L’histoire militaire venait de finir et l’histoire littéraire allait naître. […] Consultez l’histoire littéraire !
En commençant, il a rendu au premier empereur une justice à quelques égards éclatante, et il est impossible de ne pas remarquer combien cette grande figure de Napoléon gagne chaque jour dans la perspective : ceux qui l’on combattu à l’origine n’ont plus, même quand ils le jugent, que le langage magnifique de l’histoire. […] Les histoires de M.
Vatout, député, directeur des Bibliothèques du roi, et auteur d’une Histoire des Châteaux royaux, est aussi fort en instance ; il est homme d’esprit et joyeux convive (good fellow) plutôt que littérateur ; ce ne serait pas une raison pour qu’il ne réussît pas. […] — Le sixième volume de l’Histoire de France de Michelet a paru ; il contient le récit de la lutte entre Louis XI et Charles le Téméraire.
Mais à prendre les choses par un côté plus exclusivement français et gaulois, plus littéraire, en abordant nos vieux romans suivant l’aspect plus familier à nos érudits, en venant modestement à la suite de Lamonnoye, de Bouhier, de Sainte-Palaye, des savants auteurs de l’Histoire littéraire, sans arriver de l’Allemagne ni s’être nourri des Æebelungen ou des Eddas, mais s’adressant tout simplement à M. de Monmerqué, il y a lieu, sous le rapport du goût et d’une critique soigneuse et délicate, de faire des travaux précieux sur les vieux monuments de notre langue. […] Moyennant quelque histoire qu’elle invente, on la garde : elle sait d’ailleurs si bien travailler et filer !
On me dira : « Mais, monsieur, oubliez-vous que nous vivons au siècle de la critique et de l’histoire ? […] Ils me refuseront carrément l’esprit philosophique et le sens de l’histoire.
Ce fut l’erreur du poète ; il oublia qu’une page de notre histoire empruntée aux annales du moyen âge — et quel tableau magnifique ! […] Jules Lemaître La reprise du Lion amoureux (au théâtre de l’Odéon) nous a montré, une fois de plus, que l’honnête Ponsard, tant raillé, est un bon et solide auteur dramatique, un de ceux qui parlent le mieux aux plus honorables instincts de la foule, un de ceux qui savent, le plus habilement et le plus naïvement à la fois, lui enseigner l’histoire simplifiée, lui donner les plus nobles et les plus claires leçons de vertu, lui développer les plus beaux traits de « morale en action », et la renvoyer, après un dénouement heureux, satisfaite, tranquille et toute pleine de bons sentiments dont elle se sait gré.
Écrite comme une autobiographie, en une série de notes éparses que relie à peine un récit d’amour ténu et bizarre, la Course à la Mort est l’histoire d’un jeune homme en qui le pessimisme latent de cette époque, portant ses dernières atteintes, devient ressenti et raisonné, envahit et stérilise le domaine des sentiments, frappe d’une atonie définitive l’âme qu’il a mortellement charmée. […] Albert Pinard, Madame X… qui est l’histoire de deux êtres dont aucun ne peut subjuguer l’autre en un aveu, d’autres œuvres encore affirment une nouvelle manière d’envisager les relations passionnelles qui diffèrent de celles des anciens romans en ce que la femme n’est plus l’être asservissant et dominateur que présentent les de Goncourt et Zola.
V. 5 Une histoire des plus gentilles. Quoique ce soit d’Ésope que La Fontaine parle ici et non pas de lui-même, peut-être eût-il été mieux de ne pas promettre que l’histoire serait gentille : on le verra bien.
Voir également, contes inédits des Mille et une Nuits : Histoire de Djamasp et de la reine des serpents, tome I, pp. 209. Histoire de Hassan de Bassra.
Puis, le culte terminé, le prisonnier dûment raccompagné, les indifférents partis, nous avons rompu le pain dans une assiette, versé le vin dans un gros verre, et sans liturgie, avec le seul récit de saint Matthieu, nous, avons commémoré le plus grand don de l’histoire, nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. » Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique. […] Au cours de cette nuit qui mérite de demeurer comme une cime dans l’histoire religieuse de l’humanité, l’âme déploya ses ailes au-dessus du corps sacrifié.
On est effrayé, en lisant l’histoire, de la foule énorme de panégyriques dont les Romains accablèrent leurs empereurs : ce débordement ne fut pas subit, il ne vint que par degrés. […] Pour suivre notre plan, nous allons tâcher de les faire connaître, indiquant rapidement et le nom des écrivains et le caractère des ouvrages ; c’est une branche de littérature qui mérite son coin dans l’histoire philosophique des hommes.
Reste le « tableau d’histoire ». […] C’est une histoire franchement sensuelle. […] Vous vous rappelez le fond de l’histoire. […] C’est là le vrai dénouement de cette histoire d’âme. […] Toute cette histoire tiendrait en une page.
Celui qui accomplirait ce travail apporterait des éclaircissements précieux pour l’histoire de la genèse d’un talent. […] L’art n’a pas de bornes : il entrera sans changer sa substance dans l’histoire, dans la science, dans la physiologie. […] Il n’était à l’aise que dans l’étude des publications purement historiques ou des publications d’histoire littéraire. […] Quelle délicate histoire d’amour vrai et toujours humaine ! […] De là la dissonance morale que produit la passion d’Atala et surtout l’incroyable histoire de René.
Ils étaient « d’appétit grand et grossier22 », disent les anciennes histoires. […] Dans l’histoire de Beowulf, toute païenne, Dieu apparaît comme un Odin plus puissant et plus calme, et ne diffère de l’autre que comme un Bretwalda sédentaire diffère d’un chef de bandits aventurier et héros. […] Lingard, Histoire d’Angleterre. […] Cette histoire ressemble beaucoup à celle des Francs dans les Gaules. […] Didion, Histoire de Dieu.
Accoutumé aux alternatives presque régulières de gloriole et de revers qui marquent la carrière des poètes, des écrivains, des politiques, je doutais encore du succès de l’Histoire des Girondins. […] J’avoue que cette lettre de l’oracle du passé, qui pouvait bien être aussi l’oracle de l’avenir, me fut une satisfaction de cœur et d’esprit supérieure à tout le retentissement de cette histoire. […] L’histoire, qui se répète avec tant de monotonie de siècle en siècle, lui faisait peur. « Si elle allait se répéter encore après nous ? […] J’aurais aimé à connaître son histoire ; d’autres la raconteront sans doute. […] qui t’es montré si sensible, si reconnaissant et si pieux ce jour-là, autour d’un cercueil, que ce jour te soit compté devant l’histoire, devant les hommes et devant Dieu comme une victoire !
XXVIII Parmi ces livres, qu’on pourrait appeler Opuscules, Mélanges, quelques-uns cependant, quoique écrits d’un ton familier et léger, sont des fragments très diserts, très graves et très distingués d’histoire contemporaine, des documents très intéressants d’histoire du siècle. […] La lecture de ces deux civilisations, la Bible, l’Évangile, l’Odyssée dans les mains, est un cours d’histoire, de poésie, de jeunesse en action, qui retrempe l’âme dans l’âpre senteur de l’Archipel. Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau. […] Éternelle jeunesse de la poésie de l’histoire, de la nature, de l’amour, se répercutant dans la jeunesse du navigateur ! […] Il y a là cependant un souvenir qui rappelle les miens plus que tous les autres : c’est celui d’une femme célèbre, énigme mystérieuse du roman ou de l’histoire, lady Esther Stanhope, que M. de Marcellus visita auprès de Saïde, dans la fleur de sa beauté et dans le prestige de ses aventures, et que je visitai moi-même, vingt ans après, dans la maturité de ses années et dans la constance de son exil du vieux monde !
L’historien que nous citons et qui a visité ses ruines décrit ainsi cette première prison de la reine : « Ce séjour de Lochleven, sur lequel le roman et la poésie ont répandu des lueurs si charmantes, l’histoire plus vraie ne peut le peindre que dans sa nudité et dans ses horreurs. […] L’histoire ne les croirait pas si elle n’en avait les preuves écrites dans ses archives. […] Quel spectacle pour l’histoire, que celui de ces deux reines, s’avilissant à l’envi dans ces rixes acharnées où l’une provoquait le supplice, où l’autre le tenait vingt ans suspendu sur la tête de sa rivale ! […] Dargaud, l’auteur le plus développé de cette histoire : « Je ne juge pas, je raconte. […] Nous lui devons tout, et nous serions ingrat de ne pas lui rapporter tout ; ceci n’est qu’une étude, son livre est une histoire.
Il lui fera remarquer ensuite le peuple juif, et ce livre, qui est son histoire, sa loi, sa religion : là l’homme trouvera le récit de la chute d’Adam ; et cette idée d’une nature d’abord excellente, puis déchue par le péché, illuminera les contradictions qu’on aura d’abord relevées. […] Pascal a conduit cette originale tentative avec une rare témérité, une entière ignorance de l’histoire et de la philologie, et une volonté décidée de faire sortir des textes la vérité qui lui plaisait : il ne pouvait se douter que de la méthode qu’il indiquait, appliquée avec la rigueur impartiale de la science, devait sortir la condamnation de sa croyance. […] Ce n’est pas à Pascal qu’il prendra l’idée du Discours sur l’histoire universelle, l’idée d’une Providence qui fait tourner l’histoire du monde autour du petit peuple juif. […] À consulter : Racine, Histoire de Port-Royal, t. […] Dufossé, Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal, édit.
Ces deux faits d’histoire ne contribuèrent pas peu à lui rendre sa couleur méridionale, à faire réapparaître, dans les récits merveilleux des poètes, des noms et des personnages empruntés à l’Orient. […] On voit dans les opéras modernes les acteurs avec leurs bras étendus, comme pour appeler au secours. » Ces détails sont d’une importance capitale pour l’histoire de l’opéra, et Wagner, le premier, les a exposés d’une façon géniale. […] L’exemple donné par les six premières chanteuses des grands théâtres de l’Allemagne qui ont entrepris des rôles de coryphées, les Filles-Fleurs de Klingsor », que représentaient avec un empressement joyeux des chanteuses de toutes les scènes (tome X, 356) », est unique dans l’histoire de l’art. […] Nous ne pouvons, pour la même raison, étudier tous les gestes qui se trouvent dans ce drame ; nous nous bornerons à indiquer ce qui est unique dans l’histoire de l’art et ne se fait qu’à Bayreuth : nous voulons parler de cette mimique significative, qui suit, après tant de siècles, la tradition des chœurs des tragédies antiques. […] Kufferath : la Valkyrie, esthétique, histoire, musique).
Il y prit aussi des scrupules ; lui si prompt a juger, si violent, si libre quand il faut railler « un cuistre violet », transpercer les jésuites ou démasquer la cour de Rome, il s’arrête au seuil de l’histoire, inquiet, n’osant avancer, craignant de blesser la charité chrétienne, ayant presque envie d’imiter les deux ducs « qu’elle tient enfermés dans une bouteille », s’autorisant du Saint-Esprit qui a daigné écrire l’histoire, à peu près comme Pascal qui justifiait ses ironies par l’exemple de Dieu. […] C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leurs ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. » « Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire. […] Quand on a lu Saint-Simon, toute histoire paraît décolorée et froide. […] Ce style bizarre, excessif, incohérent, surchargé, est celui de la nature elle-même ; nul n’est plus utile pour l’histoire de l’âme ; il est la notation littéraire et spontanée des sensations.
Ce point est d’une importance capitale dans l’histoire critique des écoles mystiques. […] Pourquoi l’histoire incline-t-elle au fatalisme ? […] On a vu ce que serait l’histoire privée des révélations de conscience, le règne de la fatalité, l’école du succès partout et toujours glorifié. […] Son esprit est essentiellement distrait ; il regarde tout, le ciel, la nature, l’histoire, avant de se regarder soi-même. […] Ce mot ne convient point aux phénomènes de l’esprit, soit qu’il s’agisse de la conscience, soit qu’il s’agisse de l’histoire.
L’histoire de la photographie en donne un bon exemple. […] Voici, pour varier mes exemples, l’histoire d’un roman d’Alphonse Daudet. […] Voici maintenant l’histoire d’un œuvre musicale. […] Tarde a bien voulu me donner quelques détails sur l’histoire de sa théorie de l’imitation. […] Histoires grotesques et sérieuses.
J’y remarque cette belle page qui lui fut inspirée par les harmonies de la nature et de l’histoire, par l’heureuse et parfaite convenance du cadre et des souvenirs, en face de l’admirable vallée, aujourd’hui déserte, d’Olympie : « Il existe entre les lieux célèbres et leur histoire une harmonie qui en fait le charme ; on sent à les parcourir vingt siècles après leur ruine qu’ils étaient prédestinés, que ce qu’ils ont été ils devaient l’être, que la nature avait mis une correspondance intime entre eux et le fait dont ils ont été le théâtre, ou la pensée dont ils ont été le symbole. […] Dante, Shakespeare, Molière même et La Fontaine ne sont plus que des occasions de tout voir et de tout dire, de remuer toutes les questions d’art et d’histoire, de faire son tour du monde littéraire ; et pour Shakespeare en particulier, l’ensemble du cours que lui consacra Gandar est parfaitement défini dans le passage suivant d’une de ses lettres (à M. […] Considérant l’œuvre de Shakespeare comme une image plus ou moins complète, plus ou moins fidèle du monde réel et du monde imaginaire, je vais avec lui de pays en pays, de siècle en siècle, passant d’Athènes à Rome, de l’antiquité grecque et latine à la Renaissance italienne, du midi au nord, d’Elseneur en Angleterre et en Écosse ; ici des légendes à l’histoire, là de l’histoire à la comédie, enfin de la comédie de mœurs à la comédie romanesque et à la comédie fantastique. […] J’ai déjà raconté la jeunesse de Pascal, fait l’histoire de sa famille et, en dernier lieu, cherché à éclaircir l’histoire de sa vie pendant l’intervalle de ses deux conversions. […] Lors même que Gandar n’eût rien laissé que ces deux volumes, il serait sûr d’avoir sa place dans l’histoire littéraire : il a gravé son nom au bas de la statue de Bossuet.
Il est intéressant de voir, dans une histoire toute réelle et où la fiction n’a point de part, comment une personne qui semblait destinée par le sort à n’être qu’une adorable Manon Lescaut redevient une Virginie : il fallait que cette Circassienne, sortie des bazars d’Asie, fût amenée dans ce monde de France pour y relever comme la statue de l’Amour fidèle et de la Pudeur repentante. […] Ravenel : c’est avec les notes de l’un, c’est moyennant les renseignements continus et les directions de l’autre, qu’il m’est permis ici de venir repasser sur cette histoire et d’en fixer quelques particularités avec plus de précision qu’on n’avait fait jusqu’à présent. […] La fidèle Sophie, qui est aussi essentielle dans l’histoire de sa maîtresse que l’est la bonne Rondel dans celle de Mlle De Launay, ne tarda pas, pour la mieux pleurer, à entrer dans un couvent. […] Pierre-Marie, vicomte d’Abzac, mourut à Versailles au mois de février 1827, n’ayant pas eu d’enfants de deux mariages qu’il avait contractés, dont le premier, à la date du 10 août 1777, avec Marie-Blaise de Bonneval, décédée pendant la Révolution (Voir Courcelles, Histoire généal. et hérald. des Pairs de France, IX, d’Abzac, 87). […] Ces lettres sont une source des plus essentielles pour l’histoire d’Aïssé.
Veuillot nous y fait l’histoire de ses lectures. […] Mais, là même, il a des indulgences : … C’est toujours George ; et, l’histoire commencée, je suis allé jusqu’au bout. […] Ce n’est autre chose que l’histoire d’un Joseph dévot et d’une dame Putiphar circonspecte, dans une petite ville de province. […] Mais le chef-d’œuvre, la merveille des merveilles, ce sont les quarante premières pages de Çà et là : C’est l’histoire tout unie d’un mariage chrétien. […] Cette histoire est, quant au fond, précisément le contraire des romans de la bonne Sand.
L’historien de la littérature n’a plus, pour les quarante dernières années, qu’à contempler successivement les chefs-d’œuvre qui font du dix-septième siècle le plus grand de notre histoire, et peut-être de l’histoire de l’esprit humain. […] Ces caractères appartiennent à l’histoire et point aux mémoires. […] C’est Néron, que le poète a pris tout vif à l’histoire ; c’est Acomat, qu’il a inventé tout entier ; c’est Joad, dont les livres saints lui avaient fourni l’énergique esquisse. […] L’histoire a-t-elle des héros plus vivants que Joad et Acomat ? […] L’invention, ç’a été de trouver dans un des plus tragiques événements de l’Histoire sainte une tragédie aux conditions où la voulait Racine, avec toutes les vraisemblances qui font d’une fable une réalité.
Gœthe, ce fanfaron calme des vices de son esprit, n’a cessé de répéter qu’il méprisait l’histoire. […] Selon nous, qui voulons rester juste, même envers Gœthe, l’histoire méprisée lui a porté plus de bonheur dans Egmont que dans Berlichingen. […] D’un autre côté Gœthe, le contempteur de l’Histoire, n’en lisait que ce qu’il lui en fallait pour faire des tragédies. […] Cet esclave d’un organe unique, qui a écrit encore, dans son Voyage d’Italie, qu’il « n’aimait ni les anciens ni l’histoire, parce qu’on ne voit pas l’histoire », déclaration d’un matérialisme inférieur, sinon même grossier, ne pouvait pas rester à Weimar, trônant comme Trissotin (car il a été Trissotin comme il a été Trublet) parmi les Cathos, les Bélise et les Philaminte allemandes. […] La preuve de cela est à toute page de l’histoire.
Le savant écrivain a ici le tort de devancer l’histoire. […] Supprimez, par la pensée, de l’histoire de notre théâtre, l’œuvre et les théories dramatiques de Diderot, et cette histoire demeure intacte ; et Sedaine n’en succède pas moins à La Chaussée, et Beaumarchais à Sedaine. […] Et Riquette improvise toute une histoire, donne des détails. […] Oui, je sais, c’est pour l’empêcher d’être parricide qu’elle lui raconte son histoire. […] La tragédie racinienne en est l’histoire.
L’histoire sentimentale de Paolina est à peu de chose près celle de Giacomo, sur laquelle les détails précis nous manquent davantage. […] » (Histoire du genre humain). […] Rossetti, que je vais essayer de retracer brièvement l’histoire de la « Préraphaélite Brotherhood ». […] Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’art poursuit l’exception : toute l’histoire de ses plus splendides créations le montre. […] Histoire des doctrines littéraires et esthétiques en Allemagne (Paris, 1883).
Ainsi alternent dans l’histoire de la poésie, formisme et création. […] L’histoire enfin a surgi, lyrique et précise, histoire épopée, histoire science… — et notre paresseuse pensée se plaît à résumer un si multiple effort, en quelques figures nécessaires, maîtresses, pour ainsi dire symboliques : Lamartine et Balzac, Hugo et Michelet ; Stendhal, Vigny, Flaubert ; Taine, Baudelaire, Renan ; quelques autres, lointains ou proches, qui sont à eux seuls, le Roman, la Poésie et l’Histoire. […] L’histoire de Candaule, ah ! […] Dans les Histoires, Candaule montrait la reine à Gygès — imprudence ! […] Si l’histoire ne suffit pas, il corse d’intrigues l’histoire.
— L'Histoire de l’abbé de Rancé par Chateaubriand est décidément sous presse, et on l’aura cet hiver. […] Vieille histoire du sonnet de Job et du sonnet d’Uranie : ce sont nos combats de taureaux.
Certes c’est beaucoup, en ce xixe siècle, d’avoir inauguré, sur toute matière, sur tout sentiment, détachée de toute conviction, de tout enthousiasme, de toute indignation, la rhétorique sceptique du pour et du contre ; d’avoir apporté le ricanement joliment satanique d’un doute universel ; et par là-dessus encore, à la suite de Bossuet, d’avoir été l’adaptateur à notre Histoire sacrée, de la prose fluide des romans de Mme Sand. […] J’accepte le reproche, et n’en ai nulle honte, mes indiscrétions n’étant pas des divulgations de la vie privée, mais tout bonnement des divulgations de la pensée, des idées de mes contemporains : des documents pour l’histoire intellectuelle du siècle.
Gregoire de Nazianze rapporte l’histoire d’une courtisane qui, dans un lieu où elle n’étoit pas venuë pour faire des reflexions serieuses, jetta les yeux par hazard sur le portrait d’un Polémon philosophe fameux pour son changement de vie, lequel tenoit du miracle, et qui rentra en elle-même à la vûë de ce portrait. […] Ceux des anglois qui sont le mieux informez de l’histoire de leur païs, ne parlent pas d’Olivier Cromwel avec la même admiration que le commun de la nation ; ils lui refusent ce genie étendu, penetrant et superieur que lui donnent bien des gens, et ils lui accordent pour tout merite la valeur du simple soldat et le talent d’avoir sçu paroître penetré des sentimens qu’il vouloit feindre, et aussi ému des passions qu’il vouloit inspirer aux autres, que s’il les avoit senties veritablement.
Le sujet qui renferme les principaux évenemens de l’histoire d’un certain peuple est plus interessant pour ce peuple-là, que pour une autre nation. […] Tel est l’interêt que prend une nation au poëme qui décrit les principaux évenemens de son histoire, et qui parle des villes, des fleuves et des édifices sans cesse présens à ses yeux.
Quel dommage, pour l’histoire littéraire du temps, que tout cela soit enfoui, enterré ! […] Magnin, quelques-uns de loin en loin, sur les Études historiques de Chateaubriand, sur l’Histoire de la Renaissance de la liberté en Italie, par M. de Sismondi, un très bon article sur un drame du théâtre chinois traduit par M. […] Magnin prenait occasion de tracer tout un tableau magistral et d’exposer une histoire abrégée de l’art (architecture et sculpture) pendant plusieurs siècles ; il en déroulait les transformations graduelles et en décrivait les manières successives avec une science, un goût, une précision qui supposaient vraiment une longue pratique : c’était à faire illusion. […] Magnin accorde à ces essais de la religieuse de Gandersheim plus d’importance qu’ils n’en eurent réellement dans l’histoire du théâtre : ces six légendes, que la docte femme mit de son mieux en beau latin de Térence, n’étaient probablement dans la pensée du pieux auteur qu’une imitation toute littéraire, une étude classique sans aucune idée de représentation. […] Il faut se garder d’oublier son Histoire des Marionnettes (1852), qui promet pourtant un peu plus qu’elle ne tient.
La traduction des œuvres de Plutarque ne fut pas un moindre événement dans l’histoire politique de notre pays que dans l’histoire de la littérature. […] Nous avons l’esprit pratique de Rome ; nous tenons d’elle ce goût pour l’universel, qui, dans notre histoire politique, n’est autre chose que cette ardeur de tout conquérir, pour tout régler sur notre patron. […] C’est l’homme considérant son semblable d’un regard désintéressé, au lieu de le gouverner d’une main tyrannique, ou de lui donner le change par d’amusantes folies ; cherchant à se démêler, et, comme dit Montaigne, « affamé de se cognoistre. » C’est l’homme à la fois observateur et sujet d’observation ; c’est enfin Montaigne lui-même, un des plus excellents esprits qui aient été, éprouvant à sa conscience, comme à une pierre de touche, tous les traits attribués à l’homme par toutes les philosophies et toutes les histoires. […] S’il s’agit d’une vertu, d’une passion, il en examine les définitions et en rapporte les exemples tirés de l’histoire générale ou anecdotique ; si c’est une maxime générale, il réfute ou approuve, en les faisant valoir toujours, les contradicteurs qu’elle a rencontrés ; si c’est quelque doctrine rendue orgueilleuse et intolérante par ceux qui s’en autorisent ou qui en profitent, il s’amuse des échecs et des démentis qu’elle a reçus. […] Il écrit tour à tour sur la poésie, la médecine, l’histoire naturelle, la politique, les religions, la morale, selon ses humeurs et sa guise ; s’intéressant à toutes ses idées, négligeant les transitions, n’émoussant pas les vives pointes de son esprit dans le travail patient de l’arrangement.
Les études d’histoire et de sciences naturelles étaient également nulles. […] Elle ne parlait à personne, personne ne songeait à elle, son histoire était évidemment oubliée. […] Tout était peuple en elle, et son esprit naturel donnait une vie surprenante aux longues histoires qu’elle racontait et qu’elle était presque seule à savoir. […] Elle m’en fit toute l’histoire. […] Je raconterai peut-être un jour ces histoires.
L’histoire en est trouvée dans le chapitre « Souvenirs sur Schnorr » du livre de M. […] Histoire d’une symphonie (lettre à l’éditeur Fritzsch, 1882) ; 9. […] Audret, plutôt que de me montrer cette chose, tu aurais dû me cacher qu’elle fût possible. » Nous voici revenus au drame wagnérien ; mais dans le roman l’histoire ne finit pas si promptement. […] Wagner ; cette seconde Iseult, avec cette histoire de jalousie complique singulièrement l’action : Scribe et Meyerbeer en auraient fait leur régal. […] Successeur de Taine, il était critique d’art et professeur d’esthétique et d’histoire de l’art à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.
On nous a vu faire de la petite histoire ; là-dedans, je crois, qu’on nous aurait vu en faire, de la tout à fait grande ! […] Je voudrais un titre nouveau, que je cherche sans le trouver, où il y aurait peut-être à introduire le mot : Histoires au pluriel, avec une épithète ad hoc, mais voilà le chiendent : c’est l’épithète… Non il faudrait pour dénommer le nouveau roman, un vocable unique. […] On parle de cet original conteur, de ses histoires dont le commencement semblait sortir d’un brouillard, ne promettait dès d’abord pas d’intérêt, et qui devenaient, à la longue, si prenantes, si attachantes, si empoignantes. […] le beau livre qu’il y aurait à écrire sous le titre : Histoire du vice. […] C’est un collage : l’histoire de l’attachement et de la rupture d’un homme avec le monstre vert, la femme aimée par la bohème.
L’empereur Nicolas y répondit par une lettre qui touche de trop près à l’histoire pour que nous n’usions pas de la permission qui nous est donnée de la produire ici : Je vous remercie bien sincèrement, ma chère nièce, des nobles sentiments que m’exprime votre lettre. […] Quoique le sien n’ait rien d’exclusif, elle fait grande acception des genres : elle maintient le premier rang dans son estime à la peinture d’histoire, et ne considère rien tant que la réunion des qualités que les compositions de cet ordre exigent. […] Littérairement, dans les lectures d’une ou deux heures qu’elle fait ou se fait faire chaque matin, il y a bien de la variété et il se mêle de toute espèce de choses, mais sa prédilection marquée est pour l’histoire.
Il nous montre ce qui a converti tout d’un coup ces succès et une victoire qu’on était tout près d’arracher, en un immense désastre, deuil éternel de notre histoire. […] L’histoire a relevé dans cette campagne quantité d’incidents minutieux que d’ordinaire elle néglige. […] A-t-il été jusqu’au bout le premier des guerriers par la tête comme par l’épée, et s’est-il retiré, est-il tombé du théâtre de l’histoire dans sa plénitude de génie militaire, et avec le sacre du malheur en plus ?
« Aux savants seuls il appartient de fixer le rang qu’occupera Dübner dans l’histoire des progrès de la philologie et de la critique au xixe siècle : on devra toutefois considérer, en appréciant ses mérites, qu’il ne lui fut jamais donné de les développer en pleine liberté dans un travail tout à fait original et individuel ; il était toujours plus ou moins commandé par les conditions matérielles des publications auxquelles il s’employait. […] Heureux après tout, heureux homme, pourrions-nous dire, qui a consacré toute sa vie à d’innocents travaux, payés par de si intimes jouissances ; qui a approfondi ces belles choses que d’autres effleurent ; qui n’a pas été comme ceux (et j’en ai connu) qui se sentent privés et sevrés de ce qu’ils aiment et qu’ils admirent le plus : car, ainsi que la dit Pindare, « c’est la plus grande amertume à qui apprécie les belles choses d’avoir le pied dehors par nécessité. » Lui, l’heureux Dübner, il était dedans, il avait les deux pieds dans la double Antiquité ; il y habitait nuit et jour ; il savait le sens et la nuance et l’âge de chaque mot, l’histoire du goût lui-même ; il était comme le secrétaire des plus beaux génies, des plus purs écrivains ; il a comme assisté à la naissance, à l’expression de leurs pensées dans les plus belles des langues ; il a récrit sous leur dictée leurs plus parfaits ouvrages ; il avait la douce et secrète satisfaction de sentir qu’il leur rendait à tout instant, par sa fidélité et sa sagacité à les comprendre, d’humbles et obscurs services, bien essentiels pourtant ; qu’il les engageait sans bruit de bien des injures ; qu’il réparait à leur égard de longs affronts. […] Dans la Revue de Philosophie, de Littérature et d’Histoire ancienne (1845), volume I, n° 2, voir, si l’on est curieux,, l’article Dübner, qui a pour titre : Sur une attaque contre Niebuhr.
Voilà en trois mots l’histoire du romantisme, selon M. […] Cette œuvre du loisir et du recueillement, où viendront sans doute contraster et se confondre en mille effets charmants ou sublimes la vérité et l’idéal, la raison et la fantaisie, l’observation des hommes et le rêve du poète, arrivée dans le monde réel, exposée aux regards de tous, enchantera les âmes et ravira les suffrages ; les esprits les plus graves, philosophes, érudits, historiens, se délasseront à la contempler, car l’impression d’une belle œuvre n’est jamais une fatigue ; les politiques surtout, en n’y cherchant que du plaisir, y puiseront plus d’une émotion intime, plus d’une révélation lumineuse, qui, transportée ailleurs et transformée à leur insu, ne restera stérile ni pour l’intelligence de l’histoire, ni pour les mouvements de l’éloquence ; la tribune et la scène, en un mot, rivales et non pas ennemies, pourront retentir ensemble et quelquefois se répondre. […] Sainte-Beuve a donnée par mégarde, dans les Portraits littéraires, tome I, à son Étude sur l’Histoire de la vie et des ouvrages de Pierre Corneille, par M.
D’un bout à l’autre de notre histoire, la même séparation reparaît. […] Toujours l’histoire de l’esprit gaulois est la même ; s’il reste gaulois, il n’aboutit pas ; s’il aboutit, il perd sa physionomie vraie. […] Il suit toutes les liaisons de toutes ces choses, voit l’épargne et les querelles, sent les odeurs de la cuisine, et sort attristé, égayé, la tête comblée d’histoires villageoises, prêt à déverser le trop-plein de ses imaginations sur l’ami ou la feuille de papier qui va tomber sous sa main. — Le coche l’emporte à Versailles ; il aperçoit un seigneur qui, au bord d’une pièce d’eau, fait une révérence et offre la main à une dame.
Le xvie siècle, au point de vue strictement littéraire, n’est en somme que l’histoire de l’introduction de l’idée d’art dans la littérature française, et de son adaptation à l’esprit français. […] Toutes les sciences se détachent et se constituent : histoire, philosophie, politique, agronomie, sciences naturelles : les spécialités, les écrits techniques apparaissent en Paré et Palissy. […] À consulter : Michelet, Histoire de France au xvie siècle, Renaissance ; Burckhardt, la Civilisation en Italie au temps de la Renaissance, trad.
Un certain nombre de lignes imprimées où, neuf fois sur dix, sont relatés et commentés des événements d’une parfaite insignifiance : fêtes, mariages, scandales mondains, histoires de comédiens, et ce qu’ont dit ou fait les hommes du jour, qui sont souvent les hommes d’un jour. […] Il s’est dit : « Il faut qu’aujourd’hui, comme hier, comme demain, je raconte des histoires et fournisse des idées — des idées à cinquante mille abrutis qui me sont parfaitement indifférents. […] Et c’est aussi ou ce peut être de la poussière d’histoire.
Au quatrième acte, « Mme de Timey raconte son histoire à Wolfgang. […] Malgré mes grands cheveux blancs qui me donnent l’air d’un académicien (à l’étranger), j’ai grand besoin de quelqu’un qui m’aime assez pour m’appeler son enfant… » Il lui demande, un jour, un article sur les Histoires extraordinaires de Poë ; Sainte-Beuve promet l’article, ne l’écrit point, et Baudelaire ne lui en veut pas L’affection de Baudelaire pour le grand critique datait de loin ; les Poésies de Joseph Delorme étaient déjà, au collège, un de ses livres de prédilection ; et à vingt ans, il envoyait des vers (dont quelques-uns assez beaux) à son poète favori… Et, en effet, les poésies de Sainte-Beuve, — si curieuses mais qui ne sont aujourd’hui connues et aimées que d’un petit nombre de lettrés, ressemblent déjà par endroits, sinon à des « fleurs du mal », du moins à des fleurs assez malades. […] Le baudelairisme n’est peut-être pas une fantaisie négligeable dans l’histoire de la littérature.
Il faudrait avoir complètement oublié l’histoire de la science pour ne pas se rappeler que le désir de connaître la nature a eu sur le développement des mathématiques l’influence la plus constante et la plus heureuse. […] L’histoire le prouve, la physique ne nous a pas seulement forcés de choisir entre les problèmes qui se présentaient en foule ; elle nous en a imposé auxquels nous n’aurions jamais songé sans elle. […] La théorie des équations aux dérivées partielles du second ordre a eu une histoire analogue ; elle s’est développée surtout par et pour la physique.
C’est bien le royaume de Dieu, en effet, je veux dire le royaume de l’esprit, qu’il fondait, et si Jésus, du sein de son Père, voit son œuvre fructifier dans l’histoire, il peut bien dire avec vérité : Voilà ce que j’ai voulu. […] Jésus ne savait pas assez l’histoire pour comprendre combien une telle doctrine venait juste à son point, au moment où finissait la liberté républicaine et où les petites constitutions municipales de l’antiquité expiraient dans l’unité de l’empire romain. […] Nous savons l’histoire de la terre ; les révolutions cosmiques du genre de celle qu’attendait Jésus ne se produisent que par des causes géologiques ou astronomiques, dont on n’a jamais constaté le lien avec les choses morales.
. — La cavale du champ de bataille de Leuctres, C’est l’histoire finale de la famille des Pélopides et des Atrides que l’Orestie met en scène. […] On se rappelle Thémistocle contraint d’immoler à Bacchus trois prisonniers perses, avant Salamine. — Un siècle plus tard, une étrange histoire contée par Plutarque nous montre le Molochisme grec redressé d’un suprême effort, et réclamant une dernière proie. […] Un labyrinthe hanté par des monstres donnerait l’idée de l’imbroglio sinistre qu’on appelle l’histoire des Atrides.
De nos jours, nous l’avons vu, la critique de l’œuvre est devenue par degrés l’histoire et l’étude de l’écrivain. […] Il y a ici deux termes en présence, l’auteur et le lecteur, qui peuvent se convenir l’un à l’autre sans être plus vrais tous les deux : à certains moments l’histoire, la vie sociale tout entière a été factice et fausse. […] Alfred Fouillée, Histoire de la philosophie (Introduction).
Ils tournaient le dos à la fausse histoire, à la fausse société, à la fausse tradition, au faux dogme, à la fausse philosophie, au faux jour, à la fausse vérité. […] Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poëmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution ! […] Ô Homère, il faut que leur épopée pleure, ô Hérodote, il faut que leur histoire proteste, ô Juvénal, il faut que leur satire détrône, ô Shakespeare, il faut que leur tu seras roi soit dit au peuple, ô Eschyle, il faut que leur Prométhée foudroie Jupiter, ô Job, il faut que leur fumier féconde, ô Dante, il faut que leur enfer s’éteigne, ô Isaïe, ta Babylone s’écroule, il faut que la leur s’éclaire !
Leur querelle a fait tant de bruit en Europe, on en a parlé si différemment, que c’est rendre service au public de lui en donner une histoire fidelle. […] L’écrivain le plus fait pour mériter des égards, se voyant ainsi la victime de la jalousie, & sacrifié par un prince dont l’histoire parlera longtemps, & pour lequel il avoit tout quitté, patrie, amis, parens, emplois, repos ; comprit, mais trop tard, qu’il avoit mal connu les rois : peut-être n’eût-il jamais été dans le cas de s’en plaindre, s’il eut pu se plier au manége des cours. […] Elle sçavoit l’Anglois, l’Italien, le Latin, parloit d’histoire, de mathématiques, d’astronomie.
Depuis le meurtre d’Abel jusqu’au supplice de Calas, pas une ligne de son histoire qui ne soit ensanglantée. C’est une belle chose que le crime, et dans l’histoire et dans la poésie, et sur la toile et sur le marbre. […] Quand on l’a bien regardée, on n’est surpris ni de son action, ni du reste de son histoire.
Voilà toute l’histoire de Joubert, — de Jοubert qui mourut sans gloire, comme le roi d’Yvetot, mais qui n’eut ni bonnet de coton ni Jeanneton dans son affaire, car, tout comme le Cherubini d’Ingres, avec son petit carrick à collet et son jonc entre ses deux jambes, c’est une Muse qui doit le couronner ! […] mais sans la robe flottante, sans le cap Sunium, sans Socrate derrière et au-dessus de lui dans la nuée d’or, comme un dieu dans une apothéose, sa coupe de ciguë à la main ; Platon, enfin, sans tout cet éloignement dans l’azur éblouissant de l’Histoire grecque, qui grandit tout, qui colore tout et nous fait belles jusqu’à ses erreurs ! […] C’était son histoire.
Frappé de l’état d’oppression et de servage dans lequel la femme et l’enfant ont été tenus jusqu’ici chez tous les peuples de la terre, et là où la civilisation s’est le plus élevée et grandit encore, Jobez, après avoir fait l’histoire de ces deux touchantes Faiblesses, l’enfant et la femme, se demande ce qu’il faudrait pour que l’oppression contre laquelle il s’indigne cessât entièrement, et pour qu’on vît s’ouvrir enfin la période d’affranchissement que doivent également provoquer l’homme d’État et le philosophe ; et il se répond sans hésiter, avec une simplicité légère, que la solution du douloureux problème est tout entière dans l’accroissement de la richesse. […] L’Histoire ouverte et splendide lui offrait un enseignement plus fécond que tous les systèmes ; mais il s’est détourné de l’Histoire, et, homme de système avant tout, il s’est mis à tourner autour de la chimère de ce temps : la production de la richesse.
il n’en restera pas moins l’apostat, et, quels que soient les motifs connus ou inconnus de l’apostasie, on n’effacera pas de l’histoire de Lamennais ce mot effroyable, entré de force dans son nom, ce simple mot qui ennuie beaucoup M. […] Quant à nous, qui ne croyons pas qu’une telle justification est possible, nous laisserons l’apostat à l’Histoire, qui saura bien comment le prendre et le traiter, et nous ne parlerons ici que du Lamennais découvert en lisant ses lettres. […] Quel que soit le jugement qu’on doive prononcer sur la conduite de Lamennais dans sa rupture avec l’Église, et ce jugement, nous pensons que l’Histoire le fera sévère, la Correspondance n’en entraînera pas moins ces deux erreurs contemporaines sur sa personne.
Même l’histoire littéraire du xviiie siècle prit cette forme de la lettre, le moule forcené du temps ; car cette histoire, c’est la Correspondance de Voltaire et la Correspondance de Grimm. Il n’y a pas d’autres histoires littéraires du xviiie siècle.
Cette correspondance inédite appartient, nous dit M. de Mouy, aux archives de la famille Poniatowski, et va nous éclairer par-dedans ce singulier Roi, entré dans l’Histoire par la porte du roman et dont le règne ne fut qu’un roman assez triste, qui pourrait s’appeler : « le Règne impossible ». […] L’éditeur de ces lettres, qui prend les choses de très haut, et qui ne s’étonne pas d’un état social où les classés commençaient à se mêler comme des numéros de loto dans leur sac, n’appuie pas beaucoup sur la question de savoir quelle fut la circonstance qui créa, de par un sentiment, une situation presque officielle en Europe, et sans exemple dans l’Histoire, depuis la nymphe Égérie, entre une marchande de glaces et le prince étincelant qui devait devenir Stanislas-Auguste. […] Je le connais, cet abominable spectacle donné par l’Histoire et qui me fait, en ce moment, trembler pour le destin de mon pays !
Si blonde veut dire moralement faible, peu foncée, d’une nuance douce, elle est bien nommée : la rutilante Messaline de Juvénal rirait d’elle et de sa blonderie, et ne l’entraînerait pas où elle va… Jusqu’ici, dans cette histoire que je prends comme un tout et dont je ne veux pas prévoir le dénouement, il n’y a que la Messaline des commencements, — et Messaline, la vraie Messaline, commence par la fin. […] se moque du monde dont il écrit l’histoire. […] Et c’est cette ironie, toujours prête et qui passe jusqu’entre les baisers qu’on se donne dans l’œuvre de Houssaye, et on s’y en donne beaucoup, puisque c’est l’histoire des amours, faux ou vrais, du Paris du xixe siècle ; c’est cette ironie, qui se tortille à travers toutes ces roses et ces camélias comme le serpent de la sagesse et de la science de la vie, qui fait de l’auteur des Grandes Dames, en fin de compte, un moraliste.
Ses livres sont lus, et l’Histoire littéraire a magnifiquement enguirlandé la niche d’homme célèbre où il perche sur un piédestal. […] Il faut savoir à fond l’histoire, très-peu connue, de la littérature française au dix-neuvième siècle, pour apprécier les facultés de ce Diderot obscur qui a fait des livres qu’on lira un jour, en s’étonnant de ne pas les avoir lus plus tôt, et qui a fait des hommes, lesquels ont la discrétion de leur naissance et qui ne se vantent guère d’avoir été allumés par lui, comme des flambeaux. A propos du Maçon, retouché par cet esprit que la religion a retouché aussi jusque dans le fond et le tréfond de son être, il est peut-être curieux et piquant d’esquisser à traits pressés une vie singulière, que les Mémoires du dix-neuvième siècle ne donneront pas, et qu’en bonne conscience l’Histoire littéraire de cette époque ne pourrait décemment oublier.
Les premiers regardent ces éloges comme une justice rendue à des citoyens utiles, ou qui ont voulu l’être ; comme une manière de plus d’honorer les arts ; comme un tribut de l’amitié entre les hommes qui ont été unis par le désir de s’instruire ; comme des matériaux pour l’histoire de l’esprit humain ; enfin, comme un encouragement et une leçon qui apprennent aux citoyens de toutes les classes que le mérite peut quelquefois tenir lieu de fortune et attirer aussi le respect. […] Je suis las d’entendre répéter le juste Aristide, disait un paysan d’Athènes ; et l’histoire de ce paysan est presque celle du genre humain. […] Il consiste presque toujours dans des allusions fines, ou à des traits d’histoire connus, ou à des préjugés d’état et de rang, ou aux mœurs publiques, ou au caractère de la nation, ou à des faiblesses secrètes de l’homme, à des misères qu’on se déguise, à des prétentions qu’on ne s’avoue pas ; il indique d’un mot toute la logique d’une passion ; il met une vertu en contraste avec une faiblesse qui quelquefois paraît y toucher, mais qu’il en détache ; il joint presque toujours à un éloge fin une critique déliée ; il a l’air de contredire une vérité, et il l’établit en paraissant la combattre ; il fait voir ou qu’une chose dont on s’étonne était commune, ou qu’une dont on ne s’étonne pas était rare ; il crée des ressemblances qu’on n’avait point vues ; il saisit des différences qui avaient échappé ; enfin, presque tout son art est de surprendre, et il réussit presque toujours.
Ne cherchez pas le sens de cette histoire. […] Quelle histoire ? […] Abel Hermant : une petite histoire, et la peinture ou l’esquisse d’un monde spécial. […] Ce nom vient d’autant mieux ici que plusieurs des histoires contées par M. […] J’ai peine à croire que la Frédégonde de l’histoire ait été si simple et si unie.
Durantin a publié : Histoire d’Héloïse Paranquet et manuscrit primitif ayant servi à M. […] Personne plus que lui n’a contribué à faire l’histoire, en ayant l’air de rester témoin curieux plus qu’acteur. […] Gabriel Monod a fait paraître un livre de haut intérêt : Renan, Taine, Michelet, qu’il appelle les maîtres de l’histoire. […] Pris tout entiers par une grande haine, nous sommes capables de pardonner de petits froissements, comme il ressort de l’histoire de cette jeune femme qui en pardonna douze. […] Mais allez donc raisonner avec les passions politiques qui travestissent l’Histoire et pervertissent l’opinion !
Les livres d’histoire rivalisent de succès avec le roman. […] L’anecdote est le fondement de l’histoire. […] Il a toujours été attiré non seulement par la vraie Histoire, mais par l’Histoire qui n’existe pas. […] Quelle belle histoire, mon cher ! […] Faire l’histoire de cette publication serait faire l’histoire littéraire de toute une époque.
Paul Albert, avait commencé cette histoire : c’est une des raisons pour lesquelles je préfère n’y arriver que plus tard. […] Cette histoire a été racontée en détail par notre très regretté ami Hippolyte Rigault ; nous la résumerons peut-être quelque jour, quand nous commencerons l’histoire du Romantisme, qui n’est autre qu’une nouvelle phase de la même question. […] L’histoire elle-même, l’histoire véritable, nous heurte et nous étonne bien autrement que ces deux scènes, l’une trouvée par Guillem, l’autre par Corneille tout seul. […] L’histoire de ces débats, à elle seule, forme presque une bibliothèque, ou du moins un dossier considérable. […] L’auteur a eu tort de resserrer en vingt-quatre heures des événements qui, dans l’histoire, ne tiennent pas moins de quatre années.
Chapitre septième Suite de l’histoire des pertes. — I. […] L’histoire de l’éloquence religieuse dans le sermon a trois époques, marquées par trois grands noms : Bossuet, Bourdaloue, Massillon. […] Il y faudrait une clef ; encore cette clef pourrait-elle bien ne nous apprendre qu’une chose, c’est que le sermon a été plus timide que l’histoire. […] Telle est l’histoire du sermon à ses trois époques. […] Mais cette humeur, ces vues, ces impressions personnelles, ces épanchements de cœur, ces retours sur soi-même, tout ce qui est de sa propre histoire dans sa morale, voilà le vrai charme de cet aimable auteur.
Ces hommes, que l’on pourrait être tenté de considérer comme des types, l’auteur les réalise jusqu’au bout par mille traits adventices, les implique dans des épisodes, de menues aventures, les complique et les diversifie de toute manière, les met sans cesse en opposition avec eux-mêmes, use en un mot non pas de la méthode romanesque habituelle qui consisterait à les rendre le plus plausibles et le plus nus possible, mais d’une sorte de méthode historique fictive dans laquelle le personnage est d’abord posé comme existant, puis est narrée une histoire sans omission d’écarts ou de contradictions. […] Les maisons, les champs, les rues, les jours, les nuits, le train même de la vie, de l’histoire, de la société sont là ; on y trouve des hommes dignes d’amitié ou de haine, des femmes à aimer, des êtres à qui sourire et d’autres qui déplaisent ; les personnages ont le visage familier et humain, il y a des familles cordiales, de cérémonieux salons, des gens du peuple et des soldats ; les discussions s’engagent sur les éternels problèmes et l’on peut ensuite échanger les plus vains propos ; les êtres y aspirent, s’émeuvent et pensent avec l’infinie variété de nos semblables. […] Que l’on rapproche ces actes d’un sérieux humain singulièrement profond et simple, de la bonté sénile du vieux Rostow, de l’infinie faiblesse de géant du prince Pierre, que l’on note que la scène la plus grave de La Guerre et la Paix est celle où le soldat Karalaïef raconte, dans l’obscurité puante d’une chambrée de prisonniers, l’histoire comme évangélique d’un marchand injustement condamné pour un assassinat, heureux de souffrir et pardonnant au scélérat qui le fait mourir au bagne, et l’on reconnaîtra que l’impression dernière de ce livre de batailles est religieuse, morale, pénétrée de bon vouloir et d’amour. […] L’auteur qui eût paru capable entre les premiers de mettre debout un capitaine de génie et qui rencontre Napoléon sous sa plume, ne sait nous en décrire que quelques aspects anecdotiques ridicules, et quand il se trouve amené à propos de la guerre à exposer ses vues sur la philosophie de l’histoire, c’est à la plus mesquine, à la plus absurde doctrine qu’il se rallie, prétendant citer le hasard, l’instinct obscur des masses comme une explication, et préférant la stupide inaction de Koutouzoff à tous les actes déterminants de ses lieutenants et de ses adversaires. […] Que l’on grandisse ces facultés au point où leur manifestation devient impérieuse, que l’on y accole les qualités d’élocution et d’arrangement juste nécessaires pour composer des œuvres littéraires de forme médiocre, que l’on fasse prédominer la connaissance, le rappel, l’imagination des personnes, sur celles des actes purs, des drames, des histoires, l’on aura énuméré les causes générales dernières des œuvres de Tolstoï, de leur contenu réaliste, de leur étendue, de leur valeur plus psychologique que dramatique, et la force de ces dons sera mesurée à la grandeur de leur manifestation, à la puissance d’illusion de l’œuvre à la sympathie, au saisissement, à l’attraction qui s’en dégagent.
Louis Paris, estimable frère du spirituel académicien, vient de donner en deux volumes le recueil des Œuvres diverses de Maucroix, qui sont en partie composées de productions inédites, lettres et vers ; il a fait précéder son recueil d’une étude complète sur la vie et les ouvrages de l’auteur, et il a bien mérité par là de notre histoire littéraire. […] S’il avait vécu à Paris, sa plume élégante et qui cherchait des sujets où s’employer, eût peut-être aspiré à l’histoire, l’histoire écrite en beau style et traitée comme on l’entendait alors : « Je me serais hasardé à composer une histoire de quelqu’un de nos rois. » Mais vivant en province, loin des secours et des riches dépôts, il finit par s’accommoder très bien de cet obstacle à un plus grand travail, et sauf quelques heures d’étude facile dans le cabinet, il passa une bonne partie de sa vie à l’ombre dans son jardin, au jeu, aux agréables propos et en légères collations.
Quant au fond, il recommande tout ce que son maître a également recommandé, de ne point laisser les valets ni servantes embabouiner cette tendre jeunesse de sots contes ni de fadaises ; de ne pas croire que l’esprit des enfants ne se puisse appliquer aux bonnes choses aussi aisément qu’aux inutiles et vaines : « Il ne faut pas plus d’esprit à entendre les beaux exemples de Valère Maxime et toute l’histoire grecque et romaine, qui est la plus belle science et leçon du monde, qu’à entendre Amadis de Gaule… Il ne se faut pas délier de la portée et suffisance de l’esprit, mais il le faut savoir bien conduire et manier. » Il s’élève contre la coutume, alors presque universelle, de battre et fouetter les enfants ; c’est le moyen de leur rendre l’esprit bas et servile, car alors « s’ils font ce que l’on requiert d’eux, c’est parce qu’on les regarde, c’est par crainte et non gaiement et noblement, et ainsi non honnêtement. » Dans l’instruction proprement dite, il veut qu’en tout on vise bien plutôt au jugement et au développement du bon sens naturel qu’à l’art et à la science acquise ou à la mémoire ; c’est à cette occasion qu’il établit tous les caractères qui séparent la raison et la sagesse d’avec la fausse science. […] Chanet se met donc à réfuter Charron et Montaigne (sans nommer ce dernier) sur les principes de leur scepticisme ; il se sert de ses connaissances en médecine et en histoire naturelle pour rabattre de ce qu’ils ont dit des animaux et pour maintenir l’homme à son rang légitime45. […] Pourtant, par son jugement plein et sa ferme démarche d’esprit, par son style sain, grave et scrupuleux, et qui eut même son éclat d’emprunt, il mérite estime et souvenir comme tout ancien précepteur qui a été utile en son temps ; l’histoire littéraire lui doit de le placer toujours à la suite de Montaigne, comme à la suite de Pascal on met Nicole, — comme autrefois on mettait à côté de La Rochefoucauld M. […] Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne.
Suit toute une histoire burlesque de ce supplice à la Sancho-Pança, où s’entremêlent de fins compliments pour celle à qui il écrit ; on appelait cette lettre la lettre de la berne, elle était fameuse en son temps. […] Dès ce moment, monsieur, je vous mis au nombre de trois ou quatre personnes que j’aime et que j’honore sur tout le reste du monde… De telles paroles s’ajoutent bien au peu que nous en apprend l’histoire, pour laisser en nous l’idée de M. de Puylaurens comme n’étant ni un factieux ni un favori vulgaire. […] Mais lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli La Rochelle et abattu l’hérésie, et que, par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein, et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines, quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ? […] Et ce dernier trait de vanité artificieuse va se démontrer dans toute l’histoire à laquelle le personnage de Callicrate est mêlé.
Il y aura lieu pour la critique, dans quelques années, d’en faire un agréable chapitre d’histoire littéraire. […] Conçoit-on un éditeur, au contraire, qui intervient à tout propos à travers son auteur, parle en son propre nom durant des pages, exprime son opinion sur les événements et sur les personnes, prétend dicter à chacun le ton et donner la note sur ce qu’on peut juger aussi bien que lui ; qui déclare que la France, après s’être incarnéedans Napoléon, s’incarna une seconde fois dans Béranger, et que, depuis 1815 jusqu’en 1857, « la poésie de Béranger est Vessieu sur lequel tourne notre histoire : il a mû quarante ans nos destinées ! […] Nous avons l’histoire d’un déjeuner qu’il donna pour le jour de sa fête, à la Saint-Pierre ; justement, le matin même, il lui était arrivé un envoi d’argent de l’ami Quenescourt, très à propos : « Il en est résulté quelque extraordinaire, un peu fou peut-être, mais non pas déplacé. […] » Son ami l’académicien Arnault, à qui il fait l’histoire de ces remaniements sans rien lui en communiquer toutefois, s’étonne de tant de constance et de son peu d’empressement à se faire connaître ; il l’invite à publier ses ouvrages : « Je n’en ferai rien que je ne les aie portés au point de la perfection où je sens que puis arriver ; ensuite il en sera tout ce qui plaira au sort ; mais je ne crois pas recueillir jamais le fruit des peines que je me donne.
C’est pourtant là ce qui serait, si toute foi au surnaturel s’éteignait dans les âmes, si les hommes n’avaient plus, dans l’ordre surnaturel, ni confiance ni espérance… « L’histoire naturelle, dit-il encore, est toute la science des époques matérialistes et, pour le dire en passant, c’est là que nous en sommes. […] Il ne se hâte donc point de conclure ; et ce qui l’intéresse si fort, ce qui est son histoire, celle de ses semblables, le secret de son existence et de la leur, et de toute sa destinée, il se résigne à ne le conjecturer que modestement, sans rien affirmer d’absolu aux autres, sans rien s’affirmer à lui-même. […] En étudiant et en voyant de près la nature, le savant a reconnu que la destruction est perpétuellement la loi et la condition de la vie, de sa croissance et de son progrès ; les uns sont invariablement sacrifiés aux autres, sans quoi les autres ne prospèrent pas ; la vie s’étage et s’édifie ainsi sur la mort même et sur de larges assises d’hécatombes ; le faible est mangé par le fort : et cette dure nécessité se retrouve partout, dans l’histoire comme dans la nature ; on la masque tant qu’on peut ; mais regardez bien, elle dure encore. […] Ceux qui se flattent de vivre dans l’histoire sont la plupart le jouet d’une sorte d’illusion subtile : à quelques siècles de distance, et quelquefois dès le lendemain, les noms mêmes, les grands noms réputés le plus immortels, ne signifient plus l’être d’autrefois, tel qu’il a réellement été, mais bien ce que le font à leur gré les fantaisies ou les intérêts bruyants des générations successives.
C’est un fait reconnu et que les philologues et critiques qui se sont occupés de l’histoire de la langue et qui ont étudié la naissance de la Romane, d’où la nôtre est dérivée, ont mis de plus en plus en lumière. […] L’histoire des tentatives faites depuis le xvie siècle pour la simplification de l’orthographe nous est présentée fort au complet par M. […] Et, par exemple, si je veux définir la manière de tel historien moderne qui, à force de dramatiser l’histoire, l’a énervée ; qui, en peignant les hommes de la Révolution, les a décrits dans un détail minutieux et impossible, comme Balzac fait pour ses héros de roman ; si, parlant de cet historien, je dis : « L… (Lamartine), dans son Histoire de la Révolution et dans les scènes qu’il y retrace, ne se contente pas d’exciter les sentiments de pitié ou d’indignation, il ébranle les nerfs ; il ne se contente pas d’émouvoir, il veut émotionner » ; — eh bien !
Jusque dans ces dernières années, le petit pays dont je vous parle était, en grande partie, peuplé par de pauvres hères au teint blafard, à l’aspect souffreteux, au corps émacié, au visage d’une pâleur caractéristique et dont les téguments étaient empâtés d’une bouffissure spéciale ; on les aurait reconnus entre mille ; il suffisait de les avoir vus une fois… » « Pour les questions qui se rattachent à l’histoire pathologique de la lèpre, la contagion encore si controversée… l’impuissance presque absolue des moyens thérapeutiques contre cette bizarre maladie, etc., toutes ces notions ont été puisées, vous devez le penser, aux bonnes sources. […] Le vaste monde est ouvert, il n’est pas de sujet qu’il ne puisse aborder, et il devra dès lors s’occuper d’histoire, de philosophie, de sciences ; il touchera à tous les métiers, il examinera toutes les professions. […] Histoire de la maladie : Néanmoins, à 44 ans, il paraît encore vigoureux (p. 364). […] Flaubert, dira-t-on, fut le premier à recourir à l’Érudition, autant qu’elle lui fut nécessaire : « Il lisait alors (1874) dit le docteur Michaut (in Chronique médicale, 1901, 1er août, p. 487) l’Histoire de la médecine de Daremberg, la Création naturelle de Hæckel, le Manuel de Phrénologie de la collection Roret, des articles du dictionnaire Jaccoud, etc., sans doute conseillé dans ses lectures par le docteur Pouchet (de Rouen) ; Bouvard et Pécuchet lui demandait une documentation très variée, et il ne reculait, on le sait, devant aucune lecture, si technique fût-elle… » Mais les données que lui fournit ce genre de recherches ne furent jamais pour lui qu’un point de départ, et leur assimilation tellement parfaite qu’il est impossible de retrouver en son œuvre leurs traces textuelles.
Il est revenu plus d’une fois, dans des pages dignes d’un vrai politique et d’un historien, sur ce que c’est que l’heure de l’entraînement dans une nation, et sur le parti qu’on en peut tirer pour de grandes choses : Il y a de profonds politiques, dit-il avec raillerie (26 septembre 1831), qui ne croient pas qu’on puisse faire autre chose que du désordre par l’entraînement, et qui prétendent que c’est la ressource de l’incapacité… Il y a aussi, dans l’opposition, des hommes qui ont lu l’histoire, et qui se sont persuadé qu’en politique comme en guerre, ce qui distingue le génie de la capacité vulgaire, c’est de saisir l’entraînement et de s’en servir. […] L’histoire lui a rendu toute justice aujourd’hui. […] La dernière fois que je le vis, c’était en 1834 : après avoir touché quelques-uns des inconvénients croissants de sa situation, avoir exprimé son regret de ne pouvoir revenir aux grandes études d’histoire, il ajouta ces seuls mots : « Vous êtes bien heureux, vous ! […] Par là, du moins, toutes guerres cessées, toutes animosités éteintes, il mérite des regrets de ceux même qu’il a combattus, et une place fort distinguée dans l’histoire littéraire.
Avant de discuter ces quatre propositions, je ferai d’abord une observation préliminaire sur l’emploi de l’histoire et de la biographie en médecine. […] Moreau (de Tours) produit, comme un fait acquis à l’histoire, la singulière fantaisie qu’eut, dit-on, Charles-Quint d’assister à ses propres funérailles avant sa mort, cérémonie qui lui aurait fait une telle impression qu’il en mourut pour de bon. […] Je citerai encore l’histoire de Salomon de Caux, invoquée aussi par M. […] Plus on vanterait l’originalité de ses idées et la force de ses conceptions, plus on paraîtrait vouloir le ranger au nombre de ces malades que l’histoire admire.
Les maux contre lesquels je lutte sont de vieille date… C’est une longue histoire qu’il me faudra écrire un jour. […] L’histoire de Scherer éclaire remarquablement celle d’Amiel. […] C’est un homme qui n’a pas d’histoire, comme l’Inde. À peine des histoires avec le doyen, avec ses parents, avec l’opinion. […] Les pages qui précèdent ont développé l’histoire d’un homme qui n’a pas eu d’histoire.
Il n’eut point d’autre histoire. […] Ceux qui ont pénétré toute cette histoire l’affirment. […] Car la poésie doit s’occuper plutôt de généralités, et l’histoire de détails particuliers. […] Il laissait la bride au cou à sa fantaisie, mais elle galopait tout de même dans le domaine de l’histoire. […] Sa place restera marquée dans l’histoire du Théâtre.
Le Conventionnel de Provins vivait assez retiré, presque toujours plongé dans ses travaux d’histoire naturelle et de psychologie, d’archéologie et d’histoire. […] Bellessort remonte, avec le poète Snoilsky, jusqu’aux années de Charles XII pour nous expliquer ce que furent les paysans aux moments les plus tragiques de l’histoire de la Suède, et il nous analyse l’admirable pièce Sur la foire de Vernamo, cette histoire si simple et si belle de Per et Kersti, les deux fiancés. […] Une histoire de Pelle Molin ? […] Qui mieux que lui nous eût expliqué le danger que font courir à l’histoire littéraire les philosophes qui se mêlent de l’écrire ? […] On a dit que l’histoire humaine était l’histoire des idées ; plus exactement, n’est-elle pas l’histoire des contresens, souvent magnifiques, que fait l’humanité sur les idées ?
Il y eut peu de découvertes plus importantes pour l’histoire des croyances humaines. […] Quel moment dans l’histoire ! […] Cependant, la première histoire, bien plus désintéressée, fut bien plus bête. […] On remuera de la terre ou des pierres ; on bourdonnera autour d’une littérature ou d’une histoire. […] Essais de morale et d’histoire.
Lévy, éditeur), et renferme l’histoire très simple d’un matelot breton, tantôt sur terre, tantôt sur mer. […] Pas de thèse, une histoire réelle, dont chacun doit faire son profit. […] Toute leur histoire, cette montée d’escalier dans la grise tristesse du matin. […] Voilà, très sèchement contée, l’histoire de Criquette. […] Du moment que tu fais intervenir la politique dans des histoires de femmes, alors où allons-nous ?