On y trouve même des rapports qui n'avoient point été apperçus, quelques idées neuves, le tout présenté d'un style auquel on ne peut reprocher que d'être quelquefois obscur & traînant ; ce qui seroit deux défauts considérables, s'ils étoient continuels.
Pour qu’on ne nous accuse point d’injustice à l’égard de cet Ouvrage, nous conviendrons qu’il est écrit d’un style pur, noble, élégant, & propre à inspirer la piété, à l’esprit de simplicité près, qui doit cependant en être le premier caractere.
La vivacité de son esprit & la force de son imagination rendoient son style pittoresque.
Il y avait même en lui quelque chose, comme style, manières et opinions, de Victor Jacquemont. […] qu’il écrit bien, et que son style est coulant ! […] Par son style prodigieux, par sa beauté correcte et recherchée, pure et fleurie, ce livre était un véritable événement. […] Avoir non seulement un style, mais encore un style particulier, était l’une des plus grandes ambitions, sinon la plus grande, de l’auteur de la Peau de Chagrin et de la Recherche de l’Absolu. […] La pureté de style sera ici la bienvenue, mais la beauté de style peut y être considérée comme un élément de luxe.
Sûrement ici l’art et le bon sens, recommandés par Boileau même en chanson, jouent leur rôle, et surtout à présent que le style de ce petit poème doit être si travaillé et la composition si remplie. […] Il se plaisait à traduire pour s’exercer au style ; la forme le préoccupait plus que le fond, et il se sentait même une sorte de prévention contre la pensée et les systèmes. […] On le sent, cette roideur d’un premier stoïcisme est dès lors en voie de se détendre, de même que ce style, déjà tout formé et si subtil, s’assouplira. […] Si l’ensemble de l’ouvrage prouve une grande force d’analyse, le style, par son caractère abstrait et scientifique, y jure un peu avec ce que cet élégant esprit a naturellement de souple et de dispos jusque dans sa fermeté. […] M. de Rémusat n’a rien travaillé autant que cette vie, et pour le style, et pour l’exactitude.
Jaubert arrivera à formuler, débarrassé de la lourdeur présente de son style, des sensations d’un art simple et tendre.
Paul Leclercq : La Vieille à l’Araignée, comme il convenait, n’est pas du tout dans le style des autres contes ; au lieu des images somptueuses et vagues, arbres en fleurs, joyaux de lumières, eaux transparentes et mobiles, on distinguerait un effort vers le trait précis, presque dur, de M.
L’antinomie humaine que symbolisent les époux larmes et rires, le doute et la foi, la prière et le blasphème, se lèvent face à face, pour les éternelles épousailles, au chœur d’une cathédrale d’un double style contrarié, avec, sur leurs lèvres, le oui jamais prononcé.
Le premier Ouvrage est caractérisé principalement par la force du raisonnement, l’enchaînement des preuves, la grande méthode qui y regne, & par un style plein de chaleur & d’énergie.
Courrayer, beaucoup plus fidelle, & écrite d’ailleurs d’un style plus doux & plus correct.
On désirreoit seulement que l’Auteur eût mis plus de rapidité dans son style quelquefois traînant, & qu’il n’eût pas dénaturé certains faits, n’en eût pas hasardé quelques autres, & eût eu l’attention de présenter les circonstances telles qu’elles étoient ; ce qu’il eût fait vraisemblablement, s’il eût été moins attaché à ce qui tendoit à favoriser ses opinions particulieres.
Son imagination y paroît féconde, mais peu réglée ; son esprit aisé, mais minutieux & trop enclin à la satire ; son style naturel, mais diffus & très-négligé.
le Beau n’a pas, à la vérité, dans le style autant d’intérêt que le célebre Recteur de l’Université ; mais il écrit en général d’une maniere plus correcte & moins diffuse.
Ils ont beau revêtir leurs paradoxes de l’appareil d’un raisonnement captieux, répandre sur leur style les charmes de l’éloquence, employer toutes les ressources de l’art pour séduire les esprits, l’illusion n’a presque jamais son effet, ou, si elle subsiste quelques momens, la réflexion la proscrit bien vîte, & l’Auteur paradoxal ne recueille que le blâme qui lui est dû.
Un style naïf & plein de liberté répand un intérêt piquant dans ses Histoires.
Un jugement solide, un goût exquis, une méthode claire, des tours ingénieux, enrichissent cette Production, dont le style est néanmoins quelquefois diffus & peu châtié.
Son style cependant est plus analogue au genre dramatique, que celui de tous ses prédécesseurs.
Au mérite des choses, il réunit celui de la méthode, d’un style clair & quelquefois noble & élégant.
Ses Sermons sont pitoyables ; mais ses Ouvrages historiques peuvent plaire encore à tous ceux qui ne sont point effrayés par de longues phrases & par un style plus que nombreux.
Si son style est quelquefois prosaïque & dépourvu de ces images qui ennoblissent les idées en même temps qu’elles les rendent plus sensibles, il a du moins le mérite rare d’être facile, harmonieux, simple, & correct.
Avec un style assez pur, il n’a ni l’élégance, ni la politesse de Fléchier.
Le style ne répond pas toujours au caractere des idées ; il est quelquefois peu correct, diffus, mais toujours lumineux & expressif.
Une imagination trop impétueuse & trop féconde, une verve sans regle & sans frein, un style trop brillant & sans correction ; joignons à cela le mauvais goût de son Siecle, qui sortoit à peine de la barbarie ; l’ont empêché d’être un des premiers Poëtes de notre Nation.
On désireroit seulement que ces Ouvrages fussent écrits d’un style moins lâche, moins rampant ; que les événemens fussent plus vraisemblables ; que l’Auteur ne les eût pas amenés avec une contrainte qui les fait grimacer.
Ses Poëmes Latins, sur les Songes & sur le Feu, réunissent la beauté du style à la fécondité de l’invention.
La lecture de ses Comédies est amusante, parce que la versification est agréable, & le style aisé ; mais le plan & l’intrigue ne répondent pas à l’agrément & à la vivacité des détails.
On a reproché à ce jeune Auteur de n'avoir pas mis assez de simplicité dans son style.
Il a d'ailleurs l'attention de citer à la marge les sources où il a puisé, attention indispensable à tout Ecrivain convaincu qu'en fait d'Histoire il vaut mieux ne rien hasarder, que de savoir revêtir ses fausses conjectures des agrémens du style.
Quoiqu'il y ait beaucoup de négligences dans ses petits Poëmes & dans ses Epîtres, le talent y jette de temps en temps des étincelles qui prouvent qu'avec une meilleure culture, sa Muse pourroit acquérir un style plus continuement poétique & plus élégant.
C’est qu’il y avait, dans ce premier livre de Rousseau, l’accent et le style. […] Et puis il y avait le style. Il n’a pas encore toutes les qualités que possédera plus tard le style de Jean-Jacques. […] J’ai dit que son style avait un air de nouveauté : c’est pour cela. […] Je crois, pour moi, que ce style emphatique et pleurard est sincère chez Rousseau ; que ce style sans naturel lui est naturel.
Le style de la Tempête participe de cette espèce de magie. […] Vaughan, regardaient le style du rôle de Caliban, dans la Tempête, comme tout à fait particulier à ce personnage, et comme une création de Shakespeare. […] Il est aisé de reconnaître les passages ajoutés, car ils se distinguent par un charme et une naïveté d’images que n’offre nulle part ailleurs le style de l’ouvrage original. […] Le style de Richard III est assez simple et, si l’on en excepte un ou deux dialogues, il offre peu de ces subtilités qui fatiguent quelquefois dans les plus belles pièces de Shakspeare. […] Henri VIII peut avoir pour nous un intérêt littéraire, celui du style que le poëte a certainement eu soin de rendre conforme au langage de la cour, tel qu’il était de son temps ou un petit nombre d’années auparavant.
Le style de Molière : réponse à M. […] Scherer, un style de théâtre. Le style de théâtre est celui qui passe par-dessus la rampe. […] Le style de théâtre, c’est un style tout particulier. […] Et quel style, quel admirable style !
Baour-Lormian est un de nos meilleurs versificateurs ; son style n’est cependant remarquable par aucun de ces efforts, aucune de ces tentatives qu’on observe dans celui de la plupart de nos poètes à la mode, tout est naturel et simple dans les vers de M. de Lormian… Le fond sur lequel roulent ces Veillées est bien triste et bien sombre : il ne peut plaire qu’aux âmes sensibles et mélancoliques qui aiment à entendre les Muses soupirer des plaintes sublimes et moduler de tendres regrets ; elles y trouveront, dans de beaux vers, l’expression la plus parfaite des sentiments dont elles se nourrissent, et chériront le poète aimable dont les chants mélodieux s’accordent si bien avec cette voix secrète de douleur qui retentit toujours au-dedans d’elles-mêmes.
Ses Lettres sur l’Atlantide de Platon & sur l’ancienne Histoire de l’Asie, pour servir de suite à l’Ouvrage précédent, ne lui cedent en rien du côté du style, qui en est vif, animé, rapide, & plein de chaleur ; mais quelquefois défiguré par une affectation d’esprit qui approche du précieux.
Ami de Ronsard, il se laissa d’abord éblouir par le faux brillant de sa Poésie ; mais il reconnut bientôt son erreur, pour s’attacher à la maniere de Desportes, qui étoit aussi son ami, & qui pouvoir lui servir de modele pour la douceur & le naturel de ses vers ; il le surpassa même par la pureté de son style & la sagesse de sa Muse.
La Continuation de l’Histoire de l’Eglise Gallicane est un Ouvrage d’une sagacité, d’une critique, d’une modération, d’une netteté de style & d’une élégance peu commune.
La marche de cette Piece est simple & naturelle ; les principaux caracteres nous ont paru bien dessinés & bien soutenus ; le style en est agréable, facile & correct : cet Ouvrage en un mot annonce un vrai talent pour l’Art sublime de Melpomene, si défiguré par le plus grand nombre des Poëtes qui le cultivent aujourd’hui.
Bruys, [François] né à Serrieres dans le Mâconnois, en 1708, mort à Dijon en 1738, Auteur qui a beaucoup écrit, mais qui, pour avoir écrit avant de former son esprit & son style, n’a rien laissé que de médiocre.
Son style est facile, gracieux & toujours soutenu.
De plus, le style en est pur, coulant, noble, quelquefois élégant, mais peu précis.
Tout ce que la tendresse a de plus vif & de plus touchant, tout ce que la nature, animée par le sentiment, tout ce qu’une élégante naïveté, la richesse des détails, la variété des images, la chaleur du style, le pathétique des situations peuvent offrir à l’ame pour l’intéresser, la captiver & l’attendrir, se trouve dans cet Ouvrage, préférable à mille autres du même genre.
Doué d’une sensibilité vive & touchante, d’une imagination brillante & féconde, nourri de la lecture des Ecrivains les plus substantiels, il n’a besoin, pour cet effet, que de mettre plus de liaison dans ses idées, communément nobles & élevées, plus de naturel dans son style, souvent énergique & élégant, mais surchargé de figures parasites, de métaphores recherchées, qui le rendent quelquefois emphatique & boursoufflé.
Le style en est simple, judicieux, coulant ; tel, en un mot, qu’il convient à une Description historique.
Ce genre est l’Histoire, dont il a défiguré l’esprit & le style, en la surchargeant de traits plus oratoires qu’historiques, d’une intempérance de figures, d’un luxe d’expressions déplacées, d’une affectation de grands mots qui ne produisent que des sons, lorsqu’on a droit d’attendre des réflexions ou des faits.
Un style pétillant, maniéré ; une métaphysique trop subtile ; des sentimens recherchés ; des réflexions trop peu naturelles, ont beaucoup nui au succès de ses Ouvrages dans l’esprit des Gens de goût.
On a réimprimé, depuis peu, un de ses Romans, intitulé, les Lutins de Kernosi, où l’esprit, l’imagination & les graces du style se disputent l’avantage de plaire au Lecteur.
Si le style de ces différentes Productions n'est pas toujours noble & élégant, il a du moins le mérite d'être toujours clair, précis, & correct, qualité qu'on chercheroit vainement dans les Ecrits de plusieurs Littérateurs de profession, qui ne laissent pas de se croire d'excellens Ecrivains.
Bladé a le sens du grand style et de la belle forme. […] Bladé est d’un style pur comme le diamant. […] J’ai corrigé dans le style tout ce qu’il y avait de rude et de vieux. […] L’algèbre et la géométrie ont leur style, comme la musique et la poésie, et c’est au grand style qu’on reconnaît le génie dans les sciences comme dans les arts. […] Maurice Barrès possède l’arme dangereuse et pénétrante : le style.
Il faut le voir en présence de cette intelligente enfant qui devient peu à peu une personne ; comme il s’y prend bonnement et gentiment pour lui donner une idée du style, de la manière d’écrire et de lire ! […] Cependant, on se serait rapproché dans le détail, et on se serait entendu pour ce qui est de l’exécution littéraire ; car il est le premier à reconnaître que les idées les plus utiles, sans l’art qui les met en œuvre, sont comme non avenues : « La perfection du style doit être recherchée de tous ceux qui se croient appelés à répandre des idées utiles. Le style, qui n’est que la forme appropriée au sujet par la réflexion et l’art, est le passe-port dont toute pensée a besoin pour courir, s’étendre et prendre gîte dans tous les cerveaux.
Tout le monde parmi les érudits ne rend pas assez de justice à Apulée, à ce Romain d’Afrique né sous Trajan, et qui nous a conservé tant de bons contes que l’on chercherait en vain autre part que chez lui, qui nous les a cousus et enchâssés dans un tissu de style recherché et perlé, étincelant de manière et de grâce. […] Apulée cependant, ne le surfaisons pas, est surtout un écrivain de style et à qui il n’est pas indifférent de faire montre de son talent. […] le style d’Apulée est un de ceux qui nous acheminent le plus en droite ligne vers la langue de saint Augustin.
La gloire ne le chatouille pas ; le style ne le démange pas. […] Béranger, dans ses bons morceaux, est classique en ce sens qu’il est conséquent, puisque son style est habituellement la contre-épreuve de sa pensée, que sa pensée est souvent juste, heureuse, et qu’elle lui appartient toujours. » On voit qu’ici le mélange des noms est poussé jusqu’à la confusion et au contresens. […] Et c’est ainsi qu’écrit un homme qui se fait juge des styles à ce même moment !
D’Argenson, étonné de ce style, alla chez M. de Châtillon pour l’engager à faire prendre patience au maréchal de Broglie : on lui a promis qu’il reviendrait en septembre. […] Or, il y a une opposition absolue entre la frivolité purement maligne des Matinées royales, et le style grave et digne des autres œuvres de Frédéric, toutes les fois qu’il a à parler de la patrie. […] Son style est de l’homme même : il trahit la paresse et un sans-gêne excessif.
A relire plus froidement aujourd’hui cette première moitié de son théâtre, on pourrait remarquer que, s’il se montre évidemment de la postérité de Racine par les soins achevés du style, il tiendrait plutôt de l’école dramatique de Voltaire par certaines préoccupations philosophiques et certaines allusions aux circonstances. […] A partir de 1828, un temps d’arrêt se présente : il se trouve en face de générations plus inquiètes, plus enhardies, qui se mettent à contester et qui réclament dans les conceptions dramatiques, et même dans le style, certaines conditions nouvelles, plus historiques, plus naturelles, que sais-je ? […] bienveillant par nature, exempt de toute envie, il ne put jamais admettre ce qu’il considérait comme des infractions extrêmes à ce point de vue primitif auquel lui-même n’était plus que médiocrement fidèle ; il croyait surtout que l’ancienne langue, celle de Racine, par exemple, suffit ; il reconnaissait pourtant qu’on lui avait rendu service en faisant accepter au théâtre certaines libertés de style, qu’il se fût moins permises auparavant, et dont la trace se retrouve évidente chez lui à dater de son Louis XI.
Car ils lui empruntaient sa fragile apologétique sans le grand souffle qui la soutenait (en l’air), ses bizarreries de style sans sa prestigieuse imagination, toute sa manière enfin sans s’apercevoir qu’ils n’avaient ni ses dons originaux ni surtout son public. […] Et notez que cet éclat survient dans une des parties les moins importantes du sermon, dans le développement d’un argument accessoire Le style, souvent excellent, n’est pas toujours d’une entière pureté (c’est une critique que l’on peut se permettre, puisque le Père Monsabré apprend par cœur et récite ses discours, comme Massillon et comme les neuf dixièmes des orateurs). […] J’ai cru voir à certains signes qu’il serait un excellent orateur populaire, doué de verve, de bonhomie et de franchise ; qu’il se guindait pour son auditoire de Notre-Dame ; que la sublimité, la couleur et les divers ornements oratoires de son style étaient quelque chose d’appris et de plaqué, et que, livré à sa vraie pente, il eût plus volontiers parlé comme un Père Lejeune ou un Bridaine relevé d’un peu de Bourdaloue.
Car il se trouve que Fraydet et même Passajon ont l’œil et le style de M. […] Troisièmement : même absence de liaison apparente dans le style que dans les caractères et dans la composition du livre. […] C’est une continuelle invention de style, si audacieuse, si frémissante et si sûre que, les meilleures pages de Goncourt mises à part, on n’en a peut-être pas vu de pareilles depuis Saint-Simon.
Ils parlent peinture ou littérature avec les mêmes cris, les mêmes tapes sur l’épaule, les mêmes yeux hors de la tête, et presque le même style que les ouvriers zingueurs discutant de leur métier dans la noce à Coupeau, ou qu’un garçon de l’abattoir expliquant les finesses de son art devant le comptoir d’un marchand de vin. « … Bongrand l’arrêtait par un bouton de son paletot en lui répétant que cette sacrée peinture était un métier du tonnerre de Dieu. » — « Ça y est, mon vieux, crève-les tous ! […] et que cette histoire irréelle est écrite dans le même style opaque et puissamment matériel et avec, les mêmes procédés de composition et de développement que la Terre ou l’Assommoir. […] Il est romantique par le style, par l’enflure générale.
Son style est de robe longue, même dans ses lettres où il ne vise point à être pompeux ; mais, à tout moment, il rachète ces défauts réels, ces longueurs de phrase, par des expressions heureuses qui honoreraient Montaigne ; il joint à sa gravité habituelle, à la justesse et à la prud’homie de ses pensées, un agrément qui sent le poète dans la prose. […] Il est comme saisi et transporté de l’ivresse de sa nouvelle condition paternelle ; son style cette fois s’allège et bondit : Puer nobis natus est, s’écrie-t-il, comme dans la messe de Noël, il me plaît de commencer cette lettre par un passage de l’Église, à l’imitation de nos anciens avocats en leurs plaidoiries d’importance… Je suis donc augmenté d’un enfant, et augmenté de la façon que souhaitait un ancien philosophe, c’est-à-dire d’un mâle et non d’une fille ; je dirois Parisien et non Barbare, n’étoit que ce nom sonne mal aux oreilles de tous… Et il raconte comment, par jeu et par un reste de superstition d’érudit, il a voulu chercher l’horoscope de ce fils, en ouvrant au hasard quelque livre de sa bibliothèque. […] Ainsi me dorlotant de corps et d’esprit…, etc. » Et il continue cette description aimable et souriante dans un style égayé qui tient à la fois de l’Amyot et du Montaigne.
Rulhière a sa physionomie à part ; il a un talent réel, un style ; c’est un écrivain non seulement spirituel, mais savant et habile, qui, après avoir longtemps disséminé ses finesses et ses élégances sur des sujets de société, a essayé de rassembler finalement ses forces, de les appliquer aux grands sujets de l’histoire, et y a, jusqu’à un certain point, réussi. […] Daunou, dans son analyse des mérites de Rulhière, est allé jusqu’à remarquer que, dans les phrases courtes comme dans les plus longues, l’auteur varie sans cesse le ton, le rythme, les constructions, les mouvements : Il y a des livres, ajoute-t-il ingénieusement et en rhéteur consommé, où la plupart des phrases ressemblent plus ou moins, si l’on me permet cette comparaison, à une suite de couplets sur le même air ; et ce n’est pas sans quelque effort qu’un écrivain se tient en garde contre ce défaut ; car l’esprit ne s’habitue que trop aisément à un même genre de procédés, le style aux mêmes formes, l’oreille aux mêmes nombres. […] Après cela, j’avouerai que son style est ordinairement périodique (on avait reproché à Rulhière d’avoir la phrase trop longue), c’est-à-dire tel qu’il devait être pour représenter par l’enchaînement des expressions la liaison des idées, pour rapprocher et développer les circonstances des grands événements, et pour conserver à l’histoire sa magnificence et sa dignité.
Carrel, au reste, dès que sa passion fut en jeu, sut très bien éclaircir son style et le débarrasser de cette teinte grise qu’il ne revêtait qu’en sommeillant. […] Il s’y élevait à des vues générales qui embrassaient toute la politique et la civilisation de ce pays ; mais surtout il y exposait la campagne de Mina en Catalogne, et les aventures de la Légion libérale étrangère, avec feu, avec une netteté originale et une véritable éloquence ; on sentait qu’il ne manquait à ce style un peu grave et un peu sombre, pour s’éclairer et pour s’animer, que d’exprimer ce que l’auteur avait vu et senti. C’était l’homme d’action qui n’arrivait au style qu’après bien des fatigues et des marches.
C’est là, pour le style et le riant de l’image, du saint François de Sales tout pur. […] Cet ouvrage des Harmonies offre encore de très beaux tableaux, aussi beaux que dans aucun des ouvrages précédents, mais aussi toutes les exagérations de système et de style naturelles à l’auteur, et où s’est complu sa vieillesse. […] Joubert) a pu dire : Il y a dans le style de Bernardin de Saint Pierre un prisme qui lasse les yeux.
. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant. […] Vous écrivez au hasard ; sur dix vers, sur vingt et sur cent, vous n’en avez quelquefois qu’un ou deux de bons, et qui se noient dans le mauvais goût, dans le style relâché et dans les fadeurs. » L’œuvre de Boileau, ce fut, non pas de revenir à Malherbe déjà bien lointain, mais de faire subir à la poésie française une réforme du même genre que celle que Pascal avait faite dans la prose. […] Voilà donc Boileau le premier qui applique au style de la poésie la méthode de Pascal : Si j’écris quatre mots, j’en effacerai trois.
Il a le talent trop élastique pour n’avoir pas, au besoin, un style moins compliqué. […] Jean Moréas, d’origine hellénique, très imbu des littératures méridionales que caractérisent le tour naïf, l’esprit, la grâce, la simplicité, devait avoir en horreur les solennels raseurs du Nord avec leurs réflexions graves, leurs déclamations creuses, leur style épais comme une coulée de lave. […] Les littérateurs de l’époque précédente avaient tué la littérature et en étaient arrivés à ne qualifier littéraires que les œuvres de phraséologie pure caractérisées par l’abus de la rhétorique et un style où l’idée se tortille en tire-bouchons — précisément celles qui le sont le moins.
Pas plus en style qu’en conception plus haute, Xavier Aubryet n’est un païen de ce temps, trop renouvelé des Grecs, et il l’a prouvé dans son Rossini ou le paganisme dans la musique. […] Esprit brillant quoique cherché, homme de style, de mot et de trait, Xavier Aubryet manque absolument d’invention et de clarté dans la conception et surtout dans l’organisation de ses nouvelles. […] Et la chose est telle que la critique peut dire hardiment que si Xavier Aubryet est parfois précieux dans son style, dans ses inventions romanesques, il l’est toujours.
Son style a besoin de jour, comme certains tissus faits pour le renvoyer. […] L’Histoire de la Grèce par Mitford, — les Orateurs athéniens, — le Dante, — Pétrarque, — John Bunyan, — les Poètes comiques de la Restauration, — Dryden, — Goldsmith, — la vie de Lord Byron par Thomas Moore, sont des sujets dans lesquels Macaulay a pu déployer toutes les ressources de sa pensée et de son style. […] qui atteignent, tous les deux, la vie de son style et son originalité.
Lucien Paté fait de bons vers et même de beaux vers ; la dernière page du Marronier de Bagatelle est d’un grand style ; mais il a plutôt la grâce classique, et, dans son recueil Lacrymæ rerum, j’aime surtout les petits vers.
Cette maniere d’écrire par phrases, en prétendant donner une pensée, ne plaît qu’autant que ceux qui l’adoptent savent fixer quelque temps l’attention du Lecteur sur un même objet, c’est-à-dire, qu’il faut que, de pensée en pensée, ils développent un sujet, afin que les traits de lumiere suppléent au défaut de liaison dans le style.
Les immenses Productions qu’on a de lui, prouvent d’abord son amour pour l’étude & son opiniâtreté pour le travail, & c’est déjà beaucoup en faveur de cet Ecrivain ; mais son style toujours diffus & incorrect, la marche de son esprit plus méthodique que subtile, son érudition plus étendue que choisie, sa critique plus minutieuse que profonde, dérobent à ses Ecrits la plus grande partie de la gloire qu’il auroit pu en retirer.
Il faut néanmoins convenir que ces deux derniers Ouvrages, accompagnés de notes historiques & critiques, annoncent un Littérateur érudit, qui, malgré la froideur de son style, écrit beaucoup mieux que la plupart de ses confreres de l’une & l’autre Académie.
Energie & vérité dans les tableaux, justesse & nouveauté dans les cadres, agrément & vivacité dans les entretiens des personnages que l’Auteur met en scène, style correct, harmonieux, semé de traits hardis & heureux ; il réunit, en un mot, tout ce qui peut attacher le Lecteur, & lui inspirer du mépris pour la secte dangereuse dont on y dévoile les menées.
Il y a d’excellentes choses dans sa Grammaire, connue sous le titre de Principes de la Langue Françoise : malgré cela, cet Ouvrage, où l’on trouve rarement des observations neuves, dont les regles & les enseignemens sont si compliqués, dont le style est tantôt recherché, précieux, tantôt abstrait & embrouillé, le distingue peu du commun des Grammairiens.
On s’attend bien qu’il ne faut pas y chercher le feu de l’imagination & l’agrément du style, comme dans des Productions purement littéraires.
M. de Mairan, dans un autre genre de style, mais toujours assaisonné d’une raison lumineuse & nourrie par des connoissances profondes, a traité avec succès l’une & l’autre matiere, en sorte que l’estime de ses Concitoyens a été confirmée par les éloges de tous les Savans de l’Europe.
Style élégant & naturel, narration simple & intéressante, sentiments vrais & délicats, toutes les graces enfin qui peuvent parer un petit Ouvrage, s’y trouvent agréablement réunies.
En qualité d’Ecrivain en prose, son mérite seroit plus sensible, si les réflexions saines qu’on trouve çà & là dans ses Traités de Morale & dans ses Observations critiques, n’étoient défigurées par un style tantôt guindé, tantôt rampant & diffus, trop souvent au dessous du médiocre.
Comme ses Ouvrages sont plus d’un Physicien que d’un Littérateur, nous n’en jugerons point le fond ; nous nous contenterons de dire qu’ils sont écrits d’un style aisé & assez clair pour instruire le commun des Lecteurs sur toutes les matieres qu’il traite.
On doit s’attendre, après cela, à ne pas trouver, dans ses Ouvrages, ce caractere d’exactitude & de perfection que le temps seul peut donner aux Productions de l’esprit ; mais on ne peut lui refuser de la netteté, de la méthode, une lecture immense, quelquefois une imagination vive, jointe à un style léger, mais souvent incorrect.
Le style de celui-ci est aisé, nombreux, plein de goût, propre enfin à servir de modele ou de condamnation à certains Aristarques qui s’érigent en Censeurs des Productions d’autrui, sans s’apercevoir que rien n’est d’abord plus digne de censure que leurs propres Productions.
L'idée principale de ce Discours est grande, les tableaux en sont frappans, les détails pathétiques, les preuves lumineuses, le style riche en images & en expressions.
Si la verification n'en est pas continuement agréable, si le style est quelquefois emphatique, les principes en sont du moins conformes à la raison & au bon goût.
Les réflexions en sont naturelles & quelquefois neuves ; & si la critique n'en est pas toujours exacte, le style en est continuement agréable.
L'Auteur demande grace pour les inégalités, les négligences & même la rudesse de son style.