Les plus anciens d’entre nous rapportaient qu’à la veille des nouveaux événements le prix de composition de rhétorique s’était débattu entre deux plaidoyers à la manière de Sénèque l’orateur en faveur de Brutus l’ancien et de Brutus le jeune… Le lauréat fut encouragé par l’intendant, félicité par le gouverneur, couronné par l’archevêque. » Des jeunes gens ainsi encouragés, félicités, couronnés, pour s’être montrés bons avocats des actes les plus farouches qu’ait inspirés aux Romains l’amour de la liberté, étaient tout disposés à transporter dans la société moderne les idées antiques dont ils étaient remplis.
. — Le seul événement tant soit peu Wagnérien du mois passé a été l’installation du grand directeur Wagnérien Richter comme Docteur ès musiques par l’université d’Oxford, à l’occasion du concert Wagnérien donné sous sa direction, dans l’université même, le 23 avril.
Hasards des événements effroyables ou communs, apparitions de semblances humaines, délices feintes du Venusberg, factices splendeurs de la Wartburg et des chasses et des longs défilés, qu’est tout cela, sinon le quelconque spectacle des apparences fantomatiques ?
Jules Roche parle un moment des hauteurs et des abaissements des événements du xviiie siècle.
Vendredi 12 mars Une maîtresse inférieure n’est jamais complètement associée au monsieur, avec lequel elle couche ; elle aura pour lui le dévouement dans les révolutions, les maladies, les événements dramatiques, mais en pleine existence tranquille et bonasse, l’amant d’une autre caste trouvera chez elle, le retrait, l’hostilité même intérieure d’un peuple, contre une aristocratie.
Peu importe l’événement, que tu sois vaincu ou vainqueur : la vertu est dans l’acte, et non dans ce qui résulte de l’acte.
De tels poèmes ne sont jamais pour un peuple que les archives illustrées de ses croyances, de ses mœurs, de ses événements nationaux, ou tout au moins de ses fables théogoniques.
Lorsque le travail intestin du temps, du culte, des rois, des ministres, des événements eut fondu toutes ces diversités dans une unité de plus en plus parfaite et qui n’est pas achevée encore, il en sortit la France, c’est-à-dire la race multiple et une tout à la fois, le caractère, non plus français, non plus gaulois, non plus germain, non plus breton, non plus italien, non plus occitanien, non plus armoricain, non plus burgunde, mais le caractère européen par excellence, la nationalité cosmopolite, l’équilibre de toutes les facultés ; autrement dit, le bon sens moderne.
C’est elle qui indique le parti le plus sûr ou le moins incertain, et qui console lorsque l’événement ne répond pas à une attente bien fondée.
Quand il fallait chez les anciens apprendre aux spectateurs quelque événement, un acteur venait sans façon le conter dans un monologue ; ainsi Amphitryon et Mercure viennent seuls sur la scène dire tout ce qu’ils ont fait, pendant les entractes.
Nous jugeons les événements historiques surtout au point de vue de leurs conséquences intellectuelles. […] Brochard ne dissimule pas ce qu’il y a de déprimant dans le pyrrhonisme radical, et il l’explique historiquement par l’humiliation morale de la Grèce sous les successeurs d’Alexandre : « Toutes les idées les plus chères à des esprits grecs reçurent des événements les plus cruels démentis. […] Et nos censeurs d’accabler Voltaire à cause des petits vers fameux sur « les derrières des guerriers du roi très-chrétien », lesquels ont été écrits deux ans après l’événement. […] Et quelques jours après à d’Argental : « Je ne m’intéresse à aucun événement que comme Français. […] Il allait encore être foudroyé par Goethe : la lecture de Faust, dans la traduction de Gérard de Nerval, fut un des événements de sa vie.
Les intrigues, les événements ne m’importaient pas… » À Stendhal non plus, qui juge le simple roman d’aventures bon pour les épiciers et les femmes de chambre. « Je ne m’intéressais, continue Valéry, qu’au système vivant auquel tout événement se rapporte : l’organisation et les réactions de quelque homme ; en fait d’intrigue, son intrigue intérieure… » C’est bien l’avis de Stendhal, et c’est ce qu’il a voulu mettre, c’est ce qu’il a mis, dans ces deux grands romans, qui restent, je crois, ses chefs-d’œuvre, malgré l’intérêt passionnant en effet de ses journaux intimes. […] * * * Il attribue tous les événements non pas à la Providence, suivant la doctrine de Bossuet et de Joseph de Maistre que, déjà touché de libre-pensée et participant de l’esprit moderne au moins dans une certaine mesure, il déclare archaïque et périmée, mais à la nécessité, à la fatalité, à la force des choses, qui, d’après lui, n’exclut pas moins les volontés humaines que la volonté divine. […] L’existence, en effet assez douteuse, du libre arbitre, au sens métaphysique, n’est pas le moins du monde nécessaire pour que les grands esprits et les héros exercent une action décisive sur les multitudes et sur les événements. […] André Billy25 expose qu’il a dû choisir entre la méthode subjective, qui érige les préférences personnelles en règle de jugement, et la méthode objective, qui prend en considération tous les événements littéraires, quoique d’inégale importance.
Polybe, contemporain des événements, n’en souffle mot. […] Guizot était homme d’État, il avait puissamment manié les affaires publiques ; retiré du monde, il cultivait son jardin, suivant le conseil de Candide. — Ses Mémoires pouvaient être un roman ; assurément ils en étaient un, Vérité et Poésie, comme ceux de Gœthe, étant écrits au gré de ses souvenirs qui, à la distance des événements, embellissaient les choses et les altéraient plus ou moins ; cependant ils s’appuyaient sur une base réelle, étant arrangés et bâtis d’après des matériaux où la critique peut trouver, au besoin, les éléments d’une rectification. — Le jeu de patience représente l’exercice de la pensée pure.
Je pense au contraire que tout se lie, que tout s’explique dans l’histoire d’un peuple, par le développement intime de l’esprit de ce peuple, et qu’on peut retrouver en germe dans son passé, tous les grands événements qui ont agi tôt ou tard sur lui. […] Tels sont les événements que nous avons à passer en revue. […] Mais, que fais-je en croyant parler des événements à venir ! […] Mais, si les considérations que j’ai émises tout à l’heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l’ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu’un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d’un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu’il y a de permanent en elle et ce qu’il y a de variable, à savoir la forme que revêt, suivant l’âge de l’auteur, suivant son sexe, son pays, sa position sociale, ses douleurs personnelles, et au milieu des événements généraux et des divers systèmes d’idées qui l’entourent, cette pensée religieuse et irréligieuse à la fois que le xviiie siècle a léguée au notre comme un funeste et glorieux héritage. » Qu’il y avait loin de toutes ces mélancolies aux allures naturelles du roman tel qu’il s’était produit jusqu’alors en France ! […] mais variés comme la nature et d’autant plus poignants qu’on passait plus rapidement d’une situation naturelle à une scène pathétique, sous l’influence d’un événement inattendu.
Grâce au seul mouvement des idées, par cela même et par cela seul que depuis une quarantaine d’années de nouveaux événements ont jeté sur l’histoire du passé des lumières toutes nouvelles, cette espèce de contradiction qui scandalisait autrefois les amis de Lamennais, ou qui les embarrassait, a vraiment cessé d’en être une, et personne aujourd’hui n’oserait dire que Lamennais se soit renié lui-même. […] et de là, son souci de l’opinion ; de là, dans son œuvre, tant de pièces de « circonstance », — l’événement du jour transposé sur le mode lyrique ; — de là, aussi, dans sa vie, tant de défaillances et de palinodies. […] N’est-ce pas dire encore que le romanesque n’a pas non plus consisté pour lui dans l’extraordinaire des aventures ou dans l’invraisemblance des événements : — si de même que le Village en effet, la Crise, l’Ermitage, la Clef d’or sont des scènes de la vie réelle ; — ni dans l’idéalisation des personnages : — si M. de Camors ou M. de Maurescamp, par exemple, dans l’Histoire d’une Parisienne, pour ne rien dire de madame de Campvallon, de Julia de Trécœur, ou de Sabine Tallevaut, dans la Morte, ne sont pas très éloignés d’être de simples criminels ? […] Peu d’événements, comme on le voit, et peu de matière ; une histoire d’âmes ; et l’étude infiniment nuancée de trois sentiments qui n’ont rien en soi de très rare : la jalousie dans l’adultère ; une forme curieuse de l’amour paternel ; et le sacrifice de la passion à la dignité personnelle. […] à la faveur de quels événements ?
Il n’y a, dans cet ordre de faits, aucune justice, et le règne de la justice y est particulièrement chimérique, parce que les joies et les chagrins d’une vie tiennent beaucoup moins aux événements dont elle est traversée qu’au caractère physiologique de l’individu. […] Cette constatation banale que le même événement douloureux n’affecte pas avec la même intensité deux personnes qu’il frappe avec la même force extérieure, c’est de l’idéalisme. […] Des phrases, tout à coup, surgissent à leurs yeux ou sonnent à leurs oreilles, qui supposent des principes dont leur esprit n’avait pas le moindre soupçon : et les événements leur paraissent énigmatiques. […] Je lui accorderai, de plus, que l’accent aigu n’a aucune raison d’être sur des mots tels que irréligieux, dorénavant, énamourer ; que le second e de événement est ouvert et qu’il y a lieu d’écrire évènement, comme on écrit d’ailleurs avènement ; qu’il est fâcheux que les accents, souvent mal placés, ne soient pas allés se poser sur bloc ou sur broc, sur œuf ou sur œufs, qui auraient pu ainsi manifester clairement la différence de leurs sonorités. « Faute d’un signe diacritique, dit excellemment M.
. — Trop prévu ; mais l’événement qui l’amène trop imprévu, puisqu’un personnage y tombe des nues pour nous apprendre que son fils, vivant en secret avec une autre femme, ne peut épouser Célie. […] Ce petit nombre de remarques nous dispense de nous étendre sur le mérite de la pièce et de ses différentes parties ; il est d’ailleurs bien embarrassant de juger un auteur sur des ouvrages plus commandés par les événements ou des ordres supérieurs que par son génie. […] Deux pédants également vains nous sont offerts ; mais Trissotin estime assez la fortune pour être préparé d’avance aux événements fâcheux d’un hymen mal assorti ; Vadius, ne songeant qu’à l’intérêt de sa ballade, se prépare à composer un poème contre celui qui l’a dédaignée.
Remarquons pourtant comme elle n’oublie pas sa toilette ni cette parure empruntée à une amie, et qui apparemment lui seyait bien ; elle n’oublie pas non plus les circonstances singulières de cette procession qui est devenue l’événement fatal de sa vie ; et même il y avait une lionne !
La découverte de Taine a été le grand événement intellectuel pour les collégiens de ma génération.
Leurs voitures avaient disparu au milieu de la confusion ; ils retournèrent à leurs logis, pleins des pensées qu’un semblable événement devait provoquer dans leurs âmes.
Voilà tout. » XII Les opinions politiques de Goethe, modifiées par le temps et les événements, sont assez bien interprétées par lui-même dans les pages ci-jointes.
Si les circonstances sont décidément contradictoires, ils diront que le fait raconté est double ou triple, bien qu’aux yeux de la saine critique les divers narrateurs aient évidemment en vue le même événement.
Elle personnifiait cette télégraphie divine qui propage parfois les grands événements par-dessus le temps et l’espace, le message transmis, non point par une bouche humaine, mais par la voix sans langue de l’air.
C’est le processus même de la conscience et non pas seulement ses résultats qu’il faut analyser : il faut examiner la série interne des états de conscience, non pas seulement la série des événements extérieurs.
On le met sur les derniers événements.
Jamais ne s’est montré aussi bien, en un événement triste, l’affamement de publicité qu’a le Parisien du xixe siècle.
Cervantes, comme poëte, a les trois dons souverains : la création, qui produit les types, et qui recouvre de chair et d’os les idées ; l’invention, qui heurte les passions contre les événements, fait étinceler l’homme sur le destin, et produit le drame ; l’imagination, qui, soleil, met le clair-obscur partout, et, donnant le relief, fait vivre.
Je jetai ces vers ébauchés dans un tiroir de ma table pour les achever le lendemain ; mais il n’y eut point de lendemain ; un événement politique inattendu me rappela soudainement à Paris ; le courant des affaires et des discussions de tribune emporta ces pensées avec mille autres ; les beaux vers d’Alfred de Musset restèrent sans réponse et s’effacèrent de ma mémoire.
Au reste, comme le remarque Aragon dans Une vague de rêves bk : « Il fallait, pour que l’idée de surréalité affleurât la conscience humaine, d’extraordinaires écoles et les événements des siècles amoncelés.
De cette histoire nous ne possédons que le dernier volume, qui contient le récit des événements passés dans deux ou trois contrées.
Les peintres se jettent dans cette mitologie, ils perdent le goût des événements naturels de la vie ; et il ne sort plus de leurs pinceaux que des scènes indécentes, folles, extravagantes, idéales, ou tout au moins vuides d’intérêt.
Il a fallu tous les incidents (et la mort d’Armand Carrel me contraint de dire les événements) qui ont marqué la carrière de M. de Girardin, pour lui permettre de s’affranchir de n’être pas toute sa vie le mari de Delphine Gay. […] Ce fut une sorte de proverbe pour être appliqué aux événements impossibles.
Il aime ceux qui peignent le monde en rose ; il lui plaît qu’un roman finisse bien ; que les événements en soient romanesques, sortent du train banal de tous les jours ; que les personnages y soient par leur générosité, leur grandeur d’âme, tout au moins leur élégance, au-dessus du niveau moyen. […] Il a recherché l’action de la société, du climat, des événements sur l’individu. […] Qui dira combien de Français ont été ainsi atteints en plein cœur par les événements de l’Année terrible ?
Ces événements n’étaient point alors de si rares exceptions. […] Les événements dont elle se compose forment un tout indivisible et sacré. Et ne dites pas qu’il faut pourtant bien que ces événements aient été le produit d’idées quelque peu diverses et peut-être même contradictoires, puisque, pendant près de deux ans, ceux qui professaient les unes ont égorgé ceux qui tenaient pour les autres. […] Biré nous montre en détail ce que nous savions en gros : que la vie de la très grande majorité des Parisiens fut à peine dérangée par les événements de la Révolution et poursuivit, même sous la Terreur, son cours habituel, comme si rien de considérable ne se passait. […] Il fait des mots sur la vie, les mœurs et les événement de Paris ; seul aujourd’hui avec M.
Entrons, maintenant, dans la suite des événements. […] Je m’amuse à ce que je fais, mais je m’amuse encore mieux à ce que vous faites, et vos pièces sont pour moi des événements de cœur et d’esprit. […] Seulement, comme il arrive aux convertis, Sainte-Beuve pénètre trop de ce nouveau côté, va à l’outrance dans cette direction nouvelle et prétend trop prouver qu’Athalie est uniquement spiritualiste, à tel point que le principal personnage, que l’unique personnage, c’est Dieu, c’est Dieu lui-même : « Le grand personnage ou plutôt l’unique d’Athalie, depuis le premier vers jusqu’au dernier, c’est Dieu. » S’il en était ainsi, ai-je besoin de dire qu’Athalie ne serait pas du tout dramatique, puisqu’il n’y aurait aucune incertitude sur l’issue de l’événement ?
William Crookes nous apprend il que cela n’est rien auprès de ce qu’il a vu, entendu et touché, et que Katie King était incomparablement plus belle que l’image qui nous en reste. « La photographie peut, dit-il, donner un dessin de sa pose ; mais comment pourrait-elle reproduire la pureté brillante de son teint ou l’expression sans cesse changeante de ses traits si mobiles, tantôt voilés de tristesse, lorsqu’elle racontait quelque amer événement de sa vie passée, tantôt souriant avec toute l’innocence d’une jeune fille, lorsqu’elle avait réuni mes enfants autour d’elle et qu’elle les amusait en leur racontant des épisodes de ses aventures dans l’Inde. […] Sa mémoire était fidèle ; il gardait le souvenir de tous les événements de sa vie, hors de celui qui l’avait bouleversée. […] Cet esprit si agissant semble activer les événements qu’il raconte. […] Elle écrivait le 25 mars à son père : « Je puis vous assurer que j’attends les événements sinon avec une entière sécurité, du moins avec le courage et la force d’âme qui me conviennent. […] Elle lui répondit : « Mon cher père, je me rappellerai toujours de vous avoir ouï blâmer la princesse héréditaire de Weimar pour avoir quitté son pays au moment où elle aurait dû y rester. » Mais les événements se précipitaient.
Tous les termes de ce billet s’ajustent aux événements de notre vie. […] Ce monstrueux événement s’est passé il y a trois mois. […] Elles s’étaient retirées dans un salon voisin pour suivre les événements ; mais elles entrent par la porte de l’antichambre, comme si elles venaient du dehors. […] Je crois bien, sans juger par l’événement, que le Serpent noir est de cette dernière catégorie.
« La littérature, a-t-il dit quelque part, est par excellence l’expression de la société, c’est-à-dire tout à la fois du gouvernement, de la religion, des mœurs et des événements » ; et quand il le disait, il ne disait sans doute rien de bien neuf. […] Parce que, dans les premiers, c’étaient déjà les volontés qui dirigeaient les événements, et qu’au contraire, dans les seconds, elles étaient déterminées par eux. […] Les romanciers aussi le disaient de leur art, il y a quinze ou vingt ans ; et, pour voir comme ils s’y sont tenus, à cette unique loi, qui serait qu’il n’y a plus de lois, lisez la Terre, lisez la Bête humaine, où vous trouverez en cinq cents pages plus d’événements entassés que dans la légende entière des Atrides.
Enfin ce qui a paru, ce qui est né au xviiie siècle, en tant que faits nouveaux, en tant que grands événements historiques, c’est la liberté et la démocratie. […] C’est une façon aussi de ramasser ses idées en les exprimant, quand, sous le coup des événements, on sent comme le besoin de s’en rendre compte plus précisément qu’à l’ordinaire. […] Cette présence générale de la divinité, qui est un dogme pour une raison éclairée, était pour leur raison naissante une présence locale ; cette volonté générale qui, par des lois générales comme elle, détermine tous les événements de ce vaste univers, était une suite de volontés particulières qui agissaient sur tous les êtres…1. » — Ce qu’a voulu de Bonald, c’est retrouver et rétablir « la présence locale » de Dieu. […] Le ménage des Belmont, dans Delphine, est une idylle à la Jean-Jacques, caressée par elle avec amour, avec une émotion troublante, qui se communique au lecteur. — Jeune, elle lit Richardson avec passion : « L’enlèvement de Clarisse fut un des événements de ma jeunesse. » Mourante, Walter Scott la console. […] « Tel était le mot du jour ; car en France, à chaque révolution, on rédige une phrase nouvelle qui sert à tout le monde, pour que chacun ait de l’esprit et du sentiment tout faits ; … car la plupart des hommes médiocres sont au service de l’événement et n’ont pas la force de penser plus haut qu’un fait. » En vrais élèves des philosophes, ils furent « dominés par la passion des idées abstraites » ; ils voulurent « accorder à un petit nombre de principes le pouvoir absolu que s’était arrogé jusque-là un petit nombre d’hommes » ; et, ainsi, tout enivrés d’idées pures, sans appui dans le passé, sans assiette sur le réel, et fondant sur l’absolu, ils « traitaient la France comme une colonie. » Au fond, cette révolution, qui a fini par être tragique, a commencé par être éminemment romanesque.
Toujours est-il que ses amours avec Louise Colet, ses lettres d’amour — et de littérature — à Louise Colet, sont aujourd’hui un des grands événements et une des grandes correspondances chères à la vie des lettres. […] Tostes n’est pas un lieu d’événements, mais résume la manière d’être de Charles, sa façon de vivre, de dormir, de s’habiller, de manger, tout ce qui « énerve » sa femme et l’amène à la neurasthénie. […] « Elle le regarda brûler, les petites baies de carton éclataient… » À ce crayon succède le tableau, le lieu des personnages et des événements. […] Leur correspondance ayant été en grande partie détruite, nous ne savons rien des événements qui les rapprochèrent. […] Des événements intérieurs faisaient une date où l’on se reportait plus tard.
Et, d’autre part, il n’a qu’à laisser faire et, d’eux-mêmes, les événements le portent à la dictature. […] Un autre axiome d’art théâtral sur lequel on s’accorde assez, c’est que, plus le lieu de la scène, les événements antérieurs et le caractère, la vie passée, les mobiles et les intérêts des personnages nous seront connus, et plus nous nous intéresserons au drame. […] Vous me direz que, dans un mélodrame comme celui-là, l’auteur ne songe qu’à combiner des événements extraordinaires et qu’il les vide, pour ainsi parler, de leur contenu moral. […] L’événement a montré qu’elle ne pouvait rien faire de plus spirituel.
Rotrou a besoin de beaucoup de faits et d’événements. […] Toutes deux eurent en outre une magnifique carrière officielle (comme nous dirions aujourd’hui), firent partie de divertissements, de fêtes données à l’occasion d’événements royaux et nationaux (c’était alors même chose), de mariages ou de victoires royales et françaises. […] Il dispose les événements de façon à excuser Thésée et à décharger Phèdre sans charger Hippolyte. « Messieurs, ami de tout le monde » !
Or, le soir même de cet événement, d’une importance historique, j’eus la stupeur d’entendre désavouer ce glorieux et malheureux Syveton (mon ancien condisciple de Louis-le-Grand), par presque tous ses amis et partisans, qui lui reprochaient ce beau soufflet comme impolitique… Impolitique ! […] N’est-il pas, ce catholicisme, le maître et le guide de cette émancipation intérieure, de cette liberté de détermination, qui est la seule liberté permise et concevable ici-bas, en ce qu’elle échappe à la chaîne des événements, comme au contrôle de la collectivité, comme à la tyrannie des tissus organiques ! […] On eût dit d’un événement européen. […] Il a été le siècle du laboratoire et de l’essor industriel, qui sont en effet deux événements considérables dans l’histoire de l’humanité ; mais la défaillance de sa raison (constatée et analysée aux chapitres précédents) l’a conduit à faire, du laboratoire, un redoutable agent de confusion mentale, et, de l’industrie, un agent plus redoutable encore de luttes sociales et de guerres indéfinies.
comme pour détruire toute la force de cette exclamation : plus de mouvement et de passion ne convenait ni au caractère de Bajazet tel qu’il l’avait établi, ni à la situation donnée ; et Racine n’eût pas acheté une beauté aux dépens d’une convenance ; ou plutôt cette prétendue beauté n’eût été pour lui qu’un défaut ; il ne croyait pas que dans ce moment les larmes d’Atalide fussent un événement assez considérable pour en faire tant de fracas, et fournir à Bajazet un prétexte pour crier si fort. […] Mais la fourberie d’Harpagon ne produit qu’une scène comique, sans aucune suite, sans aucun résultat ; au contraire, la fourberie de Mithridate, indépendamment de la beauté de la scène, produit les plus grands événements, et amène la catastrophe. […] On part de là pour traiter Euripide de grossier et de brutal : la scène, il est vrai, n’est pas polie ; mais elle est très éloquente, très chaude, très théâtrale ; elle peint admirablement le caractère des fils d’Atrée ; et ce qui lui donne surtout un grand prix, c’est qu’au milieu de la querelle on vient annoncer l’arrivée de Clytemnestre, événement qui fait tomber le courroux des deux frères ; tous deux se réunissent pour pleurer le désastre de leur famille, et la nature dans ce moment triomphe de l’ambition. […] Achille parle, dans Iphigénie, comme s’il disposait des événements et des destins ; il a l’air de braver les dieux et les hommes ; mais sa force réelle n’est pas en proportion avec ses discours : car, sans le vent, sa valeur ne peut rien ; et si les dieux veulent Iphigénie, il faudra qu’il renonce à sa maîtresse.
Le Bayard de du Belloi présente des événements importants, capables de fixer l’attention : on ne voit dans Tancrède que des folies amoureuses, une héroïne en délire, un héros qui se fait tuer pour une femme qu’il méprise. […] Les gens sensés se moquent d’une pareille chimère ; des jeunes gens sans expérience se flattent de pouvoir la réaliser : mais les connaisseurs admirent l’art de l’auteur, qui a su répandre une couleur de vraisemblance sur un événement aussi extraordinaire.
Tous ces gens-là sont sujets non-seulement à préférer leur gloire à leurs amis, mais à ne voir dans leurs amis, dans la nature, dans les événements, que des récits, des tableaux, des réflexions à faire et à publier. » Nous croyons que Constance se trompe pour Racine, La Fontaine et Fénelon ; nous craignons qu’elle ne fasse que reporter un peu trop en arrière ce qui était vrai de son siècle, ce qui l’est surtout du nôtre234.
Bailly, vêpres et salut, grand couvert… 5 octobre, tiré à la porte de Châtillon, tué quatre-vingt-une pièces, interrompu par les événements ; aller et retour à cheval. 6 octobre, départ pour Paris à midi et demi, visite à l’hôtel de ville, soupé et couché aux Tuileries. 7 octobre, rien, mes tantes sont venues dîner. 8, rien… 12, rien, le cerf chassait à Port-Royal. » — Enfermé à Paris, captif de la multitude, son cœur suit toujours sa meute.
Prenez l’ensemble du poëme ; c’est une bouffonnerie en style noble ; lord Petre a coupé une boucle dans les cheveux d’une beauté à la mode, mistress Arabella Fermor ; il s’agit de faire de cette bagatelle une épopée, avec les invocations, les apostrophes, l’intervention des êtres surnaturels et le reste des machines poétiques ; la solennité du style contraste avec la petitesse des événements ; on rit de ces tracasseries, comme d’une querelle d’insectes.
On me dira avec raison : « Mais cette loi, en sauvant le sol de l’étranger, compromit la liberté des citoyens à l’intérieur. » C’est vrai ; je n’ai rien à répondre, de tristes événements confirmeraient l’objection.
C’est l’usage en Italie de faire des sonnets pour tous les événements et les choses extraordinaires.
Vous pouvez ouïr des merveilles d’un événement épouvantable.
Le drame doit se produire naturellement par le choc des caractères et des passions et non par des événements de pure imagination, plus ou moins invraisemblables et qui, par cela même, n’ont aucune portée, aucune valeur.
Je ne fais donc nulle difficulté de dire que je dois aux biographes de Swift ou à son propre témoignage les événements de sa vie, mais je sais que je ne dois qu’à moi-même l’étude de son caractère, l’appréciation de ses œuvres et les sentiments qu’elles m’ont inspirés.
. — Le mois passé n’a offert que peu d’événements ; mais maintenant que la saison va bientôt commencer à Londres, nous pouvons attendre, certainement, plus d’activité parmi les musiciens.
L’être vivant saisit d’abord les séquences mécaniques les plus simples et les plus courtes ; puis il en vient, par des conquêtes successives, à s’ajuster à des périodes de plus en plus longues ; il prend possession de l’avenir ; il prévoit les événements futurs, comme le chien qui cache un os pour le moment où il aura faim de nouveau.
Qu’on nomme hasard cette rencontre de séries indépendantes, cela ne veut pas dire que l’événement fortuit soit sans causes et sans nécessité, mais qu’il est dû à une combinaison particulière et passagère de causes ou de nécessités.
Le camp de César en Espagne est inondé par une forte pluie qui l’incommode beaucoup, mais dont César parle lui-même, comme d’un événement ordinaire.
Mais Platon cherche dans la sagesse vulgaire d’Homère, un ornement plutôt qu’une base pour sa philosophie ; Tacite disperse la sienne à la suite des événements ; Bacon dans ce qui regarde les lois ne fait pas assez abstraction des temps et des lieux pour atteindre aux plus hautes généralités.
Pour ne pas contredire l’histoire, j’ai cru ne me pouvoir dispenser d’en jeter quelque idée, mais avec incertitude de l’effet ; et ce n’était que par là que je pouvais accorder la bienséance du théâtre avec la vérité de l’événement. » Toutefois, quoi qu’en dise Corneille, le public ne serait pas content si le Roi ne prenait sur lui de faire entrevoir un mariage possible dans l’avenir. […] Aussi ne m’étonné-je pas beaucoup que le peuple, qui porte le jugement dans les yeux, se laisse tromper par celui de tous les sens le plus facile à décevoir ; mais, que cette vapeur grossière qui se forme dans le parterre ait pu s’élever jusqu’aux galeries, et qu’un fantôme ait abusé le savoir comme l’ignorance, et la Cour aussi bien que le bourgeois, j’avoue que ce prodige m’étonne, et que ce n’est qu’en ce bizarre événement que je trouve le Cid merveilleux. » Il reprochait à l’auteur du Cid de se glorifier jusqu’à se déifier. […] L’auteur a eu tort de resserrer en vingt-quatre heures des événements qui, dans l’histoire, ne tiennent pas moins de quatre années. […] Je veux bien que Rome soit ici plus sublime que la nature… Mais la nature n’est pas faible quand elle dit ce qu’elle doit dire… Non seulement ce vers n’est pas répréhensible, mais il est assez heureux37. » Nous sommes donc, sur ce point, du sentiment de La Harpe ; mais non sur la suite, qui regarde l’artifice dramatique de l’erreur de Julie : qu’il soit ingénieux, on ne le nie pas ; qu’il ait été nécessaire pour pouvoir composer une tragédie avec un événement aussi peu fertile en matière que celui d’un simple combat, nous l’admettons ; mais qu’on ne vienne point nous dire que c’est là « une simple méprise très naturelle38 ». […] Mais tout cela paraissait vraisemblable alors, à cause des événements contemporains.
Il semble qu’il rétablisse, dans les Mémoires d’Outre-Tombe un dessin tracé par Dieu et que parfois les événements ont à tort dérangé. […] Un exemple, au hasard : Tout le monde se souvient de ce journal que Chateaubriand, en Amérique, trouve par hasard dans une maison de bois, et qui lui apprend les événements de Varennes. […] Il fut présenté vainement aux éditeurs, dut paraître aux frais de l’auteur, à cinq cents exemplaires, ne commença à se vendre que sept ou huit ans plus tard, à la fin de la guerre, à l’époque littéraire qui commence par ces deux événements, le prix Goncourt à Marcel Proust, l’apparition de la Jeune Parque, et où il semble que nous devions vivre encore quelques années, intéressantes et bien employées. […] Ainsi la querelle des Anciens et des Modernes au xviie siècle, événement littéraire aussi important en soi que la réforme de Malherbe et le romantisme, ne s’est que fort peu manifestée par des œuvres, à cause peut-être de la maladresse d’une nourrice qui a laissé choir au maillot le génie qui l’eût interprétée.
Cette perpétuelle création d’images lyriques, cette exaltation intérieure à l’occasion des événements humains et des spectacles magnifiques de la nature, cet enthousiasme franc, cet amour de la vie « doublée et redoublée », comme dit Gobineau, font de Verhaeren un des poètes les plus représentatifs de la mentalité moderne, un de ceux dont les chants synthétisent le mieux les tendances contemporaines. […] Non seulement le choix du sujet, mais encore tous les accessoires, sites, événements, objets usuels, spectacles extérieurs nous renseignent sur l’état d’âme des personnages. […] Il m’indiffère de connaître la liste exacte des événements accomplis de 1461 à 1483, mais je suis ravi de retrouver, dans ce livre, le Louis XI du château de Péronne, au chaperon brodé de médailles de cuivre et d’images de plomb, occupé à des patenôtres et, dans le même temps, combinant une nouvelle ruse ; le Louis XI, qui jure par la Pâques-Dieu, tout en ayant peur du diable ; le bon sire, qui, craignant les pétards, fait tenir devant lui le vaste Tristan et qui allonge le bras entre les jambes du compère, pour allumer le bûcher ; le fin renard s’amusant à dessiner les gibets et qui lorsque Commines lui dit : « Sire vous blasphémez ! […] Etant donné la tournure des événements politiques et sociaux, tout élan lyrique est brisé dans son essor.
Et l’événement prouve que certains phénomènes de la nature se prêtent à cette exigence, de telle sorte que la notion de loi mécanique domine toute la recherche scientifique, au moins comme idée directrice. […] En ce qui concerne les sciences de la matière, l’événement a montré la légitimité de la méthode.
Le Newton sans culture aura occupé son génie à découvrir une loi élémentaire d’astronomie, familière déjà aux Chaldéens, et le Victor Hugo sans lettres aura, en beaux et frustes vers patois, tôt oubliés, chanté les menus événements de son cœur et de son village. […] Les grands événements intellectuels modifient la civilisation et la civilisation modifie les tendances de l’intelligence ; ainsi s’accomplit l’évolution intellectuelle. […] Les événements de la Révolution » les guerres de l’Empire, les découvertes scientifiques et géographiques, le contact des littératures et des mœurs étrangères, tout cela a multiplié presque à l’infini notre faculté d’imaginer ; et cette faculté d’imaginer a réagi très fortement sur notre sensibilité.
A l’époque d’Eschyle, et surtout à l’époque à laquelle remontent les légendes développées par les tragiques grecs, l’amour tient peut-être autant de place qu’aujourd’hui dans les événements humains, — mais beaucoup moins dans les discours… Il reste vrai qu’il, est dans Agamemnon le grand moteur, tout comme dans Bajazet ou dans Othello. […] Or c’est là précisément la donnée essentielle de la plupart des mélodrames, et c’est pourquoi j’ai pu dire que les Choéphores étaient le type le plus ancien des pièces fondées sur quelque combinaison extraordinaire d’événements. […] « Je ne vous raconterai pas les événements antérieurs à l’action de la pièce. […] Cet homme qui passe ses nuits et ses jours sur le boulevard, dans les théâtres, dans les cabarets à la mode, que nous voyons, d’un bout à l’autre du drame de Barrière, mêlé aux filles, qui vit avec elles et un peu comme elles, et qui sans doute se sert, à l’occasion, de son journal pour s’en faire bien venir ; cet homme affichera pour ses compagnes le mépris le plus absolu, le plus inexorable… Sur toutes les questions de morale que soulèvent, presque chaque jour, les événements grands ou petits de la vie parisienne, soyez tranquilles !
Paul Bourget a donc grand tort d’affirmer dans ses Essais de psychologie que « Flaubert a inventé le procédé d’art qui fit de l’apparition de Madame Bovary un événement littéraire d’une importance capitale », ce qui est d’ailleurs en contradiction avec un Passage des Études et Portraits du même auteur, où il est dit que « Flaubert a emprunté à Théophile Gautier la puissance du rendu concret et comme matériel ». […] Ouvrez la Chartreuse de Parme, et vous reconnaîtrez dans la célèbre bataille de Waterloo, décrite par les dessous et les petits côtés, la formule contradictoire de Tolstoï, le modèle de ses tableaux déconcertants, l’embrouillement et le démêlement voulus avec lesquels il traite indistinctement les événements et les passions. […] Un critique accrédité comme Sainte-Beuve était en quelque sorte obligé de rendre compte de Madame Bovary, dont l’apparition fut, en 1857, l’événement des lettres françaises. […] Il va maintenant reprendre et varier ses sujets dans son Miette et Noré, une idylle simple comme la nature, où il ne se passe point d’événements : — les travaux des champs, les saisons, les monotones journées de campagne, — quelque chose de patriarcal et d’antique, l’éternel rustique milieu où se déroule un amour sans incident, un drame die cœur entre deux jeunes gens qui finissent par s’épouser, comme Hermann et Dorothée de Gœthe.
Les événements vinrent à la traverse avant l’accomplissement de tous ces beaux projets.
Fénelon a fait un grand nombre de mémoires politiques : sur quelle partie des affaires, sur quel événement n’en a-t-il pas fait ?
Tourguéneff le regarde, un moment, avec une ironie paternelle, puis lui conte ce joli apologue : « Zola, lors de la fête donnée à l’ambassade russe, à l’occasion de l’affranchissement des serfs, événement dans lequel, vous savez, que j’ai été pour quelque chose, le comte Orloff, qui est mon ami, et au mariage duquel j’ai été témoin, le comte m’invita à dîner.
Je trace des portraits, je situe chaque événement moral dans un paysage approprié.
Génie en disponibilité, sa capacité de beaux vers restait sans emploi faute de sujet, et de fait, à partir du moment où Mallarmé arriva à sa pleine lucidité poétique, il n’écrivit guère que des sonnets de circonstance, imposés par quelque événement extérieur. […] Elle trouvera un détour, un fil subtil pour se relier tout événement étranger qui frôlera une sensibilité tendue, fixe, comme une bête à l’affût.
Il est trop facile de dire après coup : « J’aurais marché. » On ne réfléchit pas que c’est parce qu’on connaît l’événement qu’on le dit. […] Il en résultait que cette pièce qui était un événement pour lui en devenait un pour le lecteur, et, dès ce temps reculé de L’Opinion nationale, le feuilleton de Sarcey était attendu du public presque avec autant de curiosité passionnée que la pièce de la semaine était attendue par Sarcey lui-même. […] Pour Sarcey le théâtre était tout dans l’action, c’est-à-dire dans un événement bien préparé et amené d’une façon logique, et les caractères et les peintures de mœurs ne valaient que comme subordonnés à l’action et comme moyens de la préparer, de l’expliquer, de la justifier et de la mettre en sa vraie lumière. […] À propos de chaque événement sur quoi il avait son avis à dir
Jullien considère une pièce de théâtre comme une sorte d’analyse de caractères où les événements ne seront que les résultantes logiques du heurt des personnages. […] Le moindre événement nous paraîtra grave et nous discernerons l’importance d’une multitude de conjonctures qui nous furent toujours sans attraits. […] Un homme devient ce que désirent les événements.
. — « La beauté des sentiments, la violence des passions, la grandeur des événements, et le succès miraculeux de leur redoutable épée, tout cela m’entraîne comme une petite fille » [lettre du 12 juillet 1671] ; et, dans une lettre du 15 juillet : « Pour les sentiments… j’avoue qu’ils me plaisent et qu’ils sont d’une perfection qui remplit mon idée sur les belles âmes. » — Si d’ailleurs le style de La Calprenède est aussi « méchant » que la même Mme de Sévigné le prétend au même endroit. — Que les qualités n’en supportent pas la comparaison avec le style de Corneille ; — mais que les défauts en sont les mêmes, ou de la même famille. — Abondance de l’imagination de La Calprenède. — Que toute sa poétique est d’exciter « l’admiration », et qu’il y a réussi. — Analogie lointaine, mais certaine du genre des romans de La Calprenède avec ceux d’Alexandre Dumas. […] 2º L’Orateur. — Absence de renseignements sur sa jeunesse ; — et manque de toute espèce d’événements dans sa vie ; — sincérité de sa vocation ; — simplicité de son existence ; — et unité de son œuvre. — Ses débuts dans les chaires de Paris, 1669 ; — et du mot de Voltaire : « que Bossuet ne passa plus pour le premier prédicateur dès que Bourdaloue eut paru ». — Bourdaloue à la cour : — Avents de 1670, 84, 86, 89, 91, 93, 97, et Carêmes de 1672, 74, 76, 80, 82, 95. — Succès prodigieux de Bourdaloue [Cf. les Lettres de Mme de Sévigné, passim, et le Journal de Dangeau]. — Si ce succès doit être attribué au caractère exclusivement moral et rarement dogmatique de sa prédication ? […] L’importance du roman de Le Sage ; — et qu’elle est d’avoir constitué le roman réaliste comme genre littéraire. — Après La Bruyère, et avec des procédés analogues, il a fait passer, de la scène dans le livre, la satire des mœurs ; — et ainsi il a ouvert une voie véritablement nouvelle. — Sa bonne fortune a été d’établir la distinction fondamentale du théâtre et du roman. — Le héros de roman est toujours la victime ou la créature des circonstances ; — et il s’y abandonne ; — mais le héros de théâtre prétend en demeurer le maître. — L’imitation de la vie commune dans le roman de Le Sage ; — et que ni le déguisement espagnol ; — ni l’intention constamment satirique n’en sauraient masquer l’exactitude. — Comparaison de l’histoire « fictive » de Gil Blas avec l’histoire vraie de Dubois ou d’Alberoni. — Du caractère des événements dans le roman de Le Sage ; — et qu’ils n’ont rien de « romanesque », — en tant que le mot est synonyme d’arbitraire ou d’extraordinaire. — L’erreur que l’on commet parfois à ce sujet ne provient que de mal connaître les mœurs privées du temps de Louis XIV et de la Régence. — Abondance de traits réalistes dans le roman de Le Sage ; — et comment, ainsi que dans la satire de Boileau, — l’excès en est constamment tempéré par son éducation littéraire. — D’une parole étrange de Nisard sur Le Sage considéré comme moraliste ; — et qu’il n’y a rien de commun, que l’abus des citations latines, entre Le Sage et Rollin.
La grande affaire de l’esprit humain, quelque voie qu’il prenne, est partout la connaissance des lois et des causes ; il n’est pas content tant qu’il n’a pas démêlé dans l’amas des événements épars les puissances permanentes et génératrices qui produisent et renouvellent le pêle-mêle changeant dont il est assailli.
» Il racontait cet événement au gros percepteur Hâan, qui semblait l’écouter, son ventre arrondi comme un bouvreuil, la face pourpre, la cravate lâchée, ses gros yeux voilés de douces larmes, et qui riait en songeant à la prochaine ouverture de la chasse.
Cela arriva néanmoins d’une façon que l’on peut appeler miraculeuse, tant pour les circonstances que nous avons déjà observées, que pour celles que nous allons marquer, et qui font dire qu’il y a une puissance supérieure qui se mêle souverainement dans les affaires humaines, qui se rend maîtresse des événements, et qui fait réussir les choses bien souvent contre notre attente, comme il arriva ici, où Sefie fut élu malgré le complot des personnes intéressées, et les dispositions favorables qu’ils avaient données à leur entreprise.
Les plus francs, les plus coléreux, les plus pléthoriques, dans la bassesse des événements, du ciel, des fortunes de ce temps, au contact du monde, au frottement des relations, au ramollissement des accommodements, dans l’air ambiant des lâchetés, perdent le sens de la révolte, et ont de la peine à ne pas trouver beau, tout ce qui réussit.
Quand ma pensée va à cette nomination, elle ne s’y arrête pas, comme elle s’arrête aux événements de votre vie qui, vous donnent de la sincère joie, et passe de suite à autre chose.
« Voilà, mon ami, ajouta-t-il, tout mon rôle dans les journées de 1830 : j’ai été le souffleur de l’événement, j’ai laissé la responsabilité aux ambitieux et aux dupes : qu’en pensez-vous ?
mon ami, la force des choses, les événements, les hommes.
Justement parce que le souvenir d’intuitions antérieures analogues est plus utile que l’intuition même, étant lié dans notre mémoire à toute la série des événements subséquents et pouvant par là mieux éclairer notre décision, il déplace l’intuition réelle, dont le rôle n’est plus alors — nous le prouverons plus loin — que d’appeler le souvenir, de lui donner un corps, de le rendre actif et par là actuel.
Les âmes des jeunes gens, bouleversées par les événements grandioses de la Révolution, du premier Empire et des guerres de 1814-1815, étaient dans l’attente d’un mouvement littéraire nouveau.
Quel est l’événement parisien de l’année dernière dont le retentissement dure encore ou dont on puisse espérer, à tout le moins, de réveiller aisément l’écho ? […] Et les événements arrivent bien à point, ni une heure trop tôt, ni une heure trop tard, pour lui révéler chacun des nouveaux liens qui l’ont rattaché à la vie sans qu’il y ait pris garde. — Tu croyais ne pas aimer ta femme !