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1878. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cette ville de Bayreuth, où est enterré Jean-Paulbe ressemble, au premier coup d’œil, à une des petites cités industrielles qui se trouvent au nord de l’Angleterre, sur cette langue de terre qui voisine l’Ecosse et qu’on appelle le border : de hautes cheminées d’usine, de la fumée dans le ciel et de la brume, pour tout horizon des bois sombres sur des collines basses.

1879. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale.

1880. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

. — Les Parnassiens Les Parnassiens d’aujourd’hui ne ressemblent pas tout à fait à ceux d’hier.

1881. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

multiplier les exemples de cette caresse à l’impossible, de cette création à plaisir de la difficulté, pour la vaincre, qui fait ressembler Hugo à un homme qui peindrait un tableau à cloche-pied ou au saltimbanque qui boit et mange la tête en bas et que je trouve en tant de pages de ce livre, où, quand l’héroïsme royaliste tarit ou s’interrompt, il n’y a plus que des complications insensées ou d’immenses ridiculités !

1882. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Saint-Simon connaît l’individu ; il le marque par ses traits spéciaux, par ses particularités, par ses différences ; son personnage n’est point le jaloux ou le brutal, c’est un certain jaloux ou un certain brutal ; il y a trois ou quatre mille coquins chez lui dont pas un ne ressemble à l’autre.

1883. (1896) Le livre des masques

On ne peut comparer un artiste qu’à lui-même, mais il y a profit et justice à noter des dissemblances : nous tâcherons de marquer, non en quoi les « nouveaux venus » se ressemblent, mais en quoi ils diffèrent, c’est-à-dire en quoi ils existent, car être existant, c’est être différent. […] couvert d’une gloire qui n’appartient qu’à Dieu, tu m’as en partie consolé, mais ma raison chancelante s’abîme devant tant de grandeur… Replie tes blanches ailes et ne regarde pas en haut avec des paupières inquiètes… » Le crapaud s’assit sur les cuisses de derrière (qui ressemblent tant à celles de l’homme) et, pendant que les limaces, les cloportes et les limaçons s’enfuyaient à la vue de leur ennemi mortel, prit la parole en ces termes : « Maldoror, écoute-moi.

1884. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

J’avais souvent parlé d’elle depuis ce moment-là et aussi pensé à elle, mais sous mes paroles et mes pensées de jeune homme ingrat, égoïste et cruel, il n’y avait jamais rien eu qui ressemblât à ma grand-mère, parce que dans ma légèreté, mon amour du plaisir, mon accoutumance à la voir malade, je ne contenais en moi, qu’à l’état virtuel, le souvenir de ce qu’elle avait été. […] Et ailleurs : Au tournant d’un chemin j’éprouvai tout à coup ce plaisir spécial qui ne ressemblait à aucun autre, à apercevoir les deux clochers de Martinville, sur lesquels donnait le soleil couchant et que le mouvement de notre voiture et les lacets du chemin avaient l’air de faire changer de place, puis celui de Vieuxvicq qui, séparé d’eux par une colline et une vallée, et situé sur un plateau plus élevé dans le lointain, semblait pourtant tout voisin d’eux. […] Quand je les voyais, quand je les entendais, je ne trouvais rien en elles qui ressemblât à mon amour et pût l’expliquer.

1885. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Nous ressemblons assez, à l’heure qu’il est, à un prodigue en état de ruine passagère, prodigue non plus jeune, mais vieilli et qui compte et recompte tristement ce qui lui reste de sa fortune gaspillée. […] Dans ce Mariage sans mariage 42, l’auteur nous avertit que le héros ressemble beaucoup à l’original sur lequel il a copié les brusqueries d’Anselme et ses extravagances. […] La France, pareille à Antée, n’a qu’à toucher son sol pour retrouver de nouvelles forces, ou plutôt elle ressemble à une convalescente à qui la source pure du pays natal rendrait enfin la santé ; — et cette source non tarie, c’est la source claire, limpide, savoureuse, où puisa Molière, c’est l’impérissable esprit français, qui avait fait de notre patrie le « soldat de Dieu », disait Shakespeare, et nous ajouterons avec Molière « le soldat de l’humanité ».

1886. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

De même, dans les monuments de l’homme, les matériaux se ressemblent par leurs propriétés physiques, et cependant l’arrangement différent peut réaliser des idées diverses et donner naissance à un palais ou à une chaumière. […] Cela ressemble bien en effet à une idée qui se développe, car dès ce moment tout est coordonné, tout est prévu non seulement pour l’évolution du nouvel être, mais pour son entretien fonctionnel durant sa vie entière, car la nutrition n’est que la génération continuée. […] Sous ce rapport, le sommeil naturel et le sommeil anesthésique du chloroforme se ressemblent ; dans les deux cas, le cerveau, plongé dans le repos ou l’inaction, présente la même pâleur et la même anémie relative.

1887. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Quand je revis ce que j’ai tant aimé, Peu s’en fallut que mon feu rallumé N’en fît le charme en mon ame renaître, Et que mon coeur autrefois son captif Ne ressemblât l’esclave fugitif, A qui le sort fit rencontrer son maître. […] On étoit déjà jaloux des François dans le reste de l’Europe, en cherchant à leur ressembler. […] Mais quand Hérodote rapporte les contes qu’il a entendus, son livre n’est plus qu’un roman qui ressemble aux fables millésiennes.

1888. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Je ne sais qui l’a dit le premier : règle générale, la plaisanterie d’une nation ressemble à son mets ou à sa boisson favorite.

1889. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Indolent et passionné, sensible et un peu sensuel, il se fût longtemps contenté de Parny sans doute, mais Lamartine, en venant, lui a enseigné une rêverie qui complète le charme et qui ressemble, par moments, à la tendresse.

1890. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Nous ne vous donnerons ici ni le récit de ces circonstances aussi fugitives que le temps, ni le texte de ces dépêches : cela ressemblerait aux dialogues des morts.

1891. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Le public des théâtres ressemblait à des passagers qui se seraient amusés de la représentation de scènes pastorales, tandis que la tempête grondait autour de leur vaisseau et le soulevait sur les flots.

1892. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

On a reconnu dans Alceste M. de Montausier, qui ressemble autant à Oronte : mais on y a reconnu aussi Molière ; et Boileau s’est nommé enfin comme l’original du critique des mauvais sonnets.

1893. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Bourdaloue est aussi grave, aussi sérieux, aussi chrétien que Bossuet : il ne lui ressemble pas du tout.

1894. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Qu’il s’agisse de s’habiller ou de vivre, Gautier a peur de ressembler à tout le monde : il arbore le gilet, ou la morale, qui peuvent étonner le bourgeois.

1895. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ce sont comme des gouttes de la sueur de sang qui a coulé de son corps, plus fatigué du doute que des macérations, dans cette laborieuse aspiration au repos de la foi, qui ressemble à la montée du Calvaire.

1896. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les sujets, les pensées, les tours, les mots, tout était contrôlé d’après cette règle, éprouvé à ce sens commun par lequel les hommes, si différents d’humeur et d’esprit, se ressemblent et se mettent d’accord.

1897. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Je le crois sans peine, et en cela il ressemblait à une quantité d’autres Allemands, savants en us ou en os, dont nos philosophes ne laissent pas de compulser et de citer sans cesse les gloses érudites.

1898. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

. — Soit, mais toutes ces manifestations d’activité ne se ressemblent que pour un spectateur lointain ou superficiel ; il est difficile d’admettre que le plaisir et la douleur, dès le début, se manifestent l’un comme l’autre par un même accroissement général d’activité.

1899. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Aussitôt que nous reconnaissons distinctement des états mentaux particuliers, ils deviennent pour nous des « objets » : ils ont une forme déterminée provenant des représentations déterminées qu’ils enveloppent et qui, elles-mêmes, se réduisent à des perceptions renouvelées : ils finissent donc par ressembler aux objets du monde extérieur, et nous les pensons comme quelque chose qui n’est plus notre moi ni l’action de notre moi.

1900. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Le temps n’est guère aux tentatives d’art pur, et le public républicain d’aujourd’hui me paraît ressembler bien fort au public impérial d’hier, au public contemporain de cette anecdote.

1901. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

[Le poème et drame de Sacountala] I Commençons cet entretien par l’analyse d’un petit drame philosophique et moral, jeté comme une arabesque sur les pages de ce vaste poème du Mahabarata, épisode qui ne dépasse pas les limites de quelques minutes d’attention, et qui ressemble plus à un apologue humain qu’à un chant épique.

1902. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

À chanceler sans équilibre et à balbutier sans parole pendant les premières années, qu’on appelle heureuses parce qu’elles sont celles où l’homme a le moins conscience de son être, et qu’elles ressemblent, en effet, le plus au néant ; à grandir pendant quelques autres années, et à recevoir, par transmission de ses parents, une certaine dose d’idées reçues, les unes sagesse, les autres sottises, dont se compose, pour l’homme, la pensée de sa tribu, ce qu’on appelle la civilisation, s’il est civilisé, ou la barbarie, s’il ne l’est pas : la différence n’est pas très sensible à qui contemple de très haut et des sommets de la vérité éternelle ces deux conditions de l’espèce humaine.

1903. (1914) Boulevard et coulisses

Il était, en général, rond et jovial, décoré de la Légion d’honneur ou d’un ordre qui y ressemblait de loin.

1904. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ses portraits, quoique très-brillans, se ressemblent presque tous ; l’auteur a puisé toutes ses couleurs dans l’antithèse ; il l’emploie par-tout ; & l’on pourroit en compter plus de mille.

1905. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Les plantes autochtones de la Nouvelle-Zélande ressemblent beaucoup plus à celles de l’Australie qu’à celles d’aucune autre région, ainsi du reste qu’on devait s’y attendre ; mais elles ont aussi des affinités évidentes avec celles de l’Amérique du Sud, qui, bien que venant immédiatement après l’Australie sous le rapport de la distance, est cependant si éloignée que ces affinités deviennent une anomalie.

1906. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Il est trop évident que jamais le physiologiste n’a rencontré sous un scalpel ou sa loupe quelque chose qui ressemble à un sentiment, à une idée, à une volition, dans sa dissection anatomique ou son étude micrographique des mouvements internes de l’organe cérébral.

1907. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Si Delphine ressemblait évidemment à Mme de Staël, à qui donc ressemblait, sinon l’imaginaire Léonce, du moins M. de Lebensei, Mme de Cerlèbe, Mathilde, Mme de Vernon ?

1908. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Sa colère ressemblait tout à fait à celle de l’Écriture : « Mettez-vous en colère et ne péchez pas. » C’était un tonnerre en vue du soleil de vérité et dans les sphères sereines, la colère de l’intelligence pure. […] Voir au tome III des Séances des Écoles normales (édit. de 1801), page 113 ; Saint-Martin y marque énergiquement combien personne ne ressemble moins au simple et mince Condillac que l’ample et fertile Bacon : « Quoiqu’il me laisse beaucoup de choses à désirer, il est néanmoins pour moi, non-seulement moins repoussant que Condillac, mais encore cent degrés au-dessus… Je suis bien sûr que j’aurais été entendu de lui, et j’ai lieu de croire que je ne l’aurais pas été de Condillac….

1909. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Je voudrais citer en entier le Pilori, dont la plainte ressemble à une lamentation biblique : Pendant longtemps, je fus clouée au pilori, Et des femmes, voyant mes souffrances, ont ri. […] Elle l’attend, le miracle d’amour inévitable, le grand remous de l’âme, et l’Inconnu qui viendra lui dire, très triste : « Qui êtes-vous et qui suis-je, cela n’est rien ; mais à cause du soir lilas, à cause de la volonté des choses du printemps, de mon désir et de votre corps qui rêve, venez avec moi. » Peut-être ce Gérôme Herel sera-t-il celui-là, représentatif de « l’essentiel » de la vie, c’est-à-dire : « l’instinct, la force et la vie, et tout ce qui crie, s’élance et tombe… » Elle accroche sa tristesse amoureuse au profil de ce jeune musicien « qui chante dans le soir, souriant vers Elle, dès romances attendries où les sons mêlés aux vers inventent des paysages et des bonheurs » ; qui chante « comme les enfants jettent des cris, d’une manière qui semble l’exalter et l’épuiser… violence dont il semblait qu’il allait mourir. » « Elle trouvait qu’il devait ressembler à Adolphe de Benjamin Constant, à Werther, à Manon. » Et, tandis qu’elle se torture d’un amour que le jeune musicien ne semble guère partager, la lecture d’un livre nouveau éloigne un instant sa pensée de lui, et voilà qu’elle rêve un Docteur Faust « jeune et mystérieux au crépuscule sur la petite place de sa ville ».

1910. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

La doctrine épicurienne chez Lucrèce ne ressemble-t-elle pas à une sorte de religion ? […] Taine avait été obligé de recourir à la même, à la faculté oratoire, pour expliquer deux personnages qui ne se ressemblent guère, Tite-Live et M. 

1911. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

L’inspiration ne ressemble pas à la dictée d’un maître d’école ; elle n’est pas transmission d’idées, de sentiments, d’images, de rimes. […] l’art, écrit-il, est un phénomène « collectif », l’établissement d’états de conscience communs chez un certain nombre d’« individus » qui se « ressemblent » ou se « succèdent » autour d’une œuvre. les arts dynamiques sont caractérisés parce que l’élément « temps » intervient dans le plan…etc : je suis bien au regret d’avoir dû tailler et couper à travers la magnifique dissertation de M. 

1912. (1881) Le naturalisme au théatre

Le corps des critiques dramatiques ne peut ressembler à un corps de troupe qui fait l’exercice. […] Mais le point sur lequel je veux surtout insister est que, désormais, les gens du monde devront avoir pour les simples écrivains quelque respect ; car, si j’ai vu parfois des écrivains ressembler à des princes dans un salon, je n’ai jamais vu un homme du monde qui ne se rendît parfaitement ridicule, en écrivant un roman ou une pièce de théâtre. […] Froll-Gherasz est une abstraction, il ressemble à un de ces personnages des anciennes tapisseries, qui ont une banderole dans la bouche, pour nous dire quels héros ils représentent.

1913. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Cette récurrence au Christianisme ressemble, un peu voulue, à la comédie d’officielle piété de Napoléon rouvrant les églises et prenant des mains d’un Pape la couronne impériale. […] Ils ressemblent tous un peu trop, pour mon gré, à des êtres humains qu’on aurait privés d’âme, de cœur et qui feraient de grands gestes drapés sans que ces gestes soient des signes de passions réelles. […] L’œuvre d’art, c’est le sens que Corot et Cazin dégagent du paysage, selon certaines communes lois du développement de la lumière, — lois qu’encore appliquent-ils avec une soumission libre et suivant les préférences de leurs tempéraments ; or, si Corot et Cazin « copient » le même paysage, ni les paysages de Corot et de Cazin ne se ressembleront entre eux, ni le paysage « copié » à l’aide de l’objectif photographique ne ressemblera — sinon vaguement — aux paysages de Corot et de Cazin. […] Cette façon de décerner au christianisme un brevet d’utilité sociale puis de s’en passer, en réalité, dans l’œuvre, ressemble au système d’arche sainte de Descartes.

1914. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

En quoi ils se ressemblent, en quoi ils diffèrent. […] « Une forme d’art définit, résume et commande toute l’intellectualité occidentale : la voûte… C’est là que l’Occident se reconnaît, c’est par elle qu’il débute ; elle est sa première requête ; le type qu’il en conçoit est si profondément conforme à son génie, que désormais toutes ses œuvres ressembleront à la voûte ; c’est au pays de la voûte que tout commence. » Ne nous faisons donc pas illusion sur les tendances de notre xviie  siècle. […] » L’Occident ressemble à une immense personne. […] Tous les travaux qui sortent des doigts vénitiens ressemblent un peu à des gageures ; l’existence même de la ville en est une. […] Je crois pouvoir affirmer qu’ils ne ressemblent en rien à ce qu’on publiait alors.

1915. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Cela ressemble à tous les incendies et à toutes les flammes, et n’a plus aucun caractère.

1916. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

La liaison si longue et si inviolable qu’eut Mme de La Fayette avec M. de La Rochefoucauld fait ressembler sa vie elle-même à un roman, à un roman sage (roman toutefois), plus hors de règle que la vie de Mme de Sévigné, qui n’aime que sa fille, moins calculé et concerté que celle de Mme de Maintenon, qui ne vise qu’au sacrement avec le roi.

1917. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Combien je désirerais leur ressembler !

1918. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Elle ressemble à ces grandes peintures de Jordaens, montagnes de corps entassés, de visages enluminés, où les chairs débordent hors de toute forme, où les couleurs exagérées s’entre-choquent, mais où toutes les figures sont vivantes et de belle humeur.

1919. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Cette époque ressemble beaucoup à celle où les orateurs athéniens du parti de Démosthène jetèrent, par leurs déclamations contre Alexandre de Macédoine, la Grèce et l’Asie dans les mains d’Alexandre.

1920. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Cela ressemble aux paysages du Poussin, où l’on voit des philosophes, en tuniques blanches, se promener autour des tombeaux dans les sites qui encadrent les temples de feuillages, d’ombres, de mer ou de ruisseaux.

1921. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Voilà sans doute pourquoi, dans Platon, la sagesse ressemble tant au sophisme !

1922. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

En approchant de la demeure de mon père, un de mes amis me montra sur la montagne des nuages qui ressemblaient à une grande figure d’homme qui disparaîtrait vers le soir, et il me sembla que le ciel m’offrait ainsi le symbole de la perte que je venais de faire.

1923. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Ceci revient à dire : plus on ressemble aux autres, plus on s’en distingue.

1924. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Elle ne ressemblait en rien à celle qu’on peut trouver de nos jours dans les chaires des Facultés protestantes ; elle ne recourait pas à l’étude des textes originaux ; elle ne songeait point à les interpréter en suivant leur genèse et leur histoire à travers les siècles.

1925. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Aussi, ressemble-t-il toujours, à un homme possédé par un démon intérieur : ce démon, vraiment, il l’avait en son âme, et de lui, plus que de tout autre, on peut dire — ce que Schopenhauer disait, en général, des musiciens : celui là parle la suprême sagesse, par un langage si profond et surnaturel, que son intelligence même n’en comprend pas la portée !

1926. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

En réalité, ce progrès musical extraordinaire ressemble au brusque réveil d’un rêve ; et nous éprouvons, aussitôt, le bienfaisant effet de ce réveil sur l’âme que le rêve avait, au dernier point, angoissée ; car jamais, auparavant, le musicien n’avait laissé vivre devant nous la torture du monde, si tristement infinie ; aussi fut-ce, en vérité, par un élan désespéré que le Maître, divinement pur et tout rempli de son enchantement, est entré dans ce nouveau monde de lumière, dont le sol lui a présenté aussitôt, superbement épanouie, cette mélodie longtemps cherchée, cette mélodie humaine, délicieusement douce, purement innocente.

1927. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Si Dante, pour nous faire concevoir les béatitudes des dernières sphères du paradis en même temps que leur beauté, compara les chœurs des âmes bienheureuses groupées et pressées en innombrables multitudes, aux feuilles d’une rose s’inclinant toutes vers le même centre, nous oserons peut-être dire, ne pouvant traduire que par une autre image l’impression laissée par ce chant qu’on croirait descendre des mystérieuses hauteurs de l’Empyrée, qu’elle ressemble à l’ascétique ivresse que produirait sans doute en nous la vue de ces fleurs mystiques des célestes séjours, qui sont tout âme, toute divinité, et répandent un frémissant bonheur autour d’elles.

1928. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

mais ici c’est un langage précis, étonnamment grammatical (c’est-à-dire étymologique et syntaxial), d’une condensation inouïe dans la littérature allemande et d’un tel affinement ; c’est un langage de hautaine littérature, resserré en le strictement nécessaire du discours, émondé des préfixes et des particules vaines, tout de sommets, essentiel, et qui ressemble aux parodies d’un M. 

1929. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Ribot assure qu’au fond Grévy doit être très content, qu’il détestait les d’Orléans, et que la dernière fois qu’il l’avait vu, il lui avait dit : « Les d’Orléans ressemblent à des gens qu’on a invités à dîner et qui font des choses pas convenables, qui se conduisent à table, comme des gens mal élevés. » Mardi 29 juin Dépêche de Daudet qui m’annonce la naissance d’une petite Edmée.

1930. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Avec des cadences de phrases pompeuses et bruyantes qui ressemblent aux triomphants paraphes de certaines signatures, usant tantôt d’une solennité prêcheuse, tantôt de la grande éloquence des bateleurs, tantôt encore de l’attendrissement contenu des petits traités religieux, recourant au comique de l’argot et au pathétique des mélodrames, l’auteur anglais s’attache constamment à développer le plus copieusement du monde les thèmes les plus minces, par considérations personnelles, par hypothèses, par associations d’idées, par amplifications, par n’importe quel moyen extrinsèque autre que la description et la considération même de l’objet dont il disserte.

1931. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Ils ne ressemblent en rien aux philosophes matérialistes du douzième siècle, ni aux philosophes terrestres de la perfectibilité indéfinie de l’homme sur ce globe.

1932. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.

1933. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Les regards y cherchaient avec respect le roi, qui ressemblait, par sa coiffure et son costume, à l’apparition posthume d’un autre âge ; le comte d’Artois, son frère, protecteur de l’abbé Delille, ce lauréat de l’exil ; le duc d’Angoulême, le duc de Berry, ses fils, et la fille de Louis XVI, cette princesse plus tragique par ses malheurs que la tragédie à laquelle elle venait assister.

1934. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Son vers ressemble au polype, vivant dans son tout et dans chacune de ses parties.

1935. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

« Elle ressemblait, — dit-il, — à l’ange de la métaphysique », apparemment un des anges du paradis en question !

1936. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

C’est une masse inerte, qui, par le pouvoir qu’elle tire du poids et du nombre, est l’horreur de l’imagination, mais dont l’absolue stupidité nous interdit tout ce qui ressemblerait à, une parcelle d’estime. […] Quand un succès (ce qui arrive souvent) est aussi éphémère que vif, il ressemble à ces légères pâtisseries soufflées qui montent, montent sur le feu, puis s’abattent soudain. […] Ils ressemblent tous plus ou moins à Rousseau, qui maudissait sa renommée et ne visait qu’à l’accroître et à la défendre, recherchait la solitude et voulait être connu de tout l’univers, affectait de mépriser les faveurs des grands et des femmes et dévorait son dépit de n’en être pas comblé. […] Il n’est pas prouvé que le derviche persan, Hadji-Ghulam-Riza, qui, passant à Paris il y a douze ans environ, notait ses impressions de voyage, ait calomnié la grande ville en décrivant ainsi l’ahurissement où son brouhaha et son charivari doivent jeter tous les étrangers de bon sens : « Cette vie ressemble à l’eau impétueuse d’une cascade qui se jette dans un gouffre sans jamais s’arrêter ; elle donne le vertige et trouble la tête… C’est le mouvement continuel ; ce sont des centaines de voitures qui filent, s’entrecroisent, se choquent ; c’est une foule compacte qui se précipite vers je ne sais quoi ; c’est le sifflement des machines, la fumée des cheminées, les cris des marchands, le son des clochettes, et que sais-je encore ? […] Renan, malin, savait fausser exprès le « carillon de ses phrases », afin de moins ressembler aux humbles qui ne se recommandent que de leur petite sonnerie régulière et n’oseraient, pour rien au monde, en déranger un peu le monotone tic-tac.

1937. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il y a comme une erreur dans sa constitution morale, comme un oubli ; il lui manque une muqueuse ; il ressemble à ces cataleptiques dans la chair desquels on enfonce des épingles, sans qu’ils les sentent. […] Il fume, par bouffées égales, une pipe qui lui ressemble. […] Le baron de Batz, qui connaissait son époque, laquelle ressemblait trop à la nôtre, trouva moyen d’échapper aux poursuites, à la guillotine, rien que par l’intervention des fameux « arguments irrésistibles ».

1938. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Mais, cela dit, il ne reste pas moins incontestable qu’il faut tôt ou tard, dans ce vaste arriéré humain qui s’amoncelle, en venir à des lois, à des règlements du passé, à des conceptions sommaires, fussent-elles un peu artificielles, à des méthodes qui ressemblent à ces machines qui abrègent et résument un travail de plus en plus interminable et infini.

1939. (1929) Dialogues critiques

Paul Je le crois en ce sens que nos rêves sont faits de la même étoffe que nous-mêmes, L’œuvre ressemble forcément à l’imagination et à l’intelligence de l’écrivain sinon à la réalité de sa vie.

1940. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — En ce cas, elle ressemble de plus en plus à la sensation. — Cas où la sensation est récente. — Cas où la sensation est prochainement attendue. — Exemples pour les images qui correspondent à des sensations de la vue, de l’ouïe, du goût, du toucher. — Effets égaux et semblables de l’image et de la sensation correspondante. — En ce cas, l’image est prise, au moins pendant un instant, pour la sensation correspondante.

1941. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Je ressemblais au marin qui ne peut pas faire route par le vent du jour, et qui est obligé d’attendre, avec la plus grande patience, des semaines et des mois jusqu’à ce que le vent favorable, qui soufflait il y a des années, souffle de nouveau.

1942. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Il ressemblera au voyageur qui porte sur ses épaules ses provisions de route, et qui s’en décharge en s’en nourrissant.

1943. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Elle les vouait à une perte sûre, puisque leur pays découvert ressemblait à l’espace qui sépare deux armées aux prises.

1944. (1909) De la poésie scientifique

» Et qui se ressemblent tous, pourrait-il dire pour aggraver cette exaltation nationale, mais mal à propos, car si l’Étranger, partout, étudie, traduit, commente les Poètes Français et subit leur action  ce sont ceux d’hier.

1945. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Je rencontre un garçon de ma famille qui a coupé ses dettes à temps, qui s’est rangé, qui a pris racine dans la vie provinciale, qui s’est fait à son cercle de sous-préfecture, aux jours qui se suivent et se ressemblent, à l’hiver à la campagne.

1946. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — Les objets d’art aujourd’hui ressemblent aux souliers et aux paquets de chandelle du Directoire.

1947. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

C’est ainsi qu’il avait acheté à Munich, trois petits chapeaux en drap vert, et dont il avait fait cadeau d’un à Bataille, à Bataille, dit-il, qui me ressemblait en charge.

1948. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Dante Gabriel Bossetti, par exemple, nous peindra ainsi la reine Blanchelys : Ses yeux ressemblaient à l’intérieur de la vague ; Il ne pesait pas plus qu’un roseau, Son doux corps, délicatement mince ; Et semblable au bruissement de l’eau, Sa voix plaintive322.

1949. (1894) Textes critiques

Combien je trouve plus exacte la réflexion d’un des figurants polonais, qui jugea ainsi la pièce : « Ça ressemble tout à fait à du Musset, parce que ça change souvent de décors. »‌ Il aurait été aisé de mettre Ubu au goût du public parisien avec les légères modifications suivantes : le mot initial aurait été Zut (ou Zutre), le balai qu’ou ne peut pas dire un coucher de petite femme, les uniformes de l’armée, du premier Empire ; Ubu aurait donné l’accolade au tsar et l’on aurait cocufié diverses personnes ; mais ç’aurait été plus sale.‌

1950. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Cela est juste : le mensonge et la servitude aiment ce qui leur ressemble.

1951. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Il ressemblait, par la physionomie, par l’âme, par la sérénité du regard, par le timbre même monotone, affectueux et voilé de sa voix, à un brahme chrétien venu des Indes en Europe pour y prêcher l’Évangile de la science calme de la contemplation mystique et de l’adoration extatique à notre monde de discorde et de contention.

1952. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Et l’une par l’autre paraissait se réfléchir comme Iris dans une autre Iris, et le troisième ressemblait à un feu qui rayonne également d’ici et de là !

1953. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

. — Le roman lyrique C’est de tous les genres le plus mal défini… Jocelyn, les chansons de Bilitis, et le Visage Émerveillé sont des romans lyriques qui ne se ressemblent guère.

1954. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Celui de l’envie taille au dedans du profil, une image qui ne ressemble à rien.

1955. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Pour que l’espace naisse de leur coexistence, il faut un acte de l’esprit qui les embrasse toutes à la fois et les juxtapose ; cet acte sui generis ressemble assez à ce que Kant appelait une forme a priori de la sensibilité.

1956. (1902) La poésie nouvelle

Ils se ressemblent par un même désir d’individualisme. […] Ils sont extrêmement différents entre eux : Gustave Kahn et Verhaeren, Vielé-Griffin et Francis Jammes, Moréas et Henri de Régnier ne se ressemblent guère. […] Ils ne ressemblent pas à des allégories.

1957. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Boileau les rétablit de cette manière : Quand sur une personne on prétend se régler, C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler. […] Tellement qu’ils se séparèrent les meilleurs amis du monde, et que ce fut une nouvelle scène pour la cour, meilleure encore que celles qui y avaient donné lieu. » Malgré tout ce qu’il y a d’évidemment faux dans ce récit et le soin manifeste qu’a pris l’anonyme, pour le rendre plus dramatique, de faire jouer à Molière un rôle inconciliable avec la noblesse de son caractère, il fournit du moins la preuve certaine que le parterre ne s’était pas trompé dans son application, et que l’original, loin d’être fâché qu’on l’eût fait poser, craignait encore de ne pas assez ressembler à son portrait. […] « Les maximes de Philinte, dit-il, ressemblent beaucoup à celles des fripons. » Fabre d’Églantine a pris ces déclamations pour point de départ. […] Il parle passablement français ; il traduit assez bien l’italien et ne copie pas mal les auteurs ; car il ne se pique pas d’avoir le don de l’invention, ni le génie de la poésie, et ses amis avouent librement que ses pièces sont des jeux de théâtre où le comédien a plus de part que le poète, et dont la beauté consiste presque toute dans l’action ; ce qui fait rire en sa bouche fait souvent pitié sur le papier ; et l’on peut dire que ses comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles qui, ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes… Toutefois, on ne peut dénier que Molière n’ait bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises pièces.

1958. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

J’ai connu pourtant deux frères jumeaux qui se ressemblaient à tel point que leurs parents eux-mêmes n’arrivaient pas à les distinguer. […] Mais lorsqu’elles en donnent, ils ne ressemblent à nul autre.

1959. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

les bourgeois ont toujours une certaine faiblesse, ou tout au moins une telle curiosité, — comme on en a toujours pour ce qui ne vous ressemble point — qu’elle n’est pas loin de ressembler au moins à de l’intérêt. […] Filiation, tout idéale du reste et au hasard des ressemblances : Émile de Girardin ressemblait à Napoléon Ier, de visage, et Terrail-Mermeix, un instant célèbre vers 1880, ressemblait et prodigieusement, j’ai pu comparer, à Émile de Girardin. […] Mais Judith ne ressemble pas aux autres femmes.

1960. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Par la fluidité, l’ironie et la compréhension, ils se ressemblèrent au début, étant l’un et l’autre de filiation renanienne. […] Ce troupeau, qui se croit une sélection, parce qu’il se compare à la foule, et maître de ses préférences, alors que celles-ci lui sont imposées par ses journaux, va naturellement à ce qui lui ressemble, c’est-à-dire au superficiel, à l’affecté et à l’outrecuidant. […] Il ressemble à ces albatros de la pièce fameuse : « Lorsque pour s’amuser, les hommes d’équipage… » Le malaise extraordinaire, qu’il traîna toute sa vie, tenait à la discordance entre ses aspirations et son époque. […] Mais, sympathiques ou antipathiques, elle ne m’ont jamais inspiré un sentiment qui ressemblât, de près ou de loin, à du respect.

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