Lorsqu’on s’est une fois familiarisé avec lui et avec sa manière, on l’aime bien mieux, ce me semble, hors de ces morceaux de montre et d’apprêt, dans les esquisses plus particulières d’originaux, surtout dans les remarques soudaines, dans les traits vifs et courts, dans les observations pénétrantes qu’il a logées partout et qui sortent de tous les coins de son œuvre. […] Ils sortirent outrés de la séance.
Et quand même, après examen et franche discussion, « il ne sortirait pas de résultat bien différent de celui qu’on peut attendre du monde d’aujourd’hui, ce serait du moins une satisfaction accordée à la minorité de l’Académie ; car voir surgir sans cesse des candidats imprévus, qui ne relèvent que de leur caprice et du bon plaisir d’une majorité qui les suscite ou qui les adopte sans jamais donner de raisons ni d’explication ; subir ces choix de confrères nouveaux, sans avoir eu soi-même voix au chapitre (car un vote muet n’est pas une voix), sans avoir été mis préalablement à même de parler et de répondre, de dire ce qu’on pense et de faire dire aux autres ce qu’ils pensent aussi, sans avoir été bien et dûment vaincu ou (qui sait ?) convaincu peut-être et converti, et cela dans une Compagnie dont l’égalité est le principe et dont la parole est l’âme ; — oui, être menacé de ne plus sortir d’une même nuance et bientôt d’une même famille, être destiné, si l’on vit encore vingt ans, à voir se vérifier ce mot de M.
Craufurd, s’est cru autorisé à citer ou à analyser (tome XIX, page 466, de son Histoire) comme étant effectivement de Mme de Staël, et en lui en faisant honneur ; elle est, au contraire, désavouée par l’auteur de Coppet et Weimar ou, pour mieux dire, par la famille de Mme de Staël, comme indigne d’elle et comme n’ayant pu absolument sortir ni de son cœur ni de sa plume. […] Soyons francs ; vous faites là une supposition, mais il n’est pas besoin d’en faire : vous avez eu deux souverains depuis, qui n’avaient ni dans le génie ni dans la gloire les mêmes excuses qu’aurait pu avoir Napoléon pour sortir de la Constitution et vouloir s’en affranchir.
Je ne crois pas que, si on le poussait, il insistât sur ces caprices de sa philosophie en ses heures de rêve ; il m’est difficile notamment de concevoir quelle époque précise du haut Moyen-Âge a pu être si favorable au développement vigoureux de l’intelligence individuelle, à moins que ce ne soit dans le même sens qu’une prison avec ses barreaux est favorable à l’exercice de la force du prisonnier, s’il parvient à en sortir. […] Et lorsque le professeur s’est levé en terminant, on se lève avec lui en foule, on sort plein d’instruction, de vues neuves, de désirs d’explication, de besoins de réponse, de controverses animées et bruyantes qui se prolongent longtemps, mais en se félicitant tous que la liberté du haut enseignement, en tant qu’elle dépend de l’équité d’un auditoire, soit consacrée chez nous par un rare exemple et dans une de ses branches les plus élevées.
Ce qu’il était permis de dire aux anciens Grecs ne nous semble plus, à nous, convenable, et ce qui plaisait aux énergiques contemporains de Shakspeare, l’Anglais de 1820 ne peut plus le tolérer, à tel point que dans ces derniers temps on a senti le besoin d’un « Shakspeare des familles. » Nous connaissons, sans sortir de chez nous, de ces pruderies et de ces arrangements-là, mais bien vite nous en rions ; — nous en souffrons aussi. […] Et Gœthe faisait l’application de son idée à des talents en vue, à Mérimée qui montrait tant de maturité dans cette première œuvre de Clara Gazul ; et il cherchait un autre exemple saillant dans Béranger, non plus jeune, mais plein de grâce, d’esprit, d’ironie fine, bien que sorti d’une classe vulgaire.
La cérémonie du baptême accomplie, au sortir du Jourdain, Jésus s’agenouille tout nu devant le Paradis, espèce de balcon. […] L’intérêt du sujet d’Œdipe en général, c’est précisément le crime innocent, involontaire, et (une fois la mythologie admise) de voir le pauvre mortel la proie et le jouet du sort, sous la main des Dieux ; et l’intérêt de l’Œdipe-Roi, en particulier, c’est la découverte par degrés, la gradation admirablement ménagée dans la révélation du crime, c’est le voile qui se lève lentement, péniblement, peu à peu, dans l’âme d’Œdipe, dans l’âme de Jocaste, jusqu’à ce qu’il soit entièrement déchiré et que l’affreuse vérité éclate aux yeux des coupables involontaires et aux yeux de tous.
Il n’en fut pas moins indigné contre le jeune cadet, sorti de terre on ne sait d’où, qui lui volait ainsi d’emblée sa lyre et son nom. […] Mais tel aveuglement en ce monde est le nôtre, Qu’on nous voit à leur sort vivre comme étrangers.
Vers la fin de mars, chaque soir, La Presse ne sortait plus imprimée de ses ateliers, rue Montmartre, sans être avidement attendue et accueillie par des groupes qui ne la lisaient pas seulement, qui la déchiraient. […] Cabarrus ; à huit heures sonnantes, je sortirai seul avec lui. » On insista ; on craignait un malheur qui aurait souillé la Révolution, pure jusque-là de toute effusion de sang.
L’univers romain était réellement fondé : il était sorti de la cité aux sept collines. […] On ne sort d’un excès que par un excès.
Mais ce n’est pas du latin savant, du latin cicéronien, c’est du latin vulgaire parlé par le peuple et graduellement altéré, que sont sortis, après des siècles de tâtonnement, les différents dialectes provinciaux dont était celui de l’Île-de-France, lequel a fini par se subordonner et par supplanter les autres ; lui seul est devenu la langue, les autres sont restés ou redevenus des patois58. […] Je sais que c’était le cauchemar de Royer-Collard, et qu’un jour qu’une discussion s’était élevée à l’Académie sur ce verbe baser, et que quelques-uns ne semblaient pas trop éloignés de l’admettre, il coupa court à la discussion en disant : « S’il entre, je sors. » Mais l’usage a triomphé de bien d’autres résistances, et les Caton de la langue peuvent eux-mêmes avoir tort, sinon endroit, du moins en fait.
Ces belles paroles que Dante, au chant xiii de son Paradis, met dans la bouche de saint Thomas, ne sortiront pas de notre mémoire et nous feront assez rentrer en nous-même : «… Que ceci te serve d’avertissement et te soit comme une semelle de plomb aux pieds, pour que tu n’ailles que bien lentement, et comme un homme déjà lassé, vers le oui ou vers le non des choses que tu n’as pas entendues du premier coup ! […] Mais ici, c’est d’un autre ordre ; la faute crie ; il sort de ses tons ; grâce à ces mots étranges, même sans se flatter d’être de ceux dont parle La Bruyère et qui ont le cœur justement ouvert à la perfection d’un ouvrage, on court risque de remporter désormais un regret mortel des plus belles pages de Lamartine.
De cette persévérance sortit plus d’une œuvre imprévue. […] ouverte à deux battants ; on y entre, on en sort, on y décrit tout ; ce n’est plus le poëte dérobant les fins mystères, c’est le docteur indiscret des secrètes maladies. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141.
Soit qu’il fit choix d’époques encore neuves à l’étude, soit qu’il se jetât sur des pays à mœurs franches et sauvages, soit même qu’il se tînt à des cas singuliers du cœur, toujours, en tout sujet, il se retranchait, pour ainsi dire, au début ; il mettait une portion de sa vigueur à ne pas sortir du cercle tracé ; il faisait comme le soldat romain qui, à chaque halte, avant toute chose, traçait le fossé et posait le camp. […] Plus ce qu’on lit sort du cercle des habitudes, et plus on est charmé.
Il en est sorti toutefois, il s’est mêlé depuis aux émotions contemporaines par son drame touchant de Chatterton et par ses ouvrages de prose, dans lesquels il n’a cessé de représenter, sous une forme ou sous une autre, cette pensée dont il était rempli, l’idée trop fixe du désaccord et de la lutte entre l’artiste et la société. […] On en a retenu et l’on en cite encore quelques-uns dans les Deux Gendres : Ceux qui dînent chez moi ne sont pas mes amis… ; et à propos d’un écrit du gendre philanthrope : Vous y plaignez le sort des nègres de l’Afrique, Et vous ne pouvez pas garder un domestique… On pourrait ainsi en glaner un certain nombre encore dans les Deux Gendres, presque pas un dans l’Intrigante.
Tout sujet qui devient susceptible d’évidence, sort du domaine des passions, qui perdent l’espoir de s’en emparer. […] Toutes les idées qui embrassent le sort de plusieurs hommes à la fois, se fondent sur leur intérêt bien entendu ; mais lorsqu’on veut donner à chaque homme, pour guide de sa propre conduite, son intérêt personnel, quand même ce guide ne l’égarerait pas, il en résulterait toujours que l’effet d’une telle opinion serait de tarir dans son âme la source des belles actions.
Maître François Rabelais, l’auteur, a quarante ans ou environ : c’est un de ces tard-instruits dont nous avons parlé ; et même il lui a fallu plus d’ardeur, plus de volonté qu’à personne pour étudier, puisqu’une erreur du sort l’avait fait moine, et moine mendiant. […] Il faut ajouter, pour être juste, que de ce même culte de la vie, de cette même joie d’être sortira une égalité sereine de l’âme.
Dans les compagnies étranges où le sort le jette, il apprend combien Gil Blas est peu de chose dans le monde, que le monde n’a pas pour principale affaire de contenter, d’admirer Gil Blas. […] Les Intrigues amoureuses de la France ; les Mémoires du marquis de Montbrun, et surtout les fameux Mémoires de M. d’Artagnan, d’où sont sortis les Trois mousquetaires.
L’histoire de l’être ne sera complète qu’au moment où la multiplicité sera toute convertie en unité et où, de tout ce qui est, sortira une résultante unique qui sera Dieu, comme dans l’homme l’âme est la résultante de tous les éléments qui le composent. […] Mais pourquoi, direz-vous, en sortir pour y rentrer ?
Mais voilà que, du fond de la scène, sort une chèvre qui, après avoir regardé avec étonnement l’assistance, va en bêlant vers les amants. […] Les devoirs de pur sentiment imposant des prescriptions non essentielles au maintien de la société : devoirs très variables selon les temps et les peuples : boire du vin eu l’honneur de Bacchus, sortir avec un voile comme les musulmanes, s’abstenir de nourriture animale comme les brahmes, etc.
Arrivée à ce point, — vous le remarquez sans qu’il soit nécessaire de pousser plus loin cette analyse — la critique sort du domaine de l’histoire, ou plus exactement pousse l’histoire dans celui de la psychologie, et, en résumant ses recherches, M. […] La réconciliation est complète entre l’homme et l’argile d’où il est sorti, l’idéal est descendu des régions inaccessibles où l’avait maintenu la foi naïve de nos premiers poètes, il est maintenant sur la terre, à portée de tous et dans toutes les choses sensibles.
On ne peut tout lire, sans doute, de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière et donner, à l’auditeur qui sort de là, l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original : mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au-delà, il en garde un souvenir propre, et qu’il attache à chaque nom connu une idée précisé. […] On n’oublierait pas, à côté des gens de talent sortis du peuple, ceux qui y sont restés, qui, tout en ayant un génie et un don, n’ont pas cessé de pratiquer un métier.
Littré, et le traducteur excellent a de plus apprécié son auteur dans une Notice écrite, comme tout ce qui sort de la plume de M. […] N’eurent-elles donc pas un meilleur sort ces victimes d’alors que nous plaignons aujourd’hui, tandis qu’il n’est personne qui n’exècre Sylla ?
Sorti du camp espagnol avec les conditions qu’il venait enfin d’arracher, il cria aux Français déjà en marche : « Halte ! […] Je l’entendis venir, au bruit que faisaient ses pantoufles, qu’il traînait comme un homme fort languissant et qui sort d’une grande maladie.
Il en sortit en 1814, et depuis lors il n’eut plus d’autre fonction que celle d’écrivain et d’homme de lettres. […] Droz plonger le regard au sein de cette nature si mélangée de Mirabeau, et en sortit chaque fois avec une admiration troublée de douleur et de regret.
Cette Convention, ainsi décapitée et privée des chefs qui faisaient sa terreur et sa force, n’est pourtant pas à mépriser ; Mallet du Pan n’a garde de s’y méprendre, et, en général, il pense que « c’est un mauvais conseil que le mépris de son ennemi. » — « Individuellement, dit-il, la Convention est composée de pygmées ; mais ces pygmées, toute les fois qu’ils agissent en masse, ont la force d’Hercule, — celle de la fièvre ardente. » Quant au peuple, au public en France, à la masse de la population, Mallet la connaît bien ; il ne lui prête ni ne lui ôte rien quand il la montre, au sortir du 9 Thermidor, n’ayant qu’un désir et qu’une passion, le repos et la paix, avec ou sans monarchie, et plutôt sans monarchie s’il est possible : Celle-ci (c’est-à-dire la monarchie), écrit-il à l’abbé de Pradt le 1er novembre 1794, n’a encore que des partisans timides. […] Il ne lui restait plus, s’il voulait encore parler au public, qu’à sortir du continent, car il n’y avait plus un lieu où il pût imprimer en sûreté une ligne contre le Directoire : Je n’ai été toléré ici, écrivait-il de Fribourg-en-Brisgau à l’abbé de Pradt, que sous la promesse d’y garder le silence.
Dix-neuf jours après la fête de Vaux, la Cour était à Nantes, et Fouquet malade de la fièvre venait d’y arriver, lorsque Louis XIV, qui avait tout concerté et pris soin, jusqu’à la fin, de tirer du surintendant les ordonnances de paiement qui étaient nécessaires au service, le fit arrêter par d’Artagnan (5 septembre) au moment même où Fouquet sortait de travailler avec lui. […] Je ne sais au juste ce que renfermait cette précieuse cassette dont on a tant parlé : elle existe, je le crois, à la Bibliothèque nationale dans quelque recoin ignoré ; le jour où elle en sortira, on en pourra faire à tête reposée l’inventaire52.
Guizot, qu’on juge de l’effet, de l’intérêt du spectacle mêlé à la satisfaction de l’esprit ; qu’on y répande cette émotion générale et communicative qui régnait aisément pendant toute cette fin de la Restauration, et qui faisait croire à l’unité d’une opinion publique à la fois juste et puissante, et l’on comprendra ce qu’ont été ces fêtes de l’intelligence, dont les livres mêmes qui en sont sortis ne donnent qu’une idée froide et décolorée. […] Mais il y a tel instant où, du fond de cette vanité, de cet égoïsme, de cette petitesse, de ces misères, de cette boue dont nous sommes faits, sort tout à coup un je ne sais quoi, un cri du cœur, un mouvement instinctif et irréfléchi, quelquefois même une résolution, qui ne se rapporte pas à nous, mais à un autre, mais à une idée, à notre père et à notre mère, à notre ami, à la patrie, à Dieu, à l’humanité malheureuse, et cela seul trahit en nous quelque chose de désintéressé, un reste ou un commencement de grandeur, qui, bien cultivé, peut se répandre dans l’âme et dans la vie tout entière, soutenir ou réparer nos défaillances, et protester du moins contre les vices qui nous entraînent et contre les fautes qui nous échappent.
Cette affaire de famille terminée, et sorti des périls qu’elle lui a suscités, Beaumarchais resta encore toute une année en Espagne, à essayer de faire des affaires et des entreprises importantes au nom d’une compagnie française. […] L’incident dont je parle et qui lui servit de champ de bataille quand tout lui semblait enlevé, était celui-ci : prisonnier au For-l’Évêque, et devant, selon l’usage, solliciter ses juges, il avait obtenu la permission de sortir durant trois ou quatre jours, accompagné d’un agent.
Pourtant, c’est de plus en plus rare, et cette gaieté franche, ronde, inépuisable, cette source qui n’avait rien de mince et qu’on voyait comme sortir à gros bouillons, qui nous la rendra ? […] Cependant, au moment même où il sortait des parades italiennes et où il allait aborder la scène française (1694), Regnard s’amusa à briser une lance, et ce fut contre le grand critique Despréaux.
Et le maître de la voiture, pour lequel notre procès était une grosse affaire de représentation, s’était fait faire pour la cérémonie un carrick prodigieux, un carrick cannelle à cinq collets, comme on en voit sortir à l’Ambigu des berlines d’émigrés. […] La peur venait à voir sortir de la bouche du président la peine, ainsi que le sourcillement d’une fontaine, toujours égal et intarissable et sans arrêt.
Au dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais malheur à lui s’il ose en sortir ! […] Ainsi c’est précisément la force des pouvoirs qui amène les révolutions, et les révolutions à leur tour augmentent par mille raisons la force du pouvoir ; de là un cercle d’où il est difficile de sortir.
Éloa, cette sublimité dans le délicat et le pur, avait eu le succès qui convenait, — un succès chaste, comme elle, plus profond que sonore ; mais trois ans après, jour pour jour, Vigny, qui voulait mettre une fleur de prose à côté de cette fleur de poésie qui était sortie de sa pensée, calice de parfum et de blancheur, comme le nénuphar sort d’une eau limpide, Vigny publia Cinq-Mars, un roman historique bien plus inspiré, selon moi, par Walter Scott, alors régnant, qu’il n’est produit par une fantaisie vraiment libre ou une combinaison irréfléchie. […] « Puisqu’il ne l’a pas voulu et ne le voudra jamais… nous ne sommes pas sûrs de tout savoir au sortir du cachot, mais sûrs de ne rien savoir dedans.
Le « Beati pauperes spiritus » serait sorti de ses lèvres, s’il n’avait été prononcé par Jésus. […] Un art nouveau ne peut sortir de l’imitation des Quattrocentisti, qui voyaient la nature avec leur cœur, leur croyance, leurs connaissances, alors que nous devons la considérer avec notre cœur, avec notre œil et notre science d’hommes modernes.
Les substances mortes, œuvre de cette destruction, sortent par le poumon sous forme d’acide carbonique, par les reins sous forme d’urine, par l’intestin et par la peau ; et diverses glandes, les reins, le foie, sont établies sur un plan savant pour aider à cette épuration. […] Nous n’aurons plus qu’une formule unique, définition génératrice, d’où sortira ; par un système de déductions progressives, la multitude ordonnée des autres faits.
Les limites de son esprit sont aussi bien celles dont l’esprit français ne sort que rarement. […] Il ne s’agit pas de savoir, comme vous le pensez bien, s’il s’est apitoyé sur leur sort. […] Elle est la vie, et rien ne sort de réclamer contre. […] Lavisse a été frappé de ce fait : c’est que la jeunesse, au sortir du collège, est « moralement abandonnée ». […] La mère n’y peut mener sa fille, ou parfois elle est obligée de la faire sortir, comme celle qui, l’an dernier lança le fameux : « Sortons, Marguerite !
Cette sombre poésie résulte de l’abondance des faits et de l’incertitude alarmante du rêve qui en sort. […] … » L’épée au poing, il sortit, criant, lui : « Aux armes ! […] Têtu, il n’en sortira pas. […] Charles Blanchard sortit d’un rêve confus et difficile. […] Tâchons de trouver de plausibles motifs d’aimer notre sort.
ce n’est plus de la lexicographie ni de la grammaire ; je vais moraliser, si je n’y prends garde, et je sors de la question.
Sans doute l’Assemblée nationale une fois produite et les principes de 89 inscrits sur les drapeaux, il y avait des conséquences qui devaient sortir, des conquêtes qui ne se pouvaient plus éluder ; ce n’est pas à nous à nous en plaindre : mais en plus d’une crise subséquente, il aurait dépendu encore de Louis XVI, si cet excellent prince avait eu ombre de caractère, que les choses tournassent différemment, que les diverses étapes que la rénovation sociale avait à parcourir prissent une autre assiette, se choisissent d’autres points de station.
Elle sort de l’ombre honteuse des exercices secrets pour s’élever à la dignité relative d’un jeu de théâtre, d’un divertissement scénique.
. — Mais l’Orléanais, c’est la France la plus ancienne, vera et mera Gallia ; son histoire ne fait qu’une avec celle de la royauté, et le sort de votre ville a été, à maintes reprises, celui de la France même.
L’unité de l’esprit humain est le grand et consolant résultat qui sort du choc pacifique des idées, quand on met de côté les prétentions opposées des révélations dites surnaturelles.
Vous mourez d’envie de venir dans le grand monde, et moi d’en sortir. » À quelque temps de là, elle écrivait à l’abbé Gobelin : « Si je suivais mon inclination, il n’y a pas de moment dans la journée que je ne demandasse à me retirer.
« Près de lui les Dieux ont placé ce Taureau également fameux, qui mérita d’être transporté parmi les astres, pour avoir porté sur les eaux une Vierge plus chérie de Jupiter, & favorisée d’un sort plus heureux.
Ce mot ne sortira peut-être jamais d’un cercle étroit, mais il existe ; c’est lirlie.
Avec ce même ton d’assurance, dont Scioppius déclaroit tous les Scaligers roturiers, il se disoit lui-même né gentilhomme, & sorti d’une des premières maisons du Palatinat.
Cependant, ces rapports sont de la plus haute importance, car ils déterminent l’état présent, et, je crois, le sort futur et les modifications de chaque habitant de ce monde.
Que le peintre s’en serve pour faire sortir tout l’éclat de Venus.
On ne les lit plus, nous l’avons déja dit, que pour s’occuper agréablement, dès qu’on est sorti du college, et non pas comme on lit les historiens et les philosophes, c’est-à-dire pour apprendre.
Le sort des artisans sans génie est de s’attacher principalement à l’étude de quelque partie de l’art qu’ils professent, et de penser après y avoir fait du progrès, qu’elle est la seule partie de l’art bien importante.
Mais ici nous ne pouvons pas sortir du monde positif, de la sphère de la réalité ; l’imagination doit rester attachée à ce qui est dans le moment actuel.
Car il ne faut rien de plus, à ce qu’il paraît, pour faire la grande comédie politique de notre temps sorti de la Révolution française, et pour frapper cette mordante médaille de la comédie-pamphlet au xixe siècle.
Renan sortit de Saint-Sulpice, ce qu’il emportait de cette austère maison, c’était un sentiment ardent des choses de la conscience ; c’était aussi une solide méthode intellectuelle que lui avaient faite ses travaux de philologie.
« Peut-être, dit-il, cette chaude et sauvage Afrique dépassait-elle la compétence d’un petit bourgeois de Montparnasse, qui n’est guère sorti de son quartier et qui n’a point pris l’air. […] Sorti de toute autre école, Flaubert fût pareillement devenu ce qu’il était, lui-même. […] Né dans l’ombre des statues, il en est évidemment sorti, mais les gouttes de cette ombre se mêlent encore à son soleil. […] Quelle main à la fois assez experte et assez légère fera sortir du bloc commun les lignes mêlées des trois déesses ? […] En ce temps-là, les spéculations sur le mouvement pur ne sortaient guère du monde des philosophes, de héraclitéisme bergsonien, et même, dans Bergson, c’était à l’intuition plutôt qu’à la mobilité qu’on s’attachait.
Une nouveauté en littérature, en art, en politique, en mœurs, ne peut jamais sortir du groupe ethnique même. […] Elles vont sortir de leur coque quelques mois plus tard. […] Il nous dit : « Un jet de sang sortit de sa narine. » Homère ne peut pas dire : baigné dans son sang ; c’est une métaphore. […] Sorti de toute autre école, Flaubert fût pareillement devenu ce qu’il était, lui-même. […] Dès qu’un roman atteint au grand succès, ses pastiches sortent en douzaines de partout.
Notre sort est beaucoup plus rude Chez les grands que chez les petits ! […] Vous trouverez, surtout dans les vers, des phrases pénibles, lourdes, enchevêtrées, dont il semble que le personnage ne va pas pouvoir sortir. […] Je sors du genre humain pour que ma pensée (ou du moins la pensée de Goethe) soit plus claire, plus facile à accepter. […] Tartuffe est sorti d’une colère de Molière, mais si les colères d’un homme de génie peuvent être moralement aussi blâmables que celles d’un sot, elles ont d’autres effets littéraires. […] Je les veux renverser ; je veux à mon tour agiter la foule, lancer la Grèce dans les grandes choses, et moi dans les honneurs, et puisque je ne puis sortir d’ici le favori d’Aspasie, j’y reviendrai, je vous jure, le favori d’Athènes.
On raconte qu’un jour de grande fête, au sortir du dîner, le prélat étant à jouer avec des dames, après que le jeu eut duré assez longtemps, quelqu’un fit remarquer que c’en était assez pour un jour de grande fête, et qu’il fallait donner quelque chose à l’édification.
Il disait que la France s’en tirerait ; il l’avait vue, dans son enfance et dans sa jeunesse, sortir victorieuse et plus belle de bien d’autres périls et d’un plus affreux naufrage.
Monmerqué a lu ou plutôt a dû lire (le temps l’en a empêché) une dissertation historique assez piquante sur le sort du petit roi Jean Ier.
Arnault d’être court sur un sel sujet, qui lui prescrivait pourtant de ne pas omettre quelques noms rayés en même temps que le sien et restés jusqu’ici absents, lui interdisait-elle donc, à lui naguère proscrit, de sortir un moment du cadre étroit de cette enceinte, de se rappeler à l’esprit ce qu te passe autour de nous, ce qui s’y accomplit d’arbitraire, ce qui y règne de violent et d’inusité ?
Flaubert, qui voulait que « l’émotion et la pitié sortent s’il y a lieu des choses mêmes » et faire du roman un « miroir de l’âme humaine », s’est laissé illogiquement et doucement gagner à une technique plus émue.
La bonté du cœur, la pitié, la soif de sacrifice peuvent agrandir, élargir brusquement, violemment l’esprit, et en faire jaillir quelque soudaine lumière, comme sortit un cri désespéré de la bouche de ce prince muet qui vit son père menacé d’un coup mortel.
Vous réfléchirez que pousser les malheureux à une révolte d’où ne peut sortir pour eux qu’une aggravation de souffrance et cela, pour arriver, vous, à la notoriété ou au pouvoir et, finalement, pour « jouir » c’est vivre de leur substance, c’est s’engraisser de leur misère, sans rien risquer et en feignant de les servir, et qu’ainsi les exploiteurs peuvent se rencontrer ailleurs que dans les rangs des capitalistes.
Or, sous le rouet d’aube, malle-poste, une main convalescente sort d’un lit, au secours du Fatigué d’action timide, tardive, malgré qu’il trébuche, pour se mouvoir en dépit du sommeil devant la ville synoptique.
Après plusieurs altercations, la femme ayant été contrainte de se lever, on ouvre ce coffret, duquel sortent à l’instant trois diables qui emportent et troussent en masse M. le conseiller, le commissaire et le sergent, chaque diable s’étant chargé du sien.
Les formes les plus complexes sortent de ces données toutes simples en vertu d’une association formulée dans les deux propositions suivantes : Lorsque des vibrations A, B, C, etc., ont été associées un nombre de fois suffisant, elles se lient aux vibrationcules correspondantes a, b, c, etc., de telle façon qu’une vibration A toute seule suscitera b, c, etc., formant le reste de la série.
Cependant leurs élèves se multiplient, des écoles sortent des essaims innombrables de maîtres nouveaux dont les productions étouffent ce qui peut rester de goût et de sens dans la nation.
. — « Quand nous sommes nées », — dit l’un de leurs chœurs, — « le Sort nous imposa cette loi, que nous ne toucherions point aux Immortels, que nulle de nous ne pourrait s’asseoir à leurs festins, et que nous ne porterions jamais les vêtements blancs de la joie.
Si vous y ensevelissez vos facultés natives, votre imagination, votre pensée, elles n’en sortiront pas.
Plus j’y réfléchis, plus je m’assure qu’en dehors de cette méthode on tombe dans des embarras dont on ne sort point.
Mais, comme ils ont cru que l’intelligence opérait dans le temps, ils en ont conclu que dépasser l’intelligence consistait à sortir du temps. […] C’est là une simple hypothèse, mais elle nous paraît sortir tout naturellement des spéculations de la physique sur la structure de la matière. […] Tirons-le progressivement de manière à faire sortir du point une ligne qui ira toujours s’agrandissant. […] Tout nous porte à supposer que le jeune Ravaisson sortit du collège sans préférence arrêtée pour la philosophie, sans avoir aperçu clairement où était sa voie. […] Mais le sort en décida autrement.
Le jansénisme est sorti de là. […] Non pas du tout qu’il n’ait pu sortir des Provinciales, depuis plus de deux siècles passés, quelques conséquences que Pascal n’avait point devinées. […] Et tandis qu’enfin Descartes nous convie de toutes les manières à sortir de nous-mêmes pour nous répandre dans l’univers, Pascal n’a d’ambition que de ramener l’homme à lui-même. […] Que maintenant Molière ait prévu toutes les conséquences qui devaient sortir un jour de ses doctrines, c’est ce que je n’oserais dire, mais c’est ce qui n’importe guère. […] Mais c’est Molière qui l’a emporté ; son Tartufe a changé le sort du combat ; et ni la piété, ni l’éloquence., ni le génie même n’en ont pu rétablir la face et la fortune.
C’est une crise purement intellectuelle qui fit sortir Renan du séminaire. […] Enfin, on s’étonnait de le voir apporter, au sortir du collège, un esprit tout formé et des doctrines arrêtées, mûries par l’étude et la réflexion personnelles. […] Mais dès que, sorti du collège, il y rentra comme professeur, dès qu’il put donner aux autres quelque chose de lui-même, son cœur se rouvrit, se dilata. […] C’est de ce dernier enseignement que Michelet fut chargé et c’est de ses nouveaux cours que sortit son histoire de France. […] Ce ne sera qu’en faisant ligue et résistance sur tous les points, qu’on sortira de cette infamie ».
Imaginez un peloton de fil sorti des griffes d’un jeune chat : tel est l’enchevêtrement dans la vie des causes et des effets. […] Sortir de chez soi, c’est sortir de soi-même, et on y gagne toujours quelque chose. […] On n’y entre pas sans lutte, et on n’en sort pas sans langueur. […] Le sort de taon avait été assez différent, et il l’est encore. […] Tenir dans ses mains le sort de… — Bertier.
Le dévelopement du sort d’un homme et de ses avantures, ce qui entraîne des détails et des faits circonstanciés : or ces faits veulent être exposés sans recherche et sans ornemens, et dans ces endroits le simple est la véritable convenance : mais ce simple ne coûte pas moins et ne fait pas moins de plaisir, quand le sujet le demande, que des morceaux beaucoup plus ornés. […] Ne sortons pas du même auteur, pour trouver aussi le plus parfait modele d’une exposition adroite, qui est elle-même une grande action. […] C’est encore, ce me semble, une maniere indirecte de manquer au dialogue, que de faire sortir des personnages qui devroient attendre qu’on leur répondît, ou de faire rester ceux qui devroient répondre. […] Il me semble que l’unité d’intérêt est non seulement soutenuë, mais qu’elle est encore fortifiée par le péril de ces princes qui, entrant naturellement dans le dévelopement du sort d’Oedipe, devient une grande partie de la punition dont les dieux l’accablent. […] C’est lui que je vois d’abord en péril ; et quand il en sort, le danger retombe sur Oedipe ; et Thésée n’est plus dans le reste de la tragédie qu’un personnage insipide.
« Alors Dieu », disait-il à l’approche de la vieillesse, en 1819, « le souverain Bien, sort comme des nuages. […] Elle sort cependant, et elle aperçoit, à travers la buée qui se fait moins épaisse, des silhouettes de bateaux sur la rivière qui mène à la mer libre : « Oh ! […] Il sort de l’École dans le génie. […] Meurgey le fera-t-elle sortir de l’ombre ? […] Cette fois il n’en sortira plus.
Dès à présent et sans sortir des généralités, nous pouvons, à l’aide de ce caractère bien net — la tendance vers l’unité de conscience arriver à définir l’attention. […] Beaucoup de gens trouvent que la marche les aide à sortir d’une perplexité, d’autres se frappent le front, se grattent la tête, se frottent les yeux, remuent d’une façon incessante et rythmique les bras ou les jambes. […] Ce n’est plus un simple antagoniste de l’association spontanée, bornant son rôle à la gouverner ; c’est un pouvoir destructeur, tyrannique, qui s’asservit tout, qui ne permet à la prolifération des idées de se faire que dans un seul sens, qui emprisonne le courant de la conscience dans un lit étroit, sans qu’elle en puisse sortir, qui stérilise plus ou moins tout ce qui est étranger à sa domination. […] Plusieurs auteurs contemporains les ont étudiées avec grand soin35 Malheureusement les mémoires et les recueils d’observations sur ce sujet ne sont guère sortis du domaine de la psychiatrie, et la psychologie jusqu’ici n’en a pas tiré profit, du moins en ce qui concerne l’attention. […] Ce château est intérieur, dans notre âme ; il n’y a pas à sortir de nous pour y pénétrer ; mais la route est longue et difficile.
Tous les jours, sous nos yeux, les formes les plus hautes de la vie sortent d’une forme très élémentaire. L’expérience établit donc que le plus complexe a pu sortir du plus simple par voie d’évolution. Maintenant, en est-il sorti effectivement ? […] Personne ne le soutiendra, et le darwiniste lui-même se bornera sans doute à dire que des effets identiques peuvent sortir de causes différentes, que plus d’un chemin conduit au même endroit. […] Mais les positions en nombre infini, et l’ordre qui relie les positions les unes aux autres, sont sortis automatiquement de l’acte indivisible par lequel ma main est allée de A en B.
Au sortir d’une crise rhumatismale, on peut éprouver de la gêne, voire de la douleur, à faire jouer ses muscles et ses articulations. […] Le même commandement retentirait à l’oreille du somnambule qui se préparerait, qui commencerait même à sortir du rêve qu’il joue : s’il retombait tout de suite en somnambulisme, un impératif catégorique exprimerait en mots, pour la réflexion qui aurait failli surgir et qui se serait aussitôt évanouie, l’inévitabilité du retour. […] Il ne s’agira d’ailleurs que des sociétés humaines telles qu’elles sont au sortir des mains de la nature. […] Mais sortons des métaphores. […] Donnez-vous la première, vous n’en ferez pas sortir la seconde, pas plus que d’une ou de plusieurs positions d’un mobile vous ne tirerez du mouvement.
Nous verrons ses termes sortir peu à peu de l’ombre, l’un après l’autre, en sortir pour y rentrer, dans ces jeux de lumière dont il ne faut d’abord rien faire qu’en éprouver patiemment et voluptueusement la suite. […] Le Valéry mathématicien et le Valéry métaphysicien sont des Idées de cette famille ; le Valéry artiste est le Valéry sorti. […] Sur ces limites, rien ne se rapporte « à l’alternative de l’être et du non-être : ce serait trop simple » Je sors, pâle et prodigieuse, Toute humide de pleurs que je n’ai point versés, D’une absence aux contours de mortelle bercés Par soi seule… Et brisant une tombe sereine, Je m’accoude inquiète et pourtant souveraine, Tant de mes visions parmi la nuit et l’œil Les moindres mouvements consultent mon orgueil. […] La réalité du poète en chair qu’il y a dans le Satyre, c’est un Hugo en un état de tension, de lucidité, de santé et de force intérieure prodigieuse, qui se trouve, un matin de printemps, devant ses piles de papier blanc, qui sait et qui sent qu’il est inspiré, qui ne sait pas ce qui sortira de son inspiration, mais qui sait qu’il en sortira quelque chose. Et il en sort en effet ceci : inspiration qui se chante elle-même, qui se prend pour matière poétique, et qui, parce qu’elle représente le génie artistique à sa plus haute température, dans sa plus formidable tension, coïncide spontanément avec cet élan créateur du monde dont le génie nous donne probablement la clef.
Mais jusqu’au moment où se révéla l’autorité de ce prince, il n’était sorti d’aucun de ces écrivains un ouvrage durable. […] Seulement Racine coupa court à la jeunesse avant qu’elle fût écoulée ; et c’est ce même cœur, d’où Phèdre venait de sortir, qu’il voulut un jour éteindre dans un cloître de chartreux. […] Témoin les beaux vers du Discours au Roi, beaux surtout parce qu’ils « se sentent de la hauteur du cœur » d’où ils sont sortis. […] Seigneur, dès ce jour, sans sortir de l’Epire, Du matin jusqu’au soir qui vous défend de rire ? […] C’est d’ailleurs le sort de telles paroles, que le prince qui a le cœur assez haut pour ne pas s’en fâcher a toujours l’esprit assez délicat pour en goûter les grâces.
« Et si la femme, ainsi représentée dans son intérieur, sort de chez elle, regardez-la, sur cette merveilleuse planche : “La femme devant les trois crayons de Watteau, du Louvre”, regardez-la, une main sur une ombrelle, avec toute l’attention de sa séduisante et ondulante personne, penchée sur les immortels dessins de la vente d’Imécourt. […] Mais là encore, Lacroix arrive seul, dit que dans le moment, Balzac est menacé de Clichy, qu’il n’ose sortir que le soir, et que ces soirs, il les donne à sa maîtresse, à ses amis. […] Oscar Wilde, je vous prie de sortir ! […] Puis elle me décrivait sa maison, au bas de la côte de Grasse, choisie par le général, autrefois ambassadeur à Constantinople, dans un endroit qui lui rappelait la Corne d’Or, une maison à la chambre du général, tendue avec de la toile, et ressemblant à une tente, et à l’écurie renfermant deux carrosses d’apparat, dont la propriétaire avait été obligée de vendre les chevaux, quand elle avait été réduite à vivre de sa pension de veuve : carrosses, que les bonnes sortaient et promenaient, une heure, tous les samedis, sur les pavés de la cour. […] L’arrangement accepté, voici un plongeur, sous son scaphandre, au fond du lac, un plongeur qui reste sous l’eau cinq heures, s’il vous plaît… J’avais été convoqué, et j’ai pu le photographier, au moment où il sortait de l’eau, avec des objets détachés du bateau.
La maladie et la mort de son oncle, le père Hercule, l’appelèrent à Paris en cette même année ; il se proposa d’y rester, et n’ayant pu le faire avec la permission de ses supérieurs, il sortit de la congrégation, mais en se déliant avec douceur comme ce sera toujours sa façon et méthodeae, en emportant et en laissant les meilleurs souvenirs. […] Dure et ingrate nature humaine, pétrie au fond d’envie, bien plus que de bonté, qui ne sort guère d’un excès que pour un autre, et qui, dès qu’elle n’est plus foulée et à terre, a besoin de fouler quelqu’un : Si on ne leur parle avec honneur, nous dit Fléchier dans son récit, et si l’on manque à les saluer civilement, ils en appellent aux Grands Jours, menacent de faire punir, et protestent de violence. […] Les jours de grande exécution, Fléchier aimerait à sortir de la ville et à se tenir à l’écart, par un sentiment d’humanité, qui se confond chez lui avec la bienséance.
Jusqu’à l’autre extrémité des beaux âges de la littérature grecque, au lendemain même de Théocrite, on retrouverait des accents de cette simplicité touchante, ce naïf et ce fin qui pénètre comme en chaque veine de cette poésie au sortir d’Homère, et qui survécut longtemps, même après que le grand s’en fût retiré. […] Un peu après Méléagre, immédiatement après lui en date, un Grec sorti précisément de la même ville, de Gadare, un poëte non moins délicat, et dont il serait agréable aussi de parler un jour, Philodème, vint à Rome, y vécut en épicurien poli ; on le trouve fort loué de Cicéron. […] Sa Syrie, toute mélangée qu’elle était, la Phénicie d’où sortit Cadmus, ne lui suggéraient pas une idée pareille.
Son frère Guillaume assistait aux congrès où se réglait le sort du monde. […] Les quinze jours que je passai dans cette société me permirent d’étudier en silence ce véritable grand homme, et de sortir de cette demi-intimité d’occasion plein de vénération pour lui. […] Ensuite il retournait à la cour, ou allait dans quelque société, pour n’en sortir que vers minuit.
On en sort enfin à la hauteur de la moitié de la coupole, et l’on entre en frissonnant dans le dôme lui-même. […] Une échelle de fer aux échelons tremblants sort du dernier sommet et vous porte au tronc de la croix, que vous embrassez convulsivement comme un brin de mousse embrasse une aiguille d’un chêne ; vos yeux se troublent, et vous ne voyez plus que le vide ondoyant à cinq cents pieds au-dessous de vous ! […] Dieu, en appliquant sa pensée ou sa volonté à la matière ou au néant sorti de ses mains, lui a imprimé ses qualités ou ses lois : étendue, poids, grandeur relative, et sa forme, et ses limites, et sa gravitation, et sa vie, et sa mort, et sa transformation quand sa vie est accomplie.
Et je relis avec mélancolie cette page de M. de Vogüé, dans la préface de son Roman russe : « Il se crée de nos jours, au-dessus des préférences de coteries et de nationalité, un esprit européen, un fond de culture, un fond d’idées et d’inclinations communs à toutes les sociétés intelligentes ; comme l’habit partout uniforme, on retrouve cet esprit assez semblable et docile aux mêmes influences, à Londres, à Pétersbourg, à Rome ou à Berlin… Cet esprit nous échappe ; la philosophie et la littérature de nos rivaux font lentement sa conquête ; nous ne le communiquons pas, nous le suivons à la remorque ; avec succès parfois, mais suivre n’est pas guider… Les idées générales qui transforment l’Europe ne sortent plus de l’âme française. » C’est peut-être qu’elles en sont sorties il y a cinquante ans. […] Car, sortir par le libre examen, comme Ibsen et Eliot, d’une religion dont le libre examen est lui-même le fondement, ce n’est point proprement en sortir, c’est plutôt en développer et en épurer la doctrine.
C’est-à-dire qu’ils ou elles s’habillent — ce qui ne laisse pas de leur donner un assez vif plaisir — ils ou elles s’habillent « pour sortir ». « Nous sortons ce soir. » Cela signifie : « Nous allons voir Guitry ou Lavallière ou Polaire. » Car ce qui intéresse nos contemporains, cher ami, ce n’est pas le théâtre, ce sont les acteurs et les actrices, leurs relations et leurs meubles, leurs amants et leurs maîtresses, leurs jupons et leurs chaussettes. […] Nous nous instruisons, en attendant, au théâtre ; nous apprenons à comprendre l’évolution d’où sortira le monde futur.
Sous une forme contenue et voilée, il accompagne les premiers mots de Walther : « So rief der Lenz in der Wald », et « So rief es mir in der Brust » ; il souligne toute l’ardeur du poète, son désir d’Eva, de la maîtrise qui la lui donnera ; il apparaît quand le chevalier trouve l’art des maîtres nouveau et étranger pour lui ; pendant le choral, dans la mimique tendre de Walther, et quand il voit Eva s’avancer vers lui pour sortir de l’Église ; c’est lui qui proteste pendant que les maîtres accablent le héros ; lui qui s’insinue dans la pensée de Sachs, le trouble et lui fait dire plus tard à Walther : « All Dichtkunst und Poeterei ist nichts als Wahn-traumdeuterei. » Motif 3 (p. 34, 171, 264, 265, 266, 276,287, 300, 301, 315, 316, 318, 375, 379). — Les trois premières notes de ce motif sont les trois dernières du motif 2, et la seconde partie de la phrase est la répétition de la première où apparaît la note ré, trois fois répétée. […] De lui sortiront, comme on peut le voir sur notre tableau, les motifs d’Eva, de Sachs, du concours, de Nuremberg, des apprentis, de Beckmesser, et des maîtres eux-mêmes : ou, si l’on préfère, on le trouvera dans l’amour d’Eva, dans le renoncement tendre et généreux de Sachs, sa jeune poésie populaire et son ardent amour pour ce qui possède vie et passion, dans la mâle poésie de Walther, dans la hardie et saine volupté de son chant, auquel il devra Eva et le titre de maître, dans la joyeuse et bonne vie du peuple de Nuremberg qui décidera des prix et comprendra Walther, dans l’amoureuse sérénade de Beckmesser, dans la ronde des apprentis, dans la fête de la Saint-Jean, et de proche en proche dans la marche des Maîtres. […] Nous sommes ici déjà loin du motif du printemps, presque à l’extrémité du personnage d’Eva : son sort est bien loin d’être fixé.
Telle est la moralité, inattendue, involontaire peut-être, mais certaine, qui sortira de ce livre cruel et osé dont l’idée a saisi l’imagination d’un artiste ! […] C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Il faut donc chercher un autre mot, et, quel qu’il puisse être, il finira par avoir le sort de tous les autres. » Voilà le danger signalé par un pur classique, par un écrivain qui traitait Shakspeare et Schiller de sauvages, et leurs traducteurs, MM.
Il ne s’est jamais recueilli ; il est de ceux qui n’ont jamais travaillé passé midi et demi : on s’habillait, on mettait manchettes et jabot, on sortait pour dîner en ville, et on ne rentrait plus que très tard le soir ou dans la nuit. […] À la longue les défauts prirent le dessus ; cet homme qui dîna en ville jusqu’à la fin, et qui pérorait du matin au soir, avait enroué sa voix et donné comme un effort à son esprit ; il lui fallait à tout prix du montant naturel ou factice : Duclos aimait le vin, dit Sénac de Meilhan, et rarement sortait de table sans être échauffé : alors sa conversation n’en était que plus brillante, mais aussi il se permettait les propos les plus imprudents contre les ministres et les gens en place.
Daru, s’ils paraissent un jour, l’époque et celui qui en était l’âme, nonobstant les justes restrictions, n’en sortiront pas diminués. […] Il en a la fièvre ; il a des intermittences d’ardeur et de découragement : « Mais j’en sortirai et je m’y obstine, écrit-il à M.
Et pourquoi aussi un genre s’avise-t-il de sortir d’une boutade heureuse ? […] L’eau sortait par la porte de la grande chambre comme par l’écluse d’un moulin ; il en était entré plus de trente barriques.
Le voyage de Prusse et son essai d’établissement à Berlin furent pour Voltaire une triste campagne, dont il a été assez parlé, et dont on aime à sortir comme lui le plus tôt possible. […] Le peuple de Paris a montré de nos jours, et même dans les périodes d’excès, qu’il n’était plus le même que ce peuple informe, tout nouvellement sorti de la société d’avant 89.
De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer. […] Cette fois il sut se détourner à temps et alterner dans le mode de sa sensibilité : Je me mis à la considérer (la nature) encore plus attentivement que de coutume, et par degrés la fermentation s’adoucit ; car il sortait des champs, des flots, des bois, une vertu suave et bienfaisante qui me pénétrait et tournait tous mes transports en rêves mélancoliques.
On en sort, ce me semble (dût-on avoir souri de quelques expressions au passage), avec une profonde estime pour le jeune roi qui pense et s’exprime ainsi. […] Rousset, et n’aient amené sous la portée de son jugement que des informations telles qu’il en devait nécessairement sortir le choix qu’eux-mêmes avaient préparé ?
Je suis obligé d’en sortir, et le public, dès qu’on lui a nommé Montaigne, nous appelle sur un terrain plus étendu. […] Voici le beau passage de cette seconde partie du Journal, et qui mérite de faire pendant à celui que nous avons déjà vu au sortir du Tyrol.
Pas un mot ne sera dit entre eux de ces circonstances en quelque sorte étrangères ; les difficultés ne naîtront pas du dehors ni d’aucun événement contraire, et c’est en cela que le roman est d’une grande délicatesse : elles sortiront uniquement du cœur et de l’esprit des personnages, et viendront de la femme en particulier. […] Rêvez, rêvez alors… » Mais voici un dernier passage qui sort du ton sentimental et tendre, et qui, ce me semble, est éloquent, élevé, poétique à la fois et philosophique, tout un jet brillant de hardiesse et de libre fantaisie.
En paraissant sortir ainsi quelquefois de ce qui est réputé le domaine proprement littéraire, on n’a pas la prétention de devenir autre chose que ce qu’on est. […] On était à bout de délais ; il fallait à tout prix tenter le sort, vaincre ou périr.
Quand le sort nous la refuse sans raison, il y a plus d’honneur quelquefois à mériter une place qu’à l’obtenir. » — « Je vois bien, seigneur Apollon », lui répondis-je, « qu’on ne prend pas garde que je n’ai point de manteau. » — Il répondit : « Quoi qu’il en soit, j’ai du plaisir à te voir ; la vertu est un manteau avec quoi l’indigence peut couvrir sa honte ; elle conserve sa liberté et se garantit de l’envie. » Je baissai la tête en recevant ce conseil ; je restai debout… » Il faut convenir qu’on ne peut être pauvre diable de meilleure grâce ni plus galamment. […] La nature vous a fait indulgent et bon, nullement polémiste ni armé en guerre ; ne sortons pas de notre nature.
En mettant en vers les idées de Bolingbroke, en les combinant avec celles de Leibniz, il n’allait pas au-delà d’un déisme bienveillant et intelligent : l’Essai sur l’Homme, tel qu’il est sorti de sa pensée et de sa main, dans sa mesure honorable et incomplète, dans sa gravité ornée, est acquis depuis longtemps à la littérature française et nous est présent par la traduction de Fontanes et par la belle préface qu’il y a mise. Que de justes définitions, que de vers proverbes en sont sortis !
Mattioli le croyait seul ; on s’enferma à trois dans une chambre ; on parut traiter sérieusement de l’affaire, et, à un moment, l’abbé d’Estrades étant sorti sans affectation, donna le signal : des dragons qui étaient apostés entrèrent brusquement, se saisirent de Mattioli, le bâillonnèrent, le garrottèrent, et une demi-heure après il était dans la citadelle de Pignerol. […] Cela joint à la porte par où il a plu à Sa Majesté de me faire voir que j’en sortirai, me fait souffrir ma détention avec une bien facile patience. » La porte dont il parle était son brevet de maréchal de camp, déjà signé depuis quelques jours, et ce gouvernement d’importance.
Hachette de donner l’édition des Mémoires de Saint-Simon d’après le manuscrit, il en est sorti avec une quantité de remarques critiques et de notes rectificatives qu’il nous présente aujourd’hui réunies et coordonnées en un respectable volume. […] Au sortir, les princes et princesses allèrent à une grande collation qui leur avait été préparée à l’Hôtel de ville ; elle fut suivie d’un grand bal et d’un beau feu d’artifice qui finit toute cette fête, qui n’aura, je crois, de longtemps sa pareille. » C’est au sortir de cette cérémonie qu’un des ancêtres de Mirabeau qui servait dans le régiment des gardes, passant sur le Pont-Neuf à la tête de ses hommes, fit arrêter devant la statue d’Henri IV et saluant le premier de la pique, il s’écria : « Mes amis, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre !
Après des personnes du grand monde, telles que la duchesse de Bouillon, — une passion orageuse et triste, traversée d’affreux soupçons, — il se jeta dans les plaisirs dits faciles et n’en sortit plus : ces plaisirs l’enchaînèrent. […] Je débutai par lui demander la permission d’aller, pour mon compte et pour mon instruction, à tous les détachements de hussards qui sortaient du camp.
Toute cette histoire anecdote et secrète finira par sortir. […] On sait que M. de Talleyrand fit semblant de vouloir sortir de Paris pour suivre l’impératrice à Blois, et qu’il s’arrangea de manière à se faire arrêter à la barrière.
Ce n’est presque pas sortir de ce sujet que d’y joindre quelques mots sur un livre extraordinaire, publié en Allemagne par un poëte catholique, M. […] Je ne sais s’il est vrai qu’au sortir d’une conférence de Lacordaire M. de Montalembert se soit laissé aller à dire : « Quand on vient d’entendre de ces choses, on sent le besoin de réciter son Credo ; » mais il est bien certain qu’après avoir entendu un discours ou lu quelque écrit de M. de Montalembert, l’abbé Lacordaire disait : « Cet homme sera donc toujours le disciple de quelqu’un !
Nous avons vu avec une sorte d’effroi que ce livre sortait des presses de Firmin Didot, si classique en impressions correctes. […] Théophile s’annonce comme le bel-esprit en titre et le coryphée littéraire de cette dernière époque ; il en est le poëte débauché, raffiné ; il avorte comme elle, et il a un sort assez pareil à celui de ses patrons.
L’antiquité grecque sort des ténèbres un chef-d’œuvre à la main. […] Il doit avoir l’âme naïve comme celle des enfants, tendre, compatissante et pleine de pitié comme celle des femmes, ferme et impassible comme celle des juges et des vieillards, car il récite les jeux, les innocences, les candeurs de l’enfance, les amours des jeunes hommes et des belles vierges, les attachements et les déchirements du cœur, les attendrissements de la compassion sur les misères du sort : il écrit avec des larmes ; son chef-d’œuvre est d’en faire couler.
Fénelon n’était pas tout à fait juste : il ne voyait pas que nos grands poètes, avec notre grand critique, sortaient précisément de leur siècle et s’élevaient au-dessus de lui par le caractère nettement naturaliste et artistique de leurs œuvres et de leur doctrine. […] Il eût fallu à l’honnête Despréaux plus d’agilité et de souplesse d’esprit, plus de légèreté de main qu’il n’en avait, pour sortir à son honneur de cette polémique.
On loue les métaphores bien soutenues comme dans ces vers de Boileau : À peine du limon où le vice m’engage J’arrache un pied timide, et sors en m’agitant, Que l’autre m’y reporte et s’embourbe à l’instant. […] J’entre dans la vie pour en sortir bientôt ; je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître.
Delécluze, nous croyons comme lui que le sort de notre langue est intéressé dans cette question. […] … Quelle Jérusalem nouvelle Sort du fond du désert brillante de clartés !
En lui on sent au contraire que l’esprit ne s’est fixé à l’état de pensée et de maxime, que faute d’avoir pu se déployer et sortir en action. […] Mais ces plaintes qui s’élèvent de toutes parts et qui lui sortent du cœur à lui-même, il les réduit à leur valeur.
Une lettre admirable de lui, et qui le peint dans la sérénité de son rajeunissement final, est celle qu’il adresse à Achille de Harlay, retiré également des charges publiques, sur les douceurs de la retraite, sur les charmes d’une étude paisible et variée, désormais toute confinée à l’intérieur du cabinet, et dont on se dit qu’on ne sortira plus : « J’ai d’un côté mes livres, ma plume et mes pensées ; d’un autre, un bon feu tel que pouvoit souhaiter Martial quand, entre les félicités humaines, il y mettoit ces deux mots : focus perennis. […] S’il ne sortit pas des horizons de son temps, on peut observer à son honneur qu’il les embrassa tout entiers.
Mablini sortait un matin de la Sorbonne pour l’aller voir. […] Peut-être faut-il louer en cela la prudence ; mais la prudence n’est guère une vertu de poète ; plus j’étudie son caractère, plus il me paraît singulier ; à le voir, à l’entendre parler, on ne se défierait jamais qu’il pût sortir de sa tête d’aussi beaux vers que les siens, adeo ut plerique, etc.
Le fin mot de ce garçon honnête et fier, c’est qu’il veut, si la veuve lui fait un sort, avoir du moins de quoi payer ses propres habits de noce. […] Quand le plomb l’atteignit tout sautillant et vif, De son gosier saignant un petit cri plaintif Sortit ; quelque duvet vola de sa poitrine ; Puis fermant ses yeux clairs, quittant la branche fine, Dans les touffes de buis de son meurtre souillés, Lui, si content de vivre, il mourut à mes pieds.
Un jour le général d’Albignac, commandant de l’École, fit sortir des rangs Carrel sur lequel il avait reçu plus d’un rapport défavorable, et lui dit, ou à peu près : Monsieur Carrel, on connaît votre conduite et vos sentiments ; c’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt, vous auriez pu jouer un grand rôle dans la Révolution. […] Lerond, le censeur, lui ordonna de sortir des rangs et lui dit : « Monsieur Carrel, rendez-vous sans retard à la prison ; il est vraiment déplorable qu’un élève aussi distingué que vous ait une tête aussi mauvaise ; avec les idées qui y fermentent, vous révolutionneriez le collège si on vous laissait faire. » — « Monsieur le censeur, répondit Carrel, il y a de ces idées dans ma tête plus qu’il n’en faut pour révolutionner votre collège de Rouen, il y en aurait de quoi révolutionner bien autre chose. » Il y a une anecdote de collège toute pareille qui est racontée par Marmontel, celui de tous les hommes qui ressemblait le moins à Carrel.
Mais, chez Richelieu, quand on a bien assisté aux développements substantiels qu’il aime, on sort tout d’un coup de ces lenteurs par quelque trait hardi, qui accuse l’homme d’action et de grand caractère. […] On fait sortir de prison le prince de Condé, qu’elle n’avait fait arrêter que dans l’intérêt du roi, et ce prince du sang devient pour elle un ennemi actif qui va servir les mauvaises intentions de Luynes.
Nos plus grands artistes sont sortis des plus basses conditions. […] Mais comme la nature ne nous montre nulle part ce modèle ni total ni partiel, comme elle produit tous ces ouvrages viciés ; comme les plus parfaits qui sortent de son attelier ont été assujettis à des conditions, des fonctions, des besoins qui les ont encore déformés, comme par la seule nécessité sauvage de se conserver et de se reproduire, ils se sont éloignés de plus en plus de la vérité, du modèle premier, de l’image intellectuelle, en sorte qu’il n’y a point, qu’il n’y eut jamais, et qu’il ne peut jamais y avoir ni un tout, ni par conséquent une seule partie d’un tout qui n’ait souffert ; scais-tu, mon ami, ce que tes plus anciens prédécesseurs ont fait.
Par bonheur elle ne fut tirée très-entiere et très-bien conservée ; mais malheureusement pour les curieux, elle ne sortit de son tombeau que cinq ans après que M. […] J’y reviens donc et je dis, que les peintres qui ont travaillé depuis que les arts sont sortis du tombeau, que Raphaël et ses contemporains n’ont point eu aucun avantage sur nos artisans.
L’Iliade n’est-elle point exposée à subir un jour le sort du systême de Ptolomée, dont le monde est aujourd’hui désabusé ? […] Pour ne point sortir de notre sujet, les anciens n’ont-ils pas connus aussi-bien que nous que cette superiorité de raison, que nous appellons esprit philosophique, devoit présider à toutes les sciences et à tous les arts ?
Ces derniers combattent par des fumigations le mauvais sort jeté. […] La poudre magique qui fait sortir de terre un tata avec sa population et son bétail (La revanche de l’orphelin et Le pupille du cailcédrat).
nous ne pouvons nous empêcher d’admettre cette conséquence ; et, avant même qu’elle sortît aussi impérieusement des faits, nos plus grands poètes l’avaient reconnue et s’y étaient soumis ; car Corneille a fait Polyeucte et le Cid ; Racine, Athalie et Bajazet ; Voltaire, Zaïre, Alzire et Tancrède, il n’y a donc point encore là de romantisme. […] Tel est le sort d’une littérature arrivée au terme de son entier développement.
Si démocrates, en effet, que nous soyons sortis du ventre de nos mères, les Révolutions, nous avons des passions qui donnent la main à celle de cet aristocrate, et c’est par là qu’il nous entraîne ! […] De toutes ces insultes de Saint-Simon, en les exprimant d’un pouce ferme, il ne sort rien de plus que l’ambition effrénée d’une femme qui avait le droit de prétendre à tout et qui, arrivée à sa place par cette loi de gravitation dont le jeu reste toujours innocent de ses actes, s’effaça et vécut avec la simplicité de la plus humble chrétienne, entre son royal époux et Dieu !
Évidemment, on est sorti de l’air épais et chargé de la sensation et l’on est entré dans l’air plus pur, plus transparent et plus subtil, de l’intelligence. […] Je l’ai constaté : progrès marqué sur les autres critiques contemporaines, cette critique d’âme et d’idée, avant tout, ne sort pas assez nettement d’une métaphysique dont on voie les termes et qui donne à l’esprit éclairé et affermi de son auteur la règle suprême, le dictamen inflexible, le bâton de longueur qui vaut sceptre et avec lequel le critique, qui est juge et roi à force d’être juge, prend la mesure des œuvres et des hommes.
je ne demande pas à Lord Macaulay, le protestant anglais, et qui veut être conséquent en avant comme en arrière aux principes de la Constitution de 1688, d’avoir sur la souveraineté les opinions de Joseph de Maistre, mais pourtant il y a autre chose de plus noble et de plus chrétien, et, si nous sortons de l’ordre sentimental pour entrer dans l’ordre rationnel, de plus mâle et de plus profond à invoquer contre un Roi, même coupable, que la loi du talion et l’utilité, qui composent, à peu près, toute la morale de Lord Macaulay sur cette question et sur toutes les autres. […] Comme la plupart des grands écrivains, Balzac excepté, notre Balzac du xixe siècle, Macaulay a commencé d’écrire en vers pour apprendre mieux à écrire en prose, et du poète insuffisant il est sorti un grand prosateur !
Luther, lui, l’avait bien vue et ajustée, ce Luther dont Renan est sorti, mais, comme les parias de l’Inde sortent de Brahma, — par les pieds !
Mais vous vous ennuyez, vous voyez le beau temps par les fenêtres, et vous songez à sortir. […] Lorsqu’on a de l’imagination comme M. de Biran et les scolastiques, on suppose que cette force est quelque chose « d’ineffable, d’immatériel, d’hyperorganique, qui sort du premier fait, ainsi qu’un fluide subtil, et va s’infiltrer dans le second, s’y appliquer, le tirer, le pousser », y créer des modifications et des formes nouvelles.
Quand la France se soulevait de sa base antique pour repousser les armées étrangères, quand le cri d’alarme avait retenti du Nord au Midi, sous les flammèches qui sortaient de toutes les bouches, le feu prit au cerveau d’un jeune conscrit ; et, dans une nuit, il fit ce chant de la Marseillaise, dont les paroles, la musique et l’action sur les champs de bataille peuvent nous dire ce qu’était la poésie grecque. […] pardonne ces rêves : j’entends ta voix, j’entends ta forte plainte sortir des cavernes glacées de la blanche Helvétie ; j’entends tes soupirs versés sur les fleuves teints de sang.
Luigi et Thécla s’entretiennent paisiblement du sort de la religion nouvelle. […] Elle sort pour donner des ordres, et trouve madame de Torcy en conversation avec Alfred. […] Ils sortent ensemble et reviennent bientôt. […] Le sujet qu’il a traité, fable, caractères, incidents, combinaison et dénouement, est sorti tout entier de son cerveau. […] Ce n’est pas nous qui l’aurons créé : il sortira du sein de la multitude pour la dominer.
Cette étude faite évidemment sur nature, et dont chaque trait a dû être observé, produit dans l’âme du lecteur un profond malaise moral, au sortir duquel toute fraîcheur et toute vie est pour longtemps fanée ; on se sent comme vieilli avant l’âge.
Mais à voir comme des gens réputés d’esprit et même de goût y sont pris, je désespère de la finesse de l’art et je rentre plus que jamais dans ma coque pour n’en plus sortir.
On ne vit depuis semblable tyrannie qu’à l’Abbaye où Mme Récamier avait composé à Chateaubriand un cercle d’admirateurs, d’où la vérité ne put sortir qu’après la mort de l’idole qu’on y encensait. » On n’est pas plus instruit que M.
Voilà, me disais-je en parcourant le recueil local où l’on a réuni les touchants témoignages rendus à M. de Persigny dans ses visites à Saint-Étienne et à Montbrison, et qui sortent tout à fait du ton officiel, voilà une province qui vit, qui échappe au reproche qu’on a souvent adressé à notre centralisation administrative ; d’ailleurs si utile, de n’être qu’un mécanisme, un ensemble de rouages, et de laisser en dehors le cœur et l’âme des populations.
De nos jours, si le pouvoir absolu d’un seul s’établissait en France, il nous manquerait ce recours à des idées majestueuses, à des idées qui, planant sur l’espèce humaine entière, consolaient des hasards du sort ; et la raison philosophique opposerait moins de digues à la tyrannie, que l’indomptable croyance, l’intrépide dévouement de l’enthousiasme religieux.
Ce style plaît, et touche fortement, parce qu’il est à la mode, et parce qu’on sort à peine de la grande rhétorique, des périodes artistement combinées, majestueusement développées, de la phrase ample et oratoire que Rousseau et Chateaubriand avaient su plier à l’expression du pathétique et du pittoresque, et que les plus illustres romantiques ont si adroitement, si puissamment maniée.
De tranquilles lumières sont entrées dans son cœur et veulent en sortir ayant pris une voix.
Mais le marbre prédestiné cachait la déesse qui humilie les superbes : Agoracrite, élève de Phidias, fit sortir une Némésis ironique du bloc délivré.
Ce monstre, qui souhaitait que le genre humain n’eût qu’une tête, pour avoir le plaisir de la couper, n’osa faire subir à Perse le sort de Lucain.
Les sciences sont un labyrinthe où l’on s’enfonce plus avant au moment même où l’on croyait en sortir. » Ces objections sont spécieuses, mais elles ne regardent pas plus la chimie que les autres sciences.
On apprécie les incertitudes ; on calcule les chances ; on fait sa part et celle du sort ; et c’est en ce sens que les mathématiques deviennent une science usuelle, une règle de la vie, une balance universelle ; et qu’Euclide, qui m’apprend à comparer les avantages et les désavantages d’une action, est encore un maître de morale.
L’auteur d’un poëme en quatre chants sur la musique, où l’on trouve beaucoup d’esprit et de talent, prétend que lorsque le genre humain commença, vers le seiziéme siecle, à sortir de la barbarie et à cultiver les beaux arts, les italiens furent les premiers musiciens, et que la societé des nations profita de leur lumiere pour perfectionner cet art.
Heureux les peintres et les poëtes, qui ont plus d’empire sur leur génie que les autres, qui sortent de leur enthousiasme en quittant le travail, et qui n’apportent point dans la societé l’yvresse du Parnasse.
Ils deviennent des hommes au-dessous du médiocre aussi-tôt qu’ils sortent de leur sphere.
Seulement, pour les apercevoir sous cet aspect, il faut sortir des généralités et entrer dans le détail des faits.
Au sortir des études scolaires, les jeunes gens se partagent à peu près en trois classes : ceux qui liront instinctivement de bons livres ; ceux qui en liront de mauvais, ou vulgaires, ou très médiocres ; ceux qui ne liront rien du tout.
Notre littérature doit subir le même sort que nos institutions.
Voltaire revient, dit-on ; il sort de son tombeau !
Tel sera-t-il le sort de l’auteur du Blessé de Novare 21 ?
D’impression et d’enfance, il est de cette religion qu’on peut appeler la religion des peintres, et d’où sont sortis Michel-Ange et Raphaël.
Des impulsions de la nature au cœur de l’homme est sorti le salut, c’est-à-dire le réveil du corps, du cœur, du cerveau.
Je me souviens qu’au sortir d’une réception académique, Richepin me dit : « Je vais voir Ponchon. » Et il se dirigea vers le quartier latin. […] « Tout écrivain se récompense comme il le peut de quelque injure du sort. » Le sort a été assez injuste pour Stendhal, mais il méprisait bien les hommes qui n’existent que par leur situation. […] Il a raillé l’érudition des bénédictins, parce qu’il n’en sortait pas grand-chose et qu’elle pouvait sembler un peu stérile. […] Ne sortons pas de la platitude. […] Il n’en est rien sorti : le dadaïsme ne menait à rien, et même s’en vantait, professant un nihilisme radical, sans exception même pour l’art.
Le capitaine de garde sortit et, agitant son képi, cria : « La guerre est déclarée ! […] Sortira-t-il une épopée, de ces temps épiques ? […] L’Allemagne n’est pas contente de son sort. […] Pour sa patrie, le sort de la Belgique martyrisée ? […] Mais il s’installe, en définitive, dans le sort qui lui est échu.
Je connais pourtant un sculpteur d’un grand talent qui avait voulu sortir de la cuve où se débattent les grecs et les fantaisistes. […] Ce peintre et ce romancier, confondus au début dans la foule qui constitue la camaraderie artistique et littéraire, en sont sortis, se sont élevés fort au-dessus de ces gens-là et ont excité ainsi des haines que l’amour-propre entretiendra toujours. […] Tout le monde l’a possédée un certain jour, quelques hommes à peine l’ont conservée, l’ont écoutée et sont parvenus, en s’humiliant devant elle, en suivant ses avis, à sortir de la foule. […] J’ai sorti la tragédie des vieilles armoires où on la conservait pour les jours de fête et j’en ait fait un habit pour les jours de la semaine ; j’ai pris la comédie et y ai mis mon pouce, éternel cachet avec lequel elle arrivera devant l’avenir. […] Ces peintures ou ces tentatives de peinture de l’époque émeuvent si profondément qu’on entend sortir de toutes les poitrines ce cri joyeux : il y a des scènes vraiesdans cette pièce.
Jules a passé par de rudes épreuves, mais il en est sorti victorieux. […] Dès qu’il sort du pittoresque et qu’il a une idée ou un fait simple à exprimer, il tombe dans la plus désolante platitude. […] Il sort victorieux de cette controverse, autant que j’en puis juger. […] Au sortir du lycée, « ces deux jeunes gens n’imaginaient point qu’on pût faire autre chose au monde que d’étudier ». […] Pour quelles amours sont suspendues ces grenades entrouvertes, et ces grappes de raisin noir, et ces dattes d’un jaune éclatant qui sortent du cœur des palmiers ?
Je ne sors de chez moi que pour en ramasser une plus ample moisson. […] Elles sortent si nécessairement de son analyse, qu’il semble impossible de ne pas les voir. […] Une invitation à sortir de vous-mêmes et à vous élever jusqu’à un point de vue général et invariable. […] Il lui est loisible, quand il en sort, de continuer ses études à travers son métier. […] Pour en revenir aux écrivains, la dureté du sort, s’ils ont la vocation, n’est pas à redouter.
Prends donc cet appareil et sors sur la promenade des Anglais. […] Les êtres flottants, sortis de leur fonction ordinaire, qu’ils sont passionnants à regarder, à soupçonner ! […] Tous les ballons que l’on vous a remis au sortir des collèges, qu’ils soient rouges ou tricolores, vous les crevez. […] Le grand tort de Fabre-Luce, aux yeux de quelques-uns, a été dans la Victoire de ne point sortir de sa nature. […] Un jour il s’enferma dans une chambre de la rue Boissonnade et n’en sortit qu’après avoir écrit son premier livre composé en vers blancs.
Il sort. — Des vapeurs troubles errent dans la boutique. […] Il me semble sortir d’un rêve ! […] Ce matin, je suis sorti à l’aube. […] Il sort. […] Les Obscurs sortent de leur torpeur, grelottent, grognent et se mettent sur leurs pieds.
Et qui donc a senti plus fortement que le moine qui écrivit l’Imitation de Jésus-Christ sans sortir de sa cellule ? […] Sans pensée : mais, nyctalopes, ils sortent la nuit pour manger les riches. […] Mais tous peuvent être rapprochés par un sort semblable : ils n’ont exercé, malgré ces mérites, aucune influence sur les générations littéraires qui les suivirent. […] » et par un autre cette définition, tragique de vérité : « Je trouve que c’est une victoire parce que j’en suis sorti vivant ! […] Voici donc la question : Comment cette période de 1870-1914 a-t-elle pu enfanter la France d’aujourd’hui, qui en sort, avec ses qualités et ses défauts, ses possibilités et ses inquiétudes ?
Les autres pièces ne sortent pas moins malmenées des mains de M. […] A vrai dire, quand nous passons en revue ces marbres, nous n’avons pas de peine à voir d’où sortit la Renaissance et à quoi nous devons les formes diverses de l’art de la Renaissance. […] Vraiment, Boucher est sorti meurtri assez cruellement des mains vigoureuses de M. […] C’est d’un sentiment analogue que sont sortis le mouvement préraphaélite de nos jours et la tendance archaïque de la sculpture grecque à son époque postérieure. […] » Et quel serait le sort des gouvernements et des politiciens de profession, si nous en venions à conclure que le gouvernement de l’espèce humaine, cela n’existe pas.
Quatre compagnies des gardes françaises et deux des gardes suisses font tous les jours la parade dans la cour des ministres, entre les deux grilles, et le spectacle est magnifique quand le roi sort en carrosse pour aller à Paris ou à Fontainebleau. […] Alors, devant tout ce monde, il sort de son lit, chausse ses mules. […] Cependant tout le reste attend dans la galerie, afin de l’accompagner à la messe quand il sortira. […] Les deux laquais ouvrent les deux battants pour me laisser sortir, moi qui passerais alors par le trou d’une aiguille, et les deux estafiers crient dans l’antichambre : « Madame, Messieurs, voilà Madame !
Une boucle de cheveux que l’on relève, un bras mignon qui sort d’un flot de dentelles, une taille penchée qui fait chatoyer les plis lustrés de la jupe, et le fin sourire demi-engageant, demi-moqueur de la bouche mutine, en voilà assez pour ravir un artiste. […] Il marque tout dans le vol du faisan, le frou-frou de son essor, « ses teintes lustrées, changeantes, — sa crête de pourpre, ses yeux cerclés d’écarlate, — le vert si vif que déploie son plumage luisant, — ses ailes peintes, sa poitrine où l’or flamboie1121. » Il a la plus riche provision de mots brillants pour peindre les sylphes qui voltigent autour de son héroïne, « lumineux escadrons dont les chuchotements aériens semblent le bruissement des zéphyrs, — et qui, ouvrant au soleil leurs ailes d’insectes, — voguent sur la brise ou s’enfoncent dans des nuages d’or ; — formes transparentes dont la finesse échappe à la vue des mortels, — corps fluides à demi dissous dans la lumière, — vêtements éthérés qui flottent abandonnés au vent, — légers tissus, voiles étincelants, formés des fils de la rosée, — trempés dans les plus riches teintes du ciel, — où la lumière se joue en nuances qui se mêlent, — où chaque rayon jette des couleurs passagères, — couleurs nouvelles qui changent à chaque mouvement de leurs ailes1122. » Sans doute ce ne sont point là les sylphes de Shakspeare ; mais à côté d’une rose naturelle et vivante, on peut encore voir avec plaisir une fleur en diamants, comme il en sort des mains d’un joaillier, chef-d’œuvre d’art et de patience, dont les facettes font chatoyer la lumière et jettent une pluie d’étincelles sur le feuillage de filigrane qui les soutient. […] Habituons-nous à Gay, à son poëme sur l’art de marcher dans les rues de Londres, à ses conseils à propos de ruisseaux sales et de bottes fortes, à sa description des amours de la déesse Cloacina et d’un boueux, d’où sont sortis les petits décrotteurs. […] Atala et Chactas sortent de la même fabrique que Malvina et Fingal.
Il prit un de ces bambous, le coupa entre deux nœuds, enleva la moelle qui le remplissait, et, soufflant dans le roseau évidé, il en fit sortir un son qui n’était ni plus haut ni plus bas que le ton qu’il prenait lui-même lorsqu’il parlait sans être affecté d’aucune passion. […] Vois comme à ce bruit formidable le héros soulève la tête comme s’il sortait du tombeau et regarde autour de lui avec étonnement. […] Quand il sortait de la maison, la main dans la main de sa mère, c’était pour aller s’enivrer des vibrations majestueuses de l’orgue de la cathédrale ou des couvents de Salzbourg, touché par son père dans les cérémonies religieuses des fêtes cathédrales. […] Nous avons tout tenté pour te rendre heureux et faire notre bonheur par le tien, ou du moins pour te fixer dans ta vraie carrière ; mais le sort a voulu que nous n’ayons pas pu réussir.
Les obus des Français sillonnaient la ville de Weimar et la menaçaient d’un sort semblable. […] L’alliance est scellée par ces promesses mutuelles ; la Prusse presque entière est abandonnée par son dernier allié Alexandre au vainqueur d’Iéna ; elle a mérité son sort par la duplicité de sa diplomatie depuis qu’elle existe ; mais Napoléon traite avec dédain son héroïque et belle reine, que la fortune amène en larmes à Tilsitt. […] On avait lu aux troupes, qui étaient pleines d’ardeur, une proclamation courte et énergique, conçue dans les termes suivants : « “Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée…” » « Ainsi le sort en était jeté ! […] Mais de chaque scène de ce grand drame il ne sort de la bouche de l’historien qu’un léger blâme pour ce héros emporté trop loin par son génie, et toujours ce mot de génie appliqué aux plus ruineuses folies du monde, et toujours ce mot de gloire jeté comme une amnistie de la justice sur les plus lugubres catastrophes de l’humanité !
Elle peut être parfaitement une et la même pour tous les citoyens, et être telle cependant qu’ils n’en sortent qu’avec une insatiable avidité de richesses ou d’honneurs, ou même avec ces deux passions à la fois. […] « Ce que nous avons dit de la constitution de Phaléas suffit pour qu’on en juge les mérites et les défauts. » XXIII Aristote met en poudre dans les chapitres suivants tous les systèmes de communauté, tous les rêves de Socrate et de Platon, toutes les législations de Crète et de Sparte, celle même de Solon faisant régir les hommes par le hasard du sort ; il examine ensuite ce qu’est devenu le citoyen. […] Partout où la fortune extrême est à côté de l’extrême indigence, ces deux excès amènent ou la démagogie absolue, ou l’oligarchie pure, ou la tyrannie ; la tyrannie sort du sein d’une démagogie effrénée, ou d’une oligarchie extrême, bien plus souvent que du sein des classes moyennes, et des classes voisines de celles-là. […] « Il faut ajouter encore, comme une sorte de preuve à l’appui de ces principes, que les bons législateurs sont sortis de la classe moyenne.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis, après, comme moi, souffre et meurs, sans parler. […] En grandissant eux-mêmes, en s’élevant toujours davantage vers un idéal que, par pitié, le sort toujours diffère, ils vous enseigneront comment on s’affranchit des accidentelles douleurs en en faisant la joie du souvenir ou l’ombre du lumineux bonheur… Eh bien, prendre la vie et en exprimer le sens en beauté par les correspondances que les divers ordres de la nature entretiennent entre eux pour maintenir l’universelle unité, voilà la poésie symbolique. […] Ainsi, sortis du vide, nous nous hâtons orageusement à travers la terre, puis nous nous replongeons dans le vide. […] Toutefois, comme il est difficile que des hommes sortent paisiblement, en bon ordre, chacun à son tour d’une maison qui va s’écrouler, ils se sont enfuis des églises ruineuses avec la triste unanimité d’un sauve-qui-peut.
Durant cet intermède qui ne présente aux sens que des formes attrayantes et qui néanmoins soulève toute notre répulsion, donnant ainsi au sabbat où les mortels fraient avec les démones, un caractère bien plus poétiquement vrai que les laides, burlesques, écœurantes peintures qui en ont été faites avec un égal mauvais goût, dans les arts les plus divers, l’Allégro de l’ouverture est exécuté derrière la scène comme s’il sortait des entrailles de la montagne. […] Les deux fiancés dont nous avons suivi le sort avec tant d’anxiété, ont cessé de vivre. […] Au sortir des luttes gymnastiques, ils poursuivaient sans nul emportement les ténus contours d’une discussion. […] Que l’on invente un mot nouveau : la phrase sort des phrases habituelles et nous ne comprenons pas, faute d’une syntaxe logique, assignant aux termes dans tes phrases la place même qu’ils occupent dans la pensée, — Mais la misère la plus cruelle de notre langue est l’abolition des significations précises, la pestilente invasion des synonymes et des métaphores.
Quand le nid n’est qu’un peu dérangé, les esclaves sortent parfois ; de même que leurs maîtres, elles paraissent très agitées pour défendre la cité ; et lorsque le trouble survenu est plus important, et que les larves et les œufs sont en danger, elles travaillent avec ardeur pour les transporter en lieu de sûreté. […] Pendant les mois de juin et de juillet de trois années consécutives, je suis souvent demeuré durant de longues heures à observer plusieurs fourmilières, dans les comtés de Surrey et de Sussex, sans jamais voir une seule esclave entrer dans le nid ou en sortir. […] Toutes étaient chargées de butin, et je pus suivre leur file sur une longueur de trente-six mètres environ, jusqu’à un épais fourré de Bruyère d’où je vis la dernière sortir portant une nymphe. […] En Angleterre, au contraire, les maîtres seuls sortent de la fourmilière pour recueillir les matériaux de construction et la nourriture qui leur est nécessaire pour eux, pour leurs esclaves et pour leurs larves.
La philosophie surtout, animée par les regards du monarque, sortit, quoique lentement, de l’espèce de prison où l’imbécillité et la superstition l’avaient enfermée ; des préjugés de toute espèce lui ont cédé peu à peu sans bruit et sans violence, parce que le propre de la vraie philosophie est de ne forcer aucune barrière, mais d’attendre que les barrières s’ouvrent devant elle, ou de se détourner quand elles ne s’ouvrent pas. […] J’en appelle à ces productions avortées que leurs illustres auteurs condamnent avec tant de raison à ne point sortir de l’obscurité, et que méprisent tout bas ceux qui les connaissent, après les avoir louées tout haut ; j’en appelle surtout à la manière dont le public en pense, lorsque, par quelque malheur ou quelque maladresse de la vanité, elles osent se montrer à la lumière. […] La nécessité de se délivrer d’un état de misère profonde, rendant excusables presque tous les moyens d’en sortir, familiarise insensiblement avec ces moyens : il en coûte moins ensuite pour les faire servir à l’augmentation de sa fortune. […] Le sort de cet écrit, lorsqu’il parut pour la première fois, a été absolument contraire à celui que j’aurais dû en attendre.
Fils de cette société profondément troublée, royaliste, comme il le dit si bien, qui s’était rallié à ce que les révolutions avaient laissé de monarchie, homme d’expédient puisqu’il était un esprit politique, il avait pris la surface pour le dessous des choses, et, fait pour écrire l’histoire un jour, il n’avait pas, jusqu’à cet Empire, sorti une première fois des entrailles qui l’avaient porté et qui s’étaient refermées pour le reporter et l’enfanter encore, trouvé le sens de ces infatigables redites de l’Histoire : 1789, 9 Thermidor, 1804, Restauration, Quasi-Légitimité, Démocratie sociale. […] Ce lendemain échu et l’Empire sorti des causes qui l’ont si bien caché par leur profondeur même, Cassagnac éclaire rétrospectivement, mais vigoureusement, ces causes tardivement aperçues, et l’on sent, en lisant son livre, le bilan de ces Pouvoirs faillis, une — quasi-Royauté et une République également impossibles, — à quel point, heureusement pour l’avenir de la Monarchie dans le monde, le rétablissement de l’Empire fut à la fois naturel et logique, aussi avant dans la volonté humaine que dans les vues de la Providence. […] Aussi fût-ce cette force, faite de tant d’autres, qui l’avait jeté tout d’abord à la bataille romantique, qui le jeta ensuite aux batailles politiques, dont il ne sortit plus, et où il se montra le polémiste le plus redoutable et le plus infatigable des polémistes contemporains. […] Il fut journaliste, — et le sort du journaliste est d’être la victime des choses immédiates, et dépérir, comme l’orateur, avec son action même.
Ayant vieilli de deux ans par exemple quand il sortira de son projectile, il trouvera que c’est de deux cents ans qu’a vieilli notre globe. » — En est-on bien sûr ? […] Mais alors les deux personnages en S et S′ peuvent être amenés par notre pensée à coïncider ensemble, comme deux figures égales qu’on superposerait : ils devront coïncider, non seulement quant aux divers modes de la quantité, mais encore, si je puis m’exprimer ainsi, quant à la qualité, car leurs vies intérieures sont devenues indiscernables, tout comme ce qui se prête en eux à la mesure : les deux systèmes demeurent constamment ce qu’ils étaient au moment où on les a posés, des duplicata l’un de l’autre, alors qu’en dehors de l’hypothèse de la Relativité ils ne l’étaient plus tout à fait le moment d’après, quand on les abandonnait à leur sort. […] Moi, physicien relativiste, après avoir été intérieur au système et avoir perçu P comme égal à Q, j’en sors : me plaçant dans une multitude indéfinie de systèmes supposés tour à tour immobiles et par rapport auxquels S′ se trouverait alors animé de vitesses croissantes, je vois croître l’inégalité entre P et Q. […] Si donc nous nous plaçons dans l’hypothèse d’une relativité unilatérale, nous devrons admettre que les simultanéités de S se disloquent dans son duplicata S′ par le seul effet du mouvement qui fait sortir S′de S.
Il fut réveillé sur les trois heures du matin par les cris du peuple et par le tocsin : son gouverneur, le sieur de Saint-Julien, et son valet de chambre, qui s’étaient aussi réveillés au bruit, étant sortis du logis pour apprendre ce que c’était, n’y rentrèrent point, et il n’a jamais su depuis ce qu’ils étaient devenus. […] Quatre ans après, à Nérac, pendant que la Cour huguenote est là comme dans son petit Paris et dans son lieu de délices, la guerre continuant aux alentours, Rosny qui veut s’y mêler, et qui voit que le roi de Navarre a défendu de sortir de la ville à cheval, se remettra à ce premier métier de fantassin et ira, parmi les vignes et les haies, faire le coup d’arquebuse avec les plus simples soldats.
Un homme qui s’exprime comme il vient de le faire n’est point versatile ; il est né ministériel, et, s’il se trouve un moment jeté dans l’opposition, ce n’est qu’à son corps défendant, Cette place de lord du Conseil de commerce à laquelle Gibbon aspirait, il l’obtint et la conserva trois ans (1779-1782) avec un traitement annuel de sept cent cinquante livres sterling ; mais le Conseil de commerce ayant été supprimé, Gibbon, qui se trouvait gêné dans ses revenus, songea à sortir de la vie publique pour laquelle il était si peu fait, à recouvrer son indépendance, et à se retirer en Suisse pour y achever son Histoire. […] C’est là qu’il écrit les derniers volumes de son Histoire, et qu’il se réjouit d’être sorti de ces luttes publiques où il n’était qu’un spectateur souvent fatigué, un acteur sans éclat et sans vertu.
Cependant le prince Henri (car c’est à lui que nous nous attachons) sortit quelquefois de sa délicieuse retraite de Rheinsberg pour servir la politique et les desseins de son frère. […] Puis, quand il vit la guerre inévitable, il eut les pronostics les plus sombres ; il lui semblait que Frédéric s’était engagé dans un labyrinthe d’où il aurait peine à sortir, qu’il s’était remis de gaieté de cœur dans une situation extrême : « Je vois que dans peu, lui écrivait-il, tout ce qu’un État a de précieux sera abandonné à la fortune, les biens, la vie, la réputation, la gloire, la sûreté de la société. » Frédéric lui fait vingt réponses meilleures les unes que les autres : On commet, mon cher frère, deux sortes de fautes : les unes par trop de précipitation, les autres par trop de nonchalance.
C’était le théâtre auquel il aspirait le plus et où son ambition allait trouver tout son emploi ; car c’est là que se portaient les grands coups et que se jouait le sort du royaume. […] Dans le cas présent, ces paroles du grand roi sont d’autant plus belles qu'elles lui sortaient du cœur et n’étaient pas faites pour être redites.
… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée. […] Et encore dans une lettre du 15 septembre, en lui répétant de ne point s’affecter, et en lui représentant que, lui roi, il n’est pas plus épargné qu’un autre par Voltaire : C’est le sort des personnes publiques de servir de plastron à la calomnie ; c’est contre elles que la malignité des hommes exerce ses traits.
Né à Béziers en 1624, originaire de Castres, d’une famille protestante très distinguée dans la robe, ayant fait ses études dans le Midi, il y prit un grand goût pour les bons auteurs latins, Cicéron, Térence, et ne s’aperçut, au sortir du collège, que l’on pouvait bien écrire aussi en français, que lorsqu’il eut vu quatre ouvrages dont il garda toujours un souvenir reconnaissant : les Huit Oraisons de Cicéron alors récemment traduites, Le Coup d’État de Sirmond, un volume des lettres de Balzac, et les charmants Mémoires de la reine Marguerite. […] Elle sortit du chaos, pour ainsi dire, avec les sciences et les arts, dont ce prince fut plutôt le père que le restaurateur.
Les deux jeunes personnes, au reste, qui étaient censées compatriotes, ne sortaient pas tout à fait du même Orient. […] Votre sort est à peine ébauché, vous serez épouse et mère, et c’est dans le centre de ces heureuses affections que vous coulerez des jours dont le reflet encore suffira pour embellir ceux de vos amis. » A tout moment elle trahit son impétuosité de cœur, son fonds de nature première, avec une expansion que plus tard elle réprimera : «… Je suis plus difficile à guérir que le roi d’Angleterre (Georges III, qui avait des temps de folie) ; quel est donc votre talent si vous y réussissez ?
Outre le droit qu’elle a sur mon admiration et ma reconnaissance, elle en a un tout particulier sur cet agréable travail33, entrepris sous ses auspices : je lui en fais l’hommage avec mystère, parce que je ne puis le faire à découvert ; ceux qui ont éprouvé le doux transport qu’excite dans l’occasion le souvenir d’un bienfait signalé, ne désapprouveront pas que mon cœur cherche à se soulager lorsqu’il ne peut se satisfaire ; ils ne seront pas surpris de me voir ajouter que dans mes regrets d’être obligé de taire l’illustre Objet de sentiments si légitimes, si naturels, et qui ne demandent qu’à se produire, je me console quelquefois par l’espérance qu’on le devinera, sans que j’aie couru le risque de tomber dans le malheur de lui déplaire. » On me dira que c’est là une Épître dédicatoire ; mais cette Épître ne portant aucun nom, elle n’est évidemment pas pour la montre ; c’est la reconnaissance toute pure qui s’épanche, et tout ce que nous savons, c’est que l’humble auteur anonyme, du temps qu’il était moine, ayant été rencontré par Mme de Boufflers dans le jardin d’un couvent où elle était entrée par hasard, avait profité de l’occasion pour l’intéresser au récit de ses malheurs ; il lui avait dit tous les dégoûts qu’il avait à essuyer dans sa profession ; et elle, touchée de son sort, l’avait fait relever de ses vœux, avait pris soin de sa fortune et, avec la liberté, lui avait rendu le bonheur. […] Elles échappèrent toutes deux au sort fatal qui en atteignit tant d’autres aussi innocentes qu’elles37, et les deux prisonnières furent mises en liberté deux mois après le 9 thermidor, à la date du 14 vendémiaire an III (5 octobre 1794).
Sortons quelquefois de nous ; accordons aux autres un peu de ces souvenirs et de ces retours bienveillants dont, demain, nous aurons besoin nous-mêmes. […] Sa famille méconnut ses goûts ; au sortir du collège, on l’envoya à Lyon dans une des premières maisons, pour y être commis ; il s’y rencontra avec son compatriote Eynard, le futur philhellène.
Elle s’est démasquée tout à coup à ses yeux au sortir d’une vallée, — un monticule blanc sur un ciel d’argent mat que ferme une barre violette, et dans l’intervalle une étendue sablonneuse, frappée de lumière. […] Peu à peu, cependant, on voit sortir des porches entrebâillés de grandes figures pâles, mornes, vêtues de blanc, avec l’air plutôt exténué que pensif ; elles arrivent les yeux clignotants, la tête basse, et se faisant, de l’ombre de leur voile, un abri pour tout le corps, sous ce soleil perpendiculaire.
Au premier abord, cette disproportion ne se fait pas encore sentir : « Elle sortait du couvent ; elle en gardait la tenue comprimée, les gaucheries de geste, l’embarras d’elle-même ; elle en portait la livrée modeste ; elle usait encore, au moment dont je vous parle (c’est Dominique qui raconte), une série de robes tristes, étroites, montantes, limées au corsage par le frottement des pupitres, et fripées aux genoux par les génuflexions sur le pavé de la chapelle. Blanche, elle avait des froideurs de teint qui sentaient la vie à l’ombre et l’absence totale d’émotions, des yeux qui s’ouvraient mal comme au sortir du sommeil ; ni grande, ni petite, ni maigre, ni grasse, avec une taille indécise qui avait besoin de se définir et de se former : on la disait déjà fort jolie, et je le répétais volontiers, sans y prendre garde et sans y croire. » Patience !
Elle avait au front cette jeune fierté qui sera de la dignité bientôt, mais qui devait offrir tant de grâce au sortir de l’enfance. […] Le roi, avons-nous dit, est très bien pour elle ; quoiqu’il parle très peu en général, il l’encourage cependant et lui adresse quelquefois la parole plus que d’habitude : il lui arrive même alors de dire des mots « aussi agréables qu’elle en ait jamais entendu. » Mais, malgré tout, on ne voit le roi que très peu, « au moment où il sort, — un éclair. » Il vit dans son particulier et tout à ce que nous savons.
mais il a ses opiniâtretés, et dans le moment qu’il parle de remarcher aux ennemis, il songe à repasser l’Adda et dit qu’il n’y a que cela à faire… Au bout du compte, le roi doit être informé qu’il n’y a en vérité plus, comme l’on dit, personne au logis, et que sa pauvre tête s’échauffe, s’embarrasse et puis qu’il n’en sort rien. » En rabattant de ces vivacités d’esprit et de plume tout ce qu’on voudra, il reste bien démontré, quand on a lu les pièces, que Louis XIV avait raison d’être peu satisfait ; son armée d’Italie avait perdu confiance en son général et n’était plus conduite : « Je vous avais mandé, écrivait-il à cette même date à Catinat, que vous aviez affaire à un jeune prince entreprenant : il s’est engagé contre les règles de la guerre ; vous voulez les suivre et vous le laissez faire tout ce qu’il veut. » Ce n’est pas d’avoir remplacé Catinat, c’est de l’avoir remplacé par Villeroy qu’on peut blâmer Louis XIV. […] Saint-Simon enfin, le grand peintre, — et aussi grand par là qu’il est hasardé en ses anecdotes, — a achevé de le fixer au vif dans la mémoire, quand il a dit à l’occasion de sa mort (22 février 1712) : « J’ai si souvent parlé du maréchal Catinat, de sa vertu, de sa sagesse, de sa modestie, de son désintéressement, de la supériorité si rare de ses sentiments, de ses grandes parties de capitaine, qu’il ne me reste plus à dire que sa mort dans un âge très-avancé [74 ans], sans avoir été marié, ni avoir acquis aucunes richesses, dans sa petite maison de Saint-Gratien, près Saint-Denis, où il s’était retiré, d’où il ne sortait plus depuis quelques années, et où il ne voulait presque plus recevoir personne.
Les éloges se mêlent aux réprimandes, car on sent qu’elles sortent d’un cœur tendre et qui n’a en vue que le bonheur des siens : « Je suis toujours sûre du succès, si vous entreprenez une chose, le bon Dieu vous ayant douée d’une figure et de tant d’agréments, joint avec cela votre bonté, que les cœurs sont à vous si vous entreprenez et agissez ; mais je ne puis vous cocher pourtant ma sensibilité : il me revient de toutes parts et trop souvent que vous avez beaucoup diminué de vos attentions et politesses à dire à chacun quelque chose d’agréable et de convenable, de faire des distinctions entre les personnes. […] Il n’est pas étonnant que vous y êtes tombée, mais après que je vous fais voir les inconvénients, que je vous donne même les remèdes pour en sortir, vous seriez inexcusable si vous ne vous en tiriez.
Étienne Pivert de Sénancour, né à Paris, en novembre 1770, d’un père contrôleur des rentes, semble avoir eu une enfance maladive, casanière, ennuyée. « Une prudence étroite et pusillanime dans ceux de qui le sort m’a fait dépendre a perdu mes premières années, et je crois bien qu’elle m’a nui pour toujours. » Et ailleurs : « Vous le savez, j’ai le malheur de ne pouvoir être jeune. […] Le genre humain en masse est perdu sans retour ; il se rue en délire selon une pente de plus en plus croulante ; il n’y a plus de possible que des protestations isolées, des fuites individuelles au vrai : « Hommes forts, hâtez-vous, le sort vous a servis en vous faisant vivre tandis qu’il en est temps encore dans plusieurs contrées ; hâtez-vous, les jours se préparent rapidement où cette nature robuste n’existera plus, où tout sol sera façonné, où tout homme sera énervé par l’industrie humaine. » L’athéisme, le naturisme de ce Spinosa moins géométrique que l’autre, et poétiquement rêveur, nous rappelle toutefois le raisonneur enthousiaste dans sa sobriété chauve et nue, de même que cela nous rappelle, par l’effet des peintures, par l’inexprimable mélancolie qui les couvre et l’effroi désolé qui y circule, Lucrèce, Boulanger, Pascal et l’Alastor du moderne Shelley. — Shelley !
car c’est jeudi le jour de la représentation, je crois, et je suis forcée de sortir à midi. […] Je suis triste à la mort, et je ne sais pas vraiment si je sortirai de cette affreuse crise du sixième lustre.
Mais ceci n’est qu’un aspect immédiat, et il suffirait de deux ou trois de ces nobles esprits qui sont toujours une exception, et qui peuvent toujours sortir de la grande loterie providentielle, pour donner à la conjecture d’heureux démentis. […] Comme je ne me pique pas le moins du monde d’être agréable aujourd’hui, je dirai, même aux dames, toute ma pensée : « Tout le monde (c’est La Bruyère qui parle)185 connoît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se jeter dans l’eau, on les en voit sortir, c’est un amusement.
Pour qui se complaît à ces ingénieuses et tendres lectures ; pour qui a jeté quelquefois un coup d’œil de regret, comme le nocher vers le rivage, vers la société dès longtemps fabuleuse des La Fayette et des Sévigné ; pour qui a pardonné beaucoup à Mme de Maintenon, en tenant ses lettres attachantes, si sensées et si unies ; pour qui aurait volontiers partagé en idée avec Mlle de Montpensier cette retraite chimérique et divertissante dont elle propose le tableau à Mme de Motteville, et dans laquelle il y aurait eu toutes sortes de solitaires honnêtes et toutes sortes de conversations permises, des bergers, des moutons, point d’amour, un jeu de mail, et à portée du lieu, en quelque forêt voisine, un couvent de carmélites selon la réforme de sainte Thérèse d’Avila ; pour qui, plus tard, accompagne d’un regard attendri Mlle de Launay, toute jeune fille et pauvre pensionnaire du couvent, au château antique et un peu triste de Silly, aimant le jeune comte, fils de la maison, et s’entretenant de ses dédains avec Mlle de Silly dans une allée du bois, le long d’une charmille, derrière laquelle il les entend ; pour qui s’est fait à la société plus grave de Mme de Lambert, et aux discours nourris de christianisme et d’antiquité qu’elle tient avec Sacy ; pour qui, tour à tour, a suivi Mlle Aïssé à Ablon, où elle sort dès le matin pour tirer aux oiseaux, puis Diderot chez d’Holbach au Granval, ou Jean-Jacques aux pieds de Mme d’Houdetot dans le bosquet ; pour quiconque enfin cherche contre le fracas et la pesanteur de nos jours un rafraîchissement, un refuge passager auprès de ces âmes aimantes et polies des anciennes générations dont le simple langage est déjà loin de nous, comme le genre de vie et de loisir ; pour celui-là, Mlle de Liron n’a qu’à se montrer ; elle est la bienvenue : on la comprendra, on l’aimera ; tout inattendu qu’est son caractère, tout irrégulières que sont ses démarches, tout provincial qu’est parfois son accent, et malgré l’impropriété de quelques locutions que la cour n’a pu polir (puisqu’il n’y a plus de cour), on sentira ce qu’elle vaut, on lui trouvera des sœurs. […] Ernest s’était glissé dans cette chambre comme un enfant : il en sort déjà homme.
Entré le dernier à l’École normale, il en sortit, en septembre 1833, premier au concours de l’agrégation d’histoire. […] Mais sa vieillesse commençante avait rencontré la plus dévouée et la meilleure des compagnes ; et, de ses deux fils survivants, il vit l’un, historien et romancier de vive imagination et de sensibilité vibrante, trouver l’emploi de son généreux esprit dans cette chaire d’histoire de l’École polytechnique où il avait lui-même enseigné jadis, et l’autre, sorti premier de Saint-Cyr, s’en aller défendre nos ultimes frontières dans cette Algérie où le père avait dû être envoyé comme recteur au temps de la conquête.
Rien ne sort de rien. […] La société naît d’une création brusque, et comme artificielle, chez les Rambouillet, sous Louis XIIL Jusqu’à cette aurore du xviie siècle, on n’avait pas l’usage des relations mondaines ; les honnêtes femmes ne sortaient point.
Rien ne sort de rien. […] Jusqu’à cette aurore du xviie siècle, on n’avait pas l’usage des relations mondaines : les honnêtes femmes ne sortaient point.
De tout cela ne sortirait peut-être pas encore quelque chose de bien merveilleux ; car je fais assez peu de cas de la philosophie arabe ; mais n’en résulta-t-il qu’un atome pour l’histoire de l’esprit humain, mille vies humaines seraient bien employées à l’acquérir. […] J’imagine néanmoins qu’on ne sortira de ce labyrinthe du travail individuel et isolé que par une grande organisation scientifique, où tout sera fait sans épargne comme sans déperdition de forces, et avec un caractère tellement définitif qu’on puisse accepter de confiance les résultats obtenus.
A la même époque, sur les planches, seigneurs et « escholiers » jurent par leur bonne lame de Tolède, et pourpoints, brassards, pertuisanes reluisent aux feux de la rampe ; la poésie fait sortir des tombeaux gnomes et farfadets, fées et lutins, châtelaines, troubadours et nobles chevaliers ; le roman évoque des truands, des gitanes et le moine bourru. […] Ces regards en arrière ont la vertu magique de remettre en lumière des formes, des idées, des œuvres oubliées, et quelque écrivain de jadis, sorti tout à coup de la nuit du passé, se trouve avoir sa place et son influence parmi les fils d’un autre siècle.
D’où sortait donc cette personne si distinguée et si habile, qui ne semblait point destinée à un tel rôle par sa naissance ni par sa position dans le monde ? […] Mon éducation était continuelle… J’ai dit que Mme Geoffrin était née à Paris : elle n’en sortit jamais que pour faire en 1766, à l’âge de soixante-sept ans, son fameux voyage de Varsovie.
Sorti de cette forte souche bourgeoise, mais ayant reçu en propre de la nature une inclination des plus expansives, Diderot fut le mauvais sujet de la famille, et il en devint la gloire. […] Il y apparaissait quelquefois, mais il en sortait dès qu’il le pouvait.
Mallet y resta peu, et revint comme il y était allé : On m’a jeté dans ses forêts (du landgrave de Hesse) à l’aventure, disait-il, il m’a reçu à l’aventure, j’en suis sorti à l’aventure. […] Il n’est pas de pages plus vives et plus fortes que celles dans lesquelles Mallet étalait le bilan de l’Assemblée constituante, et l’état désemparé où elle laissait la France ; il n’en est pas de plus mémorables que le tableau qu’il traçait des torts et des fautes des partis en avril 1792, au moment où lui-même quittait le jeu qui n’était plus tenable, abandonnait la rédaction du Mercure après huit ans de travaux assidus, dont trois de combats acharnés, et se préparait à sortir de France.
Chez Bossuet, la parole grande et simple sort et se répand par un cours naturel, irrésistible, et en déroulant à grands flots ses largeurs, ses audaces ou ses négligences : chez Montesquieu, il y a eu étude, combinaison profonde, effort, comme chez Salluste, pour revenir à une propriété expressive de termes et à une concision mémorable ; comme chez Tacite, pour faire l’image à la fois magnifique et brève, et imprimer à toute sa diction je ne sais quoi de grave et d’auguste. […] C’est Machiavel qui a dit qu’il y a toujours dans les hommes une disposition vicieuse cachée, qui n’attend que l’occasion pour sortir, et qu’il faut toutes les lois civiles, armées de la force, pour réprimer.
Dans la première partie de sa vie, bien qu’il paraisse plein d’inventions et un grand promoteur en toute matière d’utilité publique, Franklin ne l’est jamais que dans la mesure immédiate qui est applicable ; il ne sort point du cadre ; il est avant tout pratique. […] Il me reçut dans sa bibliothèque ; et, quand je pris congé de lui, il me montra un chemin plus court pour sortir de la maison à travers un étroit passage, qui était traversé par une poutre à hauteur de tête.
Necker, en une de ses Pensées, a retracé lui-même les tourments de l’indécision, desquels l’homme indécis ne parvient souvent à sortir qu’en s’en remettant au hasard ou à des règles bizarrement inventées, mais qui ont au moins le mérite d’être fixes. […] Sorti du ministère où il ne devait rentrer que sept ans plus tard et quand les circonstances seraient trop fortes pour lui, il continua de vivre dans la société, au milieu d’une faveur et d’une adulation presque universelles39.
Ce qui fait que la science de la vie morale et du caractère aura peine à sortir de l’état d’enfance dans lequel elle se trouve, c’est qu’elle est réduite, pour toute méthode, à l’observation au lieu de l’expérimentation. […] L’homme non cultivé ne s’intéressait qu’à ce qui le sortait de son milieu et ne lui rappelait rien de ce qu’il avait coutume de voir ; on ne devait lui dire que des histoires de princes, on ne devait lui faire de récits que sur les pays lointains.
Il sortait d’une assemblée ; les autres, qui étaient jeunes, sortaient d’une prison.
Il y a bien là, si l’on veut, quelque chose de vrai, et cela peut s’appliquer à quelque jeune téméraire sorti des bancs de l’école ; mais j’avoue que j’ai bien de la peine à expliquer par des motifs aussi pauvres les profondes pensées d’un Spinoza ou d’un Kant. […] Ainsi la méthode éclectique est entrée aujourd’hui dans la philosophie et n’en sortira plus.
Nominalement, officiellement catholique au midi, comme elle est protestante au nord, l’Allemagne est bien plus disposée à sortir des liens brisés du Moyen Âge qu’à y rentrer par les croyances. […] Or, comment se conduisit le héros de Hurter dans la question d’où devait sortir la gloire de son règne et sur laquelle, à ce qu’il semble, l’intérêt de l’Église était si éclatant qu’il n’était pas besoin d’être un aigle pour voir des choses d’une telle lumière ?
L’univers n’est pas issu de l’absolu, comme un fleuve sort de sa source ou comme une plante de son germe ; il s’en est détaché et tombé… » Et il symbolisa son idée par l’enlèvement de Proserpine. C’est lui qui disait encore : « Tel que l’éclair sort d’une nuée sombre et éclate par sa propre force, éclate du sein de Dieu une Affirmation infinie… » Certes !
» Sortez de vous-même, contemplez la nature ; la même question retentit plus forte, et l’homme tressaille en entendant la voie de l’immensité. […] Sortons de cette morale théologique ; j’ai honte de l’imputer à M.
« Les Persanes en pleurs, souhaitant de voir l’hymen récent de leurs maris et les tissus moelleux de leur couche, plaisirs de la gracieuse jeunesse désormais perdus pour elles, se consument de gémissements sans fin ; et moi, je célèbre, comme je le dois, le sort lamentable de ceux qui ont déjà péri. […] « M’entend-il ce roi, dans sa béatitude et dans son sort égal aux dieux ?
Il est en effet sorti de chaire sans aucune fatigue, et néanmoins, par précaution, il s’est mis au lit jusqu’au soir pour se reposer, et chacun l’est venu voir dans son lit. » Voilà Bossuet au naturel deux ans avant sa mort et à l’âge de soixante-quinze ans, édifiant encore ses diocésains et visité d’eux sans façon dans son lit après sa journée dominicale et pastorale.
Qu’en sortira-t-il ?
. — Que de morceaux précieux sont encore enfouis dans le Globe à cette heure, et qu’il serait utile d’en faire sortir !
. — Et cela même lorsqu’il sort d’une bouche autorisée — Les rôles de médecins sont particulièrement délicats à traiter, car ils oscillent forcément entre la terminologie vague des mentalités moyennes, ou le répertoire magistral de l’enseignement technique.
Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.
Quand Chimène a lâché l’aveu célèbre : Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix, Rodrigue, dans un transport d’héroïque confiance, s’écrie : Est-il quelque ennemi qu’à présent je ne dompte ?
Mais vous ne m’avez point dit si quelque jeune homme apportera dans le roman ou au théâtre une « formule nouvelle », pour parler la belle langue d’aujourd’hui, ni s’il sortira quelque chose d’intelligible du travail ténébreux des bons poètes symbolistes….
Mais le sort de la pauvre Gaussin est plus triste encore.
Je ne pense pas que personne, dans aucun temps, ait pris plus sérieusement la vie que ce petit Breton de vingt-cinq ans dont l’enfance avait été si pure, l’adolescence si grave et si studieuse, et qui, au sortir du plus tragique drame de conscience, seul dans sa petite chambre de savant pauvre, continuait à s’interroger sur le sens de l’univers, — et cela, dans un tel détachement des vanités humaines, que ces pensées devaient rester quarante ans inédites par la volonté de leur auteur.
Rimés, assonancés, ou sans rimes ni assonances, allitérés ou non, de rythme impair ou pair, le sort ordinaire des vers de ce jeune poète est de ne point chanter ; les mots dont se trouvent composés ces curieux vers se refusent au rythme.
Différent, ils le soupçonnent méprisant et, voulant imiter ce qu’ils devinent, se fabriquent des partis pris : cependant qu’il n’est pas sorti de sa générale bonté, même pour les fustiger, ces petits.
Des esprits vifs et élevés auraient-ils mené à fin ces immenses travaux sortis des ateliers scientifiques de la congrégation de Saint-Maur ?
La ploutocratie, dans un autre ordre d’idées, est la source de tous nos maux, par les mauvais sentiments qu’elle donne à ceux que le sort a faits pauvres.
Le tableau de tant d’excès ne démontre-t-il pas, que la raison humaine ne sauroit sortir des limites que cette Religion lui prescrit, sans se précipiter dans les plus pitoyables travers ?
Mais dès qu’un pareil être sort de cet état d’inconscience où on le situe et, brisant son unité, se pose vis-à-vis de lui-même en une infinité d’objets pour une infinité de sujets, il ne semble pas possible de donner à cet acte une autre explication que le désir de prendre conscience de soi-même et de se donner à soi-même en représentation.
Mais le continuateur, aussi bien que l’auteur du poème, sortent très-souvent de leur sujet.
Il a fallu que les comédiens, par leur générosité, le vengeassent de la rigueur du sort.
……………………………………………… ……………………………………………… Si mourir pour son prince est un illustre sort, Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort !
Le patriarche sort pour aller au-devant de son hôte, il le salue, et puis adore Dieu.
C’est de l’imitation de nature, soit exagérée, soit embellie, que sortiront le beau et le vrai, le maniéré et le faux ; parce qu’alors l’artiste est abandonné à sa propre imagination : il reste sans aucun modèle précis.
Qu’il figure dans les contes ou dans les fables, c’est toujours à son honneur, différent en cela de l’hyène, dont le rôle est beaucoup plus relevé dans les contes que dans les fables où son sort constant est celui de la dupe.
Enfin, pour résumer ce qu’il faut attendre de ces écrivains sans rhétorique, voici ce que nous disions de Voltaire, qui représente ce genre de style : « Ma conviction profonde est que même ce style-là est assimilable par le travail et qu’un esprit littéraire ne peut sortir d’une longue lecture de Voltaire sans en retenir le ton.
… Dans l’immense grand homme que fut Christophe Colomb, Pie IX vit le saint qu’il fallait en faire sortir, et de sa main pontificale, — de cette main qui dispose de l’éternité, — il lui prépara son autel.
… Des esprits attardés, les traînards des questions résolues, peuvent parler encore du livre, comme Jocrisse, dans la pièce, se met à battre les brigands quand il sait qu’ils sont des hommes de paille ; mais, pour tout ce qui n’a pas à l’esprit les pieds et sur l’esprit l’écaille de la tortue, la Vie de Jésus, qui a été les Misérables de 1863, aura le sort des Misérables, dont les flatteurs d’Hugo eux-mêmes n’osent plus parler !
Comment négliger de marquer que le sol d’où sortit ce maître est le même qui produisit Turenne et que l’un et l’autre représentent la discipline la plus haute de cet esprit français que des plaisantins et des irrespectueux veulent trop souvent définir par la nomenclature de nos vaudevillistes plus ou moins amusants à travers les âges ?
Les recherches des délateurs nous ont ôté jusqu’à la liberté de parler et d’entendre, et nous eussions perdu le souvenir même avec la voix, s’il était aussi facile à l’homme d’oublier que de se taire44. » Il se représente ensuite, au sortir du règne de Domitien, comme échappé aux chaînes et à la mort, survivant aux autres, et, pour ainsi dire, à lui-même, privé de quinze ans de sa vie, qui se sont écoulés dans l’inaction et le silence, mais voulant du moins employer les restes d’un talent faible et d’une voix presque éteinte, à transmettre à la postérité et l’esclavage passé, et la félicité présente de Rome.
Après les remarques diverses que nous avons faites dans ce chapitre sur tant d’expressions élégantes de l’ancienne jurisprudence romaine, au moyen desquelles les feudistes corrigent la barbarie de la langue féodale, Oldendorp et tous les autres écrivains de son opinion doivent voir si le droit féodal est sorti, comme ils le disent, des étincelles de l’incendie dans lequel les barbares détruisirent le droit romain.
Sans sortir du point de vue littéraire, j’ai pu faire cette remarque ; par exemple, lorsqu’on étudie Boileau et qu’on le compare avec ses frères, dont l’aîné et très aîné Gilles était déjà un satirique, et dont Jacques, celui qui ne précédait Nicolas que d’un an, poussait l’humeur railleuse jusqu’à la charge et au grotesque : Nicolas, venu après ses deux frères, qui semblent deux ébauches de lui-même, l’une inachevée, l’autre exagérée, où s’essayait par avance la nature, en est plus nettement défini. […] On n’a bien connu Mirabeau que lorsqu’on a vu la souche d’où il sortait, cette race originale et robuste, déjà éloquente, de père, d’oncle et d’aïeux. […] Je suis bien malheureux qu’il ne soit pas né à Berlin, je vous assure bien que je ne l’enverrais à aucune ambassade, et qu’il ne sortirait de chez moi. » — Dans une lettre du 20 mars : « Ne me parlez plus du duc de Nivernais, je dirai de lui ce qu’on disait à Rome à la mort de Marcellus : Les dieux n’ont fait que le montrer à la terre, Ce n’était pas la peine de faire sa connaissance pour le perdre pour toujours. » — Et le 8 avril : « Le duc de Nivernais est parti d’ici, comme vous le saurez.
On lut et relut la lettre, on chercha à deviner, on décida bientôt qu’elle devait être de la duchesse de Longueville, et qu’elle était tombée à coup sûr de la poche du comte de Coligny, qui venait de sortir. […] En cette ville, elle descend aux Filles de Sainte-Marie, et y visite le tombeau du duc de Montmorency, son oncle, dont la mort tragique l’avait tant touchée à cet âge encore pur de treize ans, et lui devenait d’une bien haute leçon, aujourd’hui qu’elle-même sortait vaincue des factions civiles. […] Elle en sortait de temps en temps, et revenait faire des séjours aux Carmélites, où elle voyait successivement passer comme un convoi des grandeurs du siècle, Mme de La Vallière y prendre le voile, et peu après arriver le cœur de Turenne, — ce cœur, qu’hélas !
L’imagination sympathique était absente ; on ne savait pas sortir de soi-même, se transporter en des points de vue distants, se figurer les états étranges et violents de l’esprit humain, les moments décisifs et féconds pendant lesquels il enfante une créature viable, une religion destinée à l’empire, un État qui doit durer. […] On n’avait aucune idée juste du paysan, de l’ouvrier, du bourgeois provincial ou même du petit noble de campagne ; on ne les apercevait que de loin, demi-effacés, tout transformés par la théorie philosophique et par le brouillard sentimental. « Deux ou trois mille392 » gens du monde et lettrés faisaient le cercle des honnêtes gens et ne sortaient pas de leur cercle. […] Un archevêque suzerain d’une demi-province, un chapitre propriétaire de douze mille serfs, un abbé de salon bien renté sur un monastère qu’il n’a jamais vu, un seigneur largement pensionné pour figurer dans les antichambres, un magistrat qui achète le droit de rendre la justice, un colonel qui sort du collège pour venir commander son régiment héréditaire, un négociant de Paris qui, ayant loué pour un an une maison de Franche-Comté, aliène par cela seul la propriété de ses biens et de sa personne, quels paradoxes vivants !
XVII Le sort que lui réservaient les premiers maîtres en littérature et en politique le fit rappeler de Constantinople à Londres, vers 1822, pour servir de second à M. de Chateaubriand, en Angleterre. […] XXVI De cette vie d’étude il sortit successivement pour une demi-publicité d’élite une longue série de livres, les uns, souvenirs personnels de ses voyages, fleurs de sa jeunesse, recueillies de vingt à vingt-cinq ans en Orient, desséchées entre les pages de ses notes rapides, dont il recueillit à loisir l’essence et l’odeur pour en recomposer les meilleurs parfums de sa vie ; les autres, des morceaux d’histoire diplomatique et politique, très neufs, très originaux, très instructifs, qui révèlent au temps présent les pensées calomniées du gouvernement des Bourbons ; les autres enfin, entièrement d’érudition littéraire, traductions, dissertations, commentaires sur les textes du grec ancien et du grec moderne dont il a prodigieusement enrichi la littérature de ces derniers temps. […] XXIX À peine retiré dans son honorable repos et dans son volontaire exil d’Audour, il ne consuma pas son loisir à se plaindre du sort qui se joue des hommes : il se replia sur lui-même, et il écrivit, tout chaud encore de ses impressions de jeunesse, ses Souvenirs d’Orient.
Ces hommes subirent sans doute les vicissitudes ordinaires de la vie de leurs semblables : mais la fortune ne parut pas s’acharner sur eux de préférence aux autres hommes ; ils n’accusèrent point le sort d’une partialité exceptionnelle ; ils furent plus grands sans être plus misérables ; pourquoi ? […] Soit mécontentement fondé du sort subalterne dans lequel Alphonse le laissait languir à la cour ; soit inquiétude d’esprit, suite de sa mélancolie croissante ; soit ingratitude envers Léonora dont l’amitié ne pouvait plus suffire à son orgueil, on voit, dans les lettres du Tasse de cette date, un dessein arrêté de quitter Ferrare après avoir payé sa dette à Alphonse en lui dédiant son épopée : « J’irai vivre à Rome, écrit-il, fût-ce dans l’indigence. » Il paraît, par sa correspondance inédite de cette date, que ce dessein d’abandonner la cour de Ferrare, dessein connu d’Alphonse par des lettres tombées dans ses mains, fit redouter à ce prince que le Tasse n’eût l’intention de passer au service des Médicis et de déshériter ainsi sa maison de la gloire d’avoir protégé les deux grands poètes épiques de l’Italie : l’Arioste et l’auteur de la Jérusalem délivrée. […] « Après ce combat », dit-il, « je me suis renfermé deux jours dans ma chambre, d’où je ne suis sorti que pour faire deux visites, l’une à la duchesse d’Urbin, l’autre à Madame Léonora ; et comme on ne parlait plus de cette rencontre, j’imaginai qu’elle était complètement assoupie.
Puvis de Chavannes Qui de nous, au souvenir lointain de quelque génie, n’a envié le sort de ceux qui l’avaient vu, approché, entendu ? […] Toi qui sors en régnant de l’arène insultante Où nous autres, tes fils, entrons en combattant, Donne-nous, pour braver le sort qui nous attend, La bénédiction douce et réconfortante De tes mains où fleurit la palme qui nous tente !
Quand un arbre de théâtre, quand un amour de théâtre sort de chez le fabricant, il est tout de même un vieil arbre, il est tout de même un arbre tout fait, et il est tout de même de théâtre. […] Il admet, il veut que marchant à l’envers, recurrens, regrediens, l’expérience remonte (partant des faits, des phénomènes, des observations, des expériences), qu’elle aille au devant de cette voie déductive qui était restée pour ainsi dire sur le tranchant du sort. […] Et on n’a jamais vu une invention, une découverte, un mouvement de pensée sortir de la contemplation des règles de Bacon.
« Brusquement, dit Wagner, l’œil est ébloui par un amoncellement de couleurs éclatantes, un effet de rayonnement qui rend tout indistinct. » Aucune proportion, le monstrueux luxuriant après le monstrueux terrible ; des fleurs énormes et touffues, des orchidées gigantesques et bizarres sort un essaim de fleurs plus frêles, plus animées, vivantes, constamment mobiles ; émergeant à peine de la végétation, vagues, elles traversent la scène en courant ça et là ; puis, tout à coup, le mouvement cesse et ces apparitions prennent corps en devenant immobiles : elles sont couvertes de cépales aux couleurs tendres remontant et descendant de la taille à mi-sein et à mi-jambe ; de fixes étamines ondulent sur elles à chaque mouvement imperceptible. […] Tandis que Gurnemanz la regarde étonné, elle se dirige lentement vers la hutte et en sort bientôt, portant une cruche et va vers la fontaine. […] Le Guide musical sortit un numéro spécial pour La Walkyrie en 1887.
Celui qu’il peint effraye, ainsi que tout ce qui sort de son imagination brûlante & noire. […] Eussent-elles subi ce sort, s’il étoit vrai que les bons ouvrages en missent un auteur à l’abri ? […] Ce n’est pas sans génie qu’on change une intrigue ; qu’on prend d’autres personnages ; qu’on trouve le rapport d’une action grande, avec quelque action de la vie commune ; qu’on fait sortir des fautes & des ridicules ; qu’on amène adroitement des situations comiques & applaudies ; qu’on divertit des gens de goût, en mettant, dans la bouche des bourgeois & des artisans, ce qu’on avoit entendu de celles des rois & des héros ; que, suivant l’intelligence du théâtre, on charge ou l’on affoiblit certains traits ; qu’enfin on fait contraster la plus grande simplicité avec tout l’appareil & tout le faste tragique.
… Substance universelle ou Raison souveraine, Vaste inconnue où tient mon sort, qui que tu sois, Force qui m’auras fait naître et mourir, — reçois Dans l’humble vérité de cette heure sereine, Reçois en mon esprit, silencieux autel Où tremble ta lueur auguste qui dévie, Au mystère où bientôt aboutira ma vie Le consentement grave et tendre d’un mortel… … Rien ne pourra remplir cette âme aride et triste ! […] L’art parfait, la noblesse idéologique des Bijoux de Marguerite et du Sang de la Sirène sont dignes des plus nobles poètes de France : Mais le sang a voilé mes yeux, et rien ne luit Dans ces antres de pourpre, où l’éternelle nuit Du Sort à jamais se prolonge. […] je maudis et redoute ton sort… Viens, regarde mes yeux : jamais plus les étoiles N’auront pour tes regards de regards accueillants ; Viens, touche mes deux mains : jamais tes doigts tremblants Du lointain idéal n’écarteront les voiles ; Que ta bouche goûte ma bouche !
le jeune bourgeois moderne et éduqué, sorti, non pas de Louis-Philippe et du parlementarisme, comme dit Edmond de Goncourt dans sa préface, car il date de plus haut, il est ici et sans caricature ; car la caricature est une outrance, et le jeune bourgeois n’a rien d’outré. […] Ne le prétendent-ils pas aussi de Balzac lui-même, — de Balzac, sorti du romantisme ; de l’aristocratique, du catholique, de l’esthétique Balzac !!! […] Mais la comédienne caractérisée, la comédienne entrée dans une personne vivante, fortement individualisée et impossible à oublier quand on vous l’a montrée une fois, n’est pas et ne pouvait pas être dans cette Faustin, faite de mille pièces rapportées et recousues comme les pièces de l’habit d’Arlequin, et ce n’est point de ces prétendus documents humains, ramassés, comme des chiffons, avec un crochet, qu’elle pouvait jamais sortir !
Nous avons tous joué autrefois avec le diable qui sort de sa boîte. […] » représente un effort croissant pour refouler quelque chose qui pousse et presse pour sortir. […] Dans un très joyeux vaudeville, on nous présente un fonctionnaire de Monaco dont l’uniforme est couvert de médailles, bien qu’une seule décoration lui ait été conférée : « C’est, dit-il, que j’ai placé ma médaille sur un numéro de la roulette, et comme ce numéro est sorti, j’ai eu droit à trente-six fois ma mise. » N’est-ce pas un raisonnement analogue que celui de Giboyer dans Les Effrontés ?
On les écrit pour donner à la liberté de l’imagination une pleine carrière ; et c’est pour sortir par eux de la réalité, c’est pour courir en pensée les grandes aventures, c’est pour chevaucher avec eux l’hippogriffe et la Chimère qu’on les lit. […] Et, pourvoir, il faut comparer, sortir de soi, se juger du dehors, en comptant avec les sentiments des autres. […] Il n’y put plus enfin tenir ; et sans attendre que Perrault eût terminé sa lecture, quittant brusquement la place, il sortit en criant « qu’une semblable lecture était une honte pour l’Académie ». […] On ne s’en aperçut pas tout d’abord, et les conséquences n’en sortirent pas immédiatement. […] En un mot, il n’y avait qu’une âme au xviie siècle pour faire la Princesse de Clèves : autrement il en serait sorti des quantités.
Huysmans se lamente sur son triste sort : « Je suis à jamais fichu ! […] Celui-ci est de souche plébéienne, sorti de cette classe populaire qui est le grand réservoir de l’énergie. […] Ne peux-tu donc sortir de toi-même et t’élever au-dessus des mesquines considérations de l’amour-propre ? […] Tel est d’après Tolstoï le sort réservé à tout mariage fondé comme celui-là uniquement sur le plaisir. […] Ils se plaignent que rien ne soit sorti de ce mouvement ou de ce piétinement sur place.
Vous voyez sortir de la tombe Les spectres vains de vos espoirs. […] Tes bras nus sortaient à demi des manches, Tu me demandas d’un ton enjoué. […] Le sort a de sinistres ironies : peu de temps après leur fin, un parent de l’un deux, je ne sais duquel, mourut, laissant un petit héritage ; et ils eussent été riches s’ils ne s’étaient pas si pressés de mourir. […] Ce qui sortit de notre première entrevue prolongée jusqu’au matin, ce fut un scénario de drame. […] La belle créature nue qui sort d’un puits où se reflètent les étoiles n’est pas la Vérité, sans doute ; mais elle ne l’est pas davantage quand elle sort d’un égout.
Nous assistons à toute une série d’évolutions spirituelles, toujours généreuses et souvent douloureuses, dont Lamartine sort grandi et qui nous le montrent dans sa vérité la plus intérieure. […] Nous sortîmes émus et attristés. […] Les poches de l’habit sont gonflées et, de l’une d’elles, sort le feuillet d’un manuscrit. […] Il décida l’équipage à tirer au sort qui partiraient les premiers. […] Les naufragés s’y trouvaient sans aucun moyen d’en sortir et sans autres provisions que, quelques caisses de biscuit et quelques barils de tafia.
Et il est bien certain qu’on a fait un sort exagéré à des plaisanteries de café. […] dit-il, le besoin de sortir de soi. » Il refusa de sortir de lui, il ne connut de l’amour que le fantôme — les deux fantômes — l’Anteros des capitales. […] En 1861, il écrit : « Je sors de la leçon d’ouverture de Victor Cherbuliez abasourdi d’admiration. […] Il serait temps de me refaire un corps, un volume, une masse, une existence réelle au sortir du monde vague, ténébreux et froid que me fait la pensée isolée. […] Et pourtant, de ce qui est sorti de cette maison de Genève, c’est l’œuvre d’Amiel seule qui aujourd’hui vit, agit, apporte un bienfait, de la beauté, de l’âme.
Voltaire, déjà historien, qui s’occupait de son Siècle de Louis XIV, et qui avait donné son Histoire de Charles XII, s’empressa d’applaudir à Duclos, et il lui laissa, en passant chez lui, ce petit billet des plus scintillants et qui semble écrit sous le coup de l’enthousiasme : J’en ai déjà lu cent cinquante pages, mais il faut sortir pour souper. […] Louis XI, encore Dauphin, dans ses traverses et ses brouilles avec son père, envoie-t-il une lettre circulaire à tout le clergé du royaume pour demander des prières, Duclos ajoute : « Il faisait ordinairement des vœux lorsqu’il se croyait sans ressource du côté des hommes. » Louis XI, Dauphin, se réfugie-t-il en Bourgogne, en se confiant pour l’y conduire au prince d’Orange et au maréchal de Bourgogne, c’est-à-dire à ses deux plus grands ennemis, Duclos dit : « Le Dauphin préféra des ennemis généreux à des amis suspects. » Pendant son séjour à la cour de Bourgogne, le Dauphin montre-t-il le plus violent dépit de ce que son père a nommé d’autres officiers en Dauphiné, Duclos dira : « Il était aussi jaloux de son autorité que s’il ne fût jamais sorti de son devoir. » Si minutieuses que puissent sembler ces remarques, j’ose assurer que, pour les divers livres que j’ai examinés, la part d’originalité de Duclos, dans sa rédaction de l’Histoire de Louis XI, se réduit à peu près à de tels ornements et assaisonnements de narration.
Son Henri IV est très original, très instructif, et cependant il ressemble fidèlement à l’ancien, tel que se le figuraient nos pères, tel que Voltaire l’a célébré ; il sort du même fonds. […] Un grand prince de France lui reprochait un jour qu’il était léger : il fit venir, pour s’en défendre, tous ses officiers domestiques, ceux de cuisine, ceux de panneterie, de la sommellerie, ceux des écuries, et quasi tout son train ; il ne s’en trouva pas un qui n’eût servi ou qui ne fût sorti de personnes qui avaient servi son père et son aïeul, et lui-même dès le berceau : l’autre se trouva bien empêché à la réplique, étant accoutumé, de trois en trois mois, de faire maison neuve… On l’a estimé aussi être avare, et à la vérité il était malaisé autrement, succédant à un prince qui était par-delà le libéral… L’un pourvoyait à ses libéralités plutôt qu’à ses nécessités : celui-ci ne le fera pas.
Eckermann sortait de la plus humble extraction ; son père était porte-balle et habitait un village aux environs de Hambourg. […] La réalité donne le motif, les points principaux, en un mot l’embryon ; mais c’est l’affaire du poëte de faire sortir de là un ensemble plein de vie et de beauté.
Après les femmes de Jean-Jacques et à côté, il y eut donc sous Louis XVI comme une seconde série, un sous-genre, les femmes de Florian, les pastorales, laitières et bergères, celles de Trianon et qui en sortaient peu, et celles qui, plus naïves et pour rendre hommage à Gessner et à la nature, faisaient déjà leur pèlerinage de Suisse. […] Elle se dérobe à l’absolu de la ligne ; elle sort, pour ainsi dire, du trait où elle était enfermée ; elle s’échappe et rayonne dans un éclair.
Il faut que ce soit des gens du métier et qui suivent bien une affaire. » Et dans le même temps : « Notre campagne n’est pas brillante, mais je te réponds qu’elle a été difficile, et qu’il a fallu bien prévoir des choses pour qu’elle ne fût pas dangereuse, ou au moins d’être obligé de sortir bien plus tôt du Piémont. […] Catinat, en écrivant, avait de ces mots heureux et d’autant plus remarqués qu’ils ne lui sortaient pas en abondance.
Tout le monde sortit avec une espèce de douleur, car cela avait l’air d’un sacrifice, et elle a trouvé le moyen d’intéresser tout le monde pour elle. […] L’abbaye de Thélème ou le paradis d’Odin, il y avait de l’un et de l’autre à Chambord. — La Bruyère a fait une remarque où, sans avoir l’air d’y toucher, il dit leur fait aux bourgeoises de son temps : « Tout le monde connaît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se je ter dans l’eau, on les en voit sortir : c’est un amusement.
Malouet, plus que suspect, signalé depuis longtemps pour ses liaisons avec la Cour, dénoncé comme membre du comité autrichien, sortit de sa maison, rue d’Enfer, dans la nuit du 10 août, pour n’y plus rentrer. […] Un éloge funèbre de lui par Suard sort du ton des notices chronologiques ordinaire et fait honneur à tous deux.
Destiné par le sort à vivre loin de mes pénates, mon avis n’en est que plus impartial et plus méritoire. Je n’ambitionne rien dans mon pays que l’honneur d’être appelé au jour du danger à commander son avant-garde, dussé-je même subir le sort du respectable général d’Erlachl62 » Ce dernier vœu assez inattendu, ce soudain souhait d’une mort patriotique et guerrière nous ouvre un jour sur l’âme de Jomini, sur sa plaie secrète, sur les ennuis dont il n’était pas venu à bout de triompher, et que nous révèle encore mieux une lettre intime écrite vers la même date.
On raconte qu’au sortir du Mariage d’inclination, une jeune fille, se jetant tout d’un coup dans les bras de sa mère, lui avoua qu’elle devait se faire enlever le lendemain par quelqu’un qu’elle aimait. […] Et l’on en sort pas trop ému, pas trop dépaysé, comme il sied à nos passions d’aujourd’hui, à nos affaires.
Sur une foule de points et de sujets, lui, sorti primitivement du giron classique et fidèle à bien des préceptes d’autrefois, il s’est trouvé l’un des plus avancés et des plus osés, l’un des moins prévenus contre l’idée ou la forme survenante, un des plus accueillants et des plus patients des chercheurs. […] A travers ce vaste champ de connaissances où sa condition l’a jeté, il s’est orienté de bonne heure ; furet et gourmet, il suit ses lignes sans en sortir, sans s’égarer ; il choisit et range à bonne fin le grain et la perle.
Comme nous l’avons déjà observé pour mademoiselle de Meulan et pour d’autres esprits influents sortis du même milieu, nous rencontrons ici un nouvel exemple d’un intéressant berceau placé dans cette haute classe moyenne, au sein de cette haute société administrative qui vivait avec l’aristocratie sans en être, et qui devait, dans la génération prochaine, la remplacer. […] L’école d’où sortait M. de Barante la ramena aux idées, et rétablit le point de vue élevé que la littérature doit tenir dans une société polie, mais sérieuse.
L’idée de sa fille, encore au couvent, mais qui n’avait plus un très-grand nombre d’années pour en sortir, l’idée aussi de son mari, alors en Amérique, et qui avait peu de chances sans doute, peut-être même assez peu de fantaisie de revenir en France, mais dont pourtant, depuis la mort du Régent, on pouvait parler à M. le Duc, ces flottantes pensées s’élevaient et grossissaient en elle comme des vapeurs, dans le vide où elle se sentait. […] Il était sorti un matin selon son habitude ; les derniers jours avaient été ardents ; et il regagnait son avenue voilée, quoique le ciel, ce jour-là, fût plus frais et comme formé d’un dais de petits nuages suspendus.
Au sortir d’un duel où l’on avait blessé un ami, on arrivait au déjeuner de l’abbé Raynal pour y guerroyer contre les préjugés ; on était le soir du quadrille de la Reine après avoir joui d’une matinée patriarcale de Franklin ; on courait se battre en Amérique, et l’on en revenait colonel, pour assister au triomphe des montgolfières ou aux baquets de Mesmer, et mettre le tout en vaudeville et en chanson. […] Son frère le vicomte, avec moins de fond, avait plus de trait et de pointe : M. de Ségur est plutôt un esprit uni, orné, nuancé ; il ne sort pas des tons adoucis.
C’est qu’il ne rendait pas par un effort d’esprit l’idée d’Horace et de Juvénal ; mais quand il lisait dans Juvénal : « Si la Fortune veut, de rhéteur elle te fera consul », Si Fortuna volet, fies de rhetore consul, ce n’était ni Quintilien ni des licteurs qu’il se figurait ; mais il revoyait l’ancien régent du collège de Plessis, ce cuistre de la Rivière, en robe rouge de cardinal, siégeant au Parlement parmi les pairs comme évêque-duc de Langres : et aussitôt il notait que le sort burlesque D’un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair. […] Sorti de son logis, il emmagasinait dans sa mémoire tous ces traits qui font la physionomie de Paris, tout ce qui étonne et ahurit le provincial, les rues encombrées de passants, les cris des chiens excités, les embarras de voitures, les planches jetées sur le ruisseau quand il pleut : mille détails connus seulement du Parisien, la croix de lattes, qui avertit les passants de prendre garde, quand les couvreurs réparent le toit de la maison, ou le profil d’un médecin célèbre, qui va à cheval, au lieu d’avoir une mule comme ses confrères.
L’année suivante, satisfaction fut donnée à la philologie par la nomination de quelques professeurs royaux : c’est de là qu’est sorti le collège de France. […] Sa nature ne le poussait pas à sortir des sujets et du ton qui plaisaient à son public.
Des morts sortent du tombeau : le licencié Dominico Zapata, rôti à Valladodid l’an de grâce 1631, pose aux docteurs de l’Église soixante-sept questions subversives de la foi. […] On en sort amusé, étourdi, et ravi.
Sorti de prison en 1526, il y fut jeté de nouveau en 1530. […] Villon et Marot sont deux poètes sortis du peuple ; le caprice de la fortune a laissé l’aîné dans la bassesse de sa naissance, et a élevé le cadet jusqu’à la domesticité de la cour.
De ce continuum amorphe peut donc sortir indifféremment l’un ou l’autre des deux espaces, de même que sur une feuille de papier blanc on peut tracer indifféremment une droite ou un cercle. […] § 3. — Le continu physique a plusieurs dimensions J’ai expliqué dans Science et Hypothèse d’où nous vient la notion de la continuité physique et comment a pu en sortir celle de la continuité mathématique.
Elle a transformé certaines maisons mondaines en bureaux d’esprit, en antichambres ou en succursales de l’Académie, et, du nombre des amateurs, qui l’appréciaient comme un jeu, elle a fait sortir parfois de grands écrivains. […] Il dut intéresser à son sort les beaux yeux de Julie d’Angennes.
Mais elle se relève, se réorganise au quinzième et elle peut croire qu’elle fait périr sur le bûcher de Jean Huss les projets de réforme et le libre examen ; elle peut s’imaginer qu’elle sort de la bataille plus forte et plus invincible que jamais. […] On doit l’honorer et le prier, sans croire jamais qu’un Dieu placé si haut s’occupe du sort des individus, sinon de certains individus privilégiés qui sont des princes chargés par lui de présider aux destinées des nations.
Ainsi dans le premier couplet : Quand le Sort à ta mince étoffe Livrerait de nouveaux combats. […] Y a-t-il de quoi se vanter d’être sorti de terre ici plutôt que là ?
Sortons un peu des habitudes françaises pour nous faire une idée juste de Goethe. […] J’aurais voulu pouvoir donner une plus complète et plus juste idée d’un livre qui est si loin de nous, de notre manière de sentir et de sourire, si loin en tout de la race gauloise, d’un livre où il entre tant de fantaisie, de grâce, d’aperçus élevés, de folie, et où le bon sens ne sort que déguisé en espièglerie et en caprice.
Car enfin, ce droit de compter sur soi-même, et de mesurer son obéissance sur la justice, la loi et la raison ; ce droit de vivre et d’en être digne, c’est notre patrimoine à tous ; c’est l’apanage de l’homme qui est sorti libre et intelligent des mains de son Créateur. […] Dans l’un comme dans l’autre cas, la chance est bonne, et la meilleure pour vous serait une sortie par la grande porte. » M. de Broglie avait pratiqué à l’avance ce conseil ; il sentait qu’il ne gouvernait plus son ministère ni la Chambre ; il avait fait sa tâche pour le moment, et il sortit par la grande porte : c’est la seule par où il sorte toujours.
La duchesse, curieuse, hardie, impérieuse et fantasque, ne devait pas dépasser davantage cet horizon, et toutes ses hardiesses, tous ses essors de fantaisie se continrent toujours au sein de la sphère artificielle et magique où elle s’exaltait sans en sortir. […] Lorsqu’elle en sortit pourtant et qu’elle eut affaire aux difficultés réelles, elle s’y heurta, elle s’y brisa.
Courez vite chez lui, ou sortez de chez moi. […] On comprend que des Mémoires, ainsi écrits au sortir des conversations, peuvent offrir des inexactitudes de détail, et cependant être très vrais par l’impression de l’ensemble.
La prétention des Scudéry, en effet, était d’être sortis d’une maison très noble, très ancienne et toujours guerrière, originaire du royaume de Naples, et depuis des siècles établie en Provence. En transformant dans ses romans les personnages de sa connaissance en héros et en princes, Mlle de Scudéry croyait ne pas sortir de sa maison.
À la veille de son début au théâtre, quand on allait représenter sa tragédie de Warwick (novembre 1763), il avait déjà, grâce à ses bons amis les auteurs, une réputation affreuse ; on racontait, en l’exagérant, l’histoire des couplets satiriques composés au sortir du collège : « Cette petite horreur, nous dit Collé dans son Journal, m’a déjà été confirmée par deux ou trois personnes, et je n’ai encore vu qui que ce soit qui ait contredit ou nié le fait. » Lorsque cette tragédie de Warwick, qui, malgré tout, avait fort bien réussi, fut reprise en janvier 1765, les ennemis s’arrangèrent si bien, que le cinquième acte fut hué : « Je n’ai jamais vu de ma vie, nous dit encore Collé, arriver un pareil échec à une reprise ; le contraire arrive plus ordinairement, les applaudissements redoublent au lieu de diminuer. […] (Madame se dispose à sortir.
Ainsi tout le siècle tient dans ces quatre études, qui sont comme les quatre âges de l’époque qui nous a précédés et de la France d’où sont sortis le siècle contemporain et la patrie présente. […] Toutes nos origines et tous nos caractères sont en lui : l’âge moderne est sorti de lui et datera de lui.
Le sentiment poétique n’est pas né de la nature, c’est la nature même qui en sort transformée en une certaine mesure. […] L’intérêt que nous prenons à une œuvre d’art est la conséquence d’une association qui s’établit entre nous, l’artiste et les personnages de l’œuvre ; c’est une société nouvelle dont on épouse les affections, les plaisirs et les peines, le sort tout entier.
Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom. […] Cependant cette aurore qu’il trouve au sortir du Tartare, cette lumière qu’il voit passer rapidement sur la mer, ont du vague et de la fraîcheur.
L’auteur cependant n’avoit point d’autre profession que celle de Prote, ou de Directeur de l’Imprimerie même, d’où son livre est sorti. […] Despreaux avoit fait autrefois cette proposition, & qu’elle a dérenouvellée par un homme dont l’esprit, la sagesse, & la saine critique sont connus ; mais cette idée a eu le sort de beaucoup d’autres projets utiles, d’être approuvée & d’être négligée”.
Le bras qui l’agite fait toute sa puissance, et c’est ce bras formidable que nous ne voyons pas sortir de sa nuée et s’allonger à travers l’histoire de M. […] Plus riche que son frère par le sentiment chrétien, s’il est plus pauvre par le talent naturel de l’expression, il pourrait, si ce sentiment était très profond ou très enflammé, en faire sortir une exaltation qui remplacerait celle qu’il n’a pas dans le talent, mais l’intensité manque également à M.
Sans doute, cette composition, comme tout ce qui sort de Carle Vernet et de l’école, manque de liberté ; mais, en revanche, elle a beaucoup de sérieux, une dureté qui plaît, une sécheresse de manière qui convient assez bien au sujet, le jeu étant une passion à la fois violente et contenue. […] Quand j’entre dans l’œuvre de Grandville , j’éprouve un certain malaise, comme dans un appartement où le désordre serait systématiquement organisé, où des corniches saugrenues s’appuieraient sur le plancher, où les tableaux se présenteraient déformés par des procédés d’opticien, où les objets se blesseraient obliquement par les angles, où les meubles se tiendraient les pieds en l’air, et où les tiroirs s’enfonceraient au lieu de sortir.
L’orateur est sorti plus d’une fois du ton ; tantôt il baissait trop la voix, tantôt il la poussait d’un accent trop aigu ; son geste aussi, par moments, était criard, et, à certains passages à effet, son bras tendu, frémissant et flamboyant comme s’il eût secoué une torche, semblait vouloir chercher jusqu’au fond des tribunes des applaudissements que l’orateur eût trouvés à moins de frais tout près de lui.
Un philosophe, qui écrivait d’ailleurs dans le but évident de rabaisser la puissance humaine, a bien osé dire : « Un grain de sable placé dans l’urètre de Cromwell a décidé du sort de l’Europe.
Mickiewicz nous a semblé, le dirons-nous, un peu injuste, un peu abusé par l’analogie poétique qui lui a fait considérer jusqu’au bout sa nation comme une sorte de peuple juif, unique, privilégié, doué entre tous de l’esprit de sacrifice, et du sein duquel la liberté, comme un autre messie, doit sortir.
Eh bien, pour revenir à M. de Bernard, il pourra bien être, s’il le veut, l’Améric Vespuce de cette terre dont M. de Balzac est le Christophe Colomb ; oui, l’observation du monde des dix dernières années, il la possède ; ce fond nouveau de sensibilité, de coquetterie, d’art, de prétentions de toutes sortes, ce continent bizarre qui ressemble fort à une île flottante, il y a pied et n’en sort pas.
Les anciens avaient des hommes pour amis, et ne voyaient dans leurs femmes que des esclaves élevées pour ce triste sort.
Les Français n’approfondissent pas, comme les Anglais et les Allemands, les sentiments que le malheur fait éprouver ; ils ont trop l’habitude de s’en éloigner pour le bien connaître : mais les caractères dont on peut faire sortir des effets comiques, les hommes séduits par la vanité, trompés par amour-propre, ou trompeurs par orgueil, cette foule d’êtres asservis à l’opinion des autres, et ne respirant que par elle, aucun peuple de la terre n’a jamais su les peindre comme les Français.
C’est que tout le monde ne sort pas, comme M.
Ils sortent de l’église.
« Parmi les soggetti, les sujets, sortis de mon débile cerveau, dit-il, c’est celui qui a été le plus généralement accepté par les comédiens, le plus applaudi du roi de France, des princes de Savoie et d’Italie et de tout le monde. » Elle continua à servir de canevas pour la comédie improvisée, ainsi qu’on peut s’en assurer, du reste, par une analyse de ce canevas, différent de la pièce en plus d’un point, que Cailhava a publiée25 et qu’il a donnée à tort pour l’analyse de l’œuvre même de Beltrame.
Les importuns qui se jettent à la traverse d’Éraste allant à un rendez-vous amoureux, et dont Molière a fait la galerie satirique des Fâcheux, sortent aussi de la commedia dell’arte.
Averti du jour où l’on devoit les représenter, il se rend le premier au spectacle, s’y place de façon à pouvoir être vu de tout le monde, applaudit aux endroits qui faisoient le plus rire à ses dépens, se lève plusieurs fois, afin de se montrer à des étrangers qui demandoient à le voir, & ne sort que le dernier de l’assemblée.
On en conclut que Descartes étoit un très-beau génie, mais qu’il n’est guéres sorti de sa tête que des romans de Philosophie.
De derrière le fauteuil du vieillard sort une petite tête d’enfant.
Le public, qui ne sort gueres du bon goût lorsqu’il y est entré, a rejetté depuis quelques années toutes les comedies composées dans des moeurs étrangeres avec lesquelles on auroit voulu l’amuser.
Si nous voulons les comprendre, il nous faut sortir de nous-mêmes, nous mettre à leur école, apprendre d’elles ce qu’elles sont, c’est-à-dire recourir à l’observation et à l’expérimentation.
Jules Vallès pourra peut-être en faire, mais à condition d’en sortir !
En voir plus long que les surfaces, pour avoir le droit d’en parler, est donc une nécessité rigoureuse pour ces messieurs qui viennent de loin et qui ne craignent pas d’attacher à leurs relations le je détesté de Pascal, — cet homme de génie qui ne comprenait pas que l’on pût sortir de sa chambre.
Ils sont coupables de cécité. « Ils ont cru qu’ils n’avaient qu’à jouir de la centralisation qui s’était formée sous leurs prédécesseurs, et non à en généraliser l’action, afin de la rendre de plus en plus juste et féconde. » Dès que le Premier Consul paraît, au contraire, la centralisation sort tout organisée de son gouvernement.
On ne fait pas sortir les hommes de terre en quatre ans de règne, même lorsqu’on frappe la terre avec un véritable sceptre !
Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
Or, c’est là le reproche que l’on pourrait faire au nouveau chantre de l’Empire : l’expression sort bien, déprimé saut et de prime jet, de sa plume, mais souvent elle s’interrompt, se trouble et se fausse tout à coup, comme un marbre qui se fendrait au second coup de maillet du sculpteur.
Le pouce cruel de la Réalité appuie souvent sur la gorge du pauvre rouge-gorge qui ne demandait qu’à chanter, et empêche le son de sortir.
Ne l’attendez pas d’un peuple pauvre, je ne dis pas celui qui, resté près de la nature et de l’égalité, borne ses désirs, vit de peu, et met les vertus à la place des richesses, mais celui qui, environné de grandes richesses qu’il ne partage pas, se trouve entre le spectacle du faste et la misère, et voit l’extrême pauvreté sortir de l’extrême opulence ; ce peuple occupé et avili par ses besoins, ne peut avoir l’idée d’un besoin plus noble.
Il aima passionnément les lettres, écrivit l’histoire de son siècle en latin, fut admiré pour le style, peu renommé pour la vérité, plut aux uns, déplut aux autres, et fut accusé tour à tour de flatterie et de satire ; sort presque inévitable de tous ceux qui ont l’ambition et le courage d’écrire de leur vivant ce qui ne peut être écrit avec sûreté que cent ans après.
Là où le génie sortait, en se dégageant, comme une flamme plus vive d’un milieu tout spirituel, la foule même étincelait.
Un son en sortit, qui n’était ni allègre follement ni présomptueux sans raison, mais doux et mélancolique. […] Te réjouis-tu du sort de ce Pauson qui vécut dans le mépris et dans l’extrême pauvreté à cause de son goût trivial ? […] Je sors et je trouve nuit close. […] Nous sortons, nous longeons la grille du jardin royal. […] Le paquebot est sorti du port.
Pour eux, donc, la certitude ne pouvant sortir d’eux-mêmes, pure, inaltérée et splendide, il faut qu’elle vienne d’ailleurs, de plus loin et de plus haut. […] Il s’agit pour moi de sortir de Saint Sulpice et de quitter cet habit. […] Mais il est très vivant, il sort très vigoureusement de la toile. […] — Il s’en va temps, cependant, que vous la fassiez : sortir, je vous en avertis. […] On sort du Salon comme on y est entré, parfaitement calme : on a vu de jolies choses, on n’a pas été remué.
Quand il consacrait, les hosties sortaient du calice et restaient suspendues dans l’espace ; d’autres gardaient des stigmates sanglants. » Ainsi s’exprime M. […] Son universelle curiosité prouve qu’il désire sortir de lui-même autant qu’il est possible : il sait que nul n’y peut réussir pleinement, mais il n’y a pas de sa faute. […] Évidemment, Striyenski n’appelait point de tous ses vœux les révélations qui devaient sortir de ce travail et dont, mieux que personne, il connaissait l’importance. […] « Les uns sortirent plus ou moins ouvertement de l’islam par la science et l’incrédulité, les autres en sortirent par le mysticisme. […] Au sortir du collège, un garçon intelligent et modeste n’est sûr que de sa prédilection pour quelques maîtres.
Tout ce qu’il nous présente lui sort de l’intelligence et son intelligence n’est point dominatrice. […] Les personnages pataugent dans des intrigues mal agencées, et n’en sortent pas. […] On demeure optimiste, on sent que la vie va reprendre et triompher, l’espoir brille et sous peu le sort redeviendra dément. […] Plus simplement encore, toute la compagnie sort pour aller voir la lune au fond du parc et la scène reste à la disposition de ceux qui en ont besoin. […] Les drames du cœur leur sont inconnus, et l’on n’entend sortir de la bouche inexpressive de leurs figurines qu’une voix fluette, sans écho, ni retentissement.
S’il convient déjà que le vainqueur, favorisé par le sort des armes, confirme par son témoignage que l’humanité doit beaucoup à la grandeur intellectuelle du vaincu, les Allemands, eux, ont contracté une dette toute particulière envers Molière. […] Une quinte le prit comme il demandait un oreiller rempli d’une certaine drogue à vertu dormitive ; une veine se rompit dans sa poitrine, et le sang lui sortit à flots par la bouche et les narines. […] Le charme était rompu et le mauvais sort écarté. […] Elle n’y fut pas plus tôt que la Molière envoya deux gardes pour la faire sortir de l’amphithéâtre, et se donna le plaisir d’aller lui dire elle-même que, puisqu’on la chassait de sa maison, elle pouvait bien à son tour la faire sortir d’un lieu où elle était la maîtresse. […] Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sorti d’un sang noble quand nous vivons en infâmes ?
D’importantes Revues de langue allemande publient fréquemment des traductions de ses travaux ou même des études originales qui, en France, ne sortiraient pas d’un cercle restreint. […] De cette anarchie devaient sortir tous les désordres. […] Il avait méconnu que le Contrat social ne repose sur rien de rationnel, mais sur des postulats mystiques et sentimentaux, qu’il est sorti des battements du cœur de Rousseau. […] Aussi ses portraits sortent-ils des petits coins des « Caractères » et ses batailles de Van der Meulen. […] Camille ne le ren-infirme. » Homère, Milton… Sort sublime pour une « amante orgueilleuse !
La séparation de l’Église et de l’État allait sortir de cette corbeille. […] Poincaré et Charles Benoist échangeaient à la tribune deux propos auxquels Maurras a fait un sort en les prenant pour épigraphe de sa Politique religieuse. […] En second lieu, les progrès électoraux du socialisme l’ont fait sortir largement des cercles ouvriers et du monde des théoriciens. […] La propriété terrienne, disait-il, suivra le sort de l’autre, les paysans n’y perdront pas, au contraire, et le collectivisme fera leur bonheur comme il fera celui de l’ouvrier. […] Ici nous sortons du monde des idées pour passer au fait, de la Révolution possible pour entrer dans la Révolution réalisée.
Et, pour sortir du domaine métaphorique, — quelle plus parfaite bêtise régna jamais que de nos jours ; quelle plus complète, pondérée, logique et triomphante bêtise régna jamais que dans cette fin d’un siècle qui promettait mieux, en vérité ! […] Et j’ai pourtant tant à sortir pour tant de raisons excellentes et autres ! […] Comme elle sortait, escortée de ses gardes, elle s’écria subitement dans un mouvement de fierté : — Au moins j’ai du sang. […] On sortait tous les jours une heure ou deux en promenade dans un bois à proximité, où 1 on rencontrait un pensionnat de jeunes filles conduit par une institutrice française, C’était très romantique. […] Racine eut un sort différent.
Quand on quitte les Pensées pour les Provinciales, on éprouve du soulagement, un peu pour soi-même, au sortir des méditations douloureuses où nous jettent les Pensées, un peu pour Pascal, parce qu’il semble, dans les Provinciales, tirer quelque contentement de cette raison qui le rend si misérable dans les Pensées. […] Le sujet même de la querelle nous touche assez peu, outre le sort commun des ouvrages de polémique, dont la partie la plus personnelle se refroidit le plus vite. […] Ce que Pascal imagine pour rendre sa matière agréable, pour être enjoué en restant sérieux, savant sans fatiguer de sa science ; ce qu’il déploie d’invention pour faire sortir la vérité d’où on l’attend le moins, et pour en rendre l’effet plus sûr, rappelle toutes les grâces des Dialogues de Platon, auxquels on a judicieusement comparé les Provinciales.
Mais c’est là un raisonnement social, et l’individu peut le rejeter, ne pas vouloir entrer dans cet ordre de considérations ; et s’il s’obstine à cette attitude, il n’est aucun moyen logique de l’en faire sortir. […] Alors intervient la principale tentative pour faire accepter, par la partie irréductible de l’individu, la forme sociale avec ce qu’elle a de plus contraire à l’individualité même, pour faire sortir la volonté sociale et anti-individuelle, des tendances mêmes qui ont combattu l’instinct social. […] Et pareillement un ordre abstrait, intérieur, dont l’origine est méconnue, qui paraît sortir du moi lui-même, et représenter soit sa nature essentielle la plus haute, soit une volonté supérieure et divine.
J’espère pourtant faire sortir de cette insignifiante étude quelques traits curieux pour l’histoire de l’esprit humain ; on y verra en présence deux esprits profondément divers et incapables de se pénétrer l’un l’autre, une éducation superficielle et sans résultats durables, qui fera comprendre par contraste le fait immense de l’éducation hellénique des peuples occidentaux ; de singuliers malentendus, d’étranges contre-sens décèleront des lacunes, dont la connaissance servira à dresser plus exactement la carte de l’esprit sémitique et de l’esprit indo-germanique. […] Voltaire avait raison, à son point de vue, de se moquer d’Ézéchiel 104 comme Perrault et quelques critiques d’Alexandrie avaient raison de déclarer Homère ridicule, et quand Mme Dacier et Boileau veulent défendre Homère, sans sortir de cette étrange manière d’envisager l’antiquité, ils ont tort. […] Sainte-Beuve, nous n’aimons en France à sortir de l’horizon hellénique qu’à bon escient. » À la bonne heure ; mais, devant des méthodes offrant toutes les garanties, pourquoi ces défiances incurables ?
Le travail lent et continu de la vie, une tendance naturelle vers le progrès, fera sortir de la philosophie les sciences, de l’embryon les organes. […] En comparant les faits accumulés par l’expérience, elles ont pu éliminer les accidents, dégager ce qui est fixe et permanent et en tirer des lois, c’est-à-dire arriver à la connaissance précise et « à ce caractère essentiel de la science qui est de prévoir. » Quant à l’indépendance des sciences qui sont sorties déjà ou tendent à sortir de la philosophie, nous l’avons vue se produire naturellement, par un travail continu et inconscient, et la scission résulter de la nature même des choses. […] La chimie elle-même, qui descend par l’analyse jusqu’aux derniers éléments, ne sort point cependant de l’étude des causes secondes.
Ce sentiment n’est pas, comme certains philosophes l’ont cru, une simple conception abstraite de possibles jointe à l’ignorance de la réalité qui en sortira : c’est un sentiment concret de puissance. […] Le maintien ne serait quelque chose de nouveau que si l’intensité qui le produit sortait tout d’un coup du néant. […] En un mot, l’action est libre, selon cette doctrine, parce que « le rapport de l’action à l’état d’où elle sort ne saurait s’exprimer par une loi, cet état psychique étant unique en son genre et ne devant plus se reproduire jamais170 ».
Lorsque Pinel et Esquirol déterminèrent les états et les causes physiologiques de la folie par un ensemble aussi complet d’observations et d’analyses ; lorsque Gall et Spurheim, même en des recherches qui ne devaient aboutir qu’à une doctrine bientôt abandonnée, essayèrent de montrer, à la surface du cerveau, les nombreux organes de nos diverses facultés mentales ; lorsque Magendie et surtout Flourens commencèrent leurs belles expériences sur les êtres vivants, continuées avec tant de succès par les naturalistes et les physiologistes de nos jours, afin d’arriver à déterminer d’une façon précise et sûre les vraies conditions organiques des fonctions de la vie intellectuelle et morale : — tous ces travaux, exécutés par les facultés les plus rares de l’esprit aidées des méthodes les plus ingénieuses et des instruments les plus délicats, ont répandu de telles lumières sur la question des rapports du physique et du moral qu’il en est sorti, non plus une doctrine vague et conjecturale, mais une véritable science. […] Voulez-vous voir sortir toujours de la même origine les autres phénomènes de l’entendement ? […] L’espace nous manque, dans une étude de ce genre, pour développer les conséquences d’une vérité aussi capitale et aussi féconde, et pour en faire sortir toute une doctrine appelée, selon nous, à vaincre et à remplacer définitivement le matérialisme.
À cet égard, on pourrait dire que la théorie de l’art pour l’art est en germe dans leurs écrits, quelque surprise qu’ils dussent un jour éprouver de l’en voir sortir. […] De la sociologie chrétienne des Bonald et des de Maistre, ou voyait sortir des conséquences inattendues, quoique logiques, et qui de nos jours même étonnent également leurs adversaires, et les disciples d’Auguste Comte. […] Sortons de nous-mêmes, et ouvrons les yeux ! […] Et quand je cherche dans l’histoire a quoi je pourrais comparer Le Demi-Monde, je remonte le cours du siècle, je suis obligé d’en sortir, et je ne trouve à m’arrêter qu’aux environs du Barbier de Séville ou de Turcaret. […] XIII] ; — et c’est d’elle aussi qu’un jour nous verrons sortir Auguste Comte.
Si bien que, lorsqu’il sort de l’opérette pour rentrer dans la comédie et redevient sérieux pour réconcilier tant bien que mal le duc et la duchesse, nous n’y sommes plus du tout. […] On a dit : « Il fallait nous montrer les difficultés que trouve l’institutrice devenue duchesse à s’adapter à son nouveau milieu, les fautes qu’elle commet contre le protocole mondain, les luttes qu’elle a à soutenir contre les belles dames du faubourg, etc. » À la bonne heure ; mais c’était sortir du pays bleu, c’était rentrer dans la réalité : et quelle figure eût faite alors l’innocente idylle du commencement ? […] On sort l’enfant de sa chambre ; les jolies dames s’apitoyent, le questionnent d’un ton suave de perruches charmées de « tenir une émotion ». […] Si vous sortez, vous êtes perdue. — Perdue aux yeux des autres, pas aux miens !
A midi mille papillons blancs s’y réfugiaient, et c’était un spectacle divin de voir là tourbillonner on flocons dans l’ombre cette neige vivante de l’été… Le soir, une vapeur se dégageait du jardin et l’enveloppait ; l’odeur si enivrante des chèvrefeuilles et des liserons en sortait de toute part comme un poison exquis et subtil ; on entendait les derniers appels des grimpereaux et des bergeronnettes s’assoupissant sous les branchages… C’était un jardin fermé, mais une nature acre, riche, voluptueuse et odorante . […] Jugeons donc un peu la médiocrité contemporaine précisément par ce qui en sort. […] S’ils se ressemblent si bien entre eux et paraissent hériter l’un de l’autre, c’est qu’ils sont sortis du même moule où on les a jetés. […] Au lieu des prodiges de vertu, nous avons des prodiges de vice, mais nous ne sortons pas de l’extraordinaire.
Au contraire, le souvenir appris sortira du temps à mesure que la leçon sera mieux sue ; il deviendra de plus en plus impersonnel, de plus en plus étranger à notre vie passée. […] Elles veulent faire sortir toute reconnaissance d’un rapprochement entre la perception et le souvenir ; mais d’autre part l’expérience est là, qui témoigne que, le plus souvent, le souvenir ne surgit qu’une fois la perception reconnue. […] Mais le moment est venu de sortir de ces généralités. […] « According to one observer, the basis was a Gesammivorstellung a sort of all embracing complex idea in which the parts have an indefinitely felt unity » (SMITH, article cité, p. 73).
À cela il a été répondu, moins comme contradiction directe à ce que ces éloges avaient, liitérairement, de mérité, que comme correctif et au point de vue où la commission avait à juger l’ouvrage, qu’il ne paraissait point du tout certain que la peinture fidèle de ce vilain monde fût d’un effet moral aussi assuré ; que le personnage même le plus odieux de la pièce avait encore bien du charme ; que le personnage même le plus honnête, et qui fait le rôle de réparateur, était bien mêlé aux autres et en tenait encore pour la conduite et pour le ton ; que le goût du spectateur n’est pas toujours sain, que la curiosité est parfois singulière dans ses caprices, qu’on aime quelquefois à vérifier le mal qu’on vient de voir si spirituellement retracé et si vivant ; que, dans les ouvrages déjà anciens, ces sortes de peintures refroidies n’ont sans doute aucun inconvénient, et que ce n’est plus qu’un tableau de mœurs, mais que l’image très vive et très à nu, et en même temps si amusante, des vices contemporains, court risque de toucher autrement qu’il ne faudrait, et qu’il en peut sortir une contagion subtile, si un large courant de verve purifiante et saine ne circule à côté.
On est toujours plus ou moins comme Sénèque, prêchant la pauvreté sous des lambris dorés, ou comme Salluste, refaisant à plaisir de l’austérité antique au sortir des orgies et des dilapidations.
Plus d’un serf put dire au baron : Monseigneur, je vous ai trouvé un verre d’eau dans le désert ; je vous ai couvert de mon corps au siège d’Antioche ou de Jérusalem… » Du mouvement aveugle et désordonné de la croisade va sortir bientôt le mouvement régulier et fécond de l’affranchissement des communes.
Il ne fut plus la religion et la société d’une nation, comme le mosaïsme ; il ne fut pas encore la société des nations qui doit sortir seulement de la révélation nouvelle ; il fut la société des individus.
L’auteur de ce recueil n’est pas non plus Français d’origine ni de naissance ; sorti des vallées vaudoises du Piémont, il appartient à cette antique tribu persécutée, qui a su garder sa primitive croyance.
Mais si le sort le menace de quelque accident funeste, ô dieux !
Presque tous les chefs-d’œuvre oratoires et poétiques du temps sont sortis de la petite école des adorateurs de l’antiquité.
Ou bien il prend une métaphore au pied de la lettre : et alors, avec une patience et une subtilité de sauvage ou de polytechnicien, il en fait sortir tout le contenu, il la dévide comme un cocon, et ce sont des trouvailles d’une drôlerie presque inquiétante… Soit cette figure de rhétorique : « la maladie des billets de banque ».
Il sortirait d’eux toute une race, et c’était la vie vraie, naturelle, la vie simple et grande.
Et l’on sort l’autonomie artistique… Intransigeance enfantine !
Il en sortit les joues en feu, la tête lourde ; et il confiait par lettre à sa sœur : « Si tu savais ce que c’est que cette nourriture bon marché, dont la cuisson est bâclée à la diable !
Elle en sortit indignée des traits que celle-ci lança de haut en bas sur la pauvre Jo (nom sous lequel madame de Sévigné désigne madame de Ludres).
Les Préfaces qu’on a de lui, ses Discours à l’Académie, ses Fragmens historiques, tout ce qui est sorti de sa plume porte le caractere du Génie.
Pourquoi ni Comte ni Balzac ne sont-ils pas sortis vainqueurs d’une aussi noble entreprise ?
L’abbé sortit de Bicêtre au bout de quinze jours.
Adam, quoiqu’à peine né et sans expérience, est déjà le parfait modèle de l’homme : on sent qu’il n’est point sorti des entrailles infirmes d’une femme, mais des mains vivantes de Dieu.
Voyez cette foule d’esprits incoercibles et véloces sortis de la tête de Bouchardon et accourants à la voix d’ Ulisse qui évoque l’ombre de Tirésias .
Tu aurais dit d’un de tes combattans qu’il avait reçu à la tête ou au cou une énorme blessure ; mais le poëte dit : la flèche l’atteignit au-dessus de l’oreille, entra, traversa les os du palais, brisa les dents de la mâchoire inférieure, sortit par la bouche, et le sang qui coulait le long de son fer tombait à terre en distillant par la pointe… ces épithètes générales sont d’autant plus misérables dans le style français, que l’exagération nationale les appliquant usuellement à de petites choses les a presque toutes décriées.
Les grands acteurs n’auroient pas voulu prononcer un mot le matin avant que d’avoir, pour s’exprimer ainsi, developé méthodiquement leur voix en la faisant sortir peu à peu, et en lui donnant l’effort comme par dégrez, afin de ne pas offenser ses organes en les déploïant précipitamment et avec violence.
Il n’en est pas assez sorti pour rentrer dans l’idée du catholicisme et pour la comprendre, comme doit la comprendre même l’homme qui fait l’histoire de sa défaite.
Mais la Critique ne pouvait-elle espérer sans outrecuidance que ces faits, contre lesquels l’historien se révolte, le frapperaient puissamment par ce qu’ils ont d’extraordinaire et même pour lui d’incompréhensible, et que de cette indignation aveugle, mais vraie et largement vibrante, contre le Moyen Âge, ses passions colossales, ses déchirements nécessaires, ses institutions, tout cet ensemble de servitudes chevaleresques dont Labutte n’a pas même la notion première et que Schiller, qui était un grand poète et un noble cœur, appuyait sur un fond céleste, il serait au moins sorti un cri énergique, une réprobation digne de ce temps immense, quelque chose, enfin, qui aurait eu son éloquence, son injuste, mais réelle beauté ?
Mais c’est un livre sorti tout saignant des entrailles !
Comme les balles, elles sont dures, rapides, cassant tout très net sur leur passage, et le chalumeau d’où elles sortent ressemble beaucoup au tube de fer d’un pistolet… Henri Rochefort a, dans l’esprit, les qualités de son nom, qui exprime deux fois la force.
Alexandre Dumas fils, si on se le rappelle, n’est enfin sorti, après combien d’efforts et d’années ?
Bohèmes d’état-major, si l’on veut ou plutôt s’il pouvait y avoir des états-majors dans la bohème, ils sont, eux, trop contents de leur sort pour trouver bon qu’on les réveille des somnolences de leur digestion éternelle, et voilà pourquoi le lever de table que nous leur sonnons, à ces endormis, leur paraît un affreux tocsin !
Mais, encore une fois, la punition de cela, le sans inconvénient de cela, c’est l’ennui, l’ennui qui sort de ces pages sèches, où il n’y a que des mots sans vie et des abstractions scientifiques.
Quand, sorti de chez sa maîtresse pour rentrer chez sa femme, il y trouve des enfants qui, tout à l’heure, par le fait du roman, vont le mettre au supplice (sa fille en voulant épouser le fils d’un ennemi politique, son fils en jugeant et en réprouvant sa conduite quand il accepte le ministère), ce père, qui aurait pu être sublime dans ce déchirement de Laocoon, dévoré non plus par des serpents, mais par ses propres enfants, a perdu le bénéfice et l’auguste caractère de la paternité, et tous les sophismes de l’auteur n’ont pas le pouvoir de les restituer à cette paternité souillée.
Génie de la nature, dans les cieux, sur la terre, sur les mers, rien ne se fait, ne se produit sans toi, excepté le mal qui sort du cœur du méchant.
Tandis qu’il gouverne le monde, et qu’il prouve combien, pour maintenir l’empire, les bienfaits sont plus puissants que les armes, tandis que le sort de l’univers est en ses mains, vous ne pouvez vous apercevoir que vous avez fait une perte.
On n’osait approcher ; on n’osait même adresser la parole à un prince toujours caché dans l’ombre, et fuyant les regards, et qui ne sortait de sa profonde solitude que pour faire de Rome un désert.
« Alors, d’un effluve des cieux et d’un globe d’écume, l’Océan, au milieu des troupes bleuâtres et des chevaux à deux pieds, fit sortir Dioné.
Il ne sortait point d’ailleurs, dans l’expression de ses griefs et dans ses conclusions, des termes rigoureusement constitutionnels. […] » Il insistait sur l’importance des idées religieuses, sur leur influence morale, leurs jouissances touchantes, « indépendantes du pouvoir des hommes et des coups du sort », les consolations dont elles sont pour les âmes à travers les inégalités des conditions et les vicissitudes de la vie : « Leur besoin est senti surtout par les peuples en révolution : alors il faut aux malheureux l’espérance ; elles en font luire les rayons dans l’asile de la douleur, elles éclairent la nuit même du tombeau, elles ouvrent devant l’homme mortel et fini d’immenses et magnifiques perspectives. […] Mettez-vous bien dans l’esprit que cela ne change rien à votre situation, et que votre courage et votre conduite à l’Assemblée étant royalistes, vous aviez toujours besoin d’une action quelconque pour sortir de cette ligne, et cette action ou cet écrit, vous êtes toujours libre de le faire, et vous avez une élévation de style, une candeur d’âme qui vous donnera toujours le moyen de convaincre quand vous le désirerez. […] J’aime mieux cette situation que ce qu’on m’offre pour en sortir. — Mais je vous le dirai de toute la hauteur de mon âme : je pense qu’en fait de dignité morale les circonstances me placent aussi haut qu’il est possible, et je m’étonne que vous, qui êtes si indulgent pour l’inconcevable conduite de Gérando, vous tourniez toutes vos foudres contre une malheureuse femme qui, résistant à tout ? […] Je commence depuis deux jours à me ranimer, à reprendre à des projets, à de l’avenir, et à sortir un peu de ce cercle d’idées si fatal que je suis bien décidée à éloigner le plus possible. — Je commence à observer ce qui m’entoure et à voir quelques personnes. — L’influence de l’Italie commence à se faire sentir ici non par le climat, mais par les mœurs. — Les femmes ont des sigisbées pour société et des abbés pour intendants. — Le prince Borghèse, qu’on n’appelle ici que le prince, a, dit-on, la petite cour la plus solennelle de l’Europe.
Si souples d’apparence, les femmes soient moins capables de sortir de soi. […] Labiche gardait beaucoup du burlesque de Duvert et Lausanne, excluait à peu près la femme, ne sortait guère, quoi qu’on ait dit, de la farce. […] Mais il y a un moyen de sortir des quiproquos : chacun n’a qu’à dire ce qu’il est, c’est bien simple. » — Meilhac risque la pièce « mal faite » exprès, et même la « tranche de vie » (2e acte du Réveillon). […] Mais, comme il n’en sortira rien du tout, elle lâchera subitement son amant, dont elle épousera le secrétaire, un petit jeune homme aux dents de loup. […] Hoche n’en sort pas révolté. — Pour se débarrasser de lui, on l’envoie pacifier la Vendée : mauvaise affaire, de beaucoup de danger et de peu d’honneur.
S’il se rencontre par hasard quelques esprits chagrins, quelques intelligences mesquines, qui font du savoir la première condition de la parole, il faut les renvoyer à l’école d’où ils sont sortis, d’où ils n’auraient jamais dû sortir. […] Ce livre est sorti tout entier du cœur de l’homme qui l’a signé. […] Une fois sorti du collège, il n’avait pas eu de peine à oublier l’antiquité au milieu des passions de sa jeunesse. […] Rien de vulgaire ne peut sortir de ma bouche. […] Il sortirait du théâtre plus ignorant qu’un enfant de douze ans.
La prévoyance des événemens intéressans l’épuise peu à peu, de maniere que quand ils arrivent, ils font une impression plus ou moins languissante, selon qu’on les a plus ou moins prévûs : donc il faut dans un ouvrage dont le but est de toucher, ménager aux événemens toute l’impression qu’ils peuvent faire ; soutenir toujours dans son lecteur une inquiétude agréable sur le sort des personnes qui l’intéressent, une curiosité vive sur la suite des avantures qui l’attachent, au lieu d’émousser sa sensibilité par des préparations trop évidentes, et ce qui seroit encore pis, quoiqu’Homere l’ait fait, par une prédiction toute crue des actions que l’on doit décrire. […] La fortune de chaque combat roule presque toujours sur un seul homme ; et Homere obscurcit à dessein toutes les figures du tableau, pour faire sortir davantage celles qu’il veut exposer en vûë. […] On fait sortir les chevaux de l’écurie ; on tire le char de la remise ; on attelle ; le dieu part ; il se repose en des lieux que le poëte décrit encore ; le dieu reprend sa route, et il arrive enfin : mais ce n’est pas tout ; il faut encore essuyer le retour, non moins chargé de circonstances lentes que le départ. […] Par exemple, pour ne point sortir d’Homere, quand il me peint Achille occupé à préparer lui-même le repas qu’il veut donner aux ambassadeurs d’Agamemnon ; quand il me le représente dans les fonctions d’un cuisinier, je suis blessé du desagrément de l’image, sans sçavoir gré d’ailleurs au poëte d’une imitation aisée, qui ne consiste que dans la propriété des termes ; au lieu que le tableau d’Achille en cet état, tout ridicule qu’il seroit pour le choix, pourroit néanmoins être admirable, par la vérité du dessein et des couleurs, où il est si difficile et si rare que les peintres atteignent. […] Il s’en faut bien qu’Homere soit toujours heureux dans ce choix ; content de ne point sortir du vrai, il ne paroît pas assez soigneux du grand ni de l’agréable.
Mme de Merteuil ne sait-elle pas de lui un certain trait qui, s’il était connu, le forcerait à sortir du Royaume ? […] Gauthier-Ferrières, et toujours il est sorti plus sympathique de ces épreuves. […] Son œuvre portait en elle de tels signes de durée qu’il n’y avait pas à se méprendre sur le sort qui lui était réservé. […] Une fois sorti de table, on était passé au salon pour y terminer la soirée. […] Corpechot, sort de la condition de ses ancêtres, se fixe dans une profession dont il entrevoit la beauté et trouve l’emploi de son génie. » Trois années auparavant, il s’était marié.
Une pierre maintenue sur le pubis fait sortir toutes celles que l’on peut avoir dans la vessie. […] Quelques-uns de ses poèmes d’amour les plus touchants sont sortis d’une bouteille d’absinthe, comme les contes les plus sagaces et les plus logiques d’Edgar Poe sont sortis d’une bouteille d’eau-de-vie. […] Des idées basses s’agitent dans les cerveaux, qui vont sortir en objections presque grossières. […] Sorti de l’alcôve, le lit impudent s’allonge, se déroule, se répand comme une litière. […] Il ne sait pas se mettre nu devant la statue nue : il lui faut des poches d’où sortir un tas de carnets et de papiers.
Or ce manque est douloureux : le plaisir sort donc de la douleur. […] Que deviendrait un phénomène psychique qui sortirait de la conscience, et comment y rentrerait-il une fois sorti ? […] Nous pouvons voir l’action sortir, pour ainsi dire, de notre volonté. […] Voici une action : je sors. […] La volonté, enfermée dans le noumène, ne pourrait en sortir pour influer sur le phénomène.
Après des mois d’ennuis et de fatigue ingrate, Lui, d’étude amoureux et que la Muse flatte, S’il a vu le moment qu’il peut enfin ravir, Sans oublier jamais son Virgile-elzévir, Il sortait ; il doublait la prochaine colline, Côtoyant le sureau, respirant l’aubépine, Rêvant aux jeux du sort, au toit qu’il a laissé, Au doux nid si nombreux et si tôt dispersé, Et tout lui déroulait, de plus en plus écloses, L’âme dans les objets, les larmes dans les choses. […] Sainte-Beuve chez sa mère, ce qui ne laissait pas de la troubler un peu : sans cesse préoccupée sur le sort et l’avenir de son fils, en bonne et simple bourgeoise qu’elle était, vivant dans la retraite, ayant connu dans son enfance des temps orageux et terribles, elle redoutait qu’il ne fût entraîné trop loin par une relation trop chevaleresque. — Et ce que toutes les mères et les pères aussi qui s’intéressent à la carrière d’un fils, lancé dans cette voie épineuse des Lettres, comprendront, elle ne crut véritablement le sien sauvé que le jour où il fut reçu de l’Académie française. — Je retrouve à l’instant même une lettre qui avait beaucoup touché M.
Quand il en sort, c’est pour ajouter forcément à la misère publique. […] C’est pourquoi le grand seigneur qui sort de la première ne peut entrer dans la seconde ; il reste absent, au moins de cœur. […] Le contraste est grand sur les autres chemins. « Sortis de Paris par la route d’Orléans, dit Arthur Young, pendant dix milles nous n’avons pas rencontré une diligence, rien que des messageries et des chaises de poste en petit nombre, pas la dixième partie de ce que nous aurions trouvé près de Londres en une heure. » Sur la grande route, près de Narbonne, « pendant trente-six milles, dit-il, je n’ai croisé qu’un cabriolet, une demi-douzaine de charrettes et quelques bonnes femmes menant leur âne ».
Mais cette idolâtrie, cette vanité sont des faiblesses communes à tout le genre humain, et de l’une et de l’autre on peut faire sortir de grandes vertus. […] Pitt sort de sa retraite au cri du péril public, et retrempe l’âme de son pays dans la sienne. […] Ce n’était pas un des moindres triomphes de notre Révolution, que de voir ce soldat sorti de son propre sein, sacré par le pape, qui avait quitté tout exprès la capitale du monde chrétien.
La veille de la bataille, ces deux chefs de l’émigration romaine se firent l’un à l’autre le serment de ne pas survivre à la défaite, si le sort des armes faisait défaut à la justice de leur cause. […] Voilà la rivière Digentia, aujourd’hui Licenza ; elle sort d’une source tombant du rocher à flots abondants et purs qui ont creusé le marbre avant de couler en rivière. […] « Avec toi l’on apprend à souffrir l’indigence, À jouir sagement d’une honnête opulence, À vivre avec soi-même, à servir ses amis, À se moquer un peu de ses sots ennemis, À sortir d’une vie, ou triste ou fortunée.
Pour la première fois, elle eut dans le cœur de la terreur à l’aspect de son père, vit en lui le maître de son sort, et se crut coupable d’une faute en lui taisant quelques pensées. […] dit-il à Nanon. » Grandet sort et vend pour 200 000 francs de ses vins en se promenant sur la place devant le café ; et les deux femmes vont par pitié et les pieds nus écouter à la porte du cousin les gémissements de sa douleur. […] Vous y demeurerez jusqu’à ce que je vous permette d’en sortir.
Il n’y avait plus même dans le monde aucun objet capable de lui donner cette illusion, volage, mais charmante, qui pouvait encore faire sortir Mozart de son univers intérieur, à la poursuite d’un plaisir externe. […] C’est court, mais significatif : « Bach s’efforça de sortir de sa perruque. » Das judentum in der musikbd (Ch. […] Contre-sens : Wagner explique, dans le pamphlet cité, l’influence, mauvaise, de la mode Louis XIV, en Allemagne, et la caractérise, par l’usage des perruques, pris à Versailles ; et il ajoute que le grand Bach réagit contre l’esprit étranger, le repoussa, rejeta son influence, et s’écarta, — sortit de la perruque.
» Ce fut, toujours, non seulement pour la critique, mais encore pour les sentiments les moins prévenus, une pierre d’achoppement, de voir ici le Maître, tout à coup, sortir en une certaine mesure, de la musique, s’élancer hors du cercle enchanté que lui-même s’était tracé, pour faire appel, ainsi, à des moyens de représentation pleinement différents de la conception musicale. […] Et nous voyons encore le Maître, avec la Volonté ordonnatrice déjà indiquée, trouver cette mélodie sans sortir de la musique, comme de l’Idée du monde ; car, en vérité, ce n’est point le sens des paroles qui nous émeut lorsqu’apparaissent les voix humaines, mais seulement le caractère même de ces voix humaines. […] Marke est le Héros du Renoncement ; il est le vrai Sage, dans le sens du Buddhabi et du Christ, parce que, après avoir sondé la nullité de cette vie, il est, cependant, capable de continuer à vivre, supportant son sort avec calme, et faisant le bien.
À la suite d’une scène, où la femme de l’académicien, lui dit froidement qu’il est sans talent, cocu, ridicule, et que toute sa valeur, il la doit à elle seule, il sort en disant : « C’en est trop ! […] Porel a, dans les répétitions, quelque chose qui serait charmant à introduire dans un roman sur le théâtre : c’est pour l’intelligence des cabotins et des cabotines, la traduction en langue vulgaire, de toutes les situations où ils se trouvent, et la façon d’en sortir. […] » Et il sort de sa bouche un flot de paroles colères, qu’il termine ainsi : « Oui, cet homme me tue… me rend tout impossible… je ne vous parlais pas de ce journal, parce que je voulais en faire un livre… mais je sens que, lui là, je ne pourrai jamais le faire… Vous me paraissez un galant homme.
Que l’on prenne la scène des comices dans Madame Bovary, les files de filles de ferme se promenant dans les prés, la main dans la main, et laissant derrière elles une senteur de laitage, la myrrhe qu’exhalent les sièges sortis de l’église, les physionomies grotesques ou abêties de la foule, l’attitude nouvelle de Homais, les passes conversationnelles où Rodolphe conquiert la chancelante épouse, tout est saisi en de brefs aspects particuliers, sans le narré du train ordinaire qui dut accompagner ces faits d’exception. […] Et la vie passe sur elles ; de petits incidents ont lieu : la bêtise d’une république succède à la niaiserie d’une royauté ; quelques années de vie de province s’écoulent en vides propos et minces occurences ; des entreprises sont tentées auprès d’elles, réussissent ou échouent sans qu’il leur importe, et dans ce plat chemin qui les conduit et tous à une formidable halte, elles ne sentent intensément que le malheur de songer à leur sort. […] Flaubert aussi, et plus complètement, s’échappa résolument à plusieurs reprises hors des sujets qui violentaient sort style ; il satisfit pleinement ses besoins esthétiques, son amour du beau et de l’indéfini, créant la Salammbô et la Tentation, sans plus se souvenir que Paris existait et que le xixe siècle devait être dépeint.
Et, par exemple, lui qui savait si bien le latin et qui avait une des plus belles bibliothèques de particulier, il avait peu étudié le grec, et des oracles qu’il citait sans cesse, il y avait une bonne moitié qu’il ne prenait pas directement à leur source : J’ai grand regret, écrivait-il à Spon, de n’avoir exactement appris la langue grecque tandis que j’étais jeune et que j’en avais le loisir ; cela me donnerait grande intelligence des textes d’Hippocrate et de Galien, lesquels seuls j’aimerais mieux entendre que savoir toute la chimie des Allemands, ou bien la théologie sophistique des Jésuites… Pour bien juger Gui Patin, il le faut voir en son cadre, en sa maison, dans son étude ou cabinet, et, par exemple, le jour enfin où, ayant été nommé doyen de la Faculté (honneur pour lequel il avait déjà été porté plus d’une fois, mais sans que le sort amenât son nom), il traite ses collègues dans un festin de bienvenue (1er décembre 1650) : Trente-six de mes collègues firent grande chère : je ne vis jamais tant rire et tant boire pour des gens sérieux, et même de nos anciens. […] Il est sorti de ce monde sans avoir jamais voulu savoir ce qu’il y était venu faire.
Qui sait le sort qui attend sa famille adoptive à l’entrée d’une époque de révolutions comme celle où nous sommes ? […] Que celui qui, comme notre bon ami, n’a vécu que pour bien faire, subisse le même sort que les plus grands criminels, voilà contre quoi ma raison et mon cœur se soulèvent avec une violence que je n’avais jamais sentie.
Il est « le premier auteur, en aucun temps, qui ait tiré des campagnes des plus grands généraux les vrais principes de guerre et qui les ait exprimés en clair et intelligible langage. » C’est le témoignage que lui rendent à leur tour les généraux américains de la dernière guerre, les tacticiens sortis de l’École de West-Point53. […] répondit Jomini en s’excusant, quand il y va du sort de l’Europe, de l’honneur de trois grands souverains et de ma propre réputation militaire, il est permis de ne pas peser toutes ses expressions. » L’empereur Alexandre, dans cette retraite, s’était séparé de l’empereur d’Autriche et du roi de Prusse et se trouvait à Altenberg dans les montagnes avec le prince de Schwartzenberg et le quartier général autrichien.
Le clergé, du sein duquel il sortait, se laissa aller unanimement d’abord au sentiment de l’admiration ; il eut l’air de comprendre ; il salua, il exalta d’un long cri d’espérance son athlète et son vengeur. […] Ce retour imparfait n’eut lieu toutefois qu’après un premier chaos et au sortir des doutes tumultueux qui avaient pour un temps prévalu.
Bien loin de finir avec l’ancien régime, elle est le moule d’où sortent tous les discours, tous les écrits, jusqu’aux phrases et au vocabulaire de la Révolution. […] Il les étire, il les entrelace, il les tisse ; mais, de son engrenage logique, il ne sort qu’un filigrane fragile ; on en peut louer l’élégant artifice, mais, dans la pratique, l’œuvre est d’usage petit, nul, ou dangereux.
Il ne suffit pas de dire que les hommes sont les mêmes dans tous les temps : il faut préciser et sortir des abstractions. […] Tandis que Perrault, dans ses Parallèles, se donnera bien du mal pour réduire tous les arts à son système, et les faire marcher tous du même pas dans son idée du progrès indéfini, Boileau, sans parler de peinture ni de sculpture, sans y penser, n’y entendant peut-être pas grand’chose, mais concevant la poésie comme un art, et lui donnant pour but l’imitation de la nature, va au-delà des règles littéraires, et propose vraiment une formule d’où peut sortir une théorie générale des beaux-arts.
Ténébreux, fatal, amer, il sort on ne sait d’où, il passe enveloppé d’un triple prestige de mystère, de crime et d’amour : le Giaour, Lara, le Corsaire, ces incarnations de la sensibilité misanthropique de Byron, sont les modèles d’après lesquels nos robustes et bien portants poètes, le joyeux Dumas, le solide Hugo, ont dressé le type de leur héros, bâtard ou enfant trouvé, victime ou ennemi de la société, désespéré, magnanime et tout débordant de tendresses séduisantes : Antony est plus brutal, Didier plus pleurard. […] D’une matinée de bon sens lucide, où il s’est dit ses vérités, le premier acte de Il ne faut jurer de rien est sorti ; la réalité a fourni le point de départ, l’imagination fera le reste ; elle organisera une action, un dénouement conformes à cette situation première où le poète s’est trouvé.
Véritablement : j’en reste là, tant le jeu sort de mon attribution ; sans regretter, parce que la trouvaille est curieuse de cet or miroitant, près la main, ainsi que la richesse comprimée à leurs tranches par le sommeil des livres. […] Le pire, sans sortir d’ici-même, celui-là fâcheux, je l’indique pour le rejeter, serait que flottât, dans cette atmosphère, quelque déception née de vous, Mesdames et mes vaillantes auditrices.
Au sortir du festin, quelques-uns se prennent de querelle avec le guet, qui était du parti de Calvin. […] Parmi tant d’écrits sortis de la plume de Calvin, un seul subsiste et le place au rang de nos plus grands écrivains : c’est l’Institution chrétienne.
Un de ces enfants perdus, Lamettrie, justifiait l’athéisme, définissait le remords une faiblesse d’éducation, faisait sortir l’homme du limon de la terre comme un végétal, qualifiait le vol de vice, le vice et la vertu d’effets du sang ; donnait à la vie pour but suprême le bonheur par les sens, par l’opium, le rêve ou la folie, et pour fin le néant. […] Il lui arrive de confondre avec le mal un bien laborieux, mélangé, confus, d’où le mieux doit sortir, à peu près comme quelqu’un qui prendrait pour un mal les douleurs de l’enfantement.
Supposons que je sois enfermé dans une chambre entre les six parois infranchissables formées par les quatre murs, le plafond et le plancher ; il me sera impossible d’en sortir et d’imaginer que j’en sorte. — Pardon, ne pouvez-vous vous imaginer que la porte s’ouvre, ou que deux de ces parois s’écartent ? […] En résumé, pour m’imaginer que je sors de ma prison, je n’ai qu’à m’imaginer que les parois semblent s’en écarter, quand je remue.
dit encore Mme de Noailles, Pour se bercer de l’illusion de l’amour, ils n’ont plus besoin de sortir d’eux-mêmes. […] Il lui suffira de se remémorer le vieil adage (car Verlaine espagnolisait en diable) Defienda me dios de my et s’il sort quelque peu mal en point de l’aventure, il se consolera avec le vers d’Ovide, qu’il aimait : Nec vitiant artus ægræ contagia mentis.
Croiriez-vous que j’ai envié votre sort, et que j’appelais de mes vœux une cause quelconque qui retardât pour moi mon entrée dans le tourbillon de la vie active, en prolongeant l’assoupissement de la vie domestique si calme, si insoucieuse. […] J’enviais le sort des simples qui naissent, vivent et meurent sans bruit et sans pensée, suivant bonnement le courant qui les entraîne, adorant un Dieu qu’ils appellent leur Père.
Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris le 29 décembre 1721, sortait de cette riche bourgeoisie et de ce monde de finance qui s’était si fort poussé dans les dernières années de Louis XIV, et dans lequel il n’était pas rare de rencontrer un épicuréisme spirituel et somptueux : elle y apporta les élégances. […] Le peuple français n’y va pas de main morte. » Ces paroles me firent trembler, ajoute la bonne Mme Du Hausset qui nous transmet le récit, et je m’empressai de sortir.
C’est Boissy d’Anglas qui nous le montre ainsi, et Chateaubriand achève le portrait en ajoutant : « Mais, à la première phrase qui sortait de sa bouche, on sentait l’homme d’un vieux nom et le magistrat supérieur. » Sa conversation était riche, nourrie, abondante ; il savait tout, ou du moins il savait beaucoup de tout, et cela sortait à flots avec une vivacité et une profusion qui rendait sa parole aussi piquante qu’instructive.
Découverte étrange et poignante que celle qui prétend mettre à jour dans l’antique nature et dans la vieille humanité un visage et un cœur jusqu’alors inconnus… Pour éclairer ce qui semble un mystère, je laisse la parole à ces hommes qui ont embrassé d’une telle étreinte le monde vivant, qu’il est sorti de leurs bras débordant de jeunesse et d’ivresse. […] Délivrons cet esprit fécond qui veut sortir, ouvrons-lui les barrières.
Le « droit du marché » ne voulait connaître aucune différence de naissance, et c’est peut-être parce que le droit urbain est sorti de ce droit commercial qu’on a pu dire, de l’air des villes, qu’il rendait tous les hommes également libres : « Städtische Luft macht frei182. » D’ailleurs, il n’est pas nécessaire, pour que l’entrecroisement des sociétés aide au succès de l’idée de l’égalité, que l’une ou l’autre des sociétés entrecroisées soit hostile à toute espèce de hiérarchie ; il suffit que les hiérarchies qu’elles acceptent diffèrent, qu’on ne les voie pas toujours parallèles et de même sens, mais que l’une, parfois, renverse l’ordre de l’autre. […] Non seulement ils lui permettaient de sortir de la famille où il était sévèrement enfermé, mais encore de dépasser son rang ordinaire, et, nommé trésorier ou président, de dominer, pour quelques instants au moins, des hommes libres.
Ils ne sortiront point de là.
. — Mais je vous ennuie de mes nouvelles : pour moi, puisque je sais que vous êtes assez bon pour y prendre intérêt, je travaille ; mais le labeur s’allonge, et j’en sortirai lentement.
La première pensée de ces témoins judicieux fut donc de craindre que le mouvement d’émancipation ne pût sortir victorieusement d’une lutte prolongée.
Les alliés, qui l’en firent sortir en 1814, ont pu voir son écrou et les motifs de sa détention. » Georges Cadoudal, le plus grand caractère d’entre les conspirateurs royalistes, le plus héroïque des brigands, le Vendéen roturier qui ne souffrait pas de nobles dans son armée ; physionomie attrayante d’ailleurs, ouverte, très replet, les cheveux bouclés, le teint clair et frais, l’œil assuré, mais doux, aussi bien que la voix ; Georges avait, il paraît, été reçu avec hauteur et dureté par le premier consul, lorsqu’il se présenta à lui après la pacification.
Non, à coup sûr ; mais il n’a pas entièrement raison toutefois ; il l’a vue de trop loin, de même que ceux qui y vivent et meurent sans en sortir la voient de trop près.
Taine, sorti de l’école historique, prétend réduire toutes les facultés d’un artiste à une seule faculté maîtresse, toutes les facultés maîtresses de tous les artistes d’un même peuple à une grande faculté générale qui sera, par exemple, le génie oratoire pour Rome, enfin les divers génies des peuples issus d’une souche commune à l’unité de la race, et ainsi, d’abstraction en abstraction, il raréfie la critique littéraire.
Je sortis et pris une voiture.
Ainsi Descartes n’invente rien que sa méthode, c’est-à-dire une certaine manière d’ordonner ses pensées ; par elle, il établit entre des vérités anciennement connues une liaison inconnue, il féconde une parole stérile dans saint Augustin, et il en fait sortir Dieu, l’homme et le monde.
Sa crainte, c’est toujours de dire moins qu’il ne sent : il surcharge, il emmêle d’immenses périodes confuses, touffues, d’où sortent des éclairs et des flammes : son style, enfin, rend le fourmillement de la vie, son mouvement immense et multiple, avec l’étrange agrandissement, l’éclairage violent d’une vision d’halluciné.
Cela, sans pédanterie, sans nul prétentieux effort — et seulement parce qu’une tristesse sort des choses vues comme elles sont.
Car pourquoi la comtesse Martin, si fine, craint-elle d’avouer qu’elle sort, mais qu’elle est définitivement sortie, des bras de Le Mesnil ?
Mais, sans sortir ainsi du monde, ne peut-on pas trouver quelque oasis, sauvée du positivisme animal de nos contemporains ?
Et par le voile aux plis trop onduleux, ces Femmes Amoureuses du seul semblant d’épithalames Vont irradier loin d’un soleil tentateur : Pour n’avoir pas songé vers de hauts soirs de glaives Que de leurs flancs pouvait naître le Rédempteur Qui doit sortir des Temps inconnus de nos rêves.
Quand je me rappelle que telle Lettre Provinciale a été refaite jusqu’à treize fois ; quand je vois surchargé de ratures le brouillon d’une fable de La Fontaine ; quand je pense à l’implacable, acharnement avec lequel Rousseau et Flaubert retournaient une phrase dans leur tête pour la rendre conforme à leur idéal esthétique, je me dis qu’au nombre des influences qui développent les facultés contenues dans l’organisme initial, qui font sortir la fleur et le fruit du germe où ils étaient cachés, cette action de la pensée sur la pensée ne saurait être laissée de côté comme une quantité négligeable.
Qu’on dise tout le mal qu’on voudra de l’École avec un grand E : il est certain que les fantômes qui sortent de ce monument savent prendre partout leur bien, je veux dire ce qu’il faut pour, devant des yeux naïfs, se matérialiser.
Il est d’abord à propos de remarquer qu’il n’est jamais sorti de sa plume rien de médiocre : premier trait qui le distingue de tous les autres Ecrivains.
Ainsi, il est évident que quand une philosophie aussi savante et aussi éloquente que celle de Job nous apparaît tout à coup avec le livre qui porte ce nom dans la Bible, cette sagesse, cette expérience, cette éloquence, ne sont pas nées sans ancêtres du sable du désert, sous la tente d’un Arabe nomade et illettré ; il est également évident que quand un poète comme Homère apparaît tout à coup avec une perfection divine de langue, de rythme, de goût, de sagesse, aux confins d’une prétendue barbarie, il est évident, disons-nous, qu’Homère n’est pas sorti de rien, qu’il n’a pas inventé à lui seul tout un ciel et toute une terre, qu’il n’a pas créé à lui seul sa langue poétique et le chant merveilleusement cadencé de ses vers, mais que derrière Job et derrière Homère il y avait des sagesses et des poésies dont ces grands poètes sont les bords ; littératures hors de vue, dont la distance nous empêche d’apprécier l’étendue et la profondeur.
Le pauvre philosophe s’est trouvé dans l’alternative cruelle ou d’abandonner la malheureuse à son mauvais sort, ou d’accréditer des soupçons déplaisans pour lui, de la plus fâcheuse conséquence pour celle qu’il secourait.
Je vois sortir de la bouche de cet artiste en légende : de contemnenda gloria ; écrit en rouleau autour de son ébauchoir : de pane lucrando ; et sur la frange de son habit : fi de la gloire, et vivent les écus !
Le Correge qui n’étoit pas encore sorti de son état, quoiqu’il fut déja un grand peintre, étoit si rempli de ce qu’il entendoit dire de Raphaël, que les princes combloient à l’envi de présens et d’honneurs, qu’il s’étoit imaginé qu’il falloit que l’artisan, qui faisoit une si grande figure dans le monde, fût d’un mérite bien superieur au sien qui ne l’avoit pas encore tiré de sa médiocrité.
Les vers des anciens, que ce poëte a tournez en françois avec tant d’adresse, et qu’il a si bien rendus la partie homogene de l’ouvrage, où il les insere, que tout paroît pensé de suite par une même personne, font autant d’honneur à Despreaux, que les vers qui sont sortis tout neufs de sa veine.
Si le sort ne m’eut donnée à vous, mon bonheur dépendoit de l’avoir pour époux.
Ils veulent que la pensée fasse le vide autour d’elle pour avoir le plaisir, eux, de franchir la zone déserte, d’entrer dans le sanctuaire, d’y séjourner et surtout d’en sortir en déclarant qu’ils ont compris, mais qu’il s’en faut que tout le monde en puisse autant faire.
Un nouveau droit public doit sortir des nouveaux rapports entre les peuples.
on ne pouvait sortir que par la bassesse d’une mésalliance.
La conclusion qui doit sortir de ces événements et de ces récits, prémisses du raisonnement que tout historien impose ou fait faire à son lecteur, il ne la tire pas avec cette force qui en serait l’évidence.
Et pourtant Auguste et Périclès sont, à part leur grandeur historique et la poésie de l’éloignement, bien moins intéressants pour nous que Louis XVI, auquel nous touchons et dont nous sommes sortis, notre aïeul direct en histoire !
Cette publication, après nous avoir découvert dans le grand Écrivain, comme ses amis l’appellent encore, le prosaïsme fondamental sous la poésie de la surface le sans esprit absolu, la nullité ou la médiocrité des aperçus, le commun insupportable de ces lettres qui tuent le poète plus ou moins artificiel qui est dans ses ouvrages, mais qui ne sort jamais ni du fond de l’âme ni du fond de la vie, cette publication met à bas, tout à coup et du même coup, le masque poétique et grandiose que Madame Sand s’était composé et sous lequel on la voyait, fantaisie errante et féconde, imagination désintéressée !
Un homme dont il parle dans sa Dramaturgie avec le sentiment du respect le plus profond, mais de l’apparition duquel dans l’histoire littéraire il n’a pas tiré les conséquences qu’il aurait fallu, aurait dû lui apprendre que l’ancien monde dramatique était clos et forclos, et qu’il sortirait de cet homme-prodige une théorie qui ne serait même plus une théorie et qui emporterait les théories anciennes, comme des pailles dans un ouragan !
Il consiste à reprendre d’une main tout doucettement ce qu’il a donné de l’autre avec un grand geste, et ce qui suit va le faire comprendre : Agrégé à la Faculté des lettres, sorti de l’Université pour entrer à l’Académie dont il a voulu le prix qu’il n’a pas manqué, ayant par conséquent des terreurs respectueuses fort naturelles pour le progrès, et non moins naturellement des affections intellectuelles pour l’Église, M.
Lui ne mourut pas ; il revint blessé, mais l’âme guérie, et ses Confidences nous retracèrent, avec la flamme qui ne sort jamais qu’une seule fois du volcan de la tête d’un homme, les douleurs de cet amour affreux qu’il noya enfin dans l’hémorragie des blessures.
Moi qui suis persuadé que la douleur peut magnifiquement féconder un homme, je m’attendais à voir sortir le grand poète, le poète définitif, du fond de cette riche nature de poète qui s’est tant dépensée sur les grands chemins, en entrant dans toutes les auberges ; je m’attendais à le voir clore cette vie qui n’a eu qu’un tort, c’est d’être trop heureuse, mais qui ne l’a plus… Je dirai tout à l’heure les qualités du recueil, et si j’ai cité, à une strophe près, toute sa préface, c’est qu’elle donne bien la teinte générale de son livre, et, comme il le dit lui-même, sa senteur.
Oui, l’œuvre sort plus belle D’une forme au travail Rebelle ; Vers, marbre, onyx, émail !
Par l’aube éternelle guidée, Entrevoyant d’autres beautés, L’âme, au sort commun décidée, S’acclimate aux vives clartés Et se fait à la grande idée, Voit la terre avec d’autres yeux, Se prépare au voyage étrange, Laisse à tout d’intimes adieux, S’observe, s’écoute, se range, Se tourne souvent vers les cieux ; Se concentre dans elle-même Laissant déborder par moments Dans l’amitié de ceux qu’elle aime Les précurseurs épanchements De la fin prochaine et suprême !
… Tu peux sans sortir du réel Dépasser ces sommets du globe et de l’histoire.
Paul Bourget, on put s’étonner de les voir sortir de chez Alphonse Lemerre, l’éditeur spécial des Parnassiens, et qui s’est fait de leur nom une heureuse étoile.
L’orateur parle avec éloquence de tous les maux que nos ancêtres ont soufferts sous ce tyran ; il peint les brigandages et les rapines, les riches citoyens proscrits, leurs maisons pillées, leurs biens vendus, l’or et les pierreries arrachées aux femmes ; les vieillards survivant à leur fortune ; les enfants mis à l’enchère avec l’héritage de leurs pères ; le meurtre employé comme les formes de justice, pour s’enrichir ; l’homme riche invoquant l’indigence, pour échapper au bourreau ; la fuite, la désolation ; les villes devenues désertes et les déserts peuplés ; le palais impérial, où l’on portait de toutes parts les trésors des exilés et le fruit du carnage ; mille mains occupées jour et nuit à compter de l’argent, à entasser des métaux, à mutiler des vases ; l’or teint de sang, posé dans les balances, sous les yeux du tyran ; l’avarice insatiable engloutissant tout, sans jamais rendre, et ces richesses immenses perdues pour le ravisseur même qui, dans son économie sombre et sauvage, ne savait ni en user, ni en abuser ; au milieu de tant de maux, l’affreuse nécessité de paraître encore se réjouir ; le délateur errant, pour calomnier les regards et les visages, le citoyen qui de riche est devenu pauvre, n’osant paraître triste, parce que la vie lui restait encore, et le frère, dont on avait assassiné le frère, n’osant sortir en habit de deuil, parce qu’il avait un fils.
Est-ce le chrétien, le poëte, l’époux séparé mais tendre, qui se montre le plus dans ces vers de Paulin à Thérésia : « Viens, compagne inséparable de mon sort !
En tous cas, le gouvernement est l’état-major du parti qui a la majorité et sort d’elle. […] Le clergé est une famille qui ne peut périr ; les biens y sont donc attachés pour toujours et n’en peuvent pas sortir. […] C’était l’idée de la liberté individuelle qui était venue dans le monde et qui devait se transformer, se développer, mais n’en point sortir. […] Il est sorti de l’idéal et a condescendu à se mettre comme à la portée de la pratique et à coopérer à ce qui est possible. […] C’est une chose déplorable qu’il ne soit jamais sorti un bon livre des Universités de France et qu’on ne puisse seulement trouver chez elles une instruction passable de l’astronomie, tandis que l’université de Cambridge produit tous les jours des livres admirables de cette espèce.
Regardez la cane qui s’avance « comme à un rendez-vous d’affaires », la dinde qui « ne sort jamais sans son ombrelle ». […] (Tous sortent ; entre une femme de chambre. […] Il en sort plus dépouillé que l’homme de Platon, quand le cynique l’eut accommodé. […] De la poétique de Racine, rien ne pouvait sortir et rien n’est sorti. […] Tristesse, orgueil, orgueil de la tristesse, nous n’en sortirons pas, et M. de Gourmont non plus.
— De cette bouche, la prose fluette de Marivaux s’en accommode assez volontiers, et elle en sort sans trop de foulures ; mais pour les grands vers du Misanthrope, c’est une autre affaire ! Ils sont obligés de se faire si petits pour sortir par cette étroite porte, qu’ils en retombent sur la scène tout essoufflés et tout aplatis. — Les narines de madame Plessy sont deux ironies roses, qui semblent se railler à tout propos de l’exiguïté de sa bouche. […] De là vient que le romantisme, dans ses élans les plus humains, ne sort pas de la poésie intime. […] Mais que les bourgeois de la rive gauche y prennent garde : S’ils s’avisaient, un jour, de marier aux notes tonitruantes de sa voix les mélodies suraiguës de la clef forée, ils ne sortiraient pas vivants de la salle. […] Louis Enault, touriste et narrateur infatigable, qui a fait, au sortir du collège, son voyage de circumnavigation autour du globe, et qui, depuis, a jonché toutes les routes littéraires des frêles monuments de son érudition armée à la légère et des caprices de sa fantaisie.
Point n’est besoin de sortir de la nature pour la comprendre. […] C’est ainsi que, sans sortir de la matière, on arrive à expliquer des modifications dans la vitesse et la direction du mouvement. […] Car il faut être bien sûr que les matériaux, d’où l’on pense voir sortir la vie, sont véritablement inorganiques. […] Aux dynamistes on reproche un apriorisme qui sort des cadres de la science et ne comporte pas de relation définie avec les faits. […] On n’écarte le reproche de tautologie stérile qu’en introduisant des considérations qui sortent de la pure logique.
Ç’a été le sort de Baudelaire. […] La période, un peu lente, mais souple, est adaptée au rythme de la parole intérieure qui sort du fond d’une conscience ramenée sur elle-même et se racontant son rêve. […] Le grand trou noir, d’où nous sortons dans la douleur pour y retomber dans la douleur, s’ouvrirait devant elles, à jamais noir et à jamais vide. […] Il avait commencé de créer une poésie nouvelle où se fondaient ses deux natures, et d’où sont sortis en définitive Baudelaire et Verlaine d’une part, de l’autre MM. […] A peine au sortir des livres, il fit la guerre.
Ainsi muni, il va s’asseoir l’après-midi au café de Will, qui est le grand rendez-vous littéraire ; les jeunes poëtes, les étudiants qui sortent de l’université, les amateurs de style se pressent autour de sa chaise, qui est soigneusement placée l’été près du balcon, l’hiver au coin de la cheminée, heureux d’un mot, d’une prise de tabac respectueusement puisée dans sa docte tabatière. […] On pense, en écoutant ces sanglots terribles, aux vétérans de Tacite, qui, au sortir des marais de la Germanie, la poitrine cicatrisée, la tête blanchie, les membres roidis par le service, baisaient les mains de Drusus, et lui mettaient les doigts dans leurs gencives, pour lui faire sentir leurs dents usées, tombées, incapables de mâcher le mauvais pain qu’on leur jetait. « Debout, debout, — vous usez vos heures endormies — dans une indolence désespérée que vous appelez faussement philosophie. — Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. — À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, — je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. — Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, — leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. — Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] Le sénateur Antonio arrive chez cette Aquilina, qui l’insulte ; cela l’amuse ; les gros mots reposent, au sortir des respects ; il fait la petite voix, il manie son fausset, comme un pitre. « Nacki, Nacki, Nacki ; je suis venu, petite Nacki ; onze heures passées ; une bonne heure ; assez tard en conscience pour se mettre au lit, Nacki. […] Il élève au premier rang « l’admirable Boileau, dont les expressions sont nobles, le rhythme excellent, les pensées justes, le langage pur, dont la satire est perçante et dont les idées sont serrées, qui, lorsqu’il emprunte aux anciens, les paye avec usure de son propre fonds, en monnaie aussi bonne et de cours presque universel748. » Il a la roideur des poëtes logiciens, trop réguliers et raisonnables, blâmant l’Arioste, « qui n’a su ni faire un plan proportionné, ni garder quelque unité d’action, ou quelque limite de temps, ou quelque mesure dans son énorme fable, dont le style est exubérant, sans majesté ni décence, et dont les aventures sortent des bornes du naturel et du possible749. » Il ne comprend pas mieux la finesse que la fantaisie. […] Vers le mois d’avril 1700, il essaya de sortir ; son pied foulé se gangrena ; on voulut tenter l’opération, mais il jugea que ce qui lui restait de santé et de bonheur n’en valait pas la peine.
Puis il m’introduit, au crépuscule, dans une chaumière, où au moment de prendre une pomme de terre dans un pot de fonte sur le feu, il est soudain arrêté par la vue d’une femme couchée à terre sur la figure, et les cheveux répandus ainsi qu’une queue de cheval dans une mare de sang, et comme il sort dans la cour, il se trouve en face d’un homme appuyé debout sur une herse, en train de mourir, avec un restant de vie dans les yeux, épouvantant. […] Et sur ce rêve, la conversation monte, et je dis qu’il serait du plus haut intérêt que l’ascendance de tout homme de lettres fût étudiée par un curieux et un intelligent jusque dans les générations les plus lointaines, et que l’on verrait le talent venant du croisement de races étrangères ou de carrières suivies par la famille ; et qu’on découvrirait dans un homme, comme Flaubert, des violences littéraires, provenant d’un Natchez, et que peut-être chez moi, la famille toute militaire dont je sors, m’a fait le batailleur de lettres que je suis. […] Malheureusement, je crois déjà l’avoir dit, je ne peux pas formuler quelque chose, sans que mon écriture soit une façon de dessin, d’où sort mon talent d’écrivain. […] C’est lui qui, à une messe de minuit de Noël, où les paysans qui s’étaient grisés avant, faisaient du bruit, son surplis déjà à moitié sorti de la tête, leur cria : « Eh ! […] C’était une petite académie d’après un modèle affectionné par Regnault, un modèle à l’anatomie nerveuse, à la tête de mulâtre, et dont le corps artistique lui donnait une espèce d’enfièvrement dans le travail, un enfièvrement tel, me disait-il, qu’il sortait tout en sueur de ces séances du soir, pendant lesquelles avait lieu le concours.
Après cette épreuve dont il sortit triomphant, il se crut vraiment digne d’être couronné au Capitole, et ne douta plus de lui-même. […] L’épreuve était délicate, et je comprends très bien qu’il n’en soit pas sorti victorieux. […] Le poète s’indigne à bon droit des mœurs efféminées de son temps, et compare le sort des hommes qui vivent de leur intelligence au sort des hommes qui vivent de leur voix. […] À peine Claude est-il sorti que Beauséant paraît et réussit à éloigner la mère de Claude, en lui disant que son fils l’attend dans le village. […] Clinias devine, aux premières paroles de la jeune esclave, le sort réservé à ses deux amis.
Dantès y vient presque numéroté : j’entends qu’il sort de prison ; nos numerus sumus. » M. […] Car d’un public sort une foule qui lui ressemble. […] La famine, qui fait sortir le loup du bois, met un couteau dans la main de l’homme. […] Quel exemple d’un sort extraordinaire ! […] Pour eux, cela seul est intéressant qui sort de l’ordre commun, et il faut que le poète soit un être d’exception.
À peine sommes-nous sortis des écoles, où l’on reçoit une éducation insuffisante, tout à fait anachronique, que nous sentons la nécessité de nous construire une opinion et de donner à notre âme, à nos croyances, une certaine stabilité ! […] Et, si un seul homme, jusqu’ici, le sculpteur Rodin, a su réaliser dans la pierre rebelle les traits augustes de Hugo ; je ne connais que Saint-Georges de Bouhélier qui ait su trouver des phrases assez fortes pour évoquer, splendidement, la tragique physionomie de l’œuvre du poète : « De la fréquentation d’Orphée et de Moïse, a-t-il écrit, cet homme est sorti tout hagard. […] voilà une race que vous avez murée pendant des siècles dans les ghettos immondes, à laquelle vous avez interdit toute jouissance un peu noble, que vous avez obligée à vivre les yeux perpétuellement fixés sur des tas d’or et l’esprit sur la vengeance à tirer de vos orgueils… voilà des gens que vous ne faisiez sortir de leurs ruelles infâmes où ils croupissaient, les uns dans l’or, les autres dans l’ordure, que pour les conduire au bûcher au nom de votre dieu d’amour, et vous vous étonnez que ces gens-là n’aient pas une âme héroïque et claire de chevaliers ! […] Je sors de la Cour d’Assises.
Ce sont des créations de sa fantaisie que ces Scaramouches, ces Crispins, ces Arlequins, grimaçantes silhouettes de l’homme, types tout à fait inconnus à la grave antiquité, et sortis pourtant de la classique Italie. […] Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche ; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture ; prenant, comme Protée, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se cachant toujours derrière le personnage ; s’occupant avant tout d’être à sa place, et lorsqu’il lui adviendrait d’être beau, n’étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d’une scène parlée ; en un mot, tel que le ferait l’homme qu’une fée aurait doué de l’âme de Corneille et de la tête de Molière. […] Son drame ne sort pas de Londres, il commence le 25 juin 1657 à trois heures du matin et finit le 26 à midi. […] Ils traitent surtout de ridicules ces endroits merveilleux où le poëte, afin de mieux entrer dans la raison, sort, s’il faut ainsi parler, de la raison même.
On ne les explique que par cette attraction de l’antithèse qui pousse les individus à sortir de leurs habitudes, ne fût-ce que par imagination. […] Enfin l’art et en même temps les lettres, car les deux sont régis par la même loi, allaient sortir de l’ornière classique. […] Tout se trouvait jeté dans le baquet aux injures son étude nouvelle de l’homme physiologique, le rôle tout puissant rendu aux milieux, la vaste nature éternellement en création, la vie enfin, la vie totale, universelle qui va d’un bout de l’animalité à l’outre sans haut ni bas, sans beauté ni laideur et les audaces de langage, la conviction que tout doit se dire qu’il y a des mots abominables nécessaires comme des fers rouges qu’une langue sort enrichie de « ces bains de force et surtout l’acte sexuel, l’origine et l’achèvement continu du monde tiré, de la honte où on le cache, remis dans sa gloire sous le soleil. […] Dans tous ses ouvrages la vertu, le dévouement ont un triste sort.
Aussi, qu’il arrivât à l’ouvrage un de ces petits incidents, comme une censure inintelligente en sème sur la route des auteurs, ce n’était pas aux subalternes que le baron Taylor s’adressait ; il n’allait pas faire antichambre chez messieurs de la commission, ou le pied de grue dans le corridor des Beaux-Arts, pour attendre que quelque chef de bureau sortit de son cabinet où il n’avait pas le droit d’entrer. […] « Si cette comédie n’a pas eu le sort que lui promettaient les prédictions unanimes de la répétition, je ne puis accuser les acteurs, dont le talent et le zèle m’ont au contraire prêté un appui dont je suis vivement reconnaissant, et qui m’a aidé dans la lutte de tous les jours que j’ai eu à soutenir contre la malveillance préméditée de l’administration du théâtre, concentrée aujourd’hui tout entière dans la personne de M. […] Hugo dit aux canons des Invalides : le fondeur a jeté dans le moule dont vous êtes sortis, l’étain, le cuivre et l’oubli du vaincu. […] Vivant toujours en avant d’elle-même : soit que la magie de l’imagination la transporte sur les cimes les plus élevées de l’illusion et du bonheur, soit que les angoisses de la souffrance la plongent dans les abîmes les plus profonds, toujours vous croyez entendre sortir du fond de sa joie ou du fond de sa tristesse inassouvies, ce cri : plus loin, là-bas, là-bas.
Delmare trouve l’occasion heureuse pour secouer son ennui, et voyant que l’aventure prend une tournure guerrière, il sort, malgré la pluie et ses rhumatismes, avec son fusil de chasse, décidé à se faire justice.
Or, excepté lui, pourtant, il n’y a dans le livre entier qu’une grande complication de plainte et d’amertume ; il y a le sentiment immense d’un mal sans remède ; et ce mal, au lieu de se rapporter à certaines circonstances sociales et d’être relatif au sort des individus en question, envahit tout, se généralise dans la création comme dans la société, accuse la Providence autant que les lois humaines.
Le pur où sa modestie lui permettra de sortir des questions trop particulières et de se porter avec toutes les ressources de son investigation et de sa science sur des sujets d’un intérêt plus ouvert, il est fait pour marquer avec nouveauté son rang dans la critique et pour se classer en vue de tous.
Nous voguions le soir hors du port, nous allions rentrer : une musique sortit, elle était suivie d’une quarantaine de petites embarcations qu’elle enchaînait à sa suite et qui la suivaient en silence et en cadence.
« Sortis des malheurs attachés à la caducité des rois par des événements que nous n’avons pas provoqués, on nous a offert les malheurs d’une minorité que l’instinct du peuple ne comprendrait pas ; et c’est sérieusement que des hommes d’honneur, de bon sens, qui se sont montrés capables de combinaisons politiques, trouvent des paroles qu’ils appellent des principes, et des phrases qui ressemblent à du sentiment, pour nous dire que ce terme moyen entre le passé et l’avenir pouvait suffire à toutes les exigences !
Jouffroy d’être sorti enfin de tout le passé dans lequel il se plongeait pour l’explorer, l’inventorier à plaisir, sans jamais rien en tirer de vivant pour l’avenir de l’humanité.
Vous vous estimerez heureux de commencer par imiter les naïfs imagiers qui, désespérant de rendre par l’attitude des corps les mouvements des âmes, faisaient sortir de la bouche de leurs personnages une bandelette où ils inscrivaient ce qu’ils se sentaient impuissants à exprimer.
Et très longuement j’envisage, Pour savoir si j’ai le cœur fort, Pour m’assurer de mon courage, La tristesse de votre sort.
Si tu ne veux essayer des cachots de la Vicaria, et si tu n’as point d’argent, choisis de deux choses l’une : ou recevoir sur la paume des mains dix coups de cette férule, ou bien, les braies basses, recevoir cinquante coups d’étrivières ; car de toute façon tu ne sortiras pas de nos mains sans faire pénitence de tes fautes.
Le roi parut prendre tant de plaisir à cette entrée, que Dominique la fit durer le plus longtemps qu’il lui fut possible, et il s’y échauffa tellement, que, n’ayant pu changer de linge au sortir du théâtre (parce qu’il lui fallut exécuter son rôle tout de suite), il lui survint un gros rhume qui se tourna en fluxion de poitrine.
Ce n’étaient pas des poètes méconnus qu’une gloire soudaine sortait de l’ombre.
Il y a donc là un problème, important s’il en fut jamais, et de la solution duquel sortiraient des données capitales sur tout le sens de la vie humaine.
On l’entend sortir des appartements de Versailles.
Puis brusquement : Je sors. » Il se dirigea vers la porte.
En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame.
Il leur paroît étrange que la faveur déclarée d’un grand prince, d’un ministre tel que Mécène, ne puisse aider au talent, le faire sortir, & le créer en quelque sorte.
Au sortir des Écoles de Droit il choisit la profession de Comédien, par l’invincible penchant qu’il se sentait pour la Comédie.
Cette fable rentre un peu dans celle du mouton, du pourceau et de la chèvre, avec cette différence que le chapon est plus maître d’échapper à son sort.
Il faut, autant qu’il est possible, simplifier l’enseignement théologique, c’est de là que sortent toutes les hérésies, les disputes et les troubles les plus funestes de la société.
Plus tard, la révolution terminée, l’expérience faite, le rêve envolé, Mme la princesse de Belgiojoso quitta l’Europe, et sans fracas, sans cris de vaincu, sans mauvais goût d’aucune sorte, comme une femme qui s’enveloppe dans son voile et sort du spectacle, elle s’en alla promener de nouvelles curiosités ou son désenchantement en Asie.
Pourquoi Dieu, lassé à la fin, n’aurait-il pas sorti ce peuple ingrat de l’orbe de ses miséricordes ?
Le soleil, rutilant, fourmillant et dardant qu’il a toujours été, dans tous les écrits sortis de sa plume, vient donc de toucher au point culminant de son zénith et il peut s’y maintenir longtemps.
ils n’ont plus qu’un pied dans le trumeau, mais ils en sont sortis par la tête et par la poitrine.
Emporté, quand il sortit de cette nursery des petits Mabillons qu’attend toujours la France, emporté à trois ou quatre facultés diverses, Francis Wey eut une manière de s’égayer à lui.
Ils n’ont plus qu’un pied dans le trumeau, mais ils en sont sortis par la tête et par la poitrine.
Voyez, en effet, est-ce que, sans sortir de leur groupe, pour un comte de Vaublanc, nous n’avons pas eu un Joseph de Maistre et un Bonald ?
Mais l’intérêt d’un règne dont on est sorti, c’est brûlant, cela, comme le bronze d’un canon qu’on vient de tirer !
Gibbon, moins spirituel, lourd cockney qui se croyait fin, Gibbon, qui achevait son Histoire, en Suisse, parla de Mahomet comme d’un marchand de vulnéraire… suisse, et il lui prêta des miracles, à lui qui a vingt places dans le Coran dit que Dieu lui a refusé le don d’en faire, et des miracles ridicules encore, comme, par exemple, de faire descendre la lune par le col de sa robe, pour l’en faire sortir par la manche !
C’est de ce groupe obscur de jeunes hommes, dont plusieurs sont devenus célèbres à des degrés différents, que Gérard de Nerval est sorti.
n’a pas de l’originalité à toutes ses pages, mais qui en a une supérieure, quand il en a, Hégésippe Moreau, avec moins même qu’un volume, est entré, pour n’en plus sortir, dans la littérature de son siècle.
Jamais personne n’a eu, comme Heine, de ces façons spirituelles, imagées, poétiques, cavalières et impertinentes d’entrer dans la philosophie et… d’en sortir !
… Si c’était seulement un Corneille mieux connu, mieux éclairé, plus pénétré, plus sorti enfin de cette ombre dans laquelle les circonstances ont enveloppé la vie du grand Corneille pour faire contraste avec l’éclat de sa gloire, ne serait-ce pas plus modeste, moins clic-claquant et plus vrai ?
Didier veut être tout cela, — l’auteur des Amours d’Italie n’est donc pas sorti de ce qui fut à toute époque sa voie de préoccupation et d’étude.
Feuillet sortit de là biographe animé, charmant de renseignement et même de mélancolie.
Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.
« Lorsque je ferme les yeux, dit-il, et que je baisse un peu la tête, je fais apparaître une fleur au milieu du champ de la vision ; cette fleur ne conserve pas sa première forme, elle s’ouvre, et de son intérieur sortent de nouvelles fleurs, formées de feuilles colorées et quelquefois vertes. […] « Il y avait peut-être vingt minutes que j’étais couché, je ne dormais pas encore, quand j’entendis du bruit dans la pendule placée sur ma cheminée, puis une voix qui en sortait et qui me disait : “Tu partiras, tu partiras ; dans deux jours, on te coupera le cou ; c’est ta tête, c’est ta tête qu’il nous faut. […] À peine au lit, il entend la même voix et les mêmes paroles sortir de la pendule.
C’est très commode, je me promène, je sors de chez vous par exemple : crac ! […] L’expression de ses yeux était comme un grand étonnement… La main devint glacée… C’était fini… J’ai voulu user ma douleur… Je ne suis pas sorti d’ici… Je n’aurais jamais pu y rentrer. » Après un silence : — « Pour cet enfant… c’était une manie, une toquade… J’avais toujours peur… Quand je revenais, en descendant de gondole, mes yeux se portaient aux fenêtres de suite… Je craignais toujours voir un accident, un attroupement, je ne sais quoi… Oh ! […] Et je pensais très tristement, que si demain Montmartre devenait un Vésuve, et qu’il enterrât sous sa lave Paris, je pensais à l’étonnement des fouilleurs des siècles futurs, quand sortirait de la lave ou de la cendre, le Priapeion célèbre de Paris.
Il se disposait à faire rétrograder ses troupes, quand il reçoit une lettre de Bazaine, lui annonçant qu’il sortirait, le 26, de Metz. […] Vous avez vu des vieillards à la vue fatiguée, qui, pour regarder, soulèvent avec effort leurs lourdes paupières, eh bien, Théo, pour parler, a besoin d’un effort physique semblable de tout le bas du visage, et tout ce qui sort maintenant de lui, semble être arraché, par de la volonté douloureuse, à l’engourdissement d’un état comateux. […] Au milieu du déjeuner, à propos de l’huile d’une salade, qu’il trouve excellente, il se met à faire un historique imagé des huiles et des miels de la Grèce, qu’il termine, en comparant le miel de l’Hymète « à du sablon jaune entrelardé de bougie. » Les phrases charmantes, qui sortent de sa bouche, ont quelque chose de mécanique ; elles finissent, elles s’arrêtent, tout à coup, comme une phrase, qu’aurait mise Vaucanson dans le creux d’un automate.
Vous ne tirerez jamais d’une idée par vous construite ce que vous n’y aurez point mis, et si l’unité avec laquelle vous composez votre nombre est l’unité d’un acte, et non d’un objet, aucun effort d’analyse n’en fera sortir autre chose, que l’unité pure ou simple. […] Aussi ne prennent-elles pas dans notre esprit la forme banale qu’elles revêtiront dès qu’on les en fera sortir pour les exprimer par des mots ; et bien que, chez d’autres esprits, elles portent le même nom, elles ne sont pas du tout la même chose. […] Si les termes qui coexistent s’organisent ensemble, jamais le nombre n’en sortira ; s’ils demeurent distincts, c’est qu’ils se juxtaposent, et nous voilà dans l’espace.
Ou bien donc nos analyses sont entachées d’un vice originel, ou elles doivent nous aider à sortir des difficultés qu’elles soulèvent. […] Alors nous avons cru voir l’action sortir de ses antécédents par une évolution sui generis, de telle sorte qu’on retrouve dans cette action les antécédents qui l’expliquent, et qu’elle y ajoute pourtant quelque chose d’absolument nouveau, étant en progrès sur eux comme le fruit sur la fleur. […] On pourrait donc, dans une certaine mesure, se dégager de l’espace sans sortir de l’étendue, et il y aurait bien là un retour à l’immédiat, puisque nous percevons pour tout de bon l’étendue, tandis que nous ne faisons que concevoir l’espace à la manière d’un schème.
Les cuirassés manquent de couler dès qu’il sortent du port — c’est la faute des Juifs. […] Nous réveillerons son énergie, nous exalterons en elle l’enthousiasme pour des causes nobles et sacrées, nous la sortirons du doute et de l’inquiétude ; par nos œuvres, nous lui créerons une âme. » M. […] » s’écrient nos maîtres et leurs thuriféraires. « Mourir pour la Patrie, c’est le sort le plus beau ! […] Vouloir sans motif, toujours souffrir, puis mourir, et ainsi de suite dans les siècles des siècles, jusqu’à ce que la planète s’écaille en petits morceaux, tel est le sort de l’homme… Cesse de vouloir ; fais cela pour moi ; donne l’exemple. […] De telle sorte qu’au sortir d’un sermon où le prédicateur leur conseilla d’observer ce commandement de leur Dieu : « Tu ne tueras point », ils se rendent volontiers à quelque conférence où l’on commente les vertus mirifiques d’un nouvel obus capable de mettre en charpie un centaine d’hommes d’un seul coup.
En l’état où vous êtes, sortir de France seulement pour vingt-quatre heures, c’est s’en bannir pour jamais. […] La plûpart des morceaux passionnés de nos bons poëtes, sont sortis achevés de leur plume, & paroissent d’autant plus faciles qu’ils ont en effet été composés sans travail : l’imagination alors conçoit & enfante aisément. […] François premier abolit l’ancien usage de plaider, de juger, de contracter en latin ; usage qui attestoit la barbarie d’une langue dont on n’osoit se servir dans les actes publics, usage pernicieux aux citoyens dont le sort étoit réglé dans une langue qu’ils n’entendoient pas. […] Le plus bel exemple d’une hauteur noble & bien placée est celui de Popilius qui trace un cercle autour d’un puissant roi de Syrie, & lui dit : vous ne sortirez pas de ce cercle sans satisfaire à la république, ou sans attirer sa vengeance. […] Luc nous fait entendre que Jesus, après son retour à Nazareth, n’en sortit plus que pour aller tous les ans à Jérusalem avec ses parens, & que c’est là que se passerent les premieres années de son enfance, & non en Egypte.
D’Alembert était prudent, circonspect, sobre et frugal de doctrine, faible et timide de caractère, sceptique en tout ce qui sortait de la géométrie ; ayant deux paroles, une pour le public, l’autre dans le privé, philosophe de l’école de Fontenelle ; et le xviiie siècle avait l’audace au front, l’indiscrétion sur les lèvres, la foi dans l’incrédulité, le débordement des discours, et lâchait la vérité et l’erreur à pleines mains. […] quelle chaude poursuite du vrai, du bon, de ce qui sort du cœur !
Barnave, averti de l’affront, vint emmener sa femme et dit tout haut : « Je sors par ordre du gouverneur ». […] » — Mettons fin « à ce crime social, à ce long parricide qu’une classe s’honore de commettre journellement contre les autres… Ne demandez plus quelle place enfin les privilégiés doivent occuper dans l’ordre social ; c’est demander quelle place on veut assigner dans le corps d’un malade à l’humeur maligne qui le mine et le tourmente, … à la maladie affreuse qui dévore sa chair vive ». — La conséquence sort d’elle-même : extirpons l’ulcère, ou tout au moins balayons la vermine.
Un devoir social, au lieu d’un droit brutal, sort de chacun des instincts primitifs de l’homme social, à mesure qu’il a besoin de lois plus nombreuses et plus morales pour ses rapports plus multipliés avec les autres hommes ; au lieu d’être un droit, chacune de ces lois s’appelle un devoir. […] Sortis de la noblesse féodale du Tyrol, illustres dans la chevalerie tudesque de la Souabe, ils étaient devenus patriciens de Berne, et s’étaient alliés à Rome avec la maison princière des Ludovisi, démembrée en branches éparses entre Schaffhouse, Lyon, Genève.
Chez nous, il arrive quelquefois encore qu’un personnage, en se présentant sur la scène, commence par décliner son nom ; plus souvent, il nous explique pourquoi il entre, pourquoi il sort. […] Tandis qu’ils dédaignent cette mythologie grecque, qui ouvre l’histoire et se confond presque avec elle, ces brillantes conceptions de l’antiquité qui charment l’esprit sans l’abuser, ces ingénieuses fictions qui enveloppent une instruction profonde ; il leur faut des nécromants, des sorciers, des fées, des diables, tous les monstres nés de l’ignorance et sortis des ténèbres du moyen âge.
Mais ni l’impiété de Lucien, ni le spiritualisme de Platon, dont la science commence où finit celle d’Hippocrate et de Galien, ni le matérialisme de ce dernier, ne le rendaient indifférent aux systèmes opposés, et à mille autres connaissances de tout ordre qui prenaient place dans cette vaste mémoire pour en sortir quelque jour pêle-mêle, ou en leur lieu, sous les formes les plus capricieuses. […] On dirait ces oracles que le peuple, en certains pays, croit voir sortir de la bouché des fous.
Desportes et Bertaut ont eu peur du vol de leur maître ; ils ne l’ont pas suivi dans l’ode, n’étant pas aussi assurés que lui d’échapper au sort dont Horace a menacé les émules du Pindare thébain. […] Mais n’est-ce pas sortir du plan de cette histoire, que d’y donner place à des noms si évidemment secondaires ?
Mais je sors de mon sujet. […] Le Saint-Graal était une coupe remplie du sang sorti de la blessure que le Christ reçut sur sa croix.
Non seulement on n’a jamais recueilli en corps ses œuvres politiques, ses rares discours ; mais ses lettres, ses papiers, ses études particulières et silencieuses qu’il accumulait depuis tant d’années, et qu’il continua plus longtemps qu’on ne le suppose, rien de tout cela n’est sorti, et pourtant tout cela existe : nous le savions ; mais quand on nous a dit que ce précieux dépôt de famille était confié à M. […] Vers la fin, Sieyès habitait plus que jamais au-dedans et au fond de lui, et il n’en sortait plus.
Richet hypnotise une femme et lui dit : « Quand vous serez réveillée, vous prendrez ce livre qui est sur la table et vous le remettrez dans ma bibliothèque. » Une fois réveillée, la femme se frotte les yeux, regarde autour d’elle d’un air étonné, met son chapeau pour sortir, puis, avant de sortir, jette un coup d’œil sur la table : elle voit le livre en question, le prend, lit le titre : « Tiens, vous lisez Montaigne.
Lui-même, il l’avoue, et il raconte qu’au sortir de ces fêtes de dommage, il rentrait dans sa maison, plus disposé à aimer l’argent, l’ambition, la luxure, qu’il ne l’était au moment d’en sortir, — « Eh ! […] Il fit encore deux ou trois tours dans l’appartement, en sifflant un air de la Norma ; puis, se posant devant moi : Par hasard, me dit-il, avez-vous vu sortir, des magasins d’Érard, quelque beau piano tout neuf, chef-d’œuvre sonore de l’habile facteur ?
… « Entrer dans la peau du bonhomme » est une expression à la mode dans laquelle les hommes trouvent charmant d’empailler leur pensée ; mais je demande dans la peau de quel bonhomme Sainte-Beuve, qui n’en était pas un, est entré pour en sortir et rentrer dans la peau d’un autre ? […] S’il sortait de chez lui ou s’il y rentrait, c’était pour son article.
À tout moment de notre histoire, dans les nombreux ouvrages sortis de sa plume, la question dominante, pour lui, était la question monarchique, qui est de fait, pour les esprits sensés, toute la question de l’histoire de France. […] Capefigue a ajouté, il est vrai, à cette masse compacte de calomnies, l’injure abjecte de Fouquier-Tinville dans un de ces rapports où il éructait le sang qu’il avait bu ; mais cette injure, pour sortir de cette bouche basse et atroce, était-elle moins pour cela une vérité !
En tout cas, il est permis de soutenir que le génie créateur y est incomplet, et que quelque chose manque à ce livre pour prendre place au premier rang, soit dans la littérature de mémoires, parce que nous n’avons là qu’un épisode d’une vie, soit dans la littérature de roman, parce que les grandes œuvres d’imagination possèdent plus d’énergie vitale, plus de force créatrice, et animent, sinon des foules, du moins des groupes entiers de personnages sortis de la pensée humaine. […] Il dit du peintre Van Orley : « Vous trouvez en lui du gothique et du florentin… ici la pâte lourde et cartonneuse, la couleur terne et l’ennui de pâlir sur des méthodes étrangères ; là des bonheurs de palette, et la violence, les surfaces miroitantes, l’éclat vitrifié propres aux praticiens sortis des ateliers de Bruges. » Quelles images neuves, et quelle langue nouvelle aussi, combien forte !
À partir du double mariage de Valentine et d’Athénaïs, la vérité parfaite du commencement ne se montre plus que par retour : le talent essaye en vain de racheter à force de scènes le naturel et la vraisemblance qui ne peuvent sortir que de l’ensemble des situations lentement approfondies.
Hugo n’a pas à sortir de lui-même, et qu’il veut rendre seulement une impression personnelle, nous avons déjà remarqué que ses défauts disparaissent.
Le dictionnaire de Bayle fut un des livres essentiels du xviiie siècle ; il fit les délices de Voltaire, de Frédéric II, de tous les incrédules ; c’est le magasin d’où sortit presque toute l’érudition philosophique, historique, philologique, théologique, dont les philosophes s’armèrent contre l’Église et la religion.
XIX La civilisation moderne aura-t-elle le sort de la civilisation antique ?
Il vit bâtir, en Galilée ou aux environs, Tibériade, Juliade, Diocésarée, Gésarée, ouvrages pompeux des Hérodes, qui cherchaient, par ces constructions magnifiques, à prouver leur admiration pour la civilisation romaine et leur dévouement envers les membres de la famille d’Auguste, dont les noms, par un caprice du sort, servent aujourd’hui, bizarrement altérés, à désigner de misérables hameaux de Bédouins.
Si le thaumaturge eût effacé dans Jésus le moraliste et le réformateur religieux, il fût sorti de lui une école de théurgie, et non le christianisme.
Jésus (toujours dans l’hypothèse ci-dessus énoncée) désira voir encore une fois celui qu’il avait aimé, et, la pierre ayant été écartée, Lazare sortit avec ses bandelettes et la tête entourée d’un suaire.
… Et tel sera toujours le sort de tout homme qui osera écrire l’histoire de son temps, quand les faits, qui la font, saignent et brûlent encore.
Elle gardait en soi le génie qui peut produire des œuvres, comme elle gardait chez elle le Très Saint Sacrement, et, qu’on me passe cette expression qui dit bien ma pensée, elle n’en sortait ni l’un ni l’autre, pour leur faire faire des processions.
Ce fameux journal des rhéteurs reconnut immédiatement en Prévost-Paradol un soliste capable d’exécuter beaucoup de morceaux qui, depuis longtemps, ne pouvaient plus sortir des vieux gosiers fatigués de ses instrumentistes ordinaires… Saint-Marc Girardin ressemblait à un cachalot qui expire.
Ce héros de bal masqué, tué en plein bal masqué, par une de ces permissions providentielles qui semblent l’ironie du sort et parachèvent toute une destinée, ressemblait beaucoup à ces masques qui figurent deux personnes à la fois et réunissent, dans une opposition piquante, par exemple le profil d’un bel officier, à l’étincelant uniforme et au mâle visage, et le profil d’une femme en tous ses atours, pleine de langueur ou de coquetterie… Tel il fut dans sa vie, tel il apparaît dans l’histoire, cet homme plus étrange que grand à coup sûr, mais qui prend l’imagination par son étrangeté même !
Le xviiie siècle, ce monstre qui s’allongeait partout, lui était sorti des entrailles.
Si admirablement élevés qu’aient été nos officiers sortis de Saint-Cyr depuis 1805, — et même en raison de cette éducation militaire qui passe l’uniforme à l’esprit, — ils ne représentent pas la société de leur temps dans toutes ses nuances, comme ces belles jeunes filles, qui touchaient, elles, par tous les points de leur éducation et de leur vie, à toutes les idées et à tous les sentiments du xviie siècle, représentent celle du leur et la traduisent à l’imagination charmée.
Si Vauvenargues n’était pas mort au milieu de cette gloire, il aurait eu le sort de tous les favoris.
Ce Doudan, qui s’appelait Ximénès et qui n’était pas cardinal, — l’aurait-il été que ce n’eût pas été comme Ximénès, mais comme Bembo, — ce Ximénès Doudan sortait de terre, comme une taupe, ou de Douai, cette taupinière, et serait resté un petit professeur perdu quelque part sans les de Broglie, qui le prirent chez eux comme précepteur, et qui tombèrent bientôt sous le charme de cet esprit à qui les bégueules de la politique ne résistaient pas et qui, plus fort que Don Juan qui ne séduisait que les femmes, accomplissait ce tour de force et de souplesse de séduire des doctrinaires… Joubert avait été l’ami de Chateaubriand.
Et c’est ainsi qu’en vingt années, et sans sortir de l’aride milieu qu’il sut féconder, il put écrire sa Défense de l’Église, qu’il publia en 1853 et dont il nous donne une seconde édition aujourd’hui.
Si Vauvenargues n’était pas mort au milieu de cette gloire, il aurait eu le sort de tous les favoris.
Paul de Rémusat, qui a voulu grandir la mémoire de son père, sentiment honorable mais peu critique, pour que ce drame sortît du demi-jour des confidences et vint hardiment prendre rang d’œuvre littéraire au grand soleil, parfois cuisant, de la publicité.
Les qualités de sa manière y brillent autant que jamais, et les défauts aussi, disent les connaisseurs, c’est-à-dire l’incorrection dans le dessin à force de vouloir sortir du convenu et conquérir l’effet à tout prix, le sacrifice de la personne ou du groupe à la masse ; car Doré est bien plus le dessinateur de la masse et le peintre des foules que le peintre de la personnalité.
je ne crois pas que dans ce siècle de progrès, qui fait des questions de toutes choses et qui s’imagine être un grand améliorateur du sort des hommes, il y ait question plus importante, plus pressante, plus menaçante, plus épouvantable que celle-là, si nous avions la force virile de regarder fixement dans cet abîme, et si, comme des femmes, nous n’en détournions pas les yeux.
Mais rien ne sort.
On a dit que l’auteur des Courbezon et de Julien Savignac était un des plus vigoureux romanciers sortis de l’école de Balzac ; car tout homme de génie comme Balzac — qu’il l’ait voulu ou non — laisse derrière lui une École.
Janin est intellectuellement un de ces enfants qui ne seraient pas venus au monde, s’ils n’avaient eu un vigoureux aîné qui leur a fait large la voie par laquelle ils sortirent de l’obscur giron maternel.
Nous nous disions qu’ils étaient sortis du dix-huitième siècle par cette grande porte sanglante et qu’ils n’y rentreraient pas par la porte basse de quelque petite maison pour chercher le mouchoir oublié de quelque comédienne du temps, avec ces mains qui s’étaient purifiées en touchant pieusement les reliques de la reine de France.
C’est là en effet que toute l’antiquité se trouve ; là, chaque homme paraît tour à tour avec son génie, et les talents ou les vertus qui ont influé sur le sort des peuples.
Tel a été le sort du cardinal de Richelieu.
pour la beauté, ô vierge, c’est un sort envié dans la Grèce et de mourir et d’affronter d’insurmontables travaux.
C’est… c’est vieillir, c’est cesser d’aimer à sortir et cesser d’aimer le genre épistolaire ; ce n’est rien du tout. […] Ils ne sortaient jamais du très particulier et du très individuel. […] La matière à livres entrait en lui comme en un moule bien fait et en sortait. […] La réalité le pénétrait, l’imprégnait, s’organisait dans son cerveau en tableaux précis, et il fallait qu’elle en sortît. […] Il ne sort pas de là.
Qu’est-ce que cette gloire dont jouirait un homme à partir du moment où il sort de la conscience ? […] Ce sont des fourmis qui sortent après l’ondée de dessous les brins d’herbe, et voilà tout. […] De nouveaux saints, de nouveaux dieux, sont sortis de l’ombre sans qu’y aient pris garde ceux qui dissertent de l’origine des divinités. […] Quoique plus vigoureux, mais aussi dénué de force expansive, l’espagnol subirait le même sort et son histoire se continuerait outre-mer, à travers les immensités de plus de la moitié d’un continent immense. […] Ce personnage sortait évidemment d’une histoire illustrée de la peinture italienne, feuilletée le matin.
Perlet, le seul Perlet, nous peignait au naturel les ridicules de notre société actuelle ; on voyait en lui, par exemple, la tristesse de nos jeunes gens qui, au sortir du collège, commencent si spirituellement la vie par le sérieux de quarante ans. […] Aussi voyez-vous que Walter Scott, tout ultra qu’il est, et tenant à Édimbourg la place de M. de Marchangy à Paris, n’a garde de mettre de la politique dans ses romans ; il redouterait pour eux le sort de la Gaule poétique. […] Ingrats que vous êtes, ne vous plaignez donc plus de cette bonne censure, elle rend à votre vanité le plus grand des services, elle vous sert à persuader aux autres, et peut-être à vous-même, que vous feriez quelque chose si… Sans messieurs les censeurs, votre sort serait affreux, écrivains libéraux et persécutés ; le Français est né plaisant, vous seriez inondés de Mariage de Figaro, de Pinto, en un mot, de comédies où l’on rit. […] Les plus heureux de ces poètes, ceux que le public applaudit, étant en même temps journalistes libéraux, disposent du sort des premières représentations, et ne souffriront jamais l’apparition d’ouvrages plus intéressants que les leurs ; 4º Les moins redoutables des ennemis de la tragédie nationale en prose, telle que Charles VII et les Anglais, les Jacques bons Hommes, Bouchard et les moines de Saint-Denis, Charles IX, sont les poètes associés des bonnes-lettres.
Qu’on ne s’imagine pas que ce soit ici une traduction ; c’est un ouvrage qui est sorti de la plume de l’Abbé Guyon, & comme il est fait avec méthode & avec exactitude, il a été réimprimé en province avec l’Histoire d’Echard en 12. vol. […] Barthelemi, Magistrat intégre, vertueux, instruit & digne d’un meilleur sort. […] Son ouvrage est très-fautif, & quoiqu’on réimprime tout ce qui sort de la plume de M. de V. […] Quoique ce Jésuite ne fut point sorti de Paris, sa description n’en est pas moins exacte & la meilleure qui ait été faite dans aucune langue du vaste Empire de la Chine.
Si, malgré le secours de l’art, des différences si légères décident du sort des variétés cultivées, assurément, à l’état de nature, où chaque arbre doit lutter contre d’autres arbres et contre une armée d’ennemis, ces mêmes différences doivent évidemment suffire à décider quelle variété de fruit, lisse ou velue, à chair pourpre ou jaune, l’emportera finalement sur les autres. […] Telles sont par exemple les grandes mâchoires dont certains insectes se servent exclusivement pour ouvrir leurs cocons ou l’extrémité cornée du bec des jeunes oiseaux, qui les aide à briser leur œuf pour en sortir. Il paraîtrait que parmi les plus beaux spécimens de Pigeons culbutants à bec court, il en périt un plus grand nombre, dans l’œuf, qu’il n’en est qui réussissent à en sortir, si bien que les amateurs sont obligés de guetter le moment de leur éclosion pour les secourir au besoin. Dans le cas où il serait avantageux à un oiseau vivant à l’état sauvage d’avoir, comme nos Culbutants, un bec très court, cette modification ne pourrait se produire que très lentement ; et une sélection rigoureuse s’exercerait parmi les jeunes oiseaux encore dans l’œuf, choisissant ceux dont le bec serait le plus dur et le plus fort, tandis que ceux à bec faible périraient inévitablement ; ou bien, encore, ce seraient les petits sortis des coquilles les plus fragiles qui seraient choisis, l’épaisseur de ces coquilles pouvant varier autant que tout autre organe.
L’épopée est également en pleine décadence ; on met les poèmes en prose ; ils rentrent ainsi dans ces limbes des légendes d’où ils étaient sortis. […] Une histoire littéraire, telle que je la rêve, dirait toutes les nuances de cette foi nouvelle, d’où la nature et l’amour, les hommes et les dieux sortirent rajeunis. […] Eux, ils s’acharnaient au présent, sans sortir de la formule usée ; ils démolissaient, faisant œuvre nécessaire mais en soi inféconde ; lui, il regardait à l’avenir ; ils avaient le savoir ; il avait la foi ; eux demandaient des réformes ; Rousseau portait en lui la Révolution, un monde nouveau. […] Pour l’heure, restons en France, devant ce spectacle merveilleux d’un peuple qui trois fois déjà est sorti des ténèbres de l’anarchie pour marcher à l’ordre, à la lumière.
Hugo, je disais, après quelques mots sur sa Comédie de la Mort (15 septembre 1838) : … Voilà pour l’éloge ; mais, à peine sorti de cette pièce, et en continuant la lecture du volume à travers les autres pièces de tous les tons qui le composent, on ne tarde pas à s’apercevoir que le procédé de l’auteur ne se conforme pas toujours au sujet, n’est pas, tant s’en faut, proportionné à l’idée ou au sentiment, qu’il y a parti pris dans le mode d’expression exclusivement tourné à la couleur et à l’image.
Voilà qu’elle apparaît d’abord, cette seconde anarchie dont il fallait sortir pour arriver enfin au régime légal, et gagner le peu de liberté qui, à peine acquis, fut sitôt perdu.
Généralement aussi, nous ne les voyons ni dormir, ni s’habiller, ni tousser ; ils entrent, ou sortent, sans qu’on nous dise qu’ils ouvrent les portes, qu’ils montent ou descendent les escaliers ; quand ils vont dans la rue, il ne nous importe guère de quel côté du trottoir, et ce n’est que par le caprice d’une nouvelle école que nous lisons parfois l’émouvante énumération des rues, quais et boulevards par où passe un homme pour aller de Montrouge aux Batignolles.
Dans sa chambre de l’hôtel de Bellegarde, dont les six ou sept chaises étaient toujours occupées, il donnait des arrêts qui décidaient du sort des mots : de quel ton brusque et rogue, c’est ce que les lourdes incivilités du Commentaire sur Desportes nous permettent aisément d’imaginer.
La science ne doit pas sortir du collège ou de l’école spéciale ; le public n’a rien à faire avec elle.
De là sont sortis les six morceaux qui composent ce volume.
Les exécuteurs, auxquels on abandonnait d’ordinaire les menues dépouilles (pannicularia) des suppliciés 1176, tirèrent au sort ses vêtements, et, assis au pied de la croix, le gardaient 1177.
Bientôt il sortit de sa tour de sperme pour aller à l’agitation incohérente qu’il nommait l’Action.
Est-ce en vers, est-ce en prose qu’il faut les traduire, pour en faire sortir toutes les beautés ?
On peut même observer aujourd’hui dans les lieux où les habitans sont de religions differentes qu’ils ne sortent pas de leurs églises après le service avec la même humeur.
Toujours est-il que, quel qu’il soit, c’est le mot des idées communes… Ce problème curieux et si souvent posé, sans qu’on l’ait résolu, de la moralité de lord Byron, sortira de ce livre comme il y est entré, tout aussi problème que devant.
Sainte-Beuve, je pourrais bien ajouter, pour être juste, aux deux anecdotes qu’il en extrait à si grand’peine, une troisième que j’aime, parce qu’elle peint bien cette fière aristocratie française, telle qu’elle était avant qu’elle se fût enversaillée, comme disait le vieux Mirabeau, et qu’on lui eût mis autour du cou le collier de chien de l’étiquette : « En 1674, à la bataille de Senef, dit le duc, tous les officiers des chevau-légers ayant été tués ou mis hors de combat, M. le Prince (le grand Condé) vint à eux et leur dit : “Vous êtes autant d’officiers et vous n’avez besoin d’aucun, mais je vais charger à votre tête” Il sortit un chevau-léger du rang, qui lui dit : “Monseigneur, vous pouvez n’être pas en peine de nous.
Il lui a ouvert ce cœur, qui devait être pâle, si les Sauvages qui disent que le cœur des lâches n’est pas rouge ont raison, et il en a extrait, il en fait sortir tout le venin, tout le fiel, toutes les envies, toutes les bassesses, toutes les peurs, toutes les hypocrisies, entassées, figées et durcies dans ce misérable cœur !
… Mais qu’on réponde comme on voudra, il n’en restera pas moins vrai et acquis à l’Histoire, que ce fut de la basse aristocratie de quelques vanités petites et jalouses que sortit cette sublime démocratie américaine avec l’exemple de laquelle, depuis qu’elle a été fondée, on cherche à faire propagande de république contre les monarchies, dans tout l’univers !
Ses lettres vous font assister à cette incroyable vie de luttes et de travaux sortis de cette tête inépuisablement féconde, dont on peut dire que, positivement, elle vomissait des chefs-d’œuvre comme la Terre vomit ses fleuves !
— une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs, un cercle de jeunes femmes amies honnêtement enjouées… partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction, de la culture, des mœurs sans maussaderie avec le désir de plaire », la bonne compagnie recommencera et l’atticisme sortira de ses cendres.
Nous sortons des Œuvres inédites pour entrer dans la Correspondance, qui est le fond réel et sérieux de cette publication, et nous n’avons plus devant nous que le Tocqueville connu, et qui n’est pas couleur de rose, le Montesquieu du xixe siècle pour la vieillesse de Royer-Collard, devenue indulgente ; car c’est un singulier Montesquieu, il faut le reconnaître, qu’un Montesquieu fluide et pâlot, sans épigrammes et sans facettes !
Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille, qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi.
Les Moines d’Occident pourraient bien n’être que les documents et les notes dont le Saint Bernard devait sortir.
Il n’en sortit jamais.
C’est le crime intellectuel, qui ne s’est jamais accompli qu’au fond de la conscience, et qui sort du fond de ses enfoncements et de ses ténèbres pour devenir extérieurement, par le remords, une réalité, une épouvantante et visible réalité !
Sort cruel que de s’attacher A ce qui de nous se détache !
Nous ne sortons pas du clair-obscur.
Pygmalion faisait sortir la femme de la pierre, et Gautier l’y faisait rentrer.
Mais s’il l’est, il n’a pas fait encore le livre qu’il faut pour sortir des petits bruits et pour entrer dans le grand bruit, sans tapage, qui s’appelle la gloire.
Le vis-à-vis de la mère qui n’aime pas sa fille et de la fille qui ne se sent pas aimée par sa mère, voilà tout l’intérêt du livre, et la nuée sombre d’où doit sortir la foudre qui frappera cette mère aux mamelles de bronze, l’altière marquise de Penarvan.
Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi.
Quant aux autres personnages, tout à fait secondaires, tourbe qui entre, passe et sort dans ces romans sans y être nécessaire, sinon pour amener des épisodes, la princesse Wanda, — la conspiratrice polonaise dont toute la caractéristique est d’avoir une épaule plus grosse que l’autre (il faut être exact !)
Il s’ouvrit une grande scène en Europe ; les dépouilles de la maison d’Autriche à partager, la France et l’Espagne unies contre l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne et l’Empire, une guerre importante, un jeune roi qui se montra à la tête de ses armées, les présages de l’espérance, les vœux des courtisans, enfin l’éclat des conquêtes et des victoires, et le caractère général de la nation, à qui il est bien plus aisé de ne pas sortir du repos que de s’arrêter dans son mouvement, tout donna aux esprits une sorte d’activité qu’ils n’avaient point eue peut-être depuis Louis XIV.
L’œuvre poétique du nouveau monde sortira-t-elle du milieu d’un grand peuple uni dont elle semblerait l’hymne de reconnaissance et de triomphe ?
C’est alors que sortent, de dessous ses pinceaux, des livres ou modèles de gravures, et des impressions, et des dessins innombrables. […] Elle obtient d’être invitée par les moineaux, se fait donner par eux une boîte dont sort, lorsqu’elle soulève le couvercle, une collection de monstres cornus qui la mettent en pièces. Par contre, la bonne femme trouve encore la pêche d’où sort Momotaro, le conquérant du royaume des monstres. […] Établissement de bains où l’on voit des femmes en peignoir sur une terrasse d’où sort un jet de vapeur d’eau chaude. […] L’Empereur, sorti de son palais pour admirer le coucher du soleil dans le bois d’érable, alors tout rouge, arriva seul, là où se tenaient les trois balayeurs.
Plus sera grande mon indignité, plus on se méfiera de la vérité qui sortira de ma bouche. […] Et lorsqu’il était venu quelque part, c’était chose impossible de prévoir quand il en sortirait. […] Des écrivains sortis de camps les plus opposés, — M. […] Il s’est rendu dans les districts où le fléau sévissait, et voici trois mois qu’il n’en est pas sorti. […] On brûle les palais, on tue les généraux, et personne ne sait au juste ni ce qu’il veut ni ce qu’il fait, ni ce qui peut sortir de ce grand mouvement.
Il est au contraire des âmes naturellement si délicates, si élevées, qu’il n’en saurait rien sortir que de généreux ; ce sont par excellence les âmes de poètes. […] Sortons de la nature. […] Contempler de telles images, c’est déjà sortir de la réalité positive, c’est faire un premier pas dans le monde imaginaire. […] Nous sortirions de la poésie, pour rentrer dans la vie réelle. […] Comme Alexandre Dumas il sourira en voyant ses héros se lancer si témérairement dans de folles aventures, et contre toute vraisemblance en sortir à leur gloire.
De ces quatre livres il n’y en a pas un seul qui pût sortir d’une plume médiocre. […] Tout entier à ses nouveaux devoirs, rassuré désormais sur le sort de Laurence, le curé de Valneige ne vit plus qu’en Dieu et pour la seule gloire de l’Évangile. […] n’essayez pas d’aller plus loin que l’ouvrier, maintenant que le métal sort du feu, solide, éclatant et sonore ; un degré de plus, et tout va se briser et se résoudre en ruines. […] À douze ans, au sortir d’une leçon de catéchisme, il lisait une traduction anglaise de Volney. […] La nuit qui décide le sort de Valentine et de Bénédict est à coup sûr une des plus admirables créations de la poésie moderne.
De même qu’il sort de Dieu, il y retourne ; il a en lui son principe et en lui sa consommation ; son origine et sa fin sont Dieu. […] Il s’affole et blasphème, il affirme que l’homme sorti de la terre, doit revenir à la terre. […] Ainsi semble-t-il sortir de lui-même. […] Pour la première fois il sort de lui-même ; par un grand effort il s’arrache à son isolement ; il s’oublie ; il se perd un peu parmi le monde ; une sorte de pitié l’attache à d’autres vies que la sienne. […] Je ne sortirai pas sans offense, je heurterai en passant tout ce qui s’est levé ce matin d’humble et d’honnêtement disposé.
Quand, pour quelque médianoche, Façonné comme une brioche, On sort le pain, Quand, sur les poutres enfumées, Chantent les croûtes parfumées Et les grillons, Que ce trou chaud souffle la vie, Ils ont leur âme si ravie Sous leurs haillons, Ils se ressentent si bien vivre, Les pauvres Jésus pleins de givre, Qu’ils sont là, tous, Collant leurs petits museaux roses Aux grillages, grognant des choses Entre les trous, Tout bêtes, faisant leurs prières, Et repliés vers ces lumières Du ciel rouvert, Si fort qu’ils crèvent leur culotte Et que leur chemise tremblote Au vent d’hiver. […] d’extrême jeunesse… Ils sortiront de cette lecture, admirateurs des poèmes connus et comme classiques, charmés de quelques pièces verveuses, Les Raisons de Nina, Ma Bohême, Sensation, un peu ou beaucoup horrifiés de certaines autres, farouches jusqu’à la cruauté, Les Poètes de sept ans, Mes petites amoureuses. […] Nul moyen de sortir de là. […] — les douze vers rapportés plus haut : « Chose étonnante, et bien honorable, du reste, pour le talent, qu’il ait eu cette fois le sort heureux de l’insignifiance, si chère aux quarante immortels ? […] Et, de fait, c’est sur ces deux noms d’illustres, d’uniques poètes, qu’au fond s’engagea la grande lutte de 1830, et c’est de leurs deux influences que nous sortons tous tant que nous sommes, Parnassiens, Décadents, Romans, et même Symbolistes, puisque ce titre, que je ne comprends pas, a prévalu pour certains.
Le Proscenium représente l’Hôtel de Ville de Paris ; au milieu, l’autel de la République, etc… Par une ouverture située devant l’autel et semblable à une boite de souffleur, Victor Hugo sort : il arrive de Belgique, ayant pénétré dans Paris par les égouts ; il vient au secours de ses concitoyens. […] Ne le reconnaissez vous pas, l’homme du prodige, l’Orphée sorti des enfers, l’adorable preneur de rats de Hameln ? […] Cependant, d’une crevasse sombre sort Alberich, grimpant ; il s’arrête, encore dans l’obscurité, et contemple, d’une complaisance croissante, le jeu des filles.
— Le souvenir est le germe de l’idée de passé, l’attente est le germe de l’idée de futur, comme la représentation actuelle est le germe de l’idée de présent ; la distinction nette des temps ne pourra sortir que de la mise en rapport et de la comparaison entre ces trois diverses attitudes d’esprit accompagnées de sentiments divers, de modes divers de conscience. […] Le Créateur, dit-on, a fait Adam avec un nombril, comme s’il était sorti du sein d’une mère, donnant ainsi au premier homme le signe d’une origine illusoire ; M. […] Mon chien, de sa niche, aperçoit devant lui l’écuelle que je lui apporte : voilà le futur ; il sort, se rapproche, et, à mesure qu’il avance, les sensations de la niche s’éloignent, disparaissent presque, parce que la niche est maintenant derrière lui et qu’il ne la voit plus ; voilà le passé. » En somme, pour Guyau, la succession est « un abstrait de l’effort moteur exercé dans l’espace ; effort qui, devenu conscient, est l’intention ».
Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton ! […] quel songe n’est point sorti de ce cœur si triste !
C’est sur ce vrai modèle, sorti de l’ombre du rideau du lit conjugal, que j’ai modelé le buste de Danton. […] Ainsi la philosophie ascétique du député d’Arras, la ténacité froide de ses idées d’abord féneloniennes, la patience de ses utopies à attendre l’heure des applications, au milieu des premiers murmures de l’Assemblée constituante contre ses chimères démagogiques, son obstination à acquérir par un travail ingrat l’éloquence qui lui manquait à l’origine et qu’il finit par conquérir à force de veilles, sa pauvreté volontaire, sa vie d’artisan dans une maison d’artisan, sa sobriété, sa séquestration absolue du monde des plaisirs ou des intrigues, en sorte qu’il ne sortait de son entresol, au-dessus d’un atelier, que pour apparaître aux deux tribunes du peuple : tous ces détails vrais du portrait de Robespierre, détails sur lesquels j’ai trop insisté, d’après madame Lebas, n’étaient que de la fidélité et ont paru de la faveur.
C’est donc, selon la logique, le moment où il faut dire au lecteur : Voilà quel était ce personnage, voilà d’où il venait, voilà comment il était sorti de l’obscurité, voilà dans quelles dispositions de famille, de corps, d’esprit, de passion il arrivait pour participer à l’événement. […] La pensée la plus sainte, la plus juste et la plus pieuse, quand elle passe par l’imparfaite humanité, n’en sort qu’en lambeaux et en sang.
Néanmoins, à cette répétition, je sortis de ma place, puis m’avançant jusqu’auprès de lui, à l’autre extrémité, et le saisissant par le bras, je m’écriai : “Sire, j’ai déjà affirmé à Votre Majesté que, si j’étais resté dans ce poste, j’aurais assurément fait mon devoir.” […] Nous connaissons plusieurs de ces prélats ou monseigneurs qui sont sortis de ces noviciats pour contracter des unions licites et respectées, avec l’approbation du Pape.
Il sortit du conseil en Coriolan, et déclara le lendemain une guerre de vengeance au parti qu’il servait la veille. […] C’est là la question : la première semaine après sa défaite, la presse se tait ; la seconde, elle rallie par le droit de réunion ses forces disséminées ; la troisième, elle fermente et se révèle en symptômes menaçants par des mots d’ordre et par des rassemblements sur les boulevards, au sortir des clubs ; la quatrième, elle éclate et le sang coule.
Il avait dix-huit mois quand sa mère mourut : comme si le sort voulait que la femme ne tint aucune place dans sa vie, pas même par la pure tendresse maternelle. […] Bourdier s’étant retiré pour n’être pas témoin d’une entreprise aussi téméraire » ; l’éclatant monosyllabe qu’il articula en sortant de l’eau, et que jamais il ne put arriver depuis à faire sortir une seconde fois de son gosier ; enfin son retour à Paris, et toutes les recettes dont il essaye, sans confiance et jamais tout à fait sans espoir, tisane d’érysimum, grains de myrrhe transparente, et même simple eau de poulet, qui avait rendu la voix à un chantre de Notre-Dame : tout cela fait une comédie digne de Molière.
Decalandre, les paroles bourdonnantes sortaient plus nombreuses que, de la ruche, les abeilles quand les troënes sont fleuris. […] Mais l’homme qui, sous un ciel moins indulgent, dans une nature moins affectueuse, travaille et lutte contre les hommes et les choses et sent qu’il joue son sort, celui-là éprouve le besoin de chanter son amertume, son impatience, sa détresse.
Toute mon ambition est de vous mettre sur la voie, comme le pilote qui aide le navire à sortir du port, et le laisse ensuite voguer de lui-même dans l’immensité. […] Moins triste était le sort de notre auteur tragique On n’en était encor qu’au sommeil léthargique Que provoque l’ennui de ne pouvoir bouger.
C’est le sort, dans notre littérature, de toute imitation, et plus particulièrement de l’imitation des littératures modernes. […] Un sot en peut et un sage homme avoir ; Un ignorant et un de bon savoir, Ainsi qu’il plaist au sort les départir Et je voudrois pour heureux me sentir Qu’il plust à Dieu, d’où les vrais biens procedent, M’en octroyer de ceux que ne possedent Nuls vicieux, ny ne sont dispensés A cœurs malins, ni cerveaux insensés, Et sans lesquels d’hommes n’avons que l’ombre.
Dans quel ordre d’idées Plutarque n’at-il pas, soit exprimé quelque vérité durable et féconde, soit recueilli quelque fait d’où sortira, sous la plume d’un autre écrivain une vérité de ce genre ? […] Rien dans nos dispositions ne reste obscur et caché ; il nous fait voir pleinement ce que nous entrevoyons à peine ; saisir ce qui paraissait hors de notre portée ; et il ajoute ainsi à notre vue et comme à notre toucher, nous développant et nous agrandissant sans nous faire sortir de nous.
Il y a, dans ces livres, assez de force pour soulever les questions, pas assez pour les résoudre ; assez de talent pour sortir du commun, pas assez pour être de l’élite ; un style qui brille sans éclairer ; outre le travers filial d’un publiciste pour qui la plus belle époque de l’histoire de France est celle du ministère de Necker, et qui voit dans le Directoire un gouvernement modèle, parce que les salons rouverts faisaient fête chaque soir à la brillante conversation de Mme de Staël. […] Assistée de cette science nouvelle, l’histoire nous enseigne par quel travail se forme et se développe une société politique ; comment elle se maintient ; par quelles causes se détruit l’édifice, édifice si beau, même aux époques où l’architecture en est le plus défectueuse ; comment de ces destructions, qui ne sont que des transformations, sort un édifice nouveau ; dans quelles proportions le vieux s’y mêle au neuf ; quels sont, dans les crises violentes qu’on appelle les révolutions, les intérêts en lutte, les passions aux prises, les vérités en travail, les pertes où les conquêtes de la civilisation.
Et pendant que la vieille gaîté française s’épanouit déridée, les esthéticiens austères décident du sort de Lohengrin : ils reconnaissent l’œuvre admirable, les oppositions ridicules ; mais ils engagent M. […] Les voiles rouges palpitent au vent, on lève l’ancre, il faut retourner, pour n’en plus sortir, dans la nuit, dans la tempête, dans l’enfer.
Les épées sortent des fourreaux, un double éclair jaillit de l’acier ; Tristan succombe et la reine Iseult s’est jetée sur le mourant. […] Mais maintenant il s’agit de commencer les travaux : on est prêt à conclure des traités avec les entrepreneurs ; il faut les ratifier, et voici le temps de sortir de l’idéalité pour tomber dans la réalité.
Sigurd L’armure est brisée, la fiancée commence à parler comme si elle sortait d’un songe. […] Quelques lignes seulement, dans lesquelles Wagner dit qu’il a découvert que même dans l’amour entre les sexes « on peut trouver le chemin du salut, c’est-à-dire de la négation de la volonté de vivre. » Il se flatte ainsi de pouvoir expliquer ce qui était pour Schopenhauer un sujet d’étonnement : le fait qu’on voit fréquemment des amants dont le sort rend l’union difficile, se donner ensemble la mort et mettre ainsi une fin au plus grand bonheur imaginable, plutôt que de recourir aux moyens les plus désespérés et que de supporter toutes les misères afin de rester unis le plus longtemps possible. — Dans une note on nous apprend que ce fragment de lettre date de l’époque de Tristan.
Il sort avec éclat du juste milieu des théories, de la vieille danse des équilibres, de la prudence des ménagements, de l’hypocrisie des respects, et voilà pourquoi nous signalons très haut le livre qu’il ose publier. […] Selon lui, l’univers se partage et se partagera jusqu’à la fin des siècles, — en supposant que les siècles aient une fin, — en deux espèces d’États, toujours et incompatiblement hostiles, la monarchie et la république ; et ces États, sortis d’un hasard primitif, ne peuvent pas changer et se trouvent toujours vis-à-vis l’un de l’autre dans un rapport d’antagonisme qui est leur loi.
Il est sorti de l’ornière du temps, et l’on sait s’il y a de la vase dans cette ornière-là. […] IV « Nous ne sortons jamais du mariage que pour y entrer », — a dit un adultère.
Le Paul qui sort du boulet au retour du voyage, et qui fait de nouveau partie alors du système de Pierre, est quelque chose comme un personnage qui sortirait, en chair et en os, de la toile où il était représenté en peinture : c’était à la peinture et non pas au personnage, c’était à Paul référé et non pas à Paul référant, que s’appliquaient les raisonnements et les calculs de Pierre pendant que Paul était en voyage.
Comprendre ainsi la vie, quand on est des privilégiés du sort, accorder le moins possible aux opinions vaines, s’en remettre à l’impression vraie, à la lumière naturelle ; distribuer ce qui vous est donné en surcroît ; remplir sa part d’un rôle auguste, et mener une existence ornée, mais simple ; jouir des arts, des élégances, de la nature aussi et de l’amitié, ce n’est pas seulement avoir un beau lot, ce n’est pas seulement savoir être heureuse, c’est répandre le bonheur et cultiver l’affection autour de soi.
J’aime mieux essayer de les faire sentir que de repasser sèchement toutes les grandes batailles où il fut un des vigoureux artisans, Austerlitz, Auerstaedt, Eylau, Eckmuhl, Wagram, Smolensk, la Moskowa : — une intrépidité de premier ordre, cela va sans dire ; — l’affection de ses troupes qui lui permettait de tirer d’elles de merveilleux surcroîts de fatigue et des combats acharnés au sortir des marches les plus rudes : — « Cet homme me fera toujours des siennes », disait l’empereur, en apprenant une de ces marches sans exemple à la veille d’Austerlitz ; — l’habileté des manœuvres et le coup d’œil sur le terrain, le tact qui lui faisait sentir l’instant décisif, ce talent pratique qui est du tacticien et du capitaine, et qui montre l’homme né pour son art (cela se voit surtout dans sa conduite à Auerstaedt, à Eckmuhl) ; — oser prendre, au besoin, la responsabilité de ses mouvements dans les circonstances critiques, sans se tenir à la stricte exécution des ordres ; et, quand il se bornait à les exécuter, une activité sans trêve.
Adner, « si, de 1836 à 1866, il a été publié en France cent volumes de grec, on peut hardiment affirmer que Dübner, pour sa part, en a revu au moins quatre-vingt-dix. » — Né dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha, le 21 décembre 1802, sorti de l’Université de Gœttingue, élève et ami des Mitscherlich et des Jacobs, il fut appelé à Paris dès 1832, pour y travailler au Thesaurus entrepris par M.
Quand Rome s’écroulait sous le fer des tyrans, Que, sortis de son sein, de rebelles enfants Par une guerre impie ensanglantaient leur mère, Et vainqueurs ou vaincus accroissaient sa misère, Un poète parut qui, d’une austère voix, Chantant de l’univers le principe et les loix, Et leur chaîne à jamais bienfaisante, éternelle, Faisait du triumvir rougir la loi cruelle ; De leurs prêtres du moins détrompait les humains ; C’était assez d’un maître aux malheureux Romains ; Et pour les rassurer (?)
Les Souvenirs du Peuple et les Bohémiens avaient fait entrevoir tout ce qui pourrait sortir de ce magnifique développement poussé à son terme.
C’était l’heure où l’on allait commencer à sortir de chez soi, non plus pour se combattre, mais pour se connaître.
Au sortir surtout de l’atmosphère artificielle qu’infectent nos intrigants de tout âge et de tout étage, quand les corrompus de dix régimes coalisés avec les roués d’hier, avec les parvenus acharnés, les intrus encore tout suants, les avocats-ministres tombés dans l’obésité, composent à la surface du pays une écume vraiment immonde, on se sent soulagé en mettant le pied sur cette terre nouvelle, sur ces seuils antiques et vertueux : c’est au moral comme l’odeur végétale des savanes qu’on respire.
Fourier ; ces questions, grâce à Béranger, circuleront maintenant parmi le peuple sous une forme intelligible et saisissante ; elles y mûriront, pour ainsi dire, sous l’enveloppe colorée dont il les a revêtues, en attendant le jour où l’enveloppe se brisera, et où les vérités à nu sortiront de l’écorce.
Mais il ne faut pas tracer autour de la pensée de l’homme un cercle dont il lui soit défendu de sortir ; car il n’y a pas de talent là où il n’existe pas de création, soit dans les pensées, soit dans le style.
Les cerfs bondissants et agiles rappellent Diane « qui aime les cris de chasse, et tend son arc d’or » ; et, lorsqu’on voit les grands troupeaux paître tranquillement l’herbe abondante, on pense volontiers à la terre divine, nourrice des choses, qui fait tout sortir de son sein maternel. — Comparez à ces images la mythologie ridicule des auteurs graves.
De cette pensée vulgaire parmi les apologistes du christianisme : « tous les prophètes de l’Ancien Testament ont annoncé le Christ », un prédicateur anonyme tire tout un sermon par l’énumération de ces prophètes ; le moyen âge, à son tour, agrandissant le cadre, fait sortir du sermon le drame des Prophètes du Christ, où jusqu’à vingt-sept personnages défilèrent successivement en annonçant le Sauveur.
La littérature est destinée à nous fournir un plaisir, mais un plaisir intellectuel, attaché au jeu de nos facultés intellectuelles, et dont ces facultés sortent fortifiées, assouplies, enrichies.
C’est Rousseau qui développe en Allemagne un libéralisme exalté, la haine effrénée du despotisme, des privilèges nobiliaires, de l’oppression sociale : du Discours sur l’inégalité, du Contrat social sont sortis les Brigands (1780) et Intrigue et Amour de Schiller.
Et c’est pourquoi il a consacré à ces grands aventuriers, outre quelques-uns de ses plus beaux sonnets, la plus longue pièce qu’il ait écrite : les Conquérants de l’or, sorte de chronique fortement versifiée et miraculeusement rimée et qui, sans sortir du ton d’un récit très simple et sans ornements, coupée seulement, çà et là, de paysages éclatants et courts, prend des proportions d’épopée.
Mon coeur, lassé de tout, même de l’espérance, N’ira plus de ses vœux importuner le sort.
On verra aussi que ce grand débauché garda pendant vingt ans une mulâtresse, Jeanne Duval, qui le trompa de toutes les façons ; que, lorsqu’elle fut, jeune encore, frappée de paralysie, il la fît entrer à ses frais à l’hospice Dubois ; que, lorsqu’elle en voulut sortir avant sa guérison, il revint habiter avec elle, et qu’il ne cessa de lui venir en aide, même après qu’il eut fixé sa résidence en Belgique, malgré l’extrême gêne à laquelle il était lui-même réduit.
France, l’a contraint à sortir, pour ainsi parler, tout le dix-huitième siècle qu’il avait dans le sang.
Notre cœur est troublé par nos mille naissances, par nos mille hérédités animales et humaines ; par notre obscure descendance animale qui nous a fait sortir sans doute d’une espèce très médiocrement socialisée.
Je ne vous soupçonne point d’avoir révélé ma confession à l’abbé Testu ; mais il a appris par vous le dessein que j’ai de sortir de la cour ; c’est au-delà de ce que je voulais qu’il sut.
Mais le contour, dessiné selon les mêmes règles, affirme qu’il sort du même atelier.
Un monde est sorti de l’idée de Thespis, comme de l’œuf cassé de Colomb.
Ce système, d’une simplicité toute barbare et primitive, peut aboutir à des effets remarquables de rythme, de pas marqué, de mouvement fortement scandé ; il est assez rare qu’une harmonie bien notoire de diction puisse en sortir.
Mais, bien qu’ils y revinssent toujours comme en leur citadelle inexpugnable, les parnassiens sortirent souvent de la belle tour close où ils adoraient à l’écart l’idole hiératique : témoin Leconte de Lisle, dont la poésie, si impassible qu’elle veuille être, laisse souvent deviner la pensée généreuse et entendre le cœur palpitant ; témoin Sully Prudhomme, si préoccupé de justice et de bonheur, et qui loua André Chénier d’avoir uni Le laurier du poète à la palme du juste ; et Anatole France, dont les Noces corinthiennes ont pu sembler, vingt ans après avoir été écrites, une pièce d’actualité ; et le tendre et nostalgique Dierx, et Catulle Mendès, dont la fantaisie est si moderne, et Coppée, penché sur les humbles, et Heredia enfin, le somptueux conquistador épris des époques reculées et des rivages lointains, qui un jour, se souvenant qu’il était un homme d’aujourd’hui et appartenait à un « peuple libre », consentit à dresser un beau « trophée » en plein Paris, sur le pont Alexandre.
Son sort est de fixer la figure du monde, De lui plaire & de l’éclairer.
Au sortir d’un autre sermon, la vérité arracha à ce célèbre acteur cet aveu humiliant pour sa profession : « Mon ami, dit-il, à un de ses camarades qui l’avoit accompagné, voilà un orateur, & nous nous ne sommes que des comédiens. » Un jeune homme, qui se destine à la chaire, doit former sa déclamation sur tout ce qu’on raconte de celle de ces grands hommes, les imiter en tout, excepté dans les défauts qu’on leur a reprochés.
Par là, nous sommes surtout favorable dans les arts aux inventeurs, à ceux qui sortent des voies battues à leurs risques et périls ; et, sans méconnaître le charme et le mérite des grandes beautés régulières, nous leur préférons les beautés libres et hardies.
En reconnaissant avec une haute impartialité les services rendus par les nouvelles écoles, il montre que toutes, même les plus hostiles, quand elles sortent de la critique, en reviennent toujours à des principes qui ne sont sous d’autres noms que les principes mêmes qu’elles avaient combattus.
Nos héros de roman ne sortent pas de chez eux ; mais il faut avouer que la plûpart y font très-peu de chose.
Sans sortir de notre sujet, nous allons voir que les romains donnoient au mot modulatio une acception beaucoup plus étendue que sa premiere signification.
Une épigramme de l’anthologie grecque réproche à un acteur, qui avoit dansé le rolle de Niobé, qu’il ne s’étoit pas remué plus que l’auroit fait le rocher dans lequel Niobé avoit été métamorphosée, et qu’il n’étoit pas sorti de sa place, et par consequent qu’il n’avoit point fait un seul pas de danse.
— Mais malheureux, ne sortez donc pas : on va vous prendre pour un rassemblement !
L’homme a beau varier ses compositions, l’écrivain a beau s’exercer dans les genres les plus différents, tout ce qui sort de sa plume porte le cachet de son talent naturel.
Quand nous sommes éloignés de la patrie, nous nous rappelons toujours avec délices les jours où nous vivions sous les arbres qui ombragèrent notre berceau ; nous aimons à retracer à notre mémoire et la prairie et le ruisseau et la forêt qui étaient près du toit paternel : nous visitons mille contrées fameuses ; nous admirons les aspects les plus variés d’une nature tantôt belle, tantôt agreste et sauvage ; mais nulle part il ne sort de la terre que nous foulons sous nos pieds des souvenirs animés ; nulle part nous ne reconnaissons et le vent et la lumière et les ombres.
, doivent servir à mettre au jour nos brumes intérieures… » Drôle de fonction pour l’amitié, mais qui peut devenir dangereuse ; car, dans le livre que voici, on ne voit plus goutte en tous ces brouillards qui sortent d’elle et auxquels ses amis, ses pauvres chers amis, servent, si commodément et avec tant d’abnégation, de soupape !
Il n’y a d’empoisonné que son amour, de sorte que l’en voilà guérie, et que tout le monde sort en bonne santé de ce livre dont on peut dire, comme dans les lettres de faire-part : La mère et l’enfant se portent bien !
On l’a vu, et j’ai pris plaisir à le reconnaître : Mme André Léo a, dans la question du Divorce, été moins femmelette femelle que les femmelettes mâles de son parti ; mais en dehors de cette question, elle n’est plus qu’un bas-bleu de la troupe et qui ne sort jamais du rang… Elle a toutes les idées communes aux bas-bleus.
À nos yeux, l’Armée n’est pas seulement le fourreau d’où sortent les empires : Saliens in æternum !
Le traducteur de Poe, le suggestif et perçant Baudelaire, qui vivait dans la préoccupation de la beauté des œuvres spirituelles comme Robinson en son île, mais sans vouloir jamais en sortir, Théophile Gautier, indifférent à tout excepté à la perfection de la forme, étaient aussi dans la condition nécessaire où il faut être pour écrire, sans distraction, sans adultérisation d’aucune sorte, l’histoire d’une littérature.
Il y parle du xviiie siècle, et il ne salue pas jusqu’à terre ce gros ventre de Messaline, plein de l’enfant de tout le monde qui va sortir tout à l’heure, et qui sera la Révolution française !
Indépendamment de sa Physionomie de saints, des Paroles de Dieu et des Contes extraordinaires que je viens de rappeler, il a publié les deux traités : L’Homme et le Style, Le Jour du Seigneur ; Renan, l’Allemagne et l’athéisme au xixe siècle ; les Œuvres choisies, mises en ordre et précédées d’une Introduction, de Jeanne Chezard de Martel ; La bienheureuse Angèle de Foligno et Rusbrock l’admirable, et tout cela, qui mériterait pourtant de retentir, n’a pas rompu le silence étendu autour de cet harmonieux nom d’Hello, si bien fait, à ce qu’il semble, pour résonner comme un clairon d’or sur les lèvres de la gloire ; tout cela n’a pas mordu sur l’esprit d’un temps éperdument sorti des voies où la pensée et la piété de M.
Qu’on ne l’oublie pas, si l’on veut rester ferme dans la réalité humaine, les progrès de l’humanité ne sortent jamais que de l’action et de la réaction réciproque de l’initiative et du commandement de quelques-uns, et du bon sens et de l’obéissance de tous, — en d’autres termes, de l’union sympathique et féconde des gouvernants et des gouvernés.
On ne sait pas assez combien les peuples chicanent peu avec les races qu’ils aiment, et quelle puissance de fautes de toute espèce ces races prédestinées peuvent porter dans leur tête ou en faire sortir, sans en mourir !
Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés !
Cette méprise, et, tout ensemble, cet esclavage du système, ont communiqué à la partie qui traite du sort de l’enfant et de la femme une sécheresse incompatible avec le sujet.
C’est pour elle qu’il s’est fait savant ; qu’il a remué toutes les chroniques ; qu’il a grignoté, mangé, dévoré et digéré tous les manuscrits ; et, de cette digestion, fait sortir cette Papesse Jeanne, pondue enfin dans les champs de l’imagination, après d’effroyables efforts scientifiques et pour satisfaire tous les goûts !
Toute sa vie à Yuste donne de tels démentis au parti qu’il avait embrassé, qu’on crut plus d’une fois qu’il se repentait et que le vieux lion, pour ne pas étouffer, allait sortir de son antre !
Ses Mémoires, doivent dire s’il avait été baptisé autrement qu’à la Jean-Jacques Rousseau, le Spartiate de Genève, qui voulait qu’on plongeât le corps de l’enfant, pour le faire fort, dans l’eau glacée, au sortir du ventre des mères, dût-il en mourir, et tant pis pour lui s’il en mourait !
La réussite, la fortune, le million, dont il est le poète et l’apôtre, lui ont persuadé, avec cette facilité d’illusion qui est particulière aux gens heureux, qu’une comédie pouvait s’improviser, en deux temps, sous le ciel de Naples, « lorsqu’on n’avait pas de journaux à lire et qu’il faisait trop chaud pour sortir ».
Nous en avons rencontré plus d’un de ces fiers penseurs, crevant d’imaginations qu’ils ne pouvaient faire sortir, ayant trop d’idées pour pouvoir en exprimer une seule.
Ce fut un sceptique, sorti trop tard des flancs du xviiie siècle épuisé pour pouvoir être un matérialiste râblé, un bon athée comme Diderot ou Lalande.
Lui qui sortait de l’Angleterre, que, par parenthèse, il n’aima jamais qu’à Paris, pour se débarbouiller de la politique, du spleen et du cant, il fut presque attrapé, ce dandy !
Si cette transformation qui recommence toujours est en effet la loi du monde, tous les crimes et même l’assassinat ne sont plus que des dérangements de molécules qui sauront toujours bien se reconstituer, et l’affreux poëte du suicide avait bien raison quand il chantait : De son sort l’homme seul dispose !
Il ne s’est pas assez rappelé le sort de ces collaborateurs de Mirabeau, qu’on reprocha aussi à son génie… qui les a parfaitement dévorés !
Les facultés de l’âme et la morale, qui est la conséquence de ces facultés, sortent pour M.
Ce fut un sceptique sorti trop tard des flancs du dix-huitième siècle épuisé pour pouvoir être un matérialiste râblé, un bon athée comme Diderot ou Lalande.
Le livre de la Création, qu’il est donné à chacun de feuilleter désormais page par page, — (comme un almanach), — a beau être interrompu par des vides, il en sort une force d’ascension vers le mieux que ne peut contrebalancer toute l’inertie de la nature morte.
Du Clésieux est un poète à la voix pleine, harmonieuse, étendue, mais qui chante dans un medium dont il ne sort jamais par ces éclats si magnifiques dans Lamartine, qui, en sa qualité de génie poétique absolu, ayant tous les dons, a aussi le don de peindre avec des puissances, des délicatesses et des chastetés de pinceau véritablement raphaélesques, et quoique le musicien soit bien au-dessus du peintre dans son génie.
Plagiaire involontaire, et caméléon qui s’ignore ; ruisselant, comme un homme qui sort de l’eau, des lectures que tout le monde a faites et que dans son livre on peut aisément suivre à la trace, ce génie, à personnalité incertaine et confuse, ne vivrait même pas de sa pauvre manière d’exister, si des autres n’avaient pas existé avant lui… En dehors des fabulations qu’ils ont fécondées ou ornées, je peux bien concevoir les autres poètes, épiques ou non, que M.
On ne se doute pas des bâtards qu’on va mettre au monde pendant qu’on les fait… Le Sage ne se doutait pas qu’il sortirait de lui quelque chose comme Ponson du Terrail, qui est aux excréments actuels du feuilleton ce que lui-même, Le Sage, pouvait être à Ponson du Terrail… Or, ce genre qu’il a créé — le roman de feuilleton et d’aventures — est devenu la tyrannie et l’oppression de ceux-là même qui le méprisent le plus.
L’un et l’autre appartenaient à ces idées dont est sorti 1830, à ces idées qui ont passé, comme une trombe, dans tous les esprits de leur génération, et qui ont fortifié, en le secouant, le chêne des uns et déraciné celui des autres.
L’autre planche représente un être, un malheureux, une monade solitaire et désespérée, qui veut à toute force sortir de son tombeau.
Peut-être même que le sort d’une jeune princesse, fille, sœur et belle-sœur de roi, jouissant de tous les avantages de la grandeur et de tous ceux de la beauté, morte en quelques heures, à l’âge de vingt-six ans, par un accident affreux, et avec toutes les marques d’un empoisonnement, devait faire sur les âmes une impression encore plus vive que la chute d’un trône et la révolution d’un État.
Heureusement que le dilemme est moins étroit qu’il n’en a l’air ; et nous pouvons en sortir par diverses issues. […] Mais les avocats, eux, sont comme emprisonnés sous le réseau des subtilités juridiques et pour peu qu’ils essaient d’en sortir, on voit communément qu’ils perdent les procès qu’on leur avait confiés, pour les plaider sans doute, mais d’abord pour les gagner. […] Mais l’avocat ne saurait être éloquent sans sortir de son sujet, — et ainsi s’exposer au juste reproche d’emphase ou de déclamation. […] On ne fait qu’un René, qu’un Obermann, qu’un Adolphe ; et il en faut rester là ; ou, si l’on continue d’écrire, il faut sortir de soi, pour ouvrir les yeux sur le monde. […] J’irai plus loin : si l’on le contestait, ce ne pourrait être que par un jeu d’esprit, puisque nous sommes ainsi faits, selon le mot du poète, que nous ne saurions sortir de la nature que par des moyens qui sont eux-mêmes encore de la nature.
Puis, chaque année, nous tirerons au sort des chefs, des magistrats, et ces chefs ainsi établis, réglant leur conduite sur les lois ainsi instituées, dirigeront les navires et soigneront les malades. […] Ceux-ci feignent quelquefois la religion, et c’est de leur troupe « que sortent les devins et faiseurs de prestiges » ; — ou ils ne feignent rien, mais ne sont retenus par aucun frein, et c’est de leur troupe aussi que sortent les « orateurs, les généraux d’armée », les politiciens de toutes sortes et « les sophistes avec leurs raisonnements captieux », politiciens aussi pour la plupart. […] Il faut donc honorer son âme, comme soi-même pur, comme soi-même tel qu’il est sorti des mains de Dieu, ou, du moins, de la nature, c’est-à-dire de l’hérédité. […] Qui, au moment même où Socrate mourait, n’était au moins partagé entre l’horreur naturelle qu’on a pour la mort et ce sentiment que le sort de Socrate était plus enviable que celui de ses meurtriers ? […] Il me semble qu’elle n’a besoin que d’être un peu rectifiée, pour, être complètement acceptable et pour sortir, si l’on me permet de parler ainsi, son plein et entier effet.
… puis la belle sort ; mais dans l’escalier, une fois encore, elle s’est recoiffée : son madras est un béret assis sur un coin de tête, prêt à tomber comme un singe collé, on ne sait comme, sur le flanc d’un cheval. […] Il faut qu’on ait jeté un sort à cet homme d’esprit, dont le style jouait du poignard avec tant de grâce. […] J’ai entre les mains le scénario primitif de l’opéra, à la vérité recopié par le musicien, mais tel qu’il est sorti de la tête du poète, avant qu’Alboize, son collaborateur, y eût accroché toutes les ficelles du faiseur. […] qui ne sortent jamais de chez eux sans être munis de leurs principes de morale religieuse et sociale, — comme un maçon de son mètre ou de sa toise, — et s’en servent avec un sérieux bouffon pour mesurer des badineries littéraires. […] Cette ciselure musicale, ces arabesques embrouillées, ces girandoles sonores, qui, sans aller plus loin, ne frappent que l’oreille, entrent d’un côté et sortent de l’autre, sans laisser au cœur le moindre souvenir.
« D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] Pouvons-nous, par quelque axiome, sortir de notre enceinte si étroite, et affirmer quelque chose de l’univers ? […] IX Nous sortîmes. […] La charmante ville sortait de la brume matinale aussi parée et aussi tranquille qu’un palais de fées, et sa robe de molle vapeur rose, semblable à une jupe ouvragée de la Renaissance, était bosselée par une broderie de clochers, de cloîtres et de palais, chacun encadré dans sa verdure et dans ses fleurs.
D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsqu’après un long froid arrive un dégel tiède et humide. — Comparant tous ces cas, nous trouvons qu’ils contiennent tous le phénomène en question. […] Pouvons-nous, par quelque axiome, sortir de notre enceinte si étroite, et affirmer quelque chose de l’univers ? […] IX Nous sortîmes. […] La charmante ville sortait de la brume matinale aussi parée et aussi tranquille qu’un palais de fées, et sa robe de molle vapeur rose, semblable à une jupe ouvragée de la renaissance, était bossuée par une broderie de clochers, de cloîtres et de palais, chacun encadré dans sa verdure et dans ses fleurs.
Les flèches de guerre ont un dard fixe très-acéré, formé par des os d’animaux ou par du bois très-dur ; quelquefois le dard est garni d’épines disposées en sens inverse, de manière à empêcher le trait de sortir de la blessure. […] Si la raison n’invoque pas sans cesse l’expérience, nous tombons dans la scolastique et sous la domination des systèmes ; si l’expérience se passe du raisonnement, nous ne pouvons pas sortir des faits, et nous croupissons dans l’empirisme. […] Prenant un cheval à jeun, on découvre sur le côté de la mâchoire le canal excréteur de la glande parotide, on divise ce conduit, et rien n’en sort ; la glande est au repos. […] L’école anatomique en sortit, poursuivant avec ardeur dans les propriétés vitales des tissus sains et altérés l’explication des phénomènes de la santé et de maladie. […] Cette conception ne sort pas du domaine intellectuel pour venir réagir sur les phénomènes pour l’explication desquels l’esprit l’a créée ; quoique émanée du monde physique, elle n’a pas d’effet rétroactif sur lui.
*** Le cerveau de Jeanne France est, certes, bien incapable d’enfanter, et il n’est jamais sorti d’elle rien qui ressemble, même de très loin, à un livre. […] La vocation du Gandillot et du Valabrègue qui menacent nos fils sortira sans doute d’un de ces livres d’aspect pacifique. […] Judith Gautier essaie de satisfaire alternativement diverses classes de lecteurs et Jean Bertheroy, au sortir d’un roman pornographique, s’applique parfois à tailler sans la salir une plume blanche. […] Mais, tandis que Max Lyan nous attendrit toujours par sa douceur résignée et par son effort à « se contenter des à peu près », Jacques Fréhel sort de la douleur d’aimer frémissante de toutes les révoltes et criant avec amertume « le malheur d’être femme ». […] Elle est toute parfumée et souriante « de ces choses tendres et éphémères qui sortent de la bouche des enfants, comme la brise des lèvres du printemps ».
Là-dessus une statue comme le Méléagre ou le Thésée du Parthénon, ou bien encore la vue de cette Méditerranée lustrée et bleue comme une tunique de soie et de laquelle sortent les îles comme des corps de marbre, avec cela vingt phrases choisies dans Platon et Aristophane vous instruiront beaucoup plus que la multitude des dissertations et des commentaires. — Pareillement encore, pour entendre un Pourana indien, commencez par vous figurer le père de famille qui, « ayant vu un fils sur les genoux de son fils », se retire selon la loi, dans la solitude, avec une hache et un vase, sous un bananier au bord d’un ruisseau, cesse de parler, multiplie ses jeûnes, se tient nu entre quatre feux, et sous le cinquième feu, c’est-à-dire le terrible soleil dévorateur et rénovateur incessant de toutes les choses vivantes ; qui, tour à tour, et pendant des semaines entières, maintient son imagination fixée sur le pied de Brahma, puis sur le genou, puis sur la cuisse, puis sur le nombril, et ainsi de suite jusqu’à ce que, sous l’effort de cette méditation intense, les hallucinations paraissent, jusqu’à ce que toutes les formes de l’être, brouillées et transformées l’une dans l’autre, oscillent à travers cette tête emportée par le vertige, jusqu’à ce que l’homme immobile, reprenant sa respiration, les yeux fixes, voie l’univers s’évanouir comme une fumée au-dessus de l’Être universel et vide, dans lequel il aspire à s’abîmer. […] Quand son éducation critique est suffisante, il est capable de démêler sous chaque ornement d’une architecture, sous chaque trait d’un tableau, sous chaque phrase d’un écrit, le sentiment particulier d’où l’ornement, le trait, la phrase sont sortis ; il assiste au drame intérieur qui s’est accompli dans l’artiste ou dans l’écrivain ; le choix des mots, la brièveté ou la longueur des périodes, l’espèce des métaphores, l’accent du vers, l’ordre du raisonnement, tout lui est un indice ; tandis que ses yeux lisent un texte, son âme et son esprit suivent le déroulement continu et la série changeante des émotions et des conceptions dont ce texte est issu ; il en fait la psychologie.
On l’a dit avec raison, une épopée française ne peut sortir que de chants en langue française, ou en langue latine, puisque le français est du latin qui a évolué. […] Batailles générales ou combats singuliers ne portent guère bonheur à nos trouvères, même dans le Roland : ils ont à peine à sortir d’une monotone banalité, parce que peut-être la réalité était monotone et banale.
Racine fait prendre le voile à quatre de ses filles. « Au temps de Louis XIV et de Bossuet, les parents n’égorgeaient plus leurs filles sur un autel ; ils les mettaient au couvent… Racine lui-même ne s’en faisait pas faute… Le père, allant pleurer à chaque prise de voile, se croyait quitte envers sa sensibilité32. » Cela est fort spirituel ; mais d’abord deux des filles de Racine entrèrent au couvent et non pas quatre, et encore l’une des deux en sortit. […] Mêlées discrètement à d’autres plus neuves, elles ne nous choquent point, car elles viennent d’une antiquité qui est la nôtre, d’où nous sortons, que nous connaissons bien et que nous aimons.
Ecoutez d’abord ceci : La lune plaquait ses teintes de zinc Par angles obtus ; Des bouts de fumée en forme de cinq Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus. […] Sors de ta nuit.
Depuis deux ans, je ne suis pas sorti et je ne peux marcher, et j’ai toutes les nuits une insomnie qui me condamne à compter tous les coups de ma pendule… » Et, tandis que des cousines pieuses multiplient autour de lui « les amulettes, les médailles de la Vierge immaculée, et même de saintes amoureuses comme Mme de Chantal », et que « le pauvre archevêque de Paris » vient le voir, et aussi l’évêque d’Orléans, « au milieu des empressements exagérés de tant de monde… de médecins tout neufs qui ont fait des miracles, et de petits abbés qui en ont vu plusieurs dans la semaine », le comte de Vigny, convenable, souriant à ces zèles pieux, respectueux de tous les rites, mourait, sans croire à rien, avec une tranquillité farouche. […] Du cerveau de Faguet, Calvin, Buffon, Montesquieu, Joseph de Maistre, Proudhon, Auguste Comte sortent plus lumineux, plus liés, plus consistants, plus complets, plus forts.
Tant donc qu’on ne sort pas de l’histoire, le fait de l’association présente le même caractère que les autres et, par conséquent, s’explique de la même manière. […] Elle ne dérive pas d’un arrangement conventionnel que la volonté humaine a surajouté de toutes pièces au réel ; elle sort des entrailles mêmes de la réalité ; elle est le produit nécessaire de causes données.
ce n’est pas toutes ces gaîtés de l’œil, de l’oreille, de l’esprit et du style, mais c’est l’impression profonde qui sort de tous ces autres contes, si tristes au fond : La Cervelle d’or, qu’on dirait de Heine ; Les Deux Auberges, qu’on ne dirait de personne que d’un homme qui sait l’horreur de l’abandon ; La Sémillante, ce récit poignant et sombre, La Sémillante, — qui ne sémille plus, engloutie avec son vieux berger, « encapuchonné et lépreux », qui lève avec sa main sa lèvre, tombant sur sa bouche muette, pour raconter l’affreux naufrage ; — L’Île des Sanguinaires, enfin, le plus original de tous ces contes, non pas le plus terrible, — car ce gracieux Daudet se permet le terrible, comme vous venez de le voir ; — L’Île des Sanguinaires, où se trouve exprimée, toute seule, la mélancolie physique de la solitude. […] Seulement, le roman qui gisait là au fond de cette question d’histoire, comme un Dieu dans sa crèche, en est-il sorti ?
La mère Agnès, si respectée qu’elle fût, n’était que la seconde de la mère Angélique, et ne la remplaça jamais tout à fait aux yeux des sœurs ; on ne faisait pas collection à l’avance de tout ce qui sortait de ses lèvres ou de sa plume ; on ne lui préparait pas son dossier de sainte de son vivant.
Louis XVIII passe par Londres, mais ce n’est pas sans y être félicité par le prince-régent d’Angleterre, et sans lui avoir répondu publiquement : « C’est aux conseils de Votre Altesse Royale, à ce glorieux pays et à la confiance de ses habitants que j’attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de notre maison sur le trône de ses ancêtres. » Ainsi c’est l’Angleterre, après Dieu, qui le rétablit roi de France ; le plus sage, le plus politique de la race s’exprime hautement ainsi, le premier jour où la parole lui est rendue et où chaque mot sorti de sa bouche va retentir par le monde.
Ils étaient là, dans ce monde aristocratique et libéral, il y a quelque trente ans, un certain nombre de jeunes gens noblement doués, partisans éclairés des idées nouvelles, retenus par plus d’un anneau à la tradition, exacts et réguliers de mœurs, religieux de pratique ou du moins de doctrine ; nés tout portés, dispensés de percer la foule et de donner du coude à droite ou à gauche, n’ayant, s’ils le voulaient, qu’à sortir des premiers rangs et à faire preuve d’un talent ou d’un mérite quelconque pour être aussitôt acceptés.
Cousin, l’allant voir un matin et l’écoutant incontinent durant des heures, devait sortir d’un tel entretien tout enivré.
Nature d’ailleurs indulgente et bénigne s’il en fut, exempte de tout sentiment d’envie, lorsque tant de demi-habiles et de demi-savants se pavanent et triomphent, content de son sort et oubliant de se comparer, il n’éprouvait aucune amertume de n’avoir point donné au public toute sa mesure.
Dans la même langue d’ailleurs on ne peut se choisir ses maîtres sans en approcher trop et s’y absorber ; c’est comme dans ces mariages de famille d’où il ne sort rien de vigoureux.
C’est du crime qu’il fait sortir l’effroi.
Il loue Epicure, il parle de la mort en païen, il voudrait, comme Lucrèce, « qu’on sortît de la vie ainsi que d’un banquet, remerciant son hôte. » Il ne semble pas songer qu’il y ait quelque chose au-delà de la vie et du plaisir.
Nommer Despréaux Desvipéreaux, lui reprocher d’avoir fait servir des alouettes au mois de juin dans son Repas ridicule, glorifier Pelletier de recevoir chaque jour vingt-cinq personnes à sa table, traiter l’auteur des Satires de « bouffon » et de « faussaire », ou de « jeune dogue » qui aboie autour de lui, et lui dire agréablement qu’il ne fait rien « que les mouches ne fassent sur les glaces les plus nettes », le menacer du bâton ou faire entendre que les cotrets ont déjà pris le contact de ses épaules, trouver dans ses vers des insultes au parlement, à la cour, au clergé, au roi, et un athéisme digne du sort de Vanini, le reprendre tantôt d’user « de quolibets des carrefours, de déclamations du Pont-Neuf qui ne peuvent être souffertes que dans un impromptu de corps de garde », et tantôt de piller Horace, Juvénal ou Molière : voilà ce que la rancune venimeuse des victimes de Boileau invente pour le confondre.
Nous avons en commun, les savants et nous, toute l’infirmité humaine, la courte vue, l’attention vacillante, les passions aveugles, l’impuissance à sortir de soi, le risque perpétuel de se tromper et d’être trompé.
L’homme des Idylles prussiennes est sorti de l’homme des Odes funambulesques !
Il en sort des malédictions et des plaintes, des chants extatiques, des blasphèmes, des cris d’angoisse et de douleur.
On sort de la lecture du dernier de ses ouvrages, comme des précédents, assuré qu’il est le plus maître écrivain de langue française.
Nous nous attendions à des critiques au moins spécieuses ou piquantes : il n’est sorti des Journaux hétérodoxes & philosophiques, que des injures ou des puérilités.
Une fois entré dans cette veine toute vive, il n’en sortit plus, et tout son discours ne fut qu’une évocation directe, personnelle, prophétique.
Le monde objectif tout entier sort ainsi du fait confus de la sensation, enfanté par ce labeur d’artiste et de poète qui transforme en couleurs, en sons, en odeurs, en résistances et en contacts ce phénomène indistinct et solitaire.
Ce qui distingue les doctrinaires des purs royalistes, c’est qu’ils acceptent sans réserve l’ordre civil sorti de la révolution, c’est-à-dire l’égalité des partages et la sécularisation de l’État.
« Si nous désirons, en effet, sortir du chaos où se débat actuellement la poésie française, écrivait récemment dans cette Revue M.
Toute l’Europe reproche encore aux françois l’inquiétude et la legereté qui les fait sortir de leur païs pour chercher ailleurs de l’emploi et pour s’enrôler sous toutes sortes d’enseignes.
Supposé que durant l’enfance et dans un temps où nous ne connoissions pas encore les autres poëmes, on nous eut inspiré pour l’éneïde une veneration qu’elle ne méritât point, nous sortirions de ce préjugé dès que nous viendrions à lire les autres poëmes, et à les comparer avec l’éneïde.
Et d’abord, c’est un jeu divertissant, donc une jouissance ; mais ce n’est pas seulement un jeu ; c’est posséder son auteur jusqu’en son fond, c’est saisir comme sa racine, comme le germe d’où son œuvre est sortie et d’où elle pouvait sortir la même sans doute, mais dans une autre direction ; et c’est en vérité le bien connaître.
Une fois engagés dans cette voie, ils y persistent, les uns par goût, un plus grand nombre pour n’en pouvoir sortir.
Aussi corrompus, aussi lâches, aussi impuissants les uns que les autres, les Chinois de l’attaque lutteront avec des chances diverses contre les Chinois de la défense, et cette lutte pourrait, pendant longtemps, immobiliser le jeu aléatoire de toutes les horreurs, n’était l’idée de la condamnation par le sort de la race Mandchoue (actuellement régnante), qui commence déjà d’envahir ces têtes fatalistes et qui décidera probablement de la victoire !
Une induction physiologique ne sort donc pas de l’ordre des faits.
Philarète Chasles avait un dandysme de professeur qui sortait le professorat des cuistreries ordinaires dont il est bardé.
C’est la même foi peut-être, mais, on le conçoit, l’accent sorti de l’âme d’une femme qui aimait Jésus-Christ comme nos Saintes, à nous, peuvent l’aimer, ne devait pas se retrouver dans le livre d’un homme, — d’un prédicant, — d’un polémiste, tel qu’a voulu l’être le comte de Gasparin en ses Conférences.
lui laver doucettement le bout des doigts… Disons-le à son éloge : l’auteur de Louis XV et sa famille n’est pas pour les incestes… Louis XV sort net de cela des mains de ce petit juge « bon humain », comme dirait Béranger… Seulement, s’il n’insulte pas malproprement Mesdames de France, en les racontant, H.
Encore une fois, dans ce temps de Mères Gigognes littéraires, nous avons vu mieux, et sorti, bon Dieu !
Avant cette scène, nous avions les prodromes du roman, mais il faut le dater réelle ment de ce bal, où l’œil commence de corrompre l’âme et où le monde extérieur entre dans le cœur de madame Bovary pour n’en plus sortir.
Il y a, si je ne me trompe, dans Gobineau, un La Bruyère enveloppé qui ne demande qu’à sortir avec armes et bagages, c’est-à-dire avec ses différences de style et d’originalité.
Nous verrions que, si notre action nous a paru libre, c’est parce que le rapport de cette action à l’état d’où elle sortait ne saurait s’exprimer par une loi, cet état psychique étant unique en son genre, et ne devant plus se reproduire jamais.
C’est le concours des philosophes et des poètes qui perfectionne les langues ; c’est aux philosophes qu’elles doivent cette universalité de signes qui rend une langue le tableau de l’univers ; cette justesse qui marque avec précision tous les rapports et toutes les différences des objets ; cette finesse qui distingue tous les progrès d’actions, de passions et de mouvements ; cette analogie qui dans la création des signes les fait naître les uns des autres, et les enchaîne comme les idées analogues se tiennent dans la pensée, ou les êtres voisins dans la nature ; cet arrangement qui, de la combinaison des mots, fait sortir avec clarté l’ordre et la combinaison des idées ; enfin cette régularité qui, comme dans un plan de législation, embrasse tout et suit partout le même principe et la même loi.
» On sent bien qu’il devait parler des connaissances et des lettres avec dignité ; il fait voir qu’elles ont été chères à tous les princes qui ont été grands ; il cite Aristote comblé de bienfaits par Philippe, Xénocrate par Alexandre, Aréus par Auguste, Dion par Trajan, Sextus par Marc-Aurèle : « Tu imites ces grands hommes, dit-il à un empereur, la philosophie et les lettres marchent partout avec toi ; elles te suivent dans les camps ; par toi elles sont respectées, non seulement du Grec et du Romain, mais du Barbare même ; le Scythe épouvanté qui est venu implorer ta clémence, a vu la philosophie près de toi, balançant le sort des peuples, et décidant des trêves de la paix que tu accordes aux nations.
Les jurisconsultes romains raisonnent mieux en considérant ce droit naturel comme ordonné par la Providence, et comme éternel en ce sens, que sorti des mêmes origines que les religions, il passe comme elles par différens âges, jusqu’à ce que les philosophes viennent le perfectionner et le compléter par des théories fondées sur l’idée de la justice éternelle.
« De la nuée, disait Solon, sort le jet impétueux de la neige et de la grêle.
Elle sort trop de son système. […] Herckenrath en propose une : « Il faut supposer que nous avons affaire à un penchant qui est sorti de ses limites primitives. […] Et quand c’est la sensibilité, tant mieux pour celui-ci : il est grand poète, tout uniment, sans sortir de chez lui, ni de lui, et il s’en va vers la postérité sans déchet ni déchéance, contenant plus de « vérité générale » que quiconque, salué « plus humain » que n’importe quel, parce que la sensibilité ne change pas. […] George Sand y fut toujours divine ; Musset toujours condamnable, malgré le soin qu’on prend de temps en temps de dire que si toutes les lettres étaient publiées, tous les deux sortiraient grandis de cette épreuve. […] C’est par Lannes que le sort l’entame ; puis Duroc… Craquements qui précèdent le tremblement de terre… — Napoléon était évidemment pour Daudet une obsession.
Il a le sentiment de la vie des choses : « J’ai entendu des sons amis sortir de plus d’une langue qui n’était pas humaine. » Il croit aux correspondances et devine Swedenborg : « Ô terre heureuse, réalité de ciel ! […] Il sait l’instant mauvais, il en voudrait sortir ou en avoir raison. […] Toujours en conversation silencieuse avec lui-même sur les plus graves sujets des réflexions humaines, il sort rarement de son silence pour écrire avec une sorte d’amère et sauvage joie — une joie qui n’est pas l’ironie cruelle du désespoir car le Poëte puise dans la fierté de son intégrité, dans la conscience de son honneur, la force de vivre et la vertu d’aimer — quelqu’une de ces pages sombres et pures, La Mort du loup, La Maison du berger, Le Jardin des Oliviers, frémissante protestation, révolte, autrement profonde que toutes celles de Manfred, contre l’injustice du Dieu qui aurait fait les conditions de notre vie. […] « … Tout, dans la nature, prenait des aspects nouveaux, et des voix secrètes sortaient de la plante, de l’arbre, des animaux, des plus humbles insectes, pour m’avertir et m’encourager. […] En cette lumière et, comme tout, régie par les lois du logique développement lumineux, naît, flotte, hésite, s’accentue, vibre enfin la figure humaine, si vivante bientôt que vous seriez tenté de lui laisser passage, tant elle sortirait du cadre où ne la retient que l’atmosphère qu’elle respire et qui n’est pas la vôtre : elle en sortirait, vous imposant si vision d’âme révélée par le secret saisi des lois d’expression formelle de la Nature
Elle se frotta les yeux et sortit, pour regarder la façade de la vieille maison qui se répercutait encore, comme en un miroir d’étain poli, dans le calme canal rectiligne et muet. […] Or, Bruges-la-Morte sort du suaire des ans. […] Rainouart sort de sa léthargie et écrase Ansaïs contre un pilier. […] Là, Rimbaud est comme sur le seuil de sa personnalité : sorti des limbes et des éducations, il s’aperçoit et s’apparaît en grandes lignes, d’un coup. […] Ils admettent Hugo comme un très grand poète, mais non point comme les Parnassiens à l’état de miracle, et ils sont résolus à sortir des routes qu’il a tracées.
C’est elle aussi qui pousse l’homme à tuer son semblable, à le manger, à le séquestrer, à le torturer ; car, sitôt que nous sortons de l’ordre des nécessités et des besoins pour entrer dans celui du luxe et des plaisirs, nous voyons que la nature ne peut conseiller que le crime. […] Quand vous sortirez le matin avec l’intention décidée de flâner solitairement sur les grandes routes, remplissez vos poches de ces petites inventions, et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. […] Je sors de ce chemin de traverse où m’entraîne l’indignation, et je reviens au thème important. […] Pierre Lebrun de l’Académie, et peu de temps après, ayant tiré au sort, il fut obligé de rejoindre un régiment de chasseurs. […] Avec quelle majesté il a fait défiler les siècles devant nous, comme des fantômes qui sortiraient d’un mur ; avec quelle autorité il les a fait se mouvoir, chacun doué de son parfait costume, de son vrai visage, de sa sincère allure, nous l’avons tous vu.
Transportés à la Comédie-Française, quel serait leur sort ? […] Rien n’incline mieux au sommeil que la médiocrité soutenue, celle qui ne flanche jamais, celle qui se joue des difficultés, glisse, comme frottée d’huile, à travers la syntaxe, donne enfin l’impression d’un robinet d’où sort éternellement une belle eau claire, toujours la même. […] Je le sais, il vaudrait mieux regarder tomber la pluie philosophiquement, mais le démon de l’ennui, de la peur de l’ennui, nous pousse, et l’on devient si lâche dès que l’on sort de ses habitudes !
« Je m’étais levé pour sortir quand le signal divin accoutumé me retint ; je m’assis donc de nouveau194. » « Quand ceux qui m’ont quitté viennent de nouveau pour renouer commerce avec moi, la chose divine qui se produit en moi me défend de converser avec quelques-uns et me le permet avec quelques autres195. » « La cause (de ma réserve) n’était point quelque chose d’humain, mais un certain empêchement divin… Le dieu ne m’a pas permis de te parler jusqu’ici, afin que mes paroles ne fussent pas perdues ; j’attendais sa permission ; aujourd’hui il me le permet, car tu es capable de m’entendre… Mon tuteur est meilleur et plus sage que ton tuteur Périclès. — Qui est ce tuteur ? […] Voilà ce qui s’oppose à mon intervention dans les affaires publiques197. » « Cette prophétie du divin qui m’est habituelle a été fréquente dans tout le cours de ma vie, et dans les moindres occasions elle n’a jamais manqué de me détourner de ce que j’allais faire de mal ; or aujourd’hui, alors qu’il m’arrive ce qu’on pourrait prendre… pour le plus grand des maux, le signe du dieu ne s’est opposé à moi, ni ce matin, quand je suis sorti de ma maison, ni quand je suis venu devant ce tribunal, ni, tandis que je parlais, quand j’allais dire quelque chose. […] » Au son de sa propre voix prononçant bien, en effet, ces paroles sinistres, mais non pas dans le bureau de police, le malheureux se réveille ; il devine à l’effarement des voyageurs qu’il a du parler tout haut… « La race est plus nombreuse qu’on ne croit de ces dormeurs éveillés chez qui une destinée trop restreinte comprime des forces inemployées, des facultés héroïques. » Leur imagination se donne carrière dans le rêve. « De ces visions, les uns sortent radieux, les autres affaissés, décontenancés, se retrouvant au terre-à-terre de tous les jours. » On les rencontre « monologuant, gesticulant sur les trottoirs », poussant de temps à autre une exclamation : « Je l’avais bien dit !
La religion dynamique Jetons un coup d’œil en arrière sur la vie, dont nous avions jadis suivi le développement jusqu’au point où la religion devait sortir d’elle. […] Mais il n’y avait là, probablement, que des idées importées toutes faites de l’étranger : on sait à quel point l’Égypte avait toujours été préoccupée du sort de l’homme après la mort, et l’on se rappelle le témoignage d’Hérodote, d’après lequel la Déméter des mystères éleusiniens et le Dionysos de l’orphisme auraient été des transformations d’Isis et d’Osiris. […] D’une doctrine qui n’est que doctrine sortira difficilement l’enthousiasme ardent, l’illumination, la foi qui soulève les montagnes.
— De la question ainsi posée sort la réponse. […] Un jardinier qui n’est point sorti de sa province estime que tous les cygnes sont blancs ; si on le conduit au Muséum et qu’on lui montre les cygnes noirs de l’Australie, il n’attribuera plus la blancheur qu’à une certaine variété de cygnes. […] « D’abord, nous avons des phénomènes analogues dans la moiteur qui couvre un métal froid ou une pierre lorsque nous soufflons dessus, qui apparaît en été sur les parois d’un verre d’eau fraîche qui sort du puits, qui se montre à l’intérieur des vitres quand la grêle ou une pluie soudaine refroidit l’air extérieur, qui coule sur nos murs lorsque après un long froid arrive un dégel tiède et humide. […] Je fais sortir alors dix-sept moutons du premier enclos et dix-sept autres moutons du second ; puis je compte les deux troupeaux ainsi diminués, et je trouve que, dans chaque parc, il y en a dix-huit. — Toutes les fois que, sur un troupeau d’animaux quelconques, ou, plus généralement, sur une collection d’objets ou de faits distincts quelconques, j’ai pratiqué dans des conditions semblables des opérations semblables, j’ai vérifié que l’issue était semblable.
La monarchie de Juillet le sortit d’embarras en lui donnant ce qu’il lui fallait : un petit consulat dans la lune. […] « L’impossibilité d’atteindre aux êtres réels me jeta dans le pays des chimères ; et, ne voyant rien d’existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal, que mon imagination créatrice eut bientôt peuplé d’êtres selon mon cœur… Dans mes continuelles extases, je m’enivrais à torrents des plus délicieux sentiments qui soient jamais entrés dans un cœur d’homme. » Chose étrange, ou plutôt trop compréhensible, que le chimérique et dangereux idéal de l’amour romantique soit sorti des rêveries de ce poète quelque peu empêché parmi les réalités de l’amour naturel ! […] Ce que je maintiens, c’est que cette musique, ce chant ne se dégagent pas, ne se réalisent pas sans les moyens d’un art sorti de ses premiers et naïfs tâtonnements et parvenu à une certaine maturité. […] Un motif rythmique d’une fermeté, d’un serré et en même temps d’une légèreté étonnante, contenant dans sa densité les énergies d’un rebondissement musical qui semble ne devoir pas avoir de fin, voilà le germe d’où est sorti cette incomparable efflorescence sonore, cette forêt musicale aux horizons infinis et ordonnés comme un jardin à la française. […] C’est le sort de toutes les œuvres d’art et c’en est l’épreuve.
En effet, tous ceux qui voulurent chercher la beauté hors des voies de la vérité, partagent le sort de l’illustre auteur des Martyrs. […] Il sortait des gonds en voyant le public et les critiques le préférer à ses autres œuvres, et pour le rendre furieux, il n’y avait qu’à lui conseiller d’écrire quelque chose dans le même genre. […] Certes oui, ceux-là nous donneront des listes d’objets, si, comme il est probable, le sort leur refuse le privilège d’interpréter le langage de l’aspect des choses, et le don de l’opportunité et de la mesure artistique. Ce sera aussi le sort de tous ceux qui pensent que la méthode réaliste se réduit à copier la première chose que l’on voit, laide ou belle, laide de préférence, et qu’un groupe de copies de ce genre forment un roman. […] En outre, le Réalisme perdrait beaucoup si Pereda sortait de la Montagne.
Ne sortons pas de là, messieurs, ne nous embarquons pas, Gouvernement et corps politique, dans des questions de libre arbitre et de liberté métaphysique. […] Je dis quel chemin on a fait ; et sans sortir même de ce cercle spécial des thèses soutenues devant la Faculté de médecine, je citerai un exemple qui peut servir de mesure.
IV Il sortit de la Bastille par l’intervention du duc d’Orléans, régent du royaume, dont il devint le poëte favori. […] Sous ses pieds triomphants la mort est abattue, Des portes de l’enfer il sort victorieux.
Elle attaquait tout le monde, et si elle ne s’emportait pas jusqu’à l’injure, elle sortait par moments de la civilité. […] Destinée unique, vie qui recommence après un demi-siècle, et pour un demi-siècle encore ; je ne m’étonne pas que, de tant de conditions heureuses, il soit sorti un livre à beaucoup d’égards parfait, par la convenance de l’entreprise au but et de l’œuvre à l’ouvrier.
L’esprit ne peut sortir de lui-même ; et les choses qu’il croit extérieures à lui sont, uniquement, ses idées. […] Wolfram se lève avant les autres, car c’est son nom que la princesse Elisabeth a retiré de l’urne, où le sort devait indiquer le premier appelé dans la lice.
Solitude, froid silence épars dans la verdure, perçu par des sens moins subtils qu’inquiets, vous connûtes les claquements furibonds d’une étoffe, comme si toute la nuit absconse en ses plis en sortait enfin secouée ! […] On sort du mariage habitueux.
L’auteur des Ducs de Guise, qui ne nous donne point la généalogie des Lorraine, parce qu’il ne fait pas l’histoire de la maison de Lorraine, prend tout uniment son histoire du pied de la première illustration de cette famille qui a rayonné au xvie siècle, et son livre commence, ainsi qu’une biographie, au moment où le premier duc, le duc Claude, sort armé et saignant de ses vingt-deux blessures de la bataille de Marignan, comme un lion de blason yssant du cimier qu’il couronne et qu’il a rougi ! […] Il n’en est pas assez sorti pour rentrer dans l’idée du Catholicisme et pour la comprendre, comme doit la comprendre même l’homme qui fait l’histoire de sa défaite.
Il partira alors des objets réellement perçus par le sujet, et il tâchera d’en rendre la perception de plus en plus confuse : puis, de degré en degré, il fera sortir de cette confusion la forme précise de l’objet dont il veut créer l’hallucination. […] Et nous ne l’acceptons que parce qu’il nous paraît ou sortir d’un état d’âme ou s’encadrer dans les circonstances.
On raconte qu’Alfred de Musset, tout enfant, eut un jour de petits souliers rouges fort jolis, qu’on appelle, je crois, des mignons, et pendant qu’on les lui mettait pour aller à la promenade, comme cela tardait un peu, il s’impatientait et disait à sa bonne : « Dépêche-toi, je yeux sortir, mes mignons seront trop vieux. » Lamennais était cet enfant, et comme lui avide, à sa manière, de jouir ; en présence de la vérité qu’il essayait, il était si pressé, si impatient, qu’on aurait dit qu’à tarder d’un seul instant, elle allait devenir trop vieille.
Bernier, chargé des deux nouvelles ouailles qu’il s’est données, ses tribulations croissantes et toujours consolées, depuis le moment où il sort de l’hôtel au milieu des rires en les tenant chacune sous un bras, jusqu’au jour où il les recueille chez lui dans sa propre chambre et où la grossesse de la pauvre Rosa se déclare, ces incidents survenant coup sur coup et l’un à l’autre enchaînés sont touchés avec un art secret, et ménagés avec une conduite qui fait l’intérêt du fond.
Tout jeune, il avait reçu de son père un message d’où dépendait le gain d’un procès ; il sort, rencontre des amis, va avec eux à la comédie, et ne se souvient que le lendemain du message et du procès.
Voulant découvrir quel est l’objet de l’art, il ne fait point d’axiomes et de définitions a priori ; il ne sort pas de l’expérience.
On voit que le provignement de Ronsard n’est que l’imitation réfléchie de révolution spontanée du langage ; si d’impression sont sortis impressionner, impressionnable, impressionnabilité, n’est-ce pas un provignement opéré par l’instinct naturel du peuple ?
et si, de mon mensonge, ou de mon ivrognerie, il sort un bien pour quelqu’un, j’ai bien fait d’être menteur ou ivrogne.
D’un cours fait en 1837 à Lausanne sortit l’Histoire de Port-Royal (1840-1860) ; d’un cours professé à Liège en 1848, l’ouvrage intitulé Chateaubriand et son groupe littéraire (1860).
Marions-nous, et nos deux ombres se consoleront, et, dans neuf mois, de nos deux ombres il en sortira une troisième, et ainsi de suite ; et, à ce compte, quand nous serons douze, nous serons vingt-quatre, toute une armée pour mettre la peur en déroute. » J’y songeais, dis-je, ô ma Lucy !
Vos amoureuses adultères sortent broyées de leur aventure ; et, si vous avez paru reconnaître le droit absolu de la passion, ce n’est que de celle qui est « plus forte que la mort » et qui la fait souhaiter ou mépriser.
Il s’excite là-dessus ; il explique toute la femme par ce sang et par la blessure d’où il sort.
Être accusé de manquer de cœur est le sort commun de tous les artistes non effrontés, qui ne font pas de leur cœur métier et marchandise, et qui ne l’accommodent pas en mélodie pour piano ; peut-être faut-il qu’on soit resté simple et instinctif pour deviner l’être aimant et divinement tendre, en lisant le Triomphe de Pétrarque et l’héroïque Thermodon ; mais il me semble difficile que le premier venu puisse lire sans pleurer les strophes émues et déchirantes inspirées à Théophile Gautier par la mort de sa mère.
Chantre de Tancrede & d’Armide, je te suis dans tous les lieux où t’entraîne le destin le plus bizarre, je vois le charme de la Poësie, comme un baume vivifiant, ranimer ton ame flétrie par la douleur ; tu braves le sort & les ennemis en te jettant dans les bras des Muse ; la mort s’avance & tu ne l’apperçois pas ; ton œil ne se porte que vers l’immortalité.
Ce géant des prophètes, en son âpre solitude du Carmel, partageant la vie des bêtes sauvages, demeurant dans le creux des rochers, d’où il sortait comme un foudre pour faire et défaire les rois, était devenu, par des transformations successives, une sorte d’être surhumain, tantôt visible, tantôt invisible, et qui n’avait pas goûté la mort.
C’est un délicieux bosquet de haute verdure, sillonné par d’abondantes eaux qui sortent en partie d’un grand bassin rond, de construction antique (Aïn-Medawara).
La vraie religion ne devait pas sortir du tumulte des villes, mais de la tranquille sérénité des champs.
Si nous voulons sortir de ce court moment, il faut avoir recours à la mémoire, et nous savons qu’elle est faillible.
Bossuet vient de sortir fort à propos du monde au moment où il écrit (1704).
En effet, tout ce que nous savons des mœurs, des habitudes, des instincts propres aux poissons, nous oblige à regarder ces animaux comme généralement inférieurs aux insectes, et à les placer fort au-dessous des fourmis et des abeilles, tandis que leur système nerveux, comme celui de tous les vertébrés, offre de nombreux caractères qui le rapprochent du système nerveux de l’homme. » De cette considération, Leuret conclut, à l’inverse de Gratiolet, « qu’il ne faut pas attribuer à la forme de la substance encéphalique une très grande importance11. » Sans sortir de l’ordre des mammifères, il est très difficile d’attribuer une valeur absolue à la forme cérébrale, car s’il est vrai que le singe a un type de cerveau tout à fait semblable à celui de l’homme, en revanche, nous dit Lyell, « l’intelligence extraordinaire du chien et de l’éléphant, quoique le type de leur cerveau s’éloigne tant de celui de l’homme, cette intelligence est là pour nous convaincre que nous sommes bien loin de comprendre la nature réelle des relations qui existent entre l’intelligence et la structure du cerveau » 12.
L’intrigue, en un mot, est un dédale, un labyrinthe qui va et revient toujours sur lui-même, où l’on aime à se perdre, d’où l’on cherche pourtant à sortir, mais où l’on rentre avec plaisir quand une fausse issue nous y rejette.
C’est que, quand au sortir du temple le peuple venait à reconnaître ces qualités dans quelques individus, il en était bien autrement touché.
Ce qui lui est ainsi transmis n’est, au cours de son histoire, le produit d’aucun développement, par conséquent ne peut être expliqué si l’on ne sort pas des limites de l’espèce dont elle fait partie.
Ses facultés (si elle en eut jamais) s’étaient abîmées et consumées dans la fournaise d’amour de la sainteté… La femme elle-même y avait péri, et de cette fournaise était sorti l’Ange que vous allez voir !
Cette histoire se compose de quatre volumes, doublement substantiels par l’esprit et par la matière, lesquels représentent six années de recherches et de travail infatigable sur l’époque la plus passionnée et la plus féconde de l’histoire moderne, puisque le monde moderne, tout entier, est sorti de cette époque-là !
Nous savons d’où il était sorti et où il est allé, ce dernier venu du xviiie siècle, qui en avait la négation, l’impiété, l’analyse meurtrière et orgueilleuse, qui portait enfin dans tout son être le venin concentré, froidi et presque solidifié de cette époque empoisonnée et empoisonneuse à la fois, mais qui, du moins, n’en eut jamais ni la déclamation ni la chimère !
Nous savons d’où il était sorti et où il est allé, ce dernier venu du xviiie siècle, qui en avait la négation, l’impiété, l’analyse meurtrière et orgueilleuse, qui portait enfin dans tout son être le venin concentré, froidi et presque solidifié de cette époque empoisonnée et empoisonneuse à la fois, mais qui, du moins, n’en eut jamais ni la déclamation ni la chimère !
Cet esprit charmant, qui reste charmant jusqu’au bout, est ici sorti de toutes les routes vulgaires.
Foncin, l’auteur des Géographies scolaires, d’aussi véridiques paroles : « Si nous voulons, nous, Français, conserver une place dans le monde et résister aux flots anglo-saxon, allemand, américain, russe, qui menacent de nous submerger, nous, notre commerce, notre industrie, notre agriculture, notre richesse, notre race, notre influence politique et intellectuelle, il faut, par un vigoureux effort, sortir de nous-mêmes…. » 52.
Nous ne savons quel sort définitif la physique lui réserve.
Mais ceci est certain, que le vers français, même régulier, n’est pas sorti du symbolisme tel qu’il y était entré, et qu’aujourd’hui le fait, pour un poète, d’écrire en vers comme si ni Verlaine, ni Mallarmé, ni De Régnier, ni Viélé-Griffin n’avaient existé, suffit à le déclasser.
On sent ce qu’ont de sérieux ces communications entre les premiers peuples, qui, à peine sortis de l’état sauvage, vivaient ignorés même de leurs voisins, et n’avaient connaissance les uns des autres qu’autant que la guerre ou le commerce leur en donnait l’occasion.Ce que nous disons de l’isolement des premiers peuples s’applique particulièrement aux Hébreux. — Lactance assure que Pythagore n’a pu être disciple d’Isaïe. — Un passage de Josèphe prouve que les Hébreux, au temps d’Homère et de Pythagore, vivaient inconnus à leurs voisins de l’intérieur des terres, et à plus forte raison aux nations éloignées dont la mer les séparait. — Ptolémée Philadelphe s’étonnant qu’aucun poète, aucun historien n’eût fait mention des lois de Moïse, le juif Démétrius lui répondit que ceux qui avaient tenté de les faire connaître aux Gentils, avaient été punis miraculeusement, tels que Théopompe qui en perdit le sens, et Théodecte qui fut privé de la vue. — Aussi Josèphe ne craint point d’avouer cette longue obscurité des Juifs, et il l’explique de la manière suivante : Nous n’habitons point les rivages ; nous n’aimons point à faire le négoce et à commercer avec les étrangers.
Fils d’une famille noble de Mytilène, le poëte Alcée, dont le nom demeure un des symboles du génie lyrique, paraît avoir été tour à tour le champion d’une aristocratie qui se flattait d’illustrer le pays qu’elle gouvernail, et l’adversaire opiniâtre de l’homme puissant sorti des luttes publiques, pour commander également à tous, au nom du peuple.
Mais, là où ne s’est pas encore produite une canalisation en éléments nerveux, encore moins une concentration des éléments nerveux en un système, il y a quelque chose d’où sortiront, par voie de dédoublement, et le réflexe et le volontaire, quelque chose qui n’a ni la précision mécanique du premier ni les hésitations intelligentes du second, mais qui, participant à dose infinitésimale de l’un et de l’autre, est une réaction simplement indécise et par conséquent déjà vaguement consciente. […] Tout se passe comme si la larve du Sitaris, dès son éclosion, savait que l’Anthophore mâle sortira de la galerie d’abord, que le vol nuptial lui fournira le moyen de se transporter sur la femelle, que celle-ci la conduira dans un magasin de miel capable de l’alimenter quand elle se sera transformée, que, jusqu’à cette transformation, elle aura dévoré peu à peu l’œuf de l’Anthophore, de manière à se nourrir, à se soutenir à la surface du miel, et aussi à supprimer le rival qui serait sorti de l’œuf. […] Notre intelligence, telle qu’elle sort des mains de la nature, a pour objet principal le solide inorganisé.
Le monde de Balzac est sorti de ses livres pour venir habiter parmi nous ; et ses héros sont aujourd’hui nos maîtres. » Vous lisez cela et vous craignez que l’expression vive ait dépassé la pensée de M. […] Elle a eu le sort aventureux qu’ont les doctrines et les dogmes : elle s’est, d’âge en âge, altérée ; elle a survécu à la plupart de ses vives significations ; et elle a disparu dans un oubli silencieux. […] Minerve qui sort du cerveau de Jupiter atteste que Jupiter est un dieu. […] Les auteurs ne sont-ils pas un peu inquiets de voir une idée sortir ainsi des sciences qui l’ont vue naître et gagner d’autres sciences, d’autres études qui ne sont pas les siennes, s’engager dans des chemins qui ne sont pas les siens ? […] Reste à savoir si le triomphe du darwinisme, sorti de son domaine propre et qui envahit toute la pensée humaine, est légitime.
Qu’il nous soit permis de le dire : si le poëte avoit pû compter sur le jeu muet de l’actrice, il auroit retranché ce monologue : Il sort : quelle nouvelle a frappé mon oreille, &c. […] C’est au spectateur à se déplacer, non au spectacle ; & c’est la réflexion que tous les acteurs devroient faire à chaque rôle qu ils vont joüer : on ne verroit point paroître César en perruque quarrée, ni Ulysse sortir tout poudré du milieu des flots. […] Personne, par exemple, n’est tenté d’envier le sort de deux bergers qui se traitent de voleurs & d’infames (Virg. […] Or l’intérêt ne peut augmenter à un certain point, sans sortir du genre de l’églogue, qui de sa nature n’est susceptible ni de terreur, ni de pitié. […] Caton n’étoit pas heureux après la défaite de Pompée ; & qui n’envieroit le sort de Caton tel que nous le peint Séneque, inter ruinas publicas erectum ?
Il est sorti victorieux des mains de la femme, mais la femme n’est pas sortie des mains de Paris. […] Il n’est le produit d’aucune camaraderie ; comme tant d’autres, il n’est point sorti des fabriques ordinaires de renommées. […] Des coups d’épée, des manteaux flottants, et des lampées à même les brocs d’étain, et des bottes qui résonnent, et Bonacieux… non, mais Bonacieux… Et Planchet… non, mais Planchet… Et pas de psychologie : et pas d’art, et rien… rien… C’est le rêve… Un tout récent critique, à peine sorti des limbes des Premiers-Paris et des entrefilets ministériels, s’est fait remarquer par son emballement. […] Léon Hennique était désormais sorti de l’ombre. […] (Il sort avec la nourrice.)
Il est vrai que la vue de Froissart ne s’étend pas au-delà des motifs et des circonstances les plus ordinaires, et ne sort pas du cercle du récit ou de la description. […] Il y a d’ailleurs tant de vérité dans une morale qui fait sortir des conseils de Dieu les grandes fortunes comme les grandes catastrophes d’ici-bas, qu’elle devait inspirer des pages durables à un homme qui ne pensait qu’à mettre des notes sur le papier.
Sous l’influence de la peur, le sang reflue aux extrémités, à ce point qu’une bague ne puisse plus alors sortir du doigt. […] Le cri d’alarme qui sort de votre bouche est la traduction pour l’oreille de l’alarme qui s’est produite non seulement dans votre cerveau, mais jusque dans les moindres particules de votre organisme : c’est le cri d’un peuple entier qui se sent menacé dans sa vie.
Cependant, faire sortir le monde organisé tout entier d’une seule cellule primitive, ce serait retourner à l’ancien mythe de l’œuf cosmique, couvé par la colombe divine, en substituant, toutefois, à l’ancien sens symbolique, large et figuré, un sens absolu, étroit et en tous points indigne des largesses créatrices de la nature, qui mesure et limite le nombre des adultes à la quantité de vie qu’elle peut leur distribuer, mais qui n’épargne jamais les germes. […] Dans l’hypothèse où tous les êtres seraient sortis d’un germe unique, il n’est pas douteux que, jusqu’à ce que ce type primitif se fût multiplié de manière à peupler tout le globe, il n’y aurait point eu de variations accumulées dans une direction définie, la concurrence vitale, et la sélection qui s’ensuit, n’existant pas ; mais aussi il n’y aurait eu ni sélection naturelle ni hérédité pour empêcher toutes les déviations possibles du type primitif, de sorte que les variétés eussent pu se produire et se multiplier sans empêchement Si, au contraire, les germes primitifs ont été produits en nombre immense à la surface du globe, ces êtres très simples, très semblables entre eux et probablement doués d’une grande puissance de reproduction comme tous les êtres inférieurs, durent se faire une concurrence assez vive dès le principe ; et, comme on l’a déjà vu autre part, la variabilité n’ayant pas à lutter contre les tendances héréditaires, si puissantes de nos jours, de nombreuses variétés durent se former en divergeant rapidement de caractères, de manière à s’adapter à toutes les conditions de vie alors possibles ; de sorte que, dès l’époque silurienne, tous les principaux types de l’organisation étaient déjà produits et fixés.
La vérité est que, si une perception rappelle un souvenir, c’est afin que les circonstances qui ont précédé, accompagné et suivi la situation passée jettent quelque lumière sur la situation actuelle et montrent par où en sortir. […] Nous ne savons rien du mécanisme par lequel une représentation sort de l’inconscient ou y retombe.
Ces empereurs grecs qu’ont en face les guerriers francs n’osent sortir de leurs murailles, se mettre à la tête des vaillants hommes qui leur restent ; ils s’enfuient de nuit par des portes dérobées, et vont chercher dans des palais moins en péril ce qu’ils espèrent sauver de la ruine universelle, un reste de voluptés et de délices.
On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse.
Et un mot d’abord sur l’école à laquelle il appartient et d’où il est sorti.
Vauvenargues ne saurait mieux marquer par quelle extrémité de fortune et, pour ainsi dire, par quelle contrainte du sort il est arrivé comme malgré lui à livrer au public les productions de sa plume, à se faire homme de lettres ; et quand Saint-Vincens, qui n’a pas lu encore l’ouvrage et qui en a entendu dire du bien, lui en renvoie par avance de flatteuses louanges, voyez de quel air il les accueille ; il en est presque humilié : Je suis bien touché de la part que vous voulez prendre aux suffrages que mon livre a obtenus ; mais vous estimez trop ce petit succès.
Veuillot quand il sort de chez lui, quand il perd de vue le clocher desa paroisse, et qu’il vit aux dépens de l’ennemi, fut-ce à nos propres dépens.
Le voilà dans sa sphère, dans celle du moins dont il ne sortit plus, et à laquelle appartient toute la partie ; la plus active et diversement mémorable de sa vie.
Mathos n’était pas avec cette armée ; on l’alla assiéger dans Tunis, et pour l’avertir du sort qui l’attendait, on mit en croix Spendius et les autres chefs captifs à la vue des assiégés.
Les Dieux ont pitié de mon sort !
Lorsqu’en étant assidu aux élections, on pouvait influer sur le choix des hommes dont allait dépendre le sort de la France, les Aristocrates aimaient mieux l’exposer au joug des scélérats, que de reconnaître quelques-uns des principes de la révolution en votant dans les Assemblées primaires.
Cet esprit a besoin d’être dans l’opposition extrême pour trouver tout son emploi, pour jeter tout son éclat, pour valoir tout son prix, pour sortir et se déployer tout entier.
La comparaison est peu respectueuse, et je ne prendrais pas la liberté de la faire, si elle était de mon invention : ce fut Madame elle-même à qui elle vint à l’esprit, aussitôt que Monsieur fut sorti du cabinet, et elle la fit moitié en riant, moitié en pleurant.
Différent, ils le soupçonnent méprisant, et, voulant imiter ce qu’ils devinent, se fabriquent des partis pris : cependant qu’il n’est pas sorti de sa générale bonté, même pour les fustiger, ces petits.
mourir ainsi, mourir — devançons le sort — En sentant l’Infini bourdonner dans nos têtes !
Bain d’être sorti de l’analyse expérimentale pour se demander comment nous percevons le monde extérieur, et pourquoi nous y croyons.
Si nous en sortons, notre esprit se rassure en vain par des sophismes et notre vouloir se tend inutile dans le vide.
Ainsi, lorsqu’au sortir d’une scène d’orage, où il a secouru et longtemps veillé Julie évanouie, Raphaël nous décrit, au matin, l’abbaye de Hautecombe, avec son architecture vivante de ronces, de lierres flottants, de giroflées suspendues, de plantes grimpantes, avec son luxe de soleil, de parfums, de murmures, de saintes psalmodies des vents, des eaux, des oiseaux, des échos sonores…, quand il s’écrie : « La Nature est le grand prêtre, le grand décorateur, le grand poète sacré et le grand musicien de Dieu » ; il se sent obligé presque aussitôt de nous avertir qu’il n’a songé à tout cela que depuis : « Je n’étais pas, en ce moment, assez maître de mes pensées, dit-il, pour me rendre compte à moi-même de ces vagues réflexions. » Pourquoi donc alors venir nous en rendre compte avec ce double faste de métaphysique et de couleurs ?
Quand on a lu ce volume, et qu’on a relu tous les vers que le biographe indique et qu’il rappelle, on sait tout de La Fontaine, on a été son ami, et l’on n’a plus, pour achever son idée, qu’à faire comme lui, à sortir seul en cheminant au hasard et à rêver.
Il était difficile de ne pas dire un mot tout d’abord de ce qu’on a sur le cœur : mais venons vite au savant et pacifique ouvrage auquel M. de Rémusat s’est consacré tout entier, sans sortir de son sujet un seul moment.
Par une vision particulière pareille en son effet, à ces fusils photographiques, qui décomposent le vol d’une chauve-souris et le saut d’un gymnaste, M. de Goncourt arrête le portrait de la sœur de la Faustin, au sortir d’une, crise hystérique, dans sa promenade nerveuse par une salle de fin de dîner décrit Chérie montant un escalier et, « balançant sous vos yeux l’ondulante et molle ascension de son souple, torse ».
La mémoire manqua au premier ; la crainte saisit les deux autres, & leur fit éprouver le même sort, au point d’être longtemps à se remettre.
Le sujet qu’a pris ici La Fontaine, est plutôt un cadre heureux et piquant, pour faire une satire de l’humanité, qu’un texte d’où il puisse sortir naturellement des vérités bien utiles : aussi l’auteur italien que La Fontaine imite dans cet Apologue, en a-t-il fait un usage purement satirique.
Ils faisoient sortir de la bouche de leurs figures par une précaution bizarre, des rouleaux sur lesquels ils écrivoient ce qu’ils prétendoient faire dire à ces figures indolentes ; c’étoit-là veritablement faire parler ces figures.
Il falloit avoir recours à un expédient triste pour le gouvernement qui ne cherchoit que les moïens d’amuser le peuple en lui fournissant du pain et en lui donnant des spectacles, mais devenu necessaire ; c’étoit celui de faire sortir de Rome tous les pantomimes.
Mais nous disons, nous, que si le livre en question est de la main, il n’est point de la tête de Sterne ; que s’il est sorti, ébauche maigre, informe, mal venue, du portefeuille qui l’avait chastement gardé, il ne l’est pas de la plume divine qui a versé la vie, le sourire et les larmes, partout où elle s’est appuyée !
Ce seront quelques mots de la prière des frères Arvales, de cette courte antienne qu’à certains jours, au sortir du temple, après avoir prié les dieux du foyer et frotté d’huile leurs images, les laboureurs romains chantaient en dansant, répétant trois fois chaque verset : « Ô Dieux lares, soyez-nous en aide !
» Mais il faut quelque chose de plus grave aux oreilles romaines que cette mythologie pittoresque, et le poëte reprend alors : « Que dirai-je avant la louange tant répétée du Père souverain, qui régit les choses humaines et divines, l’Océan, la terre et le monde, dans l’ordre varié des saisons, immortel principe, d’où ne sort rien de plus grand que lui, et près de qui ne s’élève rien de semblable ou d’approchant.
C’est de ce principe si fragile, si fugitif, si mobile, qu’il faut faire sortir toutes les lois du monde visible et du monde invisible, les substances, les causes, les droits et les devoirs, et enfin le principe suprême, l’être absolu. […] J’accorde qu’il y a une philosophie qui sort de toutes les sciences particulières, et avec laquelle la philosophie abstraite et spéculative doit compter. […] Non, sans doute, car de ce vide, de ce zéro, comment quelque chose pourrait-il sortir ? […] J’accorderai même aux Allemands, mais dans un autre sens qu’eux, que Dieu est l’identité du sujet et de l’objet, de l’être et de la pensée ; mais c’est à la condition que le sujet et l’objet, l’être et la pensée soient conçus en Dieu, dans leur type absolu et éminent, et non pas comme les vagues puissances d’une substance d’où tout sort indifféremment.
On voudrait d’abord savoir exactement le sens du titre. « Le mot Illuminations, explique Verlaine, est anglais et veut dire gravures coloriées, — coloured plates : c’est même le sous-titre que Rimbaud avait donné à son manuscrit. » Il faut aussi, je crois, conserver à ce mot quelque signification plus merveilleuse, car ce n’est pas seulement un livre d’images qui nous est ici présenté, mais plutôt on y trouve des visions, d’extraordinaires apparitions de paysages illuminés d’éclairs, et qui sortent de la nuit et qui soudainement s’y replongent après nous avoir un instant éblouis. […] Alors, il s’abandonne à son sort, avec une espèce de fatalisme mal résigné… Et dans toutes ces lettres qui résument seize années de son existence, de vingt et un à trente-sept ans, il n’est plus une seule fois question de littérature. […] Alors, elle l’a tué pour se libérer et pour s’en retourner dans la fête infinie des choses, elle la Nue et la Capricieuse, dont le sort est de participer aux joies de l’universelle vie… Les Roseaux de la Flûte, qui suivent Aréthuse dans le recueil des Jeux rustiques et divins, en diffèrent assez.
Il est à remarquer en effet combien furent libres d’humeur et indépendants tous ceux qui sortirent de cette école : et Chapelle le franc parleur, l’épicurien pratique et relâché ; et ce poëte Hesnault qui attaquait Colbert puissant, et traduisait à plaisir ce qu’il y a de plus hardi dans les chœurs des tragédies de Sénèque ; et Bernier qui courait le monde et revenait sachant combien sous les costumes divers l’homme est partout le même, répondant à Louis XIV, qui l’interrogeait sur le pays où la vie lui semblerait meilleure, que c’était la Suisse, et déduisant sur tout point ses conclusions philosophiques, en petit comité, entre mademoiselle de Lenclos et madame de La Sablière. […] Sans sortir des œuvres de Molière, on aurait des preuves de cette sensibilité, dans le penchant qu’il eut toujours au genre noble et romanesque, dans beaucoup de vers de Don Garcie et de la Princesse d’Élide, dans ces trois charmantes scènes de dépit amoureux, tant de la pièce de ce nom que du Tartufe et du Bourgeois Gentilhomme, enfin dans la scène touchante d’Elvire voilée, au quatrième acte de Don Juan. […] Molière, en son Épître à Mignard, a dit du dessin des physionomies et des visages : Et c’est là qu’un grand peintre, avec pleine largesse, D’une féconde idée étale la richesse, Faisant briller partout de la diversité Et ne tombant jamais dans un air répété ; Mais un peintre commun trouve une peine extrême A sortir dans ses airs de l’amour de soi-même.
Elle ne doit pas sortir, monsieur Clump ; elle ne sortira pas, aussi longtemps que je serai là pour veiller sur elle. […] Pour en sortir, il a épousé une bonne veuve créole qui traite outrageusement l’orthographe, et dont l’argent n’est pas net.
Et voici passer de lugubres, mortuaires et allégoriques cortèges : La Fièvre « dont personne n’entend les pas » et qui sort d’un marais immonde, accompagnée de mendiants jeteurs de mauvais sorts. […] Ou bien sort-il du Cercle des Hydropathes où l’on en avait usé d’abord comme d’un jeu et par fantaisie. […] Nous sommes voués à certains paysages, et le bonheur réside à nous y maintenir perpétuellement, et si le sort nous en a séparé, s’efforcer d’y parvenir sera le but suprême de nos désirs.
Michelet (la mort de la princesse de Lamballe, dans l’Histoire de la révolution, par exemple), qui sont aussi criminelles que tout ce qui peut sortir d’une plume. […] Nous voulons croire qu’il en sortira.
À mesure qu’on avancera dans le monde moderne, il deviendra pourtant de plus en plus difficile aux rédacteurs qui seront en exercice alors de se contenir à l’exposé des faits à l’analyse des ouvrages, sans y mêler quelque chose des idées et des impressions qui sortent presque inévitablement : mais jusqu’à présent l’esprit essentiel et primitif de l’œuvre, convenablement entendu et dans une juste extension, a été fidèlement observé.
Jouffroy à ceux qui y assistaient était plutôt celle d’un cénacle un peu mystérieux, d’où l’on sortait avec recueillement et en silence.
Dans La Mère confidente, qui sort de ses données habituelles et qui est d’un ordre à part dans son théâtre, il a touché des cordes plus franches, plus sensibles et d’une nature meilleure.
Un homme plus jeune, sorti comme Ginguené de la philosophie du xviiie siècle, et qui tenait par ses habitudes premières à la société d’Auteuil, Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française.
Si Ronsard sort d’une lecture ainsi forcée avec une poésie un peu haute en idée, mais inégale et indigeste, et la tête montée comme on dit, on n’en sera pas surpris.
Les entendant un jour s’en plaindre, Villars encore enfant s’écria : « Pour moi, j’en ferai une grande. » Et comme ses parents lui demandaient sur quoi il se fondait pour parler de la sorte, il répondit : « C’est déjà un avantage pour moi que d’être sorti de vous ; et, d’ailleurs, je suis résolu à chercher tellement les occasions, qu’assurément je périrai, ou je parviendrai. » Son mot d’ordre, sa devise en entrant dans la vie aurait pu être : « En avant, et toujours plus haut !
Au second chapitre de la Genèse, il est dit d’Adam « que le Seigneur Dieu ayant formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin de voir comment il les appellerait : et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. » Mais cette langue primitive d’Adam est perdue ; et puis il s’agit ici de nommer les pareils d’Adam, ou, pour ne pas sortir de notre ton et de notre sujet, il s’agit de trouver une juste nomenclature à des esprits et des talents humains, matière essentiellement ondoyante et flottante, diversité et complication infinie.
Mais aucune parole ne sortait de sa bouche.
Il n’avait pas douze ans lorsque, dans les premiers jours de janvier 1822, il sortait pour la première fois, pauvre oiseau exilé, de ses tourelles du Cayla, et arrivait à Toulouse pour y faire ses études, — je crois, au petit séminaire.
Il était tout à fait sorti de l’action, ai-je dit, et il jugeait avec impartialité, avec philosophie, les hommes et les choses ; mais quelle philosophie ?
Sainte-Beuve avait envie de sortir. — On saura quelle circonstance le fit passer d’emblée de l’ancien Moniteur au Temps.
Elle fut jadis très peuplée, « mais les guerres civiles du seizième siècle et surtout l’émigration des protestants l’ont rendue déserte, au point que, de 3 000 habitants qu’elle renfermait, il s’en trouve actuellement à peine 300802 ; c’est le sort de toutes les villes du pays ».
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Elle l’avait ramenée à Paris, où elle n’osait la laisser sortir sans précaution, de peur des entreprises de son mari pour recouvrer sa femme.
On aimerait à s’arrêter sur d’Holbach, Condillac, Turgot, Condorcet : nous sortons d’eux autant que de Voltaire, de Diderot, de Rousseau, de Buffon.
Ça été le moment du positivisme dur et brutal dont nous ne sommes pas sortis et qui a été l’un des fruits de la révolution de 1851.
Mais mon secours pourra lui donner les moyens De sortir d’embarras et rentrer dans ses biens : Ce sont fiefs qu’à bon titre au pays on renomme ; Et, tel que l’on le voit, il est bien gentilhomme.
monsieur, vous ne sortirez point.
Lazare repousse cette définition : « Un miracle est tout phénomène qui sort des lois que nous connaissons actuellement », parce qu’elle donnerait un caractère surnaturel à, par exemple, la production par Franklin de phénomènes électriques.
Sa pratique était de sortir des affaires avec autant d’impétuosité qu’il y était entré », Et pour dernier trait : « Son inclination était toujours portée vers la négociation. » Qu’était-ce donc que La Rochefoucauld ?
En un sens, il le compromettra ; car toute idée pour réussir a besoin de faire des sacrifices ; on ne sort jamais immaculé de la lutte de la vie.
Franchissez les parenthèses, sortez des deux ou trois apologues qui compliquent le chemin, il y a dans cette préface non seulement de gracieux détails, mais une idée juste.
des gens qui croiraient de ces choses dix ans de suite, n’en sortiraient pas sans un tic fâcheux dans l’esprit.
En vérité, c’est un charme que de se transporter sur cette terre des anges : on ne voudrait plus en sortir.
Toute nouveauté sort de l’inconscient et manifeste l’évolution du devenir : mais sitôt que cette nouveauté s’est formulée et a été convertie en notion en une première conscience individuelle, la voici propre. à se refléter dans toutes les intelligences et à être transmise à un grand nombre d’esprits.
Claude Bernard faisant voir qu’il y a plus de sucre dans les vaisseaux qui sortent du foie que dans ceux qui y conduisent est une expérience cruciale qui démontra contre toute objection que le foie sécrète du sucre.
L’esprit semble ainsi retourner par degrés vers cet état de végétation obscure d’où il est sorti, et par où il se rattache aux êtres inférieurs.
Il faudrait faire sortir de la bouche de chacun de ces personnages, comme on le voit à nos vieilles tapisseries de château, une légende qui dît ce qu’ils veulent.
Si le genre facile et heurté comporte des négligences, des incorrections, il ne comporte ni léché, ni faiblesse, il est de verve et de fougue : la vigueur de certaines parties fait sortir d’une manière insupportable le faible des autres ; il les vaut mieux non faites que faibles.
Est chose tout objet de connaissance qui n’est pas naturellement compénétrable à l’intelligence, tout ce dont nous ne pouvons nous faire une notion adéquate par un simple procédé d’analyse mentale, tout ce que l’esprit ne peut arriver à comprendre qu’à condition de sortir de lui-même, par voie d’observations et d’expérimentations, en passant progressivement des caractères les plus extérieurs et les plus immédiatement accessibles aux moins visibles et aux plus profonds.
Comme le véritable auteur dramatique écrit sa pièce en la voyant jouer, en voyant d’avance les acteurs qui entrent et qui sortent, qui se groupent et qui ont, en s’adressant les uns aux autres, telle ou telle attitude, et ne peut faire bien qu’à ce prix ; tout de même le lecteur doit voir, comme si elle était représentée, la pièce qu’il lit et pour ainsi dire presque littéralement entendre les couplets et les répliques.
C’est un écrivain, je l’ai dit déjà, sorti de La Vie parisienne, la plus jolie indécence du xixe siècle l’Indécent.
Nous le connaissons, et l’intérêt que nous lui portons est surtout fait de la curiosité de savoir comment il sortira des difficultés où l’ont jeté ses passions ou les circonstances de la vie.
Pourtant, même à ce moment de sa vie, il ne sort pas du caractère moyen. […] C’est de ce fonds d’études fécondes au sein des deux antiquités, c’est de ce commerce avec de grands esprits et de grands cœurs que sortit un livre excellent, tout savoir, tout esprit, le premier dans cet ordre d’idées, si Rollin n’avait écrit le sien.
Pour avoir une idée du type de femme qui va succéder à celui-ci, je n’ai point à sortir de la famille de Mme Sophie Gay. […] Les fillettes mettent des épingles dans un rond, et avec une balle qui, lancée contre le mur, revient sur le rond, elles essaient d’en faire sortir les épingles ; celle qui réussit à regagner ainsi sa mise a « retiré son épingle du jeu ».