Mais vous ne pouvez tout faire et vous êtes bien obligés de vous en remettre, pour empêcher ceux-là de mourir de faim, à des œuvres plus anciennes et plus riches que la vôtre. […] Zaza a « sacqué » ses anciens amants ; elle est « toute changée », — comme Marguerite Gautier, — car tel est l’effet des grandes passions. […] Là-dessus Cascart, camarade et ancien amant de Zaza, pas jaloux, mais sensé, dit à la bonne fille : « Ma fille, tu perds ton avenir. […] Il ne serait pas fâché de s’offrir l’étoile en exploitant les anciens souvenirs ; mais, douce et grave, un peu solennelle et faisant paraître dans ses discours la hautaine mélancolie d’une âme supérieure, la grue arrivée lui explique qu’il y a des souvenirs si poétiques, si frais, si « ailes de papillon », qu’il ne faut pas commettre ce sacrilège de les dévelouter. […] Le mauvais renom s’en aggrave encore quand on s’aperçoit que c’est presque uniquement l’ancienne bourgeoisie qui a profité des « conquêtes de la Révolution », et qu’elle en abuse.
C’est là qu’il faut le voir, si l’on veut connaître ses goûts : ce sont ceux d’un collectionneur, ou plutôt d’un amateur de tout ce qui est ancien, de tout ce qui porte un souvenir et raconte une histoire. […] La cheminée elle-même, ornée de majoliques anciennes, est entourée d’une tapisserie Louis XIII également. […] Des deux côtés du portrait sont des appliques en verre de Venise ancien. […] Bon dessinateur, ancien horloger, il s’était lancé dans la mécanique ; une partie des modèles du Conservatoire ont été exécutés par lui. […] Ceux qui hésitaient entre l’ancienne et la nouvelle école trouvèrent cette négligence un peu bien injuste.
La maladie, avant de tuer quelqu’un, apporte à son corps de l’inconnu, de l’étranger, du non lui, en fait une espèce de nouvel être, dans lequel il faut chercher l’ancien… celui dont la silhouette animée et affectueuse n’est déjà plus. […] C’est un cas qui amuse l’ancien médecin dans l’homme devenu impuissant. […] Les convives sont de Chennevières, le docteur Veyne, l’ancien médecin de la bohème, et Sainte-Beuve. […] On cause de l’histoire moderne, de sa supériorité sur l’ancienne, qui ne voyait jamais ni le cadre ni le milieu des événements, et Sainte-Beuve déclare que Villemain ne sait absolument des événements que ce qu’il y a dans les livres, et que la connaissance de l’art d’un temps manquait jusqu’ici aux historiens. […] En face de la Muette, sur les terrains de l’ancien Ranelagh, — j’ai reconnu la maison sans la connaître, — ça ressemble aux tâtonnements des enfants avec les jeux d’architecture, et où ils marient des tours à créneaux avec un kiosque chinois.
La preuve en est la facilité de vivre qu’un Français éprouve dans toute l’Italie, se sentant partout un peu chez lui, en familiarité avec les objets et les gens, et s’y trouvant comme dans une ancienne patrie. […] C’est l’ancienne maîtresse qui se charge de remettre la nouvelle dans la bonne voie ; elle y parviendrait si la nature n’arrêtait pas court une vie qu’elle a donnée comme à regret à l’héroïne de ce roman étrange et captivant. […] Ce qui explique peut-être ces anomalies, c’est que l’ancienne antipathie, qui faisait verser jadis des flots de sang, a pris maintenant la forme d’une jalousie réciproque. […] Même dans le sanctuaire mystique, où Pie IX avait baissé sa voix d’ancien cuirassier, il garda ses allures cavalières et son ton péremptoire. […] Émile Ollivier, des manuscrits retrouvés, des œuvres des auteurs anciens, mais complété par les opinions d’artistes érudits qui ont étudié le sculpteur de génie.
Et l’âme du vieux quartier s’éveillait dans ma « chambrette » de très ancien étudiant (j’eus une inscription en droit vers 1865). […] La prison des Petits Carmes est un sombre ancien couvent affecté, si je ne me trompe, à son actuelle destination dès après 89. […] Mon livre donnait tous détails dont quelques-uns pénibles et durs et tous très francs et des plus nets, sur cette chose ancienne. […] Deux d’entre eux étaient d’anciens pasteurs ; l’un d’eux, le Père Anderson, neveu du cardinal Manning. […] … avec une très ancienne église dédiée à Saint-Thomas à Becket.
À quoi bon l’ancien christianisme, puisqu’il repousse le nouveau ? Et à quoi bon le nouveau, puisque, sans l’appui de l’ancien, il est plus incapable de conquérir le monde que l’ancien de le conserver ? […] Ces corps intermédiaires, l’ancien régime les a connus ; la France moderne ne les connaît pas. […] Est-ce que les anciens connaissaient l’action au théâtre ? […] Où sont les fêtes galantes de l’ancien régime, de la Rome de Stendhal ?
J’ai un goût ancien et toujours nouveau pour l’esprit de M. […] Comme ses contemporains, il admirait pêle-mêle tous les ouvrages des anciens. […] De tout temps, la France fut douce à ses enfants ; le paysan de l’ancien régime avait ses joies : il y chantait. […] La construction est rectangulaire, faite à la manière des anciens Égyptiens, par assises froides. […] C’est là qu’après la chute de l’Empire, Dominique-Vivant Denon, ancien gentilhomme de la chambre du roi, ancien attaché d’ambassade, ancien directeur général des beaux-arts, membre de l’Institut, baron de l’Empire, officier de la Légion d’honneur, s’était retiré avec ses collections et ses souvenirs.
Le romancier gracieux, qui a si souvent introduit dans ses ouvrages des figures de personnages aristocratiques en y mêlant une fine pointe d’ironie, n’a eu cette fois qu’à imaginer un personnage de plus, celui d’un homme de lettres né dans les rangs du peuple, aussi peu né que possible, mais avec des goûts distingués et une vocation d’homme de qualité, qui eût été abbé dans l’ancien régime, qui eût été toute sa vie le gentil abbé de l’hôtel d’Uzès et à qui il n’a manqué de nos jours, pour remplir cette destinée d’autrefois, que le titre et le petit collet.
Jeté par sa position militaire dans le midi de la France, pendant les premières années de nos troubles, transporté tour à tour d’Uzès à Avignon et de Carpentras à Jalès, il aurait pu sans doute nous exposer avec clarté et franchise les déplorables agitations de ces provinces tant de fois ensanglantées ; nous dire comment la patrie des plus ardents fauteurs de l’ordre nouveau se trouva si proche du camp où le régime ancien se retrancha ; comment ces Cévennes, encore retentissantes de la voix des pasteurs proscrits, prêtèrent leurs asiles à la monarchie et à la religion déchues de Louis XIV ; comment, en un mot, les partis se caractérisèrent dans ces vives contrées, s’y constituèrent en présence l’un de l’autre, d’autant plus terribles et inexorables qu’ils s’alimentaient de rivalités plus immédiates et pour ainsi dire plus domestiques, que de vieilles haines inextinguibles se rallumaient aux haines récentes, et que les séductions étrangères les plus habilement ménagées s’y combinaient avec ce qu’ont de plus irrésistible et de plus spontané les mouvements populaires.
La pensée, identifiée avec les formes anciennes, n’existait qu’en elles, et ne se produisait que par elles ; les épanchements de l’amitié, les inspirations du talent, tout ce qui naît spontanément en nous, en naissait revêtu.
Signoret sont toutes pénétrées de cet amour intense de la nature qui fait qu’on s’identifie avec elle, qu’on la sent vivante et qu’on prête une âme, comme les anciens, aux vieux chênes, aux sources, aux rochers… Les divinités mythologiques sont ici bien chez elles, dans leurs paysages familiers ; on les y attend, et l’on serait étonné de ne pas les y voir.
Mort d’Edmond de Goncourt J’ai vingt raisons d’admirer Sainte-Beuve, mais celle-ci me frappe aujourd’hui qu’il excellait au moindre prétexte, volume paru, décès survenu, anniversaire ou édition, à donner, à brûle-pourpoint, sur un moderne ou sur un ancien, une étude à peu près définitive.
EON DE BEAUMONT, [Charlotte-Genevieve-Louise-Auguste-Andrée- Thimo-thée d’] Censeur Royal, Docteur en Droit civil & en Droit canon, Avocat au Parlement, ancien Capitaine des Dragons & des Volontaires de l’armée, Aide-de-camp de M. le Maréchal & de M. le Comte de Broglie, Chevalier de l’Ordre Royal & Militaire de S.
Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de conventions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, manquant « d’idées générales » vénèrent encore, et nul n’ignore qu’il y a une tendance chez ces grands penseurs, à voir, en cette heure, dans la religion de la Patrie, une chose presque aussi démodée que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie, une tendance à mettre l’Humanité au-dessus de la France : des idées qui ne sont pas encore les miennes, mais qui sont incontestablement dans l’ordre philosophique et humanitaire, des idées supérieures à mes idées bourgeoises.
Mais dans tous les cas, quel que soit l’avenir de l’architecture, de quelque façon que nos jeunes architectes résolvent un jour la question de leur art, en attendant les monuments nouveaux, conservons les monuments anciens.
Soit par douceur de caractère, soit par considération pour son ancien maître, Euripide ne vouloit pas éclater, Il garda toujours les bienséances.
. — Lethumque Laborque ; consonances qui prouvent que les anciens n’ignoraient pas l’espèce de beauté attachée à la rime.
Les diverses parties du monde ancien ne furent d’abord que les parties du petit monde de la Grèce.
Exposition et division de la sagesse poétique Puisque la métaphysique est la science sublime qui répartit aux sciences subalternes les sujets dont elles doivent traiter, puisque la sagesse des anciens ne fut autre que celle des poètes théologiens, puisque les origines de toutes choses sont naturellement grossières, nous devons chercher le commencement de la sagesse poétique dans une métaphysique informe.
Les écrivains anciens ne nous transmettent sur les mystères que de furtives réticences. […] La religion officielle de l’ancienne Rome était livrée à l’anarchie des idolâtries orientales. […] Mais comment voulez-vous que je revienne aux tailles de l’ancien temps ? […] Ces camarillas d’anciennes cours plongent dans les sapes et dans les ténèbres. […] En touchant le sol de la Grèce, elle redevient simple et naturelle comme ses anciens Dieux.
C’est un bouquet de chênes de haute futaie, épargnés jusqu’à ce jour par la hache des anciens propriétaires du domaine. […] Nous n’avons besoin ni de civisme, ni de harangues, ni de poèmes ; va où va la feuille morte de tes anciens chênes, à tous les vents, chauds ou froids, que m’importe ? […] L’aïeul, à leurs propos, s’égaye et nous contemple : En mes leçons, toujours, je le prends pour exemple ; Mon récit en appelle à ses récits anciens ; Il parle, et de mes bras on vole dans les siens ; Avec des cris joyeux on l’entoure, on le presse ; À toute question répond une caresse ; Vers leurs lèvres son front se penche avec douceur… Et moi !
Or les portraits physiques et biographiques des personnages me charment et m’instruisent dans Thucydide, dans Tacite, dans Machiavel, dans Saint-Simon, dans tous les grands historiens anciens ou modernes. […] Cette justice rémunératoire que Dieu a placée dans nos actes mêmes comme une conscience plus sainte que la fatalité des anciens ne se manifesta jamais avec plus d’évidence ; jamais la loi morale ne se rendit à elle-même un plus éclatant témoignage et ne se vengea plus impitoyablement. […] Le récit vivifié par l’imagination, réfléchi et jugé par la sagesse, voilà l’histoire telle que les anciens l’entendaient, et telle que je voudrais moi-même, si Dieu daignait guider ma plume, en laisser un fragment à mon pays. » VII « Mirabeau venait de mourir.
Ces autres hommes, jeunes et vieux, et ces femmes qui tiennent des fiasques à la main ou qui jouent au jeu de la morra sur le matelas, sont les parents et les parentes du village de Buon Visi : les oncles, les tantes, les cousins, les cousines de nous autres ; ils viennent avec nous pour nous faire cortège ou pour se réjouir, tout le jour et toute la nuit, avec nous passer le jour de la noce à Lucques chez le bargello (le geôlier, officier de police dans les anciennes villes d’Italie) ; car, voyez-vous, cette belle fiancée, la sposa de mon frère, ce n’est ni plus ni moins que la fille unique du bargello de Lucques. […] C’était une de ces guérites aériennes que les anciens seigneurs de Lucques ou chefs de faction, tels que le fameux Castruccio Castracani, faisaient élever autrefois, à ce que m’a dit la femme du bargello, pour dominer les quartiers des factions contraires et pour voir, au-delà des remparts de Lucques, si les Pisans ou les Florentins s’approchaient de la ville. […] On dit qu’elle avait servi, dans les anciens temps, à murer, dans ce dernier étage de la tour, un prisonnier d’État qu’on avait voulu laisser mourir à petit bruit, dans ce sépulcre au milieu des airs, et que les gonds et les verrous de la porte avaient retenu le bruit de ses hurlements.
Quelquefois aussi j’avais la permission d’entrer dans la chambre de mon père et de lire les volumes contenus dans une ancienne cassette de toilette, qu’on nous envoyait de la ville voisine les jours de marché. […] Clotilde, accablée de tant de pertes, isolée dans le Vivarais, et moins capable sans doute de produire que de recueillir et de corriger, dut commencer à cette époque les Mémoires dont nous parlons, et dont les premiers livres contenaient l’histoire de l’ancienne poésie française : elle s’occupa aussi de revoir ses premiers ouvrages, travail qu’elle continua toute sa vie, et qui peut expliquer leur perfection. […] Je ne connais rien de plus tendre en aucune langue ancienne ou moderne.
Chacun s’évertuait, soit à retrouver les principes de la société humaine, soit à imaginer des ressorts nouveaux, comme si tous les anciens eussent été brisés, ou que les principaux ne se fussent pas redressés d’eux-mêmes dans la société conservée par la même providence qui conserve la vie humaine. […] L’art d’écrire en vers s’est renouvelé ; la rime s’est enrichie, comme on le voulait au dix-septième siècle, par la richesse du sens ; la phrase poétique a repris son ancienne liberté ; le mot propre a été substitué à la périphrase, et le poète est allé le prendre hors de cette élite jalouse de mots auxquels un goût de cour, timide et circonspect comme l’étiquette, avait reconnu exclusivement la qualité de noble. […] Si quelques esprits restés fidèles à l’ancien type historique, et justement préoccupés de précision, de choix sévère entre le nécessaire et le superflu, de beauté soutenue du langage, ont pu croire par moments qu’ils lisaient moins une histoire qu’un vaste et éloquent rapport, ils sont d’accord avec les bons juges et la foule pour admirer cette facilité, cette lumière universelle qui, de l’esprit de l’écrivain, se répand sur tous les sujets qu’il traite, cette pénétration qu’aucune difficulté ne met en défaut, cette éloquence qui, même où elle surabonde, ne sent jamais l’amplification, cette veine de français des meilleurs temps de la langue, qui court à travers les négligences et les locutions vieillissantes de la langue politique138.
Le passé s’en va, l’arbre ancien est mort et l’on aura beau l’empanacher des branches du jeune arbre qui pousse, on ne lui redonnera plus la sève tarie. […] Le numéro de janvier 1885 contient les articles suivants : 1° Richard Wagner : motifs extraits de ses écrits. — Cet article composé de passages pris aux livres de Wagner, expose comme quoi il faut juger toute œuvre en tenant compte du milieu où elle a été produite ; 2° Sur Jacob Grimm, en mémoire du 4 janvier 1785 — Jacob Grimm est le philosophe allemand qui s’est le premier attaché à l’étude de l’esprit germanique ; 3° Etudes sur l’éternité, par Philipp van Hertefeld ; 4° Sur l’architecture théâtrale, par Friedrich Hofmann. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc. […] Il semble aujourd’hui bien prouvé, dit M. de la Villemarqué dans sa célèbre étude sur les Romans de la Table ronde2, que les troubadours provençaux chantaient ses aventures dès l’année 1150 ; malheureusement leurs poèmes sont perdus ; quelques parties de ceux des trouvères ont survécu : l’un des trois plus anciens doit avoir été rédigé par un certain Bérox dans les dernières années du règne de Henri II, roi d’Angleterre ; le second est l’œuvre d’un poète nommé Thomas, postérieur au moins d’un quart de siècle au premier ; le troisième est généralement attribué à Chrestien de Troyes, déjà mort au commencement du treizième siècle.
Ne se souvient-elle pas des anciens serments, des premières amours ? […] « Mais pourtant dans cette décadence certainement partielle et dans ce verbiage, surtout en certains sujets d’opéra, combien leur forme et leur manière viennent aux Italiens à propos, Bellini en donne la preuve dans la norma, sans contradiction une de ses compositions les plus réussies ; dans cette pièce où le poème même s’élève à la hauteur tragique des anciens grecs, cette forme que Bellini en même temps aussi relève et anoblit, rehausse le solennel et grandiose caractère du tout ; toutes les passions que son chant transfigure si singulièrement, reçoivent par cela même un fondement majestueux, sur lequel elles ne flottent pas vaguement, mais se forment en un grand et clair tableau qui, involontairement, rappelle les créations de Gluck et de Spontini. […] L’important répertoire des anciennes chansons populaires est le fond dans lequel les musiciens peuvent puiser leur inspiration comme l’a fait Beethoven avant eux.
Donc, nous n’invoquerons pas non plus de multiples autorités anciennes et modernes, à l’appui d’une théorie qui ne se peut plus discuter. […] Parlons en premier lieu, de la nature du Vers : le vers premier et résumant étant le vers de douze pieds. — Il en est ainsi pour lui, parce que, équivalent du vers-principe en toutes les métriques anciennes et modernes, lui aussi se ramène à une unité de mesure qui est le temps nécessaire à l’expiration : il tient sa nature métrique organiquement, des nécessités de l’appareil vocal. […] Puisqu’ainsi ma pensée osa couver l’unité en sourdeurs de cosmos, d’un Poème ému ainsi que de l’amour des mondes gravitants et des semences d’atomes, — et tel que se créèrent les Poèmes, pareils aux pans de roches sculptés et peints, des très anciens empires : qui, d’abscons et de subtils morphismes monstrueux de Vie, et de Signes lourds et sacrés, surent en eux enclore le Dogme et l’Éthique, et l’Émotion et la Conscience…
À l’un, elle a ajouté l’autre jour des ailes à la gouache… il a semblé voir à la mère son enfant dans le paradis, elle a payé généreusement… et depuis, mon ancienne maîtresse leur met à tous des ailes à la gouache. […] Il semblait vraiment ordonnancé pour les jeux d’enfants, cet ancien couvent devenu un château bourgeois, et ce jardin tout coupé de bosquets et de méandres de rivière. […] Le placeur : un ancien rédacteur du Mousquetaire.
Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire. […] Un écrivain grave, dont nous avons signalé un des premiers la pénétration et la puissance d’analyse dans les autopsies des nations, M. de Tocqueville, vient de retomber, ce me semble, dans cette erreur de point de vue, en écrivant hier son beau livre sur l’ancien régime et la révolution. […] » ou l’apostrophe antique du même orateur à l’assemblée meurtrière, qui le couvrait d’outrages avant de le frapper : « Quand les anciens avaient choisi une victime pour le sacrifice, ils l’ornaient de bandelettes et la couronnaient de fleurs avant de la frapper ; et vous, pires que ces sacrificateurs, vous couvrez d’insultes et vous traînez dans la boue vos victimes !
La fondation de l’Académie des sciences, 1666, y aidait ; et le progrès des sciences physiques et mathématiques ; et l’influence de quelques hommes, au premier rang desquels il faut nommer Fontenelle2 ; et enfin et peut-être surtout l’agitation que soulevait dans le monde littéraire et intellectuel, aux environs de 1695, la querelle des Anciens et des Modernes. […] IV De cette conception de la science, voyons maintenant se dégager et sortir la métaphysique du positivisme ; et pour cela revenons d’abord à la théorie de la « relativité de la connaissance. » La science, avons-nous dit, n’est qu’un système de rapports ou de signes, entre lesquels et ce qu’ils signifient nous ne saurions affirmer s’il y a plus de « rapports » qu’entre « le Chien, constellation céleste », et « le chien animal aboyant. » Il y en a même et certainement moins, puisque les rapports que nous ne voyons pas entre le Chien « constellation céleste », et le chien « animal aboyant », d’autres les y ont vus, et ces autres sont les anciens hommes qui jadis les ont nommés du même nom. […] « Plus s’est étendue notre connaissance des faits et des lois, écrivait récemment l’un des plus sérieux adversaires de la théorie de l’inconnaissable, plus s’est épaissi le mystère des forces dont nous mesurons au dehors les effets comme mouvemens, et qui répondent en nous à des sensations avec lesquelles nous ne pouvons leur imaginer aucune similitude de nature.Nous nous voyons bien plus loin que ne croyaient l’être les anciens savans ou philosophes de comprendre ce que c’est que la chaleur.
Il refuse, en vain, le titre de chef d’école, assurant que le naturalisme est ancien, que ce n’est pas lui qui l’a inventé, qu’il ne l’impose à personne et qu’avant lui d’autres auteurs le suivirent. […] Comme les anciens athlètes, Zola fait profession de mœurs pures et honorables. […] Cette grande vérité que Valera démontre avec son élégante érudition accoutumée, il n’est nul besoin d’en donner la preuve à quiconque connaît un peu nos classiques et notre ancien théâtre. […] Deux lyriques, deux dramaturges anciens se ressemblaient davantage entre eux que ne se ressemblent aujourd’hui deux romanciers par exemple. […] Je me figure même que les anciens auteurs avaient beaucoup moins de scrupule à se copier les uns les autres.
Tout le long du chemin, la fabrication des fascines, des gabions, des sacs de terre, le creusage dans les tranchées des poudrières et des caves à pétrole, et sur le pavé des anciennes casernes de gabelous, l’écroulement sourdement retentissant des boulets dégringolant des camions ! […] Devant le chemin de fer du Nord, je m’embarque pour Saint-Denis, dans la tapissière classique des environs de Paris, une tapissière recouverte des lambeaux d’une ancienne verdure, et qui a pour conducteur un enfant, tombé la figure dans le feu. […] La sacro-sainte démocratie peut fabriquer un catéchisme, encore plus riche en bourdes miraculeuses que l’ancien : ces gens sont tout prêts à le gober dévotieusement. […] Un sol défoncé par les charrois, et où les pieds butent dans la boue, contre les rails du nouveau chemin de fer, destiné à doubler l’ancien. […] Un de mes amis a présenté au général Guiod un ancien officier très capable.
Dina s’écrie en me voyant descendre : je ne te reconnais pas, tu as l’air d’un tableau ancien. […] Tu sais que je respecte les tableaux très anciens, ce qui ne m’empêche pas cependant de voir leurs défauts. […] Enfin, si vous avez présente à l’esprit l’histoire des dernières années de votre ancien régime, vous êtes au courant. […] — Il faut une histoire de la Russie avec toutes les légendes des temps anciens. […] C’est infiniment plus difficile à saisir que la philosophie des anciens.
Le Mystère de la Passion est rempli de ces amusants anachronismes, nécessaires pour interpréter le passé au présent, les faits anciens aux peuples nouveaux. […] Qui ne reconnaîtrait l’Angleterre dans Shakespeare, même lorsqu’il veut peindre l’ancienne Rome, comme dans ses drames de Jules César et de Coriolan ? […] Les anciennes statues grecques étaient roides et sans vie, comme celles des Égyptiens. […] Les anciens, peu vêtus, vivaient au grand air, sur les places publiques, dans les gymnases, dans les palestres. […] Les statuaires anciens n’avaient qu’à ouvrir les yeux, et la beauté y entrait toute seule, et ils l’exprimaient comme ils la voyaient.
Mais surtout pour les femmes, rien n’était pareil… Jamais il n’a passé devant la moindre coiffe sans ôter son chapeau, je dis aux femmes de chambre et qu’il connaissait pour telles… Jamais il ne lui arriva de dire rien de désobligeant à personne… Jamais devant le monde rien de déplacé ni de hasardé, mais jusqu’au moindre geste, son marcher, son port, toute sa contenance, tout mesuré, tout décent, noble, grand, majestueux et toutefois très naturel. » — Voilà le modèle, et, de près ou de loin, jusqu’à la fin de l’ancien régime, il est suivi. […] Jusqu’aux dernières années de l’ancien régime255, les petits garçons sont poudrés à blanc, « avec une bourse, des boucles, des rouleaux pommadés » ; ils portent l’épée, ils ont le chapeau sous le bras, un jabot, un habit à parements dorés ; ils baisent les mains des jeunes demoiselles avec une grâce de petits-maîtres. […] Mme de Genlis, Souvenirs de Félicie, 160. — Il faut noter pourtant, sous Louis XV et même sous Louis XVI, le maintien de l’ancienne attitude royale. « Quoique je fusse prévenu, dit Alfieri, que le roi ne parlait pas aux étrangers ordinaires, je ne pus digérer le regard de Jupiter Olympien avec lequel Louis XV toisait de la tête aux pieds l’homme présenté, d’un air impassible, tandis que si l’on présentait une fourmi à un géant, le géant, l’ayant regardée, sourirait ou dirait peut-être : Oh, quel petit animalcule ! […] Voir à ce sujet les types un peu anciens, surtout en province. « Ma mère, ma sœur et moi, transformés en statues par la présence de mon père, nous ne recouvrions qu’après son départ les fonctions de la vie. » (Chateaubriand, Mémoires, I, 17, 28, 130.) — Mémoire de Mirabeau, I, 53.
Malgré la nouveauté de son nom, que Cicéron fit le premier éclater dans Rome, cette famille remontait, dit-on, par filiation, jusqu’aux anciens rois déchus du Latium. […] « Je ne rappellerai point que Servilius Ahala, pour sauver la république des changements que méditait Spurius Mélius, le tua de sa propre main : de tels exemples sont trop anciens. […] Je vous atteste ici, collines sacrées des Albains, autels associés au même culte que les nôtres, et non moins anciens que les autels du peuple romain, etc. » C’est là l’apparition personnifiée de la hideuse banqueroute qui faisait tressaillir l’Assemblée nationale dans la prosopopée de Mirabeau. […] Cependant son frère, son neveu, ses affranchis, ses esclaves, espèce de seconde famille que la reconnaissance, les lois et les mœurs attachaient jusqu’au trépas aux anciens, lui représentèrent qu’un homme tel que Cicéron n’était jamais vieux tant que son génie pouvait conseiller, illustrer ou réveiller sa patrie ; que Caton, en mourant, avait éteint prématurément lui-même une des dernières espérances de la république par une impatience ou par une lassitude de vertu ; que, s’il était résolu à mourir, il ne fallait pas du moins que sa mort fût inutile à la cause des bons citoyens, qui était celle des dieux ; que, Brutus et Cassius vivant encore, et rassemblant en Afrique des légions fidèles à la mémoire de Pompée et à la république, prêtes à combattre les armées vénales des triumvirs, il devait aller rejoindre ces derniers des Romains, raviver par sa présence et par sa voix une cause qui n’était pas encore désespérée tant qu’il lui restait Cicéron et Brutus ; ou, s’il fallait périr, périr du moins avec la justice, la vertu et la liberté.
IX « À tous ces titres, la traduction d’Orphée, consacrée par les annales grecques, doit tenir sa place dans la reconnaissance universelle, puisqu’elle est le plus ancien témoignage de l’admiration des siècles pour la poésie et de son influence sur la civilisation. […] « Je parle pour les initiés ; fermez les portes sur les profanes, tous ensemble ; mais toi, ô Musée, descendant de la lune illuminatrice, écoute-moi, car je dis la vérité, afin que les anciennes croyances de ton esprit n’aillent pas te priver de la vie heureuse. […] « Ainsi les anciens en parlent. […] De distance en distance des portes d’allées, souvent solitaires et silencieuses, sur des cours tortueuses au fond desquelles on entrevoit de vieilles portes grillées comme des restes d’anciens couvents, de longues files d’enfants et d’habitants y entrent et en sortent muets, sous la garde sévère d’un homme en robe noire, pauvre troupeau qui se disperse de seuil en seuil, à mesure qu’il s’éloigne de l’école.
C’est fatalement que l’humanité cultivée a brisé le joug des anciennes croyances ; elle a été amenée à les trouver inacceptables ; est-ce sa faute ? […] Maintenir une portion de l’humanité dans la brutalité est immoral et dangereux ; lui rendre la chaîne des anciennes croyances religieuses, qui la moralisaient suffisamment, est impossible. […] La tyrannie ne commence que le jour où la chaîne est sentie, où l’ancien dogme a vieilli et emploie les mêmes coups d’autorité pour se maintenir. […] Les sages anciens avaient pour cela des moyens fort commodes, des oracles, des augures, des Égéries, etc.
Ce motif est tantôt surtout musical (81), tantôt venant après un texte, représentant l’origine (32), la cérémonie (72. 73), le souvenir de la cérémonie (177. 213. 214), ou chaque fois qu’il est fait allusion au Gral ; il serait obscur (178) dans la plainte du sauveur (Sauve-moi, délivre-moi des mains souillées du péché), si l’on ne nous l’expliquait par le souvenir de l’ancienne pureté du Gral. […] Il se pourrait qu’il y eut une reprise des Maitres Chanteurs, si les anciens interprètes, MM. […] Leroy était l’un des plus anciens wagnéristes français ; il avait en un grand nombre de journaux combattu assidûment et dès l’origine pour la cause wagnérienne ; citons ses articles du Nain jaune, en 1865, sur Tristan qu’il avait été voir à Munich avec trois compatriotes : on n’allait pas encore en foule en Allemagne alors ! […] L’Orchestre Pasdeloup est le plus ancien des orchestres associatifs parisiens encore en activité.
4 mai Je vais ce soir en soirée chez Louis, qui veut me présenter à notre ancien camarade de rhétorique, Prévost-Paradol. […] Au fond du jardin, et à toutes les fenêtres de tous les étages, sur le fond éclairé des cabinets, ainsi que dans les loges d’un théâtre, des têtes de femmes saluant de gauche et de droite, quelques-unes de leurs anciennes nuits ou peut-être quelques-uns de leurs louis d’hier. […] Un parfait honnête homme, mais avec toutes les illusions de l’honnête homme, et absolument garé des leçons sceptiques du jeu de la vie, et croyant presque les lois d’une Salente bonnes pour la France, et ne guérissant pas de cette crédulité ingénue par quatre années de législature… C’était un ancien capitaine d’artillerie, un peu sourd, brusquement cordial, appelant tout le monde mon camarade, puis encore un homme de la campagne, doué de tout le bon que la nature donne aux bons êtres, incapable de vouloir du mal à ses ennemis, et qui portait cette bonté ainsi que son courage, sans effort, presque sans mérite, comme faisant partie de son tempérament. […] On s’apprend les mariages et les morts, et l’on vous gronde doucement d’avoir oublié d’anciens amis… Et nous voilà dans la maison du docteur Fleury, causant avec Banville, quand tombe dans notre conversation le vieux dieu du drame, le vieux Frédérick Lemaître… Dans tout cela, par tous ces chemins, en toutes ces rencontres, dans ce que le hasard fait repasser devant nous de notre vie morte, dans ces revenez-y de notre jeunesse qui semble nous promettre une vie nouvelle, nous roulons, écoutant et regardant tout comme un présage, tantôt bon, tantôt mauvais, pleins de pensées qui se heurtent autour d’une idée fixe, prêtant aux choses un sentiment de notre fébrilité et croyant, dans un air d’orgue qui passe, entendre l’ouverture de notre pièce.
Et il arrivait, un moment, où les deux hommes parlaient de leurs anciennes amours. […] Macé, l’ancien chef du service de sûreté, au regard à la fois fuyard et interrogateur sous ses lunettes. […] On va ce soir, en troupe, visiter le cottage que Drumont vient de louer à Soisy, au milieu du jardin ruineux, créé par Hardy, l’ancien jardinier de Versailles, un potager aux allées mangées par les mauvaises herbes, aux arceaux croulants, aux vieilles quenouilles lépreuses, et comme tordues fantastiquement par la paralysie : une sorte de Chartreuse, faite pour la description d’un Edgar Poë. […] Jeudi 24 novembre Pillaut parlait curieusement ce soir, du son de la voix des anciens violons et violes d’amours, qui n’est pas une voix de gorge mais plutôt une voix de baryton : une voix un peu nasillarde.
Le monstre bâillant que les anciens appelaient Livor et que les modernes appellent Spleen nous donne à deviner cette énigme : Néron. […] De toutes parts, du Rhin et du Danube, de la Rauhe Alp, de l’ancienne Sylva Gabresa, de la Lorraine mosellane et de la Lorraine ripuaire, par le Wigalois et par le Wigamur, par Henri l’Oiseleur, par Samo, roi des Vendes, par le chroniqueur de Thuringe, Rothe, par le chroniqueur d’Alsace, Twinger, par le chroniqueur de Limbourg, Gansbein, par tous ces vieux chanteurs populaires, Jean Folz, Jean Viol, Muscatblüt, par les minnesänger, ces rhapsodes, le conte, cette forme du songe, lui arrive, et entre dans son génie. […] V L’ex-« bon goût », cet autre droit divin qui a si longtemps pesé sur l’art et qui était parvenu à supprimer le beau au profit du joli, l’ancienne critique, pas tout à fait morte, comme l’ancienne monarchie, constatent, à leur point de vue, chez les souverains génies que nous avons dénombrés plus haut, le même défaut, l’exagération.
Le pape Léon X lui-même, ce restaurateur si platonique et si tendre des vestiges de l’esprit humain échappés à ce sac du monde, dit « qu’il a recueilli dans son enfance, de la bouche de Chalcondyle, homme très instruit dans tout ce qui concerne la Grèce, que les prêtres avaient eu assez d’influence sur les empereurs d’Orient pour les engager à brûler les ouvrages de plusieurs anciens poètes grecs, et c’est ainsi qu’ont été anéanties les comédies de Ménandre, les poésies lyriques de Sapho, de Corinne, d’Alcée. » « Ces prêtres, ajoute Léon X, montrèrent ainsi une honteuse animadversion contre les anciens, mais ils rendirent témoignage de la sincérité et de l’intégrité de leur foi. » À l’exception des études théologiques et morales, à l’exception de l’éloquence sacrée, qui débattait les questions d’orthodoxie ou de schisme entre les différentes sectes nées du christianisme, qui s’emparaient peu à peu d’une partie de l’Orient et de tout l’Occident, l’intelligence humaine, pendant ces siècles de chaos et d’élaboration, parut enfermée dans l’enceinte des temples ou des monastères. […] Florence, capitale de l’ancienne Étrurie, aujourd’hui la Toscane, était le foyer le plus animé des querelles de ces deux grands partis. […] Les victimes qui remplissent l’Ancien et le Nouveau Testament inspirèrent les premières légendes ; les martyrs furent visités dans leurs prisons par des visions prophétiques ; les anachorètes de la Thébaïde et les moines du mont Athos avaient des récits qui trouvèrent des échos dans les monastères d’Irlande et dans les cellules du mont Cassin.
Cependant l’idée de progrès n’est pas étrangère, ainsi qu’on l’a souvent répété, aux époques même les plus anciennes du monde classique. […] On accordera toute l’attention qu’elle mérite à l’hypothèse de Schelling, qui place dans un monothéisme primitif, commun à tous les hommes, la racine de toutes les religions-île l’ancien monde. […] S’il est téméraire d’affirmer que les modernes soient supérieurs aux anciens dans la littérature et dans l’art, le progrès dans les sciences positives ne semble pouvoir être raisonnablement mis en doute. […] A quoi bon dès lors curieusement étudier les ouvrages scientifiques des anciens ?
Il est vrai que nous la possédons ainsi en abrégé seulement, et que nos anciennes perceptions, considérées comme des individualités distinctes, nous font l’effet ou d’avoir totalement disparu ou de ne reparaître qu’au gré de leur fantaisie. […] Toujours tendue vers l’action, elle ne peut matérialiser de nos anciennes perceptions que celles qui s’organisent avec la perception présente pour concourir à la décision finale. […] Une perception A, comme nous le disions plus haut, n’évoque par « contiguïté » une ancienne image B que si elle nous rappelle d’abord une image A′ qui lui ressemble, car c’est un souvenir A′, et non pas la perception A, qui touche réellement B dans la mémoire. […] Or il y a, dans ce mécanisme, une association par ressemblance, puisque la perception présente agit en vertu de sa similitude avec les perceptions passées, et il y a là aussi une association par contiguïté, puisque les mouvements consécutifs à ces perceptions anciennes se reproduisent, et peuvent même entraîner à leur suite un nombre indéfini d’actions coordonnées à la première.
S’enfermant au collège de Sainte-Barbe vers l’âge de vingt-sept à vingt-huit ans, il se mit à lire les anciens historiens et à méditer de composer une Histoire de France dans un goût tout nouveau. […] Pour toute l’époque du Moyen Âge et des premiers règnes capétiens, il manque à Mézeray une connaissance approfondie de nos anciens historiens latins et de ce monde ouvert par les Du Chesne et les Du Cange.
Jean-Baptiste Massillon, né à Hyères en Provence le 24 juin 1663, fils d’un notaire du lieu, montra de bonne heure ces grâces de l’esprit et de la personne, ces dons naturels de la parole et de la persuasion qui ont distingué tant d’hommes éminents sortis de ces mêmes contrées et qui semblent un héritage ininterrompu de l’ancienne Grèce. […] Après avoir beaucoup loué d’abord et préféré à tout le reste ce Petit Carême dans sa nouveauté, on a été peut-être un peu trop disposé depuis à le sacrifier aux ouvrages plus anciens de Massillon.
Né le 28 mai 1652, de l’ancienne famille de Madaillan, originaire de Guyenne, fils du marquis de Montataire, père très peu tendre, il s’émancipa de bonne heure. […] Dès l’abord, M. de Tréville, cet homme d’esprit, cet ancien ami de Madame Henriette d’Angleterre, devenu l’un des amis de Port-Royal, ce pénitent sincère, mais qui avait lui-même ses variations, avait averti Lassay en essayant de le consoler ; et ce dernier lui répondait : Je sais que vous me faites l’honneur de me dire que le temps adoucit les douleurs les plus vives ; mais les grandes afflictions font le même effet sur l’âme que les grandes maladies font sur le corps : quoique l’on en guérisse, le tempérament est attaqué ; on vit, mais on ne jouit plus d’une santé parfaite : il en est de même de l’âme, elle ne peut plus jamais sentir une joie pure.
Le duc de Chevreuse, comme la comtesse de Grammont, était un ancien élève de Port-Royal ; mais, à la différence de la comtesse, il n’en avait rien gardé dans le cœur. […] Soit que ce dernier dans l’éloignement n’ait point assez connu les qualités tardivement développées et les mérites supérieurs qu’on a loués dans ce jeune prince ; soit qu’à titre d’ancien précepteur, il ait été trop disposé à le juger jusqu’au bout comme un enfant ; soit qu’à ce titre de maître et de précepteur toujours, il se soit montré plus sévère et plus exigeant envers lui comme un habile et consciencieux artiste l’est pour son propre ouvrage, il est certain que les lettres de Fénelon qui traitent du duc de Bourgogne sont continuellement remplies des censures les plus précises et les plus nettement articulées, excepté les dernières de ces lettres qui se rapportent aux huit derniers mois de la vie du prince.
Gracieuse légende de l’enfance de Linné, et qui rappelle les récits des bucoliques anciens sur le jeune Daphnis ! […] Sévère jusqu’à l’injustice pour ces hommes de science positive, Buffon sensible au talent, au grandiose, à la réflexion humaine quand elle se projette à travers les vues physiques, fait plus de cas d’un Pline à l’esprit fier, triste et sublime, bien qu’il déprise toujours l’homme pour exalter la nature ; il ne parle de cet ancien qu’avec une impression de respect et en laissant sous le voile ses nombreux défauts.
C’est dans la 7e partie où, après avoir passé en revue les tombeaux chez tous les peuples anciens et modernes, j’arrive aux tombeaux chrétiens ; je parle de cette fausse sagesse qui fit transporter les cendres de nos pères hors de l’enceinte des villes, sous je ne sais quel prétexte de santé. […] D’anciennes relations avec Mme de Fontanes, à l’occasion des Œuvres de son père dont j’ai été l’éditeur empressé et tout volontaire, m’avaient fait compter avec trop de confiance, je le vois, sur une adhésion de sa part que je suis désolé et peiné de n’avoir pas obtenue.
Il y avait d’un côté les tableaux des anciens, les maîtres, comme on disait ; de l’autre, la nature romaine et la vie elle-même dans son caractère grandiose et sa simplicité. […] La campagne romaine était infestée de brigands ; une expédition contre eux fut décidée sous le commandement d’un ancien sous-officier français devenu chef des carabiniers romains ; on alla droit au repaire, à Sonnino, petite ville dont la population fut décimée et transplantée.
Saint-Évremont, en regrettant que M. de Rohan n’ait pas pénétré plus avant dans les desseins de César, et mieux expliqué les ressorts de sa conduite, avoue pourtant « qu’il a égalé la pénétration de Machiavel dans les remarques qu’il a faites sur la clémence de César, aux guerres civiles. « On voit, dit-il, que sa propre expérience en ces sortes de guerres lui a fourni beaucoup de lumières pour ces judicieuses observations. » Rohan, dans ce travail sur les guerres des Gaules et sur l’ancienne milice, paraît un homme fort instruit ; il n’y a plus trace de ces premières inadvertances qu’on a tant relevées dans son premier voyage de 1600, lorsqu’il y faisait Cicéron auteur des Pandectes, comme il aurait dit des Tusculanes. […] Sur ces entrefaites, Serbelloni, se souvenant que le duc de Rohan avait été un rebelle à son roi, essaya de le tenter : il lui envoya un gentilhomme appelé Du Clausel, ancien agent du duc auprès de la Cour d’Espagne dans les guerres civiles ; le nom de la reine Marie de Médicis était fort mêlé à cette intrigue.
Geffroy, et qui, à la rigueur, se peuvent suffire à elles-mêmes, ont surtout mis en lumière les commencements et les préliminaires de la mission de la princesse des Ursins en Espagne ; c’est le côté neuf de la publication (je suppose des lecteurs au courant et qui se souviennent de l’ancien recueil de 1826). […] Aussitôt que je sus la résolution du roi d’accepter le testament, je songeai que l’intérêt de la France était principalement de détruire en Espagne le parti qui reste affectionné à l’empereur, et, par conséquent, qu’il fallait éviter d’y introduire une Allemande, à qui il serait aisé d’acquérir de nouvelles créatures et de conserver les anciennes par le crédit qu’ont ordinairement les reines dans ce royaume.
Ce malheureux n’était autre que le marquis de Champcenetz, l’ancien gouverneur des Tuileries, fugitif et caché depuis le 10 août, mais que la pauvre dame qui l’avait recueilli n’espérait plus pouvoir dérober aux recherches, si on ne lui venait promptement en aide. […] Dès les premiers instants, en raison du malheur commun, on devient les meilleurs amis du monde. « C’était un très gai jeune homme, avec un air très militaire, très beau et très galant. » Il venait beaucoup, dès qu’on le lui permit, du côté des dames, et il y en avait de très grandes de l’ancienne noblesse, qui toutes paraissaient le connaître.
Ces preuves, ce sont sans doute les écrits durables et permanents ; mais le plus sûr est de ne pas s’en tenir uniquement aux écrits déjà anciens et qui ont jeté leur feu ; le meilleur coup de fortune pour une mémoire immortelle est d’avoir, du sein du tombeau, deux ou trois de ces retours et de ces réveils magnifiques qui étonnent les générations nouvelles, qui les convainquent qu’un mort puissant est là, redoutable encore jusque dans son ombre et son silence. […] J’ai recours sans cesse à la prière… » Sismondi, qui n’était pas dans le secret et qui, homme excellent et loyal, n’avait peut-être pas une certaine délicatesse qui devine ce qu’on ne dit pas, se plaignait de son côté de ne pas retrouver auprès d’elle le même agrément, les mêmes attentions que dans les anciennes années moins éprouvées.
Le prince Joseph, qui avait longtemps conservé des relations affectueuses avec ses anciens amis du temps du Consulat, lui dont Mme de Staël écrivait en 1808, en lui pardonnant sa royauté : « Le pauvre Joseph est un véritable conscrit parmi les rois, tant sa situation lui fait de peine ! […] La lettre que j’envoie aujourd’hui est d’une autre espèce : elle parle de Bonaparte comme s’il était en train de recouvrer son ancienne importance, et de la probabilité qu’il réussira à rendre la guerre nationale.
Ces anciens, ces devanciers qu’on admire étaient des classiques en action, debout et militants : on est, soi, des classiques assis, éternellement assis. Que si l’on se risque à écrire quelque chose à grand’peine (car enfin il faut bien quelquefois employer son encre), que de scrupules, que de précautions et de craintes en présence de ces anciens qui ont tout trouvé !
A ces odieux, procédés, il mêle parfois des airs d’honnête homme, des semblants de sentiment ; il joue le bon apôtre : « Le sieur d’Audrehon, ministre de Lembeye, m’étant venu voir ; me dit qu’il sentait de grands mouvements dans son cœur pour embrasser la religion catholique ; mais qu’il avait encore besoin d’un, mois pour prendre sa résolution ; sur quoi, l’ayant fait entrer dans la chapelle du château de Pau, où M. l’évêque d’Oléron recevait l’abjuration d’un ancien avocat de Pau et où il y avait beaucoup de monde, je lui demandai s’il ne sentait rien dans son cœur qui le sollicitât, à la vue de son véritable pasteur, de s’aller jeter entre ses bras. […] De son vivant, il avait recueilli les plus flatteurs témoignages, et qui nous ont été conservés, — entre autres, de l’ancien évêque Huet, son ami particulier, dont il avait pris soin de rassembler les vers français épars, — de l’abbé Fraguier, qui, sur une découverte de ruines antiques faite autrefois près de Caen par M.
Il s’agissait de revenir sur ces aliénations, sous quelque prétexte que ce fût, et de revendiquer le droit que prétendaient les nouveaux évêques sur tous ces anciens vassaux plus ou moins émancipés. […] Il est bon qu’il fasse retirer ces billets — là tout doucement des corps de garde sans faire de bruit. » (Et au sujet des visites dans les hôpitaux) : « Elle est fort louable de faire cela, et si elle y trouve quelque chose de mal, elle me fera plaisir de m’en avertir ; mais il ne faut voir que l’hôpital du roi et n’aller que rarement dans celui de la ville, à moins qu’elle ne sût qu’il y eût quelque catholique auquel on refusât de donner les assistances spirituelles, auquel cas il serait fort à propos d’en avertir. » Louvois, l’approbateur, sinon l’inventeur des dragonnades, qui, dans les années suivantes, allait être si dur et si impitoyable pour les Protestants du cœur du royaume, anciens et bons Français, se montrait ici prudent et politique à l’égard d’une cité luthérienne, nouvellement française.
Sa ligne de conduite à la Chambre, du moment qu’il y fut entré sous Louis-Philippe en 1834, jusqu’en février 1848, fut d’un homme vraiment nouveau qui ne se rangeait sous le drapeau d’aucun des anciens partis et qui cherchait à en former un à son image, ce à quoi il n’a pas encore réussi. […] M. de Girardin a donné aux malveillants un prompt démenti, et il a retrouvé tous ses anciens lecteurs, sans compter les nouveaux.
Si l’on connaissait bien les Anciens, on accordait trop aussi à certains auteurs modernes, à ceux dont on s’exagérait de loin le prestige à travers les grilles ; on prenait trop au sérieux et au pied de la lettre des ouvrages qui mêlaient à l’esprit et au talent bien des prétentions et de petits charlatanismes ; on leur prêtait de sa bonne foi, de son sérieux, de sa profondeur ; il en reste encore quelque chose aujourd’hui après des années, même dans les jugements plus mûrs. […] On n’y réussit d’abord qu’incomplétement, et l’on pourrait citer plus d’une exception heureuse, plus d’un élève distingué qui, par son tour et son ressort d’esprit déjoua le régime mortifiant de ces froides années, — l’israélite Bréal, l’ingénieux mythologue de l’école de Renan ; le protestant George Perrot, savant archéologue et voyageur ; le spirituel voltairien Goumy, et bien d’autres encore. — (Voir à l’Appendice, à la fin du volume, une lettre d’un ancien élève sur l’École normale de ce temps ; j’aime à noter et à recueillir ces témoignages directs.)
Le premier Consul, avec son coup d’œil et sa parfaite connaissance des hommes, sut démêler dès le premier jour, dans les débris des anciens partis, tous les matériaux vivants, toutes les pierres ouvrières, si j’ose dire, qui pouvaient servir à l’œuvre de reconstruction sociale qu’il entreprenait. […] Retenant quelque chose de son ancien langage de prédicateur, il eût été homme à dire : « Il nous faut un nouveau Ciel, un nouveau peuple, une nouvelle terre. » Cela le conduisit tout d’abord à siéger à la Montagne.
Sa politique extérieure prit, dès ce moment, ce caractère extraordinaire qui la sépare de toutes les traditions de l’ancienne monarchie et qui rompt entièrement avec les pratiques du passé. […] Évidemment, en tout ceci, il ne tenait pas assez compte de l’étoffe dont sont faits les peuples, et c’est ce qui l’abusa en 1812 lorsqu’il engagea cette lutte formidable avec son ancien allié de Tilsitt, redevenu par degrés son ennemi.
« La chevelure électrique de la fille Élisa, c’est pris dans un livre ou dans une brochure de médecine dont je ne me rappelle plus le titre ni le nom de l’auteur. » 66 « Oui, j’ai lu pas mal de livres d’anatomie artistique modernes et anciens, entre autres les Études d’anatomie de Charles Bonnet et pour la maladie de cœur de René Maupérin, mon frère et moi avions pris des notes dans tous les livres de spécialistes sur les maladies de ces organes. »67 Et c’est tout. […] M. le Dr Féré (Pathologie des émotions, préface) a retrouvé d’ailleurs la filiation bibliographique de cet épisode, il fut signalé au célèbre écrivain par le Dr Liouville qui lui même l’avait découvert dans une note déjà très ancienne de la Gazette des Hôpitaux.
Il y avait dans la philosophie des anciens plus d’imagination et moins de méthode que dans la philosophie des modernes. Celle des anciens s’emparait plus vivement de l’âme ; mais elle pouvait l’égarer beaucoup plus facilement par l’esprit de système, et elle était bien moins susceptible de progrès certains et positifs.
Et, en le formant, la société l’a déformé, car elle ne l’a pas assez profondément modifié pour que sa nouvelle forme ait pu remplacer tout à fait l’ancienne. […] Parfois elle a su profiler de ce que l’homme inventait, elle a organisé la sélection des produits de l’esprit humain, elle a trié, éliminé, écarté, favorisé ou repoussé, parfois ouvertement, parfois d’une manière sournoise, les sentiments et les idées qui naissent continuellement, en même temps qu’elle rectifiait, transformait et parfois tuait ou pervertissait les anciens.
Comme il est probable en tout cas que ce mouvement ne serait pas identique à celui qu’admettaient les partisans de l’ancienne théorie, on pourrait se croire fondé à dire que cette ancienne théorie est détrônée.
Né à Paris le 18 mars 1842, d’une famille d’ancienne bourgeoisie mais sans fortune, il avait dû pourvoir de bonne heure à sa propre subsistance. […] C’est la plus ancienne image que nous ayons de Mallarmé.
III Avec l’ancienne méthode critique, la base d’un enseignement littéraire était trouvée d’avance : c’était la littérature classique qui servait de commune mesure à toutes les autres. […] Nisard, un des derniers professeurs qui l’ait pratiquée avec éclat, le déclarait ouvertement : « Qui connaît les anciens et notre grand siècle, disait-il en 1855, en prenant possession de la chaire d’éloquence française vacante depuis la mort de Villemain, a trouvé, dans l’ordre des choses de l’esprit, son idéal, sa règle, et, s’il est professeur, son autorité. » C’était clair et simple.
Mais pour certaines pages anciennes, pour tels mouvements de foule, par exemple, qui traversent Germinal ou La fortune des Rougon, j’en appellerais de la condamnation trop générale de Léon Bloy. […] L’ancienne clientèle refusait décidément des rossignols toujours semblances et chaque fois moins réussis ; il ferait appel à l’argent catholique.
Quand il écrivait ses mémoires dans sa retraite, il les adressait à un de ses amis, archevêque de Vienne, et il a l’air d’espérer que cet ami, ancien aumônier de Louis XI, et, de plus, savant médecin et astrologue, ne les lui a demandés que pour les mettre ensuite en latin et en composer quelque œuvre considérable. […] Ce qu’il regardait également comme un malheur de sa première éducation, de n’avoir pas été instruit dès sa jeunesse aux lettres anciennes, n’a pas moins tourné à son avantage et à la gloire de son originalité d’écrivain.
La Société des bibliophiles (je reviens à elle) a donc été instituée « pour entretenir et propager le goût des livres, pour publier ou reproduire les ouvrages inédits ou rares, surtout ceux qui peuvent intéresser l’histoire, la littérature ou la langue, et pour perpétuer dans ses publications les traditions de l’ancienne imprimerie française ». […] Cigongne, par exemple, qui possède le plus complet et le plus beau cabinet en fait d’ancienne poésie française.
Si l’on en croit La Rochefoucauld, ce fut dans le court intervalle qui s’écoula entre la mort de Richelieu et celle de Louis XIII, que Mazarin commença à s’ouvrir les avenues vers l’esprit et le cœur de cette princesse, à se justifier auprès d’elle par ses amis, et à se ménager peut-être quelque conversation secrète, dont elle-même faisait mystère à ses anciens serviteurs. […] Quand Mazarin, pour remettre à la raison les anciens amis de la reine devenus trop importuns et trop importants, et qui revendiquaient le pouvoir comme une dépouille qui leur était due, eut fait arrêter le duc de Beaufort, tout le monde admira, chacun s’inclina.
Il ne faut point imiter, disait-il, ces peuples anciens qui, dans l’effroi causé par l’incendie de Phaéton, se mirent à demander aux dieux des ténèbres éternelles. […] Droz nous le dira d’un mot : « La véritable aristocratie respecte et maintient les lois ; la noblesse se regardait comme au-dessus des lois. » L’esprit de la noblesse de robe est finement distingué de celui de la noblesse d’épée et de la noblesse de cour : « Les magistrats regardaient les militaires comme des machines obéissantes ; ils se jugeaient plus indépendants, plus instruits, plus désintéressés que les gens de cour ; et ils avaient en morgue ce que ceux-ci avaient en vanité. » Toutes les nuances d’inégalité qui composaient l’Ancien Régime, et qui causaient des froissements si sensibles à l’amour-propre, à mesure que l’ambition s’éveillait dans tous les rangs, sont fidèlement analysées par l’historien ; et il n’est pas moins attentif à indiquer les causes de rapprochement entre les classes, les signes précurseurs de l’avènement prochain du tiers état.
Les raisons d’État qu’eut Louis XIV sont mieux comprises : il les a consignées en peu de mots dans les belles Instructions qu’il dicta pour son fils, et que ce même Pellisson, ancien premier commis de Fouquet et devenu secrétaire du monarque, écrivit de sa main49. […] Gourville raconte l’état de désordre où était dans ce temps (1657) l’administration des finances ; la place était remplie de billets décriés qui provenaient de la banqueroute qu’avait faite quelques armées auparavant le maréchal de La Meilleraye (alors surintendant) ; on achetait ces anciens billets pour rien, et, en faisant des affaires avec le roi, on obtenait de Fouquet, comme condition, qu’il réassignât ces billets pour les sommes entières : « Cela fit beaucoup de personnes extrêmement riches, dit Gourville ; cependant, parmi ce grand désordre, le roi ne manquait point d’argent, et, ayant tous ces exemples devant moi, j’en profitai beaucoup. » Le roi ne manquait point d’argent, là est un point essentiel dont Pellisson s’est ensuite servi très habilement dans les Défenses qu’il a données de Fouquet.
En cela, s’il est permis de comparer les discussions politiques aux controverses théologiques, je dirais que Carrel était de l’école ancienne d’Arnauld et de Nicole, de celle de Pascal les jours où Pascal ne se dessine pas trop. […] Il s’est peint lui-même au vrai dans une lettre familière de ce temps, et qu’il écrivait à un de ses plus anciens amis, M.
Marguerite en donne très gentiment une raison toute naturelle : Mais lors l’âge ancien de votre tante et mon enfantine jeunesse avaient plus de convenance, étant le naturel des vieilles gens d’aimer les petits enfants, et de ceux qui sont en âge parfait, comme était lors votre cousine, de mépriser et haïr leur importune simplicité. […] Elle les varie par des souvenirs d’histoire ancienne.
Le candidat, un ancien officier, rencontre un de ses soldats d’autrefois vendant un journal contenant des calomnies horribles sur son caractère. […] Il croyait tomber dans la fissure vertigineuse d’une montagne ouverte par des éruptions anciennes. […] Comme toujours, chez l’ancienne ambassadrice, le monde diplomatique est avantageusement représenté, mais l’Institut prime tout, et la place même des convives précise l’intention du dîner. […] Poèmes anciens et romanesques. […] Malot n’est pas un analyste d’hier, et les Jeunes, comme ils s’appellent modestement, peuvent sans crainte le saluer comme un ancien.
Je recommence, en septembre 1861, plus activement que jamais, une campagne de lundis au Constitutionnel, en tâchant de donner à celle-ci un caractère un peu différent de l’ancienne. — En Avant : un dernier coup de collier ; en Avant !
Répudiant l’humble patrimoine de l’ancienne poésie nationale, les écrivains de cette école nouvelle s’étaient voués superstitieusement au culte de l’antiquité, et ils consumaient de beaux talents dans une imitation servile.
Nous reviendrons aujourd’hui, quoiqu’un peu tard, sur ce bel ouvrage que tout le monde a lu ; et sans chercher à en donner une sèche et inutile analyse, nous en causerons un instant avec nos lecteurs, comme d’une ancienne connaissance dont on aime de part et d’autre à se ressouvenir.
Corneille avait trouvé dans un historien, Dion Cassius, qu’Auguste avait consulté un jour Agrippa et Mécène sur ce qu’il devait faire : rétablir l’ancien gouvernement républicain, ou organiser définitivement l’empire ?
Brunetière, après avoir cité une description d’un romancier contemporain, je puis voir effectivement toutes ces choses… Ce sont des tableaux… dont nous n’avons pas besoin d’avoir vu les modèles, pour louer la ressemblance, puisqu’ils ne sont, après tout, que des associations nouvelles d’éléments anciens, de formes familières et de couleurs accoutumées… Nous sommes rentrés ici dans la vérité de l’art, qui consiste à décrire les choses les plus particulières par les termes les plus généraux, et d’autant plus généraux, qu’il s’agit de nous communiquer l’impression de choses plus particulières. » Il semble que nous soyons ramenés au fameux précepte de Buffon, qui recommande d’avoir attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux.
Elle qualifia durement son ancienne amie et ajouta : — Elle a eu le toupet de faire écrire par un journaliste de quatre sous qu’elle était de bonne famille et qu’elle avait été institutrice … oh !
L’homme qui l’aimait, ancien officier, et qui semble avoir été un assez brave homme et d’une moralité au moins moyenne, s’est tué pour échapper à un procès déshonorant.
. — Mais l’Orléanais, c’est la France la plus ancienne, vera et mera Gallia ; son histoire ne fait qu’une avec celle de la royauté, et le sort de votre ville a été, à maintes reprises, celui de la France même.
XIV L’ancien journaliste, généralement expulsé par les écrivains fameux et les anonymes reporters, n’était pas une figure sans intérêt.
Ô jardins alignés où roucoulait Léandre, Que l’amour emplissait de sa voix douce et tendre, Je ne sais quoi de triste à vous voir me revient, Et ma mélancolie évoque sous vos arbres Où dort enseveli le peuple blanc des marbres Un menuet conduit sur un rythme ancien.
Henri de Régnier : Poèmes anciens et romanesques.
La liberté de sa pensée, son noble et loyal caractère me faisaient croire, pendant que je m’entretenais avec lui, que j’avais devant moi, à l’état de ressuscité, quelqu’une de mes anciennes connaissances, Avicenne, Averroès, ou tel autre de ces grands infidèles qui ont représenté pendant cinq siècles la tradition de l’esprit humain.
Le maréchal d’Albret, ancien ami de madame de Maintenon, était mort dans le mois de septembre : il lui avait écrit, avant d’expirer, une lettre pleine d’estime et d’affection.
Il ne faut que lire, pour se désabuser, le Sonnet où l’impérieux Ronsard réfute ce bruit, en s’adressant à Dorat, son ami & son ancien maître.
Lirlie, outre son phénomène de nationalisation, offre un fait récent de soudure de l’article (les exemples anciens sont assez nombreux, lierre, luette, loriot), la forme première ayant certainement été irlie.
Les ultras de tout genre, classiques ou monarchiques, auront beau se prêter secours pour refaire l’ancien régime de toutes pièces, société et littérature ; chaque progrès du pays, chaque développement des intelligences, chaque pas de la liberté fera crouler tout ce qu’ils auront échafaudé.
Il se vit enveloppé dans les pièges séduisans de la plus subtile dialectique, & proféra ces paroles qui tombent sur son ancien disciple : Il a rué contre nous, comme un poulain contre sa mère.
L’auteur, dont le père né dans le territoire de Vérone vint s’établir en France, dans la ville d’Agen, veut y prouver que sa famille descendoit des anciens princes de Vérone.
Ses anciens petits tableaux sont déjà recherchés comme s’il n’était plus.
Ainsi j’approuve les auteurs qui, lorsqu’ils ont pris pour sujet quelque évenement arrivé en Europe depuis un siecle, ont masqué leurs personnages sous le nom des anciens romains ou de princes grecs, ausquels personne ne prend plus d’interêt.
Du reste, Paolina vivait du souvenir de son premier amour et, si elle songeait encore à se marier, c’était pour fuir son milieu plutôt que dans l’espoir de réaliser son ancien idéal de jeune fille. […] Généralement ils en prennent leur parti, et finissent même par trouver que le monde est beau et que la vie est bonne : tant il est vrai, selon le lieu commun des anciens, que nous sommes les artisans de notre destinée. […] Ce fut comme un recommencement des anciennes batailles : toutes les discussions qu’avaient provoquées les premiers tableaux des préraphaélites se trouvaient rouvertes et transportées dans le domaine de la poésie. […] Sans doute, la légende chrétienne l’inspire encore à l’occasion : il aime surtout à lui emprunter des anges dont les robes ont des plis anciens, dont les figures sont d’une beauté parfaite, hiératique et monotone. […] Elle est morte, te dis-je, et dans ce domaine de la mort elle a rencontré d’anciennes rivales.
On nous dit : Quelle supériorité les modernes ont-ils obtenue sur les anciens, pour tout ce qui concerne les œuvres d’art ? […] J’ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l’art des anciens et l’art des modernes. […] Dans le domaine des arts, il est d’habitude d’assommer les vivants avec les morts, les œuvres nouvelles d’un maître avec ses anciennes. […] Mais au-dessus des bourgeois, qu’on a beaucoup trop vilipendés7, il faut placer une classe plus intelligente, qui a tous les vices de l’ancienne aristocratie sans en avoir les qualités. […] Les anciens Juifs n’abandonnaient le culte de Jéhova que pour se prosterner devant les idoles, et les peuples d’aujourd’hui font encore absolument de même.
La Princesse de Bagdad, Denise, Francillon marquent un retour vers des formules anciennes. […] Il crée des formes nouvelles de vices anciens. […] Honneur d’artiste, qui date de la dernière année du maître, semble fait avec des réminiscences des anciens livres. […] Elle est empêchée par là d’accueillir d’autres croyances qui se substitueraient aux anciennes. […] Une cathédrale avec vieilles tapisseries et verrières anciennes.
Vuillart a de grandes admirations pour un prédicateur plus ancien, également de l’Oratoire, le père Hubert.
Cocheris, dans les analyses qu’ils ont faites de l’ancien Journal des savants ; ces messieurs y ont été pris : et parmi les érudits scrupuleux, qui ne l’eût été en effet ?
On a déjà réfuté en partie cette fausse vue qu’ils ont trop suivie d’ailleurs dans le système de leur traduction : en les lisant, et si l’on ne revenait au texte ancien, on serait tenté de croire par moment qu’ils ont raison.
Guizot, auquel son ancien ou plutôt son récent collègue garde une rancune qui n’est peut-être pas suffisamment justifiée et qu’il serait plus digne de contenir52.
Parent-Réal, son ancien collègue au Tribunal, le 20 novembre 1831 : « Nous avons vu quarante ans de révolutions : pensez-vous que nous soyons à la fin ?
Il s’agissait de remplacer et de louer M. l’abbé de Montesquiou, ancien membre de l’Assemblée constituante et ministre de Louis XVIII, rédacteur, pour toute littérature, de quelques discours sur les affaires du clergé en 89 et du préambule de la Charte de 1814, académicien du reste en vertu de l’ordonnance Vaublanc.
Dans la pensée de l’artiste, c’était moins un roman qu’un poème, un poème moitié descriptif, moitié dramatique, renchérissant sur les anciens, sur les modernes, sur le poème de Paul et Virginie, le dernier en date.
Bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style qu’il se fût moins permises auparavant et dont la trace se retrouve évidente chez lui, à dater de Louis XI.
Je crois très réellement voir ressusciter en Paul Fort l’âme ancienne de la France, toute pure, sans mélange aucun : généreuse, ardente, étourdie, éperdue de beaux désirs, ignorante de la conception de beauté qui nous vint plus tard d’Italie, religieuse et maligne, hardie et libre jusqu’à la témérité, avec des frousses, des peurs nerveuses du diable ou de son ombre, enfin spirituelle, facétieuse et familière.
Cette ancienne Farce française, d’une composition généralement très simple, à qui tout sujet était bon, contes, fabliaux, proverbes, anecdotes contemporaines, ne pouvait se comparer sans doute aux pimpants imbroglios de la commedia dell’arte.
Quelle qu’ait pu être à certaines époques la négligence des anciens en tout ce qui était constatation légale et conduite stricte des affaires, on ne peut croire que les intéressés n’aient pas pris à cet égard quelques précautions 1201.
Ils fêtaient, eux, beaucoup plus que les peuples anciens les plus civilisés.
C’est que ces deux livres vénérables, les premiers de tous par leur date et par leur valeur, presque aussi anciens que le monde, sont eux-mêmes deux mondes pour la pensée.
Mais ces flagellans modernes n’ont rien de commun avec les anciens, si ce n’est les flagellations.
» Le poète (on nous pardonnera de donner à Bossuet un titre qui fait la gloire de David), le poète continue de se faire entendre ; il ne touche plus la corde inspirée ; mais, baissant sa lyre d’un ton jusqu’à ce mode dont Salomon se servit pour chanter les troupeaux du mont Galaad, il soupire ces paroles paisibles : « Dans la solitude de Sainte-Fare, autant éloignée des voies du siècle, que sa bienheureuse situation la sépare de tout commerce du monde ; dans cette sainte montagne que Dieu avait choisie depuis mille ans ; où les épouses de Jésus-Christ faisaient revivre la beauté des anciens jours ; où les joies de la terre étaient inconnues ; où les vestiges des hommes du monde, des curieux et des vagabonds ne paraissaient pas ; sous la conduite de la sainte Abbesse, qui savait donner le lait aux enfants aussi bien que le pain aux forts, les commencements de la princesse Anne étaient heureux200. » Cette page, qu’on dirait extraite du livre de Ruth, n’a point épuisé le pinceau de Bossuet ; il lui reste encore assez de cette antique et douce couleur pour peindre une mort heureuse.
Des écrits plus anciens, remontant comme certains chapitres d’Anthinea à 1896 et 1898, font de même observer qu’« au bel instant où elle n’a été qu’elle-même, Athènes fut le genre humain. »
Tandis que dans l’Occident tout penchait vers sa décadence, tandis que les malheurs de l’empire, les invasions des Barbares, le mélange des peuples, le despotisme ou l’incapacité des princes, la terreur des sujets, l’esprit d’esclavage, le contraste même de l’ancienne grandeur, qui ajoute toujours à la petitesse présente, corrompaient le goût, et rétrécissaient à la fois les esprits et les âmes, on vit paraître un homme né avec une imagination brillante et forte, et à qui, peut-être, pour avoir les plus grands talents, il ne manqua que d’être né dans un autre siècle : c’était Claudien.
Ronsard aime les anciens, et il aime aussi, fort bien, les vieux auteurs français ; mais Marot aime les anciens, et il aime les vieux auteurs français davantage. […] Page 75 : « Il la conduisit à Rouen voir son ancien maître. […] On devait changer d’air. » — Le texte de la Revue portait : « Il la conduisit à Rouen voir son ancien maître. […] J’ai dit fréquemment : « Les ambitions le préoccupent plus que ses affections, et ses nouvelles affections plus que les anciennes. […] J’y ai fait célébrer un service en cette belle liturgie maronite, l’une des plus anciennes et qui remonte presque aux origines du christianisme.
Querelles des anciens et des modernes, des classiques et des romantiques, des réalistes et des idéalistes, que reste-t-il de tout cela ? […] Le drame, c’est la pénétration de l’âme maternelle, pure, uniquement passionnée pour l’être faible qu’elle créa, par l’âme de la cité lourde de souvenirs et de croyances, dépositaire du monde ancien et religieux. […] À part un ou deux braves cœurs, ses anciens camarades lui tournent le dos. […] Un ancien major de l’armée anglaise, M. […] Venus de quels jadis, À travers quels fourrés d’anciennes aventures, Vers quels châteaux chantant d’espérances futures.
Cela vient peut-être, que ce qui fait pour nous l’intérêt de Don Juan n’était d’aucun intérêt pour les anciens. […] Le parti pris de Mme Dacier de toujours préférer les anciens aux modernes, quoi qu’ils aient fait les uns et les autres, aura donné naissance à cette historiette. On aura dit, pendant la querelle des Anciens et des Modernes : « Si Mme Dacier avait été là au temps d’Amphitryon, elle aurait prouvé la supériorité de celui de Plaute ! […] Un mouvement du côté du vrai se marque déjà et surtout un mouvement qui écarte de l’ancien idéal. […] Arnolphe remonte aux plus anciens temps du monde.
Le panthéisme, d’un autre côté, en supprimant la personnalité divine, est aussi loin qu’il se peut du Dieu vivant des religions anciennes. […] Bourget a été si rapide, que l’homme nouveau est né en lui avant que l’homme ancien ait achevé de périr. […] Très érudit, connaissant à fond la littérature française et les littératures anciennes, M. […] « Sainte-Beuve a été le dernier des littérateurs dans l’ancien sens du mot, disait-il. […] De plus, les jeunes gens ne doivent pas s’opposer à la volonté de leurs parents, et, au lieu d’accepter la nouvelle vie, ils doivent se tirer d’affaires en suivant les anciens errements.
Le bonheur politique, comme le bonheur domestique, n’est pas dans le bruit ; il est le fils de la paix, de la tranquillité, des mœurs, du respect pour les anciennes maximes du gouvernement, et de ces coutumes vénérables qui tournent les lois en habitudes et l’obéissance en instinct. » Et l’auteur montre que tel a été le caractère constant et le régime de la maison de Savoie, en qui il loue surtout le talent de gouverner sans jamais se brouiller avec l’opinion. […] Mais supposons qu’elle pense autrement, qu’elle veuille à tout prix garder la Savoie et qu’elle y réussisse, que vous arriverait-il pour avoir dit que vous regrettez votre ancien souverain ? […] Déjà dans les Considérations, M. de Maistre avait fort insisté sur l’ancienne constitution monarchique écrite es-cœurs des Français ; il revient expressément ici sur l’origine divine de toute constitution destinée à vivre. […] Il manquait à M. de Maistre, absent, de l’avoir vu de près, encore sans nom (car le nom de tiers-état dont Sieyès l’avait baptisé au début n’était que l’ancien). […] On trouve, assure-t-on, chez les casuistes de tous les ordres et de toutes les robes, bien de ces subtilités et de ces saletés que Pascal a dénoncées particulièrement chez les Révérends Pères ; on trouverait, je le crois, dans les greffes des anciens Parlements, beaucoup de ces horreurs qu’on est convenu d’imputer surtout à l’Inquisition ; mais qu’importe ?
Ainsi parle un homme grave, ancien ministre, arbitre de l’éducation et du goût806. […] L’ancien homme a disparu, un homme nouveau a pris la place, pardonné, purifié, transfiguré, pénétré de joie et de confiance, incliné vers le bien avec autant de force qu’il était jadis entraîné vers le mal. […] Ouvrez le premier venu, un des plus anciens, John Hales. […] Appeler dans une alliance civilisée le sauvage féroce et inhumain des forêts, — lancer contre nos établissements, parmi nos parentés, nos anciennes amitiés, le cannibale impitoyable qui a soif du sang des hommes, des femmes et des enfants, — désoler leur pays, vider leurs demeures, extirper leur race et leur nom par ces horribles chiens d’enfer de la guerre sauvage ! […] Mais quand la chambre des communes anglaises serait si ignominieusement morte à la conscience du poids dont elle doit peser dans la constitution, quand elle aurait si entièrement oublié ses anciennes luttes et ses anciens triomphes dans la grande cause de la liberté et de l’humanité, quand elle serait si indifférente à l’objet et à l’intérêt premier de son institution originelle, j’ai la confiance que le courage caractéristique de cette nation serait encore au niveau de cette épreuve ; j’ai la confiance que le peuple anglais serait aussi jaloux des influences secrètes qu’il est supérieur aux violences ouvertes ; j’ai la confiance qu’il n’est pas plus disposé à défendre son intérêt contre la déprédation et l’insulte étrangère qu’à rencontrer face à face et jeter par terre cette conspiration nocturne contre la constitution867.
Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah ! […] Le grand Frédéric Schoûltz, ancien secrétaire du père Kobus, et ancien sergent de la landwehr, en 1814, avec sa grande redingote bleue, sa perruque ficelée en queue de rat, ses longs bras et ses longues jambes, son dos plat et son nez pointu, se démenait d’une façon étrange, pour raconter comment il était réchappé de la campagne de France, dans certain village d’Alsace, où il avait fait le mort pendant que deux paysans lui retiraient ses bottes. […] Ces anciens-là plaisantaient aussi quelquefois ; seulement pour les choses sérieuses ils raisonnaient sérieusement, et je vous dis qu’ils se connaissaient mieux en bonheur que vous. […] » Pour toute réponse, Fritz prit Sûzel à la taille du bras gauche, et lui tenant la main en l’air, à l’ancienne mode galante du dix-huitième siècle, il l’enleva comme une plume.
Les croyants au progrès continu et indéfini des civilisations par les livres ne se sont jamais rendu compte de la rapidité avec laquelle s’évanouirent en cendre, au vent de l’incendie des bibliothèques, les prodigieuses littératures de l’Égypte ancienne, de la Perse, de l’Inde lettrée, de la Grèce académique, de la Rome latine sous les pas de leurs conquérants barbares ou sous les anarchies de leurs propres déchirements. […] Rousseau, que par son titre d’ancienne capitale de la Savoie. […] C’est ainsi que je fus présenté malgré moi, un à un, à tout ce qu’il y avait d’illustre, de puissant et d’aimable dans l’ancienne et dans la jeune société française. […] Le malheur de M. de Lamennais fut d’être aussi acerbe et aussi impitoyable avec ses anciens amis qu’il l’avait été autrefois avec les nouveaux. […] Un brave garde de l’Assemblée, nommé Husson, ancien militaire, s’était emparé de la bride ; il me faisait jour et me couvrait de son corps pendant le long dialogue qui s’établissait entre le peuple et moi.
Il a parlé comme un ancien de la saison « où les tièdes zéphirs ont l’herbe rajeunie », quand tout aime et quand tout pullule dans le monde, « monstres marins au fond de l’onde, tigres dans les forêts, alouettes aux champs. »112 Il a retrouvé à l’occasion la grandeur et la magnificence de Lucrèce. […] Celui-ci répondit : — Je serais fou si je lâchais le dîner que j’ai entre les pattes pour poursuivre une proie qui ne se montre pas encore. » Le moraliste ancien n’a trouvé ici qu’un précepte de prévoyance. […] Il est opprimé, quoique puissant, parce qu’il est laboureur et pacifique. « Il s’avance à pas lents, il rumine tout le cas dans sa tête » avant de prononcer la sentence ; et il la prononce avec le sérieux solennel et la grandeur majestueuse que les anciens avaient sentis lorsqu’ils ont comparé ses yeux à ceux de Junon.
Il n’y a pas — je ne veux pas dire de phobie, il faut éviter le néologisme — il n’y a pas d’horreur — et cela suffit bien, n’est-ce pas plus grande que celle de La Fontaine pour ses anciens professeurs, ou pour les professeurs en général, car il se garde très bien de faire de la littérature personnelle à cet endroit ; mais enfin il marque, pour la gent pédante, des sentiments qui semblent bien indiquer des souvenirs qui ne sont pas très gais. […] Nous savons, par un rapport qui a été fait à Boileau que La Fontaine a dit lui-même que, à l’Oratoire, il étudiait un peu plus les anciens romans que Rodriguez. […] Ces vers ne sont certainement pas aussi bons que les premiers, mais il était absolument nécessaire de vous montrer La Fontaine dans ce très beau rôle de protecteur de son ancien protecteur, de protecteur et de défenseur du malheureux imprudent.
D’anciens officiers retirés de plusieurs services dans des terres voisines de celles de mon père entretenaient ma passion. […] Celui que Mme Du Deffand et Grimm faisaient d’abord quelque difficulté d’admettre comme de la pure race des esprits français, l’était si naturellement devenu, qu’écrivant en 1807 de Tœplitz à son compatriote le prince d’Arenberg, l’ancien ami de Mirabeau, et lui parlant de M. de Talleyrand, qui venait d’arriver : « Jugez, disait-il, de son plaisir d’être reçu par moi, car il n’y a plus de Français au monde que lui, et vous et moi, qui ne le sommes pas. » Et il disait vrai en parlant ainsi.
On ne parvint à recouvrer des manuscrits qu’au xviiie siècle : le meilleur et le plus ancien passe pour avoir été apporté à Paris par le maréchal de Saxe, qui l’enleva à Bruxelles comme un des trophées de la campagne de 1746. […] Michaud et Poujoulat, dans la nouvelle collection, qu’ils ont donnée depuis, des mémoires relatifs à notre histoire, n’ont pas commis cette faute : ils ont imprimé le meilleur texte et le plus ancien, en y joignant une traduction au bas des pages.
Je ne veux point parler ici de cette science de dialectique et de ces ingénieuses subtilités de division, dans lesquelles on retrouve le théologien profond, l’ancien professeur de théologie morale : j’ai dans l’idée ces hardiesses et ces présences d’esprit de l’orateur, qui, même en développant ses thèmes généraux, s’adresse aux opinions, aux susceptibilités régnantes, et qui, pour déployer ses voiles et voguer presque contre le vent, consulte en bon pilote les courants et les flots. […] À la fin des Œuvres de Bourdaloue, on a réuni sous le titre de Pensées quelques-uns des morceaux de doctrine ou de morale qu’il écrivait à l’avance, selon l’habitude des orateurs anciens, pour les placer ensuite au besoin dans ses discours.
Le poète suit les divers degrés de perfectionnement et montre à plaisir la tapisserie dont bientôt on revêtit le bois des sièges dans les anciens jours, tapisserie à l’étroit tissu, richement brodée, « où l’on pouvait voir s’étaler la large pivoine, la rose en fleur tout épanouie, le berger à côté de sa bergère, sans oublier le petit chien et le petit agneau avec leurs yeux noirs tout fixes et tout ronds, et des perroquets tenant une double cerise dans leur bec. » — Tous ces riens sont agréablement déduits et relevés de couleurs, comme le ferait au besoin l’abbé Delille ou comme un spirituel jésuite n’y manquerait pas non plus dans des vers latins. […] Le plus ingénieux des anciens l’avait définie de même : Nec tamen ater erat, nec erat tamen aureus illis ; Sed, quamvis neuter, mixtus uterque color : Qualem, clivosae madidis in vallibus Idae, Ardua derepta cortice cedrus habet.
De la hauteur nous descendîmes dans une gorge qui ouvre une retraite marine (comme savaient en décrire les anciens) à quelques flots de la mer qui viennent s’y reposer, tandis que leurs frères insensés battent les écueils et luttent entre eux. […] Mais bientôt l’air de ce Paris qu’il fallait traverser chaque jour agit sur ce désolé de vingt-quatre ans ; l’attrait du monde le gagna peu à peu ; de nouvelles amitiés se firent qui, sans effacer les anciennes, les rejetèrent insensiblement dans le lointain.
Duvicquet, dans « le grand Évariste Dumoulin » (j’en demande pardon aux voûtes et aux colonnes de l’ancien Constitutionnel), que des rabâcheur ? […] Sa sévérité étrange pour un si ancien ami et un si piquant esprit appelle la nôtre à son égard et la justifierait, s’il en était besoin26.
Mais encore est-il plus sûr de laisser un nom collectif, le simple nom de famille, à leurs tableaux, et, sans qu’ils aient dû être pour cela collaborateurs, de leur appliquer cette belle devise de concorde et d’union, qui se lit au mur d’un ancien château du Midi, bâti par des frères : … Constans fecit concordia fratrum. […] Un de ses amis habitant Nevers, Dalègre, petit homme assez jeune, vif, souriant, sociable, à l’oreille rouge, au teint frais, du tempérament le plus opposé à celui de son ami, est un jour prié par lui de rechercher dans sa ville et dans les environs les débris épars d’une ancienne fabrique célèbre, qui doivent encore s’y trouver ; niais, en cherchant d’abord indifféremment, puis peu à peu avec plus de zèle, pour le compte d’autrui, Dalègre, un matin, se sent mordu lui-même ; il prend la maladie, et, pour son début, il est plus âpre, plus enragé encore que Gardilanne.
Ce qui est à remarquer de bonne heure dans les plus anciennes productions de nos voisins, c’est comme le caractère saxon tient ferme et résiste en matière de langue et de littérature, de même que pour la Constitution politique ; il conserve ses goûts, ses traditions, son accent et son vocabulaire sous les couches brillantes superficielles. […] Dans ses descriptions ou analyses pittoresques, son style serré, pressé, procédant par séries, par rangées et enfilades, à coups denses et répétés, par phrases et comme par hachures courtes, aiguës, qui récidivent, a fait dire à un critique de l’ancienne école qu’il lui semblait entendre la grêle rude et drue tombant et sautant sur les toits : Tam multa in tectis crepitans salit horrida grando.
Vous qui voulez prendre idée de ce malin esprit de Cour et d’ancien régime tel qu’on l’attribue sans cesse aux Richelieu, aux d’Ayen, aux Stainville, aux Maurepas, et aux femmes qui les égalaient au moins à ce jeu d’épigrammes, si elles ne les surpassaient point, lisez et relisez la page suivante qui en est le chef-d’œuvre. […] Les vieilles dames annonçaient leurs espérances par des rubans verts ; enfin, depuis longtemps, la parure de la toilette n’avait été aussi spirituelle : on lui confiait le soin de tout annoncer sans se compromettre ; cela rappelait l’ancienne galanterie.
Au lieu d’introduire, en l’interprétant, le renseignement nouveau, de le combiner avec les anciens et de rectifier les erreurs, s’il y a lieu, de réparer ou de combler les lacunes, on aime mieux jeter à bas et reprendre à neuf dès la base la statue, le monument. […] Il suffit pour cela de rafraîchir la défense, de la mieux revêtir, en raison des récents et plus puissants moyens d’attaque, et de l’étayer en partie sur de nouveaux fondements, en partie sur les anciens, là où ils ont droit de subsister.
Tout en lisant le présent ouvrage où l’ancien élève de l’Observatoire de Paris a réuni, comme en se jouant, toutes les découvertes de la science la plus avancée et les a combinées avec d’autres idées moins précises à l’appui de ses hypothèses, je me suis pris pourtant à rouvrir Fontenelle dans son ingénieux livre de la Pluralité des Mondes, publié en 1686, une année avant que Newton donnât le livre immortel des Principes, et j’ai de nouveau rendu justice à ce philosophe supérieur qui avait sans doute quelques défauts de manière, mais qui voyait si juste et si loin quant à ce qui est du fond des choses. […] Trouessart, ancien élève de l’École normale, professeur à la Faculté des sciences de Poitiers.
Ce sont des aménités de cet ancien régime où les meilleurs d’entre les grands seigneurs et les gentilshommes avaient peine à se défendre (même quand ils n’y aidaient pas) du zèle de ceux qu’ils appelaient mes gens. […] Lœwendal à pied, braquant sa lunette, lui répondit : « Vous savez les ordres de M. le maréchal ; nous les avons remplis ; il faut attendre l’effet des attaques de la gauche. » — « Mais si notre gauche n’attaque pas, répliqua le comte d’Estrées, nous manquons une occasion unique ; le jour s’avance, nous donnons à l’ennemi tout le temps de se rassurer, et la nuit couvrira sa retraite. » — « Voilà de beaux raisonnements, dit Lœwendal ; mais vous êtes aux ordres du prince, et je suis votre ancien. » — « Oui, dit le comte d’Estrées, je suis le cadet, dont j’enrage, mais je suis Français », en se retirant furieux de colère.
Dans ma vie intellectuelle, sujette à bien des variations, un heureux instinct plus encore que la prudence a su me garder à temps et m’empêcher de prendre de ces engagements absolus, qu’il est ensuite pénible de rompre : M. de Montalembert aura donc beau dire, il ne fera pas de moi un renégat (au sens où il le voudrait), — ni un renégat du catholicisme, malgré des liaisons anciennes et chères, et dont je m’honore, — ni un renégat du libéralisme, malgré la vivacité de quelques-uns de mes coups de plume, quand je servais en volontaire dans ce camp et sous ce drapeau128. […] « Pour populariser l’erreur, il abusait du vocabulaire de la liberté. » C’est le mot de quelqu’un qui l’a bien connu, d’un de ses anciens collègues et compagnons d’armes à la Chambre des pairs, le comte d’Alton-Shée.
Si on recherche avec curiosité les traditions locales, les vieux noëls en patois, les vestiges d’une culture ou d’une inspiration ancienne, il faut noter aussi ce qui est vivant, le poëte plein de vigueur qui, dans le moindre rang social où il se tient, enrichit tout d’un coup de compositions franches, originales, suivies, son patois harmonieux encore, débris d’une langue illustre, mais enfin un patois qu’on croyait déshérité désormais de toute littérature. […] Le poëte commence par le pitoyable inventaire de la maison, et tout cela pour neuf personnes : « Je savais désormais, dit-il, que cette besace pendue en travers sur deux cordes, et où souvent je mettais la main pour un morceau de pain, était celle que mon grand-père promenait dans les métairies à la ronde, demandant de quoi vivre à ses anciens amis : Pauvre grand-père !
Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie. […] … Cependant si, après sa première campagne, il revient du tumulte des camps, avide de gloire, et pourtant satisfait, dans votre paisible demeure ; s’il est encore doux et facile pour vos anciens domestiques, soigneux et gai avec vos vieux amis ; si son regard serein, son rire encore enfant, sa tendresse attentive et soumise vous font sentir qu’il se plaît près de vous… oh !
Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres. […] « Le corps de Galba, longtemps abandonné et devenu le jouet des profanateurs, pendant les ténèbres, fut enfin enseveli par les soins d’Argius, un de ses anciens esclaves, dans les jardins d’un domaine privé que possédait Galba.
Zola ressuscite les hommes des anciens temps. […] Étaient-ce donc ses yeux, étaient-ce ses mains qui cessaient de lui appartenir, dans le progrès des lésions anciennes qui l’avait inquiété déjà ?
Il aurait fallu deux cents vers dans l’ancien système pour répandre toutes ces images ; ou plutôt il aurait été impossible de les accumuler ainsi : l’habitude même de la forme aurait empêché le poète d’y songer ; car l’ancienne forme répugnait tellement à cette profusion, que jamais vous ne trouverez dans un poète du Dix-Septième ou du Dix-Huitième Siècle plus de deux comparaisons pour une même idée.
Ceux qui ont eu entre les mains des lettres de lui, datées de ces temps anciens, et dans lesquelles il racontait ce qu’il sentait alors, ont pu comparer ce qu’il y disait avec ce qu’il a dit depuis dans ses Mémoires : rien ne se ressemble moins. […] Ce qu’il a fait là littérairement, il l’a dû faire presque partout pour ces époques anciennes ; il a substitué plus ou moins les sentiments qu’il se donnait dans le moment où il écrivait, à ceux qu’il avait réellement au moment qu’il raconte.
Parmi les plaisanteries qu’on y rencontre, il en est quelques-unes qui ont trait à la querelle des Anciens et des Modernes, laquelle était alors flagrante au sein de l’Académie et qui se rallumait de plus belle, précisément quand la paix se signait en Europe. […] Je le trouve également réfuté, gourmandé avec force, à propos de ses Dialogues sur l’éloquence et de quelques assertions hasardées sur les orateurs anciens, par un homme instruit, un esprit rigoureux et nullement méprisable, également adversaire de Rollin, Gibert.
La beauté poétique des anciens lui échappait entièrement ; il ne la soupçonnait même pas. […] Frédéric jugeait bien encore des moralistes et philosophes anciens, ou même des poètes philosophes en qui la pensée domine, tels que Lucrèce : « Lorsque je suis affligé, disait-il, je lis le troisième livre de Lucrèce, et cela me soulage. » Pourtant, même dans ce qui faisait l’objet de ses lectures familières, il y regardait si peu de près quant à l’érudition, qu’il lui est arrivé de ranger par mégarde Épictète et Marc Aurèle au nombre des auteurs latins.
Une quantité de Piémontais, de Polonais, anciens militaires de l’Empire, et un moindre nombre de Français, se trouvaient réunis dans cette ville ; ils y furent organisés en légion, sous l’aigle et le drapeau tricolore, par le colonel Pacchiarotti, officier piémontais d’un grand caractère, et dont Carrel ne s’est jamais souvenu depuis qu’avec un sentiment profond : il le citait toujours quand il parlait des hommes créés pour commander aux autres hommes. […] [NdA] Voici, par exemple, une phrase obscure de la conclusion : « Or, entre les principes proclamés par la Révolution (d’Angleterre), il fallait distinguer ceux pour lesquels elle avait entrepris de créer des faits, et ceux qui n’étaient que l’expression de faits plus anciens qu’eux.
Le Roux de Lincy, d’en exécuter une édition d’après les manuscrits mêmes ; voulant donner, de plus, à cette publication ce cachet de solidité, ce coin de bon et vieil aloi qui plaît aux amateurs, la Société a recherché d’anciens types d’imprimerie, et, s’en étant procuré qui viennent de Nuremberg et qui datent de la première moitié du xviiie siècle, elle a fait fondre exprès les caractères qui ont servi à imprimer le présent ouvrage et qui serviront désormais aux autres publications de la Société. […] Et pour ce que les ouvriers dirent qu’ils ne sauraient avoir fait le pont de dix ou douze jours, la compagnie, tant d’hommes que de femmes, commença fort à s’ennuyer… Il s’agit donc d’employer ces dix ou douze jours à quelque occupation « plaisante et vertueuse », et l’on s’adresse pour cela à une dame Oisille, la plus ancienne de la compagnie.
Un jour, en attendant cette seconde bataille qui tarde et qui doit bientôt se livrer, Frédéric écrit à Jordan : « Envoyez-moi un Boileau, que vous achèterez en ville ; envoyez-moi encore les Lettres de Cicéron, depuis le tome III jusqu’à la fin de l’ouvrage, que vous achèterez de même ; il vous plaira de plus d’y joindre les Tusculanes, les Philippiques, et les Commentaires de César. » Cette bibliothèque de campagne, envoyée par Jordan, et qui ne quitta plus le roi, fut pillée avec tous ses bagages dans la seconde guerre de Silésie, à la bataille de Soor (30 septembre 1745) ; Frédéric alors écrivit à son autre ami et ancien précepteur Duhan, pour qu’il eût à lui racheter ces mêmes ouvrages et quelques autres. […] Fouqué, à chaque présent dont il sent l’intention, est attendri ; il ne sait comment reconnaître cette amitié qui, depuis plus de trente ans, le cherche et l’honore, mais qui se multiplie surtout depuis que lui n’est plus bon à rien et n’est plus propre à y répondre que par ses sentiments : « Ce qui vous distingue, Sire, des autres princes, c’est que vous faites tant de bien à un homme qui ne peut, par le moindre service, vous en témoigner sa reconnaissance. » Quand il le voit étonné d’être l’objet de tant de soins, Frédéric le rassure simplement et par des mots naturels, puisés dans la meilleure et commune humanité : « Vous vous étonnez que je vous aime : vous devriez plutôt vous étonner si je n’aimais pas un officier de réputation, honnête homme, et de plus mon ancien ami. » Quoique Frédéric n’ait que cinquante-quatre ans lorsque Fouqué en a soixante-huit, il se fait exprès vieillard comme lui ; très brisé lui-même par les fatigues, il se suppose du même âge que son vieux compagnon : J’attends ici tranquillement dans mon trou le retour du printemps (9 février 1766) ; cette saison-ci n’est pas faite pour notre âge.
La loi même de similarité, au lieu d’être tout intellectuelle, se confond avec la loi qui veut que l’être sensible tende à son plus grand plaisir, car la similarité, en permettant la plus grande activité avec le moindre effort, produit par cela même du plaisir : le seul fait qu’une nouvelle expérience coïncide avec une expérience ancienne engendre un sentiment agréable. […] Si les contrastes nous plaisent, c’est qu’ils ont lieu au sein de la ressemblance et la font ressortir : ils nous donnent à la fois la jouissance de l’ancien et celle du nouveau, distinctes et cependant unies.
Disparition des Décadents Après toutes ces divisions, l’ancien groupe décadent se trouva non point amoindri, mais fort diminué. […] En vain dans une brochure dont on se souvient peut-être, essayai-je de fixer quelques points de la doctrine, et par la réapparition de notre périodique transformé en revue, de rappeler sur la brèche ceux de mes anciens collaborateurs qu’effrayait le progrès du Symbolisme ; tout fut inutile.
De là ces traits de feu, ces grâces ravissantes jetées çà et là dans les chants du poëme de Lucrèce ; de là cette fréquente contradiction de son art et de son système, ce retour involontaire au polythéisme qu’il maudit, ces nouvelles apothéoses substituées aux idoles qu’il renverse, et cet hymne de louange et d’amour qu’il semble près d’exhaler sans cesse, et dont il cherche l’objet en dédaignant tous les anciens cultes de la terre. […] Ce que les souvenirs mythologiques de la Grèce, les héros fondateurs de ses jeux, les origines fabuleuses de ses cités avaient été pour le grand poëte lyrique de Thèbes, quelques noms glorieux et lointains de l’ancienne Rome le seront pour le chantre du siècle d’Auguste.
Le sulfocyanure n’a jamais pu être constaté directement par les sels ferriques dans la salive parotidienne pure, soit fraîche, soit ancienne. […] Les anciens physiologistes avaient attribué aux liquides salivaires un rôle purement mécanique, ils pensaient qu’ils avaient surtout pour objet de faciliter la mastication. […] Il existe même une figure, reproduite par tous les anciens anatomistes, qui représente un chien à l’intestin duquel on a adapté un flacon vis-à-vis de l’embouchure du conduit pancréatique. […] Troisième période. — Suc pancréatique très ancien et ne donnant plus la réaction rouge qu’il avait auparavant. […] Ainsi voilà du suc pancréatique qui est très ancien, l’addition de l’acide azotique produit un dégagement de gaz et l’apparition de la coloration rouge.
Car, pour louer ensuite plus à mon aise M. de Latena, je veux en passant avouer une disposition de mon esprit qui est peut-être un faible, mais dont je ne puis faire tout à fait abstraction dans mes jugements : je suis (sans être Alcibiade) du goût de celui-ci, à qui Socrate disait : « Vous demandez toujours quelque chose de tout neuf ; vous n’aimez pas à entendre deux fois la même chose. » Je suis de ceux qui, dans cet ordre moral, pencheraient plus volontiers du côté du nouveau (si le nouveau est possible) que du trop connu ; en ce qui est de l’expression, le brillant du tour et la pointe (dans le sens des anciens) ne me déplaisent pas non plus autant qu’à d’autres.
Une des vieilles, la plus ancienne, avait vu autrefois Louis XIV.
Autour des trois ou quatre points de droit qui constituaient la jurisprudence gallicane, il s’était formé, à l’abri des parlements et de l’ancienne Université, une sorte d’esprit religieux modéré, assez libre, tout à fait tempéré, dans lequel de beaux génies avaient pu vivre et qui convenait aux raisons droites et modestes.
Laurent essaie de les faire servir à interpréter notre Révolution, comme on a cherché à les faire servir à l’interprétation des sociétés anciennes et du moyen âge, à l’intelligence de la féodalité et de la théocratie romaine.
Et c’est ainsi que dans cette salle des anciens États du Forez, sauvée, grâce à lui, de la ruine et consacrée désormais à la Société historique de Montbrison, sous ces voûtes et entre ces murailles toutes chargées d’armoiries et d’emblèmes, M. de Persigny a fait que chacun pût y jeter les yeux sans trop d’orgueil et sans trop d’envie.
I Ils sont les successeurs et les exécuteurs de l’ancien régime, et, quand on regarde la façon dont celui-ci les a engendrés, couvés, nourris, intronisés, provoqués, on ne peut s’empêcher de considérer son histoire comme un long suicide : de même un homme qui, monté au sommet d’une immense échelle, couperait sous ses pieds l’échelle qui le soutient En pareil cas, les bonnes intentions ne suffisent pas ; il ne sert à rien d’être libéral et même généreux, d’ébaucher des demi-réformes.
A l’heure qu’il est, nous avons deux inscriptions hébraïques anciennes, qui sont pour le pauvre historien comme des phares lumineux dans cette obscure antiquité.
Ils changèrent peu le fond des races ; mais ils imposèrent des dynasties et une aristocratie militaire à des parties plus ou moins considérables de l’ancien Empire d’Occident, lesquelles prirent le nom de leurs envahisseurs.
Les historiens anciens n’expliquent pas l’énigme, ils la posent sans la résoudre. — Heureusement, avec le refus de Sparte, Phédippide rapportait à Athènes l’oracle d’un dieu.
Aussitôt que Ronsard fut rempli de la lecture des anciens auteurs, il se mit à pindariser, selon sa propre expression ; c’est-à-dire, qu’il voulut imiter Pindare.
L’Europe, par le plus heureux des contrastes, présentait au poète le peuple pasteur en Suisse, le peuple commerçant en Angleterre, et le peuple des arts en Italie : la France se trouvait à son tour à l’époque la plus favorable pour la poésie épique ; époque qu’il faut toujours choisir, comme Voltaire l’avait fait, à la fin d’un âge, et à la naissance d’un autre âge, entre les anciennes mœurs et les mœurs nouvelles.
Les erreurs de l’ancienne physique ont leurs partisans et leurs défenseurs.
Nous apprenons aussi de Quintilien que les anciens peintres s’étoient assujettis à donner à leurs dieux et à leurs heros la phisionomie et le même caractere que Zeuxis leur avoit donné, ce qui lui attira le nom de legislateur.
C’étoit par la voïe de la récitation que les anciens poëtes publioient ceux de leurs ouvrages qui n’étoient pas composez pour le théatre.
Voilà en quoi consiste cette fureur divine, dont les anciens ont tant parlé, et sur laquelle un moderne composa un sçavant traité, il y a quarante-cinq ans.
Un ancien serviteur de M.
I L’ouvrage de Léon Feugère sur Henri Estienne est une publication d’un double intérêt, puisqu’elle renferme, à côté d’un livre nouveau, ce qu’en principe nous estimons presque autant : la réimpression d’un livre ancien.
I L’ancien journal d’Arsène Houssaye annonce que le Roi Voltaire 15 est déjà à sa seconde édition, et quoiqu’il faille se défier de l’annonce, cette menteuse musette, cependant un tel phénomène pourrait être une vérité.
On recommence à croire au testament d’Adam, qui est le vrai Contrat social du pouvoir, à la famille qui est le vrai Contrat social du père, des enfants, de la mère, et à l’ordre, qui est le vrai Contrat social des anciens de la famille, appelés en premier par la vocation, les études, le diplôme, et en second par le pouvoir, qui les fait officiers, évêques, magistrats !
Jourdain quand il fait de la prose, il atteint, non pour le gros public qui veut un gros comique, mais pour le public raffiné, un genre de comique que les connaisseurs sauront apprécier… On a dit que pour les duchesses de l’ancien régime il n’y avait pas d’indécences, qu’elles pouvaient, sans embarras, se mettre toutes nues devant leurs gens, parce que leurs gens n’étaient personne.
L’auteur de ces éloges est ce même Charles Perrault, qui, quelque temps auparavant, avait élevé la fameuse dispute des anciens et des modernes.
M. de Gourmont, dans son livre déjà ancien, a levé un lièvre qui n’a pas cessé de courir. […] Vandérem lui-même, ont été déposés le long d’un courant ancien et naturel. […] D’abord, on ne lit pas les Anciens. […] Ramené au lieu commun académique du Gesta Dei per Francos, le catholicisme ne mènerait qu’une existence décolorée et humiliée, déchirerait l’Évangile pour se cantonner dans l’Ancien Testament ; la nouvelle loi connaîtrait à son tour le bandeau sur les yeux et le sceptre brisé. […] Depuis longtemps et dans tous les pays (déjà les écrivains anciens eurent leurs scoliastes à Alexandrie et à Pergame) il se publia des éditions annotées et commentées des auteurs classiques.
L’influence littéraire d’Edmond de Goncourt ne s’exerce guère après lui, mais sa mort détermine la dispersion de ses collections qui va puissamment contribuer à la mode furieuse du bibelot ancien : xviiie siècle, art japonais. […] À ce dernier terme elles existent encore et peuvent alimenter un ouvrage entier tel qu’Eddy et Paddy, ce roman délicat — (que pour ma part j’imagine composé à une date plus ancienne que celle qu’il porte) — mais en général elles n’apparaissent plus qu’en accès, d’autant plus saisissants qu’ils sont espacés, brefs et surmontés. […] Il semble que dans sa dernière pièce, ce Deburau, où certains veulent voir son chef-d’œuvre, il ait quitté le cynisme gouailleur qui particularisait ses anciens ouvrages pour un attendrissement larmoyant. […] Nous répétons volontiers leurs anciens rythmes : Les miroirs ont gardé ton ombre, Aloïda, ou bien : Les doux mots que morte et passée. […] Que n’aurions-nous pu d’ailleurs encore citer… tant entre les anciens qu’entre les modernes, des étrangers comme des nôtres.
Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? […] Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. […] Et encore ceci : Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? […] La guerre survint avant que j’aie pu le voir ; car dès ce moment, il menait une vie très retirée et ne recevait plus guère que ses anciens amis. […] Au moindre mot que lâchait un habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp des ennuyeux, — et, pour le plus grand désespoir de M.
Qu’il soit ancien, qu’importe ? […] Aux époques où les anciennes croyances pâlissent ou s’éteignent, « il n’existe proprement point d’art, dit encore Lamennais, ce qu’on appelle de ce nom n’étant ou qu’une froide et stérile imitation de l’art ancien ou que d’impuissantes tentatives pour en créer un nouveau, dont le modèle, vaguement pressenti, est encore inconnu. […] Il essaya plusieurs comédies, une entre autres, intitulée Les Hermaphrodites, dans laquelle il peignait les hommes efféminés, reste de l’ancien régime. […] Rappelez-vous, dans les anciennes poésies, le Voyage imaginaire. […] Craignez-vous d’être infidèles au culte des anciens ?
Voyons, réponds ; dans ta nouvelle fréquentation, les hommes sont-ils seulement à moitié aussi intelligents que dans l’ancienne ? […] Je n’entreprendrai pas d’analyser ce troisième volume, qui clôt la série des mémoires de l’ancien préfet de la Seine. […] continua-t-il, c’est l’ancien bourreau de Lyon. […] À une époque très ancienne et dans le coin le plus reculé de certaine province chinoise que les géographes ont oubliée sur les cartes, il arriva qu’une maisonnette fut détruite par un incendie. […] Une des parties maîtresses de ce livre est certainement celle qui est consacrée à l’Académie des Beaux-Arts et aux anciens académiciens.
Au fond cette vitrine me guérit un peu de la japonaiserie, et ça arrive bien, au moment, où il ne s’exporte plus rien du Japon que du moderne, et où, lorsqu’il vient par hasard chez Bing, un bibelot ancien ayant la moindre valeur, le prix en est absurde. […] Oui, oui, c’est indéniable, les auteurs dramatiques de tous les pays depuis les plus renommés dans les anciens jusqu’à Sardou, manquent d’imagination et créent d’après les autres. […] Le docteur Blanche contait, ce soir, que la maison qu’il occupait à Passy, et qui est l’ancienne maison de la princesse de Lamballe, avait été mise en vente, vers 1850, à la suite de mauvaises affaires, par un banquier qui en avait refusé 400 000 francs aux Delessert. […] Et joliment, Daudet s’étend sur ce paysan poétique, appartenant tout entier à ses bouts de champs, à son petit bien, à sa maison, à ses parents, à sa province, enfin à tout cela de rustique et d’ancienne France, dont il a tiré sa poésie. […] Au milieu de ces récits, arrivait ordinairement, pour la troisième tournée, mon oncle, l’ancien officier d’artillerie, qui, marchant le premier avec son gros dos rond et son pas lourd, donnait la liberté aux oisillons qui n’avaient pas les pattes cassées, silencieux, et sans donner la réplique à la grondante mauvaise humeur de Chapier.
Dimanche 18 février C’est vraiment extraordinaire chez Schwob cette science universelle qui va de Tacite à Wittemann : des auteurs les plus anciens aux auteurs les plus modernes, et les plus exotiques. […] Il nous apprend qu’il est voisin de Carlier, l’ancien préfet de police, avec lequel il va fumer presque journellement une cigarette, et qui lui raconte les choses les plus curieuses. […] Une curieuse innovation de l’artiste, et dont je crois qu’il n’y a pas d’exemple, chez les sculpteurs anciens et modernes. […] Jeudi 4 octobre Meunier m’apporte aujourd’hui des reliures, aux gardes faites avec des soieries anciennes, ramassées par moi, à droite, à gauche. […] Il ajoute que, comme ancien libéral, le cérémonial de l’audience l’embête, et qu’il désire au fond être refusé, mais qu’il se trouve engagé vis-à-vis de lui-même, par l’annonce qu’il en a faite.
C’était pour mon imagination un ancien vœu réalisé. […] Il faut, a dit un ancien, que la patrie soit non-seulement heureuse, mais suffisamment glorieuse. […] Il croit volontiers qu’en histoire les modernes ne doivent viser qu’au fait même, à l’expression simple de leur idée : moindres que les anciens à tant d’égards, ils sont plus savants, plus avancés dans les diverses branches sociales, obligés dès lors de satisfaire à des conditions plus compliquées, et leur principal besoin, en s’exprimant, est d’autant plus d’être clair, net, et de tout faire comprendre. […] L’auteur tient encore, et avec raison, à cet ancien travail dans lequel il jeta ses propres idées sur les banques.
Ma mère, qui a tant de goût pour les anciens bâtiments, aimerait bien mieux l’église de Windsor avec les bannières des chevaliers et leurs armures complètes : j’ai fait une grande révérence à l’armure du Prince-Noir. » Son caractère de naturel, comme son piquant d’observation, nous demeure donc bien établi. […] Il me semblait quelquefois, à ce bal, que nous étions d’anciennes connaissances ; je me demandais quelquefois si nous ne nous étions point vus étant enfants ; il me semblait qu’elle pensait la même chose que moi, et je m’attendais à ce qu’elle allait dire. […] Il faut que les autres n’aient pas le même besoin que moi ; car, si l’on cherche un cœur, on trouverait le mien. » Elle n’est pourtant pas toujours aussi plaintive ni aussi découragée qu’en ce moment ; mais, le matin même, sa mère a renvoyé une ancienne domestique qui les servait depuis dix ans, et la tristesse de l’aimable fille a débordé. […] — Mademoiselle, lui ai-je répondu, promettez-lui, ou donnez-lui, faites-lui donner, veux-je dire, par quelque ancien domestique de confiance, votre nourrice, ou votre gouvernante, faites-lui donner, de grâce, chaque mois, ou chaque semaine, ce que vous jugerez convenable.
C’était pour lui une bonne fortune d’être tombé entre mes mains : aussi allait-il souvent en rendre grâces à son ancien maître, qui avait une jeune femme fort belle. […] Je défendis à Ascanio de prendre à l’avenir de telles licences ; mais, m’ayant répondu impertinemment, je lui tombai dessus à coups de pied et à coups de poing, et il ne put sortir de mes mains que sans son bonnet et sans son manteau ; je fus deux jours à savoir ce qu’il était devenu ; un gentilhomme espagnol, nommé don Diego, homme excellent, pour lequel j’avais travaillé, et qui était mon ami, me dit qu’il était retourné chez son ancien maître, et qu’il me priait de lui rendre son bonnet et son manteau. […] Il prit ensuite les deux vases, en déclarant qu’il ne croyait pas que les anciens eussent jamais rien fait de si beau, et qu’ils surpassaient tout ce qu’il avait vu de plus rare en Italie. […] Le consul Fulvius, dit Pline l’ancien, fut guéri de même, par la victoire qu’il remporta sur les Celtes.
IV Quant à Aristote, nous connaissons assez de son histoire pour vous la redire avec les certitudes et les détails que la distance du temps et des lieux et la célébrité de l’homme ont laissés, de traditions en traditions, rayonner autour de ce grand nom, héritage de deux mondes, le monde ancien et le monde scolastique moderne. […] Qu’on se figure Napoléon, dans ses campagnes d’Allemagne, d’Espagne, de Russie, fournissant à Cuvier, avec lequel il aurait été en correspondance, les dépouilles de ces provinces et les éléments de ses recherches anatomiques : tel était Alexandre, en rapport journalier avec son ancien précepteur. […] Ce philosophe perdit peu à peu son crédit, et il paraît que, se voyant disgracié, il devint le défenseur des mœurs anciennes et des usages de ses pères, en s’opposant aux honneurs divins qu’on voulait rendre au conquérant macédonien. […] « Cette influence de l’égalité des biens sur l’association politique a été comprise par quelques-uns des anciens législateurs ; témoin Solon dans ses lois, témoin la loi qui interdit l’acquisition illimitée des terres.
L’ordre chronologique est comme une sorte de biographie de la pensée… Malheureusement cet ordre manque entièrement pour Shakespeare, ce poète moderne aussi peu connu qu’un Ancien, dont nous ne sommes séparés que par les quarante-huit heures de deux siècles, mais qui, en bien des choses, est, pour nous, aussi mystérieux que s’il était reculé et enfoncé dans l’ombre du temps. […] Shakespeare, l’ancien Shakespeare, était seulement la voix de Shakespeare, mais il se savait et s’entendait chanter comme un homme, comme un de ces roseaux pensants que Pascal, qui vaut bien Novalis, trouvait plus grands que l’univers, quand même l’univers les tuerait ! […] Pour mon goût, j’aimais mieux l’ancien, le barbare, comme disaient les badauds après ce finaud de Voltaire ! […] Lorsque à la fin du drame de Shakespeare, dont les acteurs sont des armées et qui finit par le mariage de Henri d’Angleterre et de Catherine de France, le poète nous fait assister à cette longue scène d’amour, une des plus touchantes et en même temps une des plus piquantes qu’il ait écrites, n’est-ce pas Hai, notre ancien Hai, que j’entends, quand il se vante à sa maîtresse, avec tant de rondeur, de verve et de bonhomie, d’être, sinon « le compagnon des meilleurs rois, au moins le roi des bons compagnons » !
Je me suis, en le lisant, retrouvé vivant et français, et français de l’ancien régime ! […] Paul Féval, l’ancien romancier, — et le romancier est bien près d’être un poète, — Paul Féval, devenu chrétien, c’est-à-dire un poète de plus, doit croire à la merveille de tout. […] Mais, humainement, l’ancien romancier, — qui n’est pas mort, Dieu merci ! et que la conversion n’a pas fait taire comme le poète Werner, dont elle silença le génie, — l’ancien romancier, toujours vivant et vivace, trouvait son compte encore dans cette histoire du Mont Saint-Michel, qui semble un roman, tant elle est belle, aux yeux vulgaires sans Dieu et sans Archange pour l’expliquer.
La conscience allait renaître des ruines de l’ancienne foi. […] L’abjuration du nouveau roi de France ne lui fit pas méconnaître ce qu’il devait à ses anciens compagnons et à la justice, et malgré les hurlements de haine du parti catholique, il ne dissimula jamais sa sympathie pour la Réforme. […] Il est édifiant de recueillir l’aveu d’un de leurs plus farouches persécuteurs, l’intendant du Languedoc, Basville, à qui échappera plus tard, en 1699, cet aveu : « Généralement parlant, les nouveaux convertis (c’est-à-dire les protestants contraints par la force de simuler une abjuration) sont plus à leur aise, plus laborieux et plus industrieux que les anciens catholiques de la province. » L’historien de Sismondi l’affirme : « La meilleure partie du commerce et des manufactures de France était entre les mains des protestants71 » « Ils représentaient la substance morale de la France72 » a-t-on dit. « Élément sain, calme et fort, écrit à son tour Michelet… Nos protestants… étaient les meilleurs Français de France… Ils ne demandaient rien qu’à travailler là tranquilles, y vivre et y mourir ». […] Bossuet, en effet, connut à fond les Pères, l’Ancien Testament et quelques philosophes ou moralistes de l’antiquité classique.
Malgré ses succès dans cette magistrature, elle n’était encore pour Roederer qu’un premier pas, et son ambition (l’Ancien Régime subsistant) eût été de devenir maître des requêtes, puis intendant de province : car c’était du rang des intendants que sortait et s’élevait le plus souvent le contrôleur général. […] Sieyès et pour moi, qui, ecclésiastique et magistrat, pouvons être aisément soupçonnés, et même accusés sans soupçons, de vouloir faire revivre l’Ancien Régime.
Elle s’y adonna avec un dévouement à la cause commune qui ne saurait se contester : ni le maréchal de Bouillon qui finissait et qui dès longtemps n’était plus qu’un politique consultant, ni le vieux Lesdiguières qui pensait à se convertir et à se retourner contre ses anciens frères, ni les La Trémouille, ni les La Force, ni les Châtillon, dont les résolutions n’étaient pas de longue haleine, aucun n’essaya, dans ces nouvelles levées de boucliers, de le disputer aux Rohan. […] » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.
Nous demandons la permission, ayant à parler de lui, d’en rester à nos propres impressions déjà anciennes, fort antérieures à des débats récents, et de redire, à propos des volumes aujourd’hui publiés, et sauf les applications nouvelles, le jugement assez complexe que nous avons tâché, durant plus de vingt ans, de nous former sur son compte, de mûrir en nous et de rectifier sans cesse, ne voulant rien ôter à un grand esprit si français par les qualités et les défauts, et voulant encore moins faire, de celui qui n’a rien ou presque rien respecté, un personnage d’autorité morale et philosophique, une religion à son tour ou une idole. […] Après que la Révolution eut fait son œuvre de ruine, bien des anciens adorateurs de Voltaire se détachèrent de son culte plus qu’à demi ; ils sentirent le prix des institutions qu’il avait imprudemment sapées ; ils se dirent qu’il les aurait, lui aussi, regrettées comme ils les regrettaient eux-mêmes ; on se rendit mieux compte de ses inconséquences, et, en gardant de l’admiration pour l’esprit inimitable et séduisant, on en vint à le juger avec une sévérité morale justifiée par l’expérience.
Maine de Biran est un ancien garde du corps de Louis XVI, qui a du Greuze en lui, un principe de mollesse au milieu de l’élévation, absence de vigueur, de netteté, d’originalité, de ressort… Ai-je assez dit tout ce qui lui manque ? […] Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.
Maupertuis, jeune, ancien capitaine de cavalerie, converti à la géométrie et aux sciences, eut alors son moment d’éclat et de faveur, surtout lorsqu’au retour de son voyage dans le Nord, où il était allé vérifier par ses mesures la forme assignée à cette région de la terre par Newton, il eut incidemment tant de choses à raconter sur les Lapons et les Lapones. […] On a assez entendu parler des fameuses lettres de Phalaris que le chevalier Temple avait crues en effet authentiques et de l’ancien tyran d’Agrigente.
Ce fut une grâce… » Elle disait encore, en parlant de cet entier abandon de son être au sein de Dieu : « Ces sentiments, chère amie, sont de très ancienne date : le premier germe en a été conçu dans un temps où l’air était encore embaumé, les objets à l’entour resplendissants de beauté et de fraîcheur, et où mon cœur, quoique troublé par des peines, sentait encore parfois son existence avec enivrement. » Pour le philosophe et l’observateur, qui ne donne dans le surnaturel qu’à son corps défendant, il n’y a pas tant à s’étonner de cette subtilisation, de cette sublimation (pour parler comme en chimie) de tous les sentiments. […] Les premiers mots qu’elle vous disait, et par lesquels elle croyait vous honorer, concernaient votre croyance et l’état de votre âme : elle essayait d’un premier grapin à jeter sur vous. — « Quand on a fait Volupté, me dit-elle la première fois que je la vis, on a une responsabilité. » Je m’inclinai en silence. — J’ai beaucoup vu, dans un voyage qu’elle fit à Paris, cette charmante Roxandre, cette amie de jeunesse de Mme Swetchine et qui était devenue la comtesse Edling : elle s’est plainte à moi bien souvent (j’en demande bien pardon à ceux qui ont écrit le contraire) d’un certain fonds de froideur ou de réserve qu’elle rencontrait désormais dans son ancienne amie et qu’elle attribuait à la différence de communion.
Né dans cette cité dont le nom ne se sépare plus du sien, en septembre 1762, fils d’un procureur au bailliage, destiné d’abord à l’état ecclésiastique (comme on le verra), puis changeant de robe, avocat plaidant et bientôt estimé des anciens, il avait vingt-cinq ans à l’époque où s’ouvrait l’Assemblée des Notables : il reçut vivement, lui et ses frères, le souffle embrasé qui traversait l’air à ce moment. […] — Je songeais aux jours anciens, et j’avais dans l’esprit les années éternelles. » Au lieu de ce tableau à la Lesueur, Merlin nous fait assister au spectacle d’une communauté mangeante et buvante, qui appellerait le pinceau de quelque maître hollandais grotesque : « A diverses fêtes où les chartreux se réunissaient, on m’accordait la faveur insigne de manger avec eux au réfectoire.
Je dirai tout ce que je pense, en me replaçant dans l’esprit de l’ancien système français, inauguré par Corneille, et qui a régné sur notre scène jusqu’à Voltaire et ses disciples. […] Je suppose toujours cet ancien public français avec ses habitudes, et à qui deux heures de spectacle sérieux suffisaient.
Les Anciens avaient Andromaque, Hector, Priam, les malheurs d’Hécube : ils y revenaient sans cesse ; leurs oreilles n’avaient jamais assez d’attente et de silence, leurs yeux n’avaient jamais assez de regards ni de larmes pour ces tragédies funestes. […] Si l’on s’en rapportait à Mme Campan, toutes les lettres que Marie-Antoinette écrivait à sa famille auraient été revues, avant d’être envoyées, par l’abbé de Vermond, son bibliothécaire et son ancien maître, resté son confident.
D’Éprémesnil le surnommait l’hérétique à bonnes intentions ; Mirabeau disait de lui, en lui appliquant ce que Plutarque a dit d’un ancien, qu’il tenait de bons propos mal à propos, Un royaliste violent, un esprit étroit et systématique, M. […] D., ancien receveur des finances, qui conclut le marché entre Raynal et Diderot.
Les Robert de La Mennais appartenaient à l’ancienne bourgeoisie de Saint-Malo. […] Il dut n’arriver qu’à une connaissance en gros des langues anciennes et à des à-peu-près.
Elle était alors dans une veine d’amertume et de misanthropie sociale, à la veille de rompre un lien déjà ancien, dans un véritable isolement moral, et se demandant quels amis et quel ami elle se pourrait choisir parmi tous ces visages nouveaux de gens à réputations diverses qu’elle affrontait pour la première fois. […] Aussi l’on ne s’étonnera point que Mme Sand, ayant parlé de moi dans ses Mémoires d’une manière très-flatteuse et affectueuse, je lui aie écrit, pour la remercier, la lettre suivante, qui se rejoint bien aux confidences anciennes et qui résume mes sentiments : « Ce 10 août 1855.
Le jour où l’on comprend enfin ce poëte, cette fleur de plus, où elle existe pour nous dans le monde environnant, où l’on saisit sa convenance, son harmonie avec les choses, sa beauté que l’inattention légère ou je ne sais quelle prévention nous avait voilée jusque-là, ce jour est doux et fructueux ; ce n’est pas un jour perdu entre nos jours ; ce qui s’étend ainsi de notre part en estime mieux distribuée n’est pas nécessairement ravi pour cela à ce que les admirations anciennes ont de supérieur et d’inaccessible. […] L’idée de l’ancienne élégie de l’Indiscret est reprise dans Réveil, et le premier mouvement a toute la secousse d’un effroi ressenti : C’est qu’ils parlaient de toi, quand, loin du cercle assise, Mon livre trop pesant tomba sur mes genoux ; C’est qu’ils me regardaient, quand mon âme indécise Osa braver ton nom qui passait entre nous.
Quand on a soi-même des portions de l’artiste, qu’on l’a été un moment, ou du moins qu’on a désiré de le devenir à quelque degré, la vigilance sur les créations naissantes est extrême ; le clin d’œil est rapide et peu trompeur ; on reconnaît avec un instinct vif, presque jaloux, ces lumières qui pointent à l’horizon et vont à mesure éteindre les anciennes. […] Éclectiques, romantiques, doctrinaires, républicains ou monarchistes ; systématiques de tout bord et de toute conviction, il les a laissés dire ; il n’en a repoussé ni épousé aucun, se taisant, n’écoutant pas toujours, s’abstenant d’avoir là-dessus le moindre avis ; mais il relisait de temps à autre le Prince de Machiavel, qui lui semblait une œuvre solide à méditer ; il relisait l’Art poétique d’Horace, pour y rctiouver quelques détails sur les procédés scéniques des anciens, ou les Confessions de saint Augustin, pour y voir comment un jour le saint prit goût, malgré lui, aux jeux du cirque.
J’ignore s’il est quelqu’un de nos amis qui ait su garder, à travers les épreuves diverses, cette fleur de libéralisme primitif, de libéralisme pour ainsi dire platonique et en dehors de toute action, et cette tendresse extrême de conscience qui ne souffre examen ni doute à l’endroit des anciennes idoles ; s’il en est de tels, je les admire et je les envie. […] Dès qu’il avait à expliquer quelque circonstance embarrassante et un peu humiliante de son passé, les Cent-Jours, cette folie la plus irréparable des siennes et qui faussa toute sa fin de carrière, les motifs qui, la veille encore, le poussaient, la burlesque tergiversation qui avait suivi, ou même lorsqu’il touchait quelques souvenirs plus anciens de sa vie romanesque et des scènes orageuses qui avaient fait bruit, sa raison toute honteuse prenait les devants, et il s’en tirait à force d’esprit, de verve à ses dépens, de moquerie fine : le genre humain à son tour n’y perdait rien.
Clergé et noblesse sont détestés, leur suprématie semble un joug. « Au mois de juillet dernier, dit-il, on eût reçu les (anciens) États avec transport, et leur formation n’eût trouvé que peu d’obstacles. […] Jusqu’à la fin de l’ancien régime, l’opération se poursuit avec des intermittences : dans le Languedoc, en 1768, on en arrêtait encore 433 en six mois, et, en 1787, 205 en quatre mois761.
« Plusieurs philosophes anciens et modernes ont écrit sur ce sujet. […] M. de Saint-Herem, ancien ambassadeur en Espagne, membre de l’Assemblée constituante, ami de M.
La reconnaissance des hommes trop bruyamment proclamée envers l’ancien proscrit de l’Olympe, aurait paru offenser les dieux. […] Ou eût dit un Saint équivoque, relevé d’une ancienne excommunication, mais toujours suspect, qu’on aurait logé dans une chapelle limitrophe entre le paradis et le purgatoire.
Il lisait couramment le grec et rendait compte en français de ses progrès à son ancien précepteur, un pasteur français réfugié, M. […] Il parle français parfaitement, il sait beaucoup de latin et de grec, et il a l’histoire ancienne et moderne au bout des doigts.
J’avais en une journée cent physionomies diverses, selon la chose dont j’étais affecté : j’étais serein, triste, rêveur, tendre, violent, passionné, enthousiaste ; mais je ne fus jamais tel que vous me voyez là… » Et il ajoute, car il nous importe dès l’abord de le bien voir : « J’avais un grand front, des yeux très vifs, d’assez grands traits, la tête tout à fait d’un ancien orateur, une bonhomie qui touchait de bien près à la bêtise, à la rusticité des anciens temps. » Représentons-nous donc Diderot tel qu’il était en effet, selon le témoignage unanime de tous ses contemporains, et non tel que l’ont fait les artistes ses amis, Michel Van Loo et Greuze, qui l’ont plus ou moins manqué, à ce point que la gravure d’après ce dernier le faisait ressembler à Marmontel : « Son front large, découvert et mollement arrondi, portait, nous dit Meister, l’empreinte imposante d’un esprit vaste, lumineux et fécond. » On ajoute que Lavater crut y reconnaître des traces d’un caractère timide, peu entreprenant ; et il y a lieu de remarquer en effet qu’avec l’esprit hardi, Diderot avait le ressort de conduite et d’action un peu faible.
Alors, quantité de définitions et de sentences d’or apparaissent : par exemple, cette définition de l’homme, que d’autres avant lui avaient trouvée, mais qu’il a réinventée et mise en honneur de nouveau : « L’homme est une intelligence servie par des organes. » Voici quelques-unes encore de ces belles pensées, et qui sentent le moderne Pythagore : En morale, toute doctrine moderne, et qui n’est pas aussi ancienne que l’homme, est une erreur. […] [NdA] Sans bruit et sans effort, cela vous plaît à dire : quand on remonte dans l’histoire, on ne trouve que bruit et qu’effort à chaque siècle, cependant il n’en est pas moins vrai qu’il y avait dans l’ancienne société, au milieu de tous ses dérangements, un ou deux grands ressorts qui continuaient d’aller ou qui reprenaient vite le dessus, et qui se sont brisés depuis.
Notez que tant qu’avait duré l’Ancien Régime, Mallet, rédacteur politique, avait été aussi indépendant qu’on le pouvait être avec trois censeurs ; souvent averti, réprimandé par le ministre, jamais il n’avait reçu pension ni faveur, à la différence de tant de gens de lettres pensionnés et rémunérés par Calonne ou par la Cour, et qui vont se faire républicains. […] Dans ces citations fréquentes que je me plais à faire des plus fortes pensées de quelques publicistes d’autrefois, je n’ai point la prétention d’ailleurs de proposer des recettes directes pour nos maux et nos inquiétudes d’aujourd’hui ; il n’est point de telles recettes souveraines. — « L’art de gouverner, disait très bien l’ancien Portalis dans une lettre à Mallet, n’est point une théorie métaphysique et absolue.
Le jeune roi vint, et il amena, il suscita avec lui sa jeune littérature ; il mit le correctif à l’ancienne, et, sauf des infractions brillantes, il imprima à l’ensemble des productions de son temps un caractère de solidité, et finalement de moralité, qui est aussi celui qui règne dans ses propres écrits et dans l’habitude de sa pensée3. […] Dreyss fort exact, fort rapproché des manuscrits originaux dont il ne laisse passer ni une phrase inachevée ni une faute d’orthographe sans la reproduire, fort prisé et fort loué, je le sais, de plusieurs personnes compétentes, m’a paru, je l’avoue, à moi qui suis apparemment plus frivole, et au point de vue du goût, susceptible de beaucoup d’objections, dont la plus grave est qu’à force de faire subir au lecteur toutes les fatigues et les peines qu’il s’était données dans son examen et qu’il est venu étaler trop complaisamment, l’éditeur a rendu la lecture de ces Mémoires, d’agréable qu’elle était dans l’ancienne et la mauvaise édition, très difficile et très pénible, — j’allais dire impossible —, dans la sienne qui va passer désormais pour la seule authentique et la seule bonne.
Il a pour M. de Suhm une haute estime mêlée de sympathie et de tendresse, et, pour l’exprimer, il semble emprunter quelque chose aux dialogues des anciens : Vous savez, sans que j’aie besoin de vous le répéter, que la connaissance des perfections est le premier mobile de notre plaisir dans l’amour et dans l’amitié qui est fondée sur l’estime. […] Je voudrais, s’il se peut, en faire une terre bien fertile et ensemencée de toutes sortes de bonnes choses, afin qu’elles puissent germer à temps et porter les fruits qu’on en peut attendre. » C’est à ce même moment enfin qu’il écrivait au respectable Duhan, son ancien précepteur et maître (10 février 1738) ; « Je suis enseveli parmi les livres plus que jamais.
Par exemple, la cause des marées était inconnue pour les anciens ; elle est connue pour nous. […] Le postulat auquel nous sommes arrivés est antérieur à la démonstration, antérieur à la connaissance définie ; il est aussi ancien que la nature même de notre esprit.
On se tromperait en prenant pour un être purement pervers la comtesse Irène de Fumée, qui se livre, dans un accès de contrition, à son ancien et dédaigné amant, puis se reprend, quand celui-ci a presque brisé sa vie. […] Quand Litvinoff quitte, le cœur meurtri, la ville où son ancien amour renaquit et s’évanouit une seconde fois, c’est la philosophie même du romancier qu’il formule : « Fumée, fumée, répéta-t-il, et subitement tout lui sembla fumée, sa vie, la vie russe, tout ce qui est humain et principalement ce qui est russe.
Nisard dira-t-il, comme l’ancienne critique classique, que ce soit là le chef-d’œuvre de Boileau ? […] » Je m’explique : Bossuet savait l’histoire ancienne et l’histoire de l’Église ; mais ces deux histoires ne lui servent de rien pour comprendre les temps modernes.
C’était la même faute dans votre ancien tableau de Diomède et Vénus , la déesse ressemblait à une grande vessie sur laquelle on n’aurait pu s’appliquer avec un peu d’action sans l’exposer à crever avec explosion. […] Qu’on expose ce tableau en quelque endroit du monde que ce soit, qu’on lui oppose quelque maître ancien ou moderne qu’on voudra, la comparaison ne lui ôtera pas tout mérite.
Il prend le rôle de ces êtres surnaturels qui semblent d’anciennes personnifications des forces de la Nature dans le panthéisme dit « fétichisme » (Voir notamment les contes intitulés : Mâdiou le charitable — Le barké — Le marabout et le fam. […] Il existe encore d’autres ouvrages que je n’ai pu consulter en temps utile : L’ancien royaume de Dahomey, par Le Hérissé (Larose édit.).
Par suite de la même activité, qui se porte actuellement sur de l’inédit, Cousin a publié ses Fragments littéraires, anciens discours académiques, ou éloges mortuaires, auxquels il a ajouté pour assaisonnement les lettres inédites de madame de Longueville (chassant ainsi sur mes terres et me tuant sans façon mon gibier) ; il a ajouté un petit commentaire à ces lettres, dont il s’est, je crois, exagéré un peu l’importance littéraire ; comme étude d’âme et de confessionnal, c’est curieux, (et j’en avais tiré parti dans mon étude). « Au fond, il n’y a de véridique, dit-il, si quelque chose l’est entièrement, que les correspondances intimes et confidentielles, les mémoires eux-mêmes sont toujours destinés au public, et ce regard au public, même le plus lointain, gâte tout ; on s’y défend ou on attaque, on se compose un personnage, on pense à soi, on ment. » — Ceci est dit à merveille comme Cousin sait dire, dans sa langue excellente et digne du xviie siècle ; mais que serait-ce si on appliquait cette vérité à son éclectisme officiel, qu’il défendait et qu’il préconisait hier tout en attaquant Pascal ?
. — Saint-Chéron, l’ancien saint-simonien et l’un des fondateurs de l’Univers, était un des obséquieux et des affidés de M.
Cela est perpétuellement vrai pour tout ce qui est de littérature ancienne.
Les anciens auraient bien ri de notre honneur.
Je remplace mes premiers ouvriers par le chiffre quatre, leur premier travail par le chiffre douze, tous mes ouvriers ensemble par le chiffre dix, l’ouvrage inconnu qu’ils me feront par le signe X, et j’écris la proportion suivante : À partir d’aujourd’hui, sauf accident ou ivrognerie, si les nouveaux ouvriers travaillent comme les anciens, si tous ensemble travaillent comme les premiers ont travaillé d’abord, mes dix ouvriers feront chaque jour trente mètres de mon mur. — Rien de plus commun qu’une pareille opération ; tous les calculs pratiques se font de même.
C’est que l’ancien clerc de Saint-Sulpice n’avait point changé d’âme : il était devenu clerc de la science, voilà tout.
Je crois savoir que vous êtes de mon avis et que vous en avez assez des politiciens de l’ancien jeu, des Cléons sans bonté et sans grâce, sceptiques à la fois et sectaires, car l’un n’exclut pas toujours l’autre.
Mais il reprenait ainsi, en les conduisant, il est vrai, à l’extrême, les traditions les plus anciennes des lettres françaises.
Dans les anciens palais-royal on jouait Arnal embêté par Ravel.
Laurent Tailhade à l’hôpital C’est à visiter les poètes que j’ai connu tous les hôpitaux de Paris : Laennec avec ses toits de prieuré, sa façade d’ancienne abbaye ; Broussais, qui semble, bâti sur pilotis, une bourgade de l’époque lacustre ; Necker aux murs nus et froids de caserne, mais où chante dans la cour une éternelle eau plaintive ; Saint-Louis, dont les tourelles Louis XIII pointent si joliment derrière les feuillages de l’avenue ; l’Hôtel-Dieu, qui ordonne parmi les colonnades et les degrés de pierre, la pompe païenne d’un décor antique… C’est précisément à l’Hôtel-Dieu que je viens de voir Laurent Tailhade, à peine remis d’une douloureuse et grave opération.
Un enchaînement de contradictions révoltantes, où la Nature se ment à elle-même, à chaque page ; un chaos de raisonnemens absurdes, dont il ne résulte que des idées vagues, détruites par des observations les plus simples ; un renversement général de toutes les institutions ; un réchauffé des délires de tous les anciens Philosophes ; en un mot, un assemblage monstrueux d’inconséquences & d’atrocités.
Lorsqu’on essaiera de se former l’idée la plus complette de ce qu’on nomme l’Esprit, cette idée rassemblera nécessairement la lumiere qui éclaire, la justesse qui dirige, & la raison qui compare, juge & choisit… « Je ne peux ni ne dois vous cacher, que les mœurs de nos jours ont assez dégénéré de l’ancienne candeur de cette Chevalerie, pour que la fausseté, la perfidie même, déguisées sous le nom de finesse, ne soient presque plus régardées que comme l’art de se conduire.
Fort sur la lecture de ses anciennes ballades.
Outre les mots venus à l’origine de l’ancien allemand, par l’intermédiaire du latin médiéval, l’allemand moderne a donné au français flamberge, fifre, vampire, rosse, hase, bonde, gamin ; le flamand : bouquin ; le portugais : fétiche, bergamote, caste, mandarin, bayadère ; l’espagnol : tulipe, limon, jasmin, jonquille, vanille, cannelle, galon, mantille, mousse (marine), récif, transe, salade, liane, créole, nègre, mulâtre ; l’italien : riposte, représaille, satin, serviette, sorte, torse, tare, tarif 68, violon, valise, stance, zibeline, baguette, brave, artisan, attitude, buse, bulletin, burin, cabinet, calme, profil, modèle, jovial, lavande, fougue, filon, cuirasse, concert, carafe, carton, canaille ; le provençal : badaud, corsaire, vergue, forçat, caisse, pelouse ; le polonais : calèche ; le russe : cravache ; le mongol : horde ; le hongrois : dolman ; l’hébreu : gêne ; l’arabe : once, girafe, goudron, amiral, jupe, coton, taffetas, matelas, magasin, nacre, orange, civette, café ; le turc : estaminet ; le cafre : zèbre ; les langues de l’lnde : bambou, cornac, mousson ; les langues américaines : tabac, ouragan ; le chinois : thé.
Combien les modernes ont-ils d’idées inconnues aux anciens ?
Et c’est cette passion que nos poètes peuvent chanter, à l’exemple de Corneille ; source de beautés, que les anciens temps n’ont point connue, et que n’auraient pas négligée les Sophocle et les Euripide.
Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l’homme : cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal.
Mais sans nous arrêter plus long-temps sur l’histoire ancienne, refléchissons sur la vocation des poëtes de notre temps.
Renan avait connu une crise de conscience, je crois qu’il faudrait la chercher un peu plus tard, quand il a terminé son essai sur l’Avenir de la Science et qu’après quelques tentatives, il se détermine à se conformer à la conduite dictée par les anciens : « Le philosophe doit sacrifier aux dieux de l’Empire. » Ce que Pascal formulait : « Il faut avoir une pensée de derrière la tête et juger du tout par là, en parlant cependant comme le peuple. » Cet aphorisme constitue le point essentiel du « renanisme » ; c’est à l’adopter que le maître put hésiter, parce qu’il avait l’amour de la vérité et qu’il dut lui en coûter de la taire à demi, comme il fit le plus souvent, dès sa trentième année.
Sous l’ancien régime, plusieurs Taine remplirent les fonctions d’échevin.
Le début, qui est d’une grande beauté, est d’une éloquence tout à la fois simple et forte ; il y parle de l’ancien usage de célébrer les grands hommes, de l’indifférence de son siècle pour ceux qui l’honorent, du danger de louer la vertu sous les tyrans, des effets de l’oppression, qui fait mourir les arts en étouffant le génie.
XXVI De cette vie d’étude il sortit successivement pour une demi-publicité d’élite une longue série de livres, les uns, souvenirs personnels de ses voyages, fleurs de sa jeunesse, recueillies de vingt à vingt-cinq ans en Orient, desséchées entre les pages de ses notes rapides, dont il recueillit à loisir l’essence et l’odeur pour en recomposer les meilleurs parfums de sa vie ; les autres, des morceaux d’histoire diplomatique et politique, très neufs, très originaux, très instructifs, qui révèlent au temps présent les pensées calomniées du gouvernement des Bourbons ; les autres enfin, entièrement d’érudition littéraire, traductions, dissertations, commentaires sur les textes du grec ancien et du grec moderne dont il a prodigieusement enrichi la littérature de ces derniers temps. […] XXX Écoutez M. de Marcellus : « J’étais à Saïde (l’ancienne Sidon) le 15 juin 1820, un mois après mon départ de Constantinople. […] Le soleil se couchait dans la mer de Chypre, mes regards planaient sur la verte plage de Saïde ; la chaîne du Liban chargé de lourds nuages noirs se prolongeait vers le nord ; ma pensée errait dans cette immensité, et les accents prophétiques que je venais d’entendre, échappés à une femme revêtue du caractère et presque du costume des anciennes sibylles, ces paroles solennelles disaient à mes impressions quelque chose de sauvage et d’imposant.
Elle ne lui gardait pas de haine dans sa chute ; mais elle haïssait l’autorité de ses exemples, la corruption funeste qu’ils avaient répandue, et cette doctrine de la fatalité, du mensonge et de la force qu’elle sentait et qu’elle prévoyait survivante après lui ; avec quelle admiration curieuse nous l’avions encore entendue remuer tant de questions naguère interdites et comme inconnues en France, les principes de l’ancien droit public de l’Europe, les causes populaires de la victoire actuelle des droits coalisés, le travail tardif et la solidarité pour longtemps indissoluble de la coalition, les instincts différents et pourtant compatibles des monarques héréditaires et des parvenus au trône, d’Alexandre et de Bernadotte ; enfin le génie collectif et pourtant inépuisable de l’Angleterre pouvant au besoin se passer du hasard d’un grand homme pour faire de grandes choses, et, forte d’une institution qui lui fournit toujours à temps des hommes résolus et capables, achevant, par la ténacité de lord Liverpool et de lord Castelreagh, ce qui avait consumé le génie et l’espérance de Pitt ! […] LVI On croit que madame de Staël, tout en gémissant sur la versatilité de son ancien ami, eut, sinon quelque faiblesse, au moins quelques ménagements pour Napoléon pendant les cent jours, soit qu’elle eût une généreuse pitié pour le tyran luttant avec l’adversité qu’il supportait moins bien que les victoires ; soit qu’elle espérât mieux de la liberté sous un second règne obligé de mendier du républicanisme le pardon du premier ; soit qu’elle se défiât de la fortune et que, dans l’intérêt de ses enfants, elle crût devoir laisser une porte entr’ouverte à la restitution des deux millions dont le gouvernement marchandait son silence. […] Si la vanité littéraire hésite à prononcer, le bon sens et la vertu n’hésitent pas : la plus grande des deux, c’est celle qui est le plus femme, c’est-à-dire la plus obscure ; car selon la juste expression d’un ancien, la gloire déplacée n’est que la plus grande des petitesses.
Mais elles aussi agissent pour elles, et ne se préoccupent pas de se mettre d’accord entre elles ou avec ce qui pourrait subsister de l’ancien état de choses. […] Même la critique des anciennes croyances morales le prive d’une partie de ses forces, en supprimant quelques sentiments efficaces, et en laissant mieux éclater les conflits de l’âme individuelle et de l’âme sociale. […] Il semble bien qu’on puisse distinguer une tendance confuse et assez maladroite à briser peu à peu les anciens groupes sociaux pour en constituer de plus systématisés, comme une substitution irrégulièrement progressive d’une association systématique à des associations par contiguïté et ressemblance.
C’est ce que les anciens exprimaient par ce dicton fameux : Primum vivere, deinde philosophari. […] Et enfin, dans le domaine littéraire, les règles, les sacro-saintes règles d’Aristote et de Boileau ne sont pas épargnées davantage : on réclame des tragédies en prose, on bafoue les anciens. […] Laissez passer quelques années et voici que surgissent des hommes partis de plus bas : Rousseau., fils d’horloger et ancien laquais ; Diderot, fils de coutelier, qui a connu la misère et la faim ; Sedaine, qui fut tailleur de pierre ; d’Alembert, enfant naturel recueilli par la femme d’un vitrier ; Chamfort, né aussi de père inconnu ; la Harpe, élevé par charité, etc..
Ensuite, malgré les charmants essais des Robbia, et cette Renaissance où furent, un moment, restaurées les dispositions intellectuelles des anciens, ce fut la fin de la sculpture. […] Les œuvres de cet ancien réaliste sont aujourd’hui « composées », tout autant que les paysages des chromolitographes aimés. […] Nous avons dit que c’est Wolfram d’Eschenbach, son rival en poésie et en amour, qui insiste pour le ramener à la princesse Élisabeth qui l’aime, et en lui parlant d’elle, le décide à reprendre son ancienne place, entre eux poètes qu’il avait maintes fois vaincus, et qui pourtant déploraient son absence.
Ce même principe, tous les fondateurs des religions anciennes le connaissaient déjà. […] La pièce repose sur le choc de deux milieux, la grande bourgeoisie et la pègre, reliés par la double identité de Claire, épouse du prince Serge et ancienne fille. « Son homme » est le voyou Fernand, qui meurt dans ses bras après une tentative de cambriolage au domicile de Claire. […] Avec l’appui de Henri Barbusse, il fonde en novembre 1917 l’Association républicaine des anciens combattants et participe à Clarté.
Telle est la nécessité logique des méthodes et des idées que la science moderne, avec ses incessants et admirables progrès, ne conclut pas sur ces points de haute philosophie autrement que la science ancienne, si imparfaite et si incomplète. Les atomistes de nos jours n’ont pas une autre philosophie de la nature que les atomistes anciens. […] Les physiologistes contemporains n’ont pas une autre psychologie au fond que les anciens physiologistes ; toute la différence consiste en ce que, si leur explication est la même, leur science des rapports du physique et du moral ne souffre aucune comparaison avec celle de l’antiquité.
Bureau ancien, et la pendule de Sèvres inspiratrice de l’exquis poème en prose que l’on sait : « Frisson d’hiver ». […] Le Scapin, petite revue bi-mensuelle, couverture vert-tendre, fort bien imprimée chez Jouaust et Sigaux, paraît être le plus ancien des organes des néo-révolutionnaires. […] Moréas, en pèlerin passionné, rénove les verbes anciens, extirpés de Montaigne ou d’Agrippa d’Aubigné. […] Quant à Mendès, il est vrai qu’en ces années, de 1895 à 1900 et ensuite, il attirait à lui et des anciens et des nouveaux-venus du Symbole, en même temps que les poètes qui s’essaient à des réactions néo-quelque chose. […] Ils étudient la langue et la syntaxe et notent : « Le Refrain, aussi, cette très ancienne chose des poésies primitives, à l’instar de Wagner M.
Les chênes et les hêtres étendent au-dessus leur voûte verte ; elle semble aussi ancienne que la terre des chemins. […] Sur ce produit de son industrie, il semblait reporter toute la sollicitude qu’il avait ressentie pour ses anciennes inventions. […] La vie moderne a besoin de vocables tout neufs pour exprimer les choses nouvelles qu’elle a apportées et pour lesquels les mots anciens manquent de précision. […] Mais celui que ni les larmes ni les supplications ne peuvent ébranler va céder à la jalousie ; Fanny, à bout de prières, s’est décidée à reprendre un ancien amant et, lasse de toutes ces amours, va finir sa vie entre lui et un enfant qu’elle n’avait jamais avoué. […] Il regardait autour de lui, cherchant l’idéal, le progrès, les moyens de se dévouer ; il voyait la triste Russie, bien froide, bien immobile, bien dure, tout ulcérée de maux anciens.
On s’obstine à le présenter comme une imitation des anciens. […] Est-ce dans les formes et le ton général du style qu’on prétend découvrir cette contrefaçon des anciens ? […] Mais ne peut-on s’inspirer des anciens sans être accusé de suivre servilement leurs traces ? […] Oui, sans doute, nous retrouvons chez lui l’harmonie parfaite que nous sommes habitués depuis longtemps à ne plus chercher que parmi les anciens. […] Trouvera-t-on chez les anciens, je le demande, beaucoup de personnages qui agissent sous l’empire d’une disposition pareille ?
La rédaction du journal restait maintenue à son ancien chiffre ; mais chacun des rédacteurs privilégiés recevrait comme prime une certaine quantité de poésie osanorienne à remettre sur pied, moyennant une gratification de 50 cent. le vers. […] Il pensa qu’il n’y aurait pas d’indiscrétion à se présenter au ministère de l’intérieur, et que ses anciennes relations avec le portefeuille de la rue de Grenelle ne pourraient que lui être favorables. […] Les millions en moins, le caudataire ressemble aux anciens rustauds de finance qui consentaient à vider l’humiliation à pleine tasse, et à verser les écus à plein sac, pour être aperçus du vulgaire, montant dans les carrosses des grands seigneurs. […] La maison la mieux fournie et la plus en vogue est l’ancienne maison Sheppard, traduite plusieurs fois devant les assises, et tout récemment par M. […] C’est un ancien lauréat du Conservatoire qui travaille les étrangers.
Mais pour cela ils doivent se mêler au monde, l’inspirer du caractère polémique des idées modernes, s’associer à notre trouble, et ne pas juger de la maladie universelle comme le poète ancien contemplant la tempête du rivage. […] a dit un ancien. — Tant que vous tiendrez table ouverte, vous serez cité partout comme un grand poète, mais votre génie suivra votre dernière obole. — C’est ce qui est arrivé à l’auteur de Sapho. […] — Il a perdu ses anciennes croyances ; mais qu’importe, puisqu’il croit encore à la nécessité d’une foi ? […] Où sont les maris de Molière et de l’ancienne comédie ? […] L’école du Bon Sens en profita pour lui faire passer sur le corps, à l’exemple de Tullie, sa lourde charrette attelée de bœufs comme le char de nos anciens rois ; et elle empocha la victoire.
Avec elle, dîne sa fille mariée à un Ephrussi, une jeune mariée qui a toutes les grâces, toutes les gentillesses, toutes les fraîcheurs d’une fillette, dans une robe de lampas rose, aux immenses fleurs, rappelant la richesse des étoffes peintes dans les anciens tableaux. Lundi 30 janvier Le général russe Annenkoff, cet ingénieur extraordinaire, qui a fait huit cents kilomètres de chemin de fer en trois mois, qui a fait le chemin de fer allant à Samarcande, disait à une personne de ma connaissance, que dans cette ancienne cité, maintenant sous la domination absolue des Juifs, qui ont monopolisé tout le commerce à leur profit, on ignore qu’il y a en Europe un homme politique du nom de Bismarck, on ignore qu’il y a un pays qui s’appelle la France, on sait seulement qu’il y a, dans la vague Europe, un particulier immensément riche, nommé Rothschild. […] Crispin, lui, existe toujours, Crispin chez lequel j’ai acheté un splendide lit, provenant du château de Rambouillet, et qui passait pour le lit, dans lequel couchait la princesse de Lamballe, quand elle habitait chez son beau-père, le duc de Penthièvre ; Crispin, dont le rez-de-chaussée, autrefois tout plein d’une flamboyante rocaille dorée, de marbres, de bustes en terre cuite, d’objets de la plus haute curiosité, laisse apercevoir maintenant des meubles en imitation de l’ancien, des pendules en lyre, des feux aux sphinx du premier Empire. […] — sont les seuls noms anciens demeurés sur les devantures de boutiques de bric-à-brac. […] » Jeudi 20 décembre Vitu, après avoir commencé son article du Figaro, par cette phrase : « — La chute complète et sans appel de Germinie Lacerteux 6 » — fait la déclaration suivante : « Il n’est pas un seul mélodrame de l’ancien ou des derniers temps, où les peintures des basses classes de Paris, ne soient mises en scène avec une verve, un coloris, un relief, et une vérité autrement saisissants. » C’est peut-être vraiment, monsieur Vitu, une critique un peu exagérée.
Un soir que j’étais allé chez mes amis, selon la coutume de paix, ma sœur, pour me faire honte, me conta l’héroïsme d’un homme qui était parti contre l’ennemi, abandonnant sa femme à Dieu ; et au contraire elle me montrait avec fureur ceux qui profitaient de la guerre pour abandonner leurs anciennes maîtresses. […] Il en fut de même pour celle de quelques amateurs privilégiés plus anciens. […] Recueil de chants celtiques anciens inédits, texte breton revu par M. […] Guy Lavaud (1883-1958), poète français et ancien marin, chef de cabinet de plusieurs ministres dans sa jeunesse. […] Dans la nouvelle La Cause (1915), il raconte le meurtre de son ancien maître d’école, incarnation de la loi, par le héros, le poète Anton Seiler : il illustre là de façon caractéristique le thème expressionniste du meurtre du père.
Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante. […] Pour moi, ce qui me frappe et me touche le plus dans ce paradoxe d’érudition française, c’est de voir l’homme qui se trouvait assister avec l’écharpe tricolore à la chute de l’ancienne monarchie, celui qui, le 19 Brumaire, suivait comme un volontaire des plus ardents le général Bonaparte à Saint-Cloud, se faire en vieillissant, par choix et par courtoisie, le chevalier d’honneur de Mme de Maintenon, et n’avoir de cesse qu’il ne l’ait reconduite, déjà plus qu’à demi vengée, entre les mains d’un Noailles.
En lisant cet admirable chapitre de Montaigne sur l’amitié, je le trouve incomplet sur un point : il semble exclure les femmes de ce sentiment excellent ; il ne les estime point d’assez forte complexion d’esprit pour suffire à cette communication et consultation perpétuelle sur tout sujet : « Ni leur âme, dit-il, ne semble assez ferme pour soutenir l’étreinte d’un nœud si pressé et si durable. » Et il revient au commun consentement des anciennes écoles par lequelf, en fait d’amitié parfaite, ce sexe était rejeté. […] Et il en revient au commun consentement des anciennes écoles par lequel
Avant lui le carnaval jetait et restait presque uniquement composé des types de l’ancienne Comédie Italienne, Pierrot, Arlequin, etc. […] Il ajoutait dans le billet d’envoi : « Monseigneur le Surintendant a voulu avoir ces six vers, et je ne suis pas fâché de lui avoir fait voir que j’ai toujours eu assez d’esprit pour connaître mes défauts, malgré l’amour-propre qui semble être attaché à notre métier. » — L’ancien Balzac n’aurait pas écrit ce petit billet-là, ni le moderne Balzac non plus : l’amour-propre les empêchait de se voir et de se juger.
Rioult était un peintre de l’école de Prud’hon ; il avait fait notamment un Eudore et Cymodocèe, un Roger enlevant Angélique sur l’hippogriffe, et un autre tableau encore, emprunté de la chevalerie, dont Théophile Gautier a donné la description dans une de ses plus anciennes pièces de vers : c’est dans une causerie du soir avec un ami, pour l’engager à rester quelques moments de plus et à prolonger la veillée au coin du feu. […] Toujours, au milieu du festin, au sein de l’ivresse, et quand le poète enflammé exhalera l’ardeur de ses chants entre les bras de Théone ou de Cinthie, la Mort se lèvera tout à coup et apparaîtra devant ses yeux, non la Mort des anciens dont l’idée ne faisait qu’aiguiser plutôt et raviver le sentiment du plaisir, mais la Mort de la Danse macabre, avec son ricanement féroce, et qui vous met et vous laisse au cœur une certaine petite crainte a l’Hamlet que la nuit funèbre ne soit pas le long sommeil, mais le rêve, et que tout ne soit pas fini après la vie : La mort ne serait plus le remède suprême ; L’homme, contre le sort, dans la tombe elle-même N’aurait pas de recours, Et l’on ne pourrait plus se consoler de vivre, Par l’espoir tant fêté du calme qui doit suivre L’orage de nos jours !
Chez l’auteur espagnol, l’insulte s’accomplit dans la salle même du palais en présence du roi : les anciennes romances le voulaient ainsi, et Guillem de Castro s’y est conformé. […] C’est donc chez lui, et dans la salle où sont suspendues ses armes, qu’il détache une de ces fortes épées signalée pour lui par d’anciens exploits ; mais, en la voulant tenir et en s’escrimant, il s’aperçoit qu’à chaque coup de fendant ou de revers, l’épée trop pesante l’entraîne après elle.
On se retranchait moins habituellement dans l’ancien répertoire ; les pièces nouvelles, les noms d’auteurs nouveaux abondaient ; le chant d’opéra-comique osait s’y faire entendre. […] L’ancien répertoire, servi par d’admirables acteurs, sembla plus que suffire.
De l’ancien monde aux bords d’un monde encor nouveau, Quelle mer n’a pas vu mon rapide vaisseau Rouler au gré des vents et des lames sonores ? […] On sait de ses vers ; on en a la vague réminiscence dans l’oreille, comme des vers de Jean-Baptiste Rousseau on de quelque autre ancien.
Un autre bel exemple encore à proposer d’une forte combinaison semblable au sein d’un talent, est celui de M. de Tocqueville, lequel, avec le regret natif des anciens jours, est arrivé, comme malgré lui, à l’idée et à l’initiation de la démocratie grandissante. […] Comme il voit, avant tout, dans la littérature l’histoire du développement intellectuel et moral de la nation, il a pris cette nation à ses origines et jusque dans les éléments les plus anciens qu’on retrouve épars sur le sol.
Mais quand la pensée et l’âme y tiennent la place qui convient à ce nom d’amour, quand les souvenirs déjà anciens et en mille façons charmants se sont mêlés et pénétrés, quand les cœurs sont restés fidèles, un accident, une froideur momentanée ne sont pas irréparables. […] Dévoilons-en pourtant, avec la pudeur qui sied, un modèle de plus, déjà bien ancien, et dont les monuments secrets nous sont venus dans un détail heureux où nous n’aurons qu’à choisir.
C’est un beau moment pour le critique comme pour le poëte que celui où l’un et l’autre peuvent, chacun dans un juste sens, s’écrier avec cet ancien : Je l’ai trouvé ! […] Dans l’un de ces voyages, il visita un M. de Châlons, ancien secrétaire des commandements de la reine-mère, qui s’y était retiré dans sa vieillesse : « Monsieur, lui dit le vieillard après les premières félicitations, le genre de comique que vous embrassez ne peut vous procurer qu’une gloire passagère.
Eynard nous montre que s’il avait voulu appliquer dans tout son ouvrage le même esprit de critique, il s’en fût acquitté très-finement ; mais dès qu’il aborde la vie religieuse de Mme de Krüdner, lui qui a été si adroit à pénétrer la personne mondaine, il croit tout d’abord à la sainte : il s’arrête saisi de respect, n’examinant plus, et ne voulant pas admettre que, même sur un fond incontestable de croyance et d’illusion, c’est-à-dire de sincérité, il a dû se glisser bien des réminiscences plus ou moins involontaires de ce premier jeu, bien des retours de cet ancien savoir-faire. […] Eynard, qui veut bien tenir compte avec indulgence de notre ancienne esquisse de Mme de Krüdner, a pris soin d’en rectifier les traits qu’il trouve inexacts, et de réfuter aussi l’esprit un peu léger où se jouait notre crayon.
Mon camarade et mon ami habitait alors dans l’immense cour du vaste et splendide palais de l’ancien duc de Richelieu, entre le boulevard des Italiens et la Madeleine, la petite maison du concierge de l’hôtel qui lui rappelait à la fois la grandeur et la simplicité des maisons paternelles. […] Il allait y avoir un salon unique qui ressaisirait la fine fleur de l’ancien grand monde revenu de l’émigration, le salon de la princesse de Poix ; si aristocratique qu’il fût, c’était pourtant le plus simple, le plus naturel à beaucoup près de tous ceux que j’ai nommés : on y revenait à la simplicité de ton par l’extrême bon goût.
Le respect même et la foi sans réserve qu’on prêtait aux anciennes légendes de Charlemagne ou de Guillaume au Court Nez suscitèrent de nouveaux poèmes d’un caractère plus strictement historique : non qu’on se fit une idée plus scientifique de la vérité, ou qu’on la cherchât par une méthode plus sévère, mais simplement parce que les faits, soit extraits de chroniques latines, soit fixés tout frais et encore intacts dans une rédaction littéraire, n’avaient point subi la préparation par laquelle l’imagination populaire forme l’épopée. […] La commission ecclésiastique qui fit l’enquête avant la canonisation l’entendit pendant deux jours : et quand la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe IV, voulut connaître par un récit fidèle la vie du saint roi, elle s’adressa à son sénéchal de Champagne, qui rechercha dans sa mémoire d’octogénaire des souvenirs tout frais encore, bien que les plus anciens remontassent à plus de cinquante années65.
Il a essayé de déterminer sa vision par une solide et vaste érudition, de diriger et limiter son imagination par tout ce qui pouvait contribuer à former la connaissance exacte de la vie carthaginoise : visite des lieux et vue de tous les débris de l’art punique, étude de textes anciens et modernes, examen de toutes les formes analogues ou voisines de civilisation. […] Ils ont créé vraiment le style impressionniste : un style très artistique, qui sacrifie la grammaire à l’impression, qui, par la suppression de tous les mots incolores, inexpressifs, que réclamait l’ancienne régularité de la construction grammaticale, par élimination de tout ce qui n’est qu’articulation de la phrase et signe de rapport, ne laisse subsister, juxtaposés dans une sorte de pointillé, que les termes producteurs de sensations.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection. […] C’est à l’école des élégiaques anciens qu’il apprit l’art si difficile d’idéaliser la passion et de ne montrer de son cœur que ce qui peut toucher le nôtre.
De loin en loin, des réverbères coudés évoquaient d’anciennes potences. […] Alcanter de Brahm et moi, seuls de ses anciens collaborateurs, suivîmes, par un temps gris, son cercueil à travers les rues tristes de l’extrême Montmartre, vers la barrière de Saint-Ouen.
Si elle n’est pas nouvelle, si elle existe plus grave, plus triste encore dans les cas de séparation, correctifs déjà anciens des mariages mal assortis, elle est devenue plus frappante, surtout plus fréquente ; elle a été compliquée par la faculté laissée aux deux divorcés de se remarier chacun de son côté. […] Toutefois le livre, pendant très longtemps, on peut dire jusqu’en 1789, a été soumis aux tracasseries d’une autorité capricieuse, à ce « despotisme tempéré par l’arbitraire », qui fut la règle souple et inquiétante de l’ancienne monarchie.
Il proscrit les mots anciens, sous prétexte qu’ils sont surannés ; il n’admet guère eu fait de néologismes que des mots étrangers ; car le bon ton consiste, comme chacun sait, à jargonner en anglais ou en italien ce qu’on pourrait tout aussi bien dire en français. […] Les voyez-vous faire la guerre aux mots grecs ou latins qui hérissent les poèmes de Ronsard et la prose de Rabelais, chasser honteusement les vocables habillés à l’ancienne mode ?
Madame Guichard, la veuve qui va convoler à son bénéfice, est une ancienne servante d’auberge, épousée par l’aubergiste défunt, dont elle était la bonne à tout faire, et qui lui a légué cinquante mille livres de rente. […] Elle aime avec une passion chaude et sensuelle, allumée par l’été de la Saint-Martin, le mirliflor qui l’exploite ; elle l’aime servilement, en ancienne servante, domptée par l’empire qu’il a sur sa chair, et qui la ramène, après chaque révolte, matée et soumise.
Les anciens avaient les mimes (petites scènes) de Sophron, et on les a perdus ; nous avons perdu les mimes de l’abbé Galiani. […] Homme du roi, conseiller-secrétaire du Commerce, il y juge ou fait juger des cas difficiles : il s’applique, dans les intervalles de sa charge, aux lettres et à l’étude ; il reprend ses anciens écrits de jeunesse pour les revoir, les corriger, en donner des éditions nouvelles : « Ils sont tous en italien ; il y a des dissertations, des vers, de la prose, des recherches d’antiquités, des pensées détachées : cela est bien jeune en vérité, cependant c’est de moi. » Il laisse voir naïvement dans ces choses de l’esprit sa tendresse de père.
Tout n’a pas fini par un mariage, et, depuis 89 jusqu’en 1850, l’équilibre, entre ce qui reste du principe de l’ancienne société et les prétentions croissantes de la société nouvelle, se cherche encore. […] En regard de ces gens nés demi-dieux et qui étaient le produit monstrueux de l’Ancien Régime, plaçons en idée les parvenus, qui sont le produit si habituel du régime nouveau.
Au lieu de l’ancien vers classique tout noble et tout pur, on a du comique parfois, des mots hardis ou même vulgaires, et mis à dessein. Évidemment le premier genre Soumet est détrôné ; on sent que Théophile Gautier est venu, et que, tout à côté de l’auteur, il s’est beaucoup moqué de l’ancienne tragédie.
En attendant elle obéissait sans beaucoup de suite à ses goûts romanesques et grandioses, et, passant de son ancienne aversion pour le prince de Condé à une amitié subite, elle brûlait de se signaler pour la cause commune par quelque service éclatant. […] Les modernes éditeurs (Petitot, Michaud) avaient négligé de consulter ce manuscrit, et l’on continuait de réimprimer les anciennes éditions où le texte avait été retouché, et où il y avait des inexactitudes de noms propres et quelques omissions.
Mais tout cela n’était que la préparation et en quelque sorte le cours d’études de l’orateur, duquel les anciens exigeaient qu’il sût tout, afin de pouvoir parler sur tout. […] Elle avait retrouvé, vers la fin, un lien de cœur réel et une vraie flamme pour un M. de Poterat, ancien capitaine de cavalerie, âgé comme elle de trente-cinq ans environ, et elle était près de l’épouser, lorsqu’il mourut de la poitrine.
Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. […] Ce fut Mirabeau qui, le premier, s’approcha de lui, en lui disant : « Ne reconnaissez-vous plus vos anciens amis ?
S’adressant aux législateurs si empressés d’afficher en tête de leur Constitution les Droits de l’homme : Législateurs, s’écrie-t-il, fondateurs d’un nouvel ordre de choses, vous voulez faire marcher devant vous cette métaphysique que les anciens législateurs ont toujours eu la sagesse de cacher dans les fondements de leurs édifices. […] Rivarol est plein de ces traits de détail et de ces exemples, de ce que les anciens appelaient les lumières du discours.
Il ne cessait de dénoncer, dans des phrases dignes de l’ancien et fougueux Raynal, « la superstition, disait-il, qui transforme l’homme en bête, le fanatisme qui en fait une bête féroce, le despotisme qui en fait une bête de somme ». […] J’ai mangé d’un succulent potage, deux côtelettes panées à la minute, l’œil et les abat-joues de cette tête de veau si blanche, ce morceau de brochet du côté de l’ouïe que vous m’avez servi vous-même : je n’ai rien refusé parce qu’il faut que la volonté de Dieu et des jolies femmes soit faite ; j’ai fait honneur aux trois services : en un mot, j’ai dîné, moi indigne, comme aurait pu le faire un ancien prélat, et voilà cependant (ici les pleurs redoublent) que je songe à quelles cruelles privations sont exposés tant de pauvres prêtres sans dîmes, de chanoines sans bénéfices, qui n’ont peut-être pas une omelette au lard, et qui dîneront mal d’ici à l’éternité, si la Providence ne vient à leur secours.
Claude-Alexandre de Bonneval, né le 14 juillet 1675, cadet de grande maison, et d’une des plus anciennes familles du Limousin, eut une éducation rapide, pas trop négligée, une instruction précoce, et, au sortir des Jésuites, il entra à onze ans dans la marine, où l’invitait son parent, l’illustre Tourville. […] Puis, à quelques jours de là, un officier général prussien ayant dit à peu près la même chose, et ayant parlé peu convenablement de Louis XIV, le Français en Bonneval reparaissait, et il se battait avec le Prussien pour soutenir l’honneur de sa nation et de son ancien maître.
Plus vieux, et devenu un archevêque considérable, il se remet à écrire l’histoire de sa vie, mais il en raccourcit les commencements, il ne s’y étend plus avec un détail circonstancié ; il semble considérer comme des enfances tout ce qui se rapporte à cette époque déjà si ancienne, que l’autorité toute-puissante de Louis XIV avait presque réduite à l’état d’histoire fabuleuse et mythologique. […] Il était Gascon ou du moins d’une des plus anciennes maisons du Limousin, né vers 1630, et le cadet de deux autres frères qui prirent le parti des armes.
Hennin, d’aller à pied de Paris à Versailles et d’en revenir de même, en choisissant à l’avance la lune qui quelquefois le trahit, a des paroles dignes d’un sage de l’Orient ou d’un ancien : Enfin j’ai cherché de l’eau dans mon puits ; depuis six ans j’ai jeté sur le papier beaucoup d’idées qui demandent à être mises en ordre. […] J’étais à Paris hier, monsieur et ancien ami, lorsque la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 11 est arrivée ici.
Cette correspondance de Voltaire avec d’Alembert est essentielle pour avoir la clef de sa vie ; il faut la lire à part et dans toute sa suite, telle qu’elle a été donnée dans les anciennes éditions, et non pas telle qu’elle a été publiée dans l’édition Beuchot où elle est fondue dans la Correspondance générale. […] Le curé de Moëns, paroisse voisine de Ferney, a soutenu un procès à Dijon contre les pauvres de sa paroisse, qui se croyaient en possession de je ne sais quelle dîme (bien que, d’après l’ancien droit, une communauté d’habitants fût incapable de posséder une dîme) ; Voltaire prend feu, il fait appel au président : « Ayez compassion des malheureux, vous n’êtes pas prêtre.
Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef. […] C. sur la chronologie de différents peuples anciens », laquelle est de Volney ; il y donna sommairement les résultats de plusieurs années d’études.
Samedi 12 février Reprise de notre ancien dîner des Cinq. […] Mardi 31 mai … Messieurs, dit un ancien ministre, vous connaissez la ceinture de chasteté, qui est au musée de Cluny, et peut-être n’êtes-vous pas sans savoir que la fabrication de ces ceintures continue, mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’il s’en fabrique pour hommes.
Enfin une dernière illusion, également funeste à la vraie méthode, est celle de ce vitalisme superstitieux qui considère la vie comme une influence mystérieuse et surnaturelle, agissant arbitrairement, introduisant dans les phénomènes une irrégularité essentielle, pourvue enfin d’une sorte de liberté désordonnée qui trouble tout, change les aspects des choses, et déroute l’expérience à chaque pas : semblable au destin jaloux des anciens, la vie, selon ces médecins superstitieux, serait une sorte de dieu capricieux et de Protée menteur, échappant à toute prise, et avec lequel on ne peut lutter qu’au moyen de cette autre force, non moins aveugle et capricieuse, qu’ils appellent l’inspiration. […] Les anciens se la représentaient comme une divinité jalouse, qui élevait ou abaissait, rendait heureux ou malheureux, par pur caprice, ses victimes ou ses favoris.
Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques. […] Aux anciennes querelles d’écoles, a succédé une fusillade de partisans isolés.
Cette belle tête est un peu portée en avant ; les cheveux blonds, frisés, ramenés sur son front, y forment une espèce de bourelet ébouriffé comme les anciens l’ont fait au soleil. […] Il a couru après l’ancien faire de Chardin.
C’est de ce côté que les langues anciennes avaient un avantage infini sur les langues modernes ; c’était un instrument à mille cordes, sous les doigts du génie, et ces anciens savaient bien ce qu’ils disaient, lorsqu’au grand scandale de nos froids penseurs du jour, ils assuraient que l’homme vraiment éloquent s’occupait moins de la propriété rigoureuse que du lieu de l’expression.
c’est une de mes anciennes connaissances. […] Le jour, je la sous-loue à un ancien préfet qui gagne le pain de cinq enfants en bas âge.
Henri Béraud (1885-1958) est écrivain et journaliste français, ancien combattant pacifiste, collaborant au Petit Parisien, à Paris-Soir. […] Rien ne berce mon cœur oppressé ni l’abri presque inespéré de ce manoir de Brestenbergw qui vous accueille avec ses fenêtres d’idylle et ses délicatesses de boiseries anciennes, ni au bout du lac cet antique fief prodigieux qui sommeille sur les eaux comme la Silhouette intacte d’un Géant-Chevalier ni tout près de moi la présence d’une amie attentive, née au pays des tulipes et qui portant au bout d’une longue tige un peu raide le délicieux calice de son visage, semble la sœur même de ces fleurs maladroites et belles.
Ce furent eux qui déterminèrent la convocation des États-Généraux, dans lesquels se continua, pour se poursuivre, — on sait trop où, — cette longue bataille des réformes contre les privilèges qu’elles menaçaient et qu’elles ont enfin détruites, mais après tant d’efforts, de déchirements et de crimes, qu’il est évident que le temps des anciennes institutions n’était pas accompli, et que Dieu, qui permettait aux hommes de les abolir à leurs risques et périls, ne leur avait retiré ni la force du droit, ni la puissance de la vie. […] Cassagnac conclut de son livre que Louis XVI ayant offert, pour réformer et améliorer l’ancienne monarchie, toutes les institutions modernes de la France, la Révolution, qui les a suspendues et ajournées, n’a été autre chose qu’une sanglante inutilité.
Nettement n’est rien de tout cela ; c’est un esprit faible, ayant précisément cette vulgarité d’idées à laquelle tous les sots de la terre, quand ils la rencontrent, ôtent leur chapeau comme à une ancienne connaissance ; et, de plus, c’est un livre systématiquement doucereux, qui s’est donné, dans un but facile à discerner, la mission la plus chère aux lâchetés contemporaines, — la mission de la sympathie. […] Nettement, mais le sentiment qui déborde aujourd’hui dans son histoire finit par noyer en ses flots, encore plus troubles que troublés, les anciennes opinions de l’auteur.
Le pouvoir qu’il attaquait était odieux et suranné ; les étrangers qu’il avait à combattre, les cinq armées germaniques vaincues l’une après l’autre sur tous les points de l’Italie, semblaient un dernier reste de ces anciennes irruptions du Nord, que rejetait au-delà des monts quelque général romain revenu à la hâte de la Gaule Narbonnaise ou de la Grèce, un Marius, un Bélisaire. […] Élevez-le, pour qu’à sa hauteur ne puisse monter le bruit des pas de l’impiété « Élevez, élevez le royal étendard dont l’aspect précipita les dieux de l’ancien paganisme du haut de leur Olympe dans l’abîme.
À ces causes, s’ajoute la fatigue des races anciennes ; et l’ennui apparaît — l’ennui que Baudelaire a peint dès le début de son volume sous des couleurs si terribles, le monstre qu’il considère comme le plus sinistre parmi tous ceux qui hantent notre pensée136. […] Faut-il chercher à établir un rapport quelconque entre ces poètes déjà anciens qui présidaient à l’éclosion d’une forme artistique nouvelle, le drame anglais, et cet autre poète moderne qui devançait la création d’une autre forme de l’art également inédite, le roman contemporain ? […] Les deux anciens employés et les comparses qui les entourent, hobereaux, villageois, fonctionnaires, curé, médecin, peuvent passer pour des portraits ressemblants, tels que chacun en a vu les vivants originaux. […] On sait quelle suite il méditait de donner à Bouvard et Pécuchet, et comme les deux vieillards, après avoir essayé de tout pour ne réussir en rien, finissaient par retourner à leur ancienne profession et se réinstaller copistes, chez eux cette fois et pour leur plaisir. […] Si tous les règlements, — quels qu’ils soient, impératifs ou restrictifs, — ne doivent produire en matière d’art que des résultats néfastes, était-il nécessaire d’en ressusciter d’anciens et d’en promulguer de nouveaux ?
Renée, pour me faire comprendre en un mot, est une fille Benoiton ; son père, ancien militaire, marié à une femme insignifiante, l’a élevée, ou, pour mieux dire, laissé s’élever à sa guise. […] Il ressemblait à quelque jeune inspiré de l’Ancien Testament. […] — Nous avons jugé selon l’ancienne vérité. […] (Le service militaire, sous l’ancien régime, était pour la vie entière.) […] Le comte Léopold de La Roche-Ermel vit retiré dans son château, situé au cœur de l’ancienne province du Perche.
Tous ceux qui ont été chercher leur première épaulette dans l’ancienne retraite de Mme de Maintenon s’y reconnaîtront. […] Les gravures qu’on avait conservées des anciennes étaient si belles, qu’on les offrit à la nouvelle Dauphine, sans s’occuper de savoir si un pareil cadeau lui serait agréable. […] » disait tout bas Émile Deschamps, dont la politesse exquise était digne d’un grand seigneur de l’ancienne cour. […] Quoi de plus fidèle comme calque que la comédie journalière des fausses bienveillances, que cette scène du jeune homme qui se présente chez un ancien ami de sa famille ? […] — Quand il s’agira de vos examens, pensez à moi… je suis l’intime de toute la Faculté… étant moi-même ancien magistrat… — Que de bonté !
J’admire son haut et tranquille dédain des agitations contemporaines ; comme lui, je pense que la foi des anciens jours, qui fait encore des martyrs et des prophètes, est bonne à garder et douce aux hommes à l’heure de la mort. […] Quoique flétri d’une boue ancienne, vingt fois par jour il est caressé par la main gantée des belles Anglaises. […] Il m’offrit d’y retourner avec moi, parce que, disait-il, mon ancien chef désirait beaucoup m’entretenir. […] » me demanda l’un deux, ancien valet de chambre de M. le comte Duchâtel. — « Précisément », répondis-je […] Il n’y a pas de classification, il n’y a pas d’étiquettes en art ; en un mot, il n’y a pas d’école, ancienne ou nouvelle ; il y a dans tous les temps, ce qui émeut, ce qui charme, ce qui console, ce qui rend meilleur, ce qui vit, ce qui est beau et bon.
— Les néo-catholiques et les anciens, etc 47 XIII. — L'Université et les jésuites. — Les Anti-Lucrèce.
Je me rappelle encore toutes les précautions qu’il nous fallut prendre : il était absent de Paris, on choisit exprès cet instant-là ; on usa de ruse ; on ne s’adressa pas à lui pour le peu d’indications biographiques qui étaient indispensables et qui eussent trop coûté à arracher, sans compter qu’on ne les eût obtenues sans doute qu’arrangées et embellies : ses plus anciens amis et principalement Émile Deschamps, son intime d’alors (et envers qui il a fait preuve, depuis leur brouille, d’une froide rancune irréconciliable), voulurent bien me renseigner tant bien que mal, et il n’y a rien d’étonnant qu’on se soit mépris d’abord sur quelques points et circonstances d’un intérêt tout domestique, notamment sur son mode et son degré de parenté avec l’amiral de Baraudin.
L’ancien art catholique, et l’art plus varié des écoles qui se succèdent ; la religion, aujourd’hui sans vie, réduite à des formes encore augustes dans leur inanité ; l’arène de l’antique politique foulée çà et là par quelque vieux prélat, quelque moine sale, par des pâtres velus ou des mendiants en guenilles ; la liberté qui peut toutefois sortir jusque des filets du pêcheur napolitain ; ce que retrouverait alors d’enchantement et de génie cette belle captive ressuscitée : voilà donc les idées vraiment grandes qui ont tour à tour passé de l’âme du poëte dans ses chants.
Les anciens expliquaient aux plus jeunes de quoi il s’agissait au juste : était-ce un grand écrivain, décidément, qui nous revenait de Jaujac ?
Cousin par son célèbre Mémoire qui mettait l’ancien texte en question, M.
il serait permis d’en douter, si, comme l’a dit un Ancien, et comme un ingénieux moderne l’a rappelé en l’interprétant par l’exemple, elle n’était rien qu’une narration pure et simple dans laquelle aucun raisonnement ne dût s’introduire.
Elle eut bientôt ses lieux communs, ses fadeurs mythologiques, sa chaleur factice, et la plupart des défauts qu’elle reprochait à l’ancienne poésie.
Il prête d’admirables cantiques à ce petit nombre d’âmes secrètes et incorruptibles qui ont gardé dans toute sa pureté la foi des anciens jours ; mais il n’exprime pas tout ce qu’il y a d’inquiet et de remuant dans les esprits et dans les cœurs de ce siècle, même les plus sincères, même les plus affamés de croyances.
Dans l’ancien régime, tous les Français, plus ou moins, s’occupaient extrêmement du paraître, parce que le théâtre de la société en inspire singulièrement le désir.
En somme, la société de l’ancien régime, qui n’avait qu’à se divertir, a toujours eu, quelles qu’aient été ses faiblesses, le goût des divertissements qui tiennent l’esprit en éveil.
Loti pense à ses anciennes nuits de Noël.
D’anciennes racines ne le lient point à ce sol, ni à ce splendide parler auquel, avec une noble humilité, il a dédié son livre le mieux achevé.
« Le grand progrès moderne (sur lequel je ne me fais point d’ailleurs trop d’illusions) serait de ne point recourir aux voies anciennes et de vivre l’un à côté de l’autre, de se combattre sans se maudire.
Cette nécessité d’employer des sujets & des noms de pure invention, fut l’époque de la belle comédie, de celle de Ménandre & de Philémon, appellée la nouvelle comédie, par opposition à l’ancienne, dont le stile bouffon & cynique se ressentoit de la charrette de Thespis, & à la moyenne, qui, quoique plus régulière dans son plan, n’en étoit ni plus réservée, ni plus innocente.
— Or j’ai fait desceller pour toi la tombe ancienne Où dorment les aïeux, où ma place m’attend, Et descendre moi-même au fond, pieusement, Ton cercueil de bois blanc sur les bières de chêne, Et j’ai pleuré…………………………… Puis, un jour, par hasard j’ai connu ton histoire, Pastoure qui chantais dans les seigles d’été, J’ai compris ton amour maternel, ta bonté, L’énigme de tes yeux qui hantait ma mémoire, Servante dont les doigts noueux étaient câlins… Je me sens aujourd’hui, sacrilège, ô servante, Dors, l’orgueil d’un poème est indigne de toi… Ô pays, le printemps va fleurir tes sous-bois : Les tourdelles déjà grapillent dans le lierre ; Plateaux et vous, blés noir, qu’un aïeul cultiva Terre dont j’ai compris la pauvreté hautaine C’est peut-être, en mon cœur, elle, qui réveilla L’atavisme endormi de ma race lointaine, L’orgueil des champs, l’orgueil des fruits, l’orgueil du sol Et dans le dernier fils des aïeux cévenols !
Le beau premier, le fin premier, mots reçus dans l’ancien style pour dire simplement le premier.
On a encore son Origine ancienne de la Physique nouvelle, trois vol.
D’abord l’arc de triomphe et le temple ne se feront remarquer que par la masse, et je ne crois pas que la statue qu’on y placera, ait d’autre avantage sur l’ancienne que d’être plus grande.
On nous permettrait à la rigueur d’imiter un écrivain, mais à condition qu’il ait plus ou moins vieilli, qu’il soit plus ou moins ancien.
N’avons-nous pas vu naguère, au moment où tous les souverains de l’Europe tremblaient devant le nouvel Attila, n’avons-nous pas vu le vieillard du Capitole lancer l’anathème des anciens jours sur une tête qu’aucune foudre n’avait pu encore atteindre ?
En amour comme en religion, avec les femmes comme avec Dieu, ce prince était le plus grand donneur de paroles pour ne pas les tenir qui ait jamais existé, alors que la fierté de la parole donnée existait encore, et que l’outrage n’avait pas vieilli de l’ancien mot de foi mentie.
… Est-ce donc que l’ancien réfractaire aurait encore l’involontaire émotion du passé, la larme à l’œil qui empêche de bien voir et le tremblement de la main, quand il tire sur ses camarades d’indiscipline et de débandade ?
L’auteur de La Grèce contemporaine traite la fille de Phidias comme une ancienne inclination retrouvée après dix ans d’absence, et dont on dit : « Mon Dieu !
Mais, devenue égoïste parce qu’elle n’avait plus de fonctions utiles à remplir, la féodalité épuisée, ayant refusé de faire un pas de plus dans le sens qui emportait tout, des hommes inspirés du génie civilisateur de la France, Louis XI, Richelieu, la jetèrent sous leurs haches impatientes, et la révolution française acheva ces terribles nécessités par lesquelles devait passer une société qui résistait, dans les débris de son ancienne organisation politique en ruines, à la centralisation définitive que Couture assied largement sur l’égalité politique de tous.
A-t-il écrit sous les monarchies représentatives de ces choses qui forcent un homme à rester éternellement, par conviction ou par orgueil, l’esclave d’une ancienne pensée ?
C’est du Monselet, de l’ancien Monselet, cela ; c’est trop du Monselet connu !
Se pénétrer du sentiment des nécessités qui nous plient et qui nous traînent, se persuader que toute la sagesse consiste à les comprendre ou à les accepter, c’est le stoïcisme des anciens, et voilà qui est pour moi de qualité religieuse.
Malgré le fanatisme des réputations, il faut convenir de bonne foi que l’effet qu’on éprouve en les lisant est bien au-dessous de l’ancienne célébrité de l’orateur.
Les solides eux-mêmes, ils les réduisaient aux chairs, viscera [vesci voulait dire se nourrir, parce que les aliments que l’on assimile font de la chair] ; aux os et articulations, artus [observons que artus vient du mot ars, qui chez les anciens Latins signifiait la force du corps ; d’où artitus, robuste ; ensuite on donna ce nom d’ars à tout système de préceptes propres à former quelques facultés de l’âme] ; aux nerfs, qu’ils prirent pour les forces, lorsque, usant encore du langage muet, ils parlaient avec des signes matériels [ce n’est pas sans raison qu’ils prirent nerfs dans ce sens, puisque les nerfs tendent les muscles, dont la tension fait la force de l’homme] ; enfin à la moelle, c’est dans la moelle qu’ils placèrent non moins sagement l’essence de la vie [l’amant appelait sa maîtresse medulla, et medullitùs voulait dire de tout cœur ; lorsque l’on veut désigner l’excès de l’amour, on dit qu’il brûle la moelle des os, urit medullas].
Et cependant, si détaché que je sois de ces faits anciens, je pourrais encore les situer, à une minute près, car j’ai le sens, donc la mémoire du temps, avec, en compensation, d’ailleurs, l’ignorance, l’effroi de l’espace. […] Des langues anciennes, à la maladie, à la mort, en passant par la littérature, l’art, l’inquiétude, les bars, les fumeries et les divers comptoirs d’échantillonnages sexuels, jusqu’ici, pour qui voulait faire son chemin, il s’agissait de se spécialiser c’est-à-dire, sur toute carte de visite réelle ou idéale, d’annoncer, à la suite de son nom, une virtuosité particulière. […] Mais que le monsieur bien élevé du XXe, digne héritier de l’honnête homme du XVIIe, se lèche, pourlèche les babines, il n’en garde pas moins sa mesure, même aux instants de délectation suprême, car il y a l’harmonie française et sa sœur siamoise, l’éloquence française, et leur cousin, l’humour anglais et encore le charme slave, leur ancien béguin et le mensonge allemand, leur ennemi héréditaire. […] À telle tactique les anciennes aristocraties ont dû de connaître le plaisir de vivre, dont M. de Talleyrand disait que ceux qui n’avaient pas vécu avant 1789 ne pouvaient s’en faire idée. […] De l’imagination même (toujours le prétexte de l’humanisme et des humanités) n’a-t-on pas exigé qu’elle se contente de broder, rebroder et rebroder encore des arabesques autour des thèmes anciens.
Retournons à plus de cent cinquante ans en arrière, dans l’ancienne France. […] Mais c’est l’idée de travail, sinon restaurée dans son ampleur ancienne, du moins pensée sagement, nationalement. […] Il reliait les nouveaux venus à leurs anciens. […] Le mot « régionalisme » a remplacé l’ancienne formule : « décentralisation ». […] Ce sont d’anciens châteaux, demeures détruites de chefs héréditaires qui maintenaient, vis-à-vis de l’autorité centrale, une indépendance terrienne.
C’était une ancienne coutume. […] Le souverain pontife condamne l’astronomie nouvelle de Copernic, parce qu’elle est contraire à l’astronomie ancienne de Josué, comme il a blâmé la musique nouvelle, le chant en parties, parce qu’elle est contraire à la musique ancienne, à l’unisson du chant grégorien. […] En ce siècle, l’Énéide compte tout autant de lecteurs et d’aussi pieux que l’Ancien Testament. […] Cacciaguida retrace à Dante les mœurs anciennes. […] Dante, ne l’oublions pas, appartient à la plus grande race politique des temps anciens et modernes.
Une nouvelle vie s’était déployée, qui avait flétri et proscrit l’ancienne. […] Mais dans ce compromis maladroit l’âme poétique de l’ancienne comédie a disparu : il n’en reste que le vêtement et la dorure. […] Il faut voir dans Mirabell, par exemple, ce mélange de corruption et d’élégance ; mistress Fainall, son ancienne maîtresse, mariée par lui à un ami commun qui est un misérable, se plaint à lui de cet odieux mariage. […] Certainement le gentleman sait son monde, on ne saurait mieux que lui employer une ancienne maîtresse. […] La même répugnance et la même expérience le détachaient de toutes les parties de son ancien état.
Le romancier à la mode, Pascal Géfosse, rencontre sur l’entrepont du paquebot d’Alger-Marseille la femme d’un de ses anciens camarades de collège, devenu député ; et quoiqu’il rit bien haut des amours « coup de foudre », il se sent brusquement et irraisonnablement pris au charme des yeux et à la grâce naturelle et douce de cette femme qu’une impulsion analogue fait sienne presque en même temps. […] Peut-être qu’avant de publier leur Journal ils n’ont pas suffisamment médité cette phrase du même Sainte-Beuve : « Les anciens, honnêtes gens, avaient un principe, une religion : tout ce qui était dit à table entre convives était sacré et devait rester secret ; tout ce qui était dit sous la rose (sub rosà, par allusion à cette coutume antique de se couronner de roses dans les festins) ne devait point être divulgué ni profané29. » Après cela, vous me répondrez que MM. de Goncourt n’aiment point les anciens. […] Mais les maisons anciennes lui furent fermées. […] Dans À vau-l’eau, un employé de mairie, écœuré des fromages au savon de Marseille, des carnes fétides et des litharges coupées d’eau de pompe qu’on lui sert à son restaurant ordinaire, le quitte, tâte de restaurants nouveaux, y trouve la nourriture un peu plus détestable, et de lassitude conclut qu’il vaut encore mieux rentrera son ancienne « gargote ». […] Idéalistes et réalistes, tous vous diront que les anciennes formules ont fait leur temps et qu’on n’en veut plus.
Dieu veuille que ses espérances ne soient pas trompées et qu’un nouveau Ponsard, — il y en a trois ou quatre, ses générations — ne viennent pas s’établir sur les ruines de l’ancien. […] … Parce que les anciens ont fait de grandes choses pour leur temps, faut-il les imiter sans cesse, doit-on être grec jusqu’à la fin des siècles ? […] Car vous achetez ou tout au moins lisez ces belles choses et je ne trouverais pas chez vous, même l’Abrégé de l’histoire ancienne, par M. l’abbé Gaultier. […] Il a été annoncé que nous ferions l’application de ces principes par une critique active des œuvres actuelles et des œuvres anciennes. […] Cette extension des procès littéraires a engagé quelques anciens agents d’affaires à en faire une spécialité.
Laissez cela à notre ancien ami Eugène Sue, qui a étudié les trivialités de la populace toute sa vie pendant que vous étudiiez les mondes dans les étoiles ! […] Un personnage tout à fait fantastique, un agent de la police, nommé Javert, homme droit comme l’éclair dans son but, serpentant comme lui dans ses moyens, ferme dans son devoir comme la conscience, ancien garde-chiourme, chasseur de bêtes fauves pour en défendre la société, a cru reconnaître dans Valjean, qu’on lui a signalé, un ancien forçat de sa connaissance à Toulon ; il le dénonce à Paris, à l’autorité protectrice des honnêtes gens.
Vos anciens bienfaits, et les dignités nouvelles que vous venez d’accumuler sur les premières, nous laissent sous l’engagement de prier pour vous. […] Ma mémoire n’est pas assez ancienne pour m’en rappeler aucune qu’on puisse comparer à celle-là. […] Dans les anciens temps, avant que des lois humaines eussent purgé de crimes les sociétés adoucies, oui vraiment, et même depuis, il s’est commis des meurtres trop terribles pour que l’oreille en supporte le récit ; et l’on a vu des temps où, lorsqu’un homme avait la cervelle enlevée, il mourait, et tout finissait là.
On y sent une habitude ancienne et presque une pratique de ces penseurs, une comparaison déjà douloureuse de son propre intérieur avec ce qu’ils ont découvert de celui de l’homme. […] Il dut lui paraître étrange que la lumière de la révélation eût été refusée au monde ancien, et qu’à deux âges différents du genre humain, la morale eût eu deux principes contradictoires. […] Pour quelques-uns d’entre nous, ce père pourrait bien être une ancienne connaissance.
L’invention, soit celle qui crée de nouveaux termes, soit celle qui en fait renaître d’anciens par une appropriation nouvelle, non seulement remplaçait ce qui avait dû disparaître, mais réparait les pertes que coûtait l’excès dans le choix. […] Ils partageaient leur temps entre la pratique des devoirs religieux, le soin de l’enseignement, quelques travaux manuels, à l’exemple des anciens solitaires, et des écrits sur des sujets de morale ou de piété. […] Il voulait bien ne pas écrire contre eux, mais il ne voulait pas rompre avec ses anciens amis.
La philosophie ancienne, qui atteint son plus haut degré avec Platon et Aristote, reste encore, ou à peu près, la science universelle ; la métaphysique y fait suite à la physique, la politique à la morale, les essais de physiologie se mêlent aux essais de psychologie (Timée, De anima) ; elle est encore la science de tout ce qui est ; elle étudie l’homme, la nature et Dieu. […] La psychologie n’est-elle pas la base de la philosophie, et son objet d’étude le plus constant sinon le plus ancien ? […] L’histoire de l’ancienne physique, embarrassée de formes substantielles et de causes occultes, montre assez combien les meilleurs esprits cèdent au penchant de réaliser des abstractions.
Pareillement, dans Lamartine, dans Victor Hugo, dans Vigny, l’ancien étudiant faisait, d’une façon presque involontaire, le départ de l’artiste et de l’homme réel. […] L’ancien régime le connaissait, lui aussi, ce transfert. […] Il souligne ce terme qui décèle l’ancien carabin, et l’élément de morbidité de ces durs revirements antagonistes, à propos desquels on a prononcé le mot déshonorant d’envie. […] La principale est probablement la place attribuée alors aux Lettres anciennes dans l’instruction publique. […] L’ancien soldat traverse des jours durs.
Bientôt cette curiosité raffinée et délicate le conduisit aux médailles. « Il y a une parenté, dit-il, entre elles et la poésie », car elles servent à commenter les anciens auteurs ; telle effigie des Grâces rend visible un vers d’Horace. […] Elle reçoit auprès de son lit un homme qui vient lui faire visite, joue avec lui toute une après-midi au piquet, se promène avec lui deux ou trois heures au clair de la lune, devient familière avec un étranger dès la première vue, et n’a pas l’étroitesse d’esprit de regarder si la personne à qui elle parle a des culottes ou des jupons910. » Il combat en prédicateur l’usage des robes décolletées, et redemande gravement la chemisette et la décence des anciens jours : « La modestie donne à la jeune fille une beauté plus grande que la fleur de la jeunesse, répand sur l’épouse la dignité d’une matrone, et rétablit la veuve dans sa virginité911. » Vous trouverez plus loin des semonces sur les mascarades qui finissent en rendez-vous ; des préceptes sur le nombre de verres qu’on peut boire et des plats qu’on peut manger ; des condamnations contre les libertins professeurs d’irréligion et de scandale ; toutes maximes aujourd’hui un peu plates, mais nouvelles et utiles, parce que Wycherley et Rochester avaient mis les maximes contraires en pratique et en crédit. […] Elle suit terre à terre la religion positive924 : quel appui pour elle que l’autorité d’une tradition ancienne, d’une institution nationale, d’un clergé établi, de cérémonies visibles, d’habitudes journalières ! […] Sir Roger gourmande ses tenanciers, les passe en revue à l’église, sait leurs affaires, leur donne des avis, des secours, des ordres ; il est respecté, obéi, aimé, parce qu’il vit avec eux, parce que la simplicité de ses goûts et de son éducation le met presque à leur niveau, parce qu’à titre de magistrat, d’ancien propriétaire, d’homme riche, de bienfaiteur et de voisin, il exerce une autorité morale et légale, utile et consacrée.
L’orgueil y avait trop de part pour qu’ils fussent ratifiés par ce que les anciens nommaient la destinée, et par cette puissance incorruptible que nous nommons Providence. […] D’ailleurs, mon père, le chevalier de Lamartine, ancien et loyal officier de cavalerie dans le régiment Dauphin au moment de la Révolution, ses frères, royalistes comme lui, quoique constitutionnels de 1789, m’auraient vu avec répugnance devenir le client de la maison d’Orléans. […] S’adressait-il à l’un de ses anciens ministres pour lui remettre le gouvernement, il trouvait devant lui un autre ministre, rival du premier, qui devenait plus acharné à la curée d’un pouvoir dont il était exclu. […] Le jeune orateur républicain Garnier-Pagès, ravi mais étonné d’entendre un ancien ministre du roi de juillet proférer les doctrines les plus envenimées et les menaces les plus acerbes contre la couronne, se leva d’enthousiasme de son banc radical, à l’extrémité gauche de l’assemblée, pour crier bravo au ministre conservateur dépaysé dans l’anarchie. « Oui, bravo, bravo, répéta debout le républicain encore incrédule ; mais nous suivrez-vous jusqu’au bout dans cette voie ou vous nous devancez à cette tribune ?
Depuis 1830 il n’a pas fait un pas ; c’est le même mannequin promené parmi nous avec les modes anciennes, ou plutôt le vieil acteur jouant toujours ses rôles de jeunesse. […] C’est un long vannage de phrases sur le premier âge, les bonbons, la perruque du marquis, l’ancien régime, la révolution. […] « La vanité s’est placée là au seuil de ce prétendu monde nouveau ; je l’ai fait, a dit l’homme, donc il est plus beau que l’autre, que l’ancien. […] Mais aurait-il mal fait d’indiquer ses petits emprunts, et la dévotion des phalanstères futurs ne sera-t-elle pas diminuée à son endroit quand ils liront dans Alphonse Karr les mêmes mots à des dates plus anciennes ? […] Tout le monde devint alors empoisonneur, et les honnêtes gens ne purent jamais rétablir l’ancien mot et la vérité.
C’est Cimourdain, son ancien précepteur, un ex-prêtre. […] Et cette Colette dont il a fait aussitôt sa maîtresse, la belle-fille d’un vieux général qui se ruine pour faire vivre la famille de son ancien roi ? […] Elle a souffert par son mari avare et débauché, par sa mère dont elle a découvert les anciennes intrigues, par son fils qui a été un misérable de la pire espèce. […] Peu de matière et beaucoup d’art, telle était la devise des anciens. […] il est parti, il s’est engagé ; les anciens amis ?
On aimait cette lutte courageuse et prolongée avec les maîtres sans se demander si, lorsqu’on est réellement poète, il ne vaut pas mieux peut-être s’inspirer des anciens que les traduire.
C’est de moi qu’elles ont appris les malheurs de leur ancienne patrie ; leurs yeux ont exprimé la douleur lorsque je leur ai parlé de mon aïeul ; mais le plaisir les entraînait, elles ont fini par m’inviter à leurs danses… » Le reste de l’ouvrage n’est qu’à louer.
Or, voilà pourquoi le christianisme est resté en chemin de son œuvre ; voilà pourquoi de Maistre, génie autant mosaïque qui catholique, ne conçoit pas que Dieu, auteur de la société des individus, n’ait pas poussé l’homme, sa créature chérie et perfectible, jusqu’à la société des nations ; voilà pourquoi les juifs s’obstinent à contempler avec un sentiment orgueilleux de supériorité leur loi, si complète en elle-même, que le christianisme a brisée avant d’avoir à rendre au monde l’unité définitive ; voilà pourquoi la religion de l’avenir, qui devra renfermer tous les caractères du judaïsme et du christianisme, renfermera aussi dans ses temples les juifs et les chrétiens, en les mettant d’accord, selon qu’il a été dit dans les anciennes et les nouvelles Écritures.
Les anciens avaient une idée exaltée de l’amitié, qu’ils peignaient sous les traits de Thésée et de Pirithoüs, d’Oreste et de Pilade, de Castor et de Pollux ; mais, sans s’arrêter à ce qu’il y a de mythologique dans ces histoires, c’est à des compagnons d’armes que l’on supposait de tels sentiments, et les dangers que l’on affronte ensemble, en apprenant à braver la mort, rendent plus facile le dévouement de soi-même à un autre.
Comme le latin en ce temps-là est beaucoup plus écrit que parlé, comme ils consultent leurs yeux plutôt que leurs oreilles, la forme qui se rapproche le plus visiblement de la forme ancienne est celle qui se présente le plus aisément à leur pensée.
Y a-t-il, soit parmi les Anciens, soit parmi les Modernes, un Poëte qui offre autant d’exemples du sublime de sentiment & du sublime d’expression ?
D’où naît cette magie des anciens, et pourquoi une Vénus de Praxitèle toute nue charme-t-elle plus notre esprit que nos regards ?
le Clerc qui enfantoit en même tems quantité d’autres ouvrages, & sur toutes sortes de matieres, fit encore paroître la Bibliothèque ancienne & moderne, qu’il continua jusqu’à ce qu’affoibli par l’âge il fut obligé de quitter la plume.
Nous sommes loin de l’âge fertile qui fut si justement appelé Renaissance, loin du temps où les Racine, les La fontaine, les Boileau devaient une partie de leur grandeur à leur admirable modestie, à leur volontaire abaissement devant les anciens qu’ils ont égalés.
On voit des tableaux modernes perdre leur accord en très peu de temps ; on en voit d’anciens qui se sont conservés frais, harmonieux et vigoureux, malgré le laps du temps.
Inconséquence qui venge assez les anciens préjugés dont on se moque !
Elle instituait des rivalités petites et mesquines contre le fantôme imposant des anciennes provinces et leurs souvenirs, espèces de sentinelles jalouses placées autour d’autant de tombeaux !
… Le livre de Forneron a la sienne ; celle que les anciennes rhétoriques, maintenant dépassées, attribuaient jadis à l’Histoire : la beauté sévère et froide et digne, sans rien de plus !
Mettre le trait d’union qui conserve entre l’ancienne France monarchique, brisée par la Révolution, et la France moderne, qui mourait si elle ne redevenait pas une monarchie ; ôter cette proie à la Révolution, retrouvée sans cesse aux pieds de son œuvre pendant qu’il relevait et qui lui gêna tant de fois la main, quoiqu’il l’eût puissante, telle fut l’entreprise de Napoléon.
. — La place nous manque, et peut-être la langue, pour louer dignement la Stratonice, qui eût étonné Poussin, la grande Odalisque dont Raphaël eût été tourmenté, la petite Odalisque cette délicieuse et bizarre fantaisie qui n’a point de précédents dans l’art ancien, et les portraits de M.
Citoyens, sénateurs, amis, pères, époux, fidèles à tous les devoirs, au-dessus de l’intérêt, au-dessus de la crainte, opiniâtres dans le bien, et dédaignant une faveur qu’on ne pouvait gagner que par des bassesses, ils avaient étonné Rome corrompue, et rappelé Rome ancienne ; la récompense de tant de vertus fut telle qu’on devait alors s’y attendre, la mort.
La pompe de l’Asie effaça pour jamais les anciennes traces des mœurs romaines.
Et il revient sur « l’irrésistible attrait de gaieté et d’enchantement » dû aux « tonalités claires, ici et là épandues », inspirées par tout l’Orient, par tous « les peuples du Levant, anciens ou modernes, artistes par instinct et non par éducation », remarque-t-il excellemment. […] Oui, comment incarner de nouveau quiconque, surtout un ancien, et cet ancien-là ! […] Toutefois, un grand nombre d’entre ces aimables insurgés sont revenus aux formules éternelles — éternelles, qu’ils en croient un ancien qui tâta de la révolte dans son temps, — je veux dire, à la sévère versification française de naguère encore — et de toujours, à la fin des fins ! […] Aujourd’hui que tout cela est de l’histoire ancienne, qui paraîtra même un peu démodée à tels et tels de nos contemporains, du moins l’un de ceux qui ont milité dans l’arrière-mêlée s’esquivant, et qui restent encore sur la brèche toujours fumante de l’éternel combat pour le Beau, peut, à des fins qu’il se réserve d’atteindre au juste moment, résumer en quelques pages d’équilibre et de calme raison les causes et les effets d’un des plus importants épisodes d’une histoire illustre, celle de la poésie française en presque trois quarts du siècle, qui agonise si puissamment, quoi qu’on dise de sa décadence. […] Il est clair, pour qui, aujourd’hui, examine de bonne foi et avec le sang froid qu’il serait vraiment malheureux que le temps écoulé n’ait pas instauré de longue date et dès le premier examen dans toute tête un peu pensante, il est clair, dis-je, que c’est du mélange de la forme et de l’esprit racinien révolutionné, modifié par l’esprit et la forme de Shakespeare et finalement fondu dans un tout très dilué par les habitudes de la pensée et du style contemporains, qu’a procédé, jusqu’à nos jours exclusivement, la littérature de ce siècle, — en tenant compte, bien entendu, des ambiances, des confluences anciennes et récentes, du cosmopolitisme enfin de notre courante civilisation.
Vous cherchez sur l’ancien Parnasse les Muses, augustes filles de Jupiter, Thalie aux pieds légers, Melpomène en sa pourpre, et vous trouvez mademoiselle Marquise, mademoiselle Desmâtins, mademoiselle Laguerre et mademoiselle Galodier ! […] Cet homme, tout rempli d’urbanité et d’indulgence, appartient à l’ancienne société française. […] — Hospitalière et bienveillante maison où mourut, dans le silence et l’isolement, une des plus grandes dames de l’ancien empire français, une grande dame qui était un bel esprit et un charmant écrivain. […] À coup sûr c’est la comédie la plus latine de Plaute, ce vieux latin qui représenterait, au besoin, toute la langue vulgaire de l’ancienne Rome. […] Celui-là, par la dignité de sa vie, par la supériorité de son orgueil, il appartient à l’ancienne république des lettres, dont les membres n’acceptaient que les bienfaits du roi.
« Il est (ce préjugé) (nous dit Fustel) pour beaucoup d’historiens, et pour la foule, la source d’où est venu tout l’ancien régime. […] Une conquête, c’est-à-dire un acte brutal, serait ainsi l’origine de l’ancienne société française. […] Il ingurgite alors le brouet que lui fabriquent les empoisonneurs de l’ancien Tiers. […] Alors que la bourgeoisie haute, moyenne et menue, a été fortement contaminée ; alors qu’une forte partie de l’ancienne aristocratie était préservée ; alors que le monde ouvrier était sérieusement atteint. […] On se demande aujourd’hui, quand on contemple une toile de Manet, de Monet, de Renoir, de Cézanne, de Carrière, un buste ou un monument de Rodin, ce qui pouvait étonner les visiteurs des anciens salons et adversaires acharnés de ces maîtres.
» C’est Régine, la fille de l’ancienne servante, lutinée, à son tour, par le fils du capitaine. […] Une femme de chez nous embrasserait le nouvel idéal sans le dire, peut-être même sans le savoir, et tout en gardant quelque chose de l’ancien. […] Et, au lieu que Benjamine se cache de son ancien amoureux, c’est au pauvre Borodkine en personne que Avdotia fait ses confidences. […] C’est ce que la coquine vient raconter à son ancien amant, qui, tout à coup, se sent repris de goût pour elle. […] républicanisme sincère et haine de l’ancien régime ?
J’avais fréquenté plusieurs de ces salons avant de quitter la France pour les cours de l’Europe : il y avait le salon aristocratique de la duchesse de La Trémouille, salon un peu âpre et revêche d’ancienne cour de Versailles, où l’esprit et le talent n’étaient admis qu’à condition de fronder la Charte de Louis XVIII et d’invectiver ses ministres. […] Récamier était d’une famille ancienne du Bugey, province montagneuse entre le Lyonnais et la Savoie. […] La révolution de 1830 était évidemment pour lui un remords ; il voulait mettre au plus vite entre cette révolution et lui des hommes anciens qui lui masqueraient l’usurpation et qui lui représenteraient la légitimité du trône.
« Louise-Éléonore de Warens était une demoiselle de la Tour de Pil, noble et ancienne famille de Vevay, ville du pays de Vaud. […] Thérèse, plus tendre que l’ancien amant, baise cette main et y laisse une larme. […] Devenue veuve, elle avait épousé un de ses anciens adorateurs, le duc de Luxembourg, illustre par son nom, insignifiant par son esprit, respectable par ses mœurs.
C’était un des hommes les plus solides, les plus aimables et les plus capables sous l’apparence de l’ancienne légèreté française. […] J’ai été assez heureux et assez prudent, en 1848, pour lui en donner des preuves muettes, en résistant aux instances de Charles-Albert et en opposant à ses empiétements contre les princes, ses anciens hôtes, ses parents et ses alliés, l’inflexible refus de la loyauté de la République française. […] Le comte Gino Capponi, héritier du grand nom et de la grande influence de ses ancêtres, avec qui j’étais lié d’ancienne date à Paris, y venait tous les jours.
Un ancien Jacobin s’écria, en apprenant cette nouvelle : « Tant mieux ! […] Tout fait présumer qu’elle augurait alors une fortune plus haute encore pour cet ancien ami, transfuge de la république, ennemi caché de Napoléon, allié secret et bientôt allié avoué de ses ennemis, que le flot de la guerre avait porté sur le trône de Suède et qu’un autre reflux pouvait reporter sur le trône de France. […] La poésie dramatique est admirable dans nos premiers écrivains ; la poésie descriptive, et surtout la poésie didactique a été portée chez les Français à un très-haut degré de perfection ; mais il ne paraît pas qu’ils soient appelés jusqu’à présent à se distinguer dans la poésie lyrique ou épique, telle que les anciens et les étrangers la conçoivent.
Quand les anciens, nos maîtres en tout, parce qu’ils ont marché les premiers, voulurent exprimer dans une seule figure la suprême beauté physique de l’homme, ils ne sculptèrent pas un enfant, ils sculptèrent Apollon, le dieu de la beauté à trente ans ; ils sculptèrent Hercule, le dieu de la force à quarante. […] XII Alfred de Musset appartenait à une ancienne famille noble de la Touraine. […] Elle est fille d’un membre du Conseil des Anciens, nommé Des Herbiers.
Le frère, auquel elle écrivait régulièrement, était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans la guerre d’Espagne, qui n’avait pas dépassé le grade de sergent, et qui avait été ensuite prisonnier des Anglais sur les pontons d’Écosse. […] Te relever, te grandir jour par jour ; — faire rougir ou du moins attendrir ceux qui nous ont dédaignés, les rendre même fiers d’être nos alliés ou nos anciens amis, il y a encore là de quoi bénir la vie. » Aucune des piétés, des fraîcheurs morales les plus délicates ne s’est ni fanée ni ternie un seul instant durant cette vie errante. — Et ceci encore : « Je t’aime bien et te remercie de planter ton nom, comme tu fais, dans l’estime de ce qui t’entoure. — Grain à grain, c’est une moisson qui ne trompe pas.
Reportez en idée la méthode de M ignet à un événement déjà ancien et reculé dans les siècles, rien ne paraîtra plus simple, plus légitimement lumineux ; il n’y aura lieu à aucune réclamation. […] Ici et dans tout ce qui suivra, il est bien entendu que je ne parle que de l’ancienne diplomatie : quant à la nouvelle, là où il existe encore telle chose qu’on doive appeler de ce nom, je suis disposé à faire en sa faveur toutes les exceptions qu’on pourra désirer.
Disons seulement qu’elle fut fidèle aux souvenirs et aux admirations de sa jeunesse, à l’ancienne et galante cour, comme elle l’appelait ; elle remontait ainsi en idée jusqu’aux Bellegarde et aux Bassompierre : tout ce qui survenait de nouveau, même à Versailles, lui paraissait peu poli ; elle ne s’y mêlait que malgré elle, et se croyait au moment de perdre les seuls derniers auditeurs auxquels volontiers elle s’adressait : Que ferez-vous alors ? […] Mme Des Houlières en a juste dans ce goût, dans cette même coupe déjà ancienne alors, et qui rappelait la jeunesse de Mme de Motteville.
Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] L’homme a, dans le secret de sa pensée, un asile de liberté impénétrable à l’action de la force ; les conquérants ont souvent pris les mœurs des vaincus : la conviction a seule changé les anciennes coutumes.
Excepté dans l’Odyssée, il n’a point d’invention poétique comparable à cette histoire des anciens jours. […] Cette répétition de la même idée dans la première partie du verset, et se reproduisant presque en mêmes termes dans la seconde partie, avait chez les anciens et chez les Hébreux évidemment une autre cause.
Charles devint, par l’appui de son père, chanoine de Prato, et l’un des notaires apostoliques ; et comme il résidait ordinairement à Rome, son père et ses frères eurent souvent recours à lui pour se procurer, par ses soins et par ses conseils, les manuscrits anciens et les autres précieux restes de l’antiquité, dont la possession était l’objet de leurs désirs. […] La cérémonie était commencée quand François Pazzi et Bandini, voyant que l’une des principales victimes, Julien, était en retard et manquait au sacrifice, allèrent au-devant de lui pour presser sa marche, et l’ayant trouvé en chemin, affectèrent l’enjouement et la familiarité d’anciens compagnons de plaisirs, pour le prier de se rendre à l’église et pour tâter, en l’embrassant, s’il n’avait point de cuirasse sous ses habits ; ils badinèrent même avec lui en entrant dans l’église, pour prévenir tout soupçon et l’empêcher de songer à revenir sur ses pas.
C’est un vieux sans être un ancien. […] On peut affirmer, je crois, que nul poète, ni dans les temps anciens, ni dans les temps modernes, n’a eu à ce degré, avec cette abondance, cette force, cette précision, cet éclat, cette grandeur, l’imagination de la forme.
D’ailleurs, quant à la question de date et d’origine, le russe n’est pas un dérivé du slavon, comme le romaïque, par exemple, est un dérivé du grec ancien ; ce sont deux dialectes issus d’une source commune, deux rameaux s’élevant de la même souche et qui ont pris en croissant chacun son développement particulier ; de même que le français et l’italien, provenant l’un et l’autre du latin, mais obéissant à des lois distinctes de transformation. […] Il n’y a guère de patois en Russie, et, sauf le dialecte petit-russien, en usage en Ukraine, toutes les anciennes provinces moscovites parlent le même idiome.
Nous n’avons rien inventé depuis les anciens en fait d’orgueil, de sensibilité, de cupidité. » — Cela est vrai et faux à la fois. […] Or, un jour vint (c’était hier, au xviiie siècle) où, par un heureux contrecoup des persécutions aussi atroces qu’inutiles exercées au nom de la religion, grâce aux efforts des philosophes et de Voltaire en particulier, cette ancienne vertu parut sauvage, horrible, souillée du crime de lèse-humanité.
Nous sommes très-éloignés de vouloir lui supposer de pareilles vûes ; mais nous ne pouvons dissimuler que ce n'est pas en cherchant à prouver l'accord de la Philosophie avec la Religion, par soixante & treize Discours historiques & critiques, sur la Révélation, le Polytéisme, la Loi Mosaïque, les divers systêmes des anciens Philosophes, & sur d'autres sujets semblables, traités avant lui, que M. l'Abbé Yvon pourra se flatter d'arrêter les progrès de la Philosophie moderne, & de ramener aux principes religieux les esprits qui s'en sont écartés. […] Telle étoit la raison des anciens Philosophes, de ces Sages qui ont dominé quelque temps les esprits : & que nous a-t-elle appris ?
» — Les crimes anciens se mêlent aux crimes annoncés ; les enfants tués se réveillent, elle les entend pleurer et vagir dans la vapeur de l’affreux banquet. […] » Avec une sorte de jalousie féroce où n’entre aucun reste de l’ancien amour, elle accouple dans son insulte la captive tuée au maître égorgé. — « Et la voici, la Devineresse, compagne de sa couche, venue sur son navire avec lui !
La horde primitive retrouve et vénère son chef mort dans le lion qui le dévora et qui, franchissant la nuit le cercle de feu où elle s’endort, prélève sa dîme sur les anciens serviteurs. De nos jours, nous restituant les modes des mentalités anciennes, tel roi nègre de la côte africaine fait immoler aux fêtes qui commémorent le souvenir de l’aïeul un cortège de messagers ; du sommet d’un rocher on les précipite dans un abîme, munis de présents, de souhaits et de nouvelles qu’ils ont mission de porter à l’ancêtre.
Mercredi 14 mai Chez la princesse, ce soir, Lachaud parlait, en amoureux, de son ancien amour pour Mme Lafarge. […] Un cabaret dans un terrain vague de Vaugirard, à l’entrée des carrières, devenues des champignonnières, et tout étincelant de beaux cuivres, de reflets de bouteilles aux formes trapues, d’un tas de vieilleries bien luisantes, qui semblaient le mobilier retrouvé d’une auberge de l’ancienne France… Là-dedans, un cuisinier, qui faisait un poulet sauté, une matelote, un certain plat de champignons, comme nul cuisinier au monde, et qui, vous apportait à voir des aquarelles de gazons émaillés de fleurettes, naïves et précieuses, comme ces tapis de fleurs que les Primitifs étalent sous les pieds de leurs martyres, et puis qui, tirant un orgue d’un vieux bahut, servait aux gens appréciant sa cuisine, des airs séraphiques.
Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s’est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sont si bizarrement confondues ! […] Alors, comme je le faisais entrevoir tout à l’heure, la vitalité se déplace, elle va visiter d’autres territoires et d’autres races ; et il ne faut pas croire que les nouveaux venus héritent intégralement des anciens, et qu’ils reçoivent d’eux une doctrine toute faite.
Le corps conserve des habitudes motrices capables de jouer à nouveau le passé ; il peut reprendre des attitudes où le passé s’insérera ; ou bien encore, par la répétition de certains phénomènes cérébraux qui ont prolongé d’anciennes perceptions, il fournira au souvenir un point d’attache avec l’actuel, un moyen de reconquérir sur la réalité présente une influence perdue : mais en aucun cas le cerveau n’emmagasinera des souvenirs ou des images. […] Non seulement, par sa mémoire des expériences déjà anciennes, cette conscience retient de mieux en mieux le passé pour l’organiser avec le présent dans une décision plus riche et plus neuve, mais vivant d’une vie plus intense, contractant, par sa mémoire de l’expérience immédiate, un nombre croissant de moments extérieurs dans sa durée présente, elle devient plus capable de créer des actes dont l’indétermination interne, devant se répartir sur une multiplicité aussi grande qu’on voudra des moments de la matière, passera d’autant plus facilement à travers les mailles de la nécessité.
d’Angervilliers, ministre de la guerre, m’a été envoyé par le roi, pour me dire que, ne pouvant faire de connétable, il me donne la charge de maréchal général de France, qui me donne le commandement sur tous les maréchaux de France, quand il y en aurait de plus anciens que moi, avec plusieurs autres prérogatives et dix mille écus d’appointements.
Dans cette ode si connue où Horace énumère tout ce qu’il nous faudra quitter bientôt à l’heure de la mort (Linquenda tellus et domus et placens uxor…), il oublie une des plus profondes douceurs, une des plus durables et des plus chères à la vie déclinante, celle de lire Horace et les Anciens : un jour viendra bientôt, charmant poëte, où nous ne te lirons plus !
Dans cette ancienne monarchie, les rois et les grands ne songeaient pas assez à qui ils se révélaient ainsi dans leur déshabillé et dans leur ruelle.
Mais les débris de l’ancienne faction montagnarde, et les mécontents de toute espèce que suscitait contre lui le nouveau gouvernement formaient une opposition suffisamment redoutable, qui grossissait de jour en jour.
Dans une lettre de février 1815, adressée à M. de La Fayette, on voit en abrégé toute l’opinion de Jefferson sur les événements de notre Révolution, avec les changements qu’y avait apportés l’expérience ; il y rétracte son ancienne idée d’un accommodement possible en 89 ; il croit reconnaître, avec M. de La Fayette, que la France de 91 était mûre pour la constitution qu’on lui avait faite, si on n’avait voulu la pousser encore plus avant, au-delà de la monarchie.
Mathieu, ex-membre du Conseil des Anciens : « Qu’est-ce que vos théophilanthropes ?
Nous avons cru néanmoins pouvoir reprendre à l’ancien National ces trois articles in extenso, dans la crainte de nuire à leur clarté, en ne réimprimant ici que ce que l’auteur n’en avait pas voulu admettre.
Un excellent chapitre sur le rapport des idées et des mœurs démontre que, s’il est des époques dans la vie du monde où les mœurs précèdent les idées, il en est d’autres où, au milieu de la prostration des anciennes mœurs, l’initiative est aux idées pour réformer et retremper les nations.
Ayant eu entre les mains, vers 1730, le journal de Dangeau, il revit jour par jour la vie du grand roi et de la cour ; tous ses souvenirs, ses froissements, ses haines d’autrefois, remontèrent à sa mémoire, échauffèrent son imagination ; la sécheresse, la courtisanerie de Dangeau le dégoûtèrent ; et il se mit à l’annoter, mettant sous chaque fait, sous chaque nom, tout ce que sa lecture avait remué en lui d’anciennes impressions.
Désormais ses yeux sondent l’immensité des cieux mornes : Vers tes éternités mes yeux lèvent leurs flammes… Le farouche s’immobilise en des pensées pleureuses d’anciens rêves, et ce Faust dont chaque poème est un prestigieux monologue, incarne l’esprit d’un demi-siècle.
On y passe d’une ruelle de l’ancien Bagdad à celles du vieux Paris.
Elle n’est nommée ni dans les écrits de l’Ancien Testament, ni dans Josèphe, ni dans le Talmud.
Quatre objets, qui se représentaient sans cesse aux yeux ou à la pensée sous la monarchie ancienne, et surtout dans la littérature, avaient fait contracter ces habitudes de respect : les femmes, les prêtres, les grands, les rois.
Mais c’est fait d’anciens articles retapés par quelqu’un qui ne laisse rien perdre et qui n’a pas de temps à perdre, Autrefois ces articles parlaient au présent de faits récents.
Les anciens ne les ont point connus.
Pourtant [et c’est pourquoi] se trouve un style nubileux et douteux en si fréquent et ancien usage.
… La Revue des Deux Mondes, la plus ancienne en date, qui a été pendant vingt-cinq ans la porte cochère de tous les genres d’écrivains, depuis madame Sand jusqu’à Cousin, et depuis Cousin jusqu’à Veuillot, la Revue des Deux Mondes, ce tourne-bride du monde tout entier, dans lequel il s’est trouvé des gens de talent, mais avec d’autres, a vécu dans les grasses et tranquilles conditions d’un établissement d’hospitalité littéraire et de philosophique impartialité.
Dans ce grand sujet de Rome et la Judée, dans ce vis-à-vis énorme, mais si facile à la rhétorique et aux déclamations, du monde de l’ancien Testament aboli, de la Synagogue dispersée par l’épée romaine, et de la chaire de Saint-Pierre érigée debout, dans l’apocalypse d’un monde nouveau, il aurait fallu une touche si mâle et si ferme, il aurait fallu quelque reflet surnaturel de saint Paul et de saint Jean réunis, formant le rayon d’une inspiration plus que pittoresque et plus que littéraire, et, au lieu de cela, nous avons un peintre grêle de salon, — presque un feuilletoniste d’histoire, quelque chose comme un Pontmartin historique ; car Champagny, dans ce dernier livre, a beaucoup de Pontmartin !
I Les réimpressions d’anciens livres se sont multipliées, et nous avons des premiers applaudi à cette initiative de la librairie intelligente.
Il finit même par tuer des hirondelles, ces pauvres oiseaux que les Anciens regardaient comme le charme préservateur du foyer.
… « Semblables — dit-il — à ces anciens chevaliers raidement enjambés sur leurs palefrois, si pendant qu’ils chevauchaient quelque malin page tirait à l’ΑVΕΝTURE la crinière du noble animal, le voilà qui se cabrait et jetait à terre le magnifique seigneur (même vol.). » Comment de tirer de côté la crinière d’un cheval peut-il faire cabrer ce cheval quand un homme est dessus ?
Enfantin, sécularisés, comme lui, depuis près d’un quart de siècle, n’ont pas applaudi à la démonstration inopinée de leur ancien Pontife et que, ne pouvant plus le déposer, ils se seraient contentés, s’ils l’avaient pu, de l’interdire.
Quelques-uns peuvent se ressentir de l’ancienne inspiration, trop ardemment matérielle, du poète, et, comme cette merveilleuse pièce du Contralto, effrayante de difficulté, avoir un risqué terrible et faire baisser les yeux à la Rêverie troublée, mais ce ne sera qu’un frisson qui passe.
Rochereuil était le fils d’un ancien conventionnel, déporté et mort aux îles Séchelles, et l’abbé Goujet — l’Aristogiton de cet Harmodius — un prêtre qui avait brûlé sa soutane au pied des autels de la déesse de la Raison.
La dissolution de l’ancienne famille germaine fut une des raisons de l’invasion de l’Empire par les Germains et réciproquement cette invasion fut une des raisons de cette dissolution230.
Ils obtinrent de Chateaubriand la permission de recopier en partie l’ancien texte, celui de 1826. […] En vain Séville et Venise, ses anciennes amoureuses, le pressent de leurs reproches. […] Les barreaux des fenêtres sont tout pansus, d’une serrurerie solide et bien travaillée, témoin opiniâtre de la prospérité ancienne. […] Toujours les mêmes masques : des journalistes, des députés, beaucoup d’anciens députés ; ils pullulent. […] les pauvres Saints, modestes et charmants, du calendrier orthodoxe auraient-ils médité la ruine des demi-dieux et héros de l’ancienne religion ?
Un culte nouveau éclatait par des miracles ; le culte ancien voulut avoir les siens, et des philosophes se vantèrent de faire comparaître la Divinité devant d’autres hommes. […] On raconte de la musique ancienne des choses extraordinaires. […] Là, même en imitant, il est original, et il laisse les anciens bien loin derrière lui. […] Tous les fabulistes anciens et modernes, et même l’ingénieux, le pur, l’élégant Phèdre, approchent-ils de notre La Fontaine ? […] Platon l’a dit : la beauté est toujours ancienne et toujours nouvelle.
J’ai devant moi un de ces vieux in-folios carrés344, en lettres gothiques, où des pages usées par les doigts calleux ont été raccommodées, où une vieille estampe rend sensible aux pauvres gens les exploits et les menaces du Dieu tonnant, où la préface et la table indiquent aux simples la morale qu’il faut tirer de chaque histoire tragique, et l’application qu’il faut faire de chaque précepte ancien. […] Sans doute la routine, ici comme pour l’ancien missel, fera insensiblement son triste office ; à force de répéter les mêmes mots, l’homme ne répétera souvent que des mots ; ses lèvres remueront et son cœur restera inerte. […] Elle ne les choque point par un rigorisme étroit ; elle n’entrave point l’essor de leur esprit ; elle n’essaye point d’éteindre la flamme voltigeante de leur fantaisie ; elle ne proscrit pas le beau ; elle conserve plus qu’aucune église réformée les nobles pompes de l’ancien culte, et fait rouler sous les voûtes de ses cathédrales les riches modulations, les majestueuses harmonies d’un chant grave que l’orgue soutient. […] J’ai cité tout à l’heure James Naylor, ancien quartier-maître du général Lambert, adoré comme un Dieu par ses sectateurs. […] Si les appels portés des anciens d’une congrégation aux assemblées provinciales, départementales et nationales sont de droit divin et par la volonté et le commandement de J.
Les anciens étaient trop amoureux du beau pour qu’ils aient jamais songé à nous montrer une courtisane vieille. […] Au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d’habitude, des gens du village sont assis et silencieux : l’ancien maire, l’ancien facteur, le vieux Hauser avec son tricorne. […] Loin d’être alors un révolté, il était la joie et l’espoir des maîtres les plus classiques, et l’étude approfondie de ces anciens, reniés aujourd’hui, lui valait chaque année plusieurs couronnes de sa classe. […] En l’étudiant, nous ne lui opposerons plus les anciens puisqu’il les dédaigne, ni les grands siècles dont il fait fi. […] En face, à côté de la petite porte, se trouvait le baptistère, un ancien bénitier, posé sur un pied en maçonnerie.
Voulez-vous ouvrir le plus ancien, le plus original, le plus éloquent, à l’endroit le plus émouvant, la chanson de Roland au moment où Roland meurt ? […] Ouvrez les Voyages de sir John Mandeville105, le plus ancien prosateur, le Villehardouin du pays ; son livre n’est que la traduction d’une traduction106 : « Vous saurez, dit-il, que j’ai mis ce livre de latin en français, et l’ai mis derechef de français en anglais, afin que chaque homme de ma nation puisse l’entendre. » Il écrit d’abord en latin, c’est la langue des clercs ; puis en français, c’est la langue du beau monde ; enfin il se ravise et découvre que les barons, ses compatriotes, à force de gouverner des rustres saxons, ont cessé de leur parler normand, et que le reste de la nation ne l’a jamais su ; il transcrit son manuscrit en anglais, et, par surcroît, prend soin de l’éclaircir, sentant qu’il parle à des esprits moins ouverts. « Il advint une fois, disait-il en français107, que Mahomet allait dans une chapelle où il y avait un saint ermite. […] Le premier Anglais qui s’y essaye est un prêtre d’Ernely, Layamon110, encore empêtré dans le vieil idiome, qui tantôt parvient à rimer, tantôt n’y réussit pas, tout barbare et enfant, incapable de développer une idée suivie, et qui balbutie de petites phrases heurtées ou inachevées, à la façon des anciens Saxons ; après lui un moine, Robert de Gloucester111, et un chanoine, Robert de Brunne112, tous deux aussi insipides et aussi clairs que leurs modèles français ; en cela ils se sont francisés et ont pris le trait marquant de la race, c’est-à-dire l’habitude et le talent de raconter aisément, de voir les objets émouvants sans émotion profonde, d’écrire de la poésie prosaïque, de discourir et développer, de croire que des phrases terminées par des sons semblables sont de vrais vers. […] Dorénavant, les anciens vaincus, campagnards ou citadins, se sont redressés jusqu’à la vie politique. […] Après tout, la seule garantie permanente et invincible, en tout pays et sous toute constitution, c’est ce discours intérieur que beaucoup d’hommes se font, et qu’on sait qu’ils se font : « Si quelqu’un touche mon bien, entre dans ma maison, se met sur mon chemin et me moleste, qu’il prenne garde ; j’ai de la patience, mais j’ai aussi de bons bras, de bons camarades, une bonne lame, et, à certains moments, la résolution ferme, coûte que coûte, de lui planter ma lame jusqu’au manche dans le gosier. » X Ainsi pensait sir John Fortescue, chancelier d’Angleterre sous Henri VI, exilé en France pendant la guerre des Deux Roses, un des plus anciens prosateurs, et le premier qui ait jugé et expliqué la constitution de son pays148. « C’est la lâcheté, dit-il, et le manque de cœur et de courage qui empêche les Français de se soulever, et non la pauvreté149.
Une autre fois la querelle fut si terrible que le fils et la mère, chacun séparément, s’en allèrent chez le pharmacien pour « savoir si l’autre n’était point venu chercher du poison pour se détruire, et pour avertir le marchand de ne point lui en vendre. » Quand il alla aux écoles, « ses amitiés, dit-il lui-même, furent des passions1237. » Bien des années après, il n’entendait point prononcer le nom de Clare, un de ses anciens camarades, « sans un battement de cœur. » Vingt fois pour ses amis il se mit dans l’embarras, offrant son temps, sa plume, sa bourse. […] Par le plus singulier mélange, les livres qu’il préférait étaient ou les plus violents ou les plus réguliers, la Bible d’abord : « J’en suis grand lecteur et grand admirateur, je l’avais lue et relue avant d’avoir huit ans ; je veux dire l’Ancien-Testament, car le Nouveau, pour moi, était une tâche, mais l’Ancien un plaisir1261. » Remarquez ce mot ; il ne goûte point le mysticisme tendre et abandonné de l’Évangile, mais la roideur atroce et les cris lyriques des vieux Hébreux. […] Il est renégat et vient avec des musulmans assiéger des chrétiens, d’anciens amis, Minotti, le père de la jeune fille qu’il aime. […] Corsaire, il a tué ; coupe-jarret, il assassine, et les meurtres anciens qui peuplent ses rêves viennent avec leurs ailes de chauves-souris heurter aux portes de son cerveau. […] Les personnages célestes apparaissent dans les attitudes consacrées, selon le texte de l’Écriture, à la façon des anciens mystères.
Thomas, tu voudrais avoir notre travail tout pour rien. » — Puis il recommence son sermon d’un ton véhément, criant plus haut à chaque parole, avec exemples tirés de Sénèque et des anciens. […] Aujourd’hui il étudie la machine compliquée du cœur, découvre les suites de l’éducation primitive ou de l’habitude dominante, et trouve la comédie de mœurs ; demain il ne prendra plaisir qu’aux événements curieux, aux gentilles allégories, aux dissertations amoureuses imitées des Français, aux doctes moralités tirées des anciens. […] Sitôt que Chaucer aborde la réflexion, à l’instant saint Thomas, Pierre le Lombard, les manuels de péchés, les traités de la définition et du syllogisme, le troupeau des anciens et des Pères descendent de leur rayon, entrent dans sa cervelle, parlent à sa place, et l’aimable voix du trouvère devient, sans qu’il s’en doute, la voix dogmatique et soporifique d’un docteur. […] Âge triste et morne, amusé par des divertissements extérieurs, opprimé par une misère plate, qui souffre et craint sans consolation ni espérance, situé entre l’esprit ancien dont il n’a plus la foi vivante, et l’esprit moderne dont il n’a pas la science active.
C’est par une ancienne constitution que les sofis sont les gardes de la personne du roi et du dehors de son palais, sans qu’il puisse entrer aucun dans leur corps, que de leur sang ou de leur race. […] On y passe le caravansérai surnommé: du général des courtches, qui est le plus ancien corps de milices de Perse ; celui qui est nommé Aberganiè (Abergânyéh), et le palais de Siahouch kan (Tchâoùch khân), autrefois Koullar agasi (Qouller âghâcy) ou général des esclaves, qui est un corps de troupes estimé en Perse, comme celui des janissaires en Turquie. […] Sur quoi il prit une résolution digne de cette ancienne et constante fidélité dont on a toujours vanté les eunuques. […] Chardin a sans doute voulu écrire Acroceraunii ; car aucun géographe ancien ne parle des monts Acrocerontes.
Quelques endroits de différents poëtes anciens nous donnèrent la torture à l’un et à l’autre, et nous convînmes de dépit que la traduction de Tacite était infiniment plus aisée que celle de Virgile. […] Dans l’impossibilité de nous livrer aux fonctions et aux amusemens de la vie champêtre, d’errer dans une campagne, de suivre un troupeau, d’habiter une chaumière, nous invitons à prix d’or et d’argent le pinceau de Wouwermans, de Berghem ou de Vernet à nous retracer les mœurs et l’histoire de nos anciens aïeux. […] Figure humaine de tous les âges, de tous les états, de toutes les nations ; arbres, animaux, paysages, marines, perspectives ; toute sorte de poésie, rochers imposans, montagnes éternelles, eaux dormantes, agitées, précipitées, torrens, mers tranquilles, mers en fureur, sites variés à l’infini, fabriques grecques, romaines, gothiques ; architecture civile, militaire, ancienne, moderne, ruines, palais, chaumières, constructions, gréemens, manœuvres, vaisseaux ; cieux, lointains, calme, temps orageux, temps serein, ciel de diverses saisons, lumières de diverses heures du jour, tempêtes, naufrages, situations déplorables, victimes et scènes pathétiques de toute espèce ; jour, nuit, lumières naturelles, artificielles, effets séparés ou confondus de ces lumières. […] Il observait, à cette occasion, que la plupart des jeunes élèves qui allaient à Rome copier d’après les anciens maîtres, y apprenaient l’art de faire de vieux tableaux : ils ne songeaient pas que, pour que leurs compositions gardassent au bout de cent ans la vigueur de celles qu’ils prenaient pour modèles, il fallait savoir apprécier l’effet d’un ou de deux siècles, et se précautionner contre l’action des causes qui détruisent.
Il est vrai que nous jouissions des bénéfices de la révolution de juillet, et que la Charte vérité, remaniée par nos Lycurgues à cinq cents francs, avait, à ses anciens articles, ajouté cet article nouveau, conservateur des droits de l’art : « Sous aucun prétexte la censure ne pourra être rétablie. » Soyez tranquille, la censure aura son tour et nous en causerons. […] Buloz était une ancienne connaissance : à cent écus de moins par volume, je lui donnai la préférence. […] Lorsque Mme Mélingue passa du théâtre de l’Ambigu au Théâtre-Français, son mari me fit une visite pour m’annoncer cette nouvelle, et me dire que Mme Mélingue était engagée pour jouer l’école moderne, en opposition à Mlle Rachel, qui jouait l’école ancienne ; en conséquence, il venait, me dit-il, me demander pour sa femme, au nom de M. […] Les personnes qui vous ont parlé de mon intention de démentir notre ancienne affaire avec Buloz sont stupides, et j’ajouterais l’ingratitude à leur stupidité, si j’étais capable de ne pas vous rendre la plus haute justice dans l’affaire du Gladiateur, où vous avez tout fait pour paralyser les mauvaises intentions d’une administration qui a fait jouer le Gladiateur trois jours avant le jour fixé, et qui a confié le cinquième acte à l’organe du souffleur, comme trois mille personnes peuvent l’attester.
Et, tandis que l’affirmation du passé est toujours explicite dans le jugement de reconnaissance, l’affirmation du présent n’est guère autre chose que l’absence de reconnaissance ; l’idée de cette détermination du temps est obscurément enveloppée dans l’expérience des phénomènes que nous ne jugeons pas anciens et dans ce fait que nous nous sentons durer au moment de cette expérience. […] Tantôt l’esprit nie le moi en apercevant dans les phénomènes ou en leur attribuant la forme de l’étendue ; — tantôt il recule dans le passé les phénomènes qui viennent de lui apparaître ; ils sont présents, c’est-à-dire récents, immédiatement passés ; mais il les nie du présent, il les reconnaît, c’est-à-dire qu’il les déclare anciens, passés depuis un certain temps ; — d’autres fois, il les déclare en même temps extérieurs et passés : « j’ai vu cela jadis », telle est la formule synthétique qui enveloppe les deux jugements, la formule où se réunissent les deux négations du moi et du présent, et, par suite, les deux affirmations de l’extériorité et de l’antériorité ; cette double affirmation peut avoir lieu, soit à l’égard d’un état fort (par exemple, reconnaître un visum, affirmer qu’on voit un objet pour la seconde fois), soit à l’égard d’un état faible (reconnaître une image visuelle). […] L’observation du moment présent, c’est l’observation de conscience des anciens psychologues ; exemple : mouvoir son bras, uniquement pour observer la volonté motrice ; c’est là une expérimentation, car nous créons le fait que nous observons et pour l’observer. […] Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, p. 595.
Après le Napoléon du Consulat, le Napoléon de 1815 revenant de l’île d’Elbe avec des paroles de modération et de paix, et appelant à lui non seulement les hommes d’épée, ses vieux compagnons d’armes, non seulement les fonctionnaires de tout ordre, ses anciens serviteurs, mais les amis même de la Révolution et de la liberté, tous les hommes de la patrie, quelle que fût leur origine, ce Napoléon était le plus fait pour toucher et pour entraîner.
M. de Saint-Victor, en revoyant ses anciens articles, les a dégagés de tout ce qui était de circonstance, de l’attirail bibliographique, de la défroque de librairie que nous traînons plus ou moins après nous : il les purifie, les dépouille de leur première enveloppe, n’en laisse que l’âme comme pour une Françoise de Rimini et les élève au tableau.
Les talents plus anciens, et des plus éminents, qui appartenaient à des groupes et à des doctrines considérables sous la Restauration, se sont trouvés tout d’un coup sans protection et comme jetés hors de leur cadre : ils n’ont plus su se tenir, et, en voulant continuer à se déployer, ils sont vite arrivés à n’être plus eux-mêmes.
L’ancienne Académie ne relevait que du roi ; c’était son privilège et sa noblesse ; il serait bon que la nouvelle institution ne relevât aussi que de l’empereur, le plus directement possible et avec le moins d’intermédiaires.
Les anciens ont bravé la mort par le dégoût de l’existence, mais nous avons vu des femmes nées timides, des jeunes gens à peine sortis de l’enfance, des époux, qui s’aimant, avaient dans cette vie ce qui peut seul la faire regretter, s’avancer vers l’éternité, sans croire être séparés par elle, ne pas reculer devant cet abyme où l’imagination frémit de tout ce qu’elle invente, et moins lassé que nous des tourments de la vie, supporter mieux l’approche de la mort.
On fera toujours de la critique avec ses goûts personnels ; c’est la plus ancienne manière et la plus commode à première vue, celle qui nécessite le moins d’études préalables.
S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
Baumgartner, Calvin hébraïsant et interprète de l’Ancien Testament, in-8, Paris, 1889.
Rien de plus terrible que le piège infernal de ce meurtrier Sentinelli priant et suppliant Monaldeschi, son rival, par tous les motifs d’une ancienne amitié : enfants de la même patrie, esclaves des mêmes ambitions.
Si l’on remarque ensuite que ce qui distingue Musset des élégiaques anciens, tels que
Le pédant semble encore plus ancien et plus indispensable ; il écorche déjà du latin dans les comédies de l’Arioste (par exemple Cleandro des Suppositi) ; il ne cessera de lâcher la bride à sa sottise intempérante pendant plus de deux cents ans.
J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit.
Privée de son idéalisation, la vie est devenue quelque chose de profane, de vulgaire, de prosaïque, à tel point que, pour certains actes, où le besoin d’une signification religieuse était plus sensible, comme la naissance, le mariage, la mort, on a conservé les anciennes cérémonies, lors même qu’on ne croit plus à leur efficacité.
La précédente, qui est tout-à-fait dans le goût de Perse, le dispute également à ce que les Poëtes anciens ont fait de mieux en ce genre.
La petite bimbeloterie fabriquée de deux morceaux de bambou représentait des jeux d’enfants gravés en noir sur le jaune fauve du bois, des jeux d’enfants n’ayant rien de bien remarquable, mais le bibelot avait pour moi l’intérêt d’un objet usuel, ancien, et j’étais confirmé dans cette supposition par une longue inscription gravée sous le petit seau, et par un raccommodage, — un de ces raccommodages naïfs et francs, ainsi qu’on a l’habitude de les faire, là-bas, aux objets d’une certaine valeur.
De même que les écrits sophistiques et déréglés des Voltaire, des Diderot et des Helvétius ont été d’avance l’expression des innovations sociales écloses dans la décrépitude du dernier siècle, la littérature actuelle, que l’on attaque avec tant d’instinct d’un côté, et si peu de sagacité de l’autre, est l’expression anticipée de la société religieuse et monarchique qui sortira sans doute du milieu de tant d’anciens débris, de tant de ruines récentes.
La première est pour venger les pères de l’église & les anciens chrétiens des raisonnemens qu’on leur fait tenir, & pour exposer les motifs qu’ils ont eu de croire que les oracles des payens étoient rendus par les démons ; la seconde, pour détruire les preuves directes par lesquelles on établissoit que les oracles étoient l’unique ouvrage de quelques prêtres imposteurs ou dupes ; la troisième, pour faire voir que la naissance de Jésus-Christ est l’époque de la cessation des oracles, & qu’ils n’ont cessé que par le pouvoir de la croix & par l’invocation de son nom.
Il s’est appliqué à en débrouiller le chaos, à séparer l’alliage de l’or pur, à nous donner l’intelligence des anciens termes dans un Glossaire attendu avec impatience.
Du Spectateur anglois sont sortis le Spectateur françois de Marivaux, écrit avec trop d’affectation ; le Misantrope de Van Effen, qui dit des vérités utiles ; la Spectatrice Danoise, par M. de la Baumelle, qui a des meilleurs titres pour plaire aux gens de goût ; le Nouveau Spectateur, par M. de Bastide qui, avec de l’esprit, n’a pas pu égaler l’ancien ; le Monde, par le même, ouvrage périodique de morale critique, où l’on trouve des morceaux intéressans.
Ce professeur passerait ensuite à l’éclaircissement des faits les plus importants de l’Église, s’occupant particulièrement de celle des premiers siècles, et faisant remarquer à ses auditeurs la perpétuité de la foi, la chaîne de la tradition et du ministère, la forme ancienne du gouvernement ecclésiastique, ses vicissitudes, sa forme actuelle, la naissance des hérésies, l’origine des abus, le relâchement de la discipline, etc.
Comme des matelots qui viennent de mettre pied à terre, après avoir vû, pour me servir de l’expression d’un ancien, la mort dans chaque flot qui s’approchoit d’eux, sont dégoûtez pour un temps de s’exposer aux perils de la mer, de même un bon poëte qui sçait combien il lui en a coûté pour terminer sa tragédie, n’entreprend pas si volontiers d’en faire une autre.
Émile de Girardin qui, par piété filiale, aurait élevé à la mémoire de son ancienne belle-mère ce monument définitif et… inutile ?
Monselet a été toujours sérieux, quand il n’a pas été triste, tout le long de ce volume, et je n’y ai guères compté qu’une anecdote vraiment gaie, et enlevée dans l’ancienne manière de l’auteur.
L’histoire qu’il publie est la réimpression de deux anciennes histoires qu’on ne lit guères plus, nous dirons pourquoi tout à l’heure : l’histoire de Pélisson et celle de l’abbé d’Olivet, laquelle se ferme en 1700.
Ou plutôt ne serait-ce pas là une ancienne thèse que ce volume indigéré, de faits écourtés et de jugements trop rapides, qui a besoin de développements et de commentaires, — qui naturellement les aurait eus s’il était une thèse, mais qui ne les a point s’il est un livre, et qui, par là, manquant de solidité et d’étendue, n’est plus guère alors qu’un assez indigeste hachis ?
Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs !
Comprenant que l’ancienne inimitié de la France et de l’Autriche n’avait plus de raison pour exister, elle pensait, en regardant cette belle enfant, par l’éducation faite française, à opposer l’épouse, qui sauve tout, à ces maîtresses qui avaient tout perdu dans cette maison de Bourbon, l’humiliation vivante des Reines, et ainsi à relever, par les mœurs et par la famille, cette monarchie qui périssait par la famille et par les mœurs !
Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ?
Polémiste d’habitude ardente, talent incorrect, mais vigoureux, Crétineau-Joly, qui est, je crois, du Bocage, cette ancienne terre de guerre civile, a la rudesse des paysans de son pays, qui valent bien ceux du Danube.
Quand, enfant affolé de l’insurrection, il se nomma lui-même procureur général de la hideuse lanterne, puis tout à coup se cabra de peur devant l’incendie qu’il avait allumé avec son falot, comme le petit polisson du coin d’un bois qui l’incendie avec une allumette et qui se sauve ; quand, toujours gamin, mais gamin tremblant pour le coup, — car le génie de Camille Desmoulins est voué autant à la peur qu’aux larmes, — il se laisse corriger ses épreuves du Vieux Cordelier, comme un devoir, par le terrible Robespierre ; quand tout à coup il fait volte-face contre son ancien ami Brissot, qu’il avait tant vanté, et, girouette lasse de tourner dans du sang, ne veut pas en avoir tant au pied, c’est éternellement et partout sa sensibilité que MΜ.
Il avait la netteté positive et profonde des esprits italiens, qui sont, pour moi (preuve l’ancienne Rome et la cour pontificale romaine), les premiers politiques du monde.
Nous connaissons cette ancienne guitare.
En d’autres termes, il a voulu savoir si le comte de Chambord avait en lui l’esprit séculaire et chrétien de l’ancienne monarchie française, et si son éducation, ses idées et ses actes, qui ne sont encore que des paroles et des déclarations brillantes de loyauté, ne brillent pas trop aussi de cet esprit moderne inquiétant pour sa politique dans l’avenir, au cas où la France le reconnaîtrait un jour pour son roi moins pour une loyauté à laquelle elle ne se fierait peut-être pas, si elle était seule, que pour cet esprit moderne qui s’appelle, par duperie ou par trahison, « le libéralisme », mais qui n’est au fond que l’esprit même de la révolution… Recherche douloureuse, dans laquelle l’auteur du livre que voici a tenu le flambeau d’une main ferme !
Mais l’Académie, qui a retiré de ses programmes futurs la question posée par elle dans ce brumeux français qui la distingue, l’a comblé de compliments par l’organe de son rapporteur, Baudrillart, très compétent, comme on sait, en matière d’analyses morales, pour les avoir étudiées dans le Faste funéraire et les Fêtes publiques sous l’ancienne monarchie.
Cette poésie ne nous donne plus la sensation ordinaire de l’Étrange, mais la sensation extraordinaire du Naturel, tel que les Anciens l’ont conçu et réalisé toujours, et Shakespeare quelquefois après eux.
Je n’ai plus le sou, ma chère, — et ton code Dans un pareil cas, condamne à l’oubli, Et sans pleurs, ainsi qu’une ancienne mode, Tu vas m’oublier, n’est-ce pas, Nini ?
Imbu et pénétré de l’esprit des anciens jours, il a les délicieuses terreurs des superstitions qu’il raconte et la faculté de peindre un merveilleux de fée avec des touches d’opale et d’aurore.
… Il est Allemand et il est Français ; il est ancien, renaissance, et moderne surtout, — et de la dernière heure du xixe siècle, — ayant passé à travers toutes les idées, tous ces cerceaux d’or qui n’ont que des fonds en papiers-chiffe et qu’il a crevés, en les emportant !
Jules Levallois, qui se vante de nous donner un Corneille inconnu, — ce qui serait une fière découverte, une découverte qui vaudrait mieux que celle d’une étoile, — est-il réellement le Leverrier de ce nouveau Corneille, qui s’élève, sous sa plume, de l’ancien ?
Des livres nombreux, des congrès annuels étudient la question sous toutes ses faces, des hommes éminents de tous pays, de l’ancien et du nouveau monde, s’y sont consacrés, et il est fort probable que des résultats importants ne tarderont pas à éclore.
Je me représente un père dans ces anciens temps et chez ce peuple singulier, voulant animer son fils, et le promenant à travers les rues d’Athènes : « Vois-tu, lui dit-il, ces deux statues ?
Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares.
Ô désirs anciens renaissant selon l’heure ! […] Dans ses Idylles antiques il n’emprunte à la fable ancienne que ce qui est éternel et ce qui alimente toute poésie : l’amour de la nature. […] Quant à son âme ancienne, toute parfumée d’extase, toute meurtrie de sa chute dans le mal, elle sera rachetée par Marthe. […] Les anciens avaient le sentiment du fini et rythmaient leurs temples selon les lois de l’harmonie. […] Les anciens employaient un même mot pour signifier l’âme et le souffle ; ils disaient spiritus.
C’est ce qui explique, en cet homme d’ancien régime, son enthousiasme pour Napoléon. […] Du romanesque à l’ancienne manière, il en garde de quoi contenter, de temps à autre, par intermèdes, ceux qui ne s’en peuvent passer. […] Aux quinzième et seizième siècles, leur ancienne lignée fournit des capitouls. […] Il les charpente, les agences avec un soin visible, annonçant même les divisions à l’ancienne manière. […] À la vérité, l’ancien collègue de Gambetta ne l’a pas seul inaugurée.
C’est l’État le plus ancien de l’Europe. […] XXVI La maison de Savoie est une des plus anciennes et des plus militaires dynasties de l’Europe, si l’on compte au rang de dynastie ces hérédités féodales de familles possédant des fiefs humains dans les montagnes qui servent de limites aux empires des grands peuples4. […] Ces rois se bornaient à faire rentrer tout doucement le troupeau dans le bercail des anciennes routines.
Le poète, réconcilié avec les rois par leur infortune, fit demander une audience à son ancien maître fugitif. […] allusion et reproche attendrissants au préjugé antiroyaliste et antipaternel de son ancien ennemi ! […] « Ainsi courbé sous le poids de l’oppression commune, sans néanmoins me confesser vaincu, je restai dans cette villa avec un petit nombre de domestiques, et la douce moitié de moi-même, infatigablement occupés l’un et l’autre de l’étude des lettres ; car, assez forte sur l’allemand et sur l’anglais, également bien instruite dans l’italien et le français, elle connaît à merveille la littérature de ces quatre nations, et, de l’ancienne, les traductions qui en ont été faites dans ces quatre langues lui en ont appris tout ce qu’il faut savoir.
Dieu est comme l’âme du monde ; l’âme, qui est le plus ancien de tous les êtres, et qui est pour le vaste ensemble de l’univers le principe du mouvement, ainsi qu’elle l’est pour les êtres particuliers, animant la matière inerte à laquelle elle est jointe. […] L’histoire de l’homme considéré simplement comme animal est complète dans son ouvrage ; et, dans le nombre des animaux de l’ancien monde, il n’en est presque aucun, depuis le cétacé jusqu’à l’insecte, soit qu’il se meuve sur la terre, qu’il s’élève dans les airs, ou qu’il demeure enseveli sous les eaux, dont Aristote ne nous apprenne quelque particularité. […] Ce grand homme, qui voulait conquérir l’univers asiatique non-seulement pour sa gloire, mais pour la gloire de la civilisation, mit quelques milliers d’hommes armés à la disposition de son ancien maître, uniquement employés à lui fournir et à lui amener à Athènes des animaux de toute espèce, pour servir de texte à ses observations.
Julie ne refait pas seulement son individu, elle rétablit la famille ; et la famille est « la plus ancienne des sociétés », « le premier modèle des sociétés politiques562 ». […] Son homme de la nature, c’est l’être d’instinct qu’il a été, sensuel, égoïste, pitoyable, incapable de suivre une autre loi que l’impulsion présente de son cœur : c’est l’ancien bohème, ignorant du savoir-vivre, gauche, timide, dépaysé dans le monde, dupe des formes qui adoucissent le frottement des égoïsmes, et y attachant à contresens une monstrueuse hypocrisie. […] Sans doute, pour le croyant des anciennes églises, la question est inutile, ou dangereuse.
Léon Daudet calomnie l’ancien régime. […] » Songez au bouillonnement de passions et de rancunes que cette question eût soulevé chez les émigrés, les bonapartistes, les anciens régicides et les ultras. […] À vrai dire, nous personnifions les siècles anciens selon une convention historique puisée dans les livres ou enseignée dans les classes.
Ce serpent hiératique gardait l’ancien temple de Pallas, blotti dans le rocher qui le supportait. […] Ce culte très pur et très salubre dans l’ancien Iran, avait d’ailleurs contracté d’affreuses mésalliances avec les mythologies sémitiques que la conquête avait portées dans son sein. […] Les Dieux qui commençaient à rompre les gaines grossièrement substituées au corps, à décoller leurs bras d’un torse immobile, à détacher leurs pieds soudés sur une base, à remplacer par les expressions de la grâce et de la grandeur, le morne sourire figé sur leurs lèvres, se seraient renfoncés et endurcis dans leurs anciens types.
C’est là, nous l’avons vu, ce que les anciens appelaient le plaisir en mouvement, ἡδονή ἐν ϰινήσει, ce que nous nommons des émotions, des troubles, des perturbations de l’âme. […] Le changement, l’inquiétude, comme disaient les anciens, est-ce l’essence même de l’action ou seulement le résultat des limites de l’action, de son défaut, de la résistance extérieure qu’elle rencontre ? […] L’évolution, l’universel « devenir », que les anciens appelaient l’universel « désir », est donc, selon la doctrine profonde de Platon dans le Banquet, « l’enfant de la Richesse » et non pas seulement de la « Pauvreté ».
Tout le jardin abandonné, inculte, ruineux, le lierre s’étalant sur la bosse des anciens mouvements de terrain, et le pittoresque des ravages de la nature et de la plante parasite ! […] Curieux invalide, que ce bohème, cet ancien graveur sur bois, goutteux et presque aveugle, espèce de philosophe agreste et crapuleux, sorte de Thomas Vireloque, laissé en sentinelle là, par l’œuvre de Gavarni, faisant sa compagnie de deux terriers féroces dont il appelle l’un : le Comique, et encore d’un duc remisant, le jour, dans le trou noir de la Glacière, où frissonne, sous le plâtre tout écaillé, la Frileuse de Houdon. […] Je dois déclarer, qu’une fois la juste colère de la princesse, dépensée dans deux ou trois sorties de ce genre avec nous et d’autres amis, la princesse oublia ses griefs contre l’ancien familier de sa maison, et ne se rappela que le charme de sa causerie, de son esprit, de sa sociabilité, et redevenue tout à fait amie de sa mémoire, quand il fut mort, défendit chaleureusement cette mémoire contre tous, contre moi-même.
Puis c’est le massacre de Jaffa et le sacrifice des pestiférés ; la scène quasi grotesque où Bonaparte bafouille devant les Anciens et les Cinq-Cents et crie qu’on le poignarde afin d’avoir un prétexte pour faire entrer ses grenadiers ; la lettre de Kléber, général en chef de l’armée d’Egypte, accusant son prédécesseur près de lui-même devenu le gouvernement. — Ces pages suffisent sans doute pour justifier leurs deux volumes présents des Mémoires de Bourrienne ; on les peut consulter avec fruit pour l’époque, et sous les réserves déjà faites nous devons convenir qu’un éditeur a bien fait de les reprendre. — Les additions et pièces justificatives, par contre, se montrent aujourd’hui d’un attrait médiocre. […] De plus, des gens ont vu dans Ubu une œuvre « écrite en vieux français » parce qu’on s’amusa à l’imprimer avec des caractères anciens, et cru « phynance » une orthographe du XVIe siècle. […] Truffier, le présent Molière de l’ancienne Comédie-Française.
Ils ont un charme de vieillesse mélancolique, la grâce fanée des anciennes étoffes, l’attrait d’une masure perdue et dont les toiles brillent à la rosée, dans un massif lointain de platanes et de cèdres… Leur lyrisme hésitant et vif tout ensemble, leur mélange d’ingénuité et de réalisme, leur manque absolu de mesure et de goût leur ont valu une vogue éphémère. […] Et quelque jour, sur une table de dissection, des carabins, en ricanant, ouvrent leur ancien corps vivant de petites Margot de quarante sous… » Marius-Ary Leblond : Dira-t-on les frères Leblond comme on dit les frères Rosny ou les frères Margueritte, comme on a dit les frères Goncourt ? […] Demolder nous fait presque regretter que nos pères aient fait la Révolution puisqu’ils ont détruit tant de croyances légères et de mœurs précieuses, comme ils ont tué nos amis Jasmin et Martine… Il faut lire le Jardinier de la Pompadour, on revit toute l’ancienne élégance et tout le charme du passé.
Nous constatons seulement que celle-ci est la plus ancienne, que non seulement elle a éveillé l’homme à la vie de l’intelligence, mais qu’elle l’a élevé, façonné tout entier. […] Déjà les anciens sages avaient remarqué que notre univers paraît être le théâtre d’une lutte éternelle entre deux principes ennemis, qui produisent tour à tour la vie ou la mort, la confusion ou l’harmonie. […] Nous nous souviendrons ensuite que, par une convention très ancienne et qui sans doute ne dépend pas de nous, notre principale matière, c’est l’homme.
A l’Opéra et dans les salles de concerts, les formes arrêtées de l’ancienne mélodie laissent froid. […] Le poète Haraucourt fait déclamer sur la scène, par Sarah Bernhardt, une paraphrase de l’Évangile écrite en vers vigoureux, pendant qu’une musique contenue accompagne, comme dans les anciens mélodrames, la comédienne d’une « mélodie sans fin ». […] Les anciens observateurs ont toujours parlé de l’habitude illimitée du mensonge des hystériques, se sont même indignés contre elle, et en ont fait la marque par excellence de leur condition mentale. […] Ils abandonnèrent aussi l’ancien nom et furent connus un moment sous celui de « décadents ». […] Dans leurs prunelles Rit et pleure — fastidieux — L’amour des choses éternelles, Des vieux morts et des anciens dieux !
Ysabeau, ancien oratorien défroqué, possédait une instruction bien supérieure à celle de son collègue, mais emphatique comme tous les orateurs du temps, il était en outre pédant. […] Mais avec le temps, les règles qu’il ne cessa d’observer, sont tombées dans l’oubli, ces règles, si anciennes et si rigoureuses, dit le Père Rebullosa, et de tout point différentes de la largeur et de la liberté que beaucoup emploient aujourd’hui. […] Le Saxon, seul des peuples anciens, osa regarder la mort en face, sonder l’obscur au-delà et y placer une récompense ou un châtiment, le début d’une existence nouvelle. […] Invasion normande, francisation du royaume, culture du clergé normand si supérieur à l’ancien clergé national, rien ne put cependant tuer la langue et l’esprit saxons. […] Déshonneur de la maison, de ma famille ancienne, où l’on ne connaissait que vertu domestique !
Je la vois toujours telle que je l’ai quittée ; ainsi, je ne te connais pas en ta qualité de mari ; je ne connais d’autres relations que nos anciennes, auxquelles j’ai associé dans une certaine occasion des passions étrangères. […] Croirait-on, quand on n’a lu de Goethe que Werther, qu’à un moment c’est lui, l’enthousiaste d’hier, qui va donner à Kestner, à l’ancien Albert lui-même, le meilleur conseil de vie pratique ?
Entre Voltaire, Buffon, Rousseau et d’Holbach, entre les chimistes et les beaux-esprits, entre les géomètres, les mécaniciens et les littérateurs, entre ces derniers et les artistes, sculpteurs ou peintres, entre les défenseurs du goût ancien et les novateurs comme Sedaine, Diderot fut un lien. […] En 1760, au Grandval, chez le baron d’Holbach, partagé entre la société la plus séduisante et les travaux de philosophie ancienne qu’il rédigeait pour l’Encyclopédie, ces circonstances d’autrefois lui revenaient à l’esprit avec larmes ; il remontait par la rêverie le cours de sa triste et tortueuse compatriote, la Marne, qu’il retrouvait là, sous ses yeux, au pied des coteaux de Chenevières et de Champigny ; son cœur nageait dans les souvenirs, et il écrivait à son amie, mademoiselle Voland : « Un des moments les plus doux de ma vie, ce fut, il y a plus de trente ans, et je m’en souviens comme d’hier, lorsque mon père me vit arriver du collège, les bras chargés des prix que j’avais remportés, et les épaules chargées des couronnes qu’on m’avait décernées, et qui, trop larges pour mon front, avaient laissé passer ma tête.
« Ainsi, lorsque le printemps, succédant aux glaces de l’hiver, rend à la terre sa brillante parure, on voit le serpent, quittant son ancienne dépouille, étaler avec joie sa robe éclatante aux yeux de l’astre du jour ; « Ainsi Landino, ce digne émule de la gloire des anciens, t’a rendu ta grâce et les doux accords de ta lyre ; tel on te vit sous les frais ombrages de Tibur faire résonner les cordes de ton luth harmonieux.
Milton seul, avec son poëme du Paradis perdu, exploita l’ancienne poésie religieuse, et encore ce fut le poëme littéraire plus que le poëme religieux. […] Nous l’avons éprouvé en 1848, par nécessité temporaire d’une révolution où toutes les lois anciennes étaient abolies ; mais une émeute violente en sortait exactement tous les quinze jours, et la sagesse du peuple tenait lieu de loi pour réprimer la démence du peuple.
Catulle Mendès appartient à une école qui prétend renouveler l’art dramatique, qui affiche le mépris des anciennes conventions et ne tient nul compte des critiques. […] Dans les premières œuvres, mettons hors de pair Pierre le Véridique ; avec sa langue contournée, précieuse, sa surcharge presque d’expressions d’atmosphère et de mots chronologiques, il reste la meilleure évocation que nous ayons de l’ancienne civilisation de langue d’oc, avant l’invasion du Nord.
Dans quelques anciennes légendes Tristan et Isolde, comme Siegmund et Sieglinde, sont frère et sœur ; et c’est la connaissance de cette parenté qui fait le nœud du drame. […] » Gundryggia est effectivement le nom d’une Walkyrie, de l’ancien scandinave « Gunn », bataille et « dryggia », préparer, exciter.
Montesquieu avait dit : « Les anciennes mœurs, un certain usage de la pauvreté rendaient à Rome les fortunes à peu près égales ; mais à Carthage des particuliers avaient les richesses des rois. » Que ces traits simples et forts parlent bien autrement à l’imagination ! […] Ce Mâtho est une nature de feu, un Hercule africain ; l’auteur a placé auprès de lui un esclave récemment affranchi, le Grec Spendius, ancien marchand de femmes, rusé, subtil, audacieux, qui va aiguillonner la souffrance du monstre pour le précipiter contre Carthage : au camp, dans les marches, dans les négociations avec les envoyés de la république, Spendius est toujours là, soufflant la guerre et attisant le feu qui dévore le Libyen.
Son bouclier l’insulte en lui montrant l’ancien tyran de la ville, ciselé sur son champ de bronze, « le Sphinx mangeur de chair crue », qui terrasse un Thébain râlant sous ses griffes. — Amphiaraos a été désigné pour la sixième porte ; mais le devin, qui maudit cette guerre, ne menace que ses compagnons, et, entre tous, Polynice, traître à sa ville et à sa patrie. […] Une ancienne tradition racontait même qu’Esculape, coutumier de ces miracles hétérodoxes qui le firent aussi foudroyer par Zeus, avait ressuscité Capanée, à l’aide de l’herbe magique qu’un serpent lui avait fait découvrir.
Mais, pour que l’habitude ainsi formée devienne consciente de soi, il faut que nous puissions apercevoir tout ensemble la différence et la ressemblance du nouveau avec l’ancien, de l’inaccoutumé avec le familier. […] Un hasard lui fait retrouver ensuite l’ancien : les deux étaient identiques ou à peu près.
De là la progression de l’individualité et de la liberté personnelle depuis les temps anciens. […] Le génie est donc, en définitive, une puissance extraordinaire de sociabilité et de sympathie qui tend à la création de sociétés nouvelles ou à la modification des sociétés préexistantes : sorti de tel ou tel milieu, il est un créateur de milieux nouveaux ou un modificateur des milieux anciens.
Je n’ai vu qu’une seule fois une pièce dans laquelle on avait tenté d’introduire les chœurs des anciens. […] Schiller, d’ailleurs, dans sa tentative, avait dénaturé le chœur des anciens.
Cousin, qui a été admis à voir les anciens portraits de la duchesse de Chevreuse chez M. le duc de Luynes actuel, lui paie son hospitalité en proclamant grand homme le chef de sa maison, comme s’il était, lui, M. […] Mais c’est un ancien ministre, c’est un homme qu’on appela politique et qui se crut homme d’État deux jours, c’est M.
Et vous venez de voir ce qu’elles sont sous cette plume d’un homme qui ne raisonne pas et qui n’enchaîne rien ; qui, pour autoriser ou défendre un athéisme vieux comme le monde, n’apporte pas une seule idée qui lui appartienne, un seul aperçu nouveau à la masse, et dont toute la puissance ou l’impuissance consiste à remplacer les mots par les mots, les mots anciens par les mots modernes, les mots de Diderot, par exemple, par les mots de Darwin, croyant que tout cela fait une idée, cette opération… Tête verbale, pour qui les mots scientifiques sont bien plus que la science elle-même, M. […] Il est à cheval sur le monde ancien et le monde moderne, étonnant et superbe califourchon !
Aux yeux de qui sait reconnaître le fond et la forme d’un livre qui n’est que les variations d’un autre, exécutées avec plus ou moins de talent, l’ouvrage en dernier publié de Michelet a été bien plus inspiré par le souvenir d’un succès que par une idée nouvelle ou une vigoureuse fécondation d’une idée ancienne. […] Mais, pour ne pas parler des formes politiques que nous avons traversées et pour aller d’un trait et par le plus court à la question terrible, que le doux Michelet, l’ancien professeur de rhétorique, appelle le divorce social et qui est la question éternelle, effroyable, béante et menaçante comme une gueule, de ceux qui n’ont pas contre ceux qui ont, les étudiants de 1847 travaillés par Michelet ont-ils essayé de la résoudre ?
… Malheureusement, Octave Feuillet, qui pouvait s’en tenir à son calque, n’a pas oublié des prétentions déjà anciennes… Octave Feuillet est, pour les bourgeois sceptiques de ce temps incrédule et pour quelques vieilles femmes moitié mondaines, moitié dévotes, un délicieux moraliste au miel. […] Eh bien, aux premières pages de ce roman si peu romanesque, Philippe déclare cette volonté à son père, un gentilhomme de l’ancien temps qui croit qu’on peut continuer, dans son château de province, la tradition des gentilshommes, en ce temps-ci qui les a mis à pied comme des postillons qui ont mal mené !
Il est impossible actuellement de ne pas posséder une notion singulièrement plus large du déterminisme vital et cosmique, conception qui est appelée à devenir la synthèse supérieure des deux termes anciens, si longtemps opposés l’un à l’autre : déterminisme, liberté. […] « Zola passe encore maintenant pour être chaste et pour être sobre — bien que l’on nous ait dit que sa face morose de mélancolie s’éclaire comme celle d’un gourmet au moment de se mettre à table — mais cette ancienne avidité à se repaître des spectacles aussi bien que des sons, et l’on peut ajouter même des odeurs du monde extérieur, s’est à la fin façonné en une méthode de routine.
Ici il paraît bien, quelque connexion qu’il y ait entre les deux faits, que Catherine, qui voulut et accomplit l’un, ne commanda pas l’autre ; on a en sa faveur, à cet égard, l’opinion du grand Frédéric, celle du prince de Ligne, et le témoignage aussi de la princesse Daschkoff, cette ancienne complice un peu désabusée, qui parle d’une lettre écrite par Alexis Orlof à l’Impératrice aussitôt après la perpétration du meurtre ; lettre dans laquelle il implore son pardon.
Tous les détails de cette soirée, la présentation de Bénédict aux orgueilleux parents de Valentine, l’invitation à la danse, l’embarras du baiser, l’aisance de bel air de M. de Lansac, fiancé de Valentine, tout cela est délicieusement conduit ; et le départ ensuite, le retour, la manière dont Valentine s’égare, la rencontre des deux jeunes gens près des buissons fleuris de l’Indre ; cette voix limpide et nerveuse de Bénédict, qui le précède et l’annonce, et dont Valentine a de loin admiré le chant ; cette arrivée à la ferme par les jardins de derrière et à travers les haies, leurs deux haleines se confondant au passage dans les fleurs ; cette visite nocturne de Valentine à Louise, à sa sœur aînée, si longtemps perdue, si merveilleusement retrouvée, et qu’une faute amère, déjà bien ancienne, avait bannie d’un lieu qu’elle a voulu revoir ; — oui, tout, jusqu’à cette façon naturelle et rusée d’éconduire M. de Lansac, tout, dans cette première partie du récit, captive, enchante et satisfait.
L’histoire a répudié le ton oratoire et moralisant des anciens : elle n’admet l’évocation dramatique des temps passés que si elle éclaire l’enchaînement des causes et des effets dont le tissu est vraiment l’histoire.
En France, depuis la révolution romantique, on se pique de marcher sur les règles anciennes et de porter à tout propos des défis à Boileau.
Bref il fait œuvre estimable d’historien ; même les qualités de perspicace, de connaisseur, aussi d’écrivain, qui lui sont nécessaires feraient de l’archéologue le plus désigné des critiques si sa familiarité avec, les œuvres anciennes ne le rendait un peu indulgent jusqu’aux plus inutiles copistes qu’il aime pour les originaux évoqués à sa mémoire érudite, conséquemment un peu sévère aux novateurs, et si ses habitudes scientifiques de travail complet où les œuvres sont étudiées non seulement morphologiquement, mais dès leurs genèses et jusqu’à leurs influences, ne lui interdisaient presque la besogne hâtive et jetée de la chronique salonnière.
Jésus s’éloignait de plus en plus de l’ancienne Loi.
Les Anciens, & les bons Ecrivains du Siecle dernier, avoient une toute autre méthode : comme les métaphores & les comparaisons ne sont destinées qu'à éclaircir une pensée, qu'à la rendre saisissante & palpable, ils ne présentoient que des images connues & frappantes.
Je ne ferai point de remarques sur cette fable, qui est ancienne et conforme aux idées que les payens avaient de leur Jupiter.
En effet, les poëtes anciens seroient aussi surpris d’apprendre sur quels endroits de leurs ouvrages le commun des commentateurs se récrie davantage, que s’ils venoient à sçavoir ce que l’abbé de Marolles et les traducteurs de son espece leur font dire quelquefois ; les professeurs qui toute leur vie ont enseigné la logique, sont-ils ceux qui connoissent le mieux quand un homme parle de bon sens et quand il raisonne avec justesse ?
l’ancienne société, qui chantait son chant du cygne au moment où Edmond et Jules de Goncourt commencent leur histoire et quand l’émigration en dispersait déjà l’élite aux quatre vents de l’adversité, la société française n’était pas claquemurée à quelques salons de Paris !
De rang social, elle était la femme du comte de Platen, le maréchal du palais à la cour de Hanovre, et maîtresse du duc régnant (Ernest-Auguste, l’ancien évêque d’Osnabruck).
Des idées générales, parfois primitives, — dans tous les cas toujours anciennes, — des jugements, des sentences, des vérités, soit absolues, soit relatives, rapidement poinçonnées, — le diable sait par qui !
I Ce livre n’est pas, comme on pourrait le croire, une nouvelle édition des œuvres de François Villon, mais tout simplement un mélange de critique et de biographie, entrepris dans le dessein de tirer de l’obscurité, dont elle n’est jamais suffisamment sortie, la figure originale de cet ancien poète à qui pourtant la gloire n’a pas manqué, mais une gloire coupée d’oubli, à interruptions ou à ressauts.
« Boileau — a-t-il dit quelque part — était idolâtre des Anciens, et devait l’être, sans doute, par goût et par reconnaissance ; mais il se mêle toujours de la superstition dans tous les cultes, et sa délicatesse en est une preuve. » Fréron, cet inconnu au xixe siècle, était une imagination puissante, réglée par une raison plus puissante encore, et qui comprenait la critique comme Louis XIV le gouvernement.
L’Esprit de la Royauté a-t-il repris possession des anciennes races ?
Grâce à Dieu, retiré, contre les pestes de son temps, dans ce lazaret d’un régiment, la dernière chose de l’ancienne monarchie qui ait été corrompue, s’il n’échappa point à tous les miasmes contemporains, ce qui est impossible à l’être perméable que l’on appelle l’homme le plus fort, il échappa du moins au plus grand nombre et aux plus dangereux.
L’ancien critique, qui signait Old Nick, était au moins une plume âpre, ardente et mordante ; c’était un écrivain, et ce n’est plus qu’une mécanique à traduction faite à Manchester ou à Birmingham, dont la roue tourne, tourne, et aujourd’hui, en tournant, ne nous rapporte que ce que nous avions déjà vu !
Seulement, on a mis dans le titre, comme un éclatant pavillon propre à couvrir la marchandise, ce fragment déjà ancien de Madame Guizot sur Abailard et sur Héloïse, et que Guizot, par piété conjugale, a terminé.
L’ancien critique qui signait Old Nick était au moins une plume âpre, ardente et mordante ; c’était un écrivain ; et ce n’est plus qu’une mécanique à traduction faite à Manchester ou à Birmingham, dont la roue tourne, tourne, et, en tournant, ne nous rapporte que ce que nous avions déjà vu.
Il y a plus, la modestie de l’ancien et pauvre curé de campagne est, dit-on, menacée d’une place à l’Institut, et je ne crois pas qu’elle s’en inquiète.
Grâce à Dieu, retiré, contre les pestes de son temps, dans ce lazaret d’un régiment, la dernière chose de l’ancienne monarchie qui ait été corrompue ; s’il n’échappa point à tous les miasmes contemporains, ce qui est impossible à l’être perméable que l’on appelle l’homme le plus fort, il échappa du moins au plus grand nombre et aux plus dangereux.
Seulement on a mis dans le titre, comme un éclatant pavillon propre à couvrir la marchandise, ce fragment déjà ancien de Mme Guizot sur Abailard et sur Héloïse, et que M.
Histoire des Inhumations chez les peuples anciens et modernes (Nain Jaune, 29 août 1867).
Il s’y montre le Hugo de tous les temps, et d’abord le Hugo des anciennes préfaces qu’il faisait en prose autrefois, et qu’il fait en vers maintenant.
Car ce sentiment d’une communion avec tous les êtres est par excellence un. sentiment poétique, et celui-là même qui défraie une bonne partie de la poésie des anciens. […] Loti a le culte de la nature, au sens où l’entendaient les anciens, de la nature créatrice, source de toute vie, et seule vivante, de l’éternelle Isis qu’a chantée Lucrèce. […] Soi-même des anciennes pratiques on a gardé des habitudes de vie intérieure avec le souci de la direction de conscience. […] Il en diffère partout ce que le Christianisme a mis en lui de sentiments que les meilleurs parmi les anciens n’ont pas connus. […] Les républicains ont voté pour cet ancien professeur du prince impérial.
Tout entier à sa dernière rencontre, c’est sur elle qu’il reporte toutes ses dilections anciennes, au risque de dérouter ceux qui sans avoir oublié celle de la veille, écoutent la confidence de l’heure présente. […] La plupart des hommes sont si mal fixés sur ce que les anciens grammairiens appelaient la propriété des termes que certains seront surpris de voir opposer deux mots que leur ignorance a l’habitude confondre. […] C’est un défaut assez fréquent dans les anciennes proses latines où le rythme et la rime riche empiètent sur le sens. […] On nous montrera peut-être prochainement que trente ans après 1793, l’ancienne France s’était reconstituée avec la simplicité instinctive d’une fourmilière. […] Il y a des élégies d’aveu ou de désespoir parmi les plus anciennes poésies connues, l’ode de Sapho ou le « Chant de la sœur dédaignée », retrouvé sur un papyrus hiéroglyphique, et admirable.
. — Son œuvre est une combinaison incessante des impressions actuelles et des clichés anciens. […] Les effets qui résultent de la lésion du cerveau ont quelque analogie avec ceux qu’amène le progrès de l’âge ; le malade ne conserve que le souvenir des impressions récentes, et oublie celles qui sont d’une date plus ancienne… Parmi les malades, les uns ont toujours par la suite la mémoire imparfaite… Dans certains cas particuliers, les malades ne peuvent plus se servir du mot propre pour exprimer leurs idées ; souvent le jugement est affaibli ». — D’autres atteintes portées au cerveau par un intermédiaire produisent des effets semblables ; on connaît l’évanouissement qui suit les grandes pertes de sang, le désordre d’idées qu’entraîne l’ivresse, la stupeur qu’engendrent les narcotiques, les hallucinations qu’amène le haschich, l’excitation d’esprit que développe le café, l’insensibilité que provoquent le chloroforme et l’éther130. — En résumé, l’altération des lobes cérébraux a pour contrecoup l’altération proportionnée de nos images. […] Cela admis, on comprend en quoi consiste le souvenir, surtout le souvenir d’un événement ancien, notamment le souvenir qui semble avoir péri et qui ressuscite tout d’un coup, précis et complet, après dix ou vingt ans d’intervalle. […] Dans l’atelier, le travail est double : d’une part, sous l’impulsion du dehors, il compose incessamment des mots qu’il envoie dans les magasins où ils se transcrivent en clichés fixes ; d’autre part, les magasins lui envoient incessamment des clichés fixes qu’il transcrit en lettres mobiles ; et l’œuvre qu’il produit à la lumière est une combinaison continue des mots nouveaux qu’il compose et des mots anciens qu’il transcrit.
La sensation, étant la même qu’avant cette transplantation, sera accompagnée de la même opération localisante et paraîtra située à l’ancien endroit. […] Mais nous ne le savons pas tout de suite avec précision ; l’idée de tel mouvement mensurateur ne vient pas à l’instant, en vertu d’une liaison ancienne et fixe, s’accoler à la sensation pour la situer ici plutôt que là dans le dehors. […] On lui demanda ce qu’elle voyait ; elle répondit qu’il y avait un côté clair et un côté obscur. » En effet, ces deux sensations du clair et de l’obscur correspondaient seules à des sensations anciennes, puisque jusque-là elle n’avait su distinguer que la lumière et l’obscurité. — D’heure en heure, on la vit remarquer un point, puis un autre, puis d’autres encore dans la quantité de sensations de couleurs qui l’assiégeaient. […] mais sûrement je suis bien stupide. » Cependant elle apprenait peu à peu le nom des couleurs, et les distingua vite ; mais, pour la perception des formes, c’est-à-dire pour la transcription dans l’atlas visuel nouveau de l’ancien atlas tactile et musculaire, l’apprentissage fut très long. — Le septième jour, on lui montra des tasses et des soucoupes.
Dans cette foule, deux hommes ont paru, d’un talent supérieur, original et contraire, populaires au même titre, serviteurs de la même cause, moralistes dans la comédie et dans le drame, défenseurs des sentiments naturels contre les institutions sociales, et qui, par la précision de leurs peintures, par la profondeur de leurs observations, par la suite et l’âpreté de leurs attaques, ont ranimé, avec d’autres vues et un autre style, l’ancien esprit militant de Swift et de Fielding. […] Il s’agit de faire exclure du testament un neveu, le capitaine Rawdon, ancien favori, légataire présumé de la vieille fille. […] cela était bon pour les maîtres de cérémonies des anciens âges. […] Une intrigante raisonnable, d’un tempérament froid, pleine de bon sens, ancienne sous-maîtresse, ayant des habitudes de parcimonie, véritable homme d’affaires, toujours décente, toujours active, dénuée du caractère féminin, de la mollesse voluptueuse et de l’entrain diabolique qui peuvent donner de l’éclat à son caractère et de la grâce à son métier.
Shakespeare, d’une race ancienne, mais déchue, était fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. […] Après la représentation, le roi, qui n’avait point encore porté son jugement, eut la bonté de dire à Molière : « Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j’ai appréhendé d’être séduit par la manière dont elle avait été représentée ; mais, en vérité, Molière, vous n’avez encore rien fait qui m’ait plus diverti, et votre pièce est excellente. » Molière reprit haleine au jugement de Sa Majesté ; et aussitôt il fut accablé de louanges par les courtisans, qui tout d’une voix répétaient, tant bien que mal, ce que le roi venait de dire à l’avantage de cette pièce. « Cet homme-là est inimitable, disait le même duc de… ; il y a un vis comica dans tout ce qu’il fait que les anciens n’ont pas aussi heureusement rencontré que lui. » Quel malheur pour ces messieurs que Sa Majesté n’eût point dit son sentiment la première fois ! […] Elmire est le nom de la femme d’Orgon ; madame Pernelle est sa mère ; Cléante, homme froid et judicieux, est son beau-frère ; Dorine est la suivante de Marianne, ancienne dans la maison à qui tout langage est permis. […] Un soir, pendant la campagne de 1662, comme Louis XIV allait se mettre à table, il lui arriva de dire à Péréfixe, évêque de Rodez, son ancien précepteur, qu’il lui conseillait d’en aller faire autant. « Je ne ferai qu’une légère collation, dit le prélat en se retirant ; c’est aujourd’hui vigile et jeûne. » Cette réponse fit sourire un courtisan, qui, interrogé par Louis XIV, répondit que Sa Majesté pouvait se tranquilliser sur le compte de M. de Rodez: après quoi il fit un récit exact du dîner de S.
Dans une première division du recueil où se lit cette inscription, Amour, il se trouve de bien jolis motifs de chants, des mélodies pures, et qui rappellent l’âge, déjà bien ancien, où la poésie se nourrissait encore toute de sentiment : Les roses de Saadi J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes, Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens.
Le monde, par raison et par mode, s’affranchissait de la tradition ancienne et ne reconnaissait que l’usage actuel : ainsi tout terme suranné était absolument proscrit ; il ne restait plus à la disposition de l’individu à qui il plaisait de l’utiliser.
Le lecteur me trouvera mauvais fils, il aura raison. » En supposant même que tous les griefs de Stendhal aient été fondés, on se dit qu’il y a des sentiments qu’on peut sans doute éprouver malgré soi, mais qu’il est odieux de s’y complaire, de les développer par écrit, parce qu’ils offensent, tout au moins, des conventions trop anciennes, trop nécessaires à la vie des sociétés, et vénérables par là même.
Tout cela prouve aussi une chose assez triste, c’est que l’art, la science et la littérature ne fleurissent pas chez nous par suite d’un besoin intime et spontané, comme dans l’ancienne Grèce, comme dans l’Italie du XVe siècle ; puisque, là où il n’y a pas d’excitation extérieure, rien ne se produit.
Avant lui, notre Nation étoit réduite à admirer chez les Anciens ou les Etrangers les beautés du Poëme épique : Fénélon parut, & nous lui dûmes la gloire de pouvoir offrir un chef-d’œuvre capable de surpasser peut-être, ou du moins de balancer la gloire de ceux qui l’avoient précédé.
On l’accusa d’en avoir répandu contre ses anciens & ses nouveaux amis, & même contre ses protecteurs.
Alors la toute petite tache d’encre des anciens jours, indélébile aussi à tous les parfums de l’Arabie, reparaît sur ces mains purifiées d’Yseult aux blanches mains, et nous en ternit la splendeur.
Sa publication rentre dans les bonnes et anciennes traditions de la typographie ; et quand, au lieu de ce vieux archiviste des malpropretés du xviie siècle, il nous donnera quelque beau livre tombé en oubliance, comme, par exemple, la magnifique Histoire de Louis XI du grand Mathieu, ce chef-d’œuvre qui fait chrysalide pour la gloire dans la poussière des bibliothèques, d’où il faudrait le faire sortir, nous applaudirons de toute la force de notre plume.
Les anciens d’État prépondéraient.
Marier sa fille et la marier bien, l’élever, de longue main, en vue de ce grand fait du mariage qu’il croit la destinée la plus sublime de la femme, ce notable embarras qui a tant fait gauloiser l’esprit français, cette vieille difficulté que les moralistes de l’ancien temps, les moralistes anti-rêveurs, croyaient éternelle, — comme, du reste, ici-bas, toutes les manières d’être heureux, — Alexandre Weill a cru qu’il pourrait, en s’y prenant bien, la diminuer, ou complètement s’en rendre maître.
Rien n’y suffirait, ni la décadence littéraire de la France, qui n’avait, au commencement du siècle, de l’ancien esprit français (madame de Staël et Chateaubriand exceptés), que les dernières gouttes qui tombent du toit après la pluie, ni le besoin de nouveauté enfantine qui nous emporte vers toute chose nouvelle avec notre délicieuse frivolité séculaire, ni cette espèce de catinisme intellectuel toujours prêt à se donner au premier venu, — qui nous fit Anglais à la fin du xviiie siècle, comme il nous avait faits Latins Grecs, Italiens et Espagnols, dans les siècles précédents, et qui, pour l’heure, nous faisait Allemands, en attendant que quelque autre littérature nous fît autre chose.
Comme les anciens rois persans, ce républicain avait un prestige tout le temps qu’il était invisible, c’est-à-dire qu’on ne lisait pas ses écrits et qu’on oubliait sa vie.
Lawrence32 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du Roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme Bulwer, par exemple, ont depuis longtemps abandonné.
Grenier — est allé jusqu’à dire que Byron est plus Grec même que les Anciens qui ont imité les Grecs ; et rien n’est plus vrai… Je sais d’autant plus gré de cette intuition à A.
Comme mathématicien, en effet, il fut pour les méthodes anciennes contre les méthodes nouvelles, dont il méconnut la portée, ce qui lui mérita peut-être que Voltaire le mît, comme géomètre, très au-dessous de Condorcet.
Pitra, un moine de nos jours, un Mabillon moderne aussi savant que le Mabillon ancien, mais avec la poésie en sus !
l’abbé Monnin me paraît doué d’assez de goût, de possession de soi, d’amour de la simplicité et de la couleur par-dessus le marché, pour avoir, s’il l’avait voulu, imité les vieux maîtres, et pour nous entretenir de son saint à la manière des anciens hagiographes.
De niveau avec ses contemporains, l’ancien évêque d’Alais n’avait rien du prophète qu’il aurait fallu pour faire lever de leur tombe les grands ossements de Bossuet et leur donner une seconde fois la vie dans une biographie tout ensemble ardente et lumineuse.
C’est comme les costumes dans les anciens portraits !
Singulier poète, ou, pour mieux parler, singulière spécialité poétique, qui s’est liée volontairement dans de pareils esclavages, qui a renfermé sa pensée dans la forme étroite au lieu de dilater cette forme autour de sa pensée, je ne le confondrai pas pourtant avec les Vides de ce temps, les poètes de la forme pure, avec les écorces sculptées, qui ne renferment rien, comme les sarcophages des Anciens, qui ne contenaient pas même de cendres, car lui, lui, il a la pensée, il a cette perle malade, mais cette perle de la pensée, dont les feux du diamant de l’art, de la langue et du rythme, ne valent pas le plus pâle rayon !
Et enfin, puisqu’il est descriptif, La Fontaine, l’originalité du paysagiste, quand, en France, de son temps, il n’y en avait pas encore un seul dans la littérature, et que Fénelon nous donnait (dans son Télémaque) une nature souvenue et tirée des Anciens… Eh bien, disons-le, à travers toutes ces originalités différentes, qu’on retrouve quand on les y cherche dans le génie décomposé de La Fontaine, la meilleure à mes yeux et la plus étonnante, celle qui le fait le mieux ce phénix de La Fontaine, celle qui complète le mieux toutes ses puissances par un charme vainqueur de tout, c’est la bonhomie, c’est cet accent de bonhomie qui se mêle à tous les détails de son œuvre, — et je n’entends pas ici que les Fables, mais les Contes !
Et c’était là le poète, cependant, que les Anciens auraient appelé le Iambique, et qui nous a laissé ces douze Ïambes superbes, zodiaque de poésie dont il a été le soleil !
Cela le met à part d’Alfred de Vigny, poète anglais en langue française, qui avait la beauté anglaise, l’originalité anglaise, la pureté et même la pruderie anglaises ; qui, comme les grands Anglais, ne relevait que de la Bible et de lui-même, et qui avait le dédain anglais pour cette société démocratique qu’est devenue l’ancienne société française.
J’y vois d’anciennes qualités qui baissent, et je n’en vois point qui remplacent celles qui s’en vont.
… Certainement ce n’est pas là du copiage volontaire et conscient, mais il n’en est pas moins certain que le réverbérateur de toutes ces choses, dont la seule invention est de se croire un inventeur, allume en nous d’anciennes images qui ont plus de vie que les siennes et qui nous en éclairent la petitesse par la comparaison !
Lawrence36 I Pendant que Dickens, le populaire et vulgaire Dickens, semble avoir, comme la société elle-même, transformé les anciennes conditions du roman dans ce glorieux pays du Roman, l’Angleterre, voici tout à coup un nouveau romancier qui s’élève et qui, méprisant ce qu’on dit des genres épuisés, ne craint pas de revenir à ce vieux roman de high life que ceux qui l’ont écrit le mieux, comme M.
A la veille de l’offensive de Champagne, où il allait être tué le 6 octobre 1916, le sous-lieutenant Maurice Dieterlin, ancien élève de l’École des Chartes, envoie à sa famille ses dernières paroles : Je vis le plus beau jour de ma vie.
Tous les talents s’exercèrent ; la poésie rentra dans son ancienne fonction, celle de louer.
Il me reprochait, avec raison, d’avoir trop ménagé cet écrivain dans un ancien article. […] Il ne s’agit plus aujourd’hui de commenter les anciens, de s’attentionner exclusivement à des problèmes de psychologie versifiés sous l’égide d’un ministre ou d’un grand seigneur. […] C’était de justice que les misérables avaient faim, un acte de justice pouvait seul balayer l’ancien monde, pour reconstruire le nouveau… Le grand mouvement des nationalités était l’instinct, le besoin même que les peuples avaient de revenir à l’unité. […] Mallarmé ; je n’ai eu qu’à me louer de mes rapports déjà anciens avec lui ; je le considère comme le plus galant homme du monde mais l’écrivain en lui m’apparaît désastreux et j’ai cru de mon devoir de le démontrer. […] Oubliant que notre vers libre a pour seule raison d’être l’interprétation de toutes formes de la vie quelles qu’elles soient, ils retombent aux errements anciens.
Ce n’est pas là, mon ami, notre ancienne et irréparable amitié. […] … » L’unité, la fameuse unité qu’on lui fait une gloire si grande de vouloir rétablir dans l’Église, ce n’est là que l’ambition furieuse et aveugle d’un conquérant qui élargit son empire, sans se demander si les nouveaux peuples soumis ne vont pas désorganiser son ancien peuple… N’est-ce pas à la fois un danger et une honte, cette prétendue alliance avec la démocratie, cette politique que suffit à condamner l’esprit séculaire de la papauté ? […] Il a fort régulièrement, pendant vingt ans, payé une pension à son ancienne maîtresse, sans se soucier autrement de l’enfant né d’une union passagère. […] Je sais bien que je fais là l’éloge de chefs-d’œuvre surannés, mais il ne faut pas rejeter tout ce qui est ancien, et le soleil lui-même, qui peut manquer de jeunesse, n’en éclaire et n’en réchauffe pas moins notre planète, sa frileuse cadette. […] Il y a des scènes de mariage, de forçats évadés devenus de parfaits gens du monde ; rien de plus étonnant que la description du petit village de Bourail, peuplé de bourgeois et de boutiquiers très honnêtes, tous anciens forçats.
Pour tout ce qui est de l’art ou de la littérature, les jeunes générations entrent dans un monde où leur regard n’est plus attristé par les vestiges de choses anciennes ; tout y date d’hier. […] M. de Curel a beaucoup lu, moins sans doute de livres anciens que de modernes, mais à peu près tout ce qui compte dans la littérature de notre siècle, et dans celle du dix-huitième. […] Depuis le livre déjà ancien de M. […] Elle sera une femme aux yeux de songe, reflétant des songes très anciens, à la voix qui semble venir du lointain des âges. […] Car une ancienne coutume veut qu’une lanterne, pendue aux volets clos et nouée de crêpe noir, dénonce les maisons qui ont été touchées par la mort.
Delamarre était un médecin de campagne, ancien élève du docteur Flaubert, qui, trompé par sa femme neurasthénique, avait fini par se tuer. […] Les deux anciens amis se sont réconciliés. […] Salammbô, Tanit, le zaïmph, ce sont trois images de la même réalité, comme les trois visages de Diane chez les anciens. […] Tout l’Orient contre toute l’Europe, l’ancien monde contre le nouveau. […] Le moment est venu où il peut répondre à l’ancien appel de Du Camp, cet appel maladroit qui les brouilla.
Ce par quoi l’homme de génie surpasse les autres hommes et ce qu’il ajoute aux idées anciennes ne s’explique pas aisément dans cette hypothèse ; mais ce qui est certain, c’est qu’ici les idées, loin de devancer les faits, ne font que les suivre et les résumer ; loin d’expliquer l’histoire par les idées, il faut expliquer les idées par l’histoire. […] Ce je ne sais quoi, appelons-le âme, Dieu, ordre moral, et voilà un nouveau spiritualisme qui ne se distinguera de l’ancien que par une nuance, qui peut devenir elle-même aussi petite qu’on le voudra. […] Rien de plus conforme d’ailleurs aux plus anciennes traditions de la philosophie. […] Vacherot se sépare de ses anciens amis, et remplace la théodicée de Leibniz par celle de Hegel, ou le spiritualisme français par l’idéalisme allemand. […] Les anciennes écoles athées se contentaient d’admettre un principe quelconque qui, grâce à un temps infini et à des combinaisons infinies, amenait à un moment donné le monde tel qu’il est.
Mais D’Ablancourt, simple traducteur d’ouvrages en prose, mais Balzac l’ancien ne sont-ils pas aussi harmonieux que n’importe quel poète ? […] Oui, sans doute, et voici, de ce chef, proposée à ma raison, une nouvelle série d’exercices, plus compliquée que l’ancienne, mais du même genre. […] Allons plus loin : si, au lieu de constater que ces anciennes dames n’ont pas laissé plus de traces de leur passage ici-bas que les neiges de l’an passé, il s’agissait pour la raison de donner son adhésion motivée à ces deux notions reliées par un verbe : je vais mourir, elle ne frissonnerait pas davantage. […] Il est comme le pivot non seulement duquel rayonna le développement de la poésie française nouvelle, mais qui unit tous les divers rayonnements passés de la poésie véritable dans toutes les littératures anciennes et modernes. […] Si nous arrivons aux environs de 1830, dans la préface de Cromwell , après plusieurs pages sur les conquêtes poétiques du christianisme, sur les élargissements de la poésie des anciens par l’« influence de la mélancolie », Victor Hugo concluait : le point de départ de la religion est toujours le point de départ de la poésie.
Goschler, ancien directeur ecclésiastique d’une grande institution de Paris. […] Relis les témoignages de nos anciennes connaissances à Paris. […] Vous m’écrivez que vous pensez que je fais force visites pour faire de nouvelles connaissances ou renouveler les anciennes ; mais c’est impossible.
« Cependant, dit-il, je ne manquai pas de me rendre agréable à mon père, en jouant pour lui tantôt de la flûte, tantôt du cor, ce qui lui arrachait des soupirs et des larmes. » Banni de Florence par un arrêt du conseil des Huit, pour six mois, pour avoir porté secours à un de ses frères qui servait dans l’armée, il alla chercher fortune à Sienne chez un ancien ami de son père, M. […] Quand je fus guéri, j’allai travailler chez mon ancien maître, l’orfèvre Marcone ; il me donnait assez à gagner, et j’aidais toute ma famille. […] Elles représentaient la ville de Pise assiégée par les Florentins : celui de Léonard offrait un combat de cavalerie, divinement travaillé, et celui de Michel-Ange un grand nombre de fantassins qui se baignaient dans l’Arno, et qui, au cri d’alerte, couraient aux armes, à demi nus, avec de si beaux gestes et de si belles postures, que ni les anciens, ni les modernes n’avaient jusque-là rien imaginé qui pût l’égaler.
IV En poétique comme en tant d’autres sciences, Aristote a le privilège inouï d’avoir été le plus ancien en date et d’être resté supérieur à tout ce qui l’a suivi. […] Ce jugement du grand historien de l’humanité serait équitable, s’il ne rabaissait pas un peu trop les modernes devant les anciens. […] « Ceux qui verraient Glaucus le marin, disait-il encore, auraient peine à reconnaître sa première forme, parce que les anciennes parties de son corps ont été, les unes brisées, les autres usées et totalement défigurées par les flots, et qu’il s’en est formé de nouvelles de coquillages, d’herbes marines et de cailloux, de sorte qu’il ressemble plutôt à un monstre qu’à un homme tel qu’il était auparavant.
Arrivés sur les terres de Ruedigêr, ils y sont reçus en frères par cet ancien ami ; il donne la main de la princesse sa fille à Gîselher, fils de Gunther. […] Comme on ne pouvait autrement provoquer le combat, Kriemhilt — son ancienne douleur était toujours là au fond de son âme — fit porter à table le fils d’Etzel. […] XXVIII Le loyal Ruedigêr, qui avait si bien reçu les Burgondes à leur passage et donné sa fille en mariage au fils du roi de Worms, se croit engagé d’honneurs envers Etzel son souverain et combat ses anciens amis ; il le leur déclare avec franchise, et meurt sur le corps du second fils du roi de Worms tombé sous ses coups: il fut pleuré par les deux partis.
À serrer les choses de près, on parviendrait à discerner dans le feuilleton actuel, en dehors de l’ancienne forme de cape et d’épée, divers courants, quatre peut-être : l’école de Gaboriau, c’est-à-dire le roman judiciaire, qui n’est lui-même qu’une émanation du Vautrin de Balzac ; le courant de Richebourg, représentant le mélodramatique douceâtre et larmoyant ; celui de Dennery, sentimental et socialiste ; celui de Mary, où sont intervenus la documentation pathologique et l’élément militaire. […] On prend à droite, on pille à gauche ; on découpe dans le tas des livraisons anciennes, ici une rubrique à effet, là quelque bout de scène ayant sa place marquée d’avance ; ou bien c’est un vieux cliché qu’on aurait tort de laisser se perdre ; ou c’est une situation maîtresse, qui n’appartient plus à personne, tant elle a passé de main en main… Et les phrases toutes faites, on n’a qu’à les cueillir. […] Après tout, c’est peut-être mon « ancienne profession » qui déteint sur mes convictions… N’importe, La vie ne donne jamais toute la satisfaction au besoin de justice que ressent le peuple.
À l’extrémité la plus reculée de la rue de Vendôme, une des rues mortes du vieux Paris, dort un de ces vastes hôtels des anciennes familles du parlement. […] Ma famille, quoique déchue par des revers de son ancienne aristocratie, est bien réellement noble ; elle est une branche séparée et séchée de la très ancienne maison de ce nom, enracinée dans plusieurs provinces de France, et surtout en Provence, en Anjou et en Dauphiné.
Pour éviter le contraste entre son ancienne profession et sa vie nouvelle de simple agriculteur cultivant le domaine de ses pères, il s’était retiré à jamais hors du monde dans cette thébaïde opulente. […] Ne nous étonnons plus que les anciens aient appelé les poètes des devins ; ils devinent le passé comme l’avenir. […] dit notre mère. — Non assurément, répondîmes-nous tous ; la description est si vive que le vers d’Homère, dans ce passage, sent la fumée de la broche. » On reprit ; on lut l’énumération à la fois touchante et orgueilleuse des anciennes richesses en troupeaux de son maître, faites par le gardeur de pourceaux au mendiant attentif.
Ces « sources », que nos érudits retrouvent sous la poussière des vieux bouquins, elles étaient alors plus ou moins connues de tous ; le lecteur de Poliziano, de Bembo, de Du Bellay, saluait au passage tel auteur ancien et se réjouissait de le voir heureusement « translaté » en langue moderne. […] Par un effort magnifique, Corneille y galvanise l’histoire ancienne, en la francisant ; et Racine y met toute la psychologie de son époque. […] Il arrive souvent qu’une intuition plus ancienne persiste en partie, en troublant l’harmonie d’une intuition plus récente.
George Farcy72 La Révolution de Juillet a mis en lumière peu d’hommes nouveaux, elle a dévoré peu d’hommes anciens ; elle a été si prompte, si spontanée, si confuse, si populaire, elle a été si exclusivement l’œuvre des masses, l’exploit de la jeunesse, qu’elle n’a guère donné aux personnages déjà connus le temps d’y assister et d’y coopérer, sinon vers les dernières heures, et qu’elle ne s’est pas donné à elle-même le temps de produire ses propres personnages. […] Morin, à Fontenay-aux-Roses ; il s’y rendait deux fois par semaine, et le reste du temps il vivait à Paris, jouissant de ses anciens amis et des nouveaux qu’il s’était faits.
Il faudrait ici avoir le génie de ces discours dont il illumine l’histoire ancienne pour le faire parler dans sa langue ; mais, sans prétendre à son nerveux et sublime langage, laissons parler seulement son rude et clair bon sens. […] XII Vous voyez donc que ressusciter l’Italie antique, à quelque date que vous la preniez de son histoire, est un mot qui n’a aucun sens : Ni sens historique, puisque l’histoire ne vous montre, depuis l’ancienne Rome, tyrannie sanguinaire du monde, aucune Italie une et agglomérée ; ni sens politique, puisqu’il y a eu depuis la chute de l’empire romain autant de politiques diverses et contraires qu’il y a eu de fragments de nationalités distinctes et opposées l’une à l’autre ; ni sens national, puisqu’il y a eu, depuis l’extinction de Rome, trente ou quarante nationalités vivant comme des polypes d’une vie propre et individuelle dans l’élément général italien.
« La marche d’Othon, dit Tacite, n’était ni ralentie ni amollie par le luxe ; mais Othon, revêtu d’une cuirasse de fer, à pied, marchant devant les aigles, souillé de poussière, les cheveux en désordre, contrastait par son apparence avec son ancienne réputation de mollesse. […] Ses paroles, admirablement reproduites par Tacite, sont dignes de Sénèque, son ancien maître : V « Exposer à la mort tant de courage et tant de fidélité, dit-il à ses troupes qui lui demandent encore le combat, est un sacrifice bien au-dessus du prix de ma propre vie.
XVI Les anciens fermiers de la famille, toujours attachés au nom, propriété morale que rien ne peut acheter et vendre, étaient avertis de ma visite, et m’attendaient pour me donner l’hospitalité des chalets. […] Christin, fils de l’ancien et spirituel correspondant de Voltaire, ami aussi de mon grand-père et de mes oncles, m’avait écrit pour se réclamer de ces souvenirs de famille et pour me prodiguer de bons offices.
L’ancien ambassadeur de Prusse, Luchesini, homme d’une finesse et d’une grâce qui voilaient son habileté consommée, me rappelait au-delà des Alpes et des Apennins la figure et la sagacité du prince de Talleyrand. […] XLV J’en trouvai en ce temps-là une autre à Florence dans la présence inattendue de la comtesse Léna, qui était venue passer quelques mois chez son frère, en Toscane, et visiter ses anciens amis.
Kaïn est, si l’on veut, un Prométhée qui parle et sent comme Lucrèce, c’est-à-dire comme le plus jeune des poètes anciens. […] Il est remarquable que la plus ancienne philosophie soit si complètement pessimiste et que l’homme, dès qu’il a su penser, ait condamné l’univers et renié la vie.
D’abord elle s’est mêlée au nord avec des Mongols, puis avec les Nègres et les Malais au sud ; enfin les plus pures tribus de l’ancienne race sont venues en Europe, Parler d’une humanité européenne, c’est parler seulement de la race Aryenne : car en elle consiste la seule unité de ces peuples, promettant l’entente future. […] De toutes parts on reconnaît la nécessité de revenir aux anciens ; mais en prenant modèle sur les restes de leur poésie dramatique la tragédie classique française paraît s’être trompée.
« Le genêt rajeuni balançait ses branches fleuries semblables à des rayons qui lanceraient des parfums ; et le soleil avait tant de force qu’on entendait déjà au midi, dans le pré, chanter le grillon noir dont la carapace est sculptée de signes étranges… » Mais ils se sont égarés en quelque ancien chemin abandonné, creux comme un lit de torrent, et « où les racines des vieux chênes mettaient à la hauteur du front des passants le geste menaçant de leurs griffes tortueuses, de leurs serres noires ouvertes… » Arrivés, un peu effrayés, à la forêt, ils se sont enfoncés en quelqu’une de ces « cavernes glauques que formaient les trouées de verdure où s’entassait la fraîcheur ». […] La femme restée seule vivante sur la colline du sacrifice croit voir, dans une sorte de songe éveillé, le Christ descendre de sa croix : l’ancien crucifié vient donner au crucifié nouveau le baiser de paix.
Ces hypermnésies sont causées tantôt par une circulation fébrile du sang, qui donne une activité anormale à certaines portions du cerveau ou à certains systèmes de réflexes, tantôt par une régression qui, ayant détruit les souvenirs plus récents, ramène à la lumière des couches profondes et oubliées : par exemple des impressions et passions de la jeunesse, des croyances anciennes auxquelles il semble qu’on revient par une sorte de conversion. […] Les idées, dérivées de son ancienne expérience, qui paraissent s’être éveillées les premières, étaient liées à deux sujets qui avaient fait sur elle une forte impression : sa chute dans la rivière et une affaire d’amour.
La maladie, avant de tuer quelqu’un, apporte à son corps de l’inconnu, de l’étranger, du non-lui, en fait une espèce de nouvel être, dans lequel il faut chercher l’ancien… celui dont la silhouette animée et affectueuse n’est déjà plus. […] cette pénalité du silence continu, ce perfectionnement pénitentiaire, auquel l’Europe n’a pas osé cependant emprunter ses coups de fouet sur les épaules nues de la femme, cette torture sèche, ce châtiment hypocrite allant au-delà de la peine édictée par les magistrats et tuant pour toujours la raison de la femme condamnée à un nombre limité d’années de prison, ce régime américain et non français, ce système Auburn, j’ai travaillé à le combattre avec un peu de l’encre indignée qui, au xviiie siècle, a fait rayer la torture de notre ancien droit criminel.
Une jeune femme qui vient de faire un mariage très riche, disait à une cousine à moi : « Oui, oui, c’était l’ancien jeu… du temps que les parents mariaient leurs enfants… Maintenant nous nous marions nous-mêmes. » Et nommant son mari, un voisin de campagne, elle ajoute : « Voilà deux ans que je le roulais… Je m’étais dit qu’il serait mon mari… ah ! […] Ce qu’il y a de suprêmement défunt, par exemple, c’est le type de l’ancienne femme du monde parisienne.
Enfin qu’il s’agisse de l’effronterie d’un gamin ou d’une vue d’ensemble sur la vie monastique, de la manie d’un ancien capitaine à pronostiquer le temps, ou d’une redoutable crise de conscience, du spectacle funèbre d’un pendu épouvantant ses commensaux ailés des soubresauts dont l’anime le vent dans la nuit sur une plage, ou d’une considération historique sur la Convention, de plaintes sur la mort ou d’exultations sur la vie, M. […] Les remords de conscience lui paraissent aussi anciens que le crime.
Les anciens avaient senti et exprimé ce mystère. […] Ma vieille jument pressait le pas ; elle gravissait le chemin creux qui monte du ruisseau vers le tertre du château ; les jeunes étalons, les mères et les poulains qui paissaient dans les prés voisins accouraient au bruit de ses pas sur les pierres ; ils passaient leurs têtes au-dessus des haies qui bordent le sentier, ils la saluaient de leurs hennissements et la suivaient derrière les buissons en galopant, comme pour faire fête à leur ancienne compagne de prairies.
L’esprit est si naturellement enclin à la méconnaître qu’on retombera inévitablement dans les anciens errements si l’on ne se soumet à une discipline rigoureuse, dont nous allons formuler les règles principales, corollaires de la précédente. […] VIII. — Plus généralement encore, on dit, non moins faussement, que les religions anciennes sont amorales ou immorales.
Il n’y a pas de rues dans ces Chansons des rues, et les bois, dans ces Chansons des bois, sont d’anciens bois connus, parcourus, — des bois littéraires et mythologiques. […] Hugo va plus loin que toutes les politiques anciennes et modernes.
C’est la réplique, par la nature, aux choses morales et religieuses de l’ancien monde qui croyait à Dieu, et aux chagrins de l’âme immortelle, et, pour un matérialiste comme M. […] Zola, qui est un écrivain, non pas sans esprit, mais sans spiritualité, comme l’époque à laquelle appartient sa jeunesse, ne fait point de littérature spirituelle et morale, et Racine, qui était de cette ancienne littérature, ne comprendrait rien probablement, s’il le lisait, à L’Assommoir.
C’est un archéologue qui se permet d’avoir du style, ce qui est assez audacieux pour un archéologue, et qui publie encore en ce moment un livre très-savant et très-intéressant sur les sépultures de l’ancienne Égypte. […] Il est resté à son ancienne place ; il n’a pu s’enlever.
Déchelette élevait le monument de notre plus ancienne histoire. […] Pierre de Rozières est tombé le même jour et au même endroit qu’Hugues de Castelnau qui faisait partie, lui aussi, de cette 70e division de Lorraine où son père le général de Castelnau a laissé tant de souvenirs parmi les anciens du 37me de Nancy, versés au 237e et au 360e.
Il ne serait pas juste que le poète si charmant qui vient d’être enlevé disparût sans recevoir, même au milieu de ce qui a été dit et de ce qui se dira de vrai et de senti sur son talent, quelques mots particuliers d’adieu de la part d’un ancien ami, d’un témoin de ses premiers pas.
« Nous jasions l’ennemi, et il nous usait. » Æquabat mutua Mavors funera, comme disaient les anciens Épiques.
Mais, pour ne point passer d’un extrême à l’autre, qu’on nous permette de bien maintenir d’abord le premier, l’ancien Fléchier et ses titres à jamais durables dans l’histoire de notre littérature.
Jouffroy s’est-il résigné si docilement à ce point de vue ascétique ; pourquoi n’a-t-il pas secoué davantage le joug de l’ancien dogme ?
Député de la Virginie à l’ancien Congrès, nommé avec John Adams, Franklin, Sherman et Livingston, du comité pour la déclaration de l’indépendance, il en rédigea l’admirable manifeste, frontispice d’une politique de droiture et de vérité, exposé pour la première fois au monde.
Va donc, et laisse au loin les ronces dispersées, La paille du vieux nid, les chansons du loisir ; Qu’il ne te reste rien des anciennes pensées, Rien qu’un germe fécond de vie et de désir.
Il arrive précisément la même chose dans la tête du Parisien qui applaudit Iphigénie en Aulide, et dans celle de l’Écossais qui admire l’histoire de ses anciens rois, Macbeth et Duncan.
De cette pensée vulgaire parmi les apologistes du christianisme : « tous les prophètes de l’Ancien Testament ont annoncé le Christ », un prédicateur anonyme tire tout un sermon par l’énumération de ces prophètes ; le moyen âge, à son tour, agrandissant le cadre, fait sortir du sermon le drame des Prophètes du Christ, où jusqu’à vingt-sept personnages défilèrent successivement en annonçant le Sauveur.
Elle tient au lyrisme par des rythmes et un mouvement de chansons : elle s’imprègne fortement, de satire, tantôt personnelle comme dans les ïambes des anciens Grecs, tantôt sociale ou politique, comme dans les comédies d’Aristophane, et tantôt purement morale, comme dans les satires d’Horace ou de Juvénal.
La querelle des anciens et des modernes, Marivaux et Lesage, La Chaussée, Diderot et Rousseau nous font passer de Boileau à Chateaubriand, du goût classique au romantique, sans peine, sans heurt et sans lacune.
Comme Ney, comme Labédoyère, Wolfgang se rallie irrésistiblement à son ancien maître.
S’ils cherchent par-delà tout Évangile précis à cette heure où tous lès Évangiles tombent en ruines une religion qui satisfasse à la fois leur cœur et leur raison dans le fonds commun de toutes les religions et de toutes les métaphysiques, dans le frisson de mystère dont certaines questions ont toujours fait frémir toute l’humanité, dans les hiéroglyphes de l’ancienne Egypte, dans les grimoires de Paracelse et dans les méditations de Spinoza ne les condamnez pas si vite : êtes-vous bien sûr qu’ils aient tort ?
Le prince Hermann, sous l’influence d’une touchante aventurière, la jeune Frida de Thalberg, ancienne amie et élève de la socialiste internationaliste Audotia Latanief, est un roi très moderne.
. — On reprend les anciennes habitudes. — Humeur de madame de Maintenon. — Explication entre elle et Madame de Montespan.
ce devoir, que d’anciens souvenirs et des souvenirs récents m’annonçaient si pénible, de quel effort inutile et irrité je m’efforçais de le transformer en plaisir… Cet écrivain est mort et même, Lazare que Jésus ne visitera point, il sent déjà mauvais.
Son ancienne logique croule.
Des dieux nouveaux interviennent, qui désarment les dieux anciens et les dépossèdent de leur règne inique.
Un tel procédé se retrouve dans l’ancienne poésie italienne.
. — Comme les symbolistes devaient beaucoup aux parnassiens, les humanistes, — et sous cette dénomination on peut ranger tous les jeunes poètes qui ne sont pas à proprement parler parnassiens ou symbolistes, — doivent tous quelque chose à ces derniers, parmi lesquels certains d’entre eux comptent d’anciennes et précieuses amitiés.
Chaque jour, avec cette passion que comprendront les archéologues et les poètes, il explorait quelque ancien édifice démoli.
Les anciens avoient envisagé le théâtre en général, mais ils n’étoient point descendus à des détails nécessaires à ceux qui veulent courir cette carrière dangereuse.
Un autre médecin célèbre, Georget, quoique très organicien, confirme l’opinion d’Esquirol ; il insiste sur ce point important, que les altérations ne se rencontrent que dans des folies déjà anciennes, et que, lorsque les aliénés succombent promptement, les organes intellectuels ne présentent rien de bien remarquable et qui ne puisse se retrouver également chez les hommes de l’esprit le plus sain36.
Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit.
Il y a un Roman plus ancien que ceux du prolixe la Calprenede ; & qui quoique plus négligé pour le style, fait encore les délices de plusieurs gens de goût.
— Mon Dieu, répondit-elle, la lecture de Fanny a fortifié cette conviction déjà ancienne chez moi : que les Allemands écrivent pour leurs femmes, et les Français pour leurs maîtresses.
Mais elle a la modération, pleine d’un ancien bon goût, étonnant avec ses attitudes, de n’envoyer de cartel à personne, tandis que la femme la plus joliment blonde et ronde du bas-bleuisme contemporain (Mme Olympe Audouard) a, un jour, proposé un duel à un directeur de journal qui s’amusa beaucoup de cette bravacherie !
Les reins de son esprit sont soudés, et c’est l’institutrice qui se dégage avec le plus de netteté de tout l’ensemble de ses livres, à cette Enseignante, — il faut bien le dire, un peu cuistre, — qui professe l’instruction obligatoire et la morale indépendante et qui écrit des romans pour élargir, à la mesure d’un plus grand cercle, la petite classe qu’elle faisait peut-être autrefois, et pour, de cette manière, continuer son ancien et rogue plaisir de professer.
VII Les anciens ont aimé les spectacles ; l’Histoire nous dit avec quelle fureur.
Vous vous rappelez l’aimable Joubert, le délicat des délicats, ce platonicien meilleur que Platon, qui sentait l’antiquité en maître et qui a déjà l’air d’un ancien, quoiqu’il soit d’hier ?
Personne ne se souvenait qu’il y avait une traduction de Shakespeare par Guizot, faite en des temps anciens déjà… un à peu près de traduction, une toute de Shakespeare, le barbare chevelu, et de Le tourneur, ce second Barbare qui avait traduit le premier.
Coutume sublime, qui n’était pas particulière à la maison de Montesquieu, mais qui était la coutume des anciennes maisons chrétiennes d’un pays qui aimait les pauvres comme Jésus-Christ lui-même, et qui, en donnant un pauvre pour parrain à leurs enfants, croyaient leur donner Jésus-Christ Ainsi, nous apprend Louis Vian (qui nous apprend bien d’autres choses encore, dans cette biographie étincelante de mille détails neufs), fut baptisé Montaigne, le comte de Beauvais et Buffon.
C’est une mort de grand seigneur d’une espèce perdue, qu’il faut apprécier avec l’esprit des anciens jours.
Seulement, il n’en resta pas moins deux vestiges de l’ancienne discipline, dit avec raison M. de Meaux : « L’Église revendiquait le condamné pour le soustraire à la mort s’il se rétractait, sinon elle le livrait au juge séculier, le ministère ecclésiastique étant incompatible avec l’effusion du sang. » L’immense Mère des âmes ne se démentait pas !
Dans ce misérable passé qu’abhorre naturellement l’ancien rédacteur de La Presse, les lettres ont tenu trop de place, et elles en tiendront trop peu dans l’avenir qu’il rêve pour qu’en conscience et de bonne foi il estime beaucoup cette vieille amusette des sociétés qui eurent de l’âme et de nobles loisirs.
Il y a d’autres causes d’une gloire si vite consentie dans le détail desquelles nous pourrions entrer, et l’une d’elles, sans aller plus loin, c’est cet amour des faits qui a succédé chez nous à l’ancien amour des idées.
… c’est l’ancienne redite d’une métempsychose progressive, à laquelle la Philosophie revient, — comme la vieillesse revient à l’enfance.
Voilà l’homme, — le seul homme calme, comme un Ancien, d’un temps ivre de vin de Champagne et de pire encore ; voilà le Buffon que M.
Prêtre égaré par un bon motif, je le veux bien, mais égaré pourtant, il a spéculé sur le fond de la tendresse humaine pour faire aimer son Dieu, en montrant l’homme aux âmes déjà si pleines de l’homme, qu’elles s’en vont faiblissant dans leur ancien amour de Dieu !
Il y a d’autres causes d’une gloire si vite consentie, dans le détail desquelles nous pourrions entrer, et l’une d’elles, sans aller plus loin, c’est cet amour des faits qui a succédé chez nous à l’ancien amour des idées.
Son passé, son ancienne élévation ministérielle, ses relations de monde et d’école, son titre littéraire d’académicien, tout, jusqu’à sa position de vaincu politique, — car, en France, c’est parfois une assez belle position que celle-là, — facilite merveilleusement la diffusion actuelle de ses idées et de ses écrits.
Mais il n’écrivait plus ; il avait donné sa démission de la littérature… L’ancien éventailliste du premier Figaro, dégoûté des Célimènes et des journaux pour lesquels il avait travaillé, dégoûté même des livres qu’il avait écrits, dégoûté des philosophies par lesquelles il avait passé, s’était fait chrétien pour en finir avec tous ces dégoûts, qui sont les égouts de nos cœurs… Il était devenu chrétien, — mais le christianisme de Brucker n’était pas ce haut balcon d’où l’on peut cracher sur le monde méprisé.
Quoiqu’il se pose, comme je l’ai dit plus haut, plus en narrateur qu’en jugeur en narrateur à la manière des anciens et de Quintilien (ses maîtres, dit-il), et qu’il s’enferme, avec un mépris étonnant pour les idées générales, dans la rhétorique d’un païen, après deux mille ans de christianisme, il n’en juge pas moins le xve siècle avec le bon sens, qui déduit, d’un moderne, et l’orthodoxie d’un prêtre.
Lui, le byronien des anciens jours, n’a gardé de son byronisme que les nuances humaines qui appartiennent à toutes les âmes, car Byron, dont l’admiration a fait une manière, et à qui l’affectation en avait donné une, n’est plus qu’humain dans la partie vraiment supérieure de ses œuvres, dans la partie qui ne croulera pas.
Les Romantiques de 1830, qui ont tant tourné et retourné le xvie siècle, avaient trouvé, au milieu des os et des armures de cet ancien champ de batailles et de poésie, cette espèce de torse à la Michel-Ange, en corselet, qu’on appelle Agrippa d’Aubigné, — le poète-capitaine, — et ils avaient jeté un cri d’admiration devant la grande tournure de ses vers… Ce fut une surprise ; il était à peu près tombé dans l’oubli.
C’est, en effet, un esprit musqué qu’Aubryet, et si ce mot de musqué, qui ne représente plus qu’un ancien parfum démodé, offense sa délicatesse élégante de parisien, disons de lui qu’il a de l’opoponax dans le talent, et il ne se fâchera plus.
On reconnaît en lui la rancune de cette Revue, qui se souvient de ses anciens procès avec Balzac quand il s’agit de lui faire le sien.
L’autre Mérimée, l’homme de la double vocation, l’historien et l’antiquaire viendront ailleurs… En ces derniers temps, celui-ci a publié deux livres d’histoire, où la vocation de l’ancien romancier, — indécise comme toute vocation partagée, — se trahit encore dans le choix des sujets qu’il a essayé de traiter.
Tout le monde connaît les anciennes et singulières productions de Brueghel le Drôle, qu’il ne faut pas confondre, ainsi que l’ont fait plusieurs écrivains, avec Brueghel d’Enfer.
Les orateurs de l’ancienne Grèce défendaient, tout en parlant, de grands intérêts.
Tel est cet orateur célèbre, qui par ses beautés et ses défauts, a le plus grand caractère du génie, et avec lequel tous les orateurs anciens et modernes n’ont rien de commun.
James Sully vérifie ce propos très ancien qu’il est rare que ceux qui écrivent sur la gaieté l’inspirent beaucoup. […] Lessing l’a exalté pour l’opposer à Voltaire, Letourneur pour l’opposer aussi à Voltaire, les romantiques pour l’opposer à tous les classiques français et anciens et pour se donner un ancêtre ; les classiques à leur tour (universitaires français) pour l’opposer aux romantiques eux-mêmes et pour leur prouver qu’ils ne savaient pas leur métier, même de romantiques. […] Faites ce que Nietzsche appelle un renversement des valeurs : l’intérêt que les anciens critiques attachaient à Titus, attachez-le à Bérénice ; et vous verrez tout de suite que la pièce changera d’aspect et que, de simple élégie dialoguée, elle se transformera pour vous en drame et en drame plein d’une action forte et terrible. […] Corneille, dès qu’il a été en présence de ce sujet, a dû le trouver excellemment cornélien, à tous les points de vue, au point de vue ancien et au point de vue nouveau, au point de vue du Corneille de 1640 et au point de vue du Corneille de 1670. […] Car n’est-il pas vrai que « les auteurs classiques du dix-septième siècle semblent avoir ignoré les richesses des anciens Mystères ?
L’autre cas, celui où les lois sont très fixes, très rarement changées et où un respect religieux s’attache aux lois anciennes est certainement ce qu’on peut appeler le gouvernement de la loi ou le gouvernement des Lois ; mais, chose remarquable, il n’inspire pas beaucoup plus de respect que l’autre à Platon et il excite tout autant sa verve, sa raillerie et cette ironie éloquente où il excelle. […] Quoi qu’il en soit, Platon doute beaucoup que ce soit très raisonnable de faire gouverner un État par des lois fixes, arrêtées, anciennes et qui ne changent point tous les jours. […] Rien n’est plus conforme à la vérité, à la droite raison et au bon ordre que l’ancienne maxime qui dit que l’égalité engendre l’amitié. […] Les anciens philosophes grecs étaient tous convaincus de cette idée qui n’est pas si fausse, du reste, que tant qu’on ne comprend pas l’ensemble on ne comprend aucun détail, et que tant qu’on ne comprend pas tout on ne comprend rien. […] De quelque façon qu’on prenne cette théorie, il en restera toujours ceci que la connaissance n’est pas individuelle, qu’elle est un patrimoine commun de l’humanité, laquelle tient ce patrimoine de ses plus anciens ancêtres, lesquels le tenaient, de qui ?
Il faut, pour qu’il cède à sa passion, toujours très forte du reste, que la voix autorisée de ses anciens et de ses maîtres l’ait rassuré, ait dissipé ses hésitations et ses scrupules. […] Décidément, c’est bien Oscar, et dans des temps très anciens. […] La grève des cinquièmes actes contemporains a remplacé l’antique sédition et le duel ancien. […] Au nom de nos amours anciennes, souris aux leurs. […] J’ai cru très bien remarquer que le public le trouvait trop puni et que, quand il a vu Suzanne revenir, il a espéré et souhaité un raccommodement des deux anciens époux.
Descendu du pouvoir qui n’a pu ni l’éblouir ni le changer, il est encore aujourd’hui ce qu’il était autrefois, ce qu’il sera toujours, — un journaliste, — un journaliste toujours prêt à défendre, — contre des bourgeois, anciens libéraux convertis, — les prérogatives de la pensée et l’initiative de l’esprit humain. […] La première qualité de l’ancienne école Italienne était le far presto, avec cette distinction importante que, chez elle, faire vite, c’était faire bien. […] Aujourd’hui, rien ne s’oppose à ce que l’ancien titulaire reprenne des fonctions où il n’a pas été remplacé, et son successeur peut se donner un repos bien, mérité et utiliser ses loisirs en étudiant la grammaire. […] Viennet est un homme d’esprit et un ancien capitaine de dragons, qui veut bien nous apprendre, dans cette satire devenue rapidement célèbre, que Boileau l’a mis en sentinelle à la porte du dix-neuvième siècle, avec la consigne de veiller sur la langue française. […] Après tout, cela m’est égal mais qu’est-ce que M. de Saint-Victor a donc voulu dire avec ces « mots gelés qui vous envoient a la face les étoupes enflammées des anciens tréteaux » ?
Du milieu plus pur et plus heureux qu’ils habitent désormais, il leur plaît peut-être de jeter les yeux, ce jour-là, sur leurs anciennes demeures et d’écouter parler leurs fidèles amis. […] C’est Julie qui nous avait interrompus en nous demandant de loi expliquer ce que c’était que le columbarium des anciens. […] Il ne paraît pas que ce monument ait été jamais autre chose qu’une cave ; on ne trouve, au fond, aucune ouverture indiquant que l’on soit de niveau avec l’ancien sol. […] Mais dans les anciens comme dans les modernes qui les ont imitées ou reproduites, ces apparitions n’ont pas le caractère purement métaphysique que Goethe leur a donné. […] Cet ancien ami de M. de Latouche était devenu le mien.
. — Différence des réalistes anciens et des réalistes modernes. — Ses œuvres […] La séve de la pensée humaine, abandonnant les anciennes branches qui sèchent, vient affluer dans des rameaux inaperçus qu’elle fait tout d’un coup végéter et verdir, et les fruits qu’elle y développe témoignent à la fois de la température environnante et de la souche natale. […] Every man in his humour, ce titre d’une comédie du vieux Ben Jonson indique combien ce goût, chez eux, est ancien et national. […] Nos anciennes éditions françaises suppriment tous ces détails caractéristiques.
16 janvier Peu de gens connaissent ce grand bonheur de regarder des dessins anciens, en fumant des cigares opiacés : c’est mêler le nuage de la ligne au rêve de la fumée. […] On voit par cette citation comme, dans la littérature ancienne, le regret de la patrie, chez un mourant, est pris dans ce que la patrie a de plus général, de moins défini. […] Donc ce qui différencie le plus radicalement la littérature moderne de la littérature ancienne : c’est le remplacement de la généralité par la particularité. […] 17 novembre Rien d’une volupté discrète comme l’ancien cachemire.
Beaucoup d’anciens voyageurs ont jugé à propos d’orner l’histoire du curare d’une foule de récits plus ou moins fabuleux, que nous devons passer sous silence pour ne nous arrêter qu’aux renseignements qui ont un caractère scientifique. […] Cette opinion, à laquelle s’étaient arrêtés d’anciens physiologistes, est aujourd’hui contredite par l’anatomie, qui nous montre que le cœur reçoit dans son tissu un grand nombre de rameaux nerveux. […] Les anciens croyaient que l’état de sommeil était la conséquence d’une compression opérée sur le cerveau par le sang lorsque sa circulation se ralentit. […] La production de la chaleur dans les êtres vivants est un fait constaté dès la plus haute antiquité ; mais les anciens eurent des idées fausses sur l’origine de la chaleur : ils l’attribuèrent à une puissance organique innée ayant son siège dans le cœur, foyer où bouillonnent le sang et les passions. […] Les anciens ont pensé ainsi : ils opposaient le monde vivant, où tout est sujet au changement et à la mort, au monde sidéral, immuable et incorruptible.
J’ai peine à comprendre comment il se peut que mes plus anciens souvenirs soient d’une nature aussi compliquée. […] C’est aussi le plus ancien souvenir que j’ai de ma mère. […] La plus ancienne entrevue avec mon père dont je me souvienne, fut plutôt froide ; la voix du sang ne parla pas du tout en moi. […] Carlotta, c’était toujours Giselle, et l’ivresse ancienne des succès, liés aux triomphes de la Wili, s’évoquait à ce seul nom et ne finissait pas. […] Tout ce qui était ancien m’attirait et me retenait des heures en contemplation.
On n’a pas assez remarqué ce caractère de l’esprit de Mme Sand dans ses anciennes œuvres. […] Le dénouement est, on le voit, tout l’opposé de l’ancien roman. […] Après la période de dévotion et d’extase qu’elle avait traversée au couvent des Anglaises et les années qui suivirent, avec des oscillations diverses terminées un jour par une rupture avec la foi ancienne, elle avait eu de grandes perplexités et de grands abattements. […] Prenons garde, le roman selon George Sand, c’est le vrai roman national ; si nous en croyons les interprètes des origines de notre littérature10, il est né des anciennes chansons de geste ; il est de la même famille que la poésie ; et qui pourra d’ailleurs démontrer qu’on a tort de le comprendre ainsi ? […] C’est le roman qui tient alors la place qu’occupaient autrefois les livres de controverse dans les siècles anciens ou les grandes questions de critique et de rénovation sociale au dernier siècle.
Le frère auquel elle écrivait était un ancien soldat qui avait servi sous l’Empire dans les guerres d’Espagne et qui avait été ensuite prisonnier en Angleterre sur les pontons d’Écosse. […] Te relever, te grandir jour par jour ; — faire rougir ou du moins attendrir ceux qui nous ont dédaignés, les rendre même fiers d’être nos alliés ou nos anciens amis, il y a encore là de quoi bénir la vie. » La fleur des sentiments pieux les plus délicats ne s’est fanée ni ternie un seul instant durant cette vie errante.
Le gouvernement provisoire lui avait remis, à ma requête, le ministère de la guerre et le commandement général de toutes les troupes militaires ou civiles : quatre-vingt mille hommes de toutes armes dans Paris ou dans le rayon de Paris ; seize mille hommes de gardes mobiles, jeunesse intrépide de la capitale, formée par moi-même dans la nuit du 24 février, et brûlant de se signaler par un service héroïque à l’ordre ; la garde républicaine à pied et à cheval, vigoureuse élite de l’ancienne gendarmerie de Paris ; enfin trois cent mille hommes à peu près de garde nationale, dont la majorité était disposée à défendre au moins ses foyers et ceux des citoyens : en tout environ quatre cent mille baïonnettes, dont cent vingt mille au moins de troupes de ligne. […] « Le duc de Chartres s’était fait accepter des anciens soldats comme prince, des nouveaux comme patriote, de tous comme camarade.
monsieur, il nous restait le châtaignier, notre père nourricier d’âge en âge, et le vaste espace d’herbe fine et de mousse broutées qui s’étend sous son ombre et sur ses racines… C’est-à-dire, continua-t-il en se reprenant, que le châtaignier, principale source du revenu du domaine des Zampognari, avait été partagé en quatre parties par les arpenteurs arbitres : le tronc de l’arbre avec toutes les branches qui regardent le nord, le couchant, le matin, appartenaient au sbire, représentant de nos anciens parents ; ils pouvaient en faire ce qui leur conviendrait, même l’étroncher en partie s’il leur paraissait nuisible ; mais tous les fruits qui tomberaient ou que nous abattrions des vastes branches qui regardent le midi et qui s’étendent comme des bras sur la pelouse, sur la cour et sur le toit de la maison, étaient à nous. […] Voilà ce que l’on disait dans les montagnes du père Hilario ; mais lui, il n’en disait jamais un mot dans ses entretiens avec nous ; on eût dit que san Francisco lui avait ôté la mémoire de ses amours ou qu’il lui avait mis le doigt du silence sur les lèvres ; il ne parlait jamais que de nous, des anciens de la cabane qu’il avait connus, des mariages, des naissances, des morts de la famille, de l’abondance ou de la rareté des châtaignes, du prix de l’huile pour les lampes du sanctuaire, et quelquefois des révolutions qui se passaient là-bas dans les plaines, à Florence, à Sienne, à Rome ou à Lucques.
CXIV Un jour que nous étions sans défiance, ma sœur auprès de sa quenouille sur le seuil de la cabane ; moi occupé à tresser des nattes de sparteria avec des joncs devant la porte, assis au soleil ; Hyeronimo à retourner les figues qui séchaient sur le toit ; Fior d’Aliza et le chien, à garder ses chèvres et ses chevreaux, bien loin derrière les châtaigniers, dans les bruyères qui touchent à notre ancien champ de maïs, sa chèvre entraîna par son exemple ses chevreaux à descendre du rocher dans le maïs et à brouter les mauvaises herbes entre les cannes déjà mûres ; cela ne faisait aucun mal, monsieur, car les feuilles des cannes étaient déjà jaunes et sèches, et les chevreaux ne les mordillaient seulement pas ; le petit chien Zampogna s’amusait innocemment à courir à travers les cannes après les alouettes, et à revenir tout joyeux vers Fior d’Aliza qui lui jetait des noisettes pour les lui faire rapporter dans son tablier. […] CXXXIII — Je leur dis alors, comme on parle dans le délire de la fièvre, tout ce qu’on peut dire quand on a perdu sa raison et qu’on n’écoute rien de ce qui combat votre folie par des raisons, des caresses ou des menaces, que mon parti était pris ; que si Hyeronimo devait mourir, il valait autant que je mourusse avec lui, car je sentais bien que ma vie serait coupée avec la sienne ; que des deux manières ils seraient également privés de leurs deux enfants ; que, vivant, il aurait peut-être besoin de moi là-bas ; que, mourant, il lui serait doux de me charger au moins pour eux de son dernier soupir et de prier en voyant un regard de sœur le congédier de l’échafaud et le suivre au ciel ; que la Providence était grande, qu’elle se servait des plus vils et des plus faibles instruments pour faire des miracles de sa bonté ; que je l’avais bien vu dans notre Bible, dont ma tante nous disait le dimanche des histoires ; que Joseph dans son puits avait bien été sauvé par la compassion du plus jeune de ses frères ; que Daniel dans sa fosse avait bien été épargné par les lions, enfin tant d’autres exemples de l’Ancien Testament ; que j’étais décidée à ne pas abandonner, sans le suivre, ce frère de mon cœur, la chair de ma chair, le regard de mes yeux, la vie de ma vie ; qu’il fallait me laisser suivre ma résolution, bonne ou mauvaise, comme on laisse suivre la pente à la pierre détachée par le pas des chevreaux, qui roule par son poids du haut de la montagne, quand même elle doit se briser en bas ; que toutes leurs larmes, tous leurs baisers, toutes leurs paroles n’y feraient rien, et que, si je ne me sauvais pas aujourd’hui, je me sauverais demain, et que peut-être je me sauverais alors trop tard pour assister le pauvre Hyeronimo.
Celui qui, dans ce temps-là, sur les ruines des temples du christianisme, en rappelait l’ancienne gloire, eût-il pu deviner qu’à peine arrivé au terme de son travail, il verrait se rouvrir ces mêmes temples sous les auspices d’un grand homme ? […] Rien ne me pressait ; je ne fixai point le moment du départ, afin de savourer à longs traits les derniers moments de l’existence, et de recueillir toutes mes forces, à l’exemple d’un ancien, pour sentir mon âme s’échapper.
Dans les Revenants, Mme Alving, dont la vie a été jusque-là une vie de foi et d’immolation chrétienne, bouleversée par l’atroce injustice de la destinée d’un fils condamné à la maladie et à la folie par les vices de son père, secoue subitement le joug de ses anciennes croyances et, du premier coup, va si loin dans cette indépendance retrouvée que, à un moment, elle n’hésite pas à pousser dans les bras du malade une servante qu’elle sait être sa sœur naturelle. […] Dans _Rosmersholm_, Rosmer, descendant d’une vieille famille très fermement religieuse, a recueilli chez lui une jeune fille libre penseuse et révolutionnaire, Rébecca, dont il subit l’influence jusqu’à renier ses anciennes croyances et embrasser, comme on dit, les « idées nouvelles ».
Cet ancien souvenir les rapprocha. […] Il épousa en 1807, à l’âge de vingt-trois ans, Mlle de Comberousse, fille du président du Conseil des Anciens : ce fut un mariage d’amour.
Permettez-moi maintenant de reproduire, avec quelques modifications, la réponse déjà ancienne que j’avais faite à l’enquête sur la « Théâtromanie » de M. […] La vogue est aux pièces calquées sur d’anciens ouvrages, adornées de mots d’esprit que trois générations de souffleurs ont soufflés à quatre générations de comédiens.
C’était un charme aimable, l’ancienne musique ; on créait une vie légère, on ordonnait des créations de vie légère, et aux auditeurs étaient des visions douces, agréantes, aisées ; les symphonistes ne rêvaient point de symphonies fantastiques, et l’opéra ne voulait pas être une épopée nationale. […] Programme au prélude de Tristan et Isolde Un ancien poème, inextinguiblement renouvelé, rechanté dans tous les langages du Moyen Age européen, un originel poème d’amour nous dit de Tristan et Isolde.
Marguerite a eu autrefois pour amant un jeune comte qui est resté « un ancien ami à elle », comme dit la Bettine d’Alfred de Musset. […] Marguerite, dans sa vie nouvelle, garde les instincts et suit les pratiques de son ancienne industrie.
Elles feraient elles-mêmes partie de ce développement dont elles constitueraient simplement des phases plus anciennes. […] À quelques exceptions près, dont Montesquieu est le plus illustre exemple, l’ancienne philosophie de l’histoire s’est uniquement attachée à découvrir le sens général dans lequel s’oriente l’humanité, sans chercher à relier les phases de cette évolution à aucune condition concomitante.
C’est l’ancien titre que l’éditeur Didier a rétabli, et nous le regrettons. […] Le volume est élégant, mignon, dandy, parfaitement digne d’être acheté par les princes de la Bohême, s’ils payaient jamais quelque chose, et s’il y avait encore des princes dans la Bohême, qui, depuis la mort de Balzac, l’incomparable historien, a perdu son ancienne aristocratie.
D’autres, à la suite de ce Grec retrouvé qui se nomme André Chénier, eussent voulu recréer et former, à leur usage, dans un coin de notre société industrieuse, une petite colonie de l’ancienne Grèce ; ils aimaient les fêtes, la molle orgie couronnée de roses, les festins avec chants, les pleurs de Camille, et la réconciliation facile ; chaque matin une élégie, chaque soir une poursuite et une tendresse.
Mais si Bossuet pourtant s’oublie dans une oraison funèbre jusqu’à faire de l’ancien secrétaire d’État Le Tellier, de cet homme d’esprit doucereux et fin, une majestueuse figure de chef de justice et un pendant de L’Hôpital, on n’est pas fâché d’entendre l’abbé de Saint-Pierre réduire la figure à ses justes proportions, et mettant, comme on dit vulgairement, les pieds dans le plat, nous dire crûment : Il (Le Tellier) n’eut durant sa vie que le même but qu’ont les hommes du commun dans la leur, et ce but fut d’enrichir sa famille et d’augmenter son pouvoir tous les jours par des charges, par des emplois, par des alliances, par des richesses, par des dignités et surtout par la faveur du roi.
Les Anciens dans leurs comparaisons excellaient à cette généreuse liberté des détails ; et si les modernes, par suite de l’esprit croissant d’analyse, ont dû se ranger à plus de précision, il ne faudrait jamais que cela devînt d’une rigueur mécanique appliquée aux choses de la pensée.
Les anciens Perses dans leur mythologie appellent l’Esprit du mal Celui qui dit toujours non ; eh bien !
Il s’est, dans son nouveau rôle, posé en adversaire contre son ancienne idée qu’il s’occupe beaucoup trop de combattre face à face pour en être tout à fait guéri.
C’est ce qu’Horace recommande dans son Art poétique, lorsqu’il dit : « Il est permis, et il le sera toujours, de donner cours à des mots nouveaux dans la langue ; et comme lorsque les bois changent de feuilles, les premières tombent pour faire place aux suivantes, de même les mots anciens s’usent par le temps, tandis que les nouveaux ont toute la fraîcheur et toute la force de la jeunesse. » Ce serait nuire au style français que d’établir qu’il n’est pas permis de se servir à présent d’un mot qui ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l’Académie.
. — Telle est cette race, la plus attique des modernes, moins poétique que l’ancienne, mais aussi fine, d’un esprit exquis plutôt que grand, douée plutôt de goût que de génie, sensuelle, mais sans grossièreté ni fougue, point morale, mais sociable et douce, point réfléchie, mais capable d’atteindre les idées, toutes les idées, et les plus hautes, à travers le badinage et la gaieté.
Ils ont pris simplement le contre-pied de l’ancienne, et notre poésie, entre les oripeaux et les guenilles, attend encore le vêtement qui lui convient.
Regardez les costumes des méchants drames qu’on joue dans les dernières années de l’ancien régime : une curiosité réaliste s’y fait sentir : voyez notamment Préville en menuisier travaillant à son établi605.
Il se tua en juillet 1870 : de tout temps il avait, me dit-on, considéré le suicide comme un moyen de sortir des situations sans issue.Éditions : Du rôle de la famille dans l’éducation, 1857, in-8 ; les Anciens Partis, 1860, in-8 ; Quelques Pages d’histoire contemporaine, 4 séries. in-18, 1862-66 ; Études sur les moralistes français, 1864. in-18 ; la France nouvelle, 1868, in-18.A consulter : O.
Le souci des petites choses empêche souvent d’apercevoir les grandes ; un aigle ne s’amuse pas à prendre des mouches, disaient nos anciens.
Le monde ancien s’effondre et croule.
C’est chez lui une ancienne habitude qui remonte à douze années.
L’auteur de ce livre, si peu de choses qu’il soit, est un des plus anciens ; le Dernier jour d’un condamné date de 1828 et Claude Gueux de 1834.
Aussi l’ancienne philosophie, suivant sur ce point la doctrine d’Aristote, enseignait-elle que l’entendement n’est lié à aucun organe, à la différence des sens76.
Nous avons eu les pièces à terreur, les pièces à surprises macabres, de la parade italienne de Ruzzante nous descendons au drame chirurgical, l’ancienne scène à effet du mélodrame servie, seule, avec beaucoup d’épices et sans sauce.
Je crois même qu’ils ne pardonneraient pas à Racine, s’ils n’avaient entendu dire que Racine est un élève des anciens.
Non, dans une république aristocratique ; non, surtout si vous observez que Platon parle surtout du respect aux lois anciennes, qui ne sont, au moment présent, l’œuvre ni de la foule, ni d’une élite, mais l’œuvre du passé, l’oeuvre lente des siècles ; et vous arrivez à cette conclusion que peut-être Platon est un homme qui veut qu’un peuple soit surtout gouverné par son passé, ce qui est l’essence même de l’aristocratisme. — Vous vous trompez peut-être ; mais vous avez comparé, rapproché, contrôlé une idée par l’autre, limité ou rectifié une idée par l’autre, et vous avez goûté le plaisir qui est celui que l’on doit aller chercher chez un penseur, qui est le plaisir de penser.
Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.
L’abbé Huc, ancien missionnaire apostolitique en Chine.
Gaston de Raousset-Boulbon — d’une des familles les plus nobles et les plus anciennes de Provence — était le dernier rejeton d’une de ces races militaires qui, selon le mot du grand-duc de Guise, « doivent se bâtir des renommées sur les ruines de leur propre corps ».
Cette ressemblance par le bonheur, malgré les différences dans la manière de s’y prendre pour y arriver, entre l’ancien directeur de l’Opéra et le directeur présent de la Revue des Deux Mondes, Véron l’a si bien sentie qu’elle a décidé de sa bienveillance pour Buloz.
Grégoire XVI, qui comprenait le gouvernement comme un ancien moine, — car il n’y a personne de plus près d’un homme d’État qu’un moine, à qui la Règle a appris le commandement par l’obéissance, — Grégoire XVI, enchanté de son Délégat, le nomma, de satisfaction, archevêque de Damiette et nonce à Bruxelles.
C’est tout un monde et un monde nouveau qui se mêle à l’ancien et qui l’agite.
Leurs missions par tout l’univers, leurs conquêtes, leurs miracles, leur enseignement, leurs travaux de savants et d’apôtres, et, on peut le dire de cet ordre si profondément unitaire et qui donna au monde un modèle de gouvernement que l’ancienne Rome n’avait pas égalé, leur génie collectif, retrempé sans cesse aux sources de l’obéissance, auraient dû les préserver, à ce qu’il semblait, des coups d’un pouvoir qu’ils n’avaient jamais pensé qu’à défendre.
Mais (pour nommer les plus acceptés et les plus célèbres) Sainte-Beuve, par exemple, ce sondeur, qui avait gardé pour la littérature son ancienne sonde de carabin ; — mais Gustave Planche, cet esprit difficile et dégoûté ; — mais le bon Janin, qui, dans ses plus jolies gaîtés, avait à l’œil, perlant de son eau bête, la larme éternelle d’un Prudhomme attendri sur les honnêtes gens et la littérature honnête !
Le problème de la liberté est donc né d’un malentendu : il a été pour les modernes ce que furent, pour les anciens, les sophismes de l’école d’Élée, et comme ces sophismes eux-mêmes, il a son origine dans l’illusion par laquelle on confond succession et simultanéité, durée et étendue, qualité et quantité.
Ainsi, c’est au pied du Caucase, et dans l’ancienne patrie de Médée, que se forma l’orateur qui devait un jour étonner la Grèce.
Survient un ancien camarade de M. […] Joseph Autran l’a fait en poésie : il a assoupli l’alexandrin, ce grande seigneur, toujours un peu cérémonieux, un peu formaliste, un peu enclin à ses privilèges d’ancien régime, et il en a fait le franc et hardi compagnon de nos Africains de 1840. […] Il accréditait de son nom, de son talent et de son exemple, cette petite réaction néo-païenne, qui n’a rien de commun, Dieu merci, avec l’étude intelligente des anciens, et qui invoque Vénus en buvant le cécube et en se couronnant de roses, sous prétexte que la petite école néo-gothique a fait son temps. […] Nous savions seulement qu’il avait été, avec M. de Talleyrand, M. de Ségur, M. de Grave et quelques autres, un des types les plus brillants de l’esprit français, unissant à toutes les grâces de l’ancienne société toutes les idées de la nouvelle. […] Maintenant, comparerai-je le nouveau Tableau à l’ancien, Mercier à Edmond Texier ?
II Le poète commence son Iliade ou son récit de la chute d’Ilion (Troie) par une invocation à l’inspiration divine que les anciens appelaient la muse. […] Et si on ajoute à cette admiration que cet interprète si intelligent, si fidèle et si éloquent, décrit, parle et chante dans une langue aussi divine et aussi harmonieuse que sa pensée ; si on ajoute que cette langue cadencée et transparente comme les vagues et comme l’éther dont il est entouré dans ses paroles rythmées, l’ordre logique des idées, le nœud puissant et serré du verbe qui relie en faisceau la phrase, la clarté du plein jour sous un soleil d’Orient, la force de l’expression, la délicatesse des nuances, la saillie du marbre, la vivacité des couleurs, la sonorité des armures d’airain dans le combat, des vagues de la mer dans les cavernes du rivage, le sifflement de la tempête dans les vergues et dans les voiles, le susurrement du zéphire dans les brins d’herbe ou dans les feuilles des forêts, enfin jusqu’aux plus imperceptibles palpitations du cœur dans la poitrine des hommes, on reste confondu, en présence d’un tel prodige d’expression, de tout ce que les sens perçoivent, de tout ce que l’âme sent et pense, et l’on se demande par quel étrange phénomène le plus ancien des poètes en est en même temps le plus parfait, par quel contresens apparent le génie poétique de la Grèce sort des ténèbres le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre à la main ; et on ne peut s’empêcher de se récrier sur le blasphème ou sur la cécité de ceux qui préconisent notre vieille jeunesse au détriment de cette jeune antiquité. […] Le jour qui le fait orphelin laisse un enfant sans protecteur : sans cesse il baisse les yeux et ses joues sont mouillées de ses larmes ; dans sa pauvreté il aborde les anciens amis de son père, arrête celui-ci par son manteau, cet autre par sa tunique ; et si, touché de compassion, l’un d’eux lui tend une coupe, elle humecte à peine le bord de ses lèvres, mais son palais n’en est pas désaltéré.
« Il reprit un logement dans son ancien quartier, et s’y confina plus étroitement que jamais, n’en sortant qu’à la nuit close. […] Quand vous vous servez du mot de Seigneur, vous me faites penser à ces cardinaux anciens qui remerciaient Jupiter et tous les dieux de l’Olympe de l’élection d’un nouveau pape. […] Viguier, l’un des maîtres les plus distingués et les plus délicats de l’ancienne École normale, à qui j’avais dédié l’une des pièces (la IIe) du Recueil, après m’avoir remercié cordialement, après m’avoir dit : “Ce n’est pas un livre, c’est encore cette fois une âme vivante que vous m’avez fait lire ; telle est votre manière : entre votre talent et votre manière morale il y a intimité” ; ajoutait ces paroles que j’aurais dû peser davantage et dont j’ai vérifié depuis la justesse : « Voilà donc une phase nouvelle, un autre degré de l’échelle poétique et morale.
Est-ce que sans Vigny, Lamartine, Musset, Baudelaire, Verlaine et quelques autres anciens ou récents, on a “toute la poésie” du siècle dernier ? […] Artiste enlumineur d’anciens contes naïfs ! […] Tous ceux-là je les lis « comme des anciens grecs, latins, classiques en général », donc, peut-être, je lis « comme un vivant » celui-ci : Verlaine.
La gloire de Voltaire, plus ancienne que celle de Gœthe, est chaude encore. […] Cet esclave d’un organe unique, qui a écrit encore, dans son Voyage d’Italie, qu’il « n’aimait ni les anciens ni l’histoire, parce qu’on ne voit pas l’histoire », déclaration d’un matérialisme inférieur, sinon même grossier, ne pouvait pas rester à Weimar, trônant comme Trissotin (car il a été Trissotin comme il a été Trublet) parmi les Cathos, les Bélise et les Philaminte allemandes. […] On y naît de nouveau et l’on reporte ses regards sur ses anciennes idées, comme sur ses souliers d’enfant » L’expression est même plus jolie, pour dire une chose vraie, qu’elle n’a coutume de l’être sous cette plume solennelle et vague.
Il est bien vrai que les deux interlocuteurs rattachent le nouveau sujet de conversation à l’ancien ; ils indiqueront même les idées intermédiaires ; mais, chose curieuse, ce n’est pas toujours au même point de la conversation antérieure qu’ils rattacheront la nouvelle idée commune, et les deux séries d’associations intermédiaires pourront différer radicalement. […] Après avoir identifié Paul avec Pierre pour les besoins de la cause, vous faites reprendre à Paul son ancien poste d’observation, et il aperçoit alors la ligne MOXY complète, ce qui n’est pas étonnant, puisqu’il vient de la compléter. […] Même, nous n’avons aucune raison de lui conserver son ancien nom, sauf qu’il correspond à la même cause extérieure ou se traduit au dehors par des signes analogues : on commettrait donc une véritable pétition de principe en déduisant de la prétendue similitude des deux états que la même cause produit le même effet.
Ce père de Lamartine est un gentilhomme d’ancienne noblesse provinciale, avec tout ce que cela comporte de simplicité de mœurs et de vie patriarcale. […] Et nous allons voir ainsi se succéder l’époque primitive, patriarcale, les temps de la Bible ; nous verrons les temps anciens, nous verrons le moyen âge ; nous arriverons jusqu’à l’époque moderne ; plus loin que l’époque moderne, nous arriverons jusqu’à la fin du monde ; plus loin que la fin du monde, jusqu’au jugement dernier, et plus loin que le jugement dernier. […] Heredia, autre particularité, est un ancien élève de l’Ecole des chartes. […] Ces sonnets portent sur l’histoire ancienne, sur le moyen âge, sur la découverte de l’Amérique, sur les temps modernes. […] Notre ancienne littérature classique est tout à fait aristocratique, et si les gens ne sont seulement pas princes, on trouve que ce n’est pas la peine de s’en occuper.
Le passé est plein de mort ; de sa voix naïve il chante ses anciennes déroutes ; il parle de funérailles d’autrefois en ce pays de mer où personne n’aborda jamais ; j’entends pleurer la musique de l’histoire inconnue. […] Parmi ses fluides développements naissent de temps en temps une âpre et régulière cadence, un lourd battement ; c’est la carrure ancienne qui reparaît. […] Alors, parmi le silence désert et distinct des plateaux, s’élève une allégresse pleine de mémoire, une joie cadencée pareille à la consolation des plus anciens regrets. […] Voilà ce qu’Isabelle enferme de l’ancienne âme de Gide. […] « … Tocsin des souvenirs amoureux, ténébreux, des anciennes années. » (Ibid.
VI Dans le même temps elle se ressouvint de l’ancienne amitié qu’elle avait conçue, en 1792, pour la femme du premier consul, qui fut plus tard l’impératrice Joséphine Beauharnais. […] “Je t’aimerai toujours, s’écrie l’ardent poète, s’appropriant les vers de l’Anthologie grecque, — je t’aimerai toujours ; mais toi, chez les morts, ne bois pas, je t’en prie, à cette coupe qui te ferait oublier tes anciens amis.” »
Elle apprit par lui la fuite de Bothwell dans les îles Shetland d’où il s’était embarqué pour le Danemark, pour y reprendre, avec ses anciens écumeurs de mer, la vie de pirate et de brigand, seul refuge que lui laissait sa fortune. […] Vous êtes brave comme le meilleur de mes hommes d’armes ; et si les femmes se battaient comme aux temps anciens, j’estime que vous sauriez bien mourir. » — Il me reste à montrer, reprit-elle, à mes amis et à mes ennemis, de quel lieu je sors. » « Elle avait demandé son aumônier Préau ; on lui envoya deux ministres protestants
2 Marcelin Berthelot Ἔν τὸ πᾶν Un et tout ; c’est le symbole de la science sacrée des anciens, et c’est aussi l’expression du génie de Victor Hugo. […] Émile Zola Je salue en Victor Hugo le poète victorieux des anciens combats.
Il n'est point de Tribunal qui ne condamnât, au moins à une réparation solennelle, un Homme qui, sans avoir à se plaindre de moi, n'a pas craint de violer le droit des Gens & toutes les bienséances, en publiant sous mon nom & sans ma participation, des papiers dont les trois quarts & demi ne sont ni signés, ni avoués ; & qui a osé m'accuser publiquement sans se faire connoître, & sans apporter une seule preuve irréfragable d'avoir usurpé à un de mes anciens Amis, qui ne vit plus, une propriété que cet Ami ne m'avoit point disputée de son vivant, quoique je l'eusse publiquement défié, plus de trois ans avant sa mort, de soutenir qu'il y eût le moindre droit. […] Lorsqu'il a voulu employer celle du raisonnement, il a malheureusement donné dans des bévues qui n'ont pas échappé à nos Théologiens érudits ; ils les lui ont même reprochées amérement, & je suis obligé de convenir avec eux, d'après l'étude particuliere que j'ai faite des Langues anciennes, que M. de Voltaire n'a pas la moindre connoissance de l'Hébreu, qu'il ne fait point le Grec, & qu'il n'a pas puisé dans les sources ses Observations critiques sur Abraham, Moïse, David, Salomon, les Prophetes, les Loix, & les Mœurs Hébraïques ; je doute même qu'il ait jamais lu les Peres de l'Eglise, qu'il cite souvent.
La voix pure, au lointain, des beaux pêcheurs de sable, Redit aux longs échos du fleuve un air ancien Au rythme d’or, tandis qu’ils tirent sur les câbles, Dans la limpidité du soir Languedocien, M. […] À l’ancienne quelquefois, notamment dans cette charmante pièce Le Pays, qui résonne comme d’un accent de la Pléiade.
Qu’on remarque cette nuance d’éloges ; elle revient perpétuellement sous la plume de l’abbé Le Dieu, soit qu’il cite des témoins plus anciens que lui, soit qu’il, parle de ce qu’il a entendu lui-même.
Au lieu de cela, placez-vous à la frontière, dans un pays encore français, n’ayez nulle chance de rencontrer dans un salon le soir l’écrivain que vous avez jugé le matind, de le rencontrer, lui ou l’un de ses amis intimes, de ses proches par le sang ou par le cœur, et vous pouvez avec convenance en parler comme d’un ancien, comme d’un mort, sans embarrasser votre pensée dans toutes sortes de circonlocutions, en appelant faux ce qui est faux, puéril ce qui est puéril, en entrant dans le vif de la pensée à tout coup.
Ici il n’a voulu que masquer sous des noms anciens le déplaisir tout moderne d’un amant qui sent sa maîtresse lui échapper aux approches de Pâques.
Ce malheureux homme, au milieu de ses extravagances, avait un vague instinct et un pressentiment de la destinée funeste qu’il se tramait de ses propres mains : il répétait souvent, parlant à la grande-duchesse elle-même, quand elle essayait encore de le ramener à l’idée du rôle qu’il aurait à remplir, « qu’il sentait qu’il n’était pas né pour la Russie, que ni lui ne convenait aux Russes, ni les Russes à lui, et qu’il était persuadé qu’il périrait en Russie. » Les Anciens avaient personnifié l’imprudence et l’aveuglement des hommes sous la figure d’une déesse aussi terrible que Némésis, aussi inévitable que la Destinée elle-même : Atè, c’était son nom.
Mais d’autres fois l’ancien lutteur se révoltait ; toutes ses plaies saignaient, son âme ulcérée parlait et criait par la bouche de ses blessures.
C’est qu’avec beaucoup d’imagination il est naturellement peu coloriste, et qu’il a besoin, pour arriver à une expression vivante, d’évoquer, comme par un soubresaut galvanique, les êtres de l’ancienne mythologie.
Dire qu’une nouvelle religion est impossible parce qu’elle ne saurait plus offrir ces phénomènes singuliers qui ont entouré le berceau des religions anciennes, c’est se prendre aux apparences et ne pas tenir compte des circonstances différentes ; c’est comme si l’on objectait aux philosophes eux-mêmes que toute philosophie est désormais impossible, parce que Socrate, leur père, croyait à un démon familier, et que pareille chose probablement n’arrivera plus.
Je sais bien que c’est un reste de l’ancienne et première Constitution auquel on n’a pas voulu renoncer ; mais ce n’est plus qu’un anneau brisé : la chaîne fait défaut, puisque les ministres deviennent, en définitive, responsables devant le Corps législatif.
Après l’avoir tout d’abord énervé et tendu, elle amenait une torpeur hantée de songeries vagues ; elle annihilait ses desseins, brisait ses volontés, guidait un défilé de rêves qu’il subissait passivement, sans même essayer de s’y soustraire. » Après un repos de courte durée, la maladie reprend son cours, ramenant d’anciens accidents qu’une vie plus réglée, plus calme, avait lentement fait disparaître.
Il s’oubliait lui-même, il s’enfonçait si bien dans ses personnages fictifs, qu’il s’intéressait à eux, leur parlait, revenait à eux comme à d’anciens amis, leur donnait une place dans sa vie, s’effaçait devant eux, et mettait au jour de véritables êtres.
Et ce n’est ni par une finesse ni par un éclat extraordinaire, ni par la perfection plastique que votre style se recommande, mais par des qualités qui semblent encore tenir de la bonté et lui être parentes ; car il est ample, aisé, généreux, et nul mot ne semble mieux fait pour le caractériser que ce mot des anciens : lactea ubertas, « une abondance de lait », un ruissellement copieux et bienfaisant de mamelle nourricière, ô douce Io du roman contemporain !
La recherche bien entendue du plaisir, ç’a été, pour beaucoup de philosophes anciens, la définition même de la vertu Si, d’autre part, vous considérez l’écrivain, vous trouverez que sa qualité la plus persistante est le bon sens.
Il y a dans l’Ensorcelée une pauvresse, ancienne fille de joie, Clotilde Mauduit : elle devient sibylline, monumentale de mystère, de dignité et d’orgueil.
Avouons-le cependant ; l’indigence est affreuse, un ancien Poëte nous la représente sous l’image d’une femme échevelée, abandonnée sur un rocher désert, qui tantôt lutte contre le désespoir, tantôt mesure l’abîme effroyable ou elle va se précipiter ; mais l’indigence n’a jamais surpris l’homme de Lettres laborieux, il pourra être pauvre, & ce sera là le gage de ses vertus, & de la noble fierté de son ame.
Il voit les cieux vides ; il oppose « le dédain à l’absence » et il professe pour la moderne idole : la société, le même dédain que pour l’ancien Jéhovah.
On se souvient que, selon les anciens sages, l’homme ne se survivait que dans ses enfants.
Ce passage ne faisait point d’abord partie de l’évangile de saint Jean ; il manque dans les manuscrits les plus anciens, et le texte en est assez flottant.
Jusqu’à ces derniers temps, la psychologie a été cultivée, comme la physique l’était par les anciens : en tirant des conclusions non d’observations et d’expériences, mais d’hypothèses arbitraires et à priori.
D’Aubigné était d’ancienne noblesse et connu pour tel76.
Lorsqu’ils enfermaient le corps dans le sépulcre, les Anciens croyaient aussi y déposer l’âme.
Il s’en rencontrerait sans doute des exemples en tout temps, même dans les âges anciens : témoin Philippe de Commynes et Montaigne.
Le moral des troupes avait déjà éprouvé de profondes atteintes ; on ne retrouvait plus l’ancienne gaieté des soldats, ces chants du bivouac, qui consolaient des fatigues : c’était une disposition toute nouvelle dans une armée française, et après une victoire.
La renaissance, avec un art exquis et bizarre, y fait toujours répercuter l’Ancien Testament dans le Nouveau.
Ou bien encore il consultait les bustes anciens, bustes toujours plus ou moins authentiques, mais qui d’ailleurs, comme on peut le présumer, n’avaient guère la prétention de reproduire tous les accidents du crâne.
L’âme, considérée en soi, comme chose absolue, n’est donc pas un nombre, une harmonie, comme le prétendaient les anciens.
Pourquoi ces systèmes ont-ils apparu dès les temps les plus anciens et se sont-ils depuis reproduits partout et toujours ?
Je ne parle pas des anciens leurs maîtres, qu’il ne faut pourtant pas toujours louer, quoiqu’ils soient morts ; ni des vivants leurs disciples, qu’il faut savoir louer quelquefois, quoiqu’ils soient vivants.
» C’est là une phrase comme les anciens professeurs de rhétorique en écrivent, sans se soucier de ce qu’il y a dedans ou de ce qu’ils croient mettre dedans.
Disons plutôt propagation dans le premier, et transport dans le second : il résultera de nos anciennes analyses que la propagation doit se distinguer profondément du transport.
Cela résulte de l’égalité même des deux lignes rigides. » Bref, dans ce raisonnement a priori selon les anciennes idées, on eût dit : « c’est la figure rigide d’espace qui impose ses conditions à la figure de lumière ».
Avant ces nouveaux détails, il n’y avait sur sa vie que la tradition de Leucade et l’épître romanesque d’Ovide sur cette tradition ancienne, si elle n’est vraie.
Les anciens considéraient comme diabétique tout individu qui émettait une grande quantité d’urines, et qui en même temps maigrissait, et présentait le plus souvent un appétit extraordinaire et une soif ardente. […] Il est donc toujours bon de faire cette épreuve avant d’employer le réactif, et, s’il est un peu ancien, il faudra lui ajouter un peu de potasse caustique fraîche pour lui rendre ses propriétés. […] Mais si le sang est ancien, ou si, à cause de la petite quantité de sucre dont il est chargé, on ne veut pas y ajouter d’eau, on aura un très bon résultat en ajoutant au sang, comme nous le faisons ici, environ son poids de sulfate de soude cristallisé. […] 1° Un chien adulte et de petite taille, pesant 4,91 kilos, fut d’abord soumis à une abstinence absolue pendant quatre jours, afin de laisser les intestins se débarrasser des anciens aliments. […] Nous croyons, au contraire, que ces matières nouvelles qui, pour ainsi dire, n’ont point encore vécu, entrent d’abord dans des combinaisons organiques, et déplacent les matériaux anciens qui sont excrétés sous forme gazeuse, liquide, ou solide.
J’y ai vu Delaunay, qui était là, comme dans tout l’ancien répertoire, incomparable. […] Tout le long de la pièce, il lui donne l’allure du « commissaire » de l’ancien guignol, créé tout spécialement pour recevoir les coups de bâton de Polichinelle. […] Elle fait ce que font tous les acteurs dans les rôles de l’ancien répertoire : elle accommode le personnage à ses moyens d’exécution. […] Il l’est, en effet ; mais, je l’ai dit fort souvent : dans l’ancien répertoire, il ne faut jamais se préoccuper de l’âge des acteurs. […] Elle jouait Finette ; elle a le visage éveillé et fripon d’une soubrette de l’ancien répertoire ; la diction est nette, juste et vive : c’est un très heureux début.
Souvent les personnes superficielles se laissent éblouir par cette apparence de logique, et c’est ainsi que se renouvellent parfois de nos jours des discussions dignes de l’ancienne scolastique. […] Pour cela, elle supprime la cause admise pour voir si l’effet persiste, s’appuyant sur cet adage ancien et absolument vrai : Sublata causa, tollitur effectus. […] Il y a donc là grand intérêt à rechercher ce que les anciens nous ont laissé, parce que sous ce rapport ils peuvent encore nous servir de modèle. […] On savait seulement, d’après d’anciennes observations et par les relations intéressantes de Alex. de Humboldt, de MM. […] Dans le cas qui nous occupe, la question n’est pas de condamner l’ancienne théorie au profit de celle qui est plus récente.
Ainsi l’ignorance des langues anciennes, loin de contrarier le développement de sa pensée, lui a donné peut-être une plus grande activité. […] Toussaint, en acceptant l’émancipation de la race africaine dans les colonies françaises, avait cependant obligé tous ses anciens compagnons d’esclavage à reprendre la culture des terres pendant cinq ans, leur assurant le quart des produits. Satisfaits de cette liberté nominale, les nègres étaient rentrés sous le joug, et le régime nouveau auquel Toussaint les soumettait, plus dur que le régime des anciens colons, leur semblait plus facile à supporter, parce qu’ils obéissaient à un homme de leur couleur. […] Et pour concevoir, pour prononcer ces étranges paroles, il lui a suffi d’entendre son laquais parler à un de ses anciens camarades de son amour pour la reine. […] Pour hâter la vengeance de son ancien maître, il a eu soin de se munir de cette pièce de conviction ; il est impossible de se montrer plus complaisant.
. — Exemples anciens : L’Espagne au seizième et au dix-septième siècle. — Les puritains et les jansénistes au dix-septième siècle. — La France au dix-huitième siècle. — Par quels chemins ces idées peuvent entrer en France. — Le positivisme. — La critique. […] Ce sont celles d’un puritain moderne ; ce sont les doutes, les désespoirs, les combats intérieurs, les exaltations et les déchirements par lesquels les anciens puritains arrivaient à la foi : c’est leur foi sous d’autres formes. […] À ce moment, on a vu paraître et s’enfler une passion exaltée et toute-puissante qui a rompu les digues anciennes et lancé le courant des choses dans un nouveau lit. […] — Vous avez perdu votre fils unique ; vous êtes muet, écrasé, vous n’avez pas même de larmes ; un importun, avec toutes sortes d’importunités, vous offre de célébrer pour lui des jeux funéraires à la façon des anciens Grecs1461 !
Je n’ai rencontré Degas qu’une fois : c’était en 1912, chez de très anciens amis où il se sentait toujours en confiance. […] L’âge me la ramène comme une ancienne compagne qui s’était éloignée de ma vie, mais à qui je reste lié par un vieux désir. […] Sous l’Ancien Régime l’usage voulait que chaque chef de famille tînt un livre de raison. […] Nous sommes ici-bas comme des gens qui tâchent de retrouver un nom très ancien et perdu. […] Les Wessex Poems parurent pour la première fois en 1898, mais les plus anciens portent la date de 1865.
Les anciens philosophes disaient que rien n’est vil dans la demeure de Jupiter. […] Poursuivant le même but que les anciens, il faut bien qu’il revienne aux mêmes types. […] Si les anciens ont parfois atteint la perfection, nous pouvons l’atteindre aussi en nous engageant dans des voies différentes. […] Les anciens nous ont représenté la beauté antique : à nous de trouver la beauté moderne. […] Tel était l’état d’esprit des anciens.
Quelquefois un de tes anciens amis de Moscou venait te voir en passant, et lorsqu’il lui arrivait de te réciter une pièce de vers empruntée à un des nouveaux recueils du jour, ou même une de ses propres compositions, tu l’écoutais dans un recueillement extatique. […] Quoiqu’il n’eût jamais suivi le mouvement scientifique et intellectuel de l’époque, Sorokooumoff aimait à savoir où l’on en était… Il lui arrivait parfois de prendre à part un de ses anciens camarades et de lui demander ce que pensaient les grands esprits du siècle ; il l’écoutait attentivement, s’étonnait, le croyait sur parole, et répétait ensuite mot pour mot tout ce qu’il en avait appris. […] Cette classe, ou plutôt cette caste, date d’assez loin ; le descendant d’un dvorovi ne retourne jamais à son ancien état. — Ce sont les prolétaires de la Russie.
IV Le sang des Persans est naturellement grossier, dit Chardin, cela se voit aux Guèbres qui sont le reste des anciens Perses. […] Cela n’arriva point ; ils vinrent, ils pillèrent et ils mirent le pays en plus de troubles qu’il n’était auparavant: car ils le divisèrent en deux partis, dont l’un s’était engagé par serment et par otages à un nouveau prince, et l’autre demeurait attaché à l’obéissance de l’ancien. […] Le premier est latin, le second grec ancien.
La complaisance en soi-même de Louis XIV ne ressemble-t-elle pas à celle de Molière, disant des emprunts qu’on l’accusait de faire aux anciens : « Je prends mon bien où je le trouve ? […] Les modèles anciens avaient beaucoup fait sans doute pour l’éducation publique ; mais les meilleurs n’y suffisent pas. […] L’obligation d’enseigner à l’élève les langues anciennes les fit rapprendre au maître.
Cette opposition n’avait pas de danger pour la monarchie, mais elle avait encore une certaine grâce fière qui plaisait aux anciens conventionnels : quand on ne veut plus agir on aime encore à murmurer. […] Molé contre les assauts des anciens amis du roi, devenus ses plus implacables adversaires. […] Cet enfant était roi de l’ancien régime, vous l’auriez fait roi du nouveau siècle.
Nous nous garderons bien de retomber dans les vaines querelles des anciens et des modernes nous ne soutiendrons pas que les écrivains des deux siècles derniers étaient nécessairement mieux doués que ceux du nôtre. […] La chimie seule semble devoir fournir à la peinture des compositions et des combinaisons de couleurs ignorées des anciens maîtres. […] Dans les Rougon-Maquart, la scène s’ouvre sur un ancien cimetière devenu terrain vague.
En voici le thème : « Dans une des plus anciennes, des plus nobles et des plus riches familles d’Angleterre, où tous ont adoré les chevaux à la passion, un enfant va naître quand son père meurt. […] Sully Prudhomme, on sent déjà que la forme ancienne ne suffit plus, que sera-ce demain si, dépassant les notions aujourd’hui acquises, quelques esprits aventureux, quelques poètes vraiment visionnaires du Réel, synthétisant les données de la science et les dépassant par l’intuition, se risquent dans ce domaine affolant du Mystère ? […] Mais on n’aura pas touché à l’essence même du vers classique régulier français, dont la caractéristique véritable, en face des vers des langues anciennes et étrangères, est de reposer sur la rime et sur la numération des syllabes et non sur une combinaison de longues et de brèves.
Les anciens eurent pour eux les pensées, & nous avons les paroles ; mais nous les accommodons si joliment ; qu’on en fait tout ce qu’on veut, des rébus, des charades, des calembourgs. […] Le plus ancien exemple qu’on trouve des lettres de cachet, en tant qu’on les emploie pour exiler quelqu’un, est l’ordre qui fut donné par Thierry, contre Saint-Colomban, pour le faire sortir de son monastere de Luxeuil, & l’exiler dans un autre lieu, jusqu’à nouvel ordre. […] Ce qu’il y a de sûr, c’est que le gland servoit de nourriture chez les anciens, & qu’il est maintenant abandonné à sustenter l’animal le plus immonde. […] Pour peu qu’on interroge les anciens, on verra comme la bonne compagnie s’amusoit alors à chanter. […] La mode devoit-elle donc influer sur d’anciens officiers, & n’est-ce pas se dégrader aux yeux du public, que de travestir les signes de la gloire & de la valeur d’une maniere aussi ridicule.
Et ne gardent-ils pas un souvenir des anciennes tortures, et ne sont-ils pas, en réalité, une application, morale toujours, mais souvent physique, des rites abolis de l’Inquisition ? […] — Mon rôle à l’Académie est d’y avoir été élu… Comme ancien diplomate, homme politique futur, vicomte authentique et pénible écrivain… — Et comme Dieu aussi, sans doute ! […] Il était fort vieux et cassé ; mais son âme demeurait ferme dans ses anciennes croyances. […] … *** Je viens de lire Lilith, de Remy de Gourmont, et j’engage fort les membres du comité de la Société des gens de lettres à relire ce savoureux poème en prose, déjà ancien, mais toujours si moderne ! […] Dans La Princesse Maleine, qui a la grâce estompée, imprécise des contes anciens, êtres et choses s’effacent parfois, s’impersonnalisent sur des fonds de légende, parmi des paysages et des architectures de rêve.
Jenin, ancien colonel de gendarmerie, retiré à Virieu-le-Grand, dans une solitude champêtre, où il élevait de beaux étalons, dans ses prés et hautes herbes, pour se rappeler son état, et les vendre aux inspecteurs des haras de l’empire. […] À notre gauche un pan de mur à moitié démoli d’une ancienne chapelle du monastère, ou de la cellule d’un ermite, enfoui sous des branches d’arbres verts, s’élevait de quelques pieds seulement au-dessus du sol, et réverbérait sur nous les derniers reflets du soleil du soir.
De distance en distance, sur les rives du fleuve, on voyait la fumée des sacrifices s’élever entre les cimes des arbres vers le ciel ; des groupes de brahmanes, prêtres et religieux, dissertaient entre eux sur les mystères, ou chantaient en vers les exploits historiques des anciens héros ; d’autres se livraient, pour atteindre à la perfection spirituelle, à des contemplations extatiques, à des pénitences qui domptent et anéantissent les sens. […] XIV « Écoute la voix de nos anciens législateurs divins », poursuit magnifiquement mais inopportunément la femme outragée. « Rappelle-toi ce que, dans leurs chants immortels, ils ont dit de la femme, cette compagne modeste de l’homme : c’est elle qui, dans le fils qu’elle lui donne, prolonge son existence en le faisant revivre dans cet autre lui-même ; c’est à ce fils qu’il doit la délivrance des âmes de ses ancêtres.
VII Quant au style dans lequel ces drames sont écrits, il égale et surpasse même en images, en pureté, en harmonie, tout ce que nous admirons dans les anciens et dans les modernes ; et si le mécanisme, la propriété de termes, la transparence de métaphores, l’harmonie de sons, la richesse de nuances, la pureté élégante de diction, sont les preuves sensibles de la perfection de mœurs, de civilisation et de philosophie chez un peuple, le style des poèmes et des drames de l’Inde atteste évidemment une littérature primitive idéale, ou une littérature parvenue à une perfection idéale aussi par la collaboration de siècles sans nombre ; car les langues se forment presque aussi lentement que le granit. […] — « Voyez cet autre tableau », lui dit Sita ; « il représente l’instant où vous vous revêtez de l’habit de pénitence parmi les saints cénobites. » — « Oui », réplique le héros, « cet état de vie austère que les anciens rois de notre race adoptaient pour se sanctifier quand ils avaient abdiqué l’empire en faveur de leurs enfants, nous l’avons adopté à la fleur de notre âge, nous avons été heureux de languir dans ces ermitages au fond des forêts, pour nous former à la sagesse sous des maîtres inspirés des dieux.
Ces poésies toujours trempées de larmes me font l’effet de ces pleureuses gagées des obsèques des anciens et des Orientaux d’aujourd’hui, qui ne savent qu’un métier, et qui meurent de faim si personne ne les loue à tant le sanglot pour pleurer à l’heure. […] Hommes d’ateliers, de mécanisme, de chiffres, de comptoirs ou de bibliothèques ; hommes unius libri, comme les appelaient les anciens, hommes ne sachant lire que dans un seul livre, dont le proverbe nous recommande de nous défier.
Ce cas n’est d’ailleurs pas unique ; nous croyons qu’il faut le rapprocher d’un cas déjà ancien de Pick 15, d’une observation de Kraepelin 16, et aussi de celle de Forel 17. […] D’autre part, comme nous le disions au début, le sujet se trouve souvent dans le singulier état d’âme d’une personne qui croit savoir ce qui va se passer, tout en se sentant incapable de le prédire. « Il me semble toujours, dit l’un d’eux, que je vais prévoir la suite, mais je ne pourrais pas l’annoncer réellement. » Un autre se rappelle ce qui va arriver « comme on se rappelle un nom qui est sur le bord de la Mémoire » 58 Une des plus anciennes observations est celle d’un malade qui s’imagine anticiper tout ce que fera son entourage 59.
Quand le candidat a franchi les redoutables épreuves de l’examen, il lui reste à en affronter d’autres, celles que ses camarades plus anciens lui préparent pour le former à la société nouvelle où il pénètre et, comme ils disent, pour lui assouplir le caractère. […] Il semble aussi qu’un appel ait été lancé en nous à des souvenirs ataviques infiniment anciens, si profonds, si étrangers à notre vie actuelle, que cette vie nous apparaît pendant quelques instants comme quelque chose d’irréel ou de convenu, dont il va falloir faire un nouvel apprentissage.
La veine où il puise ses images est celle des livres et des souvenirs classiques ; la source peut sembler déjà bien ancienne et refroidie : il l’a rajeunie et vivifiée cette fois par son émotion88.
L’explication que lui donna Montluc, si elle se trouvait dans une histoire ancienne, serait célèbre, et nous la saurions dès l’enfance : Alors, je lui répondis (au roi) que c’était une chose que j’avais trouvée facile ; et comme je le vis affectionné à la vouloir entendre, connaissant qu’il prenait plaisir d’en ouïr conter, je lui dis que je m’en étais allé un samedi au marché, et qu’en présence de tout le monde j’avais acheté un sac et une petite corde pour lier la bouche d’icelui, ensemble un fagot, ayant pris et chargé tout cela sur le col à la vue d’un chacun ; et comme je fus à ma chambre, je demandai du feu pour allumer le fagot, et après je pris le sac, et là j’y mis dedans toute mon ambition, toute mon avarice, mes haines particulières, ma paillardise, ma gourmandise, ma paresse, ma partialité, mon envie et mes particularités, et toutes mes humeurs de Gascogne, bref tout ce que je pus penser qui me pourrait nuire, à considérer tout ce qu’il me fallait faire pour son service ; puis après je liai fort la bouche du sac avec la corde, afin que rien n’en sortît, et mis tout cela dans le feu ; et alors je me trouvai net de toutes choses qui me pouvaient empêcher en tout ce qu’il fallait que je fisse pour le service de Sa Majesté.
Les travaux critiques de Richard Simon sur l’Ancien et le Nouveau Testament, ses interprétations tout historiques et hardies sous forme littérale, et les explications philosophiques qui y étaient en germe, lui firent surtout pousser le cri d’alarme et l’occupèrent durant toutes ses dernières années : il travailla jusqu’au dernier moment à le réfuter, à le faire condamner, à faire supprimer ses livres par l’autorité ecclésiastique et séculière.
Fauris de Saint-Vincens, ami de Vauvenargues et de trois ans plus jeune que lui, était fils d’un conseiller à la Cour des comptes de Provence, et devint à son tour conseiller, puis président à mortier au parlement de la même province ; il ne mourut qu’en 1798 et était connu pour un érudit et un antiquaire des plus distingués, associé correspondant de l’ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres.
Nous autres critiques, placés entre la tradition et l’innovation, c’est notre plaisir de rappeler sans cesse le passé à propos du présent, de les comparer, de faire valoir l’œuvre ancienne en même temps que d’accueillir la nouvelle (car je ne parle pas de ceux qui sont toujours prêts à immoler systématiquement l’une à l’autre).
Nés tous deux d’une ancienne famille noble du Midi fort déchue en fortune, mais restée fidèle jusqu’au bout aux sentiments et à l’honneur de la race, ils auront plus contribué à l’illustrer que tous les preux chevaliers d’autrefois à jamais oubliés et perdus dans la nuit des âges.
C’était tellement une affaire d’étiquette, que le duc de Luynes n’a pas manqué d’en tenir compte dans son Journal : « L’Académie française élut le 22 de ce mois (septembre 1755) M. l’abbé de Boismont, grand prédicateur, à la place de feu M. l’ancien évêque de Mirepoix.
Essai sur Talleyrand Par Sir Henry Lytton Bulwer, ancien ambassadeur Traduit de l’anglais par M.
J’ai eu entre les mains le manuscrit d’une folle, ancienne maîtresse d’écriture, qui, par une sorte de tic intellectuel et de chassé-croisé mental, confondait habituellement son diplôme et son estomac, en sorte que, lorsqu’elle voulait parler de sa gastrite, sa phrase finissait par une mention de son diplôme, et que, lorsqu’elle voulait parler de sa profession, elle arrivait à décrire sa gastrite ; nulle autre lésion ; mais, à cet endroit, deux cordons intellectuels s’étaient noués, et, quand le courant mental atteignait l’un, il entrait dans l’autre. — Rien de plus curieux que ces sortes de faits ; ils éclairent tout le mécanisme de notre pensée.
Mais il en est revenu : les anciens l’ont ramené à la simple nature.
Un critique dogmatique nous apparaît aujourd’hui comme un homme des anciens âges.
Les autres, épris du geste, vont plus « de l’avant », même un peu trop, et, si l’on devait à l’instar des anciens considérer la génération contemporaine comme une École, ce schisme très réel en serait le défaut.
Son emploi était celui de premier zanni, équivalant à l’ancien Brighella, à Scapin, ou au Pedrolino des Gelosi.
Même aujourd’hui, et en ces Morceaux choisis, intitulé scolaire de pages classiques, Mallarmé méprise se montrer le poète aisé des anciens jours, dénie recevoir des adhésions aux vers jadis, renonce les admirations douteuses qu’eussent décernées, par inadvertance, au Placet des lectrices de Coppée, au Guignon des sonneurs de Rollinat.
Devant la médiocrité des emplois administratifs, d’anciens élèves d’Écoles, normale, même centrale et polytechnique, des archivistes, des agrégés de philosophie, pensèrent à gagner la vie littéraire.
Ainsi il y a dans l’esprit humain deux facultés opposées et coexistantes : l’une est la faculté créatrice, celle qui invente, qui avec des éléments anciens construit quelque chose de nouveau : on l’appelle l’imagination.
Malherbe a l’air de rompre en visière sur tous les points à Ronsard et à ses disciples ; par aversion de leur langue trop savante, il renvoie les poètes à l’école des crocheteurs du Port-au-Foin ; par réaction contre un lyrisme qui lui semble de verve et de versification trop lâches, il soumet la poésie à une discipline sévère qui en régente et le fond et la forme ; mais, ce faisant, il reprend à son compte en les aggravant des critiques qui avaient été dirigées avant lui contre l’abus du grec et du latin, témoin la fameuse rencontre de Pantagruel avec l’écolier limousin ; et, d’autre part, il consolide l’œuvre de la Pléiade, puisqu’il conserve l’emploi de la mythologie, les genres usités chez les anciens, l’imitation de l’antiquité.
Rien de plus simple, en apparence, que de remarquer que cette loi d’association est le phénomène vraiment fondamental, irréductible de notre vie mentale ; qu’elle est au fond de tous nos actes ; qu’elle ne souffre point d’exception ; que ni le rêve, ni la rêverie, ni l’extase mystique, ni le raisonnement le plus abstrait ne s’en peuvent passer ; que sa suppression serait celle de la pensée même ; cependant aucun ancien ne l’a compris, car on ne peut sérieusement soutenir que quelques lignes éparses dans Aristote et les stoïciens constituent une théorie et une vue claire du sujet169.
Nous ne tarderons pas à voir si c’était pour que ma prétendue pénitente fût dédommagée d’un sacrifice héroïque, ou pour qu’elle fût en position de continuer son ancienne vie, en se couvrant d’un voile imposteur.
Ainsi de cette terre, humide encor de pluie, Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour : Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie Sort mon ancien amour.
Mme de Sévigné travaillait de tout son pouvoir à le distraire : Nous tâchons d’amuser notre bon cardinal (9 mars 1672) : Corneille lui a lu une pièce qui sera jouée dans quelque temps, et qui fait souvenir des anciennes ; Molière lui lira samedi Trissotin, qui est une fort plaisante chose ; Despréaux lui donnera son Lutrin et sa Poétique : voilà tout ce qu’on peut faire pour son service.
Il méconnaît ce qu’il pouvait y avoir de graduel et d’acheminant au christianisme dans la philosophie ancienne.
Son ancien désir se réveilla donc en lui et devint une volonté.
Au reste, l’opinion qui attribue à l’homme plus de cerveau qu’à la femme est très ancienne, et on la trouve, dit-on, dans Aristote ; mais tous les physiologistes n’ont pas été de cet avis.
Mais quand le monde antique eut disparu, et quand, avec le moyen âge, s’ouvrit une période d’ardente foi et de mysticisme inquiet, toutes les coutumes anciennes des religions de l’Orient reparurent.
Elle n’est encore ici que la toute petite Révoil d’avant le mariage, la petite pensionnaire au corsage plat, aux bras plats, à l’esprit plat, au style plat, à toutes les platitudes, et on ne devinerait jamais que de ce vibrion — de cet insignifiant infusoire sortirait un jour cette organisation turbulente, imprécatoire et spumeuse qui a fait sur tout ce qui fut longtemps sacré parmi les hommes, la Religion, l’Église, la Papauté, les Rois, les anciennes Mœurs, ce qu’elle fit un soir sur la figure du capitaine d’Arpentigny… Tous les ouvrages de cette perdue d’esprit sont là pour l’attester.
De par le mélange des races, de par les conditions durables de la terre et du ciel, surtout de par sa très ancienne civilisation, le caractère de ce peuple a un charme unique qui prend le cœur par les sens.
L’ancien fonctionnaire garda un instant le silence, puis tout à coup éclata de rire, et l’on remarqua qu’il ne lui restait pas une dent. […] Par comparaison avec ses anciens travaux, la tâche nouvelle qui lui était imposée n’était qu’un jeu. […] Sa vieille baruinia, fidèle aux anciennes coutumes de la noblesse russe, entretenait, comme nous l’avons dit, dans son hôtel un grand nombre de domestiques. […] Orpheline de bonne heure, sans autres parents que des oncles germains, l’un d’eux ancien valet, les autres paysans, elle avait toujours été mal nourrie, mal vêtue, mal rétribuée.
Mais il y a une différence entre cette représentation et les sensations anciennes dont elle est l’écho actuel. […] Dans l’ancien français, septante, octante et nonante.
Il disait aussi : Je ne suis pas venu abolir l’ancienne loi, mais l’accomplir. […] L’unité de Dieu est aussi ancienne que la raison elle-même.
Il me posa les mains sur la tête, et, comme le plus vénérable des patriarches anciens, il leva les yeux au ciel, il pria le Seigneur, et il me bénit dans une attitude si résignée, si auguste, si sainte et si tendre, que, jusqu’au dernier jour de ma vie, j’en garderai dans mon cœur le souvenir gravé en caractères ineffaçables. […] « Après qu’on l’eut couvert des vêtements pontificaux, les cardinaux firent au nouveau pape l’adoration accoutumée, puis la chapelle fut ouverte et on admit les conclavistes à l’adoration, tandis que, de la loge, le plus ancien des cardinaux-diacres annonçait au peuple, aggloméré sur la petite place de l’île, l’exaltation du cardinal Chiaramonti au souverain pontificat, sous le nom de Pie VII.
La destruction de l’idéal ancien laisse un moment historique dévolu au doute. La providence ancienne a disparu ; la providence nouvelle ne s’est pas encore levée.
Nous sommes donc dans une période de transition et deux mondes sont aujourd’hui en présence : le monde ancien, qui repose sur nos traditions, sur nos habitudes et en vérité sur ce que nous avons appris ; le monde nouveau qui naît spontanément de notre intuition particulière. […] Ce serait assurément la seule forme artistique répondant à ce génie allemand si fortement individualisé en notre grand Beethoven, ce créateur d’une si générale humanité, et cependant si original ; ce serait cette forme nouvelle de l’art qu’avait, jadis, le monde ancien, et qui manque, jusque maintenant, au Monde nouveau.
Après tout, l’incrédulité est devenue chose assez banale ; mais ce qui est un moyen toujours ancien et toujours nouveau de succès, c’est le scandale. […] Dans les anciennes troupes de comédiens ambulants (relisez Capitaine Fracasse), il y avait toujours, à côté de l’amoureux, l’amoureuse de la coquette et du jaloux, un matamore, qui avait pour métier de vanter sa force et de brandir sa rapière, en l’absence de tout danger.
Jean Racine était né à la Ferté-Milon, petite ville de l’ancienne province de Valois. […] Cependant je ne cesserai point de prier Dieu qu’il vous fasse miséricorde, et à moi en vous la faisant, puisque votre salut m’est si cher. » Racine, pour toute réponse à ses torts de piété et de tendresse envers ses anciens maîtres, leur adressa deux lettres imprimées où la réfutation très aigre de leur doctrine était assaisonnée par les plus odieuses incriminations contre leur prétendue vanité de corps.
et ce fut ainsi que se réalisa une fois de plus le beau mot de Balzac l’ancien sur la France : « La France est un vaisseau qui a pour pilote la tempête. » Évidemment, en présence de ces événements et de ces immensités, l’écrivain peut se tenir dispensé du maigre travail des biographies, ou, s’il lui plaît d’en faire encore, ce ne doit pas être pour mesurer la grandeur des hommes, mais pour montrer leur petitesse, et la montrer avec l’implacable exactitude d’un niveau. […] Dans ses Femmes de la Révolution, il a retrouvé tout entière son ancienne rage contre le prêtre à propos des femmes, près desquelles il le voit toujours, et qui furent hostiles à la confiscation des biens de l’Église, à la boucherie de l’échafaud !
Un bénédictin survivant, dom Brial, devenu membre de l’Institut, fut le lien entre les nouveaux et les anciens rédacteurs ; non pas que dom Brial eût participé à la rédaction des derniers volumes de l’Histoire littéraire, qui remontaient déjà à une date si éloignée, mais il avait été employé à d’autres publications historiques des Bénédictins, et il avait hérité des traditions et de la méthode.
Eh bien, la comtesse de Grammont est une des correspondantes spirituelles de Fénelon, non pas précisément une de ses pénitentes ; pourtant il semble être celui qui contribua le plus à la ramener et à la fixer aux idées de religion, et ce ne fut que lorsque Fénelon fut retiré à Cambrai et dans l’exil que la comtesse revint à ses anciens errements de Port-Royal et à se déclarer ouvertement de ce côté : jusque-là, et tant que Fénelon avait été à sa portée, elle se contint dans une voie moyenne.
Tel nous apparaît à cette date de 1783 cette fleur des intendants de province, l’élève émancipé de Duclos, l’émule en esprit des Rulhière et des Chamfort, avantageux et fat comme Rivarol, un des prétendants hommes d’État et des Pétrones de l’ancienne monarchie, Pétrone un peu roide et un peu apprêté toutefois.
Son père, trésorier de l’extraordinaire des guerres, était natif de Montpellier, et sa famille paternelle était toute du Midi, de Montpellier, de Castres ou d’Albi, assez ancienne et tenant à la noblesse.
Maurice de Guérin descendait d’une ancienne famille noble, originaire de Venise, dit-on, mais établie depuis des siècles dans le midi de la France.
Lesieur, ancien chef de division au ministère de l’Instruction publique, et qui ne fait que revenir à ses origines et à ses goûts en s’occupant de littérature, a également donné des soins bien utiles à cette publication importante.
Né sous le beau ciel du Midi, d’une ancienne famille noble et pauvre, Maurice de Guérin, rêveur dès l’enfance, fut tourné de bonne heure vers les idées religieuses et inclina, sans effort, à la pensée de l’état ecclésiastique.
Hamilcar se rend de nuit au Conseil des Anciens mystérieusement convoqués, et l’on rentre ici dans une série de scènes quasi maçonniques.
Saint-René Taillandier, s’est fort inquiété de la fin du Prétendant, qui mourut à Rome en 1788 ; il reçut dans ses derniers jours les soins pieux d’une fille qu’il avait eue d’une ancienne maîtresse, et qui se dévoua avec zèle à surveiller et à adoucir, s’il se pouvait, sa triste et dégradée vieillesse.
Il est visible qu’ils n’étudiaient pas ces parties importantes de l’architecture en géométral, mais qu’ils se rendaient un compte très exact et très fin de l’effet perspectif ; c’était véritablement en artistes qu’ils combinaient ces effets… Ces calculs de l’homme doué d’un sentiment juste et délicat de la forme n’entrent pas dans le cerveau du Romain… » Ce n’est certes pas déprécier ces grandes et belles architectures anciennes en vue de celle du Moyen-Âge, que de les différencier ainsi.
Vauvenargues nous a offert par lui-même, et dans la personne de son ami Hippolyte de Seytres, l’idéal d’un jeune militaire dévoué à son roi, à sa patrie, à ses devoirs, amoureux de la gloire dans l’âge des plaisirs, et sachant associer au culte moderne de l’honneur quelque chose de la vertu telle que l’entendaient les Anciens.
Frédéric restait pour lui le plus grand des capitaines qui avaient suivi l’ancien système ; mais il avait cru devoir montrer ce qu’il eût pu faire en inventant le système nouveau.
Flaubert avait trouvé, dans sa famille même et mêlées à ses souvenirs d’enfant, de sérieuses leçons anatomiques : son père, ancien prosecteur à l’hospice de Rouen, habitait un logement enclavé dans l’Hôtel-Dieu et s’était installé un véritable laboratoire où, quotidiennement, il professait en famille.
Si l’on veut examiner la cause, du grand ascendant que dans Athènes, qu’à Rome, des génies supérieurs ont obtenu de l’empire presque aveugle, que dans les temps anciens ils ont exercé sur la multitude, on verra que l’opinion n’a jamais été fixée par l’opinion même, que c’est à quelques pouvoirs différents d’elle, à l’appui de quelque superstition que sa constance a été due : tantôt ce sont des rois, qui jusqu’à la fin de leur vie ont conservé la gloire qu’ils avaient obtenue ; mais les peuples croyaient alors que la royauté avait une origine céleste : tantôt on voit Numa inventer une fable pour faire accepter des lois que la sagesse lui dictait, se fiant plus à la crédulité qu’à l’évidence.
. — Les plus riches doivent payer par an chacun 12 boisseaux d’avoine de 40 livres et 12 deniers parisis ; les moyens, 9 boisseaux et 9 deniers ; tous les autres, 6 boisseaux et 6 deniers. « Ces droits de bourgeoisie sont bien établis, énoncés dans tous les terriers et aveux rendus au roi et perpétués par une infinité de reconnaissances : on ne peut pénétrer les motifs qui ont engagé les anciens régisseurs ou fermiers de cette terre à en interrompre la perception.
Quand on vient de parcourir, comme j’ai fait, dans la Revue bleue 76 et dans le Journal des Débats les trois années de critique dramatique de cet ancien professeur qui a été journaliste, conseiller d’État, directeur des affaires étrangères, et qui est resté un fantaisiste, sinon un bohème, un « inclassable », sinon un déclassé, on est charmé, ravi, ébloui : mais on est aussi déconcerté, ahuri, abasourdi.
Francis Vielé-Griffin Une institution littéraire française qui, sous prétexte qu’il patoisait, n’a pas su accueillir Mistral, qui ne saurait réclamer Verhaeren, parce qu’il est né à Anvers (ancienne préfecture de l’empire français) me semble bien entravé dans l’accomplissement de devoirs qui pourraient être utilement élargis.
Ce qui y domine, ce sont, comme dans nos anciennes farces, les railleries contre les maris, contre les femmes et contre le mariage.
Elle s’en pénètre et le substitue dès le premier instant à tous ses anciens sentiments personnels, qui peu à peu expirent et qui s’apaisent en elle avec les occasions fugitives qui les avaient soulevés.
Madame aimait l’esprit, le distinguait en lui-même, l’allait chercher, le réveillait chez les vieux poètes, comme Corneille, le favorisait et l’enhardissait chez les jeunes, comme Racine ; elle avait pleuré à Andromaque, dès la première lecture que le jeune auteur lui en fit : « Pardonnez-moi, madame, disait Racine en tête de sa tragédie, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. » Dans toutes les cours qui avaient précédé de peu celle de Madame, à Chantilly, à l’hôtel Rambouillet et à l’entour, il y avait un mélange d’un goût déjà ancien, et qui allait devenir suranné : avec Madame, commence proprement le goût moderne de Louis XIV ; elle contribua à le fixer dans sa pureté.
» Puis, s’appuyant sur mon épaule pour descendre, et m’ayant consulté sur l’effet de son bouquet, le seul sans doute que la saison eût pu lui offrir : « Mon ami, ajouta-t-il avec une figure dont l’expression m’est encore présente, les anciens couronnaient de fleurs les sources où ils avaient puisé.
Le nouveau ministère du marquis de Rockingham semblait s’adoucir pour l’Amérique et se décider à lui donner quelque satisfaction en retirant l’acte du Timbre : Franklin fut mandé devant la Chambre pour répondre à toutes les questions qui lui seraient faites, tant sur ce point particulier que sur la question américaine en général, soit de la part des ministres anciens et nouveaux, soit de la part de tout autre membre du Parlement.
Ainsi travailla ma pensée ; Une proposition de tout le fatras philosophique ancien demeure vraie, et comme essence même du Transformisme, celle de Hégel : que la Matière est en éternel devenir.
D’une part, elle use des résultats de l’introspection telle que l’ont pratiquée les anciens philosophes et s’efforce d’interpréter ce que chacun peut savoir de son propre esprit, en s’aidant de la physiologie, de la psychologie animale, des constatations que l’on peut recueillir en général par l’observation.
Kant avait cherché un milieu entre ce qu’il appelait le dogmatisme et le scepticisme, entre l’ancienne métaphysique, représentée surtout pour lui par le wolfisme, et la philosophie française et anglaise du xviiie siècle.
On dit beaucoup de bien et beaucoup de mal de la manière de draper des Anciens.
Je donnerais tout ce fatras pour le seul incident du tableau d’un peintre ancien où l’on voyait la calomnie, les yeux hagards, s’avançant, une torche ardente à la main, et traînant par les cheveux l’innocence sous la figure d’un jeune enfant éploré, qui portait ses regards et ses mains vers le ciel.