En 1811, un voyage en Italie développa l’imagination du jeune poète. […] Il subit la précocité du malheur, d’autre part il eut le spectacle orageux et grandiose de la Révolution française : sa raison se mûrit en même temps que son imagination s’échauffait. […] Dès le début il combinait avec son imagination pittoresque l’exactitude et la symétrie des métaphores construites d’après les modèles antiques. […] Cette muse des lacs, des glaciers, des montagnes, occupe par droit de conquête les cimes de l’imagination contemplative, les sommets de la pensée. […] Des prouesses d’imagination les égalent à leurs héros ; car ils sont eux-mêmes les chevaliers errants de l’art et de la poésie.
Ce n’est plus du tout la même imagination.
Son ambition n’est pas tant de la décrire que de la comprendre, et les derniers versets du Centaure révèlent assez le tourment d’une ardente imagination qui ne se contente pas des mots et des images, mais qui interroge avec ferveur les mystères de la création.
elles n’en ont pas moins des rapports de ressemblance très-marqués avec ces Tragédies, dont les représentations firent couler autrefois les larmes de toute la Grece, & qu’on lit encore avec intérêt, en suppléant par l’imagination au défaut de l’illusion théatrale.
Ses Ouvrages polémiques, qu’on ne lit plus à present, annoncent dans lui tous les travers qui enfantent & qui soutiennent les disputes, c’est-à-dire, une imagination ardente, un amour-propre trop sensible, beaucoup d’orgueil, de présomption & d’aigreur.
Pour apprécier en deux mots les talens & les défauts dramatiques de M. de la Grange, qu’on réunisse, d’un côté, la fécondité de l’invention, la liaison dans l’intrigue, l’adresse dans l’enchaînement des Scenes, la justesse & l’intelligence dans le dialogue ; & de l’autre, les travers d’une imagination romanesque à la foiblesse du style, au manque de vigueur dans les caracteres, à trop de langueur dans le dialogue ; & l’on aura une juste idée du mérite de ce Poëte.
Millot paroît plus fait pour les Ouvrages d’analyse, que pour ceux qui exigent de l’imagination & du sentiment.
Si cependant le brillant de l’esprit, la fécondité de l’imagination, de l’élégance du dessin, peuvent excuser ces défauts, personne n’aura plus de droit à l’indulgence que M. l’Abbé Raynal.
Une imagination vive & gaie, un bon sens exquis, une connoissance bien étendue du Théatre, le naturel du dialogue, un art admirable de saisir les ridicules & de les peindre dans leur jour le plus brillant, la rendront toujours digne d'être proposée pour modele.
Toute chose dont l’esprit peut mesurer l’étendue est petite : le cercle, qui chez les anciens exprimait l’éternité, pouvait être une image grande et vraie ; cependant il nous semble qu’elle tue l’imagination, en la forçant de tourner dans ce cerceau redoutable.
De grâce, laissez quelque chose à suppléer par mon imagination.
Né en 1613, entré dans le monde dès l’âge de seize ans, il n’avait pas étudié, et ne mêlait à sa vivacité d’esprit qu’un bon sens naturel encore masqué d’une grande imagination. […] Il me la donna tout entière, mais il se repentit… » L’attrait s’en mêla sans doute ; l’imagination et le désir s’y entr’aidaient. […] Sur un seul point j’oserai contredire Retz : il refuse l’imagination à La Rochefoucauld, qui me semble l’avoir eue grande134. […] Il jouerait à tout instant et sa vie et l’univers pour une imagination, pour un caprice, pour l’éclair d’un désir.
Mon imagination me la représente au milieu de nous, travaillant à quelque ouvrage destiné à l’une de ses filles, égayant nos soirées par sa conversation si piquante et si variée, tantôt racontant, avec une originalité qui lui était particulière, mille histoires plaisantes, ou qui nous le paraissaient, parce qu’elle leur prêtait un charme qu’elle seule savait donner, tantôt animant la société par une discussion sérieuse qu’elle savait de même, et selon la convenance, ou prolonger avec intérêt, ou terminer avec saillie. […] La sensibilité et l’imagination dans le style, l’expression continente et jalouse, s’acquièrent, se conservent autrement. […] La jeune servante, Marie, qui sert de messagère auprès du jeune homme, répond à quelques questions qu’il lui adresse, et ce peu suffit pour fixer l’imagination de l’amant, tout en l’excitant davantage. […] L’imagination n’osait aller bien loin sur cet article, et nos souverains eux-mêmes s’efforçaient en vain de chercher ce qu’ils pouvaient permettre.
Il enchanta en effet, il ne convertit que l’imagination des hommes. […] Du fond de la solitude où son imagination s’était réfugiée, il entendait naguère la chute de nos autels : il peut assister maintenant à leurs solennités renouvelées. […] Les grands événements dont il est le moteur, le centre et l’objet, semblent si peu conformes aux combinaisons vulgaires, qu’on ne devrait point s’étonner que des imaginations fortement religieuses crussent de semblables desseins dirigés par des conseils supérieurs à ceux des hommes. […] « On m’accuse d’avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d’être la proie d’une imagination qui se hâte d’arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée ; on m’accuse de passer toujours le but que je puis atteindre : hélas !
Que l’imagination populaire ait été puissamment excitée par les événements dont les Carolingiens furent les acteurs plus 0u moins glorieux, qu’elle ait transformé leur histoire à sa mode en un vaste corps de traditions poétiques, ce qu’on sait communément des chansons de geste le prouve assez. […] Maîtres de la Gaule, et devenus chrétiens, les Francs oublièrent ou réduisirent en faits humains leurs mythes religieux : ils gardèrent leurs poèmes historiques et leur goût pour les récits épiques qui exaltent le courage et enchantent l’imagination. […] Il n’est pas poète non plus : il n’a rien de l’aède homérique, ni cette expansion d’une jeune imagination et d’une fraîche sympathie qui se répandent sur toutes choses. […] Or cet auditoire est insatiable : d’intelligence fruste et étroite, d’imagination forte mais grossière, il veut sans cesse du nouveau.
Mardi 7 mai Parmi les gens à imagination, je suis étonné, combien il leur manque le sens de l’art, la vue compréhensive des beautés plastiques, et parmi ceux qui ont cela, je suis étonné combien il leur manque l’invention, la création : ils ne sont que des critiques. […] C’est un mélange de petites choses gentilles, de fines observations, de remarques drolatiques d’imaginations poétiquement funambulesques. […] Je vais enfin m’appartenir, et me donner, pour les années qui me restent à vivre, à l’imagination, au style, à la poésie. […] Au fond les hommes d’imagination, quand ils ont quitté, un mois, leur domicile, s’attendent, en y rentrant, à y trouver de l’imprévu heureux, et cela n’est jamais.
L’imagination est d’autant plus forte que le raisonnement est plus faible. […] Dans l’enfance, la mémoire est très forte ; aussi l’imagination est vive à l’excès ; car l’imagination n’est autre chose que la mémoire avec extension, ou composition. — Voilà pourquoi nous trouvons un caractère si frappant de vérité dans les images poétiques, que dut former le monde enfant. […] Au milieu de cette prétendue liberté populaire que l’imagination des historiens nous montre dans Rome, ils pressaient 30 les plébéiens, et les forçaient de les servir à la guerre à leurs propres dépens ; ils les enfonçaient, pour ainsi dire, dans un abîme d’usures ; et lorsque ces malheureux n’y pouvaient satisfaire, ils les tenaient enfermés toute leur vie dans leurs prisons particulières, afin de se payer eux-mêmes par leurs travaux et leurs sueurs ; là, ces tyrans les déchiraient à coups de verges comme les plus vils esclaves.
Irai-je appliquer tristement la règle et le compas aux jeux d’une imagination badine, et toiser les écarts d’une folie ? […] Ces mœurs élèvent l’imagination, sans corrompre le cœur. […] Quant aux héroïnes de Corneille, il serait difficile de décider quel est leur pays : la plupart ne sont pas même des femmes ; elles sont nées de l’imagination de Corneille. […] Les contes que Dorante débite sont d’une imagination très gaie et très vive, et forment des scènes du plus agréable comique. […] C’est avec raison qu’on admire la prodigieuse imagination qui a bâti cette intrigue d’Héraclius, si intéressante et si théâtrale.
De plus, Montesquieu écrivain a, avant tout, comme son compatriote Montaigne, de l’imagination dans le style ; il s’exprime par images ; presque à tout coup il enfonce des traits, il frappe des médailles. […] Nous qui avons passé le meilleur de notre jeunesse au gré de notre imagination, dans les jeux de la poésie et de l’art, nous devons, ce me semble, y regarder à deux fois, quand nous nous mêlons de vouloir mesurer et discuter des esprits constamment sérieux, qui se sont occupés sans relâche et passionnément des grands intérêts publics.
Ce jeune homme à l’œil ardent, à la parole inspirée, au geste quasi prophétique, qui parlait de la spiritualité de l’âme avec enthousiasme et qui semblait recéler prématurément en lui un germe mortel, frappait les imaginations et reportait la pensée aux leçons de l’école de Platon dans l’Antiquité. […] C’était, je l’ai dit, un esprit ardent, une imagination vive, inquiète même (je l’ai défini un jour « un lièvre avec des yeux d’aigle ») ; une fois sur une piste, il s’y lançait et ne quittait plus qu’il ne l’eût épuisée.
Avec ce procédé pourtant de poésie populaire et d’imagination nationale, passe-t-on jamais de beaucoup en étendue et en portée la romance ou la chansonnette ? […] Mais en création poétique, en imagination élevée, en talent de conception et d’expression, qu’est-ce à dire ?
Rabelais seul avait « la tête épique », et serait le poëte national par l’espèce des idées et la grandeur des conceptions, si la folie de l’imagination, l’énormité de l’ordure et la bizarrerie de la langue ne l’avaient réduit à un auditoire d’ivrognes ou d’érudits. […] Le dessin, de sa lourde empreinte matérielle, perpétue et enfonce dans les yeux ce qui doit glisser devant l’imagination comme emporté par un éclair.
Pradon, éclairé par sa rancune, voit même quelque chose de plus : il caractérise assez bien la poésie de Boileau, lorsqu’il lui donne « la force des vers et la nouveauté des expressions », lorsqu’il lui reproche de manquer de verve et d’imagination, et de séduire le public par des « vers frappants » semés de place en place, lorsqu’il dit de la description du Repas ridicule : « C’est le fort de l’auteur, quand il a de ces peintures-là à faire. » Je n’ai pas dit autre chose au chapitre précédent. […] Homme de nulle imagination, et de sensibilité bornée, il est plus aisément plat à force de réalisme, que faux à force de fantaisie.
Enfin, sans y penser, sans y prétendre, Palissy est un écrivain : il y a dans son style si net et si spontané, une force d’imagination qui fait jaillir l’expression non seulement adéquate à l’idée, mais représentative de la vie. […] En parlant de lui, ce Gascon nous peint l’homme, comme Montaigne, autre Gascon : avec toute la différence qui doit séparer un magistrat érudit d’un rude aventurier, il y a entre eux quelque parenté d’imagination et de style.
La découverte d’Herculanum et de Pompéi616 frappa vivement les imaginations : cette réapparition de villes enfouies depuis dix-sept siècles fut le fait saisissant qui captiva l’esprit mondain, et mit le gréco-romain à la mode. […] Ce sera ce goût antique qui ira se développant sous la Révolution, favorisé par les événements politiques et par le mouvement des idées : dégagé de plus en plus des éléments mondains, élégants, spirituels, auxquels il s’est allié d’abord, il créera des formes pures et froides ; il réalisera l’harmonie sans la vie, et la beauté par l’effacement du caractère ; il suscitera la correcte poésie des Fontanes, des Luce de Lancival et des Chênedollé ; il imposera même à l’imagination brûlante de Chateaubriand les idéales figures de Cymodocée et d’Atala, qui ressemblent à l’antique tout juste comme des marbres de Canova.
Pourtant ses ruines occupent les imaginations élevées, sa destinée occupe les intelligences sérieuses ; et cet admirable fleuve laisse entrevoir à l’œil du poëte comme à l’œil du publiciste, sous la transparence de ses flots, le passé et l’avenir de l’Europe. […] Pendant que le corps se déplace, grâce au chemin de fer, à la diligence ou au bateau à vapeur, l’imagination se déplace aussi.
En d’autres termes, il faut que les actions, quelles qu’elles soient, exercées sur le cerveau par les choses externes, s’y conservent d’une certaine manière pour réveiller dans l’âme les images sensibles sans lesquelles la pensée est impossible, d’où il suit que le cerveau n’est pas seulement l’organe central des sensations, le sensorium commune, il est l’organe de l’imagination et de la mémoire, auxiliaires indispensables de l’intelligence. […] Si le cerveau est l’organe de l’imagination et de la mémoire, comme l’expérience semble bien l’indiquer, si l’âme ne peut penser sans signes et sans images, c’est-à-dire sans cerveau, qu’advient-il le jour où la mort, venant à dissoudre non-seulement les organes de la vie végétative, mais ceux de la vie de relation, de la sensibilité, de la volonté, de la mémoire, semble détruire ces conditions inévitables de toute conscience et de toute pensée ?
Plus le poète comprendra profondément le travail de la conscience et de l’imagination créatrice, plus il verra augmenter ses moyens de prise sur la nature. » Rien ne nous semble plus juste. […] Et par Connaissance, nous entendons celle-ci sous toutes ses formes, notion ou prénotion, aspiration, imagination ou intuition.
Comme la plupart des grands hommes — et des grands hommes dans l’ordre de l’imagination qui, semblables à l’univers, ont été livrés aux disputes des sages, — lord Byron attend toujours son historien complet, définitif, irrévocable, qui ferait finir la discussion. […] Multiface, multicolore et multiforme, Byron a été pour l’imagination de ses contemporains un inépuisable kaléidoscope qui tournait toujours.
l’imagination boréale, plus éclatante qu’une aurore, ce cerveau apocalyptique, l’Hécla intellectuel qui a fondu pour la première fois les neiges d’un Protestantisme glacé ; Swedenborg ! […] On peut donc affirmer, sans même toucher à l’amour-propre de ces messieurs, que la Russie, « le fruit pourri avant d’être mûr » de Diderot, — éclair de bon sens qui avait passé dans son génie à travers les fumées grisantes du moka de Catherine II, — n’a pas encore un grand artiste, un grand poète, un grand penseur, un homme, enfin, qui se soit une seule fois servi en maître d’une langue que de Maistre (qui s’y connaissait) comparait à celle d’Homère, et qui pourrait devenir un des plus merveilleux instruments dont l’imagination des hommes put jouer.
L’imagination romaine était emportée vers elles. Les femmes, qui expriment mieux que les hommes l’imagination religieuse d’une race, les femmes, « très pieuses à leurs dieux » dans cette époque de dévotion universelle, allaient à Isis et à Cybèle sans cesser d’aller à Junon et à Diane, comme, plus tard, elles devaient aller à Jésus… Seulement, il ne faut pas oublier de marquer ce que l’auteur de La Religion romaine oublie : c’est qu’une fois à Jésus, elles ne revenaient pas à Junon et à Diane, et que Junon et Diane ne leur avaient jamais fait faire ce que le Christianisme, qu’on veut diminuer en l’expliquant, leur fit faire, en raison de deux choses que ne connaissaient pas ces misérables religions anciennes : l’absolu de son dogme et le péremptoire de sa loi.
Les hommes d’imagination (pour lesquels seuls j’écris) ne me comprendront-ils pas ? […] Mais dans les autres livres de Gozlan faits par l’imagination et les autres facultés de l’auteur, à chaque ligne ne se rencontre pas moins l’esprit, sa faculté première, et quelle que soit la page, — qu’elle soit chauffée par la passion ou noyée dans les larmes de la tristesse !
Ce sont en premier lieu les monuments généralement publics, qui ne sont qu’une reproduction plus ou moins exacte des monuments anciens, ou qu’un amalgame de différents styles à peine rehaussé de quelques détails, dus à l’imagination de l’artiste. […] En effet l’œuvre, dans sa pensée, est toujours adaptée à sa destination, et on comprend quelle richesse d’imagination suppose cette scrupuleuse adaptation de l’édifice à son but.
Les Romains, pendant cinq cents ans, plus brigands disciplinés qu’hommes de génie, n’eurent pendant tout ce temps ni arts, ni goût, ni sensibilité, ni imagination, ni éloquence ; ils empruntèrent tout, et leurs erreurs même. […] Vertueux, dit-on, mais circonspect, tour à tour brave et timide, aimant la patrie, mais craignant les dangers, ayant plus d’élévation que de force ; sa fermeté, quand il en eut, tenait plus à son imagination qu’à son âme.
Faisons la part du pessimisme naturel à l’imagination douloureuse de M. […] Son imagination s’extériorisait dans des caractères. […] Cette imagination des formes était si intense en lui qu’elle l’envahissait, qu’elle l’obsédait, qu’elle paralysait l’autre imagination, celle des idées et des sentiments. […] Et qu’est-ce qu’un roman, sinon l’imagination d’une expérience humaine ? […] Des scènes se dressaient devant leur imagination, avec des gestes, des voix, des regards.
On sent la fatigue d’imagination qui ne sait qu’inventer et qui renchérit sur le connu.
Ce Journal, destiné dans son origine à recueillir les prémices des Muses naissantes, à offrir aux yeux de la Nation les premiers germes des talens capables de flatter ses espérances, à former un mélange intéressant des traits de délicatesse, d’agrément, de force & de sensibilité qu’a produits l’imagination Françoise ; à rendre compte de ce que les Sciences & les Beaux-Arts enfantent tous les jours ; à encourager les Artistes par de justes éloges, ou à les éclairer par des critiques lumineuses : ce Journal borne à présent tout son mérite à des Logogryphes dignes du seizieme siecle, à des Contes d’une froideur qui glace l’esprit, ou d’une extravagance qui égare le sentiment & corrompt le goût ; à des analyses infidelles ou partiales, qui contredisent ouvertement les regles de la Littérature ou celles de la décence ; & à quelques nouvelles politiques rédigées avec une sécheresse qui ôte tout le piquant de la nouveauté.
La plupart, avec un esprit peu élevé, un cœur froid & stérile, une imagination pauvre & dénuée de vigueur, ont besoin d’entasser incident sur incident, d’avoir recours aux épisodes, de prodiguer les sentences, de multiplier les coups de Théatre, pour parvenir jusqu’au dernier acte ; encore finissent-ils le plus souvent par ennuyer le Spectateur, qui ne tolere le commencement, que dans l’espérance d’une fin plus heureuse, M. de Morand avoit assez de talent pour se dispenser de ces pitoyables ressources.
Dans tous ses Opéra comiques, il a su se garantir de la contagion du Bel-esprit, répandue aujourd’hui jusque dans les Chansons, qui, pour être bonnes, ne doivent être le fruit que de l’imagination & de la gaieté.
L’imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l’existence pauvre, sèche et désenchantée.
Et, enragées bêtes que vous êtes, je ne l’exige pas de vous pour faire un nez, une bouche, un œil, mais bien pour saisir dans l’action d’une figure cette loi de sympathie qui dispose de toutes ses parties, et qui en dispose d’une manière qui sera toujours nouvelle pour l’artiste, eût-il été doué de la plus incroyable imagination, et eût-il par devers lui mille ans d’étude.
Il n’avait que de l’imagination et de la poésie, et aussi, tout en blâmant beaucoup, je louai de grand cœur à ce dernier titre le début du XXIIIe livre, l’Absence, dont le mouvement est si heureux et qui ressemble à un motif d’élégie : « Qui de nous n’a trouvé du charme à suivre des yeux les nuages du ciel ? […] … L’homme est un lent voyageur qui envie ces passagers rapides ; rapides moins encore que son imagination, ils ont vu pourtant, en un seul jour, tous les lieux qu’il aime par le souvenir ou l’espérance… « Où vont-ils les nuages bleus et sombres de cet orage des Pyrénées ? […] A cette heure de 1826, M. de Vigny, âgé de vingt-neuf ans, jouissait d’un rare bonheur et d’une perspective à souhait telle que l’imagination la peut rêver. […] Son imagination allait d’un côté, son intelligence de l’autre. Il aurait volontiers senti par l’imagination, et aussi par aristocratie de nature, comme Joseph de Maistre, et il n’avait pas même au fond la religion de Voltaire ; il n’avait le plus souvent, en présence de l’univers et de la nature, que le regard silencieux de Lucrèce, avec l’agonie et le dédain de plus.
« Dans les clubs, il n’est pas rare de voir des joueurs de quatrième force qui se réveillent un beau matin avec cette faculté. » — Quelques joueurs atteignent une étendue et une lucidité d’imagination tout à fait prodigieuses. […] Il s’amusait à concevoir la présence d’un objet bizarre, et, à peine formé dans son imagination, cet objet se traduisait fidèlement à ses yeux… J’ai moi-même recueilli un cas de ce genre… chez un monomaniaque, homme d’un esprit fort cultivé et d’un caractère plein de sincérité, qui m’a assuré à plusieurs reprises qu’il n’avait qu’à se rappeler ou à concevoir une personne ou une chose, pour qu’aussitôt cette chose ou cette personne lui parussent douées d’une apparence d’extériorité. » Il n’y a pas même besoin d’être malade ou sur le bord du sommeil pour assister à la métamorphose par laquelle l’image se projette ainsi à demeure dans le dehors. […] Un peu après, il se trouva que ce cuisinier si parfaitement reconnu était un débris flottant d’un vieux navire naufragé. » Ces marins superstitieux, qui avaient présente et récente dans l’esprit l’image de leur camarade et de sa démarche, avaient tous eu, sans se concerter, la même illusion à l’aspect des mouvements inégaux de l’épave, et, pour bâtir, leur imagination avait trouvé un fondement dans une sensation. […] À chaque instant, les personnes d’imagination vive sont obligées de faire les réductions que ce vieillard ne faisait plus ; l’ordre général de leurs souvenirs, fortifié par l’adjonction de quelque remarque nouvelle, y suffit le plus souvent. […] Ces voix lui répondaient à ses questions mentales comme une deuxième personne, mais toujours dans le sens de ses désirs. » « Nous considérons les phénomènes de l’imagination comme étant une des fonctions des appareils sensitifs internes et qui diffère des autres seulement par l’intensité. » 26.
La peinture de la jeune hôtesse allemande qui l’accueille, et dont il devient épris au premier coup d’œil, est d’une grâce, d’une fraîcheur et d’une candeur qui égalent les pages de Daphnis et Chloé ou les primeurs d’imagination de J. […] Il excelle dans tous les genres, il étend sa domination sur tout le vaste empire de l’art, depuis la canzonetta jusqu’au poème dramatique, depuis la sonate jusqu’à la symphonie : son imagination, aussi variée que profonde, aussi tendre que sublime, exprime tous les sentiments de la nature humaine, depuis le demi-sourire jusqu’à la grâce, et les transports de l’amour jusqu’aux sombres terreurs de l’âme religieuse ; car il ne faut pas oublier que c’est la même plume qui a écrit le Mariage de Figaro et la messe de Requiem. […] Est-ce qu’une symphonie de Beethoven n’est pas mille fois plus dramatique, pour une imagination rêveuse de l’amateur prédestiné et passionné de musique, que tous les drames écrits par un poète pour servir de texte ou de cadre à un drame musical sur le théâtre ? […] Parce que les paroles, bien qu’en expliquant la musique pour le vulgaire, limitent cette musique pour le cœur et pour l’imagination de l’homme bien organisé : la parole, c’est le fini ; la musique, c’est l’infini : voilà son domaine ! […] Mais vous, vous me comprenez, car je sais que l’empire de l’imagination et du merveilleux où se trouvent les sensations célestes vous est ouvert aussi.
On a beau dire, ce sont là les premiers des poètes ; les autres n’écrivent que leur imagination, ceux-là écrivent leur âme. Or qu’est-ce que la belle imagination en comparaison de l’âme ? […] À l’âge de dix ans, son père le mena à Vaucluse ; ces rochers, ces abîmes, ces eaux, cette solitude, frappèrent son imagination d’un tel charme, que son âme s’attacha du premier regard à ces lieux, avec lesquels il a associé son nom, et que Vaucluse devint le rêve de son enfance ; il étudia tour à tour à Montpellier, à Bologne, sous les maîtres toscans ; il négligea bientôt toutes ses études pour la poésie qui était née avec lui de l’amitié de son père avec Dante. […] … En disant cela, je fondis en larmes… » IV L’illustre vieillard consola et raffermit son disciple ; il lui dit que cette sécheresse momentanée d’imagination dont il s’affligeait n’était que le progrès de son esprit, qui, en lui faisant mieux voir jusqu’où il pouvait monter, le décourageait à tort, par le sentiment de la distance qu’il y avait entre son talent d’aujourd’hui et son idéal futur. « Sentir sa maladie, ajouta-t-il, c’est déjà le premier pas vers la guérison ; persévérez et renoncez au barreau, où l’on ne s’adonne qu’à l’art de vendre des paroles ou plutôt des mensonges. » On s’étonne de ce mépris pour le barreau dans un jeune homme dont Cicéron était l’oracle et l’idole. […] Dans un tel état de choses, les facultés de ses grands hommes ne servent qu’à les torturer davantage par le spectacle de l’impuissance de leurs destinées ; de là des rêves, seule consolation des imaginations héroïques emprisonnées dans l’impossible.
XIX Et ce goût passionné pour les poésies d’Ossian ne fut pas seulement un goût littéraire, une fantaisie d’imagination propre à la jeunesse et passager comme elle. […] Nous n’avons jamais considéré le premier des Bonaparte comme une autorité en matière de goût poétique, ni de haute raison philosophique et diplomatique, mais nous l’avons toujours reconnu le plus grand écrivain de son temps, et l’homme de la plus forte imagination, toutes les fois que ses passions ambitieuses ne l’emportaient pas à mille lieues, du triste et du vrai. […] Toute sa diplomatie ne fut qu’un rêve aussi inconsistant que son imagination. […] C’est le propre des hommes à imagination disproportionnée. Je ne récuse donc pas le génie d’imagination du premier Napoléon en matière de goût poétique.
Encore la compréhension et même l’imagination de la construction, mais plus la force de l’exécution. […] C’est bien une imagination farce à la Daudet. […] C’est dans son œuvre, cet adoucissement du caractère de l’humanité de son pays, qui amena un jour entre Flaubert et moi, la plus vive discussion que nous ayons jamais eue, me soutenant que cette rudesse était une exigence de mon imagination, et que les Russes devaient être tels qu’il les avait représentés. […] Jeudi 3 novembre Quel singulier phénomène, que celui qui rend un auteur complètement dupe de ce qu’il imagine, avec tous les tâtonnements de l’imagination ! […] Mercredi 21 décembre En ses lectures, les imaginations de la femme, du côté de la cochonnerie, sont au-delà de ce qu’on peut imaginer.
Ainsi se marquent les grandes scènes guerrières des Souvenirs de Sébastopol et de la Guerre et la Paix, dont l’exactitude prodigieusement nouvelle, le singulier et menu relief prennent l’attention, sans que rien d’oratoire, de stylé, les recommande, sans qu’ils importent par autre chose qu’une observation, une imagination, une expression aussi proche de la vérité qu’on peut la concevoir. […] Cet excellence présuppose chez l’auteur de merveilleux dons d’observation, d’imagination et de souvenir. […] Pour remonter enfin de cette connaissance des dehors essentiels et subjectifs, de cette connaissance des corps, des physionomies, des actes, des situations, des conditions, à la sorte de mouvements psychiques qu’ils causent ou dont ils sont causés, Tolstoï dut posséder tout d’abord une notion absolument exacte du seul rapport d’homme à âme qui lui était accessible, du sien, — et compléter cette intuition par des aptitudes miraculeuses au raisonnement par analogie pour autrui, par la divination des variations de la relation entre le monde et les êtres selon la variété de ces derniers, par d’audacieuses, sagaces et instinctives hypothèses, par une souveraine imagination psychologique qui lui ouvrit le cœur des simples et des femmes, comme l’esprit des méchants et des penseurs. Que l’on grandisse ces facultés au point où leur manifestation devient impérieuse, que l’on y accole les qualités d’élocution et d’arrangement juste nécessaires pour composer des œuvres littéraires de forme médiocre, que l’on fasse prédominer la connaissance, le rappel, l’imagination des personnes, sur celles des actes purs, des drames, des histoires, l’on aura énuméré les causes générales dernières des œuvres de Tolstoï, de leur contenu réaliste, de leur étendue, de leur valeur plus psychologique que dramatique, et la force de ces dons sera mesurée à la grandeur de leur manifestation, à la puissance d’illusion de l’œuvre à la sympathie, au saisissement, à l’attraction qui s’en dégagent. Maintenant qu’une intelligence ainsi douce pour la perception, le souvenir, la divination des esprits, soit telle que toutes ces notions sur le monde ne s’accompagnent pas des mêmes sentiments, des mêmes émotions ; que les sentiments agréables d’élation, de joie, d’acquiescement, suivent plus particulièrement la vue et le souvenir d’actes immédiatement bienfaisants à l’homme, que l’écrivain consolidant progressivement ce sentiment, lui laisse déterminer ses propres actes et ses mobiles, aussitôt le spectacle du monde étant mêlé de mal et de bien, toute une partie de la réalité sera envisagée avec des dispositions pénibles d’aversion, d’inquiétude, d’angoisse, de désespoir ; l’écrivain négligera le plus qu’il pourra de prêter attention à cette part de la réalité, l’omettra de sa mémoire, de son imagination, de son œuvre ; mais comme on ne peut éviter de la connaître, comme ses facultés d’observateur la lui représenteront sans cesse, il en viendra peu à peu à un état de trouble, d’éloignement pour le spectacle qu’il semblait destiné à connaître et à goûter pleinement.
« En sorte », dit-il, « que je fus le sixième parmi ces grands esprits. » Puis la confusion de l’imagination du poète jette la confusion dans ses tableaux. […] XII Cette répugnance de l’esprit humain à admettre l’irrémédiabilité et l’éternité des peines a tourné de préférence toutes les imaginations du côté de cet enfer à temps qu’on appelle le Purgatoire. […] Montons avec le Dante au Paradis, où les fortes ailes de son génie étaient faites pour le porter sur des imaginations plus sensées. […] Mais déjà l’amour, qui donne le mouvement au soleil et aux étoiles, tournait mon désir et mon velle (ma volonté) comme une roue qui circule sous une impulsion universelle. » XXVI Et ainsi finit par ce dernier vers le triple poème, comme le rêve d’un théologien qui s’est endormi dans un cloître aux fumées de l’encens et aux chants du chœur, et à qui son imagination représente en songe les images incohérentes des tableaux de sacristie qu’il regardait sur les murailles en s’endormant. […] Une nation qui a produit après lui, par la main du Tasse, un poème épique moins irréprochable, mais plus enchanteur que l’Énéide ; une nation qui a produit, par la main de l’Arioste, le plus immortel caprice de génie qui ait jamais déridé la muse sévère de l’épopée ; une nation qui a produit, dans un homme plus grand qu’eux tous, dans Pétrarque, le Platon de l’amour céleste et de l’amour humain en un seul homme, pour faire parler à la fois à la piété, à l’imagination et au cœur, leurs trois idiomes surhumains, dans des vers qui ne furent et qui ne seront jamais chantés que dans le ciel ; une telle nation est ingrate envers ses autres enfants en voulant être trop reconnaissante envers un seul.
Exquisément, avec un geste gamin, tendre et peureux, avec l’horreur de divulguer à la foule une pensée hautaine, elle composa d’imagination des histoires d’amour qui symbolisaient des conflits d’idée. L’Eliante Donalger de la Jongleuse n’est qu’une des faces multiples de l’imagination. […] Son dernier livre, Caresco surhomme, est une débauche d’imagination. […] Ils ont presque tous été, excepté Zaïde, les productions d’esprits faibles qui écrivent avec facilité des choses indignes d’être lues par des esprits solides ; ils sont même pour la plupart dénués d’imagination ; et il y en a plus dans quatre pages de l’Arioste que dans tous ces insipides écrits qui gâtent le goût des jeunes gens. » Voilà une opinion qui réjouira M. […] Salomé, par dessus les âges, sur l’azur du ciel de Galilée, belle comme la rêva Gustave Moreau, belle comme au jour où elle demanda la tête de Jean, s’empare de l’imagination maladive de Pierre Servain, être chétif et disgracié, grandi parmi les objets pieux, statuettes et missels.
Mon ami, tu es plein de grâce, tu peins, tu dessines à merveille ; mais tu n’as ni imagination ni esprit. […] Trompé par le charme de son pinceau, et par son succès dans de petits sujets tranquilles, où l’imagination est secourue par cent modèles supérieurs j’avois dit de lui, (…), je me rétracte. […] L’imagination passe rapidement d’image en image ; son œil embrasse tout à la fois. […] Cela vient apparemment de ce que mon imagination s’est assujetie de longue main aux véritables règles de l’art, à force d’en regarder les productions ; que j’ai pris l’habitude d’arranger mes figures dans ma tête comme si elles étoient sur la toile ; que peut-être je les y transporte, et que c’est sur un grand mur que je regarde, quand j’écris ; qu’il y a longtems que pour juger si une femme qui passe est bien ou mal ajustée, je l’imagine peinte, et que peu à peu j’ai vu des attitudes, des groupes, des passions, des expressions, du mouvement, de la profondeur, de la perspective, des plans dont l’art peut s’accommoder ; en un mot que la définition d’une imagination réglée devroit se tirer de la facilité dont le peintre peut faire un beau tableau de la chose que le littérateur a conçu.
Nous disons, la mort, la maladie, l’imagination, l’idée, &c. comme nous disons le soleil, la lune, &c. quoique la mort, la maladie, l’imagination, l’idée, &c. […] comme si nous ne pouvions avoir des concepts, ni des imaginations, sans qu’il y eût des objets réels qui en fussent l’exemplaire. […] On dit aussi que le sujet attire à soi l’attribut ; ce ne sont-là que des métaphores qui n’amusent que l’imagination. […] J’en dis autant de tout corps étendu, dont notre imagination peut toûjours écarter les bornes, & venir enfin à l’étendue infinie. […] D’ailleurs si l’harmonie ou le jeu de l’imagination les sépare quelquefois, souvent aussi elle les rapproche.
Son imagination l’enflamme, l’emporte en un monde féerique, plein de songes, de musique, et jette sur le papier les premières scènes de Conte d’avril.
Ce noble christianisme des Basile et des Chrysostome était pour lui une autre Grèce, un monde classique en une certaine manière, où son imagination se complaisait.
l’Abbé de Caveirac, & ne pas se contenter d’une imputation vague, qui n’a d’autre fondement que son imagination, trop prompte à lui créer des fantômes, quand il en a besoin pour effrayer le Public.
Un caractere original, une imagination vive & brillante, un esprit vigoureux & sublime, animent jusqu’à ses moindres Productions.
L’Histoire de la Félicité, entre autres, est un Ouvrage où l’imagination, les traits ingénieux, les portraits originaux, les pensées saillantes, fourmillent, & amusent le Lecteur en l’intéressant.
Ils ne vous donneront pas le génie, parce qu’on l’apporte en naissant ; mais ils vous remueront, ils élèveront votre esprit, ils dégourdiront un peu votre imagination ; vous y trouverez des idées et vous vous en servirez.
D’autre part, les femmes s’en mêlent fort ; dans la nullité de galanterie et dans la froideur de la religion, il ouvre une carrière à l’imagination et aux rêves. […] Du reste, comme l’aimable enfant a beaucoup de goût, l’imagination vive, une inclination poétique pour le changement, elle tient sa femme de chambre Pincott à l’ouvrage nuit et jour. […] Ainsi soutenus, le monstre impossible et le grotesque littéraire entrent dans la vie réelle, et le fantôme de l’imagination prend la consistance des objets que nous touchons. […] L’imagination de Dickens elle-même eût manqué cette œuvre. […] Notre véritable essence consiste dans les causes de nos qualités bonnes ou mauvaises, et ces causes se trouvent dans le tempérament, dans l’espèce et le degré d’imagination, dans la quantité et la vélocité de l’attention, dans la grandeur et la direction des passions primitives.
Au surplus, quand on rêve un grand rôle public et bienfaisant, n’est-il pas permis de se présenter soi-même aux autres hommes de façon à agir le plus possible sur leur imagination ? […] Mais, de ces deux imaginations souveraines, l’une nous ravit par sa spontanéité et sa grandeur, l’autre nous étonne par son énormité et sa violence. […] Et c’est encore, si vous voulez, le bon vieil argument d’école, l’innocente « preuve de l’existence de Dieu par le spectacle de la nature », harmonieusement développée déjà par Fénelon, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, reprise, renouvelée, rendue splendide par l’imagination d’un grand poète. […] Il sépare Dieu du monde dans sa pensée, jamais dans son imagination, jamais dans sa prière. […] Les imaginations féminines s’obstinèrent assez longtemps à voir en lui une colombe gémissante.
La phrase de M. de Fiennes est un massif dont les fleurs touchent aux cieux de l’imagination, tandis que les racines s’attachent solidement au sol de la langue. […] Il n’y a qu’une intelligence en train de cuver son imagination qui ait pu rêver d’aussi gigantesques extravagances de forme et de couleur. […] Ouvrez nos collections, assimilez-vous nos allures et nos tendances, mortifiez bien la chair de votre imagination. […] Pelletan, qui veut qu’on mette de l’imagination dans l’élaboration du travail historique, et qui, l’autre jour, félicitait M. […] Puis, si l’estomac, en se vidant, dissipait le nuage et l’éclair du cerveau si l’azur y pendait en lambeaux comme un vieux ciel de théâtre troué, Gérard faisait un nouvel effort d’imagination et retrouvait le hatchis des Orientaux au fond du gobelet méphitique où le portefaix verse le poison appelé genièvre.
— « Expression, dit Fauriel, d’une mélancolie naïve et profonde ; et qui semble marquer, dans l’âme à laquelle elle échappe, l’instant où finit cette surprise accablante dont notre imagination est d’abord frappée lorsque la mort vient de nous ravir un être nécessaire à notre bonheur, et où commence la conviction douloureuse d’une perte éternelle ! […] Villers regarde comme l’opposé de la superstition, est-elle autre chose que la superstition raffinée des imaginations vives auquelles manque le contre-poids du jugement ? […] l’imagination avec lui retrouvera son jour ; âme non moins ardente que délicate, elle ne le laissa jamais. […] Dans ce but, il croyait avoir à préparer l’imagination, l’intelligence de ce lecteur moderne, et devoir l’acheminer dans le passé avec lenteur et par voie de notions successives. […] N’oublions pas que la mesure de la moralité varie singulièrement avec les siècles et selon les pays ; l’imagination des poëtes a été de tout temps très-sujette à fausser cette mesure.
Ces principes établis, le Philosophe ne marcha plus au hasard & selon le gré d’une imagination vagabonde : il suivit des guides sûrs & infaillibles, qui, lui découvrant la vérité, lui apprirent, par une chaîne non interrompue de conséquences, à agrandir le cercle de nos idées.
Quoi-qu’il eût reçu de la nature une imagination vive & brillante, un caractere tendre & enjoué, & un génie véritablement poétique, nous doutons qu’il eût également réussi, s’il avoit écrit en François, Langue pauvre & timide en comparaison de celle qu’on parle en Languedoc.
Un poëte comique ne dépeint pas aux spectateurs des heros, ou des caracteres qu’ils n’aïent jamais connus que par les idées vagues que leur imagination peut en avoir formées sur le rapport des historiens : il n’entretient pas le parterre de conjurations contre l’état, d’oracles ni d’autres évenemens merveilleux, et tels que la plûpart des spectateurs, qui jamais n’ont eu part à des avantures semblables, ne sçauroient bien connoître si les circonstances et les suites de ces avantures sont exposées avec vrai-semblance.
Pendant de longues années, la sombre imagination anglaise, saisie de terreurs religieuses, avait désolé la vie humaine. […] Après de longues heures de sécheresse, l’imagination faussée et surmenée travaillait. […] Sa riche imagination le retient à demi dans la comédie romanesque. […] L’imagination se tempère ; l’esprit se discipline : il revient sur ses pas ; il parcourt une seconde fois son domaine avec une curiosité calmée, avec une expérience acquise. […] La vie mondaine qu’ils peignent est un vrai carnaval, et les têtes de leurs héroïnes sont des moulins d’imaginations extravagantes et de bavardage effréné.
J’oubliai que l’originalité et l’imagination sont les seuls péchés qui ne se pardonnent pas. » Quel dommage que, dans son livre ou dans sa vie, il n’y ait trace d’originalité ni d’imagination ! D’imagination surtout elle manque visiblement quand il s’agit d’expliquer les motifs de sa fuite. […] Et cela lui permet de plier cette passion au gré de son imagination. […] Il ne la revêt pas des couleurs de l’imagination ; il s’applique à la peindre minutieusement telle qu’elle est, car c’est la réalité qui l’intéresse, et non pas son imagination. […] l’imagination ne lui manque pas.
Enfin il a chargé ses romans d’un tel dynamisme qu’ils sont réellement des créatures vivantes et qui s’emparent de notre imagination. […] Il ajoutait : « Les personnages n’ont point pris véritablement naissance dans son imagination et dans son cœur. […] En se conformant à cette signification, on peut dire qu’une œuvre littéraire est actuelle, tant qu’elle agit sur l’imagination et la sensibilité d’un grand nombre de lecteurs. […] Ce n’est pas seulement la date qui produit ce caractère d’historicité, c’est, comme je le disais plus haut, que l’imagination et la sensibilité de l’époque ont changé. […] Énergie d’imagination qui lui faisait naturellement inventer des caractères vigoureusement frappés et des événements à leur ressemblance.
et quand mettra-t-on l’invention où elle est : je veux dire partout ailleurs que dans l’imagination des faits qui servent de support au drame et au roman ? […] Il avait l’imagination naturellement romanesque et le tour d’esprit volontiers optimiste. […] Et, quand on a dit de Feuillet qu’il avait l’imagination romanesque, est-ce assez ? […] Est-ce qu’il avait donc l’imagination sombre et mélodramatique ? […] La poésie peut-elle enchaîner la liberté de l’imagination et lier les ailes du rêve ?
N’est-elle point fille de l’imagination comme elles ? […] Toute notre imagination est faite de souvenirs. […] Il faut goûter la naïveté de leur imagination. […] Voilà ce que c’est qu’une imagination d’artiste ! […] L’histoire figurée exerce sur l’imagination un charme puissant.
Faisons un pas de plus dans notre analyse et regardez comme son imagination s’amplifie. […] L’un et l’autre possèdent un don d’imagination poussé à ses limites. […] Les premiers romantiques français confondaient trop souvent l’âme avec l’imagination. […] Tous les écarts de l’imagination se donnent carrière. […] Les romantiques ont assigné pour fin au poète l’exaltation de l’imagination.
C’est à vous, critiques, c’est à vous de l’en détacher et de le transporter par l’imagination dans d’autres ordres d’idées. […] C’est qu’il avait frappé son imagination à un endroit qui lui était particulièrement sensible. […] C’est une imagination de fille en belle humeur. […] Mais point du tout : c’est une imagination fantasque qui lui passe par la tête. […] Ce déguisement est encore une de ces inventions bouffonnes où se marque le mieux la gaieté d’une imagination en belle humeur.
L’artiste peut créer avec l’imagination tous les éléments de la possession, et les voir, en outre, du point de vue de l’imagination ; mais le contraire n’est pas vrai, on ne fera pas de l’imagination avec la possession, ou on imaginera dans la possession le contraire de ce qu’on possède. L’homme ne peut imaginer ce qu’il possède, tandis que l’artiste possède ce qu’il imagine, et, en même temps, lui garde sa fleur d’imagination. […] À sa sensualité sont jointes une imagination vulgaire et une grande naïveté, c’est-à-dire, en somme, de la sottise. […] Pour que le sujet le séduisît et parlât à son imagination, il avait fallu qu’il le conçût dans son voyage d’Orient, comme un alibi. […] Et c’est précisément cette hallucination de la chose morte qui a contribué à donner à Salammbô son prestige symbolique sur l’imagination.
L'imagination comble le reste.
Ce n’est pourtant pas une simple traduction versifiée du Nouveau Testament, l’imagination y prend sa place, la légende aussi, mais avec la discrétion qui convient à un pareil sujet.
Son temps haletant la suit et l’applaudira quand, pour résumer et sceller toutes les aspirations éparses de l’heure, elle évoquera les splendeurs du Bas-Empire, bâtira au milieu de nos brouillards industriels, un décor fleuri et somptueux de Byzance et dressera sur les imaginations éblouies l’image de Théodora, impératrice d’Orient.
Celle de Louis XIV est bien propre à faire connoître que l’Orateur avoit de la noblesse & de la fermeté dans le caractere ; que son imagination étoit riche & féconde, son style séduisant & inépuisable ; mais elle humilie en quelque façon son Héros, ce qui n’est pas ordinaire dans ces sortes d’ouvrages, & n’en fut jamais le but.
L’usage frequent et habituel des denrées des païs chauds rapproche donc, pour ainsi dire, le soleil des païs du nord, et il doit mettre dans le sang et dans l’imagination des habitans de ces païs une vigueur et une délicatesse que n’avoient pas les ayeux, dont la simplicité se contentoit des productions de la terre qui les avoit vû naître.
Cependant ce mot de triumvirat littéraire est un mot qui vous envoie à l’esprit de grandes imaginations.
Du reste, quoique ces trois poètes qui, à tort ou à raison, ont passionné l’imagination de leur temps, ne soient pas personnellement pris à partie dans cette première fournée des Poètes du xixe siècle, ils y sont pourtant à bien des pages où les imitateurs qu’on y juge font des repoussoirs à leurs maîtres et les grandissent de leur petitesse, à eux.
On se dit : « Allons toujours, je réfléchirai après. » Les peuples à grande imagination sont tous habitués à cet effet du grand style sur leur esprit. […] Myriel, et, convenons-en, il l’a fait avec une généreuse intrépidité dans un moment où la littérature, disons le mot, une littérature médiocre, scolastique, sans feu, sans ailes, sans imagination, se retourne niaisement vers l’athéisme, cette bêtise sans fond, et croit avoir inventé quelque chose en inventant le néant ! […] Seulement il y aura une erreur de plus entre les hommes, l’idéal, exagéré par l’imagination, l’accusation réciproque des uns contre les autres, la haine aveugle résultant de la mauvaise volonté supposée de tous contre tous, par conséquent un surcroît de calamités incurables. XVI Belle œuvre d’imagination, mauvaise œuvre de raison.
L’univers ressemble plus à un poëme qu’à une machine ; et s’il fallait choisir, pour le concevoir, de l’imagination ou de l’esprit mathématique, l’imagination approcherait davantage de la vérité. » LI Ses dédains contre la doctrine de la soi-disant vertu, fondée sur l’intérêt personnel, et sa flétrissure de l’égoïsme, s’élèvent jusqu’à la sublimité de l’invective. […] « Croient-ils connaître la terre, croient-ils avoir voyagé, ceux qui ne sont doués d’une imagination enthousiaste ? […] Cette fille unique de madame de Staël, douée par la nature d’une beauté pour ainsi immatérielle, du génie de l’âme, supérieur au génie de l’imagination, et d’une vertu mûre au printemps, que la religion devait accomplir et couronner par une mort jeune, aurait fait l’orgueil de toutes les mères.
Son père était un de ces caractères aventureux, romanesques, galants, poétiques, qui laissent des traditions populaires de bravoure et de licence, dans l’imagination de leur pays, tels que François Ier et Henri IV, de France. […] Le même poëte, la contemplant quelques jours avant son départ en habits de deuil dans le parc de Fontainebleau, retrace ainsi amoureusement son image et la confond pour jamais avec les belles ombres des Diane de Poitiers, des la Vallière et des Montespan qui peuplent, pour l’imagination, les eaux et les arbres de ce beau lieu : .......... […] L’imagination seule peut mesurer la profondeur de cette dissimulation vengeresse de la reine envers celui qui avait donné le dernier coup de dague au cadavre de son favori ! […] Depuis la rentrée de la cour à Holyrood, il s’était signalé parmi les partisans dévoués de la reine ; soit calcul, soit fascination, soit espérance confuse de subjuguer le cœur d’une femme en étonnant son imagination, il n’avait pas tardé à la conquérir comme on conquiert le plus sûrement l’orgueil d’une femme, en paraissant dédaigner de la conquérir.