] Pourtant, comme il se mêle à tout cela bien de l’irréflexion et de la mode, selon notre usage français de tous les temps, il arrivera que pendant la très courte année où le duc de Bourgogne, devenu Dauphin après la mort de son père, se mettra un peu en frais de bonne grâce et en attitude de plaire, l’opinion se retournera subitement en son honneur, célébrera en lui une transformation soudaine, et, quand on le perdra quelques mois après, il sera pleuré comme un prince irréparable, les délices trop tôt ravies du genre humain.
Si Buffon tient du xviiie siècle français par un esprit d’indépendance et par une secrète hostilité à la tradition, il s’en sépare d’ailleurs par l’ensemble de son caractère, par le maniement et la bonne économie de ses facultés, par toute son attitude ; en un mot, son esprit tient du xviiie siècle bien plus que son genre de vie et son talent. […] Si ces mêmes choses avaient été dites pour la première fois par quelqu’un en français, on ne les remarquerait guère ; Goethe parle de Buffon en termes élevés, mais vagues, et en passant : ce passage, il est vrai, se lie à une défense de la doctrine de M.
Il désirait vivement être de l’Académie française : membre de l’Académie des sciences depuis 1763, c’est-à-dire dès l’âge de vingt-sept ans, il ne dédaigna pas de concourir pour les prix d’éloquence de l’autre académie, et il se présenta jusqu’à trois fois comme candidat à un fauteuil sans se décourager du refus. […] Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française.
Voyageant en Suisse dans le canton de Zurich, il avait remarqué que, dans la plupart des maisons, une piété domestique patriarcale tenait à conserver les images des pères, les portraits de ceux que la famille avait perdus et qui étaient représentés sur leur lit de mort, les yeux fermés, tels qu’ils étaient lorsqu’on les avait vus pour la dernière fois après le dernier soupir : Ces tristes images, ajoutait-il, qui paraîtraient si hideuses à un Français qui ménage son cœur comme un enfant gâté, et qui fuit avec soin tout ce qui pourrait l’émouvoir fortement, sont ici un objet consolant pour des hommes qui savent aimer et ne craignent rien de l’amour, pas même ses peines. […] L’opinion définitive qu’il se forma de la Révolution française répond bien à cet aspect sous lequel elle s’offrit à lui.
Au moment de la conversion de Henri IV, Charron pensa qu’il était bon et opportun de publier une réfutation de cet ancien traité, et qui fût en même temps une exhortation claire et démonstrative, une sorte de manifeste résumant le vœu de tous les bons Français et leur désir de voir les principaux compagnons du roi de Navarre imiter l’exemple de leur roi. […] Plusieurs s’y sont trompés : Gabriel Naudé, plus docte en latin qu’en français, paraît décerner à Charron une préférence qui supposerait en lui ce dont il manque le plus, c’est-à-dire l’originalité.
Goûté et suivi par ces hommes de l’école érudite et libre, La Mothe Vayer, Gassendi, Naudé, il eut l’honneur d’être burlesquement insulté par le père Garasse : Quant au sieur Charron, disait ce facétieux dénonciateur des beaux esprits de son temps, je suis contraint d’en dire un mot pour désabuser le monde et les faibles esprits qui avalent le venin couvert de quelques douces paroles et de pensées aucunement favorables, lesquelles il a tirées de Sénèque et naturalisées à la française, sans voir bonnement ce qu’il faisait ; car c’était un franc ignorant, et semblable à ce petit oiseau du Pérou, qui s’appelle le tocan, et qui n’a rien que le bec et la plume. […] À propos de certaines locutions de la langue française, à l’article faire croire ou faire accroire, Scipion Du Pleix, dans sa polémique contre les novateurs, disait : « Il me souvient que René Charron, Parisien (que j’ai connu familièrement en ma jeunesse, lui étant théologal à Condom), homme plus signalé par la pureté de son style que par celle de sa croyance, rejetait et condamnait ce verbe accroire et disait toujours faire croire.
Il n’en est pas de plus propre à faire respecter l’esprit français à l’étranger (ce qui n’est pas également vrai de tous nos chefs-d’œuvre domestiques), et en même temps il y a profit pour chacun de l’avoir, soir et matin, sur sa table de nuit. […] J. d’Ortigue l’a trouvée écrite à la main sur le dernier feuillet d’un volume de La Bruyère qui semble avoir appartenu à quelque académicien de la fin du xviie siècle : « La première place qui vaqua dans l’Académie française, après que M. de La Bruyère y fut reçu, étant à remplir, MM. les abbés de Caumartin et Boileau furent proposés et partagèrent également entre eux les suffrages de l’Assemblée jusqu’à la voix de M. de La Bruyère.
Ernest Renan, dans le Journal des Débats (17 décembre 1859), en s’en prenant à Béranger, dont il déclara n’avoir lu les chansons que fort tard et comme document historique, faisait le procès à l’esprit français lui-même, et s’attaquait à un coin radical de cet esprit, la goguette, la gaudriole, la malice narquoise et gauloise, se glissant en tout sujet et se gaussant des choses les plus graves. […] On me fait observer qu’il s’agit probablement du recueil publié en 1825, les Chants français ; mais il me semble qu’il est aussi question dans la suite des lettres d’un recueil manuscrit.
Ces femmes d’une éducation si parfaite, d’une culture si élaborée, mais qui ne sont pas Françaises, ont beau avoir tout l’esprit possible ; il y a un moment où elles forcent le ton, et la vendeuse d’herbes du marché aux fleurs leur dirait bien plus sûrement qu’à Théophraste : « Vous n’êtes pas d’ici. » De l’élévation d’ailleurs dans l’ensemble, des vues justes dans le détail, je suis loin de les lui refuser. […] Seulement si ses amis sont sages, ils la loueront avec un peu plus de sobriété qu’ils ne font depuis quelque temps ; ils exigeront pour elle un peu moins qu’ils ne sont en train de réclamer ; car le public français qu’on mène si loin et qui, par moments, se laisse faire le plus docilement du monde, a ses brusques impatiences et ses retours.
La veuve de Louis Racine, la bru du grand Racine, vécut fort longtemps et fort avant dans le xviiie siècle ; elle vit la Révolution française et mourut en 1794, âgée de 93 ou 94 ans. […] On s’explique difficilement que l’Académie française, qui devait être, ce semble, « l’asile naturel d’un Racine », l’ait repoussé vers le même temps, ou du moins lui ait fait un petit signe de tête négatif et très-significatif, et cela pour la seconde fois : il dut renoncer à l’idée de s’y voir admis.
Malheureusement les propos tenus par plusieurs ministres du roi dans les Cours ont fait croire le contraire. » Dans de telles conjonctures, Marie-Antoinette, on le conçoit, ne réussit à rien tirer de bien net des ministres qui sont et doivent être plus Français qu’elle, et qui ne se décident point sur des impressions et d’après des convenances de famille : « Pour le roi personnellement, il est bien attaché à l’alliance, et autant que je puisse le désirer ; mais, pour un moment aussi intéressant, je n’ai pas cru devoir me borner à en parler au roi : j’ai vu MM. de Maurepas et de Vergennes ; ils m’ont fort bien répondu sur l’alliance et m’y paraissent véritablement attachés ; mais ils ont tant de peur d’une guerre de terre, que quand je les ai poussés jusqu’au point où le roi de Prusse aurait commencé les hostilités, je n’en ai pu avoir de réponse bien nette. (25 mars 1778.) » Novice qu’elle est dans ces sortes d’affaires, elle ne démêle pas très distinctement les motifs qui font agir nos ministres et les intérêts véritables qu’elle aurait dû comprendre comme eux, ce qui lui aurait permis d’agir de concert vers le seul résultat possible. […] c’eût été assurément trop exiger, c’eût été trop demander à une jeune reine de vingt-trois ans, mais, enfin, les suppositions ne sont pas défendues, et je veux me figurer, un moment, une jeune princesse comme il s’en est vu sur le trône en divers temps et en ce même xviiie siècle, une tête politique déjà capable sous des traits charmants : à ces cris d’alarme, à cet appel parti de Vienne, Marie-Antoinette, si elle eût été cette princesse égale de tout point à sa situation, eût répondu avec une pleine sympathie filiale sans doute, mais dans un sentiment français non moins vif et en reine qui sent aussi le poids de sa couronne.
Selon lui, il a toujours été très-difficile ou plutôt impossible à Napoléon, héritier de la Révolution française, son représentant armé en face de la vieille Europe, et le point de mire de toutes les haines du passé, de s’arrêter dans sa progression de lutte croissante et de conquête, et de trouver une station à laquelle il pût se tenir pour y asseoir une paix durable, une paix sincèrement observée et acceptée par les adversaires. […] La nation française est fibreuse, disait Napoléon.
En français il offense partout, il révolte presque devant la chaste image de la Charité. […] N’aurait-il pas ce petit parfum dont je félicitais Fontanes et qui a été jusqu’ici le sens français ?
Août 1829 Dans le morceau suivant et en mainte autre occasion j’ai été ramené à m’occuper de Chénier : j’avais déjà parlé de Regnier dans le Tableau de la Poésie française au xvie siècle ; j’en ai reparlé, non sans complaisance et après une nouvelle lecture, dans l’Introduction au recueil des Poètes français (Gide, 1861), tome 1, page XXXI.
Il n’y a guère d’écrivain dans ce siècle chez qui abondent à ce point les réminiscences ou même les imitations de la littérature classique, grecque, latine et française. […] Sous Louis XIII et même sous Louis XIV, les antres sacrés du Parnasse français sont des cabarets pareils à celui où Gautier conduit Jacquemin Lampourde, où se drapent des « gueux » superbes qui s’appellent Théophile de Viaud, Cyrano de Bergerac et Saint-Amand.
Nisard, un des derniers professeurs qui l’ait pratiquée avec éclat, le déclarait ouvertement : « Qui connaît les anciens et notre grand siècle, disait-il en 1855, en prenant possession de la chaire d’éloquence française vacante depuis la mort de Villemain, a trouvé, dans l’ordre des choses de l’esprit, son idéal, sa règle, et, s’il est professeur, son autorité. » C’était clair et simple. […] Pendant les deux siècles classiques, vous chercheriez en vain des exemples d’une pareille indépendance parmi les écrivains français ou italiens, qui viennent docilement se ranger sous la fécule d’Aristote et accomplissent ce tour de force, merveilleux et inutile, de couler les sentiments de leur époque dans des moules surannés. — Il faut donc que certaines nations, pour des raisons que nous rechercherons peut-être un jour, aient conservé plus profondément que d’autres leur empreinte primitive, et c’est à cette persistance que nous devons en partie notre émancipation actuelle de l’influence antique.
Les lecteurs même qui ne voudraient pas remonter bien haut, ni se jeter dans la curiosité érudite, ceux qui ne voudraient se composer qu’une petite bibliothèque française toute moderne ne sauraient se dispenser d’y admettre et Montaigne et Commynes. […] Il faut lire là-dessus le chapitre xix du livre V, intitulé « Caractère du peuple françois et du gouvernement de ses rois », pour avoir de Commynes et de son esprit politique toute l’estime qu’il mérite.
Vicq d’Azyr était secrétaire perpétuel de la Société de médecine fondée en 1770, et il mérita d’être reçu à l’Académie française en 1788, à la place de Buffon. […] Roger (celui qui fut de l’Académie française) dit un jour à M.
La Société des bibliophiles (je reviens à elle) a donc été instituée « pour entretenir et propager le goût des livres, pour publier ou reproduire les ouvrages inédits ou rares, surtout ceux qui peuvent intéresser l’histoire, la littérature ou la langue, et pour perpétuer dans ses publications les traditions de l’ancienne imprimerie française ». […] Cigongne, par exemple, qui possède le plus complet et le plus beau cabinet en fait d’ancienne poésie française.
Mais si l’on jardinait en allemand, on dînait en anglais, on soupait en italien ; le français se parlait bien assez dans les intervalles. […] Je n’ai le droit d’exprimer aucun jugement personnel sur un prince que la versatilité française est en train d’exalter et d’amplifier pour le moment, après l’avoir précipité ; seulement je sais qu’un jour, pendant cinq courtes minutes, trois académiciens étaient admis en sa présence, et qu’il trouva moyen de leur dire la date de la fondation de l’Académie de la Crusca, ce qu’aucun des trois ne savait ; et il n’était pas fâché de le dire.
Non seulement pour un livre ; mais pour un auteur ; et beaucoup ne lisent un ou plusieurs ouvrages d’un homme que quand il est passé grand écrivain dans l’estime de tout le public, ou quand il a été nommé de l’Académie française, ce qui, du reste, n’est pas tout à fait exactement la même chose ; ou quand ils apprennent sa mort ; ces lecteurs nécrologiques sont assez nombreux. […] Le mot de l’ancienne langue française, « donner », dans le sens de marcher impétueusement en avant, est admirable.
Le volume des Femmes du monde de Bachaumont s’ouvre par les Femmes du faubourg Saint-Germain, les têtes de colonnes de la société française, qui n’est pas plus maintenant, en dehors de la topographie, la société française, au faubourg Saint-Germain, qu’à la Chaussée d’Antin et au faubourg Saint-Honoré.
Deux livres récents26 viennent d’y intéresser le public français. […] Je nommerai tout d’abord le groupe glorieux des peintres français, mal nommé Impressionnistes, les Claude Monet, les Sisley, les Pissarro et les Renoir, presque aussi méconnus dans leur pays que mal connus au dehors, et qui sont cependant l’honneur de cet art nouveau.
Cela signifie que depuis cinq cents ans, les Français ont eu presque toujours des gouvernements presque absolus ; qu’étant vaniteux et sociables, ils ne savent pas inventer leurs opinions et leurs actions ; qu’étant théoriciens et moqueurs, ils font mal et respectent mal leurs lois ; qu’étant vifs et imprudents, ils se prennent d’enthousiasme et d’alarme trop vite, trop fort, et mal à propos, dans leurs résolutions et dans leurs révolutions. […] Jouffroy a pour objet de couper les cheveux en quatre ou d’enseigner le français aux enfants ; non sans raison.
On joua le jeu français de tout ou rien.
Les vers sont peu satisfaisants ; on a pu les lire dans la Presse ; on se demande comment un calque si rude, si inégal et par conséquent si infidèle de Sophocle (pour le détail), a pu faire illusion à des auditeurs français : mais que voulez-vous ?
Dumouriez et la Révolution française par M.
De même, dans toute langue, et dans notre français, à côté des mots de l’usage commun et que tout le monde comprend à peu près, il y a des mots techniques, des termes de sciences, d’arts, de métiers, qui sont comme autant de langues dans la langue, et qui font aux profanes le même effet que le latin d’Ovide à ses voisins scythes.
— de conseiller au peuple et aux bourgeois d’avoir des mœurs pures, de « maîtriser leurs appétits », d’être moins égoïstes, de moins aimer l’argent, de renoncer à ces besoins de luxe relatif et de vanité qui déterminent les ménages français à limiter par tous les moyens le nombre de leurs rejetons.
Je vous félicite d’être Français.
Lacaussade : Poèmes de Leopardi traduits en vers français.
Dans une histoire de la littérature anglaise, on donne une place à Bède et Alcuin ; dans une histoire de la littérature française, nous mettons Grégoire de Tours et Abélard.
Remarquons, à cette occasion, qu’avant le milieu du xviie siècle, le mot obscénité n’était pas français.
Développement de l’Église), Librairie du Mercure de France, 1907 Hymne de la Pentecôte, dans l’Occident, Mai 1909 Hymne du Sacrement, dans la Nouvelle Revue Française, Avril 1909 Trois Hymnes (Saint Paul, Saint Pierre, Saint Jacques), dans la Nouvelle Revue Française, Décembre 1909 Vers sur la mort de Charles-Louis Philippe, dans la Nouvelle Revue Française, Février 1910 La Visitation, dans le Catholique, Mars 1910 Magnificat, dans la Nouvelle Revue Française, Mai 1910 Méditation pour le Samedi Soir, dans la Phalange, 20 Juillet 1910 Les Paradoxes du Christianisme, par G. […] Chesterton (traduction), dans la Nouvelle Revue Française, Août 1910 Dédicace, dans l’Art Libre, Septembre 1910 Cinq Grandes Odes suivies d’un Processionnal pour saluer le siècle nouveau, Bibliothèque de l’Occident, 1910 L’Irréductible, dans l’Hommage à Verlaine, Librairie Léon Vanier-Messein, 1911 Théâtre. […] Tête d‘Or (Première et seconde versions), Librairie du Mercure de France, 1911 L’Otage, drame, Édition de la Nouvelle Revue Française, 1911 Théâtre. […] Vers d’exil, Librairie du Mercure de France L’Annonce faite à Marie, drame, dans la Nouvelle Revue Française. […] , 1909 Oscar Wilde, Librairie du Mercure de France, 1910 * Nouveaux Prétextes, Librairie du Mercure de France, 1911 * Isabelle, récit, Edition de la Nouvelle Revue Française, Edit. in-8 couronne, 1911 Isabelle, récit, Edition de la Nouvelle Revue Française, Edit. in-8 tellière, 1911 Charles-Louis Philippe, conférence prononcée au Salon d’Automne, Librairie Eugène Figuière, 1911 Dostoïevski d’après sa correspondance, Grande Revue du 25 mai, 1908 Librairie Eugène Figuière, 1911 1.
Dalmeyda, vient de les traduire en français. […] C’est comme qui dirait des vers latins écrits en français avec du cœur. […] Mais, je ne sais comment, l’ensemble de la pièce m’a paru rendre un son moins allemand que français ; et cela n’a rien qui puisse nous déplaire. […] Il leur récite quelques paragraphes, — imparfaitement mis en vers français, — de son Evangile. […] Je remets à un autre jour de scruter les mystères de cette suprême et très « artistique » transformation de la vieille gaieté française.
Sans entrer dans cette déploration tardive et sur laquelle il est permis à un membre de l’Académie française en 1857 de n’avoir point d’avis formel, on ne peut s’empêcher de remarquer que la personne qui eût été le plus à même de répondre aux regrets exprimés par M. de Falloux, et peut-être de les réfuter en les respectant, eût été M. le comte Molé, qui fut des premiers à accepter le régime issu des barricades de juillet, à le servir et à travailler à le constituer et à l’autoriser devant l’Europe, en qualité de ministre.
Il devient très-évident que le public français revient plus que jamais aux Grecs et aux Romains, dont on l’avait vu si dégoûté il y a quelques années.
Le fier et laconique billet de François Ier, défait et pris à Pavie : « Tout est perdu, fors l’honneur », a été laborieusement extrait d’une lettre peu héroïque du roi par un historien qui a voulu jeter un peu de gloire sur la honte de la monarchie française.
La langue française a le mérite de distinguer les synonymes avec une lumineuse précision : elle le doit en grande partie à ces précieux et à ces premiers académiciens, dont se moquait un peu légèrement Saint-Ëvremond, et aussi à ce goût d’analyse morale qui a poussé tant d’écrivains, tant de gens du monde même, à étudier le cœur humain dans ses plus délicats mouvements et ses plus imperceptibles ressorts.
Mais je sais que sa réputation est immense, et plus européenne encore que française ; qu’il est plein d’idées, fertile en inventions, et mécanicien et chimiste presque autant que chirurgien ; qu’il s’est élevé seul, en dehors des cadres officiels et des académies, et que son exemple est excellent à une époque où nous commençons à connaître mieux le prix de l’énergie individuelle et de ses œuvres.
Nous les retrouverons tout à l’heure, descendus de leur tour d’ivoire, l’un pour susciter les foules et y répandre son vœu de justice, l’autre pour assurer l’ordre du vieux lyrisme français et le rétablir dans ses droits.
Rimez faiblement, assonez si vous voulez, mais rimez, ou assonez, pas de vers français sans cela.
Le grand ouvrage de Hartley fut traduit en français dès 1755, par M.
Soit inconstance naturelle et besoin de nouveauté, soit réaction du présent, toujours en révolte contre un passé dominateur, les contraires se succèdent sans cesse dans les sentiments et dans les opinions de la partie désœuvrée de la nation française.
Godeau, de l’Académie française, évêque de Vence, ayant adressé à Voiture un défi de vers galants en honneur de cette belle personne, Voiture lui adressa ce rondeau fanfaron : Comme un galant et brave chevalier, Vous m’appelez en combat singulier D’amour, de vers et de prose polie ; Mais à si peu mon cœur ne s’humilie, Je ne vous tiens que pour un écolier ; Et fussiez-vous brave et docte guerrier, En cas d’amour, n’aspirez au laurier.
Il avoit jusques-là gardé l’incognito d’auteur ; mais alors il leva le masque, & publia que l’Histoire des flagellans étoit de lui, & la traduisit en françois.
(Je n’en juge, bien entendu, que sur la traduction française.) […] Jean Richepin est, je crois bien, le plus latin de nos poètes français. […] Française sans religion ! […] s’écrie-t-il, si on s’avise d’écrire les mélodrames en vers et en français, si on a l’audace de les jouer passablement, malheur à la tragédie ! […] Il s’est aussi ressouvenu, je suppose, des diverses révoltées, norvégiennes ou françaises, qu’on nous a montrées ces années-ci.
III Cependant la Révolution française, toute métaphysique dans ses principes, marchait dans les esprits et croyait de bonne foi alors pouvoir réaliser dans les faits les idées honnêtes, mais souvent émanées des Études de la nature. […] Lainé, le courageux orateur de ce parti, qui était alors le parti de la France, adopta Aimé Martin comme un des jeunes Français à la fois philosophes et royalistes ; il lui voua une affection paternelle et le fit choisir par la Chambre du temps pour secrétaire de l’assemblée. […] Voyez comme l’esprit de parti aveugle les hommes, et leur fait méconnaître jusqu’aux faits qui sont sous leurs yeux: non-seulement cet hommage rendu à la Divinité existe au frontispice des anciennes églises qui servent aujourd’hui à rassembler les citoyens ; mais il est à la tête même de notre Constitution ; il en est le début, le témoignage, la sanction sacrée, c’est sous ses auspices qu’elle est faite. « Le peuple français, y est-il dit, proclame, en présence de l’Être suprême, la déclaration des droits et des devoirs de l’homme et du citoyen. » La classe des sciences morales et politiques rougirait-elle de terminer un rapport sur ces mêmes droits et ces mêmes devoirs, par un hommage dont l’Assemblée nationale s’est honorée à la tête de la Constitution ? […] XVI Telle fut la destinée terrestre de cet homme de lettres français qui laissa dans les imaginations et dans les cœurs la trace indélébile de son talent, parce qu’il fut l’homme de lettres de la nature, et qu’il n’emprunta qu’à elle ses dessins et ses couleurs. […] En deux mots, c’est l’écrivain français de la vérité.
L’Assemblée avait ensuite proclamé Louis XVI roi des Français. […] Elle n’est plus ni femme, ni mère, ni Française. […] Sa mort, au contraire, aliénait de la cause française cette partie immense des populations qui ne juge les événements humains que par le cœur.
C’est la première fois, je pense, que des écrivains semblent ignorer le sens traditionnel des mots et, dans leurs combinaisons, le génie même de la langue française et composent des grimoires parfaitement inintelligibles, je ne dis pas à la foule, mais aux lettrés les plus perspicaces. […] Il connaît peu les Grecs, les Latins et les classiques français : il ne se rattache pas à une tradition. […] A mon avis, c’est peut-être la première fois que la poésie française a véritablement exprimé l’amour de Dieu.
Plus tard, le gouvernement français, d’abord si passif, intervint. […] Ils demandèrent qu’on attendît l’arrivée des cardinaux français et espagnols. […] On touchait à la Révolution française, cette troisième génération d’un principe qui ne peut plus se continuer d’une génération de plus, tant celle-là lui a vidé les entrailles et tari sa force vitale !
» les ordres qu’il envoie à l’instant, l’alerte donnée aux plus prochains quartiers, et sa présence d’esprit, son coup d’œil qu’il avait toujours le plus ferme et le plus judicieux, une fois en selle et l’épée au poing, sont rendus d’une manière vive et des plus françaises. […] Ce que le roi a de mieux à faire, c’est de ne pas leur donner lieu de s’unir et de s’entendre pour traiter avec lui ; c’est de les lasser et d’avoir bon marché de chacun en détail, en les laissant se diviser et achever de se morceler de plus en plus : Tant qu’enfin étant tous mal contents les uns des autres, et désespérés de leurs impertinents desseins, il faudra que tout ce qu’il y a de Français parmi eux se vienne jeter entre vos bras par pièces et lopins, comme vous devez désirer, ne reconnaissant que votre seule royauté, ne cherchant protection, appui ni support qu’en elle, ni n’espérant d’obtenir bienfaits, dignités, charges, offices ni bénéfices que de votre seule grâce et libéralité.
Toutefois, comme le nom manque ; comme, au milieu de l’abondance, de la solidité et même de l’agrément relatif des preuves, il y manque de plus l’éclair et le coup de foudre cher aux Français, ce côté militant de l’éloquence de Bourdaloue lui a peu survécu et ne s’est point dessiné de loin, tandis que Pascal, visière baissée, mais brillant du glaive, dans ses immortels pamphlets, est resté avec les honneurs de la victoire. […] Les Anglais n’ont pas cessé d’estimer Bourdaloue ; dans ce pays où l’art oratoire est sérieusement étudié et où tout est dirigé dans le sens pratique, on fait à son genre d’éloquence une place très haute, et on lui décerne, à lui en particulier, et par rapport à d’autres noms de grands orateurs, une supériorité dont nos idées françaises seraient elles-mêmes étonnées71.
Thomson, que d’ailleurs il estime, n’est point, selon lui, à mettre en parallèle avec le poète français, soit pour l’agrément des peintures, soit pour l’utilité philosophique du but. […] Un jour, la fille du poète Roucher, écrivant à son père alors sous les verrous, relevait avec une sagacité remarquable et un sentiment de préférence filiale bien permis les défauts de la traduction de Delille au début des Géorgiques : « Mais d’un autre côté, répondait à sa fille l’honnête Roucher, tu ne me parais pas rendre toute la justice qui est due à sa grâce, à son harmonie, à ce je ne sais quoi qui plaît, même dans sa manière française, aux amateurs impartiaux de l’Antiquité. » On voit que je tiens à accorder à Delille tout ce qui se peut raisonnablement.
Bientôt l’accès en est devenu facile aux commençants eux-mêmes, par la découverte de cette nomenclature précise comme l’algèbre, pure et sonore comme une langue antique, qu’on aime à entendre appeler la nomenclature française. […] Qu’il ne se hâte pas de répudier cette belle méthode, ce beau langage, qui ont fait de la chimie française une école de logique pratique, en même temps qu’elle est l’interprète le plus sûr de la philosophie naturelle, le moyen d’analyse le plus puissant dans la discussion des procédés des arts !
. —— Les Philosophes français du xixe siècle 43. […] Taine a choisi le fabuliste pour sujet de sa thèse française ; mais, depuis quelques années, les brillants candidats au grade de docteur nous ont habitués, le lendemain matin de leur réception, à lire des livres plutôt que des thèses proprement dites : il a suffi pour cela que le brocheur enlevât la page finale où se lisait le visa de M. le doyen.
Faire du courage n’est point, je le sais bien, une expression française ; mais je veux parler ma langue avant celle de ma nation, et nous devons souvent à l’irrégularité de nos pensées celle des expressions, pour les rendre telles qu’elles sont. […] Quelle illusion dans cette gloire qu’on prétend éterniser, dans ce bâtiment de quarante mille écus élevé à l’une des extrémités de la pièce d’eau, vraie pagode où se lisaient gravés sur le marbre tous les noms des visiteurs en ces quatre années, avec cette inscription de la façon de l’abbé Barthélemy : « Étienne-François, duc de Choiseul, pénétré des témoignages d’amitié, de bonté, d’attention dont il fut honoré pendant son exil par un grand nombre de personnes empressées à se rendre en ces lieux, a fait élever ce monument pour éterniser sa reconnaissance. » Que cet obélisque ministériel, inauguré dix ans avant la Révolution française, à quelques pas du volcan qui va engloutir la monarchie, est petit, vu de loin, et qu’il manque son effet dans la perspective !
Mlle Pompéa a par hasard appris du tapissier chargé de meubler l’hôtel du comte, et qui se trouve être le sien, qu’il est de retour en France, qu’il habite à Maran aux environs de Fontainebleau, et elle s’est mise en route sur l’heure pour le revoir : elle arrive, accompagnée d’une vieille cantatrice, la signora Barini, ancien contralto qui a eu ses beaux jours, une manière de duègne très-peu duègne, une utilité, un embarras, le meilleur cœur et la meilleure langue de femme, baragouinant un français italianisé et jargonnant à tue-tête. […] C’est ainsi que je la conçois en idée, cette histoire française du plaisir.
Elle est charitable par bigoterie et dévote d’une superstition étrangère, ce qui est plus ridicule qu’édifiant aux yeux des Français. […] Il nous la montre « aimable dans ses reparties, ingénieuse dans le détail de ses réponses et de ses propos ; ayant le cœur droit, excellent », très aimée, populaire même ; digne fille d’un vertueux père « qui avait répandu en elle toute la bonté et la candeur d’un monarque honnête homme ; ennemie de la dépense, souffrant des tourments réels et des supplices quand elle apprenait quelque calamité publique » ; une vraie mère des Français ; adoptant et admirant tout des grandeurs de la nation ; ne se considérant d’ailleurs que comme la première sujette de son époux : « Véridique avec le cardinal Fleury, hardie même auprès de lui plutôt que fausse, elle sortait, mais rarement, de cet état d’indifférence où elle s’était mise, et lui reprochait avec esprit et doucement les petites tracasseries qu’il lui faisait auprès du roi ; elle souriait un peu malignement, le déconcertait quelquefois et prenait alors le ton de reine de France ; elle lui disait que c’était à lui qu’elle était redevable d’une telle parole du roi.
Il se passera encore du temps avant que le public français ait de la considération pour l’histoire qui intéresse. » Le xviiie siècle revu et repeint par eux prend un aspect tout neuf et bien vivant ; ils en adorent surtout les peintres. […] Voici un petit rêve d’élégie bien française, bien moderne, qui vaut certes toutes les réminiscences des Ovide et des Tibulle : c’est léger, délicat, d’une tendresse de dilettante, d’un regret de xviiie siècle dans le xixe ; un idéal rapide de bonheur d’après Fragonard et Denon : « J’ai toujours rêvé ceci, — et ceci ne m’arrivera jamais : Je voudrais, la nuit, entrer par une petite porte que je vois, à serrure rouillée, collée, cachée dans un mur ; je voudrais entrer dans un parc que je ne connaîtrais pas, petit, étroit, mystérieux ; peu ou point de lune ; un petit pavillon ; dedans, une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu ; un souper froid, point d’embarras, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment, ni de l’année présente, un sourire de Belle au bois dormant, point de domestique… Et s’en aller, sans rien savoir, comme d’un bonheur où l’on a été mené les yeux bandés, et ne pas même chercher la femme, la maison, la porte, parce qu’il faut être discret avec un rêve… Mais jamais, jamais cela ne m’arrivera !
Considérée sous ce point de vue, sa retraite du ministère après la paix de Tilsitt fut très honorable. » Ce n’est donc point un ennemi qui écrit, et c’est ce même témoin, si digne de foi, qui nous apprend que précédemment, en 1806, dans les négociations qui amenèrent la paix de Posen, et d’où résulta l’abaissement de la Saxe, un million de francs (une bagatelle) avait été mis à la disposition du plénipotentiaire saxon, le comte de Bose, pour M. de Talleyrand, et un demi-million pour un autre agent diplomatique français, M. […] Il venait de rendre un grand service en imprimant en toute hâte la Déclaration de l’empereur Alexandre à la nation française ; mais en même temps il se présentait avec le poème de la Pitié de Delille sous le bras, et il tenait absolument à l’offrir en personne à l’empereur Alexandre au débotté, attendu que dans ce poème, qui datait de 1804, Delille avait adressé des vers prophétiques à ce même empereur. — On recevait les uns, on éconduisait les autres : les émissaires se succédaient à chaque minute ; Laborie, le secrétaire, l’homme affairé entre tous, y contractait cette agitation haletante et essoufflée qui ne l’a plus quitté depuis.
Un bon nombre de mots de la langue française ne sont que des métaphores, quand on les rapporte à leur origine latine. […] On le voit par ces vieilles et ridicules locutions : l’aigle de Meaux, le Térence français.
En dehors de la Révolution française, aucun milieu historique ne fut aussi propre que celui où se forma Jésus à développer ces forces cachées que l’humanité tient comme en réserve, et qu’elle ne laisse voir qu’à ses jours de fièvre et de péril. […] L’Algérie, aux premiers temps de l’occupation française, voyait se lever, chaque printemps, des inspirés, qui se déclaraient invulnérables et envoyés de Dieu pour chasser les infidèles ; l’année suivante, leur mort était oubliée, et leur successeur ne trouvait pas une moindre foi.
Dans La Mare au diable, l’auteur remarque en un endroit qu’il est obligé de traduire le langage antique et naïf des paysans de la contrée : « Ces gens-là, dit-il, parlent trop français pour nous, et, depuis Rabelais et Montaigne, les progrès de la langue nous ont fait perdre bien des vieilles richesses. […] Voilà donc, grâce à Mme Sand, notre littérature moderne en possession de quelques tableaux de pastorales et de géorgiques bien françaises.
Walpole, en bon Anglais qu’il est malgré ses traits d’esprit à la française, lui a fait lire Shakespeare ; elle l’a aussitôt goûté, elle s’est récriée comme à la découverte d’un monde nouveau : « Oh ! […] « Bref, dit-il, son âme est immortelle, et force son corps à lui tenir compagnie. » Il y a deux traditions sur Mme Du Deffand : la tradition purement française, qui nous est arrivée à travers ceux qu’elle avait jugés si sévèrement, à travers les gens de lettres et les encyclopédistes ; il y a autre chose encore, la tradition directe et plus vraie, plus intime, et c’est chez Walpole qu’il faut l’aller puiser comme à sa source.
« Épouvanté, j’ai beau crier à mes enfants : N’oubliez pas le français ! […] L’auteur n’est pas tout bonnement gai, ou du moins il l’est à la manière celtique plus qu’à la française, et sa gaieté, telle qu’il l’exprime, a bientôt l’air forcé et tiré.
Il semble qu’entre les poètes français La Fontaine seul ait, en partie, répondu à ce que désirait Fénelon lorsque, dans une lettre à La Motte, cet homme d’esprit si peu semblable à La Fontaine, il disait : « Je suis d’autant plus touché de ce que nous avons d’exquis dans notre langue, qu’elle n’est ni harmonieuse, ni variée, ni libre, ni hardie, ni propre à donner de l’essor, et que notre scrupuleuse versification rend les beaux vers presque impossibles dans un long ouvrage. » La Fontaine, avec une langue telle que la définissait Fénelon, a su pourtant paraître se jouer en poésie, et donner aux plus délicats ce sentiment de l’exquis qu’éveillent si rarement les modernes. Il a rempli cet autre vœu de Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Et, enfin, il semble avoir été mis au monde exprès pour prouver qu’en poésie française il n’était pas tout à fait impossible de trouver ce que Fénelon désirait encore : « Je voudrais un je ne sais quoi, qui est une facilité à laquelle il est très difficile d’atteindre. » Prenez nos auteurs célèbres, vous y trouverez la noblesse, l’énergie, l’éloquence, l’élégance, des portions de sublime ; mais ce je ne sais quoi de facile qui se communique à tous les sentiments, à toutes les pensées, et qui gagne jusqu’aux lecteurs, ce facile mêlé de persuasif, vous ne le trouverez guère que chez Fénelon et La Fontaine.
Je me suis demandé quelquefois l’effet que produirait un livre de M. de Balzac sur un honnête esprit, nourri jusqu’alors de la bonne prose française ordinaire dans toute sa frugalité, sur un esprit comme il n’y en a plus, formé à la lecture de Nicole, de Bourdaloue, à ce style simple, sérieux et scrupuleux, qui va loin, comme disait La Bruyère : un tel esprit en aurait le vertige pendant un mois. […] Enfin, lui, qui admirait tant Napoléon, et que ce grand exemple, transposé et réfléchi dans la littérature, éblouissait comme il en a ébloui tant d’autres, j’aurais voulu qu’il laissât de côté, une bonne fois, ces comparaisons, ces émulations insensées et à l’usage des enfants, et, s’il lui fallait absolument chercher son idéal de puissance dans les choses militaires, qu’il se posât quelquefois cette question, bien faite pour trouver place dans toute bonne rhétorique française : « Lequel est le plus beau, un conquérant d’Asie entraînant à sa suite des hordes innombrables, ou M. de Turenne défendant le Rhin à la tête de trente mille hommes ?
Il est académiste enfin, lui que sa modestie empêcha toujours d’être de l’Académie française. […] Malgré ces incertitudes, malgré ces tâtonnements et ces faiblesses, et bien que la plupart de ses qualités se tiennent elles-mêmes en échec, le nom de d’Aguesseau s’est transmis l’un des plus beaux et l’un des plus vénérés dans la mémoire française ; les années lui ont ajouté plutôt qu’enlevé de cet éclat et de cette fleur de renommée que, vers la fin, tous les contemporains ne lui reconnaissaient plus avec un égal respect.
Montaigne alors sent que c’est en lui seul, après tout, qu’il peut se fonder dans la détresse et s’affermir, et que c’est le moment ou jamais de mettre en pratique ces hautes leçons qu’il a passé sa vie à recueillir çà et là dans les livres des philosophes ; il se ranime, il arrive à toute sa vertu : En un temps ordinaire et tranquille on se prépare à des accidents modérés et communs ; mais, en cette confusion où nous sommes depuis trente ans, tout homme françois soit en particulier, soit en général, se voit à chaque heure sur le point de l’entier renversement de sa fortune. […] Nul écrivain en français, y compris les poètes proprement dits, n’a eu de la poésie une aussi haute idée que lui.
Arsène Houssaye, mêle à son inspiration française une veine de poésie allemande ; il a un sentiment domestique et naturel qui lui est familier, et l’on dirait qu’il a eu autrefois une des sylphides des bords du Rhin pour marraine. […] non, cette poésie française moderne, éclose vers 1819 sous forme lyrique, n’est pas morte, elle n’est qu’éparse et confusément dispersée.
Renan, c’est « le Français du xixe siècle » ; Émile Augier, c’est Molière « tombé en ses petits-fils » ; Jules Simon, « c’est le Robinson des croyances » ; Scribe, « le génie de l’opéra-comique » ; Octave Feuillet, « la littérature fashionable » ; etc. […] La supériorité, démontrée avec éclat et profondeur à plus d’une place, du roman et du livre sur l’œuvre théâtrale, opinion si peu française, mais si vraie, nous dit de reste comme Aubryet met son chapeau.
Il faut que nous cessions d’être Français, il faut que nous ayons l’esprit… dénationalisé, pour que nous n’ayons pas déjà tué, sous la plus retentissante des moqueries, des ridicules de la taille de ceux que je vais signaler. […] Le Jésus de Renan, ce Jésus romantique, rêveur, paysagiste, exquise personne, âme suave, ennemi de toute religion, qui ne veut que la pureté du cœur, ce Jésus qui est un blasphème vivant contre Notre-Seigneur Jésus-Christ, une insulte hypocrite et profonde à la foi du plus grand nombre des Français encore par ce temps respecté de suffrage universel, a été trouvé généralement charmant, comme dit Renan lui-même.
… Il a écrit plusieurs poésies en pur argot, qu’il s’est obligé à traduire en français dans la page suivante. […] Et, du reste, pour ce que ces chansons en argot expriment et pour ce que la traduction française nous en apprend, il n’était vraiment pas la peine de se verdir à cette langue-là !
Il est Allemand, rendez-le Français. […] M. de Biran est un Fichte français, plus mesuré et plus faible, moins visionnaire et moins inventeur.
Cette seule pièce, déposant contre les mœurs grecques, atteste en notre honneur la différence des Athéniennes et des Françaises. […] J’ai osé d’abord avancer que le législateur du Parnasse français n’avait pu se garantir d’une erreur en appréciant notre plus grand comique ; et je vais le prouver en le prenant sur ses propres paroles […] Le poète latin ne fut que naturel et d’une élégance exquise : l’auteur français lutta victorieusement avec ses grâces et sa finesse, et l’emporta de plus par le feu, la vigueur, le mouvement, et le coloris. […] En ceci, les richesses du théâtre français nous donnent sujet de nous enorgueillir d’avoir conduit l’art à son perfectionnement par la politesse de nos mœurs et de notre bon goût. […] L’auteur français n’a frappé qu’un seul ridicule en sa pièce, et l’objet qu’il lui oppose devient une leçon exemplaire à suivre.
L’homme qui a écrit Adolphe, Benjamin Constant, ce produit le plus distingué de la Suisse française, cet élégant musqué du Directoire, ce tribun parisien croisé d’Allemand, était une des natures les plus compliquées et les plus subtiles qui se pussent voir.
Le fait essentiel de la religion en France depuis une douzaine d’années, c’est l’abolition évidente et complète du gallicanisme : cette grande religion vraiment française n’est plus.
J’avais déjà publié mon Tableau de la Poésie française au xvie siècle, les Poésies de Joseph Delorme, et des articles dans le Globe et dans la Revue de Paris ; il me prit tout d’abord à partie sur un des derniers articles, celui de Jean-Baptiste Rousseau.
André Chénier, vivant, eût été le grand poëte français, immédiatement antérieur à M. de Chateaubriand, lequel date du Christianisme renaissant, du culte restauré, et d’un ordre de sentiments spiritualistes que le génie d’André n’eût sans doute pas accueillis.
Les quatorze mois écoulés, depuis le 2 juin 1793 jusqu’au 9 thermidor 1794, sont les plus mémorables, les plus féconds en événements et en résultats de la Révolution française et, peut-être, de toute histoire humaine.
L’auteur s’est d’abord attaché à réfuter M. de Montgaillard, et, tout en le réfutant, il a été naturellement amené à exposer ses propres idées sur les diverses époques de la Révolution française.
Walewski est un excellent gentilhomme qui, pour faire dans le monde un personnage plus considérable, a acquis un journal et l’a dirigé ; qui, pour compléter et rehausser encore ce rôle à demi littéraire, a songé à la scène française, et s’y est risqué.
Certes, le plus bel exemple qui put exister de renonciation à la vengeance, ce serait en France, si la haine cessait de renouveler les révolutions ; si le nom Français, par orgueil et par patriotisme, ralliait tous ceux qui ne sont pas assez criminels pour que le pardon même ne fût pas cru de leur propre cœur.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines.
Il y a, dans la langue française, dans celle que parlent les trois quarts des gens, tout un vocabulaire qui sert à ne pas penser ; ce sont ces mots mal définis, qui s’adaptent à tout, qui n’empruntent leur sens que de l’objet auquel on les applique, et qui signifient plus ou moins selon l’esprit de l’auditeur ou du lecteur.
Et il serait étrange, enfin, qu’on imposât à notre âge le nom d’un poète qui est certes de premier ordre, mais qui représente si imparfaitement la tradition du génie français et qui semble presque en dehors.
André Theuriet est assurément le meilleur peintre, le plus exact et le plus cordial à la fois, de la petite bourgeoisie française, mi-citadine et mi-paysanne ; et, comme cette classe sociale est la force même de la nation, comme elle lui est une réserve immense et silencieuse d’énergie et de vertu, les romans si simples de l’auteur des Deux Barbeaux deviennent par là très intéressants ; ils prennent un sens et une portée ; peu s’en faut qu’ils ne me soient vénérables.
… Merci à la noble Académie française !
Et, sous prétexte d’exprimer des nuances de sensation et de sentiment qui, si on les presse, s’évanouissent comme des rêves de fiévreux ou se ramènent à des impressions toutes simples et notées depuis des siècles, ils font de la langue française un je ne sais quoi qui n’a plus de nom.
Il y a une reine charmante, extraordinairement instruite, d’une intelligence supérieure et d’une imagination puissante, qui, pouvant exercer le métier de reine, préfère celui d’homme de lettres, recherche l’approbation de ses « confrères » bourgeois et accepte avec joie et simplicité, si même elle ne les sollicite, les récompenses de l’Académie française.
. — Tout comme le Royaume-Uni, la République française a ses poètes lauréats, des espèces de poètes lauréats.
Ne vous corrigez pas trop radicalement de ce qu’on appelle les défauts français ; ces défauts sont susceptibles de devenir un jour des qualités.
Ils ont donné naissance au faux bel-esprit françois.
Ensuite le petit ornement s’appelle mouche en français, et autrement dans une autre langue.
La barbarie expirait, l’aurore du siècle de Louis commençait à poindre ; Malherbe était venu, et ce héros, à la fois barde et chevalier, pouvait conduire les Français au combat en chantant des hymnes à la victoire.
Cependant un françois remarque d’abord, quand il est en Italie, qu’on y applaudit aux beaux endroits des operas, avec des transports qui paroîtroient dans son païs les saillies d’une troupe d’insensez.
Voyez comme l’Espagne aurait été mieux garantie du malheur par le principe de la Charte française que par la loi salique si rapidement et si facilement abolie !
Auguste Nicolas6 Si, comme nous le disions récemment, la littérature française est affligée de stérilité, nous n’espérons guères que cet état puisse changer en un instant.
Cochin, à qui je ne crains pas de m’associer en cette occasion — de s’inspirer dans les questions religieuses du principe supérieur de la tolérance… Je dis que sur ce point vous pouvez compter à la fois et sur la vigilance du gouvernement pour maintenir les droits de l’État, et sur l’esprit nouveau qui l’anime (Applaudissements répétés au centre et à droite)… Cet esprit nouveau, c’est l’esprit qui tend, dans une société aussi profondément troublée que celle-ci, à ramener tous les Français autour des idées de bon sens, de justice et de charité qui sont nécessaires à toute société qui veut vivre… » (Vifs applaudissements sur les mêmes bancs.
Mais l’un et l’autre n’ont cure de ces geignements : ils savent comme moi que nous avons rendu service aux lettres françaises en détruisant le prestige de M. […] Pour eux, la littérature française prend fin avec le xviie siècle. […] Les Anglais, les Russes, les Allemands dupent nos diplomates et soutirent l’argent français — c’est la faute des Juifs. […] Or Calvin — qui haïssait Luther — était français. Les chefs des Huguenots, leurs docteurs s’appelaient : Bourbon, Condé, Coligny, d’Andelot, Sully, Rohan, Duplessis-Mornay, Lanoue, Chaudieu, de Bèze, etc. — Tous individus bien français, n’est-ce pas, et que Drumont revendiquerait comme des gloires nationales, s’ils n’avaient tété la vache à Colas.
Rousseau (ceci n’est point inutile à rappeler), est d’origine française et parisienne. […] Irréprochable dans un poste assez en vue, je méritai, j’obtins l’estime de la République, celle de tous les ambassadeurs avec qui nous étions en correspondance, et l’affection de tous les Français établis à Venise. […] Repassons, si vous le voulez, l’histoire des lectures de l’autodidacte Rousseau (je ne parle que de ses lectures françaises). […] Pour ne citer que les principaux livres écrits sur ce sujet, il y avait eu l’Éducation des filles de Fénelon ; Télémaque (1699) ; le Traité des Études du bon Rollin ; les Pensées sur l’éducation, de Locke (traduction française, 1728) ; les Avis d’une mère à son fils et les Avis d’une mère à sa fille de madame de Lambert (1734). […] Rousseau, avec le coup d’œil du génie ; prévoyant toute la Révolution française, a voulu élever Émile, jeune noble, de façon qu’il pût se tirer d’affaire, quels que fussent les événements.
Sa biographie a été plusieurs fois racontée dans toutes les langues : en français, par Marc-Monnier ; dans son livre l’Italie est-elle la terre des morts ? […] Nous sommes donc loin de l’époque où Leopardi n’était connu du public français que par quelques vers d’Alfred de Musset. […] Il portait un pantalon rouge, enlevé, je crois, par un des nôtres au cadavre d’un soldat français à Rome, et qu’on lui avait donné quelques jours auparavant. […] c’est là ce que je ne saurais dire, mais ce que reconnaîtront, je l’espère, les lecteurs français du roman. […] Parmi les critiques français qui se sont déjà occupés de la question, je signalerai M.
Ce mot a eu bien des sens en français, un peu comme celui de sage en grec. […] Quelques narrations, parmi lesquelles se détache le conte de cette Matrone tant célébrée, sont des pièces accomplies, et les vers que l’auteur s’est passé la fantaisie d’insérer à travers sa prose, à la différence de ce qu’offrent en français ces sortes de mélanges, ont une solidité et un brillant qui en font de vraies perles enchâssées. […] Pour la réputation du chevalier, il est à regretter, que dans ses beaux jours, il n’ait pas eu une place à l’Académie française ; il en était très-digne à sa date. […] Voir dans les Éloges de quelques auteurs françois, par Jolly, l’article qui concerne M. de Méré ; M. de Plassac y est confondu avec son frère.
Un Français disait de Vous, Monseigneur, que Vous réunissiez la chevalerie du républicanisme à la chevalerie de la Royauté : en effet, dans quelque sens que la générosité puisse s’exercer, elle Vous est toujours native. […] Il y a des exemples de Suicide chez la nation Française, mais ce n’est d’ordinaire, ni à la mélancolie du caractère ni à l’exaltation des idées, qu’on peut les attribuer. Des malheurs positifs ont déterminé quelques Français à cet acte, et ils l’ont commis avec l’intrépidité mais aussi avec l’insouciance qui souvent les caractérise ; néanmoins cette foule d’émigrés que la révolution a fait naître, a supporté les plus cruelles privations, avec une sorte de sérénité dont aucune autre nation n’eût été capable. […] Ce qui coûte le plus aux Français, c’est d’être éloigné de leur patrie : en effet quelle patrie ne possédaient-ils pas avant que les factions l’eussent déchirée, avant que le despotisme l’eût avilie ?
Ce qui a paru encore plus extraordinaire à MM. les Français, c’est que, au grand couvert qui eut lieu dans la nuit du nouvel an, non seulement on nous fit place à tous près de la table royale, mais Monseigneur Wolfgangus dut se tenir tout le temps près de la reine, lui parla constamment, lui baisa souvent les mains, et mangea à côté d’elle les mets qu’elle daignait lui faire servir. […] Glatz, d’Augsbourg, et nous sommes convenus que vous deviez descendre à Augsbourg chez Lamb, dans la rue Sainte-Croix, où vous dînerez à 1 f. par personne, où vous trouverez de belles chambres, et où descendent des personnes fort distinguées, des Anglais, des Français, etc. […] « J’ai reçu votre lettre du 7 et l’air français qu’elle contenait. […] Les dames sont tout à Paris : elles sont grands amateurs du clavecin, et il y en a qui jouent admirablement. — Ce sont là tes gens, et les compositions sont tes affaires ; car tu peux acquérir gloire et argent en publiant des morceaux de clavecin, des quatuors de violon, des symphonies, puis un recueil d’airs français avec accompagnement de clavecin, comme celui que tu m’as envoyé, et enfin des opéras
Elle mourut en réputation de sainteté parmi le peuple de Ferrare ; les médailles que nous avons sous les yeux, et ses portraits, la représentent comme le profil de la mélancolie et de la douceur ; des yeux bleus, une chevelure noire, un front sans nuage, une bouche où l’intelligence fine donne de l’agrément à un sourire naturellement rêveur, un ovale arrondi des joues, un port de tête un peu incliné en avant, comme celui d’une figure qui écoute, ou comme le buste d’une princesse qui se penche pour accueillir avec pitié les malheureux, enfin la grâce française de sa mère mêlée à la gravité pensive d’une Italienne, font aimer cette femme, que son tendre intérêt pour le Tasse associe à jamais à son immortalité. […] Il put y recevoir de rares visiteurs ; le voyageur français Montaigne, en contemplant cette triste ruine, s’apitoya sur la dégradation du génie. […] Voltaire a dit : « Les Français n’ont pas la tête épique. » Il nous semble plus juste de dire : Les âges où nous vivons ne sont pas épiques. […] Toutefois ce sujet a, pour un Français, le défaut d’être étranger.
Les Sarrasins, dont le sultan était malade d’une maladie mortelle, ne recevant aucun ordre précis, s’effrayèrent, et, après quelques escarmouches de peu d’importance, ils abandonnèrent brusquement aux Français la cité de Damiette. […] Les autres chevaliers cependant se mirent à le railler et à le narguer à la française : « Bien fol est le roi, lui disait-on, s’il ne vous croit contre tout le conseil du royaume de France. » Au dîner qui suivit, le roi ne lui adressa point la parole comme il faisait d’ordinaire.
Il est étonnant que personne n’ait songé à traduire, à extraire de là de quoi former deux volumes en français, qui seraient ce qu’il y aurait de plus neuf et de plus honnêtement récréant. […] Voici une traduction ou imitation en français d’une des plus citées, et dans laquelle on verra qu’il essaye de combattre et de réfuter sa propre terreur, de se rassurer contre ses craintes habituelles : Dans un chemin mystérieux L’esprit de Dieu voyage, Sur les flots, dans l’ombre des cieux, Tout voilé par l’orage.
À une séance de l’Académie française à laquelle il assistait, Marmontel, qui remettait le prix de vertu à la libératrice de Latude, dit, en se tournant vers la tribune où était placé le comte d’Oëls (le prince Henri) : « C’est en présence de la vertu couronnée de gloire que l’Académie a la satisfaction de remettre ce prix à la femme obscure… » On traitait presque le prince Henri comme Henri IV, comme quelqu’un de la famille. […] Le prince Henri, de retour à Rheinsberg, après son premier voyage de France, eut l’occasion d’y recevoir un Français des plus distingués, qu’il avait déjà vu à Paris, le marquis de Bouillé.
Nous demandons la permission, ayant à parler de lui, d’en rester à nos propres impressions déjà anciennes, fort antérieures à des débats récents, et de redire, à propos des volumes aujourd’hui publiés, et sauf les applications nouvelles, le jugement assez complexe que nous avons tâché, durant plus de vingt ans, de nous former sur son compte, de mûrir en nous et de rectifier sans cesse, ne voulant rien ôter à un grand esprit si français par les qualités et les défauts, et voulant encore moins faire, de celui qui n’a rien ou presque rien respecté, un personnage d’autorité morale et philosophique, une religion à son tour ou une idole. […] Je crois voir, en un mot, dans ces travaux de Voltaire, sinon le germe, tout au moins un élément très essentiel de l’action qu’il a exercée sur son siècle… » — Nous autres, Français, nous sommes un peu lestes dans nos conclusions, et nous avons beau faire, nous ressemblons plus ou moins à ce seigneur Pococurante que Voltaire lui-même a introduit dans Candide.
Le public, qui aime à mettre vite une étiquette à chaque talent, l’a pris et adopté par ce côté, l’a classé comme un des peintres du Midi et de l’Orient, si bien que plus d’un lecteur a pu s’étonner de voir le paysagiste aux teintes éclatantes changer brusquement de pays, de sujet, de cadre, et nous donner des descriptions d’un aspect tout différent, d’une lumière modérée, et qui sont tout à fait françaises de ton et de caractère. […] Fromentin un peintre heureux, naturel et comme natal ; à en juger par cette application toute nouvelle qui semble une métamorphose, cela ne m’étonnerait pas si bientôt, à l’un des prochains salons, on voyait de lui, sortant de son pinceau comme ici de sa plume, des paysages français de Normandie ou de Touraine, ou de cette même Sèvre niortaise, pour faire pendant et contraste aux précédents tableaux de l’Algérie.
— Un officier français peut la demander ; moi, je l’ai donnée. […] L’année 1811 fut pour Jomini une année d’étude et de travail : il avait à poursuivre sa Relation critique des Campagnes des Français depuis 1792.
La Révolution française, le trouvant absent, le suspecta comme émigré : la révolution suisse le priva, du côté de sa femme, des ressources qui mainte fois lui auraient été précieuses. […] la Révolution française, en grondant autour de lui, n’avait apporté aucune perturbation notable, aucun exemple de circonstance, à travers la suite de ses pensées.
Nisard commence par se former une idée générale, et comme purifiée, du génie français. […] Et pourtant son Histoire se déroule suivant un plan inexorable et l’esprit français ressemble chez lui à une personne morale qui se développerait, puis déclinerait à travers les âges.
En se livrant à l’étude du droit, il se sentit d’abord poussé bien moins vers les lois civiles que vers les lois politiques ; il lut avec avidité, il s’empressa d’extraire et d’approfondir tous les ouvrages français composés sur ces matières de gouvernement et d’institutions. […] Il essaie, en cette circonstance désastreuse, de relever, de restaurer dans toute sa pureté cet idéal, si compromis, du roi constitutionnel inviolable et impeccable, que l’impétuosité de l’esprit français n’a jamais pu accepter ni se figurer, mais qu’il était honorable de lui offrir.
En débutant dans son patois d’Agen, il trouva une langue harmonieuse encore, mais très atteinte par les invasions françaises, qui y avaient importé des tours et des mots contraires au génie primitif. […] Il y introduit discrètement des mots pittoresques de son invention, des diminutifs, de vieux mots rafraîchis, mille alliances et mille grâces dont autrefois nous-mêmes nous n’étions pas absolument dépourvus dans le français d’Amyot et de Montaigne, mais que la régularité classique nous a retranchées.
Je regrette qu’un peu de plaisanterie se soit mêlé sous nos plumes françaises à l’idée de respect et de vénération qu’une telle existence devait avant tout inspirer. […] Buffon s’amusait fort de cette statue incolore et glacée, et quand Condillac vint lui demander sa voix pour l’Académie française, on raconte qu’il l’accueillit gaiement, lui promit ce qu’il voulait, et lui dit en l’embrassant : « Vous avez fait parler une statue, et moi l’homme, je vous embrasse parce que vous avez encore de la chaleur, mais, mon cher abbé, votre statue n’en a point. » Le quatrième volume de l’Histoire naturelle parut en 1753.
Aussi ce projet du Berlinois l’inquiète en un sens : Si les têtes légères françaises parviennent à trouver un point de contact avec les têtes creuses allemandes, il est sûr qu’il faudra une société cosmopolite pour gouverner l’Europe ; les chefs de nation n’y pourront plus suffire. […] » Qualifiant l’influence alors régnante, la double influence inverse, mais également dangereuse, de Rousseau et de Voltaire, il dit : Les Français vivant sur deux opinions également dangereuses, l’une formée par un éloquent écrivain qui a grandi toutes les petites choses, l’autre formée par un écrivain railleur qui s’est plu à dégrader tout ce qui était grand, il faut s’écarter avec soin de l’une et de l’autre route, pour refaire l’opinion publique et en revenir, comme au vieux temps, à la simplicité et au sérieux.
En cela Louis XIV ne sut réussir qu’à demi ; il força évidemment dans ses pompes le caractère de la monarchie française, et, en vieillissant, il en vint à n’être plus en accord avec l’esprit public de la nation. […] [NdA] En réimprimant cette étude, le mot de La Bruyère m’est souvent revenu à la mémoire : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain. » l.
Charles II appelait Gourville « le plus sage des Français ». […] Dans cette disposition peu chagrine, Gourville passe en pays étranger, il réside successivement à Bruxelles, en Angleterre, en Hollande, accueilli et recherché partout des princes et des premiers de l’État, donnant à chacun en particulier de bons conseils, et honorant le nom français par son esprit, par un excellent cuisinier (article essentiel qu’il n’oublie, jamais), et par son solide jugement.
L’histoire des idées et de l’opinion, dans les années qui ont précédé la Révolution française, ne serait pas complète si l’on ne s’arrêtait à étudier Franklin. […] Nous autres qui sommes de race française et prompte, nous voudrions qu’il en eût quelque peu en lui.
Un homme de mérite et d’un caractère respectable, M. le docteur Henry, pasteur de l’église française de Berlin, a examiné ce point dans un sentiment de patriotisme et de christianisme à la fois, et avec le désir de trouver Frédéric moins coupable qu’il ne paraît à travers Voltaire. […] M. de Suhm s’était mis à traduire de l’allemand en français à l’usage de Frédéric, pour qui une lecture allemande était pénible, la Métaphysique de Wolff.
Des ouvrages des Anciens sur la Rhétorique, & des traductions qui en ont été faites en françois. […] Les exemples sont tous tirés des Auteurs françois, & ils sont à la portée de tous les esprits.
Guizot, au début, l’avait aussi peu que possible, eu égard à sa distinction ; il a écrit peut-être quelques-unes des plus mauvaises pages qu’on ait lues en français (dans sa notice en tête de la traduction de Shakspeare) ; il s’est formé depuis au style écrit par l’habitude de la parole, et l’usage, le maniement si continuel et si décisif qu’il a eu de celle-ci, l’a conduit à porter dans tout ce qu’il écrit la netteté inséparable de sa pensée. — Cousin est peut-être celui des trois qui, sans effort, atteindrait le mieux au grand style d’autrefois et qui jouerait le plus spécieusement, plume ou parole en main, la majestueuse simplicité du siècle de Louis XIV. — Pour Villemain, par l’éclat même et les élégantes sinuosités de sa recherche, il trahit un âge un peu postérieur ; il enchérit à quelques égards sur le xviiie siècle, en même temps qu’il le rafraîchit, qu’il l’embellit avec charme et qu’il l’épure.
Que les gens du siècle et les philosophes, et les chrétiens dissidents, ne s’étonnent pas trop de retrouver le clergé français si puissant : un tel corps ne s’écrase pas aisément, il renaît bien des fois ; c’est déjà beaucoup que ce clergé et les intérêts d’ambition encore plus que de conscience qu’il représente, ne soient plus qu’à l’état de parti.
Mais on s’explique maintenant très bien qu’il y ait de si jolies choses, et propres à être citées, dans cette première partie de la Correspondance ; les gentillesses sur la Du Barry ; le mot attribué à Marie-Antoinette, « Française jusqu’au bout des ongles », qui répond si bien à l’accusation d’être Autrichienne : les croquis du comte de Provence, du comte d’Artois, qui ne sont que les portraits connus, un peu rajeunis, de ces personnages ; tout cela a été assez artistement contrefait pour séduire à première vue.
Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes.
A une époque où le génie français s’épanchait avec une magnifique intempérance, au temps de la poésie romantique, au temps des romans débordés, Mérimée, comme Stendhal (mais avec plus de souci de l’art), restait sobre et mesuré, gardait tout le meilleur de la forme classique en y enfermant tout le plus neuf de l’âme et de la philosophie de notre siècle.
Une douceur en émerge, c’est le lied : restitution d’humanité, définitive en sa musique suave et brève, où chante l’âme de banales et divines aventures plébéiennes ou de ces souvenirs que les héroïsmes, les joies ouïes malheurs séculaires incrustent en le cœur des races ; le lied, dont l’adaptation au verbe français est le bien évident de M.
La pensée française, j’entends la pensée officielle — car l’autre, la vraie, continue à sourdre, mais couverte et méconnue — la pensée officielle, dis-je, stagne pour s’adapter au goût du jour et la moralité publique s’en ressent.
L’Angleterre, d’ailleurs, ne réalise ces grandes choses que par l’association, c’est-à-dire par de petites sociétés dans la grande, et je trouve pour ma part l’organisation française, issue de notre Révolution, bien plus conforme à l’esprit moderne.
XXIV, traduction française p. 523.
Qu’on prétende que son élève exécutait à merveille la singerie française du respect, j’y consentirai ; mais que cet élève sût mieux qu’un autre se désoler de la mort ou de l’infidélité d’une maîtresse, se jeter aux pieds d’un père irrité, je n’en crois rien.
Un peu de reflexion sur la destinée des poëmes françois publiez depuis quatre-vingt ans, achevera de nous persuader que le plus grand merite d’un poëme vient de la convenance et de la continuité des images et des peintures que ses vers nous présentent.
Dans les contes et fables de cette nature, les griefs des animaux contre lui sont énumérés soit de façon acrimonieuse, soit d’une manière plaisante, mais toujours en grande abondance et on est obligé de reconnaître que le portrait est exact et justifie la pointe du fabuliste français que le plus pervers des animaux : Ce n’est point le serpent, c’est l’homme109.
A vingt-cinq ans, enivrés par la méditation sentimentale que favorise l’Italie, ou par la méditation métaphysique, à laquelle les froides charmilles à la française du séminaire d’Issy sont fort convenables, ces deux adolescents merveilleux me semblent des sages.
On se rappelle le mot d’un officier français qui, à la tête d’une compagnie de gardes, venait d’assister à la dédicace d’une des statues de Louis XIV ; en revenant, il passa avec sa troupe devant la statue de Henri IV : « Mes amis, dit-il, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre, et en même temps il fit baisser les drapeaux jusqu’à terre.
Sera-ce en vertu d’une loi royale par laquelle les paladins français se sont dépouillés de leur puissance en faveur des Capétiens, de même que le peuple romain abdiqua la sienne en faveur d’Auguste, si nous en croyons la fable de la loi royale débitée par Tribonien ?
Revue française, septembre 1829. […] M. de Barante m’assure que la plus considérable de ces pièces, l’Histoire du Théâtre français, est en effet de Mlle de Meulan. […] Mlle de Meulan, comme plusieurs écrivains français distingués, ne tenait à l’antiquité que par une tournure d’esprit latine ; elle confinait un peu à Sénèque, c’est-à-dire qu’elle touchait l’antiquité par les plus vraiment modernes des anciens.
Catéchisme universel, par Saint-Lambert, et la Loi naturelle ou Catéchisme du citoyen français , par Volney. […] Tous les Français seront vertueux Article II. « Tous les Français seront heureux. » (Projet de Constitution retrouvé dans les papiers de Sismondi, alors écolier.)
» « La République de Platon, dit plus bas le philosophe français, est la conception d’un État fondé exclusivement sur la vertu ! […] Nous savons bien que l’éloquent commentateur français de Platon proteste par son bon sens contre l’exagération de son maître et proclame la famille sainte, la propriété bonne et sacrée. […] Si Platon avait eu à lui donner un gouvernement, il aurait dû lui donner le gouvernement des circonstances, la constitution de l’à-propos, un costume aussi varié et aussi souple que l’air élastique qui l’environne, un manteau de pourpre sans forme et sans couture comme celui dont se vêtaient les Arabes, ces Français d’Asie, se pliant à toutes les saisons et à toutes les attitudes pour le jour et pour la nuit, pour la paix et pour la guerre, pour l’autorité ou pour la liberté, devant elle-même et devant l’ennemi.
On avait réussi à lui retirer cette hauteur morale, cette largeur intellectuelle qui en avaient fait l’expression supérieure du christianisme français : on l’avait réduit à une bigoterie étroite, farouche et stérile. […] Les raisons qui pouvaient atténuer en Espagne le relâchement de la morale religieuse n’existaient pas en France, et certains jésuites français avaient écrit déjà en notre langue, offrant à tous le libre usage de leur indulgence. […] Aussi, du coup, l’éloquence française égale-t-elle la perfection souple et la sublimité aisée de l’éloquence attique : Démosthène est comparable, point du tout supérieur à Pascal.
. ; en 1846, par son discours de réception à l’Académie française, où il remplaça M. […] Certes, les essais n’ont pas manqué alors à la scène française. […] En cela, il est bien Français. […] Béranger est lui-même : cela vaut mieux pour lui d’abord, et pour la poésie française, qu’il a dotée d’un genre nouveau. […] Le peuple, qui l’appelle, Le voit de loin : Français, séchons nos pleurs.
Ainsi il n’a pas vu que Rabelais eût jamais annoncé la Révolution française. […] Paul Arène parle le français, et le meilleur, j’en profite pour l’entendre et le goûter. […] Guillaume Pauthier, qui savait le chinois mieux que le français. […] Julien Tiersot, attestent l’ingénieuse activité de nos traditionnistes français. […] Appelé en 1841, sur la recommandation de Ballanche, à la chaire de littérature française à Neuchâtel, il professa, non sans éclat, un idéalisme transcendant.
On n’y retrouve aucun jeu de mot, aucune gauloiserie ; — que nous voilà loin des anciennes traditions françaises ! […] Formée à l’époque classique de la monarchie absolue, la langue française a gardé de cette tutelle quelque chose de raide et d’aristocratique. […] Avant de décider si Amiel était capable, oui ou non, de manier le verbe français, il serait bon de l’avoir étudié dans les rares articles qu’il donnait aux revues de son pays. […] Il est incontestable que les lettres françaises ne s’appartiennent plus. […] Nul peut-être entre les littérateurs de notre âge n’est moins français que lui.
De même que les Anglais seront les derniers darwinistes, les Français seront les derniers pasteuriens. […] Il y a un poète français dont l’œuvre signifie méthode, pureté, grâce, pondération, perfection ; c’est Jean Racine. […] La langue française, qui a beaucoup d’esprit, a prévu ces deux manières d’aimer les oiseaux. […] Les maîtres de la philosophie française contemporaine n’ont pas encore osé en faire autant. […] Je n’en connais pas de traduction française.
Un siècle plus tard, Rivarol, dans son mémoire sur l’Universalité de la langue française, nomme et décrit sommairement la parole intérieure : « L’idée simple a d’abord nécessité le signe, et bientôt le signe a fécondé l’idée ; chaque mot a fixé la sienne, et telle est leur association, que, si la parole est une pensée qui se manifeste, il faut que la pensée soit une parole intérieure et cachée ; l’homme qui parle est donc l’homme qui pense tout haut… Que dans la retraite et dans le silence le plus absolu un homme entre en méditation sur les sujets les plus dégagés de la matière, il entendra toujours nu fond de sa poitrine une voix secrète qui nommera les objets à mesure qu’ils passeront en revue. […] De l’universalité de la langue française, sujet proposé par l’Académie de Berlin en 1783 ; publié à Paris en 1797 ; p. 13-14 et 49 note. […] Rousseau ; il s’autorise en outre, presque toujours à tort, de quelques passages de saint Paul, de l’extension, chez les anciens, du sens du mot grammaire aux exercices de l’intelligence, du double sens du mot logos, enfin de quelques expressions courantes de la langue française [sur lesquelles voir notre chapitre II, § 11]. — Une nouvelle rédaction de la doctrine se trouve dans les Recherches philosophiques (1818), chap. […] Nouvelles leçons sur la science du langage, 2e leçon : Le langage et la raison, p. 84 à 105, trad. française. […] Jean-Philibert Damiron (1794-1862), philosophe français, admis à l’Ecole Normale en 1813, et ayant suivi les cours de Cousin, il garde une grande estime pour le futur chef de l’école éclectique.
Vinet reprit dans son enseignement un sujet qu’il avait traité à Bâle dans ses cours de 1832 et 1833 sur les moralistes français. […] Vinet sur les moralistes français ont été insérés également par lui dans le Semeur et ensuite dans les Essais de philosophie morale. […] Il avait d’ailleurs le privilège de se gêner moins qu’un autre avec la langue, son éducation en ayant presque fait un étranger dans la littérature française. […] L’esprit français a du goût, du mouvement, de l’entrain, peu de spiritualité sérieuse. […] Tel était, dans la diversité de ses parties, l’esprit général de la société française au dix-septième siècle.
Cela exige de nous une assez grande tension d’esprit, et cela certes passerait pour un grave défaut sur une scène française. […] Hors de cela, on n’y apprend rien des mœurs des Français. […] Sardou, contre la Comédie française et contre le public ? […] Les fautes de français et les boursouflures des discours de Gambetta me choquaient horriblement. […] Fériaud a été désigné pour représenter la science française au Congrès de médecine de Florence.
« Un homme, dit-il quelque part, né chrétien et Français, se trouve contraint dans la satire ; les grands sujets lui sont défendus. […] Il a été sept ans, dit-il, à comprendre ce qu’est la langue française. […] Ce livre est un poème français du moyen âge, et il est publié par un Français. […] En effet, un Français n’invente guère autre chose ; s’il atteint plus loin, c’est que la clarté de son style l’y conduit. […] Les jeunes princesses, au contraire, aiment véritablement ; c’est que les convenances d’une cour française, qui défendent l’amour aux hommes, le permettent aux femmes.
On poussait en même temps l’auteur à toutes voiles à l’Académie française, où il ne fut reçu pourtant que deux ans après (janvier 1747). […] Parlant des insultes de nos côtes, de la descente des Anglais en Bretagne et du combat de Saint-Cast, où ils furent vaillamment rejetés à la mer (septembre 1758), Duclos, après avoir cité quelques actions glorieuses de cette journée toute bretonne et toute française, ajoute avec une vigueur d’ironie patriotique : « On vit dans cette occasion ce que peut la persuasion la plus légère d’avoir une patrie. » Dans cet examen rapide de Duclos historien, mon intention n’a pas été de diminuer l’idée qu’on doit avoir de son esprit, mais seulement de bien montrer à quoi s’est réduit son travail.
Il a écrit des feuilles périodiques, des journaux imités d’Addison pour la forme, mais remplis d’idées neuves, déliées, et de vues ingénieuses : son Spectateur français (1722), son Indigent philosophe (1728), son Cabinet du philosophe, contiennent, au milieu d’anecdotes morales, sa théorie sur toutes choses. […] C’est ainsi qu’en se couvrant du nom de La Rochefoucauld, Marivaux présente sa propre défense ; il cite encore Montaigne, le grand exemple cher aux novateurs, comme un des écrivains dont les critiques de 1725 eussent chicané le style : « Car il ne parlait ni français, ni allemand, ni breton, ni suisse : il pensait, il s’exprimait au gré d’une âme singulière et fine. » Et La Bruyère, n’est-il pas tout plein de singularités ?
Depuis le matin, le général prussien Ziethen cherchait à retarder, sans se compromettre, la marche de l’armée française. […] Française de cœur, elle avait dans l’esprit et dans le caractère de ces traits passionnément ou agréablement bizarres qui distinguent les filles d’Albion.
Camille Rousset nous l’a appris), une combinaison stratégique digne d’un grand capitaine : c’était de concerter une double invasion des troupes françaises en Piémont, Catinat y entrant de front par Pignerol et Suse, et une autre armée arrivant par la Savoie, pénétrant par le petit Saint-Bernard, la vallée d’Aoste, et prenant à revers et à dos l’armée ennemie pour venir rejoindre sur ses débris l’armée principale. […] Tessé ayant reproché à M. de Saint-Thomas la ruse du duc et le panneau dans lequel il avait voulu faire tomber Catinat à propos du bombardement de Pignerol, comme si un mouvement en avant du général français eût suffi pour l’en détourner, Saint-Thomas l’interrompit et lui dit : « Moi, je vais vous conter l’histoire de la bataille que nous avons perdue, et je vous jure par tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré que je vous parlerai vrai.
Lorsqu’il revint au commencement de 1830 pour sa réception à l’Académie française et pour la publication de ses Harmonies, il fut agréablement étonné de voir le public gagné à son nom et familiarisé avec son œuvre. […] Lamartine a peu écrit en prose : pourtant son discours de réception à l’Académie française, sa brochure de la Politique rationnelle, un charmant morceau sur les Devoirs civils du Curé, un discours à l’Académie de Mâcon, indiquent assez son aisance parfaite en ce genre, et avec quelle simplicité de bon sens jointe à la grâce et à l’inséparable mélodie sa pensée se déroule sous une forme à la fois plus libre et plus sévère.
Il y a peut-être, à l’heure qu’il est, des personnes qui se croient les représentants uniques et jurés de la littérature française, prêts à vous demander compte des bons ou méchants mots, et à vous citer par-devant eux pour la plus grande dignité de l’Ordre. […] Le drame industriel a eu, à d’autres moments, d’autres théâtres encore, la Porte-Saint-Martin, l’Odéon, les Français même, qui, pour n’en pas subir les conditions ruineuses, ont dû bientôt l’éloigner ou ne s’y ouvrir qu’avec précaution.
Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française 4 août 1881 Il y a un jour dans l’année, Messieurs, où la vertu est récompensée. […] Bonne et solide race française, vertueuse depuis deux et trois mille ans, comme on la calomnie en la croyant livrée aux calculs étroits de l’égoïsme !
Ceux des Théatins seront célèbres entre tous les autres… Là, on verra une décoration souvent profane, les places retenues et payées, des livres distribués comme au théâtre (le motet traduit en vers français par LL**), les entrevues et les rendez-vous fréquents, les murmures et les causeries étourdissantes ; quelqu’un monté sur une tribune, qui y parle familièrement, sèchement, et sans autre zèle que de rassembler le peuple, l’amuser… jusqu’à ce qu’un orchestre, le dirai-je ? […] À l’exemple de cette société, elle fit de la conversation et des correspondances épistolaires, le moyen d’exercer, de perfectionner, de tenir en haleine, d’exciter par l’émulation, les facultés que la nature a départies aux Français pour rendre la vie sociale, douce, heureuse, et faire envie à tout le monde civilisé.
Le premier volume est à lire pour l’histoire de la société française au xviiie siècle. […] Arrivé à la célébrité dès l’âge de trente ans, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, bientôt membre de l’Académie française, honoré par toute l’Europe, aucun savant, aucun homme de lettres n’eut certes moins que lui à se plaindre de l’ancienne société, et il en était, avant 89, l’un des plus sérieux ornements.
Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu. […] L’Académie française décerna en 1671, pour la première fois, le prix d’éloquence, fondé par Balzac.
Le sixième livre de ses Mémoires, qui nous fait parcourir en détail les différents cercles du xviiie siècle et qui nous en montre un à un tous les principaux personnages, est historiquement des plus curieux à consulter pour l’histoire des mœurs et de la société française. […] Membre de l’Académie française depuis 1763 et secrétaire perpétuel depuis 1783, historiographe de France, historiographe des Bâtiments, ayant droit à des logements au Louvre et à Versailles, ayant des pensions sur le Mercure et encore ailleurs, il jouissait, dans les années qui précédèrent la Révolution, de l’existence d’homme de lettres la plus complète qu’on pût souhaiter.
Il y eut un jour où ce ne fut ni Le Brun, ni Gilbert, mais le public en masse qui fit l’épigramme contre La Harpe : ce fut le jour même de sa réception à l’Académie française (20 juin 1776). […] Laya, sous le nº 285, était comprise l’Histoire de la Révolution française, par M.
La société française était alors dans une singulière déposition d’esprit ; c’était à qui s’y moquerait le plus de soi-même et de sa classe, à qui en ferait le plus lestement les honneurs et en hâterait la ruine. […] » Pour peindre ce public français de la première représentation de Figaro et son pêle-mêle d’enthousiasme flottant, deux faits suffisent : lorsque le héros de nos flottes, le bailli de Suffren, entra dans la salle, il fut applaudi avec transport ; lorsqu’un moment après, la charmante actrice Mme Dugazon, relevant d’une maladie dont on savait trop la cause, parut sur le devant de sa loge, on l’applaudit également.
Le siècle de Louis XIV, le XVIIIe précédèrent la défaite facile de la noblesse et de la haute bourgeoisie françaises par une poignée de révolutionnaires. […] C’est seulement par des considérations de cette sorte qu’il est permis de préférer l’art grec à l’art gothique, la peinture de Titien et de Michel-Ange à celle des primitifs, la musique de Mozart à celle de Wagner, le naturalisme étranger au naturalisme français.
L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. […] Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire, les grands sujets lui sont défendus, il les entame quelquefois, et se détourne ensuite sur de petites choses qu’il relève par la beauté de son génie et de son style.
Aujourd’hui même le moment ne me semble pas encore venu pour chercher et pour donner la clef de cette organisation d’artiste et de poëte qui est assurément la plus extraordinaire et la plus inattendue qu’ait vue paraître la littérature française .
Il s’est tu, il s’est laissé oublier ; puis, après quelque vingt ans et plus, on a vu paraître sous le nom d’Auguste Barbier, dans la Revue Française et ailleurs, de petits vers hésitants, faiblets, puérils, gentillets, florianesques et tout à fait naïfs : c’était à jurer que ce n’était ni du même poëte ni du même homme.
Qu’on essaie pourtant de traduire, et l’on sentira confusément qu’il y a, malgré la difficulté extrême de les saisir, bien des tours français répondant à ceux de l’historien latin, et que la traduction d’une phrase de Cicéron ou de Tite-Live, si elle est plus facile à commencer, est aussi plus difficile à finir.
C’est ce que, depuis juillet, malgré la clameur universelle, il a exécuté avec une sévère et imperturbable logique ; c’est ce qui a fait sacrifier la République à la quasi-Restauration ; c’est ce qui a fait sacrifier l’honneur du nom français, le sang de la Pologne, la liberté de l’Espagne et de l’Italie, à l’exigence et au despotisme des rois ; c’est ce qui a fait sacrifier toute amélioration du sort de la classe ouvrière à l’étroit égoïsme de la classe bourgeoise, sacrifier aux menues fantaisies d’un fils de roi la somme destinée à l’éducation des fils de cent mille prolétaires ; c’est ce qui a maintenu l’impôt sur les boissons et sur le sel, et rejeté les blés étrangers par-delà nos frontières ; c’est ce qui a ouvert nos provinces aux insolentes violences des carlistes, troublé nos villes aux éclats de la voix des prolétaires se frayant une issue sur les places publiques, souillé nos régiments du sang des citoyens, et répandu de toutes parts sur le sol ces étincelles qui allument la guerre civile au sein des nations.
Au milieu de ces conseils énergiques et simples donnés à ses compatriotes, il y a bon nombre de sévères paroles qui tombent de la bouche du poète sur l’étranger, sur nous autres Français aussi, accoutumés à plus de louanges.
Gerfaut, le héros du roman, est aussi un des héros du jour, un écrivain à la mode, un dramaturge applaudi, un romancier qu’on s’arrache ; à trente ans, après bien des efforts et de longues sueurs, il a gagné, lui aussi, son bâton de maréchal ; il est aujourd’hui, comme dit spirituellement l’auteur, un de ces jeunes maréchaux de la littérature française dont Chateaubriand semble le connétable.
Peut-être y créons-nous le dieu futur… » De pareilles pages, et elles sont nombreuses chez cet écrivain, peuvent glorieusement figurer parmi les plus belles de notre littérature française.
Le Français qui met le pied dans Londres sent, peser sur lui le mépris de tout ce peuple.
Le génie français dépassait de beaucoup le génie italien ; et celui-ci, réduit à un rôle inférieur, ne fournissait plus, pour ainsi dire, qu’aux menus plaisirs de la cour et de la nation.
Faudra-t-il chercher à raccommoder les principes ébréchés, en donnant ce que nous autres Français nous appelons un coup de pouce ?
Un françois refugié en Hollande se plaint du moins trois fois par jour, que sa gaïeté et son feu d’esprit l’ont abandonné.
Impossible aujourd’hui : le ministre d’État vient d’obliger — par décret — les vaudevillistes à parler français…, et puis ils le savent tous — l’argot !
Le peuple français est le premier des peuples de l’Europe qui ait admis le principe de l’indépendance mutuelle des institutions politiques et des institutions sociales, tout en demeurant dans la même croyance religieuse, tout en restant fidèle au droit divin et à celui de la légitimité, qui en est la suite.
En vain nous chante-t-il Endymion et Phœbé, comme un Grec réveillé tout à coup du sommeil d’Épiménide, et nous traduit-il Sannazar une parenté en génie ; puis, las de tordre et d’assouplir cette ferme langue française qui reste toujours de l’acier, même quand on en fait de la dentelle, se met-il à écrire le sonnet dans sa langue maternelle, la langue italienne, qu’il manie avec une morbidesse fleurie qui eût charmé Pétrarque et qui convient si bien à la nature ingénieuse et raffinée de sa pensée, Gramont est plus qu’un écrivain qui se joue dans les difficultés de deux langues, un archaïste d’une exécution supérieure.
., avec qui je cause, ne partagent point mes inquiétudes sur l’avenir de la société française.
Je me rappelle ce Français pendu en effigie à Paris, et dans le même temps, ministre de France en Allemagne.
On peut dire de Goncourt qu’on lui doit l’introduction, dans la littérature française, de sensibilités nouvelles et, par conséquent, de nouvelles formes de pitiés. […] … — Ne désespère pas, ô bon nègre, lui dis-je par l’obligeante entremise de M. de Wyzewa, car si M. de Wyzewa sait le nègre, il sait aussi, parfois, le français. […] Les Contes drolatiques de Balzac, traduits en français moderne par M. […] Les Contes drolatiques, traduits en français moderne ! […] André Hélie, traduisant en français moderne les Contes drolatiques de Balzac.
Les Français, en 1799, ayant vaincu et chassé les Piémontais, Xavier de Maistre suivit le roi exilé en Sardaigne ; puis, appelé par son frère aîné à Pétersbourg, il y entra dans les chevaliers-gardes russes, et s’y maria avec une princesse russe de la suite de l’impératrice, séduit par sa figure et charmé de son esprit. […] La cité d’Aoste, petite ville solitaire et pittoresque, bâtie sur le revers des Alpes piémontaises, pouvait se trouver envahie par quelques colonnes des armées françaises quand elles descendraient vers Novare ou Turin. […] J’avais à la Visitation une petite demoiselle française, dont j’ai oublié le nom, mais qui mérite une place dans la liste de mes préférences.
Au xviie siècle notre Bretagne française fut tout à fait conquise par les habitudes jésuitiques et le genre de piété du reste du monde. […] Je n’efface rien de ce que j’ai dit ; mais, depuis que je vois l’espèce de rage avec laquelle des écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n’a été que honte, folie, et qu’elle constitue un fait sans importance dans l’histoire du monde, je commence à croire que c’est peut-être ce que nous avons fait de mieux, puisqu’on en est si jaloux. […] Il m’exposa en breton (il ne savait pas un mot de français) ses idées sur la fin de toute poésie et sur l’infériorité des nouvelles écoles.
Cet amour de la réalité ne s’est introduit dans la littérature française que par une voie détournée, par le moyen de l’amour de la nature. […] Paul et Virginie devait pourtant marquer dans la littérature française le début d’une phase plus importante qu’on ne le croit d’habitude, celle du roman réaliste à forme exotique et poétique. […] De même pour Bossuet et Pascal, ces créateurs de notre langue française actuelle, qui ont été les initiateurs du style moderne, caractérisé par une grande familiarité de l’expression unie à la puissance de l’image et de l’idée51.Après la Révolution, quand la foi au sens divin des livres sacrés eut été ébranlée, ce fut le moment où l’on put commencer à comprendre et à commenter leur valeur littéraire. […] Havet, « un chef-d’œuvre où a passé toute l’inspiration du texte ; cela est beau en français sans cesser d’être biblique ».
Entre le philosophe athénien et la jeune fille ignorante qui fonda la nationalité française, les analogies sont frappantes. […] Un assez grand nombre de formes de la langue française, où le mot voix et ses analogues sont employés métaphoriquement, me paraît s’expliquer à peu près comme les conseils des dieux d’Homère et comme les prosopopées, par des allusions plus ou moins directes à des vivacités subites, plus ou moins réelles, plus ou moins fictives, de la parole intérieure. […] Voici quelques exemples de cette collaboration intime de l’imagination et de la passion : Dans l’Andromaque de Racine, Hermione dit à Pyrrhus : Ton cœur impatient de revoir la Troyenne Ne souffre qu’à regret qu’une autre t’entretienne ; Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux33 ; c’est-à-dire : « tes yeux la cherchent, je le vois ; et ils me montrent l’état de ton âme : tu t’imagines être en présence d’Andromaque et lui parler avec passion. » L’anecdote suivante est historique, bien qu’elle figure dans une nouvelle d’Alfred de Musset ; elle nous apprend comment fut conçu l’un des plus fins chefs-d’œuvre de la poésie française : « X… reprit le chemin de son logis de mauvaise humeur et, comme c’était son habitude, il parlait seul entre ses dents… Il marchait dans la rue de Buci, le visage soucieux, les yeux baissés… Tout à coup il s’écria : Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime ? […] Quand Egger présente cette fiction comme une « anecdote historique », qui « nous apprend comment fut conçu l’un des plus fins chefs-d’œuvre de la poésie française » à partir de ce premier vers improvisé, il suit la toute récente Biographie d’Alfred de Musset (Paris, Lemerre, 1877, p. 149) où Paul de Musset, « parallèlement au récit d’Emmeline et peut-être un peu d’après ce récit » (« Pléiade », note p. 794), raconte la liaison de Musset avec Mme Jaubert dans le temps qu’il écrivait les Confessions d’un enfant du siècle et applique à l’auteur l’aventure du jeu amoureux déclenché dans la nouvelle par les stances « A Ninon ».]
Merlet : Extraits des Classiques français 9, et qui vient tout naturellement en aide à l’entreprise que nous recommandons ici, est un progrès marqué et offre comme un modèle en fait de choix ; mais l’enseignement même, le cours d’études lié et continu, ce qui constitue, à proprement parler, le corps de l’histoire littéraire ; ce corps vivant, animé, brillant, il faut nécessairement le chercher ailleurs, autre part que dans des extraits et des notices succinctes, même les plus exactes : or M.
Des mots propres, inouïs, bizarres, palmistes, tatamaques, papayers, dressent devant les imaginations françaises toute une nature insoupçonnée et saisissante.
L’analyse subtile que Becq de Fouquières dans son Traité de versification française a fait des vers magnifiques de Racine : Ariane ma sœur, de quelle amour blessée, Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée.
Tu aurais dit d’un de tes combattans qu’il avait reçu à la tête ou au cou une énorme blessure ; mais le poëte dit : la flèche l’atteignit au-dessus de l’oreille, entra, traversa les os du palais, brisa les dents de la mâchoire inférieure, sortit par la bouche, et le sang qui coulait le long de son fer tombait à terre en distillant par la pointe… ces épithètes générales sont d’autant plus misérables dans le style français, que l’exagération nationale les appliquant usuellement à de petites choses les a presque toutes décriées.
— et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose !
ils écrivent, par la main de Rigault, leur historiographe, dans leur journal, ce singulier livre d’or de leur noblesse, qu’ils s’appellent et se nomment, en France et en français : « Les honnêtes gens ».
Mais pour que rien ne manquât à la renommée de ce pauvre et charmant grand homme, à qui tout avait manqué pendant qu’il vivait, il lui naquit plus tard cette chose rare, ce hasard inouï, cette nonpareille des Florides en littérature, un traducteur, et un traducteur dans cette langue française, la langue polyglotte, qui universalise la pensée d’un homme en l’exprimant.
Condillac qui dormait, lui, dans sa tombe, du sommeil non des justes, mais des ennuyés qui ont fini par s’écouter, Condillac au grêle système, le Pygmalion mystifié de cette statue qu’il ne put jamais animer, Condillac revient à la vie et à la mode de par Taine, à la mode lui-même, et cela après les travaux des Écoles écossaise, française et allemande, après Reid, Dugald-Stewart, Royer-Collard, Jouffroy, Cousin, Kant, Fichte, Schelling, Hegel.
Voyez Spinosa et une foule d’autres, Heine lui-même, — Heine l’apostat, qui, en se jetant dans le vif argent de l’esprit français, est devenu le Voltaire allemand, et qui n’a pu enlever complètement cependant le caractère juif à son génie.
On trouve dans le Jules César de Shakespeare une imitation éloquente et forte de ce discours d’Antoine ; et le même morceau, fort embelli dans la tragédie française de La Mort de César, est sûrement un des discours les plus éloquents qu’il y ait jamais eu dans aucune langue.
Là aussi la terre paye encore la dîme ecclésiastique, le dixième strict, bien plus qu’en France48 ; le squire, le nobleman possède une part du sol encore plus large que celle de son voisin français, et, de fait, exerce sur son canton une autorité plus grande. […] On y accourt, et l’on y puise D’autant plus que l’endroit est agréable, disposé à souhait et de parti pris pour convenir aux aptitudes sociables du caractère français. […] La noblesse française n’a pas plus l’idée de se livrer à l’agriculture ou d’en faire un sujet de conversation, sauf en théorie, et comme on parlerait d’un métier ou d’un engin de marine, que de toute autre chose contraire à ses habitudes et à ses occupations journalières. » Par tradition, mode et parti pris, ils ne sont et ne veulent être que gens du monde ; leur seule affaire est la causerie et la chasse.
« Au mois de juillet 1809, à la fin d’une journée des plus chaudes, je remontais la Néva dans une chaloupe avec le conseiller privé de T…, membre du sénat de Saint-Pétersbourg, et le chevalier de B…, jeune Français que les orages de la révolution de son pays et une foule d’événements bizarres avaient poussé dans cette capitale. […] Malheureusement une inégalité continuelle, un goût plus allobroge que français, des saccades fréquentes du sublime au quolibet déparent cette belle nature de style. […] L’Italie secoue son sol pour engloutir ce régime autrichien que vous détestiez parce qu’il était à vos yeux trop complaisant pour la révolution française.
Pozzo di Borgo, homme de diplomatie italienne et de surface française, y était assidu comme à un devoir de la journée ; quelques hommes de lettres peu recherchés par elle et peu nombreux y figuraient dans une intimité très restreinte : l’aimable abbé de Féletz, l’oracle du goût dans le Journal des Débats ; M. […] Le Lyonnais est une espèce d’Ionie française où la beauté des femmes fleurit en tout temps sous un ciel tempéré, entre les feux trop ardents du Midi et les formes trop frêles du Nord ; les yeux y ont en général la teinte azurée du Rhône, qui baigne la ville, la langueur de la Saône, la douceur du ciel. […] C’est au sein de ces fêtes que la jeune Lyonnaise luttait involontairement de beauté avec les cinq ou six femmes célèbres survivantes de la Révolution, madame Tallien, madame de Beauharnais, madame Sophie Gay, récemment sorties des cachots et Cléopâtres républicaines ou royalistes des Antoines, des Lépides, des Octaves français du Directoire.
Aux yeux de Dieu et de l’avenir, Russes et Français ne sont que des hommes. […] Tel ouvrage allemand de premier ordre est lourd et insupportable en français ; ôtez à l’eau de rose sa senteur, elle ne vaut pas de l’eau ordinaire. Soit, par exemple, l’admirable introduction de G. de Humboldt à son essai sur le kawi, où se trouvent réunies les plus fines vues de l’Allemagne sur la science des langues, cet essai serait traduit en français qu’il n’aurait aucun sens et paraîtrait d’une insigne platitude : et c’est là ce qui en fait l’éloge ; cela prouve la délicatesse du trait.
Le solitaire, qu’il appelle William Legrand, d’origine française, ensevelissait sous les forêts de myrte de Sullivan Island, une vie calmée plutôt que calme, et une destinée désormais sans espérance. […] Présenté au public français par un traducteur de première force, Charles Baudelaire, Edgar Poe cessa tout à coup d’être, en France, le grand inconnu dont quelques personnes parlaient comme d’un génie mystérieux et inaccessible à force d’originalité. […] Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs ; la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire.
C’est avec le même mépris de toute opposition et de toutes criailleries systématiques, opposition et criailleries devenues banales et communes2, c’est avec le même esprit d’ordre, le même amour du bon sens, que nous repoussons loin de cette petite brochure toute discussion, et sur les jurys en général, et sur le jury de peinture en particulier, et sur la réforme du jury devenue, dit-on, nécessaire, et sur le mode et la fréquence des expositions, etc… D’abord il faut un jury, ceci est clair — et quant au retour annuel des expositions, que nous devons à l’esprit éclairé et libéralement paternel d’un roi à qui le public et les artistes doivent la jouissance de six musées (la galerie des Dessins, le supplément de la galerie Française, le musée Espagnol, le musée Standish, le musée de Versailles, le musée de Marine), un esprit juste verra toujours qu’un grand artiste n’y peut que gagner, vu sa fécondité naturelle, et qu’un médiocre n’y peut trouver que le châtiment mérité. […] William Haussoullier ne soit point surpris, d’abord, de l’éloge violent que nous allons faire de son tableau, car ce n’est qu’après l’avoir consciencieusement et minutieusement analysé que nous en avons pris la résolution ; en second lieu, de l’accueil brutal et malhonnête que lui fait un public français, et des éclats de rire qui passent devant lui. […] Français est aussi un paysagiste de premier mérite — d’un mérite analogue à Corot, et que nous appellerions volontiers l’amour de la nature — mais c’est déjà moins naïf, plus rusé — cela sent beaucoup plus son peintre — aussi est-ce plus facile à comprendre. — Le soir est d’une belle couleur.
Dans un écrit : Des fugitifs français et des émigrés (août 1795), il distinguait entre ceux qui étaient sortis de France quand tout était calme encore ou du moins régulier, et qui en étaient sortis pour combattre, et ceux qui s’étaient seulement échappés par nécessité, pour se dérober à la captivité ou à la mort. […] — J’ai uniquement voulu qu’il fît pour nous, je dis pour nous tous Français et patriotes.
On l’attribue au président de Montesquieu, de Bordeaux, auteur des Lettres persanes. » Et Marais ajoute après coup : « Il a été depuis de l’Académie française. » Nous touchons ici à un point assez singulier. […] Certes, instruit comme il l’était, possédant ses auteurs anciens et son siècle de Louis XIV, fidèle au goût sain, Marais eût été un membre de l’Académie française qui en eût valu bien d’autres ; mais il oublia trop, en couvant ce désir, qu’il vivait dans un cercle qui n’était pas celui du monde littéraire ; il avait en haine le salon de Mme de Lambert où se décidaient la plupart des choix académiques ; il n’était, lui, d’aucun salon.
Discours sur les prix de vertu Avant été nommé directeur, c’est-à-dire président de l’Académie française, pour le second trimestre de l’année 1865, je me suis vu chargé du Rapport public sur les prix de vertu ; de là le discours que je reproduis ici : Lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française du 3 août 1865.
Je rappellerai seulement deux ou trois traits de cette lettre : « N’as-tu pas admiré, dans le discours de M. de Montesquiou, comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ? […] L’acte de son établissement a été signé avec le sang français, à la lueur de nos villes et de nos hameaux incendiés.
Également bien avec Boileau et avec Tallemant, il succédait aussi coulamment à Benserade dans l’Académie française qu’à Racine dans l’Académie des inscriptions. […] Recueil des plus belles pièces des Poëtes françois depuis Villon jusqu’à Benserade, 6 vol. in-12 ; 1752.
Son talent naissant s’exerçait dès lors à traduire en vers français les hymnes touchantes du Bréviaire, qu’il a retravaillées depuis ; mais il se complaisait surtout à célébrer Port-Royal, le paysage, l’étang, les jardins et les prairies. […] Le voilà donc pendant tout l’hiver de 1661, le printemps et l’été de 1662, à Uzès ; tout en noir de la tête aux pieds ; lisant saint Thomas pour complaire au bon chanoine, et l’Arioste ou Euripide pour se consoler ; fort caressé de tous les maîtres d’école et de tous les curés des environs, à cause de son oncle, et consulté par tous les poëtes et les amoureux de province sur leurs vers, à cause de sa petite renommée parisienne et de son ode célèbre sur la Paix ; d’ailleurs sortant peu, s’ennuyant beaucoup dans une ville dont tous les habitants lui semblaient durs et intéressés comme des baillis ; se comparant à Ovide au bord du Pont-Euxin, et ne craignant rien tant que d’altérer et de corrompre dans le patois du Midi cet excellent et vrai français, cette pure fleur de froment dont on se nourrit devers la Ferté-Milon, Château-Thierry et Reims.
Après le voyage d’Espagne et de Portugal, et durant la traversée pour la Hollande, M. de Renoncour rencontre inopinément dans le vaisseau ses deux neveux, les fils d’Amulem, frère de Sélima ; et cette gracieuse turquerie, jetée au travers de nos gentilshommes français, ne cause qu’autant de surprise qu’il convient. […] Une jeune Grecque d’abord vouée au sérail, puis rachetée par un seigneur français qui en voulait faire sa maîtresse, résistant à l’amour de son libérateur, et n’étant peut-être pas aussi insensible pour d’autres que pour lui ; ce peut-être surtout, adroitement ménagé, que rien ne tranche, que la démonstration environne, effleure à tout moment et ne parvient jamais à saisir ; il y avait là matière à une œuvre charmante et subtile dans le goût de Crébillon fils : celle de Prévost, quoique gracieuse, est un peu trop exécutée au hasard101.
Arthur Young calcule que, de son temps, l’acre anglaise produit vingt-huit boisseaux de grain, l’acre française dix-huit, que le produit total de la même terre pendant le même laps de temps est de trente-six livres sterling en Angleterre, et seulement de vingt-cinq en France. — Comme les chemins vicinaux sont affreux et que les transports sont souvent impraticables, il est clair que, dans les cantons écartés, dans les mauvais sols qui rendent à peine trois fois la semence, il n’y a pas toujours de quoi manger. […] La chose est à peine croyable, quoique certaine ; on ne peut l’expliquer que par le caractère du paysan français, par sa sobriété, sa ténacité, sa dureté pour lui-même, sa dissimulation, sa passion héréditaire pour la propriété et pour la terre.
Les Français entrèrent à Florence et dévastèrent les magnifiques monuments de Laurent. […] Il subit son exil jusqu’à ce que le roi de l’Italie, unitaire contre la nature et l’histoire, transporte son trône ambulant de capitale en capitale pour trouver une bonne place sur la terre des Romains ; il y détrône un pontife désarmé, sans soldats et sans peuple, vainqueur par les armes françaises, d’une théocratie qui ne devait être remplacée que par la liberté de Dieu sur la terre.
Il y a chez elle comme un gonflement d’orgueil… Elle possède les traditions de la Comédie française, elle parle comme Molière. […] C’est justement parce qu’il est de bonne et limpide race française et peu enclin aux nouveautés aventureuses que M.
Au point de maturité où la Révolution française a déjà amené la conscience universelle, le héros n’est plus héros sans dire pourquoi, le capitaine est discuté, le conquérant est inadmissible. […] La Révolution française, liquidation de la première forme sociale du christianisme, peut venir.
S’agit-il, au contraire, d’un texte de notre langue maternelle, d’un texte français, par exemple, et non d’un texte ancien, que nous serions tentés de traduire en langage d’aujourd’hui, mais d’un texte contemporain, — s’il est facile à entendre, le sens immédiatement conçu sera définitif ; — s’il est difficile, pour le bien comprendre nous ne chercherons pas à le traduire : nous nous contenterons de relire après avoir lu et de relire après avoir relu ; le sens se déterminera, se précisera, se corrigera et s’enrichira peu à peu sans que l’expression varie ou s’accroisse par des commentaires. […] Un exemple récent prouve que, même aujourd’hui et dans notre langue, si réfractaire au néologisme, la chose n’est pas impossible : par son livre sur Les maîtres d’autrefois Eugène Fromentin [Référence précise : Eugène Fromentin, Les Maîtres d’autrefois, Belgique-Hollande, Paris, 1877] a « notablement accru les ressources expressives de la langue française » (Ed.
» À l’Académie française, où il allait quelquefois, et le plus souvent qu’il le pouvait, il a laissé d’assez bons souvenirs : « Il paraissait, a dit d’Alembert, s’intéresser à nos exercices, opinait avec autant de goût que de dignité sur les questions qui s’agitaient en sa présence, et finissait toujours par témoigner à la compagnie les regrets les plus obligeants de ce que la multitude de ses autres devoirs ne lui permettait pas de s’acquitter, comme il l’aurait voulu, de celui d’académicien. » Un jour, dans un de ces moments d’effusion comme il en avait volontiers, il demanda à ses chers confrères la permission, ne pouvant être aussi souvent qu’il l’aurait voulu parmi eux, de leur être présent au moins en peinture et de leur envoyer son portrait.
Ce qu’il dit contre les stupides admirateurs des anciens à propos de L’Iliade française me semble d’une grande justesse ; mais son La Motte n’est pas si grand poète qu’il dit, quoique homme de beaucoup d’esprit et de goût.
La session de 1815 forme la partie historique la mieux traitée et la plus instructive du livre : les personnes honnêtement royalistes, qui se sont laissé prendre aux théories et à l’ancien droit français de la Gazette, ne pourront guère s’y maintenir après avoir lu le chapitre de M. de Carné.
Français, qui avons vu depuis notre liberté étouffée, notre patrie envahie, nos héros fusillés ou infidèles à leur gloire, n’oublions jamais ces jours immortels de liberté, de grandeur et d’espérance !
Thiers : Histoire de la Révolution française IXe et Xe volumes Gouvernement directoral. — Carnot. — La Réveillère-Lepaux. — 18 fructidor. — 18 brumaire.
La première idée, la conception du Globe, lorsqu’il fut fondé il y a près de sept ans (et celui qui parle ici est plus compétent que personne pour décider ce point), consistait à recueillir et à présenter au public français tous les travaux scientifiques, littéraires et philosophiques de quelque importance dans le grand mouvement pacifique qui commençait à emporter de concert les nations civilisées du monde.
La Fontaine refait les fables d’Ésope et de Pilpay, Corneille met en français le Cid de Guilhem de Castro, et Racine prend à Euripide sa Phèdre et son Iphigénie.
Poirier (1854), qui met aux prises deux types si vrais de bourgeois enrichi et de noble ruiné ; dans les Lionnes pauvres (1858), où l’honnête Pommeau et sa femme forment un couple digne de Balzac, et nous offrent le tableau des ravages que l’universel appétit de richesse et de luxe peut faire dans un modeste ménage ; dans Maître Guérin (1864), enfin, qui, malgré son sublime colonel, est peut-être l’œuvre la plus forte de l’auteur par le dessin des caractères : ce faux bonhomme de notaire, qui tourne la loi et qui cite Horace, gourmand et polisson après les affaires faites, cette excellente Mme Guérin, vulgaire, effacée, humble, finissant par juger le mari devant qui elle s’est courbée pendant quarante ans, cet inventeur à demi fou et férocement égoïste, qui sacrifie sa fille à sa chimère, ces trois figures sont posées avec une étonnante sûreté ; Guérin surtout est peut-être le caractère le plus original, le plus creusé que la comédie française nous ait présenté depuis Molière : Turcaret même est dépassé.
Georges Polti Si d’autres présentent, toutes les élégances dont la langue française soit capable comme l’expression exacte de leur âme raffinée, et raniment, une fois de plus, la légende wagnérienne, Watteau ou l’antiquité (à la façon du bon Gautier), Verhaeren, — moins symboliste d’ailleurs, n’en déplaise au classement en vogue, que naturaliste, — a crié, dans des strophes dont lui ont appris le rythme les tempêtes, la nouvelle, la paroxysmatique clameur du farouche siècle qui se lève.
C’est une conquête pour les lettres françaises.
Pourtant la maison est inscrite parmi les quarante plus considérables de la place de Paris et le patron siège comme un autre au tribunal de commerce littéraire que nous appelons Académie française.
Sa manière d’orthographier ne consiste qu’en deux ou trois points : il écrit connaître, aimait, Français, quoique Louis XIV prononçât toujours François.
Albalat combattait, en sa Formation du style, l’Esthétique de la langue française de son présent contradicteur ; et un duel dont le hasard me fait ici juge de camp en une périlleuse situation.
Telle était la vie générale, la vie régulière, correcte, irréprochable, réglée comme un papier de musique… militaire et dansante, de toute la noblesse française au temps de Louis XIV, de ce roi qui fut aimé de sa noblesse autant que de La Vallière, et qui ne méritait ni de l’une ni de l’autre le sentiment qu’il eut de leur immortelle fidélité !
Ce mouvement rétrospectif, reconnaissant, réfléchi, qui nous fait revenir sur de grandes œuvres éclatantes ou replacer dans une juste lumière des ouvrages oubliés ou méconnus, doit être d’autant plus encouragé par la Critique qu’il n’est pas dans la nature du Génie français, lequel, en toutes choses, se porte en avant avec sa proverbiale furie, et mêle si joliment l’ingratitude à ses distributions de gloire.
Il aurait pu être aussi un roi équestre, — le seul genre de roi qui convienne aux Français, disait madame de Staël.
depuis que le Dante, insulté comme Shakespeare par Voltaire, ce grand connaisseur en sublime, a été amené dans la littérature française comme un gerfaut inconnu sur le poing de ce beau fauconnier de Rivarol, qui n’a pas pu (heureusement) franciser ou apprivoiser cet oiseau sauvage, que n’a-t-on pas écrit sur le Dante, même parmi nous, qui ne sommes pas des Italiens !
. — La Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, traduite en français et annotée par Lachat, avec le texte latin.
Cet air, cet accent, il ne les a jamais perdus, même quand il est redevenu le plus Français, le plus spirituel, et même le plus poète de canapé chez les précieuses du xixe siècle ; car il y a de cela aussi chez Lefèvre-Deumier.
I Est-ce pour justifier sa récente nomination à l’Académie Française que M.
Ampère, est un écrivain qui n’avait pas besoin, du reste, de s’en aller en Amérique pour en revenir avec un livre et se faire lire du public français.
Fille d’un officier français tué en 1870, après un premier amour malheureux, la trahison d’un beau cousin, Francine voyage et s’arrête à Florence. […] Enfant, elle regarde passer, en cachette, d’une fenêtre de l’Escurial, les cavaliers français tout enrubannés et les compare à un jardin qui marche. […] Brunetière, qui fait de Bossuet « le plus grand nom de son temps » et, par suite, de toute la littérature française. […] Et par malheur il l’a fait sans grâce, d’un air imperturbable, sous forme de mandements à la jeunesse française. […] Zola le laisse énigmatique et ne nous le présente que par l’extérieur : son nihilisme n’est là que pour faire un contraste saisissant avec le socialisme incertain et sentimental de l’ouvrier français et pour préparer la catastrophe finale.
La plupart des Français qui y sont se déchirent et se haïssent, se font mépriser et rendent la nation méprisable ; c’est la plus indigne racaille que vous puissiez imaginer. […] Je suis Français. […] Publiée dans les Mélanges de la Société des bibliophiles français, t. […] Publiée, comme la lettre à Mme Diderot, dans les Mélanges de la Société des Bibliophiles français (t. […] Le fac-simile de ce billet a été publié dans la Galerie française, 1822, 3 vol. in 4°.
M. de Vigny se fit donc tchilibi français, se renferma en lui-même avec sa mère et quelques amis, et laissa, de temps en temps, s’échapper quelques vers qui ne ressemblaient à rien de ce qui avait paru jusque-là. […] Le luth du troubadour S’accordait pour chanter les saules de l’Adour ; Le vin français coulait dans la coupe étrangère ; Le soldat, en riant, parlait à la bergère. […] L’imagination française était alors byronienne. […] On ne voit sur leurs traits bruns ni la froide immobilité du Nord, ni la vivacité grimacière du Midi ; leur visage a, comme leur caractère, quelque chose de la candeur du vrai peuple de saint Louis ; leurs cheveux châtains sont encore longs et arrondis autour des oreilles comme les statues de pierre de nos vieux rois ; leur langage est le plus pur français, sans lenteur, sans vitesse, sans accent ; le berceau de la langue est là, près du berceau de la monarchie.
Et c’est ainsi que la critique littéraire se rajeunit et se renouvelle par l’accession de ces esprits français qui se sont retrempés à d’autres sources et qui, au retour, naturalisent chez nous le goût des beautés neuves et des comparaisons éclairées.
Il est probable que, malgré la différence des âges, il aurait fini par épouser sa cousine : car elle était devenue une charmante jeune fille, et par la mort de ce frère aîné, qu’environnait une injuste préférence, sir Ralph était devenu un riche héritier ; mais, durant un voyage lointain qu’il fit à cette époque, la soumise Indiana fut mariée par son père à un ancien colonel français, le baron Delmare, alors négociant très-riche de Bourbon.
Littérateur italien qui s’est employé à introduire chez ses compatriotes le Symbolisme français.
Après la révolution française, Chateaubriand s’élève, et la proportion est gardée.
Et, quant au mauvais françois, au stile même barbare qu’un jeune homme se fait dans les collèges, ce langage s’épure ensuite par l’usage du monde & par la bonne compagnie.
Voici qui paraît bien français, et l’on croirait que nous ne sommes point au Monomotapa.
Du Spectateur anglois sont sortis le Spectateur françois de Marivaux, écrit avec trop d’affectation ; le Misantrope de Van Effen, qui dit des vérités utiles ; la Spectatrice Danoise, par M. de la Baumelle, qui a des meilleurs titres pour plaire aux gens de goût ; le Nouveau Spectateur, par M. de Bastide qui, avec de l’esprit, n’a pas pu égaler l’ancien ; le Monde, par le même, ouvrage périodique de morale critique, où l’on trouve des morceaux intéressans.
Des courtisanes comme Laïs la Corinthienne, une âme grecque plus légère que la huile de savon appendue au chalumeau d’un enfant, ou comme Ninon, la grande égoïste française dont le cœur fut une plaisanterie éternelle, n’ont point de ces replis où dort l’ensorcellement des âmes, et de ces ineffables manèges qui prennent les cœurs et ne les rendent plus.
Dans son Histoire des Français et dans son Histoire des Républiques d’Italie, Sismondi est froid comme l’eau des glaciers de la Suisse, dont il n’a pas la pureté, mais, après tout, c’est une grande masse de faits comme l’eau des glaciers est une grande masse d’eau.
Son livre doit être signalé d’autant plus aux jugements de la Critique, qu’il est d’un bon exemple qu’on sache, au moment où Augier vient d’être nommé à l’Académie, ce que la langue française doit à un pareil poète.
On n’avait pas encore entendu cette voix-là, en français, dans cette langue baptisée avec Clovis et débaptisée avec Voltaire.
Aux exemples déjà cités (page 181), joignons les prodigieux exploits des paladins français, et surtout de Roland, qui sont ceux d’une armée plutôt que ceux d’un individu ; ces paladins étaient des souverains, comme le sont encore les palatins d’Allemagne.
Une épître politique toute vibrante du sentiment romain des Tite-Live et des Tacite proteste éloquemment contre l’invasion en Italie des Français et des Allemands, commandés par le roi de Bohême. Les Français y sont traités comme des esclaves révoltés qui viennent saccager et avilir le domaine de leurs maîtres. […] Le vers enferme le vers, et le mot presse le mot ; c’est le sens, c’est le sentiment, c’est presque la musique du sonnet, mais ce n’est pas la langue : le français est trop viril pour ainsi pleurer.
Huit jours après avoir publié ce volume, qui devait lui ouvrir les portes de l’Académie française, but mondain de sa vie d’étude, il n’était plus. […] ô second Gilbert français ! […] Il m’adressa une fois une très belle épître en français, et j’y répondis comme un écho qui se souvient d’avoir été une voix dans sa jeunesse.
Nos critiques français, qui n’ont étudié que le monde grec et latin, ont peine à comprendre que le christianisme ait été d’abord un fait exclusivement juif. […] De là les tortures qu’on se donne pour s’exciter devant des œuvres qu’il faut absolument trouver belles, et pour découvrir çà et là quelque menu détail, quelque épithète, quelque trait brillant, une phrase qui, traduite en français, donnerait quelque chose de sonnant. […] Les auteurs latins de la décadence, les tragédies de Sénèque, par exemple, ont souvent meilleur air, quand elles sont traduites en français, que les chefs-d’œuvre de la grande époque.
Nous avons eu pitié de l’ignorance du grand critique, avec lequel sans doute nous nous serions fâchés, si nous lui avions dit que, de 1796 à 1830, il y avait eu à peu près une dizaine de traductions en français de divers livres de Kant. […] de singulières choses, allez… Au fait, vous savez, l’Empereur a été si content d’Agar dans les vers de Gautier, qu’il l’a fait engager aux Français. […] Et à propos de cette théorie, par un de ces zigzags qui lui sont familiers, il cite Jeanne d’Arc qui n’est plus un miracle depuis qu’il a fait voir toute la faiblesse et l’insuffisance de l’armée anglaise, opposée à la concentration et au rassemblement de toutes les forces françaises.
Si le poète avait, sans ambages et détours exposé le véritable motif de sa conduite royaliste, il aurait rendu à la poésie française un service plus réel qu’en écrivant Hernani, Ruy Blas et surtout la préface de Cromwell : il aurait doté la France de plusieurs Hugo, bien qu’un seul suffise et au-delà à la gloire d’un siècle. […] Il restait encore à briser le moule du vers classique, à assouplir le vers à une nouvelle harmonie, à l’enrichir d’images, d’expressions et de mots que possédait déjà la prose courante et à ressusciter les vieilles formes de la poésie française. […] Hugo a un talent dans le genre de celui de Young, l’auteur des Night Thoughts, il est toujours exagéré à froid… L’on ne peut nier au surplus, qu’il sache bien faire des vers français, malheureusement il est somnifère. » Correspondance inédite de Stendhal.
La Ballade à la lune, grotesque parodie de l’école romantique et insolent défi à l’école classique, qui se disputaient en ce temps-là le goût français pour le laisser définitivement au bon sens, cette école éternelle, succède à ces vers à Ulric Guttinger. […] Nous ne connaissons rien dans la poésie française, anglaise, allemande, de plus harmonieux, de plus sensible et de plus gémissant que les oratorios nocturnes de Musset. […] Voici en quelle occasion : XVI C’était en 1840, au moment où la politique agitatrice et guerroyante du ministère français, qu’on appelait le ministère de la coalition, menaçait, sans vouloir frapper, tous les peuples de l’Europe, pour soutenir, sans aucun intérêt pour la France, un pacha d’Égypte, révolté contre son souverain, le plus étrange caprice de guerre universelle sur lequel on ait jamais soufflé pour incendier l’Europe.
En parlant de Goethe, il faut nous défaire de quelques-unes de nos idées françaises par trop simples, et consentir à nous mettre avec lui dans cet état, pour ainsi dire, d’enthousiasme prémédité, qui ressemble un peu dans l’ordre de la poésie à ce que Descartes a fait dans la sphère philosophique. […] Les imitateurs français se sont surtout rattachés à Werther par la fièvre de tête, par les dehors, le costume, le suicide et l’explosion finale, enfin par les défauts. — Je lis dans la Revue des deux mondes du 15 juillet 1855 un article sur Werther, par M.
En osant la métaphore comme jamais on ne l’avait fait en français avant lui, M. de Chateaubriand ne s’y livre pas avec profusion, avec étourdissement ; il est sobre dans son audace ; sa parole, une fois l’image lancée, vient se retremper droit à la pensée principale, et il ne s’amuse pas aux ciselures ni aux moindres ornements. […] Le vocabulaire de M. de Chateaubriand, dans ces Mémoires, comprend toute la langue française imaginable, et ne la dépasse guère que parfois en quelque demi-douzaine de petits mots que je voudrais retrancher.
On ne saurait, avant d’avoir lu cette notice, se faire une idée d’une race telle et si bien conservée que la postérité de ces proscrits de Florence, devenus Provençaux et Français. […] Ajoutez à ces traits une tournure d’humeur et de gaieté française, des saillies et des brusqueries plaisantes, non pas à la façon de Roquelaure ou de Rabelais, mais d’une haute dignité et grandeur comique, ainsi qu’il convenait à un Alceste demeuré féodal et antique baron.
Né chrétien et Français, il se trouva plus d’une fois, comme il dit, contraint dans la satire ; car, s’il songeait surtout à Boileau en parlant ainsi, il devait par contre-coup songer un peu à lui-même, et à ces grands sujets qui lui étaient défendus. […] Il nous a tracé une courte histoire de la prose française en ces termes : « L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux tours, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement françoise ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avoient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit. » Cet esprit, que La Bruyère ne trouvait pas assez avant lui dans le style, dont Bussy, Pellisson, Fléchier, Bouhours, lui offraient bien des exemples, mais sans assez de continuité, de consistance ou d’originalité, il l’y voulut donc introduire.
Il fallait créer un préjugé contraire, rassurer l’amour-propre du Français, affranchir les classes éclairées de la peur du ridicule attaché à la religion, la leur représenter respectable, décente et belle. […] Car, du moment qu’il s’agit du catholicisme et non du déisme, la démonstration baroque devient une association d’idées singulièrement efficace, lorsque du domaine de l’abstraction on passe aux réalités concrètes, lorsque l’on considère l’homme vivant, le Français de 1800.
Dans les littératures latine et française, l’esprit philologique a devancé les grandes époques productrices. […] Dans le Traité du Sublime lui-même, c’est-à-dire dans la meilleure œuvre critique de l’antiquité, œuvre que l’on peut comparer aux productions de l’école française du XVIIIe siècle, que d’artificiel, que de puérilités 80 !
La littérature française sous Louis XIV avait été une admirable expression de la société contemporaine ; elle était donc nationale, indigène, et en même temps elle traduisait avec une si rare perfection quelques-uns des sentiments éternels de l’humanité, qu’on voulut en faire le modèle de toutes les littératures à venir. […] Flaubert sait cela mieux que nous : ses fautes de français sont des fautes volontaires.
Tandis qu’il travaillait obscurément et incognito à quelque journal, il préparait une petite comédie en vers, et songeait au concours de l’Académie française. […] Chamfort continuera toutefois d’être cité au premier rang parmi ceux qui ont manié la saillie française avec le plus de dextérité et de hardiesse.
. — Ils prennent les commencements de la société pour les principes de l’art social, de l’art social dont les Français n’avaient pas d’idée il y a peu d’années, et dont le nom a été hasardé pour la première fois dans les Moyens d’exécution (c’est sa première brochure de 1788). […] Après avoir rendu de grands services diplomatiques à la République française dans son ambassade de Berlin et ailleurs, et avoir influé à l’intérieur sur beaucoup d’actes importants de comité ou de cabinet, nommé membre du Directoire, Sieyès se vit une puissance reconnue et fut recherché de toutes parts.
Et longuement, il m’a fait remarquer la ressemblance qu’avaient sur l’allée, les ombres portées des branches, des ramures, des petites feuilles naissantes avec les dessins d’album japonais, en même temps qu’il s’étendait sur le peu de ressemblance que ces dessins, faits par le soleil, avaient avec les dessins français. […] Je me rappelle maintenant, après les heures sans repos passées au remaniement, à la correction d’un morceau, après ces efforts et ces dépenses de cervelle, vers une perfection, cherchant à faire rendre à la langue française tout ce qu’elle pouvait rendre, et au-delà… après ces luttes obstinées, entêtées, où parfois entrait le dépit, la colère de l’impuissance ; je me rappelle aujourd’hui l’étrange et infinie prostration, avec laquelle il se laissait tomber sur un divan, et la fumerie à la fois silencieuse et accablée, qui suivait.
Après Joseph Delorme, après ce cri jeté de Philoctète moderne à la plaie empoisonnée et qui empoisonne tout Lemnos, nous n’eûmes plus que le Trissotin des Consolations et des Pensées d’août, où le poète creva sous une langue qui n’était même plus du français. […] À l’exception de quelques piètres romans, écrits uniquement pour ce que la copie rapporte aux faiseurs, il n’y a pas une œuvre d’haleine dans la littérature actuelle, et jamais le dessèchement cérébral n’a été plus complet que sous cette République qui n’est ni celle de Périclès, ni celle d’Auguste, ni celle des Médicis… Les lettres donc, la correspondance, cette littérature de tout le monde, est le seul intérêt d’esprit qui reste à ce monde de portiers qu’est devenue, la société française.
S’il est un règne dans les annales de la maison de Bourbon qui ait, plus que tout autre, éveillé d’insensées tendresses dans les faibles cœurs de la génération présente, c’est à coup sûr le règne de Louis XV, de Louis XV, toujours le Bien-Aimé, car, malgré la grande rupture de la Révolution française, qui fait deux rivages dans l’histoire de ce qui aurait dû rester le même sol, Louis XV et sa société sont encore, tous deux, très bien vus de la société démocratique du xixe siècle, qui n’est pas puritaine au point de ne pas aimer les coquines ! […] Capefigue dans sa préface : les calomnies des pamphlétaires, un mot qui est une faute de français de l’horrible Fouquier, mais qui n’est pas une faute de justesse, et en dernier lieu l’échafaud.
dans les horizons de l’esprit de Feuillet, cette idée qu’il n’a su étreindre ni même atteindre, il l’aurait prise avec la force souveraine qu’elle exigeait qu’il n’aurait pas eu de succès, d’abord dans son roman, dont tout le monde a parlé, et ensuite dans la comédie qu’il tirera sans doute de son roman et qui obtiendra au Gymnase, ce premier théâtre français, ou au Théâtre-Français, ce second Gymnase, la centaine de représentations devant laquelle les plus courageux sont à genoux. […] Car c’était accompli comme cela… Nous tenions dans le creux de notre main, comme une carte de photographie, cette grande société française, qui à présent peut y tenir… Puisqu’il faut que tout soit avalé des choses les plus amères, puisqu’il y a pis que la ciguë de Socrate, qui du moins lui fut présentée dans une coupe de bronze et non dans une coupe de carton, n’était-ce pas là un résultat ?
L’avenir du naturalisme La situation d’Emile Zola vis-à-vis de la jeunesse littéraire française, a, depuis peu, changé brusquement4. […] Qu’il nous suffise de citer, en art, la glorieuse école « impressionniste » française, succédant au réalisme quelque peu étroit de la première heure.
Une oreille étrangère, si habituée qu’elle puisse être à la musique, ne fera pas de différence entre la prose française que nous trouvons musicale et celle qui ne l’est pas, entre ce qui est parfaitement écrit en français et ce qui ne l’est qu’approximativement : preuve évidente qu’il s’agit de tout autre chose que d’une harmonie matérielle des sous.
A Rome, où les jeunes Français qui s’y trouvaient alors se réunissaient quelquefois, il rencontra un jeune homme qui a depuis marqué dans la politique, M.
Hugo, avant d’être mises en français et en vers, ont été dans sa tête des rêveries originales, et quelques-unes de sublimes rêveries.
Pendant tout le cours violent de la Révolution française, l’art se tut ; il existait moins que jamais à part ; sa personnalité était comme abîmée et anéantie en présence des incomparables événements qui consternaient ou emportaient les âmes.
Latapie, dans La République française).
La réflexion n’amène qu’au doute, et si les auteurs de la Révolution française, par exemple, eussent dû être préalablement convaincus par des méditations suffisamment longues, tous fussent arrivés à la vieillesse sans rien faire.
Si Luther, si les acteurs de la Révolution française eussent dû observer les règles de la politesse, la réforme et la révolution ne se seraient point faites.
Les françois sont en possession de donner au mot esprit, des significations bien plus abusives.
On m’a conté qu’elle n’était Française que parce qu’elle a épousé son mari, et qu’elle n’en a partagé le patriotisme que comme elle en a partagé le style ; car elle écrit aussi bien que M.
Toujours rêveuse et toujours imitatrice, l’Allemagne se rêvait France quand elle imitait les vices de la cour du grand roi, et elle en exagérait le scandale, comme, plus tard, elle prit les idées de la philosophie française, et en exagéra les conséquences pour s’en faire une originalité.
À partir de la Révolution française, de cette révolution qui, en faisant souvent mine de mourir, mais ne mourant jamais, nous a légué, pour nous consoler de sa perte momentanée, le parlementarisme, ce joli enfant de sa façon, qui nous ramènera toujours, dans un temps donné, à sa mère, si nous sommes assez aveugles pour nous fier à ce charmant petit, Thureau-Dangin a compté sur ses doigts le nombre de fois que la pierre de ce Sisyphe infortuné, qui a tant essayé de la mettre en équilibre, lui est retombée sur les pieds, mais il n’a jamais pensé que ce fût la faute de l’équilibriste ou de la pierre.
Se faire, à tout bout de champ, le saule pleureur d’une ambition, mieux que rentrée, car elle n’est pas sortie ; être né pour avoir la plaisanterie française à son service, cette bonne et jolie plaisanterie dont ils ont tant besoin pour s’égayer, ces pâles vieillards du Journal des Débats, qui, devenus culs-de-jatte, ne se lèvent plus guère devant cette Hélène !
il ne faudrait pas, par exemple, être trop professeur et maître de conférences à l’École normale, il ne faudrait pas être trop digne d’un prix à l’Académie française, et surtout l’avoir remporté.
Il le garda fièrement jusqu’au jour où, chevalier de la Royauté dans son pays, il voulut l’être encore de la Royauté en Europe, et se leva, champion couronné, contre la Révolution française, qui l’eût probablement vaincu, mais qui, l’eût-elle tué, aurait fait mieux pour lui que le pistolet qui l’assassina, entre deux quadrilles, sous un domino !
Or, l’élève de Saint-Cyr, de 1688 à 1715, était la civilisation française dans une de ses plus adorables incarnations.
Oui, puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit, si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle.
» Et, plus loin, toujours dans le même rythme et le même français : « Deux années, urnes aux blancs cailloux, ont disparu comme un monde englouti, comme une Atlantide qui a sombré au milieu des flots, avec ses villas embaumées, ses asiles verts, consacrés à Palès, — (pourquoi Palès ?)
Et cependant, à toutes les époques de cette existence brillante et qui aurait dû être heureuse, le cri de l’ennui que, seule dans tout son siècle, elle a poussé, elle le jeta partout autour d’elle et avec une vibration dont, un siècle plus tard, Chateaubriand, qui avait vu la Révolution française, n’a pas dépassé l’intensité.
puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle.
La Trappe de la Sainte-Volonté de Dieu, en Valais, fut dispersée par les armées françaises.
» Et, plus loin, toujours dans le même rythme et le même français, « deux années, urnes aux blancs cailloux, ont disparu comme un monde englouti, comme une Atlantide qui a sombré au milieu des flots, avec ses villas embaumées, ses asiles verts, consacrés à Palès (pourquoi Palès ?)
. — immuablement matérialistes, — comme si nous étions au lendemain de la Renaissance ou à la veille de la Révolution française !
J’ai vu, dans mon enfance, encore, des statues de jardin représentant un grand dadais en manches de chemise, appuyé sur sa bêche, au-dessous duquel on avait écrit : « Saint Labre, patron des paresseux. » Stupidité immense de la frivolité française !
Ce sera, pour le coup, le dernier mot de la Révolution française, et nous pourrons aller nous coucher dans les bois !
D’autres raisons moins spéciales, mais non moins décisives, font de cette imposante publication presque un livre de circonstance, et ces raisons consistent principalement dans l’influence possible, dans l’effet moral et pratique qu’une semblable publication doit avoir sur les masses à qui elle s’adresse, — car, avec sa traduction française et ses gravures, elle s’adresse encore plus aux masses qu’aux penseurs et aux esprits lettrés.
Mgr Rudesindo Salvado Mémoires historiques sur l’Australie, par Mgr Rudesindo Salvado, religieux bénédictin, évêque de Port-Victoria, traduits de l’italien en français, avec des notes et une histoire de la découverte de l’or, par l’abbé Falcimagne.
du jansénisme, cette chose hérétique en France et antipathique à l’esprit français, — de ce jansénisme exécré de Louis XIV plus que l’impiété elle-même !
Il a écrit La Fille d’Eschyle, étude antique qui a été couronnée par l’Académie française, et Les Poèmes de la mer, dans lesquels il a cru un peu trop l’avoir inventée.
L’auteur du Tigrane a dû vivre parmi les prêtres à quelque époque que ce soit de sa vie, car il en parle tous les langages comme s’il les avait appris, et il en exprime les faiblesses — plus ou moins honteuses — comme s’il les avait vues de ses propres yeux… Assurément, il a le mépris intelligent du clergé français assez médiocre dans sa masse flottante, ne croyant, là comme ailleurs, qu’à l’individualité et qu’à l’exception ; mais pourtant il ne hait point le prêtre comme un autre observateur et un autre artiste, Stendhal, qui fut aussi toute sa vie magnétisé par le sublime type du prêtre, la seule grande poésie, avec le soldat, qui soit restée à notre misérable temps.
Janin, si l’Académie française ne donnait pas à l’auteur de La Fin du Neveu de Rameau le fauteuil de Diderot, dont il a pris le talent et dont il va partager la gloire, elle manquerait terriblement de sens critique, l’Académie !
Théophile Gautier dans son fameux Capitaine Fracasse, lesquelles étaient faites, avant ce surprenant Capitaine, dans toutes les comédies sans exception de l’ancien théâtre espagnol, italien et français ; dans toutes les Nouvelles des vieux romanciers du commencement du dix-septième siècle, et que seul un romantisme impuissant, qui travaille en vieux, quand il croit faire du neuf, peut nous donner, après trente ans de romantisme plus heureux, pour de colossales inventions !
Ce qu’a fait dernièrement en Angleterre cette fille de compagnie, cette espèce de gouvernante anglaise chez un garçon, qui a tiré de sa situation même un livre poignant de vérité, une âpre peinture des mœurs anglaises, pourquoi une femme de chambre française ne le ferait-elle pas à son tour ?
Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très-bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs, la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire.
On ne peut douter que les deux oraisons funèbres de Le Tellier, où Fléchier et Bossuet le représentent comme un grand homme et comme un sage, le jour et le lendemain qu’elles furent prononcées, n’aient été fort applaudies à la table et dans l’antichambre de Louvois, qui était son fils, et qui était tout-puissant ; mais si elles avaient été lues à ceux qui avaient suivi la vie entière de Le Tellier, qui l’avaient vu s’élever par degrés, et qui, si l’on en croit les mémoires du temps, n’avaient jamais vu en lui qu’un courtisan adroit, toujours occupé de ses intérêts, rarement de ceux de l’État, courant à la fortune par la souplesse, et l’augmentant par l’avarice, flatteur de son maître, et calomniateur de ses rivaux ; si elles avaient été lues à Fouquet dans sa prison, à ce même Fouquet dont Le Tellier fut un des plus ardents persécuteurs, qu’il traita avec la basse dureté d’un homme qui veut plaire, et qu’il chercha à faire condamner à mort, sans avoir cependant le bonheur cruel de réussir ; si elles avaient été lues en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, à toutes ces familles de Français que la révocation d’un édit célèbre, révocation pressée, sollicitée et signée avec transport par Le Tellier, fit sortir du royaume, et obligea d’aller chercher un asile et une patrie dans des contrées étrangères ; qu’auraient pensé tous ces hommes, et des oraisons funèbres, et de l’éloquence, et des orateurs ?
Rien de français en lui, pas un trait gaulois, aucune physionomie nationale. […] Lorsque les Français s’emparèrent de Mons, il crut que c’était sur Guillaume III queLouis XIV avait conquis cette place forte. […] Nul moyen d’ailleurs de s’entendre : le roi ne comprenait pas le français, la reine ne savait pas encore un mot d’espagnol. […] La douceur française protestait contre ces férocités africaines. […] Un mendiant français s’étant approché du carrosse de la reine pour demander l’aumône, le roi faillit le faire tuer sur la place.
Elle répondait, au milieu d’éclats de rire, dans un français semé de patois et avec un accent extraordinaire. […] J’y prenais une peine incroyable et, à travers le vieux français, il me semblait m’enfoncer dans des broussailles inextricables. […] C’était une jeune Alsacienne, qui parlait à peine le français, et était placée pour la première fois. […] Marianne, qui parlait si mal le français, était, malgré cela, beaucoup plus cultivée que les Françaises, en général, même celles au-dessus de sa condition. […] Et c’est ainsi que, pour faire plaisir à cette douce et sentimentale Alsacienne, j’ai lu, avant le temps, toute l’œuvre de la grande Française.
Pour eux, ils gesticulent, ils jurent en italien, en français, en anglais2 ; ils plaisantent tout haut avec des mots recherchés, composites, colorés ; bref, ils ont les manières énergiques, originales et gaies des artistes, la même verve, le même sans-gêne, et, pour achever la ressemblance, la même envie de se singulariser, les mêmes besoins d’imagination, les mêmes inventions saugrenues et pittoresques, la barbe taillée en éventail, en pointe, en bêche, en T, les habits voyants et riches, empruntés aux cinq ou six nations voisines, brodés, dorés, bariolés, incessamment exagérés et remplacés par d’autres ; il y a un carnaval dans leur tête comme sur leur dos. […] Edward, revoyant son favori Gaveston, verse devant lui son trésor, jette à ses pieds les dignités, lui donne son sceau, se donne lui-même ; et, sur une menace de l’évêque de Coventry, crie tout d’un coup47 : « Jetez bas sa mitre d’or, déchirez son étole, baptisez-le à nouveau dans le ruisseau. » Puis, quand la reine le supplie : « Pas de cajoleries, catin française, va-t’en d’ici ; Gaveston, ne lui parle pas, qu’elle sèche et crève. » Fureurs contre fureurs, les haines s’entre-choquent comme des cavaliers dans une bataille : le duc de Lancastre tire son épée devant le roi pour tuer Gaveston ; Mortimer blesse Gaveston. […] Entre les mains des Français, derniers héritiers de l’art simple, ces grands legs de l’antiquité ne s’altèrent pas. […] Le plus grand des observateurs, Stendhal, tout imprégné des mœurs et des idées italiennes et françaises, est stupéfait à cette vue. […] Voir par contraste toutes les femmes de Molière, si françaises, même Agnès et la petite Louison.]
Il eut le tort de partager ce que la critique anglaise a appelé la vue mystique et surnaturelle de la Révolution française. […] Schiller se plaint à Goethe que Mme de Staël, avec son esprit français, « éloigne de lui toute poésie », parce que « voulant tout expliquer, tout com prendre, elle n’admet rien d’obscur, rien sa raison ne d’impénétrable… Ce que le flambeau de peut éclairer n’existe pas pour elle. » Doudan se souvenait peut-être de Schiller quand il a dit : « Il y a des moments où j’aime autant un grand gâchis qu’une précision étroite. J’aime autant de grands marais troubles et profonds par places que ces deux verres d’eau claire que le génie français lance en l’air avec une certaine force, se flattant d’aller aussi haut que la nature des choses. […] Plus tard encore, « sera-ce un sacrifice au goût dominant des Français de 1852 que de flétrir le régime devant lequel ils se sont prosternés ?
Ainsi, notre précieux confrère, avec au fond une spirituelle connaissance du cœur humain, à la forme un souci récompensé du parfait, et les plus louables ruses, améliore grandement, par ses petites cultures intensives, le champ des lettres françaises.
La démocratie française a quelques principes essentiels à conquérir pour devenir un régime libéral.
« Substituer, dit-il, des mots françois à des mots d’une autre langue, c’est faire comme les écoliers qui commencent à traduire. » D’ailleurs, ajoute-t-il, qu’est-ce qui empêche qu’on ne soit à la fois élégant & siecle ?
Les personnes qui ne sçavent pas le françois, devinent les sentimens et les passions des acteurs qu’il fait déclamer en musique.
Ceux qui ne connoissent pas d’autres théatres que le théatre françois, ne comprendront pas d’abord tout le sens du passage de Quintilien que je viens de citer.
Quand les 1848 avortent, on peut, pour faire un succès à Chamfort, spéculer sur les cent mille bâtards à Paris, qui renverseraient fort bien, si on les laissait faire, la marmite française, comme les janissaires la renversaient à Constantinople.
Depuis que les abeilles de saint Benoît avaient commencé la ruche française, l’épiscopat n’avait jamais manqué de précédents ni de traditions.
Il reprit, il est vrai, la Rochelle aux protestants aidés de l’étranger, mais il ne put jamais refaire, comme elle l’avait été, l’unité française.
Mort, enfin, car il est des acharnements de fortune comme il y a des acharnements de malheur, il eut pour successeur à l’Académie française et pour y faire son oraison funèbre, un des hommes qu’on a été le plus étonné d’y voir, le P.
En descendant des idées religieuses aux idées littéraires, Cazotte avait publié son Diable amoureux et mouillé la lèvre de l’imagination contemporaine d’un philtre qui n’avait pas, dans la coupe de l’enchanteur français, une bien grande magie, mais dont la saveur excitait et préparait à des saveurs plus pénétrantes… Au Nord comme au Midi, l’Europe, dégoûtée de matérialisme et de littérature positive, avait soif de surnaturel, la vraie poésie.
nous signalons bien moins l’effet esthétique d’un tel dénoûment que la promesse qu’il nous fait implicitement pour l’avenir, — que la révélation ici entr’aperçue, non pas d’un grand romancier de plus dans le pays des Richardson, des Walter Scott et des Fielding, mais d’un grand romancier chrétien dans un pays littérairement hébraïque, et dont les Indiens cités par Michelet disent, avec leur sagacité ignorante et sauvage : « Les Anglais sont les Juifs de Londres qui ont fait crucifier Jésus-Christ lequel était Français. » 32.
et nous, qui n’étions pas Anglais pourtant, nous avons répété ces odieux cris scandalisés, les uns parce qu’ils avaient vraiment leur moralité offensée, les autres parce qu’ils aimaient Byron et que toujours Français, ils aimaient à le voir un peu mauvais sujet… Mais, malgré sa fatuité, à lui, qui a voulu nous y faire croire, et malgré notre fatuité pour lui, qui nous l’a fait croire, la terrible immoralité de Byron m’a toujours paru problématique.
Je savais qu’il écrivait à la Revue des Deux Mondes, ce qui n’est un honneur pour personne, et qu’il feuilletonisait à la République française.
Ou bien, encore, aurait-il gardé rancune à l’illustre romancier français de s’être joué dans la pensée swedenborgienne avec une puissance que Swedenborg n’avait pas, et d’avoir tiré de cette pensée un parti qui aurait stupéfié son auteur, — s’il l’avait compris ?
Mais, puisqu’il faut se rabattre à la critique littéraire, disons que c’était presque une honte pour la littérature française que d’avoir de si magnifiques récits à mettre en œuvre sans une main qui fût attirée par ces magnificences et qui les plaçât dans la lumière, par amour seul de leur beauté.
Mais en ce beau pays de France, qui est très lâche en littérature, on prit peur de ce mot « d’arabesques » qui pouvait déconcerter les petites têtes françaises et tromper leur besoin de petite clarté… et on le ratura pour le remplacer par le mot « d’extraordinaires », bête comme une affiche de théâtre, un jour de solennelle représentation !
C’est, comme peinture, de la grasse abondance de Lamartine, mais avec une langue scientifique, une langue technique que Lamartine, cet ignorant divin, ne connaissait pas, et dont son génie n’avait pas besoin… Il n’y aurait eu, en français, qu’un dictionnaire de quatre mots, il n’y aurait eu dans la langue, comme disent les grammairiens, qu’un nominatif, un verbe et un régime, que Lamartine aurait été tout Lamartine avec cela.
José-Maria de Heredia58 I Cette Histoire d’une conquête 59 en est une sur l’imagination… Cette antique chronique d’un vieux chroniqueur oublié et à peu près inconnu en France, traduite par la fantaisie éprise d’un écrivain qui a du sang espagnol et conquérant dans les veines et la plus profonde culture de la langue française, ce récit, si différent, par les sentiments et par le ton, du ton et des sentiments de l’histoire moderne, a fait son chemin en deux temps, comme les Dieux d’Homère.
Ici, au contraire, c’était aussi du patriotisme, mais d’une inspiration plus haute, parce qu’elle était moins collective, exprimé dans des vers qui n’avaient pas besoin de musique pour paraître beaux, et comme, avant eux, la langue française n’en connaissait pas.
Il est, je viens de le dire, de la famille française des Rabelais, des Régnier, des Molière, des Boileau, de ces esprits les plus mâles d’entre nous, et par là il se retrouve plus classique que Barthélemy et Barbier.
C’était un homme d’esprit à la française, très capable, comme il l’a bien prouvé, de glisser sa petite comédie à la Marivaux entre deux poèmes d’albâtre pur… Excepté la force des épaules, auxquelles on pourrait reconnaître la race de guerre, faite pour la cuirasse, dont il était issu, rien n’indique, dans ce portrait des Œuvres posthumes, le mousquetaire rouge qu’avait été pourtant Alfred de Vigny.
C’est le nom d’un des plus vaillants poètes romantiques, qui n’a pas, lui, rendu son épée a l’Académie française, comme tant d’autres, et qui est toujours l’homme de la première heure, le clairon d’or pur que rien n’a faussé, et qui joue maintenant, dans cette misérable défaite littéraire dont nous sommes les témoins, les airs à outrance du cor de Roland à Roncevaux.
Michelet disent avec leur sagacité ignorante et sauvage : « Les Anglais sont les juifs de Londres qui ont fait crucifier Jésus-Christ, lequel était Français. » 36.
À ce tableau il oppose celui de l’officier français : « Idolâtre de son honneur et de celui de son souverain ; bravant de sang-froid la mort, avec toutes les raisons d’aimer la vie ; quittant gaiement les délices de la société pour des fatigues qui font frémir la nature ; humain, généreux, compatissant, tandis que la barbarie étincelle de rage autour de lui ; né pour les douceurs de la société comme pour les dangers de la guerre ; aussi poli que fier ; orné souvent par la culture des lettres, et plus encore par les grâces de l’esprit. » Il parcourt ensuite rapidement nos victoires, nos exploits et nos pertes ; il célèbre cette brave noblesse qui partout a versé son sang pour l’État76.
Elle s’essaye et elle s’applaudit quand elle parvient à bien ressembler aux Allemands de l’époque de Goethe et de Schiller, aux Anglais de l’époque de Shakspeare, de Byron, de Walter Scott, aux Français de l’époque de Voltaire, ou de l’époque indécise de l’émigration, les deux de Maistre. […] Pierre Vasilitch, au contraire, balbutiait à peine quelques mots de français, ne prenait un livre entre ses mains que lorsqu’il y était en quelque sorte forcé, et ne pouvait être classé que dans la catégorie des gens illettrés. […] Il accentuait surtout certaines strophes, telles que celle-ci : « Ce n’est pas un Français, c’est un conscrit qui nous fait la cuisine. […] Songez donc qu’elle ne peut pas même prononcer un mot français. […] Ne peut-on pas se dispenser de parler français ?
Aucune femme ne manie avec plus de souplesse, dans les gestes de l’écriture, la langue française. […] Mais, cette restriction faite, les poèmes de Sapho furent, pour Renée Vivien, un stimulant de son imagination ; et davantage encore : dans la digne sérénité de la poétesse grecque, la muse française a trouvé le beau courage de chanter à haute voix les joies, les bonheurs et les tristesses d’amours secrètes. […] Au nom des familles « indo-européennes », au nom de la « morale aryenne », il se dresse contre un envahissement d’idées qu’il croit germaniques, et qui sont toutes françaises. […] L’esprit français, quoi qu’on en ait dit, est imperméable à certaines idées allemandes ; c’est une question de race, d’espèce : et ce que nous aimons dans les littératures du Nord, c’est toujours notre propre littérature. […] Ce qui a pu faire croire au nietzschéisme de ce roman, c’est qu’il remonte, par-dessus le romantisme, à la vraie tradition du roman français, l’esprit de ces xviie et xviiie siècles, si chers au philosophe allemand.
M. la reine des Français, ou S. […] — Je suis vaincu du temps , disait un vieux poète français. […] Les uns et les autres, ils se sont tous perdus, en mille papotages ingénieux, philosophiques, politiques et littéraires, et ils commençaient à comprendre le danger, lorsque la révolution française est venue interrompre brusquement cette aimable causerie.
Colin, jeune peintre français, d’un caractère aimable et facile, d’un talent bien vif et bien franc, se trouvait à Ischia en même temps que Farcy ; tous deux se convinrent et s’aimèrent. […] Il écrivait dans une note : « Je rends grâces à Dieu ; « De ce qu’il m’a fait homme et non point femme ; « De ce qu’il m’a fait Français ; « De ce qu’il m’a fait plutôt spirituel et spiritualiste que le contraire, plutôt bon que méchant, plutôt fort que faible de caractère.
Déjà il avait commencé à faire des vers : une tragédie romanesque esquissée au collège, une énigme en vers, deux chansons à boire, un sonnet galant, et des vers latins, tels furent les premiers essais de celui qui devait se montrer impitoyable aux poètes de cabinet, aux doucereux, aux romanesques, aux « latineurs », et à l’abbé Cotin, l’illustre inventeur de l’énigme française. […] Il remplaça même le père mort, comme ce jour où la pieuse Mme Racine le chargea de sermonner le petit Lionval, coupable de douze vers français sur la mort d’un chien.
La force, qui chez lui coordonne, dirige et maîtrise des passions si vives, c’est un instinct d’une profondeur et d’une âpreté extraordinaires, l’instinct de se faire centre et de rapporter tout à soi, un égoïsme prodigieusement actif et envahissant, développé par les leçons que lui donnent la vie sociale en Corse, puis l’anarchie française pendant la Révolution. […] Son goût pour ce genre d’étude l’obsède ; pour lui, la Révolution française n’est que la « métamorphose d’un insecte ».
— Un acteur des Français. […] Dès qu’il est avocat, un Français peut tout être.
Ses moyens d’expression — de l’alexandrin au vers de deux syllabes, de l’hexamètre latin à la prose française roide en son armure ou souple et jupes troussées — sont aussi innombrables que les merveilles à exprimer. […] Et saphirs, rubis ou diamants s’enchâssent dans l’or d’un français solide, encore qu’aux imprévues ciselures.
Est-il maintenant son habitude de désigner les chapitres de ses livres, ses poèmes et ses recueils par les titres métaphoriques, qui ne donnent pas le contenu de l’œuvre ; son érudition qui comprend toutes les sciences verbales, la métaphysique, la théologie, la jurisprudence, la philologie, les nomenclatures, et aucune des sciences réalistes et naturelles ; sa réforme de la versification, qui a eu pour effet, par l’introduction de l’emjambement, de permettre d’exprimer une idée en plus de mots que n’en contient un vers ; le résultat même du romantisme qui, parti en guerre au nom de Shakespeare contre l’irréalisme classique, n’a abouti qu’à enrichir la langue française de nouveaux mots ; toute la vie du poète, la mission sacerdotale qu’il s’est assignée, son entrée en lice pour la « révolution » contre le « pape », sa haine des « tyrans » et sa philantropie générale ; tous ces traits résultent du verbalisme fondamental de son intelligence. […] Hugo est d’esprit essentiellement français.
J’examinerai cet enthousiasme, ce beau désordre qu’on exige sur-tout dans l’ode héroïque, et même le sublime qui en doit être toujours l’objet ; et enfin comme une partie de cet ouvrage consiste en des imitations des anciens poëtes lyriques, j’en prendrai occasion de dire un mot de leur caractére ; à quoi je n’ajouterai que quelques réflexions sur les poëtes françois qui ont travaillé dans le même genre. […] J’ai osé traduire quelques-unes de ses odes, où je serai demeuré sans doute fort au-dessous de mon original : mais comme il n’y en a point encore de traduction publique en vers françois, qu’il n’en a couru de tems en tems dans le monde que de simples imitations, et même la plûpart en vers irréguliers, je me suis encore laissé gagner à la nouveauté.
L’Académie française a mis récemment au concours, pour le prix d’Éloquence à décerner en 1904, l’Éloge de Fontenelle ; et de ce concours nous espérons voir sortir le livre que nous n’avons pas, qu’il nous faudrait sur Fontenelle, et un livre dont l’intérêt, nous osons en répondre, passerait de beaucoup l’intérêt de ceux que nos docteurs consacrent aux Favart ou aux La Chaussée. […] Une traduction française de ce livre a paru cette année même chez l’éditeur Schleicher.
Si, à la place du Mont Valérien, ils avaient eu seulement le Mont Blanc, toute la littérature française eût été changée C’est vrai ! […] Passé Chavigny, l’on ne parle plus quasi français.
Et quand la princesse veut lui envoyer un millier de louis pour prix de ses travaux historiques, quelle manière délicate et fine de repousser les bienfaits sous cette forme déjà surannée, sous cette forme qui n’est déjà plus française à cette date !
L’Académie française a mis au concours l’Éloge de Chateaubriand, et elle a bien fait : c’est le plus grand sujet littéraire du xixe siècle, et la mort l’a fixé et refroidi depuis un temps suffisant.
Sainte-Beuve s’y montrait peu favorable aux auteurs qui pouvaient encore à ce moment-là entrer à l’Académie française, rien qu’à la faveur et avec l’unique bagage d’une traduction en vers d’un poète quelconque de l’Antiquité.
Cette parole d’honneur à Biassou, qui se trouvait dans le premier récit, y choquait moins que dans le second, où elle se joint au refus opiniâtre de corriger les fautes de français de la proclamation.
Même avant la publication des Mémoires sur les Grands-Jours, il suffisait d’avoir lu le délicieux et complaisant portrait pour bien saisir dans son vrai jour cet Atticus de l’épiscopat français sous Louis XIV, élégant, disert, d’un silence encore plus ingénieux parfois que ses discours, qui n’est ni pour les jésuites, ni pour les jansénistes, ni contre ; qui n’est ni une créature de la Cour, ni trop dissipé au monde, ni voué à la pénitence ; honnête homme avant tout, excellent chrétien pourtant, tolérant prélat, résidant et exemplaire, charitable aux protestants persécutés, modérant sur leur tête les rigueurs de Bâville, et trouvant encore des intervalles de loisir pour les divertissements floraux de son Académie de Nîmes ; doux produit du Comtat, chez qui tout est d’accord, même son nom (il s’appelait Esprit Fléchier) ; un Balzac en style, mais un Balzac châtié, mesuré et spirituel, un Godeau plus jeune, mais avec une galanterie plus décente, une tête plus saine et sans engagement de parti ; une sorte de Fontenelle non égoïste et encore chrétien ; enfin un bel-esprit tout à fait sage, aimable et sensible, déjà un peu rêveur.
Vitet à l’Académie française.
Notre législature ne représente pas plus l’opinion vivante et active, que l’Académie française ne représente la littérature féconde.
Viardot, il est douteux qu’aucun Français eût jamais lu quelqu’une des productions originales de M.
L’existence subalterne qu’on accordait aux gens de lettres dans la monarchie française, ne leur donnait aucune autorité dans les questions importantes qui tiennent à la destinée des hommes.
Voilà l’idée de la monarchie divine, si semblable à la monarchie française par sa nature, son origine, ses soutiens, ses adversaires, sa destinée, sa durée et sa fin.
Au temps déjà lointain où j’apprenais l’histoire de la littérature française sur les bancs du collège, un nom m’avait frappé parmi ceux des poètes de la Pléiade : Ponthus de Thyard.
Ce recueil fut traduit en français : « Les Bravacheries du capitaine Spavente, divisées en plusieurs discours en forme de dialogue, de François Andreini de Pistoie, comédien de la compagnie des Jaloux, traduites par J.
Il y a des personnes qui regrettent aussi que la Révolution française soit sortie plus d’une fois des principes et qu’elle n’ait pas été faite par des hommes sages et modérés.
Je vous crois trop bon Français pour n’avoir pas été ravi de ce qui s’est passé. » (Ravi ne peut être là qu’ironiquement.
Seulement les personnages de Flaubert sont plus sanguins, et leur innombrable descendance, soit dans la branche italienne, soit dans la branche française, nous répète depuis trop longtemps les grimaces et les cabotinages de la névrose.
Ils ont abusé du bizarre, de l’abstrus, ils ont souvent parlé un jargon qui n’avait rien de français, ils ont épaissi des ténèbres factices sur des idées qui ne valaient pas toujours les honneurs du mystère.
Ils étaient Athéniens comme nous sommes Français, et nous sommes Européens comme ils étaient Grecs.
J’ose à peine citer Burke, parce que son nom ressemble, pour la thèse que je défends, à un nom de parti : cependant il n’est pas hors de propos de remarquer que cet illustre antagoniste de la révolution française puisait aussi ses arguments dans un système opposé à celui de la réformation.
Quand je signalais, l’un des premiers, l’apparition, parmi nous de Mme Henry Gréville, cette Française russifiée, j’avais bien prévu qu’elle ne s’arrêterait pas et qu’elle déborderait.
Au commencement du xixe siècle, une femme, il est vrai, certainement supérieure, par le but et la portée de ses travaux, à Mlle Clarisse Bader, — et supérieure aussi par la sagacité, quoique cette sagacité ait été bien trompée, — Mlle de La Lézardière eut l’ambition de continuer Montesquieu et publia la Théorie des lois politiques de la monarchie française.
Ainsi, quand nous examinerons le livre de Champagny, nous montrerons que, la chose romaine périssant, un esprit qui s’échappait d’elle passa du côté des Barbares qu’elle avait vaincus, si bien que sous les nombreuses transformations du temps, et malgré ce grand coup de foudre du Christianisme qui a rompu le monde en deux, jetant l’Antiquité par là et le monde moderne par ici, nous, Français, nous continuons en bien des points la chose romaine.
Le roi René, auquel n’ont manqué non plus ni la calomnie ni la caricature, n’a point l’importance majeure et absolue de l’homme qui a fait la monarchie française commencée par le doux saint Louis et achevée par le terrible Richelieu.
En cherchant sérieusement à créer une population agricole, au lieu de laisser presque au hasard et à la misère le soin de retenir dans les campagnes les enfants qu’il y a placés, l’État agrandira le domaine fécondé de la patrie, et pourra donner à la fois et des leçons et des exemples utiles à l’avenir du pays. » Et, plus loin, ajoute-t-il encore : « L’agglomération de grands territoires dans une seule main, par suite des substitutions aristocratiques, étant impossible avec nos mœurs françaises et un passé historique qui remonte aux propriétés morcelées de Tacite, il faut, de toute nécessité, chercher dans la généralisation d’un principe appliqué aujourd’hui dans les manufactures ce que le droit de primogéniture avait jusqu’ici réalisé.
Le peintre des Femmes d’Amérique est tout simplement un homme qui a lu Rousseau, qui traduit l’Émile dans un français… américain… qui, la main sur le cœur, l’honnête homme !
Italienne et Romaine, c’est-à-dire exclusivement faite pour l’amour et sans les vanités françaises, elle se contenta d’être une vraie femme d’abord, et ensuite une sainte femme, et à aucune époque de sa noble vie elle n’eut le souci ni le goût du célèbre salon bleu d’Artémise, dans lequel le grand Condé lui-même se rapetissait.
Auront-ils le courage contre le ridicule, ce grand courage qui n’est ni voltairien ni français, de vouloir défendre la moralité de Voltaire ?
— et qui n’est même, d’aucune manière, du mouton français !
Lamennais, le dialecticien Lamennais, sérieux de la gravité du prêtre d’abord, et ensuite du philosophe, est, sans contredit, puissant, éloquent, incisif dans ses œuvres ; mais dans le sens français et unique du mot, il faut bien le dire, il n’avait pas prouvé qu’il fût spirituel.
Cet amour des faits, dans une nation qui n’a jamais beaucoup rêvé, mais dont le beau front pensif savait méditer, même sous la tente, cet amour des faits a fait accepter à la France, comme un des siens, cet Allemand, — mais Allemand de Berlin, — qui ne rêvait pas et qui s’occupait d’empiler les faits comme un statisticien français du xixe siècle.
À elle seule, elle est, qu’on me passe le mot puisqu’il manque à la langue française !
En effet, il ne venait à Paris que dans quelque occasion solennelle, par exemple, pour prononcer un jour, à l’Académie française, le seul discours de réception que la postérité n’ait pas oublié… et il s’en retournait après, reprendre l’immense travail auquel il avait consacré sa vie.
Cet amour des faits, dans une nation qui n’a jamais beaucoup rêvé, mais dont le beau front pensif savait méditer, même sous la tente, cet amour des faits a fait accepter à la France, comme un des siens, cet Allemand, — mais Allemand de Berlin, — qui ne rêvait pas et qui s’occupait d’empiler les faits comme un statisticien français du dix-neuvième siècle, Le Kosmos, cette pyramide de faits, cette colonne Vendôme de grains de poussière superposés, lui a paru, tout inachevé qu’il est, beaucoup plus beau et surtout plus utile (la tocade du temps, l’utile !)
Il est même à penser que sans cette circonstance de vaincu, qui touche la chevalerie française, la Critique, trop spirituelle pour ne pas vouloir être populaire, aurait passé bien vite par-dessus le Saint Anselme, de M. de Rémusat, sujet philosophique et qui ne peut intéresser qu’un très petit nombre d’esprits.
Ces machines nerveuses — comme Napoléon disait des Français — aiment les orateurs comme elles aiment le son des trompettes, et, comme des machines et surtout quand elles sont nerveuses, elles aiment les orateurs indépendamment des idées qui tombent de leurs lèvres ou qui s’y allument.
qui, pendant la Révolution française, firent à Dieu, par l’organe de Robespierre, cette politesse de « la fête de l’Être suprême », et plus tard ce furent eux encore qui offrirent, sur l’autel idyllique de la Réveillère-Lépeaux, des fleurs au Dieu de la nature.
Caro pourrait bien arriver à temps pour enfin terminer un débat sans bout dont tout le monde est las, et dont il restera, je le crains, à l’esprit français, — cet esprit qui d’ordinaire traverse les questions comme une balle, — un immense appesantissement !
Il avait pris à Chénier, à ce Grec charmant et mélodieux, devenu, de Grec, tout à coup, Français, pathétique et méduséen, non seulement sa forme iambique, mais jusqu’à cette langue inouïe d’un cynisme ardent qui se purifie dans sa flamme ; et, le croira-t-on ?
C’est, de tempérament, un gai, que Saint-Maur, et c’est par là qu’il se sépare de son époque, qui est triste et où la comédie de bon sens et d’observation si française, présentement n’existe plus.
Ce grand linguiste, qui aimait la langue française comme on aime une personne, et qui, dans les moules vidés de Rabelais, de Montaigne, de Régnier, versait son jeune sang tout bouillant de génie et transfusait sa sève inspirée ; cet artiste désintéressé de tout, excepté de la Beauté possible, de la Beauté cherchée, après laquelle il courait, un flambeau dans la main, comme le Coureur antique, eut la douleur de voir sa perle roulée dans un oubli qui est la fange pour les œuvres de l’esprit humain, sous l’ignoble groin des pourceaux.
Il est beau, spirituel, riche, grandement né, étranger et bizarre, deux conditions de séduction essentielles pour les femmes françaises.
Certes, je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française.
Arthur de Gravillon aime la langue française à la fureur, et c’est comme cela qu’il faut l’aimer, et il lui fera de fiers enfants, s’il ne s’amuse pas à madrigaliser avec elle dans toutes ces préciosités que je lui ai reprochées et qu’il a, du reste, comme tous les amoureux qui commencent.
L’éloquence française se distingua surtout par les éloges et les panégyriques funèbres.
Les éloges de l’Académie française, tous composés par des mains différentes, portent chacun le caractère de leur auteur.
L’iliade d’Homere, que bien des gens connoissent plus de réputation que par elle-même, m’a paru mériter d’être mise en vers françois, pour amuser la curiosité de ceux qui ne sçavent pas la langue originale. […] Mais il devoit au moins entendre le françois. cela est emprunté presque mot pour mot de Mr Despréaux : l’injure avoit été inventée par un autre ; il n’auroit pas été mal d’en faire honneur à l’inventeur. […] On croit que je juge du grec, tandis que je ne juge que du françois de Me D. […] Telle pensée qu’ils entendent tous les jours en françois sans y prendre garde, les frappe, les enleve, s’ils viennent à la rencontrer dans un auteur grec. […] Ils peuvent avoir acquis en françois toutes les idées nécessaires pour perfectionner leur raison, et toutes les expériences propres à assurer leur goût.
Cette traduction, j’ai le projet de la faire entrer dans l’étude annoncée en un volume sur Hokousaï, mais, à mon âge, on n’est jamais sûr du lendemain, et je veux que cette étude biographique des Vasari japonais sur le grand artiste qui préoccupe si vivement le monde de l’art européen, — et qui n’a encore été ni imprimée, ni traduite en français, paraisse dans l’Écho de Paris pour la première fois. […] La poésie de la dernière heure, qu’il laissa en mourant, fut celle-ci, presque intraduisible en français : « Oh ! […] Et ce mépris, dont m’entretenait encore hier le peintre américain La Farge, à la suite des conversations qu’il avait eues autrefois au Japon avec les peintres idéalistes du pays, a continué jusqu’à ces derniers jours où, nous les Européens, mais les Français en première ligne9, nous avons révélé à la patrie d’Hokousaï le grand artiste qu’elle a perdu il y a un demi-siècle. […] Or, il se trouvait dans la province voisine un autre seigneur appelé « l’Eau de riz », habitant le château des Créanciers… Mais ici, le traducteur s’est arrêté, déclarant que le texte, se composant, d’un bout à l’autre, de jeux de mots et d’allusions seulement compréhensibles pour des Japonais, est intraduisible en français. […] Le petit-fils de Takitiro qui s’appelait Kasé Tchôjirô a été le camarade d’école de Hayashi, en l’étude de la langue française, dans la classe de M.
L’effroi de la solennelle harangue l’empêcha toujours d’être de l’Académie Française. […] Dans l’histoire de la langue et de la littérature française, La Rochefoucauld vient en date au premier rang après Pascal, et comme en plein Pascal142, qu’il devance même en tant que pur moraliste.
Il abhorre Paris ; rien ne pourra le changer. » Ou bien : « Valmore m’a avoué qu’il préférait toutes les chances désastreuses que nous éprouvons de faillite en faillite et de voyage en voyage, à rentrer jamais à la Comédie française qu’il abhorre. » Ou bien : « Valmore est tout à fait réveillé de ses beaux rêves d’artiste… Il veut nous emmener dans quelque cour étrangère ou essayer une direction théâtrale à Paris… » Ou encore : « Mon mari qui t’aime de toujours incline jusqu’à tes genoux toutes ses fiertés d’homme… » (Cela, c’est tout à fait l’accent « Delobelle », ou, mieux, le style « Delmar » : vous vous rappelez l’étonnant cabot-pontife de l’Éducation sentimentale ?) […] Il m’a donné son premier volume de la Révolution française », etc., etc… Mon Dieu !
Pendant trente ans Vigny fut le garde-malade patient et assidu de sa femme, massive, paralytique, demi-aveugle et qui, nous dit M. de Ratisbonne, « née en Angleterre, avait oublié l’anglais et n’avait jamais réussi à apprendre le français, ce qui rendait la conversation assez difficile » ; ne la quittant jamais, s’interdisant pour elle toute distraction, tout voyage, presque toute absence. […] Joignez un goût d’artiste, et de Français du pays de Loire (vera et mera Gallia), et peut-être d’historien pour les vieilles choses jolies et fanées — croyances et meubles, mœurs et bibelots, pensées et fanfreluches — de cet ancien régime où nos origines plongent, qui est à nous tous et par où nous sommes tous « nobles » (Sire).
Veut-il justifier son théâtre, ces développements, ces dialogues deviennent des « conversations trop longues », que les étrangers ont raison de reprocher au théâtre français. […] Telle est toutefois la difficulté de ce grand art et la séduction des beaux vers, ne fussent-ils que brillants, que l’œuvre des imitateurs de Voltaire doit être mentionnée avec honneur dans une histoire des lettres françaises.
Cette connaissance m’a procuré celle de tout le parti français et autrichien. […] Les Français ont donné à cette île le nom de Cythère, parce qu’elle semble consacrée à l’Amour.
— de ne pas traduire le nom en français. […] Mais aussi la punition de tout cela ne tarde pas à arriver ; je l’ai dit plus haut, c’est l’ennui, un ennui implacable, un ennui qui n’est pas français, un ennui allemand, l’ennui du second Faust de Gœthe, par exemple, auquel La Tentation de saint Antoine ressemble.
Le poète des Amoureuses a ôté aussi un conteur charmant dans son roman du Petit Chose, sous le nom duquel on a lu le vrai nom du Little Moore français. […] C’est le nabab français, sanguin, de belle humeur, insolent de bienveillance, facile, ouvert, répandu, répandant ; d’une duperie aimable et commode, mais pas bête pourtant, car il se sait dupe et il est le bon prince de sa duperie ; sceptique, corrompu, mais pas trop, pas assez pour n’avoir point, de temps en temps, une larme à l’œil et un bon sourire sur ses grosses lèvres ; repu d’or, indigéré de billets de banque, et n’ayant plus que l’ambition d’être député, dans cette société où c’est là le seul bâton de maréchal qui reste dans les pauvres gibernes de l’ambition.
La vérité de ces observations nous est confirmée par l’exemple de la nation française. […] Ce passage prématuré de la barbarie aux sciences les plus subtiles, a donné à la langue française une délicatesse supérieure à celle de toutes les langues vivantes ; c’est elle qui reproduit le mieux l’atticisme des Grecs.
Paul Boiteau, dans la Revue française du 10 février 1868, page 112.
Il a corrigé la monotonie qui s’ensuivrait bientôt, par de jolis sonnets où se mêle la pensée ou la fantaisie ; celui qui a pour titre Sous bois est un bijou, un petit cadre hollandais, ou tout simplement un cadre français moderne.
Il appartint comme élève à la première génération de l’École normale en 1811 ; il fit partie de ce qu’on pourrait appeler sans exagération l’avant-garde intellectuelle du jeune siècle : toutes les idées et les vues nouvelles qui flottaient depuis quelques années dans l’air et qui émanaient du mnonde de Mme de Staël, — qu’elle-même devait au commerce de l’Allemagne, — devinrent pour la première fois chez nous, dans cette haute École, des études précises et bien françaises.
Le poëte, par manque de ce tact que j’appellerai grec ou attique, et qui n’est pas moins français, ne recule jamais devant le choquant de l’expression, quand il doit en résulter quelque similitude matérielle plus rigoureuse qu’il pousse à outrance.
Le Comme il vous plaira de Shakspeare, cueilli au tronc de ce grand chêne, est devenu, aux mains de M. de Musset, la tige gracieuse et féconde de tout un petit genre de proverbes dramatiques, mêlés d’observation et de folie, de mélancolie et de sourire, d’imagination et d’humeur 74 ; nous avons eu par lui un aimable essaim de jeunes sœurs françaises de Rosalinde.
Corneille et Racine, pour nous autres Français, sont beaucoup trop voisins ; entre eux et nous il y a une lignée ininterrompue d’imitateurs qui nous empêche de les mesurer.
Le style, en sa mâle nudité, offre des singularités intéressantes, des expressions qui sentent leur propriété première, des locutions françaises, mais vieillies et toutes voisines du latin.
On sort de la lecture du dernier de ses ouvrages, comme des précédents, assuré qu’il est le plus maître écrivain de langue française.
Il est singulier que les deux classes qui se partagent aujourd’hui la société française se jettent réciproquement l’accusation de matérialisme.
Jean-Jacques, au hasard de ses courses vagabondes, arrive un soir, mourant de faim, chez un paysan français qui commence par lui dire qu’il n’a rien à lui donner ; puis, petit à petit, son hôte tire d’une cachette du pain, du jambon, du vin ; il avoue qu’il avait dissimulé tout cela par crainte des collecteurs d’impôts.
Les objections des spiritualistes, en Angleterre, sont à peu près celles de leurs coreligionnaires français.
Ce fut dans la session de 1844, et à l’occasion surtout de la loi sur l’instruction secondaire, que l’orateur prit, à la Chambre des pairs, la position élevée qu’il a gardée depuis, et qu’il se posa décidément comme le chef du parti catholique, le défenseur et un peu le conducteur du clergé et de l’épiscopat français tout entier.
Nous nous rappelons avoir entendu dire en pleine académie, à un académicien mort aujourd’hui, qu’on n’avait parlé français en France qu’au dix-septième siècle, et cela pendant douze années ; nous ne savons plus lesquelles.
» Il est évident que cet Apologue vaut mieux que celui du fabuliste français.
état actuel de l’école française. voyons maintenant quel est l’état actuel de notre école, et revenons un peu sur les peintres qui composent notre académie.
Un peintre françois de vingt ans, qui arrive à Rome pour étudier, ne voit pas d’abord dans les ouvrages de Raphaël un mérite digne de leur réputation.
Quoique nous n’aïons jamais fait prendre le masque à tous nos acteurs, comme les anciens, néanmoins il n’y a pas encore long-temps qu’on se servoit assez communément du masque sur le théatre françois dans la réprésentation des comédies.
Je ne suis pas obligé de parler français avec mes compatriotes, ni d’employer les monnaies légales ; mais il est impossible que je fasse autrement.
Aussitôt que, par Richelieu qui continue Louis XI, et par Louis XIV qui Continue Richelieu, l’unité politique est réalisée, — l’unité littéraire se fait, la centralisation littéraire (avec Paris, ou Versailles qui est alors le pseudonyme de Paris), la centralisation littéraire existe ; le seizième siècle, puis le dix-septième siècle, se lèvent, — la littérature française est née !
Et je ne vais pas sans doute en lisant jusqu’à scander comme j’ai entendu un acteur de la Comédie Française le faire : Passer des jours entiers | et des nuits à cheval, mais j’ai bien quelque tendance à en user ainsi.
Son génie consiste à avoir compris l’importance du fait… C’est en ce sens qu’il a été vraiment chef d’école… initiateur d’une analyse qui a renouvelé le roman français… Il a influencé tous les grands écrivains de son époque, Taine, Mérimée, Balzac, Flaubert, Bourget, Chuquet, Erekmann-Chatrian… Il a créé Tolstoï… Taine a appelé Stendhal le plus grand psychologue du siècle.
Comme ils le font tous, quand il le faut, ces admirables possesseurs d’eux-mêmes et de la lumière, il y tait ses contemplations intérieures, et la critique est d’autant plus à l’aise vis-à-vis de lui qu’il n’a voulu faire qu’un livre de voyage et d’histoire, et qu’il a traité le public français comme il avait traité le public chinois, quand il ne craignit pas de revêtir la magnificence orientale et quand ces humbles pieds, dont il est dit dans nos livres saints : « Qu’ils sont blancs et beaux, les pieds des envoyés du Seigneur !
Caro nous montre Saint-Martin, abrité contre la révolution française dans le désert intérieur de sa spiritualité, et, quand la tempête est passée, plus tard, en 1795, il suit avec un intérêt mêlé d’éloge le solitaire devenu homme public, répondant sur la question de l’enseignement, agitée alors officiellement par le Pouvoir, aux attaques cauteleuses de Garat, le rhétoricien de la sensation.
Monselet n’a pas évidemment voulu nous donner un pastiche, et cependant il nous a fait de la poésie-Gautier, comme la librairie belge fait de la contrefaçon française.
Manon Lescaut est tout simplement l’expression du matérialisme du xviiie siècle rejoignant et embrassant au bout d’un quart de siècle, le matérialisme du xixe , qui avale le livre et le trouve bon… Trop près de la Révolution française et venant d’un homme trop médiocre pour qu’on fît beaucoup d’attention à son roman, il fut publié quand le sang allait tout à l’heure passer par flots sur cette société, fondue en boue, et qui avait été les chiffons du xviiie siècle.
Je ne connais que dans ce roman de Delphine, — un des plus noblement passionnés de la littérature française, et, par cette raison, à peine lu, tant nos esprits se sont abaissés depuis quelque temps !
Il en a fait la fille d’un paysan dans l’aisance, qui lui a donné tout juste ce qu’il faut d’éducation à une fausse demoiselle pour mépriser son bonhomme de père, s’il a dans sa grosse main le calus du manche de la charrue ou du pied de frêne et s’il fait des fautes de français.
Mme Vauquer habitait le moins considérable, et l’autre appartenait à Mme Couture, veuve d’un commissaire ordonnateur de la République française. […] Les romanciers français n’ont pas une sphère bien arrêtée dans laquelle on puisse délimiter l’action de leur plume. […] Ainsi, à l’exception de l’abbé Prévost qui n’eut d’autre modèle que la nature, et de Chateaubriand, dans René, qui n’eut d’ivresse que celle du sentiment, presque tous les romanciers français suivirent servilement les mœurs de l’époque et n’écrivirent que pour un jour.
Dans un des derniers numéros, il publia une étude sur le roman français, dans laquelle il exprima ses opinions avec la franchise qui lui est habituelle. […] Zola, à l’usage de la Russie, dans lequel il prétend administrer le knout aux romanciers français, en exceptant toutefois les confrères de la librairie Charpentier. […] On croit qu’il veut ôter au style toute poésie et changer le français contre l’argot : il demande seulement que des personnages littéraires parlent comme parlent les personnages réels.
Singulier signe du temps, les hommes étaient plus changeants et plus parés qu’elles. « Telle est notre inconstance, dit Harrison, qu’aujourd’hui on n’aime rien que la mode espagnole, tandis que demain on ne trouve élégants et agréables que les colifichets français. […] Tantôt c’est la façon turque que généralement on préfère, tantôt ce sont les robes mauresques, les manches barbaresques et les culottes courtes françaises. […] Si vous voulez voir cette idée dans sa plus grande œuvre, c’est dans les arts qu’il faut la chercher, dans les arts du dessin tels qu’elle les fait et les porte par toute l’Europe, suscitant ou transformant les écoles nationales avec une telle originalité et une telle force, que tout art viable dérive d’elle, et que la population de figures vivantes dont elle a couvert nos murailles marque, comme l’architecture gothique ou la tragédie française, un moment unique de l’esprit humain. […] Les mœurs, à peine dégrossies, sont encore à demi féodales ; au camp, devant Landrecies, le commandant anglais écrit une lettre amicale au gouverneur français de Térouanne pour lui demander « s’il n’a pas quelques gentilshommes disposés à rompre une lance en faveur des dames », et promet d’envoyer six champions à leur rencontre. […] Comptez que dans toute passion extrême les lois ordinaires sont renversées, que notre logique française n’en est point juge, qu’on y rencontre des affectations, des enfances, des jeux d’esprit, des crudités, des folies, et que les violents états de la machine nerveuse sont comme un pays inconnu et extraordinaire ou le bon sens et le bon langage ne pourront jamais pénétrer.
Nous citerons parmi les imitations françaises celles de Rotrou et de Regnard. […] Quelques critiques doutent que Shakspeare ait connu la nouvelle même de Giraldi Cinthio, et supposent qu’il n’a eu entre les mains qu’une imitation française, publiée à Paris en 1584 par Gabriel Chappuys. […] Douce suppose que Shakspeare a emprunté le sujet de cette pièce à un roman français, et qu’il l’a placée en 1425 environ. […] Il existe en français un ancien roman sur le même sujet, intitulé le roi Apollyn de Thyr, par Robert Copland. […] Un recueil de nouvelles françaises, intitulé Roger-Bontemps en belle humeur, raconte la même aventure, mais à l’avantage du chrétien, et c’est le sultan Saladin qui est le juge.
On lit dans les notes du Mémorial de Gouverneur Morris (édition française) que, sous le coup du 10 août, M. […] Piguet, jeune pasteur vaudois, enthousiaste de la littérature et des écrivains français, avait fait le voyage de Paris vers 1810 ; il désirait passionnément connaître Bernardin de Saint-Pierre, et lui écrivit pour avoir une heure de lui.
Ronsard se crut un inventeur parce qu’il grécisait en français, — comme on disait alors, — et M. […] Certes, nous n’abaisserons ni la métaphysique, ni la logique, ni le sens commun, ni la langue française jusqu’à répondre à ces insanités ténébreuses.
IV Ce côté, c’est le côté du détail cru, du mot vulgaire, de cette langue de Paris qui quelquefois est un argot mêlé à la grande langue française, c’est enfin toute cette réalité d’en bas, qui, sous une autre plume moins distinguée et moins savante que celle des de Goncourt, lesquels ont gardé de l’idéal dans la pensée, tend à devenir chaque jour le plus affreux démocratisme littéraire. […] En fait de style, ils allaient jusqu’à tuer sous eux un cheval tous les jours, et je le leur ai reproché… Il ne faut pas monter en casse-cou la langue française.
« C’était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d’esprit, qui était en plein ce qu’un mauvais français appelle un sacre, mais qui ne se peut guère exprimer autrement. […] Il violenta le français à faire frémir ses contemporains, s’ils l’eussent lu ; et aujourd’hui encore il effarouche la moitié des lecteurs.
Le président Jeannin, repoussé sur le point essentiel de la négociation, qui était d’assurer la couronne à un prince français, ne se refusa point à entrer dans ce qui lui fut proposé au nom du roi d’Espagne ; il y opposa seulement les difficultés puisées dans la loi salique, les peines qu’on aurait à en triompher, sembla promettre qu’on s’y emploierait, et, sans trop presser l’avenir en cet endroit, il s’attacha en attendant à obtenir les secours d’argent et de troupes, indispensables à l’entretien de la Ligue et de son chef.
— Le style, non pas étranger, mais un peu vieux, en est encore plus gaulois que français : « Du reste, mon parti était pris, et je regardais mon renvoi ou non-renvoi d’un œil très-philosophique ; je ne me serais trouvée, dans telle situation qu’il aurait plu à la Providence de me placer, jamais sans ces ressources que l’esprit et le talent donnent à chacun selon ses facultés naturelles, et je me sentais le courage de monter ou descendre, sans que par là mon cœur et mon âme en ressentissent de l’élévation ou ostentation, ou, en sens contraire, ni rabaissement, ni humiliation.
Qu’elle est donc loin de nous et à jamais disparue cette école française sévère, cette Église gallicane prudente qui se défendait le plus possible de traiter la religion comme une mythologie !
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
que Vienne aux Français fit un présent funeste !
Ce Français de Berlin, qui visita en 1733 Paris et Londres, rencontra dans cette dernière ville Prévost, et avec son style plat il le peint sous des traits assez fidèles : « Je trouvai ce même jour, dit-il, M.
Profitant de sa situation excentrique en dehors de la capitale, il s’était fait un mode d’expression libre, franc, pittoresque, une langue moins encore genevoise de dialecte que véritablement composite ; comme l’auteur des Essais, il s’était dit : « C’est aux paroles à servir et à suivre, et que le gascon y arrive, si le françois n’y peut aller. » Cette veine lui est heureuse en mainte page de ses écrits, de ses voyages ; il renouvelle ou crée de bien jolis mots.
Frappé de tous les abus qu’on a faits de la parole depuis la révolution, l’on déclame contre l’éloquence ; l’on veut nous prémunir contre ce danger qui, certes, n’est pas encore imminent ; et comme si la nation française était condamnée à parcourir sans cesse tout le cercle des idées fausses, parce que des hommes ont soutenu violemment et souvent même grossièrement de très injustes causes, on ne veut plus que des esprits droits appellent les sentiments au secours des idées justes.
Bientôt après le règne de la terreur, on voyait la vanité renaître, les individus les plus obscurs se vantaient d’avoir été portés sur des listes de proscriptions : la plupart des Français qu’on rencontre, tantôt prétendent avoir joué le rôle le plus important, tantôt assurent que rien de ce qui s’est passé en France ne serait arrivé, si l’on avait cru le conseil que chacun d’eux a donné dans tels lieux, à telle heure, pour telle circonstance.
En revanche, les Français reprochent aux Anglais d’avoir décapité Charles Ier et « se glorifient d’avoir toujours gardé à leur propre roi un attachement inviolable, une fidélité, un respect que nul excès ou sévérité de sa part n’a pu ébranler ».
Je crois que, de tous les Français, c’est lui qui le plus véritablement l’a été.
Je sais bien que, comme l’a théologalement démontré Théodore de Banville, on ne saurait faire de vers français sans chevilles.
L’influence des femmes sur la marche et le développement de la littérature française s’est beaucoup moins exercée par les ouvrages qu’elles ont composés que par la conversation, par les salons, par les relations de société qu’elles ont eues avec les écrivains.
Il ne proteste même pas, du moins dans ce volume, contre l’éducation que recevaient encore la plupart des jeunes Françaises de son temps.
Jules Barbier ne craint pas de prêter à une certaine Phydile ces propos audacieusement « panachés » de latin et de français : Devine Ce qui me plaît, à moi, dans mes dix-huit peplum ?
» — En latin ou en français, pourvu que vous me le disiez.
Permettez-moi encore de comparer deux hommes, qui sont l’honneur de la Science française, qui nous ont été récemment enlevés, mais qui tous deux étaient depuis longtemps entrés dans l’immortalité.
., trad. française, t.
Petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, gentilhomme français, compagnon et familier de Henri IV, mais dénuée de toute fortune, son nom lui ouvrit les meilleures maisons : devenue veuve, sans parents, ce n’était pas assez de son nom pour s’y soutenir au rang que son nom lui marquait ; il fallait y être aimable.
Cazalès a traduites toutes les deux dans la langue catholique du monde, puisqu’il les a traduites en français.
Plus on sait l’histoire, mieux on doit l’avouer : les fortes mœurs françaises finissent avec le Moyen Âge.
Mais l’Académie Française, qui en est la fin, a donné à M.
Il y a présentement dans la littérature française quelque chose de plus facile que la « littérature facile ».
Bulletin de la Société française de philosophie, février 1905.
On me permettra seulement de trouver que la société française est bien laide dans le portrait qu’ils ont fait d’elle, et qu’elle est bien modeste pour s’en montrer satisfaite. […] La littérature française depuis trente ans n’a-t-elle été ni autre, ni pire qu’aux époques précédentes ? […] Ravivée à ces sources sublimes, fécondée par l’histoire et par l’étude plus intelligente des chefs-d’œuvre étrangers, la littérature française semble appelée à de nouvelles et brillantes destinées. […] Ô Français, qui vous faisiez appeler les Athéniens modernes, sont-ce là les spectacles qui font désormais vos délices ? […] L’esprit français qui excelle dans l’analyse, n’a pas hésité à reconnaître sa nature et à dire son vrai nom279.
Nos jeunes officiers savent peut-être moins bien que leurs pères les tirades des tragédies françaises, mais il n’en est aucun qui ne sache par cœur les cavatines de Rossini. […] Leur âme en est restée songeuse et un peu triste ; cela se voit à leur physionomie douce, modeste et résignée, fort différente de la physionomie tapageuse de l’ancien soldat français. […] Gentilshommes français, grands seigneurs anglais, cavaliers espagnols, sont tous soumis à cette époque d’une manière intermittente à la folie de don Quichotte. […] Une des choses qui ont perdu la littérature dramatique française, c’est la manie de vouloir peindre des caractères abstraits et tout d’une pièce. […] Vous ne savez pas combien de contes arabes et persans, combien de fables grecques, combien d’idylles allemandes et de romans français contient la vie de vos contemporains.
Ajoutez le vieil anticléricalisme français, la vieille irréligion nationale et le public se disant pêle-mêle de Tartuffe et d’Orgon : « Tous ces gens-là sont dévots » et les enveloppant dans une moquerie confuse et presque impartiale ; et il devient facile de comprendre pourquoi, si Don Juan a été froidement reçu, Tartuffe l’a été avec un grand applaudissement. […] Or cette interprétation est parfaitement rationnelle pour un homme et de la part d’un homme qui est antipatriote ; et je ne doute pas qu’elle ne soit celle que la plupart des professeurs français, actuellement, présentent à leurs élèves. […] Car, ici, c’est encore de Molière qu’il parle, puisque c’est à Molière qu’il pense et que son dernier reproche à Molière est d’avoir dirigé la comédie française sur une mauvaise voie. […] Au milieu de tous les cosmopolites qui l’entouraient dans ce siècle qui ne fut ni chrétien ni français, Rousseau était non seulement patriote, mais citoyen ; il l’était à sa manière, que je n’approuve pas toujours, mais il l’était profondément. Il s’intitulait citoyen de Genève, d’abord par sentiment aristocratique, à coup sûr, et pour rappeler qu’il appartenait à la classe aristocratique de Genève dont seuls les membres portaient ce titre ; mais aussi pour se distinguer des Français, qui eux étaient des sujets, et il faut observer le ton contempteur avec lequel il fait remarquer, dans une note du Contrat social, que les dictionnaires français ne savent même pas le sens du mot « citoyen ».
Ces petits récits, amusettes d’enfants, contiennent en abrégé la société du dix-septième siècle, la société française, la société humaine. […] Le chien romain est un grossier esclave, goinfre et vil, qui ne voit dans son métier que les profits de son ventre, trop heureux d’attraper « les morceaux que lui jettent les esclaves et les ragoûts dont personne ne veut. » Le chien français est plus délicat ; ses aubaines sont « des os de poulet et de pigeon, sans parler de mainte caresse. » Il ne décrit pas longuement sa servitude comme fait l’autre. […] Les canards indiens sont des amis obligeants, les canards français ne sont que des entrepreneurs de transports.
., dont on a voulu faire des branches distinctes de l’art, ne sont rien que des inventions du commerce bonnes tout au plus à fournir du papier aux usages domestiques ; quand je les vois prendre au sérieux, ma mansuétude naturelle tourne à l’aigre et je voudrais que les lecteurs français n’eussent qu’une seule tête… On pourrait peut-être alors en faire quelque chose et leur faire comprendre dans quel abîme ils sont plongés. […] Cet écrit n’a été tiré qu’à cent exemplaires, il est fait d’une façon toute allemande, méthodiquement et philosophiquement distribué, plein de phrases singulières et inusitées qui rendent étrange à mes yeux cet écrivain français. […] Enfin il discute vivement les questions de style : « Ce mot n’est pas français ; et moi je dis qu’il est français, car tu m’as compris : si vous ne voulez pas de mon expression, je ne veux pas de la vôtre. » Tout cela est encore très net, plus net que tout ce que les autres ont dit. […] Mais si ce travail avait par hasard pour but de restaurer la versification française, on se tromperait, elle va disparaître. […] Est-ce que la poésie française a produit un homme ?
Veut-on mesurer la distance du sommet de l’art à l’abjection du métier dans la statuaire française de nos jours, qu’on aille contempler la figure de Thésée par Phidias, celle de Moïse par Michel-Ange, celle du Génie de la Mort par Canova ; puis qu’on aille regarder, si on le peut, la statue du maréchal Ney sur l’avenue de l’Observatoire, ou la statue du Napoléon au tricorne sur la colonne de la place Vendôme : comparez et rougissez ! […] M. de Ronchaud, à son tour, vient de nous traduire en belle prose française cet architecte et ce sculpteur du Parthénon.
La révolution française est un geste de Dieu. […] La France a ses rechutes de matérialisme, et, à de certains instants, les idées qui obstruent ce cerveau sublime n’ont plus rien qui rappelle la grandeur française et sont de la dimension d’un Missouri ou d’une Caroline du Sud.
Ce petit livre, écrit originairement en allemand, et traduit en français, avec une rare connaissance des deux idiomes, par mon vieil ami M. […] On peut citer en outre chez les Anglais Milton, dans sa description d’Éden ; chez les Français, Rousseau, Buffon, Bernardin de Saint-Pierre ; enfin Chateaubriand, que M. de Humboldt appelle son ami.
Les premiers essais de composition littéraire, qu’on nous faisait écrire en grec, en latin, en français, ajoutèrent bientôt à ce plaisir passif le plaisir actif de produire nous-même, à l’applaudissement de nos maîtres et de nos émules, des pensées, des sentiments, des images, réminiscences plus ou moins heureuses des compositions antiques qu’on nous avait appris à admirer. […] Plus souvent c’était un petit Tacite latin, que M. de Vaudran portait habituellement dans sa veste, et qu’il lisait tantôt en français, tantôt en latin, à ses deux amis, en leur faisant remarquer avec éloquence le nerf, la justesse, la portée de l’idée jetée à travers l’histoire, pour faire de chaque événement une leçon.
Montluc, toutefois, sachant que le roi tenait fort à cette entreprise, et piqué par l’idée que tous les autres l’estimaient impraticable, résolut de la tenter : il suffisait, en général, qu’on dît devant lui qu’une chose était impossible pour qu’il se dît : « J’en fais mon affaire. » Impossible n’était pas pour lui un mot français, ou du moins un mot gascon.
Montluc ne se donne pas pour un historien, c’est un écrivain spécial de guerre ; il semble qu’il tienne à justifier ce mot de Henri IV lisant ses Commentaires, que c’est la Bible du soldat : « Je m’écris à moi-même, et veux instruire ceux qui viendront après moi : car n’être né que pour soi, c’est à dire en bon français être né une bête. » Il commence par établir une bonne police dans la ville ; il la divise en huit parties, dont chacune est sous la surveillance et les ordres d’un des huit magistrats nommés les « huit de la guerre » : dans chacune de ces sections, il fait faire un recensement exact des hommes jusqu’à soixante ans, des femmes jusqu’à cinquante, et des enfants depuis douze, afin qu’on voie quels sont ceux qui peuvent travailler aux choses de siège et à quoi ils sont propres ; dans le travail commun, les moindres ont leurs fonctions ; chaque art et métier, dans chaque quartier, nomme son capitaine, à qui tous ceux du même métier obéissent au premier ordre.
Qu’on leur apprenne à parler français, mais simplement.
Le roi eut curiosité de lui parler : le maréchal de Tessé l’amena ; le cuisinier parla au roi mauvais français ; le roi lui trouva de l’esprit et dit à Mme la Dauphine de le prendre pour danser.
Il est d’usage, à l’Académie française, que le directeur ou président en exercice, lorsqu’un membre meurt, préside également la séance et prononce le discours solennel le jour où ce membre est remplacé et où l’on reçoit son successeur : le mort, tout naturellement, y est fort célébré.
On connaît de reste le cercle critique du Globe vers 1827, le groupe tout poétique de la Muse française en 1824, le Cénacle en 1828.
Il est bon grec, bon latin ; son français est le plus pur, quelquefois élevé, quelquefois médiocre, et presque toujours rempli de nouveauté.
À plus forte raison des livres dont le sujet et la manière conviennent très-peu au xixe siècle français ne peuvent-ils faire sensation dans le public… « S’il me survient assez tôt des circonstances qui me mettent en état de vivre, je me féliciterai fort d’être resté étranger au commérage du monde ; de n’avoir point eu de rapport en général avec ceux pour qui vivre, c’est être en place ; de n’avoir vu que de loin les meneurs :de n’avoir pas ajouté à mes misères leurs vaines passions et de n’avoir pas mis la main à leur petit feu d’artifice… (Ici une lacune.)
N’est-il pas prouvé que l’idée de rester neuf années sous les drapeaux remplit d’allégresse tous les Français âgés de vingt et un ans ?
Mabilleau, dans le volume qu’il a consacré à Victor Hugo (Collection des grands écrivains français), a heureusement appliqué cette méthode.
Cette personne unique, et dont la mémoire vivra autant que la société française, a été peinte avec bien de la grâce par Gérard dans sa fraîcheur de jeunesse.
Ces réflexions, qui n’étoient rien moins qu’à la gloire de celui qui pouvoir passer pour être l’honneur du Parnasse françois, le blessèrent vivement.
Le philosophe qui étudie les idées des autres est trop enclin à les voir à travers les siennes : il se retrouve lui-même partout, il impose aux écrivains du passé les cadres artificiels de son propre système, comme a fait Hegel dans son Histoire de la philosophie, ouvrage éminent, mais d’un philosophe plus que d’un historien ; ou bien il les juge avec une sévérité excessive, leur demandant ce qui est de son temps et non du leur, exigeant des réponses à des questions qu’ils n’ont point connues, ce qui a été quelquefois le tort de l’école française.
Le français, l’italien, l’anglais, l’allemand sont aujourd’hui quatre langues presque essentielles à l’homme qui a joui d’une éducation libérale.
On sait que l’Académie française substitua, il y a près de quinze ans, ces sortes d’éloges à ses anciens sujets.
Le père Rapin louait au long Molière dans ses Réflexions sur la Poétique, et ne le chicanait que sur la négligence de ses dénoûments ; Bouhours lui fit une épitaphe en vers français agréables et judicieux. […] Ginguené a publié une brochure pour montrer Rabelais précurseur et instrument de la Révolution française ; c’était inutile à prouver sur Molière. […] Après 94, et jusqu’en 1800 et au-delà, il y eut un incomparable moment de triomphe pour Molière, et par les transports d’un public ramené au rire de la scène, et par l’esprit philosophique régnant alors et vivement satisfait, et par l’ensemble, la perfection des comédiens français chargés des rôles comiques, et l’excellence de Grandmesnil en particulier19.
Et je pense que de toutes celles que nous connaissons, il n’en est pas de plus française et où l’esprit traditionnel ait autant persisté, que dans cette délicieuse et haïssable famille dont Voltaire pourrait être l’ancêtre, et qui, par Stendhal et Renan, aurait, en Maurice Barrès, sa conclusion définitive. […] Les grands efforts scientifiques de Taine et d’Auguste Comte, les travaux des socialistes allemands et français avaient conquis les intelligences. […] Il n’y a pas, je pense, dans les lettres françaises d’aussi fondamentale antithèse que ces deux personnages littéraires.
S’il lui avait fallu parler devant cinq ou six personnes un peu solennellement, la force lui aurait manqué, et la harangue qui était d’usage pour l’Académie française l’en détourna. […] Un critique que nous aimons à citer a dit : « Il est très-remarquable de voir combien, sous Louis XIV, la langue française dans toute sa pureté, et telle que l’écrivaient Mmes de La Fayette, de Sévigné, M. de La Rochefoucauld, se composait d’un petit nombre de mots qui revenaient sans cesse avec une sorte de charme dans le discours ; et quelle était la généralité des expressions qu’en employait… On peut dire particulièrement du style de Mme de La Fayette qu’il est la pureté et la transparence même ; c’est le liquida vox d’Horace. » 119.
Il écrivit beaucoup de vers français et ébaucha une multitude de poëmes, tragédies, comédies, sans compter les chansons, madrigaux, charades, etc. […] L’état de mon esprit est singulier : il est comme un homme qui se noierait dans son crachat… Les idées de Dieu, d’Éternité, dominaient parmi celles qui flottaient dans mon imagination, et, après bien des pensées et des réflexions singulières dont le détail serait trop long, je me suis déterminé à te demander le Psautier français de La Harpe, qui doit être à la maison, broché, je crois, en papier vert, et un livre d’Heures à ton choix.
Empêtrées plutôt qu’habillées dans le style lourd du rédacteur byzantin, elles ont traversé les siècles sous cet informe vêtement, et n’ont trouvé leur Homère que dans un Français, dans un chrétien, dans La Fontaine ; il est vrai que pour les recevoir il s’est fait grec et païen. […] A la fin, ne pouvant plus garder le silence, elle voulut dire : « Que les envieux aient les yeux crevés, s’ils ne peuvent me regarder. » Comparez à ce léger mouvement de vanité, qui n’est au fond qu’une boutade d’impatience, la présomption soudaine et l’impertinence parfaite de la tortue française : Miracle !
L’empire est encore à Rome et ne saurait être ailleurs tant qu’il restera seulement le rocher du Capitole. » IX De tels sentiments n’enlevèrent cependant pas à Pétrarque la faveur du pape Clément VI, pontife aux mœurs relâchées, mais élégantes, qui appréciait le génie comme un Médicis français. […] Il fut remplacé par Innocent VI, né aussi à Limoges, mais qui portait sur le trône la rigidité d’un théologien au lieu de l’élégance d’esprit d’un gentilhomme français tel qu’était son prédécesseur, Clément VI.
Oui, dans Henriette Maréchal, le Monsieur en habit noir dit à Mme Maréchal, pour la détourner d’aller dans les corridors : « Il y a des gens qui disent des choses qui corrompraient un singe, et feraient défleurir un lis sur sa tige. » La grande valeur, la grande originalité de Diderot — et personne ne l’a remarqué — c’est d’avoir introduit dans la grave et ordonnée prose du livre, la vivacité, le brio, le sautillement, le désordre un peu fou, le tintamarre, la vie fiévreuse de la conversation : de la conversation des artistes, — avec lesquels, il est le premier écrivain français, qui ait vécu en relations tout à fait intimes. […] À quelques jours de là, Hetzel lui faisait dire de passer chez lui, et dans une entrevue féroce, lui déclarait qu’il n’avait aucun talent, n’en aurait jamais, que c’était écrit d’une manière exécrable, qu’il recommençait la Commune de Paris dans la langue française, qu’il était un détraqué de croire, qu’un mot valait plus qu’un autre, de croire qu’il y avait des épithètes supérieures… Et Huysmans me peignait l’anxiété que cette scène avait mise dans le cœur de sa mère, pleine de confiance dans le jugement de l’éditeur, en même temps, que la douloureuse méfiance qui lui était venue à lui, de son talent.
En tant que phénomène « sociologique », le succès de ces vers funambulesques, présentés comme une « philosophie » par ceux qui trouvent que Victor Hugo n’a pas d’idées, serait inquiétant pour l’avenir de notre pays, si les Français n’étaient aussi prompts à oublier ce qu’ils ont applaudi que les enfants à oublier la parade de la foire devant laquelle ils ont battu des mains. […] Cette hypothèse matérialiste n’a-t-elle point été prise, très froidement comme thème à vers français de la même manière que Richepin, quand il était à l’Ecole normale, exerçait son talent sur les matières à vers latins ?
Voici pour la tendance contraire : « Peindre des bourgeois modernes et français, me pue au nez étrangement (ib. […] Il lui appartient d’avoir introduit définitivement l’étude du réel et l’érudition dans la littérature, d’avoir écrit les plus beaux livres de prose qui soient en français ; il lui est dû encore d’avoir fait resplendir un certain idéal de beauté énergique et fière, d’avoir produit en la Tentation de saint Antoine le plus beau poème allégorique qui soit après le Faust.
Ce sont des épisodes surtout, épisodes vastes comme des poèmes, qui ont été traduits, depuis la conquête des Indes, par les érudits, en anglais, en allemand, et quelques-uns en français. […] Un savant traducteur français, M.
Et afin que ce que je dirai ici sur des hommes dont je suis un peu le collègue, comme membre de l’Académie française et de l’Institut, ne puisse étonner personne, je définirai ma situation en deux mots : Je suis critique, et, en avançant dans la vie, j’ai le malheur de sentir que je m’attache de plus en plus au vrai en lui-même et que je n’entre plus dans le jeu.
On a dit de La Fontaine qu’il était notre Homère, à nous autres Français qui avons perdu la bataille épique.
Mais, même dans ces besognes obligatoires que la nécessité lui imposait, une fois la plume à la main, que ce soit la grande compilation de l’Histoire générale des voyages qu’il entreprenne (1746) que ce soit un simple Manuel lexique ou Dictionnaire portatif des mots français obscurs et douteux (1750), un de ces vocabulaires comme Charles Nodier en fera plus tard par les mêmes motifs ; que ce soit le Journal étranger, ce répertoire varié de toutes les littératures modernes, dont il devienne le rédacteur en chef (1755) ; de quelque nature de travail qu’il demeure chargé, remarquez le tour noble et facile, l’air d’aisance et de développement qu’il donne à tout ; il y met je ne sais quoi de sa façon agréable et de cet esprit de liaison qui est en lui.
Poujoulat écrit dans toute la confiance et la sécurité des convictions françaises, qui ne soupçonnent pas assez la nature et la force des objections mises en avant par une science critique plus indépendante, plus étendue.
Savant déjà illustré dans la haute carrière, on le voit concourir en 1767 et en 1769 pour les Éloges de Charles V et de Molière, proposés par l’Académie française, et obtenir un accessit et une mention ; en 1768, il concourut pour l’Éloge de Pierre Corneille à l’Académie de Rouen et obtint également un accessit.
… » L’originalité de Maurice de Guérin n’était pas là ; elle était dans un sentiment de la nature, tel qu’aucun poète ou peintre français ne l’a rendu à ce degré, sentiment non pas tant des détails que de l’ensemble et de l’universalité sacrée, sentiment de l’origine des choses et du principe souverain de la vie.
Il nous doit là-dessus un beau chapitre de rhétorique française, un chapitre tout neuf et qu’aucun orateur politique n’a encore effleuré.
C’est le Virgile des Bucoliques autant qu’il est possible d’être Virgile en prose et en français.
Mais il est de ces fragments, de ces accidents heureux d’art et d’étude, qui, n’ayant rien à démêler avec les œuvres triomphales, n’en existent pas moins sous le soleil : — un rien, un rêve, une histoire de cœur et d’amour, une vue de nature, une promenade près de la mare où se baignent des canards et qu’illumine un rayon charmant, — et ce que je voyais l’autre jour encore à l’exposition du boulevard des Italiens, une vue de Blanchisserie hollandaise, par Ruisdaël, le Moulin d’Hobbema, ou un simple chemin de campagne regardé et rendu à une certaine heure du soir par un pauvre diable de paysagiste français nommé Michel, qui avait le sentiment et l’amour des choses simples.
Deux dessins en aquarelle représentant naïvement, l’un les blessés français de Montmirail rentrant à Paris, l’autre le défilé des troupes alliées sur les boulevards en 1814 ; — plus, ce très bon dessin à la plume de l’atelier du maître21.
Cette traduction d’un gaulois riant, avec tous ses défauts d’exactitude à peu près inévitables, eut pour effet de populariser, de nationaliser de bonne heure l’ouvrage en français, de le faire aimer et goûter, d’y infuser un degré de naïveté qui est plutôt dans le sens que dans les expressions de l’auteur grec.
On se lasse d’admirer ce qu’on a admiré, on change de veine ; on parlait pour, on parle contre ; on est homme, on est mobile, on est Français.
La Savoie, qui était alors la tête de l’Italie, et une tête française, se sentait opprimée et contrainte ; la jeunesse des écoles, à Chambéry, s’exalta et prit feu.
Hippeau, IV, 86 (23 juin 1773), représentation du Siège de Calais à la Comédie-Française : « Au moment où Mlle Vestris a prononcé ces vers : Le Français dans son prince aime à trouver un frère, Qui, né fils de l’État, en devienne le père.
Les Philosophes français du xixe siècle, par H.
C’est, dans Tartarin de Tarascon, la jolie esquisse — et combien vraie pour ceux qui ont vu les choses de l’Algérie française, de ce cocasse et fantastique mélange de l’Orient et de l’Occident…, « quelque chose comme une page de l’Ancien Testament racontée par le sergent La Ramée ou le brigadier Pitou » Au reste, le conteur n’a pas besoin de mêler aux continents pour obtenir d’amusantes ou tristes antithèses.
À en juger par les lettres que j’ai reçues, beaucoup de Français en France désirent que le Tartuffe de Molière ne soit pas double.
Avec la ruine de la littérature du sentiment, de la peinture de genre et de la musique langoureuse, avec le retour de l’intellectualité française à ce genre d’ouvrages insolents, dont parle Stendhal, qui forcent le lecteur à penser au lieu d’émouvoir simplement ses nerfs, avec l’avènement de l’artiste aux suprématies morales dans une époque où les hiérarchies se meurent, le spectre grimaçant de l’ancien bohème, outrageant la noblesse vivante de l’artiste, avec celui du névrosé, de l’égotiste et de l’arriviste va reculer définitivement au fond de la région des ombres.
Je me souviens d’avoir lu le récit de la séance où Napoléon Ier ouvrit, pour la première fois, les Chambres françaises : mémoire d’idées.
Le Franklin avait un habit de velours mordoré, des bas blancs, ses cheveux étalés, ses lunettes sur le nez, et un chapeau blanc sous le bras. » Ce fut après l’un des premiers actes décisifs de son entrevue avec les ministres français, ou de sa présentation à la Cour, que Franklin put dire : « Cet habit m’est désormais précieux ; car je le portais quand j’ai été grossièrement insulté par Wedderburn, et, sous ce même habit, j’ai pris ma revanche complète25. » La troisième circonstance où j’ai dit que Franklin revient en scène avec éclat pendant sa mission à Londres, ce fut le jour même où lord Chatham développa et soutint sa motion à la Chambre des lords, le 1er février 1775.
Cet homme connaît le réel ; certaines de ses observations, celle par exemple sur la façon dont les femmes boivent le vin, sont aussi précises et oiseuses que certaines constatations détaillées des réalistes français.
Kant avait cherché un milieu entre ce qu’il appelait le dogmatisme et le scepticisme, entre l’ancienne métaphysique, représentée surtout pour lui par le wolfisme, et la philosophie française et anglaise du xviiie siècle.
La belle chose en marbre ou en bronze qu’un Français avec son justaucorps à boutons, son épée et son chapeau !
Il serait mieux qu’il n’y eût aucune distinction d’étrangers et de régnicoles, et qu’un anglais pût venir à Paris étudier devant notre modèle, disputer la médaille, la gagner, entrer à la pension, et passer à notre école française de Rome.
Toutes les nations et les françois principalement, se lassent bientôt de chercher le sens des pensées d’un peintre qui l’enveloppe toujours.
La girouette française, sur son pivot fixe, la vanité, a tourné, et elle s’est retournée.
Ce qui domine, pour moi, dans ce livre, c’est l’esprit ; l’esprit étincelant, brillant, damasquiné ; l’esprit du dialogue, et du mot, et de la réplique ; l’esprit français dans toute sa gloire, qui ferait merveille à la scène, si on l’y parlait, — si Droz, par exemple, s’avisait un jour de faire du théâtre.
Zola s’est fait une idée du paysan français, et composé méthodiquement un dossier d’horreurs villageoises.
On disserte avec Mlle de Scudéri, on fait des portraits avec Mademoiselle, on apprend le pur français avec Vaugelas, et l’on se pique de bien parler et bien écrire.
Je dirai seulement quelques mots de notre alexandrin classique, qui reste jusqu’à nouvel ordre le vers typique et normal de la poésie française. […] Et notre vers français, tel que l’ont forgé nos grands poètes, est précisément construit de manière à nous la conserver toujours. […] Notre vers français actuel est fondé en principe sur la simple numération des syllabes. […] V. à ce sujet des remarques originales, exposées en une terminologie un peu étrange, dans la Phonologie esthétique de la langue française, par J. […] Voir à ce sujet d’excellentes analyses de Raoul de la Grasserie, Des principes esthétiques de la versification française, Maisonneuve, 1900.
[Étude sur Shakespeare] C’est Voltaire qui, le premier, a parlé en France du génie de Shakespeare, et bien qu’il le traitât de barbare, le public français trouva que Voltaire en avait trop dit. […] En Angleterre, le théâtre avait précédé la science ; la mythologie et l’antiquité trouvèrent une poésie et des croyances populaires en possession de charmer les esprits ; la connaissance des classiques, répandue fort tard et d’abord par les seules traductions françaises, s’introduisit comme une de ces modes étrangères par où quelques hommes peuvent se faire remarquer, mais qui ne s’enracinent que lorsqu’elles ont su s’accorder et se fondre avec le goût national. […] Par des causes qui se lient à toute l’histoire de notre civilisation, le peuple français a toujours pris à la moquerie un extrême plaisir. […] La contexture des pièces espagnoles, dont le goût commençait à s’introduire en Angleterre, fournissait à ces jeux de l’imagination des cadres nombreux et de séduisants modèles ; après les chroniques et les ballades, les recueils de nouvelles françaises ou italiennes étaient, avec les romans de chevalerie, la lecture favorite du public. […] La littérature anglaise prit alors un caractère que n’effaça point, en 1688, une révolution nouvelle ; et les idées françaises, mises en honneur par la gloire littéraire du xviie siècle, soutenues par celle du xviiie , conservèrent en Angleterre une influence de jeunesse qu’avait perdue la vieille gloire de Shakespeare.