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1837. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

J’ajoutai qu’en ce moment j’avais recours à lui, ne pouvant achever seul ; si je ne faisais clairement cette exposition, mon travail restait inutile ; il serait sot de montrer les fautes sans indiquer les moyens de les éviter ; ayant affirmé que la méthode de l’école est mauvaise, je devais expliquer la bonne ; pour dégager les gens d’une voie, il fallait les engager dans une autre, et pour cela j’avais compté sur lui. […] Aussitôt les êtres métaphysiques sont tombés, et il n’est plus resté que des portions, des combinaisons ou des rapports de faits.

1838. (1923) Nouvelles études et autres figures

Les enfants restaient enfants pendant cent années. […] Une fois en règle avec les dieux, il s’agit de rester en paix avec ses voisins. […] Les élèves qui s’y entassaient écrivaient sur leurs genoux et souvent un bon nombre était obligé de rester dans la cour. […] Je resterais oisivement et stupidement ici. […] Il y resta plus de sept ans.

1839. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

En cela, comme en beaucoup d’autres choses, on en est resté longtemps au superflu avant de s’aviser du nécessaire.

1840. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

 A la femme qu’est-il resté ?

1841. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Sa conduite, dans la tempête, au milieu des murmures de l’équipage, sa résolution de monter au mât sur le refus du lieutenant, sa volonté ferme de demeurer à bord du vaisseau abandonné tant qu’il en restera une planche à flot, tous ces sentiments énergiques et vrais répandent au milieu de tant de scènes déchirantes une forte teinte de sublimité morale qui rehausse et achève leur effet ; et lorsque, après la tempête, la nuit, sous les rayons de la lune, on voit Wilder, au gouvernail de la chaloupe, se pencher en avant, comme pour entendre la douce respiration de Gertrude endormie, l’âme du lecteur, qui a passé par tous les degrés de l’angoisse, jouit délicieusement de cet instant de pure ivresse, et succombant aux sensations qui l’inondent, elle dirait volontiers avec le poète : C’est assez pour qui doit mourir.

1842. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Elle est restée pure, sa vie est sans reproche ; Amélie explique les absences et les déguisements qu’on lui imputait à crime, en faisant connaître à Léopold que c’est elle qui, sous l’habit de religieuse, allait le veiller dans sa prison quand il était malade et qu’il avait le délire ; et, pour preuve, elle veut lui rendre un anneau qu’elle portait précieusement à son doigt depuis le jour où, dans un accès d’exaltation furieuse, il l’avait donné à la religieuse qui veillait à son chevet.

1843. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les legs de l’exposition philosophie de la danse »

Car tous ces ventres algériens, tunisiens, égyptiens et marocains, ces ventres d’almées et d’odalisques, de Zoras et de Fatmas, qui déplaçaient en mesure leurs paquets d’entrailles à l’Esplanade et dans la rue du Caire, ces ventres nous sont restés.

1844. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Elle est sans doute restée décorative dans le détail de ses ornements — où la « décoration » prend d’ailleurs, de plus en plus, un caractère de curiosité archéologique.

1845. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Il est clair que, si les Grecs n’avaient pas bougé, s’ils étaient restés « sages », tout se serait terminé une fois de plus par des « réformes » demandées à la Turquie, promises par elle, et non réalisées.

1846. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Pour rester dans le domaine de la littérature, les grands hommes sont ceux qui apportent quelque chose de neuf et d’original ; ceux qui sont vraiment créateurs de formes, de sentiments, d’idées, de types, non encore réalisés ; ceux, comme dit le poète36, Dont les pas inventeurs ouvrirent les sentiers ; ceux ainsi qui devancent leurs contemporains, qui deviennent bientôt des modèles pour leurs admirateurs, qui sont le point de départ d’une longue vague d’imitation, précisément parce qu’ils ont été de puissants agents d’innovation.

1847. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Cette économie ruine plutôt qu’elle n’enrichit. » Dans les mois de novembre et de décembre, madame de Montespan épuisa, pour se rendre les charmes de la jeunesse, toutes les ressources qui restent à la beauté par les ans confirmée.

1848. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Il n’est pas de ces poètes privilégiés qui peuvent mourir ou s’interrompre avant d’avoir fini, sans péril pour leur mémoire ; il n’est pas de ceux qui restent grands, même sans avoir complété leur ouvrage, heureux hommes dont on peut dire ce que Virgile disait de Carthage ébauchée : Pendent opera interupta, minæque Murorum ingentes !

1849. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Aristote resta maître du champ de battaile.

1850. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Bien qu’il reste beaucoup de choses obscures, et qui resteront telles longtemps encore, je ne puis douter, après les études les plus consciencieuses et les jugements les plus froidement pesés dont j’aie été capable, que l’opinion adoptée par le plus grand nombre des naturalistes, et quelque temps par moi-même, c’est-à-dire que chaque espèce a été indépendamment créée, est erronée.

1851. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Chaque professeur restera constamment attaché au même objet d’enseignement, c’est-à-dire que celui qui montrera le droit civil ne passera point de sa chaire à celle de droit ecclésiastique ; c’est le seul moyen de perfectionner chaque maître dans sa partie.

1852. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Leurs talens restent enfoüis, parce que la fortune ne les déterre pas.

1853. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Elles restèrent longtemps avec la vieille sans que personne s’aperçut de leur présence car jamais elles ne sortaient.

1854. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

c’est une mauvaise situation, quand les mœurs restent les mêmes, l’esprit étant autrement convaincu. […] peut-il rester coloré dans l’expression de ces extrêmes délicatesses ? […] Lélia, ce n’est peut-être que la sœur Eugénie qui n’est pas restée au cloître. […] Qui ne sait, qui ne peut voir que, dans un christianisme déjà débilité, le culte de la Vierge a débilité ce qui restait de christianisme ? […] À voir avec quelle force il inculque l’autre principe, qui croirait qu’il restera de l’espace au premier ?

1855. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais, s’il a été prodigue d’épithètes, il est resté économe d’exemples. […] Parmi les prédicateurs de ce lieu commun, les seuls qui puissent être encore originaux, ce sont les philosophes orthodoxes décidés d’avance à opérer au milieu de leurs phrases compromettantes le sauvetage impossible de l’absolu ; ceux-là resteront toujours divertissants par le spectacle héroï-comique de leurs efforts désespérés pour échapper à la terrible loi du relatif, que cette contradiction des goûts nationaux proclame avec une évidence accablante. […] Croit-on qu’il y ait dans l’histoire, et, pour borner le champ de notre réflexion, dans l’histoire littéraire, un seul fait, un seul ouvrage assez capricieux, assez étrange, pour ne pas rentrer dans l’harmonie universelle, pour rester en dehors de cette série de causes secondes que l’imagination ne peut remonter, et que la raison conçoit comme infinie ? […] La cour écoutant les jésuites, la ville fut et resta favorable au jansénisme, et ce parti sévère, grondeur et persécuté, déjà lié avec les chefs de la Fronde, recruta parmi les bourgeois, les magistrats, les notables de paroisse, de nombreux adeptes tout disposés à la censure des joyeux dérèglements de Versailles431. […] Don Juan, que Molière composa pendant que le Tartuffe restait frappé d’interdiction, en est la contrepartie.

1856. (1911) Études pp. 9-261

Mais les images naissent autour de sa parole ; elles se lèvent éveillées par celle-ci ; elles lui restent jointes ; elles lui font un cortège discipliné. […] Ils sont si vivants qu’ils restent d’abord confondus. […] Les tons tiennent la toile ; ils occupent, inflexibles, sa surface ; ils ne faiblissent nulle part, nulle part ne s’évanouissent ; ils restent. […] Et comme les mailles, même dans leur resserrement, restent secrètement démêlées, ainsi, quand il se rassemble, l’orchestre conserve sa ténue, sa flexible, sa vibrante discrétion. […] C’est pourquoi tant de phrases, tant de passages restent volontairement inachevés.

1857. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Et cependant, nous restons, paraît-il, maîtres de notre volonté. […] Le théâtre était alors (et il est resté) le moyen le plus rapide de gagner la réputation. […] Pendant les dix ans qui lui restent à vivre, il ne se nourrit que de lait. […] Saint-Évremond était resté un oracle pour ceux de sa génération. […] Henriette avait été l’amie d’enfance de Marie et était restée très liée avec elle.

1858. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Nous ne regretterons pas la dispersion de cette bande joyeuse, car notre cher Bourget nous est resté. […] Il est aisé d’entrevoir le temps où tout bachelier fondera une Revue plutôt que de rester inédit. […] Ils ne restent pas impassibles devant la vérité observée et décrite ; ils ne s’isolent pas dans des cénacles, loin des multitudes obscures et souffrantes. […] Il restera ce qu’il est, ce que doit être quiconque veut traverser la vie avec quelque honneur et comprendre un peu la nature des choses : un observateur et un poète, un logicien et un songeur, un homme d’action et un homme de rêve. […] Blondel restera un philosophe vraiment exquis, un confesseur délicat dont l’entretien est parfois un délice.

1859. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

xii, et à l’Appendice qui s’y rattache : Massillon, jeune et dans l’Oratoire, avait eu une veine de ferveur qui plus tard s’était fort calmée ; son talent naturel, comme il arrive à tant de grands talents, était resté chez lui assez indépendant du fond de l’inspiration même.

1860. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

. — Jules Lefèvre date de 1820 ou 1821 ; il fut l’un des premiers débutants de cette génération, et il en est toujours resté l’un des plus méconnus.

1861. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Arnault d’être court sur un sel sujet, qui lui prescrivait pourtant de ne pas omettre quelques noms rayés en même temps que le sien et restés jusqu’ici absents, lui interdisait-elle donc, à lui naguère proscrit, de sortir un moment du cadre étroit de cette enceinte, de se rappeler à l’esprit ce qu te passe autour de nous, ce qui s’y accomplit d’arbitraire, ce qui y règne de violent et d’inusité ?

1862. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Joubert, l’ami intime, l’ami du cœur et du génie de M. de Chateaubriand, écrivait à madame de Beaumont, inquiète et craintive, à la veille de la publication d’Atala (mars 1801), cette lettre qui est restée le jugement définitif et qu’enregistre la postérité : « Je ne partage point vos errantes, car ce qui est beau ne peut manquer de plaire ; et il y a dans cet ouvrage une Vénus, céleste pour les uns, terrestre pour les autres, mais se faisant sentir à tous.

1863. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

La chloroformisation a été délicate… elle est restée longtemps cyanosée… La tumeur pesait 2.500 grammes…, c’était un fibrome pédiculé. » La transposition est complète.

1864. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

« C’est drôle, dit un ami à son ami dans une des plus joyeuses comédie de Labiche, c’est drôle, quand on ne s’est pas vu pendant vingt-sept ans et demi, comme on n’a presque rien à se dire. » Les cœurs sont restés unis ; mais la vie a séparé les esprits : ils n’ont plus d’idées communes, partant plus de conversation.

1865. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

La philosophie et la théologie restent ainsi hors de notre prise ; et pendant trois siècles, les plus féconds du moyen âge, l’histoire de la littérature française ne représente que très insuffisamment le mouvement des idées.

1866. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Chez nous, on resta longtemps encore dans cette alternative, ou d’être imitateur en perdant son originalité propre, ou de ne conserver son originalité qu’en dehors de toutes les conditions d’un art élevé et d’une littérature proprement dite.

1867. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Le patron, porté à la lésine, y rationnait le gaz de telle sorte qu’il n’y flottait jamais qu’une demi-clarté et que l’arrière-fond restait noyé d’une ombre tenace, qu’accentuait le nuage aggloméré des fumeurs.

1868. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Cependant leurs élèves se multiplient, des écoles sortent des essaims innombrables de maîtres nouveaux dont les productions étouffent ce qui peut rester de goût et de sens dans la nation.

1869. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

La phonétique elle-même n’a pu rester complètement indifférente à la signification des mots dont elle analysait les éléments, et c’est ainsi qu’elle est arrivée à établir l’origine et la filiation de presque tous les vocables de la langue française.

1870. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Ce goût est principalement resté chez les Espagnols, & chez les Italiens.

1871. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — S’il est plus aisé, de faire une belle action, qu’une belle page. » pp. 539-539

Le tremblement de Lisbonne, qui n’a duré que quelques minutes, a produit plus d’actions fortes que toute la durée des siècles n’a produit de belles pages ; voilà Lisbonne renversée, et la nation entière est restée stupide et muette sur ses décombres.

1872. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 17, quand ont fini les représentations somptueuses des anciens. De l’excellence de leurs chants » pp. 296-308

Je ne sache pas même qu’il nous soit resté aucun monument de la musique rithmique, de l’organique, de l’hypocritique et de la metrique.

1873. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Les panégyriques de Sidoine Apollinaire, si bien récompensés, sont restés obscurs ; ils n’ont de prix que comme ces monuments gothiques qui servent à faire connaître un siècle, et empêchent un vide dans l’histoire des arts.

1874. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Dix, douze ans de mémoire et la préparation si laborieusement, si longuement, si chèrement acquise de vingt ou peut-être des trente ans qui nous restent. […] On resterait en deçà, du travail, où c’est encore plus neuf, et encore plus frais. […] Des essais qui ne lui revenaient jamais, qui ne lui restaient jamais sur la conscience, puisqu’il les publiait, puisqu’il publiait tout. […] Comme tous ceux qui sont partis, comme tous ceux qui sont arrivés prient pour tous ceux qui sont restés. […] Et qui ne veulent pas, qui ne peuvent pas rester sur leur défaite, sur leur victoire défaite, qui ne peuvent pas endurer leur défaite.

1875. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Il resterait aussi à ramener les lois de l’association à des lois physiologiques, le mécanisme psychologique au mécanisme cérébral qui le supporte : mais nous sommes bien loin de cet idéal. […] Aussi ceux qui n’ont parlé de l’attention que d’après l’observation intérieure sont restés muets sur son mécanisme et se sont bornés à célébrer sa puissance. […] Même dans les cas où nous restons immobiles, on trouvera, si l’on s’observe avec soin, que la réflexion intense s’accompagne d’un commencement de parole, de mouvements du larynx, de la langue, des lèvres. […] Toutefois, il convient de remarquer que, s’il suffit au médecin de ramener ces manifestations multiples à une source unique, la dégénérescence, il resterait au psychologue une tâche bien plus difficile. […] Les sens et les facultés restent en dehors… Quoique d’ordinaire on ne perde pas le sentiment [la conscience] , il m’est arrivé d’en être entièrement privée : ceci a été rare et a duré fort peu de temps.

1876. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le roi cherche un âne, et invite les courtisans à le trouver ; politique achevé, il est resté tyran et est devenu hypocrite. « Qui ne sait dissimuler ne sait régner. » Celui-ci sait régner, et de toutes les manières. […] Trois jours écoulés ont échancré la lune ; c’est lui qui a « mangé cette échancrure » ; et son interprétation le sauve : le loup eût soupçonné quelque chose si le prétendu fromage était resté dans son entier. […] Il eût mieux fait de rester chez lui, et d’apprendre que « dans un Louvre, fût-ce un vrai charnier », on ne doit jamais boucher sa narine. […] On ne voit en lui qu’un corps de fonctionnaires, préfets et sous-préfets du dogme et de la morale ; nous ne les faisons pas, nous les recevons d’en haut comme aussi le dogme et la morale ; c’est pourquoi, à leur endroit, nous restons froids, quoique dociles. […] Qu’ils y restent.

1877. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Du côté du nord, les noms, mieux protégés, restaient entiers. […] Les songes de l’amour, pour rester vrais, ne doivent pas prendre un corps trop visible, ni entrer dans une histoire trop suivie ; ils ont besoin de flotter dans un lointain vaporeux ; l’âme où ils bourdonnent ne peut plus penser aux lois de la vie ; elle habite un autre monde ; elle s’oublie dans la ravissante émotion qui la trouble et voit ses visions bien-aimées se lever, se mêler, revenir et disparaître, comme on voit, l’été, sur la pente d’une colline, des abeilles voltiger dans un nuage de lumière et tourbillonner autour des fleurs. […] Elle revient incessamment sur les mêmes idées, elle répète ses raisons, elle les amasse et les entassé, comme une mule entêtée qui court en secouant et en sonnant ses sonnettes, si bien que les auditeurs étourdis restent la bouche ouverte, admirant qu’une seule langue puisse fournir à tant de mots. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. —  Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ?  […] En 1367, à Oxford, de trente mille étudiants, il en restait six mille ; on pose encore des Barbara et des Felapton, mais par routine.

1878. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

L’oiseau peut avoir puissamment aidé les grands reptiles dans l’œuvre si complète de destruction des Ammonites et des Bélemnites de la période secondaire, et peut-être s’est-il chargé seul de détruire beaucoup de petits reptiles marins, souche de nos reptiles d’eau douce, qui nous sont restés inconnus, parce qu’ils ont pour la plupart trouvé leur tombe dans les entrailles des nombreux représentants de cet ordre devenu prédominant. […] Plusieurs formes, restées encore intermédiaires entre les reptiles et les oiseaux, durent également se vouer à une vie tout amphibie ou toute terrestre, soit que leurs organes de vol se fussent résorbés peu à peu, soit que, chez quelques descendants collatéraux d’anciens reptiles, encore en voie d’affecter par degrés l’organisation interne des oiseaux, ils ne se fussent jamais développés. […] De même, ce ne sont point des oiseaux de haut vol qui affectèrent les premiers l’organisation des Mammifères, ni même des oiseaux marcheurs comme l’Aptéryx ; ce furent des types restés inférieurs, transitoires, encore douteux et flottants, ni reptiles ni oiseaux, mais un peu l’un et l’autre, qui eurent chance de devenir la souche d’un type supérieur. […] De même que l’organe électrique, séparé du poisson, produit encore des décharges électriques, de même les segments lumineux du Lampyre, détachés de son corps, restent longtemps phosphorescents. […] Tous ces faits de phosphorescence restent jusqu’aujourd’hui sans explication.

1879. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Les poëmes recueillis en 1822, Éloa publiée en 1824, eurent peu de succès, et, sans la prose de Cinq-Mars, en 1826, le nom de l’auteur restait longtemps encore inconnu. […] J’en puis parler sciemment, ayant lu moi-même certaines de ces observations critiques que De Vigny nous laissait voir à la rencontre ; mais il n’en est pas resté trace dans le Journal imprimé. […] Il me restait encore un de ces livres, je ne pouvais le mieux placer que dans vos mains ; j’aurais voulu y joindre Éloa, mais elle n’existe plus, même chez moi.

1880. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

La peste sévissait dans Jérusalem ; nous restâmes assis tout le jour en face des portes principales de la cité sainte ; nous fîmes le tour des murs en passant devant toutes les autres portes de la ville. […] Mais il n’y a plus de chant dans le cœur de l’homme ; les lyres restent muettes, et l’homme passe en silence, sans avoir ni aimé, ni prié, ni chanté. […] Une lampe l’éclairait ; je taillai mon crayon, et j’écrivis, à la lueur de la lampe battue du vent sous la toile, quelques strophes restées incomplètes, et que j’adressai, un certain nombre d’années après, à un des plus élégants et des plus érudits traducteurs des psaumes, M. 

1881. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Le piccinino, pour cette fois, resta après nous dans la cour et fit tout seul la distribution des vivres aux prisonnières et aux prisonniers. […] CXCIX Il restait comme ébahi de surprise et d’ivresse en m’écoutant, et il m’arrosait les doigts de larmes chaudes, comme si son cœur était un foyer, en m’écoutant et en dévorant mes pauvres mains de ses lèvres ; mais quand j’ajoutai que ma pensée était de gagner de plus en plus la confiance du bargello, de dérober la grosse clef de la prison, de me procurer une lime et de la lui apporter pour qu’il sciât sa chaîne, de lui ouvrir moi-même du dehors les deux portes grillées du cachot et de le faire évader vers la mer quand on saurait son jugement par les juges de Lucques : CC — Oh ! […] Obligés de rester dans notre ignorance, si nous nous traînions jusqu’à Lucques, ou mourant de nos inquiétudes, si nous n’y descendions pas !

1882. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Ces trois éléments doivent rester dans une dépendance réciproque et rigoureuse sans se nuire ; mais l’unité qui les assemble possède une élasticité plus grande qui permet au poète de les faire plus sûrement converger vers leur but de Beauté. […] En outre on a montré souvent combien les mesures des vers anciens gênent l’épanouissement de la pensée : elles sont le lit de Procuste ; elles restent identiques, quels que soient les contours à délinéer, et ni les rythmes intérieurs ni les coupes du vers, malgré leur puissance expressive, n’ont assez d’élasticité pour envelopper toujours étroitement l’image et se fondre avec elle. […] Le rapport du rythme au geste et de ceux-ci à la mesure de la phrase n’est soumis qu’à la critique du poète lui-même, et cette critique ne cherchant sa raison que dans le tact-puisque l’artiste ne s’est véritablement imposé aucune règle — l’ouïe plus ou moins bonne et l’instinct de la beauté restent les seuls critères.

1883. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

L’espace qui restait libre de chaque côté du lit, jusqu’au mur de côté, s’appelait la ruelle, quelle qu’en fût la largeur. […] Pour les unes, précieuse était synonyme de prisée, l’opposé de méprisée, ou femme de grand prix, opposée à femme commune ; pour les autres, le mot était synonyme de femme qui se prise beaucoup, surfait son mérite, fait la renchérie, et n’est au fond qu’une hypocrite bel-esprit, Une seule idée commune aux précieuses de tout genre resta attachée à ce mot, ce fut celle de femmes qui se sont tirées du pair par des mœurs irréprochables, par un esprit plus ou moins cultivé. […] Maintenant, voyons quels documents nous sont restés sur l’esprit des précieuses et sur l’usage qu’elles en faisaient ; sur leurs mœurs et sur l’usage qu’elles faisaient de leur beauté.

1884. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Ce sont les coquillages de ces perles fausses ; elles y tiennent, elles y adhèrent, elles s’y cramponnent ; il en est qui ne se vendent que pour avoir le droit d’y rester ; il leur faut, pour respirer à l’aise, cette moite atmosphère de renfermé et de patchouli qui asphyxie les cerveaux qui pensent et les cœurs qui battent. […] Gaston, un camarade de plaisir et d’insouciance, mademoiselle Olympe et son amant Saint-Gaudens, lequel Saint-Gaudens est un type de vieux viveur rendu avec un feu, une couleur, une énergie gouailleuse… il restera. […] Marguerite a eu autrefois pour amant un jeune comte qui est resté « un ancien ami à elle », comme dit la Bettine d’Alfred de Musset.

1885. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Par les sept pièces qui nous restent, on peut juger de ce qu’était cet univers. […] Aristophane, châtiment sombre, est resté devant la postérité à l’état de génie méchant. […] Ayant les barbares aux portes, il importait de rester grecs.

1886. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Or maintenant je vous dirai le mien qui est tel, que si je descends du vaisseau, il y a céans telles personnes au nombre de cinq cents et plus87, qui n’y voudront non plus rester et qui demeureront en l’île de Chypre par peur du péril ; car il n’y a homme qui autant n’aime sa vie comme je fais la mienne ; et ils courront risque de ne jamais rentrer en leur pays. […] On avait conseillé au roi de rester en sa nef jusqu’à ce qu’il eût vu l’effet de cette première opération ; mais il n’y voulut point entendre : il se mit dans une barque avec le légat, qui portait devant lui une croix toute découverte, et devant eux marchait une autre barque où flottait la bannière de saint Denis appelée l’oriflamme.

1887. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Je ne peux ici entrer dans aucun détail, parce que votre ouvrage court tout Genève, et qu’on ne le rend point ; mais soyez très certain que c’est le seul de notre siècle qui passera à la postérité, parce que le fond en est utile, parce que tout y est vrai, parce qu’il brille presque partout d’une poésie charmante, parce qu’il y a une imagination toujours renaissante dans l’expression… Et plusieurs années après (1er septembre 1773) : Je fus certainement l’avocat d’une cause gagnée quand je fus si charmé du poème des Saisons : soyez sûr que cet ouvrage restera à la postérité comme un beau monument du siècle. […] Celui-ci a certes de la joie, de la vivacité, des saillies à plaisir, et, en fait de philosophie, point de parti pris ; il est resté pour nous, dans certains morceaux, plus agréable que Saint-Lambert.

1888. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

On décréta, sans demander à l’entendre, « qu’il perdrait sa place dans le conseil, qu’il serait condamné à 10000 livres d’amende, et qu’on lui écrirait une lettre dure par laquelle on lui ferait savoir que ce n’était qu’en faveur des services de ses ancêtres qu’on ne pousserait pas plus loin la punition. » Besenval eut le bon esprit de recevoir cet arrêt de condamnation, non en gentilhomme de Versailles, mais en homme resté de son pays et en sujet soumis aux lois. […] Son nom pourtant restera toujours attaché au souvenir de la Révolution française, moins encore pour avoir été son adversaire à main armée et impuissant le jour de son début, que pour nous avoir raconté et dévoilé avec son insouciance trop nue et une trop insolente aisance la société gâtéeav, corrompue, railleuse et frivole qui, sous des dehors charmants, nourrissait tant de vices, et qui avait atteint et passé la mesure où les choses humaines veulent être renouvelées.

1889. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Il en rabattit après quelques années ; Ferney devint et resta son séjour unique et suffisant. […] Amateur de l’orchestre, sachant son ancien théâtre et les traditions du foyer comme s’il avait vingt-cinq ans de plus, il lui est toujours resté ce pli (un excellent pli), d’avoir été nourri entre le goût pour Andrieux et l’admiration pour M. 

1890. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si l’on est critique, si l’on veut rester dans les voies de la science et de l’histoire littéraire, on paraîtra complet dès le début ; on ne sera pas de ceux qui se jettent dans la mêlée à l’improviste et ont dû achever de s’armer vaille que vaille tout en combattant ; on aura sa méthode, son ordre de bataille, son art de phalange macédonienne à travers les idées et les hommes. […] Je signalerai encore dans ce volume les chapitres où sont décrites les trois régions de hauteurs par les végétaux qui y régnent, les hêtres, les pins, les mousses, et l’on a ensuite, en passant aux animaux et d’une manière plus ou moins correspondante, le gracieux, l’incomparable défilé des chèvres (objet d’une lutte restée indécise entre Doré et M. 

1891. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Rome, sans doute, sous le gouvernement de Pie VI, n’avait, guère profité, et elle était déjà, par les abus et les vices incurables, ce qu’on l’a vue et sue depuis ; mais la question religieuse, alors, était et restait surtout une question française. […] D’autres, voyageurs libres, sont restés sur la lisière : je les vois, encore les mêmes, qui vont et viennent, passent et repassent comme autrefois.

1892. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Vous étiez un charmant problème, mais le voilà résolu. » Non, le problème n’est pas résolu, et il restera jusqu’à la fin un problème. […] On ne cesse de lui dire : Soyez femme, restez femme : elle vise à l’Ange.

1893. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Les publications qu’il multiplia dans ces années montrent à quel point Cervantes, désormais affranchi de tout autre occupation, était redevenu un pur homme de lettres, vidant ses portefeuilles, ouvrant une dernière fois tous ses casiers, tous ses tiroirs, et surtout ceux d’une imagination restée si enjouée et si jeune. […] Quand le sort nous la refuse sans raison, il y a plus d’honneur quelquefois à mériter une place qu’à l’obtenir. » — « Je vois bien, seigneur Apollon », lui répondis-je, « qu’on ne prend pas garde que je n’ai point de manteau. » — Il répondit : « Quoi qu’il en soit, j’ai du plaisir à te voir ; la vertu est un manteau avec quoi l’indigence peut couvrir sa honte ; elle conserve sa liberté et se garantit de l’envie. » Je baissai la tête en recevant ce conseil ; je restai debout… » Il faut convenir qu’on ne peut être pauvre diable de meilleure grâce ni plus galamment.

1894. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Parlant d’Homère et de son rapport avec Virgile, Pope établit la vraie ligne et la vraie voie pour les talents classiques et qui restent dans l’ordre de la tradition : « Lisez, dit-il, et relisez Homère dans le texte, en le comparant sans cesse à lui-même, et pour votre commentaire prenez la muse de Mantoue. […] Et il nous montre, dans une série d’exemples, chaque homme resté de plus en plus fidèle en vieillissant à cette forme secrète qui survit à tout et se démasque avec les années, qui s’éteint la dernière en nous et qui met comme son cachet à notre dernier soupir : « Le temps, qui pose sur toutes choses sa main adoucissante, n’apprivoise point cette passion : elle se colle à nous jusqu’au dernier grain du sablier.

1895. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Évidemment ce qu’on a retrouvé et ce qu’on publie aujourd’hui doit déranger et contrarier un peu les anciens amis et admirateurs de Mme Roland, ceux du moins qui étaient restés à son égard dans la ligne correcte et pure, dans la ligne girondine étroite. […] Elle lui prêtait de son rayon, et, en l’aimant, elle restait fidèle encore à son programme de jeune fille : « Dans les âmes honnêtes et délicates, l’amour ne se présente jamais que sous le voile de l’estime. » Je viens de relire les Mémoires de Buzot ou ce qu’on appelle ainsi, les pages d’apologie écrites par lui au milieu de sa proscription : elles sont assez véhémentes et animées d’une vertueuse indignation, mais ternes, sans intérêt pour nous aujourd’hui, sans un éclair.

1896. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Quelques lacs, et des lacs à crocodiles, restent de distance en distance témoins de l’état primitif et comme des flaques oubliées d’un grand fleuve disparu. […] Les habitants, au nombre de sept mille environ, sans compter la population flottante, sont de race berbère, c’est-à-dire autochtone, et non arabe ; ils sont ainsi parents des Touareg, mais civilisés, assis et d’humeur citadine, tandis que les autres sont restés obstinément nomades : « Comme les nomades Touâreg, les Ghadamésiens sont souvent sur les routes pour leurs affaires ; mais rencontre-t-on une ville, ces derniers saisissent, en vrais citadins, l’occasion qui leur est offerte d’aller chercher un abri sous un toit protecteur, tandis que les Touâreg semblent tenir à honneur de ne jamais accepter l’hospitalité dans l’enceinte d’une ville, dans l’intérieur d’une maison.

1897. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Et c’est ainsi qu’il s’engagea alors et pendant des années en Allemagne une guerre homérique, dont nous restâmes en France les spectateurs trop peu attentifs et comme désintéressés. […] On en resta chez nous durant vingt-cinq ans sur cette espèce d’horreur religieuse.

1898. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Ô mages de l’éternelle vérité, apôtres du sacrifice, pères de la sagesse, toi, Socrate, qui pris la ciguë, toi, son élève, ô Platon, — vous, Phidias et Praxitèle, sculpteurs de la beauté, — vous, disciples de l’Évangile, Jean, Paul, Augustin, — vous, apôtres de la science, Galilée, Képler, Newton, Descartes, Pascal, — et vous Raphaël et Michel-Ange, dont les conceptions resteront toujours nos modèles, — et vous, chantres divins, Hésiode, Dante, Milton, Racine ; Pergolèse, Mozart, Beethoven, seriez-vous donc maintenant immobilisés dans un paradis imaginaire ; auriez-vous changé de nature ; ne seriez-vous plus les hommes que nous avons connus et admirés, et dormiriez-vous maintenant, véritables momies, éternellement assis à votre place dernière ? […] Ne sauras-tu consentir à rester à ta place ?

1899. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Deux choses lui restaient dans sa cage inféconde, Le portrait d’un enfant et la carte du monde,          Tout son génie et tout son cœur. […] Et quand Gilbert attaque la coterie encyclopédique : Eux seuls peuvent prétendre au rare privilège D’aller au Louvre, en corps, commenter l’alphabet, Grammairiens jurés, immortels par brevet : s’il eût dit simplement le privilège d’entrer à l’Académie, la moitié de sa pensée fût restée au bout de sa plume.

1900. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Molière avait de ci de là marqué le sentiment de l’amour de quelques traits vifs et justes : mais ces esquisses étaient restées très sommaires. […] Ce qui semble rester, c’est un peu plus de largeur dans la conception du genre, et le droit de pousser l’impression jusqu’au sentiment et au pathétique ; ici encore on pourrait dire que Voltaire a exprimé la moyenne du goût de son temps.

1901. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Paul Bourget, en écrivant Un crime d’amour, est resté en pleine réalité. […] Zola en prenne son parti : il ne peut pas être à la fois Zola et autre chose que Zola… Il lui restera toujours d’avoir écrit la Conquête de Plassans, l’Assommoir et Germinal, d’avoir puissamment exprimé les instincts, les misères, les ordures et la vie extérieure de la basse humanité.

1902. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

L’individu qui s’est attiré la malveillance ou les rancunes plus ou moins intelligentes d’une de ces sociétés — tout en étant contraint par des raisons économiques, je suppose, d’y rester attaché — cet individu aura beau changer de résidence ; il retrouvera dans sa nouvelle résidence les mêmes hostilités, la même mauvaise note administrative, sociale et mondaine qui l’aura suivi ; la même défiance, le même mot d’ordre hostile, la même mise en quarantaine. […] Dans la mesure où nous ne sommes pas socialisés et restons réfractaires à la vie sociale, nous répugnons à ces mensonges et nous nous insurgeons contre eux.

1903. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Leur banalité à la dernière mode révèle un de ces écoliers obstinés qui ont fait, au lycée puis ailleurs, cinq ou six rhétoriques au lieu d’une et qui restent toute leur vie « élèves de l’École Normale ». […] Seulement, par instants, la petite fille tremble un peu : si les poupées étaient vraiment vivantes ; si elles allaient se révolter… Et elle leur recommande, d’une voix mal assurée, de rester bien sages.

1904. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Il conseillait donc à cette aimable amie le repos, l’immobilité, de suivre le seul régime dont il se trouvât bien, de rester longtemps couchée et de compter les solives : Votre activité, ajoutait-il, s’indigne d’un pareil bonheur ; mais voyons si votre raison ne serait pas de cet avis. […] Ils se dégoûtent aisément, dédaignent les suffrages faciles, et aiment mieux juger, goûter et s’abstenir, que de rester au-dessous de leur idée et d’eux-mêmes.

1905. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot, après avoir embrassé avec sa supériorité de vues la révolution d’Angleterre et celle d’Amérique, y reconnaît trois grands hommes, Cromwell, Guillaume III et Washington, qui restent dans l’histoire comme les chefs et les représentants de ces crises souveraines qui ont fait le sort de deux puissantes nations. […] Restons hommes dans l’histoire.

1906. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Comment l’artiste serait-il resté insensible et sourd à ces mille échos de la célébrité, et n’y aurait-il pas entendu l’accent de la gloire ? […] Elle s’en prend surtout à la société, et déprime des classes entières, pour faire valoir quand même des individus, qui restent encore, malgré tout, à demi abstraits.

1907. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Avant lui, le seul La Fontaine, chez nous, avait connu et senti à ce degré la nature et ce charme de la rêverie à travers champs ; mais l’exemple tirait peu à conséquence ; on laissait aller et venir le bonhomme avec sa fable, et l’on restait dans les salons. […] Je me levai, me secouai : la faim me prit ; je m’acheminai gaiement vers la ville, résolu de mettre à un bon déjeuner deux pièces de six blancs qui me restaient encore.

1908. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

» Il a résumé toute sa théorie à cet égard dans ce mot si souvent cité, et qui, déjà dit par d’autres13, restera attaché à son nom, comme au nom de celui qui était le plus digne de le trouver et de le dire : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Comme critique littéraire, et dans les jugements qu’il porte au début sur les écrivains qui ont été le sujet favori de ses lectures, Vauvenargues n’est pas sans inexpérience : sur Corneille, dont l’emphase lui répugne jusqu’à lui masquer même les hautes beautés, sur Molière dont il ne sent pas la puissance comique, Voltaire le redresse avec raison, avec une adresse de conseil délicate et encore flatteuse : Vauvenargues reprend ses avantages quand il parle de La Fontaine, de Pascal ou de Fénelon. […] Animé par son succès, il se mit alors à rechercher avec zèle ce qui pouvait rester d’inédit de son auteur.

1909. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On peut dire que c’était un bel esprit et un homme incorruptible… Avec cela doux, bon, humain, d’un accès facile et agréable, et, dans le particulier, ayant de la gaieté et de la plaisanterie salée, mais sans jamais blesser personne ; extrêmement sobre, poli sans orgueil, et noble sans la moindre avarice, naturellement paresseux, dont il lui était resté de la lenteur. […] M. d’Aguesseau aurait préféré, nous dit son fils, rester dans la pure et véritable magistrature, et passer ses jours dans une charge de conseiller au Parlement de Paris, et il ajoute, en des termes qui rappellent l’hôtel Rambouillet plus subtilement qu’il ne convenait à un ami et à un disciple de Boileau : « Les maîtres des requêtes ressemblent aux désirs du cœur humain, ils aspirent à n’être plus ; c’est un état qu’on n’embrasse que pour le quitter… » Or, cette phrase étrange sur les maîtres des requêtes, comparés aux désirs du cœur qui aspirent à n’être plus, serait inexplicable chez un aussi bon esprit sans une phrase de saint Augustin qui dit cela, en effet, des désirs du cœur humain (sunt ut non sint).

1910. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Mme de Maintenon, une fois qu’elle a un pied à la Cour, fait semblant de n’être pas faite pour y vivre et de n’y rester qu’à son corps défendant. […] Mme de Maintenon se laissait persuader et restait, et rien n’est curieux comme de la voir entre les deux maîtresses du roi (Mme de Montespan et Mme de Fontanges), allant de l’une à l’autre, raccommodant, conseillant, conciliant, décousant sous main, se faisant de fête sans en avoir l’air, et par-dessus tout (c’est son faible et sa méthode) voulant être plainte de sa situation et voulant se retirer sans cesse.

1911. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Charles Perrault est, comme on sait, l’auteur, le rédacteur de ces sept ou huit jolis contes vieux comme le monde, qui ont charmé notre enfance, et qui charmeront celle encore, je l’espère, des générations à venir, aussi longtemps qu’il restera quelques fées du moins pour le premier âge, et que l’on n’en viendra pas à enseigner la chimie et les mathématiques aux enfants dès le berceau ; mais Charles Perrault n’est pas seulement auteur de ces jolis contes, il a été de son temps un homme à idées neuves, à inventions, fertile en projets et en entreprises, tourné vers l’avenir, confiant au génie moderne, et, dans sa querelle avec les plus illustres partisans de l’Antiquité, il n’a été qu’à demi battu. […] Mais ce n’était là qu’une théorie qui restait stérile entre leurs mains, et qui ne pouvait devenir florissante et vivante qu’à l’aide du génie d’un Milton ou de l’art d’un Chateaubriand.

1912. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

La reine d’Espagne, forcée de quitter Madrid dans l’été de 1706 aux approches de l’ennemi, avait dû se séparer du gros des dames de sa suite : trois cents étaient restées à Madrid sans se soucier de l’accompagner, bien que plusieurs, avec un peu de bonne volonté, l’eussent pu faire ; et elles étaient bientôt sorties du palais pour s’en aller, les unes dans leurs familles, les autres dans des couvents, enfin partout où elles avaient quelque inclination ou quelque intérêt. […] La France restant victorieuse et puissante, l’Espagne restait sûre : mais à chaque défaite qui allait survenir en Allemagne ou en Flandre, les regards des grands se reportaient vers l’archiduc, et leur fidélité ne tenait plus.

1913. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Toute la correspondance de Mme des Ursins, durant cette année 1709, fait le plus grand honneur à sa générosité et à son élévation d’âme comme aussi à sa perspicacité de vue ; car, en définitive, l’événement lui a donné raison, et le trône des Bourbons d’Espagne est resté debout sans que celui de Louis XIV en fût trop rabaissé. […] La catastrophe qui précipita Mme des Ursins est restée un des événements les plus singuliers, les plus dramatiques et les plus inexpliqués de l’histoire.

1914. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Le caractère de courtisan n’est point très noble ni très relevé ; mais le duc d’Antin en a été en son temps un type si accompli, si merveilleux et si fin, qu’il mérite de rester à son rang dans une galerie morale, comme représentant à nos yeux l’espèce. […] Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités.

1915. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Je ne dirai pas que son image s’est gravée en moi, mais il m’est du moins resté de sa personne une idée qui n’est en rien le contraire du vrai, et que le souvenir et la réflexion peuvent achever très fidèlement. […] Tel il était à l’âge de quarante-trois ans, tel au fond il resta jusqu’à la fin ; mais les dix années finales (1815-1825) où il devint et où il fit un personnage populaire, méritent d’être comprises à part : aujourd’hui je ne m’occuperai que du premier Courier, du Courier avant le rôle et le pamphlet.

1916. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

En un mot, nous ne fîmes point alors sur son compte le travail historique complet, et nous restâmes un pied dans la polémique. […] en considérant cette lignée de frères ressemblants et inégaux, il me semble que la nature, cette grande génératrice des talents, essayait déjà un premier crayon de Nicolas quand elle créa Gilles ; elle resta en deçà et se repentit ; elle reprit le crayon, et elle appuya quand elle fit Jacques ; mais cette fois elle avait trop marqué.

1917. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On a un tableau ironique comme en aurait pu tracer un Philippe de Commynes, et il le termine par ces considérations si dignes de lui, de l’homme resté, en tout temps, royal : Je reconnus en cette occasion que tout parti composé de plusieurs corps qui n’ont aucune liaison que celle que leur donne la légèreté de leurs esprits…, n’a pas grande subsistance ; que ce qui ne se maintient que par une autorité précaire n’est pas de grande durée ; que ceux qui combattent contre une puissance légitime sont à demi défaits par leur imagination ; que les pensées qui leur viennent, qu’ils ne sont pas seulement exposés au hasard de perdre la vie par les armes, mais, qui plus est, par les voies de la justice s’ils sont pris, leur représentant des bourreaux au même temps qu’ils affrontent les ennemis, rendent la partie fort inégale, y ayant peu de courages assez serrés pour passer par-dessus ces considérations avec autant de résolution que s’ils ne les connaissaient pas. […] Nous le laisserons régner ; mais il nous serait essentiel, pour ne pas rester trop au-dessous de notre idée, de pouvoir dire quelque chose encore de ce Testament politique où il a déposé, sous une forme un peu sentencieuse, le résumé de son expérience et l’idéal de sa doctrine.

1918. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Les lois cérébrales de l’association, considérées indépendamment de toute réaction de la volonté intelligente, resteraient vraies même chez un être entièrement dépourvu de mémoire et de comparaison. […] De là cette loi : Les sensations actuelles sont d’autant moins exclusives des idées ou souvenirs, comme aussi des autres sensations, qu’elles sont plus riches en relations : ainsi les sensations visuelles, les plus riches de toutes, les plus complexes et les plus intellectuelles, sont aussi celles qui excluent le moins les autres représentations simultanées, parce que leur complexité même leur permet de rester en relation avec d’autres représentations produites par d’autres régions cérébrales.

1919. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Puis, je ne sais, à propos de quel crochet dans la conversation et les idées, Tourguéneff nous raconte qu’étant un jour en visite chez une dame, au moment où il se levait pour sortir, cette dame lui cria presque : « Restez, je vous en prie, mon mari sera ici dans un quart d’heure, ne me laissez pas seule ! » Comme le ton était singulier, il la pressa tant, qu’elle lui dit : « Je ne puis pas rester seule… Aussitôt qu’il n’y a plus personne auprès de moi, je me sens enlevée et transportée au milieu de l’immense… et je suis là, comme une petite poupée, devant un juge dont je ne vois pas la figure ! 

1920. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Les Pyramides et l’Iliade restent au premier plan. […] Il savait d’innombrables choses, entre autres celles-ci : — La terre est plate. — L’univers est rond et fini. — La meilleure nourriture pour l’homme est la chair humaine. — La communauté des femmes est la base de l’ordre social. — Le père doit épouser sa fille. — Il y a un mot qui tue le serpent, un mot qui apprivoise l’ours, un mot qui arrête court les aigles, et un mot qui chasse les bœufs des champs de fèves. — En prononçant d’heure en heure les trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons, Andron d’Argos a pu traverser les sables de Libye sans boire. — On ne doit point fabriquer les cercueils en cyprès, le sceptre de Jupiter étant fait de ce bois. — Thémistoclée, prêtresse de Delphes, a eu des enfants et est restée vierge. — Les justes ayant seuls l’autorité de jurer, c’est par équité qu’on donne à Jupiter le nom de Jureur. — Le phénix d’Arabie et les tignes vivent dans le feu. — La terre est portée par l’air comme par un char. — Le soleil boit dans l’océan et la lune boit dans les rivières. — Etc. — C’est pourquoi les athéniens lui élevèrent une statue sur la place Céramique, avec cette inscription : À Chrysippe, qui savait tout.

1921. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Mais, dès l’Aventurière, Émile Augier s’affirme l’écrivain et l’auteur comique vraiment français qu’il est resté. […] Le tableau est à Prangins, et le prince exilé peut y retrouver chaque jour l’image de celui qui était resté fidèle à son amitié.

1922. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

L’Académie française restera-t-elle indifférente à leurs alarmes ? […] Nous en sommes restés à ce point pour ce qui regarde le vrai romantisme, le romantisme allemand, le romantisme du théâtre.

1923. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Ce n’est pas, comme le xviie  siècle, qui la nomma, la crut, une chose de société, mais de nature humaine ; et voilà même pourquoi son nom est resté. […] Il est resté ce qu’il est d’essence : un raffiné, — un convulsé de raffinement, — qui ne prend son parti de rien, qui tord la chose, le mot, le trait, non seulement parce qu’il est une nature d’efforcement, mais parce que son temps est le contraire de tous ses rêves et de toutes ses aspirations !

1924. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

L’art lui restait encore, mais dénué de cette passion sérieuse qui est l’âme de la parole. […] Tel est le charme de ces stances à la femme qui portait son nom, et qui d’Europe le suivit en Orient, où elle resta seulement séparée de lui durant quelques missions plus périlleuses : « Si tu étais à mon côté, ô mon amour227 !

1925. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Le gallicanisme, le plus noble fils du catholicisme, est mort avant son père, lequel dans sa caducité est resté opiniâtrément fidèle à ses principes.

1926. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Et je restai longtemps, longtemps sans la comprendre, Et longtemps à pleurer son secret sans l’apprendre, A pleurer de sa mort le mystère inconnu, Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu… Et ce cœur, d’avance voué en proie à l’amour, où pas un chant mortel n’éveillait une joie, voilà comme elle nous le peint en son heure d’innocente et muette angoisse : On eût dit, à sentir ses faibles battements, Une montre cachée où s’arrêtait le temps ; On eût dit qu’à plaisir il se retînt de vivre ; Comme un enfant dormeur qui n’ouvre pas son livre, Je ne voulais rien lire à mon sort ; j’attendais, Et tous les jours levés sur moi, je les perdais.

1927. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

De là enfin, ces missions de Jacobins tout-puissants aux armées jusque-là restées pures, et, ce qui est plus horrible à dire, ces tragédies sanglantes du dedans, données au peuple pour alimenter sa fureur, ou la réchauffer par une sorte d’ivresse.

1928. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

M. de Montgaillard n’a jamais eu l’intelligence des grands mouvements politiques qu’il enregistre et qu’il narre dans son journal ; il n’a été dirigé, en écrivant, par aucun système de principes, auquel il soit resté conséquent et fidèle ; les variations de son humeur se retrouvent dans ses opinions sur les partis et sur les hommes ; il réduit tout en personnalités, et, à propos d’un même personnage, il n’est pas rare qu’il passe, à quelques pages de distance, de l’éloge à l’injure.

1929. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

L’émancipation catholique a heureusement commencé ; la réforme parlementaire n’achèvera pas, car il restera encore à briser la grande propriété, cet énorme fardeau qui écrase tant de millions de prolétaires ; et ici ce n’est plus une difficulté, c’est un péril.

1930. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

En un temps où on est las de toutes les sensations et où il semble qu’on ait épuisé les manières les plus ordinaires de peindre et d’émouvoir, en un temps où les larges sentiers de la nature et de la vie sont battus, et où les troupeaux d’imitateurs qui se précipitent sur les traces des maîtres ne savent que soulever des flots de poussière suffocante, lorsqu’on avait tout lieu de croire que le tour du monde était achevé dans l’art, et qu’il restait beaucoup à transformer et à remanier sans doute, mais rien de bien nouveau à découvrir, Hoffmann s’en est venu qui, aux limites des choses visibles et sur la lisière de l’univers réel, a trouvé je ne sais quel coin obscur, mystérieux et jusque-là inaperçu, dans lequel il nous a appris à discerner des reflets particuliers de la lumière d’ici-bas, des ombres étranges projetées et des rouages subtils, et tout un revers imprévu des perspectives naturelles et des destinées humaines auxquelles nous étions le plus accoutumés.

1931. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Ses funérailles ont été un spectacle auguste et un deuil public ; elles resteront un souvenir national.

1932. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

Madame de Gramont, pour dissiper le nuage, n’insista pas sur cette dernière réponse et se contenta de dire de son ton le plus léger : Vous verrez qu’il ne me laissera seulement pas un confesseur  Non, madame, vous n’en aurez pas, ni vous, ni personne ; le dernier supplicié qui en aura un par grâce, sera… » Il s’arrêta un moment : « Eh bien, quel est donc l’heureux mortel qui aura cette prérogative   C’est la seule qui lui restera, et ce sera le roi de France. »

1933. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Il excelle à nous faire voir des « coins », qui restent dans le souvenir et où l’on voudrait vivre.

1934. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

monsieur l’abbé, je ne saurais vous dire quel chagrin c’est, pour une âme restée religieuse et qui s’attendait à rencontrer un prêtre, de se trouver en face d’un vilain homme de lettres et d’un auteur fieffé !

1935. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Ses personnages, nettement accusés comme ceux des gothiques de Cologne, restent pourtant lointains comme eux, et le rêve qui les entoure se communique à nous par l’enchantement de la musique.

1936. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Il n’est pas resté, digne d’être lu, un seul écrit saint-simonien ; voici un écrit anarchiste auquel je souhaite d’être durablement représentatif, car, après toutes mes critiques, je l’avoue, sa lecture m’enchanta.

1937. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Bürger, le poète de la ballade de Lenore , saluerait en lui son plus authentique disciple, qui le dépasse d’ailleurs de cent coudées — ou plutôt, pour rester dans la note, de cent cubitus.

1938. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

Paul Verlaine De quelques années plus jeune que lui, je n’avais guère produit que de l’inédit et je restai timide devant l’auteur déjà connu des lettrés de ces Stances et poèmes qui, avec Philoméla, de Catulle Mendès, et les Vignes folles, de ce regretté Glatigny, constituèrent les fiers débuts de la Renaissance poétique d’alors et d’aujourd’hui.

1939. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Ainsi de bien d’autres masques, dont je n’ai pas eu à m’occuper, parce qu’ils sont restés étrangers à Molière et à notre comédie.

1940. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

On méconnut que le critique doit faire effort et œuvre de science, sous peine de rester un amuseur plus ou moins spirituel.

1941. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

C’est aussi une machine beaucoup plus compliquée que toutes celles de l’industrie, et dont presque toutes les parties nous sont profondément cachées ; mais en observant le mouvement de celles que nous pouvons voir, nous pouvons, en nous aidant de ce principe, tirer des conclusions qui resteront vraies quels que soient les détails du mécanisme invisible qui les anime.

1942. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Sous la couronne de saint Étienne, les Magyars et les Slaves sont restés aussi distincts qu’ils l’étaient il y a huit cents ans.

1943. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

Or, tant qu’une vérification précise manquera, le sensualisme aura beau revendiquer en sa faveur la simplicité, la vraisemblance, et surtout ce caractère très scientifique, d’éliminer tout surnaturel, la question restera toujours ouverte entre lui et ses adversaires.

1944. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Il ne serait plus resté une seule victime pour l’autel de Pan et des Nymphes.

1945. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Resté sans père & sans mère à l’âge de sept ans, il ne reçut aucune éducation jusqu’à celui de quinze.

1946. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Ceux qui auront pâti de sa méchanceté ne seront plus ; mais les grandes choses qu’il aurait exécutées resteraient à jamais.

1947. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Ceci est resté vrai.

1948. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Quand la question est ainsi posée, et elle l’est par la nature des choses, il n’est pas permis de rester froid, de tenir en suspens la décision de sa pensée et de jouer à une impartialité supérieure qui ne serait que l’impartialité de l’embarras.

1949. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Non-seulement le génie du romancier crée des types, des situations, des caractères, des dénouements, et à sa manière, fait de la vie, comme Dieu, — de la vie immortelle, — mais ces types, ces caractères, ces situations sont des découvertes dans l’ordre de l’imagination et de l’observation combinées ; ce sont des faits qui doivent rester acquis à l’inventaire humain, comme les faits de la Science.

1950. (1915) La philosophie française « II »

Comme elle s’est toujours astreinte à parler le langage de tout le monde, elle n’a pas été le privilège d’une espèce de caste philosophique ; elle est restée soumise au contrôle de tous ; elle n’a jamais rompu avec le sens commun.

1951. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Après Racine, ses faibles imitateurs firent régner sur la scène une fade galanterie ; mais il eût mieux valu que notre tragédie restât froide et insipide que de devenir horrible et abominable ; elle eût été moins amusante, mais aussi moins dangereuse. […] Dircé ordonne à son amant de fuir une terre empestée l’amant se dévoue à la mort pour rester auprès de Dircé. […] Il n’y a que les véritables chefs-d’œuvre fondés sur la raison et la nature, qui franchissent les siècles et restent supérieurs aux révolutions : les pièces de circonstance, les ouvrages de parti s’évanouissent avec les passions et les préjugés qui leur ont donné la vogue. […] Après avoir mis sur la scène un père immolant ses fils à sa propre ambition décorée du nom de liberté, il lui restait à nous offrir, pour notre instruction et pour nos plaisirs, le tableau d’un fils qui, sous ce spécieux prétexte, égorge son père. […] Par exemple, le marquis dit à Mélanide : … N’attribuez qu’à ma confusion Si j’ai paru rester dans l’indécision.

1952. (1908) Après le naturalisme

C’est qu’elles furent surtout constituées en réaction du Symbolisme, lequel ne resta toujours qu’une poésie. […] Nous en restons loin, pourtant et la faute en retombe aux erreurs que nous nourrissons encore et aux mensonges intéressés que propagent ceux qui, faussement, croient profiter des avantages du régime actuel et ne veulent pas admettre qu’un système rationnel leur vaudrait mieux — comme aux autres. […] L’artiste ne sut guère rester un indépendant et on en compte peu qui ne se laissèrent pas prendre aux tentations de la soi-disant élite de la société. […] De plus, d’innombrables phénomènes qu’ignorèrent nos prédécesseurs restent encore à découvrir. […] L’homme n’y restait que parce qu’il ne se connaissait pas encore, parce qu’il ne vivait pas intimement selon son mode.

1953. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il est resté depuis, à cause de cet apprentissage, un excellent écrivain, fort éloigné des cacographies décadentes. […] Tout passe ; seule, cette parole restera, comme elle a été instituée dès le commencement. […] Ceci restera ; ceci est inébranlable. […] Le Suffrage universel peut-il rester un principe de gouvernement sans condamner les hommes à une odieuse barbarie ? […] Nous avons beau regarder vers le Nord, nous n’en restons pas moins des orateurs et des architectes, amis des paroles intelligibles et des formes nettes.

1954. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Combien de statues restent solitaires, dont le socle se ronge et dont les traits s’effacent parce qu’elles ne représentent point un révélateur ! […] S’il resta longtemps en vue des côtes, son récit ne nous le dit pas ; mais le tour même de son esprit et de ses œuvres ultérieures le laisse supposer. […] Il restera une commode et somptueuse hypothèse. […] Ils restent peu en scène, le temps d’un acte décisif et souvent brutal, et tout ce qui les environne participe à leur exaltation. […] Lui est resté à Paris.

1955. (1927) Des romantiques à nous

Mais il lui est resté pour compte. […] Nous croyons qu’une bonne partie de son œuvre instrumentale restera l’admiration des générations prochaines. […] Ne tirant sa sève que de lui-même, il est resté vert pour les détester cordialement et leur dire leur fait. […] Ils croient que ça va changer. » Comme les impressions me sont restées vives de ce voyage que nous fîmes ensemble à Bruxelles dans l’été de 1893 ! […] Il ne leur restait plus qu’à en exprimer les suprêmes gouttes, et, faute de jaillissements nouveaux, à se recommencer, à s’imiter sèchement eux-mêmes.

1956. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il arrive alors que les impressions qui devraient rester à l’arrière-plan passent au premier, et au lieu d’un renseignement qui nous instruirait, nous avons ou une diatribe ou une caricature. […] Je suis même persuadé que la Chartreuse serait sinon tombée dans l’oubli, du moins qu’elle resterait dans une demi-obscurité, n’était son frère aîné. […] Il entendait par là que les énigmes qui restent à résoudre sont uniquement d’ordre chimico-physique et justiciables des mêmes méthodes que les phénomènes déjà observés et classés. […] On me dit que les jeunes gens d’aujourd’hui restent réfractaires à cette prise, dont leurs aînés se dégagent aussi de plus en plus. […] C’est une raison de plus pour ceux qui restent de méditer cette vie intellectuelle de Barrès et son enseignement.

1957. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers se partage en deux moitiés distinctes, et il a su déjà se faire tout un passé ; et à travers tout, comme jet naturel, comme vivacité brillante et fraîcheur, jamais esprit n’est resté plus voisin de sa source et plus le même. […] Thiers n’avait pas visitée encore, les considérations générales sur le goût, sur la critique des arts et sur les divers mérites propres à ceux du dessin, restent des pages très-agréables et très-justes, des gages d’un instinct très-sûr et d’une inclination naturellement éclairée. […] çà, il s’agit bien de partir, lui dit-on de toutes parts ; restez et combattons !  […] Le livre second tout entier est consacré au mécanisme nouveau de la réorganisation départementale, judiciaire, financière, « à cette œuvre de réorganisation, est-il dit, dont le jeune général faisait son occupation constante, dont il voulait faire sa gloire, et qui, même après ses prodigieuses victoires, est restée, en effet, sa gloire la plus solide. » Dans cet exposé multiple, l’historien a fait usage, comme on pense bien, de toutes les ressources lumineuses qu’on lui connaît, mais il les a poussées à leur dernier terme.

1958. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

IV En poétique comme en tant d’autres sciences, Aristote a le privilège inouï d’avoir été le plus ancien en date et d’être resté supérieur à tout ce qui l’a suivi. […] Les autres, ou lui échappent, ou du moins restent obscures pour lui. […] Mais les ouvrages de Démocrite, dont le génie a tant de rapport avec celui d’Aristote, ne sont point parvenus jusqu’à nous ; et les rares fragments qui nous en restent ne permettent pas d’en porter un jugement bien précis. […] La philosophie a su démontrer là où d’autres nient ou affirment sans preuves ; elle a connu et satisfait le cœur de l’homme que d’autres ignorent et mutilent ; et ce n’est pas sa faute si ceux-ci restent dans leurs ténèbres, et ceux-là dans leur injuste dédain.

1959. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Ouvrez toute grande la porte de la croyance publique, il y aura toujours des gens qui se piqueront de rester dehors. […] La séparation d’Oxford et de Bolingbroke ne l’empêcha pas l’année suivante de rester fidèle à ses deux amis. […] est-elle restée, pour plaire à son adorateur, dans ces hautes régions romanesques, ou descend-il pour elle à agir avec une fin moins séraphique, ou pour tout concilier, associent-ils les livres et l’amour ? […] Il restait souvent longtemps sans aller la voir, et les lettres de Vanessa nous apprennent combien ses visites étaient souvent cruelles : « Je vous prie de me voir et de me parler avec douceur, car vous ne condamneriez personne à souffrir ce que j’endure ; puissiez-vous seulement le savoir.

1960. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

La même Dame à laquelle nous devons la traduction de trois Comédies de Plaute, nous a donné en françois les six Comédies qui nous restent de Térence. […] Elle restera probablement entre les mains du public. […] Ce qui doit rester de ces louanges excessives, c’est que “le traducteur, dit l’Abbé Goujet, prend en gros les idées de son auteur & les rend en des termes qu’on lit toujours avec plaisir, mais qui, comme il en convient lui-même, sont détachés & indépendans des phrases & des façons de parler d’Horaces” La traduction du P. […] Sa traduction restera entre les mains du public, & n’en laissera pas désirer d’autre.

1961. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Hors de là, les hommes restent ce qu’ils sont, conscients les uns comme les autres. […] C’est dire que S′ peut être censé en repos ou en mouvement, peu importe : la simultanéité réelle y restera simultanéité ; et la succession, succession. […] Si un observateur placé dans le train en M′ n’était pas entraîné avec cette vitesse, il resterait constamment en M, et les rayons lumineux issus des points A et B l’atteindraient simultanément, c’est-à-dire que ces rayons se croiseraient juste sur lui. […] Les relations resteront donc les mêmes si nous faisons de S′ un double de S, déroulant la même histoire que S et ayant commencé par coïncider avec lui.

1962. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Il ne manque rien à mon repos, j’oserai dire à ma considération ; mais il faudrait un peu plus de pâture à mon esprit. » Bernis regrette surtout les samedis, c’était le jour de la semaine qu’il passait avec Pâris-Duverney : « Si mes samedis m’avaient été conservés, je n’aurais qu’à m’applaudir d’avoir pris un parti qui deviendra tous les jours plus avantageux pour moi, mais qui ne sera jamais bon à rien pour le roi, tant que je resterai où il n’y a rien du tout à faire. » Cette inaction, qui se fait sentir à lui dès les premiers jours, va lui devenir de plus en plus pesante, et c’est ainsi que l’ennui finira peu à peu par lui inoculer l’ambition. […] Et puis l’ambition lui est venue : du moment qu’il n’est plus un simple particulier, jouissant à son gré des douceurs et des agréments de la société, il n’y a plus qu’à être un homme public occupé et utile ; il résume en termes parfaits cette alternative : « Être libre et maître de son loisir, ou remplir son temps par des travaux dont l’État puisse recueillir les fruits, voilà les deux positions qu’un honnête homme doit désirer ; le milieu de cela ressemble à l’anéantissement. » De Versailles, certains ministres, qui craignaient son retour, lui tendaient des pièges ; on employait toutes sortes de manèges dont le détail nous échappe, pour l’immobiliser là-bas dans ses lagunes : « Je vois clairement, disait-il, que, par ces artifices, on trouvera le secret de me faire rester les bras croisés dans mon cul-de-sac. » Duverney le conseillait et le calmait dans ces accès d’impatience, qui sont toujours tempérés de philosophie chez Bernis, et qui ne vont jamais jusqu’à l’irritation : Tout ici-bas dépend des circonstances, lui écrivait Duverney, et ces circonstances ont des révolutions si fréquentes, que ce que l’on peut faire de plus sage est de se préparer à les saisir au moment qu’elles tournent à notre point.

1963. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Avec cela, il continua d’y mêler sa chimère, laquelle consistait à rester dans le Conseil après avoir résigné son portefeuille à M. de Choiseul, à chercher à compléter le nouveau ministre et à se laisser compléter par lui : « Il peut se concerter avec moi, j’ai des choses qu’il n’a pas, il en a qui me manquent : tout cela ensemble ne peut produire qu’un bon effet. » Louis XV mécontent ne répondit pas sur cet article : il consentit à la démission de Bernis en faveur de M. de Choiseul par une lettre datée de Versailles (9 octobre 1758), qui commence ainsi : « Je suis fâché, monsieur l’abbé-comte, que les affaires dont je vous charge affectent votre santé au point de ne pouvoir plus soutenir le poids du travail… » Il y marquait nettement son système personnel en ces mots : « Je consens à regret que vous remettiez les Affaires étrangères entre les mains du duc de Choiseul, que je pense être le seul en ce moment qui y soit propre, ne voulant absolument pas changer le système que j’ai adopté, ni même qu’on m’en parle. » Choiseul n’avait plus qu’à arriver de Vienne. Cependant le roi et Mme de Pompadour restaient mécontents de Bernis ; il recevait précisément dans le moment même le chapeau de cardinal ; il avait été comblé de faveurs et de grâces depuis deux ans ; nommé successivement abbé de Saint-Médard, abbé de Trois-Fontaines7, commandeur du Saint-Esprit, on pouvait s’étonner qu’il se lassât de servir justement à l’heure où il lui était difficile de rien obtenir de plus pour sa fortune.

1964. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Celui-ci, après être resté quelque temps dans la simple infanterie, passe dans la compagnie colonelle de M. de Lavardin et y sert en qualité d’enseigne ; mais bientôt il cède cette enseigne à un de ses cousins, et, ayant fait des épargnes de son revenu durant deux ou trois ans (car il est bon ménager de bonne heure), s’étant retranché durant ce temps à vivre de ses soldes, de ses profits et butins faits à la guerre, il s’arrange si bien qu’il peut figurer désormais comme gentilhomme, ayant ses gens et son équipage à lui, à la suite du roi de Navarre. […] Rosny s’attache dans un temps et pendant une trêve à Monsieur, duc d’Alençon ou d’Anjou, et l’accompagne en Flandre où lui-même il retrouve des alliances, des branches parentes de la famille de Béthune restées catholiques : il semble alors que si ce prince, duc d’Alençon, avait valu un peu mieux, il aurait pu s’affectionner Rosny et le débaucher peut-être du roi de Navarre.

1965. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru ne restait pas lié aux souvenirs les plus honorables de la littérature de son temps comme il l’est aux plus grands événements de notre histoire. […] On ne s’expliquait pas cette obstination du poète Delille à rester éloigné de sa patrie quand elle redevenait paisible, glorieuse, et lorsqu’il ne l’avait point quittée autrefois pendant le règne même de la Terreur.

1966. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Il y a eu deux sortes d’écrivains qui n’ont point passé par Boileau, les uns ayant un reste de précieux, même dans leur élégance, comme Fléchier, Pellisson ; les autres restés un peu gothiques. […] Il nous restait une fille très aimable, qui était toute notre consolation, qui avait parfaitement répondu à nos soins et rempli nos vœux, qui était ornée de toutes les vertus, et qui, par la vivacité, l’étendue et la solidité de son esprit, et par les talents les plus agréables, rendait délicieux tous les moments de notre vie ; la mort vient de nous la ravir.

1967. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Je ne reviendrais pas sur ce volume qui a paru il y a plus d’un an, qui a été accueilli assez favorablement par la critique, qui a appris à ceux qui l’ignoraient que La Beaumelle (ce La Beaumelle tant honni de Voltaire et resté en si mauvais renom comme éditeur) avait de l’esprit, de la plume et du tour ; mais dans lequel ce qu’on avait surtout remarqué c’étaient les quatre-vingt sept lettres du grand Frédéric à Maupertuis ; — je n’y reviendrais pas aujourd’hui, un peu tard, s’il n’y avait quelque chose de nouveau et d’essentiel à en dire, et si une obligeance amicale ne m’avait mis à même d’en porter un jugement bien fondé. […] ) — « Maupertuis me marque que Voltaire doit rester en Prusse, et que c’est une grande acquisition pour un roi qui a autant de talent et de goût.

1968. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

L’Académie se trouva ce jour-là le seul sanctuaire resté tout à la dévotion de Louis XIV. […] Déjà Voiture était comme cela : homme du monde et de Cour, délicat à l’excès et dégoûté, un peu dédaigneux des gens de lettres, il craignait apparemment de s’ennuyer parmi eux ou de retomber en bourgeoisie, et il restait dans ses belles et fines sociétés.

1969. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Le Jansénisme, apaisé en apparence depuis la Paix de l’Église (1669), s’aigrissait sous cette surface dormante et restait une des graves difficultés intérieures du règne. […] Il appréhendait que « ces discours qui avaient charmé dans sa bouche n’eussent pas le même succès quand ils seraient sur le papier. » Legendre, qui avait eu l’idée de les rédiger, est forcé de convenir que le prélat avait raison : « J’ai de lui des sermons qui avaient charmé quand il les avait prononcés et qui réellement ne m’ont paru, en les lisant, que des pièces assez ordinaires. » Les fameuses Conférences restèrent donc à l’état de pure renommée et de souvenir ; si glorieuses qu’elles fussent pour le prélat, elles avaient cessé du jour où il avait pensé que l’effet était produit et son nom remis suffisamment en honneur.

1970. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Les bons Sismondi, s’il en restait encore, lui eussent donné volontiers l’accolade sur les deux joues. […] » Quel scandale pour le monde du haut, resté si formaliste, même en temps de révolution !

1971. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Depuis lors, M. de Laferrière est passé à l’histoire pure, en allant prendre copie en Russie des nombreuses lettres de Catherine de Médicis que possède la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg ; mais il est resté fidèle à la variété de ses goûts et à sa littérature première en y ajoutant, chemin faisant, quantité de menu butin recueilli ou glané sur d’autres branches plus agréables qui s’offraient à lui. […] Quoi qu’on en pense, il restera du moins évident pour tous qu’après cet effort et ce déploiement de vigueur et de zèle pendant les six premiers mois de l’année, Montaigne avait jeté son feu ; il avait donné son coup de collier, et il se crut quitte : il retomba aisément dans cette modération naturelle, éloignée de tout héroïsme.

1972. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Catinat resta six ans gouverneur de Casal (1680-1687). […] À la fin d’avril tout semblait terminé ; les troupes avaient ramassé plus de six mille prisonniers de tout âge et de toute condition qu’on poussait devant soi comme des troupeaux ; il ne restait plus que quelques malheureux échappés au carnage, des enfants perdus sur des hauteurs inaccessibles.

1973. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Bien des points de cette dernière partie de la vie de Catinat en ce qui concerne ses rapports exacts avec la Cour, avec Mme de Maintenon, avec le ministre Chamillart, restent à éclaircir ; car il ne conviendrait pas de prendre à la lettre les dires de Saint-Simon. […] Les deux lettres de lui qu’on a lues précédemment, adressées à son frère, ne restèrent pas secrètes ; des copies circulèrent ; elles furent imprimées.

1974. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

. — Enfin on refusa la succession dans la peur de vendre notre âme, et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois eu mois, jusqu’à causer un déchirement d’intérieur où j’ai puisé toutes les tristesses de mon caractère. […] En mars 1821, son mari et elle s’engagèrent pour le théâtre de Lyon : ils y restèrent deux ans, et c’est alors qu’elle quitta définitivement cette carrière.

1975. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On ne refusait pas les soldats qui s’offraient, mais les soldats, une fois engagés, restaient en général fidèles et servaient à leur rang. […] Voltaire avait son armée, et toute armée traîne ses goujats : ceux-ci étaient rejetés à l’arrière-garde du moins, toutes les premières lignes restaient imposantes, honorables.

1976. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

On alla y demeurer, et on y resta quatre années. […] Henriette accourut pour la sauver ; elle voulait changer d’habits avec elle et rester prisonnière en sa place : « Mais on te tuerait, ma bonne Henriette, » lui répétait sans cesse la noble victime, et elle ne consentit jamais.

1977. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Le jeune homme ne tarda pas à devenir prêtre, resta à Paris, et fut employé, pendant trois ans, à expliquer les mystères aux enfants du peuple, les jours de fête et les dimanches, dans la sacristie de l’église Saint-Sulpice. […] Il faut leur trouver autant de douceurs à rester dans le royaume, que de périls à en sortir. » XII À son retour du Poitou, Fénelon fut désigné au roi, par le duc de Beauvillers et par madame de Maintenon, pour précepteur du duc de Bourgogne, son petit-fils.

1978. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il fut de ceux qui tinrent à devoir de rester à Paris pendant la Ligue, et avec une inflexible droiture il sut en ces temps difficiles ne manquer à aucune de ses obligations, servir le roi, même protestant, et l’Église, même rebelle, maintenir les droits du Parlement, travailler au salut du royaume et à la conservation de Paris. […] Le technique tend donc à être rejeté hors de la littérature, qui aura pour objets principaux la peinture des mœurs et la règle des mœurs ; l’une appartiendra surtout à la poésie, et, par l’autre, la philosophie et la théologie resteront des genres littéraires.

1979. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

L’idée première des recherches qui occupèrent une bonne partie de sa vie vint de là, et la forme définitive de son esprit en resta déterminée : Montesquieu sera toujours un juriste ; toutes ses idées historiques, ses vues politiques, ses conceptions philosophiques revêtiront des formes juridiques. […] Il vint à Paris à 33 ans, après le succès de ses Lettres persanes, fut reçu à l’Académie en 1728, voyagea ensuite en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Suisse, en Hollande, en Angleterre, où il resta près de deux ans (1729-1731).

1980. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Nous pouvons dire déjà que toute œuvre qui a réussi à atteindre un haut degré dans l’un ou l’autre de ces cinq ordres de beauté mérite par cela seul de ne pas rester confondue dans la foule. […] La part faite à la science dans la détermination des signes qui dénotent la supériorité d’une œuvre n’empêche pas celle de l’art de rester encore très grande.

1981. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

A priori, il était très improbable, sinon impossible, que des masses nébulaires restassent encore non condensées, quand d’autres sont condensées depuis des millions d’années. […] Mais en l’absence de généralisations physiologiques vraiment compréhensives, ces comparaisons restaient nécessairement vagues.

1982. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Mais alors même il n’hérita point du pouvoir, et il resta en dehors des combinaisons nouvelles. […] Son esprit se jouait en cent façons sur ce triste thème ; parlant de lui et de l’un de ses amis, lord Tyrawley, également vieux et infirme : « Tyrawley et moi, disait-il, voilà deux ans que nous sommes morts, mais nous n’avons pas voulu qu’on le sût. » Voltaire qui, avec la prétention d’être toujours mourant, était resté bien plus jeune, lui écrivait, le 24 octobre 1771, cette jolie lettre, signée Le vieux Malade de Ferney : … Jouissez d’une vieillesse honorable et heureuse, après avoir passé par les épreuves de la vie.

1983. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Mme Geoffrin avait remarqué que plusieurs femmes dans un dîner distraient les convives, dispersent et éparpillent la conversation : elle aimait l’unité et à rester centre. […] Toutes choses resteront dans l’état où je les ai trouvées, et vous retrouverez aussi mon cœur tel que vous le connaissez, très sensible à l’amitié.

1984. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

On entrevoit en quoi Diderot tenait d’elle, et en quoi il en différait : elle était la branche restée rude et sauvageonne, lui le rameau greffé, cultivé, adouci, épanoui. […] Il m’en fit bien vingt-cinq hier, depuis neuf heures qu’il resta dans ma chambre jusqu’à une heure.

1985. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Les Brotier, les Clavier, les Courier, donneront des éditions d’Amyot où les fautes auront disparu et où le langage excellent restera : et pour nous postérité, quand il s’agit d’Amyot, voilà notre héritage. […] C’est ce qui faisait dire à Montaigne que le véritable auteur qu’il proposait comme un travail naturel à la vieillesse du bon Amyot, c’était Xénophon, parce que le style du bonhomme, dit-il, « est plus chez soi quand il n’est pas pressé et qu’il roule à son aise. » Il resterait à voir si de nos jours, à force de se piquer de mieux entendre le vrai Plutarque, on ne s’est pas exagéré quelques défauts de ce grand et incomparable biographe.

1986. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Ayant reconnu « que cette liberté, cette douceur, et pour ainsi dire cette facilité de la monarchie, avait passé les justes bornes durant sa minorité et dans les troubles de l’État, et qu’elle était devenue licence, confusion, désordre », il crut devoir retrancher de cet excès en s’attachant toutefois à conserver à la monarchie son caractère humain et affectueux, à maintenir auprès de lui les personnes de qualité dans une familiarité honnête, et à rester en communication avec les peuples par des plaisirs et des spectacles conformes à leur génie. […] Ce discours nous livre à nu Louis XIV jeune, dans son premier appareil d’ambition : « Il me semble, dit-il, qu’on m’ôte de ma gloire quand on en peut avoir sans moi. » Ce mot de gloire revient à chaque instant dans sa bouche, et il finit lui-même par s’en apercevoir : « Mais il me siérait mal de parler plus longtemps de ma gloire devant ceux qui en sont témoins. » Dans cette exaltation et ce commencement d’apothéose où on le surprend, on le trouve pourtant meilleur et valant mieux que plus tard : il a quelques mots de sympathie pour les amis, pour les serviteurs qui s’exposent et se dévouent sous ses yeux : « Il n’y a point de roi, dit-il, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » C’est pourquoi il s’est décidé à sortir de la tranchée et à rester exposé au feu à découvert : dans une occasion surtout, dit-il, « où toutes les apparences sont que l’on verra quelque belle action, et où ma présence fait tout, j’ai cru que je devais faire voir en plein jour quelque chose de plus qu’une vaillance enterrée ».

1987. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

À la bataille de Seneffe, étant à côté du prince de Condé, il reçoit une balle dans sa culotte, et il croit prudent de se mettre à couvert dans une grange, d’où sortent à l’instant deux braves jeunes officiers qui s’y étaient mis, et qui n’y veulent plus rester dès qu’on les y voit. […] Saint-Simon parle d’un mariage secret qu’aurait contracté Gourville avec une des trois sœurs de M. de La Rochefoucauld : ce sont là choses restées très secrètes et non éclaircies.

1988. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Si le style, à première vue, y est plus pompeux et fleuri que celui que Mézeray emploie d’ordinaire, et qui sent parfois le frondeur et le républicain, il n’y a pas de quoi s’en étonner, disait-on, puisque l’auteur, cette fois, s’était travesti en courtisan et voulait rester fidèle à l’esprit de son rôle. […] La reine régente Marie de Médicis, paresseuse, opiniâtre et sans vue précise, était restée entourée des principaux conseillers de Henri IV, Villeroi, Jeannin, le chancelier de Sillery, mais auxquels manquait désormais l’impulsion du maître.

1989. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker, à ce moment, ne trouve aucune image au-dessus de sa situation personnelle ; au milieu de tous ces reproches d’ingratitude qu’il exhale, il lui semble encore qu’il use de clémence : « Comme le Prophète, après être venu sur la montagne pour maudire, je ne voulais y rester que pour bénir. » Un si grand tumulte de cœur, dans une situation qui était véritablement amère et cruelle, dépasse pourtant ce qu’on a droit d’attendre d’un homme d’État ferme, et qui a mesuré d’avance les chemins par où il faut passer : c’est qu’aussi M.  […] Il avait toujours été désintéressé en pareille matière ; il avait refusé durant ses divers ministères les appointements de ministre des Finances et tous les avantages qui étaient attachés à cette place ; il ne craignait pas de le rappeler avec un faste qui compensait, certes, le désintéressement : « Ainsi, s’écriait-il, l’Assemblée nationale peut à son aise me montrer de l’indifférence, je n’en resterai pas moins créancier de l’État de plusieurs manières, et jamais je n’ai tant joui de cet avantage, jamais je n’y ai tenu plus superbement. » Ces cris d’orgueil sont fréquents chez M. 

1990. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Toutefois, ce point de vue n’est pas encore suffisant : nous restons trop dans la pure passivité des sensations ; il faut rétablir l’élément de réaction, d’appétition, d’effort, de puissance et, abstraitement, de possibilité. […] Par abstraction, j’élimine toutes les différences qui peuvent encore rester en moi entre la puissance et l’acte, et je conçois alors le suprême degré d’activité, d’intelligence, de béatitude.

1991. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

En tous ses livres, sauf l’Assommoir, les personnages restent les mêmes du commencement à la fin, sans que leur vie, dont l’instabilité normale est scientifiquement admise8, varie d’un linéament. […] Zola sur presque toute ses assertions par les autorités qu’il invoque et de lui montrer une bonne fois qu’il n’est plus permis aujourd’hui de lancer au hasard les affirmations que lui dicte son tempérament, qu’il y a des raisons aux choses et qu’en plusieurs points l’esthétique de ses adversaires, malheureusement médiocres et ineptes, des Feuillet, des Sand, est plus rationnelle que la sienne, qu’enfin Balzac, Tolstoï et même Flaubert, ont montré une bonne fois comment on peut embrasser la nature entière sans en omettre le couronnement et rester réalistes tout en analysant le génie et la noblesse morale.

1992. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

Même l’espèce humaine, dont la reproduction est si lente, peut doubler en nombre dans l’espace de vingt-cinq ans ; et, d’après cette progression, il suffirait de quelques mille ans pour qu’il ne restât plus la moindre place pour sa multiplication ultérieure. […] C’est rester au-dessous du vrai que d’assurer qu’il se reproduit dès l’âge de trente ans, et continue jusqu’à quatre-vingt-dix ans, après avoir donné trois couples de petits dans cet intervalle.

1993. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Au lieu de rester ce qu’il était, un délicieux poète, d’une puissante suavité, un filleul des fées, une voix mystérieuse planant sur le monde comme la voix de la symphonie pastorale de Beethoven, il n’a plus été que l’écho d’inspirations grotesquement hideuses, un carbonaro germanique à tu et à toi avec les carbonari de tous les pays, un jacobin de littérature, par désespoir de n’être pas un jacobin politique, un vulgaire étudiant à béret rouge, en attendant que le béret fût un bonnet de même couleur ! […] En vérité, on ne le répétera jamais assez : qu’était donc Heine à l’origine pour avoir résisté vingt-cinq ans à la philosophie hégélienne, pour être resté si longtemps dans les bras de cette Goule du Néant et n’y avoir pas été dévoré jusqu’à la dernière fibre, — la fibre harmonieuse de ce cœur de poète qui sait chanter sous la morsure de tous les vautours de la vie ?

1994. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Ainsi, notons bien ceci : en premier lieu, voici un auteur, — un chrétien, sans doute, — qui considère comme certain que le Sage y regarde de bien près avant de se permettre de rire, comme s’il devait lui en rester je ne sais quel malaise et quelle inquiétude, et, en second lieu, le comique disparaît au point de vue de la science et de la puissance absolues. […] Et, en vérité, je vous le dis, qu’elle ait compris ou qu’elle n’ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble à la peur.

1995. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

J’ai lu quelque part l’histoire d’un sous-lieutenant que les hasards de la bataille, la disparition de ses chefs tués ou blessés, avaient appelé à l’honneur de commander le régiment : toute sa vie il y pensa, toute sa vie il en parla, et du souvenir de ces quelques heures son existence entière restait imprégnée. […] C’est pourquoi une science qui se fût appliquée tout de suite aux choses de l’esprit serait restée incertaine et vague, si loin qu’elle se fût avancée : elle n’aurait peut-être jamais distingué entre ce qui est simplement plausible et ce qui doit être accepté définitivement.

1996. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Cette pièce, d’un comique aimable, se compose de tableaux vrais empruntés à la société de nos jours ; deux familles y sont en présence : l’une toute mondaine, dans laquelle la discorde et le désordre se sont glissés, ne sert qu’à faire ressortir les mœurs unies et simples d’une autre famille toute laborieuse et restée patriarcale : deux jeunes cœurs purs, épris d’une passion mutuelle, sont le lien de l’une à l’autre.

1997. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Dites-lui donc, cher Olivier, ce mot d’un lecteur un peu libertin d’Apulée : nous restons tous plus ou moins des ânes jusqu’à ce que nous ayons mangé des roses.

1998. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Les rapports de ressemblance et de différence de ces deux Recueils connexes et solidaires, qu’on s’est appliqué à disjoindre dans la défense, sont restés, pour moi comme pour le public, un problème obscur et non résolu ; il y a un coin de mystère.

1999. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Mais ces défauts relèvent d’un autre plus général : M. de Vigny est resté au point de vue actuel, et n’a écrit qu’avec des souvenirs.

2000. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

A cela, pourtant, le blâme, ne saurait trouver à reprendre : au milieu de tant de périls qui tonnent sur la Révolution, la couleur du livre, sans cesser d’être nationale, est devenue militaire, et comme telle est restée pure, aussi pure que les couleurs de notre drapeau.

2001. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Jetée, jeune et pauvre, dans le monde, avec sa beauté et son titre de demoiselle, exposée dès l’enfance aux persécutions des dévots, qui la convertirent à grand’peine, et plus tard chez Scarron, aux galanteries des grands seigneurs qui ne la séduisirent pas, madame de Maintenon se distingua de bonne heure, et dans tous les états, par cette prudence accomplie, cet esprit de conduite, qu’alors on regardait comme la première vertu de son sexe, et qui de nos jours est resté tant à cœur à la haute société monarchique, sous le nom presque sacré de convenance.

2002. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Au 14 juillet, l’orage populaire commençait ; toutes les haines amassées par l’ancien régime et descendues jusque des hauteurs du moyen âge débordaient à la fois, prêtes à entraîner dans leur cours, bastilles, palais, églises et châteaux : avant que ces haines, nourries durant des siècles, fussent taries, que ces passions implacables fussent étanchées, il fallait des monceaux de ruines, des torrents de sang ; il fallait de longs intervalles d’oubli, des révulsions puissantes ; il fallait surtout que rien ne restât debout du passé pour irriter les souvenirs.

2003. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Quand les parents aiment assez profondément leurs enfants pour vivre en eux, pour faire de leur avenir leur unique espérance, pour regarder leur propre vie comme finie, et prendre pour les intérêts de leurs enfants des affections personnelles, ce que je vais dire n’existe point ; mais lorsque les parents restent dans eux-mêmes, les enfants sont à leurs yeux des successeurs, presque des rivaux, des sujets devenus indépendants, des amis, dont on ne compte que ce qu’ils ne font pas, des obligés à qui on néglige de plaire, en se fiant sur leur reconnaissance, des associés d’eux à soi, plutôt que de soi à eux ; c’est une sorte d’union dans laquelle les parents, donnant une latitude infinie à l’idée de leurs droits, veulent que vous leur teniez compte de ce vague de puissance, dont ils n’usent pas après se l’être supposé ; enfin, la plupart ont le tort habituel de se fonder toujours sur le seul obstacle qui puisse exister à l’excès de tendresse qu’on aurait pour eux, leur autorité ; et de ne pas sentir, au contraire, que dans cette relation, comme dans toutes celles où il existe d’un côté une supériorité quelconque, c’est pour celui à qui l’avantage appartient, que la dépendance du sentiment est la plus nécessaire et la plus aimable.

2004. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

L’imagination qui est restée la même, quoiqu’on ait éloigné d’elle ce qui semblait l’enflammer, pousse à l’extrême toutes les chances de l’inquiétude ; dans son isolement elle s’entoure de chimères ; l’imagination dans le silence et la retraite, n’étant frappée par rien de réel, donne une même importance à tout ce qu’elle invente.

2005. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et rester n’est pas livrée à son arbitraire, mais déterminée par son caractère et son passé.

2006. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Celles qui resteront se seront imposées à vous, non comme figures, mais comme propres expressions de votre pensée et de votre sentiment : elles auront ce caractère de nécessité, qui seul les justifie.

2007. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Le provençal resta le parler du peuple : mais la littérature provençale périt, pour ne ressusciter qu’après plusieurs siècles, et sans jamais reprendre son ancienne vigueur.

2008. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Ses deux premiers volumes paraissent en 1749 : préparer les volumes suivants, sera l’unique affaire des trente-neuf années qui lui restent à vivre.

2009. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

A une époque où le génie français s’épanchait avec une magnifique intempérance, au temps de la poésie romantique, au temps des romans débordés, Mérimée, comme Stendhal (mais avec plus de souci de l’art), restait sobre et mesuré, gardait tout le meilleur de la forme classique  en y enfermant tout le plus neuf de l’âme et de la philosophie de notre siècle.

2010. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Je ne pense pas que personne, dans aucun temps, ait pris plus sérieusement la vie que ce petit Breton de vingt-cinq ans dont l’enfance avait été si pure, l’adolescence si grave et si studieuse, et qui, au sortir du plus tragique drame de conscience, seul dans sa petite chambre de savant pauvre, continuait à s’interroger sur le sens de l’univers, — et cela, dans un tel détachement des vanités humaines, que ces pensées devaient rester quarante ans inédites par la volonté de leur auteur.

2011. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Mais comme les Palais nomades restent une des plus imposantes parmi les productions souvent inégales de cette dernière génération poétique, l’oubli cessera, je pense, dès que l’injustice de nous-mêmes saura faire place à une moins craintive réserve.

2012. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Aucune formule ne lui est restée étrangère.

2013. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Un fauteuil restait libre, pourtant.

2014. (1890) L’avenir de la science « XIV »

Il faudrait qu’en embrassant la carrière scientifique on fût assuré de rester pauvre toute sa vie, mais aussi d’y trouver le strict nécessaire ; il n’y aurait alors que les belles âmes, poussées par un instinct puissant et irrésistible, qui s’y consacreraient, et la tourbe des intrigants porterait ailleurs ses prétentions.

2015. (1890) L’avenir de la science « XX »

Chez nous, on accorde à l’art quelques subventions péniblement marchandées, non par le besoin qu’on éprouve de voir la pensée nationale traduite en grandes œuvres, non par l’impulsion intime qui porte l’homme à réaliser la beauté, mais par une vue réfléchie et critique, parce qu’on reconnaît, on ne sait trop pourquoi, que l’art doit avoir sa place et qu’on ne veut pas rester en arrière du passé.

2016. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Mais, en un sens plus général, Jean resta dans la légende chrétienne ce qu’il fut en réalité, l’austère préparateur, le triste prédicateur de pénitence avant les joies de l’arrivée de l’époux, le prophète qui annonce le royaume de Dieu et meurt avant de le voir.

2017. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 372-383

Il est remarquable que, malgré ses liaisons avec feu M. de Voltaire & d’autres Ecrivains licencieux, M. le Comte de Tressan soit non seulement toujours resté fidele aux vrais principes, mais qu’il les ait défendus contre les attaques de ces mêmes Ecrivains.

2018. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Clopinel donna différentes preuves de ses talens : mais il n’est resté de lui que la continuation du roman de la Rose.

2019. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Au bas du portrait, on lit ces vers* : En voyant l’heure de midi, Dévoré d’une faim cruelle, Pourroit-il rester engourdi Sur sa méchante haridelle ?

2020. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Malheureusement pour le génie français, la victoire est trop souvent restée au Genevois.

2021. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Pour arriver à la jouissance de cette beauté suprême, les chrétiens prennent une autre route que les philosophes d’Athènes : ils restent dans ce monde afin de multiplier les sacrifices, et de se rendre plus dignes, par une longue purification, de l’objet de leurs désirs.

2022. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Dans la Bible il est presque toujours inattendu ; il fond sur vous comme l’éclair ; vous restez fumant et sillonné par la foudre, avant de savoir comment elle vous a frappé.

2023. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Je lui garantis l’entreprise de toutes les chapelles de Ste Reine et autres lieux tant en France qu’ailleurs, où les paysans malheureux aiment mieux mendier dans les grandes villes que de rester dans leurs villages à cultiver des terres où ils déposeraient leur sueur et qui ne rendraient pas un épi pour les nourrir ; à moins qu’il n’aime mieux exercer les deux métiers à la fois, faire la curiosité et la montrer.

2024. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 1, du génie en general » pp. 1-13

Les uns et les autres restent toute leur vie de vils ouvriers, et des manoeuvres, dont il faut païer les journées, mais qui ne méritent pas la consideration et les récompenses que les nations polies doivent aux artisans illustres.

2025. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Les avanies qu’elle subit ne l’empêchent pas de rester infatuée d’elle-même au plus haut point.

2026. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

II Ce livre sur Jeanne d’Arc30 n’est pas une de ces nouveautés que l’année qui commence emporte avec elle ; c’est un livre qui doit rester, et auquel le talent et la science de son auteur donnent la solidité d’un monument.

2027. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Le jeune parçon resta jusqu’à sa onzième année dans la maison paternelle ; son père lui enseignait les premiers éléments du latin, et un oncle lui apprenait l’anglais.

2028. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Honneur au grand, au bon et habile Henri IV d’avoir su contenir pendant quelques années ces éléments contraires, restés ennemis et insociables, et qui ne demandaient qu’à s’entre-choquer de nouveau ! […] Je ne puis te rendre combien je suis eu colère de ce décret, il faudrait bien mieux se soumettre et attendre avec résignation la punition que le Ciel nous réserve, car il ne permettra pas que cette faute reste sans vengeance… » Cette noble et vertueuse personne parlait comme une croyante, au nom de sa vérité religieuse ; elle en était restée au point de vue le plus opposé à celui où doit se placer l’État moderne et le souverain de cet État. […] Du reste, de tels procédés ne nous étonnent pas de la part de gens dont le mot d’ordre est : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. » Et le professeur est alors entré dans ce qui fait l’objet de son enseignement.

2029. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Il définit aussi le gouvernement démocratique : « La démocratie arrive quand les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, chassent les autres et partagent également avec ceux qui restent l’administration des affaires et les charges publiques, lesquelles, dans ce gouvernement, sont données par le sort pour la plupart. […] Il ne resterait plus à un pareil législateur qu’à interdire le mariage et qu’à honorer le célibat philosophique pour consommer autant qu’il serait en lui le suicide de l’espèce humaine ! […] Rousseau, constitutionnelle sous ses Mirabeau, démagogique sous ses Danton, républicaine et sanguinaire sous sa Convention, conquérante et despotique sous son Napoléon, insatiable de liberté sous sa dynastie légitime, agitée et indomptable sous sa dynastie élective de 1830, sublime, mais épouvantée d’elle-même, sous sa seconde république, rejetée par terreur de l’utopie sous l’épée d’un second empire ; prête à tout ce qui peut la grandir, la sauver, l’illustrer ou la perdre ; ni républicaine, ni constitutionnelle, ni monarchique, ni théocratique, mais changeante, révolutionnaire et contre-révolutionnaire selon les temps ; nation de volte-face pour faire face, sous toutes les formes, à tous les événements, pour rester grande !

2030. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Vie du Tasse (2e partie) I Mais une autre faveur plus tendre et plus durable que celle des rois, des papes et des cardinaux, veillait de loin sur lui malgré sa disgrâce ; c’était celle des deux charmantes princesses de Ferrare, Lucrézia, duchesse d’Urbin, et Léonora, toujours restée à la cour de son frère. […] Comme tous les malheureux et comme tous les malades, il espérait changer de fortune et de santé en changeant de lieux ; il ne pouvait croire qu’il ne retrouverait pas le bonheur de ses premières années et le repos de cœur et d’esprit dans le site où il les avait laissés en quittant Sorrente ; il y revoyait son père, sa mère, sa sœur ; il savait que ce père, exilé par ses ennemis, reposait, dans une tombe d’emprunt, sur la rive fangeuse du Pô ; il savait que Porcia, sa mère, ensevelie dans ses larmes, dormait sous les froides dalles du couvent de San-Sisto ; mais il lui restait une sœur chérie, mariée à un pauvre gentilhomme de Sorrente, et qui habitait avec ses enfants la maison et le jardin où il avait lui-même reçu le jour. […] Ce que je viens de dire suffit s’il se détermine à revenir ; s’il préfère rester à Rome ou ailleurs, nous donnerons ordre pour que les choses qui lui appartiennent et qui sont entre les mains de Coccapani (ami du Tasse, écuyer du prince) lui soient adressées, et il peut écrire sur cela à Coccapani. » Y a-t-il une meilleure preuve qu’une telle lettre, que le duc Alphonse ne tendait point de piège au Tasse pour l’attirer dans ses États, et pour l’y plonger dans les cachots ?

2031. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Dans tous les pays qui restèrent en communion avec Rome, en France comme ailleurs, il se produisit un réveil puissant de la foi, mais un réveil aussi de l’ardeur morale du christianisme, et le catholicisme restauré ne lutta pas moins contre le libertinage naturaliste de la Renaissance que contre les doctrines hétérodoxes des sectes protestantes. […] Resté seul et libre, il se répandit davantage dans le monde. […] Que de choses resteraient à dire encore !

2032. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et enfin tout l’immense appareil de l’incarnation et de la rédemption n’a-t-il pas été dressé pour désentraver l’homme, pour l’empêcher de rester tombé dans l’esclavage et j’ai presque envie de dire dans l’habitude du péché originel. […] Il admet, il veut que marchant à l’envers, recurrens, regrediens, l’expérience remonte (partant des faits, des phénomènes, des observations, des expériences), qu’elle aille au devant de cette voie déductive qui était restée pour ainsi dire sur le tranchant du sort. […] Au reste, j’en suis maintenant là que je vois, ce me semble, assez bien de quel biais on se doit prendre à faire la plupart de celles qui peuvent servir à cet effet : mais je vois aussi qu’elles sont telles, et en si grand nombre, que ni mes mains ni mon revenu, bien que j’en eusse mille fois plus que je n’en ai, ne sauraient suffire pour toutes ; en sorte que, selon que j’aurai désormais la commodité d’en faire plus ou moins, j’avancerai aussi plus ou moins en la connaissance de la nature : ce que je me promettais de faire connaître par le traité que j’avais écrit, et d’y montrer si clairement l’utilité que le public en peut recevoir, que j’obligerais tous ceux qui désirent en général le bien des hommes, c’est-à-dire tous ceux qui sont en effet vertueux, et non point par faux semblant, ni seulement par opinion, tant à me communiquer celles qu’ils ont déjà faites, qu’à m’aider en la recherche de celles qui restent à faire.

2033. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

C’est lui qui a porté le drapeau et la langue de la France en des pays lointains, restés dès lors de petites Frances exotiques d’où nous arrivent à certains moments des œuvres originales d’une saveur pénétrante. […] Mets ton honneur à rester toi-même, à ne dire que ce que tu penses et à le bien dire. […] Et tantôt ont éclaté des grèves, ces étranges guerres en pleine paix, où les deux adversaires, au lieu de se saisir et de s’étreindre corps à corps, luttent à qui pourra rester le plus longtemps les bras croisés ; tantôt aux faubourgs des grandes capitales ont surgi des émeutes formidables, prélude sanglant de la guerre la plus implacable qui existe, la guerre de classes, la guerre entre pauvres et riches.

2034. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Le fruit qu’elle produit resterait imparfait, s’il n’était couvé par les brouillards chauds et humides. […] Il caresse le lion apaisé, qui boit à sa coupe, et dit au pilote, resté seul avec lui à bord du vaisseau : « Rassure-toi, pilote cher à mon cœur ; je suis le bruyant Dionysos qu’a enfanté Sémélé, s’étant unie d’amour à Zeus. » Magie riante, sorcellerie lumineuse ! […] Tout expurgé qu’il fût, ce culte morbide d’Adonis ne resta pas moins fatal à la Grèce ; il énerva et fondit les mœurs.

2035. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Au premier abord, en effet, le père Poirier semble appartenir au règne végétal de la bourgeoisie lucrative : il a gagné quatre millions à vendre du drap, et il est resté Poirier comme devant. […] Le vieux marquis demande à rester seul avec elle, et là, entre deux yeux, comme on dit, il lui ordonne de partir, de s’exiler, de quitter son nom. […] Mais de tels mystères sont faits pour rester dans l’ombre du livre.

2036. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Sans nous occuper même des ignominies fabriquées en terre batave et mises au compte de la France, il ne faut pas oublier que les livres français les plus audacieux et les romans les plus cyniques restent plutôt des articles d’exportation. […] Joris-Karl Huysmans vers l’art catholique nous a valu des œuvres fortes et singulières ne relevant presque plus de l’imagination, mais plutôt du genre des mémoires et de l’autobiographie, et qui resteront comme de ferventes études lyriques d’art religieux. […] Certains passages d’Un vainqueur resteront comme des modèles de discussion lucide et honnête sur ce passionnant sujet.

2037. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On en appelloit à la physique, pour démontrer que ces deux genres ne sçauroient exister ensemble ; que l’effet propre à chacun doit être arrêté, ou du moins affoibli par l’autre ; qu’on est mal disposé à rire quand on a pleuré, & à pleurer quand on a ri ; que notre ame n’étant affectée différemment que par dégrés, doit l’être beaucoup moins à mesure qu’elle passe continuellement des larmes à la joie, & de la joie aux larmes ; que le spectateur, dans l’impossibilité de se livrer longtemps à rien de touchant ou de risible, doit rester suspendu entre deux mouvemens alternatifs & opposés. […] Je parle des meilleures que nous ayons & de celles qui sont restées au théâtre. […] Le Brun resta maître du champ de bataille.

2038. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Admirablement préparé à une telle œuvre par un long commerce avec la science et par ses travaux personnels sur la métamorphose des plantes, sur l’anatomie comparée, sur l’optique, Goethe ne cessait pas de songer à ce poème, qui est resté à l’état de fragment, mais qu’Alexandre de Humboldt considérait comme devant être une des plus puissantes créations de cette pensée souveraine dans toutes les régions de l’esprit. […] S’il vous est arrivé de causer avec un grand astronome ou un grand chimiste, assurément vous n’aurez pu échapper à la fascination de l’enthousiasme grave dont ces intelligences sont remplies et qui n’est que la sympathie profonde pour les objets dont elles sont possédées, l’émotion des découvertes déjà faites, le tourment vague et délicieux de celles qui restent à faire. […] Pourquoi donc, malgré tant d’efforts et de mérites, le succès est-il resté douteux ?

2039. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Restez donc, et faites antichambre. […] Un jour ayant vu une phrase injurieuse dans les Mémoires de la Rochefoucauld, « il se jeta sur une plume, et mit à la marge : L’auteur en a menti. » Il alla chez le libraire, et fit de même aux autres exemplaires ; les MM. de la Rochefoucauld crièrent : il parla plus haut qu’eux, et ils burent l’affront. — Aussi roide envers la cour, il était resté fidèle pendant la Fronde, par orgueil, repoussant les récompenses, prédisant que le danger passé on lui refuserait tout, chassant les envoyés d’Espagne avec menace de les jeter dans ses fossés s’ils revenaient, dédaigneusement superbe contre le temps présent, habitant de souvenir sous Louis XIII, « le roi des nobles », que jusqu’à la fin il appelait le roi son maître. […] Il est resté pourtant ; sa femme fut dame d’honneur de la duchesse de Bourgogne ; il a eu maintes fois le bougeoir ; le roi l’a grondé parfois, majestueusement, « d’un vrai ton de père », mais ne l’a jamais foudroyé.

2040. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Comment les disciples et les continuateurs de la mauvaise littérature contemporaine, comment les imitateurs et les complices de ses folies ou de ses hontes eussent-ils pu rester calmes dans un procès où ils étaient indirectement impliqués ? […] Si l’ordre matériel avait été promptement rétabli, l’ordre moral restait assez profondément troublé. […] Le théâtre, qui par essence doit être la peinture et l’école des mœurs, et qui malgré sa décadence était resté généralement fidèle à son caractère, le théâtre vers la même époque subissait la même transformation. […] Celui-là est un homme d’une précieuse nature, à qui une pensée peut rester longtemps au cœur, y mûrir, s’y étendre et s’y accomplir comme elle a été résolue ; et celui-ci est une méprisable créature qui fait au hasard tout ce qu’il fait, sous l’inspiration qui ne lui laisse ni concevoir, ni méditer, ni diriger son action. […] Parce que je suis né pauvre et que je suis resté honnête, il faut que je renonce à ma part de félicité ici-bas ?

2041. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Plusieurs, à l’église, surtout au moment de l’élévation, n’ont pas voulu dire de prières et sont restés assis, « muets comme des bêtes. » Trois hommes, dont un charpentier, ont passé ensemble une nuit lisant un livre de l’Écriture. […] Désormais ils ont trouvé leur roi, ils vont le suivre ; nulle parole laïque ou ecclésiastique ne prévaudra contre sa parole ; ils lui ont soumis leur conduite, ils exposeront pour lui leurs corps et leurs vies, et s’il le faut, pour lui rester fidèles, un jour viendra où ils renverseront l’État. […] Sans doute la routine, ici comme pour l’ancien missel, fera insensiblement son triste office ; à force de répéter les mêmes mots, l’homme ne répétera souvent que des mots ; ses lèvres remueront et son cœur restera inerte. […] L’une d’elles, Dorcas Erbury, déclara, qu’elle était restée morte deux jours entiers dans sa prison d’Exeter, et que Naylor l’avait ressuscitée en lui imposant les mains. […] Ne peux-tu donc pas rester tranquille ? 

2042. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Avant et après les Cent jours, il est dans les gardes du corps  Puis c’est, au lac du Bourget, sa rencontre avec Mme Charles, celle qui sera Elvire et qui restera, en somme, son plus grand amour. […] Mais il est resté, je crois, le plus aisé et le plus large, le plus naïvement ému, le plus spontané. […] Il est (Racine mis à part) le premier et est resté, je crois, le seul de nos grands poètes qui ait profondément ressenti et exprimé cet amour-là. […] Et je sais bien tout ce qu’on peut dire là contre ; mettons que le cas de Lamartine est et restera probablement unique dans la poésie moderne. […] Mais, comme j’ai dit, les images de Lamartine restent d’ordinaire inachevées et transparentes ; elles fondent et se dissolvent à mesure qu’elles surgissent : et de là leur charme singulier.

2043. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Ordinairement, ces images restent à l’état latent et ne peuvent pas être démêlées par la conscience. — Procédé comparatif par lequel nous évaluons les grandes distances. — Nous ne comparons plus alors que des signes. […] J’appliquai un tourniquet sur le moignon, de manière à comprimer ce qui restait du nerf sciatique ; l’homme me dit aussitôt que sa jambe s’engourdissait et qu’il distinguait parfaitement bien les fourmillements dans ses orteils… Un autre a le bras amputé depuis treize ans, et les sensations dans les doigts n’ont jamais cessé chez lui ; il croit toujours sentir sa main dans une situation courbée ; des picotements apparents dans les doigts ont lieu surtout lorsque le moignon appuie sur un corps et que les troncs des nerfs du bras viennent à être comprimés. […] Les mots d’odeur, de froid, de chaud, restent ambigus et désignent, dans le langage commun, tantôt l’un, tantôt l’autre ; c’est la seconde localisation qui commence et qui avorte. […] Si mon regard a été rapide, elles ne sont pas expresses ; elles restent à l’état naissant ; je suis obligé de prolonger mon regard pour les évoquer précises et complètes, pour imaginer les sensations musculaires de mes trois pas, les sensations musculaires et tactiles de ma main promenée sur le bord de la table. […] Mais, au bout d’un instant, l’étalon seul persiste ; l’image ou le souvenir auxquels il équivaut s’atténue, s’efface ; nous remarquons simplement que tel écartement est plus grand que tel autre, que telle sensation musculaire de l’œil est plus forte et plus prolongée que telle autre ; nous ne percevons plus les quantités signifiées, mais seulement les quantités significatives. — Cela suffit ; car, grâce à l’association indiquée, les quantités signifiées restent à portée, et leur proximité vaut leur présence.

2044. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Orpheus et Narcisse, Pygmalion et Prométhée resteront cependant d’imperfectibles, d’inoubliables créations. […] C’est que, le poète, s’il veut donner naissance à des créatures vivantes et toutes palpitantes d’être, ne peut rester solitaire. […] Le naturalisme restera, dans l’histoire des littératures, une date sensationnelle et malgré que quelques auteurs, fréquemment piètres, acceptèrent cette doctrine, elle demeure pourtant formidable. […] Les Confessions, les Mémoires d’un Veuf, Mes Prisons restent de précieux documents sur les événements d’âme d’où naquirent tour à tour les Poèmes Saturniens, la Bonne Chanson, Sagesse. […] Chez Verlaine, qui méconnut toujours les sensations compliquées, les facultés de sentir restèrent incultes et vives, vierges de tout intempestif jardinage.

2045. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Jeudi 19 janvier Je ne sais comment, aujourd’hui, mes mains se sont portées sur une petite glace de toilette de ma mère, en ont fait glisser le couvercle, et la glace entrouverte, devant sa lumière comme usée, et d’un autre monde, j’ai pensé à la nouvelle délicatement fantastique, qu’on pourrait faire d’un être nerveux, qui dans de certaines dispositions d’âme, aurait l’illusion de retrouver dans une glace, au sortir de sa nuit, la vision, pendant une seconde, de l’image reflétée du visage aimé, restée fixée dans l’obscurité. […] La lumière me fait mal, et me force à passer des journées, couché dans une chambre à demi obscurée… Alors la pensée noire de ne pas pouvoir finir mon travail, pour l’impression, et devoir interrompre la publication de ce Journal, dont je ne puis confier le manuscrit à personne, — et au fond le hantement de l’idée fixe de devenir aveugle, ce que je crains depuis vingt ans, oui, de devenir aveugle, moi, dont tous les bonheurs qui me restent sur la terre, viennent uniquement de la vue. […] À l’appui de cette thèse, quelqu’un contait, qu’il avait connu une distinguée et charmante fille, qui embarquée dans une troupe de tableaux vivants, devant donner des représentations à la Nouvelle-Orléans, avait fait naufrage, et était restée dix-huit jours sur un radeau. […] Puis la conversation devient sérieuse, et l’on s’entretient de la force vitale du mal, des atomes crochus qui font que le poitrinaire recherche la poitrinaire, le fou, la folle, comme pour le réengendrer, en le doublant ce mal, — ce mal qui pourrait peut-être mourir, s’il restait isolé. […] Je suis resté jusqu’au bout, au fond de la loge, sans donner un signe de faiblesse, mais pensant tristement, que mon frère et moi nous n’étions pas nés sous une heureuse étoile, — étonné, et doucement remué, à la tombée de la toile, par la poignée de main d’un homme, qui m’avait été jusqu’alors hostile, par la brave et réconfortante poignée de main de Bauër.

2046. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Tolstoï, en France, fut resté inconnu et seule la députation ou le journalisme l’eussent pu nantir de prestige. […] L’Atlante qui raisonne avec le Cruel et fait sans cesse choir dans l’absurde le soi-disant pragmatisme de ce radical-socialiste-national représente une sagesse avertie, logicienne et rigoureuse dont il serait pourtant bon qu’elle ne restât point vouée à l’oubli facile des adolescents. […] Je préfère infiniment conter ton humeur et, montrer comment tu as toujours su rester un ange sur un théâtre où l’on est trop souvent obligé d’être complaisant à la force et à la farce. […] Il vient de faire paraître, en 1920, un nouveau volume intitulé Le jour de la justice, qui restera comme une des manifestations les plus grandioses de la littérature allemande. […] Son incompréhension du symbolisme est restée célèbre.

2047. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

S’il faut exclure l’étirement et la juxtaposition de « petits poèmes », il ne resterait plus, en admettant des origines épiques, qu’à supposer de véritables poèmes ; il y a à cela une nouvelle difficulté. […] Et tous les contemporains de Molière en sont restés là. […] Plus exactement : les uns ont blâmé Molière de ses dénouements bouffons ou providentiels, les autres l’ont loué d’avoir su rester dans la comédie, de n’avoir pas mêlé les « genres » ! […] De tout ce théâtre qui nous passionne, il ne restera que quelques œuvres de beauté durable ; sa valeur n’est bien souvent que relative ; elle est dans une intrigue habile et piquante, elle est dans les reparties spirituelles de style « rosse », elle est dans les idées qui passent, non dans les caractères qui demeurent. […] Pour l’heure, restons en France, devant ce spectacle merveilleux d’un peuple qui trois fois déjà est sorti des ténèbres de l’anarchie pour marcher à l’ordre, à la lumière.

2048. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ne fallait-il pas rester en chemin ? […] Il ne nous restait donc que la ressource d’être les échos de tous les rhéteurs qui se récrient confusément sur les beautés éloquentes de Lucain, quand il plaint le renversement de Rome ; et qui lui reprochent ton enflure, quand il admire le vainqueur et sa fortune. […] Ainsi l’art arrivé à un très haut degré de perfection dès son origine, resta longtemps stationnaire, et l’on n’eut plus qu’à suivre la marche de l’imitation pour composer de véritables épopées. […] Il n’en était pas une qui n’eût à redouter mille affronts de la part des asiatiques, si celle des rois endurait qu’un tel outrage restât impuni. […] Les cinq chants qui restent au développement du fait principal, ne suffisant plus à son étendue, toutes les circonstances s’y accumulent, s’y entassent, s’y amoindrissent, et la fable y est, pour ainsi dire, étranglée.

2049. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Les cheveux restent bruns, mais d’une nuance quasi décolorée. […] Je restai le dernier. […] Mais peut-être trouvera-t-on qu’ils sont moins absolument poètes que ne le resta jusqu’au dernier jour le vaincu de Saint-Point.‌ […] S’ils n’eussent pratiqué, de longues années durant, ces vertus, le premier de chevaleresque entreprise, le second d’invincible endurance, leurs romans fussent restés ce qu’ils voulaient que ces livres restassent, de simples récits d’aventures. […] Toujours est-il que ces espèces littéraires, comme les espèces vivantes, restent soumises à la loi de la concurrence.

2050. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je ne l’ai pas à l’état de petite vérole, je l’ai à l’état de vaccine : je n’en resterai pas gravé. […] Si un beau jour quelque empereur chrétien n’avait pas abattu de vive force le reste d’idoles et de petits temples qui restaient debout dans les campagnes, il y aurait encore, à l’heure qu’il est, d’honnêtes gens qui adoreraient Jupiter et Cérès : « Panaque silvanumque patrem ! […] Nous autres dits romantiques, ce brave André Chénier en tête, nous avons essayé de pratiquer cette grande manière d’art, selon nos forces, et nous sommes restés aux yeux du grand nombre bizarres. […] Conservateur alors à la Bibliothèque Mazarine, je m’étais promis seulement de donner ma démission, ce que j’ai mis à exécution quelques mois après, afin de ne point rester fonctionnaire sous un régime qui m’avait paru, dans une circonstance personnelle, assez peu aimable et ne présentant point de garantie. […] La plupart des rédacteurs, arrivant d’emblée au pouvoir ou s’en approchant, sentirent qu’ils pourraient difficilement rester journalistes, et l’idée malencontreuse d’arrêter court et de dissoudre le journal entra aussitôt dans leur esprit.

2051. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Il faut qu’un plébéien ait bien du courage pour se décider à rester toujours lui-même et à ne jamais endosser l’habit de cour. […] Il resta triste, comme un homme qui se croit dans la disgrâce de Dieu, et se trouva incapable d’une vie active. […] Il resta boiteux et devint liseur. […] Il faisait toujours comme les autres faisaient ; jamais il ne jouait le grand homme et ne se donnait des airs en compagnie. » Devenu plus âgé et plus grave, il n’en resta pas moins aimable, le plus aimable des hôtes, si bien qu’un de ses voisins, fermier, je crois, au sortir de chez lui, disait à sa femme : « Ailie, ma fille, je vais me coucher, et je voudrais dormir douze mois pleins, car il n’y a qu’une chose dans ce monde qui vaille la peine de vivre, c’est la chasse d’Abbotsford. » Joignez à ce genre d’esprit des yeux qui voient tout, une mémoire qui retient tout, une étude perpétuelle promenée dans toute l’Écosse, parmi toutes les conditions, et vous verrez naître son vrai talent, ce talent si agréable, si abondant, si facile, composé d’observation minutieuse et de moquerie douce, et qui rappelle à la fois Téniers et Addison. […] Un perruquier chez lui fait tourner le ciel et la terre autour de ses perruques ; si la Révolution française prend pied partout, c’est que les magistrats ont renoncé à cet ornement. « Prenez garde, Monkbarns, dit-il piteusement en retenant par la basque de l’habit une des trois pratiques qui lui restent, au nom de Dieu, prenez garde.

2052. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

La rubrique du Mercure de France dite des Poésies, est restée, entre autres, justement réputée pour toutes les cocasseries et les balivernes qui y furent imprimées tour à tour. […] Celui qui l’adopte ne manque jamais de rester dans les idées générales. […] Mais, au contraire, nous sommes restés presque insensibles. […] En vérité, nous restions indifférents devant son œuvre ; quant à son art, il nous semblait aux antipodes du nôtre, plus lointain même que ce Kamtschatka romantique, dont nous parla Sainte-Beuve à propos de Baudelaire. […] Pour moi, je suis resté, toute ma jeunesse, un fervent de Napoléon.

2053. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

C’est à quoi il ne manque pas ; Bernis a le mérite de rester lui-même dans cette correspondance ; il sait entendre la raillerie, et il sait aussi l’arrêter discrètement au moment où elle passerait le jeu. […] C’est sur ces dernières paroles qu’on aime à rester avec Bernis.

2054. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Elle en réserve la perfection et l’exquise délicatesse pour les femmes qui ont su rester fidèles aux vertus de leur sexe, et pour les hommes qui savent le leur pardonner, mais qui, près d’elles et avec les années, y retrouvent leur compte : « Quand elles n’ont point usé leur cœur par les passions, leur amitié est tendre et touchante ; car il faut convenir, à la gloire ou à la honte des femmes, qu’il n’y a qu’elles qui savent tirer d’un sentiment tout ce qu’elles en tirent. » J’insiste sur cette espèce et cette qualité d’amitié que Montaigne a oubliée et qu’il semble avoir regardée d’avance comme impossible ; elle est le produit d’une culture sociale très perfectionnée. […] L’image de La Boétie demeura jusqu’à la fin dans sa vie et s’y maintint debout comme la colonne isolée d’un temple, — d’un temple resté inachevé et qui n’a jamais été construit.

2055. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Duclos n’est jamais resté que ce qu’il avait paru d’abord, et il a plutôt diminué en continuant. […] Je ne croyais pas aujourd’hui que cette considération de Duclos historien dût me mener si loin : il me resterait à son sujet, en le suivant dans son rôle de meneur ou de censeur à demi républicain à l’Académie, dans ses relations avec Voltaire et avec le parti encyclopédique, à compléter un des principaux chapitres de l’histoire littéraire du xviiie  siècle ; mais, si je dois l’écrire, je demande à l’ajourner, n’oubliant pas que nous sommes dans l’Avent et ayant à parler de Bourdaloue.

2056. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Malgré cela on me laissa lire jusqu’au bout, et le professeur ne me répondit que par des assertions et des raisons collatérales, de manière que mes trois observations restent encore dans leur entier, et je puis dire qu’il s’y trouve des bases neuves que je n’aurais pas eues sans cette circonstance. […] [NdA] Il resterait pour moi un point à éclaircir.

2057. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Sorti du ministère, voyant son frère y rester et s’y ancrer plus que jamais, il a pu lui adresser cette parole qui résume admirablement quelques-unes de ses plus habituelles pensées : J’ai dit à mon frère (1748) : « Vous avez une belle charge, vous êtes chargé de faire valoir la seule vertu qui reste aux Français, qui est la valeur ; car l’esprit n’est pas une vertu : la franchise, la bonne foi, toutes les autres vertus se sont séparées de nous. » Et ce n’est pas la misanthropie qui a dicté cette parole. […] [NdA] J’ai dû, à cet endroit, changer et mettre deux ou trois mots dans le texte, mais seulement pour éclaircir la phrase, restée elliptique et inachevée.

2058. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Marlborough, avec ses trente mille hommes de plus que l’armée du roi, restait toujours dans l’inaction. […] Villars reçut en même temps un ordre réitéré de partir, et une lettre de Chamillart datée de quelques heures après, qui révoquait cet ordre et lui permettait de rester à la tête de l’armée du Rhin.

2059. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Les œuvres de Villon, pour nous, malgré tant de commentaires, de conjectures érudites et ingénieuses, sont et resteront pleines d’obscurités ; elles ne se lisent pas couramment ni agréablement ; on voit l’inspiration, le motif ; on saisit les contours, mais à tout moment le détail échappe, la ligne se brise, la liaison ne se suit pas et fuit. […] Campaux (un peu plus sérieux et plus ému que nous sur le compte de Villon), il voulut faire ses adieux au monde qu’il quittait, et laisser de lui un souvenir, d’abord à celle qui était la cause de son départ, et que, par un reste d’espoir si naturel aux malheureux, il ne désespérait peut-être pas de toucher par l’expression de sa douleur si navrante et si résignée ; ensuite à son maître Guillaume de Villon, auquel il devait tant, ainsi qu’au petit nombre d’amis qui lui étaient restés fidèles ; enfin aux nombreux compagnons qui n’avaient pas épargné sans doute les railleries à sa disgrâce, et sur lesquels il était bien aise de prendre sa revanche.

2060. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Il paraît que dès le sein et en tétant, don Carlos marqua des instincts étranges : « Non-seulement il mordait, dit-on, mais encore il mangeait le sein de sa nourrice ; il en eut jusqu’à trois auxquelles il fit des morsures telles qu’elles faillirent en mourir. » Il fut très-long avant de prononcer un mot, et l’on put craindre qu’il ne restât muet. […] Il aime à être vêtu avec pompe… Tout en lui dénote qu’il sera d’un orgueil sans égal : car il ne pouvait souffrir de rester longtemps en présence de son père ni de son aïeul, le bonnet à la main.

2061. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

… Les quarante mille hommes qu’il propose pour marcher au secours de la Saxe, en cas de danger, me paraissent fort suspects… J’aimerais autant y voir quarante mille loups. » Et sur ce remède pire que le mal, et dont la seule idée fait bondir le cœur resté saxon de Maurice : « Grand Dieu ! […] Denain est resté une date et un nom.

2062. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

C’est une grosse erreur ; car, d’un côté, le Roman de la Rose est un symptôme, un résultat au lieu d’être une cause, et de l’autre il est venu à la fin d’une période qui avait été grande et qui reste plus importante que ce qui l’a suivi ; il a apporté un élément nouveau sans doute, mais regrettable, et, par son succès, il a jeté la poésie française dans une voie déplorable, où elle pouvait rester éternellement embourbée ; en somme, il lui a fait perdre près de deux siècles et peut-être vingt poètes. […] Le moment étant donné, l’honneur des jeunes et vigilants esprits est alors de ne pas rester en arrière et de se lever des premiers, en faisant appel à tous.

2063. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Il ne pouvait s’empêcher presque chaque fois, dans ses articles très-peu critiques, de revenir à la poésie et aux souvenirs émus de ses jeunes années, aux principaux noms romantiques qui lui étaient restés chers : mon nom, à moi-même, y trouvait souvent son compte, et son amitié pour moi, à travers l’éloignement et l’absence, n’a jamais varié. […] Elle n’en était pas restée longtemps au ton du début, quand Alfred de Musset lui parlait comme un jouvenceau à un Byron : Ulric, nul œil des mers, etc.

2064. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Nous ne sommes d’aucune coterie, et, s’il nous arrive d’en traverser à la rencontre, nous n’y restons pas. […] Labinsky restera donc pour nous Jean Polonius, l’auteur des élégies, élégies douces, senties, passagères, qui, avec quelques-unes d’Ulric Guttinguer, ont droit d’être comptées dans le cortége d’Elvire.

2065. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

. — Il ne nous restera, tout cela démontré, qu’à supplier l’amitié elle-même de nous pardonner d’avoir pu être si analyseur à son égard, et d’avoir tant osé distinguer ici et là. […] Ampère, n’est pourtant pas restée cachée ; on a lu de lui son mâle récit en vers des aventures du héros Sigour, sa haute et grave contemplation dédiée à son père, et intitulée Uranie.

2066. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

La question dite romantique n’est restée aussi parfaitement présente à aucun autre critique, et nul ne continue d’y porter un coup d’œil plus vigilant, plus scrutateur et moins désespéré. […] En introduisant ce brin de politique entre des pages plus fraîches et restées plus neuves, en y oubliant, comme par mégarde, ce coin de cocarde, le critique littéraire a voulu sans doute témoigner qu’il avait sur certains points des opinions, des principes, rappeler qu’il les avait soutenus, et faire entendre qu’il s’en souvenait comme de tout le reste.

2067. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

En se solidarisant, les animaux, les sauvages, les civilisés accomplissent des œuvres qu’ils ne seraient pas arrivés à produire s’ils étaient restés isolés. […] Alors, les valeurs restaient subordonnées directement à la personnalité, à sa santé physique et morale, à sa beauté harmonieuse.

2068. (1890) L’avenir de la science « II »

Rester indifférent devant l’univers est chose impossible pour l’homme. […] Quant aux vieilles théories de la Providence, où le monde est conçu comme fait une fois pour toutes et devant rester tel qu’il est, où l’effort de l’homme contre la fatalité est considéré comme un sacrilège, elles sont vaincues et dépassées.

2069. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les acteurs et les auteurs ont été des prêtres au début ; des laïques se sont peu à peu mêlés aux clercs et ont fini par rester seuls. […] Et quand même on dirait que ces nations sont restées catholiques ou devenues protestantes, parce qu’elles devaient déjà soit à la race, soit au climat, une sorte de prédestination à cette différence de culte ; quand même on ferait ainsi remonter à une cause commune leurs préférences religieuses, politiques, morales, esthétiques, il n’en serait pas moins vrai que leurs croyances sur l’au-delà et sur la destinée humaine, cristallisées dans des institutions permanentes et dans des pratiques séculaires, ne peuvent que maintenir et renforcer leur tempérament primitif.

2070. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pour être complète, elle sera complexe180 ; elle devra, en effet indiquer deux choses qu’il importe également à l’historien de savoir ; elle devra d’abord classer par ordre d’importance les divers groupes entre lesquels se divisait la littérature d’alors, discerner celui qui était dominant et ceux qui restaient en sous-ordre ; elle devra ensuite marquer le sens du mouvement qui emportait, non seulement le premier, mais les autres. […] N’a-t-on pas comparé l’historien à un Rembrandt qui dirige les jets de lumière sur les choses essentielles et laisse dans l’ombre celles qui méritent d’y rester ?

2071. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Membre de l’Assemblée constituante, il suivit la Révolution assez loin et la servit tant qu’elle resta dans les voies et les limites de la première Constitution. […] Il est resté tel, d’ailleurs, en apparence, qu’on le voyait dans les années précédentes.

2072. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Elle resta persuadée comme auparavant que l’ordre du monde, quand il allait bien, était que tout fût pour elle et uniquement pour elle. […] Dans l’automne de 1746, ayant compromis sa sûreté par une de ces imprudences qui lui étaient si familières, il vint un soir demander asile à la duchesse du Maine, qui le cacha dans un appartement écarté dont les volets restaient fermés tout le jour.

2073. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Les trois années qu’elle resta depuis à la Cour ne furent pour elle qu’une longue épreuve et un supplice. […] Cela était d’autant plus dur, qu’au lieu de rester chez elle, il ne faisait que passer pour aller chez la Montespan.

2074. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Necker et de Montmorin ; mais il les avait trouvés tellement resserrés et timides, tellement en méfiance et en répugnance de traiter avec Mirabeau, qu’il n’avait pas cru devoir insister inutilement, et l’ouverture en était restée là de ce côté. […] À de tels accents La Fayette restait sourd ou n’ouvrait l’oreille qu’à demi.

2075. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Tout bien considéré, et après avoir beaucoup cherché, il m’a semblé que ce que La Harpe a écrit de plus fait pour trouver grâce aujourd’hui devant tous est cette Prophétie de Cazotte, quelques pages restées dans ses papiers et qu’on en a données après sa mortf. […] » — « C’est la seule qui lui restera, et ce sera le roi de France ! 

2076. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Toutefois, quelque incomplet que soit le manuscrit, son existence démontre que les Mémoires annexés aux lettres n’ont pas été fabriqués, qu’ils ont été bien réellement écrits par la célèbre actrice, à la sollicitation d’un ami, d’un teinturier, d’un éditeur dont le nom est resté inconnu. […] Ces trois volumes sont restés à l’état de projets.

2077. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

La fibre musculaire a la propriété de se contracter ; toutefois, pour que cette fibre se contracte, il faut qu’elle y soit provoquée par quelque excitation qui lui vienne soit du sang, soit d’un nerf ; et, si rien ne change dans les conditions environnantes ou intérieures, elle restera en repos. […] Tout dérive de l’idée qui seule dirige et crée ; ces moyens de manifestation physico-chimiques sont communs à tous les phénomènes de la nature, et restent confondus pêle-mêle comme les lettres de l’alphabet dans une boîte où cette force va les chercher pour exprimer les pensées ou les mécanismes les plus divers. » Cette remarquable page, où l’auteur développe à sa façon le principe que les philosophes appellent principe des causes finales, prouve qu’il y a dans les êtres vivants au moins une force initiale qui ne se réduit pas aux forces physiques et chimiques, et rien jusqu’ici ne porte à croire qu’elle s’y réduira jamais.

2078. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Cette paix aurait tout aussi bien fait de rester où elle était que de s’en venir d’un air aussi maussade, aussi dépourvue de grâce qu’elle l’est dans ce plat tableau, soit dit en passant et par apostille. J’avais déjà effleuré quelque part cette question de nos vêtemens ; mais il me restait sur le cœur quelque chose dont il fallait absolument que je me soulageasse ; voilà qui est fait, et vous pouvez compter que je n’y reviendrai plus que par occasion.

2079. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Si vous exagérez, vous serez éclatant, mais dur, mais cru : si vous restez en deçà, vous serez peut-être doux, moelleux, harmonieux, mais faible. […] Avec cela c’est un furieux garçon et qui n’en restera pas où il en est, surtout si en s’assujettissant un peu plus à l’étude du vrai, ses compositions viennent à perdre je ne sais quoi de romanesque et de faux qu’on y sent plus aisément qu’on ne le peut dire.

2080. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

En prouvant, comme il l’a fait pour la Révolution française, qu’elle n’avait aucun des caractères providentiel, fatal, philosophique qu’on lui donne, il ne restait plus pour elle qu’une origine : la volonté et l’intelligence humaines, l’une dépravée et l’autre aveugle. […] Il faudra traverser ce fleuve, ou y rester et y périr.

2081. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

I S’il est une époque dont nous soyons loin à celle heure, quoique nous paraissions y toucher, c’est ce moment de notre siècle que l’Espérance appela d’un nom qui restera dans l’histoire comme une ironie. […] Tous les autres qu’on peut lui faire aussi restent inférieurs à celui-là.

2082. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

% VII Eh bien, il a vu faux ou il n’a pas vu du tout, et le critique est resté sur la place comme jamais il n’y était resté !

2083. (1924) Critiques et romanciers

… À vrai dire, je ne sais pas ce qu’il restera de ses doctrines, et de l’évolution des genres. […] Ses jugements, après maintes années, après la mode et la vogue et les événements, ont bien l’air de rester vrais ; et l’on doit supposer qu’ils le resteront. […] Il écrivait à un ami : « Mieux vaut rester entre intimes. […] Du moins, après m’avoir fait ainsi, la société devait m’aider et rester neutre. […] On lui demande : « Barnavaux, pourquoi ne restez-vous pas avec Louise ? 

2084. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Les trop bons sujets qui n’ont, à aucun moment, rompu avec les devanciers, courent risque de trop creuser dans le même sillon, c’est-à-dire de rester dans l’ornière.

2085. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Il y a neuf ans278, je revenais de Rome, — de Rome qui était encore ce qu’elle aurait dû toujours être pour rester dans nos imaginations la ville éternelle, la ville du monde catholique et des tombeaux.

2086. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Mais elle fait faire d’avance des tapisseries de nattes pour couvrir les murailles de sa chambre, et elle a même envie d’en envoyer en présent à madame de Maintenon une toute semblable qui sera digne assurément de la simplicité de Saint-Cyr. » On lui doit cette justice en effet qu’elle était restée pauvre.

2087. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Puis, quand il a tout énuméré, quand il a touché une à une toutes ces plaies du cœur, une pensée le saisit, une inquiétude le prend, qu’a ressentie quiconque est resté orphelin ici-bas ; il se demande si tous ces morts qui voient désormais la lumière se souviennent encore de nous.

2088. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Reynaud, par suite de notre dernière révolution, l’élément aristocratique et nobiliaire ayant disparu, les autres éléments qui restent se trouvent élevés chacun d’un degré, et sont, pour ainsi dire, montés d’un cran.

2089. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

ne récriminons pas ; vous en tchamara, nous en habit ou en haillons, nous sommes frères ; vous êtes restés dévots au Christ et à Marie, comme nos aïeux l’étaient, comme nos pères ne l’étaient déjà plus ; mais nous voulons la liberté des croyances, et les vôtres seront respectées de nous.

2090. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

Çà et là quelque sobriété et simplicité de plume ne lui siéraient pas mal ; il aura beau se retenir, il lui restera encore bien suffisamment d’esprit.

2091. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Vainement la plupart des féroces empereurs de Rome montrèrent-ils un goût excessif pour les jeux et pour les spectacles ; aucune pièce de théâtre digne d’un succès durable ne parut sous leur règne, aucun chant poétique ne nous est resté des honteux loisirs de la servitude.

2092. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Cette émulation réciproque ne hâtait pas les progrès des vérités austères et fortes ; mais il ne restait pas une idée fine, une nuance délicate, que l’intérêt ne fît découvrir à l’esprit.

2093. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

On subit le joug d’une lecture récente ou favorite : on fait du Pascal, du Bossuet ou du La Bruyère, du Taine, du Renan ou du Daudet ; et, si réussi que soit le pastiche — les plus médiocres y excellent, — mieux vaudrait rester et exprimer l’humble soi-même.

2094. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Puis, comme c’était un peu trop, pour mon coup d’essai, de huit heures de cheval, je restai en arrière, je m’égarai complètement dans une vilaine et interminable forêt de chênes-liège, et, c’est par miracle que je pus rejoindre mes compagnons.

2095. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Buteau, bon garçon, est resté chez lui pour aider sa femme.

2096. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

La mécanique vulgaire, plus simple, resterait une première approximation puisqu’elle serait vraie pour les vitesses qui ne seraient pas très grandes, de sorte qu’on retrouverait encore l’ancienne dynamique sous la nouvelle.

2097. (1879) Balzac, sa méthode de travail

C’est dire qu’il restait à peine quelques mots de la pensée primitive de l’écrivain.

2098. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Eh bien, mon ami, comptez que les temples et les chaumières et les dieux resteront dans cet état misérable jusqu’à ce qu’il arrive quelque grande calamité publique, une guerre, une famine, une peste, un vœu public, en conséquence duquel vous voyiez un arc de triomphe élevé au vainqueur, une grande fabrique de pierre consacrée au dieu.

2099. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Malheureusement pour nous, il ne nous est resté aucune des methodes composées pour enseigner la pratique de ces arts, dont il y avoit tant de professeurs dans la Grece et dans l’Italie.

2100. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Ce que je viens de dire du traité contre les spectacles que nous avons parmi les ouvrages de saint Cyprien, je puis le dire aussi pour ne point le repeter ailleurs, de quelques écrits qui nous sont restez sous le nom de S.

2101. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Je ne sais si je me trompe, mais il me semblé qu’il était bien nécessaire qu’il restât un dernier asile à la parole, pour que sa force vivifiante renouvelât continuellement la génération des idées.

2102. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Le XVIe siècle était resté chevaleresque jusque dans la cruauté des guerres civiles et la corruption des Valois.

2103. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

que Vallès a les immenses qualités pittoresques de ce peintre de réfractaires, ou sa noblesse inouïe quand l’objet qu’il retrace est bas, ou son idéalité restée toujours pure dans l’observation la plus exacte.

2104. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Ils goûteront aussi au houblon de Hebel, qui est moins amer… En effet, quoique resté très vrai, très naïf, très peuple d’inspiration, ou pour mieux dire très paysan, Hebel est parfois ingénieux comme un lettré qu’il est, tandis que Burns est fruste comme la nature dont il est le fils, comme la branche de houx qu’il attache, le dimanche, à son bonnet bleu.

2105. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Voilà la vraie gloire de style qui lui restera, et dont se souviendra la Critique quand le mépris aura chassé de l’attention des hommes les chimères qu’il nous donne comme les réalités de l’avenir.

2106. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

A-t-il écrit sous les monarchies représentatives de ces choses qui forcent un homme à rester éternellement, par conviction ou par orgueil, l’esclave d’une ancienne pensée ?

2107. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Sous l’antique bannière ardent à se ranger, Il n’en garda pas moins sa haine à l’étranger : Gentilhomme, il resta sujet du roi de France.

2108. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

. ; surtout cette pièce de La Leçon de flûte, que je citerai tout entière pour donner une idée de ce poète qui rappelle ici André Chénier et le Poussin : J’étais resté longtemps les yeux sur un tableau Où j’avais retrouvé Théocrite et Belleau, Fraîche idylle aux bosquets de Sicile ravie Ayant bu la lumière et respiré la vie.

2109. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Ne l’attendez pas d’un peuple pauvre, je ne dis pas celui qui, resté près de la nature et de l’égalité, borne ses désirs, vit de peu, et met les vertus à la place des richesses, mais celui qui, environné de grandes richesses qu’il ne partage pas, se trouve entre le spectacle du faste et la misère, et voit l’extrême pauvreté sortir de l’extrême opulence ; ce peuple occupé et avili par ses besoins, ne peut avoir l’idée d’un besoin plus noble.

2110. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je donnerais, non pas dix louis, car il ne m’en resterait guère, mais beaucoup, un sourire de Mlle Pourrat, pour n’être pas habitué à mes maudites lunettes. […]   « Je suis resté jusqu’au 30 à Patterdale. […]   « Un essieu cassé au beau milieu d’une rue me force à rester ici et m’obligera peut-être à y coucher. […] Cette perspective m’empêche de jouir de ma solitude et de mon repos, les deux seuls biens qui me restent. […] Nous restâmes longtemps sans rien dire, etc. » 107.

2111. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Mais il est entendu que je ne puis en rester là. […] Il est vrai que, si elle s’y arrêtait, elle y resterait, et que ce ne serait plus, en ce point, à du mouvement que nous aurions affaire. […] Il est réduit à sous-entendre ou il se borne à suggérer une mobilité qui, justement parce qu’elle demeure inexprimée, est censée rester la même dans tous les cas. […] Enfin l’explication mécanistique pouvait rester universelle en ce qu’elle Se fût étendue à autant de systèmes qu’on aurait voulu en découper dans la continuité de l’univers ; mais le mécanisme devenait alors une méthode plutôt qu’une doctrine. […] Mais que peut-il rester de la matière quand on en retranche tout ce qui la détermine, c’est-à-dire, précisément, l’énergie et le mouvement ?

2112. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

mon verre resté plus qu’à demi plein — et le vider me sauva seulement de sa colère ! […] Elle resta peu de temps, un quart d’heure peut-être, mais au moment de partir elle lui présenta, le priant de l’agréer, un papier qu’elle ouvrit de doigts un peu tremblants : elle s’était permis, dit-elle, de traduire en sa langue en vers, le « Vase brisé ». […] Restait donc à créer, de ces vers, une strophe les associant harmoniquement et les faisant concourir à une unité d’effet : c’est ce que fit parallèlement Stéphane Mallarmé, dès les jours du Parnasse, et qu’il accomplit depuis avec une absolue suprématie. […] D’ailleurs, il n’importe… De l’école symboliste actuellement en Apogée, il ne restera d’ici peu que des talents individuels et admirés malgré et non pour les théories. […] Ne me restât-il qu’un merci à vous donner, il vous serait acquis, pour cela seulement.

2113. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Fléchier, sa vie durant et presque jusqu’à son dernier jour, est resté l’homme de son éducation première, l’élève de Balzac et de Voiture, l’orateur selon le cœur des précieuses. […] Restent les Mémoires sur les Grands Jours d’Auvergne, les Oraisons funèbres, et enfin la Correspondance. […] Il ne restait plus qu’à y mettre de l’esprit, trop d’esprit, et c’est à quoi nul ne s’employa plus consciencieusement que l’évêque de Clermont. […] On a tout dit de Marivaux, et bien dit, et pourtant n’en resterait-il pas deux ou trois choses à dire ? […] Ce serait trop de légèreté. » Il veut rire, mais la plaisanterie manque de trait ; la pointe en sera restée dans sa blessure.

2114. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Que nous faudra-t-il faire pour éclaircir ce qui nous paraît y rester de désordre ? […] Les fragments d’Orphée, et ceux qu’on nomme les vers dorés de Solon et de Pythagore, nous sont restés en monuments de ce genre, qui n’a pour objet que la gravité de la morale, et dont les vers ne sont qu’une suite de sentences purement énoncées. […] Là où cheminait le doute s’avance la certitude : et l’on aurait d’autant moins raison de s’en enorgueillir, que déjà la carrière est ouverte, dépouillée de ses épines, et partout rendue lumineuse par le grand nombre des flambeaux qui y sont restés. […] Il soumet avec une sage réserve les opinions qui restent en doute, et ce qu’il déduit des principes de l’art ne tend qu’à en faciliter l’application. […] (B) Restez-y, Monsieur ; d’autres hommes seront moins sourds que vous à mes raisons, et n’en respecteront pas moins l’importance de la règle des unités.

2115. (1899) Arabesques pp. 1-223

Quelques-uns de ses bons poèmes datent de cette époque ; quoiqu’il les réprouve à présent, ils resteront peut-être. […] Ils restent la tribu nomade, fiévreuse, amoureuse du gain rapide, mal sûre du lendemain, environnée d’ennemis et dont les instincts mercantiles trouvent seuls à se développer depuis leur émancipation… Mais à qui la faute ? […] Cependant son âme, avide de certitude, restait inquiète. […] Il lui restera, il est vrai, la ressource de se châtrer ou d’étrangler sa femme et de jeter ses enfants à l’eau… Et les Bourgeois se lamenteront, disant que la France se dépeuple. […] C’est pourquoi les régimes se succèdent et restent embourbés dans le marécage autoritaire et propriétaire.

2116. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Chacun de ces vers est resté une épitaphe sur le tombeau des hommes de bien enlevés à l’amitié. […] » Sa philosophie, commode et modeste, éclate dans la plupart de ces odes en vers à demi-voix qui ont le charme de son caractère ; les images dans lesquelles il symbolise cette modération des vœux de l’homme, pour que ces vœux ne soient pas plus vastes que la vie humaine qui les trompe tous, sont restées immortelles et proverbiales chez tous les poètes venus après lui. […] Je ne vous citerai que l’épode à Mécène, restée dans l’oreille de tous les sages et de tous les heureux : c’est la béatitude des champs.

2117. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

., etc. » Le duc de Laval avait tort de suspecter la trempe de mon bouclier ; les séductions furent plus fortes pendant quinze ans qu’il ne pouvait le prévoir, mais mon cœur resta irréprochable envers la dynastie que j’avais servie et envers l’enfant que j’avais célébré comme le dernier espoir de la monarchie et de la liberté. […] Quant à lui, plus mort que vif, il allait partir pour la campagne, où il resterait jusqu’à ce que la réponse de l’Empereur fut connue. […] Nous avons connu cette belle personne, célèbre aussi par un talent européen ; nous en avons également connu deux autres, honorées de cette amitié, l’une restée dans une mystérieuse obscurité jusqu’à aujourd’hui ; l’autre, femme toute politique, d’un esprit, d’une insinuation et d’un éclat qui pouvaient rivaliser avec les héroïnes les plus illustres de la Fronde.

2118. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Chacun restait libre de suivre son génie particulier, et de se porter vers les genres qui l’attiraient ; mais ce génie devait se régler sur l’image qu’ils s’étaient faite du génie de la nation ; ces genres devaient s’accommoder des convenances générales au nom desquelles Malherbe avait condamné presque tous ses devanciers. […] Les fonctions réglées, il restait à ajouter au titre d’académie, proposé par Richelieu et accepté, l’épithète qui convînt le mieux au rôle de la compagnie. […] La force de la discipline et de la foi réglait de telle sorte ces diversités, qu’au lieu de dégénérer en traits d’humeur particulière, elles restaient comme les qualités distinctes d’un être collectif.

2119. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Les phénomènes, par exemple, qui signalèrent l’éveil de la conscience se retracent dans l’éternelle enfance de ces races non perfectibles, restées comme des témoins de ce qui se passa aux premiers jours de l’homme. […] Ce qui restera, c’est la place qu’elle remplissait, le besoin auquel elle correspondait et qui sera satisfait un jour par quelque autre chose analogue. […] Dès lors, elles ont, comme tous les êtres soumis à la loi de la vie changeante et successive, leur marche et leurs phases, leur histoire en un mot, par suite de cette impulsion secrète qui ne permet point à l’homme et aux produits de son esprit de rester stationnaires.

2120. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Cinq grandes collections d’écrits, sans parler d’une foule d’autres données éparses, nous restent sur Jésus et sur le temps où il vécut, ce sont : 1° les évangiles et en général les écrits du Nouveau Testament ; 2° les compositions dites « Apocryphes de l’Ancien Testament » ; 3° les ouvrages de Philon ; 4° ceux de Josèphe ; 5° le Talmud. […] Depuis la mort de Jacques, son frère, Jean restait seul héritier des souvenirs intimes dont ces deux apôtres, de l’aveu de tous, étaient dépositaires. […] C’est celui des trois synoptiques qui est resté le plus ancien, le plus original, celui où sont venus s’ajouter le moins d’éléments postérieurs.

2121. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Zola dit, que sa mère étant morte à Médan, et que l’escalier se trouvant trop petit, il a fallu la descendre par une fenêtre, et que jamais il ne rencontre des yeux cette fenêtre, sans se demander qui va la descendre, de lui ou de sa femme : « Oui, la mort depuis ce jour, elle est toujours au fond de notre pensée, et bien souvent, — nous avons maintenant une veilleuse dans notre chambre à coucher — bien souvent la nuit, regardant ma femme qui ne dort pas, je sens qu’elle pense comme moi à cela, et nous restons ainsi, sans jamais faire allusion à quoi nous pensons, tous les deux… par pudeur, oui, par une certaine pudeur… Oh ! […] Au bout de quelque temps, sous prétexte de petites courses, l’étudiant restait des demi-journées à gueuser, laissant sa sœur au médecin. […] Et je pense que j’aurai alors, ainsi que l’on a la soudaine souffrance d’un mal, resté longtemps sourd, j’aurai la cruelle révélation de ma vieillesse sans femme et sans enfants, de mon isolement dans la vie ; de tout le dur de ma situation : choses que je ne sens pas, quand ma cervelle crée et me donne la compagnie des êtres d’un livre.

2122. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Même dans une aire très étendue, restée continue pendant une longue période, mais dont le climat et les autres conditions de vie changent insensiblement en allant d’un district habité par une espèce à un autre district occupé par des espèces étroitement alliées, nous ne pouvons prétendre que rarement à trouver les variétés moyennes dans les zones intermédiaires. […] Aussi longtemps que les conditions de vie restent les mêmes, nous avons des raisons de croire qu’une modification, qui s’est déjà transmise pendant plusieurs générations, peut continuer à se transmettre pendant une suite presque infinie de degrés généalogiques. […] Il faut bien admettre que ces faits restent inexpliqués dans la théorie de création.

2123. (1923) Au service de la déesse

Ce qui leur restait de force, ils l’employaient à plonger la main dans les sacs et à en tirer des papiers qu’ils jetaient au feu par poignées. […] La gélatine avait complètement disparu. » Darwin n’en resta pas là. […] Notre victoire nous effraye. » Allons, c’est un peu de fatigue ou l’ennui de rester sans ouvrage désormais ! […] Darwin, imprudent déjà, les avertissait pourtant, les conjurait de rester dans l’histoire naturelle et de craindre la philosophie. […] Il est l’effet d’une intolérance, l’impossibilité de rester à la même place, d’être là, de subsister.

2124. (1911) Nos directions

Le moment était mal choisi ; toute manifestation dramatique se condamnait alors à rester « une exception ». […] Encore Sébastien devait-il rester un héros même dans le mythe ! […] Mais en dépit d’une misérable vieillesse, de Crébillon père à Delille, sa position acquise resta, par la force de l’habitude, inexpugnable. […] Mais, quand un Hugo le saisit dans ses mains brutales, que va-t-il en rester bientôt ? […] Chantecler est venu ; nos conclusions restent valables.

2125. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

On nous a fait, un long moment, attendre avant d’ouvrir une autre porte, et pendant ces minutes d’attente, tout notre courage s’en est allé, comme s’en va, goutte à goutte, le sang d’un blessé s’efforçant de rester debout. […] Elle entretenait des hommes, le fils de la crémière, auquel elle a meublé une chambre, un autre auquel elle portait notre vin, des poulets, de la victuaille… Une vie secrète d’orgies nocturnes, de découchages, de fureurs utérines qui faisaient dire à ses amants : « Nous y resterons, elle ou moi !  […] Toutes, quand on passe au milieu d’elles, restent penchées sur leur tâche, la physionomie fermée. […] » — Ici je le sens blessé à fond, de l’attaque d’un journal de ce matin, qui, en annonçant son invitation pour une fournée de Compiègne, l’accusait d’avoir fait renvoyer son ami Barbey d’Aurevilly du Pays : — « Si j’avais dix mille livres de rentes, reprend-il, je sais bien ce que je ferais, ou plutôt ce que je ne ferais pas. » Et il nous confie qu’il n’ira pas à Compiègne, où les journaux le font aller, que sa santé ne le lui permet pas, ses infirmités, sa vessie… Il ne pourrait rester là toute la soirée.

2126. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Désormais, par la force du sentiment qui l’anime, Werther ne peut plus rester dans l’inaction ; il lui faut agir, il ira à Charlotte et, repoussé, il accomplira enfin la grande action née de toute sa vie contemplative, et l’on peut dire que le roman dans son entier n’est que la préparation du coup de pistolet final55. […] Le récit pur et simple, c’est-à-dire purement et simplement scientifique de certaines expériences de restées Lavoisier, célèbres, n’aurait certes pas le don de nous intéresser esthétiquement ; il ne pourrait être acceptable qu’à la condition de prendre, comme sujet principal, Lavoisier lui-même et non point ses expériences, de faire ressortir son opiniâtreté et son courage de savant qui ne se laisse rebuter par rien. […] Mystérieux il restera jusqu’au bout dans sa mort à laquelle nul n’a assisté, mort symbolique qui fait en l’œuvre, — par malheur, un peu lourdement, et légèrement l’effet. […] Restent les sens ; mais ils sont tellement appauvris et usés qu’ils ne peuvent qu’être le principe de sensations maladives, de penchants détraqués.

2127. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Il y a donc encore, derrière le théâtre où s’enchevêtre l’intrigue, quelque chose de vert, une campagne où restent quelques fleurs, une nature qui enveloppe l’homme ! […] 295 Episode de Miette et Silvère dans la Fortune des Rougon :     Il eut un tressaillement, Il resta courbé, et immobile. […] Mettez au commencement du siècle une littérature de purs savants, pondérée, exacte, logique, et la langue, affaiblie par trois cents ans d’usage classique, restait un outil émoussé, sans vigueur. « Il fallait une génération de poètes lyriques pour faire de la langue un instrument large, souple et brillant. […] Dans la prose, supprimons la rime, qui lui donnerait une forme trop fixe et trop purement musicale, les autres caractères de la forme poétique resteront à la disposition du prosateur, parce que, lui aussi, il doit faire vibrer sympathiquement les esprits, les faire « retomber » sur les mêmes sentiments et sur les mêmes paroles.

2128. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

La science demeurera éternellement soumise à cette loi, qui n’est que la loi de non-contradiction ; mais cette loi n’implique aucune hypothèse spéciale sur la nature de ce qu’on devra se donner, ni de ce qui restera constant. […] Il ne restera plus guère au déterministe qu’un seul parti à prendre. […] On laisse alors la nature propre de ces phénomènes dans l’ombre, mais on affirme qu’en leur qualité de phénomènes ils restent soumis à la loi de causalité. […] Il ne restera plus guère alors d’autre parti à prendre qu’à découper des figures dans l’espace, à les faire mouvoir selon des lois mathématiquement formulées, et à expliquer les qualités apparentes de la matière par la forme, la position et le mouvement de ces figures géométriques.

2129. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

C’est un polype élégant, et la nature semble avoir été dans l’indécision quand elle le fit naître. » Et ailleurs, à l’occasion des déserts de l’Arabie et de l’Amérique : « L’amour dans ces pays brûlants devient un sentiment dont rien ne peut distraire ; c’est le besoin le plus impérieux de l’âme ; c’est le cri de l’homme qui appelle une compagne pour ne pas rester seul au milieu des déserts. » Certes Bernardin de Saint-Pierre n’eût pas mieux dit.

2130. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Or, voilà pourquoi le christianisme est resté en chemin de son œuvre ; voilà pourquoi de Maistre, génie autant mosaïque qui catholique, ne conçoit pas que Dieu, auteur de la société des individus, n’ait pas poussé l’homme, sa créature chérie et perfectible, jusqu’à la société des nations ; voilà pourquoi les juifs s’obstinent à contempler avec un sentiment orgueilleux de supériorité leur loi, si complète en elle-même, que le christianisme a brisée avant d’avoir à rendre au monde l’unité définitive ; voilà pourquoi la religion de l’avenir, qui devra renfermer tous les caractères du judaïsme et du christianisme, renfermera aussi dans ses temples les juifs et les chrétiens, en les mettant d’accord, selon qu’il a été dit dans les anciennes et les nouvelles Écritures.

2131. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Les modèles qui l’ont introduit dans la langue qui n’est pas la sienne et sur lesquels il s’est façonné, ne resteront-ils pas présents à ses yeux et ne lui imposeront-ils pas à chaque instant leur empreinte ?

2132. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

On ne désire point, il est vrai, ce genre de supériorité dans l’histoire ; il faut que la nature humaine y soit représentée seulement dans son ensemble, il faut que les héros y restent grands, qu’ils paraissent tels à travers les siècles.

2133. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

L’homme est placé, par toutes ses affections, dans cette triste alternative ; s’il a besoin d’être aimé pour être heureux, tout système de bonheur certain et durable est fini pour lui, et s’il sait y renoncer, c’est une grande partie de ses jouissances sacrifiées pour assurer celles qui lui resteront, c’est une réduction courageuse qui n’enrichit que dans l’avenir.

2134. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Mistral est resté fidèle aux mœurs patriarcales de ses aïeux : et bien de ceux qui l’ont rencontré entre Château-Renard et Saint-Rémy, courant les champs avec sa badine et son feutre à larges bords, ont pu ne pas se douter qu’ils croisaient un poète dont la gloire est universelle.

2135. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Mais la pensée, la composition et le style sont restés à peu près invariables.

2136. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

« De taille moyenne et assez spontanément épanoui, il porte, pas trop haut, une longue tête enfantine ; cheveux châtains s’avançant en pointe sur un front presque sacré et retombant, plats et faibles, partagés par une pure raie droite, celer deux mignonnes oreilles de jeune fille ; masque imberbe sans air glabre, d’une pâleur un peu artificielle mais jeune ; deux yeux bleu-gris partout étonnés et timides, tantôt frigides, tantôt réchauffés par les insomnies ; un nez sensuel ; une bouche ingénue, ordinairement aspirante, mais passant vite du mi-clos amoureux à l’équivoque rictus des gallinacés… Il ne s’habille que de noir et s’en va, s’en va, d’une allure traînarde et correcte, correcte et traînarde5. » Il dit encore : Mon père (un dur par timidité) Est mort avec un profil sévère ; J’avais presque pas connu ma mère, Et donc vers vingt ans je suis resté.

2137. (1890) L’avenir de la science « XI »

Sans elle, une foule de choses restent inintelligibles et historiquement inexplicables.

2138. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Quelle débâcle de Parnassiens : les uns en sont restés pétrifiés, les autres se sont réveillés journalistes… De là encore, une superstition et une erreur technique.

2139. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Quand bien même ni moi, ni aucun de mes semblables ne verrait le chat ni ne toucherait le verre, ces objets n’en resteraient pas moins avec leurs qualités propres de forme, de résistance, etc., telles que je les perçois.

2140. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion.

2141. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Elle alla alors faire une visite à madame de Maintenon, qui était récemment revenue de Barèges, et resta deux ou trois jours chez elle.

2142. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Pourquoi leurs tentatives sont-elles restées stériles ?

2143. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

comme poète, non — que seules d’humbles glanes me restent dévolues.

2144. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Les animaux restent sans roi.

2145. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

Alors le poète, resté comme à la porte du berceau, entonne, à la face du firmament et du pôle chargé d’étoiles, un cantique à l’Hymen.

2146. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Le troisième caractère sous lequel il nous resterait à envisager le style historique de la Bible, est le caractère pastoral ; mais nous aurons occasion d’en traiter avec quelque étendue dans les deux chapitres suivants.

2147. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Quelque imagination que vous ayiez, vous resterez médiocre.

2148. (1762) Réflexions sur l’ode

Elle n’a pas eu lieu de s’en repentir ; et le public, par ce qu’il vient d’entendre et d’applaudir avec justice, peut juger des espérances et des ressources qui lui restent.

2149. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

D’abord, elles suivirent le mouvement comme des moutons, puis réagirent à l’étourdie ; puis la Convention lâcha sur elles un proconsul et elles ployèrent et demandèrent pardon, et, lors de la réaction définitive qui ne tarda pas, il ne resta que l’étonnement d’avoir eu peur et d’avoir obéi !

2150. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

La griffe du lion y est restée !

2151. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Et cependant le sujet historique que Labutte n’a pas craint d’aborder n’en restera pas moins un des plus intéressants et des plus magnifiques sujets qu’un homme d’imagination et de science pût traiter, s’il l’avait compris.

2152. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

La question de la bâtardise, la possession d’état de l’enfant naturel, la position que doit faire la législation à la fille-mère, toutes ces questions sont touchées dans L’Affaire Clémenceau avec une curiosité enfantino-frémissante ; et, quoiqu’elles n’y soient pas résolues, quoiqu’elles n’y soient agitées que comme l’enfant agite la boîte où il a mis des scarabées et qu’il colle contre son oreille pour les entendre qui remuent, on sent que la partie de son livre que Dumas fils estime davantage, c’est le remuement de ces questions… Du reste, ce côté inattendu et révélé dans le nouveau roman d’Alexandre Dumas fils ne l’a pas empêché cependant de rester parfaitement le fils de son père, même à propos de cette question du bâtard qui s’étend sous les pieds de tout dans son livre, et qui en est comme le sous-sol.

2153. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Huysmans, l’auteur des Sœurs Vatard, semblait devoir rester parmi les photographes sans âme et sans idées qui font école, à cette heure ; mais il paraît qu’il avait de l’âme pour son compte plus qu’on n’en a dans le groupe d’écrivains dont il fait partie, et c’est par là qu’il se sépare d’eux.

2154. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

David, Guérin et Girodet sont restés, débris inébranlables et invulnérables de cette grande école, et Gérard n’a laissé que la réputation d’un homme aimable et très-spirituel.

2155. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Néron changea, et l’éloge est resté.

2156. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

On compare l’empire qu’il a sur la terre avec l’empire éternel que Dieu a sur le monde ; on le peint comme ayant un commerce immédiat avec la divinité, et on l’invite à faire part aux fidèles (quand il en aura le temps) de cette foule infinie d’apparitions, de visions, de songes célestes où Jésus-Christ s’est manifesté à ses regards, et de beaucoup d’autres mystères inconnus à tout le monde, excepté à lui, et qui restent déposés dans sa mémoire impériale comme dans un trésor ; enfin, on le loue, on le trompe, on l’instruit ; et le zèle adroit, mêlant le style de la chaire et celui de la cour, lui prodigue à la fois les flatteries et les leçons.

2157. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Je voulus sur un vers essayer ma critique ; Je fus apostrophé du surnom de classique ; Et de cette hérésie atteint et convaincu, Sous ce nom flétrissant je restai confondu.

2158. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Les amis du poëte Lucain, ceux qui dans l’étude des lettres cherchaient encore la liberté, le culte des vertus anciennes et l’espoir de l’avenir, sont réunis à Rome près de la veuve du poëte, restée fidèle à son nom et à son amour.

2159. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

— Plus souvent… à Chaillot… Mme Sand, elle ne restera pas plus que Mme de Genlis. […] … Comme on se lève pour s’en aller, Gautier va à Scherer, le personnage le plus muet de la société, et lui dit : « Ah ça, j’espère que la première fois vous vous compromettrez, car nous nous compromettons tous, il n’est pas juste que vous restiez froidement à nous observer. » 24 juillet Gretz, près Fontainebleau. […] Penser que Carrier a pu faire massacrer des milliers de personnes, qui avaient des pères, des frères, des fils, des femmes, sans qu’aucun de ceux qui restaient, ait seulement essayé de le tuer. […] 1er novembre Nous sommes restés enfermés toute la journée. […] Quand on leur mettait un âne dans le chemin, et qu’on les lâchait, en cinq minutes, l’âne était nettoyé, il n’en restait qu’une carcasse… Après on me fit passer dans un autre compartiment de chiens : ces derniers tout peureux, rampant à terre autour de vous, léchant vos bottes. “— C’est une autre espèce ?

2160. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Nous avons tous rêvé d’admirables poèmes qui ne seront jamais parce qu’ils sont restés en nous. […] Que nous resterait-il de leurs chefs-d’œuvre sans l’écrit qui les enregistre, qui leur permet de se transmettre à nous ? […] Altercations, tumulte, pugilat : le drame se transporterait dans la salle ; celui de scène en resterait là. ? […] On en était resté au dogme de la « pièce bien faite ». […] Mais les sujets restent très limités.

2161. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Se fiant sur l’ignorance du public, il a repris simplement toutes les thèses de l’école condillacienne, telles qu’on les exposait il y a quarante ans ; il a supposé que les doctrines qu’on leur a substituées sont absolument fausses, qu’elles sont vides de sens et qu’il n’en doit rien rester dans la science. […] D’ailleurs, pour que l’appréciation fût entièrement équitable, il ne faudrait pas rester sur le terrain de la philosophie abstraite. […] Seules, l’école de Locke, l’école écossaise et l’école spiritualiste contemporaine7 sont restées à l’écart de ce grand domaine. […] Au lieu de rester dans le doute, il affirme, et qu’affirme-t-il ? […] Je ne dis pas qu’il faille toujours en rester aux questions préliminaires et éviter les dernières conclusions : ce serait là une autre faute en sens inverse ; mais il ne faut pas que les conclusions, devenues des dogmes, rendent indifférents à l’analyse et à la discussion des principes.

2162. (1923) Paul Valéry

En réalité elles restent libres, sauf à la rime, et le poète s’en dispense ou en use selon la chance des mots. […] Non, — quelque chose veille, — la forme de son corps, et, si ses yeux sont fermés, des yeux restent ouverts sur cette forme. […] Si l’Enthousiasme et surtout Mazeppa restent de belles pièces, l’allégorie n’y est pour rien, mais bien les tableaux et le mouvement eux-mêmes, en dehors de toute interprétation tendancieuse. […] Dans ce Valéry poète métaphysicien, il est certain (et les profondes intuitions de l’Introduction et des dialogues le prouvent bien) qu’un vrai métaphysicien restait possible. […] Ils sont restés à l’état d’idées.

2163. (1925) Portraits et souvenirs

De ces courses juvéniles, la Bretagne était restée chère au poète. […] Aussi les mois passent et les volumes réservés restent toujours là. […] Vous, n’êtes pas resté cinq minutes ! […] Cartouche et Mandrin sont restés unis en une même gloire, mais il se trouve qu’en les accouplant ainsi l’un à l’autre dans son souvenir la postérité a fait tort à l’un des deux. […] Henry Murger (1822-1861) est surtout resté dans les mémoires pour ses Scènes de la vie de bohème (1848), roman vif et touchant qui servit de base au livret de La Bohème de Puccini (1896).

2164. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Les Anglais les plus patriotes ne persécutent point le petit nombre d’Écossais qui est resté fidèle à la maison des Stuarts. […] Les affections douces restèrent au fond de son cœur, même dans ces moments où l’intérêt de sa propre cause semblait légitimer en quelque sorte les lois de la vengeance. […] Comme eux, il gouverna par les sentiments et par les affections, plutôt que par des ordres et des lois ; comme eux, il fut simple au faîte des honneurs, comme eux, il resta grand au milieu de la retraite. […] Mais, si vous exceptez quelques traits des dernières pages, Thomas, dans ce discours, est resté fort au-dessous de lui-même, et surtout de son héros. […] ces palais immenses deviennent déserts, et la mort seule y habite ; mais tous les cœurs restent attachés à cet appartement funèbre !

2165. (1891) Esquisses contemporaines

Prétentions sublimes, mais absurdes tant qu’elles restent isolées. […] Au rebours des érudits qui restent les mêmes à travers de vastes et patientes recherches et que leur savoir entoure sans les pénétrer, M.  […] Ceux d’entre ses premiers adhérents qui restèrent chrétiens furent contraints d’en sortir. […] Malheureusement elle est aussi peu connue qu’elle est restée célèbre. […] Dans cet isolement, Scherer sut rester très digne.

2166. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

On peut s’en affliger quand on a l’âme assez forte pour rester une pure canaille dans nos temps troublés. […] Le besoin d’absolu est resté et ma famine spirituelle n’a fait que voyager de Chanaan en Égypte qui est le pays des Sphinx et des crocodiles. […] On voulait voir les fronts sublimes. « C’est Coquelin, c’est Delaunay, voilà Samary, Cadet va sortir, ô ma mère, restons encore !  […] Elle a été prodigieusement absente et l’esprit religieux est resté au même vestiaire. […] Mais, ma foi, c’était si étonnant que je suis resté.

2167. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

A la fin indignée, et voulant s’enfler encore plus fortement, son corps creva et elle resta morte. » La Fontaine n’ajoute rien et met seulement le récit en dialogue ; on va voir la différence. […] Pour rester nobles, ils fuyaient les détails particuliers ou ne les exprimaient qu’en termes généraux. […] Il vint une année de sécheresse, de sorte qu’il ne resta point d’eau dans l’étang.

2168. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ce caprice usé, il ne restera, pour la pauvre séduite, que le hasard de l’indigence et les charges de la maternité. Mais non, les fruits mêmes doux et amers de la maternité ne lui resteront pas pour charmer sa vie, pour soulager sa misère, pour soutenir sa vieillesse. […] Numa avait consulté des inspirations occultes qui étaient vraisemblablement les lois de Pythagore ; la législation qu’il donna à Rome était et est restée trop savante pour être l’importation de hordes de barbares.

2169. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

… » XII Il développe, avec un insolent courage, cette idée, et se pose en homme utile aux Athéniens dans leur vie privée ; quant à la politique, il dit qu’il s’en est abstenu, par cette raison qu’on ne peut guère rester innocent et vertueux quand on se mêle des affaires publiques… « Je n’emploierai pas envers vous, reprend-il, ô Athéniens, les supplications ordinaires, où l’on fait paraître les femmes, les enfants, les amis pour attendrir les juges. […] Reprenons le drame : XXIV « Voilà pourquoi, mes chers amis, dit Socrate après un moment de recueillement, le vrai philosophe s’exerce à la force et à la tempérance, et nullement par toutes les raisons que s’imagine le peuple. » Les disciples, à ces mots, s’entreregardent en silence et semblent craindre de proposer à Socrate un doute qui lui rappelle sa tragique situation et le peu d’heures qui lui restent à vivre. […] « Et déjà le coucher du soleil approchait, car il était resté longtemps enfermé avec les femmes et les enfants ; en rentrant, il s’assit sur son lit, et il n’eut pas le temps de nous parler beaucoup, car le geôlier entra presque en même temps, et, s’approchant de lui : « — Socrate, dit-il, j’espère que je n’aurai pas à te faire le même reproche qu’aux autres : dès que je viens les avertir, par ordre des magistrats, qu’il faut boire le poison, ils s’emportent contre moi et ils me maudissent ; mais pour toi, depuis que tu es ici, je t’ai toujours trouvé le plus courageux, le plus doux et le meilleur de ceux qui sont jamais venus dans cette prison, et en ce moment je suis bien sûr que tu n’es pas fâché contre moi, mais contre ceux qui sont cause de ton malheur… » Et en même temps il fondit en larmes en détournant son visage, et il se retira. » Socrate, le regardant, lui dit : « — Et toi aussi, reçois mes adieux ; je ferai comme tu as dit.

2170. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Ceux qui sont écrits pour Dieu restent anonymes. […] Mais ce ne sont que des conjectures plus ou moins vraisemblables ; la vérité vraie est restée cachée. […] C’est là que sa fermeté habile mais inflexible, en face de ces différends, lui conquit le nom de ministre très chrétien qui resta le surnom de ce grand homme.

2171. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Un prisonnier enchaîné en face d’un mur, après en avoir compté les pierres, que lui restera-t-il à faire ? […] Mais elle le nie, elle ment à l’histoire, elle fausse toute critique pour prouver que son état actuel est son état primitif, et elle y est obligée pour rester dans les conditions de son existence. […] Mieux vaut donc rester dans le champ de la nature humaine, ne chercher l’absolu que dans la science et renoncer à ces timides palliatifs qui ne font que faire illusion et reculer la difficulté.

2172. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Aussi, peut on dire que Beethoven fut, et resta, lui-même, un compositeur de sonates ; la forme de la Sonate se retrouve dans ses œuvres instrumentales les plus puissantes et les plus insignes ; elle est le fin voile, au travers duquel Beethoven regardait dans le Royaume des sons ; au travers duquel, — plus justement, — plongé dans ce Royaume, il laissait venir à nous sa pensée. […] Haydn fut et resta un serviteur princier, forcé à se soucier pour la distraction d’un seigneur ami de l’éclat… Il demeura toujours soumis et dévoué, et conserva, jusque sa vieillesse, la paix d’une âme sereine et bienveillante : seuls, dans son portrait, les yeux sont comme remplis d’une douce mélancolie. […] Certes, le monde de l’Apparence lui avait un faible attrait : son œil presque troublant, son œil fixé ouvertement ne pouvait voit en ce monde, que d’importuns dérangements au monde intime de sa pensée : il sentait que rester sous la dépendance du premier serait perdre tout rapport avec le second.

2173. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

f — La Folie, tirées à 50 exemplaires, restent 4 exemplaires portés à 25 fr. 3° Les Origines, 8 planches, tirées à 25 exemplaires, restent 5 exemplaires, portés à 25 fr. […] Il ne restait plus qu’à faire la même chose avec la musique.

2174. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Et ce mort-vivant, ainsi privé de tous les moyens et de toutes les manifestations, par lesquelles on se fait entendre, restait l’œil toujours dirigé sur le secrétaire, et il demeurait ainsi, du mardi au jeudi, — ayant, au dire du médecin, sa connaissance jusqu’au dernier moment. […] De ce huitième, on voyait tout-Paris, et pendant que le futur commissaire de police s’amusait à pisser dans les cheminées des locataires, lui, Zola restait en contemplation, et devant la capitale étalée sous ses yeux, il se glissait, dans sa cervelle de débutant littéraire, la pensée de la conquête de Paris. […] Il avait eu à payer un supplément de bagages, de dictionnaires, montant à 17 francs, et il ne lui était pas resté un sol, et il demeura cinquante heures sans manger, seulement le matin de l’arrivée à Paris, des marins avec lesquels il voyageait, le voyant blêmir, lui firent boire un peu de l’eau-de-vie de leurs gourdes.

2175. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il a l’air de compter beaucoup sur « le bon duc Gaston » ; il reste et restera attaché à Retz qu’il appelle un honnête homme. […] Il restait presque tout seul du nombre des savants de Hollande.

2176. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Lassay était de ces esprits tempérés, bien faits et polis, que l’usage du monde a perfectionnés en les usant, qui ont peu d’imagination, qui n’ajoutent rien aux choses, et qui prisent avant tout une observation juste, une pensée nette dans un tour vif et concis : « Un grand sens, disait-il, et quelque chose de bien vrai renfermé en peu de paroles qui l’expriment parfaitement, est ce qui touche le plus mon goût dans les ouvrages d’esprit, soit en vers, soit en prose. » Il n’allait pas pourtant jusqu’à la sécheresse, et il tenait à rester dans le naturel ; il croyait que les choses qu’on dit ont quasi toujours chance de plaire quand elles sont plutôt senties que pensées : « Il y a des gens qui ne pensent qu’à proportion de ce qu’ils sentent, observait-il ; et il semble que leur esprit ne sert qu’à démêler ce qui se passe dans leur cœur : ces gens-là, qui sont toujours vrais, ont quelque chose de naturel qui plaît à tout le monde. » Chamfort, qui prête quelquefois de son âcreté aux autres et qui est homme à la glisser sous leur nom, a écrit dans ses notes : « M. de Lassay, homme très doux, mais qui avait une grande connaissance de la société, disait qu’il faudrait avaler un crapaud tous les matins pour ne trouver plus rien de dégoûtant le reste de la journée quand on devait la passer dans le monde. » On ne voit rien ou presque rien dans ce que dit et dans ce qu’écrit Lassay qui soit en rapport avec une si amère parole54. […] Quand la langue est restée pure, elle permet de ces acceptions heureuses et justes, trouvées en passant et sans qu’on appuie trop. — Il y a bien des années, un jeune écrivain, depuis célèbre, M. 

2177. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

On ne pourra vous dire traîtres pour avoir tué le roi ; car nous ne sommes point ses vassaux… » On est loin encore, dans la Chronique, de ce Rodrigue du poème, qui, même dans ses exils et ses conquêtes au dehors, se fera honneur de rester un vassal fidèle et plein de courtoisie envers le roi qui le maltraite et lui garde rigueur. […] Toutes les portes restent fermées devant lui.

2178. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

En revanche, l’ouvrage de lui que j’aime le moins est son Panthéon révolutionnaire démoli, un titre à fracas ; je n’en aime ni l’affiche, ni le but, par la raison qu’il faut prendre garde, quand on se met à démolir un édifice, de renverser dans son entrain bien des bustes et des statues dignes de rester debout : le Musée de l’histoire est bien voisin de son Panthéon. […] Je lui avais bien dit que, pour vérifier sa critique, on irait à Bayle et qu’on resterait sur Bayle sans retourner à sa critique : c’est ce qui m’est arrivé, car l’article censuré m’amuse, puis me mène au suivant, et j’oublie M. l’abbé… » Marais n’est pas précisément un esprit fort ; il a des principes de religion ; ce n’est pas un pyrrhonien pur : il trouve précisément dans Bayle comme un moyen terme à son usage.

2179. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Cela en resta là. […] Il me resterait un devoir désagréable à remplir : ce serait de me plaindre, au nom de tous les lecteurs, des nombreuses fautes d’impression qui sautent aux yeux dans ces volumes sortis d’une imprimerie célèbre ou qui du moins en portent le nom.

2180. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Aussi, après avoir vendu pièce à pièce son bien patrimonial, est-il resté endetté d’un tiers de la somme, dont il sert les intérêts. […] Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public.

2181. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Le pays de Vaud, pour m’y borner en ce moment, eut pourtant un développement ancien, suivi, tantôt plus particulier et plus propre, tantôt plus dépendant du nôtre, et réfléchissant, depuis deux siècles, la littérature française centrale, mais, dans tous les cas, resté beaucoup plus distinct que celui d’une province en France. […] Les séjours de Voltaire, de Rousseau, dans ces pays, en rajeunirent à temps la littérature, et la firent toute du xviiie  siècle au lieu du xviie , où elle était restée.

2182. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’écrivain qui nous l’a peinte restera apprécié dans le calme, comme étant arrivé à la profondeur la plus inouïe de la passion par le simple naturel d’un récit, et pour avoir fait de sa plume, en cette circonstance, un emploi cher à certains cœurs dans tous les temps. […] La malheureuse fin d’un engagement trop tendre me conduisit enfin au tombeau : c’est le nom que je donne à l’Ordre respectable où j’allai m’ensevelir, et où je demeurai quelque temps si bien mort, que mes parents et mes amis ignorèrent ce que j’étois devenu. » Cet Ordre respectable dont il parle, et dans lequel il entra à l’âge de vingt-quatre ans environ, est celui des Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur ; il y resta cinq ou six ans dans les pratiques religieuses et dans l’assiduité de l’étude ; nous le verrons plus tard en sortir.

2183. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Alexandre, dans l’étreinte, mordit le doigt de Lorenzino avec tant de fureur que Scoroncocolo, craignant de blesser son complice en le secourant, saisit son couteau et égorgea le prince ; il n’apprit qu’alors que c’était le grand-duc qu’il venait de tuer ; il resta anéanti de son crime et de son danger. […] La guerre achevée, ils les congédiaient, et la république restait libre.

2184. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Nous n’ignorons pas qu’il s’habillait volontiers tout de noir ou tout de blanc, qu’il tressaillait aux arquebusades imprévues, qu’il fit une grave chute de cheval, et fut une fois détroussé par des ligueurs, que sa maison ne fut pas mise en état de défense et resta ouverte pendant la guerre civile, qu’il était chevalier de Saint-Michel et bourgeois de Rome. […] Au sacrifice près, qui, en quelque mesure que ce soit, n’est pas la pente de sa nature, c’est un excellent et aimable homme, de charmant commerce, ami exquis et vrai, d’autant que le libre choix, dans l’amitié, assure son ombrageuse indépendance : on sait sa liaison de quatre années avec La Boétie, et la chaleur qui lui en resta toujours au cœur.

2185. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Elle resta à la cour, sur le conseil de ses amis, de son confesseur, pour guider le roi dans l’affaire de son salut. […] Marie-Madeleine Pioche de Lavergne (1634-1696) épousa en 1655 le comte de la Fayette, dont elle resta veuve en 1683.

2186. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Cette éducation terminée, La Bruyère resta dans la maison comme gentilhomme de M. le Duc. […] Mais la Lettre à l’Académie resta à peu près sans influence.

2187. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

De la tentative de La Chaussée et de Diderot, il n’était guère resté, conformément au sentiment de Voltaire, que la comédie mixte, où des scènes attendries et pathétiques alternent avec les scènes plaisantes. […] Après le Caprice (1847) vinrent (je ne cite que les principales pièces) : Il ne faut jurer de rien, le Chandelier, et André del Sarto, en 1848 ; les Caprices de Marianne, en 1851 ; Fantasio (1866) n’a jamais réussi ; On ne badine pas avec l’amour (1861) est resté au répertoire de la Comédie-Frauçiase ; Barberine a été jouée en 1882.

2188. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Des hommes qui ont été un jour capables soit de cet effort, soit de cet élan, en restent pour toujours respectables et sacrés. […] Pour moi, je ne serais pas étonné que l’œuvre candide, sévère et un peu fruste de ce Balzac du clergé catholique et des paysans primitifs restât comme un des monuments les plus originaux du roman contemporain.

2189. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Quelques initiateurs, il le fallait, sont partis loin, pensant en avoir fini avec un canon (que je nomme, pour sa garantie) officiel : il restera, aux grandes cérémonies. […]   Tout à coup se clôt par la liberté, en dedans, de l’alexandrin, césure à volonté y compris l’hémistiche, la visée, où resta le Parnasse, si décrié : il instaura le vers énoncé seul sans participation d’un souffle préalable chez le lecteur ou mû par la vertu de la place et de la dimension des mots.

2190. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Que restait-il donc à ceux qui avaient la mauvaise part ? […] Mais l’avantage devait à la fin lui rester.

2191. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Nullement ; ils restent écrivains, philosophes, moralistes, et c’est par là qu’ils agissent sur le monde. […] Si saint Ambroise fût resté gouverneur de Ligurie, en supposant même qu’il eût eu de l’avancement et fût devenu, comme son père, préfet des Gaules, il serait maintenant parfaitement oublié.

2192. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

» En lisant les Observations de Malesherbes, restées inédites de son vivant et qui ne parurent qu’en 1798, on sent partout un homme modeste, instruit, qui est sur son terrain et qui ne fait que le défendre comme il doit, en accueillant un peu vertement l’homme supérieur, qui jette un coup d’œil général et qui tranche. […] Pourtant Malesherbes resta peu et se découragea vite.

2193. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Mais ce qui restera surtout à Saint-Just, ce sera l’habitude et l’usage des comparaisons, qu’il transportera plus tard dans sa prose oratoire avec concision et sobriété, et qui y seront parfois d’un effet réel. […] Il est malheureux que je ne puisse rester à Paris.

2194. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

— Combien restez-vous encore ici ? […] — C’est de toute impossibilité… Si vous étiez resté encore un mois, je ne dis pas non.

2195. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

C’est en ce moment-là qu’un valet du bourreau, jeune homme de vingt ans, monte sur l’échafaud, dit au patient de se tourner pour qu’il le délie, et, profitant de la posture du mourant qui se livrait à lui sans défiance, saute sur son dos et se met à lui couper péniblement ce qui lui restait de cou avec je ne sais quel couteau de boucher. […] Elle veut mener désormais meilleure vie et rester digne de sa dernière belle action.

2196. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Sans doute une majorité toute-puissante, comme en Amérique, peut empêcher l’individu de penser ce qui ne lui convient pas ; mais il restera toujours un champ très-étendu de pensée libre, et de ce retranchement la liberté pourra toujours faire peu à peu des sorties et prendre pied sur le terrain qui lui est interdit. […] Sans doute il est cruel à une cause qui s’est toujours donnée pour la cause de la liberté de s’entendre dire, et cela sans passion, et même avec bienveillance, qu’elle porte la servitude dans son sein, et qu’il lui faudra lutter contre ses plus violents instincts pour rester libre.

2197. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

De deux choses l’une alors : ou ces deux pensées se confondent, et l’expression trouvée devient l’expression définitive d’une pensée mixte, incohérente ; — ou bien elles restent distinctes : c’est que l’esprit, sous le prétexte de comparer à sa pensée les termes qu’il a d’abord trouvés pour l’exprimer, compare deux pensées qu’il sait différentes par leur origine, et aperçoit ainsi les rapports et les différences de nature qu’elles peuvent présenter248. […] Scherer), en expliquant pour la première fois dans le langage de tous, plié avec un art admirable à des idées pour lesquelles il n’était pas fait, les parties les plus intimes de l’art de la peinture, jusqu’alors restées cachées à ceux qui n’entendent pas le jargon spécial des ateliers.

2198. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

S’il n’y avait pas la vie qui fait l’école, à sa manière, et qui détruit souvent la leçon du romancier ; s’il n’y avait pas un peu de catéchisme, dont on se rappelle encore les questions quand les réponses sont oubliées ; s’il ne restait pas, dans l’air et la lumière de ce pays, un peu de sens commun qu’on respire malgré soi, que deviendrait un peuple enseigné de la sorte ? […] Il ne resta de leur passage qu’une poussière mêlée de rayons, et qui trembla longtemps, nuage unique et doré, dans l’air admirablement pur où mourait la lumière.

2199. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

que par la puissance de ton bras ils restent immobiles comme le pierre, jusqu’à ce que ton peuple, ô Seigneur ! […] Ils furent l’âme du peuple hébreu, sa cymbale de guerre, le luth de son deuil et de ses afflictions, sa vie durable dans la captivité, alors que, démembré par les discordes, expatrié par la servitude, ses lieux saints, ses tombeaux, sa langue natale, lui étaient arrachés, et qu’il ne lui restait plus que sa foi dans le passé et dans l’avenir.

2200. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Lorsque le maréchal quitta en 1708 l’armée d’Allemagne, elle revint à Paris, étant restée jusque-là, pendant les campagnes, à Strasbourg, et il lui échappa de dire « qu’enfin elle quittait le service ».

2201. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

L’amitié resta entière entre nous jusqu’à la publication de mon roman de Volupté, qui, je ne sais pourquoi, déplut fort a Béranger par son esprit, et même lui porta ombrage en quelques endroits.

2202. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

. — M. de Montalembert n’appartenait point à ce groupe ; plus jeune de quelques années, il était aussi plus tranchant, plus acerbe, et une goutte du fiel de La Mennais pénétra de bonne heure sa nature éloquente et hautaine, qui en est restée imprégnée jusqu’à la moelle.

2203. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

« Elle n’est pas venue, dit-il : elle viendra. » Espérons-le avec lui : il est de ceux qui ont le plus droit de la promettre ; car il la sert, il en hâte le triomphe ; et certes, lorsqu’à la lecture de son livre nous voyons ce que nos pères ont souffert pour elle, et que nous sentons en nos cœurs ce que nous serions prêts à souffrir nous-mêmes, quand il nous semble qu’à travers les larmes, le sang et d’innombrables douleurs, tout a été préparé par une providence attentive pour son mystérieux enfantement, nous ne pouvons imaginer que tant de mal ait été dépensé en pure perte, que tant de souffrances aient été vainement offertes en sacrifice ; et dût-il nous en rester encore quelque part à subir, nous croyons plus fermement que jamais au salut de la France.

2204. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Il tâchait que le lien central restât le plus simple, et qu’on ne l’embrouillât pas en un labyrinthe, afin que, dans un temps quelconque, on eût le moyen de dénouer, sans déchirer violemment ni trancher avec le glaive.

2205. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Desmarest ne doute pas que Georges ne soit resté fidèle à cette impression.

2206. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Ce sont moins des écoles que trois différents esprits de la critique, et, pour ainsi dire, trois moments par lesquels doit passer successivement la pensée de tout homme qui, dans ce siècle où chaque chose est mise en question, examine la question de la critique littéraire : 1º le moment dogmatique (l’esprit humain affirme d’abord) ; 2º le moment critique (c’est vraiment la crise de l’intelligence ; nous ne croyons plus : resterons-nous sceptiques ?) 

2207. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

N’ayant pas rapporté chaque partie au tout et aux autres parties, il ne taillera point chacune de ses pensées à la convenance du sujet, il leur laissera trop de largeur ou trop peu : il n’y touchera pas avec précision le point par lequel elles tiennent à sa matière ; elles garderont du vague et de l’incertitude : elles resteront plus ou moins à l’état de simulacres flottants et sans consistance, de silhouettes lumineuses parfois et vives, mais où l’on ne sentira point le solide soutien des muscles et des os.

2208. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Même après sa lettre anonyme à Louis XIV, si éloquente et si dure, soupçonné et, dans l’esprit, du roi, convaincu de l’avoir écrite, il resta à la cour.

2209. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Cette thèse restera une des idées fondamentales de l’œuvre de M. 

2210. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Verhaeren paraît un fils direct de Victor Hugo, surtout en ses premiers œuvres ; même après son évolution vers une poésie plus librement fiévreuse, il est encore resté romantique ; appliqué à son génie, ce mot garde toute sa splendeur et toute son éloquence.

2211. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Oui, le tournoi de 1914 restera inscrit dans les fastes de l’Histoire !

2212. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

L’affiliation au judaïsme avait beaucoup de degrés ; mais les prosélytes restaient toujours dans un état d’infériorité à l’égard du juif de naissance.

2213. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Quelque succès qu’eussent eu Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du palais, la Suivante, la Place royale, Médée, s’il en fût resté là, jamais la scène Françoise n’eût égalé la scène Grecque.

2214. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Sans cette communication de l’homme vivant à l’homme vivant, et de l’homme mort à l’homme qui naît sur la terre, l’homme serait resté un être éternellement isolé, le grand sourd et muet des mondes ; il y aurait eu des hommes, il n’y aurait point eu de société humaine, il n’y aurait point eu d’humanité.

2215. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Peu s’en fallut que le soleil… Il ne restait plus à prendre que le ton de la tragédie ; et voilà La Fontaine qui le prend très-plaisamment, à l’occasion du désastre d’un poulailler.

2216. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Ciceron dit aussi dans le cinquiéme livre des tusculanes, en parlant des plaisirs qui restent encore à ceux qui ont eu le malheur de perdre l’ouïe : que s’ils aiment les beaux chants, ils auront peut-être plus de plaisir à les lire qu’ils n’en auroient eu à les entendre executer.

2217. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Ce que nous demandons avant tout au style, c’est l’originalité, la vie, le relief, la création, l’image, et c’est pour cela que Molière, Sévigné et Saint-Simon restent pour nous de vrais écrivains, et que nous avons mis notamment le génie de Saint-Simon hors de pair.

2218. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Un grand ressort des temps anciens, qui fut nécessaire à l’organisation primitive de la société, et qui ne peut plus être pour nous qu’une grande erreur, le sentiment exclusif de la nationalité doit disparaître : il ne peut tenir devant les hauts sentiments de l’humanité ; il restera l’amour du sol natal et l’attachement aux institutions de la patrie, seuls sentiments vrais, naturels, indestructibles comme le cœur de l’homme.

2219. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Eh bien, pour commencer par les revues, qui restent plus longtemps que les autres journaux sous l’œil du public et dont la gravité et les développements touchent au livre, la Revue des Deux Mondes et la Revue Contemporaine, ces deux solitaires, nous offrent-elles le modèle et l’exemple de la critique que nous cherchons ?

2220. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

Il m’était resté dans la tête, après tout le bruit qu’il a fait, que Cormenin, qui s’était appelé lui-même Timon et que l’opinion avait accepté sous ce nom farouche, était un pamphlétaire redoutable, dont les griffes ne se détachaient pas quand elles s’étaient enfoncées quelque part.

2221. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Lui, le critique attitré du théâtre de Hambourg, prit acte des pièces qu’on y jouait pour les faire passer, elles et le système dramatique dont elles étaient l’expression, par les dents d’une herse si terrible et si profondément enfoncée, que, de ces pauvres pièces, il n’en resta plus que les lambeaux !

2222. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Son livre immense, — qui s’appelle la Somme, et qui assomme, — sifflotait un voltairien au siècle dernier, — serait majestueusement resté dans cette gloire rongée d’oubli, où le nom de l’homme se voit encore, mais où ses idées ne se voient plus.

2223. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Comme l’influence de cette moelle de lion, mangée chez le Centaure, qui se retrouvait jusque dans les tendresses d’Achille, l’influence de ces premières études, de ces premières cohabitations avec les poètes de l’Angleterre, resta sur Lefèvre-Deumier, même quand sa jeunesse fut passée, quand son talent laborieusement, mûri se détachait de tout ce qui n’était pas lui-même.

2224. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

C’est encore et toujours ce visage qui fut charmant, où la Gaîté et la Mélancolie luttaient pour le compte de la Séduction, mais où la Mélancolie a commencé de vaincre, — la Mélancolie qui s’est épaissie, à mesure que les années qui restent à vivre s’éclaircissent.

2225. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Et il y va rester : Apportez, comme un calice, Pour que rien ne le ternisse, Votre amour sur les sommets !

2226. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Paul Bourget n’en restera pas moins Byronien de religion poétique, il ne changera pas l’âme qu’il a et ne se laissera pas étouffer dans d’ineptes systèmes et des poétiques de perdition.

2227. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Nous apprend-il enfin ce que nous ne savions pas, à nous autres qui restons chez nous ?

2228. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Ces traditions ayant été suivies si longtemps, et par des peuples entiers, doivent avoir eu un motif commun de vérité (axiome 16). 6º Les grands débris qui nous restent de l’antiquité, jusqu’ici inutiles à la science, parce qu’ils étaient négligés, mutilés, dispersés, reprennent leur éclat, leur place et leur ordre naturels. 7º Enfin tous les faits que nous raconte l’histoire certaine viennent se rattacher à ces antiquités expliquées par nous, comme à leurs causes naturelles. — Ces preuves philologiques nous font voir dans la réalité les choses que nous avons aperçues dans la méditation du monde idéal.

2229. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ne sont-ce pas plutôt les études que Poquelin fit chez les Jésuites, recevant tous les jours des enfants destinés à rester laïques, qui auront donné lieu à cette erreur, bien évidente, puisque ses parents, loin de vouloir le consacrer à l’exercice du culte, l’avaient fait admettre dans la survivance de tapissier valet de chambre du Roi ? […] La famille de Molière ne fit pas moins d’efforts pour le détourner de cette carrière qu’elle n’en avait fait naguère pour le déterminer à rester ignorant. […] La nature lui départit le don de paraître toujours jeune, mais évidemment, en 1658, elle était loin d’avoir déjà besoin de ce privilège, car elle put rester au théâtre jusqu’en 1685, et elle vécut jusqu’en 1706. […] Peut-être nous eût-il révélé le secret de son art, cet immortel génie qui depuis deux siècles est resté sans rival, comme il avait été sans modèle. […] Ce poème restait toujours ouvert sur la table, et celui des convives auquel il échappait dans la conversation une faute de langage était, suivant la gravité de son délit grammatical, condamné à en lire quinze ou vingt vers.

2230. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Laissons aux Germains prendre leurs fantaisies pour les spéculations d’un beau idéal encore inconnu : qu’ils se délectent dans leurs espérances de perfectibilité spirituelle : contentons-nous de rester à la perfection bornée par nos grands maîtres. […] Sa Henriade, bien que dénuée de sentimental enthousiasme, n’en est pas moins restée supérieure à l’emphatique Messiade. […] Ces deux chants tiennent donc essentiellement au sujet que célèbre le poète ; mais ils renferment des incidents dont la suppression n’empêcherait pas que la fable restât en son entier ; et voilà proprement ce qu’on appelle des épisodes. […] Son Atayde ses amis n’étaient plus : il ne lui restait qu’un serviteur indien qui descendait chaque soir quêter dans l’ombre pour la nourriture de son maître. […] Il rapporte à son courage de lui avoir suggéré la sublime harangue de Nuno Alvarès, qui reproche à ses concitoyens de rester abattus et foulés aux pieds par les ennemis, que tant de fois ils tinrent dans leurs fers.

2231. (1927) Approximations. Deuxième série

Restait à savoir si la traduction possédait également, selon l’argot du théâtre, cette qualité d’être « parlable ». […] Questions qui restent du seul ressort des spécialistes anglais. […] Il paraît bien établi que si cette foi connut les troubles atmosphériques, — auxquels d’ailleurs les plus grands saints restent soumis, — le noyau n’en fut point entamé. […] Être loin, vivre du travail de mes mains, rester en tête-à-tête avec moi-même, et peut-être aussi ne plus être aimé ! […] À cet égard, de ceux qui restent le devoir ne peut être que de s’incliner et de suspendre tout jugement.

2232. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Cassel paraît bien être resté ou devenu le centre administratif et le marché principal de la Flandre. […] Il y restera, assurément, beaucoup à trouver. […] L’œuvre de Camille Lemonnier restera l’une des plus honnêtes, des plus franches, des plus émues, des plus vaillantes qu’on ait données. […] Tenacement attaché à sa terre, à sa Campine pauvre et ingrate, Eekhoud se glorifie de rester le romancier de sa terre, de rester le romancier de sa Campine, de sa Campine pauvre et ingrate, parce qu’elle est pauvre et ingrate et que les habitants des pays riches la méprisent et qu’elle fait figure de déclassée, sa Campine pauvre et ingrate, comme ces malheureux dont le visage émacié rebute. […] Alors, le découragement, le dégoût l’envahissent au point qu’elle refuse de rester sur le trône aux côtés de son frère.

2233. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

En fait, la science du réel fit peu de progrès tant qu’elle resta placée à ce point de vue. […] Les lois mécaniques restent sauves, puisque, selon Descartes, elles ne déterminent pas la direction et que celle-ci doit venir d’ailleurs. […] Tant qu’avec Descartes et même avec Leibnitz on s’est borné à poser des lois de constance de la quantité en général, une place est nécessairement restée à l’indétermination. […] Non seulement les lois d’association restent vagues et hypothétiques, mais il est des cas où elles sont manifestement insuffisantes pour expliquer les phénomènes. […] Séparées comme elles l’étaient chez les anciens, les mathématiques et l’expérience restaient, celles-là transcendantes, celle-ci incertaine.

2234. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Elles sont restées debout pendant plus de trois siècles. […] Mais restons fermes dans le chemin commencé. […] Payez donc, si possible, un remplaçant, et restez à Paris. […] Il a feuilleté trop de grimoires pour rester naïf. […] C’est un appel désespéré vers l’Église, seule autorité qui soit restée debout parmi les ruines que nous avons faites.

2235. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Celui-ci est dans un cachot, enchaîné avec les deux frères qui lui restent. […] On ne les chasse point, ces noires visiteuses ; la bouche a beau rester muette, le front pâli et l’étrange sourire témoignent de leur venue. […] Nous restons à genoux devant les sanctuaires où pendant trois mille ans a prié l’humanité ; nous n’arrachons pas une seule rose aux guirlandes dont elle a couronné ses divines madones ; nous n’éteignons pas une seule des lampes qu’elle entassait sur les marches de son autel ; nous contemplons avec un plaisir d’artistes les châsses précieuses où, parmi les candélabres ouvragés, les soleils de diamants et les chapes resplendissantes, elle a répandu les plus purs trésors de son génie et de son cœur. […] Il n’a point plié devant le souverain des esprits, il est resté debout et calme en face du trône infernal, sous le déchaînement de tous les démons qui voulaient le déchirer ; maintenant qu’il meurt et qu’ils l’assaillent, il lutte et triomphe encore ; tout « râlant qu’il est, les lèvres blanches », il reste « debout dans sa force », les brave et les chasse. « Tu n’as point de pouvoir sur moi, je le sens. —  Tu ne me posséderas jamais, je le sais. —  Ce que j’ai fait est fait ; je porte au dedans de moi — une torture à laquelle la tienne ne pourrait rien ajouter. —  L’âme, qui est immortelle, se donne à elle-même — la récompense ou le châtiment de ses bonnes ou de ses mauvaises pensées. —  Elle est à elle-même le commencement et la fin de son propre mal. —  Elle est à elle-même son lieu et son temps. […] Dès l’abord, il les avait vus ; les vrais artistes sont perspicaces ; c’est en cela qu’ils nous surpassent ; nous jugeons d’après des ouï-dire et des phrases toutes faites, en badauds ; ils jugent d’après les faits et les choses, en originaux : à vingt-deux ans il avait vu l’ennui né de la contrainte désoler toute la high life. « Là se tient debout la noble hôtesse, qui restera sur ses jambes — même à la trois-millième révérence. —  Les ducs royaux, les dames grimpent l’escalier encombré, et à chaque fois avancent d’un pouce1297. » — « Il faut aller voir à la campagne, écrivait-il, ce que les journaux appellent une compagnie choisie d’hôtes de distinction, notamment les gentlemen après dîner, les jours de chasse, et la soirée qui suit, et les femmes qui ont l’air d’avoir chassé, ou plutôt d’avoir été chassées… Je me rappelle un dîner à la ville chez lord C…, composé de gens peu nombreux, mais choisis entre les plus amusants.

2236. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Toutes les oreilles capables de les supporter en restèrent retentissantes. […] mon cher Granchamp, dit à voix basse une jeune femme de chambre qui passait et s’arrêta, ne faites pas songer à la duchesse ; elle est bien triste, et je crois qu’elle restera dans son appartement. […] À présent, quand toute la terre m’attendrait, j’y resterais. […] Vous serez plus épouvantée si vous restez.

2237. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et quand cette grand’mère le faisait appeler, il restait très longtemps dans le lointain du parc, avant de se rendre à l’appel, laissant son vrai nom se perdre, s’évaporer, dans son retard à y répondre. […] Alors les heures qui n’en finissent pas d’une journée, au bout de laquelle il y a une chose émotionnante, et l’impossibilité de rester chez soi, et le besoin de se promener au dehors, avec des yeux qui ne voient pas, et sur des jambes, qui ne savent où aller. […] Il dit qu’il a été obligé de donner un coup de poing à un de ces chaleureux, qui s’était assis trop près de sa femme, pendant qu’il était entré chez un marchand de tabac, et il raconte qu’il a rencontré à Gibraltar des Anglaises qui se sont plaintes de n’avoir pu rester à Séville, à cause des attouchements cochonnes des hommes. […] Mais tout en se déchargeant sur moi de la composition de nos livres, mon frère était resté un passionné de style, et j’ai raconté dans une lettre à Zola, écrite au lendemain de sa mort, le soin amoureux qu’il mettait à l’élaboration de la forme, à la ciselure des phrases, au choix des mots, reprenant des morceaux écrits en commun, et qui nous avaient satisfaits tout d’abord, les retravaillant des heures, des demi-journées, avec une opiniâtreté presque colère, ici, changeant une épithète, là, faisant entrer dans une période, un rythme, plus loin, refaçonnant un tour de phrase, fatiguant, usant sa cervelle, à la poursuite de cette perfection, si difficile, parfois impossible à la langue française, dans l’ expression des sensations modernes… et après ce labeur restant de longs moments, brisé sur un canapé, silencieux, dans la fumée d’un cigare opiacé.

2238. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Resterait seulement à expliquer l’origine de la majeure : pourquoi le privilège d’être jugé mien n’appartient-il pas au contraire aux phénomènes étendus ? […] Un grand nombre d’états restent en dehors de cette classe et sont exclus du moi par la perception externe ; leur ensemble est le non-moi. […] Quel que soit l’intérêt de ces indices d’une vague connaissance de la parole intérieure par le sens commun, — indices auxquels il faut ajouter certains titres d’ouvrages, comme Les soliloques (de saint Augustin et de saint Bonaventure), Les voix intérieures (de Victor Hugo), et cette locution populaire du midi de la France : dire son chapelet en dedans 166 — il est certain que son importance et son vrai rôle restent d’ordinaire inconnus ; et il n’en est pas de preuve plus décisive que l’observation suivante, empruntée, elle aussi, à l’étude du langage : dans les langues classiques, et sans doute dans toutes les langues, les opérations de la pensée sont exprimées par des images relatives le plus souvent à la vision, quelquefois au toucher, a l’odorat, au goût : les termes qui font allusion à l’ouïe et à la parole ne sont employés ni exclusivement ni même dans la majorité des cas167. […] Laura Santone (« Victor Egger ‘annunciatore’ di Edouard Dujardin e di James Joyce… », art. cit., p. 249) identifie dans ce passage une trace de la lecture de Egger par Bergson, même s’il n’y fait qu’une allusion masquée, quand il analyse les sensations de son dans l’Essai sur les données immédiates de la conscience (PUF, « Quadrige », 2003, p. 32-33) : « que restera-t-il, sinon une indéfinissable qualité du son entendu ?

2239. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Thiers fait énergiquement ressortir, c’est le triste et fort laid spectacle que présentent ces vainqueurs, coalisés la veille contre l’ambition d’un seul, à ce qu’ils disaient, et qui, le lendemain, se montrent les plus ambitieux et les plus avides à se partager ses dépouilles ; c’est cette politique de Vae victis, impitoyablement dirigée à la fois contre la France et contre ceux des États et des souverains secondaires qui lui étaient restés attachés dans la lutte, c’est cette curée de sang-froid, où quelques commissaires d’élite attablés autour d’un tapis vert se disputent, jusqu’à en venir (ou peu s’en faut) aux menaces, des morceaux de territoire et des lots de quelques centaines de mille âmes, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu à peu près le chiffre rond qu’ils revendiquent pour le leur.

2240. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

En un mot, dans ces volumes de critique qu’on multiplie de nos jours, je goûte certes le talent et ce qui donne la mesure d’un esprit, mais j’aime surtout l’information, l’accident, le détail et la circonstance, ce qui en restera de piquant et d’imprévu pour ceux qui les liront plus tard.

2241. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Les personnages restent vrais, les scènes sont vraisemblables dans leur complication : sir Ralph seul touche un peu, par moments, à la caricature, mais nous ne le remarquerions pas, n’était le rôle final, le volte-face miraculeux auquel il est destiné.

2242. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Ces races héroïques et musicales qui faisaient de si grandes choses, restaient sensibles jusqu’au plus fort de leurs passions publiques à la moindre note du poëte ou de l’orateur, et l’applaudissement soudain n’éclatait que là où la pensée tombait d’accord avec le nombre, là où l’oreille était satisfaite comme le cœur.

2243. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

Ceux qui ont la parole si prompte et si sûre sont tentés de rester un peu superficiels et de ne pas creuser les pensées.

2244. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

S’interdire les développements, les grands effets déployés d’un style toujours sûr, c’était se retrancher sans doute une portion de ses forces, mais il lui en restait encore assez.

2245. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

S’ils s’obstinaient à rester en retard sur la société et à fermer les yeux à ce qui est, une telle institution élevée tout en face les vieillirait vite, et dans tous les cas elle les avertirait.

2246. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Les mœurs, les habitudes, les connaissances philosophiques, les succès militaires, tout semble, chez les Grecs, ne devoir être que passager ; c’est la semence que le vent emportera dans tous les lieux de la terre, et qui ne restera point où elle est née.

2247. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Il s’agit uniquement de ces dogmes dominateurs qui assurent à la religion beaucoup plus d’action sur l’existence, en réalisant ce qui restait dans le vague, en asservissant l’imagination par l’incompréhensible.

2248. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Nous n’admettons pas que vous puissiez avoir l’âme assez basse, l’esprit assez court pour en rester à la doctrine de l’école historique.

2249. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Vous ne devez pas perdre de vue que la nature et l’intensité des causes étant altérées, les effets ne devront pas rester les mêmes en nature et en intensité : c’est affaire d’observation, de tact et de temps, pour apprendre à y maintenir une exacte correspondance.

2250. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Ils contemplent avec lui les ruines du passé ; ils savent qu’en se retrouvant là, le Maître oubliera la vie d’apparence et d’action qu’avec eux il a menée, qu’il ne lui en restera que des regrets.

2251. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Il nous paraît bien représenter le type dans son caractère général : il a dans son vêtement l’ampleur que Pierrot a conservée jusqu’à nos jours ; il porte le sabre de bois qui resta propre à Arlequin ; il est coiffé du chapeau souple, susceptible de revêtir les formes les plus étranges, rendu célèbre notamment par le fameux pitre Tabarin.

2252. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

La nouvelle compagnie resta seule en possession du théâtre de la rue Mazarine.

2253. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Cazals restera comme l’iconographe des décadents.

2254. (1890) L’avenir de la science « I »

Puis, quand il se voit dans l’impossibilité de réaliser cet idéal multiple, quand il voit cette vie si courte, si partagée, si fatalement incomplète, quand il songe que des côtés entiers de sa riche et féconde nature resteront à jamais ensevelis dans l’ombre, c’est un retour d’une amertume sans pareille.

2255. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Se plaît-il à rester dans les temps modernes ou à s’enfoncer dans le passé ?

2256. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

On n’en est pas resté là : de leurs Livres on les a suivis dans la Société.

2257. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

La pauvre écritoire restait des années chez moi, très peu regardée par les amateurs, très peu appréciée même par les Japonais, dont l’un cependant, M. 

2258. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Alors expliquez-vous ; examinons la valeur de cette allégation ; prouvez d’abord qu’elle est fondée ; il vous restera ensuite à démontrer qu’elle n’est pas insignifiante.

2259. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

Ceci posé, et après avoir prié de nouveau le lecteur de ne pas attacher un sens trop absolu aux quelques mots qui nous restent à dire, nous reprenons.

2260. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Les oracles ont dû tomber avec le paganisme, les démons disparoître, & les impostures des prêtres rester à découvert.

2261. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Mais si la parole a cessé de régner, elle est restée premier ministre de la pensée.

2262. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

En se travaillant immensément, en se tortillant, en se donnant beaucoup de courbatures, Mme Sophie Gay, qui pouvait rester une femme du monde spirituelle, était parvenue à faire de son esprit je ne sais quel talent sans naturel, sans originalité et sans grâce.

2263. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Littéraire ou révolutionnaire, elle est restée chrétienne dans ses troubles, et, devenue Asiatique, elle est chrétienne encore.

2264. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

L’ardeur, le dévouement, la foi, la science même, voilà ce qui, de leur côté, est resté éternel et splendide.

2265. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Elle est sur Lemierre, qui n’a fait qu’un beau vers dans l’opinion de son siècle, lequel en resta stupéfait.

2266. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

C’est de la biographie et de la bibliographie presque microscopiques, auxquelles peut-être le seul reproche qu’il y ait à faire est d’avoir remis dans trop de lumière des choses peu importantes et qui pouvaient sans inconvénient rester dans l’oubli qu’elles avaient gagné.

2267. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Fruit vert, gracieusement noué, qui ne devait jamais mûrir, il resta, sans l’amour et sans l’enthousiasme des premières années, l’éternel gamin rageur, moqueur et pleureur, qui constitue cette espèce charmante d’animaux adorés à Paris.

2268. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Elle est restée aussi, comme une sage petite fille, les yeux baissés et les mains jointes sur sa ceinture, dans cette idée prude ou hypocrite d’une vraie liberté, et elle a mis Dieu par-dessus, mais quel Dieu ?

2269. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Les rois qui restent encore en Europe à cette heure ont déjà plein la bouche de ce flot révolutionnaire, qu’ils n’ont pas la force de rejeter et qui les étouffera demain.

2270. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus.

2271. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Frédéric Mistral, nouvellement découvert, et dont le nom, beau comme un surnom, convient si bien à un poète de son pays, un homme né et resté dans la société qu’il chante, ayant le bonheur d’avoir les mœurs de ses héros et d’être un de ces poètes complets, dont la vie et l’imagination s’accordent, comme le fut Burns, le jaugeur.

2272. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

III C’est de l’Alfred de Musset d’imitation et de balbutie, de l’Alfred de Musset resté petit garçon toute sa vie et un peu singe, comme le sont les petits garçons… Chérubin vieilli, qui, à quarante ans, continue de chanter sa romance à Madame, laquelle n’est pas Mme Almaviva, — mais Musette, Frisette ou Rigolette.

2273. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Seulement notre critique, à nous, n’aurait-elle que deux minutes à vivre, elle ferait, pendant ces deux minutes, sa pauvre justice éphémère et rendrait hommage à un homme de talent méconnu, parce que dans le débordement de paganisme et de matérialisme universel, il est resté purement et incorruptiblement un spiritualiste et un chrétien.

2274. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Frédéric Passy, pour éclairer des points obscurs, pour dissiper des malentendus, pour calmer des alarmes exagérées et sans fondement, pour apaiser des irritations passagères, pour faire pénétrer enfin dans les sphères parlementaires et gouvernementales elles-mêmes un esprit de modération, de sagesse et d’équité, ces hommes choisis parmi les meilleurs, les mieux informés, les plus écoutés de leurs contrées respectives et obligés par le mandat qu’ils ont reçus, comme ils l’étaient déjà par leurs sentiments communs, de rester en relations les uns avec les autres et de se tenir au courant des faits et de l’opinion ? 

2275. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Trois années durant, il resta dans cette position secondaire, sans que le rédacteur en chef devinât toute la portée de son mérite, et sans que lui, de son côté, il fît rien pour l’en avertir. […] Herschell, fils de l’illustre astronome, sur l’Étude de la philosophie naturelle, un très bel article tout animé du souffle newtonnien et où il s’inspirait du génie des sciences (14 février 1835), frappa pourtant et devait frapper Carrel ; arrivant ce jour-là au National, et voyant Littré qui traduisait ses journaux allemands, selon son habitude, au bout de la table de la rédaction dans le salon commun : « Mais vous ne pouvez rester dans cette position, lui dit-il, vous êtes notre collaborateur. […] Un esprit exact, mais un peu étroit, un érudit resté au point de vue strict du xviiie  siècle, M. 

2276. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Ce costume, dans lequel elle resta pour jamais dans sa mémoire, ainsi que tous les traits de son visage et tous les détails de sa figure, recomposent çà et là le portrait de cette personne dans les odes et dans les sonnets de son poète. […] J’ai porté la peine de mon ambition et de ma vanité. » XVIII Il ne faut pas rester longtemps dans une ville où l’on a joui des suprêmes honneurs. […] Ce sont les mêmes sentiments et presque les mêmes images que j’ai exprimés moi-même dans une forme plus large et infiniment moins parfaite que celle de Pétrarque, en écrivant l’ode élégiaque intitulée le Lac, dont quelques strophes sont restées dans la mémoire et dans le cœur de mon temps.

2277. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

XXVIII Pendant que le prince mourait dans une bourgade des montagnes de Rome insurgées, la princesse Charlotte était restée à Florence, chez sa mère mourante. […] Il y resta peu et il n’y jouit de rien. […] Tout est resté mystère, conjecture, énigme, dont un seul homme a le mot, l’illustre étranger aimé d’une femme morte, et qui ne peut, sans sacrilège, trahir sa vie et sa mort !

2278. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

XV Il fut fasciné par Werther ; mais, par un phénomène moral très connu chez les grands artistes comme Goethe, pendant que le livre incendiait le monde l’auteur resta froid. Son imagination seule s’était échauffée en le composant ; son cœur était resté tiède et dans ce parfait équilibre qui permet à l’écrivain de juger son ouvrage. […] Je vous engagerais bien à rester plus longtemps, mais on est si méchant ici !

2279. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Mireille et Vincent, le fils du chanteur, restent seuls, attardés et jaseurs, sur le seuil de la maison. […] Mais, telle qu’un enfant dans ses langes qui parfois pleure et ne sait pourquoi, j’ai quelque chose, dit-elle, qui me tourmente ; cela m’ôte le voir et l’ouïr ; mon cœur en bout, mon front en rêve, et le sang de mon corps ne peut rester calme.” […] De son manteau le bon vieux pâtre se décharge, et, crédule, en l’air le jette… Et le manteau resta suspendu au rayon éclatant. » — « “Homme de Dieu !

2280. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Parmi les filles, un très petit nombre se marient, parce que la loi ne leur accorde qu’une parcelle du patrimoine de la famille ; les unes entrent dans des couvents, ces sépulcres de la jeunesse et de la beauté qui étouffent souvent les gémissements secrets de la nature ; les autres restent dans la maison, y vieillissent avec une inclination cachée dans leur cœur, contractent une physionomie de résignation et de mélancolie douce qui fait monter les larmes aux yeux quand on les regarde, puis s’accoutument à leur sort, se font les providences de la maison, reprennent leur gaieté et deviennent tantes, cette seconde maternité de la famille, plus touchante encore que l’autre, parce qu’elle est plus désintéressée et plus adoptive. […] Il aimait passionnément les beaux vers ; il en avait composé beaucoup dans ses loisirs, il nous en récitait des strophes dont les lambeaux sont restés dans ma mémoire. […] Le comte de Maistre les faussait en prétendant agir comme homme et rester revêtu de son caractère d’envoyé de son roi.

2281. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Et, chose étonnante, son style, abandonné à lui-même, et qui n’avait de juge et de critique que son âme, ne resta comme forme au-dessous de rien, pendant que, comme fond, ce style était au niveau de tout. […] Il ne lui restait que son père à consoler, un tout jeune frère bon, aimable, un peu étourdi, et sa sœur Mimi à cultiver. […] Voilà sa chambre, voilà son lit, dira-t-on, et de tout cela il ne restera plus que mon tombeau où l’on dira que je suis, et je n’y serai pas.”

2282. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Dans le premier cas il modulerait dans un autre ton entre les mots joie et douleur ; dans le second, la phrase entière resterait dans le même ton. […] Les interprètes sont restés les mêmes, sauf M.  […] Soulacroix, Delaquerrière et Mlle Deschamps, qui appartiennent à la troupe de l’Opéra-Comique, restaient disponibles.

2283. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

D’autre part, la douleur peut rester plus longtemps au maximum que le plaisir, parce que les conditions d’usure ne font que s’accroître par le temps, et il est clair, pour la même raison, que la peine prolongée ne peut se changer en plaisir ; elle peut seulement, par un effet d’accommodation organique, s’assourdir et se rapprocher d’un état de simple malaise. […] Nous restons donc toujours en présence de l’intensité et de son rapport avec l’action. […] Il y a des saveurs amères qui sont immédiatement désagréables et restent telles même en devenant très peu intenses.

2284. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Deux tueurs de temps et deux amis de la femme restée femme du peuple sous la soie, et qui gagne sa vie avec le plaisir. […] Le soir, dans l’impossibilité du travail, nous remontons tous deux, en fumant des pipes, à nos souvenirs de collège, alternant de la voix et de la mémoire : Jules contant le collège Bourbon, et ce terrible professeur de sixième, cet Herbette qui fit toute son enfance heureuse, malheureuse, le poussant sans miséricorde aux prix de grands concours, puis, plus tard, ce professeur de seconde, auquel il déplut pour faire autant de calembours que lui, et aussi mauvais, enfin cette bienheureuse classe de rhétorique, où il fila presque toute l’année, fabriquant en vers un incroyable drame d’Étienne-Marcel, sur la terrasse des Feuillants, averti de l’heure de la rentrée à la maison par la musique de la garde montante se rendant au Palais-Bourbon, et les rares fois où il se montrait au collège, passant la classe à illustrer Notre-Dame-de-Paris de dessins à la plume dans les marges : Edmond contant ce Caboche, cet excentrique professeur de troisième du collège Henri IV, qui donnait aux échappés de Villemeureux, à faire en thème latin le portrait de la duchesse de Bourgogne de Saint-Simon, cet intelligent, ce délicat, ce bénédictin un peu amer et sourieusement ironique, ce profil original d’universitaire, resté dans le fond de ses sympathies, comme un des premiers éveilleurs chez lui de la compréhension du beau style, de la belle langue française mouvementée et colorée, ce Caboche qui, un jour, à propos de je ne sais quel devoir, lui jeta cette curieuse prédiction : « Vous, monsieur de Goncourt, vous ferez du scandale !  […] C’est le prince Constantin, amoureux de son souvenir, et laissant presque éclater de la colère, de ne pouvoir rester, toute la journée, à causer d’elle, si près d’elle.

2285. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

L’intérieur, est resté provincial, normand, chardinesque, et les grandeurs n’ont rien changé au train de la maison. […] Mardi 30 juin Quand on vit quelque temps en communion avec les femmes de Prud’hon, ces portraits ne vous restent pas dans la mémoire, comme des portraits. […] Il est arrivé ici un ingénieur, travailleur, grand liseur, qui fût devenu quelqu’un, s’il était resté à Paris.

2286. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Dîner chez Daudet, et départ avec le ménage pour la première de Numa Roumestan. « J’emporte, dit Daudet, en train de farfouiller dans ses poches de droite et de gauche, j’emporte de très forts cigares et de la morphine… Si je souffre trop… Léon me fera une piqûre… Oui je resterai, toute la soirée, dans le cabinet de Porel, où il y aura de la bière, et je ferai ma salle pour demain. » En voiture, comme Daudet me dit qu’il a fait mettre à Mounet un col droit, qui lui enlève son aspect de commis voyageur de la répétition, je ne puis m’empêcher de lui dire, que je m’étonne du manque absolu d’observation de ces gens, qui en ont autant besoin que nous, et que je ne peux comprendre, comment un acteur, appelé à jouer Numa Roumestan, n’a pas eu l’idée d’assister à une ou deux séances de la Chambre, ou du moins d’aller flâner à la porte, et de regarder un peu l’humanité représentative. […] À ce récit, et au plaisir littéraire que Daudet y mettait, Gambetta le contempla, un moment, avec un regard tout plein d’une immense commisération, et qui semblait lui dire, qu’il était condamné à rester toujours le Petit Chose. […] Puis, pour ce livre qui n’aura pas de publicité, et qui doit rester enfermé dans le cabinet de l’amateur, il ne se sent pas l’entrain, le feu d’une illustration, commandée par un éditeur.

2287. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Il resterait encore à montrer que l’indéfini, par ce qu’il oblitère dans les objets et par ce qu’il ne peut eu altérer que certaines catégories, coïncide le plus souvent avec le beau, le charmant, le suprême. […] Ces sentiments transposés dans l’esthétique, c’est-à-dire dans le fictif, sont plus poignants que ceux de plaisir et de calme admiration que procure l’idéalisme, plus graves que ceux d’émoi, de transport, de violent intérêt que donne le romantisme ; les spectacles qui les inspirent peuvent rester tout proches du vrai ; en effet, on voit que la pitié et l’horreur sont provoquées fort souvent par la réalité pure et il ne faut que la modifier fort peu pour les exciter violemment, que d’ailleurs cette exactitude relative en son apparence sont faciles à l’artiste réaliste puisque la misère et la bassesse qu’il tend à entrer dans l’homme sont des traits que, par dénigrement et par pessimisme, on croit volontiers plus marqués qu’ils ne sont. […] Depuis on en est resté là, tout ce que la France compte de grands auteurs populaires, produit des livres plus touchants que rationnels, tendant à exalter le rôle de la sensibilité chez l’homme aux dépens de la raison.

2288. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Nombreuses, variées, complexes à coup sûr, et les eût-on toutes déterminées, il resterait encore à établir l’importance relative et le rôle précis de chacune d’elles. […] Mais cette observation semble être restée à la surface du corps humain. […] Il n’ignore pas non plus ce que Cuvier appellera la corrélation des formes ; il signale un grand nombre de ces corrélations qui depuis sont restées dans la science.

2289. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Ainsi, des sensations inextensives resteront ce qu’elles sont, sensations inextensives, si rien ne s’y ajoute. […] Si la sensation restait identique à elle-même, elle demeurerait indéfiniment faible, indéfiniment supportable. […] Quant à l’intervalle lui-même, quant à la durée et au mouvement, en un mot, ils restent nécessairement en dehors de l’équation.

2290. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

C’est dans cette partie éclairée de notre histoire que nous restons placés, en vertu de la loi fondamentale de la vie, qui est une loi d’action : de là la difficulté que nous éprouvons à concevoir des souvenirs qui se conserveraient dans l’ombre. […] Mais la question est précisément de savoir si des qualités individuelles, même isolées par un effort d’abstraction, ne restent pas individuelles comme elles l’étaient d’abord, et si, pour les ériger en genres, une nouvelle démarche de l’esprit n’est pas nécessaire, par laquelle il impose d’abord à chaque qualité un nom, puis collectionne sous ce nom une multiplicité d’objets individuels. La blancheur d’un lis n’est pas la blancheur d’une nappe de neige ; elles restent, même isolées de la neige et du lis, blancheur de lis et blancheur de neige.

2291. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Cet écrit restera donc désormais dans l’état où il est aujourd’hui. […] Il fait un pas, et les systèmes arbitraires sont renversés ; les statues de leurs auteurs restent seules debout sur leurs ruines. […] il est resté en deçà de son but ; il ne l’a donc pas atteint davantage. […] Le Déluge est resté et sera toujours de l’effet le plus saisissant. […] Restent les récompenses et les peines de l’autre vie.

2292. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ses invectives sur Garat, par exemple, sont d’une grande dureté, et ne laissent pas jour aux qualités secondaires de cet homme de talent, de sensibilité même, aimable, disert, aussi bon et aussi sincère qu’on peut l’être n’étant que sophiste brillant et sans la trempe de la vertu : pourtant, après avoir relu l’apologie de Garat lui-même en ses Mémoires, je trouve que, malgré les dénégations de l’écrivain et ses explications ingénieuses, analytiques, élégantes, les jugements de Mme Roland subsistent au fond et restent debout contre lui. […] A en juger par les survivants, par Louvet, Lanjuinais et ceux des 71 qui se rattachèrent à leur mémoire, ils seraient restés dans la ligne d’une liberté franche, entière, républicaine, dans la liberté de l’an III, dût-elle se trouver insuffisante encore contre les passions et les intrigues.

2293. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Voilà ce que nous avions besoin de nous dire avant de nous remettre, nous, critique littéraire, à l’étude curieuse de l’art, et à l’examen attentif des grands individus du passé ; il nous a semblé que, malgré ce qui a éclaté dans le monde et ce qui s’y remue encore, un portrait de Regnier, de Boileau, de La Fontaine, d’André Chénier, de l’un de ces hommes dont les pareils restent de tout temps fort rares, ne serait pas plus une puérilité aujourd’hui qu’il y a un an ; et en nous prenant cette fois à Diderot philosophe et artiste, en le suivant de près dans son intimité attrayante, en le voyant dire, en l’écoutant penser aux heures les plus familières, nous y avons gagné du moins, outre la connaissance d’un grand homme de plus, d’oublier pendant quelques jours l’affligeant spectacle de la société environnante, tant de misère et de turbulence dans les masses, un si vague effroi, un si dévorant égoïsme dans les classes élevées, les gouvernements sans idées ni grandeur, des nations héroïques qu’on immole, le sentiment de patrie qui se perd et que rien de plus large ne remplace, la religion retombée dans l’arène d’où elle a le monde à reconquérir, et l’avenir de plus en plus nébuleux, recélant un rivage qui n’apparaît pas encore. […] pour appliquer ici un mot éloquent de Diderot lui-même, « la statue de l’architecte restera debout au milieu des ruines, et la pierre qui se détachera de la montagne ne la brisera point, parce que les pieds n’en sont pas d’argile. » L’athéisme de Diderot, bien qu’il l’affichât par moments avec une déplorable jactance, et que ses adversaires l’aient trop cruellement pris au mot, se réduit le plus souvent à la négation d’un Dieu méchant et vengeur, d’un Dieu fait à l’image des bourreaux de Calas et de La Barre.

2294. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il acheva sa vie dans une noble attitude, en grand homme désabusé : la fière douceur d’un universel renoncement consolait un peu son lourd ennui ; il lui restait une réelle amie, Mme Récamier, qui réunissait autour de lui, pour lui, dans son appartement de l’Abbaye au Bois, les gens les plus distingués ; il recevait de ce monde choisi par les soins d’une adroite femme le culte discret, lointain, fervent, qui convient aux grandeurs désolées. […] Mais l’intelligence et l’esprit restèrent toujours des parties secondaires de sa nature, tout à fait sous la domination du caractère et de l’imagination.

2295. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il a été plus sage qu’inventeur et même après ces perfectionnements, qui l’ont rendu digne d’une mention dans l’Art poétique, trop de choses restent à faire pour qu’on accorde plus que de l’estime à ce qu’il a fait. […] Combien j’aime, pour ma part, la fierté de ces vers, écrits sans doute dans un moment où Malherbe sentait qu’il n’était pas resté trop au-dessous de cet idéal, et où le réformateur ne désapprouvait pas le poëte !

2296. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

à la Musique, est un triomphe, pour peu qu’elle ne s’applique point, même comme leur élargissement sublime, à d’antiques conditions, mais éclate la génératrice de toute vitalité ; un auditoire éprouvera cette impression que, si l’orchestre cessait de déverser son influence, l’idole en scène resterait, aussitôt, statue. […] Le paysage s’est un peu effacé de ma mémoire ; pourtant, j’ai le souvenir d’un lac bleu étendu dans la plaine et d’un palais de féérie ou de rêve — toute cette journée, d’ailleurs, est restée pour moi un rêve, un de mes meilleurs, — où le style changeait d’étage en étage, racontant la persévérance des souverains du lieu à construire leur tanière, avec de très fines décorations et de si nombreuses fenêtres qu’il ressemblait à une merveilleuse boîte à jours.

2297. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Parsifai, lui, n’en resta pas moins l’Ananda du renoncement ; et le pèlerin qui, à Karéol, répandait aux plaintes de Tristan par l’inutile opposition d’une autre foi, acquit une signification vivante lorsqu’il eut entendu « le soupir de divine compassion », qu’il put guérir la plaie de Tristan-Amfortas, et lui dire : « Bénies soient tes souffrances, qui ont enseigné à l’irrésolu Fol la très haute puissance de la Compassion et la force de la plus pure Science. » Il est superflu, après cet historique, de déclarer que Parsifal n’est pas la glorification d’un dogme religieux. […] Les Vainqueurs (Die Sieger, WWV 89) est un projet d’opéra resté inachevé qui a été inspiré par l’Introduction à l’histoire du bouddhisme indien de Burnouf (1844).

2298. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

S'ils ajoutent que Corneille n'a que neuf ou dix Pieces restées au Théatre, nous répliquerons que celles de ce Poëte qui ont été rejetées, sont bien supérieures aux Tragédies de M. de Voltaire, qui ont eu le même sort, malgré le charme du style. […] Brutus a été dessiné sur le Brutus de Mlle Bernard, qui lui est resté supérieur.

2299. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Les Sept Chefs nous restent, et avec eux le siège de Thèbes : c’est comme si nous avions celui de Jérusalem chanté par Ézéchiel ou par Isaïe. […] Certes les voilà aujourd’hui vraiment du même sang. » Antigone et Ismène sont restées jusque-là muettes sous leurs voiles, recueillant les larmes qui pleuvent autour d’elles, comme pour les ajouter au flot qui monte silencieusement dans leur sein.

2300. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Se justifiant auprès d’un ami du reproche de fierté et de dureté de cœur à l’encontre des bienfaits : « Mon ami, lui écrit-il, je n’ai point, je crois, les idées petites et vulgaires répandues à cet égard ; je ne suis pas non plus un monstre d’orgueil ; mais j’ai été une fois empoisonné avec de l’arsenic sucré, je ne le serai plus : Manet alta mente repostum. » Oui, Chamfort a été une fois empoisonné, et il lui est toujours resté de ce poison dans le sang. […] Trop maladif et trop irrité pour mériter jamais d’obtenir une place dans la série des véritables moralistes, son nom restera attaché à quantité de mots concis, aigus, vibrants et pittoresques, qui piquent l’attention et qui se fixent bon gré mal gré dans le souvenir.

2301. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Il ne lui est plus resté aucun pouvoir pour entraver la violence de la collectivité à l’égard de ceux qui n’en font pas partie, à l’égard de l’étranger. […] « Pour que l’âme fût fixée dans cette demeure souterraine qui lui convenait pour sa seconde vie, il fallait que le corps auquel elle restait attachée fut recouvert de terre.

2302. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

À la représentation d’Hernani — il l’avoue — il est obstinément resté à sa place, de peur de tomber dans un compliment qui ne fût pas celui qu’il désirait, et ses oreilles prises d’une acuité douloureuse, entendaient ou croyaient entendre tout ce qu’on disait de lui et de son roman, et il passe la soirée à combattre, presque avec de l’effroi et un peu d’humeur, le désir qu’a sa femme d’aller avec Mme Charpentier, entendre une conférence de Sarcey, sur le livre du jour. […] Est-ce que la pauvre fille, la dernière des personnes qui me soit sérieusement attachée, est-ce que je vais la perdre, et rester tout seul, tout seul sur la terre, sans une affection, sans un dévouement.

2303. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Corps, pour corset, est resté en usage dans beaucoup de provinces, notamment dans le centre (Glossaire de Jaubert). […] Le verbe grailler, sonner du cor, est resté comme terme de vénerie, mais il a pris d’autre part le sens second et contradictoire de « parler d’une voix enrouée ».

2304. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Tous ces problèmes qui, déjà en biologie, sont loin d’être clairement résolus, restent encore, pour le sociologue, enveloppés de mystère. […] Nous pouvons bien être certains que les états qui se sont généralisés dans l’espèce sont plus utiles que ceux qui sont restés exceptionnels ; non qu’ils sont les plus utiles qui existent ou qui puissent exister.

2305. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Ce Code de lois, tant célébré par les philosophes du XVIIIe siècle, est en grande partie resté sur le papier : elle embrassa plus de réformes en idée qu’elle n’en exécuta réellement ; et ce ne fut pas seulement son sens pratique qui l’arrêtait parfois : elle eut ses mobilités et ses illusions aussi.

2306. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

La cadette, je suppose, est restée recueillie en elle-même et discrète ; elle s’est rattachée par un retour pieux au foyer domestique, au bourg natal, aux mœurs, au paysage du lieu, aux amours de sa blonde enfance ; elle a gardé son culte simple ; elle peut retrouver au besoin son accent du pays ; elle se rappelle encore tous les noms, et s’enferme souvent pour chanter ses airs anciens et pleurer plus à l’aise à ses souvenirs.

2307. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

Il a voulu montrer, par l’exemple de l’Amérique, que les lois et surtout les mœurs peuvent permettre à un peuple démocratique de rester libre, mais il est très loin de croire que nous devions suivre de près ces exemples et nous asservir à ces moyens.

2308. (1875) Premiers lundis. Tome III « Instructions sur les recherches littéraires concernant le Moyen Âge »

Il restait à peine quelque chose d’Euclide, que Boëce avait conservé.

2309. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Leur destinée ressemble, à quelques égards, à celle des affranchis chez les empereurs ; si elles veulent acquérir de l’ascendant, on leur fait un crime d’un pouvoir que les lois ne leur ont pas donné ; si elles restent esclaves, on opprime leur destinée.

2310. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Nos cours de littérature nous ont dit au collège que l’on rit à Molière, et nous le croyons, parce que nous restons toute notre vie, en France, des hommes de collège pour la littérature.

2311. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Dans la seconde, avec Diderot, avec Rousseau, avec Voltaire qui force le pas pour rester à la tête du mouvement, l’attaque devient plus violente et plus générale.

2312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Elle est restée jusqu’à ce jour le drapeau du naturalisme en poésie ; en la lisant, on est loin de la Charogne de Baudelaire et des vers bibliques de M. 

2313. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Resterait à faire rédiger par des peintres des propos touchant leur art.

2314. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Il perdit ses fonctions l’an 14, à l’avènement de Tibère ; mais il resta très considéré.

2315. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté.

2316. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Le Géant massif et chaotique de l’Asie marcha contre l’Homme dont la petitesse, restée droite au milieu du prosternement unanime, choquait de loin son orgueil.

2317. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Il s’agit de savoir si la conscience en restera là, même chez le plus humble des animaux.

2318. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Si l’on considère que l’histoire doit être l’évocation complète et la résurrection des générations disparues, de ce qu’elles furent, de ce qu’elles pensèrent et restèrent, ce sera là faire de l’histoire, et les lumières qu’on portera dans cette science par la méthode que nous venons d’exposer, seront aussi nouvelles et précieuses qu’elle est sûre.

2319. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Car, en restant dans le cercle étroit où ils se sont placés et dans lequel ils ont étranglé la conception de leur livre, si vous défalquez de cette société qu’ils évoquent tous ceux qu’ils oublient, et ceux qui se sauvent, et ceux qui se cachent ou se taisent, et ceux qu’on tue, et ceux qui combattent à l’intérieur et aux frontières, vous verrez ce qui vous restera !

2320. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Que dire de cette véritable déportation de Joseph de Maistre, dans une cour où ce supplicié de par son maître ne se débattait pas, ne criait pas, mais restait digne et doux, — un de ces doux à qui, disent les livres saints, la terre appartient, — et qui, en attendant la terre qu’il n’eut jamais, du reste, eut au moins l’estime et la faveur d’Alexandre, d’Alexandre qui avait pénétré quel homme c’était que ce Joseph de Maistre, et qui, par des procédés de grande âme, le vengea souvent des sécheresses et des ingratitudes de son roi !

2321. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Malheureusement il faut plus que ces dons charmants pour faire de l’histoire, et même de l’histoire diplomatique, qui n’est pourtant que de l’histoire dédoublée, désossée, — un os à ronger pour la grande Histoire ; et il faut plus que cela encore pour opérer la résurrection du Lazare sur la personne morte de Hugues de Lionne, le ministre d’État enterré dans la gloire d’hommes bien plus grands que lui, — Mazarin et Louis XIV, — et il pouvait rester, sans injustice, dans la splendeur d’un pareil tombeau !

2322. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine qui est, avant tout, et sera, après tout, un écrivain, un homme littéraire, et qui, s’il entendait ses intérêts, resterait dans cette plantureuse voie de la littérature ; M. 

2323. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Né dans les ruisseaux de Paris, que Madame de Staël aimait seulement rue du Bac, François Villon (qu’on me permette ce mot moderne), le voyou du xve  siècle, l’escholier qui ne fut jamais maître, si ce n’est en poésie, est resté toujours un peu vautré dans la bouc noire de son origine et masqué comme un marmouset par cette fange, quoiqu’à plusieurs reprises un rayon d’or soit tombé sur lui.

2324. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Mais c’est précisément à cause de cette froideur, que les bonnes gens prendraient peut-être pour de l’impartialité, c’est surtout à cause de son point de vue et de son sentiment, exclusivement modernes, que la Critique, qui ne relève d’aucune époque et qui tient à rester impersonnelle, doit avertir.

2325. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

On est, sur les choses de l’Église, ignorant, et on veut rester ignorant.

2326. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

Quand, à part même les philosophes dont il se fait sa plus belle ceinture, il invoque le témoignage de toutes les voix gallicanes, jansénistes, parlementaires qui ont le plus insolemment piaillé contre le pouvoir religieux et monarchique d’alors, ou du moins contre ce qu’il en restait encore ; quand sa plus large et sa plus familière et sa plus chère source de renseignements et d’informations est Barbier, le bazochien Barbier, l’avocat consultant au Parlement, et qu’il consulte — qui tient plus de place dans le livre de M. 

2327. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

En restera-t-elle sur la place ?

2328. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Une ou deux fois il la souffla, cette mousse, et la fit tomber de son verre, et j’ai dit alors quel vin est resté.

2329. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Cela finit, dès que cela commence… L’Abélard du traité de Charles de Rémusat est moins momie que celui de son drame… Pour Héloïse, ce n’est pas non plus l’Héloïse des lettres latines qui nous restent, la fille effrayante, si fière de sa chute, la Possédée du triple Démon de la Curiosité, de la Sensualité et de l’Orgueil.

2330. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Fin, lucide, fluide, élégant, d’un spiritualisme resté pur, je le reconnais, au milieu de toutes les souillures d’un matérialisme à peu près maintenant universel, mais sans une idée supérieure dont il se réclame et sur laquelle il s’appuie, M. 

2331. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

Ce n’est plus là l’auteur dramatique, qui, dans l’intérêt de son art, était resté observateur : ce n’est plus, à présent, qu’un homme de parti, parlant le langage des partis dans toute leur grossièreté et aussi parfois dans toute leur bêtise.

2332. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Soulouque resta ensuite complètement oublié jusqu’en 1843, mais, depuis cette époque, chaque révolution l’avait aidé d’une poussée à gravir ce mât de cocagne d’où il ne s’attendait pas à décrocher une couronne.

2333. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

tandis que Vacquerie, dans le cas de ce livre, ne resterait pas l’éponge qui aurait bu Hugo, mais serait devenu Hugo lui-même !

2334. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Sans cette aînesse de l’invention, je ne sais pas ce qui lui resterait, en présence de la prodigieuse exécution de M. 

2335. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

amant tigre changé subitement en mouton, avec la prestesse d’un changement à vue théâtral, mariage final des amants restés vertueux, telles sont les étonnantes découvertes de M. 

2336. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Edgar Poe est bien le premier et le meilleur, à sa manière, de cette littérature effrénée et solitaire, sans tradition et sans ancêtres… prolem sine matre creatam, qui s’est timbrée elle-même de ce nom de Bohême qui lui restera comme sa punition !

2337. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

J’ai supprimé tout cela, et il m’est resté — comme vous voyez !

2338. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Chapitre xi‌ Cette unanimité profonde, nous continuerons à la vivre‌ Sans doute on ne restera pas à cette hauteur.

2339. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

La plupart sont perdus ; ceux de Xénophon sont restés.

2340. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Est-il vrai que dans tous les genres il n’y ait qu’un certain nombre de beautés marquées, et que lorsqu’une fois elles ont été saisies par des hommes supérieurs, ceux qui marchent ensuite dans la même carrière, soient condamnés à rester fort au-dessous des premiers, et peut-être à n’être plus que des copistes ?

2341. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

*** La publication des Regrets ne resta point sans écho dans l’entourage du cardinal du Bellay à Rome. […] Une autre fois il eut une affaire restée mystérieuse. […]Resté veuf, Agrippa d’Aubigné se remaria, à l’âge de soixante et onze ans. […] Malgré sa plus belle contrition, La Fontaine devait rester toujours le disciple des Grecs et des Latins. […] La Fontaine qui fréquentait le ménage ne resta pas longtemps insensible aux charmes de la belle fille.

2342. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Mais de ce qu’il a tracé dans le champ de la satire un sillon profond et lumineux, faut-il conclure qu’il doit rester dans le champ de la satire, et ne jamais tenter de fouiller un autre sol ? […] Si le temps ne lui eût pas manqué, il ne resterait rien des Natchez. […] Quand il serait le premier homme de France, il lui resterait encore, pour entrer à l’Académie française, à devenir grand orateur ou grand écrivain. […] Dans la conception et l’exécution de ses pièces, dans le choix de ses personnages, dans la césure et la rime de ses vers, il n’est jamais resté au-dessous des devoirs que lui imposait la probité poétique. […] Il s’attache à reproduire les mouvements du cœur et de la pensée, sans tenir compte de la nature diverse de ces mouvements ; et il espère, grâce à cette impartialité courageuse, ne pas rester au-dessous de la réalité.

2343. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Le récit complet et sincère de notre vie, pourvu que nous sachions voiler ce qui doit rester entre Dieu et notre conscience, n’a rien d’impie, rien de sacrilège. […] Resté seul avec Isaac, Toussaint assemble un conseil de guerre. […] Resté seul, le dictateur commence un monologue assez étrange qui ne convient ni au temps, ni au lieu, ni au personnage. […] Pourquoi ces vers ne sont-ils pas restés dans les albums parfumés qui leur avaient donné asile ? […] Encore resterait-il à deviner comment la chute de la neige est, à l’avalanche, ce que les fautes d’une génération sont aux malheurs de la génération suivante.

2344. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Une société ne subsiste qu’à la condition de rester capable de lutter vigoureusement pour l’existence dans la concurrence des races. […] Elles resteront le témoignage le plus authentique et le plus définitif sur le développement de cette intelligence et de cette œuvre. […] Autant je me sens expansif, fluide, abondant et débordant, dans les douleurs fictives, autant les vraies restent dans mon cœur, âcres et dures. […] Je resterai fidèle au plan primitif de cette série d’études, si je montre comment une même sensibilité, une même doctrine, une même méthode, ont conduit M.  […] Taine a été d’abord, et il est resté surtout, un philosophe.

2345. (1896) Le livre des masques

Il ne faut pas insister, car nous pourrions croire que les jeunes dévots du symbolisme ignorent jusqu’à la Vita Nuova et ce personnage de Béatrice, dont les frêles et pures épaules restent pourtant droites sous le complexe faix des symboles dont le poète l’accable. […] Maeterlinck est très lui-même, et pour rester entièrement personnel, il sait être monocorde : mais cette seule corde, il en a ulanguissantes mains. […] Verhaeren paraît un fils direct de Victor Hugo, surtout en ses premières œuvres ; même après son évolution vers une poésie plus librement fiévreuse, il est encore resté romantique ; appliqué à son génie, ce mot garde toute sa splendeur et toute son éloquence. […] « Je sais aussi rester en place. […] Qu’importe ta chanson franche, Tes lilas blancs, tes aubépines et l’or fleuri De ton soleil par les branches, Si loin de moi la bien-aimée Dans les brumes du nord est restée.

2346. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

« Elle resta haute, immobile jusqu’au bout, souriant avec mépris à la douleur et à l’injure, comme une prêtresse esclave, que ne peut traîner à lui le vainqueur. […] Je les racontais à mon ami, arbitre sûr en ces gracieuses matières ; il me montrait en échange des lettres humides encore du langage dont s’écrivent les amants ; et je rapportais de ces conversations sensibles, toutes pétries de la fleur des poisons, un surcroît de chatouillement et une émulation funeste. » Je termine par le récit d’une promenade, une promenade champêtre : « Dans ces derniers temps du combat (le combat de la raison et des sens), à chaque reprise des obscurcissantes délices, il m’en restait un long sentiment de décadence et de ruine. […] Jacquemont, n’ont voulu nulle part changer Mahomet ou Brahma pour Jésus-Christ ou la Trinité. » Que résulte-t-il de cette obstination des Indiens à rester fidèles aux vieilles traditions de leur vie domestique et religieuse ? […] Bientôt un abcès se forma dans l’intérieur de l’organe, et le peu d’espoir qui était resté s’évanouit. Le malade sentit ses forces diminuer de jour en jour ; mais résigné, tranquille, il dissertait gravement sur son mal, en suivait comme avec l’œil le développement rapide et caché, et calculait avec un calme admirable ce qu’il lui restait de jours à vivre et à souffrir.

2347. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Nous avons souligné cette dernière phrase parce qu’elle est une preuve de l’instinct improvisateur qui faisait deviner à Geoffroy les choses même qu’il n’avait jamais vues : qu’aurait dit le rédacteur des feuilletons s’il eût resté quelque temps en Italie ? […] Ce n’est donc point un aveugle hasard qui a présidé aux destins d’Auguste : sa fortune est l’ouvrage de son caractère et de celui de ses compétiteurs ; il est resté le maître parce qu’il avait plus de talent, d’esprit et de prudence que ses collègues ; et ce n’est pas beaucoup dire, car Antoine était un fou et Lépide un imbécile. […] Ce qui peut arriver de plus heureux, et même de plus honorable pour un mari, c’est d’être aimé de sa femme par estime et par devoir : l’amour s’éteint, l’inclination passe ; l’estime et le devoir restent. […] Faut-il s’étonner que l’éducation, la reconnaissance et le fanatisme, aient perverti ses idées, et que, même après sa conversion, il soit resté très hétérodoxe sur le mérite de ses anciens confrères en philosophie ? […] Mais écoutons encore une fois les adulations de d’Alembert, et il ne nous restera aucun doute sur les projets de sa secte : « Oui, en vérité, mon cher maître, notre théâtre est à la glace ; il n’y a dans la plupart de nos tragédies ni vérité, ni chaleur, ni action, ni dialogue.

2348. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Le type du livre réaliste resterait l’Accident de M.  […] Qu’on en sourie plus tard, lorsqu’on aura oublié leurs droits à se plaindre, c’est possible ; le mot pourra rester un des meilleurs pour les définir (sauf M.  […] L’écrivain est resté fidèle aux voix d’autrefois, aux horizons plaqués sur les yeux de son enfance. […] Vicaire est resté, en le faisant, au-dessous de lui-même. […] La vie, l’exil, l’œuvre continue d’Hugo en furent les facteurs déterminants, et aussi l’admiration restée intacte de Gautier pour son aîné.

2349. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

qu’au milieu des ruines qui s’amoncelaient de toutes parts elle fût seule restée debout ! […] Ronsard est resté, reste et restera toujours un grand nom de l’histoire de notre littérature : c’est que sa réforme était nécessaire et qu’elle a véritablement ouvert des destinées nouvelles à la poésie nationale. […] Malheureusement, Voltaire était Voltaire : il avait une tendance à rabaisser, à dégrader les choses humaines, et, jusque dans l’histoire, il restait le poète de la Pucelle. […] Conservateur en toutes choses, comme on l’a si bien dit, sauf en religion, il était resté déiste en métaphysique. […] Et si les poètes rejettent obstinément le mot propre, c’est bien moins encore par principe et par préoccupation de rester nobles que par ambition de trouver une façon singulière de redire des choses déjà dites.

2350. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Th… est resté pour moi, car son esprit me charmait, le type de l’écrivain qui n’écrit pas. […] D’un mot il définit tel génie : « Les contes que l’on connaît, petits travaux de fleurs et plumes. » ― En somme, juste assez d’écritures pour qu’on regrette ce qui est resté dans les limbes du possible ; mais si M.  […] A quoi bon écraser un Albert Wolff si la racine du champignon, restée sous la terre gluante, doit repousser le lendemain un nouveau nœud vénéneux ? […] On voudrait, pour la sécurité de la joie, ignorer que ces masques couvrent des visages ; mais quand tous ces visages seront abolis il restera : que la prose française aura eu son Juvénal. […] Je veux rester la veuve taciturne De mes rêves d’antan que j’ai tués moi-même.

2351. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Tant qu’il ne s’occupait que des lettres, il ne pouvait se séparer d’elle et la regarder assez à distance pour se dire : « Et moi aussi je vaux autant que toi, ou mieux que toi. » On restait dans la religion du passé.

2352. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

J’aurais voulu, par exemple, un La Mennais devenu catholique et libéral, comme au lendemain de l’Avenir, mais ayant la force de demeurer tel sous le coup même des encycliques et malgré l’appel et l’attrait de la démocratie : je l’aurais désiré s’enfermant pendant quelque temps dans un religieux silence, et n’en sortant depuis qu’à de rares intervalles par des écrits de réflexion et d’éloquence où il aurait tout concilié, tout maintenu du moins, où il n’aurait rien sacrifié, où il serait resté opiniâtrément le prêtre de la tradition antique et des espérances nouvelles : en s’attachant à un tel rôle bien difficile sans doute, mais si fait pour imposer à tous le respect et l’estime, il aurait fini, sans la chercher, par retrouver son heure d’action et d’influence, et il n’aurait pas eu à l’acheter au prix de la considération.

2353. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Combien de ces vœux impérieux, de ces desiderata de M. de Maistre, restent ouverts et encore plus inachevés que ceux de Bacon, qui l’ont tant courroucé !

2354. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Ce n’est pas que les Grecs soient supérieurs aux modernes, c’est qu’ils ont peint les premiers ces affections dominantes, dont les principaux traits doivent toujours rester les mêmes.

2355. (1890) L’avenir de la science « VI »

Le nom de pédantisme, qui, si on ne le définit nettement, peut être si mal appliqué, et qui pour les esprits légers est à peu près synonyme de toute recherche sérieuse et savante, est ainsi devenu un épouvantail pour les esprits fins et délicats, qui ont souvent mieux aimé rester superficiels que de donner prise à cette attaque, la plus sensible pour nous.

2356. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Pour moi, je ne suis jamais plus ferme en ma loi libérale que quand je songe aux miracles de la foi antique, ni plus ardent au travail de l’avenir que quand je suis resté des heures à écouter sonner les cloches de la ville d’Is.

2357. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Jean néanmoins déclare avoir été présent et être resté constamment debout au pied de la croix 1180.

2358. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Plus nous avons réfléchi à ces graves problèmes, plus nous sommes resté persuadé que la grande religion qui a nourri l’Europe pendant tant de siècles peut encore et peut seule suffire aux nécessités de la crise que nous traversons.

2359. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

J’ai bien changé d’avis depuis ce temps-là ; l’oreille de notre ami D’Alembert est restée la même.

2360. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Quelques artisans restent en deça des bornes que la raison prescrit.

2361. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Historique ou littéraire, je ne pense pas avoir laissé, sur ce sujet, une seule affirmation de nos adversaires sans réponse, et je suis persuadé que les conclusions que nous avons dégagées resteront acquises.

2362. (1757) Réflexions sur le goût

La Motte a avancé que les vers n’étaient pas essentiels aux pièces de théâtre : pour prouver cette opinion, très soutenable en elle-même, il a écrit contre la poésie, et par là il n’a fait que nuire à sa cause ; il ne lui restait plus qu’à écrire contre la musique, pour prouver que le chant n’est pas essentiel à la tragédie.

2363. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Ses continuateurs seront d’autant plus libres et résolus, que les essais qui restent de lui, et dont nous attendons la publication prochaine, auront fait voir les défauts de sa méthode et en auront à la fois démontré les avantages.

2364. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Cependant, tels qu’ils sont et tels que l’avenir saura les discuter et les réduire, Guizot et Thierry resteront comme des historiens, du moins de gravité et d’effort, tandis qu’après eux, il faut bien le dire, le xixe  siècle, tout à l’heure sexagénaire, n’a sur le Moyen Âge que des romanciers… qui ne sont pas des Walter Scott !

2365. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Nous n’aurions eu que la grisaille sans profondeur de Voltaire, mais la clef de ces hiéroglyphes d’étiquette, de ce monde olympien de Versailles, nous ne l’aurions point eue sans Saint-Simon, et ce monde, incompréhensible à l’esprit moderne, fût resté éternellement une lettre morte pour nos descendants !

2366. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Th. Carlyle » pp. 243-258

Et puisque c’est un peintre, et ce n’est que cela, mais puissamment, malgré les taches du protestant, de l’anglais et du puritain, et du millénaire, et même du scholar, qui sont sur son talent et indélébilement y restent, nous allons dire un mot du peintre et de la valeur de sa peinture, et nous aurons tout dit.

2367. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Mais ce qu’on sait, c’est que ce fut la fin, — la fin de la Terreur et de Robespierre, tués tous deux de ce coup de pistolet anonyme, resté mystérieux.

2368. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

II Ce qu’on appelle les Œuvres dans ces deux volumes, qui ne sont de vrai qu’une Correspondance, consiste en quatre fragments de très courte haleine : les notes d’un Voyage en Sicile, une Course au lac d’Onéida, Quinze jours au Désert, et enfin quelques miettes du volume resté en portefeuille de l’Ancien Régime et la Révolution.

2369. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera est tellement hégélien, qu’il pourrait bien rester tel par une de ces destinées qui tiennent à l’ordre hiérarchique des esprits dont les plus forts, dans un ordre d’idées, sont les plus fidèles ; mais s’il reste hégélien, nous lui devrons toujours Hegel, cet Hegel auquel il devra, lui, sa philosophie.

2370. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Il y resta humble curé toute sa vie.

2371. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

C’étaient les missions établies par toute la terre, les missions d’Europe, de France, d’Italie, des Îles Hébrides, d’Écosse, d’Irlande, de Pologne, d’Autriche, de Prusse, d’Espagne, de Portugal, de Madagascar, de Bourbon, de l’Île-de-France, d’Amérique, des Échelles du Levant, de l’Empire Turc, de la Perse, de Babylone, de la Chine ; et ce n’était pas tout encore : c’étaient les royaumes de toutes les misères, de tous les crimes, de toutes les hontes, c’était le grand Hôtel-Dieu de Paris, c’étaient les hôpitaux des provinces, l’œuvre des forçats, des mendiants, des fous, enfin les Filles de Charité et les Enfants trouvés, qui sont restés aux yeux des hommes les deux plus belles institutions de cet incroyable gouvernement de l’amour !

2372. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Certainement, l’intelligence très vive de Cousin, qui a des promptitudes de moineau, s’est accouplée à beaucoup d’idées et de systèmes, mais elle n’en est pas moins restée stérile.

2373. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Nous avons fait partie de cette jeune école qui, dans les dix premières années de la Restauration, ramenée à la foi chrétienne par l’étude des de Maistre, des Bonald et des Frayssinous, succédait, non pas à l’école légère et railleuse de Voltaire, morte déjà depuis longtemps, mais à l’école positive et raisonneuse de l’Empire… Pleine d’amour pour la vérité, mais, après tout, fille de son siècle, et pleine aussi d’admiration pour la science, l’école dont nous parlons accueillait avec respect une foi dont elle sentait la grandeur et les bienfaits, mais elle n’en restait pas moins fidèle à la raison, dont elle comprenait l’autorité… La science était déjà venue en aide aux vérités chrétiennes… Cuvier montrait partout les traces du déluge et l’accord parfait des nouvelles découvertes géologiques avec le récit génésiaque.

2374. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

C’est ainsi, par exemple, qu’Ovide, qui fut un poète immense, est resté encore, pour nous chrétiens qui l’avons dépassé en sentiments et en idées, un poète, malgré l’erreur de ses mythologies.

2375. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Et être resté pourtant poète là dedans, s’y être préservé, ne pas s’y être éteint, c’est certainement avoir en soi un de ces filons de poésie indestructible qui font croire avec raison à ceux qui l’ont que la poésie est immortelle !

2376. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Les femmes qu’aima Musset, ce Byron de France, nous resteront-elles inconnues ?

2377. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Des deux mois de solde qui leur avaient été payés à leur arrivée, il ne restait plus une blanque, plus un maravedi.

2378. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Il aurait dû rester dans ces premières nuances, et c’est lui-même qui les a surchargées et épaissies.

2379. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Mais il continua de vivre, et il eut raison de cette fois encore ; car s’il resta le même par le génie, il se diversifia par les œuvres, et il écrivit le Pianto, c’est-à-dire les plus beaux vers qui aient été faits sur l’Italie depuis Byron, les plus tristes depuis le Dante !

2380. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

En général, les poètes, et même les plus grands, restent asservis à l’inspiration qui fit leur gloire et continuent de vivre soumis au despotisme d’une manière, pratiquée longtemps.

2381. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Restez clos !

2382. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Il ne croit pas qu’une puanteur dans laquelle on ne peut pas rester puisse être jamais une École.

2383. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

. ; mais, pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, madame Sand n’est qu’une femme littéraire, ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire.

2384. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

. ; mais pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, Mme Sand n’est qu’une femme littéraire ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire.

2385. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Ce sont deux réalistes, de talent, tous deux, mais qui se perdront immanquablement tous les deux, s’ils restent dans ce bourbier du réalisme.

2386. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Si pourtant il fallait rester là-bas, je fais dès maintenant le don de ma frêle existence à la cause qui secoue notre patrie d’un spasme héroïque et divin11.

2387. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

— Les sciences sociales doivent au moins provisoirement, rester « théoriques » : telle semble être aujourd’hui la première condition de leur progrès.

2388. (1883) Le roman naturaliste

Évidemment, il restait à faire un dernier effort : M.  […] depuis (rois mois elle n’était pas restée inactive, la chère petite ! […] Oui, mais, fit observer quelqu’un, si pourtant ce mollusque ou ce poisson n’existait pas, que resterait-il bien du travail que vous nous vantez ? […] Qu’avez-vous à rester là comme un tournebroche qui n’est pas remonté, au lieu de prendre votre rouet ? […] Balzac en restera dans l’histoire de la prose française un mémorable exemple.

2389. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

« Que resterait-il à la neige — disaient-ils — si on lui ôtait le froid, et au feu si on lui ôtait la chaleur ? De même, que resterait-il à l’âme si on lui ôtait le mouvement, et à Dieu si on lui ôtait la Providence ?  […] Il ne lui restait plus qu’il se faire femme de lettres, et, en effet, c’est alors qu’elle écrivit ses romans. […] Que restait-il de libre si l’Église étendait son pouvoir dogmatique jusque sur les choses qui « ne blessaient ni la foi ni les mœurs » ? […] Il s’agissait de savoir si, pour penser un peu librement, il faudrait sortir de l’Église, ou, pour y rester, s’il faudrait accepter d’elle une direction qui s’emparerait même des choses indifférentes.

2390. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ysabeau restait seul pour lutter contre le parti avancé. […] Tout proclamait que la Terreur était finie, mais du sang versé, il était resté la boue. […] Hortense remarqua tout de suite comme sa main restait fine dans son gant de hâle. […] Clamons, clamons encore ; nions, il restera toujours quelque chose de notre négation. […] — Belle et toute rubiconde, — en tremblant elle resta muette.

2391. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Qu’on se rappelle les troubles de ces derniers temps, et l’on verra que, s’il est resté peu de romantiques, c’est que peu d’entre eux ont trouvé le romantisme ; mais tous l’ont cherché sincèrement et loyalement. […] Le parallèle est resté dans le domaine banal des idées convenues, et ces deux préjugés encombrent encore beaucoup de têtes faibles. […] Cette intervention du hasard dans les affaires de peinture de Delacroix est d’autant plus invraisemblable qu’il est un des rares hommes qui restent originaux après avoir puisé à toutes les vraies sources, et dont l’individualité indomptable a passé alternativement sous le joug secoué de tous les grands maîtres. — Plus d’un serait assez étonné de voir une étude de lui d’après Raphaël, chef-d’œuvre patient et laborieux d’imitation, et peu de personnes se souviennent aujourd’hui des lithographies qu’il a faites d’après des médailles et des pierres gravées. […] Une portion de l’empire restait, où Rembrandt seul avait fait quelques excursions, — le drame, — le drame naturel et vivant, le drame terrible et mélancolique, exprimé souvent par la couleur, mais toujours par le geste. […] La sculpture se rapproche bien plus de la nature, et c’est pourquoi nos paysans eux-mêmes, que réjouit la vue d’un morceau de bois ou de pierre industrieusement tourné, restent stupides à l’aspect de la plus belle peinture.

2392. (1813) Réflexions sur le suicide

Quant aux coupables qui n’ont point foi à l’existence future et dont la considération dans ce monde est perdue, le Suicide, d’après leur manière de penser, n’a d’autre inconvénient pour eux que de les priver des chances heureuses qui leur resteraient encore, et chacun peut estimer ces chances ce qu’il veut d’après le calcul des probabilités. […] il restait à ces amis fidèles un an peut-être, du moins un jour pour se voir et pour s’entendre, et volontairement ils ont anéanti ce bonheur ? […] — Asham, lui dis-je, vous savez avec quelles délices je lisais avec vous les philosophes et les poètes de la Grèce et de Rome ; les beautés mâles de leur langage, l’énergie simple de leur âme resteront à jamais incomparables.

2393. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Il y en a surtout dont tout l’office est d’être là et de remplir un coin qui ne doit pas rester vide. […] On peut suivre à la trace ces brillants oiseaux, de volière en volière ; ils restent une semaine, un mois, trois mois, étalant leur ramage et leur plumage. […] Le roi étant à Marly, liste des voyages qu’il fera avant d’aller à Compiègne (duc de Luynes, XIV, 163, mai 1755) : « Le dimanche 1er juin, à Choisy jusqu’au lundi soir. — Le mardi 3, à Trianon jusqu’au mercredi. — Le jeudi 5, retourne à Trianon, où il restera jusqu’à samedi après souper. — Le lundi 9, à Crécy jusqu’au vendredi 13. — Retourne à Crécy le 16 jusqu’au 21. — Le 1er juillet, à la Muette ; le 2, à Compiègne. » 188.

2394. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Nous restons froids devant ses plus brillantes réussites. […] La conception n’est pas bien haute : ce Dieu écourté, qui fait son apparition au commencement du dix-huitième siècle, n’est qu’un résidu ; la religion éteinte, il est resté au fond du creuset, et les raisonneurs du temps, n’ayant point d’invention métaphysique, l’ont gardé dans leur système pour boucher un trou. […] J’ajouterais bien, en manière d’excuse, qu’il y a un genre où il réussit, que son talent descriptif et son talent oratoire rencontrent dans les portraits la matière qui leur convient, qu’en cela il approche souvent de La Bruyère ; que plusieurs de ses portraits, ceux d’Addison, de Sporus, de lord Wharton, de la duchesse de Marlborough, sont des médailles dignes d’entrer dans le cabinet de tous les curieux et de rester dans les archives du genre humain ; que, lorsqu’il sculpte une de ces figures, les images abréviatives, les alliances de mots inattendues, les contrastes soutenus, multipliés, la concision perpétuelle et extraordinaire, le choc incessant et croissant de tous les coups d’éloquence assénés au même endroit, enfoncent dans la mémoire une empreinte qu’on n’oublie plus.

2395. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Durant toute cette évolution, le rapport du poète au compositeur est toujours resté le même, nul. […] Il oublie que l’exemple des plus grands maîtres, en théorie, ne vaut pas contre la vérité ; il oublie encore que ces artistes ont usé de la description fort rarement ; qu’ils n’ont jamais fait la description pure, mais seulement comme une préface à des expressions ; que les Saisons resteraient un chef-d’œuvre sans les imitations, assez pauvres, qu’elles contiennent ; que Haydn, mourant, regrettait avoir suivi la mode en employant ces imitations ; que Beethoven, enfin, dans la Symphonie pastorale, — son œuvre la plus faible, — a voulu, clairement, peindre les émotions d’un amant devant la nature champêtre. […] Les rôles secondaires sont parfaitement tenus et les chœurs restent toujours l’étonnement de ceux qui connaissent la partition des Maîtres Chanteurs.

2396. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

C’est ainsi que pour des marins naufragés près d’une côte il serait avantageux aux bons nageurs de pouvoir nager plus longtemps encore ; tandis qu’il serait meilleur pour les faibles nageurs de ne pas savoir nager et de rester sur l’épave. Les yeux des Taupes et de quelques Rongeurs fouisseurs restent toujours rudimentaires et quelquefois sont complétement recouverts de peau et de poil. […] Qu’on appelle espèces nos races de Pigeons, ou celles du moins qui sont restées pures pendant des siècles, les faits observés parmi elles ne présenteront-ils pas des analogies frappantes avec les faits observés chez les espèces du genre Cheval ?

2397. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Il faudrait, il est vrai, supposer encore que la Mélipone disposât toutes ses cellules de niveau, comme elle le fait déjà de ses cellules cylindriques ; et de plus, ceci est peut-être moins aisé, qu’elle pût de quelque manière juger exactement de la distance à laquelle elle doit rester de ses compagnes de travail, lorsque plusieurs de ces insectes construisent ensemble leurs sphères. […] Il suffit pour cela qu’elles soient capables d’évaluer la distance à laquelle elles doivent rester les unes des autres, ainsi que des dernières cellules construites, parce qu’alors, décrivant des sphères imaginaires, elles peuvent élever une cloison médiane entre deux sphères contiguës117. […] De plus, un grand nombre d’Abeilles sont obligées de rester oisives pendant de longs jours en attendant que la cire de leurs rayons soit sécrétée.

2398. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les monumens qui nous restent des successeurs de Severe, font encore moins d’honneur à la sculpture, que ne lui en font les bas-reliefs du plus grand des deux arcs de triomphe élevé à l’honneur de ce prince. […] Neron envoïa Carinas et Acratus, deux connoisseurs, dans la Grece et dans l’Asie, exprès pour y enlever les beaux morceaux de sculpture qui pouvoient y être restez, et dont il vouloit orner ses nouveaux bâtimens. […] Tous ces faits sont véritables, mais il étoit encore resté dans la Grece et dans l’Asie un si grand nombre de beaux morceaux de sculpture, que les artisans n’y manquoient pas de modeles.

2399. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Quand, sur mon revenu de 100 francs, j’ai donné 53 francs et au-delà au collecteur, il faut encore que j’en donne plus de 14 au seigneur et plus de 14 pour la dîme725, et, sur les 18 ou 19 francs qui me restent, je dois en outre satisfaire le rat de cave et le gabelou. […] Sire, nous vous demandons que cela soit ainsi, parce que cela est juste… Si nous osions, nous entreprendrions de planter quelques vignes sur les coteaux ; mais nous sommes si tourmentés par les commis aux aides, que nous penserions plutôt à arracher celles qui sont plantées ; tout le vin que nous ferions serait pour eux, et il ne nous resterait que la peine.

2400. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Dans la soirée il dit, en secouant la tête, comme un homme qui se ravise, qu’au fond le petit Didier, quoique un peu trop bon garçon, avait toute son estime comme excellent ouvrier ; qu’il faisait au besoin l’ouvrage de tout le monde ; qu’il était trop grand pour rester à jamais toucheur ; que la Jumelle ne pouvait épouser un enfant qui piquait encore les bœufs au labour comme une fille, mais que, si sa condition se relevait un peu au château avec ses gages, et que, si par exemple on le faisait garçon de charrue en titre avec cent vingt francs par an, deux paires de sabots, une paire de souliers et six chemises de toile de chanvre, on pourrait penser à sa proposition, l’autoriser à courtiser la Jumelle, et que, toute belle et toute recherchée qu’elle était, sa fille pourrait rencontrer pis que le fils de la veuve. […] La Jumelle, assise sur le banc de sa porte, écoutait d’en haut le chant de son fiancé ; elle entendit sa chute et les cris d’effroi ; elle accourut les pieds nus et tout saignants, sa coiffe restée aux branches du chemin, ses cheveux épars, les bras tendus.

2401. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

L’esprit de M. de Talleyrand, de Mirabeau, de l’Assemblée constituante, l’esprit qui a pour objet la conquête des idées, au lieu de la conquête des territoires, était resté dans le cabinet des Tuileries. […] La Providence a soufflé pour toujours sur ce principe de l’accroissement indéfini des peuples, et il n’en est resté qu’un peu de noms et beaucoup de cendres.

2402. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Une femme, qui nous suivait, l’a délogée du fumier, une autre a apporté des fagots ; nous avons fait du feu, nous l’avons assise sur un sélou, et, comme j’étais fatiguée, je me suis mise auprès d’elle sur le fagot qui restait. […] Voilà que pour quarante bêcheurs, ou menuisiers, ou je ne sais quoi, il m’a fallu rester tout le long du jour à la cuisine, les mains aux fourneaux et dans les oulos.

2403. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

L’art et le talent restent classiques. […] Mais, après ce début, nous revenons en Italie, et nous y restons.

2404. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Taine seraient donc justes, si elles restaient inanimées. […] Taine, non point avec mon cœur, mais avec mon imagination ; que d’ailleurs, après l’homme, l’œuvre resterait à juger, et qu’il faut donc attendre ; que, si les deux chapitres de M. 

2405. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Il est certain qu’il vaudrait mieux pour un écrivain rester dans son coin et garder son indépendance. […] Les critiques qu’il adresse à notre nation sont malheureusement restées tout à fait vraies.

2406. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Nullement disposé aux concessions et aux complaisances, il lui répugnait de rester neutre. […] Taine l’a eue pour la première fois en écrivant son étude sur Racine, étude qui montre bien à quel point un professeur de lettres peut rester insensible à la poésie, à la beauté et savoir le français sans le comprendre.

2407. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Non seulement des siècles d’une pareille observation resteraient insuffisants ; mais nous savons maintenant que même des faits élémentaires resteraient hors de notre connaissance, nous échapperaient pour toujours, si l’observation ne recevait quelque secours d’ailleurs.

2408. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

La femme restée seule vivante sur la colline du sacrifice croit voir, dans une sorte de songe éveillé, le Christ descendre de sa croix : l’ancien crucifié vient donner au crucifié nouveau le baiser de paix. […] [Adolphe Lacuzon] Adolphe Lacuzon est coupable de rester si longtemps le poète d’Éternité.

2409. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Apparemment qu’il n’y a plus en Europe de Petites-Maisons ; s’il en restait, mon avis serait d’y loger ces messieurs, pour qu’ils fussent les législateurs des fous leurs semblables. […] « La mode est aujourd’hui de mépriser Colbert et Louis XIV ; cette mode passera, et ces deux hommes resteront à la postérité avec Boileau. » (Ibid.

2410. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

S’il m’arrive malheur, il restera quelque chose de mon passage… » En septembre, le 67e alla prendre place parmi les troupes massées en Artois pour la grande offensive. […] Cela a été très dur, le 13 et le 14 ; nous sommes restés dans les tranchées à 30 mètres des Boches, sous le feu des bombes qu’ils envoient avec des canons à ressort et qui font des trous comme des maisons.

2411. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Et puis Lorenzo, à force de simuler le vice et d’endosser le mal comme un habit d’emprunt et qui sert à une expérience, se l’est incorporé ; le masque qu’il a pris s’est collé à lui et lui restera par plaques au visage.

2412. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

J’ai eu beau me tâter, je n’ai pu me repentir ; mais, mon cher directeur, je suis pourtant resté un peu effrayé de voir à quel point la critique littéraire devient difficile, quand on n’y veut mettre ni morgue ni injure, quand on réclame pour elle une honnête liberté de jugement, le droit de faire une large part à l’éloge mérité, de garder une sorte de cordialité jusque dans les réserves, Depuis, en effet, que j’ai parlé des deux romans qui, dans ces dernières années, ont le plus piqué l’attention du public et auxquels je n’avais accordé, ce me semble, que des éloges motivés et tempérés, je n’ai cessé, en toute occasion, d’être dénoncé par des confrères vigilants comme un critique peu moral, presque un patron d’immoralité.

2413. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — II. Sur la traduction de Lucrèce, par M. de Pongerville »

Il lui fallait un auteur : Virgile, Ovide étaient pris ; restait Lucrèce ; Lucrèce fut son homme ; rude, âpre, éclatant, d’une verve sombre, d’une harmonie rauque, portant dans la poésie les formes logiques, gardant par places la rouille d’Ennius.

2414. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Il restait donc à M.

2415. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

C’est une étude piquante et profitable à faire que de rapprocher l’une de l’autre ces deux productions, dont le fond essentiel et la forme, restés les mêmes, ont subi pourtant bien des intercalations et des refontes, à six ans de distance, dans un âge où chaque année, pour le poëte, est une révolution, et lui amène, comme pour l’oiseau, une mue dans la voix et dans les couleurs.

2416. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Ce volume de Fléchier sera désormais un document précieux pour l’historien, et lui-même, esprit sérieux sous ses grâces, il a eu l’honneur de ne pas rester étranger à ce que nous appellerions la pensée administrative et politique qu’on en peut tirer.

2417. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Je me figure que Manzoni en sa Lombardie, Wordsworth resté fidèle à ses lacs, tous deux profonds et purs génies intérieurs, réalisent à leur manière l’idéal de cette vie dont quelque image est assez belle pour de moindres qu’eux.

2418. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre.

2419. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Ce n’est pas du tout en nous plaçant au point de vue de la matière que nous le combattrons ; nous ne ferions que laisser une abstraction pour une autre ; nous aurions raison contre lui, et il aurait raison contre nous ; il nous suffira pour triompher de rester en plein dans le réel, dans l’unité substantielle de l’esprit et de la matière, dans le sentiment, dans la vie.

2420. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

La guerre contre le peuple envahisseur, guerre rude et opiniâtre, est restée, dans toute sa durée, unanime et simple.

2421. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le gros livre que d’honnêtes personnages se préparaient à remorquer pour le tirer de sa fange, y est resté en plein.

2422. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Oui, nous sommes encore et nous resterons, je l’espère, quelque chose de tout cela ; à ceux qui pensent que notre jeunesse est en train de se faire doctrinaire, à ceux qui craignent que la future République n’affecte trop un jour le goût américain, nous répondrons par ce carnaval de 1833.

2423. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

151 Il est vrai qu’un jour il se souvient de sa majesté officielle, et ordonne « à tout ce qui respire de s’en venir comparaître aux pieds de sa grandeur. » Mais peut-on rester sublime parmi de tels sujets ?

2424. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Une demi-heure après tout s’éteignait ; Il ne restait plus qu’un pan du ciel clair derrière le Panthéon ; des fumées roussâtres tournoyaient dans la pourpre mourante du soir et fondaient les unes dans les autres leur couleur vague.

2425. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Écoutez cette fin, où l’image devient symbole : Cependant les soldats restaient silencieux, Éblouis par la pompe imposante des cieux.

2426. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Je suis même étonné qu’Ignotus, qui n’est souvent qu’un Jocrisse à Patmos, mais qui a quelquefois, parmi tout son galimatias, des visions saisissantes et comme des lueurs de génie, soit resté si longtemps dans la maison.

2427. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il vit donc, pendant vingt ans, de la rente des trente-cinq mille francs qui lui restaient, et du produit de sa plume (produit fort mince).

2428. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

répliquent les Aquicoles, s’il ne s’agit que de raison, nous avons aussi des sages parmi nous… Voilà la première fois que nous voyons un prêtre ne pas pousser aux sacrifices… Antistius, resté seul, se désespère, et voilà que Carmenta, sa sibylle, sa fille spirituelle, vient à lui, découragée.

2429. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Hervieu semble rester plus près de la vérité commune  Mme de Trémeur et Le Hinglé n’étaient point des êtres exceptionnellement intelligents.

2430. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

Laissez-nous donc simplement faire disparaître par la pensée ce support et supposer que les phénomènes restent, et forment les mêmes groupes et les mêmes séries, grâce à quelque autre agent ou même sans aucun agent, si ce n’est une loi interne, et nous arriverons, sans substance, aux conséquences en vue desquelles la substance était supposée.

2431. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Il restait cependant une difficulté : madame de Montespan, ajoutait-on, paraîtra-t-elle devant le roi sans préparation ?

2432. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

* * * — Célestin Nanteuil nous raconte que Gérard de Nerval revenant d’Italie, absolument désargenté, rapportait pour quatre mille francs de marbres de cheminées, et que, dans la misère de la fin de sa vie, il était resté chez lui un tel goût de la chose riche, qu’il se faisait des épingles à cravate avec du papier doré.

2433. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses.

2434. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Ainsi, tous deux, Aristote et Platon, restèrent pour leurs compatriotes dans des théories inaccessibles.

2435. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

En effet, nous le répétons, et même il est bon d’en prendre acte, dans l’état actuel des discussions nul ne saurait être écouté sur une question économique sans dire à quelle philosophie on rattache la solution qu’il propose, ou sans inventer une philosophie à l’appui de ses assertions, — ce qui, pour tous, est la chose importante, mais ce qui restera pour les économistes, bien plus riches en faits qu’en idées, une redoutable difficulté.

2436. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

… Il y est resté vivant auprès de tant de gens qui y sont morts.

2437. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Mais, fusillée ainsi depuis des siècles, et restée debout, martyre immortelle, l’Église catholique répond aux coups par les tranquilles rayons qu’elle envoie dans les yeux de ceux qui la frappent, et qui, pour les éviter, voudraient maintenant la retourner contre le mur et la fusiller par derrière comme un otage !

2438. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Écrite exclusivement pour le nombre, par un homme du nombre qui n’est pas campé pour en sortir, ni même pour aspirer à cette glorieuse impopularité des grands artistes dont se vantait Goethe, quand il disait avec orgueil : « Raphaël et moi, nous n’avons jamais été populaires », placée sous le patronage et la protection d’un Aréopage littéraire qui a finances et qui est le seul pouvoir de la société ancienne qui soit resté… dans son fauteuil, quand tous les autres se sont écroulés, cette histoire de M. 

2439. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Il resta pris, figé, enseveli là-dedans.

2440. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

comme ces dévotes qui, à Rome, écrivent au bon Dieu des lettres qui, bien entendu, restent à la poste… Elle continua de l’aimer à travers le monde qu’elle voyait, ce terrible rival à plusieurs têtes.

2441. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Excepté quatre mois de l’année, il restait à Montbar, perché comme un aigle dans cette aire de cristal qu’il s’y était bâtie, pour mieux y méditer dans la lumière ; et ce ne fut qu’au bout de dix ans qu’il en descendit, rapportant, imprégnés, trempés et saturés de cette lumière, les trois premiers volumes de son Histoire naturelle.

2442. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes, Mes pâles compagnons restent silencieux, À ma voix d’enlever ces monceaux d’anathèmes            Qui s’amassent contre les cieux !

2443. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

on aime toujours trop, quand on veut rester fort… L’amour a passé par là, disait Fontenelle, quand il voyait une femme pâlie et défaite.

2444. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée était resté ce qu’il était quand il débuta, et même plus tard, et qu’il eût continué de se développer dans le sens de ses facultés naturelles, nous aurions peut-être un grand romancier de plus… Au lieu de cela, nous n’avons eu qu’un homme de beaucoup d’esprit et de ressources, qui a fait toutes sortes de livres, parmi lesquels il y a des romans qu’il est temps aujourd’hui de juger.

2445. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

De ce genre de roman-colosse, sous lequel ont péri des intelligences d’une force réelle, mais qui n’étaient pas aussi herculéennes qu’elles le croyaient, cariatides brisées par un entablement trop lourd pour elles, vous savez ce qui nous est resté… Deux à trois innocents cordiers littéraires qui, rien sur la tête et rien dedans, et le dos tourné au bon sens, à l’art et à la vraisemblance, allongent, allongent leur éternelle corde sans bout, pour des raisons qui ne sont nullement de la littérature.

2446. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Pour un chrétien, resté tel, dans la fidélité du mot, il y a certainement trop de voluptés dans la mort comme Arthur de Gravillon sait la peindre.

2447. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

L’époque du monde qui représente l’immobilité doit rester longtemps immobile. […] La victoire est restée à l’esprit nouveau : voilà pourquoi ce nom de Platée est si solennel. […] Depuis Herder, tout a marché, grâce à Dieu, tandis qu’Herder est resté à la même place. […] Il restait à la faire descendre, avec tout ce qu’elle avait de bon et d’imparfait, dans les régions inférieures ; il restait à pénétrer les générations nouvelles de son esprit en l’introduisant dans renseignement. […] Une seule condition à remplir restait encore.

2448. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Rapprochez-le en idée de la multitude des caracteres, de l’énergie des passions, & de la foule des individus qui restent à peindre. […] Le plaisir est égal ; mais il restera toujours la bisarrerie de parler en vers à la multitude, comme à une assemblée d’Académiciens. […] D’ailleurs, en lisant les lambeaux qui nous restent de ces tems reculés, il n’y a lieu à d’autre étonnement qu’à celui que cause la prodigieuse différence des manières anciennes & des nôtres ; & comment peut nous convenir ce fabuleux empreint dans les vestiges de l’antiquité ? […] Elle aura beau être claire, vive & nette, si elle ne touche pas le cœur de l’homme, elle restera sans effet : la Poèsie descriptive, par exemple, n’est rien près de celle de sentiment. […] Cette pièce a déja excité plusieurs débats intéressans ; voici l’impression qui m’en est restée.

2449. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Tout cela ne paraissait pas s’accorder avec la chose elle-même, ni avec les idées que nous nous faisons ordinairement de la subtilité du diable1032. » Dans cette âme passionnée et inculte qui « huit années durant est restée sans pensée et comme stupide », enfoncée dans le travail manuel et sous les besoins du corps, la croyance prend racine, nourrie par l’anxiété et la solitude. […] Pour cadeau de noces, elle obtient la grâce des mauvaises gens qui l’ont maltraitée. « Je mis mes bras autour de son cou, et je n’eus pas honte de l’embrasser une fois, deux fois, trois fois, une fois pour chaque personne pardonnée1046. » Alors ils parlent de leurs projets : elle restera au logis, elle ne fréquentera point les assemblées, elle n’aime point les cartes. […] Si les gens réfléchis comme Allworthy restent effacés dans un coin de sa vaste toile, les personnages instinctifs comme Western s’y détachent avec un relief et un éclat qu’on n’a point vus depuis Falstaff. […] On voudrait vous voir plus de ménagements pour vos héroïnes ; les accidents du chemin lèvent bien souvent leurs collerettes, et Fanny, Sophie, mistress Heartfree ont beau rester pures, on se souvient malgré soi des coups de main qui ont troussé leurs jupons.

2450. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Resteront-elles à Paris, ces gamines de Java ? […] Est-ce bien la même danse que j’ai vue là-bas, à Laghouat, dans une chambre de six mètres carrés, et qui m’est restée comme une vision de rêve ? […] Une d’elles jette dans une marmite de terre, où chauffe de la graisse, des poignées de farine dont ses mains noires et ses bras restent tout poudrés ; elle fait un roux. […] Il restait à Félizet un petit flacon du précieux liquide. […] Les innocents lui passent de bonne foi la main sur le dos ; mais le coupable fait semblant, et ce sont ses mains restées propres qui le dénoncent.

2451. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

André, troisième fils de la famille, fut amené de bonne heure en France, et resta jusqu’à l’âge de neuf ans confié aux soins d’une tante qui habitait le Languedoc. […] Les salamandres sculptées au flanc de la cathédrale sont restées immobiles, et le sang qui courait dans les veines de l’homme s’est glacé tout à coup ; la respiration s’est arrêtée, l’œil ne voit plus, l’âme engourdie a désappris la pensée. […] Après avoir balayé comme une poussière inutile et sans valeur la tragédie et la comédie antiques, il lui restait à établir l’identité du drame et de la réalité. […] Il part, et Fernand, resté seul avec sa maîtresse, ne tarde pas à mesurer toute la rigueur de l’expiation qui lui est imposée. […] Ponsard, on dirait que le clergé de France est resté neutre entre Ingeburge et Agnès de Méranie, entre Innocent III et Philippe-Auguste.

2452. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

« La destinée de la critique, écrivait-il, est de rester telle que nos pères l’ont comprise : le grand redresseur de torts du genre humain. […] Il a mieux aimé rester un amateur, un curieux. […] N’écrivant guère qu’une fois par mois, il arrive trop tard pour conter par le menu les premières impressions du public ou une intrigue déjà connue ; d’autre part, il n’a pas le goût de la critique gamine et légère qui n’a pas scrupule de se faire paradoxale pour rester amusante. […] Ganderax, l’ami des classiques, donne raison aux spectateurs, ose affirmer que Molière fut un homme et que certaines de ses pièces, ayant eu le malheur d’être forcément improvisées, ont avantage à rester aujourd’hui enfermées et comme embaumées dans les feuillets d’un livre. […] Il louera Alfred de Vigny, qui eut l’énergie de rester tendre et mesuré dans un âge de violence et de crudité, d’avoir eu l’intransigeance de la délicatesse.

2453. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Chacun, grands et petits, s’efforcent de se frotter à cette statue vivante de l’or, dans l’espoir qu’il en restera quelques parcelles sur leur habit, sur leur conscience, sur leur honneur. […] Vivant on ne sait de quoi, couchant on ne sait où, il restait invisible durant des mois, reparaissait soudain avec des vestes trop courtes, des pantalons trop longs et de flamboyantes cravates, puis il disparaissait pour des années. […] Il lui restait à s’évader du monde, à le recréer, meilleur, pacifié et plus immense, à entrer dans l’avenir pour nous montrer tout ce qui y germe d’espoirs nouveaux… De là, Les Quatre Évangiles. […]Resté seul, l’homme s’ennuie. […] *** J’en étais resté à la dernière entrevue que j’eus avec le directeur d’un grand journal républicain.

2454. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Chassé de la maison de son maître pour des raisons restées inconnues, il va prendre la succession du peintre Tawaraya-Sôri, et se fait reconnaître pour le successeur de ce peintre. […] Deux planches d’hommes et de femmes, la marée retirée, pêchant avec des paniers le poisson resté dans les anfractuosités de la plage. […] Pendant la guerre, au moment où un vieux renard allait être tué d’un coup de flèche par un de ses compagnons d’armes, Tadanobou l’a sauvé et le renard est resté reconnaissant au guerrier. […] Et, pour que le papier pût rester tendu, il avait été fait dessous un lit de paille de riz d’une grande épaisseur et, de distance en distance, des morceaux de bois, servant de presse, empêchaient le vent de soulever le papier. […] Dessin fait pour une audition de Hayashiya Shôzô, conteur d’histoires de revenants, au moment où l’on éteignait les lumières et où ne restait éclairé que le dessin d’épouvante.

2455. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

La Rochefoucauld, à sa manière, ne dit pas autre chose, et lui, si bien posé pour le savoir, il se plaint encore de cette facilité qu’elle avait à être gouvernée, dont il usa trop et dont il ne resta pas maître : « ….. […] Il résulte de ce retard que La Rochefoucauld ne put rien lui emprunter : tous deux restent parfaitement originaux et collatéraux.

2456. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Née en Angleterre, la philosophie du dix-huitième siècle n’a pu se développer en Angleterre ; la fièvre de démolition et de reconstruction y est restée superficielle et momentanée. […] Candide, dernier chapitre : « Quand on ne disputait pas, l’ennui était si excessif que la vieille osa un jour lui dire : Je voudrais bien savoir lequel est le pire, ou d’être violée cent fois par des pirates nègres, d’avoir une fesse coupée, de passer par les baguettes chez les Bulgares, d’être fouetté et pendu dans un autodafé, d’être disséqué, de ramer aux galères, d’éprouver enfin toutes les misères par lesquelles nous avons passé, ou bien de rester ici à ne rien faire   C’est une grande question, dit Candide. » 472.

2457. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Constantin bâtit sa basilique de Saint-Pierre sur une partie de l’emplacement de ce cirque ; mais, jusqu’en 1586, l’obélisque, chose étonnante, resta debout dans le lieu où Caligula l’avait mis, c’est-à-dire à l’endroit où se trouve maintenant la sacristie de Saint-Pierre, bâtie par Pie VI. […] ; il n’y a pas longtemps, dis-je, que je restai frappé d’admiration et de vérité en lisant ces belles considérations sur le principe de la vie, base et opération progressive du Cosmos.

2458. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Corrigé, il eût écrit d’autres œuvres : resté le même, la justice aurait son nom dans ses archives : il mourut donc, sans doute avant ses quarante ans. […] Louis XI meurt, le vent change : il avait été trop puissant pour rester en crédit et même en repos.

2459. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Cette pudeur, cette retenue, ce scrupule incurable s’expliquent encore par l’esprit religieux dont ils restent quand même imprégnés. […] Et au surplus, pour en revenir au règlement présent de cette espèce de compte de « doit et avoir » ouvert entre les races, ne resterait-il pas à chercher si le piétisme d’Eliot, l’idéalisme contradictoire et révolté d’Ibsen, le fatalisme mystique de Tolstoï sont nécessairement quelque chose de supérieur soit à l’humanitarisme, soit au réalisme français ?

2460. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Quel homme restera juste, s’il ne redoute rien ?  […] La Renaissance exhume Eschyle des rares manuscrits qui restent de lui, elle l’édite et elle le commente doctement ; mais son génie ne sort pas des officines où l’érudition l’élucubre.

2461. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Les contes restent rigides, froids et distants, dénués, bien qu’écrits à la première personne, d’exclamations, d’apostrophes et de cris. […] Enfin ce mathématicien du fantastique, cet esprit imperturbablement logique sur les confins du rationnel, sait, quand il lui convient, rester court au bord d’un développement dernier, et, quelque fait à demi dévoilé laissé dans l’ombre, jouer de la suggestion de l’insinuation, des réticences et des symboles.

2462. (1772) Éloge de Racine pp. -

Mais combien il restait encore à faire ! […] Accepte ses présens et ton fardeau, et garde que la postérité ne te reproche d’être resté au dessous de tes destinées.

2463. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Il m’était resté à vous parler, aujourd’hui, de deux catégories des fables de La Fontaine qui sont, à mon avis, des plus importantes mais qui ne peuvent pas nous retenir très longtemps, et ensuite nous passerons aux conclusions générales que j’ai à vous présenter sur notre grand poète. […] L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours… Ce sont de ces vers de La Fontaine qui restent dans toutes les mémoires et qui sont des fleurs de poésie et de musique.

2464. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

L’impression du public fut si forte contre ces deux ordonnances qu’elles restèrent sans exécution.

2465. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Je touche là à un inconvénient pour eux en même temps qu’à un avantage, quelques-uns sont restés à l’état méditatif et expectant, faute de cet aiguillon souverain de la nécessité.

2466. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

Je le répète, on est dans la région des phénomènes, où l’art, cet ennemi de tout chaos, ne doit pas rester.

2467. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Cependant, au milieu de ces développements pleins d’éclat et de cette restitution opérée dans les dehors de la littérature, il restait beaucoup à faire au dedans pour les études positives, et chez un grand nombre d’esprits, comme il arrive si souvent en France, le sentiment allait plus vite que la connaissance et le labeur.

2468. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Pour juger quels sont les effets de la tragédie anglaise qu’il nous conviendrait d’adapter à notre théâtre, un examen resterait à faire : ce serait de bien distinguer, dans les pièces de Shakespeare, ce qu’il a accordé au désir de plaire au peuple, les fautes réelles qu’il a commises, et les beautés hardies que n’admettent pas les sévères règles de la tragédie en France.

2469. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Sauf une petite élite, les Français en sont restés à la morale de La Fontaine. « Amusons-nous », c’est là, ce semble, son grand précepte, et aussi le nôtre.

2470. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Les littératures, au lieu de se contrôler et de se fondre par le contact et par la comparaison, restent dans l’isolement réciproque, qui perpétue les préjugés, les antipathies, l’ignorance mutuelle.

2471. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Sa cruauté est restée légendaire, et il a raconté lui-même sans sourciller les terribles exécutions qu’il a faites.

2472. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Voltaire est resté d’un bout à l’autre du siècle le grand, l’incomparable poète, le modèle unique et inimitable.

2473. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie  siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter.

2474. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

« Il y avait à Gênes un jeune homme bien né et riche nommé Cinthio, lequel, resté sans père ni mère, n’avait qu’une sœur douée d’une beauté rare et d’une éducation distinguée.

2475. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Les unes, énergiques et indomptées, ne se laissent pas abattre par les déceptions et restent fidèles jusqu’au bout à la vie et à l’action.

2476. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Pour qu’un ensemble de sensations soit devenu un souvenir susceptible d’être classé dans le temps, il faut qu’il ait cessé d’être actuel, que nous ayons perdu le sens de son infinie complexité, sans quoi il serait resté actuel.

2477. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Bernardin de Saint-Pierre est, comme lui, victime d’une sensibilité trop vive, et il le sait si bien qu’il fait cet aveu significatif : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » Il s’en plaint comme d’une infirmité qui lui a longtemps rendu insupportable le commerce des autres hommes : « Il m’était, dit-il, impossible de rester dans un appartement où il y avait du monde, surtout si les portes en étaient fermées.

2478. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Admises à partager le plaisir de la conversation, elles l’étaient par cela même à en disputer l’empire, et elles ne devaient pas rester en arrière de cette vocation ; et l’empire de la convention, qui devait leur en assurer un plus étendu, a contribué à étendre le domaine de la conversation elle-même.

2479. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Ne nous découvrent-ils pas, sans cesse, des vertus qui, sans eux, nous resteraient inconnues ?

2480. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

  Empiriste d’abord, le roman des Goncourt qui fut, qui plus qu’il ne fut encore, voulut être une notation successive d’instants, une sorte de cinématographe littéraire, et dont le souci d’art réel resta extérieur, à fleur de peau, tout pittoresque.

2481. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Ce pauvre honnête rêveur croyait de bonne foi qu’on peut rester dans le progrès en sortant de la liberté.

2482. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Mais dans cette seconde période, l’école socialiste s’est encore renfermée dans des constructions spéculatives : elle est restée plus ou moins en dehors des partis politiques : Saint-Simon se disait royaliste ; l’école phalanstérienne était conservatrice en politique.

2483. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Lugné-Poë s’est employé, puisque les lieux officiels ou boulevardiers restent ignares, dans le sens nouveau.

2484. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Celui-ci a je ne sais quoi qui vous rappelle la manière simple, non recherchée, isolée et tranquille de composer des anciens, manière où les figures restent comme le moment les a placées, et ne sont vraiment liées que par la circonstance, le fait et la sensation commune.

2485. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

L’impression en a trop multiplié les exemplaires, et quand l’Europe seroit bouleversée au point qu’il n’y en restât plus, les biblioteques qui sont dans les colonies des europeans établies en Amerique et dans le fond de l’Asie, conserveroient à la posterité ces monumens précieux.

2486. (1912) L’art de lire « Chapitre V. Les poètes »

Ils ne peuvent rester dans leur famille ; après avoir juré cent fois qu’ils ne s’exposeront plus à la mer, il leur est impossible de s’en passer ; comme un jeune homme ne se peut arracher des bras d’une maîtresse orageuse et infidèle. » Le magnifique effet rythmique de la fin est dû au contraste entre les lignes sans rythme du commencement et le rythme imprécis et flottant, mais singulièrement séducteur, de la fin : « comme un jeune homme, | ne se peut arracher des bras, | d’une maîtresse orageuse | et infidèle ».

2487. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Il restait étonnant, il est vrai.

2488. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Elle devait rester politique et se perdre à jouer ce triste jeu de raquette, d’équivoques, de juste-milieu, qui va de saint Louis à Henri IV, et qui dit : fils d’Henri IV contre les catholiques et fils de saint Louis contre les protestants !

2489. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Fallait-il rester devant un mur si transparent, dont l’impénétrabilité peut-être effrayait moins que la transparence !

2490. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

Ainsi, — et c’est la conclusion de ce chapitre, — Monsieur de Cupidon n’est pas un livre que la Critique puisse classer parmi ceux qui restent.

2491. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

La colère de son prince lui a paru préférable à l’humanité d’un rebelle ; et pouvant être heureux et libre en devenant coupable, il a mieux aimé rester vertueux et attendre la mort.

2492. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

En ma déférente amitié, en ma religieuse admiration, j’ai pensé autrement, jadis ; j’ai cru sincèrement que nos esprits restaient libres sous sa loi ; je pense que je me trompais. […] « Mais de tous ces mauvais poètes, les plus exécrables assurément étaient les derniers débraillés restés fidèles aux traditions du cénacle d’Henry Murgerq. […] Mais laissons-les : il n’est resté d’eux qu’un mauvais souvenir. […] Même sous le rayon de l’étoile, ils restent gris et sales. […] Il pouvait à peine nous tendre la main quand nous entrions ; il restait assis sur le canapé, parlant bas, d’une voix très rauque.

2493. (1890) Nouvelles questions de critique

Et quand enfin on voudrait lui disputer cette gloire, il lui resterait encore celle d’avoir été, bien plutôt que Linné, le véritable créateur en Europe des études d’histoire naturelle. […] si tu pouvais toujours rester jeune et brillante comme à présent… Mais, hélas ! […] Je ne le pense pas ; mais, quand on le nierait, il resterait toujours que les genres, n’ayant pas en fait le même objet, ne sauraient donc, sans cesser d’être eux-mêmes, se développer par les mêmes moyens. […] On ne fait qu’un René, qu’un Obermann, qu’un Adolphe ; et il en faut rester là ; ou, si l’on continue d’écrire, il faut sortir de soi, pour ouvrir les yeux sur le monde. […] Puis, à l’ordre alphabétique, toujours commode, mais toujours confus, on en eût substitué un autre, que je ne connais point, que je ne saurais donc indiquer, qui resterait à déterminer.

2494. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Par exemple, vous ouvrez un volume, et vous tombez sur ce passage : « Il venait souvent sans être invité, et restait longtemps sans qu’on fît effort pour le retenir : d’où nous jugeâmes, Mlle de Silly, et moi, qu’une de nous deux lui avait plu. […] Bientôt, pauvres poètes, débiles écrivains, ou malheureux artistes, découragés, exténués, ils resteront à mi-chemin sur ces pentes semées d’obstacles. […] Passez, notaire, où il resta le même temps. […] Le peintre, nous restons en dehors de son œuvre ; mais celle du musicien se mêle à nous, et, en l’écoutant, nous y prenons part, nous y faisons intérieurement notre partie, et chaque auditeur, sur la même musique, brode un poème différent. […] « Haydn resta toujours l’enfant de chœur enrégimenté dans ce vaste empire, qu’il ne pensa jamais à regarder avec sa conscience d’homme libre.

2495. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Quand elle aura bien accompli son devoir de vigilance à l’égard des ignorants et des barbares, il ne lui restera que gentillesse à dépenser. […] Et Simone irait au charmant docteur Le Jas : mais la dignité de la famille l’oblige à rester l’esclave d’un fou. […] Restent les exceptions. […] Il ne resta qu’une fantasmagorie inconsistante et bien réglée, à laquelle mon habitude servait de loi. […] Il lui restait six années à vivre.

2496. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Restons-en sur l’exemple que nous venons de rappeler. […] et l’ont-ils si bien dit qu’il ne resterait plus rien à en dire qu’après eux et d’après eux ? […] Rien n’importe plus aujourd’hui, dans cette abondance où nous sommes de travaux et de documents, que de savoir exactement quelles recherches restent encore à faire, et dans quel sens il les faut diriger. […] Nourrisson déclare que, pour excessives qu’elles soient, « ces paroles de Nodier n’en restent pas moins en partie fort justifiées ». […] Celui-ci fut le premier qui resta peuple en se faisant auteur, et qui fonda sa popularité sur le mépris insolemment avoué de tout ce qu’il n’était pas lui-même.

2497. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

À cet aspect, le berger, cessant de défendre son troupeau, se cache lui-même dans le bercail, tremblant de rester au grand jour ; les brebis, groupées par la terreur, se pressent les unes contre les autres, tandis que le lion plus ardent bondit dans le vaste enclos, etc. » XI Les coursiers, ces combattants auxiliaires de l’homme, jouent dans les batailles un rôle presque égal à celui des héros. […] Il descend de la tour et ordonne aux gardes de fermer les portes aussitôt que les Troyens fugitifs les auront franchies. » Au vingt-deuxième chant, Hector seul, resté en dehors des portes près du hêtre, attend Achille pour le combattre. […] Ils étaient cinquante quand débarquèrent les enfants de la Grèce ; dix-neuf avaient été enfantés par les mêmes flancs et dans mes palais ; les autres étaient nés de femmes étrangères ; le cruel Mars (la guerre) a tranché la vie du plus grand nombre d’entre eux ; un seul me restait : il défendait notre ville et nous-mêmes !

2498. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Trois jours, je suis resté avec une fièvre terrible et une cervelle battant la breloque… Le jour de Noël, il a fallu aller à la recherche d’un médecin, indiqué par le concierge de la villa. […] Ce qui valait 100 francs n’a plus valu que 60… D’abord j’ai fait des prêts à mon neveu, puis quand la faillite a été menaçante, j’ai racheté, à bas prix s’entend, des créances… tout mon avoir y a passé… Mais s’il se relève, il est resté à la tête de ses affaires… je ne perdrai rien… Il me doit aujourd’hui plus d’un million. » Mardi 16 novembre On cause des conférences qui avaient lieu, ces jours-ci, entre Dupanloup et Dumas fils, pour faire introduire la recherche de la paternité dans le code, et l’on ne doutait pas que, si la Chambre actuelle s’était perpétuée, une proposition ad hoc, n’eût été soumise à ses délibérations. […] Jeudi 16 décembre Hier Gambetta, un peu grisé par son succès oratoire et la nomination de la fournée des sénateurs républicains, est resté jusqu’à deux heures du matin, dans les bureaux de La République, blaguant.

2499. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il signalait la dépression morale, qu’à la longue amenait l’état du condamné, disant qu’il était arrivé à ne plus parler, et qu’à sa rentrée en France, il était resté, pendant des années, silencieux, muet. […] Avec les livres il y avait aussi quelques tableaux, quelques porcelaines, et il arriva cela de bizarre, qu’il n’y eut qu’une tasse de Sèvres qui resta intacte, mais dont le bleu de roi fut changé en le plus beau noir du monde : tasse qui fut offerte au Musée de Sèvres, comme témoignage de la solidité de la porcelaine. […] Lundi 7 août Il me restait sans doute un peu de fièvre de la crise d’hier, amenée par le froid, que j’ai eu dans une voiture découverte, en revenant de la gare de Lyon, et je rêvais ceci : M. 

2500. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il restait acteur au moins dix-sept ans, quoique dans les seconds rôles210 ; il s’ingéniait en même temps à remanier des pièces, avec tant d’activité, que Greene l’appelait « une corneille parée des plumes d’autrui, un factotum, un accapareur de la scène211. » Dès l’âge de trente-trois ans, il avait amassé assez d’économies pour acheter à Stradford une maison avec deux granges et deux jardins, et il avançait toujours plus droit dans la même voie. […] —  Allez paître où vous voudrez, vous ne resterez pas sous mon toit. —  Regardez-y, pensez-y, je ne plaisante pas. —  Jeudi est proche. […] Ils ne restent pas tranquillement assis sur leurs chaises, comme les marquis du Misanthrope ; ils pirouettent, ils sautent, ils se griment, ils jouent hardiment la pantomime de leurs idées ; leurs fusées d’esprit se terminent en chansons. […] Mieux vaudrait être avec les morts — que nous avons envoyés dans la paix du cercueil, pour arriver où nous sommes, —  que de rester gisants, sous les tortures de l’âme, —  dans un délire sans repos285. […] Quelle joie peut rester à un homme assiégé de tels rêves ?

2501. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Au contraire, les Arcadiens, enfermés dans leurs montagnes, demeurent rustiques et simples ; pareillement les Acarnaniens, les Épirotes, les Locriens Ozoles, qui débouchent sur une autre mer moins favorable et ne sont point voyageurs, restent jusqu’au bout demi-barbares ; au temps de la conquête romaine, leurs voisins, les Étoliens, n’avaient encore que des bourgs sans murailles et n’étaient que des pillards brutaux. […] L’homme n’est plus ce qu’il était, et ce que peut-être il aurait bien fait de rester toujours, un animal de haute espèce, content d’agir et de penser sur la terre qui le nourrit et sous le soleil qui l’éclairé ; mais un prodigieux cerveau » une âme infinie pour qui ses membres ne sont que des appendices et pour qui ses sens ne sont que des serviteurs, insatiable dans ses curiosités et ses ambitions, toujours en quête et en conquête, avec des frémissements et des éclats qui déconcertent sa structure uni maie et ruinent son support corporel, promené en tous les sens jusqu’aux confins du monde réel et dans les profondeurs du monde imaginaire, tantôt enivré, tantôt accablé par l’immensité de ses acquisitions et de son œuvre, acharné après l’impossible ou rabattu dans le métier, lancé dans le rêve douloureux, intense et grandiose comme Beethoven, Heine et le Faust de Gœthe, ou resserré par la compression de sa case sociale et déjeté tout d’un côté par une spécialité et une monomanie comme les personnages de Balzac. […] Tout l’homme, esprit et corps, y entre en branle, et les vers qui nous en restent ne sont que des feuillets détachés d’un livret d’opéra. […] Nous ne comprenons plus aujourd’hui la poésie de Pindare ; elle est trop locale et spéciale ; elle est trop pleine de sous-entendus, trop décousue, trop faite pour des athlètes grecs du vie  siècle ; les vers qui nous restent n’en sont qu’un fragment ; l’accent, la mimique, le chant, les sons des instruments, la scène, la danse, le cortège, vingt accessoires qui les égalaient en importance ont péri. […] Il y a des divinités, notamment celles des eaux courantes, des bois et des montagnes, qui sont toujours restées transparentes.

2502. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

L’infortuné Soanen vouloit que Ségur restât en place. […] Les néophites protestent qu’ils aiment mieux rester damnés, que de se confesser soit, à lui, soit à des dominicains. […] Il exigea que les Européens qui voudroient rester à la Chine subiroient désormais un examen & prendroient de lui des lettres patentes. […] L’abandon étoit le seul parti qui restât, & la prudence même le dictoit. […] Il ne resta, dans le nouveau corps, dans cet assemblage de gens à talens & d’hommes grossiers, que les anciennes lumières, & il ne s’en formoit plus de nouvelles.

2503. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Zamet ; il en avait une fille déjà âgée de dix-sept ans, qui, avant d’être duchesse de Nemours, resta longtemps auprès de sa jeune belle-mère, nota tous ses écarts, et finalement, en ses Mémoires, ne lui fit grâce d’aucun. […] De peur de rester trop incomplet, nous répétons ici la page immortelle : « Mlle de Vertus, écrit Mme de Sévigné (20 juin 1672), étoit retournée depuis deux jours à Port-Royal, où elle est presque toujours ; on est allé la quérir avec M.

2504. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

L’arc-en-ciel est resté et se voit encore. […] Terrier de Montciel, précédemment ministre de l’intérieur, s’était réfugié au Jardin-des-Plantes chez Bernardin de Saint-Pierre, qu’il y avait fait nommer, mais qu’il y resta peu de temps, ayant été assez mal accueilli par son protégé, qui craignait de se compromettre.

2505. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il se sentit soulagé de la confusion de ses idées et de l’incertitude de ses jugements par ce mode de dialogue ; et, bien qu’il soit resté sensible, et qu’il soit devenu homme d’esprit par la longueur de ses détentions, et par ses pensées retournées en dedans à force de rêveries, il fut heureux de n’avoir pas à faire lui-même le triage formidable de sensations et de raisonnements dont il avait eu peur à ma première proposition, et il me dit : « Parlez, Monsieur ; je ne saurais pas parler, mais je saurai peut-être répondre. » « — Eh bien ! […] L’effort l’avait épuisé : il était évident qu’il venait de vivre, en une minute, les quelques heures qui lui restaient.

2506. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Je suis restée avec lui jusqu’au dernier moment. […] Le tableau serait bien autrement complet ; profitons du moins des pages qui nous restent.

2507. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

D’Aubigné, je le sais, est du xvie  siècle par le génie et par le goût : mais, précisément, son originalité et sa caractéristique c’est d’être du xvie  siècle en plein xviie , de n’avoir pas marché quand tout était en mouvement, et de rester, entre Richelieu et Corneille, le contemporain de Charles IX et de Garnier. […] ce goût d’aventures héroïques, extraordinaires, qui dans l’Astrée même se traduit par le siège de Marcilly, et cette dévotion exaltée de l’amant à sa maîtresse, qui n’est que l’amour courtois ; c’est par l’Espagne surtout que l’héroïsme chevaleresque et le culte des dames sont restés des choses sérieuses, en dépit de l’Arioste et des spirituels conteurs de l’Italie.

2508. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Nous arrivons enfin à cet admirable tableau, où elle forme avec Gurnemanz et Parsifal ce groupe qui est resté dans la mémoire de tous ceux qui ont pu le voir : le vieillard bénissant Parsifal assis et rayonnant dans sa robe blanche, tandis que Kundry lève les yeux sur lui, comme anéantie dans sa contemplation. […] Quand nous aurons parlé du costume, que Wagner a considéré comme il doit l’être : exact, mais ne devant avoir que sa signification propre et concourant à l’ensemble, il nous restera à étudier le geste appliqué au chant et à la parole ; mais cette étude serait incompréhensible si on ne lui joignait la musique et le chant ; nous la traiterons donc dans le chapitre suivant.

2509. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

rester sacrée Et voilée de désir aux brumes de ton cœur. […] Et l’on commence à voir Sur l’herbe des talus étinceler le givre… Une troupe d’oiseaux jaillit de l’horizon ; Puis une autre : elle forme un triangle… Puis d’autres, Vers ce champ terminal où furent des épeautres, S’abattent d’un jet lourd, pêle-mêle, à foison… Le bétail, désormais, va rester aux étables, Et la herse qui fait les glèbes végétables, La charrue et le roule attendront sous l’auvent Que le froid ait cessé de galoper le vent… Il cessera ; fuyez la crainte ; patience !

2510. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

La tendance à rester clapie longtemps dans la même attitude (en parlant d’une femme). […] — Parcelles d’acier qui restent au tranchant d’une lame qu’on vient de réparer.

2511. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Seulement, cette intelligence doit rester en contact avec d’autres intelligences. […] Par la crainte qu’il inspire, il réprime les excentricités, tient constamment en éveil et en contact réciproque certaines activités d’ordre accessoire qui risqueraient de s’isoler et de s’endormir, assouplit enfin tout ce qui peut rester de raideur mécanique à la surface du corps social.

2512. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Que resterait-il de beaucoup de nos émotions si nous les ramenions à ce qu’elles ont de strictement senti, si nous en retranchions tout ce qui est simplement remémoré ? […] Nous pouvons aussi bien rester extérieurs à ce qui se passe, pourvu que nous conservions la sensation bien nette d’un agencement mécanique.

2513. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dans la vie de mérite et de dignité que l’auteur s’est faite, l’Ange Gardien a été et a dû rester son chef-d’œuvre.

2514. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

A le prendre ainsi, et vu l’urgence, vu la prorogation du Corps législatif, qui a pu être nécessaire, mais qui est survenue irrégulièrement et qui a choqué et interloqué ce Corps, vu bien d’autres circonstances que chacun sent assez sans qu’on les dise, il me semblait que le Sénat aurait pu procéder plus vite, motiver son empressement même par la condition fâcheuse qui était faite au Corps législatif, resté en l’air et en suspens, se mettre dès le premier jour avec ce Corps dans des relations d’égards et de bons procédés et, en vérité, quand je vois les modifications apportées au sénatus-consulte après une discussion si laborieuse, je trouve qu’il eût été mieux de l’accepter et de l’acclamer sous sa première forme.

2515. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les premiers écrivains qui nous sont connus, dirait-on, et en particulier le premier poète, n’ont point été surpassés depuis près de trois mille ans, et souvent même les successeurs des Grecs sont restés bien au-dessous d’eux ; mais cette objection tombe, si l’on n’applique le système de perfectibilité qu’aux progrès des idées, et non aux merveilles de l’imagination.

2516. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Il faut soutenir chaque absurdité dont est formée la longue chaîne qui conduit à la résolution coupable ; et le caractère resterait, s’il est possible, plus intact encore après des actions blâmables que la colère aurait inspirées, qu’après ces discours dans lesquels la bassesse ou la cruauté se distillent goutte à goutte avec une sorte d’art que l’on s’efforce de rendre ingénieux.

2517. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

Les premiers qui s’éloigneraient, pourraient détacher ceux qui restent, et celle qui semble l’objet de toutes leurs pensées, s’aperçoit bientôt qu’elle retient chacun d’eux par l’exemple de tous.

2518. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Il va au-devant des barbares, ou les gagne aussitôt après leur entrée ; service énorme ; jugeons-en par un seul fait : dans la Grande-Bretagne, devenue latine comme la Gaule, mais dont les conquérants demeurèrent païens pendant un siècle et demi, arts, industries, société, langue, tout fut détruit ; d’un peuple entier massacré ou fugitif, il ne resta que des esclaves ; encore faut-il deviner leurs traces ; réduits à l’état de bêtes de somme, ils disparaissent de l’histoire.

2519. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Cet objet peut rester idéal, être situé par lui-même hors de toutes nos prises ; peu importe ; nous possédons son représentant.

2520. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Mais il se présente par le livre, et les jeunes gens, comme nous en rencontrons encore dans nos lycées et plus encore dans l’enseignement primaire, dont l’intelligence est restée naïve et comme vierge, ont un respect en quelque sorte religieux pour le livre, dépositaire de la science, qu’ils vénèrent, à laquelle ils aspirent.

2521. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Si les jurisconsultes n’admettent pas le principe invoqué, si les témoins démentent les faits allégués, que restera-t-il des conclusions de l’avocat ?

2522. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Quand vous aurez soigneusement distingué dans les produits de l’invention première ce qu’il faut garder ou rejeter, vous ne serez pas encore au bout de votre peine : il vous restera à distribuer, à ordonner ce que vous aurez gardé.

2523. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Il fallait jeter bien des mots dans la langue ; les meilleurs resteraient, élus par l’usage ; une sorte de concurrence et de sélection naturelle déblaierait le vocabulaire peu à peu.

2524. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Et c’est parce qu’il est resté provincial qu’il a pu être un concettiste aussi outré.

2525. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

. — Une génération qui n’aimerait que la première jeunesse et ne serait pas policée par le commerce des dames resterait grossière. — Une femme qui aime et qui est bonne peut, à tout âge, donner le bonheur, douer le jeune homme. » Il vous apparaîtra de nouveau, si vous pesez les mots de cette dernière phrase et si vous en cherchez le commentaire dans le texte du chapitre, que le naturisme de Michelet n’est pas précisément le naturisme de Molière.

2526. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

Les cénacles littéraires ou artistiques restent d’ailleurs assez indifférents en général au côté social et moral de l’art.

2527. (1842) Essai sur Adolphe

Ce qu’il faut au cœur d’Adolphe, ce n’est pas un amour mystérieux et timide ; si toute la terre devait ignorer qu’il est aimé, si son bonheur devait rester dans l’ombre, il n’en voudrait pas.

2528. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Tels sont les motifs entre lesquels a lieu le conflit : tantôt c’est entre deux motifs actuels qu’a lieu la lutte, tantôt entre un motif actuel et une idée, et celle-ci restera victorieuse, si le souvenir est assez vif pour que l’idéal remporte sur le réel, comme chez les gens très préoccupés de leur santé.

2529. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Électre est restée dans le palais d’Argos, subie et opprimée par sa mère, qui hait en elle l’ennemie de son crime. — « Et moi », — dira-t-elle plus tard à Oreste, — « j’étais tenue à l’écart, méprisée, abjecte, chassée au dehors comme une chienne malfaisante ; et ma seule joie était de cacher mon deuil. » — Exclue du foyer, reléguée parmi les esclaves, Électre erre autour du palais maudit, couvant sa haine et nourrissant son espoir.

2530. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

L’œuvre de Shakespeare est absolue, souveraine, impérieuse, éminemment solitaire, mauvaise voisine, sublime en rayonnement, absurde en reflet, et veut rester sans copie.

2531. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Après avoir abjuré le calvinisme où son père étoit resté par une indifférence philosophique & par tolérantisme, il afficha des idées rigoureuses & singulières.

2532. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Il suit de là qu’entre deux cerveaux égaux, celui qui habitera le plus grand corps, ayant plus à faire pour le mouvoir, aura moins de loisir en quelque sorte pour les fonctions intellectuelles, ou bien, si l’on admet quelque localisation de fonctions, une plus grande partie de la masse étant employée au gouvernement de la vie matérielle, il en restera moins pour l’intelligence.

2533. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VI. Les localisations cérébrales »

S’ils sont liés au contraire d’une manière rigoureuse à telle faculté, cette faculté doit disparaître avec eux ; par conséquent les instincts purement animaux doivent disparaître ou être plus faibles chez les mammifères inférieurs et l’intelligence rester au moins égale, puisque c’est la partie postérieure du cerveau qui disparaît, et non l’antérieure.

2534. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Pour bien faire comprendre cette philosophie, il faudrait pouvoir exposer avec détail et précision toutes ces belles théories, qui resteront dans la science : la théorie de l’effort volontaire, par laquelle Biran établit contre Kant et contre Hume la vraie origine de l’idée de cause ; la théorie de l’obstacle, par laquelle il démontre, d’accord avec Ampère, l’objectivité du monde extérieur ; la théorie de l’habitude, dont il a le premier démontré les lois ; ses vues, si neuves alors, sur le sommeil, le somnambulisme, l’aliénation mentale, et en général sur les rapports du physique et du moral ; la classification des opérations de l’âme en quatre systèmes : affectif, sensitif, perceptif et réflexif ; enfin sa théorie de l’origine du langage.

2535. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Pourquoi la métaphysique est-elle restée stationnaire ?

2536. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

On les reconnaît pour les maîtres de la scène ancienne ; et c’est uniquement sur le peu de pièces qui nous restent d’eux, que nous devons juger du théâtre des Grecs.

2537. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

La concomitance constante est donc, par elle-même, une loi, quel que soit l’état des phénomènes restés en dehors de la comparaison.

2538. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Dans la seconde, ne lisez jamais le critique d’un auteur que pour relire l’auteur lui-même ; autrement vous n’entreriez jamais dans la seconde éducation ; vous resteriez toujours dans la première.

2539. (1761) Apologie de l’étude

C’est le propre des malheurs de ramener à la philosophie, comme le joueur qui a tout perdu revient à sa maîtresse ; cette philosophie, qui prétend nous dédommager de tout, m’ouvrait ses bras et me restait pour asile.

2540. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

» Et le style, en effet, le tenait si fort, cet homme de style, marié grâce à son style, qu’il raconta le bonheur de son mariage dans un feuilleton enivré et resté célèbre, trouvant, cet enfant gâté du bonheur, que c’était augmenter son bonheur que de récrire, tant il était écrivain !

2541. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Elle y resta et la purifia pour toujours.

2542. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Il n’a jamais frappé qu’un petit nombre d’hommes, mais il les a frappés, de sorte qu’ils sont restés timbrés à l’effigie de ses sensations et de ses idées, tandis que la masse lui a toujours échappé.

2543. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Il n’a jamais frappé qu’un petit nombre d’hommes, mais il les a frappés, de sorte qu’ils sont restés timbrés à l’effigie de ses sensations ou de ses idées, tandis que la masse lui a toujours échappé.

2544. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

VII Cela s’appelle Monsieur Adam et Madame Ève 56, et c’est la longue, l’éternelle, l’amusante et la triste comédie du mariage qui est le fond de la comédie humaine où tous les faiseurs de pièces puisent depuis qu’il y a des faiseurs de pièces dans le monde, et qui doit cependant rester inépuisable !

2545. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Parmi les descriptions de la couverture, celle de Laromiguière est des meilleures et restera.

2546. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Pouvant être préfet du palais, c’est-à-dire avoir une des premières places de la cour, il aima mieux rester orateur et homme de lettres.

2547. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.

2548. (1902) La poésie nouvelle

Il resta bien à Charleville quelques jours. […] Car nous fûmes son ami et le restons de loin… » Et dans ce petit poème de Parallèlement, Laeti et errabundi :‌ On vous dit mort, vous. […] Il restera seul ici-bas avec son art ; il se vêtira de son art comme d’un rude cilice et il le serrera si fort contre lui qu’il s’en marquera le cœur, au travers de la chair ! […]   Cette note suave restera, d’ailleurs, très rare, chez Verhaeren. […] Sur le sol, la bêche est restée, la bêche qu’on n’utilise plus, qui ne s’enfoncera plus dans la glèbe pour le labeur fécond ; elle gît, lamentable et nue, grelottante, « sur le cadavre épars des vieux labours ».

2549. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Ce sont les débris d’un corps vivant qui semblent s’appeler, se rechercher, mais qui, dans le fait, restent isolés et sans vie. […] C’est plutôt chez des penseurs restés catholiques qu’on rencontre des protestations en faveur de la liberté de conscience. […] Quand il s’agit de créer une morale, la science n’y peut rester étrangère ; toutes ses branches s’y trouvent intéressées. […] Pantagruel, ce propous finy, resta en silence et profunde contemplation. […] Mais une grande œuvre promise restait à consommer ; elle devait reconquérir le monde à la vérité.

2550. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Nous avons bien de la chance de rester dans notre ville… » La vaillance tourne à la bonne humeur. […] L’ambassadeur répondit que, pour l’honneur de la Grande-Bretagne, rester fidèle à ses engagements était aussi une affaire de vie ou de mort. […] Pour empêcher que nous ne l’aimions d’une façon plus fraternelle encore et complice, il nous restera le souvenir du premier malentendu. […] Il arrive aussi que, faute d’un signe évident, nous restions fort embarrassés. […] Les grands amateurs d’idées n’ont pas de système ; et les viveurs en activité font sagement de rester célibataires.

2551. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Le monde du cœur et le monde des sens — ces deux domaines où l’amour habite — restent inaccessibles au législateur II s’accomplit là des infamies qu’aucune sanction humaine n’atteindra jamais ; il s’y manifeste des héroïsmes qu’aucune gloire humaine ne couronnera. […] … reprend le Moraliste, surtout si vous songez que vos fautes retombent parfois sur des têtes qui ne sont pas les vôtres. « Quand on est une honnête femme », dit de Ryons, « il n’y a qu’une chose à faire, quoi qu’il en coûte, c’est de rester honnête. […] Personne ne resta plus étranger que lui aux jeux du dilettantisme et de la virtuosité. […] Il resta bras cassés, accablé, assommé… — Encore ce misérable Coriolis et ce nostalgique Demailly sont-ils vaincus par des êtres. […] Il le restera, comme il l’est devenu, d’abord à cause de la sincérité inexorable de sa confession, et aussi parce qu’il présente un exemplaire accompli d’une certaine variété d’âmes modernes.

2552. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Fuir, ainsi avariée, elle ne le peut ; lutter, elle ne le peut non plus avec les neuf pièces qui seules lui restent. […] Ce souvenir était resté dans l’esprit de Désiré Nisard, et cette répartition inégale et injuste était de nature à l’irriter. […] L’Académie reste et restera debout, et le nombre des candidats n’est pas près de diminuer. […] Averti du crime qui est projeté, il n’avait qu’à rester près de sa caisse pour l’empêcher ; mais quoi ? […] Quand sa femme lui dit qu’elle l’aime et qu’elle serait heureuse de le voir rester toujours auprès d’elle, ce n’est pas sans raison que vous le faites parler en père plutôt qu’en époux.

2553. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

D’où il suit qu’après ces abstractions, il restera quelque chose à représenter, l’homme ; après ces tragédies et ces comédies, quelque chose à faire, le drame. […] Les unes sont éternelles, intérieures, et restent ; les autres variables, extérieures, et ne servent qu’une fois. […] À côté de l’homme de guerre et de l’homme d’état, il restait à crayonner le théologien, le pédant, le mauvais poëte, le visionnaire, le bouffon, le père, le mari, l’homme-Protée, en un mot le Cromwell double, homo et uir.

2554. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ils n’atteignent point l’élégance complète, ni la philosophie supérieure ; ils alourdissent les délicatesses françaises qu’ils imitent, et s’effrayent des hardiesses françaises qu’ils suggèrent ; ils restent à demi bourgeois et à demi barbares ; ils n’inventent que des idées insulaires, et des améliorations anglaises, et se confirment dans leur respect pour leur constitution et leur tradition. […] Rester chez soi sans travailler, c’est se ronger intérieurement et marcher au suicide.

2555. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Né près du peuple, absent de Paris pendant douze années, il est resté à l’écart du travail que faisait la société polie sur la langue ; et quand il revient, en 1638, il garde son franc et ferme style nourri d’archaïsmes, de locutions italiennes ou espagnoles, de façons de parler et de métaphores populaires ou provinciales, un style substantiel et savoureux, plus chaud que fin, plus coloré que pur, brusque en son allure et assez indépendant des règles savantes ou du bel usage. […] Il est même remarquable que Molière a si bien posé les traits caractéristiques des diverses classes de la société française, qu’à travers toutes les révolutions, les grandes lignes de ses études restent vraies : Balzac et Augier nous aideraient à le prouver.

2556. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

L’oraison funèbre et le panégyrique, comme discours d’apparat, restent singulièrement au-dessous des sermons, où la nécessité d’instruire et d’édifier met des limites aux excès du bel esprit. […] Mais, avant de prêcher, il enseignait dans les collèges de sa compagnie ; il professa les humanités, la rhétorique, la théologie morale ; il y prit le pli qui ne s’effaça jamais ; après que ses supérieurs eurent découvert l’orateur qui était en lui, il resta un homme de science et d’enseignement : son éloquence fut toujours didactique, et chacun de ses discours fut un cours.

2557. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ce grand vers en était resté où Malherbe, puis Racine l’avaient laissé : séparé en deux hémistiches égaux qui eux-mêmes, théoriquement, se divisaient en deux éléments encore égaux, assemblé en distiques que liait la rime 746. […] De catholique légitimiste, il est devenu libéral : mais à peine le souffle démocratique de 1830 l’a-t-il effleuré : ses instincts humanitaires restent hésitants, suspendus, épars ; il s’est laissé attacher à la dynastie de Juillet, il a accepté d’être pair de France.

2558. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Madame Bovary offrait déjà quelques tableaux qui semblaient peints un peu pour eux-mêmes et qui pouvaient presque passer pour des digressions ; mais leur lien avec l’action restait toujours visible. […] Qu’on juge de la précision de cette chasse par quelques détails : «… La mélancolique métamorphose se faisait, changeant sur les toiles l’azur matinal des paysages en pâleurs émeraudées du soir… Au-dessus de la copie de Saint-Marc, du noir était entré dans la gueule ouverte du lion… Le parquet perdait le reflet des châssis de bois blanc qui se miraient dans son luisant… » Et voici le trait final : « Une paillette, sur le côté des cadres, monta, se rapetissa, disparut à l’angle d’en haut ; et il ne resta plus dans l’atelier qu’une lueur d’un blanc vague sur un œuf d’autruche pendu au plafond et dont on ne voyait déjà plus ni la corde ni la houppe de soie rouge. » Qu’on lise tout le morceau, on y sentira, parmi l’amusement des détails, la mélancolie légère de cette décroissance et de cet insensible effacement du jour dans un fouillis d’objets élégants et brillants qui se noient l’un après l’autre, doucement et silencieusement, dans la nuit.

2559. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

La mythologie païenne était usée, Ronsard et Boileau l’avaient à deux fois inutilement restaurée ; que restait-il à faire ? […] Ils sont restés avec le doute, qui n’avait jamais entièrement abandonné leur cœur.

2560. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Ainsi, à près de quatre siècles de l’époque où cette ébauche de langue sera la plus grande langue du monde moderne une partie déjà en est mûre, et restera. […] Elle est restée aussi loin de la grâce et du naturel d’une femme, que de la force de pensée d’un homme.

2561. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ne pouvant être ni Bossuet, puisqu’il avait à conquérir ce que Bossuet n’avait qu’à conserver, ni Leibniz, puisqu’il avait reconnu l’impuissance de la philosophie à résoudre les questions capitales, ni quelqu’un de ces esprits médiocres qui se font une croyance molle et languissante du mélange d’une certaine philosophie et d’une certaine foi, Pascal n’a pu faire mieux que de rester Pascal. […] « Puisque vous le prenez ainsi, dit-il, je ne puis vous le refuser. » Et ce qui restait à dire, il le dit.

2562. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Notre pensée eût-elle épuisé toutes les raisons possibles d’un acte, il resterait toujours quelque chose dont elle ne pourrait plus donner de raison, à savoir elle-même. […] Son existence sera alors déterminée, totalement ou partiellement, par l’idée même et le désir de réaliser des possibles qui, sans cette idée et ce désir, seraient restés latents.

2563. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Malheureusement pour la jeune Indienne, le citoyen Chateaubriand avait promis à son Mentor, Fontanes, d’imiter Berquin et de donner aux femmes de France une leçon de saine morale : la vérité l’avait emporté si loin, qu’il ne lui restait plus qu’à sacrifier son amoureuse, il l’empoisonna, mais, dans sa bouche mourante, il mit ce cri de la nature : « J’emporte le regret de n’avoir pas été à toi », qui détruit l’effet moral du suicide de la vierge malgré elle. […] Jugeant l’humanité à l’aune capitaliste, ils s’écrient triomphalement : « L’homme est et restera toujours égoïste ; si vous lui retirez comme unique mobile de ses actions l’intérêt privé, vous détruisez la société, vous arrêtez le progrès et nous retournons à la barbarie. » L’âme humaine, ainsi que les autres phénomènes de la nature est, au contraire, en un perpétuel état de transformation, acquérant, développant, et perdant des vices et des vertus, des sentiments et des passions.

2564. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Ces fragments de poésie primitive y restèrent, dit-on, ensevelis sous les vagues, jusqu’au règne plus moderne d’un souverain lettré qui les rendit au jour. […] Sita, restée seule, gémit sur l’absence de ses enfants.

2565. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

., seraient fondues en une seule ; tandis que les deux autres familles, c’est-dire a14 à f14, comprenant actuellement cinq genres, et o14 à m14, resteraient encore distinctes. […] Et lorsque le professeur Phillips demande pourquoi les mollusques d’eau douce sont restés presque invariables, depuis une époque très reculée jusqu’à nos jours, nous pouvons répondre qu’ils ont dû être soumis à une concurrence moins vive que les mollusques qui vivent dans les stations plus vastes des mers.

2566. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Ces empereurs grecs qu’ont en face les guerriers francs n’osent sortir de leurs murailles, se mettre à la tête des vaillants hommes qui leur restent ; ils s’enfuient de nuit par des portes dérobées, et vont chercher dans des palais moins en péril ce qu’ils espèrent sauver de la ruine universelle, un reste de voluptés et de délices.

2567. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Croyons plutôt que les grands noms ne périront jamais ; et, quels que soient nos plans, ne touchons point aux illusions de l’espérance ; sans elles, que resterait-il, hélas !

2568. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Cuvier, dans sa Notice historique, après s’être posé les diverses questions restées douteuses, sur les mobiles de plus d’un genre qui pouvaient alors animer Ramond, ajoute : Ce qui est certain, ce que M. 

2569. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il resta longtemps malade, alité, écorché au vif tout le long du dos à force d’être immobile ; puis, quand il fut debout, il eut à passer deux ou trois ans encore avant de pouvoir entièrement guérir ; mais il sauva son bras et aussi sa carrière d’homme de guerre.

2570. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Le psychologue est resté en chemin, et, parti du dedans, il n’a pas rejoint le monde du dehors, ce qui est le domaine propre et le règne de nos cinq sens de nature.

2571. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Voici un livre dont j’aurais dû parler depuis longtemps, d’abord parce qu’il est consacré à la mémoire d’une femme qui est restée charmante et unique dans la pensée de tous ceux qui l’ont connue et qu’elle a honorés de sa bienveillance, ensuite parce que c’est le livre qui, le mieux fait pour la rappeler fidèlement aux amis qui l’ont regrettée et qui la regrettent encore, est le plus propre à donner d’elle une juste idée, une idée approchante du moins, aux générations curieuses qui n’avaient su jusqu’ici que son nom.

2572. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Ce court intervalle ayant obligé ceux qui étaient venus de rester à Paris, la consommation extraordinaire que cette affluence attira dans la ville augmenta considérablement les revenus de Sa Majesté par rapport aux entrées, et lorsque la fête eut été donnée avec toute la magnificence possible et que le roi voulut savoir ce qu’elle lui coûtait, M. 

2573. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Il me parut que, dans cette théorie grave et un peu oppressive, plus d’une branche des beaux-arts restait écartée et absente ; la partie libre, aimable, brillante, ionienne et voluptueuse y périssait.

2574. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Une conformité sympathique d’opinions et d’idées avec Joubert, qui venait d’y prendre le commandement à la place de Brune, me portait à y rester pour attendre les événements qui se préparaient.

2575. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Ai-je besoin d’ajouter que je suis resté entièrement et absolument étranger à tout ce qui a suivi ?)

2576. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Les grands hommes sont sujets à faire illusion sur l’époque qu’ils éclairent et qu’ils remplissent brillamment jusqu’à éteindre parfois ce qui les entoure ; les hommes secondaires et pourtant essentiels ont l’avantage de nous faire pénétrer avec eux, sans éblouissement et sans faste, dans des parties restées à demi obscures et dans les rouages mêmes de la machine dont ils étaient, à certain degré, un des ressorts.

2577. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Tel est, — tel du moins qu’il s’est dessiné à moi en toute sincérité, — ce noble ouvrage qui restera toujours comme un puissant monument de la vue, de la force surtout, de l’ordonnance et de la méthode propres à Bossuet, en même temps que de son mâle et majestueux talent.

2578. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Qui n’a pas vu cette taille mince, élevée, restée jeune, ce port ferme et résolu, cette démarche allègre, ce front haut légèrement dépouillé, aux cheveux clairsemés grisonnant à peine, cet œil surtout encadré d’un sourcil noir ardent, cette prunelle élargie et comme avide d’absorber le monde entier dans son orbite, ce regard qui vous perce et qui plonge en vous, ne connaît point l’homme.

2579. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

La même année qu’il prétendait à un siège à l’Académie et qu’il ambitionnait d’appeler confrères les gens de lettres, il méconnaissait ce qu’il y a de sérieux dans les Lettres mêmes et ce qui leur confère le seul caractère sans lequel elles resteraient à jamais futiles.

2580. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Le caractère lui a manqué : il est resté en deçà de tout.

2581. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Lorsque tant d’autres assistent et survivent à l’affaiblissement de leur sensibilité, à la déchéance de leur cœur, il resta en proie au sien, et son nom s’ajoute, dans le martyrologe des poëtes, à la liste de ces infortunes fréquentes, mais non pas vulgaires.

2582. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

La puissance guerrière est une puissance toute d’impulsion, et il n’y a que de la guerre dans l’esprit de parti ; car tous ces principes constitués pour l’attaque, ces lois servant d’arme offensive, finissent avec la paix, et la victoire la plus complète d’un parti, détruit nécessairement toute l’influence de son fanatisme ; rien n’est, rien ne peut rester comme il le veut.

2583. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

N’est-il pas prouvé que l’idée de rester neuf années sous les drapeaux remplit d’allégresse tous les Français âgés de vingt et un ans ?

2584. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Ce nom, inventé sans doute pour la scène française, ne resta pas au théâtre, et le souvenir s’en effaça en même temps que disparut l’acteur qui l’avait porté.

2585. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

S’il est vrai que l’expérience seule peut conduire à sa ruine l’aventurier téméraire de l’arcane, il n’en est pas moins vrai que la science transmise resterait lettre morte sans l’expérience.

2586. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière.

2587. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

D’un autre côté, madame de Montespan, toujours soupçonnée d’avoir eu peu d’amour pour le roi, était irritée de la préférence qu’elle entrevoyait pour une autre ; un éclat lui convenait, ne fût-ce que comme moyen de reconnaître ce qu’il lui restait de pouvoir et peut-être de rajeunir l’affection du roi.

2588. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Cette vague figure, que l’on n’avait entrevue qu’à la clarté des étoiles, en devenant plus précise, resterait-elle aussi élevée et aussi pure ?

2589. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Marie-Antoinette avait cet idéal de vie heureuse qu’elle eût pu réaliser sans inconvénients si elle fût restée simple archiduchesse à Vienne, ou si elle eût simplement régné en quelque Toscane ou en quelque Lorraine.

2590. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Nous ne sentons pas vraiment lorsque toutes les impressions extérieures restent à l’état de dispersion : c’est alors le rêve de la sensation plutôt que la sensation même.

2591. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Par cette rare impassibilité, il est resté aussi apte à relever les faits caractéristiques de la gaie et jolie enfance d’une petite fille riche, que de la corruption d’une fille entretenue, ou de l’idiotie progressive d’une prostituée qu’écrase peu à peu le perpétuel silence du régime cellulaire.

2592. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Ses Lettres à Babet ne sont plus lues aujourd’hui ; mais son Ésope est resté au théâtre.

2593. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Willm38, et tant d’autres œuvres importantes que je ne puis citer, sans parler des traductions, des commentaires, des monographies surtout, dont la gloire revient à la Faculté des lettres de Paris, à laquelle on a reproché quelquefois de rester attardée dans les voies d’une érudition surannée, tandis qu’il n’est pas une des branches nouvelles de la critique qu’elle n’ait encouragée et récompensée dans les travaux du doctorat.

2594. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Le traducteur, trop souvent forcé de rester au-dessous de son auteur, ne doit-il pas se mettre au-dessus quand il le peut ?

2595. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

En effet : la vie nationale de l’Italie, entravée déjà au cours de la première et de la deuxième ère par des circonstances spéciales, aurait dû commencer du moins au lendemain de la Révolution française ; on sait que Napoléon Ier encouragea cette espérance jusqu’à un certain point ; mais la Restauration paralysa le mouvement : il ne s’est pleinement réalisé qu’avec la prise de Rome ; politiquement ; restaient d’énormes difficultés sociales et morales ; l’Italie, maîtresse de ses destinées, assagie par sa défaite en Érythrée, ne marche sûrement au triomphe que depuis 1900 environ ; à cet état des choses, à cet état d’âme, devrait correspondre une floraison épique.

2596. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

La partie du rocher qu’il aura parcourue, offrira l’image d’une campagne cultivée ; celle qui lui restera à franchir, sera encore brute et sauvage ; cependant un serpent à demi écrasé, et ranimant ses forces, s’élancera pour piquer les flancs du cheval, et tâcher, s’il le peut, d’arrêter la course du héros.

2597. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Ainsi, sans savoir, je faisais la critique des eaux, car la sève du bâton restait sourde à l’approche des mares croupissantes, des flaques vertes. […] Restait d’illustrer ces thèses, d’appliquer ces principes, de descendre dans la pratique, de faire la preuve de l’expérience par l’expérience même. […] Elle a dépeuplé de leurs forêts les provinces voisines pour rester en équilibre sur le limon des fleuves. […] Nos premiers parents, disent les Ecritures, ne purent, devenus mortels, rester dans le Paradis terrestre, lequel était situé en Orient. […] Or ce besoin d’expansion resterait à l’état latent si le poète n’éprouvait la nécessité de donner une forme à ses aspirations, de les couler dans un moule esthétique.

2598. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

La police en ôterait un quart, un de nos arrangeurs un autre quart, ce qui resterait arriverait à cent représentations si l’on pouvait en avoir trois ; mais voilà ce que ne permettront jamais les rédacteurs des feuilles libérales, et par conséquent les élèves des écoles de Droit et de Médecine. » — Mais, monsieur, l’immense majorité des jeunes gens de la société a été convertie au romantisme par l’éloquence de M.  […] Il ne resterait dans un tel pays que deux sources de plaisanterie, les faux braves et les maris trompés ; le ridicule y prendrait le nom d’excentricity. […] « L’Académie Française restera-t-elle indifférente aux alarmes des gens de goût ?

2599. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Chacun de ces détails est un sarcasme dissimulé ou visible qui dit au lecteur : « Mon bon ami, restez Gros-Jean comme vous l’êtes, et, pour l’amour de votre fils et de vous-même, gardez-vous de trancher du grand seigneur !  […] Lady Gaunt, sa belle-fille, dit qu’elle n’assistera pas au dîner, et restera chez elle […] Vous n’êtes plus persécuté de conseils personnels ; vous restez à votre place, tranquille, en sûreté, sans que le doigt d’un acteur, levé vers votre figure, vous avertisse, au moment intéressant, que la pièce se joue à votre intention et pour opérer votre salut.

2600. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Ils restent longtemps, très longtemps, jusqu’au crépuscule, et dans le tête-à-tête et dans l’ombre, l’on cause avec une tendre expansion. […] Chez les critiques littéraires, une transfusion de jeune sang s’est faite, et les plus arriérés, les plus inféodés au classicisme étroit, sont moins fermés, plus ouverts aux choses nouvelles de la littérature, tandis que les critiques dramatiques, surtout ceux des petits journaux populaires, des petits journaux illustrés, sont restés de vrais critiques du temps de la Restauration. […] Là-dessus Geffroy est reparti pour faire la cuisine du numéro de La Justice de demain, et Céard resté avec nous, est revenu dîner à Champrosay.

2601. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Fabre, cet observateur inimitable, a vu fréquemment les mâles de certains insectes Hyménoptères combattre pour une certaine femelle qui restait spectatrice en apparence indifférente du combat, mais qui ensuite suivait le vainqueur66. […] Je pourrais produire une longue liste de faits montrant que, dans une même région, les variétés d’une même espèce animale peuvent rester longtemps distinctes, soit qu’elles aient coutume de hanter des stations différentes, soit que le temps du rut varie légèrement pour chacune d’elles, soit enfin que les individus semblables préfèrent s’apparier entre eux. […] S’il existe des êtres organisés chez lesquels il n’y ait jamais de croisement entre individus distincts, l’uniformité et la pureté typiques doivent se maintenir parmi eux aussi longtemps qu’ils restent soumis aux mêmes conditions de vie, parce que, d’une part, le principe d’hérédité tend à reproduire toujours les caractères des aïeux, et que, de l’autre, la sélection naturelle détruit tous les sujets qui s’en éloignent.

2602. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

Mais il se laisse entraîner à dire, comme Bonald, qu’elle est nécessaire pour penser, que les opérations de l’entendement « ne peuvent se faire sans elle »80 ; et, par une réminiscence évidente du même auteur, il définit ainsi son rôle : « Elle tire la pensée du sanctuaire obscur de l’intelligence, où elle était confondue dans la foule de toutes les pensées qui la composent (sic), pour la porter à la surface et nous la rendre sensible en lui donnant un corps, sans lequel elle resterait voilée pour nous81. » Dans un chapitre précédent, il n’a pas osé réfuter le paradoxe de la révélation du langage ; entre Condillac et l’école théologique, il s’est abstenu de prononcer82. […] Après Bonald, après Cardaillac, après les auteurs contemporains qui ont abordé la même question, une étude approfondie de la parole intérieure restait à faire. […] Sur ces questions, la pensée de Bonald est restée indécise et peu cohérente.

2603. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

L’empire est encore à Rome et ne saurait être ailleurs tant qu’il restera seulement le rocher du Capitole. » IX De tels sentiments n’enlevèrent cependant pas à Pétrarque la faveur du pape Clément VI, pontife aux mœurs relâchées, mais élégantes, qui appréciait le génie comme un Médicis français. […] L’aigreur envahit la discussion ; le parti très nombreux de la philosophie vénitienne sacrifia Pétrarque à Aristote ; il resta presque isolé dans sa retraite d’Arquà, entre son gendre, son petit-fils, quelques vieux serviteurs et ses livres.

2604. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir, et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères. » Et il conclut ce magnifique dithyrambe philosophique par ces mots les plus fatalistes qu’aucune plume ait osé écrire : La guerre est donc divine, puisque c’est une loi du monde. […] Ses pensées passeront ou sont passées, mais son style restera la durable admiration de ceux qui lisent pour le plaisir de lire.

2605. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

En fait, une impression produite sur un point de notre corps ne peut rester absolument isolée : elle s’irradie vers d’autres points plus ou moins voisins du premier. […] Ce signe ne se détacherait pas des autres qualités de la sensation si tout en restait là ; mais, comme nous éprouvons des sensations différentes ayant le même signe local, par exemple froid à la main ou bien chaleur à la main, ou les mêmes sensations avec un signe local différent, (froid au pied, froid à la main), nous finissons par avoir dans notre conscience : 1° un complexus de qualités indépendantes des signes locaux ; 2° un complexus de signes locaux indépendants des qualités.

2606. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

XIII Nous voyons partout en effet une race humaine tombée dans l’ignorance et dans la barbarie, en sortir pour remonter à la lumière, à la civilisation, à la vertu, à la puissance ; arriver plus ou moins laborieusement à la perfection relative d’une nationalité, d’une société, d’une religion supérieure ; rester à ce point culminant plus ou moins longtemps avant d’en redescendre ; puis s’écrouler par l’infirmité irrémédiable de notre nature, se détériorer, se corrompre, déchoir, mourir, disparaître, en ne laissant, comme l’individu le plus perfectionné lui-même, qu’un nom et une pincée de cendres à la place où il a vécu. […] Nous restâmes tous les trois dans le silence, comme dans le deuil de la même mort.

2607. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Non, non, je resterai ici, ô mon roi, dans ces sombres forêts pour calmer les peines qui te rongent, lorsque, accablé sous le poids de ces angoisses de la faim, de la soif, du froid, tu reportes un triste et lointain regard sur ta félicité passée ! […] » XXXIII Damayanti, restée seule, s’égara en remplissant la solitude de roucoulements semblables à ceux de la colombe.

2608. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Cette naïveté originale de ce style gaulois aurait produit sans doute des chefs-d’œuvre de grâce, de finesse, de câlinerie de langue, si l’on peut se servir de ce mot ; mais cette langue et ce style seraient restés entachés et comme noués d’une certaine puérilité irrémédiable, qui aurait enlevé au génie français la maturité, la majesté, la force dont ce génie avait besoin pour parler plus tard à l’univers, soit dans sa chaire sacrée, soit dans ses tribunes politiques, soit sur son théâtre, soit dans ses poèmes. […] Les noms qui la représentent restent grands ; mais Bossuet, qui les égale par le génie, les dépasse par la portée de sa tribune.

2609. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

De toutes ses faiblesses passées, il ne lui en restait qu’une, l’adulation aux vertus et jusqu’aux caprices du roi. […] XVII Avant de choisir le sujet d’Esther, Racine, qui était resté toujours plein de déférence pour Boileau, alla le consulter sur son projet de chercher des tragédies dans la Bible.

2610. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

  On voit par ces détails sommaires l’importance de la littérature « allégorique » au Moyen Âge ; — il resterait à rapprocher ces « personnifications » des « Entités » ou des « Quiddités » de la scolastique ; — et les unes et les autres de ce que l’on appellera plus tard « la réduction à l’universel » ; — ou, en d’autres termes, les idées générales. — Que, malheureusement, si les intentions étaient bonnes, le moyen était faux ; — car, à mesure qu’on allégorisait davantage, l’idée n’en devenait pas plus claire ; — et on s’éloignait à mesure du naturel et de la vérité. — C’est ce que voulait dire Pétrarque, dans la lettre citée plus haut, quand il reprochait aux auteurs du Roman de la Rose que leur « Muse dormait » ; — et quand il opposait à leur froideur l’ardeur de passion qui respire dans les vers de « ces chantres divins de l’amour : Virgile, Catulle, Properce et Ovide ». […] — Impossibilité de répondre à la question ; — et si cette impossibilité ne jette pas quelque doute sur la prétendue « continuité » de l’évolution dramatique au Moyen Âge. — Qu’en tout cas les deux pièces qui nous restent du xiiie  siècle [le Jeu de saint Nicolas, de Jean Bodel, et le Miracle de Théophile, de Rutebeuf] ne rétablissent pas la continuité ; — non plus que les Miracles de Notre-Dame ; — lesquels n’ont avec les Mystères qu’un rapport éloigné.

2611. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Si l’on pouvait démontrer que nos variétés domestiques manifestent une forte tendance de réversion ; si elles perdaient leurs caractères acquis, lors même qu’elles restent soumises aux mêmes influences, pendant qu’elles sont maintenues en nombre considérable et que les croisements peuvent arrêter, par le mélange des variétés, toute légère déviation de leur structure ; alors j’accorderais que nous ne pouvons rien induire de nos variétés domestiques aux espèces à l’état de nature. […] L’origine de la plupart de nos espèces domestiques restera probablement à jamais douteuse.

2612. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Dès lors il ne restait plus que de grandes fatigues à supporter, mais l’opération était sûre.

2613. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Ce qui est certain, c’est que les critiques purement classiques et qui se flattent de n’avoir pas varié depuis trente ans, ceux qui n’ont cessé de rester fidèles dans leurs recommandations à tous les procédés et à toutes les routines d’académie et d’atelier, ne sauraient le revendiquer exactement comme un des leurs : Il le faut ranger parmi les classiques d’un ordre à part, et parmi les André Chénier de la peinture.

2614. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Par eux, Mme Dacier est restée atteinte de ridicule pour avoir rendu de son mieux le divin poète et l’avoir trop défendu.

2615. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Mais il restait une difficulté : Arsinoé avait une épithète ou un nom qui la qualifiait : Obtulit Arsinoës Chloridos ales equus.

2616. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon y est resté un peu provincial, et jamais la distance de Montbard à Paris ne m’a paru plus grande.

2617. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

mais il nous plaît comme cela, pourvu que ce soit à bâtons rompus que nous l’écoutions et non quand il dogmatise ; que de vues chemin faisant, que de paroles qui restent et qu’on emporte !

2618. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Jeune homme la première fois qu’il visita Mme de Staël, à Ouchy près de Lausanne, elle lui dit brusquement, en voyant son émotion et frappée de son accent : « Je suis sûre que vous joueriez très bien la tragédie ; restez avec nous et prenez un rôle dans Andromaque.

2619. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Si l’on pouvait un moment avoir raison de la passion et du système qui s’identifient dans les intelligences élevées avec une idée exagérée de dignité et d’honneur, je ne demanderais qu’une chose aux esprits restés politiques ou destinés à le devenir : ne retombons pas dans la même faute qu’ont faite, sous la Restauration et sous le régime des dix-huit ans, les générations obstinées et excessives ; ne soyons pas, de parti pris, et au nom d’un principe, irréconciliables.

2620. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Et enfin, fût-elle en pure perte, cette insistance de la critique, même lorsqu’elle n’approuve pas, est encore une manière d’hommage rendu à un livre d’un ordre élevé, et dont il restera des fragments.

2621. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Tout cela est de la plus grande beauté… » J’abrège encore ; le noble vieillard resté Grec, et redevenu enfant, se complaisait évidemment, une dernière fois, à se reposer par l’imagination sur des cadres heureux et des fronts ingénus, doués de la seule pureté naturelle.

2622. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Mais mon objection est celle-ci : pour Napoléon, de pareils essais d’imagination populaire ne doivent-ils pas toujours rester à l’état d’indications, comme de simples vestiges d’une disposition romanesque qui tend à se reproduire, mais qui n’aboutira plus.

2623. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Il ne lui en est resté, dans le style et dans la parole, que l’indispensable.

2624. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Juliette, au balcon, croit entendre le chant de l’alouette, et presse son jeune époux de partir ; mais Roméo veut que ce soit le rossignol qu’on entend, afin de rester encore.

2625. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

À travers toutes les folies du martyre, il resta dans quelques âmes la force des sacrifices, l’abnégation de l’intérêt personnel, et une puissance d’abstraction et de pensée, dont on vit sortir des résultats utiles pour l’esprit humain.

2626. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Mais on doit ne jamais oublier ce que l’on met sous des mots pareils ; on veut dire simplement que cet être sent, imagine, pense, veut, et que, si les choses restent les mêmes, il sentira, imaginera, pensera, voudra.

2627. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

III Une de ses sœurs épousa le comte de Las Cases, officier des gardes du corps, un des hommes les plus loyaux que j’aie connus, avec lequel je suis resté lié jusqu’à présent.

2628. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il restera dans notre poésie, comme un des maîtres du sonnet : non pas par son Olive malgré des pièces exquises, mais par ses Regrets et ses Antiquités romaines.

2629. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Oubliée en France et dans les pays catholiques, l’œuvre de Du Bartas resta populaire en pays protestant : de Milton à Byron, elle a laissé des traces dans la poésie anglaise, et Gœthe en a parlé en termes enthousiastes qui lui ont valu chez nous plus d’estime que de lecteurs.

2630. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Par lui, l’Encyclopédie resta ce qu’il l’avait destinée à être : un tableau de toutes les connaissances humaines, qui mit en lumière la puissance et les progrès de la raison ; une apothéose de la civilisation, et des sciences, arts, industries, qui améliorent la condition intellectuelle et matérielle de l’humanité, ce fut une irrésistible machine dressée contre l’esprit, les croyances, es institutions du passé.

2631. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Verlaine965, un fin poète, naïf et compliqué, très savant, très tendre, et de qui il restera quelques petits chefs-d’œuvre de douloureuse angoisse ou de mystique ferveur.

2632. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Une situation singulière, une façon originale d’assister au siège de Paris, c’est assurément celle du peintre Robert Helmont, resté tout seul avec sa jambe mal guérie dans une bicoque de la forêt de Sénart.

2633. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et c’est ce truand qui est resté, dans l’imagination populaire, le vrai Tartuffe.

2634. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Dans ces Pensées, publiées quatre ans après, mais conçues vers le même temps, ce grand génie, franchissant les siècles, cherchait les principes et la sagesse bien au-delà des expériences du temps présent, auquel La Rochefoucauld était resté trop attaché.

2635. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

. — Vous en seriez moins étonné, répondit le poëte, si vous saviez combien ce qu’on nomme amitié et bienveillance dépend de la sympathie et des rapports. » Les différents ouvrages qui nous restent de lui2 attestent partout la mâle hardiesse de son génie.

2636. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Mais nous n’en savons pas plus du détail de l’histoire, et il nous faut rester sur cette impression des hôtes de Cirey.

2637. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Mais un trait distinctif de Mme la duchesse d’Angoulême est d’être restée complètement étrangère à cette invasion un peu tardive de la sentimentalité publique.

2638. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Vous n’êtes qu’une misérable pécheresse, qu’un vaisseau de terre qui va tomber, et qui se cassera en pièces, et de toute cette grandeur il n’en restera aucune trace. » — « Il est vrai, ô mon Dieu ! 

2639. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Chateaubriand, qui ne restera dans la mémoire des hommes que pour avoir écrit quelques phrases d’une sonorité, d’une construction et d’un rythme parfaits, adéquates aux sentiments de mélancolie passionnée qu’il y exprima, Chateaubriand estimait en lui le politique et l’homme d’État qui portait ombrage au premier consul.

2640. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Son nom restera attaché à la « loi de régression » (« loi de Ribot ») qu’il a cherché à établir.

2641. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Nos élèves restent trois ans à la pension de Paris : c’est assez.

2642. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Nous resterions, d’ailleurs, toujours au-dessous du vocabulaire de ces messieurs.

2643. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Il lui resterait bien d’autres secrets à étudier, et de plus intimes encore.

2644. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

La substance est le tout, les qualités sont les parties ; ôtez toutes les qualités d’un objet, toutes ses manières d’être, tous les points de vue par lesquels on peut le considérer, il ne restera rien.

2645. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Je n’ai voulu aujourd’hui que marquer son propos et peut-être par là le distinguer du nôtre, le diviser du misérable propos qui nous restait. […] Et à ce compte-là il ne resterait rien. […] Ils restent à la même hauteur. […] Et eux ils resteront ce qu’ils ont été tant de fois dans l’histoire du monde, ils resteront des spectateurs et des regardeurs et les dindons de la farce et si je puis dire des tiers exclus. […] Il resta longtemps silencieux, comme si lui aussi suivait des pensées mélancoliques et graves.

2646. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Le seul parti sage serait de voir, par ses yeux, si Louise lui est restée fidèle. […] Resté seul avec la duchesse, Louis XIV lui demande si elle consent à épouser Lauzun. […] Bulwer, il resterait toujours entre la Dame de Lyon et Ruy Blas une profonde différence. […] Deschapelles, resté seul avec sa mère, il se livre à tous les, exercices de corps et d’esprit qui doivent faire de lui un homme accompli. […] Resté seul avec Pauline, Claude Melnotte lui parle de son amour en termes fleuris, et lui demande si elle le suivra sans regret, si c’est lui ou son titre qu’elle aime.

2647. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Je me suis appliqué à ne comprendre dans notre programme aucune œuvre qui ne marquât une date dans l’histoire du théâtre français, et ainsi, faute de temps, si je ne peux pas vous en retracer l’histoire, du moins vous en aurai-je indiqué les principales époques… Restent, il est vrai, quelques pièces, antérieures à Corneille, — et de Corneille lui-même avant son Cid, — où je conviens qu’il pouvait être curieux d’aller chercher les origines du théâtre français. […] Tartufe et la définition de la comédie de caractères. — Subordination de l’intrigue à la peinture des caractères. — Que les personnages y doivent être à la fois individuels et généraux. — Qu’ils doivent y être de « leur condition ». — Liaison nécessaire de la comédie de caractères avec la satire sociale. — Qu’il en résulte qu’une telle comédie tend au drame comme vers sa limite. — Que restait-il à faire après Tartufe ?

2648. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Toute sa vie restera soumise à l’influence de ces âmes anglaises les plus délicates. […] Romain Rolland était bien descendu à Interlaken, mais il n’y était resté que dix heures. […] Mais une blessure à la tête éloigne du front Unruh ; il est envoyé en Allemagne, puis on le soigne à Zurich, où il restera jusqu’en 1918. […] Et quatrain d’un érotisme qui ne déplaît guère et qui resterait sans doute inédit… Usée elle comme un vieux sou Que pour porter bonheur l’on troue Pour distinguer face de pile Il convient de n’être pas saoul. […] C’est au début de février 1916 que Ramuz s’est installé dans la maison nommée « L’Acacia », avenue de Cour, à Lausanne où il restera jusqu’en 1929.

2649. (1886) Le naturalisme

Nous en ressentons encore l’influence et longtemps encore nous resterons à nous en affranchir. […] D’un seul coup tu les pourfendras, et quand ils auront perdu leur sève enivrante, ils resteront aplatis et vides. […] Après avoir terminé une page en gémissant, en soupirant, il se levait de sa table de travail, baigné de sueur, et allait tomber sur un divan où il restait sans souffle. […] Soit qu’il nous montre Mme Bovary rêvant de poétiques amours et tombant dans de prosaïques hontes, soit qu’il nous peigne Salammbô expirant dans l’horreur de son barbare triomphe, ou Bouvard et Pécuchet étudiant les sciences et dévorant les livres pour rester aussi sots qu’ils l’étaient avant, Flaubert n’a pas un coin où se puissent loger les illusions consolantes. […] En matière de sciences exactes, physiques et naturelles, nous avons le droit d’exiger une démonstration, sans laquelle nous nous refusons absolument à croire, nous repoussons l’arbitraire : tout l’appareil scientifique de Zola tombe donc à terre, quand on songe qu’il n’est pas la résultante de sciences sûres, dont les données soient fixes et invariables, mais de celles que lui-même déclare en être encore au balbutiement et rester aussi, ténébreuses que rudimentaires : ontogénie, phylogénie, embryogénie, psychophysique.

2650. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Frantz-Jourdain Supprimer ou même ravaler le xixe  siècle me semble suprêmement comique, car il est et restera comme un des plus prodigieux de l’Humanité, et notre xxe  siècle, du train dont il va, aura une certaine peine à l’égaler. […] Il est probable que Mme Sand, dans cent ans, ne restera plus qu’un nom cité dans les manuels, comme celui de Mlle de Scudéry.

2651. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Même s’il s’agit d’une paysanne italienne, un être bien réel cependant, sa façon de voir restera la même :          Ses grands yeux, Qui parfois tournaient, à moitié étourdis, sous Ses paupières passionnées, et comme noyés, quand elle parlait, Avaient aussi en eux des sources cachées de gaieté, Lesquelles, sous les noirs cils, sans cesse S’ébranlaient à son rire, comme lorsqu’un oiseau vole bas Entre l’eau et les feuilles de saule, Et que l’ombre frissonne jusqu’à ce qu’il atteigne la lumière323. […] Le livre du poète ou du romancier formule pour l’intelligence et fait vivre pour la sensibilité des émotions, des passions, des vices qui, sans lui, seraient restés à l’état vague et inerte.

2652. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Si haut qu’il dresse ses figures, que leur conduite soit significative et enseignante, que l’on considère même le prince Pierre Lévine, le soldat Karataïef, dans lesquels se marque le mieux le biais moralisateur de l’écrivain, toujours les personnages restent des personnes ayant en eux une essence constante irréductible à autrui, composite et originale. […] Il ne lui restait donc qu’à se retirer de la société telle qu’elle existe, à proclamer que le bonheur réside dans une réforme pratique du genre de vie de chacun, dans le renoncement à cette intelligence qui le torturait, à formuler enfin du fond de sa retraite une doctrine, qui contenait les préceptes pour atteindre le bonheur et qui, crue instantanément persuasive et applicable, jetait même sur ce monde, qu’il avait délaissé, un éclat au moins imaginaire de paix et de bonté.

2653. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Rabelais, c’est le masque formidable de la comédie antique détaché du proscenium grec, de bronze fait chair, désormais visage humain et vivant, resté énorme, et venant rire de nous chez nous et avec nous. […] Que les personnages restent d’accord avec eux-mêmes, mais que les faits et les idées tourbillonnent autour d’eux, qu’il y ait un perpétuel renouvellement de l’idée mère, que ce vent qui apporte des éclairs souffle sans cesse, c’est la loi des grandes œuvres.

2654. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

La dispute, tombée avec elles dans l’oubli, y fût restée éternellement, si La Barre ne l’eût relevée quelques années après. […] Les chefs de parti reconciliés, le feu de la querelle ne fut pas éteint : il resta caché pendant quelque temps, & enfin il se montra plus violent & plus à craindre que jamais, lorsque l’on vit La Mothe aux prises avec madame Dacier.

2655. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Les agresseurs et les défenseurs se sont porté des coups si égaux, qu’on ne sait de quel côté l’avantage est resté. […] C’est sous la tyrannie de ce luxe que les talents restent enfouis ou sont égarés.

2656. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

j’ai beaucoup examiné et comparé, et je puis vous assurer qu’à partir d’une certaine date de notre histoire (car je ne parle pas des premiers siècles et des premières races), Mézeray est encore notre meilleur historien. » Ce jugement m’était resté dans la pensée, lorsque peu après je rencontrai une réimpression d’une partie de l’Histoire de France de Mézeray, Le Règne de Henri III, que venait de publier en province M. le pasteur Scipion Combet25, en y joignant une notice sur Mézeray qui confirmait de tout point les idées du premier juge.

2657. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Le prince de Ligne, par délicatesse, s’abstient de rien écrire en cour contre lui, et il se dévore à voir des intrigues, des rivalités mesquines au lieu de combats : « Que de folies, de bizarreries, d’enfances, de choses antimilitaires se passèrent dans l’espace de quatre ou cinq mois que je restai devant cette bicoque !

2658. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Tous ces points restent à éclaircir. — L’abbé Bayle en a déjà éclairci quelques-uns dans la Vie de Massillon (1867) ; l’abbé Blampignon, dans son édition des Œuvres complètes du grand sermonnaire, nous promet le reste.

2659. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Les grands écrivains du siècle de Louis XIV étaient tous morts, il ne restait plus que Fénelon : pourtant leur autorité régnait toujours ; c’était le même régime qui se continuait en apparence.

2660. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne, en disparaissant dans sa fleur, est resté une de ces espérances confuses et flatteuses que chacun a pu ensuite traduire et chercher à interpréter en son sens.

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