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2019. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Et pour que, le monde entier dès aujourd’hui, et, dans la suite des siècles, la postérité, sachent bien que votre piété m’est agréable, j’y veux collaborer, moi aussi, à mon autel. […] Zola a autorisé son fidèle Alexis à publier à la suite du panégyrique ? […] Réunis maintenant, les lire de suite et coup sur coup, cela devient non plus seulement monotone, mais exaspérant. […] Pour parler de tel auteur, il a dû lire ces œuvres de suite, coup sur coup. […] Je n’en finirais pas si j’entreprenais de critiquer au point de vue plus restreint des lois de la scène ce drame incohérent, faux, mal venu, plein d’invraisemblances, tout béant de trous bouchés par des remplissages puérils, disloqué, sans suite, sans progression, dont les parties sont recousues par des fils gros comme des câbles, dénoué enfin par des révélations d’une bonne qui écoute aux portes.

2020. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Au lieu de supposer un besoin ou désir suivi d’un plaisir chez le personnage en quête des halles de Paris, il ne suppose qu’une suite d’efforts, de raisonnements et de calculs : or, le raisonnement est opposé au sentiment en général, à plus forte raison au sentiment esthétique. […] En notant ainsi deux vers à la suite l’un de l’autre, on obtient une phrase musicale parfaitement correcte et carrée 41. […] Tout langage est donc une suite d’accords ; mais dans la prose ils se succèdent irrégulièrement, dans le vers ils reviennent en nombre égal et à temps égaux : le vers, même considéré indépendamment de la rime, est déjà, en toute vérité et sans aucune métaphore, une organisation élémentaire de la musique renfermée dans le langage. […] La suite rythmée des voyelles, dont chacune est un accord sourd, forme une symphonie voilée, quelque chose comme la voix d’un orchestre entendue sur une plage de très loin, sans qu’on puisse nommer aucune des notes apportées par le vent. […] Voici une suite de vers blancs dont chacun est tiré d’Alfred de Musset : Je voudrais m’en tenir à l’antique sagesse, Qui, du sobre Épicure, a fait un demi dieu.

2021. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Rod le dit avec un rare bonheur d’expression : « On perd son temps à compter les battements de son cœur, on ne le perd pas à en écouter vibrer l’écho dans la suite infinie des cœurs étrangers. » Cette méthode, qui consiste à s’étudier soi-même, non pour se connaître ni pour s’aimer, mais pour connaître et aimer les autres, M.  […] Pour la même raison il a eu par la suite beaucoup de peine à s’en dégager, et en dépit d’une éclatante rupture il ne s’en est jamais affranchi complètement. […] Le goût qu’il a naturellement pour ce qui est artificiel et faisandé lui a inspiré ce type de Des Esseintes où plusieurs des hommes de cette fin de siècle se sont aussitôt reconnus et sur lequel d’autres par la suite se sont modelés. […] C’est dans les œuvres d’imagination que s’essaient à naître et que prennent forme les idées ; elles iront, par la suite, déterminant des séries de faits, modifiant les lois des peuples, inspirant la conduite des individus ; elles feront leur chemin dans la société et dans les âmes. […] Pour faire suite et contraste, d’Annunzio nous promet trois « romans du lys » : les Vierges aux rochers, la Grâce, l’Annonciation.

2022. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Je n’ai plus qu’à mettre à la suite les plaintes sans trêve, mais toujours humbles et soumises, de celle que j’ose appeler la Mater dolorosa de la poésie : « (1er avril 1853)… Ma bonne Camille, je te remercie de la tendre compassion de ton amitié. — Tu comprends bien ma blessure. — Elle est sanglante. — Je n’ose pas plus que toi-même appuyer sur la terrible épreuve qui est maintenant accomplie sur la terre.

2023. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

César montait droit à l’Olympe ; la pensée à sa suite y visait de son mieux, mais le style n’allait pas du tout.

2024. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

les petites mauves, lorsqu’elles ont comme péri dans le jardin, et le vert persil, et le frais fenouil tout velu, revivent par la suite et repoussent à l’autre année ; mais nous autres hommes, les grands, les puissants ou les génies, une fois que nous sommes morts, insensibles dans le creux de la terre, nous dormons à jamais le long, l’interminable, l’inéveillable sommeil. » — Ce passage fait souvenir de l’ode d’Horace : Diffugere nives, dans laquelle le poëte exprime la mobilité des saisons, le printemps qui renaît et qui sollicite à jouir de l’heure rapide, car l’hiver n’est jamais loin : « Mais, ajoute-t-il en s’attristant également de la supériorité de la nature sur l’homme, les lunes légères ne tardent guère à réparer leurs pertes dans le ciel, tandis que nous, une fois descendus là où l’on rejoint le pieux Énée, le puissant Tullus et Ancus, nous ne sommes que poussière et ombre. » La pensée d’Horace est belle, elle est philosophique et d’une mélancolie réfléchie ; mais je ne sais quoi de plus vif et de plus pénétrant respire dans la plainte de Moschus.

2025. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Voyez M. de Roquelaure et M. de Miossens, qui parlent deux heures de suite devant une vingtaine de personnes en se vantant toujours ; il n’y en a que deux ou trois qui ne peuvent les souffrir, et les dix-sept autres les applaudissent et les regardent comme des gens qui n’ont point leurs semblables. » Si Roquelaure et Miossens avaient mêlé à leur propre éloge celui de leurs auditeurs, ils se seraient encore mieux fait écouter.

2026. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

» Et ainsi de suite pour toutes les phases de l’histoire nationale où Jéhovah a signalé sa protection sur Israël.

2027. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Ces renseignements irrécusables lui firent insérer de suite une rectification dans le livre LVI du huitième volume de l’Histoire des Girondins.

2028. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

… Je déplore par-dessus tout la promptitude de cette mort, qui n’a été précédée que d’une maladie de trente-six heures, suite, comme je le conjecture, ou du poison ou d’un brisement de cœur.

2029. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Un cycle est l’histoire d’une famille épique, la suite des poèmes qui en présentent les générations successives et les fortunes variées.

2030. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Partout, dans les suites, refaçons et contrefaçons de Renart 96, dans les Fabliaux, dans tous les genres de poésie narrative, avec l’ordure croit la violence : l’âpreté des haines tient lieu de talent.

2031. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Une des idées qui dominent les romans de Georges Eliot, c’est l’idée de la responsabilité, entendue avec la plus pénétrante rigueur ; l’idée qu’il n’y a pas d’action indifférente ou inoffensive, pas une qui n’ait des suites et des retentissements à l’infini, soit en dehors de nous, soit en nous, et qu’ainsi l’on est toujours plus responsable, ou responsable de plus de choses, qu’on ne croit.

2032. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Je disais, dans mon dernier feuilleton, que Marceline avait tu son secret à Valmore, n’ayant le courage ni de renoncer à la part de bonheur qu’elle pouvait encore attendre, ni de désespérer un brave garçon par l’inutile révélation d’une aventure dont les suites matérielles étaient totalement abolies.

2033. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Par la suite, la religion, n’étant plus capable de tout contenir, maudit ce qui lui échappe.

2034. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Les vieillards de l’Aréopage tenant des rameaux, les matrones en longues robes de pourpre, les jeunes filles couronnées de narcisses, les prêtres traînant les brebis noires dont le sang consacrera le nouvel autel, défilent à la suite ; derrière, tout le peuple en habits de fête.

2035. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

» — Penchons-nous encore, comme font les bergers d’Arcadie, dans le tableau du Poussin, pour lire la fine inscription gravée par Philodème sur l’urne légère d’une danseuse : — « Ici gît le corps délicat de Tryphée, petite colombe, la fleur des lascives hétaïres, dont les ébats et les causeries étaient pleins d’enjouement ; qui, plus qu’aucune autre, aima les orgies que célèbrent les femmes ; qui, trois fois de suite, vidait, d’un trait, la coupe de vin pur.

2036. (1772) Éloge de Racine pp. -

On lui a reproché cette vivacité dans la dispute qui tient à une humeur franche et à une conception prompte, et cette sévérité de jugement qui est la suite d’un goût exquis.

2037. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Lorsqu’après une page de narration écrite en vers si faussement nommés prosaïques, se trouve une suite de beaux vers d’inspiration, pleins et cadencés, comme ceux de l’ancienne école ; ils se détachent avec bien plus de grâce et de noblesse, et l’effet en est bien plus puissant.

2038. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Seulement, je veux vous faire remarquer qu’il y a des fables qui sont tout entières des narrations, non plus seulement des descriptions rapides, mais des narrations de la nature, c’est-à-dire une suite de tableaux de la nature se reliant entre eux et formant un récit, formant un poème de la nature.

2039. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le fond, c’est bien moins des lettres et des impressions personnelles comme celles que l’on trouve dans des lettres, qu’une suite de contes, enlevés avec une légèreté de main et une vivacité de coloris dans cette manière sensible et profonde qui est celle de Daudet ; car Daudet a sa manière à lui, qu’on ne peut confondre avec celle de personne.

2040. (1927) Approximations. Deuxième série

Observer, instruire, réfréner, encourager la jeune créature royale à ses côtés, c’était déjà beaucoup ; davantage cependant de sentir, à travers cette constante intimité, le contact de son affection ardente, le rayonnement de sa vitalité ; plus que tout peut-être était-il doux de se perdre dans une contemplation enjouée que coupait de temps à autre une vaine apostrophe, — de parler sans suite, — de faire d’innocentes plaisanteries au sujet d’une pomme ou du volant d’une jupe, de rêver. […] Sans doute le style de Pascal est un, en ce sens que tout dans les Pensées reçoit, subit le sceau d’une même personne, et de la plus impérieuse ; mais cette personne — irréductible en son noyau, — sous combien d’aspects ne se manifeste-t-elle pas dont chacun entraîne à sa suite son langage propre. […] Oui, je le reconnais ; et il est exact de soutenir avec certains critiques qu’à cet égard l’œuvre de Browning n’a pas rempli par la suite les promesses de son Paracelse ; mais c’est peut-être en partie à cause même de cette absence du sentiment de l’unité que nous ne pouvons nous passer de Browning, aujourd’hui qu’en tous domaines la notion d’unité est remise à l’étude. […] Que l’on relise, que l’on médite comme elles le méritent les pages sur lesquelles se clôt le second Dialogue — et qui, à mon sens, constituent tout ensemble le noyau et l’apogée du livre —, et l’on constatera que ce à quoi l’on assiste, c’est à un effort loyal, sérié, pour remonter jusqu’à la source du génie, pour appréhender ce génie antérieurement au moment où il s’engagera dans l’une des deux grandes directions : pensée ou action ; pour le toucher en ce point capital — toujours identique en soi quelles que soient les formes à travers lesquelles par la suite il adviendra au génie de se manifester — qui est l’acte même de l’intuition (Le génie est toujours acte ; il est toujours cet acte-là ; et c’est à partir de cette intuition seulement qu’il s’oriente ou mieux qu’il est orienté dans sa voie propre.) […] L’article réclame une suite, et Jacques Rivière nous la doit.

2041. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Car cette influence des événements sur les œuvres ne suffit point à expliquer l’esprit de suite, d’ailleurs inconnu à lui-même, qui fait que les phases de l’histoire esthétique ne se succèdent pas les unes aux autres indifféremment, mais qu’à chaque innovation dans l’Idéal correspond un besoin moins nouveau qu’encore insatisfait, une conquête de plus qui ajoute son personnel contingent aux dépouilles opimes des antécédentes conquêtes. — Sans doute, les événements de la fin du xviiie  siècle et du commencement du xixe  siècle n’ont pas été inutiles à l’éclosion du Romantisme : mais on peut croire qu’ils l’ont plutôt compromis que servi, quant à la direction qu’ils lui ont conseillée. […] Ils eussent été bien embarrassés de conduire leurs chimériques personnages à travers une longue suite d’années, dans des lieux divers, au cours d’actions successives desquelles seul un sentiment réel et poignant de la vie peut faire l’essentielle synthèse dramatique. […] Trois caractères : le romancier se recule de son sujet, n’y intervient jamais en personne, c’est une œuvre objective ; rien n’y est anormal, tout y est déterminé par le tempérament d’Emma, c’est une œuvre logique ; le tempérament d’Emma est tout physique, tout sensuel et le récit de ses amours n’est que le récit d’une suite de sensations, c’est une œuvre sensationnelle ou physiologique, et tout, dans le livre, est de même, physiologique ou sensationnel. […] Et s’ils écrivent un long livre, c’est une si incohérente suite de contradictions flagrantes que le lecteur hésite : mystification ou folie ? […] Mais au bout du chemin, au bord du fossé où la logique et notre impatience allaient le pousser, il se retourne paisiblement, avec un sourire tout phosphorescent d’ironie, et revient sur ses pas, nous ramenant au point de départ où se croisaient deux routes, — là nous laisse respirer, puis capte à nouveau, en l’émerveillant encore, notre confiance qui se lassait la rassure en même temps, s’insinue plus avant en elle, en déployant sa science inépuisable et sa non moins inépuisable sincérité, et brusquement, par un tour, si j’ose dire, de gobelet et de génie, nous r’entraîne à sa suite, dans la seconde voie plus obscure, plus difficile que l’autre, mais qu’il aplanit, mais qu’il illumine et nous fait aimer, — pour nous y arrêter, comme naguère, dans un doute suprême où il semble triompher.

2042. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Je marque un trait de sa nature, un tour de son caractère, qui est, avec beaucoup d’esprit de suite, de donner volontiers dans l’inattendu et dans l’imprévu. […] Mais ne peut-il pardonner à quelque innocent esprit de se mêler des choses de l’art avec moins de rigueur et de suite qu’il n’en a lui-même, et d’y déployer moins de raison, surtout moins de raisonnement ; de garder dans la critique le ton familier de la causerie et le pas léger de la promenade ; de s’arrêter où l’on se plaît et de faire parfois des confidences ; de suivre ses goûts, ses fantaisies et même son caprice, à la condition d’être toujours vrai, sincère et bienveillant ; de ne pas tout savoir et de ne pas tout expliquer ; de croire à l’irrémédiable diversité des opinions et des sentiments et de parler plus volontiers de ce qu’il faut aimer. […] La suite de la complainte est sublime, et M.  […] Et par la suite ils partagèrent le même lit dans une incomparable chasteté. […] Vous comprenez : il n’y avait pas la suite.

2043. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

La tempérance et l’exercice que j’ai pratiqués parfois et longtemps de suite, vigoureusement et violemment, n’y faisaient que peu ou rien. […] Deux ou trois fois de suite on voit ici le bonheur et quand je dis le bonheur, c’est bien le bonheur profond et entier, non pas la simple volupté, non pas la gaieté grivoise ; nous sommes à cent lieues ici des jolies polissonneries de Dorat et des appétits débridés de Rochester.

2044. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Illustrer par des exemples une erreur aussi fréquente est inutile ; nous voulons seulement remarquer qu’elle est favorisée par l’usage des signes analogiques : l’emploi du mot huppe fait sortir des rangs le cri de l’animal, et du second plan, qui est sa vraie place, le met au premier ; et il ne faut pas croire, rappelons-le, que l’onomatopée représente un cri général ; tout au plus serait-ce le cri moyen ou le plus ordinaire, si elle pouvait reproduire exactement un son particulier ; mais la voix humaine et, à sa suite, la parole intérieure, ne peuvent que simuler imparfaitement les sons naturels ; ainsi le mot analogique, en attirant à lui la conscience, éclaire injustement une partie de l’idée aux dépens des autres, les sons au détriment des visa-tacta, et donne à tort une valeur générale à une image particulière. […] A portée de mon oreille, A et B se livrent à une conversation qui m’intéresse ; mais, pendant ce temps, un fâcheux m’entretient, et, par politesse, je suis forcé de l’écouter ; une phrase prononcée ou par A ou par B arrive à mes oreilles ; je l’entends sans la comprendre ; mon esprit étant occupé ailleurs, il n’y a là pour moi que des mots vides de sens ; mais je leur présume un sens que je désire m’approprier ; aussi, détournant mon attention de l’entretien que je subis, je me répète intérieurement ces mots dont le souvenir est encore intact en moi, et, comme cette fois je leur donne toute mon attention, la phrase prend un sens, je la comprends sans effort ; il m’a suffi, pour ainsi dire, de la regarder. — Il peut arriver, en pareil cas, que, pour donner à l’attention le temps de changer d’objet, je sois obligé de me répéter intérieurement la même phrase deux ou trois fois de suite ; d’abord, je suis encore distrait, d’autres idées retiennent mon attention, la phrase est toujours dénuée de sens ; enfin, je la comprends : j’ai, pour ainsi dire, jeté sur elle mon attention et, avec mon attention, sa signification ; la soudaineté du phénomène ne saurait mieux se comparer qu’à l’aimantation brusque, au moyen d’un courant, d’un morceau de fer suspendu au-dessus d’un petit tas de limaille : la pensée proprement dite, poussière amorphe de sensations effacées, se précipite sur chaque mot et s’y attache instantanément.

2045. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Écrit sur de l’eau exprime tous les dons de ce conteur de qui l’âme est celle d’un enfant ignorant le mal et la douleur, tous ces dons qu’il a développés ou dispersés dans la suite. […] Maurice Brillant, qui nous présente tant de personnages d’importance et qui nous emmène, à la suite d’une troupe de comédiens, à travers la France, aurait pu aussi facilement, en raison même de sa formation, écrire toute une série de thèses sur chacun d’eux ; il a préféré, à la faveur d’un divertissement, nous rappeler, de la façon la moins pédante, que Mme de Beaumont n’avait pas tort de dire : « Qui n’a pas vécu en ce temps-là n’a pas connu la douceur de vivre », ou quelque chose d’approchant. […] La suite de l’histoire, ajoute-t-il, devait prouver que les mariages de raison peuvent parfois, avec le temps, devenir des mariages d’amour. » À défaut d’un accent authentique, Maurois, il est vrai, possédait, sur leur littérature, autant de clartés qu’en avaient ceux dont il allait partager l’existence.

2046. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Mauclair va tirer une suite de formules dont l’élégance, fatalement, clarifiera, jusqu’au blanc éclatant, la pensée douteuse qu’il a choisie pour ses expériences. […] Alfred Vallette en est devenu, par la suite, le fondateur réel, puisque toutes les pierres au-dessus de la première ont été touchées par ses seules mains, et puisque seul il y représente, depuis le premier couple marteau, le principe de continuité, qui est le principe même de la vie. […] On pouvait, après ce premier livre, attendre une suite d’études dans le même ton de sincérité et de détachement ; l’ironie sans doute se serait accentuée et, portant sur des faits plus généraux, aurait donné aux analyses une force plus convaincante.

2047. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il dure même encore, malgré le téléphone, l’auto, le cinéma, le communisme, tout le bouleversement économique qui se préparait dès avant la guerre, et que les suites de la guerre ont seulement précipité. […] Elle s’est affinée, s’est enrichie, en somme, malgré les catastrophes individuelles causées par les suites de la guerre, elle a changé de mœurs et d’opinion. […] Puis il souffrait déjà des suites de la même maladie qui frappa Baudelaire, Nietzsche, Jack London ; chez les artistes, les hommes d’imagination, il arrive que les prodromes de ces accidents, qui doivent un jour les faire sombrer dans de tristes ténèbres, produisent d’abord une excitation singulière, heureuse. […] À leur suite, tandis que la psychologie scientifique, malgré l’influence de Bergson, est devenue de la psycho-physiologie, et, de la sorte, reste matérialiste, ils adoptent le procédé, avec Barrès, Proust et Bergson, de l’« Introspection ».

2048. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

A sa suite, viennent un drapier, un porteur, puis deux ex-maîtres d’Eton, deux bottiers, et ceux-ci à leur tour font place à un ex-Lord-Maire de Dublin, à un relieur, à un photographe, à un ouvrier sur acier, à une femme-auteur. […] Un aliéné énonce des propos sans suite ; en se lançant avec fureur à travers la pièce, à la poursuite de formes invisibles. […] Par la suite, La-Ki-Wa offre sa main à Jack, qui la refuse et, avec la dureté de cœur qui est le propre des hommes, lui offre une affection fraternelle. […] Par la suite, il se retira dans la chambre d’enfants et écrivit sur les enfants des poésies caractérisées par un excès de subtilité.

2049. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elle accompagnait souvent Mme la Princesse aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques ; elle y passait de longues heures, qui se peignirent d’un cercle idéal en son imagination d’azur, et qui se retrouvèrent tout au vif dans la suite après que le tourbillon fut dissipé.

2050. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Suite de la littérature diplomatique I La nature, qui prédestinait l’Angleterre à cette importance, lui avait donné un caractère qui a ses défauts sans doute, mais qui a la prédestination des grandeurs.

2051. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Cette éducation ne sera terminée qu’à cinquante ans ; c’est une suite d’examens et d’épreuves qui viennent sans doute, dans l’esprit de Platon, des initiations d’Égypte et qui rappellent assez le mandarinat chinois.

2052. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Elle va le rejoindre trois ans de suite dans une solitude opulente de l’Alsace.

2053. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Suite XLVII Les citations de la poésie allemande révèlent sa prédilection pour les sujets graves, tendres ou pieux, les seuls véritablement poétiques, parce qu’ils touchent à l’infini par la pensée, par le sentiment ou par la religion, cet infini du cœur.

2054. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Elle fut saluée reine d’Écosse, le lendemain, dans un splendide concours des lords écossais et des seigneurs français de sa famille ou de sa suite.

2055. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et ainsi de suite alternativement.

2056. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

L’un est la suite de l’autre ; tous deux se réunissent en certaines circonstances ; la congrégation qui fournit les maîtres est la même.

2057. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

La suite de l’œuvre est pour le moins égale à ce qui précède, et le troisième acte, en particulier, rempli tout entier par les plaintes et les élans de Tristan qui va mourir, est d’une conception tellement puissante, si riche en traits de génie, en combinaisons merveilleuses, qu’il en perd toute monotonie et vous étreint d’une angoisse inexprimable.

2058. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Documents de critique expérimentale : Parsifal I : Gefühl (Suite).

2059. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il a compté sur le nom du marquis de Prestes pour lui ouvrir les portes du Luxembourg, et il voudrait le voir rentrer dans le bercail officiel de la royauté de Juillet, pour s’y glisser à sa suite.

2060. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Pour se changer en une « idée » véritable et distincte, le sentiment de ressemblance n’a besoin que d’être renforcé, porté au point visuel de la conscience, érigé ainsi en force dominante qui entraine à sa suite les mouvements appropriés.

2061. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

À la suite des maîtres une foule d’écrivains, nés avec des talents divers, se jetèrent dans l’histoire de la littérature, séduits par l’espoir d’un succès facile et par la possibilité d’un éditeur.

2062. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Une certaine suite dans les idées et dans leur exécution qui les caractérise est encore insuffisante.

2063. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Hugo, comme en Hegel il avait eu son philosophe, quoiqu’il y ait quelque chose de bien tonitruant dans la voix du poète, l’Antiquité, pourtant, qu’il a chantée, est une antiquité de seconde main saisie à travers la Renaissance ; une suite de tableaux splendides, mais incorrects aussi et versés (ce qui devient de plus en plus le faire poétique moderne) de toiles connues dans des vers !

2064. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

… La Faustin de M. de Goncourt est une suite de notations sur la vie, au théâtre et hors du théâtre, des comédiennes ; c’est des prospects variés sur leurs habitudes de famille et de camaraderie, sur leurs manières de travailler et d’être oisives, sur leurs amours, leurs caprices, leurs perversions, leurs nervosités, tout leur artificiel mis à la place de leurs sentiments vrais, et c’est colligé et collectionné ici comme un inventaire, — un de ces inventaires du xviiie  siècle auxquels M. de Goncourt nous a accoutumés dans ses études historiques.

2065. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Telle forme comique, inexplicable par elle-même, ne se comprend en effet que par sa ressemblance avec une autre, laquelle ne nous fait rire que par sa parenté avec une troisième, et ainsi de suite pendant très longtemps : de sorte que l’analyse psychologique, si éclairée et si pénétrante qu’on la suppose, s’égarera nécessairement si elle ne tient pas le fil le long duquel l’impression comique a cheminé d’une extrémité de la série à l’autre.

2066. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Ce chapeau, qui recule toujours au moment où on va le saisir, fait courir le personnage principal, lequel fait courir les autres qui s’accrochent à lui : tel, l’aimant entraîne à sa suite, par une attraction qui se transmet de proche en proche, les brins de limaille de fer suspendus les uns aux autres.

2067. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Tel qu’il avait paru en 1715, le livre ne semblait pas demander de suite. […] J’ai déjà nommé plus haut Restif de La Bretonne : la vraie suite du Paysan parvenu, c’est le Paysan perverti. […] Pour porter un genre à sa perfection, ou pour le mettre seulement en pleine possession des moyens qui doivent plus tard l’y conduire, ce n’est pas trop d’une suite ininterrompue d’efforts et d’une longue succession d’écrivains. […] Car les uns, dans Marianne et dans le Paysan parvenu, reprochent à Marivaux, avec un peu de sévérité peut-être, de n’avoir pas mis toutes les qualités que la suite a prouvé que son genre comportait ; et les autres, avec un excès d’indulgence, y admirent les commencements de ce qui l’a suivi. […] L’opinion lui échappait, et elle lui échappait au moment même qu’il croyait enfin s’en être rendu maître, que les encyclopédistes en corps affectaient de se mettre à sa suite, qu’il venait de voir mourir Fontenelle et Montesquieu ; — et il avait passé soixante-cinq ans !

2068. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

» C’est le cas de citer derechef Pascal et la suite de sa terrible page sur le moi haïssable : « Je le hais parce qu’il est injuste, parce qu’il se fait centre de tout. […] L’excellent mathématicien Jules Tannery écrivait à Le Dantec : « Admettons que dans un laboratoire, on fabrique des êtres pensants à la suite d’opérations bien déterminées, c’est alors que ce que nous appelons matière a des propriétés, des activités possibles qui ne sont pas ce que nous connaissons actuellement dans la matière. » Autant dire que la réalité spirituelle chez l’homme atteste une réalité spirituelle hors de lui et avant lui. […] Ce maître a lui-même été l’apprenti d’un autre, qui l’a été d’un autre, et cela de génération en génération, si bien que la suite des ouvriers d’un même métier peut être considérée comme un même ouvrier qui peine toujours et qui apprend indéfiniment. […] Et il concluait : « Nous apercevons, à travers l’épaisseur de l’histoire, des fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesses et d’esprit. » Nous voilà de nouveau loin, non plus seulement du songe-creux que fut Condorcet, mais, semble-t-il, du profond Pascal qui, dans une phrase fameuse de la préface du Traité du vide, comparait « toute la suite des hommes à un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement ».

2069. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

J’entrevois, sans savoir au juste, jusqu’où on pourrait aller et quels détails pourraient me solliciter plus spécialement, des séries vastes sur les gens du monde, les prêtres, les soldats, les paysans, les ouvriers, les juges, les marchands ; en reprenant ces séries de toutes les façons, par exemple en ouvrant une suite de scènes de mariage, de baptême, de communion, ou bien d’intérieurs de famille ; des naissances, des successions, etc., surtout des scènes qui se passent souvent et qui expriment bien la vie générale d’un pays. […] Il arrive qu’un jour cet homme croit s’apercevoir, à certains indices que son entourage ne peut deviner comme lui, qu’il s’est trompé de chemin, aura-t-il la force de laisser là sa suite et de revenir à grands pas vers son point de départ ? […] Boileau vous dira une bonne chose : Rien n’est beau que le vrai  ; et tout de, suite, pour faire de fart et pour faire une rime, il vous joindra à cette bonne chose une niaiserie : le vrai seul est aimable .

2070. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Je demeure anéanti de la petitesse des considérations littéraires, après ces divagations éthérées et infinies ; c’était une vaste philosophie que j’attendais, je tombe dans des phrases sans fond et sans suite.

2071. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

. — Voy. l’Appendice a la suite de ces Discours [De la poésie de style].

2072. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Dans la suite, quand je lus la Vie de Spinoza par Colerus, je vis que j’avais eu sous les yeux dans mon enfance un modèle tout semblable au saint d’Amsterdam.

2073. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Cet article est la suite d’articles publiés dan » le Musikalisches Wochenblatt : il sera l’objet d’une étude spéciale.

2074. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Le présent de l’animal est un présent inquiet, qui ne se suffit pas, qui aspire à la suite.

2075. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Ce cri, à lui seul, produit un mode d’ébranlement nerveux qui, par lui-même, provoque l’alarme parce qu’il est déjà une alarme intérieure, une suite de chocs nerveux précipités : c’est ce que nous avons appelé tout à l’heure une panique de cellules, et la panique collective n’en est que l’agrandissement.

2076. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Admettre un indéterminisme quelconque, c’est admettre que certains actes, considérés sous tel rapport, ne sont pas déterminés par leurs antécédents et n’y ont pas leur complète raison ; sous ce rapport, ils constituent des « commencements absolus », des nouveautés absolues, que rien de ce qui les a précédés n’entraînait à sa suite.

2077. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

La croix de ma mère, les cheveux blancs de mon père, la voix du sang, devinrent dans la suite des ficelles dramatiques.

2078. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Il courait la nuit en vomissant des flammes, en poussant des cris, en entraînant à sa suite des légions de diablotins et de sorcières ; mais une locomotive remorquant son convoi lance plus de feux, jette plus de clameurs, emporte plus de monde que lui ; il bâtissait des palais en un jour, mais voyez donc ce qui se fait au Louvre maintenant ; il donnait des trésors à ceux qui lui vendaient leur âme ; l’industrie en procure d’aussi grands, de plus inépuisables, et n’exige que du travail en échange ; il disait certaines paroles qui cicatrisaient les blessures et endormaient la douleur, mais le chloroforme en sait plus long que lui sur ce sujet.

2079. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

D’autre part, comme nous le disions au début, le sujet se trouve souvent dans le singulier état d’âme d’une personne qui croit savoir ce qui va se passer, tout en se sentant incapable de le prédire. « Il me semble toujours, dit l’un d’eux, que je vais prévoir la suite, mais je ne pourrais pas l’annoncer réellement. » Un autre se rappelle ce qui va arriver « comme on se rappelle un nom qui est sur le bord de la Mémoire » 58 Une des plus anciennes observations est celle d’un malade qui s’imagine anticiper tout ce que fera son entourage 59.

2080. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Une première concession arrachée à la raison en entraîne une seconde, celle-ci une autre plus grave, et ainsi de suite jusqu’à l’absurdité finale.

2081. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Rien d’étonnant, répond Milton, il y en a beaucoup d’autres qui ne prennent pas bien la hauteur de votre pôle, mais qui prendront mieux le déclin de votre élévation. » Il y a de suite trois calembours du même goût ; cela paraissait gai. […] Au temps du Christ, chaque imagination produisait une hiérarchie d’êtres surnaturels et une histoire du monde ; au temps de Milton, chaque cœur racontait la suite de ses tressaillements et l’histoire de la grâce.

2082. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Pendant la nuit, elle ne dormait point d’un sommeil imperturbable, mais elle n’aboyait pas sans raison comme ces chiens absurdes qui, se posant sur leurs pattes de derrière, et levant le museau en l’air, aboient trois fois de suite, par ennui, en regardant les étoiles. […] En ce moment, la baruinia venait de s’endormir après une crise nerveuse, une de ces crises qu’elle subissait ordinairement à la suite d’un souper trop copieux.

2083. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

L’humanité ne reste jamais deux instants de suite la même, elle est essentiellement mobile, et cette mobilité infinie d’états, déterminant une semblable mobilité de sensations, de sentiments, d’impulsions do toute nature, donne naissance aux croyances, aux doctrines, aux systèmes qui changent indéfiniment aussi, comme la substance dont ils sont les accidents. […] La condensation amène en quelque sorte à sa suite la raréfaction, et par conséquent des brisures dans le tout primitif, chacune des parties restant néanmoins soumise à la loi de la condensation et de la concentration.

2084. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Nous avons beau ne pas spéculer sur leur essence et leur origine, nous sentons qu’elles ont un rapport entre elles, étant réclamées de nous par notre entourage immédiat, ou par l’entourage de cet entourage, et ainsi de suite jusqu’à la limite extrême, qui serait la société. […] Mais l’autre émotion n’est pas déterminée par une représentation dont elle prendrait la suite et dont elle resterait distincte.

2085. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Nous avons même mieux que cela, puisque nous avons cette préface de l’édition de Port-Royal, où le propre neveu de Pascal, Étienne Périer, dont il avait lui-même achevé l’éducation, nous donne tout au long l’analyse d’un discours prononcé vers 1658 ou 1660, et dans lequel, en peu de mots, Pascal « aurait représenté ce qui devait faire la nature et le sujet de son ouvrage ; — rapporté en abrégé les raisons et les principes ; — expliqué l’ordre et la suite des choses qu’il y voulait traiter ». […]  » Et, en effet, quand on raisonne comme Pascal, c’est-à-dire en logicien rigoureux, « pour qui toutes les vérités sont tirées les unes des autres » ; en logicien passionné, qu’une suite de preuves bien disposées « enlevait », selon l’expression de Mme Périer ; en logicien inspiré, qui sait « que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas toujours », l’ordre n’est pas seulement le principal, ou l’essentiel, il est tout ; et de la longue chaîne de ses déductions, souple et forte, subtile et savante, s’il nous échappe un seul anneau ; que dis-je ? […] Comparez cette suite de chapitres, histoire politique et militaire d’abord, anecdotes, histoire intime de la cour, histoire du gouvernement intérieur, tableau des beaux-arts, histoire des querelles religieuses, tout cela juxtaposé, comme des tableaux dans une galerie, mais non pas composé, d’ailleurs finissant par une plaisanterie d’un goût douteux, sur l’œuvre des missionnaires catholiques en Chine, comme par le mot de la fin d’un journaliste, — comparez ce désordre aimable avec cette belle Histoire des variations des Églises protestantes, et mesurez la distance. […] Buffon, voulant louer dignement Rivarol, dira que la traduction du Dante est une « suite de créations », et Rivarol, enchérissant encore, dira bientôt « que quatre vers ou quatre lignes de prose classent un homme presque sans retour ». […] Cependant, à mesure que l’on étudiait avec plus d’attention et de liberté scientifique le caractère de l’événement, à mesure qu’on en pénétrait mieux le sens et qu’on en regardait plus froidement les suites qui continuaient à se dérouler, on le ramenait à ses vraies proportions, on le rattachait à ses véritables origines, on y reconnaissait la conséquence nécessaire de toute notre histoire nationale, et jusque dans les géants de la Convention on retrouvait des Français de tous les temps, qui n’avaient plus de gigantesque et de surhumain que le piédestal sur lequel nous les avions élevés.

2086. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Il remplit de nouveau toute une carrière, et la série de ces articles, recueillis à partir de 1863 sous le titre de Nouveaux Lundis, ne forme pas aujourd’hui (1868) moins de dix volumes qui auront même une suite.

2087. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

« Tous les chevaliers de Chateaubriand, dit le père, ont été des ivrognes et des fouetteurs de lièvres. » Lui-même vivote tristement et pauvrement, avec cinq serviteurs, un chien de chasse et deux vieilles juments, « dans un château qui aurait tenu cent seigneurs et leur suite ».

2088. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Parcourant, sans cesser, ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne et vend aux animaux ;          Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l’honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l’indulgence des dieux.

2089. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

À l’âge de près de soixante ans, il rédigea pour les novices une suite de sermons connus de Scott, où rien ne rappelle l’inimitable onction de l’auteur de l’Imitation ; il continua ainsi jusqu’à l’âge de soixante-dix ans, où la mort le cueillit dans sa sainteté.

2090. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il y avait alors à Florence des exilés de Rome, de Turin, de Naples, réfugiés sur le sol toscan, à la suite des trois révolutions qui venaient de s’allumer et de s’éteindre dans leur patrie.

2091. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Suite.

2092. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

On s’assied à table, et de suite, la causerie prend feu à propos de Ponsard, en train de lutiner Titania, dans une pièce à l’imitation de Shakespeare.

2093. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

[Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)] I Nous vous avons esquissé une première idée de la philosophie sacrée de l’Inde.

2094. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

V Il s’ensuit enfin que tous les peuples, depuis l’origine des peuples, ont imaginé un monde invisible, surnaturel et éternel, faisant suite et complément au monde passager où nous agissons.

2095. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Elle a refusé d’obéir à un infâme caprice du roi ivre, qui, à la suite d’une orgie, lui avait ordonné de paraître nue aux yeux de ses compagnons de débauche.

2096. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Il aurait dû naître curé de village, vicaire de Wakefield, uniquement occupé à sarcler les herbes de son jardin l’été, à regarder l’hiver les pieds sur ses chenets, la bûche jaillir en étincelles sous les coups distraits, de ses pincettes, et à prolonger le souper avec quelques voisins sans affaires jusqu’à l’aurore dans les entretiens sans suite et intarissables de son foyer.

2097. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Rien, par la suite, ne servira davantage à étendre dans le monde entier la popularité de la littérature et de la langue françaises ; et au fait, n’est-ce pas ce que les étrangers aiment de notre « parlure » quand ils l’appellent, dès le xiiie  siècle, la plus « délittable qui soit » ?

2098. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Il passa bientôt en Allemagne avec tout ce qu’il traîne à sa suite, le goût du petit et du médiocre en toutes choses, et entre autres le goût de la petite poésie qui tue la grande.

2099. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Baudelaire, qui a pris possession du poète et du conteur américain par sa manière de le traduire, doit nous donner successivement, ses œuvres complètes : d’abord la suite des Contes dont nous avons le commencement, et qu’il fera précéder de l’analyse des opinions littéraires et philosophiques de l’auteur, puis le poème d’Eureka et le roman d’Arthur Gordon Pym, et enfin, pour le petit nombre d’esprits à qui la poésie est encore chère dans sa forme et dans son essence, des poésies individuelles.

2100. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Plus d’un avait tourné les yeux vers ce pays de la méditation solitaire, à la suite des guerres des bords du Rhin. […] Si pour atteindre la hauteur de l’art tragique, il suffit d’entasser des scènes disparates sans suite et sans liaison, de brasser ensemble le burlesque et le pathétique, de placer le porteur d’eau auprès du monarque, la marchande d’herbes auprès de la reine : qui ne peut raisonnablement se flatter d’être le rival des plus grands maîtres ? […] Ce fut Hoffmann qui mit le diable à la mode en France, et les Mémoires du Diable de Frédéric Soulié, ce roman terrible qui découvrait toutes les plaies de la société et qui eut pour suite naturelle les Mystères de Paris et le Juif errant d’Eugène Sue, doit être rangé aussi dans la catégorie des œuvres inspirées par la poésie fantastique allemande, telle qu’elle fut révélée à la France par l’excentrique écrivain de Kœnigsberg. […] Romantique comme les autres, on put croire, à ses débuts, qu’il prendrait place à côté d’Émile Deschamps, par ses Contes d’Espagne et d’Italie, ou à la suite d’André Chénier dont ses vers rappelaient la grâce entraînante et légère.

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