/ 2098
1029. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

On assiste à tous les détails de l’enfance et des fiançailles de la jeune Élisabeth, à ses ruses innocentes parmi ses compagnes pour se mortifier à leur insu et prier, à ses premières joies si courtes et qu’on sent qui vont s’évanouir : « Ainsi Dieu, dit l’auteur, donne à sa créature cette rosée matinale, pour qu’elle sache résister ensuite au poids et à la chaleur du jour. » — « Élisabeth, » raconte-t-il plus tard en un endroit, « aimait à porter elle-même aux pauvres, à la dérobée, non-seulement l’argent, mais encore les vivres et les autres objets qu’elle leur destinait. […] Un jour qu’elle descendait, accompagnée d’une de ses suivantes favorites, par un petit sentier très-rude que l’on montre encore, portant dans les pans de son manteau du pain, de la viande, des œufs, et d’autres mets pour les distribuer aux pauvres, elle se trouva tout à coup en face de son mari qui revenait de la chasse.

1030. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Aussi, tandis que Mlle Aïssé, aimée du chevalier d’Aydie, refuse de l’épouser pour ne pas le faire descendre, jouant ainsi quelque chose du rôle d’Édouard, la pauvre Ourika, méconnue de Charles qui ne croit qu’à de l’amitié, se dévore en proie à une lente passion qu’elle-même ne connaît que par une découverte tardive. […] oui, mon pauvre père !

1031. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Pauvre, sensible, nerveux, pétri d’amour-propre, assez difficile à vivre, abondant en idées, et se dégoûtant dans l’exécution aussi vite qu’il s’était enflammé dans la conception, il créa des journaux d’observation morale qui ne vécurent pas, il écrivit des romans qui n’eurent pas de fin. […] Laissant la peinture du monde et des ridicules mondains, La Chaussée prend pour objet la vie intime, les douleurs domestiques : il développe les tragédies des existences privées, le mari libertin ramené à sa femme par la jalousie, le riche ou noble fils de famille épris d’une pauvre fille, le fils naturel en face de son père, etc.

1032. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il faut payer, il faut être riche pour entendre la parole de Celui qui aimait les pauvres ! […] outre que ces trois sous vont assurément à des œuvres avouables, les conférences de Notre-Dame ne sont point faites pour les pauvres gens.

1033. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Ils sont d’une lecture presque douloureuse pour les pauvres diables. […] Rabusson, c’est, avec la bonne duchesse d’Altenay, cette pauvre Florence Arnaud, la déclassée, qui a eu quatre amants et qui voudrait tant un mari, et à qui le petit Gilbert échappe, justement parce qu’elle l’aimait peut-être, celui-là, et qu’elle n’a pas été sa maîtresse.

1034. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

vois-tu, quand on veut poser, il ne faut pas avoir d’enfants. » — Son enfant mort, il n’a rien de plus pressé que de faire le portrait du pauvre petit hydrocéphale, ce qui est bien, et de le présenter au Salon, ce qui est mieux. […] « Et, comme Angélique l’aimait, elle trouvait tout naturel de l’épouser, quoiqu’elle ne fût qu’une petite fille très pauvre et sans parents.

1035. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

On refuse à la pauvre victime, non seulement le naturel de ses qualités, mais même celui de ses défauts. […] À propos de ces perpétuels dérangements que les incartades de Voltaire apportaient dans l’existence de Mme du Châtelet, les bonnes âmes d’alors ne tarissaient pas ; on la plaignait hautement ; le président Hénault, un des meilleurs amis, écrivait un jour à Mme Du Deffand : « La pauvre Du Châtelet devrait faire mettre, dans le bail de toutes les maisons qu’elle loue, la clause de toutes les folies de Voltaire.

1036. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Cette contagion ou peste qui sévissait alors dans le pays, frappait surtout parmi ces pauvres gens, Montaigne apprend d’eux la résignation et la pratique de la philosophie. Regardons à terre : les pauvres gens que nous y voyons épandus, la tête penchante après leur besogne, qui ne savent ni Aristote ni Caton, ni exemple ni précepte, de ceux-là tire nature tous les jours des effets de constance et de patience plus purs et plus roides que ne sont ceux que nous étudions si curieusement en l’école.

1037. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Son île est à la fois un cimetière pour les mortels bienfaisants, un verger pour les arbrisseaux exotiques, une prairie artificielle, un prytanée, un rendez-vous de noces et festins pour les pauvres vertueux, un lieu d’asile inviolable pour les pères de famille endettés et pour tous les infortunés : que sais-je encore ? […] Quand je me suis logé dans le quartier des pauvres, je me suis mis à la place où je suis classé depuis longtemps57.

1038. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Il est sévère en général pour les peintres antérieurs à Raphaël, et même injuste pour les pauvres rénovateurs si méritants de l’art en Italie, les Cimabue, les Orcagna. […] Consolez-moi dans mon affliction, j’en ai grand besoin ; mon pauvre favori vient de mourir de la poitrine, à l’âge de trente-trois ans.

1039. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Poirier, de Paul Forestier, des Lionnes pauvres, des Fourchambault, semblait devoir retenir seulement les suffrages des délicats et des lettrés. […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.

1040. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

mon pauvre grand écrivain, votre Baudelaire à vous est venu ! […] ) Pauvre artiste, qui croyais avoir fait une belle toile !

1041. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

La pauvre curieuse étouffe dans son masque, de pudeur outragée, et rentre chez elle, humiliée des langages qu’on a osé lui tenir. […] Seulement, quand la pauvre diablesse d’érudite ne se contenta plus de cette fonction domestique de ramasseuse d’épingles, au service de l’Histoire, et qu’elle voulut aborder l’histoire elle-même et construire une théorie des lois de la monarchie (rien que cela !)

1042. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Ce n’est point, comme on pourrait le croire, selon les coutumes de ces pauvres temps, les articles d’un journaliste qui se contente de passer le fil du brocheur à travers une verroterie creuse que l’aimable garçon — aimable pour lui !  […] Il a planté là insoucieusement l’opinion publique, les goûts publics, les femmes qui deviennent de plus en plus des choses publiques, et il s’est plongé, d’un magnifique élan, dans l’innocence, la pureté, tous les azurs, tous les éthers, toutes les modesties, toutes les naïvetés des cœurs simples, toutes les célestes gaucheries, comme Léandre se jetait dans l’Hellespont pour aller retrouver sa pauvre Héro sur le rivage solitaire !

1043. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Ce que nous tenons seulement à constater, c’est que, contrairement au plus grand nombre des lyriques actuels, si préoccupés de leur égoïsme et de leurs pauvres petites impressions, la poésie de Baudelaire est moins l’épanchement d’un sentiment individuel qu’une ferme conception de son esprit. […] Et d’autant que Baudelaire, qui va nous en conter… les merveilles, est un voyageur qui revient de ces Indes concentrées qu’on appelle le haschich et l’opium, comme le pauvre grand Dante s’en revenait de l’Enfer, disait-on, tout vert de terreur surmontée.

1044. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Mais je vais à l’âme du pauvre homme moyen. […] Sergent d’abord, puis lieutenant, puis capitaine, il écrit à sa femme : « C’est une responsabilité, tu sais, ma compagnie : prie beaucoup pour que ton pauvre mari soit à la hauteur de la tâche et du rôle qu’il aura à remplir ; j’ai le frisson en pensant que de moi peut dépendre la vie de plusieurs.

1045. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je pourrais prendre l’un après l’autre les différents rôles classiques du provincial : le petit marchand des villes, le gros marchand enrichi, le châtelain ignorant et vaniteux, le châtelain pauvre, le châtelain grand seigneur, les femmes surtout qui se ressemblent presque toutes dans les romans dits provinciaux, mal habillées, sentimentales, courtes d’intelligence, de dévotion étroite, intimidées et hypnotisées à la seule vue d’une Parisienne ; je pourrais prendre ces personnages et montrer que, sauf de bien légères nuances, ils n’ont pas changé en passant de livre en livre, qu’ils sont au fond les mêmes et comme immuables dans la littérature depuis trois siècles. […] Certaines gens naissent et grandissent avec une cervelle si pauvre, qu’ils ne peuvent vivre sans tapage et bavardage, sans poussière à respirer, sans un théâtre ou un salon pour passer la soirée.

1046. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Tout à coup, il aperçut à l’étalage d’un bouquiniste, entre un Crevier dépareillé et l’Almanach des cuisinières, un pauvre livre étranger, honteux, ignoré, antique habitant des quais, dont personne, sauf le vent, n’avait encore tourné les feuilles : Recherches sur l’entendement humain, d’après les principes du sens commun, par le docteur Thomas Reid. […] Il est fâcheux d’être réfuté par lui : le pauvre Condillac est si malmené, qu’il fait pitié.

1047. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

En attendant il a détaché et fait imprimer tout ce qui concerne la fondation, l’histoire et l’intérieur de Saint-Cyr, maison d’éducation pour les pauvres demoiselles nobles, qui fut créée quand Port-Royal se mourait et qui ne fut détruite qu’à la Révolution.

1048. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

En ce temps-ci, c’est chose aussi rare qu’édifiante de voir si bien réussir dans le monde un pauvre orphelin posthume, et de méchantes langues, qui cherchent malice à tout, se sont permis de gloser sur une adoption si paternelle.

1049. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Malgré les représentations de ses amis et les sarcasmes des autres étudiants, le bon Eugène se condamne à cette vie par amour pour la botanique, et cela dure quelque temps sans encombre ; mais enfin la nature se déclare ; une lente consomption s’empare du pauvre jeune homme qui s’en aperçoit à peine, puis qui tâche violemment de s’y soustraire.

1050. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Au fond, on n’est pas méchant, ni même sot, on n’est que pauvre d’idées ; et, comme il faut parler, on médit.

1051. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Puisque sa chance l’a conduit au Panthéon  dans son hypocrite corbillard des pauvres— qu’on l’y laisse !

1052. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

La pauvre victime « jeta les yeux de tous côtés pour voir s’il ne lui viendrait aucun secours.

1053. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

Une âme en péril Il y avait une fois, dans une pauvre paroisse du Bas-Limousin, un curé qui s’ennuyait.

1054. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Il est monstrueux que des millions d’hommes passent dans les casernes les plus vivaces années de leur jeunesse, de façon qu’en additionnant ce qu’ils coûtent et ce qu’ils pourraient produire, on constate une perte annuelle de dix milliards pour le bien-être de la pauvre humanité occidentale.

1055. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Obscure, la hantise du fatal y dominait avec l’image de pauvres chevaux qui « travaillent », de laboureurs qui « travaillent », de mineurs qui « travaillent », d’une foule humble et immense à qui les sueurs et les supplices à peine donnent le pain quotidien, le sommeil pitoyable et des joies confuses de reproducteur. » « … Comme une pluie d’automne, comme un firmament lourd et sans nuances, comme une lande stérile, les pages lui pleurèrent sur l’âme et la racornirent.

1056. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

La figure shakespearienne du Pauvre s’y dessinait déjà.

1057. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Pauvre Parnasse, à qui MM. 

1058. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Toutes les chèvres de la pauvre Attique auraient été la curée de la Chasseresse.

1059. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Si la colère vous enflambe, Ne vous pendez pas, envieux : Je vous remets devant les yeux Le malheur du pauvre Lycambe.

1060. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

Lorsque la science était pauvre et solitaire ; lorsqu’elle errait dans la vallée et dans la forêt, qu’elle épiait l’oiseau portant à manger à ses petits, ou le quadrupède retournant à sa tanière, que son laboratoire était la nature, son amphithéâtre les cieux et les champs ; qu’elle était simple et merveilleuse comme les déserts où elle passait sa vie, alors elle était religieuse.

1061. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Maître, mon pauvre maître, chassez ces visions, reconnaissez votre fidèle…

1062. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

En effet, il faut le tenir quitte et net de tout reproche, ce pauvre Baschet, ce chercheur, ce liseur, ce déchiffreur de correspondances !

1063. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Enfin ceux qui sentent tout le prix des talents, et qui ont le goût des arts, voient avec intérêt, à la suite des princes, des généraux et des ministres, les noms des artistes célèbres ; de Lully, de Mansart, de Le Brun ; de ce Claude Perrault, qu’on essaya de tourner en ridicule, et qui était un grand homme ; de la Quintinie, qui commença par plaider avec éloquence, et qui finit par instruire l’Europe sur le jardinage ; de Mignard, dont ses parents voulurent faire un médecin, et dont la nature fit un peintre ; du Poussin, qui, las des intrigues et des petites cabales de Paris, retourna à Rome vivre tranquille et pauvre ; de Le Sueur qui mérita que l’envie allât défigurer ses tableaux ; de Sarrazin, qui, comme Michel-Ange, fut à la fois sculpteur et peintre, et eut la gloire de créer les deux Marsis et Girardon ; de Varin, qui perfectionna en homme de génie l’art des médailles ; enfin du célèbre et immortel Callot, qui eut l’audace, quoique noble, de préférer l’art de graver, à l’oisiveté d’un gentilhomme, et qui imprima à tous ses ouvrages le caractère de l’imagination et du talent.

1064. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Et puis on a trop dit à ce pauvre public qu’il était bête et stupide ; dans sa modestie il a fini par le croire. […] À notre époque les convois de pauvres ne sont pas généralement suivis par un chien tout seul. […] Jamais un tel tapage n’a été fait autour de ces pauvres vieux : « Elle corrompt et elle tue. » Que de gens elle berce cependant. […] Ils manquent de nerfs, de vitalité ; ils ont la langue riche et l’organisation pauvre. […] En reportant l’ouverture du salon au 15 juin, la prochaine exposition sera moins pauvre qu’elle ne l’aurait été sans cette mesure.

1065. (1883) Le roman naturaliste

Flaubert nous peint en quelques lignes la douleur de la pauvre tante, mais pourquoi faut-il que le paysage où s’encadre le désespoir de Félicité nous soit si familier ? […] Plus tard, c’est le riche que le romancier mettra en contact avec le pauvre, et le patron avec l’ouvrier, le peuple avec la bourgeoisie, pour instituer ce que M.  […] Avec cela, l’un des pires écrivains qui jamais aient tourmenté cette pauvre langue française. […] « Alors on vit s’avancer sur l’estrade une petite vieille femme, de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements. […] mais vraiment, ce pauvre Ponsard, dont ils se moquent tant, — et que Dieu me préserve, au surplus, de vouloir défendre contre eux !

1066. (1925) Comment on devient écrivain

Un écrivain connu, et qui meurt pauvre, est-il plus raté qu’un écrivain riche mais ignoré ? […] Pauvre Daudet !  […] Lamartine croyait à l’inspiration spontanée. « Créer est beau, disait-il, mais corriger, changer, gâter est pauvre et plat. […] Si encore ces fabricateurs à la grosse étaient de pauvres débutants obligés de gagner leur vie ! […] Dans quelle confusion doivent se débattre ces pauvres cervelles féminines qui croient pouvoir retenir quelque chose !

1067. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Combien d’écrivains pauvres n’avaient pas d’autre fréquentation que la maison de la rue de Balzac ! […] Le pauvre garçon mourut le premier et personne ne fit la sienne. […] Il passait cependant pour avare, malgré ses inépuisables charités envers des confrères pauvres. […] oui, me dit-il, ce pauvre Mariéton !  […] Ne lui faites jamais de cadeaux  : elle en donne l’argent aux pauvres.

1068. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

« Les pauvres même ont de la gloire et quand ils demandent l’aumône, c’est d’un air impérieux et dominant. […] « Ils y vont la plupart fort pauvres et y pillent le plus qu’ils peuvent. […] On faisait alors le chemin dans une sorte de patache, et l’on relayait dans un village nommé Pauvres. […] Je ne limite pas votre choix ; quel que soit votre élu, riche, pauvre, noble, bourgeois, ouvrier, paysan, cela vous regarde. […] Quand on montait chez lui, on le trouvait dans un logement de rapin pauvre.

1069. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

La chambre était pauvre, mais d’une pauvreté fière et non sans quelque ornement. […] Ce que voulait faire le pauvre Jules Vabre, François-Victor Hugo, le second fils du grand Victor, l’a réalisé dans les tristes loisirs de l’exil sur le même plan romantique ; telle devait être, en effet, une traduction de Shakespeare faite par le fils d’Hugo. […] Du cerveau, le drame descend au cœur ; l’amour contenu éclate ; la mort est en tiers dans l’entrevue suprême ; et quand les lèvres de Chatterton effleurent le front immaculé de Ketty Bell, à ce premier et dernier baiser, la pauvre femme comprend que le pâle jeune homme va mourir. […] Nous-même nous étions, à l’endroit de ces pauvres jurés, d’une férocité qui nous fait sourire aujourd’hui quand le hasard met sous nos yeux ces pages virulentes, début obligatoire de tout Salon en ce temps. […] Ce n’était plus la brillante courtisane attendrie et purifiée par l’amour, c’était la pauvre femme du peuple, la mère de douleurs du faubourg, ayant dans le cœur les sept pointes d’épée, comme la Marie au Golgotha.

1070. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

« Le pauvre jeune homme, mourant, dit à M.  […] Je n’ai jamais pu m’en tirer, quelque intéressant que fût en lui-même le personnage du pauvre Tom. […] Bientôt, pauvres poètes, débiles écrivains, ou malheureux artistes, découragés, exténués, ils resteront à mi-chemin sur ces pentes semées d’obstacles. […] — Était-il riche, était-il pauvre ? […] Quelle joie pour cette pauvre âme !

1071. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

ma pauvre enfant ! […] A-t-elle jamais jeté un regard sur le pauvre Justin ? […] Pauvre femme après tout, bien à plaindre si M.  […] ce sont ces calculs qui sont corrupteurs… » Oui ; mais il est riche, elle est pauvre ; il ne saurait s’agir entre eux de ces délicatesses. […] N’aurions-nous nulle pitié de ce pauvre Ménechme, brave homme en définitive, si prestement dépouillé de son héritage et réduit à épouser les restes d’un frère libertin ?

1072. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Le maître du monde songe à l’ensevelissement des pauvres : César, du haut du trône, jette son manteau sur le cadavre nu du misérable porté au bûcher. […] Le roy lui dit : « Mettez-vous à genoilz. » Le pauvre moyne avoit paour. […] Le pauvre mendie fièrement ; le riche vit à la mode arabe, d’un trésor qui croupit dans un coffre ou dans un silo. […] » — dit le roi Lear à son bouffon fidèle qui le suit, en grelottant, à travers la neige et la nuit—, « pauvre fou ! […] Le pauvre petit appelle, en pleurant, sa mère qui se tord les bras. — « Ô Mort ! 

1073. (1911) Études pp. 9-261

Elle était prête à tout ressentir ; non pas avec dilettantisme, mais comme une pauvre âme véritable faite pour la peine et la besogne. […] Il résume dans sa vraiment pauvre personne tout ce qu’a de mesquin l’accomplissement. […] Je ne trouverai en lui aucun de ces grands renoncements qui dorment, comme un pauvre, la tête entre ses bras, dans le cœur des hommes de quarante ans. […] Il est mal content de son contentement, il en ressent le défaut, il ne le subit pas sans crainte, il cherche par où se rendre pauvre et comment obtenir d’avoir besoin. […] La Mort des pauvres, p. 340.

1074. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

O toi qu’appelle encor ta patrie abaissée, Dans ta tombe précoce à peine refroidi, Sombre amant de la Mort, pauvre Leopardi, Si, pour faire une phrase un peu mieux cadencée, Il t’eût jamais fallu toucher à ta pensée, Qu’aurait-il répondu, ton cœur simple et hardi ? […] « Si mes yeux étaient deux sources vives, je ne pourrais assez pleurer pour égaler ton malheur et encore moins ta honte, parce que tu étais maîtresse et que tu n’es plus qu’une pauvre servante. […] « Mais non, ce n’est pas pour toi que tu te réjouis, c’est pour cette pauvre patrie, à l’idée que peut-être l’exemple des pères et des aïeux réveillera assez les fils assoupis et malades pour qu’ils relèvent tout d’un coup leur regard. […] Je vois très-souvent le bon ministre de Prusse, le chevalier Bunsen, qui était ami du pauvre Niebuhr ; il réunit toutes les semaines chez lui une société de savants, dont je n’ai pu encore profiter à cause de ma santé et de la distance où il demeure… » Mais voici un passage curieux dans lequel, à l’occasion d’un article sur lui qu’avait inséré un journal de Stuttgard, l’Hesperus 159, Léopardi, au beau milieu d’une lettre écrite en italien, s’exprime tout d’un coup en français, comme pour rendre plus nettement sa pensée et pour adresser sa profession de foi à plus de monde.

1075. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Si les malheureux et les pauvres n’avaient pas le droit de compter sur l’immortalité, où serait leur consolation ou leur vengeance ? […] Si j’avais été malheureux et pauvre, ils auraient cessé. […] Je marchandai souvent un arc, mais on n’en vendait pas au-dessous de vingt francs, et où un pauvre chasseur pouvait-il trouver une pareille somme ? […] Quand sa crue s’arrêtera, ce sera un chêne élevé, fort, élancé, mais il n’aura pas entre sa tige et sa couronne les proportions nécessaires pour être vraiment beau. — Si au contraire un chêne pousse dans un lieu humide, marécageux, et si le sol est trop nourrissant, de bonne heure, s’il a assez d’espace, il poussera dans tous les sens beaucoup de branches et de rameaux ; mais ce qui manquera, ce seront des forces qui puissent l’arrêter et le retarder, aussi ce sera bientôt un arbre sans nœuds, sans ténacité, qui n’aura rien d’abrupte, et, vu de loin, il aura l’aspect débile du tilleul ; il n’aura pas de beauté, du moins la beauté du chêne. — S’il croît sur la pente d’une montagne, dans un terrain pauvre et pierreux, il aura cette fois trop de nœuds et de coudes, c’est la liberté du développement qui manquera ; il sera étiolé, sa crue s’arrêtera de bonne heure, et devant lui on ne dira jamais : « Là vit une force qui sait nous en imposer. » — J’ai pu voir de très beaux chênes, dis-je, il y a quelques années, lorsque de Gœttingue je fis quelques excursions dans la vallée du Weser.

1076. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Quand Hagene le regarda, le pauvre serviteur de Dieu dut se trouver mal à l’aise. […] Le pauvre chapelain voyant qu’il n’aurait nul secours, se dirigea vers l’autre rive ; mais son angoisse était grande. […] Il se releva, le pauvre prêtre, et secoua ses habits. […] Je le dis sans moquerie. » Le pauvre chapelain reprit: « Certes, j’en remercie Dieu.

1077. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

De temps en temps, se sont élevés des hommes, qui ont constaté que le monde souffrait d’une maladie le maintenant dans un état de décadence croissante… Et, parmi les plus pauvres et les plus méprisés, apparut le Sauveur, qui enseigne le chemin de la guérison non plus par des doctrines, mais par des exemples (R. et A ) La Vérité est conforme à la doctrine de Jésus : Tolstoï et Wagner sont, ainsi, chrétiens. […] Au lieu de voir dans cette basse origine une preuve de ce fait, que la naissance du Rédempteur des pauvres ne trouverait aucune place chez les nations civilisées qui régnaient alors, mais que cette Galilée, que seul le mépris des Juifs distinguait, avait pu être choisie, à cause même de son abaissement apparent, pour le berceau de la nouvelle foi, — et les premiers croyants, les bergers et les paysans, aveuglément soumis aux lois juives, crurent pouvoir prouver que le Sauveur se rattachait, par son origine à la race royale de David, comme pour excuser sa téméraire sortie contre la loi hébraïque. […] Flosshilde Comme folles vous êtes, pauvres sœurs, si celui point ne vous semble beau ! […] Alberich Pour pauvres et malplaisantes je les peux tenir, depuis qu’ô très gracieuse, je te vois.

1078. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

En attendant les bénéfices qui ne venaient pas et dont il n’avait qu’un tout petit, dit-on, à Boulogne-sur-Mer2, l’abbé-comte de Bernis se lança dans le monde pour lequel il était fait, et dans le plus grand monde ; mais il y était pauvre comme le dernier des nouveaux venus. […] Sous Mme de Maintenon, on prétendait que les preuves de pauvreté qu’il fallait faire pour entrer à Saint-Cyr en écarteraient la noblesse ; et aujourd’hui la noblesse aisée n’a pas honte de se dire pauvre pour y faire admettre ses filles, qui, sous cet habit de laine brune qui révoltait si fort autrefois, prennent plus de vanité et d’orgueil qu’il n’en faudrait.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Je sens que les autres doivent avoir une pauvre idée de mon chétif individu, et cette persuasion me rend plus chétif, plus timide et plus faible encore… Je suis comme un somnambule dans le monde des affaires. […] Pauvre Maine de Biran, toujours en quête de son point d’appui qu’il ne put jamais rencontrer ni atteindre, le voilà devenu, sans qu’il s’en soit douté, un guide en matière de certitude, un fondateur !

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Cette réponse montrée par Vauvenargues au duc de Durfort et à d’autres officiers, à un dîner d’auberge à Besançon, paraît bonne et dans le caractère de celui qui l’écrit : « Mais nous plaignîmes, ajoute Vauvenargues, une pauvre fille, qui a de l’esprit et qui vous aime. » Sur ce chapitre essentiel et délicat, la différence des deux natures se prononce. […] Mes goûts, mon caractère, ma conduite, mes volontés, mes passions, tout était décidé avant moi ; mon cœur, mon esprit et mon tempérament ont été faits ensemble, sans que j’y aie rien pu, et, dans leur assortiment, on aurait pu voir ma pauvre santé, mes faiblesses, mes erreurs, avant qu’elles fussent formées, si l’on avait eu de bons yeux.

1081. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

il aurait envoyé son livre à nos illustres, dont plus d’un lui eût répondu : « Je n’en ferais pas autant, mon cher, et vous n’avez rien écrit de mieux. » Pauvre vieillard mortifié ! […] On serait tenté de lui dire comme à un pauvre : « Je voudrais faire plus pour vous. » Mais, en conscience, on ne le peut.

1082. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

Ces pauvres dames ont peur évidemment de ne point paraître assez patriotes ; les dons civiques de leur part vont se succéder. […] Les Mémoires de l’abbé Morellet (tome II, pages 129 et suiv.) sont à lire sur l’emprisonnement de ces « pauvres dames » de Boufflers et sur le dévouement qu’elles inspirèrent à de courageux amis.

1083. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

« Les autres emplois civils et militaires avaient été également distribués, par élection, entre ces républicains imberbes qui s’engageaient à secourir les pauvres (on avait un trésor) et à défendre les faibles. » D’autres joueront au drame ; d’autres, à la guerre et au conquérant : ici c’est l’économiste et le philanthrope en herbe qui se dessine. […] Lucile, la pauvre jeune fille, atteinte de consomption, se laissa mourir pendant le conflit dont elle était l’objet, et, moyennant des larmes et un grand deuil, sa mort tira chacun d’embarras.

1084. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Catinat, il faut le dire, ne vit dans cette guerre si mauvaise qu’il allait faire à de pauvres montagnards pour leur religion, et dans la part principale qu’il y devait prendre, qu’une marque nouvelle de la confiance du roi et une occasion d’avancement : il était militaire avant tout, et chargé en chef, pour la première fois, d’une expédition difficile, il eut un mouvement de joie ; il ne raisonna point sur la légitimité de l’entreprise, il ne s’occupa que de prendre ses mesures pour la conduire le mieux possible et le plus vivement. […] À l’annonce de cet acte d’exécution, le courage du désespoir se ranima dans les pauvres vallées, et tous, à l’unanimité, se décidèrent à s’en remettre à la Providence et à défendre leurs toits et leurs autels, à l’exemple de leurs pères.

1085. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Je vous embrasse tendrement ; ne me croyez pas fâchée, mais touchée et occupée de votre bien-être. (30 septembre 1774.) » A un moment elle ne craint pas, elle, l’illustre Marie-Thérèse, de se comparer a ce triste et médiocre trio de Mesdames qui, avec leur vertu, jouaient un si pauvre rôle, et dont elle craignait la mauvaise influence sur sa fille : « Ce qui m’a fait de la peine et m’a convaincue de votre peu de volonté de vous corriger, c’est le silence entier sur le chapitre de vos tantes, ce qui était pourtant le point essentiel de ma lettre, et ce qui est cause de tous vos faux pas… Est-ce que mes conseils, ma tendresse, méritent moins de retour que la leur ? […] Louis Combes, tient toujours pour son opinion si désavantageuse au pauvre roi, j’aimerais bien qu’on en vînt une bonne fois, et fût-ce dans un journal de médecine, aux preuves et aux arguments qui peuvent en finir avec cette question.

1086. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

L’orgueil, c’est la vertu, l’honneur et le génie ; C’est ce qui reste encor d’un peu beau dans la vie, La probité du pauvre et la grandeur des rois ; quand Frank avait dit cela, le chœur avait su divinement répondre : Frank, une ambition terrible te dévore. […] Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ?

1087. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Quoi qu’on puisse dire, il ne se découvre pas même trace de ce genre de sentiment, si conforme à la jeunesse, dans les lettres qu’écrit d’Angleterre Benjamin Constant : en revanche, il cite le Pauvre Diable de Voltaire, et il s’en revient au gîte en se souvenant beaucoup de Pangloss. […] Pauvres petits insectes !

1088. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Je ne suivrai point le pauvre poëte en peine dans la quantité de petits journaux oubliés auxquels, çà et là, il payait et demandait l’obole. […] si le roi nous lisait dans son Louvre,  — ô ma Muse inabritée contre les orages de la vie,  — le seigneur suzerain de tant de fiefs qu’il ignore le nombre de ses châteaux, ne nous marchanderait pas une pauvre chaumine !

1089. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Peu importe que vous soyez un fripon, si vous êtes riche ; un honnête homme, si vous êtes pauvre. […] Il ramène ensuite ses regards sur quelque petit rayon tremblant dans une pauvre maison écartée du faubourg, et il se dit : « Là, j’ai des frères. » « Une autre fois, par un clair de lune, il se place en embuscade sur un grand chemin, pour jouir encore à la dérobée de la vue des hommes, sans être distingué d’eux ; de peur qu’en apercevant un malheureux, ils ne s’écrient, comme les gardes du docteur anglais, dans la Chaumière indienne : « Un paria !

1090. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

L’intervalle de deux ou trois ans pendant lequel Rousseau, réfugié en Suisse, habita à Môtiers (1762-1765), fut le temps où la correspondance eut le plus de suite et apporta le plus de consolation à la pauvre Marianne. […] il m’arrive au moment où je suis entouré d’importuns et d’étrangers… J’ai cru devoir vous donner avis de sa réception, afin de vous tranquilliser là-dessus. » La pauvre Marianne est désespérée et furieuse de recevoir si peu : « Votre laconisme me désole, mon ami. » Elle voudrait savoir comment on l’a trouvée dans ce portrait ; elle a grand soin d’avertir qu’il n’est pas flatté ; que tout le monde la trouve mieux.

1091. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

La pauvre Mlle de Lespinasse s’intéresse à ces personnes, à l’une surtout, et elle essaie de se glisser entre les deux. […] Le pauvre d’Alembert, qui demeure sous le même toit, essaie vainement de la consoler, de l’entretenir ; il ne peut comprendre qu’elle le repousse par moments avec une sorte d’horreur.

1092. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle ne pouvait s’empêcher de faire des cadeaux à tous, au plus pauvre homme de lettres comme à l’impératrice d’Allemagne, et elle les faisait avec cet art et ce fini de délicatesse qui ne permet pas de refuser sans une sorte de grossièreté. […] Turgot écrivait à Condorcet : « Je plains cette pauvre Mme Geoffrin de sentir cet esclavage, et d’avoir ses derniers moments empoisonnés par sa vilaine fille. » Mme Geoffrin ne s’appartenait plus ; même en revenant à elle, elle sentit qu’il lui fallait choisir entre sa fille et ses amis, et le sang l’emporta : « Ma fille, disait-elle en souriant, est comme Godefroy de Bouillon, elle a voulu défendre mon tombeau contre les Infidèles. » Elle faisait passer sous main à ces mêmes Infidèles ses amitiés et ses regrets ; elle leur envoyait des cadeaux.

1093. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Ce dernier conseil revenait chaque fois plus pressant, plus impérieux, et la pauvre enfant ne pouvait plus tenir en place où elle était. […] Et sur ce que l’enfant répondait qu’elle n’était qu’une pauvre fille qui ne savait chevaucher ni faire la guerre, la voix lui répliquait qu’elle ne s’en souciât et qu’elle allât néanmoins.

1094. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Il mourut d’épuisement à l’œuvre et à la peine, le 10 mai 1800, dans sa cinquante et unième année, pauvre et pur, hautement estimé et considéré de tous ceux qui l’avaient connu. […] Il sait à quel point les vérités pratiques et utiles de l’économie politique sont plus importantes que tous ces grands principes, et combien il est difficile de les faire accepter et de les appliquer dans la mesure qui convient à chaque État en temps opportun : L’économiste rural et non raisonneur, écrivait-il, à qui l’on doit en France la culture des pommes de terre ; le paysan zurichois qui doublait le produit de ses prairies, ont plus fait pour la société que mille traités sur le luxe, dont les auteurs n’ont pas arrêté la vente d’une aune de dentelles, et qu’une foule d’hypothèses sur les richesses, dont le pauvre n’a pas retiré un écu.

1095. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker dans son ouvrage, c’est de faire voir ce qui peut, dans l’ordre actuel de la société, réconcilier le pauvre avec le riche ; le prolétaire avec le propriétaire, celui qui vit de son salaire de chaque jour avec « les dispensateurs des subsistances ». […] » — D’où il s’ensuivait que l’Assemblée nationale lui devait son existence, qu’elle avait reçu uniquement de lui son empire, et qu’elle était une fille ingrate et dénaturée autant que les filles du roi Lear ; pauvre vieux roi, un peu plus errant toutefois que ne l’était M. 

1096. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur. […] Ces pauvres chers vices payants, ces excellents forfaits bons princes, son altesse Rufin, sa majesté Claude, cette auguste madame Messaline qui donne de si belles fêtes, et des pensions sur sa cassette, et qui dure et qui se perpétue, toujours couronnée, s’appelant Théodora, puis Frédégonde, puis Agnès, puis Marguerite de Bourgogne, puis Isabeau de Bavière, puis Catherine de Médicis, puis Catherine de Russie, puis Caroline de Naples, etc., etc., tous ces grands seigneurs, les crimes, toutes ces belles dames, les turpitudes, leur fera-t-on le chagrin de consentir au triomphe de Juvénal ?

1097. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Il ne consiste pas seulement dans la succession des idées, le choix des expressions y fait beaucoup, d’expressions fortes ou faibles, simples ou figurées, lentes ou rapides ; c’est là surtout que la magie de la prosodie qui arrête ou précipite la déclamation, a son grand jeu. ô les pauvres gens que la plupart de nos faiseurs de poétiques… . […] Mais savez-vous, mon ami, la raison de cette rage de Greuze, de ce déchaînement de Pierre, contre ce pauvre Doyen ?

1098. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Pauvre Hello ! […] Pauvre Hello !

1099. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

J’ai chaque matin l’impression que je viens seulement de naître et que je vois le vaste monde pour la première fois… » Certaines de ses lettres écrites sur ses genoux, à la lueur d’une pauvre bougie, à cinq mètres sous terre, sont d’un grand lyrique. […] Nos pauvres papas en tressailliraient dans leurs tombes !

1100. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Il fut un temps où, selon leur récit, elles étaient adorées ; mais aujourd’hui elles sont pour tous objet de haine ou d’indifférence. » Ces trois femmes mystérieuses, que l’amour interroge sur leurs noms, c’étaient la Justice, la Générosité et la Tempérance, persécutées désormais par les hommes et réduites à une vie errante et pauvre. […] J’ai vu Bellincion Berti marcher ceint a d’une pauvre casaque en cuir, et sa femme s’éloigner du miroir sans s’être peint le visage.

1101. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Jetée, jeune et pauvre, dans le monde, avec sa beauté et son titre de demoiselle, exposée dès l’enfance aux persécutions des dévots, qui la convertirent à grand’peine, et plus tard chez Scarron, aux galanteries des grands seigneurs qui ne la séduisirent pas, madame de Maintenon se distingua de bonne heure, et dans tous les états, par cette prudence accomplie, cet esprit de conduite, qu’alors on regardait comme la première vertu de son sexe, et qui de nos jours est resté tant à cœur à la haute société monarchique, sous le nom presque sacré de convenance.

1102. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Si par malheur vous comprenez peu et que vous n’aimiez guère la poésie ; si vous n’avez pas reçu de la nature le sens délicat de la mélodie, le goût exquis du chant, et que vous vous trouviez embarrassé pour apprécier directement le mérite d’un poète, écoutez-le une demi-heure parler en prose ; et si sa prose est molle, vide d’idées, sans éclat, sa poésie court grand risque d’être elle-même pauvre, pâle et chétive ; osez-le ranger impitoyablement parmi les versificateurs.

1103. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Il a fallu, pour produire cette pauvre forme d’embryon, il a fallu que la population gallo-celtique de la Gaule fût réduite sous la loi de Rome, qu’elle prît les mœurs, la culture, la langue de ses vainqueurs, que l’empire romain et la culture latine, formes vénérables et vermoulues, tombassent en poussière au contact, non hostile, mais brutal, des barbares, et que les Francs, fondus dans la masse gallo-romaine, y déterminassent cet obscur travail, d’où sortirent ces deux choses, une race, une langue française.

1104. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

«… IL faut avoir de l’humanité, et laisser à un nègre au moins cinq pieds en longueur et deux en largeur pour s’ébattre, pendant une traversée de six semaines et plus, car enfin, disait Ledoux à son armateur pour justifier cette mesure libérale, les nègres, après tout, sont des hommes comme les blancs. » — « Cependant le pauvre Tamango perdait tout son sang.

1105. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

La première Du quartier, quand pointait l’aube aux cieux violets, De sa pauvre boutique elle ôtait les volets… Ô vieille sibylle, dis-je à la dame, extra-lucide, vos malices sont grosses.

1106. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Mais le sort de la pauvre Gaussin est plus triste encore.

1107. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

Je ne pense pas que personne, dans aucun temps, ait pris plus sérieusement la vie que ce petit Breton de vingt-cinq ans dont l’enfance avait été si pure, l’adolescence si grave et si studieuse, et qui, au sortir du plus tragique drame de conscience, seul dans sa petite chambre de savant pauvre, continuait à s’interroger sur le sens de l’univers, — et cela, dans un tel détachement des vanités humaines, que ces pensées devaient rester quarante ans inédites par la volonté de leur auteur.

1108. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Il était loin… très loin… À quoi pensait-il, le pauvre garçon ?

1109. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

On exalte, sans y regarder, la Fille Élisa, roman écrit, selon la déclaration de l’auteur, pour « parler au cœur et à l’émotion de nos législateurs » et auquel, en effet, les parlementaires ont pu s’intéresser sans effort, roman dont l’émotion demeure à la préface, livre pauvre d’humanité et mince de littérature, bien loin, ce me semble, des chefs-d’œuvre que fabriquait, avec son frère, M. 

/ 2098