quel changement des mœurs, ou du goût public, ou de l’idéal du drame et de la tragédie ? […] Et ne peuvent-ils pas enfin, quand et comme il leur plaît, couvrir du prétexte ou du masque de l’intérêt public ce que leurs caprices ont de plus inique et de plus immoral ? […] Mais cependant elles n’étaient toujours, — je ne dis pas pour le public, je dis pour le poète même, — qu’un divertissement. […] Toujours l’heureux objet de la haine publique, Fidèle au grand dépôt du pouvoir tyrannique ! […] et la tentation qui lui venait, assez naturellement, de remettre Quinault à sa place, le public dans la vérité, et l’antiquité dans son jour ?
De là chez l’écrivain le mépris du public. […] Qu’est-ce qu’un épisode sentimental dans la vie d’un homme public ? […] Auteurs et public se rencontrent dans cette conception de la vie. […] La malignité publique trouve toujours son compte à ces sortes d’exécutions. […] Quelques-uns Sont parvenus jusqu’au public.
Nous reconnaissons volontiers les services que Mme de Carlowitz a rendus au public. […] Revue de l’Instruction publique, octobre-novembre 1855. […] Revue de l’Instruction publique, février 1856. […] Revue de l’Instruction publique, avril 1857. […] Revue de l’Instruction publique, 22 mai 1856.
J’ai les mains pleines de preuves se rapportant à des dates très différentes ; mais c’en est assez sur un fait qui n’intéresse le public qu’en tant que servant à bien marquer la physionomie distincte et même contraire de deux personnages historiques assez notables.
Une remarque très-juste que j’entendais faire, c’est que, au temps d’Hernani, Hugo avait contre lui presque tous les journaux, mais pour lui le mouvement du public ; aujourd’hui, le lendemain des Burgraves, il a pour lui… tous les journaux et contre lui tout le public15.
Si le ministre de l’instruction publique consultait ses désirs et ses craintes, il n’accorderait rien, pas même la faculté de laisser faire des bacheliers venus d’autre part que des colléges de l’Université.
Nous retrouvons, en tête des Souvenirs de madame la comtesse Merlin, ces douze premières années de ma vie qui avaient autrefois débuté timidement, loin du public, et que leur succès dans l’intimité a naturellement encouragés à se prolonger et à se produire.
Mais, à Dijon, devant un public de petites gens de province, Bossuet rassure et console : il fait éclater en pleine lumière la compensation infinie que les affligés de la vie terrestre recevront dans le ciel.
Au lieu de rendre des arrêts par prétention, au lieu de se borner à omettre, dans un dictionnaire inconnu du public et déjà démodé quand il paraît, les mots de figure trop étrangère, elle agirait dans le présent, et les formes refusées ou bannies par elle seraient proscrites de l’écriture et du parler.
Aujourd’hui, un immense public, de plus en plus intelligent, sympathise avec toutes les tentatives sérieuses de l’art ; aujourd’hui, tout ce qu’il y a d’élevé dans la critique aide et encourage le poète.
Il est vrai que les personnes curieuses y devoient avoir déja connoissance des découvertes du pere Manuël D’Almeïda et du pere Hieronimo Lobo, quoique l’histoire de la haute éthiopie du pere Tellez, qui le premier a donné ces découvertes au public, ne fut pas encore imprimée.
Il me répondit qu’il avait sa méthode, et que, dès qu’un de ceux pour qui la salle de lecture est une salle de conversation venait s’accouder à son fauteuil, il s’endormait immédiatement, ce qui, dans une salle de lecture, comme à un cours public, est dans les moeurs, ne peut froisser personne et n’a pas besoin qu’on s’en excuse.
Vous voudriez persuader au public que j’ai voulu me proposer comme modèle, en montrant à mes lecteurs comment, par mes préceptes, je suis devenu moi-même grand écrivain.
D’abord, et avant tout, le malheur ou le crime fréquent des inhumations précipitées ; deuxièmement, le manque de respect aux morts ; troisièmement, l’effet désastreux, constant et certain, pour la santé publique, de la méthode actuelle. […] Ce délai n’offrirait pas de dangers pour la santé publique ; les fonctionnaires particuliers, payés par les communes, veilleraient aux premiers symptômes de la putréfaction, seul indice certain de la mort, les médecins l’avouent et plusieurs le déclarent. […] Il faudrait supposer un public composé de métaphysiciens et de philosophes, assistant à la première représentation d’Hamlet ou de Macbeth. […] Elle a été donnée ; elle est retombée dans le domaine public le jour où elle a été conçue, et il ne dépendait pas plus de Goethe de s’en faire le gardien jaloux, qu’il ne dépend de ceux qui s’en serviront après lui d’ôter quelque chose à la gloire de l’avoir trouvée. […] Dessin, musique, botanique, langues, histoire, j’avais effleuré tout cela, et je regrettais beaucoup de n’avoir pu rien approfondir, car, de toutes les occupations, celle qui m’avait toujours le moins tenté, c’était d’écrire pour le public.
Que les termes savants, la langue du droit, les expressions abstraites et philosophiques, bref tous les mots qui tiennent à la réflexion et à la culture, soient français, rien ne s’y oppose, et c’est ce qui arrive ; ces sortes d’idées et cette sorte de langue restent au-dessus du gros public, qui, ne pouvant les toucher, ne peut les changer ; cela fait du français, du français colonial sans doute, avarié, prononcé les dents serrées, avec une contorsion de gosier « à la mode non de Paris, mais de Stradford-at-Bow » ; néanmoins c’est encore du français. […] Ni la morale publique ni la science publique n’ont gagné quelque chose à ces trois siècles de culture. […] À présent, ils sont entrés dans la vie publique, et voici venir une recrue qui, en les renforçant, les y assiéra pour toujours. […] Ils maintiennent les garanties du sujet aux dépens de la sécurité du public et préfèrent la liberté turbulente à l’ordre arbitraire : mieux vaut souffrir des maraudeurs qu’on peut combattre que des prévôts sous lesquels il faudrait plier. […] À la fin du siècle, les communes déclarent que les taxes payées à l’Église sont cinq fois plus grandes que les taxes payées à la couronne, et, quelques années après162, considérant que les biens du clergé ne lui servent qu’à vivre dans l’oisiveté et dans le luxe, elles proposent de les confisquer au profit du public.
Royer-Collard est venu réhabiliter dans l’enseignement public, pendant que M. de Chateaubriand, Mme de Staël, M. […] Et l’indignation publique n’a pas flétri cet acte ! […] Il y a une morale publique comme une morale privée, et la morale publique embrasse, avec les relations des hommes entre eux en tant qu’hommes, leurs relations comme citoyens et comme membres d’un État. […] Si l’intérêt personnel est le seul principe raisonnable, la raison publique doit être avec moi. […] Car comment un principe vrai, raisonnablement appliqué, révolterait-il la conscience publique ?
A partir de ce moment-là, il est de notoriété publique que le capitaine Alving a changé de vie. […] Mon seul amant, c’est le public. […] Et enfin le public est toujours là, qui attend. […] Le public revoit toujours avec plaisir ce petit drame consolant. […] J’aurais compris ces rougeurs si la Casserole nous avait été donnée sur un théâtre public.
Ce livre est tellement étrange, que beaucoup de journaux, pourtant avares de réclame, en ont parlé comme ils auraient raconté un acte de folie accompli sur la voie publique. […] Ces conférences gratuites, publiques et contradictoires, commencent à forcer l’attention, et le nombre des auditeurs va sans cesse en augmentant. […] Les Pouvoirs publics prirent-ils vraiment inquiétude de cette orientation de l’Intellectualité à une heure où les masses étaient travaillées politiquement par des idées avancées ? […] Son avocat plaida puis le Ministère public tonna, dénonçant cet homme cultivé et Bourgeois, oui, Messieurs ! […] Aussi, un autre vœu l’occupe secrètement : remplacer dans l’admiration publique Béranger, le vieux Béranger chantre de sa Lisette et de l’Homme à la redingote grise qui « s’était assis là, grand-mère !
Toute personne noble, si elle voulait se rendre apte au gouvernement de la chose publique, devait renier son ordre en se faisant inscrire dans les corporations sur les registres des arts. […] Ni plus ni moins que Dante da Maiano, Cino Sinibaldi et les autres « maîtres du doux style nouveau », comme parle Dante, se sentaient assurément fort au-dessus de lui dans l’estime publique. […] Souvenez-vous de cette ellipse de Mirabeau qui parle de gravir au bien public. […] Du milieu des plaisirs, il incline son jeune souverain au désir du bien public ; il s’applique à la bonne administration des affaires, à l’économie des finances, au redressement des abus. […] Cette grande chose publique qui impose au Romain le sacrifice de tout autre devoir, de tout bonheur intime, l’Allemand ne la trouva nulle part dans son passé.
Georges Leygues, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. […] Nous fûmes vilipendés parce que ceux dont c’était la mission de nous présenter à l’estime du moins du public, manquèrent abominablement à leur devoir. […] D’ailleurs, Sainte-Beuve ajoute : « La critique elle-même est un peu aux ordres du public et ne saurait appeler sur les poètes une curiosité, ni forcer une attention qui se porte ailleurs. » La critique est aux ordres du public ! […] Mais, en vérité, c’est précisément le devoir du critique, d’attirer l’attention du public, de forcer sa curiosité vers les œuvres qui méritent l’une ou l’autre. […] Auteur de comédies et de drames qui méritent et ont obtenu, non sans quelque faveur du grand public, l’estime de tous les lettrés, M.
Il y a plusieurs esprits publics. […] Il le fut toujours un peu avec le public. […] jamais le public n’acceptera cela ! […] Le public n’admet ces perversions que quand elles sont providentielles. […] En voilà encore une fadaise dont le public s’occupe peu !
S’ils sont malhabiles à l’action privée ou publique, n’est-ce point qu’ils sont trop habiles à la pensée solitaire ? […] Une semblable idée est grosse d’une morale publique complètement différente de celle qui nous régit à l’heure présente. […] Dans ces pages écrites sans préoccupation du public, il s’essayait aux effets qui furent ceux de sa maîtrise. […] Qu’il ait des opinions, une conduite, des chapeaux et des gants comme le public, cela regarde le public. L’autre homme, à qui je permets l’accès de la philosophie, ne sait pas que ce public existe.
Un jour il conterait à ses petits-enfants Les beautés de ces lieux, les moeurs des habitants, Et le gouvernement de la chose publique Aquatique. […] Mais vouloir au public immoler ce qu’on aime, S’attacher au combat contre un autre soi-même, Attaquer un parti qui prend pour défenseur Le frère d’une femme et l’amant d’une soeur, Et, rompant tous les noeuds, s’armer pour la patrie Contre un sang qu’on voudrait racheter de sa vie Une telle vertu n’était digne que d’eux. […] « Car j’ai à parler de choses qui font dresser les cheveux » (il n’y a pas de danger, vous êtes trop calme), « et que je ne crains point de dire en votre présence, puisque vous n’êtes pas honteux de les faire, joint que toute faute qui est publique mérite d’être reprochée publiquement. » (Pédant.) « Sachez donc que vos juges prennent publiquement tout ce qu’on leur donne et sous main le plus qu’ils peuvent, châtient le pauvre sévèrement et dissimulent les fautes du riche, souffrent quantité de désordres, afin d’avoir occasion de faire de gros larcins », etc., etc. […] « Or, maintenant que je vous ai déjà déchargé mon coeur et fait ce que je souhaitais, si j’ai dit quelque chose qui vous ait offensé, me voici sur le carreau étendu de tout mon long ; faites-moi mourir… » « Il demeura à terre ainsi couché une bonne heure. » (Trop longtemps, grotesque.) « Ensuite il fut créé patrice avec pension publique. » (De l’argent à un pareil homme !
Simple artisan, ou plutôt artiste, mais artiste d’un talent bien inférieur aux grands statuaires de son temps à Athènes, il sculptait dans son atelier à peine autant qu’il était nécessaire pour nourrir sa femme et ses enfants ; sans cesse distrait du ciseau par la pensée, ouvrant sa porte à tout le monde, interrompant son travail pour répondre aux questions qu’on lui adressait sur toutes choses, courant ensuite de porte en porte et accostant lui-même les passants pour leur parler des choses divines, consumé du zèle de la vérité, missionnaire des foules, semant le bon grain à tout vent de la rue ou de la place publique : homme qu’on aurait considéré comme un fou, s’il n’avait pas été un modèle de toute vertu et un oracle de toute sagesse. […] Ils jouaient la sagesse et la vertu dans les académies et dans les places publiques ; ils accoutumaient les Athéniens à ces jeux d’idées et de paradoxes qui rendaient l’oreille fine et l’esprit sceptique ; pour effacer ces sophistes, il fallait bien parler leur langue à ce peuple infatué. […] … » XII Il développe, avec un insolent courage, cette idée, et se pose en homme utile aux Athéniens dans leur vie privée ; quant à la politique, il dit qu’il s’en est abstenu, par cette raison qu’on ne peut guère rester innocent et vertueux quand on se mêle des affaires publiques… « Je n’emploierai pas envers vous, reprend-il, ô Athéniens, les supplications ordinaires, où l’on fait paraître les femmes, les enfants, les amis pour attendrir les juges. […] « Que mérite un tel homme, si ce n’est d’être nourri, aux frais du public, dans le Prytanée ?
Détrôné pour cause de papauté, est un axiome de droit public qui n’a pas encore été admis sur la terre. […] Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ? […] Pendant qu’il s’habillait, un des cardinaux qui, d’après la voix publique, avait tenté, dans la nuit précédente, d’entraver cette élection, fit un jeu de mots, avec la plus grande gaieté, au secrétaire du conclave, près duquel il s’était placé. […] Il fut placé sur l’autel, selon la coutume, et il reçut l’adoration publique des cardinaux et du peuple innombrable qui était accouru.
Les critiques, qui ont parlé du roman de Feuillet, ont tous cité, avec transport, des « propos à faire rougir un singe, sans se souvenir que cette phrase avait été jetée cinquante fois au public, cette année même. […] Dimanche 26 septembre Un architecte nous parlait aujourd’hui des tripotages de Cornélius Hertz, et il nous affirmait qu’un grand entrepreneur de terrassements de chemin de fer, à propos d’une concession qu’on n’aurait pas fait passer par l’adjudication publique, demandait le prix de cette faveur. […] J’apprends que Berthelot est nommé ministre de l’Instruction publique. En dépit de mes relations amicales, et de ma haute estime pour la valeur personnelle de l’homme, je crois que le choix d’un savant, comme ministre de l’Instruction publique, est le choix qui peut être le plus hostile aux hommes de lettres : car un savant est à la fois tout plein de mépris pour leurs travaux, et tout à la fois un peu jaloux de leur renommée retentissante.
Ses personnages seront nécessairement puérils et laids, car on ne saurait satiriser ce qui est grand, et le beau ne fait guère rire ; aussi quand Daumier pénètre dans les bains publics pour dames, au lieu des gracieuses nageuses qu’il aurait pu y trouver, il y met contre toute vérité d’affreuses portières et de ballonnantes maritornes ; quant à l’apogée de son talent, dans ses merveilleux Croquis dramatiques dont le dessin vaut celui des maîtres, il aborde l’actrice, c’est encore pour la vieillir, l’enlaidir et la ridiculiser. […] Merdle qui la veille de sa faillite, est allé s’ouvrir les veines dans une baignoire de bains publics où son corps blanc et moite est étalé au milieu des caillots. […] Un homme généralement affectif est constamment pénétré du bien fondé des dispositions qui l’animent ; il est donc tenté de faire de ses sympathies et de ses antipathies la règle de sa conduite et, s’il est écrivain, s’il a pris l’habitude de communiquer au public ce qui l’émeut, il érigera ses sentiments en règle de morale universellement valable ; il sera moraliste et moraliste sentimental. […] À peine a-t-il l’oreille du public qu’il se lance, inconsidérément souvent, dans une lutte acharnée contre tout ce qu’il prenait pour des abus, l’institution pourtant utile des workhouses, les mauvaises écoles, la rapacité des gens de loi, l’insolence des bureaucrates, tous les vices et les défauts que nous l’avons vu flageller.
Dans toutes les langues, l’homme a parlé et écrit en prose des choses nécessaires à la vie physique ou sociale : domesticité, agriculture, politique, éloquence, histoire, sciences naturelles, économie publique, correspondance épistolaire, conversation, mémoires, polémique, voyages, théories philosophiques, affaires publiques, affaires privées, tout ce qui est purement du domaine de la raison ou de l’utilité a été dévolu sans délibération à la prose. […] Nous trouverions partout que c’est l’émotion qui est la mesure de la poésie dans l’homme ; que l’amour est plus poétique que l’indifférence ; que la douleur est plus poétique que le bonheur ; que la piété est plus poétique que l’athéisme ; que la vérité est plus poétique que le mensonge ; et qu’enfin la vertu, soit que vous la considériez dans l’homme public qui se dévoue à sa patrie, soit que vous la considériez dans l’homme privé qui se dévoue à sa famille, soit que vous la considériez dans l’humble femme qui se fait servante des hospices du pauvre et qui se dévoue à Dieu dans l’être souffrant, vous trouveriez partout, disons-nous, que la vertu est plus poétique que l’égoïsme ou le vice, parce que la vertu est au fond la plus forte comme la plus divine des émotions. […] Puis viennent en troisième ordre, et toujours d’après le même principe de la plus ou moins pure intellectualité de l’œuvre, les poètes dramatiques, c’est-à-dire ceux qui représentent dans leur poésie, à l’aide de personnages parlant et agissant sur la scène, les péripéties de la vie humaine, publique ou privée.
On n’oriente ni les édifices publics ni les édifices particuliers, on ne trace ni méridienne ni cadrans sans éléments d’astronomie ; il est cependant plus important de connaître les lois et les mœurs de son pays que la théorie de la lune ou des comètes, mais les sciences sont si faciles de nos jours, et les enfants ont tant de temps devant eux ! […] Voici les raisons de ceux qui s’obstinent à placer l’étude du grec et du latin à la tête de toute éducation publique ou particulière. […] À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans. […] C’est le manuel d’un militaire et d’un homme public.
M. de Mairan, ainsi défini, ressemble parfaitement à ce que Bailly aurait voulu être, à ce qu’il aurait peut-être été dans le souvenir des hommes, si les événements de la politique n’étaient venus le tirer brusquement de sa maison de Chaillot où il vivait en sage, et de sa fenêtre du Louvre où était aussi son observatoire, pour le porter au fauteuil de notre première assemblée publique, et l’installer bientôt en permanence au balcon populaire. […] Mais en même temps on voit que dans les séances publiques des diverses académies où il avait à parler, que ce fut à l’Académie des inscriptions ou dans celle des sciences, et même quand il s’agissait de la chronologie des Indiens, ses discours écrits et prononcés avec grâce se faisaient écouter avec plaisir.
Il a paru croire que Buffon ne leur avait pas fait toujours cette part assez belle devant le public, et qu’il y avait lieu, à leur égard, à quelque réparation. […] Lesieur, ancien chef de division au ministère de l’Instruction publique, et qui ne fait que revenir à ses origines et à ses goûts en s’occupant de littérature, a également donné des soins bien utiles à cette publication importante.
Son ambition, quand il en avait une, eût été de jouer dans un État aristocratique le rôle de magistrat populaire ; mais la vie publique dans une démocratie effective lui aurait été plus désagréable que dans une cour, même absolue. […] Peut-être aussi n’eût-il fait que se préparer avec lenteur et par un long détour, mais avec plus de sûreté, à la vie publique et au rôle politique influent que sa naissance lui réservait à Berne et qu’il négligea trop de remplir.
A une telle maladie publique, dès qu’on sut que quelqu’un s’en inquiétait là-haut, chacun vite accourut proposant son remède, sa recette ; théoriciens, hommes pratiques, empiriques, tous à l’envi s’empressèrent : Vauban, Boisguilbert, Boulainvilliers, l’abbé de Saint-Pierre déjà en mouvement, Saint-Simon lui-même, l’un des premiers. […] Et, comment, après quelque satisfaction incomplètement donnée au sentiment public et une première lune de miel à coup sûr, mais bien rapide et passagère, comment n’y aurait-il pas eu guerre profonde et irréconciliable en effet ?
» Il faut que lui-même renonce à donner aux siens, d’un ton d’oracle et de Mentor, des leçons comme celle-ci : « Ne vous révélez au public que par vos ouvrages. […] Mais enfin M. de Pontmartin est meilleur juge de sa situation que nous ; il en dit trop pour qu’il n’y ait pas du vrai dans ses doléances, et il se présente dans tout son livre comme si mécontent, si battu de l’oiseau, si en guerre non seulement avec nous autres gens de lettres, mais avec les personnes de sa famille, avec les nobles cousines qui ont hérité d’un oncle riche à son détriment, avec les amis politiques qui lui ont refusé un billet d’Académie pour une séance publique très-recherchée, avec ses paysans mêmes et les gens de sa commune qui ont traversé indûment son parc et à qui il reproche jusqu’aux fêtes et galas qu’il leur a donnés, qu’il est impossible de ne pas voir dans tout cela une disposition morale existante et bien réelle, celle de l’homme vexé, dépité.
Il avait lu lui-même son Ode en séance publique et avait recueilli les applaudissements de l’assemblée. Le ministre de l’Instruction publique, M. de Salvandy, lui écrivit, tout électrisé, au sortir de la séance : « Monsieur, je double le prix… Je regrette de ne pouvoir mieux vous prouver l’estime que m’ont inspirée vos patriotiques vers : eux aussi semblent sculptés en granit. » Sur des sujets moins ambitieux et moins solennels, Boulay-Paty avait pendant des années remporté toutes les formes et les variétés de prix que l’Académie des Jeux floraux peut décerner : ces fleurs artificielles (souci, églantine, amarante, etc.), étaient rangées chez lui et conservées sous verre, chacune dans son bocal.
Le public, qui ne lit pas ces ébauches plus ou moins téméraires et malheureuses, ne sait pas ce qu’il en coûte pour arriver jusqu’à lui, et dans ces marches forcées de l’intelligence, pour un qui atteint au but ou qui obtient du moins d’être nommé et discuté, combien d’autres tombent obscurément le long du chemin, sans une mention, sans un regard. […] Heine, n’a pas mal caractérisé d’un mot en disant que ce n’était qu’un grand espoir, Ahasvérus me semble appartenir à l’espèce de ces poëmes confus dont je parle ; il les résume suffisamment, il en dispense presque, il est le seul qui ait réussi et que le public connaisse.
En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même. […] en s’approchant par la réflexion de tout ce qui compose le caractère de l’homme, on se perd dans le vague de la mélancolie ; les institutions politiques, les relations civiles vous présentent des moyens presque certains de bonheur ou de malheur public ; mais les profondeurs de l’âme sont si difficiles à sonder !
On peut juger combien les doctrines d’un tel homme d’esprit devaient sourire à un très-jeune homme, qui en avait fait son oracle et qui portait dans ses votes populaires l’ardeur de son âge et l’illusion de sa passion du bien public. […] Ceux qui l’ont connu, comme moi, le regretteront et le respecteront doublement, car ses vertus et ses qualités privées dépassaient immensément ses qualités et ses vertus publiques.
Le public sera dépaysé, lui qui ne voit Tartuffe que sous les espèces d’un bedeau gras, rouge et libidineux ; et l’acteur ne fera pas rire, et il devra, j’en ai peur, renoncer à la douceur des applaudissements. […] Aussi l’habitude de jouer chaque soir Hector ou Crispin avait rétréci le talent des comédiens, circonscrit leur horizon ; leur unique tâche étant de faire rire, Tartuffe fut joué comme valet, et, peu à peu, ce grand rôle ne fut plus qu’un sournois plaisant et cynique dont les charges et les paillardises égayaient le public.
Le sieur Sotinet ne boit que de l’eau : cela est de notoriété publique. […] Mais, au lieu de les faire expédier en un quart d’heure dans une place publique, je les baille à tuer aux médecins qui les font mourir aussi cruellement que leurs malades.
Desjardins rédige en style de séminariste bilieux ; il est ignorant (jusqu’à prendre les philosophes grecs comme types d’altruistes alors qu’aucun n’a envisagé la morale autrement que comme une éthique) ; il est naïf (jusqu’à se féliciter des séances politiques où la droite et la gauche s’entr’applaudissent, citant comme telles l’incident où la loyauté de M. de Cazenove de Pradines fut saluée par tous ses collègues, — ce qui est faux, car il fut nargué par la droite, — et l’intervention de l’évêque d’Angers dans la politique d’Extrême-Orient — ce qui ne provoquait l’admiration d’aucun député informé, attendu que Mgr Freppel, chacun le savait, n’agissait que pour défendre ses missionnaires) ; il est encore obséquieux avec les gens en place (jusqu’à cette platitude : « Nous avons par bonheur un ministre de l’instruction publique à tendances idéalistes »). — Mais un autre que M. […] Ils veulent communiquer à la chose publique leur hallucination particulière.
Plongez les yeux plus avant, et regardez, dans cette échauffourée, les luttes des ambitions rivales, leur accord passager au détriment de la puissance publique, les illusions, les haines, les préjugés des partis, les entraînements des corps, les convoitises ; c’est une image en raccourci des révolutions. […] Ses Maximes ne quittent guère les hauteurs de la vie publique, et sa morale ressemble à celle de la tragédie, dont les héros sont des rois, et les événements des catastrophes.
Joseph mourut avant que son fils fût arrivé à aucun rôle public. […] On écrivait très peu ; les docteurs juifs de ce temps ne faisaient pas de livres : tout se passait en conversations et en leçons publiques, auxquelles on cherchait à donner un tour facile à retenir 268.
Voltaire, malheureux pour la première fois, s’exila en Angleterre ; il y étudia le gouvernement, les mœurs publiques, l’esprit philosophique, la littérature, et il revint de là tout entier formé et avec sa trempe dernière. […] Elle fut jouée : le public mourut d’ennui, et l’auteur de chagrin. » Voilà bien de l’esprit hors de propos.
Elle n’avait pas onze ans quand, avec les terribles journées d’octobre 1789, son rôle public aux côtés de sa mère commença. […] Mais un trait distinctif de Mme la duchesse d’Angoulême est d’être restée complètement étrangère à cette invasion un peu tardive de la sentimentalité publique.
La plupart des artistes montrent, dès l’abord, par tout l’aspect extérieur de leurs œuvres, qu’ils font ouvertement appel à la sympathie, à la sentimentalité du public ; ils usent des modes d’expression propres à causer une certaine émotion, la décrivent et la désignent clairement soit en des passages éloquents, s’il s’agit d’un livre, soit par le sujet ou le mouvement s’il s’agit d’un tableau, soit en général par quelque excès peu harmonieux de la forme. […] Il en est d’autres encore, tels que celui des écrivains mercantiles, des auteurs de contes pour les enfants, des feuilletonistes écrivant pour une classe définie de la société, des peintres et des musiciens soucieux de plaire au public plus qu’à eux-mêmes, en un mot des artistes qui emploient certains moyens ou certains effets, non pas d’instinct, mais volontairement, et dans un but étranger à l’art ; il sera facile de se tirer d’affaire pour les œuvres de cette sorte, en considérant qu’elles n’intéressent que par la personnalité qu’elles affectent de manifester et qu’il sera toujours facile de distinguer.
Le Romantisme et le public n’ont rien à voir là-dedans. […] Le petit vieillard regrettait fort l’ancien régime littéraire : — une fois par semaine, régulièrement, il venait se plaindre — poliment et spirituellement — au public que le présent ne valût pas le passé.
Les vainqueurs aux combats du ceste avaient des statues dans les places publiques et dans les temples, comme le guerrier qui avait versé son sang pour la patrie. […] Nous pourrions à présent jeter un coup d’œil sur les autres peuples de l’Europe ; sur cette Italie qui a régné successivement par la puissance des armes et par les conquêtes pacifiques des arts de l’imagination, et qui, divisée en une foule de petits états, est réunie par un même esprit public ; sur cette Allemagne, dont la langue, encore dans le travail de son perfectionnement, est si favorable à la fermentation de toutes les idées : mais on ne peut pas tout épuiser dans un chapitre.
Il ne fut qu’un contemplateur studieux ; il n’entretint jamais le beau monde de ses pensées ou de ses passions intimes, dans un temps où le génie faisait volontiers de ses petits secrets personnels des événements publics. […] Rien ne ressemble moins à la mission publique du poëte thébain, dans les fêtes et les périls de la Grèce, que le chant solitaire et rare du studieux reclus de Cambridge.
Albalat, je n’aurais peut-être jamais réfléchi sur ces questions ; ils furent mon point de départ, je leur dois beaucoup : je voudrais avoir donné au public plus qu’ils ne m’ont prêté. […] Elles furent neuves et matérielles : « Elle feignit d’ignorer tout ce que disait le public, et s’enveloppa de son innocence », dit La Baumelle. […] Henri Albert comme un bienfait public ; en même temps, par son volume de Kant à Nietzsche. […] Il semble qu’à mesure que le public se désintéresse davantage de la poésie les poètes deviennent plus nombreux et plus hardis. […] A cette heure, à défaut du grand public, qui ne veut entendre parler que de trois ou quatre noms, les poètes sont en assez grand nombre pour composer à eux seuls un public vivant, parce qu’il est passionné.
La curiosité pourtant ne s’est pas ralentie ; plus universelle sans être moins vive, elle n’a presque fait, en passant d’un siècle à l’autre, que descendre des salons dans le public ; et voici qu’elle accueille aujourd’hui ces deux volumes d’anecdotes de plus de cinq cents pages chacun, aussi avidement qu’elle écoutait, vers 1770, madame de Genlis, ou madame Suard, ou telle autre dame lettrée, arrivée de Ferney la veille, et distribuant à demi voix, dans un cercle discret, ses délicieuses confidences.
Nommé par Nîmes aux États généraux, Rabaut publia des Considérations sur les droits et les devoirs du Tiers état qui partagèrent avec l’écrit de Sieyès l’attention publique, et dans toute la durée de l’Assemblée constituante, il se montra égal à sa mission, ferme autant que modéré, sans d’autre passion que celle du bien, n’ambitionnant pas les succès de la tribune, mais n’en fuyant pas les assauts quand sa conscience l’y appelait.
Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
Il faut vaincre le découragement que font éprouver de certaines époques de l’esprit public, dans lesquelles on ne juge plus rien que par des craintes ou par des calculs entièrement étrangers à l’immuable nature des idées philosophiques.
Défection publique et définitive de M.
Dans le premier cas, on cherche si l’œuvre est conforme aux lois provisoirement « nécessaires » du genre auquel elle appartient, ou simplement aux exigences ou habitudes de l’esprit et du goût latins, et, d’autres fois, si elle est conforme aux intérêts de la moralité publique et de la conservation sociale.
Car, bien que peut-être le mot de France y revienne un peu trop souvent à l’hémistiche ou à la rime, il n’y a rien, dans la Fille de Roland, de ce patriotisme de réunion publique et de café-concert qui force si grossièrement l’applaudissement de la foule et dont les déclamations sont si cruelles à entendre.
Paul Mariéton Soulary, qui n’est pas populaire, passe pour classique auprès des dilettanti, le dernier public des poètes.
Et tout cela, Ponsard ne le fait point par jeu ni avec le scepticisme d’un écrivain astucieux qui connaît son public, il le fait avec une conviction et une simplicité absolues.
Au moment où Jean-Baptiste Poquelin, entraîné par sa vocation, engagé dans la troupe de l’Illustre Théâtre, représentait aux fossés de Nesle ou au port Saint-Paul les tragédies de Tristan et de Magnon, ce n’étaient pas seulement les Montfleury, les Floridor, les Madeleine Beauchâteau qui lui enlevaient la faveur du public et rendaient l’Illustre Théâtre désert, c’étaient aussi Tiberio Fiurelli sous les traits du noir Scaramouche, Domenico Locatelli sous le masque de Trivelin, Brigida Bianchi sous les atours et le nom d’Aurélia.
Peut-être Molière, entraîné par cette sympathie si vive en lui, ne s’appliqua-t-il pas assez à discerner, dans les mœurs dont le public était disposé à rire, le vrai du faux, l’exagération d’avec le naturel noble et choisi, et les affectations hypocrites d’avec un juste éloignement pour l’impudence du vice.
Par peuple, en linguistique, il faut entendre, sans distinction de classe, de caste, ou de couche, l’ensemble du public, tel que livré à lui-même et usant de la parole sans réflexion analytique.
Le public fut inondé de vers.
Quintilien, quand il parloit en public, chantoit-il, à prendre le terme de chanter dans la signification qu’il a parmi nous ?
Quoique le sang des hommes n’ait pas toujours été fort respecté, nous concevons pourtant qu’il y ait eu des pays où on l’a honoré de quelques larmes ; on conçoit un peu moins les éloges prodigués aux athlètes ; nous savons cependant que les vainqueurs des jeux étaient célébrés par des chants publics.
En effet les parents dont le lien des lois n’assure point l’union, perdent leurs enfants, autant qu’il est en eux ; le père et la mère pouvant toujours se séparer, l’enfant abandonné de l’un et de l’autre, doit rester exposé à devenir la proie des chiens ; et si l’humanité publique ou privée ne l’élevait, il croîtrait sans qu’on lui transmît ni religion, ni langue, ni aucun élément de civilisation.
Le public moderne, d’accord en cela avec l’ancien, veut que les opéras dont les sujets sont tragiques, soient historiques pour le fond ; et s’il supporte les sujets d’invention dans la comédie, c’est que ce sont des aventures particulières qu’il est tout simple qu’on ignore, et que pour cette raison l’on croit véritables. — 8.
Mais, chose étrange, il semblait que la charité publique diminuât à mesure qu’il en avait plus besoin. […] As-tu songé à ce discours de réception qu’il faut entendre, à la leçon qu’il faut recevoir en public et qu’on ne m’eût certes pas ménagée à moi ? […] L’action de la nouvelle intitulée : la Casserole, se passe dans un tapis-franc où une fille publique va être égorgée. […] Ceci pour dire que, cette fois encore, le public a raison et a devancé l’opinion de la critique. […] Catulle Mendès que je ne suis pas du tout de l’avis du public qui fait en ce moment à son livre un succès que je reconnais incontestable.
Il ne pouvait non plus « traverser un jardin public où se trouvaient plusieurs personnes rassemblées, sans les croire occupées à médire de lui ». […] de la qualité du public ? […] qu’ils se dressent là, sur nos places publiques, en objet d’émulation à ceux qui viendront après eux ? […] Élevons donc des statues sur nos places publiques, mais choisissons ceux à qui nous les élevons. […] Sans doute, ne livrant de lui-même que son esprit à ses amis, il n’aura cru devoir que ses opinions au public.
La littérature entre chez Gustave par l’oreille, la phrase littéraire se distingue de celle qui ne l’est pas par un ton de voix particulier, un apprêt, un cérémonial pour un public, peu importe que ce public soit composé d’un enfant ou de dix mille auditeurs. […] Notre indiscrétion ne souscrit pas à ces mots de Flaubert : « Le public ne doit rien savoir de nous. […] Succès énorme de la part du public, grimaces ou tollé de la part de la critique. […] De là, le malentendu de Flaubert et du public qui s’en tient à la conception courante du roman historique. […] Seulement le public est le public, et Faguet est ici du public, du gros public.
La licence qui signalait le genre à son origine, et qui lui attirait de fréquents démêlés avec le lieutenant de police, devait être imputée bien moins aux auteurs qu’au public même, qui le voulait ainsi. […] En 1734, on donna de Piron, le même jour, l’Amant mystérieux, comédie, et les Courses de Tempé, pastorale, avec musique de Rameau : le public siffla la première pièce, et incontinent après il applaudit la seconde, par où le spectacle finissait ce qui faisait dire par l’auteur à ceux qui l’embrassaient en sortant : « Messieurs, baisez-moi sur cette joue et souffletez l’autre. » En 1733, pour se relever de son échec de Callisthène, il donna la tragédie de Gustave Vasa. […] Mais si vous lisez les lettres de Piron pendant son second séjour à Bruxelles, vous y voyez celui qu’il appelle en public « le grand Rousseau », traité sans respect ni affection, comme un hypocrite et un tartufe, un envieux, un méchant, qui ne dit du bien de personne, comme « un consommé de Panurge et de La Rancune », comme un homme enfin, dont la conduite et le caractère sont des énigmes et la honte des animaux raisonnables : « Il va et vient pourtant, s’ajuste encore soigneusement ; et, malgré la pesanteur et la caducité visible où l’a jeté son apoplexie, il porte une perruque à cadenettes très-coquette, et qui jure parfaitement avec un visage détruit et une tête qui grouille. […] Mais le public est resté toujours un peu froid. Il faudrait à la Métromanie un auditoire de jeunes auteurs en herbe, étudiants, un public d’Odéon. — On l’a redonnée depuis au théâtre Français, où elle a été écoutée froidement : « La Métromanie a rencontré chez nous, cette fois encore, un accueil trop sérieux pour être durable. » C’est ce que dit Janin dans un des meilleurs feuilletons qu’il ait écrits (Journal des Débats du 18 septembre 1865). — On m’assure qu’en examinant les textes imprimés de la Métromanie, on trouverait de notables différences d’édition : ce serait à examiner.
J’ai désiré seulement que l’administration ne s’interposât pas entre moi et le public pauvre, mais empressé de m’offrir son obole, pour m’aider, par sa subvention volontaire, à me libérer d’une dette qui n’était pas toute à moi. […] V Pendant ce temps-là, bien que vous m’eussiez vu à l’œuvre, et, entre autres jours, le 16 avril 1848, le plus beau jour, le jour du salut, le jour encore mystérieux de ma vie publique, le jour que des calomnies qui seront confondues à leur heure ont cherché à tourner contre moi et dont ils ont voulu me dérober l’honneur et la résolution, bien que ces calomniateurs n’en sachent pas même encore la cause et le secret ; bien que, reconnu par vous au moment où, déguisé, j’échappais à mon triomphe, vous m’ayez dit à l’oreille, enlevé par l’enthousiasme de la bienveillance, un de ces mots que je n’ai jamais oubliés, jamais cités, et qui prouvaient plus que de la justice pour moi dans votre cœur, que faisiez-vous ? […] — Ainsi parlait Milton ; et ma voix plus sévère, Par degrés élevant son accent jusqu’au sien, Après lui murmurait : « Oui, la France est ma mère, Et le poète est citoyen. » « Tout ce discours de Milton révèle assez quelle fièvre patriotique fermentait au cœur de Joseph, et combien les souffrances du pays ajoutèrent aux siennes propres, tant que la cause publique fut en danger. […] Ce ne sont que chansons, clameurs, rixes d’ivrogne, Ou qu’amours en plein air, et baisers sans vergogne, Et publiques faveurs ; Je rentre : sur ma route on se presse, on se rue ; Toute la nuit j’entends se traîner dans ma rue Et hurler les buveurs. […] Je dirai seulement, au point de vue littéraire, que les Consolations furent celui de mes recueils de poésies qui obtint, auprès du public choisi de ce temps-là, ce qui ressemblait le plus à un succès véritable ; on m’accusera d’en avoir réuni les preuves et témoignages dans un petit chapitre-appendice.
………………………………………………………………………………………………… Il se trouva dans un jardin public. […] La cour retirée, le jury en sa chambre de délibération, le public avait fait irruption dans le prétoire. […] Bien des masques des héros du romancier seront levés par le public, mais il ne nous appartient pas de devancer sa curiosité. […] Il m’a dénoncé à mon éditeur, qui prétend que le public s’intéresse à ces résurrections-là. […] Je dois cependant un dernier aveu au public.
Enfin il n’est si bonne plaisanterie qui ne doive avoir un terme, et il fallait bien livrer un jour au public le nom de l’énigme. […] c’est qu’en donnant ma comédie au public, j’ai voulu que le public me donnât la sienne. […] « Ô public ! cher public ! […] Des gens dont le public vénérait les perruques Glorifiaient l’art « sobre et continent ». — Eunuques !
Mais le public les suivait avec une docile candeur. […] Il s’en ira sur la place publique prendre les passants à témoin de « l’injustice » des hommes. […] Le romantisme est l’atmosphère d’un temps où l’œuvre de Rousseau demeure sur la voie publique. […] La première inspire à l’homme public des démissions noblement jetées, soutient sa fidélité laborieuse aux causes perdues. […] Les Burgraves, où leur développement est énorme, ont accablé en 1902 un public respectueux, comme ils accablèrent en 1843 un public irrévérent.
Mais, en outrepassant la mesure du blâme par le mot flétri (la conscience publique flétrit de coupables manifestations) qui se trouvait dans l’adresse de la Chambre et qu’adoptait le ministère, on a refait une position à M.
Mais bientôt de graves pensées survinrent ; aux fêtes des salons succédèrent les orages de la place publique, et les ris étincelants des amours s’éteignirent par degrés dans l’immense clameur populaire.
Son Homme de bien, en trois actes, dont bien des scènes sont agréablement versifiées, n’a rempli qu’imparfaitement l’attente du public et, nous le croyons aussi, l’espoir de l’auteur lui-même.
Sous prétexte que toucher ou convaincre son lecteur, c’est sacrifier l’art en le subordonnant à une autre fin que lui-même, on vide son discours de toute vérité, que la raison, la conscience ou le cœur pourraient saisir : on poursuit une beauté toute matérielle et physique, que nul mélange du vrai, du bien, du beau moral même ne vient corrompre, et l’on travaille son style pour l’œil et l’oreille du public : on se fait ciseleur, coloriste ; on sculpte des phrases marmoréennes, on exécute d’étourdissantes variations ; on a une riche palette, un clavier étendu.
À l’âge de seize ans, il était applaudi au théâtre par la reine Marie-Antoinette ; à l’âge de vingt-cinq ans, il avait les suffrages du public tout entier.
Il est le conseiller ordinaire et des écrivains et du public.
On peut noter à quelle partie du public elle a plu ou déplu et ce qu’on y a trouvé de louable ou de répréhensible.
En 1757, il lui en accorda une, secrete, de trois mille livres ; en 1760, une, publique, de deux mille livres sur son Trésor Royal ; & le premier Avril 1766, une autre, secrete, de douze mille livres sur sa cassette, dont la formule, conçue dans les termes suivans, est signée & écrite en entier de sa main : « En conséquence des services que le sieur d’Eon m’a rendus, tant en Russie que dans mes armées, & d’autres commissions que je lui ai données, je veux bien lui assurer un Traitement annuel de douze mille livres, que je lui ferai payer exactement tous les six mois, dans quelque pays qu’il soit [hormis en temps de guerre chez mes ennemis], & ce, jusqu’à ce que je juge à propos de lui donner quelque poste dont les appointemens soient plus considérables que le présent Traitement.
Il est vrai que le public oublie bientôt les livres qui n’ont d’autre merite que celui de prendre l’effort en certaines conjonctures : il faut que le livre soit bon dans le fonds pour se soutenir, mais s’il est tel, s’il merite de plaire à tous les hommes, l’interêt particulier le fait connoître beaucoup plûtôt.
Et pour ce que les femmes ne se montrent volontiers en public seules, je vous ai choisie pour me servir de guide, vous dédiant ce petit œuvre… » Louise Labé se présente donc devant le public en tenant la main de cette demoiselle honorée dont elle se signe l’humble amie : voilà sa condition vraie et si peu semblable à celle qu’on lui a faite à distance. […] Il eut beau faire, lui et ceux qui le copièrent : malgré l’injure des doctes qui voulurent transformer sa vie en une sorte de fabliau grivois, la belle Cordière resta populaire dans le public lyonnais ; la bonne tradition triompha, et quelque chose d’un intérêt vague et touchant continua de s’attacher à son souvenir, à sa rue, à sa maison, comme à Paris on l’a vu pour Héloïse.
comme il avait besoin de travaux et d’années pour signifier aux yeux du public ce que l’amitié y lisait déjà avec confiance ! […] Mais le régime déplorable qui asservissait l’instruction publique ne laissait aux jeunes hommes libéraux et indépendants aucun espoir prochain de trouver place, même aux rangs les plus modestes. […] En ce faisant, j’ai cru accomplir un grand acte de sagesse, me préparer de grands éloges de la part de la prudence humaine, et, l’événement arrivé, il se trouve que je n’ai fait qu’une grosse sottise… Enfin me voilà à deux mille lieues de mon pays, sans ressources, sans occupation, forcé de recourir à la pitié des autres, en leur présentant pour titre à leur confiance une histoire qui ressemble à un roman très-invraisemblable ; — et, pour terminer peut-être ma peine et cette plate comédie, un duel qui m’arrive pour demain avec un mauvais sujet, reconnu tel de tout le monde, qui m’a insulté grossièrement en public, sans que je lui en eusse donné le moindre motif ; — convaincu que le duel, et surtout avec un tel être, est une absurdité, et ne pouvant m’y soustraire ; — ne sachant, si je suis blessé, où trouver mille reis pour me faire traiter, ayant ainsi en perspective la misère extrême, et peut-être la mort ou l’hôpital ; — et cependant, content et aimé des Dieux. — Je dois avouer pourtant que je ne sais comment ils (les Dieux) prendront cette dernière folie.
Pour comble, on lui attribua un méchant libelle, Boileau aux prises avec les jésuites, et le père Tellier, qui avait succédé au doux père La Chaise, fît demander au poète un désaveu public des attaques qu’on lui attribuait contre la Société. […] Il est même un peu trop philosophe sur les malheurs publics, dans la triste année 1709 : il laisse là bien vite « la joie et la misère publiques » qui sont l’affaire du roi, pour venir à ce qui l’intéresse, à ses œuvres.
L’œuvre de Bayreuthal (suite) Extraits de lettres anciennes à des amis 13 novembre 1871 : « Que l’affaire suive donc son cours, et que l’Allemand montre qu’il sait enfin donner l’attention nécessaire à une branche de l’art public si honteusement négligée, et même temps d’une influence illimitée, et à laquelle je voue ma vie. » 19 mai 1871 : « Avant tout je suis heureux d’obtenir ce que nous nous proposons par un accord vraiment amical, et je m’efforce pour cela d’exclure tout élément étranger, hostile ou nuisible, Personne ne sera attiré par nous qui ne conçoive pleinement ce dont il s’agit ; les faits mêmes parleront à ceux qui n’auront pas compris. […] Mais en général le public riche ne s’intéressait pas assez à l’entreprise ; excepté quelque rares amis isolés, c’étaient plutôt les moins fortunés qui témoignaient de leur zèle. […] Dieu sait que je n’ai pas ainsi compris l’affaire ; cela eût été fait pour confondre le public allemand … Le plus désagréable pour moi était que, même avant que personne ne m’eut accusé réception de ma communication, tout était déjà parvenu à la connaissance de votre digne Presse.
L’une poussait un faix, l’autre prêtait son dos : L’amour du bien public empêchait le repos. […] C’est le ton juste de familiarité qu’on pouvait supporter au théâtre dans une tragédie ; je doute même un peu que le public du temps l’eût supporté tout à fait ; mais je n’en fais qu’un compliment, et un très grand compliment, à La Fontaine. […] Cet appel à mon public n’a pas été sans réponse.
On a dit plaisamment qu’une faute de français, un cuir d’un membre du Comité de salut public qu’il rencontra, le fit s’écrier : « Décidément on ne peut plus habiter ce pays-ci. » On a raconté non moins plaisamment37 que l’abbé de Cournand, alors son ami, et qui depuis crut lui jouer un mauvais tour en retraduisant les Géorgiques, étant de garde aux Tuileries, reconnut le poëte qui se promenait malgré sa mise en arrestation au logis, qu’il fit mine de le vouloir reconduire chez lui au nom de la loi, et que depuis lors Delille avait peur de la garde nationale et de l’abbé de Cournand. Delille était encore à la rentrée publique du Collége de France, le 1er frimaire an III, et y récitait des vers. […] Enfin, grâce aux tourmentes publiques et à l’impression qui en resta sur son cœur, une inspiration réelle lui vint ; il se fit le poëte du passé, des infortunes royales, le poëte du malheur et de la pitié. […] Bientôt la Décade cessant, le parti philosophique perdit son organe habituel en littérature et son droit public de contradiction : le champ libre resta aux éloges.
Des vers satiriques contre le conseil des Dix le font arrêter par l’inquisition d’État : on le juge ; le professorat public lui est interdit pour toute peine. […] VIII C’est dans cette situation désespérée que d’Aponte rencontre Mozart, à peu près aussi disgracié que lui de la faveur des cours, des directeurs de théâtres et du public que d’Aponte l’était lui-même. […] Les Viennois eux-mêmes, à l’exception de l’empereur Joseph II et de quelques connaisseurs transcendants, seul public des grands novateurs, restèrent froids à cette sublimité de l’art. […] Que penseriez-vous de la sculpture qui emprunterait les couleurs de la peinture pour rendre les divines formes de Phidias plus semblables aux figures de cire coloriées devant lesquelles s’extasie l’ignorante multitude de nos places publiques ?
« Apprenez, dit-il à un de ses admirateurs, une chose incroyable et pourtant vraie : c’est que j’ai livré aux flammes (vulcano) plus d’un millier de poèmes épars ou de lettres familières ; non pas que je n’y trouvasse de l’intérêt et de l’agrément, mais parce qu’ils contenaient plus d’affaires publiques ou domestiques que d’agrément pour le lecteur ! […] Un poète était un paladin joutant en public en l’honneur de sa dame. […] Ces princes, fiers de son amitié, lui donnèrent part à leur gouvernement ; ils formèrent avec lui un véritable triumvirat du bien public, qui faisait contraste avec la tyrannie de leurs prédécesseurs. […] « Quelle que soit l’origine de ces étrangers si fiers de leur noblesse, qu’ils vantent sans cesse, ils ont beau faire les maîtres dans vos places publiques, monter au Capitole entourés de satellites, fouler d’un pied superbe les cendres de vos ancêtres, ils ne seront jamais Romains.
Racontons ce qu’on sait de ce mystère ; cela nous aidera à comprendre le prodigieux effet des peintures de ce jeune homme, dès qu’elles parurent aux regards du public. […] Je l’ai connu mystérieusement à Florence, pendant plusieurs années, sans que le public soupçonnât nos rapports, que les convenances politiques de ma situation m’empêchaient d’ébruiter. […] C’était une faveur que d’y lire avant le public : voir éclore les œuvres de génie, c’est presque participer à la jouissance de les enfanter. […] Peut-être une rumeur publique, venue de Florence et mentionnée par hasard dans une conversation devant lui, un soir à Venise, lui apporta-t-elle la fatale révélation.
Il chercha fortune dans le journalisme littéraire ; ses critiques offensèrent des acteurs favoris du public ; il fut menacé ; il quitta Mannheim et se réfugia à Leipsick. […] Il décida le duc à donner à Schiller l’emploi honorable et lucratif de professeur d’histoire à l’Université d’Iéna, capitale de l’instruction publique dans ses États. […] Nul à Weimar n’aurait osé se scandaliser d’une hardiesse de la vie privée ou publique du roi de l’intelligence en Allemagne ; il était, comme Louis XIV, au-dessus de l’humanité : il avait le droit divin du scandale. […] « Elle me lisait ses poésies, et se réjouissait de mon approbation comme si j’avais été un grand public ; c’est qu’aussi je témoignais un vif désir de les entendre : non pas que je comprisse ce que j’entendais ; c’était plutôt pour moi un élément inconnu, et ses doux vers agissaient sur moi comme l’harmonie d’une langue étrangère qui vous flatte sans qu’on puisse la traduire.
Nous faisons toutefois nos réserves sur deux ou trois actes de la vie publique du comte de Maistre, actes que nous caractériserons tout autrement que ne les caractérise son fils. […] XVI Sa correspondance avec sa famille et ses amis, à dater de son arrivée à Pétersbourg, ne laisse rien dans l’ombre de son âme et de son esprit, de sa vie publique et de sa vie domestique. […] Elle fut la grande faute de la vie publique du comte de Maistre. […] « Je n’ai point la prétention de déployer à Paris un caractère public ; le roi mon maître ignore même (je l’assure sur mon honneur) la résolution que j’ai prise.
C’est là aussi, autour du bel autel de Neptune, qu’est la place publique, formée de pierres de taille profondément enfoncées qu’il a fallu y apporter ; et c’est encore là que se préparent les agrès des noirs navires, leurs amarres, leurs câbles, et que se polissent les avirons. […] Je blâmerais moi-même toute autre qui agirait ainsi, et qui, du vivant de son père et de sa mère chéris, se mêlerait sans leur consentement à la société des hommes, avant le jour de son mariage public. […] « C’était à vous de nous expliquer le génie, devancier et dominateur des autres génies, le premier de ces révélateurs des passions de l’âme, et le plus parfait de ces consolateurs de l’infortune, à qui fut donnée la mission sublime de rappeler le genre humain à l’exécution des lois, car les poètes des premiers âges en étaient les hérauts publics comme les plus habiles interprètes. […] Nous nous perdîmes dans la foule pendant mes années politiques et troublées de tribun sur la place publique.
Un directeur de l’Opéra de Paris avait coutume de dire qu’il fallait avant tout s’occuper de la pièce, en choisir une qui eût réussi et possédât par avance la faveur du public, puis la confier à un arrangeur habile chargé de la découper en scènes à effet ; après quoi l’on pouvait jeter dessus n’importe quelle musique ; le succès était sûr. — Recette douteuse où le musicien est ravalé au rang du cuisinier qui se charge de faire passer, à l’aide d’une sauce affriolante, la fraîcheur douteuse d’un poisson ! […] C’est la femme politique, suivant avec passion les débats du Parlement, buvant les discours des orateurs, écrivant au besoin un article sur les affaires publiques. […] Un autre, dans un sermon, dénonce le hennin comme un danger public, et invitant tous les bons chrétiens à courir sus à cette coiffure démoniaque, il crie : Au hennin ! […] Mais, en outre, la littérature du temps a le même caractère de sensualité, de bizarrerie ; elle est aussi fort préoccupée du diable ; la sorcellerie y tient une grande place ; dans les mystères, que les confrères de la Passion, amuseurs brevetés du roi et de la foule, jouent à Paris et ailleurs, non seulement Satan, Belzébuth et leurs pareils deviennent les favoris du public par leurs lazzi, leur accoutrement grotesque et leurs cabrioles, mais déjà, par une alliance monstrueuse, les auteurs greffent des fables païennes sur les histoires de l’Ecriture sainte.
À part ce morceau, la totalité des ouvrages de Massillon, y compris son Petit Carême, ne fut pour la première fois livrée au public qu’après sa mort et par les soins de son neveu en 1745. […] Lui-même, après avoir ainsi conquis les simples ou les rebelles, après avoir abattu en public les orgueils et fait fondre les incrédulités, il n’avait pas toute la force suffisante pour rallier et fortifier les nouveaux fidèles dans le secret.
C’est de cette sorte que partout il ne se donne que pour l’économe, le distributeur public des bonnes et saines lectures qu’il a digérées et recueillies. […] Nous n’aurions qu’à continuer la lecture de ce chapitre pour avoir à renouveler les remarques du même genre, et aussi pour apprécier l’utilité dont Charron a pu être dans les progrès si lents de l’éducation publique dans notre pays.
Quand nous voyons dans la série des lettres missives de Henri IV son voyage en Limousin, dans l’automne de 1605, pour y étouffer quelque rébellion, sa lettre écrite de Bellac au landgrave de Hesse, où il se plaint des menées du duc de Bouillon, ce chef astucieux d’une intrigante famille laquelle a eu grand besoin de Turenne pour se faire pardonner de la France tous ses méfaitsq ; quand on lit ces pièces instructives, on n’a pas encore l’impression soudaine que faisait éprouver aux hommes de sens et aux amis de leur pays le réveil de ces remuements funestes, chers à quelques ambitieux mécontents ; et c’est ce que Malherbe, si sensé quoique poète69, a rendu dans une strophe admirable de son ode, ou plutôt de sa prière à Dieu pour le roi allant en Limousin : Un malheur inconnu glisse parmi les hommes, Qui les rend ennemis du repos où nous sommes : La plupart de leurs vœux tendent au changement ; Et comme s’ils vivaient des misères publiques, Pour les renouveler ils font tant de pratiques, Que qui n’a point de peur, n’a point de jugement. […] Je mets cette parole à côté de celles que Henri IV écrirait au landgrave de Hesse, au moment des intrigues recommençantes du duc de Bouillon (octobre 1605) : Mon cousin, j’ai voulu décharger mon cœur avec vous de toutes ces choses, afin que vous sachiez que, si ces entreprises et offenses m’ont fait monter à cheval et ont à bon droit ému mon courroux, elles n’ont pourtant changé ni altéré mon naturel ni mon inclination, l’expérience que j’ai des choses du monde m’ayant appris d’être plus prudent que vindicatif en la direction des affaires publiques.
Je désire quelque chose de plus éclatant et de public. […] Il demande, il commande au poète un cri retentissant de douleur, un hommage public, durable, éclatant.
Je voudrais rendre mon impression et donner mon avis avec plus de liberté que je ne l’aurais pu faire convenablement ailleurs7 sur quelques hommes et quelques écrits qui ont occupé l’attention publique en ces dernières années. […] Le public a droit de se plaindre, dans ce cas, de l’application du droit de propriété littéraire ; et si ce droit s’étend, comme plusieurs personnes le désirent, le cas se reproduira souvent.
Ce qu’il faut dire d’abord, c’est que ce qu’on appelle les Œuvres de Mme Swetchine, ce ne sont pas précisément des œuvres ni des écrits destinés par elle au public. […] Seulement si ses amis sont sages, ils la loueront avec un peu plus de sobriété qu’ils ne font depuis quelque temps ; ils exigeront pour elle un peu moins qu’ils ne sont en train de réclamer ; car le public français qu’on mène si loin et qui, par moments, se laisse faire le plus docilement du monde, a ses brusques impatiences et ses retours.
On me dira que je fais la guerre aux titres, mais je n’aime pas ce titre d’Épaves qui affiche le naufrage, Poëte, lors même que vous livrez au public votre cœur, vous ne le donnez qu’avec votre talent ; l’un ne peut se séparer de l’autre ; votre cœur peut être en lambeaux, votre talent (grâce à Dieu !) […] Lerambert, et je crains de manquer mon effet auprès du public habitué à plus de ton, à plus de couleur, à un relief plus saisissant.
Le profit que Gœthe tira de l’étude de la nature devait être moins direct qu’indirect, moins public qu’individuel, et servir moins à sa gloire qu’à son perfectionnement. […] Si j’avais pu me retirer davantage de la vie publique et des affaires, si j’avais pu vivre davantage dans la solitude, j’aurais été plus heureux, et j’aurais fait bien plus aussi comme poëte.
S’en suit-il que deux siècles plus tard, à l’époque d’Hamilcar et d’Hannibal, il y eût encore de ces immolations publiques et officielles ? […] Il y a dans ces chapitres des vieux auteurs un fonds de bon sens général et de raison publique qu’il ne faudrait jamais oublier ni omettre, quand on veut ensuite y introduire une part de nouveauté et de singularité.
Je donnerai ce préambule ; mais qu’on veuille bien distinguer et dégager la vérité de l’accent, sous ce qui nous semble aujourd’hui un peu déclamatoire et qui appartient au langage du siècle ; il n’est pas mal, d’ailleurs, de voir le sentiment des malheurs publics se mêler si intimement aux infortunes personnelles du rêveur ; les générations qui souffraient ainsi, et dont les âmes se soulevaient avec de tels gémissements sous toutes les sortes d’oppressions, méritaient de vivre assez pour assister et coopérer à la délivrance de 89. […] Au sentiment des maux publics se joint dans mon âme une raison puissante de désirer la fin de mes peines secrètes.
La scène touchante de l’Andrienne, qui est en récit dans l’exposition, cette espèce de déclaration publique involontaire de l’amour de la jeune fille éplorée, de Glycère pour Pamphile, aux funérailles de Chrysis, ne saurait se séparer de cette autre scène racontée par Pamphile lui-même à la fin du premier acte. […] Il est bon toutefois pour un poète dramatique d’avertir de temps en temps son monde, de donner le branle à son public.
Aussi le répéterai-je encore, il vit pour le mieux en dehors des liens, exempt et affranchi de ce qu’entraînent à leur suite les relations de famille, les devoirs de société, les convenances publiques et oratoires : dès qu’on entre dans cet ordre mixte, le point de vue change ; il y a lieu de payer tribut, plus ou moins, au décorum de l’humanité, à ses désirs, à ses préjugés et à ses conventions honorables, aux bienfaits immédiats et à l’utilité pratique qui en découlent. […] Quand on est meublé comme mon savant et mon critique, on n’invite pas les autres à venir chez soi ; on n’y laisse monter que les rares amis et les adeptes ; on n’aura rien, de bien longtemps, à offrir aux foules, aux auditoires, aux diverses sortes de publics.
L’impartialité nous oblige à dire que tous les conseils de Marie-Thérèse à sa fille n’étaient pas également bons ; nous distinguerons entre ceux qu’elle lui donnait sur son métier de reine, conseils sages, utiles, excellents à suivre en tout point, et ceux que la politique particulière de l’Autriche lui dictait : ces derniers conseils, soupçonnés du public, étaient parfois périlleux pour Marie-Antoinette, tendaient à la rendre impopulaire et à justifier le reproche qu’on lui faisait généralement, de sacrifier l’intérêt de la France à celui de l’Autriche. […] Il devenait ainsi le conservateur à main armée et le champion du droit public en Allemagne.
Chacun sut, grâce à lui, à quoi s’en tenir désormais sur tout ce système habile et merveilleux de créations à l’intérieur, sur ce mécanisme savant et simple, essentiellement moderne, dont le public n’avait pas la clef auparavant ou dont on ne se faisait que de vagues idées. […] Qu’un seul jour nous fussions vaincus ou à demi vaincus, qu’un seul instant la fortune des armes hésitât, et tous nos ennemis cachés ou publics se lèveraient à la fois et fondraient sur nous.
Pour éviter tout reportage ou indiscrétion, nous nous en tiendrons strictement à ses publiques affirmations. […] On pourrait descendre plus bas encore, montrer combien certains romans — et des plus accueillis du public — restent de malhonnêtes démarquages à peine remaniés, de traités classiques.
Selon que l’autorité est aux mains de tous, ou de plusieurs, ou d’un seul, selon que le prince admet ou n’admet pas au-dessus de lui des lois fixes et au-dessous de lui des pouvoirs intermédiaires, tout diffère ou tend à différer dans un sens prévu et d’une quantité constante, l’esprit public, l’éducation, la forme des jugements, la nature et le degré des peines, la condition des femmes, l’institution militaire, la nature et la grandeur de l’impôt. […] Sans doute enfin, si aucune de ces conditions n’est remplie, la même opération, exécutée par des spéculatifs de cabinet, par des amateurs de salon et par des charlatans de place publique, n’aboutit qu’à des composés malfaisants et à des explosions meurtrières. — Mais une bonne règle demeure bonne, même après que l’ignorance et la précipitation en ont fait mauvais usage, et, si aujourd’hui nous reprenons l’œuvre manquée du dix-huitième siècle, c’est dans les cadres qu’il nous a transmis.
Quand la majorité du public est égoïste et immorale, il faut pardonner à ceux qui se forment en comité secret, quelque préjudice qu’une telle vie doive porter à leur développement intellectuel. […] Le bon sens a fait justice de cette singulière école esthétique de l’ironie, mise en vogue par Schlegel, où l’artiste, se drapant fièrement dans sa virtuosité et sa génialité, faisait exprès de ne présenter que des choses fades et insignifiantes, puis haussait les épaules sur le sens obtus du public, qui ne pouvait goûter ces platitudes.
Ce qu’on peut se demander encore, c’est vers quelles contrées se portent les regards et les rêves des écrivains et du public. […] Quelle que soit la partie du monde qui a ainsi l’honneur d’être le plus avant dans la faveur publique, cela se trahit dans la littérature par une multitude de traits ; ce sont des mots nouveaux désignant des choses exotiques, fleurs, arbres, animaux ; ce sont des comparaisons, des images, des sujets empruntés qui viennent enrichir le fonds national.
Les amateurs qui suivent depuis deux ans les ventes publiques savent bien si, de ce côté, le cours a fléchi le moins du monde. […] Nous avons été dans une conversation publique où elle n’a rien dit ; c’est tout dire.
Cela tient, je suppose, à ce qu’il a toujours vécu trop près de sa pensée, n’ayant jamais eu l’occasion de la développer en public : en effet, sa santé délicate, sa voix faible et qui a besoin de l’oreille d’un ami, n’a jamais permis à ce riche talent de se produire dans l’enseignement ou dans les chaires. S’il avait été, une fois ou l’autre, assujetti à rendre sa parole publique, il aurait bien été obligé d’éclaircir, de dégager, d’élargir, non pas ses points de vue, mais les avenues qui y mènent.
Le président dit un : « Passez au banc », qui fit une certaine impression dans le public. […] Et il y avait des relations non encore brisées entre Rouland et les Passy, qui parlaient chaudement en notre faveur, et le samedi 19 février, le président de la 6e chambre donnait lecture, à la fin de l’audience, du jugement dont voici le texte : « En ce qui touche l’article signé Edmond et Jules de Goncourt, dans le numéro du journal Paris, du 11 décembre 1852 ; « Attendu que si les passages incriminés de l’article présentent à l’esprit des lecteurs des images évidemment licencieuses et dès lors blâmables, il résulte cependant de l’ensemble de l’article que les auteurs de la publication dont il s’agit n’ont pas eu l’intention d’outrager la morale publique et les bonnes mœurs ; « Par ces motifs : « Renvoie Alphonse Karr, Edmond et Jules de Goncourt et Lebarbier (le gérant du journal) des fins de la plainte, sans dépens. » Nous étions acquittés, mais blâmés.
Le jour venu, les applaudissements, la popularité, les annonces des journaux, l’affluence du public, l’intérêt de parti, le sentiment de la gloire, le transportaient jusqu’au génie. […] Cousin, emporté par l’assaut intérieur de la verve et par la surabondance de la vie animale, causait, s’ouvrait, s’épanchait, dissertait, plaidait avec les gestes et l’appareil oratoire, dans un jardin public, dans son cabinet, n’importe où, devant n’importe qui, jusque devant ce pauvre petit personnage qu’on appelait son secrétaire, M.
Presque tous sont des gens austères, et quelques-uns, sceptiques déterminés, sont des modèles de vertu ; la méditation amortit les sens, et les vues générales impriment dans l’âme la préoccupation du bien public. […] Il me demanda en souriant ce que je faisais dans cette galère : révéler au public que M.
Et il est bien vrai que l’Écriture est ce qui aurait le moins persuadé le public auquel il s’adressait. En somme, le Génie du christianisme était parfaitement adapté à son public. […] Mais il était gêné par son rôle public. […] qu’il eût été plus heureux pour M. de Chénier de n’avoir point participé à ces calamités publiques qui retombèrent enfin sur sa tête ! […] Prévoir certains fléaux, les prévoir en public, de ce ton sarcastique, amer et dégagé, équivaut à les préparer.
L’auteur de Werther et d’Iphigénie a-t-il ici voulu se moquer de lui-même ou de son public ? […] Il contribua, pour sa bonne part, à troubler ce qu’on appelle aujourd’hui la « paix publique », mot qui, sous l’empereur Maximilien, n’avait guère de sens. […] On ne trouverait pour soutenir son assertion qu’une nouvelle phrase de Merck dans une autre lettre à sa femme (14 février) : « Il [Goethe] se détache de tous ses amis et n’existe que dans les compositions qu’il prépare pour le public. […] Hermann Grimm, faites à l’Université de Berlin devant un public considérable et répandues ensuite à plusieurs éditions, sont fort admirées : on est donc fondé à croire qu’elles représentent une partie au moins de l’opinion courante. […] Est-ce que l’auteur de Werther et d’Iphigénie a voulu se moquer ici de son public ou de lui-même ?
Mais que Mgr le public est donc heureux, pensais-je, et que c’est un grand personnage !
Par une succession d’essais incomplets, non suivis, toujours interrompus, il irrita la fièvre publique et ne fit que la redoubler pendant quatorze ans.
Ses dernières années se passèrent dans l’étude, au sein de l’Académie des inscriptions dont il était membre assidu, ou au milieu d’une magnifique bibliothèque, qui, enrichie encore par son fils et depuis acquise au public, est devenue celle de l’Arsenal.
Du reste, il annonce des Mémoires inédits de Dumouriez sur cette même époque ; espérons qu’il en fera jouir prochainement le public, et qu’il sacrifiera au culte de l’amitié des considérations, par trop scrupuleuses.
C’est une danse, non plus de harem, mais de place publique.
Il faut dire pour l’excuse du public (et ce point est tout à fait digne de remarque) que ces nouvelles ne nous ont guère été données, d’abord, que par des publicistes de tempérament violent et enclins à l’exagération, et que la plupart des journaux qui passent pour « sérieux » et « modérés » ont commencé par garder sur ces affaires un silence tenace.
Il est bon de montrer au public le néant de ses théories dramatiques et de mettre sa conscience en repos.
Si je n’ai pas insisté davantage sur ce point, c’est que, à vrai dire, mes opinions à cet égard sont assez connues pour que je n’eusse pas à y revenir devant un public au courant de mes travaux.
L’auteur l’offre au public sans rien se dissimuler de sa profonde insuffisance.
L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.
Depuis cette aventure humiliante, il ne donna plus de leçons en public.
Le théatre est, pour ainsi dire, un livre destiné à être lû en public, et les bienséances doivent être observées, tous les égards doivent être gardez dans les pieces qu’on y répresente, avec encore plus de severité que dans l’histoire la plus grave.
On a rendu en cela un grand service au public, car on ne lit pas deux fois L’Arioste de suite, et en passant du premier chant au second, et de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant independamment de l’ordre des livres les differentes histoires qu’il a plûtôt incorporées qu’unies ensemble.
Et il me semble intéressant de mettre, dans ce moment, sous les yeux du public, une page puissante et inédite, où le grand écrivain examine quelle est, en France, la condition des sociétés autres que l’État et marque la qualité morbide d’un tel régime.
Zangwill Le cahier que l’on va lire nous a été apporté tel que par le traducteur, mademoiselle Mathilde Salomon, directrice du Collège Sévigné, 10, rue de Condé, Paris sixième ; le nom du traducteur et sa qualité recommandaient amplement le cahier ; le nom de l’auteur n’est point connu encore du public français ; il m’était totalement inconnu. […] « Car le génie n’est rien qu’une puissance développée, et nulle puissance ne peut se développer tout entière, sinon dans le pays où elle se rencontre naturellement et chez tous, où l’éducation la nourrit, où l’exemple la fortifie, où le caractère la soutient, où le public la provoque. […] Par cette correspondance Entre l’œuvre, le pays et le siècle, un grand artiste est un homme public. […] Sans doute un philosophe comme Hobbes ou Descartes, un érudit comme Henri Etienne, un savant comme Cuvier ou Newton résument à leur façon le large domaine qu’ils se sont choisi ; mais ils n’ont que des facultés restreintes ; d’ailleurs ils sont spéciaux, et ce champ où ils se retirent ne touche que par un coin la promenade publique où circulent tous les esprits. […] Imprimons-les même, puisque celui qui s’est livré au public lui doit tous les côtés de sa pensée.
Je sais que le public des vieux comme des jeunes prud’hommes exige les « préparations » ; j’ai souffert moi-même de cette exigence, et j’ajoute que si M. […] Non en public, parbleu, pas à haute voix, mais au fond, dans les aveux, qu’on se chuchote dans la cave de sa conscience. […] Malgré ses grands défauts, cette œuvre méritait mieux que le sort que lui fit le public, un peu étonné des audaces qu’il y trouvait. […] Thaïs n’est certainement pas un livre écrit pour ce qu’on appelle « le gros public », mais les lettrés en commenceront le succès et les autres les suivront. […] Mon entier dévouement aux grands intérêts publics dont je reçus charge ne fait doute pour personne.
Je la définirais volontiers un Jules Claretie moins veinard et livré par le hasard à un public censé inférieur. […] Tout en amusant nos enfants, elles préparent un public aux futurs vaudevillistes. […] Le mariage est un dénouement heureux pour divers publics. […] Parce que son public exige qu’elle rie de leur noblesse ou de leur fantaisie, elle a l’air de s’amuser seulement. […] Les injures, publiques ou privées, signées ou anonymes, que souleva ma critique franche me furent autant de joies.
. — Dans une des dernières séances publiques de l’Académie des Inscriptions, M.
Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie.
L’état d’âme que certains spectacles publics, une revue militaire, les funérailles d’un grand citoyen, propagent dans toute une multitude, cet état singulier, merveilleux, ou l’on se sent épris tous ensemble de quelque chose de supérieur à l’intérêt immédiat de chacun, tâchons de le ressusciter en nous jusque dans l’humble cours de nos occupations journalières, pour les spiritualiser.
Il ne faut point faire fi de ces triomphes-là, et encore moins, je crois, de ceux des réunions publiques.
L’homme de talent est propre, bien rasé, charmant, accessible à tous ; il prend chaque jour la mesure du public et lui fait des habits à sa taille ; tandis que le poète forge de gigantesques armures que les Titans seuls peuvent revêtir.
C’est que chez les Romains, les femmes ne vivaient pas en société avec les hommes ; que les dames romaines vivaient retirées ; que recevoir des hommes chez soi, c’était le honteux privilège des courtisanes et des femmes publiques.
L’Espion et le Bourreau ont toujours passé pour des êtres nécessaires à l’ordre social ; ils n’en sont pas moins mis au ban des hommes, excommuniés de toute relation et de tout accueil ; ces satellites du salut public sont les réprouvés de la société qui s’en sert.
Il n’y avait là ni ces tableaux des troubles des nations, ni ces développements des affaires publiques, qui soutiennent la voix de l’orateur.
Nous ne dirons point non plus comment, dans les calamités publiques, les grands et les petits s’en allaient pieds nus d’église en église, pour tâcher de désarmer la colère de Dieu.
Il faut que le jugement public fasse balle sur la Terre, et ne s’éparpille pas, en décharge de petit plomb, sur les livres sincères de demain.
Plus tard… bientôt… brisée par le spectacle des passions publiques, avertie peut-être aussi par quelque blessure, elle sera en réaction contre elle-même, contre cette expansion extrême de la sensibilité. […] Grimm, dans sa Correspondance34, donne des extraits de ce charmant ouvrage comme il l’appelle, dont il ne fut tiré d’abord qu’une vingtaine d’exemplaires, mais qui, malgré les réserves infinies de la distribution, ne put bientôt échapper à l’honneur d’une édition publique. […] Des deux articles insérés par Ginguené dans la Décade, le premier commence en ces termes : « Aucun ouvrage n’a depuis longtemps occupé le public autant que ce roman ; c’est un genre de succès qu’il n’est pas indifférent d’obtenir, mais qu’on est rarement dispensé d’expier. […] Elle s’était entièrement convertie aux idées politiques anglaises, dans cette Angleterre qui lui semblait le pays par excellence à la fois de la vie de famille et de la liberté publique. […] La publication posthume des Considérations, qui eut lieu en 1818, fut un événement et constitua à Mme de Staël de brillantes et publiques funérailles.
On demanda qu’est-ce que la vertu, et chacun la définissant à sa mode, la dispute changea d’objet, les uns prétendant que la vertu était l’habitude de conformer sa conduite à la loi, les autres que c’était l’habitude de conformer sa conduite à l’utilité publique. Les premiers disaient que la vertu définie l’habitude de conformer ses actions à l’utilité publique était la vertu du législateur ou du souverain, et non celle du sujet, du citoyen, du peuple ; car qui est-ce qui a des idées exactes de l’utilité publique ? […] D’ailleurs si chacun s’institue juge compétent de la conformité de la loi avec l’utilité publique, l’effrénée liberté d’examiner, d’observer ou de fouler aux pieds les mauvaises lois, conduira bientôt à l’examen, au mépris et à l’infraction des bonnes. […] Nos philosophes auraient été d’accord sur leur définition de la vertu, si la loi était toujours l’organe de l’utilité publique ; mais il s’en manquait beaucoup que cela fût, et il était dur d’assujettir des hommes sensés, par le respect pour une mauvaise loi, mais bien évidemment mauvaise, à l’autoriser de leur exemple, et à se souiller d’actions contre lesquelles leur âme et leur conscience se révoltaient.
Il y a une historiette, entre autres, celle du curé de Saint-Babel, qui avait surtout choqué : « On l’accusait dans le monde, dit Fléchier en parlant de ce curé condamné à mort pour ses méfaits, d’avoir instruit ses paroissiennes d’une manière toute nouvelle ; de leur avoir inspiré quelque autre amour que celui de Dieu, et de leur avoir fait des exhortations particulières, bien différentes des prônes qu’il leur faisait en public. » Et continuant sur le même ton, il raconte comment ce curé, un jour qu’il était appelé près d’une mourante pour les derniers sacrements, avait négligé la maîtresse pour la servante : « Il ne se soucia plus du salut de sa maîtresse, dans le dessein qu’il eut contre l’honneur de la servante… Au lieu d’écouter la confession de l’une, il faisait sa déclaration à l’autre ; et bien loin d’exhorter la malade à bien mourir, il sollicitait celle qui se portait bien à mal vivre ; et la prenant par la main et par le menton : — Quelle peine ! […] Cependant, après avoir vaqué au charme et à l’amusement de ce qui l’entourait, Fléchier devait songer à ce qu’on pourrait montrer au public : il fit donc une pièce de vers latins, In conventus juridicos Arvernis habitos carmen, où il célébrait tout le monde, et, par-dessus tout, le roi, qui faisait revivre pour l’Auvergne, en proie jusqu’alors aux violences et aux crimes, un âge meilleur et le règne d’Astrée, Cette pièce officielle, qui fut imprimée à Clermont (1665), ressemble aussi peu à la relations des Grands Jours qu’une oraison funèbre ressemble à la vie réelle de l’homme. […] Ce fut à la séance de sa réception qu’on vit l’Académie pour la première fois convier le public et le beau monde et se parer comme pour une fête ; il séyait bien à la parole de Fléchier d’inaugurer ce genre de solennités.
Le public lui-même a perdu en M. […] Il réussit bien mieux qu’aucun article du Moniteur n’a jamais fait, il laissa son public tout enflammé et résolu à mourir. […] Dans les derniers temps de son enseignement, Charles Labitte avait fini par triompher d’une certaine timidité qui lui restait en présence du public, et le succès, de plus en plus sensible, qu’il recueillait autour de lui, l’excitait dans cette voie où le conviaient d’ailleurs tant de sérieux attraits.
Le courant public y portait. […] Cette volubilité d’esprit, de mouvements, de langage, en fait un bouffon public et un farceur de bas étage. […] Ainsi préparé au beau style, il écrit en homme du monde, avec la correction et l’art d’un académicien ; il présente ses bêtes au public sans descendre à leur niveau ; il reste digne, il garde en tout le ton convenable ; il orne la science ; il veut qu’elle puisse entrer dans les salons ; il l’y amène en la couvrant de décorations oratoires.
. — Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] Tout le système des passions humaines, toutes les chances de la paix et de la sécurité publiques, toutes les sources du travail et de l’action dérivent de là. […] Si le sentiment d’obéissance a pour racine l’instinct de la discipline, la sociabilité et l’honneur, vous trouverez comme en France la parfaite organisation militaire, la belle hiérarchie administrative, le manque d’esprit public avec les saccades du patriotisme, la prompte docilité du sujet avec les impatiences du révolutionnaire, les courbettes du courtisan avec les résistances du galant homme, l’agrément délicat de la conversation et du monde avec les tracasseries du foyer et de la famille, l’égalité des époux et l’imperfection du mariage sous la contrainte nécessaire de la loi.
Le public qui ne sait pas se partager entre deux plaisirs, n’aide guère le poète à trouver cette mesure. […] « Une des premières règles, dit Voltaire, est de peindre les héros connus tels qu’ils sont ou plutôt tels que le public les imagine47. » C’est en vertu de cette règle que nous refusons de reconnaître Mahomet, Cicéron, César, aux portraits défigurés que Voltaire en a tracés. […] Je n’ai rien retrouvé en moi de ce qui m’avait fait goûter ce vernis de politique révolutionnaire, d’antiquité romaine fraîchement apprise, répandu sur une pièce que Chénier, appelé à un poste dans l’instruction publique, écrivit, dit-on, pour faire preuve de latinité.
Sans doute dans l’ancienne Grèce la gloire avait plus d’appareil, et les talens plus d’éclat ; le citoyen qui ne voyait au dessus de lui que les lois, et qui pouvait porter son suffrage à la place publique, était libre de n’accorder d’hommages qu’au mérite qui les arrache, et alors l’admiration était toujours près de l’enthousiasme. […] Cette espèce d’illustration est aussi d’un prix réel quand elle est avouée par les suffrages publics ; et la considération sociale qu’elle répand sur les écrivains et les artistes émane de la même source que les honneurs accordés aux services rendus à l’état dans les places et les professions les plus éminentes. […] L’académie française, qui honore les talens littéraires en les recevant dans son sein, a trouvé un moyen heureux et noble d’honorer aussi les talens d’un autre ordre, en leur décernant des éloges publics au nom de la postérité.
Taine, dans son livre, fait la monographie de l’Ancien Régime et les symptômes de sa dernière heure, il s’adresse à tous, — à ce public qui ne sait pas l’Histoire et auquel il faudrait l’apprendre, — et ce penseur indépendant, qui s’inquiète dans sa préface de la légitimité du suffrage universel, le reconnaît d’avance par sa méthode, et pose, dans l’ordre de l’esprit, comme le suffrage universel dans l’ordre de la politique, le principe révolutionnaire de l’égalité. […] Taine en sa Conspiration jacobine, dans les assemblées qui constituent directement ou indirectement tous les pouvoirs publics, et qui, pour exprimer la volonté générale, auraient dû être pleines, il manquait « SIX MILLIONS trois cent mille électeurs sur SEPT MILLIONS ! […] Sous le prétexte du patriotisme, il dissolvait tous les pouvoirs publics.
Après la journée des Barricades, la fuite de Henri III de Paris et sa retraite en Touraine, Rosny est employé, je l’ai dit, à une négociation pour rapprocher les deux rois : il y réussit ; mais une maladie qui le retient quelques jours lui ôte l’honneur public de cette œuvre, déjà achevée ou du moins très avancée. […] Ces risées mêmes du roi nous montrent d’ailleurs que la moralité des agents publics était alors chose bien neuve, et que le contraire égayait et ne scandalisait pas.
On a remarqué que le père de Bourdaloue, homme d’une exacte probité, avait lui-même « une grâce singulière à parler en public ». […] Après avoir prêché avec éclat dans diverses villes de province, et y avoir achevé son apprentissage de la parole publique, Bourdaloue revint à Paris en 1669, et y parut dans l’église de la maison professe des Jésuites, où la foule venait l’entendre : il y débuta en orateur consommé.
Autre grief : l’ignorance étant extrême dans le pays, Besenval eut la pensée d’établir une bibliothèque publique où il commença par placer quatre mille volumes. […] mais dans un politique et un ministre qui a charge d’intérêts généraux et qui devrait avoir à cœur la grandeur ou le bien de la chose publique, il y a là un vice radical de caractère et qui ruine les autres qualités : il rit de tout.
Il ne parut tout à fait à son avantage aux yeux de tous qu’après la campagne de 1667 ; sa politesse auparavant était parfaite, mais toute cérémonieuse et en révérences : ce ne fut qu’à partir de ce moment que sa langue se délia en public et avec les dames, et qu’il entama et soutint la conversation d’une manière aisée, comme un autre homme : la remarque est d’un bon juge et bien délicat, Mmede Longueville. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.
Je suis obligé d’en sortir, et le public, dès qu’on lui a nommé Montaigne, nous appelle sur un terrain plus étendu. […] Voir le Journal général de l’Instruction publique du 8 mai 1861.
Sa complexion est flegmatique et naturellement mélancolique… » Voilà une esquisse qui n’est pas à faire pitié, ce semble, et qui peut se voir encore après le portrait du Titien, Il fallut à Charles-Quint du temps, même après sa renonciation publique, pour se décharger de tous ses titres et de toutes ses couronnes, pour « se dénuer de tout », selon son expression sincère. […] Brantôme, dont les paroles d’ailleurs ne sont pas l’Évangile, a dit d’après la rumeur publique que « bien souvent l’empereur se fouettait d’un fouet de pénitent ».
Puis je me suis mis à songer, non sans tristesse, à ce qu’il a fallu d’efforts, de bégayements, pour amener et rendre possible sur notre scène cette reproduction à peu près fidèle ; je repassais dans mon esprit et ces anciens combats et ces discussions si animées, si ferventes, dont rien ne peut rendre l’idée aujourd’hui ; ces-études graduelles qui faisaient l’éducation de la jeunesse lettrée, et par où l’on se flattait de marcher bientôt à une pleine et originale conquête ; je me redisais les noms de ces anciens critiques si méritants, si modestes et presque oubliés, de ces précepteurs du public qui, tandis que les brillants Villemain plaidaient de leur côté dans leur chaire, eux, expliquaient dans leurs articles et serraient de près leur auteur, le commentaient, pied à pied avec détail ; les Desclozeaux, les Magnin nous parlant dans le Globe, dès 1826 ou 1828, de ces pièces admirables dont bientôt nous pûmes juger nous-mêmes sous l’impression du jeu de Kean, de Macready, de miss Smithson, et nous en parlant si bien, dans une note si juste, si précise à la fois et si sentie. […] La voix du public le désigne et le nomme.
Je sors de ce volume avec l’idée très-rafraîchie et très-présente de tout ce qui occupait en ces moments l’attention du public et de ce qui hantait l’imagination d’Horace Vernet. […] La Correspondance, dont nous devons communication à la confiance de sa famille, va nous montrer Horace Vernet le plus consciencieux des artistes, étudiant sans cesse et voulant voir de près tout ce qu’il avait à rendre, ne s’épargnant pour cela aucun voyage, aucune fatigue ; esclave de son art ; sachant supporter, après le tumulte de la vogue et les caresses de la popularité, les injures de la critique et, ce qui est plus difficile, les premiers signes de la froideur publique et de l’isolement ; donnant aux siens, plus jeunes que lui, des conseils d’un bon sens droit et mâle.
Rien n’était si flatteur qu’un si prompt succès, et il me paraissait qu’il n’y avait point de présomption à en espérer un plus grand, quand je considérais que, sans avoir ni cabale pour m’annoncer ni famille qui s’intéressât à me ménager des auditeurs, ni parti pour m’en attirer, j’avais été assez heureux pour me faire distinguer parmi tant de prédicateurs qu’il y avait alors dans le Clergé séculier et dans les Ordres religieux. » Quand je l’ai appelé un rhétoricien, on voit quel correctif il convient d’apporter à ce mot en parlant de lui : c’est devant le public, c’est dans l’action extérieure qu’il est rhéteur ou avocat ; mais, hors de là et dans le particulier, il ne se drape nullement, et il nous livre avec une sorte de naïveté, sans en faire mystère, ses raisons d’agir et ses mobiles. […] Il y remet à leur vrai rang le Père de La Rue, le Père Gaillard, un peu surfaits alors ; il laisse le Père Bourdaloue à la première place où l’estime publique l’avait d’abord porté, quoiqu’il prétende n’avoir pas eu à se louer personnellement de lui ; voici ce qu’il en dit : « Peut-être n’y a-t-il pas eu de prédicateur plus suivi que le Père Bourdaloue, — j’ajoute, ni qui ait plus mérité de l’être.
Son nom, dans tous les actes, précède toujours celui de ses associés ; en même temps qu’il est le plus brave au jeu, à ce que nous appellerions le feu de la rampe et devant le public, il prend vis-à-vis des siens, dans l’affaire commune, la grosse part de la responsabilité ; il souscrit pour tous des obligations, il s’engage, et finalement, les recettes étant insuffisantes, les fournisseurs n’étant pas payés, les obligations n’étant pas remboursées au terme préfix, Molière se voit un jour appréhendé au corps et mis en prison au Grand-Châtelet. […] C’est, à mon sens, comme un bienfait public que de faire aimer Molière à plus de gens.
La fondation de l’Académie française par Richelieu (1635) ne fut que la reconnaissance publique et, pour ainsi dire, la promulgation officielle de ce besoin des esprits qui réclamait plus ou moins son organe et son Conseil supérieur de perfectionnement en fait d’élocution. […] Tandis que Corneille redouble et produit sur la scène cette série de chefs-d’œuvre grandioses et trop inégaux, l’éducation des esprits se poursuit concurremment et se continue de moins haut par les romans des Gomberville, des Scudéry, par les traductions de d’Ablancourt, par les lettres des successeurs et des émules de Balzac et de Voiture, par les écrits théologiques d’Arnauld et de Messieurs de Port-Royal : — autant d’instituteurs du goût public, chacun dans sa ligne et à son moment.
Il faut voir comme l’orateur, après avoir exalté toutes les vertus de la mère, y célèbre dans le jeune prince — « Le rayon divin qui brille avec tant d’éclat sur son visage et dans toute sa personne ; cet air noble, fin et délicat, cette vivacité ingénieuse qui n’a rien de rude, de léger ni d’emporté ; cette physionomie haute, sérieuse et rassise qu’on lui voit prendre dans les fonctions publiques, et qui donne un nouveau lustre aux grâces naïves de son âge ; enfin l’agrément inexprimable que le Ciel a répandu dans toutes ses actions, qui le rend le centre des cœurs aussi bien que des yeux dans les assemblées et dans les cérémonies, qui le distingue beaucoup plus que le rang qu’il y tient, et dans lequel on entrevoit toujours pour dernier charme un fond de bonté, de droiture, de discernement et de raison qui se découvre tous les jours de plus en plus dans tous ses sentiments et toutes ses inclinations. […] Victor-Amédée reçoit l’outrage et dissimule en public : il se met aussitôt à licencier en effet une partie de son armée.
Si estimé pour sa prose, soit dans ses nouvelles, soit dans son incomparable roman, Cervantes, moins goûté du public pour ses vers, eut toujours un faible pour la poésie pure : c’est ainsi que le grand comique Molière avait, on le sait, un penchant tout particulier et assez malheureux pour le genre noble et romanesque. […] on ne le nourrit pas aux frais du trésor public !
S’il était l’homme des nobles intimités, il n’avait rien du personnage public ; il a dit quelque part en s’appliquant un mot de Sénèque sur les hommes d’une extrême timidité : « Tam umbratiles sunt, ut putent in turbido esse quidquid in luce est. […] Certains hommes, ajoute-t-il, comme certains tableaux, sont plus faits pour garder un coin que pour se montrer dans un plein jour. » Il se comptait lui-même de ce nombre ; charmant dans la conversation privée, pas plus que Nicole ou que M. de La Rochefoucauld il n’aurait pu aborder le discours public.
Non moins habilement, Perrault choisit la forme du dialogue : c’est la plus commode, quand il faut plaire à un public léger ; elle a de plus cet avantage, qu’elle permet à l’auteur aussi d’être léger et superficiel, et que le décousu, le paradoxe, l’affirmation téméraire et sans preuves, tout ce qui invaliderait une exposition dogmatique, se tourne ici facilement en grâces. […] Ce qui intéressait le public contemporain, et ce qui nous intéresse encore aujourd’hui le plus dans les Parallèles, c’est de voir la façon dont Perrault s’y prend pour établir qu’en matière de belles-lettres comme en tout, les anciens étaient des enfants, tandis que les modernes représentent la maturité de l’esprit humain ; et que là aussi il suffit de venir le dernier pour être le plus grand.
. ; Hetzel et Cie, in-16 (en cours de public, depuis 1889). Ed. nationale illustrée, pet. in-4 (en cours de public, depuis 1886).
Là, les individus sont plus effacés, évitent de se mettre en évidence : ils agissent sur les âmes par la direction privée plus que par la prédication publique ; ils trouvent leur plaisir dans le sentiment de l’immense force collective dont ils participent, à laquelle ils contribuent par leur obéissance même, plutôt que dans le libre gouvernement de leurs facultés en vue de l’intérêt divin. […] Car ils lui empruntaient sa fragile apologétique sans le grand souffle qui la soutenait (en l’air), ses bizarreries de style sans sa prestigieuse imagination, toute sa manière enfin sans s’apercevoir qu’ils n’avaient ni ses dons originaux ni surtout son public.
Le bon Sandoz se grise de grands mots (positivistes, évolutionnistes), comme un illettré dans une réunion publique. […] Grandsire se mit en rapport avec le directeur de l’assistance publique, etc… Il y eut enquête, etc… » Dans un conte bleu !
Mais bientôt se ravisant, et averti par la voix publique, il prétendit avoir vu en songe Ferdousi au ciel, revêtu d’une robe verte et portant au front une couronne d’émeraudes, et il se crut autorisé à lui payer le tribut qu’on accorde aux fidèles. […] On porta les présents du sultan chez la fille de Ferdousi, qui, d’un cœur digne de son père, les refusa en disant : « J’ai ce qui suffit à mes besoins, et ne désire point ces richesses. » Mais le poète avait une sœur qui se rappela le désir que celui-ci avait nourri dès l’enfance de bâtir un jour, en pierre, la digue de la rivière de Thous, pour laisser dans un bienfait public le souvenir de sa vie.
Rulhière, sous une enveloppe un peu épaisse et un peu forte, était un homme fin, adroit, circonspect et mesuré, néanmoins beaucoup plus homme de lettres au fond qu’il ne voulait le paraître, cherchant partout autour de lui des sujets d’épigrammes, de comédie, d’histoire, et s’y appliquant ensuite sous main, à loisir, avec lenteur, sans s’exposer au public, en se bornant à captiver la société de son temps, et en se ménageant une perspective lointaine vers la postérité. […] Il leur prête des discours qui rappellent avec talent ceux des anciens dans les assemblées publiques, mais j’aimerais mieux quelques-uns de ces mots vrais et qui transportent dans la réalité.
26 juillet En rentrant ce soir, je trouve une lettre qui porte le cachet du ministère de l’Instruction Publique et des Cultes. […] Je l’ouvre et je lis que, sur la proposition de mon cher confrère Charles Blanc, le ministre de l’Instruction Publique vient d’acquérir, au compte de la direction des beaux-arts, 125 exemplaires, au prix de 8 francs l’un, de Gavarni, l’homme et l’œuvre.
C’est la conscience publique qui nous lie. […] C’est à quoi servent les fêtes, les cérémonies publiques, ou religieuses, ou laïques, les prédications de toute sorte, celles de l’Église ou celles de l’école, les représentations dramatiques, les manifestations artistiques, en un mot tout ce qui peut rapprocher les hommes et les faire communier dans une même vie intellectuelle et morale.
L’autobiographie est haïssable quand elle est un prétexte : Pour la vanité — à faire la roue en public ; Pour le cynisme — à se poser devant la foule, avec le cortège crotté de ses turpitudes ; Pour la malveillance. — à affubler d’anciens amis de rôles odieux ou ridicules. […] Que le public s’approche maintenant, le tour est fait : Roméo et Juliette sont devenus les Amoureux de Sainte-Périne.
Il a planté là insoucieusement l’opinion publique, les goûts publics, les femmes qui deviennent de plus en plus des choses publiques, et il s’est plongé, d’un magnifique élan, dans l’innocence, la pureté, tous les azurs, tous les éthers, toutes les modesties, toutes les naïvetés des cœurs simples, toutes les célestes gaucheries, comme Léandre se jetait dans l’Hellespont pour aller retrouver sa pauvre Héro sur le rivage solitaire !
Le livre de Saint-Bonnet, que j’oserais critiquer dans l’architecture de sa composition s’il n’était pas bien moins un livre écrit pour le public que les Élévations solitaires d’un admirable penseur devant Dieu, ce livre de près de six cents pages étincelle de beautés de toute espèce, de rencontres heureuses, de détails charmants et de traits de génie, qui, comme des éclairs, vous entrouvrent un monde, où il n’y avait qu’un horizon ! […] … Et c’est là encore, pour le dire en passant, une raison à ajouter aux autres pour que ce traité de « la Douleur », qui ne s’arrête pas à la bagatelle des larmes et qui, comme Julien l’Apostat, ne jette pas non plus du sang de sa blessure contre le ciel, ait partagé le triste sort de tous les écrits de Saint-Bonnet, qui échappent à leur époque par leur élévation même et ne se courbent pas au niveau de cette masse qu’on appelle le public… « Il faut que tout se paye toujours !
Un homme qui avait autant de respect que moi pour le bon et grand homme dont la vertu toucha à la sainteté, Louis Veuillot, à propos des Fragments signalés dernièrement à l’attention publique, a parlé du noble courroux de l’auteur de ces fragments contre les incrédules et les révolutionnaires. […] L’éditeur avait bien choisi son moment, le moment historique, pour remettre sous les yeux d’un public, devenu la postérité, le grand nom intellectuel de Joseph de Maistre, l’inoubliable nom de l’homme qui n’a pas fait seulement le livre du Pape, mais qui — autant, du moins, que l’influence des hommes peut faire quelque chose en ces décisions surnaturelles de l’Esprit-Saint, — pourrait bien avoir fait aussi le Concile du Vatican.
Toujours vieille fille romanesque, l’imagination publique s’était monté la tête, et c’était bien la peine, la pauvre diablesse ! […] Aujourd’hui, en diminuant Jésus-Christ de sa divinité (et l’insolence de la chose, qui est publique, nous oblige à parler cette langue insolente !)
C’est le public aussi, comme M. […] Je sais bien que dans le cas particulier de l’auteur des Névroses et de l’auteur des Blasphèmes, la Critique avait une espèce de mauvaise raison pour les accuser ou les soupçonner d’histrionisme dans leurs vers, et c’était, pour tous les deux, l’exhibition de leurs personnes, l’un dans les salons de Paris, et l’autre, résolument acteur, sur un théâtre, devant le public des théâtres.
— Je crois, avec tout le public, qu’il a pensé. […] Il y a des gens qui fabriquent une philosophie pour gagner une place ou de la gloire ; mettez de côté ces flatteurs du gouvernement ou du public : M. de Biran n’en était pas.
Villemain lui-même aurait été ministre de l’Instruction publique.
La révolution récente l’a bien prouvé ; l’indignation publique s’est bornée, dans les moments de plus vive effervescence, à quelques représailles plus politiques que religieuses ; le prêtre dans son ministère a été respecté ; il a même été appelé sur le champ de carnage pour bénir les morts : seulement les mots de religion dominante ont disparu du code fondamental.
Ici, rien de moins menaçant pour le gros du public que ce coin de monde de Dampré, de la duchesse et du commandeur : n’étant ni plus menaçant ni plus amusant qu’il ne l’est, il n’y avait nulle urgence de s’en occuper.
Ses funérailles ont été un spectacle auguste et un deuil public ; elles resteront un souvenir national.
Si la vengeance n’est pas proscrite par l’esprit public dans une nation où chaque individu existe de toute sa force personnelle, où le despotisme ne comprimant point la masse, chaque homme a une valeur et une puissance particulière, les individus finiront par haïr tous les individus, et le lien de parti se rompant à mesure qu’un nouveau mouvement crée de nouvelles divisions, il n’y aura point d’homme qui n’ait, après un certain temps, des motifs pour détester successivement tout ce qu’il a connu dans sa vie.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative.
Mais, tandis qu’elles me félicitaient tout bas, j’étais accusé tout haut d’injustice et d’irrévérence, et j’ai vu que plusieurs de mes confrères persistaient à revendiquer pour Victor Hugo « l’immortalité hors classe », une immortalité d’un caractère officiel, sanctionnée par les pouvoirs publics.
Cela est peut-être une découverte, et qui valait la peine d’être livrée au public.
Il a compris que l’office et le bienfait de la littérature consistent surtout à ouvrir au public des trésors cachés et à faire entrer dans le domaine de tous ce qui était auparavant l’exclusive propriété de quelques spécialistes volontiers jaloux.
C’est dans ce recueil que se trouve le fameux Vase brisé, qui a dû faire le malheur de Sully Prudhomme, tant cette très jolie bluette fut, dès le principe, exaltée par un public imbécile, au détriment de tant de beautés infiniment plus remarquables.
. *** », se préféraient clients d’un généreux dilettante que pourvoyeurs d’un public médiocre.
que signifie ce livre inutile de pure poésie, jeté au milieu des préoccupations graves du public et au seuil d’une session ?
Son courage à parler en public, & sa poltronnerie dans les combats, y contrastent plaisamment.
Un livre de cette nature ne devient tout ce qu’il peut être qu’à force de longueur de temps ; — et surtout qu’avec l’indulgence, et avec la collaboration du public.
On aurait été indigné, à Port-Royal des plaisanteries et des blasphèmes de Ferney ; on y détestait les ouvrages faits à la hâte ; on y travaillait avec loyauté, et l’on n’eût pas voulu, pour tout au monde, tromper le public en lui donnant un poème qui n’eût pas coûté au moins douze bonnes années de labeur.
Tout bien considéré, la vie étant l’objet le plus précieux, le sacrifice le plus difficile, je l’ai prise pour la mesure la plus forte de l’intérêt de l’homme ; et je me suis dit : Si le fantôme exagéré de l’ignominie, si la valeur outrée de la considération publique ne donnent pas le courage de l’organisation, ils le remplacent par le courage du devoir, de l’honneur, de la raison.
Le public ne pardonne gueres de pareilles fautes, quand il les connoît, et jamais il ne les excuse si pleinement qu’il n’en estime un peu moins l’ouvrage.
On voit par les satyres de Juvenal, qu’il se formoit à Rome des assemblées nombreuses pour entendre réciter les poëmes que leurs auteurs vouloient donner au public.
Le métier qu’a fait Boileau ne se justifie que quand il s’agit d’un mauvais auteur qui jouit de la faveur générale, et par conséquent d’une funeste erreur publique à rectifier ; mais attaquer Pinchène et Bonnecorse, c’est s’accuser soi-même ; car c’est avouer qu’on les a lus, et qui vous forçait à les lire si ce n’est le désir d’y trouver matière à des épigrammes ?
Il en est de même de ce que j’avance sur la nécessité d’introduire l’étude des langues de l’Orient dans l’enseignement public ; je me borne à remarquer que je voulais restreindre, et non supprimer l’étude des langues nommées classiques.
Sous la pression de tant de détails, elle prend l’aspect d’une vaste nomenclature, abordable, sans doute, à l’énergique personnalité des gens spéciaux qui cherchent les informations dont ils ont besoin à travers toutes les broussailles, mais elle doit, par son continuel entassement et par sa sécheresse, repousser cette masse flottante de lecteurs qui, en fin de compte, est le véritable public.
Sur la place publique ?
Il est très difficile à la Critique, qui a toujours la main un peu rude, de toucher à ce livre, si peu livre, et qui n’a de livre que le petit arrangement (lequel n’a pas dû infiniment coûter) de ce monsieur Paria Korigan, à qui on feint de s’adresser pour offrir au public cette enfilade de récits, et pour qu’entre eux il y eût un lien dont ils auraient pu très bien se passer.
Je n’entends nullement dire par là que le roman ait détrôné les autres œuvres de l’esprit humain, et leur ait ravi l’attention publique.
Il continuait de travailler, mais ne donnait plus rien au public. […] Il ne se mêle point des affaires publiques et fuit les honneurs, qui lui font peur. […] Lefranc le dit une fois, — et un pseudonyme auquel personne, à la cour et dans le public, ne se trompait. […] Au diable ce public auquel il faut cacher le vrai et le cru de tout ! […] Ils ne nourrissaient pas le public de racines.
Bravement lancé, en plein coup de feu commercial par le quand même littéraire Léon Vanier, bibliopole moderniste, ce livre, déjà (ou jà) fameux, fait balle et trou dans l’esprit public qu’il faut. […] » M. de Montesquieu a parlé, combien compétemment et si bien de la « Sapho chrétienne » mais, s’exprimant devant un public un peu… neuf en ces matières, devait garder la discrétion que de droit absolu et de strict devoir. […] Le livre assez compact que présente Vanier au public n’eût, à mon avis, rien perdu à être plus aéré. […] J’étais donc fort intimidé, quand il me fut donné, à La Haye, de prendre la parole, au milieu d’un assez nombreux public. […] L’Angleterre, si hospitalière aux étrangers, même morts, Westminster Abbey le prouve, n’a pas adopté la coutume de leur élever des statues sur les places publiques.
Non seulement le public s’en détourna, le railla, mais la plupart des lettrés eux-mêmes s’en moquèrent agréablement, ne le prirent pas au sérieux, le combattirent quelquefois, — sans pourtant se rendre compte qu’ils étaient un peu les frères de ces enfants terribles. […] La caisse de l’éditeur ne fournit pas le critérium du jugement public. […] L’argent, la carrière publique se substituaient au blason. […] S’il est une plus grande satisfaction à vivre pour les autres, qu’uniquement pour soi, s’il peut advenir quelque gloire à l’homme public, ne doivent-elles pas se mériter par un travail considérable et jamais arrêté3. […] Et on en vit, non des moindres, prendre la parole dans les réunions publiques — on sait ce que sont les réunions publiques — et contribuer à l’effervescence, à l’extension du socialisme.
C’est le sentiment irraisonné du public, et la plupart des esthéticiens pensent comme lui. […] Et qui vous donne davantage cette impression que « c’est arrivé », comme dit expressivement le gros public ? […] C’est lui qui l’a précipité dans toutes les aventures de sa vie privée et publique. […] Comment mettre en accord son rôle public de chef de sectaires et ses devoirs, sa tendresse surtout d’époux et de père ? […] Quand le public a classé un de ses favoris dans un genre, il ne convient pas aisément que l’artiste, étiqueté ainsi, excelle ailleurs.
Saint-Léger (c’était le nom de l’indiscret) à faire des excuses au public ; ce qu’il fit aussitôt. […] Pour des Français, cela ralentirait le dénouement ; pour des Anglais, cela complète la vérité et satisfait la conscience publique. […] Et, plus on ira, plus ce sera celle de tout le public. […] Il arrive parfois que le poète ou l’artiste met un sentiment vrai dans un genre faux, choisi pour réveiller un public fatigué. […] Les anciens, peu vêtus, vivaient au grand air, sur les places publiques, dans les gymnases, dans les palestres.
Le premier chapitre de l’ouvrage remarquable de Weiss70 nous renseigne à cet égard. « La bourgeoisie protestante des villes, écrit-il, se livra à l’industrie et au commerce, et déploya une activité, une intelligence, et, en même temps, une intégrité qui n’ont peut être jamais été surpassées dans aucun pays… Perdus, pour ainsi dire, au milieu d’un peuple qui les observait avec défiance, sans cesse en but à la calomnie, soumis à des lois sévères qui leur commandaient impérieusement une perpétuelle attention sur eux-mêmes, ils forçaient l’estime publique par l’austérité de leurs mœurs et par leur irréprochable loyauté. » Énergiques et obstinés, robustes et endurants, nos Réformés de France, depuis la paix d’Alais jusqu’aux premières années du règne de Louis XIV, firent preuve de la plus extraordinaire, de la plus féconde activité. […] Il tomba par ce défaut, et quelquefois en public, dans les absurdités les plus grossières. » Si je cite ce trait, c’est pour établir que Louis XIV fut à son insu, une proie offerte aux plus bruyants ou aux plus astucieux, et que sa volonté fut sans cesse à la merci de son entourage, de ses maîtresses et du clergé. […] Quoique gentilhomme catholique, Saint-Simon fut assez large d’esprit et de cœur pour ne pas dissimuler la sympathie profonde que lui inspirèrent ces victimes de la théocratie : « La révocation de l’édit de Nantes, écrit-il, sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits de ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d’innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim ; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre et leur fit bâtir de nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie ; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame, et sous le nerf très effectif du Comité, pour cause unique de religion ; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacrilèges, où tout retentissoit de hurlements de ces infortunées victimes de l’erreur, pendant que tant d’autres sacrifioient leur conscience à leurs biens et à leur repos, et achetoient l’un et l’autre par des abjurations simulées d’où sans intervalle on les traînoit à adorer ce qu’ils ne croyoient point, et à recevoir réellement le divin corps du Saint des saints, tandis qu’ils demeuroient persuadés qu’ils ne mangeaient que du pain, qu’ils devoient encore abhorrer. […] N’est-il pas stupéfiant d’entendre dire à tel de ces critiques « membre du conseil supérieur de l’instruction publique » que « sa gloire si pure doit toujours rester une des religions de la France » ?
Ce qu’on peut dire au point de vue du talent, c’est que tous ces retards, ces contrariétés qui barrèrent si longuement sa carrière, furent utiles à Malherbe : elles l’empêchèrent de se classer décidément comme poète avant l’heure voulue, et de débuter trop en public dans un temps où il aurait encore porté des restes de couleur de l’école poétique finissante. […] Son genre d’esprit et de génie avait besoin d’ailleurs d’un régime fixe, régulier ; l’ordre public rétabli par Henri IV devait naturellement appuyer et précéder cet ordre tout nouveau à établir également dans les lettres et dans les rimes.
Hénault raconte tous ces dessous de cartes en se jouant, et comme un homme qui tient plus à être dans le secret de la coulisse et à manier les ficelles qu’à obtenir le renom public et la gloire. […] Je ne suis pas au bout de ma liste35 : c’en est plus qu’assez, ce me semble, pour prémunir le public, et aussi pour avertir l’éditeur de vouloir bien, après révision, après collation totale de l’imprimé avec le manuscrit, ajouter au plus vite un ample Errata, accompagné de quelques cartons, à un ouvrage qui, dans son état actuel, fourmille d’erreurs, et est certes le moins digne d’un homme comme le président Hénault, qui a consacré la meilleure part de ses loisirs à étudier l’histoire et à en répandre des notions exactes.
Pour mieux l’apprécier, commençons par nous rendre compte de ce que fut dans sa vie publique Merlin de Thionville. […] L’église était resplendissante de dorures et divisée en quatre parties : le sanctuaire, surmonté d’une couronne soutenue par des colonnes de marbre de vingt-cinq à trente pieds de hauteur ; le chœur des chantres, garni de stalles en bois de chêne d’une rare beauté, avec des panneaux incrustés en bois de diverses couleurs, et des tableaux représentant la vie de saint Bruno ; le transept contenant d’un côté l’autel de la Vierge, de l’autre celui de saint Bruno, avec la statue en marbre blanc de ce bienheureux ; la nef, dans laquelle le public était admis une fois l’an, séparée du reste par une haute et magnifique grille, toute chargée de dorures.
J’ai entendu parler d’un homme de grand jugement, nullement lié avec vous, qui soutenait en public dans une compagnie que, si le bruit était fondé, rien ne pourrait donner une plus haute idée des louables et nobles principes de votre ami] (le prince). […] Il faut voir quelles précautions il prend pour sonder une plaie si ouverte et si saignante, et pour en ôter tout ce qui peut l’irriter et l’envenimer : « Les princes, plus que les autres hommes, remarque-t-il, sont nés esclaves des préjugés, et ce tribut leur est imposé comme une sorte de représailles par le public.
On peut, entre autres passages de cette singulière oraison funèbre, citer le suivant, pour montrer à quel point l’opinion était alors défavorable à M. de Harlay, et quelle clameur publique il y avait à surmonter et à combattre lorsqu’on en venait à toucher l’article de ses mœurs : « Quand du côté de la paix et de la vérité, disait l’orateur, il n’aurait rien eu à se reprocher, est-il pour cela entièrement justifié ? […] On ne leur demande point qu’ils soient plus éclairés et plus incorruptibles ; qu’ils soient plus amis de l’ordre et de la discipline, plus fidèles à leurs devoirs, plus zélés pour le bien public, plus graves : on veut seulement qu’ils ne soient point amoureux.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que je m’entendrai bien avec elle comme je m’entends avec Provence. » La Dauphine essaye donc de se faire une petite société gaie et jeune dans ce vaste ennui de Versailles ; elle se montre presque bourgeoise, ou du moins très naturelle dans les premières combinaisons qu’elle met en œuvre : « J’ai imaginé avec les femmes de mes deux beaux-frères de faire table commune, quand nous ne mangeons pas en public ; j’en ai fait la proposition à M. le Dauphin qui a trouvé la chose à son gré, et ainsi nous sommes toujours six à table au dîner et au souper. […] Un doute, un germe de méfiance, je l’avoue, se glissa dans mon esprit ; ce germe mit du temps à se développer, et il fallut que la discussion publique extérieure y aidât.
Il est peu de pages plus honorables au point de vue de la conscience littéraire, de la part surtout d’un écrivain aussi accepté déjà, aussi acclamé du jeune public et en pleine possession de la vogue : « (14 novembre 1833.) […] J’ai voulu m’égayer l’esprit, je ne sais si j’égayerai le public.
Depuis trois années le champ de la poésie est libre d’écoles ; celles qui s’étaient formées plus ou moins naturellement sous la Restauration ayant pris fin, il ne s’en est pas reformé d’autres, et l’on ne voit pas que, dans ces trois ans, le champ soit devenu moins fertile, ni qu’au milieu de tant de distractions puissantes les belles et douces œuvres aient moins sûrement cheminé vers leur public choisi, bien qu’avec moins d’éclat peut-être et de bruit alentour. […] Mais elle dut bientôt s’engager pour Bruxelles, puis pour Rouen, où elle jouait les jeunes premières, elle y était fort goûtée du public.
Il n’y a pas pour eux de public ; ils seront lus de trois, quatre personnes, quelquefois de celui-là seul qui fera la recension de leur ouvrage dans une revue savante 112, ou de celui qui reprendra le même travail, si tant est qu’il prenne le soin de connaître ses devanciers. […] Sans vouloir rien préciser, je concevrais que, dans une organisation sérieuse de la science, on ouvrît ainsi des problèmes publics où chacun vînt apporter son contingent de faits.
Il y a de ces choses extrêmes, de ces raca inexpiables, qu’il ne faut pas plus dire au public, en masse, qu’à un seul homme en particulier. […] Au moment où le public va protester contre une idée trop bizarre, contre une théorie trop aventurée, il entend sa propre objection qui lui revient de la scène, comme par un écho éclatant d’esprit.
Cette correspondance dans laquelle Rousseau n’entra qu’à son corps défendant, et où, du premier au dernier jour, chaque billet lui fut comme arraché, a pourtant cela de remarquable et d’intéressant, qu’elle est suivie, qu’elle forme un tout complet, qu’elle n’était pas destinée au public, qu’elle nous montre Jean-Jacques au naturel depuis le lendemain de La Nouvelle Héloïse jusqu’au moment où sa raison s’altéra irrémédiablement. […] On y peut étudier en même temps le public, et, si je puis dire, les femmes de Rousseau, dans la personne de l’une des plus distinguées et certainement de la plus dévouée d’entre elles.
Villemain dans la séance publique du 8 août, quand il allait mourir le 23. […] Par exemple, en mars 1612, deux ans après la mort de Henri IV, à l’occasion du double mariage annoncé entre les maisons de France et d’Espagne, l’historien nous montre le deuil public faisant place à des fêtes « où allait se réveiller cette passion du luxe, de l’éclat et du plaisir, si longtemps ensevelie sous la triste livrée du regret ».
Diderot ne fut pas moins secourable et profitable aux artistes qu’au public. […] Il nous montre le chemin et l’exemple : être ou n’être pas des académies, mais écrire pour le public, s’adresser à tous, improviser, se hâter sans cesse, aller au réel, au fait, même quand on a le culte de la rêverie ; donner, donner, donner encore, sauf à ne recueillir jamais ; plutôt s’user que se rouiller, c’est sa devise.
C’est seulement à cette date que son talent, jusqu’alors borné au cercle du salon et de la société, put sortir au-dehors et se donner un but, qu’il put véritablement entrer dans le public, et devenir à son moment, et sans se dénaturer, une des armes de la France. […] En veut-on aux mendiants que l’on trouve dans les places publiques, de toutes les ruses qu’ils emploient pour attirer l’attention des passants ?
Il ne faut ces jours-là qu’un prétexte et un accident pour que la société, la morale publique et générale, bravée dans ses principes, dans ses préjugés les plus respectables, se soulève à la fin et se livre à des représailles souvent brutales, mais en partie méritées. […] Il ne fut pas inutile à Ninon, dans ces conjonctures, que le prince de Condé, son ancien amant et son ami toujours, intervînt en personne pour lui donner à la Cour et ailleurs des témoignages publics d’intérêt.
Si je n’attends point qu’ils soient publics, c’est que, selon toute probabilité, ils paraîtront tandis que je serai à la campagne et sans que j’en sois instruit41. […] En écrivant ceci, M. de Talleyrand croyait faire une bonne œuvre ; il faisait une œuvre agréable du moins aux personnes de sa société, mais il mentait, et il mentait sciemment, ce qui est toujours fâcheux quand on veut faire un acte public au nom de la morale.
C’est ainsi que ses poèmes mûrissent pendant des années avant de se produire au grand jour, selon le précepte d’Horace que Jasmin a retrouvé à son usage, et c’est ainsi que ce poète du peuple, écrivant dans un patois populaire et pour des solennités publiques qui rappellent celles du Moyen Âge et de la Grèce, se trouve être en définitive, plus qu’aucun de nos contemporains, de l’école d’Horace que je viens de nommer, de l’école de Théocrite, de celle de Gray et de tous ces charmants génies studieux qui visent dans chaque œuvre à la perfection. […] Marthe était une pauvre fille qui vécut trente ans dans Agen de la charité publique, et que nous autres petits drôles, dit le poète, nous tourmentions sans crainte quand elle sortait pour remplir son petit panier vide. — Pendant trente ans on a vu la pauvre idiote, à notre charité tendre les mains souvent.
Walckenaer, le grand investigateur biographe, eut le plaisir d’en faire part, dans le temps, au public lettré. […] Enfin il y donne un autre mobile encore et qu’il ressentait également, l’utilité du public et du monde : « N’est-ce pas un beau dessein que de travailler à laisser après nous les hommes plus heureux que nous ne l’avons été ?
Germinal est, pour des causes diverses, entre les mains de tout le public et de tous les lettrés. […] Doué d’un tempérament combatif que marquent ses polémiques, ayant opiniâtrement lutté contre la misère, contre l’insuccès, contre le mépris et l’inintelligence publics, possédant la tête massive et les épaules carrées des entêtés, sa volonté tenace, son amour-propre lui ont donné l’instinct et l’adoration de la force.
C’est une justice publique très bien faite, et avec le petit mot pour rire du plus aimable bourreau qui ait jamais coupé le sifflet à quelqu’un. […] De ces deux Mémoires, bourrés de faits et de raisons et qui sont des revendications en faveur des traditions et des coutumes qui faisaient le droit public de France, celui sur les bâtards légitimés est incontestablement le plus beau, et on conçoit que, pour nous surtout qui faisons de la littérature, ce soit le plus beau.
Mais depuis ce temps-là et l’ouverture du nouveau règne, qui n’a pu juger du peu d’influence qu’exercent les questions exclusivement religieuses sur les sentiments publics ? […] Si les Papes avaient décidé que tout prêtre coupable avait bien droit à la miséricorde de l’Église, mais non plus aux fonctions publiques ; que, l’indignité reconnue, il n’était plus bon qu’à faire un moine, Home eût vécu plus longtemps sur le respect des peuples, et l’heure de la Réforme n’aurait pas sonné deux siècles après Innocent.
La littérature dramatique a été prise au dépourvu ; on lui demande presque le contraire de ce qu’on était accoutumé à désirer d’elle depuis longtemps ; on lui demande des émotions vives, profondes et passionnées, mais pures s’il est possible, et, dans tous les cas, salutaires et fortifiantes ; on lui demande, au milieu de toutes les libertés d’inspiration auxquelles le talent a droit et qui lui sont reconnues, de songer à sa propre influence sur les mœurs publiques et sur les âmes, de se souvenir un peu, en un mot, et sans devenir pour cela trop sévère, de tout ce qui est à guérir parmi nous et à réparer.
Cependant, entre tous les miracles oratoires de Bossuet, il n’en est aucun qui surpasse le Panégyrique de saint Paul, prêché par lui en juin 1657 (il avait trente ans) dans l’intérêt de l’Hôpital général, la Salpêtrière, qui venait d’être fondé et qui avait besoin d’être soutenu par la charité publique.
Le ministre de l’instruction publique, à qui toutes les pensées généreuses conviennent si naturellement265, n’a pas négligé celle-ci entre tant d’autres ; il a envoyé en Grèce un savant conseiller de l’Université, M.
Rien n’est plus difficile d’ailleurs que de faire un choix dans des œuvres posthumes ; et, en l’absence de l’auteur, nous ne nous sommes pas cru le droit de substituer notre goût à celui du public, d’élaguer la matière à notre gré.
D’heureux choix récents l’avaient relevée dans l’estime publique et lui avaient rendu quelque vie ; elle devait réparation à M. de Lamartine, et elle le nomma, quoique absent.
Lerminier, qui est à coup sûr la plus éclatante de ces exceptions, et la plus fructueuse en bons et publics résultats.
Une multitude de Mémoires, sortis depuis trente ans des archives publiques ou privées, nous conduisent de salon en salon, comme si nous y étions présentés.
III Maintenant, supposons qu’au lieu de m’appesantir sur ce mot Tuileries et d’évoquer les diverses images qui lui sont attachées, je lise rapidement la phrase que voici : « Il y a beaucoup de jardins publics à Paris, des petits et des grands, les uns étroits comme un salon, les autres larges comme un bois, le Jardin des Plantes, le Luxembourg, le bois de Boulogne, les Tuileries, les Champs-Élysées, les squares, sans compter les nouveaux parcs qu’on arrange, tous fort propres et bien soignés. » Je le demande au lecteur ordinaire qui vient de lire cette énumération avec la vitesse ordinaire : quand ses yeux couraient sur le mot Tuileries, a-t-il aperçu intérieurement comme tout à l’heure quelque, fragment d’image, un pan de ciel bleu entre une colonnade d’arbres, un geste de statue, un vague lointain d’allée, un miroitement d’eau dans un bassin ?
Le public a donc pétri, selon son caprice, cette idole inattendue.
Son goût naturel lui a permis de traverser l’emphase des orateurs populaires et des énergumènes de réunions publiques, sans s’y noyer.
La pensée française, j’entends la pensée officielle — car l’autre, la vraie, continue à sourdre, mais couverte et méconnue — la pensée officielle, dis-je, stagne pour s’adapter au goût du jour et la moralité publique s’en ressent.
L’Angleterre, je le sais, comme autrefois à quelques égards l’ancienne France, suffit à presque tout par des fondations particulières, et je conçois que, dans un pays où les fondations sont si respectées, on puisse se passer d’un ministre de l’Instruction publique.
Intrépides seulement lorsqu’il s’agit de débiter des maximes, ils n’ont pas rougi d’évoquer des Ombres, & de chercher, dans les tombeaux, un asyle contre l’indignation publique & les poursuites de l’Autorité.
En 1896, au cours d’une préface, déjà, violemment, j’écrivais : « L’excès de sensibilité où vont se porter de nouveaux auteurs, les défaillances qu’ils montreront, les larmes, les soupirs, les sanglots dont ils paraîtront tout à fait prodigues, incommoderont fort le public.
Clairville et Dumanoir : — un feuilleton où Janin nous fouettait avec de l’ironie, nous pardonnait avec de l’estime et de la critique sérieuse ; un feuilleton présentant au public notre jeunesse avec un serrement de main et l’excuse bienveillante de ses témérités.
Rien ne le troublerait dans sa profonde et austère contemplation ; ni le passage bruyant des événements publics, car il se les assimilerait et en ferait entrer la signification dans son œuvre ; ni le voisinage accidentel de quelque grande douleur privée, car l’habitude de penser donne la facilité de consoler ; ni même la commotion intérieure de ses propres souffrances personnelles, car à travers ce qui se déchire en nous on entrevoit Dieu, et, quand il aurait pleuré, il méditerait.
Une de ses filles, morte il n’y a pas longtemps à Londres, y mendioit des secours publics.
Chez Homère, les œuvres civiles se font avec fracas et parade : un juge, assis au milieu de la place publique, prononce à haute voix ses sentences ; Nestor, au bord de la mer, fait des sacrifices ou harangue les peuples.
Tertullien parle comme un moderne ; ses motifs d’éloquence sont pris dans le cercle des vérités éternelles, et non dans les raisons de passion et de circonstance employées à la tribune romaine, ou sur la place publique des Athéniens.
Cependant le public enchanté par la poësie du stile de ces ouvrages ne se lasse point de les admirer, et il les place fort au-dessus de plusieurs autres, dont les moeurs sont meilleures, et dont le plan est regulier.
« Il s’agit tout le temps, dit-il, d’orages, de ruines qui croulent, de parvis, de feuilles sèches, que disperse le vent de la mort ; de la colombe qui construit son nid solitaire (pour dire le célibat) ; de volcans à peine fermés (pour dire les passions apaisées) ; du forum, pour dire, comme les avocats, la vie publique ; de l’ange de la destinée, de la lampe de la foi, de la coupe de miel offerte aux lèvres pures (pour dire une vie heureuse, bien qu’on ne mette guère maintenant du miel dans les coupes) ; des anneaux rattachés de la chaîne brisée ; du fait de la richesse, du règne de la vérité qui s’annonce à l’horizon ; du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la fange et de la lave, et enfin du bouclier, pour dire : le sentiment qui défend son cœur !
Je veux surtout insister sur ce point : Léon Bloy — l’écrivain sans public jusqu’ici, et dont quelques amis connaissent seuls la violence éloquente, qu’on retrouvera, du reste, dans la troisième partie de son livre, quand il descendra de la hauteur du commencement de son apologétique, — a pris aux Livres Saints, sur lesquels il s’est couché depuis longtemps de toute la longueur de sa pensée, la placidité de la force et la tempérance de la sagesse.
Les habitants de Vouziers, en allant à Paris, s’arrêtaient à Rethel : dans le bureau de la voiture publique, tenu par les tantes de Taine, ils admiraient les guéridons délicats, les vieilles poteries, certain gros vase de thériaque tout fleuri, et une foule d’arbustes rares que les dames soignaient tendrement. » M.
Ainsi partout l’intérêt public a dicté les éloges ; chaque nation a loué ce qui était utile à ses besoins ou à ses plaisirs ; on a loué la piraterie chez les Scandinaves, le brigandage chez les Huns, le fanatisme chez les Arabes, les vertus douces et les talents chez les peuples civilisés, la chasse ou la pêche chez les sauvages, la navigation chez les habitants des îles ; mais il y a une qualité qui partout a toujours été également louée, c’est celle qui a créé toutes les révolutions, qui bouleverse tout, qui assujettit tout, qui soutient les lois et qui les combat, qui fonde les empires et qui les détruit, à qui tout est soumis dans la nature, et devant qui l’univers et les panégyristes seront éternellement prosternés : la force.
Ayant acquis la certitude qu’un de ses amis les plus intimes avait abusé de sa familiarité, dans sa maison, pour ouvrir avec de fausses clefs ses cassettes, et pour épier ses secrets d’amour et ses vers, il lui fit des reproches publics de sa félonie, en plein jour, sur la grande place du palais. […] Ce matin même, Crispo, conseiller intime et suprême du duc dans toutes les matières qui concernent la justice, me fit appeler et me répéta quelques bonnes et aimables paroles du duc, prononcées en public, la veille, et témoignant de toute son estime et de toute son affection pour moi ; paroles qui ont été confirmées par beaucoup d’autres. […] J’ai la certitude que le duc a donné ses ordres en conséquence. » VII Soit par la félonie de ses amis devenus ses assassins, soit par sa propre indiscrétion à lire ou à réciter ses vers en public, le Tasse apprit, peu de temps après, qu’on imprimait, à son insu, la Jérusalem délivrée dans plusieurs villes d’Italie à la fois.
Il est bon que le public voie jusqu’à quel point d’égarement peut aller l’esprit humain affranchi de toute règle et de toute bienséance. […] Qu’il ait été puissamment secondé, personne ne le nie ; mais si, aujourd’hui, des hommes mûrs, des jeunes gens, des femmes du monde ont le sentiment de la belle poésie, de la poésie profondément rythmée et vivement colorée, si le goût public s’est haussé vers des jouissances qu’il avait oubliées, c’est à Victor Hugo qu’on le doit. […] Ces jours-ci, Catulle Mendès, qui est un grand honnête homme littéraire, en me donnant une belle et bonne poignée de main publique, a signé définitivement la paix.
Fontenelle, en réduisant toute poésie au fin, espérait-il être assez poète, s’il faisait accepter au public son paradoxe ? […] Le bon Fontenelle se montra tout à fait le jour où, entrant dans sa vraie voie, il eut l’idée d’initier le public aux vérités des sciences, de les mettre à la mode sans les abaisser. […] Plaire au public éclairé sans faire sourire les savants, captiver l’attention en la menant de l’invention à l’inventeur, n’appuyer sur rien, cacher de la science tout ce qui n’en peut être connu que de ceux qui la cultivent ; c’est tout un art et une création durable.
Jamais un groupement n’a disposé de tant de capitaux pour ne rien dire, jamais un groupement ne s’est tant remué pour pénétrer le public et ne lui apporter rien. […] Chacun sait que Louis XVIII, franc-maçon, athée et goinfre, chef du parti jésuite au surplus et capucin en public, comme il fut rabelaisien dans le privé, est un type essentiellement vieille France. […] Pour don Carlos est un drame complexe, vivant, passionné, hardi, gaillard et je pourrais ajouter une bonne douzaine d’adjectifs encore, c’est un compendium de l’art d’intéresser le public.
Les dîners contre Dieu, cette idée qui a pris naissance dans le catimini de quelques libres-penseurs discrets, a gagné les proportions d’une Institution publique, et est entrée triomphalement dans nos mœurs. […] Il serait peut-être curieux de rechercher, et peut-être facile de trouver, comment des écrivains de cette valeur et de celle élégance, qui, par le fait de leurs études, ont vécu dans la société du xviiie siècle, et qui ont montré presque de l’enthousiasme pour cette société artificielle et raffinée, aient pu pencher de ce côté inférieur qui aurait dû leur être si antipathique, et même y verser un jour tout à fait… Vous vous rappelez ce fameux drame d’Henriette Maréchal, joué au Théâtre-Français, et dans lequel les deux auteurs abordèrent si audacieusement la langue la plus verte des bals masqués les plus pourris de Paris, que le public en fut révolté et la pièce outrageusement sifflée… Ceci n’est réellement explicable que par le besoin de nouveauté qui saisit les esprits hardis, quand les vieilles formes littéraires expirent. […] M. de Goncourt est trop haut dans l’estime et dans l’admiration publiques, il a trop de passé, pour que la critique se taise sur ce qu’il a dit quand il a parlé… Seulement, pourquoi, dans sa Faustin, n’a-t-il rien dit de grand ?
Ainsi le moyen se substitue à la fin, la forme au fond, et ce n’est plus la profession qui est faite pour le public, mais le public pour la profession. […] Et de plus en plus, c’était sur le rebondissement que l’attention du public était attirée.
Une phrase bien faite lui semble un danger public. […] Bourget lui-même a pris soin d’avertir le public que le plan de son roman était arrêté avant l’affaire de Constantine. […] À peine est-il à Paris qu’il a mis David dans ses intérêts et gagné les membres du Comité de salut public. […] Ses causeries aimables font revivre tour à tour la cour de Louis XV et le Comité de salut public. […] Un jour qu’il assistait à une séance publique des cinq Académies, il eut la joie de contempler son poète bien-aimé, Lamartine.
C’est elle qui donne à tout ce qu’il a écrit un air de confession, hautaine, certes, mais de confession publique. […] Seulement rien n’indique qu’ils en soient très fiers et qu’ils en fassent la matière de discours publics. […] On paye la sécurité publique beaucoup trop cher à ce prix ; et ce qu’il y a de plus fou, on aboutit de la sorte au contraire de la sécurité publique, ainsi que notre excellent siècle est en train de le démontrer, comme si cela n’avait jamais été fait. […] Pauvres artistes qui ont un pareil public ! […] Le savant est coupable s’il s’avise de découvrir de prétendues vérités pour démoraliser ses semblables : l’artiste est coupable s’il fait servir l’art à la corruption des hommes ; le politique est coupable, si, sous prétexte de bien public, il se livre à des actes immoraux qui n’ont pas pour objet le bien public, mais le sien ou celui de son parti.
On rédigeait les actes publics dans les trois langues. […] Si Becque l’avait été, Les Corbeaux ne feraient pas fuir le public. […] Le grand souci de Molière est d’amuser son public et de varier les amusements. […] Le Ministère de l’Instruction Publique est excellemment ce qu’il leur faut. […] Le grand public l’a longtemps ignoré ou peu lu.
Exceptées peut-être les Méditations, aucune des premières œuvres romantiques n’alla directement aux mains du public. […] Si le public avait la tête assez forte, il se contenterait de la vérité. » Cette phrase, à mon avis, et quoiqu’elle contienne peut-être une vérité obscure ou lointaine, n’est, elle-même, que de la littérature. […] Ce fut d’ailleurs son rôle, depuis l’origine et c’est sans doute celui qu’elle tiendra encore cette fois, devant les injonctions de la Commission. « L’Académie, dit l’abbé d’Olivet dans la préface même du Dictionnaire de 1740, ne fait que suivre le public, qui est allé plus loin qu’elle », Aujourd’hui, le public ne bouge pas. […] Les maîtres de la langue écrite, ce sont les écrivains, et le public est leur juge. […] Du Bellay et Vigny furent de grands critiques en même temps que de grands poètes ; le public, qui goûte les spectacles émouvants, n’aime guère ni la critique des spectacles, ni la critique de la vie.
Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne n’en avaient manqué aucune, et ils n’étaient pas moins surpris du jeune acteur que l’était le public, surtout la Duparc, qui le prit tout d’un coup en amitié, et qui bien sérieusement avait fait de grands préparatifs pour lui donner à souper ce jour-là. […] Le public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé : mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous ait fait voir qu’il a su profiter des leçons d’un si grand maître. […] La pièce déplut au public, et charma Louis XIV ; il en félicita Molière, il était assez homme de goût pour y saisir les deux ridicules de la noblesse et de la bourgeoisie, il était placé assez haut pour se moquer de son peuple. […] Contentez-vous de composer, et laissez l’action théâtrale à quelqu’un de vos camarades : cela vous fera plus d’honneur dans le public, qui regardera vos acteurs comme vos gagistes ; vos acteurs, d’ailleurs, qui ne sont pas des plus souples avec vous, sentiront mieux votre supériorité. — Ah ! […] J’ai cru que je devais entrer dans le détail de la mort de Molière, pour désabuser le public de plusieurs histoires que l’on a faites à cette occasion.
» Il serait assez convenable que le public apprenne enfin qu’il existe une génération plus jeune et aussi originale que celle dont les maîtres furent Baudelaire et Mallarmé. […] Il faudrait que le public apprenne qu’il existe des jeunes hommes comme Saint-Georges de Bouhélier qui lutte pour un art national, qui a écrit de fort beaux livres où — ailleurs que chez les symbolistes, — plusieurs esprits ont discerné déjà le sceau du génie. […] On ne m’excusera pas de citer ce fait de la vie publique (comme si la littérature n’était pas aussi de la vie publique ?) […] Ils sont garants de la santé publique, et ils sont nécessaires.
Mais Shakespeare qui voit dans ce drame tout ce que le public de son temps n’y distinguait certes pas, enveloppe dans un rêve d’amour cette atroce histoire. […] Si ce livre, au lien d’être, comme il l’a été par l’éditeur Kahnweilerz , tiré à quelques exemplaires de luxe qui se vendaient moins pour le texte que pour les dessins de Picasso, avait pu parvenir au grand public, il aurait sans doute, suscité une émotion analogue à celle des romans russes ou des récits de Charles-Louis-Philippeaa dont la vogue était grande, à la même époque. […] Il n’est plus lié par l’enchaînement d’une histoire ; il n’est même plus lié par l’amour-propre de la perfection ou de la modestie qui fait commettre tant de fâcheuses rétractations à des auteurs, à part soi très expansifs, puisqu’il attribue ses productions à un tiers et qu’il se réserve, en les annotant, toute sa liberté vis-à-vis de lui-même et du public. […] Comment un des maîtres du feuilleton littéraire, un de ceux qui se chargent d’introduire, de temps à autre, les écrivains inconnus, dans la préoccupation du grand public, peut-il songer à le faire pour Max Jacob, en insistant sur sa gouaille de rapin, comme s’il avait mûri son talent dans quelque cabaret montmartrois ? […] Les œuvres expressionnistes ont alors en Allemagne un véritable succès public.
Là où la veille il n’y avait rien, le lendemain il y a un monde : que ce monde soit celui de Shakespeare ou d’Homère, de Molière ou d’Aristophane, de Sophocle ou de Corneille, d’Archimède ou de Pascal ; que ce soit, dans l’ordre réel, l’enchaînement des hauts faits d’un héros ou ces autres bienfaits publics émanés d’un législateur et d’un sage, il n’importe : la médiocrité de la foule, en ajoutant petit à petit tout son effort durant des années, n’aurait pu y atteindre ; tous les ingénieux Marivaux en tout genre, tous les distingués et les habiles, tous les grands médiocres (comme Marivaux lui-même les appelle), entasseraient grain sur grain pendant des siècles pour s’élever et se guinder en se concertant jusqu’à cette sphère supérieure, ils n’en sauraient venir à bout : ce sont des facultés distinctes et diversement royales, don de la nature et du ciel, qui destinent et vouent quelques mortels fortunés à ces rôles, tout aisés pour eux, d’enchanteurs de l’humanité, de conducteurs vaillants et de guides. […] Aussi qu’il est rare qu’un auteur le soit véritablement, et qu’il se donne au public avec sa valeur propre et sa physionomie entière !
» Mais ce qu’il préférait à tout, c’étaient les livres de politique, de considérations sur le bien public et sur les matières sociales, « les choses d’un sens suivi et de génie », c’est-à-dire où l’auteur produisait avec vigueur ses propres pensées. […] Lui, il était plutôt un adversaire de la noblesse, bien que la sienne fût bonne, et il n’entrait pas dans les doléances qu’il entendait faire autour de lui : « Les gentilshommes, disait-il, qui se plaignent en leur qualité de n’être pas assez accommodés des biens de la fortune, sont de pauvres brochets de l’étang qui n’ont pas assez de carpes à manger ; non, il n’y a à plaindre que ceux qui manquent selon la nature. » D’Argenson aimait à la fois la royauté et le peuple ; il voulait le bien du public, sans être pour cela républicain : « Les républiques n’ont point de tête ; les monarchies n’ont bientôt plus de bras, car la tête les énerve.
Il y en a peu néanmoins qui aient le courage de lutter contre la multitude : ils attendent à juger d’un ouvrage que le public ait prononcé ; ils recueillent les voix et se rangent du parti dominant. […] Le divin poète, impénétrable aux autres hommes, revit en lui ; il est juste qu’on le respecte en lui… Voilà la folle illusion qui allume le zèle des homéristes ; mais le plaisant est que le public ait si longtemps servi cette même illusion… Combien peu de gens savent la langue grecque !
Vieilli avant l’âge, sans en être devenu plus fort contre les vices de sa jeunesse, le cœur encore mal guéri de l’amour dont il avait tant souffert, sans ressource, sans espoir, dénoncé au mépris public par son passé et par sa prison récente ; — dans de pareilles circonstances, croyant en avoir fini avec la vie, et comme s’il eût déjà été étendu sur son lit de mort, il dicta le poème qui porte le titre de Grand Testament… Le Petit Testament contenait les adieux et les legs de Villon à ses amis en 1456 : Le Grand Testament renferme aussi une longue suite de legs satiriques ; mais ces legs, au lieu de constituer le fond même du poème, comme ils constituent celui du Petit Testament, n’en sont en réalité que le prétexte et que la partie accessoire. […] cet écolier que je me figure, qui a respiré la bonne âme de Villon et non la mauvaise, et pour qui le poète, même complètement connu plus tard, était demeuré une passion, il revit de nos jours, il est devenu maître et de la meilleure école, et c’est lui qui a été, cette fois, le commentateur, l’apologiste (là où c’était possible), l’interprète indulgent et intelligent de Villon par-devant la Faculté, et aussi devant le public.
Soyez donc contents une bonne fois d’avoir deux gaillards comme nous. » Et cependant la Correspondance si curieuse, si élevée, un peu trop chargée de métaphysique sans doute, mais aussi animée partout des plus nourrissantes pensées, des plus cordiaux sentiments, entre Gœthe et Schiller, n’a pu être traduite encore et publiée chez nous dans son entier ; on se méfie de notre public, on attend qu’il ait témoigné désirer plus vivement la chose : une regrettable lacune subsiste donc entre cette double traduction, d’ailleurs complète et si satisfaisante, des Œuvres de Gœthe et de Schiller ; le pont n’est pas jeté entre elles. […] Se peut-il que nous, lecteurs et public, nous soyons si froids et si patients dans notre désir, et que nous trouvions qu’il n’est pas temps enfin de connaître, après cinquante ans d’attente, et d’écouter dans toute son ampleur et sa fécondité la conversation à cœur ouvert de deux grands poëtes, de deux grands esprits46 ?
Il ordonna des prières publiques et des processions par tout le royaume ; il passa des heures en prière, et voulut assister et présider aux consultations des médecins. […] Les incartades publiques de ce prince se multipliaient de jour eu jour.
Dans une Lettre publique adressée à M. […] En accueillant ces images qui étaient de mise à cette date dans les genres réputés nobles et que paraissait réclamer en particulier la dignité de l’histoire, Jomini ne faisait que suivre le courant public et les exemples d’alentour : il eût fallu de sa part un grand effort d’artiste pour atteindre, en 1820, à la simplicité d’Augustin Thierry ; il lui suffisait, quand il tâchait, d’écrire comme Lacretelle.
Le public qui aime assez les belles choses, à condition qu’elles passeront vite, se l’était si fort imaginé ainsi, que, durant plusieurs années, à chaque nouvelle publication de Lamartine, c’était un murmure peu flatteur où l’étourderie entrait de concert avec l’envie et la bêtise : on avait l’air de vouloir dire que l’astre baissait. […] Lorsqu’il revint au commencement de 1830 pour sa réception à l’Académie française et pour la publication de ses Harmonies, il fut agréablement étonné de voir le public gagné à son nom et familiarisé avec son œuvre.
assez fâcheusement et abondamment de s’y introduire ; mais on s’y laisse moins prendre qu’ailleurs ; on l’y sent tout aussitôt sous les déguisements et les emprunts qu’il tente ; on le rejette avec dégoût, ou plutôt il va naturellement au fond ; et, tandis que, sous l’écorce de la prose, bien des talents équivoques en qualité surnagent, tandis qu’ils atteignent à une contrefaçon assez difficile à démêler, et qu’avec le travail, l’instruction, l’imitation de ce qu’on lit, la répétition assez bien débitée de ce qu’on entend, avec tous ces mérites surchargés, on parvient souvent à une sorte de compilation de fond ou de style, décente, et qui fait fort honnëte contenance, en poésie la qualité fondamentale se dénote aussitôt, la substance des esprits s’y fait toucher dans le plus fin de l’étoffe ; aussi très-peu suffit pour qu’on ait rang, sinon parmi les grands, du moins entre les délicats, et qu’on soit, comme tel, distingué de la muse, de cette muse intérieure qui console : ce qui, j’en conviens, n’empêche pas d’être parfaitement ignoré du vulgaire, comme disent les poëtes, c’est-à-dire du public. […] Nodier, Hugo, de Vigny, l’appréciaient comme un de ces confrères choisis qui nous sont à eux seuls un public aimé, comme un de ces trouvères heureux qui sentent toujours, qui expriment quelquefois.
Viguier, qui craignait de le voir quitter la poésie pour la prose polémique, il répond qu’il faut bien subir la loi de son temps, et, sans attendre la lenteur du vers, courir par moments à des armes plus promptes : Diras-tu que jadis les affaires publiques Offrirent plus d’un trait aux muses satiriques ? […] Auguste Barbier, avec lequel il n’a d’ailleurs que peu de rapports, vient d’apprendre au public le vrai nom de l’auteur, jusqu’ici pseudonyme.
M. de Chateaubriand s’imagina qu’il était généreux à lui de venir au secours de Fontanes, lequel n’avait guère besoin d’aide, et aurait eu besoin plutôt de modérateur : dans une Lettre écrite à son ami, mais destinée au public, et qui fut en effet imprimée dans le Mercure, il prit à partie la doctrine de la perfectibilité en se déclarant hautement l’adversaire de la philosophie. […] « Je ne sais, disait-il, si le public goûtera cette histoire qui sort de toutes les routes connues, et qui présente une nature et des mœurs tout à fait étrangères à l’Europe.
D’autre part, la tendresse des parents pour les enfants ne peut se montrer en public, surtout s’ils sont de condition noble, et il est bien remarquable que, dans l’Andromaque de Racine, le petit Astyanax, autour duquel pivote toute l’action, n’apparaît pas un seul instant. […] A côté des auteurs dramatiques qui font jouer devant le public le mécanisme secret des passions, il est des analystes qui préfèrent le démonter.
Au milieu de ces distractions d’esprit et des jeux avec sa chatte qui lui fournit mille sujets d’observations philosophiques et folâtres, Galiani remplit exactement ses devoirs d’homme public et ceux de chef de famille. […] Lui-même, l’abbé Galiani, qui, en écrivant, songeait certainement au cercle de ses amis de Paris, et qui recommande sans cesse à Mme d’Épinay de garder ses lettres, de les recueillir, ne s’est pas assez rendu compte de l’effet qu’elles pourraient faire sur un public plus étendu et moins initié.
Mais pourquoi ne pas ajouter aussitôt pour Maury toute la prédiction : Oui, vous serez archevêque ou tenant lieu de l’archevêque de Paris ; mais cette haute charge sera précisément votre pierre d’achoppement et de scandale, la marque publique de votre abaissement et de votre chute. […] Non seulement les prédicateurs, mais tous ceux qui ont à parler en public, y trouveront quantité de remarques justes et fines, mais justes avant tout, et qui sont d’un homme du métier, parlant avec autorité de ce qu’il a pratiqué et de ce qu’il sait à fond.
A ce moment le public, blasé et refroidi, sympathise moins avec les êtres mis en scène par l’auteur d’une œuvre qu’avec l’auteur lui-même ; c’est une sorte de monstruosité, qui permet pourtant de voir dans un grossissement le phénomène habituel de sympathie ou d’antipathie pour l’artiste, inséparable de tout jugement sur l’art. […] Ce fil qu’il s’agit d’aimanter sans contact, où il faut de loin réussir à faire courir des vibrations dans une direction connue d’avance, c’est chacun de nous, c’est chacun des individus qui constituent le public de l’artiste.
Puis, ce point de vue s’est étendu si bien que l’on a négligé de parti pris la part cependant visible des grands hommes dans les grands actes publics et que le mérite de l’accomplissement de ceux-ci a été attribué aux foules humaines qui les ont exécutés, forcées souvent, ignorantes toujours. […] Le fait par lequel un grand écrivain, parti d’on ne sait quelles origines impossibles à dégager, ayant senti en lui un monde nouveau l’émouvoir, faisant appel à des dispositions, à des pensées, aune sensibilité intacte jusque-là et dormantes, groupe autour de lui eu cercles concentriques toujours plus étendus, ses congénères intellectuels, dégage de la masse humaine confondue, la classe d’êtres qui possèdent en eux un organisme consonnant au sien, vibratileei sous les impulsions mêmes qui sont en lui puissantes au point de l’avoir contraint à leur trouver l’expression et à les extérioriser ainsi généralement intelligibles et efficaces — ce phénomène est le semblable de celui par lequel, dans un autre ordre, l’ordre des actes et non plus des émotions, un homme ayant connu une entreprise, portant en lui cet ensemble d’images préalables de réussite, de gloire, de fortune qui constituent une impulsion, ces visions d’effet à réaliser, de moyens, de détails, d’acheminements, de dispositifs, qui constituent un but, parvient par persuasion, par des ordres, par simple communication, à les faire passer rudimentairement, vaguement, clairement, dans l’âme des milliers de suivants que forment ses lieutenants, une armée, des alliés ; que forment encore des ouvriers, des ingénieurs, des collaborateurs ; ou un public, des courtiers, des banquiers, des associés ; ou simplement le peuple, des agents électoraux, des députés, des ministres.
De l’effort combiné des deux critiques gardiennes de la tranquillité publique, il résulte une réaction salutaire. […] La voie publique est évidemment mal surveillée.
Jamais Catulle, jamais Pétrone, n’auraient songé à offenser l’honnêteté publique s’ils eussent dû vaincre la pudeur des oreilles pour confier leurs ouvrages à la mémoire des hommes. […] Tant que dura la liberté chez les Grecs, ces peuples menaient une vie publique, qui supposait peu le loisir de la lecture.
Sa belle note basse y meurt sous les rires frais, ces spirales de son, de la grâce gaie, de la grâce jusqu’ici la victime de la profondeur et la plus faible des deux dans le poëte de L’Enfer, des Assassins, du Livre de sang, des Crâneries, mais qui aujourd’hui prend sa revanche, et jette au public ce joli titre qui s’en moque, Colifichets, ou cet autre encore, Jeux de rimes, car, vers, ce serait trop ! […] n’aurait-il pas osé s’expliquer, lui qui écrit ses préfaces en vers aussi commodément qu’en prose, sur cette pièce, unique de sa sorte, de façon que nous ne savons pas si, en faisant flairer cette chinoiserie à sa Muse et au public de sa Muse, il a voulu les en effrayer l’une et l’autre ou les y accoutumer tous les deux ?
Je ne sais si le public a su découvrir entre les lignes de ce poème délicieusement ensorceleur les traces de l’anormal et dangereux penchant qui conduisit à leur ruine tant de nobles esprits. […] Voici de quelle façon ce docteur de l’infécondité appelle l’attention du public sur son œuvre : « Depuis plus de cinq mille ans, l’humanité cherche en vain la solution des grands problèmes de l’univers, le problème de l’existence d’un dieu personnel, celui de la survivance de l’âme après la mort, celui des causes de la souffrance qui est dans le monde, et de ses remèdes etc.
. — Ce ne sont pas seulement les services publics qui profitent de ces immenses travaux. […] Il se réjouissait d’exercer, comme portion du corps collectif, une souveraineté directe sur les affaires publiques ; il se consolait d’être esclave, comme soumis au corps collectif, dans tous ses rapports privés ».
Et le grand-livre de la dette publique. […] C’est une œuvre de vie intérieure et ensemble de vie publique. […] Le cèdre le plus public ne peut donner un autre cèdre, un cèdre encore plus public, il ne peut donner son public héritier qu’en passant par un certain point de secret et de confidence qui est non pas même le secret du fruit mais le secret du germe qui est dans le fruit. […] Un public passé n’a pu donner un plus public et universel futur qu’en passant par un certain point de secret du présent. […] Et il est le maître du public comme il est le maître du privé.
Bernard et Grangé la faveur publique et pour empêcher que l’on n’appelle poésie les vers de M. […] Scribe a un public ; et les sieurs Bernard et Grangé, collaborateurs de la couturière et d’une belle fille, ont un public : mais la littérature ? […] Très malaisé ; si malaisé qu’en définitive Banville, sur le point de convoquer un public autour des poètes, s’adresse au peuple. […] » Ce monument, du Salon d’automne, ira orner une place publique, dans l’une de nos colonies africaines. […] Ils ont pourtant fait ce qu’ils s’étaient promis de faire : ils ont modifié le goût public.
M. de Vigny voulait bien m’écrire à la date du 14 mars 1828 : « Eh bien, Monsieur, puisque vous êtes de ceux qui se rappellent les Poèmes que le public oublie si parfaitement, je veux faire un grand acte d’humilité en vous les offrant.
Si les faiseurs d’ordre public essayaient d’une exécution politique, et que quatre hommes de cœur voulussent faire une émeute pour sauver les victimes, je serais le cinquième.
Le livre de sir Walter Scott est jugé en France, et le public doit commencer à être las du concert unanime de réprobation qu’excite depuis trois semaines cette production malheureuse.
Il n’avait pas besoin de cela pour mettre de son côté un public dont il exprimait le goût secret.
La crise littéraire et le naturisme Nous sommes en pleine crise littéraire, et le public n’en ignore plus l’existence, s’il ne peut en juger encore toute la portée et l’étendue.
Poète, fais les vers qui te plaisent, non ceux qui risqueraient de plaire au public payant.
Depuis deux ou trois mille ans, les littérateurs n’appellent le public que pour lui exposer des crimes, les plus tragiques conflits du monde, des aventures infiniment mélancoliques, sur quoi ils veulent nous attendrir jusqu’à nous arracher des larmes.
Le cri public est contre Bayle.
Vogt mérite l’examen, et il serait à désirer, pour l’instruction du public, qu’un naturaliste autorisé voulût bien en faire une appréciation impartiale5.
Il est sans cesse observateur, dans les rues, dans les églises, dans les marchés, dans les spectacles, dans les promenades, dans les assemblées publiques.
Monsieur De Thou, dont je ne ferai que traduire le récit, étoit un homme revétu d’une grande dignité, qui donnoit lui-même au public l’histoire d’un prince mort depuis un petit nombre d’années, et dont il avoit approché avec familiarité.
Dès que la musique des anciens donnoit des leçons methodiques sur tant de choses, dès qu’elle donnoit des preceptes utiles au grammairien, et necessaires au poëte comme à tous ceux qui avoient à parler en public, on ne doit plus être surpris que les grecs et les romains l’aïent crue un art necessaire et qu’ils lui aïent donné tant d’éloges qui ne conviennent pas à la nôtre.
Mais la morale publique, monsieur, la sixième chambre !
Malgré le peu de pente de l’esprit tout politique de l’auteur de Gabrielle d’Estrées à regarder du côté des causes morales, qui sont les influences décisives de l’histoire, cependant il ne peut s’empêcher de dire à plus d’une place de son ouvrage que les nombreuses amours publiques de ce chef d’État durent choquer si profondément l’esprit religieux et les mœurs de son siècle, que, son système politique eût-il réussi, il fût tombé par là encore !
Seulement, les hommes comme Louandre sont-ils tenus de respecter tant de faiblesse et n’ont-ils pas réellement mieux à faire qu’à doser au public dans des proportions homœopathiques les trésors de leur érudition ?
Bénédictin du Journalisme, — car le Journalisme a ses bénédictins, qui font des in-folios dont le public ne se doute pas, et qui ont sur les in-folios la supériorité de ne se trouver jamais dans aucune bibliothèque, emportés qu’ils sont par la circonstance et bientôt oubliés comme elle, — ce Bénédictin trompeur, à airs de chanoine, n’a pas eu toujours le temps d’être poète largement, longuement, à pleine coupe, à bouche que veux-tu.
Calomniateurs, parce qu’ils n’avaient pu réussir à être éloquents, ils l’accusaient en particulier, en public, dans les conversations, dans les tribunaux.
En tout cas, il a goûté la misère et senti, non en imagination, mais de sa personne, les pointes aiguës de l’anxiété, de l’humiliation, du dégoût, du travail forcé, du discrédit public, du despotisme populaire. […] Shakspeare n’y a pas plus échappé que Molière, et s’en est affligé comme Molière, accusant la fortune « de ses mauvaises actions ; elle ne m’a fourni pour vivre que des moyens d’homme public, qui engendrent des façons d’homme public184. » On contait à Londres185 que son camarade Burbadge, qui jouait Richard III, ayant rendez-vous avec la femme d’un bourgeois de la Cité, Shakspeare « alla devant, fut bien reçu, et était à son affaire quand arriva Burbadge auquel il fit répondre que Guillaume186 le Conquérant était avant Richard III. » Prenez ceci comme un exemple des tours de Scapin et des imbroglios fort lestes qui s’arrangent et s’entre-choquent sur ces planches. […] Elle a honte d’étaler sa tendresse en public et d’en acheter une dot. […] Lorsqu’on entre dans les comédies de Shakspeare, et même dans ses demi-drames298, il semble qu’on le voie sur le seuil, à la façon de l’acteur chargé du prologue, pour empêcher le public de se méprendre et pour lui dire : « Ne prenez pas trop au sérieux ce que vous allez écouter ; je me joue. […] O, for my sake do you with Fortune chide, The guilty goddess of my harmful deeds, That did not better for my life provide, Than public means, which public manners breed.
Eh bien, dit Alfred de Musset, tels sont aussi les festins que les poètes servent au public : Poète, c’est ainsi que font les grands poètes. […] Cette cantatrice, Mme Malibran, ne faisait pas comme font bien d’autres, qui restent insensibles aux passions qu’elles expriment dans leurs chants ; elle se mettait elle-même dans son chant, et elle est morte, d’après le poète, de s’être ainsi dépensée, d’avoir donné son âme, sa vie au public. […] Mais, chez les uns ou chez les autres, ce principe est toujours le même ; ce principe, c’est celui de la poésie personnelle, à savoir que le poète doit se mettre lui-même dans son œuvre et entretenir le public de ses émotions, des événements de sa sensibilité, de ses joies et de ses douleurs. […] Il faut choisir, et j’ai choisi, suivant les indications de l’estime publique, José-Maria de Heredia, François Coppée, Sully Prudhomme. […] On se demandait qui était ce François Coppée, et on apprit toutes sortes de choses qui surprirent agréablement la curiosité publique, entre autres, qu’il avait déjà publié des vers et que ces vers étaient très jolis.
Au fond, c’est bien là, en effet, à quoi servent nos écoles publiques, nos académies de peinture, nos conservatoires de musique. […] Seulement, on peut se demander si, dans l’enseignement public des arts, tel qu’il se fait, l’étude pratique des procédés n’occupe pas une place exagérée. […] En perruque, lui aussi, en maillot, lui aussi, campé, avec sa lance, dans une pose niaise, il raconte à Mime ce que celui-ci n’ignore pas, mais ce qu’on a besoin de faire connaître au public. […] Il affecte simplement de croire que Wagner a pris ce procédé d’énigmes pour permettre au « gnôme » d’apprendre au public ce que sont les nains, les dieux, les géants, etc. […] Si sa contagion est seulement aujourd’hui aussi générale, aussi irrésistible, c’est qu’aujourd’hui seulement nous sommes en mesure de transmettre cette œuvre au public dans de bonnes conditions d’exécution.
L’incapacité grammaticale des magistrats et des officiers publics, était plus grande dans le peuple. […] Un Abélard, un saint Bernard, ces hommes si admirés de leurs contemporains, et qui, dans un siècle plus heureux, auraient été de beaux génies durables, ne se servaient de la langue vulgaire ni dans leurs lettres ni dans leurs discours publics. […] Mais alors il faut supposer que le latin était encore entendu sur les places publiques ; et cela même expliquerait la longue infériorité et la disgrâce de la langue vulgaire. […] Mais à certaines époques, c’est l’imagination publique, courante, qui est poëte ; et personne en même temps n’est grand poëte, et ne réalise à un plus haut degré cette pensée, pour ainsi dire, vulgaire. […] Le savant auteur de l’Histoire de Philippe-Auguste, dans un résumé qui se lit et ne se parle pas devant le public, a rassemblé de curieuses citations qui tiennent aux récits des faits par la peinture des mœurs.
Il est absolument garanti contre toute espèce de mensonge par la nature de son sujet et par la qualité de son public. […] C’est généralement le public contemporain et payant. […] Il lui eût suffi que tout son public littéraire tînt, le mardi, dans son salon. […] Le Public ! […] Le public en général, la critique en particulier, tiennent à pouvoir toucher le mollet de la Muse.
— Jules Vallès est ministre de l’instruction publique. […] La réquisition est en train de passer des caisses publiques aux caisses des marchands. […] L’éléphant, abandonné de son public, indolemment appuyé à un pan de mur, mange son foin, comme un homme tout à coup condamné à dîner seul. […] Dans les bas-côtés, debout ou sur des chaises, un public de curieux amenés, par la nouveauté du spectacle. […] Il réclame, celui-là, l’installation d’un troisième pouvoir, d’un tribunal révolutionnaire, avec la roulée immédiate sur la place publique de la tête des traîtres.
Là où le peuple languit sous un despotisme sacerdotal ou monarchique, le génie national suffit souvent et parfois excelle à produire ces monuments d’une grandeur solide, qui témoignent hautement de la puissance publique, comme chez les Égyptiens, les Phéniciens, les Assyriens, les Perses. […] XXXIX « Dans ces cités républicaines, et spécialement dans la plus démocratique, l’art exerçait une sorte de magistrature ; les images en bronze et en marbre des hommes illustres, en même temps qu’elles servaient de luxe sévère à la place publique, portaient dans tous les cœurs l’enthousiasme et l’émulation. […] Il y a des années où il faut s’absenter de sa patrie : heureux qui peut la fuir et l’oublier sans manquer à aucun devoir public ou privé !
Il y avait un esprit public dans ce collège composé de trois cents jeunes gens ; cet esprit public était républicain et royaliste. […] Cette page n’existait pas encore pour le public au moment où je connus Louis de Vignet, neveu de Xavier.
Ce sont certains actes publics, écrits en roman, où se fait voir ce travail de décomposition du latin, d’où est sortie notre langue. […] Les Mémoires de Comines sont l’histoire de sa vie, de ses débuts à la cour du duc de Bourgogne contre la France, puis de sa désertion, qu’expliquent les mœurs du temps, à la cour de Louis XI, dont il devint le confident et le conseiller de ses services publics et secrets ; de ses disgrâces sous Charles VIII, de son emprisonnement à Loches dans une de ces cages de fer imaginées par Louis XI, et qu’on appelait les fillettes du roi ; de sa rentrée en grâce ; de la part qu’il prit aux guerres d’Italie, et de ses dernières années, sous le règne de Louis XII. […] Je vois, dans Comines, des causes et des effets, les passions et leurs conséquences, les desseins secrets sous les apparences publiques, moins de costumes que dans Froissart ; mais plus d’hommes ; je vois quels sont les mobiles politiques de l’époque, semblables à ceux de toutes les époques ; je vois pourquoi certains desseins échouent, et pourquoi d’autres réussissent ; lequel eût le mieux valu, dans certaines affaires, du courage ou de la prudence.
Personne aussi, j’en suis sûr, n’a autant joui de ses amis, famille adoptive, parenté de l’âme, public intime, qui ne sont ni si perfides, ni si indifférents que le disent les cœurs tristes, et que je n’ai jamais, au contraire, trouvés si fidèles et si consolateurs que dans l’infortune. […] Demandez-le au magistrat sans repos dans la conscience, au médecin sans sommeil sur son oreiller, à l’ambitieux sans limite dans sa soif de domination et de primauté sur ses semblables, à l’orateur, à l’écrivain, au poète, dévorés de l’insatiable désir de surpasser leurs rivaux ou de se surpasser eux-mêmes, hommes tellement affamés de renommée, dont ils font du pain pour leurs enfants, que, s’ils croyaient trouver une nouvelle veine de talent dans leur propre sang, ils se saigneraient eux-mêmes aux quatre membres pour jeter leur vie au public en retour d’un peu de gloire ou d’un peu de pain ! […] S’il n’était pas né, dans la bibliothèque d’un savant, de l’accouplement stérile de l’utopie et du chiffre, il aurait révélé à l’administration publique, au commerce et aux industries, une foule de vérités pratiques dont il était l’importateur en Europe ; mais, au lieu de couver ses vérités en plein air, il les a couvées dans l’isolement des autres idées, et cet isolement lui a faussé le jugement.
C’est parce que l’acteur vibre tout entier que le public pourra vibrer à son tour. […] Les professions utiles sont manifestement faites pour le public ; mais celles d’une utilité plus douteuse ne peuvent justifier leur existence qu’en supposant que le public est fait pour elles : or, c’est cette illusion qui est au fond de la solennité.
Sully-Prudhomme ont eu cette bonne fortune de devenir populaires, je veux dire de plaire aux femmes, d’arriver jusqu’au public des salons. […] Pourtant il lutte encore contre l’indifférence publique ; mais quelques-uns de ses derniers lecteurs lui font tort. […] Et qui, parmi ce qu’on nomme aujourd’hui le public, aime et comprend cette merveille : les Emaux et Camées ? […] Le public goûte peu ce qu’on a assez mal appelé l’art pour l’art, ce qu’on ferait mieux d’appeler l’art pour le beau ; entendez : uniquement pour le beau. […] Ce sont d’autres raisons que des raisons d’esthétique qui ont fait la fortune des Rougon-Macquart : ce que goûte le public dans M.
C’est l’art qui se plie « aux mœurs et aux croyances » des contemporains de telle manière qu’il les reproduit, et en les reproduisant amuse le public. […] Le grand public l’a ignoré. […] A la force publique ? La force publique n’est autre chose que la majorité sous les armes. […] Ces confidences au public, et un peu ridicules considérées comme telles, étaient surtout des comptes rendus de soi qu’il se faisait à lui-même.
À quarante ans, il lut devant le même public son Histoire achevée. […] Athènes lui fit élever, aux frais du trésor public, un tombeau dans la place même où il avait succombé, et rendit à sa mémoire les plus grands honneurs. » « Solon ayant ainsi trompé tout à fait l’opinion de Crésus en insistant avec autant de détails sur le bonheur de Tellus, le roi lui demanda quel était, après Tellus, celui qu’il placerait au second rang, espérant l’obtenir au moins pour lui. « Je le donnerais, repartit Solon, à Cléobis et à Biton. Ces deux frères, originaires d’Argos, vivaient dans une honnête aisance ; ils étaient de plus distingués par la force du corps, et avaient remporté des prix dans les jeux publics. […] De quel œil voulez-vous que l’on me voie tous les jours aller à la place publique, et en revenir ?
Près du public, je serai toujours un paria, oui un paria. » Et il le répète quatre ou cinq fois : « un paria ». […] On parle du public de l’Opéra, à l’heure actuelle, moins bon juge de la musique et du chant, que des orphéonistes de province ; on parle du public du mardi du Théâtre-Français, plus ignorant de notre littérature dramatique, que les étrangers qui s’y trouvent — et l’on s’effraye un peu de cette décapitation de la haute société, par l’infériorité qui la gagne tous les jours. […] Il avait vingt ans de prison pour avoir enlevé la femme d’un haut fonctionnaire, et il disait sa vie perdue, faute d’un Empereur qui aimât le théâtre, — se regardant tout à fait indispensable dans une vraie troupe impériale. » Nous voilà rue Pigalle, à inspecter dans les remises, l’entassement des objets qui arrivent de Pékin, à examiner dans les cachettes des greniers, les porcelaines, les jades, les bronzes, les curiosités de sélection, dissimulées au public, et gardées pour les Rothschild, les Camundo.
Comme eux, il pensait beaucoup moins à l’œuvre en elle-même qu’à son arrangement pour le goût et l’encharmement du public. […] l’érudition fit croire à Gœthe, s’il le crut, et au public, qui le croit encore, qu’il y avait vie de poète dans ce plâtre humain, quand il n’y avait qu’une figure et qu’une apparence. […] Genre de sauce, bien allemande, celle-là, qui n’empêcha pas le public d’avaler le poisson… Le succès fut prodigieux partout, mais particulièrement en Allemagne, où les livres ont une énorme influence et s’impriment aisément sur ces têtes de papier. […] Je trouve très beau à notre Balzac, rencontré, pendant les trois jours de juin sur les ponts où il pleuvait des balles, par un ami qui lui reprochait de n’être pas préoccupé des malheurs publics et de la Révolution, de répondre comme il répondit : « Mon cher, je fais en ce moment une chose plus difficile qu’une révolution, c’est le mariage de M. de Vandenesse avec mademoiselle de Mort-sauf », Seulement, pour revenir à Gœthe, son rêve, à lui, ne fut jamais une absorption.
Quand des récompenses publiques sont proposées par l’État, il est de bon exemple qu’elles trouvent leur objet ; il est pénible de venir déclarer après examen qu’il n’y a pas lieu à les décerner.
Toutes ces fleurs de la Grèce rassemblées autour du monument d’André Chénier nous avertissent qu’un Recueil considérable, entrepris depuis plusieurs années, et consacré à un choix des poëtes français, vient d’être terminé avec succès et mérite d’être recommandé au public ami des études.
Parmi les nombreuses idées et les innovations de plus d’un genre tentées par le ministre de l’instruction publique, une des plus pratiques et la moins contestable assurément, c’est l’institution régulière de leçons faites dans les diverses Facultés et les principales villes de province, à commencer par la Faculté des lettres de Paris, pour l’enseignement secondaire des jeunes filles.
Aussi il a mérité que ces lettres, écrites d’abord dans un but tout à fait particulier, et sans vue de publicité extérieure, parussent aujourd’hui, lui mort, sous les auspices et pour l’édification de cette doctrine même qu’il servit si religieusement ; qu’elles fussent proposées au public comme l’expression avouée et une des premières manifestations écrites de ce dogme immense qui mûrit et se développe de jour en jour.
Turquety a un public ; en Bretagne, dans le Midi, à Toulouse, beaucoup de lecteurs fervents et fidèles le désirent : pour eux, il donne à des sentiments chrétiens qu’il rajeunit, à des dogmes qu’il exprime, une mélodie qu’on aime.
Les jouissances du pouvoir et des intérêts politiques remportent presque toujours sur les succès purement littéraires ; et quand la forme du gouvernement appelle les talents supérieurs à l’exercice des emplois publics, c’est vers l’éloquence, l’histoire et la philosophie, c’est vers la partie de la littérature qui tient le plus immédiatement à la connaissance des hommes et des événements, que se dirigent les travaux.
Le scélérat est inquiet et défiant au fond de sa propre pensée ; il traite avec lui-même comme avec une sorte d’ennemi ; il garde avec sa réflexion quelques-uns des ménagements qu’il observe pour se montrer au public ; et, dans un tel état, il n’existe jamais l’espèce de calme méditatif, d’abandon à la réflexion, qu’il faut pour contempler toute la vérité et prendre d’après elle une résolution irrévocable.
Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane — Si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner une si brève et si imparfaite analyse et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe.
La guerre finie, leur régné devait commencer, leurs sociétés fleurir et se faire remarquer, prendre un nom et s’attirer tout à la fois deux réprobations, de deux côtés opposés, celle des mœurs dominantes ou des mauvaises mœurs, et celle du goût qui s’épurait malgré la corruption des mœurs, le goût et l’incontinence publique marchant ensemble sous la bannière du goût.
Une seule de ses Fables renferme plus de vraie Philosophie, qu’ils n’en ont répandu dans tous les Ouvrages dont ils fatiguent le Public.
C’est dans ces écrits périodiques que Desfontaines a paru aux yeux de ses partisans l’Aristarque de nos jours : c’étoit à leur gré un critique judicieux, qui avoit le tact sûr, avec un talent singulier pour saisir les beautés & les endroits foibles d’un ouvrage ; pour les présenter au public dans leur vrai point de vue, pour les lui présenter d’une manière élégante & enjouée ; un observateur qui mettoit de l’intérêt dans les moindres choses, qui sçavoit l’art d’amuser & d’instruire, de fondre habilement, dans l’occasion, toute cette érudition qu’il avoit puisée dans les meilleurs écrivains anciens & modernes.
On cherchera à vous prouver que l’idéal n’est qu’un mot, la littérature qu’un luxe, l’art classique qu’une convention maintenue par la docilité du public.
Cherchez les scènes publiques ; soyez observateurs dans les rues, dans les jardins, dans les marchés, dans les maisons, et vous y prendrez des idées justes du vrai mouvement dans les actions de la vie.
Si l’on veut que des étudiants reçoivent dans une faculté de médecine toute l’instruction qui leur est nécessaire pour exercer l’art de guérir d’une manière utile à leurs concitoyens, il faut se rappeler que la santé publique est peut-être le plus important de tous les objets.
Le livre des Constitutions, savant, compétent, vivement écrit, et avec une griffe plus qu’avec une plume, est moins pour nous un traité, condensé et incisif, de droit public, qu’un fragment de cette grande histoire qui ne s’écrit encore que par fragments.
, que le public (autre critique !)
ne donnait pas une très-vive envie d’entendre les sons qui devaient en sortir, les chansons ou plutôt les clameurs que devait vomir cet effroyable trou de fontaine publique, creusé en plein visage humain.
il en aura tant qu’il voudra ; l’estime publique ?
Il nous montre ces figures autrefois menaçantes, dévorées par les flammes, et l’objet de l’effroi public changeant de forme, pour servir désormais à l’usage et aux plaisirs des citoyens28.
En suivant l’ordre des temps, nous trouvons un panégyrique prononcé par Eumène pour l’établissement des écoles publiques d’Autun.
Ensuite durent venir les fiefs roturiers réels, pour lesquels les vassaux durent être les premiers prædes ou mancipes obligés sur biens immeubles ; le nom de mancipes resta propre à ceux qui étaient ainsi obligés envers le trésor public.
Se rejettera-t-on peut-être sur l’ignorance où le public littéraire aurait alors été de la langue espagnole ? […] Une longue lettre d’elle à son ami Saci — sur la mort du duc de Bourgogne — témoigne éloquemment de la vivacité d’intérêt, toute nouvelle chez une femme, qu’elle prend pour la chose publique. […] « La bibliothèque publique est composée de tout ce qu’on a écrit de l’amour et de ses mystères, depuis Anacréon jusqu’à Marivaux. […] J’appelle officiers généraux les auteurs qu’en fait d’ouvrages de goût le public avoue pour excellents. […] L’usage naturel des moellons et leur cause finale ne sont pas d’encombrer la voie publique, mais de servir tôt ou tard à bâtir des maisons, — sinon des monuments.
Ainsi déambulant, un peu de lumière me fait tomber en arrêt sur une affiche rose, où le moi sempiternel de Legouvé se promet au public dans une matinée littéraire. […] » éclatent sur toute la place, et de nouveaux bataillons se précipitent par la rue de Rivoli, suivis d’une voyoucratie vociférante et gesticulante… Dans ce moment une vieille dame qui me voit achever le journal du soir, me demande, ô ironie, si le cours des fonds publics est dans mon journal. […] Dans les voitures publiques, personne ne parle, tout le monde s’enferme en lui-même, et les femmes du peuple ont comme un regard d’aveugle, pour ce qui se passe autour d’elle. […] Je prête l’oreille au bruit de la rue, qui vous raconte le bon ou le mauvais des choses publiques, avec le pas du passant, avec le son de sa voix : rien. […] Un second a fait d’une autre maison une maison de prostitution, non clandestine, mais ignoblement publique, comme un gros 8 de l’avenue de Vincennes… Puis Renan se met à prédire de l’impossible, à prophétiser du chimérique.
Maison de ville y construit belle et bonne, Les lieux publics devise tout nouveaux, Entre lesquels au milieu de Sorbonne, Doit, ce dit-on, faire la place aux veaux. […] Cinquante ans après sa mort, des parties considérables de Villon sont inintelligibles pour le public. […] Il reste qu’elle soit aussi indifférente au public qu’elle l’est en vérité à l’auteur. Elle est indifférente au public comme m’est indifférent un compliment que, sans grande sincérité du reste, quelqu’un fait à mon voisin. […] De nouvelles gloires se levaient, irritantes, d’autant plus qu’elles étaient des erreurs du public.
On a beau dire, cela dépend beaucoup du tempérament, et on naît sage comme on naît peintre ou rôtisseur ; moi je suis né soldat… » Enfin, après la révolution de Juillet, sentant qu’un grand signal public était donné, il rentra dans l’armée avec son grade de sous-lieutenant, et nous le trouvons, au début de la correspondance, en garnison à Brest, au printemps de 1831 ; il avait trente-trois ans. […] L’idéal est une belle chose, mais il est bien loin et il a ses éclipses ; le public est une respectable personne, mais il est bien multiple, il a bien des visages et on ne le connaît pas. […] La manière dont Saint-Arnaud, et, je le crois, la plupart des officiers d’Afrique, envisageaient la politique de France pendant ces huit ou dix dernières années du règne de Louis-Philippe, était commandée par leur position et leur intérêt : des champs de bataille ou des assemblées publiques, ces deux champs de gloire pour les hommes, comme disait déjà le vieil Homère, ils préféraient naturellement le premier et étaient portés à mépriser le second.
Avant ce malheur, on a vu une lettre d’elle qu’elle a donnée au public pour se moquer de ce qu’on appelle les mots à la mode et dont l’usage ne vaut rien ; je vous l’envoie. » Suit cette lettre, qui est toute composée du jargon amphigourique dont elle voulait corririger le beau monde ; c’est un amant jaloux qui écrit à sa maîtresse ; Boileau en son genre n’eût pas mieux fait. […] Zayde portait le nom de Segrais, et ce ne fut pas une pure fiction transparente ; le public crut aisément que Segrais était l’auteur. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que la première édition publique, avec privilége du roi, est de 1662, sans aucun nom d’auteur.
Si cela est arrivé d’Homère et de Virgile, jugés par des hommes lettrés et supérieurs, comment cela n’arriverait-il pas à votre poète florentin dans les tavernes et dans les places publiques ? […] J’avais déjà appris par la voix publique le passage heureux de notre maître de la Babylone terrestre à la céleste Jérusalem. Mon premier mouvement a été d’aller sur le tombeau de mon père lui dire les derniers adieux et mêler mes larmes aux vôtres ; mais, depuis que j’explique ici en public la Divine Comédie du Dante, il y a dix mois, je suis attaqué d’une maladie de langueur qui m’a tellement affaibli et changé que vous ne me reconnaîtriez plus.
Leurs banques sans capitaux et sans probité entassaient fictions sur banqueroutes ; l’honneur, ce gardien du crédit public et privé, disparaissait sous la corruption de la mauvaise foi ; un jubilé américain, plus accepté et plus immoral que le jubilé des Hébreux, cette libération sans remboursement, s’établissait de fait entre le créancier et le débiteur ; nul n’avait rien à reprocher à l’autre, puisque aucun ne payait que quand il était utile de payer. […] Est-ce l’égalité que d’être expulsés des théâtres et des lieux publics ? […] Leur éloquence est le débat de leur assemblée publique, où ils portent la rudesse de leurs mœurs violentes et où les brutalités du geste et du poing fermé suppléent à ces belles violences morales que les grands orateurs de l’Europe antique ou moderne exercent à l’aide de la persuasion et de la logique sur les hommes d’élite rassemblés pour chercher, en commun, la raison et le droit des choses.
la forme, mais qu’est-ce qui dans le public est réjoui et satisfait par la forme. […] Il y a une interruption d’audience, où tout le monde se rapproche ; l’huissier offre une prise au prévenu ; les témoins, le brigadier de gendarmerie, le public, le greffier entrent dans le prétoire et se mêlent au groupe. […] La vie menace de devenir publique.
Le plus qu’il me sera possible, je laisserai Kant s’expliquer lui-même ; j’analyserai successivement les divers monumens célèbres qui renferment son système entier : d’abord la Critique de la Raison pure, qui contient sa métaphysique, puis la Critique de la Raison pure pratique, qui contient sa morale ; enfin, deux ou trois autres écrits qui développent la Critique de la Raison pure pratique, et transportent les principes généraux de la morale kantienne dans la morale privée, dans la morale sociale et dans le droit public. […] Entre les écoles qui se battent depuis des siècles dans cette arène de disputes sans fin qu’on appelle la métaphysique, et le public de notre temps, qui confesse ne rien entendre à ces débats et ne pouvoir s’y intéresser, qui a tort et qui a raison ? On ne voit pas que le public soit dégoûté des mathématiques et de la physique ; pourquoi serait-il plus dégoûté de la métaphysique, si la métaphysique était une science aussi solide, aussi sûre que les deux autres ?
Cette remarque, qui avait échappé au commun du public, a été relevée par La Motte et, depuis, par Voltaire ; ils en font honneur à M. de Lassay. […] Selon Suard, M. de Lassay n’a dit ce mot énergique qu’à l’époque du ministère du duc de Bourbon et des trafics publics de Mme de Prie, et c’est à ce moment de la société seulement qu’il entendait l’appliquer.
Ce mariage compte dans sa vie, même militaire et publique, parce qu’on prétendit qu’il était amoureux et jaloux au point de déranger quelquefois ses opérations de guerre en vue de sa passion et dans ses inquiétudes d’homme de cinquante ans pour sa jeune femme. […] Sans compter les marques de satisfaction publique, la première fois qu’il reverra Villars, deux ou trois mois après, il lui dira ces belles paroles : Je suis autant Français que roi ; ce qui ternit la gloire de la nation m’est plus sensible que tout autre intérêt.
Honneur et respect du moins, quand l’esprit supérieur et le grand caractère qui ne recule devant rien fait entrer dans ses inspirations un sentiment élevé, un dévouement profond à la puissance publique dont il est investi, quand il se propose un but d’accord avec l’utilité ou la grandeur de l’ensemble. […] Et en général, c’est quand un personnage s’identifie avec une idée, avec un système et une des faces de la pensée publique, que M.Mignet s’y arrête le plus heureusement et excelle à le peindre.
Dans la seule province de Normandie, je trouve des séditions en 1725, en 1737, en 1739, en 1752, en 1764, 1765, 1766, 1767, 1768619, et toujours au sujet du pain. « Des hameaux entiers, écrit le Parlement, manquant des choses les plus nécessaires à la vie, étaient obligés, par le besoin, de se réduire aux aliments des bêtes… Encore deux jours et Rouen se trouvait sans provisions, sans grains et sans pain. » Aussi la dernière émeute est terrible, et, cette fois encore, la populace, maîtresse de la ville pendant trois jours, pille tous les greniers publics, tous les magasins des communautés Jusqu’à la fin et au-delà, en 1770 à Reims, en 1775 à Dijon, Versailles, Saint-Germain, Pontoise et Paris, en 1782 à Poitiers, en 1785 à Aix en Provence, en 1788 et 1789 à Paris et dans toute la France, vous verrez des explosions semblables620 Sans doute, sous Louis XVI, le gouvernement s’adoucit, les intendants sont humains, l’administration s’améliore, la taille devient moins inégale, la corvée s’allège en se transformant, bref la misère est moindre. […] En 1772, à propos du vingtième qui se perçoit sur le revenu net des immeubles, l’intendant de Caen, ayant fait le relevé de ses cotes, estime que, sur cent cinquante mille, « il y en a peut-être cinquante mille dont l’objet n’excède pas cinq sous et peut-être encore autant qui n’excèdent pas vingt sous654. » Des observateurs contemporains constatent cette passion du paysan pour la propriété foncière. « Toutes les épargnes des basses classes, qui ailleurs sont placées sur des particuliers et dans les fonds publics, sont destinées en France à l’achat des terres. » — « Aussi le nombre des petites propriétés rurales va toujours croissant.
Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers. […] Notre amie ne peut plus scandaliser que les sots et les fripons : il est de notoriété publique que l’amitié, depuis cinq ans, a pris la place de la galanterie.
Un publique sympathique, applaudisseur, au milieu duquel les inimitiés sourdes n’osent pas se produire. […] Dans un retour triste sur mon frère, je ne peux m’empêcher de dire à Lafontaine, rencontré dans un corridor : « Ce n’est pas le public d’Henriette Maréchal. » Tout est accepté, claqué, et seuls, au dernier tableau, deux ou trois coups de sifflet, timides, peureux : c’est toute la protestation dans l’enthousiasme général.
C’étaient leurs annales, leurs prières publiques, la voix de leur peuple et de leurs prêtres. […] Humainement parlant, on ne peut expliquer d’autre sorte ces écoles perpétuées dans Israël, ces prophètes, voix du peuple et conseils du souverain, accusateurs publics de toute violence et de toute fraude, hérauts et messagers, scellant de leur sang la vérité de leurs reproches et de leurs prédictions.
Le public, disposé à tout blâmer, trouva, pour cette fois avec raison, que tout le monde avait tort : Voltaire, d’avoir offensé le chevalier de Rohan ; celui-ci, d’avoir osé commettre un crime digne de mort, en faisant battre un citoyen ; le gouvernement, de n’avoir pas puni la notoriété d’une mauvaise action, et d’avoir fait mettre le battu à la Bastille pour tranquilliser le batteur.
., sont traités à part, et certains côtés, non publics, de ces événements, apparaissent pour la première fois de manière à compléter les notions éparses qu’on en a déjà.
Un tel paradoxe, si contraire à la conscience littéraire de l’élite du public d’alors, à l’admirable Épître de Boileau, et de plus si impossible à démontrer aujourd’hui comme à réfuter, m’a fâché, je l’avoue, venant d’un esprit aussi net et aussi droit que M.
M. de Chateaubriand, à plus de trente années de distance, réimprimant son Essai sur les Révolutions et se jugeant çà et là dans de courtes notes comme entièrement désintéressé dans la question, a pu sembler quelquefois usurper les prérogatives de ce chatouilleux public qui se pique de classer œuvres et gens à sa guise, et de ne pas accepter un jugement tout fait d’un auteur sur lui-même.
Les hommes qui, en Allemagne, attaquèrent d’abord dans les Schlegel le mysticisme des théories sur le moyen âge, et dans Goethe l’impartialité égoïste et suprême de l’art, ces hommes sont en partie les mêmes qui essaient de populariser maintenant les idées pratiques de liberté, et d’amener leurs compatriotes à la vie publique.
» Est-il donc impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de disparaître derrière ses personnages, se tiendrait cache sous leur masque, prompt à intervenir à tout moment dans leurs paroles et dans leurs gestes par un feu roulant d’allusions malignes, d’épigrammes lancées contre ses adversaires, de conseils sagement fous donnés à un public ami ?
Maupassant était alors employé au ministère de l’instruction publique.
Des chroniques insérées çà et là, dans les feuilles publiques, des pièces représentées dans différents théâtres, ont soulevé autour de son nom une certaine agitation.
C’est encore l’instant où les attaques des écrivains, jusque-là dirigées contre l’Eglise, vont se tourner contre l’Etat, où la préoccupation des affaires publiques va primer toutes les autres, où les théories politiques, réalistes et modérément réformistes avec Montesquieu, vont devenir dualistes et révolutionnaires avec l’auteur du Discours sur l’origine de l’inégalité.
Ajoutez la vie mondaine, les salons, les cafés, les théâtres, les concerts, les fêtes publiques, les voyages.
Il étendit à tous les intérêts publics son attention, son pouvoir et son influence.
Il croit reconnoître ses idées propres dans les beautez d’un chef-d’oeuvre consacré par l’approbation publique.
II Et tel est le poète nouveau qui se présente aujourd’hui au public, son œuvre à la main.
Victor de Laprade a-t-il bien fait de ne pas s’en priver, pour mieux conquester la considération publique ?
Cette étoffe qu’il a réellement, jointe aux airs qu’il exécute, et qui ont déjà été entendus, sentis, applaudis, trouvés et exécutés, d’ailleurs, par de bien plus grands maîtres que lui, enchante le public, qui aime à repasser sur ses impressions, mais impatiente la Critique, qui en voudrait de nouvelles, et qui, d’un homme si bien doué que M.
Penses-tu qu’une ville puisse subsister, si les jugements publics n’y ont plus de force, si tout citoyen, à son gré, peut les enfreindre ?
Comme la souveraineté devait avec le temps être étendue à tout le peuple, la Providence permit que les plébéiens rivalisassent longtemps avec les nobles de piété et de religion, dans ces longues luttes qu’ils soutenaient contre eux, avant d’avoir part au droit des auspices, et à tous les droits publics et privés, qui en étaient regardés comme autant de dépendances.
Certes, le public ne se passionne pas encore pour elle, certes le gouvernement ne lui facilite guère l’existence, mais d’une telle poussée, inconnue jusqu’alors, de volontés unies et d’efforts coordonnés la victoire sortira. […] C’est, dans le décor figé de Bruges, l’histoire d’amour d’un neurasthénique, accommodée aux goûts d’un public perverti. […] Les questions qui le sollicitent paraissent ingrates au public. […] L’Écrivain public et Pierrot millionnaire de Félix Bodson divertissent agréablement. […] Séance publique annuelle du jeudi 17 novembre 1898.
L’essence de la comédie antique et de la comédie moderne est, dans la première, la satire des vices publics, dans la seconde, la dérision des ridicules particuliers. […] Ce n’est point aux filles de mémoire d’oublier sitôt les attentats contre les libertés publiques, et de leur accorder si généreusement l’impunité qui les enhardirait à l’avenir. […] J’espère, en vous développant toujours ce fécond principe, mériter votre confiance, et l’équitable estime du public ; et je ne m’affligerai pas, en cas d’erreur, si l’impartialité me réfute à mon tour. […] La présence de ce monstrueux possesseur de l’empire leur révélait tous les maux que la victoire de l’usurpateur leur avait légués, et tout le prix de l’héroïque effort de Caton s’immolant à la cause publique. […] La muse d’un de mes confrères s’est emparée de ce beau fait, et le public a lieu d’en concevoir d’heureuses espérances en apprenant qu’il est traité par un écrivain, l’élève et l’ami du célèbre Delille.
Un public nombreux très enthousiaste, où se trouve mêlé au public élégant des expositions, une foule d’étrangers, et un certain nombre de prêtres. […] Bukovics, directeur d’un théâtre de Vienne, est heureux d’offrir comme primeur royale à son public : La Faustin, et qu’elle sera jouée en janvier ou en février, par Mme Sandrock, qui serait, à l’heure présente, la meilleure Faustin, existant en Allemagne. […] On parle encore longuement des procédés nouveaux et, des recherches biscornues des peintres du moment, et Geffroy cite un peintre, en train de peindre au vaporisateur, se vantant des effets inattendus, qu’il va bientôt produire en public. […] Dans une pièce, où l’actrice avait à dire d’une fille, qui s’était mal conduite, qu’elle n’avait plus de fille, il la voyait soudain, sans souci du public, faire un signe de croix à sa ceinture, et envoyer un baiser à la cantonade, — un baiser à sa vraie fille, qu’elle adore.
Elles ont fait ainsi la fortune de ces genres qu’on appelle « communs », dont le caractère est de n’exister qu’autant qu’il existe un public pour les y encourager. […] La galanterie des débuts du règne avait dégénéré en scandale public, et c’est en vain que les prédicateurs avaient tonné du haut de la chaire ! […] Si la France en masse est malheureusement complice de la révocation de l’Édit de Nantes, ce n’est pas seulement le commerce et l’industrie qu’on tarit dans leurs sources, en expulsant les protestants, mais c’est la moralité publique qui en est comme atteinte jusque dans ses fondements. […] I, Jugements des contemporains, p. 372-398] ; — et on le donne même au public sans le lui donner [Cf. […] — Différence à cet égard de Pascal et de lui. — Son premier écrit public : la Réfutation du catéchisme de Paul Ferry, 1655. — Ses premiers sermons [Cf.
Moi aussi, je rêvais alors un grand poème ébauché seulement depuis, la Chute d’un ange, qui devait former un épisode d’une œuvre en vingt-quatre chants, pendant que Vigny, moins ambitieux, mais plus heureux, donnait au public son Éloa sous le titre de mystère. […] Mais la révolution de 1830, qu’il vit avec déplaisir et qui lui enlevait le roi de sa jeunesse et les salons de sa gloire naissante, le confirma dans l’idée d’écrire pour ce public anonyme qui ne donne pas la gloire, mais l’engouement. […] La secte de vos quakers est déjà une exception dans la chrétienté, et vous êtes vous-même une exception parmi les quakers. — Vous avez partagé tous vos biens entre vos neveux ; vous ne possédez plus rien qu’une chétive subsistance, et vous achevez votre vie dans l’immobilité et la méditation. — Cela vous convient, je le veux ; mais ce que je ne veux pas, c’est que, dans ma maison, vous veniez, en public, autoriser mes inférieurs à l’insolence. […] Ou bien il faut que, devant Chatterton malade, devant Chatterton qui a froid, qui a faim, ma volonté fasse poser avec prétention un autre Chatterton, gracieusement paré pour l’amusement du public, et que celui-là soit décrit par l’autre ; le troubadour par le mendiant.
Je n’eus jamais dans ma vie publique un autre type pour me modeler de bien loin sur l’antique que lui. […] La France aura des scènes de Rome et d’Athènes sur ses places publiques. […] Ma conscience m’applaudit : je finis bien ma vie publique. […] … » XL Écoutez maintenant le peuple français au milieu de la plus tragique émeute qui ait jamais amoncelé une foule haletante et vociférante sur la place publique, au bruit du canon, à l’odeur du sang.
Rapport à M. le Ministre de l’instruction publique sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900. […] Mendès, Rapport à M. le Ministre de l’instruction Publique sur la Poésie française de 1867 à 1900. […] Œuvres. — L’Armette, Crépin-Leblond, Moulins, 1894. — Au pays de Berri, Lemerre, 1898. — La Bonne Dame de Nohant, Soc. des Public., 1897. — Sainte Soulange, Crépin-Leblond, 1808. — Noëls Berriauds, éd., 1898. — Les Chansons Berriaudes, éd., 1899. — Vielles et Cornemuses, éd, 1901. — Les Mémoires d’un Bouvreuil, Combet, 1901. — Auvent de Galène, Crépin-Leblond, 1903. — Le Patois Berrichon, Crépin-Leblond, 1903. — Le Courrandier, Combet, 1904. — Les Rimoueres d’un Paysan, Sansot et Cie, 1905. […] Œuvres. — M. du Paur, homme public, roman, Simonis Empis, 1898, in-18. — Le Grand Dieu Pan (roman traduit de l’anglais de A.
Ce dernier volume, par la vivacité des impressions, par la quantité de faits curieux qui y sont rassemblés et qui se déploient dans une trame facile, par la clarté qui y circule et qui y répand une sorte de sérénité inespérée, la seule possible avec Waterloo en perspective, par le talent enfin (car il faut appeler les choses par leur nom), mérite d’être signalé tout spécialement, même après les récents volumes, à l’attention et à la haute estime du public.
Nous autres, greffiers des plaisirs publics, disait Fiorentino… Or un greffier note tout, enregistre tout.
Ces races héroïques et musicales qui faisaient de si grandes choses, restaient sensibles jusqu’au plus fort de leurs passions publiques à la moindre note du poëte ou de l’orateur, et l’applaudissement soudain n’éclatait que là où la pensée tombait d’accord avec le nombre, là où l’oreille était satisfaite comme le cœur.
Pensées On me permettra de terminer ce volume comme j’ai fait déjà pour quelques-uns des volumes précédents, je veux dire par quelques Pensées familières qui s’adressent moins au public des lecteurs qu’à des habitués et à des amis.
Le gouvernement monarchique et l’étendue des empires modernes ont détaché la plupart des hommes de l’intérêt des affaires publiques : ils se sont concentrés dans leurs familles, et le bonheur n’y a pas perdu ; mais tout excitait les anciens à suivre la carrière politique, et leur morale avait pour premier objet de les y encourager.
S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
Ils admettent qu’il ne doit plus y avoir élimination indistincte et mécanique de tous les individus qui ont troublé en quelque manière l’ordre public.
Il avoit composé, peu de temps avant sa mort, une Réfutation de Bayle, que ses héritiers n’ont pas jugé à propos de rendre publique.
Ceux qui peuplent nos jardins publics des images de la prostitution ne savent guère ce qu’ils font.
… Mais il y a plusieurs raisons qui m’empêchent… et vous n’aurez pas oublié ce que je vous en disais si souvent en nos longues promenades de Roumens, où il n’y avait que des arbres et des fontaines qui nous écoutassent. » Après cet aveu dépouillé d’artifice, on comprend quelle doit être l’histoire, écrite pour le public et pour la postérité, de ce courageux historien à l’usage des arbres et des fontaines.
Alors que la littérature matérialisée se dit naturaliste, quand elle se fait tout bêtement abjecte et n’aspire plus qu’à donner aux hommes les plus ignobles sensations ; alors que le public, plus stupide encore qu’elle n’est abjecte, trouve cette littérature toute-puissante, un livre comme celui de Paul de Saint-Victor, haut d’inspiration, spirituel dans tous les sens du mot, idéal et grandiose, doit nécessairement avoir l’honneur de l’insuccès… Et s’il ne l’a pas, j’ose le dire !
C’est bien l’idée commune et moderne « des institutions », cette Poétique politique inventée pour se passer de grands hommes et à laquelle l’Histoire répond par tous les siens, car il n’y a pas d’autres créateurs de prospérités publiques que quelques grandes âmes isolées, et jamais ce que l’orgueil humain appelle si plaisamment « des institutions » n’a été autre chose que la petite monnaie de ces grands hommes nécessaires, disparus !
II Et d’abord est-ce un livre que le sien, un livre loyalement et sincèrement fait, ayant sa destination propre, et qui n’ait pas, sous une forme quelconque, été déjà servi à un public ?
Un esprit de cette gravité, de cette conscience, dédaignerait, après les grands travaux qu’il a publiés, de jeter au public les larves d’une pensée qui vivrait ailleurs, forte, organisée et complète.
Les Grecs — peuple tout extérieur — n’ont point laissé de mémoires, et leur individualité, qui ressemble à leurs statues, ne se voit qu’à la place publique et sous les draperies d’un art et d’un mensonge qui ne les abandonnent jamais.
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée.
L’adultère public de ces Rois très-chrétiens, dont l’exemple frappait au cœur la famille et la pourrissait, explique plus, selon nous, que toutes les fautes de la politique, les malheurs de cette race brillante et infortunée.
Son livre sur la Rivalité de la France et de l’Angleterre, très peu connu du gros public, mais très estimé et très invoqué au Ministère des affaires étrangères, finira peut-être par être lu, comme ses Souvenirs et ses Mémoires, restés, jusqu’ici, dans une espèce d’oubli que l’on peut très bien expliquer.
Ces billets, écrits par la convenance et comme n’importe qui pourrait les écrire, sont aussi adressés à Madame d’Albany, que Madame de Staël appelle « ma reine », cette femme passée du dernier Stuart au poète Alfieri, et qui était allée assez peu royalement avec ce fier républicain demander une pension au gouvernement qui avait chassé les Stuarts d’Angleterre… Quoique écrits en 1815 et en 1817, sous l’empire d’événements publics qui auraient pu faire jeter de magnifiques flammes à ces deux volcans, le cœur et l’esprit de Corinne, je défie qu’on trouve en ces billets un mot qui dise tout bas, si on n’en voyait pas la signature, que ceci fut écrit un jour par Madame de Staël.
À Naples, empêché par ses devoirs publics, il ne put l’écrire.
Pour elle, il ne s’agissait que de déterminer, une fois pour toutes, la valeur littéraire d’un homme sur lequel on a brouillé le sens public, et de planter là le bon Gérard, — dont on nous a tant rebattu les oreilles, — pour s’occuper de Gérard l’écrivain, qui, comme écrivain, n’était pas si bon !
Tout en y croyant, je n’ai pas écrit ce nom de Maurice Bouchor, et, cependant, ce n’était un nom inconnu ni pour le public ni pour moi.
Nous aimons à louer avec ferveur et sympathie, un talent très-réel, très-ému, très-naturel et aussi très-cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la Muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps.
On sortait, si on se le rappelle, de l’époque où les Méditations de M. de Lamartine et ses Harmonies, d’une valeur poétique bien autrement supérieure, étalaient à la sensibilité publique un christianisme faux et souffrant, mais n’en tenaient pas moins leurs beautés, quand il y en avait, de cette inspiration chrétienne, toute faussée et souffrante qu’elle pût être.
Qu’il suffise de savoir, pour l’heure, que malgré les actes d’adoration publics de M.
Ils tâchent d’étendre et d’agrandir la raison universelle ; de reculer les limites de toutes les connaissances ; d’élever la nature morale ; de dompter et d’assujettir à l’homme la nature physique ; d’établir pour nos besoins une correspondance entre les cieux et la terre, entre la terre et les mers, entre leur siècle et les siècles qui ne sont plus, ou ceux qui seront un jour ; de contribuer, s’il est possible, à la félicité publique, par la réunion des lumières, comme ceux qui gouvernent y travaillent par la réunion des forces.
Cependant toute tradition vulgaire doit avoir originairement quelque cause publique, quelque fondement de vérité.… Ce sont les Grecs qui, chantant par tout le monde leur guerre de Troie et les aventures de leurs héros, ont fait d’Énée le fondateur de la nation romaine, tandis que, selon Bochart, il ne mit jamais le pied en Italie, que Strabon assure qu’il ne sortit jamais de Troie, et qu’Homère, dont l’autorité a plus de poids ici, raconte qu’il y mourut et qu’il laissa le trône à sa postérité.
Tous les droits civils, publics et privés, étaient une dépendance des auspices, et restaient le privilège des nobles.
Comment l’idée d’un poëte sacré, dominant par l’harmonie jusqu’aux bêtes féroces et aux rochers, n’aurait-elle point apparu dans cette Grèce, où nous voyons, aux époques historiques, un vrai législateur chanter en vers élégiaques, sur la place publique d’Athènes, les conseils qu’il donne à ses concitoyens ?
Et le recueil de ses leçons fait un livre qu’il offre au public sous ce titre : Le prix de la vie. […] Les fonctions publiques répugnaient à son indépendance, et la force encore latente qui était en lui réclamait un libre emploi. […] Sur une place publique ? […] Ce serait presque offenser le mort, qui demandait qu’on laissât les places publiques aux statues des politiciens. […] Poincaré, alors ministre de l’instruction publique, avait, quelques jours auparavant, présidé à l’inauguration du monument de Henri Murger, au jardin du Luxembourg.
Fauriel, qui résume avec une exactitude approximative les divers temps de ce mouvement : « On ne trouve plus, passé le vie siècle, aucun indice romaine (on voit chez Muratori, que, de 712 à 744, on gravait ces mots sur un monument public : Edificatus est hanc civorius sub tempore domino nostro Lioprando rege), de l’usage du grec. […] J’ai nommé Génin : il est un de ceux qui s’étaient le plus occupés, dans les dernières années, de ces questions de vieille langue ; il y portait du savoir, de l’esprit, de la passion, et il avait su piquer l’attention du public. […] Soit que ce latin rustique (en Gaule) fût une suite, un développement, une variété de l’idiome populaire latin importé autrefois par les conquérants en même temps que la langue savante, et s’émancipant désormais sur tous les points à la fois, — auquel cas les langues romanes seraient elles-mêmes, comme on l’a voulu pour l’italien, une simple dérivation et un dégagement presque organique des idiomes populaires latins soumis à une quantité de circonstances locales accidentelles, et modifiées à l’infini ; — soit qu’il fut déjà un corruption, une dégradation du latin littéraire, un abominable et un cas hautement de barbarismes et de solécismes, ce qui aurait tout l’air d’avoir « t », si on en jugeait par ce qui est ensuite advenu dans toutes ces contrées de la langue romaine (on voit chez Muratori, que, de 712 à 744, on gravait ses mots sur un monument public : Edificatus est hanc civorius sub tempore domino nostro lioprendo rege).
« Dès les premiers jours, notre ministre me présenta dans plusieurs maisons ; et, soit à cause des spectacles publics, soit pour le nombre des fêtes particulières et la variété des amusements, le carnaval me parut plus brillant et plus agréable qu’aucun de ceux que j’eusse encore vus à Turin. […] « On avait défendu dans les cafés de Paris de parler du prince Édouard, parce que l’on se donnait la liberté de blâmer le roi. » Il fut conduit de Vincennes hors du royaume avec décence, mais le cri public protesta pour lui. […] Il suffit que vous soyez sûre d’être en bonnes mains, et que je ne me retire jamais de confesser au public l’assistance que je vous dois dans votre situation, étant sûr et très sûr que vous ferez honneur aux conseils ou avertissements que je pourrai prendre la liberté de vous donner dans quelques occasions, et qui sûrement n’auront d’autre objet que votre vrai bien devant Dieu et les hommes.
Il ne paraissait en public qu’au milieu d’un cortège de serviteurs — la couronne sacrée sur la tête, les pieds ornés de crépides d’airain retentissantes, les cheveux flottant sur les épaules, une branche de laurier à la main. […] Les idées de Wolf sur l’épopée, ou plutôt celles qu’il a amenées, sont devenues du domaine public. […] Egger dans une série d’articles du Journal de l’Instruction publique de cette année, et l’excellente notice de M.
Toutefois la pièce va cahin-caha, dans la déférence du public pour les hexamètres d’un mort, mais quand l’honnête chevalier d’Aydie entrevoit le rôle du pétrole dans les châteaux royaux, ce sont des applaudissements, des hourrahs, un enthousiasme qui assure le succès, que dis-je, le triomphe de cette singulière restitution historique, mettant dans la bouche des gentilshommes de 1730 des pensées d’avant-hier. […] Jeudi 20 juin Lundi — c’était presque le jour de sa mort — a commencé à paraître dans Le Bien public, notre Gavarni. […] Mardi 23 juillet Un ministre de Thiers qualifie ainsi la politique de son chef : « C’est un usufruitier qui ne fait pas les grosses réparations. » La conversation tombe sur Jules Simon, — c’est Ernest Picard qui parle, et on sent dans les sous-entendus, dans les réticences diplomatiques de l’ambassadeur, toute sa méprisante antipathie pour le ministre de l’Instruction publique.
Le besoin qu’elles ont d’être toujours en vue, sous peine d’oubli du public, leur fait traiter la maladie, la mort avec des dédains et des mépris sublimes de légèreté et de hauteur. […] Et comme je lui dis que la pièce se relèvera à la seconde, il s’emporte contre la salle, contre le public blagueur des premières. […] Fin d’avril À l’heure qu’il est, en littérature, le tout n’est pas de créer des personnages, que le public ne salue pas comme de vieilles connaissances, le tout n’est pas de découvrir une forme originale de style, le tout est d’inventer une lorgnette avec laquelle vous faites voir les êtres et les choses à travers des verres qui n’ont point encore servi, vous montrez des tableaux sous un angle de jour inconnu jusqu’alors, vous créez une optique nouvelle.
Le citoyen de la Grande-Bretagne est un patriarche dans sa maison, un poète dans ses forêts, un orateur sur sa place publique, un marchand dans son comptoir, un héros sur son navire, un cosmopolite sur le sol de ses colonies, mais un cosmopolite emportant sur tous les continents avec lui son indélébile individualité. […] Il ne fut point courtisan comme Racine ; il fut plus immaculé de complaisance que Bossuet, plus pur de tout manége que Fénelon, plus noblement désintéressé que Corneille, aussi dégagé d’orgueil et d’envie que Molière, exemple accompli du parfait honnête homme dans sa vie publique comme dans sa vie privée. […] Mais un roi vraiment roi, qui, juste en ses projets, Sache en un calme heureux maintenir ses sujets, Qui du bonheur public ait cimenté sa gloire, Il faut pour le trouver courir toute l’histoire.
C’est une scène de mascarade à la porte d’un bal public pendant une nuit de carnaval. […] Je me fais de cruels reproches à moi-même quand je me dis : il n’y a pas deux mois que j’ai coudoyé ce beau et triste jeune homme en entrant ensemble dans un lieu public ; il n’y a pas deux mois que je me suis assis silencieux et froid à côté de lui dans une foule. […] Tu as été trop indifférent aux causes publiques de ta patrie et du monde, et le choc des verres t’a empêché d’entendre le choc des idées, des opinions, des partis, qui germaient, combattaient, mouraient pour la cause du bonheur ou du progrès du peuple ?
Le vrai public de Dante, ce sont les hommes qui sont entre trente et soixante ans ; or ce public lui fait en grande partie défaut, et c’est là une des causes principales des faux jugements qui sont encore accrédités sur le compte du poète. […] quelle gloire serait la sienne, et que son public serait grand, si Dante, à l’instar de son maître Virgile, avait quelque peu ennuyé et assombri notre enfance ! […] Mon compagnon de voyage me fit spirituellement remarquer qu’ainsi parqués ils avaient l’air de bêtes féroces encagées de peur qu’elles ne mordent, et exposées à la curiosité du public. […] S’il entrait dans un bal public ou dans une réunion de jeunes gens, il était assuré d’avance de soulever des tempêtes d’hilarité et d’être le lion de la soirée. […] Par sa tournure de pensée et sa manière de sentir et de juger, il s’éloigne donc considérablement des tendances qui entraînent la littérature moderne et des goûts du public actuel.
Il n’aimait pas à parler en public. […] « Les révolutionnaires, en choses de religion, ont trop compté sur l’esprit public ; c’est là qu’ils ont été libéraux. […] Le professeur de cours public, à moins qu’il ne soit spirituel, ou n’affecte de l’être, est tenu d’être éloquent. […] C’est une beauté de cours public. […] Elle était souvent alors ce qu’est maintenant notre éloquence de réunion publique.
C’est lui qui leva leurs scrupules, qui triompha de la résistance qu’opposaient au cardinal ces bourgeois effrayés à l’idée « de faire un corps », et d’abdiquer leur indépendance « pour s’assembler régulièrement sous une autorité publique ». […] Elle l’est, par l’habituelle affectation de gentilhommerie dont les écrivains se croient tenus ; elle l’est, par la qualité du public auquel ils s’adressent, que ce soit le public restreint des gens de cour ou le public à peine un peu plus étendu des ruelles où l’on singe la divine Arthénice ; elle l’est enfin, et vous venez de le voir, par la nature même de ses défauts. […] D’un autre côté, en rendant, comme vous l’allez voir, le grand public et les femmes elles-mêmes juges d’une question qui ne semblait être jusqu’alors du domaine ou de la compétence que des seuls érudits, c’est bien le Parallèle qui a consacré le droit des gens du monde à se prononcer sur la valeur des œuvres littéraires. […] Il s’agit de savoir si notre poésie continuera de s’inspirer d’Homère et de Virgile ; de leur emprunter ses machines ; de se nourrir de fictions auxquelles ni le poète ni son public ne peuvent croire ; et, chrétiens dans le sang, il s’agit de savoir si notre art, toujours païen, continuera d’être une espèce d’insulte à tout ce que nous croyons. […] et l’auteur d’Andromaque et de Phèdre ne s’est-il pas un jour, selon le mot de Nicole, considéré lui-même comme un « empoisonneur public » ?
Combien de fois est-il arrivé, pénétrant dans un salon, dans une salle de concert ou de spectacle, ou tel autre lieu public, que nos yeux s’arrêtent à une figure expressive, d’autant plus expressive qu’elle est plus différente de ce qu’ils sont accoutumés à fixer. […] Au-dessous d’un titre comme cette Esclave, l’éditeur qui fait appel au public et se préoccupe des meilleurs moyens en vue d’atteindre son objet, inscrit délibérément ce sous-titre : Roman. […] La Femme venant s’offrir au jugement public une plume à la main, c’était un peu, comme de nos jours, celle qui, vêtue de la toge, erre à travers les corridors du Palais ; on braque les yeux sur le phénomène, pour voir si tant de plis superposés sont agréables au regard. […] Je sais qu’il est assez de mode et d’attitude aujourd’hui, parmi les artistes de lettres, de marquer un dédain pour un genre qui, plus que tous les autres, se subordonne aux goûts du public. Encore serait-ce une question de savoir lequel des deux réagit le plus énergiquement sur l’autre et si l’autorité d’un seul venant s’affirmer à ce public avec la marque du génie, ne le mâterait pas d’un despotisme au moins égal à celui dont il s’impose à ses fournisseurs attitrés…..
Et même mes Carthaginois sont plus décents que les Américains, puisque le public n’était, pas là. […] J’arrive à des noms connus du public.
.) — Lorsque cet article parut dans le Temps, il s’éleva à Lyon une polémique dans le journal le Salut public (n° du 7 juin 1869), au sujet de ces souvenirs sanglants et néfastes de l’insurrection de 1834. M. le colonel en retraite Bernady, qui avait été sous-lieutenant au 7e dragons, en garnison à Lyon, lorsqu’éclata l’effroyable émeute, écrivit de son lieu de retraite, Sérézin-du-Rhône (Isère), à M. le directeur du Salut public pour récriminer contre les vers de Mme Valmore et l’article de M.
Il fut dénoncé au cardinal pour ses recueils de vers récemment publiés, et d’abord pour ses sonnets des Regrets, qu’on présenta comme indignes de la gravité ecclésiastique et comme faits pour compromettre la Révérendissime Éminence dont il était le serviteur, et envers laquelle, par ses plaintes rendues publiques, il se serait montré malignement ingrat. […] Le Recueil des Regrets porte un extrait de Privilège daté de Paris le 7 janvier 1557. — Je crois que ce 1557 revient à 1558, d’après la manière encore en usage dans les actes publics de commencer l’année : je pose la question plutôt que je ne la résous.
D’Alembert était prudent, circonspect, sobre et frugal de doctrine, faible et timide de caractère, sceptique en tout ce qui sortait de la géométrie ; ayant deux paroles, une pour le public, l’autre dans le privé, philosophe de l’école de Fontenelle ; et le xviiie siècle avait l’audace au front, l’indiscrétion sur les lèvres, la foi dans l’incrédulité, le débordement des discours, et lâchait la vérité et l’erreur à pleines mains. […] Quels que soient ses goûts particuliers, ses caprices, son humeur de paresse ou ses fantaisies de hors-d’œuvre, il doit à la société un monument public, sous peine de rejeter sa mission et de gaspiller sa destinée.
Ce commandement, sous le despotisme, est attribué à un seul, sous les autocraties à une caste, sous les théocraties à un sacerdoce souverain, sous les républiques à une élite élective de citoyens et de magistrats, sous les démocraties absolues à la multitude, sous les démagogies, comme à Athènes, à des tribuns privilégiés, et renversés par les faveurs mobiles de la plèbe sur la place publique. […] La démocratie complète dans les mandarins de tout ordre choisis dans toutes les classes par l’élection dans les examens publics, ce qui veut dire égalité de tous, mais à condition de capacité constatée par tous, et de vertu reconnue par tous.
Le public ravi y fut un moment trompé ; il crut que la religion chrétienne avait produit son fruit littéraire, et que l’homme du christianisme allait faire oublier l’Homère de l’Olympe, mais cette séduction du talent ne fut pas longue ; on reconnut bientôt que l’enfer sans terreur et le paradis sans espérance n’étaient que des parodies sans réalité des enfers et du paradis païens, mille fois moins intéressants que ceux de Virgile et d’Homère, car ils étaient sans foi ; cela ressemblait à tous ces enfers et à tous ces cieux dont les peintres modernes barbouillaient les dômes des églises en imitant ridiculement Michel Ange, et où la perfection des contours ne produisait pas même l’illusion de la réalité. […] Fabriquer et vendre de la poudre dans tous les carrefours d’une capitale, est-ce une condition de la sécurité publique ?
Il résulte pourtant de récents travaux que, dès 1793, sous le régime de la séparation de l’Église et de l’État, le clergé avait repris le culte public. […] Cette communication entre le dogme catholique et toutes les parties vivantes de l’âme, il l’avait rétablie en lui-même : il offrait au public les remèdes dont il avait usé.
Rabelais fit la Chronique Gargantuine, dont il dit au prologue de Pantagruel, « qu’il s’en est plus vendu en deux mois qu’il ne se vendra de Bibles en dix ans. » L’anecdote est vraisemblable de tous points ; elle l’est de l’éditeur, qui se plaint de ne pas trouver son compte aux livres sérieux : elle l’est du public, qui en achète fort peu en tout temps : elle l’est de Rabelais, qui, au milieu des plus graves sujets d’étude, s’interrompait pour composer une bouffonnerie. […] L’irrégularité de sa vie comme ecclésiastique, sa fuite de l’église de Maillezais, où il avait été attaché comme bénédictin par, le pape Clément VII, l’habit de prêtre régulier échangé contre celui de prêtre séculier, l’exercice public de la médecine, qu’il professait et pratiquait dans le même temps qu’il disait la messe, tout ce désordre l’exposait à l’accusation d’apostasie, et aux peines de censure et d’excommunication qui en étaient la suite.
Quelques-uns affaiblissent en les développant, ou corrompent en les mêlant d’erreurs qui affectent la nouveauté, les vérités que ceux-ci ont exprimées d’autres, qui ont plus de fougue et d’audace, se retournent tout à la fois contre les vérités et les disciplines consacrées par les œuvres du génie, et attaquent le goût du public par impuissance de le contenter, Au xvie siècle, où les écrivains supérieurs laissent d’ailleurs beaucoup à perfectionner, les écrivains secondaires ont l’importance et l’originalité d’auxiliaires chargés de quelque partie plus facile de la tâche commune, et qui, dans certains ordres de vérités et de connaissances, poussent l’esprit français et la langue, et complètent les conquêtes du génie. […] Dumoulin retrouvait les véritables sources et posait les règles fondamentales du droit français ; Bodin mêlait à des rêveries pythagoriciennes deux principes excellents, et qui sont devenus du droit public, l’inaliénabilité du domaine royal et la nécessite du consentement des sujets pour la levée des impôts.
Cousin est digne du respect qui s’est attaché à son nom, à part l’usage plus que suspect qu’il a fait des travaux d’élèves et d’auxiliaires, sans l’avouer. » Son activité sans relâche le conduisit de Reid à Kant, de Kant aux Alexandrins ; il édita Proclus et l’aurait mis sur le trône de la philosophie, si le public y avait consenti. Son voyage d’Allemagne, en 1824, lui fit connaître le moderne Proclus : Hégel, qu’il accommoda au goût du public parisien236.
Il se compare à un pilote taciturne, « debout à la poupe de la ville, qui tient la barre de la chose publique, et défend ses paupières contre le sommeil ». […] Le premier qui n’obéira pas à mes ordres, homme ou femme, l’arrêt de mort sera porté contre lui, et il sera lapidé par le peuple sur la place publique.
19 janvier Un médecin dit à l’hydrothérapie : « Le vieux Mabille, qui était un homme intelligent, me déclarait qu’il n’avait conservé son public, qu’en changeant, tous les sept ans, son jardin, ses décorations, ses promenades. […] Ils ne manqueront pas d’ajouter qu’aux êtres qu’on aime, on doit garder, dans la maladie, le secret de certains abaissements, de certaines défaillances morales… Oui, un moment, je ne voulais pas donner tout ce morceau, il y avait des mots, des phrases qui me déchiraient le cœur, en les récrivant pour le public… mais renfonçant toute sensibilité, j’ai pensé qu’il était utile pour l’histoire des lettres, de donner l’étude féroce de l’agonie et de la mort d’un mourant de la littérature et de l’injustice de la critique… Maintenant, suis-je un personnage particulier, et mon chagrin et ma désespérance ont-elles besoin de se répandre dans de la littérature ?
J’ai donné mes plus fortes années aux affaires publiques. […] La notion de science n’y est pas étudiée et définie ; mais le sens que j’y attache est celui que je viens d’indiquer, et qui est, je crois, pour les philosophes comme pour le public, son vrai sens.
Cette défense ne fit pas beaucoup de peine au public. […] Les confreres de Dom Ceillier se proposoient de continuer ce travail ; mais il est à craindre que le dégoût du public pour les longs ouvrages, & le goût dominant de ce siécle pour la frivolité ne les empêche de poursuivre cette carriere.
Classer le crime parmi les phénomènes de sociologie normale, ce n’est pas seulement dire qu’il est un phénomène inévitable quoique regrettable, dû à l’incorrigible méchanceté des hommes ; c’est affirmer qu’il est un facteur de la santé publique, une partie intégrante de toute société saine. […] Par exemple, les contrats indélicats ou indélicatement exécutés, qui n’entraînent qu’un blâme public ou des réparations civiles, deviendront des délits.
J’ai parlé de Louis XIV : Catherine eut comme lui des faiblesses, elle les eut en public avec montre et ostentation, et de plus sans interruption ni cesse jusqu’au dernier jour.
Chacun a admiré en lui cette audace et cette puissance de tout fouiller et de tout peindre, d’égaler sa voix qui gourmande au mugissement de la clameur publique, de monter son harmonie sifflante au diapason des barricades ou de l’émeute, de manière à être entendu.
Circulaire aux Correspondants historiques du ministère de l’Instruction publique, insérée dans le Moniteur, sous la signature du ministre.
Elle n’est point matérielle, mais idéale : elle ne consiste pas dans la répétition indéfinie d’une seule note, dans l’extension indéfinie d’une seule couleur, dans le développement indéfini d’une seule passion ; elle est dans le rapport, dans l’harmonie que l’auteur établit et que le public saisit entre les notes, les couleurs, les passions différentes.
Schwob s’étaye d’une assertion de Chamfort : « Il y a à parier que toute idée publique est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » Qu’il me permette de rapprocher le sixième Soliloque sceptique de Lamothe le Vayer : « Quand le vulgaire — et la pourpre et le cordon bleu en font partie — a une fois épousé une opinion pour absurde qu’elle soit, il se raidit d’autant plus à la maintenir qu’elle est déraisonnable et absolument opposée à la vérité, qui, n’est ni escoutée, ni comprise par la folle et ignorante multitude. » Tout de même, et malgré l’autorité de Chamfort, de Lamothe et de Marcel Schwob, il n’est pas de sincère exactitude (et aucun historien de mœurs n’admettra) qu’une collectivité choisisse jamais des opinions absurdes, c’est-à-dire à elle fâcheuses.
Le ministère de l’Instruction publique, considéré à tort comme le ministère de la Science.
Le miracle est d’ordinaire l’œuvre du public bien plus que de celui à qui on l’attribue.
Mais depuis que Jésus était entré dans une voie brillante de prodiges et de succès publics, l’orage commença à gronder.
Celui-ci était un véritable événement, qu’on prétendait de notoriété publique, et avec lequel on espérait fermer la bouche aux pharisiens 1017.
De tous les Vers qu'il a donnés au Public [& dont on ne se doute pas que le nombre soit aussi grand], on ne se souvient guere que de son Ode sur le Temps, & de son Epître au Peuple.
Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré.
Ce n’est même qu’en ce dernier sens, que le public applique ordinairement cette fable.
Les hommes ont beau n’être pas disposés toujours à toute justice, il se forme une conscience générale, une morale publique, qui ont besoin d’être consultées à chaque instant, et dont les arrêts sont sûrs ; à peu près comme dans un parterre composé d’hommes plus ou moins éclairés, il s’établit des jugements et même des impressions qui, en définitive, méritent toute notre estime et toute notre confiance.
Mme Le Normand, en sa qualité de chef de cabinet de sa tante, dont le salon fut un ministère, — le ministère de l’esprit non public, mais particulier, — Mme Le Normand a bien le droit de mélancoliser sur la décadence des salons et de la causerie.
C’est une poignée de philosophes sans patrie qui ont achevé dans l’opinion l’œuvre commencée par Louis XIV contre cette société qui n’est ni de Paris, ni de Versailles, et qui existait bien avant que Versailles fût bâti et que Paris lui succédât dans l’ardente et injuste préoccupation publique !
Si l’on n’est pas un grand historien, on peut être plus facilement un bon commis… Je ne demande pas mieux que de voir l’auteur du Hugues de Lionne en devenir un, agrémenté de tous les ornements de cette fonction publique ; mais je ne veux pas qu’on nous donne, à nous qui nous occupons de la valeur des livres et de leur beauté, comme preuve de talent, un volume d’une confection aussi facile et de si peu de signifiance.
Qui sait si la plupart des pensées les plus individuelles de Rivarol lui-même ne passeront pas un jour dans la langue française et ne feront pas corps avec elle, comme des inscriptions sur le marbre où elles sont gravées, — et si, comme tant de mots dont le génie qui les a prononcés a été exproprié, pour cause d’utilité publique, avant le Code Napoléon, elles ne seront pas recueillies par quelque Quitard de 1990 ?
C’était là toute la sienne, fortune traîtresse, à laquelle il se lia trop puisqu’elle ne lui rapporta jamais que misère, anxiété, angoisse, mépris public, infamie, je ne sais combien de mois de torture et deux condamnations à mort !
Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui elles lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide, sur les brouets clairets que l’esprit lape en un tour de langue, même quand il est pressé.
Rocquain, qui n’y est pas et que j’y cherchais, se console de la sévérité de ma critique en pensant à la bienveillance du public.
Il va aux écoles, aux assemblées, aux conférences, aux thermopoles, qui étaient des cafés (sans café) et des lieux publics ; il va partout, enfin, où l’histoire des Universités, des Instituts et des enseignements officiels n’a jamais mis un pied, qu’elle respecte trop pour l’y risquer… Et de tout ce qu’il regarde et recueille, en mille citations étonnantes et en mille anecdotes inouïes, ce qui se dégage uniquement, c’est ce honteux et misérable résultat que ce monde de l’antiquité, traité de sublime, a péri moins par l’épée des Barbares que par les phrases et sous les phrases de la plus bavarde des civilisations.
Les livres, en effet, dans lesquels l’attention est obligée de s’abattre comme un bec d’aigle pour les pénétrer et en prendre la moelle spirituelle, le public des lecteurs, débilité par l’ennui et les lectures vaines, n’en veut plus et il s’en détourne, tandis qu’il se jette avec un empressement avide sur les brouets clairets que l’esprit lappe en un tour de langue, même quand il est pressé.
Il n’y avait plus de mœurs, ni publiques, ni privées ; ni enseignement, que celui du plaisir ; et la religion de la Vénus commode, en attendant le Néant commode.
Il fallait que le sens public fût aussi profondément perdu qu’il l’est pour qu’on laissât passer de si honteuses extravagances sans les couvrir d’une flétrissure universelle ; il fallait qu’on pût désespérer de la raison même pour les voir accueillies et soutenues, à tous les étages de la société, dans des livres, dans des journaux, dans des discours.
» Et ici le regret prend un arrière goût d’ironie : « Il faut — continue-t-il quelques lignes plus loin — un certain courage pour entretenir le public, en ce moment, de l’histoire du gouvernement anglais.
Cantel n’en est pas à son premier mot poétique, il a déjà publié un volume ; mais il n’en débute pas moins encore, dans un sens plus profond que celui qu’entend le public, car il cherche, avec les souples articulations d’un talent qui doit grandir, une forme arrêtée, une manière définitive.
Avec la largeur et l’élévation de son bon sens, M. de Guerle ne doit évidemment se fier ni à la théorie représentative, qui fait des grands hommes la représentation des petits, — de sorte qu’on peut se demander, dans cette théorie, combien de sots il faut pour faire un homme de génie, comme on se l’est déjà demandé pour faire un public, — ni non plus à cette théorie des milieux, ramassée partout, car elle triomphe partout, et que M.
Un jour, dans une discussion solennelle et en présence de tout le clergé de la contrée, l’évêque de Roquebrun appelle l’abbé Capdepont « le prince des ténèbres », et cet outrage public ajoute la haine et la rancune aux autres passions de l’abbé.
Eugène Sue n’a jamais cessé d’être un comédien, fou du public plus que de son art et se grimant dans ses livres comme dans le salon de la duchesse, où il eût bien fait de rester.
Ainsi donc, s’il faut nous résumer sur le livre de MM. de Goncourt, — peu d’invention, — pas de composition, — des caricatures pour des caractères, — des pages détachées, qui pleuvent les unes sur les autres et qui ressemblent à un feuilleton perpétuel, des événements et des détails sans aucune originalité, — des conversations notées peut-être sur place, — des mots tenus en réserve, comme la poire pour la soif… de son public, que l’on croit avoir altéré d’esprit en lui en faisant boire trop depuis longtemps ; voilà le roman de MM. de Goncourt.
Il a une patience qui attaque les nerfs, une patience furieuse qui se met des freins à elle-même, et qui a dû sacrifier souvent tout un mois en simples préparatifs pour faire bouillir son public une heure.
On sait qu’il était né dans cette ville où la plus étonnante des institutions avait créé une nature nouvelle ; où l’on était citoyen avant que d’être homme ; où le sexe le plus faible était grand ; où la loi n’avait laissé de besoins que ceux de la nature ; de passions que celle du bien public ; où les femmes n’étaient épouses et mères que pour l’État ; où il y avait des terres et point d’inégalité ; des monnaies et point de richesse ; où le peuple était souverain quoiqu’il y eût deux rois ; où les rois absolus dans les armées, étaient ailleurs soumis à une magistrature terrible ; où un sénat de vieillards servait de contrepoids au peuple et de conseil au prince ; où enfin tous les pouvoirs étaient balancés, et toutes vertus extrêmes.
Ils conviennent enfin que peut-être dans de vastes empires, tels que la Chine et la Russie, où, entre la capitale et les provinces, il y a quelquefois douze cents lieues de distance, la réaction du centre aux extrémités doit être souvent arrêtée dans sa course ; qu’ainsi il pourrait être utile d’y rassembler dans une cour tous les grands comme des otages de l’obéissance publique et de la leur : mais ils demandent s’il en est de même dans les petits États de l’Europe, où le maître est toujours sous l’œil de la nation, et la nation sous l’œil du maître, et où l’autorité inévitable et prompte peut à chaque instant tomber sur le coupable.
qu’elles apprennent au monde que, si nous ne sommes point faites pour commander, nous ne méritons pas non plus d’être dédaignées comme compagnes, tant en affaires domestiques que publiques, de ceux qui gouvernent et se font obéir. […] Pourquoi voulez-vous donc que je me déclare, contre un homme si bien appuyé, et que ce que nous en avons dit, en notre particulier devienne public ? […] Du Bellay nous les montre en antique chaperon, en robe à grandes manches, en bonnets sans bord, parlant avec gravité, mais grossièrement, et donnant sur les affaires publiques des avis qui sont de sages sottises. […] Il joua dans la Cléopâtre de Jodelle, avec beaucoup d’art et de naturel, lorsqu’on représenta cette tragédie au Collège de Boncourt devant un public nombreux et choisi. […] Les scholies et les lexiques n’empêchaient point le bon Passerat de prendre part à la vie publique.
C’est ainsi qu’on vient d’inaugurer le boulevard Raspail où le public passe de bout en bout depuis plusieurs années. […] Un magistrat, qui eut souvent à juger les chauffeurs en délire, le rappelait l’autre jour aux intéressés et au public, lequel est fortement intéressé, lui aussi, dans la question, car c’est lui qui fournit la chair à pâté. […] On tient dans le public qu’ils ne sont guère que le masque de la faveur et que les listes de réception sont établies d’avance. […] Le jardin public est une heureuse conception, mais ce n’est qu’un pis aller : combien plus heureuse est la conception du jardin privé ! […] Le jardin public sera la ville au lieu d’être dans la ville.
Royer-Collard avait quitté la présidence du conseil de l’instruction publique, et on l’avait chassé du conseil d’État. […] L’esprit public faisait des chaires de M. […] La révolution de juillet a mis fin à nos leçons publiques, mais non pas à notre carrière de professeur. […] Séparé du public depuis huit années, j’ai perdu l’habitude de porter la parole devant de pareilles assemblées. […] C’est plus tard en Allemagne, et sous une forme étrangère, qu’elle put enfin se faire entendre dans une chaire publique.
The lecturers have taken up residence at Bryn Mawr for a six weeks’ period and besides delivering the series of public lectures have taught graduate and undergraduate students. […] Il conserve, même au milieu de ses délires, le sentiment d’une obligation, d’un devoir à remplir envers le public et envers lui-même. […] Ils ne pourraient vivre sans se sentir entourés et portés par un large public ; et ils se garderaient bien de lui adresser les paroles méprisantes de Shelley ; bien plutôt essayent-ils de le retenir après l’avoir conquis. […] … ne les prendrait-on pas pour une troupe de charlatans criant chacun de son côté sur une place publique : Venez à moi, c’est moi seul qui ne trompe point ? […] Il a connu le train du monde et les affaires publiques : mais il s’est toujours efforcé de se tenir à l’écart, et il y a bien réussi.
La réclamation de 8 000 de l’Assistance publique, sur la menace qu’il allait fermer son théâtre, et que la centaine de jeunes gens dont il avait reçu des pièces, allait prendre à partie dans tous les journaux l’institution dévoratrice, a fait tomber la réclamation de 8 000 francs à quelque chose comme 80 francs. […] Ils ne se doutent pas, ces gens, qu’il y a cent cinquante ans, au moment où Marivaux publiait le roman de Marianne, on lui disait que les aventures de la noblesse pouvaient seules intéresser le public, et Marivaux était obligé d’écrire une préface, où il proclamait l’intérêt qu’il trouvait, dans ce que l’opinion publique dénommait l’ignoble des aventures bourgeoises, et affirmait que les gens qui étaient un peu philosophes et non dupes des distinctions sociales ne seraient pas fâchés d’apprendre ce qu’était la femme, chez une marchande de toile. […] Et copiant ce papyrus, j’avais comme le sentiment de m’être endormi dans l’escalier, de m’être assoupi dans un endroit public, et de faire un rêve, où la galopade de deux gamins en gros souliers, descendant les marches à cloche-pied, ou la bruyance simiesque d’une jeune négresse en joie, ou la dissertation, pleine de consonnes, d’archéologues tudesques, ou le regard par-dessus mon épaule d’un Égyptien d’aujourd’hui, coiffé du fez classique, ou l’opoponax odorant d’une cocotte, me frôlant de l’envolée du voile de son chapeau, ou enfin les bruits, les parfums, le contact des gens : toutes les émanations modernes de la vie vivante traversaient légèrement mon rêve dans le vieux passé, sans interrompre mon ensommeillement. […] nous voyons les choses, le jour, comme les autres les voient, la nuit, dans une insomnie, après un cauchemar. » Vendredi 25 septembre Ce soir, Valentin Simond racontait la dernière soirée de Delescluze, où il se faisait accompagner par lui au Comité de Salut public, disant qu’il avait besoin de causer avec un ami, et lui confiant dans le trajet, qu’engagé dans une cause qu’il n’avait pas choisie, il ne laisserait pas une mémoire déshonorée, et qu’il ne lui restait plus qu’à mourir, ajoutant que la République était décidément fondée, et qu’il restait assez de Jules Simon pour la défendre.
Samedi 12 mars Une représentation de Germinie Lacerteux, où jamais Réjane n’a été plus grande actrice, plus acclamée, plus maîtresse d’un public complètement dompté. […] Comme public, rien qu’un monde de couturiers et de photographes. […] Le public à la fois amusé par l’esprit et intéressé par le dramatique de la chose. […] La scène d’amour conjugal qui remplit l’acte, scène un peu artificielle, joué par l’actrice artificielle qu’est Sizos, n’a pas d’action sur le public.
De là, honoré du bonnet de docteur et s’étant acquis la considération publique, il vint à Paris, où son érudition et son esprit lui assurèrent la bienveillance de plusieurs grands personnages, notamment celle du cardinal du Bellay, qui l’employa dans des affaires d’État. […] Il est particulièrement en saillie chez certains auteurs qui ne sont pas seulement goûtés par le public comme écrivains, mais qu’il traite en amis de cœur, et vers lesquels un sentiment plus affectueux que l’admiration ramène incessamment les lecteurs. […] D’une part, on lui proposait des dignités ecclésiastiques ; de l’autre, on tentait d’ameuter contre lui le public et jusqu’à l’autorité. […] Il n’est pas probable que ces champions de la tolérance et de la liberté de penser lui aient su beaucoup de gré d’une doctrine qui, engageant au public le dehors, c’est-à-dire la parole et l’action, ne laisse à l’individu de droit que sur sa pensée, dont le public n’a que faire et dont on peut dire aussi que l’individu n’a que faire, si elle doit demeurer sans application et même sans expression. […] Je ne me suis point loué au public pour faire des portraits qui ne fussent que vrais et reste semblants, de peur que quelquefois ils ne fussent pas croyables, et ne parussent feints et imaginés.
Nolhac, membre associé de l’Académie de Lyon, qui avait lu dès lors dans une séance publique un chapitre détaché de son ouvrage.
Les villes, les villages n’ont pas plus de rapport entre eux que les arrondissements auxquels ils sont attribués ; ils ne peuvent même s’entendre entre eux pour mener les travaux publics qui leur sont nécessaires. » Depuis cent cinquante ans, le pouvoir central a divisé pour régner.
Car comme on ne se confesse pas au public, et qu’en outre on se connaît mal d’ordinaire, ce qu’on doit dire pour se peindre au lecteur n’est pas ce qu’on dirait dans la réalité.
Il paraît que souvent les dames de Jérusalem apportaient elles-mêmes aux infortunés qu’on menait au supplice ce vin de la dernière heure ; quand aucune d’elles ne se présentait, on l’achetait sur les fonds de la caisse publique 1165.
Auquel cas, il recommande qu’on substitue des allusions plus ingénieuses & plus sensibles, qu’on remplace même quelquefois les idées outrées, les détails trop étendus, les comparaisons forcées par des choses plus justes & plus nobles, en avertissant toutefois le public de ces changemens.
— tandis que l’auteur de Robert Emmet s’est barbouillée en écrivant des livres graves pour ce public de Bartholo, qui ne les lira pas ou qui dormira en les lisant !
Il a ses excès, ses aveuglements, ses débauches publiques et cachées, sa corruption enfin.
de quitter la route qu’on a choisie pour les exposer à l’intérêt public.
Préoccupé surtout des résultats généraux, il nous a montré presque exclusivement par les côtés de leur action publique les hommes qui s’y meuvent, et en cela il a obéi aux exigences de son sujet.
Castille, qui a du talent, et que les lauriers de Thiers, Lamartine et Louis Blanc empêchaient de dormir, ne s’est pas contenté d’imiter ces historiens célèbres par le choix d’un sujet dont le public du xixe siècle ne se blasera pas d’ici longtemps, mais il a voulu concentrer d’un seul coup leurs trois œuvres historiques dans la sienne.
À son cours, quand il pérorait en public, il avait l’art de grouper beaucoup de ces bonnets-là autour de sa chaire.
Sans ce besoin, plein de coquetterie, de se recommander au seigneur public et de se concilier ses chères bonnes grâces, Weill n’eût peut-être pas collé au front de son livre cette locution usuelle, vulgaire, qui semble chercher des échos dans l’esprit de tous ceux qui la débitent, et qui doit plaire par sa simplicité familière aux amateurs du simple et du familier (et on sait s’ils sont nombreux, ces braves gens-là !)
L’histoire de la Révolution de Thermidor, sous la plume décidée de M. d’Héricault, est surtout l’histoire de Robespierre, et il a si bien senti qu’elle l’était, et il a si bien voulu qu’elle le fût, qu’il a ajouté au titre de son livre La Révolution de Thermidor, un sous-titre, qui fixe la pensée : Robespierre ou le Comité du salut public.
Il y aura peut-être des esprits d’une délicatesse outrée, qui trouveront qu’il ne fallait pas livrer ces intimités au public… Cette haute pruderie n’est pas la mienne.
Plus vrai qu’Edgar Poe, le chasseur américain au succès21, dont le but caché est de terrasser l’imagination de son temps à l’aide de combinaisons enragées et d’excentricités réfléchies, Hoffmann n’a pas cette puissance terrible qu’avait Edgar Poe, et que du fond de ses ivresses il pensait encore à exercer ; Hoffmann, lui, perdait de vue son public comme on perd de vue les convives lorsque l’on glisse sous la table.
Byron, qui, comme Pope, méprisait le théâtre et pour les mêmes raisons très hautes : parce que le théâtre, comme disait Pope, « est obligé de s’assujettir aux acteurs et au public », Byron continue d’écrire à Murray d’une main frémissante : « Quelle maudite engeance de sots doivent être ces bouffons pour ne pas voir que cela ne va ni à leur boutique ni à leur échoppe !
Adrien Delondre ajoute ses sympathies, qui doivent être de grande considération et d’imposance pour le public.
Le vieil artiste, l’artiste consommé, et dans un jet de talent le plus puissant que ce talent ait jusqu’alors poussé, a eu pour préféré aux yeux du public un jeune homme qui a fait des vers avec son cœur, tandis qu’il en faut faire avec son cœur, avec sa tête, avec tout ce qui fait qu’on est cette Complexité admirable et mystérieuse qu’on appelle un grand poète !
Le violent, l’intempérant, l’extravagant (pour les bourgeois), l’indécent Richepin, l’impie Richepin, ce Capanée qui fourbit actuellement et damasquine ses Blasphèmes, se resserre tout à coup, se ramasse, se froidit, se simplifie, se métamorphose, et produit un roman d’analyse impartiale et patiente, — patiente… à impatienter le journal dans lequel il l’avait publié d’abord en feuilleton, et qui, lui, l’a raccourci, haché et châtré, ne voulant pas en perdre tout, puisqu’il l’avait payé à l’avance, et disant comme ce grand poète, qui n’est pas le Père prodigue, à son fils qui n’avait plus faim : « Mange donc cette côtelette encore, puisqu’elle est payée. » Le public, moins despotisé, n’a mangé qu’une partie de la côtelette de M.
… Un jour, l’imagination publique, qui, ce jour-là, se monta la tête et fut bonne fille, essaya de ce galvanisme de désespoir quand M.
Évidemment, au dix-neuvième siècle, avec l’influence physiologique qui pleut sur nos têtes, avec l’empoignement de l’Imagination publique par ces questions de magnétisme contre lesquelles les plus forts d’entre nous vont à chaque instant se cogner, évidemment les romanciers et les poëtes (dramatiques ou non dramatiques) devaient avoir une autre manière de toucher à cette corde mystérieuse du système nerveux humain, dont le génie de Shakespeare a tiré une vibration si déchirante, rien que pour l’avoir effleurée !
Rasetti28 I Quelques personnes ont prétendu que sans les Misérables, qui ont, tout ce temps, absorbé l’attention publique, ce livre d’Antoine Quérard aurait recommencé le succès de Madame Bovary.
l’exercice des fonctions publiques ?
On peut lui reprocher, sans doute, de n’avoir pas en assez d’austérité dans ses mœurs, et sa cour était plus celle d’un prince que d’un pontife ; mais le protecteur de Raphaël, de Michel-Ange et du Bramante, l’ami du Trissino et du Bembo, celui qui cultiva les lettres en homme de goût, et sut les protéger en souverain, mérita l’honneur des éloges publics.
En ce temps-là, l’admiration du public allait encore à l’emphase copieuse de Mlle Scudéry ou de Gomberville. […] Cet ouvrage lui avait été communiqué en manuscrit, avant d’être rendu public. […] Cependant, il admire la longue liste des peintures publiques, et il ajoute qu’à Venise les particuliers en ont de quoi combler l’Océan. […] Il pensait troubler son infidèle, et l’exposer aux huées du public. […] Enfin, il faut parler aux yeux du public : offrons-lui des cérémonies pompeuses, des objets extraordinaires, des orages, des meurtres, du sang répandu… Hélas !
Le côté le plus étrange de cette révolution, pour nous si évidente, c’est le merveilleux mensonge des apparences qui la dissimulent au public. […] Jamais Louis XIV dans toute sa gloire n’a dominé la littérature de son siècle comme la nôtre est tyrannisée par le gros public. […] Celui qui affronte un jugement public doit se laisser connaître tout entier. […] L’existence des statues isolées sur les places publiques ou dans les maisons et les jardins est très postérieure à Phidias. […] La conscience n’est plus libre ni commandée ; elle est comme une place publique où les passants se croisent en sens divers.
Avant-propos Je prie le lecteur de se figurer un atelier dans lequel l’artiste aurait rassemblé quelques-unes de ses études les moins imparfaites, pour les exposer aux yeux du public : un tableau d’histoire auprès d’une eau-forte, un dessin d’après l’antique à côté d’un portrait ou d’une fantaisie. […] Pour l’apaiser, César lui montra un matin le corps de Ramiro coupé en quartiers sur la place publique de Césène, et le coutelas sanglant à côté du cadavre. […] En de certaines occasions, ils doivent « reculer contre la muraille. » Tel des articles de ce manuel de servitude a une portée historique ; celui-ci entre autres : « Lorsque Sa Majesté sortira pour aller à la messe ou ailleurs, en public, elle veut et entend estre accompagnée de tous les princes, cardinaux, seigneurs et gentilsommes, jusqu’à ce qu’Elle se mette à table, s’ils n’ont excuse légitime. » Texte fatal qui va domestiquer la Noblesse française, et paralyser toutes ses forces vives, en la clouant, pour deux siècles, sur des banquettes d’antichambre. […] La captivité de la jeune reine commença au Buen-Retiro, où l’étiquette la cloîtrait, avant qu’elle eût fait son entrée publique. […] Les automates redoutent l’imprévu : Charles II donna à la duchesse de Terra-Nova plein pouvoir pour la direction de la reine. « La duchesse de Terra-Nova, « dit Mme d’Aunoy, ayant entrepris d’ôter entièrement à la reyne le peu de liberté qui lui restoit, et voulant demeurer seule maîtresse des volontés de Sa Majesté, déclara, dès qu’elle fut retirée au Buen-Retiro, que qui que ce soit ne la verroit qu’après qu’elle auroit fait son entrée publique.
Comment, après les secousses de tant d’orages, rappeler le public aux objets de sa tranquille attention, et le rendre à ses premières vues ? […] La plupart des fameux créateurs d’épopées eurent trop de fierté d’âme pour engager leur liberté individuelle aux spoliateurs des libertés publiques. […] La bienveillance que vous m’avez toujours témoignée m’encourage à me dépouiller devant vous de la fausse modestie qui embarrasse l’enseignement, et mon respect pour le public m’empêchera d’abuser jamais de votre complaisance favorable. […] « Non, ne croyez pas, mes nymphes, non, que j’ai célébré celui qui, trahissant le bien public et son roi, leur préfère son intérêt personnel, au mépris de la gloire humaine et divine. […] On en citerait mille exemples : l’un des plus sensibles est celui-ci : le fabuliste représente la difficulté qu’éprouve une lourde voiture publique à gravir une pente escarpée.
Enfin ils ont des trésors, dont ils ont voulu, en bons camarades, faire profiter le public. […] Supposons que l’éducation publique et commune pour tous les enfants du peuple, égale pour tous virtuellement, mais variée suivant leurs aptitudes constatées, vienne à s’établir… Ne voyez-vous pas que, si les idées synthétiques (l’y voilà !) […] Il ne cessait pas de se dénoncer lui-même à l’accusateur public et de solliciter un prompt jugement. […] — Si le moine a agi par humanité et non par cupidité ; si, du reste, il avait, de notoriété publique, des notions chirurgicales ; s’il a fait l’opération avec prudence et soins ; oui. […] Il fallait, pour écrire un livre complet et certain sur Octave Gréard, quelqu’un qui, à la fois, pût embrasser et comprendre son œuvre publique, et pour qui l’homme même eût bien voulu se détendre et s’attiédir.
On joindrait volontiers à son nom celui de Théodore de Banville, — pour ses Cariatides, 1842, ses Stalactites, 1846, ses Odelettes, 1856, — si l’art n’y ressemblait trop souvent à un jeu ou même à une gageure ; et puis si trop souvent, dans ses œuvres, l’auteur des Odes funambulesques, 1857, ne semblait se railler de son sujet, de son public, et de lui-même. […] Mais les auteurs dramatiques l’ont mieux compris encore, eux, dont nous avons vu que l’art s’évanouissait tout entier s’ils perdaient le contact du public. « Combien de sots faut-il pour former un public ? […] ], — mais d’abord circonscrite à un cercle d’élèves, — n’a commencé de s’exercer sur le grand public qu’aux environs de 1845. — On en trouverait au surplus une preuve dans ce fait que de tous les grands écrivains de son temps, — il est le seul, croyons-nous, dont Sainte-Beuve n’ait rien dit avant 1862 ; — et encore [Cf. […] La Mare au diable, 1846 ; — La Petite Fadette, 1849 ; — François le Champi, 1850]. — Et le succès de ces romans, — au lendemain des aventures de la Révolution, — opère un double effet ; — qui est de la réconcilier elle-même avec le grand public ; — dont elle avait semblé vouloir se séparer pour ne s’adresser qu’« au populaire » ; — et le grand public avec elle ; — comme ne voyant plus en elle qu’un grand talent reconquis sur l’esprit de parti.
Heureux si, dans ce travail respectueux et sincère, nous prouvons aux admirateurs, je dirai presque aux coreligionnaires de l’auguste et vertueux théoricien, que nous ne l’avons pas méconnu, et si en même temps nous maintenons devant le public impartial les droits désormais imprescriptibles du bon sens, de la libre critique et de l’humaine tolérance ! […] Si l’on cherchait à y surprendre les premières impressions, les premières émotions de l’homme public et de l’écrivain, on devrait y reconnaître surtout l’influence de Rousseau. […] A propos de la ville de Washington, qu’on avait décidé de bâtir exprès pour en faire le siège du Congrès : « On a choisi, dit-il, l’emplacement le plus avantageux sur le bord d’un grand fleuve ; on a arrêté que la ville s’appellerait Washington ; la place de tous les édifices publics est marquée, et le plan de la Cité-reine circule déjà dans toute l’Europe. […] La plupart des écrits de M. de Maistre, en effet, ont été composés dans la solitude, sans public, comme par un penseur ardent, animé, qui cause avec lui-même. […] Cet examen de Bacon, publié seulement en 1836, aurait-il été modifié, complété, c’est-à-dire adouci par lui, s’il l’avait lui-même donné au public ?
Cependant, pour fixer les idées, et sans attacher à une date plus d’importance qu’elle n’en mérite, on peut dire que la crise où nous sommes est devenue publique, intéressante pour tous, et a saisi l’opinion à peu près avec les premiers ouvrages de deux brillants esprits, M. […] C’est surtout le second qui, par son livre des Philosophes français au dix-neuvième siècle, a porté devant le public le procès actuel. […] Sans prétendre, comme l’ont cru les saint-simoniens, que la philosophie puisse devenir une religion publique et organisée, est-il possible qu’elle ne passe point chez les philosophes sérieux à l’état de croyance et de règle ? […] Se fiant sur l’ignorance du public, il a repris simplement toutes les thèses de l’école condillacienne, telles qu’on les exposait il y a quarante ans ; il a supposé que les doctrines qu’on leur a substituées sont absolument fausses, qu’elles sont vides de sens et qu’il n’en doit rien rester dans la science. […] Enfin le public doit lui-même ne pas toujours être devant nos yeux.
Il regrettait cette vie publique de l’agora et cette existence expansive en face d’une nature généreuse. Il oubliait un peu que Socrate déjà avait dit qu’il était impossible de vaquer aux choses publiques en honnête homme et de s’en tirer sain et sauf, et que Simonide avait déjà déploré amèrement la misère de la race des hommes ; ou plutôt il ne l’oubliait pas, mais il croyait qu’à travers ces plaintes et ces écueils inévitables, il y avait lieu, en ces temps-là, de vivre d’une vraie vie, au lieu d’être, comme aujourd’hui, jeté dans le monde des ombres. […] Theil l’avait remarqué dans un article du journal la Paix (4 mars 1837), où il parlait de Leopardi à merveille, mais devant un public distrait et dans un lieu trop peu littéraire.
Les hommes sérieux et les familles honorables qui s’en éloignent pourront revenir à cette tribune et à cette chaire, si l’on y trouve des pensées et des sentiments dignes de graves réflexions. » II Un autre amour était caché sous cet amour de Chatterton pour Kitty Bell… Mme Dorval était l’idéal de M. de Vigny et du public. […] On aurait en vain parlé raison à ce public, on aurait en vain représenté à cet enthousiasme socialiste que la société ne doit à personne, et surtout à un enfant de dix-huit ans comme Chatterton, que le prix réel de ses services, et non le prix auquel il évalue ses rêves ; qu’il n’y a rien d’humiliant dans un emploi servile bien rétribué, quand cet emploi, qui est celui des dix-neuf vingtièmes de la population, est honorable ; que le cri de haine contre la société étayée ainsi est le cri d’un fou qui veut avoir raison contre la nature des choses, et que le suicide à dix-huit ans par impatience est l’acte d’un frénétique. […] Ce discours ressemble aux sifflets de l’insulteur public des Romains, qui perçait à travers les acclamations du triomphe.
Avertissement En publiant, sur de bienveillantes instances, ces deux discours d’art et de philosophie, je dois prier le public d’avoir égard aux impérieuses exigences de la forme oratoire. […] Je suis heureux d’avoir obtenu, pour les idées que j’aime, l’assentiment d’un public nombreux et grave dans cette ville d’intelligence et de liberté. […] J’ajoute que votre compatriote, en mettant la notion de beauté au sommet de l’échelle spirituelle, en disposant logiquement les âmes à recevoir l’enseignement qui leur permettra de comprendre d’une façon générale cette notion, concourt mieux que tout autre à créer l’atmosphère désirable où l’art se produira librement et trouvera naturellement un large public.
. — L’Odyssée 2 I L’Iliade est le poème de la vie publique ; l’Odyssée, que j’ouvre en ce moment devant vous, est le poème de la vie domestique. […] VIII La tonte des brebis, le lavage des agneaux dans le bassin d’eau courante ; la dernière gerbe qui arrivait dans l’aire sur le dernier char de la moisson, festonné de bleuets, de pavots, de guirlandes de chêne ; la dernière gerbe battue, dont on apportait le grain dans une écuelle au maître du château pour la répandre sous ses pas et pour qu’il remplît à son tour l’écuelle vide de petites monnaies pour les batteurs ; la visite des étables, où les bœufs, les vaches, les taureaux, liés aux mangeoires par de grosses cordes, étalaient leurs flancs luisants et leurs litières dorées, témoignages des soins et de la propreté des bouviers ; les écuries des chevaux de trait, tapissées de harnais aux boucles de cuivre aussi éclatantes que l’or, le bruit de leurs mâchoires qui moulaient l’orge, la fève ou l’avoine entre leurs dents, délicieuse musique des râteliers bien garnis aux heures où le laboureur détèle trois fois par jour ses attelages ; les mugissements lointains des bœufs de labour répercutés d’une colline à l’autre, le matin avant que le soleil se lève ; les cris intermittents de l’enfant qui les chatouille de la pointe de l’aiguillon ; les claquements du fouet du charretier qui revient à vide de la ville où il a déchargé ses sacs de blé ; le roucoulement perpétuel des pigeons sur le toit du colombier ou sur la paille des basses-cours, ou ils disputent l’épi mal vidé aux poules ou aux passereaux ; les fêtes champêtres au château, fêtes qui marquaient pour les serviteurs et pour les mercenaires des hameaux voisins la fin de chaque travail essentiel de l’année ; les danses dans la grande salle délabrée quand la pluie ou le froid s’opposait aux danses sur les pelouses des parterres ; les préférences naissantes, les inclinations devinées, avouées, combattues, ajournées, triomphantes enfin entre les jeunes serviteurs de la ferme et les jeunes servantes de la maison ; les aveux, les fiançailles, les noces, les joies des épousées devenant la joie et l’entretien de toute la tribu ; enfin ces repos et ces silences complets des dimanches d’été succédant aux bruits de la semaine, silences délassants pendant lesquels on n’entendait plus autour du château et jusqu’au fond des bois que le bourdonnement des abeilles sur le sainfoin autour des ruches et le ruminement assoupissant des bœufs couchés sur les grasses litières dans les étables ; toutes ces scènes de la vie privée, quoique vulgaire, rurale, domestique, n’étaient-elles pas aussi riches de véritable poésie épique ou descriptive que les scènes de la vie publique dans l’Iliade, que les tentes des héros, les conseils des chefs, les champs de bataille d’Ilion ? […] Si elles se ravalent à imaginer, soyez sûrs que c’est qu’il leur a manqué quelque chose à aimer : leur gloire publique n’est que l’éclat de leur malheur secret.
Les plus habiles sculpteurs qui fussent en Italie présenterent chacun son modele, et ces modeles aïant été exposez, il fut décidé sur la voix publique que celui de Theodon, alors sculpteur de la fabrique de saint Pierre, et celui de Le Gros, tous deux françois, étoient les meilleurs. […] Les chef-d’oeuvres dont nous admirons les vestiges, étoient encore dans les places publiques, et l’on ne sçauroit imputer qu’aux causes morales la grossiereté des artisans, qui ne sont venus qu’après le sac de Rome par Alaric. […] Sous la plûpart des empereurs romains, la soumission de la Grece à l’empire, fut plûtôt une mouvance qui assuroit la tranquillité publique qu’un asservissement à charge aux particuliers et préjudicable à la societé.
elle était née au plein milieu du dix-huitième siècle ; les descendants de l’Ordre Teutonique étaient devenus luthériens ; luthérienne donc, et puis femme d’ambassadeur, elle eut à essuyer d’abord toute cette vie de monde, de scepticisme et de plaisirs ; et lorsqu’elle y échappa, lorsque la flamme des événements publics vint éprendre cette âme si fervente sous une enveloppe si frêle, et lui fit croire à l’heure de prédire, de frapper tour à tour et de consoler, il se trouve que bien peu l’entendirent ; qu’elle fut comme la prophétesse stérile d’Ilion en cendres ; que ceux même que sa rapide éloquence de cœur avait un moment saisis, comme la poussière éparse que la nue électrique enlève, elle passée, retombèrent ; et qu’elle-même, sans ordre fixe, sans discipline, sans tradition, soulevée par le souffle ardent des catastrophes et n’ayant entrevu que des lueurs, perdit aussitôt la trace de l’avenir, et mourut dans une Crimée, sans rien laisser, sans rien servir, flocon de neige apporté et remporté par l’aquilon, un simple éclair et un cri de plus dans le vaste orage ! […] » Ce mot est le seul de la lettre qui fasse allusion à l’état des événements publics.
Le public, qui aime à faire le moins de frais possible en renommée, et qui est dur à accepter des noms nouveaux, voyant le Globe surgir, tenta d’en expliquer le succès, et presque le talent, par l’influence invisible et suprême de quelques personnages souvent cités. […] Depuis qu’il professe en public, M.
Qui ne l’a pas éprouvé quelquefois dans sa vie privée ou dans son existence publique ? […] Les gardes nationales, les fédérés, les sociétés populaires, les enfants, les femmes, toute cette partie des populations qui vit des émotions de la rue et qui court à tous les spectacles publics, volaient à la rencontre des Marseillais.
Mais il faut y prendre garde cependant : quand cette confidence mérite d’être divulguée par les lecteurs d’élite, étonnés et charmés de ce qu’ils découvrent d’inattendu dans ces pages, la confidence ne reste pas longtemps un secret entre l’auteur et ses amis ; le public écoute aux portes, l’admiration passe du dedans au dehors par les trous de la serrure, et la France se dit avant qu’on y ait pensé : « J’ai un vrai poète de plus. » IV J’ai subi moi-même cet inconvénient de publicité éclose en une nuit, dans ma jeunesse : complétement inconnu la veille, j’étais célèbre le lendemain. […] Gosselin fussent plus lentes à jeter mes vers au public, et qu’ils ne parussent qu’après ma nomination, encore indécise, au poste que je sollicitais.
Quoique M. de Lamartine rejette à bon droit ce rôle d’insulteur public qu’on a voulu lui faire jouer malgré lui, il ne veut pour personne, pas même pour une nation, s’abaisser au rôle de suppliant ou à celui d’adulateur : l’un lui messied autant que l’autre. […] Le prestige d’une telle exhibition de soi-même eût été trop expressif en public.
Les 9 thermidor et 18 fructidor avaient atteint jusqu’aux membres du comité de salut public. […] Ce volume, malgré les chicanes que quelques puristes jaloux et malveillants répandirent dans le public contre son authenticité, à cause de quelques termes évidemment nouveaux insérés çà et là dans le texte, triompha et triomphera de tout.
C’est pourquoi il n’est peut-être pas de poète qui soit moins connu du public, ni plus sacré pour ses fidèles ; qui ait moins de lecteurs, ni des lecteurs plus fanatiques. […] Ce que j’ai envie de dire pourra paraître un éloge démesuré : car le public n’a pas l’air de se douter, vraiment, que notre siècle finissant a de grands poètes.
Comme le public imagine toujours le contraire de la réalité, M. de Goncourt et Alphonse Daudet passaient auprès de lui pour des amis intimes ; et il avait fini par le leur faire croire. […] Et les riches et les puissants, de plus en plus, oublieront leurs devoirs, leur raison d’être en ce monde ; ils confondent dans leur haine ou leur indifférence démocratie et peuple, le simple travailleur qui va noblement et heureusement à sa tâche et l’imbécile braillard des réunions publiques qui songe à réformer l’univers.
L’hospice, en effet, ne contenait pas seulement des malades il comprenait aussi des pauvres remis à la charité publique et même des pensionnaires, qui, pour un capital insignifiant, y vivaient chétivement, mais sans souci. […] » Au milieu de cet éclat public, le vicaire ne put éviter d’apprendre la vérité sur une foule de points qu’il se dissimulait.
Franchement, le public est un peu de son avis ; il s’était pris d’une certaine sympathie pour ce banquier sans prétention et de belle humeur. […] Il revient du Havre ; cette innocente promenade a fait tomber les actions de sa maison dans les bas-fonds de la baisse ; il les a rachetées à cinquante pour cent au-dessous du pair : le tour est fait… Mais ce tour est celui d’un Mercadet à ses débuts et non celui d’un homme six fois millionnaire ; mais cette fausse sortie, exécutée sur le théâtre sérieux des affaires, conduirait tout droit son homme en police correctionnelle ou en cour d’assises ; mais c’est là une fourberie impossible, imaginaire, fantastique, et dont ce pauvre diable de millionnaire sacrifié ne peut être responsable aux yeux du public !
Dumont, de l’instruction publique, suit Charles Edmond. […] » * * * — Un auteur dramatique disait de son collaborateur : « Mon collaborateur passe dans le public, pour connaître les femmes… voici qui est vraiment amusant… j’aurais dépensé mon argent et ma santé avec elles, et ce serait lui qui les connaîtrait, merci… c’est moi, c’est moi qui les connais, bougres d’imbéciles !
Mais ce qu’il est tous les jours, c’est un écrivain matériel et matérialiste, qui public de bien autres choses que les quelques porcheries innocentes du Ventre de Paris. […] Déjà Victor Hugo, le père de bâtards qui devraient, quand il les regarde, lui faire honte de sa paternité, nous avait donné le prêtre amoureux, Claude Frollo ; mais, tout en le traînant dans la fange enflammée de sa passion pour une coureuse de places publiques, il lui avait gardé sur son énorme front chauve un rayon d’intelligence qui, du moins, tout coupable qu’il apparaissait, faisait reculer le mépris.
Alors, soit dans l’atelier élégant et curieux que le tableau d’un peintre d’intérieur a fait connaître au public, soit plutôt encore dans un atelier retiré et plus modeste où elle se rend tout à fait inaccessible, — là, devant des modèles, ou ceux des maîtres ou ceux de la nature vivante, elle travaille et jette sur le papier ses aquarelles hardies et franches qui luttent de vigueur et d’éclat avec l’huile.
Le succès qu’obtint à la Comédie-Française cette jolie chose poétique prouva qu’il y avait lieu encore, dans le public, à de l’émotion littéraire délicate quand on la savait éveiller.
Il est le contraire de ceux qui donnent au public des papiers plutôt que des idées.
Mais d’assez récentes tracasseries ecclésiastiques l’ayant ramené à Paris, il y vit de près cette tiédeur et ce relâchement publics qui enhardissent un pouvoir sans morale à tous les envahissements rusés ou grossiers ; il y vit, sous cette couche corrompue d’une société en décadence, une masse jeune et populaire, impétueuse, frémissante, au sang chaud et vierge, mais mal éclairée, mal dirigée, obéissant à des intérêts aussi et à des passions qui, certes, courraient risque de bientôt corrompre la victoire, si un souffle religieux et un esprit fraternel n’y pénétraient d’avance à quelque degré.
Tant pis après tout pour l’homme de génie qui ne respecte ni le public, ni la vérité, ni lui-même : il délie les autres du devoir de le respecter.
Les chrétiens nous ont donné une représentation fidèle du moi tel qu’ils l’entendaient, dans le spectacle de ces saints reclus, murés entre quatre murs sur les places publiques, et recevant par une ouverture leur pain de la pitié des passants.
Depuis, la décadence a tout envahi : beaucoup de lois et beaucoup de corruption ; des mesures engendrées par les dissensions, arrachées par la violence et dictées par l’ambition, la haine et la jalousie contre les hommes éminents ; les Gracques, les Saturninus et les Drusus, ces agitateurs du peuple ; la corruption et les prétentions insolentes des alliés ; la guerre Italique, puis les guerres civiles ; le bien public oublié et les lois faites à cause des hommes et non pour la République ; enfin, le mépris des coutumes et du droit, jusqu’à ce qu’Auguste donne un corps de lois, qui aboutit à la délation, à la confiscation et à la terreur (terror omnibus intentabatur).
Un des caractères les plus frappants dans l’homme, dit le citoyen Talleyrand, dans son Rapport sur l’instruction publique du 10 septembre 1791, pag. 7, c’est la perfectibilité ; et ce caractère sensible dans l’individu, l’est bien plus encore dans l’espèce : car peut-être n’est-il pas impossible de dire de tel homme en particulier qu’il est parvenu au point où il pouvait atteindre, et il le sera éternellement de l’affirmer de l’espèce entière, dont la richesse intellectuelle et morale s’accroît sans interruption de tous les produits des peuples antérieurs.
La réputation, les suffrages constamment attachés aux hommes qui ont honorablement rempli la carrière des affaires publiques, sont l’un des premiers moyens de conserver la liberté ; et ce qui peut contribuer le plus efficacement aux progrès des lumières, c’est de mêler ensemble, comme chez les anciens, la carrière des armes, celle de la législation, et celle de la philosophie.
L’orateur se demande donc, demande à son public ce que c’est qu’un jeune homme de l’âge qu’avait saint Bernard, quand il quitta tout pour s’enfermer dans un cloître.
le plaisant qui répliqua à l’instant : Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guère, n’avait pas eu le temps de mesurer l’idée, et le public vit peut-être avant lui ce qu’il y avait d’esprit et de juste critique dans cette application.
Vers le même temps Hardy, si peu artiste, organisait la plus haute forme d’art qu’ait possédée notre littérature classique : il adaptait la tragédie au public, et la transportait de la rhétorique lyrique à la psychologie dramatique.
José-Maria de Heredia l’est sans doute encore aujourd’hui pour la plus grande partie du public : un nom éclatant et mystérieux.
Des honneurs publics furent rendus à l’illustre comédienne.
Il connaît les épisodes du pontificat de Grégoire VII, et sa traversée si tragique sur la barque de saint Pierre, avec une sûreté et une aisance dont personne même ne peut mesurer la valeur, puisque nul ne sait sur ces matières à lui familières que ce que son érudition généreuse a bien voulu en apprendre au public.
Car c’est dans ce jardin secret que germent les semences qui s’épanouiront plus tard dans le grand jardin public de la vie sociale.
En Orient, la maison où descend un étranger devient de suite un lieu public.
Jésus, qui tenait fort aux bonnes vieilles mœurs, engageait les disciples à ne se faire aucun scrupule de profiter de cet ancien droit public, probablement déjà aboli dans les grandes villes où il y avait des hôtelleries 830. « L’ouvrier, disait-il, est digne de son salaire. » Une fois installés chez quelqu’un, ils devaient y rester, mangeant et buvant ce qu’on leur offrait, tant que durait leur mission.
Il faudrait qu’ils se vissent avant de se rencontrer en public, pour éviter les inconvénients de la surprise.
Mais peu à peu elle se prend au jeu cruel et dangereux et, quand elle est devenue elle aussi capable de souffrance, Jude, dont le cœur est à elle tout entier et dont la vie est libre moralement et matériellement, lui avoue, tout confus, qu’il est, d’après les registres publics, un homme marié.
La religion funéraire et le salut public, à ces âges de fer de la Grèce, réclamaient aussi quelquefois des victimes humaines.
Or, en même temps qu’Ovide, en même temps que Musée, en même temps, sans aucun doute, que tel poète d’aujourd’hui, — un rapsode inconnu, ignorant Ovide, Musée et tout ce qui est écrit, puisant dans une tradition strictement orale chantait, lui aussi, mais pour un autre public, « Héro et Léandre ».
La seule utilité de la critique des défauts, c’est de préserver le goût public contre certains engouements fâcheux, et peut-être de préserver le génie même contre certains écarts.
Corneille tira de cette infamie une vengeance, & la vengeance la plus douce pour un auteur, celle de voir les ouvrages de son ennemi sifflés par le public.
Jouir sans comprendre le pourquoi de sa jouissance est le fait du public, mais comprendre ce pourquoi est le fait du critique.
Point du tout ; il ajoute, demandez-moi pourquoi, et se moque à la fois et du public et de l’avocat.
N’y a-t-il pas aussi des gens qui, étonnés, dans leur haute simplicité, de l’abandon où est la noblesse, demandent qu’elle soit organisée, comme si une noblesse s’organisait, comme si les hiérarchies sociales étaient à la disposition des hommes, comme s’il y avait à présent des familles publiques, c’est-à-dire des familles pour qui le service de l’état fût une obligation exclusive ?
Depuis l’établissement du christianisme, le théisme était devenu le culte public.
Je pourrais, sans doute, aujourd’hui reproduire ces objections, afin de les discuter : ce serait une occasion que j’aimerais à saisir de rendre hommage à la mémoire d’un homme qui eût pu laisser un nom s’il eût voulu se mettre en rapport avec le public, et dont d’inexprimables chagrins ont causé la mort prématurée ; mais il faudrait discuter de nouveau les grandes et immenses questions relatives à l’institution du langage, à la formation des sociétés, aux traditions, aux castes : au point où j’en suis, je dois abandonner à ma pensée le soin de se compléter elle-même, et ensuite de se défendre.
… Et tout est de cette clarté et de cette logique dans un livre qui veut être éblouissant et qui n’est pas uniquement la purgation et l’expulsion secrètes des brumes intérieures devant les amis, mais une cassolette de parfums qui fument offerte somptueusement au public !
La bavarderie de l’art pour l’art lui est inconnue… L’étonnement qu’on eut donc quand le général Daumas donna ses livres au public fut un sentiment qui tenait à beaucoup d’ignorance, de superficialité et d’injustice, mais, bien loin de nuire à son succès, il en augmenta la rapidité.
Louis Vian a-t-il vu, comme moi, cette sécheresse à travers les faits qu’il rapporte de cette vie publique et privée, restée imposante ?
Encore une fois, il faut citer, pour qu’on nous croie : « La première femme, — dit dogmatiquement Bellegarrigue, page 88 de son volume, — la première femme qui échangea son célibat contre espèces a bien mérité de l’humanité ; car elle a proclamé le grand principe de la paix publique et de la prospérité universelle. » Certes !
L’auteur de cette Papesse Jeanne, Rhoïdis ou non, Rhoïdis ou Grisélidis, est une espèce de Janus littéraire à deux faces, burlesque et grave, dont l’une (la burlesque) rit et veut faire rire le public, en tirant une langue qui compromettrait Quasimodo, et dont l’autre (la grave) se fronce et se grime en visage de pédant, coiffé de textes et poudré de poussière.
Charles dans le titre même de sa publication, ce livre, autour duquel on veut émoustiller la pensée publique dans un sens favorable à Gœthe, était à peu près inconnu, mais avait paru en français.
Touchée, sans doute, de ce dévouement à la chose publique, l’Académie mit son estampille à cette teinture, en donnant à plusieurs reprises le prix Gobert à son auteur.
L’Inquisition, qui ne fut pas en réalité ce que le préjugé public la croit encore, l’Inquisition avait fait l’Espagne.
Quand son infernale sœur eut pris sa place dans ce lit de roi qui allait devenir une place publique, madame de Mailly mourut, ce cilice ensanglanté de la pénitente pour toute peau de tigre, embaumant et purifiant sa mémoire souillée dans le mot sublime d’humilité qu’elle dit, un jour, sous l’atroce injure qui la nommait : « Si vous la connaissez, priez Dieu pour elle !
IV La biographie en question, qui termine, dans une gloire, le volume de Profils et Grimaces, quoique écrite évidemment en vue du public a pris la forme, adroite du reste (mais Vacquerie se soucie bien d’être adroit !)
Il est imprudent de se trop déboutonner de ses sentiments personnels dans un livre fait pour le public, et qui devrait avoir la tenue et la sévérité de l’histoire.
Seulement, jusque-là, ne nous étonnons pas que Humboldt, qui est moins un savant, dans le sens profond et découvrant du mot, qu’un magnifique beau parleur scientifique, tienne toute l’oreille et toute l’attention d’un public, pour lequel il a voulu, et presque exclusivement, parler !
Toutes deux purent suffire au besoin de Lettres de ce siècle aux grandeurs publiques, qui avait autre chose à faire que de se regarder dans l’âme, pour raconter ce qu’il y voyait, à la première personne, dans des épanchements ou des chuchotements particuliers.
Nous ne pouvions ni pour le public, ni pour nous, ni pour le livre même dont il s’agit, l’examiner dans le détail trop spécial, trop technique des nombreuses questions qu’il soulève, mais le peu que nous avons dit suffira.
Une fois nommé à cette fonction, l’homme d’ordre de l’intimité apparut dans la vie publique.
Seulement, jusque-là, ne nous étonnons pas que Humboldt, qui est moins un savant, dans le sens profond et découvrant du mot, qu’un magnifique beau parleur scientifique, tienne toute l’oreille et toute l’attention d’un public, pour lequel il a voulu, et presque exclusivement, parler !
Lacordaire a saisi la faveur publique.
Mais le poète se taisait en lui ; du moins le public ne l’entendait pas, et il faut bien le dire à M.
Ces Tragiques n’avaient même été révélés au public auparavant que par des vers pris çà et là dans ces vigoureuses satires, et l’effet n’en remonte guères plus haut qu’à ce fameux portrait de Henri III, maintenant cité partout, et que M.
Laid de couverture comme un livre utilitaire et tiré à cent exemplaires, pour que le gros public, le Jocrisse aux trois cent mille têtes, s’en torchât le bec, comme dit l’expression populaire avec une insolence qu’ici j’aime.
… Seulement, charmant d’indifférence et du goût le plus patricien en ne réclamant pas contre les mensonges de cette commère de renommée à laquelle il ne faut répondre jamais, puisqu’elle se noie bientôt elle-même dans les crachats qu’elle a expectorés, Saint-Maur laissa dire et laissa passer cette troupe de grues que j’appelle le public.
Et cependant ce roman n’a rien de ce qui distingue les ouvrages aimés et recherchés, pour l’heure, par ce gros capricieux qu’on nomme le Public.
Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Elle les met tous, plus ou moins, dans le sac où Scapin met Géronte, ce qui est honteux, même quand les coups de bâton ne suivraient pas… Mais, au bout du compte, elle atteste qu’il y a des mœurs et des croyances publiques auxquelles il faut, au prix de sa considération ou de son âme, se conformer.
Comme les idées sont indépendantes de la chronologie et de la forme purement matérielle sous laquelle elles arrivent au public, nous n’avons pas attendu le livre et nous parlons de ce travail aujourd’hui.
L’individualité de l’auteur s’y révélant bien moins que dans la publication d’un ouvrage, jusque-là inédit, les réimpressions sont des espèces de renseignements sur l’esprit public que le libraire suit toujours plus qu’il ne le précède… Mais quand, de plus, elles sont une rénovation de l’œuvre déjà publiée, quand l’auteur y apparaît derrière le libraire, quand, riche du bénéfice des années, l’écrivain change le caractère d’un livre qu’il juge et condamne, du haut des acquisitions de sa pensée, les réimpressions prennent alors une importance que la Critique est obligée de signaler.
À leur arrivée, le peuple s’assemblait en foule dans les places publiques ou dans les portiques du temple ; on leur donnait un sujet, et ils parlaient au bruit des applaudissements ; souvent ils commençaient par prononcer l’éloge de la ville ; c’était eux qu’on envoyait en ambassade vers les empereurs ; ils arrivaient à Rome précédés par leur renommée, et souvent le prince leur accordait des privilèges, des exemptions de charges, et quelquefois les premières dignités de l’empire.
Nuls chants n’étaient plus familiers dans les places publiques et sous les portiques de l’ancienne Athènes ; nul buste, dans les Musées des Lagides, n’était plus rapproché de celui d’Homère.
À ces tristes querelles, seule la malignité publique a trouvé son compte. […] S’il en était ainsi, nous plaindrions les lecteurs contemporains, et nous blâmerions davantage encore les écrivains qui ont dépravé le goût public et perverti l’imagination. […] L’origine de cette croyance est dans ce fait, trop souvent observé, que les artistes placent très haut leur œuvre, même quand le public l’estime fort peu. […] C’est qu’il la voit comme il l’a conçue, tandis que le public la voit comme elle a été rendue. […] À ce moment, mais à ce moment seul, il est le maître de son public.
Le public, pressé dans ses jugements, se passe de confirmations concluantes. […] Pour l’instant, il dédaigne le public et confie au papier des méditations passionnées. […] « Entendons-nous bien, déclare le public méthodique. […] Le public ne pouvant jamais envisager qu’une seule des faces de la personnalité d’un auteur, a choisi l’esthéticien et rejeté dans l’ombre le poète. […] — Il nous dira, je pense, comment le public l’aura reçu.
Il garde aujourd’hui encore un large public féminin, ayant eu, comme lui-même le reconnaît, beaucoup du caractère de ces vieilles demoiselles dont il cultivait chèrement l’amitié. […] D’autant plus qu’à ce moment les seize mille pages du Journal seront publiques : il sera permis d’en tout dire en même temps qu’on en pourra tout lire. […] En 1873 on trouve encore dans le Journal intime cette note : « N’est-il pas curieux que nos plumitifs de la presse quotidienne ou périodique se soient entendus pour faire le vide, le silence et le froid autour de mes actions publiques et de mes quelques productions désintéressées ? […] Le séjour de Sainte-Beuve à Lausanne avait attiré son attention — et ses articles l’attention du public — sur l’intérêt de contrôle et de bilatéralisme que présentait une littérature française transjurane, seule capable d’échapper à l’omnipotence de Paris. […] La vie de famille d’Amiel s’écoulait à travers les mêmes méprises que sa vie publique.
Diderot, mis en statue d’œuvres complètes avant d’être mis en statue de place publique comme Voltaire, doit être examiné et mis à sa place juste dans le rang littéraire par une critique impersonnelle et définitive. […] Ces lettres-ci sont bien de véritables lettres, écrites, non plus pour le public ou pour entamer une tête de sculpteur aussi dure que ses marbres et rebelle aux beautés de la gloire. […] Mais « il s’agit bien de cela à quarante-cinq ans », disait Diderot, qui avait fait de l’adultère public — de l’adultère ayant pignon sur rue — toute sa vie avec madame de Puisieux, sa première amie, et qui disait, avec l’indécence scientifique qu’il aimait, ce pédant malpropre, que « l’amour pour lui n’était plus les quelques gouttes d’un fluide versé voluptueusement ». […] Jamais place publique envahie par une folle canaille n’a été plus orageuse que la tête ou l’âme de Diderot.
Tous les demi-siècles, et plus ordinairement tous les siècles ou tous les deux siècles, paraît un homme qui pense : Bacon et Hume en Angleterre, Descartes et Condillac en France, Kant et Hegel en Allemagne ; le reste du temps la scène reste vide, et des hommes ordinaires viennent la remplir, offrant au public ce que le public désire, sensualistes ou idéalistes, selon la direction du temps, suffisamment instruits et habiles pour tenir le premier rôle, capables de rajeunir les vieux airs, exercés dans le répertoire, mais dépourvus de l’invention véritable, simples exécutants qui succèdent aux compositeurs. […] Les Allemands transcrivent ou transposent le vieux matérialisme français ; les Français, par habitude et dans une demi-somnolence, écoutent avec un air un peu ennuyé et distrait les morceaux de bravoure, les belles phrases éloquentes que l’enseignement public leur répète depuis trente ans. […] Vous la laissez au plus haut des cieux parmi les hommages publics ; vous vous repliez, vous vous réduisez aux questions de fait, aux dissections menues, aux opérations de laboratoire.
À les voir impuissantes en soi-même, niées chez autrui, constamment méconnues dans la vie publique, il est difficile de les respecter toujours. […] La fortune publique et la fortune privée étaient compromises dans leur essor et voyaient diminuer leurs sources. […] Elle fut brillante jusqu’ici et fêtée par le public. […] À part le sourd grondement d’un style austèrement contenu et les révélations presque involontaires de courts passages, Scherer ne s’ouvrait point en public. […] Il précéda directement son départ de Genève, fonda sa réputation devant le grand public de France, et lui ouvrit les portes du journalisme politique te de la critique littéraire.
Nini Rigolet était toujours naturellement mon public. […] Au carrefour du Petit-Montrouge, après avoir passé devant la tourelle du puits public, badigeonné d’un si beau ton de sang, on n’avait plus qu’à traverser l’avenue d’Orléans : on y était. […] Le public l’attend avec une curiosité pleine de frémissement. […] Je m’aperçus bientôt que cette petite église était publique : les gens du dehors y venaient, et, par cela elle prenait pour moi un intérêt extrême. […] Le quatrième côté était occupé par les parents, assis sur des banquettes ou sur des chaises et formant public.
Quelques années après, le poète aimé donne au public de nouvelles productions, d’une veine plus heureuse. […] Quatre à cinq mille spectateurs, parmi lesquels la famille royale, occupaient déjà les gradins, avec cette décence noble et grave qui caractérise le public athénien. […] Et je me souviens que dans tout cela j’évoquais inconsciemment les Capulets et les Montaigus sur la place publique : Tybalt et Mércutio, et les domestiques et la nourrice. […] Une après-midi, vous sortez de votre hôtel et vous trouvez le Jardin public plus animé qu’à l’ordinaire. […] Ce vieillard est extrêmement piquant en propos, surtout contre ceux qui ont charge des affaires publiques.
Par pitié pour la sottise publique et en même temps par ruse, par une ruse très heureuse, ses fondateurs l’ont appelé Musée des Antiquités Nationales. […] J’ai cherché en vain, pendant plus de dix ans, sa Philosophia, et ne l’ai trouvée que tout récemment, à Rome, dans une vente publique. […] Ils font des scènes publiques. […] Comme elles manquent d’autorité et de force, elles se répandent en confidences, en allusions publiques. […] Il est admis que l’Etat cherche à compenser les dommages causés par une catastrophe publique.
En extrayant cette douloureuse correspondance, je me suis souvent rappelé celle d’une autre femme-poëte, et dont il a été donné au public des volumes exquis, celle de Mlle Eugénie de Guérin. […] Ce fils parfait, digne en tout d’une telle mère, et qui ne lui a donné que des consolations, est devenu l’un des plus utiles et des plus méritants employés du ministère de l’instruction publique.
Je n’exagère rien : des voix éloquentes dans les chaires ont proclamé depuis longtemps la nécessité, l’à-propos de cette connaissance heureuse, et cherchent à en propager l’esprit ; mais en France rien n’est fait tant que le grand public n’est pas saisi des questions et mis à portée des résultats, tant qu’il n’y a pas un pont jeté entre la science de quelques-uns et l’instruction de tous116. […] Tout ce qui tend à élargir, à aiguiser du même coup et à simplifier le goût public, est favorable à cette régénération poétique dans laquelle il s’agit d’introduire, de combiner le plus de naturel et de vérité avec le plus de beauté.
Tandis qu’au dehors une librairie intelligente, aidant à ce retour du public, réimprimait des collections d’anciens mémoires, de petits choix de lettres de Mme de Montmorency, de Mme de Scudery, de Mme de Coulanges, on citait tel cercle où les femmes prenaient le deuil à l’anniversaire de la mort de Mme de Sévigné. […] Ils ont épousé le public ; ils sont entrés dans ses impressions une fois ; il y a gradation jusque dans leurs pertes : ils vieillissent avec harmonie.
et comme il est attentif à mettre jusqu’à la fin ses motifs d’excuse, ses raisons trop légitimes en pleine évidence, à avoir pour lui l’opinion et le cri public de ses anciens et de ses pairs ! […] C’est bien de François Ier, de l’avènement du jeune roi vainqueur à Marignan, que date chez nous la vraie Renaissance, cette espèce d’aurore soudaine qui se leva sur les esprits et les intelligences, sur le goût public.
X C’est le soir ; nous sommes dans la capitale du monde occidental ; le Colisée, théâtre bâti par Vespasien à la mesure du peuple-roi et bourreau de l’univers alors connu, s’élève à des centaines de pieds au-dessus des édifices publics et des palais des citoyens de Rome. […] Après Totila, cet édifice devint comme une carrière publique, où, pendant dix siècles, les riches Romains faisaient prendre des pierres pour bâtir leurs maisons, qui, au moyen âge, étaient des forteresses.
XXVI Bonaparte avait calculé si juste avec les amis de Chateaubriand que le Génie du Christianisme parut le soir même du jour où les autels publics furent réinstallés par lui, au milieu d’une pompe militaire, à Notre-Dame. […] Les vœux qu’elle formait, depuis douze cents ans, pour la prospérité de cet empire, seront encore entendus, et son autorité confirmera les nouvelles grandeurs de la France, au nom du Dieu qui, chez toutes les nations, est le premier auteur de tout pouvoir, le plus sûr appui de la morale, et par conséquent le seul gage de la félicité publique.
Mais elle est dans une collection publique, la bibliothèque de la ville de Douai, où MM. […] J’avais supposé bénévolement qu’un hasard ou le caprice d’une conversation tendre, les avait amenés à se révéler mutuellement la liste complète de leurs prénoms respectifs et qu’ils s’étaient réjouis entre eux d’une coïncidence dont les archives de l’état civil dérobaient le secret au public.
. — Soldat de Brutus, il accepta le principat d’Auguste par raison, par considération de l’intérêt public ; mais il fut, ce semble, moins complaisant pour l’empereur et pour Mécène et sut beaucoup mieux défendre contre eux sa liberté et son quant-à-soi que le tendre Virgile. […] Ils vont jusqu’à croire que la facile magnanimité de leur rêve les autorise à courir la chance des pires calamités publiques pour l’établissement aléatoire d’un régime social qu’ils sont même incapables de définir avec exactitude.
Le public, un public choisi, était accouru en masse : l’immense salle était littéralement remplie, et ce qui prouve que la musique de Wagner commence à être très appréciée à Anvers c’est que presque personne n’a quitté la salle avant le dernier accord de l’orchestre. — Cela prouve en même temps que l’exécution s’est trouvée tout à fait digne de cette musique grandiose qui ne souffre pas la médiocrité dans l’interprétation.
« Le plus beau quartier de la ville de Coquetterie est la grande place, qu’on peut dire vraiment royale 44… Elle est environnée d’une infinité de réduits, où se tiennent les plus notables assemblées de coquetterie, et qui sont autant de temples magnifiques consacrés aux nouvelles divinités du pays ; car, au milieu d’un grand nombre de portiques, vestibules, galeries, cellules et cabinets richement ornés, on trouve toujours un lieu respecté comme un sanctuaire, où sur un autel fait à la façon de ces lits sacrés des dieux du paganisme, on trouve une dame exposée aux yeux du public, quelquefois belle et toujours parée ; quelquefois noble et toujours vaine ; quelquefois sage et toujours suffisante ; et là, viennent à ses pieds les plus illustres de cette cour pour y brûler leur encens, offrir leurs vœux et solliciter la faveur envers l’amour coquet pour en obtenir l’entrée du palais de bonnes fortunes. » On lit dans un autre passage, que dans le royaume, « il n’est pas défendu aux belles de garder le lit, pourvu que ce soit pour tenir ruelle plus à son aise, diversifier son jeu, ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre45 ». […] Est-ce dans une femme de cet âge qu’on peut voir le principe et l’autorité d’une mode régnante, et qu’on peut se croire obligé, qu’on peut même avoir le courage d’attaquer un ridicule dominant dans le public ?
Quelques mois après, nous étions en pleine rue, opérant cette grande évocation de la raison publique, et ce grand sauvetage d’une nation après ce grand naufrage d’un gouvernement. […] Ses obsèques furent le triomphe de la douleur publique.
Un fait demeure bien constant : L’Hôpital dans un premier moment avait incliné du côté des réformés au point de se rallier à eux et de leur donner même des gages ; ses édits subséquents de tolérance s’expliquent mieux de la sorte, et, quand on veut suivre ce grand magistrat dans sa carrière publique, il y a une borne extrême au point de départ qu’il ne faut pas perdre de vue et qui nous est indiquée par d’Aubigné.
Trois hommes éminents exercèrent alors par leur enseignement public la plus décisive influence sur la marche et la direction des esprits : MM.
Hugo, au milieu des diversions laborieuses et brillantes qu’il s’est données, dans les intervalles de ses romans qu’il ne multiplie pas assez au gré du public, et de ses drames que, selon nous, il ménage trop peu, n’a jamais perdu l’habitude du rhythme lyrique auquel il dut ses premiers triomphes.
Dans une Introduction, l’auteur raconte somment, en un château assez voisin de Paris, chez le duc de…, qui, par ambition, s’est fait partisan très avancé des idées nouvelles, une société nombreuse, composée de militaires, de députés, d’artistes, de journalistes, se met à discuter un soir le grand sujet à la mode, à savoir si la source du progrès est dans la vie publique et sociale, ou s’il la faut chercher au foyer domestique.
L’écrivain I Il est amusant de voir combien l’esprit gaulois chez La Fontaine a eu de peine à se dégager du courant public qui l’emmenait ailleurs.
Lorsque, après la révolution de 1830, que j’avais vue avec douleur, je voulus entrer dans les assemblées publiques pour y défendre à la tribune, selon mes forces, non cette révolution, mais la liberté, un poète fameux alors, tombé depuis, relevé aujourd’hui par sa noble résipiscence, écrivit contre moi une satire sous le titre de Némésis.
En même temps s’était formé un public curieux de tels récits, et qui dans l’antiquité même ne goûtait rien tant que les vies, les portraits d’âmes grandes et hautaines se dépeignant par leurs actions.
C’est à cette préoccupation qu’il faut attribuer les affectations de noms changées qui ont légèrement surpris le public et qui n’ont pas laissé de faire croire à un accès de charlatanisme.
La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique.
Ne jamais cesser de s’instruire dans toutes les matières possibles, étudier la dialectique, s’embellir perpétuellement, assouplir ses membres par la gymnastique, vivre au grand air tout le jour, prendre part aux travaux civiques et privés, intervenir en plein public dans les circonstances les plus différentes, faire des voyages, voir des contrées, accomplir le périple du monde, aller sans cesse d’un pôle à l’autre, observer les mœurs des contrées les plus lointaines, comparer les flores, les parfums, les lumières et les aromates du sud au nord, voilà quelques-uns des devoirs qui nous incombent.
Dans l’intervalle des fonctions publiques, dans les courtes trêves des tempêtes civiles, Cicéron écrivait, sans croire déroger, des traités de rhétorique.
Aussi bien leur faiblesse en face de la vie, fera leur force en face du public.
Elle suppose chez celui qui l’exerce, de la lecture, de la mémoire, un esprit ouvert aux impressions artistiques, des penchants décidés mais ordinaires, une certaine modération d’âme qui rend ses appréciations conformes à celles du public et qui fait qu’il les adopte.
* * * L’Académie des Jeux-Floraux — comme toute académie de province — devait apporter sa manifestation contre la Centralisation littéraire Qui produit tant de ravages, Qui pervertit le goût public, Qui n’enfante que des œuvres immorales, Qui danse irrévérencieusement sur les saines traditions et les saintes routines, etc., etc.
Ce qu’on voudrait faire croire au public, c’est que nous avons dit qu’il suffisait de raturer pour avoir du talent.
N’entendez-vous pas déjà répéter de tous les côtés, et jusque dans nos chaires publiques, que nos grands écrivains du siècle de Louis XIV ne furent pas à leur aise dans les institutions de leur temps, que leur génie a manqué d’indépendance et de liberté, qu’ils ont imposé à la langue et à la littérature nationale des entraves dont elles gémissent, qu’ils nous ont mis à l’étroit dans leurs pensées trop circonscrites ?
D’étranges professoresses (car le bas-bleuisme bouleverse la langue comme il bouleverse le bon sens) se sont mises à faire solennellement des conférences et ont pu trouver des publics.
Il y a des actes publics, mais, qu’on y songe !
Charmant et détestable sorcier, espèce de Circé à sa façon qui changeait les hommes en bêtes, pour peu qu’ils missent le bout des lèvres dans la coupe de ses écrits, Voltaire, sur cette question de la Ligue comme sur tant d’autres questions d’histoire, a perverti le sens public pour un temps qu’on peut prévoir, mais qu’il est impossible de mesurer.
De plus, l’homme du livre ne voit que son sujet ; — l’homme de la Conférence ne voit guères que son public, ce qui n’est une garantie ni de talent, ni d’indépendance.
Caro nous montre Saint-Martin, abrité contre la révolution française dans le désert intérieur de sa spiritualité, et, quand la tempête est passée, plus tard, en 1795, il suit avec un intérêt mêlé d’éloge le solitaire devenu homme public, répondant sur la question de l’enseignement, agitée alors officiellement par le Pouvoir, aux attaques cauteleuses de Garat, le rhétoricien de la sensation.
Nous en prévenons M. l’abbé Mitraud, le public est un sultan blasé et superbe.
… Mais jusqu’à ce coup de foudre qui allume la poussière d’un homme et en fait un poète, et sur lequel il n’est permis à personne, si optimiste soit-on, de compter, que Monselet aille dans sa voie vraie, indiquée par la nature de ses facultés, et s’il fait des vers encore, que ce soit seulement pour ce public de cœur qui prend tout de nous avec ivresse, — nos rimes, nos cheveux et nos portraits !
Charles Asselineau, dans une introduction aux Odelettes, où un esprit très fin cherche à justifier ses préférences, dit que, malgré quinze ans d’étude, Théodore de Banville produit toujours sur le public l’effet d’un jeune homme qui promet.
On ne peut pas dire qu’il ait déchiré d’un seul coup cette nuée impatientante, ce je ne sais quoi d’importun et d’opaque qui sépare parfois, pendant si longtemps, les plus grands talents de la gloire ; car son nom se dégageait déjà de l’obscurité et montait, sans lutte, dans la lumière, à mesure que les chapitres de son livre, imprimés d’abord dans une Revue, passaient sous les yeux du public.
la chèvre et la tigresse s’apprivoisent, la femme fausse devient vraie, la comédienne devient public, l’insensible imperméable à l’amour (c’était si joli et si atroce !)
Ce sont en premier lieu les monuments généralement publics, qui ne sont qu’une reproduction plus ou moins exacte des monuments anciens, ou qu’un amalgame de différents styles à peine rehaussé de quelques détails, dus à l’imagination de l’artiste.
Dion Cassius, en parlant d’un Romain distingué, nous dit que le sénat, après sa mort, lui décerna une statue et l’honneur d’un éloge public.
La littérature était gouvernée, et non par un tyran, mais par le goût public, si sûr de lui et si bien florissant. […] Le public s’est mis à écrire. Ainsi le public a disparu. Et, le goût public, où serait-il ? […] En France, rien, ou à peu près, dans les dépôts publics.
À l’Exposition, devant ce charmant tableau, le public avait décerné, d’une voix unanime, la médaille à Mlle Bashkirtseff, déjà mentionnée l’année précédente. […] Mais qu’est-il besoin d’insister auprès du public ? […] Je vous prenais pour un monument public, pour une propriété nationale… Imaginez-vous l’Arc de Triomphe ou le Louvre passés en des mains particulières. […] Ce n’est pas à vous qu’on envoie des bêtises copiées par un écrivain public. […] Où est le Théophile Gautier qui va la divulguer, qui va initier le public en lui présentant cette œuvre extraordinaire dans son vrai jour.
Or nous vivons dans un temps où le public aime autant être averti d’avance et officieusement sur les qualités d’un quelqu’un que d’avoir à les découvrir de lui-même. […] L’application des principes varie si souvent, les règles sont sujettes à tant d’exceptions, qu’un traité de ce genre ne saurait être trop court, parce qu’on ne peut le faire assez long ni le composer d’idées assez générales pour qu’il soit susceptible de s’adapter à toutes les conditions particulières. » Sous forme de lettres d’une belle-mère à son gendre (thermidor an XIII), elle avait parlé du plus ou moins de convenance de l’éducation publique pour les femmes, et s’était prononcée contre, avec un sens parfait, mais avec beaucoup de gaieté aussi ou plutôt de piquant, et de son ton le plus dégagé d’alors.
Pense qu’un meurtre commis par ta main sur ce brave soldat, son frère, est encore là tout présent à l’esprit de la ville où son cadavre est tombé sous tes coups, et, au-dessus de la place où son sang a coulé, plane la vengeance publique qui attend son assassin ! […] Le duc de Weimar lui avait donné, indépendamment du ministère de l’instruction publique dans ses États, la direction absolue des théâtres et des nobles plaisirs de sa cour.
C’est un homme qui a plus de bonheur à admirer les autres qu’à être admiré lui-même ; qui demande pardon de son mérite à ceux qui en ont souvent moins que de prétention, et qui, ne briguant aucun renom pour lui, forme ce milieu anonyme, atmosphère vivante de ceux qui parlent ou écrivent, la galerie qui applaudit, la critique, le parterre des lettres, sans lequel il n’y aurait point de lettres dans un pays, le nom collectif, un des noms de ce public d’élite enfin qui n’affecte aucune gloire, mais qui la donne à une nation, dont la première gloire est d’aimer ceux qui d’une part de leurs noms lui font un surnom national et immortel. […] Il sentait que les Bourbons devaient quelque chose de grand au monde pour se faire pardonner l’abaissement de la France, qui n’était pas leur ouvrage, et dont l’injustice publique les rendait responsables.
Sa jeunesse avait eu ses tristesses, son âge mûr avait eu ses déceptions et ses colères ; sa vieillesse, libre de toute passion, excepté de la passion désintéressée de la raison publique, n’avait que la monotonie du bonheur humain. […] Une république l’aurait scandalisé ; la place publique lui répugnait, il était fait pour la cour ; l’élégance était selon lui la loi des lois ; il voulait du bon goût jusque dans la vérité.
Le parti se résolut alors à en appeler au sens commun, à l’équité naturelle du public, et Arnauld, ne se sentant pas le talent qu’il fallait pour cette entreprise, engagea Pascal à la tenter : du 23 janvier 1656 au 24 mars 1657, dix-huit lettres parurent, anonymes, imprimées clandestinement, bravant toutes les fureurs de l’ennemi qu’elles écrasaient. […] Pascal a fait tort à la religion, parce que toutes les polémiques violentes où les théologiens la donnent en spectacle au public sont mauvaises pour elle ; et il lui a fait tort plus qu’un autre, parce qu’il a employé à traiter des problèmes théologiques des armes toutes laïques, les seuls moyens et la seule autorité de la raison.
J’estime même, pour ma part, que d’excellentes applications pourraient en être faites aux services de l’instruction publique, et que l’École normale, en particulier, devrait, sur certains points, s’inspirer de cet esprit. […] Gosselin crut avoir résolu par un principe de droit public, reçu au moyen âge, toutes les difficultés que causent aux théologiens modérés ces histoires grandioses.
Ni le travaillé, le voulu de Mallarmé, ni le tact et l’infinie nuance de l’œuvre de Paul Verlaine ne possèdent le public. […] … S’éberluait la constitutionnelle bêtise du public.
Sont-ils le résultat de cette complaisance énorme envers soi-même qui vide sans choisir, sur la tête du public, ses vieux fonds de tiroir, ou bien le développement morbide de ce talent qui progresse comme un squirrhe, un cancer ou une loupe ? […] Il avait, par cela même, le droit de se moquer du public, du bon sens, de toutes les choses jusque-là respectées pair les hommes.
Et il n’y a probablement au monde que Victor Hugo qui puisse se permettre la haute impertinence de jeter au nez du public le premier tome d’un ouvrage qui doit en avoir encore trois ! […] III Disons maintenant notre dernier mot sur l’Homme qui rit, dont tous les volumes ont paru, et presque disparu… du moins de la préoccupation publique.
Au contraire, dans le théâtre de Molière, ce sont les dispositions des personnages, et non pas celles du public, qui font que la répétition paraît naturelle. […] Et le quiproquo est bien en effet une situation qui présente en même temps deux sens différents, l’un simplement possible, celui que les acteurs lui prêtent, l’autre réel, celui que le public lui donne.
Lorsque les Français avaient fait sauter, par le moyen de la poudre, quelques édifices publics ou une maison particulière, les Espagnols, retranchés dans la maison voisine, travaillaient aussitôt à percer les murailles pour tirer des coups de fusil aux Français.
Les vers d’un auteur qui se présente pour la première fois au public devraient être servis à plus petite dose, pour qu’on les puisse déguster et qu’on en saisisse à loisir la saveur particulière.
Ce sont des espèces de victimes publiques, des Prométhées dont le foie est rongé par une fatalité intestine ; tout l’enfantement de la société retentit en eux, et les déchire ; ils souffrent et meurent du mal dont l’humanité, qui ne meurt pas, guérit, et dont elle sort régénérée.
Ce qui peut arriver de plus heureux, c’est qu’on prenne pour nouveautés des vieilleries hors d’usage, qu’on répare et qu’on revernit, ou des banalités publiques, dont on obscurcit ou force l’expression.
Donc il ne la formera pas sur le goût d’un public ignorant et léger : il bravera, s’il le faut, le ridicule ; mais il écrira ce qu’il doit écrire, conformément aux grands modèles et au sentiment de son âme.
Et, tandis qu’on grelotte, il vient par intervalle Regarder plaisamment, l’œil au trou du rideau, La grimace que fait son public dans la salle.
La duchesse, qui est innocente, se fait fille publique pour se venger. « Je veux mourir, dit-elle à l’un de ses clients d’une nuit, où meurent les filles comme moi… Avec ma vie ignominieuse de tous les soirs, il arrivera bien qu’un jour la putréfaction de la débauche saisira et rongera enfin la prostituée et qu’elle ira tomber par morceaux et s’éteindre dans quelque honteux hôpital.
Ils étaient de forcer à ne se point marier, par respect de la jeune fille, parce que le geste final est le même avec celle-ci qu’avec la femme publique, et que ce geste leur paraissait odieux.
Si le poète est incapable d’éteindre le Réel, il est aussi affranchi de sa servitude, et le monde du Rêve infini s’ouvre devant son essor… Aujourd’hui que ces poèmes ont perdu, avec leur magie de nouveauté, le prestige que leur assurait une harmonie profonde entre les aspirations du public et les inspirations de l’auteur, il est malaisé de ranger cette œuvre, tour à tour trop admirée et trop négligée, à sa place définitive.
[Cet article, écrit pour un grand public allemand, fut publié fragmentairement par le National Zeitung, de Berlin.
Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Ce qu’il souhaite, ce, qu’il appelle de ses vœux et de ses larmes, c’est une lutte publique, un triomphe éclatant, un amour qui puisse lui tenir lieu de gloire.
Parcourez nos villes, nos promenades publiques, partout des barrières, des consignes, nécessaires il est vrai pour l’ordre, mais défendant toute fantaisie.
Une grave difficulté se présentait : c’était sa naissance à Nazareth, qui était de notoriété publique.
Nous suivons le système de Jean, d’après lequel la vie publique de Jésus dura trois ans.
C’est là qu’au sein d’une pieuse amitié Jésus oubliait les dégoûts de la vie publique.
Il semble qu’on cherchât par un redoublement de respects extérieurs à vaincre la froideur du public et à marquer fortement la haute dignité de l’hôte qu’on recevait.
Pour la seconde fois, il choisissait en prince qui se respecte et veut assurer le respect public à sa famille ; pour la seconde fois, il se décidait par l’estime ; il rendait hommage aux principes d’honnêteté que sa conduite semblait braver.
Pourtant, parce qu’un homme tel que M. de Lamartine a trouvé convenable de ne pas clore l’année 1848 sans donner au public ses confessions de jeunesse et sans couronner sa politique par des idylles, faut-il que la critique hésite à le suivre et à dire ce qu’elle pense de son livre, faisant preuve d’une discrétion et d’une pudeur dont personne (et l’auteur moins que personne) ne se soucie ?
Tout ce qui contribuerait à nous rendre dans l’expression la netteté première, à débarrasser la langue et l’esprit français du pathos et de l’emphase, de la fausse couleur et du faux lyrique qui se mêle à tout, serait un vrai service rendu non seulement au goût, mais aussi à la raison publique.
Il y a de l’esprit, de la légéreté & de l’agrément dans cette rélation épistolaire, & elle vient d’une main chere au public.
dont tous les Mémoires ont parlé comme d’un phénomène, et qui, comme une étoile, est presque restée un mystère, quel magique appeau pour la curiosité publique !
Gaston Deschamps, si, dans quelques années, il y aura encore une France digne du passé, et non pas une république sud-américaine… » La conclusion de cette étude me paraît surtout saisissante : « Cette verte mercuriale ne peut que profiter au bien public.
Nous voyons dans les Stromates de saint Clément d’Alexandrie, que les livres du leurs prêtres, au nombre de quarante-deux, couraient alors dans le public, et qu’ils contenaient les plus graves erreurs en philosophie et en astronomie.
Fils d’une famille noble de Mytilène, le poëte Alcée, dont le nom demeure un des symboles du génie lyrique, paraît avoir été tour à tour le champion d’une aristocratie qui se flattait d’illustrer le pays qu’elle gouvernail, et l’adversaire opiniâtre de l’homme puissant sorti des luttes publiques, pour commander également à tous, au nom du peuple.
Le philosophe qui les dédaignait ainsi était lui-même un Grec d’Asie, conservant quelque chose de la mollesse élégante que le voisinage de la Lydie et l’heureuse ressemblance avec ce climat donnaient aux habitants du rivage ionien, « dans ces villes où », dit-il lui-même, « lorsqu’elles n’avaient pas encore subi la hideuse tyrannie, ou allait par milliers à l’assemblée publique, avec des robes artistement travaillées, et une parure de longs cheveux liés et parfumée d’encens ».
Il n’y aurait qu’un moyen de l’effacer du droit public de l’Europe, ce serait de faire que l’Europe redevînt un empire unique. […] Le Comité de Salut public déclare : « Depuis Henri IV jusqu’à 1756, les Bourbons n’ont pas commis une seule faute majeure. » Et la faute majeure, c’est le renversement des alliances, un mauvais procédé à l’égard de la Prusse ! […] Le texte qu’il a établi est le parfait résultat d’une critique avisée ; le classement des poèmes est le meilleur et celui que Chénier eût bien fait d’adopter, s’il avait donné au public son œuvre, à la veille de mourir. […] S’il n’eût souhaité que de confondre ses accusateurs et d’en appeler contre eux au public, il fallait un petit volume où fussent alignées les critiques et, mieux, les réfutations : chicane contre chicane, et l’on se hâte d’avoir eu le dernier mot. […] Ensuite, avec bonne foi, il n’a plus qu’à livrer au public ses conclusions et ses preuves.
« Mon cher Helleu, « Vous me faites l’honneur de me demander de présenter en quelques lignes au public, votre œuvre. […] Dimanche 19 mai Georges Lecomte cause de son voyage en Andalousie, où l’Andalous fait l’œil à la femme, et la pince et la pelote sur la voie publique. […] Brunetière, qui ne trouve rien de mieux, pour vous désigner au mépris public, que de vous appeler un romancier japonais, quand tous les romans japonais sont des romans d’aventures, et que les romans de mon frère et de moi, ont cherché, avant tout, à tuer l’aventure, dans le roman.
Pendant sept ans, il a la force de se tenir à l’écart et de vivre dans la retraite malgré les curiosités du public. […] vous avez bien raison de faire vos réserves sur la légitimité d’un crible quelconque interposé entre les œuvres et le libre choix du public ! […] Mais là encore nous nous heurtons à une redoutable difficulté et à une constatation pénible : le public ne lit presque plus les livres sérieux.
La mort subite du duc de Bourgogne vint porter le plus rude coup à Saint-Simon et briser la perspective la plus flatteuse qu’un homme de sa nature et de sa trempe pût envisager, moins encore d’être au pouvoir par lui-même que de voir se réaliser ses idées et ses vues, cette chimère du bien public qu’il confondait avec ses propres satisfactions d’orgueil. […] Ce succès toutefois, coupé par la Révolution de 1830, se passa dans le monde proprement dit, encore plus que dans le public ; celui-ci n’y arriva qu’un peu plus tard et graduellement.
Le public des théâtres ressemblait à des passagers qui se seraient amusés de la représentation de scènes pastorales, tandis que la tempête grondait autour de leur vaisseau et le soulevait sur les flots. […] Il en est du public comme des particuliers, qui se ruinent lorsqu’ils dépensent exactement les revenus de leurs terres. » XVIII Il définit bien la liberté légale : — « le droit de faire ce que les lois permettent. » La liberté naturelle est l’objet de la police des sauvages ; l’indépendance des particuliers est l’objet des lois de la Pologne, et ce qui en résulte, c’est l’oppression de tous.
Alfred de Vigny », disait-on à l’Académie759 ; s’il en excluait ses amis, ce n’était pas pour y admettre le public, et laisser déborder son cœur dans ses livres. […] Moins sensible que Lamartine, moins penseur que Vigny, il avait la fécondité, le labeur acharné, la création incessante qui écrasait à la fois le public et les vanités rivales.
Zola : Je pense — dit Pommageot en s’animant — que toutes les vieilles blagues du romantisme sont finies ; je pense que le public en a assez, des phrases en sucre filé ; je pense que la poésie est un borborygme ; je pense que les amoureux de mots et les aligneurs d’épithètes corrompent la moelle nationale ; je pense que le vrai, le vrai tout cru et tout nu est l’art ; je pense que les portraits au daguerréotype ressemblent… — C’est un paradoxe ! […] Ils ont aimé passionnément les lettres, avec une sincérité entière et un désintéressement rare ; poussant bravement leur manière jusqu’à l’extrême, sans consentir jamais à des atténuations qui eussent peut-être suffi à leur amener le grand public ; poussant dans les derniers temps le courage de leur opinion jusqu’au baragouin le plus distingué.
On n’en doute plus quand on voit que les différents modes de musique ou de danse, qui jouent un si grand rôle dans les cérémonies sacrées et dans l’instruction publique, étaient censées avoir été apportées du ciel aux hommes par les dieux. […] X Il y a dans le théâtre indien, ajoutent les commentateurs, une singularité que n’offre aucun théâtre moderne, et qui atteste assez le prodigieux développement de l’éducation publique chez ces peuples, c’est que les personnages parlent plusieurs idiomes dans le même drame.
Il est évident que, dans cette affaire délicate, on aime mieux que ce jeune homme sensé, clairvoyant et, pour tout dire, plus considéré que ce qui l’entoure, n’ait pas à s’expliquer hautement en justice et devant le public, comme il l’eût fait s’il avait été obligé de se défendre.
Montluc, qui ne faisait pas semblant d’entendre, écouta la réponse du marquis : « Celui-là fera toujours bien partout où il se trouvera. » Ces petites pointes d’honneur servent beaucoup à la guerre, remarque-t-il ; et c’est pourquoi il ne se fait faute de mettre telles paroles par écrit, bien qu’elles soient à sa louange : « Capitaines, et vous seigneurs, qui menez les hommes à la mort, car la guerre n’est autre chose, quand vous verrez faire quelque brave acte à un des vôtres, louez-le en public, contez-le aux autres qui ne s’y sont pas trouvés.
Dans un moment où le soupçon régnait et où la discorde était près d’éclater parmi eux, il s’adressa à la dévotion italienne et fit diversion aux querelles moyennant des processions publiques et des prières : « Car de jeûnes, dit-il gaiement, nous en faisions assez. » Ces jeûnes étaient poussés aux dernières limites du possible : « Ni la ville ni nous ne mangeâmes jamais, depuis la fin de février jusques au vingt-deuxième d’avril, qu’une fois le jour : je ne trouvai jamais soldat qui en fît plainte. » Lui-même et les autres chefs ne mangeaient plus, depuis la fin de mars, qu’un petit pain, un peu de pois avec du lard et des mauves bouillies, et une fois le jour seulement : Le désir que j’avais d’acquérir de l’honneur, dit-il, et de faire souffrir cette honte à l’empereur (Charles Quint) d’avoir arrêté si longuement son armée, me faisait trouver cela si doux qu’il ne m’était nulle peine de jeûner.
On a connu, depuis, les inconvénients du sans-gêne dans les hommes publics et dans les choses d’État.
Thiers a commencé d’élever il y a quinze ans, qu’il n’a cessé d’édifier depuis avec ardeur et constance, à travers les vicissitudes de sa vie publique, comme dans sa retraite si noblement remplie, peut être considéré comme terminé.
Il avait été desservi à Paris dans les bureaux du Comité de salut public.
Aujourd’hui on se juge tous indifféremment les uns les autres, en public et par écrit, vivants, amis de la veille et confrères.
Il m’a paru quelquefois à regretter que le livre destiné à devenir classique, une fois mis en lumière, une fois livré au public et imprimé, on ne détruisît pas tous les manuscrits, tous les moyens d’un contrôle éternel et toujours renaissant ; qu’il n’y eût pas un règlement définitif et un arrêté de compte qui permît ensuite à l’admiration toute sa sécurité et son entière plénitude.
Mais quand le public a une fois goûté à ces mets fortement épicés et en a pris l’habitude, il veut toujours des ragoûts de plus en plus forts.
Tel est le public : quand il est à bout d’une veine, il aime à en changer, et il adopte vite l’auteur à qui il est redevable d’une série de sensations nouvelles.
Il aura nécessairement à souffrir des interprétations diverses données à sa conduite, des fausses appréciations répandues dans le public, et il sentira qu’il a besoin d’apologie.
Duveyrier l’a senti : « Le nouvel Institut devrait attirer, dit-il, les natures ardentes, communicatives, les talents de parole et de plume, et les employer à rehausser le moral des populations et à créer un courant de libéralités publiques en faveur du progrès social. » En deux mots, M.
Le maréchal de Richelieu, dans les camps comme dans la société, a été un dépravateur public.
Chateaubriand donc régnant au fond et apparaissant dans un demi-lointain majestueux comme notre moderne buste d’Homère, on a : 1° Hors ligne (et je ne prétends constater ici qu’une situation), Lamartine, Hugo, Béranger, — par le talent, la puissance, le renom et le bonheur ; 2° Un groupe assez nombreux, artiste et sensible, dont il serait aisé de dire bien des noms, même plusieurs de femmes ; de vrais artistes passionnés, plus ou moins originaux, mais qui n’ont pas complétement réussi, qui n’ont pas été au bout de leurs promesses, et qu’aussi la gloire publique n’a pas consacrés.
Léonard, d’ailleurs, en même temps qu’il épanchait au sein d’un genre riant son âme honnête et sensible, étudiait beaucoup et recherchait tout ce qui pouvait composer et assortir le bouquet pastoral qu’il voulait faire agréer au public.
Il en coûte de le dire, de peur de modifier l’horreur que doit inspirer le crime ; il y a, dans la révolution, des hommes dont la conduite publique est détestable, et qui, dans les relations privées, s’étaient montrés pleins de vertus.
Cette théorie avait déjà été énoncée dans la Revue de l’instruction publique (novembre 1855 ; juillet, août et septembre 1856), puis publiée dans les Philosophes classiques au xixe siècle en France (1856), chapitres 3, 9 et 13, puis reprise et développée dans la préface de la 2e édition du même ouvrage (1860), enfin exposée et précisée une dernière fois dans une étude sur Stuart Mill (Revue des Deux Mondes, mars 1861), qui a précédé les vues concordantes de Stuart Mill sur le même sujet.
Je vous affirme que les quelque cent mille francs qu’un ministre de l’Instruction publique y affecterait seraient mieux employés que les trois quarts de ceux que l’on consacre aux lettres.
On sait assez que le théâtre devint pour Voltaire une [tribune publique du haut de laquelle il attaquait ses adversaires et prêchait des idées neuves.
Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer… Les Parnassiens, qui leur succèdent dans la faveur publique, se piquent d’être impassibles et impersonnels.
Auprès du public actuel, animal faible et qui s’effare devant la décision comme devant une brutalité et une offense, ces quelques fuites et ces balancements timides servent peut-être le poète exquis autant que ses images un peu flottantes et ses couleurs aux grâces atténuées.
Il était peu disert d’ailleurs en public et dans l’improvisation : son débit ou même sa lecture, quand il n’était pas préparé, faisait trop assister ses auditeurs aux tâtonnements et aux empressements de son esprit.
La Rue est élevé, sublime, éloquent, unique même dans quelques sermons, comme dans celui des calamités publiques : il anime tout ; mais son imagination le rend quelquefois plus poëte que prédicateur.
Ce crâne, qui est au Muséum, a été donné à la France par Berzelius, qui l’avait acheté à une vente publique.
La compassion du public sera du côté de pareils accusateurs.
En effet, saint Augustin nous apprend dans le même livre qui vient d’être cité, que lorsque les pantomimes eurent commencé à joüer sur le théatre de Carthage, il fallut durant long-temps que le crieur public instruisit le peuple à haute voix du sujet qu’ils alloient représenter avec leur jeu muet.
Les principes de l’art de traduire, exposés dans ce discours, sont ceux que j’ai cru devoir suivre dans la traduction que je donne de différents morceaux de Tacite : quelques-uns de ces morceaux avaient déjà vu le jour ; le public m’a paru les avoir goûtés et en désirer davantage ; c’est pour le satisfaire que j’en ajoute ici un beaucoup plus grand nombre ; c’est le fruit de quelques moments de loisir que m’ont laissé des travaux très pénibles et d’un genre tout différent.
Un autre mot est venu au secours de la métaphysique politique : il n’est pas encore consacré ; il ne peut tarder à l’être, puisqu’il est devenu nécessaire : ce mot est assez mystérieux aussi ; mais, à mesure qu’on l’adoptera, il sera convenu qu’il ne l’est point, et qu’il présente un sens très clair : ce mot, ou plutôt cette locution, est une certaine raison publique.
Les questions sont distinctes ; quand bien même on aurait, en dehors de toute considération sociologique, montré comment une certaine idée est apparue dans une conscience individuelle, il resterait à montrer comment elle s’est imposée à la conscience publique.
. — L’œuvre latine de l’humaniste Pétrarque est trop peu connue du public cultivé ; son importance historique dépasse pourtant celle du Canzoniere ; d’autre part aussi les poètes pétrarquistes ont fait du tort à leur modèle ; or, il importe de noter ce fait : chez Pétrarque, l’humaniste et le poète ne sont qu’un seul et même homme.
Au surplus, quand on rêve un grand rôle public et bienfaisant, n’est-il pas permis de se présenter soi-même aux autres hommes de façon à agir le plus possible sur leur imagination ? […] La critique, d’ordinaire si élogieuse, a rudement traité ce poème, et le public lettré ne l’a point lu ou l’a condamné. La critique et le public sont des juges mal informés. […] Au milieu de ses travaux d’historien, des plus grandes affaires publiques et des soucis privés, tout à coup, et parfois sous un choc très léger, remontait de son coeur la source de poésie. […] Le public croit que j’ai passé trente années de ma vie à aligner des rimes et à contempler les étoiles ; je n’y ai pas employé trente mois, et la poésie a été pour moi ce qu’est la prière, le plus beau et le plus intense des actes de la pensée, mais le plus court et celui qui dérobe le moins de temps au travail du jour… Je n’ai fait des vers que comme vous chantez en marchant, quand vous êtes seul et débordant de force, dans les routes solitaires de vos bois… » Cette impression de puissance, Lamartine la donnait à tous ceux qui l’ont approché.
Je l’écrirai peut-être, car le sujet me tente, si l’indulgence du public continue à m’encourager. […] Redoublant de travail pour répondre à l’attente du public, il fil paraître le Génie du Christianisme en 1802. […] C’est que son public est peu croyant, et que lui-même, son Enfer le prouve assez, est plus philosophe que païen. […] Dans l’enseignement public, on apprend aux enfants à développer parce que c’est le seul art littéraire dont ils soient capables, et qu’il est bon de leur donner le maniement facile du vocabulaire. […] On y sent la lut te confuse de l’artiste original qui veut naître, et du faiseur de littérature usuelle, qui parle un peu plus adroitement qu’un autre la langue publique.
Il s’adonne à rendre minutieusement le ridicule des fêtes agréables aux populations, comme les comices d’Yonville et les solennités publiques de la capitale. […] Elle est, comme un livre de science, un recueil d’observations ou, comme un livre d’histoire, un recueil de traditions, bien _ différente de tous les romans d’idéalistes que composent une série d’effusions au public à propos de motifs ordinaires ou de faits clairsemés.
Nous n’échangeâmes que quelques-unes de ces questions et de ces réponses insignifiantes que s’adressent deux inconnus quand le hasard les rapproche dans une assemblée publique. […] Laurent Pichat, « chercheront à rendre publique l’anecdote de cette douleur qui le fît pleurer comme un enfant : déjà même les indiscrétions personnelles en ont trop dit peut-être.
Si vous vouliez octroyer que mon fils demeurât dans le pays en ma place pour le garder et gouverner, je prendrais maintenant la croix et irais avec vous vivre ou mourir, selon ce que Dieu m’aura destiné. » À ces nobles paroles du vieillard un grand cri s’éleva et l’acclamation publique répondit.
Fénelon, dans ses effusions de parole publique ou particulière, a des instants d’énergie et de grande force2, mais ce ne sont que des instants ; la familiarité, la grâce, l’insinuation, sont sa plus ordinaire habitude et son allure naturelle.
Necker était alors dans tout l’éclat et la faveur de sa première disgrâce ; il triomphait dans le public par ses écrits sur les finances ; il faisait secte dans le monde des femmes et des gens de lettres.
Un homme plus jeune, sorti comme Ginguené de la philosophie du xviiie siècle, et qui tenait par ses habitudes premières à la société d’Auteuil, Fauriel était destiné à opérer ce changement profond dans le goût, je ne dirai pas du public, mais de tous les littérateurs instruits et de la portion la plus éclairée de la jeunesse française.
Le poète lyrique du xvie siècle chercha aussi, comme l’ancien Thébain, à enchaîner ses rythmes à la musique, et à leur donner ces ailes qui font courir une parole chantante sur les lèvres des hommes : mais il eut beau s’efforcer, sa tentative interrompue, son échafaudage ne sert qu’à marquer sa ruine et à mieux faire mesurer l’infinie distance qu’il y a entre cette ode publique chantée et presque jouée de Pindare, et cette emphase moderne toute métaphorique, plus apparente ici dans une langue roide, neuve, et tout exprès fabriquée.
Une publication récente, celle des Mémoires du roi Joseph a mis le public dans le secret des pièces politiques qui se rapportent au gouvernement de l’Espagne et à ses plaies intestines en ces années malheureuses.
Le succès du fragment publié par la Revue des deux mondes l’avait avertie qu’il y avait pour Maurice un groupe fidèle, un public d’élite tout préparé : Ne soyez pas en peine pour le cours de notre poète, écrivait-elle à quelqu’un qui lui exprimait quelques doutes ; son lit est creusé dans les pentes où coulent les fleuves d’or, et il n’a qu’à jaillir.
L’empereur lui en fit faire des remerciements publics dans une santé portée en plein festin par un de ses ministres.
Il a préféré à son avancement le plaisir de faire un livre, et de donner à rire au public ; il a voulu se faire un mérite de sa liberté ; il a affecté de parler franchement et à découvert, et il n’a pas soutenu jusqu’au bout ce caractère.
Ce grand et violent esprit, qui ne se pouvait reposer que dans des solutions extrêmes, après avoir tenté l’union publique du catholicisme et de la démocratie, et l’avoir prêchée dans son journal d’un ton de prophète, s’était vu forcé de suspendre la publication de L’Avenir.
Il y a un moment très difficile à fixer avec précision où, dans ces luttes du héros nouveau, de ce grand diable d’homme (comme il l’appelle) contre les souverains des vieilles races, le fer insensiblement se transmute et acquiert de l’or : laissons les figures ; il y a un moment où le fait devient droit, où l'utilité publique, la grandeur nationale, l’immensité des services rendus et à rendre, le prestige qui rayonne et ne se raisonne pas, se confondent pour sacrer un homme nécessaire et une race qui fait souche à son tour.
L’historien reconnaît, en effet, ses bonnes intentions, sa tendre pitié pour le peuple et toutes ses vertus chrétiennes, mais il marque en même temps les étroitesses et les limites d’esprit de ce vénérable enfant, et il trouve, pour peindre le contraste de cette manière d’être individuelle avec les vertus publiques et les lumières étendues si nécessaires à un souverain, des expressions qui se fixent dans la mémoire et des couleurs qui demeurent dans les yeux.
Un jour que j’avais essayé de dire quelques-unes de ces raisons au public, M.
Le public, nous le croyons, sera moins difficile que M.
S’il lui arrivait seulement de tenir compte, dans un livre futur, d’une ou deux observations essentielles que nous lui aurions faites avec tout un public ami, ce serait un résultat.
Il a fallu assez de temps pour que l’œuvre fût appréciée à son prix par les modernes ; mais le bon Amyot avait certainement le sentiment et l’instinct de ce qu’elle valait, lorsqu’il choisir exprès pour l’une des premières traductions du grec qu’il comptait donner au public.
C’est ce cours oral, nullement écrit d’abord, improvisé et très-médité, qu’il a rédigé depuis et qu’il offre aujourd’hui au public, en le plaçant sous les auspices de Celle à qui il a dû de l’entreprendre.
Il la perdit avec affront, avec avanie ; car, selon la remarque de Gœthe à son sujet, « le public, comme les dieux, aime à se ranger du côté des vainqueurs. » Fréron, dès le principe, n’estima pas assez son ennemi.
Chéruel, Mémoires sur la vie publique et privée de Fouquet ; 2 vol., 1862.
Ayant commencé très-jeune à produire et à publier, dans un temps où le peu de concurrence des talents et un goût vif des Lettres renaissantes mettaient l’encouragement à la mode, il a subi l’inconvénient d’achever et de doubler, en quelque sorte, sa rhétorique, en public, dans les concours d’académie.
Il a toujours rêvé d’être dans les affaires publiques.
Et le public a été de l’avis de la mère Jacques.
Le dessin, la musique et la poésie le consolèrent et partagèrent ses moments, jusqu’à ce qu’il devint homme public, en 1300 : c’est là l’époque de tous ses malheurs.
Au sortir, pourtant, de ce brillant et orageux épisode de l’histoire du xvie siècle, qui vient de nous être si fortement et si judicieusement rendu, tout plein encore de ces temps de violence, de trahison et d’iniquité, et sans avoir l’innocence de croire que l’humanité en ait fini à jamais avec de tels actes, on se prend à se féliciter malgré tout, à se réjouir de vivre en des âges d’une morale publique améliorée et plus adoucie ; on s’écrie avec le sieur de Tavannes, au moment où dans ses Mémoires il vient de raconter cette vie et cette mort de Marie Stuart : « Heureux qui vit sous un État certain, où le bien et le mal sont salariés et châtiés selon les mérites !
Il essaya de s’y cacher, mais il fut découvert, amené sur le pont, et il essuya là une bourrasque des plus vives de la part de Bonaparte, qui le traita de déserteur, de lâche, disant que s’il revenait, lui, c’était pour le bien public.
C’est ce que j’ai tâché de faire aujourd’hui avec le plus de simplicité et le moins de frais possible, en demandant grâce à mes lecteurs, car nous autres, serviteurs du public, nous sommes quelquefois fatigués aussi.
Les auteurs comiques présentent toujours leurs personnages au public sous ce double jour : chacun de ceux-ci subsume sous un concept général, représentatif de la qualité et de la quantité d’une énergie déterminée, — une énergie particulière, la sienne propre, qui ne relève jamais de ce concept.
Et dans des hasards triomphants, et comme hantise des grands orchestres publics qui commençaient à épandre leurs flots, nés de cette préoccupation de la place à donner aux mots s’équilibrant mutuellement, de prestigieux essais de musique s’éveillaient aux vers : et par là survécurent MM.
Dans l’admirable début de Crime et châtiment, Marmeladoff ivre, fait pénitence publique dans l’atmosphère puante d’une gargote, entouré de gros rieurs, et racontant cependant toute la misère d’une âme faible, tendre, salie et torturée par d’inexpiables délits.
Mais, par contre, personne plus que lui n’aura plus d’audace à se mettre au-dessus du goût public, à aller droit à ce qui est excellent.
Personne ne doute, à la façon dont Suréna parle, que Corneille ne soit avec Suréna, et que Suréna ne jette au public la pensée même de Corneille.
Maurice Rollinat, le nouveau débarqué en trois bateaux dans la poésie contemporaine, qui, dès son début, trouvait un public qui s’offrait presque de lui-même, M.
On a depuis longtemps remarqué, non sans ironie, que les récits consacrés aux épisodes galants ou tragiques de la haute vie n’avaient pas de public plus fervent que l’humble bourgeoisie. […] Nous n’en sommes pas là, mais il est certain que l’obligation, pour vivre de sa plume, d’aller à un large public, est la cause principale qui incite tant de jeunes gens à s’improviser romanciers. […] C’est un malade mental que les pouvoirs publics se proposent d’honorer comme un des prophètes de la Révolution, le plus efficace peut-être. […] Il a pensé au public, mieux, il a été son propre public, et le singulier, l’unique, c’est qu’un pareil histrionisme n’est pas un mensonge. […] » lui dis-je, « vous allez travailler et continuer votre histoire du Comité de Salut public.
Mais ce sont là des questions où l’on ne conteste que du plus ou du moins, des questions secondaires à vider entre soi et entre amis ; le public de nos jours n’en a que faire et prend plus indifféremment les choses. […] Chez les Romains, en ceci assez pareils aux Grecs, Calpurnie, la femme de Pline le Jeune, était assurément une femme lettrée et des plus cultivées par l’étude, mais à l’usage et en l’honneur de son mari seulement : à force de tendresse conjugale et de chasteté même, elle s’était faite tout entière à son image, lisant et relisant, sachant par cœur ses œuvres, ses plaidoyers, les récitant, chantant ses Vers sur la lyre, et, quand il faisait quelque lecture publique ou conférence, l’allant écouter comme qui dirait dans une loge grillée ou derrière un rideau, pour y saisir avidement et boire de toutes ses oreilles les applaudissements donnés à son cher époux.
Mlle de Guérin I Toute âme est une scène, sur laquelle la vie, obscure ou publique, joue des drames qui arrachent le sourire ou les larmes aux spectateurs ou aux acteurs des événements dont se compose notre existence. […] Rousseau, correspondances des âmes effeuillées page à page et recomposées à la fin de la vie, confidences par confidences, sans songer que la main du public les décachètera un jour ; Lettres de Cicéron, Lettres de Pline le Jeune, Lettres de Sévigné, ce grand siècle écrit jour à jour par ses reflets intimes sur l’esprit d’une femme ; Lettres de Voltaire lui-même, ces lambeaux d’une passion acharnée à la destruction d’une idée ; Lettres de Mirabeau, ces flammes échappées du volcan d’un cœur pour en incendier un autre, etc., etc. ; demandez-vous sincèrement lequel de tous ces livres a pénétré le plus profondément dans votre cœur, lequel cohabite le plus habituellement avec vous dans la solitude de vos jours avancés, lequel est devenu votre ami le plus quotidien dans vos angoisses, avec lequel vous aimez le mieux vivre, avec lequel vous aimez le mieux mourir.
La doctrine de l’implacabilité du salut public paraissait prête à triompher. […] …” « Mon frère était alors accablé par un grand chagrin de cœur ; je ne peux publier de sa volumineuse correspondance que ce qui a rapport à lui ou à ses œuvres, et le montrer que sous l’aspect de fils ou de frère ; ces restrictions privent le public de quelques pages intéressantes, notamment de celles qu’il m’adressa après la mort d’une personne bien chère.
Qui oserait affirmer que Schiller, écrivant le drame des Brigands à vingt-deux ans, ce drame corrupteur de la moralité publique, l’aurait encore écrit, de sa plume refroidie, à l’âge fait où il écrivait ses belles œuvres savantes et morales, à son âge mûr ? […] Si j’avais pu me retirer davantage de la vie publique et des affaires, si j’avais pu vivre davantage dans la solitude, j’aurais été plus heureux, et j’aurais fait bien plus aussi comme poète16. » Il ajoutait : « Pour moi, dans ce que j’ai eu à faire et à mener, je me suis toujours conduit en royaliste.
Les réalisations de l’art et de la pensée n’intéressent qu’un public beaucoup plus restreint qu’autrefois. […] C’est le siècle des essais, et, on peut le dire, même en jouant sur le mot : des épreuves… Mais le manque de direction supérieure, à mon avis, désastreux, a ou peut avoir pour conséquence de susciter de toutes parts des initiatives privées qui, se développant dans l’ignorance ou le dégoût de la chose publique, aboutissent parfois à des résultats inattendus et même excellents et peuvent offrir au spectateur quelque consolation.
Quelques mots d’actualité poétique Le reproche plus ou moins amène m’a été souvent adressé, des regrets ont été exprimés souvent, que mon Œuvre n’ait point été conçue et écrite plus près d’un plus large Public quitte à délaisser un peu de mon idéal rénovateur, insinuaient ces regrets, qui osaient assurer qu’au prix de quelques concessions et de quelque renoncement, la plus grande renommée, la plus vite action, m’eussent été acquises1. […] Walch, en son Anthologie des poètes de 1866 a 1906), distinguait un article du « Figaro » où Auguste Marcade portait très exactement à la connaissance du grand public un premier historique des naissantes Ecoles : « Les trois chefs de ce mouvement sont : MM.
Cette solidarité s’exprime par l’esprit public, c’est-à-dire par une subordination des consciences particulières à une idée collective, des volontés individuelles à la volonté générale ; et c’est cette subordination qui constitue la moralité civique. […] Dès que cet équilibre est rompu au profit de ce que l’individualité a d’exclusif et d’égoïste, il y a affaiblissement du bien-être social et de l’esprit public, il y a déséquilibration, maladie, vieillesse, décadence physique et morale309.
Que l’on énumère les grands écrivains, dramaturges et romanciers qui, épris de vérité, ont senti obscurément que l’homme, la société et la nature représentés et recréés tels qu’ils sont, forment les livres les plus mûrement et les plus sérieusement admirés ; que l’on rappelle Shakespeare, Balzac, le morne Flaubert, Zola, l’on pourra assimiler à ses tragédies, aux tableaux plus populeux de leurs romans, cet immense déroulement d’êtres, d’aspects, d’actes, d’événements, de houles humaines, de méditations solitaires, de batailles humides de sang, de souples et tendres caresses de jeunes filles à d’indulgentes vieilles mères, d’amours, de morts, de carrières, cet abrégé de toutes les existences que présente La Guerre et la Paix et Anna Karénine ; l’esprit le plus négateur du progrès artistique et le plus respectueux des modèles, sera frappé de l’élargissement que ces romans massifs, déduits au-delà des dimensions habituelles, donnent à la description coordonnée de l’ensemble des phénomènes sociaux intimes et publics. […] La joie, l’ambition, le ressaisissement ; il se mêle aux affaires publiques, s’éprend, est trahi, retourne à la guerre et, mortellement atteint sur un champ de bataille, s’abandonne tout entier, au seuil de l’ombre, à cette méditation muette de la mort, cette contemplation ravie de l’inconnaissable où ne le touchent plus les caresses de son fils et de son amante.
Sur la place publique, il mange des excréments ; voilà le courtisan. […] Il se couche en public sur ses trois sœurs toutes nues.
Or l’entreprise de salut public que nous apparaît Dada avec le recul de ces quelques années a eu raison et assez vite de toutes les vieilles idoles formelles. […] Les mots dont se sert Crevel sont autant d’allusions au début de l’essai de Valéry dans lequel lescatastrophes de l’actualité sont interprétées comme la sanction d’une défaillance, de la morale publique ou de la lucidité: « « Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques.
Parlant de je ne sais quelles superstitions publiques et à grand fracas, venues d’Italie ou d’Avignon, il dira tout courant : « Ces spectacles inconnus aux âmes françaises… » Parlant des amours de la dame de Sauve, un des premiers aides de camp du brillant escadron de Catherine de Médicis, il la montrera « n’employant pas moins ses attraits pour les intentions de la reine que pour sa propre satisfaction ; se jouant de tous ses mourants avec un empire si absolu qu’elle n’en perdait pas un, quoiqu’elle en acquît toujours de nouveaux ».
Il y discute des changements que la Révolution devra apporter dans les mœurs publiques et dans le goût : « Après tout ce qui est arrivé depuis quelque temps, toutes les idées doivent décidément se renouveler. » Et d’abord il croit que l’universalité de la langue française en souffrira ; que Paris ne sera plus comme auparavant la capitale intellectuelle et littéraire reconnue de l’Europe, les autres nations voulant se venger d’avoir si longtemps obéi à l’esprit venu de Paris.
J’en ai vu plusieurs qui auraient mérité d’être rendues publiques ; je n’ai rien vu de mieux écrit en allemand.
À l’honneur et non à la honte du temps, le goût et le sentiment public se rendirent compte de la différence.
Incapable de parler en public, rougissant, en quelque sorte, d’usurper seul l’attention, il avait le contraire du front d’airain, une pudeur qui sied à l’honnête homme assis à l’ombre, et qui dispose de près chacun à recevoir de sa bouche les fruits mûris, les conseils mitigés de son expérience.
Il faut citer quelque chose de ces pages, qui égalent sur ce grand sujet ce qu’on a pu dire de mieux : Je ne suis pas de ceux, dit-il, qui, ayant dessein, comme vous dites, de convertir des éloges en brevets, font des miracles de toutes les actions de M. le cardinal, portent ses louanges au-delà de ce que peuvent et doivent aller celles des hommes, et, à force de vouloir trop faire croire de bien de lui, n’en disent que des choses incroyables ; mais aussi n’ai-je pas cette basse malignité de haïr un homme à cause qu’il est au-dessus des autres, et je ne me laisse pas non plus emporter aux affections ni aux haines publiques, que je sais être quasi toujours fort injustes.
Il y a d’estimables écrivains réformés qui s’attachent depuis quelque temps à noircir, à obscurir du moins la gloire de Henri IV, et qui assombrissent sans raison le tableau de la prospérité publique dans les douze années qui suivirent la paix de Vervins, prospérité dont toutes les voix du temps rendent témoignage.
D’alléguer qu’on lui avait mandé de Paris qu’on le voulait arrêter, c’était un dire, lequel, s’il était public, n’était pas vrai ; s’il était secret, il ne l’avait pu savoir… Bref, c’était lui-même qui se jugeait coupable ; ce que nous avons marqué pour fautes passaient pour crimes d’État en son opinion, qui, ayant de très grandes lumières des choses du monde, savait assez connaître ce qui était bien ou mal.
Des esprits sages et honnêtes qui, dans les temps habituels, préféreraient les procédés de liberté, ont reconnu, en de certaines crises publiques, la nécessité d’en passer par des dictatures temporaires, et ils s’y sont ralliés, non parce qu’ils se sont convertis, mais par pur bon sens et par le sentiment impérieux de la situation.
Son malheur le détacha de tout, même de l’étude ; il avait, outre une belle collection d’estampes, un cabinet de livres assez nombreux et curieux ; il en fit faire une vente publique et ne garda que le nécessaire.
Lebrun, dans ses premières années, dépensa sa verve poétique en bien des pièces douces et touchantes que le public lira aujourd’hui pour la première fois.
Jouvin dans le Figaro du 30 juin 1801, et un article d’éloge dans le Journal général de l’Instruction publique du 4 janvier 1862.
Il écrivait dès lors dans les revues et dans les journaux : à la Revue des Deux Mondes, un article sur la philosophie de Jean Reynaud, Ciel et Terre, signala son début ; à la Revue de l’Instruction publique, il débutait par un article sur La Bruyère ; au Journal des Débats, par trois articles sur Saint-Simon.
Cette manière était noble sans être exagérée, et quoique ce prince fût naturellement timide, il avait assez travaillé sur son extérieur pour que sa contenance ordinaire fût ferme, sans la moindre apparence de morgue ; en public, son regard était assuré, peut-être un peu sévère, mais sans autre expression : en particulier, et surtout lorsqu’il adressait la parole à quelqu’un qu’il voulait bien traiter, ses yeux prenaient un singulier caractère de bienveillance, et il avait l’air de solliciter l’affection de ceux auxquels il parlait.
Sylvain Dumon qui, après avoir présidé avec bien de la distinction un des comités du Conseil d’État, a été ministre des travaux publics, puis des finances.
Quel misérable effet des troubles civils, que d’attacher plus d’importance à telle manière de voir en affaires publiques, qu’à tous ces rapports de l’âme et de la pensée, seule fraternité dont le caractère soit ineffaçable !
L’élément proprement romanesque, la particularité des noms, des lieux, des faits flattaient la frivolité du public, et les besoins d’imagination et de sensibilité qui commençaient à s’y éveiller.
C’est par là qu’il y a un siècle où Paul et Virginie, puis Atala s’emparèrent si puissamment de l’imagination du public.
La distance qui paraît si grande entre les clercs et les écrivains en langue vulgaire, ainsi qu’entre les deux publics distincts qui les suivaient, est moindre qu’il ne semble au premier abord.
* * * Mallarmé appartient à une génération imprégnée de Renan et à qui Flaubert et les Goncourt ont inspiré le mépris de la chose publique.
C’est folie que d’y chercher de la législation et du droit public ; nos publicistes s’y entendent mieux et c’est peu dire.
En entendant ces deux vers : Elles veulent écrire et devenir auteurs…, Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, tout le public, dit-on, se prit à applaudir en la regardant.
Le fait est que, grâce à ce concours d’écrivains occupés à répandre de saines idées économiques et morales, des idées pacifiques, l’action des écrivains hostiles est tenue en échec ; le niveau de la morale publique se maintient.
Le hasard, ou plutôt ma curiosité naturelle, veut que j’aie précisément écrit pour moi, le soir même, le récit de ma rencontre et de ma conversation avec M. de Lamartine ; je me garderai bien d’en faire part au public, qui est rebattu pour le moment de ces sortes de confidences.
Regnard se défendit en homme qui a pour lui le public ; il donna une petite pièce en prose qui a pour titre La Critique du Légataire.
Il y a une trentaine d’années, une école littéraire pleine d’imagination et de talent, mais dont on connaît les désordres et les écarts, répandit dans le public sur la nature et l’essence du génie, sur ses privilèges, ses attributs, ses conditions extérieures, une théorie qui scandalisa singulièrement les esprits paisibles et sensés.
Je vais plus loin, et je dis que dans Montesquieu il y a une morale que le xviie siècle n’a pas connue : c’est la morale publique, la morale du citoyen.
Il ne s’aperçoit pas des changements qui se sont produits depuis sa jeunesse dans le goût public.
Fervaques et Bachaumont ont voulu, pour plus d’intérêt aux yeux du public, donner à leur livre une forme romanesque ; mais, pour eux, au fond, la grande affaire était de peindre la société des dernières années de l’Empire.
Deux livres récents26 viennent d’y intéresser le public français.
Dans une pareille société, l’adultère est flagrant, public, effréné, frappant à toutes les portes ; il est reçu, salué, fêté ; on en rit : le mariage n’existe plus. » Lorsque la femme, qui est le sentiment dans la nature humaine, se lance dans le mal, parce qu’elle ne sait plus où est le bien, et que, l’ancien bien n’étant plus le bien, la règle du bien lui fait défaut, il est impossible que la société ne s’abîme vite et avec fracas. […] Où poursuivez-vous le mal quand, sous prétexte d’argent et de budget, vous détruisez ainsi la charité publique ? […] Vous craignez que le paupérisme ne s’introduise en France sous cette forme de l’abandon des enfants, et vous voulez interdire au peuple ce recours à la charité publique.
Celui que le remords atteindra le plus vivement ne voit pas seulement des spectres assis à la table du banquet, comme Macbeth, ou de terribles déesses ronflantes, comme Oreste, Il éprouve surtout le besoin irrésistible de se libérer de sa faute par l’aveu public. […] La rébellion des consciences indépendantes prépare un public admirable à l’écrivain d’opposition. […] Les bouffées libérales, les nécessités extérieures amenées par elles, la contagion de la foule et mille autres causes émotives ne peuvent excuser, aux yeux du moraliste, les massacres, la cruauté inutile et les honteuses extravagances du Comité de salut public. […] Le livre que Rodenbach présente cette fois au public est petit. […] Tandis que tant d’autres se démènent dans le vide et émettent des appréciations grotesques sur leurs contemporains avant d’avoir écrit une ligne en français, lui a déjà livré au public deux drames, où d’étranges beautés brillent parmi des obscurités voulues.
En se faisant imprimer il avait surtout cédé au désir de son père ; comme il y avait alors quelques ouvertures pour la paix et qu’il eût désiré entrer dans la diplomatie, il s’était laissé persuader que cette preuve publique de son talent aiderait les démarches de ses amis.
Meyer accorde d’ailleurs, en terminant, cet éloge à l’édition de M. de Wailly : « Tous ceux qui s’intéressent au développement des études romanes accueilleront avec reconnaissance l’œuvre nouvelle de M. de Wailly, car sans parler du progrès notable qu’elle fait faire au texte de Joinville et à son interprétation, c’est la première tentative qui ait été faite afin de mettre un ouvrage du Moyen Âge français à la portée du grand public sans que la science y ait rien perdu. » Mais on entrevoit que ce c’est qu’un « progrès » encore.
En attendant il se console de ne plus servir, de ne plus prendre sa part dans le drame public qui se continue, moyennant cette réflexion que « bien que depuis trente ans il se soit fait de grandes choses en ce royaume, il ne s’y est point fait de grands hommes ni pour la guerre, ni pour le ministère : non que les talents naturels aient manqué dans tout le monde, mais parce que la Cour ne les a ni reconnus ni employés… ».
Mais voilà qu’un acteur célèbre, Henderson, l’héritier de Garrick, qui faisait des lectures publiques pour le grand monde, ayant eu un numéro du journal où était John Gilpin, s’avisa d’en faire une récitation comique dans une de ses séances.
Que si l’on veut rompre avec l’École en en sortant, si l’on se sent épris des fantaisies, des descriptions mondaines, piqué du démon de raillerie et curieux du manège des passions, on s’y jouera dès l’abord avec un art d’expression plus savant, plus consommé, et une ivresse plus habile que celle de personne : il n’y a plus de noviciat à faire en public ; il s’est fait dès auparavant et à huis clos.
S’il hésite pourtant à dire qu’il a plus souvent qu’on ne le croit la plume à la main, il se montre bien au naturel et avec la dignité qui lui sied, dans la plénitude de ses pensées et de son rêve : Je ne vous cacherai point que je n’ai ni la santé, ni le génie, ni le goût qu’il faut avoir pour écrire ; que le public n’a point besoin de savoir ce que je pense, et que, si je le disais, ce serait ou sans effet, ou sans aucun avantage.
[NdA] Ce mot de Henri IV, de ce roi vraiment tutélaire et qui sentait à quel point il l’était, rappelle les belles paroles de Richelieu, en son testament politique, sur la vigilance nécessaire au chef d’un État et sur la gravité de la charge dont il porte le poids à toute heure, la ressentant d’autant plus qu’il est plus habile : « Il faut dormir comme le lion, sans fermer les yeux… Une administration publique occupe tellement les meilleurs esprits, que les perpétuelles méditations qu’ils sont contraints de faire pour prévoir et prévenir les maux qui peuvent arriver les privent de repos et de contentement, hors de celui qu’ils peuvent recevoir voyant beaucoup de gens dormir sans crainte à l’ombre de leurs veilles et vivre heureux par leur misère. »