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2343. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

C’étoient des femmes, c’étoient des gens du monde moins lettrez, peut-être que ceux qui bâtissent à leur mode l’histoire de la réputation des grands poëtes, au lieu de la chercher dans les écrits qui en parlent. […] Il n’y a point d’auteurs célebres que quelque critique n’ait entrepris de dégrader, et nous avons vû même soûtenir que Virgile n’avoit point fait l’éneïde, et que Tacite n’avoit point écrit l’histoire et les annales qui sont sous son nom.

2344. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Le mérite principal de l’histoire est d’enrichir notre mémoire, et de former notre jugement. […] On ne sçauroit donc, sans une témerité inexcusable, dire avec confiance lorsqu’il est question d’un poëme qu’on n’entend pas : que l’opinion que les hommes ont qu’il est excellent, n’est qu’un préjugé d’éducation fondé sur des applaudissemens, … etc. et c’est être encore plus témeraire que de composer l’histoire imaginaire de ce préjugé.

2345. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ces honorables, qui font de la poésie, du roman, de l’histoire, du théâtre par pure distraction, se réunissent, de temps en temps, pour jouer à la littérature — comme les marmots en congé pour jouer aux barres. […] Y a-t-il un éditeur à Mâcon, pour acheter à M. de Lamartine ses Méditations et son Histoire des Girondins ?

2346. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

La Critique, positive comme l’Histoire, et qui, pour l’instant, tient en sa possession les poésies complètes et avouées de Banville, en d’autres termes toute sa moisson poétique de 1841 à 1854, vannée, triée par lui et engrangée pour l’immortalité, s’il y a lieu, la Critique a bien moins à se préoccuper des chances d’un avenir incertain qu’à juger des efforts accomplis et du talent prouvé par l’œuvre même. […] Ceci est une loi confirmée par l’histoire.

2347. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tels étaient encore dans ces siècles, qui pourtant ne sont pas l’époque la plus brillante dans l’histoire de l’esprit humain, le respect et l’enthousiasme des princes pour les vrais philosophes. […] Toujours l’histoire jugera les peuples et les princes ; toujours la vérité éloquente et sage parlera aux hommes de leurs devoirs, et affermira les âmes nobles, en faisant rougir celles qui ne le sont pas.

2348. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

1802 est la date la plus importante de toute l’histoire de l’Église de France. […] C’est elle qui fait comprendre toute une longue période de notre histoire qui resterait incompréhensible. […] Vous porterez devant le pays et devant l’histoire la responsabilité des conséquences de votre conduite. […] L’homme qui ne connaît l’histoire que depuis 1789 est un homme si limité qu’il en est bouché. […] Il a une complète inintelligence de l’histoire et une ignorance encyclopédique du genre humain, y compris celui où il vit.

2349. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

Il y appréciait tout naturellement d’abord son auteur, le plus grand peintre d’histoire, et cet examen le conduisait à marquer la différence de la société moderne à l’ancienne, l’amoindrissement qu’il n’hésitait pas à y voir dans les caractères et dans les âmes.

2350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

. — Sérénus, histoire d’un martyr (1886). — Les Contemporains, 2e, 3e et 4e séries (1886-1889). — Corneille et la Poétique d’Aristote (1888). — Impressions de théâtre, 5e série (1888-1890). — Dix contes (1889). — Révoltée, quatre actes (1889). — Le Député Leveau (1891). — Mariage blanc (1891). — Flipote, trois actes (1893). — Impressions de théâtre, 6e et 7e séries (1893). — Les Rois (1893). — Impressions de théâtre, 8e série (1894). — Myrrha (1894). — L’Âge difficile, trois actes (1895). — Le Pardon, trois actes (1895). — Les Rois, cinq actes (1895). — La Bonne Hélène, deux actes (1896). — Les Contemporains, 6e série (1896)

2351. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Des traits d’Histoire semés adroitement, des réflexions judicieuses, des pensées agréables & souvent énergiques, l’art d’exprimer de grandes choses d’une maniere naïve, l’abondance des métaphores, la multitude & la variété des images, sont des titres suffisans pour contenter les Esprits superficiels, parce qu’ils se laissent facilement entraîner à ce qui leur plaît, & qu’ils sont incapables de rien approfondir.

2352. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

Le Mémoire pour servir à l’Histoire des Cacouacs, est une Production vraiment originale.

2353. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Son changement, dont personne n’ignore l’histoire, transforma tout-à-coup ses penchans, & dirigea ses talens vers des objets plus solides.

2354. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Le Précis de Chirurgie-pratique, contenant l’histoire des maladies chirurgicales, & la maniere le plus en usage de les traiter, in-8°. deux vol. avec figures.

2355. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Les dessins de Cochin sont de très-bons tableaux d’histoire, bien composés, bien dessinés, figures bien groupées, costume bien rigoureusement observé et dans les armes et dans les vêtemens, et dans les caractères.

2356. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Ne pouvant supposer que la grossesse de celle-ci durât depuis mon départ de Matakon, je demandai à Ali ce qu’était devenu l’enfant dont elle avait dû accoucher après mon départ et il me raconta l’histoire que voici : Vers le mois de mai 1899, Nâna avait donné naissance à un garçon, mais ce petit garçon ne ressemblait en rien aux autres enfants.

2357. (1929) Dialogues critiques

Sa conquête essentielle, en critique et en histoire ? […] Pierre En attendant, cette histoire nous aura aidé à supporter nos vacances. […] Paul Vous savez que la clientèle bourgeoise et populaire des journaux à gros tirages dévore avec délectation les histoires de viols et de crimes sadiques. […] Paul On lèse également les maîtresses des grands hommes si on étouffe celles qu’ils leur adressaient et si l’on raye leurs noms de l’histoire. […] L’histoire montre que même dans les grands siècles, à côté d’un petit nombre de vrais génies, il y a eu des multitudes de grimauds, et que ceux-ci, maintenant bien oubliés, houspillaient et irritaient les quelques élus.

2358. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail. Voilà l’histoire de la peinture en quelques lignes. […] Ainsi ce n’est pas seulement l’homme, ce n’est pas seulement l’inclination de notre propre goût, c’est le genre qui nous fait choisir Léopold Robert pour vous parler aujourd’hui de la littérature peinte dans les œuvres de cet étrange génie, le Raphaël de la pure nature, exprimée, en dehors de toute convention de religion, d’histoire ou d’école, par le pinceau d’un berger du Jura. […] On voyait sur une planchette de sapin, au-dessus de son établi, quelques volumes soigneusement rangés : la Bible, les Pastorales de Gessner, ce Théocrite de Zurich, l’Histoire de la Suisse, par Jean de Müller, les œuvres de J. […] L’enthousiasme de l’antiquité, de l’histoire, de l’art, des statues, des tableaux, de là musique, de la poésie, de la philosophie, baignait tous les pores ; c’était la transfiguration de l’homme en pure intelligence par la divinité de l’art ; on ne respirait que de la gloire ; on avait le mirage de l’immortalité.

2359. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Le cynisme de l’un, l’infirmité de l’autre, n’indiquent que l’incurie ou la malpropreté de leurs gardiens : leur gloire future (si gloire il y a) n’a rien à faire avec ces vilenies ; les polissonneries ne sont pas de l’histoire. […] Si j’avais su reprendre un tel sujet dans un âge plus mûr, je l’aurais sans doute traité un peu plus savamment, et l’histoire serait venue au secours de mes opinions. […] Le voici d’abord : Charles-Édouard, petit-fils de Charles Ier, le roi décapité par Cromwell, était fils de Jacques III, le premier prétendant héroïque et malheureux, célébré par Walter Scott, le romancier des rois détrônés, qui venge les prétendants de l’histoire. […] Vainement fit-il notifier au cardinal secrétaire d’État l’arrivée du roi et de la reine d’Angleterre ; on n’était plus au temps de Clément XI, et le sage Clément XIV, assis alors sur le siège de saint Pierre, ne voulait pas exposer le gouvernement romain à des difficultés graves pour l’inutile et dangereux plaisir de protester contre les arrêts de l’histoire. […] Alfieri cependant écrit tranquillement des tragédies nouvelles, la Conjuration des Pazzi, don Garcia, Oreste, en défi de Voltaire qu’il méprise et qu’il insulte comme Français, Rosemonde, Timoléon, Octavie ; il fouille toutes les histoires antiques ou modernes pour y découvrir un prétexte à tragédie.

2360. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Chapitre sixième Suite de l’histoire des pertes. — La comédie après Molière. — § I. […] Nous sommes dans l’histoire ; l’appareil théâtral nous donne la date, le lieu, les costumes ; il nous rend contemporains du passé. […] Je n’ai garde d’estimer peu le talent qu’exige un drame ; mais je fais l’histoire de ce qui dure, et quel drame a duré ? […] Ce seul type fait du Vieux Célibataire le chef-d’œuvre de Collin d’Harleville, et c’est assez, même sans le cortège des pièces agréables qui l’ont précédé ou suivi, pour lui assurer une modeste place dans une histoire des écrits durables. […] Sur l’autorité de cet exemple, le dernier et non le moins frappant que nous offre l’histoire de la comédie au dix-huitième siècle, j’oserai dire, en finissant, aux auteurs comiques qui se sentent au cœur le désir secret de faire des choses qui durent : Méditez Molière.

2361. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Le point de vue moral est trop étroit pour expliquer l’histoire. […] J’ai lu, je ne sais où, une histoire de bonzes qui garantissaient en bonne forme à une vieille femme le paradis dans l’autre monde, si elle voulait leur donner sa fortune en celui-ci. […] À qui la faute encore, puisqu’il n’a pas dépendu des premiers incrédules de rester croyants et qu’ils eussent été hypocrites en simulant des croyances qu’ils n’avaient pas, ce qui d’ailleurs eût été peu efficace ; car le mensonge ne peut rien dans l’histoire de l’humanité. […] Détruire une tyrannie n’est pas grand-chose, cela s’est vu mille fois dans l’histoire. […] L’histoire de l’esprit humain nous montre toutes les idées naissant hors la loi et grandissant subrepticement.

2362. (1909) De la poésie scientifique

D’éducation littéraire et scientifique, son idéal : s’est constitué par examen critique de l’histoire poétique. […] René Ghil est exact, comme il s’agit d’un mouvement actuellement en plein triomphe, et comme j’ai pu lire des volumes entiers où son nom n’est pour ainsi dire pas cité, j’en arrive à soupçonner dans cet oubli quelque-une de ces belles injustices qui égaient l’histoire ! […] Francis Viélé-Griffin est la grande et âpre figure du « Symbolisme »  demeurant en puissance, disons-nous, alors que l’action créatrice de cette Ecole à divers modes est virtuellement terminée, alors que la plupart de ceux qui œuvrent encore poétiquement, se répètent, d’aucuns même étant en voie de régression… Outre les noms de capitale action dont nous avons marqué l’évolution Symboliste, rappelons-en simplement d’autres qui resteront en l’histoire de ce temps : de Stuart Merrill, E. […] Lanson, qui, dans son Histoire de la littérature, a donné une place, malheureusement trop étroite et avec une documentation imprécise ou erronée, aux écoles poétiques d’hier. […] Nous n’en sommes plus aux heures où des ignare, ou des plaisantins de plus ou moins de probité, demandaient ingénument si nous mettions en vers l’histoire naturelle I S’il s’en trouve encore, c’est au dam de leur intelligence.

2363. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Presque toute la société se rallie à cette théorie, en déclarant qu’un Mirabeau échappe aux règles de la petite probité bourgeoise : « Alors, Messieurs, nous écrions-nous, il n’y a plus de morale, de justice chez les historiens en histoire, si vous avez deux mesures, deux balances, l’une pour les hommes de génie, l’autre pour les pauvres diables. […] Sainte-Beuve reproche à Taine d’avoir soumis son Histoire de la littérature anglaise à l’examen d’ennemis, d’inférieurs, enchantés de le faire passer sous leur férule et de l’admonester… Et la parole des uns et des autres de monter… et Taine de déclarer que les quatre grands grands hommes, sont : Shakespeare, Dante, Michel-Ange, Beethoven, qu’il dénomme « les quatre cariatides de l’humanité ». — Mais tout cela c’est de la force, et la grâce ? […] Elle m’a conté son histoire. […] » — On s’étonne, en lisant l’Histoire auguste, que les notions du bien, du mal, du juste et de l’injuste aient pu survivre aux Césars, et que les Empereurs romains n’aient pas tué la conscience humaine. […] Le roman actuel se fait avec des documents racontés, ou relevés d’après nature, comme l’histoire se fait avec des documents écrits.

2364. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il doit revenir samedi. » Et nous causons, Théo, l’oreille près de moi, dans une de ces poses tortillées et agenouillées sur un fauteuil, pose qu’il prend quand il cause de choses qui le passionnent, il me demande si je trouve de l’intérêt à son Histoire du romantisme. […] Il raconte longuement cette histoire, la semant de détails bizarres de cette archéologie moyenâgeuse, qu’il aime, et dont il fait si souvent emploi dans sa prose et dans sa poésie. […] Aujourd’hui, à propos d’une assertion quelconque de Renan, il s’est mis à vociférer, que toutes les histoires de la Révolution étaient des mensonges, que tous les historiens étaient des imposteurs, — et qu’il n’y avait d’histoire que celle | de son frère, et d’historien que monsieur son frère. […] — Qui sait, si ce ne sera pas de l’histoire, dans quelque temps ! 

2365. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

De tout ce que la Grèce touche, divinité, philosophie, politique, poésie, musique, drame, histoire, architecture, marbre, pierre, pinceau, elle fait un art accompli. […] Son Camoëns est le poète épique de son histoire, de ses découvertes et de ses conquêtes dans l’Inde. […] D’ailleurs la chasteté du langage heureusement introduit dans l’histoire et dans la poésie par une religion plus pudique, défendait à Boileau ces nudités de la chair, scandales de l’esprit comme des yeux. […] On ferait son histoire par ses amitiés ; elles étaient toutes pures, grandes ou glorieuses. […] Mais un roi vraiment roi, qui, juste en ses projets, Sache en un calme heureux maintenir ses sujets, Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire, Il faut pour le trouver courir toute l’histoire.

2366. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Les failles nous racontent des chapitres non moins mémorables de l’histoire de la terre. […] L’Archipel Malais est l’une des régions les plus riches du globe en formes vivantes ; et cependant, si toutes les espèces qui y ont vécu dans toute la série des temps étaient rassemblées, combien cette collection ne représenterait-elle pas encore imparfaitement l’histoire naturelle du monde ! […] Pour ma part, d’après une expression poétique de Lyell, je regarde les archives naturelles de la géologie comme des mémoires tenus avec négligence pour servir à l’histoire du monde et rédigés dans un idiome altéré et presque perdu. De cette histoire nous ne possédons que le dernier volume, qui contient le récit des événements passés dans deux ou trois contrées. […] Les mots de la langue lentement changeante dans laquelle cette obscure histoire est écrite, devenant plus ou moins différents dans les chapitres successifs, représentent les changements en apparence soudains et brusques des formes de la vie ensevelies dans nos strates superposées et pourtant intermittentes.

2367. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

L’histoire comparée des littératures vérifie le principe. […] Ce serait, à propos, un curieux tracé d’histoire comparée des idées, que celui où s’inscrirait la courbe des transformations subies chez tous les peuples, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, par la notion de réel. […] Ce ne seraient plus là des accidents s’ajoutant à l’idée que je me faisais du personnage… Le personnage me serait donné tout d’un coup dans son intégralité… Description, histoire et analyse me laissent ici dans le relatif. […] Brunetière à qui j’emprunte cette heureuse formule a soin d’ajouter en note : « Cette définition n’a certainement rien de nouveau, et j’en suis bien aise, parce qu’on en peut vérifier la justesse dans l’histoire de toutes les grandes littératures. […] C’est aux sources inépuisables de la Nature, de l’Histoire, de la Science, qu’il rajeunira son inspiration. » Brunetière, op. cit.

2368. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 104-107

La premiere de ces fautes est d’un homme qui ne sait pas l’Histoire de notre Littérature ; la seconde, d’un homme qui en ignore les finesses.

2369. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

L’Histoire de la Félicité, entre autres, est un Ouvrage où l’imagination, les traits ingénieux, les portraits originaux, les pensées saillantes, fourmillent, & amusent le Lecteur en l’intéressant.

2370. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

vous ne racontez qu’une histoire paisible, ou tout au plus que les souffrances mystérieuses du Fils de l’Homme !

2371. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Or comme la verité est l’ame de l’histoire, la vraisemblance est l’ame de toute fiction et de toute poësie.

2372. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Son histoire d’Angleterre est l’amas de toutes les traditions et de toutes les fables. […] Au temps du Christ, chaque imagination produisait une hiérarchie d’êtres surnaturels et une histoire du monde ; au temps de Milton, chaque cœur racontait la suite de ses tressaillements et l’histoire de la grâce. […] Ce qu’il y a de plus beau dans ce paradis, c’est l’enfer, et dans cette histoire de Dieu le premier rôle est au diable. […] À ce titre, ce style et ces idées sont des monuments d’histoire ; ils concentrent, rappellent ou devancent le passé et l’avenir, et dans l’enceinte d’une seule œuvre, on découvre les événements et les sentiments de plusieurs siècles et d’une nation. […] Cela fait penser à l’histoire d’Irax, dans Voltaire, condamné à souffrir sans trêve et sans fin les éloges de quatre chambellans, et cette cantate : Que son mérite est extrême !

2373. (1925) Portraits et souvenirs

Et de quels beaux contes il entremêle ses récits, qu’il nous dise l’histoire merveilleuse de la Reine Balkis ou celle du Calife Hakem ! […] D’autres éléments moins indirects contribuèrent à la déterminer, parmi lesquels il serait injuste d’omettre le petit livre d’Asselineau sur l’histoire du sonnet. […]   Mon amour est l’histoire d’un homme qui aime. […] Il ne nous présente pas ses « histoires » avec indifférence et détachement. […] Lucien Corpechot étudie son histoire et sa technique n’est pas tant un livre de pittoresque et de renseignement qu’un livre de philosophie.

2374. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Cela parle, cela vous raconte toute l’histoire, jusqu’aux moindres nuances. […] Enfin, si vous avez présente à l’esprit l’histoire des dernières années de votre ancien régime, vous êtes au courant. […] — Il faut une histoire de la Russie avec toutes les légendes des temps anciens. N’achetez pas l’histoire de Solovieff en un volume, car je l’ai déjà. […] Mais en revanche, quelle rengaine que l’histoire de la vieille mère qui se venge des Prussiens !

2375. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Et de tout temps les esprits de Benjamin Constant et de Mme de Staël s’étaient convenus bien mieux que leurs cœurs ; c’est par là qu’ils se reprenaient toujours… Benjamin Constant a laissé un roman qui fait suite à Adolphe : mais cela devient de plus en plus clairement son histoire.

2376. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Tant de hautes facultés dissipées tour à tour dans un emploi mercenaire et dans d’indignes plaisirs, la confusion de tous les rangs et de toutes les conditions dans le même cercle d’intrigues sensuelles, cette familiarité délicate, ingénieuse encore dans sa licence, où vivent pêle-mêle, en confidents ou en rivaux, cardinal, prince, abbé, intendant, favori : c’était là un fonds de roman tout à fait hors des données vulgaires, et duquel, avec une âme sérieuse et tournée à l’histoire, on devait tirer de fortes leçons.

2377. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde.

2378. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Table »

Bayreuth (histoire du théâtre de Richard Wagner à Bayreuth), par Édouard Dujardin avec la vue intérieure du théâtre de Bayreuth.

2379. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

On peut s’en convaincre par la lecture du Nitar, Auteur du neuvieme siecle, qui, dans son Histoire des guerres entre les fils de Louis le Débonnaire, rapporte plusieurs passages écrits en Langue Romance, qui ne different en rien du langage usité aujourd’hui chez les Languedociens.

2380. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Un tel Discours ne peut être que le fruit de l'érudition la plus étendue, d'une connoissance réfléchie de l'Histoire, de la Politique, de la Morale, & de la Religion.

2381. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

Alexander Bain (1818-1903) : ce philosophe écossais, professeur à l’Université d’Aberdeen, logicien, auteur d’une Science de l’éducation (1879), a marqué l’histoire de la psychologie dite « scientifique » par deux ouvrages importants touchant à la « psychologie expérimentale » dégagée de la vieille théorie des facultés, Les Sens et l’Intelligence (1855), ainsi que Les Émotions et la Volonté (1859).

2382. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science, la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif et continuel de chaque chose d’après nature, la critique consciencieuse de soi-même ; et l’inspiration qui se dégage selon ces nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large souffle et de plus fortes ailes.

2383. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

On y est autorisé par l’histoire de quelques-uns de nos saints, et le démon des voluptés a toujours été regardé comme un des plus dangereux et des plus puissants de l’abîme.

2384. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Mensonges de la tradition et que l’histoire anéantit. […] Ce fier visage de songeur nous apparaît donc à travers l’histoire comme un des plus nobles et des plus sympathiques. […] Celui-là est vraiment une page d’histoire et, pour la critique littéraire, il est, psychologiquement, d’une utilité évidente. […] Ses Lettres au Mercure de France (1673, 1722 et 1740) sont curieuses pour l’histoire de Molière. […] Voyez l’édition de l’Histoire de la Guérin, qu’a publiée, avec une préface et des notes, M. 

2385. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Mais, cette histoire n’est pas facile à débrouiller. […] Mais me contenteray d’un seul, qui est en son histoire de Lyon. […] Certes, les durs vers ambitieux des Pierres précieuses intéressent encore l’histoire de la poésie française. […] Après cela, Œdipe raconte l’histoire du sphinx. […] Ainsi, nous savons à présent toute sorte de choses sur l’histoire du pré-romantisme au théâtre, sur les origines du drame romantique.

2386. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

C'est toujours l’histoire de ce paysan ennuyé d’entendre louer Aristide.

2387. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

C’est uniquement de cette passion que j’ai voulu parler ; j’ai rejeté toute autre manière de considérer l’amour ; j’ai recueilli, pour composer les chapitres précédents, ce que j’ai remarqué dans l’histoire ou dans le monde ; en écrivant celui-ci, je me suis laissée aller à mes seules impressions ; j’ai rêvé plutôt qu’observé, que ceux qui se ressemblent se comprennent.

2388. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

L’art d’écrire s’apprend donc en même temps qu’on apprend la littérature, l’histoire, les sciences, par cela même qu’on les apprend, en même temps qu’on avance dans la vie, par cela même qu’on vit : l’étude et l’expérience sont les vraies sources de l’invention et du style.

2389. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

. — La Loi de l’histoire (1894). — Jeanne d’Arc (1895). — Borgia (1896). — Jésus et l’Ère de la science (1896). — Philippe le Bel (1896). — Don Juan (1897). — Pascal et Descartes (1897). — Rabelais (1897). — La Religion de la science et l’Esprit pur (1897). — Ultimum Organum (1897).

2390. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

C’est pour nous avoir laissé des Lettres qui sont un chef-d’œuvre d’éloquence ; pour avoir enrichi l’esprit humain de pensées profondes, fortes & sublimes ; pour avoir lancé, dans cinq ou six traits de plume, plus de lumiere & de génie qu’on n’en trouve dans tout ce qui paroît accumulé avec tant d’effort dans des volumes de Mélanges de Littérature, d’Histoire, & de Philosophie.

2391. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Une distinction toute naturelle se présentait d’abord, celle des poëmes qui se rattachent par un côté quelconque à l’histoire de nos jours, et des poëmes qui y sont étrangers.

2392. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Guizot, dans un intervalle de ses mâles et fermes histoires, s’est dit qu’il y avait lieu d’intéresser sans tant d’aventures et de beaux crimes : il a retracé et buriné à la manière hollandaise la figure de lady Russell, ce modèle des grandes veuves, de celles qui restent fidèles à un noble sang généreusement versé et à une vieille cause. […] Un homme de mérite, occupé de l’histoire comme d’une science, habitant dans le voisinage de Saint-Cyr, et à la source des meilleurs mémoires, M.  […] Un homme d’esprit, qui est redevenu de mode, Stendhal, dans une page de son Histoire de la peinture, a écrit : Le pays du monde où l’on connaît le moins les Grecs, c’est la France, et cela, grâce à l’ouvrage de l’abbé Barthélemy : ce prêtre de cour a fort bien su tout ce qui se faisait en Grèce, mais n’a jamais connu les Grecs. […] Intemperans adolescentia effetum corpus tradit senectuti : le duc de Nivernais m’a remis en mémoire cette moralité, et c’est l’histoire de presque toute sa génération.

2393. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Il marquait une sympathie presque fraternelle aux divers animaux ; il y a l’histoire d’un chat, laquelle plus tard, racontée par lui à Jean-Jacques, faisait fondre en larmes celui qui, d’après Pythagore, s’indignait que l’homme en fût venu à manger la chair des bêtes. […] L’histoire des révolutions civiles et politiques, l’établissement laborieux et compliqué des sociétés modernes, se réduisaient pour lui à peu de chose. […] Entre les anciens que j’ai cités et les modernes les plus récents, entre Aristide, Épaminondas d’une part, et Fénelon ou Jean-Jacques de l’autre, il plaçait encore Bélisaire ; le reste de l’histoire des siècles intermédiaires n’existait à ses yeux que comme une agitation inutile et insensée. […] » — Toujours et partout la vieille histoire de Saturne et de Jupiter ; toujours les générations d’autant plus inexorables qu’elles se touchent davantage, et empressées de se nier l’une l’autre quand elles ne peuvent se dévorer !

2394. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Voilà une espèce de brute, comme nous dit l’écrivain dans le commencement de son histoire, qui a une bonne pensée dans sa vie : celle de trouver à tout risque un morceau de pain pour sa belle-sœur et ses sept petits enfants. […] … Je plains Marie-Antoinette, archiduchesse et reine ; mais je plains aussi cette pauvre femme huguenote de 1685 qui, etc. » Et là-dessus l’histoire, sans doute très vraie, d’une énormité infernale commise, au nom du roi Louis XIV, par quelque abominable soldatesque, trouvant moyen de raffiner sur les supplices de religion en suppliciant la nature ! […] Je ne suis donc pas suspect d’injustice ou de ressentiment à son égard, encore moins de complicité, quoi qu’en puissent dire les vieilles femmes qui n’ont pas lu l’Histoire des Girondins, où pas un accès de fureur et de terreur n’est raconté sans être flétri ; quoi qu’en puisse écrire M.  […] L’histoire, le trône, la dignité des victimes, ont leur bienséance ; les suppliciés ont leur autorité ; les tombes ont leurs privilèges sous leurs cendres.

2395. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

L’impartialité est la condition essentielle de l’histoire et de l’homme d’État. […] Le style seul est viril, la politique est chimérique, l’histoire est une histoire de famille, un piédestal à M.  […] Villemain, j’avais vu madame de Staël dans cette maison et ailleurs éclairer d’une vive lumière quelques entretiens accidentels sur la politique, les lettres, les arts, parcourir le passé et le présent comme deux régions ouvertes partout à ses yeux, deviner ce qu’elle ne savait pas, aviser par le mouvement de l’âme ou l’éclair de la pensée ce qui n’était qu’un souvenir enseveli dans l’histoire, peindre les hommes en les rappelant, juger, par exemple, le cardinal de Richelieu avec une sagacité profonde, et il faut ajouter une noble colère de femme, puis l’empereur Napoléon qui résumait pour elle tous les despotismes, et que sa parole éloquente retrouvait à tous les points de l’horizon comme une ombre gigantesque qui les obscurcissait.

2396. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Chose étrange, ou plutôt chose humaine, c’est dans le plus grand éclat de ces deux lumières, à la veille d’Athalie et du Discours sur l’histoire universelle, que se préparait contre les deux antiquités une double insurrection. […] Les critiques de Desmarets contre les anciens méritent un regard de l’histoire, à titre de préjugés littéraires propres à une époque, et de travers d’esprit intermittents. […] Bossuet est nommé, pour l’histoire, à côté de Cordemoy. […] On dirait plutôt l’humeur pacifique d’un homme de bien, qui veut tout au plus humilier les opinions superbes du récit de leurs contradictions, et apaiser les esprits par l’histoire des excès où l’on tombe en abondant trop dans son sens.

2397. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

La représentation de Lohengrin Lohengrin a été joué à Paris une fois, date mémorable dans l’histoire de l’art contemporain. […] à Paris assez de financiers allemands pour remplir sa salle… » Voici maintenant un des plus extraordinaires documents de cette histoire, l’interview publié par le Gaulois du 1er et du 2 avril, des compositeurs français à propos de Lohengrin. […] En attendant les résultats, rétablissons quelques points d’Histoire qu’on paraît trop oublier. […] Peut-être pourrons-nous dans un mois, éclaircir quelques-uns des points mystérieux de cette lamentable histoire… E.

2398. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Heureusement, à partir de ce moment décisif où Villars va commander en chef, nous avons les moyens les plus sûrs de contrôle, les pièces mêmes et instruments d’une histoire militaire complète, dans les Mémoires relatifs à la guerre de la succession, dressés au xviiie  siècle par le lieutenant-général de Vault et publiés de nos jours avec grand soin par M. le général Pelet9. […] Villars eut toute sa vie à combattre ce déchaînement de la Cour et les mille histoires qu’on y faisait sur lui. […] [NdA] Dans la « Collection des documents inédits de l’histoire de France ». — Neuf volumes (et plus) de ces Mémoires militaires (de 1701 à 1709) ont paru.

2399. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Ce n’est qu’en Allemagne que la bonté est toujours bonne… » À mesure qu’il s’avançait vers le Nord proprement dit, il sentait le calme descendre en lui, sa gaieté prête à renaître, même au milieu de la mélancolie légère que lui apportait l’aspect des landes uniformes et des horizons voilés : « L’atmosphère brumeuse était partout embellie par le caractère et la bonté des habitants. » Sortant d’un pays où il laissait ses biens en séquestre, sa réputation calomniée, où il avait entendu siffler de toutes parts l’envie, et vu se dresser la haine, il entrait dans des régions paisibles où la bienveillance venait au-devant de lui : « Les hommes, dit-il spirituellement, qui ne témoignent leur bienveillance qu’après y avoir bien pensé, me font l’effet de ces juifs besogneux qui ne livrent leur marchandise qu’après en avoir reçu le payement. » Je ne puis ici raconter tout ce qu’il apprit et découvrit dans ces régions du Nord. « Pour écrire sur l’histoire de ce pays, il faut vivre aux bords de la Baltique, avec les hommes distingués et les livres que l’on ne trouve que là. » Il ne s’en tint pas au Danemark ; il fit une petite excursion en Scanie, et en reçut des impressions vives : « Quand j’eus passé la Baltique, je me sentis dans un pays nouveau : le ciel, la terre, les hommes, leur langage, n’étaient plus les mêmes pour moi. […] Il entra aussi dans la poésie, dans la légende et dans l’histoire, dans le cercle des Eddas mythologiques et des sagas héroïques de ce monde scandinave. […] La physionomie du vieillard décèle l’histoire de ses mœurs.

2400. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Et après cela, après tout hommage rendu à la fleur des érudits, au savant aimable et délicat, je m’adresserai aux nouveaux, à ceux qui s’élèvent : Jeunes érudits et savants qui lui succédez, vous le savez mieux que moi, si vous voulez maintenir l’Antiquité à son rang, dans toute son estime, et intéresser à elle les esprits des générations présentes et prochaines, ce n’est pas en l’abordant désormais à la Boissonade et en vous attaquant isolément à des points imperceptibles, c’est en traitant les questions qui la concernent, dans toute leur précision sans doute, mais aussi dans toute leur étendue et leur généralité, et en rattachant les anciens le plus possible au train moderne par une anse moderne aussi, par quelque agrafe puissante, en leur demandant tout ce qui se rapporte chez eux à l’histoire des idées, des mythes, des religions, de l’art, de la police et de la constitution des sociétés, à la marche enfin et au progrès de l’esprit humain et de la civilisation elle-même. […] Voici en deux mots l’histoire, telle qu’elle nous est donnée par les Lettres de Wyttenbach (Wyttenbachii Epistolæ) publiées par Mahne à Gand, 1829. […] Je ne puis croire d’abord que vous me refusiez l’ornement que je sollicite pour mon livre, et, dans tous les cas, bien que j’aie la conscience de m’être souvent lourdement mépris et surtout d’être passablement ignorant dans l’histoire de la philosophie où vous tenez le sceptre, Wyttenbach (in qua tu régnas, Wyttenbachi), j’aime à croire que vous êtes trop généreux pour songer à faire de moi un sujet de risée : ce n’est pas là le caractère que je vous connais. » Un érudit plus ferré que Boissonade, et plus crâne aussi, eût répondu aux amis de Wyttenbach : « Je l’attends l’arme au poing et je serai toujours prêt à le servir. » Un beau duel avec un illustre est une bonne fortune pour tout débutant qui aspire à se faire un nom.

2401. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Rien donc ne saurait valoir ni devancer pour l’instruction de la postérité les lumières de ce dépouillement posthume, et telle n’a jamais été notre prétention, relativement aux contemporains dont nous anticipons l’histoire. […] Ces exercices, en éveillant son goût de style, en étendant ses notions d’histoire et de géographie, avaient en outre l’avantage d’appliquer de bonne heure ses facultés à la chose publique, de fiancer, en quelque sorte, son jeune cœur à la patrie. […] Même ordre encor dans l’histoire vivante : Cher Béranger, ne dis pas que j’invente.

2402. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Pièces de théâtre, romans, histoire, voyages, philosophie et sciences, tout y passait, tout l’intéressait ; mais il goûtait les Essais de Morale de Nicole plus que le reste ; à dix ans, il avait lu Jean-Jacques, mais sans trop en rien conclure contre la religion. […] Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ? […] Il y a nombre de chapitres qui nous semblent l’idéal de la beauté théologique telle qu’elle resplendit en plusieurs pages de la Cité de Dieu ou de l’Histoire universelle, mais ici plus frugale en goût que chez saint Augustin, plus enhardie en doctrine que chez Bossuet, et aussi, il faut le dire, moins souverainement assise que chez l’un, moins prodigieusement ingénieuse que chez l’autre.

2403. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Il se maria, se réconcilia avec Port-Royal, se prépara, dans la vie domestique, à ses devoirs de père ; et, comme le roi le nomma à cette époque historiographe ainsi que Boileau, il ne négligea pas non plus ses devoirs d’historien : à cet effet, il commença par faire un espèce d’extrait du traité de Lucien sur la Manière d’écrire l’histoire, et s’appliqua à la lecture de Mézerai, de Vittorio Siri et autres. […] C’est elle que je me suis surtout efforcé de bien exprimer, et ma tragédie n’est pas moins la disgrâce d’Agrippine que la mort de Britannicus. » Et malgré ce dessein formel de l’auteur, le caractère d’Agrippine n’est exprimé qu’imparfaitement : comme il fallait intéresser à sa disgrâce, ses plus odieux vices sont rejetés dans l’ombre ; elle devient un personnage peu réel, vague, inexpliqué, une manière de mère tendre et jalouse ; il n’est plus guère question de ses adultères et de ses meurtres qu’en allusion, à l’usage de ceux qui ont lu l’histoire dans Tacite. […] Il écrivait l’histoire de Port-Royal, celle des campagnes du roi, prononçait deux ou trois discours d’académie, et s’exerçait à traduire quelques hymnes d’église.

2404. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Floquet, Histoire du parlement de Normandie, VI, 402. […] Résumé de l’histoire d’Auvergne par un Auvergnat (M.  […] Dans la terre de Blet (voir note 2 p. 300), vingt-deux parcelles sont aliénées en 1760. — Arthur Young, I, 308 (domaine de la Tour-d’Aigues, en Provence), et II, 198, 214. — Doniol, Histoire des classes rurales, 450. — Tocqueville, 36.

2405. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

2º Les journaux devraient tous avoir un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. […] Pour l’instant, l’indépendance, le goût de l’art sans pédanterie, s’opposent heureusement, dans l’histoire et la critique littéraires, à l’exposé théorique, au dogmatisme universitaire. […] Jacques Morland : « Mon journal, monsieur, est une affiche. » Jamais, dit encore Mlle Charasson, « un nouveau Sainte-Beuve ne trouverait maintenant à publier sa copie, à moins d’être propriétaire du journal où il voudrait la voir paraître. » Elle souhaiterait que les journaux eussent « un courrier littéraire quotidien, ne contenant que des notes brèves, rédigées par plusieurs mais sous le contrôle d’un seul, et deux feuilletons critiques hebdomadaires, l’un réservé aux romans et aux livres de poèmes les plus remarquables, l’autre aux livres de critique littéraire, histoire, philosophie, sociologie, etc. ».

2406. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Puis Philippe de Comynes raconte avec une sérénité parfaite, sans un mot de blâme, sans un cri d’indignation, les trahisons, les perfidies, dont abonde l’histoire contemporaine, les trafics de conscience dont il a été le témoin et le complice en qualité de conseiller du roi Louis XI. […] Mais ce problème, qui intéresse l’éducation autant que l’histoire, ne sera résolu qu’après une multitude d’enquêtes méthodiques qui auront établi son bilan d’influence pour chacun des livres ayant remué une génération. […] Ainsi les transformations de Don Juan, les atténuations apportées par Corneille à l’histoire du Cid, les interprétations successives données à la révolte de Prométhée sont révélatrices de changements opérés dans les mœurs ou dans les conceptions morales.

2407. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Livres sacrés, Auteurs respectés dans tous les âges, Morale, Métaphysique, Histoire, Eloquence, Poésie, Beaux-Arts, Administration, rien n’a été à l’abri des vapeurs corrosives qu’ils soufflent sur tout ce qui leur déplaît. […] L’Analyse de Bayle, où ce qu’il y a de plus licencieux dans cet Ecrivain se trouve réuni ; l’Histoire des Querelles Littéraires, où l’on avance sans preuve, que Bossuet & Fénélon avoient, sur la Religion, des sentimens bien différens de ceux qu’ils ont professés ; l’Histoire Politique & Philosophique des établissemens des Européens dans les deux Indes, où l’on prétend que les Peuples seront plus heureux, lorsqu’ils n’auront ni Prêtres, ni Maîtres : ces trois Ouvrages, & beaucoup d’autres non moins licencieux, sont universellement attribués à des Ecclésiastiques de nos jours, qui ne les ont pas désavoués.

2408. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Ce docteur Rémonin, qui va jouer un si singulier rôle dans la pièce, vous représente un physicien de salon, qui traduit tout en phénomène d’histoire naturelle. […] Autour d’elle, on cause de mistress Clarkson, et les nobles dames du faubourg brodent son histoire à belles griffes. […] Il faut que mistress Clarkson ait une rude confiance dans la crédulité de sa visiteuse pour lui servir une histoire que les lecteurs de Rocambole refuseraient absolument d’avaler.

2409. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Au moment où il devint premier président, il était très occupé de l’Histoire naturelle de Buffon, dont les trois premiers volumes venaient de paraître (1749), et il s’attachait à y relever, plume en main, les légèretés et les inexactitudes, principalement en ce qui concernait la botanique, que Malesherbes savait si bien, et que Buffon savait peu. Malesherbes, jeune, ne craint pas de traiter avec vivacité Buffon, nouvellement célèbre et non encore consacré : « M. de Buffon, dit-il, qui ne s’est adonné que depuis peu de temps à l’étude de la nature. » Il venge Gessner, Linné, Bernard de Jussieu, tous les grands botanistes que Buffon avait traités un peu dédaigneusement et presque voulu déshonorer en les assimilant aux alchimistes, sans considérer « que la botanique est le tiers de l’histoire naturelle par son objet, et plus de la moitié par la quantité des travaux ». […] Nous étions déjà à moitié chemin des Anglais… » De tels rapprochements sont toute une histoire, tout le portrait d’un homme, que dis-je ?

2410. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

C’est Pellerin qui confond ses facultés critiques, ses notions sur l’histoire de la peinture et son admiration pour les grands maîtres avec un pouvoir personnel d’exécution, Pellerin qui espère toujours susciter le don par un effort d’intelligence, qui supplée au talent par l’accoutrement, par le geste et le vocabulaire. […] Aussi Flaubert avait-il beau jeu à faire apparaître les contradictions des systèmes en des sciences telles que l’histoire ou l’histoire naturelle, la médecine, la philosophie, l’esthétique, la politique ou la pédagogie.

2411. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

L’histoire du monde se compose de grandeur et de décadence, de justice et d’injustice : il y a lutte entre les bons et les mauvais principes. […] Guizot appliquaient à l’étude des origines du moyen âge, et Cuvier à l’histoire des révolutions du globe. […] Levasseur sur l’Histoire des classes ouvrières, liv. 

2412. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

II Pour qui croit à la forte influence de la race sur le caractère, le génie et la beauté des hommes (et je suis de ceux qui ont cette faiblesse, il ne sera pas indifférent de savoir quelle fut cette famille de Guérin qui a fini par deux poëtes, le frère et la sœur. «  Les chroniques de notre maison nous disent de race vénitienne », a écrit Mlle Eugénie, avec cette plume de cygne croisé d’aigle que ses doigts délicats tiennent parfois si droite et si ferme, et qui aurait écrit l’histoire aussi bien qu’autre chose. […] L’histoire cite un chancelier de France sous Philippe-Auguste, Guérin, évêque de Senlis, qui releva la dignité de sa charge en faisant ordonner que le chancelier prendrait séance, parmi les pairs du royaume, avec les autres officiers de la couronne. […] Pour contre-balancer, du reste, le mépris des forts qui nous menace, imaginons ce que penserait Pascal, entre les écrits d’Eugénie de Guérin et la vie qu’elle a menée, — lui qui disait que toutes les conquêtes, révolutions et remuements de l’histoire viennent « de cela que certains hommes n’ont pas su rester assis tranquillement dans une chambre », et qui en riait comme il savait rire, ce formidable plaisant !

2413. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Le Français digne de ce nom, fier de son histoire, fier de sa pensée ou de sa foi, le Français veut être juste ou ne pas être.‌ […] Il reçoit, quelle que soit sa naissance, une éducation fondée essentiellement sur le travail, la science et l’histoire ; et par elle, son esprit et son cœur s’ouvrent à l’égalité, à la vérité et à la justice.‌ […] » Cette lutte s’estompe dans un passé qui paraît lointain, et, maintenant que les rancunes sont tombées, avec l’ardeur de la bataille, que les dangers communs ont réuni, côte à côte, les ennemis d’hier, il est plus facile d’apprécier sainement l’intention dans le fait, jugé autrefois répréhensible, lorsqu’une occasion nous reporte à ces anciennes histoires.

2414. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Sur cette adolescence, rien ne subsiste que les diversités qui viennent de la nature et de l’histoire, qui sont dans le métal même et qui constituent l’alliage français. […] Chacune de leurs biographies serait l’histoire d’un approfondissement de l’âme, et tout au fond de ces âmes diverses on trouve le même feu.‌ […] Ils ne sont pas tous au même étage, nullement du même Credo, mais d’eux tous l’histoire dira ce qu’écrivait Léo Latil. « … l’élément spirituel domine tout dans cette guerre ».‌

2415. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre ce fanal perfide. […] Je n’ai ni le temps, ni la science suffisante peut-être, pour rechercher quelles sont les lois qui déplacent la vitalité artistique, et pourquoi Dieu dépouille les nations quelquefois pour un temps, quelquefois pour toujours ; je me contente de constater un fait très-fréquent dans l’histoire. […] Cette contemplation perpétuelle de l’histoire grecque et romaine ne pouvait, après tout, qu’avoir une influence stoïcienne salutaire ; mais ils ne furent pas toujours aussi Grecs et Romains qu’ils voulurent le paraître.

2416. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Mon désir, en évoquant cette page d’histoire, est d’attirer l’attention sur ce fait : la fécondité résultant d’un accord quelconque, que ce soit pour la conquête du pain ou pour la conquête d’une harmonie supérieure. […] Voilà, je pense, une affirmation capitale, venant d’un homme qui a fait le tour complet de l’histoire et de la vie, l’avis puissant d’un naturaliste et d’un poète : une saine vitalité, tel est son code et sa morale. […] Mais à côté de cet attachement, nous admettons mille patries, partout où nous nous augmentons, partout où nous sommes heureux, partout où règnent la justice et la beauté, mille patries parce que nous avons mille vies, incessamment diverses, sans cesse renouvelées, parce que nous nous adaptons à tous les milieux ; partout où nous trouvons de la bonté, de l’intelligence, de la simplicité, nous sommes chez nous ; partout où des cœurs fraternels s’approchent du nôtre, partout où nous sommes entourés de compagnons et d’amis, nous disons : « Je suis au milieu des miens. » Si ma patrie m’est inclémente et qu’une autre patrie m’attire, que m’importent les longs siècles d’histoire ?

2417. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Ce qui est certain, c’est qu’il est encore et toujours chrétien, en ce sens au moins que le sermon sur la montagne lui paraît d’inspiration divine et quelque chose de tel que l’humanité d’après ne doit point ressembler à l’humanité d’avant ; ce qui est certain, c’est qu’à ses yeux, comme il le dit excellemment ; et à ne parler même qu’au nom de l’histoire, « Jésus en tout est l’unique, et que rien ne saurait lui être comparé ». […] Il est juste aussi de remarquer que, peu intelligent de l’histoire et « dépourvu de tout sens politique proprement dit, Lamennais a une certaine intuition des grands mouvements de l’humanité », un pressentiment que bien des politiques réputés habiles et qui de près le méprisaient comme visionnaire n’avaient pas.

2418. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

C’est un homme fin qui joint à la connoissance des belles-lettres celle de la théologie, de l’histoire et de la philosophie. […] Il est très-capable de réussir dans un pareil ouvrage, et de nous donner une belle histoire revêtue de tous les agréments de la diction. » Puis, le comparant à Voltaire qui est en train de composer son Siècle de Louis XIV, et qu’il nous représente comme un jeune homme maigre, qui paraît attaqué de consomption , l’honnête Jordan souhaite à l’un plus de santé et à l’autre plus d’aisance.

2419. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

II L’humanité est arrivée, a dit l’éloquent professeur, à une de ces époques où l’inquiétude la saisit, où elle s’agite confusément en proie à un malaise profond ; où, après avoir renversé par une révolte glorieuse les obstacles qui la retenaient dans sa marche, et avoir brisé son antique lien, devenu trop étroit pour elle et trop douloureux, elle s’arrête, tourne un instant sur elle-même, interrogeant chaque point de l’horizon, se demandant et demandant à son histoire passée et à tout ce qui l’entoure où elle va, d’où elle vient, et la raison de de qu’elle a fait, et la règle de ce qui lui reste à faire ; la loi, en un mot, de son progrès et de sa vie. […] C’est nous donner le change et se payer de mots, que d’identifier le problème de la destinée de l’humanité avec celui de la destinée du moi ; la métaphysique et la psychologie ne détermineront pas l’histoire ; l’individu quelconque, s’observant isolément d’après la méthode expérimentale appliquée aux faits de conscience, n’atteindra que certaines formes constantes de sa nature, certains éléments abstraits de son esprit ; il n’acquerra que des probabilités éloignées sur l’immortalité de son âme, et il ne sera nullement en droit ni en mesure de conclure de là au développement de l’espèce à travers les siècles, à l’explication de sa perfectibilité croissante, de son émancipation progressive, de ses conquêtes au sein de la nature ; à la prédiction de son avenir sur cette terre ; pas plus que le chimiste habile qui aurait décomposé et analysé une portion du lobe gauche ou droit du cerveau humain, qui aurait vu certains gaz se sublimer et certains sels se déposer, ne serait en mesure ni en droit de conclure de cette décomposition morte à la loi physiologique du règne animal et de ses évolutions organiques.

2420. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Il va au-devant des barbares, ou les gagne aussitôt après leur entrée ; service énorme ; jugeons-en par un seul fait : dans la Grande-Bretagne, devenue latine comme la Gaule, mais dont les conquérants demeurèrent païens pendant un siècle et demi, arts, industries, société, langue, tout fut détruit ; d’un peuple entier massacré ou fugitif, il ne resta que des esclaves ; encore faut-il deviner leurs traces ; réduits à l’état de bêtes de somme, ils disparaissent de l’histoire. […] Enfin il est maître absolu et le déclare19. — Ainsi des biens, des exemptions d’impôt, des agréments d’amour-propre, quelques restes de juridiction ou d’autorité locale, voilà ce qui reste à ses anciens rivaux ; en échange, ils ont ses préférences et ses grâces. — Telle est en abrégé l’histoire des privilégiés, clergé, noblesse et roi ; il faut se la rappeler pour comprendre leur situation au moment de leur chute ; ayant fait la France, ils en jouissent.

2421. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Et, comme on ne s’embarrasserait pas de tout lire, il deviendrait inutile de s’approvisionner de dates et de jugements sur ce qu’on ne lirait point : l’histoire de la littérature en serait considérablement abrégée, et l’on épargnerait bien du temps. […] Histoire et littérature, t. 

2422. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

On se laisse tromper à l’apparence ; on prend pour réel ce qui ne l’est pas, comme dans l’histoire de la dont d’or, et l’on donne la raison de ce qui n’existe pas. […] « Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature.

2423. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Lyon, dans notre histoire littéraire, a eu des destinées particulières : l’Allemagne, l’Italie, la France y mêlent leurs génies ; l’activité pratique, l’industrie, le commerce, les intérêts et les richesses qu’ils créent n’y étouffent pas les ardeurs mystiques, les exaltations âpres ou tendres, les vibrations profondes ou sonores de la sensibilité tumultueuse : c’est la ville de Valdo et de Ballanche, de Laprade et de Jules Favre. […] Et l’histoire de la langue ne nous fait-elle pas voir dans de nombreux cas cette pénétration de notre pur français par les dialectes de langue d’oïl qu’il a supplantés et relégués au fond des champs ?

2424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Jaubert, le comte Tolstoï nous dit l’histoire d’un pauvre musicien ivrogne et vagabond qui exprime avec son violon tout ce qu’on peut imaginer du ciel. […] L’œuvre totale de Paul Verlaine est l’histoire d’un combat.

2425. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Liste des canevas de Dominique analysés par Gueulette dans l’Histoire de l’ancien théâtre italien, et appartenant à la période antérieure à 1668 : 1. […] Voici un trait de lui qui n’est que plaisant et spirituel : il appartient à la période de 1683 à 1697, où Mezzetin jouait à Paris ; il est ainsi raconté dans l’Histoire de l’ancien Théâtre italien : « Mezzetin avait dédié une pièce à M. le duc de Saint-Aignan, qui payait généreusement les dédicaces.

2426. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

À cette période de l’histoire, il faudra nécessairement posséder un invincible génie pour n’être pas assimilé43. » À cette époque, l’antinomie entre le groupe et l’individu est à son maximum. […] L’histoire de la poésie et du roman au xixe  siècle atteste une évolution vers un subjectivisme de plus en plus marqué.

2427. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Aucun grand événement de l’histoire ne s’est passé sans donner lieu à un cycle de fables, et Jésus n’eût pu, quand il l’eût voulu, couper court à ces créations populaires. […] L’histoire est impossible, si l’on n’admet hautement qu’il y a pour la sincérité plusieurs mesures.

2428. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Il raconte froidement l’histoire qu’il a préparée. — En cheminant vers Argos, un homme qu’il a rencontré sur la route lui a dit se nommer Strophios. […] Rappelez-vous, dans le drame de Shakespeare, les divagations de la nourrice italienne, son histoire du sevrage de la petite sous un pigeonnier, celle de sa chute sur le front, la gravelure qui s’ensuit et qu’elle ne se lasse pas de répéter avec de gros rires.

2429. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Interrogez les naturalistes : ils vous diront qu’il a fondé une branche de l’histoire naturelle ; il a débuté par un travail tout neuf sur les Aranéides ou araignées ; il a dit là-dessus le premier et le dernier mot ; ses écrits en ce genre sont classiques : il est le Latreille des araignées. […] un parallèle suivi qui serait curieux pour l’histoire des mœurs du Grand Siècle.

2430. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Que de mystifications, que de folles histoires, que de jolis épisodes à travers cet imbroglio croissant ! […] [NdA] On peut lire un agréable article sur Hamilton au tome II de l’Histoire de la littérature française à l’étranger, par M. 

2431. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Cela n’est même nouveau ni dans l’histoire ni au théâtre. Il y a mieux, l’histoire nous permettait de vous montrer François Ier ivre dans les bouges de la rue du Pelican.

2432. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Prométhée, comme tous les personnages devenus légendaires, comme Salomon, comme César, comme Mahomet, comme Charlemagne, comme le Cid, comme Jeanne d’Arc, comme Napoléon, a un prolongement double, l’un dans l’histoire, l’autre dans le conte. […] L’école, c’est la résultante des pédantismes ; l’école, c’est l’excroissance littéraire du budget ; l’école, c’est le mandarinat intellectuel dominant dans les divers enseignements autorisés et officiels, soit de la presse, soit de l’état, depuis le feuilleton de théâtre de la préfecture jusqu’aux Biographies et Encyclopédies vérifiées, estampillées et colportées, et faites parfois, raffinement, par des républicains agréables à la police ; l’école, c’est l’orthodoxie classique et scolastique à enceinte continue, l’antiquité homérique et virgilienne exploitée par des lettrés fonctionnaires et patentés, une espèce de Chine soi-disant Grèce ; l’école, c’est, résumées dans une concrétion qui fait partie de l’ordre public, toute la science des pédagogues, toute l’histoire des historiographes, toute la poésie des lauréats, toute la philosophie des sophistes, toute la critique des magisters, toute la férule des ignorantins, toute la religion des bigots, toute la pudeur des prudes, toute la métaphysique des ralliés, toute la justice des salariés, toute la vieillesse des petits jeunes gens qui ont subi l’opération, toute la flatterie des courtisans, toute la diatribe des thuriféraires, toute l’indépendance des domestiques, toute la certitude des vues basses et des âmes basses.

2433. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Mais jamais l’un ne se fut immortalisé sans ses Oraisons funèbres, & son Discours sur l’Histoire universelle ; non plus que l’autre, sans son poëme ou roman admirable de Télémaque. […] Leur histoire a été comparée à celle de M.

2434. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Il a eu le bonheur de pouvoir achever ces deux grandes entreprises, l’histoire de sa vie et son apologie chrétienne. […] Ces deux arguments succombent, l’un devant la philosophie, qui avec Kant et Leibniz découvre dans l’esprit humain des idées supérieures aux sens, l’autre devant l’histoire qui nous montre les trois états d’Auguste Comte, non pas successifs, mais toujours simultanés.

2435. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Vraie supériorité de femme que chacun sentit et que personne ne jugea, parce qu’elle charmait trop ceux qui se mêlèrent à sa vie, elle n’était peut-être pas plus belle qu’elle n’était spirituelle, cette femme à qui Canova n’avait qu’à poser une couronne sur les cheveux pour en faire la Béatrice du Dante, et que tous ils ont dite si belle, dans une si grande unanimité d’illusion, que cela équivaut à une réalité pour l’Histoire. […] Aussi y eut-il un jour, dit l’Histoire, où ce bronze fut jaloux de cette fleur.

2436. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Plus d’une fois, au cours de son histoire, elle a subi une nécessité de ce genre. […] Ne fût-ce que pour cette raison, la théorie de la Relativité généralisée marque une date importante dans l’histoire des idées.

2437. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Sainte-Beuve résista toujours à faire un article sur l’Histoire de César.

2438. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Elle est plus sévère contre le duc de Chartres, depuis le monstre Égalité ; aussi elle lui refusa ses faveurs, bien que cette confidence n’importe guère à l’histoire du dix-huitième siècle.

2439. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Boileau, Fénelon, Taschereau, Nisard, Histoire de la littérature française.

2440. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

. — Histoires de voyage (1880). — Chez les poètes, études, traductions et imitations en vers (1882). — Souvenirs personnels et silhouettes contemporaines (1883). — Poésies posthumes (1884).

2441. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Ou bien c’est l’histoire de la belle Lou Tho, qui dédaigne l’amour de l’Empereur, ou encore l’aventure de la courtisane qui demande par curiosité au juge des Enfers de renvoyer son âme dans le sein d’une honnête femme.

2442. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

vous me faites dormir debout avec vos histoires !

2443. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Camille Doucet Toutes les parties de cette œuvre (Les Siècles morts, l’Orient antique), qui témoigne d’une vaste érudition et d’un rare talent poétique, sont unies par des liens empruntés à l’histoire, tandis que chacune d’elles est caractérisée par un épisode bien choisi dont l’intérêt rehausse encore le charme élégant de la forme.

2444. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

Victor du Bled n’a jamais chiffonné que l’histoire de France de Dauban, si, malgré son âme lamartinienne, il n’osa jamais s’essayer dans la fiction personnelle, cette lacune de son éducation n’y est-elle pas pour beaucoup qu’oncques il ne manqua de respecter aucun pucelage, y compris hélas le sien ?

2445. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

On devine l’histoire de cet art décoratif.

2446. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

Cela dit, abordons l’histoire d’une littérature.

2447. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

Qui se seroit attendu que l’Auteur des Mélanges de Littérature, d’Histoire & de Philosophie, l’adversaire déclaré des graces de la Poésie, dût jamais être opposé comme un rival redoutable dans l’art des vers, à Lucrece, qui les faisoit si bien ?

2448. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 115-120

Telle est l’histoire tragique des Tragédies de M.

2449. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

L’histoire, toute récente, de ce fameux siège, enflamma son génie poëtique.

2450. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

On sent qu’il n’est pas de notre sujet de faire l’histoire complète de l’art.

2451. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

Quelle amère indifférence, dans cette courte et froide histoire de l’homme164 !

2452. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Nous raisonnions sur le christianisme dans les sciences et dans l’histoire, et le christianisme nous appelait pour faire voir au monde les plus grands effets de l’éloquence connus.

2453. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Avertissement de l’auteur »

Quoique des esprits différents aient pu, sans aucune communication, comme le montre souvent l’histoire de l’esprit humain, arriver séparément à des conceptions analogues en s’occupant d’une même classe de travaux, je devais néanmoins insister sur l’antériorité réelle d’un ouvrage peu connu du public, afin qu’on ne suppose pas que j’ai puisé le germe de certaines idées dans des écrits qui sont, au contraire, plus récents.

2454. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Donne-moi l’alcool de menthe que tu m’as promis pour cette histoire là.

2455. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

Je pourrais citer l’œuvre de Henri Poincaré à Paris, de Benedetto Croce à Naples, de Karl Vossler à Munich, de Vossler qui livre au positivisme en linguistique la même bataille que je livre au positivisme en histoire littéraire.

2456. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Nul souci de la vraisemblance : « Vous avez l’Afrique d’un côté, dit sir Philip Sidney, et l’Asie de l’autre, avec une si grande quantité d’États secondaires, que l’acteur, quand il entre, est toujours obligé de vous dire d’abord où il est ; autrement on n’entendrait rien à son histoire. […] Nous entendons à travers les drames comme à travers l’histoire du temps ce grondement farouche : le seizième siècle ressemble à une caverne de lions. […] De pareils instincts, une semblable constitution, une telle histoire dressent devant eux l’idée de la vie avec une sévérité tragique ; la mort est à côté, et aussi les blessures, les billots, les supplices ; le beau manteau de pourpre que les Renaissances du Midi étalent joyeusement au soleil pour s’en parer comme d’une robe de fête, est ici taché de sang et bordé de noir. […] Qu’on regarde de près à toute cette histoire, aux bûchers de Marie, aux piloris d’Élisabeth, et on verra que la température morale de ce pays, comme sa température physique, est âpre entre toutes. […] IV Ainsi naquit ce théâtre ; théâtre unique dans l’histoire comme le moment admirable et passager d’où il est sorti, œuvre et portrait de ce jeune monde, aussi naturel, aussi effréné et aussi tragique que lui.

2457. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

J’en dis autant de l’histoire et de toutes les sciences qui s’y rapportent, comme la chronologie et la géographie. Malgré le peu de cas que l’on paraît faire, dans les collèges, de l’étude de l’histoire, c’est peut-être l’enfance qui est le temps le plus propre à l’apprendre. […] Au reste, un homme d’esprit de ma connaissance voudrait qu’on étudiât et qu’on enseignât l’histoire à rebours, c’est-à-dire, en commençant par notre temps, et remontant de là aux siècles passés. […] Concluons de tout ce que nous venons de dire, qu’un bon dictionnaire de langue est proprement l’histoire philosophique de son enfance, de ses progrès, de sa vigueur, de sa décadence. […] Ces éloges étant historiques, sont proprement des mémoires pour servir à l’histoire des lettres : la vérité doit donc en faire le caractère principal.

2458. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

À quel excès elles montèrent, son portrait et son histoire peuvent seuls l’indiquer. […] Il donnera au roman extravagant l’air d’une histoire certifiée. […] On m’a conté l’histoire d’un homme qui voulait vendre sa maison, et pour cela portait un morceau de brique dans sa poche, et le montrait comme échantillon pour encourager les acheteurs ; ceci est justement le cas pour les vérifications de M.  […] L’Histoire d’un mariage représente un doyen de cinquante-deux ans qui épouse une jeune coquette à la mode ; n’apercevez-vous pas dans ce seul titre toutes les craintes du célibataire de Saint-Patrick ? […] Ce profond traité contient tout le secret de la métempsychose, et développe l’histoire de l’âme à travers tous ses états. —  Whittington et son chat est une œuvre de ce mystérieux Rabbi Jehuda Hannasi, contenant une défense de la Gémara de la Misna Hiérosolymitaine, et les raisons qui doivent la faire préférer à celle de Babylone, contrairement à l’opinion reçue. » Lui-même avertit qu’il va publier « une histoire générale des oreilles, un panégyrique du nombre trois, une humble défense des procédés de la canaille dans tous les siècles, un essai critique sur l’art de brailler cagotement, considéré aux points de vue philosophique, physique et musical », et il engage les lecteurs à lui arracher par les sollicitations ces inestimables traités qui vont changer la face du monde ; puis, se tournant contre les savants et les critiques éplucheurs de textes, il leur prouve à leur façon que les anciens ont parlé d’eux.

2459. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Napoléon, à son tour, parcourant rapidement les phases de l’histoire, finit par prendre modèle sur le Moyen-Âge et sur Charlemagne ; et, accomplissant au dehors son œuvre de conquérant et de civilisateur, il garda la France militairement, comme on garde une ville en état de siège. […] Parcourez les douze siècles de l’histoire de l’Europe depuis le moment où l’Église Chrétienne sortit des décombres de l’Empire Romain envahi par les Barbares, jusqu’au moment où la Philosophie posa ses hardis problèmes, vous reconnaîtrez d’une manière indubitable un caractère commun à toute cette époque. […] Je diviserais volontiers l’histoire de l’Europe, pendant les douze siècles dont je parle, en quatre âges correspondants à ces quatre âges de l’homme. […] Or, voyez comme la logique est intraitable, et comme l’histoire réalise exactement la pensée humaine dans ses phases, semblable à un parfait miroir où l’esprit humain se réfléchit. […] Croyez-vous que la longue série de nos malheurs n’ait d’autre but que de fournir des récits à l’histoire, et n’ait pas un sens providentiel pour nos âmes ?

2460. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

C’est que le poète travaille dans sa province, conçoit et exécute dans la retraite ses œuvres de conscience et d’émotion ; cela est bon pour la tragédie, pour le drame historique : « Les héros de l’histoire, a dit M. 

2461. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

. — Mais en littérature, il n’y a pas même de bâtons flottants ; l’Histoire de l’Empire de Thiers ne viendra que dans dix-huit mois ; on n’a rien, on n’espère rien pour cet hiver.

2462. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement de la première édition »

— Tels qu’ils sont, on trouvera incontestablement dans ces portraits de bonnes indications de vérités, et une grande masse de faits et de notions apportés en tribut à l’histoire littéraire contemporaine.

2463. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). » pp. 506-509

C’est un peu là l’histoire de notre littérature et de l’effet qu’elle nous produit, à nous citadins et casaniers, et de l’effet, certainement différent, bien qu’impossible à déterminer, qu’elle produira sur nos neveux, voyageurs hâtés qui retourneront un moment vers nous leurs regards du haut de leurs collines.

2464. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

La jolie fable de la Cigale et de la Fourmi est l’histoire de l’homme du midi et de l’homme du nord.

2465. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Sachons gré pourtant à madame de Genlis de l’histoire de madame de Montesson : la discrétion ici était moins obligatoire, et elle y a dérogé, en nièce un peu maligne peut-être.

2466. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit.

2467. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deroulède, Paul (1846-1914) »

. — Histoire d’amour, roman (1890). — Messire Duguesclin, pièce en trois actes et en vers (1895). — Poésies militaires (1896). — La Mort de Hoche, drame en prose en quatre actes (1898). — La Plus Belle Fille du monde, conte dialogué en vers libres (1898).

2468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

J « Fleurs de luxe, de charme et de beauté, que l’on cultive encore aujourd’hui et qui seront bientôt les seuls vestiges du Japon splendide d’autrefois, … artificielles princesses choisies parmi les beautés les plus rares, élevées dans tous les raffinements du goût aristocratique, instruites des rites et de l’étiquette, savantes, virtuoses en tous les arts, jeunes, passionnées, enivrantes et… accessibles », ces Princesses d’amour, dans la cité d’amour, content et vivent des histoires d’amour évoquant les précieux décamérons et les merveilleuses « Mille et Une nuits ».

2469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

. — Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy (1851). — L’Imagier de Harlem ou la Découverte de l’imprimerie, drame-légende en 5 actes et 10 tableaux, en prose et en vers, en collaboration avec MM. 

2470. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

. — Histoire de Port-Royal (1840-1862). — Portraits de femme (1844). — Portraits contemporains (1846). — Causeries du lundi (1851-1857)

2471. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Si on excepte son Histoire de Théodose le Grand, de toutes les parties des Belles-Lettres qu’il a cultivées, l’Eloquence de la Chaire est la seule où il ait réussi d’une maniere distinguée.

2472. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Dans tous, on reconnoît une adresse singuliere à profiter de certains traits de l’Histoire, pour parvenir au but qu’elle s’étoit proposé ; & ce but est toujours une morale agréablement embellie, seul mérite qui puisse faire valoir un Roman.

2473. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Ses Réflexions sur l’Eloquence, celles sur la Poésie, ses Instructions pour l’Histoire sur-tout, sont des Productions didactiques aussi distinguées par la précision & la netteté du style, que par la sagacité des observations & la solidité des préceptes.

2474. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Dresser sur cette pensée, d’après les données spéciales de l’histoire, une aventure tellement simple et vraie, si bien vivante, si bien palpitante, si bien réel, qu’aux yeux de la foule elle pût cacher l’idée elle-même comme la chair cache l’os.

2475. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Bouhours est, aux grands écrivains du siècle de Louis XIV, ce qu’est aux excellens peintres d’histoire un bon peintre en miniature.

2476. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Or, c’est un autre principe de toute vérité, qu’il faut travailler sur un fonds antique, ou, si l’on choisit une histoire moderne, qu’il faut chanter sa nation.

2477. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Mais comment préférer une sainte, dont l’histoire blesse quelquefois l’élégance et le goût, à une naïade attachée aux sources d’un ruisseau ?

2478. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Quiconque a quelque critique et un bon sens pour l’histoire, pourra reconnaître que Milton a fait entrer dans le caractère de son Satan les perversités de ces hommes qui, vers le commencement du dix-septième siècle, couvrirent l’Angleterre de deuil : on y sent la même obstination, le même enthousiasme, le même orgueil, le même esprit de rébellion et d’indépendance ; on retrouve dans le monarque infernal ces fameux niveleurs qui, se séparant de la religion de leur pays, avaient secoué le joug de tout gouvernement légitime, et s’étaient révoltés à la fois contre Dieu et contre les hommes.

2479. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Les Génies de la poésie, de l’histoire, de la physique et de l’astronomie, sujets de dessus de portes, dont on se propose de faire une tapisserie ; c’est un charivari d’enfants.

2480. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Et quand il nous promena ensuite dans l’histoire de la pensée anglaise, dans les musées italiens, dans la vie privée de Thomas Graindorge, etc., etc., c’était moins encore pour nous renseigner sur tous ces instants de la civilisation que pour nous enseigner à analyser.‌

2481. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

L’ami Fritz I Le roman que nous venons de lire est certainement un chef-d’œuvre ; mais cette histoire si naïve et si vraie du pauvre conscrit de Phalsbourg n’exige pas un autre mérite que la vérité. […] C’est l’Ami Fritz ou l’histoire d’un insouciant égoïste. […] Avant d’être des ânes, disait cette histoire, les ânes étaient des chevaux ; ils avaient le jarret solide, la tête petite, les oreilles courtes et du crin à la queue, au lieu d’une touffe de poils. […] » Fritz, au lieu de rire à cette histoire, en fut vexé sans savoir pourquoi. […] Kobus, deux ou trois mois auparavant, n’aurait pas manqué de se faire du bon sang avec tous ces Lucas aux jarretières roses, et ces Arthurs au plumet noir ; il avait lu jadis Werther, et s’était tenu les côtes tout le long de l’histoire ; mais maintenant, il trouvera cela fort beau.

2482. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il n’en est rien cependant ; car jamais, à aucun moment de notre histoire, les questions d’ordre le plus élevé n’ont été étudiées, discutées et près de se résoudre dans un sens favorable comme aujourd’hui. […] Que diraient-ils devant l’Homme à la houx, une Famille de paysans, la Baratteuse, cette laide femme à mâchoire carrée, tout d’une venue, frôlée par une espèce de chat inconnu de l’histoire naturelle ? […] Ils créent alors une philosophie de l’histoire, c’est-à-dire une exégèse logique de l’évolution de l’humanité. […] Les auteurs ont accouru à tous les genres romans d’histoire, d’aventures, de passions, de sentiments, de mœurs, de crime, ont été constamment faits, refaits et réédités à satiété. […] Le sublime ne trouve pas seulement son expression dans la poésie et dans l’art, mais encore dans l’histoire il n’y réside pas à l’état permanent ; il traverse un siècle, une époque, une existence il laisse après lui, comme traînée lumineuse, un acte de vertu, d’héroïsme, un trait de génie.

2483. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Qu’importe leur histoire ? […] Taine, Essais de critique et d’histoire, p. 43, à propos d’un passage de Stendhal où un tel mot apparaît en parole intérieure, durant une insomnie. [Taine, Essais de critique et d’histoire, Paris, Hachette, 2e éd., 1866, p. 43 : la phrase citée par Egger se situe dans l’étude de Taine sur Le Rouge et le Noir. […] Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, p. 595. […] Plas, Histoire de la psychologie en France, xixe -xxe  siècles, Paris, La Découverte, 2006, p. 51).

2484. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Les Lettres du chevalier, en effet, abondent en particularités qui touchent à la fois à l’histoire de la langue et à celle des mœurs, et qui nous y font pénétrer. […] Il remarque finement que les choses qu’on ne prononce jamais et qui ne sont faites que pour être lues des yeux, comme une histoire ou quelque composition d’un genre rassis, ne doivent pas s’écrire comme l’on ferait un conte en conversation ; l’histoire est plus noble et plus sévère, la conversation est plus libre et plus négligée. […] Je voudrois vous la pouvoir conter tout d’une suite, car je crois que vous seriez bien aise de l’apprendre ; mais, madame, outre que cela ne serait pas si tôt fait, et que je me lasse fort aisément, il me semble qu’il y a plus de huit heures que je vous écris, et je suis accablé de sommeil. » La suite de l’histoire ne vient pas et ne vint jamais, et n’est-ce point, en effet, sur ce propos brisé qu’il sied de finir ? […] Je soumets ces observations à la critique attentive des deux excellents biographes MM. de Monmerqué et Walckenaer, qui ont dès longtemps comme la haute main sur ce beau domaine de notre histoire littéraire.

2485. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

C’est lui qui détruit l’ancien drame, abaisse le nouveau, appauvrit et détourne la poésie, produit l’histoire correcte, agréable, sensée, décolorée et à courtes vues. […] Pope ne fustige pas les sots, il les assomme ; son poëme est vraiment dur et méchant ; il l’est tant qu’il en est maladroit ; pour ajouter au supplice des imbéciles, il remonte au déluge, il écrit des tirades d’histoire, il représente tout au long le règne passé, présent et futur de la sottise, la bibliothèque d’Alexandrie brûlée par Omar, les lettres éteintes par l’invasion des barbares et par la superstition du moyen âge, l’empire de la niaiserie qui s’étend et va envahir l’Angleterre. […] Les titres de leurs ouvrages indiquent assez leurs caractères : l’un écrit un poëme « sur les plaisirs de l’imagination », l’autre des odes sur les passions et la liberté, celui-ci une élégie sur un cimetière de campagne et un hymne à l’adversité, celui-là des vers sur un village ruiné et sur le caractère des civilisations voisines, son voisin une sorte d’épopée sur les Thermopyles, un autre encore l’histoire morale d’un jeune ménestrel. […] La prose est toujours l’esclave de la période ; Samuel Johnson, qui fut à la fois le La Harpe et le Boileau de son siècle, explique et impose à tous la phrase étudiée, équilibrée, irréprochable, et l’ascendant classique est encore si fort, qu’il maîtrise l’histoire naissante, le seul genre qui, dans la littérature anglaise, soit alors européen et original. […] Ils bannissent de l’histoire les grossièretés et les longueurs.

2486. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

lui dis-je enfin, contez-moi donc, mon petit ami, contez-moi un peu votre histoire. […] « — Je comprends bien, lui dis-je, comme s’il eût fini son histoire, qu’après une aventure aussi cruelle on prenne son métier en horreur. […] Je m’aperçus cependant avec plaisir qu’il revenait à son histoire, car il me dit tout à coup : « — Vous n’avez jamais vu de vaisseau de votre vie, n’est-ce pas ? […] C’est une histoire qui me grise comme le vin de Jurançon. — Ah ! […] Il ne pensait pas à lui-même, et au bout d’un quart d’heure il entama, sur le même ton, une histoire bien plus longue sur une campagne du maréchal Masséna, où il avait formé son bataillon en carré contre je ne sais quelle cavalerie.

2487. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Ossian fils de Fingal I Vers l’année 1762, un phénomène littéraire étrange apparut comme une comète dans le monde ; les imaginations en furent ébranlées, ainsi qu’elles avaient pu l’être à l’apparition des poëmes homériques en Grèce ; l’histoire en fut éclairée, les traditions, jusque-là verbales, se renouèrent, et la poésie servit de témoin aux récits des plus antiques légendes. […] II Au commencement, un cri de reconnaissance et d’admiration s’éleva unanimement à la gloire de Macpherson, l’inventeur patient et laborieux de ce nouveau monde, le Christophe Colomb de cette terre des découvertes ; nul n’osait contester à cet homme extraordinaire l’authenticité et le mérite de son invention ; comment un seul homme aurait-il recomposé un monde évanoui, des paysages, des histoires, des mœurs, des héros, des chanteurs lyriques ou épiques, des sentiments et des tristesses inconnus jusqu’alors du genre humain et fait par une misérable supercherie ce qu’un Dieu seul pouvait faire, la résurrection d’un monde inconnu ? […] » IV Il existe en Écosse une Académie ou Société, sous le titre de Highland Society, dont les travaux ont pour objet tout ce qui regarde les antiquités, l’histoire et la littérature écossaises. […] La Société écossaise y conclut : 1º Que les chants d’Ossian sont d’une antiquité et d’une authenticité incontestables ; 2º Qu’à une époque de l’histoire très-reculée, les montagnes de l’Écosse virent naître un barde, ou poëte populaire, dont les œuvres rendirent le nom immortel et dont le génie n’a été surpassé par aucun moderne ou même ancien émule. […] Lisons : V Le premier de ces chants est un récit nuageux, mais transparent, de l’histoire de Fingal père, d’Ossian, grand-père d’Oscar, aïeul de Toscar et de Yaul, ses petits-fils.

2488. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Nous aimions ces Bourbons à cause de leurs malheurs et de leurs services ; nous avions dans les veines un sang qui avait coulé pour eux ; on nous avait appris leur histoire comme un catéchisme de famille ; nous avions dans l’âme un vif instinct de liberté presque républicaine qui trouvait sa satisfaction dans la presse démuselée, dans la tribune éclatante dans l’opinion cosouveraine avec la royauté ; nous faisions des vœux d’honnête jeunesse pour que les incitations du parti militaire d’alors ne parvinssent jamais à semer la zizanie entre les Bourbons légitimes et la liberté, plus légitime encore par son droit que les Bourbons ne l’étaient par nos sentiments. […] XXV Je répète que je n’écris pas ici et aujourd’hui la vie de Béranger ; je l’écrirai peut-être ailleurs, et certes ce serait, si j’en avais le talent, un charmant poème que cette histoire qui a voulu se circonscrire elle-même entre l’atelier d’un ouvrier et la mansarde d’un chansonnier, entre l’aiguille et la plume, deux outils de travail, l’un pour le pain de la famille, l’autre pour la gloire de la patrie. Je ne sais de cette histoire que ce que Béranger m’en a souvent raconté épisodiquement à propos de lui ou des autres ; j’en ai entendu assez cependant pour savoir que ce jeune homme, devenu une grande mémoire, n’était nullement dépourvu d’éducation, ni même d’instruction classique. […] Il y a si longtemps qu’on parle, qu’on écrit et qu’on traduit le latin dans notre Occident, que l’esprit de l’éloquence, de l’histoire, de la poésie latine, a été tout entier transvasé dans les langues de l’Europe. […] À défaut de mes traits tu connais mon histoire ?

2489. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

La plupart de nos artistes, suivant capricieusement la pente naturelle de leur génie qui les porte à observer, à peindre, s’abreuvent à ces deux grandes sources de l’art, la nature et l’histoire, tandis que les plus rêveurs d’entre eux, les plus métaphysiciens, cherchent appui et consolation, inspiration et lumière, dans la religion éternelle, la religion du Christ ! […] Il n’a manqué à leurs auteurs que d’avoir été élevés dans quelque pays de civilisation arriérée, et nourris dès leur enfance de ballades et d’histoires merveilleuses : avec cela ils auraient pu faire des romans historiques, non seulement sur les traditions de leur nourrice, mais sur d’autres pays et d’autres temps. […] On voudrait à toute force voir le développement de l’Humanité, comme Bossuet, dans l’histoire hébraïque. […] Mais quand tu laisses les superstitions du passé, quand tu ne fais plus de la poésie sur l’histoire, quand tu parles en ton nom, tu es comme tous les hommes de ton époque, tu ne sais rien dire sur le berceau ni sur la tombe.

2490. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

L’histoire des institutions sociales présente un des plus clairs exemples de cette loi. […] À défaut d’expression abstraite, pourrait-on démontrer la vérité de cette révélation « in concreto », dans l’histoire de l’humanité ? […] L’avenir du drame parlé se fera probablement en rejetant les modes et les conventions, et en retournant au « théâtre populaire », pour lequel le peuple même fournit les acteurs, et qui traitera, avant tout, de sujets, ou, plutôt, de grands personnages, pris dans l’histoire même du peuple. […] L’esquisse s’achève par des notes sommaires sur l’histoire de l’Art et son avenir : Wagner devait développer dans Opéra et Drame, le tableau de cette évolution esthétique, qui, issue de la Danse, va, par les nouvelles formes, successives, de la Musique, de la Poésie, de la Plastique, jusque la rédintégration de ces formes dans le Drame, où est la fusion communiste des égoïsmes artistiques (p. 27 à 45).

2491. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Plus souvent c’était un petit Tacite latin, que M. de Vaudran portait habituellement dans sa veste, et qu’il lisait tantôt en français, tantôt en latin, à ses deux amis, en leur faisant remarquer avec éloquence le nerf, la justesse, la portée de l’idée jetée à travers l’histoire, pour faire de chaque événement une leçon. […] Philosophie, religion, législation, histoire, poésie, roman, journal même, tout passait et repassait tour à tour ou tout à la fois par les controverses de cette académie en plein air. […] L’histoire elle-même me semblait mesquine et triviale quand elle ne racontait pas les événements humains avec l’accent surhumain de la philosophie, de la tragédie ou de la religion. L’histoire n’était selon moi que la poésie des faits, le poème épique de la vérité.

2492. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Et pourtant nous savons bien qu’on ne vit pas deux fois le même moment d’une histoire, et que le temps ne remonte pas son cours. […] Mon cabinet de travail, ma table, mes livres ne composent autour de moi une atmosphère de familiarité qu’à la condition de ne faire surgir le souvenir d’aucun événement déterminé de mon histoire. […] J’assiste au même spectacle avec les mêmes sensations, les mêmes préoccupations : bref, je suis en ce moment au même point, à la même date, au même instant où j’étais alors de mon histoire. […] Il ferait l’effet d’un souvenir, puisque le souvenir offre une marque distinctive, autre que celle de la perception ; mais il ne pourrait pas être rapporté à une expérience passée, parce que chacun de nous sait bien qu’on ne vit pas deux fois le même moment de son histoire.

2493. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Rencontrant de nouveau son fils, il fait à peine allusion à cette scène si grave : « Et vous, mon fils, à qui j’ai la bonté de pardonner l’histoire de tantôt, etc. » L’avarice a donc passé à côté du reste sans y toucher, sans en être touchée, distraitement. […] Ici personnages et situations sont soudés ensemble, ou, pour mieux dire, les événements font partie intégrante des personnes, de sorte que si le drame nous racontait une autre histoire, on aurait beau conserver aux acteurs les mêmes noms, c’est à d’autres personnes que nous aurions véritablement affaire. […] Peu importe que vous ayez lu tout à l’heure, avant de sortir, des contes de fées avec des histoires de géants aux interminables bras. […] Elle tient à ce que Mark Twain déclare être un de ces jumeaux, tout en s’exprimant comme s’il était un tiers qui raconterait leur histoire.

2494. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

Sur ce refus, j’alléguai la loi de l’empereur Théodose, qui, après avoir commandé par colère et trop précipitamment la mort d’un grand nombre de chrétiens, fut rejeté de la communion par saint Ambroise, qui le contraignit de venir à pénitence, et, pour une entière satisfaction, faire une loi par laquelle défense était faite aux gouverneurs en l’administration de la justice qui présidaient dans les provinces, de ne faire à l’avenir exécuter tels mandements extraordinaires qui étaient contre l’ordre et la forme de la justice, sans attendre trente jours, pendant lesquels ils enverraient à l’empereur pour avoir nouveau commandement en bonne et due forme ; ainsi qu’il fallait envoyer promptement au roi… Grâce à cet avis d’une ferme et respectueuse résistance qui prévalut et fut adopté, avant même qu’on eût envoyé vers le roi, le contrordre eut le temps d’arriver de Paris : la Bourgogne fut garantie du crime et du malheur commun, et le nom du comte de Charny est inscrit dans l’histoire à côté de ceux du comte de Tendes, de MM. de Saint-Hérem, d’Orthez et d’un petit nombre d’autres, comme étant resté pur de sang dans l’immense massacre. […] [NdA] Je vois pourtant dans l’Histoire universelle de d’Aubigné qu’au début de ces États de Blois, dans la dispute de préséance entre les provinces, l’Île-de-France l’emporta sur la Bourgogne, au mécontentement de celle-ci.

2495. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

L’auteur avait voulu peindre les guerres et discordes des comtes et des prélats d’Alsace, ranimer les cadavres de l’histoire, mettre en actions les légendes ou chroniques qui se rattachaient aux débris des vieux châteaux : ils passeront devant les yeux du lecteur dans leur costume antique, disait-il de ses personnages, ils agiront suivant les mœurs de leur siècle ; en un mot, je copierai fidèlement la nature, même lorsque je suppléerai par la fiction aux faits que le temps a ensevelis dans les ténèbres de l’oubli. […] Droz, au tome Ier (p. 423) de son Histoire du règne de Louis XVI, a dit de Cagliostro : Certainement il était fort adroit dans ses jongleries, car, un homme de sens et d’honneur, le naturaliste Ramond, qui avait été secrétaire du cardinal de Rohan, ne fut jamais complètement désabusé ; et, vers la fin de sa vie, quand on plaisantait devant lui sur Cagliostro, il détournait la conversation.

2496. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté. […] [NdA] Pour mieux faire encore, il y faudrait joindre l’étude des documents italiens ; on les trouve dans la collection intitulée « Archivio storico italiano » qui s’imprime à Florence, le second volume notamment contient l’histoire du siège de Florence, par Sozzini.

2497. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal de Dangeau. tomes III, IV et V » pp. 316-332

Tout son monde de Versailles est là, même Racine, le gentilhomme ordinaire, qui prend ses notes pour l’histoire dont il est chargé et qu’il n’écrira pas ; on a de lui une lettre intéressante à Boileau, aussi exacte et circonstanciée que peut l’être la relation de Dangeau lui-même. […] À force d’être curieux et soupçonneux, il y a des moments où Saint-Simon devient crédule : Restons dans les limites sévères de l’histoire.

2498. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Jacques Demogeot, professeur agrégé de l’Université, connu par une histoire élégante de la littérature française et par des études d’art et de poésie. […] C’est l’histoire d’un enthousiasme romanesque pour un beau chanteur qu’on croit né prince, une erreur d’imagination dans l’amour.

2499. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

Une vénalité tempérée par de la modération et de la sagesse, une part faite à la corruption à laquelle on trace d’avance ses limites et que l’on subordonne à des intérêts supérieurs, on m’assure que c’est bien le vrai sur M. de Talleyrand ; M. de Senfft, qui est de cet avis, ne veut voir là qu’une simple tache, et il estime que M. de Talleyrand n’en gardera pas moins, pour de certaines résistances, « sa place glorieuse dans l’histoire. » Cela est possible ; mais c’est bien le cas de dire qu’il y a deux morales. […] Pendant que M. de Senfft, à la veille de l’éclatant démenti de l’histoire, se montre ainsi à nous un peu la dupe des confidences de Fouché qui, évidemment (comme l’abbé de Pradt, et avec plus de malice), était entré dans ses vues, avait médit du pouvoir qu’il servait et ne s’était pas fait faute de gémir sur les folies du maître, il m’a paru curieux de citer une lettre de Napoléon adressée, vers ce temps, à son ministre de la police, et qui, dans sa sévérité encore indulgente, va droit au défaut de l’homme, rabat fort de cette haute idée trop complaisante et remet à son vrai point ce prétendu génie du duc d’Otrante, un génie avant tout d’ingérence audacieuse et d’intrigue.

2500. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Ce sont ces sentiments qu’elle voulut voir développés sur la scène autant pour sa consolation que pour son amusement. » On sait en effet, par l’intéressante histoire qu’a tracée d’elle madame de La Fayette, combien Madame et son royal beau-frère s’étaient aimés dans cette nuance aimable qui laisse la limite confuse et qui prête surtout au rêve, à la poésie. […] Il y avait dans le rapport général des situations, dans une rupture également motivée sur les devoirs souverains et sur l’inviolable majesté du rang, assez de points de ressemblance pour captiver à l’antique histoire une cour si spirituelle, si empressée, et avant tout idolâtre de son roi.

2501. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

L’inconvénient pour elle de sa première éducation et de cette culture exclusive, c’eût été plutôt, comme elle l’indique assez véridiquement, d’offrir une teinture scientifique un peu marquée, d’aimer à régenter, à documenter toujours quelqu’un auprès de soi, comme cela est naturel à une personne qui a lu l’Histoire de l’Académie des Sciences, et qui a étudié la géométrie. […] Il y a plus : par sa noble conduite dans une conspiration chétive, elle aura désormais une ligne dans toute histoire.

2502. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Deux autres sciences, la linguistique et l’histoire, viennent encore l’accroître de leurs découvertes. […] Bref, celui qui étudie l’homme et celui qui étudie les hommes, le psychologue et l’historien, séparés par les points de vue, ont néanmoins le même objet en vue ; c’est pourquoi chaque nouvel aperçu de l’un doit être compté à l’acquis de l’autre. — Cela est visible aujourd’hui, notamment dans l’histoire.

2503. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Si le conte ou l’histoire n’erre, Baloardo, tombant par terre, S’écria : « Dieux ! […] Nous reproduisons la planche 11 de l’Histoire du Théâtre italien représentant Scaramouche-Fiurelli.

2504. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Mais il a été analysé en partie par Gueulette et cette analyse se trouve dans l’Histoire de l’ancien théâtre italien, publiée par les frères Parfait, en 175351. […] Nous reproduisons le nouveau personnage d’Arlequin, d’après la planche 2 de l’Histoire du Théâtre italien de Riccoboni.

2505. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

  Et si son nom rayonne, à jamais triomphant, C’est qu’il comprit la loi de vivante harmonie : « Sois fier comme un héros et pur comme un enfant. » Fourcaudbv Chronique du mois La Walküre ne sera peut-être pas représentée cette année à Bruxelles, et c’est une histoire qui vaut d’être expliquée. […] Louis de Fourcaud (1851-1914), auteur de L’Évolution de la peinture en France (1890), successeur de Taine, était critique d’art et professeur d’esthétique et d’histoire de l’art à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

2506. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Il a remarqué que « ce qu’ils appellent les lois de l’histoire » ou de la morale « n’est en somme que la coordination logique de leurs désirs ». […] Cet amoureux des résultats se désole du néant des résultats : « La dramatique histoire des luttes philosophiques n’est pas sans laisser une impression pénible : on croirait voir des ouvriers battant à coups redoublés une muraille, dont aucune parcelle ne se détache, et qui ne rend que du bruit sous le marteau. » Les pauvres ouvriers, en effet, qui attachent à leurs membres naturellement si lourds l’écrasement du plomb baconien et qui essaient de « penser le monde » suivant des méthodes faites pour saisir de tout petits détails indifférents !

2507. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Nous voyons d’ailleurs dans cette histoire, par l’exemple du bon Ebierbing et de sa femme Tookoolito, surtout de celle-ci, que ces humbles créatures ont une certaine aptitude à la civilisation qui ne demanderait qu’à être cultivée. […] Je suis d’avis que l’on ne doit pas mêler les questions morales et sociales aux questions zoologiques ; je voudrais cependant que l’histoire naturelle ne montrât pas une trop grande indifférence morale, et que par sa prétendue impartialité elle ne blessât pas trop l’humanité.

2508. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Vous souffrez volontiers que certains hommes conservent un culte de vénération pour vingt-cinq ans de notre histoire, parce qu’eux ont été plus ou moins mêlés aux événements de cette époque récente, parce qu’ils en ont plus ou moins adopté les résultats ; et vous vous irritez de ce que certains autres hommes, plus religieux dépositaires des mœurs anciennes, des vieilles habitudes, des illustrations consacrées par les siècles, se retirent quelquefois dans le silence de leurs foyers pour brûler un grain d’encens aux pieds de leurs premiers dieux domestiques, qui, après tout, furent assez longtemps les dieux de la patrie. Je ne veux pas, à mon tour, m’attirer le reproche d’être injuste envers cette partie récente de notre histoire dont nous venons de parler.

2509. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Mais pour bien juger ce prince, il ne faut consulter ni les éloges même qui, adressés par des sujets à des rois, sont de même valeur que les compliments de société, entre les particuliers ; ni les cris des protestants, à qui peut-être il n’avait vendu que trop cher le droit de le haïr ; ni les papiers des Anglais, qui le redoutèrent trop pour consentir à l’estimer ; il faut consulter l’histoire et les faits. […] Malgré ses fautes et ses malheurs, son règne sera à jamais distingué dans notre histoire, et c’est la plus brillante époque de notre nation.

2510. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

En suivant l’histoire des éloges, et cette branche de la littérature, depuis les Égyptiens et les Grecs jusqu’à nous, on a pu remarquer les changements que ce genre a éprouvés, les temps où il était le plus commun, l’usage ou l’abus qu’on en a fait, et les différentes formes que la politique, ou la morale, ou la bassesse, ou le génie lui ont données. […] Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.

2511. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

La cause en est facile à trouver dans l’histoire morale et civile de la société romaine. […] L’histoire nous transmet à cet égard un témoignage populaire que, bien des siècles après, la flatterie savante renouvelait pour Richelieu.

2512. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

C'était évidemment un parterre instruit, car aux moindres velléités de s’étonner ou de se scandaliser, la masse semblait répondre : Mais c’est ainsi dans l’histoire, mais il faut que cela soit ainsi.

2513. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

Thiers va publier l’Histoire du Consulat dans quelque temps, on espère exciter par là Chateaubriand à détacher de ses Mémoires toute la partie relative au duc d’Enghien et au Consulat ; le désir de rétablir les faits à son point de vue et la démangeaison de contredire Thiers feraient ainsi passer l’illustre écrivain sur la détermination, qu’on disait invariable, de ne rien laisser publier, avant sa mort, de son livre tant convoité.

2514. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Il y eut toute une culture, et dans le chapitre v de son Histoire littéraire, M. 

2515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

. — Le Faust moderne, histoire humoristique en vers et en prose (1878). — Contes parisiens en vers (1880). — La Messe en ré de Beethoven, compte rendu (1886). — Dieu le veut, drame en cinq actes et six tableaux (1888). — Les Symboles, poèmes (1888). — Tobie, légende biblique en vers et cinq tableaux (1889). — Noël ou le Mystère de la Nativité, en vers (1890). — Trois mystères : Tobie, Noël, Sainte-Cécile (1899). — Les Mystères d’Éleusis, pièce en quatre tableaux, en vers (1894). — Les Symboles, nouvelle série (1895). — Les Chansons de Shakespeare (1896). — Conte de Noël, un acte, en vers (1897). — Chants populaires pour les écoles (1897). — Aux femmes d’Alsace (1897). — Lectures et récitations (1898). — La Chanson de Roland, traduction en vers (1898). — Vers la pensée et vers l’action (1899).

2516. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

Vicaire de mettre au service de cette chanson vivace une technique trop immobile, on peut se plaire et beaucoup à l’histoire de Fleurette, à celle du Joli Rossignol qui languit pour une rose et renaquit à la joie grâce à une jolie clochette, et surtout goûter le curieux travail d’art de Rainouart au Tinel, un exemple de fabliau renouvelé, alerte et neuf, volontairement exhaussé de quelques expansions lyriques peut-être, un peu bien brèves ; mais enfin, cela, en son but, tel quel, est réussi.

2517. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé aux funérailles de M. Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France »

Les questions délicates relatives au khalifat de Bagdad, l’histoire des Ismaéliens et des sectes incrédules au sein de l’islam, la métrique arabe, où tant de choses nous surprennent, les formes bizarres de ce qu’on appelle les pluriels brisés, chapitre si curieux de la théorie comparée des langues sémitiques, furent pour notre savant collègue l’objet de travaux approfondis, toujours fondés sur l’étude directe des sources.

2518. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

à mes yeux, ils ne sont pas moins remarquables que Louis XIV dans l’histoire des mœurs, et n’ont pas moins ajouté à son influence par leur concours, qu’il n’a ajoute à leur gloire par sa protection.

2519. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

A-t-il pu imaginer qu’on adopteroit ses decisions, lorsqu’on l’a vu vingt fois s’efforcer de prouver que ce premier Poëte de notre Nation n’est pas si infaillible qu’on le pense ; que ses Ouvrages ne sont pas exempts de fautes contre la Langue & le goût ; qu’il a avancé des erreurs & des mensonges ; qu’il est injuste dans presque toutes ses critiques, indécent & atroce dans ses diatribes ; que tous ses Opéra sont détestables ; que plusieurs de ses Comédies n’ont d’autre mérite que celui de la versification ; que quelques-unes de ses Tragédies sont médiocres ; que ses Histoires sont remplies de faussetés, ses Satires de calomnies, ses Romans d’impiétés ?

2520. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

La mythologie et l’histoire tiennent dans mon travail autant de place que l’esthétique littéraire.

2521. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Au reste, c’est dans l’Écriture qu’on trouve l’histoire de Caïn et d’Abel, cette grande et première tragédie qu’ait vue le monde ; nous parlerons ailleurs de Joseph et de ses frères.

2522. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 28, du temps où les poëmes et les tableaux sont apprétiez à leur juste valeur » pp. 389-394

Si nous voulons examiner l’histoire des poëtes qui font l’honneur du parnasse françois, nous n’en trouverons pas qui ne doive au public la fortune de ses ouvrages.

2523. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Celui-ci alors raconta au kuohi toute son histoire ; quand il fut à la fin, son beau-frère lui donna de l’or et de l’argent en quantité, des bijoux, des chevaux, des vaches et lui abandonna tout pouvoir sur la moitié du village.

2524. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

tout importe dans l’histoire des mœurs d’un peuple : non-seulement le détail des mœurs lui-même, mais les moralistes qui en portèrent le poids ou le rejetèrent, en les jugeant.

2525. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale…‌ Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays.‌

2526. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Jamais, je crois, chez aucune nation d’Europe et en aucun siècle de l’histoire, on n’a vu de passion si grande. […] Là-dessus, elle enfile une histoire indécente, qu’elle recommence quatre fois de suite. […] Elle a son histoire en tête, et ne cesse pas de la redire et d’en rire toute seule. […] Si la vie de Coriolan est l’histoire d’un tempérament, celle de Macbeth est le récit d’une monomanie. […] Comme l’histoire de Macbeth, l’histoire d’Hamlet est le récit d’un empoisonnement moral.

2527. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Cette règle pourtant comporte des exceptions, et l’on trouverait, dans l’histoire de la pensée contemporaine, tel exemple de femme, quand ce ne serait que Mme Ackermann, pour donner un démenti à l’aphorisme de Schopenhauer. […] Il faudrait ne rien connaître des vingt dernières années de notre histoire littéraire, pour ignorer que les meilleurs ouvrages signés de noms français furent sacrifiés de parti pris aux productions étrangères. […] Banale histoire en apparence, pour qui ne tiendrait compte que de l’affabulation littérale, mais, par la flamme du sentiment qui l’anime, par le prestige du pinceau qui l’a fixé, vivant tableau de grâce, de pudeur contenue, d’ardeur couvant sous la cendre ! […] Mais l’auteur n’a pas voulu pousser jusqu’à cette suprême étape le développement de ses personnages, et leur histoire s’achève sur une étreinte plus passionnée encore que les précédentes… Domination… Servitude amoureuse… Esclavage des sens… c’est donc ce que décrit, d’un bout à l’autre de ces pages, le roman de Mme Henri de Régnier. […] Sait-il pas en effet que, parmi les quelques centaines ou quelques milliers de lecteurs qui forment la clientèle d’un auteur d’imagination, la grande majorité vient chercher dans ses livres l’histoire qui la pourra divertir un instant ?

2528. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je suis franc, le côté faible d’Horace en critique d’art s’y trahit : « Je ne connais pas, dit-il, l’histoire de ce grand artiste ; mais, à juger de sa vie privée par ses œuvres, il ne devait pas avoir les goûts fort élevés. […] « Vous voyez bien, mon cher Horace, lui dit le roi en se remettant à marcher, je suis plus fort que tous les rois d’Europe ; je tiens lord Palmerston dans ma main, je l’écraserais au besoin ; aucun roi en Europe ne peut bouger sans ma permission. » Ces paroles, ou leur équivalent, se retrouvent dans l’Histoire de M.  […] Histoire de la Révolution de 1848, par M. 

2529. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Quoique ce puisse sembler déjà de l’histoire ancienne, je demande à exprimer ma pensée à ce sujet ; car il est possible que, plus tard, la question revienne de droit au Sénat même, sous forme de sénatus-consulte. […] Sous la Restauration, le 7 août 1827, sous une juridiction pareille à celle qu’on maintient aujourd’hui, on a vu comparaître devant le tribunal de police correctionnelle un homme vénérable, un homme de bien, un philosophe éminent, M. de Sénancour, auteur d’un Résumé de l’histoire des traditions morales et religieuses ; on l’a vu, pour quelques phrases qui ne semblaient pas assez respectueuses envers les religions positives, accusé avec véhémence par un avocat du roi qui ne croyait que remplir son devoir ; on l’a vu, comme de juste, condamné par le tribunal : car, d’ordinaire et provisoirement, en pareil cas, la police correctionnelle commence par condamner. […] déchargeons autant que possible la magistrature, — cette magistrature si respectable, si méritante, si indispensable et si vigilante à chaque heure du jour et de la nuit, si digne de reconnaissance dans le cercle étendu de ses justes attributions, — déchargeons-la le plus possible d’une responsabilité de cette nature, sujette à tant d’écarts et dont les actes, à distance, font un étrange effet en présence de l’histoire et de la postérité.

2530. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Histoire de Gargantua et de Pantagruel. — § II. […] Histoire de Gargantua et de Pantagruel. […] … Il ayme gens lettrés En grec, latin et françois bien estrez A deviser d’histoire ou theologie, Dont tu es l’ung, car en toute clergie Tu es expert… 44.

2531. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

L’histoire littéraire compte, aux treizième et quatorzième siècles, quantité de fabulistes qui se cachaient par modestie, ou peut-être pour se recommander, sous le nom générique d’Esope. […] Le plus souvent même le poète ne leur donne aucune propriété particulière, et l’histoire naturelle n’a rien à y prendre : ce sont des hommes du temps sous des noms d’animaux. […] L’histoire littéraire en trouverait peut-être quelque échantillon médiocre dans des recueils ignorés.

2532. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

On pourrait montrer comment les modifications à apporter au rôle du récitatif devaient avoir marqué le point de départ de sa réforme dramatique ; on montrerait de même que les modifications à apporter au rôle de la basse pourraient bien avoir marqué le point de départ de sa réforme harmonique ; il est certain, en effet, que l’histoire de la basse est, par un côté, l’histoire de la musique, et qu’à chaque période de transformation pour l’une correspond une période de transformation pour l’autre. […] Glasenapp : Richard Wagner, — l’homme (24 pages) ; 4° les Représentations de Fête de 1886 à Bayreuth : — histoire du Théâtre de Fête à Bayreuth (3 pages) ; étude sur le théâtre national allemand, par Hans von Wolzogen (21 pages) ; sur Tristan et Isolde, par Wolfgang Golther (32 pages) ; sur Parsifal, par Arthur Seidl (36 pages) ; essai de programme au prélude de Parsifal, par A.

2533. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Mais les détails de chaque rôle ayant été réglés par Wagner et la tradition s’en imposant aux artistes, la comparaison ne peut plus être que sur des points très secondaires ; d’ailleurs, n’y a-t-il pas quelque étroitesse, surtout au théâtre de Bayreuth, à tant se préoccuper des spéciales qualités des acteurs ; serait-ce encore, même ici, l’histoire des gens qui écoutent l’acteur, non la pièce ? […] En 1848, en même temps que Wagner écrivait le Mythe des Nibelungs « esquisse d’un drame », il publiait une brochure Les Nibelungs « l’Histoire Universelle dans la Légende ». […] Les Vainqueurs (Die Sieger, WWV 89) est un projet d’opéra resté inachevé qui a été inspiré par l’Introduction à l’histoire du bouddhisme indien de Burnouf (1844).

2534. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

. — La trilogie de l’histoire d’Œdipe. — Puissance des Imprécations. — Étéocle et Polynice. — Sacrifice de Mœnécée. Eschyle, comme Sophocle, avait traité l‘histoire d’Oedipe dans une trilogie aux deux tiers perdue : Laios, Œdipe, les Sept Chefs devant Thèbes ; plus un drame satyrique qui avait pour titre le Sphinx. […] C’est maintenant l’horrible spectacle de la cité prise que le chœur évoque : les rues en flammes, le pillage fouillant et renversant les foyers, les femmes traînées par les cheveux « comme des juments par leurs crins », les « vagissements sanglants » des enfants écrasés contre les pavés, l’incendie achevant ce qu’épargnera la tuerie. — Terrible image, répétée, trait pour trait, par l’histoire, à travers les siècles.

2535. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

L’histoire de l’anémone est pareille et tout aussi concluante. […] Mais le nom grec de la belette était plutôt [mot en caractères grecs] (qui se glisse) ; [mot en caractères grecs] aurait été la fouine, qui s’apprivoise comme un chat (Hœfer, Histoire de la Zoologie. […] Histoire de la Botanique.

2536. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Pour l’écrire, il est nécessaire qu’ils aient ce don de l’œil dont beaucoup d’écrivains anciens, et des plus grands, se sont passés, et il est vrai de dire que jamais, au cours de l’histoire, la littérature et la peinture n’ont été si voisines. […] À peine, çà et là, voit-on mentionnée une écharpe de gaze, dont il est évident qu’il aimait l’étoffe transparente, presque fluide, et si bien destinée à accompagner le visage féminin qu’elle n’a pas d’âge dans l’histoire du costume. […] Il se sent maître du sujet qui est son art, maître de l’histoire, voisin d’atelier de tous ceux dont il parle, en possession de tous les secrets de métier ignorés des profanes, et il ose !

2537. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Que maintenant, parmi les fêtes et les chefs-d’œuvre des galeries de Florence, Médicis, nourri des pensées de Platon, les ait redites parfois en strophes élégantes ; que Politien ait retrouvé, dans ses deux langues natales, quelque chose de l’harmonie d’Horace et de sa curieuse hardiesse d’expression, ce sont des plaisirs délicats pour le goût, des sujets pour l’étude, mais non de grandes influences qui aient agi sur la pensée et pris place dans l’histoire des lettres. […] Dans la tradition moderne, et entre ses instincts nationaux maintenus à degrés divers, il n’est pas de vérité plus sentie que l’aversion pour la barbarie mahométane, et ce besoin de l’éloigner de l’Europe, partout attesté dans l’histoire. […] De là ces erreurs de goût, cette fausse poésie et ces faux jugements d’un siècle, parfois si puissant par le naturel et la vigueur qu’il portait dans la philosophie, la critique savante, la controverse, l’histoire.

2538. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

folle histoire dont s’égayait tant M. […] Je n’analyserai pas le livre : qu’on relise seulement le chapitre de l’Amour ; c’est l’histoire intime, à demi palpitante et voilée, de tout ce cœur de trente ans, telle qu’il nous suffit de la savoir. […] Ces noms d’amants, non pas gravés, cette fois, sur les écorces de quelque hêtre, mais inscrits aux parois des ruines éternelles, s’associent à la grave histoire, et deviennent une partie vivante de son immortalité. […] On sait la lettre du duc de Rovigo et cette honteuse histoire. […] Nous avons cherché à en reproduire le sentiment dans les stances suivantes, en supprimant toutefois l’histoire entière et détaillée de Rome qui fait le principal de la pièce allemande et qui est dans le style grave des Fastes ; mais le ton général du début, et tout le mouvement de la fin qui se rapporte à Mme de Staël, ont été conservés, autant du moins que nous avons pu y réussir.

2539. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

Il a publié une Histoire légendaire de sainte Élisabeth de Hongrie, où il y a de belles pages, mais aucune critique, même relativement parlant.

2540. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre III. De la comédie grecque » pp. 113-119

Les caractères tragiques doivent avoir entre eux une certaine ressemblance qui exclut la finesse des observations ; et les modèles de l’histoire héroïque tracent d’avance la route qu’il faut suivre.

2541. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

La publication de Psyché marque une date dans l’histoire de la poésie française.

2542. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Dans les premiers, il avoit puisé l’analyse & la justesse ; dans les seconds, l’éloquence & la sublimité ; dans l’Histoire, l’ordre & la simplicité de la marche ; dans les Poëtes, la vivacité des images, la hardiesse des expressions ; cette riche abondance, & principalement cette harmonie secrete du discours, qui, comme il le disoit lui-même, sans avoir la servitude de la Poésie, en conserve souvent toute la douceur & toutes les graces.

2543. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Deschanel observe que mièvre, émérite, truculent, ne disent plus les mêmes idées que voilà un ou deux siècles  ; mais c’est l’histoire même du dictionnaire.

2544. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Il se répandit jusque dans le style historique, comme on le remarque dans la collection appelée la Byzantine, et surtout dans les histoires de Procope.

2545. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Tant que les peintres portraitistes ne me feront que des ressemblances, sans compositions, j’en parlerai peu ; mais lorsqu’ils auront une fois senti que pour intéresser, il faut une action, alors ils auront tout le talent du peintre d’histoire, et ils me plairont indépendamment du mérite de la ressemblance.

2546. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vernet » pp. 227-230

L’un est un paysagiste ; l’autre un peintre d’histoire, et de la première force, dans toutes les parties de la peinture.

2547. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Du reste, le plus étonnant, dans les Mémoires du Diable, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, le souffle vraiment diabolique qui met en danse les faits, les personnages, les épisodes, les histoires ; mais c’est surtout l’immense psychologie qui circule à travers ces fantastiques créations.

2548. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

” » Et sur l’un des derniers feuillets du carnet se trouve : Histoire de plusieurs cœurs de jeunes filles, que j’ai connues. […] Son livre sera l’histoire d’un mari qui pardonne, et il s’étend sur la bêtise de tuer, pour l’homme qui aime, et qui détruit à jamais l’objet de cet amour. « Oui, reprend-il, ce sera une œuvre de mansuétude. » Et il mettra dans un coin de ce livre de pardon, toutes les notes qu’il a prises derrière les persiennes fermées de son beau-père, devant cette fontaine, à un carrefour de routes : notes écrites au crayon, où il fixait, comme un peintre, les mouvements, les poses, les attitudes des pauvres errants, et pour ainsi dire la mimique de leurs tergiversations, devant l’énigme et la chance des chemins, s’étendant devant eux. […] Sarcey, après m’avoir reproché d’avoir taillé en tranches de croquades, l’histoire de Germinie Lacerteux, sans en avoir montré les points lumineux, conclut ainsi : « Monsieur de Goncourt n’entend rien, rien absolument au théâtre7. » Voyons, monsieur Sarcey, causons un peu théâtre. […] Je lui parlais encore des gens, n’ayant pas reçu ce don du ciel, et s’efforçant de chercher dans la peinture, les côtés dramatiques, spirituels, littéraires enfin : tout ce qui n’est pas de la peinture, et qui ne me parle pas, et qui me fait préférer un hareng saur de Rembrandt, au plus émouvant tableau d’histoire, mal peint. […] Sarcey, ce mangeur de prêtres, par cette droite agissant contre moi, l’auteur de l’Histoire de la Société pendant la Révolution, de l’Histoire de Marie-Antoinette… Il y a vraiment dans les choses humaines, à l’heure présente, trop d’ironie !

2549. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Il veut d’abord sous le titre du Cousin Tintin, faire une nouvelle, puis une pièce pour Baron, de l’histoire d’un faux testament fabriqué par la sœur d’un défunt. […] Je prenais congé de la gracieuse femme, au moment où elle me disait qu’elle me porterait un jour un volume d’histoires, racontées par sa petite fille à l’âge de cinq ans, pendant qu’elle était à sa toilette : histoires d’un caractère très original, inventées par l’enfant, au moment où elle ne savait ni lire ni écrire et qu’elle a fait copier dans un volume par un homme de ce temps, qui a l’écriture de Jarry. […] C’est amusant ce travail japonais d’Outamaro, ce transport de votre cervelle, au milieu d’êtres, aux habitudes d’esprit, aux histoires, aux légendes d’une autre planète : du travail ressemblant un peu à un travail fait dans l’hallucination d’un breuvage opiacé. […] Lundi 1er juin J’ai eu du plaisir à retrouver dans une interview d’Hervieu, une idée de mon Journal sur l’avenir du roman, à la date du 6 juillet 1856 et qui dit : « … Enfin le roman de l’avenir est appelé à faire plus l’histoire des choses qui se passent dans la cervelle que des choses qui se passent dans le cœur. » Il me semble que c’est là, où va décidément le roman dans ce moment. […] Mardi 21 juillet Une histoire du grand empereur, il faudrait qu’elle fût faite par un historien, qui aurait à la fois un cerveau à la Michelet et à la Carlyle.

2550. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Puis çà et là, où badaudent des troupes d’ignares, l’histoire parle dramatiquement à l’historien de Marie-Antoinette. […] Oui, maintenant j’ai une espèce d’horreur de l’œuvre imaginée, je n’aime plus que la lecture de l’histoire des mémoires, et je trouve même que dans le roman, bâti avec du vrai, la vérité est déformée par la composition. […] Chez cet intelligent collectionneur de manuscrits, de livres, de brochures sur les mœurs, un tas de documents curieux, entre autres un grand registre, relié en vélin blanc, trouvé par Deflorenne en Angleterre, et qui est toute l’histoire, jour par jour de la Bastille, registre, dont la publication a été dernièrement proposée au Conseil municipal qui n’a pas trouvé le document assez parisien. […] À Rome, le récit de la vie de Mme Gervaisais, de la vie de ma tante, en notre roman mystique, est de la pure et authentique histoire. […] C’est l’histoire de Gavarni, ça devient la mienne.

2551. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Hugo apparaîtra plutôt comme un grand songeur, mais ce genre de songe profond est la caractéristique de la plupart des génies, qui sont emportés par leur pensée plutôt qu’ils ne la maîtrisent ; et si on réfléchit combien, dans le patrimoine d’idées que possède l’humanité, il y en a peu de voulues, combien il y en a de subies, on arrivera à cette conclusion que les hommes qui, comme Hugo, subissent leur pensée, ont parfois, si cette pensée est grande, plus d’importance dans l’histoire que certains autres qui la dirigent trop bien selon les règles d’un bon sens vulgaire. […] Mais la haine, à son tour, se résout en souffrance : « Je souffre, je juge. » « Le grand sanglot tragique de l’histoire », qui aboutit à l’indignation, devrait plus logiquement aboutir à la pitié, à la pitié non seulement pour le mal, mais pour le méchant, à la « pitié suprême. » Hugo dit quelque part : Je sauverais Judas si j’étais Jésus-Christ ; et ce sera en effet le dernier résultat de la bonté triomphante dans l’univers, de la bonté embrassant à la fin les méchants eux-mêmes : On leur tendra les bras de la haute demeure, Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure,              Lui dira : « C’est donc toi !  […] Il n’y a que de mauvais cultivateurs223. » Malgré son esprit chimérique, Hugo a sur l’histoire quelques vues justes : « Les historiens qui n’écrivent que pour briller, dit-il, veulent voir partout des crimes et du génie ; il leur faut des géants, mais leurs géants sont comme les girafes, grands par devant et petits par derrière. En général, c’est une occupation amusante de rechercher les véritables causes des événements ; on est tout étonné en voyant la source du fleuve ; je me souviens encore de la joie que j’éprouvai, dans mon enfance, en enjambant le Rhône… — Ce qui me dégoûte, disait une femme, c’est que ce que je vois sera un jour de l’histoire. — Eh ! bien, ce qui dégoûtait cette femme est aujourd’hui de l’histoire, et cette histoire-là en vaut bien une autre.

2552. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Montesquieu l’admire, comme une histoire complète des superstitions païennes et des rites religieux du temps. […] « Quintus, lui dis-je alors, vous avez très bien et en bon stoïcien défendu l’opinion des stoïciens ; et ce qui me plaît surtout, c’est que vous vous êtes appuyé sur des faits éclatants et mémorables, tirés de notre propre histoire. […] XIV Autant qu’on en peut juger par les lambeaux de cet ouvrage sur la République, il était à la fois historique, didactique, philosophique, c’est-à-dire que Cicéron appuyait ses théories sur la nature, sur l’expérience, sur l’histoire de Rome. […] Ainsi que ce chêne chargé de glands d’où s’envola jadis l’orgueilleux messager du monarque des cieux , soit celui-ci, j’y consens ; mais, croyez-moi, quand les saisons et l’âge l’auront détruit, il y aura encore dans ce lieu le chêne de Marius. » Puis son interlocuteur l’engage à écrire l’histoire, genre, dit-il, éminemment oratoire et qui manque encore à Rome.

2553. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ? […] Voilà l’histoire exacte du règne pontifical de Pie VII et du ministre Consalvi. […] J’y demeurai six ans et mon frère quatre, et j’y étudiai les lois et l’histoire ecclésiastique professée par le célèbre abbé Zaccaria, autrefois jésuite. […] « Je pourrais ici terminer ce récit, qui a pour objet l’histoire du conclave, car il finit avec l’élection du pape.

2554. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Comment un génial parmi les artistes, en une histoire dont le cours très vaste imagine lointainement une histoire de l’art, par des recherches longuement suivies et une ardeur infatigable au mieux, entre les fortunes les plus variées et des misères fructueuses et de néfastes triomphes, — comment un artiste, des plus géniaux, ayant passé les ignorances stériles et traversé les folles ambitions, peu à peu est arrivé à se concevoir artiste et à l’être et à faire œuvre d’artiste, et à se reconnaître musicien et à le devenir et à instituer une œuvre de musique, — méditons-le en l’œuvre close de Wagner. […] Et de ces histoires la continuation, jusqu’à l’établissement, en février de 1885, de cette Revue Wagnérienne. […] Ainsi employa-t-il l’instrument qu’il s’était pendant vingt-cinq ans préparé (vingt-cinq ans de cette vie, exemple des vingt-cinq siècles de l’histoire de l’art), la musique, mais une musique riche de toutes les puissances détournées de toutes les sensations, et pour nos faiblesses d’intelligences commentée d’un somptueux appareil de légende, de poésie et de décorations architecturales et chorégraphiques, — cet instrument, l’art de la musique, étayé de divers artifices de littérature et de plastique.

2555. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Et il s’apercevait à peine de la panne, dans laquelle il vivait, la cervelle, prise par un immense poème, en trois parties : « La Genèse, l’Humanité, l’Avenir », et qui était l’histoire cyclique et épique de notre planète, avant l’apparition d’une humanité, pendant ses longs siècles d’existence, et après sa disparition. […] Mardi 22 juin Renan, qui pendant tout le dîner, a gardé un silence comme maladif, se met au dessert, à manger du Bossuet, sa bête noire, Bossuet chez lequel il ne trouve que de la faconde, et auquel il reproche de n’avoir pas conçu son Histoire universelle, à l’allemande. […] Au dîner de Brébant de ce soir, quelqu’un dit au sujet de la future nomination de Floquet au ministère : « Avec Floquet, la France est complètement isolée, donc pas de guerre, et la haute banque est absolument pour lui. » Charles Edmond parlant de tous les documents, que Louis Blanc a eus entre les mains, pour son Histoire de dix ans raconte, comment lui sont venus ceux concernant la duchesse de Berry, pendant sa captivité à Blaye. […] Si quelqu’un fait un jour ma biographie, qu’il se persuade qu’il serait d’un grand intérêt pour l’histoire littéraire et la réconfortation des victimes de la critique des siècles futurs, de donner sur chacun de nos livres, les extraits les plus violents, les plus forcenés, les plus négateurs de notre talent.

2556. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Son histoire ressemble elle-même à un caprice du hasard. […] Quand nous dévorions ses plaintes, et quand des voix vagues voulaient nous révéler cette mystérieuse histoire, nous nous refusions à entendre, et aujourd’hui même nous ne voulons rien savoir et rien répéter de ce qu’on a murmuré. […] On connaît trop bien cette histoire pour que ce soit une indiscrétion de la rappeler. » M. de Sainte-Beuve a raison ; du jour, en effet, où ce jeune poète cessa de croire à la sainteté de l’amour et à la durée de l’enthousiasme, il fit plus que de tomber dans l’incrédulité, il tomba dans la dérision de l’amour, il devint un sceptique du sentiment, un athée de l’enthousiasme, un blasphémateur du feu sacré ; de là au cynisme il n’y a qu’un pas ; sa nature élégante et attique lui défendait de s’y livrer, mais il glissa trop souvent dans des libertinages de style qui ne se dégradent pas jusqu’à l’Arétin, mais qui rappellent Boccace, le Musset immortel d’Italie. […] L’âme d’un peuple, c’est sa littérature sous toutes ses formes : religion, philosophie, langue, morale, législation, histoire, sentiment, poésie !

2557. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

C’est l’histoire des enfans qui regardent les nuées, et nous le sommes tous plus ou moins. […] Voyez le beau champ ouvert aux peintres de ruines, s’ils s’avisaient d’avoir des idées, et de sentir la liaison de leur genre avec la connaissance de l’histoire. […] J’aimerais bien mieux y voir la joie infernale d’une troupe de bohémiens, le repaire de quelques voleurs ; le spectacle de la misère d’une famille paysane ; les attributs et la personne d’une prétendue sorcière ; quelque aventure de Cléveland ou de l’ancien testament ; l’asyle de quelque illustre malheureux persécuté ; l’homme qui jette à sa femme et à ses enfans affamés le pain qu’il s’est procuré par un forfait ; l’histoire de la bergère des alpes ; des enfans qui viennent pleurer sur la cendre de leurs pères ; un hermite en oraison ; quelque scène de tendresse ; que sais-je ? […] C’est que pour animer des ruines par de semblables incidens, il faudrait un peintre d’histoire.

2558. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

On a ses discours conservés au milieu de ses dépêches : ils ne ressemblent pas tout à fait aux harangues à la Tite-Live que lui prête le cardinal Bentivoglio en son Histoire. […] Le roi lui demanda à titre de service de se charger d’écrire l’histoire de son règne, l’assurant « qu’il entendait laisser la vérité en sa franchise, et à l’auteur la liberté entière de l’écrire sans fard ni artifice, et sans lui attribuer, à lui, ce qui était dû à la seule providence de Dieu ou à la vertu d’autrui ».

2559. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Cependant, poussé avant tout par l’instinct de voyageur, et de voyageur de montagnes, il commença de bonne heure à parcourir l’Alsace et les Vosges, associant partout les souvenirs de l’histoire aux impressions de la nature. […] « Ce traducteur, disait La Harpe, est un homme qui paraît versé dans l’étude de l’histoire de l’antiquité. » — « Nous ne craignons point d’assurer, disait Grimm, que la traduction est fort supérieure à l’original ; ce que M. 

2560. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

L’ancien Bonstetten, celui qui avait eu cinquante ans, ne lui paraissait plus en effet que de l’histoire ancienne. […] Les barons de Bonstetten que l’histoire rencontre assez souvent à la fin du xiiie et au commencement du xive  siècle, étaient d’abord établis dans leur branche principale à Zurich ; c’est au xve  siècle seulement que l’un d’eux vint se fixer à Berne et fut agrégé à la bourgeoisie de cette ville.

2561. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

A-t-il voulu simplement marquer que la nature humaine et l’esprit humain ne comportent la première manière de voir que chez un petit nombre d’individus, et que l’histoire n’admet point le triomphe de la philosophie pure ? […] Voici à ce propos une jolie histoire sur Jean-Jacques à Paris, sur celui des toutes dernières années ; on me l’a contée, et je la raconte à mon tour dans les mêmes termes.

2562. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Mais la nature humaine est moins simple, l’histoire des nations est d’une formation plus dure et plus rebelle, le bien et le mal y sont moins aisés à démêler, à produire ou à corriger, que cette théorie ne le suppose ; et si fâcheux souvent qu’ils soient, si à charge ; qu’on les trouve pour les inconvénients dont ils font payer leurs qualités, on n’est pas, encore arrivé, dans notre Europe du moins, à rendre inutiles pour le gouvernement des États les grands caractères et les grands hommes. […] La première année de son mariage, elle n’avait lu que des romans, en effet, et de ceux qu’on ne lisait plus à cette date en France que dans les provinces, Tirant-le-Blanc en tête : Mme de Sévigné commença à l’en guérir ; Catherine dévora ses Lettres ; puis les œuvres de Voltaire lui tombèrent entre les mains, et dès lors elle mit plus de choix dans ses lectures, trop avide toutefois pour ne pas se jeter aux heures d’ennui sur tout ce qui était à sa portée, Brantôme et Péréfixe indifféremment, l’Histoire d’Allemagne du Père Barre et Platon, le Dictionnaire de Bayle quelle mit deux ans à lire (« Tous les six mois, dit-elle, je coulais à fond un tome »), que sais-je encore ?

2563. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

« Il savait beaucoup de choses, même dans les sciences, en histoire naturelle, en médecine. […] « S’il lisait de l’histoire, il aurait voulu être historien ; si des relations militaires, général d’armée ; si de la géologie, géologue ; si de la politique, homme mêlé aux grandes affaires.

2564. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

C’est à l’histoire à raconter ce développement, à le constater partout où cela est possible, à le deviner et à le conjecturer avec sagacité et prudence là où les témoignages directs manquent et sont interrompus. Une telle histoire, si elle est jamais possible pour les premiers siècles, est encore à l’état d’étude critique et de préparation.

2565. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

On s’est depuis longtemps raillé de ces romans ou tragi-comédies d’autrefois, où l’on montrait Alexandre amoureux, Porus amoureux, Cyrus amoureux, Genseric amoureux ; mais Mâtho amoureux, ce Goliath africain faisant toutes ces folies et ces enfantillages en vue de Salammbô, ne me paraît pas moins faux ; il est aussi hors de la nature que de l’histoire. […] Mieux vaut, ce me semble, laisser ces sortes d’histoires où on les trouve.

2566. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

J’irai, je parcourrai, je sonderai les mers Où l’histoire agita jadis ses flots amers ; Hardi navigateur, sur la foi d’une étoile, Dans nos fastes passés je lancerai ma voile. Soit que, pour les sceller dans un livre, vivants, J’exhume les hauts faits qu’ont emportés les vents ; Soit qu’il faille tailler l’histoire en épopée, Sire, voici ma plume : elle vaut une épée.

2567. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il a montré dans son Histoire de Port-Royal, par l’exposé circonstancié qu’il a donné du miracle de la Sainte-Épine dont le toucher aurait guéri la nièce de Pascal, à quel point il en était convaincu et profondément pénétré. […] Racine et de M. de Valincour, son successeur non-seulement pour l’Académie, mais aussi pour l’Histoire du roi ; mais il a gardé un tel silence au sujet de M. 

2568. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Cette affirmation ne me touche guère parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé qu’aucun de ceux qui diront cela n’ont jamais aimé aucune créature humaine ; … mais, renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature… »16 Et, cette justification achevée, suit une des plus poignantes et douloureuses observations cliniques qui aient jamais été recueillies par un cerveau dressé à l’analyse et tout proche de l’être souffrant : Observation α. […] Histoire de la maladie : Le premier symptôme noté est l’embarras de la parole… « depuis quelque temps et cela est plus marqué tous les jours.

2569. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Tout le monde connaît l’histoire des visites d’Alfred de Vigny. […] L’histoire du 41e fauteuil se fera chaque jour davantage glorieuse et d’un enseignement encore plus élevé et plus profond.

2570. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

On l’ignore, son histoire nous étant parvenue à l’état de récits épars et sans chronologie exacte. […] Mais ces discours étant en contradiction absolue avec ceux des évangiles synoptiques, lesquels représentent sans aucun doute les Logia primitifs, ils doivent compter pour des documents de l’histoire apostolique, et non pour des éléments de la vie de Jésus.

2571. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Pourtant, j’ai peine à croire que Buffon n’ait pas aussi songé par contraste, dans ce même endroit, au Discours sur l’histoire universelle de Bossuet, ce sujet en effet si vaste et si un, et que le grand orateur a su tout entier renfermer dans un seul discours. […] Athalie et le Discours sur l’histoire universelle, tels sont les chefs-d’œuvre les plus élevés que la théorie classique rigoureuse puisse offrir à ses amis comme à ses ennemis.

2572. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Ainsi ces romans sont imbus de condoléance, depuis la scène où une petite enfant raconte à des parents endurcis pour leur fille, l’histoire de l’abandon de sa mère jusqu’à tous les actes évangélique de l’idiot, jusqu’à l’inoubliable entrevue de Raskolnikoff et de Sonia, irrités tous deux l’un contre l’autre, chargés des pires souillures et égaux dans le douloureux abandon de tout orgueil, qui tombent agenouillés l’un devant l’autre et pleurent sur leur souffrance et sur celle qui, diffuse dans la nuit du monde, fait sourdre de toute chair en toute terre, le même murmure de lamentations, et la même pluie lente de larmes. […] De même encore, une intelligence peu développée en tant qu’intelligence, à qui les sens portent sans cesse des impressions discontinues, sera en peine d’imaginer l’idée de développement, soit dans un récit, soit dans un caractère, et concevra de préférence le suspens d’une histoire et la stabilité d’une âme.

2573. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

C’est l’histoire d’un frêle et exceptionnel jeune homme, prise en son plus étrange chapitre, que raconte A Rebours, le nouveau livre de M.  […] Il sait voir les personnes, les objets, les ensembles, les caractères avec une exactitude notablement supérieure à celle des romanciers idéalistes ; la vie d’un homme étant rarement tragique, il s’abstient de toute intrigue violente ou qui comprenne d’autres incidents que ceux éprouvés par un Parisien de la moyenne ; l’histoire à raconter se trouvant ainsi réduite, M. 

2574. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Le sujet est ce que les anciens ont nommé, dans le poème dramatique, la fable, et ce que nous nommons encore l’histoire ou le roman : c’est le fonds principal de l’action d’une tragédie ou d’une comédie. Tous les sujets frappants dans l’histoire ou dans la fable ne peuvent point toujours paraître heureusement sur la scène : en effet, leur beauté dépend souvent de quelque circonstance que le théâtre ne peut souffrir.

2575. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Si j’avais eu à composer un tableau pour une chambre criminelle, espèce d’inquisition d’où le crime intrépide, subtil, hardi s’échappe quelquefois par les formes, qui immolent d’autres fois l’innocence timide, effrayée, alarmée ; au lieu d’inviter des hommes, devenus cruels par habitude, à redoubler de férocité par le spectacle hideux des monstres qu’ils ont à détruire, j’aurais feuilleté l’histoire ; au défaut de l’histoire, j’aurais creusé mon imagination jusqu’à ce que j’en eusse tiré quelques traits capables de les inviter à la commisération, à la méfiance, à faire sentir la faiblesse de l’homme, l’atrocité des peines capitales et le prix de la vie.

2576. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Sa ville, dont le nom se trouve une seule fois dans l’histoire, s’appelait-elle la ville des Palmiers, ou la Reine du désert ? […] Toute l’histoire affirme ce fait.

2577. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

… Je sais bien que dans des temps comme il n’en est plus, aux époques de l’Histoire les plus pures et les plus harmonieuses, tous les Irrespectueux et les Vulgaires, dans l’intérêt du prosaïsme de leurs esprits et de leurs âmes, traitaient les poètes avec insolence et marquaient du mot méprisant de « folie » la magnifique exaltation des facultés qu’ils n’avaient pas. […] Triste et grotesque histoire, malgré son éclat, et qu’on pouvait deviner avant qu’elle fût écrite !

2578. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Dans la Vraie Histoire comique de Francion, composée par Charles Sorel, sieur de Souvigny, vers 1622, on trouve ce passage caractérisant la lutte de Malherbe contre Ronsard et son école : « Un poète récita de ses vers et je pris beaucoup de plaisir à voir sa contenance… Or, les poètes présents émirent de grosses disputes pour beaucoup de choses de néant où ils s’attachoient et laissoient en arrière celles d’importance. […] « N’ayons pas ce dédain qui, chez un particulier comme chez un peuple, marque ordinairement peu de lumière », a dit excellemment Raynal dans son Histoire philosophique.

2579. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

A mesure qu’on approchait du terme, la gaieté et la verve redoublaient ; les réminiscences de la mythologie et de l’histoire se réveillaient en foule à l’aspect de l’antique Tauride.

2580. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Idée générale de la seconde Partie J’ai suivi l’histoire de l’esprit humain depuis Homère jusqu’en 1789.

2581. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

On lit dans un manuel d’Histoire de France : «… Ici se place un incident sans importance réelle, mais qui fit grand bruit, si l’on en croit les contemporains.

2582. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Toute une philosophie de l’histoire littéraire et, à la fois, toute une esthétique et toute une éthique sont visiblement impliquées dans les moindres de ses jugements.

2583. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Préliminaires S’il est un fait établi par les lois les plus constantes de l’histoire, c’est que les grands poètes et les grands artistes n’ont pas été en leur temps des accidents fortuits, des phénomènes isolés.

2584. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Séditieuse au plus haut degré, l’histoire de la Passion, répandue par des milliers d’images populaires, montra les aigles romaines sanctionnant le plus inique des supplices, des soldats l’exécutant, un préfet l’ordonnant.

2585. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Conséquences du règne de François Ier , formant le 3e volume des Mémoires pour servir à l’Histoire de Louis XII et François Ier .

2586. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

C’est une époque dans l’histoire de l’hôtel de Rambouillet que la première visite de Montausier.

2587. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 40-47

En parcourant l’Histoire du Théatre, on voit le Cid, les Horaces, Cinna, la Mort de Pompée, occuper la Scène avant Venceslas, la seule des Pieces de Rotrou qui ne se ressente pas de l’ignorance & du mauvais goût de son temps.

2588. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

Tulari, tutari focum (protéger, puis étouffer le feu), étouffer, tuer ; ainsi a-t-on reconstitué l’histoire singulière de ce mot qui dit exactement le contraire de ses syllabes primitives.

2589. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

La poësie, l’histoire, la peinture, la sculpture, l’architecture, enfantoient à l’envi des chefs-d’œuvre.

2590. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Le prophète Samuel raconte à David l’histoire des rois d’Israël : Jamais, dit le grand saint, la fière tyrannie Devant le Roi des rois ne demeure impunie : Et de nos derniers chefs le juste châtiment En fournit à toute heure un triste monument.

2591. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Elle ne peut arracher ses beaux bras du cou du héros ; et l’Aurore aux doigts de rose aurait vu les larmes de ces époux si Minerve n’eût retenu le soleil dans la mer…… Cependant Eurynome, un flambeau à la main, précédant les pas d’Ulysse et de Pénélope, les conduit à la chambre nuptiale…… Les deux époux, après s’être livrés aux premiers transports de leur tendresse, s’enchantèrent par le récit mutuel de leurs peines…… Ulysse achevait à peine les derniers mots de son histoire, qu’un sommeil bienfaisant se glissa dans ses membres fatigués, et vint suspendre les soucis de son âme11.

2592. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

c’est l’histoire de ceux qui ont quitté leur patrie ; à leur retour, on peut dire comme Énée à Hector : Faut-il vous revoir après les funérailles de vos proches !

2593. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

L’Histoire militaire du regne de Louis le Grand, par Quincy, les Mémoires de Feuquieres ; les Batailles de Prince Eugene, &c. donnent l’exemple avec la leçon.

2594. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

La donnée du roman est le sujet de roman ou de drame le plus commun dans l’histoire de nos mœurs présentes.

2595. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Cette mort fut poétique, en effet, dans un temps où la vie ne l’est plus, et elle parle plus haut à l’imagination que les œuvres de celui-là qui s’appellera Gabriel Ferry dans l’histoire littéraire du xixe  siècle.

2596. (1730) Discours sur la tragédie pp. 1-458

Et n’est-ce pas aussi pourquoi bien des gens se plaisent plus à lire des mémoires personels qu’une histoire indirecte ? […] Je ne serois pas étonné qu’un peuple sensé, mais moins ami des regles, s’accommodât de voir l’histoire de Coriolan distribuée en plusieurs actes. […] Ce n’est pas que je pousse le merveilleux jusqu’à l’impossible, et l’histoire romaine nous fournit un fait encore plus incroyable que celui de ma tragedie. […] Corneille lui-même ne s’est pas fort élevé au-dessus de cet usage dans l’exposition de rodogune, où, par un acteur désintéressé, il fait faire à un autre qui ne l’est pas moins, toute l’histoire nécessaire à l’intelligence de la tragedie, et qui pis est, une histoire si longue qu’il a fallu la couper en deux scenes : on l’interrompt pour laisser parler les deux princes qui arrivent, et on la reprend dès qu’ils sont sortis. […] On ne croira jamais qu’un homme si superbe s’avilisse à ce point, et sans nécessité, aux yeux d’un autre homme ; et quand l’histoire fourniroit quelque exemple d’une pareille conduite, il ne suffiroit pas, pour la justifier au théatre, où l’on veut voir des hommes, et non pas des monstres.

2597. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Je trouve d’abord un petit avis très important, à ce qu’on dit, pour ceux qui aiment l’histoire littéraire. […] L’histoire, dit-il, est pleine de ces exemples ; mais ce sujet me mènerait trop loin. […] Le seul chevalier aussi illustre que les rois dans l’histoire, c’est Bayard ; et du Belloi l’a présenté avec succès dans un ouvrage fondé tout entier sur la chevalerie, et qui, dans son ensemble, vaut mieux que Tancrède. La pièce de du Belloi a surtout l’avantage d’offrir des noms connus, des noms célèbres dans notre histoire. […] Pourquoi l’homme qui a si bien approfondi l’histoire romaine, parle-t-il ici en petit écolier ignorant ?

2598. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Nisard, qui dès auparavant avait eu les mêmes occasions, a résumé pour tous et a caractérisé avec netteté et force dans son Histoire de la Littérature française cette enfance et cette croissance du grand siècle et, là comme ailleurs, il a fait ce à quoi il excelle, qui est de donner à l’appui de la tradition les preuves morales qui la justifient et qui l’expliquent, de trouver des raisons ingénieuses et neuves à des conclusions généralement reçues. […] Demogeot enfin, le dernier et non le moins bien préparé, profitant des travaux des autres et des siens propres (car il est auteur d’un fort bon Précis sur notre histoire littéraire), vient aujourd’hui étendre, diversifier ses vues et renouveler avec esprit, avec vivacité et savoir, une matière qui n’est pas encore épuisée. […] L’histoire de cette tentative nouvelle, de cette aventure d’Icare de la Pléiade, on la sait de reste. […] Nous étonnerons-nous maintenant qu’on ait pu dire d’un air de plaisanterie, mais avec sens : « La poésie française était comme une demoiselle de vingt-huit à trente ans, sans fortune ou ruinée par les événements, laquelle avait déjà manqué trois ou quatre mariages, lorsque, pour ne pas rester fille, elle se décida à faire un mariage de raison avec M. de Malherbe, un veuf qui avait déjà la cinquantaine121. » Nous venons de toucher légèrement l’histoire de ces trois mariages manqués. […] Ici il ne faut pas lui demander, dans l’inspiration qui l’anime et le transporte, autre chose que du patriotisme et de la poésie : l’humanité, la tolérance, les impartialités équitables de l’histoire, qui, tout balancé, conclura de même, mais qui fait la part des vaincus, viendront après, plus tard, lorsqu’on aura le loisir d’y songer.

2599. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Une autre intitulée le Vaudeville politique, et dans laquelle il retrace toute l’histoire du noël satirique en France, montre à quel point il comprit dès le premier jour le rôle de la chanson représentative. […] Son goût semblait ne le porter d’abord que vers la littérature proprement dite, vers l’érudition grecque et latine ; l’histoire en particulier l’attirait peu. […] Dans la préface de ses récents Mélanges 205, M. de Rémusat a tracé quelque chose de cette histoire, mais il l’a fait d’une manière plutôt abstraite, en la généralisant et en l’étendant à ses jeunes amis d’alors et à ses contemporains ; il a évité le je aussi soigneusement que les philosophes d’autrefois l’évitaient ; on dirait qu’il a eu peur du moi . […] Les doctrinaires disgraciés, après s’être donné la satisfaction de voir tomber le second ministère Richelieu et d’y aider pour leur part, revinrent à la littérature, à la philosophie, à l’histoire ; ils reportèrent leur mouvement d’idées dans ces champs féconds où ils étaient maîtres, et où les défauts de leur politique devenaient presque des qualités de leur étude. […] Et puis l’orateur était dans son élément et dans son droit en ne négligeant pas une occasion si naturelle de juger les époques successives de notre histoire contemporaine.

2600. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Mais l’histoire de tous les siècles et de tous les pays proteste contre cet axiome ; Moïse, David en Judée, Confucius en Chine, Mahomet en Arabie, Solon et Démosthène en Grèce, Scipion, Cicéron et César à Rome, Dante et Machiavel à Florence, vingt hommes d’État historiques, à la fois grands orateurs, grands écrivains, grands courages, attestent la compatibilité puissante de l’action et de la pensée. […] Voilà tout le mystère de ces discours qui ont fait accuser Cicéron de pusillanimité par les rhétoriciens qui ne savaient pas assez l’histoire. […] Après avoir raconté toute l’histoire des écoles, des sectes, des philosophies grecque et romaine, il combat énergiquement le scepticisme ou la philosophie du doute, et il le combat par le plus beau des arguments : la conscience et la vertu. […] Alors Pison : — Est-ce par un dessein de la nature, nous dit-il, ou par une erreur de notre imagination, que, lorsque nous voyons les lieux où l’histoire nous apprend que de grands hommes ont passé une partie de leur vie, nous nous sentons plus émus que quand nous écoutons le récit de leurs actions ou que nous lisons leurs écrits ? […] Je viens même de me détourner un peu sur la droite pour voir le tombeau de Périclès : mais, dans cette ville-ci, les souvenirs sont inépuisables ; il semble, à chaque pas que l’on y fait, que du sol jaillisse l’histoire. — Les recherches, lui dit Pison, quand on les fait dans la vue d’imiter un jour les grands personnages, sont d’un excellent esprit ; mais, quand elles n’ont pour but que de nous mettre sur les traces du passé, elles témoignent seulement d’un esprit curieux.

2601. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

…………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………… L’histoire jugera dans quelques années ; je n’ai pas d’humeur contre l’histoire. […] Parmi les premières pièces qu’il composa, et dans lesquelles se trahit une grande inexpérience, nous ne prenons qu’un seul fragment, et nous l’insérons ici parce qu’il nous donne occasion de noter un fait de plus dans l’histoire de cette âme souffrante. […] Qui n’a de l’Homme-Dieu lu la sublime histoire                  Dans un jaune missel ? […] Et puis ces sciences, ces langues, ces histoires qu’on étudierait, contiennent au gré des âmes délicates et tendres trop peu de suc essentiel sous trop d’écorces et d’enveloppes ; une nourriture exquise et pulpeuse convient mieux aux estomacs débiles.

2602. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l’employer ici ; non que cette histoire soit dramatique dans le sens vrai du mot, mais, l’œuvre accomplie, peut-être aura-t-on versé quelques larmes intra muros et extra. […] Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l’intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. […] À l’époque où cette histoire commence, les internes étaient au nombre de sept. […] La fiction qui représenterait ces pauvres cœurs opprimés par les êtres placés autour d’eux pour favoriser les développements de leur sensibilité serait la véritable histoire de ma jeunesse. […] Mais la constante émanation de son âme sur les siens, cette essence nourrissante épandue à flots comme le soleil émet sa lumière ; mais sa nature intime, son attitude aux heures sereines, sa résignation aux heures nuageuses ; tous ces tournoiements de la vie où le caractère se déploie, tiennent, comme les effets du ciel, à des circonstances inattendues et fugitives qui ne se ressemblent entre elles que par le fond d’où elles détachent, et dont la peinture sera nécessairement mêlée aux événements de cette histoire ; véritable épopée domestique, aussi grande aux yeux du sage que le sont les tragédies aux yeux de la foule, et dont le récit vous attachera autant pour la part que j’y ai prise, que par sa similitude avec un grand nombre de destinées féminines.

2603. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il avait compris que son œuvre était trop considérable pour que la scène pût en être un milieu de pure fantaisie ; comme il se proposait aussi de toucher à toutes les questions débattues aujourd’hui, il choisit comme cadre l’histoire de l’empire, dont il attaque bravement l’origine pendant que Napoléon régnait encore. […] C’est là qu’il faut le voir, si l’on veut connaître ses goûts : ce sont ceux d’un collectionneur, ou plutôt d’un amateur de tout ce qui est ancien, de tout ce qui porte un souvenir et raconte une histoire. […] Il vit en paix, entouré de ces objets dont chacun parle, qui tous ont une histoire. […] Il est évident qu’un romancier peut consulter un livre semblable, y prendre même quelques noms, quelques anecdotes, sans être pour cela un plagiaire ; quand on écrit un roman historique, on est forcé de lire l’histoire, de mettre en scène des personnages dont beaucoup d’historiens ont parlé : on ne vole pas ces historiens pour cela, Richelieu n’appartient ni à un historien, ni à un romancier : Dumas a pu le peindre à sa fantaisie, l’habiller comme il a voulu, et aucun des biographes du cardinal-duc n’aurait eu l’idée de « lui réclamer des droits d’auteurs »  Il en est exactement de même pour le roman populaire ; M.  […] Nous allons raconter l’histoire de ce drame, qui, comme beaucoup de choses, est né du hasard.

2604. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Je demande une histoire à ce que je vois. […] L’histoire a pour caractéristique de grandir et de poétiser toute chose49. Par l’histoire il se fait une épuration ne laissant subsister que les caractères esthétiques et grandioses ; les objets les plus infimes se trouvent dépouillés de ce qu’il y a de trivial, de commun, de vulgaire, de grossier et de surajouté par l’usage journalier : il ne reste en notre esprit, des objets replacés ainsi dans le temps passé, qu’une image simple, l’expression du sentiment primitif qui les a faits ; et ce qui est simple et profond n’a rien de vil. […] Donc tout ce qui arrive à nous à travers l’histoire nous apparaît dans sa simplicité ; au contraire, l’utile de chaque jour, avec sa surcharge de trivialité, reste prosaïque ; et voilà pourquoi l’utile devenu historique devient beau. […] On pourrait définir l’art de la description comme Michelet définissait l’histoire : une résurrection.

2605. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Ce fait, si important en histoire naturelle, du classement de tous les êtres organisés en groupes subordonnés à d’autres groupes, fait auquel on n’accorde pas toujours toute l’attention qu’il mérite, parce qu’il nous est trop familier, se trouve ainsi, selon moi, complétement expliqué. […] Il est évident qu’un certain ensemble constant de caractères divers est surtout de la plus haute valeur en histoire naturelle. […] C’est la branche la plus intéressante de l’histoire naturelle, et l’on pourrait dire que c’en est l’âme. […] Les principaux faits de l’embryologie, qui ne le cèdent en importance à aucun autre ordre de phénomènes en histoire naturelle, me semblent donc s’expliquer aisément d’après ce principe que des modifications légères, chez les nombreux descendants d’un ancien progéniteur, n’apparaissent pas dès les premières phases de la vie de chacun d’eux, bien que parfois leurs causes aient agi dès la première ; et que ces mêmes modifications sont généralement transmises à un âge correspondant aux descendants des individus accidentellement ou déjà héréditairement modifiés. […] On lit généralement dans les ouvrages d’histoire naturelle que les organes rudimentaires ont été créés « en vue de la symétrie » ou « afin de compléter le plan de la nature », mais au lieu d’une explication, je ne vois ici qu’une répétition du fait.

2606. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il ne déroule que de petites histoires de femmes ou d’ivrognes, que des souvenirs de régiment ou de bureau, de théâtre ou de café : les mésaventures quotidiennes de la vie la plus modeste. […] À ce joli moment de sa carrière, M. de Régnier était une des plus considérables personnes du groupe symboliste — dont ce n’est pas ici le lieu de faire l’histoire. […] Il y eut des époques où l’on ne pouvait impunément conter sans fin des histoires parfaitement immorales. […] Toutes les histoires qu’il conta s’encadrèrent poétiquement dans des décors aérés. […] Histoire contemporaine d’un mot.

2607. (1899) Arabesques pp. 1-223

Voilà l’histoire de mes crimes, de mes « palinodies brusques » et de « mes culbutes à l’aveuglette ». […] Mallarmé d’être ce que je suis. » On s’en aperçoit, et là n’est pas le plus beau de son histoire. — Ces théories de M.  […] C’est là l’histoire des partis politiques. […] « Banalités, dit-on, vieilles histoires auxquelles personne ne pense plus. » C’est bien là le malheur. […] Histoire de la Révolution.

2608. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Autre histoire. […] Peut-être l’histoire du baiser de Rachel, donné à Saint-Victor, par-dessus un paravent, pendant qu’elle s’habillait dans sa loge. […] » Tel est le sérieux de l’homme — et le jour où Paris subissait une capitulation comme il n’en existe pas dans l’histoire de l’Europe. […] » — « Mais non, mais non… vous êtes jeunes, vous les Occidentaux… vous n’avez presque pas d’histoire… mais c’est toujours comme ça… et le siège et la Commune : c’est l’histoire normale de l’humanité. » Il me retient à dîner, et me lit, le soir, de sa Tentation de saint Antoine. […] Voici son histoire.

2609. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Le roman est un genre vague, mal aisément défini ; il touche à tout, il s’applique à l’histoire elle-même, il s’élève jusqu’à l’épopée ; il tombe aussi, il se rabaisse, et, à vouloir tout peindre, il s’égare.

2610. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Assez d’occasions s’offriront de ramener l’attention publique sur les titres d’une renommée qui est dès longtemps le patrimoine universel : aujourd’hui il convenait de remarquer avant tout cette partie supérieure et puissante du talent, par laquelle le poète léger, et si souvent brillant dans la gaieté et dans le badinage, a eu l’art et le bonheur de graver son nom sur l’un des marbres les plus indestructibles de l’histoire.

2611. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Vinet comprenait si bien Pascal, il ne sentait pas moins vivement les esprits d’une autre famille, et il y eut un jour où lui, l’un des pasteurs du christianisme réformé, il songea à écrire l’Histoire de saint François de Sales.

2612. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

L’histoire de la diplomatie du temps est la sienne.

2613. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Les Mémoires écrits de cette sorte pourraient atteindre à la dignité ou tout au moins à l’intérêt de l’histoire.

2614. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Bonaparte et les Grecs, ce sont là sans doute deux grands événements européens, qui figurent en commun au premier rang dans l’histoire de ces vingt-cinq dernières années.

2615. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

A peine l’histoire se  lève qu’elle a déjà atteint l’éclat du midi et qu’elle s’y a couche ; les yeux vous font mal et on se meurt de chaleur. » Il marque un étonnement ingénu qui fait sourire, quand, à propos des charmantes lettres retrouvées de Diderot à mademoiselle Yoland, il s’écrie : « Croiriez-vous que moi, homme de quarante ans, qui en ai vu de toutes les couleurs, elles « m’ont fait rougir plus de vingt fois ?

2616. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

On a beau s’autoriser de ces anciens exemples si célèbres dans l’histoire de la comédie de caractère, le Méchant, le Métromane, le Glorieux ; il y a toujours eu quelque à-propos de circonstance et de société, plus ou moins fugitif, dans ces grands succès d’autrefois qui nous paraissent de loin avoir porté sur des caractères un peu abstraits.

2617. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 4. Physionomie générale du moyen âge. »

Elles rendent impossible la saine conception de l’histoire : et il est notable que dans l’âge moderne l’esprit français, substituant une conception philosophique à la conception théologique de l’univers, n’arrivera pas encore sans grande peine à l’intelligence historique, comme si sa nature répugnait secrètement à la considération du contingent, du relatif, de ce qui passe dans les choses qui passent.

2618. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jammes, Francis (1868-1938) »

. — Clara d’Ellébeuse, ou l’histoire d’une ancienne jeune fille (1899). — La Jeune Fille nue (1899). — Le Poète et l’Oiseau (1899).

2619. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Edmond de Goncourt n’avait pas de précautions à prendre pour s’assurer une place honorable dans l’histoire des lettres.

2620. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Alternatives curieuses, qui non seulement démontrent la permanence des effets produits par l’œuvre de Corneille sur les Français, mais qui permettent d’en noter avec une précision presque mathématique et la nature et la puissance dans les différentes époques de notre histoire !

2621. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Nous nous bornerons à donner quelques détails sur sa Vie, plus singuliere, sans contredit, qu’aucune de celles dont l’Histoire ait fait mention.

2622. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

L’auteur considéra que les deux seuls de ces chapitres qui eussent quelque importance par leur étendue, étaient des chapitres d’art et d’histoire qui n’entamaient en rien le fond du drame et du roman, que le public ne s’apercevrait pas de leur disparition, et qu’il serait seul, lui auteur, dans le secret de cette lacune.

2623. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Girac, écrivain de la moyenne classe, versé dans les langues, dans l’histoire & dans la connoissance de l’antiquité, eut le jugement assez droit pour sentir qu’on prenoit le change, qu’on s’égaroit sur le goût.

2624. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Son histoire est intéressante, mais le seul nom d’Ugolin rappelle un morceau fort supérieur.

2625. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Deshays  » pp. 134-138

notre ami Le Romain ne peut pas souffrir les anges à cause de leurs ailes ; moi je suis choqué des mains jointes dans les sujets tirés de l’histoire ancienne sacrée ou profane.

2626. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Il y a, notamment, une histoire de Taine, qui met en nage notre farouche contradicteur.

2627. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

L’Auteur des Œuvres et des Hommes, ne faisant pas une histoire littéraire, mais un résumé critique des travaux contemporains, ne s’est point astreint à l’ordre chronologique.

2628. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Messieurs, Pour arriver à tracer l’histoire physiologique du diabète, il faut continuer l’histoire de la formation du sucre dans l’économie animale. […] Nous reprenons maintenant l’histoire du sucre au point où nous l’avons laissée ; et nous allons vous parler de ses usages dans l’économie animale. […] Une telle histoire est toujours instructive, surtout au point de vue des méthodes d’investigation. […] Nous reprendrons dans la prochaine leçon l’histoire de la fonction glycogénique du foie. […] Ceci ne rentrait pas directement dans l’histoire du foie, puisque les faits que nous vous annoncions se passaient en partie avant que cet organe opérât ses fonctions.

2629. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Mais ceci même échappe aux complaisances de situation comme aux démentis intéressés : l’histoire interrogée sans passion et sans réticences, et de plus près qu’elle ne l’a encore été jusqu’ici, l’histoire seule répondra. […] Ce Talleyrand a eu bien de la peine à passer au gosier de certaines gens du monde ; il y a eu des arêtes : nous sommes un peuple si réellement léger, si engoué de ses hommes, si à la merci des jugements de société, que l’histoire, pour commencer à se constituer, a souvent besoin de nous arriver par l’étranger… » Et dans une note détachée et inédite, que je retrouve dans le dossier, il disait : « J’ai écrit de bien longs articles, et pourtant ils sont des plus abrégés et des plus incomplets, je le sens, sur un tel sujet.

2630. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

131 » On dirait que le don est modeste et que le mari est raisonnable  Pour bien comprendre l’histoire de nos rois, posons toujours en principe que la France est leur terre, une ferme transmise de père en fils, d’abord petite, puis arrondie peu à peu, à la fin prodigieusement élargie, parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de ses voisins ; au bout de huit cents ans, elle comprend 27 000 lieues carrées. […] — Prudhomme, Résumé général des cahiers des États généraux. 1789 (Cahiers du clergé). — Histoire des églises du désert, par Charles Coquerel, I, 151 et suivantes. […] Éphémérides du citoyen, II, 200, 203. — Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Curé de campagne . — L’abbé Guettée, Histoire de l’Église de France, XII, 130.

2631. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Aussi l’histoire de la Musique nous montre la formation continuelle de nouveaux langages musicaux : à chaque peuple, les mêmes émotions suggérées par des rythmes et des sons différents. […] L’histoire de la musique au Moyen Age est dans la marche parallèle de ces deux langages distincts. […] L’histoire de la musique est marquée par deux figures qui annoncent Wagner : Bach et Beethoven.

2632. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Michelet en serait le précurseur comme Montaigne fut le héraut de la belle période psychologique, et demain nous donnera peut-être le Descartes de l’histoire. […] Ces quatre-vingt-dix vers enferment en leur mélodie toute son âme et toute son histoire : ils laissent entendre ses aspirations premières et disent ses acceptations secondes. […] Amusante comme sa vie extérieure, l’histoire de son esprit, des amis qui l’entouraient, du milieu singulier qui transforma parfois son originalité native en monstruosité.

2633. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Corneille lui-même ne s’est pas trop élevé au-dessus de ces usages dans l’exposition de Rodogune, où, par un acteur désintéressé, il fait faire à un autre qui ne l’est pas moins, toute l’histoire nécessaire à l’intelligence de la tragédie ; et l’histoire est si longue qu’il a fallu la couper en deux scènes, ou l’interrompre, pour laisser parler les deux princes qui arrivent : et on la reprend dès qu’ils sont sortis. […] Quant aux prologues, ils sont récités ordinairement par des personnages seuls, mais non pas en forme de monologues : c’est une scène hors d’œuvre, qui, à la vérité, fait bien partie du poème ancien, mais non pas de l’action théâtrale ; c’est un discours qui s’adresse aux spectateurs et en leur faveur, pour les instruire du fond de l’histoire, en attendant l’entrée du chœur, où commence précisément l’action, selon Aristote.

2634. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Pour l’histoire, ils veulent qu’on l’étudie à rebours, à commencer de nos temps pour remonter avant le déluge. […] Je suis las des histoires où il n’est question que des aventures d’un roi, comme s’il existait seul, ou que rien n’existât que par rapport à lui ; en un mot, c’est encore plus d’un grand siècle que d’un grand roi que j’écris l’histoire.

2635. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

D’une part, on risque de prendre le déroulement de toute l’histoire passée, présente et future de l’univers pour une simple course de notre conscience le long de cette histoire donnée tout d’un coup dans l’éternité : les événements ne défileraient plus devant nous, c’est nous qui passerions devant leur alignement. […] Mais ce qui est prédéterminé est virtuellement du déjà fait et ne dure que par sa solidarité avec ce qui se fait, avec ce qui est durée réelle et succession : il faut tenir compte de cet entrelacement, et l’on voit alors que l’histoire passée, présente et future de l’univers ne saurait être donnée globalement le long d’un film 45.

2636. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il se promenait dans la nature et dans l’histoire, sans parti pris, sans passion âpre, occupé à sentir, à goûter, à cueillir partout, dans les jardinières des salons comme sur la haie des cottages, les fleurs rares ou champêtres dont le parfum ou l’éclat pouvait le charmer ou l’amuser. […] On sourit d’entendre les gros mots savants échappés de ces lèvres roses. « Les voilà le long des bancs comme des colombes au matin sur le chaume du toit, quand le soleil tombe sur leurs blanches poitrines » ; elles écoutent des tirades d’histoire et des promesses de rénovation sociale, en robes de soie lilas, avec des ceintures d’or, « splendides comme des papillons qui viennent d’éclore » ; parmi elles une enfant, Mélissa, « une blonde rose, pareille à un narcisse d’avril, les lèvres entr’ouvertes, —  et toutes ses pensées visibles au fond de ses beaux yeux, —  comme les agates du sable qui semblent ondoyer et flotter au matin, —  dans les courants de cristal de la mer transparente1528. » — Et croyez que l’endroit aide à la magie. […] Il a glissé au plus haut des sentiments nobles et tendres ; il a recueilli dans toute la nature et dans toute l’histoire ce qu’il avait de plus élevé et de plus aimable. […] ce sont elles qui en cet instant ont ramassé dans ce cœur meurtri toutes les magnificences de la nature et de l’histoire pour les faire jaillir en gerbe étincelante et reluire sous le plus ardent soleil de poésie qui fut jamais !

2637. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

II En ce temps-là vivaient, tantôt à Florence, tantôt à Rome, tantôt en Suisse, au bord du lac de Constance, des familles exilées, dont les prodigieuses vicissitudes d’élévation et de chute seront l’étonnement de l’histoire. […] L’histoire célèbre d’Héloïse et d’Abeilard, mille autres histoires domestiques aussi fatales attestent le danger de ces rapprochements trop habituels entre une élève innocente et un maître imprévoyant ; le péril pour tous les deux naît précisément de l’ignorance du péril. […] L’histoire doit conserver les noms de ces rares patrons du génie de Robert : M. 

2638. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Mais Rousseau a hardiment, fermement appliqué le principe évolutionniste à l’histoire des sociétés. […] Il a hardiment fait sortir l’humanité de l’animalité par une lente évolution : c’est lui, non pas Darwin, qu’on peut accuser d’avoir fait descendre l’homme du singe ; et, quand on saisit sa vraie pensée, on s’aperçoit qu’il n’exclut pas du tout de notre histoire « l’homme loup pour l’homme », la brute féroce et avide de Hobbes ; mais il n’y voit pas l’homme primitif : c’est l’homme déjà homme, apte et condamné à la société. […] A cette crise tient toute la vérité du caractère de Julie, si solide sous la phraséologie du temps : ses luttes, son progrès, ses rechutes, sa quiétude endolorie, font une admirable histoire d’âme. […] Mais cette tyrannie de la sensation personnelle fait une nature de poète ; et les Confessions où Rousseau a prétendu faire l’histoire de sa vie sont un pur poème, par la perpétuelle transfiguration du réel.

2639. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Comparez donc le grand bourgeois de l’Histoire de ma vie de Mme Sand, M. de Beaumont, au Gilles Lenormand des Misérables d’Hugo. […] On ne devinerait pas que le mot de la fin vient d’une horrible histoire, qui nous était restée dans l’oreille de l’esprit, d’un refrain ordurier d’une petite rouleuse, qui rentrant au matin, après avoir fait la retape toute la nuit, criait, à travers la porte, à sa mère qui ne lui ouvrait pas : « M’man, m’man, ouvre-moi !  […] Comment ne s’est-il pas formé, à aucune époque de l’histoire, à aucune place de la terre, une secte de sages pour laisser mourir la vie devant la férocité de ses maux ? […] Nous en voyons le manuscrit, sur sa table, dans un carton fabriqué spécialement ad hoc, et portant ce titre auquel il s’entête : L’Éducation sentimentale, et en sous-titre : Histoire d’un jeune homme.

2640. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Un matin, le directeur arrive chez Giraud, tout bouleversé : « Vous vous rappelez mon histoire de la sœur de Balzac, hein ? […] Il ne naît pas, tous les jours, pour écrire l’histoire d’une école de peinture, deux hommes ayant fait de sérieuses études de peinture, deux hommes qui, indépendamment de cette compétence, se trouvent être à la fois des érudits et des stylistes. […] Ces jours-là, j’aime à lire de l’histoire, surtout de la vieille histoire : il me semble que je ne la lis pas, mais bien plutôt que je la rêve.

2641. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Mais nos conjectures personnelles sur l’œuvre de Job ne sont pas, comme on pourrait le croire, de fantastiques excursions de l’imagination ; elles sont motivées et autorisées pour nous par une étude de trente ans des traditions, des histoires des monuments, des philosophies et des poésies de l’Orient primitif. […] Ils ferment les yeux aux monuments sublimes ou divins de l’histoire de la sagesse, des théogonies, des poésies primitives ; ils tiennent tout cela pour non avenu. […] On ne sait ni précisément en quel lieu, ni surtout en quel temps ce poème ou cette histoire a jailli d’une fibre d’homme. […] Quand on ne peut pas combattre corps à corps un destin plus fort que nous et qui nous raille d’un bout à l’autre de l’histoire, il y a encore un moyen de se venger de lui : c’est d’en rire ; c’est de se faire soi-même le bouffon de cette destinée, de se moquer des hommes et de soi, de prendre sa part de cette risée universelle qui éclate depuis le commencement du monde jusqu’à nous, derrière le rideau de la scène humaine, et de dire, comme Salomon (ce faux sage) le disait déjà de son temps : « Aimons, rions, buvons, amusons-nous ; tout le reste est vanité ! 

2642. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Ainsi cette sensation de lumière rouge éprouvée par nous pendant une seconde correspond, en soi, à une succession de phénomènes qui, déroulés dans notre durée avec la plus grande économie de temps possible, occuperait plus de 250 siècles de notre histoire. […] Et l’histoire tout entière ne tiendrait-elle pas en un temps très court pour une conscience plus tendue que la nôtre, qui assisterait au développement de l’humanité en le contractant, pour ainsi dire, dans les grandes phases de son évolution ? Percevoir consiste donc, en somme, à condenser des périodes énormes d’une existence infiniment diluée en quelques moments plus différenciés d’une vie plus intense, et à résumer ainsi une très longue histoire. […] La matière se résout ainsi en ébranlements sans nombre, tous liés dans une continuité ininterrompue, tous solidaires entre eux, et qui courent en tous sens comme autant de frissons. — Reliez les uns aux autres, en un mot, les objets discontinus de votre expérience journalière ; résolvez ensuite la continuité immobile de leurs qualités en ébranlements sur place ; attachez-vous à ces mouvements en vous dégageant de l’espace divisible qui les sous-tend pour n’en plus considérer que la mobilité, cet acte indivisé que votre conscience saisit dans les mouvements que vous exécutez vous-même : vous obtiendrez de la matière une vision fatigante peut-être pour votre imagination, mais pure, et débarrassée de ce que les exigences de la vie vous y font ajouter dans la perception extérieure. — Rétablissez maintenant ma conscience, et, avec elle, les exigences de la vie : de très loin en très loin, et en franchissant chaque fois d’énormes périodes de l’histoire intérieure des choses, des vues quasi instantanées vont être prises, vues cette fois pittoresques, dont les couleurs plus tranchées condensent une infinité de répétitions et de changements élémentaires.

2643. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Mais ce qui n’était d’abord qu’une simple plaisanterie, qu’une conjecture maligne, va devenir bientôt une affaire sérieuse, un décri formel et public, le sujet de tous les entretiens : C’est un scandale qui vous survivra, s’écrie Massillon ; les histoires scandaleuses des cours ne meurent jamais avec leurs héros : des écrivains lascifs ont fait passer jusqu’à nous les satires, les dérèglements des cours qui nous ont précédés ; et il se trouvera parmi nous des auteurs licencieux qui instruiront les âges à venir des bruits publics, des événements scandaleux et des vices de la nôtre. […] Aubenas a dit un mot à ce sujet, page 505 de l’Histoire de Mme de Sévigné et de sa famille (1842).

2644. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

On y trouve toutes sortes de pièces très mélangées, des histoires d’amour, des lettres de famille, des discussions de procès, des relations de guerre et de campagnes, des maximes, des portraits : l’auteur y entre pour très peu ; c’est l’homme de société, le vieillard oisif et amusé, qui vide pêle-mêle ses portefeuilles. […] Le vrai et le meilleur témoin est Lassay, qui a raconté en détail, et avec une admiration tendre, l’histoire de celle qu’il regretta toute sa vie.

2645. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Bourgogne tient naturellement une grande place, la plus grande, dans cette correspondance de Fénelon, en ces années, et c’est le côté aussi qui nous intéresse le plus ; c’est comme un jour à demi poétique et romanesque qui nous est ouvert sur l’histoire. […] C’est ce qui a lieu pour le duc de Bourgogne, et l’on ne saurait, en traversant les dernières années de Louis XIV, rencontrer cette figure originale, singulière et assez difficile de l’élève de Fénelon, sans se demander : « Que serait-il arrivé de tout différent dans l’histoire, et quel tour auraient pris les choses de la France s’il avait vécu ? 

2646. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Satisfait d’avoir fait preuve de savoir et d’esprit dans ce tournoi tout littéraire, et d’avoir obtenu un grand succès auprès des mondains, Bailly paraît avoir tenu médiocrement, dans la suite, à son opinion scientifique ; et lorsqu’il publia en 1787 le Traité de l’astronomie indienne et orientale, comme supplément à sa précédente Histoire, il se trouva que son peuple primitif y figurait très peu, et qu’il ne se distinguait plus guère des Indiens, des ancêtres et auteurs de ceux d’aujourd’hui. […] cette alliance qu’avaient scellée l’Histoire de l’astronomie ancienne, l’adoption du feu central, la communauté d’hypothèse d’un peuple primitif antédiluvien et l’âge d’or des Atlantes, cette alliance solennelle contractée devant de si grands dieux et pour de si graves sujets, se rompit par le trop d’attache de Bailly pour Sedaine, et qu’on dise après cela qu’il n’était pas littérateur jusqu’au point de tenir envers et contre tous pour la littérature même légère !

2647. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le roi les trouva tous trois à son gré, et choisit celui d’Armide. » Racine et Despréaux écrivent l’histoire du roi ; le monarque s’y intéresse ; dans les loisirs auxquels l’oblige sa convalescence après l’opération qu’il eut à subir, il s’en fait lire des passages : « Mercredi 20 mars 1686, à Versailles. — Le roi se porte toujours de mieux en mieux ; il s’est fait lire, dans ses dernières après-dînées l’histoire que font Racine et Despréaux, et en paraît fort content. — Monseigneur a couru le loup, etc. » Le 22 avril 1688, le roi témoigne sa satisfaction aux deux historiens par une gratification de 1000 pistoles à chacun.

2648. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Il réussit à tous les exercices qui faisaient partie de l’éducation d’un gentilhomme et d’un homme de guerre, et s’appliqua aussi aux choses de l’esprit, notamment à l’histoire, à la géographie, aux mathématiques, qu’il disait être la véritable science d’un prince. […] Ses mémoires, qui comprennent, à son point de vue, toute l’histoire de France depuis la mort de Henri IV jusqu’à la fin de la troisième guerre contre les réformés où succomba La Rochelle (1610-1629), se ressentent de la complication des événements et des embarras de l’auteur.

2649. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Le père Griffet, auteur d’une si estimable histoire de Louis XIII, où l’on trouve tant de choses singulières et curieuses que de plus bruyants et de plus habiles se sont mis à découvrir depuis, le père Griffet a très bien jugé de ce point comme de beaucoup d’autres. […] Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.

2650. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quand il apprit cette mort trop prévue, il entra dans un deuil sombre : « Jamais je ne vis tant d’affliction, dit son lecteur M. de Catt dans des mémoires encore inédits ; volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres ; Fléchier, Mascaron ; un volume d’Young, qu’il me demanda. » Il a consacré à sa mémoire une noble page dans son Histoire de la guerre de Sept Ans. […] Contentons-nous de reconnaître et de saluer dans la margrave une des femmes originales du xviiie  siècle, un esprit piquant, une rare fierté d’âme, un caractère et un profil qui a sa place, marquée non seulement dans l’anecdote, mais dans l’histoire de son temps, et qui, à meilleur droit encore que le prince Henri et à un degré plus rapproché, se distinguera toujours au fond du tableau à côté du roi son frère.

2651. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

C’est donc une figure désormais connue et placée dans tout son jour, c’est un coin d’histoire réglé et établi. […] Il n’est pas un point de l’histoire de Mme des Ursins, et pouvant de près ou de loin s’y rapporter, qui n’ait été l’objet, de sa part, d’un examen approfondi, et qui ne lui ait fourni la matière d’un chapitre ou plutôt d’une sorte de mémoire raisonné et de dissertation.

2652. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

J’ai indiqué le côté historique de ce petit volume, ce qui sert à expliquer le caractère d’un prince que l’histoire ne peut éviter. […] [NdA] Elle a été donnée par MM. de Goncourt dans la deuxième édition de leur Histoire de Marie-Antoinette, page 351 ; il faut la lire tout entière.

2653. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Il a écrit sur Baour-Lormian un agréable article (25 janvier 1855), mais qui n’est pas du tout exact et juste comme chapitre d’histoire littéraire. […] Il eut un adversaire que ses amis et lui ne nommaient alors qu’avec des signes d’horreur profonde et dont il faut bien pourtant reconnaître la valeur, maintenant que L’Univers n’existe plus, et que tout cela est presque devenu de l’histoire littéraire ; je veux parler de M. 

2654. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

» En deux mots voici l’histoire : le fils de Ménédème a fait comme bien des fils : il est devenu amoureux, et d’une jeune fille qui n’avait rien. […] C’est toute une histoire, presque une affaire de famille, à l’entendre, qui l’a obligée à recevoir ce capitaine dont il est jaloux ; elle en dit tant, elle fait si bien qu’il en passe par où elle veut et consent à quitter la place pour deux jours encore, deux jours seulement, pendant lesquels, pour tuer le temps, il se propose d’aller à la campagne ; il annonce qu’il part à l’instant ; et quand elle a tout obtenu de lui, elle lui dit : « Adieu, cher Phédria, ne veux-tu rien davantage ? 

2655. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Il y a, à ce sujet, toute une histoire ou historiette assez amusante et qu’on sait en détail. […] Lui-même il a fait son histoire, il nous a livré sa confession de poète dans une pièce de 1830, datée du joli pays de Champrosay et intitulée la Muse du Réveil.

2656. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Gladstone (un autre homme d’État et ministre anglais des plus noblement scholars), sur l’Histoire de la Grèce de M.  […] Essais de Critique et d’Histoire, par M. 

2657. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

C’est l’histoire que j’oppose à M. de Girardin, non la logique : c’est l’expérience du passé, non la chance de l’avenir. […] Dans l’Antiquité, les peuples, tels que la poésie ou l’histoire nous les montre, les peuples des différentes cités et des petits États, dans leurs mouvements impétueux et leurs révolutions, se décidaient d’eux-mêmes au gré de leurs passions, et, à défaut de presse, par la voix de leurs orateurs ; ou bien, quand l’oracle avait parlé, aveuglément superstitieux qu’ils étaient, ils lui obéissaient en aveugles.

2658. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

On a remarqué que les oraisons funèbres prononcées en France sur cette princesse, sans excepter celle de l’abbé de Boismont, ont été au-dessous du médiocre ; mais la grande et véritable oraison funèbre, la haute portraiture héroïque, c’est Frédéric qui l’a tracée, lorsque, dans son Histoire de la guerre de Sept Ans, il a représenté cette jeune souveraine, au lendemain de la perte de la Silésie, outrée et cherchant à se venger, s’appliquant à relever les forces et l’ascendant de son empire. […] Enfin, pour ne rien négliger de ce qui pouvait avoir rapport au militaire, l’impératrice fonda près de Vienne un collège où la jeune noblesse était instruite dans tous les arts qui ont rapport à la guerre ; elle attira d’habiles professeurs de géométrie, de fortification, de géographie et d’histoire, qui formèrent des sujets capables, ce qui devint une pépinière d’officiers pour son armée.

2659. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

L’histoire de M. de La Mennais est plus ou moins celle de chacun, de nos jours : ce qu’il résume avec fracas, et non sans grandeur, dans ses vicissitudes étonnantes, est assez bien le type auquel se rapportent nombre de destinées. […] On ne pourrait remplir son rôle utile en s’enfermant, non pas dans sa quiétude, mais dans son ministère de poëte et d’écrivain, en  gardant, pour toute tribune, sa chaire de philosophie, d’histoire ou même d’éloquence ?

2660. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ? […] L’éloge donné en passant à l’Histoire du Consulat de M. 

2661. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Si l’on appelle politesse les formes de galanterie du siècle de Louis XIV, certes, les premiers hommes de l’antiquité n’en avaient pas la moindre idée, et ils n’en sont pas moins les modèles les plus imposants que l’histoire et l’imagination même puissent offrir à l’admiration des siècles. […] Comment l’homme peut-il se faire mieux connaître à l’homme que par cette dignité de manières, cette simplicité d’expressions, qui, transportées sur le théâtre ou racontées dans l’histoire, inspirent presque autant d’enthousiasme que les grandes actions ?

2662. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Car cette influence est tellement inséparable de l’influence générale de l’esprit français à l’étranger au xviiie  siècle, que même elle s’y confond et qu’on ne peut la raconter sans faire l’histoire de celle-ci dont elle est un chapitre. […] Car les romantiques lui faisaient la guerre, et cette agitation une fois apaisée, on ne revient pas à lui : il était décidément dépassé, relégué dans l’histoire, comme une pièce curieuse d’archéologie, qui n’a plus d’utilité actuelle.

2663. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre XI. La Science et la Réalité. »

On ne peut pour affirmer qu’il en sera ainsi invoquer aucune raison à priori ; mais c’est une question de fait, et la science a déjà assez vécu pour qu’en interrogeant son histoire, on puisse savoir si les édifices qu’elle élève résistent à l’épreuve du temps ou s’ils ne sont que des constructions éphémères. […] Et cependant — étrange contradiction pour ceux qui croient au temps — l’histoire géologique nous montre que la vie n’est qu’un court épisode entre deux éternités de mort, et que, dans cet épisode même, la pensée consciente n’a duré et ne durera qu’un moment.

2664. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

. — Il suffit de rappeler l’espèce de géographie à la fois physique et morale dont Michelet a rempli le livre III de son Histoire de France ; c’est un effort hardi pour retrouver les liens qui rattachent à leur sol natal les grands hommes de chaque région. […] A chaque moment de l’histoire, on retrouve des apports littéraires qui sont dus à cette préoccupation des contrées voisines ou lointaines.

2665. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il n’avait pas lu ce qu’elle dit de Mithridate : « C’est une pièce charmante, on y est dans une continuelle admiration ; on la voit trente fois, et on la trouve plus belle la trentième que la première. » Il n’avait pas lu enfin ce qu’elle dit d’Esther, ni remarqué ce sentiment profond des beautés nouvelles que Racine avait puisées dans l’histoire sainte, ni le pressentiment qu’elle conçut d’une pièce du même genre encore plus parfaite, pressentiment qui fut réalisé par Athalie. […] Elle écrivit nettement à Bussy-Rabutin, à la nouvelle de la nomination des deux poètes, qu’ils n’étaient pas capables de bien faire l’histoire du roi, non faute de talent, mais parce qu’ils avaient l’habitude de louer et de flatter ce prince (lettre 617).

2666. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Je comprends qu’on ose beaucoup dans un livre : le roman même, qui tient de l’histoire et de la critique, a des libertés presque égales. […] Ce voyage à Rouen n’était que le dénouement d’une ancienne liaison, la vieille histoire des lettres à rendre et du dernier rendez-vous.

2667. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais. […] Pour juger en dernier résultat de la philosophie de Chaulieu, il convient de montrer La Fare, non le La Fare élégant et mince des petites éditions classiques, mais le La Fare complet, celui de l’histoire et de Saint-Simon.

2668. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

La Société des bibliophiles (je reviens à elle) a donc été instituée « pour entretenir et propager le goût des livres, pour publier ou reproduire les ouvrages inédits ou rares, surtout ceux qui peuvent intéresser l’histoire, la littérature ou la langue, et pour perpétuer dans ses publications les traditions de l’ancienne imprimerie française ». […] Mais à quoi bon refaire l’histoire et rétablir en idée ce qui aurait pu être ?

2669. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Par malheur, dans l’histoire, jamais les choses ne se sont conduites selon le vœu et le conseil de cette classe d’esprits : les nations, et surtout la nôtre, ne marchent qu’en brisant et rompant de temps en temps avec leur passé. […] Portalis, rendant hommage dès le début à cette unité de l’empire et à cette patrie française commune, à laquelle il n’avait pas cru d’abord et qui venait de sortir, comme par miracle, du broiement de toutes les parties et de la confusion même, dénonçait à la Convention délivrée et humanisée l’incroyable proscription en masse de plus de dix-huit cents électeurs de la ville d’Arles, la prise d’assaut et de possession de cette innocente cité par les féroces Marseillais, la démolition des antiques murailles bâties sous Clovis, le pillage des rives du Rhône comme au temps des pirates sarrasins, l’impôt forcé de quatorze cent mille livres levé par les brigands et la lie de la populace sur tous les citoyens aisés, enfin des horreurs telles qu’au lendemain toute la politique se réduisait à dire avec lui : « On ne doit plus distinguer que deux classes d’hommes dans la République, les bons et les mauvais citoyens. » Cette histoire de l’oppression et de la dévastation de la commune d’Arles est un des épisodes les plus singuliers et les plus significatifs de la Terreur.

2670. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

C’est ainsi qu’il disait : « Interrogeons l’histoire, elle est la physique expérimentale de la législation. » Et dans un autre discours ou exposé de motifs, parlant de Montesquieu : « Il nous apprit, dit-il, à ne jamais séparer les détails de l’ensemble, à étudier les lois dans l’histoire, qui est comme la physique expérimentale de la science législative. » Et ailleurs encore, pour exprimer qu’il faut étudier les opérations de l’esprit dans les langues : « La parole est la physique expérimentale de l’esprit. » Je ne fais qu’indiquer ce procédé très sensible chez lui, et qui nous frapperait moins peut-être, si, comme les critiques anciens, nous avions pénétré davantage dans le secret des orateurs.

2671. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

[NdA] « Je me souviens, dit Montesquieu en ses Pensées, que j’eus autrefois la curiosité de compter combien de fois j’entendrais faire une petite histoire qui ne méritait certainement pas d’être dite ni retenue : pendant trois semaines qu’elle occupa le monde poli, je l’entendis faire deux cent vingt-cinq fois, dont je fus très content. » 59. […] -Victor Leclerc a montré que le fond de l’histoire des Deux Gendres se trouvait dans un très ancien fabliau, et remontait au moins au xiiie  siècle.

2672. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Beffara, cet honorable commissaire de police, qui, dans sa retraite, et par un reste d’habitude investigatrice utilement appliquée à l’histoire littéraire, se mit à la piste des naissances illustres, a fixé avec beaucoup de probabilité la naissance de Regnard au 7 février 1655. […] Ici, à moins d’être averti qu’il s’agit d’une histoire vraie, on croirait être en pure fiction, comme du temps de Théagène et Chariclée ; c’est la vie qui imite le roman à s’y méprendre.

2673. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Il y a deux manières d’observer en politique, — l’observation directe des choses présentes et l’étude du passé, c’est-à-dire l’histoire. […] C’était le temps de la philosophie de l’histoire, de la palingénésie sociale ; on expliquait les lois de l’humanité par les rapports du fini et de l’infini ; on traduisait Vico et Herder ; on se demandait si le monde marchait en ligne droite, en ligne courbe ou en spirale.

2674. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Celle d’il y a vingt ans est ancienne, celle d’il y a deux ans date, elle est surannée ; celle d’il y a vingt ans est entrée dans l’histoire ; celle d’il y a deux ans n’est pas entrée dans l’histoire et est sortie de l’usage et son ridicule est de se donner ou d’avoir l’air de se donner comme étant encore dans l’usage alors qu’elle en est sortie.

2675. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Chez nous, par exemple, pour la certitude du calcul, il faut considérer les opinions où elles sont actuellement, et les mœurs où elles étaient avant la Régence ; car ce n’est qu’à cette époque que l’on peut juger de nos véritables mœurs nationales ; à présent elles sont trop voilées par nos opinions : les mœurs de la Régence et celles qui ont suivi sont une exception dans l’histoire de notre caractère, une sorte d’interrègne et de confusion. […] Ancillon a remarqué fort bien que l’histoire est le tableau de la lutte perpétuelle qui existe entre la nécessité et la liberté.

2676. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Bien plus, apercevant les choses par des vues générales, il découvre en l’homme cent mille misères que le vulgaire n’aperçoit pas : l’immensité de notre ignorance, l’incertitude de notre science, la brièveté de notre vie, la lenteur de notre progrès, l’impuissance de notre force, le ridicule de nos passions, l’hypocrisie de notre vertu, les injustices de notre société, les douleurs sans nombre de notre histoire. […] On y lit l’histoire d’une circonstance mal déterminée, désignée par une métaphore poétique, et nommée empire de soi, possession de soi, et on n’y lit rien autre chose.

2677. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Tel Dumouriez se dessine à nos yeux dans l’histoire, tel il ne se reproduit point dans l’ouvrage de M. 

2678. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

L’histoire ne contredit en rien cette idée classique et populaire qu’on se fait du chantre de Téos.

2679. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VIII. De la clarté et des termes techniques »

Brunetière, Histoire et littérature, II, 315.

2680. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

. — Mais l’Orléanais, c’est la France la plus ancienne, vera et mera Gallia ; son histoire ne fait qu’une avec celle de la royauté, et le sort de votre ville a été, à maintes reprises, celui de la France même.

2681. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

. — Histoires insolites (1888). — Nouveaux contes cruels (1888). — Le Secret de l’échafaud (1888). — Axël (1890)

2682. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Le plus grand service qu’il ait rendu à la littérature, est d’avoir imaginé le premier une chronologie complette & méthodique, & d’avoir cherché des principes sûrs pour ranger l’histoire en un ordre exact & fondé sur des règles.

2683. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Wallace, qui étudie actuellement l’histoire naturelle de l’archipel malais, est arrivé presque exactement aux mêmes conclusions que moi sur l’origine des espèces.

2684. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Je ne crois pas qu’il y ait dans l’histoire littéraire un exemple de disciples différant de leur maître aussi fort que diffère de M. 

2685. (1911) Études pp. 9-261

La voix monotone pleure sa peine ; elle dit l’histoire, anxieuse et nue. […] Elle joue ; elle invente de courtes histoires précipitées. […] L’histoire imite par ses multiples débuts, les reprises, les raffinements de la curiosité. […] Il raconte l’histoire d’une âme détachée. […] La Porte Étroite est l’histoire de deux âmes timides qui font leur bonheur de leur impuissance même à atteindre le bonheur.

2686. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Coup d’œil sur l’histoire des systèmes. […] Imaginons, comme nous le disions dans les premières pages de ce livre, que la trajectoire du mobile T soit donnée tout d’un coup, et que toute l’histoire passée, présente et future de l’univers matériel soit étalée instantanément dans l’espace. Les mêmes correspondances mathématiques subsisteront entre les moments de l’histoire du monde dépliée en éventail, pour ainsi dire, et les divisions T1, T2, T3, … de la ligne qui s’appellera, par définition, « le cours du temps ». […] C’est pourquoi l’idée de lire dans un état présent de l’univers matériel l’avenir des formes vivantes, et de déplier tout d’un coup leur histoire future, doit renfermer une véritable absurdité. […] La partie de ce chapitre qui traite de l’histoire des systèmes, et en particulier de la philosophie grecque, n’est que le résumé très succinct de vues que nous avons développées longuement, de 1900 à 1904, dans nos leçons du Collège de France, notamment dans un cours sur l’Histoire de l’idée de temps (1902-1903).

2687. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Cousin met en note et en les présentant en regard le projet d’article et l’article imprimé, « afin, dit-il, qu’on en saisisse mieux les différences. » Je le demande à tout littérateur de bonne foi ou, pour mieux dire, à tout homme honnête, est-ce que lorsqu’on s’empare ainsi d’une remarque, peu importante sans doute, mais qui a son prix et son piquant dans l’histoire littéraire, il est permis de le faire sans indiquer et mentionner celui qui vous a précédé et à qui on la doit ?

2688. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Son second ministère, le ministère dit du 15 avril, se dessine à présent et restera dans l’histoire comme le moment le plus serein et le plus calme des dix-huit années ; et lorsqu’on vient à se rappeler à combien d’attaques, à combien de violences cet honorable ministère fut en butte de divers côtés, combien on l’accusait tout haut d’être un ministère d’abaissement, on rougit aujourd’hui, on devrait rougir, et sentir une bonne fois ce que valent ces coalitions où les meilleures intentions se faussent, où les meilleurs esprits s’aveuglent.

2689. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Un travail complet sur Voltaire serait au reste l’histoire du xviiiie  siècle lui-même.

2690. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Jay a composé autrefois une Histoire du cardinal de Richelieu, en deux volumes, assez exacte quant aux faits, nette, mais peu approfondie, sans vues, sans énergie, sans couleur.

2691. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Qu’il y ait eu de l’arrangement et de la symétrie jusque dans le désordonné des peintures ; que les paysages soient tout composites, et ne se retrouvent nulle part, avec tout cet assemblage imaginatif, dans la nature même et dans la réalité ; qu’à côté de ces impossibilités d’histoire naturelle, il y ait des anachronismes non moins visibles dans les sentiments ; qu’il y ait des effets forcés et voulus ; que, sous prétexte d’innovation, l’auteur moderne ait sans cesse des réminiscences de l’Antiquité ; qu’il parodie souvent Homère et Théocrite en les déguisant à la sauvage, tout cela est vrai ; et il est vrai encore que les caractères de ses deux personnages principaux ne sont pas consistants et qu’ils assemblent des qualités contraires, inconciliables, tenant à des âges de civilisation très différents.

2692. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

C’est toutefois en m’en tenant aux vivants que je voudrais, après votre éminent professeur d’histoire, vous prêcher le sentiment, l’acceptation et, s’il se pouvait, l’amour de la solidarité humaine.

2693. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

La Farce qu’il nous raconte n’aurait, comme une infinité d’autres, laissé aucune trace sans doute dans l’histoire de notre théâtre, si elle n’avait touché à la politique.

2694. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Cros, assure à ces réunions une place dans l’histoire, c’est qu’elles furent le berceau d’une évolution lyrique.

2695. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

C’est en traitant de l’histoire des apôtres que nous aurons à examiner ce point et à rechercher l’origine des légendes relatives à la résurrection.

2696. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVI, les Érynnies. »

Plutarque raconte, à ce sujet, une étrange histoire. — Un soir, Dion, le libérateur de la Sicile, était assis, pensif, sous un portique assombri par le crépuscule ; un bruit le tira de sa rêverie.

2697. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Puis, les moins perspicaces avaient fini par s’apercevoir du ridicule de cette soi-disant « Histoire Naturelle et Sociale d’une famille sous le Second Empire », de la fragilité du fil héréditaire, de l’enfantillage du fameux arbre généalogique, de l’ignorance médicale et scientifique profonde du Maître.

2698. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Jamais en France, à aucune époque de notre histoire, ni l’Église, ni surtout les ordres monastiques n’ont eu cette dévotion irraisonnée à la force que l’on voit aux prêtres et aux moines allemands.‌

2699. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Pomponius dans son histoire abrégée du droit romain caractérise cette loi par un mot plein de sens, rebus ipsis dictantibus regna condita . — Voici la formule éternelle dans laquelle l’a conçue la nature : lorsque les citoyens des démocraties ne considèrent plus que leurs intérêts particuliers, et que, pour atteindre ce but, ils tournent les forces nationales à la ruine de leur patrie, alors il s’élève un seul homme, comme Auguste chez les Romains, qui se rendant maître par la force des armes, prend pour lui tous les soins publics, et ne laisse aux sujets que le soin de leurs affaires particulières.

2700. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Le plus grand capitaine du temps, le duc de Marlborough, est un des plus bas coquins de l’histoire, entretenu par ses maîtresses, économe administrateur de la paye qu’il reçoit d’elles, occupé à voler ses soldats, trafiquant des secrets d’État, traître envers Jacques, envers Guillaume, envers l’Angleterre, capable de risquer sa vie pour épargner une paire de bottes mouillées, et de faire tomber dans une embuscade française une expédition de soldats anglais. […] À Paris, disait lord Chesterfield à son fils, recherchez la conversation polie ; « elle tourne sur quelque sujet de goût, quelques points d’histoire, de critique et même de philosophie, qui conviennent mieux à des êtres raisonnables que les dissertations anglaises sur le temps et sur le whist815. » En effet, nous nous sommes civilisés par la conversation ; les Anglais, point. […] Nulle histoire n’éclaire plus à fond le caractère anglais. […] C’est l’exposé de toute une administration, c’est l’histoire entière de l’Inde anglaise, c’est la théorie complète des révolutions et de l’état politique qui arrive comme un vaste fleuve débordant pour choquer, de son effort incessant et de sa masse accumulée, quelque crime qu’on veut absoudre ou quelque injustice qu’on veut consacrer. […] « Les Anglais ont ordinairement vingt ans avant d’avoir parlé à quelque personne au-dessus de leur maître d’école et de leurs compagnons de collége ; s’il arrive qu’ils aient du savoir, tout se termine au grec et au latin, mais pas un seul mot de l’histoire ou des langues modernes.

2701. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Au reste, l’ordonnance suivante, rédigée par Montesquieu, est l’abrégé de son histoire, et la définition de la cour : « Le courage infatigable de quelques-uns de nos sujets à nous demander des pensions ayant exercé sans relâche notre magnificence royale, nous avons enfin cédé à la multitude des requêtes qu’il nous ont présentées et qui ont fait jusqu’ici la plus grande sollicitude du trône. […]     Son fils prétendait pour cela     Qu’on le dût mettre dans l’histoire. […] L’âne fait encore ici les frais de l’histoire. […] 97 La Fontaine sait tous les termes spéciaux, tout le détail le voit et le fait voir, nomme les frelons demandeurs, et les abeilles « leurs parties. » C’est par cette précision et cette minutie que des oeuvres d’imagination deviennent des documents d’histoire. « On traduit la cause » devant une certaine guêpe ; les témoins viennent, reviennent, sont entendus ; la cause est remise à huitaine, et jusqu’à plus ample informé. […] Ce ne sont pas les individus avec leurs particularités personnelles et singulières, Louis XIV, M. le duc, l’abbé de Polignac, M. d’Antin qui nous intéressent, mais les caractères principaux qui résument la société humaine et l’histoire du temps, le roi, le noble, le courtisan, le bourgeois, l’artisan, le peuple.

2702. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

I Les voyages sont, après l’histoire ou les mémoires, la plus intéressante partie de la littérature, parce qu’ils sont la littérature en entier. […] Ils participent de la science, de la curiosité, de l’histoire, des mémoires et enfin de l’intérêt qui s’attache à la vie privée du voyageur. […] L’Arioste seul pourrait décrire leur poétique histoire. […] Je les passe sous silence, parce que ce sont de trop horribles histoires ; je dirai seulement que le traître Cotzia fut tué aussi en trahison, et que peu après ses assassins le furent aussi à la bataille de Chicaris, qui est un gros village à la vue de Scander, forteresse d’Imirette, où l’armée de ce pays et celle du prince de Mingrélie se rencontrèrent ; et qu’il y a une Providence toute visible dans les histoires modernes de ces méchants peuples, en ce que Dieu y fait de rudes et brèves justices ; les assassins y sont presque toujours assassinés, et avec des circonstances qui font bien connaître que c’est Dieu qui s’en mêle, et qui emploie ainsi les uns pour punir les autres.

2703. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Gabriel Sarrazin, et en quelques passages on retrouve comme un écho de la pensée même du philosophe systématique de l’Histoire de la littérature anglaise. […] Et à quel moment de l’histoire la vie a-t-elle changé avec une rapidité aussi affolante qu’en celui-ci ? […] Songeons surtout qu’aucun poète peut-être jusqu’ici en France, pas même Victor Hugo qui n’a rien retenu du darwinisme ni de l’évolutionnisme, pas même Vigny qui ne fut qu’un pessimiste idéaliste, j’ajoute : pas même Leconte de Lisle qui n’a revécu la philosophie de l’histoire qu’en pur positiviste, n’ont ressenti avec une intensité définitive l’abîme qui sépare l’homme moderne de l’homme antique, et ne semblent avoir eu la sensation du mystère nouveau qu’est devenu l’homme pour l’homme lui-même. […] Pour le savoir, et puisque nous devons tenir compte des faits, il est indispensable de jeter un rapide coup d’œil sur l’histoire littéraire qui nous précède et sur les divers aspects de la tradition avec laquelle nous devons compter. […] Avec un instinct un peu confus, mais néanmoins fort juste des réalités, il eut dès le début la prétention de remonter aux sources mêmes de notre histoire.

2704. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

L’histoire de notre poésie était contenue dans une vingtaine de vers de Boileau. […] Ses exposés précis, lumineux, sont plus que des notices ; ce sont d’excellents chapitres d’une histoire littéraire qui est encore toute neuve. […] Toute cette histoire suprême de Bégon, partant de son château, sur la marche de Gascogne, où lui, homme du Nord, il s’ennuie, et s’arrachant de sa belle et riante famille pour s’en aller mourir dans une forêt, près de Valenciennes, au pied d’un tremble, de la main d’un misérable archer, est d’une haute fierté et d’un effet des plus dramatiques.

2705. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Un arbre aussi bien qu’un homme peut souffrir ; l’histoire des grands finit là, comme chez nous, par une grande ruine. […] S’il a écrit un chapitre d’histoire naturelle, c’est au moyen d’un traité de moeurs ; il ne pouvait en employer un autre, et l’on va voir qu’il n’y en a pas de meilleur. […] Par quel singulier hasard faut-il qu’ailleurs encore le naturaliste soit moins impartial que le poëte, et que la fable soit plus complète que l’histoire ?

2706. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Secondement, je suppose que le « symbolisme » ou le « décadisme » n’est pas un accident totalement négligeable dans l’histoire de la littérature. […] Je n’ai pu prendre mon parti de ces séries de vocables qui, étant enchaînés selon les lois d’une syntaxe, semblent avoir un sens, et qui n’en ont point, et qui vous retiennent malicieusement l’esprit tendu dans le vide, comme un rébus fallacieux ou comme une charade dont le mot n’existerait pas… En ta dentelle où n’est notoire Mon doux évanouissement, Taisons pour l’âtre sans histoire Tel vœu de lèvres résumant. […] Ses idées sur l’histoire sont d’une âme pieuse.

2707. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

L’intuition du devenir, dans l’histoire comme dans la nature, était dès lors l’essence de ma philosophie. […] Que deviennent les soixante-dix semaines d’années, bases des calculs de l’Histoire, universelle, si la partie du Livre d’Isaïe où Cyrus est nommé a été justement composée du temps de ce conquérant, et si pseudo-Daniel est contemporain d’Antiochus Épiphane ? […] N’y a-t-il pas des époques dans l’histoire de l’esprit humain où la contradiction est nécessaire ?

2708. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

On agile la question de savoir si l’histoire doit être préférée aux romans, ou les romans à l’histoire. […] L’histoire de l’esprit humain ne consiste pas uniquement dans celle des livres et dans celle des doctrines, comme le croient le vulgaire des faiseurs de livres et échafaudeurs de doctrines.

2709. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Ils semblent avoir plus besoin que les autres du cœur maternel ; les Benjamins sont une vieille histoire, ils sont aussi vrais dans la civilisation qu’au désert. […] Émile de Girardin ; elle me raconta son histoire ; elle me consulta sur de vagues idées de mariage. […] … Je donnerais ma vie et mes trente ans de gloire Pour arracher ce jour aux pages de l’histoire !

2710. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Cette opinion, qui n’est point une simple conjecture, mais une induction tirée du développement de l’histoire, est qu’à mesure que le nombre des lecteurs augmente, à mesure que le livre imprimé, en se répandant, convertit les auditeurs impressionnables, passionnables, en lecteurs méditatifs et réfléchis, la poésie doit concentrer son essence et restreindre son développement. […] Qu’ont fait depuis trente ans Lamartine, Hugo, de Vigny, Sainte-Beuve, Théophile Gautier, qu’écrire en des œuvres fragmentaires, limitées, l’histoire de l’âme humaine, qu’exprimer dans une forme de plus en plus serrée et de plus en plus parfaite, impressions, rêves, aspirations, regrets, depuis la passion la plus vive jusqu’à la rêverie la plus vague ? […] Faites-leur lire l’Histoire des Voyages ou les Lettres édifiantes ; abonnez-les aux bibliothèques paroissiales ; mais écartez d’elles tout livre qui a l’Art ou la passion pour but ; vers, romans, pièces de théâtre, le meilleur n’en vaut rien pour elles.

2711. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

(1) Pour expliquer convenablement la véritable nature et le caractère propre de la philosophie positive, il est indispensable de jeter d’abord un coup d’œil général sur la marche progressive de l’esprit humain, envisagée dans son ensemble : car une conception quelconque ne peut être bien connue que par son histoire. […] (2) En premier lieu, il suffit, ce me semble, d’énoncer une telle loi, pour que la justesse en soit immédiatement vérifiée par tous ceux qui ont quelque connaissance approfondie de l’histoire générale des sciences. […] Or, chacun de nous, en contemplant sa propre histoire, ne se souvient-il pas qu’il a été successivement, quant à ses notions les plus importantes, théologien dans son enfance, métaphysicien dans sa jeunesse, et physicien dans sa virilité ?

2712. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Résumons-nous : la physionomie littéraire de la France actuelle est caractérisée par trois grands traits : l’histoire, la philosophie, la haute poésie ; les premiers talents de prose et de vers de l’époque sont renfermés dans cette triple et large barrière ; et ces trois objets occupent presqu’exclusivement l’intérêt et la curiosité d’une jeunesse avide d’instruction et d’émotions. […] Quelque fertile que soit son esprit, quelque ingénieuse que soit son érudition, quelque prodigieuse variété qu’il jette dans ses leçons, par la comparaison toujours neuve et utile de notre éloquence nationale avec les éloquences étrangères, il n’en est pas moins vrai que l’histoire et la philosophie le pressent de toutes parts, et qu’il lui faut à tout moment, pour développer ses propres forces, entrer dans le domaine de ses deux collègues ; ce qui est un désavantage pour tous les trois et un sujet d’hésitation pour l’auditoire. […] Lorsque la grande épreuve de Shakespeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces éléments, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakespeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M. 

2713. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Il n’y a point d’ostracisme en histoire. […] Incroyables retards, dont l’histoire littéraire est pleine ! […] Assurément, si un livre semblable avait paru à la date de la langue qui s’y trouve parlée, il aurait fait le même mal que ceux de Boccace, de Marguerite de Valois, de Rabelais et de tant d’autres rieurs, charmants et coupables, et il partagerait la même condamnation et la même peine devant l’Histoire.

2714. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

On a devant soi neuf belles et pleines années (1601-1610) : la vie de Rosny devient l’histoire de Henri IV, ou du moins une très grande partie de cette histoire, il devient difficile de l’en séparer par une biographie distincte et réduite à de justes mesures.

2715. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

mais on se ressouvient de l’Histoire amoureuse des Gaules et de la chanson des Alléluia. […] Dans l’histoire du pittoresque en notre littérature, les esquisses et paysages du prince de Ligne à propos de Belœil peuvent servir assez bien de date et de point de mesure.

2716. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Nul mieux que lui, en effet, n’a compris, en mettant la main aux grandes choses, la réserve imposée aux témoins contemporains et la dignité de l’histoire. […] Quelqu’un qui vous lirait sans vous connaître croirait, à cette expression, que vous avez été fait capucin ou trappiste malgré vous : car enfin votre emploi n’est pas celui que vous auriez voulu choisir, mais cette histoire est celle de presque tous les hommes ; j’en vois bien peu qui eussent fait par plaisir ce qu’ils sont obligés de faire par devoir.

2717. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Une après-midi que lady Austen le voyait plus triste qu’à l’ordinaire et prêt à retomber dans ses humeurs sombres, elle imagina, pour le stimuler, de lui raconter une histoire de nourrice qu’elle savait d’enfance, très drôle et très gaie, L’Histoire divertissante de John Gilpin, où l’on voit comme quoi il alla plus loin qu’il n’eût voulu et s’en revint sain et sauf.

2718. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

J’ai dépêché des courriers… De telles paroles, à une pareille heure, voilà de quoi honorer à jamais un nom dans l’histoire. […] Sérieux au fond, ayant des goûts à lui et qui parurent bientôt très prononcés, aimant les lectures de toutes sortes, l’histoire, les estampes et l’instruction qu’elles procurent sur les mœurs du temps passé, jugeant sainement des choses et des hommes qu’il avait sous les yeux, et soucieux de l’amélioration de l’espèce dans l’avenir, il fut de tout temps très naturel, au risque même de ne point paraître essentiellement élégant ni très élevé, il avait en lui un principe de droiture et le sentiment de la justice qu’il cultiva et fortifia sans cesse, loin de travailler à l’étouffer.

2719. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

En 93 même, s’il y avait assisté, il aurait dit : « Les y voilà, je les reconnais, mes Welches ; c’est bien cela. » Nul n’a aussi vivement et aussi fréquemment exprimé le contraste qui se fait remarquer dans le caractère des Français et des Parisiens aux diverses époques de notre histoire. […] … je lui donnerai à souper, je le mettrai dans mon lit, je lui dirai : Voilà un bon souper ; ce lit est le meilleur de la maison ; faites-moi le plaisir d’accepter l’un et l’autre, et d’être heureux chez moi. » Ce trait, ajoute Grimm, m’a fait un sensible plaisir : il peint M. de Voltaire mieux qu’il ne l’a jamais été ; il fait en deux lignes l’histoire de toute sa vie.

2720. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Le récit qu’en donne Casaubon dans son journal concorde avec celui que de Thou, également présent et l’un des juges, a consigné dans son Histoire. […] On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.

2721. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Victor Fournel publie en ce moment le premier volume66 ; — les Œuvres de Molière, de la maison Furne, magnifiquement exécutées, et où se trouve en tête la cinquième édition de l’Histoire de sa vie et de ses ouvrages, par M.  […] Soulié a retrouvé des pièces qui permettent de reconstituer avec plus de précision que par le passé l’histoire de l’Illustre Théâtre.

2722. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Des mots d’histoire et de philosophie vous échappent. Vous croyez à l’histoire, et vous doutez de la vie ! 

2723. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Il s’engagea à y faire « une lithographie par jour » ; il tint la gageure pendant plus d’une année et y ouvrit simultanément ses séries nouvelles : les Partageuses, Histoire de politiquer, les Lorettes vieillies, les Propos de Thomas Vireloque, les Invalides du sentiment, etc. […] Ainsi, dans Histoire de politiquer, il y a deux interlocuteurs qui se querellent et dont l’un dit à l’autre : « Eh bien !

2724. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Je m’arrêterai à ce dernier sujet, qui est tout littéraire, et je ne rougirai pas d’insister à mon tour sur un point et un moment de l’histoire de la langue qu’un studieux magistrat n’a pas craint de signaler à notre attention. […] Coëffeteau, qui conserve toujours le rang glorieux qu’il s’est acquis par sa traduction de Florus et par son Histoire romaine, quoiqu’il y ait quelques mots et quelques façons de parler qui florissaient alors et qui depuis sont tombées comme les feuilles des arbres.

2725. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Histoire de Louvois par M.  […] Ce dernier, en vertu des documents actuellement mis en œuvre, acquiert un relief qui le constitue un des caractères les plus originaux de l’histoire.

2726. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Né clandestinement, nourri avec mystère dans un quartier désert de Paris, puis emmené et comme perdu dans une campagne de Normandie, ayant reçu les premiers, les seuls éléments indispensables du curé du lieu, il grandit librement, sans assujettissement aucun ni discipline, et arrivé à l’âge de sentir, il trouva à sa disposition, dans un château voisin, une bibliothèque de dix ou vingt mille volumes, composée en grande partie d’histoires, de romans. […] L’un, homme d’épée, républicain plus théorique que pratique, sachant l’histoire, se rattachant aux anciens partis, ayant ses principes, mais aussi ses prédilections, ses antipathies, ses haines, cherchant à combiner et à nouer dans un seul faisceau plus de choses sans doute qu’il n’est donné d’en concilier, représentait avec un talent vigoureux et des mieux trempés la presse sévère, probe, mais fermée, exclusive, ombrageuse et méfiante, un peu sombre, la presse à la fois libérale, guerrière, patriotique et anti-dynastique ; moins encore un ensemble de doctrines ou un système d’idées qu’une position stratégique et un camp.

2727. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il y a un mois, il m’écrivit en langue chinoise et m’envoya la lettre par un exprès pour me prier, ou, pour mieux dire, supplier que je le lui envoyasse, parce qu’il avait dessein de fonder un collège où l’on enseignerait la langue castillane, et il voulait que le livre qu’on y lirait fût l’Histoire de Don Quichotte. […] Voir à la page 356 des Études littéraires sur l’histoire contemporaine, par M. 

2728. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Histoire de la littérature anglaise par M.  […] Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?

2729. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Elle disait de lui cette belle parole : « Son estime est ma protection. » Détail singulier pourtant, presque incroyable et inimaginable, mais qui depuis la publication des Mémoires de Mme Campan est devenu l’un des points avérés de l’histoire : après six ou sept ans de mariage, Marie-Antoinette n’était pas encore mère et n’avait pas lieu d’espérer de l’être. […] Mais il est un point sur lequel je tiendrai ferme et protesterai à l’égal des plus vifs défenseurs de Marie-Antoinette : non, cette reine charmante, noble et fière, aimable, sensible, élégante, n’aimait pas et ne pouvait pas aimer les vilaines lectures, et si elle avait de la prédilection pour quelques romans, je pourrais bien vous dire lesquels : c’était pour ceux de Mme Riccoboni ; là et non ailleurs serait sa nuance ; les Lettres de Juliette Catesby lui plaisaient, et si elle avait été condamnée à lire un peu trop longtemps par pénitence, c’est de ce joli roman ou de l’Histoire d’Ernestine qu’elle eût fait volontiers son livre d’Heures 62.

2730. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

La Comtesse de Fargy se compose de deux parties entremêlées, la partie d’observation, d’obstacle et d’expérience, menée par Mme de Nançay et par son vieil ami M. d’Entrague, et l’histoire sentimentale du marquis de Fargy et de son père. […] bienheureuse ignorance de l’histoire, innocence des romanciers primitifs, où es-tu ?

2731. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

L’aîné, dont on a lu des écrits dans la Revue des deux mondes, est, depuis plusieurs années, professeur d’histoire naturelle à l’université de Liège ; il a voyagé quatre fois en Amérique du Sud, et compte en première ligne parmi les entomologistes les plus distingués de notre temps, esprit net, investigateur patient, observateur précis et sévère. […] Il se compose une histoire à vue de pays, à vol d’oiseau, comme le pourrait faire l’œil de la Providence.

2732. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Mais ce premier chapitre grandiose, entremêlé çà et là d’apostrophes et d’allusions aux oisifs, de ce que j’appelle le Raynal ou la déclamation d’aujourd’hui, me plaît moins que l’histoire toute simple et tout agreste de Germain le fin laboureur. […] Sous prétexte que c’est le chanvreur qui lui a raconté l’histoire à la veillée, elle garde le plus qu’elle peut des mots et des locutions qu’il employait.

2733. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On sait l’histoire : la jeune demoiselle de compagnie, après quelques années, se brouilla avec sa patronne, et lui enleva toute une partie de sa société, d’Alembert en tête. […] En fait d’histoire pourtant et de mémoires, elle se félicite d’avoir un rapport de goût avec lui.

2734. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

La prose de Buffon, dans les premiers volumes de l’Histoire naturelle, lui offrait quelque image de ce qu’il désirait, une image plus majestueuse que vive, un peu hors de portée, et trop enchaînée à des sujets de science. […] En me livrant à la fois au souvenir de l’impression reçue et au sentiment présent, je peindrai doublement l’état de mon âme, savoir au moment où l’événement m’est arrivé et au moment où je l’ai décrit ; mon style inégal et naturel, tantôt rapide et tantôt diffus, tantôt sage et tantôt fou, tantôt grave et tantôt gai, fera lui-même partie de mon histoire.

2735. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Son impartialité de vue l’élève au-dessus des souffrances partielles, même personnelles, et des accidents : « Si l’ordre domine après tout dans le genre humain, c’est une preuve, se dit-il, que la raison et la vertu y sont les plus fortes. » La vraie biographie de Vauvenargues, l’histoire de son âme est toute dans ses écrits ; c’est un plaisir de l’en dégager et de se dire avec certitude, en soulignant au crayon tel ou tel passage : Ici c’est bien lui qui parle, c’est de lui-même qu’il a voulu parler. […] Vauvenargues avait l’imagination tournée à l’histoire, à l’action, je l’ai dit ; homme de race noble et fière, il manquait, malgré sa modestie, de cette qualité plus naïve et plus humble qui fait que des âmes naturelles ont gagné à se rapprocher du peuple et y ont puisé des inspirations habituelles et plus vives.

2736. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Tel est le rôle du grand Frédéric dans l’histoire ; mais, au fond, ses goûts secrets ou même très peu secrets, ses réelles délices étaient de raisonner en toute matière, de suivre ses pensées de philosophe, et aussi de les jeter sur le papier, soit au sérieux, soit en badinant, comme rimeur et comme écrivain. […] Dans une édition choisie des Œuvres de Frédéric qui se ferait à l’usage des bons esprits et des gens de goût, pour ne pas tomber dans le fatras dont le voisinage gâte toujours les meilleures choses, je voudrais n’admettre que ses histoires, deux ou trois de ses dissertations tout au plus, et ses correspondances : ce serait déjà bien assez des vers qui se trouvent mêlés à ses lettres, sans y ajouter les autres.

2737. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Ces lettres perdues, qui seraient curieuses pour l’histoire, doivent être moins regrettables en ce qui est de l’agrément et de l’intérêt. […] La catastrophe qui précipita Mme des Ursins est restée un des événements les plus singuliers, les plus dramatiques et les plus inexpliqués de l’histoire.

2738. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Nous rencontrerons plus d’une fois, ajoute-t-il, l’expression de ces qualités toutes savoisiennes, mais jamais plus complètes que chez les deux écrivains qui, dans l’ordre des dates, sont aux deux termes extrêmes de l’histoire littéraire de leur pays, saint François de Sales qui l’ouvre au xviie  siècle, et Xavier de Maistre qui la termine de nos jours. […] Les autres, ingénieuses, mais recherchées, sont empruntées aux auteurs qu’il a lus ; il veut égayer et éclairer, à l’aide d’une histoire naturelle le plus souvent fabuleuse, les vérités morales et chrétiennes qui d’elles seules se passeraient d’ornements.

2739. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Qu’est-ce l’histoire du Corrége et la vente des tableaux de Mr De Julienne ont de commun avec l’exposition publique et le sallon ? […] Ajoutez à ces causes la dépravation des mœurs, ce goût effréné de galanterie universelle qui ne peut supporter que les ouvrages du vice, et qui condamnerait un artiste moderne à la mendicité, au milieu de cent chefs-d’œuvre dont les sujets auroient été empruntés de l’histoire grecque ou romaine.

2740. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

c’est toujours la même histoire. […] Rappelez-vous les marais salins du Croisic évoqués par Balzac dans un de ses romans, et la terrible histoire de Cambremer ; puis à côté de cette image naïve du Bon Jésus qui va sur l’eau, mettez encore Jésus-Christ en Flandre et demandez-vous si cette toute-puissante main-là, qui n’écrit cependant qu’en prose, ne casse pas toutes les amusettes du petit pâtre, dans Brizeux !

2741. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

L’histoire de la philosophie en offre trente ou quarante, très-bien faits, très-plausibles, avec lesquels on peut justifier le pour, le contre et les opinions intermédiaires. […] Si elles sont vraies en psychologie, elles sont vraies en géologie, en astronomie, en histoire naturelle.

2742. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

C'est bien le moins d’ailleurs qu’il y ait prescription, au bout de trente ans, pour l’histoire littéraire5.

2743. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

Thiers et Mignet, dans leurs admirables Histoires, ont fort bien montré, et avec une intrépide fermeté de coup d’œil, dans la Montagne malgré ses horreurs, dans le Directoire malgré ses faiblesses, dans Napoléon malgré sa tyrannie, les continuateurs plus ou moins glorieux, les héritiers suffisamment légitimes de la Révolution de 89.

2744. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

La France a eu de sévères reproches à lui adresser au sujet des jugements étranges dont il a rempli les Lettres de Paul et l’Histoire de Napoléon Bonaparte ; mais c’était, de sa part, légèreté et préventions d’habitude, bien plutôt que mauvais vouloir et système.

2745. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Puis il nous fait l’histoire de son premier volume : « L’ouvrage eut un beau succès.

2746. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Il a congédié le serviteur impérieux, nettement et, sans le vouloir, plaisamment, en l’accablant de respects et d’honneurs… Et comme l’autre n’a pas su cacher son dépit ni son étonnement furibond, nous devons à Guillaume II une des meilleures scènes tragi-comiques de toute l’histoire moderne.

2747. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature.

2748. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

D’abord de menus gains pour l’histoire de la littérature, ainsi que vous l’avez vu.

2749. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

En histoire, de quelles admirables découvertes vous jouirez, si ces belles recherches se continuent.

2750. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Il y a, dès le début, quelque chose de l’essor dans toute celle histoire ; Phédippide courut comme si Hermès lui avait prêté son pétase ailé et ses talonnières.

2751. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

        Mon triste sort est votre histoire : Oiseaux !

2752. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Ronsard y parcourt l’histoire & la fable, & s’épuise en imprécations.

2753. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

En remettant à M. de Voltaire, pendant son séjour à Bruxelles, un manuscrit du poëme de la Ligue qu’il avoit desiré de voir, il lui conseilla d’y faire jouer un rôle considérable au fameux Alexandre Farnèse, duc de Parme, le plus grand capitaine de son siècle ; celui-là même qui, dans la défection des Pays-Bas, en conserva une partie à Philippe II ; qui vint faire le siège de Paris en 1590, & celui de Rouen en 1592 ; qui se surpassa par sa retraite, une des plus admirables dont il soit parlé dans l’histoire.

2754. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ce ridicule se trouve dans les histoires ancienne et romaine de Rollin.

2755. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

L’histoire fait foi qu’il est arrivé à plusieurs de ces messieurs pour un si digne sujet, les avantures qui arriverent à notre Huddibras quand il couroit les champs pour rétablir un chacun dans ses libertez et proprietez, même les ours qu’on menoit par force danser aux foires.

2756. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

Les sujets qui sont encore intacts nous échappent, et nous lisons plusieurs fois l’histoire qui les raconte sans les remarquer, parce que le genie n’ouvre pas nos yeux ; mais ces sujets frapperoient d’abord le poëte qui auroit un genie propre à les traiter.

2757. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 3, de la musique organique ou instrumentale » pp. 42-53

Enfin comme il est quelquefois arrivé de nos jours des miracles de cette espece, les anciens sont pleinement à couvert du soupçon d’avoir cru, concernant les guerisons dont il s’agit, ce qui n’étoit pas, ou de nous avoir debité des fables comme des histoires veritables.

2758. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Le temps de l’histoire est venu, et celui qui fut le dominateur du monde n’est plus ni un soldat heureux, ni un aventurier.

2759. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Le Blessé de Novare est un roman d’invention sur un fond historique ; mais ce fond d’histoire n’a pas deux pouces de profondeur.

2760. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

c’est là le fond de l’histoire !

2761. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « Introduction »

Il y a vingt-trois ans, Edgar Quinet, le clairvoyant philosophe de l’histoire, publiait son Esprit nouveau : et aujourd’hui ses conclusions nous apparaissent encore plus nettes, plus riches de sens, plus absolues.

2762. (1927) Approximations. Deuxième série

Selon Du Bos, grâce à un art de lire personnel mêlant flair et détachement, Strachey invente un nouvel art d’écrire, entre histoire et biographie. […] De tels mots sillonnent la vie morale et y retentissent comme les noms de batailles sillonnent l’histoire. […] Le fil conducteur que Jaloux doit au Henry James des grandes nouvelles, c’est de placer l’unité de l’ouvrage dans un lent et graduel investissement de l’histoire qui en forme le sujet. […] Mais surtout le grand, l’essentiel avantage de cette méthode, c’est de créer chez le lecteur l’illusion qu’au lieu de la savoir par cœur, d’avance, et de nous la réciter tout d’un trait, le narrateur découvre l’histoire au fur et à mesure et pour ainsi dire en même temps que lui. […] Signe, dira-t-on, qu’en lui la pensée s’élève, se purifie, et je reconnais que Les Profondeurs de la mer sont à plus d’un égard l’histoire de semblable purification ; mais point n’était besoin de partir de si bas.

2763. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Le comte de Bussy-Rabutin en a fait le récit sous le titre d’Histoire amoureuse des Gaules. […] Ce poète nous a laissé sur la première représentation de Britannicus, à laquelle il assista, des détails extrêmement curieux et très intéressants pour l’histoire de l’esprit humain. […] La cupidité et le luxe étaient les vices dominants de cet affranchi de Claude ; c’est par là qu’il plut à Néron ; mais l’histoire ne l’accuse pas d’avoir été bas, traître, perfide, inhumain, altéré du sang des misérables. […] Racine a traité un sujet de l’histoire juive. […] Et de même que l’épopée est le plus sublime des poèmes, l’histoire des Juifs est la plus sublime des histoires, quoique la nation juive ait été elle-même une des moins estimables nations du monde.

2764. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Voilà les sentiments avec lesquels il parcourait la nature et l’histoire, non pour les comprendre en s’oubliant devant elles, mais pour y chercher ou y imprimer l’image de ses propres passions. […] La littérature classique avait entraîné dans sa chute les mannequins mythologiques, et les dieux antiques dormaient sur leur vieil Olympe, où l’histoire et l’archéologie pouvaient seules aller les réveiller. […] C’est une histoire du moyen âge qu’il choisit pour thème. […] Ainsi se forme son œuvre, écho de l’universelle nature, gigantesque chœur où les dieux, les hommes, le passé, le présent, tous les moments de l’histoire, toutes les conditions de la vie, tous les ordres de l’être viennent s’accorder sans se confondre, et où le génie flexible du musicien, qui tour à tour s’est métamorphosé en chacun d’eux pour les interpréter et les comprendre, ne témoigne de sa pensée propre qu’en faisant entrevoir, par-delà cette immense harmonie, le groupe de lois idéales d’où elle dérive et la raison intérieure qui la soutient. […] La pensée et son développement, son rang, sa structure et ses attaches, ses profondes racines corporelles, sa végétation infinie à travers l’histoire, sa haute floraison au sommet des choses, voilà maintenant son objet, l’objet que depuis soixante ans elle entrevoit en Allemagne, et qui, sondé lentement, sûrement, par les mêmes méthodes que le monde physique, se transformera à nos yeux comme le monde physique s’est transformé.

2765. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

M. de Lovenjoul parle avec enthousiasme de cette correspondance, qui jointe à d’autres, qu’il avait déjà, est l’histoire intime de la vie de Balzac, regrettant de ne pouvoir encore la publier, parce que Balzac était de sa nature un gobeur, et que les gens qui, à la première entrevue, lui paraissaient des anges, à la seconde ou à la troisième, devenaient pis que des diables, en sorte qu’il est terrible pour ses contemporains. […] Et à propos de cet amour M. de Lovenjoul me conte un curieux épisode de cette liaison : l’histoire d’une lettre d’amour écrite par Balzac, que sa maîtresse avait laissée traîner, et que le mari encore vivant avait surprise. […] Quant à l’histoire du mariage qui s’est réalisé, elle est vraiment charmante. […] Que de choses toutefois intimement parlantes à l’historien de mœurs, dans ce musée de la défroque militaire, et comme elle m’en dit plus cette cravache, avec laquelle Murat chargeait à Eylau, que toutes les histoires imprimées de la bataille. […] Vendredi 13 décembre Hier, au bas de je ne sais quel journal, acheté pour tuer la demi-heure de chemin de fer d’Auteuil à Paris, j’avais lu cette histoire, cette très vieille histoire, déchiffrée par Maspero sur le papyrus d’une momie.

2766. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

L’histoire des origines de la musique, dit-il, est partout enveloppée de fables et de légendes qui cachent toujours sous un voile plus ou moins transparent de profondes vérités. […] Ces traditions des petites villes sur les génies avec lesquels leurs vieillards ont vécu dans la familiarité du voisinage sont les grâces de l’histoire ; elles rendent aux froids souvenirs la vie, l’intimité, la naïveté et la chaleur de la famille. Le cœur de l’histoire est dans la tradition, mais ce cœur est plus palpitant dans les commerces épistolaires des membres de la famille entre eux. […] C’est l’histoire de tous les siècles.

2767. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

IV Quant à Aristote, nous connaissons assez de son histoire pour vous la redire avec les certitudes et les détails que la distance du temps et des lieux et la célébrité de l’homme ont laissés, de traditions en traditions, rayonner autour de ce grand nom, héritage de deux mondes, le monde ancien et le monde scolastique moderne. […] Il contribua puissamment à enrichir les sciences naturelles, dont son maître, alors en Perse, lui envoyait les plus beaux modèles vivants ou morts pour être étudiés, ou décrits, ou disséqués, dans son Histoire des animaux. […] Telle est l’histoire d’Aristote, sans autre événement que sa mort. […] Les secrétaires de Sylla ne les ont pas replacées dans leur ordre ; mais voici l’ordre que leur assignent les traducteurs et les commentateurs les plus éclairés et les plus accrédités des derniers siècles : Politique, Logique, Physique, Rhétorique, Météorologie, Morale, Histoire naturelle, etc.

2768. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Dans la nature, comme dans l’histoire, rien n’est isolé, tout s’enchaîne et forme série ; chaque phénomène découle de ceux qui précèdent et contient en germe ceux qui vont suivre. […] L’auteur nous retrace les diverses étapes de ce progrès, qui n’est autre chose que l’histoire même du passage de la vie physique à la vie psychique. […] C’est le premier essai vraiment scientifique d’une histoire des phases diverses que parcourt l’évolution de la vie mentale. […] VII Si l’on veut bien se rappeler maintenant que nous n’avons exposé qu’une très faible partie de l’œuvre de notre philosophe, et si l’on a été frappé, comme on a dû l’être, de la vigueur de sa pensée et de l’originalité de sa méthode, on ne s’étonnera pas d’entendre un contemporain153 se demander « s’il a jamais paru en Angleterre un penseur plus éminent, quoique l’avenir seul puisse déterminer sa place dans l’histoire… » Seul des penseurs anglais, dit M. 

2769. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

La vraie manière de bien s’en rendre compte et d’en tirer profit pour l’histoire du temps, c’est de voir comment Madame écrivait, dans quel esprit, ce qu’elle était elle-même par l’éducation, par le caractère. […] [NdA] Un de mes instruits et obligeants lecteurs me fait remarquer que la princesse n’était pas luthérienne comme je l’avais dit d’abord, mais réformée, c’est-à-dire plutôt calviniste : La conversion de la maison palatine au calvinisme ou à ce qui en approche est, dans l’histoire d’Allemagne, un événement important et qui eut de graves conséquences.

2770. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Là, où nous avons habité autrefois, notre nom ne se prononce plus ; des enfants, qui ne sont plus les tiens, ont foulé le parquet où j’appris à marcher, et là où le long de cette rue, le jardinier Robin me traînait chaque matin à l’école, enchanté de ma voiture d’enfant, enveloppé d’un chaud manteau écarlate et coiffé d’une toque de velours, c’est devenu maintenant une histoire peu connue qu’autrefois nous appelions la maison pastorale la nôtre. […] Le ver, avant pris garde à son intention, le harangua ainsi très éloquemment : « Si vous admiriez ma lampe, lui dit-il, autant que moi votre art, ô ménestrel, vous auriez horreur de me faire du mal autant que moi d’attenter à votre chanson ; car c’est la même puissance divine qui nous a appris, vous à chanter et moi à briller, afin que vous avec votre musique, moi avec ma lumière, nous puissions embellir et réjouir la nuit. » Le chanteur entendit cette courte harangue, et, gazouillant son approbation, il le laissa, comme le dit mon histoire, et il alla trouver un souper quelque part ailleurs.

2771. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Reprenons nous-même les pièces dans leur ordre, la dissertation de Girac sur les œuvres de Voiture, la défense qu’y opposa Costar, la réponse de Girac, et, sans nous enfoncer dans les profondeurs de cette querelle où les in-quarto s’accumulèrent et qui finit par des monceaux d’injures, tirons-en quelques vérités littéraires, de celles qui intéressent l’histoire des deux grandes renommées. […] Les deux chefs avaient vécu entre eux dans les termes les plus décents ; mais après leur mort, leurs disciples et les gens de leur suite n’y tinrent pas, ils en vinrent aux mains, ils se gourmèrent : c’est l’histoire du débat de Girac et de Coslar.

2772. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Le feu allumé au milieu des tentes, et près duquel les Arabes ont jusqu’à présent chuchoté, se racontant je ne sais quoi, mais assurément pas les histoires d’Antar, quoi qu’en disent les voyageurs revenus d’Orient, — le feu abandonné s’est éteint et ne répand plus qu’une vague odeur de résine qui parfume encore tout le camp ; nos chevaux ont de temps en temps des frissons amoureux, et poussent, vers une femelle invisible qui les enflamme, des hennissements aigus comme un éclat de trompette ; tandis qu’une chouette, perchée je ne sais où, exhale à temps égaux, au milieu du plus grand silence, cette petite note unique, plaintive, qui fait clou ! […] La placer en un lieu reconnaissable, c’est la faire mentir à son esprit ; c’est traduire en histoire un livre anté-historique.

2773. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

La Cour est en désordre, et le peuple en alarmes… » Corneille a dû faire ici à son auteur des changements du tout au tout, qui ne choquaient nullement un public ignorant de l’histoire d’Espagne, mais qui nous montrent bien les contraintes étranges auxquelles il était assujetti et sa gêne rigoureuse, en même temps que ses prodigieuses et ingénieuses ressources de talent. […] Le Cid français fut un grand événement dans l’histoire littéraire.

2774. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Tous ceux qui se sont occupés du XVIIIe siècle ont eu affaire à lui non-seulement pour ses jolies productions, pour ses chansons et proverbes qui sont une date dans l’histoire des mœurs, mais encore pour son Journal, qui est une source de renseignements précis et sûrs. […] Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. 

2775. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Mais l’histoire de ce qui se passa en Piémont depuis la fin de l’année 1693 jusqu’à la signature du traité, dans l’été de 1696, appartient moins encore à la biographie de Catinat qu’à celle de Tessé : c’est sur ce dernier que le principal de l’affaire semble rouler désormais, et la diplomatie prime la guerre. […] les contemporains et l’histoire, adoratrice elle-même du succès, leur accordent souvent plus qu’il n’est juste et au-delà de ce qu’ils ont mérité.

2776. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

C’est une date peu honorable dans notre histoire littéraire et qu’il faudrait effacer, mais à la condition que pareil scandale ne se reproduisît jamais : « Nous avons à la Porte-Saint-Martin, écrivait Mme de Launay (6 août 1822), une troupe de comédiens anglais. […] Il y a là-dessous une longue histoire que je te dirai une autre fois… Tu sauras, si c’est une nouvelle pour toi, que Joanny est devenu la bête noire du public ; c’est à qui veut crier haro sur le baudet.

2777. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Austère, scrupuleux en morale, dépourvu d’une jeunesse entraînante, dévoré d’une sensibilité vague qu’il désespérait de fixer sur un choix enchanté, désireux avant tout de s’asseoir dans une existence indépendante et rurale, M. de Sénancour se laissa dire, et se crut délicatement engagé : on peut saisir quelques traits de ces circonstances personnelles sous l’histoire de Fonsalbe, au tome second d’Oberman. […] Mais jugeant que la raison et la foi sont chez l’homme inconciliables et sans rapport réel, lisant dans l’histoire que la tradition révélée anathématise le reste, il oppose d’ordinaire une aversion un peu rancuneuse à la foi et à la tradition.

2778. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

S’attacher à tracer, à deviner l’histoire des poëtes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants ; ou ce serait, en botanique, faire la description des individus plantes dont les beaux germes avortés sont tombés sur le rocher.

2779. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Mais les romans qui peignent les mœurs et les caractères, vous en apprennent souvent plus sur le cœur humain que l’histoire même. On vous dit dans ces sortes d’ouvrages, sous la forme de l’invention, ce qu’on ne vous raconterait jamais sous celle de l’histoire.

2780. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Pressée par ses instances, elle lui ouvre son cœur et lui raconte son histoire. Cette histoire est d’une simplicité douloureuse : Jeannine est une fille du peuple ; sortie un instant de la misère par l’adoption d’une grande dame, son abandon l’y a bientôt laissée retomber.

2781. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Je tâcherai de dégager le récit de cette histoire des rumeurs populaires qui s’y sont mêlées, et qu’on peut lire reproduites dans les Lettres de Mlle Aïssé et dans le Journal de l’avocat Barbier. […] Mlle Le Couvreur ne trouva point d’abord cette histoire aussi invraisemblable qu’elle nous le semble aujourd’hui.

2782. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

On essayait, raconte-t-on, de lui faire lire quelque ouvrage d’histoire ou de voyages, et, comme on lui donnait toujours un premier tome sans qu’il s’en aperçût, il se contentait de trouver « que l’ouvrage était intéressant, mais que l’auteur se répétait un peu ». […] Mme de Tencin est bien moins remarquable comme auteur d’histoires sentimentales et romanesques, où elle eut peut-être ses neveux pour collaborateurs, que par son esprit d’intrigue, son manège adroit, et par la hardiesse et la portée de ses jugements.

2783. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

La Société de l’histoire de France, qui n’a pas interrompu ses travaux au milieu des circonstances difficiles que nous avons eu à traverser, vient de voir terminer une de ses publications les plus importantes et les plus nationales, qu’elle avait depuis longtemps confiée au zèle de M.  […] Ce jeune et consciencieux érudit a réuni en cinq volumes tous les documents positifs qui peuvent éclairer l’histoire de Jeanne d’Arc, particulièrement les textes des deux Procès dans toute leur étendue, du Procès de condamnation et de celui de réhabilitation qui eut lieu vingt-cinq ans plus tard.

2784. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

L’histoire de la philosophie, qu’il y traite de seconde main il est vrai, la description des arts mécaniques, dans laquelle il se montre peut-être plus original ; trois à quatre mille planches qu’il fit dessiner sous ses yeux, la charge et la direction du tout enfin, ne purent jamais l’absorber ni émousser sa vivacité de verve. […] Diderot, ainsi rappelé à son examen de conscience, écrivait pour tout commentaire : « Je n’ai jamais lu ce chapitre sans rougir, c’est mon histoire. » Bien des années auparavant, il s’était dit : « Je n’ai pas la conscience d’avoir encore employé la moitié de mes forces ; jusqu’à présent, je n’ai que baguenaudé. » Il put se répéter la même chose en mourant.

2785. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Dans toutes ces compositions Jasmin a une idée naturelle, touchante ; c’est une histoire, ou de son invention, ou empruntée à la tradition d’alentour. […] Elle est folle et ne guérira jamais. — Telle est en abrégé l’histoire dont le poète a su faire une suite de scènes vives, sensibles et touchantes.

2786. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Si la reine Anne d’Autriche était pour nous plus intéressante qu’elle ne nous paraît en somme d’après l’histoire, nous pourrions emprunter à Mme de Motteville des variétés de portraits qu’elle a tracés d’elle et qui sont pleins de beauté noble et de majesté. […] On voit que c’eût été une royaliste assez libérale que Mme de Motteville ; mais cette femme d’esprit et de sens, qui assiste à ces scènes terribles, et qui les raconte, n’est pas dupe des grands mots, ni des apparences ; elle y mêle de ces remarques qui honorent l’historien, et que les politiques ne désavoueraient pas : « Quand les sujets se révoltent, dit-elle, ils y sont poussés par des causes qu’ils ignorent, et, pour l’ordinaire, ce qu’ils demandent n’est pas ce qu’il faut pour les apaiser. » Elle nous montre ces magistrats mêmes, qui avaient été les premiers à émouvoir le peuple, s’étonnant bientôt de le voir se retourner contre eux et ne les pas respecter : « Ils se reconnaissaient la cause de ces désordres, et n’y auraient pu remédier s’ils avaient voulu l’entreprendre ; car, quand le peuple se mêle d’ordonner, il n’y a plus de maître, et chacun en son particulier le veut être. » Rentrons un peu en nous-mêmes, et demandons-nous si ce n’est pas là encore notre histoire.

2787. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ayant lu, en mars 1849, le VIIIe volume de l’Histoire de M.  […] Il avait un goût prononcé pour l’histoire : celle de Charles XII par Voltaire le transporta.

2788. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

L’histoire des idées et de l’opinion, dans les années qui ont précédé la Révolution française, ne serait pas complète si l’on ne s’arrêtait à étudier Franklin. […] La première partie, adressée à son fils, fut écrite pendant son séjour en Angleterre, en 1774 ; il y donne son histoire détaillée et intime jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans.

2789. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Elle est pour moi un recueil de contes, de vieilles et charmantes histoires. […] Au fond des tranchées, en première ligne, il note que les seuls événements de son histoire « ce sont les changements de l’ordre naturel, la tombée de la nuit, la naissance du jour, un ciel couvert ou étoilé, la chaleur ou la fraîcheur de l’air.

2790. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Sans doute une histoire générale de la caricature dans ses rapports avec tous les faits politiques et religieux, graves ou frivoles, relatifs à l’esprit national ou à la mode, qui ont agité l’humanité, est une œuvre glorieuse et importante. […] Il est clair qu’un ouvrage sur la caricature, ainsi compris, est une histoire de faits, une immense galerie anecdotique.

2791. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il ouvre l’histoire, et la nouvelle immensité qu’il découvre l’accable encore sous le poids de la même question. […] La géologie vient agrandir l’histoire, et la même question renaît agrandie.

2792. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Elle avait sous les yeux, parmi les ouvrages qui se présentaient à son examen, des études de l’Antiquité, tentées avec ingénuité et avec franchise120 ; des drames où la passion romanesque traverse l’histoire et ne craint pas de se rencontrer en présence des plus grands noms121 ; des comédies surtout, où des scènes et des caractères fort gais ont charmé le public122, et où des figures aimables, entremêlées à d’autres qui ne sont que plaisantes, lui ont procuré et lui procurent chaque jour un divertissement plein de distinction et d’élégance123.

2793. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

C’est ainsi que récemment un fabricateur sarde, voulant illustrer l’histoire littéraire de son île il y a deux mille ans, a publié des renseignements curieux sur le Sardus ille Tigellius d’Horace et même des vers de ce chanteur du temps d’Auguste ; on aurait pu parier à coup sûr que Tigellius, le seul auteur sarde aussi anciennement connu, ferait les frais d’une partie de ce faux.

2794. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Ici, les frais de l’intrigue sont faits par l’histoire ; le romancier n’a qu’à les recueillir.

2795. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

— Quant à l’ancien Globe, celui d’avant la révolution de Juillet, « à l’influence considérable qu’il a eue dans l’histoire des lettres et de la philosophie au xixe  siècle, on peut s’en faire une idée en lisant les deux tableaux que M. 

2796. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Dr Brissaud, Histoire des expressions populaires relatives à la médecine, 1888.

2797. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Personne ne sait à l’avance, combien peut être longue l’histoire de chaque journée, si l’on observe la variété des impressions qu’elle produit, et dans ce qu’on appelle avec raison, le ménage, il se rencontre à chaque instant de certaines difficultés qui peuvent détruire pour jamais ce qu’il y avait d’exalté dans le sentiment ; c’est donc de tous les liens celui où il est le moins probable d’obtenir le bonheur romanesque du cœur, il faut pour maintenir la paix dans cette relation une sorte d’empire sur soi-même, de force, de sacrifice, qui rapproche beaucoup plus cette existence des plaisirs de la vertu, que des jouissances de la passion.

2798. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Il est impossible ni d’entasser plus d’horreurs, ni de les raconter avec plus de froideur et de précision que ne l’a fait Mérimée dans cette étonnante histoire de bestialité, de tortures et de sang.

2799. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Verlaine, rendue seulement à sa pleine valeur poétique, par la suppression de toutes règles vaines et du stérile désir de raconter une histoire.

2800. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Écrivain savant, il eût pu, par des histoires sur le cœur des femmes adultères, se saisir de la faveur publique, de l’argent, de la renommée.

2801. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Ces messieurs du protocole y songent, tandis que de bonnes âmes proposent qu’en révérence de tant d’amis couronnés, nous grattions les murs de nos monuments et l’Arc de Triomphe, pour en déloger quelques inscriptions suspectes et nous adjurent de voiler la nudité indécente du groupe de Rude que d’honnêtes et pieux regards ne sauraient contempler sans rougir… On sent bien à toutes ces controverses dont les journaux de l’époque sont pleins que nos dirigeants nous ont amenés à un point culminant de notre histoire.

2802. (1890) L’avenir de la science « VII »

Quel fait immense dans l’histoire de l’esprit humain que l’initiation du monde latin à la connaissance de la littérature grecque !

2803. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Par son genre de vie, par son opposition aux pouvoirs politiques établis, Jean rappelait en effet cette figure étrange de la vieille histoire d’Israël 571.

2804. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

L’Auteur ne voulut pas l’imprimer alors, pour ne pas trop irriter l’envie, que cette double histoire affligeoit assez.

2805. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Car enfin, qu’on parcoure l’Histoire des Peuples les plus sauvages, on y trouve au moins quelques étincelles d’instinct & de raison, conservées au milieu de la barbarie des mœurs & de la férocité du genre de vie.

2806. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

d) Personnages : a′) extérieur : * Simples ; beauté, laideur absolues ** Doubles ; beauté sinistre, laideur bonne *** Beaux costumes, belles loques, coloris b′) intérieur : * Âmes simples à répétition d’actes ** Âmes doubles à actes antithétiques *** Âmes doubles par volte-faces subites c) Sujets abstraits : a′) Vers à propos de rien, sujets nuls b′) Sujets indifférents, vers à propos de tout, versatilité c′) Développement de lieux communs d′) Humanitarisme, socialisme, optimisme, idéalisme et panthéisme vagues e′) Aspects grandioses, mystérieux ou bizarres, de la légende, de l’histoire ou de la vie.

2807. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Ces histoires, vraies ou fausses, composeroient un assez gros volume : mais il ne faut pas croire légèrement toutes ces petites anecdotes qu’on repère tous les jours, & qu’on n’a jamais bien prouvées.

2808. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

Les Grecs & les Romains, qui ont été nos maîtres presque en tout, en poësie aussi-bien qu’en histoire, sont cause que nous avons été longtemps égarés dans ce genre d’éloquence.

2809. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Bossuet et Fénélon, le premier dans son Histoire universelle, dans ses Avertissements et dans sa Politique tirée de l’Écriture-Sainte, le second, dans son Télémaque, ont dit sur les gouvernements toutes les choses essentielles.

2810. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Il y fait l’histoire de sa vie et de ses souffrances… Il prie, il enseigne, il explique les mystères, et donne des règles pour les mœurs… Il voulait donner à ceux qui aiment la poésie et la musique des sujets utiles pour se divertir, et ne pas laisser aux païens l’avantage de croire qu’ils fussent les seuls qui pussent réussir dans les belles-lettres191. » Enfin, celui qu’on appelait le dernier des Pères, avant que Bossuet eût paru, saint Bernard, joint à beaucoup d’esprit une grande doctrine.

2811. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 33, de la poësie du stile dans laquelle les mots sont regardez en tant que les signes de nos idées, que c’est la poësie du stile qui fait la destinée des poëmes » pp. 275-287

D’ailleurs leurs incidens qui font la plus belle partie de notre histoire doivent attacher davantage la nation françoise que des évenemens arrivez depuis long-tems dans l’Espagne et dans l’égypte.

2812. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

C’est ainsi que les sçavans en histoire blâment Varillas, parce qu’il se trompe à chaque page, quand les lecteurs qui ne cherchent que de l’amusement dans un livre, le louent à cause de ses narrations amusantes et de l’agrément de son stile.

2813. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Faisons justice d’un faux lieu commun d’histoire littéraire.

2814. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Saint Louis était un saint et bon roi : or on sait par Joinville l’histoire du savant juif, du rabbin, auquel eut affaire un vieux et féal chevalier dans un colloque qui allait se tenir entre clercs et juifs au monastère de Cluny ; aux premières questions du chevalier qui demanda dès le début à intervenir et qui, entrant en lice, le somma d’emblée de dire s’il croyait en la Vierge mère du Sauveur, le juif ayant répondu non, le chevalier s’emporta, le frappa à la tempe de sa canne ou de sa béquille, et le renversa roide étendu par terre, ce qui mit fin naturellement à la conférence. […] Et saint Louis qui racontait l’histoire, ne blâmait nullement, mais approuvait le chevalier, qui n’avait en cette rencontre agi que comme tout bon laïque devait faire, laissant les clercs disputer à souhait avec les mécréants et ne connaissant, lui, pour les mettre à la raison, que la pointe et le tranchant de l’épée. […] Prenons bien garde, messieurs, de retomber nous-mêmes dans ce que nous trouvons de blâmable ou de ridicule quand nous lisons l’histoire du passé.

2815. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

On peut remarquer, dans ses Mémoires et dans ses correspondances, qu’Homère était à ses yeux le premier et le dernier mot du génie humain, la Bible de l’histoire et de l’imagination. […] L’Allemagne était pleine d’hommes à sa hauteur en philosophie, en histoire, en science, en politique, en roman, en critique, en poésie ; il suffit de nommer les Herder, les Kant, les Jacobi, les Schlegel, les Winckelmann, les Klopstock, les Wieland, les Schiller, pour assigner au dix-huitième siècle allemand la même fécondité intellectuelle qu’au dix-huitième siècle français. […] L’histoire n’offre pas d’exemple d’un ascendant aussi continu et aussi paisible d’un grand poète sur un souverain et sur un peuple.

2816. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Les commérages de l’histoire intime ne sont pas de notre goût ; nous ne cherchons pas le scandale, nous ne scrutons pas les mystères de la vie privée. […] J’ai trouvé du courage dans toutes les circonstances de ma vie : pour celle-ci, je n’en trouve pas du tout ; je suis tous les jours plus accablée, et je ne sais pas comment je ferai pour continuer à vivre aussi malheureuse. » Pour que rien ne manquât à l’exactitude et aussi à la moralité de cette histoire, il fallait entendre les cris de douleur que pousse la comtesse d’Albany. […] Voici une de ses lettres, du 7 juin 1807, de Pescia : « Madame, « Permettez-moi de me rappeler à votre souvenir en vous envoyant les deux premiers volumes de mon histoire.

2817. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

L’histoire d’une théorie, d’une doctrine nous montre que ceux qui l’ont fondée ou développée ont risqué souvent aussi de la faire avorter ou de l’affaiblir. […] Voyez l’histoire du catholicisme, ou encore l’histoire de la théorie de l’évolution.

2818. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il a démoli de fond en comble le manoir des Sottenville, il a acheté, avec des chiffons de papier, leurs terres seigneuriales, il a envoyé Clitandre donner à Londres des leçons de persiflage et de danse ; pour tout dire, — car la comédie du Gymnase a l’intention de mettre en scène des classes plus que des personnes, — il a chassé la noblesse le son rang, de la patrie, de l’histoire ; et, dans des jours à jamais maudits, il lui a rendu, avec une hache, les coups de filon qu’il en avait reçus. […] Il est vrai que la moitié seule de cette dette est réelle ; l’autre moitié rentre dans l’histoire naturelle : elle se compose de ces lézards empaillés qui pondent depuis si longtemps des œufs d’or dans les basses-cours de l’usure. […] Henri seul n’est pas ravi de cette petite histoire ; il trouve que sa femme sait trop bien mentir : cela lui donne à rêver, et déjà il tâte son front avec inquiétude.

2819. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

À ce propos, il nous contait cette histoire personnelle, attestant l’autorité d’une institution qui est comme la religion actuelle de l’ouvrier. […] Vendredi 3 octobre Hier, j’ai reçu un livre d’un jeune homme, nommé Huysmans : l’Histoire d’une fille, avec une lettre qui me disait le livre arrêté par la censure. […] George Barral m’écrit qu’il a fait allusion à ce détail, dans son Précis de l’histoire sous Napoléon Ier .

2820. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Mendès : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie. […] Entre des évocations de légende et d’histoire s’élancent de purs cantiques d’amour. […] Nul souci sur son cœur n’a de prise ; Il rêve en se levant à Virgile, à la brise D’un matin printanier par l’averse trempé Qui descendait joyeux les pentes de Tempé, L’imagination l’exile dans l’histoire.

2821. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Car la seule digne histoire du sang et du rêve, n’est-ce pas de l’initial Tressaillement du prime plasma qui veut sentir à l’extase de l’homme génial, de la dualité alvine et idéale qui… […] Les démiurges des histoires. […] tout ça c’est des histoires de muqueuses.

2822. (1897) Aspects pp. -215

Arsène Alexandre dans sa belle Histoire de la Peinture. […] Zola publia l’Histoire naturelle et sociale d’une famille. Histoire naturelle ! […] L’histoire du protestant est amusante. […] Je l’avais mis au grenier parce que toutes ces histoires sont bien vieilles et m’intéressent peu.

2823. (1925) Proses datées

C’était merveille de les entendre se conter des histoires créoles et échanger leurs souvenirs sur les îles natales ; mais le plus souvent la conversation en revenait à la poésie. […] Lorrain s’y prodigua en anecdotes effarantes et en histoires corsées. […] Le projet de rapporter sous un jour personnellement favorable les intrigues auxquelles il ont été mêlé fut le motif tout pratique qui poussa le Coadjuteur de la Fronde à rédiger l’histoire de ses actions. […] A celui de l’histoire et de l’antiquité, vous mêlâtes celui des anecdotes de cercle et des amusements de salon. […] Il y en a qui appartiennent à l’histoire par ceux qu’ils représentent, hommes publics ou femmes célèbres.

2824. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

L’histoire le rapporte, faut-il le croire ? […] J’ai cru que je devais entrer dans le détail de la mort de Molière, pour désabuser le public de plusieurs histoires que l’on a faites à cette occasion. […] Ainsi, tout vient à l’appui de la vérité que nous voulons établir, que c’est dans l’histoire même de Molière qu’il faut chercher le type de ces deux rôles admirables. […] Pour moi, je vais faire des vœux afin que vous soyez bientôt content. » Là-dessus, il se retira et laissa Molière, qui rêva encore fort longtemps aux moyens d’amuser sa douleur. » (La Fameuse Comédienne, ou Histoire de la Guérin, auparavant femme de Molière.) […] Célimène a son histoire toute prête et ses garants tout trouvés pour opposer à ceux d’Arsinoé.

2825. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et cependant dans l’histoire de la pensée, sa naissance demeure un événement extraordinaire. […] Mais ce qu’il faut y considérer, c’est l’illustration, en des pages palpitantes, d’une phase déterminée dans l’histoire de la tribu humaine, d’un événement social, décisif et contemporain : l’abandon général et quasi universel des campagnes, pour les cités factices et monstrueuses. […] Le naturalisme restera, dans l’histoire des littératures, une date sensationnelle et malgré que quelques auteurs, fréquemment piètres, acceptèrent cette doctrine, elle demeure pourtant formidable. […] Zola considère le roman comme un chapitre d’histoire naturelle. […] Auparavant, on avait envisagé l’homme dans les émois singuliers de sa vie ; on avait écrit l’histoire, le mémorial de ses menues et intimes aventures, les péripéties et les phases de ses petites passions.

2826. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Quoique des ouvrages d’histoire naturelle fassent quelquefois mention de pareils faits, je n’en connais pas un seul qui puisse à l’examen supporter une pareille interprétation. […] Finalement, je conclus que certaines localités très restreintes ont pu être quelquefois très favorables à la formation de nouvelles espèces, mais que pourtant l’œuvre de transformation doit en général être plus rapide dans de vastes régions continues et, ce qui est plus important, c’est que les nouvelles formes produites en de vastes contrées, ayant déjà triomphé de nombreux compétiteurs, seront celles qui prendront l’extension la plus rapide, qui donneront naissance à plus de variétés et à plus d’espèces et qui joueront ainsi le rôle le plus important dans l’histoire changeante du monde organisé. […] Mais, comme je l’ai déjà dit dans mon Introduction, nul ne doit s’étonner qu’il reste encore beaucoup de choses inexpliquées sur l’origine des espèces, si l’on songe à notre profonde ignorance concernant les relations mutuelles des habitants du monde, durant les époques successives de son histoire. […] Mais nous voyons déjà comment elle implique l’extinction successive des espèces, et la géologie nous apprend quel rôle important l’extinction a joué dans l’histoire du monde. […] La langue de l’histoire naturelle est loin encore d’être bien fixée.

2827. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Dans ces pièces à Iris, dans ces épigrammes, dans ces saletés même, où il faut bien aller fouiller pour suivre les traces de l’histoire de notre poésie, il y a plus d’un vers heureux, et la langue des successeurs de Ronsard a senti la discipline de Malherbe. […] Des contempteurs de Boileau, peu au fait de l’histoire de notre littérature, ont estimé qu’il n’était ni de bon goût ni généreux d’attaquer des poètes obscurs, et d’entretenir la postérité des ridicules de poètes oubliés. […] Tel est Dom Japhet d’Arménie, pièce en vers, un moment célèbre, que l’indulgence des histoires littéraires appelle une comédie, et la plus comique des pièces de Scarron. […] L’histoire des littératures n’offre peut-être pas un second exemple d’une telle sûreté de jugement dans un auteur qui apprécie les ouvrages d’esprit de son époque. […] Voilà pourquoi Regnier ne fait pas époque dans l’histoire de la littérature française.

2828. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il nomma le petit nouveau-né André-Régulus : « le premier nom pour ses parents, dit-il, et le second pour la République, ne connaissant pas dans l’histoire un patriote plus grand et plus fait pour servir de modèle que ce citoyen romain ». […] Sa profession de foi sur la Révolution française est simple, elle est celle d’un croyant : il pense que la Providence s’en mêle soit directement, soit indirectement, et par conséquent il ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, « puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule » : En considérant la Révolution française dès son origine et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées… Quand on la contemple, cette Révolution, dans son ensemble et dans la rapidité de son mouvement, et surtout quand on la rapproche de notre caractère national, qui est si éloigné de concevoir et peut-être de pouvoir suivre de pareils plans, on est tenté de la comparer à une sorte de féerie et à une opération magique ; ce qui a fait dire à quelqu’un qu’il n’y aurait que la même main cachée qui a dirigé la Révolution, qui pût en écrire l’histoire.

2829. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

L’histoire courut et fut racontée telle que je viens de la dire. […] Fragments inédits d’une histoire des artistes vivants par Théophile Silvestre.

2830. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

… ôte ton chapeau. » D’un mot, c’est toute l’histoire. […] J’y distingue une nouvelle de fantaisie, Madame A cher, l’histoire d’une jolie fille languedocienne, qui sacrifie tout, sa liberté, son amoureux, son propre bonheur, à l’envie d’avoir le pied mignon et de chausser de petits souliers.

2831. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Tessé ayant reproché à M. de Saint-Thomas la ruse du duc et le panneau dans lequel il avait voulu faire tomber Catinat à propos du bombardement de Pignerol, comme si un mouvement en avant du général français eût suffi pour l’en détourner, Saint-Thomas l’interrompit et lui dit : «  Moi, je vais vous conter l’histoire de la bataille que nous avons perdue, et je vous jure par tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré que je vous parlerai vrai. Son Altesse royale a été trompée en tout… Il vous envoya dire qu’il différerait le bombardement de Pignerol jusqu’au 27 ; c’était non seulement son intention, mais fiez-vous à ma parole que le marquis de Leganez commença d’un jour plus tôt qu’il ne l’avait promis, et malgré Son Altesse qui ne commença le bombardement qu’il ne pouvait plus différer que le 26 ; encore fut-ce faiblement… Quant à la bataille qui s’est donnée, en voici l’histoire : nous n’avons jamais cru jusqu’au 2, — et la bataille s’est donnée le 4, — que M. de Catinat vînt par la plaine ; l’on n’a pas cru praticable que l’armée de secours vînt par la vallée de Suse, persuadé qu’on était que l’armée du roi entrerait en Piémont par la vallée de Barcelonnette.

2832. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Blaze de Bury, un Épisode de l’histoire du Hanovre, a tout l’intérêt d’un roman. […] Nous n’y cherchons que de l’histoire, et nous reconnaissons de grand cœur avec lui qu’il y avait, en effet, l’étoffe d’un politique sous l’homme de guerre en Maurice.

2833. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Dans cette campagne de sept semaines, qui faisait un terrible pendant à la guerre de Sept Ans, Jomini put se convaincre de plus en plus de la vérité des principes qu’il avait dégagés de l’histoire des guerres. […] On lit dans l’Histoire du Consulat et de l’Empire, tome vii, p. 372, au récit de la bataille d’Eylau : « Napoléon se hâta de dépêcher le soir même du 7 février plusieurs officiers aux maréchaux Davout et Ney pour les ramener l’un à sa droite, l’autre à sa gauche… » — « C’est une erreur, dit M. de Fezensac, en ce qui concerne le maréchal Ney ; il ne reçut aucun avis et ne sa doutait pas de la bataille, quand je le joignis le 8, à deux heures dans la direction de Creutzburg. » 41.

2834. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Le nôtre y avait réuni un certain nombre d’élégies qui composaient l’histoire d’une passion, alors encore brûlante : il y en a de belles, et d’admirables surtout au début, — comme un cri : Ils ont dit : « L’amour passe, et sa flamme est rapide ; « Le plaisir le plus doux, toujours suivi du vide, « Laisse au cœur un vague tourment !  […] L’histoire de Julie, de la femme de chambre, en rappelant à ceux qui l’ont lu le joli et pathétique roman d’Adèle, de Nodier, s’en distingue par cette réalité, cette clairvoyance constante d’observation et de récit, que la passion traverse, mais ne rompt pas.

2835. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

De cascades en cascades, je n’aurais pas de sitôt fini sur l’annonce, qui demanderait toute une histoire : Swift, d’une encre amère, l’aurait tracée. […] Il en fut ainsi en tout temps : mais, dans une histoire du théâtre depuis dix ans, on suivrait le contre-coup croissant et désordonné de ce mauvais régime littéraire.

2836. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Nous préparons des matériaux à l’histoire littéraire future, nous notons les émotions sincères et variées de chaque moment. […] Je sais bien que vous me direz qu’êtes contraint par leurs importunités de ce faire, ores que n’en ayez envie. » De Thou, dans son Histoire (année 1559, liv. 

2837. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Nous n’avions pas prétendu retracer toute l’histoire de cette femme brillante et diversement célèbre ; nous ne nous étions attaché qu’à bien saisir l’expression de sa physionomie en deux ou trois circonstances principales, et à la montrer sous son vrai jour. […] Eynard, sur ce point, ne nous laisse rien ignorer, et ce chapitre de son ouvrage est un des plus piquants que nous offre l’histoire secrète de la littérature.

2838. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

« Je ne sais, disait-il, si le public goûtera cette histoire qui sort de toutes les routes connues, et qui présente une nature et des mœurs tout à fait étrangères à l’Europe. […] Il y a bien encore quelque trace de manière : « Quand un Siminole me raconta cette histoire (transmise de Chactas à René, et des pères aux enfants), je la trouvai fort instructive et parfaitement belle, parce qu’il y mit la fleur du désert, la grâce de la cabane, et une simplicité à conter la douleur que je ne me flatte pas d’avoir conservée. » Ce ton-ci, en effet, est bien moins de la simplicité que de la simplesse.

2839. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

VI ; Nisard, Histoire de la littérature française, t.  […] Boileau de la Grande Encyclopédie ; l’Esthétique de Boileau, dans la Revue des Deux Mondes du 1er juin 1889 (article destiné à servir de préface à l’édition de luxe des Poésies de Boileau publiée par la librairie Hachette) ; Histoire de l’évolution de la critique, chap. 

2840. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

La Reine de Navarre François Ier, pour l’histoire littéraire, s’efface derrière sa sœur Marguerite166, qui fut mariée au duc d’Alençon, puis au roi de Navarre. […] Lefranc, Histoire du Collège de France, Paris, 1892, in-8 ; S.

2841. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Ricciardo entre en se frottant les mains, au souvenir de l’histoire du feint Lelio. […] Nous allons maintenant poursuivre l’histoire des artistes étrangers, ses contemporains et ses émules.

2842. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

La conversation avait marié des âmes faites pour s’aimer ; le mariage de ces deux aines était consommé, en pleine fécondité, quand se célébra celui dont l’histoire a tant parlé et dont il n’est heureusement pas resté d’autre fruit. […] Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire.

2843. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Histoire croyable, si l’on tient compte des premiers effets du drame sur la race la plus sensible qui ait jamais existé. « Les Rhapsodes, disait Platon, avaient bien de la peine à réciter Homère sans tomber dans des convulsions », — Une autre fois, Eschyle eut un théâtre tué sous lui. […] A peine venue au monde de l’histoire, elle transforma et rajeunit les vieux dieux ; elle les refit à son image et les doua de son âme.

2844. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Il va donc droit à M. de Montaiglin, lui conte, en l’arrangeant, son histoire, et lui demande l’hospitalité pour sa fille. […] Elle rit aux éclats de cette drôle d’histoire ; elle se lâche en gros lazzi de commère ; puis ses soupçons la reprennent.

2845. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Turcaret est à la fois une comédie de caractère et une page de l’histoire des mœurs, comme Tartuffe. […] Collé, qui raconte l’histoire, la savait de bonne source, et il y applaudit en homme qui est un peu de cette race.

2846. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Camille Desmoulins a laissé un nom qui, de loin, excite l’intérêt : le souvenir de son dernier acte, de ces feuilles du Vieux Cordelier où il osa, le premier sous la Terreur et jusque-là presque terroriste lui-même, prononcer le mot de clémence, les colères qui excita chez les tyrans, l’immolation sanglante qui s’ensuivit, l’ont consacré dans l’histoire comme une espèce de martyr de l’humanité, et on ne se le représente volontiers que dans ce dernier mouvement de cœur et dans cette suprême attitude. […] Dans son Brissot démasqué, surtout dans son Histoire des Brissotins, il accuse toute la Gironde ; il s’attache à démontrer en ceux qu’il appelle injurieusement Brissotins, des conspirateurs, des royalistes, des instruments d’intrigue et de vénalité.

2847. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Boileau s’en aperçut un jour qu’il différait de sentiment avec lui : « Dorénavant, disait-il, je serai toujours de l’avis de M. le Prince, surtout quand il aura tort. » En général, les descendants du Grand Condé (l’histoire aujourd’hui peut le dire, puisque la race est éteinte) ne furent pas bons. […] Mais un épisode assez piquant trouverait ici sa place, si l’on écrivait une histoire de la reine de Sceaux.

2848. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Le premier volume est à lire pour l’histoire de la société française au xviiie  siècle. […] C’est l’éternelle histoire.

2849. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Je ne juge pas ici cette philosophie de l’histoire qui donne aux événements un sens tout nouveau ; mais si l’on croit bien réellement à la Providence, à sa présence réelle et à son action efficace en toutes choses, on sera plus ou moins amené à des explications de ce genre. […] Une dame, une amie de M. de Maistre, s’effrayait de cette installation de plus en plus souveraine d’un pouvoir qui lui paraissait non légitime : Avec tout le respect que je vous dois, Madame, écrivait M. de Maistre, je ne puis être de votre avis sur le grand événement qui fixe les yeux de l’Europe et qui me paraît unique dans l’histoire.

2850. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Si l’on voulait faire une histoire régulière des salons du xviiie  siècle, il faudrait commencer par celui de Mme de Lambert. […] C’est là qu’elle réunissait, le mardi et le mercredi de chaque semaine, une société choisie de grands seigneurs et d’hommes de lettres ou de gens lettrés. » (Frédéric Lock, Documents pour l’histoire de la Bibliothèque impériale.)

2851. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il n’atteint pas à la philosophie religieuse de l’histoire. […] Et ceci encore : Que l’histoire vous rappelle que partout où il y a mélange de religion et de barbarie, c’est toujours la religion qui triomphe ; mais que partout où il y a mélange de barbarie et de philosophie, c’est la barbarie qui l’emporte… En un mot, la philosophie divise les hommes par les opinions, la religion les unit dans les mêmes principes ; il y a donc un contrat éternel entre la politique et la religion.

2852. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Il faut avouer que ses compliments sont à peu près dans ce goût : « Autrefois, je ne vous connaissais pas, je ne vous lisais pas, je ne rencontrais que des gens qui me disaient du mal de vos romans… Maintenant tout est changé… alors je vous lis, je vous lis avec un grand plaisir… et vous trouve vraiment beaucoup de talent… Mais au fait, on dit que vous avez aussi publié des livres d’histoire très curieux… moi je n’y croyais pas, quand j’ai commencé à lire vos romans… je les ai trouvés si bien, que ça me mettait en défiance contre vos autres livres… Je me disais : ils sont trop romanciers pour être des historiens… » * * * — Voltaire n’a que l’esprit, tout l’esprit d’une vieille femme du xviiie  siècle ; mais jamais de son esprit ne jaillit une pensée, ayant la moindre parenté avec une pensée de Pascal, avec une pensée de Bacon, avec n’importe quelle pensée d’une grande cervelle philosophique. […] * * * — Moi, il n’y a que les Parisiens qui m’intéressent… Les provinciaux, les paysans, tout le reste de l’humanité, enfin, c’est pour moi de l’histoire naturelle.

2853. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

L’histoire du cliché serait l’histoire même des littératures dans leurs rapports avec la mode.

2854. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Gaston Boissier, constate que « plus personne ne se contente de son métier et ne peut s’empêcher d’empiéter sur celui des autres » il ne fait que confirmer la réalisation des craintes soulevées, cinquante ans plus tôt, par l’auteur de l’Histoire de la Révolution. […] Lanson, Histoire de la Littérature française, 1904, page IIII).

2855. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

On peut parler poésie, musique, histoire, littérature, tout le long du jour, etc. » (Correspondance gén. […] Nous observerons seulement que la plupart de ces tableaux antiques sont des portraits ou des tableaux d’histoire ; et que, pour être impartial, il ne faut mettre en parallèle avec des sujets chrétiens que les sujets mythologiques.

2856. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

S’il étoit permis d’appliquer ici l’idée de l’abbé Galliani que l’histoire moderne n’est que l’histoire ancienne sous d’autres noms, je vous dirois que ces bas-reliefs si purs, si corrects, n’étoient que des copies de mauvais bas-reliefs anciens dont on avoit gardé toute la platitude, pour leur conserver la vénération des peuples.

2857. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Rentré chez moi, je fis un choix de mes pièces de vers et les envoyai à Victor Hugo, ce que je n’avais osé jusqu’alors avec personne ; car je sentais bien que mes maîtres du Globe, vraiment maîtres en fait d’histoire ou de philosophie, ne l’étaient point du tout en matière d’élégie.

2858. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Jusque-là, son pouvoir avait été précaire et contesté ; et, si elle avait terminé sa vie politique en 1705, elle n’aurait offert au jugement de l’histoire qu’un caractère équivoque et mal éclairci.

2859. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Hugo, l’histoire des hommes ne présente de poésie que jugée du haut des idées monarchiques et des croyances religieuses.

2860. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Benoist, la Syntaxe fraçnaise entre Palsgrave et Vaugelas, Paris, 1877, in-8 ; Livet, la Grammaire et les Grammairiens au xvie  siècle, Paris, 1859 ; De Blignières, Essai sur Amyot, Paris, 1851 ; Thurot, Histoire de la prononciation, 2 vol. in-8, 1881-84 ; Henri Estienne, les Dialogues et Traités sur la langue française ; E.

2861. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Mais aucune œuvre ne compte dans l’histoire de la pensée ; et cela est grave, en un siècle où la pensée est tout ; surtout, il manque à cette poésie d’être poétique.

2862. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Elle fricote le boudin et la saucisse dans un petit poêlon sur une lampe à essence… Puis ils se mettent à table… Elle lui raconte son histoire (que vous devinez) ; elle s’attendrit en la racontant ; et ses larmes tombent sur le boudin… M. 

2863. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Voyez ci-contre Scapin, d’après la planche 8 de l’Histoire du Théâtre italien : « Nous avons, dit Riccoboni, une estampe de cet habit dessinée et gravée à Paris par Le Bel, qui était un fameux dessinateur italien de ce temps. » Le costume traditionnel du premier zanni, c’est la veste et le pantalon blancs galonnés sur les coutures avec des lamelles d’étoffe ordinairement vertes, la toque blanche bordée d’un galon vert, le manteau à brandebourgs de même.

2864. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Vous serez peut-être les témoins des changements les plus considérables qu’ait présentés jusqu’ici l’histoire de l’humanité.

2865. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !

2866. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Au surplus, ce récit ne peut pas s’appeler une fable ; c’est une petite histoire allégorique qui conduit à une vérité morale.

2867. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Si je ne le vois pas, et que j’entende au loin son fracas, C’est ainsi, me dirai-je, que ces fléaux si fameux dans l’histoire ont passé.

2868. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

S’il a suivi l’histoire de la même famille ?

2869. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Tite-Live, en faisant l’histoire du progrès de la comedie à Rome, dit que la jeunesse de Rome n’avoit pas voulu que cet amusement devînt un art.

2870. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Monsieur De Thou, dont je ne ferai que traduire le récit, étoit un homme revétu d’une grande dignité, qui donnoit lui-même au public l’histoire d’un prince mort depuis un petit nombre d’années, et dont il avoit approché avec familiarité.

2871. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Tite-Live seroit rempli du récit des sacrifices faits pour l’expiation de ces prodiges, si l’on avoit vû ces phénomenes dans la campagne de Rome au temps dont il a écrit l’histoire.

2872. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Il est certain, par exemple, que l’Histoire des Variations, les Provinciales ou l’Esprit des lois sont écrits, chacun dans leur genre, dans un admirable style abstrait, et qu’Atala ou Paul et Virginie sont visiblement écrits en style de couleur ou d’image.

2873. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Ce sentiment, universel et indestructible, qui est comme la conscience des peuples, se manifeste surtout aux grandes époques de crise ; il peut donner lieu à bien des erreurs, à bien des superstitions ; il peut même, et l’histoire nous en offre plus d’un exemple, il peut encourager des imposteurs, les investir d’un grand crédit sur la multitude, les élever à une mission usurpée ; mais il vient d’une confiance sans laquelle les nations seraient, durant ces époques de crise, semblables à un vaisseau battu de la tempête qui aurait perdu de vue l’étoile polaire.

2874. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Le Docteur Véron22 I Sous la solennité d’un titre qui par un côté touche à l’histoire : Quatre ans de règne, et par l’autre au pamphlet : Où en sommes-nous ?

2875. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Ces citations sont tirées de l’article de Taine sur Jean Reynaud (Essais de critique et d’histoire, éditions actuelles).

2876. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Nous ne rassemblons pas ici le reste des refrains épars de ce peuple poétique, chants de guerre ou de fête, chants du marin ou du moissonneur ; mais, l’histoire ne peut oublier ce qui sert à l’expliquer et fit battre des cœurs généreux, même en les égarant.

2877. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Nous ne sommes à l’aurore ni de l’humanité, ni de l’histoire, ni de la littérature. […] De même l’histoire, les idées, les mœurs de l’Athènes de Périclès nous sont plus familières que celles des premiers siècles de notre ère, et même que celles de nos ancêtres directs. […] Tout d’abord, si nous remontons le cours de notre propre histoire littéraire, nous verrons comment ce modèle imaginé a été long à se former en nous. […] C’est pourquoi il se présente dans l’histoire d’un théâtre des périodes pendant lesquelles telle pièce ne produit pas tout l’effet qu’on en devrait attendre et quelquefois ne peut absolument pas être reprise. […] C’est la vue de l’eau qui éveille chez Sichel le désir de boire, et c’est l’action de boire à la cruche que penche la jeune fille qui ramène à la mémoire du rabbin l’histoire touchante de Rébecca et d’Eliézer.

2878. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Les anciens avaient une idée exaltée de l’amitié, qu’ils peignaient sous les traits de Thésée et de Pirithoüs, d’Oreste et de Pilade, de Castor et de Pollux ; mais, sans s’arrêter à ce qu’il y a de mythologique dans ces histoires, c’est à des compagnons d’armes que l’on supposait de tels sentiments, et les dangers que l’on affronte ensemble, en apprenant à braver la mort, rendent plus facile le dévouement de soi-même à un autre.

2879. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Ayons le courage de l’imprimer : si, malgré des interventions si puissantes, le Panthéon n’est pas encore décoré, c’est vraisemblablement qu’il a dans son passé quelque ténébreuse histoire qui lui interdit l’accès de toute distinction honorifique… Quel est donc ce cadavre ?

2880. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Calendau est une légende sur l’histoire de Provence, qui, pour la conduite du récit, l’intérêt des épisodes, l’éclat des peintures, le relief et la grandeur des personnages mis en action, l’allure héroïque du style, mérite à juste titre le nom d’épopée.

2881. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Voilà l’histoire de son mariage, qui n’a rien de remarquable que son opposition avec ce qu’on en raconte.

2882. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Sur quoi le roi dit, en parlant de madame Scarron : Elle sait bien aimer ; il y aurait du plaisir à être aimé d’elle 92. » L’aversion des érudits pour les conjectures, et celle des esprits sages pour le romanesque, ne peuvent aller jusqu’à méconnaître que cette parole du roi fait époque dans l’histoire de ses relations avec madame de Maintenon.

2883. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

« Le style de Lafontaine, dit celui de ses Panégyristes que l’Académie de Marseille a couronné, est peut-être ce que l’Histoire littéraire de tous les siecles offre de plus étonnant.

2884. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Mais si l’on songe que les histoires d’amour et de tournois — bourdonnées de la sorte — sont enclines à verser le sommeil ; si l’on songe aux nuits de juin où, la chair rose sous la chemise de samit mauve, les nobles dames d’antan prêtaient une chaste oreille aux récits des Violeurs de Villanelles.

2885. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Quant aux sciences, il faut bien que tous les italiens tombent d’accord de ce qu’a écrit Monsieur Ottieri dans l’histoire de la guerre allumée, au sujet de la succession de Charles II roi d’Espagne.

2886. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

N’est-ce pas là quelque chose d’ignoble et d’affreux dont la mémoire du grand poëte religieux en prose restera éternellement souillée, et que tous les efforts futurs de la Critique et de l’Histoire, qui l’essuieront, ne pourront effacer !

2887. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Telle est l’histoire de cette Affaire Clémenceau.

2888. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Rappelez-vous l’histoire du capitaine Falstaff et de ses quatorze coquins, en vert, de Kendal !

2889. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Otez l’histoire exquise des Amants fortunés, un petit chef-d’œuvre tombé du ciel bleu des Légendes dans le livre d’Avellaneda, et demandez-vous donc où la grâce des récits du vieux Cervantes s’en est allée ?

2890. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide.

2891. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Il pouvait même, en copiant l’histoire, donner à son Césara la virginale austérité d’un Saint-Just ou la majestueuse moralité d’un Washington.

2892. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Cette relation, quoiqu’il soit constamment question d’elle à travers l’histoire de la philosophie, a été en réalité fort peu étudiée.

2893. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

Ainsi, nous voyons par l’histoire que c’est surtout dans le temps des épidémies et des guerres, lorsque de grandes batailles étaient perdues, lorsque la peste faisait périr les citoyens par milliers, lorsque le peuple croyait voir pendant la nuit un spectre pâle et terrible répandre la désolation sur ses murs ; c’était alors que les prêtres dans les temples et aux pieds des autels, entourés d’un peuple nombreux, élevant tous ensemble leurs mains vers le ciel, composaient et chantaient de nouvelles hymnes.

2894. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

L’histoire ramène souvent les mêmes actions et la même audace dans des hommes et des siècles différents.

2895. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Enfin, en plaçant le christianisme avec lui sur le trône, il fit la plus grande révolution qu’il y ait jamais eu dans les idées, les lois, les mœurs, l’esprit général des nations, changeant tout ce qui avait gouverné les hommes jusqu’alors, et devant influer, sans le savoir, sur presque tous les événements politiques et sacrés de l’histoire moderne ; tel fut le sort attaché au règne de Constantin.

2896. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

C’était là que le père de famille sacrifiait aux dieux de la maison, deivei parentum (loi des douze tables, de parricidio) ; comme parle l’Histoire sainte, le Dieu de nos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob .

2897. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

(tandis que le roman, l’histoire même, et autres, décrivent des êtres et des choses), la poésie est l’art et la science d’exprimer les rapports des êtres et des choses comme seraient, mais de façon moins essentielle, (l’architecture) et la musique. […] Il y a dans les vies des pères du désert une jolie histoire que Thibaudet a bien fait de ne pas relire avant de se mettre à son article. […] Diderot raconte quelque part : j’ai connu un jeune homme plein de goût qui, avant de jeter le moindre trait sur la toile, se mettait à genoux et disait : « mon dieu, délivrez-moi du modèle. » on ne saurait trop presser le sens de cette petit histoire. […] dans une histoire curieuse et rare du " paysage en France " par Georges Lanoe et Tristram Brice, se trouve soutenue la thèse que voici : le grand mouvement religieux du XIXe  siècle avorta, et c’est chez les paysagistes de 1830 que fleurit, et là seulement (?) […] Le tome III de mon histoire du sentiment religieux).

2898. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

En commençant le cours de physiologie générale au Muséum d’histoire naturelle, je crois nécessaire d’indiquer les circonstances qui m’y ont amené. […] Le problème de la physiologie comparée étant d’étudier les mécanismes de la vie dans les divers animaux, la place de cette science est marquée dans un établissement qui offre, à cet égard, des ressources aussi complètes que le Muséum d’histoire naturelle de Paris. […] Cette évolution semble, il faut le dire, être restée inaperçue pour beaucoup de personnes qui prétendent faire de la physiologie une dépendance ou une partie de la zoologie et de la phytologie, sous prétexte que la zoologie embrasse toute l’histoire des animaux et que la phytologie comprend toute l’histoire des plantes. […] L’anatomie headriptive est à la physiologie ce qu’est la géographie à l’histoire, et de même qu’il ne suffit pas de connaître la topographie d’un pays pour en comprendre l’histoire, de même il ne suffit pas de connaître l’anatomie des organes pour comprendre leurs fonctions. […] Nous ne ferons pas ici l’histoire de toutes les propriétés du protoplasma, ce serait embrasser la physiologie entière.

2899. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Lorsqu’on remonte un peu plus haut dans notre histoire, on y rencontre çà et là de pareils nobles49. […] « La pitié la plus active remplissait les âmes : ce que craignaient le plus les hommes opulents, c’était de passer pour insensibles. » (Lacretelle, Histoire de France au XVIII e siècle, V, 2.) […] Floquet, Histoire du Parlement de Normandie, VI, 696.

2900. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Mais à quoi bon l’histoire de la fête donnée sur l’eau, de cette sérénade, de ce festin dont il décrit le menu ? […] L’histoire, la réflexion, le travail solitaire du génie, peuvent révéler au poète les caractères et les mœurs de la tragédie ; mais pour la comédie, qui doit être l’image de la société, ni la force du génie, ni les études du cabinet ne suppléent l’observation. […] Il faut lire le jugement que porte de Pierre de Larivey et de sa pièce, Sainte-Beuve, dans son Histoire de la poésie du seizième siècle.

2901. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

A partir de cette époque, vous avez eu de grands jours ; mais l’action continue a cessé : c’est par l’époque de la Restauration que vous marquerez dans notre histoire. […] La Restauration n’est autre chose que l’histoire de cette entreprise.

2902. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Que si la tradition est nécessaire pour recueillir ce que l’histoire régulière ne dit pas toujours, hâtons-nous pendant qu’il en est temps ; que M.  […] Patin m’a souvent fait remarquer qu’une des plus belles épigraphes et des mieux appliquées est celle que M. de Fezensac a mise à l’Histoire de mon régiment pendant la retraite de Russie  ; elle est prise du second livre de l’Enéide : Illiaci cineres et flamma extrema meorum, Testor in occasu vestro nec tela nec ullas Vitavisse vices Danaum, et, si fata fuissent Ut eadorem, meruisse manu…56 « Cendres d’Ilion, incendie suprême, tombeau des miens, je vous prends à témoin que, dans votre ruine, je n’ai rien fait pour éviter les traits des Grecs, ni aucun des hasards funestes, et que si le destin avait été que je tombasse, j’ai tout fait pour mériter de mourir. » — Quelle plus belle manière et plus touchante, pour un soldat, de s’excuser de n’être point mort, d’avoir survécu à un immense désastre !

2903. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il flotte de projets en projets : tantôt il voudrait attirer son frère à Paris pour y fonder en commun avec lui quelque journal ou revue ; tantôt il rêve de se retirer avec lui à La Chesnaie, et là de se livrer uniquement à la composition d’une Histoire ecclésiastique dont il a le plan en tête, « ouvrage de toute une vie » ; tantôt il n’ambitionne que de finir un autre ouvrage projeté ou même commencé, l’Esprit du Christianisme : « Ce serait un bel ouvrage, écrit-il de Paris (5 novembre 1814). […] C’est l’histoire de M. de Bonald. »

2904. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Dans le volume de Lettres recueillies en Suisse, par le comte Golowkin4, parmi des particularités piquantes qui ajoutent à l’histoire littéraire de Voltaire et de quelques autres noms célèbres, il se trouve, de femmes du pays, plusieurs lettres qui rappellent heureusement la vivacité de madame de Sévigné, dont la personne qui écrit se souvient elle-même quelquefois. […] Voir le Canton de Vaud, sa Vie et son Histoire, par M.

2905. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Ravenel (Annuaire historique, pour l’année 1840, publié par la Société de l’histoire de France) ; jusqu’alors on l’avait crue née plus tôt, vers 1634. […] Tome V des Nouveaux Mémoires d’Histoire, de Critique et de Littérature, par l’abbé d’Artigny.

2906. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

C’est là où commence l’histoire des plates et viles bassesses de M. […] Cette histoire ridicule peut servir à faire connaître l’empressement peu réfléchi, l’exactitude machinale des subalternes, que la plus profonde vénération n’abandonne jamais.

2907. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

« À cette époque, dit le philosophe allemand Herder dans sa belle Histoire de la Poésie des Hébreux, à cette époque de l’âge du monde, la poésie et la musique étaient étroitement unies ; les poètes et les musiciens n’étaient presque toujours qu’une même personne. […] Excepté dans l’Odyssée, il n’a point d’invention poétique comparable à cette histoire des anciens jours.

2908. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Dès l’année 1424, la famille des Médicis, alliée au pape Jean XXIII, apparaît dans l’histoire de Florence comme quelque chose de plus grand qu’un citoyen. […] Comme il avait toujours vécu sous l’autorité de son père, son nom ne se montre que rarement dans les pages de l’histoire : mais les mémoires littéraires attestent que, par ses talents naturels et par ses connaissances acquises, il ne dérogeait pas à cette ardeur pour les études, à cet attachement pour les hommes d’un savoir éminent qui avaient été l’apanage constant de sa famille.

2909. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Choisissons, dans l’histoire, un héros à notre humeur dont nous nous répéterons les gestes devant la glace. […] Qu’il le veuille ou non, René Ghil appartient à l’histoire du mouvement symboliste et les anthologies le prou vent, qui n’ont gardé de l’oublier dans le dénombrement des poètes de l’École.

2910. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Quels sont les noms qui frappent à la première vue jetée sur l’histoire de cette époque ? […] En supposant même que l’érudit ne dût jamais figurer dans la grande histoire de l’humanité, son travail et ses résultats, assimilés par d’autres et élevés à leur seconde puissance, y trouveront leur place par cette influence secrète et cette intime infiltration qui fait qu’aucune partie de l’humanité n’est fermée pour l’autre.

2911. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

J’ai même fait incidemment sur ce point des recherches assez curieuses qui, complétées, pourraient faire une histoire intéressante, intitulée : Histoire de l’Incrédulité dans le Christianisme.

2912. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

S’ils ont une haute intelligence, ils s’adonneront à l’histoire ou aux sciences plutôt qu’à un art. […] Et je n’ai, ajoute-t-il, qu’à ouvrir l’histoire des sciences pour justifier mon assertion.

2913. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Comme la Francesca du Dante, Cassandre a raconté son histoire, « tant que le vent se tait comme il le fait à présent », Mentre che ’l vento, come fa, si tace. […] Phénomène tragique qui n’a d’analogue que l’histoire contée par Josèphe, de ce Jésus, fils d’Ananus, inécouté comme Cassandre, qui parcourut, pendant sept ans, les rues de Jérusalem en criant : « Malheur sur la ville !

2914. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Stobée raconte l’histoire d’un jeune homme qui, forcé par son père de se livrer aux travaux des champs, se pendit, laissant une lettre par laquelle il déclarait que l’agriculture était un métier par trop monotone, qu’il fallait sans cesse semer pour récolter, récolter pour semer encore, et que c’était là un cercle infini et insupportable. […] Les cavaliers partis, la jeune fille rassurée soulève son voile, et raconte à Diane l’histoire de son aventure nocturne.

2915. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Ses écrits, ses actes de ce temps doivent s’étudier, non point selon l’interprétation posthume qu’il en a donnée, mais dans l’histoire même et aux sources. […] ouvrez la préface de La Monarchie selon la Charte dans l’édition de 1827 ; il y disait, laissant échapper le ressentiment dont il était plein : En me frappant, on n’a frappé qu’un dévoué serviteur du roi, et l’ingratitude est à l’aise avec la fidélité ; toutefois, il peut y avoir tels hommes moins soumis et telles circonstances dont il ne serait pas bon d’abuser : l’histoire le prouve.

2916. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Année 1859 2 janvier 1859 J’ai pour mes étrennes la dernière épreuve de la seconde édition de l’Histoire de Marie-Antoinette. […] * * * — Un temps dont on n’a pas un échantillon de robe et un menu de dîner, l’Histoire ne le voit pas vivre.

2917. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Jacques Demogeot, professeur de l’Université, connu par une histoire élégante de la littérature française, et par des études d’art et de poésie. […] Nous voyons bien à Jérusalem une classe spéciale, les prophètes et quelques autres hommes, deux rois, par exemple, qui, sans appartenir à la tribu sacerdotale, composent des poésies, des histoires, des sentences ; mais la nature de leurs écrits, presque tous religieux, et le soin qu’ils prennent de les déposer dans la bibliothèque du temple, soit comme un hommage, soit comme une garantie de durée, indiquent assez la subordination.

2918. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

L’histoire bizarre, singulière, est, paraît-il, vraie : un rat volant un œuf et se faisant tirer par la queue comme un chariot par un autre rat. […] Le Renard polonais est une histoire qui lui a été racontée, et ici nous en sommes absolument sûrs, puisqu’il nous le dit lui-même, qui lui a été racontée par Sa Majesté Jean Sobiesky.

2919. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Quand j’ouvre les yeux pour les refermer aussitôt, la sensation de lumière que j’éprouve, et qui tient dans un de mes moments, est la condensation d’une histoire extraordinairement longue qui se déroule dans le monde extérieur. […] Elle opère par deux méthodes complémentaires — d’un côté par une action explosive qui libère en un instant, dans la direction choisie, une énergie que la matière a accumulée pendant longtemps ; de l’autre, par un travail de contraction qui ramasse en cet instant unique le nombre incalculable de petits événements que la matière accomplit, et qui résume d’un mot l’immensité d’une histoire.

2920. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Au fond, il paraîtrait ne le goûter qu’à demi, l’admirer surtout par respect humain, et peut-être ne l’avoir pas lu tout entier ; car, dans la suite de ses réponses à Perrault sur la controverse homérique, il n’emprunte rien, ni pour l’histoire conjecturale des premiers poëtes grecs, ni pour l’analyse du sentiment poétique, à bien des traits originaux, à bien des témoignages précieux de Pindare, qui partout, dans ses hymnes, se montre le premier croyant à l’authenticité d’Homère et comme le prêtre de son temple. […] Mais, je m’arrête : je voulais indiquer un fait dans l’histoire du goût, et non médire de Boileau qui, dans son domaine, était grand poëte aussi.

2921. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Le poète dramatique, s’il est vraiment tel qu’il s’en est vu aux glorieuses époques et qu’on a le droit d’en espérer toujours, ce poète, dans la liberté et le premier feu de ses conceptions, ne songe point à faire directement un ouvrage moral ; il pense à faire un ouvrage vrai puisé dans la nature, dans la vie ou dans l’histoire, et qui sache en exprimer avec puissance les grandeurs, les malheurs, les crimes, les catastrophes et les passions.

2922. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

. — Enfin il y aurait désormais à contrôler et à compléter une histoire de Villars à l’aide de celle du prince Eugène, publiée à Vienne par M. 

2923. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.

2924. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Desmarest a évité d’entrer dans les personnalités proprement dites ; ce sont des documents scrupuleux sur quelques points difficiles de l’histoire qu’il présente.

2925. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

C’est un peu là l’histoire de notre littérature et de l’effet qu’elle nous produit, à nous citadins et casaniers, et de l’effet, certainement différent, bien qu’impossible à déterminer, qu’elle produira sur nos neveux, voyageurs hâtés qui retourneront un moment vers nous leurs regards du haut de leurs collines.

2926. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Note sur les éléments et la formation de l’idée du moi » pp. 465-474

C’est que, lorsque je me trouvais seul dans un endroit nouveau, j’étais comme un enfant nouveau-né, comme Gaspard Hauser au sortir de sa cave, ne reconnaissant plus rien, incapable de tirer de mes sensations perverties aucune indication pour me conduire. » Puis, revenant sur l’histoire de sa maladie, il ajoute : « La première sensation que j’aie éprouvée était une bouffée qui me montait à la tête.

2927. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Qu’on prenne le genre qu’on voudra, discours, histoires, romans, comédies, on verra qu’il y a peu d’œuvres qui réussissent, encore moins qui durent à travers les siècles, sans une bonne économie : et pour peu qu’on ait de curiosité, on découvrira dans la multitude innombrable des écrits oubliés, pour peu qu’on ait d’attention, on notera dans le passage incessant des écrits qui ne naissent que pour mourir, plus d’une œuvre que les plus hautes qualités, que des morceaux admirables, des beautés singulières, semblaient adresser à l’immortalité.

2928. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

. — À consulter : Taine, Essais de critique et d’histoire ; E.

2929. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Dumas me semble n’avoir jamais répudié la moralité de sa première œuvre : comme j’y retrouvais Marion de Lorme, je retrouverais dans les Idées de Madame Aubray quelque chose des Misérables, la thèse même qu’implique l’histoire de Fantine.

2930. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Oui, le tournoi de 1914 restera inscrit dans les fastes de l’Histoire !

2931. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Il est ainsi plus d’une grande vocation dans l’histoire dont un nom donné sans arrière-pensée à un enfant a été l’occasion.

2932. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Desprez de Boissy sur cette matiere, où l’on trouve une Histoire très-curieusedes Ouvrages pour & contre les Théatres.

2933. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Si j’apprenais l’hébreu, les sciences, l’histoire !

2934. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Pigalle, jettez-moi à bas et ce squelette, et cet Hercule, tout beau qu’il est, et cette France qui intercède ; étendez le maréchal dans sa dernière demeure, et que je voie seulement ces deux grenadiers affilant leurs sabres contre la pierre de sa tombe ; cela est plus beau, plus simple, plus énergique et plus neuf que tout votre fatras moitié histoire, moitié allégorie.

2935. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Ainsi chaque voussure à quatre faces, et Raphaël peignoit au temps dont je parle, une histoire de l’ancien testament, sur chacune des faces de la premiere voussure.

2936. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Otwai avoit pris lui-même dans l’histoire de la conjuration de Venise par l’abbé de saint-Real, le sujet, les caracteres principaux et les plus beaux endroits de sa piece.

2937. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Cet auteur a jugé à propos de faire dans son septiéme livre une courte dissertation sur l’origine et sur l’histoire des représentations théatrales à Rome.

2938. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Intrépide analyste, travailleur infatigable, grand remueur d’idées, il a créé la critique d’érudition, et c’est l’homme de France qui connaît le mieux son histoire de la littérature.

2939. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Hérodote, qui a été appelé le père de l’histoire, a écrit dans le système de la fatalité.

2940. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Il fut un moment, en effet, dans l’histoire de Madame Sand, où, par suite d’affaires, elle ne se trouva plus assez riche.

2941. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Mais ici, dans une histoire littéraire de toute une époque, on le signale, et c’est tout.

2942. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

c’est dans l’histoire comme dans la fable.

2943. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Mais il se glisse, au fond et le long de tout cela : L’histoire des amours que je n’aurai pas eus !

2944. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Après l’observation si simple que nous venons de faire sur l’histoire du genre humain, quand nous n’aurions point pour l’appuyer tout ce que nous en ont appris les philosophes et les historiens, les grammairiens et les jurisconsultes, on pourrait dire avec certitude que c’est bien là la grande cité des nations fondée et gouvernée par Dieu même.

2945. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Ils lisent avec étonnement et tremblement l’histoire de ses œuvres, les tables de ses ordonnances, les archives de ses vengeances, la proclamation de ses promesses et de ses menaces ; ils s’en remplissent. […] Taylor vous contera l’histoire des ours de Pannonie, qui, blessés, s’enferrent plus avant ; celle des pommes de Sodome qui sont belles d’apparence, mais au dedans pleines de pourriture et de vers, et bien d’autres anecdotes encore. […] Les histoires, celle de May, par exemple, sont plates et lourdes. […] Appauvri d’idées, rempli d’images, livré à une pensée fixe et unique, plongé dans cette pensée par son métier machinal, par sa prison et ses lectures, par sa science et son ignorance, les circonstances, comme la nature, le font visionnaire et artiste, lui fournissent les impressions surnaturelles et les images sensibles, lui enseignent l’histoire de la grâce et les moyens de l’exprimer. […] Calvin, cité par Haag, II, 216, Histoire des dogmes chrétiens.

2946. (1908) Après le naturalisme

Telle est l’histoire même de l’art jusqu’à nos jours. […] D’après l’histoire de la Littérature Pour l’accomplissement de ce devoir, la Littérature se présente comme un des plus puissants moyens à employer. […] L’histoire ne constitue pas seule le champ d’expériences sociales. […] Il fut un état de barbarie que nous ne nous figurons même pas, dont l’histoire ne nous a rien transmis, et pour cause, où les forces seules régnaient d’homme à homme et dans lequel il ne faisait pas bon, sans doute, de vivre pour le faible. […] Pouvons-nous aspirer à de tels résultats, hélas toujours confirmés par l’Histoire.

2947. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Dans l’histoire de ce talent, on verra l’histoire de l’esprit anglais classique, sa structure, ses lacunes et ses puissances, sa formation et son développement. […] La plupart de leurs fables sont composées avec une histoire ridicule et incohérente. […] Il y a de la vigueur et de l’art dans cette tragédie de Dryden, Antoine et Cléopatre. « Toutes mes autres pièces, disait-il, je les ai faites pour la foule ; celle-ci, je l’ai faite pour moi-même. » Et, en effet, il l’avait composée savamment d’après l’histoire et la logique. […] Si Dryden est un politique expérimenté, un controversiste instruit, bien muni d’arguments, sachant tous les tournants de la discussion, versé dans l’histoire des hommes et des partis, cette habileté de pamphlétaire, toute pratique et anglaise, le retient dans la basse région des combats journaliers et personnels, bien loin de la haute philosophie et de la liberté spéculative, qui impriment au style classique des contemporains français la durée et la grandeur.

2948. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Il faut sympathiser avec ses malheurs, mais si l’on veut conserver sa pitié, il ne faut pas lire son histoire. […] Ayant quitté l’université sans y terminer tes études, tu allas demeurer, je m’en souviens, chez un certain Gour Kroupianikoff, très-honorable seigneur russe, qui avait daigné te confier le soin d’enseigner à ses deux fils, Fofa et Zuzu, la grammaire russe, la géographie, l’histoire. […] Comme tous les peuples enfants qui ont de grands souvenirs dans leur histoire, les Russes ont des chanteurs de cantons, de villages, de steppes, qui luttent ensemble pour le plaisir des auditeurs attablés. […] Elle commence par les romans, elle finira par l’histoire ; elle apprend à écrire avant de penser, et parmi les écrivains actuels de toutes les langues il y en a bien peu (s’il y en a) qui égalent Tourgueneff en naturel, en simplicité et en originalité.

2949. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

Je conçois bien qu’à l’âge d’Indiana, et malgré la blessure d’une si furieuse passion, on s’adoucisse, on vive, on oublie un peu, et qu’après un intervalle assez long, on finisse même par aimer ailleurs ; mais ici le passage est brusque, la guérison magique ; sir Ralph joue le rôle d’un véritable Deus ex machina, qui, déguisé jusqu’alors en quelque rustre, et demeuré témoin insignifiant du drame, se révèle soudain, reprend sa haute beauté et ravit à lui l’Ariane : l’histoire réelle finit comme un poëme mythologique. 

2950. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Parmi les personnages et portraits charmants déjà en foule échappés à sa plume, nous en savons un dont nous voudrions lui inculquer le souvenir, parce qu’en même temps qu’il est proche parent de Lélia pour les principales circonstances, il a, dans le caractère et dans l’expression, la mesure, la grâce, la nuance qu’on aime et qui attire tout lecteur : ce personnage est celui de Lavinia, que l’auteur a peinte dans une Vieille Histoire.

2951. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

L’auteur de cet article courroucé peut, et même doit être un homme instruit, de sens, scholar distingué, sachant le grec, l’histoire, les langues.

2952. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Louis XVI s’est trouvé roi, pendant le premier orage d’une révolution sans exemple dans l’histoire.

2953. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Mais tout cela c’est l’un des « recommencements » de l’histoire littéraire, et nous n’y insisterons pas.

2954. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Cela même eût mieux valu : l’auteur n’eut pas été tenté de défigurer, en un médiocre récit, l’étonnante Histoire comique des États et Empires de la Lune, et n’eût pas commis les interminables plaisanteries sur le nez de son héros.

2955. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

L’aventure de Verlaine et de Stéphane Mallarmé est unique dans l’histoire littéraire.

2956. (1890) L’avenir de la science « I »

Béranger a pu tout dire sous forme de chansons, tel autre sous forme de romans, tel autre sous forme d’histoire.

2957. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Jésus, dont les rapports avec les Esséniens sont très difficiles à préciser (les ressemblances, en histoire, n’impliquant pas toujours des rapports), était ici certainement leur frère.

2958. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Le tourment que se sont donné plusieurs commentateurs notables pour faire de Rabelais un peintre d’histoire, et nous donner le fil historique qui doit lier, accorder, éclaircir le fatras mêlé dans son Pantagruel avec quelques satires piquantes et de bon sel, devrait bien dégoûter les commentateurs de nos poètes.

2959. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

  Rien de plus singulier, dans l’Histoire de l’esprit humain, que ce fol enthousiasme excité par la Philosophie, dès qu’elle commença à élever sa voix.

2960. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Enfin l’Art poétique d’Horace est un magasin d’excellens Tableaux, jetés au hasard les uns les autres ; celui de Despréaux, une galerie de peintures rangées avec ordre & symétrie, d’où résulte un tout, une histoire qui plaît & intéresse par les nuances & les gradations que le Poëte y a su ménager.

2961. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

On désireroit seulement qu’il eût été moins prolixe dans cet Ouvrage ; défaut qu’il n’a pas plus évité dans ses excellentes Remarques sur les Tragédies de son pere, que dans les Mémoires qu’il a publiés pour servir à l’Histoire de la Vie de cet illustre Poëte.

2962. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Il est reconnu que chaque littérature s’empreint plus ou moins profondément du ciel, des mœurs et de l’histoire du peuple dont elle est l’expression.

2963. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

L’histoire des grands artisans, soit en poësie, soit en peinture, qui n’ont pas fait naufrage sur les écueils dont je parle, est remplie du moins des dangers qu’ils y ont courus ; quelques-uns s’y sont brisez, mais tous y ont échoüé.

2964. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Le Romantisme, l’échevelé Romantisme commence dans l’histoire littéraire par des accents d’une douceur, d’une retenue, d’une pureté infinies, en cela ressemblant à ces Grecs, ses ennemis, qui commençaient la bataille par un air de flûte.

2965. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

vraiment, pour l’honneur de la Critique et l’exactitude de l’histoire littéraire qu’elle écrit chaque jour, j’ai cru que ce n’était pas là une raison suffisante de se taire et de souscrire, par son silence, à l’opinion trop émue qu’on a voulu dernièrement nous donner d’un talent qui, en lui-même, n’est pas si troublant et auquel la Mort, cette railleuse qui fait parfois les meilleurs prospectus, en a fait un qu’aucune circonstance probablement ne recommencera jamais plus.

2966. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Brève sera l’histoire, Et je ne te dirai rien que la vérité, Aucun récit banal de douleur. — Dans sa gloire,       C’est un noble type arrêté.

2967. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Mais une simplicité si ingénue, un christianisme d’une foi si naïve, des vers qui coulaient comme d’une source, pouvaient-ils être remarqués au moment de l’histoire contemporaine où une École célèbre, l’École de la Forme, allait triompher et où commençaient les gymnastiques enragées dans le rythme qui font de la poésie moderne la danseuse de corde aimée de M. de Banville : Saqui, l’immortelle !

2968. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

… Poète en rapport direct avec le monde et l’Histoire par la poésie, il a fait œuvre de poète, il a fait œuvre de beauté.

2969. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Voilà pourquoi nous lisons dans l’histoire romaine que tant que le gouvernement de Rome fut aristocratique, le droit des mariages solennels, le consulat, le sacerdoce ne sortaient point de l’ordre des sénateurs, dans lequel n’entraient que les nobles ; et que la science des lois restait sacrée ou secrète (car c’est la même chose) dans le collège des pontifes, composé des seuls nobles chez toutes les nations héroïques.

2970. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé. […] Rien de ce qui est histoire n’y est exact, rien n’y est vu naturellement ni simplement rendu : l’auteur ne voit la réalité qu’à travers un prisme de cristal qui en change le ton, la couleur, les lignes ; il transforme ce qu’il regarde ; mais, malgré tout, la pensée comme l’expression ont, à chaque page, une élévation et un lustre qui attestent un écrivain de prix. Si M. de Vigny altère et fausse l’histoire, ce n’est jamais par frivolité, c’est par trop de réflexion : c’est qu’il cherche comme l’alchimiste à transmuer les métaux, à faire de l’or avec de la terre, du diamant avec du charbon.

2971. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Histoire de Nicolaï. — Méthode générale pour détruire l’hallucination. — Cas où la sensation provoque l’illusion proprement dite. — Récit du Dr Lazarus. — En ce cas, on supprime la sensation provocatrice. […] Comme on voit dans l’histoire de la respiration ou de la locomotion un élément organique devenir, par une légère modification, l’instrument d’une fonction plus compliquée, puis, par une seconde modification surajoutée, exécuter une fonction supérieure ; de même, dans l’histoire de l’intelligence, on voit un élément psychologique fournir par une petite modification à des opérations très étendues, puis, par une seconde modification superposée, accomplir des opérations si complexes, si délicates et si nombreuses qu’elles semblaient pour toujours devoir rester au-delà de sa portée.

2972. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

III Il y a peu de grands hommes remueurs du monde sur lesquels on ait autant écrit que sur cet homme séquestré, solitaire, absorbé dans sa piété, dans son amour et dans ses vers ; pour les uns il est poésie, pour les autres histoire, pour ceux-ci amour, pour ceux-là politique. […] VI L’histoire de Laure a été écrite avec l’orgueil de la parenté par l’abbé de Sades, descendant de cette femme angélique ; par un hasard de la destinée, ma famille maternelle remonte également à cette source. […] La rencontre qui décida de la vie et de l’immortalité du jeune poète est racontée par lui dans toutes ses circonstances d’année, de lieu, de jour et d’heure, comme un événement de l’histoire du monde.

2973. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Les plus touchantes catastrophes de l’histoire : le meurtre de César, le supplice de Charles Ier, le cachot du Temple, la mort si calme de Louis XVI, priant pour son peuple égaré ; aucune de ces scènes a-t-elle jamais retenti plus profondément dans votre cœur que la chute d’une larme secrète d’une pauvre âme inconnue qui dit à Dieu ses douleurs intimes, sans dire au monde son nom ? […] C’étaient presque tous des livres de dévotion ou d’histoire, et çà et là quelques romans choisis de Walter Scott, le barde posthume des Stuarts, auteur justement adoré des légitimistes français. […] Le voilà comme en prison, feuilletant de temps en temps une vieille histoire de l’Académie de Berlin, porte-sommeil, assoupissante lecture !

2974. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

. — A Francfort le professeur Dr Max Koeh de Marbourg prendra cet hiver, au Freies Deutsches Hochtift, pour sujet de son cours d’histoire littéraire, Wagner, considéré comme dramaturge et littérateur. […] On connaît l’histoire de ce vaillant artiste, et comment nous lui devons, pour une si large part, l’introduction du wagnérisme à Paris. […] Dans cette histoire complexe, le roi Amfortas, se trouvant au royaume enchanté de Klingsor avait été séduit par Kundry.

2975. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Dans toutes les légendes, sans exception, le pivot de l’histoire est un philtre d’amour que les deux boivent par un pur hasard, par mégarde. […] Oui, quant à l’unité de sujet, nous serons forcés de reconnaître que Tristan occupe, non seulement dans l’œuvre de Wagner, mais dans l’histoire de l’art, une place unique. […] Quant à Christian Matthias Theodor Mommsen (1817-1903) c’est un historien allemand, grand spécialiste de la Rome antique du xixe  siècle, auteur d’une monumentale Histoire romaine et d’un Corpus inscriptionum latinarum toujours actualisé et mis à jour.

2976. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Geffroy m’amène Raffaëlli, qui a demandé à voir mes dessins, et l’on cause critique d’art, quand soudain Raffaëlli s’écrie : « Par exemple, en fait de jugement d’une peinture, ce que vous avez dit à Geffroy à propos de mon exposition de la rue de Sèze, de l’année dernière, ça m’a renversé, bouleversé, fait croire que vous étiez un vrai voyant en tableaux. » Voici l’histoire : L’année dernière à un dîner chez les Daudet, qui fut un peu une chamaillade avec Zola, depuis le commencement jusqu’à la fin, la bataille avait commencé à propos d’une discussion sur Raffaëlli, que je louais, et j’ajoutais devant Geffroy qui se trouvait là : « Il y a chez Raffaëlli, dans ces dernières années, une blondeur, un attendrissement tout particulier, il a dû se passer quelque chose dans sa vie. […] Et lâchant sa dissertation sur l’amour, elle revient à ses caniches, à l’histoire de leurs mœurs, parlant d’un prédécesseur de la caniche ayant l’horreur des bains, et qui lorsqu’on lui en préparait un, simulait le plus admirable rhume de cerveau qui se puisse imaginer. […] » Et elle ajoute après un silence : « Car, on a beau dire, à Versailles est toute l’histoire de France… » Tholozan, médecin du shah de Perse, depuis vingt-neuf ans, nous faisait une curieuse révélation : « Les Persans disent aux Européens : Vous avez, vous autres, des horlogers, des mécaniciens, des ouvriers dans les arts mécaniques, supérieurs aux nôtres, mais nous vous sommes bien supérieurs en tout, — et ils demandent, si nous avons des littérateurs, des poètes ! 

2977. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Quant au dix-septième siècle, la principale supériorité qu’il semble posséder en fait de poésie, c’est d’avoir vu naître le théâtre classique ; mais, d’autre part, notre siècle a vu se produire un fait qui n’aura peut-être pas un jour moins d’importance dans une histoire d’ensemble de la littérature française : la naissance de la poésie lyrique. […] C’est une des formes de l’insociabilité intellectuelle que l’obscurité voulue, l’inintelligibilité systématique, et les symbolistes y visent : En ta dentelle où n’est notoire Mon doux évanouissement, Taisons pour l’âtre sans histoire Tel vœu de lèvres résumant. […] Histoire du romantisme, p. 336.

2978. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

C’est l’histoire d’un bandit tyrolien amoureux d’une autre Marguerite. […] Empédocle a vaincu les héros de l’histoire, Le jour qu’en se lançant dans le cœur de l’Etna, Du plat de sa sandale il souffleta la gloire, Et la fit trébucher si bien qu’elle y tomba. […]     Si vous oubliez votre histoire,     Vos jeunes filles, sûrement,     Ont mieux gardé notre mémoire ; Elles nous ont versé votre petit vin blanc, etc.

2979. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Cette histoire était récente quand Dante y fit cette immortelle allusion. […] Les centaures, les Harpies, les lacs de bitume d’où s’élèvent en mugissant de douleur des bustes à demi consumés, des âmes liées à des arbres morts, des chiennes affamées poursuivant des esprits en fuite, des damnés transformés en buisson, des pluies de feu sur des déserts de sable et qui l’allument comme l’amadou le briquet, tous les héros de la Fable confondus avec ceux de l’histoire et du temps, des rencontres inattendues du poète avec les âmes de ses contemporains morts avant lui, et des signalements grotesques, tels que celui de Brunetto Latini, premier maître de Dante : « Ces âmes clignaient les yeux en nous regardant, comme le vieux tailleur regarde le trou de l’aiguille  » ; Des vers sublimes, tels que celui-ci du disciple au maître en le rencontrant : « Tu m’enseignais là-haut comment l’homme s’éternise !  […] … » XVII Après plusieurs autres chants où le poète, de plus en plus inintelligible, fatigue le lecteur de ses innombrables rencontres avec des personnages plus ou moins inconnus de la Bible, de la fable ou de l’histoire florentine, il se ressouvient enfin de Béatrice, qui semble représenter pour lui l’amour et la foi.

2980. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Est-ce qu’un trait comique pris dans nos mœurs, est-ce qu’un trait pathétique pris dans notre histoire ne m’attachera pas tout autrement… j’en conviens, dites-vous. […] Un troisième artiste me dit, donnez-moi un sujet d’histoire. […] C’est alors qu’il y a cent tableaux de chevalet pour une grande composition, mille portraits pour un morceau d’histoire ; que les artistes médiocres pullulent et que la nation en regorge.

2981. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Fox en faisait l’histoire, Bunyan en donnait les règles, le Parlement en offrait l’exemple, toutes les chaires en exaltaient la pratique. […] Il partait oubliant d’épouser sa fiancée, on le rattrape à Douvres ; il revient, épouse ; l’histoire était plaisante : il ne demande rien de mieux. […] C’est une œuvre de psychologie, voisine de la critique et de l’histoire, ayant des libertés presque égales, parce qu’elle contribue presque également à exposer l’anatomie du cœur575. […] Le chevalier de Grammont conte au roi l’histoire de Termes ou de l’aumônier Poussatin ; tout le monde quitte le bal pour venir l’écouter, et, le conte fait, chacun rit à se tenir les côtes. […] Rien de laissé, sauf quelques bouteilles vides oubliées, et les portraits de famille, qui, je crois, sont enchâssés dans les lambris. —  Et j’ai eu aussi le chagrin d’entendre de mauvaises histoires contre lui. —  Oh !

2982. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Je commencerai ces études physiologiques par l’histoire du curare, le premier de ces poisons qu’il m’a été donné de soumettre à des investigations expérimentales. […] Comme on le voit, l’esprit s’est plu à entourer de merveilleux l’histoire de ce poison, dont l’origine et l’action étaient mal connues. […] Tous les physiologistes connaissent l’histoire d’un jeune Canadien blessé accidentellement d’un coup de mousquet chargé à plomb qui l’atteignit presque à bout portant dans le flanc gauche. […] Cependant le vitalisme se modifia peu à peu dans sa forme ; la doctrine des propriétés vitales marqua une époque importante dans l’histoire de la physiologie. […] Goethe, Œuvres d’histoire naturelle, traduction de M. 

2983. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

J’ouvre au hasard un livre d’histoire de l’art. […] Telle est l’histoire de l’art imaginatif. […] Ils écrivent des histoires sans paroles. […] L’histoire de l’art est bien intéressante à ce point de vue. […] Voir Maxime Collignon, Histoire de la sculpture grecque, 1892, t. 

2984. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Vous trouverez quelques traits de cette histoire dans une étude fort bien faite qu’un de nos professeurs, M.  […] C’est l’histoire d’Arnolphe. […] Toute cette histoire de dona Elvire est d’un insupportable ennui, et dona Elvire elle-même est bien la plus désagréable bavarde qu’on puisse voir. […] Je crois bien que c’est l’auteur de L’Affaire Clemenceau lui-même qui m’a conté cette histoire. […] Il n’y a jusqu’ici rien de bien étrange dans cette histoire.

2985. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

On en sait maintenant l’histoire, et l’on démêle la double part de vérité et d’invention dont il se compose, presque aussi bien que l’auteur lui-même. […] C’est alors qu’il conçut l’idée d’identifier bientôt l’histoire de ce Jérusalem avec celle d’un amoureux comme lui-même l’avait été ou aurait pu l’être, et de faire du tout un personnage romanesque intéressant, et qui aurait pour le vulgaire le mérite de finir par une catastrophe.

2986. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Grimaldi , qui me demandait sérieusement un jour : « Ne trouvez-vous pas, monsieur, que la meilleure histoire de France est celle de Pigault-Lebrun ?  […] Ceci n’est pas du drame fait à plaisir : c’est de l’histoire toute fraîche et toute saignante de vérité.

2987. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Ceux qui trouvent trop ardue la nouvelle géométrie politique en apprennent au moins les axiomes, et, si les axiomes rebutent, on en trouve les conséquences palpables, les équivalents commodes, la menue monnaie courante dans la littérature en vogue, théâtre, histoire et romans584. […] Buchez et Roux, Histoire parlementaire.

2988. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Un vieux jardinier qui le rencontre, un de ses amis, le cache avec Cosette dans sa hutte ; puis Valjean invente une histoire pour faire recevoir et élever Cosette par ces nonnes ; puis il se fait sortir du couvent dans une bière pour tromper la police, enfin enterrer sur la foi d’un ivrogne chargé de le réveiller. […] XXX L’histoire des enfants perdus, soit dans la forêt, mangeant des mûres, soit dans les rues d’une grande capitale, et recueillis par la pitié d’un vagabond dans son nid d’un soir, dans un monument en charpente d’Égypte ou de Paris, est toujours une des misères les plus apitoyantes de l’humanité.

2989. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

En seconde D (ceux qui ne font pas de latin) les élèves ont quatre heures de français par semaine, quatre heures d’histoire et vingt-deux heures de sciences ou de langues vivantes. […] Enfin, il eût peut-être été utile, à notre époque où l’influence de la morale religieuse disparaît, de laisser à l’enfant cette éducation qui façonna les plus honnêtes gens de notre histoire.

2990. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Avant-propos de l’Éditeur Le Symbolisme a désormais sa place marquée dans l’histoire littéraire de notre pays. […] Le grand Augustin Thierry établit vers 1835 que tout ce qui avait eu lieu dans notre pays, depuis les Romains, n’était qu’une préparation à la monarchie de Juillet, et que, par conséquent, l’histoire de France était désormais parfaite.

2991. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Stuart Mill n’eut pas d’enfants, la douce et sévère histoire d’amour qu’il a vécue fut-elle une aberration ? […] Et il est bien difficile de dire ce qui convient même à un peuple donné à un moment donné de son histoire.

2992. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Nous n’avons rien à rectifier aux faits que nous avons racontés dans notre dernière chronique ; le dénouement de l’histoire a été plus heureux que nous n’osions l’espérer, et nous en félicitons chaudement tous les intéressés. […] L’histoire n’est pas terminée ; il reste encore deux actes, dans lesquels l’innocence continue à être persécutée.

2993. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Si Ibsen a exprimé la crainte qu’inspire à quelques esprits contemporains cette fausse conception que les hommes du temps présent risquent de prendre d’eux-mêmes en subissant la fascination du passé, le beau livre de Fustel de Coulanges, La Cité Antique, nous montre avec des documents précis comment et sous quelles formes ce Bovarysme s’est produit dans l’histoire. […] Si d’autre part on observe, qu’à quelque moment de l’histoire et par une suite de lentes transformations, il arrive toujours que la croyance ancienne s’efface et disparaisse, on constate que la collectivité nouvelle, qui a dépouillé cette croyance, continue pourtant à être régie par elle, parce que cette croyance s’est survécu à elle-même dans la coutume et dans la loi où elle s’est durcie.

2994. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

J’ai comme une perte absolue de la mémoire… Je reçois avec l’amical et tendre article de Banville, une lettre d’Angleterre, datée du jour de sa mort, et dans laquelle un éditeur de là-bas nous demande à faire une traduction de l’Histoire de Marie-Antoinette. […] Ils ne manqueront pas d’ajouter qu’aux êtres qu’on aime, on doit garder, dans la maladie, le secret de certains abaissements, de certaines défaillances morales… Oui, un moment, je ne voulais pas donner tout ce morceau, il y avait des mots, des phrases qui me déchiraient le cœur, en les récrivant pour le public… mais renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature et de l’injustice de la critique… Maintenant, suis-je un personnage particulier, et mon chagrin et ma désespérance ont-elles besoin de se répandre dans de la littérature ?

2995. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Là-dessus les souvenirs des contemporains ne tarissent pas ; quand une fois le nom de Nodier est prononcé devant le bon Weiss (aujourd’hui inconsolable), devant quelqu’un de ces amis et de ces témoins d’autrefois, tout un passé s’ébranle et se réveille, les histoires, les aventures s’enchaînent et se multiplient, l’Odyssée commence.

2996. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Mais ce qu’il serait injuste de contester, c’est le développement mémorable de l’art durant ces dernières années, son affranchissement de tout servage, sa royauté intérieure bien établie et reconnue, ses conquêtes heureuses sur plusieurs points non jusque-là touchés de la réalité et de la vie, son interprétation intime de la nature, et son vol d’aigle au-dessus des plus hautes sommités de l’histoire.

2997. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Un épisode historique, comme la guerre de Jugurtha, n’aura pas la même unité qu’une histoire générale, comme l’ouvrage de Tite Live.

2998. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Il se dit : « Vivre pour les autres, oui, c’est là le but de la vie. » Il nous raconte alors l’histoire d’une vieille demoiselle qu’il a connue dans son enfance, qui a passé ses jours à se dévouer, et qui, seule, paralytique, presque pauvre, sans une joie extérieure, a vécu sereine à force de résignation, de douceur et de charité.

2999. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Les Humbles sont bien à lui, et, dans une histoire du mouvement naturaliste de ces vingt dernières années, il ne faudrait point oublier son nom.

3000. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Albert Wolff enchantait les lecteurs du Figaro quand il leur contait ses démêlés avec sa cuisinière, ses histoires de cercle, ses conversations avec les grands hommes ; pourquoi eût-il cessé de leur agréer le jour où il leur traduisait ses impressions du Salon ?

3001. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie  siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle.

3002. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Elle vécut avec madame de Montespan dans une concorde qu’on ne devait point attendre d’une rivale. » Il importe, à la suite de cette histoire, de déterminer approximativement l’époque du changement du roi.

3003. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Pour mon compte, je ne la trouve intéressante, cette Correspondance, que parce qu’elle dépoétise et déshonore Sophie Arnould, le Voltaire femelle, pour l’esprit sur place, dont les de Goncourt font l’histoire comme si elle ne vivait pas assez dans les mots qu’elle a laissés derrière elle, puisqu’elle avait le don de ces étincelles qui ne s’éteignent pas, et qu’il fallût la chercher dans le détail, les misères et les turpitudes de sa vie !

3004. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Quelles que soient les raisons d’affirmer la personnalité de l’auteur de l’Imitation, elles ne sont pas telles cependant qu’on puisse les admettre en toute certitude, et cet inconnu que quelques-uns appellent : Jean Gerson, d’autres A Kempis, d’autres encore Jean Gersen, abbé de Verceil, n’en est pas moins toujours un anonyme de l’histoire.

3005. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Depuis très longtemps et toute sa vie, Charles de Rémusat a été travaillé par cette personnalité d’Abélard, et il en a tracassé en deux gros volumes les doctrines et l’histoire.

3006. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Et la mortification, la pauvreté, le mépris de la richesse allaient reparaître, plus éclatants que jamais, avec ce misérable Labre, qu’ils auraient sifflé, s’ils l’avaient connu, avec les clefs de leurs petites maisons, et qui devait — pour les penseurs — faire dans l’histoire du xviiie  siècle un vis-à-vis étrange et expressif à la Du Barry, — par exemple, — ou au maréchal de Richelieu !

3007. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

De donnée, l’histoire en question, attestée par ces pages, est la plus plate et la plus vulgaire des réalités ; mais ce qui la sauve de la déshonorante admiration de ceux qui, en littérature, aiment la réalité pour sa vulgarité et sa platitude mêmes, c’est l’âme qui passe sur cette réalité et qui y met un accent absolument incompréhensible aux porcs littéraires du Réalisme, qui tracassent, pour l’instant, leur fumier, avec un groin presque superbe !

3008. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Il faut l’énergie de Crabbe, par exemple, pour donner à une histoire de ferme ou d’hôpital le relief, la profondeur et l’intimité de vie sans lesquels la poésie n’est qu’une rimaillerie plus ou moins perfectionnée.

3009. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Enfin Mme d’Aulnoy, qui suivit Louise d’Orléans en Espagne, nous a esquissé au crayon noir sur papier rose une vue des mœurs et de la cour de ce pays, qui restera comme une peinture d’histoire, plus sinistre, je crois, que le plus sombre des Goya… Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour.

3010. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Ces prodigieuses périodes où l’on se retrouve, où éclate la splendeur de notre unité profonde, elles ont laissé des traces dans l’histoire.

3011. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Tour à tour guerrier et philosophe, il écrivit dans son exil plusieurs ouvrages de politique, de morale et d’histoire.

3012. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

C’est à ceux qui ont étudié l’histoire, à juger sur les faits.

3013. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

La morale, l’histoire, la poésie didactique et comique, furent encore cultivées avec un art habile, une finesse savante, ou un heureux éclat.

3014. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

On a pu entendre des littérateurs transporter à l’interprétation de M’introduire dans ton histoire les propos des commis-voyageurs au passer d’une garde normande connue. […] La doctrine et l’art de Mallarmé ont des origines très précises dans l’histoire de notre poésie, aux grandes lignes de laquelle j’essaierai de les relier. […] Aussi lui manque-t-il de la façon la plus totale, comme un sens extra-planétaire qui ne le concernait pas, la notion de l’histoire. Pour un peu il penserait, comme Malebranche, qu’Adam avant la chute savait toutes choses, et que, comme il ne savait pas l’histoire, l’histoire n’est rien. […] Non seulement dans l’histoire littéraire, mais même dans l’histoire politique, ce problème fut capital.

3015. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Il m’entretient d’une série de romans qu’il veut faire, d’une épopée en dix volumes, de l’histoire naturelle et sociale d’une famille, qu’il a l’ambition de tenter, avec l’exposition des tempéraments, des caractères, des vices, des vertus, développés par les milieux, et différenciés, comme les parties d’un jardin, « où il y a de l’ombre ici, du soleil là ». […] Un petit chausson d’un enfant, chausson tout neuf, me raconte toute une histoire. […] Il y a déjà le dossier Bazaine, qu’a fait enlever le parrain des enfants du maréchal… » Je pense en moi-même à la justice de l’Histoire. […] J’ai la sensation d’être entré dans le cabinet noir de l’inquisition de la Révolution, et ce décachetage haineux de l’Histoire me répugne. […] Je crois qu’il n’existe pas, dans l’histoire diplomatique du monde, un document plus féroce que le Mémorandum de M. de Bismarck.

3016. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Il envoie des poésies lamentables aux journaux du comté, commence un poëme épique, une tragédie où meurent seize personnes, une histoire foudroyante des jésuites, et défend en loyal tory l’Église et le roi. […] Elle fait provision d’histoires édifiantes sur le neveu, et elle en édifie la tante. […] » Il raconte l’histoire de cette faim et de cette soif avec une verve amère. […] Entre tous ces romans altérés paraîtra un roman véritable, élevé, touchant, simple, original, l’histoire de Henry Esmond.

3017. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Et voilà l’éternelle histoire… » Non, cela n’est pas aussi nécessaire que le croient certaines âmes sous le coup de l’orage ; il est des félicités douces, permises, obscures ; celles-là, il est vrai, ne se chantent pas : elles se pratiquent en silence.

3018. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le souvenir seul de son soleil vous réchaufferait jusque sur les glaces du pôle ; on l’adore, bonne mère ou marâtre ; on se ferait vingt fois tuer, dût-elle être ingrate, pourvu qu’elle fût plus belle encore ; — on a vu dans l’histoire des idiots et des scélérats la posséder ; nul n’a jamais pu ni l’humilier ni l’asservir.

3019. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Enfin, qu’on se rappelle les noms illustres que les siècles nous ont transmis, et l’on verra qu’il n’en est aucun dont l’histoire n’enseigne au moins une vertu.

3020. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Ce poète lyrique n’a guère parlé de la nature ; il n’en tire même pas beaucoup de comparaisons, ou d’images ; celles dont il use le plus volontiers, et qu’il répète infatigablement, il les prend moins dans la nature que dans la mythologie et l’histoire.

3021. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

À consulter : Pellisson et d’Olivet, Histoire de l’Académie française, édit.

3022. (1890) L’avenir de la science « VI »

Les meilleurs juges reconnaissent que, de toutes les branches des études philologiques, l’Orient, l’Inde surtout, peuvent offrir pour l’histoire de l’esprit humain les plus précieuses données.

3023. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Madame de La Fayette, auteur de Zaïde, de La Princesse de Clèves, a aussi publié La Comtesse de Tendes, La Princesse de Montpensier, l’Histoire d’Henriette d’Angleterre, les Mémoires de la Cour de France de 1688 et 1689.

3024. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Qu’il veuille chanter « le culte du moi » ou « l’énergie nationale », il jette toujours, en des romans mal faits et exsangues, quelques pages d’autobiographie ou d’histoire où ne frémit plus, passionnante, la vie multiforme.

3025. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Dans ses Réflexions sur la Grammaire, la Rhétorique, la Poétique & l’Histoire, on admire le Littérateur éclairé, l’Erudit sans étalage, l’homme de goût sans affectation.

3026. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

on nous montre le poing. « Non, affirme-t-on en propres termes, quoi qu’en pense notre critique, les œuvres banales n’ont pas de succès. » Il faut ignorer bien des choses ou être plus distrait que Ménalque, pour mettre en doute une vérité si authentique, qui est tout simplement un fait d’histoire.

3027. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

La bouquetière Glycère, puisqu’il est question de bouquetière, employait toujours les mêmes fleurs, dit l’histoire ou la fable ; mais elle avait soin de les varier, et c’est ce que ne font pas la plupart de nos poètes.

3028. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Les âmes qui retrouvent en cette œuvre leur âme, l’admirent, se groupent autour d’elle et se séparent des hommes d’âme diverse… En d’autres termes (remarquons la fin de ce paragraphe), la série des œuvres populaires d’un groupe donné écrit l’histoire intellectuelle de ce groupe, une littérature exprime une nation, non parce que celle-ci l’a produite, mais parce que celle-ci l’a adoptée et admirée, s’y est complue et reconnue. » En ces quelques lignes se trouvent exprimées une doctrine et une méthode, qui ne marchent pas nécessairement ensemble.

3029. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Lord Byron, qui a cravaché les bas-bleus dans une comédie de leur nom, prétendait que sa femme, qui était un bas-bleu, savait les mathématiques… Mais de ces temps-là à ces temps-ci, la tendance des femmes vers le bas-bleuisme, ce ridicule transcendant de l’histoire des mœurs contemporaines, s’est généralisée et précisée d’une façon si effroyable, qu’on ne trouvera bientôt plus de femmes en France, on n’y trouvera que des bacheliers.

3030. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’espèce de fatuité qu’on attribuait à l’auteur d’Adolphe, qui, disait-on, avait dans ce roman écrit sa propre histoire et peint la fatigue d’une liaison qui justifiait le mot fameux des Liaisons dangereuses : « on s’ennuie de tout, mon ange », ne tient plus devant le ton de ces lettres écrites par le plus maltraité des hommes qui aiment, — par le plus patito des patiti qui aient jamais existé !

3031. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

— le sol crevassé de ce temps ; enivré par les sciences modernes qui l’ont frappé de leurs vertiges ; optimiste furieux qui mord l’histoire du passé comme un tigre, — du passé dont, malgré la noblesse de son espèce, il s’abaisse à être le chacal, — orgueilleux comme Nabuchodonosor lui-même, ce petit !

3032. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

On m’a dit — et si ce n’est pas son histoire il faut le regretter — que, descendant de Montesquieu, lequel faisait des vers aussi, mais qui, après L’Esprit des lois et La Décadence des Romains, avait le droit de n’en pas faire de si bons que Gères, il avait été obligé, ce noble homme, qui l’est deux fois, par le talent et par la naissance, d’entrer, par suite des ignobles fortunes que les révolutions nous ont faites, dans une étude de notaire dont il aurait été le modeste clerc pendant quelque temps.

3033. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Charles Asselineau, auteur d’une spirituelle monographie du Sonnet en France, quand il dit : « Le Sonnet est un symptôme en histoire littéraire.

3034. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Seulement, lui, c’est le Gaulois par excellence, et comme il est, de tous les écrivains, celui qui a le mieux exprimé poétiquement le génie de cette race que l’Histoire a symbolisée sous le nom de Jacques Bonhomme, on lui a taillé, de reconnaissance, son titre littéraire dans ce nom.

3035. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

… Dans un des plus longs poèmes du recueil de Laurent Pichat, intitulé : Saint-Marc (le Saint-Marc de Venise), où se trouve, plus que partout ailleurs, cette idée qui, au fond, est la seule du livre : c’est que le monde entier, l’Antiquité, le Christianisme, le Moyen Age, toutes les religions, toute l’Histoire enfin, jusqu’à ce moment, ne sont plus qu’une pincée de poussière, un songe évanoui, évaporé, perdu, et qu’il n’en subsiste ni un sentiment, ni une croyance, ni une vérité, tandis que le xixe  siècle seul est la vie !

3036. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Madame André, qu’on pouvait imaginer un livre de passion dramatique à faire pâlir tous les drames connus, et d’événements d’une invention extraordinaire, n’est que l’histoire la plus moralement exemplaire, si elle n’est pas la plus vertueuse en tout, et l’analyse très fine et très poursuivie, poursuivie jusqu’aux imperceptibles, de la situation la plus vulgaire de ce siècle où il y a tant de choses vulgaires, — le concubinage libre, qui est en train de remplacer le mariage pour faire place au concubinage légal du divorce que nous donnera la République !

3037. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

III Et qu’importe, du reste, que La Maison de Penarvan soit un roman ou une histoire ; qu’elle soit quelque touchante anecdote racontée à son auteur au coin du feu ou dans un coin de voiture ; que ce soit un livre déjà connu, déjà écrit et qu’on a repris en sous-œuvre pour y ajouter !

3038. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Hector Malot, qui, du moins, a une plus longue haleine, qui lient plus longtemps son sujet, publie, à son tour, une histoire qui fait l’effet d’un palimpseste, — d’un palimpseste dont les lettres reparaissent peu à peu, altérées, jaunies, pâlies, mais distinctes cependant, et telles qu’on les avait lues autrefois !

3039. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Depuis l’émancipation, le Roman de Gogol n’est plus qu’une page d’histoire.

3040. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Telle est l’histoire des orateurs du seizième siècle.

3041. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Son style, toujours élégant et noble, s’élève au-dessus du style ordinaire de l’histoire ; mais il ne se permet nulle part ces mouvements, ces tours périodiques et harmonieux, qui semblent donner plus d’appareil aux idées et un air plus imposant au discours.

3042. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

À date fixe, devant tout un peuple assemblé pour lequel les Dieux sont vraiment des Dieux, les héros des héros, qui ont fondé, gardé et qui protègent la cité, on représente leurs hauts-faits connus de tous, les crimes et les malheurs des ancêtres courbés sous la loi du Destin, les fastes même de l’histoire locale. […] —, de la comédie larmoyante de Nivelle de la Chaussée, elle expulse d’autorité la fiction et le passé, les héros de la légende et les héros de l’histoire, les créations de la fantaisie et l’héritage de la tradition. […] En ces cinquante dernières années, l’histoire de l’art dramatique se réduit essentiellement à la lutte de quelques auteurs résolus contre un public amorphe ; et le plus souvent, au bout, la défaite. […] Paul Fort, grand poète, qui, en ressuscitant la chronique shakespearienne sur le plan de l’histoire de France, a trop peu souvent dépassé l’enluminure, l’imagerie. […] C’est dire que notre première tentative — encore future en 1923 — sur les bords du lac d’Annecy (la Merveilleuse Histoire du Jeune Bernard de Menthon) demeura peu de temps sans suite.

3043. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

« Toujours la vieille même histoire ! […] Voici l’histoire, je veux vous la raconter. […] — C’est là une des meilleures histoires sur les oiseaux que j’aie jamais entendues, dit Goethe.

3044. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les mots sanscrits dont le dialecte allemand est étymologiquement composé ne laissent pas de doute à cet égard ; ainsi mœurs, langage, histoire tout concorde pour faire restituer à l’Allemagne féodale et primitive le caractère oriental qu’elle a conservé jusqu’à nos jours. Rendre à une race son origine, c’est lui rendre son histoire. […] Kant, le plus penseur et le plus sublime des philosophes, a scruté le monde et y a retrouvé Dieu dans la raison pure ; comme un Brahmane des derniers temps, Wieland, a rajeuni les traditions obscures et mêlé aux dogmes des Indes les légendes de la Grèce ; Schiller a tenté au théâtre et dans l’histoire de renouveler à Weymar les triomphes d’Athènes ; Gœthe enfin, génie plus fort, plus haut, plus complet, a retrempé Faust à la fois dans l’observation et dans le surnaturel, il a expliqué le monde des vivants par le monde des morts ; il a été le Volkêr des temps modernes, le Ménestrel des grands combats de notre ère, il a laissé en mourant l’Allemagne éblouie et vide comme si rien d’aussi grand ne pouvait naître de longtemps pour le remplacer.

3045. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Un sujet extraordinaire, une histoire à dormir debout, qui se passe à Carthage. […]   La Grèce, par Marius Fontane, cinquième tome de l’Histoire Universelle (I vol. in-8° à 7 fr. 50, chez Lemerre). […] L’esquisse des Vainqueurs fut rédigée pendant l’hiver 1855-1856, après que Wagner a lu L’introduction à l’histoire du bouddhisme indien d’Eugène Burnouf, mais c’est sa lecture de Schopenhauer qui lui avait fait connaître cette philosophie en 1853 à travers Le Monde comme Volonté et Représentation.

3046. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Elle existe depuis longtemps en Allemagne, en Angleterre surtout ; on ferait une douce et piquante histoire de tous les pasteurs, recteurs, curés ou vicaires, qui ont été poëtes ou que les poëtes ont chantés. […] L’histoire du Tisserand appartient au registre de paroisse d’un Crabbe attendri et compatissant.

3047. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Lisez et comprenez l’histoire. […] Voici l’histoire de mon misérable à moi.

3048. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Clotilde, accablée de tant de pertes, isolée dans le Vivarais, et moins capable sans doute de produire que de recueillir et de corriger, dut commencer à cette époque les Mémoires dont nous parlons, et dont les premiers livres contenaient l’histoire de l’ancienne poésie française : elle s’occupa aussi de revoir ses premiers ouvrages, travail qu’elle continua toute sa vie, et qui peut expliquer leur perfection. […] Se destinez, comme l’entends, Ô dames qu’oyez mon histoire, Prilx à qui plus fist pour la gloire, L’emporte Ismene ; n’y prétens ; Se, pour le bonheur, luy contends : Beau certes avoir l’accolade !

3049. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Il marqueta de banales romances, pour les âmes très sensibles, et les dissémina parmi une suite de bruyances assourdissantes et creuses ; le tout seulement pour qu’on ne perdît pas de vue les gestes et mouvements de pantins démenant quelque scribeuse histoire. […] Cet article sur la musique retrace l’histoire de la musique qui semble aboutir à Wagner.

3050. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Mais il n’y a pas récit de faits arrivés ou imaginés, histoire ou roman historique. […] Il semble parfois, darwinien éperdu, appeler Nature l’histoire elle-même.

3051. (1904) En méthode à l’œuvre

Prémisses Mais, de n’être pas étrangère au sens originel de Savoir et de Poésie que détiennent en leur intuition ainsi que monstreuse de toute la ventrée omphalienne des Vérités, les Livres aux signes occultes et sacrés, — ou les Védas et l’Avesta, ou la légende de Tao, et l’Histoire des Soleils sur l’empire de Mexitli, — dont perdure une âme moins universellement éperdue en la Théogonie d’Hésiode et le De natura : apparaissant insolite aux poésies de moderne concept, — méditation du poète conscient d’Unité et apporteur de Sanction qu’il me plut être, dès la prime aventure en la vie de l’esprit ma haine du Hasard dit ainsi…   Aux pleines ondes sans dessous de vertige de notre histoire poétique, qui hier seulement devint un résumant torrent qui retentit, pour clore des temps, à des descentes d’éternités, — de sensation, d’émotion et de sentiment presque unanimement a été, même si elle se leurre des généralités de philosophies spiritualistes, a été métaphoriques exaltations au sortir de l’Inconscient et selon le tourment de volupté ou de douleur de spontanés et d’égotistes organismes poétiques en transports de génie, la Poésie.

3052. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Hugo sait être tout à tous les sujets, et l’on réfléchit que sa faconde verbale même, si l’on y ajoute par hypothèse, une certaine débilité intellectuelle, doit le porter à chercher des thèmes à phrases, dans tous les cycles de l’histoire et de la légende. […] De là ses romans allant de coups de théâtre en crises de conscience, de situations extrêmes, en soudaines catastrophes, sans que même les interstices soient comblés par des files de petits incidents médiocres et quotidiens, tels que les chroniques et les mémoires nous les montrent exister sous les plus grands remuements de l’histoire.

3053. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

On connaît trop bien cette histoire, devenue une fable, pour que ce soit une inconvenance de la rappeler en passant ; ce n’est point aux poètes de nos jours, aux enfants du siècle qu’il faut appliquer une discrétion dont ils ont si peu fait usage.

3054. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Le premier récit a beaucoup de simplicité : c’est une espèce de nouvelle racontée à un bivouac par le capitaine Delmar ; les commentaires plus ou moins heureux dont ses camarades entrecoupent son histoire, les interruptions du sergent Thadée, qui pourrait bien être quelque neveu dépaysé du caporal Trimm, le rôle du chien boiteux Rask, tout cela a du naturel, de l’à-propos, de la proportion.

3055. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Mais pourtant il y a un degré d’exagération qui, en se joignant à une sincérité incontestable, devient piquant à étudier et qui offre un cas bizarre de plus dans l’histoire des sectes littéraires.

3056. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Une fois, chez madame Necker, Bernardin de Saint-Pierre, alors inconnu, essaya de lire Paul et Virginie : l’histoire était simple et la voix du lecteur tremblait ; tout le monde bâilla, et, au bout d’un demi-quart d’heure, M. de Buffon, qui avait le verbe haut, cria au laquais : Qu’on mette les chevaux à ma voiture !

3057. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

La petite histoire intitulée un Ménage d’autrefois, et qui peint la vie monotone et heureuse de deux époux dans la Petite-Russie, est pourtant d’un contraste heureux avec les scènes dures et sauvages de Boulba : rien de plus calme, de plus reposé, de plus uni ; on ne se figure pas d’ordinaire que la Russie renferme de telles idylles à la Philémon et Baucis, de ces existences qui semblent réaliser l’idéal du home anglais et où le feeling respire dans toute sa douceur continue : Charles Lamb aurait pu écrire ce charmant et minutieux récit ; mais vers la fin, lorsque le vieillard a perdu son inséparable compagne, lorsque le voyageur, qui l’a quitté cinq années auparavant, le revoit veuf, infirme, paralytique et presque tombé en enfance, lorsqu’à un certain moment du repas un mets favori de friandise rappelle au pauvre homme la défunte et le fait éclater en sanglots, l’auteur retrouve cette profondeur d’accent dont il a déjà fait preuve dans Boulba, et il y a là des pages que j’aimerais à citer encore, s’il ne fallait se borner dans une analyse, et laisser au lecteur quelque chose à désirer. — En homme, le nom de M. 

3058. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Il arrive précisément la même chose dans la tête du Parisien qui applaudit Iphigénie en Aulide, et dans celle de l’Écossais qui admire l’histoire de ses anciens rois, Macbeth et Duncan.

3059. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Quand nous lisons ou que nous entendons prononcer le mot de Tuileries, nous prenons tous l’idée du même lieu, du jardin qui borde la Seine entre le Carrousel et les Champs-Élysées : mais des images s’éveillent en outre les mêmes pour tous, des dômes de verdure, de grises statues parmi les feuillages verts ou jaunissants, des enfants et des joueurs de ballon ; selon notre âge, nous voyons se dessiner un palais ou des ruines ; certains de nous aperçoivent les hôtes disparus de l’édifice détruit, les fameuses journées que l’histoire y compte ; selon le caprice de nos goûts et de nos études, la salle des maréchaux ou la salle des machines nous reviennent en mémoire, et nous peuplons les allées de muscadins ou de petits-maîtres.

3060. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

III Mais il est intéressant de chercher comment le poète raffiné des Renaissances a pu écrire tant d’histoires faites pour divertir Panurge, et comment des ouvrages si absolument différents sont partis de la même main.

3061. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Pendant qu’Oratio raconte à son ami Flavio l’histoire malheureuse du portrait, Arlequin lui apporte la lettre de rémission du capitaine.

3062. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Le roi se contente de cette espérance flatteuse ; et, donnant un autre cours à la conversation, il invite Arlequin à lui conter quelque jolie histoire.

3063. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Elle doit causer souvent avec sa concierge ; car elle m’a raconté des histoires du quartier, quelconques.

3064. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Le Feu est, comme Adolphe, l’histoire de la fin d’un amour.

3065. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Année 1854 Fin Février 1854 Tout cet hiver, travail enragé pour notre Histoire de la société pendant la Révolution.

3066. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

Baillarger a également appelé l’attention sur un fait très important dans l’histoire de l’aphasie, c’est que, dans beaucoup de cas, l’impuissance de s’exprimer est beaucoup plutôt une impuissance de la volonté que de la faculté même du langage.

3067. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

C’est un principe qui a été suffisamment démontré par l’histoire de la philosophie, et nous ne voyons pas pourquoi on ne l’appliquerait pas au temps présent comme on l’applique généralement au passé.

3068. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

C’est presque l’histoire de toute société humaine.

3069. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

On peut la classer sous ces trois chefs principaux : philosophie, histoire, éloquence.

3070. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

C’est l’histoire d’un pauvre diable d’artiste qui nourrit de son travail un lapin qu’il aime beaucoup et une maîtresse qu’il adore.

3071. (1760) Réflexions sur la poésie

Si mes scrupuleux et redoutables censeurs veulent prendre la peine de lire le second discours sur l’histoire ecclésiastique, par M. l’abbé Fleury, que personne, je pense, n’accusera d’impiété ; ils y trouveront au chapitre XVI, ces propres paroles : St. 

3072. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

M. de Sainte-Croix se proposait d’écrire une histoire du théisme, depuis la plus haute antiquité.

3073. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

, Buffon, Sur l’Homme, l’Histoire naturelle de Franklin, et certes tous ces gens-là ne sont pas des littérateurs cosaques.

3074. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Les héros, qui n’abondent pas plus en littérature qu’en histoire, ont donc, Byron excepté, manqué contre Horace.

3075. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Machiavel n’avait, lui, ni teinturier ni lessivière de ses écrits quand il traçait son Histoire de Florence ; il savait le latin, et même le grec.

3076. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Depuis l’émancipation, le roman de Gogol n’est plus qu’une page d’histoire.

3077. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

De tous les ennemis de la religion de nos pères, de tous ceux qui disent que le catholicisme est une doctrine dépassée par l’esprit humain et qui a fait son temps (comme les conscrits) dans l’histoire, cet excellent M. 

3078. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Alors même qu’il disparaîtrait un moment dans les flots d’une époque que nous n’avons pas choisie pour y vivre, dans le gouffre de cette publicité, affairée et positive, dont nous parlions plus haut et où tout s’engloutit, ce serait l’histoire des pièces d’or que le Singe de La Fontaine lançait dans la mer, par la fenêtre.

3079. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Dans l’appréciation des beaux-arts, Beyle, l’auteur de l’Histoire de la peinture en Italie, a une grandeur de sensation et une émotion simple et sincère d’un diagnostic bien autrement sûr que les troubles nerveux et les bouillonnements de feu et de larmes de Diderot.

3080. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Mais, quand on est petit, on est à la portée de ceux qui ne sont pas plus grands que vous, et qui, en vous trouvant, se retrouvent… C’est l’histoire du petit Le Sage… Au fond, il n’était qu’un artiste médiocre, de piètre conception et de plus piètre exécution encore.

3081. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

En histoire, elle a perdu M. 

3082. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Nous ne pouvons entrer ici dans l’examen détaillé de ces questions qui ne comprendraient ni plus ni moins que l’histoire entière de la science médicale. […] Peut-être aurai-je occasion de m’expliquer ailleurs sur ce sujet ; pour le moment, je me bornerai à dire que, suivant moi, toutes ces erreurs ont leur origine dans une confusion perpétuelle que l’on fait entre les productions littéraires ou artistiques et les productions de la science, entre la critique d’art et la critique scientifique, entre l’histoire de la science et l’histoire des hommes. […] On ne peut trouver là que l’histoire de l’esprit humain, ce qui est tout autre chose. […] Une autre erreur assez fréquente est celle qui consiste à confondre l’histoire des hommes avec l’histoire d’une science. L’évolution logique et didactique d’une science expérimentale n’est pas du tout représentée par l’histoire chronologique des hommes qui s’en sont occupés.

3083. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

X Que si nous comparons maintenant les deux méthodes, leur opportunité, leur office, leur domaine, nous y trouverons comme en abrégé l’histoire, les divisions, les espérances et les limites de la science humaine. […] La seconde est puissante en astronomie, dans les parties supérieures de la physique, en physiologie, en histoire, dans les dernières démarches de toute science, partout où les phénomènes sont fort compliqués, comme la vie animale et sociale, ou placés hors de nos prises, comme le mouvement des corps célestes et les révolutions de l’enveloppe terrestre. […] Il en est ainsi dans toutes les sciences, en géologie, en histoire naturelle, en physique, en chimie, en psychologie, en histoire, et l’accident primitif étend ses effets dans toutes les parties de la sphère où il est compris.

3084. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

X Que si nous comparons maintenant les deux méthodes, leur opportunité, leur office, leur domaine, nous y trouverons comme en abrégé l’histoire, les divisions, les espérances et les limites de la science humaine. […] La seconde est puissante en astronomie, dans les parties supérieures de la physique, en physiologie, en histoire, dans les dernières démarches de toute science, partout où les phénomènes sont fort compliqués, comme la vie animale et sociale, ou placés hors de nos prises, comme le mouvement des corps célestes et les révolutions de l’enveloppe terrestre. […] Il en est ainsi dans toutes les sciences, en géologie, en histoire naturelle, en physique, en chimie, en psychologie, en histoire, et l’accident primitif étend ses effets dans toutes les parties de la sphère où il est compris.

3085. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Les extraits que Constantin Porphyrogenete fit faire des excellens Historiens Grecs & Latins sur l’histoire, la Politique, la Morale, quoique d’ailleurs très-loüables, ont occasionné la perte de l’Histoire Universelle de Nicolas de Damas, d’une bonne partie des Livres de Polybe, de Diodore de Sicile, de Denys d’Halicarnasse, &c. […] On peut donner une idée générale d’une grande Histoire, ou de quelqu’autre matiere ; mais on ne doit point entamer un détail qu’on ne peut pas éclaircir, & dont on ne donne qu’une idée confuse qui n’apprend rien, & qui ne réveille aucune idée déja acquise. […] On n’entend ce que l’Abréviateur a voulu dire, que lorsque l’on sait en détail l’Histoire de Joseph & celle d’Appius. […] Voyez l’Histoire de l’Eglise. […] Alphabetum Augustinianum, est un livre qui contient l’histoire des.

3086. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Quand l’histoire est finie, les douze gilets se réunissent dans un chœur formidable et reprennent pour la clôture : — Ah ! […] Tout le monde connaît l’histoire du cheval qu’il croyait avoir donné à Jules Sandeau, et duquel il demandait des nouvelles chaque fois qu’il rencontrait son confrère. […] Pénétrez dans sa biographie, — l’histoire de l’un sera celle de tous. […] Deux passagers qui se racontaient des histoires curieuses, afin de se distraire, — manquent mutuellement de mémoire. — Peu à peu leur récit devient pâle ; — eux aussi. […] La nôtre restera grande dans l’histoire, par les grandes choses et les grands noms qu’elle rappelle à l’avenir.

3087. (1802) Études sur Molière pp. -355

Une histoire non écrite, mais qui, passant de bouche en bouche, transmise d’exemple en exemple, doit conserver à la postérité la plus reculée la manière dont les merveilles de l’art furent rendues d’après les avis et sous les yeux du génie qui les enfanta. […] On trouve, dans l’Histoire des Hommes illustres, Vie de Molière : « La demoiselle de Brie, qui avait joué d’original le rôle d’Agnès, l’avait, à près de soixante ans, cédé à une jeune actrice ; lorsque celle-ci parut, le parterre demanda si hautement la demoiselle de Brie, qu’elle fut obligée de reprendre ce même rôle, et elle le garda encore jusqu’à soixante-cinq ans. » On ne me persuadera pas, on ne persuadera à personne, que si mademoiselle de Brie eût voulu céder son rôle ou former une jeune actrice, elle n’eût pu être remplacée avant ses soixante-cinq ans, et je le soutiens à tous les acteurs qui, par amour-propre, s’obstinent à traîner leur vieillesse sur les planches, et forcent leurs doubles à faire des vœux pour que le ciel les délivre des perpétuels. […] Pline, dans son Histoire naturelle, cite cette épitaphe : Turbâ se medicorum, periisse. […] La pièce est tirée de l’histoire de Timarète et de Sésostris. […] D’après ce court préambule, nous n’avons qu’à copier une note prise dans l’Histoire des théâtres ; le lecteur fera lui-même ses remarques, et les appliquera aux circonstances, aux personnages.

3088. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Mais voici une étrange et pourtant véridique histoire. […] Il ne serait pourtant pas impossible que toute cette histoire touchante, ressaisie après coup par une imagination de poëte dans une mémoire d’enfant de quatre à cinq ans, eût subi dans l’intervalle quelque chose de la transformation propre aux légendes.

3089. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Je n’aborde pas la Marie Stuart réelle, celle de l’histoire approfondie ; des travaux récents ont beaucoup fait pour l’éclairer jusque dans les plus secrets replis et pour désenchanter du personnage. […] Lebrun n’eut pas de peine à se faire entendre, lorsque, protestant contre toute allusion misérable, il se retrancha dans la vérité de l’histoire et des mœurs qu’il voulait peindre.

3090. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Encore une fois, il commença par pratiquer le roman, du temps de Mme de Chevreuse ; sous la Fronde, il essaya l’histoire, la politique, et la manqua. […] Dans l’histoire de la langue et de la littérature française, La Rochefoucauld vient en date au premier rang après Pascal, et comme en plein Pascal142, qu’il devance même en tant que pur moraliste.

3091. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Il y a dans toute langue une couche de mots qui peuvent être appelés purement émotionnels : cette couche est plus ou moins, grande suivant le génie et l’histoire de chaque nation ; elle n’est jamais cachée entièrement par les couches postérieures du langage rationnel ; la plupart des interjections, beaucoup de mots imitatifs appartiennent à cette classe ; leur caractère et leur origine sont parfaitement manifestes, et personne ne peut soutenir qu’ils reposent sur des concepts généraux. […] « Ce qui est maintenant inflexion a été autrefois agglutination, et ce qui est maintenant agglutination a d’abord été racine. » Telle est l’histoire des mots ; quelle que soit aujourd’hui leur altération, déformés, effacés, réduits à un minimum de matière et de sens, à une particularité d’orthographe, à une simple lettre terminale, presque vides et presque nuls, ils ont été d’abord des racines pleines, indépendantes, intactes, d’un sens complet et distinct, comme l’y chinois.

3092. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Necker, l’histoire doit le reconnaître, était en même temps un honnête homme : en trompant le roi, la cour et la nation, il se trompait lui-même. […] Gibbon y était venu d’Angleterre pour être plus libre dans ses jugements sur les religions et sur la société ; il y avait écrit, pendant une séance de dix ans, la grande histoire de la décomposition et de la transformation de l’empire Romain par le christianisme.

3093. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

La beauté des marbres de Michel-Ange et de son école tient plus de la Fable que de l’histoire et de la Divinité que de la nature. […] L’histoire ne doit dérober ni à San Gallo ni à Bramante la gloire d’avoir conçu, exhaussé sur ses premières assises et fondé le plus vaste, le plus magnifique temple du culte moderne.

3094. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Le joueur refait mentalement l’histoire de la partie depuis le début. […] Je me dis bien maintenant que le mot prendre, qui était à peu près figuré par les deux premières syllabes du nom cherché, devait entrer pour une large part dans mon impression ; mais je ne sais si cette ressemblance aurait suffi à déterminer une nuance de sentiment aussi précise, et en voyant avec quelle obstination le nom d’« Arbogaste » se présente aujourd’hui à mon esprit quand je pense à « Prendergast », je me demande si je n’avais pas fait fusionner ensemble l’idée générale de prendre et le nom d’Arbogaste : ce dernier nom, qui m’était resté du temps où j’apprenais l’histoire romaine, évoquait dans ma mémoire de vagues images de barbarie.

3095. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Après les premières années de tâtonnement et de légère incertitude, on vit se dessiner, en tous sens, des tentatives nouvelles, — en histoire, en philosophie, en critique, en art.

3096. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Voltaire l’a rencontré une fois en face et a eu affaire à lui comme adversaire pour l’histoire du règne de Louis XIV, que l’abbé s’était avisé d’écrire.

3097. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Antiquité grecque, connaissance des langues et des littératures étrangères, philologie comparée, histoire reprise aux sources, philosophie et science du beau : M. 

3098. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

j’atteste les cieux que j’ai voulu le croire, J’ai voulu démentir et mes yeux et l’histoire : Mais non ; il n’est pas vrai que des cœurs excellents Soient les seuls en effet où germent les talents.

3099. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Je crois te voir encore, À l’heure où sur Paris montait la rouge aurore, Quand ma lampe jetait sa dernière lueur, Et qu’un bain de ma veille étanchait la sueur ; Tu t’asseyais tranquille au bord de ma baignoire, Le front pâle et pourtant illuminé d’histoire ; Tu me parlais de Rome un Tacite à la main, Des victoires d’hier, des dangers de demain, Des citoyens tremblants, de l’aube prête à naître, Des excès, des dégoûts et de la soif d’un maître, Du défilé terrible à passer sans clarté, Pont sur le feu qui mène au ciel de Liberté !

3100. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Il y a là une sorte d’illusion d’optique fort dangereuse en histoire.

3101. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Seule, la colline de Mizpa, avec ses souvenirs de la plus vieille histoire d’Israël, soutient le regard.

3102. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Telle est l’histoire des Ecrits ; passons à celle des faits.

3103. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

C’est par là, c’est par le journal l’Avenir que Lamennais a droit à une place importante dans l’histoire des idées politiques au xixe  siècle.

3104. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Le théâtre actuel est l’image docile et passive de l’histoire et de la société ambiante.

3105. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

L’un, doué d’une mémoire prodigieuse, fera des progrès rapides en histoire et en géographie.

3106. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Or, ce qui rend ces derniers particulièrement instructifs, c’est que l’éducation a justement pour objet de faire l’être social ; on y peut donc voir, comme en raccourci, de quelle manière cet être s’est constitué dans l’histoire.

3107. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Mais il y aurait, selon nous, un troisième parti à prendre : ce serait de nous reporter par la pensée à ces moments de notre existence où nous avons opté pour quelque décision grave, moments uniques dans leur genre, et qui ne se reproduiront pas plus que ne reviennent, pour un peuple, les phases disparues de son histoire.

3108. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Je couvrais d’un bouclier chacun des deux partis ; et je ne laissais d’injuste victoire ni à l’un ni à l’autre. » Quelque singulier que puisse paraître à la rudesse d’un autre temps ce pouvoir modérateur exercé par la poésie, il faut bien le reconnaître dans Solon quand on le voit attesté par l’histoire.

3109. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Le genre dramatique comprenant le tragique et le comique, le tragique doit être tout ce que n’est pas le comique, et le comique doit être tout ce que le tragique n’est pas, à peine d’éliminer l’a priori de la science, c’est-à-dire de réduire la critique littéraire à n’être plus qu’une branche de l’histoire, ou, ce qui est moins encore, qu’une arène ouverte à l’interminable lutte de tous ces goûts individuels dont la sagesse populaire a dit qu’il ne faut point disputer. […] C’est une étude de psychologie et d’histoire ; ce n’est pas l’œuvre sans modèle d’une imagination libre et toute-puissante40. […] Taschereau, « Ce petit trait d’histoire littéraire est original, mais controuvé.

3110. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

étrange usage de l’histoire ! […] On ne relèverait pas cette chimère si elle était sans danger, mais l’histoire des langues ne prouve que trop combien leur nuisent ces théories imaginées pour les enrichir. […] La morale n’y dépasse point l’âge et l’intelligence d’un enfant, et l’histoire y est touchée plutôt que traitée.

3111. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mardi 24 janvier Hier, on me contait une singulière histoire de tatouage. […] Mon esprit est attiré par les coins inconnus et mystérieux de notre histoire reculée, légendaire, par les récits troubles des Grégoire de Tours, des Frédégaire, par les ténèbres de la période mérovingienne. […] Et c’est aussitôt, avec une vivacité, un entrain, un brio de la parole, l’histoire de ses tournées à travers l’univers, nous donnant ce curieux détail, que sur l’annonce de futures représentations aux États-Unis, annonce toujours faite un an d’avance, une cargaison de professeurs de français est demandée, pour mettre les jeunes gens et les miss de là-bas, en état de comprendre et de suivre les pièces qu’elle doit jouer.

3112. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Haast et Hector, que, dans la Nouvelle-Zélande, les anciens glaciers sont autrefois descendus beaucoup au-dessous de leur niveau actuel, et les plantes identiques, qu’on trouve en cette île sur des montagnes très éloignées les unes des autres, racontent la même histoire. […] Notre première édition portait ici, d’après la troisième édition anglaise : « Nous avons aussi quelques raisons de croire à une ancienne action glaciaire dans la Nouvelle-Zélande, et les mêmes plantes…, etc. » Et plus loin, après « même histoire » on lisait : « Enfin si l’on peut se fier à la description qui en a été publiée, nous aurions des preuves évidentes de l’action glaciaire dans la partie sud-est de l’Australie. » 152. […] Cette hypothèse suivant lui expliquerait non seulement le refroidissement de la période glaciaire, mais encore ces évanouissements du soleil dont la tradition s’est conservée dans l’histoire, et notamment les ténèbres qui couvrirent la terre le jour de la mort de Jésus.

3113. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La fin de l’année approchait… Le mot de gratification se planta dans son esprit comme le premier jalon d’une histoire étourdissante. » Suit un dialogue, tout intérieur, du caissier avec son patron : «… Oh ! […] Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans l’antiquité, t.  […] Ce rapprochement est d’autant plus légitime que le petit doigt est un […] très ancien, dont on a écrit l’histoire : voir l’étude de M. 

3114. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

L’orgue n’est pas le violon… » « Il nous a semblé qu’il serait d’un intérêt certain pour l’histoire littéraire de réaliser l’enquête dont M.  […] Quand donc nos songe-creux se décideront-ils à la besogne d’améliorer le sort de la classe salariée, quand se mettront-ils à l’étude de l’histoire économique et de l’économie politique ? […] Que nos jeunes socialistes lisent donc l’histoire qu’en écrivit alors Karl Marx.

3115. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Chacune des lectures successives me revient alors à l’esprit avec son individualité propre ; je la revois avec les circonstances qui l’accompagnaient et qui l’encadrent encore ; elle se distingue de celles qui précèdent et de celles qui suivent par la place même qu’elle a occupée dans le temps ; bref, chacune de ces lectures repasse devant moi comme un événement déterminé de mon histoire. […] Mais il est certain aussi que chacune d’elles, envisagée comme une lecture toujours renouvelée et non comme une leçon de mieux en mieux apprise, se suffit absolument à elle-même, subsiste telle qu’elle s’est produite, et constitue avec toutes les perceptions concomitantes un moment irréductible de mon histoire. […] Rien de plus instructif, à cet égard, que l’histoire des « schémas » de l’aphasie sensorielle.

3116. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

La religion statique attache l’homme à la vie, et par conséquent l’individu à la société, en lui racontant des histoires comparables à celles dont on berce les enfants. Sans doute ce ne sont pas des histoires comme les autres. […] Henri Delacroix a appelé l’attention dans un livre qui mériterait de devenir classique (Études d’histoire et de psychologie du mysticisme, Paris, 1908), On trouvera des idées analogues dans les importants ouvrages d’Evelyn Underhill (Mysticism, London, 1911 ; et The mystic way, London, 1913).

3117. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Nous allons reprendre ce qu’on a dit de ces glandes depuis les anatomistes les plus anciens jusqu’à nos jours, afin de comparer leur histoire anatomique avec leur histoire physiologique. […] L’histoire de cette glande est entièrement liée à celle de la mastication elle-même. […] Pour achever l’histoire des glandes salivaires, nous aurions encore à vous entretenir de l’influence sous laquelle ces glandes se trouvent relativement au système nerveux. […] C’est de là que vient le nom de pancréas d’Aselli donné à ces ganglions, et ceci fut la source d’une grande obscurité répandue par cette confusion, sur l’histoire des vaisseaux chylifères. […] C’est ce que j’espère vous montrer en vous traçant l’histoire du suc pancréatique.

3118. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Je trouve, en juillet et août 1809, des articles d’elle sur Collin d’Harleville ; elle distingue en son talent deux époques diverses séparées par la Révolution, l’une marquée par des succès, l’autre par des revers ; dans cette dernière, Collin, très-frappé du bouleversement des mœurs, essaya de les peindre et y échoua : « Car, dit-elle, ce n’était point la société que Collin d’Harleville était destiné à peindre ; ses observations portent plutôt au dedans qu’au dehors de lui-même : il peint ce qu’il a senti plutôt que ce qu’il a vu, etc. » Le nom de Collin d’Harleville restera dans l’histoire littéraire, et on courrait risque, en ignorant ce jugement d’un coup d’œil si sûr, de voir et de dire moins juste à son sujet. — On réimprimait et on publiait alors, vers 1806, chez Léopold Collin, une quantité de lettres du dix-septième et du commencement du dix-huitième siècle, de Mademoiselle de Montpensier, de Ninon, de Mme de Coulanges, de Mlle de Launay, etc. ; Mlle de Meulan en parle comme l’eût fait une d’entre elles, comme une de leurs contemporaines, un peu tardive. […] M. de Barante m’assure que la plus considérable de ces pièces, l’Histoire du Théâtre français, est en effet de Mlle de Meulan.

3119. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Au premier bruit qui en vint aux oreilles de l’offensée, celle-ci, qui savait que l’histoire était fausse, mais qui se réservait tout bas peut-être de la rendre vraie, crut qu’il était mieux de se taire. […] On voit dans les fragments (à la suite de l’Histoire de Port-Royal, par Racine) que Nicole était plus au goût de Mme de Longueville qu’Arnauld, comme plus poli en effet, plus attentif.

3120. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Lisez l’histoire dans l’histoire, et non dans les légendes.

3121. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Le Tasse, exagérant dans ce récit les périls imaginaires auxquels il se croyait exposé, raconta une histoire si vraisemblable, en termes si pathétiques, que sa sœur s’évanouit de terreur et de tendresse en l’écoutant. […] D’un côté, une tendre admiration mêlée de pitié pour le génie d’un grand poète, qui était en même temps le plus beau et le plus héroïque des jeunes courtisans de la maison d’Este ; une reconnaissance chevaleresque et poétique de l’autre côté pour une femme accomplie, que son rang et sa piété élevaient au-dessus des soupçons : voilà les seuls rapports que l’histoire sérieuse puisse constater entre Léonora et le Tasse.

3122. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Je ne puis même, ici, ébaucher l’histoire de cet art plastique, montrer comment, toujours, il fut réaliste, et quelles diverses formes il a prises, sous l’influence de diverses façons de voir. […] Le wagnérisme à l’étranger Lettre d’Angleterre L’histoire du Wagnérisme en Angleterre est celle d’un combat dont, jusqu’à présent, n’est résulté qu’une demi-victoire.

3123. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Wagner entame la question de Tannhaeuser à l’Opéra, et, loin de se plaindre de sa mésaventure, de déplorer la catastrophe, se demande, l’ironie et l’amertume aux lèvres, s’il ne vaut pas mieux, après tout, que les choses se soient ainsi passées, « car, dit-il, d’un grand succès, s’il eût été possible, en vérité je n’aurais su que faire. » C’est l’histoire de ce joueur qui, ne gagnant pas, aime mieux perdre. […] Mais c’est au grand Cari Maria que revient de droit la première place véritablement artistique dans l’histoire du motif de réminiscence dans la musique dramatique.

3124. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

L’auteur, dès la première idée qu’il eut de mettre en action ce morceau d’histoire, sentit qu’il réussiroit ; qu’il feroit prendre l’intérêt le plus vif aux amans qu’il avoit à peindre*. […] Combien de gens, dit Pelisson dans son histoire de l’académie, croyoient alors « que, pour bien écrire raisonnablement en ce genre, il suffisoit de dire des choses contre le bon sens & la raison.

3125. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Il vous est peut-être arrivé, en wagon ou à une table d’hôte, d’entendre des voyageurs se raconter des histoires qui devaient être comiques pour eux puisqu’ils en riaient de bon cœur. […] Plus risible sera la distraction que nous aurons vue naître et grandir sous nos yeux, dont nous connaîtrons l’origine et dont nous pourrons reconstituer l’histoire.

3126. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité.

3127. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Nous verrons le président dans son ambassade de Hollande se prononcer bien noblement au nom de son maître pour la cause de la tolérance et d’une juste liberté religieuse, et le continuateur de De Thou l’a grandement loué à ce sujet, comme l’eût fait de Thou lui-même s’il eût poussé jusque-là son Histoire.

3128. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Mais si l’on juge par le passé de l’avenir, quelles choses nouvelles nous sont inconnues dans les arts, dans les sciences, dans la nature, et, j’ose dire, dans l’histoire !

3129. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

C’est l’éternelle histoire.

3130. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Tout ce qu’on vous dira à la place de ceci ne sera que des propos de pruderie non calqués sur le cœur humain, et personne ne tient son cœur dans sa main, et ne le resserre ou le relâche à poing fermé ou ouvert à volonté. » On ne peut mieux indiquer, par cette digression même presque involontaire et où la femme revient et se trahit, que, tout en cédant volontiers de son côté à la tentation et à l’attrait, elle se prévalait aussi à son tour de cet attrait et de cet ascendant aimable, de sa séduction irrésistible et de sa certitude de plaire, pour se faire, à la Cour et dans tous les rangs, nombre d’amis dévoués, inféodés, résolue à tout pour la servir, et qui, le jour et le moment venus, la firent ce que de tout temps elle avait rêvé d’être, afin de pouvoir ensuite donner sa mesure au monde et marquer son rang dans l’histoire.

3131. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

C’est toute une suite d’assertions contestables, d’affirmations sublimes qui ne soutiendraient pas plus l’épreuve du raisonnement que le contrôle des faits et de l’histoire, et qui relèvent uniquement de la révélation pure.

3132. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Des comparaisons fécondes se faisaient à chaque instant dans l’esprit de l’observateur, et ce n’était pas seulement l’histoire qu’il y gagnait de mieux comprendre ; il se demandait si de ces institutions, si réprouvées chez nous, quelque chose n’était pas bon, n’était pas utile, n’était pas à reprendre et à réimplanter en le transformant.

3133. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

La poésie pour lui est ailleurs : elle a quitté les déserts, elle s’est transportée et répandue en tous lieux, en tous sujets ; elle se retrouve sous forme détournée et animée dans l’histoire, dans l’érudition, dans la critique, dans l’art appliqué à tout, dans la reconstruction vivante du passé, dans la conception des langues et des origines humaines, dans les perspectives mêmes de la science et de la civilisation future : elle a diminué d’autant dans sa source première, individuelle ; celle-ci n’est plus qu’un torrent solitaire, une cascade monotone, quand tout le pays alentour, au loin, est arrosé, fécondé et vivifié d’une eau courante, souterraine, universelle.

3134. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

La Harpe, qui avait grand cœur dans un petit corps, et qui soutenait si rude guerre contre Dorat et les petits poëtes de son temps (cela nous fait maintenant l’effet de l’histoire des pygmées, tant nous sommes devenus des géants), La Harpe, dis-je, n’avait point cette modération de laquelle la vivacité même du critique ne devrait jamais se séparer.

3135. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

j’atteste les Cieux que j’ai voulu le croire, J’ai voulu démentir et mes yeux et l’histoire ; Mais non : il n’est pas vrai que les cœurs excellents Soient les seuls en effet où germent les talents.

3136. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Bangler, Histoire de la Champagne, 1721.

3137. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Le plus fâcheux, c’est que le surnaturel des histoires de M. d’Aurevilly est la suppression de toute psychologie.

3138. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

L’achèvement de l’amour, c’est-à-dire de l’histoire de deux âmes s’élevant et s’épurant l’une par l’autre, c’est la bonté.

3139. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Jules Barbier n’est point une aventure particulière, mais la tragique et sanglante et merveilleuse histoire de l’Église de Lyon dans la dix-septième année du règne de Marc-Antonin ; que son dessein est de nous peindre des phénomènes moraux collectifs, de nous montrer, dans tout un groupe de chrétiens, la contagion de la foi et de l’héroïsme, la sublime émulation et, proprement, l’ivresse du martyre ; et, si vous voulez, de donner une forme dramatique au dix-neuvième chapitre du Marc-Aurèle d’Ernest Renan.

3140. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Sans l’amour sacré de la liberté & d’une noble vengeance, où auroit-il trouvé le courage d’écrire l’histoire de monstres paîtris de sang & de boue ?

3141. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Il jouit tour à tour des systêmes élevés & profonds de la Métaphisique, des sublimes préceptes de la Morale, des immuables vérité de la Géométrie, des tableaux attachans de l’Histoire, du pinceau de Rubens, du cizeau de Bouchardon, du charme inexprimable de l’éloquence, & de celui de la Poësie le premier, le plus beau des Arts, qui frappant par excellence le cœur de l’homme, lui procure le plaisir d’être délicieusement ému, & embellit à ses yeux tous les objets de l’Univers.

3142. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Nous donnons ici le dessin de l’Arlequin Simone de Bologne, d’après l’auteur de l’Histoire du Théâtre italien.

3143. (1842) Essai sur Adolphe

Qu’il s’agisse de nous ou de nos amis les plus chers, ce n’est jamais en vain que nous consultons cette histoire si simple et d’une moralité si douloureuse.

3144. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Mais il est intéressant d’étudier de plus près quelle est dans l’histoire de la Science la part qui revient à l’une et à l’autre.

3145. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

On dirait qu’en topographie, comme en histoire, un dessein profond ait voulu cacher les traces du grand fondateur.

3146. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Voir, pour exemples, le prologue de Grégoire de Tours à son Histoire ecclésiastique des Francs, et les nombreux actes de la première moitié du moyen âge commençant par la formule « A l’approche du soir du monde… » 817.

3147. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Cette histoire se trouvait, à ce qu’il semble, dans l’évangile selon les Hébreux (Papias, cité par Eusèbe, Hist. eccl.

3148. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Chaque minute, à ce moment, devient solennelle et a compté plus que des siècles entiers dans l’histoire de l’humanité.

3149. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

» Cette lettre, bien expliquée, jette un grand jour sur l’histoire de madame Scarron ; tâchons donc de l’expliquer clairement.

3150. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Alexandre Dumas est le roman, la légende, la féerie du fils naturel ; ce n’en est ni l’histoire réelle, ni la question vraie et vivante.

3151. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Quoique cet épisode de la Graziella soit écrit avec plus de fermeté et de simplicité que le reste des Confidences, on y trouve pourtant quelques-uns de ces tons discordants et forcés, tels que M. de Lamartine n’en admettait pas encore dans sa manière à la date de 1829 ; on se prend à douter de cette date ; et, en effet, l’auteur lui-même, qui a des instants d’oubli, nous dit, dans sa préface des mêmes Confidences, que c’est en 1843, à Ischia, au moment où il composait son Histoire des Girondins, qu’il écrivit comme intermède cet épisode de Graziella.

3152. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Les uns la trouvent dans l’écriture, d’autres dans l’histoire ; quelques-uns dans l’astrologie, d’autres dans la morale ; le plus grand nombre, dans l’ignorance & dans la superstition.

3153. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Ces conséquences irrécusables du matérialisme, la logique de l’histoire les a mille fois démontrées.

3154. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

On s’imagine que dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez !

3155. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

On s’imagina que, dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette Correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez, Maintenant, regardez-moi ! 

3156. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

cette comédie du mariage, qui a inspiré tant de choses et de rires cruels aux grands comiques et aux grands moralistes de tous les âges, est, au fond, l’histoire du désenchantement de deux cœurs unis.

3157. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Du reste il n’est pas probable ; mais le rapprochement s’impose à un professeur de littérature et qui ne le ferait perdrait son titre de professeur d’histoire littéraire. […] Rien de plus juste ; mais si coupable que soit Dandin, on ne trouve pas son châtiment en proportion de sa faute et il y aura toujours quelque gêne à écouter George Dandin, comme il y en a toujours une dans le monde quand quelqu’un raconte, évidemment dans le dessein de vous faire rire, une histoire qu’il y a quelque lieu de trouver triste ou, dans le dessein de vous attendrir, une histoire qu’il y a lieu de trouver plaisante » On sait assez l’effet de ces discordances. […] Rousseau croit certainement que la santé sociale dépend de quelques-uns, non pas d’une classe supérieure et il n’est pas aristocrate, mais de quelques hommes, dont il est, apparaissant de temps en temps dans l’histoire et révélant la vérité aux hommes. […] Molière a été un des trois ou quatre hommes, dans toute l’histoire de la littérature, dans toute l’histoire de l’humanité, qui aient réussi le plus pleinement à dresser en pleine vie des types humains. […] Il semble ignorant et il faut qu’il le soit et qu’il n’ait jamais lu un livre d’histoire, ni Montaigne, ni du reste rien.

3158. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Il me répond que c’est la popularité, au Japon, de l’histoire de Napoléon. Et cette connaissance de l’histoire de l’Empereur, lui est arrivée par des livres en langue hollandaise, que son père avait apprise de son maître, un médecin hollandais. […] L’histoire de ce Titon est curieuse.

3159. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Au contraire, pendant que le lit de la mer demeure stationnaire ou pendant que son niveau s’élève, ou enfin lorsque la quantité de sédiment qui s’y dépose est insuffisante, il doit se trouver une lacune dans notre histoire géologique. […] C’est ce qu’affirme d’ailleurs l’axiome d’histoire naturelle, souvent mal compris ou exagéré : Natura non facit saltum. […] D’après la théorie de sélection naturelle, nous pouvons aisément comprendre le sens complet de ce vieil axiome d’histoire naturelle : Natura non facit salturn.

3160. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Cela est important même au point de vue de la critique esthétique, en enseignant à rechercher dans l’œuvre, non pas, comme le font, avec trop de précision à mon sens, ceux qui ont appliqué jusqu’ici la psychanalyse à l’art, la petite histoire rentrée qui peut être à l’origine chez l’auteur, mais le courant de désir, l’entraînement d’où elle est née. […] Ce n’est peut-être pas la première fois dans l’histoire des sciences ou de la philosophie qu’un homme adopte une attitude aussi détachée à l’égard des phénomènes dont il est le sujet. Mais c’est certainement la première fois dans l’histoire de la littérature. Et même je crois que c’est la première fois dans l’histoire de toutes les disciplines humaines qu’elle est adoptée, à l’égard des phénomènes de la conscience, avec une aussi complète et tranquille rigueur. […] [I] J’aimerais vous conduire à l’œuvre de Proust en vous faisant d’abord l’histoire de ma rencontre avec elle, puis avec son auteur, en vous montrant par quels états d’esprit et d’âme j’ai passé successivement à leur double égard.

3161. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

ces tressaillements, ces soubresauts, symptômes qui ne devraient accompagner qu’une crainte fondée, feraient à merveille dans le récit d’une histoire qu’une femme raconte au coin du feu, d’après l’autorité de sa grand’mère. — C’est une vraie honte ! […] — Tu viens pour faire usage de ta langue : vite, ton histoire en peu de mots.

3162. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Qu’est-ce pour nous aujourd’hui que l’histoire des lâches condescendances de casnistes qui enseignaient l’art de gouverner les puissants de ce monde, comme les valets gouvernent leurs maîtres, en se faisant les complaisants de leurs vices secrets ? […] Histoire de Port-Royal, par Sainte-Beuve.

3163. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

On y lit : que la mort de Wagner ne peut pas avoir supprimé les difficultés personnelles ; que dans l’histoire de l’art ce n’est pas Wagner qu’il faut nommer, mais le roi Louis de Bavière ; que toute l’œuvre de Richard Wagner n’est pas absolument mauvaise ; que Wagner a abandonné le salon d’une dame parisienne libérale ; qu’il n’aimait pas Meyerbeer, Rossini, ni M.  […] Par le souvenir de cette histoire douloureuse, Albert Wolff rappelle à Carvalho qu’il n’a pas les moyens de renouveler cette mauvaise expérience qui risquerait cette fois d’être d’autant plus violente que la menace prend un tour politique que n’avait pas « l’affaire Van Zandt ».

3164. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

L’expression n’est, plus considérée aujourd’hui comme un signe plus ou moins lointain qui pourrait se détacher du fait exprimé : c’est une partie intégrante de ce fait ou de son histoire, c’est un prolongement fatal des changements mêmes qui le constituent, comme le roulement du tonnerre est le prolongement du choc entre les nuages orageux. […] Nous connaissons tous l’histoire de ce mari qui tua sa femme en la liant étroitement et en lui chatouillant la plante des pieds. » En ce sens, toute expression de sentiments est protectrice et défensive, parce qu’elle est un moyen de diversion et de révulsion au dehors que la nature emploie pour diminuer la perturbation centrale.

3165. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

En tout cas, c’est de cette définition, nous, que nous partons, et nous avons bien le droit de la poser telle, car l’histoire entière de la morale et même de la métaphysique est d’accord avec ce sens général du mot liberté. […] Devoir, honneur, patrie, humanité, liberté civile et politique, égalité, fraternité, voilà des concepts abstraits qui n’ont pas été, croyons-nous, sans avoir quelque rôle dans l’histoire.

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