Il se dit qu’il dupe un mari, « qu’il trompe une cruelle et croit gagner des pardons à cela93. » Il veut rire, c’est là son état préféré, le but et l’emploi de sa vie ; surtout il veut rire aux dépens d’autrui. […] De pareils hommes, même tombés à l’état de socagers, même déchus jusqu’à la condition de vilains, ont le cou plus roide que les misérables colons du continent, foulés et façonnés par les quatre siècles de fiscalité romaine. […] Les étrangers qui les voient sont étonnés de leur force de corps et de cœur, « des grandes pièces de bœuf » qui alimentent leurs muscles, de leurs habitudes militaires, de leur farouche obstination « de bêtes sauvages152. » Ils ressemblent à leurs bouledogues, race indomptable, qui, dans la folie de leur courage, « vont les yeux fermés se jeter dans la gueule d’un ours de Russie, et se font écraser la tête comme une pomme pourrie. » Cet étrange état d’une société militante, si plein de dangers et qui exige tant d’efforts, ne les effraye pas. […] Considérez, au contraire, dit-il au jeune prince qu’il instruit, l’état des communes en France. […] Ils ont des étoffes de bonne laine pour tous leurs vêtements ; même ils ont quantité de couvertures dans leurs maisons, et de toutes les choses qu’on fait en laine ; ils sont riches en mobiliers, en instruments de culture, et en toutes les choses qui servent à mener une vie tranquille et heureuse, chacun selon son état. » Tout cela vient de la constitution du pays, et de la distribution de la terre.
Puis ses bonshommes sont parfois terriblement ergoteurs, disputailleurs, malades à l’état aigu de cette maladie anglo-saxonne : la controverse, et la controverse scolastique. […] Maupassant, de retour de son excursion en Afrique, et qui dîne chez la princesse, déclare qu’il est en parfait état de santé. […] Eh bien, il me semble que l’état nerveux qui m’est donné par Beethoven, est d’une densité supérieure aux états nerveux, que me donnent toutes les autres musiques. » Vendredi 20 septembre Ce matin, causerie de Daudet sur sa pièce La Lutte pour la vie, et sur le théâtre en général : « Oh ! […] C’est du théâtre qui remue de la pensée autour de l’état moral de la société actuelle, et ce n’est pas commun au théâtre. […] Enfin de la réalité rigoureuse, exécutée dans un état d’hallucination mystique, et à laquelle une maladresse naïve ne fait qu’ajouter un charme : de l’art qui a une certaine ressemblance avec l’art de Mantegna.
Il se compose souvent un idiôme qui le rend inintelligible pour ceux qui ne sçavent point l’étudier ; alors deux ou trois hommes entrent dans ses idées, & le reste méprise ce qu’il n’est pas en état de comprendre. […] Chacun vivant à son gré, & les mœurs étant prodigieusement mêlées, il n’y a point d’état & de caractère qui ne porte son excuse avec soi. […] Ainsi, grâce à sa perfectibilité, l’homme par des gradations insensibles, peut parvenir à rendre l’état social plus doux & plus désirable que l’état primitif de la Nature même, de quelques couleurs véritables ou romanesques qu’on le pare & qu’on l’environne. […] Tout état où les fortunes sont à-peu-près au même niveau est tranquile, fortuné & semble faire un tout. Tout autre état porte un principe de division & de discorde éternelle.
Aimer le grand, c’était son état.
Son génie, plus constamment appliqué à des objets convenables à son état & à sa plume, nous eût laissé des Productions utiles, au lieu de ces Ecrits polémiques qui tombent d’eux-mêmes avec les sujet qui les a fait naître.
Nous osons dire, sans crainte d’être démentis par ceux qui sont en état d’apprécier ses Ouvrages, qu’il le dispute à nos meilleurs Poëtes par l’agrément & la fécondité des images & des fictions, l’élégance & la variété des tours, la justesse & l’originalité des expressions, & sur-tout par l’harmonie imitative.
L’initiative du génie grec à l’état normal, le rayon fécondant de l’esprit attique n’auraient pas suffi à une création si extraordinaire.
Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle il a été écrit, et l’état particulier de l’âme, de l’imagination et du cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour, quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires, du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.
Un poëte comique ne dépeint pas aux spectateurs des heros, ou des caracteres qu’ils n’aïent jamais connus que par les idées vagues que leur imagination peut en avoir formées sur le rapport des historiens : il n’entretient pas le parterre de conjurations contre l’état, d’oracles ni d’autres évenemens merveilleux, et tels que la plûpart des spectateurs, qui jamais n’ont eu part à des avantures semblables, ne sçauroient bien connoître si les circonstances et les suites de ces avantures sont exposées avec vrai-semblance.
Il arrache les compartiments et les ornements par lesquels ils essayent de couvrir leur état ou de régler leur désordre. […] Les femmes causent de son état, et devant lui ; elles se font détromper par lui, et s’en vantent. […] Pour remplir les salons, il faut un certain état politique, et cet état, qui est la suprématie du roi jointe à la régularité de la police, s’établissait à la même époque des deux côtés du détroit. […] La même répugnance et la même expérience le détachaient de toutes les parties de son ancien état. […] Dans ce bel état il rencontre chez le duc de Devonshire une jeune fille charmante, dont il s’éprend.
A l’état de notion pure, le mot représenterait une idée ; qu’est-ce qu’une idée ? […] Faguet) le mécanisme physiologique de la pensée et qui sait que la volonté n’est pas autre chose qu’un état de tension nerveuse, parfaitement involontaire. […] Le plagiat innocent est toujours le symptôme d’une maladie et toujours lié à un affaiblissement cérébral, soit passager, soit définitif, ou à un état épileptique. […] Je ne sais qui a dit que l’ignorance est un état, et un état de fait aussi important et aussi intéressant que l’état de science. Sans doute ; mais il y a un état de science qui vaut et dépasse l’état d’ignorance : c’est quand on sait, sur telle question, tout ce qu’il est possible de savoir ; c’est quand, à défaut d’une connaissance parfaite et définitive, on se résigne à n’écrire rien, sur cette question, qu’après l’avoir vérifié et contrôlé avec une persévérance même pénible.
Parfois il se figure que des « distractions » le sortiraient de cet état ; mais son « unique distraction », à Recanati, c’est l’étude, et l’étude le tue. […] » Un des symptômes les plus curieux de cet état d’effroi continuel devant un échec, une humiliation, un mal possibles, c’est sa crainte naïve et continuelle de la douleur physique. […] En effet, le texte, donnant par lui-même des perceptions précises, enlève l’esprit à cet état de rêverie dans laquelle il se laisse aller, sans être troublé, au cours de ses impressions et de ses pensées. […] Le caractère de la scène et le ton de la légende contribuent ensemble à jeter l’esprit dans cet état de rêve qui le porte bientôt jusqu’à la pleine clairvoyance, et l’esprit découvre alors un nouvel enchaînement des phénomènes du monde, que ses yeux ne pouvaient apercevoir dans l’état de veille ordinaire : de là lui venait cette inquiétude qui le portait à demander sans cesse “pourquoi ?” […] M. de Amicis a-t-il conscience de son état d’optimisme ?
Le beylisme lui eût dit : deux corps se rapprochent, il naît de la chaleur et une fermentation, mais tout état de cette nature est passager. […] Elle fait état de respecter des principes où Beyle n’a jamais voulu voir que des préjugés. […] Aussi bien dans les pays étrangers, un seul excepté, l’état des mœurs est le même, et c’est à toute la civilisation moderne que Beyle fait le procès. […] Dans l’état de barbarie, l’individu venge son injure personnelle ; dans l’état de civilisation, il délègue à la communauté le soin de réparer le tort qui lui a été fait. […] Comme guerrier, ses états de service se réduisent à avoir fait partie de la garde nationale et refusé de monter sa garde.
Il fallait choisir un sujet plus rapproché de nos habitudes journalières, et des personnages qui, par état, parus-sent encore moins susceptibles de revêtir l’intérêt poétique. […] Qu’est-ce qui donnera du prix à l’existence d’Hermann, et à son état de la dignité ? […] Le mal existait, produit naturel de l’état social à cette époque. […] Quel état que celui d’un peuple qui se serait endormi confiant dans un rêve de religion vaine et que la secousse imprévue des événements réveillerait tout à coup athée ! […] Autrement, il nous tiendrait dans un état d’irritation perpétuelle ; il nous épuiserait par des soubresauts incessants d’inutile colère.
Ai-je une manière particulière de les lire, il se peut ; mais elles me mettent dans un état, non de tendresse, je l’avoue, mais d’indulgence très bénigne à l’égard de mes semblables. […] Du même ordre est cette belle pensée encore : « On ne trouve guère d’ingrats tant qu’on est en état de faire le bien. » — Oh ! […] Quelques lecteurs remarqueront et blâmeront l’absence, au commencement du volume, d’un état général de l’esprit public et de l’opinion en France en 1815. […] C’est peut-être le moment d’examiner l’état de l’opinion sur le grand artiste qui l’a tant occupée pendant soixante ans. […] Il l’a étudiée à l’état de larve, l’a suivie à l’état de nymphe et l’a poursuivie à l’état de papillon.
Je ne lui confierais l’état de ma garde-robe ; et il a raison. […] Ils dénotent un état singulier de l’âme humaine ; cet état, par suite, se rencontre dans toutes les âmes, et, par suite encore, dans toutes les actions. […] Tous leurs sentiments naissent de leur état ou en portent la marque. […] Joignez à cela l’état des esprits en Amérique. […] Rien de mieux approprié que la doctrine nouvelle à l’état des âmes.
Les intérêts de l’église et des états n’entrent dans les discussions de littérature que relativement aux ouvrages dont ils sont le fondement, et ce qu’on en dit alors ne doit pas noyer, ensevelir la matière qu’on se propose de montrer. […] Ne circonscrivons pas l’usage des termes aux mesures glacées de nos salons : le fard, le jargon étroit et précieux de quelques sociétés est étranger, inintelligible au peuple qui vient écouter et saisir les ridicules de tous les états. […] Celle-ci ne représente que les princes ou les héros, dont les destins influent sur le sort des états ; elle leur prête un langage aussi élevé que leur haute condition, et leur suppose, dans leurs malheurs ou dans leur crimes, des âmes aussi grandes qu’ils devraient les avoir. […] Nous sommes en état désormais de constater les qualités principales de la tragédie, que nous ont fournies tant d’exemples depuis les Grecs jusqu’à nous. […] La majesté des rôles resplendira de la majesté des choses, et la destinée de l’état romain sera le fond de cet auguste tableau, où se détacheront les portraits des héroïsmes opposés avec éclat sur le théâtre.
Grâce aux sentiments qu’elles m’ont inspirés, j’ai traversé de tristes jours sans maudire personne, plein de confiance dans la rectitude naturelle de l’esprit humain et dans sa tendance nécessaire à un état plus éclairé, plus moral et par là plus heureux.
Le même Auteur avoit commencé une Géographie Histori-Politique de l'Allemagne, dont il parle dans son livre de l'Office des Rois d'Armes ; & l'on doit peu regretter qu'il ne l'ait point achevée, depuis que M. l'Abbé Courtalon, Précepteur des Pages de Madame, a publié un Atlas élémentaire de cet Empire, où l'on voit sur des Cartes & des Tableaux sa description géographique, & l'état actuel de sa constitution politique.
Une telle licence parut une peste dans un état.
L’idée n’en a été produite qu’à l’état fragmentaire.
La France est trop petite pour l’activité de ces nièces de Mazarin, et quelques-unes vont porter dans des contrées et des cours voisines leurs éclats et leurs erreurs, sans jamais déchoir pourtant de ce grand état où elles sont comme nées et où elles se sont naturalisées en quasi-souveraines. […] Une des premières lettres du duc de Nivernais au comte de Choiseul (bientôt duc de Praslin), chargé des Affaires étrangères, est pour lui présenter une description fidèle de l’état des partis et de l’opinion (24 septembre 1762) : Comme, par la constitution de ce pays-ci, l’état respectif des partis est la seule boussole qui puisse nous guider dans la négociation présente quant au fond et quant à la forme, je vais, dans cette lettre, avoir l’honneur de vous transmettre toutes les connaissances locales, que j’ai prises avec autant de soin que de diligence, des intérêts, des vues, des forces desdits partis ; et j’ose me persuader que ce détail pourra vous servir utilement pour apprécier au juste les discours du plénipotentiaire anglais (à Versailles), qui doivent, si je ne me trompe pas, servir de preuve à mes observations, comme mes observations leur serviront de clef et d’éclaircissement. […] Parmi les écrits du duc de Nivernais qui se rapportent assez bien avec cette ambition d’être gouverneur d’un prince et qui peuvent indiquer qu’il en était assez digne, on distingue au troisième volume de ses Œuvres quelques essais moraux (Sur l’état de courtisan ; Sur la manière de se conduire avec ses ennemis), toutes instructions et conseils qu’il adressait à son beau-fils, le comte de Gisors, celui qui fut tué à vingt-cinq ans à la journée de Crefeld.
Un homme ayant dit de mon temps : Je crois cela comme article de foi, tout le monde se mit à rire… Il y a un comité pour considérer l’état de la religion, mais cela est regardé comme ridicule. » Cinquante ans plus tard, l’esprit public s’est retourné ; « tous ceux qui ont sur leur tête un bon toit et sur leur dos un bon habit492 » ont vu la portée des nouvelles doctrines. […] Il a contre lui les ressentiments vagues et sourds des anciens pouvoirs qu’il a dépossédés, états provinciaux, parlements, grands personnages de province, nobles de la vieille roche qui, comme des Mirabeau, conservent l’esprit féodal, et, comme le père de Chateaubriand, appellent l’abbé Raynal un « maître homme ». […] Nombre de principes ne sortent pas de l’étage supérieur ; ils y demeurent à l’état de curiosités ; ce sont des mécaniques délicates, ingénieuses, dont volontiers on fait parade, mais dont presque jamais on ne fait emploi. […] Le sacrifice est voté par acclamation ; ils viennent d’eux-mêmes l’offrir au Tiers-état et il faut voir dans les procès-verbaux manuscrits leur accent généreux et sympathique. « L’ordre de la noblesse du bailliage de Tours, dit le marquis de Lusignan545, considérant que ses membres sont hommes et citoyens avant que d’être nobles, ne peut se dédommager, d’une manière plus conforme à l’esprit de justice et de patriotisme qui l’anime, du long silence auquel l’abus du pouvoir ministériel l’avait condamné, qu’en déclarant à ses concitoyens qu’elle n’entend plus jouir à l’avenir d’aucun des privilèges pécuniaires que l’usage lui avait conservés, et qu’elle fait par acclamation le vœu solennel de supporter dans une parfaite égalité, et chacun en proportion de sa fortune, les impôts et contributions générales qui seront consenties par la nation. » — « Je vous le répète, dit le comte de Buzançais au Tiers-état du Berry, nous sommes tous frères, nous voulons partager vos charges… Nous désirons ne porter qu’un seul vœu aux états et, par là, montrer l’union et l’harmonie qui doivent y régner.
« J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection. […] Dans les premiers moments de sa retraite à Veretz, vers 1658, il avait bien pu borner ses vues à mener une vie innocente, confinée en une solitude exacte et entretenue de pieuses lectures ; mais il n’avait pas tardé, disait-il, à comprendre qu’un état si doux et si paisible ne convenait pas à un homme dont la jeunesse s’était passée dans de tels égarements. […] On fit courir dans le temps divers bruits contradictoires, et quelques personnes prétendaient qu’il avait redoublé de frayeur aux approches suprêmes : « S’il a eu, comme on vous l’a dit (écrivait Bossuet à la sœur Cornuau), de grandes frayeurs des redoutables jugements de Dieu, et qu’elles l’aient suivi jusqu’à la mort, tenez, ma fille, pour certain que la constance a surnagé, ou plutôt qu’elle a fait le fond de cet état. » Peu de temps après cette mort, le même Bossuet, qu’on ne se lasse pas de citer et dont on n’a cesse de se couvrir en telle matière, posait ainsi les règles à suivre et traçait sa marche à l’historien d’alors, tel qu’il le concevait : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’ai d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard.
Une grande confusion, à cette époque, couvrait l’état réel des doctrines ; l’émotion tumultueuse des partis pouvait donner le change sur le fond même de la société. […] L’âge des emportements et des passions survint ; il le passa, à ce qu’il paraît, dans un état, non pas d’irréligion (ceci est essentiel à remarquer), mais de conviction rationnelle sans pratique. […] Mais, après la crise dont nous approchons, on ne remontera pas immédiatement à l’état chrétien : le despotisme et l’anarchie continueront longtemps encore de se disputer l’empire, et la société restera soumise à l’influence de ces deux forces également aveugles, également funestes, jusqu’à ce que d’une part elles aient achevé la destruction de tout ce que le temps, les passions, l’erreur, ont altéré au point de n’être plus qu’un obstacle au renouvellement nécessaire ; et, de l’autre, que les vérités d’où dépend le salut du monde aient pénétré dans les esprits et disposé toutes choses pour la fin voulue de Dieu. » Vers le même temps où l’esprit de M. de La Mennais acceptait si largement l’union du catholicisme avec l’État par la liberté, il tendait aussi à se déployer dans l’ordre de science et à le remettre en harmonie avec la foi.
Il vous dira encore que la maladie est l’état naturel du chrétien. […] Vois-tu, ma souveraine, l’état déplorable où je suis ? […] Qu’on veuille encore une fois se représenter l’état vrai de la question : des deux puissances qui sont aux prises chez Pascal et dont l’une triomphe, il en est une que nous comprenons tout entière, que nous sentons toujours et de mieux en mieux, le scepticisme, et quant à l’autre, quant au remède pour lui souverainement efficace et victorieux, nous sommes de plus en plus en train de l’oublier, ou du moins de le transformer vaguement, de n’y pas attacher tout le sens effectif ; de là nous nous trouvons induits, en jugeant Pascal, à transporter en lui le manque d’équilibre qui est en nous, à le voir plus en doute et plus en détresse qu’il n’était réellement sous ses orages.
Mais on en conclurait à tort que le public verra juste ; car il reste encore à examiner l’état de ses yeux, s’il est presbyte ou myope, si, par habitude ou par nature, sa rétine n’est pas impropre à sentir certaines couleurs. […] L’admiration, la faveur, l’importance appartiennent, non à ceux qui en sont dignes, mais à ceux qui s’adressent à lui. « En 1789, disait l’abbé Maury, l’Académie française était seule considérée en France et donnait réellement un état. […] Rarement on nous fait sentir, comme Shakespeare, ses dehors physiques, son tempérament, l’état de ses nerfs, son accent brusque ou traînant, son geste saccadé ou compassé, sa maigreur ou sa graisse374.
Enfin le chapitre de la chaire nous explique l’état de cette prédication chrétienne qui a la charge des âmes et la direction morale du siècle ; et le chapitre des esprits forts combat le libertinage. […] Il y a même un caractère qui est devenu une nouvelle en forme et développée : c’est l’histoire d’Émire, petit roman psychologique où La Bruyère étudie un jeu complexe de sentiments, qui évoluent et se transforment ; on y voit la vie mobile d’une âme, et non plus l’état fixe d’une âme. […] Et puis, il se souvient à peine de la chute ; Homère l’emporte sur l’Évangile dans son imagination ; il voit la nature innocente, bonne, heureuse en son premier état.
J’aime à voir encore les Philosophes se dire les amis du genre humain, & se déchaîner contre tous les états de la Société civile. […] On a vu des pays du Nouveau-Monde où les animaux avoient fait plus de progrès que l’homme vers l’état de perfection & de société Hist. […] Ce sont des Philosophes qui ont avancé que Perrault, Boindin, Lamothe & l’Abbé Terrasson étoient les seuls Ecrivains du siecle dernier en état de travailler à l’Encyclopédie [Voyez, dans les Trois Siecles, l’article Perrault].
Ils réunissaient le double avantage des petits états et des grands théâtres : l’émulation qui naît de la certitude de se faire connaître au milieu des siens, et celle que doit produire la possibilité d’une gloire sans bornes. […] Les Athéniens ne cherchaient point à établir une forte garantie dans leur législation ; ils voulaient seulement alléger tous les jougs, et donner aux chefs de l’état le besoin continuel de captiver les citoyens et de leur plaire.
. — Et cependant ce nom remplace une expérience, une autre expérience que nous n’avons pas faite, que nous ne pouvons pas faire, qui est au-dessus de l’homme, mais qui en soi est possible, et qu’un esprit plus compréhensif pourrait faire. 36 désigne la qualité commune à tous les groupes de trente-six individus, qualité qui, présente devant nous, n’excite point en nous de tendance précise, et qu’un esprit capable de maintenir ensemble devant soi trente-six objets ou faits à l’état distinct pourrait seul éprouver. — Par cet artifice, nous atteignons au même effet qu’une créature douée d’une mémoire et d’une imagination indéfiniment plus nettes et plus vastes que les nôtres. […] Ce que nous avons en nous-mêmes lorsque nous pensons les qualités et caractères généraux des choses, ce sont des signes, et rien que des signes, je veux dire certaines images ou résurrections de sensations visuelles ou acoustiques, tout à fait semblables aux autres images, sauf en ceci qu’elles sont correspondantes aux caractères et qualités générales des choses et qu’elles remplacent la perception absente ou impossible de ces caractères et qualités. — Ainsi lorsque, négligeant les sensations présentes, nous remarquons le peuple intérieur qui roule incessamment en nous, nous n’y trouvons que des images, les unes saillantes et sur lesquelles l’attention s’étale, les autres effacées et en apparence réduites à l’état d’ombres, parce que l’attention s’est détournée d’elles pour s’appliquer à leur emploi.
Dans le domaine de la pensée, la modération même de la solution où l’on a voulu s’arrêter suppose qu’on a passé en revue toutes les autres et qu’on s’est imaginé les divers états d’esprit auxquels elles correspondent, ce qui est un grand plaisir. De même, l’état sentimental le plus agréable et le mieux garanti contre la souffrance est celui auquel on se prête sans se donner tout à fait.
. — Bien différent de nos plus récents moralistes, Michelet n’a pas l’ombre de complaisance pour le libertinage, ni pour l’adultère, ni pour cette espèce « de divorce dans le mariage qui est, dit-il, l’état d’aujourd’hui (1858). » Les mauvaises mœurs ne lui inspirent aucune curiosité spéculative. […] On peut toujours discuter si l’état de mariage est ce qui convient le mieux au sage, et s’il ne lui est pas loisible de se faire, dans d’autres conditions, une vie supportable et qui ait pourtant sa dignité et qui ne soit pas inutile aux autres.
Il est un autre fleau de l’humanité qui le détruit en détail, poison rongeur de l’ame qui l’attaque au milieu de la pompe & des grandeurs, ou plutôt qui la livre à elle-même, & la contraint à se dévorer, maladie commune aux Grands, sombre vapeur qui étend un voile lugubre autour de nous & flétrit l’Univers, état cruel qui sans avoir les traits aigus de la douleur nous l’a fait presque désirer pour sortir du moins de l’affreux dégoût d’une insipide existence, ce fleau est l’ennui qu’on peut appeller un demi trépas ; l’homme de Lettres a le secret de chasser ce monstre ténébreux. […] Je sçais que la Philosophie oblige les Rois de porter pendant toute leur vie le triste fardeau du Sceptre qu’un destin fatal leur a imposé ; je sçais qu’elle leur défend d’oser s’élever à un état plus heureux, mais elle est aussi trop severe.
Certes, si nous daignions descendre encore un instant à accepter pour une minute cette fiction ridicule, que dans cette occasion c’est le soin de la morale publique qui émeut nos maîtres, et que, scandalisés de l’état de licence où certains théâtres sont tombés depuis deux ans, ils ont voulu a la fin, poussés à bout, faire, à travers toutes les lois et tous les droits, un exemple sur un ouvrage et sur un écrivain, certes, le choix de l’ouvrage serait singulier, il faut en convenir, mais le choix de l’écrivain ne le serait pas moins. […] Ce n’est qu’un méchant petit coup d’état littéraire, qui n’a d’autre mérite que de ne pas trop dépareiller la collection d’actes arbitraires a laquelle il fait suite.
Supposons qu’il y ait en dehors de nous une certaine chose appelée matière, — ce qui peut être mis en doute ; — écartons l’idée de cette chose considérée dans son essence, laquelle nous est aussi inconnue que celle de l’âme ; prenons enfin l’idée de la matière telle que l’expérience nous la donne et telle qu’elle est représentée par les sens et par l’imagination, à savoir comme une pluralité de choses coexistant dans l’espace, quelles que soient d’ailleurs ces choses (atomes, phénomènes ou monades) ; — on peut affirmer qu’une telle pluralité, et en général toute pluralité, est hors d’état de se connaître intérieurement comme être, puisque cette pluralité n’a pas d’intérieur. […] L’unité de conscience veut un vrai centre, un centre effectif, et la raison humaine sera toujours hors d’état de comprendre que la pluralité puisse se percevoir elle-même comme unité sans l’être effectivement.
L’état présent de l’Empire de Maroc par M. […] La Description historique & critique de l’Italie ou Nouveaux mémoires sur l’état actuel de son gouvernement, des sciences, des arts, du commerce, de la population & de l’histoire naturelle, par M. l’Abbé Richard, en six volumes in-12. 1766. , est un livre infiniment curieux, rempli de goût, d’érudition, de sagacité, de critique.
Par le calme, par la bonne humeur dans les difficultés et dans la lutte, par l’habileté infatigable et toujours lucide, par la patience qui boit l’outrage comme un vin pur et sourit tranquillement après, ne donnant pas à ses ennemis le spectacle infime d’un dégoût ou d’une colère, par son intelligence de l’état de la France, par la magnificence de son goût pour les arts, Mazarin — presque un Médicis ! […] « Les visites fréquentes du roi à sa femme — dit Renée — le jetèrent dans une inquiétude extrême, et il n’imagina pas d’autre moyen d’échapper aux dangers qu’il entrevoyait que de tenir la belle Hortense dans un état de locomotion perpétuelle.
Sur les diverses impressions et les divers états de l’âme, tranquillité, calme, quiétude, etc. ; sur les qualités qu’on est porté à confondre, bonté, bienveillance, générosité, indulgence, etc. ; sur les formes en usage dans la bonne compagnie, civilité, urbanité, politesse, etc., il a des descriptions plus encore que des définitions, et qui donnent à l’esprit une idée exacte, qui lui apprennent à distinguer des expressions presque synonymes.
Chaque exemple est donné comme tel et non pas à l’état de fait isolé.
Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.
Les plus méprisables par ces endroits peuvent être lus une fois : sans leurs excès, on ne les eût jamais nommés ; semblables à ces malheureux que leur état condamnoit aux ténebres, & dont le Public n’apprend le nom que par le crime & le supplice ».
Nous ne dissimulerons pas qu’il seroit plus en état qu’aucun autre de remplacer par-là le défaut de poésie & de versification, si cet esprit étoit moins baroque, & dirigé par un goût plus sûr & plus exercé.
Je me bornerai donc, dans cet avertissement, à déclarer que j’emploie le mot philosophie dans l’acception que lui donnaient les anciens, et particulièrement Aristote, comme désignant le système général des conceptions humaines ; et, en ajoutant le mot positive, j’annonce que je considère cette manière spéciale de philosopher qui consiste à envisager les théories, dans quelque ordre d’idées que ce soit, comme ayant pour objet la coordination des faits observés, ce qui constitue le troisième et dernier état de la philosophie générale, primitivement théologique et ensuite métaphysique, ainsi que je l’explique dès la première leçon.
Moi, Monsieur Juliart, dont ce n’est pas le métier, je montrerais sur une colline les portes de Thèbes ; on verrait au devant de ces portes la statue de Memnon ; autour de cette statue des personnes de tout état attirées par la curiosité d’entendre la statue résonner aux premiers rayons du soleil ; des philosophes assis traceraient sur le sable des figures astronomiques ; des femmes, des enfans seraient étendus et endormis, d’autres auraient les yeux attachés sur le lieu du lever du soleil ; on en verrait dans le lointain qui hâteraient leur marche, de crainte d’arriver trop tard.
Mais si l’on s’attache dans ce prodigieux pêle-mêle aux états d’esprit fortement accusés et si l’on s’applique à les classer par familles, quel document psychologique !
Si l’amour est un état de guerre, on peut appliquer aux stratagèmes des amants ce que Virgile dit des ruses militaires : Dolus an virtus, quis in hoste requirat ? […] Le roi d’Ithaque et Diomède vont la nuit à la découverte, pour savoir ce qui se passe dans le camp des Troyens : ils rencontrent un certain Dolon qui, dans le même dessein, s’acheminait vers le camp des Grecs ; ils l’arrêtent, et lui promettent la vie s’il leur fait un rapport fidèle de l’état des choses chez les Troyens. […] Le départ de Scaramouche ne fut qu’un prétexte ; il restait au Théâtre-Italien assez d’autres acteurs en état de jouer les Plaideurs, si l’auteur eût voulu employer leur ministère. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait encore en France des têtes qui valent les meilleures de l’antiquité, des têtes en état de former les entreprises les plus hardies, les projets les plus vastes ; mais c’est en politique, et non pas en poésie. […] L’action de la pièce est le massacre du duc de Guise aux états de Blois.
Cet écrit restera donc désormais dans l’état où il est aujourd’hui. […] Voilà les deux extrémités de la chaîne ; il nous reste à rechercher comment l’esprit humain a été de l’une à l’autre, de l’état primitif à l’état actuel, de l’état concret à l’état abstrait. […] Nous accordons que dans l’état réfléchi tout jugement affirmatif suppose un jugement négatif, et réciproquement. […] Il semble que l’intelligence ait aussi son organe intime, qui souffre ou jouit, selon l’état de l’intelligence. […] cet état de l’âme s’appelle l’enthousiasme.
Tel est le véritable état critique. […] On savait qu’il existait trois versions, ou trois états, de cet ouvrage fameux. […] De là également la conservation de sa religiosité à l’état latent. […] Il a encore aggravé son état en devenant amoureux. […] La vie à l’état pur, pour l’espèce humaine, c’est l’état sauvage, l’animalité primitive.
Avant d’être poète tragique, il fut athlète de son état, puis peintre, puis philosophe. […] Se complaire dans un de ces états d’esprit intermédiaires entre la négation et la foi, que M. […] Et l’état de leur garde-robe ? […] Certains salons parisiens étaient comme ces machines qui prennent la matière à l’état brut et la rendent centuplée de valeur. […] L’état de conscience d’un spécialiste de cet ordre et de cette force me paraît même très difficile à concevoir.
Ne vous étonnez donc plus s’il s’y est complu à l’analyse de nos commotions physiques plutôt qu’à la peinture surannée des états d’âme. […] Mais s’il en était autrement, si on s’intéressait à pareille poésie, notre état moral serait très grave, et le goût de notre époque dans un piteux état de perversion. […] L’état psychologique des personnages est simplement noté par leur attitude, les frissons de leur chair, les expressions de leurs visages. […] Bérenger dans notre état national, c’est le divorce entre l’action et la pensée, c’est le renoncement de l’élite intellectuelle, qui se désintéresse des choses publiques pour s’enfermer dans son rêve égoïste d’art, de science ou de pensée. […] Dans son état actuel, il n’hésite pas à la dénoncer comme un pouvoir dangereux.
Remarquez que le fondateur de l’état égalitaire en France a bâti la ville de Richelieu, qui est le plus beau damier de l’univers habité. […] Tous les animaux qui vivent à l’état grégaire s’imitent les uns les autres, tous les animaux qui s’imitent les uns les autres vivent à l’état grégaire. […] — Qu’elle est rare à l’état pur. — Eh ! […] « Sa Majesté n’a plus sa tête. » On aime à le voir un jour dans cet état-là. […] Fogazzaro salue l’évolutionnisme comme promesse de successifs avatars et « d’ascensions humaines » vers un état merveilleux de pureté et de grandeur.
A l’état normal, elle est simplement vanité individuelle. […] Ces gens-là n’ont pas de conscience, ou je veux bien accorder qu’ils en ont une ; mais elle reste à l’état rudimentaire ou à l’état latent, et c’est ce qu’on peut appeler une conscience inconsciente. […] Cet homme est parfaitement en état religieux. […] Elle participe [est-ce assez vrai à considérer l’état de l’opinion de 1815 à 1830 ?] […] D’abord parce qu’ils sont peu en état de les imaginer et de les accomplir, presque aucun n’étant homme d’État.
L’auteur a l’air d’un drapier, et ils n’ont confiance qu’aux gens de leur état. […] Pour achever, Swift leur enseignait un expédient pratique, proportionné à leur intelligence et à leur état. « Le simple soldat, quand il ira au marché ou à la taverne, offrira cette monnaie ; si on la refuse, il sacrera, fera le diable à quatre, menacera de battre le boucher ou la cabaretière, ou prendra les marchandises par force, et leur jettera la pièce fausse. […] Bien plus, quand je serais sûr que l’attorney général va donner ordre qu’on me poursuive à l’instant même, je confesse encore que dans l’état présent de nos affaires soit intérieures, soit extérieures, je ne vois pas la nécessité absolue d’extirper chez nous la religion chrétienne. […] Ici, son mathématicien, qui, pour enseigner la géométrie, fait avaler à ses élèves des gaufres où il a écrit ses théorèmes ; là, son moraliste, qui, pour mettre d’accord les partis politiques, propose de fendre les cervelles ennemies et de recoller la moitié de l’une avec la moitié de l’autre ; plus loin, son économiste qui distille les excréments pour les ramener à l’état nutritif ! […] Et quant aux jeunes journaliers, leur état donne des espérances pareilles : ils ne peuvent trouver d’ouvrage, et par conséquent languissent par défaut de nourriture, tellement que si en quelques occasions on les loue par hasard comme manœuvres, ils n’ont pas la force d’achever leur travail.
Voilà l’état général des choses. […] Il fallait dire qu’il est assez dangereux de montrer un fils méprisant son père, pour un défaut énorme, d’un mépris qu’un autre pourra appliquer à son père pour le même défaut à l’état bénin ou à l’état naissant. […] Faites état de moi, Monsieur, comme du plus chaud de vos amis. […] Hors d’état d’être juges elles-mêmes, elles doivent recevoir la décision des pères et des maris comme celle de l’Église. […] Que peut désirer un mari de moyen état ?
Leurs catachrèses expriment leurs états d’âme, et leurs manières d’être se trahissent dans leurs métonymies. […] Elle est encore dans son Instruction sur les états d’oraison ou dans sa Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte. […] ou dans l’Instruction sur les états d’oraison ? […] La nature est un état de maladie. » […] N’aurez-vous aucune pitié de l’état où vous la réduisez ?
. — état de l’art dramatique en france. — espérances déçues.
En ce temps-là, M. de La Popelinière tenait grand état à Passy ; nobles seigneurs, petites maîtresses, ambassadeurs, poètes, artistes, tous venaient puiser à sa somptueuse et débonnaire hospitalité.
Le genre comique n’a pas été négligé à Bussang : un acte amusant, le Lundi de la Pentecôte, a mis en joie les spectateurs avec les aventures de divers personnages auxquels la dive bouteille a fait oublier une vieille amitié ; tout finit bien d’ailleurs : réconciliation et mariage remettent les choses en état et rectifient à jamais le fâcheux zigzag que l’ivrognerie a fait faire à l’amitié de ces braves gens.
la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et sen poète ?
S’appliquer de bonne heure à la lecture des Historiens & des Philosophes, pour apprendre des premiers l’origine & l’usage des loix, des seconds, la maniere de penser & de raisonner ; tels furent les moyens qu’il jugea propres à le mettre en état de fournir une carriere où l’esprit ne sauroit se soutenir lui seul.
Qu’on vienne nous dire, après cela, qu’il est impossible de bien écrire dans une Langue morte, parce que nous sommes hors d’état d’en connoître le mécanisme & toutes les finesses !
Dans l’état où sont aujourd’hui toutes ces questions profondes qui touchent aux racines mêmes de la société, il semblait depuis longtemps à l’auteur de ce drame qu’il pourrait y avoir utilité et grandeur à développer sur le théâtre quelque chose de pareil à l’idée que voici.
Gilles Durant, poëte connu à la cour de Louis XIII, fut rompu en place de Grève, pour avoir écrit contre l’état & contre le roi.
Ils rendaient la tragédie plus régulière et plus variée : plus régulière, en ce que, chez les anciens, le lieu de la scène était toujours le devant d’un temple, d’un palais, ou quelque autre endroit public ; et l’action se passant entre les premières personnes de l’état, la vraisemblance exigeait qu’elle eût beaucoup de témoins, qu’elle intéressât tout un peuple : et ces témoins formaient le chœur.
Mon ami, je suis trop heureuse, le bonheur m’ennuie… ……………………………………………………………………………………………… Ne trouvant donc rien ici-bas qui lui suffise, mon âme avide cherche ailleurs de quoi la remplir ; en s’élevant à la source du sentiment et de l’être, elle y perd sa sécheresse et sa langueur : elle y renaît, elle s’y ranime, elle y trouve un nouveau ressort, elle y puise une nouvelle vie ; elle y prend une autre existence, qui ne tient point aux passions du corps, ou plutôt elle n’est plus en moi-même, elle est toute dans l’être immense qu’elle contemple ; et, dégagée un moment de ses entraves, elle se console d’y rentrer, par cet essai d’un état plus sublime qu’elle espère être un jour le sien… ……………………………………………………………………………………………… En songeant à tous les bienfaits de la Providence, j’ai honte d’être sensible à de si faibles chagrins, et d’oublier de si grandes grâces… ……………………………………………………………………………………………… Quand la tristesse m’y suit malgré moi (dans son oratoire), quelques pleurs versés devant celui qui console, soulagent mon cœur à l’instant.
Et puis croyez-vous qu’il fût indifférent de savoir, avant de prendre le crayon ou le pinceau, quel était le sujet du sermon ; si c’était ou l’effroi des jugements de Dieu, ou la confiance dans la miséricorde de Dieu, ou le respect pour les choses saintes, ou la vérité de la religion, ou la commisération pour les pauvres, ou un mystère, ou un point de morale, ou le danger des passions, ou les devoirs de l’état, ou la fuite du monde.
Par suite de ses préoccupations d’économiste, sans doute, Cochut a voulu surtout tracer l’idée nette du système, et il l’a pris à part, l’isolant de tous les faits généraux et ne l’expliquant que par l’état où les prodigalités de Louis XIV avaient mis les finances et la monarchie ; et, pour parler la langue économique, il s’est très bien tiré de ce dix-huitième d’épingle historique.
Rapportant tout à l’action des dieux, ils se tenaient pour fils de Jupiter ; c’est-à-dire pour engendrés sous les auspices de Jupiter, et ce n’était pas sans raison, qu’ils se regardaient comme supérieurs par cette noblesse naturelle à ceux qui pour échapper aux querelles sans cesse renouvelées par la promiscuité infâme de l’état bestial se réfugiaient dans leurs asiles, et qui, arrivant sans religion, sans dieux, étaient regardés par les héros comme de vils animaux.
L’un ramène fièrement l’homme à l’état sauvage, et pour lui rendre son innocence le dépouille de son génie ; l’autre cherche les moyens d’assurer notre repos dans l’état de société, et ne veut nous dépouiller que de nos erreurs. […] Après le rare bonheur de trouver une compagne qui nous soit bien assortie, l’état le moins malheureux de la vie est sans doute de vivre seul. […] Est-ce donc le malheur de Virginie, sa fin, son état présent que vous déplorez ? […] J’y trouvai sa mère et madame de la Tour dans un état de langueur qui avait encore augmenté. […] Si la vie est une punition, on doit en souhaiter la fin ; si c’est une épreuve, on doit la demander courte. » Le gouvernement prit soin de Domingue et de Marie, qui n’étaient plus en état de servir, et qui ne survécurent pas longtemps à leurs maîtresses.
Enfin, l’an 1676, me trouvant de loisir à Ispahan, je réduisis cette longue relation à une juste mesure, après l’avoir revue sur les lieux ; et la voici presque au même état où je la mis dès lors. […] Il arriva, au bout de deux ans, qu’un officier du roi, l’ayant reconnu capable de quelque chose de plus que de porter le mousquet, le prit pour son secrétaire ; mais il n’eut pas été là trois mois, qu’un enfant du quartier, qui avait été perdu huit jours durant, fut trouvé dans sa chambre dans l’état des gens qu’on enlève violemment. […] On les y laissa trois jours en cet état (grand exemple de la justice céleste et des misères humaines), et après on les porta dans un cimetière hors de la ville, où ils furent enterrés pêle-mêle dans une même fosse. […] Enfin, le premier ministre, soit qu’il fût plus ami de l’équité que les autres, comme cette manière d’agir noble et désintéressée qu’il avait toujours fait paraître auparavant le donnait à conjecturer, soit qu’il craignît qu’à son défaut quelque autre prît la parole, ce qui l’eût rendu criminel, puisqu’il lui appartenait de parler le premier, et qu’il le venait de faire lorsqu’il avait opiné si fort au désavantage de Sefie-Mirza ; ce premier ministre, dis-je, rompit le silence et commença à dire: « que véritablement, sur l’assurance infaillible que l’on aurait que le fils aîné d’Abas II ne serait plus en état de recevoir la couronne, l’assemblée pourrait, sans injustice, passer à l’élection du second fils ; mais, puisque maintenant Aga-Mubarik les assurait fortement que Sefie-Mirza n’avait perdu ni la vie, ni la vue, sans délibérer davantage, il le fallait élire: c’est pourquoi il lui donnait de tout son cœur sa voix et ses vœux, et protestait qu’il fallait tout de ce pas lui aller présenter le diadème et l’empire. » Les autres seigneurs, à ces paroles, perdirent courage, et n’eurent plus la force de soutenir bien ce qu’ils avaient commencé mal. […] Ainsi, bien loin qu’aucun d’eux voulût tenir ferme sur son premier sentiment, ils se hâtèrent à l’envi l’un de l’autre de se rétracter ; et dissimulant leur mécontentement, ils arrêtèrent, tout d’une voix, « qu’attendu que l’aîné se trouvait en état de recevoir la couronne qui lui appartenait par la loi, il fallait sans délai l’aller tirer du palais de la Grandeur pour le porter sur le trône. » Voilà comme Sefie-Mirza (Sséfy-Myrzâ) fut élu monarque des Perses, contre la volonté de ceux mêmes qui lui donnaient leurs suffrages.
Cette vie de chaque jour, entre l’éreintement et l’apothéose, me met dans un état nerveux, que j’ai hâte de voir finir, et qui me permettra de me mettre tranquillement à la correction de mon huitième volume du Journal, et à la composition de mon livre sur Hokousaï. […] Et le voilà, faisant au romancier, qu’il sait que je suis, un douloureux tableau, ma foi, pas mal fait, de l’état moral de l’individu, qui a commis un acte indélicat, et qui ne peut se replacer qu’avec un certificat, que l’homme qu’il a volé, est dans l’impossibilité de lui donner, et n’ayant devant lui que le suicide, tirade qu’il termine, en disant qu’il n’a pas mangé, depuis le matin. […] En chemin de fer, Rodin, que je trouve vraiment changé, et très mélancolieux de son état d’affaissement, de la fatigue qu’il éprouve à travailler dans le moment, se plaint, presque douloureusement, des contrariétés que, dans le métier de peintre et de sculpteur, infligent aux artistes, les commissions d’art, qui, au lieu d’être des aides de leur travail, par les sollicitations, les démarches, les courses, leur font perdre un temps, que lui aimerait mieux employer à faire de l’eau-forte. […] Parolière et musicienne — ce qui est une faculté toute particulière — Holmès disserte sur la qualité des vers, qu’il faut mettre dans ce qu’elle fait : des vers, dit-elle, « légèrement à l’état de squelette, et dont la chair est faite de sa musique ». […] » Et s’élevant presque contre son mari, contre ses enfants qui l’ont fait opérer, malgré elle, dans la perte de connaissance du chloroforme, elle laisse percer le regret de ne pas s’en être allée, et d’avoir à recommencer une autre fois : — la souffrance l’ayant abandonnée, et se trouvant dans cet espèce d’état, doucement vague, qui précède l’évanouissement.
Faust existait avant lui, mais à l’état d’embryon que le génie moderne n’avait pas encore regardé. […] — Il serait bon, dis-je, qu’un second Sauveur vînt nous délivrer de l’austérité pesante qui écrase notre état social actuel. […] Or, une pareille organisation, mise en conflit avec le monde et avec les éléments, est facilement troublée, blessée, et celui qui ne réunit pas, comme Voltaire, à cette grande sensibilité une solidité nerveuse extraordinaire, est exposé à un état perpétuel de malaise. […] Dans la matinée du jour suivant, jusqu’à onze heures, il y avait eu du mieux ; mais, à partir de ce moment, l’état empira ; les sens commencèrent à refuser parfois leur service ; il y eut des instants de délire, et de temps en temps dans sa poitrine on entendait un bruit sourd. […] Weimar devient la Grèce allemande, la révolution y vit à l’état d’inspiration, c’est la terre de l’espérance indéfinie et ajournée par la sagesse.
Pendant toute la durée de son séjour à l’Université, il fut en état de révolte contre la discipline, et fut frappé sans cesse de punitions dont ses adversaires et ses défenseurs discutent trop gravement le nombre et l’importance. […] » Considérant l’état de son pays, il en marque le danger dans les accroissements du pouvoir de la Chambre des Communes ; il la requiert de se limiter, elle aussi, par une Magna Charta comme dut le faire la royauté, lorsque l’équilibre des pouvoirs commença de s’établir. […] L’état déplorable de ce pays, l’oppression politique et industrielle de ces populations misérables, l’indignèrent et lui offrirent une nouvelle occasion de jouer un grand rôle dans le monde. […] Swift affirmait que l’état des Irlandais « était devenu pire que celui des paysans de France, des serfs d’Allemagne et de Pologne ». […] Je sens bien que la tâche que j’ai entreprise demanderait une meilleure plume, mais quand une maison est attaquée par des voleurs, il arrive souvent que c’est le plus faible de la famille qui court le premier fermer et soutenir la porte… Hors d’état de porter l’armure de Saül, j’aime mieux attaquer ce Philistin incirconcis47, ce Wood, avec ma pierre et ma fronde, … ce Goliath qui était, comme M.
Tout changement est coupable et mauvais, l’état immuable est le seul bien ; Dieu est l’immutabilité même. […] On n’a jamais en effet, donné une théorie plus complète du despotisme pur, et il serait impossible d’imaginer un état social plus dégradant, plus voisin de la barbarie : le genre humain n’est plus qu’un bétail, il n’y a plus de société, plus de citoyens, mais des troupeaux dociles, défilant sous la verge du prince, qui est nécessairement, fatalement, le représentant de Dieu sur la terre. […] Beaucoup y forcèrent ; la plupart animèrent les bourreaux, forcèrent les conversions et ces étranges convertis à la participation des divins mystères, pour grossir le nombre de leurs conquêtes, dont ils envoyaient les états à la Cour pour en être d’autant plus considérés et approchés des récompenses. » Tel est le tableau présenté par un contemporain. […] Si la Prusse n’avait pas reçu cette impulsion soudaine, si elle n’avait pas absorbé toute cette force d’eugénisme, ses destinées n’auraient pas, malgré tout le génie d’une série de grands princes, balancé celle des autres états allemands. […] Tel est aujourd’hui l’état du monde civilisé qu’un Français ne saurait rien faire contre le catholicisme, qu’il ne le fasse au détriment de la grandeur de la France, pour le plus grand avantage de quelque puissance ennemie, et réciproquement dans le monde entier, que ce soit en Chine ou au Canada, tout ce que l’on fait dans l’intérêt du catholicisme, on le fait, ou du moins on l’a fait jusqu’ici dans l’intérêt de la France elle-même »93.
… Je suis dans un état surnaturel… Je me trouve tel que Dieu m’a fait. […] Elle avait connu le doute et avait révélé l’état de son âme dans plusieurs de ses livres. […] Le paysage ne va jamais seul, chez elle ; il est choisi en harmonie ou en contraste avec l’état de l’âme qui s’y répand. […] Il fallait pourtant se remettre à son état. […] George Sand était aussi absent de lui-même que s’il fût passé à l’état de fossile.
l’épée se prend pour la profession militaire ; la robe pour la magistrature, et pour l’état de ceux qui suivent le barreau. à la fin j’ai quité la robe pour l’epée. […] sortes en latin se prend encore pour un oracle, soit parce qu’il y avoit des oracles qui se rendoient par le sort, soit parce que les réponses des oracles étoient come autant de jugemens qui régloient la destinée, le partage, l’état de ceux qui les consultoient. […] Pour se bien conoitre en mets et avoir un gout sur, il faut deux choses ; 1 un organe délicat ; 2 de l’expérience, s’être trouvé souvent dans les bones tables, etc. : on est alors plus en état de dire pourquoi un mets est bon ou mauvais : pour être conoisseur en ouvrages d’esprit, il faut un bon jugement, c’est un présent de la nature ; cela dépend de la disposition des organes ; il faut encore avoir fait des observations sur ce qui plaît et sur ce qui déplaît ; il faut avoir su alier l’étude et la méditation avec le comerce des persones éclairées : alors on est en état de rendre raison des règles et du gout. […] Le changement d’état par lequel un citoyen romain perdoit la liberté, ou aloit en éxil, ou changeoit de famille, s’apeloit (…), diminution de tête : c’est encore une expression métaphorique qui peut aussi être raportée à la synecdoque. […] L’home sage est toujours en état de tout écouter, de tout entendre, et de profiter des avis qu’on lui done.
L’enfance marque un état et l’adolescence un passage. […] Il y a l’art de composer une intrigue, l’art de composer un caractère, l’art de composer un état. […] La Princesse de Clèves est la composition moins d’une intrigue et d’un caractère que d’un état. […] Ce prêtre interdit retombe à cet état rudimentaire du sorcier, d’où la fonction sacerdotale est sortie. […] L’état de joie, qu’empêchent notre doute et la dureté de nos cœurs, pour le chrétien est un état obligatoire.
Destinés à représenter des états d’âme, ils sont pleins de palais mystérieux, de bassins dormants où chantent d’infatigables jets d’eau, de lauriers-roses, de magnolias, de cyprès et surtout de lys. […] C’est ce que Nietzsche appelle « l’état dionysien ». […] Car évolution ne signifie pas nécessairement progrès, mais bien : changement d’état — rien de plus. […] Le capital ne s’accroissant que par le vol, ne se maintenant que par la ruse, est une monstruosité, une idole difforme conçue et adorée par l’humanité à l’état de barbarie. […] L’époque est cruelle : la guerre y règne à l’état permanent.
Si donc la poésie ne faisait pas entendre aujourd’hui ce concert de douleur qui annonce le besoin d’une régénération sociale, et si en même temps elle ne jetait pas déjà, dans toutes les âmes capables de la sentir, le germe de cette régénération ; si elle n’y versait pas, avec la douleur de ce qui est, le désir de ce qui doit être ; en un mot si elle n’était pas, ce qu’elle a toujours été, prophétique, nous aurions tort de représenter l’état actuel de la société comme une crise qui doit enfanter une société nouvelle. […] C’est peut-être parce que la France avait produit la Philosophie du Dix-Huitième Siècle et la Révolution qui est cette Philosophie en action, que les deux poètes qui ont le plus directement exprimé l’état d’anarchie et de désolation où mène cette Philosophie, sans cependant lui rompre en visière, sans la nier ni la combattre, sont un Anglais et un Allemand ; tandis que la France a produit, depuis trente ans, une nombreuse couronne de penseurs et de poètes qui se sont rattachés au Christianisme. […] Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourf dans Oberman, Sainte-Beuve dans le livre que nous venons de caractériser, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal) et de la proclamation du principe de l’Égalité, qui doit engendrer une société nouvelle. […] L’une répond à l’état vrai de l’Humanité de notre temps ; c’est le fond noir et profond du cœur humain dans notre époque.
Je sais que vous riez amèrement de cette nécessité, où l’on est en France de prendre un état… Il vaut mieux, mon cher René, ressembler un peu plus au commun des hommes et avoir un peu moins de malheurs. » Prendre un état, ressembler au commun des hommes, mais c’était le malheur des malheurs pour René. […] Fontanes, qu’il avait perdu de vue depuis 12 ans, jeté en Angleterre par le coup d’état de Fructidor (4 septembre 1797), fit miroiter devant ses yeux le brillant avenir réservé aux défenseurs du catholicisme, alors renaissant : il s’empressa de planter là la philosophie et de renier Jean Jacques, que cependant il admirait ; et avant que l’encre de l’Essai se fût desséchée, et avec la même plume qui annotait ses passages sceptiques, il écrivit le Génie du Christianisme ; et pour donner des gages au parti qui l’enrôlait, il imprima dans le Mercure (1er nivôse an IX) : « Ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout. » Malheureusement il avait eu l’imprudence d’envoyer son Essai à ses amis de Paris ; ils s’en souvinrent et élevèrent des doutes sur la sincérité de sa conversion. […] Jugeant l’humanité à l’aune capitaliste, ils s’écrient triomphalement : « L’homme est et restera toujours égoïste ; si vous lui retirez comme unique mobile de ses actions l’intérêt privé, vous détruisez la société, vous arrêtez le progrès et nous retournons à la barbarie. » L’âme humaine, ainsi que les autres phénomènes de la nature est, au contraire, en un perpétuel état de transformation, acquérant, développant, et perdant des vices et des vertus, des sentiments et des passions.
Seigneur, ne parlez pas ainsi : Quelque vil que puisse paraître l’état auquel nous avons été destinés par nos pères, nous ne devons pas nous y soustraire ; et d’ailleurs, quoique l’action de donner la mort à un animal soit, avec justice, considérée comme cruelle, cependant il n’est pas rare de trouver dans le boucher lui-même une âme tendre et accessible à la compassion. […] Les règles de leur littérature théâtrale, règles puisées dans la religion plus que dans l’art, révèlent, dans ces temps reculés, de profondes notions sur la manière d’émouvoir, d’intéresser, de tendre et de détendre l’esprit des hommes rassemblés, et de les faire sortir de ces représentations dans un état d’édification morale où le plaisir même profite à la sainteté. […] — « Voyez cet autre tableau », lui dit Sita ; « il représente l’instant où vous vous revêtez de l’habit de pénitence parmi les saints cénobites. » — « Oui », réplique le héros, « cet état de vie austère que les anciens rois de notre race adoptaient pour se sanctifier quand ils avaient abdiqué l’empire en faveur de leurs enfants, nous l’avons adopté à la fleur de notre âge, nous avons été heureux de languir dans ces ermitages au fond des forêts, pour nous former à la sagesse sous des maîtres inspirés des dieux. […] Et ces armes célestes, qui d’elles-mêmes se sont présentées à eux, et qui, d’après l’oracle des sages, ne doivent jamais, sans motif, abandonner notre famille… L’état de mon épouse, dont le sein renfermait le doux espoir de ma race… Ces pensées diverses occupent mon âme et remplissent mon cœur d’espérance et de crainte.
Ils ne ressemblent pas en ce point-là à nos gens qui abandonnent leur chemise au premier qui la veut prendre, et qui secouent la poussière de leurs pieds lorsqu’on les chasse de leur patrie… Un tel aveu dispense de tout commentaire, et l’on voit encore par là de quel côté était alors la moralité, la vertu sociale ; pour être à l’état brut, elle n’en existait pas moins ; et l’on conçoit que les vainqueurs, parodiant les vaincus dans une mascarade de triomphe, se soient promenés dans les rues de Constantinople vêtus de robes, coiffés à la byzantine, et tenant en main pour toutes armes du papier, de l’encre et des écritoires. […] Que si l’on dit que c’est en fuyant Alphée qu’Aréthuse traverse ainsi les mers à l’état de fontaine, elle a bien plus à craindre encore en un tel moment que son onde ne se mêle à celle du fleuve qui la suit, qu’au flot marin qui l’environne ; et, après que la nymphe s’est dérobée et est devenue une fontaine de Sicile, c’est la poursuite de l’Alphée, du fleuve grec comme l’appelle Nicétas, du fleuve plongeur, comme l’a appelé Moschus, qui demeure la merveille perpétuelle et toujours vive à travers les mers ; mais il ne convient pas de trop presser la mythologie.