/ 1800
733. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Andrieux, secrétaire perpétuel, sur le concours déjà ouvert depuis plusieurs années, et dont le sujet est la charité considérée dans son principe, ses applications et son influence, relativement à la société : il y a eu trois mentions et pas de prix.

734. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Trois principales influences diversifient le fond commun de l’esprit français dans les œuvres de notre littérature : la classe sociale, l’origine provinciale, le moment historique.

735. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Vous ne monnayerez pas votre influence ; vous ne tirerez pas, avec âpreté, de votre mandat tous les profits, petits ou grands, qu’il comporte.

736. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Là, nulle trace de réminiscence, nulle trace des influences d’alentour ; forme et fond, tout y est bien elle et rien qu’elle, le cœur à nu, l’âme palpitante sous le coup de foudre de la passion… l’élégie était le vrai domaine lyrique de Mme Valmore, le champ d’inspirations où son expansif et doux génie se donnait carrière.

737. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Un autre ami secret, Nicodème 1207, que déjà nous avons vu plus d’une fois employer son influence en faveur de Jésus, se retrouva à ce moment.

738. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

On retrouve dans son livre l’influence de Newton et du xviie  siècle qui aimait tant à procéder more geometrico.

739. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Mais on conçoit très bien, et il y a une phonétique pure qui, faisant abstraction de toute sémantique, constate simplement la généalogie des sons, leurs mutations, leurs influences réciproques.

740. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Déjà on sent partout l’influence des dialectes sauvages du Nord.

741. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

À Salammbô s’incorpore aussi une existence symbolique, celle de la nature féminine orientale, le sexe passif sous les influences lunaires, le mysticisme diffus qui monte des gynécées, la religion sensuelle d’une cité phénicienne, d’autres choses encore, — de sorte que la fille d’Hamilcar est traitée en symbole de l’Orient comme la Cina de M.  […] On peut en faire remonter l’origine littéraire aux Goncourt ; mais l’influence considérable des Goncourt s’est arrêtée vers 1890, et c’est sous une tout autre figure que le symbolisme a repris et développé cet art du discontinu. […] Il est probable que les analystes romands doivent une part de leur don à la culture française, et que la mise en contact de cette culture avec des conditions de vie locale soustraites en partie à l’influence française, riches de sève indépendante et originale, lui a fourni ses traits particuliers. […] Mais notons d’abord que s’ils ont subi l’influence de Mallarmé ils n’ont pas subi celle de Rimbaud. […] Et remarquons enfin qu’autant ces œuvres du symbolisme de 1893 ou 1894 ont cessé d’exercer une action littéraire et même d’être connues, autant les formules de Rimbaud et de Mallarmé nous paraissent en plein courant de la littérature actuelle et en pleine influence sur elle.

742. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Et qu’on ne voie pas là tout simplement une de ces mystérieuses influences de l’hérédité. […] Il faut citer encore l’influence d’une sœur très pieuse, presque une sainte, dont M.  […] Après les influences du pays natal, celles du pays et du milieu. […] Ainsi parle-une mère du Nord redoutant pour son fils l’influence terrible d’un père du Midi. […] Fernande, souffrant de ce qu’elle voit autour d’elle, n’a subi ni l’influence de M. 

743. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Il faut ce trou dans l’influence de Montaigne, pour que le classicisme français fasse, lui, sa trouée. […] Ils nous ont laissé l’habitude de ces inventaires par lesquels on donne acte de leur influence aux auteurs d’une génération et on leur signifie en même temps que cette influence est finie. […] Ces deux idées exercent en France une grande influence sur la critique professionnelle. […] Taine est conduit à sa théorie à la fois par son éducation de logicien et par l’influence de Balzac. […] On pourrait discerner une amitié littéraire spontanée, une critique créatrice spontanée, inécrite, et qui n’est autre que l’influence.

744. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

. — Influence des querelles religieuses, au dix-septième siècle, sur la langue et la littérature. — § XV. […] Influence de la victoire de Bossuet sur l’esprit français et la langue. — § XVIII. […] Ainsi, toute cette turbulence théologique, dont il a fait si bon marché, lui dérobait le progrès lent, mais sûr et durable, que faisaient, sous l’influence de l’esprit d’examen, la science des gouvernements et la civilisation. […] De la querelle sur le quiétisme. — Influence des querelles religieuses, au dix-septième siècle, sur la langue et la littérature. […] L’influence de ces différentes sectes sur le génie national et sur la langue serait aisée à marquer.

745. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Les Poèmes qui suivent ont été pensés et écrits sous l’influence de ces idées, inconscientes d’abord, réfléchies ensuite. […] De tout temps, ils ont beaucoup souffert sans doute ; mais, dans leurs plus mauvais jours, au milieu des angoisses de l’exil, de la folie et de la faim, la légitime influence de leur génie était du moins incontestée et incontestable. […] Mes réserves, d’ailleurs, n’exerceront point d’influence sur les nombreux admirateurs de ces inspirations incomplètes, mais presque toujours hautes et pures. […] En réalité, l’influence de notre renaissance moderne a été nulle sur l’esprit français, et les professeurs de rhétorique disent vrai. […] Quelles que soient, d’ailleurs, les causes, les raisons, les influences qui ont modifié sa pensée, bien qu’il se soit mêlé ardemment aux luttes politiques et aux revendications sociales, Victor Hugo est, avant tout, et surtout, un grand et sublime poète, c’est-à-dire un irréprochable artiste, car les deux termes sont nécessairement identiques.

746. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

., ont probablement quelque influence directe sur l’organisation ; que certains caractères réapparaissent parfois en vertu de la loi de réversion au type des aïeux ; que la corrélation de croissance doit avoir eu la plus puissante influence pour modifier divers organes ; et enfin que la sélection sexuelle a dû souvent intervenir pour modifier profondément les caractères extérieurs des animaux doués de volonté et pour donner l’avantage à certains mâles dans leurs combats contre d’autres mâles, ou pour leur assurer la préférence des femelles. […] Les conditions physiques ont probablement exercé leur influence sur l’organisation tout à fait indépendamment du bien qu’elles pouvaient produire. […] Et l’on conçoit que l’exercice des organes, l’habitude, l’influence d’un milieu ambiant aérien, si différent d’un milieu aquatique, tout cela aidé des lois de corrélation, d’économie et de balancement de croissance, durent concourir à modifier plus ou moins vite leur organe respiratoire, leur appareil de circulation et de nutrition, de même que leurs organes de mouvement. […] Mais personne ne sait quelles sont les conditions physico-chimiques sous l’influence desquelles ces infusoires deviennent phosphorescents. « Il est indubitable que les poissons en putréfaction deviennent lumineux, et cette cause-ci pourrait encore, dans quelques cas, produire une certaine phosphorescence sur la mer ; le peu d’expériences que j’ai faites m’ont prouvé que dans le vide ou l’acide carbonique cette phosphorescence cesse pour recommencer à l’air, comme à l’égard de l’organe lumineux du Lampyre italien.

747. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Zola remplit une mission ; il est le scrupuleux observateur des lois de la nature ; et, sous une forme accessible à tous, il en vulgarise la connaissance ; explique et justifie par des théories scientifiques, interprétées à sa façon, les faits incongrus dont il se fait l’historien, et ses incongruités de langage : théorie de l’hérédité pour expliquer la dégénérescence fatale d’une famille, théorie de l’influence des milieux ou conditions ambiantes pour justifier les inventaires interminables que le naturalisme appelle descriptions nécessaires théorie des rapports du physique et du moral pour légitimer les relations analytiques de l’accomplissement des fonctions inférieures de l’organisme relations indispensables, suivant l’auteur, à l’intelligence de certains actes qui semblent d’abord, au sens du lecteur, relever de la morale, tandis qu’ils ne sont que les conséquences logiques de certaines dispositions physiologiques. […] Il exerce d’autant plus d’action sur les intelligences que l’instruction est moins forte plus cette distraction est unique, plus elle a d’influence sur le moral. […] Dans ces conditions, l’action des générateurs directs peut combattre efficacement l’influence atavique vicieuse. […] Ainsi, on ne peut rien prévoir, parce qu’on ignore les ancêtres d’un individu et leur constitution organique, et, même les connaissant, on n’en serait guère plus avancé, vu l’atavisme et l’influence considérable qu’il exerce sur toute procréation. […] La variété des impressions, provoquées par la diversité des circonstances de la vie en humanité, a une influence considérable sur tous les actes et en particulier sur celui de la procréation.

748. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

En gravissant le fameux pic de Ténériffe, il vit déjà la preuve évidente de l’influence exercée par les hauteurs sur cette progression du développement des plantes. […] On devait espérer qu’au sommet du cratère d’un volcan, Humboldt poursuivrait plus particulièrement ses recherches géologiques, et il le fit avec grand succès, car il rassembla dans cette occasion de nouveaux matériaux pour les observations et les explications qu’il devait produire plus tard sur l’influence des volcans dans la forme du globe et la production des tremblements de terre. […] Ces impressions ont une influence remarquable sur nos résolutions, et nous cherchons comme instinctivement à nous mettre en rapport avec les circonstances qui, depuis longues années, ont pour nous un attrait particulier.

749. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Voyez l’influence d’un Barrès, d’un Bergson, d’un Maurras, d’un Claudel, d’un Gide. […] Compositeur de Musique En réponse à votre questionnaire sur l’influence des choses de théâtre à notre époque, je vous dirai très franchement que : 1º Je ne considère pas du tout le goût de la société contemporaine pour le théâtre comme un indice de progrès intellectuel. […] Le théâtre a remplacé chez nous l’éloquence de la tribune ; il a transporté les conversations de salons sur la scène, mais jamais en aucune manière, il ne pourra avoir une influence directe sur le livre digne de ce nom.

750. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Il s’inquiète peu de coordonner des assonances ; chez lui l’allitération ne porte d’habitude que sur des consonnes : — elle n’influence donc que le rythme, — et en vérité tous les éléments du vers paraissent se subordonner, en tant que musique, à la création d’un rythme personnel, élégant et souple. […] Enfin l’on a senti l’influence de Wagner qui, développant le récit beethovénien, supprime la carrure de la phrase au profit d’un rythme large et continu et, devancé en cela par les Romantiques, comme on l’a vu, juxtapose parfois des mesures aux nombres divers. […] En ce livre qui parut peu de temps avant Joies, on discerne malaisément le poète instinctif et le trouveur de rythmes qui va naître bientôt ; cependant des compositions publiées avant ce drame (les premiers Cygnes) indiquaient déjà les vagues linéaments de la philosophie que j’ai exposée au premier chapitre de cette brochure, et, entre beaucoup de pièces agitées d’influences diverses, — celle de M. 

751. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

la triste, la déplorable, la funeste influence de Gluck, de Beethoven et de Wagner ! […] l’artiste que la néfaste influence pousse hors son naturel chemin ! […] Wagner sait ici reconnaître à l’influence féminine et populaire le pouvoir de transfuser un sang nouveau et vivace aux vieilles formes, comme avaient fait le Dante et le Buddha à propos de langage.

752. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

S’ils sont absurdes et anti-sociaux, s’exercent une influence troublante et corruptive sur les vues de toute une génération. […] J’ai constaté que chez les sujets normaux cette même symétrie des mouvements se retrouvait sous l’influence de la fatigue. […] C’est là l’une des formes de l’influence que le monde extérieur exerce sur notre disposition d’esprit. […] C’est là l’autre forme de cette influence. […] Du bleu turquoise au bleu indigo, l’on passe des pudiques influences aux ravages finals ».

753. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Cette entrée tumultueuse, la sollicitation du candidat, l’assurance donnée à Cowper, qui s’en défend de son mieux, qu’il a de l’influence, beaucoup d’influence, l’espoir qu’il voudra bien en user en faveur de celui qui l’en remercie à tout hasard ; les poignées de mains et les embrassades à toute la maison, y compris la servante ; tout ce petit tableau compose une page des plus piquantes, et qu’on cite ordinairement quand on a à parler de la correspondance de Cowper20.

754. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Les oiseaux, gagnés les premiers par l’influence nocturne, se dirigent vers les bois et font siffler leurs ailes dans les nuages. […] Aucun de ceux qui connaissent ce drôle de corps, cet homme d’esprit infecté de mauvais goût, ne saurait prétendre que son influence puisse être bonne, à la longue, pour personne ; mais relativement, et pour un temps très court, Barbey dut être utile à Guérin.

755. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Le goût attique avait été, lui aussi, vaincu à Chéronée : la critique instituée par Aristote n’était pas suffisamment armée contre les influences de l’Asie, et elle allait se trouver au dépourvu devant ce débordement du merveilleux dans l’époque alexandrine. […] L’esprit humain, dans son tour en rond ou en spirale, est si sujet à rencontrer les mêmes courants d’influences malignes, que cette Vie du plus grand faiseur de miracles qu’ait produit le monde païen peut presque paraître encore aujourd’hui un livre de circonstance : L’homme est de glace aux vérités, Il est de feu pour les mensonges.

756. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Son plaisir comme son triomphe était de démêler des intérêts compliqués, de débrouiller des situations épineuses, de compenser et contrebalancer des influences, de ménager des mariages et alliances considérables, d’agiter enfin des desseins profonds dont rien ne se trahissait au dehors et ne venait déranger le dédain de sa lèvre ni obscurcir la calme sécurité de son front. […] Triste marque d’influence !

757. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Les premiers effets de l’influence suivie que Marie-Antoinette commença à exercer en politique ne furent pas heureux. […] Le choix de Brienne pour ministre fut la première grande erreur politique de la reine, et, dès ce jour, malgré un reste de répugnance, elle dut s’occuper de manœuvres et d’affaires d’État avec suite ; elle avait marqué son influence, elle se vit dans l’obligation de la maintenir.

758. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Mais autour de lui, et sous son influence, se formait peu à peu une opinion qui gagnait et qui avait ses courants de toutes parts dans ce haut monde officiel, où chacun commençait à penser à soi. […] Voyez un peu où mène la sottise de quelques ignorants qui exercent avec persévérance une influence de chaque jour.

759. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Qu’on ne recherche pas quelle fut sur elle l’influence de Jean-Jacques ou de tel autre écrivain célèbre, comme on le pourrait faire pour Mme de Staël, pour Mme de Krüdner, pour Mmes Cottin ou de Montolieu : Mme de Flahaut était plus du dix-huitième siècle que cela, moins vivement emportée par l’enthousiasme vers des régions inconnues. […] Il s’était formé dans la dernière moitié du règne de Louis XIV, et sous l’influence de Mme de Maintenon particulièrement, une école de politesse, de retenue, de prudence décente jusque dans les passions jeunes, d’autorité aimable et maintenue sans échec dans la vieillesse.

760. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Influence italienne et espagnole. […] Sous l’influence des Italiens, ils adoptent la pastorale, illustrée par l’Aminte et par le PastorFido ; ce genre, d’essence toute descriptive et lyrique, est exactement l’opposé de ce que devait être notre théâtre national.

761. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Leur influence est plus étendue, plus secrète et plus sûre. […] Mort, ce candide Lacordaire — qui dans une brochure sur le pape professait le plus pur ultramontanisme et s’en allait en 1848 siéger à la Montagne, qui se drapait dans sa robe blanche avec un peu de la jactance d’un d’Artagnan monastique et se livrait en même temps, dans la crypte de son couvent aux sanglantes macérations des premiers ascètes — a continué d’exercer sur ses fils une très puissante influence qui me paraît avoir été de deux sortes : heureuse par la transmission de son généreux esprit, déplaisante quelquefois par la tradition de son éloquence aventureuse et si personnelle, qu’ils ont imitée avec quelque maladresse.

762. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

L’influence de Rousseau sur Bernardin de Saint-Pierre est évidente. […] Après cela, mille causes accessoires y ont concouru : on a pris goût au style poétique de la Bible, qui était pour Voltaire un sujet d’ineffables risées ; on a pris goût aux littératures étrangères ; on a étudié l’Orient ; on a eu besoin d’émotions nouvelles ; le sentiment de la liberté et de l’individualisme s’est montré partout, s’est appliqué à tout ; enfin on retrouve ici, comme dans mille autres questions, l’influence de tout ce qui compose ce qu’on appelle l’esprit du siècle.

763. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

— Sans doute, en un certain sens, les grands courants d’idées philosophiques, religieuses et sociales peuvent avoir sur l’individu une influence libératrice, en ruinant ou en affaiblissant les disciplines anciennes et en opposant à l’idéal étroit des sociétés existantes un idéal d’affranchissement relatif. […] L’individu ment, dans bien des cas, en dehors de toute influence de groupe, en dehors de toute suggestion sociale et de tout impératif social.

764. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Antipater ou Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée, dont Jésus fut le sujet durant toute sa vie, était un prince paresseux et nul 167, favori et adulateur de Tibère 168, trop souvent égaré par l’influence mauvaise de sa seconde femme Hérodiade 169. […] Un mouvement qui eut beaucoup plus d’influence sur Jésus fut celui de Juda le Gaulonite ou le Galiléen.

765. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

C’est étrangement surfaire l’industrie de ce Giboyer que de lui prêter une pareille influence. […] Le marquis patronne de toute son influence M. 

766. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

L’influence de ce dernier sur lui fut grande, plus grande qu’on ne le supposerait, à voir la différence des résultats. […] Pas plus que Montaigne, il n’aime le style livrier ou livresque, celui qui sent l’encre et qu’on n’a jamais que la plume à la main : « Il faut qu’il y ait, dans notre langage écrit, de la voix, de l’âme, de l’espace, du grand air, des mots qui subsistent tout seuls, et qui portent avec eux leur place. » Cette vie qu’il demande à l’auteur, et sans laquelle le style n’existe que sur le papier, il la veut aussi dans le lecteur : « Les écrivains qui ont de l’influence ne sont que des hommes qui expriment parfaitement ce que les autres pensent, et qui réveillent dans les esprits des idées ou des sentiments qui tendaient à éclore.

767. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Tout ce que l’on peut et ce que l’on doit envers une grande renommée contemporaine au moment où la mort la saisit, c’est d’indiquer en quelques traits bien marqués les mérites, les habiletés diverses, les séductions délicates et puissantes par où elle a charmé son époque et y a conquis l’influence. […] Telle est la loi assez ordinaire dans ces influences réciproques entre le peintre et ses modèles : le romancier commence, il touche le vif, il l’exagère un peu ; la société se pique d’honneur et exécute ; et c’est ainsi que ce qui avait pu paraître d’abord exagéré finit par n’être plus que vraisemblable.

768. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il eut une grande influence sur la destinée de Florian ; il arrêta à temps en lui ce que la seule influence de Voltaire et celle de tout le siècle auraient pu y produire d’un peu libertin.

769. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Les grandes influences longtemps régnantes de Lamartine et de Victor Hugo ont fait place insensiblement à celle d’Alfred de Musset, et il est rare de ne pas trouver quelques tons de celui-ci, et non toujours les meilleurs, dans les essais de ceux qui débutent : M.  […] Au-dessous et en dehors des grands poètes du temps, de ceux qui ont exercé action et influence, M. 

770. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Un homme du premier ordre dans le droit et dans les lettres avait alors toute autorité à Dijon, et il exerça la plus grande influence sur la direction d’esprit du jeune de Brosses. […] Le premier grand projet littéraire du jeune homme, cet idéal suprême qui ne prend bien qu’une fois dans notre imagination, comme le parfait amour ne prend peut-être qu’une seule fois dans notre cœur, se forma pour de Brosses sous le regard et sous l’influence du président Bouhier.

771. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Sur ces entrefaites, la reine s’est évadée la nuit du château de Blois (février 1619) ; elle s’est réfugiée auprès du duc d’Épernon, et Luynes, qui gouverne, craint qu’en obéissant à l’influence de ce vieux seigneur et aux brouillons dont elle va être entourée, elle ne devienne un grave danger. […] Il est reçu de mauvais œil par tous les autres conseillers, qui redoutent son influence de modération et de bon conseil.

772. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La suggestion des représentations mentales et des mouvements corrélatifs peut être comparée, comme nous l’avons déjà dit, aux phénomènes d’induction électrique par lesquels un courant exerce son influence sur un autre et produit une aimantation. […] Selon Spencer, cette rupture des associations primitives et cette sélection des ressemblances cachées se ferait simplement par la variation des circonstances extérieures, qui nous présentent les mêmes objets dans des groupes différents ; mais il est clair qu’il faut aussi considérer l’influence de ce milieu intérieur qui est la conscience même, sous les trois formes de l’intelligence, de la sensibilité, de la volonté.

773. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Tous les autres genres ont sans doute participé à cette révolution, mais seulement sous le rapport des idées et du langage, et par un effet de cette influence que le théâtre, le plus populaire de tous les plaisirs de l’esprit, exerce infailliblement sur la société et sur la littérature. […] Nous ne voulons pas leur contester, nous avons remarqué comme eux, que les productions des lettres et des arts subissent toujours plus ou moins l’influence des opinions et des habitudes contemporaines.

774. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Qu’on le veuille ou non, il y aura donc des écoles et tout littérateur qui, sous prétexte d’indépendance, ne voudra pas faire partie de l’une d’elles, n’aura aucune influence sur ses contemporains. […] Malgré le concert de réclames que Symbolistes et Romanistes ont su organiser autour d’eux, ils ne sont rien, ils n’exerceront aucune influence sur leur époque.

775. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

II Ainsi deux erreurs et presque deux sottises, voilà, sinon le meilleur, au moins le plus puissant de l’influence des Mémoires de Saint-Simon sur nous. […] L’auteur des Mémoires eu chercha laborieusement la raison avec cet art des inductions et des interprétations qu’il possédait mieux que personne et qui le rend un historien si séduisant, si éblouissant et si dangereux, et il la trouva, nous dit-il, dans l’opposition et l’influence de Mme de Maintenon, la vieille fée, — de Mme de Maintenon, sa seconde haine ; la seconde raison de la popularité actuelle de son livre, et pour nous la seconde tache de ces admirables et adorables Mémoires, que nous voudrions effacer.

776. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

La chose est aisée, car cette classe, à peu près disparue, avait survécu, diminuée, à la Révolution, et, en cherchant bien on trouverait encore, dans les bourgs éloignés des chemins de fer, quelques exemplaires de ce provincial renforcé, demi-paysan, demi-citadin, qui eut jadis son influence, son rôle humble et considérable dans l’histoire sociale de la France. […] Dans l’une, qui est immense, l’influence des journaux de Paris est exclusive ou prépondérante, parce que ceux-ci peuvent parvenir avec un retard de huit ou dix heures au plus.

777. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Hors de là, une autre influence qui dominait aussi, une influence de scepticisme et de philanthropie, de précision mathématique et de déclamation, était si peu poétique par elle-même que c’est surtout pour la combattre qu’on vit se ranimer quelque feu de poésie.

778. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

… Le seul livre que j’aie constamment médité est celui qui est ouvert à tous, c’est-à-dire l’homme agissant sous les influences qui le dominent sans cesse, ses intérêts et ses passions ; et si quelquefois j’ai jeté un coup d’œil rapide sur La Bruyère et sur La Rochefoucauld, je ne l’ai fait que pour être certain de ne pas laisser de simples réminiscences se glisser parmi mes propres observations. » De cette manière de composer il est résulté quelquefois, en effet, que le lecteur, familier avec les écrits soit de Sénèque, soit de La Rochefoucauld et de La Bruyère, soit de Massillon, de Montesquieu et du comte de Maistre, sent se réveiller en lui des traces de pensées connues, en lisant tel passage de M. de Latena.

779. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

L’auteur qui a porté au plus haut degré de perfection, et le style, et la poésie, et l’art de peindre le beau idéal, Racine, est l’écrivain qui donne le plus l’idée de l’influence qu’exerçaient les lois et les mœurs du règne de Louis XIV sur les ouvrages dramatiques.

780. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VI. De l’envie et de la vengeance. »

La gloire, la vertu, le génie viennent se briser contre cette force destructive ; elle met une borne aux efforts, aux élans de la nature humaine, son influence est souveraine ; car qui blâme, qui déjoue, qui s’oppose, qui renverse, qui se saisit enfin de la force destructive, finit toujours par triompher.

781. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines.

782. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Peut-être est-ce là le secret de l’influence immense qu’exercent les journaux et les critiques.

783. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

Autant que possible, sans trop de pruderie, sans excès de purisme, sans tapage, avec une constante et modeste fermeté, il faut lutter contre ces influences corruptrices de la langue ; il faut tâcher de la conserver, par un emploi judicieux, éclairé, des mots que le xviie  siècle et le xviiie vous ont légués, et si parfois la pensée se trouve à l’étroit dans leur vocabulaire, rafraîchir un vieux mot plutôt que d’en fabriquer un tout neuf, recourir à l’archaïsme plutôt qu’au néologisme ; mais, dans l’un et l’autre procédé, user toujours d’une extrême discrétion.

784. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

L’influence du théâtre espagnol sur notre grand poète comique n’est pas comparable à celle exercée par le théâtre italien.

785. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Ils revinrent en 1621, à la mort du connétable de Luynes, lorsque, sous le ministère du chancelier Sillery et de son fils Puysieux, Marie de Médicis eut ressaisi une partie de son influence.

786. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Au bout d’une ou deux générations, les envahisseurs normands ne se distinguaient plus du reste de la population ; leur influence n’en avait pas moins été profonde ; ils avaient donné au pays conquis une noblesse, des habitudes militaires, un patriotisme qu’il n’avait pas auparavant.

787. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Le soleil et les émanations de la terre décident en France, comme ailleurs, de la temperature des années, et l’on n’y sçauroit faire intervenir aucune autre cause, à moins que de vouloir faire agir les influences des astres.

788. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Voyez donc combien l’Italie aurait besoin que cette magistrature exerçât une pacifique influence !

789. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Là où il fallait plonger la main dans les entrailles d’une époque qui se convulsait sous l’influence de doctrines nouvelles et puissantes, il n’a su mettre qu’un doigt curieux entre les pages de ces livres que l’on commençait d’éditer alors, on dirait presque avec fureur.

790. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Puisque nous sortons de Cabanis, qui a fait un livre de l’influence du physique sur le moral de l’homme ; puisque c’est la plus puissante inspiration du cerveau de ce temps qu’une bonne digestion stimulée ; puisque nous appliquons en grand la doctrine de Broussais, que l’homme tout entier n’est qu’un tube ouvert aux deux bouts, nous demandons le résultat cérébral du dîner et de la doctrine.

791. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

On a beaucoup parlé, sur ce vieux thème que n’ont pas chanté les phraseurs, de l’activité imprimée par la philosophie à l’esprit humain ; mais le caractère particulier de l’action et de l’influence de Voltaire, c’est précisément d’avoir, avec de la légèreté et de l’ironie, dispensé à tout jamais l’esprit humain d’activité et de recherche.

792. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

car il agit sous l’influence de la plus grande espérance et du plus grand enthousiasme qui puisse exister sur la terre !

793. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Auguste Nicolas, effrayé de l’influence d’un nom imposant, même sur les esprits les plus fermes, s’est cru le devoir de répondre à Guizot, et sa réponse, qui s’est grossie de toutes les alluvions d’une donnée féconde et d’un esprit naturellement fertilisant, a été la démonstration de l’impossibilité radicale, absolue, pour le catholicisme, de cette coalition à laquelle il est invité.

794. (1915) La philosophie française « II »

Si on laisse de côté, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une période de vingt ou trente ans pendant laquelle un petit nombre de penseurs, subissant une influence étrangère, se départirent parfois de la clarté traditionnelle, on peut dire que la philosophie française s’est toujours réglée sur le principe suivant : il n’y a pas d’idée philosophique, si profonde ou si subtile soit-elle, qui ne puisse et ne doive s’exprimer dans la langue de tout le monde.

795. (1927) Approximations. Deuxième série

Dominer et être compris, — conquérir du même coup, par le triomphe d’une influence identique, la soumission et l’appréciation des hommes, — oui, ça, cela vaudrait vraiment la peineab ! […] Ce fut l’unique occasion où j’eus la fortune de rencontrer un homme très remarquable dont l’influence sur la vie du grand poète anglais s’exerça plus en profondeur que celle de n’importe quel homme de lettres, mais dont l’œuvre et même le nom étaient à peine connus dans notre pays ». […] Non seulement tout ce qui leur arrive, mais tout ce à quoi ils assistent, ils le ressentent sous l’influence de ces forces impersonnelles auxquelles d’invisibles fils les relient, — et l’électricité qui se propage le long de ces fils hyperesthésie leur conscience mais inhibe leurs réactions. […] La marque de ces influences d’élection réside dans la perfection avec laquelle elles se laissent assimiler ; l’assimilation une fois produite, la personnalité de l’influence réapparaît avec un relief affermi ; il semble que silencieusement un bond ait été accompli. […] Mais ceci est un autre registre — et tout personnel ; et je ne l’ai entrouvert ici que pour apporter un témoignage de plus sur la bienfaisante influence que la pensée de Rivière pouvait exercer, que si souvent elle exerça, parfois même sans qu’il le sût.

796. (1864) Le roman contemporain

Cette question est ici à sa place naturelle, car il s’agit de l’influence morale et sociale du roman. […] Il n’existe pour ainsi dire plus, donc il n’a plus d’influence. […] Ce sont ces deux influences contradictoires qui se disputent la direction de l’éducation de George Sand. […] Je nie absolument l’influence des romans sur les mœurs. […] Les bonnes influences sont trop récentes pour résister aux vieilles habitudes du crime.

797. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

On comprend très bien l’influence qu’il a exercée. […] L’influence ici fut directe, et elle fut profonde. […] Elle rencontrait une littérature qui n’avait pas eu de Renaissance, trait singulier qui la met à part en Europe ; une littérature qui, après la période d’influence française, influence faible, parce qu’elle n’était qu’une sorte de contre-coup, naissait à proprement parler, prétendait bien, de temps en temps, se rattacher au moyen âge, au fond se cherchait, s’essayait, prenait conscience d’elle en elle-même et s’inspirait de soi. […] C’était une prétention de certains littérateurs allemands d’effacer de leur histoire littéraire les traces de l’influence française, en prétendant se rattacher directement au moyen âge et aux Nibelungen. […] Ses actions ont eu souvent quelque chose de tortueux ou de saccadé, sous les influences contradictoires de telle amitié ou de telle tendresse

798. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

De pareils livres — me pardonne mon ami Émile Bergerat — ont une influence pernicieuse. […] Et l’on se demande avec tristesse si l’auteur des Lundis, par les résultats de son influence et de ses jugements, fut véritablement supérieur à M.  […] Alexandre Dumas père a exercé, durant quelques années, une influence aussi considérable que néfaste. […] Débarrassé des influences inévitables qui pèsent sur les commencements d’un écrivain, son talent s’est dégagé. […] Voyez comment, depuis Diogène le Chien, sous l’influence de l’intelligence pure sans cesse aux écoutes de la vie, se développe l’esprit de M. 

799. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Si cette religion est impuissante à organiser l’essentiel et à nous donner le pain quotidien, comment aurait-elle la moindre influence sérieuse sur l’art, qui est un luxe relativement à la morale ? […] Or la littérature a, comme la religion, une influence considérable sur le développement de cet égoïsme d’outre-tombe. […] Je ne crois pas qu’il soit possible d’exagérer le rôle et l’influence de la paresse dans le triage que fait la postérité pour établir l’édition définitive des œuvres choisies de ses grands hommes. […] C’est l’influence vivifiante dans la vie88. […] L’individu a-t-il donc besoin d’être libre pour exercer sur la marche des choses une influence considérable ?

800. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Les romantiques se sont dès l’abord épris du moyen âge, sous l’influence, extraordinaire à cette époque, de Walter Scott et de Macpherson. […] La contemporaine renaissance de l’humanisme, qui a été réelle, et dont on peut fixer les dates de 1850 à 1870 environ, n’a pas été sans une grande et salutaire influence. […] L’influence de Montesquieu et de Rousseau a été sensible sur la Révolution. L’influence de Voltaire, de Diderot, de d’Alembert et de l’Encyclopédie n’y a été que partielle et de peu de conséquences. […] Je ne crois pas que la première affaire ait eu la moindre influence sur le refroidissement entre Comte et Mill.

801. (1940) Quatre études pp. -154

Un trait est particulièrement remarquable ici : c’est l’influence du vers qu’ils ont employé dans leurs productions théâtrales, dans Cromwell et dans Hernani, sur le vers épique ou lyrique. […] Mais la question est de mesurer cette influence après l’avoir constatée. […] Marcel Moraud, qui a naguère étudié dans le détail l’influence du romantisme français en Angleterre23, s’il a nuancé de quelques réserves ces observations générales, n’en a pas moins constaté, de l’autre côté du détroit, une incompréhension qui est souvent allée jusqu’à l’hostilité. […] N’oublions pas de compter parmi ces influences, à un point de départ qui semble infiniment lointain de son aboutissement, l’empirisme du sage Locke. […] En France aussi, son influence semble s’être exercée avec incomparablement plus de force qu’on ne l’a remarqué jusqu’ici.

802. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il est toujours malaisé de discerner, dans les artistes d’une même génération, la part des influences réciproques, emportés qu’ils sont tous dans un courant commun. […]  » Il n’est que juste d’ajouter qu’il corrigeait cette critique par un éloge des hautes qualités de son rival en influence sur nous autres, jeunes gens. […] De ce dernier point je ne veux pour preuve que son influence sur ces mêmes exégètes allemands dont il a d’abord été l’élève. […] Si la théorie de l’influence du milieu sur le génie, que formulait Taine après Montesquieu, se trouva jamais vérifiée, c’est certainement ici. […] Sans doute, Anatole France a subi l’influence de ce maître-livre, mais surtout, entre Voltaire et lui, il y avait une identité de pensée négative.

803. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Ces onze ou douze années d’Italie et de Rome durent avoir grande influence sur lui et sur ses habitudes d’esprit ; mais on peut dire qu’il y était bien préparé par la nature. […] Il fallait pour cet échange mutuel entre tout le monde et quelques-uns et pour ce second travail de la dissémination des lumières la lente action de deux siècles, une langue à l’usage de tous, non plus latine ni pédantesque, l’influence paisible et bienfaisante des chefs-d’œuvre, un frottement prolongé de société, et la coopération gracieuse d’un sexe que les Saumoise de tout temps n’ont apprécié que trop peu ; en un mot il fallait, après Scaliger, que vinssent Mme de La Fayette et Voltaire. […] S’il veut que Louis XI ait été un prince plus lettré qu’on ne l’a dit, ce n’est pas qu’il attribue aux lettres plus d’influence qu’il ne faut sur l’art de gouverner. […] Guy Patin ne trouvait, pour excuser son ami sur ce méfait, que l’influence du lieu où il écrivait alors.

804. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Louis XIV avait assis la maison de Bourbon sur le trône d’Espagne ; l’Angleterre avait anéanti la puissance navale des Espagnols ; la Hollande était redevenue indépendante ; les Pays-Bas n’étaient plus qu’une colonie politique presque détachée de l’empire ; la Prusse avait scindé l’Allemagne en deux influences hostiles l’une à l’autre ; Frédéric II avait emporté la Silésie, une partie de la Pologne et de grands lambeaux de l’Allemagne du Nord dans sa tombe ; la Russie, agrandie des trois quarts de la Pologne et d’immenses provinces en Orient, comptait soixante et dix millions de sujets, presque tous belliqueux, prêts à peser sur Vienne du même poids que les Ottomans y avaient pesé jadis ; l’Italie méridionale appartenait, avec Naples et l’Espagne, à la maison de Bourbon ; Venise, Gênes et la maison de Savoie possédaient les provinces les plus militaires et les plus maritimes de l’Italie du Nord ; le Tyrol et le Milanais étaient seuls restés annexés à l’Autriche, plutôt comme des têtes de pont sur les plaines lombardes que comme des possessions irrévocables et solidement incorporées à la monarchie autrichienne ; les petites puissances allemandes limitrophes du Rhin étaient une confédération molle et inoffensive qui donnait autant d’embarras que de poids à la cour de Vienne. […] Elle aimait dans M. de Talleyrand tout à la fois l’aristocratie réhabilitée par la république, le talent remis à sa place par la liberté, le charme personnel de la grâce des mœurs et de la politesse d’esprit réinstallé dans la société par ce débris si jeune encore de l’ancien régime, recueilli et relevé par son influence. […] Il balance les influences rivales entre l’Autriche et la Prusse. […] XXVIII Mais voilà qui étonne : À mesure que le premier consul s’approche du trône, l’influence pacifique du grand diplomate baisse.

805. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Encore ces jours-ci je lisais ses poésies, et je n’ai pu méconnaître la richesse de son talent ; mais, je le répète, l’amour lui manque, et par là il n’exercera jamais autant d’influence qu’il l’aurait dû. […] Il a dit : « C’est un vrai talent, sur lequel la littérature allemande a exercé de l’influence. […] J’avais déjà, à cette époque, une foi absolue à l’influence réciproque, et je pensais pouvoir l’amener vers moi en le désirant fortement. […] J’étais dans un inexprimable bonheur, non seulement de la revoir, mais de n’avoir pas été déçu dans ma foi à une influence invisible. » XVI Quelques entretiens scientifiques sur les sciences naturelles.

806. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Elles ne devaient avoir qu’une influence restreinte et passagère, la majorité des entrepreneurs de feuilletons n’ayant rien modifié à leurs procédés de fabrication courante. […] D’autre part la littérature sérieuse, celle de l’école naturaliste, par exemple, du grand Flaubert au puissant Zola et à ses successeurs, est d’une lecture trop difficile pour la très grande majorité des lecteurs et on pourrait lui adresser bien des critiques, quant à son influence possible sur les mœurs et la direction générale des esprits. […] Pour accomplir l’œuvre rêvée : un roman conforme, si peu que ce soit, à un certain idéal d’art, de logique, de psychologie, et de bonne influence morale et sociale, en même temps que tout à fait compréhensible et captivant pour un public illettré, il fallait un immense génie. […] Mais son influence, par cela même qu’il est mauvais, n’est point nocive : elle est nulle.

807. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Mais les causes physiques n’auroient-elles pas aussi leur influence dans ces progrès ? […] Au contraire, les arts et les sciences retombent quand les causes morales font des efforts redoublez pour les soûtenir sur le point d’élevation, où il semble qu’une influence secrete les eût portez. […] Les influences heureuses qui se répandoient alors sur la peinture, furent chercher Le Correge dans son village pour en faire un grand peintre d’un caractere particulier. […] Le Nord reçut aussi quelques raïons de cette influence.

808. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Elle y supplée par cette longue camaraderie que la communauté des influences subies a créée entre elle et nous, et qui fait qu’à la moindre indication d’un sentiment nous sympathisons avec elle, comme un sujet habitué obéit au geste du magnétiseur. […] Mais il faut faire une part plus large encore, croyons-nous, aux changements de teinte que subissent les surfaces colorées — même les couleurs pures du spectre — sous l’influence d’une lumière plus faible ou plus brillante. […] Et quand la teinte des objets se rapprochera du jaune ou du bleu, au lieu de dire que nous voyons leur couleur changer sous l’influence d’un accroissement ou d’une diminution d’éclairage, nous affirmerons que cette couleur reste la même, mais que notre sensation d’intensité lumineuse augmente ou diminue. […] Non seulement il y a ici contraste entre sensations analogues, mais ces sensations correspondent à une cause dont l’influence nous a toujours paru étroitement liée à sa distance ; et comme cette distance peut varier d’une manière continue, nous avons dû noter, dans notre expérience passée, une innombrable multitude de nuances de sensation se succédant le long d’un accroissement continu de la cause.

809. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Je vis que ce qu’on y appelait utile n’était autre chose qu’une influence étroite et précaire sur quelques objets la plupart minutieux, influence qui tirait son principe du sein des abus mêmes ; je répugnai dans cette pensée à des engagements irrévocables dans de pareilles voies.

810. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Beyle, et qui ont le plus goûté son esprit, sont heureux d’avoir à reparler de cet écrivain distingué, et, s’ils le font quelquefois avec moins d’enthousiasme que les critiques tels que M. de Balzac, qui ne l’ont vu qu’à la fin et qui l’ont inventé, ils ne sont pas disposés pour cela à lui rendre moins de justice et à moins reconnaître sa part notable d’originalité et d’influence, son genre d’utilité littéraire. […] Mais au moment où ce défaut sommeille, en ces instants reposés où il redevient Italien, Milanais, ou Parisien du bon temps ; quand il se trouve dans un cercle de gens qui l’entendent, et de la bienveillance de qui il est sûr (car ce moqueur à la prompte attaque avait, notez-le, un secret besoin de bienveillance), l’esprit de Beyle, tranquillisé du côté de son faible, se joue en saillies vives, en aperçus hardis, heureux et gais, et en parlant des arts, de leur charme pour l’imagination, et de leur divine influence pour la félicité des délicats, il laisse même entrevoir je ne sais quoi de doux et de tendre dans ses sentiments, ou du moins l’éclair d’une mélancolie rapide : Un salon de huit ou dix personnes aimables, a-t-il dit, où la conversation est gaie, anecdotique et où l’on prend du punch léger à minuit et demi73, est l’endroit du monde où je me trouve le mieux.

811. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Mais, mon cher frère, laisser usurper à l’Autriche une autorité despotique en Allemagne, c’est lui fournir des forces contre nous-mêmes et la rendre beaucoup plus formidable qu’elle ne l’est déjà ; et c’est ce qu’aucun homme qui se trouve dans le poste que j’occupe ne doit tolérer. » C’était pour Frédéric une question d’honneur et une question d’influence. […] Un dernier service politique que le prince Henri rendit à son frère, ce fut de venir en France, et, en y réussissant de sa personne, d’y corriger, d’y neutraliser un peu l’influence autrichienne auprès du cabinet de Versailles.

812. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Saint-Réné Taillandier lui-même, citant d’elle une note écrite après la lecture du livre de Mme de Staël : De l’Influence des passions sur le bonheur, et qui commence par ces mots : « Ce livre est un ramassis d’idées prises un peu partout… », estime qu’il est difficile d’accumuler plus d’erreurs et d’injustices. […] Mme d’Albany, à son arrivée, fut reçue par l’Empereur qui lui dit : « Je sais quelle est votre influence sur la société florentine, je sais aussi que vous vous en servez dans un sens opposé à ma politique ; vous êtes un obstacle à mes projets de fusion entre les Toscans et les Français.

813. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

De 1819 à 1824, sous la double influence directe d’André Chénier et des Méditations, sous le retentissement des chefs-d’œuvre de Byron et de Scott, au bruit des cris de la Grèce, au fort des illusions religieuses et monarchiques de la Restauration, il se forma un ensemble de préludes, où dominaient une mélancolie vague, idéale, l’accent chevaleresque, et une grâce de détails curieuse et souvent exquise. […] S’il s’attaquait au vrai moyen âge, aux siècles de Hildebrand et de Bernard, il n’accorderait pas assez à l’influence universelle, à la splendeur du soleil catholique ; les exceptions et les points obscurs le distrairaient de la vérité d’ensemble.

814. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Puis, durant ces quelques semaines qu’il passe auprès de madame de Charrière, n’ai-je pas fait valoir aussitôt l’influence heureuse de cette première tendresse que rencontre le jeune homme, influence balancée, il est vrai, par l’excès d’analyse et par la nature aride de certaines doctrines ?

815. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Son esprit étant éminemment et presque uniquement un produit de cette fin de siècle (l’influence de la tradition gréco-latine est peu marquée chez lui), il s’en tient aux écrivains des trente dernières années et choisit parmi eux ceux avec qui il se trouve en conformité d’intelligence et de cœur. […] Paul Bourget ait une assez grande influence sur la jeunesse d’à présent, non pas peut-être sur celle dont les études classiques ont été poussées très avant et que la tradition latine et gauloise munit et défend, mais sur la partie la plus inquiète, la plus nerveuse et la plus ignorante de la jeunesse qui écrit.

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