La connaissance des vrais mémoires d’un grand homme, c’est la chute de ce mur de séparation, c’est la vue du héros, de l’orateur, du poëte, non plus dans son unité apparente et glorieuse, mais dans son unité effective, plus diverse et à la fois plus intelligible ; on saisit les passions, les affections premières, les tournures originelles de ces natures qui, plus tard, ont dominé ; en quoi elles touchent au niveau commun, et quelques parties des racines profondes.
Au type vague, abstrait, général, qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme.
Il est de ces esprits qui auraient eu peu à faire (s’ils ne l’ont pas fait) pour sortir sans effort et sans étonnement de toutes les circonstances accidentelles qui restreignent la vue.
La teneur en est simple et toute militaire ; les traits mâles, énergiques, rapides, y naissent du récit : « Et tout bien débattu, depuis deux mille ans en ça n’a point, été vue une si fière ni si cruelle bataille, ainsi que disent ceux de Ravennes, que ce ne fut au prix qu’un tiercelet.
Jamais leur vue troublée ne les a plus rassurés sur le danger véritable, et plus alarmés sur le danger imaginaire.
« J’avais une tête très froide et très bonne, dit l’auteur d’Atala, et le diplomate, aussi grand que juste et ambitieux dans ses vues, avait le cœur cahin-caha pour les trois quarts et demi du genre humain. » Voici le cri du commentaire, cette fois plus juste que bienséant, arraché à M. de Marcellus par la flagrante ingratitude envers l’âme de Juliette (madame Récamier), oubliée si cruellement pour des affections légères à l’âge du poète : « Je crois, dit-il, qu’il faut rétablir ainsi cette phrase : J’avais une très froide et très bonne tête, et, après, le cœur cahin-caha pour les trois quarts et demi du genre humain.
Donnez aux provinces leurs libertés entières, faites-en des états fédérés dans l’État, et vous verrez aussitôt surgir une France nouvelle débarrassée à tout jamais des parasites qui la rongent, une France consciente d’elle-même, de sa valeur propre, des différentes faces de son génie, dans laquelle tous les éléments qui la composent auront la même fierté, et non ce lâche désir, cette attitude de chien battu qu’ils prennent en face de Paris, en face de la centralisation la plus monstrueuse que l’on ait jamais vue.
L’originalité de Catulle Mendès, c’est d’être un poète à la fois doux et brutal, tendre et cruel, naïf et pervers ; toute son œuvre, romans, vers, drames et comédies, atteste ce contraste : il aime les fleurs et les oiseaux, l’air pur, le ciel bleu, la nature claire des contes de fées, mais il se complaît aussi à la vue des Parisiennes en pantalon de dentelles et dont les jupons frissonnent de blancheur.
Il est vrai qu’en attribuant toutes ces propriétés à la fable, nous avons involontairement en vue le genre tel que La Fontaine l’a traité.
Même les personnes les plus hostiles à l’ensemble de vues artistiques qu’on comprend sous le nom de Wagnérisme, ou les plus ignorantes de ce système, même celles-là admettent Lohengrin.
Dans les Lettres, dans la Philosophie, dans l'Histoire, lorsqu'il est désintéressé, le vrai échappe rarement à sa vue ; mais le plus petit intérêt l'obscurcit, l'altere, le dénature, dans son esprit.
Il ne suffit pas de signaler ici une impropriété de termes qui blesse la grammaire universelle, il faut voir l’usage qu’en fait l’auteur, et dans quelle vue il provoque ainsi notre attention.
2 août Par la littérature qui court, c’est vraiment un noble type littéraire que ce Saint-Victor, cet écrivain dont la pensée vit toujours dans le chatouillement de l’art ou dans l’aire des grandes idées et des grands problèmes, couvant de ses amours et de ses ambitions voyageuses la Grèce d’abord, puis l’Inde qu’il vous peint sans l’avoir vue, comme au retour d’un rêve haschisché, et poussant sa parole, ardente et emportée et profonde et peinte, autour de l’origine des religions, parmi tous les grandioses et primitifs rébus de l’humanité : curieux des berceaux du monde, de la constitution des sociétés, pieux, respectueux, son chapeau à la main devant les Antonins, qu’il appelle le sommet moral de l’humanité, et faisant son évangile de la morale de Marc-Aurèle, ce sage et ce si raisonnable maître du monde.
Le voisin de Delacroix, un ancien marchand de vin, avait un mur qui gênait la vue du peintre.
Rolland a rencontré une de ces femmes connaissant les noms de toutes les plantes de son pays ; dans la liste que j’ai vue beaucoup de mots sont des déformations évidentes des noms du Formulaire (Mars 1899).
Il ne faut pas oublier, en effet, que, s’il y a intérêt à distinguer le normal de l’anormal, c’est surtout en vue d’éclairer la pratique.
Les qualités des animaux, pour y venir décidément, il les a vues ou cru les voir, et, en tout cas, il a agi comme un observateur poète, et les observateurs poètes ont cela de dangereux qu’ils ajoutent beaucoup à la réalité, mais ils ont cela de charmant tout au moins qu’une partie de la réalité, ils la voient, quand nous ne savons pas la voir, avec une puissance de vision, avec une force de perspicacité extraordinaires.
Il est vrai que la vue et l’ouïe vont au-delà des limites du corps ; mais pourquoi ?
Je ne crois pas que l’on ait jamais vu un père, même possédé de l’idée fixe de diriger les ballons, imaginant une combinaison aussi méchante et compliquée que celle que nous avons vue ailleurs pour se débarrasser de ses filles et hériter d’elles.
Cf. de nouvelles confirmations de ces vues dans Masqueray, Formation des cités chez les populations sédentaires de l’Algérie, p. 77, et dans Luro, Le Pays d’Annam, p. 230.
À première vue, il semble que ce soit la note personnelle, par opposition aux idées plus générales ; à y regarder de près, on se persuade du contraire
Deux littératures : c’est une manière de dire provisoire et de prudence, afin que la meute nous oublie, ayant sa part du paysage et la vue du jardin où elle n’entrera pas. […] On allègue ici les disparités très sensibles, car il est incontestable que, même parmi les ressemblants les moins diversifiables à première vue, il n’y a point deux créatures qui ne soient, au fond, contradictoires entre elles ; c’est la dernière gloire de l’homme, et celle que la science n’a pu lui arracher, qu’il n’y ait point de science de l’homme. […] Toute sa personne est pleine de charme, mais la vue de sa figure donne la mort. […] Mais je crois qu’il y a là une raison de perspective et que, vue de Turin ou de Barcelone, la proposition ne serait pas tout à fait la même que si on contemple ces symboliques échelles d’Amsterdam ou de Hambourg. […] Récemment, la vue d’un navire au pavillon inconnu, qui fuyait le mauvais temps, fit que les habitants d’un village de pêcheurs écossais s’enfuirent épouvantés, croyant à une invasion des Boers !
Cette passion, partagée un moment par la fille de la Béjart, les rendit tous les trois insensés. « Molière avait passé, dit son commentateur, des badinages qu’on se permet avec un enfant à l’amour le plus violent qu’on a pour une maîtresse ; mais il savait que la mère avait d’autres vues, qu’il aurait de la peine à déranger. […] » Ces parents saisirent ce conseil, plus par envie de se défaire de l’enfant, pour dissiper plus aisément le reste de son bien, que dans la vue de faire valoir le talent qu’il avait apporté en naissant.
L’homme ne choisit qu’en vue de son propre avantage, et la nature seulement en vue du bien de l’être dont elle prend soin. […] — Quoique la sélection naturelle ne puisse agir qu’en vue du bien de chaque être vivant, cependant certains caractères ou certains organes, considérés comme peu importants, peuvent être l’objet de son action.
Caractères généraux « Aujourd’hui, leur littérature est presque nulle », écrit Hippolyte Taine, dans un chapitre de la Philosophie de l’art consacré aux Belges5, et plus loin : « Ils ne peuvent citer de ces esprits créateurs qui ouvrent sur le monde de grandes vues originales, ou enchâssent leurs conceptions dans de belles formes capables d’un ascendant universel6. » L’essai sur l’art dans les Pays-Bas date de 1868 ; un tel jugement était alors très juste. […] Au reste, si le thème des deux drames est à peu près identique, on verra qu’il y a ici une puissance de symbolisation qu’on ne retrouve pas dans ma petite pièce, et je ne crois pas qu’un poète ait jamais plus souverainement obligé le monde extérieur à exprimer une idée qu’on n’y avait pas vue. […] J’ignore si les bonnes œuvres font les bons critiques… Toujours est-il qu’avant 1880, on ne rencontrait en Belgique que des journalistes fades et de courte vue. […] Paris, Mercure de France, 1900. — L’Autre Vue.
Son imagination, plus érudite qu’on ne croit, a réussi à exprimer bien des choses qu’il n’a pas vues : mais comment aurait-il dit tout ce qu’on pouvait voir ? […] André Bellessort se répétait tout bas le mot du poète Tegnér : « Les dieux y cheminent encore. » Toute la Suède lui est apparue à lui-même comme un être vivant, pénétré d’un étrange attrait : « La séduction de ce pays est dans sa rudesse mystique, dans ses lignes grandes et tristes, mais parfois aussi fines que les traits d’un visage. » C’est d’une foule d’impressions particulières, et, en quelque sorte, localisées, qu’est faite cette vue d’ensemble. […] Leur tour d’esprit, leur éducation les poussent à situer les auteurs, les écrits, dans des catégories qui les encadrent de manière à prêter aux faits, aux paroles, aux physionomies, une apparence inattendue et quelquefois un air d’originalité ; mais, le plus ordinairement, tout ce système préconçu, échafaudé sur des préventions, déforme les aspects de la réalité ou nous la fait perdre de vue. […] Vue sous un certain angle, — assurément trop étroit, — la préparation du baccalauréat lui paraissait une tâche ingrate.
— Déclamez pour moi votre tirade la plus amoureuse, ma chère fille ; pour moi qui vous ai vue naître et grandir. […] Acceptez donc cette Thaïs telle que le poète l’a vue et telle qu’il la représente. […] — Notre jeune homme l’a perdue de vue ? […] Laissez mourir la génération qui les a vues naître, laissez-les arriver à leur seconde jeunesse et cette jeunesse ne finira plus. […] dit Pasquin, il y a quinze mois que vous ne l’avez vue !
Sainte-Beuve affectionnait ce genre de traits anecdotiques, qui peint l’homme au vif : il en a recueilli toutes les fois qu’il en a trouvé l’occasion et sur des hommes en vue, au nom populaire, qui y avaient considérablement prêté.
Louise Labé n’est leur type sous aucun point de vue, et Mlle de Lespinasse pas davantage. » Ce que je puis dire seulement, c’est que j’ai parlé d’après quelques exemples à moi connus et d’après l’impression de personnes qui ont elles-mêmes vécu à Lyon ; je suis loin de prétendre que les femmes de la société lyonnaise proprement dite soient ainsi ; j’ai eu en vue celles de toutes les classes, et même au-dessous de la bourgeoisie.
Contre le collecteur et le receveur il n’a qu’une ressource, sa pauvreté simulée ou réelle, involontaire ou volontaire. « Tout taillable, dit encore l’assemblée provinciale du Berry, redoute de montrer ses facultés ; il s’en refuse l’usage dans ses meubles, dans ses vêtements, dans sa nourriture et dans tout ce qui est soumis à la vue d’autrui. » — M. de Choiseul-Gouffier683 voulant faire à ses frais couvrir de tuiles les maisons de ses paysans exposées à des incendies, ils le remercièrent de sa bonté et le prièrent de laisser leurs maisons comme elles étaient, disant que, si elles étaient couvertes de tuiles au lieu de chaume, les subdélégués augmenteraient leurs tailles. » — « On travaille, mais c’est pour satisfaire les premiers besoins… La crainte de payer un écu de plus fait négliger au commun des hommes un profit qui serait quadruple684 » — «… De là, de pauvres bestiaux, de misérables outils et des fumiers mal tenus, même chez ceux qui en pourraient avoir d’autres685. » — « Si je gagnais davantage, disait un paysan, ce serait pour le collecteur. » La spoliation annuelle et illimitée « leur ôte jusqu’au désir de l’aisance ».
IX Je la vois encore en idée, et, toutes les fois que je passe en chemin de fer en vue des sombres croupes des forêts d’Urcy, d’Arcey et du pont de Pany, croupes boisées qui me cachent le toit du château désert, j’ai envie de descendre pour revoir la Jumelle, et pour savoir si elle conserve encore, après tant d’années, quelques traces des charmes véritablement attiques dont cette Chloé des Gaules enchantait mon enfance, mes yeux et presque mon cœur.
Secondement, le but de ces diètes européennes fut toujours d’assurer l’équilibre approximatif de l’Europe, car ce mot d’équilibre, dont les hommes à courte vue se sont tant joué, est une vérité politique des plus incontestables.
Il ne daigna pas l’être, bien qu’il eût l’âme et les vues d’un homme d’État ; trop insouciant pour un chef de parti, trop grand pour être le second de personne.
Mais jusque dans ses emportements, il ne perdait jamais de vue la raison qui l’inspirait et sous le signe de laquelle il combattait.
Revue Illustrée : un article de Maurice Barrès sur les Musiques (15 décembre 1885) distingue la musique Wagnérienne des musiques d’amusement : il y a là des vues esthétiques neuves.
Le bruit court qu’en vue du succès complet de la propagande wagnérienne à New-York, M.
Il marqueta de banales romances, pour les âmes très sensibles, et les dissémina parmi une suite de bruyances assourdissantes et creuses ; le tout seulement pour qu’on ne perdît pas de vue les gestes et mouvements de pantins démenant quelque scribeuse histoire.
Paul Bourget est le plus en vue des disciples vils qui dans les noblesses dites n’entendent que de basses utilités et qui apprennent les philosophies et les littératures dans le même esprit qu’un futur comptable étudie l’arithmétique.
En disant : je puis vouloir, j’ai présente à l’esprit l’idée de mon moi comme pouvant intervenir dans le problème intérieur, comme pouvant, par exemple, maîtriser un mouvement de haine. « Je puis vouloir ne pas haïr celui qui m’a fait du mal. » Voilà un jugement qui, dès qu’il se produit, a un effet sur ma haine : il la modère du coup, en retient et en retarde les conséquences ; il peut même les empêcher, grâce aux idées raisonnables auxquelles il ouvre la porte. « Je puis vouloir cette chose ou son contraire », ce jugement est l’affranchissement qui commence par rapport aux impulsions passionnelles et aveugles ; il transporte la volonté sur un sommet d’où elle a deux versants en vue.
Mais encore, pour l’entière assimilation, est-il nécessaire que ne viennent pas en éléments étrangers à nos vues instrumentales, mais qu’elles leur soient précisément indispensables, les lettres-Consonnes.
De Nittis, lui me dit que chez lui, le vin développe singulièrement l’acuité du sens de la vue, et que déjeunant à Londres, dans un cercle, où il buvait deux ou trois verres de vin, en revenant chez lui, dans ces voitures, complètement ouvertes devant, il voyait la rue « toute peinte » — et lorsqu’il n’avait pas bu de vin, son œil avait besoin de la chercher longtemps la rue, pour la peindre.
J’ai pris ces dépenses sur mon bien, et sur ce que j’ai eu de mon père en mariage : ce que je ne vous dis point, mon fils, dans la vue de vous reprocher les obligations que vous m’avez.
Est-ce que l’Espagne, les Pyrénées, l’Aquitaine, ce que le poète appelle « le cycle pyrénéen », déjà vues, ne reparaissent pas ?
Tels sont les deux points qu’on ne devra jamais perdre de vue quand on joindra le temps à l’espace en dotant celui-ci d’une dimension additionnelle.
Mais la physique rendrait service à la philosophie en abandonnant certaines manières de parler qui induisent le philosophe en erreur, et qui risquent de tromper le physicien lui-même sur la portée métaphysique de ses vues.
Si on se rappelle deux axiomes (48, Il est naturel aux enfants de transporter l’idée et le nom des premières personnes, des premières choses qu’ils ont vues, à toutes les personnes, à toutes les choses qui ont avec elles quelque ressemblance, quelque rapport.
Quelle vue nette, aiguë, définitive de la vanité des choses humaines ! […] Une pareille précocité ne s’était guère vue que chez des musiciens, parce que la musique est œuvre de sensibilité plus que de pensée : de même, elle ne pouvait se rencontrer chez un poète qu’à la condition qu’il exprimât presque uniquement les « passions de l’amour ». […] Il y circule des phrases et des répliques qui ont des figures de connaissance ; chaque situation éveille dans notre mémoire une kyrielle de situations analogues et déjà vues cent fois. […] Sapho, c’est simplement l’histoire de ce qu’on a appelé brutalement un « collage », dans des conditions de vérité qu’on n’avait pas encore vues au théâtre. […] Ils coulent leurs jours entourés de la plus furieuse sollicitude officielle qui se soit jamais vue.
Errer librement, à toute heure et partout, comme l’oiseau qui ne demande conseil qu’à la force de ses ailes, quitter tout sans regret, saluer avec joie tous les lieux nouveaux, se passer d’avoir en voyant, posséder toute chose par la vue, rassasier ses yeux de toutes les merveilles qu’on ne peut saisir, quel bonheur, quelle ivresse, quel rêve enchanteur, quel rêve digne d’envie ! […] Puisqu’il raconte et n’invente pas, nous devons accepter comme lui toutes les singularités de la femme qu’il a nommée Julie, mais qui a vécu d’une vie réelle, qu’il a vue, qu’il a entendue, dont il se souvient, dont il nous offre l’image. […] Il commence par prodiguer les couleurs ; puis, quand les couleurs lui manquent, il se réfugie dans l’infini, et nous perdons de vue tout ce qu’il a voulu nous montrer. […] La vue des plaies du Sauveur raffermit sa foi et son courage, quand tout à coup une objection inattendue se dresse devant lui. […] Pour ceux qui écoutent et n’ont pas le loisir de songer, les paroles qui s’échappent en flots pressés des lèvres du poète sont des preuves irrécusables de puissance ; pour ceux qui lisent, à qui le temps ne manque pas pour méditer sur les pensées qu’ils ont recueillies, sur les images qu’ils ont vues passer devant leurs yeux, la question change d’aspect.
En effet, quelques-unes des plus graves « erreurs » de Buffon, de ce que l’on appelait ses « erreurs », à l’époque où l’histoire naturelle de Cuvier régnait souverainement dans l’école, on les a vues redevenir des « vérités », depuis que l’histoire naturelle de Cuvier a elle-même été remplacée par celle de Darwin et d’Haeckel. […] Ils voulaient qu’à Berlin et qu’à Saint-Pétersbourg on ne fût pas empêché, par ces idiotismes qui ne sont intelligibles qu’aux seuls nationaux, de comprendre à première vue Voltaire et Diderot. […] Mais c’est pour ne point brouiller aujourd’hui les questions ; c’est pour ne pas risquer de perdre de vue le sujet que s’est proposé M. […] Mais ils aiment encore la valeur documentaire du livre, comme on a dit depuis dans l’école, ce qu’il contient de « choses vues », notées par l’un des écrivains de ce temps qui ont su le mieux voir et le mieux rendre ce qu’il voyait. […] Ils les aurait sans doute mieux vues, si comme je l’ai fait pour écrire ces quelques pages, au lieu de vouloir être original et neuf, il s’était contenté de reprendre, en les modifiant légèrement, quelques-unes des idées que M.
— Non madame, c’est une vue trop triste, — et puis il est engagé demain soir. — Milady Club trouverait mauvais — s’il manquait à son quadrille. — Il aimait le doyen (j’ouvre les cœurs), — mais les meilleurs amis, comme on dit, doivent se séparer. — Son heure était venue, il avait fini sa carrière, — j’espère qu’il est dans un monde meilleur… » — Le pauvre Pope sera triste un mois, et Gay — une semaine, et Arbuthnot un jour996 Tel est l’inventaire des amitiés humaines. […] Que les sages et dignes commissaires inspecteurs lui donnent un régiment de dragons et l’envoient en Flandre avec les autres. — En voici un second qui prend gravement les dimensions de son chenil, homme à visions prophétiques et à vue intérieure, qui marche solennellement toujours du même pas, parle beaucoup de la dureté des temps, des taxes et de la prostituée de Babylone, barre le volet de sa cellule exactement à huit heures, et rêve du feu.
Non seulement les vues sur le monde et sur l’homme, les idées générales de toute espèce y abondent, mais encore les renseignements positifs et même techniques y fourmillent, petits faits semés par milliers, détails multipliés et précis sur l’astronomie, la physique, la géographie, la physiologie, la statistique, l’histoire de tous les peuples, expériences innombrables et personnelles d’un homme qui par lui-même a lu les textes, manié les instruments, visité les pays, touché les industries, pratiqué les hommes, et qui, par la netteté de sa merveilleuse mémoire, par la vivacité de son imagination toujours flambante, revoit ou voit, comme avec les yeux de la tête, tout ce qu’il dit à mesure qu’il le dit.
C’est la plus belle vue de la Judée, de la Palestine et de la Galilée.
L’ensemble de sa figure, vue de loin et éclairée d’en haut, avait de l’éclat et de la force, mais du désordre.
Les habitants d’un vaisseau recherchent la vue d’un homme étranger ; ils voudraient entendre le son de la parole d’une bouche étrangère, venant d’un autre pays… c’est donc un événement qui saisit de joie, quand vient à passer un autre navire ; on se précipite sur le pont, on s’appelle, on se demande son nom, son pays, on se salue et bientôt on se voit réciproquement disparaître à l’horizon.
que sa vue me fit peine et plaisir à la fois, monsieur !
Qui pourrait supporter la vue d’un champ de bataille où les nourrissons expirants se traîneraient parmi les cadavres pour sucer le lait tari dans les mamelles sanglantes des mères ?
Il avait une redoutable faculté d’analyse, qu’il exerçait sur lui comme sur les autres : il est impossible de s’observer soi-même plus exactement, de se juger d’une vue plus nette qu’il n’a fait dans son Journal intime et dans ce roman d’Adolphe qui est un des chefs-d’œuvre du roman psychologique.
« Non, et les lieux inutiles reverront sa visite : les pierres nuées qui lui plurent, il les ordonnera négligemment en un parterre de mousse dont il garde le puéril souvenir : par son unique vouloir esseulées, hors de mille s’étrangeront là quelques ramures vertes virginalement sur de droits rêves, et perplexes quand sous elles il laissera qui prévalaient d’oiseaux tels rameaux morts gésir, et devinée mieux que vue aux dentelles des verdures amènera large et molle une rivière où des lis gigantesques : un torse nu de vierge en l’eau s’ornera d’une toison mêlée à l’heure d’un soleil saignant son or mourant.
Certaines vues sur l’arrière-fond des âmes, certains morceaux de casuistique morale, certaines effusions du sentiment religieux (même abstraction faite de toute église confessionnelle), qui nous émerveillent chez Eliot ou chez Ibsen, c’est dans Bossuet, c’est dans les écrits de tel prêtre et de tel moine que nous ignorons, c’est chez Lacordaire et Veuillot même, que nous en trouverions des exemples analogues ; et c’est où nous ne nous avisons guère d’aller les chercher.
Sa probité intellectuelle est des plus irréprochables qu’on ait vues.
Mais l’homme, jusqu’ici, pense à soi plus qu’aux autres hommes ; la Société est une collection d’égoïsmes, et la lutte pour l’existence s’y dénonce à première vue comme le seul principe un peu apparent : le socialisme, venu de l’autre pôle, doit donc précéder l’anarchie, — de quelques centaines, peut-être de quelques milliers d’années, — car il importe avant tout de protéger les faibles ; il faut d’abord paralyser les forces de l’égoïsme et le faire peu à peu céder au sentiment contraire, pour qu’enfin puisse grandir l’universel Amour.
Je me voyais fondre à Paris à vue d’œil.
À force d’avoir toujours en vue les jeunes demoiselles, on finit par manquer de respect aux hommes et à soi-même.
On y cherche d’abord Fléchier, et il y est bien, et on l’y trouve ; mais, insensiblement, cette souriante physionomie du précieux abbé décroît, pour ainsi dire, et recule vers le fond du tableau ; ce sont d’autres figures qui viennent l’une après l’autre lui disputer la première place, on le perd enfin de vue ; et c’est toute une petite société qui finit par avoir fixé l’attention qu’aussi bien Fléchier tout seul ne suffirait peut-être pas à retenir longtemps. […] On lit, dans une lettre de Mme de Maintenon, du 9 janvier 1696, adressée à M. de Noailles, archevêque de Paris : « Le roi m’a dit, dès qu’il m’a vue, ce qui s’était passé entre vous, et ce qu’il dira demain à M. de Meaux… Il était tout scandalisé du procédé de M. de Meaux, et me parut bien aise de ce que vous ne romprez point l’un avec l’autre. » M. […] « Un jour qu’il montrait à un étranger son jardin de Beauregard, et que cet étranger se récriait sur la beauté et la richesse de sa vue : “Venez, lui dit-il, dans cette allée, et je vous montrerai quelque chose de plus curieux.” […] Je peux dire de plus que j’ai lieu de croire, d’après des lettres que j’ai vues, que le libraire Néaulme ne tient point le manuscrit de vous directement ; mais, quand j’aurai dit tout cela, vous n’en serez pas plus avancé. […] V Tel fut ce singulier personnage, plus digne de curiosité que de sympathie, mais bien vivant, et le premier de cette lignée que nous aurons vue s’éteindre, ou plutôt — car sans doute elle renaîtra — s’interrompre en la personne de l’ami de Mérimée, Panizzi, conservateur du British Museum et sénateur du royaume d’Italie.
c’est une splendide vue — pour celui qui n’a point là d’ami ni de frère — de voir leurs écharpes rivales, aux broderies bigarrées, — de voir leurs armes variées qui étincellent dans l’air ! […] Un jour, près du golfe de San-Fiorenzo1278, son yacht fut jeté à la côte ; la mer était horrible et les écueils en vue ; les passagers baisaient leur rosaire ou s’évanouissaient d’horreur, et les deux capitaines, consultés, déclarèrent le naufrage infaillible. « Bien, dit lord Byron, nous sommes tous nés pour mourir.
Ils jouirent là de plaisirs variés et de la vue des divertissements. […] La vue de ces femmes au noble cœur réjouit les braves ; car on voyait s’avancer en costume splendide maintes femmes charmantes.
À certains moments critiques de l’histoire, des hommes, sortant de leur petite vie étroite et routinière, ont saisi par une vue d’ensemble l’univers infini ; la face auguste de la nature éternelle s’est dévoilée tout d’un coup ; dans leur émotion sublime, il leur a semblé qu’ils apercevaient son principe ; du moins ils en ont aperçu quelques traits.
Très probablement, il est, après Turgot, l’homme de son temps qui a le plus aimé le peuple Au-dessous de lui, ses délégués se conforment à ses vues ; j’ai lu quantité de lettres d’intendants qui tâchent d’être de petits Turgots. « Tel construit un hôpital, un autre fonde des prix pour les laboureurs ; celui-ci admet des artisans à sa table555 » ; celui-là entreprend le défrichement d’un marais.
« Le père, toujours un peu aigri par la déception de ses vues ambitieuses, veut aller se coucher pour éviter cette scène d’attendrissement, de reproches et de larmes.
Nous ignorons ses motifs, à plus longue vue que les nôtres, sans doute ; les cabinets à une seule tête sont les plus sûrs des secrets d’État.
Mais ici le poète cesse tout à coup de voir : son regard se trouble, sa vue s’obscurcit, le soleil de Dieu ne l’éclaire plus.
Quand donc me viendrez-vous ici visiter, madame ma bonne amie, étant bien désireuse de votre vue, qui me ragaillardiroit en tous mes chagrins que fussent-ils que montant tout vous pèse et se tourne à mal contre vous ?
Jeté loin de la vue des rivages sur l’immensité des mers, le pilote peut prendre hauteur et marquer avec le compas la ligne du globe qu’il traverse ou qu’il suit ; l’esprit humain ne le peut pas ; il n’a rien hors de soi-même à quoi il puisse mesurer sa marche, et toutes les fois qu’il dit : Je suis ici ; je vais là, j’avance, je recule, je m’arrête ; il se trouve qu’il s’est trompé et qu’il a menti à son histoire, histoire qui n’est écrite que bien longtemps après qu’il a passé, qui jalonne ses traces après qu’il les a imprimées sur la terre, mais qui d’avance ne peut lui tracer son chemin.
Se borner à répondre : c’est bien parce que c’est bien, c’est ne pas apercevoir les conditions du bien et se refuser à en admettre ; c’est parfois que l’on est mal renseigné, ou que l’on a la vue courte, mais cela tient parfois aussi à ce que les idées que l’on a reçues et acceptées sur le bien sont tout à fait injustifiables.
Sans le vouloir, Saint-Sulpice, où l’on méprise la littérature, est ainsi une excellente école de style ; car la règle fondamentale du style est d’avoir uniquement en vue la pensée que l’on veut inculquer, et par conséquent d’avoir une pensée.
Des poètes ont été portés à la direction des affaires publiques par l’admiration de la foule : Lamartine fut un instant le membre le plus en vue du gouvernement provisoire dans la République de 1848.
Quant aux conséquences, l’exécution scénique d’une partition que les auditions de concerts laissent encore relativement ignorée, puisque le compositeur l’a écrite en vue du théâtre, je crois qu’il y aurait témérité à trop vouloir les préjuger.
Par exemple la vue d’un cube nous en fait imaginer la forme tactile, la résistance, etc. ; et toutes ces images sont tellement liées qu’il nous semble percevoir ce qu’en réalité nous imaginons.
À l’amoureux d’art, la vue des choses d’art ne suffit pas, il sent le besoin d’être propriétaire d’un petit bout, d’un petit morceau de cet art, qu’il soit riche ou non.
» — On sait ce qui reste du poème rêvé par André Chénier sur la nature vue à travers la science moderne : un amas de notes où se marque le plan qui va toujours grandissant dans la tôle du poète, où l’on sent partout, à travers une prodigieuse variété de lectures, de citations, de souvenirs, un souffle irrésistible qui les anime et les soulève, et sous ce souffle impérieux et fécond des germes qui ne demandent qu’à éclore, et parmi ces semences pressées de l’ouvrage futur, quelques-unes qui lèvent déjà, qui éclatent avant le temps, par une sorte d’impatience, produisant des fragments admirables, ou des vers d’une vitalité prématurée, de ces vers qui vivent, bien qu’isolés, d’une vie propre et qui entrent d’emblée dans la mémoire des hommes, où ils ne meurent plus.
On l’a dit, mais pas assez, et il importe de le répéter, car on a été trop longtemps sans le savoir, la menteuse et insolente Politique a couvert de ses déclamations l’atrocité des choses qu’ont vues nos pères et qu’elle voudrait nous faire oublier.
Il est impuissant comme imagination spontanée dans le style, comme grand aperçu et vue pleine dans la pensée, mais il est resté viril et vigoureux par ailleurs.