Dans ces conditions, la question qui s’impose est celles de traductions.
C’est donc à elle de dicter ses conditions.
La seule condition qu’il imposa, fut que les pièces seroient soumises à l’examen.
Adolphe Lacuzon déclarait (1902) dans la préface d’Éternité : « Le don du Poète est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.
Quatre-vingts pages (et même moins) peuvent être un chef-d’œuvre, mais c’est à la condition première de se tenir et de se suivre, et dans l’Homme qui rit rien ne se suit ni ne se tient.
Ce qu’elle doit craindre aussi, c’est que les membres dont elle se compose, au lieu de viser à un équilibre de plus en plus délicat de volontés qui s’inséreront de plus en plus exactement les unes dans les autres, se contentent de respecter les conditions fondamentales de cet équilibre : un accord tout fait entre les personnes ne lui suffit pas, elle voudrait un effort constant d’adaptation réciproque.
Elle l’admire un peu sur parole et d’après de vagues souvenirs d’enfance ; c’est pour la gloire du poëte une condition favorable : ses titres sont admis, on ne les discute plus, et la signification générale de son œuvre se dégage plus nettement. […] On voulait faire de Balzac un notaire ; mais le futur grand écrivain, qui, bien que personne ne crût à son génie, en avait la conscience, refusa le plus respectueusement du monde, quoiqu’on lui eût ménagé une charge à des conditions très-favorables. […] L’amour de la science m’avait jeté dans une mansarde où je travaillais pendant la nuit et je passais le jour dans une bibliothèque voisine, celle de Monsieur ; je vivais frugalement, j’avais accepté toutes les conditions de la vie monastique, si nécessaire aux travailleurs. […] Ce qu’Ary Scheffer a réalisé dans une sphère réservée et sereine, Tony Johannot l’a fait dans les conditions de l’industrie moderne qui, à chaque instant, et c’est le plus bel éloge qu’on puisse lui donner, a besoin des arts, à travers tous les tumultes et tous les hasards de la publicité ; il n’a rien dédaigné, ni la tête de page, ni la lettre ornée, pas même l’affiche. […] Pour bien écrire un voyage, il faut un littérateur avec des qualités de peintre ou un peintre avec un sentiment littéraire, et Marilhat remplit parfaitement ces conditions ; c’était du reste un esprit vif, clair, plein d’activité et de feu, légèrement ironique et se plaisant aux lectures choisies : Montaigne, Cervantes et Rabelais étaient ses auteurs de prédilection ; il aimait à parler et parlait bien.
Certes, nous voulons bien que l’on rie de nous tous, mais à condition cependant que vous ne rirez pas en même temps de ces gens-là. […] Pour le jeune professeur, tout rempli des inspirations du temps de Périclès, de la cour d’Auguste et du siècle de Louis XIV, et pour les soldats et pour les capitaines qui remplissaient le monde français, l’enthousiasme n’obéissait pas aux mêmes conditions, et, pendant que tous les regards, toutes les âmes étaient tournés du côté des grandes plaines où s’agitaient les grandes batailles, le jeune enthousiaste du passé poétique et des majestés abolies se sentait pris d’enthousiasme et de passion pour ce témoin calme et respectueux des gloires, des misères et des orages de ce monde implacable qui avait englouti, dans les cendres et dans le sang, le monde ancien, le monde enchanté de Corneille et de Racine, de Pascal et de Diderot, de madame de Sévigné et de la reine de France Marie-Antoinette ! […] Sérieusement, être sorcier, la chose n’est pas difficile, sorcier dans les conditions dont je parle. […] Avec un tact parfait, elle devinait l’âge, la condition, et les mille petites douleurs de la vie oisive, de la vie pauvre, de la vie riche ; elle reconnaissait toutes les passions à certains signes qui ne la trompaient jamais. […] Il voulait l’égalité, mais à condition que tous les hommes auraient les cheveux bien peignés, et les mains également bien lavées.
Mais ce sont aussi les conditions mêmes de la littérature. […] « Cet horizon où les formes ont peu de diversité nous ramène sur nous-mêmes en nous rattachant à la suite de nos ancêtres. » Ils avaient là leurs travaux, — les conditions du labeur et des journées ne changent pas, — leurs travaux et leur songe : le songe a traversé les siècles et continue. […] Il paraissait que l’épopée fût un genre très différent de tous les autres, soumis à des conditions très particulières ; et l’on posait en principe l’antinomie de l’épopée et de l’histoire. […] Ou bien on prolongera leur vie, coûte que coûte, au-delà des limites normales ; et, pour cela, on les adaptera aux conditions incessamment nouvelles de l’existence ; ou bien on permettra qu’ils meurent tranquillement, quand leur destin sera révolu et quand la pensée dont ils ont été la forme ostensible aura cessé de se faire entendre, c’est pourquoi on ne devrait pas, à mon avis, restaurer le Parthénon. […] Pareillement les conditions de la trouvaille nous échappent ; mais, de l’insuffisance de nos documents, il n’y a rien à conclure.
Si cette description minutieuse plaît singulièrement par le contraste, lorsqu’il s’agit des grands acteurs de la scène du monde, elle fait tout l’intérêt des conditions obscures, ou qui n’ont eu que le paisible éclat des lettres et de la philosophie. […] L’esclavage domestique formait une première et grande uniformité ; le reste de la vie des citoyens se passant sur la place publique, était trop ouvert à tous les yeux, pour que l’on y pût supposer avec vraisemblance quelque aventure extraordinaire, quelque grande singularité de caractère ou de destinée ; enfin la condition inférieure des femmes, leur vie retirée, affaiblissaient la puissance de cette passion qui joue un si grand rôle dans les romans modernes. […] Mais cette condition fut mal observée, et les prédicateurs puritains se plaignirent bientôt que les comédiens faisaient quatre ou cinq samedis par semaine ; tant le public de la ville avait pris goût à cet amusement et le préférait même aux combats de taureaux, conservés encore pour les plaisirs de la reine, dit une ordonnance d’Élisabeth. […] Il faut avouer que, dans les sujets historiques, l’absence des unités65 et la longue durée du drame permettent des contrastes d’un grand effet, et qui font ressortir avec plus de force et de naturel toutes les extrémités de la condition humaine. […] Deux ans après, il le vendit pour trente livres sterling, payables à des conditions qui indiquaient la défiance de l’éditeur.
Et plus loin : Donc, je vous raconterai sincèrement et avec fidélité plusieurs historiettes ou galanteries arrivées entre personnes qui ne seront ni héros ni héroïnes, qui ne déferont point d’armées et ne renverseront point de royaumes, mais qui seront de ces gens de médiocre condition qui vont tout doucement leur grand chemin, dont les uns seront beaux et les autres laids ; les uns sages et les autres sots ; ceux-ci ont bien la mine de composer le grand nombre… Et cela continue sur ce ton. […] La reine, sa mère, dit madame de La Fayette, s’appliquait tout entière au soin de son éducation, et le malheur de ses affaires la faisant vivre plutôt en personne privée qu’en souveraine, cette jeune princesse prit toutes les lumières, toute la civilité et toute l’humanité des conditions ordinaires. […] Tout cela, compliqué par ce fait, que le rival de Mithridate est un fils pour qui il a de l’estime et de l’affection ; et tout cela, en outre, poussé à l’atroce par la condition, la race et le passé de Mithridate, sultan oriental vaguement teinté d’hellénisme, habitué au sang, traqué comme une bête dans sa jeunesse, et qui a dû, de bonne heure, répondre aux crimes par des crimes, et trahir pour se défendre de la trahison : à la fois homme de désir et de volonté indomptables, et homme de dissimulation et de ruse.
Je ne dirai point du tout que si Molière avait fait d’Alceste un personnage inébranlable aux coups qui le frappent et sensible seulement aux vices dont il est témoin, il n’aurait pu que prêcher tout le temps, faire des sermons continuels et aurait été un personnage de théâtre fort ennuyeux ; je ne dirai point cela, quoique victorieusement incontestable, parce que Rousseau aurait toute prête une très bonne réponse : « Alors ne mettez pas le misanthrope sur le théâtre ; choisissez des sujets qui soient susceptibles de comique et non des sujets qui n’en sont susceptibles qu’à la condition qu’on les dégrade. » Mais je dirai, ce qui a beaucoup plus d’importance, que le personnage de Molière est vrai et le personnage que rêve Rousseau est faux ; et que si le personnage de Molière est vrai, l’on n’est plus en droit de dire que Molière la fait tel pour faire rire : il l’a fait tel parce qu’il peint les hommes. […] qu’une femme demoiselle est une étrange affaire et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s’élever au-dessus de leur condition et s’allier, comme j’ai fait, à la maison d’un gentilhomme ! […] Il définit la comédie « l’ouvrage dramatique qui peint les mœurs des hommes dans une condition privée ». […] Je puis citer en exemple de cela la petite pièce de Nanine qui a fait murmurer l’assemblée et ne s’est soutenue que par la grande réputation de l’auteur, et cela parce que l’honneur, la vertu, les purs sentiments de la nature y sont préférés à l’impertinent préjugé des conditions. » Ainsi : « L’homme est né bon ; la source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête est en nous et non dans les pièces ; l’amour du beau moral est un sentiment aussi naturel que l’amour de soi-même ; il ne naît point d’un arrangement de scènes.
Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent un tout autre but, tendant à déduire, des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois historiques ou organiques les idées qu’elle exprime et les émotions qu’elle suscite. […] *** Pour être un véritable écrivain, la première condition est, non point de dérober sa vie jalousement à la curiosité du public, mais de l’ouvrir toute grande, de permettre qu’on y entre, non seulement par la porte, mais par les fenêtres, par les lucarnes, par les soupiraux, par les fentes des murs. […] *** Aujourd’hui la presse est libre, mais à la condition qu’elle restera dans son strict rôle d’abrutissement public. […] Ce sont de tristes conditions littéraires que celles où se débattent les écrivains d’aujourd’hui, au milieu d’une critique abjecte, que la sottise seule réjouit, et d’un public indifférent qui ne sait vers qui aller et se laisse guider par elle.
. — Ses conditions et ses causes. — Comment elle s’établit en Angleterre. — Les modes, les amusements, les conversations, les façons et les talents de salon. […] » Ces gens font du style, même à contre-temps, et en dépit de la situation ou de la condition des personnages. […] Égayons notre condition, comme une chambre de malade, de conversation libre et de bonne plaisanterie.
Ils ont fort peu de substance, et si cette condition leur confère une sorte de grâce immatérielle tant que le demi-jour persiste alentour d’eux, elle les fait paraître un peu vains et inconsistants au moment où la lumière vient les frapper d’un plus vif éclat. […] * * * On pourrait, dans certaines conditions, ne trouver rien de tout cela extrêmement grave. […] Ainsi donc, par un lent progrès, nous nous trouvons amené à dire au terme de cette étude que l’isolement semble une des conditions de la délicate perfection de cet œuvre.
Le fils du marquis de Parny, brillant, aimable, nouveau venu de Versailles, dut être une bonne fortune pour la société de Saint-Paul ; sa condition lui ouvrait toutes les portes, ses talents lui ménagèrent des familiarités.
Bonaparte admettait bien le principe de la suprématie romaine, mais à condition que la suprématie impériale prévaudrait sur tout, et que la véritable église, absolue et universelle, ce serait lui et son empire.
On est étonné que Montesquieu n’ait pas su distinguer entre ces deux conditions complétement différentes, et qu’il ait donné faveur à ce misérable sophisme, l’opposé de toute vérité.
Car si je vous dis que le caractère d’une époque poétique est tel ou tel, et que vous me citiez en opposition des auteurs dramatiques ou des romanciers, il faudra bien que je cherche ce qu’il y a de plus poétique en eux, la pensée avec laquelle ils font du drame et des caractères, il faudra bien que je leur demande leur pensée lyrique ; ce qui suppose que nous nous entendons, moi et le lecteur, sur cette question : À quelle condition le drame et le roman sont-ils de l’art ?
Ce que je note ici, c’est qu’une institution qui nous est commune avec toutes les nations littéraires de l’Europe moderne, chez celles-ci vient après les modèles, et chez nous vient avant, en sorte que l’esprit français semble faire d’avance ses conditions à tous ceux qui prétendront en donner dans leurs écrits des images ressemblantes.
Seule, elle sait remplir les bizarres conditions que la fée Gloriande impose à qui veut y entrer.
. — L’auteur suit le développement de Wagner : d’abord révolutionnaire des conditions sociales et artistiques de son temps ; puis réformateur de l’art ; enfin régénérateur d’une culture idéale.
Et songe-t-on à quelque chose comme un Beau Pécopin représenté dans ces conditions ?
disposer seule de mon cœur, écoute, ô roi, les conditions qu’une fille timide ose apporter à son mariage avec toi.
Certes M. de Maistre n’a pas fait défaut à l’une plus qu’à l’autre de ces deux rares conditions, mais encore moins, s’il est possible, à la dernière. […] Mais un autre ordre de temps est venu ; de nouvelles conditions générales ont été introduites dans le monde ; un Lycurgue s’y briserait.
on sait bien, par exemple, que les conditions de la lecture littéraire sont incompatibles avec une précision excessive du langage. […] A Chabaud : je commencerai par une vérité de La Palisse, mais ces vérités sont toujours bonnes à dire, aujourd’hui plus que jamais : « la condition “sine qua non”, d’une peinture est d’être picturale ; celle d’une poésie est d’être poétique ».
« Né dans l’honnête bourgeoisie, mais dans la plus modeste des conditions, Charles-Augustin fit ses études dans sa ville natale et y acheva même toutes ses classes, y compris la rhétorique, dans la pension laïque de M.
C’est cependant une chose qu’on ne verrait pas en France de Calais à Bayonne, excepté, par hasard, chez quelque grand seigneur ayant beaucoup voyagé en Angleterre, et encore à condition qu’on le demandât.
Pétrarque fit ses conditions avant de s’attacher à ce souverain : il se réserva sa liberté et sa solitude.
« Dans cinq autres livres de dissertations, les Tusculanes, j’ai recherché quelles étaient, pour l’homme, les principales conditions du bonheur : le premier traite du mépris de la mort ; le second, du courage à supporter la douleur ; le troisième, des moyens d’adoucir les peines ; le quatrième, des autres passions de l’âme ; et le cinquième enfin développe cette maxime, qui jette un si vif éclat sur l’ensemble de la philosophie, que la vertu seule suffit au bonheur.
J’avais à mon service un jeune homme de vingt ans, de mœurs angéliques, d’une prudence, d’une intelligence et d’une capacité très au-dessus de sa condition, d’une rare intégrité et d’une fidélité sans exemple, d’une propreté en tout et d’une amabilité peu communes.
Le poète tragique piémontais, qui avait été jusque-là le plus ardent et le plus inflexible des démocrates, à condition que la démocratie ne touchât ni aux privilèges de la noblesse piémontaise, ni aux prétentions littéraires de son pâle génie, s’indigne contre la double profanation des républicains français.
Son caractère extérieur lui venait des conditions même où elle était exécutée : avec la sonate le pianiste se présentait au public, qu’il devait charmer par sa perfection, comme instrumentiste, et, dans le même temps, distraire, plaisamment, comme musicien.
Et hier, à l’enterrement d’Auguste Sichel, Gentien le collectionneur de pierres dures, me racontait que Barbey de Jouy lui avait cédé cette carpe, dans les aimables conditions que voici : « Vraiment vous auriez du plaisir à la posséder… je l’ai payée 2 000 francs, j’en ai joui quinze ans… Je vous la cède au prix, où je l’ai achetée. » Oh !
Le meilleur de nos poètes philosophes, Sully-Prudhomme nous dit : « Le vers est la forme la plus apte à consacrer ce que l’écrivain lui confie, et l’on peut, je crois, lui confier, outre tous les sentiments, presque toutes les idées. » A une condition, toutefois, c’est que le vers ne soit jamais un vêtement ajouté après coup à des idées conçues d’abord d’une manière abstraite.
Je ne caractérise point ces figures si peu soignées qu’on ne sait ce que c’est, hommes ou femmes, moins encore ce qu’elles font ; ce n’est pourtant pas à cette condition qu’on anime les ruines.
L’esprit de raison s’est introduit dans toutes les sciences, et la politesse dans toutes les conditions.
Jules Simon qui s’est trouvé avec lui à Berlin, à l’occasion du congrès relatif au travail et à la condition des ouvriers, n’a pu peindre qu’à petits traits ce mouvant modèle qu’il n’a pas eu le temps d’étudier à fond, mais chacun de ces traits est définitif et témoigne d’une grande sûreté de main. […] La pitié l’envahit, une immense pitié, qui lui fit constater l’inégalité farouche des conditions, qui ramena dans son cœur le doute de la justice éternelle et, finalement, lui rendit le désespoir de son incrédulité., Mais le prêtre, refusant de céder à l’esprit tentateur, sentant que la religion des humbles, la foi chrétienne, le fuyait, voulut, pour pousser jusqu’au bout l’épreuve, les tourner vers la foi des intellectuels, celle qu’admettent ceux qui tirent de leur raison ce que d’autres ne demandent qu’à leur instinct ; fiévreusement, il soulagea son âme en consignant dans un livre, la Rome nouvelle, toutes les pensées qui lui étaient venues pour rendre acceptables des mystères, des dogmes qui lui semblaient d’abord révolter la raison ; il rêva d’un rajeunissement de l’Église et d’un nouveau christianisme qui ne serait autre que le christianisme primitif ; en un mot, l’alliance du catholicisme avec l’évolution sociale, une fusion qui en même temps sauverait l’Église en péril et fortifierait le grand mouvement qui se préparait. […] » Et la « soirée parisienne » qui nous montre les conditions faites par un monsieur louant une Bodinière pour y donner l’audition de ses poésies et, par traité avec un agent dramatique, réglant sa soirée comme on règle avec l’église pour un mariage et avec les pompes funèbres pour un enterrement. […] ………………………………………………………………………………… » Nous ne l’ignorons pas : les conditions de l’art sont changées.
» Si la République avait été possible en France ; si, à la fin du dernier siècle surtout, l’ordre de choses de l’an III avait pu se consolider et subsister ; si le Directoire n’avait pas été le Directoire, c’est-à-dire un régime de corruption, de réaction en tous sens et d’intrigue, c’eût été à la condition d’avoir et de former beaucoup de citoyens comme M.
Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé.
La mère de Delille, à laquelle ce fruit d’un amour caché dut être enlevé en naissant, était une personne de condition, de la descendance du chancelier L’Hôpital.
Les autres s’étaient guindés dans la métaphysique et la morale, avaient rêvé infatigablement sur la condition humaine, et passé leur vie dans le sublime et le monotone.
Vous penseriez que ces deux arts sortent des conditions propres que la nature leur a assignées, pour produire plus d’effets peut-être ; mais quels effets !
et, ajoutons, sur des traits toujours beaux ; car, dans Léopold Robert comme dans la statuaire grecque, l’expression n’enlève jamais rien au beau, cette première condition de l’idéal dans l’art.
Les hommes jeunes, mûrs ou vieux, appartenant à toutes ces nuances, étaient donc accueillis avec le même sourire dans son intimité ; la seule condition était d’être ou de paraître enthousiaste de M. de Chateaubriand ; elle voulait qu’il eût chez elle la retraite douce ; elle ouatait son salon de visages agréables à son ami ; elle tapissait son escalier de roses, pour que ses pieds meurtris et chancelants ne sentissent le contact avec le temps que par le doux encens qu’on doit au génie, au malheur, à la vieillesse.
Et, puisqu’il s’agit de la mort de Clodius, imaginez, citoyens (car nos pensées sont libres, et notre âme peut se rendre de simples fictions aussi sensibles que les objets qui frappent nos yeux), imaginez, dis-je, qu’il soit en mon pouvoir de faire absoudre Milon sous la condition que Clodius revivra… Eh quoi !
Il persuada facilement au marquis de Cumiana, son beau-frère, et à sa sœur, attachés par des emplois à la cour, qu’il voulait leur donner tous ses biens en perdant la moitié au moins, en échange d’une rente viagère d’environ trente ou quarante mille livres à condition qu’il irait librement voyager et résider par tout l’univers.
Lui aussi sentait en elle une créature de grande race, auprès de laquelle il oubliait toutes les mesquineries de sa condition misérable.
Mais ne parlons pas de ces choses, l’avenir les jugera : il dira qu’après Lutzen et Bautzen, les ennemis nous offraient de nous laisser la Belgique, une partie de la Hollande, toute la rive gauche du Rhin jusqu’à Bâle, avec la Savoie et le royaume d’Italie, et que l’empereur a refusé d’accepter ces conditions, — qui étaient pourtant très-belles, — parce qu’il mettait la satisfaction de son orgueil avant le bonheur de la France !
La géologie, en apprenant à l’homme l’histoire de notre globe, l’époque de l’apparition de l’humanité, les conditions de cette apparition et des créations qui l’ont précédée, n’a-t-elle pas introduit dans la philosophie un élément tout aussi essentiel ?
Il lui faisait entendre une ariette, un motif quelconque, puis il disait : « Adaptez-moi à cela des mots qui soient dans le sentiment de la phrase musicale, du rythme, et, autant que possible, de la situation dramatique129. » Soumise à des conditions pareilles, obligée de se plier aux caprices du compositeur, la poésie a pu se plaindre souvent d’être sacrifiée, et il n’est pas surprenant qu’elle ait alors rempli sa tâche avec quelque négligence.
Sa science produit continuement sa Conscience : savoir, étant être… Mais l’Ellipse sort péniblement et par intermittences, à travers les vicissitudes inhérentes aux conditions de durées partielles, de ce Cercle primordial par quoi nous suggérons la Matière unique.
Puis, on cause de la santé des anciens, de l’équilibre du physique antique, de l’hygiène morale des temps modernes, des conditions physiologiques de l’existence dans une cinquantaine d’années.
Les belles choses ne sont belles pour moi, qu’à la condition d’être bien habillées.
La troisième et dernière partie est celle où il envisage les hommes parfaits ; et il l’appelle Paradis, pour exprimer la hauteur de leurs vertus et la grandeur de leur félicité, deux conditions hors desquelles on ne saurait reconnaître le souverain bien.
Dans tous ces poèmes, la grande loi littéraire de l’unité de sujet, qui est en même temps la condition absolue de l’intérêt, est rigoureusement observée.
En attendant la Révolution salutaire que ce spectacle si pitoyablement faux ne peut manquer d’amener, les créatures que n’a jamais animées le souffle de la liberté, et cependant en passe de ne plus pouvoir se satisfaire de leurs piètres conditions, sous le coup chaque jour de quelque mésaventure anecdotique, après tout un jeu compliqué d’aller et retour, de minutes agitées puis abattues, tentent encore à s’acharner à ne pas désespérer d’elles-mêmes, de leurs velléités, de leurs besoins.
Incontestablement une société qui avait de la force au cœur et dans les bras ne pouvait accepter des conditions si accablantes et si certaines.
Ce même homme qui a écrit Le Misanthrope, qui vous a montré les plus beaux esprits et les plus grands seigneurs de Versailles, tenus en respect par une coquette nommée Célimène, maintenant il va vous montrer un libertin, dans la double acception du mot, abusant sans pitié et sans respect de toutes les femmes qu’il rencontre, quelle que soit leur condition. […] Alors il arriva que « l’auteur se refusa à une condition telle qu’aucun auteur d’une certaine réputation ne l’accorderait à un éditeur ».
Il tient à ne pas aliéner sa clairvoyance et à la conserver intacte, ce qui semble lui être aisé, car Balzac, je le répète, s’il l’intéresse par son génie, ne le fascine pas par le spectacle des conditions dans lesquelles ce génie s’est développé. […] Leur costume nous apprend leur siècle, leur condition, leur rang. […] Je m’adressais au premier pour avoir des renseignements particuliers sur les conditions de réception ; il m’a conseillé de consulter M.
— Georges Renard se doute si peu des conditions d’éclosion de l’œuvre d’art que, lui qui fabrique seul ses raisonnements, il demande pour ses imaginations le secours de madame. […] « Mais la bouderie n’est pas très sérieuse, Anna est trop heureuse d’avoir quelque chose à pardonner, à condition cependant que le fiancé …………………. s’abonne Au journal mensuel de la Société Qui combat le tabac. […] Écoutez cette plainte poignante : « Quand, par exemple, une femme veut parvenir en littérature, il lui faut une protection, et son protecteur, très souvent, lui impose certaines conditions ; et il en est parfois qui ont la déloyauté de ne pas se rendre après. » Fi !
Non certes sur des affinités d’art, et cette répulsion était assez naturelle à Baudelaire : il n’y a aucun rapport entre la riche facilité oratoire de Musset, la grande nature créatrice qu’il a portée au théâtre au moins autant qu’en poésie, et cette inspiration avare qu’il plaît à Baudelaire de tourner en sobriété, en pureté et en condition de l’objet d’art. […] « Je n’ai ni pesanteur, ni solidité, ni fixité et n’ai pas le préjugé opaque qui pèse sur les yeux humains, le préjugé de l’existence. » Le Journal lui sert à se débarrasser, par l’écriture, de ce reste de solidité, d’action, de technique, d’ homo faber , que comportent, malgré tout, la condition humaine, l’organisme humain, la main qui fabrique encore en écrivant. […] Il se plaint de sa condition, tout comme Napoléon a pu se plaindre de la sienne, parce que toute vie humaine est partielle, implique un sacrifice et une exclusion, et que la chemise de l’homme heureux n’existe pas.
On trouve, dans les littératures anciennes de beaux développements sur la misère de la condition humaine, mais épicuriens ou stoïciens ne s’occupent guère de la foule des misérables, et il semble que ces sentiments restent du domaine philosophique. […] Cet esprit, qui paraît détestable à beaucoup de gens, par l’ignorance où ils sont des conditions de la pensée, est le levain de toute nouveauté. […] C’est une des conditions des caractères d’imprimerie. […] Il a choisi également des intelligences moyennes et les a placées dans des conditions besogneuses, afin que la lutte fût plus nette et que l’on comprit mieux l’immense effort.
— Mais à deux conditions. […] Seulement, et c’est là notre seconde condition, vous ne le verrez jamais au parloir, mais ici, dans mon cabinet, où j’aurai soin que vous ne soyez pas rencontrée. […] Comme nous l’avons dit plus haut, Élisa a assassiné un homme : celui-ci était un soldat, qui, malgré l’abjecte condition de cette fille, se laissait être son amant ; après une scène terrible, un dimanche dans un cimetière, Élisa, devenue folle de colère en quelques secondes, tue le misérable à coups de couteau : folie singulière et constatée qui fait commettre un crime à un être malgré sa protestation intérieure : — « Mais retiens-moi donc !
Les conditions où s’élaborait la production littéraire, à l’époque du Pèlerin passionné, n’avaient rien de commun avec l’effronterie pécuniaire des publications actuelles. […] Ce fut la fatalité de Moréas, de ne pouvoir composer quelques beaux vers qu’à condition d’en écrire nombre d’inégaux. […] Emile Faguet fut l’homme de la vocation parfaite et qui a rempli exactement toutes les conditions du métier pour lequel il était né. […] En bon psychologue, Mistral savait que le vêtement fait partie non seulement de la personne physique, mais de la personne morale, et que la première condition pour ne pas changer d’âme, c’est de ne pas changer d’habit.
Les oratoriens de Mons appuyèrent sur ce mélange ridicule : « Nous voulons être libres, disoient-ils ; s’il se trouve des régens pour enseigner à ces conditions, qu’ils en usent comme ils l’entendront. […] Le parlement, sans avoir égard à ce doute, permit aux boulangers de se servir de levure, à condition qu’elle seroit prise dans Paris, fraîche & non corrompue. […] Les deux cardinaux Aldobrandins, neveux du pape, qui se faisoient une gloire d’admirer & d’aimer le Tasse, allèrent, avec un grand nombre de prélats & de personnes de toutes conditions, le recevoir à un mille de Rome.
Quantité de couvents sont des asiles agréables et décents pour des dames veuves, pour de jeunes femmes dont les maris sont à l’armée, pour des filles de condition, et la supérieure, qui le plus souvent est demoiselle, tient avec aisance et dextérité le sceptre de ce joli monde féminin Mais nulle part la pompe, l’hospitalité, la foule ne sont plus grandes que dans les palais épiscopaux.
. — Placé dans cet isthme de sa condition moyenne, — sage avec des obscurités, grand avec des imperfections, — avec trop de connaissances pour tomber dans le doute du sceptique, — avec trop de faiblesse pour monter jusqu’à l’orgueil du stoïcien, — il est suspendu entre les deux ; ne sachant s’il doit agir ou se tenir tranquille, — s’il doit s’estimer un Dieu ou une bête, — s’il doit préférer son esprit ou son corps, — ne naissant que pour mourir, ne raisonnant que pour s’égarer, — sa raison ainsi faite qu’il demeure également dans l’ignorance, — soit qu’il pense trop, soit qu’il pense trop peu, — chaos de pensée et de passion, tout pêle-mêle, — toujours par lui-même abusé ou désabusé, — créé à moitié pour s’élever, à moitié pour tomber, — souverain seigneur et proie de toutes choses, — seul juge de la vérité, précipité dans l’erreur infinie, — la gloire, le jouet et l’énigme du monde.
L’évacuation sans condition du territoire français ?
Je me regarderais maintenant comme trop heureux si je pouvais seulement, sans crainte du poison, étancher à satiété la soif qui me consume, et, comme l’homme de la condition la plus vulgaire, passer mes jours en paix, mais libre, dans quelque pauvre chaumière de paysan !
« Mais en attendant que le monde, encore enfant, se délivre de ce jouet féroce, en attendant cet accomplissement bien lent, qui me semble infaillible, le soldat, l’homme des armées, a besoin d’être consolé de la rigueur de sa condition.
Il voulut alors se réconcilier avec moi, en m’envoyant le peintre dont j’ai parlé, et me promettant d’autres ouvrages à lui faire ; mais je lui dis que je travaillerais volontiers pour lui, à condition qu’il me payerait d’avance.
Croyez-y tant que vous voudrez, mais n’oubliez pas que trop espérer n’est pas plus permis à l’humanité que trop craindre, et quel que soit l’enthousiasme de l’esprit humain, il est constamment borné par trois terribles conditions de sa nature, la brièveté de la vie, la rotation éternelle des choses, et la courte étendue de l’espace et du temps que Dieu a accordé à l’homme.
Il ne pouvait rétracter ni parjurer sa parole ; un dieu bienveillant se trouva pour remplir la condition du rachat.
Tous ces encouragemens ne firent pas beaucoup de fruits dans un païs où un regard affable du souverain suffit pour envoïer vingt personnes de condition affronter gaiement sur une breche la mort la moins évitable.
À l’avènement de la maison de Bourbon, sa condition sembla s’améliorer, il fut nommé historiographe du roi, et obtint que son fils, Gennaro Vico, dont on connaissait le mérite et la probité, lui succédât comme professeur ; mais ces faveurs venaient bien tard.
Car toutes les promesses, partout, dans toute l’Écriture, enferment un traité ; c’est-à-dire que Dieu s’engage à t’accorder cette grâce à cette condition seulement que tu t’efforceras toi-même de garder ses lois. » Quel mot ! […] Par sa condition civile comme par son culte extérieur, elle en est embrassée et l’embrasse ; car elle a pour chef la reine, elle est un membre de la constitution, elle envoie ses dignitaires sur les bancs de la chambre haute ; elle marie ses prêtres ; ses bénéfices sont à la nomination des grands, ses principaux membres sont les cadets des grandes familles : par tous ces canaux, elle reçoit l’esprit du siècle.
N’est-il pas étrange, par exemple, que la capitale paie ici la viande dix à douze sols la livre, tandis que les Allemands nos voisins, ne la payent que sept ; que la chandelle soit portée à un taux qui nous réduira bientôt à la condition du Tasse. […] D’ailleurs, ajouta-t-elle, considérez toutes les conditions, suivez les deux sexes, & par-tout vous trouverez des ridicules ; ici plus compassés, là, moins prémédités ; c’est-à dire, que les uns sont l’effet d’un caractere bizarre, les autres d’un esprit étourdi. […] Les conditions seront connues d’après mon plan.
Il a, seul, pénétré une première fois dans la « chambre » où Antoine de la Sale s’était jadis arrêté ; enfin, reprenant l’ascension d’un autre côté et dans des conditions plus favorables, il a pu faire des observations de tout genre, dont je ne donnerai qu’un bref résumé, et il a ainsi posé les jalons d’une investigation plus complète, qui, je l’espère bien, sera un jour reprise et menée à bonne fin. […] Elle nous fait accepter les fatigues, les incertitudes, les souffrances, la vieillesse, la mort, comme les données mêmes de notre condition ; elle nous rend plus précieuses les joies que nous arrachons à tant de menaces ; elle rehausse, enfin, en nous le sentiment de notre dignité méritant sans cesse par l’effort les biens que nous pouvons atteindre, nous nous sentons supérieurs à ce que seraient des bienheureux auxquels la félicité tomberait du ciel toute prête et toujours renouvelée, sans qu’ils fissent rien pour la conquérir par eux-mêmes. […] La courtoisie était d’ailleurs considérée comme inséparable de l’amour, conçu d’une manière assez factice et subtile, et l’amour entendu de cette façon était à son tour regardé comme la condition indispensable du goût pour tout ce qui est bon et beau, notamment pour la nature, la verdure, et le chant printanier des oiseaux que les poètes d’alors ne se lassaient pas d’écouter, d’admirer et de célébrer.
J’ignorais toutes les conditions d’une candidature bien menée, les petites conventions, les détails de cette cuisine toute spéciale, de ces trafics, de ces agios que d’autres savent si bien. […] Avant de vous récrier sur l’éloge d’un galérien, écoutez comment Dostoïevsky fut précipité dans cette infâme condition.
Puis, comme le goût s’était un peu épuré et que la mise en scène du bon Dieu et du diable avait fini par paraître quelque chose d’assez inconvenant, on permit aux Confrères de construire une salle de spectacle et d’y donner des représentations, mais sous la condition expresse, par arrêt du Parlement, que l’on ne jouerait que des pièces à sujets profanes, licites et honnêtes. […] L’auteur d’Alexandre avait un oncle, brave religieux, dont le plus vif désir était d’arracher son neveu au théâtre, et qui, pour cela, avait imaginé de lui laisser un prieuré de son ordre, sous la condition expresse qu’il en prendrait l’habit.