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2179. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

C’étaient Guy Patin et son cher Carolus, Huet, Ménage, Pellisson, Bossuet, Fleury ; les plus fins jésuites, Rapin, Bouhours, Ménétrier ; l’abbé Jacques Boileau, frère de notre poète, le savant et bizarre auteur de l’Histoire des flagellants, dont on disait qu’il avait plus l’air d’un docteur de la comédie italienne que d’un docteur de Sorbonne.

2180. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Le poète (et ceci a tout l’air d’une trouvaille de génie) veut que l’arche ait été construite malgré Jéhovah et que Kaïn, son Kaïn immortel et symbolique, l’ait empêchée de sombrer  L’homme, continue le vengeur, couvrira de nouveau la terre, non plus indompté, mais lâche et servile.

2181. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

On y parle aux Foules en plein air, grâce aux organes puissants dont la Nature a généreusement gratifié ses enfants.

2182. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Dans le temps donc que Saint-Gelais, créature gentille, comme l’appelle Marot, aiguisait quelques douzains à la manière italienne, ou chantait ses vers sur des airs qu’il avait composés lui-même84, de jeunes esprits se formaient dans les écoles restaurées par là Renaissance, et retrouvaient l’idéal de la poésie dans les grands poëtes de l’antiquité.

2183. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

  Les Forces jaillissantes, d’où comme les coursiers qui s’élancent, Bondissent les puissances du sol, du feu et des airs, Les mers qui refluent et les fleuves qui s’écoulent   Prirent voix, — transformés en chant … oui, toutes choses Avec toutes leurs œuvres reçurent de par son art magistral Un verbe pareil à celui des Forces dont la voix met à nu Le grand cœur de la Terre.

2184. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Ainsi, nous voyons dans nos serres, les insectes chercher leur nourriture et leur nid dans des plantes tropicales qui ne peuvent vivre en plein air dans les pays où ces insectes sont nés.

2185. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Il est à craindre que la littérature, devenue un art d’autant plus hardi qu’il trouve en autrui moins d’accueil, d’autant plus insolent qu’il voit diminuer ses chances de plaire, d’autant plus ésotérique qu’il sent se raréfier autour de lui l’air intellectuel, il est à craindre qu’au lieu de tendre toujours vers de nouvelles frontières la littérature ne soit destinée à se resserrer en de petites enceintes ponctuées dans le monde, comme un semis d’oasis.

2186. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Rappelons-nous encore à ce propos les paroles de Pascal : « Les parties du monde ont un tel enchaînement l’une avec l’autre que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre et sans le tout. » Il précise plus loin sa pensée : « La flamme ne subsiste point sans l’air : donc, pour connaître l’une il faut connaître l’autre. » La théorie moderne de l’unité des forces physiques, ou, dans l’ordre des sciences naturelles, les progrès de l’anatomie et de la physiologie comparées sont de belles « illustrations » de cette liaison, de cette connexité, de cette solidarité et de cette « relativité » de nos connaissances.

2187. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Il y peut entrer par un geste, par un regard, par le seul air de son visage, pourvu que ses mouvements soient aperçus par l’acteur qui parle, et qu’ils lui deviennent une occasion de nouvelles pensées et de nouveaux sentiments.

2188. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Ils ont ressuscité Ronsard, si bien qu’ils ont plutôt l’air d’écrire pour nos aïeux que pour les hommes de notre temps et pour la postérité.

2189. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Laissons le bric-à-brac littéraire qui se cogne et retentit dans ses rapports de secrétaire d’académie ; laissons les airs de connaisseur qu’il doit à sa fonction officielle, et demandons-nous nettement ce qu’il veut quand, à propos de Prix, il construit des phrases de cet amphigouri, transparent pourtant : « Évidemment, — dit-il, — aux fortes études d’antiquités, de philosophie et d’histoire, fut toujours liée la maturité (une maturité liée, par parenthèse, n’est pas excessivement académique), et elle n’aurait de déclin nécessaire que par l’oubli de ce qui a fait sa force.

2190. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

C’est l’air de ce pays bénévole, qui, sans cela, serait trop spirituel !

2191. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Par une matinée de juin, avec trois compagnons, je circulais dans Ablain, pire qu’un désert, longue rue dépecée par la mitraille, où venait encore à de longs intervalles un obus, et soudain voici que d’une cave s’élève un air charmant et savant de Bach, chanté par un violoncelle que soutient un piano.

2192. (1903) La pensée et le mouvant

La première thèse avait la beauté du définitif, mais elle était suspendue en l’air, dans la région du simple possible. […] Les conceptions des plus anciens penseurs de la Grèce étaient, certes, très voisines de la perception, puisque c’est par les transformations d’un élément sensible, comme l’eau, l’air ou le feu, qu’elles complétaient la sensation immédiate. […] Dans la première hypothèse on a un monde suspendu en l’air, qui devrait finir et recommencer de lui-même à chaque instant. […] La philosophie grecque, dit-il, expliqua d’abord toutes choses par un élément matériel, l’eau, l’air, le feu, ou quelque matière indéfinie. […] Mais ce qu’elle prend pour une spiritualité plus haute n’est que la raréfaction croissante de l’air qu’elle respire.

2193. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il commence par lui rappeler les belles années de leur jeunesse, les années qu’ils ont passées ensemble à l’université de Pise, les airs qu’ils chantaient la nuit d’une voix harmonieuse et sonore, les belles jeunes filles qui se mettaient au balcon pour les mieux entendre. […] Si l’Italie est la terre des morts, si la vie s’est retirée de ce beau pays, de ce pays autrefois si puissant, pourquoi donc toute l’Europe va-t-elle respirer l’air des tombeaux ? […] Autant vaut affirmer que l’air et l’eau ne se ressemblent pas. […] Quand on a respiré l’air du passé, quand on a conversé avec les générations évanouies, on ne doit redouter ni le paradoxe, ni la banalité. […] Malgré l’indécision qui se trouve au fond de presque toutes ses pensées, il sait prendre au besoin un air convaincu.

2194. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

On répète un air, l’ayant entendu avec plaisir ; il y a dans le beau style une mélodie qui s’impose au souvenir. […] Ce livre, qui est une des têtes de chapitre de la littérature française, est devenu très ennuyeux, beaucoup plus ennuyeux que Télémaque ; comme on n’a pu l’imiter que dans son fond et que sa forme est restée inerte, il est surtout très vieux ; Télémaque a toujours l’air d’avoir été écrit la semaine dernière par un digne professeur en retraite, nourri des bons auteurs et des saines philosophies. […] Albalat :  « Mac Grave compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet et l’exprime par les syllabes hour, hour, hour ; leur battement est si vif que l’oiseau s’arrêtant dans les airs paraît non seulement immobile, mais tout à fait sans action ; on le voit s’arrêter ainsi quelques instants devant une fleur et partir comme un trait pour aller à une autre ; il les visite toutes, plongeant sa petite langue dans leur sein 25 … » « Voici maintenant, dit M.  […] Les rimes féminines gagneraient : ao (= aque, sauf exception : tabac, etc.) ; ail (= aille) ; air (= aire) ; al (= aie) ; ar, ard, art (— are) ; at (= atte, dans mat) ; ef (= effe) ; eil (— eille) ; el (= elle) ; em (— ème-aime) ; er-ert (= ère-aire, dans fer, amer, etc.) ; est (= est, dans l’est, ouest) ; euil (= euille) ; eul (— eule) ; eur (= eure ; ex (= exe) ; iel (= ielie) ; il (= ille) ; ir (= ire) ; is (= isse, dans Iris) ; it (= ite, dans zénith) ; ob (= obe) ; oif (= oife) ; oil (= oile) ; oir (— oire) ; oi (= oie) ; or (= ore) ; ouil (= ouille) ; our (= oure) ; ul (= ule) ; um (= ome, dans pallium) ; ur (=ure) ; as (=usse, dans Sirius) ; ut (= ute, dans rut).

2195. (1900) Molière pp. -283

Figurons-nous, en étudiant les personnages de l’ancienne comédie, combien de temps s’est écoulé avant qu’un médecin, un savant, un juge, un procureur, un avocat, un notaire devinssent des hommes qui, dans la vie ordinaire, ne différassent point trop, par leurs manières et le ton de leur langage, des autres hommes ; et nous conviendrons que d’avoir banni comme ridicule tout ce qui rebutait le bon goût comme excessif, d’avoir mis la variété à la place des disparates, effacé les saillies choquantes, amolli l’austère écorce qui prêtait aux mœurs de la haute bourgeoisie je ne sais quoi de raide et de raboteux, d’avoir créé, au-dessus des classes et des professions, cette société française, type achevé de la société élégante, où l’on ne plaît qu’en apportant comme un témoignage d’estime et de respect pour autrui le ferme désir de plaire, où l’on n’est supporté que si l’on se fait modeste, où quiconque veut être trop n’est plus rien, où il faut, pour être accueilli, que l’argent perde de sa suffisance, les grandes charges et le rang de leur orgueil, le mérite de sa fierté susceptible, la vertu même ces airs tristes qu’elle a quelquefois et qui la gâtent, d’avoir créé cette société si polie, si appropriée à tous et en définitive si humaine, puisqu’elle a pour code la condescendance réciproque, pour ennemies les prétentions de toute espèce, pour seule arme et pour seule sanction la raillerie, cela n’est point une œuvre frivole, et telle a été chez nous l’œuvre de l’esprit. […] Au milieu de la multiplicité de leurs personnages, trois types persistent que l’on trouve dès l’origine dans Molière, que l’on retrouve encore dans Beaumarchais, à la veille de 89, quand déjà les mouvements précurseurs de l’orage agitent l’air : le marquis, le bourgeois et le valet. […] C’était lui qui prêtait à tout cet air de bon goût dégagé, d’aisance, de sans-façon aimable, de liberté, qui donnait à la corruption même de l’ancienne société un charme que bientôt, peut-être, on cherchera vainement dans les vertus de la nouvelle. […] ANAXAGORE De quel air vous dites enfin, Aspasie !

2196. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

L’air et la liberté commençaient à rentrer dans l’Université en même temps que dans le gouvernement, et Taine pouvait espérer que l’enseignement public allait lui être rouvert. […] Il avait abandonné l’Université pour courir les risques de la carrière littéraire indépendante, sans se donner des airs de martyr ou de héros. […] Avec ses énormes travaux, sa tâche étendue en tous sens, ses besoins de Titan, il lui faut beaucoup d’air, beaucoup d’eau et beaucoup de ciel, — non, le ciel tout entier, — l’espace et la lumière, l’infini d’horizon, — la terre pour terre promise, et le monde pour Jérusalem81. » Si l’on demandait maintenant qu’elle a été la qualité dominante, la faculté maîtresse de Michelet, je dirais donc que c’était la puissance et le besoin d’aimer. […] « Que ne me prends-tu sur ton aile, roi de l’air, sans peur, sans fatigue, maître de l’espace, dont le vol si rapide supprime le temps ! » N’y a-t-il pas là trois coups d’aile, courts, vigoureux : « roi de l’air, — sans peur, — sans fatigue », — un quatrième plus large et plus fort, « maître de l’espace », et l’oiseau file en planant, les ailes immobiles et étendues, — « dont le vol si rapide supprime le temps. » Changez un seul mot à ces phrases, même le plus inutile au sens, et vous en détruirez la valeur aussi bien qu’en ôtant une note à une phrase musicale.

2197. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

c’est que le principe d’où partent ces inadvertances légères s’étend insensiblement à tout le récit et lui ôte un air de réalité, au milieu de beautés philosophiques et pathétiques du premier ordre.

2198. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Poète d’esprit plutôt que de génie et de grand talent, mais tout plein de grâce et de gentillesse, qui n’a point la passion, mais qui n’est pas dénué de sensibilité, il a des manières à lui de conter et de dire, il a le tour ; c’est déjà l’homme aimable, l’honnête homme obligé de plaire et d’amuser, et qui s’en acquitte d’un air dégagé, tout à fait galamment.

2199. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

« Si l’on ajoute à ces tortures de l’âme les tortures du corps de cette malheureuse famille, jetée, après une nuit d’insomnie, dans cette espèce de cachot ; l’air brûlant exhalé par une foule de trois ou quatre mille personnes, s’engouffrant dans la loge, et intercepté dans le couloir par la foule extérieure qui l’engorgeait ; la soif, l’étouffement, la sueur ruisselante, la tendresse réciproque des membres de cette famille multipliant dans chacun d’eux les souffrances de tous, on comprendra que cette journée eût dû assouvir à elle seule une vengeance accumulée par quatorze siècles.

2200. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

, III, 209, une autre scène d’amour maternel ; Renaud est reconnu par sa mère à une cicatrice qu’il porte au front ; la scène est plus sèche, plus fruste, d’un beau sentiment encore et sans verbiage ; elle a bien l’air de remonter aux temps épiques.

2201. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Il refera trois fois son premier livre, deux fois le second et le troisième, pour corriger, étendre, compléter : il effacera de plus en plus du premier, primitivement tout anglais, l’air de nation et de parti.

2202. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Puis, prudemment, il se donna de l’air et partit pour Angers : il fit à l’occasion de ce départ son Petit Testament, où il met sur le compte de certaines mésaventures d’amour son subit départ.

2203. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Cela finit par former, autour de chacun de ses drames, une atmosphère qui lui est propre, et dont l’air de vérité des personnages est augmenté.

2204. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Nous ne sommes pas plus naturels en France, mais comme nous sommes moins beaux que les citoyennes du Sud, nous avons tous l’air de vieux comiques jouant les jeunes premiers.

2205. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Printanière, dans l’aube éternelle du rêve Et dans l’aurore assise, Elle tisse en rêvant Des choses qu’Elle sait, et sourit ; et, devant Elle, au gré de sa main agile, court sans trêve La navette laborieuse, et le doux vent D’avril emmêle ses cheveux qu’Elle soulève Et rejette sur son épaule ; et, relevant La tête, Elle fredonne un air qu’Elle n’achève… De l’ombre, Elle apparaît, comme en un cadre d’or : Derrière Elle l’azur et des plaines qu’arrose Un fleuve ; et, sur sa tête, un rameau de laurose Étend ses fleurs contre l’azur clair ; — et l’effort Du métier, comme un chant monotone et morose Se plaint très doucement : — on envierait le sort De celui qui baiserait la main qu’Elle pose Négligemment, parfois, et lasse de l’effort… Mais moi, la voyant rire en rappelant sans doute Quelque doux jour mort de sa joie un soir de mai, Je songeai que, peut-être, pour avoir aimé Son rire, d’autres ont repris la lente route Tristes d’un souvenir et le cœur affamé D’un mets où nulle lèvre impunément ne goûte.

2206. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Son vers titubant ressemble à la bassaride sautant à cloche-pied sur des vessies pleines d’air.

2207. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Le poète assis près de sa maîtresse, par un beau soir d’automne, sent monter à son cerveau un parfum tiède qui l’enivre ; il trouve à ce parfum quelque chose d’étrange et d’exotique, qui le fait rêver à des pays lointains ; et aussitôt dans le miroir de sa pensée se déroulent des rivages heureux, éblouis par les feux du soleil, des îlots paresseux plantés d’arbres singuliers, des Indiens au corps mince et vigoureux, des femmes au regard hardi :     Un port rempli de voiles et de mâts Encor tout fatigués par la vague marine, Pendant que le parfum des verts tamariniers, Qui circule dans l’air et m’enfle la narine, Se mêle dans mon âme au chant des mariniers !

2208. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

C’est le mode de versification que suit l’école actuelle qui a repris aussi à nos anciens poètes cette richesse élégante de rimes, trop négligée dans le dernier siècle ; car la rime est le trait caractéristique de notre poésie, il faut qu’elle soit une parure, pour n’avoir pas l’air d’une chaîne, et des vers rimés à peu près, sont comme des vers qui auraient presque la mesure.

2209. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Mais, tandis que ceux-là ne la concevaient que comme un arrangement conventionnel qu’aucun lien ne rattache à la réalité et qui se tient en l’air, pour ainsi dire, ils lui donnent pour assises les instincts fondamentaux du cœur humain.

2210. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?

2211. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Nul plus que nous ne se préoccupe du raffermissement d’une autorité ébranlée ; nul ne prend plus en considération les grands motifs que nous avons fait valoir de voiler, pendant certaines phases, les côtés dangereux de l’histoire, comme Montesquieu veut qu’on voile la statue de la Liberté ; de contenir la vérité dans son intérêt même, car elle est une ; enfin, de mettre la main autour du flambeau pour sauver la lumière, parce que l’air est agité encore.

2212. (1898) Essai sur Goethe

Une mine coquette avec un air hautain, voilà tout ce par quoi elle a pu séduire Goethe. […] Dans leurs formes sveltes et hardies, j’ai caché les forces mystérieuses qui devaient élever dans les airs ces deux tours, dont je constate avec tristesse qu’une seule existe encore, sans le diadème à sept tourelles que je lui destinais, afin que les provinces voisines lui rendissent l’hommage, ainsi qu’à sa sœur royale. » — Ce fut sur ces mots qu’il me quitta, et je m’enfonçai dans une tristesse sympathique jusqu’à ce que les oiseaux du matin, qui nichent dans ses mille ouvertures, m’éveillassent en saluant le soleil. […] C’est pour cela, non pour des motifs plus compliqués, et moins encore par une intuition prophétique des temps futurs, qu’il le défend, qu’il le justifie, qu’il l’idéalise, qu’il le fait mourir — non pas assisté par un bon pasteur de campagne occupé de nettoyer son âme, mais en murmurant : « Air céleste… Liberté ! […] Cette ambition d’élever aussi haut que possible dans les airs la pyramide de mon existence dont la base est maintenant dessinée et fondée surpasse tout et me laisse à peine une minute d’oubli. […] C’est en effet avec une douce puérilité d’enfant gâté, docile au fond, prêt à s’assagir, que Tasse regrette l’âge d’or — celui « où chaque oiseau, dans le libre espace de l’air, où chaque animal, errant par les monts et les vallées, disait à l’homme : ‘Ce qui me plaît est permis.’ » Ce qui lui vaut aussitôt une affectueuse réprimande de la princesse : « Mon ami, l’âge d’or est passé sans doute, mais les nobles cœurs le ramènent.

2213. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

L’homme mûr n’est pas exempt de cette maladie, et si le bel air chez les jeunes gens, tout au moins de la bourgeoisie et du peuple, est de se donner pour corrompus, le bel air chez les hommes qui sont au milieu de la vie est de se laisser soupçonner d’être infidèles à leurs femmes et de n’être point liés à cet égard par de sots scrupules. […] Il faudra bien pourtant qu’il fréquente un peu les filles pour n’avoir pas l’air d’un jésuite. » Voilà la vérité. […] Don Juan est dédaigneux de morale et dédaigneux de religion en même temps, également, et l’un et l’autre surtout par vanité et « par air », à la française. […] Elle se moque de Philaminte, surtout pour l’avertir que sa manie du bel esprit peut la mettre aux mains d’un écornifleur qui flattera cette manie ; de Jourdain, surtout pour lui montrer que ses prétentions au bel air le livreront pieds et poings liés aux professeurs de belles manières et de beaux-arts et aux chevaliers d’industrie et aux comtesses de contrebande ; de Dandin surtout pour lui montrer que d’épouser une fille de famille où le ventre anoblit fait du paysan gentilhomme ce qu’il n’est pas besoin de dire ; d’Arnolphe, surtout pour lui montrer que de vouloir à quarante ans épouser une fille de seize met un homme en fâcheuse posture ; d’Harpagon, même, pour lui montrer qu’il se trouvera tel intendant flattant sa manie avaricieuse et poursuivant sa pointe et ses secrets desseins dans la maison, sous ce couvert. […] Comment donc les hommes politiques s’assureront-ils la popularité dont ils ont besoin comme d’air et de nourriture ?

2214. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

et un jour déambulant avec Frémine dans les allées du Luxembourg nous rencontrons un petit homme sec, nerveux, les yeux d’aiguilles noires sous une épaisse chevelure, l’air frileux, étroitement boutonné, au printemps, dans un pardessus bleu étriqué, pantalon un peu effrangé, souliers de roulier, gibus irréprochable ; je l’avais souvent croisé avec curiosité, devinant que c’était quelqu’un. […] Il y a là un jeu de Verlaine, parant de costumes amusants des pensées à lui, et nullement un pastiche des temps éteints, ni un air de flûte. […] Le poète dit avoir écrit, loin des foules, là où l’inspiration le prit, où le désir de traduire une allure jolie de vie rustique s’est imposé en lui, soit qu’il vaguât dans une cour de ferme, qu’au cours d’une flânerie il se soit arrêté, dans quelque bouchon, à goûter ce petit vin blanc perfide et follet, dont il écrivit qu’il est dur au pauvre monde, et que, sous son air très doux, « il vous mène tambour battant voir du paysage ». […] Son Rainouart est un Sarrasin pris tout jeune ; il appartient au roi Louis (le Débonnaire) et végète dans un coin des cuisines, toujours bâfrant, toujours saoul, l’air vacant, les mains inoccupées, servant de plastron à la foule des marmitons sans avoir l’air de s’en soucier. […] « Les Sentiers sont âpres ; les monticules se couvrent de genêts, l’air est immobile.

2215. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

L’opération est analogue à celle qui permet de constater que c’est la pesanteur de l’air qui fait monter le mercure dans le tube barométrique : mis sous la machine pneumatique, la pression de l’air cesse et le phénomène cesse. […] On constate que la cause dans un certain nombre de cas est la pesanteur de l’air. […] Ainsi, le son se produit dans l’air, et ne se transmet plus si on fait le vide. Donc l’air est la condition du son. […] Ainsi Pascal observe la variation de la hauteur du mercure dans la colonne barométrique, et a l’idée que la pesanteur variable de l’air en est la cause.

2216. (1886) Le naturalisme

Je ne crois pas que ce soit de la prose que la symphonie descriptive, que le poème paradisiaque qui fait un tiers de la Faute de l’abbé Mouret, et où le même burin ferme qui grava dans le métal le style canaille des Halles et des Faubourgs de Paris, sculpta les formes splendides de la riche végétation qui croît dans cette serre vue en rêve, s’y multiplie et en brise les barrières en embaumant l’air. […] A leur tour, les idéalistes pardonnent les écarts romantiques, parce que, quand bien même un héros romantique ferait comme Werther l’apologie du suicide, ou douterait de l’air même qu’il respire comme Lélia, il aurait l’excuse de suivre les voies de l’idéal. […] Elle se renouvelle comme se renouvelle l’air que nous respirons, comme la vie se renouvelle.

2217. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Aux peaux plus fines, l’air mauvais est plus irritant ; et si l’on n’y prend garde, il s’ensuit des maladies singulières.

2218. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

XV L’empire ottoman n’est donc pas, comme on vous le dit, une démolition prochaine qui donnera de l’air à l’Europe, de la place aux rivalités de l’Europe, de la paix aux intérêts rivaux des puissances, des progrès aux civilisations chrétiennes : l’empire ottoman ne serait que le sujet d’une guerre aussi vaste, aussi prolongée que les ambitions de l’Europe ; ou bien ce ne serait qu’un vide immense dans lequel deux civilisations, la civilisation européenne et la civilisation orientale, s’engloutiraient à la fois.

2219. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Sa mauvaise mine et son air de loup parqué lui font fermer toutes les portes : c’est naturel ; à qui s’en prendrait-il ?

2220. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Comme la sociabilité a formé et lie toujours le monde, la distinction est un art de plaire ; tout ce qu’on a en soi et sur soi, réalité solide ou surface, il faut l’avoir pour les autres, ou s’en donner l’air : cette coquetterie de parure par laquelle la beauté semble faire don de soi au public, et prendre intérêt à son plaisir, quand il s’agit de la pensée et de l’expression de la pensée, c’est l’esprit.

2221. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

En 1648, il fait et fait faire à Paris, à Rouen et à Clermont les fameuses expériences qui mettent en évidence la pesanteur de l’air.

2222. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il lui faut les plaines grasses, les vallons paisibles, et surtout un air moins pur et moins subtil, sans lequel il ne peut respirer.

2223. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Parfois même, ce culte d’un amoralisme aisé, très favorable aux dilettanti, pousse des esprits blasés, las du bel air et des vices alanguis, jusqu’aux pires recherches, et l’on voit des romanciers originaux employer leur art ironique et subtil à écrire des romans déconcertants, comme le Bubu de Montparnasse dû à M. 

2224. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Il condamne les tragédies où l’on substitue aux rois, & à des personnages illustres, de simples bourgeois ; où l’on veut introduire, parmi des hommes du commun, le même sérieux & le même air de dignité qu’on remarque dans les véritables tragédies.

2225. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

On exige de nous trop d’efforts, non pour comprendre l’idée, qui est suffisamment claire, mais pour pénétrer dans l’expression trop ramassée en elle-même, trop condensée, où l’air et l’espace manquent.

2226. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Je remarque seulement que, s’ils viennent par hasard dans le petit coin d’étude que j’ai défriché toute ma vie, alors, tout en gardant leurs grands airs d’assurance, ils sont au fond assez incompétents.

2227. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

À la page 216 de son second volume, il pose, toujours avec cet air gonflé d’un homme qui vient de découvrir toutes les Amériques de l’avenir… devinez quoi ?

2228. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

MM. de Goncourt ne connaissent que la superficialité des choses catholiques, et, comme la plupart des écrivains de ce temps, ils se donnent des airs furieusement docteurs, quand ils ne seraient pas de force à répondre aux questions d’un catéchisme de persévérance.

2229. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Les attardés et les vues faibles, qui n’avaient pas vu que depuis longtemps le talent de l’homme s’en allait, — avec de grands airs, des gonflements, des ballonnements, des roues de paon, mais n’en fichait pas moins le camp tout de même, — ont commencé de le voir, et, mieux !

2230. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

On rit de Sancho Pança renversé sur une couverture et lancé en l’air comme un simple ballon.

2231. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Le même dispositif général peut d’ailleurs se retrouver dans des jeux très différents, comme le même air d’opéra dans beaucoup de fantaisies musicales.

2232. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Rien qu’à s’asseoir auprès de Ballanche, on sentait un bien-être du cœur, semblable à cet épanouissement que procurent l’air pur et la lumière à l’homme qui sort de l’obscurité des villes ; on se trouvait meilleur auprès de lui. […] Dieu a voulu que la perfection morale répandît ainsi autour d’elle une émanation pénétrante ; afin qu’il soit donné aux âmes faibles de s’éclairer, de se purifier, de s’agrandir en respirant le même air que ces hommes choisis. […] L’épode était ou plus longue ou plus courte que la strophe, rarement elle lui était égale ; elle se composait de vers d’un rythme différent et ne se chantait pas sur le même air. […] Du reste, ces deux éléments du style peuvent tour à tour prédominer et rompre l’équilibre ; les qualités qui sont recommandées aux artistes et aux écrivains sous le nom de style, et qui ont trait particulièrement à la régularité, à un air de noblesse, dégénèrent vite, dans les écoles, en formes conventionnelles et banales ; et quelquefois l’originalité, le style individuel des hommes de génie poussé à l’excès va jusqu’à la bizarrerie et la monstruosité.

2233. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Là peine qu’il se donne, l’air d’effort qui règne dans cette Consolation, montre partout une âme mal à l’aise qui veut persuader qu’il est content. […] Il faut qu’il sache attendre sa disgrâce sans pâlir, l’apprendre sans murmurer ; il faut qu’il dise : « Mon maître avait un bon serviteur ; il n’en veut plus, tant pis pour lui : il serait bien singulier que Ménès pût se passer de Diogène, et que Diogène ne pût se passer de Menès271. » Il est des circonstances où les hommes revêtus des premières places ne sont pas élevés ; ils sont en l’air. […] Voyez la préface que l’éditeur du Sénèque de La Grange a mise à la tête de cet ouvrage, dont il était bien en état déjuger, à titre de littérateur, de philosophe, et par l’étude réfléchie qu’il a faite des sciences qui en sont l’objet. « On y trouve, dit-il, des connaissances très-vastes en plusieurs genres différents, des faits curieux sur l’histoire naturelle de la terre, de la mer, de l’air et des eaux, et des vues neuves sur les causes de certains phénomènes, que les modernes n’ont pas mieux connues que les Anciens, et qui peuvent conduire à d’autres découvertes. […] Sénèque y traite de plusieurs météores, de l’arc-en-ciel, des parhélies, des parasélènes, des miroirs, du firmament, des astres, de l’atmosphère, de la terre, de l’air, du tonnerre, de l’éclair, de la foudre, des étoiles tombantes, du feu, de l’aruspicine, des eaux, des pluies, de la neige, de la grêle, des mers, des fleuves, des rivières, des lacs, des fontaines, des marais, des eaux thermales, des vapeurs, des nuages, des feux follets, du déluge, du Nil, des tremblements de terre, des volcans et des comètes. […] « Vous vous réduisîtes à admirer avec une simplicité tout à fait ingénue cette douceur de caractère, cette aménité naturelle qui captivait tous les cœurs, cette bienfaisance qui répandait sur un seul malheureux plus de pitié, plus de secours qu’un grand nombre n’en obtenait du reste des nommes ; et vous mîtes à votre éloge tant d’aisance, un air si vrai, que Gallion n’eut pas le moindre soupçon du piège.

2234. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il faut, par une trachéotomie immédiate, ramener avec l’air la vie prête à partir… » Ces deux exemples, entre tant d’autres que M.  […] « Tout est dépendant », écrivait un moraliste du dix-huitième siècle. « L’air appartient à l’homme et l’homme appartient à l’air. […] Il faut que la haine monte jusqu’à la complète destruction de leurs bourreaux. » Cette sauvage bataille va ainsi multipliant ses férocités, sur l’Yser, sur l’Aisne, en Argonne, sur la Vistule, au Caucase, en Extrême-Orient, en Inde, dans l’air, sur les mers, avec des instruments de mort à la fabrication desquels toutes les sciences ont collaboré.

2235. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Nous regrettons que ce sophiste de la passion comme de la politique ait jamais troublé de son haleine l’air calme qu’on devait respirer à Coppet entre deux femmes faites pour être respectées même par la passion.

2236. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

« Les flèches des cathédrales déchirent les nuages et s’avancent dans l’air au-devant du soleil.

2237. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Malgré tout, par-dessus le prédicateur et par-dessus l’évêque, surnage toujours le galant homme, l’homme du monde, qui « ne se pique de rien », qui fait les devoirs de son état en perfection, sans tapage et sans pose, sans gravité trop sérieuse aussi, avec un coin de sourire aux lèvres, et un air exquis de finesse un peu railleuse.

2238. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Nous aimons les écrits francs et caractérisés, et les plus modestes qui sont de leur rang et ont un air à soi, bien mieux que les plus ambitieux, qui font de grands pas et qui tombent.

2239. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Huit ans après, ce jeune homme se rencontrait pour la première fois avec Descartes ; il s’entretenait avec lui de ses expériences sur le vide, de la pesanteur de l’air, de ce que Descartes avait appelé la matière subtile.

2240. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Plus tard, à mesure qu’on avance dans la vie, on aime de plus en plus les vérités familières qui se présentent avec un air naturel, et l’on préfère les auteurs qui ne sont que des gens de bien faisant voir leurs sentiments, aux écrivains qui étalent leur dextérité.

2241. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Ceux-ci ne m’aimaient pas ; mon air délicat les agaçait.

2242. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Il est bien entendu que nous ne parlons pas d’une puissance en l’air et sans objet, mais du pouvoir de se décider à tel acte déterminé, par exemple adresser des excuses à quelqu’un qu’on a offensé.

2243. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Il s’interrompt : « Savez-vous un rêve que je fais… s’il m’arrivait, d’ici à dix ans, de gagner 500 000 fr… ce serait de me fourrer dans un livre, que je ne terminerais jamais… quelque chose, comme une histoire de la littérature française… oui, ce serait pour moi un prétexte de cesser d’être en communication avec le public, de me retirer de la littérature sans le dire… je voudrais être tranquille… oui, je voudrais être tranquille. » « Allons, dit-il, en s’en allant avec une espèce d’air d’effroi, en voilà là-bas pour huit mois !

2244. (1914) Boulevard et coulisses

Le général d’Aurelle de Paladines s’y opposa, et alors Chabrillat racontait qu’il lui avait fait, d’un air vexé, cette réponse sublime : − C’est bien, général.

2245. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Ces jeunes mollusques nouvellement éclos, quoique exclusivement aquatiques par leur nature, survécurent cependant sur la patte du Canard, et dans l’air humide pendant douze à vingt heures.

2246. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Nous pouvons cesser enfin de nous étonner de voir chez l’embryon d’un mammifère ou d’un oiseau à respiration aérienne des fentes branchiales et des arcs aortiques, comme chez un poisson destiné à respirer l’air dissous dans l’eau à l’aide de branchies parfaites.

2247. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Il me semble que nous sommes revenus à ces temps pleins d’ombre du paganisme où les dieux vermoulus tressaillaient sur leurs autels désertés, en écoutant avec terreur les vagissements du nouveau-né de Bethléem ; il me semble qu’au milieu de nous j’ai vu passer des apôtres et que l’on entend parler dans les airs les voix encore indécises d’une religion nouvelle.

2248. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

On ne peut pas vouloir blanc, c’est-à-dire sans objet, pas plus qu’on ne peut faire un mouvement de déglutition sans avaler de l’air ou une matière quelconque, de la salive, par exemple.

2249. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Il n’y faudrait qu’un peu plus d’aisance, et plus d’air libre circulant dans ces pages un peu compactes. […] Cela la force bien encore à faire des Romains, qui, décidément, sont gênants, de plus grands philosophes que les Grecs ; mais enfin, ainsi amendée, la théorie prend un plus grand air de vraisemblance, et s’il est difficile de soutenir longtemps que les écrivains artistes des temps modernes sont supérieurs aux anciens, il l’est moins d’assurer que les « esprits penseurs » sont plus nombreux, et plus grands peut-être à mesure qu’on avance dans l’histoire de l’humanité. […] On y eût vu sans doute, et, sinon expliqué, du moins étudié dans tout son détail, cet affaiblissement du sentiment religieux en France depuis 1700, qui est, sans conteste, la cause principale de la révolution française, qui fait comprendre son caractère violent, son orgueil, son manque do mesure, son esprit de propagande universelle, son fanatisme, cet air de guerre de religion qu’elle a eu tout de suite, qu’elle garde encore. […] Nullement ; le ton seul des premiers mots, l’air du début, l’attaque du morceau sent son Jean-Jacques ; mais n’espérez pas ou ne craignez point une contrefaçon de la Nouvelle Héloïse. […] Le ciel était serein, mais les arbres étaient sans feuilles ; aucun souffle n’agitait l’air, aucun oiseau ne le traversait : tout était immobile, et le seul bruit qui se fît entendre était celui de l’herbe glacée qui se brisait sous nos pas.

2250. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Le même air s’appliquait tour à tour aux paroles étrangères et nationales.

2251. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Elle part prompte et fugitive, Comme la flèche qui fend l’air, Et son trait vif, rapide et clair, Va frapper la foule attentive D’un jour plus brillant que l’éclair.

2252. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Quand il fut hypnotisé et dans le coma vigil (il était alors capable de se tenir debout et en apparence bien éveillé, mais avec un air étrange et égaré comme dans le somnambulisme), il lui fut fortement suggéré qu’il s’appelait Richard Cobden.

2253. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

L’air en était sain et vif ; quelques chênes verts y donnaient de l’ombre du haut des rochers ; une eau courante murmurait dans le verger et dans les cours ; le petit temple de Vacuna, semblable à une église de village de nos jours, y faisait perspective du côté du couchant ; on y voyait les paysans de la Sabine monter et descendre en portant leurs offrandes à la déesse ou en y traînant des victimes couronnées de verdure.

2254. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Elle avait un air caressant et tendre, un regard très doux, un sourire angélique, des cheveux cendrés d’une beauté peu commune, et auxquels elle donnait un tour négligé qui la rendait très piquante.

2255. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Il est facile de comprendre qu’à un semblable discours, prononcé avec cette grâce, cet air de majesté jointe à la plus pénétrante douceur, et cette amabilité qui étaient particulières à Pie VI, les expressions me manquèrent absolument pour lui répondre.

2256. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Il m’a paru que l’air de ce pays-ci ne vous convenait point, et nous n’en sommes pas encore réduits à chercher des modèles dans les peuples que vous admirez.

2257. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Je m’imagine qu’il n’eût pas reconnu Hercule dans cette statuette de Lysippe, dont parle Stace, si petite à l’œil, mais si grande par l’air de grandeur divine que lui avait imprimé l’artiste43.

2258. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Le jour où des œuvres couvées dans ce nid ouaté et fermé affrontent le grand air, elles obtiennent parfois un succès d’effarement ou d’hilarité, qu’elles n’ont pas toujours cherché.

2259. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

. — « Tandis que nous percevons l’augmentation ou la diminution de chaleur ou de lumière, a dit le naturaliste allemand Nægeli, nous ne savons pas si l’air dans lequel nous respirons contient ou non de l’électricité libre, si cette électricité est positive ou négative. » Toutefois, dans les journées d’orage, nous avons une vague sensation de lourdeur et de tension, qui n’a rien de bien spécifique.

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