Albine, 318 Renouard, 56 Du Resnel, 127, 128 Reynier Desmarais, 16 Riccoboni, 329 Richard, 270 Richer, 42, 208 La Riviere, 268 La Roche, 43, 251 Rocheffort, 9 Rollin, 218, 303 Le Roi de Prusse, 195 Roi, 179 Ronsard, 188 Rotrou, 158 Rousseau, 186, 189, 192, 196, 201, 211 Rucellai, 99 La Rue, 248, 263, 320 S SAbatier, 191, 220 Sacy, 25, 65, 274 Sade (l’Abbé de) 95 Le Sage, 97, 115 Sallier, 17 Sainmore, 199 Saintfoix, 175 Saint Pierre, 322 Saluste, 232 Sanadon, 49 Sanlecque, 326 Sannazar, 100 Santeuil, 86 Sapho, 15 Saulx, 70 Saurin, 166, 258 Scarron, 44 Segaud, 254 Segui, 264 Segrais, 41, 183 Senault, 244 Sénèque, 76, 233 Senlis (l’Evêq. de) 268 Serione, 32 Shakespear, 132 Silius Italicus, 83 Silhouette, 127, 128 Sivry, 16, 19 Soanem, 249 Steelle, 133 Suze, (la) 197
On voit dans le grand appartement du roi à Versailles deux excellens tableaux, placez vis-à-vis l’un de l’autre, les pellerins d’Emmaüs par Paul Veronése et les reines de Perse aux pieds d’Alexandre par Le Brun.
Chassé pour son crime, il s’en va chez les Trolls, des êtres mystérieux qui ont des têtes d’animaux, et refuse d’épouser la fille de leur roi, parce qu’il lui faudrait pour cela être changé lui-même en animal. […] Seulement ce gros bébé à la voix sonore est quelque peu alcoolique ; il est d’un vieux sang d’autocrates, prince et futur roi ; et de là, dans son caractère, quelques complications apparentes. […] Les rois ne causent point ; quand ils parlent, c’est tout. […] D’après tout cela, il faut avouer qu’un roi qui a du goût est une espèce de prodige. » Tout cela qui devait être vrai des rois d’autrefois, ne doit pas être entièrement faux de ceux d’aujourd’hui. […] Frédégonde l’y surprend ; et le roi, qui rentre à cet instant, se tire d’embarras en expédiant la jeune fille à son bon oncle Prétextât, le saint évêque.
Pour atteindre ce but, il lui suffit de raconter le règne d’un roi patriarche. […] Ses réflexions chagrines sur le retour de Napoléon, sur la retraite du roi, ne plairont à personne. […] Le Roi s’amuse . […] Hugo, son enfant dans les chambres du roi, et Marie de Neubourg a disgracié le premier ministre pour punir le libertin. […] A-t-il voulu justifier l’infidélité de la reine en démontrant l’imbécillité du roi ?
S. les évêques), que David, après avoir été un adolescent doué de grâce, de force et de vaillance, devint le modèle des rois. […] Il est consolant de penser que ces hommes sont vraiment les rois de ce monde qui semble au premier aspect gouverné par la vulgarité intrigante, l’habileté niaise ou la force brutale. […] On a dit que l’homme était le roi de la création. Pauvre roi ! […] André Chénier était païen de souvenirs, de pensée, d’inspiration, mais il a été le régénérateur et le roi de la forme lyrique.
Les dieux, les héros, les rois sont-ils moraux, dans les histoires légendaires qu’on raconte en leur honneur ; sont-ils moraux, c’est-à-dire abstinents, tempérants, respectueux de la justice et de l’égalité entre les hommes ? […] Un roi, une oligarchie, une aristocratie (oligarchie plus nombreuse), gouvernant despotiquement, sont féroces ; gouvernant selon les lois, font des lois à peu près raisonnables et par conséquent gouvernent assez bien. […] Il y a deux rois, ce qui déjà n’est plus royauté, et ces deux rois tempèrent l’un l’autorité de l’autre. Il y a un Sénat qui « dans les matières importantes contrebalance encore le pouvoir des rois ». Il y a enfin des éphores qui sont à la fois comme les censeurs des mœurs, les correcteurs de la jeunesse et les surveillants des rois.
Bédier s’est appliquée à discerner ; tout cela est charmant ; pourtant je préfère, avec Alceste, Si le Roi m’avait donné… À part quelques exceptions, cette poésie a surtout une valeur relative, comme indice d’une mode et comme document de l’esprit aristocratique ; mais à ce point de vue encore le roman chevaleresque est plus complet, plus précis. […] Les Miracles de Notre Dame (xive siècle) « trahissent le désordre moral du temps où ils ont été composés : les papes, les cardinaux, les évêques sont maltraités, chargés de crimes et de péchés : les rois, les juges, sont faibles ou mauvais. […] Notre amour respectueux nous fait passer légèrement sur des faits que nous connaissons pourtant : Molière comédien, bouffon, tendant le dos au bâton, aux coups de pied, faisant pleurer le public par ses pitreries, Molière-Géronte, Molière-Dandin, Molière-Jourdain et Molière-Argan ; puis Molière amuseur du roi, bâclant en hâte des impromptus et des comédies-ballets, glissant Tartufe entre Le Médecin malgré lui et Amphitryon, et par contraste Molière rêvant de tragédie, écrivant Dom Garcie de Navarre… Qu’est-ce à dire ? […] Cette clarté est déjà dans les idées et dans les actes des premiers rois de France. — Rome avait civilisé le monde ; le christianisme avait apporté la bonne nouvelle de la solidarité humaine devant un seul et même Dieu ; les Germains avaient donné la force de leur jeunesse ; une forme nouvelle de l’humanité devait en résulter à travers mille vicissitudes ; et c’est en France que naquit, nécessairement, la première nation européenne. […] Mais je laisse de côté le théâtre purement comique, bien que la satire y soit très intéressante (Le Roi, Le Bois sacré), et que d’autre part Tristan Bernard y mette une note charmante de sentimentalité (Le Danseur inconnu).
Tous ces mots équivalent à celui de pouvoir ; et, quel que soit le pouvoir, celui d’un chien qui peut courir, celui d’un mathématicien qui peut résoudre une équation, celui d’un roi absolu qui peut faire couper des têtes, ce mot ne fait jamais que poser comme présentes les conditions d’un événement ou d’une classe d’événements. — Rien de plus utile que la connaissance de pareilles conditions ; elle nous permet de prévoir les événements, ceux d’autrui comme les nôtres. […] Avant 1848, elle avait des entretiens avec Louis-Philippe et lui faisait des rapports sur le Casino, la Chaumière, le Ranelagh et les hôpitaux. « J’étais, dit-elle, commissaire rapporteur de Sa Majesté, et le roi me donnait de grandes sommes. » Plus tard, quand elle fut dans son logement de la rue Poissonnière, l’Empereur vint l’écouter derrière une cloison, et la fit enfermer. […] Au contraire, si, durant la période convenable du sommeil hypnotique, on leur suggérait le nom d’un roi, non seulement ils étaient poussés à dire que c’était le leur, mais ils sentaient et agissaient d’une manière qui témoignait de leur conviction qu’ils étaient rois. » Au lieu d’être passager, cet état peut être fixe ; il est fréquent dans les hospices, et on le rencontre souvent dans les époques d’exaltation religieuse. — Un quartier-maître dans l’armée de Cromwell, James Naylor, se crut Dieu le Père, fut adoré par plusieurs femmes enthousiastes, jugé par le Parlement et mis au pilori. — Dans les asiles, on trouve des fous qui se croient Napoléon, ou la Vierge Marie, ou le Messie, ou tel autre personnage.
Je suis un peu fâché, pour Virgile et pour toi, Que, tous deux nés Romains, vous flattiez tant un roi ; Mon Frédéric, du moins, né roi très légitime, Ne dut point ses grandeurs aux bassesses du crime. […] Nul roi ne fut jamais si fertile en bons mots Contre les préjugés, les fripons et les sots. […] Seulement le vieillard de Ferney n’avait pas le droit d’accuser trop Virgile et Horace de leurs complaisances envers Auguste, lui qui avait été le complaisant de Frédéric, le plus spirituel, mais le plus pervers des rois ; lui qui excusait dans Catherine de Russie jusqu’au meurtre prémédité d’un époux pour affranchir ses mœurs dépravées et pour régner à la place d’un fils au nom des prétoriens de la Russie et au mépris des lois de l’empire.
Le nom de tyran descend de la scène tragique dans la rue et est appliqué tout bas au roi régnant ; Ce sont là des réminiscences de la Grèce et de Rome. […] Qu’on ne leur parle plus d’accepter docilement, l’autorité d’un roi et le nom de sujets ! […] Mais aussi, le grand roi disparu, elle restera fidèle à l’esprit de l’époque révolue. […] Les rois en exil.
Au défaut d’un roi pour la commander (Philippe Auguste étant revenu de ce genre d’ambition sainte), l’entreprise s’annonçait donc comme des plus considérables ; il ne s’agissait que de l’organiser. […] À l’époque où Commynes, le seigneur d’Argenton comme on l’appelle, connu pour sa prudence éprouvée et par la longue confiance de Louis XI, est envoyé à Venise, à ce poste d’honneur de la diplomatie, pour y lutter de finesse avec les rusés Vénitiens, avec ce gouvernement qu’il admire et dont il nous définit si bien le génie, de grands changements s’étaient accomplis depuis le temps de Henri Dandolo : toute trace de démocratie, comme aussi toute velléité de monarchie, y avait disparu ; le doge, toujours honoré comme un roi, ne pouvait plus guère rien par lui-même ; le patriciat et les Conseils étaient tout.
Un Dieu, un Christ, un évêque, un roi, — voilà bien dans son entier la sphère lumineuse où la pensée de Bossuet se déploie et règne : voilà son idéal du monde. […] Avoir vu, ne fût-ce qu’un jour, Richelieu tout-puissant dans la pourpre, et bientôt après voir la Fronde, la guerre civile déchaînée et l’anarchie, ce fut pour Bossuet un cours abrégé de politique dont il tira la juste leçon : mieux vaut certes un maître que mille maîtres, et mieux vaut encore que le maître puisse être le roi lui-même que le ministre.
Le nom de fille de notre tante était Mauconseil ; sa mère était une belle femme de beaucoup d’esprit, qui avait épousé un vieux mari, dont j’ai ouï conter qu’il avait été page de Louis XIV ; il en gardait l’immense souvenir d’avoir un jour brûlé la perruque du grand roi avec son flambeau. […] Que de beaux faits d’armes n’eussent pas illustré cette jeune noblesse qui courait en Amérique malgré son roi !
Il est piquant de voir comme chacun tirait à soi, par amour-propre, le héros demi-dieu : les Persans, pour se consoler d’avoir été vaincus, faisaient Alexandre fils du premier Darius (de telle sorte qu’en détrônant le second Darius, il n’avait fait que chasser son frère cadet) ; et les Égyptiens, en vertu d’un même point d’honneur, le faisaient fils de leur dernier roi national, Nectanèbe. […] Il est vrai que le sage Salomon était roi et ambitieux, et par conséquent insatiable.
Ces années d’heureuse adolescence à Yverdun, où il était « roi de son temps et seigneur de ses heures », où il déchiffrait ses auteurs sans dictionnaire et lisait tant bien que mal Horace en parcourant la campagne ou perché entre les branches d’un vieux cognassier, lui laissèrent dans l’imagination un tableau d’âge d’or ineffaçable. […] J’étais très souvent invité, dit-il, chez Voltaire, chez lord Stanhope, chez la duchesse d’Anville (cette grande dame française qui, pour changer, allait de temps à autre se faire un salon sérieux à Genève)… Je visitai le sage Abauzit dont l’heureuse pauvreté et l’âme sereine me remplissaient d’enthousiasme ; il avait trente louis de revenu ; avec cela il vivait plus heureux qu’un roi… Je n’ai point oublié le sentiment de gloire que j’éprouvai quand lui, qui ne faisait de visite à personne, vint me voir dans ma pension… Le syndic Jalabert eut la bonté de me donner des leçons de physique ; j’étais lié avec Moultou, l’ami intime de Rousseau ; mes véritables maîtres étaient ces hommes distingués.
La Grèce, depuis que ses dissensions intestines ont éclaté, depuis qu’elle a cru devoir se passer du roi modeste qu’elle avait gardé pendant trente ans et en quêter partout un autre, a présenté à ses anciens amis et admirateurs un spectacle bien digne de réflexion et qui reporte la pensée avec d’étranges vicissitudes vers des temps de meilleure mémoire. […] Il faudrait aujourd’hui à la Grèce, indépendamment d’un roi, un autre Coletti, un Cavour, un grand homme approprié.
Les premières guerres de la Révolution, nées d’un sublime élan, enfantées des entrailles du sol pour le défendre, pour repousser l’agression des rois, nous reportèrent un moment aux beaux jours de l’héroïsme antique ; elles dégénérèrent vite, même en se perfectionnant, mais aussi en s’agrandissant outre mesure au gré du génie et de l’ambition du plus prodigieux comme du plus immodéré capitaine des temps modernes. […] C’était, selon lui, « l’unique moyen de poser le grand problème, de manière à le résoudre. » Son esprit juste, son jugement essentiellement modéré, en rabattront assez plus tard et bientôt, dès après Iéna et à partir d’Eylau, dès qu’il verra poindre et sortir les fautes et les exagérations du système nouveau et du génie qui l’avait conçu ; il dira alors, en rentrant dans la parfaite vérité : « Loin de moi la pensée de décider si le roi légitime de la Prusse, ne voulant que défendre son trône et son pays, pouvait provoquer, dès 1756, cette révolution immense dans l’art militaire qu’un soldat audacieux autant qu’habile introduisit, quarante ans après, par la force des événements qui l’entraînait !
Il n’y a plus de grands seigneurs à l’Académie, reçus à ce titre et sur un mot du roi. […] Chamfort s’égaye bien vivement de l’homme de lettres célibataire de d’Alembert ; il commente très-drôlement ce mot : « L’homme de lettres qui tient à l’Académie donne des otages à la décence ; » mais, si malin que fût Chamfort, n’était-il pas un peu bonhomme et crédule quand il disait : « Nous arrivons à la troisième fonction académique, les compliments aux rois, reines, princes, princesses ; aux cardinaux, quand ils sont ministres, etc.
On ajoutera aux vices et aux vertus générales les traits particuliers qui leur sont propres : la violence du Loup, qui n’est qu’un brigand, ne sera pas la même que celle du Lion qui est un roi. […] L’un deux disait : « Messieurs, mon mérite et ma gloire Sont connus en bon lieu ; le roi m’a voulu voir, Et si je meurs, il veut avoir Un manchon de ma peau, tant elle est bigarrée, Pleine de taches, marquetée, Et vergetée, et mouchetée. » La bigarrure plaît : partant, chacun le vit.
Mais ce gueux, ce marmiteux, ce goinfre, ce balourd, cet incongru, comment Orgon, homme riche et notable, dont la conduite pendant la Fronde a été signalée au roi avec éloge ; comment ce bourgeois, qui a sûrement les préjugés de sa classe et de son rang, a-t-il pu le recueillir chez lui, l’y traiter en ami intime et en directeur de conscience ? […] Un de mes correspondants me dit que Orgon peut fort bien être un bourgeois notable, avoir été fidèle au roi pendant la Fronde, et n’être qu’un imbécile ; et je suis tout à fait de cet avis, l’instinct conservateur en politique n’étant pas nécessairement une preuve d’intelligence.
Les papes avaient toujours eu l’adresse de leur susciter des embarras dans l’empire, et de leur opposer les rois de France : de sorte que les empereurs, ne venant à Rome que pour punir un pontife, ou imposer des tributs aux villes coupables, revolaient aussitôt en Allemagne pour apaiser les troubles ; et l’Italie leur échappait. […] On sait avec quelle vigueur il a plaidé la cause des rois contre les papes, dans son Traité de la monarchie, et même dans ses poëmes.
J’y mettrais Molière, le génie poétique le plus complet et le plus plein que nous ayons eu en français : Molière est si grand, disait Goethe (ce roi de la critique), qu’il nous étonne de nouveau chaque fois que nous le lisons. […] Homère, comme toujours et partout y serait le premier, le plus semblable à un dieu ; mais derrière lui, et tel que le cortège des trois rois mages d’Orient, se verraient ces trois poètes magnifiques, ces trois Homères longtemps ignorés de nous, et qui ont fait, eux aussi, à l’usage des vieux peuples d’Asie, des épopées immenses et vénérées, les poètes Valmiki et Vyasa des Indous, et le Firdousi des Persans : il est bon, dans le domaine du goût, de savoir du moins que de tels hommes existent et de ne pas scinder le genre humain.
L’effet de ces lettres circulant dans le pays, puis produites dans l’Assemblée à Boston, et reconnues pour être de la main du gouverneur et de son lieutenant, fut prodigieux, et amena une pétition au roi qui fut transmise à Franklin, et pour la défense de laquelle il fut assigné à jour fixe devant le Conseil privé, le 29 janvier 1774. […] Franklin a été présenté au roi : il était accompagné d’une vingtaine d’insurgents, dont trois ou quatre avaient l’uniforme.
Tu veux faire un roi protecteur ; qu’il le soit de l’agriculture, du commerce et de la population. […] Dans un état monarchique c’est autre chose ; il n’y a que Dieu et le roi.
C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques ! […] « Depuis, il n’a plus connu que l’enivrement passager des sens, surtout celui de la guerre, pour laquelle il était né, et qui était sa vraie passion, sa vraie maîtresse, son parti, son pays, son roi, le grand objet de sa vie, et tour à tour sa honte et sa gloire. » Voilà ce que le style de M.
Vive le roi !
Vatout, député, directeur des Bibliothèques du roi, et auteur d’une Histoire des Châteaux royaux, est aussi fort en instance ; il est homme d’esprit et joyeux convive (good fellow) plutôt que littérateur ; ce ne serait pas une raison pour qu’il ne réussît pas.
Ses paroles, aigres et chagrines, respirent une méprisante ironie : « Je suis las, s’écria-t-il, durant le procès a du roi, je suis las de la portion de tyrannie que je suis contraint d’exercer, et je demande qu’on me fasse perdre les formes et la contenance des tyrans. » Son vœu fut entendu.
Où sont les volumineux courriers d’autrefois, les lettres par centaines, offres de services et protestations de dévouement, les lettres qui disaient : « Tu seras roi !
Il se souhaiterait meunier, pour remplir la huche du pain de l’aumône ; il se rêve roi, pour distribuer des largesses à tous les gueux de son empire : C’est le rêve qu’il a rêvé.
C’était un peu ridicule, et pourtant… Si Victor Hugo reste au théâtre, comme ailleurs, un incomparable poète lyrique, la vérité vraie, c’est qu’un drame du bon Ponsard n’est en aucune façon plus ennuyeux, à la scène, que Marion de Lorme ou le Roi s’amuse.
L’abbé Cottin était aumônier du roi, prédicateur de la cour, ses sermons furent suivis avec ardeur quinze carêmes de suite.
Le Savant du pays de Gex étonné, se mit aussi-tôt à crier : Je suis Seigneur de Ferney, Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, & Membre de cent Académies.
Mais, dieu mercy, après toute souffrance, Suis retourné au bon pays de France, De mon premier état récompensé D’un plus doulx roy qui fut onc offensé.
Le sage dit, selon les gens, Vive le roi !
C’est encore une autre merveille que ce lit fait de la main d’un roi sur le tronc d’un olivier, arbre de paix et de sagesse, digne d’être le fondement de cette couche qu’aucun autre homme qu’Ulysse n’a visitée.
Ce n’est plus cet Hector, ce guerrier tutélaire, Qui, des armes d’Achille orgueilleux ravisseur, Dans les murs paternels revenoit en vainqueur, Ou, courant assiéger les vingt rois de la Grèce, Lançoit sur leurs vaisseaux la flamme vengeresse, Combien il est changé !
S’il est un camelot du roi à ce banquet et qu’il entonne son chant d’allégresse et de lutte, le refrain prophétique s’élargit, gagne toute la table : Demain, sur nos tombeaux, Les blés seront plus beaux.
Bientôt tout changea ; la flatterie prit le burin des mains de la vérité, et moins les peuples étaient heureux, plus les colonnes étaient chargées d’éloges, d’inscriptions et de titres : à la fin un bon roi ordonna de briser ces marbres et d’en disperser les ruines.
Le même poète donne toujours aux rois l’épithète de πολύμηλους, riches en troupeaux.
» Et, prenant aux talons le cadavre du roi, Il marche à l’empereur qui chancelle d’effroi ; Il brandit le roi mort comme une arme, il en joue, Il tient dans ses deux poings les deux pieds, et secoue Au-dessus de sa tête en murmurant : « Tout beau ! […] La scène deux, la scène quatre nous montrent le fou à côté de son roi. […] Ce serait le cas d’appliquer à Shakespeare cette expression que Racine inscrivait sur la marge de son exemplaire de Sophocle : « Ici le poète s’est épuisé à faire pitié. » Sur le cadavre de sa fille, de l’innocente Cordelia, après avoir exhalé quelques cris déchirants, quelques paroles égarées, le vieux roi, le misérable roi, expire de douleur. […] Le prophète s’élève au ciel, sur le carrosse et avec les chevaux du roi. […] Ne vous fiez pas à cet homme. » C’est une exaltation tout aussi vive, mais plus tendre, qui remplit plusieurs scènes du Soir des Rois.
Au moment de procéder au vote, le directeur, qui était alors Montesquieu, se vit obligé de rendre compte à la Compagnie que le roi l’avait mandé pour lui dire que le choix que l’Académie se proposait de faire de M. […] Enfin, disait-on, il est certain qu’il n’a fait le roi son légataire universel que dans l’espérance d’être enterré à Saint-Denis, à côté de M. de Turenne. Piron écoutait ; son front s’enflammait ; il était impatient : « Est-ce que le roi le lui a accordé ? […] 98 » C’est du bon Piron, c’est très-vivant, très-spirituel ; mais, description à part, n’y cherchez pas le sens commun ; il parle de Voltaire comme on ferait d’un Attila ou du roi des Vandales. […] Des deux vers d’Artémire, dont Piron avait paru se moquer dans son Arlequin-Deucalion, il en est un fort beau : Oui, tous ces conquérants rassemblés sur ce bord, Soldats sous Alexandre et rois après sa mort… 94.
ce n’était pas une abolition assez éclatante de ce chant insultant d’un vainqueur sauvage, à qui il avait fait dire en son ivresse : Retourne boire à la Seine rebelle, Où tout sanglant tu t’es lavé deux fois ; Hennis d’orgueil, ô mon coursier fidèle, Et foule aux pieds les peuples et les rois !
Prudent roi des rimeurs, il t’aurait bien fallu Sortir chez nous du cercle où ta raison s’est plu.
On fit bientôt une autre échappée ; ce fut un voyage d’Italie que madame de Chartres prit sur elle, sans permission du roi.
. — Bien certainement à jamais : car, à la troisième attaque d’apoplexie, l’homme meurt, fût-il roi. »
Déjà placé trop haut pour descendre aux exclusions de partis, de plain-pied avec tout ce qui était supérieur, il devint en même temps l’ami de David, qui avait jugé le roi, et de Delille, qui l’avait pleuré.
Avec le nécessaire et une petite part d’idéal, nous sommes heureux comme des rois.
Napoléon l’aime et l’admire pour des raisons analogues, et quand il fait jouer ses pièces à Erfurth, devant un parterre de rois, il s’écrie avec conviction.
Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de conventions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, manquant « d’idées générales » vénèrent encore, et nul n’ignore qu’il y a une tendance chez ces grands penseurs, à voir, en cette heure, dans la religion de la Patrie, une chose presque aussi démodée que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie, une tendance à mettre l’Humanité au-dessus de la France : des idées qui ne sont pas encore les miennes, mais qui sont incontestablement dans l’ordre philosophique et humanitaire, des idées supérieures à mes idées bourgeoises.
Sophocle accuse Euripide d’aimer l’argent, & d’avoir été gagné pour maltraiter les Lacédémoniens, leur roi, les femmes en général, & Médée en particulier.
Cedrenus raconte qu’un tableau du jugement dernier contribua beaucoup à la conversion d’un roi des bulgares.
Le poëte qui introduiroit Henri IV dans un poëme épique nous trouveroit déja affectionnez à son heros et à son sujet : son art s’épuiseroit peut-être en vain avant qu’il nous eut interessez pour un heros ancien ou pour un prince étranger, autant que nous le sommes déja pour le meilleur de nos rois.
Suivaient les grands de la cour, les ministres, les rois, les princes, les princesses, les reines, et autres dignitaires. […] Pendant cette indécision, Murat se déclara, livra bataille aux Autrichiens, fut défait et se réfugia à Naples d’où il s’embarqua pour Toulon, puis pour la Calabre, où la mort l’attendait ; mort cruelle où un roi héroïque tombait sous la balle d’un roi à peine restauré ; tache de sang sur deux couronnes, qui tuait le vainqueur autant que le vaincu !
Les larmes orientales de Xerxès, Hérodote les a pleurées. « Il m’est venu une pitié au cœur, dit le roi, ayant calculé combien est brève toute existence humaine, puisque de tous ceux-là, qui sont si nombreux, nul dans cent ans ne survivra Ce n’est pas là, répond Arbatane, ce qu’il y a dans la vie de plus déplorable ; car, malgré sa brièveté, il n’est point d’homme tellement heureux que pour un motif ou pour un autre il n’ait souhaité, non une fois, mais souvent, de mourir plutôt que de vivre. […] Ainsi la mort, à cause de l’amertume de la vie, est pour l’homme le refuge le plus désirable, et la divinité qui nous fait goûter quelque douceur à vivre s’en montre aussitôt jalouse9. » — Prométhée, l’Orestie, Œdipe roi nous montrent l’homme instrument et jouet du destin. […] Il les verrait plutôt du même regard que ce corbeau positiviste, soixante fois centenaire, qui raconte ses aventures à l’abbé Sérapion : Seigneur, dit le corbeau, vous parlez comme un homme Sûr de se réveiller après le dernier somme ; Mais j’ai vu force rois et des peuples entiers Qui n’allaient point de vie à trépas volontiers.
À l’époque de la Révolution, il émigra à jersey ; on ne voit pas bien pourquoi ; certainement on ne lui aurait fait aucun mal, mais les nobles de Tréguier lui dirent que le roi l’ordonnait, et il partit avec les autres. […] Quand il apprit que le roi était parti, il comprit mieux que jamais qu’il avait été de la fin d’un monde. […] Les carlistes de Tréguier allaient répétant partout que cela ne durerait pas, que le roi légitime allait revenir.
En 1883, il avait été de 22, 000 marks ; mais l’orchestre était pavé par le roi. En 1884, le roi ne paya plus l’orchestre ; l’excédent fût de 500 marks. […] Enfin, là règne le souvenir du roi, et tout autour de la ville, très près, c’est les fameux châteaux, aujourd’hui ouverts aux visiteurs.
L’académie examina ses stances pour le roi allant en Limosin : il n’y en eut qu’une qu’elle admira toute entiére. […] Le Parnasse, les fanatiques, Astrée, l’homme, le poëme des apôtres, et celui du plaisir sont déja connus par le jugement qu’en a porté l’académie des jeux floraux ; et l’ode de la gloire et du bonheur du roi dans les princes ses enfans, et celle de la sagesse du roi supérieure à tous les événemens, ont aussi pour elles le jugement de l’académie françoise.
Dans un temps où les rois pouvaient disposer à leur gré des trésors de l’État, il n’est pas surprenant que les commensaux du palais aient joui seuls du privilège que s’était réservé leur maître. […] Si les jeunes pages et les officiers de la maison du roi avaient pris, dans l’habitude de fréquenter le théâtre, des formes aimables et un genre d’esprit qui avait la couleur de la littérature de ce temps, nos jeunes gens, déjà éclairés sur leurs droits par une première éducation, achèveraient, par des représentations de pièces fortes, morales et constitutionnelles, d’acquérir les nobles qualités qui font l’honnête homme, et le grand citoyen. […] Voyez le Roi s’amuse.
Pour « reconstruire l’ordre français et hâter la renaissance nationale », Henri Lagrange, dès sa quinzième année, s’était battu au premier rang des camelots du roi. […] Je sais qu’à l’Action Française on veut surtout être raisonnable, mais un camelot du roi âgé de quinze ans est sûrement un prodige de romanesque, et je sens bien qu’Henri Lagrange avait donné corps par la politique royaliste à tous ses rêves, à tout ce qu’il y a de plus insaisissable et de plus secret dans les mouvements d’une jeune âme. […] » Et le commandant ajouta : « Je préfère être commandant du 66e que roi ou empereur. 66e, je vous salue (et il a enlevé son képi) et je vous admire !
Quand un arrêt du Conseil du roi, en 1753, eut momentanément suspendu la publication de l’Encyclopédie, le directeur de la librairie, M. de Malesherbes, n’en laissa pas moins l’ouvrage continuer de paraître. […] Si la Sorbonne censure le Bélisaire de Marmontel, « ni la cour ni le parlement ne se mêlent de l’affaire ; on fait dire seulement à l’auteur de garder le silence » ; et Bélisaire continue de s’imprimer et de se vendre avec privilège du roi [Cf. […] Voltaire à la cour. — Ses relations avec Mme de Châteauroux ; — et surtout avec Mme de Pompadour. — Il se flatte que la nouvelle maîtresse fera passer le roi du côté des philosophes ; — et il l’accable de ses flatteries ; — qui lui valent le titre d’historiographe de France [1745]. — Le Poème de Fontenoy, 1745, et Le Temple de la Gloire, 1745. — Élection et réception de Voltaire à l’Académie française [mai 1746]. — Il est nommé gentilhomme ordinaire du roi [décembre 1746]. — Imprudences de Voltaire. — Il fatigue le roi de ses flagorneries ; — Mme de Pompadour de ses familiarités ; — et les courtisans de son importance. […] — Ses maladresses de conduite ; — il exige du roi que celui-ci renvoie Baculard d’Arnaud ; — et ne prenne pas Fréron pour correspondant. — L’affaire du juif Hirschel [Cf. […] Le fondateur de la doctrine : François Quesnay [Mérey, 1694 ; † 1774, Paris] ; — ses débuts de chirurgien ; — sa nomination de médecin ordinaire du roi ; — et sa situation de confiance auprès de Mme de Pompadour [Cf.
Elle a un roi pour amant. […] Comme si nos aïeux n’avaient pas poussé leur fortune, les hommes en acceptant tout du roi et les femmes en ne lui refusant rien ! […] Le 16 février 1568, une sentence du Saint-Office, ratifiée par le roi, condamna tous les habitants des Pays-Bas à mort, comme hérétiques. […] Le peuple est venu au-devant de lui et lui a jeté des fleurs et des palmes ; son roi l’a complimenté et embrassé publiquement. […] Voici les rois, les empereurs et le général Boulanger, bref, ce que Pascal appelait les « grands de chair ».
Mais si le roi ne cède pas ? […] Il a hâte d’être à Paris, afin de formuler, devant le roi, ses remontrances. […] Mais une voix domine les autres et ordonne de tuer le roi. […] Le roi devine qu’il est sur le point de mourir, tandis que Ravaillac, à genoux, médite la mort du roi. […] Plus encore, j’aurais voulu être Agamemnon, ce roi des rois, dont la conduite m’indignait et dont l’amoureuse autorité, pourtant, me tentait.
Quiret de Margency, ainsi appelé parce qu’il possédait le château de ce nom, ayant titre et qualité gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, était un ami de Rousseau ; il avait été du monde de d’Holbach et des philosophes, et en était sorti ; on voit que, vers la fin, il avait même passé à une dévotion extrême. […] Je connais une femme, amie intime de M. de Maupertuis, qui me disait que le chagrin avait avancé ses jours. » Au lieu de la Cour et d’un roi « philosophe ou philosophant », ; prêt à accueillir indistinctement les écrivains les plus contraires, l’auteur du livre de Y Esprit ou l’auteur d’Èmile, combien elle aimerait mieux voir celui-ci chez le fermier proposé par Hume, dans la forêt voisine de Richemond, au bord de la Tamise, « dans un pays où la liberté de penser est autorisée et par les lois et par le génie de la nation ! […] Il avait titre et qualité, « ancien colonel d’infanterie, ancien maréchal général des logis des camps et armées du Roi, chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis ». […] Des trois filles de Mme de Verdelin, l’aînée mourut infirme et sans alliance ; une autre, mariée en 1773 au marquis de Courbon-Blénac, eut pour gendre le général comte d’Hédouville, sénateur etc. ; une troisième enfin fut mariée en 1778 au comte Le Veneur de Tillières, qui devint lieutenant général des armées du Roi, qui fut député sous l’Empire et sous la Restauration, et mourut en 1833, laissant postérité.
Sans remonter si haut que le Moyen-Age, que l’époque de Chrestien de Troyes, du roi Adenès et autres, qui étaient les rois des trouvères, nous apercevons, sur la pente de ces vieux siècles et de notre côté, Jean de Meun, Villon, surtout Marot, qui méritèrent ce nom. […] Laurent, à l’occasion d’un bras artificiel qu’il a fait pour un soldat invalide (1761), on trouve pourtant déjà tout le poëte didactique ; les merveilles de l’industrie et de la mécanique moderne y sont décrites en une série de périphrases accompagnées de notes indispensables : Là le sable, dissous par les feux dévorants, Pour les palais des rois brille en murs transparents ! […] Nommé en 1772 à l’Académie, en même temps que Suard, Delille se vit rejeté ainsi que lui par le roi, sous prétexte qu’il était trop jeune (il avait trente-quatre ans), mais en réalité comme suspect d’encyclopédisme23. […] Absent et plus hardi de loin, Delille avait été dans quelques vers jusqu’à invoquer la vengeance des rois de l’Europe contre la France : cela sortait de la pitié.
S’il est vrai que Louis XIV n’eût pas goûté la liberté de l’histoire, du moins a-t-il prouvé qu’il ne haïssait pas le talent d’en chercher les sources ; témoin Mabillon, qu’il envoyait en Allemagne et en Italie pour y recueillir des documents sur l’histoire de France ; témoin Montfaucon, qui allait plus tard aux frais du roi glaner sur les traces de Mabillon ; témoin enfin du Cange, dont Louis XIV pensionnait les enfants en récompense des travaux de leur illustre père. […] Son choix fait, et Louis XV, en l’appelant à l’intendance du Jardin du Roi, l’ayant mis comme dans son domaine naturel, il commence, par la Théorie de la Terre, cette suite de travaux que revendiquent à la fois les sciences et les lettres, aujourd’hui réunies dans une admiration commune pour le grand naturaliste et le grand écrivain. […] Le Jardin du Roi, dont il était l’intendant, en devenait le centre. […] Princes, navigateurs, gens du monde, font des dons au Jardin du Roi par considération pour son illustre intendant.
Et quant aux absurdes persécutions religieuses de Louis XIV, il n’y avait qu’une femme étroite et dure, des jésuites et Bossuet qui fussent capables de les conseiller à un roi fatigué. […] Le roi, la famille royale sont dieux pour lui, et il a la bonhomie de les aimer. […] C’est impossible, la chaîne est trop forte : le pape, l’empereur, les rois, les ordres religieux, les universités ; et pour soulever tout cela, un pauvre moine. […] Le siècle est enlacé par les jésuites, l’Oratoire, les rois, les prêtres.
24 février Il y a juste vingt ans, vers une heure, du balcon que nous avions, rue des Capucines, je vis le chaudronnier d’en face, grimper très vite sur une échelle, et abattre à coups de marteau pressés, les mots du Roi qui suivaient le mot Chaudronnier. […] Et au grand balcon, un vainqueur, dans la robe de chambre de Louis-Philippe, singeait, caricatural comme un Daumier, le salut de sa vieille phrase : « C’est toujours avec un nouveau plaisir… » Aujourd’hui, en repassant rue des Capucines, je regarde par hasard l’enseigne, et je lis, à la place de « Chaudronnier du Roi » : Chaudronnier de l’Empereur. […] En haut du boulevard Magenta, en un campement de baraques que loue aux plus misérables misères de Paris, le roi de la finance, — dans une chambre de ce baraquement aux planches disjointes, au plancher plein de trous, d’où jaillissent, à tous moments, des rats, des rats qui entrent encore, chaque fois, qu’on ouvre la porte, et les rats des pauvres, des rats effrontés, montant sur la table, emportant des michons de pain entiers, mordant parfois les pieds du sommeil en mangeant la couverture du lit ; là-dedans six enfants, les quatre plus grands dans un lit ; et sur leurs pieds qu’ils ne peuvent allonger, dans une caisse, les deux plus petits ; l’homme marchand des quatre saisons, ivre-mort pendant les douleurs de la femme, saoule comme son mari, sur une paillasse de paille. […] L’Empereur ayant entendu parler à l’architecte des Tuileries, Lefuel, d’une somnambule qui l’avait étonné, en retrouvant, dans une promenade où elle était endormie, des pièces de monnaie perdues, des pièces de quarante sous, a voulu qu’à mesure qu’on démolissait, on fît tout voir à cette femme, espérant par elle retrouver des trésors, surtout le trésor, indiqué dans un récit venant d’un des domestiques de Louis XVII, comme enfoui devant lui, par Louis XVI, dans une salle à colonnes, où, sous une des colonnes déplacées, le Roi avait caché le sceptre, la main de justice, etc.
« Il envisage tout ce qu’il y a de superbe ; il est le roi de tous les enfants d’orgueil. » Job, répondant alors au Seigneur, dit : « Je sais que vous pouvez tout, et aucune pensée ne vous est cachée. […] Est-ce que l’homme n’est pas un personnage aussi intéressant que l’Œdipe roi ? […] Est-ce que cette exclamation tragique de l’Œdipe roi, dans Sophocle : « Ô Cithéron, Cithéron ! […] « J’étais revêtu d’une incorruptible justice, et je me décorais de mon équité et de mon impartialité comme d’une robe et comme d’un diadème de roi.
À dater de cette époque, nous ne devions plus revoir que des fantômes de rois, demandant pardon à leurs peuples de ce qui leur restait de royauté. […] III Lorsque l’exécution du 24 août 1572 eut été accomplie, le gouvernement de Charles IX fit frapper, en commémoration de ce terrible événement, une médaille qui représentait le roi, assis sur son trône, sceptre d’une main, épée de l’autre, avec cette légende : « Virtus in rebelles. » Au revers, étaient gravées les armoiries de France avec la devise de Charles : « Pietas justitiam excitavit. » Une autre médaille, qui fut aussi frappée à la même époque, portait l’effigie du monarque avec l’inscription : « Charles IX, vainqueur des rebelles », et sur le revers se dressait un Hercule. […] Il a repoussé l’histoire officielle et drapée, l’histoire ad usum Delphini qui subsiste encore, et pour des dauphins qui ne sont, certes, d’aucune manière des fils de roi. […] Audin nous aurait donné le chiffre exact de cette contestable valeur… Augmentée par les protestants, à qui les écrivains catholiques ont laissé tout dire, comme les rois (Louis XIV excepté) ont laissé tout faire, Elisabeth est la vivante preuve du peu qu’il faut, à certains moments, pour mener les peuples.
Sa fille se fit catholique après sa mort, et se maria à Dacier, garde des livres du Cabinet du roi, qui était de toutes les Académies, savant en grec et en latin, auteur et traducteur. […] [NdA] C’est une allusion à la parabole du prophète Nathan parlant à David (Livre des Rois, II, 12).
Prenant l’homme pour centre de ses tableaux, il ne voulait étudier l’univers, les animaux, les plantes, les minéraux que par rapport à ce roi de la création et selon le degré d’utilité qu’il en pouvait tirer : c’était là un ordre moral et d’artiste plutôt que de savant. […] Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !)
Les tableaux de Robert attirèrent l’attention du roi. Ce fut pour lui que le peintre se hâta de terminer une tête, de grandeur naturelle, d’une jeune fille en costume de l’île de Procida : « Comme le costume était assez pittoresque et la figure jolie, elle a plu au roi, et il me l’a prise. » Malgré ces premiers succès et les éloges qu’il recevait, malgré ceux qu’il espérait surtout de la France, qui fut toujours sa vraie patrie, il écrivait à Navez : Mais, mon cher, je suis quelquefois réellement à plaindre quand je me classe parmi les peintres, et je sens que je ne puis faire de grands progrès en traitant toujours les mêmes sujets et en ne faisant que de petites bamboches.
Despréaux, qui savait en quelles mains était alors le sceptre véritable, haussait les épaules quand il voyait les prétentions de ce Pindare égaré ; et le seul jour que Santeul parut à Versailles devant le roi pour y réciter ou y hurler des vers, Despréaux fit contre lui une épigramme. […] C’est ainsi qu’en se promenant dans tout Paris, Santeul se voyait comme le roi dans sa bonne ville, et ne trouvait que des occasions de s’applaudir.
Et cependant il s’exerce en bien des genres qu’on pourrait dire noblement tempérés, dans l’épître, le poème moral, et il y a fait preuve de sens et de talent : ainsi dans une des pièces qui lui attirèrent le plus d’inimitiés, dans son Discours des misères de ce temps, adressé à la reine Catherine de Médicis à l’occasion des troubles et des premiers massacres de religion dont le signal fut donné en 1560, il disait, après avoir dépeint l’espèce de fureur soudaine qui s’était emparée des esprits : Mais vous, reine très sage, en voyant ce discord Pouvez, en commandant, les mettre tous d’accord Imitant le pasteur qui voyant les armées De ses mouches à miel, fièrement animées Pour soutenir leurs rois, au combat se ruer. […] Mais Ronsard, qui n’a plus que des rencontres et par-ci par-là de ces bons accidents, s’en prend alors de son peu d’entrain et de son ralentissement aux rois et princes qui ne l’ont pas assez récompensé ni fait assez riche : au fond, il ne devrait s’en prendre qu’à lui et à sa nature.
Attaché à Monsieur (Gaston, frère du roi) en qualité d’introducteur des ambassadeurs, il dut suivre par fidélité son maître dans quelques-unes de ses équipées et de ses folles aventures. […] Mais si l’on doit regarder les États comme immortels, y considérer les commodités à venir comme présentes, comptons combien cet homme, que l’on a dit qui a ruiné la France, lui a épargné de millions par la seule prise de La Rochelle, laquelle d’ici à deux mille ans, dans toutes les minorités des rois, dans tous les mécontentements des grands et toutes les occasions de révoltes, n’eut pas manqué de se rebeller et nous eût obligés à une éternelle dépense.
À propos de cet aveuglement si remarquable alors chez ceux qui auraient dû voir de plus haut, Rivarol disait une belle parole de royaliste irrité : « Autrefois les rois avaient leur couronne sur le front, ils l’ont aujourd’hui sur les yeux. » Bonstetten n’a jamais de ces mots qui gravent ; mais il a le crayon fin, juste et léger. […] Bonstetten, sachant le cas que le peuple faisait des Anglais à cause de leur grande dépense en voyage, imagina de faire lire dans les églises du bailliage de Locarno une exhortation à cultiver les pommes de terre, en ajoutant que la pomme de terre était chaque jour servie à la table du roi des Anglais.
La pensée de 1816 était que l’Académie restaurée, et très reconnaissante de ces faveurs rendues, l’Académie redevenue fille ou filleule des rois, avait à cœur, en retour, d’être particulièrement agréable au monarque et de le lui témoigner en chaque occasion, facie ad faciem. […] Quand il a voulu aborder la haute scène, où quelquefois il a très joliment réussi, ses défauts d’observation directe pourtant se sont fait sentir ; et trop souvent vers la fin, sur la scène de la Comédie-Française, ses personnages n’étaient plus que des ressorts habillés en rois ou en reines, en ministres, etc.
Rivière, avait titre et qualité conseiller du roi, contrôleur au grenier à sel à La Ferté-Milon. […] Ce rat qu’Hamlet, dans sa folie feinte, poursuivait derrière la tapisserie, et au nom duquel, espérant atteindre le roi, il perçait Polonius, Racine au fond n’en voulait pas, et vous n’en trouvez aucune trace dans son œuvre.
Si bien que le jeune homme, outré et piqué de ces reproches de chaque jour, est parti un matin sans rien dire, et s’en est allé servir chez le grand roi. […] Il serait juste aussi de le montrer un digne fils et un héritier direct de la civilisation et de la culture grecque à laquelle il appartient, de cette civilisation qu’on voit si humaine au temps de Gélon, et qui trahissait déjà son véritable esprit dans la lutte fabuleuse de Pollux, l’un des Argonautes, contre un roi brigand des bords de la Propontide.
Rouher ; — lorsque encore, par exemple, ayant à parler de Victor-Emmanuel, il l’a défini « ce roi plein de résolution qui met le triomphe de l’unité italienne au-dessus de la conservation de sa couronne et de sa vie, roi plein d’ardeur, qui a le mépris de la mort et la volupté du péril » — lorsqu’à la veille du discours de l’Empereur pour l’ouverture de la dernière session, et s’arrêtant par convenance au moment où il allait essayer d’en deviner le sens, il ajoutait : « On peut s’en rapporter pleinement de ce qu’il conviendrait de dire, s’il le veut dire, à l’Empereur, qui semble puiser dans la condensation et l’esprit du silence la force et le génie du discours. » On ne saurait mieux dire ni plus justement, et en moins de mots, les jours où l’on ne veut pas déplaire.
Renvoyé immédiatement en France et reçu à Versailles, il fut traité par le roi avec bonté et par les ministres avec toute la considération due à son mérite et à ses services. […] Mes ports de lettres coûtent au roi, indépendamment des paquets contre-signes, de 12 à 15,000 livres, et, en sus de cette immensité d’écritures, les frais d’imprimerie pour les états, bordereaux, etc., s’élèvent annuellement à 16,000 livres.