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2099. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Mais nous verrons que Racine a beaucoup mieux regardé qu’on ne dit communément les mœurs locales, la couleur particulière de chacun de ses sujets.

2100. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Le propre de sa discipline n’est pas de réduire ou de contraindre cette liberté ; c’est bien plutôt de la sauver des servitudes de l’imitation, de la mode, de l’humeur particulière, et de rendre le poëte à lui-même.

2101. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Nous trouverons, en effet, en allant droit à la source, en examinant la genèse de Lohengrin, que cet ouvrage a été conçu et exécuté sous des conditions très particulières, uniques dans la vie du Maître.

2102. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Toute comparaison est impossible entre les théâtres ordinaires et celui de Bayreuth ; le caractère particulier de Bayreuth, l’emplacement du théâtre, l’air de sérénité qu’on y respire, l’imposant mystère de la salle, tout cela s’ajoute en cette communion qui nécessairement unit les assistants … Ainsi apparaît Tristan, transfiguré de ce que nous l’avions vu à Munich ou ailleurs.

2103. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Il est incontestable, croyons-nous, que Wagner, tout en spécialisant son art en Allemagne par l’importance qu’il a donnée au rythme particulier de la parole, a destiné son œuvre à l’humanité tout entière, à la perception de tous.

2104. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Depuis ce jour, M. de Latouche se montra plus circonspect avec les nouveaux venus ; il eut des avances toutes particulières pour les jeunes talents, pour Musset, pour Gautier, pour Hégésippe Moreau ; il eut même des retours et des repentirs sur ses rancunes passées ; mais il était trop tard, sa réputation était faite et trop faite : l’écriteau lui resta.

2105. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Puis cette négation, ce doute de tout, choque les illusions de tous, ou du moins celles que tous affichent : le contentement de l’humanité qui suppose le contentement de soi, — cette paix de la conscience humaine, que le bourgeois affecte de donner comme la paix de sa conscience particulière.

2106. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

L’Église catholique n’est point une république où l’on recueille les avis des citoyens, et où l’opinion générale se forme par le débat contradictoire des opinions particulières, où l’on peut arriver à persuader le corps tout entier en persuadant successivement chacun de ses membres.

2107. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

De 1820 à 1830, quelques ouvrages, vrais brandons d’idées, comme l’Essai de Jepp sur le caractère particulier de l’Église anglicane, et la Théosophie de Coleridge, furent introduits dans l’Université5.

2108. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

L’étude des faits permettra de décrire avec une précision croissante cet aspect particulier de la vie mentale qui est seul dessiné, à notre avis, dans l’activité cérébrale.

2109. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Il est possible que des motifs particuliers aient engagé Ségrais à faire à Madame de la Fayette le sacrifice de ces deux productions.

2110. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

C’est la longueur du temps qui favorise la lente perfection des âmes particulières ; et c’est la solitude. […] Il conseille donc aux poètes de ne pas prendre leurs sujets « sur telles choses basses et particulières ». […] Or, le poète ainsi témoigne de sa vie réelle ; et il n’est de réalité que particulière : mais il n’est rien aussi de plus général que la vie. […] L’auteur ne se proposait pas avant tout de décrire un monde particulier. […] Il écrit : « Si j’ai réussi à cristalliser quelques-uns de mes rêves les plus chers, ils sont tous sortis d’un profond abîme et d’un bouillonnement continu comme celui de la mer. » Voilà, pour un écrivain, des conditions de travail tout à fait particulières et, de nos jours, plus rares que jamais.

2111. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Allons plus loin : on n’étudie pas, à proprement parler, dans une langue, « au point de vue linguistique », une langue particulière, le français ou l’italien ; on y étudie les lois générales du langage, ou du moins on s’efforce à les y découvrir. […] Mais je doute qu’ils atteignent leur but, parce qu’enfin, quelque opinion particulière que l’on ait sur Pascal, il faut convenir au moins que, dans les Pensées, telles qu’elles nous sont parvenues, la misère de la condition humaine et les motifs de désespoir sont marqués d’un trait bien autrement fort, bien autrement original et saisissant que la félicité des élus. […] Un sieur Dufresne présente requête au lieutenant particulier de la ville pour être mis en possession d’un jeu de paume loué par les comédiens, et qu’on tardait à leur livrer. […] Si Racine a fait de l’amour le ressort agissant de son théâtre, c’est que dans l’histoire des particuliers, comme dans l’histoire des peuples, l’héroïsme a des intermittences, et que le sacrifice est vraiment hors de l’ordre commun. […] lui repart Figaro : faire à la fois le bien public et le bien particulier. » Voltaire a décidément excellé dans cet art délicat.

2112. (1925) Comment on devient écrivain

Et ne dites pas qu’un portrait particulier n’est pas un type général. […] C’est là un poncif de l’école et qui n’est pas moins conventionnel, dans son genre, que les bergers de l’Astrée et les pâtres de Gessner, les bons villageois du dix-huitième siècle et les laboureurs de George Sand68. »‌ Je voudrais mettre en garde les débutants contre ce faux réalisme qui va jusqu’à peindre l’inceste comme un vice particulier aux paysans. […] En somme, le roman mondain demande des dispositions particulières et l’expérience personnelle d’un genre de vie qui n’est pas à la portée de chacun. […] Une érudition générale n’est évidemment pas nécessaire pour traiter un point d’histoire particulier ; mais, sur un sujet donné, il est de toute nécessité d’être renseigné à fond, de connaître les sources et les travaux qui se rapportent à ce sujet. […] Il osa, dit-il, traduire le premier livre des Histoires de Tacite, « pour apprendre à écrire », suivant le conseil de Boileau, qui demandait que les traductions fournissent des modèles pour bien écrire. « Entendant médiocrement le latin, j’ai dû faire, dit-il, bien des contresens particuliers sur ses pensées ; mais, si je n’en ai point fait en général sur son esprit, j’ai rempli mon but ; car je ne cherchais pas à rendre les phrases de Tacite, mais son style, ni de dire ce qu’il a dit en |latin, mais ce qu’il eût dit en français.‌

2113. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Mais ma femme, toujours égale et libre dans la sienne, qui serait exempte de tout soupçon pour tout autre homme moins inquiet que je ne le suis, me laisse impitoyablement dans mes peines ; et, occupée seulement du désir de plaire en général, comme toutes les femmes, sans avoir de dessein particulier, elle rit de ma faiblesse. […] Mais ma femme, toujours égale et libre dans la sienne, me laisse impitoyablement dans mes peines ; et, occupée seulement du désir de plaire en général, sans avoir de dessein particulier, elle rit de ma faiblesse. » Tous les traits de ce tableau conviennent à Célimène, comme ceux du passage précédent convenaient au Misanthrope.

2114. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Le poète est celui en qui s’accuse cette façon toute particulière de sentir, et qui se trouve prêter ainsi aux lieux communs, à l’éternelle vie, la fraîcheur et la nouveauté de ce qui passe. […] Il y a sans doute bien des artifices de composition dans ses romans et ses drames ; pourtant, dans les scènes particulières, dans les épisodes détachés de l’ensemble factice, il possède un sens du réel et arrive à une puissance lyrique dans la reproduction exacte de la vie que Zola, dans ses bonnes pages, a seul atteinte.

2115. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Et lorsque Henriette se maria avec le frère du Roi, son amie eut ses entrées particulières chez elle. […] Car la poésie doit s’occuper plutôt de généralités, et l’histoire de détails particuliers. […] Cependant, il admire la longue liste des peintures publiques, et il ajoute qu’à Venise les particuliers en ont de quoi combler l’Océan. […] Il disait que c’était son habitude d’avoir quelques entretiens particuliers avec les acteurs, afin de leur transmettre ses idées et les traditions du drame shakespearien conservées en Angleterre.

2116. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Mais moi, j’ai des leçons particulières en dehors du lycée. […] Dans l’air, ce parfum exquis de gardénias et d’orangers qui se condense le soir sous le feuillage épais ; un grand silence, mêlé de bruissements d’insectes sous les herbes ; et celle sonorité particulière aux nuits tahitiennes, qui prédispose à subir la puissance enchanteresse de la musique. […] Jamais le poète n’a été plus en possession de lui-même que dans ces pages qu’il a écrites hier, et sa vie aura ceci de particulier qu’ayant brillé d’une éclatante aurore et d’un resplendissant midi, elle n’aura pas eu de déclin. […] En tenant compte de ces conditions particulières, on trouve dans l’Oncle Benjamin de véritables qualités d’écrivain, c’est-à-dire la franchise de l’idée, la netteté de l’expression. […] Certes, il y a loin, comme nous le disait Vivier, de ces notes aux pensées de Pascal ou de La Rochefoucauld, mais elles n’en ont pas moins une saveur toute particulière ; elles sont prises sur le vif et formeront un recueil bien curieux de tous les lieux communs de notre bourgeoisie.

2117. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

L’habitude des discours académiques, qui consiste à revêtir, selon le précepte de Buffon, les choses particulières de termes généraux, se retrouve, à l’absence de certains détails, jusque dans le grand morceau sur Pascal des premiers Mélanges.

2118. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

La première des pièces consacrées à la louange de Louise, dans l’édition de 1555, est une petite épigramme grecque qui peut jeter quelque jour sur cette situation ; à la faveur et un peu à l’abri du grec, les termes qui expriment son infortune particulière de cœur y sont formels.

2119. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

tienne, s’est plu à constater la différence : « J’ai, dit-il, je m’en accuse, le tort particulier à ma génération de ne pas assez regretter la gaieté de l’ancien Caveau, où se réunissaient, dit-on, les disciples fervents de Vadé, de Collé et de Piron… » Il y a bien du dédain, bien du sérieux dans ce dit-on.

2120. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Le nôtre reçut des circonstances où il jaillit un caractère particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime, la victoire et la mort semblent entrelacés dans ses refrains.

2121. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il lui parut « que la raison qu’on y cultivait n’était point la raison humaine, et celle qu’on appelle le bon sens, mais une raison particulière, fondée sur une multitude de lois qui se contredisent les unes les autres, et où l’on se remplit la mémoire sans se perfectionner l’esprit ».

2122. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Voyez l’avare : c’est le bonhomme Grandet, le paysan de Saumur, avec telle physionomie, tel costume, tel bredouillement ou bégaiement, engagé dans telles particulières affaires.

2123. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Le songeur qui condamne l’Être universel lui oppose son être particulier et prend davantage conscience de lui-même. « Moi seul, se dit-il, moi seul, passif, mais conscient et irréductible, contre le monde entier. » C’est par là qu’on se console, du moins dans notre Occident.

2124. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Effectivement et pratiquement parlée des Alpes aux Pyrénées, dans ses divers dialectes, par des millions d’hommes, support et expression d’une sensibilité, d’une âme particulière, elle n’a cessé, même aux époques où le sens de sa destinée s’est le plus obscurci, d’être véritablement écrite.

2125. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Taine, s’il a une idée particulière pour faire son plan, n’a réellement que les idées ordinaires et pour ainsi dire obligées de son sujet.

2126. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Montrons, autant qu’il sera en nous, par des documents d’ordre privé, des souvenirs, des notes familières, ce qui fut l’homme en ce créateur prodigieux qui a tiré de soi-même un art complet, à jamais vivant ; racontons s’il se peut, la genèse de ses ouvrages, de la conception première au plein épanouissement de l’exécution et, tout au moins, efforçons-nous d’en traduire le frisson particulier ; descendons à l’examen des procédés techniques — surtout des moyens expressifs ; répandons, enfin, notre admiration profonde et raisonnée pour ce génie hors de pair qui a ramené le Théâtre musical à l’humanité, à la vérité, à la musique.

2127. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Chaque mélodie fut marquée d’un Ethos, ou caractère propre, constitué par un rythme et un mode particuliers.

2128. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Tous les rôles seront sus en double, de façon à pouvoir parer n’importe quelle éventualité ; les chœurs et l’orchestre, recrutés avec un soin tout particulier, comprendront quatre-vingts voix et quatre-vingt-dix instruments.

2129. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Augier, est particulier au théâtre contemporain.

2130. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

La gangrène particulière aux âmes blessées va s’emparer d’elle : je plains ceux qui tomberont entre les froides mains de cette morte qui sent déjà le vampire.

2131. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

que de prédispositions et de motifs et de raisons, elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche, en tombant ivre-morte sur le parquet.

2132. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire.

2133. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

De ce que l’intelligence humaine est toujours la même en ses opérations, il n’en résulte pas que les vérités dont elle est capable soient toutes de la même nature ; et, en réalité, il y a autant de justes domaines ou de provinces particulières de la connaissance qu’il y a d’objets différens à connaître.

2134. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Aussi eut-il la consolation, comme je l’ai dit, de faire fondre en larmes tout son auditoire, quelque aversion qu’on eût pour Eutrope, qu’on regardait avec raison comme l’auteur de tous les maux publics et particuliers.

2135. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Il y avait des maisons de prostitution à Londres pour l’usage particulier des prêtres. […] En revanche, et justement en vertu de cette même structure d’esprit, Taylor imagine les objets, non pas vaguement et faiblement par quelque indistincte conception générale, mais précisément, tout entiers, tels qu’ils sont, avec leur couleur sensible, avec leur forme propre, avec la multitude de détails vrais et particuliers qui les distinguent dans leur espèce. […] Après la Restauration, deux mille ministres, pour ne pas se conformer à la nouvelle liturgie, renoncèrent à leurs cures, sauf à mourir de faim avec leurs familles. « Beaucoup d’entre eux, ne croyant pas avoir le droit de quitter leur ministère après y avoir été destinés par l’ordination, prêchèrent à ceux qui voulurent les entendre dans les champs et dans les maisons particulières, jusqu’à ce qu’ils fussent saisis et jetés dans des prisons où un grand nombre d’entre eux périrent405. » Les cinquante mille vétérans de Cromwell, licenciés tout d’un coup et sans ressources, ne fournirent pas une seule recrue aux vagabonds et aux bandits. « Les royalistes eux-mêmes confessèrent que dans toutes les branches d’industrie honnête, ils prospéraient au-delà des autres hommes, que nul d’entre eux n’était accusé de larcin ou de brigandage, qu’on n’en voyait pas un demander l’aumône, et que si un boulanger, un maçon ou un charretier se faisait remarquer par sa sobriété et son activité, il était très-probablement un des vieux soldats d’Olivier406. » Purifiés par la persécution et ennoblis par la patience, ils finiront par conquérir la tolérance de la loi comme le respect du public, et relèveront la morale nationale comme ils ont sauvé la liberté nationale.

2136. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

C’est par un acte de charité particulière que Jocelyn se détermine au sacerdoce, qui est, selon Lamartine, le ministère de la charité universelle. […] Ces pasteurs adorent des dieux particuliers de tribus, des fétiches. […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit  et même démontré  que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective   Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu.

2137. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Et c’est cette poésie scrofuleuse, écœurante, que la Revue des Deux-Mondes nous offre comme l’expression de certaines défaillances, de certaines douleurs morales, particulières à notre temps ! […] De peur de ressembler à tout le monde, et pour être originaux coûte que coûte, ils ont retourné leur habit et se sont fait une langue pour leur usage particulier. […] Mais, on doit une mention particulière à l’Eau qui chante, de M. 

2138. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Seulement, les succès, à l’Odéon, ont cela de particulier que, lorsqu’ils ne donnent pas tout, ils ne concluent rien. […] C’est ce qui a eu lieu lorsque ont paru les Méditations, et, plus tard, lorsque M. de Musset, dans Rolla et dans ses Nuits, a encore effleuré de plus près certaines souffrances particulières à notre siècle. […] Il y a enfin une série de pièces unies entre elles par une même pensée ou plutôt par un même amour, qui forment une sorte de roman en vers, dont l’héroïne, nommée Julie, a été l’Elvire du jeune poëte ; chacune de ces inspirations différentes mériterait une mention à part ; mais il m’a semblé plus opportun de faire ressortir ce qui est l’attrait particulier et l’originalité distinctive du recueil de M.  […] Aux mœurs du temps ou au ridicule particulier de l’individu ?

2139. (1927) André Gide pp. 8-126

Au surplus, aucun de ces cas n’est celui d’André Gide, qui ne vend qu’une partie de sa bibliothèque, et pour des raisons très particulières, telles qu’on les pouvait attendre de cet esprit subtil. […] Car « la manière dont le monde des apparences s’impose à nous et dont nous tentons d’imposer au monde extérieur notre interprétation particulière fait le drame de notre vie ».

2140. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Aussi, la mélancolie, mal ordinaire, inévitable, de toute créature d’exception, est-elle, chez lui, une très particulière combinaison du mépris et de l’enthousiasme. […] Quant à l’élévation du style, on en peut juger par de telles phrases : « Il (Sainte-Beuve) sentait la main du temps aggraver rapidement une ancienne rétention d’urine qui allait le rendre impropre à la tiédeur de sa moitié de futur mariage civil. » — « Il avoua à Pécontal que le trait d’union des sexes n’était pour lui qu’un point pour la sonde. » En somme, la Confession de Sainte-Beuve est un livre à asphyxier les aigles jusqu’au fond de la nue, très digne de ce particulier littérateur, comblé des bienfaits de Sainte-Beuve et de beaucoup d’autres, et qui déshonore la pauvreté comme les plus superbes épicuriens ne déshonorèrent jamais la richesse. […] D’ailleurs, lui-même en parle sans cesse avec le diabolique instinct de profanation particulier à l’éréthisme sénile. […] Le soleil est le DIEU particulier de notre planète ! 

2141. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Il y a une historiette, entre autres, celle du curé de Saint-Babel, qui avait surtout choqué : « On l’accusait dans le monde, dit Fléchier en parlant de ce curé condamné à mort pour ses méfaits, d’avoir instruit ses paroissiennes d’une manière toute nouvelle ; de leur avoir inspiré quelque autre amour que celui de Dieu, et de leur avoir fait des exhortations particulières, bien différentes des prônes qu’il leur faisait en public. » Et continuant sur le même ton, il raconte comment ce curé, un jour qu’il était appelé près d’une mourante pour les derniers sacrements, avait négligé la maîtresse pour la servante : « Il ne se soucia plus du salut de sa maîtresse, dans le dessein qu’il eut contre l’honneur de la servante… Au lieu d’écouter la confession de l’une, il faisait sa déclaration à l’autre ; et bien loin d’exhorter la malade à bien mourir, il sollicitait celle qui se portait bien à mal vivre ; et la prenant par la main et par le menton : — Quelle peine !

2142. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

., etc. » Je ne puis décemment donner toute la lettre, tant elle est particulière et intime, quoique d’un homme qui ait écrit, à six ans de là, que je le connaissais à peine.

2143. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

De là, dans les premiers chants surtout, qui lui sont échappés avant aucune lecture, quelque chose de particulier et d’imprévu, d’une simplicité un peu étrange, élégamment naïve, d’une passion ardente et ingénue, et quelques-uns de ces accents inimitables qui vivent et qui s’attachent pour toujours, dans les mémoires aimantes, à l’expression de certains sentiments, de certaines douleurs.

2144. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Sous l’Empire, il y avait cela de particulier : on pouvait faire des vers élégiaques, plus ou moins intimes, mais on les gardait, et en public, si on visait à la gloire, on ne donnait que des rimes grandioses sur des événements héroïques, sur des sujets qu’on s’appliquait à traiter.

2145. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Mais de tels vœux et de telles plaintes, qui supposent si aisément l’infidélité de l’amante, sont trop ordinaires à tous les élégiaques antiques ; ce qui nous peut indiquer que l’amour de Méléagre pour Héliodora s’est élevé à quelque chose de plus particulier et de plus senti dans l’ordre du cœur, ce sont des accents comme ceux-ci ; il est à table avec ses amis, les coupes circulent, la joie déborde ; lui, il regrette celle qui, la veille, était à ses côtés : « Verse, et dis encore, encore, encore, A Héliodora !

2146. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Commynes eut pour département les affaires de Bourgogne, de Suisse, des Allemagnes, et celles de Madame de Savoie : en somme, tout ce dont son premier état lui avait donné une expérience particulière.

2147. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

L’artiste, habitué à regarder, et pour qui toutes choses semblent « se transposer » et n’être plus, à un certain moment, « qu’une illusion à décrire »36, observe malgré lui ce qu’il sent, n’en est pas possédé, démêle et se définit son propre état, trouve peut-être quelque « divertissement »37 dans cette étude, et tantôt accueille la pensée que tout est nuance et spectacle et que tout, par conséquent, est vanité, tantôt songe qu’il y a dans son cas quelque chose de commun à tous les hommes et aussi quelque chose d’original et de particulier qui, traduit, transformé par le travail de l’art, pourrait intéresser les autres comme un curieux échantillon d’humanité.

2148. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il leur eût sans doute été difficile d’être autrement : comment ne pas aimer, fût-ce en souriant un peu, cette passionnée tendre, aux propos naïfs et colorés, qui portait en elle un si grand foyer de charité et un si inépuisable trésor d’illusions, cette sainte échappée du chariot de Thespis, et que son indigence et ses habitudes de demi-bohème faisaient si particulière et pittoresque à son insu ?

2149. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Je ne crois pas que le phénomène sur lequel vous attirez notre attention soit particulier à notre époque.

2150. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Le Maignan ; mais, comme vous ne remplîtes pas cet objet et que j’ai payé à mon retour de l’île de France une somme de 64 roubles au moins à Mme Pictet qui me rendit un billet particulier de cette somme, il est clair que ma dette totale envers vous est de 200 roubles qui font, non pas 800 livres au cours actuel du change selon vous, mais 1 000 livres au cours où vous me les avez prêtés.

2151. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

J’ai parlé du don d’évocation comme d’un des plus particuliers à l’auteur des Fleurs du mal. — Un crime a été commis ; la police pénètre dans un appartement clos et mystérieux, où, parmi les splendeurs du luxe et de la volupté la plus délicate, un cadavre de femme gît sur un lit, la tête séparée du tronc. — De quel crime ténébreux, se demande le poète, cette malheureuse a-t-elle été victime ?

2152. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Polémique toute-puissante, sans cesser d’être une histoire remarquable par des qualités plus hautes que l’esprit de celui qui l’a écrite, et qui lui donnent un caractère particulier et grandiose comme à un de ces monuments auxquels non seulement un homme, mais une collection d’hommes aurait travaillé, cette histoire de la Compagnie de Jésus — si détaillée, si complète, si armée de renseignements et de raisons, et qui, par la faute glorieuse du sujet même, est taillée comme une apologie, — s’est placée, en attendant son heure et assez forte pour l’attendre, au milieu de toutes les publications contemporaines.

2153. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

… À la vérité, la Critique n’ignorait pas qu’un tel ouvrage, diamant perdu et rapporté à un écrin immense, n’y ajouterait guères qu’une étincelle ; mais ce qu’elle tenait à indiquer, c’est que ce livre inaugurerait peut-être dans la littérature française du xixe  siècle un genre particulier de littérature, qui a son nom depuis longtemps en Angleterre (littérature fashionable ou de high life), et qui, n’existant pas en France, y débute, grâce à Balzac, par un chef-d’œuvre.

2154. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mais après avoir ainsi rétabli les droits du général, seule matière de connaissance scientifique suivant Aristote, il retombe dans l’idolâtrie du particulier et de l’individuel, au point de relever du subjectivisme dans le Cogito, ergo sum . […] Je m’étonne un peu de ces quelques lignes du nouvel éditeur, s’excusant d’avoir respecté certains tours particuliers — comme si cela n’allait pas de soi — et donnant cet exemple inattendu : « C’est volontairement et non par erreur que nous avons imprimé au service de Russie ». […] Parce qu’elle est plus particulière, plus fortement caractérisée, Emma résume un monde d’idées et de sentiments, épars et moins définis dans la vie courante, mais qui n’en existent pas moins, et dont la synthèse constitue l’art proprement dit, c’est-à-dire crée de la beauté, en même temps qu’elle rend la réalité plus intelligible. […] Lui qui prétendait écraser les romantiques au nom de la science, que les meilleurs d’entre eux (y compris Hugo) ont révérée et que plusieurs ont accrue (notamment, comme Frédéric-Auguste Wolf, dans les matières d’érudition et de philologie, en renouvelant la critique et le sens de l’histoire), il proteste ensuite contre ce qu’il nomme le scientisme, c’est-à-dire contre un synonyme qu’il veut péjoratif, et il déclare que la science n’existe pas, mais qu’il y a seulement des sciences — comme si cette distinction, qu’on peut faire à propos de n’importe quoi, avait ici un sens particulier et une portée décisive. […] C’est la seule chose que je ne comprenne pas dans son livre, mais je sais que les poètes ont parfois les uns sur les autres des opinions très particulières, et n’en ont souvent aucune sur le reste de l’humanité.

2155. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

» — Évidemment, ce n’est pas nous. — Puis le Père, le Fils et l’Esprit se consultent… Et « le Souverain du Ciel permet à Satan un moment de triomphe pour l’expiation de quelques fautes particulières. » Ce n’était peut-être pas la peine de mettre en mouvement, pour un si médiocre oracle, l’ange de l’Amérique, et le chérubin Uriel, et Catherine, et Geneviève, et les martyrs canadiens, et Las Cases, et saint Louis et la Vierge Marie. […] Il fallait inventer, dans l’histoire générale, une histoire particulière. […] Tant de choses se présentaient à la fois à mon esprit, que je ne m’arrêtais à aucune idée particulière… » Bref, il ne sent rien du tout. […] D’après un récit de madame Hamelin dans le Constitutionnel du 1er août 1849, et d’après une correspondance particulière du Vrai libéral de Gand, 1er avril 1818, la galante madame Hamelin et, une autre fois, une dame qu’on ne nomme pas, mais qui doit être madame Hamelin encore, serait allée trouver Chateaubriand de la part de l’empereur, dans l’année 1811, pour lui proposer la paix. […] Maintenant, encore que les Mémoires soient presque partout délicieux ou magnifiques, les premiers livres ont gardé, je crois, un charme particulier.

2156. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Il y a là de l’idylle, du drame, une saveur particulière et de l’émotion sincère, chose rare, dans les livres de sèches analyses qui se fabriquent aujourd’hui. […] Je sais bien, et je le répète, que décadents, symbolistes, évolutifs et instrumentistes ne veulent pas être confondus ; mais ne pouvant leur consacrer un chapitre particulier à chacun, je suis forcé de les comprendre, comme le fait encore le public, sous ce titre général : les Décadents.

2157. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

C’est une sorte de galerie, que nous continuerons jusqu’où nous pourrons, si Dieu nous prête vie, et si le grand public se montre aussi bienveillant à notre égard que le public particulier du Collège de France. […] Cela prouve, une fois de plus, que chaque peintre voit d’une certaine façon, sent la lumière et les couleurs à sa manière, et que chaque spectateur, à son tour, voit le tableau avec ses yeux à lui, avec sa façon de sentir, avec son daltonisme particulier, soit du corps, soit de l’âme ; et chaque public aussi, et chaque siècle ; de telle sorte que, après que la nature s’est, pour ainsi dire, réfractée dans les yeux et dans la pensée de l’artiste, l’œuvre de celui-ci se réfracte dans les yeux et dans le sentiment du public, et de tous les publics successifs, sous des angles toujours nouveaux. […] Il faut évidemment qu’on sente, qu’on retrouve, qu’on admire toujours la nature dans l’art, mais vue, interprétée et restituée d’une certaine façon par le génie particulier de l’artiste. […] La phrase de Fontenelle emprunte à ces circonstances une valeur précise toute particulière. — Tallemant des Réaux parle dans le même sens que Fontenelle au sujet des sentiments du Cardinal à l’égard du Cid : « Il eut, dit-il, une jalousie enragée contre le Cid, à cause que les pièces des cinq auteurs n’avaient pas trop bien réussi. » Eh quoi ! […] Une autre pièce qui appartient encore à ce genre mixte et demi-romantique, c’est Nicomède, représenté en 1652, drame dans lequel la politique domine un peu trop, mais qui, par le caractère brillant du personnage principal, a un charme particulier.

2158. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Un paysan, coiffé du bonnet en feutre blanc particulier à cette contrée, sortit d’une hutte, et le passa sur l’autre rive. […] Elle se rendait dans le chœur ; elle a passé tout près de lui, d’un pas égal, rapide et modeste, avec la démarche particulière aux religieuses ; — et elle ne l’a point regardé ; mais la paupière de l’œil tourné vers lui a frissonné légèrement ; mais son visage amaigri s’est incliné davantage encore ; mais ses mains jointes et enlacées de chapelets se sont serrées plus fortement.

2159. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Chez moi je me déshabille et, en chemise, me précipite sur mes classiques, les range, leur assigne des armoires particulières et ayant terminé ce travail me jette sur le tapis et passe une heure entre les caresses de mes deux chiens, les seuls vrais amis de l’homme, cet homme fût-il Socrate. […] Sois tranquille, si quelque chose m’arrive de particulier, je t’en avertirai de suite. […] Je vous prenais pour un monument public, pour une propriété nationale… Imaginez-vous l’Arc de Triomphe ou le Louvre passés en des mains particulières.

2160. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

. — Je ne demanderai pas à mes adversaires, a dit ici le professeur, en insistant avec un accent particulier, ce qu’ils peuvent conclure et penser au fond de leur conscience, mais je demande qu’ils respectent la mienne : s’il y a quelque chose qui doive être muré, c’est la conscience.

2161. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Au premier regard, nous aurions été tenté de penser comme lui ; mais, en regardant de plus près et en considérant, en politique, la situation générale de l’Europe, et la situation particulière de l’Écosse en ce moment, nous sommes resté convaincu que le parti catholique, adopté par le roi, était le seul parti de salut pour l’Écosse, si l’Écosse avait pu être sauvée.

2162. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Ferdinand Brunetière Dans la traduction comme dans l’analyse des sentiments un peu particuliers, délicats et subtils, il échouera presque toujours, faute précisément de délicatesse et de subtilité.

2163. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Ceux-là surtout le savent qui, n’étant point auteurs de poèmes dramatiques, n’ont point à faire une poétique particulière pour justifier leurs productions, et acceptent l’idée qu’on se fait généralement du poème dramatique.

2164. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cette fusion intime entre le poème et la musique, ou pour mieux dire, cette simultanéité de conception impliquant une seule pensée créatrice et la double faculté musicale et poétique dans un même cerveau, est un des points auxquels Wagner s’attache le plus, avec raison. « L’exécution musicale de Tristan dit-il, n’offre plus une seule répétition de mots, la mélodie est déjà construite poétiquement. » La forme musicale se trouvant ainsi figurée d’avance dans le poème et lui donnant une valeur particulière qui répond exactement au but poétique, il reste à savoir si l’invention mélodique n’y perd rien de la liberté d’allures nécessaire à son développement.

2165. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Cette fille perdue qui médite de se perdre encore, cette mère, crapuleuse et bouffonne, qui lui sert à la fois de jouet et d’idole, pareille à ces manitous que les sauvages adorent et cassent tour à tour, cet aigrefin qui s’est fait son chevalier… d’industrie, cette conversation qui respire la gaieté malsaine des cabinets particuliers et des tables d’hôtes équivoques, tout cela est peint à cru, calqué sur le vif ; tout cela est d’un comique amer qui donne à l’âme la nausée de l’empoisonnement.

2166. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Leurs œuvres les plus récentes nous permettent d’admirer d’abord le don particulier qui leur est commun de faire se mouvoir les vastes ensembles, et d’évoquer puissamment les épopées de l’histoire.

2167. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Une des plus graves erreurs du poète, à mon avis, c’est le choix qu’il a fait de rythmes trop savants, trop particuliers, trop limités.

2168. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

À peine çà et là daignait-elle citer quelques œuvres particulières pour faire mieux comprendre ses ordres : c’est la critique d’Aristote et des rhéteurs.

2169. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

C’est son caractère particulier, profond, essentiel, absolu, d’être religieuse… Or, Forneron ne l’est pas.

2170. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Mais il n’y a pas ici de roman, parce qu’il n’y a pas d’action, d’événements, de passions en lutte, de caractères, et que la synthèse de la vie n’y introduit pas la concentration de son ensemble tout puissant ; parce qu’on n’y trouve, en définitive, qu’une description psychique et physiologique d’un cas d’organisation très particulier.

2171. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

et, chose particulière, il n’y a pas, dans ce Quatre-vingt-treize, le grand événement de Quatre-vingt-treize, celui-là qui data la révolution française : la mort du roi, ce crime sans pareil dans les annales de la France, et qui décapita la France !

2172. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

On connaît le diagnostic par lequel l’illustre auteur du traité de l’Intelligence nous expliqua la névrose particulière à qui nous devons Hamlet, le Roi Lear, Comme il vous plaira et Beaucoup de bruit pour rien. […] On y trouve d’abord quelques règles particulières, relatives à la façon dont il faut parler au roi : « Si l’on se présente au roi pour le voir seulement, il se faut tenir en lieu où il puisse jeter sa vue quand il est à table ; si c’est pour lui parler, il faut joindre sa chaise du côté de l’oreille. […] Elle est toujours au-dessus de la vanité, soit qu’elle parle, soit qu’elle écrive : elle oublie les traits où il faut des raisons, elle a déjà compris que la simplicité est l’éloquence ; s’il s’agit de servir quelqu’un et de vous jeter dans les mêmes intérêts, laissant à Elvire les jolis discours et les belles lettres, qu’elle met à tous usages, Artenice n’emploie auprès de vous que la sincérité, l’ardeur, l’empressement et la persuasion… On peut la louer d’avance de toute la sagesse qu’elle aura un jour et de tout le mérite qu’elle se prépare par les années, puisqu’avec une bonne conduite elle a de meilleures intentions, des principes sûrs, utiles à celles qui sont comme elles exposées aux soins et à la flatterie ; et qu’étant assez particulière, sans pourtant être farouche, ayant même un peu de penchant pour la retraite, il ne lui aurait peut-être manqué que les occasions ou ce qu’on appelle un grand théâtre pour y faire briller toutes les vertus. […] Il ne prétend pas nous livrer des « tuyaux » particuliers sur l’alliance russe. […] Il honorait cet oratoire d’une piété particulière.

2173. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Ces principes de la raison et du vrai, Boileau les applique aux genres dont les règles particulières ne sont que les conditions imposées à chaque genre pour être conforme à la raison. […] La raison pour chaque genre, consiste à se conformer à la disposition d’esprit particulière qui y répond ; le vrai, c’est tout ce qui est conforme à cette disposition.

2174. (1933) De mon temps…

A l’heure du départ, il se levait avec cet air d’indolence et de lassitude qui lui était si particulier et, après un bref colloque avec la maîtresse de la maison, muni de quelque bon conseil qu’il ne suivrait sans doute pas, mince, courbé, élégant, il s’en allait vers sa vie nocturne, vers ses soucis, vers ses ennuis, contre lesquels il demandait trop souvent recours à l’optimisme factice des alcools et aux fumées apaisantes de l’opium. […] Je n’ai pas assez connu Becque pour me rendre compte de sa facture particulière, mais il me semble que les « mots » de Degas et ceux de Forain avaient entre eux une certaine parenté.

2175. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

C’est cette tendance toute négative qu’expriment les lois particulières du monde physique. […] Cette conquête, dans les conditions particulières où elle s’est faite, exigeait que la conscience s’adaptât aux habitudes de la matière et concentrât toute son attention sur elles, enfin se déterminât plus spécialement en intelligence.

2176. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Le nouvel état de choses devait, tout en agrandissant leur importance, leur retirer bien des profits, comme par exemple ceux des exécutions chez des particuliers qui leur demandaient le secours de leur ministère, comme on réclame celui d’un grand opérateur ; témoin l’histoire authentique, citée par M.  […] Du reste, ni barbe, ni moustache, ni favoris, ni royale ; une face soigneusement rasée, d’une pâleur particulière, trouée et illuminée de deux yeux fauves pareils à des prunelles d’aigle, et une bouche à lèvres sinueuses, à coins surbaissés, d’un dessin ferme et volontaire, qui, en s’entrouvrant pour sourire, découvrait des dents d’une blancheur éclatante. […] Il est même nécessaire de l’empêcher de se livrer trop à la lecture et surtout à celle de la littérature, dans la crainte qu’il ne devienne particulier et trop en dedans de luy-même. […] En pareil cas, l’âme désincarnée parvient à donner momentanément à son corps spirituel une apparence visible, quelquefois même tangible, au moyen du dynamisme particulier que l’esprit exerce sur la matière par l’intermédiaire des forces électriques de l’atmosphère et des forces magnétiques des corps vivants.

2177. (1888) Portraits de maîtres

Déjà ces chansons dénotaient un soin tout particulier, une entente du style assez rare à cette époque. […] Il avait, outre l’intuition particulière aux poètes, une érudition profonde dont nous avons reçu les précieuses confidences. […] Chez M. de Laprade lui-même tout ce qui traduit les animosités particulières, les préférences politiques de l’homme, nous paraît d’une durée fort incertaine. […] Nous ne saurions admettre qu’un simple particulier s’arroge le droit de manquer au pacte universel qu’accepte une nation et puisse se croire dispensé du service militaire, consenti par l’immense majorité des citoyens, fût-il entraîné à des guerres injustes et folles comme les dernières expéditions de Napoléon Ier.

2178. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Vous lui reprochez aussi, avec une amertume particulière, de présider un grand nombre de cérémonies, de se tenir très droit en public, de saluer beaucoup et de ne pas parler argot. […] Son éloquence est très particulière. […] Son amour, qui flatte sans effrayer, lui vaut du moins des confidences d’une espèce particulière, la confidence des douleurs qui viennent de l’amour.

2179. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Un code salutaire et despotique de maximes approuvées, de convenances établies et de croyances inattaquables qui fortifie, roidit, courbe et emploie l’homme utilement et péniblement, sans lui permettre jamais de dévier ou de faiblir ; un attirail minutieux et une provision admirable d’inventions commodes, associations, institutions, mécanismes, ustensiles, méthodes qui travaillent incessamment pour fournir au corps et à l’esprit tout ce dont ils ont besoin, voilà désormais les deux traits saillants et particuliers de ce peuple.

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