Mais ces défauts sont aussi aisés à corriger, que faciles à connoître.
Ménage joignoit à cela le défaut de parler beaucoup.
Nul ne peut se flatter de produire des œuvres sans défauts.
Dans ce dernier cas, qui est, on le voit, le plus fréquent, la divergence entre l’image-signe et les images-idées est réduite au minimum, et le défaut du signe analogique apparaît peu. […] Tout signe étant une image d’un ordre déterminé, représentera mal les images qui lui sont irréductibles ; c’est là un défaut auquel le signe analogique n’échappe pas plus que le signe arbitraire, et, sous ce rapport, une idée particulière est aussi difficile à bien exprimer qu’une idée générale. […] Néanmoins, quand, par exception, l’élément visible-tangible d’un phénomène est négligeable, par exception aussi le signe sonore analogique se trouve être un signe presque sans défaut. […] Nous ne pensons ici qu’au langage scientifique, dont les défauts sont autant de qualités pour la langue poétique. […] Selon quelques auteurs, les langues trop riches, trop analytiques, auraient le même défaut ; un langage synthétique et concis, aidant moins la pensée, l’excite davantage, car alors l’assimilation n’a pas lieu sans un véritable effort d’invention ; on cite à l’appui les écrivains bibliques et surtout la langue chinoise.
Malgré les défauts de sa manière, a dit M. de Chateaubriand au même endroit, elle ajoutera un nom de plus à la liste des noms qui ne doivent point mourir. […] Il a quelques-uns des défauts de la Nouvelle Héloïse, et cette forme par lettres y introduit trop de convenu et d’arrangement littéraire. […] Mais ce défaut de forme une fois admis pour Delphine, que de finesse et de passion tout ensemble ! […] Il y blâmait vivement l’intérêt répandu sur Oswald et s’en fâchait comme d’un défaut de patriotisme. […] Son défaut, à côté de sa raillerie qui d’ordinaire touchait juste, était de ne point tenir compte des parties élevées et sérieuses, ce qui lui ôte de la portée.
Certes M. de Maistre n’a pas fait défaut à l’une plus qu’à l’autre de ces deux rares conditions, mais encore moins, s’il est possible, à la dernière. […] On m’a lu, il y a quelques années, une belle lettre de lui, qu’il écrivit à une dame de Vienne en réponse à des représentations et à des conseils qu’elle lui avait adressés sur certains défauts de son caractère ; la manière dont il s’exécutait et s’excusait m’a paru à la fois aimable et ferme, d’une vérité tout à fait charmante. […] Compatriote de saint François de Sales, il écrit dans sa langue, qui se trouve en même temps la nôtre, dans une langue postérieure à celle de Montesquieu, et qui tient de celle-ci pour les beautés comme pour les défauts. […] Mais chez lui les défauts de goût, notez-le bien, ne sont que passagers, pas beaucoup plus forts, après tout, que ceux de Montesquieu lui-même. Et ce style a l’avantage d’être tout d’une pièce, portant en soi ses défauts, sans rien de plaqué comme chez d’autres talents qu’à bon droit encore on admire.
J’en viens à ce beau génie, le plus grand de nos écrivains en prose, en qui se résument toutes les grandeurs de l’esprit français avec le moindre mélange de défauts ; encore les défauts de Bossuet semblent-ils ceux de l’humanité plutôt que ceux d’un homme. […] Mais regardez où ce bon sens fait défaut. […] Il est vrai qu’on peut être naturel même en ne s’occupant que de soi, et il y en a d’illustres exemples ; mais on l’est avec plus de défauts. […] Descend-il au ton de l’instruction familière, dans le détail de la vie domestique, de nos humeurs, de nos défauts, une clarté douce, égale, des expressions modérées remplacent ces hardiesses de langage où le portent les grands sujets. […] La preuve qu’ils sont un défaut, c’est qu’ils ont été imités.
Il parle avec d'autant plus de liberté & de force, que les défauts sont aujourd'hui plus communs & l'audace plus révoltante.
En appliquant cette loi à Han d’Islande, on fera saillir aisément ce qui constitue avant tout le défaut de ce livre.
ces jardins, dont le seul défaut est d’être trop enchantés ; ces amours, qui ne manquent que d’un voile, ne sont pas assurément des tableaux si sévères.
La prononciation vicieuse et la mauvaise écriture sont deux défauts très-analogues, c’est bégayer pour les yeux et pour les oreilles.
Ce sont les comédies de Moliere qui nous ont dégoûtez de celles de Scarron et des autres poëtes qui l’avoient précedé, mais non des livres écrits pour mettre en évidence les défauts de ces pieces.
J’ai montré que, même dans cet étroit domaine, son attention est souvent en défaut. […] On y voit non seulement la matière des « poésies », mais encore les qualités et quelques-uns des défauts de leur manière. […] Ne tremblez pas trop : Jeanne Mairet est bonne comme une providence jamais en défaut. […] Les Français, en revanche, ont chez elle les défauts que nos vaudevilles prêtent aux « transatlantiques ». […] Cette imagination a ses défauts, mais des défauts séduisants, parce que créateurs d’imprévu.
Ce défaut de sens esthétique se fait cruellement sentir dans la façon dont M. […] Ces défauts tiennent sans doute au tour d’esprit de M. […] Point de ces insistances qui sont de mauvais goût et dénotent un défaut d’éducation. […] Tu l’as ornée de toute sorte de défauts. […] Ce sont des défauts.
Est-il un défaut qui les blesse davantage que de diriger les hommes qui suivent une autre croyance par l’intervention des dieux d’un culte qu’ils méprisent ? […] Même défaut dans la Henriade. […] Donnons-en la preuve, et marquons les défauts des poètes qui ne les ont pas imitées. […] Défauts du début de la Henriade. […] Toute prose poétique est voisine d’un défaut qui détruit sa naturelle éloquence, et signale un peu l’impuissance de l’auteur qui ne saurait s’élever à l’art assujettissant des vers.
La nôtre a pour suprême défaut d’être troublée, calculatrice et incohérente. […] Alexandre, tout divin qu’il fût par tant de côtés, n’était pas exempt d’une nuance au moins de ce défaut. […] Aussi la plupart des portraits d’histoire sont-ils déformés par l’un ou par l’autre de ces deux défauts. […] Il est malaisé de faire un départ et de condamner les défauts en même temps qu’on admire les qualités. […] Le défaut essentiel de notre race française est chez lui plus manifeste que chez tout autre.
C’est que les qualités sérieuses et vraies survivent aux défauts inhérents à l’époque et au milieu où l’on vit. À mesure que les siècles suivants se débarrassent de ces défauts, ils les pardonnent au passé. […] Il faut nous demander lequel nous préférons, du génie qui a le plus de qualités ou de celui qui a le moins de défauts. […] Nous les comparons alors au type de leur espèce seulement, et la forme ici pèche par défaut. […] Il serait fort puéril de le donner pour un écrivain sans défaut.
Racine, ce peintre de l’amour, dans ses tragédies, sublimes à tant d’autres égards, mêle souvent aux mouvements de la passion des expressions recherchées qu’on ne peut reprocher qu’à son siècle : ce défaut ne se trouve point dans la tragédie de Phèdre ; mais les beautés empruntées des anciens, les beautés de verve poétique, en excitant le plus vif enthousiasme, ne produisent pas cet attendrissement profond qui naît de la ressemblance la plus parfaite avec les sentiments qu’on peut éprouver.
La rapidité de la composition & l’objet que se proposoit l’Auteur, sont peut-être suffisans pour le justifier sur ces petits défauts, dont d’ailleurs peu d’esprits sont susceptibles.
Tous ces défauts qu’on conçoit pouvoir être infinis, doivent faire que l’air d’une contrée, dont la temperature paroît la même que celle d’une contrée voisine, ne soit pas aussi favorable à l’éducation physique des enfans, que l’air qu’on respire dans cette derniere.
Il est tout à fait impossible qu’une conception sociale ou morale nouvelle naisse et grandisse sans aberration, sans défauts de logique, sans que les efforts de ses amis n’entravent plus ou moins sa marche. […] Tout d’abord, la vertu subsiste dans le défaut, comme l’eau d’une source dans le fleuve qui sort d’elle. […] C’est au moins une qualité sans laquelle les vertus ne sont que des défauts ou des vices, mais c’est aussi celle qui excite le moins d’admiration, ce qui est injuste et compréhensible, et peut-être aussi le moins d’estime. […] N’ayant pas les défauts de ses qualités, il ne serait pas tout à fait exact de dire qu’il a ces qualités mêmes.
Aussi me hâté-je de reconnaître le défaut de recul ainsi que maintes lacunes inévitables dans les réflexions qui vont suivre. […] Ses romans qui appartiennent au genre des études sociales étaient fatalement exposés à présenter quelques-uns des défauts propres aux romans à thèse, — puisque l’auteur est acculé à prendre parti, — et nous les découvrons aisément, dans Un vainqueur ou dans l’Indocile, en dépit des efforts visibles pour éviter cet écueil. […] Les romans de l’auteur du Thé chez Miranda et principalement la Force, la Ruse, l’Enfant d’Austerlitz, etc., présentent, à côté de leurs défauts, de très grandes qualités. […] Cette évolution correspond à l’orientation de sa mentalité esthétique, qui l’a conduit au grand roman d’idées et de mœurs collectives et aussi de peinture sociale, après que les défauts et les écueils du roman psychologique l’eurent dégoûté de l’auto-observation poussée à l’extrême.
Mais un défaut ridicule, dès qu’il se sent ridicule, cherche à se modifier, au moins extérieurement. […] Font-elles gravement défaut au corps ? […] Et, là où l’auteur n’a pas indiqué un défaut de ce genre, il est rare que l’acteur ne cherche pas instinctivement à le composer. Il y a donc bien une parenté naturelle, naturellement reconnue, entre ces deux images que nous rapprochions l’une de l’autre, l’esprit s’immobilisant dans certaines formes, le corps se raidissant selon certains défauts.
Avec tous les défauts de sa manière, Fontenelle est un grand esprit, une haute intelligence. […] On en est quitte envers la plus haute naissance pour les respects qui lui sont dus ; mais la beauté et les grâces qui se joignent à cette naissance ont des droits encore plus puissants, et principalement les grâces d’une si grande jeunesse qu’on ne peut guère les accuser d’aucun dessein de plaire, quoique ce dessein même fût une faveur. » Puis, comme il ne faut pas seulement persévérer dans les agréables défauts que vos ennemis vous reprochent, il fit peu après, et dès que l’occasion s’en offrit, son Éloge de Newton qu’il lut à l’Académie des Sciences, et se vengea ainsi noblement et avec sérénité, en mettant dans le plus beau jour le côté supérieur de son esprit. […] Je ne suis pas exigeant et je ne demanderais que ce qui est partout, ce me semble : au défaut de l’auteur, un correcteur en première.
1834 Il est temps d’en venir, dans cette galerie qui sans cela resterait trop incomplète, au plus fécond, au plus en vogue des romanciers contemporains, au romancier du moment par excellence, à celui qui réunit en si grand nombre les qualités ou les défauts de vitesse, d’abondance, d’intérêt, de hasard et de prestige, que ce titre de conteur et de romancier suppose. […] » La Recherche de l’Absolu, dernière publication de M. de Balzac, n’est pas un de ses meilleurs romans : mais, à travers des circonstances fabuleuses et injustifiables, cette histoire a beaucoup de mouvement, de l’intérêt, et c’est une de celles où l’on peut le plus étudier à nu la manière de l’auteur, sa pente et ses défauts. […] M. de Balzac, en effet, prodigue volontiers à ses personnages les termes de génie, comme il leur prodigue les trésors ; il ne laisse pas d’alternative entre le génie et tous les défauts.
Les sophismes, les aperçus appelés ingénieux, quoiqu’ils manquent de justesse, tout ce qui diverge enfin, doit être uniquement considéré comme un défaut. […] L’homme a besoin de s’appuyer sur l’opinion de l’homme ; il n’ose se fier entièrement au sentiment de sa conscience ; il s’accuse de folie, s’il ne voit rien de semblable à lui ; et telle est la faiblesse de la nature humaine, telle est sa dépendance de la société, que l’homme pourrait presque se repentir de ses qualités comme de défauts involontaires, si l’opinion générale s’accordait à l’en blâmer : mais il a recours, dans son inquiétude, à ces livres, monuments des meilleurs et des plus nobles sentiments de tous les âges. […] En toutes choses ce qui est rassurant, c’est la supériorité ; et ce qu’il faut craindre, ce sont tous les défauts qu’entraîne la pauvreté de l’esprit ou de l’âme.
. — Son procédé, ses mérites, ses défauts. […] Il y a donc un défaut originel dans l’esprit classique, défaut qui tient à ses qualités et qui, maintenu d’abord dans une juste mesure, contribue à lui faire produire ses plus purs chefs-d’œuvre, mais qui, selon une règle universelle, va s’aggraver et se tourner en vice par l’effet naturel de l’âge, de l’exercice et du succès.
Quand quelque pièce se démanche, on peut l’étayer ; on peut s’opposer à ce que l’altération et corruption naturelle à toutes choses ne nous éloigne trop de nos commencements et principes ; mais d’entreprendre de refondre une si grande masse et de changer les fondements d’un si grand bâtiment, c’est à faire à ceux qui, pour décrasser, effacent, qui veulent amender les défauts particuliers par une confusion universelle, et guérir les maladies par la mort. […] Ce mot de brouillons revient perpétuellement dans sa bouche pour flétrir ses adversaires : c’est le stigmate imprimé par un esprit juste et ferme au genre de défaut qui lui est le plus antipathique et qui le fait le plus souffrir. […] Attaché à la Constitution de 91, la jugeant praticable malgré ses défauts, croyant que la question serait résolue si tous les honnêtes gens s’unissaient pour prêter main-forte à cette loi une fois promulguée, seul d’ailleurs, ne tenant à aucun parti, à aucune secte, ne connaissant pas même les rédacteurs du Journal de Paris, dans lequel il publie ses articles, se bornant à user de cette méthode commode des Suppléments, qui permettait alors à chacun de publier ses réflexions à ses frais, il répondait hardiment à ceux qui voulaient établir une solidarité entre lui et les personnes à côté de qui il écrivait : « Il n’existe entre nous d’association que du genre de celles qui arment vingt villages contre une bande de voleurs. » Sa politique, en quelque sorte isolée et solitaire, se dessine nettement à l’occasion de la hideuse journée du 20 juin.
J’en dirai autant de Ma retraite ; on sent ce qui fait défaut à l’aimable poète : il a plus de sentiment que d’imagination, que d’étude et de science pittoresque, que de style et d’art poétique. […] Je n’ai pas craint de marquer les défauts : il est juste de rappeler les qualités et les avantages.
Gaston Paris, contre les désespoirs ou les fantaisies de la génération précédente ou présente, et à ce propos il nous donne une idée de l’art poétique rajeuni qui est le sien, et dont il voudrait faire la loi de ses jeunes contemporains : A défaut des vieillards, les jeunes le diront, Ils chercheront du moins ; leur fierté répudie Du doute irréfléchi le désespoir aisé. […] Non, mais je cherche en toi cette force qui fonde, Cette mâle constance, exempte du dégoût… Il cherche, en un mot, la vertu la plus absente, la qualité la plus contraire au défaut qui s’est trop marqué ; et il se plaît ici, en regard et par contraste, à exposer en disciple d’Hésiode et de Lucrèce, en lecteur familier avec le bouclier d’Achille et avec les tableaux des Géorgiques, l’invention des arts, la fondation des cités, la marche progressive et lente du génie humain, tout ce qui est matière aussi de haute et digne poésie.
L’homme vain s’enorgueillit de tout lui-même indistinctement, c’est moi, c’est encore moi, s’écrie-t-il ; cet égoïsme d’enthousiasme fait un charme à ses yeux de chacun de ses défauts. — Cléon est encore à cet égard un bien plus brillant spectacle ; toutes les prétentions à la fois sont entrées dans son âme ; il est laid, il se croit aimé, son livre tombe, c’est par une cabale qui l’honore, on l’oublie, il pense qu’on le persécute ; il n’attend pas que vous l’ayez loué, il vous dit ce que vous devez penser ; il vous parle de lui sans que vous l’interrogiez, il ne vous écoute pas si vous lui répondez, il aime mieux s’entendre, car vous ne pouvez jamais égaler ce qu’il va dire de lui-même. […] Mais plus ils sont décidés à juger une femme selon les avantages ou les défauts de son sexe, plus ils détestent de lui voir embrasser une destinée contraire à sa nature.
Au défaut, je fus longtemps à considérer la porte… Sans la nuit, on n’eût jamais pu m’arracher de cet endroit. » Son attachement pour Mme de La Sablière fut si délicat, qu’en vérité il payait tous les services. […] Vis-à-vis des personnages réels, il se perdait dans l’admiration et dans la louange, élevait les gens jusqu’au ciel, les y installait à demeure. « Savez-vous bien que, pour peu que j’aime, je ne vois les défauts des personnes non plus qu’une taupe qui aurait cent pieds de terre sur elle ?
Peu d’objets, vigoureusement éclairés, la lumière fût-elle un peu crue, voilà ce qu’il faut d’abord à de jeunes esprits, dont le défaut ordinaire est de regarder sans voir. […] Le défaut que je signale est fréquent chez les femmes, il n’est pas rare non plus chez les hommes.
Mais il faudra se garder aussi du défaut opposé, qui consiste à passer à la ligne chaque fois qu’on commence une phrase. […] Ce défaut est des plus choquants : il est aussi des plus fréquents.
Alors on a commencé à y regarder de près, à les éplucher mot par mot, syllabe par syllabe, à en discuter les défauts, à en faire valoir les beautés. […] Le XVIIIe siècle, encore dominé par la notion absolue du bon goût, traita trop souvent comme défauts tout ce qui l’embarrassait ou lui déplaisait.
Pour parler dignement de l’outil qui sert si bien cette passion du Beau, je veux dire de son style, il ne faudrait jouir de ressources pareilles, de cette connaissance de la langue qui n’est jamais en défaut, de ce magnifique dictionnaire dont les feuillets, remués par un souffle divin, s’ouvrent toujours juste pour laisser jaillir le mot propre, le mot unique, enfin de ce sentiment de l’ordre qui met chaque trait et chaque touche à sa place naturelle et n’omet aucune nuance. […] Le mètre, La rime et le style y sont sans défauts.
Que la sévérité n’est, en aucune façon, le dénigrement ; et que, s’il convient de faire bonne guerre aux défauts, il n’est que juste de reconnaître et de signaler les qualités. […] Si, à défaut des confrères, ces chroniques littéraires ont trouvé, parmi les lettrés, des lecteurs confiants, c’est à leur indépendance qu’elles le doivent, à leur égal éloignement des flagorneries et des débinages obstinés.
Euclide, par exemple, a élevé un échafaudage savant où ses contemporains ne pouvaient trouver de défaut. […] Le défaut de ce raisonnement nous apparaît immédiatement, parce que nous employons le terme abstrait de fonction et que nous sommes familiarisés avec toutes les singularités que peuvent présenter les fonctions quand on entend ce mot dans le sens le plus général.
Les règlements officiels ne donnent pas la vie, et je suis convaincu pour ma part qu’une éducation comme la nôtre aura toujours les défauts qu’on lui reproche, le mécanisme, l’artificiel. […] Ce jour-là, il n’y aurait plus de salut que dans les instincts moraux de la nature humaine, lesquels sans doute ne feraient pas défaut.
Mais je crois que c’est un défaut qu’on m’impute, pour ne m’en avoir pu trouver d’autres, et que je dois pardonner à ceux qui disent que je n’ai point la bouche tout à fait régulière, quand ils conviennent en même temps que ce défaut est d’un agrément infini et me donne un air très spirituel dans le rire et dans tous les mouvements de mon visage.
Il est quelquefois cassant ; il est quelquefois un peu trop admiratif et ami de tout le monde ; il est quelquefois, à votre goût, trop tourné du côté du passé ou au contraire trop attiré vers les nouveautés, et homme qui découvre tous les matins un nouveau chef-d’œuvre, ce qui lui fait oublier celui qu’il a découvert hier ; il est quelquefois l’homme qui n’a que de la mémoire et qui cite presque sans choix, et vous le trouvez monotone ; il est quelquefois l’homme qui, en parlant des autres, songe surtout à lui et qui, dans l’esprit des auteurs, ne trouve presque qu’une occasion de faire admirer celui qu’il a ; mais quels que soient ses défauts vous l’aimez toujours un peu : le lecteur aime celui qui lit et qui lui parle de lectures, et en vient même, par besoin de confidences intellectuelles à faire et à recevoir, à ne pouvoir plus se passer de lui Eh bien ! […] Même cette chasse à la personnalité, louable en soi, peut être un défaut chez le professeur.
Or, c’est ce tableau, ou plutôt ce livre, que nous demanderons aujourd’hui à deux voyageurs contemporains qui viennent chacun de publier son voyage, tous deux appartenant à cette race d’écrivains préoccupés du pittoresque, qui ne vivent que pour le pittoresque, et qui vont l’un et l’autre justifier, l’un malgré des qualités souvent charmantes, et l’autre par ses défauts très réels et très persistants, ce que nous venons de dire des livres de voyages. […] Eh bien, c’est ce style dont nous pouvons dire : « J’ai vu mieux », que nous retrouvons dans le livre sur la Hollande, où rien, absolument rien de l’auteur ne rachète les défauts inhérents au genre d’ouvrage qu’il a entrepris !
Viollet-Le-Duc n’est point en défaut à cet égard.
C’est pour nous, au contraire, une vive joie de pouvoir admirer, dans un aîné, une aussi ferme conscience d’artiste qui ne défaut point aux pins périlleuses tentatives.
Qualités et défauts de cet art se trouvent pour le mieux synthétisés, pour son point de départ, d’un vers trop martelé, aux timbres uniformes, dans l’Aventurier, et pour son point d’arrivée, au Jardin de Cassiopée, vers plus libres, plus larges, mieux disposés.
Duclos à la Bruyere, soit par la maniere, soit par le fond, il est cependant peu d’Ecrivains parmi nos Littérateurs, & sur-tout nos Littérateurs Philosophes, qui aient su racheter leurs défauts par autant de mérite.
Le Temps, d’un insensible cours, Nous porte au terme de nos jours : C’est à notre sage conduite, Sans murmurer de ce défaut, De nous consoler de sa fuite, En le ménageant comme il faut.
Il avoit en même temps les défauts qui égarent & défigurent les plus grands talens, point de discernement, point de dépendance, point de goût.
Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.
Il y a même dans l’original un effet singulier que nous n’avons pu rendre, et qui tient, pour ainsi dire, au défaut général du morceau : les longueurs que nous avons retranchées semblent allonger la course du prince des ténèbres, et donner au lecteur un sentiment vague de cet infini au travers duquel il a passé.
Vous ne savez pas qu’un paysage est plat ou sublime ; qu’un paysage où l’intelligence de la lumière n’est pas supérieure est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage faible de couleur, et par conséquent sans effet, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage qui ne dit rien à mon âme, qui n’est pas dans les détails de la plus grande force, d’une vérité surprenante, est un très-mauvais tableau ; qu’un paysage où les animaux et les autres figures sont maltraités, est un très-mauvais tableau, si le reste poussé au plus haut degré de perfection, ne rachète ces défauts ; qu’il faut y avoir égard pour la lumière, la couleur, les objets, les ciels, au moment du jour, au temps de la saison ; qu’il faut s’entendre à peindre des ciels, à charger ces ciels de nuages tantôt épais, tantôt légers ; à couvrir l’atmosphère de brouillards, à y perdre les objets, à teindre sa masse de la lumière du soleil ; à rendre tous les incidens de la nature, toutes les scènes champêtres, à susciter un orage, à inonder une campagne, à déraciner les arbres, à montrer la chaumière, le troupeau, et le berger entraînés par les eaux ; à imaginer les scènes de commisération analogues à ce ravage ; à montrer les pertes, les périls, les secours sous des formes intéressantes et pathétiques.
On comptoit pour un défaut dans ses vers ce qui en faisoit le mérite.
L’optimisme est facile, dira-t-on ; sans doute, quand il résulte de la légèreté des jugements ; mais le pessimisme est plus facile encore ; il a en outre ce défaut, de cacher l’impuissance sous un masque de grand seigneur.
Ce défaut, je le relève parce que c’est le défaut propre de M. […] C’est un de nos meilleurs défauts. […] Le défaut de M. […] Le défaut est presque devenu une qualité. […] Ce second défaut était celui de Stendhal.
C’est le défaut extrême de ce Faust de Lenau. […] Il me semble que c’est ici que la logique du système de cet homme systématique est en défaut. […] Pour neuf lecteurs sur dix, le défaut capital du Docteur Pascal est là. […] C’est à cause de ses défauts. […] mais il y a de jolis défauts, allez !
Nous verrons plus tard comment, dans la littérature et la poésie, on s’efforce de suppléer à ce défaut de nos deux sens les plus intellectuels et les plus abstraits. […] « Il n’est pas permis au sculpteur, a écrit Ruskin, d’être en défaut soit pour la connaissance, soit pour l’expression du détail anatomique. […] Ce système, malgré les chefs-d’œuvre qu’il a produits, offrait des défauts très graves qui l’ont peu à peu compromis. Ces défauts, qui n’ont pas toujours été compris des amis de l’antiquité, tenaient à la nature même des langues anciennes. […] Son oreille l’a généralement empêché de faillir là même où sa théorie était en défaut.
— D’intrigue, quoi qu’en dise Voltaire, l’ouvrage en a même deux, et c’est un grand défaut. […] Le titre. — Il a le défaut rare de promettre moins que la pièce ne tient. […] Nous n’avons pas cité les défauts de la pièce espagnole, parce que Molière les a tous évités ; mais a-t-il mis à profit les situations les plus intéressantes ? […] La peine qu’il se donna de déguiser leurs noms ne fit que prêter de nouvelles forces à la malignité, puisqu’il leur en donna qui, tirés du grec, marquaient le caractère, les défauts, les ridicules de chacune de ses victimes. […] Oui ; mais si intéressante qu’elle demande un acteur de feu, puisque Molière s’y peint lui-même, et que, toujours plein de l’image de son ingrate épouse et de sa passion pour elle, il y pousse la délicatesse jusqu’au point d’embellir les défauts de son visage, et d’excuser les torts de son esprit.
Tel est Werther, mélange désolant de misère et de grandeur, victime encore plus de ses qualités que de ses défauts. […] Avec tous ces défauts cependant, Herder a été l’oracle de l’Allemagne. […] Ils ont trop de qualités ou trop de défauts. […] Le tact même et la discrétion lui font assez souvent défaut dans la peinture des femmes et dans les choses du cœur. […] Pauvre femme, à qui il ne reste dans sa douleur d’autre consolation que l’amitié d’Antoine ; et cette amitié même va lui faire défaut !
Tel qu’il est, et avec tous les défauts et les infractions qu’il se permet, le Journal des Débats reste le journal le plus décent, le seul même en France qui continue de respecter jusqu’au sein de la publicité certaines habitudes de bonne compagnie, et il est à souhaiter que, dans cette lutte contre la Presse, il réussisse à garder sa prééminence.
Déjà ont été représentées sur la montagne de Bussang des œuvres telles que le Diable marchand de goutte et Morteville, la première dirigée contre les méfaits de l’alcoolisme, la seconde montrant les excès de la civilisation aux prises avec les défauts de la barbarie.
Vacquerie, on est tenté de le prendre pour un romantique intransigeant, d’autant plus qu’il a été longtemps le disciple du chef de l’école romantique, ou qu’il s’est donné pour tel (avec une modestie qui l’honore), et que les disciples ont, comme on sait, l’habitude d’exagérer les défauts des maîtres.
Je me dis souvent qu’un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes.
Il s’en faut bien que Fléchier ait toujours été entêté des défauts qu’on lui reproche.
L’Académie la mit au dessous de celle de M. l’Abbé du Jarry, que le Public trouva très-mauvaise quand elle parut, & qui commence par ces trois Vers : « Enfin ce jour paroît où le saint Tabernacle, D’ornemens enrichi, nous offre un beau spectacle ; La mort ravit un Roi plein d’un projet si beau, &c. » « L’Académie ne s’apperçut point de tous les défauts de cette Piece, qui est très-plate, très-prosaïque, & où l’on trouve des Pôles glacés & où des Pôles brûlans, & jugea à propos de la couronner.
Il a voulu réhabiliter ce Poëte, mais il l’a traduit de maniere à n’en montrer que les défauts, sans en faire connoître le mérite.
A ce défaut près, ses observations sont profondes, la plupart de ses pensées sont neuves & exprimées d'une maniere plus neuve encore.
D’Aucour commence par convenir de tout le bien qui s’y trouve : mais, après avoir analysé l’ouvrage, après en avoir décomposé toutes les parties, séparé le vrai du faux, le solide du superficiel, le beau du brillant, on voit clairement que le mauvais domine, que les défauts l’emportent sur les beautés, & que l’éloge se réduit à rien.
Pour en avoir approché, nous n’ignorons rien des défauts ordinaires aux cénacles dont chacun, tour à tour ou parallèlement, prétend refléter l’âme française et contenir son évolution définitive.
Il est certain que l’Abbé du Bos est trop diffus ; mais ce défaut ne doit pas empêcher de reconnoître qu’il a eu des vues nouvelles sur bien des objets, & ses réfléxions sont encore très-utiles.
Ensuite, dans la parole intérieure, nous pouvons nous dispenser d’articuler correctement, ce qui prend du temps ; nous n’abrégeons pas les mots, mais parfois nous nous contentons de les esquisser, et cela nous suffit pour nous entendre ; c’est ainsi qu’un enfant qui a un défaut de langue est compris par lui-même et par ses parents, tandis que son langage est inintelligible à des étrangers. […] Par exemple, les organes vocaux d’un homme ne parvenant pas à se plier à la prononciation de la langue russe, l’imagination du même homme peut être, en même temps, capable de reproduire exactement toutes ces articulations si difficiles : un Français établi en Russie aura de l’accent en parlant ; mais sa parole intérieure sera correcte, s’il a le ferme désir de corriger les défauts de sa parole audible, si son attention se porte toujours quand il parle et quand il étudie, vers la prononciation normale. […] Remarquons ici que la sensation essentiellement étendue grâce à laquelle nous localisons les sons ne nous fait jamais défaut pour notre propre parole, car le tactum buccal en est inséparable, mais seulement pour les paroles d’autrui : le parleur peut être invisible. […] Ni la durée ni le moi ne sont en pareil cas explicitement affirmés ; mais, lorsque la durée est explicitement posée par la reconnaissance, le moi l’est en même temps ; la reconnaissance contient une affirmation positive du moi ; l’idée du moi et l’idée de la durée sont donc associées entre elles comme le sont les idées du non-moi et de l’espace ; elles s’éclairent et elles s’obscurcissent en même temps : faute de situer dans le passé un de nos états, il est souvent aliéné sans réserve ; le moi présent peut s’ignorer ; le moi passé n’est jamais dissimulé à l’entendement, à moins que l’idée du passé, elle aussi, ne fasse défaut. […] Taine, « pour qu’une image soit reconnue comme intérieure, il faut qu’elle subisse le contre-poids d’une sensation ; ce contrepoids manquant, elle paraîtra extérieure » (De l’intelligence, I, II, I, 4) ; or ce « réducteur » fait défaut à la parole intérieure au moins dans la méditation ; elle paraît alors intérieure eu dépit de l’absence de tout son matériel.
La femme babille à son désavantage, disoit Boileau, aimant mieux faire connoître ses défauts, que de se réduire au silence. […] J’en conclus que c’est un défaut, & que cela ôte à une langue l’honneur de passer pour originale. […] Il seroit bien étrange qu’ils n’eussent pas de défauts ; mais en revanche ils ont l’avantage d’être les hommes les plus vrais…. […] Il n’y avoit point de rhume, point d’excuse, point de défaut de mémoire qu’on pût alléguer : chacun chantoit, & ne pouvoit s’en défendre. […] Chaque société a ses défauts & ses vices ; eh !
Ici nous touchons à un des points vulnérables de cette merveilleuse intelligence : le défaut de sens critique. […] Comme Ossian, il combine le vague, qui est un défaut, avec le sentiment de l’infini qui en poésie est un don supérieur. […] Nous y voyons un manque d’art autant qu’un défaut de tact. […] C’est le défaut général du Prométhée, des Esclaves, publiés longtemps après, et surtout du Napoléon. Ce défaut ne doit pas du reste rendre insensible aux beautés éparses.
Malgré ces défauts ou à cause de ces défauts mêmes, le chevalier de Méré est un type ; et si aujourd’hui on veut étudier un des caractères les plus en honneur au xviie siècle, on ne saurait mieux s’adresser ni surtout plus commodément qu’à lui. […] — J’ai remarqué, reprit-il, les défauts de l’esprit et du cœur de la plupart du monde, et ceux qui ne me connoissent que par là pensent que j’ai tous ces défauts, comme si j’avois fait mon portrait. […] Il est à remarquer qu’on ne voit rien de pur et de sincère, qu’il y a du bien et du mal en toutes les choses de la vie, qu’il faut les prendre et les dispenser à notre usage, que le bonheur de l’un seroit souvent le malheur de l’autre, et que la vertu fuit l’excès comme le défaut.
Plus fanfarons que pervers, plus amusants que dangereux, ils étalent leurs défauts ou leurs vices aux regards du public avec une sorte de coquetterie. […] Rien ne leur fait défaut du côté de l’esprit. […] Ici Molière est en défaut. […] Toutefois, à défaut d’une contradiction essentielle, il doit toujours exister une différence réelle entre ces deux grandes divisions de l’art dramatique, et je cherche où serait cette différence, si les personnages comiques devaient se prendre eux-mêmes au sérieux. […] Aussi ce genre de discours se rapproche-t-il plus des défauts que l’on blâme dans les pièces de Sénèque, qu’il ne rappelle les chefs-d’œuvre des Grecs .
Rien ne relevait sa situation parmi ses condisciples, et les succès classiques qui l’eussent rendue meilleure et plus douce, lui firent complètement défaut. […] Ce que les couvents font sur le continent où ils absorbent les natures excentriques et maladives, les sectes le font chez nous, et il faudrait à leur défaut inventer autre chose. […] L’absence de foi est un défaut qu’il faut cacher quand on ne peut le vaincre. […] La monnaie de cuivre faisait défaut en Irlande et le petit commerce s’y faisait difficilement ; les ouvriers y étaient payés en bons représentant des fractions du shelling et échangeables. […] Désignant Malborough sous le nom de Marcus Crassus, il lui écrivait : « Vous êtes le plus riche citoyen de la république ; vous n’avez pas d’enfant mâle, vos filles sont toutes mariées à de riches patriciens ; vous touchez au déclin de la vie, et malgré tout cela, vous êtes profondément atteint de cet odieux et ignoble défaut de l’avarice… Je n’en citerai pour exemple que cette fameuse paire de bottes que toute l’éloquence du monde vous décida à peine à laisser couper, pour vous en délivrer, lorsque vous ne pouviez les garder mouillées et glacées comme elles l’étaient, qu’au péril de votre vie. » (Examiner nº 28.)
Comme j’aimerais à mettre en regard les mérites et les défauts de cette méthode, ou, si vous préférez, de cette absence de méthode ! […] Brunetière n’ait pas les défauts correspondant à ses qualités, je ne saurais. […] Il l’aime jusque dans ses défauts qui lui paraissent sans doute des qualités. […] Et pourtant, le tort de cacher les défauts des gens n’est pas le plus grave qu’on puisse reprocher à sa méthode. […] Je pourrais presque me dispenser d’indiquer les défauts qu’on peut reprocher à M.
Ses défauts, car quel est le maître qui n’en ait pas ? […] … prends garde à ces défauts ! […] En sorte que le défaut ou la qualité qu’il y avait remarqué lui servait de texte pendant la revue de toutes les études des élèves peintres et dessinateurs. […] Ce peintre a toujours eu le grand défaut de ne consulter personne et de n’écouter ni conseils ni critiques pendant l’exécution de ses ouvrages. […] David, quoique fier d’un élève dont il reconnaissait les qualités très-réelles, ne s’abusait cependant pas sur ses défauts.
Telle qu’elle est, l’obscurité n’est pas son seul défaut, mais c’est assurément le plus évident de tous. […] Mais le style de cet ouvrage, tel qu’il est, avec les défauts incontestables qui le déparent, est plein de puissance et d’entraînement. […] À proprement parler, les défauts et les mérites de ce livre n’ont rien de littéraire. […] Pour le juger, il convient d’étudier successivement trois morceaux de nature diverse qui résument toutes les qualités et tous les défauts du recueil. […] Quels que soient les défauts de son œuvre nouvelle, et ils sont nombreux, je suis pourtant forcé de protester contre la réaction qui se produit sous nos yeux.
24 » (Je néglige ici la synonymie absolue de turgide et de gonflée. ) — Parfois le pléonasme va jusqu’à l’incorrection choquante : « Ce qui lui manquait et lui faisait défaut, c’était une absence d’aliments à des appétits nouveaux25. » Ceci rappelle une phrase célèbre à l’École normale : « Messieurs, il y a dans votre préparation des lacunes dont il faudrait combler l’absence. » Voici des mots inventés, peut-être inutilement : «… un paresseux lazzaronisme d’âme26 » — « notes trémolantes 27 », — « obscurant le public28 », — « nuits insomnieuses 29 », — « arrivée à une entière déréliction30. » A quoi bon ces mots nouveaux ? […] J’en prends une au hasard, qui n’est pas une des pires. « La joie de midi glissait et jouait sur le luisant des feuilles, le brillant des fleurs, bourdonnait dans le silence et la chaleur ; et des vols de mouches, tour à tour blanches sur le vert et noires sur le blanc, s’embrouillaient dans l’air ou bien y planaient, les ailes imperceptiblement frémissantes, ainsi que des atomes de bonheur suspendus dans l’atmosphère 49. » Les défauts sautent aux yeux d’un professeur de rhétorique : l’assonance de joie et de jouait, de fleurs et de chaleur ; ailes se rapportant grammaticalement à vols, si bien que les vols ont des ailes ; dans l’atmosphère faisait double emploi avec dans l’air ; l’ambiguïté de la construction qui fait douter si ce sont les vols ou les ailes qui ressemblent à des atomes de bonheur, ainsi que pouvant se rattacher également à l’un ou à l’autre de ces deux mots. […] Ce goût malsain s’explique si l’on considère que ce qui nous attache à un grand artiste, c’est ce qu’il a de particulier, ce sont ses qualités propres et vraiment originales, c’est-à-dire précisément celles qui, développées à outrance et sans contrepoids, deviendront des défauts aux yeux des critiques non prévenus et des esprits amis de la mesure ; mais les initiés ne s’en apercevront point, ou bien, comme ces défauts ne font qu’accentuer la marque personnelle par où ils ont été séduits, s’ils les sentent, ils les aimeront comme des qualités de plus en plus singulières.
En un mot, jeunes et en entrant dans la vie, on prend surtout les grands écrivains, orateurs ou poètes régnants, avec enthousiasme, par leurs qualités : vieux, on prend surtout les survenants et successeurs par leurs défauts. C’est à quoi l’on est d’abord le plus sensible ; leurs défauts nous sautent aux yeux, leurs qualités ne viennent qu’après.
Je me risquerai donc, à propos de cette singulière modestie de Joubert, à rappeler la pensée d’un moraliste de l’école de La Rochefoucauld : Une modestie obstinée et permanente est un signe d’incapacité pour les premiers rôles, car c’est déjà une partie bien essentielle de la capacité que de porter hardiment et tête haute le poids de la responsabilité ; mais de plus cette modestie est d’ordinaire l’indice naturel et le symptôme de quelque défaut, de quelque manque secret ; non pas que l’homme modeste ne puisse faire de grandes choses à un moment donné, mais les faire constamment, mais recommencer toujours, mais être dans cet état supérieur et permanent, il ne le peut, il le sent, et de là sa modestie qui est une précaution à l’avance et une sorte de prenez-y-garde. […] Les fruits de cette victoire de Loano furent à peu près nuls ; l’habileté supérieure avait fait défaut.