Ce qu’il sent avec force, il l’exprime souvent avec excès. […] La pensée de Napoléon 1er sur ce point est nettement exprimée dans un passage de sa Correspondance : « Qu’on soit athée comme Lalande, religieux comme Portalis, philosophe comme Regnaud, on n’en est pas moins fidèle au Gouvernement, bon citoyen ; De quel droit donc souffrir ouvertement qu’on vienne dire à ces individus qu’ils sont mauvais citoyens ?
Les progrès de la littérature, c’est-à-dire, le perfectionnement de l’art de penser et de s’exprimer, sont nécessaires à l’établissement et à la conservation de la liberté. […] Que pouvez-vous sur la volonté libre des hommes, si vous n’avez pas cette force, cette vérité de langage qui pénètre les âmes, et leur inspire ce qu’elle exprime ?
Il se refuse à exprimer les dehors physiques des choses, la sensation directe du spectateur, les extrémités hautes et basses de la passion, la physionomie prodigieusement composée et absolument personnelle de l’individu vivant, bref cet ensemble unique de traits innombrables, accordés et mobiles, qui composent, non pas le caractère humain en général, mais tel caractère humain, et qu’un Saint-Simon, un Balzac, un Shakespeare lui-même ne pourraient rendre, si le langage copieux qu’ils manient et que leurs témérités enrichissent encore, ne venait prêter ses nuances aux détails multipliés de leur observation366. […] Placée en face des choses, elle reçoit l’impression plus ou moins exacte, complète et profonde ; ensuite, quittant les choses, elle décompose son impression, et classe, distribue, exprime plus ou moins habilement les idées qu’elle en tire Dans la seconde de ces opérations, le classique est supérieur.
Le fils du roi, Jonathas, s’attache au jeune berger de l’amour d’un frère, d’un amour de femme , dit la Bible, pour en exprimer la tendresse. […] Or, nous le répétons ici, le caractère spécial de David, c’est d’exprimer l’âme de l’humanité dans toutes les phases, dans tous les sentiments, dans tous les lieux, dans tous les temps.
Un réalisme naïf ou grossier évoque les âmes à côté des corps, et de même sorte est le symbolisme qui revêt Jésus et le bon larron de chemises blanches, tandis qu’une chemise noire exprime l’irrémissible impénitence du mauvais larron. […] De la fête des fous laïcisée par force, il ne subsista que le principe, l’idée d’un monde renversé qui exprimerait en la grossissant la folie du monde réel : c’est ce que développèrent au gré de leur libre fantaisie nombre de sociétés joyeuses, comme Mère folle à Dijon, et les Sots de Paris.
Il vous fait tout avaler « si j’ose m’exprimer ainsi ». […] Ici se place un très fin et très brillant parallèle entre la musique de la Dame Blanche, chère à nos grands-pères, et celle d’Orphée aux enfers, entre les sentiments que ces deux musiques expriment ou éveillent.
« C’est là ce que veulent exprimer les auteurs quand ils disent que la notion de cause implique l’idée de nécessité. » Nécessité signifie inconditionalité. […] L’erreur dépend presque uniquement des associations suggérées par Le mot nécessité, et on l’éviterait en s’abstenant d’employer, pour exprimer le simple fait de la causalité, un terme aussi complètement impropre que celui-là.
À aucune époque, l’art ne fut plus vivant, plus en rapport avec la société, qui s’y exprimait et s’y modelait de toutes parts40. […] Tout dans la physionomie, dans l’attitude, exprime la grâce, le goût suprême, l’affabilité et l’aménité plutôt que la douceur, un air de reine qu’il a fallu prendre, mais qui se trouve naturel et qui se soutiendra sans trop d’effort.
Il avait commencé par convenir franchement de tous ses torts, mais il exprimait ses regrets d’une manière qui prouve combien en ceci il tenait plus encore aux choses de l’esprit qu’à celles du cœur : Ne trouvez-vous pas, écrivait-il à sa cousine, que c’est grand dommage que nous ayons été brouillés quelque temps ensemble, et que cependant 38 il se soit perdu des folies que nous aurions relevées, et qui nous auraient réjouis ? […] Écoutons l’aveu naïf de ce glorieux humilié : Je me jetai donc ce jour-là aux pieds du roi, qui me reçut si bien, que ma tendresse pour lui me serra le cœur au point de ne parler et de n’exprimer ma joie et ma reconnaissance que par mes larmes.
Il fut énorme dès l’enfance : « Ce n’était suivant la définition de son père, qu’un mâle monstrueux au physique et au moral. » Défiguré, à l’âge de trois ans, par une petite vérole maligne et confluente, sur laquelle sa mère, pour l’achever, s’avisa d’appliquer je ne sais quel onguent, il acquit ce masque qu’on sait, mais où la physionomie, qui exprimait tout, triomphait de la laideur. […] M. de Sandone crut devoir se rendre propre le sentiment qu’il avait à feindre, et devint amoureux de moi pour mieux exprimer son rôle.
Il a, pour exprimer des choses assez simples, de ces expressions denses, de ces formules qui se retiennent aisément et qui jouent la profondeur. […] On ne cite de lui aucune parole depuis le moment de la défaite, durant ces dernières heures d’insulte et d’agonie ; il n’exprima ni indignation, ni regrets, ni remords.
L’essai sur l’homme du même Ecrivain, est bien supérieur à son essai sur la critique par le grand nombre d’idées neuves, élevées, hardies, exprimées d’une maniere vive & énergique, mais quelquefois trop concise, source de fatigue pour le lecteur. […] Ce Drame est entremêlé de Chants, placés dans les endroits où il s’agit d’exprimer quelque grand mouvement de l’ame.
Il leur demande non d’être justes, mais d’être frappantes ; non d’exprimer une vérité, mais de produire une belle page. […] Qu’il soit vrai, qu’il soit grand ; qu’il comprenne son siècle et l’exprime ; que, pareil aux végétaux du globe, il aspire l’atmosphère et la respire purifiée ; qu’il s’élève à toutes les hauteurs de l’art, il atteindra en même temps à celles de la morale.
Vous allez voir que La Fontaine, soit souvenir (je n’en répondrais pas), soit coïncidence, et il est tout naturel que les poètes de cette valeur se rencontrent dans un sentiment pareil, vous allez voir que La Fontaine va exprimer tout à l’heure les mêmes pensées. […] Elle lui parle ; elle s’exprime ainsi : Je ne sais pas ce que vous allez dire De voir Constance oser venir ici Vous déclarer sa passion extrême.
L’unité française se forme dès lors, ainsi qu’une fois déjà elle s’est formée à la Fédération du 14 juillet 1790, non pas sur la même religion sociale exprimée, mais sur le même amour de la France, sur le même amour de la justice… Cette conciliation ne deviendra jamais sans doute une assimilation et une confusion : il faut des fleurs diverses au jardin de la terre. […] Souvent il a pensé, ce qui s’appelle penser ; souvent ce qu’il exprime, ce sont les expériences de l’instituteur, de l’homme « en proie aux enfants », comme il disait, et de l’honnête homme en proie au scrupule.
Victor Hugo a su pénétrer ces petites âmes d’enfants, qui sont si près des nôtres par l’amour, et en même temps si loin de nos manières de voir, de souffrir, de nous exprimer. […] ils ont, de plus, la certitude d’être entendus lorsqu’ils élargissent l’horizon terrestre et qu’ils expriment un sentiment religieux ; entendus non pas d’une élite, mais du peuple encore pénétré de christianisme, et qui conserve, de ses origines, un idéal divin mêlé à tous les appétits humains.
On cite, par exemple, le passage où Platon, marquant divers degrés d’intelligence chez les hommes et le rang analogue qui leur est dû dans la Cité, exprime ces différences par les valeurs inégales des métaux. […] » Mais disons de la poésie hébraïque qu’elle est incomparable dans la tendresse comme dans la haine, dans la bénédiction comme dans l’anathème : poésie la plus humaine de toutes, quel que soit le merveilleux de son origine, parce qu’elle exprime plus qu’aucune autre la passion et les mouvements du cœur !
Le poète dramatique, s’il est vraiment tel qu’il s’en est vu aux glorieuses époques et qu’on a le droit d’en espérer toujours, ce poète, dans la liberté et le premier feu de ses conceptions, ne songe point à faire directement un ouvrage moral ; il pense à faire un ouvrage vrai puisé dans la nature, dans la vie ou dans l’histoire, et qui sache en exprimer avec puissance les grandeurs, les malheurs, les crimes, les catastrophes et les passions.
Voici la première, qui exprimait mes plaintes pour certains propos qui me revenaient de Passy : « Mon cher Béranger, « Bien que j’eusse bien pris la résolution de me taire vis-à-vis de vous jusqu’à ce que le hasard me fit vous rencontrer, je crois pourtant sentir qu’il est mieux de vous demander franchement en quoi et comment j’ai pu avoir tort envers une personne que j’ai toujours fait profession d’honorer autant que vous.
Obermancreusait et exprimait tout cela ; l’auteur n’y retraçait aucunement sa biographie exacte, comme quelques-uns l’ont cru ; au contraire, il altérait à dessein les conditions extérieures, il transposait les scènes, il dépaysait autant que possible.
C’est ce que M. de Carné exprime formellement en maint endroit.
Ceux à qui il arrive d’exprimer quelques vérités qui peuvent sembler profondes et hardies, ne doivent pas trop s’enorgueillir ; car, il faut bien se l’avouer, arrivés à un certain âge, la plupart des hommes, je veux dire des hommes qui pensent, pensent au fond de même ; mais peu sont dans le cas de produire ouvertement et de pousser à bout leur pensée.
Heine est plutôt celui d’un poète que celui de tout le monde ; il n’a pas seulement de ces traits inattendus, saisissants, courts, de ces rapports neufs et piquants qu’un mot exprime et enfonce dans la mémoire ; il a, à un haut degré, l’imagination de l’esprit, le don des comparaisons singulières, frappantes, mais prolongées, mille gerbes, à tout instant, de réminiscences colorées, d’analogies brillantes et de symboles.
Elles prennent aussi une couleur singulière par le tempérament, de l’homme qui les exprime.
Stéphane Mallarmé me paraît être le plus étonnant artiste de ceux-là… Chacun de ses poèmes est un drame musical comme les drames de Wagner et expriment parfaitement dans son unité la Vie, ce qui est, certes, le but suprême à atteindre.
Le V. 22, au moins le dernier membre, qui exprime une pensée opposée à celle des versets 21 et 23, paraît avoir été interpolé.
Déjà on sentait la nécessité de s’exprimer comme il convient à la chose dont on parle, à celui qui en parle, à ceux devant qui on en parle.
Son Adversaire, au contraire, plus méthodique à la vérité, mais froid & sans vigueur, ne lui oppose que de foibles raisonnemens, exprimés plus foiblement encore*.
Au contraire, un poëte capable par son génie de donner l’être à de nouvelles idées, est capable en même-temps de produire des figures nouvelles, et de créer des tours nouveaux pour les exprimer.
La société a été imprégnée des principes qui doivent la conserver quoiqu’ils ne soient plus textuellement exprimés dans les actes de notre législation.
« Tout ce que l’enfer peut vomir de plus faux — dit-il des Philippiques — y était exprimé dans les plus beaux vers, le style le plus poétique, et tout l’art et l’esprit qu’on peut imaginer. » Quand il arrive aux affreux passages où le Régent est accusé d’empoisonnement : « L’auteur — ajoute-t-il — y redouble d’énergie, de poésie, d’invocations, de beautés effrayantes, de portraits du jeune roi et de son innocence… d’adjurations à la nation de sauver une si chère victime, en un mot, de tout ce que l’art a de plus fort et de plus noir, de plus délicat, de plus touchant, de plus remuant et de plus pompeux… » Ce n’est pas tout.
nous ne savons pas ce que ce petit galimatias d’une donnée qui se dégage d’un livre et qui en fait changer le titre et le caractère, malgré le genre de talent, la fonction, l’idée et le but de l’auteur, exprimés clairement dans un autre titre approprié et lucide, a dû coûter à la sincérité de M.
Dans les Opuscules de M. de Wailly, il y a une lettre à une jeune fille qui se marie où ce mépris est exprimé avec une brutalité nue, et c’est tout simple : dès qu’il n’était plus ironique, Swift était grossier.
Je demande bien pardon de mettre de pareils mots l’un en face de l’autre, même par horreur des idées qu’ils expriment, mais j’en renvoie le sacrilège à la Philanthropie contemporaine qui, à force d’amour pour l’auguste liberté des hommes, est parvenue à faire de son Dieu la prostituée du genre humain !
II C’est donc un regret, c’est surtout un regret que j’exprime ; mais ce n’est pas un désespoir.
Nous n’avons pas assez de terrain pour citer toutes les pièces qui expriment ce que nous disons là sous les formes les plus variées.
Sceptique comme lord Byron, — et c’est peut-être sa plus profonde ressemblance avec le grand poète qui accable toute comparaison, — sceptique comme Alfred de Musset et comme tous les enfants d’un siècle qui, du moins, avait sauvé du naufrage de son ancien spiritualisme l’honneur d’être sceptique encore, mais qui a fini par étouffer jusqu’au dernier éclair tremblant du scepticisme dans son âme, morte maintenant, morte toute entière sous l’athéisme contemporain, le douloureux inquiet de La Vie inquiète, qui, fût-il heureux, a de ces pressentiments et de ces incertitudes : Peut-être vous cachez sous votre pur sourire Des pleurs que j’essuirai des lèvres quelque jour… mêle à tous les sentiments qu’il exprime ce scepticisme qui ne va à Dieu, dont on doute, que pour retomber à la créature dont on va douter ; car le scepticisme est la plus cruelle des anxiétés de la vie, c’est la plus formidable inquiétude, pour une âme ardente, qui puisse dévorer l’esprit et le cœur !
Et on lui aurait probablement fait payer cher la distinction mâle de son talent, si cette distinction de talent ne lui avait servi à exprimer des opinions excessivement démocratiques.
C’est pour la fête du martyr, dont il occupait la chaire épiscopale, qu’il revint aux goûts poétiques de sa jeunesse, et exprima dans un des mètres d’Horace ces sentiments d’un ordre si nouveau.
Quelle différence entre les deux directions selon lesquelles s’expriment, en général, les besoins spirituels des deux sexes ! […] Le poète se trouve pris entre le besoin qu’il a de s’exprimer lui-même à travers des personnages historiques et sa ferme volonté de respecter les données authentiques qu’il croit posséder. […] Ensuite, qu’il bégaye en pressentant, en espérant, en jouissant, ce que nul n’exprime avec des mots, nul avec des larmes, nul avec le regard attardé qui contient toute l’âme. […] Du reste, dans les actes de Goethe, on chercherait vainement un trait qui correspondît au désespoir qu’expriment quelques-unes des lettres, au détachement mélancolique dont toutes s’efforcent de donner l’impression. […] C’est une grande jouissance, dans la jeunesse et les vieux jours, d’embrasser hardiment l’un par l’autre ; et, si l’on peut les dire ensemble, on exprime un délicieux contentement.
Monsieur de Pourceaugnac s’ouvre par une sérénade que conduit Éraste, amant de Julie, et qui exprime leur tristesse à l’un et à l’autre d’avoir à lutter contre la volonté tyrannique de leurs parents. […] « Il n’avait aucun défaut de l’un et l’autre sexe, mais toute la grâce de chacun d’eux ; son visage était celui que choisirait un artiste, dont l’art ne devrait jamais mourir, s’il pouvait exprimer une parfaite pureté. » Et ce portrait, que de fois il l’a refait ! […] Shelley, qui lui devait le meilleur et le pire de sa substance intellectuelle, apprit tout à coup qu’il n’était pas mort, et, dans une lettre naïve, il lui en exprima son étonnement et sa joie. […] « Le livre est là non pour répéter l’œuvre du peintre, mais pour exprimer ce qu’elle ne dit pas. » Dans l’impossibilité de tout rendre avec le pinceau et de tout rendre avec la plume, il essaie d’atteindre d’un côté ce qui lui échappe de l’autre. […] Mais, sauf les bruits, je ne vois pas très nettement que ces pages « ne répètent pas son œuvre de peintre et expriment ce que sa peinture ne dit pas ».
B. exprime admirablement ce vague désir de voyages, et ce combat quelquefois douloureux de l’imagination et de la raison, l’une rêvant les courses lointaines et les aventures, l’autre nous conseillant de rester au logis. […] Mais, plus tard, quand l’esprit est ramené sur les sujets auxquels ces pensées appartiennent, il se souvient qu’il les a rencontrées une première fois, et qu’il les a exprimées quelque part ; tant est profonde la trace qu’imprime dans la mémoire une pensée juste, lors même qu’elle n’a fait que traverser un esprit emporté par des idées factices et sans durée ! […] La gloire de nos grands poètes, c’est surtout d’avoir exprimé dans un langage parfait, des vérités de la vie pratique ; c’est d’avoir créé en quelque sorte la poésie de la raison. […] Victor Hugo écrit dans un pays de littérature philosophique et applicable, et dans une langue qui excelle surtout à exprimer tous les ordres d’idées qui y répondent. […] Il n’y a pas non plus d’analyse qui pût exprimer mieux la nature vague et impalpable des sujets traités par M.
C’est au milieu d’une pièce d’inspiration très catholique que Ronsard exprimera, moitié souriant, moitié sérieux, le regret de ne pas être né au temps où l’on pouvait être païen3. […] Le mémorialiste a le droit de réfléchir, et d’exprimer ses réflexions, il raconte son voyage et les impressions que son voyage a faites sur lui. […] Le problème écarté, reste à dire que Marot avait des sentiments religieux et savait les exprimer fortement. […] Il emploie le rythme célèbre de « Bel aubépin verdissant, — Fleurissant », à exprimer l’effroi de l’homme sous la colère de Dieu : Las ! […] Il passait dans les régions savantes, comme une grosse éponge, aspirait « tout le savoir de par de là acquis » et s’en allait ailleurs s’exprimer un peu et surtout se remplir encore et s’imbiber davantage.
Leur individualité, s’ils en ont une, est toute arbitraire et personnelle à la pensée du poète ; elle n’est pas, si je puis m’exprimer ainsi, une individualité humaine. […] Nous venons occuper dans le journalisme littéraire militant une place depuis longtemps vacante, ou plutôt nous y prenons une place toute neuve ; nous venons exprimer notre pensée libre et franche sur les écrivains et les œuvres de ce temps-ci : c’est assez dire que nous ne sommes attaché à aucune secte, dévoué à aucun parti, enrôlé sous aucun drapeau. […] Prenons donc un mezzo termine, et résumons en quelques lignes ce que nous développions en cinq colonnes. — Nous venons, disions-nous, remplir dans le journalisme littéraire un rôle d’une nouveauté assez originale exprimer une opinion libre et franche sur les écrivains et les œuvres de notre temps. […] Charles Baudelaire ; nous avons en toute franchise, et sans recourir à la lâcheté hypocrite des ambages, exprimé notre opinion sur ces trois jeunes écrivains. — Sans méconnaître ce qu’ils peuvent avoir, dans une mesure diverse, de puissance et d’élan d’imagination, nous avons signalé les vices de leur esprit, les défaillances de leur style, les lacunes de leurs œuvres. […] Ils s’expriment en général avec beaucoup de tact et de mesure ; mais à force de puérilité et, grâce à l’importance risible qu’ils s’attribuent, ils finissent par devenir vulgaires. — Car l’auteur possède le merveilleux secret d’être banal avec distinction et terre à terre avec élégance.
* Ce fragment de dialogue entre Renan et Amiel, il en est peu qui expriment mieux des répliques naturelles à ces deux vieux adversaires : l’un des multiples génies français (celui dont le méridien passe par Ferney) et le génie genevois. […] Il y a deux sortes d’enfances : celles qui se développent en consonance et celles qui expriment une dissonance, — consonance ou dissonance de l’enfant et de la famille. […] On comprend qu’il ait décrié l’enseignement de nos lycées, exprimé son mépris pour nos Facultés, chanté son cantique d’actions de grâces devant la liberté critique d’une Faculté allemande. […] Le mot de sa pierre : Aime et reste d’accord, exprime à peu près sa pensée, le Oui à l’être, quel qu’il soit, l’amitié avec le monde, le consentement quiétiste à Dieu. […] Le problème d’Amiel s’exprimerait par la même interrogation : « Que peut un homme ?
Mais il y a des actes nobles, comme de se dévouer, ou, sans aller jusque-là, comme tous les actes qui sont une victoire de l’esprit sur la chair, de la volonté sur l’instinct, de la civilisation sur la nature ; et de ces actes la noblesse s’en communique aux mots et pour ainsi parler jusqu’aux syllabes qui les expriment. […] Quand ce ne serait que pour mieux distinguer entre eux les termes du bel air ou du bon usage, ne faut-il pas qu’on analyse les notions qu’ils expriment, ou, pour mieux dire encore, qu’on les « anatomise » ? […] Ce caractère d’humanité ne les empêche pas d’être en même temps nationales, et je voudrais exprimer trois choses par ce mot, qui se tiennent, mais qu’on peut et qu’il faut distinguer. […] Il vient aussi des mots de Hollande, où les Journaux en forgent pour exprimer des idées qui n’avaient pas de nom en France ; il en vient d’Angleterre, qui ne sont pas précisément anglais, mais français et « réfugiés », si l’on peut ainsi dire. […] — C’est ce que La Bruyère a finement démêlé dans son Discours sur Théophraste ; — en fondant l’empire de la tradition sur ce que les Anciens contiennent d’éternelle vérité ; — comme étant plus près de la nature ; — et comme ayant exprimé des idées dont nous reconnaissons encore la justesse après trois mille ans écoulés ; — dans un si grand changement des mœurs, — des habitudes, — et de la manière même de concevoir la vie. — En second lieu : B.
Le décor, les costumes, les jeux de scène, la figuration, doivent donc convenir au texte poétique ; c’est ce que jadis on aurait exprimé en disant que la mise en scène doit être décente. […] Ce que nous venons de dire des sentiments et des idées exprimées par le drame est également vrai de la mise en scène. […] Il exprime alors les sentiments divers qui doivent passer dans notre âme et nous agiter comme lui-même. […] Les sentiments qu’il exprime et qui l’agitent sont ceux-là mêmes qui doivent pénétrer dans notre âme. […] Dans le vaudeville, la musique est donc un multiplicateur du sentiment qu’éprouvent ou qu’expriment les personnages.
Mais le récit ne suffit point à exprimer le bonheur et le rêve ; il faut que le poëte aille192-A « dans les plaines qui s’habillent de verdure nouvelle, où les petites fleurs commencent à pousser, où les pluies bonnes et saines renouvellent tout ce qui est vieux et mort » ; où « l’alouette affairée, messagère du jour, salue dans ses chansons le matin gris, où le soleil dans les buissons sèche les gouttes d’argent suspendues aux feuilles. » Il faut qu’il s’oublie dans les vagues félicités de la campagne, et que, comme Dante, il se perde dans la lumière idéale de l’allégorie. […] Ils ont eu des émotions fortes, parfois tendres, et les ont exprimées chacun selon le don originel de leur race, les uns par des clameurs courtes, les autres par un babil continu ; mais ils n’ont point maîtrisé ou guidé leurs impressions ; ils ont chanté ou causé, par impulsion, à l’aventure, selon la pente de leur naturel, laissant aux idées le soin de se présenter et de les conduire, et lorsqu’ils ont rencontré l’ordre, c’est sans l’avoir su ni voulu. […] Mettez dans tous les esprits d’un siècle une grande idée neuve de la nature et de la vie, de telle façon qu’ils la sentent et la créent de tout leur cœur et de toutes leurs forces ; et vous les verrez, saisis du besoin de l’exprimer, inventer des formes d’art et des groupes de figures. Arrachez de tous les esprits d’un siècle toute grande idée neuve de la nature et de la vie, et vous les verrez, privés du besoin d’exprimer les pensées capitales, copier, se taire, ou radoter.
L’homme qui parle ainsi n’est point une exception ; les pensées qu’il exprime sont communes à presque tous les sectaires russes, et le nombre de ceux-ci est très-considérable. […] Cependant ses yeux arrêtés sur l’entrepreneur étaient un peu moins durs ; mais sa bouche exprimait le dédain, comme d’ordinaire. […] Tous les assistants arrêtèrent les yeux sur lui, et la physionomie de l’entrepreneur, qui n’avait exprimé jusque-là que la confiance et la satisfaction, laissa percer une agitation secrète. […] Pour ma part, j’avais rarement entendu une voix plus touchante ; elle était, il est vrai, un peu fêlée, et je lui trouvai même une langueur maladive, mais elle exprimait en même temps la passion, l’insouciance de la jeunesse et une vigueur mêlée de tendresse dont l’effet était irrésistible.
De là vient, selon nous, la contraction persistante ; c’est une résultante extérieure et mécanique qui exprime au dehors la résultante interne et mentale. […] Celle-ci enfin, une fois produite, tend à persister et à s’exprimer au dehors. […] L’idée, étant alors seule, est souveraine sur son expression interne et, autant que l’état des organes le permet, elle s’y exprime et s’y réalise. […] Il y a chez l’hystérique, au sein même de la veille, une sorte de rêve qui persiste comme accompagnement à la conscience distincte, une sorte de pensée machinale et crépusculaire qui n’arrive que par suggestion à s’exprimer au dehors : la suggestion, ici, a lieu par l’excitation du membre insensible.
« Millet n’était pas seulement un peintre, c’était un révélateur ; lui seul avait compris les champs, le plein air, les moissons, les troupeaux, les grands horizons, les heures crépusculaires, les perspectives à perte de vue lui seul avait compris et exprimé la vie rustique il était le chantre des paysans. » A les entendre, c’était à croire que les paysagistes du passé, du présent, voire même les plus illustres, ignoraient le dehors. […] Pour ce qui est de la pensée, en elle-même, lorsque par des hardiesses de haut vol, elle a exprimé les grands sentiments, les grandes idées qui agitent, qui excitent, qui inspirent l’humanité, idées et sentiments dont le nombre est très limité, il ne lui est pas donné d’aller au-delà, elle ne peut donc que se répéter. […] Puis j’exprime le tout dans un langage conforme à la réalité. […] Pour exprimer les choses et les actions les plus prosaïques, les plus communes, il a recours à des images, toutes contournées, alambiquée.
Ce principe religieux était exprimé à Rome par une légende : Jupiter, ayant voulu se faire une place sur le mont Capitolin pour y avoir un temple, n’avait pas pu déposséder le dieu Terme. […] Or, nous avons vu que la parenté qu’exprimaient ces deux mots était la parenté religieuse ou parenté par les mâles, et correspondait à l’agnation romaine. […] Sentiment du devoir, affection naturelle, idée religieuse, tout cela se confondait, ne faisait qu’un, et s’exprimait par un même mot. […] Platon exprimait la pensée des anciens quand il disait : « L’homme que le sort a désigné, nous disons qu’il est cher à la divinité et nous trouvons juste qu’il commande. […] Il ne fait qu’exprimer la pensée grecque lorsque, dans le Criton, il montre Socrate donnant sa vie parce que les lois la lui demandent.
Chateaubriaud a fait le sien ; il faut l’entendre, dans ses Mémoires, nous décrire ce prodigieux événement et s’efforcer d’en exprimer le grandiose à force d’images, il veut nous montrer Napoléon en marche, qui s’avance sans rencontrer d’obstacle : « Dans le vide qui se forme, dit-il, autour de son ombre gigantesque, s’il entre quelques soldats, ils sont invinciblement entraînés par l’attraction de ses aigles.
Félix Arvers, qui n’a pas toujours visé très-haut dans l’art, qui n’a pas réalisé toutes les espérances qu’avaient fait naître ses brillants débuts, ses succès universitaires, qui s’est un peu dispersé dans les petits théâtres et dans les plaisirs, a eu dans sa vie une bonne fortune ; il a éprouvé une fois un sentiment vrai, délicat, profond, et il l’a exprimé dans un sonnet adorable.
L’auteur d’Indiana, en cédant avec mesure à ces instances, qui expriment à leur manière le vœu du public, fera bien de se consulter toujours, de se ménager le temps et l’inspiration, de ne jamais forcer un talent précieux, si fertile en belles promesses.
De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage.
Je connais ainsi des écrivains qui, avant d’écrire, congédient la moitié de leurs idées, et qui ne savent les exprimer qu’une à une : c’est pauvre.
Mais un article du Quarlerly Review, reproduit par la Revue britannique avec une certaine emphase et des réserves qui sont un peu là pour la forme (car elle-même a souvent exprimé pour son compte des opinions analogues), intente contre toute notre littérature actuelle un procès criminel dans de tels termes, qu’il est impossible aux gens d’humble sens et de goût, dont notre pays n’a pas jusqu’ici manqué, de taire l’impression qu’ils reçoivent de semblables diatribes importées de l’étranger, lorsque toutes les distinctions à faire, toutes les proportions à noter entre les talents et les œuvres, sont bouleversées et confondues dans un flot d’injures que l’encre du traducteur épaissit encore.
A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire.
Mais une pensée semblable était difficile à articuler ; acteur, il fallait en marquer l’effort, entrer, pour ainsi dire, dans la crainte de l’exprimer.
Monsieur, « Voici une note qui est bien informe ; elle exprime du moins des vœux sincères et dans lesquels domine avant tout l’appréciation de tout ce qui se fait de grand là où vous êtes et dont nous sommes témoins9.
Il semble que la peinture de ce sentiment devrait dépendre uniquement de ce qu’éprouve l’écrivain qui l’exprime.
Par-delà ce qui est commandé, tout ce qu’on refuse, est légitime ; la justice dégage de la bienfaisance, la bienfaisance de la générosité, et contents de solder ce qu’ils croient leurs devoirs, s’il arrive une fois dans la vie où telle vertu clairement ordonnée exige un véritable sacrifice ; il est des biens, des services, des condescendances de tous les instants, qu’on n’obtient jamais de ceux qui ayant tout réduit en devoir, n’ont pu dessiner que les masses, ne savent obéir qu’à ce qui s’exprime.
La seconde vérité, c’est que les défauts essentiels sont les conditions des beautés essentielles, aphorisme qui peut s’exprimer ainsi : Chacun a les défauts de ses qualités.
Vous vous estimerez heureux de commencer par imiter les naïfs imagiers qui, désespérant de rendre par l’attitude des corps les mouvements des âmes, faisaient sortir de la bouche de leurs personnages une bandelette où ils inscrivaient ce qu’ils se sentaient impuissants à exprimer.
Et, pour en pouvoir exprimer votre immense dépit, non seulement par un papier public, — de quoi se fût contenté tout autre que vous, — mais dans des conditions choisies par vous, sous la même couverture où parurent les pages honnêtes qui vous ont fait saigner, et « à la même place et dans les mêmes caractères typographiques », vous avez dépensé plus d’obstination et plus d’énergie qu’il n’en faut pour faire son salut.
Properce, et des modernes, tels que Ronsard, Chénier et Parny, c’est qu’il a surtout exprimé ce qu’il y a de tristesse dans l’amour, le Surgit amari aliquid du vieux
Nous nous croyons obligés de faire deux ou trois parts dans des vies scientifiques comme celles de Descartes et de Leibniz ou même de Newton (bien que chez celui-ci la part de philosophie pure soit déjà beaucoup plus faible), et pourtant ces vies ont été parfaitement unes, et le mot par lequel s’est exprimée leur unité a été celui de philosophie.
Les Lecteurs éclairés nous les pardonneront d’autant plus aisément, qu’ils doivent sentir par eux-mêmes, que lorsqu’il s’agit de venger la Religion, les Mœurs & le Goût, contre les erreurs de plusieurs Ecrivains accrédités, on ne sauroit s’exprimer avec trop de force.
Chacun d’eux a exprimé et a fécondé la pensée publique dans son pays et dans son temps.
Une société de précieuses établie à Paris, y avoit mis en mode un jargon ridicule analogue à leur caractère, une façon romanesque de s’exprimer, une affeterie continuelle, un ton hors de nature, & qu’elles appelloient celui de la bonne compagnie.
Cependant il y en a quelques-unes ou elle me semble manquer de réserve et de modestie ; je ne voudrais pas décider si elle a tort de penser et de sentir avec autant de chaleur, mais il est contre la décence qu’elle se permette de l’exprimer.
J’ai en commençant ce chapitre exprimé des doutes sur les chances d’avenir qu’avait cette réimpression des œuvres complètes d’une femme qui a fait, par la force de sa coterie et le bavardage toujours prêt de sa plume, l’illusion du talent aux gens de son temps, aux éternels badauds qui sont le fond de tous les publics.
Évidemment il y avait un autre mot pour dire ce que l’auteur voulait exprimer.
Catalogués et numérotés par leur date d’admission à l’Académie française, tous ces esprits, qui, dans les lettres, expriment ce que Napoléon appelait de la chair à canon dans la guerre, et forment, pour ainsi parler, l’humus d’une littérature, comme la masse des soldats tués forme celui des champs de bataille, tous ces esprits n’auraient pas l’honneur de la place qu’ils occupent au petit soleil du livre de Livet s’il s’agissait individuellement d’eux, au lieu du corps dont ils ont fait partie.
L’ensemble, dans le livre de Paul de Saint-Victor, ce n’est pas seulement le Théâtre grec, c’est tout l’Art dramatique, si heureusement exprimé par ce titre charmant : Les Deux Masques, puisque l’Art dramatique en a deux !
Ainsi encore, à un autre endroit de son livre, l’auteur du Tableau nous dit que la forte poésie « exprime l’idéal d’une société », et quoiqu’on s’étonne de trouver ces vagues formules — la fumée de cigare du dix-neuvième siècle — sous la plume incisive de M.
Une des raisons de cela a été déjà exprimée.
Eh bien, ce qui nous a frappé tout d’abord en lisant cette histoire, ce n’est pas d’y trouver Ranke tel qu’il fut toujours dans ses écrits et n’a jamais cessé d’être (nous ne sommes pas si inconséquent aux idées que nous exprimions, il n’y a qu’un instant, sur la personnalité forcée et nécessaire de l’Histoire), mais c’est, au contraire, de ne pas assez l’y retrouver.
On n’aime pas que quelqu’un y parle très haut, et on s’y met du coton dans les oreilles contre la vérité âprement exprimée.
Les idées qu’il exprime, ces verba novissima du dernier peut-être des royalistes purs, — si vraies qu’elles soient et en raison même de leur vérité, — ne sont pas capables d’arrêter le torrent des idées contraires qui emportent le monde vers d’autres ruines, lesquelles, certainement, nous vengeront de celles-ci !
Talent insincère et même nul, c’est du moins un esprit auquel le Christianisme, qui fait marcher droit les boiteux et voir les aveugles, comme son divin Maître, est venu en aide, comme il y vient toujours, par la douleur et l’épreuve de la vie, tandis que Foscolo, inaccessible au Christianisme, ne se redressa jamais, bronze mal venu, tordu à faux, et qui grimace une énergie convulsive au lieu de pleinement l’exprimer.