Si tôt que l’équilibre moral est rompu, voici, par excès d’impulsion, ou par faiblesse de certains centres d’inhibition, parabolition d’un certain ordre de représentations, voici la folie pure et simple, ou plus dangereuse pour celui qu’elle possède, la folie par accès avec ses formes les plus incompréhensibles pour l’homme normal, la folie homicide, la tendance irrésistible au suicide, la kleptomanie, le vampirisme, le mysticisme, le jeu, l’avarice. […] Plus tard avec Kant, cette science soupçonneuse devient la science pure de la connaissance. […] Or si l’on peut soutenir que de telles études n’ont actuellement pour quelques cerveaux d’autre intérêt qu’elles-mêmes et la curiosité pure qu’elles suscitent, on ne saurait oublier non plus que les applications auxquelles elles aboutissent dans le domaine de la médecine ou dans celui de l’industrie contribuent encore pour une forte part à leur progrès, en intéressant la foule, par l’espoir d’un profit, à des travaux dont elle eût détourné son attention.
Nous soutenons et nous allons démontrer que les positions respectives de la parole intérieure et de la pensée dans le temps, bien loin d’être déterminées par une loi unique, varient, d’une part selon le degré de l’effort personnel déployé par l’intelligence, et, d’autre part, suivant que cet effort est un effort d’invention pure ou un effort d’assimilation. […] Et, à mesure qu’avec l’âge les souvenirs de nos inventions s’accumulent en nous plus nombreux, nos idées nouvelles sont moins nouvelles ; à tâche égale, un moindre effort suffit et pour innover et pour exprimer nos découvertes ; l’intervalle diminue donc pour les idées nouvelles comme pour les idées que nous répétons ; on dirait, — pure illusion, — que nous nous habituons peu à peu à ne pas suivre nos habitudes, comme si le contraire de l’habitude était soumis lui-même à la loi de l’habitude. […] Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Croit-on d’ailleurs, quand on met ainsi sans pitié un écrivain latin ou grec à contribution, que tout soit également correct, également pur, également élégant dans les meilleurs auteurs anciens ? […] vous devriez mourir de pure honte d’être battus de l’oiseau pour le petit malheur qui vous est arrivé. […] Voilà pourtant du Térence français tout pur ; et ce qu’il faut bien remarquer, la plupart de ces phrases sont prises du Misanthrope, c’est-à-dire de celle de ses pièces qui est dans le style le plus noble.
Et c’est ainsi qu’à cette heure on peut voir sur le parti socialiste des fissures qui dessinent quatre compartiments : Droite hervéiste, avec Hervé ; Droite gouvernementale, avec Sembat et Thomas ; Gauche marxiste pure, avec Longuet ; Gauche de Kienthal. […] C’était une conscience pure et dure. […] Un esprit comme Thierry, quand il se trouve au bout d’une lignée pareille, arrive à en faire la théorie ; c’est la réflexion de l’activité la plus pure de la classe ouvrière.
Après Sophocle, et au-dessous de lui, la lyre d’Euripide vint tour à tour se mêler au drame par la passion, et reposer un peu les âmes par le charme pur de la mélodie poétique. […] Et quel hymne dépassa jamais cette invocation d’Hippolyte à Diane, dans le Chœur joyeux et pur par où commence avec tant de grâces la tragédie sanglante de Phèdre ? […] comment n’avez-vous pas renouvelé, dans votre admirable langage, ce qui se devine à peine ici du charme si pur de l’original ?
Son enfance pure fut suivie d’une adolescence pieuse et d’une jeunesse déjà à l’avance consacrée. […] Bossuet aimait mieux prêcher la parole de Dieu toute simple et toute nue que de prononcer des oraisons funèbres : « Il n’aimait pas naturellement, a dit Le Dieu, ce dernier travail qui est peu utile, quoiqu’il y répandît beaucoup d’édification. » Sentant donc que ce déploiement et cet appareil d’éloquence solennelle le fatiguait en pure perte et ne tournait guère qu’en réputation et en gloire, il aurait cru faire tort à son troupeau que de s’y prêter plus longtemps, et, après ce dernier devoir de reconnaissance payé à la mémoire d’un prince dont l’amitié l’y obligeait, il déclara publiquement de ce côté sa carrière close, réservant désormais toute sa source vive pour des usages comme domestiques et familiers.
Quand on écrit pour de purs savants et si près du Rhin, on ne se gêne guère, on emploie leur langage, leur phraséologie, les termes en usage dans les controverses engagées. […] Ce style n’est point inférieur en ressources à celui de Chateaubriand, et il tend moins au pur effet littéraire.
C’est toute une suite d’assertions contestables, d’affirmations sublimes qui ne soutiendraient pas plus l’épreuve du raisonnement que le contrôle des faits et de l’histoire, et qui relèvent uniquement de la révélation pure. […] Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.
C’est curieux, c’est docte ; mais on peut affirmer aussi que c’est bien se consumer en pure perte. […] Mais non, ce n’est nullement un pur effet de l’illusion et de la perspective : les Anciens avaient bien, je le crois, grandeur réelle et supériorité absolue, au moins quelques-uns, les bons, les meilleurs, comme ils disaient, ceux-là auxquels les autres obéissaient et servaient.
En se déclarant contre le mauvais goût du temps par ses épigrammes et par ses œuvres, Le Brun ne sut pas assez en rester pur lui-même. […] Vanvres que chérit Galatée Sait du lait d’Io, d’Amalthée Épaissir les flots écumeux ; Et Sèvres, d’une pure argile, Compose l’albâtre fragile Où Moka nous verse ses feux.
Si l’étude réfléchie s’y mêla un peu plus peut-être, s’il surveilla un peu plus du coin de l’œil ce qui avait d’abord ressemblé à de pures distractions, on ne s’en aperçut pas auprès de lui : il demeura l’homme du foyer, de l’institution domestique, le maître et l’ami de ses élèves. […] Si l’auteur a voulu montrer dans ce ministre (et il l’a voulu en effet) combien avec un esprit juste, avec un cœur pur et droit, exercé par la pratique chrétienne, guidé par les inspirations de l’Écriture, et muni d’une vigilance et d’une observation continuelles, on peut se trouver en fin de compte plus avisé que les malicieux, plus habile que les habiles, et véritablement un maître prudent et consommé dans les traverses les plus délicates de la vie comme dans les choses du cœur, il a complètement réussi.
Le son pur de la vérité qui fait éprouver à l’âme un sentiment si doux et si exalté, ces expressions justes et nobles d’un cœur content de lui, d’un esprit de bonne foi, d’un caractère sans reproches, on ne savait à quels hommes, à quelles opinions les adresser, sous quelle voûte les faire entendre ; et la fierté, naturelle à la franchise, portait au silence bien plutôt qu’à d’inutiles efforts. […] Les pensées philosophiques vous placent naturellement à cette élévation où l’expression de la vérité devient si facile, où l’image, où la parole énergique qui peut la peindre se présentent aisément à l’esprit animé du feu le plus pur.
C’est l’amour des sens à ses divers degrés, de la simple débauche à la pure folie passionnelle. […] Et l’une de ses grandes joies a été d’apprendre, par des expériences de Bouchardat, que, contrairement au préjugé de l’Église et du moyen âge, le sang féminin dont les mouvements composent ce rythme harmonieux est un sang parfaitement pur.
On peut même prétendre que Verlaine est le seul Français ayant dans ses vers cette intimité profonde et émouvante que l’Allemand considère comme le signe particulier du lyrisme, comme elle se retrouve, par exemple, dans les chansons populaires ou les poésies lyriques de pur sentiment de Goethe. […] Colombine y rit et les échos simples et purs vibrent quand elle gouaille.
L’isolement absolu de l’artiste, le pur monologue poétique, l’attitude du musicien qui joue du violon pour les araignées est un simple paradoxe esthétique. […] En effet, pour l’adepte de l’art pour l’art, pour l’esthète pur, le but de l’art ne peut être que la représentation de la beauté.
Essai sur Adolphe Si Benjamin Constant n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de la France, si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus diserts et les plus purs de notre langue ; s’il n’avait pas su donner à l’érudition allemande une forme élégante et populaire, s’il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr : car il a écrit Adolphe. […] S’il aimait une autre femme, s’il s’était laissé prendre à une affection passagère, je concevrais le pardon ; ce serait générosité pure, et la reconnaissance pourrait assurer la fidélité à venir.
La circulation et la respiration avec les sensations de faim, soif, suffocation qui s’y rattachent, le plaisir de respirer un air pur, le malaise produit par une atmosphère confinée influe beaucoup sur notre état. […] La pure spontanéité s’arrête donc en deçà de ce qu’il faudrait faire pour notre propre conservation.
J’approuve donc l’ingénieux psychologue qui, dans son livre récent sur la Phrénologie spiritualiste, soutient que la doctrine de Gall peut se concilier avec le plus pur spiritualisme. […] Broca : « Je ne puis admettre, dit-il, que la complication des hémisphères cérébraux soit un simple jeu de la nature, que la scissure de Sylvius ait été faite uniquement pour donner passage à une artère, que la fixité du sillon de Rolando soit un pur effet du hasard, et que les lobes occipitaux aient été séparés des lobes temporaux et pariétaires à cette seule fin d’embarrasser les anatomistes.
Chapitre II : Partie critique du spiritualisme On voit par ces développements comment Maine de Biran a pu dire que l’âme, considérée dans son absolu, c’est-à-dire dans son essence intime, est un x, une inconnue, un noumène, tout en soutenant que l’intuition du sujet par lui-même va au-delà du pur phénomène et atteint la force active et continue qui constitue le moi. […] Le rite par excellence, c’est la communion, l’eucharistie ; c’est le symbole le plus pur de l’intériorité divine mêlée à l’intériorité de l’esprit.
Telle est du moins cette espèce de panthéisme, que l’on peut appeler idéaliste, où Dieu se réduit à l’idée de l’être universel, c’est-à-dire à une pure abstraction. […] L’homme demande à la religion autre chose que des jouissances nobles et pures : il lui demande la lumière en même temps que la sympathie.
Cet homme, heureux dès sa jeunesse, qui n’eut jamais, comme les bohèmes de son temps — qui fut le temps de la Bohème — de déchirure à son coude, n’eut pas non plus pour s’en venger le luxe momentané de Balzac, aux boutons d’or pur, chez la princesse de Belgiojoso… Il ne se sentait aucun goût pour ces somptuosités d’artiste, — quoique pourtant il en fût un ! […] Chose étonnante, ce joufflu Gaulois, aux joues roses, avait un profil grec très pur ; et c’est pour cela probablement que ses compagnons du collège l’appelaient « Niobé ».
Par le calme, par la bonne humeur dans les difficultés et dans la lutte, par l’habileté infatigable et toujours lucide, par la patience qui boit l’outrage comme un vin pur et sourit tranquillement après, ne donnant pas à ses ennemis le spectacle infime d’un dégoût ou d’une colère, par son intelligence de l’état de la France, par la magnificence de son goût pour les arts, Mazarin — presque un Médicis ! […] Renée, qui cite souvent madame de Sévigné, se fie-t-il à l’enchantement de cette belle diseuse (comme il l’appelle) pour voiler gracieusement un fond de choses qui n’a rien d’élevé et de pur ?
N’empêche que d’un côté il y a de l’imaginé, du pur possible, tandis que de l’autre côté c’est du perçu et du réel. […] Il cédera nécessairement, le tracé rigide en lignes de pur espace étant censé n’être que l’enregistrement de l’effet global produit par les diverses modifications de la figure souple, c’est-à-dire des lignes de lumière.
Quelques sentiments généreux et purs, quelques nobles élans du cœur, entraient-ils dans cette verve de haine ou cette ivresse de plaisirs ? […] L’affinité de leurs âmes était merveilleuse ; tous deux purs, de mœurs délicates, et divers dans leurs travaux, selon la loi de la nature : elle, par son fuseau, s’élevant à l’art de Minerve, et lui, dans ses labeurs, recueillant les dons du dieu Mercure ; elle ayant sa lyre, et lui passionné pour les livres ; elle aimée d’Aphrodite, et lui d’Apollon ; lui le premier des jeunes gens ; elle privilégiée parmi les filles. » Enfin Sapho, dans des paroles perdues dont s’est inspiré Catulle, comparait la jeune fille à ce fruit défendu, et « conservé dans sa fleur pour celui qui doit le cueillir ».
Je recommande encore l’article d’Isaac Habert, poëte descriptif et didactique, dont on lit avec plaisir un fragment noble et pur, et, au XVIIe siècle, celui de Coutel, qui a disputé à madame Des Houlières ses Moutons.
C’est alors qu’on sent le prix d’une existence simple et dégagée de sensualités ; c’est alors qu’on trouve, dans le calme d’un cœur pur et dans l’énergie d’un corps sain, la récompense de la modération et des sacrifices de la jeunesse ; c’est alors enfin qu’on reconnaît combien la morale serait bonne encore quand même elle n’aurait pas de sanction dans une autre vie. » — « Jeunesse sensuelle, dit-il aussi, vieillesse douloureuse. » — « Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. » Lorsqu’il en est particulièrement aux qualités et aux passions sociales, M. de Latena a de bonnes analyses et des définitions judicieuses.
C’est pendant ce séjour en Orient, où il devait retourner, en 1897, suivre, pour le compte du journal l’Illustration, les opérations de la guerre gréco-turque, qu’il écrivit l’Errante, poème dialogué et qui fut représenté au Théâtre de l’Œuvre, en mai 1896, et la plupart de ces pièces sous le titre général : Les Vaines Images, si pures, si harmonieuses, d’une beauté tout ensemble orgueilleuse et désabusée.
Nous touchons presque au temps d'une corruption générale, suite funeste de l'extinction des vertus & de ces mœurs si pures, dont la Religion est une source intarissable, & qui ont fait la gloire de nos Ancêtres….
Son style est correct, pur, attachant, quoiqu’il soit parfois monotone & trop maniéré.
Telle se montre toujours la pure nature, auprès de la nature chrétienne.
Ils eussent dû s’anéantir dans la botte et dans le pur machinisme, mais ils pensent.
Il nous trouble avec de pures pensées. […] On en trouve l’écho pur et clair dans un poème tout récent, l’Illusion suprême. […] Tout ce qui est de pure sonorité s’évanouira dans l’air ; ce qui est fait pour le bruit est fait pour le vent. […] Jugez, par la finesse de cette minutieuse critique, si je ne deviens pas à mon tour un pur balzacien. […] Jamais le mal universel n’avait été envisagé d’un cœur aussi pur, enseigné d’une voix aussi douce.
L’été, c’est la saison de feu ; C’est l’air pur et la tiède aurore : L’été, c’est le regard de Dieu ! […] L’air qui s’exhale de la cour d’un despote ternit les vertus mêmes qui s’en approchent, comme les exhalaisons méphitiques oxydent les métaux les plus purs. […] Ainsi, d’une part, il garde tout le décor païen : bocages odoriférants, gazons fleuris, ruisseaux d’une onde pure ; chant des oiseaux ; fleurs du printemps, fruits de l’automne. […] Ils ne veulent plus rien : ils ont tout sans rien avoir, car ce goût de lumière pure apaise la faim de leur cœur… Une jeunesse éternelle, une félicité sans fin, une gloire toute divine est peinte sur leur visage… », etc., etc. […] Les grandes belles femmes ont d’ordinaire une voix de contralto, jamais un soprano pur.
Sous cet appel, toutes les aptitudes et tous les instincts se dressent à la fois : les bas et les sublimes, l’amour idéal et l’amour sensuel, l’avidité grossière et la générosité pure. […] Le libre et plein développement de la pure nature qui, en Grèce et en Italie, aboutit à la peinture de la beauté et de la force heureuse, aboutit ici à la peinture de l’énergie farouche, de l’agonie et de la mort. […] Je ne sais rien au théâtre de plus pur et de plus touchant. […] Parfois même l’idylle naît complète et pure, et le théâtre tout entier est occupé par une sorte d’opéra sentimental et poétique. […] — Pourquoi croises-tu tes bras et courbes-tu ta tête — sur ta poitrine, laissant tomber coup sur coup de tes deux yeux, — de tes deux yeux, mon ciel, — une pluie de larmes plus précieuses, plus pures que les perles — suspendues autour du front pâle de la lune ?
Pendant que ceux-ci croient représenter la nature et que ceux-là veulent peindre leur âme, d’autres se conforment à des règles de pure convention, tout à fait arbitraires, non tirées de l’âme humaine, et simplement imposées par la routine d’un atelier célèbre. […] Gérome un esprit curieux du passé et avide d’instruction), elle est la punition méritée d’un artiste qui substitue l’amusement d’une page érudite aux jouissances de la pure peinture. […] Donc, en dehors du tableau fait pour les tacticiens et les topographes, que nous devons exclure de l’art pur, un tableau militaire n’est intelligible et intéressant qu’à la condition d’être un simple épisode de la vie militaire. […] Mais combien peu de peintres pourraient rendre, par une exécution mieux appropriée, la solidité d’une nature opulente et pure, et le ciel si profond de cet œil avec sa large étoile de velours ! […] Il nous faut remarquer ici que le bas-relief est déjà un mensonge, c’est-à-dire un pas fait vers un art plus civilisé, s’éloignant d’autant de l’idée pure de sculpture.
À ce jeu charmant, qui est un jeu noble et magnifique, on gagne une gloire très pure. […] D’aucun mal je ne suis tout à fait innocente… Il n’y a rien de pur. […] Mais c’est une lâcheté par bonté, par pure et simple bonté. […] J’ai supposé un cas pur, et il n’y a pas de cas pur. […] Teodor de Wyzewa les a traduits en français très pur et très élégant.
Les autres mimes d’Hérondas sont simplement et parfois assez platement « réalistes », et, comme vous savez, le réalisme pur exclut l’ironie. […] Ou peut-être exagérait-il quelquefois la louange pour qu’il parfit mieux qu’elle était à ses yeux de pure convention. […] Rappelez-vous que les autres grandes passionnées de Racine sont de pures païennes. […] À l’heure qu’il est, la « gigolette » pure a droit de cité dans le drame et dans la comédie. […] Elle a toujours cette voix d’un timbre si pur, et comme cristallin.
Le duc d’Orléans, le Régent, cette riche et vigoureuse contre-partie du duc de Bourgogne, cette revanche effrénée du pur génie et de la nature, est bien vu, indulgemment senti, largement crayonné.
Jacques Madeleine est bien un des meilleurs fils de cette Grèce maternelle, car on a rarement dédié à notre Mère auguste un temple plus pur et plus radieux que ce Parthénon de la poésie.
« … En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait avec le soleil rouge se couchant.
Leur pinceau est souvent ému, mais il n’oublie jamais de demeurer élégant, et leurs plus belles œuvres sont merveilleusement correctes et pures.
Déjà même la Langue, & moins belle & moins pure, Rougit de se prêter à la simple Nature.
Si l’on voulait réaliser la prétention des réformistes et écrire les mots exactement comme ils se prononcent, chaque lettre n’ayant qu’une valeur et chaque son étant représenté par une lettre unique, il ne faudrait pas moins de 50 signes différents attribués à 27 consonnes et à 23 voyelles pures ; sans compter les voyelles nasales, ce qui porterait à 58 le chiffre total des lettres de l’alphabet français.
Il est pur, clair, correct, élégant, agréable ; mais jamais sublime.
Dans la première, aucun des personnages n’a dessein de traverser l’action, qui semble devoir aller d’elle-même à sa fin, mais qui néanmoins se trouve interrompue par des événements que le pur hasard paraît avoir amenés.
Et qu’on ne dise pas que c’est une pure invention poétique ; il y a cent exemples de chrétiens qui se sont remis entre les mains des Infidèles, ou pour délivrer d’autres chrétiens, ou parce qu’ils ne pouvaient compter l’argent qu’ils avaient promis.
Les théories générales ne sont pas de la nature de l’homme, le vrai le plus pur a toujours en soi un mélange de faux.
La diction de tout l’ouvrage est digne d’un Académicien, pure & concise, mais moins élégante, moins coulante, moins douce que celle de Rollin ; & il regne dans le style un certain ton métaphysique qui y répand un peu de sécheresse.
Dans ce domaine, c’est pure question de mode, et heureusement celle-ci est changeante. […] Et nous garderions le mannequin littéraire des temps classiques, et nous continuerions à dévider les cheveux emmêlés de la raison pure ! […] Zola fait donc du pur charlatanisme. […] C’est donc absolument en pure perte, et sans profit pour personne, que M. […] C’est une pure calomnie.
Mais il faut cependant se le prononcer avec rigueur, du moment que dans une liaison intime et sincère, telle qu’elle doit exister entre des êtres vrais et purs, l’un des deux est infidèle, l’un des deux peut tromper ; c’est qu’il était indigne du sentiment qu’il inspirait. […] Quand on a vu marcher à l’échafaud la victime la plus respectable et la plus pure, que les factieux pussent immoler, Louis XVI,·on se demandait quel secours la main de Dieu lui prêtait dans cet abîme de malheur ? […] Le Dévouement et l’enthousiasme font entrer un air plus pur dans notre sein. […] On prétend aussi que le climat d’Angleterre porte singulièrement à la mélancolie : je n’en puis juger, car le ciel de la liberté m’a toujours paru le plus pur de tous ; mais je ne crois pas que ce soit à cette cause physique qu’on doive surtout attribuer les fréquents exemples de Suicide. […] Asham considère Platon comme une âme prédestinée au christianisme, mais lui-même et la plupart des anciens sont trop fiers des forces intellectuelles de l’esprit humain ; ils jouissent tellement de la faculté de penser, que leurs désirs ne se portent point vers une autre vie, ils croient pouvoir l’évoquer en eux-mêmes par l’énergie de la contemplation : jadis aussi je goûtais les plus pures délices en méditant sur le ciel, le, génie et la nature.
Dans la première les sentiments avaient un caractère de généralité simple, pur, élevé ; ils sont devenus dans la seconde plus riches, plus profonds, plus intimes. […] Symbole plus ou moins clair, plus ou moins magnifique de l’Idée divine, l’Art n’est jamais tombé, il ne peut pas tomber en contradiction avec cette Substance éternelle, manifestée par lui d’une manière plus pure et plus vraie dans ses créations hautement générales, qu’elle ne peut l’être par la Nature et par l’Histoire ; par celle-là, dans ses plus belles productions, toujours imparfaites et grossières ; par celle-ci, dans ses plus grands faits, toujours mêlés d’accidents sans logique et sans signification204. […] VIII La satire, en repliant l’individu sur lui-même, eu le séparant violemment des mœurs et des idées de son temps, fut la mort de ce bel art classique, dont la beauté parfaite avait eu pour principe, en Grèce, l’incarnation d’un petit nombre d’idées hautement générales, que le poète n’avait pas tirées de son propre fonds, dans une forme plastique, pure, transparente et idéale, où sa personnalité ne paraissait pas. […] Ils ont à un haut degré le sens du vrai, non pas de cette vérité large, concrète, réelle, que j’ai admirée dans Shakespeare, mais d’une vérité plus pure, plus générale et plus philosophique, qui supprime dans les représentations de l’art le détail et l’accident, pour dégager et mettre en lumière l’idée essentielle. […] L’art dégage la vérité des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et grossier pour la revêtir d’une forme plus élevée et plus pure, créée par l’esprit lui-même.
À voir ces mots si choisis, ces arrangements exquis de syllabes mélodieuses, cette science des coupes et des rejets, ce style si coulant, si pur, ces gracieuses images que la diction rendait encore plus gracieuses, et toute cette guirlande artificielle et nuancée de fleurs qui se disaient champêtres, on pensait aux premières églogues de Virgile. […] Peintures et descriptions : elle décrit à Abeilard le monastère et le paysage, « les dômes moussus couronnés de fines tourelles, les arches majestueuses qui changent en nuit la clarté du grand jour, les vitraux qui versent sur les dalles une clarté solennelle1106 », puis « les rivières errantes qui luisent entre les collines, les grottes dont l’écho répète le bruissement des ruisseaux, les brises mourantes qui viennent expirer sur les feuillages1107. » — Tirades et lieux communs : elle envoie à Abeilard des dissertations sur l’amour et la liberté qu’il réclame, sur le cloître et la vie paisible qu’il peut donner, sur l’écriture et les avantages de la poste aux lettres1108. — Antithèses et contrastes : elle les expédie à Abeilard par douzaines : contraste entre le monastère illuminé par sa présence et le monastère désolé par son absence, entre la tranquillité de la religieuse pure et l’anxiété de la religieuse coupable, entre le rêve du bonheur humain et le rêve du bonheur céleste. — En somme, c’est un air de bravoure, avec oppositions de forte et de piano, avec variations et changements de ton ; Héloïse exploite son motif, et s’occupe à y insérer toutes les habiletés et les réussites de sa voix. Admirez les crescendo et les roulades par lesquelles elle termine ses morceaux brillants ; pour enlever l’auditeur à la fin du portrait de la nonne innocente, elle ira chercher « la Grâce qui fait luire autour d’elle ses plus purs rayons, les anges qui de leurs chuchotements éveillent ses rêves dorés, les ailes des séraphins qui répandent sur elle leurs divins parfums, l’époux qui prépare l’anneau nuptial, les blanches vierges qui chantent l’hyménée1109 », bref toute la garde-robe du Paradis. […] C’était le costume du temps, il fallait bien l’endosser. « La demande des élégances, dit le brave Samuel Johnson dans son style commercial et académique, était si fort accrue, que la pure nature ne pouvait être supportée plus longtemps. » La bonne compagnie et les lettrés faisaient un petit monde à part, qui s’était formé et raffiné d’après les mœurs et les idées de la France. […] Macpherson étalait devant les gens un pastiche des mœurs primitives, point trop vraies, car l’extrême crudité des barbares eût choqué, mais cependant assez bien conservées ou imitées pour faire contraste avec la civilisation moderne et persuader au public qu’il contemplait la pure nature.
… Je voudrais que les Allemands eussent à montrer, non une caricature de la civilisation française, mais le type pur d’une civilisation vraiment originale et allemande. […] Les écrits religieux de Wagner, Beethoven, Religion et art sont de pure dialectique rationnelle. […] Heureux est, seul, le Pur Simple, qui s’ignore plus humble. […] La pièce de fête, Parsifal, n’est plus un drame d’art pur, comme était Tristan et Isolde. […] Cette traduction n’est pas excellente, cela saute aux yeux ; l’auteur ne paraît pas s’être assez soucié de la valeur littéraire du poème : sa traduction est un pur livret d’opéra.
La densité de la population a dû faire édicter de telles lois, écrites ou de pure coutume. […] Il est vrai qu’il s’agit de l’eau, qui lave toute souillure, mais à condition qu’elle soit pure. Or, si le robinet a été touché par une main souillée, l’eau sera-t-elle encore pure ? […] Comment se souille un homme pur ? […] Après cela, on tombe dans la pathologie pure et simple.
Est-ce que, jusque dans la passion, il n’y a pas de moments où nous ne retrouvons absolument plus rien de cette passion, où elle nous paraît une pure construction de notre esprit ? […] Sincère vient d’un mot latin qui veut dire : pur, en parlant du vin. […] Ce qui est au fond, ce qui la fait naître et ce qui l’alimente prodigieusement jusqu’au bout (car l’abondance est toujours la récompense d’un pareil dessein) c’est le pur et simple dessein d’énoncer des faits, ou particuliers ou généraux, c’est le pur et simple dessein de décrire, en brisant la ligne, là où elle cesse dans l’objet, en réservant la place de tout ce qui ne se laisse pas voir, en subordonnant strictement l’explication à l’observation. […] Il fallait un Thésée qui se dévouât à cette exploration, à ce grand voyage de la psychologie pure. […] C’est aussi le mérite de Proust d’avoir frappé sur ces touches d’un doigt constamment infaillible et de leur avoir fait rendre toujours un son parfaitement pur.
Je crois au contraire que la science qui coule de source pure deviendra lumineuse pour tous, et que partout la science et l’art doivent se donner la main en s’interprétant et en s’expliquant l’un par l’autre. […] Pour un anatomiste pur, le cœur de l’homme est un viscère, c’est-à-dire un des organes qui font partie des appareils de nutrition situés dans les cavités splanchniques. […] L’homme peut arriver par la raison à empêcher les actions réflexes sur son cœur ; mais plus la raison pure tendrait à triompher, plus le sentiment tendrait à s’éteindre. […] Par une disposition que nous devons sans doute trouver fort sage, il ne pourra jamais agir sur les corps célestes ; c’est pourquoi l’astronomie est condamnée à rester à tout jamais une science d’observation pure. […] Il leur montre en outre que la science pure a toujours été la source de toutes les richesses réelles que l’homme acquiert et de toutes les conquêtes qu’il fait sur les phénomènes de la nature.
Tout est pur pour les purs, dit saint Paul, et il a raison. […] La conversation y était aimable, souple, à demi-voix, un peu froide, d’un goût très pur, d’un ton de cour, rarement animée, mais d’une tiédeur toujours douce qui enseignait à bien écouter plus qu’à bien parler. […] Ce congrès, où il comptait briller et séduire, devait être pour lui le marchepied du ministère des affaires étrangères ; il se sert tour à tour de l’amitié dévouée et de l’enthousiasme pur de madame la duchesse de Duras pour son talent, de l’affection habile de Juliette, de l’amitié confiante de M. de Montmorency, pour forcer la porte du congrès.
Né près du peuple, absent de Paris pendant douze années, il est resté à l’écart du travail que faisait la société polie sur la langue ; et quand il revient, en 1638, il garde son franc et ferme style nourri d’archaïsmes, de locutions italiennes ou espagnoles, de façons de parler et de métaphores populaires ou provinciales, un style substantiel et savoureux, plus chaud que fin, plus coloré que pur, brusque en son allure et assez indépendant des règles savantes ou du bel usage. Ses règles, à lui, sont la justesse et l’énergie, et la convenance dramatique : il observe celle-ci jusqu’à parler, quand il faut, le pur langage des ruelles et de la cour. […] Elles s’étaient établies sans bruit dans la comédie : il était plus facile d’y réduire les sujets de pure invention dont l’ordonnance est à la disposition de l’auteur. […] Voilà Tartufe, le maître hypocrite : son hypocrisie corrompt Orgon, corrompt en lui l’amour de sa femme, de ses enfants, les sentiments élémentaires de bonté, de justice, d’honneur, le fait égoïste sottement, durement, honteusement ; même les âmes honnêtes et pures sont viciées à ce contact, et la douce Elmire en vient à jouer un jeu après lequel son mari doit demeurer à jamais avili à ses yeux.
Les vérités que recherche Descartes sont de l’ordre spéculatif ; elles sont du domaine de l’intelligence pure. […] Quelles conceptions sont plus hautes, quel dessein plus digne d’un homme de génie, que d’avoir anticipé, par le détachement de son corps et la destruction de ses passions, la vie de pure intelligence qui nous est promise après la mort ? […] La sincérité de ces solitaires qui sont sans complaisance pour l’ouvrage de leur ami ; l’auteur qui s’en aperçoit et les en loue ; Pascal prié d’entreprendre un travail où Arnauld n’a pas réussi, et qui accepte la tâche par déférence et dévouement ; ce grand succès produit par des causes si pures ; où y a-t-il un plus bel exemple et un meilleur enseignement ? […] Il n’est aucun de ces tours qui ne lui soit fourni par l’expérience de nos côtés faibles : l’un va à l’orgueil, l’autre au fonds d’honnêteté qui persiste dans les plus corrompus, ou au fonds de corruption qui sommeille chez les plus honnêtes gens ; tel autre à l’humeur particulière de l’homme ; aucun n’est de pur caprice.
C’est là une hypothèse vraisemblable, il est vrai, mais une pure hypothèse. […] Et si faible enfin est l’hérédité morale individuelle, même entre membres des peuplades autochtones restées presque pures dans les nations dont ils font partie, qu’il est impossible d’apercevoir des similitudes bien caractérisées entre leurs représentants artistiques et littéraires. […] Jusque-là ces rapports sont hypothétiques, variables, impossibles à utiliser, et parce qu’il n’y a pas de races pures, et parce que nous ne connaissons pas les caractères intellectuels et physiques des races composites, et parce que nous ignorons la mesure de la permanence de ces caractères parmi les individus qui constituent un peuple, et notamment parmi ses artistesdf. […] Zola est un pur balzacien avec un penchant vers Courbet et Musset ; Augustin Thierry admirait Chateaubriand et Walter Scott ; Michelet inclinait à Virgile, Bernardin de Saint-Pierre et Rousseau ; Taine a beaucoup lu Stendhal, Heine, Voltaire et les romantiques.
Une diction pure & naturelle, des desseins communément bien pris, des citations appliquées à propos, des mouvemens bien menagés, des raisonnemens & des preuves, voilà, dit l’auteur du nouveau Dictionnaire historique, ce qui lui assure une place parmi le petit nombre des Orateurs de la seconde classe. […] Celui de l’Evêque de Meaux est, à la vérité, moins égal, moins pur, moins soutenu ; il est cependant plus rempli de ces grands sentimens, de ces traits hardis, de ces figures vives & frappantes qui caractérisent les discours des Orateurs du premier ordre. […] Le style en est pur & châtié. […] Mais plusieurs ont un mérite bien plus important que celui du style & du pur bel esprit.
Beulé, et bien moins à titre d’antiquité pure qu’à titre de restitution inattendue et de renaissance. […] Vouloir aujourd’hui refaire de l’antiquité pure, c’est être le disciple des disciples.
Et le poète, prenant la parole, décrit avec feu, avec rapidité, les différentes manières de le chercher ; mais, trop jeune sans doute et trop pur pour être censeur impitoyable, il s’arrête, il considère le bien à côté du mal, tant de charité, de dévouement, de patriotisme, de vertus militaires et de sacrifices, de poésie encore, tout ce trésor moral subsistant dans de belles âmes. Ce passage d’une noble et pure veine et d’une émotion vibrante a décidé du succès de la pièce et a enlevé tous les suffrages.
On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages. […] Aristide lui-même, si on lit sa vie dans Plutarque, n’est pas si simple et si pur qu’on se le figure de loin.
Il y a, par endroits, des intentions et comme des velléités de retour au sentiment pur et à la poésie. […] L’auteur n’est pas un pur analyste, c’est un voyant.
conservez-le pur jusqu’au dernier soupir, et ne doutez pas qu’avec une conduite aussi régulière, un patriotisme aussi intact et aussi soutenu, on ne distingue toujours les vieilles brigades d’Italie et qu’elles ne soient toujours chères à la patrie. […] » — « Je lui parlai alors de Joubert, ajoute Fouché, comme d’un général pur et désintéressé, que j’avais été à portée de bien connaître en Italie, et auquel on pourrait, au besoin, donner sans danger une influence forte : il n’y avait à craindre ni son ambition, ni son épée, qu’il ne tournerait jamais contre la liberté de sa patrie. — Sieyès, m’ayant écouté attentivement jusqu’au bout, ne me répondit que par un C’est bien.
J’ai entrepris une tâche plus difficile qu’il ne semble et qui est peut-être prématurée ; j’essaye d’appliquer l’étude critique littéraire, le goût de la littérature pure et simple, cette curiosité libre et heureuse, bienveillante et innocente, à quelque chose et à quelqu’un qui n’est pas de cette nature-là, à un combattant énergique, ardent, tour à tour blessant et blessé, qui est encore tout palpitant, tout saignant et outrageux, étendu sur l’arène. […] Et ne reconnaissez-vous pas, pour peu que vous ayez vu le régime des dix-huit ans, cet aide de camp du roi, député, ce ministériel pur et chevaleresque ?
Tel il était par nature et par art, mais bien véridiquement : « comme philosophe, apôtre de la félicité ; comme poëte, organe et interprète de la jouissance large et pure, complète et honnête. » Et avec Byron, est-ce donc qu’il a été jaloux et envieux, comme je vois aussi qu’on l’a dit ? […] Il ne faut pas renverser, il faut bâtir ; élevons des édifices où l’humanité viendra goûter des joies pures. » Ce sont là de bien nobles querelles faites à Byron, et que j’oserai dire magnanimes ; et.si les admirateurs du grand barde n’en sont pas satisfaits, que peuvent-ils demander de plus que de voir Gœthe revenir sans cesse sur son jugement et le modifier ?
Ses travaux les plus importants et les plus suivis se sont depuis longtemps dirigés du côté de l’Orient, et du plus haut Orient ; élève de Burnouf, il a pris le sanscrit pour son domaine ; mais ce n’est point un philologue pur, et il a surtout marqué sa vocation scientifique originale en faisant avancer d’un pas la branche d’études qui tend à montrer que les anciens peuples venus d’Asie en Europe, et qu’on désigne sous le nom d’indo-germaniques, ont eu, à l’origine, un même système de mythes, comme ils ont en une même langue ; les liens primitifs de famille se dénotent chez eux par tous les signes. […] » — Mais je m’aperçois que je fais l’éloge tout simplement de la médiocrité, de la tranquillité honorable et pure, et c’est bien en effet ce que j’ai voulu.
Aujourd’hui il publie cette traduction complète de Térence, qu’il a gardée neuf ou dix ans sous clé, selon le conseil d’Horace, et il nous donne la joie, en le lisant, de retrouver, de relire aussi par occasion quelque chose du plus pur et du plus attique des poètes romains. […] César, dont la parole est un décret, même en matière de goût, l’a appelé un demi-Ménandre, et, en le louant comme un amateur de la plus pure diction, il a fort regretté qu’il n’eût pas plus de force unie à la douceur, afin que son talent comique fût au niveau des premiers et brillât d’un égal éclat en regard des maîtres grecs : Lenibus atque utinam scriptis adjuncta foret vis, Comica ut œquato virtus polleret honore !
Saint-Simon, Auguste Comte, Fourier, étaient-ils réellement de ces nouveaux saints, de ces apôtres purs et exemplaires ? […] Les civilisés purs, même lorsqu’ils se donnent la perspective la plus vaste, ne l’ont encore que bornée.
Je ne m’exagère point l’importance de ces détails dont la plupart ont passé dans la Vie de Racine écrite par son fils ; mais, si l’on n’y doit rien trouver de tout à fait neuf, on sentira du moins une pure et douce saveur originale, je ne sais quel charme d’honnêteté parfaite et d’innocence. […] Il est bon grec, bon latin ; son français est le plus pur, quelquefois élevé, quelquefois médiocre, et presque toujours rempli de nouveauté.
La plainte, le désir infini, l’espoir, en cette vie humaine toujours gênée, avaient besoin de se raconter au cœur, de s’articuler plus nettement que par de purs sons qui trop vite échappent. […] Voici comment je les définis ; gracieux et sensibles, mais plus faibles et imitants ; ou habiles, mais de pure forme ; ou assez élevés, et même ambitieux, mais sans art.
Bérénice, bien que commandée par Madame, me semble tout à fait dans le goût secret et selon la pente naturelle de Racine ; c’est du Racine pur, un peu faible si l’on veut, du Racine qui s’abandonne, qui oublie Boileau, qui pense surtout à la Champmeslé, et compose une musique pour cette douce voix. […] Un organe pur, encore vibrant et à la fois attendri, un naturel, une beauté continue de diction, une décence tout antique de pose, de gestes, de draperies, ce goût suprême et discret qui ne cesse d’accompagner certains fronts vraiment nés pour le diadème, ce sont là les traits charmants sous lesquels Bérénice nous est apparue ; et lorsqu’au dernier acte, pendant le grand discours de Titus, elle reste appuyée sur le bras du fauteuil, la tête comme abîmée de douleur, puis lorsqu’à la fin elle se relève lentement, au débat des deux princes, et prend, elle aussi, sa résolution magnanime, la majesté tragique se retrouve alors, se déclare autant qu’il sied et comme l’a entendu le poëte ; l’idéal de la situation est devant nous. — Beauvallet, on lui doit cette justice, a fort bien rendu le rôle de Titus ; de son organe accentué, trop accentué, on le sait, il a du moins marqué le coin essentiel du rôle, et maintenu le côté toujours présent de la dignité impériale.
Il distille une clarté pure et constante avec les irréguliers jets de flamme de leur création inégale et douloureuse. […] Paul Adam, outre l’abondante et luxuriante fresque de ses romans byzantins ou modernes, donne depuis quelques années aux journaux une Critique des mœurs et des articles de politique générale autant que l’idéologie pure, qui témoignent d’un esprit supérieurement armé pour l’essai critique ; sa lumineuse intelligence touche à toutes choses, c’est un incomparable associateur d’analogies, une conscience pour la critique comparée.
Et puis ma mère était à mes côtés ; il me semblait que la plus humble vie pouvait refléter le ciel grâce au pur amour et aux affections individuelles. […] Ne peut-on pas espérer qu’un jour toute cette énergie négligée ou dépensée en pure perte sera appliquée aux choses sérieuses et aux conquêtes suprasensibles ?
Elle fut la même par deux traits essentiels et qui seuls l’expliquent, en ce que jeune, au plus fort des ravissements et du tourbillon, elle resta toujours pure ; en ce que, retirée à l’ombre et recueillie, elle garda toujours son désir de conquête et sa douce adresse à gagner les cœurs, disons le mot, sa coquetterie ; mais (que les docteurs orthodoxes me pardonnent l’expression) c’était une coquetterie angélique. Il y a des natures qui naissent pures et qui ont reçu quand même le don d’innocence.
Maucroix, chanoine de Reims et poète, naïf comme La Fontaine, et, dans sa jeunesse, un peu plus romanesque que lui ; ce Champenois de l’Île-de-France, qui parlait un français si pur, qui a trouvé quelques vers heureux dans la veine de Racan, et qui a du La Fontaine en lui, au génie près, mais qui en tient pour la bonhomie et pour le cœur ; Maucroix, l’ami aussi de Patru et de d’Ablancourt, était de cette race bourgeoise bien parlante, bien clouée et paresseuse. […] En effet, ce scrupule de votre pudeur n’est-il pas un aveu tacite qu’il existe quelque chose de plus pur et de plus chaste que la vertu même ?
Les docteurs de l’Église s’efforçaient d’écrire des traités assez purs, assez polis, assez classiques, pour pouvoir être comparés à ceux des philosophes païens. […] En même temps qu’ils suivent des modes passagères et variables, les titres sont toujours, avec les auteurs qui veulent sortir du commun, et dans les ouvrages qui s’écartent de l’art classique et de la raison pure, extraordinaires et singuliers.
La deuxième ère de la littérature italienne, préparée déjà par Pétrarque et Boccace, puis arrêtée par l’humanisme pur, s’affirme vers le milieu du xve siècle, devançant ainsi de cent ans la Renaissance française. […] Le Giorno de Parini n’est épique que dans sa forme extérieure ; la satire en est d’esprit nettement dramatique ; et c’est par le théâtre qu’Alfieri prêche à son peuple un pur idéal et que Goldoni lui montre les turpitudes de l’esclavage.
quelle douceur de langage, quelle pure élégance dans les six comédies conservées de Térence ! […] Il avait vu au théâtre de Rome ce personnage renouvelé par le poëte, avec des nuances plus pures et plus douces, qui le faisaient s’écrier : « Ô poésie touchante !
Les physionomies, les attitudes des enfants sont de la vérité pure ; le bout de paysage, si navré, résume la tristesse des quartiers perdus. […] Mon seul plaisir est d’aller respirer l’air pur de la campagne, de humer les douces émanations du Bois, d’admirer la nature… des voitures et des toilettes. […] Ce qui est certain, c’est que les projets admis sont inférieurs au vôtre qui est d’un art très pur et très élevé. […] Mettez que vous aurez le mauvais goût de ne pas me trouver merveilleuse, croyez-vous que je serais contente, quelque pures que soient mes intentions ? […] Je vous dis que vous me prêtez des infamies, mais, comme ma conscience est pure, je n’en suis pas émue.
Remarquez, du reste, que c’est un retour aux origines mêmes de l’Individualisme, et à sa source la plus pure. […] Tous les passages de description pure commencent par le mot : « Ah ! […] Ceux qui restent inconscients vivent dans le vrai, dans le vrai pur. […] Tout cela est de la rêverie toute pure et qui ne laisse pas d’être quelquefois un peu incohérente. […] Celui qui a gardé son âme pure la garde jeune.