Je n’ai pas grand espace pour citer, mais quand Renan, par exemple, avec la fatuité biographique qui sait le fin du fin de son personnage, nous affirme que la lecture des livres de l’Ancien Testament fit sur Jésus beaucoup d’impression, certainement cela n’a pas grande importance ; mais comment le sait-il ?
Les gens de Paris l’avaient trouvé si agréablement Breton qu’il s’est dit, connaissant peu son monde du reste, qu’il allait leur donner de la Bretagne ancienne avec de la Bretagne moderne, puisque la moderne leur avait plu ; et il se mit à écrire en vingt-quatre chants son poëme épique et populaire intitulé Les Bretons.
Ayons le courage de nous l’avouer, les Françaises, même les plus bourgeoises, sont toutes plus ou moins de l’ancien régime. […] Et les « miracles de notre édilité » sont ce qui rappelle les monuments de l’ancienne Rome ! […] Commençons par les souvenirs de la femme galante et frivole : il est juste que l’ancien régime passe le premier. […] Elle y retrouva le prince de Galles et renoua avec lui ses anciennes relations. […] Connaissez-vous beaucoup de drames, anciens ou modernes, où la fatalité ait joué un plus grand rôle ?
« Il est évident que ce prince des poètes, conquérant tout comme un roi, a mis à contribution ses devanciers anciens et modernes. […] Alors il enferme les anciens dans sa bibliothèque, il jette par-dessus bord les figures clichées du théâtre italien et choisit même la prose en lieu et place du langage obligatoire des vers ; puis, avec une hardiesse dont ses contemporains n’ont pu revenir de longtemps, il peint tous les travers qui le frappent dans cette vie de Paris : les modes excentriques, la prétention dans le langage, bref, toute cette éducation faussée qui dominait alors. […] Le lit se dressait dans l’angle à droite ; au pied de ce lit, la cheminée qui a été changée, mais au-dessus de laquelle subsiste toujours un ancien miroir couronné d’un trumeau du temps. […] C’est bien la demeure de l’ancien petit violon de Mademoiselle. […] Il en a la franchise, la verve, la bonté, le rire clair, la netteté de pensée et de langage ; il descend en droite ligne de ces écrivains sans alliage qui gardent dans leurs veines le sang même de notre vieille Gaule, les Rabelais, les Montaigne, les anciens conteurs des temps passés.
. — Un nom ancien… (Mouvement de Raoul) et même historique ne me déplairait pas… RAOUL, effaré. — Historique ? […] … « Cette croix, une ancienne pierre druidique, est comme la caractéristique de cette terre de Bretagne, si curieuse, où l’on voit des menhirs surmontés du symbole sacré, des dolmens marqués de l’emblème catholique. […] Songez à nos temples nus, froids, laids, où rien ne parle à l’imagination, rien au cœur ; comparez cette laideur aux descriptions que font nos chroniques des magnificences des anciennes églises, et vous comprendrez la pauvreté d’esprit de ce pauvre Luther. […] Dans ce livre fait d’inventions, je signalerai d’abord l’étude intitulée les Ombres, où l’auteur, après avoir décrit minutieusement le logis qu’il habite (un ancien pensionnat de fillettes) et le jardin qui y est attenant, voit dans une rêverie renaître tout ce petit monde d’enfants. […] Mais la pitié des anciens témoins lui était maintenant acquise.
Goethe a parlé de Lavater et m’a dit beaucoup de bien de son caractère ; il m’a raconté des traits de leur ancienne intimité ; souvent ils couchèrent fraternellement dans le même lit. […] Je l’avais dans la tête depuis longtemps, comme vous savez, mais, pendant l’exécution, il s’est énormément augmenté, et je ne peux plus me servir que de ce qu’il y avait de plus général dans mon ancien plan.
. — Le vaisseau de la République m’emporte : de l’Océan aérien, je ne reviendrai que victorieux ; je ne marcherai sur la terre que sur les débris de l’ancien régime. […] Et si quelque bizarre cohorte de mascarade, se nommant, sur des papiers, État ou Empire, le contraint à vêtir un costume bariolé, à tuer, ensuite, des hommes inconnus, ses pairs, il refusera cette fatigue incomprise ; il ira, gaiement, en des maisons, où, toujours, lui seront donnés l’aliment et l’asile, regrettant à peine, dans ces prisons, non les champs et les hommes, mais les anciens besoins de ces choses, qu’il aura perdus.
Au xiiie siècle on était, ce me semble, sur la voie des vraies images, comme les anciens ; mais depuis la société s’alambiqua ; on s’enferma dans les salons, et il fallut tout un effort à quelques peintres du xviiie siècle pour revenir à l’image naturelle, en sortant de l’abstrait et du factice : aussi sent-on chez eux comme l’effort d’une conquête.
Madame, dit Saint-Simon, était une princesse de l’ancien temps, attachée à l’honneur, à la vertu, au rang, à la grandeur, inexorable sur les bienséances.
Les anciens l’avaient remarqué, l’école d’Épicure était la moins propre à préparer un orateur.
Bouflers, bien que l’ancien de Villars dans le maréchalat, consentait à servir sous lui comme simple volontaire.
La comtesse, « qui savait assez bien l’anglais et l’allemand, qui possédait parfaitement l’italien et le français et connaissait à fond ces diverses littératures, qui n’ignorait pas non plus tout ce qu’il y avait d’essentiel dans les littératures anciennes, ayant lu les meilleures traductions de l’antiquité qu’on trouve dans ces quatre langues modernes, pouvait causer de tout avec lui », et elle lui était une ressource continuelle d’esprit comme de cœur.
Et en effet, esprit essentiellement moderne, Sismondi n’aura rien de l’art antique ; il appréciera peu ce je ne sais quoi qui fait la finesse rare et la simplicité exquise des anciens.
Fromentin le sait bien ; tout en usant des acquisitions pittoresques modernes et du droit de détail qui est le nôtre, il se rattache néanmoins par des traits essentiels et par l’esprit à la grande école des Anciens, Lucrèce, Virgile, et à celle, je le répète, de Bernardin de Saint-Pierre, discrètement entendue.
Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner.
Alfred Arneth ou d’Arneth, fils de l’ancien conservateur des Antiques, à Vienne, est placé lui-même, en qualité de conservateur en chef adjoint, à la tête des Archives impériales ; il est conseiller aulique et membre des États.
Ils n’ont pas tant de troupes à aventurer sur le continent. » — Jomini prit la liberté de répliquer que « s’il était puéril de croire toujours à des combinaisons parfaites de la part de ses adversaires, il serait dangereux de croire toujours à leur incapacité ; que Wellesley (Wellington), au milieu du pays soulevé pour lui et appuyé de 80 à 400,000 Espagnols, ayant sa retraite dans tous les ports de l’Espagne sur les quatre points cardinaux, pouvait sans danger entreprendre une opération qui déciderait du sort de l’Espagne. » — L’Empereur coupa court à la discussion en disant : « Le mal est fait ; la suite apprendra s’il doit en résulter un bien. » Jomini en vint ensuite à la partie délicate des griefs de Ney, qui résistait à être mis sous les ordres de Soult, quoique celui-ci fût son ancien.
Ce que les anciens moralistes nommaient tout crûment la sottise humaine, est sans doute à peu près la même en tout temps, en tout pays ; mais en ce temps-ci et en France, comme nous sommes plus rapides, cette sottise en personne se produit avec des airs d’esprit, de légèreté, avec des vernis d’élégance qui déconcertent.
Mais il ne paraît pas s’être soucié de renouer les anciennes relations ; le hasard seul nous le fit rencontrer une ou deux fois en ces dix années ; il s’évanouissait de plus en plus.
On joint involontairement l’idée présente à l’idée ancienne, en joignant la rime prononcée à la rime qu’on prononce.
Ô le bon temps de l’ancienne critique !
Enfin, les restes les plus anciens que l’on connaisse de la classe des mammifères, sont ceux des petits marsupiaux qui sont le type le plus inférieur de cette classe, tandis que le type le plus élevé, l’homme, est le plus récent.
Ce ne fut que soixante ans après, et quand il avait plus de quatre-vingts ans, qu’un jour, parmi d’anciens papiers de sa mère, cette lettre se retrouva.
Au moment où ces Lettres parurent, ce fut un grand émoi dans la société où vivaient encore, à cette date, quelques anciens amis de Mlle de Lespinasse.
Mme d’Épinay, si compromise par les incidents de sa vie première, si calomniée par ses anciens amis, était en voie de devenir meilleure dans le temps même où on la noircissait le plus ; et elle put répondre un jour, d’une manière aussi spirituelle que touchante, à un homme venu de Paris qui l’allait voir à Genève, et qui s’étonnait un peu gauchement devant elle de la trouver si différente de l’idée qu’on lui en avait voulu donner : « Sachez, monsieur, que je vaux moins que ma réputation de Genève, mais mieux que ma réputation de Paris. » Grimm avait trente-trois ans quand il la connut, et, durant vingt-sept années que dura leur liaison, son attachement pour elle ne se démentit pas un seul jour.
L’office de majordome de son salon était en général confié à Burigny, l’un de ses plus anciens amis, et l’un des mieux grondés de tous.
Lorsque, vingt ou vingt-cinq ans environ après la condamnation de l’héroïne, la reconnaissance un peu tardive de Charles VII provoqua et mena à fin le procès de réhabilitation, on fit des enquêtes, on interrogea les anciens témoins, dont un grand nombre vivaient encore.
Ce sont des morceaux agréables et piquants, publiés la plupart dans des revues et concernant des personnages qui se rattachent plus ou moins à l’époque traitée par l’historien : Sully, Henri IV, l’ancien Balzac, Bussy-Rabutin, etc. ; il y manque deux morceaux très neufs sur Molière, insérés depuis dans la Revue des deux mondes (juillet 1847 et janvier 1848).
Saint-Simon, né en janvier 1675, d’un père déjà vieux, ancien favori de Louis XIII, et qui devait à ce prince toute sa fortune ; élevé par une mère vertueuse et distinguée, manifesta de bonne heure un goût inné pour la lecture, et pour celle de l’histoire en particulier.
« Il y a plus de douze cents ans que la France a des rois, dit Retz ; mais ces rois n’ont pas toujours été absolus au point qu’ils le sont. » Et dans un résumé rapide et brillant, il cherche à montrer que si la monarchie française n’a jamais été réglée et limitée par des lois écrites, par des chartes, comme les royautés d’Angleterre et d’Aragon, il avait toutefois existé dans les temps anciens un sage milieu « que nos pères avoient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peuples ».
Thiers, l’ayant lu tout entier en quatre jours avec la plus grande attention, il écrivait de Hambourg, sous l’impression vive qu’il en avait reçue : Toutes les fibres de ma mémoire et de mes anciennes sensations se sont réveillées.
Déjoué et rejeté dans le présent, il conclut presque tous ses ouvrages par d’éloquents et confiants appels à l’avenir, lequel est toujours assez vaste et assez obscur pour donner, comme les anciens oracles, des réponses au gré de tous.
Les lois morales anciennes veulent être constatées, les lois morales nouvelles veulent être révélées ; ces deux séries ne coïncident pas sans quelque effort.
Chacun a entendu dire que, lorsqu’on abat une forêt américaine, une végétation toute différente surgit soudain ; mais on a remarqué que les anciennes ruines indiennes du midi des États-Unis, qui doivent avoir été un jour dépouillées d’arbres, déploient maintenant la même admirable diversité et les mêmes essences en même proportion que les forêts vierges environnantes.
Le ridicule de Saint-Simon, pour nous autres révolutionnaires, ce sont ces questions d’étiquette dont l’esprit moderne ne comprend pas plus le sens que la portée… Et, en effet, l’étiquette comme le blason, ces deux langues mortes, qu’on ne parle plus, n’en furent pas moins deux langues superbes… L’étiquette et le blason, méprisés maintenant par les polissons de notre âge, symbolisaient des choses sur lesquelles a vécu des siècles la plus ancienne des monarchies connues, et Saint-Simon est le dernier historien de cette monarchie, dont son grand esprit pressentait la ruine prochaine, et qu’il défend avec le courage et l’acharnement de l’épouvante, car il savait qu’il ne la sauverait pas !
Il est certain, si l’on veut se mettre au point de vue de l’esprit orthodoxe, que le rire humain est intimement lié à l’accident d’une chute ancienne, d’une dégradation physique et morale.
Les anciens avaient beaucoup observé, et même expérimenté.
» Ainsi d’écho en écho retentit la question éternelle, unique matière de la religion, de la poésie et de la science, poursuivie par toutes les puissances de l’homme « qui, alarmées, demandent, invoquent la lumière, comme les lèvres du voyageur altéré appellent la source dans le désert. » Mais jamais elle ne reparaît plus impérieuse que dans des temps comme les nôtres, où les anciennes réponses niées ou combattues laissent l’âme en proie au tourment du doute, battue par le vent des opinions contraires, ébranlée et arrachée à tous ses appuis.
Voilà ce qu’il faut substituer à l’ancienne et obscure notion spiritualiste ou matérialiste de cause. […] Ce n’est donc pas de Lavoisier que peut se réclamer la théorie de l’antagonisme chimique entre les animaux et les végétaux : il nous paraît que le germe en existe dans des travaux plus anciens et en particulier dans les célèbres recherches de Priestley sur l’antagonisme de la respiration des animaux et des plantes. […] Si les partisans de l’opposition chimico-physique, entre les animaux et les végétaux, ont dû céder à l’évidence des faits contraires et revenir sur l’absolu de leurs anciennes opinions, l’esprit de la théorie n’en subsiste pas moins ; il est intéressant de voir que la dualité vitale se concentre maintenant sur un seul argument. […] Constitution anatomique et création morphologique de l’être vivant, animal ou végétal ; historique. — Période ancienne : Galien, Morgagni, Fallope, Pinel, Bichat, Mayer. — Période moderne : de Mirbel, R. […] Tout récemment encore, mon ancien collaborateur, actuellement professeur au Collège de France, M.
Mais l’auteur, nourri de la lecture des anciens, a d’abord donné la préférence aux dénouements en récit12. […] L’auteur de la comédie des Philosophes et du poème de la Dunciade, dit, dans ses mémoires littéraires : « Molière abusa un peu de la vengeance. » L’auteur de L’Écossaise donne à L’Impromptu de Versailles le nom de satire outrée et cruelle ; il ajoute : « Boursault y est nommé par son nom, la licence de l’ancienne comédie grecque n’allait pas plus loin ; il eût été de la bienséance et de l’honnêteté publique de supprimer la satire de Boursault et celle de Molière. » Nous répondrons : si Devisé, Boursault, et tous ceux que Molière a sacrifiés à la risée publique, n’ont pas été les premiers à l’attaquer, point de doute qu’il ne faille le blâmer ; mais point de doute, si ces messieurs lui ont porté les premiers coups, qu’il ne faille le louer d’en avoir fait un exemple : on crie haro sur un misérable que la faim force à vous enlever votre bourse, et par une délicatesse mal entendue, on ne tomberait pas à bras raccourci sur ces lâches, qui, guidés par le plus vil des sentiments, par la jalousie, cherchent à ravir à un auteur ses trésors les plus précieux, l’honneur, la gloire et l’estime publique ? […] Le comédien qui se permet une gaîté aussi déplacée, prétend dit-on, avoir trouvé ce barbare c’est moi qui paie , dans une édition fort ancienne ; nous rejetterions une édition faite même sous les yeux de Molière, et nous lui dirions, les quatre perfides mots, c’est moi qui paie , une fois prononcés, Dorante est démasqué aux yeux de Dorimène ; celle-ci est avilie si elle ne sort bien vite, et madame Jourdain ne voyant plus en elle qu’une rivale, doit la mettre à la porte. […] Demiphon part pour aller voir un ancien hôte en Cilicie, et Chremès son frère, pour joindre une seconde femme et une fille qui sont à Lemnos.
Assézat devait de pouvoir collationner le texte de Jacques sur une copie ancienne, lui remettait en même temps diverses lettres inédites à Grimm et à Suard. […] C’est une action atroce que d’accuser publiquement un ancien ami, même lorsqu’il est coupable ; mais quel nom donner à l’action s’il arrive que l’ami soit innocent ? […] J’ai voulu fermer la bouche aux malveillants de son empire qui disaient que j’étais venu solliciter de nouvelles grâces sous prétexte de remercier des anciennes et avoir mon franc-parler avec vous, gens incrédules de Paris. […] C’est style d’ancien welche. […] Je voulais vous écrire trois lignes et voilà bientôt quatre pages ; et cela me rappelle un temps qui n’est pas éloigné où je me proposais de ravir à Mme Necker trois minutes et où je lui ravissais trois heures ; mais j’ai là sur ma table un certain philosophe ancien, homme dur, stoïcien de son métier, qui m’avertit de finir et de n’être pas indiscret.
L’usage des critiques est ancien ; et depuis le Cid dont le cardinal de Richelieu engagea l’academie françoise à relever les défauts, il a rarement discontinué. […] Beaucoup d’expositions de nos tragedies ressemblent beaucoup moins à une partie de l’action qu’à ces prologues des anciens, où un comédien venoit mettre le spectateur au fait de l’action qu’on alloit lui représenter, en lui racontant franchement les avantures passées qui y donnoient lieu ; de sorte que le poëte s’affranchissoit par-là de l’art pénible de mêler, si je puis parler ainsi, les échafaudages avec l’édifice, et de les tourner en ornemens. […] Eh quelle étoit l’idée des anciens d’imaginer dans les actions humaines des crimes indépendans de la volonté ! […] Vous dites que je prétens abolir les anciennes regles des unités ; et vous voulez les défendre. […] Peu à peu la nouvelle habitude balança l’ancienne ; et ce nouvel usage, traité d’abord de chimérique, se vit dans la suite plus de partisans que le premier.
En novembre 1806, Pelleport, sur la présentation du maréchal Soult, est nommé chef de bataillon dans le même régiment : « J’avais dix ans d’exercice dans l’emploi pénible d’adjudant-major ; néanmoins, cette promotion fut une grâce et non un droit, car on comptait dans le régiment dix capitaines plus anciens de grade que moi. » À la veille d’Eylau, il lui arrive un événement fort extraordinaire dont on pensera ce qu’on voudra, et qui serait de nature à justifier l’apparition du fantôme à Brutus, à la veille de Philippes : L’on va rire de moi, n’importe… La veille de la bataille d’Eylau, je dormais profondément, lorsque je fus réveillé par un bruit léger : une femme belle et richement habillée était devant moi : « Tu seras blessé, me dit-elle, et grièvement.
Il savait très-peu l’antiquité et était faible sur les langues et lès littératures anciennes ; il ne s’y est jamais remis depuis.
En en lisant le narré exact, on se demande où et comment était née cette longue et assommante torture morale et physique, à quelle époque elle s’était ainsi régularisée, réglementée avec un faste pédantesque, composée qu’elle était en partie d’anciens us et coutumes féodales et, en dernier lieu, d’idolâtrie asiatique, singulier mélange de magnificence, de luxe, de grossièreté et, pour tout dire, de barbarie.
Sa plume eut le tort cependant de trop s’acharner, pour les critiquer, aux derniers écrits de Victor Hugo, ce qui ressemblait trop de sa part à une méconnaissance de leur ancienne liaison si familière et tout agréable.
De ce nombre étaient mesdames de Sénozan, de Montmorency, de Canisy, de Montmorin, le fils de madame de Montmorin, âgé de dix-huit ans, M. de Loménie, ancien ministre de la guerre, et un vieux courtisan de Versailles, le comte de Sourdeval.
Sa mort suivit de près son triomphe. « Je l’ai pleuré devant Dieu, et j’ai prié pour cet ancien maître de ma jeunesse, écrit alors Fénelon ; mais il est faux que j’aie fait célébrer ses obsèques dans ma cathédrale, et que j’aie prononcé son oraison funèbre.
Aussi ne l’a-t-il pas fait, et cette interprétation de Polyeucte est un pur contresens : la pièce est plutôt moliniste ; et la grâce dont on parle est celle des jésuites, théologiens de la liberté, et anciens maîtres du poète.
Molière l’avait déjà employé dans la petite Farce du Médecin volant ; c’était peut-être là qu’il l’avait trouvé : Sganarelle existait peut-être dans l’ancien canevas d’Il Medico volante, au temps où Molière l’avait vu jouer dans le midi de la France, et avant qu’Arlequin, ayant la vogue à Paris, se fût emparé de ce rôle et de tant d’autres.
La Bruyère distribuait ses additions avec beaucoup d’art, aux endroits où l’effet en devait être certain, soit que la nouvelle pensée dût éclaircir ou compléter l’ancienne, soit que le portrait nouvellement fait dût rendre plus sensible, en la personnifiant, une vérité morale que la forme abstraite eût dérobée au lecteur, soit simplement pour rompre une suite de réflexions par une peinture.
Un objet s’est déplacé devant mon œil, son image se formait d’abord au centre de la rétine ; elle se forme ensuite au bord ; la sensation ancienne m’était apportée par une fibre nerveuse aboutissant au centre de la rétine ; la sensation nouvelle m’est apportée par une autre fibre nerveuse partant du bord de la rétine ; ces deux sensations sont qualitativement différentes ; et sans cela comment pourrais-je les distinguer ?
Loin de détruire l’ancienne coutume, il n’a fait qu’y adjoindre des ressources imprévues.
Vertu laïque, vertu congréganiste, vertu philosophique, vertu chrétienne ; vertu d’ancien régime, vertu de régime nouveau ; vertu civique, vertu cléricale ; prenons tout, croyez-moi ; il y en aura assez, il n’y en aura pas trop pour les rudes moments que la conscience humaine peut avoir à traverser.
C’est une volupté quasi divine que de relire aujourd’hui les prophéties grotesques de nos vieux Nostradamus, dont plusieurs, présentement, font assaut de platitudes et de palinodies pour effacer leurs vilenies anciennes.
Le jeune dieu, aveugle et violent, qui secoue d’une main un flambeau et brandit de l’autre une flèche acérée, a bien vite raison, lorsqu’il est aux prises avec elle, de la jeune et placide déesse que les anciens représentaient la poitrine entr’ouverte à l’endroit du cœur et tranquillement appuyée sur un cep de vigne enroulé autour d’un ormeau.
» il semblait s’être appliqué ce mot d’un ancien : « Que je rentre en vieillissant dans ces rangs obscurs dont je suis un moment sorti !
., naquit à Paris, en 1644, d’une de ces hautes familles bourgeoises qui avaient le privilège de fournir à l’ancienne monarchie ses meilleurs secrétaires d’État, ses conseillers et ministres les plus laborieux et les plus fidèles.
Les deux premiers enfants qui naquirent de cette liaison, deux garçons qui vécurent peu, furent présentés au baptême par d’anciens domestiques, de pauvres gens, parmi lesquels un vrai pauvre de paroisse.
Dupont, je ne citerai que quelques vers de lui déjà anciens.
La prétention des Scudéry, en effet, était d’être sortis d’une maison très noble, très ancienne et toujours guerrière, originaire du royaume de Naples, et depuis des siècles établie en Provence.
Enfin, quelle que soit la place qu’on occupe soi-même dans la grande bagarre humaine dont nous faisons tous partie, on ne peut plus méconnaître en lui un philosophe politique du premier ordre, un de ceux qui, en nous éclairant sur l’esprit d’organisation des anciennes sociétés, donnent le plus à penser sur les destinées et la direction future des sociétés modernes.
Ni le style de Stendhal, ni celui de Mérimée, ni le style même du Code ne sont exempts d’images ; seulement ces images sont tellement usées, elles ont si longtemps roulé dans les vagues de la parole que voilà des galets unis et ronds où il semble que nul regard mental ne puisse découvrir les linéaments du paysage ancien. « Tout condamné à mort, dit le Code, aura la tête tranchée » ; cela est net, sec et froid ; cela ne laisse à l’entendement aucune alternative ; ce n’est plus une image, c’est une idée, mais une idée qui, à peine comprise, redevient l’image que les mots, sans le savoir, ont tracée avec du sang.
Il y a longtemps que les philosophes grecs ont placé le beau dans l’harmonie, ou du moins ont considéré l’harmonie comme un des caractères les plus essentiels de la beauté ; cette harmonie, trop abstraitement et trop mathématiquement conçue par les anciens, se réduit, pour la psychologie moderne, à une solidarité organique, à une conspiration de cellules vivantes, à une sorte de conscience sociale et collective au sein même de l’individu.
Ce vieux supplice que nos anciennes chartes de torture appellent l’extension, et auquel Cartouche échappa à cause d’une hernie, Prométhée le subit ; seulement le chevalet est une montagne.
Il n’y a pas longues années qu’un économiste anglais, homme d’autorité, faisant, à côté des questions sociales, une excursion littéraire, affirmait dans une digression hautaine et sans perdre un instant l’aplomb, ceci : — Shakespeare ne peut vivre parce qu’il a surtout traité des sujets étrangers ou anciens, Hamlet, Othello, Roméo et Juliette, Macbeth, Lear, Jules César, Coriolan, Timon d’Athènes, etc., etc. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ?
Thierry suppose ne se fît pas exactement comme il le dit, dans cette tête déformée de kalmouck, ivrogne et superstitieux, dont les hordes ne devaient colporter ni dieux, ni morale, ni gouvernements à l’ancien monde, mais il n’est pas douteux que la bête humaine qui pataugeait au fond d’Attila n’eût flairé la jouissance romaine, et que l’envie d’y toucher ne se fût éveillée !
Il a des aperçus qui rappellent l’ancien Chasles, le gaillard éblouissant qui pensait plus à plaire et à sourire qu’à pleurer ; qui se jouait des ridicules des hommes plus qu’il ne les moralisait.
Amédée Pommier, qui fut toujours un esprit outré, comme disent les esprits modestes, qui ont de bonnes raisons pour l’être, le rappelle en des vers excellents, dans son ancienne manière connue, d’une bonhomie comique et mordante : … Les philistins, les pédants et les cuistres, Qui m’ont en mal déjà noté sur leurs registres Pour avoir cultivé, rimeur émancipé, Le genre mors aux dents ou cheval échappé, Trouvant que de nouveau je prêche et prévarique, Élèveront encore leur voix charivarique, Et se scandalisant de ma ténacité, Crieront au mauvais goût, — à l’excentricité.
Je crois que l’humanité future modifiera à leur endroit les anciens jugements.
Mais je salue néanmoins la petite phalange héroïque, qui offre à ses anciens compagnons de misère, l’exemple du courage, et à nous, le plus réconfortant, le plus magnifique des spectacles !
L’histoire, ou Hérodote I Hérodote passe pour le premier (en ordre de date) des historiens grecs, cela n’est certainement pas vrai ; car Homère, dont il a écrit la biographie, est bien plus ancien qu’Hérodote, et l’histoire a, sans contredit, précédé la poésie et surtout la poésie parfaite. […] La femme que vous avez ne vous donne pas d’enfants : épousez-en une autre, vous ferez ainsi une chose agréable aux Spartiates. » Anaxandride répondit aux éphores : « qu’il ne pouvait consentir à ce qu’ils exigeaient de lui ; que ce n’était pas lui donner un avis raisonnable que de l’engager à renvoyer une femme qui n’était coupable envers lui d’aucun tort, pour en épouser une autre, et que jamais il ne suivrait un tel conseil. » « Sur ce refus, les éphores et les anciens de la ville se réunirent, et, après en avoir délibéré, firent à Anaxandride une autre proposition. « Du moment, lui dirent-ils, que vous êtes si fortement attaché à votre femme, faites ce que nous allons vous proposer, et ne vous y refusez pas, si vous ne voulez contraindre les Lacédémoniens à prendre quelque résolution rigoureuse contre vous-même.
Je ne sais plus qui ajoute, comme trait du caractère décoratif de l’homme, qu’il avait fait jeter sur le pied de son lit un manteau d’officier, s’ensevelissant d’avance dans son ancien uniforme. […] Villard m’entretenait d’un voyage qu’il avait fait en Norvège, où il était tombé dans une verrerie, qui était une colonie française, réfugiée là, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, ayant conservé très reconnaissable le type français, mais n’ayant gardé de leur ancienne langue, que le mot « Sacré nom de Dieu ».
Le sentiment de la nature et aussi celui de l’humanité se sont ainsi élargis. « Je suis revenu à l’Ancien Testament, écrivait Henri Heine en 1830. […] Tous ces procédés de l’ancienne épopée sont usés depuis Virgile.
Voici un fragment tiré du récit du bonhomme Champmathieu que la justice prend pour un ancien forçat : Avec ça, j’avais ma fille qui était blanchisseuse à la rivière. […] Dans son Voyage en Italie, devant les chefs-d’œuvre des siècles anciens, Taine s’écrie » : Que de ruines et quel cimetière que l’histoire !
Pour leur donner ce caractère, il n’est besoin d’introduire dans le style ni l’allégorie précise des anciens, ni le vague de certains modernes qui croient qu’il suffit de tout obscurcir pour tout poétiser, ou de supprimer les idées pour avoir des symboles. […] Dites, ô jours anciens !
La querelle des anciens et des modernes, jamais terminée, s’envenime. […] À défaut du cor d’argent cher à Siegfried, je gonfle ma poitrine du souffle énorme accumulé sous les ogives de verdure de cette cathédrale aux fûts élancés ; avec tous ceux de ma race, moi, je crie mon bonheur d’être, l’ivresse des jours anciens, l’espoir des temps nouveaux, et ma voix, et toutes les voix que je résume, la forêt magique les redit, les propage dans le vent qui s’élève, accrues immensément, car cette forêt n’est autre que moi-même mille et mille fois réfléchi.
Il n’est pas impossible que dans d’autres milieux où l’on n’épouse pas comme nous la plus ancienne foi et la plus ancienne tradition de la France et où l’on place ailleurs pour elle l’espoir d’une prochaine ou lointaine unité, on essaie d’établir un art dramatique profane sur un vaste plan de communion. […] D’autres théâtres « à côté », à la suite de la Petite Scène qui poursuivait sa carrière, forçaient bientôt l’attention : le Rideau de Paris, le Rideau gris (de Marseille), la compagnie de fortune recrutée par Jean-Louis Barrault pour monter Numance de Cervantès et enfin le Théâtre des Quatre Saisons qui passe l’hiver à New-York et où le peintre André Barsacq, ancien collaborateur de Dullin et de la Compagnie des Quinze, donne actuellement sa mesure.
Enoch Arden, revenant au logis après une absence si longue qu’on l’a cru mort, et retrouvant sa femme Annie mariée à son ancien rival, comprendra ce qu’il convient de faire : accepter, se taire, disparaître ; après sa mort seulement, Annie saura qu’il l’a toujours aimée. […] Nous voyons chez ce dernier un abandon total et voluptueux aux puissances du subconscient, une renonciation aux catégories logiques de l’esprit ; l’espace et le temps s’abolissent sans reprises ni retours : la cruelle, l’impuissante lumière n’éclaire que l’irréel, et la réalité vraie s’atteint dans les abîmes de « la sainte, l’ineffable, la mystérieuse nuit » : Un jour que je versais des larmes amères, que mon espérance se fondait, dissoute dans le chagrin, et que je me tenais seul auprès du tertre dénudé qui dans un espace étroit et sombre, ensevelissait la forme de ma vie, — seul, plus seul que le plus seul, traqué par une inexprimable angoisse, — sans forces et n’étant plus qu’une pensée de misère, — comme mes yeux cherchaient de tout côté quelque secours, ne pouvant ni avancer ni reculer, et comme je m’attachais avec une invincible nostalgie à ma vie envolée, éteinte :-Alors vint du lointain bleu — des hauteurs de mon ancienne béatitude, une ondée crépusculaire — et d’un seul coup se déchira le lien de la naissance, — la chaîne de la lumière. […] La seconde est d’inventer sa technique, et, comme disaient les Anciens, de fabriquer sa lyre. […] Bref, et pour le dire avec le stoïque Vauvenargues, les passions sont un bienfait qu’il faut savoir considérer comme tel : C’est une folie de les combattre, quand elles n’ont rien de vicieux, c’est même une injustice de s’en plaindre ; car une vie sans passions ressemble bien à la mort41… L’homme de sentiment, malgré son mépris pour les produits raffinés de la culture, ne reste pas sans lire ; et de même que la mère de Cleveland, le héros troublé de l’abbé Prévost, a cherché dans des traductions la doctrine de tous les sages, anciens et modernes, tant et tant qu’elle a composé, à force de soins, « un système complet dont toutes les parties étaient enchaînées merveilleusement à un petit nombre de principes clairs et bien établis42 » ; de même que Cleveland consacre ses premières années à « une simple imitation des études de sa mère », et toute sa vie à la poursuite de la sagesse et de la volupté : de même au collège, aux académies, pendant ses années de formation, et plus tard, durant ses heures de loisir, le héros préromantique ne peut pas ne pas s’informer de la philosophie régnante.
La plus ancienne est celle pour la famille. […] Ils reconnaissent à l’esprit la faculté de construire autre chose que ce qui lui est donné, ce que n’admettent point les empiriques anciens. […] Si anciennes, si peu civilisées que soient les tribus observées, aucune ne manque des principes rationnels. […] La méthode au contraire est synthétique quand elle ajoute aux connaissances anciennes quelque chose de nouveau. […] Les anciens fixaient sur des monuments le souvenir de leurs principales actions publiques et privées.
Là, on trouve un passage de l’une des lettres passionnées que Henri lui adressait, et le plus ancien texte de la chanson : Charmante Gabrielle.
Le cardinal archevêque de Besançon, en nous attestant de sa main la vérité des faits qui concernent ce digne prêtre de son diocèse, ajoutait : « Je sens couler mes larmes en écrivant ces lignes, comme elles ont souvent coulé pendant que je bénissais le bon abbé Brandelet pour ses œuvres toutes de détachement, de zèle, et d’une persévérance vraiment admirable. » L’abbé Brandelet s’est surpassé en dernier lieu par l’achat qu’il fit, à ses risques et périls, de l’ancien château fort de Blamont mis en vente par l’État en 1859.
Sue me passe la comparaison), de même chez lui ce pessimisme déjà ancien, qui s’en prenait à l’humanité entière, ne pouvait disparaître et fondre un peu dans son ensemble qu’en se concentrant vite sur quelque objet.