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551. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Cet effet délicieux est dû au cavalier Bernin, dont cette colonnade est le chef-d’œuvre. […] Cet effet est dû au grandiose de l’architecture, et aux soins infinis que l’on se donne pour que tout, dans Saint-Pierre, rappelle au voyageur qu’il est dans le palais d’un Dieu. » XV « Vous savez que Bramante avait élevé jusqu’à la corniche les quatre énormes piliers de la coupole, qui ont chacun deux cent six pieds de circonférence. […] Elle ne peut par conséquent être cause ; elle est effet. […] Mais cela suffit-il à la science, qui n’admet aucun effet sans cause, et qui voit l’effet universel, le Cosmos, se désintéressant de la plus grande des causes, son Créateur et son Dieu ?

552. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Avant de partir pour mon expédition, j’avais laissé tous mes effets et mon portrait à M. le résident de France72. […] Elle a produit de bons effets en ce qu’elle m’a guéri de mes vapeurs. […] Mon très digne ami, j’ai fait toutes les diligences possibles pour vous assurer des indices de vos effets. […] Le dernier fit l’effet d’un coup de canon de 24 tiré à portée de pistolet. […] C’est aussi un effet de mon régime si exact, que, depuis que mon ouvrage a paru, je n’ai accepté aucun repas en ville, ni aucune partie à la campagne, quoique les invitations de ce genre aient été si nombreuses que je crois, sans exagérer, qu’il y aurait eu de quoi me substanter tout le reste de ma vie.

553. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Il a résolu le problème d’art qui posait qu’il faut de certaines proportions pour produire des effets, thèse plus grossière que grandiose. […] VII Ces effets d’ensemble constatés, il reste les détails du livre à juger, et c’est ici que la Critique n’a plus à se montrer sévère. […] Ces giroflées ont la vie plus dure que les murs sur lesquels elles ont poussé ; et cela, avec le vaste génie de Balzac, de ce chef de Dévorants qui a tout dévoré, même le temps qui a suivi sa mort, est une double raison pour qu’une Étude de mœurs parisiennes, à cette heure, quelque force de rendu qu’elle ait, ne produise pas sur l’imagination l’effet profond d’une œuvre dans laquelle ces mœurs seraient saisies et exprimées pour la première fois. […] Même pour ceux-là qui ne croient plus à elle, la Royauté fut une si grande chose qu’on ne raconte pas ce qu’elle est devenue sans porter involontairement sur sa pensée la réverbération de sa grandeur et de la misère de sa fin ; mais quand, au lieu d’être un historien qui raconte, on veut être un artiste qui crée et combine des effets saisissants, des effets d’art, pathétiques ou impitoyables, dans ce navrant sujet d’histoire contemporaine, la tentative ne fait pas le génie, non !

554. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Les mêmes effets doivent se reproduire sur toute la côte italienne ; et Virgile, composant les Géorgiques à Naples, voyait certainement se former dans le golfe les tempêtes qui venaient fondre sur les campagnes voisines. » Il est deux façons de commentateurs : ceux qui se resserrent, qui écrivent sur une marge étroite et y font tenir le plus de choses dans le moins de mots. […] Au chant XX de l’Iliade, chant terrible et sublime où Jupiter déchaîne les dieux, leur donne toute licence de se mêler aux guerriers et de les protéger selon leurs prédilections et leurs caprices, sauf à lui de rester assis en spectateur au sommet de l’Olympe, dans ce chant XX où bouillonne toute l’âme de l’Iliade, Achille à la colère duquel Neptune vient de soustraire Énée, Achille exaspéré exhale sa fureur en menaces ; il parle de tout massacrer, et de son côté Hector essaye de rassurer les Troyens, et d’une voix puissante il les exhorte à marcher contre Achille : « Achille, s’écrie-t-il, ne mettra pas à effet toutes ses paroles. […] Ce je ne sais quoi de mélancolique que le poète veut imprimer à la physionomie de son guerrier, il le grave et le condense dans cette répétition du domus alia qui fait la note fondamentale, et il prend l’idée de cette particularité rythmique, de cette répétition à effet, non dans le passage même d’Homère sur le guerrier mort, mais dix-huit vers plus haut, à l’endroit où Hector, se faisant fort de braver Achille, répétait coup sur coup à la fin et au commencement du vers les mêmes mots : « Dussent ses mains être comme la flamme… » Évidemment le voisinage des deux passages saillants lui a donné l’idée de les unir, de les combiner. […] Après un Conseil où la question avait été une dernière fois agitée, où toutes les raisons s’étaient produites, toutes les considérations pour et contre, et où, chaque chose bien pesée, le Cabinet se décidait pour l’action avec toutes ses chances, on allait se séparer : la discussion s’était prolongée jusque bien avant dans la nuit ; M. de Rémusat, ministre patriote et lettre, s’écria en se levant et en concluant le débat : « Fata viam invenient… » Par malheur, la décision resta sans effet ; le roi ayant reculé au dernier moment, le Cabinet donna sa démission, et le ministre en fut pour sa belle allusion virgilienne.

555. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Tel fut le premier effet. […] M. de La Mennais s’y élève déjà contre l’indifférence glacée qui ne prend plus même à la religion assez d’intérêt pour la combattre : « Aujourd’hui, » dit-il, « il en est des vérités les plus importantes comme de ces bruits de ville, dont on ne daigne même pas s’informer. » C’est au matérialisme philosophique qu’il rapporte particulièrement ces effets, et il en poursuit la source chez M. de Voltaire, chez M. de Condillac et jusque chez M. […] Prêtre après des années d’épreuves et d’acheminement, son fameux Essai sur l’Indifférence, qui fit l’effet au monde d’une brusque explosion, ne fut pour lui qu’un épanchement nourri, retardé et nécessaire. […] Les systèmes mitoyens n’ont d’autre effet que de tourner contre lui tout ce qui dans l’État est doué de quelque action… Trouverait-on, quelle que soit d’ailleurs la nature de ses opinions, un homme, un seul homme qui veuille ce qui est, et ne veuille que ce qui est ?

556. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais tandis que l’observation me montre que les images perçues se bouleversent de fond en comble pour des variations très légères de celle que j’appelle mon corps (puisqu’il me suffit de fermer les yeux pour que mon univers visuel s’évanouisse), la science m’assure que tous les phénomènes doivent se succéder et se conditionner selon un ordre déterminé, où les effets sont rigoureusement proportionnés aux causes. […] Il n’en est ni la cause, ni l’effet, ni, en aucun sens, le duplicat : il la continue simplement, la perception étant notre action virtuelle et l’état cérébral notre action commencée. […] Telle est précisément la nature de la douleur, effort actuel de la partie lésée pour remettre les choses en place, effort local, isolé, et par là même condamné à l’insuccès dans un organisme qui n’est plus apte qu’aux effets d’ensemble. […] Sans doute la sélection des perceptions parmi les images en général est l’effet d’un discernement qui annonce déjà l’esprit.

557. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

En se promenant dans les musées d’anatomie, on voit ainsi des pièces très bien figurées et qui ont forme humaine ; mais, à l’endroit où l’anatomiste a voulu se signaler, la peau est découverte et le réseau intérieur apparaît avec sa fine injection : c’est un peu l’effet que produit l’art habile de Marivaux. […] Marivaux, au théâtre, aime surtout à démêler et à poursuivre les effets et les conséquences de l’amour-propre dans l’amour. […] Étienne à l’Institut, en 1811 ; lui, il n’était pas évêque ni archevêque, mais il était grand maître de l’Université, et c’est par égard, — par un égard un peu exagéré, — pour la gravité de l’hermine dont il était revêtu, qu’il se crut obligé de dire au récipiendaire : « Je n’ai point vu la représentation de vos Deux Gendres, je ne puis donc juger de tout leur effet, mais j’ai eu le plaisir de les lire, etc. » 82.

558. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Biot qui rentrait en France, et s’étant rendu à l’île de Majorque pour y terminer l’opération entreprise, il y subit bientôt le contrecoup de l’effet produit par l’entrée de l’armée française en Espagne. […] répandaient des torrents de larmes ; aucun cri plaintif ne s’échappait de sa bouche ; elle fit sur nous cet effet que produit toujours une personne qui, frappée subitement d’un irréparable malheur, se résigne et ne manifeste ses profondes angoisses que par des pleurs silencieux. […] Arago, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour saisir une paille et pour déraciner un chêne. » Cela n’est pas tout à fait exact : Jeffrey n’a pas dit une telle chose ; c’est en parlant de la machine à vapeur et de ses merveilleux effets, et non de l’intelligence de Watt, qu’il a dit : « La trompe d’un éléphant qui peut ramasser une épingle ou déraciner un chêne n’est rien en comparaison. » Parlant de l’esprit de Watt, Jeffrey le peint plus délicatement : Il avait, dit-il, une promptitude infinie à tout saisir, une mémoire prodigieuse et une faculté méthodique et rectifiante pour tirer, comme par une chimie naturelle, quelque chose de précieux de tout ce qui s’offrait à lui, soit dans la conversation, soit dans la lecture.

559. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ces jolies fleurs si richement colorées faisaient un effet charmant sous leurs chaperons blancs. […] Les oiseaux semblent viser parfois à ses effets d’orchestre où tous les instruments se confondent en une masse d’harmonie. […] L’hôte de La Chênaie ne se fait pas illusion sur ces magnificences et ces beautés silvestres, bocagères, qui sont toujours si près, là-bas, de redevenir sèches et revêches ; La Chênaie, la Bretagne tout entière « lui fait l’effet, dit-il, d’une vieille bien ridée, bien chenue, redevenue par la baguette des fées jeune fille de seize ans et des plus gracieuses. » Mais sous la jeune fille gracieuse, la vieille, à de certains jours, reparaît.

560. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Regardez-y bien : tous ces Génevois de la vieille souche ont finesse, modération, une certaine tempérance, l’analyse exacte, patiente, plus de savoir que d’effet, plus de fond que d’étalage ; et quand ils se produisent, ils ont du dessin plutôt que de la couleur, le trait du poinçon plus que du pinceau ; ils excellent à observer, à décrire les mécanismes organiques, physiques, psychologiques, dans un parfait détail ; ils regardent chaque pièce à la loupe et longtemps ; ils poussent la patience jusqu’à la monotonie ; ils sont ingénieux, mais sans une grande portée. […] Mais le prix que l’auteur y met au bien et au mal, au bien surtout, paraît moins partir du cœur que de la tête, comme aussi l’effet que ses satires font va plus à la tête qu’au cœur. […] Saussure est de ces esprits parfaits qui unissent dans une haute et juste mesure les éléments les plus différents, l’exactitude du physicien, le jugement froid de l’observateur, la sagacité du philosophe, l’amour et le culte de la nature, l’imagination qui l’embrasse ; avec cela, n’accordant rien à l’effet, à la couleur, à l’enthousiasme ; et quand il devient peintre, n’y arrivant que par la force du dessin, par la pureté de la ligne, la clarté de l’expression, et, comme il sied au savant sévère, avec simplicité21.

561. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

S’il y a un défaut, ce serait plutôt dans le trop d’idéal de la ligne et dans l’effet de bas-relief trop continu. […] Daphnis est, à un moment, enlevé par des pirates et délivré par l’effet presque miraculeux d’un air de flûte que Chloé joue du rivage : toutes les vaches du berger prises et embarquées avec lui, reconnaissant l’air du rappel, se jettent d’un bond à la mer, comme les moutons de Panurge, et font chavirer le bateau : les pirates chargés de leurs armes, se noient ; Daphnis, qui est court vêtu, se sauve à la nage. […] Cette traduction d’un gaulois riant, avec tous ses défauts d’exactitude à peu près inévitables, eut pour effet de populariser, de nationaliser de bonne heure l’ouvrage en français, de le faire aimer et goûter, d’y infuser un degré de naïveté qui est plutôt dans le sens que dans les expressions de l’auteur grec.

562. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Considérant, comme je l’ai dit ailleurs, le crime et ses effets comme un fléau de la nature qui dépravait tellement l’homme, que ce n’était plus par la philosophie, mais par la force réprimante des lois qu’il devait être arrêté ; je n’ai examiné dans les passions que leur influence sur celui même qu’elles dominent. […] Car c’est à la Providence que semble appartenir cette sublime balance où sont pesés les effets relatifs du bonheur et du malheur. […] Une belle cause finale dans l’ordre moral, c’est la prodigieuse influence de la pitié sur les cœurs ; il semble que l’organisation physique elle-même soit destinée à en recevoir l’impression ; une voix qui se brise, un visage altéré, agissent sur l’âme directement comme les sensations ; la pensée ne se met point entre deux, c’est un choc, c’est une blessure, cela n’est point intellectuel, et ce qu’il y a de plus sublime encore dans cette disposition de l’homme, c’est qu’elle est consacrée particulièrement à la faiblesse ; et lorsque tout concourt aux avantages de la force, ce sentiment lui seul rétablit la balance, en faisant naître la générosité ; ce sentiment ne s’émeut que pour un objet sans défense, qu’à l’aspect de l’abandon, qu’au cri de la douleur ; lui seul défend les vaincus après la victoire, lui seul arrête les effets de ce vil penchant des hommes à livrer leur attachement, leurs facultés, leur raison même à la décision du succès ; mais cette sympathie pour le malheur est une affection si puissante, réunit tellement ce qu’il y a de plus fort dans les impressions physiques et morales, qu’y résister suppose un degré de dépravation dont on ne peut éprouver trop d’horreur.

563. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

« Tel est le fertile rejeton d’un olivier, qu’un homme nourrit dans un champ solitaire, où jaillit une eau abondante, beau, verdoyant, que balancent les souffles de tous les vents, et qui se couvre de fleurs blanches. »207 Ainsi, le poëte n’observe la cause primitive que, dans ses effets dérivés, la loi unique que dans son action multiple, la force intime que dans sa vie extérieure. […] Cette fable qui répète la nature et que gouverne la logique, où l’unité de la cause ordonne la variété des effets, où la variété des effets anime l’unité de la cause, qui intéresse comme un être vivant et qui instruit comme un raisonnement, est la fable de La Fontaine.

564. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

. — Il n’en faut pas davantage, dit Arlequin, j’ai gagné ma cause. » Cette décision, quoique obtenue par subtilité, eut son effet, et depuis, les comédiens italiens jouèrent presque exclusivement des pièces françaises. […] Mais quand tout vous rit, et que le monde est bien infatué de vos richesses, il faut prendre à toute main l’argent qu’on vous offre, faire grande dépense à l’ordinaire ; et puis un beau matin, après avoir mis tous vos meilleurs effets dans une cassette, déloger à petit bruit, et donner ordre à votre portier de dire à tout le monde qu’on ne sait où vous êtes allé. […] quand ils se mettent comme cela à la raison, on entre en pourparlers ; on écoute, on négocie ; et enfin, après un bon contrat bien et dûment homologué, vous revenez sur l’eau avec sept ou huit cent mille livres d’argent comptant, et tous vos meilleurs effets divertis.

565. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

L’effet qu’il produisit fut tel, que, lorsque son langage rude et original ne fut presque plus entendu, et qu’on eut perdu la clef des allusions, sa grande réputation ne laissa pas de s’étendre dans un espace de cinq cents ans, comme ces fortes commotions dont l’ébranlement se propage à d’immenses distances. […] Il faut surtout varier ses inversions : Dante dessine quelquefois l’attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent dans la peinture de ses supplices il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés. […] Je serais tenté de croire que ce poëme aurait produit de l’effet sous Louis XIV, quand je vois Pascal avouer dans ce siècle, que la sévérité de Dieu envers les damnés le surprend moins que sa miséricorde envers les élus.

566. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

On fit venir mon médecin… Heureusement, ce mot échappé par mégarde dans cette image de douleur fait un effet étrange et qu’une parole à la Bossuet n’égalerait pas. […] La sincérité profonde de son deuil et de son affliction filiale eut en cela le même effet qu’aurait pu désirer le goût le plus éclairé et le plus sévère. […] Elle a eu la religion la plus pratique, la plus unie et la plus étrangère à tout effet sur autrui et à toute considération mondaine.

567. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

C’est une attention de tous les instants, à mettre si bien toutes les circonstances à leur place, qu’elles soient nécessaires où on les met, et que d’ailleurs elles s’éclaircissent et s’embellissent toutes réciproquement ; à tout arranger pour les effets qu’on a en vue, sans laisser apercevoir de dessein ; de manière enfin que le spectateur suive toujours une action et ne sente jamais un ouvrage : autrement l’illusion cesse, et on ne voit plus que le poète au lieu des personnages. […] Une invention purement raisonnable, dit le grand Corneille, peut être très mauvaise ; une invention théâtrale que la raison condamne dans l’examen, peut faire un très grand effet : c’est que l’imagination émanée de la grandeur du spectacle se demande rarement compte de son plaisir. […] Cette méthode produit nécessairement deux effets ; elle facilite l’attention du spectateur, parce que les choses, plus liées entre elles, se lient aussi plus facilement dans son esprit ; et elle augmente d’ailleurs son émotion, parce qu’il est frappé plus continûment par le même endroit.

568. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

De plus, elle n’est pas née de rien ; elle est elle-même un effet de causes externes qu’il faut connaître pour pouvoir apprécier son rôle dans l’avenir. […] Mais on ne peut savoir si la société est ou non la cause d’un fait ou si ce fait a des effets sociaux que quand la science est déjà avancée. […] Et comme cette synthèse a lieu en dehors de chacun de nous (puisqu’il y entre une pluralité de consciences), elle a nécessairement pour effet de fixer, d’instituer hors de nous de certaines façons d’agir et de certains jugements qui ne dépendent pas de chaque volonté particulière prise à part.

569. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Il n’y a point d’effets sans causes, et les effets, à leur tour, deviennent causes ; mais, le plus souvent, il est impossible de distinguer les effets et les causes.

570. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Hugo s’en servit d’une façon constante et lui dut d’admirables effets poétiques. […] Mêlé à l’alexandrin bicésuré, il peut produire des effets variés par sa cadence capable de rompre la monotonie des tirades trop régulièrement hexamétrées. […] Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres.

571. (1887) La banqueroute du naturalisme

Nulle conscience et nulle observation, nulle vérité ; nulle exactitude, tous les effets faciles et violens, tous ceux du vaudeville et ceux du mélodrame ; des scènes inouïes de brutalité ; toutes les plaisanteries qui passent à Grenelle ou du côté de Clignancourt pour des formes de l’esprit ; des images de débauche, des odeurs de sang et de musc mêlées à celles du vin ou du fumier, voilà La Terre ; et voilà, va-t-on dire, le dernier mot du naturalisme ! […] C’est bien ainsi que dans le vaudeville, un effet toujours sûr, comme on dit en style de théâtre, c’est de mettre une phrase dans la bouche d’un personnage : « Tais-toi, t’as commis une faute », ou « Mon gendre, tout est rompu » ; et de la lui faire obstinément redire, pendant trois ou cinq actes, qu’elle soit d’ailleurs ou non en situation, et surtout quand elle n’y est pas. […] Et il a bien quelque droit de s’étonner ou de s’irriter même qu’en lui reprochant ses effets on les lui dérobe, mais les naturalistes ont aussi celui de s’en plaindre, et qu’en introduisant dans La Terre cet élément comique, il ait achevé de les compromettre ; — s’il assurait d’ailleurs le succès de son roman.

572. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

C’est assez en dire pour montrer dans quel sens et par quelles raisons la Commission, considérant le drame, comme il convient, dans son ensemble et par l’effet général qu’il produit, heureuse d’être en cela d’accord avec le public, propose de décerner à M.  […] À prendre la définition dans son sens principal, l’effet du drame y répond.

573. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Point de gloire, point d’éclat, point d’injustice vive et criante, rien qu’une injustice muette, pesante et durable ; puis, avec cela, une sorte d’effet lent, caché, maladif, qui allait s’adresser de loin en loin à quelques âmes rares et y produire des agitations singulières. […] En Suisse, on a lu le livre en présence des lieux, et cette lecture est d’un grand effet.

574. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Mais de tels contrastes n’ont leur plein effet que dans la haute poésie. […] Quand nous intervenons, nous d’une génération déjà autre, au milieu des jeunes gens avec nos souvenirs, nous faisons plus ou moins l’effet de Nestor revenant avec ses éternels combats des Épéens et des Pyliens, au moment le plus intéressant de l’action entre les Troyens et les Grecs, et coupant l’intérêt qui ne demande qu’Achille et qu’Hector.

575. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Il n’y manque qu’une chose : l’ordre, et faute de ce mérite, presque négatif, semble-t-il, tout ce qu’ils ont d’excellent et de rare manque son effet et périt en pure perte. […] Mais celle-ci n’aide point seulement les autres à produire leur plein effet : elle ajoute réellement quelque chose, elle ajoute beaucoup à l’ouvrage.

576. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Vraiment, c’est l’effet à côté de la cause ; rien n’est plus simple. […] Tel encor autour de sa tente… La première comparaison suffisait pour produire l’effet de variété que cherchait l’auteur ; ou bien il pouvait préférer la seconde pour conserver le vers.

577. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 5, explication de plusieurs endroits du sixiéme chapitre de la poëtique d’Aristote. Du chant des vers latins ou du carmen » pp. 84-102

" Aristote nomme ici la cause pour l’effet, en disant melopée au lieu de dire melodie. Notre auteur dit encore à la fin de ce chapitre, et après avoir discouru sommairement sur la fable, les moeurs, les maximes, la diction et la melodie de la tragedie. " de ces cinq parties, celle qui fait le plus d’effet, c’est la melopée.

578. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Le bien-être social descendra graduellement à toutes les classes de la société ; car il y aura toujours des classes, et l’on ne peut concevoir la société sans cela ; mais les individus de toutes les classes pouvant s’avancer sans obstacle dans la hiérarchie, elles se recruteront les unes dans les autres, jusque dans les classes inférieures qui elles-mêmes rempliront leurs cadres par le simple effet de la population. […] Le système de patronage et de clientèle, qui fut la base des premières institutions romaines, et qui fut un des éléments du régime féodal, à cette différence près que le régime féodal, au lieu d’avoir pour lien de simples relations civiles, et de produire des effets uniformes, reposait sur des bénéfices militaires, et sur une hiérarchie dans la vassalité, le système de patronage et de clientèle, disons-nous, est hors de toutes les convenances sociales actuelles.

579. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Eh bien, c’est ce genre particulier dans l’histoire qui me fait l’effet d’être la vraie voie d’Auguste Vitu ! […] Ici, le sarcasme dont nous avons parlé, cet implacable comique qui peut être d’un si grand effet en histoire, est bien plus sur les lèvres du héros que sous la plume de l’historien, malgré la sympathie intellectuelle avec laquelle l’historien a montré cette gaieté poignante, Euménide qui rit tout en fouaillant son homme, et qui fut la plus grande force du talent de Suleau.

580. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Bouilhet, la longue chevelure des Samsons du Romantisme d’il y a trente ans fait l’effet à son tour de cette fameuse perruque qu’on croyait voir alors sur la tête de M.  […] Le mérite du Danseur Bathyle et son effet reposent sur une énumération qu’on a vue dans Les Orientales, et qui est maintenant à l’état de procédé : Elle aime, et ce n’est pas le chevalier romain, etc.

581. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Le sien, qu’il appelle une promenade, avec une modestie bien légère, — car une promenade de deux volumes in-8°, de quatre cents pages19, fait l’effet d’une assez longue route, — le sien nous apprend-il sur l’Amérique des choses intimes et profondes jusque-là inaperçues ou mal observées ? […] Des effets partout, nulle part les causes.

582. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

On aime à en suivre les effets chez ceux qui vous entourent. […] Ce n’est pas le moindre effet de sa fameuse habileté. […] Les effets d’ailleurs s’en feront-ils sentir réellement ? […] Et ne voit-il pas quel est l’effet le moins douteux de cette belle prédication ? […] Il a fait grand effet.

583. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Ce sera un coloriste ; il aime le clair-obscur et les beaux effets de lumière. […] Vous pouvez juger de l’effet qu’elles doivent produire. […] Tous mes effets sont restés à l’Académie, où le gouvernement a fait apposer les scellés après y avoir provoqué le meurtre et l’incendie. […] J’ai laissé chez moi quatre-vingts écus romains en argent, que je regarde comme perdus, ainsi que tous mes effets. […] Ils l’accusaient en particulier de reproduire sans cesse l’effet vaporeux, bleuâtre et conventionnel de son premier tableau l’Endymion.

584. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Quelques-uns protestèrent, on sait avec quelle indignation, contre les effets d’une loi inéluctable des civilisations vieillies. […] Il ne pouvait créer des effets de contraste ni entre plusieurs caractères ni dans les différentes manifestations d’un seul. […] Mais l’effet d’ensemble atteint en définitive est exquis, parfois puissant, souvent très profond et très suggestif. […] Qu’elle soit cause ou effet, on la retrouve à différents degrés chez un nombre de sujets proportionnellement énorme. […] Leur psychologie, leur poétique, leurs procédés, leurs effets, leur style se retrouveraient ailleurs, avec plus d’originalité et de relief.

585. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Nous avons plus d’un témoignage de l’effet que produisit cette manière nouvelle d’écrire. […] Effet peut-être en lui de son hérédité protestante ? […] Effet bizarre des raisonnements des hommes — qu’une doctrine, qui s’était proposé de rétablir la religion dans ses droits sur l’imagination, se retournât ainsi contre elle-même, et, de son propre fonds, suscitât, pour ainsi dire, l’idée sans doute la moins analogue à son premier objet, — effet bizarre, mais effet certain, et effet naturel, si l’on y veut songer ! […] Mais ce genre de persécutions n’avait eu pour effet, comme toujours, que d’exalter, en l’épurant, la foi passionnée des victimes. […] Mais ce qui est étonnant, c’est que ni lui ni son adversaire n’aient prévu l’effet de cette querelle de prélats.

586. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il y a des choses qui sont jugées par leur effet, adoptées ou rejetées d’acclamation, et où l’analyse ne doit pas toucher. […] Mob veut les marier, et à cet effet les conduit dans une vieille cathédrale. […] Ainsi, des connaissances surnaturelles naîtraient par une sorte d’intussusception dans le sein de cet homme multiple et éternel, et par le seul effet de sa multiplicité et de sa durée. […] Il n’y a que la vérité qui soit féconde ; il n’y a, si nous osons nous exprimer ainsi, que la vérité qui soit vraie, c’est-à-dire qui produise des effets vrais. […] Il est bien vrai qu’une couleur pâlit en s’étendant, et que les effets du christianisme sont en général plus prononcés dans l’individu que dans la multitude.

587. (1903) La pensée et le mouvant

Encore faut-il que la superposition soit possible pour un de leurs aspects ou de leurs effets qui conserve quelque chose d’elles : cet effet, cet aspect sont alors ce qu’on mesure. […] Mais l’aspect romantique du classicisme ne s’est dégagé que par l’effet rétroactif du romantisme une fois apparu. […] D’avant en arrière se poursuit un remodelage constant du passé par le présent, de la cause par l’effet. […] Tandis que notre intelligence, avec ses habitudes d’économie, se représente les effets comme strictement proportionnés à leurs causes, la nature, qui est prodigue, met dans la cause bien plus qu’il n’est requis pour produire l’effet. […] Que cache-t-elle sous la succession régulière des causes et des effets ?

588. (1876) Romanciers contemporains

Là tout concourt à l’effet que veut obtenir l’auteur. […] Mais ce sont là des taches de détail qui ne nuisent pas sensiblement à l’effet d’ensemble. […] Tout dans le récit est concentré, resserré, éminemment propre à l’effet que l’écrivain veut obtenir. […] Et, ces effets extraordinaires obtenus, l’auteur nous refuse sa pitié, son émotion, sa passion ! […] Mais l’explication de ce titre à grand effet est mystique.

589. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Flipart » p. 333

Le paralytique, estampe charbonnée, caractères manqués, rien de l’effet du tableau ; ponsif noir, étalé sur un morceau de fer blanc.

590. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Roslin et Valade »

En général le tout a l’air blanc ; c’est qu’on a visé à l’éclat et à l’effet.

591. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Vous avez raison dans ce que vous dites de mon Dupin et de la façon dont il coupe les cheveux en quatre : tout cela n’est que pour l’effet. […] Zola font l’effet de craintives périphrases. […] Voyez combien toute tentative d’explication de ces dogmes chrétiens a eu pour effet de les rendre moins forts. […] Maeterlinck ne prouve-t-il pas, au surplus, combien il est aisé de produire au théâtre des effets de terreur ? […] Ibsen, Hedda Gabler, dans son ensemble, me fait l’effet de ces charades qu’il était de mode d’improviser il y a quarante ans.

592. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Tu le sais bien pourtant, cette ardeur empressée N’est point en moi l’effet d’une âme intéressée. […] Il en était résulté des distinctions très tranchées entre les deux classes, et, par l’effet de l’imitation, d’autres distinctions non moins marquées, dans chaque classe, entre les rangs et les professions. […] La place de plus en plus grande que prirent les femmes dans la société, les bons effets qui en résultèrent, sont l’ouvrage personnel de Louis XIV. […] Ce code du goût, comme l’appelèrent les contemporains, eut pour premier effet d’aigrir les inimitiés que Boileau s’était attirées par les satires, et de lui en attirer de nouvelles. […] L’effet de ces études renouvelées fut de perfectionner son goût, de régler cette force qui, dans ses premiers sermons, a paru à de bons critiques excessive.

593. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Il en peut être ainsi, comme il se peut encore que ce soit un effet causé par l’action des matières putrides elles-mêmes. […] Les effets d’une diminution d’exercice avec un accroissement de nourriture doivent être plus importants encore sur l’organisation tout entière ; et, selon que l’a démontré dernièrement H. […] De même, des caractères autrefois utiles, ou qui peuvent être apparus primitivement en vertu des lois de la corrélation de naissance, ou de toute autre cause inconnue, peuvent réapparaître par un effet de la loi de réversion, bien que n’étant actuellement d’aucune utilité. Les effets de la sélection sexuelle, lorsqu’ils ne produisent qu’une beauté extérieure qui plaît aux femelles, ne peuvent être considérés comme utiles que dans un sens un peu forcé. […] Or, il n’est pas du tout certain que nos premiers poissons ou reptiles volants eussent des pieds, qui se développèrent peut-être seulement chez ces derniers, et surtout chez les premiers oiseaux, par un effet de corrélation décroissance.

594. (1927) Des romantiques à nous

Au point de vue de l’effet, c’est tout autre chose. […] Convenons que la présentation d’un tel fond sous une telle forme fait bizarre effet. […] Mais ce tireur d’effets avait l’habitude d’être absurde. […] Ces oracles sont à grand effet. […] Ce trop brillant effet s’use.

595. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Chez la femme, des causes analogues produisent un effet semblable. […] Cela pourrait s’appeler sur un catalogue : Un Effet de soir à Paris […] Ils ne se conforment point à un programme d’effet social. […] Ce sont des corrections sans effet de retour en arrière, et qui ne corrigent rien. L’effet total est produit, et il faut avouer qu’il est désespérant.

596. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaudin, Félix »

Félix Gaudin, auteur de Poésies chrétiennes (1864), âme honnête, éprouvée, reconnaissante, que l’injustice a atteinte, que la foi a relevée et consolée, humble acolyte en poésie, et qui, dans le pieux cortège, me fait l’effet de psalmodier ses rimes à mi-voix, en tenant à la main le livre de l’imitation, d’on la joie et la paix lui sont revenues.

597. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Auriac, Jules-Berlioz d’ (1820-1913) »

L’auteur y procède par tableaux grandement espacés au point de vue chronologique, mais ces tableaux sont si bien choisis, que leur enchaînement s’éclaire de lui-même à travers les siècles… Le vers, bien construit, aux rythmes variés, juste de ton, accommodé aux effets voulus, se soutient sans défaillance pendant tout le cours de l’œuvre.

598. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre premier. Division des Harmonies. »

., tiennent à la partie matérielle de l’architecture, tandis que les effets de la doctrine chrétienne, avec les passions du cœur de l’homme, et les tableaux de la nature, rentrent dans la partie dramatique et descriptive de la poésie.

599. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Cela fait l’effet d’une expérience de physique en petit et à huis-clos au sortir d’un de ces grands spectacles naturels qui étonnent ; l’une explique l’autre. […] Thiers les fuit autant que d’autres les cherchent, et il obtient son effet par des moyens qui sont à lui.

600. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

George Sand, Indiana (1832) On peut parler d’Indiana, quoiqu’il y ait déjà un certain nombre de semaines que le livre ait produit son effet et qu’il ait recueilli presque partout en abondance son contingent d’articles et d’éloges, son nombre d’acheteurs et de lecteurs, en un mot tout ce qui constitue la vogue.  […] Le moment où, pendant la chasse, apprenant qu’Indiana est renversée et expirante, sir Ralph tire flegmatiquement son couteau pour se couper la gorge, me paraît d’un sublime effet.

601. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Est-ce là un pur caprice sans importance, une mode passagère qui ne tient à aucune cause sérieuse et qui ne vise à aucun effet ? […] Les jours où je me sentais agitée au point de ne pouvoir plus reconnaître la ligne de démarcation imaginaire tracée autour de ma prison, je l’établissais par des signes visibles ; j’arrachais aux murailles décrépites les longs rameaux de lierre et de clématite dont elles étaient rongées, et je les couchais sur le sol aux endroits que je m’étais interdit de franchir : alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une bastille. » J’indiquerai encore dans le début toute cette promenade poétique du jeune Sténio sur la montagne, la description si animée de l’eau et de ses aspects changeants, et, au sein de la nature vivement peinte, les secrets surpris au cœur : « Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courants, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car à cet âge tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. » On pourrait, chemin faisant, noter dans Léliaune foule de ces douces et fines révélations, dont l’effet disparaît trop dans l’orage de l’ensemble. 

602. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

XIV L’ensemble des illusions morales au sein desquelles habitent la plupart des hommes ressemble à cette coupole étoilée du firmament qui nous fait l’effet d’être notre dôme sur la terre. […] Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux.

603. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Préface. de. la premiere édition. » pp. 1-22

La fausse modestie de ces formules n’est guere capable de produire d’autres effets, que d’affoiblir la vérité, & de fatiguer le Lecteur par une ennuyante monotonie. […] Dès-lors, il a été facile de voir que ce qui avoit pu échapper à leur plume, & être regardé comme les effets d’un délire momentané, de la démangeaison d’écrire, du desir de la singularité, étoit assez souvent réalisé dans leurs démarches.

604. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

On objectera sans doute que les propositions générales dans l’ordre moral, comme celles de l’abbé Dubos, souffrent des exceptions, & peuvent n’être pas moins vraies ; & que d’ailleurs il n’assigne pas une cause, mais plusieurs, qui concourent au même effet. […] Il semble qu’on ait moins exposé les causes de la corruption du stile, que les effets de cette corruption même.

605. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

C’est à la physique, dit-il, à les étudier parfaitement ; c’est à elle à tâcher d’en découvrir la nature, les causes, les caractères & les effets, moyennant la liaison de l’ame avec le corps. […] Ces paroles étoient moins l’effet de la présomption, que celui de la candeur & d’un certain oubli de soi-même, qui faisoit le caractère de cet écrivain.

606. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Dieu ne répète pas à chaque instant l’acte de sa toute-puissance par lequel il créa le monde ; et le monde cependant est une suite de créations successives, qui s’opèrent par l’effet toujours le même de cet acte de la volonté de Dieu. […] De même la parole fut douée, au commencement, d’une puissance et d’une fécondité dont elle ne jouit plus, il est vrai, mais dont les effets se perpétuent encore, Dieu n’a pas besoin de renouveler à chaque instant les miracles de la première création.

607. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Les Grecs ne voient que l’effet produit ; le dedans des choses leur échappe. […] III Dans son livre sur Laïs et Ninon, Debay, qui tient à prendre la mesure phrénologique du petit front grec de la charmante Corinthienne, nous rapporte une foule de mots qui lui font l’effet, à lui, d’être supérieurs.

608. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Quand on aperçoit Mahomet, au milieu des arabes grossiers et idolâtres du viie  siècle, il fait presque l’effet d’un patriarche des premiers temps, ce lent voyageur du désert qui conduit ses troupeaux comme un patriarche, et qui trafique des choses du commerce avec cette probité et cette prudence consommée qui séduisit Kadidja et qui l’avait fait nommer, bien jeune encore, parmi les tribus : « L’homme fidèle et sûr !  […] Il ne donne pas la raison psychique et physiologique qui explique la mysticité et tous ses effets dans les fortes organisations religieuses.

609. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Depuis les petits poèmes de l’Intermezzo — qui, justement, font l’effet de sorbets exquis servis dans le dé de cristal des fées, et qui ont tous cette goutte d’ironie qui relève toutes les saveurs, hélas ! […] Quand on verra ces fausses grandeurs et toutes ces faiblesses, qu’on prit pour des forces à la lueur des paroles de Heine, ce sera un effet de renverse, et l’on jugera mieux combien ces gens-là sont petits.

610. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Guerin et Roland de la Porte »

Le bas-relief en paraît absolument détaché ; cela est d’un effet surprenant, et le peuple est fait pour en être ébahi ; il ignore combien cette sorte d’illusion est facile.

611. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 359

Ses Dissertations sur des matieres de Littérature, offrent une infinité de remarques utiles & de choses très-bien vues, qui feroient plus d’effet, si le style en étoit moins incorrect & sur-tout moins diffus.

612. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 529

On est plus pardonnable de s’écarter quelquefois des reglés de la bonne Comédie, quand on a, dans les détails, le talent d’égayer le Spectateur, que de s’attacher scrupuleusement aux principes, au préjudice de l’effet principal.

613. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Deshays » p. 101

Les arbres, les roches, les eaux font un bel effet.

614. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

L’effet n’en était que plus vif et plus aigu auprès d’une génération littéraire atteinte du même mal et très surexcitée. […] Comment put-il donc se faire qu’à la séance publique les discours aient rendu un effet et un son tout différents ? […] J’y voudrais un chapitre qui aurait pour titre : Des effets d’audience, et ceci en ferait partie. […] Un de ses amis l’abordant au sortir de la séance : « Eh bien, je vous l’avais bien dit que votre discours était un peu long. » — « Mais je vous assure, mon cher, répondit-il magnifiquement, que je ne suis pas du tout fatigué. » Il en était encore à se rendre compte que c’était de l’effet sur le public qu’il s’agissait. […] Dans les trois cas sublimes, un même effet est produit par la haine orgueilleuse d’un héros, par la douleur délirante d’une mère, par le ressentiment implacable d’une amante.

615. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Tour à tour Solon et Mentor, on le voit, par l’effet de la mode qui ne s’arrête pas même au ridicule, invoqué comme la déesse Lucine au moment de l’accouchement. […] Il se trompa sur son dessein ; il se trompa sur lui-même et sur autrui ; il se trompa sur l’effet de son livre. […] Un homme qui s’accuse sincèrement n’a pas cette complaisance de pinceau pour les choses qu’il se reproche, et ne fait pas un travail de variantes pour pousser à l’effet la peinture de ses fautes. […] Chez la plupart, c’est l’effet de trop d’amour pour leur corps ; chez Rousseau, c’était cette soif de l’attention publique qui lui eût fait préférer la persécution à l’oubli. […] » En cherchant dans la vie et dans les livres de Rousseau les causes et les effets de l’esprit d’utopie, je n’ai pas voulu faire le procès à sa personne.

616. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Encore si ces commentateurs d’Aristote, qui croyoient avoir reçu leur mission d’Apollon pour révéler aux hommes ses secrets, avoient traité de ce qu’il y a de plus intéressant dans l’épopée, de ce qui y donne le plus de chaleur & de vie, je veux dire les situations & les épisodes, ils eussent été réellement utiles ; mais ils ne touchèrent rien de l’effet qu’elles y font, de la manière & de la nécessité d’y en amener. […] On y trouve des morceaux admirables, le Discours des ambassadeurs d’Énée & la Réponse du roi Latinus ; le Bouclier forgé par Vulcain, & dont Vénus fait présent à Énée ; l’Épisode pathétique d’Euriale & de Nisus ; la description de plusieurs combats qui n’ont rien d’ennuyeux, & qui font l’effet de ces tableaux, où Le Brun a si bien représenté les batailles d’Alexandre, le combat singulier entre Énée & Turnus, & plusieurs autres traits uniques. […] En lisant l’Astrée & la princesse de Clèves, ils deviendront amoureux. » Déclamation inutile ; tout l’effet qu’elle produisit fut de faire changer de batterie aux romanciers. […] On abandonna les grandes aventures, les projets héroïques, les intrigues délicatement nouées, le jeu des passions nobles, leurs ressorts & leurs effets. […] Il se défie moins de l’art de l’auteur : il ne voit, il n’entend que les personnages qui sont en scène, & l’illusion produit tout son effet.

617. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Alors, quand un souvenir reparaît à la conscience, il nous fait l’effet d’un revenant dont il faudrait expliquer par des causes spéciales l’apparition mystérieuse. […] Il est vrai que nous la possédons ainsi en abrégé seulement, et que nos anciennes perceptions, considérées comme des individualités distinctes, nous font l’effet ou d’avoir totalement disparu ou de ne reparaître qu’au gré de leur fantaisie. […] Mais nous ne rejetons rien dans l’inconscient, par la raison fort simple que ce n’est pas, à notre avis, un effort de nature psychologique qui dégage ici la ressemblance : cette ressemblance agit objectivement comme une force, et provoque des réactions identiques en vertu de la loi toute physique qui veut que les mêmes effets d’ensemble suivent les mêmes causes profondes. […] Les nécessités de la vie ne sont plus là pour régler l’effet de la ressemblance et par conséquent de la contiguïté, et comme, au fond, tout se ressemble, il s’ensuit que tout peut s’associer. […] Nous savons, par exemple, quand nous lisons un roman d’analyse, que certaines associations d’idées qu’on nous dépeint sont vraies, qu’elles ont pu être vécues ; d’autres nous choquent ou ne nous donnent pas l’impression du réel, parce que nous y sentons l’effet d’un rapprochement mécanique entre des étages différents de l’esprit, comme si l’auteur n’avait pas su se tenir sur le plan qu’il avait choisi de la vie mentale.

618. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Le duc Charles n’était jamais en reste en fait de promesses de mariage, mais ici l’offre fut des plus sérieuses : On peut aisément imaginer, dit Lassay, l’effet que fît une telle proposition sur une jeune personne dont l’âme était noble et élevée ; elle regarda un honneur si surprenant avec modestie, mais elle n’en fut point éblouie au point de s’en croire indigne. […] Dès l’abord, M. de Tréville, cet homme d’esprit, cet ancien ami de Madame Henriette d’Angleterre, devenu l’un des amis de Port-Royal, ce pénitent sincère, mais qui avait lui-même ses variations, avait averti Lassay en essayant de le consoler ; et ce dernier lui répondait : Je sais que vous me faites l’honneur de me dire que le temps adoucit les douleurs les plus vives ; mais les grandes afflictions font le même effet sur l’âme que les grandes maladies font sur le corps : quoique l’on en guérisse, le tempérament est attaqué ; on vit, mais on ne jouit plus d’une santé parfaite : il en est de même de l’âme, elle ne peut plus jamais sentir une joie pure. […] Lassay avait du goût pour les jardins et pour les bâtiments, comme il le prouva plus tard en accommodant l’hôtel Lassay, comme il l’avait déjà montré en petit dans sa jolie maison de retraite près des Incurables ; il avait le goût simple et uni, et avec peu il obtenait d’heureux effets : Je vous demande encore, disait-il à la maîtresse de cette villa de Bagnaia, de faire abattre, à hauteur d’appui, la muraille qui est devant vos fenêtres, car cette muraille vous donne une vue effroyable et vous en cache une fort belle ; et, si on prétend qu’elle est nécessaire pour votre maison, il n’y a qu’à faire un petit fossé derrière.

619. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Soit disposition naturelle, soit effet des conjectures où il avait vécuad, Rohan avait de la méfiance d’un capitaine italien du xvie  siècle. […] Habile capitaine plutôt que grand général, sa mesure à cet égard est difficile à prendre, et j’aimerais assez à entendre là-dessus des gens du métier : à le traduire à la moderne, ce qui est toujours hasardeux, vu l’extrême différence des moyens en usage aux différents siècles, il me fait l’effet d’être ou d’avoir pu être, comme militaire, quelque chose entre Gouvion Saint-Cyr et Macdonald, et plus près du premier à cause des pensées. […] Soit disposition naturelle, soit effet des conjonctures où il avait vécu ae.

620. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Un tel acte aurait eu besoin, pour faire son effet, d’être accompagné et précédé de tous les éclairs, des tonnerres et des larges torrents de l’éloquence ; et la parole de M. de Girardin dans une assemblée n’a que les qualités de sa plume, concision et netteté. […] Quand il parle, comme il le fait, contre la guerre et ses effets désastreux, ce n’est pas qu’il supprime le courage et l’intrépidité humaine, c’est qu’il sait où les placer ailleurs. […] Il enfile et défile ses preuves d’un bout à l’autre, depuis la première jusqu’à la dernière ; il ne fait grâce d’aucun développement ; il les épuise, et il arrive ainsi à produire sur le public un effet incontestable.

621. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Épicuriens et sensuels, ils me font l’effet, Regnier, d’un abbé romain, Chénier, d’un Grec d’autrefois. […] Ainsi, même dans les chaleurs de l’âge et des passions, et même dans les instants où la dure nécessité a interrompu mon indépendance, toujours occupé de ces idées favorites, et chez moi, en voyage, le long des rues dans les promenades, méditant toujours sur l’espoir, peut-être insensé, de voir renaître les bonnes disciplines, et cherchant à la fois dans les histoires et dans la nature des choses les causes et les effets de la perfection et de la décadence des lettres, j’ai cru qu’il serait bien de resserrer en un livre simple et persuasif ce que nombre d’années m’ont fait mûrir de réflexions sur ces matières. » André Chénier nous a dit le secret de son âme : sa vie ne fut pas une vie de plaisir, mais d’art, et tendait à se purifier de plus en plus. […] Premier chapitre d’un ouvrage sur les causes et les effets de la perfection et de la décadence des lettres.

622. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Je ne m’attacherai donc pas ici à l’analyse des effets semblables, qui devaient naître des mêmes causes. […] Comparez à cette situation Périclès défendant, devant l’aréopage, Aspasie accusée ; l’éclat de la puissance, le charme de la beauté, l’amour même tel que la séduction peut l’exciter, vous trouverez tous ces moyens d’effet réunis dans le récit de ce plaidoyer ; mais ils ne pénétreront point jusqu’au fond de votre âme. […] Cet empire continuel sur les affections, est peu favorable aux grands effets de la tragédie : aussi la littérature latine ne contient-elle rien de vraiment célèbre en ce genre25.

623. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Mais il faut préciser, et tâcher de nous rendre compte de la nature et des effets de cette influence. […] Ce pur poète, qui lit Virgile, Homère et Théocrite avec un si exquis sentiment de la nature antique, et qui sait s’éprendre aussi de Malherbe, cet artiste curieux de la forme, qui fait rendre au vers classique dégradé par tant de spirituels rimeurs de si délicats ou puissants effets de rythme et d’harmonie, voilà justement l’écrivain qui entendait l’Art poétique comme l’avaient entendu Racine et La Fontaine, et qui réalisa en son temps les théories originales de Boileau. […] Nous ne regardons pas bien haut ni bien loin : nous sommes plus positivistes que mystiques et métaphysiciens ; nos pensées ne quittent pas la terre, et vont à l’action, aux effets réels, sensibles, et que l’analyse atteint.

624. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mais, de plus, la précision extrême de son étude exprime toute la réalité : il sait obtenir les plus grands effets par les plus simples moyens, et quelques types compréhensifs, quelques faits caractéristiques — très peu nombreux, mais très soigneusement choisis — nous rendent la Grèce présente, en sa vivante originalité, ou Rome, ou la France des Mérovingiens. […] Cependant, je saisis trois traces de son passage : c’est d’abord la curiosité si universellement éveillée sur les choses religieuses, le goût des artistes et du public pour les restitutions des plus singuliers effets de la foi, pour les analyses psychologiques de la sainteté ou de la dévotion. […] A côté de ces œuvres consciemment composées pour un effet esthétique, se rencontrent de vrais journaux écrits au jour le jour, au hasard des rencontres : comme ces notes posthumes de Michelet qu’on a récemment publiées.

625. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Les effets bienfaisants de leur campagne se sont fait sentir jusque dans les compagnies de discipline et les bagnes militaires où quelques intellectuels comme Dubois-Dessaule et Darien avaient été envoyés, non pour leurs crimes, mais pour leurs attaches libertaires et par simple délit d’opinion. […] Cartaut, sceptique et gouailleur, en venait détruire l’effet. […] En 1892, le procès de Ravachol, à Paris, montre, par les discussions de presse, que la majorité des intellectuels est sinon acquise, du moins sympathique à la doctrine anarchiste et l’effet s’en produit par l’ouverture en 1893, du Théâtre d’art social où les militants du parti se donnent rendez-vous pêle-mêle avec les écrivains nouveaux.

626. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Chaque espèce d’émotions est caractérisée avec soin, considérée dans ses effets, ses modifications, son influence, ses transformations. […] C’est celle qui procède subjectivement ; elle ne recherche point ce qu’est le beau ; aux définitions déjà données, elle n’essaie pas d’en ajouter une nouvelle, également quoique autrement insuffisante : elle se borne à l’étude des phénomènes internes, c’est-à-dire des effets que le beau produit sur nous. […] La décharge nerveuse peut même produire des effets extraordinaires, comme chez les paralytiques qui ont recouvré momentanément l’usage de leurs membres, par suite de quelque émotion violente.

627. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Quand Sully reparut un jour à la cour de Louis XIII, avec sa fraise et son costume du temps de Henri IV, il prêta à rire à cette foule de jeunes courtisans : quand la reine Marguerite, revenue d’Usson à Paris, se montra à la cour renouvelée de Henri IV, elle produisit un effet semblable sur le jeune siècle, qui souriait de voir cette survivante solennelle des Valois. […] Tous les détails de magnificence galante et de cérémonial, si chers aux dames, ne sont pas oubliés : J’allais, dit Marguerite, en une litière faite à piliers doublés de velours incarnadin d’Espagne, en broderie d’or et de soie nuée, à devise ; celle litière toute vitrée, et les vitres toutes faites à devises, y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol et italien, sur le soleil et ses effets. […] Marguerite témoigne désirer que, puisqu’elle doit être interrogée, ce soit de personnes plus privées et plus familières, son courage n’allant pas jusqu’à pouvoir supporter si publiquement une telle diminution : « Et craindrais que mes larmes, dit-elle, ne fissent juger à ces cardinaux quelque force ou quelque contrainte, qui nuirait à l’effet que le roi désire. » (21 octobre 1599.)

628. (1912) Le vers libre pp. 5-41

On sait aussi qu’après avoir trop servi les formes demeurent comme effacées ; leur effet primitif est perdu, et les écrivains capables de les renouveler considèrent comme inutile de se soumettre à des règles dont ils savent l’origine empirique et les débilités. […] Cet accent d’impulsion dirige l’harmonie du vers principal de la strophe, ou d’un vers initial qui donne le mouvement, et les autres vers, à moins qu’on ne recherche un effet de contraste, se doivent modeler sur les valeurs de ce vers telles que les a fixées l’accent d’impulsion. […] Nos jeunes confrères indiquent dans leur désir d’un instrument rythmique plus libre qu’il est inutile d’attribuer un sexe aux rimes, ils expliquent comment on peut dissoner sur les vieilles habitudes en prolongeant les masculines sur les féminines pour résoudre au gré de l’alternance classique, mais au moment choisi par le poète, ce qui donne un effet agréable de surprise euphonique ; ils citent les allitérations et les arabesques de voyelles, et signalent l’existence d’équilibres phonétiques, plus curieux parfois que l’allitération et l’assonance pure (l’allitération qui n’a pas l’air d’allitérer)… bref tous moyens employés pour remplacer une symétrie au métronome, dure et pesante, par une symétrie très complexe, consistant non point dans la répétition régulière en coups de marteau de forge des mêmes sonorités, mais dans des effleurements ingénieusement variés des sonorités semblables à des intervalles dictés non plus par l’arithmétique, ou plutôt la numération, mais par un instinct de musicien qui manierait tantôt des leitmotiv, tantôt des rappels de timbre.

629. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Dardées par ce visage net et par cette bouche expressive, les pensées prenaient un corps, devenaient visibles, pénétraient dans l’auditeur, le domptaient, le possédaient, le livraient aux coups de théâtre, aux effets de style, aux mouvements de passion, aux surprises de méthode. […] Ce que je lisais, ce que j’entendais de philosophie, n’avait d’autre effet que de me donner matière à penser, à chercher. […] Nous croyons le scepticisme à jamais invincible, parce que nous regardons le scepticisme comme le dernier mot de la raison sur elle-même. » Ses amis m’ont raconté qu’une fois, ayant entrepris de prouver la spiritualité de l’âme, il passa involontairement trois mois à décrire les nerfs, le cerveau, les effets moraux des blessures et des contusions cérébrales, à décomposer les actions de l’esprit, à comparer les deux ordres de faits, et qu’enfin, obligé de conclure, il déclara que la science n’était pas assez avancée et qu’on ne pouvait rien dire.

630. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Le Bas et Cochin »

La tête de l’ observateur précieusement finie et bien dans l’effet.

631. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Depuis, les idées religieuses s’étant extrêmement affaiblies, l’intérêt de cette pièce a diminué : ce combat ne produit plus le même effet sur les spectateurs. […] Quelque temps après il se rendit à Ferney, et instruisit Voltaire de l’effet des premières représentations de L’Orphelin de la Chine. […] Mahomet devait connaître Zopire, et ne pas risquer une négociation dont l’unique effet devait être de se démasquer sans fruit devant un ennemi. […] Je révèle ici aux profanes d’étonnants mystères : ce sont les grands effets par les petites causes. […] Il est vrai que ce vol n’est qu’une récidive ; il y avait déjà longtemps qu’il s’était approprié un pareil effet dans sa fameuse tragédie de Mérope.

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