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1378. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Il donnera ce renseignement, qu’on ne lui demande pas, avec plus ou moins de désinvolture ou d’apparente bonhomie, suivant son tempérament et son éducation. […] Demandons-nous à présent si elle est respectable, si les raisons qui l’ont fondée subsistent aujourd’hui, ou si elle est simplement une routine, un témoignage de pauvreté d’invention ou d’observation chez nos romanciers. […] J’ai rencontré, au fond d’une forêt, une châtelaine qui connaissait les cent trente-trois manières d’apprêter le lapin de garenne, mais personne ne les lui demandait.

1379. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

D’un autre côté, des États très peu belliqueux, comme la Chine, ont pourtant abusé des réglementations uniformes ; et même dans les temps modernes, ce sont plus d’une fois des intérêts industriels qui ont demandé l’unification des sociétés. […] L’égalitarisme demande les réglementations nombreuses que le libéralisme repousse ; le premier compte sur le pouvoir central dont l’autre se défie ; l’un se complaît à l’uniformité comme l’autre aux diversités originales. […] Ce qu’il y a du moins de commun à l’un et à l’autre, c’est ce principe que, quels que doivent être les meilleurs moyens de sauvegarder sa liberté, l’individu a sa valeur et ses droits propres, qu’il est respectable en soi, responsable de ses actes ; c’est en un mot l’individualisme, En ce sens, nous avons nous-même reconnu que l’idée de liberté est proche parente de l’idée d’égalité, puisque celle-ci nous a paru supposer le sentiment que les hommes, en tant qu’individus, ont une valeur ; nous avons fait entrer l’individualisme dans la définition de l’égalitarisme. — Force nous est donc de nous demander, non pas seulement si l’unification des sociétés est favorable à une politique de réglementation à outrance, mais si elle est essentiellement hostile à l’expansion du principe individualiste lui-même.

1380. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il ne faut point demander si les deux frères furent célébrés par des éloges publics. […] Enfin, lorsque la mort, parmi nous, ouvre les tombeaux où reposent les cendres de nos rois, la foule des citoyens qu’une curiosité inquiète et sombre précipite sous ces voûtes, pour y voir à la fois les monuments de la grandeur et de la faiblesse humaine, à la lueur des flambeaux et des torches funèbres qui éclairent ces lieux, semble ne demander, ne chercher que Henri IV. […] Il remonta à l’origine et à la première institution de la chevalerie, et la représenta comme une institution politique, militaire et sacrée, aussi nécessaire pour la défense que pour le gouvernement des États, et qui demandait dans un guerrier l’accord de la probité et du courage, des vertus et de l’honneur.

1381. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Demandez-le à la science, à celle d’aujourd’hui même : un malade. […] Le Code ne demande pas : avez-vous faim ? […] Le Code ne demande rien. […] Elle avait des enfants, souvent quatre ou cinq ; que lui demander de plus ? […] On lui demande : « La fortune fait-elle le bonheur ? 

1382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 165-166

Mabillon, le Cardinal Collorédo écrivit aux Bénédictins de Paris, par ordre de Clément XI, qu’ils feroient plaisir à sa Sainteté d’inhumer cet Homme illustre dans le lieu le plus distingué de leur Couvent, parce que tous les Savans de l’Europe ne manqueroient pas de leur demander : Ubi posuistis eum ?

1383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 517-518

Un de ses Ouvrages les plus estimés, est l’Histoire de l’Eglise en abrégé, par demandes & par réponses, depuis le commencement du monde jusqu’à présent, c’est-à-dire jusqu’en 1712.

1384. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 250-251

L'Auteur demande grace pour les inégalités, les négligences & même la rudesse de son style.

1385. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Préface (1831) »

Il se demanda, il chercha à deviner quelle pouvait être l’âme en peine qui n’avait pas voulu quitter ce monde sans laisser ce stigmate de crime ou de malheur au front de la vieille église.

1386. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VI. Le canari merveilleux. »

Elle en prend un et demande au dioula147 qui était assis à côté de l’étalage : « Quel est le prix de ce canari ?

1387. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Un libéral de 1830 qui n’emploie jamais le mot liberté mérite qu’on lui demande la permission de l’embrasser. […] Je demande sans cesse le nom de ces inconnus que je vois tous les jours et je l’oublie sans cesse. […] La question, comme tout à l’heure elle revenait à se demander si la contemplation du beau était corruptrice, revient donc maintenant à se demander si l’amour de Dieu est corrupteur. […] La mesure, même de la valeur de l’effort, est donc encore donnée par la demandent nous voilà revenus au jeu de l’offre, de la demande et de la concurrence. […] Fixera-t-il la valeur d’après les indications de l’offre et de la demande ?

1388. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On parlait un jour du courage à la guerre, et l’on demandait si les braves fuyaient jamais. […] Tourmenté de cette idée, j’ai écrit au citoyen Cantwell pour lui demander, comme une grâce, de m’éviter le malheur de paraître ingrat ; je le supplie de vous voir et de vous dire, s’il est possible, à quel point je suis touché de votre singulier mérite. […] Pictet m’a demandé de vos nouvelles. […] Je ne doute nullement, mon cher Fauriel, que votre traduction, en vous pe rmettant toutes les libertés que vous demandez, ne devienne la meilleure possible, et que, si l’original est un ouvrage manqué, la traduction au moins ne soit un chef-d’œuvre. […] Qu’il se demande si la phrase qu’il vient d’écrire est italienne ; comment pourra-t-il faire une réponse assurée à une question qui n’est pas précise ?

1389. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Son pacifisme ne naît point d’un déséquilibre de l’âme et du corps ; au contraire, il lui demande une harmonie définitive. […] » me demandais-je. […] Il ne dit pas un mot. « Qu’est-ce qui vous embarrasse, semblait-il me demander ? […] Il ne se rend pas compte du trouble dans lequel il jette des lecteurs qui ne demanderaient pas mieux, je crois, d’être encore longtemps abusés. […] Alfred Fabre-Luce demande à la discipline et à la culture une collaboration constante.

1390. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

— Afin de faire comprendre plus clairement de quelle manière, selon moi, agit la loi de sélection naturelle, je demande à mes lecteurs la permission de leur donner un ou deux exemples. […] Mais on peut demander comment une loi analogue peut agir à l’état de nature. […] — Mais s’il est vrai que tous les êtres vivants tendent à s’élever dans l’échelle organique, on peut se demander comment il se fait qu’il existe encore sur toute la surface du globe une multitude de formes inférieures et pourquoi, dans chaque grande classe, quelques formes sont beaucoup plus élevées que d’autres. […] Le savant paléontologiste me prête à tort l’idée erronée que toutes les espèces d’une contrée se transforment en même temps, et demande avec raison pourquoi toutes les formes vivantes n’offrent pas une masse toujours changeante d’une inextricable confusion. […] Le professeur Bronn observe encore avec justesse que les espèces distinctes ne diffèrent pas les unes des autres en un seul de leurs caractères, mais le plus souvent en plusieurs ou même en un grand nombre, et il se demande comment la sélection naturelle peut avoir simultanément affecté plusieurs parties de l’organisation.

1391. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Quelquefois pourtant, cette parole intérieure qui accompagne toujours la réflexion solitaire se fait connaître à nous : c’est le soir, quand la lampe est éteinte, quand nous avons renoncé pour un temps à l’activité réfléchie, à l’intelligence raisonnable, à la conscience ; nous avons abdiqué, nous demandons à jouir du repos, nous appelons de nos vœux Le silence, l’oubli, le néant qui délivre1. […] Il admet pourtant, non pas dans la Législation primitive mais dans les Recherches philosophiques, que l’idée qui attend et demande son expression « ne se montre pas encore pleinement à l’esprit », mais se montre déjà ; il admet que parfois « on se souvient vaguement, faute d’un mot » que les esprits distraits et lents conçoivent souvent leurs pensées imparfaitement durant un certain temps avant d’en trouver l’expression, qu’un écolier intelligent « devine à peu près le sens d’un passage » avant de le bien comprendre. […] Sans s’arrêter au simple fait de la simultanéité ordinaire, sans se demander si le fait est vraiment universel et ne souffre pas des exceptions, il se hâte d’affirmer que le mot intérieur et la pensée qui lui correspond sont toujours rigoureusement simultanés, et en même temps il proclame que cette concomitance est une nécessité de notre nature44. […] Un psychologue consciencieux, contemporain de Bonald et de Maine de Biran, Prévost (de Genève)8 accentue ingénument la même ignorance : il croit que la remémoration des sons n’est pas donnée à tout le monde, et qu’elle demande un exercice tout spécial ; il ne connaît que deux successions d’images sonores : la récitation muette et la lecture de la musique écrite. […] , p. 266) ; au cours d’une polémique, il se laisse aller à demander si l’esprit existe quand il n’est que ténèbres, « avant que la parole lui révèle sa propre pensée » (Recherches, ch. 

1392. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

— On vient de recevoir, à la Comédie française, une comédie intitulée La femme de quarante ans, d’un M. d’Onquaire ; on en attend beaucoup, et on se demande si ce n’est pas un auteur comique qui nous vient : Dî omen… advertant !

1393. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXX » pp. 279-280

Pourquoi, se demande-t-on, ce faux air de mollesse et d’apologie de la part d’un philosophe qui soutient en toute occasion la cause de la conscience humaine, de la morale spiritualiste, et qui, hier encore, réfutait Cabanis dans la Revue des Deux Mondes ?

1394. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arvers, Félix (1806-1850) »

N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

1395. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottier, Eugène (1816-1887) »

… On demandait naguère, pour sa tombe, du bronze… Qu’à cela ne tienne : son œuvre fournit la matière.

1396. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 48-49

Thomas travailloit bien plus facilement que Pierre ; & quand celui-ci cherchoit une rime, il levoit une trappe & la demandoit à Thomas, qui la lui donnoit aussi-tôt.

1397. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 384-385

Cette édition demandoit donc un homme de Lettres laborieux, intelligent, Poëte lui-même, en état de remplir les lacunes, de lier les morceaux séparés, de deviner l’Auteur, de disposer de son bien comme du sien propre, de faire en un mot avec lui société d’esprit & de talens, en lui cédant tout l’honneur du succès ; M. de Tresseol qui a réuni toutes ces qualités, mérite de partager la gloire de M.

1398. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VII. Philippe de Commines et Rollin. »

Un chrétien a éminemment les qualités qu’un ancien demande de l’historien… un bon sens pour les choses du monde et une agréable expression 173.

1399. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  De Machy  » p. 151

On a quelquefois demandé à quoi cette décoration somptueuse était utile.

1400. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Mais ceci demanderait toute une étude et une considération à part : l’admirable docilité de l’un, la courageuse franchise des autres, offriraient un tableau déjà antique, et prêteraient une dernière lumière aux préceptes consacrés. […] Si l’on demandait à l’auteur des conclusions un peu générales, on les trouverait singulièrement disproportionnées à l’appareil qu’il déploie : « J’ai montré, dit-il en finissant, M. 

1401. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

quels vœux s’élèveraient vers l’intelligence suprême, pour lui demander de ne pas briser la chaîne de souvenirs qui unit ensemble deux existences ? […] M. de Buffon s’est complu dans l’art d’écrire, et l’a porté très loin ; mais quoiqu’il fût du dix-huitième siècle, il n’a point dépassé le cercle des succès littéraires : il ne veut faire, avec de beaux mots, qu’un bel ouvrage ; il ne demande aux hommes que leur approbation : il ne cherche point à les influencer, à les remuer jusqu’au fond de leur âme ; la parole est son but autant que son instrument ; il n’atteint donc pas au plus haut point de l’éloquence.

1402. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Dans l’une comme dans l’autre, il demande les mêmes qualités de conception et d’exécution, il poursuit le même résultat, qui est l’éloquence. […] A l’usage encore il demandait de prononcer sur l’arrangement des mots, sur leurs alliances, leurs rapprochements, leurs dépendances, sur la structure et l’ordonnance des propositions.

1403. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

À peine constituée, la nouvelle société se demanda ce qu’elle allait faire dans ses séances hebdomadaires du lundi : ce n’était pas pour causer évidemment qu’un corps officiel pouvait se réunir. […] « C’est la façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps. » On pourrait demander : qui définira ces plus saines parties et de la cour et des auteurs ?

1404. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Conséquents à cette idée, les prêtres firent demander pour Jésus, par la foule, le supplice de la croix. […] Il demanda à boire.

1405. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Mais ce poëte, retenu par un point d’honneur, demanda qu’on revît auparavant son procès. Il voulut être rappellé, non à titre de grace, mais par un jugement solemnel : sa demande fut rejettée.

1406. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

On nous demande encore comment « le bon goût et l’élégance peuvent caractériser un ouvrage incurablement banal ». […] A bout d’arguments, on finit par m’accuser de n’avoir pas lu Télémaque, et on se demande même si j’ai lu les Dialogues sur l’éloquence.

1407. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Assurément, Amédée Renée, qui se sentait peintre, dut se demander comment il s’y prendrait pour terminer cette grande œuvre, savante, mais incolore. Il dut se demander si sa conscience éveillée de continuateur ne lui créait pas l’obligation d’imiter, autant que le lui permettrait la nature de son esprit, l’homme dont on venait pour ainsi dire de lui mettre la plume à la main.

1408. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

La honte de la mémoire vient demander à la pensée de l’effacer. […] nous ne leur demandions pas leur origine !

1409. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

Niaiseries d’oisifs, détails inouïs de platitude recueillis avec un respect si comique, on se demande vraiment si c’est là de la littérature ou si c’est de l’esprit de société ? […] Demandez-vous ce qu’elles ont fait de Benserade et de Voiture, ces embaumeuses de poètes, ces momies ?

1410. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

qu’il n’y en ait pas mis une autre… Henri IV a donc commis là bien évidemment une des plus grandes fautes que souverain pût commettre, même la question religieuse écartée, que l’Histoire cependant n’écartera pas, car, je le dis, en regardant bien en face les révolutions futures, ou du moins le chemin par lequel elles peuvent venir, les gouvernements doivent toujours venir à bout, quand ils le voudront, eux qui sont la force organisée, de la force qui ne l’est pas… Segretain a par des exemples nombreux et frappants fait toucher du doigt dans son histoire la bévue des gouvernements du xvie  siècle qui précédèrent celui de Henri IV, lequel paracheva et fixa les conséquences de cette énorme faute, en la commettant à son tour ; et on se demande vraiment pourquoi, en lisant Segretain, qui nous met en lumière une chose qu’avant lui on n’avait pas assez vue, ce qui prouve son extrême bonne foi et son désir de justice : c’est qu’à toutes les époques de sa vie Henri IV, quelles qu’aient été ses apostasies, avait toujours été au fond de sa pensée plus catholique que protestant ! […] un prêtre espagnol, en pleine chaire, demanda que Sixte fût déposé comme fauteur d’hérétiques, — et cela pour avoir voulu rester LE PAPE, et n’incliner d’aucun côté les droits de sa paternité sublime.

1411. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Mais personne, avant MM. de Goncourt, n’avait appliqué cette idée à l’Histoire avec une telle précision et même une telle exclusion que si vous ôtiez de la leur les gravures, les miniatures, les portraits, les caricatures, l’ameublement, l’ornementation des appartements, tout le bric-à-brac, tout l’inventaire artistique du xviiie  siècle, on se demanderait ce qui resterait de l’Histoire !… Elle est surtout faite de tableaux vus et souvenus… Et en la lisant tulle qu’ils l’écrivent, on se demande si c’est la société du xviiie  siècle qui reflète son art, ou si c’est l’art du xviiie  siècle qui reflète sa société, et quel des deux est le caméléon ?

1412. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Cousin, ce grand indigent philosophique, qui avait demandé l’aumône à la porte de la philosophie écossaise, la demanda à la porte de la philosophie allemande, et Hégel lui donna ; et ce fut Cousin, lui plus que personne (était-ce de reconnaissance ?)

1413. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Demandez-vous ce qu’est Charlotte Corday elle-même, la femme la plus héroïque d’un siècle incrédule, en comparaison de la moindre martyre chrétienne qui va à l’échafaud et à la mort, une croix à la main ! Demandez-vous ce que serait Jeanne d’Arc, dont le Christianisme a fait une inspirée et une Sainte, sans le Christianisme, qui lui a mis son auréole ?

1414. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Nous y retrouvons le vide profond d’une opposition politique que nous avons vue à l’œuvre depuis, et qui, au temps de Carrel, se demandait si elle devait parler par la fenêtre ou sur la borne, et qui préférait la fenêtre encore ! […] Elle aurait vu sur ce nom les quelques gouttes de sang résolument versé qui, dans l’opinion française, passeront toujours pour de la pourpre, et cela eût suffi pour parer une gloire imméritée, qu’elle est capable de lui retirer tout entière si on vient lui demander d’y ajouter encore, — si on vient quêter sur ce tombeau !

1415. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Il faut être juste : ce ton des Souvenirs de la marquise de Créqui est tellement réussi, qu’on se demande s’il est joué et si l’auteur n’est pas un délicieux artiste ? […] En voyant s’éteindre, elles et leur langage, des femmes comme la marquise de Créqui et les sociétés auxquelles ces femmes appartenaient, l’auteur, trop attique lui-même pour définir l’atticisme, s’est demandé si l’atticisme, cette chose ineffable, mais facile à sentir et qui n’a de grec que le nom, mourait et disparaissait avec elles, et il s’est répondu que tout le temps « qu’il y aura partout une femme spirituelle douée de charme, à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, — (pourquoi pas ?) 

1416. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

»), Champfleury a décliné cette fonction de juge après discussion, qui demandait de l’ascendant et de la force. […] Nous nous sommes longtemps demandé comment il avait pu se placer dans de pareilles conditions d’enthousiasme ou de parti vis-à-vis d’un homme si radicalement opposé à sa nature d’inventeur, mais un regard plus assuré sur cette anomalie nous en a donné le secret.

1417. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Matter. Swedenborg » pp. 265-280

Sur tous ces points, je crois l’érudition épuisée, mais je demande maintenant le juge suprême, l’homme du dernier mot, qui débarbouillera de sa fausse lumière ou de son ombre cette personnalité éclatante quoique équivoque, et équivoque quoique éclatante, qui fait dans l’histoire l’effet d’une mystification, ou qui, du moins, en donne l’inquiétude. […] Mais, indépendamment de ses tableaux mesquins de l’autre monde, qui rappellent l’art et la décoration comme les conçoivent les Jésuites, les raisons qui font mouvoir son mysticisme sont, le plus souvent, d’une telle puérilité, qu’on se demande si Dieu accorde de tels dons pour atteindre à de si misérables résultats !

1418. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Mais en France, où nous sommes juges d’idées, si nous ne sommes pas juges d’expression, nous avons véritablement le droit de nous demander, après avoir lu le livre qu’on vient de traduire, quel motif peuvent avoir des critiques français pour se mettre en dépense d’articles et faire une renommée à cette chosette ? […] Or, le moyen de réagir le plus simple et le plus puissant qu’il y ait dans sa simplicité, c’est de demander à ceux qui, dans des articles développés, dans des articles de grande cérémonie, nous ont ressassé la cinquantaine d’anecdotes, à peu près, plus ou moins connues ou suspectes, dont Feuchtersleben a illustré son petit almanach de morale et d’hygiène, quel intérêt ils avaient à agir ainsi, si ce n’est l’intérêt d’un article à faire avec des anecdotes qui ne leur ont pas coûté un sou, puisque l’histoire des faits appartient à tout le monde, comme les lettres de l’alphabet ; si ce n’est, enfin, la ressource d’une copie trouvée dans un livre, commode quand l’imprimeur est là et que l’esprit n’y est pas,., ou, si vous voulez, n’y est plus ?

1419. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Mais l’abbé Monnin, qui écrit pour les lettrés et ne leur marchande pas les longueurs de son histoire, n’a pas manqué de donner des exemples foudroyants de cette expression surnaturelle, et il les a donnés avec une profusion qui étonne, quand on songe que ces inspirations, qui forment des pages si nombreuses dans son livre (de la page 413 à la page 485 du second volume), ont été saisies à la volée, et quand on se demande quelle dut être leur beauté première pour avoir résisté si bien à la pâle dictée du souvenir ! […] de ces multitudes d’âmes en peine qui affluaient vers le saint prêtre, pour lui demander la consolation et la paix.

1420. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Frère et sœur… Mais il n’est pas même besoin d’être frère et sœur pour qu’un éditeur vienne vous demander la vie d’un homme célèbre et pour trouver très bien à la placer ! […] Et que si la vie ne devait pas se trouver dans cette Vie qu’on demandait au frère, qui hésitait peut-être, que s’il n’y avait, à la place, que l’extinction prudente d’un sujet dont on craignait les flammes, que la lumière ménagée, tamisée et promenée avec précaution sur les passions et les fautes de ce délicieux et coupable génie qui s’appelait Alfred de Musset, les éditeurs s’en souciaient bien !

1421. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Elle a fait son devoir, et on ne peut lui demander rien de plus, quand elle a signalé comme infiniment remarquables : Saint-Marc, déjà cité, Le Fils du Vicomte, où la satire et la comédie unissent leurs coups de fouet, Un beau mariage, — d’autant plus dangereuse, cette pièce, que, vraie en beaucoup de points et étincelante, mais d’inspiration basse, elle aura pour elle toutes les âmes basses hostiles à l’Église, — La Tête de mort, L’Exorcisme du ver, où l’on trouve ce vers baudelairien : Et qui ne craint pas Dieu ne craint pas sa vermine ! […]            Elle improvise des douleurs, Des malédictions et des cris de commande, Une fatalité factice qui demande            Un sacrifice après des pleurs.

1422. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Or, les défauts de son livre, que je lui demanderai la permission de signaler, viennent justement de sa prétention et de sa préoccupation d’être un romancier physiologique. […] « Si ce n’est qu’impossible, cela se fera », la part de la physiologie dans le roman, cette part dont nous parlions au commencement de ce chapitre, demandera toujours, en tout état de cause, au romancier qui voudra la faire, une grande réserve, une prudence profonde, et en sûreté de lui-même, ce que je nomme la souveraineté de la main.

1423. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

S’il ne trouve pas un homme, dans son siècle, digne de lui commander, il va demander un maître aux siècles passés : il lui dit, règne sur moi : et aussitôt se prosterne et se courbe aux pieds de sa statue. […] En vain ses parents, ses amis et ses proches lui demanderaient d’immoler la loi à leurs intérêts ; l’État est sa première famille.

1424. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il y a des mots qui disent plus que vingt pages, et des faits qui sont au-dessus de l’art de tous les orateurs ; par exemple, le mot de Saint-Hilaire à son fils : Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer, c’est ce grand homme  ; et ce trait du fermier de Champagne qui vint demander la résiliation de son bail, parce que, Turenne mort, il croyait qu’on ne pouvait plus ni semer, ni moissonner en sûreté ; et cette réponse, si grande et si simple, à un homme qui lui demandait comment il avait perdu la bataille de Rhétel, par ma faute  ; et cette lettre qu’il écrivit au sortir d’une victoire : « Les ennemis sont venus nous attaquer, nous les avons battus ; Dieu en soit loué.

1425. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Je lui demande la maison de Lomic. […] Ne demande jamais d’œufs frais au garçon de ton restaurant. […] Je demanderai seulement qu’on les écoute parler. […] On ne lui demande aucune sincérité. […] Le public n’en demande pas davantage.

1426. (1899) Arabesques pp. 1-223

Lionel des Rieux, qui écrit des épigrammes et demande qu’on brûle en place publique tous les poètes contemporains, sauf ses amis. […] Les combattants de 1870 demandent à venger sur Israël les défaites que les Allemands leur ont infligées. […] Car lorsque nous avons volé le Tonkin, l’Annam, Madagascar, nous nous sommes fort peu souciés de demander l’avis des Tonkinois, des Annamites et des Malgaches. […] Mais poussez-le un peu, demandez-lui son avis sur la façon de mener les hommes. […] Aussi l’Anarchiste est-il le seul qui raisonne proprement lorsqu’il en demande l’abolition.

1427. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Mais c’est comme écrivain, comme romancier, que nous l’a livré M. de Maistre ; aux éditeurs friands qui lui demandaient encore un Lépreux ou quelque Prisonnier du Caucase, il répondait : Prenez du Töpffer. […] demanda quelqu’un. — En ce qu’il parle trop bien, répondit-elle ; quod nimium attice loqueretur. […] Töpffer répand en ses autographies, et que nous retrouverons littéralement, à dose plus ménagée, dans plus d’un chapitre de ses ouvrages ; j’ai essayé de déguster en souvenir plus d’un fromage épais et fin des hautes vallées, pour me demander si ce n’était pas cela. […] se demandait Charles, une après-midi, accoudé à la fenêtre ; et il s’amuse à le supposer et à le décrire. […] On se demande ce qui y manquerait en effet, à portée de l’amitié discrète, au sein de l’étude suivie, en face de la nature variée et permanente.

1428. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

M’a-t-il demandé ? […] Notre hôtesse garde sa place d’honneur ; mais dans un moment favorable nous lui demanderons sa bienvenue. […] vous demandez de quoi je m’inquiète ? […] Demande. […] On ne peut l’appeler notre mère, mais notre tombeau, cette patrie où rien que ce qui est privé d’intelligence n’a été vu sourire une seule fois ; où l’air est percé de soupirs, de gémissements, de cris douloureux qu’on ne remarque plus ; où la violence de la douleur est prise pour une des prétentions de notre temps à la sensibilité ; où la cloche mortuaire sonne sans qu’à peine on demande pour qui ; où la vie des hommes de bien s’évapore avant que soit séchée la fleur qu’ils portent sur leur chapeau, ou même avant qu’elle commence à se flétrir.

1429. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Zola), soit par la passion du moderne (comme MM. de Goncourt)  On dit que ces écrivains se sont trompés, qu’ils ont plié l’art à nous donner une impression des choses fort différente de celle qu’on avait coutume de lui demander, qu’ils ont ainsi dépensé un art infini à aller contre le but même de l’art. […] Le lendemain en se réveillant au bruit creux du cercueil cogné dans l’escalier trop étroit, Malivoire, se rappelant vaguement l’apparition de la nuit, se demanda s’il n’avait pas rêvé, et, allant machinalement à la table de nuit, il chercha sur le marbre la mèche de cheveux qu’il avait coupée pour la mère de Barnier : la mèche de cheveux n’y était plus. […] Mais ils nous ont prévenus : ici non plus qu’ailleurs ne leur demandez « la tranquillité des lignes » ni « la santé courante ». […] On se demande si l’effet de ces mots nouveaux ou de ces tournures inusitées n’est pas tout entier dans leur nouveauté même, et si, la nouveauté passant, l’effet ne disparaîtrait pas du même coup. […] Et, comme nous sommes des gens d’aujourd’hui, nous demandons la permission de goûter vivement ces poètes de la modernité.

1430. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Car si je vous dis que le caractère d’une époque poétique est tel ou tel, et que vous me citiez en opposition des auteurs dramatiques ou des romanciers, il faudra bien que je cherche ce qu’il y a de plus poétique en eux, la pensée avec laquelle ils font du drame et des caractères, il faudra bien que je leur demande leur pensée lyrique ; ce qui suppose que nous nous entendons, moi et le lecteur, sur cette question : À quelle condition le drame et le roman sont-ils de l’art ? […] Ce sont, disent-ils, des idées primitives ; il n’y a rien à leur demander après cette définition. […] Quand il a produit son œuvre, il demande au public : Est-ce bien ou mal ? […] — Et l’on a poussé la folie jusqu’à demander de quelle utilité était au monde l’Othello de Shakespearea ; on a proposé sérieusement à l’Humanité d’abolir le drame ; car, le drame étant la peinture de passions tristes ou coupables, on ne voyait pas quel avantage en résultait pour l’Humanité. […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie.

1431. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Enyoyé d’abord à Venise avec cinq chevaliers, pour demander des vaisseaux à la république, ce fut lui qui porta la parole devant le doge dans l’église Saint-Marc, et qui décida le traité entre Venise et les croisés. […] L’habile député qui avait conduit l’arrangement avec Venise fut successivement de l’ambassade qui vint demander à Isaac l’Ange l’accomplissement des promesses de son fils, et qui somma ce jeune prince, que la bonne fortune avait rendu ingrat de tenir sa parole. […] Il ne faut pas demander au négociateur qui traite l’épée au poing, la sagacité du diplomate de cabinet. […] Esprit pratique, allant droit au but, si Villehardouin n’a pas la profondeur de vues que nous demanderons à l’historien d’une société plus avancée, il n’a pas non plus les illusions qu’on ne s’étonnerait pas de trouver dans un historien de son époque. […] Il allait travellant et chevauchant, querant de tous côtés nouvelles », souvent appelé par les princes ou les barons, qui lui demandaient une place dans ses chroniques, écrivant leurs prouesses presque sous leur dictée, et risquant fort d’exagérer ; car je n’imagine pas que les chevaliers du moyen âge parlassent de leurs exploits plus sobrement que les gens de guerre d’aujourd’hui.

1432. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Introduction I Si l’on demande ce que la philosophie a été à l’origine, il est aisé de le dire : elle était la science universelle. […] Constituer la théorie des droits et des devoirs de l’homme, sans rien demander non-seulement à la religion, mais à la philosophie ; poser la morale à titre de science première, et qui ne relève que d’elle-même ; l’affranchir de la nécessité préalable d’une doctrine métaphysique dont elle ne serait que la conséquence : telle est la tâche qu’ont poursuivie quelques contemporains. […] Si vous demandez à la physique, à l’astronomie, à la chimie, à l’anthropologie quel est leur objet, elles ne seront pas embarrassées de répondre. […] La psychologie ne se demandera point ce que c’est que l’âme : elles s’interdiront toute excursion dans la région des causes premières. […] Le fait est évident ; et la liaison de la prédominance de la psychologie avec la décroissance de l’ontologie demande une explication ; d’autant plus que la psychologie n’occupait que peu l’attention dans les écoles de l’antiquité et du moyen âge.

1433. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Quand ses fils furent rentrés : “Mon fils”, dit-elle à Bhima, “nous habitons en sûreté et en paix la maison de ce vénérable prêtre ; tous les jours je me demande à moi-même : Comment pourrons-nous reconnaître les services que nous devons à sa demeure ? […] « Quant à ceux qui ont voulu assimiler ce drame à une simple pastorale, comme s’il s’agissait ici de bergeries et de moutons à la manière de Florian, nous conviendrons volontiers avec eux que le premier acte se rapproche en effet de ce genre, et qu’il nous offre un modèle de l’idylle aussi parfait qu’il ait été conçu par aucun des meilleurs poètes bucoliques de l’antiquité ; mais, pour le reste, nous leur demanderons dans quelle espèce de pastorale ils ont jamais vu le pathétique, la noblesse, l’élévation des sentiments portés au point où ils le sont généralement dans ce drame, le quatrième acte surtout, qui, sous ce point de vue, nous semble avoir atteint le comble de la perfection. […] » Rassurée par ce pardon et par cette promesse, Sacountala débarrasse avec joie le saint prophète de la corbeille lourde de fruits qu’il vient de cueillir ; elle verse sur ses pieds fatigués une eau rafraîchissante, et, d’une voix caressante, elle le supplie de protéger son époux et elle dans ses prières, et de demander au ciel la gloire à leurs descendants. […] « Voilà », disent les religieux compagnons de Sacountala, ton épouse fidèle qui arrive de la forêt sacrée avec son fils, beau comme les immortels, et demande à présenter ses hommages à son époux et à son roi. » Le roi fait un signe de consentement. […] » lui demande son favori.

1434. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

» demande avec anxiété le héros. […] demande-le au destin. […] » XIII Rama est arraché à cette courte félicité par la voix d’un courtisan qui vient lui annoncer que le peuple, irrité de son amour pour Sita, s’insurge contre lui, et demande à grands cris l’éloignement de l’épouse accusée de crimes imaginaires. […] Elle demande au vieillard quelle est la cause de l’agitation qu’elle voit dans la contrée habitée par les sages. […] Comment demander à ces jeunes gens l’histoire de leur naissance ?

1435. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Le Chateaubriand, cet hiver est fort demandé. […] On se demande pourquoi. […] se demande-t-il. […] Si l’on ne peut demander à l’écriture de figurer la parole, on peut lui demander toutefois de ne pas la défigurer. […] Voici le spécimen de ce que demande la Commission.

1436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 256-257

C’est en demander peut-être trop.

1437. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Baudouin » p. 233

L’ordonnance pèche, ce me semble, en ce que l’effet demandait que l’accusée et l’orateur fussent isolés du reste.

1438. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Fragonard » p. 280

Quand après une immense composition qui a excité la plus forte sensation on ne présente au public qu’une tête, je vous demande à vous-même ce qu’elle doit être.

1439. (1898) La cité antique

On le priait ; on lui demandait son appui et ses faveurs. […] On ne lui demande pas seulement la richesse et la santé ; on le prie aussi pour en obtenir la pureté du cœur, la tempérance, la sagesse. […] Au milieu des difficultés, il invoquait leur antique sagesse, dans le chagrin il leur demandait une consolation, dans le danger un soutien, après une faute son pardon. […] Qu’un jeune homme de la famille voisine la demande en mariage, il s’agit pour elle de bien autre chose que de passer d’une maison dans une autre. […] Il ne fait qu’exprimer la pensée grecque lorsque, dans le Criton, il montre Socrate donnant sa vie parce que les lois la lui demandent.

1440. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXII » pp. 131-132

ma foi, c’est égal, c’est tout de même extraordinaire ; et (poursuivit-il en regardant le ciel), quoique Eugène Sue fasse fondre les cœurs, ce qu’on peut demander à Dieu, c’est qu’il envoie souvent des hommes pareils sur la terre. » — Dans le même article, on attribue à Lacordaire un calembour qui n’est pas de lui : « Les Mystères de Paris suent le crime », aurait-il dit.

1441. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

On sent qu’il n’étoit pas encore parvenu à ce point de maturité que demande la perfection de l’art : mais quand on se rappelle les obstacles que la fortune la plus cruelle n’a cessé d’opposer à son amour pour la gloire littéraire, on a lieu d’être étonné du parti qu’il a tiré de ses talens naturels.

1442. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « La Esmeralda » (1836) »

Il ne peut voir dans ceci qu’une trame telle quelle qui ne demande pas mieux que de se dérober sous cette riche et éblouissante broderie qu’on appelle la musique.

1443. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Joncières, Léonce de »

L’auteur, un peintre dotaient, est coloriste, et c’est à l’Orient qu’il a demandé la magie de son soleil et les sujets de ses belles envolées de poète.

1444. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboul, Jean (1796-1864) »

Il a pris mon nom et m’a dit qu’il allait voir si la personne que je demandais était chez elle.

1445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

C’est la Chienne de la Fable, qui demande en suppliante un logement pour mettre bas ses petits, & chasse le propriétaire, dès que ses petits sont devenus assez forts pour soutenir son usurpation.

1446. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 456-458

« * Sur ce propos, Mesdames, avons à vous demander, s’il vous est possible de complaire à Dieu & d’être sauvées à faire ce qu’il vous prohibe & défend !

1447. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

On peut en juger par ceux-ci : Ne me demandez pas, Silvie, Quel est le mal que je ressens ; C’est un mal que j’aurai tout le temps de ma vie ; Mais je ne l’aurai pas long-temps.

1448. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 63-64

Le goût est plus difficile à contenter ; il exige de l'ordre, de la clarté, de la méthode ; il demande de la chaleur & de l'intérêt dans l'exposition des faits, du discernement dans le choix des autorités, & une noblesse d'expressions assorties aux événemens qu'on raconte : or, c'est ce que M. 

1449. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 319-320

On lui demandoit un jour ce qu'il pensoit d'une Harangue qu'il devoit prononcer : Elle est bonne , dit-il avec plus d'ingénuité que d'orgueil ; je dis très-bonne, tout le monde ne la jugera pas ainsi, mais je m'en inquiete peu.

1450. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 406-407

Quand il voyoit dans les Ecrits des autres quelques-unes de ses pensées qu'il s'imaginoit sottement venir de lui, il se mettoit en colere de ce qu'on ne lui en rendoit point l'hommage, ou de ce qu'on ne chantoit point ses louanges comme il le demandoit…..

1451. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Quant au Panthéon, il ne l’a pas demandé, et ce sépulcre assez glorieux ne modifie pas son œuvre, qui seule importe. […] Je ne lui demande que de m’instruire de ses moyens. […] « Ne pas demander les soins de MM.  […] C’est le sacrifizio dell’ intelletto que vous nous demandez avec votre dénonciation du prétendu scientisme. […] Toutefois on se demande ce qu’en pense M. 

1452. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Demandez au tribunal criminel du district, vous verrez ce qu’il vous en dira. […] » lui demanda quelques temps après le général chargé de les lui remettre. — « Je les ai envoyées à mon souverain. » « Bah ! […] En lisant les Soirées, on se demande involontairement : M. de Maistre était-il donc un pur catholique du passé ? […] On se demande : Qu’ai-je vu ? […] On se demande encore : Et que verrai-je ?

1453. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Qui me soutient, demandes-tu ? […] Ils se trouvent bien dans ce fourré épineux de broussailles scolastiques : ils s’y frayent leur route, un peu à l’aveugle, endurcis contre les meurtrissures qui nous rebutent et n’ayant point l’idée du jour que nous demandons partout. […] Cette superbe raison aspirait à se déployer sans entraves ; elle demanda que la raison pût se déployer sans entraves. […] Que peut-on demander de plus à une nation si maniable et si ardente à chercher la connaissance ? […] N’écoutant plus des odes, nous voulons voir des objets et des âmes : nous demandons qu’Ève et Adam agissent et sentent conformément à leur nature primitive, que Dieu, Satan et le Messie agissent et sentent conformément à leur nature surhumaine.

1454. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Ces trois éléments demandent nécessairement un contour un peu indécis, des lignes légères et flottantes, et l’audace de la touche. — Delacroix est le seul aujourd’hui dont l’originalité n’ait pas été envahie par le système des lignes droites ; ses personnages sont toujours agités, et ses draperies voltigeantes. […] Vous êtes-vous demandé la raison du charme qu’on trouve parfois à fouiller ces annales de la luxure, enfouies dans les bibliothèques ou perdues dans les cartons des marchands, et parfois aussi de la mauvaise humeur qu’elles vous donnent ? […] Dès lors il fallut recourir à d’autres moyens ; et il demanda aide et protection à la poésie. […] En effet, nous voyons tous les peuples tailler fort adroitement des fétiches longtemps avant d’aborder la peinture, qui est un art de raisonnement profond et dont la jouissance même demande une initiation particulière. […] Le buste est un genre qui demande moins d’imagination et des facultés moins hautes que la grande sculpture, mais non moins délicates.

1455. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Je demande au ciel et au monde : Dites, dites, qui l’a réduite ainsi ? […] Ce savant et actif investigateur venait de retrouver la République de Cicéron après les Lettres de Fronton : on se demandait où s’arrêteraient de telles découvertes. […] Obligé, par la sévérité de son père, de demander secours à sa plume, il publia une édition des vers de Pétrarque avec commentaires (Milan, 1826) ; puis une Chrestomathie italienne, ou choix des meilleurs auteurs, vers et prose (2 vol., Milan, 1827-1828). […] Quelques heures avant sa mort, sur la demande d’un ami, il avait écrit sur un album quelques vers d’une pièce, l’une des dernières qu’il ait composées, et dans sa pensée de deuil habituel : c’était sur le coucher de la lune (il Tramonto della Luna. […] On se demande après quelle lecture ont été écrits ces vers.

1456. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Tu y trouveras un nautonier et nulle part ailleurs. » Il crut à la réponse qu’elle faisait à sa demande. […] XXI Quand ils furent tous arrivés sur l’autre rive, le Roi se mit à demander: « Qui nous montrera le bon chemin, afin que nous ne nous égarions pas ?  […] Gunther demanda en hâte au chef de Vérone de quoi il s’agissait, et il dit: « Très-noble Dietrîch, qu’est-ce que mes amis vous ont fait ici ? […] « — Hagene et Gunther, il ne faut pas repousser ma demande ; à vous deux, vous avez tellement affligé mon âme, que vous agirez équitablement en accordant une compensation à mes maux. […] « — Renoncez à votre demande reprit Hagene, il ne nous convient pas qu’on dise jamais de nous que deux si vaillants hommes se soient rendus, car auprès de vous, on ne voit personne que le seul Hildebrant. » Maître Hildebrant prit la parole: « Dieu sait, seigneur Hagene, que cette paix que mon chef offre de conclure avec vous, le moment viendra ou vous la désirerez en vain.

1457. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On pourrait demander par contre quelle autre substance les Abeilles pourraient employer ? […] Nous avons un remarquable exemple de cette loi dans certaines races de Poules qui ne demandent jamais à couver. […] Les Fourmis sanguines de ce pays demandent donc beaucoup moins de services à leurs esclaves qu’on ne l’observe chez la variété suisse. […] On peut donc avec raison se demander comment on peut accorder un pareil fait avec la théorie de sélection naturelle. […] Souvent, parce qu’on s’obstine à ne pas vouloir reconnaître à un animal l’ombre d’une ressemblance mentale avec nous, il faut, pour en expliquer les actes, recourir à des montagnes d’hypothèses, supposer au dehors de lui le moteur qui est en lui, et demander la cause de faits constants aux contingences les plus hasardeuses, les plus compliquées, et par conséquent les moins probables.

1458. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Il n’y a plus à se demander pourquoi les franges d’interférence conservent le même aspect, pourquoi le même résultat s’observe à n’importe quel moment de l’année. […] Nous devons nous demander dans quel sens les mots sont pris. […] La différence n’existe ici que pour le philosophe ; elle ne se révèle que si l’on se demande quelle réalité, c’est-à-dire quelle chose perçue ou perceptible, les deux hypothèses impliquent. […] Nous nous demandions ce qui est réel, c’est-à-dire observé et constaté effectivement. […] Nous nous demanderons s’ils perçoivent ou non le même Temps.

1459. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

En sculpture, par exemple, telle vision (ou intuition) se prête à la ronde bosse et telle autre au bas-relief ; l’une demande le marbre, et l’autre le bronze. […] Croce demande très plaisamment quelle peut bien être la forme esthétique de la vie domestique, de la chevalerie, de l’idylle, de la cruauté, et quelle est la valeur de ces autres catégories : madrigal, chanson, sonnet, nouvelle, roman. […] Je ne suis pas de ceux qui demandent à D’Annunzio de faire le poète moraliste, ou civique, ou patriote ; cela n’est pas dans ses cordes. […] Tout cela demande à être examiné. […] En effet, le spectateur est plein de bonnes intentions ; il ne demande qu’à oublier les médiocrités de la journée et à collaborer avec l’auteur ; il apporte en lui une force précieuse, à laquelle je faisais allusion tout à l’heure : l’imagination, par sympathie.

1460. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

D’une voix affaiblie et tremblante, mais avec toute son âme sur ses lèvres pâlies, il m’en fit la touchante demande et en exigea l’assurance formelle. […] Alors il demanda, en peu de mots, aux cardinaux qui étaient de l’autre côté, s’ils avaient entendu son discours. […] Me souvenant de la promesse que j’ai faite à mon bien-aimé frère André au lit de mort, lorsque, dans les derniers moments de sa vie, il me demanda qu’en signe du très tendre amour qui nous avait unis dans la vie, nos corps fussent unis dans la mort et renfermés dans le même sépulcre, je veux que si, à ma mort, ce sépulcre ne se trouve pas déjà préparé par moi, mon héritier en fasse faire un très modeste, et qui contiendra le cercueil de mon frère et le mien. » Après avoir pourvu aux besoins de son âme, réglé sa sépulture et spécifié avec une attention toute particulière les prières qu’il exige pour son salut, le cardinal Consalvi détermine les legs qu’il accorde à ses serviteurs. […] Il ne demandait à la Providence que de survivre assez de temps pour lui élever un tombeau qu’ombragerait le sien ; il en confia le dessin et l’exécution à Canova, qu’il aimait comme il avait aimé Cimarosa.

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