Pour être sensiblement plus dolichocéphale, l’Angleterre possède-t-elle rien, dans ses institutions, qui trahisse qu’elle répugne, plus que la France ou l’Amérique, à l’esprit que nous avons défini ? […] Dira-t-on qu’il est indifférent que Rousseau ait vécu dans la société de notre xviiie siècle, et que, né en Inde au même moment, ou en France sous les Mérovingiens, les mêmes idées lui seraient venues ?
On a vu dans toutes les républiques l’honneur des éloges réservé pour les morts, dans les monarchies cet honneur prodigué aux vivants ; le délire de la louange à Rome, sous Auguste et sous Constantin ; à Byzance, sous une foule d’empereurs oubliés ; en France, sous Richelieu et sous Louis XIV. […] Le général qui sauva la France, à Denain, déposé depuis près de quarante années dans un pays étranger, attend encore qu’on transporte ses dépouilles et ses restes dans le pays qu’il a sauvé.
C’est là que j’appris la triste nouvelle de la capitulation de Paris et de la chute de Napoléon, qui me semblait entraîner celle de la France entière.
L'exemple de l’Angleterre, qui fut bien plus longue à affermir et surtout à ennoblir son gouvernement représentatif au commencement du dernier siècle, est propre à inspirer de la patience ; on en est en France au Robert Walpole : qui sait ?
Saint-Marc Girardin, vers la fin de son discours, avait assez délicatement touché cette situation en disant : « Et pardonnez-moi, messieurs, si le souvenir de nos jeunes princes50me ramène naturellement vers ces écoles d’où ils sont sortis, vers ces lieux où j’ai mes plus doux devoirs, où il m’est donné de vivre avec les jeunes gens, et d’observer l’avenir de la patrie à travers le leur ; là aussi je vois la jeunesse toujours favorable aux bons sentiments et aux nobles pensées, toujours aisément émue quand on lui parle des saintes obligations de la famille ou de la gloire de la France ; bienveillante, j’ai droit de le croire, pour ceux qui l’instruisent, pour ceux même qui l’avertissent.
De telles citations ne tariraient pas ; c’en est assez pour montrer comment l’auteur traite le roman historique ; car il paraîtrait qu’il a eu la prétention d’en faire un, et de préluder ainsi à l’histoire, dont l’étude, nous dit-on, l’occupera désormais tout entier, mais on ne dit pas s’il écrira l’histoire de France.
En France, on n’arrive au beau qu’avec des lignes terminées.
A-t-on consulté la France ?
Quelques écrivains ont fait honneur à l’influence d’Anne d’Autriche et à l’esprit espagnol apporté par elle en France, du premier essor de Corneille.
A peine cet Ecrivain a-t-il été hors de France, que, profitant de la liberté des presses étrangeres, il a écrit contre ses ennemis, & les a peints sous les couleurs les plus vraies.
En France même, tous les historiens et tous les critiques des sciences religieuses l’ont généralement adoptée.
On appela d’abord Moralités les premières comédies saintes qui furent jouées en France dans le quinzième et le seizième siècles.
On oppose toujours Milton, avec ses défauts, à Homère avec ses beautés : mais supposons que le chantre d’Éden fût né en France, sous le siècle de Louis XIV, et qu’à la grandeur naturelle de son génie il eût joint le goût de Racine et de Boileau ; nous demandons quel fût devenu alors le Paradis perdu, et si le merveilleux de ce poème n’eut pas égalé celui de l’Iliade et de l’Odyssée ?
… Où qu’on prît ces héroïnes, qui ne forment pas un bataillon, mais toute une armée dans l’histoire ; qu’on les prît sur notre terre de France, que ce fût sainte Radegonde, sainte Geneviève, sainte Clotilde, et tous ces cœurs vaillants de la vaillance de Dieu jusqu’à Jeanne d’Arc et depuis elle, n’importe où l’historien allât les choisir, elles étaient dignes de s’aligner en face des plus grandes (s’il y en avait) de la Révolution française, et de faire baisser les yeux à leurs portraits, plier le genou à leurs cadavres.
Les Leconte de Lisle et les Baudelaire sont moins à craindre que les… et les… dans ce doux pays de France où le superficiel est une qualité, et où le banal, le facile et le niais sont toujours applaudis, adoptés, adorés. […] William Reymond, ancien bibliothécaire de l’Académie de Lausanne, ayant publié à Berlin en 1864, sous le titre de Corneille, Shakspeare et Gœthe, une Étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle, voulut bien me demander de lui écrire une Lettre qu’il put joindre à son livre en manière de Préface. […] Né dans la zone méridionale de la France, il savait d’instinct les langues et les poésies du midi.
La Révolution, tout imparfaite qu’elle soit, a changé la face de la France, elle y développe un caractère, et nous n’en avions pas ; elle y laisse à la vérité un libre cours dont ses adorateurs peuvent profiter. » Les rapides conquêtes de 89, on le voit, étaient loin de lui suffire ; sa méfiance, son aversion contre les personnages dirigeants de cette première époque, ne tardent pas à éclater. […] On conçoit, on pressent cette fâcheuse destinée de Lanthenas, dès qu’on le voit adresser à Brissot des articles aussi niaisement intitulés que celui-ci : Quand le peuple est mûr pour la liberté, une nation est toujours cligne d’être libre, ou bien lorsqu’il propose à Bancal de faire quelque grande confédération pour travailler dans quelques années, en même temps en Angleterre et en France, à nous débarrasser absolument des prêtres. […] La teinte philosophique et raisonnable qu’elle revêt, qu’elle affecte un peu, la rend même plutôt antipathique et injuste pour les beaux esprits et les littérateurs en vogue, si chers à Mlle Necker : c’est le contraire de l’engouement ; elle ne perd aucun de leurs ridicules, elle trouve la mine de d’Alembert chétive, le débit de l’abbé Delille maussade ; Ducis et Thomas lui paraissent se prôner l’un l’autre, comme les deux ânes de la fable, et elle verrait volontiers un homme de lettres médiocre en celui dont Mme de Staël a dit si parfaitement : « Garat, alors ministre de la justice, et, dans des temps plus heureux pour lui, l’un des meilleurs écrivains de la France. » Qu’on n’aille pas faire de Mme Roland toutefois un pur philosophe stoïque, un citoyen rigide comme son mari, en un mot autre chose qu’une femme.
Maury, et je ne savais pour quel motif, trois noms propres accompagnés chacun d’un nom d’une ville de France. […] À la feuille des annonces, je vois l’indication d’un dépôt d’eaux minérales, avec les noms des pharmaciens qui les vendaient dans les principales villes de France. […] « Un homme, dit Abercrombie, né en France, avait passé la plus grande partie de sa vie en Angleterre, et, depuis plusieurs années, avait perdu entièrement l’habitude de parler français.
VI « Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un terme à l’exploitation injuste du faible par le fort, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant les bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit ; en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France. […] La détresse du peuple, les travailleurs sans pain, le dernier des Condés disparu dans les ténèbres, Bruxelles chassant les Nassau comme Paris les Bourbons, la Belgique s’offrant à un prince français et donnée à un prince anglais, la haine russe de Nicolas, derrière nous deux démons du midi, Ferdinand en Espagne, Miguel en Portugal, la terre tremblant en Italie, Metternich étendant la main sur Bologne, la France brusquant l’Autriche à Ancône, au nord on ne sait quel sinistre bruit de marteau reclouant la Pologne dans son cercueil, dans toute l’Europe des regards irrités guettant la France ; l’Angleterre, alliée suspecte, prête à pousser ce qui pencherait et à se jeter sur ce qui tomberait ; la pairie s’abritant derrière Beccaria pour refuser quatre têtes à la loi, les fleurs de lis raturées sur la voiture du roi, la croix arrachée de Notre-Dame, la Fayette amoindri, Laffitte ruiné, Benjamin Constant mort dans l’indigence, Casimir Périer mort dans l’épuisement du pouvoir ; la maladie politique et la maladie sociale se déclarant à la fois dans les deux capitales du royaume, l’une la ville de la pensée, l’autre la ville du travail ; à Paris la guerre civile, à Lyon la guerre servile ; dans les deux cités la même lueur de fournaise ; une pourpre de cratère au front du peuple ; le midi fanatisé, l’ouest troublé, la duchesse de Berry dans la Vendée, les complots, les conspirations, les soulèvements, le choléra, ajoutaient à la sombre rumeur des idées le sombre tumulte des événements. » VIII Tout cela mène à ce que l’auteur nomme l’Épopée de la rue Saint-Denis, c’est-à-dire aux barricades.
On commença par toute la France, dit un des biographes de Rabelais47, à chercher le sens caché de ces livres de « haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre », que Rabelais compare à de petites boîtes « peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles, et renfermant les fines drogues, pierreries et autres choses précieuses. » Ce fut à qui romprait « l’os rnedullaire », pour y trouver « doctrine absconse, laquelle », disait Rabelais, « vous revelera de très-hauts sacrements et mystères horrifiques, tant en ce qui concerne nostre religion qu’aussi l’estat politique et vie oeconomique48. » Cette recherche mécontenta les catholiques ; Rabelais ne leur avait rien épargné de ce qui pouvait se dire, jusques au feu exclusivement ; elle désappointa les partisans des idées nouvelles, que Rabelais n’attaquait pas, mais qu’il défendait encore moins. […] L’athéisme, en France, n’a pas d’homme de génie dans sa tradition. […] Si je la regarde ensuite, soit dans les caractères que Rabelais a créés, soit dans tout ce qu’il conservé et perfectionne de ce don charmant du récit, aussi antique que notre France, je ne la trouve pas moins admirable.
Je ne parle point ici de ces œuvres où la plus solide érudition s’unit à une critique fine ou élevée, comme les derniers volumes de l’Histoire littéraire de la France, comme l’Essai sur le bouddhisme de M. […] Foucaux, essaie depuis quelques années de fonder en France des études tibétaines. […] Le supernaturalisme ne tient en France que parce qu’on n’y est pas philologue.
Elle manigançait de petites complications contre le grand homme qui était la tête de la France. […] Mais, lorsque Louis XIII eut cessé d’exister, Anne d’Autriche, sous l’influence de Mazarin qui continuait la politique du grand Cardinal son maître, changea tout à coup de visée, comprit la France et brisa avec ses amis, qui n’étaient pas ceux de la patrie. […] C’est vous qui m’avez appris à fuir les sentiers de la foule et, au lieu d’élever ma fortune, à tâcher d’élever mon cœur. » Il a été ministre, pair de France, professeur, à quoi a-t-il donc renoncé ?
Il a réussi, non pas personnellement, mais littérairement, par le joli, qui est bien en France la plus sûre manière de réussir. […] Vous comprenez bien que je ne voudrais pas me réempétrer dans toutes ces affreuses bouillies allemandes dont je suis sorti, — et la France avec moi, — la France, qui a pétillé deux jours pour ces impiétés savamment sottes, mais qui a fini par les trouver ce qu’elles sont : impuissantes et ennuyeuses.
C’est la vérité — la navrante vérité pour ceux qui aiment le mouvement, la verve, l’originalité et la vie, — qu’il y a en France un pareil monde, et que c’est le monde ! […] Les imaginations qui lisent Octave Feuillet et qui sont plus fortes que la sienne — et elles ne sont pas rares, ces imaginations, — peuvent rêver sur ses livres et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas, en appuyant sur ce qui est inappuyé dans ces compositions, à moitié ou au quart venues, où l’auteur semble avoir eu pour visée, quoiqu’il n’ait probablement jamais pensé à cette précaution inutile, d’éviter cette chose qui dérange tant en France : l’abominable inconvénient d’une forte individualité ! […] — et, en effet, il faut être juste, ils ont mal mené, en conduisant la France, les gentilshommes.
Nous ne connaissons rien en France qui rappelle une cour, même de loin. […] Ne vous fiez pas davantage aux souvenirs d’une villégiature de quelques semaines dans un coin de France ou de Navarre. […] Ce qu’elle exprime le mieux, dans ses formules concises, c’est la tradition, l’âme sensée, forte et passablement satirique de la vieille France.
On ne m’accusera pas de dénigrer Napoléon, par exemple, juste orgueil de notre siècle, mais j’affirme que le code qui porte son nom et qui l’a grandi fût resté lettre morte si Bonaparte n’eût été que son inventeur, et si toutes les provinces de la France ne l’avaient pas fait par leurs désirs, leurs besoins, pièce à pièce avant lui. […] … Vous êtes peut-être venu en France avec lui ? […] Bentzon vient de donner des Récits galiciens, chez Calmann-Lévy, ne contribuera pas pour peu à faire connaître en France un romancier de premier ordre. […] Cet ouvrage a pour auteur Ivan Gontcharoff, un écrivain de premier ordre, — presque inconnu en France, et qui a obtenu à Saint-Pétersbourg des succès retentissants. […] On savait cela autour de lui, et la consigne était de tenir à distance les tristesses, les grands désespoirs qui, d’un bout de la France à l’autre, s’adresseraient à Mora comme à un de ces refuges allumés dans la nuit des bois, où tous les errants vont frapper.
On pourrait dire aussi que Soumet récite à l’un de ses amis quelques vers de sa Clytemnestre, de sa voix la plus flûtée, et ajoute : « En voilà, mon cher, et du meilleur, on vous en fera ainsi tant que vous en voudrez. » Le succès de Lucrèce, si légitime qu’il soit, me suggère ces deux pensées, ces deux petits axiomes critiques : 1° En France, pour réussir en matière littéraire, il ne faut rien de trop, mais toujours et avant tout une certaine mesure.
Si quelque chose pouvait faire douter à jamais en France de la reprise possible de l’art dramatique, ce serait la passion croissante de ces représentations judiciaires : le théâtre n’a plus rien à faire, ce semble, qu’à leur ressembler : ce qu’il fait.
Et avec l’inconnu et l’inédit de ces documents authentiques et sincères, nous essayons aujourd’hui, dans ce livre, de faire connaître à la France son grand peintre de mœurs.
M. l’Abbé Goujet pensoit différemment : aussi il lui a fallu dix volumes pour l’histoire des Rimailleurs qui ont précédé l’aurore de la belle Poésie en France ; & pour s’être trop appesanti sur les mauvais Poëtes, il s’est vu obligé par le dégoût du public, à abandonner ce qu’il auroit pu écrire sur les bons.
Mais un tableau médiocre au milieu de tant de chefs-d’œuvre ne saurait nuire à la réputation d’un artiste, et la France peut se vanter de son Vernet à aussi juste titre que la Grece de son Apelle et de son Zeuxis, et que l’Italie de ses Raphaels, de ses Correges et de ses Carraches.
Comme il n’était pas un grand humaniste, il avait, pour en arriver sans grand effort à lire les auteurs des temps les plus reculés de la langue de France, adopté le procédé suivant.
La Flandre a Rubens, l’Italie a Raphaël et Véronèse ; la France a Lebrun, David et Delacroix. […] La France aime le mythe, la morale, le rébus ; ou, pour mieux dire, pays de raisonnement, elle aime l’effort de l’esprit. […] Telle est la France. […] la France n’est guère poëte non plus. […] ridiculiser la France.
Les décorations enrichies et devenues mobiles, les rôles de femmes joués non plus par de jeunes garçons, mais par des femmes, l’éclairage splendide et nouveau des bougies, les machines, la popularité récente des acteurs qui devenaient les héros de la mode, l’importance scandaleuse des actrices, qui devenaient les maîtresses des grands seigneurs et du roi, l’exemple de la cour et l’imitation de la France attiraient les spectateurs en foule. […] Ce ne sont là que des éclairs ; pour le reste, Otway est de son temps, terne et de couleur forcée, enfoncé comme les autres dans la lourde atmosphère voilée et grisâtre, demi-française et demi-anglaise, où les lustres éclatants importés de France s’éteignaient offusqués par le brouillard insulaire. […] On savait qu’il avait vendu les intérêts de l’Angleterre à la France ; on croyait qu’il voulait livrer aux papistes les consciences des protestants. […] And you know how it was cry’d up in France. […] I might find in France a living Horace and a Juvenal in the person of the admirable Boileau, whose numbers are excellent, whose expressions are noble, whose thoughts are just, whose language is pure, whose satire is pointed, and whose sense is close.
À la vérité, le public dont nous parlons n’est pas le seul qui existe en France, heureusement ; mais pourtant c’est le public apparent, le public fort, le peuple souverain. […] C’est M. le duc d’Hérouville, grand écuyer de France, représentant une des plus grandes familles du royaume, mais n’ayant guère de ressources pécuniaires. […] Alfred de Musset aux livres quelque peu sans façon de l’auteur des : Jeunes France, ce n’est pas rester sur le même terrain, ce n’est pas respirer la même atmosphère. […] Nous ne serons pas d’une pruderie farouche quant au sujet de ce livre, si nous nous permettons d’avancer que la bonne humeur de l’écrivain y dégénère trop souvent en imagination fort déréglée, et que, pour peu que l’esprit du lecteur ait de la délicatesse, il ne revient pas plus satisfait du contact de Mlle de Maupin que de la société de ces Jeunes France qui, suivant une expression pratiquée par leur auteur, n’ont pas de plus grande jouissance que de se griser abominablement . […] Il n’est question que de mettre en lumière le rude défi que l’écrivain vient de jeter à toutes les pruderies de France et de Germanie, sous la forme d’un très mince volume, d’une manière de pamphlet, intitulé modestement : Allemagne, conte d’hiver.
En un croquis parlé de peintre, il me silhouette un de Moltke, faisant la campagne de France en pantoufles. […] Lundi 6 mai Je pensais, pendant que tonnait le canon célébrant l’anniversaire de 1789, je pensais au bel article à faire sur la grandeur qu’aurait la France actuelle, — une France aux frontières du Rhin — s’il n’y avait eu ni la révolution de 89, ni les victoires de Napoléon Ier, ni la politique révolutionnaire de Napoléon III. […] mon Dieu, la France serait peut-être sous le règne d’un Bourbon imbécile, d’un descendant d’une vieille race monarchique complètement usée, mais ce gouvernement serait-il si différent de celui d’un Carnot, choisi de l’aveu de tous, pour le néant de sa personnalité. […] Au fond il y a eu une peinture primitive italienne et allemande ; ensuite la vraie peinture qui compte quatre noms : Rembrandt, Rubens, Velasquez, le Tintoret ; et à la suite de cette école de l’ingénuité et de cette école du grand et vrai faire, encore de jolies et spirituelles palettes en France, et surtout à Venise, et après plus rien que de pauvres recommenceurs, — sauf les paysagistes du milieu de ce siècle. […] Et joliment, Daudet s’étend sur ce paysan poétique, appartenant tout entier à ses bouts de champs, à son petit bien, à sa maison, à ses parents, à sa province, enfin à tout cela de rustique et d’ancienne France, dont il a tiré sa poésie.
Mais il fut défendu beaucoup plus énergiquement qu’en France. […] Elle a toujours voulu que son union avec la France fût une collaboration et une association libre. […] Maurice Albert une histoire de France par les théâtres ou, sans aller tout à fait aussi loin, une histoire de l’opinion politique en France par les théâtres du boulevard. […] Toute cette histoire de la France politique par le théâtre est tout ce qu’il y a de plus intéressant. […] Albert une histoire proprement littéraire, l’histoire des genres nouveaux que les théâtres du boulevard ont acclimatés en France.
Ce fut précisément l’heure que choisit Rivarol pour appliquer à l’analyse de la situation de la France la merveilleuse subtilité de son talent. […] Il comprit dès le début, suivant son expression, que « la France recommençait ». […] L’hérédité des dogmes et des fortunes tend à disparaître, et, si nous étudions la France actuelle, a disparu. […] Les romanciers l’ont senti aussi, et de là ce foisonnement d’œuvres de réalisme, — comme on dit assez peu philosophiquement en France. […] M. Anatole France, le plus exquis peut-être de ces parnassiens purs, sont arrivés plus tard.
Dimanche 13 mars Les bienfaits du régime actuel en France à l’heure présente : c’est d’être tantôt volé, tantôt assassiné, tantôt dynamité. […] » Dimanche 8 mai La toquade mystique, dont la France est atteinte, s’est révélée, cette année, jusque dans les coiffures de modèles et des maîtresses des peintres, apparaissant aux vernissages, avec des bandeaux botticelliens, et des têtes imitant les têtes des tableaux primitifs. […] Il dit que maintenant en France, une entame du patriotisme vient surtout du grand nombre de mariages contractés par des Français avec des étrangères — ce qui n’existait pas dans l’ancienne France — mariages qui donnent des enfants français, qui ne sont pas tout à fait français. […] Il aurait trouvé beaucoup de belles choses à Saint-Pétersbourg, où il a été ambassadeur pendant de longues années, avant d’être envoyé en France. […] Samedi 24 décembre Si, à la suite des révélations de toutes les canailleries parlementaires, il n’y a pas une révolution, une émeute, au moins un bouillonnement dans la rue, ça prouvera que la France est une nation qui n’a plus de fer dans le sang, une nation anémiée, bonne pour la mort par l’anarchie ou par la conquête étrangère.
Tandis qu’une moitié de la France se méfiait déjà et se voilait dans ses blessures, l’autre moitié était saisie d’une véritable ivresse ; et aujourd’hui, quand, après des années, on se raconte mutuellement ses impressions d’alors, il semble, à la contradiction des témoignages, qu’on n’ait vécu ni dans le même pays ni dans le même temps. […] Ballanche fit avec lui le voyage de la grande Chartreuse et des glaciers en 1804, et, au moment du départ pour Jérusalem, il l’alla rejoindre à Venise d’où il ramena en France madame de Chateaubriand. […] Cela tient à son mode de conception, d’intuition synthétique ; c’est toujours plus ou moins comme pour Hébal : « Et il n’avait pu raconter tout ce qu’il avait vu, et il n’avait pu dire tout ce qu’il avait senti ; car la parole successive est impuissante pour une telle instantanéité. — Et même il n’était pas certain de l’exactitude de son langage ; il avait passé trop brusquement de la région de l’esprit à la région de la forme. » Je lis dans l’excellente Histoire de la Philosophie en France au XIXe siècle, par M. […] Les vues très-avancées et d’une sagacité presque divinatoire que l’auteur exprimait sur l’avenir littéraire et poétique de la France, ses éloquents et ingénieux présages à ce sujet, un an avant l’apparition de M. de Lamartine, compliquaient encore la question de succès, en choquant des préjugés non moins irritables en tout temps que les passions politiques.
Ils se nommaient Cloridan et Médor ; dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, ils avaient aimé également leur prince Dardinel, et maintenant ils avaient passé la mer pour venir combattre en France avec lui. […] Quant aux éventualités que peut faire naître le départ de Rome du souverain-pontife et son arrivée en France, je puis d’autant moins vous en entretenir en ce moment, qu’avant de rien arrêter sur une matière aussi grave, nous aurions à prendre les ordres de l’Assemblée nationale. […] J’ajoute que cette brigade, placée dans un tout autre but, et depuis longtemps sous la direction du général Mollière, ne quitta pas la France, et que pas un soldat ne fut embarqué. […] Je suis affligé, Monsieur, d’avoir eu à rectifier quelque chose dans des lignes écrites par vous, qui êtes une des gloires de la France.
II Une guerre inattendue a éveillé en sursaut l’Europe ; une petite cour, qui a le courage de son ambition, a demandé le sang de la France au nom d’une cause plus sympathique que la convoitise d’une maison de Savoie. […] La clef de nos Alpes ne doit pas être dans les mains d’une monarchie militaire capable de les ouvrir ou de les fermer à son gré sur la France. […] La France, comme à l’ordinaire, n’entend plus rien que le bronze, quand ce bronze sonne de la gloire. […] Villemain, digne d’une telle œuvre, a traduit et publié en France ces fragments.
Je sais qu’à ce mot, un cri de scandale et de sacrilège va s’élever de toute la France ; mais, sans rien enlever à l’auteur du Misanthrope de ce que la perfection de son vers ajoute à l’originalité de son talent, et en le proclamant, comme tout le monde, l’incomparable et l’inimitable, mon enthousiasme pour le grand comique du siècle de Louis XIV ne me rendra jamais injuste ni ingrat envers un autre homme inférieur en diction, égal, si ce n’est supérieur, en conception, incomparable aussi en fécondité : Balzac ! Combien de fois, en le lisant et en déroulant avec lui les miraculeux et inépuisables méandres de son invention, ne me suis-je écrié tout bas : La France a deux Molières, le Molière en vers et le Molière en prose ! […] L’histoire de France est là tout entière. […] Cruchot ; il est veuf, il a des enfants, c’est vrai ; mais il est marquis, il sera pair de France, et, par le temps qui court, trouvez donc des mariages de cet acabit.
Depuis la découverte récente d’instruments de silex taillé dans les dépôts diluviens de la France et de l’Angleterre, on ne peut plus douter que l’Homme, dans un état de civilisation assez avancé pour lui permettre d’avoir des armes travaillées, n’existât déjà à une époque extrêmement reculée ; et nous savons qu’aujourd’hui il est à peine une tribu, si barbare qu’elle soit, qui n’ait domestiqué au moins le Chien. […] Lorsque nous nous rappelons que l’Angleterre possède à peine aujourd’hui un mammifère qui lui soit particulier, que la France en a peu qui soient distincts de ceux de l’Allemagne et réciproquement, qu’il en est de même de la Hongrie, de l’Espagne, etc. ; mais qu’en revanche chacun de ces États possède plusieurs races particulières de Bœufs, de Moutons, etc., il nous faut admettre que de nombreuses races domestiques se sont produites en Europe ; car, d’où pourrions-nous les croire descendues, puisque les diverses contrées qu’elle renferme ne possèdent pas un nombre égal d’espèces sauvages particulières qu’on puisse considérer comme leurs types originels ? […] Le Rieur, Laugher, est une variété distincte, d’origine orientale, probablement inconnue en France. […] En France, le nom de Biset sert à désigner non seulement l’espèce sauvage du C. livia, mais encore la variété domestique commune ou Pigeon de colombier (Dove-cot des Anglais).
Tout en admirant nos grands écrivains, il ne les imite donc pas le moins du monde : placé hors du cercle régulier et, pour ainsi dire, national, de leur influence, il ne trouve pas qu’il y ait révolte à ne pas les suivre, même dans les formes générales qu’ils ont établies et qui font loi en France ; il n’est pas né leur sujet. […] En France, au contraire, où il y a une Académie française et où surtout la nation est de sa nature assez académique, où le Suard, au moment où on le croit fini, recommence ; où il n’est pas d’homme comme il faut, dans son cercle, qui ne parle aussitôt de goût ; où il n’est pas de grisette qui, rendant son volume de roman au cabinet de lecture, ne dise pour premier mot : C’est bien écrit, on doit trouver qu’un tel style est une très grande nouveauté, et le succès qu’il a obtenu un événement : il a fallu bien des circonstances pour y préparer.
Amenée jeune en France par ses parents pendant les troubles civils de son pays, elle avait été élevée au monastère de Port-Royal et y avait toujours conservé des attaches. Revenue plus tard en France à titre de comtesse de Grammont, femme de la Cour des plus en vue, hautaine, brillante, galante même, mais respectée et considérée jusque dans ses dissipations, elle garda en vieillissant des restes de beauté, se fit agréer en tout temps de Louis XIV, et au point de donner par moments de l’ombrage à Mme de Maintenon.
La gloire de Bossuet est devenue l’une des religions de la France ; on la reconnaît, on la proclame, on s’honore soi-même en y apportant chaque jour un nouveau tribut, en lui trouvant de nouvelles raisons d’être et de s’accroître ; on ne la discute plus. […] La France, hélas !
Il les dictait toutes sèches, plus encore qu’on ne les trouve dans la Gazette de France. […] [NdA] Ils ne le disent, au reste, que d’après le Mercure de janvier 1688, lequel lui-même disait : « En France, on ne voit que des loups pour tous animaux féroces : il n’y en a plus guère présentement aux environs de Paris ; Monseigneur le Dauphin les en a purgés. » a.
Il a fait quelque part une très belle analyse des explications que demande et que donne l’empereur Alexandre, à M. de Caulaincourt au moment du refroidissement avec la France. […] C’est le prix du sang que j’ai versé en Italie… Oui, j’ai versé du sang, mais c’est le sang de mes ennemis, des ennemis de la France.
On était loin sans doute alors de ce grand moment de renaissance pittoresque et historique où Chateaubriand devait écrire ses admirables pages sur Rome et la campagne romaine : mais Poussin n’était-il pas là, qui à cette heure y traçait tant de graves et doux tableaux, ce même Poussin, parent en génie de Corneille, et qui, ayant reçu Le Typhon ou la gigantomachie, poème burlesque de Sçarron, écrivait : « J’ai reçu du maître de la poste de France un livre ridicule des facéties de M. […] Saint-Amant, en effet, avait une grande attache et un culte pour cette reine, Marie de Gonzague, née princesse de Nevers, et qui sur son trône agité et vacillant se ressouvint toujours avec affabilité de ses amis de France.
. — Les lettres de Mme de Créqui — Ses jugements sur les auteurs ; excès dans la justesse, — De l’atticisme en France et de ses variations depuis deux siècles, — De la bonne compagnie qui ne meurt pas. […] J’ai dit qu’en France, à en juger par l’histoire de notre société, les femmes d’un certain âge sont plus propres à ce genre de perfection que les hommes ou que les plus jeunes femmes : ces dernières en effet ont volontiers le travers d’épouser les modes jusque dans les choses de l’esprit, et de les porter d’abord à l’excès.
Une conversation qu’il eut, en 1632, avec l’abbé de Saint-Cyran, ce chrétien austère, ne contribua pas peu à le remettre à la raison : sous air de l’exhorter à aller en avant dans la carrière ecclésiastique, M. de Saint-Cyran lui fit une telle description du péril où se jettent ceux qui recherchent une si haute élévation sans connaître les perfections et les grands devoirs que Dieu leur impose, qu’il le consterna et le guérit, comme on guérit un malade avec une douche froide : « Au lieu d’accroître mon souci pour cela, il aida merveilleusement à me faire perdre le peu de désir qui m’en pouvait rester, dont je lui aurai une éternelle obligation. » Marolles se contenta désormais d’être le plus paisible et le plus oiseusement occupé des abbés de France, dont il sera le doyen un jour. […] Michel de Marolles est de ceux-là ; il échappe à l’oubli, et bien lui prend de pouvoir dire avec le plaisant et incomparable héros de Rabelais : « Je suis né et ai été nourri jeune au jardin de France, c’est Touraine. » — La gloire !
Ce qui lui valait cet honneur posthume d’être ainsi classé à l’improviste, à son rang d’étoile, parmi les poètes de la France, était une magnifique et singulière composition, Le Centaure, où toutes les puissances naturelles primitives étaient senties, exprimées, personnifiées énergiquement, avec goût toutefois, avec mesure, et où se déclarait du premier coup un maître, « l’André Chénier du panthéisme », comme un ami l’avait déjà surnommé. […] Et pourtant, ce même M. de Lamennais écrivait, quelques mois après, à l’une de ses pieuses amies en Italie : Vous allez entrer dans le printemps, plus hâtif qu’en France dans le pays que vous habitez ; j’espère qu’il aura sur votre santé une influence heureuse.
Un jour, M. de La Chétardie, envoyé de France, s’adresse à elle et la félicite d’une coiffure nouvelle dite à la Moïse. […] La première année de son mariage, elle n’avait lu que des romans, en effet, et de ceux qu’on ne lisait plus à cette date en France que dans les provinces, Tirant-le-Blanc en tête : Mme de Sévigné commença à l’en guérir ; Catherine dévora ses Lettres ; puis les œuvres de Voltaire lui tombèrent entre les mains, et dès lors elle mit plus de choix dans ses lectures, trop avide toutefois pour ne pas se jeter aux heures d’ennui sur tout ce qui était à sa portée, Brantôme et Péréfixe indifféremment, l’Histoire d’Allemagne du Père Barre et Platon, le Dictionnaire de Bayle quelle mit deux ans à lire (« Tous les six mois, dit-elle, je coulais à fond un tome »), que sais-je encore ?
., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau. […] Cet esprit supérieur, que la France n’apprécia pas assez de son vivant, que la jeunesse vers la fin insultait à plaisir, qui ne s’appliquait point en effet à plaire, et qui ne craignait point du tout de choquer ou même de braver son public et son temps ; espèce de Royer-Collard dans sa sphère, ennemi aussi de la démocratie dans l’art, mais non point respecté comme l’autre, et qui semblait même jouir de son impopularité, M.
Selon moi, il n’a pas tiré un parti assez sérieux de Linguet et de ses nombreux écrits ; Linguet le paradoxal, si éloquent lorsqu’il a raison ; celui de qui Voltaire écrivait dans une lettre à Condorcet (24 novembre 1774) : « Si ce Linguet a d’ailleurs de très-grands torts, il faut avouer aussi qu’il a fait quelques bons ouvrages et quelques belles actions » ; celui dont Mme Roland, qui l’avait vu à Londres en 1784, a parlé comme d’un homme « doux, spirituel, aimable », corrigeant dans sa personne et dans sa conversation ce que sa plume pouvait avoir d’âpre et d’amer, et en particulier (chose rare chez un exilé) ne s’exprimant sur la France et les Français qu’avec circonspection, réserve et modestie17. […] Léon Plée, et qui s’intitulait lui-même « le premier livrier de France », est un de ces excentriques qualifiés qui frisent le génie et qui le manquent.
Lieutenant général en 1731, gouverneur de Metz et des trois Évêchés, ambassadeur auprès de la Diète électorale en 1741, presque aussitôt maréchal de France, il unissait une double réputation diplomatique et militaire. […] Son cœur seul put être rapporté en France, Le major du régiment de Champagne, M. de Vignolles, appelé par le mourant, et qui avait reçu ses derniers soupirs, écrivait du camp près de Cologne, le 28 juin 1758 : « Nous venons de perdre le meilleur sujet du royaume et la plus belle âme ; il était doué de trop de vertus pour vivre dans un siècle aussi corrompu.
Cependant ce pays n’offre rien de bon en ce genre, tandis que la France peut se glorifier des plus grands et des plus beaux talents dans cette carrière. […] L’Europe, et en particulier la France, ont failli perdre tous les avantages du génie naturel par l’imitation des écrivains de l’Italie.
La France, en 1665, avait le droit de se donner en exemple au genre humain. […] C’est la première fois que la morale universelle s’exprime en France dans un langage définitif ; car, à l’époque où parurent les Maximes, on ne connaissait pas encore les Pensées de Pascal.
On s’est étonné des paradoxes et des excentricités de Baudelaire, C’est qu’on n’a pas réfléchi que cela provenait du besoin de réagir contre l’esprit de cant acclimaté en France à l’époque de la Restauration par les émigrés, retour de Londres. […] On a cherché, en France même, des ancêtres à Brummel.
Les papes avaient toujours eu l’adresse de leur susciter des embarras dans l’empire, et de leur opposer les rois de France : de sorte que les empereurs, ne venant à Rome que pour punir un pontife, ou imposer des tributs aux villes coupables, revolaient aussitôt en Allemagne pour apaiser les troubles ; et l’Italie leur échappait. […] * * * Du poëme de l’Enfer. — Au temps où Dante écrivait, la littérature se réduisait en France, comme en Espagne, aux petites poésies des Troubadours.
L’enfant royal, venu au monde sur un tombeau, ce précieux rejeton de tant de rois, que la France avait confié à votre tutelle, vous l’avez entouré de tous les soins qui font vivre un enfant, mais aussi de tous les exemples qui perdent un jeune homme. […] Ainsi, Chevert n’était pas maréchal de France (t.
L’idée qu’on se faisait de la Grèce, de cette littérature et de cette contrée célèbre, n’a pas toujours été la même en France, et elle a passé depuis trois siècles par bien des variations et des vicissitudes. […] On releva dans le discours de Barthélemy quelques néologismes : il disait en parlant des États généraux et des espérances, déjà troublées, qu’ils faisaient naître : « La France… voit ses représentants rangés autour de ce trône, d’où sont descendues des paroles de consolation qui n’étaient jamais tombées de si haut. » La singularité de cette phrase, selon la remarque de Grimm, fut fort applaudie : Barthélemy inaugurait à l’Académie le style parlementaire et ce qu’on a tant de fois répété des discours du trône.
On prononce sans cesse les noms de Kant et de Hegel ; mais qui donc sait, si ce n’est parmi les initiés, que la France a eu au commencement de notre siècle un penseur dont le nom doit être mis à côté de ceux-là, et qui depuis Malebranche est le plus grand et peut-être le seul métaphysicien que la France ait possédé ?
Cette mission temporaire ne devait durer qu’autant que se prolongeraient en France l’anarchie et l’usurpation. […] L’Angleterre, au reste, ne pouvait s’arroger les prérogatives de la France, car le signe de la domination ne lui avait pas été accordé ; je veux dire notre langue, qui est la langue européenne.
Seulement, en Angleterre, pays fortement hiérarchisé où l’orgueil supprime la vanité et où la supériorité n’est pas une insulte, tant l’orgueil doublant leur égoïsme fondamental rend les Anglais contents d’eux-mêmes, cela n’avait pas d’inconvénient et n’offensait personne, tandis qu’en France cela devait, en y pensant bien, blesser tout le monde. En France, la moins pardonnée des impertinences c’est de se permettre de ne pas emboîter le pas avec tous.
Cousin pour la France du dix-septième, Henri Beyle. […] Lorsque Bossuet eut quitté la chaire son illustre élève passa pour le plus grand orateur de France.
Parti d’abord pour le continent, avec un jeune lord dont il pouvait plus tard redevenir l’ami, mais ne voulait pas être le compagnon inégal, il avait vu la France et l’Italie en amateur passionné des lettres, écrivant la langue des Romains comme un érudit du seizième siècle et avec la pensée mélancolique d’un moderne. […] On sait que Gray, déjà classiquement érudit, et plein du spectacle et des souvenirs littéraires de la France et de l’Italie, avait passé six années dans la lecture assidue des écrivains grecs, projetant une édition critique de Platon, puis de Strabon, philologue, métaphysicien, historien, géographe, et alliant la patience continue des recherches aux rares saillies de l’enthousiasme.
Depuis plus de trente cinq ans, la France voit Homère dans Leconte de Lisle ; c’est un meilleur miroir que Bitaubé, mais tout de même, c’est un miroir. […] C’était à peu pris aussi raisonnable que d’entreprendre de versifier les plus beaux traits de l’histoire de France ou les paraboles de l’évangile selon saint Mathieu. […] On y verra en même temps et un signé du cosmopolitisme croissant des idées, et un signe de la persistante domination littéraire de la France. […] Surtout la France est, plus que jamais, la terre des poètes. […] Voir leMercure de France de février 1901 où il a été donné une petite étude sur le sujet.
Dans nos méditations même solitaires ne perdons jamais de vue l’état vrai de la nation et l’intérêt actuel de la France.
Il descend de cheval, et la prie d’amour, et la veut emmener en France, lui disant, pour la décider, qu’il est maire du palais du roi ; mais Berte, en cette crise, et ne sachant comment arrêter ce seigneur entreprenant, se déclare, se nomme.
On lit dans un manuel d’Histoire de France : «… Ici se place un incident sans importance réelle, mais qui fit grand bruit, si l’on en croit les contemporains.
Jusqu’alors la France n’avait jamais pleuré ainsi.
Ponsard fut proclamé le poète du bon sens parce qu’il était le poète de la vulgarité, ces deux choses qu’en France nous confondons toujours.
Deux littératures modernes, qui, à une certaine époque, avaient devancé la France, donnèrent l’impulsion à notre théâtre.
Plusieurs au bel esprit de Voiture ; D’autres à la cour de Marie de Médicis et à ses cercles, ou les pointes, les jeux de mots, les concetti, que sa cour apporta d’Italie, acquirent de la vogue ; D’autres à la cour d’Anne d’Autriche, belle-fille de Marie de Médicis, qui introduisit, dit-on, en France, l’esprit des romans espagnols.
Voltaire a fait des Tragédies, il est vrai ; mais sa touche est si foible auprès de celle de l’Auteur de Cinna, de Polieucte, de Rodogune, des Horaces, qu’il auroit dû se borner au genre de suffrages qu’il mérite, sans chercher à détruire une espece de culte dont la France & l’Europe Littéraire ne se départiront jamais en sa faveur.
On dit encore en Normandie, tuer le feu ; dans le centre de la France et au Canada, tuer la chandelle.
M. Anatole France a défendu le droit à la « faute d’orthographe » sous toutes ses formes et avec toutes ses fantaisies : c’est une question absolument différente.
Ni l’exaltation à propos de questions métaphysiques, ni le respect de la force ou du droit, n’ont dominé en France au point de garantir la religion, les rois et les juges.
Seulement, quelque idée qu’on s’en fasse, on n’aura une notion juste du mouvement de cet esprit qui, si nous ne nous trompons, a le signe des forts : l’abondance, qu’en lisant dans le livre même : La France devant Dieu, Le Souverain et les sujets, La Leçon d’anatomie, La Barricade, Le Théâtre, La Peste littéraire, Les Catastrophes, Le Journaliste, Le Doigt de Dieu dans les révolutions, La Graine du Comédien, L’Amour des bêtes, Comment on se marie, La Morgue, et tant d’autres morceaux dont les titres seuls attestent éloquemment la largeur de circonférence dans laquelle l’auteur de la Croisade étend les rayons de son observation poétique.
Parfois j’ai songé, — c’était ma réflexion à chaque tome qu’il publiait de ses Origines de la France contemporaine, — qu’une bonne explication de lui sur sa situation philosophique, confiée à quelque reporter intelligent, éclairerait le public qui se passionnait à le traiter tantôt d’infâme réactionnaire, tantôt d’athée sans principe.
À son retour du midi de la France, Poquelin se livra à l’étude du droit ; c’est du moins ce qu’attestent plusieurs écrivains. […] La chaleur de la saison et les fêtes du mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse, célébré à Fontarabie le 3 juin 1660, fêtes qui forcèrent toute la cour à se rendre dans le midi de la France, ne purent rien contre l’empressement du public. […] Il n’avait été nullement inquiété tant qu’à l’exemple de Mazarin il n’avait fait que puiser dans le trésor de la France ; sa perte fut jurée dès qu’on apprit, qu’il avait osé soupirer pour la maîtresse du monarque. […] Il fallait un Louis XIV pour que la France pût s’enorgueillir d’un Molière. […] Cet aimable héros de boudoir, forcé de sortir de France, avait emporté aux bords de la Tamise et ses goûts passagers et sa changeante humeur.
. — Son voyage en France et en Italie. — Son Épître à lord Halifax. — Ses Remarques sur l’Italie. — Son Dialogue sur les médailles. — Son poëme sur la Campagne de Blenheim. — Sa douceur et sa bonté. — Ses succès et son bonheur. […] Au sortir de l’Université, il voyagea longuement dans les deux pays les plus polis du monde, la France et l’Italie. […] Je ne sais pas, ou plutôt je sais très-bien, quel succès aurait en France une gazette de sermons. […] C’est en France que l’âge classique a rencontré sa perfection ; de sorte que, comparés à lui, ceux des autres pays manquent un peu de fini. […] Dans son voyage de France, il a préféré la sauvagerie de Fontainebleau à la correction de Versailles.
Lui qui dans sa vie avait tant accusé, tant condamné, il trouvait un juge à son tour, le premier magistrat de France ! […] Alexandre Dumas fils a dit qu’en se rendant prisonnier il crut sauver son armée et la France. […] La France passa condamnation. […] M. Anatole France, un écrivain délicat et consciencieux dont nous avons déjà eu l’occasion d’entretenir nos lecteurs. […] M. Anatole France.
En France, en Angleterre, en Allemagne, il existe une chaîne de réalistes, depuis qu’on fait des livres et des tableaux. […] Il se crée en France des habitudes de critique dont la routine facile et paresseuse a intérêt à résister à des tendances nouvelles. […] Dans notre beau pays de France, Cette liqueur débordera. […] Quand laissera-t-on cette poésie si contraire au sentiment franc, indépendant, intelligent de la France ? […] (Ceci est écrit en 1802 et en 1856 on en est au même point en France.)
Dédaignant en amour et mystère et dignité, ne cherchant ni ne fuyant le scandale, il devait se faire un système mitigé du temps ; amoureux avant tout de sensualités et de repos, une licence régularisée et organisée était son fait ; il le pressentit, et après quelques liaisons dans lesquelles ses goûts s’étaient essayés avec indécision et inconstance, il finit, sous les yeux d’une chaste épouse et d’un fils austère, à la face de la France et de l’Europe, par conclure un arrangement, c’est le mot, avec madame de Pompadour.
Est-il bien désintéressé de sa part de dire de mademoiselle de Necker, qu’elle apprit à parler vite et beaucoup, et que c’est ainsi qu’elle écrit ; qu’elle n’eut que peu d’instruction, qu’elle n’approndit rien, etc ; et n’eût-il pas été plus convenable et plus noble à elle de reconnaître naïvement une gloire rivale qui honore son sexe et la France ?
En France comme ailleurs, il semble que l’esprit humain subisse une éclipse.
[Le Pays de France (avril 1899).]
De 1870 à 1885, la France a subi un certain affaissement des caractères ; on s’est accordé à signaler chez elle, durant cette époque, une maladie des volontés, une certaine veulerie efféminée.
Il prononça l’Eloge de Quinault, après la réception du Docteur Franklin, dans une Société de Gens de Lettres, connue sous le nom de Loge des Neuf Sœurs, qui s’assemble tous les ans pour célébrer un des Grands Hommes qui ont honoré la France par leurs talens.
Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de conventions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, manquant « d’idées générales » vénèrent encore, et nul n’ignore qu’il y a une tendance chez ces grands penseurs, à voir, en cette heure, dans la religion de la Patrie, une chose presque aussi démodée que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie, une tendance à mettre l’Humanité au-dessus de la France : des idées qui ne sont pas encore les miennes, mais qui sont incontestablement dans l’ordre philosophique et humanitaire, des idées supérieures à mes idées bourgeoises.
N’approche-t-elle pas de la dragonade de France ?
Quelques contemporains d’un ministre des plus illustres que la France ait eu dans le dernier siecle disoient de lui quelque chose d’approchant.
Le peuple qui se donnoit la liberté qu’il prend encore en France et en Italie de faire repeter les endroits qui lui plaisent : le peuple, dis-je, à force de crier bis, le mot est latin, fit réciter si long-temps le pauvre Andronicus qu’il s’enroüât.
La Harpe fut un professeur qui, pour la première fois en France, fit entrer l’éloquence dans la critique.
Mais ces morts ne seront pas stériles. » Un de ces combattants écrit : « Nous devons conclure des immenses pertes que fait notre association, non à une désorganisation, mais à un avenir plus beau que son passé ; il rapportera beaucoup de fruits, le grain sélectionné qui est confié en telle abondance à la terre bénie de France. »
J’avais voulu prévenir la guerre, je croyais que la France liée à l’Angleterre la rendait impossible ; j’avais voulu, de plus, obtenir pour la Révolution française du mois de juillet 1830 le droit de bourgeoisie en Europe, et tranquilliser le monde sur l’esprit de propagandisme que l’on supposait à notre gouvernement. […] C’était un spectacle des plus singuliers, et quand je dis spectacle, je dis le vrai mot, car à l’instar des rois de France, M. de Talleyrand mourut, on peut le dire, en public. […] À quatre heures, la paix a été signée ; elle est très bonne, faite sur le pied de la plus grande égalité, et plutôt noble, quoique la France soit encore couverte d’étrangers. » Plutôt noble !
Dans la France, pour toi, que faut-il que j’espère ? […] pompe et magnificence Dignes de notre liberté, Dignes des vils tyrans qui dévorent la France, Dignes de l’atroce démence Du stupide David qu’autrefois j’ai chanté ! […] Puis on recueillerait les divers morceaux et les témoignages intéressants sur André, à commencer par les courtes, mais consacrantes paroles, dans lesquelles l’auteur du Génie du Christianisme l’a tout d’abord révélé à la France, comme dans l’auréole de l’échafaud.
C’était un homme d’un esprit très expert et d’un caractère très agréable, mais d’autant plus hostile à la France que, étant lui-même Français d’origine, il avait plus à cœur de paraître servir son souverain allemand par une opposition innée à tout ce qui pouvait rappeler la constitution semi-révolutionnaire dans le gouvernement de Louis XVIII. […] J’y pris possession d’un appartement que voulut bien m’offrir le ministre de France. […] LIII En ***, je passai l’été à Saltochio, délicieuse et pompeuse villa des environs de Lucques, qu’on avait louée à l’ambassadeur de France, à ***.
On le vit bien en France au xviiie siècle. […] C’est en France une grande époque pour les sciences physiques et mathématiques, pour les mathématiques surtout. […] Voir la Nouvelle Revue, numéros d’avril-mai, 1884 ; ou mes Études sur la France contemporaine, Paris, Savine, 1888.
On peut dire qu’aujourd’hui, comme au retour de l’Émigration, il y a une vieille et une nouvelle France. […] Les plans sont tracés, la concession est obtenue ; mais l’influence anglaise lui ayant fermé les maisons de banques espagnoles, il vient chercher en France le capital de son œuvre. […] Il menait le train du luxe aristocratique, il jouait, à son Cercle, avec des partenaires qui portent les plus beaux noms de la France ; il siégeait aux conseils des grandes administrations avec les chefs de l’industrie et de la finance.
Qui sait si un jour les démocraties qui viendront, n’auront pas l’idée d’élever aux gloires de la France, un Panthéon de souvenirs et de commémoration, accessible à l’intelligence des yeux de tous, et que les foules liront sans épeler, — un Versailles en cire ? […] * * * — Binding, le maître du Grand-Balcon, l’introducteur du bock en France, un de ces hommes si gros qu’il leur faut un cercueil sur commande. […] Le parti des universitaires, des académiques, des faiseurs d’éloges des morts, des critiques, des non producteurs d’idées, des non imaginatifs, choyé, festoyé, gobergé, pensionné, logé, chamarré, galonné, crachaté, et truffé et empiffré par le règne de Louis-Philippe, et toujours faisant leur chemin par l’éreintement des intelligences contemporaines, n’a donné, Dieu merci, à la France ni un homme, ni un livre, ni même un dévouement.
Il dit à peu près cela : « Il était trop bon et il n’avait pas le sens critique de l’humanité, ce qui le rendait parfois un mauvais juge des hommes, avec lesquels il était en rapport, mais quelquefois aussi, il voyait parfaitement juste… » Spuller s’arrête quelque temps et reprend : « Voyez-vous, il avait des conceptions, des conceptions comme celle-ci : un jour, parlant du couronnement de l’Empereur de Russie, il m’a dit, qu’en cette occasion, il fallait que la France affirmât à la face de l’Europe, fièrement, la République, et qu’il voulait envoyer à ce couronnement, comme représentant du pays, devinez qui ? […] » * * * — Tous des timides ou des lâches — même les gens d’église… est-ce que le président Grévy, le chef de ce gouvernement qui a déchristianisé la France, aurait dû trouver un prêtre pour baptiser sa petite-fille ? […] * * * — Dans un dîner chez Girardin, Gladstone laissait entendre, que le parti conservateur en France était le plus bête des partis conservateurs du monde entier.
M. Anatole France, si on n’apprend pas encore aux enfants à compter sur leurs doiktes, c’est que la science des instituteurs primaires est encore neutralisée par la délicieuse ignorance des mères et des nourrices. […] Dans le nord de la France, il n’y avait jadis qu’un mot pour dire orange et oranger, olive et olivier, et ce mot était celui qui est demeuré pour désigner le fruit. […] Les mots anglais ont ainsi acquis une très grande liberté d’allures, peut-être parce qu’ils ont été moins tyrannisés qu’en France.
Vers avril ou mai 1743, il va rejoindre, en qualité de secrétaire, M. de Montaigu, ambassadeur de France à Venise. […] La Nouvelle Héloïse, imprimée à Amsterdam, paraît en France au début de 1761 avec un succès prodigieux. […] Mais, prenant ses intérêts plus que lui-même, madame de Luxembourg et Malesherbes veulent que l’Émile soit publié régulièrement en France en même temps qu’en Hollande. […] De telles conditions y sont requises qu’il n’y aurait, dans tout le royaume de France, que quelques centaines d’enfants qui pussent recevoir une éducation de cette sorte. […] J’ai beaucoup d’amis parmi le clergé de France, et j’ai toujours très bien vécu avec eux.
IV 17 germinal an 12 (7 avril 1804) Tandis que le jeune Racine suivait le cours de ses prospérités, et marquait chaque année par un triomphe, le vieux Corneille luttait en vain contre l’âge et contre le goût du siècle : ce soleil, si brûlant à son midi, n’avait plus, vers le soir, qu’un reste d’éclat sans chaleur ; il pâlissait devant l’aurore d’un astre nouveau vers lequel se tournait alors presque toute la France. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait encore en France des têtes qui valent les meilleures de l’antiquité, des têtes en état de former les entreprises les plus hardies, les projets les plus vastes ; mais c’est en politique, et non pas en poésie. […] Nous savions, nous autres Français, qu’Iphigénie était citée après Athalie comme la production la plus parfaite de Racine ; nous savions qu’Iphigénie avait eu plus de succès que Phèdre dans la nouveauté, et qu’elle était encore suivie au théâtre avec un empressement plus vif ; mais le docteur Blair est apparemment plus instruit que toute la France du mérite et du sort de ces deux pièces. […] La France se glorifie d’Athalie, écrivait Voltaire au marquis de Maffei, en lui dédiant sa Mérope ; c’est le chef-d’œuvre de notre théâtre, c’est celui de la poésie. […] Voici le fait tel qu’il est rapporté par Voltaire : « On a imprimé, avec quelque fondement, que Racine avait imité dans Athalie plusieurs endroits de la tragédie de la Ligue, faite par le conseiller d’état Mathieu, historiographe de France sous Henri IV, écrivain qui ne faisait pas mal des vers pour son temps.
Mon devoir consciencieux est de lutter à mort contre les iniquités, les humiliations, les calomnies, les avanies de toute nature dont la France me déshonore et me travestit en retour de quelques erreurs peut-être, mais d’un dévouement, corps, âme et fortune, qui ne lui a pas manqué dans ses jours de crise, à elle. […] La France, qui te raille et qui t’outrage aujourd’hui, t’entendra peut-être demain. […] Quant à nous, si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique, ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner dans cet Entretien une si brève et si imparfaite analyse, et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe. […] Tu as grandi de trois coudées en un jour, tu as fleuri à vingt-cinq ans ; ton âme poétique parfume Avignon, Arles, Marseille, Toulon, Hyères et bientôt la France ; mais, plus heureux que l’arbre d’Hyères, le parfum de ton livre ne s’évaporera pas en mille ans.
Tout le monde pleurait du fond du cœur : ainsi la France perdait un homme de goût, un homme d’étude, un homme d’honneur, un homme religieux, et ceux qui chérissent la haute littérature, — moi, — j’avais perdu un ami ! […] XII Qui pouvait se douter que Jules Janin savait par cœur son Adolphe Dumas, et qu’il me ferait sangloter en me le racontant à moi-même, à moi qui venais, il y a si peu de jours, de passer trois heures avec ce Descartes exalté, avec ce mystique résigné, avec ce Tasse méconnu, avec ce sublime estropié de notre terre, avec ce Job sur son grabat de notre France, et que ce n’était pas sur lui, mais sur moi, qu’il rugissait contre le sort, et qu’il m’adressait des vers d’airain contre l’impitoyable légèreté de ceux qui rient de ce qui ferait pleurer les anges ? […] Il était né dans cette Provence, où semble s’être réfugiée aujourd’hui, dans un patois hellénique et latin, toute la poésie qui reste en France ; il était du village d’Eyragues, voisin, presque contemporain, ami et tuteur de ce Mistral qui nous apporta un beau poème, le seul poème pastoral qui ait été comparé à Homère depuis tant de siècles, le plus grand éloge qu’on ait jamais fait d’un poème depuis trois mille ans ! […] Que lui répondre, après cette grande abdication de la France ?
II La première fois que je le vis, c’était en 1833 ; j’avais presque toujours vécu hors de France ; et encore plus loin de ce monde (du demi-monde littéraire dont parle le grand fils du grand Alexandre Dumas). […] Rentré en France quelques années après, j’en jouissais par une vive et sincère amitié pour le mari et pour la femme. […] Le duc d’Orléans s’offre à ce régime, il est accepté avec enthousiasme ; dix-huit ans après il est congédié avec plus d’enthousiasme encore ; la république de nécessité sauve la France ; le gouvernement parlementaire se hâte de choisir parmi les candidats celui qui doit le renverser. La France redevint militaire et calme, sous un despotisme intelligent et modéré ; le gouvernement parlementaire recommence à poindre dans les coalitions d’opinions incompatibles.
The Philosophy of history in France and Germany, by Robert Flint ; Londres 1874. — II. […] Ce qui doit nous édifier, c’est cette teutomanie naïve qui prétend concentrer dans la seule Allemagne ce qui reste de vie au genre humain et raie sans façon la France et les races latines du livre de l’avenir. Notre Jouffroy, lui aussi, a risqué quelques conjectures sur les destinées futures de notre espèce ; mais, plus généreux, il consentait à laisser vivre l’Allemagne et l’Angleterre à côté de la France, comme organes essentiels et nécessaires de tout progrès ultérieur. […] Les victoires de Napoléon Ier ont-elles vraiment répandu d’autre principe que celui du droit du plus fort, et n’ont-elles pas en définitive été funestes pour l’Europe et surtout pour la France ?
Que s’est-il passé entre ces deux temps, sinon la publication du Manifeste de Breton, d’Une vague de rêves d’Aragon, la préparation du premier numéro de La Révolution Surréaliste et enfin la recherche d’une ligne d’entente avec le Parti communiste en raison de l’engagement de la France dans la guerre coloniale ? […] L’apologie d’un « Parti de l’intelligence », l’antiasiatisme de Massis, les menées de l’Action française, les frilosités de Gide et de Valéry, et l’engagement de la France dans la guerre du Maroc exigent de chacun une identification rigoureuse des valeurs en présence. […] Il fonda en 1920 une école du Savoir ou de Sagesse, ouverte aux sagesses orientales, aux théories jungiennes et aux échanges intellectuels avec la France. […] Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms.
., je, Jean Froissart, prêtre et chapelain de mon très cher seigneur susnommé, et pour lors trésorier et chanoine de Chimay et de Lille en Flandre, me suis de nouveau réveillé et entré dedans ma forge, pour ouvrer et forger en la haute et noble matière de laquelle dès longtemps je me suis occupé, laquelle traite et propose les faits et les événements des guerres de France et d’Angleterre, et de tous leurs conjoints et leurs adhérents… Or, considérez, entre vous qui me lisez, ou lirez, ou avez lu, ou entendrez lire, comment je puis avoir su ni rassemblé tant de faits desquels je traite avec tant de détail. […] Dans ce pays qui a conservé sans interruption le culte du gothique fleuri et de la noblesse chevaleresque, Froissart n’a pas cessé d’être apprécié, ou du moins il a de bonne heure retrouvé des lecteurs d’élite et des admirateurs, non pas seulement chez les savants et les érudits comme en France, mais chez les hommes de lettres et les curieux délicats.
Réaumur tenait en France le sceptre de l’histoire naturelle quand Buffon parut, et, pour le lui mieux enlever, celui-ci prit plaisir à le combattre, à le harceler même et à le diminuer peu à peu dans l’opinion. […] Dans un volume assez récemment publié de son estimable Histoire de France (le XVIIIe volume), M.
Il y a cinquante-deux ans que le dimanche 28 germinal an X (18 avril 1802), jour de Pâques, Le Moniteur publiait à la fois l’annonce de la ratification du traité de paix signé entre la France et l’Angleterre, la proclamation du Premier consul déclarant l’heureuse conclusion du Concordat devenu loi de l’État ; et, ce même jour où l’église de Notre-Dame se rouvrait à la solennité du culte par un Te Deum d’action de grâces, Le Moniteur insérait un article de Fontanes sur le Génie du christianisme qui venait de paraître et qui inaugurait sous de si brillants auspices la littérature du xixe siècle. […] [NdA] On me dit que Mme la comtesse de Fontanes, qui depuis plusieurs années vit hors de France, a réclamé dans un journal contre la publication de la lettre si honorable pour son père et, je dirai, si utile à la mémoire de M. de Chateaubriand.
Ampère, dans ses leçons du Collège de France, voulant caractériser ces trois grands moments de l’éloquence de la chaire parmi nous, le moment de la création et de l’installation puissante par Bossuet, le moment du plein développement avec Bourdaloue, et enfin l’époque de l’épanouissement extrême et de la fertilité d’automne sous Massillon, y rattachait les antiques noms devenus symboles qui consacrent les trois grands moments de la scène tragique en Grèce. […] Bossuet mettait sans doute sa certitude avant tout dans le ciel ; mais, orateur, il redoublait d’autorité et de force calme en sentant que sous lui, et au moment où il la pressait du pied, la terre de France ne tremblait plus.
Je laisse de côté Marat, cet atroce et forcené calomniateur : mais Camille Desmoulins dans son journal (Révolutions de France et de Brabant) ne fait autre chose que travailler à détruire Bailly en le raillant sur sa livrée, sur ses meubles, en l’accusant de faste révoltant, que dis-je ? […] [NdA] Révolutions de France et de Brabant, nº 53, 29 novembre 1790, et aussi le nº 6, 2 janvier 1790.
Il y saluait, en terminant, une nouvelle aurore, celle que les États généraux allaient ouvrir pour la France. […] [NdA] Au tome VI, p. 51, des Révolutions de France et de Brabant, Camille Desmoulins disait, entre autres aménités : « Le confident de M.
Il ne demeura point en Portugal, et s’inquiéta peu de garder ses pensions en France. […] Quand le roi Jacques II réfugié en France et Louis XIV qui lui donne l’hospitalité s’enferment dans le cabinet à Versailles ou se parlent bas dans l’embrasure d’une croisée, on sait par Dangeau qu’ils ont conféré et parlé bas, mais il se garde bien de vouloir deviner ce qui s’est dit.
Charron, prêtre séculier, docteur en théologie, venu de la ville de Bordeaux, « qui faisait des sermons pleins de grant doctrine et duquel les doctes disaient ledict sieur Charron être le plus grant prédicateur de France. » Et quelques pages après (p. 241) : « À Angers comme à Paris, dit M. […] Dans tous leurs sermons, on les entendait parler contre les huguenots, et reprendre ceux qui les maintenaient et supportaient : Que c’étaient faux catholiques, et qu’il ne fallait obéir à un roi hérétique et qui était chef des huguenots, qui serait cause de la perdition de la religion catholique, apostolique et romaine au royaume de France, et que les huguenots abattraient toutes les églises.
La différence est à la vue comme dans les noms. » Laissons les environs de Paris, et ne prenons que les autres lieux de la « douce France », comme disait Henri. […] La rupture de Henri III avec la Ligue l’avertit que l’heure est venue où la France elle-même a besoin de lui et l’appelle à son secours.
Parlant d’une beauté qui, dans l’habitude de la vie, avait « un certain air d’indolence et de nonchalance aristocratique, qu’on aurait pris quelquefois pour de l’ennui, quelquefois pour du dédain », M. de La Rochefoucauld n’aurait jamais ajouté, en se dessinant, et en se caressant le menton : « Je n’ai connu cet air-là qu’à une seule personne en France… » Comme si celui qui écrit cela avait connu vraiment toute la fleur des beautés de la France.
Les anciennes hymnes, les proses du Moyen Âge, dont toutes d’ailleurs n’avaient pas la beauté religieuse, la gravité ou l’onction des principales que nous connaissons, étaient jugées sévèrement par les délicats, et il parut aux hommes les plus considérables du clergé de France que c’était faire acte de convenance et de bonne liturgie que d’en remplacer quelques-unes par des strophes d’un rythme et d’une latinité plus d’accord avec les règles de l’ancienne poésie classique. […] Un homme d’esprit plus impartial que Despréaux, et qui y apportait moins de vivacité de goût, le docte Huet, a jugé Santeul avec beaucoup de vérité quand il a dit : Si l’on avait dressé à cette date (vers 1660) une pléiade des poètes, comme autrefois en Égypte du temps de Ptolémée Philadelphe, ou comme au siècle passé en France, on y aurait certainement donné place à Pierre Petit, médecin, à Charles du Périer et à Jean-Baptiste Santeul, de la congrégation de Saint-Victor à Paris.
Arnauld est mort chef d’un parti déclaré contre l’Église, étant lui-même ecclésiastique et d’un ordre dont la doctrine a toujours été sans reproche, eût voulu louer et préconiser un hérésiarque, reconnu par l’Église et la France pour tel, et que si le roi savait cela, etc… Santeul effrayé, et qui avait une pension du roi de huit cents livres, s’excusa en paroles, désavoua les vers comme il put ; mais Jouvency voulait une rétractation non pas seulement verbale, mais écrite. […] Arnauld eût triomphé des jésuites, ni en général de ceux qui l’avaient fait sortir de France, mais bien de Claude et Jurieu et des protestants ; cela n’avait pas été saisi par le traducteur en vers français, et le scandale venait de cette traduction vraiment séditieuse. « Veri defensor » ne se rapportait également qu’à l’ouvrage d’Arnauld De la perpétuité de la foi ; « arbiter aequi » n’était qu’un pléonasme poétique dont il ne fallait pas trop demander compte.
Un duel de quatre contre quatre auquel, dit-on, il assista et où il y eut mort d’homme, le força de quitter la France et de se réfugier en Savoie. […] Sénecé a dit quelque part un mot précieux ; c’est dans une anecdote sur Racine ; donnons-la : Racine, dit-il, ayant fait une fortune considérable à la Cour pour un homme de lettres, prétendit usurper une espèce de tyrannie sur les autres gens de son caractère, et, regardant le bel esprit comme son patrimoine, s’établit autant qu’il put dans la possession de persuader à toute la France que l’on ne pouvait en avoir sans sa permission, qu’il n’accordait, à personne.
Pendant plusieurs mois, après la chute du trône, il paya honorablement sa dette à l’exil, et, rentré en France, il reprit bientôt ses fonctions régulières dans l’Université, dès le mois de mai 1849. […] Combien de fois, dans des temps déjà bien anciens, n’ai-je pas vu le Journal des Débats, quand il était à sec, se défrayer aux dépens de la Gazette de France et de son fameux système du suffrage universel !
M. de Tocqueville, s’il m’en souvient, commença son discours de réception par ces mots : « Messieurs, tout est nouveau en France, excepté l’Académie. […] Les Débats, l’Angleterre et la France, c’est beaucoup.
Or, elle l’a dit, on ne cause véritablement qu’en France et en français : « la conversation, comme talent, n’existe qu’en France. » En Angleterre on ignore cette nuance particulière et si charmante de faire sentir l’éloquence dans la conversation ; si l’on a l’instinct et si l’on se donne la peine d’être éloquent, on l’est pour les Chambres et pour la vie publique ; on passe outre au salon, on ne s’amuse pas à ce prélude devant les dames.
Par malheur, pour l’art sérieux, il n’en est pas ainsi ; et, si le poëme épique du moyen âge, en France, n’a pas abouti, ne s’est pas réalisé en un chef-d’œuvre, il est bien plus vrai encore de dire que le Mystère, le drame religieux et sacré, ne s’est finalement résumé et épanoui chez nous dans aucune œuvre vraiment belle et digne de mémoire. […] Paris, faites au Collège de France sur les Mystères, ont été recueillies dans le Journal général de l’Instruction publique, 30 mai et 13 juin 1855 ; elles résument la doctrine de M.
Le 8 juin 1762, il y a cent et un ans, Jean-Jacques Rousseau, qui vivait à Montmorency sous la protection du prince de Conti et du maréchal de Luxembourg, fut averti qu’il était menacé d’un décret du Parlement pour la publication de l’Émile et la Profession de foi du Vicaire savoyard qui s’y trouvait ; il dut s’enfuir de son asile au milieu de la nuit, et quitter incontinent la France. […] Il faut bien savoir que, chez nous, en France, avant cette présente discussion que vient d’ouvrir et d’instituer l’ouvrage de M.
Les grands Écrivains de la France, nouvelles éditions publiées sous la direction de M. […] Sous ce rapport, peut-être, la France doit à Corneille une partie de ses belles actions.
Un célèbre poëte de nos jours, qu’on a souvent comparé à La Fontaine pour sa bonhomie aiguisée de malice, et qui a, comme lui, la gloire d’être créateur inimitable dans un genre qu’on croyait usé, le même poëte populaire qui, dans ce moment d’émotion politique, est rendu, après une trop longue captivité, a ses amis et à la France, Béranger, n’a commencé aussi que vers quarante ans à concevoir et à composer ses immortelles chansons. […] Il attribue la décadence de l’ode en France à une cause qu’on n’imaginerait jamais : … l’ode, qui baisse un peu, Veut de la patience, et nos gens ont du feu.
Elle eut une correspondance suivie avec Galiani quand celui-ci eut, quitté la France. […] Il vit quelque temps à Hambourg, rentre en France en 1796, et meurt en 1799.
À chaque chapitre, il dresse de pénibles échafaudages psychologiques pour laisser tomber au milieu, en guise de monument neuf, quelque grain de sable mille fois roulé par la banalité de la vague, telle cette pensée si difficile à conquérir : Quand un passant se retourne pour regarder une femme, « elle est toujours flattée de cet effet, le passant fût-il bossu, bancroche ou manchot, et quand bien même elle porterait comme Madame de Candale, un des grands noms historiques de France ! […] L’éducation nous a presque tous imbus en France d’esprit catholique.
Les événements politiques qui remplissaient alors la France de joie et d’enthousiasme avaient jeté beaucoup de sombre sur la petite société d’Auteuil, qui représentait les hommes de la veille, les républicains probes et mécontents. […] On aurait ainsi une histoire à peu près complète de la médecine et de la chirurgie en France pendant la seconde moitié du dernier siècle.
Après sa sortie de France et ses voyages à l’étranger, Mme de Genlis, rentrée à l’époque du Consulat, publia, de 1802 à 1813, quelques ouvrages qui tiennent à sa veine sentimentale et romanesque plus qu’à sa veine pédagogique, et dont quelques-uns ont obtenu un vrai succès : les Souvenirs de Félicie, première esquisse agréable, qu’elle a délayée depuis dans ses intarissables Mémoires ; une nouvelle qui passe pour son chef-d’œuvre, Mademoiselle de Clermont, et quelques romans historiques, La Duchesse de La Vallière, Madame de Maintenon, Mademoiselle de La Fayette : ce fut son meilleur moment. […] Mme de Genlis tout à fait vieille, et telle qu’elle parut dans la société depuis sa rentrée en France, déployait de l’agrément et de l’amabilité, mais dans un cercle restreint.
Louis XIV, en coupant court à ce qui nous semble aujourd’hui des chimères et à ce qui n’était pas tout à fait invraisemblable alors, faisait l’œuvre de la monarchie et en même temps de la France. […] L’arrestation de Fouquet ne peut donc être considérée comme une simple catastrophe individuelle ; elle donna le signal d’une véritable révolution dans le régime de la France.
Le président Hénault, l’un des hommes qui connaissaient le mieux son ancienne France et son ancien Paris, disait en notant cette brusque alternative d’intérêt et d’indifférence : « C’est une drôle de chose que ce pays-ci : je crois que la fin du monde ne ferait pas une nouvelle au bout de trois jours. » Trois jours, c’est peu ; depuis que nous sommes un peuple sérieux, nous allons aisément à la quinzaine : passé cela, on rabâche, on tourne sur soi-même et on travaille dans le vide jusqu’à ce qu’un nouveau relais d’attention survienne et renvoie à cent lieues le précédent. […] On s’était accoutumé, par une sorte de déférence et de bonne grâce bien naturelle en France, à rattacher M.
Dans ce voyage extrême de Laponie, après avoir aperçu du haut d’une montagne la mer Glaciale et toute l’étendue de la contrée, après avoir laissé sur une pierre une inscription en vers latins, signée de ses compagnons, et de lui, et destinée à n’être jamais lue que des ours, Regnard, qui s’est frotté, comme il dit, à l’essieu du pôle, songe au retour ; il ne revient point pourtant en France directement, et il achève le cours de ses pérégrinations instructives par la Pologne et par l’Allemagne. […] Il s’en revient en France après deux années d’absence environ, riche d’observations et mûr.
Certains économistes, même libéraux, Sismondi, par exemple, ont pu le contester, au moins pour la France, et soutenir que la révolution a plutôt nui qu’aidé au bien-être des populations ouvrières. […] C’est à M. de Tocqueville qu’il faut attribuer la première origine de cette direction nouvelle de la pensée en France, non pas que les événements n’y aient été pour beaucoup ; mais c’est précisément la supériorité de ce grand esprit d’avoir pensé le premier et avant les événements ce que tant d’autres ne devaient penser qu’après.
Il y a eu en effet en France un faux classique, non sans honneur et sans gloire, mais qui a nui au classique véritable en imitant et en discréditant les formes extérieures de celui-ci. […] De quelle tradition Augustin Thierry est-il parti pour renouveler l’histoire de France ?
Il y en avait dans toutes les villes ; on eût pu, grâce à lui, réviser le Dictionnaire des communes de France en ajoutant, après le nom de la ville et de ses spécialités industrielles, le nom de son poète : Pithiviers, pâté d’alouettes : poète Jules Béor. […] Il dit, il répète : « Tout s’en va, il n’y a rien, plus de style, plus de goût, plus de France, plus de tradition. » Le novateur dit : « Mais la tradition c’est moi qui la maintiens, je vais essayer de le prouver. » Alors les esprits ouverts et conciliants, les témoins bienveillants, les sages qui ont du goût pour le passé et quelque tendresse vis-à-vis de l’avenir disent aux novateurs : « On a eu tort vis-à-vis de vous, on vous méconnaît !
C’est un livre pâle d’un Walter Scott du faubourg Saint-Germain, pays qui n’a ni originalité ni montagnes, mais beaucoup d’élégance et fort peu d’énergie ; c’est enfin de l’histoire de France en vignettes, gracieusement dessinées même quand le sujet de la vignette est terrible, très digne donc en tout de l’album des jeunes filles qui se mariaient, dans ce temps-là, à Saint-Thomas d’Aquin. […] On n’ignore pas que ces petits objets-là, exécutés avec une adresse de tourneur, ravissent, en France, nos imaginations de poupée.
C’est aussi le grand Böcklin, que la France ignore totalement ; mais qui est l’âme de la jeune peinture en Allemagne et en Suisse, Böcklin, le peintre de la joie ; c’est encore l’école de Worpswede, où quelques artistes travaillant en pleine nature, ont déjà produit des œuvres merveilleuses. Je pourrai citer le norvégien Thaulow et quelques autres artistes de Hollande, de France ou de Belgique, qui malgré la muraille de fer de la routine, n’en sont pas moins, aux yeux de ceux qui veulent regarder, les maîtres d’aujourd’hui et les annonciateurs de demain.
Jamais en France on ne se donna longtemps un tel ridicule. […] Ribot au Collège de France. […] On ne lit plus en France. […] En France nous sommes habitués à un type de jeune fille qui sera longtemps encore le type dominant. […] Il suffirait seul à montrer combien la jeune fille de France est restée naïve et saine.
Les arrestations se multipliaient ; c’est alors que l’Espagnol Marchena, venu chercher la liberté en France, n’y trouva que la prison. […] Non certes, Frédéric Mistral est Français, et si sa gloire appartient à la France, c’est pour la France un devoir de la constater. […] Le mois de mai sans la France, Ce n’est pas le mois de mai. […] M. Anatole France, que Tridon est un poète, un vrai poète qui sait faire les vers. […] Voici donc Coligny, cet ambitieux Coligny, convaincu d’avoir trahi la France et la Royauté : la France, en acceptant l’or anglais pour soutenir la cause protestante ; la Royauté, en menant contre les armées royales les bandes huguenotes.
De retour en France, c’est Shakespeare encore que je retrouve avec Le Songe d’une Nuit d’été et Mesure pour mesure. […] Et ceux-là, ce n’est guère qu’en France qu’on les trouve sans défaut. […] D’ailleurs c’est strictement au sujet de Browning en France que je voudrais m’acquitter d’une tâche précise d’informateur ; aussi, avant de souhaiter à ce Cahier Vert toute la diffusion qu’il mérite, dois-je réparer un oubli — involontaire j’en suis sûr — de Mme Duclaux en rappelant les antécédents de l’étude de Browning en France. […] Qu’en France ils le soient davantage, je voudrais pouvoir l’affirmer ; mais en aurais-je sincèrement le droit ? […] Les browningiens français ont à son égard une dette d’autant plus indéniable que grâce à lui la France se trouve avoir devancé le jugement de la postérité.
Elle est coupée par ma tentative de professorat au Collège de France, une triste campagne où je suis empêché, dès le début, par la violence matérielle : il en sort pourtant mon Étude sur Virgile.
On y trouvait les gazettes de France, de Hollande et d’Angleterre ; on y causait des affaires, on y lisait des extraits d’ouvrages ou des mémoires ; c’était un café d’honnêtes gens, comme dit M. d’Argenson ; en d’autres termes, c’était un essai spontané d’une Académie des sciences morales et politiques.
. — La France moderne (Jean Lombard). — Le moderniste (Albert Aurier).
Je suis dans la persuasion que la bonne compagnie aurait suffi pour purger la société des affectations ridicules, et que sans elle la France aurait conservé longtemps encore une grossièreté de langage que Molière protégeait comme naïveté et franchise.
On prépare pour l’Exposition une grande carte des récifs et des profondeurs des côtes de France ; ce titre donnerait une bien médiocre idée des talents de l’auteur ; aussi a-t-il dénommé sa carte lithologico-isboathométrique.
De soie de Padoue, les marchands anglais avaient fait jadis Padousoy ; le mot est revenu en France sous les apparences inattendues de pou-de-soie.
L’auteur, dont le père né dans le territoire de Vérone vint s’établir en France, dans la ville d’Agen, veut y prouver que sa famille descendoit des anciens princes de Vérone.
D’ailleurs le commerce entre la France et Constantinople est si grand, que nous connoissons bien mieux les moeurs et les usages des turcs par les relations verbales de nos amis qui ont vêcu avec eux, que nous ne connoissons ceux des grecs et des romains sur le recit d’auteurs morts, et à qui l’on ne sçauroit demander des explications quand ils sont obscurs ou trop succincts.
C’est ainsi que sont conservés dans toute la France les églises, les palais, telle vieille porte ou telle maison ancienne. […] Fabre, Moréas, Gourmont ou France, pour ne parler que des morts48. […] Dans la Revue de France du 1er décembre 1926, L. […] La correspondance de Proust est publiée posthume, à partir de 1925, dans la Revue de France, par les soins de L. de Robert (1er et 15 janv. 1925) et de R. […] D’autant plus que son compte rendu du roman de Gide paraît dans la Revue de France du 15 février 1926, pp. 769-780.
Nous ne sûmes alors nous hausser jusqu’à la réalisation littéraire de notre France. […] Dualisme encore que cette désastreuse affaire qui divisa la France en deux camps. […] Ecoutons notre auteur pousser son beau cri de ralliement : « La France est pays d’unité. » Laissons pseudo-classiques et pseudo-romantiques se déchirer pour des motifs extra-littéraires. […] Le premier livre, Histoires de France, synthétise l’émotion cérébrale du poète à travers le temps. […] Il y a dans cette méthode honnête et brave, je ne sais quoi de noble et de grand dont on nous a déshabitués en France depuis la mort de Brunetière.
. — L'autre jour un barbier rasait un pair de France ; on parlait du Juif Errant ; le barbier, grand admirateur des Mystères de Paris, et qui l’est bien moins des derniers feuilletons, s’écria : « C'est bien mauvais, je ne reconnais pas mon Sue.
Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie.
Pendant que les destinées du pays, sa stabilité comme sa gloire, se trouvent plus que jamais remises en question par l’aveuglement d’une coterie triomphante ; pendant que les violences succèdent aux fautes, que les leçons de quarante années de révolution se perdent en un jour, et que les constitutions naissantes auxquelles on croyait quelque vie reçoivent, de la main de leurs auteurs, d’irréparables ébranlements ; pendant, en un mot, que la capitale de la France est en état de siège, et que les conseils de guerre prononcent peut-être quelque nouvelle condamnation à mort, aujourd’hui mardi, l’Académie française tenait sa séance solennelle, et M.
Corréard vous rappelait que la France a connu des heures plus terribles que l’heure présente.
. — Trois Messéniennes, élégies sur les malheurs de la France (1818). — Les Vêpres siciliennes, théâtre (1819). — Les Comédiens, comédie (1820). — Le Paria, pièce (1821). — Nouvelles Messéniennes (1822). — L’École des vieillards, comédie (1823). — Poésies diverses (1823). — Trois nouvelles Messéniennes (1824)
Je crois très réellement voir ressusciter en Paul Fort l’âme ancienne de la France, toute pure, sans mélange aucun : généreuse, ardente, étourdie, éperdue de beaux désirs, ignorante de la conception de beauté qui nous vint plus tard d’Italie, religieuse et maligne, hardie et libre jusqu’à la témérité, avec des frousses, des peurs nerveuses du diable ou de son ombre, enfin spirituelle, facétieuse et familière.
La France ne paraît pas avoir rien inspiré, rien suggéré alors à l’Italie.
M. Anatole France a noté que le charme de certains noms de femme : Pholoë, Chloë, Pasiphaë, provenait justement de ce glissement de deux voyelles l’une sur l’autre.
— Le Pays de France (Joachim Gasquet).
Mais il n’est pas vrai que en France l’honnêteté des mœurs puisse se passer de la décence du langage.
La France s’en ressentir aussi.
Il se trouvait alors en pleine communion avec la France populaire. […] Et puis : « Vive la France ! […] Il est d’ailleurs incapable, quand il le voudrait, de distinguer ce qu’il doit à Napoléon et ce qu’il doit à la France. […] — Décidément, père, de chez nous, de France, je ne conserverai que vous et Charles. […] Il plie d’abord à ses desseins, par la corruption ou le chantage, le représentant de la Russie et celui de la France.
Joannidès pour suivre les oscillations du goût en France et a donc le plus grand profit à en tirer. […] M. France ; du reste, vous êtes aussi un peu orfèvre. […] C’est toute la France, ce que du reste je déplore. […] Mais avec votre manière de juger, il n’y aura bientôt plus d’art dramatique en France. […] Il a contracté à dessein avec sa filleule un mariage qui, légal en Angleterre, était illégal en France.
» — Le grand mouvement que les philosophes déchaînèrent sur la France n’échappe pas à sa sympathie : il aime la Révolution ; mais elle n’a pas porté tous ses fruits. […] Sa nationalité n’a point empêché ses écrits de s’acclimater en France. […] M. Anatole France, songe avant tout au charme des idées, observe leurs jeux capricieux comme un rêveur suit le vol des nuages et en compose de merveilleuses symphonies. […] M. Anatole France, de M. […] Mais il ne faudrait pas conclure de là que la renaissance spiritualiste actuelle ne soit en France qu’un fruit importé de Russie et cultivé artificiellement par quelques littérateurs épris d’exotisme.
La France ayant perdu à l’extérieur toute influence politique, ne fallait-il pas aussi, pour que la pensée qui la faisait agir fût conséquente avec elle-même, que la France perdit toute influence littéraire. […] La France, par sa position topographique, est destinée à être l’arche de toutes les idées, le tabernacle de toutes les poésies. […] Or, il ne fallait, pour faire un théâtre unique, splendide, magnifique, un théâtre qui réunît en lui les qualités de tous les autres théâtres enfin, que reprendre l’œuvre d’édification où M. le baron Taylor l’avait abandonnée ; il fallait dire au roi : « Sire, la grandeur des souverains n’est pas toujours en eux-mêmes, mais quelquefois aussi dans les hommes qui les entourent. » Il fallait dire aux ministres : « Excellences, dans une époque où l’on demande et où l’on obtient des chambres cent vingt millions pour les monuments publics, et deux cents millions pour les fortifications de Paris ; demandez donc de temps en temps un demi-million pour l’art. » Il fallait dire au peuple : « Peuple, écoute et regarde », car toutes les idées politiques, philosophiques, sociales, contemporaines, sont dans ce théâtre, ce journal qui se lit à haute voix chaque soir à Paris devant quarante mille spectateurs ; en France, devant cent mille. […] Buloz a été non pas élu, mais choisi entre tous pour accomplir l’œuvre qu’il accomplit ; c’est une de ces anomalies comme notre époque seule en présente, et un jour ou se dira comme une des choses les plus curieuses qu’ait enfantées le chaos dans lequel nous vivons, qu’il y a eu un petit-fils de Louis XIV et un successeur de Colbert qui ont mis à la tête de l’art dramatique en France, un homme qui ne savait pas que Cinna fût de Corneille.
L’aimable auteur du Mal et du bien qu’on a dit des femmes a voulu consoler ce dernier tiers, auquel se joint tout ce qu’il y a de lettré en France, et il a publié intégralement, en deux volumes, ses leçons du Collège de France sur le théâtre de Racine. […] Racine est un Français de France.
2º Certes, on demande moins en France au théâtre qu’au livre, en tant que pratique et savoir de la vie profonde. […] Cette France est la mienne, elle se porte bien, veuillez le croire ! […] Nous ne sommes pas plus naturels en France, mais comme nous sommes moins beaux que les citoyennes du Sud, nous avons tous l’air de vieux comiques jouant les jeunes premiers.
Charles Baudelaire, le traducteur des œuvres complètes d’Edgar Poe, qui a déjà fait connaître à la France le bizarre conteur, et qui va incessamment lui faire connaître le puissant poète dont le conteur était doublé, M. […] Que penseront nos neveux lorsqu’ils trouveront dans les journaux du temps, à l’adresse du plus grand inventeur de rythmes que la France ait eu depuis Ronsard, les épithètes de sauvage et d’Iroquois ? […] La poésie à grandes proportions, la poésie épique, est celle des peuples, non pas barbares, mais peu liseurs, ou qui ne savent pas encore lire et qui sont naturellement plus saisissables par la passion que par la réflexion ; c’est la poésie des époques héroïques ; c’est aussi la poésie des peuples opprimés ou asservis, et c’est pour cela peut-être que la France n’a pas de poème épique. — Le poème didactique est un jeu de rhétoricien qui ne peut être poétique qu’épisodiquement. — Quant au poème démonstratif ou persuasif, à la poésie de propagande, au poème-sermon, au poème-pamphlet, ne sont-ils pas devenus ridicules aujourd’hui qu’un article de journal ou une simple brochure renseigne plus vite et plus nettement ?
Les deux catégories de fables dont je n’avais pas pu vous parler la dernière fois sont, comme je l’avais annoncé du reste, les suivantes : les fables qui ne sont pas des fables, qui sont des causeries philosophiques ou des discours philosophiques ou, puisque La Fontaine parle le plus souvent en dialogues, des « dialogues philosophiques », comme on en faisait dans l’antiquité et comme Renan en a fait en France. […] C’est l’école qui a été la préceptrice, en littérature, non pas seulement de la France, mais de l’Europe pendant deux siècles environ. […] Je vous indique en passant que le Suisse Muralt, notre ennemi Muralt, celui qui a fait des Lettres anglaises très défavorables à la France, Murait déteste toute notre littérature, qu’il trouve sans qualité morale, très désordonnée, très dévergondée, très déplorable, et qu’il ne fait exception que pour La Rochefoucauld, La Fontaine et Fénelon.
Les choses reprennent ensuite le même train, et préparent une nouvelle révolution qui arrive en France, où tout s’oublie, tous les quarante ans. […] Boucher avait fait une dizaine de dessins assez fantastiques pour le comte de Tessin, ministre de Suède en France.
Daru quand il s’agissait de pourvoir de plus près aux nécessités de la France envahie ? […] Daru avait sur les bras l’administration de la Grande Armée et d’une partie notable de l’Europe, ses amis de France le choisissaient ainsi volontiers pour confident de leurs ennuis et de leurs peines.
Nous connaissons ce sang illustre en qui toutes les grandeurs de la terre se trouvent assemblées, et qui tient par tant d’endroits à tant de maisons souveraines ; nous vous voyons revêtu du titre auguste qu’un de nos rois a dit être le plus glorieux qu’on pût donner à un fils de France (le titre de pair) ; nous respectons en vous le sacré caractère que le fils de Dieu a laissé dans son Église comme le plus grand de ses bienfaits ; et cependant, monsieur, ce n’est pas à toutes ces qualités éclatantes que vous devez les suffrages de notre compagnie ; c’est à un esprit plus noble encore que votre sang, plus élevé que votre rang. […] L’éclat d’une maison qui a donné par ses alliances augustes tant de princes à la France, tant de saints à l’Église, tant de souverains à de grands pays, semble encore au-dessous de la gloire d’avoir acquis un si rare mérite par votre propre application.
Un homme qui n’avait que ce talent-là, mais qui l’avait, et qui vit de près La Rochefoucauld à l’œuvre, le comte de Coligny, a dit de lui, tout en reconnaissant qu’il avait du cœur comme soldat, mais en le déprisant et l’anéantissant comme capitaine : « C’est le génie le plus bouché pour la guerre qui ait été en France depuis il y a cent ans. » Le mot dans sa crudité est mémorable. […] On m’apprend que les Barthélémy (de Champagne) ne sont de rien à l’abbé Barthélémy ni au marquis de Barthélémy, ancien pair de France.
Je trouve, en effet, dans le Voyage en Angleterre de Mme Roland, voyage instructif et très consciencieux qu’elle fit en 1784 avec son mari, un passage sur la différence des moyens de fondation en France et en Angleterre, la puissance de l’association suffisant là-bas à de magnifiques établissements qui ne se font chez nous que par voie d’autorité : « Nous avons, dit-elle, de belles choses en France, mais toutes faites par le prince aux dépens de ses sujets arbitrairement imposés et pleurant au fond des provinces le bien auquel ils ne participent que par leurs sueurs et leurs souffrances. » Voilà précisément la note dont M.
Mattioli se rendit lui-même en France au mois de décembre 1678 : introduit à Versailles avec les précautions les plus mystérieuses, il remit à Louis XIV en personne une lettre du duc de Mantoue, reçut la réponse du roi ; et la cession de Casal, pour laquelle M. de Pomponne, ministre des affaires étrangères, déjà bien voisin d’une disgrâce, n’intervint que pour les formalités de signature, fut arrangée directement avec Louvois, vrai ministre, fut ordonnée et réglée par lui dans le dernier détail. […] Les provisions ou états de service de Catinat, dressés lorsqu’il fut nommé maréchal de France, ne parlent pas de Senef.
Il s’agissait de montrer à l’Europe, dans la guerre inégale où l’on s’était engagé sur le pied d’auxiliaires et sans volonté ni plan arrêté au début, que la France avait décidément un roi, et de porter Louis XV à faire comme ses glorieux et redoutés prédécesseurs, à paraître à la tête de ses armées. […] Vers le même temps, le maréchal de Broglie juge à propos d’abandonner et de découvrir le fantôme d’Empereur que soutenait la France, de se retirer de la Bavière et de ramener son armée sur le Rhin.
Il fallut quitter la France. […] » Rentrée en France à l’époque du Consulat, et apportant pour soin principal et aliment de tendresse ses deux filles, seuls enfants qu’elle ait jamais eus, elle vécut isolée sous l’Empire, sans jamais paraître à cette cour, le plus souvent retirée à un château en Touraine27, toute à l’éducation de ses filles, à la bienfaisance pour ce qui l’entourait, et à la vie de ménage.
Les choses se passent en France à peu près comme en Italie : les humanistes tournent en élégant latin les œuvres les plus fameuses du théâtre grec ; ils s’exercent à les imiter dans des compositions originales. […] En France, Scaliger, Jean de la Taille les avaient indiquées : mais en s’établissant dans la décoration des mystères, la tragédie les avait écartées.
Avec lui s’établit, à la place de l’imitation des anciens, le commerce littéraire de la France et de l’Angleterre : il y a action et réaction réciproque. […] Destouches (Philippe Néricault, dit), né à Tours en 1680, secrétaire de M. de Puysieux, ambassadeur de France en Suisse ; sa mission à Londres dura de 1717 à 1723.
« Converser et connaître, c’était en cela surtout que consistait, selon Platon, le bonheur de la vie privée. » Cette classe de connaisseurs et d’amateurs, si faite pour éclairer et pour contenir le talent, a presque disparu en France depuis que chacun y fait un métier. […] Ainsi donc, vers l’époque de 89, il y avait en France un homme déjà fait, âgé de trente-cinq ans, qui avait huit ans de plus qu’André Chénier, quatorze ans de plus que Chateaubriand, et qui eût été tout préparé à les comprendre, à les unir, à leur donner des excitations et des vues, à les mettre à même chacun d’étendre et de compléter leur horizon.
Bientôt les nouvelles de France lui montrèrent qu’un rôle tout nouveau l’attendait : « Tout lui annonçait, dit-il, que le moment désigné par le Destin était arrivé. » Eh ! […] On était en France, dit-il, après quarante-cinq jours de navigation ; on avait surmonté beaucoup de périls.
Mme Sand faisait mieux l’an dernier, en son Berry, que de lire les Géorgiques de Virgile ; elle nous rendait sous sa plume les géorgiques de cette France du centre, dans une série de tableaux d’une richesse et d’une délicatesse incomparables. […] Ce qui était le plus près de nous, au cœur même de notre France.
Si rapide et si grand qu’ait été le succès de M. de Balzac en France, il fut peut-être plus grand encore et plus incontesté en Europe. […] Tout l’édifice de la civilisation raffinée, telle qu’il l’avait rêvée toujours, semblait s’écrouler ; l’Europe un moment, son Europe à lui, allait lui manquer comme la France.
Devenu chancelier de France et ministre en 1717, sous la Régence, d’Aguesseau laissa trop voir alors ce qui lui manquait comme homme politique, et sa vertu, égarée entre Law, Dubois et le Régent, rencontra plus d’un piège qu’elle ne sut point éviter. […] Ce goût cicéronien du magistrat à demi Romain, ce faible du chancelier de France qui se croyait à Tusculum dans ses exils de Fresnes et qui voyait partout des reflets consulaires, se retrouve, avec une naïveté revêtue d’élégance et animée d’onction, dans la belle et touchante Vie que d’Aguesseau a donnée de son père.
Pendant que le vaisseau de la France va un peu à l’aventure, qu’il gagne les mers inconnues et s’apprête à doubler ce que nos pilotes (si pilote il y a) appellent à l’avance le cap des Tempêtes, pendant que la vigie au haut du mât croit voir se dresser déjà à l’horizon le spectre du géant Adamastor, bien d’honnêtes et paisibles esprits s’obstinent à continuer leurs travaux, leurs études, et suivent jusqu’au bout et tant qu’ils peuvent leur idée favorite. […] Pourtant, si en littérature il est indigeste, dans les arts proprement dits, dans ceux de la main et du ciseau, même en France, le xvie siècle est fort supérieur par la qualité du goût aux deux siècles suivants ; il n’est ni maigre ni massif, ni lourd ni contourné.
Telle était Mme de Maintenon à demi reine, imposante à la fois et contenue, celle qui disait : « Ma condition ne se montre jamais à moi par ce qu’elle a d’éclatant, mais toujours par ce qu’elle a de pénible et de sombre. » Dans cette position élevée, quel service Mme de Maintenon a-t-elle rendu à Louis XIV et à la France ? À la France, aucun, — si l’on excepte le jour où elle demanda à Racine une comédie sacrée pour Saint-Cyr ; à Louis XIV en particulier, elle rendit le service de le retirer des amours que l’âge eût pu rendre déshonorants ; elle coopéra tant qu’elle put à ce qu’elle considérait religieusement comme son salut.
Voltaire, l’en félicitant, lui écrivait à cette occasion (août 1774) : « Il me semble qu’il se forme enfin un siècle, et, pour peu que Monsieur s’en mêle, le bon goût subsistera en France. » On voit combien Voltaire faisait volontiers tout dépendre des grands et des princes. […] Comme historien et comme écrivain honorablement sérieux, il prit rang en 1788 par ses Éclaircissements historiques sur les causes de la révocation de l’édit de Nantes et sur l’état des protestants en France.
Et il continue de s’étendre sur sa noblesse ; il parle de ses nobles cousins de Suisse dont l’un l’a visité autrefois à Ferneyd, et dont l’autre était venu à Paris, il y avait quelques années, pour entrer au service de France : Sur ma recommandation, dit La Harpe, M. le comte d’Affry (commandant des troupes suisses) eut la bonté de le recevoir sur le champ parmi les cadets gentilshommes de l’un de ses régiments, et ce respectable vieillard, qui connaissait ma famille, n’exigea pas de mon jeune parent d’autre preuve que d’être reconnu par moi pour m’appartenir. […] Pour la première fois en France, l’enseignement tout à fait littéraire commence et se met en frais d’agrément ; pour la première fois, quand on n’est ni frivole, ni érudit, et qu’on cherche une juste et moyenne culture, on voit se dérouler des cadres faciles qui étendent et reposent la vue de l’esprit, même quand le professeur n’a pas réussi complètement à les remplir.
Les curieux qui ne s’en tiendraient pas à cette impression de M. de Féletz peuvent voir ce qui est dit dans la Gazette de France du 26 novembre, et dans le Journal de Paris du 25. […] Une femme qui écrivit sur cette séance académique une lettre, insérée dans la Gazette de France du 28 novembre, disait, en arrivant au discours de Bernardin de Saint-Pierre : Peut-être l’attention était épuisée, quand le président a pris la parole, ou plutôt a demandé à M.
Mais ce Muselli, comme presque tous les savants d’Italie, a grand désir de tenir par quelque lien à l’Académie des inscriptions de France, et Barthélemy prie M. de Caylus de négocier auprès de l’Académie en faveur dudit Muselli pour une place de correspondant, en s’arrangeant toutefois pour qu’on lui renvoie, à lui Barthélemy, la conclusion de l’affaire : Je passerai à Vérone, dit-il ; s’il me cède la médaille, je lui donnerai quelques espérances ; s’il me la refuse, je lui ferai peur de mon opposition à ses désirs ; le tout fort poliment. […] Un des amis de Walpole, le général Conway, était venu en France, et, malgré le désir qu’on en avait exprimé de sa part, il n’avait pu réussir à faire la connaissance du duc et de la duchesse de Choiseul, qui s’y étaient peu prêtés : Quoique les Choiseul, écrit Walpole, se tiennent à distance de vous, j’espère que leur abbé Barthélemy n’est point soumis à la même quarantaine.
II Ce bref résumé de l’histoire de la versification française permettra plus facilement de discuter la théorie du vers libre, de juger si la réforme que l’on propose, et qui a déjà été tentée par deux ou trois poètes contemporains, est dirigée dans le sens traditionnel de la langue et de la poésie de France. […] Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.
Il rappelle une faiblesse qui, en France, a toujours été respectée et qui l’est encore. […] La France sera sauvée !
L’Académie elle-même, l’Académie, qui juge les morts (en France on n’est jugé que par ses pairs) et qui met au concours la rédaction de leurs épitaphes, est entrée dans la sympathie universelle et a dernièrement couronné un éloge de l’auteur de ces Mémoires, dont la gloire doit se mesurer à la grandeur monumentale de son livre. […] … Après les désastres du xvie siècle, les fautes politiques d’Henri IV et les luttes jusqu’au sang de Richelieu pour les réparer, après l’anarchie des Parlements et de la Fronde qui remuèrent Saint-Simon dans son berceau, Louis XIV soutint au milieu de la France en poudre le poids de l’écroulement universel et l’arrêta par son prestige personnel… plus d’un siècle !
Ce n’est qu’un analyseur de patience de termite ; un rouge-maille qui mesure son coup de dent pour qu’à chaque fois qu’il le donne il soit léger et ne réveille pas le chat qui dort… J’ai appelé Renan le Grippe-Soleil du docteur Strauss ; mais il ne lui a pris que les petits côtés de sa méthode, et même comme science, ce qu’il grippe du soleil allemand de cet homme n’est pas de quoi allumer un réverbère ou une lanterne dans ce pays de France où nous voulons de la bravoure, même d’idées, du bon sens et de la clarté ! […] Ce guimbardier fait maintenant partie de l’imposante musique (très imposante en France) des grands monotones et des grands ennuyeux… C’est toujours sur le miracle qu’il s’époumonne : le miracle !
Ses amis ne furent point très-contents d’un petit article de moi qui parut dans le Globe du 19 août 1830 et dans lequel, en félicitant Victor Hugo de se rallier à la nouvelle France, j’acceptais au contraire, comme un fait accompli et légitime, l’abdication politique de M. de Chateaubriand.
La poésie, en se faisant simple auxiliaire à la suite des idées philosophiques, avait perdu ses qualités éminentes les plus énergiques et les plus châtiées ; Voltaire, son dernier représentant illustre, avait été son plus grand corrupteur L’entreprise de Chénier fut une œuvre d’étude et de long silence, pleine de secrets labeurs au sein d’une vie de plaisirs, et animée d’un profond amour de cette France, qu’il voulait doter de palmes plus rares.
Les personnes, auxquelles s’adressent les écrits du philosophe écossais, devront désirer connaître l’ouvrage d’un des hommes qui cultivent en France avec le plus de distinction et de sagesse cette même philosophie transplantée par M.
Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton, l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins.
Nous lui avons dit que l’imagination était la folle du logis ; que les maximes de La Rochefoucauld étaient désolantes ; que Montesquieu avait fait de l’esprit sur les lois ; que Delille n’avait vu la nature que dans les décorations de l’Opéra ; que la Henriade n’était pas un poème épique, qu’il n’y avait en France qu’un poème, le Télémaque.
Il écrit l’Histoire des Girondins, renverse un trône, gouverne la France pendant quatre mois — puis rentre dans l’ombre.
C’est dans ce couvent qu’étaient élevées les fillettes les plus nobles de France.
« Si j’avais eu besoin de consolation, j’en aurais trouvé une bien douce dans une nouvelle faveur que le gouvernement de la France vient de m’accorder.
La poésie française compte un sonnet de plus… Successeur des poètes qui ont introduit l’Espagne en France, héritier d’une longue lignée qui va de Jean Chapelain à Pierre Corneille et d’Abel Hugo à Victor Hugo, l’auteur des Trophées se distingue cependant de tous ses devanciers par des traits qui lui sont personnels.
Ce coin chevelu de la France, où il vit, est sa Gastine.
. — La France (1874). — Les Vaines Tendresses (1875). — La Justice (1878)
« Faire de la littérature » On sait comment se recrute en France la confrérie des hommes de lettres.
Palissot avoit lu & relu l’Article qui lui étoit destiné, & qu’il nous en remercia, en nous faisant toutefois observer que nous avions tort de ne pas trouver de la gaieté dans son Poëme de la Dunciade ; nous ne citerons pas non plus d’autres faits qui prouvent que ce n’est point malgré lui que nous avons loué ses Productions, parce que le témoin de ces faits est un Homme de Lettres d’Italie qui n’habite plus en France ; mais nous citerons la lettre que nous écrivit M.
Il ne se dissimule pas, pour le dire en passant, que bien des critiques le trouveront hardi et insensé de souhaiter pour la France une littérature qu’on puisse comparer à une ville du moyen-âge.
Ce beau pays de France, pour prodiguer de nouvelles moissons, n’a besoin que d’être cultivé un peu à la manière de nos pères : c’est une de ces terres heureuses où règnent ces génies protecteurs des hommes, et ce souffle divin qui, selon Platon, décèle les climats favorables à la vertu162.
On l’appelloit reine, ou parce qu’elle avoit épousé des souverains, ou parce qu’elle étoit fille de roi : l’usage d’appeller reines les filles des rois a eu cours dans plusieurs païs et même en France.
Quoi qu’il en soit de cette observation, on ne sçauroit disconvenir que si la representation des tragedies est trop chargée de spectacles en Angleterre, elle n’en soit trop dénuée en France.
Le même philosophe me contestait aussi la magistrature que la France est appelée à exercer sur l’Europe dans ces temps de rénovation.
Choses du métier, bibliographie, critique aiguisée d’érudition, vies des hommes illustres ou considérables dans l’art dont il raconte les développements et les découvertes, tout se trouve donc dans cette forte brochure, qui n’est pas seulement l’histoire des faits, mais, de plus, l’exposé fidèle des diverses législations qui ont, principalement en France, régi l’imprimerie, ce grand domaine matériel et intellectuel de l’État.
Mais au moment où s’éteignait radieusement Walter Scott, Balzac naquit à la publicité, et, à LUI SEUL, il allait établir un équilibre qui n’avait jamais existé entre la France et l’Angleterre.
Il faut avouer que Godeau, évêque de Vence, et Benserade, et Voiture, et Sarrazin, et Coëffeteau et Santeuil, ne sont pas tout à fait des grands hommes de la même espèce ; mais il y en a d’autres, tels que Du Cange, si justement fameux par son glossaire ; Sirmond par son travail sur les conciles de France et sur les capitulaires de Charles-le-Chauve ; Pétau par sa chronologie ; Joseph Scaliger par l’érudition la plus profonde sur l’antiquité ; les deux frères Pithou, et Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque du roi, par la vaste étendue de leurs connaissances sur notre histoire ; tous hommes célèbres dans leur siècle, et qui ne sont peut-être pas assez estimés dans le nôtre.
La France compte assurément d’autres grands producteurs dans les choses de l’intelligence. […] Après 1830, Dumas, en écrivant Gaule et France, prétendit faire œuvre d’historien. […] Ceux-là s’imaginent connaître les annales de la France, et ils sont d’autant plus satisfaits qu’en croyant s’instruire, ils se sont extrêmement divertis. […] Ferry de Bellemare, ni les satisfactions d’un travail paisible autant que fructueux, ne purent longtemps retenir en France le hardi voyageur. […] Hamel nous avait préparé des exemples tout neufs, sur lesquels étaient écrits en belle ronde : « France, Alsace, France.
D’un autre côté, Corneille n’était pas le premier qui se fût avisé de chercher des motifs d’inspiration dans la littérature espagnole, ou plutôt, depuis qu’il existait un hôtel de Rambouillet, depuis que le trône de France était occupé par une princesse espagnole, tout, en France et surtout à Paris, était à l’espagnole : les mœurs, le costume, le ton de la conversation et celui de la galanterie. […] Elle l’est, Messieurs, par le lieu de la scène d’abord ; et après avoir vingt ans parcouru l’étranger, nous rentrons enfin, en France, et à Paris. […] Il le sera bientôt, dans la France du xviiie siècle, grâce à Voltaire et grâce à Rousseau, par le pouvoir de l’esprit. […] En un mot, il est peut-être le seul poète tragique que la France ait produit, au jugement de tous ceux qui connaissent l’essence de ce genre. […] Sais-tu bien qu’il y a plus d’esprit dans ces noms-là que dans tout le royaume de France ?
Elle n’était pas née quand commença la ruine des pouvoirs locaux et la centralisation du royaume de France. […] M. Anatole France, qui fut jadis un de ses fervents, lui a rendu un bel hommage. […] Quelques quartiers manquèrent seulement au pamphlétaire de l’histoire de France pour qu’il lui pardonnât certains méfaits. […] La rumeur de France se répercutait dans ces Alpes savoyardes que le roi de Sardaigne appelait un peu dédaigneusement « ma bordure ». […] Ne croyez pas que je méconnaisse le grand poète de l’Histoire de France.
. — Il lui était venu de France des nouvelles qui le touchaient de près et qui avaient réveillé son attention ; elles l’avaient ramené une fois encore vers la théorie du développement des plantes. — Dans son séjour champêtre il se trouvait très bien placé pour ces études, puisqu’à chaque pas qu’il faisait dehors il rencontrait la végétation la plus luxuriante de vignes grimpantes et de plantes sarmenteuses. […] Il avait soigneusement rangé sur une table, les uns près des autres, tous les médaillons des jeunes poètes de la France. […] Je ferai un catalogue spécial pour ces chers portraits et pour ces chers livres, et je leur donnerai une place spéciale dans ma collection artistique et dans ma bibliothèque. » On voyait que cet hommage des jeunes poètes de France remplissait Goethe de la joie la plus profonde. […] Bientôt la révolution débordée en France se resserre, change de forme, et devient militaire et despotique.
Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] C’est dans cet état de choses en France, quand, la renommée et l’influence de Shakespeare grandissant par toute l’Europe, les livres de critique s’accumulaient sur son génie, ses procédés, son art, sa science encyclopédique et infuse, sa philosophie et jusque sur sa médecine (la médecine de Shakespeare !) […] Voltaire, l’auteur du barbare ivre , Voltaire, en France, n’eût pas fait mieux. […] Henri veut conquérir la France, mais ce n’est pas le succès de ses armes qui fait l’intérêt du drame de Shakespeare, même pour les Anglais : c’est le développement de ce caractère incomparable et d’une si chevaleresque générosité.
C’est dans cette guerre pénible de Suisse où l’on manquait de tout, où il fallait faire venir les grains de France, c’est-à-dire de la distance de quatre-vingts lieues, par des chemins difficiles ; où l’argent aussi venait de France, mais rarement et en petite quantité ; où le personnel des commissaires des guerres était insuffisant d’abord, et où les choix n’étaient pas toujours tels qu’il l’aurait voulu ; c’est au milieu de ces difficultés de tout genre que Daru s’aguerrit au rôle d’intendant en chef et de pourvoyeur des grandes armées ; sa réputation de capacité et de rigidité date de là.
Après s’être vus à Paris et s’être fait toutes sortes de bonnes grâces, Balzac fut le premier à attaquer de lettres Voiture : Monsieur, bien que la moitié de la France nous sépare l’un de l’autre, vous êtes aussi présent à mon esprit que les objets qui touchent mes yeux, et vous avez part à toutes mes pensées et à tous mes songes. […] Il a jugé que cette sorte d’éloquence ne pouvait souffrir deux Balzacs, non plus que l’empire d’Asie deux souverains, et le monde deux soleils ; que même la nature, je dis la jeune nature, lorsqu’elle était la plus féconde en miracles34, eût eu de la peine de produire en France deux hommes faits comme vous, et que sur son déclin, pour vous donner au monde, elle a épuisé ses derniers efforts.
L’éloignement où Voltaire se tint dans ses dernières années, la révérence qu’il inspirait de loin, dans son cadre de Ferney, aux générations nouvelles qui n’avaient rien vu de sa pétulante et longue jeunesse, le concert de louanges que sa vieillesse habile et infatigable avait fini par exciter en France et en Europe, tout prépara l’apothéose dans laquelle il s’éteignit et contre laquelle bien peu de protestations alors s’élevèrent. […] J’avais cru d’abord que la lettre suivante, qui dans le nouveau recueil est mise à la date de 1724, était de 1726, et devait se rapporter au moment où Voltaire venait d’avoir affaire au chevalier de Rohan et se disposait à quitter la France, ou du moins Paris, avant d’être mis à la Bastille : il y a un accent qui me semblait déceler son âme en cette crise la plus douloureuse de sa vie.
Il le prouve bien en commençant son journal en 1794 ; le printemps de cette affreuse et mémorable année, même avant qu’on puisse prévoir Thermidor, ne lui apporte que des impressions douces et paisibles ; il s’est complètement isolé de la tyrannie qui pèse sur toute la France, et il n’y songe même pas dans le lointain. […] Cousin. « Les plus sincères défenseurs du spiritualisme en France n’hésitent pas à saluer aujourd’hui dans Maine de Biran leur véritable maître après Descartes. » C’est ce que déclare M.
En général, et à ne les considérer que d’après les points qui leur sont communs, ces doctrines de Mirabeau et des autres réformateurs aristocratiques ou monarchiques d’alors tendaient à opérer la réforme par en haut, pour éviter une révolution par en bas, à refaire, à relever après Louis XIV ce qu’il avait en grande partie détruit et nivelé sans parvenir à le simplifier définitivement : elles tendaient à remettre quelque peu les choses sur le pied et comme à partir de Louis XIII et de Henri IV, et à introduire dans l’État une constitution moyenne en accord à la fois avec les besoins nouveaux et avec les mœurs et les restes d’institutions de l’ancienne France. […] Mirabeau lui adresse de là, de ce lieu qu’il déteste, dit-il, par excellence, et où il est pour une affaire qui doit lui procurer de l’avancement ou amener sa démission du service, une lettre toute de conseils et d’excitations, et sur le même thème toujours ; « Vous êtes le premier raisonneur de France, mais le plus mauvais acteur » (acteur pour homme d’action) ; et en même temps il se représente, lui, comme un sage, un homme à principes fixes, et aussi un désabusé de l’ambition : Pour moi, dans les idées qui s’offrent à mon imagination, plusieurs se présentent avec empire, mais nulle avec agrément, que celle d’une solitude aimable et commode, quatre ou cinq personnes assorties de goût et de sentiment, de l’étude, de la musique, de la lecture, beau climat, agriculture, quelque commerce de lettres, voilà mon gîte !
Après avoir fait ses études au collège d’Alais, il quitta la France à dix-neuf ans et se rendit à Genève pour y étudier sans doute la théologie et s’y préparer au ministère évangélique. […] Il fut mis deux fois à la Bastille pour des causes légères, et ensuite exilé dans le midi de la France, avec défense de rien publier ; il éluda cet ordre, le plus pénible peut-être pour un homme de son humeur, en mettant quelques-uns de ses écrits d’alors sous le nom de ses amis.
Ennemi déclaré des formes religieuses et de tout emblème, il aurait même voulu anéantir jusqu’aux traces d’un passé odieux, faire table rase sur le sol de la France et ne rien laisser debout de tous les monuments que l'art et la science historique, au défaut de la foi, conservent et vénèrent ; il était de la bande noire en cela. […] Celui qui défendait si bien son couvent n’aurait point failli à la tâche : le couvent s’était tout simplement agrandi et était devenu la France.
Les premières étapes rappellent assez les vues de France. […] Puis tout à coup, sur un terrain plus rude et franchement stérile, sur un sol pierreux où croissent le romarin et l’absinthe et où s’agite et rampe tout un peuple de lézards, de scorpions et de vipères, il entend les alouettes, et des alouettes de France, et des rouges-gorges aussi, ces « autres chanteurs d’automne, qui leur répondent du haut des amandiers sans feuilles ».
Soult était accusé par ses propres soldats d’avoir voulu se faire roi en Portugal : « L’Empereur traita cela de niaiserie ; cependant il fit appeler Jomini le soir même, lui fit répéter l’aventure en présence de Masséna et du prince Eugène, et leur dit : « Pensez-vous qu’il y ait un maréchal de France assez fou pour se proclamer roi indépendant ? […] Jomini, à partir de janvier 1811, demeurait donc au service de France, mais malgré lui, à contrecœur, et très-partagé : c’est ce qu’il convient de ne jamais oublier en le jugeant.
c’est une nation éminemment poétique que la France ! […] « J’avais quatre ans à l’époque de ce grand trouble en France. — Les grands-oncles de mon père, exilés autrefois en Hollande à la révocation de l’Édit de Nantes, offrirent à ma famille leur immense succession, si l’on voulait nous rendre à la religion protestante.
1833 Au moment où l’Angleterre et l’Allemagne semblent avoir épuisé le magnifique essor poétique qui les emportait depuis plus de quarante ans, et dans ce double silence qui se fait autour de nous du côté des tombes de Byron et de Gœthe, il est bon de voir le mouvement de la France grandir et s’étendre par des productions multipliées de poëtes, et, au lieu de symptômes de lassitude, d’y découvrir une émulation croissante et d’actives promesses. […] Ainsi les rangs se pressent ; le ciel poétique de la France se peuple.
On ne saurait assez admirer vraiment le train singulier des esprits et le va-et-vient des opinions en ce capricieux et toujours gai pays de France. […] Ce que les anciens moralistes nommaient tout crûment la sottise humaine, est sans doute à peu près la même en tout temps, en tout pays ; mais en ce temps-ci et en France, comme nous sommes plus rapides, cette sottise en personne se produit avec des airs d’esprit, de légèreté, avec des vernis d’élégance qui déconcertent.
Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé. […] Benjamin Constant a été un grand esprit, et il a eu un assez grand rôle ; politiquement et à travers quelques inconséquences singulières, il a rendu des services à une cause qui était, en somme, celle de la France.
Il revint en France, à la débâcle de l’Empire, âgé d’environ sept ans, et gardant plus d’un souvenir d’Italie. […] Dijon a produit bien des grands hommes ; il en est, comme Bossuet, qui sortent du cadre et qui appartiennent simplement à la France.
Il rêverait quelque chose de pareil en France. […] Cependant, en 1789, c’est la doctrine de Montesquieu qui la première a été mise à l’épreuve, et l’Esprit des Lois a fourni avant le Contrat Social le modèle de la France nouvelle.
« L’injustice, disait-il un jour avec énergie, est une mère qui n’est jamais stérile, et qui produit des enfants dignes d’elle. » Et il citait Moreau qui, cruellement banni, en 1804, pour un tort envers le consul plus encore qu’envers la France, revient en 1813 enfant ingrat. […] Ce n’était encore qu’un premier essai, une première atteinte, et elles auront à revenir à la charge avant de prendre pied dans la Péninsule pour n’en plus sortir que par la frontière de France.
Mais c’est Rousseau qui commença cette grande révolution en France, et qui, en fait de littérature, mit décidément les femmes de la partie. […] Les philosophes avaient eu beau lui dire qu’il ne serait pas encore arrivé à Calais sans s’être brouillé avec lui, Hume n’en croyait rien ; il le voyait si doux, si poli, si modeste, si naturellement gai et de si agréable humeur dans la conversation : Il a, disait-il, les manières d’un homme du monde plus qu’aucun des lettrés d’ici, excepté M. de Buffon, dont l’air, le port, l’attitude répondent plutôt à l’idée d’un maréchal de France qu’à celle qu’on se fait d’un philosophe.
Je sais des couplets assez plaisants sur son compte, où on l’appelle greffier des pairs, petit hussard du Régent de la France, et autres représailles plus ou moins spirituelles. […] Il oubliait que cette noblesse, de tout temps bien légère en France et dès lors sans base, n’était plus qu’une noblesse de cour, et il n’allait pas à pressentir que, moins de vingt-cinq ans après sa mort, les plus chevaleresques seraient les premiers à changer d’idole et à faire la cour aux révolutions.
Avant Diderot, la critique en France avait été exacte, curieuse et fine avec Bayle, élégante et exquise avec Fénelon, honnête et utile avec Rollin ; j’omets par pudeur les Fréron et les Desfontaines. […] Commandé par son ami, il s’avisa, pour la première fois, de regarder, d’examiner ce qu’il n’avait jusque-là que vu en passant ; et du résultat de son observation et de ses réflexions naquirent ces pages de causeries merveilleuses, qui ont véritablement créé en France la critique des beaux-arts.
Qui ne l’a pas lue, ne peut avoir l’idée de cette incroyable préface ; mais le ridicule a ses droits si sacrés en France que, cette idée, nous voulons vous la donner. […] Certainement, il n’y a en France qu’un seul homme qui ait pu parler ainsi d’un autre homme : c’est M.
À elle appartenait ce premier âge des troubadours, qui sécularisa l’esprit en Europe, suscita devant l’Église une autre puissance d’opinion, commença le débat de la pensée libre contre le plus fort, et forma dans le midi de la France une race de chanteurs hardis et de poëtes populaires. […] chacune était assure rée de sa sépulture, et nulle n’était délaissée pour la France.
Trois hommes éminents ont exercé la plus grande influence sur la direction des esprits et des études en France depuis vingt-cinq ans, et on peut dire qu’ils ont été véritablement les régents de cet âge : Guizot, Cousin et Villemain.
Par principe de prudence, comme par principe d’humilité, elle affecta de se rapetisser et de s’effacer au milieu de tant de grandeurs ; les calamités de toutes sortes, qui affligeaient la France et la famille de Louis XIV, lui inspirèrent un découragement trop naturel pour ne pas être vrai, qu’il entrait dans ses vues et ses manières d’exagérer encore.
La destinée du pays dépend en ce moment du rôle qu’oseront prendre ces hommes sages, mais un peu timides, et c’est toujours avec une sorte d’anxiété affectueuse que la France les écoute parler.
En politique, bien que passionné pour la liberté et pour la France, il était tombé dans une sorte d’apathie ; on avait tant répété autour de lui et dans les deux ou trois journaux qu’il lisait sous les arcades de l’Odéon tous les matins, que l’abîme des révolutions était fermé, qu’à la fin il l’avait cru et en avait pris son parti, bien qu’un peu à contre-cœur.
On s’est avisé que, tous ensemble, vous représentez quelque chose de considérable et de prodigieusement intéressant : la France de demain.
La France est heureuse.
L’Angleterre, je le sais, comme autrefois à quelques égards l’ancienne France, suffit à presque tout par des fondations particulières, et je conçois que, dans un pays où les fondations sont si respectées, on puisse se passer d’un ministre de l’Instruction publique.
C’est par eux que la France maintient son harmonie.
Détermination des catégories d’admirateurs (France, 1830-1888) Pour les poèmes : Lettrés, liseurs.
Sans méconnaître la grande poésie du Nord représentée en France même par d’admirables poètes, il a toujours eu un goût vif pour la forme méridionale et précise.
Pour la France, M. de Tourtoulon, Maffre de Baugé et d’autres que nous avons nommés déjà dans une autre partie de cet ouvrage précisèrent la doctrine fédéraliste qui devait présider à l’avènement de la raison latine, victorieuse de l’instinct Révolutionnaire : M.
Avec quel respect, avec quelle magnifique opinion, les écrivains du siècle de Louis XIV ne parlent-ils pas toujours de la France !
La France est donc la seule contrée où cet art se soutienne et même avec quelque éclat.
Je lui garantis l’entreprise de toutes les chapelles de Ste Reine et autres lieux tant en France qu’ailleurs, où les paysans malheureux aiment mieux mendier dans les grandes villes que de rester dans leurs villages à cultiver des terres où ils déposeraient leur sueur et qui ne rendraient pas un épi pour les nourrir ; à moins qu’il n’aime mieux exercer les deux métiers à la fois, faire la curiosité et la montrer.
Les fêtes les plus cheres à nos ancêtres, les tournois n’étoient-ils pas des spectacles où la vie des tenans couroit un veritable danger ; il y arrivoit quelquefois que la lance à roquet blessoit à mort aussi-bien que la lance à fer émoulu : la France ne le sçut que trop quand le roi Henri II fut blessé mortellement dans une de ces fêtes.
Il raconte son excursion sous ce titre, que je trouve excellent : « L’Arbre de Taine à Vouziers », dans un livre plein de tendresse pour la Lorraine et la région de l’Est : « Images de France ».
On a rassemblé depuis peu en Angleterre plusieurs de ces monuments qui s’étaient conservés dans le nord de l’Écosse, et ils sont connus en France sous le titre de poésies erses.
Le duc de Longueville pouvait passer pour le plus grand seigneur de France, mais il ne venait qu’après les princes du sang ; c’était un peu descendre pour Mlle de Bourbon. […] Ce fut probablement un peu avant ; elle l’eut l’année même de son mariage, et sa beauté s’en tira sans trop d’échec ; l’éclipse fut des plus passagères. « Pour ce qui regarde Mme de Longueville, dit Retz, la petite vérole lui avoit ôté la première fleur de sa beauté ; mais elle lui en avoit laissé presque tout l’éclat, et cet éclat, joint à sa qualité, à son esprit et à sa langueur qui avoit en elle un charme particulier, la rendoit une des plus aimables personnes de France. » M. de Grasse se croyait plus fidèle à son caractère d’évêque en lui écrivant, dès qu’elle fut rétablie : « Je loue Dieu de ce qu’il a conservé votre vie… Pour votre visage, un autre que moi se réjouira avec plus de bienséance qu’il n’est pas gâté. […] A son retour en France, après la sortie des princes et dans les préliminaires de la reprise d’armes, elle semblait suivre encore les mêmes sentiments, bien qu’avec un abandon moins décidé.
Patriarcale en Orient, théocratique dans les Indes, monarchiquement sacerdotale en Judée et en Égypte, royale en Perse, aristocratique en Italie, démocratique en Grèce, pontificale à Jérusalem et dans Rome moderne, élective et anarchique dans les Gaules, représentative et hiérarchique en Angleterre, chevaleresque et monacale en Espagne, équestre et turbulente comme les hordes sarmates en Pologne et en Hongrie, assise, immobile et formaliste en Allemagne, mobile, inconstante, militaire et dynastique en France, la forme du gouvernement varie partout, la souveraineté jamais. Du patriarche d’Arabie au mage de Perse, du grand roi de Persépolis au démagogue d’Athènes, du consul de Rome aristocratique au César de Rome asservie dans le bas empire, du César païen au pontife chrétien souverain dans le Capitole ; de Louis XIV, souverain divinisé par son fanatisme dans sa presque divinité royale, aux chefs du peuple élevés tour à tour sur le pavois de la popularité ou sur l’échafaud où ils remplaçaient leurs victimes ; des démagogues de 1793, du despote des soldats, Napoléon, affamé de trônes, aux Bourbons rappelés pour empêcher le démembrement de la patrie ; des Bourbons providentiels de 1814 aux Bourbons électifs de 1830, des Bourbons électifs, précipités du trône, à la république, surgie pour remplir le vide du trône écroulé par la dictature de la nation debout ; de la république au second empire, second empire né des souvenirs de trop de gloire, mais second empire infiniment plus politique que le premier, calmant dix ans l’Europe avant d’agiter de nouveau la terre, agitant et agité aujourd’hui lui-même par les contrecoups de son alliance sarde, insatiable en Italie, contrecoups qui, si la France ne prononce pas le quos ego à cette tempête des Alpes, vont s’étendre du Piémont en Germanie, de Germanie en Scythie, de Scythie en Orient, et créer sur l’univers en feu la souveraineté du hasard ; de tous ces gouvernements et de tous ces gouvernants, la souveraineté, souvent dans de mauvaises mains, mais toujours présente, n’a jamais failli ; c’est-à-dire que la souveraineté, instinct conservateur et résurrecteur de la société naturelle et nécessaire à l’homme, n’a pas été éclipsée un instant dans l’esprit humain. […] Ce droit d’aînesse, contre lequel l’égalité moderne s’est si énergiquement prononcée, et qu’elle a effacé presque totalement de son code en France, n’a pas été si complétement effacé encore chez les autres peuples, orientaux ou européens, républicains ou monarchiques.
Platon, en Grèce ; Thomas Morus, en Angleterre ; Vico, en Italie ; Fénelon même, en France, dans son poème politique du Télémaque ; J. […] XXXVI La France seule, par la diversité de son sol, de ses races, de ses caractères, de ses aptitudes, devait se plier, selon les heures de sa vie nationale, à toutes les formes de gouvernement. […] Voilà la France.
Le Tasse revint à Ferrare avec le prince et la princesse, pour assister au second départ du cardinal Louis d’Este pour la France. […] Rousseau fut saisi dans l’asile que l’amitié de Hume lui avait procuré en Angleterre, quand il se sauva en France, comme s’il eût été poursuivi par ses assassins. […] Je me tus et je suivis en silence ; il se retournait fréquemment et m’examinait de la tête aux pieds, comme pour deviner qui j’étais ; sentant qu’il était convenable de satisfaire jusqu’à un certain point sa curiosité, je lui dis : C’est la première fois que je vois ce pays, car quoique, dans un voyage en France, j’aie traversé autrefois le Piémont, c’était par une autre route ; mais je ne saurais regretter d’avoir pris celle-ci, car le pays est très beau et il est habité par des gens d’une parfaite courtoisie.
Ils ne pensaient pas que le dogme eût besoin d’être mitigé, déguisé, costumé à la jeune France. […] Le Hir, les seuls maîtres éminents que l’école catholique en France ait produits dans le champ de la critique sacrée. […] C’est là que j’ai pris (avec bien des rhumatismes peut-être) un goût extrême de notre nature humide, automnale, du nord de la France.
Voici déjà d’ailleurs que sous l’influence Wagnérienne une nouvelle école de musiciens se lève en France. […] Ce qu’on appelle ici le Waldweben est un épisode du second acte de Siegfried désigné en France par « les murmures de la forêt ». […] Voir Cécile Leblanc : Wagnérisme et Création en France (1883-1889), Paris, Honoré Champion, 2005.
Dimanche 20 février Une journée qui va décider du sort de la France et de mon individu. […] Mardi 21 mars La toute-puissance de l’Académie sur l’esprit de la France, n’a jamais été plus complètement exprimée que par le mot d’un gendarme à Renan. […] « Et la France va tout de même… et ce sont les petits fonctionnaires qui la font aller… oui, ces gens qui ont la probité, qui sont travailleurs, et qui font très bien la chose qu’ils font tous les jours. » Vendredi 17 novembre Dans l’ennui du procès en expectative avec mon notaire, dans l’irritation nerveuse de la rentrée du cheval des Martin du Nord en mon mur mitoyen, dans le découragement lâche de tout mon être physique et moral, l’achat que je fais, ce soir, de la « Correspondance de Balzac » me remonte, et me rend la volonté de lutter.
La France, elle, connaît à peine le nom du grand poète norvégien ; elle ne figure point dans ce petit résumé de bibliographie ibsénienne. Tandis que je le parcourais, la pauvre France m’est apparue comme une grande ignorante et une grande insouciante, et j’en ai été d’abord un peu humilié. […] Il faut considérer, d’ailleurs, que, si la France n’est pas très ferrée sur Ibsen, l’Italie et l’Espagne le sont encore moins. […] En France, dans le théâtre courant, un aubergiste est toujours un gros homme jovial et d’un infatigable bagout. […] Pour l’instant le chef des chrétiens, c’est l’empereur à la barbe fleurie, l’empereur de France la douce.
Puis voici un dialogue entre l’ange de la France, l’ange de l’Italie, l’ange de la Pologne, Lucifer et saint Michel. […] Grenier écrivait cette histoire, il s’interrompt pour nous parler de l’année terrible, ramène Marcel en France et veut qu’il meure en défendant son pays. […] Elle fuit héroïquement, rapporte au manoir natal son cœur brisé, se sauve du désespoir en faisant le bien autour d’elle et finit par épouser son complice en charité, le docteur Haller, un Alsacien qui a opté pour la France. […] Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme, Louis Ménard, France, Silvestre, les aiment d’amour. […] Je suis donc entré au Collège de France, dans la petite salle des langues sémitiques.
La royauté brûlait les livres de Rousseau par la main du bourreau — elle laissait le Genevois grognon s’en aller de France à son loisir. […] Puvis de Chavannes, la possibilité d’un rapprochement entre la France et l’Allemagne. […] Et, au surplus, les Allemands en France ne commirent pas le quart des déprédations commises par les Français en Allemagne. […] Mais bientôt la Révolution de février lui permet de rentrer en France. […] Aussi je n’admire vraiment comme dramaturges en France que Racine et Alfred de Musset.
Il a passé sa jeunesse dans un pays tout voisin de la France, mais qui tout de même n’est pas la France. […] Ne cherchez pas d’autre cause à l’aversion qu’éprouve Stendhal pour la France. […] Mais peut-être cela est-il moins facile en Belgique qu’en France. […] Aujourd’hui le jeune romancier est aussi connu en France et il y est moins contesté qu’en Italie. […] Gabriel d’Annunzio a trouvé en France un introducteur incomparable.
Le mouvement de la France vers la Russie a des formes et des causes complexes. […] Les détails de l’intrigue ont été ramassés dans tous les feuilletons de France et d’Angleterre. […] Il s’intitule Cœur de France, est patriotique, dialogué, très dramatique ; il est signé Perrot d’Ablancourt, nom de mon aïeul maternel. […] Ce succès me comble d’une joie d’autant plus vive que l’aimable garçon, malgré son surnom, n’est nullement égoïste : Sans-Souci se soucie beaucoup des malheurs de sa famille, et des défaites de la France. […] Car ils disent, ces héroïques applaudissements, « que la France aime à acclamer d’incontestables gloires dont l’éclat dissimule la rareté, aux époques où son prestige de première nation du monde subit quelques défaillances ».
L’ail poussé dans les céréales communique son goût à la farine et au pain, comme il arrive en France et en Brabant. […] Il faut toutefois reconnaître, et personne ne le conteste guère en France, que ses expériences furent conduites, au point de vue scientifique, d’une façon impeccable. […] En plusieurs régions de la France, les fêtes des feux de la Saint-Jean sont toujours liées à des idées d’amour. […] Tout ce que je me permettrai de dire, c’est que si les castes sont inconnues en France ou très vaguement délimitées, l’esprit de caste n’y est pas tout à fait inconnu. […] En Angleterre, le radicalisme religieux recrute des catholiques ; en France, il recrute des protestants.
A cette cause générale des phénomènes pathologiques contemporains s’ajoute encore en France une cause particulière. […] Une génération plus tard qu’en Allemagne, le romantisme apparut en France. […] En France, ils ont donc trouvé pour lui le mot symbolisme. […] Il s’est traîné en France sur toutes les grandes routes, mais a aussi vagué en Belgique et en Angleterre. […] Il est le plus curieux phénomène de la vie intellectuelle de la France contemporaine.
Lundi 30 janvier Le général russe Annenkoff, cet ingénieur extraordinaire, qui a fait huit cents kilomètres de chemin de fer en trois mois, qui a fait le chemin de fer allant à Samarcande, disait à une personne de ma connaissance, que dans cette ancienne cité, maintenant sous la domination absolue des Juifs, qui ont monopolisé tout le commerce à leur profit, on ignore qu’il y a en Europe un homme politique du nom de Bismarck, on ignore qu’il y a un pays qui s’appelle la France, on sait seulement qu’il y a, dans la vague Europe, un particulier immensément riche, nommé Rothschild. […] Il y a dans ce que Drumont nous a lu, une hauteur philosophique qui ne se trouvait pas dans La France juive, puis la documentation concernant les personnes, mises en scène, me semble plus sévèrement contrôlée, et vraiment l’on éprouve une satisfaction à voir imprimées avec cette bravoure, en ce temps de lâcheté littéraire, des choses que tout le monde pense, et que lui seul a le courage d’écrire. […] À la suite de la mort de cet enfant, de ce tout jeune homme, deux proches parentes qui l’avaient élevé, amoureusement soigneuses de la mémoire du cher petit, voulant que la fortune qui devait un jour appartenir au jeune savant, appartînt tout entière à la science qu’il avait cultivée, par une donation anticipée, fondaient au Collège de France, une rente annuelle en faveur d’un étudiant pauvre, ayant déjà fait ses preuves dans les hautes études mathématiques. […] Le gros, rond et gai comique, genre Restauration, c’est mort, ça ne se fabrique plus en France, en l’an 1888. […] Vendredi 28 décembre L’incident le plus bouffon à propos de Germinie Lacerteux, incident amené par l’éreintement de Sarcey, qui dans La France, a fait un réquisitoire de procureur de la République contre la pièce : ç’a été, la demande de la suppression de la pièce par la droite du Sénat, sans qu’un seul sénateur l’ait vue, l’ait lue.
Savoisy lui remontre avec éloquence que la France est perdue : le petit roi répond d’un ton dégagé qu’il est venu pour chasser au faucon. […] » Puis il s’adresse à Agnès, et la bonne courtisane promet de rendre un roi à la France. […] Après 1870, on les a accusés, sans justice et surtout sans mesure, d’avoir, par leurs « romans nationaux », affaibli en France l’esprit militaire. […] Quand l’ennemi traverse un village, les paysans les plus desséchés par l’amour du gain s’avisent tout à coup que leurs champs sont des morceaux du sol de France. […] On y enseignera au peuple l’histoire de la Révolution, et toute l’histoire de France considérée au point de vue révolutionnaire.
Et quant à Mme de La Fayette, il la tenait pour la femme de France qui avait le plus d’esprit, et il admirait sa façon d’écrire. […] Dès le xie siècle la France a été la plus riche en poésie, au Nord comme au Midi. […] M. Anatole France. […] Cette peinture de mœurs eut un immense succès hors de France, et il s’en publia plus de quarante éditions en Angleterre. […] Un véritable classicisme, digne d’être mis en parallèle avec la bonne antiquité, n’apparaît qu’en France avec Racine, par exemple.
L’âge imbécile qui vient de finir demeure enfoui sous le dédain avec ses radotages de versificateurs et ses manuels de cuistres, et parmi les libres opinions qui arrivent de l’antiquité, de l’Italie, de la France et de l’Espagne ; chacun peut choisir à sa guise, sans subir une contrainte ou reconnaître un ascendant. […] Nul respect humain ; l’empire des convenances et l’habitude du savoir-vivre ne commenceront que sous Louis XIV et par l’imitation de la France ; en ce moment, tous disent le mot propre, et c’est le plus souvent le gros mot. […] La France éloquente et mondaine, dans le siècle qui a porté le plus loin l’art des bienséances et du discours, trouve pour écrire ses tragédies oratoires, et peindre ses passions de salon, le plus habile artisan de paroles, Racine, un courtisan, un homme du monde, le plus capable, par la délicatesse de son tact et par les ménagements de son style, de faire parler des hommes du monde et des courtisans. […] Ni en Grèce, ni en Italie, ni en Espagne, ni en France, on n’a vu d’art qui ait tenté si audacieusement d’exprimer l’âme et le plus intime fond de l’âme, le réel et tout le réel. […] En France, il n’est qu’une association de deux camarades, presque semblables et presque égaux, ce qui produit les tiraillements et la tracasserie continue.
Ce régiment, par le plus grand des hasards, se trouva le seul des deux cents régiments de France où le jeune officier pût rencontrer la veine mystique après laquelle il aspirait vaguement. […] Une fois retiré du service, Saint-Martin vécut dans le monde et dans la belle société du xviiie siècle ; il voyagea en France et à l’étranger, en Angleterre, en Italie ; il vit Rome, mais à son point de vue.
Quand on la contemple dans ses détails, on voit que, quoiqu’elle frappe à la fois sur tous les ordres de la France, il est bien clair qu’elle frappe encore plus fortement sur le clergé… Plein de respect pour l’idée de sacerdoce, qui est à ses yeux peut-être la plus haute de toutes, Saint-Martin trouve tout simple que les individus de cet ordre aient été les premiers atteints et châtiés, de même que cette « révolution du genre humain » a commencé par les « lys » de France : « Comme aînés, dit-il, ils devaient être les premiers corrigés. » Je ne fais qu’indiquer ces manières de voir qui nous sont devenues depuis lors familières par le langage si net et si éclatant de M. de Maistre ; mais Saint-Martin y mêle des idées et des sentiments qui lui sont propres et qui ont beaucoup moins de netteté.
» — « Monsieur3, répondit-elle, je sais l’histoire de France », indiquant par là que l’histoire de France et celle des Montmorency se confondaient.
Cependant j’accepte tout pour être à même de m’arrêter comme bon me semblera sur la route, et même de m’en écarter pour visiter certaines localités intéressantes… » Horace Vernet participait au prestige et aux honneurs qui s’attachent volontiers en France à tout ce qui est militaire : on essaya de le lui faire payer comme artiste. […] J’ai tous les renseignements imaginables sur ce fait. » Il ne perdit nullement de vue son idée bienfaisante : on fit venir la petite fille en France, et Mme Adélaïde la prit en effet sous sa protection.
C’est là que les choses en étaient venues au xviiie siècle, principalement en France. […] Cependant l’absence habituelle où Lamartine vécut loin de Paris et souvent hors de France, durant les dernières années de la Restauration, le silence prolongé qu’il garda après la publication de son Chant d’Harold, firent tomber les clameurs des critiques qui se rejetèrent sur d’autres poëtes plus présents : sa renommée acheva rapidement de mûrir.
De 1809 à 1811, le jeune Hugo demeura en France avec ses frères et sa mère. […] Victor Hugo n’avait que douze ans ; une idée singulière, bizarre dans sa forme, le préoccupait au milieu de ce grand changement politique ; il se disait que c’était déchoir pour la France de tomber d’un Empereur à un Roi.
En France, nous commençons aussi à estimer et à réclamer ces sortes d’études. […] Au sortir de la première représentation du Cid, notre théâtre est véritablement fondé ; la France possède tout entier le grand Corneille ; et le poëte triomphant, qui, à l’exemple de ses héros, parle hautement de lui-même comme il en pense, a droit de s’écrier, sans peur de démenti, aux applaudissements de ses admirateurs et au désespoir de ses envieux : Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.
Pour Dieu, ne calomniez point la France à qui vous pouvez faire tant d’honneur. » Et il l’engage à choisir dorénavant dans Shakspeare, mais à, relire toute Athalie. […] « Une cour, un petit jardin dont la porte ouvre sur la campagne ; des voisins qu’on ne voit jamais, toute une ville à l’autre bord, des bateaux entre les deux rives, et un isolement commode ; tout cela est d’assez grand prix, mais aussi vous le payeriez : le site vaut mieux que le lieu. » Lorsque, revenu de sa proscription de Fructidor, Fontanes fut réinstallé en France, nous retrouvons M.
Il est aussi arrivé à Boileau de s’applaudir d’un tour élégant, d’une périphrase ingénieuse, d’une allusion noblement enveloppée, dont il avait désigné sa perruque, ou la mousqueterie, ou l’établissement des manufactures en France. […] La meilleure édition de Boileau est encore celle de Berriat-Saint-Prix (4 vol. in-8º, 1830-1837), en attendant celle que la Collection des Grands Écrivains de la France devra comprendre — Quant aux travaux consacrés à Boileau, il suffira de signaler : Sainte-Beuve, Port-Royal, surtout t.
Il y en eut même certainement qui naquirent en France, et n’ont pu naître que là, utilisant tantôt des aventures réelles, tantôt et surtout des particularités locales de mœurs et de langue. […] Il y aura pourtant quelque chose pour le moraliste : nous lisons en effet qu’en France au xiiie siècle il y avait des hommes, des femmes, des prêtres qui vivaient mal.
Trésorier de France, et général des finances dans la généralité de Caen, un projet d’arrangement pour la vente de sa charge à un parent de Bossuet le mit en relation avec l’évêque de Meaux. […] Ce moment dura près de quarante années, les plus belles peut-être de l’histoire de notre nation, non seulement par la gloire des lettres et des arts, mais par l’emploi le plus complet de toutes ses facultés : au dedans, par les conquêtes pacifiques de l’unité sur les restes des institutions et des habitudes féodales ; au dehors, par des guerres glorieuses qui réunissaient au corps de la France des provinces qui en étaient comme les membres naturels.
Cette histoire de la laideur métamorphosée en grâce, au coup de la baguette de fée de l’Amour, n’est pas nouvelle ; on la retrouverait, en cherchant bien, variée et reproduite sous mille formes, dans les récits des conteurs de la France et de l’Italie. […] Alors toutes les femmes étaient belles, charmantes, désirables : la France entière avait les yeux et le tempérament de Chérubin : elle adorait Rosine, elle aurait aimé Marceline. « Pourquoi non ?
Il semblait que la famille de Bettina, en venant d’Italie en Allemagne, fût passée, non par la France, mais par le Tyrol, en compagnie de quelque troupe de gais Bohêmes. […] La première fois qu’elle le vit, ce fut une singulière scène, et, à la manière dont elle la raconte, on voit bien qu’elle n’est pas en France et qu’elle n’a pas affaire à des rieurs malins.
Celui-ci sut l’espagnol à une époque où l’on commençait à ne plus le savoir en France, et il y puisa d’autant plus librement comme à une mine encore riche qui redevenait ignorée. […] Je traduirai ici le passage même de cet auteur anglais, Joseph Spence, qui avait visité Lesage dans un voyage en France : Sa maison est à Paris, dit Spence, dans le faubourg Saint-Jacques, et se trouve ainsi bien exposée à l’air de la campagne.
Membre de l’Académie française depuis 1763 et secrétaire perpétuel depuis 1783, historiographe de France, historiographe des Bâtiments, ayant droit à des logements au Louvre et à Versailles, ayant des pensions sur le Mercure et encore ailleurs, il jouissait, dans les années qui précédèrent la Révolution, de l’existence d’homme de lettres la plus complète qu’on pût souhaiter. […] Marmontel, dans les livres suivants, continue d’exposer les faits avec lucidité et de peindre les personnages politiques avec intelligence et mouvement ; mais ce n’est plus le père qui parle à ses enfants, c’est l’historiographe de France qui remplit sa charge et ses derniers devoirs envers Louis XVI.
Mais j’anticipe sur Les Ruines, sur cet ouvrage qui, couvant peut-être dès lors dans la pensée de Volney, ne devait éclore que trois ou quatre ans plus tard, quand la Constitution de 91 eut fait table rase en France. […] Lorsque Catherine se déclara contre la France et pour les émigrés en 1791, Volney renvoya cette médaille en y joignant une lettre publique à l’adresse de Grimm, lettre plus solennelle encore et plus ambitieuse que patriotique.
Prométhée sur le Caucase, c’est la Pologne après 1772, c’est la France après 1815, c’est la Révolution après brumaire. […] Shakespeare a pris l’an 3105 du monde, le temps où Joas était roi de Juda, Aganippus roi de France et Léir roi d’Angleterre.
Il faut choisir entre la Raison ou la Révolution, entre le classique et le romantique, entre la Tradition ou l’Esclavage… Historien des Amants de Venise, le styliste d’Anthinea, le critique de la Gazette de France et de la Revue Encyclopédique, a réussi à créer un mouvement et à faire partager sa haine du romantisme. […] René Puaux, qui est un poète, s’est fait en France le défenseur de l’indépendance finlandaise et nous lui sommes redevables de traductions et d’études sur la littérature de ce grand-duché.
Il n’y a point de pays peut-être où l’on ait tant écrit sur la Grammaire de la nation qu’en France. […] Un autre service qu’on pourroit rendre aux Provinciaux, ce seroit de composer un ouvrage où l’on ramasseroit toutes les mauvaises expressions, les tours vicieux, les phrases singulieres qu’on se permet dans les différentes provinces de France.
« Ivan Goll n’a pas de patrie ; juif par le sort, né en France comme par hasard, un papier timbré le porte comme Allemand, Ivan Goll n’a pas d’âge : son enfance fut absorbée par des vieillards exsangues. […] On dit couramment qu’en France, tout ce qui a de la valeur ne peut subsister, que seule la médiocrité triomphe.
Quand il avait quinze ans, l’art dramatique était en grand honneur dans notre bon pays de France. […] Alors Mégani était parti pour la France, le pays de l’Europe où l’on jouait le mieux la comédie, bien décidé, à devenir un grand comédien quelque jour. […] Voyez-vous le nom de la France qui manque sur cette liste de nations révolutionnaires ? […] Est-il donc, lui aussi, comme l’autre, un comédien ambulant, a-t-il fait son tour de France, de tréteaux en tréteaux ? […] La Régence n’a commencé pour personne en France, qu’elle a déjà commencé pour Regnard.
Ils ne tiennent compte que des différences qui les choquent, et oublient trop cette grande cause commune et qui, sauf des nuances, après tant d’échecs et de mécomptes, devrait être la nôtre à tous, la cause d’une société forte et d’une France glorieuse.
La république proclamée par la France en Europe, ce sera la couronne de nos cheveux blancs.
Rival parfois heureux de Millevoye dans les concours en vers, il parut triompher sans partage dans les concours d’éloquence ; sont Éloge de Corneille (1808), son Tableau du dix-huitième Siècle (1809), son Éloge de La Bruyère (1810) promettaient décidément à la France un écrivain de plus.
Nous verrons par la faute de qui, après s’être ouverte sous de si heureux auspices, elle dégénéra si violemment ; de quelle manière elle changea la France en république, et comment, sur les débris de celle-ci, elle éleva l’empire.
Burnouf, professeur d’éloquence latine au collège de France, tome IV.
La vie de campagne, la vie patriarcale de famille dans ces belles provinces qu’arrose la Saône, les hautes herbes qui ploient sous l’aquilon, les bois dont le murmure et l’ombre sont au maître, les entretiens des pâtres autour des feux allumés, ces rayons de soleil couchant sur les fléaux, les socs de charrue et les gerbes des chars, ces ombres allongées des moulins monotones, toutes ces douces géorgiques de notre France ont une beauté forte et reposée qui égale à nos yeux la splendeur blanchissante du Golfe de Gênes et les autres tableaux enchantés que l’Italie a inspirés au poète.
Un des traits les plus caractéristiques de l’état social en France, depuis la chute de la Restauration, c’est assurément la quantité de systèmes généraux et de plans de réforme universelle qui apparaissent de toutes parts et qui promettent chacun leur remède aux souffrances évidentes de l’humanité.
Si l’on en excepte les années de la terreur en France, l’atrocité n’est pas dans la nature des mœurs européennes de ce siècle.
La terreur causée par un supplice non mérité se prolonge d’une génération à l’autre : on entretient l’enfance du récit d’un tel malheur ; et quand l’éloquent Lally, vingt ans après la mort de son père, demandait en France la réhabilitation de ses mânes, tous les jeunes gens qui n’avaient jamais pu voir, jamais pu connaître la victime pour laquelle il réclamait, versaient des pleurs, se sentaient émus, comme si le jour horrible où le sang avait été versé injustement ne pouvait jamais cesser d’être présent à tous les cœurs.
Aussi, hors de l’école, hommes ou femmes, on ne lit guère en France.
Charles Maurras, qui consacra au Naturisme plusieurs études fort sympathiques (dans la Revue Encyclopédique, le Soleil, la Gazette de France), n’en ait pas admiré toute la pureté.
Axiome essentiel, tout gonflé d’innombrables conséquences : — Tout ce qui se fait en Angleterre est, d’une façon générale, exactement le contraire de ce qui se fait en France.
On essaie d’abord de comprendre, ce qui, pour nous autres, Français de France, est toujours la première démarche de notre esprit, jusqu’à ce qu’on ait compris qu’il n’y a rien à comprendre et qu’il faut plutôt se laisser bercer par une mélodie qui n’est pas sans charme.
Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand 7 août 1883 Jeunes Élèves, C’est sans doute le voisinage de notre vieux Collège de France et de votre maison, la première de toutes en noblesse universitaire, qui m’a valu l’honneur d’être désigné par M. le ministre de l’instruction publique pour présider à cette cérémonie.
Revue Universelle Larousse, nº du 1er sept. 1905 (À Travers la France) mais surtout l’Action Régionaliste (de Charles-Brun, secrét.
C’est l’art des sacrifices que doivent arriver à pratiquer à divers degrés tous ceux qui veulent avoir une action sur un public impatient, comme l’est le lecteur en France.
L’Abrégé de l’Histoire de France par le même.
Les bienséances d’Espagne, par exemple, ne nous étant pas aussi connuës que celles de France, nous ne sommes pas choquez du ridicule de celui qui les blesse, comme nous le serions si ce personnage blessoit les bienséances en usage dans notre patrie et dans notre tems.
Le peintre s’est servi de cette image pour faire le fond d’un tableau dont la principale figure est le portrait d’une princesse sortie du sang de France ; mais qui est plus illustre aujourd’hui dans la societé des nations, et qui doit être encore plus célebre dans l’avenir par sa beauté que par son rang et par sa naissance.
Nous n’aurions pas parlé si sévèrement de ce volume, nous n’aurions pas attaché le plomb de notre critique à cette gaze que le premier vent emportera sans avoir besoin de la déchirer, si, par-dessus la tête et l’ouvrage d’About, nous n’avions vu toute une plaie d’Égypte, nous n’avions aperçu le long zigzag de tous les touristes de France venant apporter leurs notes de voyage à toute bibliothèque qui se croira obligée de les accepter !
Il a de la grâce comme nous en avons en France, quand nous en avons, C’est dans un verre mousseline qu’il boit la neige rose de ses glaciers maternels, dorés par l’Aurore, et si quelque chose se mêle à ces primitives et simples saveurs, c’est une goutte, une innocente goutte de vin du Rhin, une influence de ce père des choses rêveuses et naïves ; car Topffer est aussi Allemand que Français.
Quoiqu’il fût né à Bâle, à quelques lieues de la frontière de France, nous ne connaissions pas plus Hebel que s’il avait été quelque poète norvégien ou danois, un de ces vaporeux génies des Fiords solitaires, comme il y en a, sans nul doute, de perdus, excepté pour Dieu seul, qui les écoute penser, dans ces pays silencieux où les neiges polaires semblent assourdir jusqu’aux pas de la Gloire, et où Byron mourrait sans écho comme Manfred !
Évidemment, c’est là le retour dissimulé, mais complet, au régime parlementaire, au régime que les ennemis de l’Empereur demandent, eux aussi, pour des raisons moins vaines, — parce que l’expérience leur a appris qu’en France, avec un tel régime, on pouvait venir facilement à bout du gouvernement le plus fort !
Je me rappelle ce Français pendu en effigie à Paris, et dans le même temps, ministre de France en Allemagne.
Il devient bientôt fameux ; on le recherchait : « Tour à tour il secourut le dauphin de France et le roi d’Angleterre, les Templiers de Jérusalem, le suréna des Parthes, le négus d’Abyssinie et l’empereur de Calicut ! […] Et il n’importe pas, là-dessus, que le Meunier d’Angibault ou le Compagnon du tour de France soient médiocrement divertissants à lire. […] de la même qualité de forme ni de fond, — ont pu faire leur chemin en France ; et les noms eux-mêmes des Wilkie Collins ou des Anthony Trollope sont parvenus jusqu’à nos superbes oreilles. […] On dirait, sous des influences diverses, et tour à tour déplacées d’Espagne ou d’Italie, par exemple, en France, de France en Angleterre, et d’Angleterre en France, ou plus près encore de nous, d’Angleterre en Allemagne et d’Allemagne en France, les transformations d’une même matière, ductile en quelque sorte, et capable de recevoir du génie propre de chaque peuple une infinie diversité de marques, d’empreintes, et de formes. […] La province, en France, ne vit plus de sa vie, mais de la vie qu’elle reçoit de Paris.
L’apercevant un jour à la sortie du Collège de France elle dit à sa fille : « Comme il est laid ! […] L’année de son retour, il a trente ans, et sur le chemin de la France, il écrit à Bouilhet : « Mes cheveux s’en vont. […] En France, il veut continuer ce rôle de tuteur, régenter Flaubert, l’obliger à produire, à publier. […] en France, dans notre belle France, en province, là où les mœurs sont si pures ! […] Voilà une génération qui paraît en avoir eu fort gros sur le cœur. « Ô France !
Un pareil ouvrage n’existe pas encore en Russie, il serait prématuré en France. […] Taine, Montégut et Schérer, pour ne parler que de ceux-là, ont épuisé le sujet en France. […] Ils s’étaient dit que la France ne doit jamais rester en arrière d’une idée, et qu’il ne fallait pas laisser le monopole d’une étude nouvelle à l’Allemagne, où MM. […] Enthousiaste de Jean-Jacques, ce gentilhomme rapporte de ses voyages en France le condiment littéraire à la mode, la « sensibilité ». […] On traduit enfin ses romans en France, et ce qui m’étonne davantage, on semble les lire avec plaisir.
Cherchez maintenant dans les statistiques combien de lieues d’étoffes ils fabriquent chaque année, combien de millions de tonnes ils exportent et importent, combien de milliards ils produisent et consomment ; ajoutez-y les empires industriels ou commerciaux qu’ils ont fondés où qu’ils fondent en Amérique, en Chine, dans l’Inde, en Australie, et peut-être alors, en comptant les hommes et les valeurs, en calculant que leur capital est sept ou huit fois plus grand que celui de la France, que leur population a doublé depuis cinquante ans, que leurs colonies, partout où le climat est sain, deviennent de nouvelles Angleterre, vous atteindrez quelque idée bien sèche, bien imparfaite, d’une œuvre dont les yeux seuls peuvent mesurer la grandeur. […] Sous cet effort universel1327, la production agricole a doublé en cinquante ans, l’hectare anglais a reçu huit ou dix fois plus d’engrais que l’hectare français ; quoique de qualité inférieure, on lui a fait produire le double ; trente personnes ont suffi à cette œuvre, quand il fallait en France quarante personnes pour obtenir la moitié de cette œuvre. […] Dans le langage familier, les fils disent : « My governor. » En France ils diraient : « Le banquier. » 1330.
Nulle végétation, excepté trois ou quatre palmiers, semblables à des minarets turcs, restés debout sur la ville détruite ; çà et là quelques maisons aux formes vulgaires et modernes, récemment relevées par quelques Européens ou quelques Grecs de Constantinople, maisons de nos villages de France ou d’Angleterre, toits élevés sans grâce, fenêtres nombreuses et étroites ; absence de terrasses, de lignes architecturales, de décorations : auberges pour la vie, bâties en attendant une destruction nouvelle ; mais rien de ces palais qu’un peuple civilisé élève avec confiance pour les générations à naître. […] Ce moment-ci y ressemble en Europe, et surtout en France, cette Athènes vulgaire des temps modernes. Mais c’est l’élite seule de la France et de l’Europe qui est Athènes ; la masse est barbare encore !
Aussi que sont les ouvrages de littérature en France ? […] De là l’aversion ou la défiance qu’il est de bon goût de professer en France contre les littératures de l’Orient, aversion qui tient sans doute à la mauvaise critique avec laquelle on a trop souvent traité ces littératures, mais plus encore à nos façons trop exclusivement littéraires et trop peu scientifiques. « On a beau faire, dit M. Sainte-Beuve, nous n’aimons en France à sortir de l’horizon hellénique qu’à bon escient. » À la bonne heure ; mais, devant des méthodes offrant toutes les garanties, pourquoi ces défiances incurables ?
Je l’ai entendu, au Collège de France, commenter les travaux de Reuss, de Graff, de Kuenen, de Welhausen. […] Je suis de France, moi ! […] Il leur arrive d’aimer la France autant que nous l’aimons ; et alors ils sont français comme nous, tout comme nous, — et cela d’autant mieux que le sang français, ne l’oublions pas, est un mélange incroyable de tous les sangs. […] Plusieurs fois, à Andrinople, à une heure avancée de la nuit, le marquis de Nohan a vu le baron Missen sortir mystérieusement de l’hôtel où le consul de France, M. de Vesles, habitait avec sa fille. […] Mais surtout il a eu tort, rentré en France, de faire part, un soir, de sa découverte à sa maîtresse, Mme de Maudre, une mondaine fieffée, une peste.
c’était le plus bel esprit de la France. » On dit bien que Rossini s’est trouvé mal en apprenant la mort de Meyerbeer. […] Des Ostrogoths ont envahi le Parnasse ; je suis un dernier Gaulois transplanté dans la nouvelle France. […] Cette Ode à Priape avait couru la France et l’Europe avant même que Piron ait eu le temps de donner sa Métromanie et de se faire autrement connaître. […] Le réfugié berlinois, Jourdan, dans son Voyage littéraire en France (1733), y mentionne ceci comme une nouvelle : « Un de mes bons amis m’apprit que Piron, poëte de Paris fort estimé, était l’auteur de l’Ode à Priape. » Pour bien des gens, Piron est resté l’auteur de l’Ode à Priape, rien de plus.
Pecksniff ne peut pas se rencontrer en France. […] Ce n’est pas là qu’en France nous irons chercher nos types ; c’est là qu’on les trouve en Angleterre, aussi énergiques que dans nos plus orgueilleux châteaux. […] Cela n’est point nouveau en France : les romans de M. […] Lorsque le vieux Peggotty apprend que sa nièce est séduite, il se met en route, un bâton à la main, et parcourt la France, l’Allemagne et l’Italie, pour la retrouver et la ramener à son devoir.
Souvenons-nous qu’il a été un des premiers à dénoncer l’individualisme : Quand nous disons que la France a besoin de religion, nous disons absolument la même chose que ceux qui disent qu’elle a besoin de concorde, d’union, de patriotisme, de confiance, de moralité, etc. […] On pourrait presque dire qu’il a répandu dans ses articles et ses pamphlets ce que Taine devait ordonner en un corps de théorie dans les derniers volumes de ses Origines de la France contemporaine. […] Il considère la France comme un organisme vivant et qui a un passé. […] C’est peut-être le seul moment de sa vie politique où il ait eu la joie de ne point se sentir isolé et suspect et de pouvoir communier avec toute la France.
Je tiens, sans plus, à constater que la Renaissance, primitivement italienne, implante et acclimate en France ses deux plus influents facteurs, la nature et la vérité rationnelle. […] Scaliger en France et Jean de la Taille en parlèrent. […] Art religieux du xiiie siècle en France, p. 91. […] Bergson, extrait de la première leçon de son cours au Collège de France en 1901.
Ce n’est pas la première fois, en France, que la Sorbonne répond respectueusement au Vatican.
Mais, je m’aperçois qu’en parlant du crime, je n’ai pensé qu’à la cruauté ; la révolution de France concentre toutes les idées dans cette horrible dépravation : et, après tout, quel crime y a-t-il au monde, si ce n’est ce qui est cruel, c’est-à-dire, ce qui fait souffrir les autres ?
Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane — Si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner une si brève et si imparfaite analyse et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe.
Alphonse de Lamartine Il y eut en ce temps-là un autre grand poète, Alfred de Vigny, qui chanta sur des modes nouveaux des poèmes non prius audita en France.
Ses discours ont ému et agité la France.
La discussion qui s’éleva entre Napoléon et Volney, lorsque l’empereur résolut de rétablir en France le culte catholique, offre un exemple parfait d’une attitude de connaissance opposée à une attitude de fanatisme vital.
Il parut des libèles contre lui en 1743, lorsqu’au grand étonnement de la France & de toute l’Europe, il n’obtint pas une place vacante à l’académie Françoise.
On pourrait observer à La Fontaine que notre maître n’est pas toujours notre ennemi, qu’il ne l’est pas lorsqu’il veut nous faire du bien et qu’il nous en fait ; que Titus, Trajan furent les amis des Romains et non pas leurs ennemis ; que l’ennemi de la France était Louis XI, et non pas Henri IV.
Morellet a rédigé sous sa dictée des Béflexions sur les préjugés qui s’opposent aux progrès et à la perfection de l’inoculation en France, 1764, in-12.
Dix onces d’argent fin païoient alors un once d’or fin, et pour païer aujourd’hui en France un once d’or fin, il faut donner près de quinze onces d’argent fin.
De l’une à l’autre de ces dates, ce qui passe à travers le temps ce sont des luttes, des événements et des personnages empreints de la grandeur sauvage de ces pirates, rois de la mer (sea kings), qui, blasés d’Océan et de neige, voulurent ajouter quelques miettes de terre à leur liquide empire, et s’abattirent sur la côte de France par la route des Cygnes, cygnes eux-mêmes, ou plutôt cormorans, pressés comme les vagues et inépuisables comme elles !
ils écrivent, par la main de Rigault, leur historiographe, dans leur journal, ce singulier livre d’or de leur noblesse, qu’ils s’appellent et se nomment, en France et en français : « Les honnêtes gens ».
I Je ne crois pas que par ce livre, d’un titre écrasant : De l’Intelligence, Taine, ce Paradol de la philosophie, à qui la renommée a été tout de suite facile, comme à Paradol, force l’attention et la prenne… Ce n’est plus ici que la critique, animée, superficielle, mais épigrammatique, des Philosophes classiques du xixe siècle en France.
Le Bonaparte au mont Saint-Bernard est peut-être, — avec celui de Gros, dans la Bataille d’Eylau, — le seul Bonaparte poétique et grandiose que possède la France.
Constantin fit pencher la balance ; en abandonnant Rome, il précipita la chute de l’Occident ; et livrant l’Italie, la France, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Espagne aux Barbares, il prépara de loin la constitution actuelle de l’Europe.
Depuis quinze ou vingt ans que la France l’admire, On ne sait ce qu’il est ni ce qu’il veut nous dire.
Nietzsche était alors inconnu en France : il est vrai que M. […] Sans doute il a reçu une lettre du vicomte de Vogüé contenant ce mot : « Une plume comme la vôtre défend la France comme une épée ». […] En l’espèce, je préfère la République, parce qu’elle est le régime adapté à l’état de haute civilisation où la France me semble parvenue, et celui qui assure le mieux, ou le seul qui assure la liberté de penser. […] André Gide, déclare qu’avec ces théories on empoisonne la France ! […] Il y en a même une — une Rouennaise — dont il devient inopinément amoureux, d’ailleurs avec un certain calme, et qu’il voudrait épouser. « Rien de plus différent, dit-il, que ces deux familles ; rien de plus différent que ces deux, provinces de France, qui conjuguent en moi leurs contradictoires influences.
Napoléon, à son tour, parcourant rapidement les phases de l’histoire, finit par prendre modèle sur le Moyen-Âge et sur Charlemagne ; et, accomplissant au dehors son œuvre de conquérant et de civilisateur, il garda la France militairement, comme on garde une ville en état de siège. […] Ainsi la France, après avoir détruit l’ordre théologique et féodal, a été livrée à trois séries d’expériences qui n’étaient toutes qu’une triste et impuissante rétrogradation, qu’une parodie misérable de l’Antiquité, du Moyen-Âge et de la Monarchie. […] Vous craignez que le paupérisme ne s’introduise en France sous cette forme de l’abandon des enfants, et vous voulez interdire au peuple ce recours à la charité publique. […] Dans quelques générations, les hommes contempleront avec pitié cette France du dix-neuvième siècle, que quelques-uns présenteraient volontiers comme le dernier terme de la civilisation ; ils la considéreront, dis-je, avec la même tristesse et le même dégoût que nous considérons la pourriture de l’empire romain ; et voyant nos masses de prolétaires, vingt ou trente millions d’hommes sur trente-deux millions, déshérités de tout dans une patrie qui depuis cinquante ans a écrit sur son drapeau le saint nom d’Égalité, ils ne comprendront pas plus ce contraste que nous ne comprenons l’esclavage antique. […] Et la France, après avoir produit et répandu sur l’Europe la philosophie du doute, la poésie du doute lui était bien due, quelque douloureuse qu’elle fût.
Après dîner, en fumant, Nieuwerkerke nous conte que Bénédict Masson, chargé de peindre l’Histoire de France dans la Cour des Invalides, avait imaginé de figurer le règne de Louis-Philippe par la représentation d’une barricade. […] Penser que c’est la réunion des esprits les plus libres de la France, et cependant en dépit de l’originalité de leur talent, quelle misère d’idées bien à eux, d’opinions faites avec leurs nerfs, avec leurs sensations propres, et quelle absence de personnalité, de tempérament ! […] 26 novembre J’entre chez le libraire France. […] Thierry tire de sa poche un numéro de la Gazette de France, et sur l’attaque qu’elle contient contre nous, suivie d’un curieux appel aux contribuables dont l’argent sert à monter une Henriette Maréchal, nous demande de retirer notre pièce. […] Enfin il y a eu un premier, oui un premier Paris de La Guéronnière (signé Polin) dans La France, le journal de l’Impératrice, mi-partie contre Henriette Maréchal, mi-partie contre le salon de la princesse Mathilde.
oui, en France, quand on veut dégoûter les gens de la Marseillaise, il n’y a qu’à la jouer trop. […] Le mot revint en France, chargé en quelque sorte de ce nouveau sens ou touché de cette nouvelle nuance. Humour ou humeur, à la fin du dix-huitième siècle, en France, signifie humeur satirique un peu triste. […] Il l’a été en France dès qu’il a été « inventé » par Voltaire (1734). […] Un très heureux mélange de raison et de passion, voilà Pauline, et c’est précisément pour cela que « c’est assez comme en France ».
J’ai consacré tout mon enseignement de cette année au Collège de France à l’étude du curare, non pour faire l’histoire de cette substance par elle-même, mais parce que cette étude nous montre comment un déterminisme unique des plus simples, tel que la lésion d’une extrémité nerveuse motrice, retentit successivement sur tous les autres éléments vitaux pour amener des déterminismes secondaires qui vont en se compliquant de plus en plus jusqu’à la mort. […] Laënnec, un de mes prédécesseurs dans la chaire de médecine du Collège de France, s’est immortalisé dans cette voie par la précision qu’il a donnée au diagnostic physique des maladies du cœur et du poumon. […] L’impulsion scientifique partie de la France s’est répandue en Europe, et peu à peu la méthode analytique expérimentale est entrée comme méthode générale d’investigation dans le domaine des sciences biologiques. […] En 1856, personne n’avait poussé la question expérimentale plus loin, et dans mon cours au Collège de France sur les substances toxiques et médicamenteuses, je repris l’étude sur l’empoisonnement par l’oxyde de carbone que j’avais commencée en 1846.
L’Allemagne, au commencement de ce siècle, a honteusement plié devant la France, et combien pourtant l’Allemagne de Gœthe et de Kant était supérieure pour la pensée à la France de Napoléon. […] si cela était, il ne faudrait pas désespérer de l’humanité sans doute, car l’humanité ne meurt pas ; il faudrait désespérer de la France. […] C’est comme si l’on croyait enrichir la France en convertissant la Colonne en monnaie.
oh, la nuance… elle est morte à l’heure qu’il est en France… Et la nuance, c’était toute la France, toute sa distinction… le don rare, en un mot, qu’elle seule avait parmi toutes les nations. » Jeudi 19 juin Je trouve, ce soir, Daudet en ses contractions de visage et ses remuements de jambes, disant qu’il a en plein ses douleurs. […] * * * — Il y a des jours, où Barbey d’Aurevilly m’apparaît comme un personnage de Byron, un Lara joué à Montparnasse, par un de ces acteurs qui représentent les pairs de France, avec un mouchoir à carreaux bleus d’invalide.
Platon, Tacite, Fénelon, Bossuet, Buffon, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame de Staël, madame Sand en France, une foule d’autres en Allemagne et en Angleterre, ont écrit des pages aussi émouvantes, aussi harmonieuses et aussi colorées que les poètes versificateurs de nos temps et des temps antérieurs. […] Pour éviter la dissémination d’attention qu’un trop grand nombre d’époques jetterait dans la mémoire et dans l’esprit, nous ne diviserons la littérature du genre humain qu’en quatre grandes époques : L’époque primitive ou orientale, indienne, chinoise, égyptienne, arabe, hébraïque ; L’époque gréco-latine, commençant à Homère et finissant au christianisme ; L’époque intermédiaire, décadence, barbarie, renaissance, commençant à la chute de l’empire romain, finissant à la naissance de Dante à Florence, époque dans laquelle l’Italie joue le plus grand rôle, et qu’on pourrait appeler l’époque italienne ; Enfin l’époque moderne, commençant au quinzième siècle, se caractérisant en Italie, en France, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, et se poursuivant avec des phases diverses d’ascendance ou de décadence jusqu’à nos jours. […] XX « La poésie mystique de l’Inde », nous écrit un de ces savants orientalistes qui a percé un des premiers pour l’Allemagne et pour la France les ténèbres de la langue sanscrite (le baron d’Eckstein), « la poésie mystique a pour texte habituel l’amour passionné et extatique de l’âme pour son créateur.
La littérature chevaleresque elle-même, que nous voyons s’épanouir pour la première fois dans sa précoce et brillante expansion au midi de notre France, au bord de la Méditerranée, semble avoir été effleurée, caressée de quelque souffle lointain venu des antiques rivages et qui a pu apporter quelque invisible semence. […] Mais avec la marche des siècles, après les révolutions et les cycles laborieusement accomplis, les astres se rejoignent et redeviennent cléments ; l’harmonie, la suprême beauté se retrouve ; elle éclate, elle resplendit dans le monde des arts, dans cette Rome aimable et raphaélesque de Léon X : dans un ordre moins brillant, mais plus estimable peut-être, dans l’ordre moral et de la parole éloquente, de la poésie sincère et convaincue, elle reparaît en France sous le règne de Louis XIV.
Il aspirait à devenir leur disciple ou leur émule en France. […] Les rendez-vous, quand on en exigeait, étaient à l’Institut encore, les jours de séance, à la Faculté ou au Collège de France après ses leçons.
Villemain avait relevé ; il donne là-dessus des raisons de France, pays de démocratie, de Poésie, fille du peuple, qui me semblent toujours un peu vaines et acquises, dans la bouche de M. […] Si Villon est un premier aïeul connu des Marot, La Fontaine, Voltaire, Béranger, etc., il est le dernier lui-même, à d’autres égards, d’une race très-ancienne en France ; il n’a fait que ce que mille autres auteurs de fabliaux ou de ballades avaient fait avant lui.
Déjà, depuis longtemps, par la centralisation administrative, l’État a la main partout440. « Sachez, disait Law au marquis d’Argenson, que ce royaume de France est gouverné par trente intendants. […] Histoire de France par Estampes, 1789 (au Cabinet des Estampes).
Mais regardant en lui, il y a trouvé quelque chose de plus que lui-même, l’homme : et, il a trouvé aussi qu’il ne se connaîtrait bien lui-même qu’en regardant hors de lui : ses voisins de Gascogne d’abord, ses voisins de France aussi, ses voisins d’Allemagne et d’Italie, ses voisins d’Amérique, ses voisins enfin de tout ce « petit caveau » qui est la terre dans l’univers : et les voisins du temps comme les voisins de l’espace, les gens d’hier, et d’avant-hier, et d’autrefois, l’humanité qu’on appelle ancienne. […] Pour faire rendre le plus de réel bonheur à ses cinq ou six mille livres de rente qu’il mangeait en son castel, il a confronté avec sa Gascogne et sa France les deux mondes découverts depuis un siècle, le monde de la nature, les sauvages de l’Amérique, et le monde de la civilisation, les penseurs de la Grèce et de Rome.
Sans dédaigner les sujets exotiques, Dumas fut le premier à deviner l’attrait que pouvait avoir l’histoire de France pour le public, et le premier se mit à exploiter les vastes recueils de chroniques et de mémoires que Guizot, Buchon, Petitot venaient de publier. […] Après ce beau début, ce ne furent plus à la Comédie-Française, à l’Odéon, à la Porte-Saint-Martin que leçons sur l’histoire de France : Dumas donna Christine, Charles VII chez ses grands vassaux ; enfin cette Tour de Nesle, la plus joyeusement fantastique évocation du moyen âge qu’on ait jamais faite.
Seulement je suis plus triste Lorsque j’étais enfant, la France était grande A une religieuse : Priez ! […] Mais, le poète ayant écrit : Et j’ajoute à ma lyre une corde d’airain, il y a un huitième livre, tout de colère et d’indignation, dont voici à peu près le canevas : Rois, je ne suis qu’un passant, mais je vous dis que vous êtes infâmes Il ne fallait point détruire la Colonne parce que, ce qu’elle glorifiait en réalité, ce n’était point le despotisme, mais la gloire d’un peuple et la Révolution délivrant l’Europe Je flétris pareillement ceux qui ont tué les otages, et ceux qui ont massacré les soldats de la Commune Un tout petit roi m’a chassé de Belgique : je ne daigne pas m’en apercevoir Nous sommes vaincus, mais j’attends la revanche ; la France vaincra, parce qu’elle est Lumière.
MESDAMES, MESSIEURS Jusqu’ici et depuis longtemps, deux nations, l’Angleterre, la France, les seules, parallèlement ont montré la superstition d’une Littérature. […] Si, dans l’avenir, en France, ressurgit une religion, ce sera l’amplification à mille joies de l’instinct de ciel en chacun ; plutôt qu’une autre menace, réduire ce jet au niveau élémentaire de la politique.
D’après ce portrait flatteur, est-il un seul Militaire, depuis le Maréchal de France jusqu’au simple Soldat, qui puisse refuser ses hommages, à la Philosophie ? […] Si j’en crois le bruit public, c’est maintenant en France l’esprit du jour ».
C’est dans ce but qu’il publia en 1791 la brochure intitulée : Esprit de la Révolution et de la Constitution de France, que les collecteurs de ses Œuvres n’ont point jugé à propos d’y recueillir, comme n’étant point assez jacobine. […] Il résolut pourtant de traverser le nord de la France avec un billet d’hôpital, sans passeport, pour revenir au moins mourir chez sa mère.
Aucune idée humiliante ne s’attache à ce servage : une habitude d’esprit dont nous tenons aujourd’hui trop peu de compte, confond alors dans l’opinion publique l’idée de roi avec celle de France : le roi, c’est l’État. […] La France donna alors le magnifique spectacle d’une nation tout entière qui cherche de bonne foi le vrai et le juste, et ne reconnaît en toute chose d’autorité que la raison.
. — Français (Perrault, Mme d’Aulnoy, Mme Leprince de Beaumont) ; Histoire de France. — Scandinaves (Andersen. […] Il y a lieu cependant de constater que la littérature indigène reproduit surtout les détails des mythes indo-européens (Grèce antique, Bretagne, France, Allemagne, Russie même)47.
« On la trouve établie en France au commencement du xixe siècle, ou un Guérin, ou plutôt un Guarini (ce nom ainsi écrit jusqu’en 1553) était comte d’Auvergne. […] L’histoire cite un chancelier de France sous Philippe-Auguste, Guérin, évêque de Senlis, qui releva la dignité de sa charge en faisant ordonner que le chancelier prendrait séance, parmi les pairs du royaume, avec les autres officiers de la couronne.
La France, il est vrai, par sa situation centrale dans le monde civilisé, semble être appelée à recueillir toutes les notions et toutes les poésies environnantes, et à les rendre aux autres peuples merveilleusement ouvrées et façonnées. […] Ses admirateurs trop passionnés seront toujours ce qu’ils furent, amoureux jusqu’à l’aveuglement ; et rien ne sera changé en France, pas même la manie de prendre à un grand artiste des qualités bizarres qui ne peuvent être qu’à lui, et d’imiter l’inimitable.
J’en conclurai seulement qu’en France, à la date de l’abbé de Pons, ce n’était pas une mauvaise note de fréquenter le café dont La Motte avait fait son salon du matin.
Sorti de Paris à dix-neuf ans, dès les premiers jours de la Révolution ; retenu par les circonstances et la maladie en Suisse, au lieu des longs voyages qu’il méditait ; marié là et proscrit en France à titre d’émigré, M. de Sénancour n’était rentré que furtivement, à diverses reprises, pour visiter sa mère, et s’il s’était hasardé à séjourner à Paris, sans papiers, de 1799 à 1802, ç’avait été dans un isolement absolu : il avait profité toutefois de ce séjour pour publier, dès 1799, ses Rêveries sur la nature primitive de l’Homme.
Comme exemple, je citerai deux axiomes de la critique française, que bien certainement aucun esprit assez mal fait, en France, n’a jamais eu, n’aura jamais l’idée de mettre en doute.
En notre France positive, de plus en plus positive, jamais !
Tel est l’enseignement qui se dégage de la première série de cette plaquette des Poètes maudits, dont la gloire fut de susciter, en France, avec la sonnerie des beaux vers, le réveil du sentiment poétique endormi sous de pernicieuses influences.
Mais quels furent les premiers en France & les plus zélés partisans du néographisme ?
X Cet inventaire de l’esprit humain, à l’heure où nous sommes, comprend l’Inde, la Chine, l’Égypte, la Perse, l’Arabie, la Grèce, Rome, l’Italie moderne, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Amérique elle-même naissante à la littérature comme à la vie, en un mot tous les peuples du globe qui ont apporté ou qui apportent un contingent littéraire à ce dépôt général de l’esprit humain.
Pigalle, jettez-moi à bas et ce squelette, et cet Hercule, tout beau qu’il est, et cette France qui intercède ; étendez le maréchal dans sa dernière demeure, et que je voie seulement ces deux grenadiers affilant leurs sabres contre la pierre de sa tombe ; cela est plus beau, plus simple, plus énergique et plus neuf que tout votre fatras moitié histoire, moitié allégorie.
J’ajouterai encore que quoique sa corégraphie n’ait été publiée qu’en mil sept cens six, néanmoins les personnes de la profession, tant en France que dans les païs étrangers, y sçavent déja lire couramment.
Intrépide analyste, travailleur infatigable, grand remueur d’idées, il a créé la critique d’érudition, et c’est l’homme de France qui connaît le mieux son histoire de la littérature.
En France, le nombre est infiniment plus grand qu’on ne croit des ouvrages épuisés, très dignes pourtant d’avoir leur place au soleil des bibliothèques, et dont les Allemands, par exemple, s’ils les avaient dans leur littérature, n’auraient pas manqué de faire des éditions de toute espèce.
Sorti de ce procès triomphant, ce qu’il avait été avec sa parole devant ses juges il le fut, avec sa plume, devant la France entière, jusqu’à ce matin du 10 août 1792 où, allant défendre le Roi, beau comme toujours, intrépide comme toujours, il fut assassiné par Théroigne de Méricourt et par des hommes plus lâches qu’elle ; car ils se mirent à deux cents pour frapper Suleau, qui avait son sabre et qui se défendit.
Mais c’est Pascal, en France !
Voir plus que cela dans l’auteur des Mémoires d’un chasseur, peintre de nature plus que de costume, c’est une erreur du genre de celle qui verrait dans Tristram Shandy et le Sentimental Journey des révélations politiques et sociales sur l’Angleterre et sur la France.
Swift, en France, est fort peu connu.
Écoutez encore : Les fruits de France valent bien Les plus beaux fruits d’Andalousie ; Mais, terre entre toutes choisie, Moitié more et moitié chrétien, Ton jardin est ma fantaisie !
Ce type de grandeur cachée, ce beau sujet à traiter pour un observateur profond, épouvante les écrivains en France, où le ridicule a tant d’empire : or, celui qu’on a jeté sur la position de la vieille fille est si grand et si officiel, qu’ils croiraient peut-être le voir rejaillir jusqu’à eux, s’ils considéraient seulement la vieille fille par les côtés touchants, élevés, héroïques, et voilà pourquoi ils se sont abstenus de la peindre dans la splendeur possible de son isolement désespéré ou courageux.
On a bien pu remarquer, par exemple, que le progrès de la France vers l’unité a été en partie voulu par les masses et qu’elles y aidaient pour la satisfaction de leurs aspirations égalitaires : ou encore on a pu trouver dans les réclamations démocratiques une des causes du développement de la centralisation dans l’Angleterre ou l’Amérique de nos jours231 : et en ce sens l’unité serait fille de l’égalité.
Le christianisme nous a pénétrés, nous tous qui avons grandi dans cette vieille France, catholique malgré qu’elle en ait, et nous portons dans notre arrière-fond de cœur un germe spiritualiste qui se trahit sans cesse et à notre insu. […] Bien au contraire, c’est vers un affinement de plus en plus aigu des intelligences, c’est vers une séparation de plus en plus marquée des deux sexes, c’est vers une centralisation de plus en plus condensée, que se dirige la France contemporaine. […] Leconte de Lisle De tous les poètes de talent apparus en France depuis la fin du mouvement romantique de 1830, aucun n’aura eu plus que M. […] En 1849, partaient, le sac au dos, pour faire à pied un tour de France. […] C’est le Lavretsky de la Nichée de gentilshommes, qui passe en France les premières années de son malheureux mariage.
Et en France, aussi bien qu’ailleurs, la poésie la plus pure, la plus inédite, se retrouve dans la chanson, non pas dans la chanson des Désaugiers, des Panard et des Béranger, mais dans celle qui sort des entrailles mêmes du peuple. […] Un concours avait été ouvert par la Correspondance générale de l’instruction primaire, pour la composition d’un Recueil de chants à l’usage des écoles primaires de France. […] * * * Mais une tentative plus hardie, c’était de sortir de France et de publier, dès le début de cette collection, un chef-d’œuvre étranger. […] Quand Maurice Bouchor s’est mis à parcourir les quartiers parisiens, puis les provinces de la France, pour faire entendre à travers les écoles sa parole d’éducateur, le lyrisme profond, qui était sa nature même, n’a pas cessé de bouillonner en lui et, par moments, de faire explosion. […] Ce besoin d’agir, qui borna, de bonne heure, les ambitions du professeur à une chaire de lycée de province, poussa pourtant cet excellent Français hors des frontières de la France.
« La grande plaie de la France est dans le titre Des successions du Code civil, qui ordonne le partage égal des biens ». […] L’amour n’a pas grande place ici ; au fond, il n’a qu’une très-petite place en France. […] S’il avait les licences et les éclats de la passion, il passerait pour malappris, ce qui est intolérable dans un pays de vanité comme la France et dans un monde d’apparat comme la cour. […] Si elle demande à vivre, ce n’est pas par crainte ; une fille de France ne saurait avoir peur ; c’est par devoir envers son fiancé et sa mère. […] Ce chaos et cette grossièreté démocratique eussent fait échouer la doctrine en France ; ils l’ont fait réussir aux États-Unis.
Le jeune Saint-Victor, élevé pendant ses premières années hors de France, en Suisse, puis en Italie, à Rome et en d’autres lieux peuplés de vivants souvenirs, y put comparer de bonne heure les chefs-d’œuvre des Écoles rivales ; il grandit et se forma à l’idée, du beau parmi les marbres et les tableaux des maîtres ; il lui fut donné, comme à Roméo, de voir à temps la beauté véritable, et depuis ce jour il ne put jamais s’en déprendre.
George Sand, Lélia (1833) On doit être frappé du singulier mouvement moral et littéraire qui se déclare en France chez les femmes, d’une manière croissante, depuis les dernières années.
En voici le résumé : « Aujourd’hui les destinées de l’homme et de l’humanité s’agitent ; elles sont représentées par le pays qui a toujours marché à la tête de la civilisation moderne, en sorte que, si ces destinées peuvent être trouvées par la France, elles le seront pour l’Europe et pour le monde entier.
Je ne sais si l’on a détruit la foi religieuse du peuple en France, mais on aura bien de la peine à remplacer pour lui toutes les jouissances réelles dont cette idée lui tenait lieu ; la révolution y a suppléé, pendant quelque temps.
En 1536, il va à Ferrare, près de la duchesse Renée de France, revient secrètement en France, puis passe par Genève, où Farel le retient.
Dans le fond, il y a ceci, qui est bizarre : il vous a été absolument impossible de supporter cette idée qu’il y eût en France un homme notoirement insensible aux beautés du 4e acte de Frédégonde.
M. Anatole France, quand parut Tel qu’en songe et qu’il rédigeait au Temps sa Vie littéraire, garda un silence qui surprit, M.
Ils étaient, en outre, habiles à amuser les spectateurs avec des lazzi, expression technique qui désignait moins des bons mots, comme nous l’employons en France, que les fantaisies pittoresques de la pantomime.
L’Affamato ne s’est pas naturalisé en France ; mais il a prospéré en Angleterre : il n’est pas douteux, en effet, que ce masque n’ait été connu de Shakespeare et ne soit entré pour quelque chose dans la puissante création de sir John Falstaff.
Jouffroy pour attribuer un sens spécial au mot philosophie vient de ce qu’il n’a pas assez remarqué le sens conventionnel qu’on prête à ce mot en France.
La foule qui se presse chaque soir devant cette œuvre, parce qu’en France jamais l’attention publique n’a fait défaut aux tentatives de l’esprit, quelles qu’elles soient d’ailleurs, la foule, disons-nous, ne voit dans Ruy Blas que ce dernier sujet, le sujet dramatique, le laquais ; et elle a raison.
Chez les Grecs & chez les Romains, comme aussi chez les Anglois, & généralement dans toutes les républiques où l’on est continuellement occupé de grands intérêts publics, il se peut qu’on réduise toute la force de l’éloquence à sçavoir persuader & faire réussir ses desseins ; qu’on ne lui reconnoisse aucune autre vertu, parce que toutes les autres qualités doivent être subordonnées à celle-là, & qu’il est juste que le principal l’emporte sur l’accessoire : mais, en France, & partout ailleurs où le gouvernement républicain n’a pas lieu, on doit distinguer ces deux choses.
Nous ne sommes plus en France ; nous voilà dans le fond de l’Afrique.
Certes ce n’est pas en France ; jamais on n’y a vu une jeune fille bien née, bien élevée, à moitié nue, un genou sur le lit, sollicitée par son époux en présence de ses femmes qui la tiraillent.
Croit-on qu’un peintre françois, qui auroit pris son essort au commencement des trente-cinq années de guerre qui désolerent la France jusqu’à la paix de Vervins, eût eu les mêmes occasions de se perfectionner, qu’il eût reçû les mêmes encouragemens qu’il auroit reçus, s’il eût pris son essort en mil six cens soixante.
Elle mérita plus que personne, parmi les remueuses de plumes de son temps, ce nom de bas-bleu dont l’Angleterre, la première, a chaussé ses femmes-auteurs, et que la France, qui aime l’uniforme, n’a pas manqué d’adopter pour les siennes.
Le désespéré, c’était Donoso, le plus ardent, le plus religieux, le plus saint des deux, que Guizot, qui avait ses raisons pour ne pas vouloir de prophètes, appelait, par dérision, un Jérémie ; et l’espérant, c’était Raczynski, lequel persiste (dit-il dans sa Correspondance) à croire « que le jour viendra où la France tendra les mains vers Henri V », mais sans donner de cette foi une seule raison historique, et qui a espéré non pas jusqu’à la fin, mais sans fin, et qui a vu la fin de sa vie avant la fin de son opiniâtre espérance !
Nous lui dirions enfin qu’il est bien dur envers les hommes de verve et de fantaisie, bien dur envers ce charmant et pauvre Caprice qui va tout à l’heure donner La Fontaine à la France, La Fontaine, aussi étonnant que le grand Corneille !
« La France s’américanise », est un mot devenu commun.
Quand une race finit par des hommes comme le Régent, Égalité et Louis-Philippe, il est presque naturel qu’on oublie que leurs prédécesseurs furent, comme eux, les Mauvais Génies de la France !
Au lieu de le garder dans quelque fort séminaire d’Italie, on l’envoya, à trente ans, comme secrétaire d’ambassade, en France, où les abbés comme lui se moquaient joliment de leurs abbayes !
Esprits, du reste, tous les deux, qui sont des exemples et qui nous font dire, — et ce serait avec désespoir, si nous croyions à cette grande vanité de la philosophie, — qu’il n’y aura pas de gloire qui s’appelle en France, au dix-neuvième siècle, la gloire philosophique !
Rapports entre Dieu et les pouvoirs humains, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la religion, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la littérature et de la politique, — Importance sociale du catholicisme, — Mœurs des Grands, — Exemple des Grands, — l’Église et l’État, ou Théocratie et Césarisme, — Royauté de Jésus-Christ et Restauration de l’Empire en France, voilà les neuf majestueux sujets que le P.
Les hommes qui ne croient pas que le progrès puisse se produire autrement que dans un sens unique, répondront peut-être par la phrase courante qui dispense, en France, d’une raison : qu’avec de telles idées on veut recommencer le passé.
En France, les questions de sentiment, ce despotisme généreux, priment toutes les autres questions, mais, en fin de compte, doivent-elles primer la justice ?
Il y a là une comtesse polonaise, un gentilhomme portugais, un prince russe, un colonel suisse, un conseiller aulique allemand, un abbé espagnol, un géologue suédois, un agronome hollandais, un commerçant de Boston, un touriste anglais, et enfin (quelle jolie et patriotique manière de représenter la France !)
La Révolution la consacra, et Anacharsis Cloots, le gentilhomme prussien qui se prit d’une si forte passion pour la France révolutionnaire, la rendit éclatante.
Des hommes perfides du haut de la nef m’avaient jeté dans les flots soulevés du courant61. » À part les désinences doriques affectées par l’original, ne sent-on pas ici, jusque dans la simplicité des tons, le calcul d’un art plus moderne, comme nous le sentons, pour le moyen âge, dans quelques ballades récentes en vieux langage de France, d’Espagne ou d’Angleterre ?
L’Histoire littéraire en France, et de la Poésie particulièrement, doit être admirée par surcroît, de se présenter conservatrice de toute intense volonté. […] (Mermeix, « la France », 24 Oct. 86). […] C’est la foire des mots et des pseudo grands hommes »… Nous eûmes propagé par les multiples Gazettes de France un plus grand émoi : la grande colère de Sarcey ! […] Dites-leur cela. » Mendès était alors au « Journal » grand dispensateur de la louange ; il me semble qu’il continuait pourtant à incliner vers les Assagis et les Orthodoxes tout en s’écriant : « Quelle admirable France qui ne cesse de produire des poètes, encore des poètes ! […] Peut-être du temps du Parnasse avait-il gardé une première préoccupation de la pensée de Wagner : Mendès n’a-t-il pas été en France son premier et ardent apologiste.
. — Initiation de la France […] Ce n’est qu’après 1830 que, nommé professeur de médecine au Collège de France, il y établit le laboratoire très insuffisant qui y existe encore aujourd’hui et qui a été le seul laboratoire officiel qu’ait d’abord possédé la France. […] À cette époque, le laboratoire du Collège de France était le seul qui existât. […] C’est en France, MM. […] Tout récemment encore, mon ancien collaborateur, actuellement professeur au Collège de France, M.
Browning, elle l’a fait pour la France. […] L’Angleterre, la France et les Flandres furent les trois grands pays des tapisseries. […] En France, on agit plus sagement. […] Bon, vous les avez empruntées à la France. […] Vous avez emprunté à la France jusqu’au langage de vos statuts, mais les Français ne craignent pas d’imposer leur loi, et vous, vous avez peur d’appliquer la vôtre.
. — Le monde en France. — La vie parisienne. — Les plaisirs. — La représentation. — La conversation. — La hardiesse d’esprit. — En quoi Alfred de Musset convient à un pareil monde. — Comparaison des deux mondes et des deux poëtes. […] Aujourd’hui ce poëte serait Tennyson en Angleterre, et Alfred de Musset en France. […] Il y a deux peuples en France : la province et Paris, l’un qui dîne, dort, bâille, écoute ; l’autre qui pense, ose, veille et parle ; le premier traîné par le second, comme un escargot par un papillon, tour à tour amusé et inquiété par les caprices et l’audace de son conducteur.
L’atmosphère d’Allemagne, de France et d’Italie ne roule que les airs de Mozart devenus populaires, Non più andrai, comme nous avons vu de nos jours les échos de l’Europe entière faire chanter aux murs, aux arbres et aux fleuves les airs de Rossini, Di tanti palpiti ! […] Scudo en citant ces paroles si justes ; c’est la doctrine pratiquée par Phidias, par Virgile, par Raphaël, doctrine contraire à celle du musicien rival de Mozart, Gluck, qui voulait au contraire que la musique ne fût que la traduction littérale de la parole… Le principe de Gluck, qui est celui de la France, nous prouve, ajoute le commentateur, que si Mozart s’était fixé à Paris, il n’aurait jamais écrit le chef-d’œuvre de beauté et de sentiment de Don Juan. » XII Sous cette haute inspiration de Mozart nous avons vu comment d’Aponte, son poète, composait les scènes et les dialogues entre deux ivresses, le vin et l’amour, et en la présence nocturne des fantômes de Dante, ouvert sur sa table. […] Quant au reste de l’Allemagne, de l’Italie, et quant à la France, le chef-d’œuvre de la musique moderne eut le sort d’Athalie, le chef-d’œuvre de la poésie française : il fallait que cette musique surhumaine attendît trente ans ses juges.
Car les peuples, ces vastes individus, ont comme chacun de nous leur crise et leur heure ; Paul, après sa chute auguste, s’est redressé armé, contre les vieilles erreurs, de ce glaive fulgurant, le christianisme ; et deux mille ans après, la France, terrassée de lumière, se relèvera, elle aussi, tenant à la main cette flamme épée, la Révolution. […] Ils sont dans l’art les incarnations de la Grèce, de l’Arabie, de la Judée, de Rome païenne, de l’Italie chrétienne, de l’Espagne, de la France, de l’Angleterre. […] Elle partage Charlemagne avec la France et Shakespeare avec l’Angleterre.
La France triste et pensive est debout à son chevet. […] Que celui-cy tienne le bras fracassé de son père ; que ce bras soit enveloppé de la manche déchirée du vêtement ; qu’on voye à cette manche des traces de sang ; qu’on en voye des goutes à terre ; et que le père dise à son fils, en lui montrant le maréchal mort, ce n’est pas sur moi, mon fils, qu’il faut pleurer, c’est sur la perte que la France fait par la mort de cet homme. […] Vous avez raison… est-ce que vous n’approuvez pas l’intention de cette France ou Minerve ?
La formule du théâtre d’Émile Augier aura du moins été viable, et elle aura servi pour mettre à la scène le tableau le plus complet que nous ayons des mœurs qui ont été celles de la France à une certaine date. […] La France se demandait comment serait accueilli le nouveau gouvernement, pendant que les Goncourt s’inquiétaient comment on allait accueillir leurs nouveaux procédés de style. […] À les voir en arrêt devant la causerie de ces dîneurs, on croirait que les intérêts de la France et de l’humanité tout entière ont tenu entre les quatre murs de ce cabinet de restaurant. […] La triste famille des Rougon-Macquart symbolise la France impériale, « une époque de folie et de honte121 ». […] Quel souvenir l’homme avait gardé de son odyssée d’enfant de troupe à travers les chemins de France !
Grimaldi , qui me demandait sérieusement un jour : « Ne trouvez-vous pas, monsieur, que la meilleure histoire de France est celle de Pigault-Lebrun ? […] Sainte-Beuve définissait et décrivait, en toute connaissance de cause, ce qu’il a nommé lui-même L’ouvrier littéraire ; et on peut reconnaître à certains traits que, sans en avoir l’air, il se rangeait dans cette catégorie de travailleurs ; il en a été, malgré la dignité de sénateur, jusqu’à la fin de sa vie (voir à la fin d’un premier article sur la Réforme sociale en France, par M.
Quoi qu’il en soit, il venait d’acheter une charge de trésorier de France à Caen lorsque Bossuet, qu’il connaissait on ne sait d’où, l’appela près de M. le Duc pour lui enseigner l’histoire. […] Reçu à l’Académie le 15 juin 1693, époque où il y avait déjà eu en France sept éditions des Caractères, La Bruyère mourut subitement d’apoplexie en 1696 et disparut ainsi en pleine gloire, avant que les biographes et commentateurs eussent avisé encore à l’approcher, à le saisir dans sa condition modeste et à noter ses réponses145.
La France musicale : N° 18. 2 Mai. 1869. […] Schemann) ; L’art Wagnérien en France (P.
En France, la cajolerie a été ouvertement avouée : Victor Cousin faisait franchement appel au « patriotisme » de son auditoire en faveur « de nos belles doctrines »234. […] Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.
« Nous n'avions point de Poëme épique en France, & je ne sais même si nous en avons aujourd'hui. La Henriade, à la vérité, a été imprimée souvent, mais il y auroit trop de présomption à regarder ce Poëme comme un Ouvrage qui doit effacer la honte qu'on a reprochée si long-temps à la France, de n'avoir pu produire de Poëme épique ».
Tel mouvement de l’esprit humain a eu déjà ses phases complètes en Angleterre ou en Allemagne quand il vient se reproduire et trop souvent s’exagérer en France. […] Il y eut donc une protestation contre la France au nom des littératures nationales.
Ses œuvres sont mentionnées au long dans La France littéraire de Quérard, mais la date de sa naissance ne s’y trouve pas. […] Dans les lettres que Carlin écrit de Paris, c’est moins l’acteur de la Comédie italienne qui parle, que M. de Latouche lui-même jugeant et persiflant les coteries littéraires de 1826, se moquant de l’alexandrin consacré : « En France, écrit Carlin, ces longues choses à qui je ne sais quel Alexandre a donné son nom, sont toujours terminées par des rimes : cela tient lieu de pensées. » Toute cette partie du livre se ressent, à première vue, de la querelle classique et romantique, de même qu’une grande part aussi est faite aux préoccupations antijésuitiques du moment.
» fut un de ces mots d’ordre, un de ces brandons qui coururent d’abord par toute la France. […] Stahl-Hetzel ne pas craindre de me rappeler, pour faire l’agréable, qu’il y a eu un jour où, nommé professeur au Collège de France, il ne m’a pas été possible, de par les hommes de son opinion et ceux mêmes qui parlent si haut de liberté, de discourir librement des beautés et du génie de Virgile ; je m’étonne que M.
L’un est le dernier esprit de l’ancienne France, l’autre est le premier génie de la France nouvelle.
Gerberon, Bénédictin, alors retiré en Hollande, & qui depuis est mort en France. […] Il y a pourtant des recherches curieuses ; mais les lecteurs qui ne sont pas prévenus par l’esprit de parti auroient souhaité que l’auteur en parlant d’un certain Corps qui ne subsiste plus en France, eût moins laissé voir de passion.
Il a pris ses affections pour celles du monde, et il a écrit d’une main assurée, à la première ligne de son ouvrage : « Virgile est un poète qui n’a pas cessé d’être en France dans l’usage et l’affection de tous. » Ceci n’est pas exact. […] Il y a plus : dans l’admiration d’école qu’on avait pour Homère et Virgile, la gloire du premier offusquait le second et le jetait dans l’ombre ; car il faut être le premier en France pour être quelque chose.
L’auteur de Dominique a erré des jours et des jours dans les campagnes plates de la Rochelle, en vue de l’Océan, dans le pays pâle « où l’absinthe amère croît jusqu’au bord des champs d’avoine » ; il a eu le temps d’écouter le silence qui n’est qu’un bruit trop menu pour les distraits ; il est monté sur le dos branlant des charrettes de foin qu’on ramène à la ferme ; il a veillé avec les vendangeurs dans les pressoirs ruisselants de vin nouveau ; il s’est habitué à reconnaître les oiseaux à leur vol, à leur chant, à leur cri d’émigrants qu’ils jettent dans leurs voyages de nuit pour se maintenir en ligne ; enfin il eut en soi, pénétrant son âme et s’éveillant avec elle, l’âme d’un coin de la France. […] Il changera de climat, et ses yeux, exercés aux paysages de France et pénétrés par eux, sauront voir, avec la même justesse, la lumière de l’Orient et les brumes de l’île de Ré.
La France est encore plus composite que toutes les autres ; la nation qui devait formuler les Droits de l’homme est aussi, on l’a répété souvent, « parente de toutes les races ». […] V. ce que dit Taine (Les Origines de la France contemporaine), du rapprochement du bourgeois et du noble : « Aux approches de 1789, on aurait peine à les distinguer dans la rue. » 99.
Il nous tourne sans pitié en ridicule auprès d’une souveraine étrangère ; il charivarise la France devant la Russie.
Ingres sectateur de l’antique beauté, des vers à la mémoire de ce Georges Farcy que sa mort a révélé à la France, et qui eût aimé ce livre s’il avait vécu, et qui, en le lisant, eût envié de le faire ; partout une nature élégante et gracieuse à laquelle le cœur se confie ; partout de bienveillantes images et un pur désir du beau : le doux Virgile en robe traînante et les cheveux négligés, s’appuyant sur le bras de Mécène au seuil du palais d’Octave ; un doute tolérant et chaste, la liberté clémente ; Jésus homme ou Dieu, dit le poëte, mais qui possède à jamais l’univers moral, et qui, s’il doit mourir, ne mourra que comme le père de famille, après que toute sa race, la race des fils d’Adam, sera pourvue ; — ce sont des vers comme ceux-ci, inspirés par le joli pays de Livry, que Mme de Sévigné chérissait déjà : ……….
La Révocation le jeta hors de France ; il professa à Rotterdam, où le violent Jurieu lui chercha querelle : ses livres furent censurés, sa chaire lui fut retirée.
France l’écrivait ce matin : « Il en est des strophes des poètes comme des femmes ; rien n’est plus vain que de les louer : la mieux aimée sera toujours la plus belle… » IV. — Lorrain Voici un bon écrivain et le meilleur chroniqueur de ce temps.
La politesse passa du sénat aux ordres inférieurs, voire au plus bas étage du menu peuple ; et si en leur cause, on doit croire leur témoignage, ils ont effacé ensuite toutes les grâces et toutes ces vertus de la Grèce, et ont laissé son atticisme bien loin derrière leur urbanité. » Ici Balzac nous apprend que de son temps ce mot d’urbanité n’était pas encore reçu en France : il pense que quand l’usage l’aura mûri, et aura corrigé l’amertume de la nouveauté, nous nous y accoutumerons , comme à d’autres que nous avons empruntés de la même langue.
« Tout sera bientôt à la France, dit La Fontaine, et à mademoiselle de Champmeslé.
Néanmoins dans sa bouche ils étoient charmans, parce qu’il étoit l’homme de France qui lisoit le mieux.
Epopée pour le peuple, guerrière avant tout, conte féerique, espèce de roman de chevalerie, cette œuvre a le rare mérite d’avoir identifié la France avec la patrie.
III Mais s’il fallait, d’ailleurs, un exemple de l’inanité de l’esprit de salon et de l’innocuité de cette catapulte, on le trouverait ici, — précisément dans ces lettres de Mme de Staël, qui la montrent aujourd’hui seulement femme du monde, et par le fait seul qu’elle n’y est que cela, l’exilant de son esprit comme elle était exilée de France, alors qu’elle vivait en Russie… Ah !
Cependant, ce n’est ni cette histoire écrite à ce point de vue qu’en France n’accepterait personne, ni cette curieuse rencontre de Joseph de Maistre jugeant confidentiellement Napoléon, qui sont l’intérêt le plus vif de cette piquante publication.
Plus tard, quand fut fini le magnifique épisode de l’Empire qui, tout le temps qu’il dura, sut fort bien se passer, lui, de vos petites combinaisons et ne connut d’équilibre que celui qu’il fit perdre à toute l’Europe, le Royalisme de la Restauration recommença ce que le Royalisme d’après Thermidor avait fait ; comme aujourd’hui, dans l’effroyable situation où la révolution, la guerre, tous les malheurs et toutes les anarchies ont mis la France, il est prêt à le recommencer encore !
On ne peut guères mesurer, en France, l’étendue du succès, quand à l’ennui se joint la gravité : combinaison puissante !
Homme d’esprit dans le sens le plus léger du mot, doué d’un de ces genres de talent que je ne nie point, mais qui n’était pas de nature à donner de grandes jalousies à personne, Prévost-Paradol est arrivé, dès les premiers pas qu’il a faits dans la littérature, à monter les trois échelons, mystérieux toujours quoique très connu, après lesquels en France, dans ce pays de la moquerie despotisé par les coutumes dont on se sera le plus moqué, il ne reste rien de bien difficile à grimper.
Taine s’est chargé de présenter à la France.
Ces traditions, qui sont les mêmes à peu près à l’École normale et à l’Académie, et que comme professeur, quand on l’est, on est obligé de transborder dans d’autres esprits, qui à leur tour en seront les débardeurs sur tous les quais des écoles de France, ne sont pas des garanties d’indépendance bien souveraines quand il s’agit d’un classique aussi séculairement admiré, par exemple, que Thucydide.
Il ne faut pas s’extravaser… Il n’y avait guères sur Gustave III de connu, en France, que de mauvais livres, écrits par de basses plumes du xviiie siècle, comme le livre de l’abbé Roman, par exemple, les Cours du Nord, romanesques et suspectes ; de Brown, et l’assommant Coxe, traduit comme ils traduisaient l’anglais au xviiie siècle !
Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
Cousin, le chef à présent déposé de la philosophie en France, et qui s’est lui-même tondu (mais non pour se faire moine) avec les ciseaux de Madame de Longueville, se fit, à grand bruit, l’éditeur et le vulgarisateur du philosophe du xiie siècle condamné par l’Église.
L’Encyclopédie a tourné toutes les têtes de France ; la sienne tient bon dans son tonneau.
Ce Fantasio, ce gracioso, ce rêveur qui a des vivacités, ce misanthrope riant, ce Chamfort qui sourit, ce désabusé qui plaisante, n’était pas fait pour les coteries doctrinaires, la morale protestante et les cultes académiques d’un salon où plane beaucoup plus l’ombre épaisse et gourmée de l’aïeul Necker que l’ombre lumineuse de la grand-mère Madame de Staël… Pour ce salon, des Rémusat et des Villemain sont de bien plus grands hommes que de Maistre et de Bonald… L’Académie y est regardée comme le but suprême où doit, en France, viser le grand esprit humain ; et on s’y étonnait que Doudan, aimé de ces doctrinaires encravatés et pédants, mais qui l’aimaient pour ce qui se fait aimer même des ennemis, — la grâce, — ne voulût pas faire quelque petite chose pour y entrer.
Pendant des années et jusqu’à la Révolution, qui a tué l’esprit comme elle a tué tant d’autres choses, elle régna par les mots, la plus jolie manière de régner en France, quand on y régnait !
Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
Cousin, le chef maintenant déposé de la philosophie en France, et qui s’est lui-même tondu (mais non pour se faire moine) avec les ciseaux de Mme de Longueville, M.
Blafard et douceâtre écrivain, élégant, mais à la manière des Incroyables de son temps, appliquant aux matières philosophico-médicales la rhétorique effacée de son ami Garat, Cabanis, malgré une médiocrité foncière, a laissé un sillon profond que d’autres ont fécondé, et a exercé une influence décisive sur l’enseignement en France, tel qu’il est encore aujourd’hui.
Saint-Évremond, qui ne valait pas mieux que Fontenelle par la moralité réfléchie ou par la moralité instinctive, mais qui lui était très supérieur par le talent, Saint-Évremond était plus hardi, mais il était en Angleterre, — cet asile contre la France toujours.
Parmi nous, pourtant, les plus maniaques d’égalité relèvent à la frontière, pour l’honneur de la France, l’inégalité dont ils ne veulent pas à l’intérieur, et ils appellent avec raison la première des nations du monde le pays des vainqueurs de Sébastopol.
Le talent a très peu orné son histoire ; l’opinion qui y interprète les événements et veut y marquer le sens des choses et des hommes est ce qu’on peut nommer, en ce moment, l’opinion parlementaire éplorée, et la passion qui se sert de cette histoire… n’est pas l’amour des institutions actuelles de la France.
Ce genre de poésie que M. de Lamartine inaugura en France par son poème de Jocelyn existe depuis longtemps en Angleterre, pays du roman sous toutes les formes, et il exige une expression d’autant plus idéale et plus puissante, que les faits qu’il retrace, les sentiments et les habitudes qu’il reproduit sont plus près de nous.
Charles Baudelaire, le traducteur des œuvres complètes d’Edgar Poe, qui a déjà fait connaître à la France le bizarre conteur, et qui va incessamment lui faire connaître le puissant poète dont le conteur était doublé, M.
… En France, ce pays spirituel autrefois, hébété maintenant d’impiété, le prêtre qui n’est pas le Bon pasteur de Béranger et que le libéralisme du bourgeois peut honorer encore, s’il est décoré de la Légion d’Honneur et si c’est un « apôtre de la tolérance », comme on dit dans la charmante langue de Béranger, n’est plus que le Soutane, levez-vous !
Catulle Mendès qu’un homme en France qui fût capable d’un livre pareil… Cet homme-là est au-dessus de M.
En effet, ils sont comme cela trois ou quatre en France, à peu près, qui y sont regardés sérieusement comme impeccables, et sur lesquels le pays le moins disposé de sa nature au respect, le pays qui fait le plus de révolutions et gamine le plus contre ses gouvernements, n’entend pas que l’on dise un seul mot qui ne soit l’expression d’un hommage… Depuis longtemps M.
sans peur) de la femme la mieux placée pour les connaître, je dis qu’il est temps d’en finir avec ce monde écœurant de drôlesses, qui a pris tant d’importance dans les préoccupations des écrivains du dix-neuvième siècle, qu’on dirait qu’en dehors des filles, il n’y a plus en France de mœurs à peindre et de sentiments à étudier.
Alors, la France, en déplorant la mort de ses grands hommes, voyait de leurs cendres renaître, pour ainsi dire, d’autres grands hommes.
C’est vers 1840, avec le Compagnon du tour de France, que le système arrive et que le socialisme entre en campagne. […] Dans des romans comme le Compagnon du tour de France, la Comtesse de Rudolstadt, le Meunier d’Angibault, c’est l’amour qui est l’initiateur suprême à la doctrine égalitaire. […] Une femme de chambre, amenée de France à grands frais, commençait à refuser le service, comme trop pénible. […] mais pour des amis ou des clients politiques, menacés ou frappes après le coup d’État, de réclamer pour qu’on les laisse en France ou qu’on les rappelle de l’exil, et auprès de qui ? […] En France ce type est resté une fiction.
Comparaison de la moquerie en France et en Angleterre. — Différence des deux tempéraments, des deux goûts et des deux esprits. […] En second lieu, c’est un débouché : on n’y a pas la musique comme en Allemagne et la conversation comme en France ; et les gens qui ont besoin de penser et de sentir y trouvent un moyen de sentir et de penser. […] Autrefois en France les seigneurs, avec des écus bourgeois, fumaient leurs terres ; aujourd’hui en Angleterre les bourgeois, avec un mariage noble, anoblissent leur argent. […] Devant ce tableau frappant de vérité et de génie, on a besoin de se rappeler que cette inégalité blessante est la cause d’une liberté salutaire, que l’iniquité sociale produit la prospérité politique, qu’une classe de grands héréditaires est une classe d’hommes d’État héréditaires, qu’en un siècle et demi l’Angleterre a eu cent cinquante ans de bon gouvernement, qu’en un siècle et demi la France a eu cent vingt ans de mauvais gouvernement, que tout se paye et qu’on peut payer cher des chefs capables, une politique suivie, des élections libres, et la surveillance du gouvernement par la nation.
Tout le temps, on fait joyeusement le château en Espagne d’un voyage, à nous sept, dans le midi de la France, en automne ; et ce sont mille plaisanteries des femmes sur mes mœurs de tortue, sur mes attaches à ma maison, à ma chambre, à mon lit. […] Mais quelques jours après, Delpit faisant la reconduite à Ganderax qui rentrait en France, lui avouait que le chloral en question était du chloral volé à la pharmacie du docteur touchant à la chambrette, et du chloral préparé par lui ; car il était, croit Ganderax, en cristaux. […] Samedi 14 novembre Ces jours-ci, il a paru dans la Gazette de France, un éreintement des Lettres de mon frère, par l’éternel de Pontmartin. […] Déjà à propos d’une note dans : Idées et sensations, d’une note prise l’hiver, d’après nature, dans le parc du comte d’Osmoy, où nous parlions de la lisière de ce parc, « toute gazouillante et rossignolante du sautillant bonsoir des oiseaux au soleil » il nous accusait d’avoir peuplé les bois de France de rossignols, au mois de janvier.
La France jugée à l’Étranger : Lucile Dubois. […] France : 50 fr. […] Les véritables promoteurs du vers libre en France furent Jules Laforgue et Gustave Kahn. […] Il prend les fièvres et revient en France. […] Gagner un peu d’argent, revenir en France, se marier, et du repos enfin, du repos !
À son retour en France, Rabelais obtint la cure de Meudon, qu’il desservit jusqu’à sa mort, en 1553. […] Tant y a que l’expedient que mon père y trouva, ce feust qu’en nourrice, et avant le premier desnouement de ma langue, il me donna en charge à un Allemand, qui depuis est mort fameux medecin en France, du tout ignorant de nostre langue, et très bien versé en la latine. […] Cette époque est la plus tumultueuse du seizième siècle ; au milieu du trouble et de l’angoisse générale, la France, en proie aux factions diverses, demeure une arène sanglante jusqu’à l’avènement définitif de Henri IV. […] Dans cette période, l’histoire de France afflige l’esprit et le cœur ; il est triste et honteux de voir une grande nation livrée à une troupe d’histrions et de baladins, un peuple généreux et fort qui semble n’exister que pour le plaisir de trois ou quatre mauvais sujets, possédant tous les vices et point de grandeur. […] Blessé à en perdre presque la vue, le duc de La Rochefoucauld se retira hors de France d’abord, ensuite dans ses terres en Angoumois.
En vain le montagnard Goujon, récemment arrivé des camps, s’écriait :« C’est la Convention qu’on accuse, c’est au peuple qu’on fait le procès, parce qu’ils ont souffert l’un et l’autre la tyrannie de Robespierre. » En vain Robert Lindet, dans un éloquent rapport sur la situation politique de la France, disait à ses collègues : « Cessons de nous reprocher nos malheurs et nos fautes.
Ce système de perfectibilité est aussi combattu par quelques penseurs ; mais il a surtout contre lui dans ce moment, en France, ces sentiments irréfléchis, ces affections passionnées qui confondent ensemble les idées les plus contraires, et servent merveilleusement les hommes criminels, en leur supposant des prétextes honorables.
Mais une des règles de Malherbe, et la plus claire, la plus bienfaisante aussi, est perdue de vue : l’usage du peuple (dans les régions de la France où la langue française est indigène ; ainsi, à Paris).
Supposons ce progrès obtenu (si c’est là une utopie pour la France, ce n’en est pas une pour l’Europe, où le goût de la liberté anglaise devient chaque jour dominant) ; nous n’aurions réellement pas grand’chose à regretter des faveurs que l’ancien régime avait pour l’esprit.
Dès qu’une piece dramatique réussit en France, elle est comme certaine de parvenir à cet honneur.
L’air assez banal de Halévy, Jamais en France, jamais Anglais ne régnera, aurait-il donc des valeurs d’art différentes, selon la haine des auditeurs contre la perfide Angleterre ?
Elle restera parce qu’avant lui personne n’avait songé à l’écrire, et surtout, surtout, parce qu’elle touche intimement à un homme bien plus grand encore que la femme qu’elle nous fait connaître, un homme envers qui l’Histoire, en France, a honteusement manqué de justice.
L’esprit n’est pas tout, même en France.
Jusqu’ici, tous ceux qui ont parlé (en France, du moins,) de l’Amérique, l’ont fait avec les sentiments qu’inspirent aux âmes vulgaires deux choses qui mettent à terre beaucoup de genoux : — la force matérielle et la réussite… Ils ont adoré le Taureau d’or.
En France, ce fut Louis XIV chez Madame de Maintenon, Louis XV, déjà moins attique, chez Madame de Pompadour, et ce qui nous reste de cette desserte des siècles va tout à l’heure nous manquer.
… Si tous les amis de France s’avisaient de publier tous les papiers laissés par leurs amis morts, lesquels, eux, de leur vivant, se gardaient bien de les publier, de quel déluge de choses médiocres et même plates ne serions-nous pas inondés ?
Mais la chose une fois écrite, et partie sur ces ailes de papier dont parle de Maistre et qui portent si loin les sottises, la chose écrite allait faire le tour du monde, comme le drapeau tricolore, et déjà elle l’a commencé… Madame Récamier a donc sa légende comme Jeanne d’Arc, mais Jeanne d’Arc a sauvé la France, et c’est là une gloire qui brûle la légende dans la clarté sublime de sa flamme.
Saint-Martin avait paru en France.
Vera, qui est certainement, en France, le plus distingué, le plus savant et le plus net de tous, ne s’est pas inscrit en faux une seule fois contre les idées et ces tentatives de son maître.
Polémiste, antiquaire, pair de France, député, il n’a jamais été autre chose qu’un orateur à toutes les époques de sa vie.
C’est cette chose dont on peut se passer aussi en France, mais non sans en souffrir : l’agrément !
Il fonde des congrégations, ouvre des missions pour la France et pour l’étranger, bâtit des hôpitaux et des refuges pour toutes les douleurs et pour tous les abandons, ramasse les enfants dans son manteau, qu’il use à force d’en porter dans ses plis.
Il a été longtemps chrétien en France, je le sais, mais il ne l’est plus, et le moyen à employer doit être d’autant plus métaphysiquement chrétien, qu’il ne l’est plus !
La thèse orthodoxe de l’auteur des Esprits est trop savante, trop étoffée, trop imposante ; l’auteur est trop au courant des sciences naturelles et médicales de son époque ; il a même, ici et là, trop de cette puissance de plaisanterie qui ne manque jamais en France aux écrivains supérieurs, et qui circule au sein des graves discussions auxquelles il se livre comme l’Esprit dormait sur les eaux, pour que la risée qui peut accueillir sa thèse soit bien forte.
José-Maria de Heredia58 I Cette Histoire d’une conquête 59 en est une sur l’imagination… Cette antique chronique d’un vieux chroniqueur oublié et à peu près inconnu en France, traduite par la fantaisie éprise d’un écrivain qui a du sang espagnol et conquérant dans les veines et la plus profonde culture de la langue française, ce récit, si différent, par les sentiments et par le ton, du ton et des sentiments de l’histoire moderne, a fait son chemin en deux temps, comme les Dieux d’Homère.
Alfred de Musset3, Victor Hugo, Lamartine et Auguste Barbier, sont, de fait, en possession, tous les quatre encore, de cette gloire acquise qu’on ne perd pas en France une fois qu’on l’a et quand même on ferait tout ce qu’il faut pour la perdre, les moutons de Panurge ne revenant jamais de la route qu’ils ont une fois enfilée !
L’attention publique qu’il avait frappée au début, cette attention qui n’est jamais ni profonde ni durable en France, se détourna de l’homme qui, coup sur coup, publiait Les Colifichets, L’Enfer et Paris, trois chefs-d’œuvre qui auraient dû la lui ramener.
Le comte de Vigny, — que nous pouvons appeler maintenant simplement : Alfred de Vigny, puisqu’il n’est plus qu’un grand nom littéraire de la France du xixe siècle et que l’Immortalité ne dit : monsieur à personne, — le comte de Vigny a cela de rare et de merveilleux, qui fermera la bouche aux âmes communes toujours prêtes à jeter la pierre aux poètes, qu’on ne peut trouver une contradiction dans sa vie, et que ce qu’il fut comme poète, il le fut également comme homme.
Jules Sandeau est un romancier d’un talent, d’une fécondité et même d’une moralité relatives ; mais, en France, il est plus utile, au point de vue des facilités et des aises de la gloire (quand la gloire ne doit être que ce viager charmant qui s’éteint avec nous, mais sur lequel on a vécu), de posséder des facultés mitoyennes que des facultés d’extrémité et d’intensité qui dérangent le train des cerveaux et font battre trop vivement les cœurs.
On n’est pas une individualité parce qu’on est un voleur qui se lave les mains avec du savon de France, parce qu’on ne porte que des habits roux à reflets d’or et qu’on se mouche en faisant grand bruit.
Et toutefois, restons en France ; car, chez l’auteur des Enfants du professeur Turck, nous avons aussi le picard, friand de contes salés et gouailleur de cocus. […] Cette fonction de l’historiographe, dit M. d’Aurevilly, n’existe pas en France. […] En France, non. […] J’avançais récemment qu’il n’y a plus d’École littéraire en France. […] Quelles lectures sont offertes au peuple, qui est tout aujourd’hui, qui tient dans ses mains les destinées de la France, et à quels spectacles est-il convié ?
Témoin la belle description de la France dans Michelet. On doit seulement y mettre ce qui se rapporte à la France et écarter, en principe, ce qui se rapporte à une autre contrée. […] De cette idée qu’il y a des historiens qui ont du génie, c’est-à-dire de l’inspiration, et d’autres qui n’ont que de l’érudition, l’esprit trouve un rapport des contraires dont Montesquieu fait cette phrase : Parmi les auteurs qui ont écrit sur l’histoire de France, les uns avoient peut-être trop d’érudition pour avoir assez de génie, et les autres trop de génie pour avoir assez d’érudition. […] C’était elle seule, et non pas les cours de France ou d’Angleterre, que ce grand homme se représentait devant la justice de ses pensées, quand il en sut anticiper ainsi l’arrêt89 » ; 5° Le parallèle Quand on compare entre eux deux sujets (caractères ou portraits, etc.) le morceau s’appelle : Parallèle.
Petit de Julleville vient de publier le quatrième volume de son Histoire du théâtre en France. […] Ainsi s’explique, en grande partie, l’incomparable perfection où s’est élevé le genre comique en France. […] Je vois la Bourgogne, la France, la Savoie, et je remercie Dieu humblement ! […] Ferdinand Brunetière nous explique l’évolution de la comédie en France (les Epoques du théâtre français). […] Il reste vrai, quels que doivent être nos lendemains, qu’il n’y a jamais eu moins de sang répandu en vingt-cinq ans sur la terre de France.
Comme, selon lui, le propre de l’ honnête homme est de n’avoir point de métier ni de profession, il pensait que la cour de France était surtout un théâtre favorable à le produire : « car elle est la plus grande et la plus belle qui nous soit connue, disait-il, et elle se montre souvent si tranquille que les meilleurs ouvriers n’ont rien à faire qu’à se reposer. » Ce parfait loisir constitue véritablement le climat propice : être capable de tout et n’avoir à s’appliquer à rien, c’est la plus belle condition pour le jeu complet des facultés aimables : « Il y a toujours eu de certains fainéants sans métier, mais qui n’étoient pas sans mérite, et qui ne songeoient qu’à bien vivre et qu’à se produire de bon air. » Et ce mot de fainéants n’a rien de défavorable dans l’acception, car « ce sont d’ordinaire, comme il les définit bien délicatement, des esprits doux et des cœurs tendres, des gens fiers et civils, hardis et modestes, qui ne sont ni avares ni ambitieux, qui ne s’empressent pas pour gouverner et pour tenir la première place auprès des rois : ils n’ont guère pour but que d’apporter la joie partout39, et leur plus grand soin ne tend qu’à mériter de l’estime et qu’à se faire aimer. » Voilà les f ainéants du chevalier. […] Aussi la vraie honnêteté est indépendante de la fortune ; comme elle s’en passe au besoin, elle ne s’y arrête pas chez les autres ; elle n’est dépaysée nulle part : « Un honnête homme de grande vue est si peu sujet aux préventions que, si un Indien d’un rare mérite venoit à la cour de France et qu’il se pût expliquer, il ne perdroit pas auprès de lui le moindre de ses avantages ; car, sitôt que la vérité se montre, un esprit raisonnable se plaît à la reconnoître, et sans balancer. » Mais ici il devient évident que la vue du chevalier s’agrandit, qu’il est sorti de l’empire de la mode ; son savoir-vivre s’élève jusqu’à n’être qu’une forme du bene beateque vivere des sages ; son honnêteté n’est plus que la philosophie même, revêtue de tous ses charmes, et il a le droit de s’écrier : « Je ne comprends rien sous le ciel au-dessus de l’honnêteté : c’est la quintessence de toutes les vertus. » Vous êtes-vous jamais demandé quelle nuance précise il y a entre l’honnête homme et le galant homme ? […] En revenant de Rome, je passai par une ville de France ; c’étoit sur la fin de mai, et le soir, prenant le frais dans un jardin où les dames se promenoient, j’en vis une qui me blessa dans la foule, sans dessein de me nuire, car elle ne m’avoit pas regardé, et je ne lui avois pu dire un seul mot.
« Aujourd’hui nous allons chez l’ambassadeur de France, et demain chez le comte Harrach. […] Quelques familles ont envoyé demander des nouvelles de Wolfgang et lui ont fait souhaiter une bonne fête ; mais c’en est resté là : c’étaient le comte Harrach, le comte Palffy, l’ambassadeur de France, la comtesse Kinsky, le baron Prohmann, le baron Kurz, la comtesse de Paar. […] Aucune des lettres que j’avais pour Paris ne m’aurait absolument servi à rien, ni les lettres de l’ambassadeur de France à Vienne, ni l’intervention de l’ambassadeur de l’empereur à Paris, ni les recommandations du ministre de Bruxelles, comte de Cobenzl, ni celles du prince de Conti, de la duchesse d’Aiguillon, ni toutes celles dont je pourrais faire une litanie !
L’enthousiasme pour son nom devint si passionné et si unanime, qu’Alphonse n’osa retenir plus longtemps dans une loge de fou celui que l’Italie et la France proclamaient à l’envi le Virgile de son siècle. […] Quelquefois aussi nous dansons avec les jeunes filles de Bizaccio, un des divertissements qui lui fait le plus de plaisir ; mais plus souvent nous restons assis au coin du feu, et nous y revenons souvent sur l’esprit qu’il prétend lui être apparu à Ferrare ; et véritablement il m’en parle de telle sorte que je ne sais trop qu’en dire et qu’en penser. » Pendant cette douce détente de l’âme et de l’adversité du poète, son poème, revu et perfectionné, se multipliait en Italie et en France avec la rapidité surnaturelle d’une œuvre qui correspondait précisément au siècle, aux mœurs, à la religion, aux contrées de l’Europe, dans lesquelles il devenait, en naissant, national. […] L’invasion des Sarrasins en Espagne, en Calabre, en France, avait exercé la chevalerie à des guerres entre les musulmans et les chrétiens, champions de deux cultes opposés, qui avaient créé une espèce d’Olympe chrétien aussi peuplé de fables et de prodiges populaires que l’Olympe d’Homère.
Le génie italien voulait suivre l’impulsion philosophique de la France et de l’Angleterre, et il s’annulait lui-même. […] Ce dernier n’a extrait que la partie de La Science nouvelle relative à Homère. — Aucun Anglais, aucun Écossais, que je sache, n’a fait mention de Vico, si ce n’est l’auteur d’une brochure récemment publiée sur l’état des études en Allemagne et en Italie. — En France, M. […] France.
Cette poésie de curé de campagne est neuve en France, et M. de Lamartine méritait bien de l’y introduire et de l’y naturaliser. […] La vie de nos curés de campagne en France n’a rien qui ait favorisé un genre pareil d’inspiration et de poésie.
Munich est la ville connue du wagnérisme ; c’est là qu’on va de France pour entendre du Wagner, et Dresde aura beaucoup à taire encore pour changer cette habitude. […] A votre tour, confrères de France !
Mais le rire de Voltaire ou de France est une arme. […] Trois chapitres de ce livre (L’esthétique de Stéphane Mallarmé, Le symbolisme en France, Le sentimentalisme littéraire et son influence sur le siècle), seront fréquemment pillés, rarement cités — pourquoi la goujaterie des professeurs se démentirait-elle ?
Renouvier, dans sa Philosophie analytique de l’histoire, cette religion conserverait de nos jours, en France, en Angleterre, et ailleurs, — au Brésil notamment et dans l’Amérique espagnole, — plus d’adhérens que la philosophie positiviste elle-même1. […] Aux lecteurs qui seraient tentés de trouver ce jugement un peu sévère, je ne ferai pas cette mauvaise plaisanterie de leur demander s’ils connaissent la philosophie de Duns Scot, — dont Renan, dans L’Histoire littéraire de la France, t.
À ceux des Égyptiens et des Éthiopiens nous croyons pouvoir joindre les caractères magiques des Chaldéens ; les cinq présents, les cinq paroles matérielles que le roi des Scythes envoya à Darius fils d’Hystaspe ; les pavots que Tarquin le Superbe abattit avec sa baguette devant le messager de son fils ; les rébus de Picardie employés, au moyen âge, dans le nord de la France. […] En France, le premier qui écrivit en langue vulgaire fut Arnauld Daniel Pacca, le plus ancien de tous les poètes provençaux ; il florissait au onzième siècle.
» En France et dans notre société, c’est moins encore l’idée de beauté que celle de morale qui fait ce même office de pavé accablant, et dont on s’arme sans cesse, qu’on jette à la tête de tout nouveau venu, avec une vivacité et une promptitude qui ne laissent pas d’être curieuses, si l’on songe à quelques-uns de ceux qui en jouent de la sorte.
Si vous l’ignorez, lecteur, le voici : « On avait cru jusqu’à ce jour en France, et depuis Gassendi jusqu’à MM. de Fontanes et Villemain, que Lucrèce, esprit rêveur et mélancolique, jeté dans le monde à une époque d’anarchie et de discordes civiles, troublé de doutes et de terreurs philosophiques à la manière de Pascal et de Boulanger, voyant l’État s’abîmer dans les crimes, et ne sachant où la destinée humaine poussait l’homme ; on avait cru que pour échapper au vertige et ne pas glisser misérablement de ces hauteurs où l’avait emporté sa pensée, il s’était jeté en désespoir sur la solution d’Épicure, s’y attachant avec une sorte de frénésie triomphante, et que de là, dans quelques intervalles de fixité et de repos, il avait voulu enseigner à ses contemporains la loi du monde, la raison de la vie, et leur montrer du doigt le sentier de la sagesse.
L’Auvergne, ce pays de montagnes où la féodalité était comme retranchée, nous représente en abrégé et dans un échantillon plus marquant l’état d’une grande partie de la France, au sortir des guerres civiles ; il fallut, pour asseoir bien incomplétement encore l’ordre administratif, que la souveraineté toute-puissante de Louis XIV passât là-dessus avec vigueur et rasât bien des châteaux.
Malgré Du Bellay, Ronsard, Jodelle, et leurs prétentions tragiques, épiques et pindariques, cet esprit, immortel en France, avait survécu, s’était insinué jusque parmi leur auguste troupe, et tel qu’un malicieux lutin, au lieu d’une ode ampoulée, leur avait dicté bien souvent une chanson gracieuse et légère.
Molé a cru qu’il était à propos de commencer par quelques considérations sur la puissance de l’esprit en France, et il a trouvé à cette puissance des raisons fines.
Si La Fayette eût attaqué franchement le club des jacobins, il n’eût pas éprouvé plus de résistance que ces jeunes gens exaltés, et il eût épargné au monde une longue suite d’horreurs. » Jusqu’à présent, on s’imaginait en France connaître passablement l’Assemblée constituante, l’esprit qui l’avait animée, et les partis divers qui s’y étaient combattus.
Lui qui l’un des premiers en France a éclaté en pressentiments d’avenir, lui qui écrivait, il y a six ans, cet article de haute portée : Comment les dogmes finissent.
Laissons un moment le nom de César : que n’a-t-on pas dit en France contre la partie véritablement nationale de l’administration du cardinal de Richelieu ou de son successeur et continuateur Mazarin ?
Je ne nierai certainement pas que la situation de la France, depuis quelques années, ne soit bien plus contraire au développement des talents et de l’esprit que la plupart des époques de l’histoire.
Peu de jeunes gens en France savent vraiment ce que c’est que le désert : il n’en est guère qui ne puissent, s’ils savent bien conduire leur esprit, le décrire convenablement, et même avec un sentiment personnel.
Nos poètes de ce temps-là adressèrent à l’envi leurs vers à Isabelle Andreini, pour l’engager à ne pas quitter la France.
Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) L’œuvre la plus importante que joua la nouvelle troupe italienne pendant son séjour en France, fut la fameuse comédie intitulée Il Convitato di pietra (le Convié de pierre), qu’elle représenta en 1657.
Un Soulary récent et si complètement oublié nous apprend combien ça dure en France un prince du sonnet.
Villedeuil est obligé de vendre une collection des Ordonnances des rois de France pour lui allonger l’existence, puis il découvre un usurier dont il tire cinq à six mille francs.
Allez en France, allez en Flandre, en Allemagne ou en Suède, priez la vieille qui tricote ou la jeune fille qui bêche de vous chanter « l’histoire de l’amoureux qui se noya en nageant vers sa belle, l’histoire où il y a une tour et dans la tour un flambeau » : si elle daigne ou si elle ose, la vieille ou la jeune vous chantera, version flamande214 : « Ils étaient deux enfants de roi, ils s’aimaient si tendrement.
* * * Les deux dernières écoles poétiques qui aient fleuri en France sont le Parnasse et le Symbolisme.
Nous considérerions comme une simple preuve d’ignorance de méconnaître les gloires étrangères ; le nom de Byron, par exemple, a été beaucoup moins contesté en France qu’en Angleterre ; de même pour celui de Shelley, du moins à partir du jour où il a été connu.
Il croit pouvoir affirmer que c’est là surtout le caractère du génie en France, et c’est la raison pour laquelle il préfère notre littérature à celle de tous les autres pays, même à la littérature grecque, « qui a fait trop de part à la vaine curiosité et aux spéculations oiseuses », c’est-à-dire qui a produit Platon et Aristote, et qui a eu le tort « d’être plus favorable à la liberté qu’à la discipline ».
qui pourrait croire que cela se passe ainsi dans la France policée, en plein Théâtre-Français, qui pourrait croire qu’une femme pareille, à qui nous devions tant de reconnaissance pour tant de belles heures du plus calme et du plus honnête plaisir qui soit au monde, serait exposée à des lâchetés de cette force ?
Ce pays fournit de caractères plus décidés, plus profonds, plus fermes que la France.
Par exemple, le geste de la main dont on se sert en France pour appeller quelqu’un, n’est pas le geste dont on se sert en Italie pour le même usage.
Pour moi, après y avoir mûrement réfléchi, je vois là-dedans la main de Dieu s’appesantissant sur la race maudite qui donna Alexandre Weill à la France.
L’Institut royal de France avait proposé pour sujet du prix qu’il devait adjuger en 1825, « d’examiner si l’absence de toute écriture, ou l’usage soit de l’écriture hiéroglyphique ou idéographique, soit de l’écriture alphabétique ou phonographique, ont eu quelque influence sur la formation du langage chez les nations qui ont fait usage de l’un ou de l’autre genre d’écriture, ou qui ont existé longtemps sans avoir aucune connaissance de l’art d’écrire ; et, dans le cas où cette question paraîtrait devoir être décidée affirmativement, de déterminer en quoi a consisté cette influence ».
On a fait de ses œuvres de petites éditions ineptes, ignobles, honteuses, belges enfin (le mot dit tout), et en France, personne n’a songé à dessouiller son génie de ces porcheries qu’on a osé faire de ses œuvres, en prenant l’initiative d’une édition, digne de leur distinction et de leur beauté !
et la France en décadence ou en relevailles !
I En 1865 il parut, à la librairie de Germer-Baillière, un premier volume de l’Histoire de la Révolution française de Carlyle, traduit de manière à attirer l’attention… À cette époque, Thomas Carlyle, qui maintenant commence de faire sa gloire en France, — car la gloire est comme les chênes : elle vient lentement, — Thomas Carlyle était peu connu.
L’horrible et l’inepte oubli dans lequel est tombé Lamartine, le plus grand poète que la France ait jamais eu, vient de cet hébétement mortel du sens religieux.
Dès le début de ce livre inouï, l’auteur, pour honorer les Américaines, se met tranquillement à les comparer à ces misérables prostituées de France, dont la lâcheté de nos mœurs a cru voiler élégamment l’ignominie en les appelant des lorettes : « Ce type, chez nous (la lorette), — dit-il, aux pages 8 et 9, — n’est que le modèle d’une catégorie féminine.
Pour deux ou trois explications qu’il donne à Eckermann sur le loisir de sa pose quand l’Allemagne, levée contre la France qui l’envahissait, était en feu, pour la plainte vulgaire que tout homme attaqué exhale contre ceux qui l’attaquent, M.
… Assurément, en apprenant cette nouvelle, en entendant qu’il allait naître un nouveau Beaumarchais à la France dans la personne extrêmement connue de Μ. de Girardin, l’étonnement et la curiosité étaient légitimes.
En France, quand il y a un homme et une femme sur la même ligne, c’est toujours, quelque soit l’homme, la femme qu’on voit.
On n’est pas une individualité parce qu’on est un voleur qui se lave les mains avec du savon de France, parce qu’on ne porte que des habits roux à reflets d’or et qu’on se mouche en faisant grand bruit.
Il avait beau être un homme de génie, c’était aussi un grand seigneur de sentiment, toujours prêt à l’hospitalité, vous tendant sa belle main du fond de ses manchettes ; qui se levait de son bureau pour vous faire accueil, « mis plutôt comme un maréchal de France que comme un homme de lettres », disait Hume étonné, car il avait cette faiblesse d’aimer la parure, qui fut la faiblesse de tant de grands hommes.
Daniel a opposé la tradition scholaire d’un temps où l’Europe et la France étaient chrétiennes, comme, hélas !
Raillerie à part, d’ailleurs, Sainte Térèse, qui n’est guère connue en France que pour deux ou trois mots sublimes, exprime l’amour avec une telle flamme qu’elle a vaincu, avec ces deux ou trois mots, l’ironie du peuple le moins romanesque de la terre, et elle a eu pour lui le charme du romanesque !
Les Conférences qui les composent, et qui contiennent dix années d’enseignement du haut de la chaire sacrée, ont été bien des fois signalées et exaltées dans les journaux ; car, en France, quelle que soit l’opinion religieuse qu’on professe, on résiste peu à l’éloquence.
« Ce fut encore le clergé français, — dit très bien Rohrbacher, qui ne bronche pas, lui, quand il s’agit de marcher sur le corps des mauvaises doctrines et qui ne bégaie pas quand il faut être net, — ce fut encore le clergé de cette France à laquelle on fait honneur en l’appelant chrétienne, qui y ajouta un troisième schisme, celui du conciliabule de Pise, et dans ces deux siècles (le xive et le xve ) ne produisit ni un saint, ni un docteur d’une doctrine entièrement approuvée par l’Église.
En effet, une tête à grande conception métaphysique, voilà jusqu’ici ce qui a le moins illustré la France intellectuelle du xixe siècle.
Libres, vous voliez de France en Espagne ; Vous vous égreniez sur les bords du Rhin, Et quand vous battiez ainsi la campagne Je ne pouvais croire alors au chagrin !
C’est un Allemand, né en France, dont l’érudition est allemande, la science allemande, et qui a la naïveté allemande de croire nous donner des poèmes épiques en français.
Nous le répétons, n’être pas original est un moyen sûr de réussir vite en France, où c’est presque une impertinence pour chacun que de ne pas ressembler à tout le monde.
Et d’autant que la langue de ce pays-là n’est ni la langue de la France, ni la langue de l’humanité !
Avant Balzac, en France, — car en Europe Walter Scott a précédé Balzac, — on ne connaissait que le roman individuel.
À l’institution des académies en France, il fut réglé qu’on prononcerait l’éloge de chaque académicien après sa mort.
Décidément on est bien en France, sous Louis XV, très loin de Puck et de Titania, de M. […] « Je jure que la Convention a sauvé la France », voilà qui arrange tout. […] M. Anatole France, au nom de la Pitié. […] Jadis il a séduit la première femme de son cher collègue Leplâtreux, professeur de vagues idiomes orientaux au Collège de France. […] Il nous a déclaré, l’autre soir, que « Montmartre, cette mamelle, était heureux d’abriter dans ses flancs le cerveau de la France ».
La France a fait la Réforme, presque autant que l’Allemagne. Par un bienfait singulier du ciel, nous avons en France des échantillons de toutes les sortes d’âmes, ou à peu près, comme nous en avons de toutes les espèces de paysages. […] Son prétendu symbolisme n’a jamais existé que dans l’esprit fumeux des gens du pays de France. » — Eh bien ! […] Le Français croit qu’on n’a jamais su penser et vivre ailleurs qu’en France. » — « Je trouve toujours fort bon qu’un auteur soit de son pays et de son siècle. […] Mais il est plus étrange encore que Hoche lègue à Bonaparte le soin de sauver la France.
Le grand honneur d’Emile Augier sera d’avoir fondé en France le théâtre réaliste, ou, du moins, ce qu’on reconnaîtra qui revient à peu près au même pour sa gloire, d’avoir restitué en France le théâtre réaliste, à très peu près mis en oubli depuis Molière. […] Buffon avait l’air d’un maréchal de France, Dumas fils d’un colonel du premier Empire. […] — Pour la terre et l’honneur de France, il appela La vierge d’Orléans, ô vierge d’Avila ! […] Voyez si notre France est la terre bénie ! […] En France, du moins.
Au milieu de ces écrits achevés et parfaits, un nouveau genre paraît, approprié aux penchants et aux circonstances publiques, le roman anti-romanesque, œuvre et lecture d’esprits positifs, observateurs et moralistes, destiné non à exalter ou amuser l’imagination comme les romans d’Espagne et du moyen âge, non à reproduire ou embellir la conversation comme les romans de France et du dix-septième siècle, mais à peindre la vie réelle, à décrire des caractères, à suggérer des plans de conduite et à juger des motifs d’action. […] Transportons par l’imagination ce prince de l’esprit en France, parmi nos jolis salons de philosophie élégante et de mœurs épicuriennes ; la violence du contraste marquera mieux que tout raisonnement la tournure et les prédilections de l’esprit anglais. […] Il déclare que « l’esprit whig est la négation de tout principe », que « le premier whig a été le diable », que « la couronne n’a pas assez de pouvoir », que « le genre humain ne peut être heureux que dans un état d’inégalité et de subordination. » Pour nous, Français du temps, admirateurs du Contrat social, nous sentons bien vite que nous ne sommes plus en France. […] Non, « aucun honnête homme ne peut être déiste, car aucun homme ne peut l’être après avoir examiné loyalement les preuves du christianisme. » — Voilà un chrétien péremptoire ; nous n’en avons guère en France d’aussi décidés.
Au lendemain des efforts violents que l’empereur avait exigés de la France, la jeunesse de la Restauration se sentit désœuvrée. […] Hugo est presque stationnaire, … M. de Vigny classique », et M. de Musset le seul grand poète de la France. […] Il conseilla une séparation, qui s’accomplit le 1er avril (ou le 31 mars) par le départ de Musset pour la France. […] Sa gloire avait rayonné hors de France. […] Paul Lindau rappelle en terminant que Heine « appelait Musset le premier poète lyrique de la France ».
L’alphabet de la France est un livre de Géographie, où les villes de France sont décrites par ordre alphabétique. […] Telle est la maison de France, dont la branche d’aîné en aîné n’a d’autre nom que France. […] Ils prennent sur-tout l’article quand ils sont personifiés ; l’intérêt de la France, la politesse de la France, &c. […] La France. […] La politesse de la France.
Il nous disait aussi sa jeunesse à l’Ile Bourbon, l’arrivée en France du jeune et ardent créole, ses convictions républicaines qui lui mirent aux mains le fusil de l’émeutier, lors de la Révolution de 48. […] D’abord il est « le plus grand auteur dramatise, que nous ayons eu en France » ; quant au romancier et au conteur, ils sont, à son dire, simplement sans rivaux. […] Je n’en veux pour preuve que la pièce que publia plus tard la revue la Jeune France et qui commence par ce vers : « Je n’ai pas pour maîtresse un lionne illustre ». […] Les concerts de La Poupinière ne furent pas seulement pour lui un divertissement intelligent, ils eurent une influence, sur le développement de l’art musical en France, au dix-huitième siècle. […] Rentré en France et réintégré dans l’arme du Génie où il avait servi avant la Révolution, il y devint lieutenant-colonel et reçut la crois de Saint-Louis.
Les meilleures plumes de France s’en firent les interprètes. […] Or la vérité n’est pas toute d’origine latine ; elle peut vivre ailleurs que sur notre sol, et la France, quoi qu’on en dise, offre une hospitalité plus large aux personnes qu’aux idées étrangères. […] Depuis que le romantisme a terminé sa longue agonie, les hommes de France manquent de prophètes inspirés, car l’inspiration veut être soutenue par le frémissement des peuples et les prophètes ne se lèvent qu’aux heures héroïques. […] Pour écrire, il passe volontiers le détroit et semble se trouver à l’étranger mieux à l’aise qu’en France. […] Il précéda directement son départ de Genève, fonda sa réputation devant le grand public de France, et lui ouvrit les portes du journalisme politique te de la critique littéraire.
Nous sommes de la Montagne Sainte-Geneviève, nous, assidues aux cours du Collège de France et de la Sorbonne. […] Qu’elle obéisse donc, ou elle va être dénoncée au procureur du gouvernement qui régit actuellement la France. […] Il ne peut se dispenser également de la comparer à la France et de prononcer entre elles. […] Victorien Sardou et tous les maires ou adjoints de France. […] il propose de l’argent pour qu’elle quitte la France et prenne un autre nom !
Sa mère, Mlle de Baraudin, fille d’un amiral de ce nom, est aussi de Touraine ; son père était de Beauce : des deux côtés, comme on le voit, notre poëte a racine en plein au meilleur terroir de la France. […] Je m’étonne souvent que lorsqu’il paraît de ces sortes de livres, il ne se fasse pas entendre un grand cri de toute la France, comme d’un seul homme qui dirait : Ah !
A son retour en France et à la reprise d’armes, on la retrouve gouvernée encore quelque temps par les avis de M. de La Rochefoucauld, qui cette fois les donne meilleurs à mesure qu’il va être plus désintéressé. […] » — « Tout arrive en France, » repartit le frondeur moraliste ; et pourtant, remarque M.
La Révolution la trouva très en méfiance, elle eût été d’avis de quitter la France avant les extrémités funestes ; mais son mari n’y ayant pas consenti, elle ne s’occupa plus que d’y tenir bon, de faire face aux malheurs, et, au lendemain des désastres, de sauver l’avenir de sa jeune famille. […] Dans l’histoire (à peu près impossible malheureusement) de la conversation en France, un trait suffirait à qualifier Mme de Rémusat, à lui faire sa part, et on peut se rapporter à ce qu’il signifie pour le mélange du sérieux et de la grâce : elle est peut-être la femme avec laquelle ont le mieux aimé causer Napoléon et M. de Talleyrand.
IX La puissance de dégagement lumineux que la Grèce avait est prodigieuse, même aujourd’hui qu’on voit la France. […] La colonie messénienne, Zancle en Sicile, la colonie corinthienne, Corcyre, distincte de la Corcyre des îles absyrtides, la colonie cycladienne, Cyrène en Libye, les trois colonies phocéennes, Hélée en Lucanie, Palania en Corse, Marseille en France, avaient des théâtres.
Le Tellier : Colbert jouissait par avance De la place de chancelier ; Et sur cela pour Le Tellier On vit gémir toute la France. […] Ainsi ce fut scène nouvelle ; Car la France, sur ce pied-là, Devait bien rire… Ainsi fit-elle.
Paris, ce chancre, ce cancer, dont la France doit crever, disait un jour Blücher avec la grossièreté de sa haine de Prussien, ils viennent le prendre, le contracter, se l’inoculer, s’en infecter, et avant que la France, qui en mourra, en meure, c’est eux qu’on en verra mourir !
Un ou deux au plus font bien, tous les autres font mal et vont imprudemment, sans se douter du danger, taillant en pleine France à tort et à travers.
Pourquoi l’oasis de poésie en France n’a-t-elle duré qu’un instant ?
Quelque jeune ami, — et il en avait de cet âge, et un particulièrement bien digne de lui134, — devrait se donner pour tâche pieuse de recueillir dans ses divers écrits, et aussi dans les lettres pleines d’effusion et nourries de détails qu’il adressait à ses amis de France durant ses voyages d’Allemagne et d’Italie, des extraits, des pensées, des jugements, de quoi rappeler et fixer dans la mémoire quelques traits au moins de la physionomie de cet homme excellent dont les qualités morales et la candeur égalaient la haute intelligence.
Ampère, dans une de ses ingénieuses et judicieuses leçons du Collége de France, remarquait qu’en France, chez les quatre principaux lyriques des trois derniers siècles, chez Ronsard, Malherbe, Jean-Baptiste Rousseau et Le Brun, il y avait une faculté de chant, ou du moins une faculté de sonner avec éclat de la trompette pindarique, indépendamment même d’une certaine nature de sensibilité, d’une certaine conviction habituelle et antérieure de l’âme.
Dès ce moment, dit Casanova, notre amour commença à devenir triste, et il ajoute naïvement : « La tristesse est une maladie qui finit par le tuer. » Il obtint d’Henriette la permission de l’accompagner jusqu’à Genève où elle le quitta pour rentrer en France.
Du style des écrivains et de celui des magistrats Avant que la carrière des idées philosophiques excitât en France l’émulation de tous les hommes éclairés, les livres où l’on discutait avec finesse des questions de littérature ou de morale, lorsqu’ils étaient écrits avec élégance et correction, obtenaient un succès du premier ordre.
On voit enfin par lui les franches repues, les façons grivoises et goguenardes du bon peuple de France.
Nous n’avons pas grand mérite, en France, nous autres historiens de la littérature, à maintenir le principe de la liberté scientifique.
Théodore de Banville aura fait partie de cette brillante Heptarchie de poètes qui ont régné sur la France vers le milieu de ce siècle et dont on ne voit point les successeurs… Les autres ont déshonoré la Poésie dans les viletés de la politique, ou l’ont ridiculisée en devenant académiciens.
Il y a eu dans Renan de l’ironie, en même temps qu’un style d’une syntaxe charmante dont Barrès, France, d’autres, sont nourris.
Bien qu’il soit très italien, M. d’Annunzio a tant emprunté à la France qu’il participe, par les Victoires mutilées, à notre effort, accompagné d’une multitude d’autres poètes supérieurs ou remarquables : MM.
En France c’est, pour l’ordinaire, un amusement, un jeu de commerce qui ne ruine et n’enrichit personne.
La même raison qui mettoit tant de difference entre les atheniens et les béotiens, fait que les florentins ont des voisins qui leur ressemblent si peu, et que nous trouvons en France tant de sens et tant d’ouverture d’esprit dans les païsans d’une province limitrophe d’une autre où leurs pareils sont presque stupides.
Si nous n’avions jamais vû d’autres chevaux que ceux des païsans de l’isle de France, serions-nous affectez ainsi que nous le sommes par toutes les figures dont un coursier est le sujet.
Ainsi l’art d’écrire la musique, comme nous l’écrivons aujourd’hui, est dû à la France aussi-bien qu’à l’Italie.
Bientôt peut-être, en France comme en Italie, car les états d’au-delà des Alpes participent au même mouvement, bientôt la littérature classique ne sera plus que de l’archéologie.
Gaston Boissier est professeur au Collège de France.
En France enfin, le pays des railleurs, où, « les torrents » de madame Guyon ne s’étaient pas écoulés sans laisser les fanges molles et chaudes du Quiétisme au fond de bien des âmes, les dispositions à une mysticité sans guide et sans appui étaient si grandes, que l’odieux jansénisme même, cette froide chose, arrivait aussi au mysticisme, non par la tendresse, mais par l’orgueil… Tel était en réalité le dix-huitième siècle quand y apparut Saint-Martin.
Il en coula de deux espèces : d’abord le sang des échafauds, et puis le sang des champs de bataille, et tout le temps que ces deux mares de pourpre, qui cachaient l’affreux fond de fange, s’étendirent sur la France, la coquine qu’on appelle Manon Lescaut ne fit pas grand tapage.
Rien n’a manqué à sa fortune : ni la pointe de scandale, qui est le sel d’un livre en France, ni l’intérêt dramatique d’un procès.
Il froisse, contre les broderies d’or qui recouvrent son cœur vaillant, la tête blonde de sa fiancée à gigots et, « sans murmurer », enfourche son grand cheval : « Pour l’empereur et pour la France ! […] Le brillant ingénieur, voyageant en Autriche, y a déniché une momie chez un marchand de bric-à-brac, et l’a rapportée en France. […] On rencontre un autre bateau de pêche qui apporte des lettres de France. […] Et la grandeur de la France est prédite non seulement par Procula et Kiomara, mais par Blandine la Romaine : « Ma patrie désormais, dit-elle à la druidesse, c’est la vôtre. […] … Mais il ne s’en trouvera donc pas un… qui montera à la tribune et leur dira : « Et la France, qu’est-ce que vous en faites ?
Cette époque de 1668-1675 est à la fois pour la France comme une aurore et une apothéose. […] Surtout en France ou la terreur du ridicule est incalculable. […] En France, le ridicule tue. […] En France ce qui fait rire, c’est n’être pas exactement comme tous les autres, c’est l’originalité, c’est la personnalité. […] C’est un homme qui croit que l’on peut, en ce monde (et en France !)
Sans faire tort à la vieille France, il faut avouer que les châtelains, les clercs, les bonnes villes et les serfs, n’avaient pas dans leurs mœurs cet éclat de la Grèce orientale qui respire dans l’idiome d’Hérodote. […] La Passion du Christ fut alors jouée plusieurs fois à Londres devant le lord maire, le conseil privé et les grands du royaume ; elle le fut dans les jours solennels, et notamment le jour de la déclaration de guerre contre la France, en 1557. […] que ne peut-il crier jusqu’à la reine Isabelle, et lui rappeler que j’étais autre, alors que pour elle je courus la joute en France, et désarçonnai le duc de Clermont ! […] Il passa par la France, dont il connaissait la littérature, encore peu formée à cette époque, et se rendit à Florence, où il eut plusieurs fois occasion de voir le grand Galilée dans sa prison. […] Voltaire fut le premier qui fit connaître en France le poème de Milton : il le jugea avec son goût exquis et moqueur ; et il en traduisit quelques vers, du style d’un poète.
La Grèce héroïque écrit des épopées ; la France du dix-neuvième siècle écrit des romans : ce sont des phénomènes logiques de production qui se valent. […] Mais le Meunier d’Augibault, le Compagnon du tour de France posent déjà des problèmes sociaux : « Ce que l’on ne peut pas nier, c’est qu’en devenant la substance même du roman, ces thèses y aient comme introduit nécessairement tout un monde de personnages qu’on n’y avait pas encore vus figurer60. […] Renard, Etudes sur la France contemporaine, p. 21.
L’auteur n’en faisait-il pas comme un aveu dépouillé d’artifice, le jour où il dédiait un de ses romans : « Aux jeunes écrivains de France… à ceux, ajoutait-il, dont la sympathie m’a chaque jour dans mon travail aidé… » N’a-t-il pas fait mieux encore, en allant plus loin et plus profondément que les hommes ? […] Flatterie et caresse de la femme qui reparaît sous l’auteur, qui sait comme avec chacun il convient de s’y prendre, et que nous avons toujours, sur notre douce terre de France, les bras ouverts pour accueillir ceux qui nous viennent de loin. […] Connaissant ses auteurs autant et mieux qu’écrivain de France, elle se souvient à propos qu’en un morceau de critique fameux : l’École Païenne, poussé par cet instinct de mystification qui se trouvait à la racine de son génie, Baudelaire jeta l’anathème au dieu Pan. […] Tellement inhérente à notre race que cette douce Terre de France se présente à nos yeux sous l’aspect d’un vaste champ d’entraînement, où concurrents de catégories diverses prennent leur mesure et préparent leur victoire. […] M. France, ne sont au prix de ces vers qu’artifice où le travail de l’érudit vient alourdir l’inspiration du poète : on y sent le coup de dictionnaire de l’archéologue, et tout justement cet effort qui est le contraire même de la vie.
Donc « le devoir présent est de guérir les vignes malades et de replanter les vignes détruites, afin d’enivrer la France entière ». […] M. France, M. […] Il n’y a rien de plus utile que ces revues spéciales dont le public élu parmi les vrais fidèles admet les discussions minutieuses, les admirations franches ; la Revue Wagnérienne, de critique sûre, de littérature vraie, créa en France le wagnérisme sérieux et presque religieux. […] On nous montrera peut-être prochainement que trente ans après 1793, l’ancienne France s’était reconstituée avec la simplicité instinctive d’une fourmilière. […] c’est qu’on n’est pas muff’ en France, On n’ s’occup’ que des malheureux ; Et dzimm et boum !
Elle reparaît amenant avec soi le culte de la beauté et de la force ; en Italie d’abord ; car de tous les pays d’Europe c’est le plus païen, le plus voisin de la civilisation antique ; puis de là en France et en Espagne, en Flandre237, même en Allemagne, pour gagner enfin l’Angleterre. […] Plus d’un siècle avant les autres, dès Pétrarque, Rienzi et Boccace, les Italiens ont commencé à retrouver l’antiquité perdue, à « délivrer les manuscrits enfouis dans les cachots de France et d’Allemagne », à les restaurer, à interpréter, commenter, repenser les anciens, à se faire latins de cœur et d’esprit, a composer en prose et en vers avec l’urbanité de Cicéron et de Virgile, à considérer les belles conversations et les jouissances de l’esprit comme l’ornement et la plus exquise fleur de la vie262. […] C’est un homme régulier, raisonnable, instruit, poli, bien élevé, qui, après douze ans de services et d’écritures en France sous la reine Henriette, finit par se retirer sagement à la campagne, où il étudie l’histoire naturelle et prépare un traité sur la religion, philosophant sur les hommes et la vie, fécond en réflexions et en idées générales, moraliste, et disant à son exécuteur testamentaire de « ne rien laisser passer dans ses écrits qui puisse sembler le moins du monde être une offense à la religion ou aux bonnes manières. » De telles dispositions et une telle vie préparent et indiquent moins un poëte, c’est-à-dire un voyant et un créateur, qu’un écrivain, j’entends par là un homme qui sait penser et parler, et qui, partant, doit avoir beaucoup lu, beaucoup appris, beaucoup rédigé, posséder un esprit calme et clair, avoir l’habitude de la société polie, des discours soutenus, du demi-badinage. […] Louis XI en France, Ferdinand et Isabelle en Espagne, Henri VII en Angleterre. […] I hear new news every day : and those ordinary rumours of war, plagues, fires, inundations, thefts, murders, massacres, meteors, comets ; spectrums, prodigies, apparitions ; of towns taken, cities besieged in France, Germany, Turkey, Persia, Poland, etc., daily musters and preparations, and such like, which these tempestuous times afford, battles fought, so many men slain, monomachies, shipwrecks, piracies and sea-fights, peace, leagues, stratagems, and fresh alarms — a vast confusion of vows, wishes, actions, edicts, petitions, lawsuits, pleas, laws, proclamations, complaints, grievances — are daily brought to our ears : new books every day, pamphlets, currantoes, stories, whole catalogues of volumes of all sorts, new paradoxes, opinions, schisms, heresies, controversies in philosophy, religion, etc.
Les Pyrénées dans le sens propre sont de hautes montagnes qui séparent la France et l’Espagne : il n’y a plus de Pyrénées , c’est-à-dire, plus de séparation, plus de division, plus de guerre : il n’y aura à l’avenir qu’une bone intelligence entre la France et l’Espagne : c’est une métonymie du signe, ou une métalepse : les Pyrénées ne seront plus un signe de séparation. […] Ainsi le septre se prend pour l’autorité royale ; le bâton de marêchal de France , pour la dignité de marêchal de France ; le chapeau de cardinal, et même simplement le chapeau se dit pour le cardinalat. […] le royaume de France ne tombe point en quenouille, c’est-à-dire, qu’en France les femmes ne succèdent point à la courone : mais les royaumes d’Espagne, d’Angleterre, et de Suède, tombent en quenouille : les femmes peuvent aussi succéder à l’empire de Moscovie. […] Un étranger, qui depuis devenu un de nos citoyens, s’est rendu célèbre par ses ouvrages, écrivant dans les premiers tems de son arivée en France, à son protecteur, lui disoit, monseigneur, vous avez pour moi des boyaux de pére ; il vouloit dire des entrailles.
Charles Bonnet le tenta à Genève, et Bernardin de Saint-Pierre en France. […] Je n’en sais trop rien ; mais cela est ainsi. » Et il justifie ce jugement tout aussitôt, soit qu’il s’écrie dans une joie grondante : « Je ne puis vous dire combien je me trouve heureux depuis que j’ai secoué le monde ; je suis devenu avare ; mon trésor est ma solitude ; je couche dessus avec un bâton ferré dont je donnerais un grand coup à quiconque voudrait m’en arracher » ; ou soit qu’il parle tendrement de ces lectures douces auprès de son feu « et des heures paisibles qui vont à petits pas, comme son pouls et ses affections innocentes et pastorales. » Quand il écrit de son cher ami de Balk en ces termes : « Je ne sais si M. le comte de Balk sera encore longtemps en France ; nous sommes tous comme des vaisseaux qui se rencontrent, se donnent quelques secours, se séparent et disparaissent », il rentre exactement dans la manière de Bernardin.
Montesquieu regarde la France par les yeux d’un Persan, et Voltaire, revenant d’Angleterre, décrit les Anglais, espèce inconnue. […] En France, où tant d’institutions survivent à leur utilité, où les privilèges ne sont plus justifiés par les services, où les droits se sont changés en abus, quelle architecture incohérente que celle de la vieille maison gothique !
J’habite depuis soixante-dix ans les plus pauvres montagnes de France. […] VI En quoi l’erreur, du le crime, ou la législation de la France sous Louis XV ou sous ses prédécesseurs, quand la QUESTION était un article stupide du code criminel du pays ; en quoi les immanités atroces de l’inquisition ; en quoi les crimes des rois, des prêtres, des sectes religieuses ; en quoi les souffrances du peuple de ces temps néfastes, ces souffrances aussi éternelles que la misère humaine, légitiment-elles les sévices que les prétendus vengeurs du peuple, en 1793, exercèrent contre d’autres classes de la société ?
On l’avait vu tour à tour se mêler de poésie sans être poète, de religion sans être théologien, et prendre ces grandes choses tour à tour par le côté extérieur et de mode, tout pouvant être de mode en France, même la théologie. […] S’il est vrai que plus on voit les choses de haut, plus on les voit dans leur vérité, le dix-septième siècle étant le point le plus haut d’où l’on puisse regarder les choses de l’esprit en France, c’est de cette hauteur, où l’on respire la modération et la sérénité, qu’on jugera le plus équitablement ce que le seizième siècle a fait pour préparer la perfection des lettres françaises, et ce que le dix-huitième a fait pour n’en pas déchoir.
Il a un désir, une ambition, un rêve, un dada sur lequel il trottine en tapinois depuis cinquante ans : il veut être pair de France ! […] Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale.
En France, ils sont excommuniés, & la sépulture chrétienne leur est refusée, s’ils n’ont pas, avant la mort, renoncé à leur profession. […] On a vu que l’état de comédien n’est pas plus autorisé en France, par la législation, que par la religion.
L’art parfait, la noblesse idéologique des Bijoux de Marguerite et du Sang de la Sirène sont dignes des plus nobles poètes de France : Mais le sang a voilé mes yeux, et rien ne luit Dans ces antres de pourpre, où l’éternelle nuit Du Sort à jamais se prolonge. […] On pourrait diviser la France en régions poétiques et en région d’influence poétiques.
Un Français un peu artiste y fit quelque escapade, et il dut avoir recours, dans son embarras, à l’ambassadeur de France.
Trouvez-moi quelqu’un en France, excepté lui, qui, au milieu des occupations de journaliste si capables de distraire quand elles n’accaparent pas tout entier, relise tous les quatre ou cinq ans son Tite-Live en latin d’un bout à l’autre, ou quelque grand traité de Cicéron !
Rousseau, dans les quelques notes qu’on a de lui sur le digne abbé, nous donne là-dessus d’agréables témoignages : L’abbé de Saint-Pierre disait qu’en France tout le monde était enfant.
Vers ce même temps (1755), arriva à Pétersbourg, en qualité d’ambassadeur d’Angleterre, sir Charles Hanbury Williams, amenant à sa suite le jeune Poniatowsky : cet Anglais, homme d’esprit et de hardiesse, d’une conversation amusante, encouragea la grande-duchesse dans son esprit d’émancipation, et elle noua même avec lui, à ce début de la guerre de Sept Ans, une intrigue politique dans le sens de l’Angleterre et aussi de la Prusse contre la France.
La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M.
Modelon, un de ses neveux du côté maternel, qui a dit très bien de lui : La France a ses Gilbert, il est de leur famille ; et qui se propose, un jour ou l’autre, de faire de ses œuvres une réédition plus complète, précédée d’une étude où tous les détails de sa vie morale intime seront exposés avec fidélité et affection : il est bien, il est convenable de ne laisser aucune ombre sur cette figure poétique la plus caractérisée et la plus intéressante que la Savoie ait produite dans ces derniers temps.
eh bien, à moi seul en France, peut-être, il serait permis de ne pas détester sa mémoire, puisqu’il sut m’estimer assez pour ne me rendre ni le confident ni le complice d’un si détestable projet4. » L’existence de Frochot, au sortir de l’Assemblée constituante, nous représente en moyenne celle de beaucoup de ses collègues : il rentra dans ses foyers, dans le bourg d’Aignay, où il comptait reprendre sa vie ordinaire.
On dirait que les injures à l’O’Connell ont passé le détroit, et qu’elles sont à l’ordre du jour en France : c’est là, je crois, dans son vrai sens cette fameuse brigade irlandaise qu’il se vantait de nous prêter.
Dubochet, et pour lesquelles l’éditeur s’était procuré le concours d’habiles artistes et particulièrement de l’excellent paysagiste genevois Calame, avaient nationalisé en France le nom de l’auteur.
Bonnetain, ex-sergent d’infanterie de marine, puis résident de France au Laos, L’opium.
Si ces considérations générales suffisent pour éclairer sur la juste influence de l’ambition sur le bonheur, les auteurs, les témoins, les contemporains de la révolution de France, doivent trouver au fond de leur cœur de nouveaux motifs d’éloignement pour toutes les passions politiques ?
» Et il envoie à la divine Amaranthe des vers un peu risqués, pleins d’insinuations vives et d’adorations mythologiques, Ces sourires et ces rires, cette galanterie caressante, ces douceurs, ce mélange d’esprit gracieux et de tendresses fugitives composent l’amour en France ; La Fontaine n’en a guère connu d’autre, et il y a passé le meilleur de son temps.
Quand on s’en tient aux faciles raisonnements de Locke, quand nos gens qui ne s’effraient guère veulent devant Spinoza, non pas devant la hardiesse, mais devant la profondeur de sa doctrine, et craignent de s’y casser la tête, Diderot, sans façon, sans fracas, s’assimile le dur, le grand système de Leibniz : et il n’y a pas d’autre raison, je le crois bien, qui lui ait donné en France la réputation d’être une tête allemande.
Toute la vieille France se retrouve en province, çà, et là, par fragments.
« L’amour » selon Michelet Michelet a écrit l’Amour en 1858, parce que la France « était malade », qu’on n’y savait plus aimer, et que les statistiques des mariages et des naissances y étaient pitoyables.
Mais il influera émotionnellement, et, je crois, pour jusqu’à la fin du parler de France.
Essai sur Adolphe Si Benjamin Constant n’avait pas marqué sa place au premier rang parmi les orateurs et les publicistes de la France, si ses travaux ingénieux sur le développement des religions ne le classaient pas glorieusement parmi les écrivains les plus diserts et les plus purs de notre langue ; s’il n’avait pas su donner à l’érudition allemande une forme élégante et populaire, s’il n’avait pas mis au service de la philosophie son élocution limpide et colorée, son nom serait encore sûr de ne pas périr : car il a écrit Adolphe.
César savait fort bien qu’il n’était pas fils de Vénus ; la France ne serait pas ce qu’elle est si l’on n’avait cru mille ans à la sainte ampoule de Reims.
On commence même, en France, à considérer les sensations de la vie organique comme formant un groupe à part161.
Il est remarquable qu’en France la marche suivie dans l’étude de la volonté a presque toujours abouti à la métamorphoser en une abstraction.
Persuadé que l’inclination du roi pour elle a été le premier motif de sa nomination à la place de gouvernante d’enfants naturels qu’il avait l’intention de reconnaître et d’élever au niveau de ceux de madame de La Vallière, je le suis aussi que le choix fut déterminé par un motif plus sérieux, et qu’il fut fait dans le même esprit que celui de madame de Montausier pour la place de gouvernante des enfants de France.
Le monde l’a traité d’abord comme l’avait traité sa famille : il avait été l’enfant gâté de sa mère, il le devint de la France et de la jeunesse.
Je parle de la majorité des enfants qui, même en France, est assez docile.
Or, c’est ce récit qui a été traduit en France et traduit le premier.
Cette probabilité, d’elle-même, deviendra certitude, et les pauvres gens, tout honteux de leur réputation nouvelle, baisseront le dos, laisseront passer l’orage et se tiendront cois, silencieux dans leur cachette, espérant que, dans cinquante ans peut-être, la doctrine des esprits les plus lucides, les plus méthodiques et les plus français qui aient honoré la France, cessera de passer pour une philosophie de niais ou d’hommes suspects. » Voilà le raisonnement que se fit mon vieux sensualiste.
Tout le monde sait que l’enseignement du Collège de France est d’une autre nature que celui des facultés, qu’il répond à d’autres besoins, qu’il s’adresse à un autre public, que sa manière de procéder est essentiellement différente. […] Le professeur du Collège de France, au contraire, doit avoir les yeux tournés vers l’inconnu, vers l’avenir. […] C’est d’après ce principe que nous procéderons, et si l’analyse pathologique ne peut pas encore, dans l’état actuel de la science, être portée sous cette forme dans les facultés de médecine, il faut que l’enseignement conserve ce caractère scientifique au Collège de France. […] Nous avons fait de nombreuses expériences sur des limaces grises (Limax flava), prises dans les regards des conduits d’eau du Collège de France, et se nourrissant presque-exclusivement de cloportes et de larves, par conséquent de matières animales. […] Rayer, en France, M.
Nous comprenons certainement plus de choses que n’en comprenaient nos pères, nous sentons plus finement peut-être, qu’ils ne sentaient, et on peut dire hardiment qu’il y a plus d’idées en France aujourd’hui qu’il n’y en a jamais eu. […] Aujourd’hui comme sous la restauration et sous le gouvernement de 1830, Lamartine et Victor Hugo sont les plus grands poètes de la France ; aujourd’hui comme il y a vingt ans, Mme Sand est le plus grand romancier français. […] La France est un vieux pays, mais la société française moderne est très jeune ; elle date de soixante-dix ans à peine. […] Benserade ne faisait qu’exprimer sous une forme exagérée la folie passagère de ses contemporains, lorsqu’il se proposait de mettre en sonnets l’histoire de France tout entière. […] Il a visité successivement la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Asie Mineure, Constantinople et la Grèce, et chacun de ces voyages a plus tard produit son fruit à son heure.
Les légendes du Moyen-Âge, que la France avait jusqu’alors laissé piller pour des chefs-d’œuvre par les poëtes étrangers, ressuscitent. […] Tout autour de cette France sensuelle qui s’endormait en souriant dans ses hontes fastueuses, sans respect du passé, sans souci de l’avenir, cet avenir pourtant se préparait, suivant les grandes traditions de ce passé. […] Pourquoi Byron fut-il aussitôt célèbre tandis que Shelley33, du moins pour la France, était, il y a dix ans, un poëte nouveau ? […] M. Anatole France, au dire de ses vers ; mais sa prose est sceptique. […] M. France ne se donne pas à son œuvre et l’Art n’est guère pour lui qu’une distraction magnifique.
En France nous avons des Académies florissantes en tout genre, tant à Paris que dans d’autres villes. […] La vraie philosophie a beau se répandre en France de jour en jour, il lui est bien plus difficile de pénétrer chez les corps que chez les particuliers : ici elle ne trouve qu’une tête à forcer, si on peut parler ainsi ; là elle en trouve mille. […] En France, on sait peu de gré à quelqu’un de remplir les devoirs de son état ; on aime mieux qu’il soit frivole. […] C’est au plus le style de quelques académies de province, dont la multiplication excessive et ridicule est aussi funeste aux progrès du bon goût, que préjudiciable aux vrais intérêts de l’État : depuis Pau jusqu’à Dunkerque, tout sera bientôt académie en France.
Le grand Frédéric Schoûltz, ancien secrétaire du père Kobus, et ancien sergent de la landwehr, en 1814, avec sa grande redingote bleue, sa perruque ficelée en queue de rat, ses longs bras et ses longues jambes, son dos plat et son nez pointu, se démenait d’une façon étrange, pour raconter comment il était réchappé de la campagne de France, dans certain village d’Alsace, où il avait fait le mort pendant que deux paysans lui retiraient ses bottes. […] » Et entrant dans la chambre, il leva son feutre en disant : « Ça, ce doit être du champagne, dont j’ai souvent entendu parler, de ce vin de France qui tourne la tête à ces hommes batailleurs, et les porte à faire la guerre contre tout le monde ! […] faisait-il en se rengorgeant, oui, oui, ce n’est pas mauvais. » Il aurait donné tous les vins de France et d’Allemagne pour danser encore une fois le treieleins.
III Ce peuple compte, comme la France, environ quarante millions d’habitants ; originairement, il a été formé par la race des Tartares civilisés, des mahométans sous les califes. […] Ils avaient sacrifié à un Moscovite, qui paraissait n’être qu’un simple marchand et n’avoir d’autres intérêts en Perse que ceux de son petit commerce particulier, les envoyés des compagnies de France et d’Angleterre, et cela sur des vues de politique que l’on a remarquées ; ils sacrifièrent par un semblable égard, le rang du Moscovite à l’envoyé des Lesqui, qui sont leurs tributaires, des montagnards à demi sauvages. […] Celle de l’envoyé de la Compagnie des Indes orientales de France consistait en un cheval nu, sans harnais, en quatre habits de brocart, deux complets à fond d’or et à fond d’argent, deux à fond de soie non complets, et en cinq cents pistoles, moitié comptant, moitié en étoffes.
Pour le peindre d’un trait, telle est, à cette aurore des lettres, sa verve, sa vigueur, sa sève de création, qu’il jette du premier coup sur le seuil de la poésie moderne trois Homères bouffons : Arioste, en Italie ; Cervantès, en Espagne ; Rabelais, en France. […] En France, Malherbe avant Chapelain, Chapelain avant Corneille ; dans l’ancienne Grèce, Orphée avant Homère, Homère avant Eschyle ; dans le livre primitif, la Genèse avant les Rois, les Rois avant Job ; ou, pour reprendre cette grande échelle de toutes les poésies que nous parcourions tout à l’heure, la Bible avant l’Iliade, l’Iliade avant Shakespeare. […] Espérons qu’on ne tardera pas à s’habituer en France à consacrer toute une soirée à une seule pièce.
Quel que soit l’intérêt de ces indices d’une vague connaissance de la parole intérieure par le sens commun, — indices auxquels il faut ajouter certains titres d’ouvrages, comme Les soliloques (de saint Augustin et de saint Bonaventure), Les voix intérieures (de Victor Hugo), et cette locution populaire du midi de la France : dire son chapelet en dedans 166 — il est certain que son importance et son vrai rôle restent d’ordinaire inconnus ; et il n’en est pas de preuve plus décisive que l’observation suivante, empruntée, elle aussi, à l’étude du langage : dans les langues classiques, et sans doute dans toutes les langues, les opérations de la pensée sont exprimées par des images relatives le plus souvent à la vision, quelquefois au toucher, a l’odorat, au goût : les termes qui font allusion à l’ouïe et à la parole ne sont employés ni exclusivement ni même dans la majorité des cas167. […] Victor Egger compte parmi les nombreux émules des deux professeurs au Collège de France (Maury et Hervey de Saint-Denys, sinologue, ayant publié en 1867 Les Rêves et les moyens de les diriger) qui se mettent à tenir plus ou moins régulièrement des recueils de leurs rêves (voir J. […] Plas, Histoire de la psychologie en France, xixe -xxe siècles, Paris, La Découverte, 2006, p. 51).
Nous avons eu en France, à la fin de Louis XIV et sous la Régence, une société spirituelle, licencieuse et poétique, tout à fait semblable à la société que fréquentait Horace en ce temps-là : c’était celle où chantait Chaulieu, où versifiait La Fare, où naissait Voltaire, ce qu’on appelait la société du Temple, parce qu’elle se réunissait au Temple chez les princes et chez les prieurs de Vendôme, ces Mécènes corrompus du siècle, et dont l’abbé de Chaulieu était véritablement l’Horace. […] alors, Horace est le poète qui vous a été préparé de toute éternité pour ami ; c’est le poète de la bonne humeur, c’est l’ami des heureux, c’est le philosophe des insouciants, c’est le plus charmant causeur de cette société immortelle qui commence à Anacréon, qui passe par l’Arioste en Italie, par Pope en Angleterre, par Boileau, par Saint-Évremond, par Voltaire, par Béranger en France, et qui, supérieure en poésie et en délicatesse exquise à tous ces génies de l’agrément, vous laissera peu de choses dans le cœur, mais des paroles sans nombre de sagesse légère et de volupté intellectuelle dans la mémoire.
Vous avez aimé les Bourbons quand ils rentraient, très innocents de la campagne d’Espagne, de la déroute de Russie, de l’invasion du monde coalisé en 1814, pour disputer la France au partage de la Pologne ; n’en rougissez pas plus que moi ! […] « Faire cette réponse à la catastrophe, dire cela au destin, donner cette base au lion futur, jeter cette réplique à la pluie de la nuit, au mur traître de Hougoumont, au chemin creux d’Ohain, au retard de Grouchy, à l’arrivée de Blücher, être l’ironie dans le sépulcre, faire en sorte de rester debout après qu’on sera tombé, noyer dans deux syllabes la coalition européenne, offrir aux rois ces latrines déjà connues des Césars, faire du dernier des mots le premier en y mêlant l’éclair de la France, clore insolemment Waterloo par le mardi gras, compléter Léonidas par Rabelais, résumer cette victoire dans une parole suprême impossible à prononcer, perdre le terrain et garder l’histoire, après ce carnage avoir pour soi les rieurs, c’est immense.
Il était alors ambassadeur de Sardaigne en Russie, espèce d’oracle versatile caché dans les neiges du Nord, tantôt ennemi de Bonaparte, tantôt le déclarant l’homme providentiel, et nouant une intrigue avec son ami le duc de Rovigo (Savary) pour se faire inviter à une entrevue confidentielle avec le chef de la France. […] Nous connaissions le Voyage autour de ma chambre, aimable badinage qui avait paru entre 1795 et 1800 et dont les émigrés avaient fait en France la popularité.
Les rapports qu’on serait tenté de trouver entre eux, s’expliquent soit par la nature et les origines de la comédie des Italiens, soit par l’étrange liberté des mœurs et du ton dans toutes les classes en France au xvie siècle. […] La comédie de Molière nous offre un vaste tableau de la France du xviie siècle, étonnant de couleur et de vie.
De catholique légitimiste, il est devenu libéral : mais à peine le souffle démocratique de 1830 l’a-t-il effleuré : ses instincts humanitaires restent hésitants, suspendus, épars ; il s’est laissé attacher à la dynastie de Juillet, il a accepté d’être pair de France. […] Théophile Gautier, né à Tarbes en 1811, amené à Paris en 1814, entra dans l’atelier de Rioult, fit paraître ses premières Poésies en 1830, puis Albertus (1832) ; les Jeune France (1833), et Mlle de Maupin (1835), romans.
Leur Grèce et leur Rome à eux, c’est la France du XVIIIe siècle, et c’est surtout le XVIIIe siècle féminin et corrompu. […] Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc.
Le dictateur revient alors à la France, proclame, que quoique nous soyons un peuple rebelle au gouvernement, nous demandons à être gouvernés, et déclarant que nous ne le sommes pas du tout, jette soudainement cette phrase : « Savez-vous qu’on commence à prononcer le mot anarchie ? […] Vétérinaires et huissiers, on l’a dit : voilà les souverains de la France d’aujourd’hui !
Je cherche parmi les auteurs femmes quelque autorité et quelque exemple en ma faveur ; j’en pourrais trouver même en France, et des exemples irréprochables.
Je ne suis pas insensible à voir la France dans un tel état de considération au dehors et de prospérité au dedans, et de penser que la gloire et le bonheur de ma patrie datent de mon entrée au ministère ; mais, si vous m’ôtez cette satisfaction d’un honnête homme, il ne me reste qu’un profond ennui de ma place, de la lassitude de tout, du mépris pour les hommes beaucoup augmenté, et l’envie d’aller mourir loin du bruit, en paix et oublié dans quelque coin du monde : voilà l’effet de l’encens sur moi.
[NdA] Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés pour la Société de l’histoire de France, par M.
Une autre fois, il s’agissait d’un livre de M. de Vidaillan sur l’organisation des conseils du roi dans l’ancienne France : l’ouvrage était également présenté pour l’un des prix, et M. de Tocqueville ne s’y opposait pas.
Je voyais à l’école de France M.
Ainsi pour les textes modernes, mais déjà acceptés, des grands écrivains de la France.
C’est ce qu’il n’a cessé de faire à l’occasion des nombreux écrits et témoignages originaux publiés en Angleterre sur Newton, et dont il s’était constitué dans le Journal des Savants le rapporteur très attentif, très fidèle, en même temps que le critique scrupuleux et sévère : on peut dire qu’en ce qui concerne Newton, il a été, pour la France, son historien de seconde main.
Certes, quand nous nous apitoyons sur ces premières années de campagnes comiques et de caravanes de Molière, parcourant le midi de la France avec sa troupe, et de temps en temps chassé d’une ville, molesté par le magistrat et obligé de porter ailleurs ses tréteaux, il n’est pas de comparaison à faire entre ce genre de tracasserie et de souffrance (si souffrance il y a) et les épreuves auxquelles fut soumise la jeunesse de Cervantes, cet autre inimitable rieur, et un rieur sans amertume.
Il se dit cadet au régiment de…, et a fini par me demander du service en France.
A ne prendre que l’ensemble, on a véritablement créé le lyrique en France, non plus par accident, mais par une production riche et profonde.
Œuvres complètes (coll. des Grands Écriv. de la France), Hachette. 11 vol. in-8, 1883-1893. — A consulter : Walckenaer, Hist. de la vie et des ouvrages de La F.
Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière.
Ce genre de création sociale, qui eut tant d’action en France et qui exerça un empire si réel (le salon même de Mme Récamier en est la preuve), ne remonte pas au-delà du xviie siècle.
Il a gardé beaucoup de sa fréquentation de l’ancienne France, de la France de Diderot et de Mlle de Lespinasse.
Tout plat écrivain qu’étoit l’académicien Dubois, il eut, en France, quelques partisans de son systême.
Ce crâne, qui est au Muséum, a été donné à la France par Berzelius, qui l’avait acheté à une vente publique.
Il songeait à passer en Angleterre ; il apprenait même la langue anglaise, lorsque les bienfaits de M. le duc de Bourgogne le retinrent en France, et sauvèrent à sa vieillesse les désagrémens de ce voyage.
Elle a tout cela aussi, Mme Louise Colet, — mais elle a de plus l’insolence et la provocation — la provocation lâche et fanfaronne d’une femme qui sait bien qu’en cette terre de France, une jupe peut se permettre tout, sans aucun danger… De son vivant, elle l’avait appris et elle dut le savoir mieux que personne.
Ce que vous avez fait pour la France, vous l’avez fait pour d’autres pays. […] L’Angleterre, cette patrie des coloristes exaspérés, la Flandre, la moitié de la France, sont plongées dans les brouillards ; Venise elle-même trempe dans les lagunes. […] Je sais bien que cet homme est un Français, et qu’un Français en France est une chose sainte et sacrée, — et même à l’étranger, à ce qu’on dit ; mais c’est pour cela même que je le hais. […] Aussi tous les honnêtes gens de France, excepté M.
Les autres sont des articles ou des conférences, introuvables pour la plupart, qui ont paru en France ou à l’étranger. […] Nulle part plus qu’en France le maître ne provoque l’initiative de l’étudiant, voire de l’écolier. […] Professeur au Collège de France, je consacre un de mes deux cours, tous les ans, à l’histoire de la philosophie. […] Cet heureux mélange de spontanéité et de réflexion, de science et de philosophie, s’est produit les deux fois en France. […] La Sorbonne vibrait encore de la parole des Guizot, des Cousin, des Villemain, des Geoffroy Saint-Hilaire ; Quinet et Michelet enseignaient au Collège de France.
Les maîtres d’armes le montraient à leurs élèves ; c’était le temps où cette gymnastique était de mode en France, et où M. de Bondy y conquérait cette réputation chevaleresque que nous cherchions à rivaliser de loin. […] Il était né dans cette bonne bourgeoisie qui fut toujours la moelle de la France, à distance égale de l’ouvrier, démocrate par situation, ou gentilhomme oisif, par désœuvrement. […] La comédie, déjà populaire en Italie, naissait seulement en France ; on s’occupa peu du jeune Molière.
Cependant je pourrais citer de jeunes auteurs d’un goût tout différent, qui n’ont pas plus de vingt-cinq ans et qui tentent en France des poèmes de vie et de nature comme M. […] Et puis, c’était le temps où des esprits aventureux — Catulle Mendès, Édouard Dujardin, Alfred Ernst — commentaient, devant la France terrorisée, l’œuvre énorme de Richard Wagner, et l’on se passionna aussi pour la pompe héroïque et rude, le geste démesuré et la grâce barbare des Légendes rhénanes. […] Ce « fin parler de France » souple et protéen, qui est devenu par l’effort de nos artistes, la langue des langues, l’idiome parfait, supérieur au marbre pour l’expression des formes, et l’égal des sonorités mélodiques pour l’expansion aérienne des rythmes, cet étranger le fit fleurir de floraisons imprévues.
N’avons-nous pas vu de nos jours les trois poètes horatiens de la France et de l’Allemagne, Béranger, Heine et Musset, commencer de même et assaisonner du sel de l’esprit d’opposition, et quelquefois d’un sel très âcre, les libertinages de verve, d’esprit ou de cœur de la poésie de jeunesse, de table ou de vin ? […] La poésie légère est un fruit des cours, parce qu’elle est l’élégance de l’esprit et l’aristocratie des langues ; on le voit sous Périclès à Athènes, sous Auguste à Rome, sous les Médicis à Florence, sous Louis XIV en France, sous Charles II en Angleterre.
Nous vous exposerons successivement tous les différents systèmes de philosophie qui ont possédé tour à tour le monde, depuis celle de l’Inde primitive jusqu’à celle du christianisme, en passant par Zoroastre, en Perse ; par Pythagore, en Italie ; par Salomon, en Judée ; par Anaxagore, Socrate, Platon, Aristote en Grèce ; par Mahomet, en Arabie ; par Confucius, en Chine ; par saint Paul, à l’éclosion des dogmes chrétiens, à Jérusalem ou à Éphèse ; par saint Thomas d’Aquin, dans le moyen âge ; par Descartes et par les philosophes du dix-huitième siècle en France ; enfin par les philosophes allemands et anglais de ces derniers temps. […] Il a servi de texte ou de commentaire aux premiers conciles chrétiens ; il a été le crépuscule de bien des dogmes ; il a nourri à lui seul la philosophie romaine de Cicéron ; il a lutté dans le moyen âge avec la philosophie expérimentale d’Aristote, puis de Bacon ; il a été submergé un moment par la philosophie presque matérialiste de Locke, de Hobbes en Angleterre ; d’Helvétius, de Diderot, des encyclopédistes en France ; mais il est ressuscité plus vivant et plus populaire que jamais il y a peu d’années, par la traduction, par les commentaires et par les leçons d’un jeune philosophe, M.
Au dîner de Brébant de ce soir, quelqu’un dit au sujet de la future nomination de Floquet au ministère : « Avec Floquet, la France est complètement isolée, donc pas de guerre, et la haute banque est absolument pour lui. » Charles Edmond parlant de tous les documents, que Louis Blanc a eus entre les mains, pour son Histoire de dix ans raconte, comment lui sont venus ceux concernant la duchesse de Berry, pendant sa captivité à Blaye. […] Lundi 27 décembre Chez Pierre Gavarni, où je dîne aujourd’hui, le marquis de Varennes parlant de son ami, M. de Boissieu, l’ancien courriériste de la Gazette de France, l’appelait un besogneux de croire, et il citait cette jolie réponse du moribond à son confesseur, lui demandant s’il croyait à tel ou à tel dogme : « Je désire passionnément que ce soit !
. — Nous regrettons qu’il n’y ait pas en France un seul portrait du Roi. — Un seul homme est digne de cette œuvre : c’est M. […] Ingres, le seul homme en France qui fasse vraiment des portraits
Les séances de la Société royale, qui s’étaient tenues d’abord au Collège de France, furent bientôt établies au Louvre sous les auspices du trône, et il n’y eut plus rien à désirer pour l’autorité et pour l’éclat de l’institution utilement libérale et nouvelle.
Maurice de Guérin descendait d’une ancienne famille noble, originaire de Venise, dit-on, mais établie depuis des siècles dans le midi de la France.
Il n’était pas fâché, tout en rendant une éclatante justice à l’Antiquité et aux nations étrangères, de faire une sorte de réaction contre la gloire littéraire de la France. « Ce ne sera pas un désavantage à nos yeux, écrivait son traducteur anglais, qu’il ait été impitoyable dans ses hostilités contre la littérature de nos ennemis40. » Il y eut là un coin de faiblesse et, on peut dire, d’infirmité chez un si grand esprit.
Et cependant il ne saurait se contraindre à être le collecteur, l’investigateur minutieux, l’observateur de détail ; ses sens même y faisaient obstacle ; ses yeux étaient mauvais ; sa taille droite et haute était d’un maréchal de France, on l’a dit, plus que d’un homme de laboratoire ou de cabinet.
Ce fut, à s’en tenir à l’intérieur de la lice et à ne pas regarder aux conséquences du dehors, un tournoi des plus satisfaisants, un assaut brillant et des mieux conduits : d’un côté, tous les princes de la parole, tous les chefs de file des nuances de l’opposition et des couleurs même les plus contraires, avec un major-général plus actif, plus infatigable que ne le fut jamais le prince Berthier, et qui allait donnant le mot d’ordre dans tous les rangs15 : ce mot d’ordre, c’est qu’on n’avait pas le gouvernement parlementaire dans sa force et dans sa vérité ; car remarquez que, tant qu’on a eu en France ce gouvernement, ceux mêmes qui le regrettent le plus hautement aujourd’hui niaient qu’on le possédât tel qu’il devait être et allaient criant partout : « Nous ne l’avons pas !
Michelet poursuit sans relâche, à travers les récréations d’histoire naturelle qui le délassent plutôt qu’elles ne le détournent, la série des études qui ont pour objet de continuer et de compléter les premiers volumes de son Histoire de France, commencée en 1833, interrompue en 1844, et qui doivent bientôt la rejoindre à son Histoire de la Révolution, conçue et composée depuis lors dans le feu des agitations sociales et des tempêtes civiles.
C. de Lafayette dit quelque part : Moi, je rêve une France agricole et chrétienne ; beau rêve et utopie aussi, je le crois.
Il faut que ses admirateurs, qui remplissent les Revues de province et qui, hier encore, injuriaient en son nom l’univers, que ses coryphées qui se faisaient écho de Quimper à Suze-la-Rousse, d’un bout de la France à l’autre, renoncent à dire : « Lisez les volumes de M. de Pontmartin, et sous l’influence de cette lecture vous sentirez grandir en vous l’amour du beau, du vrai et du bien !
Et maintenant ai-je à m’excuser d’avoir si longuement reparlé de deux poëtes célèbres, chers à la France, mais sur lesquels il semble que tout, depuis longtemps, soit dit et qu’il n’y ait plus qu’à se répéter avec de bien légères variantes ?
Renan au Collège de France ; — l’aimable baron de Chassiron, mort avant lui, qui ne s’informait, au milieu de toutes ces querelles et discussions, que de la santé de M.
Il aimait la France, mais il n’avait, de bonne heure, ravi aucune des flammes de nos orages ; le Dieu pour lui, comme dans l’Églogue, était le Dieu qui faisait des loisirs : en tout, un poète élégiaque.
Delmas, de l’Opéra, créateur en France du rôle de Wotan et auteur de cette curieuse et scientifique interprétation qu’il eut l’obligeance de détailler et presque de répéter devant nous.
Il faut que l’éducation des vainqueurs se fasse, il faut que les lumières qui étaient renfermées dans un très petit nombre d’hommes s’étendent fort au-delà, avant que les gouvernants de la France soient tous entièrement exempts de vulgarité et de barbarie.
Le spectacle de la France a rendu ces observations plus sensibles ; mais, dans tous les temps, l’amant de la gloire a été soumis au joug démocratique ; c’est de la nation seule qu’il recevait ses pouvoirs ; c’est par son élection qu’il obtenait sa couronne ; et quels que fussent ses droits à la porter, quand le peuple retirait ses suffrages au génie, il pouvait protester, mais il ne régnait plus.
Si l’espèce de sentiment national, qui faisait en France un point d’honneur de la générosité, de cette pitié des vainqueurs ; si cette espèce de sentiment ne reprend pas quelque puissance, jamais le gouvernement n’obtiendra un empire constant et volontaire sur une nation qui n’aura pas un instinct moral quelconque, par lequel on puisse l’entraîner et la réunir ; car qu’y a-t-il de plus divisant au monde que le raisonnement ?
Mme de Tourzel a réclamé sa place dans la voiture, et elle y avait droit, comme gouvernante des Enfants de France.
. — Jusqu’ici, cette illusion a tenu la psychologie enrayée, surtout en France ; on s’est appliqué à observer le moi pur ; on a voulu voir dans les facultés « les causes qui produisent les phénomènes de l’âme168 » ; on a étudié la raison, faculté qui produit les idées de l’infini et découvre les vérités nécessaires ; la volonté, faculté qui produit les résolutions libres.
Son jugement — chose énorme en France — donne aux gens le droit d’estimer ce dont ils s’amusent.
À en juger par les lettres que j’ai reçues, beaucoup de Français en France désirent que le Tartuffe de Molière ne soit pas double.
Après des études assez bonnes, commencées à la campagne et achevées à Versailles, il devint secrétaire du maréchal de Belle-Isle, qui l’emmena dans une de ses tournées en France ; il fut ensuite au même titre auprès du comte de Montazet, avec qui il voyagea en Allemagne.
Des poètes, en France et en Belgique, dédaignant la routine et les vaines flatteries, ont affirmé leur talent vers mon espoir auquel les portaient de latentes et plus ou moins pareilles tendances : disons M.
Dostoïewski11 Depuis Poe, aucune œuvre étrangère n’a été accueillie en France, comme les romans de Dostoïewski, d’un étonnement admiratif.
. — J’ose même espérer que, si mes jambes me permettent un jour de faire le tour de France de l’écrivain, c’est-à-dire le tour de la presse parisienne, on ne me fermera pas au nez la porte des gazettes en criant à la garde !
Larreau, ancien marchand de robinets, devenu l’un des plus grands industriels de France, et c’est cet industriel dans lequel Droz a cubé tout l’industrialisme moderne et dont il a fait une personnalité tout à la fois odieuse, redoutable et comique, c’est ce coquin à gilet blanc qui s’est imaginé qu’un miracle, comme celui de la Salette, par exemple, si on pouvait se le procurer, poserait bien cette source dans l’opinion, et ferait colossale la fortune des établissements qu’il médite de fonder autour d’elle.
Ainsi sommes-nous faits en France, toujours courtisans du succès, et non moins empressés d’oublier, quand l’heure en est venue, pour quelle part nous y avons autrefois contribué.
Ils passent aux Espagnols, parce que Mazarin leur résiste ; et Condé croit emporter la France dans les plis de son manteau.
Je m’efforcerai de signaler, avec cette noble fierté qui nous sied en nos malheurs, que la solide gloire des lettres est une des plus hautes prérogatives de la France, qui, par ses lumières, son discernement, et son goût délicat, fut et restera l’institutrice de l’Europe, qu’elle a devancée et civilisée. […] Comment, à la seule idée de ce procès féroce, a-t-il entrepris de s’égayer si longtemps des brigandages que dirigeaient dans la France les Chandos et les Talbot ? […] Heureux que, pour atténuer ce seul tort envers la France, ses lumières aient jeté tant de splendeur sur elle, et que ses éminents succès aient répandu, pour sa gloire et pour la nôtre, tant de vérités profitables au genre humain ! […] « Je chante ce héros qui régna sur la France, « Et par droit de conquête, et par droit de naissance. […] Au surplus, nous lui devons un hommage reconnaissant pour avoir fait contribuer les arts de la France à la publication du chef-d’œuvre portugais.
Que chacun soit complet en soi. — Le triste sort de la France peut donner à penser aux grands : toutefois, il doit plus encore faire réfléchir les petits. […] Quand les alliés envahirent la France, il dut partir avec son régiment — un régiment d’avant-garde — et pria son fidèle « conseiller privé » de l’accompagner. Ce qui nous a valu la relation de la Campagne de France, celle du Siège de Mayence et de curieuses lettres adressées à divers amis. […] Il profite de ce qu’il est sur la terre de France pour lire, écrit-il à Knebel, des écrivains français que, sans cela, il n’aurait jamais lus : en sorte, dit-il, que « j’utilise mon temps du mieux que je peux ». […] Goethe sait bien qu’en France l’art « ne peut produire la beauté dans sa noblesse » ; aussi, s’il revient à la France, n’est-ce point pour enchaîner de nouveau le génie allemand dans ses vieilles chaînes, ni pour le « ramener au jour de sa minorité sans caractère ».
Il l’avoue hautement lui-même dans ses Mémoires ; et lorsque, entrant en France, il franchit le Var, c’est l’ombre de Molière qu’il invoque pour lui servir de guide dans ce nouveau pays. […] Celui qui se voua à cette œuvre avec le plus d’ardeur s’appelait Moratin, un nom à peu près ignoré en France, mais fort connu de l’autre côté des Pyrénées. […] Et savez-vous pourquoi on ne dit pas en France : un Alceste, comme on dit : un Tartuffe ? […] Au reste, Weiss peut consulter sur ce point tous les comédiens de France et de Navarre, sans en excepter un seul. […] Trissotin le présente à ces dames : Il sait du grec, Madame, autant qu’homme de France.
J’ai caché à ma famille et à mes amis en France ma détention, j’ai crudevoir le faire… Étranger dans ces lieux, personne ne me tend une main secourable ; victime d’un cruel préjugé contre ma nation, qui confond tous les Français, je suis obligé de le combattre par les preuves de mon éducation ; j’ai beau faire, je suissouvent vaincu. […] Je m’instruirai à penser comme vous, si je ne puis agir aussi grandement… » Cette lettre, qui porte la date du 5 septembre 1766, avec désignation du lieu : « King’s Bench, in State-House, number 7 », est signée « Jean-René de Vigny, ancien mousquetaire et officier dans une des compagnies de la garde du roi de France. » Le nom n’est précédé d’aucun titre. — (Et, jusqu’à preuve du contraire, je soupçonnerais ce titre de comte de ne s’être joint au nom de De Vigny qu’à dater de 1814 : je ne propose, au reste, ce cas de généalogie nobiliaire que parce qu’il ne me paraît pas parfaitement résolu, et que j’ai vu le même léger doute à d’autres que moi.)
Dans cette région de la vieille France située entre le midi et l’ouest, derrière le Périgord, près de la Charente, non loin de l’Océan, s’étend un pays d’habitudes, de traditions, de pauvres cultures, de familles incrustées comme le grès dans la terre, nobles par consentement commun, parce que le château n’est que la première masure du village, et que tout le monde y vient, comme chez soi, chercher ce qui lui manque : bonne amitié, vieilles idées, semailles, aliments, soins, outils, conseils, médicaments. […] Cette famille vint en France.
Je fus, sur ces entrefaites, obligé de me rendre en France où je demeurai deux ans. […] Ils pondent de quatre à six œufs, d’une forme ovale, et d’un blanc pur, avec quelques points rougeâtres près du gros bout. » V Quand il quitte l’homme pour décrire et colorier l’oiseau, Audubon surpasse Chateaubriand dans Atala, ce poète qui ne fut que le précurseur du naturaliste dans les forêts de l’Amérique et qui introduisit cependant une note nouvelle dans la gamme de la poésie en France.
L’invention, le style, les images ossianiques ne sont-ils pas restés dans toutes les langues de l’Europe, depuis l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et la France, une partie du trésor connu de l’intelligence ? […] Je le reconnais, au contraire, pour le plus grand poëte armé de la France.
Ce n’est pas ici l’endroit d’examiner cette question d’art national, si importante pour la compréhension de Wagner ; et certes je n’entends pas insinuer qu’il aurait mieux fait de prendre comme base nationale la France, ou l’Italie, ou tel autre pays, car je crois le contraire. […] Cela s’est tant dit et tant répété, qu’aujourd’hui cela se trouve dans tous les livres et dans tous les feuilletons84, en France et en Allemagne, chez les amis et chez les ennemis.
La science employant ces vils moyens pour parvenir, la science représentée par deux grossiers natifs du pays de la simplesse, voulant arriver par la légèreté et la grâce de la corruption de France. […] * * * — Quand la France commence à avoir envie de battre les sergents de ville, le gouvernement quelconque qu’elle a, doit, s’il est intelligent, lui faire battre l’étranger.
Le Comte Léon Tolstoï Il y a deux ans à peine, le nom du comte Léon Tolstoï était inconnu en France ; l’on n’a cessé d’y ignorer la gloire de cet auteur, l’un des plus grands de ceux qui vivent dans ce temps, que pour apprendre le mépris et l’abandon qu’il fait lui-même de son génie. […] Cet homme qui jeune, fut musculeux et trapu, le visage oblong, le front bombé par les côtés et arrondi par le haut, les yeux clairs enfoncés sous les sourcils broussailleux, le nez puissant, les lèvres charnues et rondes dans la barbe épaisse, l’air énergique et mâle, brusque et bon, bien Russe, qui, né noble et riche, prit part aux guerres du Caucase et à la défense de Sébastopol, qui parcourut l’Europe, mena à Saint-Pétersbourg et Moscou la grande vie du gentilhomme, qui fut cassant et orgueilleux, insolent pour Tourguénef, qui devint célèbre et dont la gloire a conquis ces dernières années la France et l’Allemagne, s’est tout à coup détourné de sa nature, de son génie, de sa renommée et contraint mystérieusement par les commandements de sa conscience, renonçant à ses habitudes, à ses appétits, à l’exercice de sa puissante intelligence, s’est retiré du monde, de l’art, de la jouissance même de ses richesses.
Ici on croit entendre dans Massillon celui à qui Louis XIV avait adressé quelques-unes de ces paroles si justes, si flatteuses, si parfaites, et qui, amateur passionné du noble et bon langage, avait regretté de ne point puiser plus souvent à cette source élevée, de ne point entendre plus souvent dans son roi l’homme de France qui parlait avec le plus de propriété et de politesse.
Tel était l’ami de La Fontaine, de celui qui disait sans doute un peu à cause de lui : Il n’est cité que je préfère à Reims… Et en vérité, quelle langue délicieuse que celle de ces lettres, cette langue fine et pure, et du meilleur terroir de la France !
Cela est d’autant plus remarquable que ce livre fut composé par l’auteur encore très jeune et au sortir des écoles ; après l’avoir laissé dormir quelques années, il se décida à le faire imprimer et à dire hautement son avis, qui était celui de beaucoup de gens, au risque seulement de déplaire à ceux (car il y en avait) « qui prenaient Charron pour Socrate et l’Apologie de Raimond Sebond pour l’Évangile. » — À cela près, disait-il, je ne laisse pas d’estimer Charron, et de croire qu’il doit être estimé savant, et encore plus judicieux ; que son livre De la sagesse est fort bon en gros, et qu’il y a fort peu de savants hommes en France qui n’aient profité de sa lecture.
J’ai connu, au fond d’une province du centre de la France, une femme jeune encore, supérieure d’intelligence, ardente de cœur, ennuyée : mariée sans être mère, n’ayant pas un enfant à élever, à aimer54, que fit-elle pour occuper le trop-plein de son esprit et de son âme ?
Quand je dis à Mme d’Estissac qu’on peut se consoler d’être né en France quand on a six ou sept cent mille livres de rentes, elle se met dans une colère terrible. « Ne suis-je pas esclave de mon rang ?
[NdA] Dans la collection des « Documents inédits sur l’histoire de France », 2 vol. in-4°.
Il venait, dit-on, d’acheter une charge de trésorier de France à Caen, lorsqu’il fut appelé à Paris pour y enseigner l’histoire à M. le Duc, petit-fils du grand Condé.
Le vrai continuateur de Louis XIV au point de vue de la France, ce n’est pas Louis XV ni le faible Louis XVI : c’est la Révolution armée et imposant à l’Europe ; c’est Sieyès la représentant à Berlin, Bonaparte à Campo-Formio et ailleurs.
Pour ceux qui ignorent la géographie (et ils sont nombreux en France), nous dirons que le Lez est un fleuve qui se jette dans la Méditerranée et qui fait partie du bassin du Rhône.
Un professeur au Collège de France, M.
Ces projets de réforme radicale dans l’orthographe, mis en avant par Meigret et par Ramus, ont échoué ; Ronsard lui-même recula devant l’emploi de cette écriture en tout conforme à la prononciation : il se contenta en quelques cas d’adoucir les aspérités, d’émonder quelques superfétations, d’enlever ou, comme il disait, de racler l’y grec : il avait d’ailleurs ce principe excellent que « lorsque tels mots grecs auront assez longtemps demeuré en France, il convient de les recevoir en notre mesnie et de les marquer de l’i français, pour montrer qu’ils sont nôtres et non plus inconnus et étrangers. » — Et pour le dire en passant, cette règle est celle qui se pratique encore et qui devrait prévaloir pour tout mot ou toute expression d’origine étrangère.
Venu dans les premiers moments de l’innovation romantique en France, il semble n’avoir voulu, pour son compte, en accepter et en aider que la part vigoureuse, énergique, toute réelle et observée : à d’autres la théorie ou le chant, la vapeur et le nuage ; lui, ennemi du convenu, se méfiant de la phrase, pratiquant à la fois le positif et le distingué, il s’attacha tout d’abord à circonscrire ses essais pour mieux les creuser et les asseoir.
Mille ennuis, mille dégoûts l’y assaillirent ; seul, à vingt ans, sans amis, perdu au milieu d’une société aristocratique, il regrettait la France et les cœurs qu’il y avait laissés, et sa pauvreté honnête et indépendante47.
À ce court lendemain du mariage de l’Empereur et dans les deux années de silence qui précédèrent la dernière grande guerre, il y eut là, en France, autour de M.
Mais ce qu’il y a de plus curieux, c’est que j’ai rencontré un jour toute une colonie de lépreux, en France même, du côté de Sarrau, dans le Morbihan, et cela peu de temps avant d’écrire mon roman.
L’éloquence orageuse de la Grèce, ni l’ingénieuse flatterie de la France ne sont faites pour les gouvernements aristocratiques : ce n’est ni le peuple, ni l’individu-roi qu’il faut captiver ; c’est un corps, c’est un petit nombre, mettant en commun ses intérêts séparés.
L’on a dit que, dans la révolution de France, des spéculateurs barbares avaient pris pour bases de leurs sanglantes lois, des calculs mathématiques, dans lesquels ils avaient froidement sacrifié la vie de plusieurs milliers d’individus, à ce qu’ils regardaient comme le bonheur du plus grand nombre.
Et c’est pourquoi, quand le quêteur d’exotisme et d’impressions rares s’arrêtera au pays de France, il ne pourra que nous raconter des idylles, plus poignantes sans doute, mais aussi peu compliquées que Paul et Virginie, Graziella ou même l’épisode de Nausicaa dans l’exquise Odyssée.
Car j’ai beau vivre En France ; je ne suis ni Latin ni Gaulois.
Ainsi comprise, la critique a produit, en France surtout, toute une littérature, dans laquelle des écrivains plus ou moins remarquables ont pu faire briller leur talent : Théophile Gautier et de M. de Banville l’ont quelquefois prise pour prétexte à leur éblouissante fantaisie ; M.
D’Urfé, célèbre depuis près de quinze ans par la publication des premières parties de L’Astrée, était alors l’auteur à la mode, et ce roman pastoral, dont la conclusion n’avait point paru encore, passionnait tous ceux qui, en France et en Europe, se piquaient de galanterie et de politesse.
Je voudrais tâcher de le leur expliquer, leur donner idée d’un des hommes les plus savants, les plus distingués et les plus vraiment aimables que puisse citer l’Église de France, de l’un de nos meilleurs écrivains, et, sans m’embarquer dans aucune question difficile ou controversée, mettre doucement en lumière la personne même et le talent.
Allemands dans ses États pour donner réveil à l’industrie ; il envoyait de jeunes gentilshommes étudier en Allemagne, en France, en Angleterre ; il combattait l’ivrognerie, ce vice national, en attribuant au gouvernement le monopole de l’eau-de-vie ; il touchait par des règlements nouveaux à la condition des serfs et à leurs rapports avec les maîtres.
— Alors je… (Mettez ici l’expression la plus énergique de la vieille France.)
Tout était bon pour l’attaquer, tout était prétexte : Mesdames de France, Newton, madame du Châtelet, la princesse de Prusse, Maupertuis, Frédéric, l’Encyclopédie, l’Académie, même Labarre, Sirven et Calas.
Si l’on compare les diverses flores d’Angleterre, de France ou des États-Unis, dressées par différents botanistes, on voit qu’un nombre surprenant de formes ont été rangées par les uns comme de véritables espèces et par d’autres comme de pures variétés.
L’effroyable quantité de temps que les hommes, surtout en France, dépensent à ne rien dire, et c’est à savoir aux délices de la conversation, suffirait à lire un volume par jour, mais empêche qu’on en lise un par an.
« Le génie de la France est monarchique. » Comme il vous plaira, et grand bien nous fasse.
Est-ce que les choses ne vont pas de même en France ? […] Le Tondrama, le drame sonore de Wagner, est tout uniment la réalisation d’un rêve caressé par les artistes et poursuivi par les plus hauts esprits depuis plus d’un siècle, tant en France qu’en Allemagne. […] L’opéra de Mozart et de ses successeurs est plutôt une émanation de l’oratorio dramatique et religieux, développé par les maîtres italiens du xviie et du xviiie siècle, s’écartant de plus en plus du type primitif du drame lyrique, rêvé et réalisé par Péri, Caccini et Monteverde, continué ensuite, en France, en une tradition ininterrompue, par Lulli, Rameau, Gluck, Grétry et Méhul. […] Jusqu’à lui, les musiciens, même en France, avaient été considérés comme appartenant à une classe inférieure parmi les producteurs intellectuels. […] Mathis-Lussy, qui, le premier en France, a tenté, quoique incomplètement, de mettre quelque clarté dans cette matière.
— Différence des partis en France et en Angleterre. — Différence des pamphlets en France et en Angleterre. — Conditions du pamphlet littéraire. — Conditions du pamphlet efficace. — Ces pamphlets sont spéciaux et pratiques. — L’Examiner. — Les Lettres du Drapier. — Le Portrait de lord Wharton. — Argument contre l’abolition du christianisme. […] En France, une théorie paraît, éloquente, bien liée et généreuse ; les jeunes gens s’en éprennent, portent un chapeau et chantent des chansons en son honneur ; le soir, en digérant, les bourgeois la lisent et s’y complaisent ; plusieurs, ayant la tête chaude, l’acceptent et se prouvent à eux-mêmes leur force d’esprit en se moquant des rétrogrades.
France, II, 5, 317. France (Anatole), VII, 170 ; IX, 352, 353. France (Le libraire), III, 100.
Cependant, écoutez-moi… Oui, cela est vrai, et je l’ai dit un des premiers, Richard Wagner a écrit contre la France, contre Paris assiégé et vaincu, une pantalonnade abjecte et stupide. […] Scribe de le concevoir, ne satisfait pas entièrement vos aspirations, si vous êtes pleins d’un enthousiasme sincère pour le vrai art dramatique qui a donné le Prométhée enchaîné à la Grèce, Macbeth à l’Angleterre et les Burgraves à la France, entrez résolument dans l’œuvre de Richard Wagner, et, en vérité, d’admirables jouissances, accrues par le charme de la surprise, seront le prix de votre initiation. […] Je veux vous lire aussi une page des Contes cruels, ce livre qui n’aurait pas d’analogue en France, si Baudelaire n’avait traduit les Histoires extraordinaires d’Edgard Poe. […] — pour un riche étranger qui venait visiter la capitale ou pour quelque général péruvien curieux d’étudier en France les progrès des armements européens. […] De la Gaule primitive, de la France naissante, ils ne veulent connaître que l’histoire ; nous serons plus libres pour en dire la légende.
*** Le coupé de mademoiselle D… stationnait devant les Villes de France. […] Moi aussi, — j’avais reçu le coup de poing. — Pendant qu’on jette les amarres, je cherche Nadar pour lui faire partager mon enthousiasme, et je le trouve à l’avant du bateau en conversation réglée avec une de ses connaissances, qu’il vient de voir passer à London-Bridge, auprès duquel nous sommes arrêtés. — Le débarquement s’opère, et nous voici sur le quai, où les pisteurs des hôtels français commencent à nous assaillir. — Leur loquacité et leur esprit de ruse restent pourtant bien loin de ce que j’ai vu à la descente du chemin de fer dans certaine ville du midi de la France. […] Ce qu’il y a de singulier, c’est que le Docteur Delisle, qui est un révolutionnaire par conviction, est, avec Fonta, un des plus beaux grêlés de France. […] En pareil cas, la loi anglaise est précise, et, avant de faire partie du club que nous plaçons en France sous la présidence de Georges Dandin, il faut prouver qu’on y a des titres. […] Elles ne valent pas à beaucoup près les Anglaises ; mais comme elles viennent de France, le pavillon couvre la marchandise. — En résumé, ce bal, comme tous ceux qui existent à Londres, n’a pas l’entrain que l’on remarque quelquefois dans les nôtres. — Les Anglais sont des gens mathématiques et pressés qui ne font rien d’inutile.
« Ô France ! […] La France et l’Angleterre. […] Vous vous écriez à cet homérique tableau du siège de la capitale de la France : Voilà le centre de l’action ! […] Enfin l’empire est délivré des Africains que Charlemagne achève de repousser loin de la France ; le paladin Roland recouvre sa raison que lui rend Astolphe, et Roger baptisé épouse sa fidèle et belliqueuse Bradamante. […] « Qu’on livre son pareil en France à la Reynie, ] Ancien, lieutenant général de police, « Dans trois jours nous verrons le phénix des guerriers « Laisser, sur l’échafaud sa tête et ses lauriers.
nous l’adorerons tous, et lui seul rétablira la France ; il y a plus de six ans que je l’ai dit, et Villandry avait même opinion que moi. » Ce sont là des mots qui ne s’inventent pas, et qui deviennent des pronostics après que l’histoire les a confirmés.
Pour moi, je l’avoue, ces beaux raisonnements et pronostics de décadence, même en partie justifiés depuis, me touchent peu ; il me semble qu’il y avait quelque chose qui eût mieux valu : supporter quelques refus de plus de la part de Louvois, tenir bon sous les armes et sous le drapeau, et rester en mesure pour être de ceux qui honoreront la France dans ses mauvais jours avec Boufflers, ou qui la sauveront avec Villars.
J’ai encore à dire ; je voudrais marquer les rapports de la mélancolie de Cowper avec celle de Pascal, ses ressemblances et ses oppositions de nature avec Rousseau, parler un peu de nous et de nos tentatives poétiques dans la même voie ; en un mot rentrer en France.
Traitons-la donc, sinon comme une Française à l’étranger, du moins comme une amie de la France, et qui, jusque dans le fort de la guerre de Sept Ans, écrivait à ce même Voltaire, en lui parlant des Français, alors adversaires déclarés : « J’ai un chien de tendre pour eux qui m’empêche de leur vouloir du mal. » Toutefois sachons bien une chose : la correspondance entre elle et son frère, que vient de publier M.
, la perdit, quitta la France, et s’en alla chercher fortune en Allemagne à la petite cour de Baireuth, où il se remaria et devint chambellan et conseiller privé.
Songez qu’il n’y a jamais eu de temps en France où le trône ait été entouré de plus d’honnêtes gens : voilà d’abord un bon oreiller pour votre tête.
Depuis que Diderot et Grimm ont inauguré en France la critique des Salons, ce sont presque toujours des littérateurs qui ont rendu compte des expositions de statues ou de tableaux, et presque toujours ils Pont fait plus ou moins au point de vue de la littérature.
Il savait que le plus grand ennemi de tout progrès et de toute réforme sociale, surtout en cette France qui passe pour le pays des nouveautés et qui est « la patrie des abus », c’est la paresse, l’apathie, et que la première chose à faire est de la piquer au vif, cette apathie, et de la faire sortir d’elle-même, dût-on l’avoir d’abord contre soi.
Taine fait bien sentir la différence des deux esprits, des deux races que la conquête normande n’a nullement confondues : « Qu’est-ce qui amuse le peuple en France ?
Il savait bien, au reste, que c’était chose nouvelle, inusitée et longtemps inouïe dans sa nation, que cette tentative de régularité et cette exacte codification du goût : « En France, disait-il, la nation y est accoutumée, on obéit, on se soumet ; mais nous, braves Bretons24, nous méprisons les lois étrangères, et non conquis, non civilisés, défenseurs hardis et féroces des libertés du talent, nous défions toujours les Romains comme autrefois. » Cela était vrai du moins la veille encore et avant Dryden.
Dans la campagne de 1744, tout ce qui entourait le roi, maîtresse, favoris, ministres, ce qu’on appelait la jeune Cour, avait entrepris de faire décidément de Louis XV un héros et un vainqueur, un vrai petit-fils de Henri IV ; Mme de Châteauroux en personne y veillait et y tenait la main, lorsque tout à coup la maladie du roi se déclara et vint effrayer et consterner la France.
La première condition du plan de Mirabeau est notre éloignement avec toute la famille hors de Paris, non pas à l’étranger, mais en France… » Si la reine avait été charmée de Mirabeau, celui-ci, comme nous l’apprend de son côté M. de La Marck, sortit de l’entrevue plein de flamme et d’enthousiasme, « La dignité de la reine, la grâce répandue sur toute sa personne, son affabilité lorsque avec un attendrissement mêlé de remords il s’était accusé lui-même d’avoir été une des principales causes de ses peines, tout en elle l’avait charmé au-delà de toute expression. » Quand on la voit plus tard produire exactement le même effet sur Barnave, il faut reconnaître qu’elle avait de près ce don des femmes, le charme, la fascination.
Il est le premier en France qui ait rendu les résultats de la science clairs, intelligibles, et, qui plus est, aimables, trop aimables même ; car il y a là, je le répète, un certain désaccord de goût.
Je ne savais auquel courir, du général ou de mon père ; la nature en décida : je me jetai dans les bras de mon père et je lui cherchais un reste de vie, que je craignais ne plus lui trouver, lorsqu’il m’adressa ces paroles que toute la France trouva si belles, qu’elle compara le cœur qui les avait dictées à ceux des anciens et véritables Romains ; et je crois que la mémoire s’en conservera longtemps.
« On n’avait point vu en France, dit Voltaire, depuis les cardinaux de La Valette et de Sourdis, d’homme qui réunît la profession des armes et celle de l’Église.
Distinguons pourtant, en cet ordre de pièces, un très-beau chant intitulé les Oiseaux voyageurs, ou les Polonais en France, qui respire le pathétique, et qui atteint au sublime dans sa simplicité.
Gautier en parlant de Théophile, c’est d’un véritable grand poëte que nous allons parler. » — Et à propos de Saint-Amant : « C’est, à coup sûr, un très-grand et très-original poëte, digne d’être Cité entre les meilleurs dont la France puisse s’honorer. » Voilà des paroles positives.
Hugo, comparant la France à un vaisseau, n’a pas nommé le vaisseau, quoiqu’il pût le faire sans violence entrer dans son vers, et il a préféré écrire, enserrant la métaphore entre deux mots propres : Nous sommes un pays désemparé, qui flotte, Sans boussole, sans mâts, sans ancre, sans pilote, Sans guide, à la dérive, au gré du vent hautain, Dans l’ondulation obscure du destin.
C’est pour cela que les Frères prêcheurs auront été, en effet, au XIXe siècle, les représentants les plus éminents de l’éloquence catholique en France.
C’est toi qui inclines France à tant de pastiches de style et de pensée.
C’était le temps où, en France, nous étions en plein âge de fer, en pleine barbarie, et où, après l’agonie des derniers Carlovingiens, une monarchie rude s’ébauchait sous Hugues Capet et le roi Robert.
Je distingue chez lui deux sortes d’altération dans la langue : une qui tient seulement à ce qu’il est de provinceb, et qu’il parle un français né hors de France.
M. d’Antin avait pour Louis XIV de ces imaginations galantes qu’il n’était permis d’avoir, même alors, en France, que pour une maîtresse.
Sorti encore une fois de France et réfugié à Hambourg pendant les années suivantes, il y vécut dans la détresse jusqu’au point (me dit M. de Loménie) de devoir ménager une allumette et en réserver la moitié pour le lendemain.
Vauvilliers, professeur au Collège de France ; cette dernière étude l’emportait de beaucoup sur l’autre dans son esprit.
Ravaisson, la Philosophie en France au xixe siècle.
Ma foi, il n’hésitait pas, et le voici en France, dont il ne sait rien, où il ne connaît personne.
De même qu’on a renoncé aux rois de France pour les écrouelles.
Le nom des choses qui y sont dépeintes, est écrit au-dessus en caracteres grecs, à peu près comme le nom des provinces est écrit dans une carte generale du royaume de France.
Le pere Mersenne minime de Paris, dont le nom est si célebre parmi les philosophes de ce temps-là, en fut informé par des lettres d’Italie dès mil six cens quarante-quatre, et il la divulgua par toute la France.
(En France le conte de Peau d’Âne nous représente bien un roi désireux d’épouser sa fille).
Son scepticisme à cet égard est tel qu’il se faisait un jeu de laisser passer sous son nom dans La France littéraire des articles dont il ne connaissait ni les termes, ni l’esprit.
Goethe, ce naturaliste en critique, avant d’être en sciences naturelles ce qu’il avait été en critique littéraire, Goethe, ce dieu des arides et des impuissants, a été invoqué en France par des critiques qui ont pourtant le tempérament esthétique, voluptueux et sanguin, mais qui n’ont pas plus de critérium que n’en avait Goethe : sceptiques comme lui avec tout excepté avec eux-mêmes, qu’ils croient organisés pour retentir au contact le plus frêle du beau, comme les harpes éoliennes aux plus légers, aux plus immatériels souffles qui passent.
Charles Baudelaire 21 I S’il n’y avait que du talent dans Les Fleurs du mal 22 de Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… Charles Baudelaire, le traducteur des œuvres complètes d’Edgar Poe, qui a déjà fait connaître à la France le bizarre conteur, et qui va incessamment lui faire connaître le puissant poète dont le conteur était doublé ; Baudelaire, qui, de génie, semble le frère puîné de son cher Edgar Poe, avait déjà éparpillé, çà et là, quelques-unes de ses poésies.
loin de sa province, à l’autre extrémité de la France, loin de ces landes que, dans son meilleur temps, il avait chantées ; et grâce à la libéralité du gouvernement de l’Empereur, il a pu être rapporté dans le pays qui l’a vu naître, et qui n’a pas seulement été sa patrie, mais qui a été son talent.
Cessez de décourager le travail et l’espérance, et choisissez une hypothèse consolante pour le genre humain. » Nous courons rue Saint-Jacques ; nous grimpons les escaliers du Collège de France.
Les Jocrisses furent par excellence un vaudeville schopenhauérien alors que presque personne en France ne connaissait Schopenhauer. […] C’est très gentil, ça. » Et c’est le moment qu’il choisit pour lui proposer de l’emporter « loin de Paris, loin de la France », au bout du monde ! […] N’est-ce pas ainsi, d’ailleurs, que grandissent et montent les familles ; et qu’un paysan ou un manouvrier se trouve avoir pour petit-fils un maréchal de France ou un comte du pape ? […] Elle le prie de lui donner une leçon d’histoire de France, le « colle » le plus facilement du monde, et alors : « Je sais maintenant ce que je voulais savoir. […] Edouard Drumont ; enfin Vénus et la France.
Lorsqu’une main sanguinaire lia les mains qui avaient porté le sceptre de la France, le même envoyé de Dieu dit à son roi : — Sire, c’est ainsi que notre Seigneur fut conduit à la mort. […] L’imagination se représente cette belle France qui nous accueillerait sous son ciel d’azur, ces amis qui s’attendriraient en nous revoyant, ces souvenirs de l’enfance, ces traces de nos parents que nous retrouverions ; à chaque pas ; et ce retour nous apparaît comme une sorte de résurrection terrestre, comme une autre vie accordée dès ici-bas ; mais si la bonté céleste ne nous a pas réservé un tel bonheur, dans quelques lieux que nous soyons nous prierions pour ce pays qui sera si glorieux, si jamais il apprend à connaître la liberté, c’est-à-dire, la garantie politique de la justice Notice sur Lady Jane Grey.
X Le genre humoristique n’est point goûté en France. […] Montrer le cœur humain, créer, en Angleterre, des caractères individuels, en France, des types généraux, est devenu pour le poète la grande chose, et si l’on a quelquefois exagéré dans Corneille et dans Racine cette connaissance de l’homme et ce talent pour le peindre, il faut avoir l’impertinente suffisance ou le coup d’œil superficiel de certains petits critiques allemands, pour ne pas reconnaître en ce genre une rare supériorité chez Molière.
L’Allemagne, l’Angleterre, la France, depuis Milton, Voltaire et Klopstock (Paradis perdu, Henriade, Messiade) ne l’égalent pas, si ce n’est en élégance de style moderne, mais comme force, grâce, naïveté, héroïsme et originalité des aventures, les Nibelungen selon moi dépassent tout. […] Les peuples qui viennent de passer brillamment par trois grandes phases de philosophie dans le dix-huitième siècle, d’action militaire dans le dix-neuvième et de pensée éloquente dans notre dernière période de la restauration en France, sont-ils donc comme les individus qui se lassent à moitié route et qui déposent leur fardeau pour que d’autres plus jeunes et moins découragés les reprennent et les portent plus loin sur le chemin de l’avenir ?
Dans une récente et retentissante enquête sur l’évolution littéraire en France, l’adroit journaliste qui nous a tous consultés a dû conclure que les directions de la littérature vivante sont presque unanimement orientées vers l’idéalisme. […] En France, un noble savant, M.
A des esprits préparés sa doctrine fut le geste décisif : la France et le monde n’ont plus entièrement cessé, depuis, être cartésiens. […] Je ne connais point d’autre poète, en notre littérature française d’aujourd’hui, et j’ai vainement cherché hors de France un musicien des mots23 Les nouveaux poètes anglais ne diffèrent des anciens, de Byron et de Swinburne, que parce qu’ils ont un moindre talent.
Il y a en effet une étonnante ressemblance de famille entre les sites et les mœurs décrites dans le poème d’Homère et entre les sites et les mœurs des provinces reculées du midi de la France. […] Ces gentilshommes militaires et laboureurs auraient été rois dans la langue de la Bible ou d’Homère ; ils n’étaient plus en France que citoyens égaux en tout au peuple des campagnes, mais c’étaient des rois récemment découronnés.
Zoïle dans l’antiquité déprima tant qu’il put Homere, & il a trouvé des imitateurs en France. […] Masson, Trésorier de France, est exacte & propre à faire connoître le Lucain du tems de Néron, avec tous les défauts de sa jeunesse, & ceux qu’il tenoit du mauvais goût de son siécle.
On m’objectera que Dumas est vieux jeu, et que, membre de l’Académie… L’insinuation serait gratuite ; on pourrait la réfuter avec d’autres exemples ; mais quittons la France, facilement suspecte d’hellénisme, et prenons, dans le Nord, un auteur qui certes n’a pas craint de rompre avec toutes les traditions : Ibsen. […] J’en ai donné quelques exemples dans une étude sur le réalisme de Flaubert (Revue d’histoire littéraire de la France, 1911, p. 1 et s.).
En France, Gibbon eût bien désiré pour traducteur M.
[NdA] Cowper a en France depuis assez longtemps des admirateurs et des amis qui le lisent et le cultivent en silence : la traduction que je viens de donner est due à un poète bien connu, M.
Le Couteulx de Canteleu, ancien sénateur et pair de France, qui les tenait, dit-on, de M. de Meilhan lui-même.
Le grand cabinet d’audience, orné de tableaux superbes, tous de piété ou de la cour de Rome et de France, sur des tapisseries de damas violet sans or, est la dernière pièce de ce superbe appartement, destinée aux audiences publiques : des bureaux, des fauteuils, des paravents se voient à l’entour dans un grand ordre, et rien ne manque de ce qui est nécessaire à la propreté et à la magnificence ; et il y avait aussi fort bon feu.
En tête de son Histoire des rois de France (1678), il déclare avoir hésité quelque temps et délibéré s’il mettrait une préface, « dans la crainte que j’ai eue, dit-il, d’avoir été cause en partie de ce qu’on les a blâmées par écrit et de vive voix, sans en excepter aucune ».
Il fait un tableau rapide et fort incomplet de la littérature en France depuis la Révolution.
Alfieri, comme une âme rigide qui se fige pour jamais en un moment décisif et en un sentiment unique, nous voua dès lors une malédiction immortelle, et emporta en son cœur la haine de la France et des « singes-tigres », comme il les appelait, qui y avaient usurpé la domination.
Coulmann, dans l’été de 1817 : « On a déjà obtenu en France de grandes concessions.
Les romanciers se sont partagé la France, chacun nous peignant sa province natale ou celle qu’il connaissait le mieux ; et l’on pourrait former, en réunissant leurs tableaux, une sorte de géographie pittoresque et morale de la patrie française.
Nisard du génie de la France), et c’est de là qu’il a déduit les conditions et le milieu où les œuvres proprement anglaises pouvaient se produire.
Et même en France, il faudrait citer quelques pièces de M.
Dans cent ans, la France comptera trois ou quatre littératures superposées.
Elle a fleuri en France, pendant ces dernières années, sous le nom de critique impressionniste.
Sa Correspondance forme les Annales de la littérature de cette époque en France avec un aperçu de la politique et surtout du train de vie de ce temps.
Mme Geoffrin n’a rien écrit que quatre ou cinq lettres qu’on a publiées ; on cite d’elle quantité de mots justes et piquants ; mais ce ne serait pas assez pour la faire vivre : ce qui la caractérise en propre et lui mérite le souvenir de la postérité, c’est d’avoir eu le salon le plus complet, le mieux organisé et, si je puis dire, le mieux administré de son temps, le salon le mieux établi qu’il y ait eu en France depuis la fondation des salons, c’est-à-dire depuis l’hôtel Rambouillet.
Hume a rendu l’impression que Buffon fit sur lui en disant que pour le port et la démarche, il répondait plutôt à l’idée d’un maréchal de France qu’à celle d’un homme de lettres.
Il y a vingt-cinq ans, lorsqu’une école lyrique nouvelle s’annonçait en France avec éclat, Le Brun pouvait être étudié comme un précurseur18 : aujourd’hui que cette école lyrique a fourni sa course, et qu’elle a plus ou moins donné tout ce qu’on en pouvait attendre, Le Brun ne se présente plus que comme un mort qu’il s’agit de bien ressaisir en lui-même, sans préoccupation du présent et en toute impartialité.
Il y a des noms étrangers qui, à quelques égards, appartiennent ou du moins touchent de près à la France, Le xviiie siècle en a plusieurs qui ont été, à certains moments, accueillis et presque adoptés par nous ; on en formerait toute une liste depuis Bolingbroke jusqu’à Franklin.
Racine, sur la suggestion de madame de Maintenon, risque une remontrance qui le fait chasser de la cour, et il en meurt ; Voltaire, sur l’insinuation de madame de Pompadour, aventure un madrigal, maladroit à ce qu’il paraît, qui le fait chasser de France, et il n’en meurt pas.
Dans les Virtuoses des concerts particulièrement, lui, ce virtuose de l’ironie, nous joue un air sur Véron, sur cet homme que, pendant un si grand nombre d’années, tous les gens d’esprit de France et de Navarre se renvoyèrent comme une balle du jeu de paume de la moquerie, et nous parierions bien que cet air, depuis longtemps exécuté pour la première fois, le bourgeois de Paris, qui doit tamponner ses oreilles avec du coton, selon l’usage de tous les bourgeois, l’entend cependant toujours, de ces jolies oreilles que nous connaissons.