Regardons-le de près ; donnons-nous le sentiment bien vif de tous ses mérites. […] Cette Ode, chez Pindare, on sait ce qu’elle était : elle était vivante, elle était chantée, dansée presque ; elle était montée comme un intermède, comme un ballet, comme une récitation de fête et d’opéra ; elle avait son à-propos heureux et son action vive dans ce qui nous semble précisément aujourd’hui des digressions et des hors-d’œuvre, dans ces louanges des cités, des familles, de tout ce qui était là présent ; en un mot, elle avait toutes ses raisons d’être. […] Elle est dans ce rythme vif et pressé (la strophe de dix vers, et le vers de sept syllabes) qui donne à la pensée toute son impulsion, et qui semble fait pour sonner la charge ou pour chanter la victoire. […] On conçoit l’admiration de Henri IV pour de tels vers et qu’il ait voulu, après les avoir entendus, s’attacher Malherbe comme le poète le plus fait pour exprimer au vif l’idée de son règne, comme son poète ordinaire, capable de consacrer avec éclat et retentissement sa politique réparatrice et bienfaisante.
Sa vive intelligence se colore, comme on va le voir, des impressions de l’armée ; mais on va voir aussi qu’il les atténue en jetant sur cet abandon le prétexte complaisant du patriotisme et de la grande ambition. […] Sous des dehors sauvages il cachait une âme vive et très susceptible d’exaltation. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses. […] Entraînée d’ailleurs, comme tous les gens de ce temps, par un tourbillon étourdissant, elle comptait sur le dieu des révolutions, sur le hasard, et, après de vives agitations, elle revenait à jouir de sa fortune.
Ces instances du nouveau gouvernement furent si vives, que M. […] Dites au roi que je ne puis pas compromettre mon honneur de royaliste en allant au Palais-Royal ou aux Tuileries ; je n’irais que pour lui confirmer de vive voix mon refus de ses faveurs, et le public, en m’y voyant entrer, croirait que j’y vais pour solliciter ces mêmes faveurs. […] XXXII Je cherchai donc dans cette situation difficile les questions neutres, pour ainsi dire, telles que les questions d’affaires étrangères, de finances, d’humanité, de moralité, d’institutions bienfaisantes pour les classes laborieuses, d’économie politique, de liberté du commerce, d’industrie, de charité, et je pris la parole au milieu d’une très vive attention publique dans quelques-unes de ces discussions. […] On m’accusait seulement de me tenir trop dans les théories et dans les nuages, de ne pas descendre assez vers la chambre, de l’élever avec moi au lieu de m’abaisser avec elle, de ne prendre aucun parti vif et passionné dans les questions ministérielles, de ne donner aucun gage à la monarchie d’Orléans, dont je me tenais soigneusement écarté, ni au parti conservateur, auquel je restais suspect tout en défendant souvent sa cause, ni au parti de l’opposition radicale, dont je combattais la turbulence et les anarchies, ni au parti légitimiste, que je respectais dans son malheur, mais que je n’approuvais pas dans ses coalitions malséantes avec l’esprit de désordre, de mauvaise foi et de démolition ; en un mot, de me montrer trop homme de gouvernement dans mon indépendance et trop homme d’indépendance dans mon opposition.
Joignez-y l’amour, cette reconnaissance vive de toutes les âmes franches pour le principe de leurs plaisirs, et vous comprendrez une foule de bizarreries morales. […] Cette préparation, si prisée par quelques gourmets, paraît rarement à Tours sur les tables aristocratiques ; si j’en entendis parler avant d’être mis en pension, je n’avais jamais eu le bonheur de voir étendre pour moi cette brune confiture sur une tartine de pain ; mais elle n’aurait pas été de mode à la pension, mon envie n’en eût pas été moins vive, car elle était devenue comme une idée fixe, semblable au désir qu’inspiraient à l’une des plus élégantes duchesses de Paris les ragoûts cuisinés par les portières, et qu’en sa qualité de femme, elle satisfit. […] Ses yeux verdâtres, semés de points bruns, étaient toujours pâles ; mais s’il s’agissait de ses enfants, s’il lui échappait de ces vives effusions de joie ou de douleur, rares dans la vie des femmes résignées, son œil lançait alors une lueur subtile qui semblait s’enflammer aux sources de la vie et devait les tarir ; éclair qui m’avait arraché des larmes quand elle me couvrit de son dédain formidable et qui lui suffisait pour abaisser les paupières aux plus hardis. […] Sa coquetterie était devenue un mystère, elle faisait rêver au lieu d’inspirer l’attention galante que sollicitent les femmes, et laissait apercevoir sa première nature de flamme vive, ses premiers rêves bleus, comme on voit le ciel par des éclaircies de nuages.
« Crésus, consterné, ressentait une douleur d’autant plus vive, que ce fils avait lui-même présidé à la purification du meurtrier. […] Astyage, dissimulant le vif ressentiment que lui inspirait ce qui s’était passé, raconta de son côté à Harpagus ce qu’il avait appris du pâtre, et, après avoir tout répété, termina en disant : « que l’enfant vivait encore, et qu’il s’en réjouissait ; car, ajouta-t-il, je souffrais beaucoup de ce que j’avais fait, et je n’étais pas moins affligé de la peine que j’avais causée à ma fille. […] Dès qu’il se fut fait connaître, ses parents le reçurent avec des caresses d’autant plus vives, qu’ils le croyaient mort au moment de sa naissance, et lui demandèrent avec empressement de quelle manière il avait échappé. […] Le lièvre devait être remis à Cyrus, et le messager était chargé de lui dire de vive voix de découper de ses propres mains l’animal, et de n’avoir personne auprès de lui quand il l’ouvrirait.
C’est de leur cœur que s’est répandu dans le nôtre cet intérêt plus vif que l’admiration, qui nous fait aimer tout ce qu’ils ont aimé, sentir tout ce qu’ils ont senti. […] Par les yeux, par les oreilles, il recevait de vives impressions de cette galanterie noble qu’affectait l’amour en ce temps-là. […] C’est Néron, que le poète a pris tout vif à l’histoire ; c’est Acomat, qu’il a inventé tout entier ; c’est Joad, dont les livres saints lui avaient fourni l’énergique esquisse. […] S’il existe de lui un portrait, de la main d’un peintre tel que Tacite, il faut qu’il reste, dans le drame, égal à lui-même, qu’il vive comme le portrait, et qu’il n’en soit pas la copie.
La vie auparavant réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à et ce point, non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. […] Il ne restera que ce qui était profond, ce qui avait laissé en nous une trace vive et vivace : la fraîcheur de l’air, la mollesse de l’herbe, les teintes des feuillages, les sinuosités de la rivière, etc. […] Le pittoresque n’est qu’un procédé, et un procédé assez vulgaire, celui du contraste, — comme qui dirait en peinture la couleur vive sans le dessin, le colifichet sans la beauté, le fard sans le visage. […] L’émotion la plus vive est l’état mental le plus instable.
Je m’applique à tailler dans le vif, à disséquer des principes, afin de mettre à nu le cerveau contemporain et le nœud vital de notre poésie française si tendrement aimée. […] Dès lors, pour être descendus jusqu’aux sources vives, pour avoir brisé l’enveloppe des apparences et débarrassé le Moi ultime des pellicules superficielles qui le défendent aux yeux vulgaires, afin d’ausculter le cœur des choses et d’en sentir en soi les battements par contrecoup, ils ont fouillé plus profond que les parnassiens : de même que pour s’être efforcés d’épuiser le contenu du réel, d’élargir leur conscience, de concevoir la vie dans sa plénitude, en ajoutant à la nature l’idée, la pensée à la réalité, ils se sont étendus plus loin du côté des confins du mystère. […] Faute de mots qui la moulent, on s’ingéniera donc à la susciter, cette émotion, à l’évoquer chez le lecteur, jusqu’à ce que, subjugué, il la vive entièrement, jusqu’à ce qu’il en éprouve toutes les fines résonances en son cœur, jusqu’à ce que son âme en réfracte les plus ténues colorations. […] C’est qu’un mythe est le miroir toujours lucide où se reflètent les idées, les croyances, l’âme des peuples ; la source éternellement vive qui fuse les pensées essentielles dont s’abreuve l’homme quotidien ; son actualité ne tarira jamais, chaque âge y puise sans l’épuiser la ferveur de son inspiration50.
Mais ce lieu entre tous délicieux, en me ramenant à un vif sentiment de la nature, ne me rendait pas la sérénité. […] Vigny fut d’âme passionnée et mélancolique ; son désespoir spirituel se mêla aux angoisses toujours vives de sa sensibilité. […] Elles montrent que Chénier ne fut pas seulement un créateur de rythmes, mais aussi une intelligence vive, large et forte. […] De cette conversation et de quelques autres, j’ai gardé un souvenir vif et durable. […] La vie au sortir d’ici va vous persuader de toutes ses voix fausses qu’elle seule vaut qu’on vive.
Ce qui ne fait pas doute, c’est qu’elle ait ressenti pour le jeune vainqueur l’enthousiasme le plus vif. […] L’engouement avait été vif ; il a été de courte durée. […] Ce sont là les sources vives des grandes pensées et des grandes actions. […] Nous lui devons de connaître l’homme tel qu’il était au naturel et au vif, avant le déguisement. […] Et qui vive Encor, alors !
Pour moi, j’éprouve le plus vif plaisir à avouer ici la double dette de reconnaissance que j’ai contractée. […] Un homme vif, actif, ne s’habille pas ou ne porte pas ses vêtements comme un homme lent et paresseux. […] Puis le dialogue vif, alerte reprenait, et le vaudeville continuait sans grande ambition littéraire, éveillant ainsi de temps à autre la sensibilité du public. […] Comme cependant elles ont une sensibilité très vive, d’autant plus vive qu’elle n’a pas été émoussée ou affinée par de fréquentes émotions esthétiques, elles prennent souvent plaisir aux spectacles tragiques ou comiques de l’art classique, mais dans des conditions intellectuelles et morales toutes particulières. […] Évidemment, celle suite d’exhibitions, souvent pleines de mouvement et d’expression, où le pittoresque atteint une grande intensité, constitue pour les yeux et même pour l’esprit un amusement parfois très vif.
Encore ses émotions les plus vives lui sont-elles venues non de ses idées, mais du fond même de son cœur. […] Il marchait le long de la grève, de son pas égal et vif, s’occupant à noter les gracieuses musiques qui se jouaient en lui. […] Au sortir de sa prison, il eut une joie très vive, que devait suivre bientôt le pire désespoir. […] Non pas que j’aie pour aucun d’eux une vive sympathie, ni que j’attende aucun profit de leur connaissance. […] Giacosa a accompagné dans cette tournée l’illustre tragédienne ; et sans doute il a gardé de son voyage un souvenir très vif, car lorsque M.
Ses yeux étaient gris bleu, petits, mais très vifs.
Durant ces années heureuses où sa franche nature se déployait avec expansion, et avant les mécomptes, il fut admirablement secondé par une femme distinguée, son égale par le cœur, qui réunissait à son modeste foyer dans des conversations vives bien des hommes alors jeunes, et dont plusieurs étaient déjà ou sont devenus célèbres.
Esprit grave et convaincu, il entre mieux, par certains côtés, dans l’inspiration sérieuse des modernes, dans celle même de Lamartine et de Victor Hugo ; il a cité d’eux d’éclatants exemples, et ces rapprochements, qu’aucune complaisance n’énerve, et qui seront ceux de l’avenir, jettent par réflexion une vive lumière sur les grands poètes du passé.
Les mœurs africaines, la traite et la révolte des esclaves, y sont peintes des plus vives couleurs, et l’on y puise une généreuse indignation contre un trafic hautement désavoué par la conscience des peuples.
Nous recommandons la dernière lettre à ceux qui demandent à la doctrine une vive expression de son Dieu, et qui seraient tentés de contester aux disciples de Saint-Simon la puissance de l’amour divin, l’allégresse, de l’adoration.
Ces Études russes, que le prince Mestscherski nous donne comme un supplément modeste des Études si vives et si gracieuses d’Émile Deschamps, s’adressent aux poètes français et méritent bien leur reconnaissance.
La conception nous arrive d’autant plus vive, nette, éclatante, qu’elle est comme matérialisée (ou, en un sens, idéalisée) dans une image, dans un tableau.
Il avait seulement un vif désir de savoir, de comprendre, et c’était — et c’est — un esprit délié et cultivé.
Si les nations modernes pouvaient trouver en elles-mêmes un levain intellectuel suffisant, une source vive et première d’inspirations originales, il faudrait bien se garder de troubler par le mélange de l’antique cette veine de production nouvelle.
Bailey est avec Reid ou n’en diffère que par des nuances : « Je diffère, dit-il274, de l’École Écossaise, en ce qu’elle admet une croyance irrésistible en un monde extérieur, et que moi j’admets une connaissance. » La critique qu’il fait de Berkeley ne me paraît pas entrer dans le vif de la question : celle de Kant est inexacte.
Comment le croire aussi éclairé et aussi élevé qu’il était piquant, lorsqu’on la voit confondre les empressements du roi voluptueux, au moment d’un retour après une longue absence, avec un de ces retours de tendresse et d’affection qui attestent les douces et vives sympathies des âmes délicates et des intelligences élevées ?
Peut-on appeler un style formé sur celui de tous les Poëtes de Collége, une élocution noble, vive, ferme, toujours assez souple pour se plier sans effort à tous les tons, à tous les genres ?
Je cherche à savoir si Zola a montré un sens du réel plus évident, s’il s’est fait du monde une conception vive, si son œuvre a plus de vertu et d’innocence.
Cette fuite trop rapide, cette ardeur trop vive de nouveauté, ne donnent naissance qu’une réalité falote jusqu’à devenir imperceptible.
Ils n’adornèrent leur chapelle que de vitraux aux couleurs somptueuses et violentes ; étoles, surplis et chasubles n’en étincelèrent que d’or vif et les ostensoirs sur l’autel ne fulgurèrent jamais qu’aux feux d’un soleil pérennel ; car, vers les heures de crépuscule, se dosaient les grandes portes aux fidèles avides de mystère.
La lecture de ce grand maître, dans l’art d’émouvoir les passions, frappa tellement son imagination tendre & vive, qu’il se promit bien dès-lors de les imiter un jour.
Rien ne le caractérise mieux que sa fameuse réponse à un ministre, qui lui reprochoit de faire un métier de la satire, il faut que je vive : le ministre lui répliqua froidement, qu’elle nécessité ?
Pour se rendre maître de ces modèles, il faut, il faut surtout une admiration vive, ardente, sans tiédeur et sans défaillance.
— et s’y fait dire, tout le long du livre, par sa femme de chambre (un peu idolâtre, cette femme de chambre, avec des pantomimes bien vives !)
Est-il bien difficile de comprendre alors l’amour très vif du xviiie siècle, et de tous ceux qui ont du xviiie siècle sous la peau, pour cette chétive production du xviie , cette Religieuse portugaise qui précède (est-ce innocemment ?)
Ceux qui ont reçu de la nature une âme forte, ceux qui ont le bonheur ou le malheur de sentir tout avec énergie, ceux qui admirent avec transport et qui s’indignent de même, ceux qui voient tous les objets de très haut, qui les mesurent avec rapidité et s’élancent ensuite ailleurs, qui s’occupent beaucoup plus de l’ensemble des choses que de leurs détails, ceux dont les idées naissent en foule, tombent et se précipitent les unes sur les autres, et qui veulent un genre d’éloquence fait pour leur manière de sentir et de voir, ceux-là sans doute ne seront pas contents de l’ouvrage de Pline ; ils y trouveront peut-être peu d’élévation, peu de chaleur, peu de rapidité, presqu’aucun de ces traits qui vont chercher l’âme et y laissent une impression forte et profonde ; mais aussi il y a des hommes dont l’imagination est douce et l’âme tranquille, qui sont plus sensibles à la grâce qu’à la force, qui veulent des mouvements légers et point de secousses, que l’esprit amuse, et qu’un sentiment trop vif fatigue ; ceux-là ne manqueront pas de porter un jugement différent.
Il trouva un vieillard de quatre-vingts ans, sec, vif, pétulant, qui l’accueillit de bonne amitié, et qui en moins d’un quart d’heure lui eut montré son cabinet, ses dessins, ses plans, une centaine de volumes sur le génie militaire, qui formaient toute sa bibliothèque. […] C’est ainsi qu’exposé à la rigueur du froid le plus vif, n’ayant pas même un manteau pour se couvrir, il était réduit à envier le sort de ces malheureux paysans qu’il trouvait rassemblés dans de pauvres cabanes, mais qui au moins se consolaient entre eux de leur misère ; il enviait, enfin, jusqu’au sort des chevaux attelés à sa voiture ; car la Providence, prévoyante pour eux, les avait couverts de poils longs et chauds, semblables à d’épaisses toisons: comme pour témoigner, pensait-il alors avec amertume, que l’homme seul est abandonné sur cette terre: comme pour témoigner, pensait-il vingt ans plus tard avec admiration, qu’il n’est pas un seul être au monde qui soit livré à l’abandon: Dieu leur donnant à tous, suivant le besoin, ce que leur intelligence ne leur apprend pas à se donner. […] Tels étaient les nobles projets dont le jeune voyageur venait, avec la foi la plus vive, faire hommage à la grande Catherine ; et c’est riche de ces brillantes illusions qu’il était arrivé aux portes de Moscou ayant dépensé son dernier écu. […] Dans ce lieu, depuis un an, demeurait une femme vive, bonne et sensible ; elle s’appelait Marguerite. […] Nous en étions si près que, malgré le bruit des flots, nous entendîmes le sifflet du maître qui commandait la manœuvre, et les cris des matelots, qui crièrent trois fois: « Vive le roi !
Cela donne de la joie parce que, en nous donnant un sentiment vif de notre supériorité, cela semble augmenter notre personnalité et même l’augmente en effet, et cela fait rire si c’est inattendu : il faut toujours pour qu’il y ait hilarité et même sourire qu’il y ait de la surprise. […] Don Juan d’Autriche, qui fut si souvent repris, lui aussi, avec un succès très vif, ne réussit qu’à moitié en sa nouveauté. […] Une jolie scène, et prise sur le vif, dans le Beau Laurence. […] Je crois que George Sand en conçut un assez vif chagrin et que c’est pour cela qu’elle retourna à ses romans socialistes pour un certain nombre d’années. […] Le succès de la pièce a été très vif.
Le ciel de ce pays est moins élevé que le nôtre ; son azur est plus vif, mais moins transparent. […] Car qui eût pu seulement penser que les années eussent dû manquer à une jeunesse qui semblait si vive ? […] Les guerriers déposent la lance et le bouclier, et les danses commencent au son d’une musique vive et joyeuse. […] Trouve-t-on souvent une aussi puissante métaphysique unie à une si vive expression ? […] Dans un endroit, il s’écrie tout à coup : « Vive l’Éternel !
Cependant une vive curiosité m’appelait vers le coin obscur de l’atelier, où j’apercevais confusément de nombreux volumes, en désordre sur des rayons, épars sur une table de travail. […] Vive la République ! […] Pour ne pas nous disputer de vive voix, cher directeur, je vous écris ; autrement impossible de garder le sang-froid nécessaire. […] À mon très vif regret, en resterons-nous donc là ? […] Le poète la remercie du tableau en lui exprimant le regret de ne pouvoir lui exprimer ses remerciements de vive voix, n’étant pas libre.
Pendant le temps qu’il y passe avec elle, ses pauvres compagnons se font massacrer là-bas, au cri de : Vive Christian II ! […] Dans ce même livre lyrique, je trouve une pièce vive et alerte : le Parisien du faubourg. […] Le Dauphin était né avec une âme vive et altière. […] À partir d’ici, nous entrons dans le vif de la question ; M. […] Après eux galope la cavalerie monstrueuse des Centaures, qui hennissent au fumet du vin, comme les cerfs brament après la fraîcheur des eaux vives.
Il s’est plu à dessiner d’un crayon vif et soigneux la figure picaresque de cette nonne. […] Ces vers aux contours précis, aux arêtes vives, d’où viennent-ils ? […] Pourtant, je suis obligé de dire que ses vers attestent un plus vif souci d’exactitude et serrent davantage la vérité. […] Une jeune fille apparaît bientôt sous le réverbère du coin, venant d’une marche vive et franche. […] Nous avons l’imagination vive, et, pour nous, le Devoir tout nu a une triste figure.
Si parfois le plaisir se présente, c’est un plaisir haletant ; la fatigue est plus vive que la joie. […] Il rudoie le poète qui le consulte avec une brusquerie tellement vive, qu’il semble ne chérir que les seuls intérêts du langage et de la raison. […] Les contours arrêtés, les vives silhouettes d’Albert Dürer ou d’Holbein, lui sembleraient mesquins et pauvres. […] Hugo ait écrits depuis la préface de Cromwell, qui souleva, il y a sept ans, une polémique si vive, si agile et si acharnée. […] Au lieu d’une coquetterie malicieuse réfléchie, et contenue dans ses moindres élans, plus savante que vive, et que mademoiselle Mars traduit à merveille, elle a trouvé dans Beaumarchais une jeune fille fière de sa beauté, confiante en elle-même, hardie à la réplique, invitante sans lasciveté, vive et folâtre sans se livrer, pleine de force et de séduction.
Ballanche a peint plus tard, au début de la Vision d’Hèbal, son état psychologique en cette douloureuse convalescence : « Des souffrances vives et continuelles avaient rempli toute la première partie de sa vie. […] Toutefois, indépendamment des accents de vive sensibilité qui recommandent certaines pages, il convient de remarquer, comme un délinéament d’avenir, l’opinion que le jeune auteur exprimait au sujet des chartres, ainsi qu’on disait alors. […] Ballanche, l’expression d’un vif regret de ce que notre philosophe a presque toujours préféré l’exposition poétique à l’exposition scientifique, la figure à la démonstration, la couleur à l’évidence : « Car, ajoute M.
Les idées religieuses avaient été vives chez le jeune Ampère à l’époque de sa première communion ; nous ne voyons pas qu’elles aient cessé complètement dans les années qui suivirent ; mais elles s’étaient certainement affaiblies. […] Je sens que vous voulez que je ne vive que pour vous, que tous mes moments vous soient consacrés. […] Combien il était vif sur la civilisation, sur les écoles, sur les lumières !
. — De plus, toutes nos sensations un peu étranges ou vives, notamment celles de plaisir ou de douleur, l’évoquent, et souvent nous oublions presque complètement et pendant un temps assez long le monde extérieur, pour nous rappeler un morceau agréable ou intéressant de notre vie, pour imaginer et espérer quelque grand bonheur, pour observer à distance, dans le passé ou dans l’avenir, une série de nos émotions. — Mais ce nous-mêmes, auquel, par un retour perpétuel, nous rattachons chacun de nos événements incessants, est beaucoup plus étendu que chacun d’eux. […] Le point de départ de ces illusions n’est pas difficile à démêler ; on le trouve dans le procédé d’esprit de l’écrivain dramatique, du conteur, de toute imagination vive ; au milieu d’un monologue mental, une apostrophe, une réponse jaillit ; une sorte de personnage intérieur surgit et nous parle à la deuxième personne : « Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre. » — Maintenant, supposez que ces apostrophes, ces réponses, tout en demeurant mentales, soient tout à fait imprévues et involontaires ; cela arrive souvent. […] Répétée incessamment, chaque jour plus vive, entretenue par une passion maîtresse, par la vanité, par l’amour, par le scrupule religieux, soutenue par de fausses sensations mal interprétées, confirmée par un groupe d’explications appropriées, elle prend l’ascendant définitif, annule les souvenirs contradictoires ; n’étant plus niée, elle se trouve affirmative ; et le roman, qui d’abord avait été déclaré roman, semble une histoire vraie. — Ainsi notre idée de notre personne est un groupe d’éléments coordonnés dont les associations mutuelles, sans cesse attaquées, sans cesse triomphantes, se maintiennent pendant la veille et la raison, comme la composition d’un organe se maintient pendant la santé et la vie.
VII Mais, si Pétrarque avait le cœur inguérissable, il avait l’imagination trop vive pour ne pas se débattre et se relever sous sa douleur ; il promena ses tristesses sans cesse évaporées dans ses beaux vers de Parme à Florence, de Florence à Rome ; il donna à ses amis, et surtout à Boccace, le plus cher et le plus affectionné de tous, les loisirs qu’il donnait jusque-là à ses pensées d’amour. […] On ne lit pas sans un vif intérêt domestique la charmante lettre que Boccace écrit de Pavie à Pétrarque. […] Ces mémoires plus vives et plus pénétrantes de ceux ou de celles qu’on a aimés dans ces belles années sont comme des apparitions surnaturelles que la vie fait surgir au déclin des ans aux regards des hommes ou des femmes, pour leur faire ou regretter davantage la vie, ou aspirer plus résolument au séjour où tout se retrouve.
À cette hauteur, les voiles qui glissent sur cette surface d’un bleu vif, comme un second ciel, ressemblent à des ailes de colombes blanches qui volent en silence, d’arbre en arbre, parmi les oliviers. […] Je prenais une part très vive et très confidentielle aux différentes phases et aux différents orages que cette révolution suscitait dans le peuple, dans le parlement et dans le palais. […] À peine y fus-je arrivé qu’une vive émotion patriotique s’éleva contre moi.
Les exercices imposés aux élèves étaient sans exception des tournois oratoires : « On dispute ici avant le dîner, écrivait Vives au xve siècle ; on dispute pendant le dîner ; on dispute après le dîner ; on dispute en public, en particulier, en tout lieu, en tout temps149 ». […] C’est alors que la littérature, animée de l’esprit plus vif et plus libre du dehors, réveille ceux qui se laissaient aller à une paisible somnolence et brise les moules gênants où les intelligences risquaient d’être emprisonnées. […] Très vive est la lutte entre les deux forces opposées.
Ces deux derniers mots firent traissaillir malgré lui le négociant hors ligne : une vive inquiétude — hélas ! […] Elles étaient trop vives, trop délicates, aussi, pour s’attacher à une seule des apparences que son regard effleurait, effleurait avec une haine répulsive, et, plus tard, avec la méfiance de l’âme toujours insatisfaite. […] Voici que la surdité complète est venue : elle l’a privé même du plaisir qu’il éprouvait à écouter les exécutions musicales et cependant, nous n’entendons aucune plainte vive s’élever de lui.
Mais le vif étincellement amené par degrés à cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité, comme une lueur céleste. […] Bientôt j’éprouvai la sensation d’une clarté plus vive, d’une intensité de lumière croissant avec une telle rapidité, que les nuances fournies par le dictionnaire ne suffiraient pas à exprimer ce surcroît toujours renaissant d’ardeur et de blancheur. […] C’est là que le combat sera le plus vif, car là est la clé de la victoire.
Pickwick, qu’il écrase de son impudence une chambrée de guindés valets de chambre à Bath, ou qu’il entreprenne de détruire le prestige du bizarre puritain qui a su gagner le cœur de Mme Weller et s’installer à demeure dans son auberge, l’amusement est constant, vif et franc, sans dérision ni amertume. […] Dickens avait essentiellement une nature affective, sentimentale, émotionnelle, c’est-à-dire que chez lui, plus qu’en d’autres, les impressions que ses sens recevaient du monde intérieur, les images générales, les idées qu’il s’en formait, étaient toutes accompagnées de vives sensations d’agrément ou de peine, qu’ainsi elles se transformaient presque immédiatement en sentiments, en émotions, et que celles-ci enfin, étant non pas de source intellectuelle, comme par exemple l’exaltation d’un géomètre à la vue d’une belle démonstration, mais de source sentimentale, étaient presque purement bornées à l’affection et à l’aversion simples. […] Que l’on considère en outre qu’en dehors de l’influence qu’une tendance trop vive aux émotions exerce sur les perceptions et sur la connaissance, les sentiments ont eux-mêmes des propriétés précises qui modifient toute l’organisation mentale de celui chez lequel ils prédominent et qui altèrent par conséquent directement cette expression de son individualité qui est l’œuvre d’art.
Michelet, — et il en a, comme un artiste qui donne des plaisirs extrêmement vifs à ceux qui l’aiment, — lui trouvent toutes les qualités, les unes après les autres, excepté cependant celles-là. […] Michelet comme la chaux vive de sa pensée. […] … Lorsque ce bel esprit de l’histoire, plus femme qu’homme, il est vrai, dans ses facultés, introduisait une imagination vive et jeune alors dans l’âpre domaine qu’il se chargeait de cultiver, et que nous lui laissions nouer, comme à un bel enfant grec, l’éclatant feston autour du chapiteau sévère, nous doutions-nous que le temps viendrait où, flétrie par les partis et parlant leur langage, cette imagination n’aurait plus souci, nous ne disons pas de la Vérité, — amour trop fort et trop viril pour elle, — mais de la Forme même dont elle était la noble esclave, et qu’elle la perdrait comme on perd tout, — en s’abaissant ?
Cette intrigue a le défaut d’un roman, sans en avoir l’intérêt ; et le cinquième acte employé à débrouiller ce roman, n’a paru ni vif ni comique. […] Le succès est toujours assuré, soit en tragique, soit en comique, à ces sortes de scènes qui représentent la passion la plus chère aux hommes dans la circonstance la plus vive. […] Si on osait encore chercher dans le cœur humain la raison de cette tiédeur du public aux représentations du Misanthrope, peut-être les trouverait-on dans l’intrigue de la pièce, dont les beautés ingénieuses et fines ne sont pas également vives et intéressantes ; dans ces conversations même, qui sont des morceaux inimitables, mais qui n’étant pas toujours nécessaires à la pièce, peut-être refroidissent un peu l’action, pendant qu’elles font admirer l’auteur ; enfin dans le dénouement, qui, tout bien amené et tout sage qu’il est, semble être attendu du public sans inquiétude, et qui venant après une intrigue peu attachante, ne peut avoir rien de piquant.
Il me semble que nous connaissons déjà Froissart, cette nature vive, mobile, curieuse, amusée, toute à l’impression du dehors, toute au phénomène. […] Froissart ne sera jamais un historien critique comme Tillemont, ni encore moins un historien philosophe comme Gibbon ; mais sa vocation, réduite à toute sa simplicité, à l’enquête curieuse et à la vive représentation des faits, n’en paraît que plus en saillie ; nous avons vu cette vocation courir et jouer pour ainsi dire devant nos yeux dès son enfance, et il passa toute sa vie à la satisfaire.
Corydon représente pour lui la poésie vive, simple et naturelle, Thyrsis l’effort pénible et le fatras. […] Il ne voulait pas davantage des chefs du grand parti whig, et il s’imagina qu’il aurait meilleur marché de Pitt, qu’il avait obligé en 1761 de sortir du ministère et qui, depuis, vivait fort à l’écart, faisant pourtant à l’occasion une vive opposition à son beau-frère George Grenville.
On n’a jamais eu à un plus haut degré que Saint-Évremond le sentiment vif des ridicules, ni une manière plus légère de les exprimer. […] Il commence par quelques réflexions fines et spirituelles sur la variation de ses goûts avec l’âge, réflexions dans le sens d’Horace, lorsque Horace incline aux préceptes d’Aristippe ; il démêle et dénonce avec un vif sentiment des nuances les effets des ans et les changements insensibles, mais inévitables, qu’ils amènent.
On sait les retraites fréquentes et les huitaines de Saint-Simon, qui nous a donné sur cet intérieur austère des jours tout particuliers, d’une clarté vive, et qui nous y font pénétrer. […] « D’abord les lettres sont longues, vives, multipliées ; le jour n’y suffît pas : on écrit au coucher du soleil, on trace quelques mots au clair de la lune, chargeant sa lumière chaste, silencieuse, discrète, de couvrir de sa pudeur mille désirs.
Si M ignet se produisait déjà si nettement dans son premier ouvrage par l’expression formelle de la pensée philosophique qu’il apportait dans l’histoire, il ne s’y donnait pas moins à connaître par le sentiment moral qui respire d’une manière bien vive et tout à fait éloquente dans les éloges donnés à saint Louis, à ce plus parfait des rois, du si petit nombre des politiques habiles qui surent unir le respect et l’amour des hommes à l’art de les conduire. […] Ces chaînes de l’histoire, en tombant sur des plaies vives, les firent crier.
Je ne l’avois jamais vue qu’à cinq ou six pas, et je l’avois toujours trouvée fort belle ; son teint me paroissoit vif et éclatant ; les yeux, grands et d’un beau noir, la gorge et le reste de ce qui se découvre assez librement dans ce pays, fort blanc. […] Avec cette facilité excessive aux émotions, et cette sensibilité plus vive, plus inquiète de jour en jour, on explique l’effet mortel que causa à Racine le mot de Louis XIV, et ce dernier coup qui le tua ; mais il était auparavant, et depuis longtemps, malade du mal de poésie : seulement, vers la fin, cette prédisposition inconnue avait dégénéré en une sorte d’hydropisie lente qui dissolvait ses humeurs et le livrait sans ressort au moindre choc.
Sa mort causa la plus vive douleur à ses adorateurs ; et comme on la portait au tombeau, le visage découvert, ceux qui l’avaient connue pendant sa vie s’empressaient d’attacher leurs derniers regards sur l’objet de leur adoration, et accompagnaient ses funérailles de leurs larmes15. […] Le sonnet suivant exprime bien tous ces sentiments: Cherchi chi vuol le pompe, e gli alti onori, Le piazze, e tempi, e gli edifici magni, Le delicie, il tesor qual accompagni Mille duri pensier, mille dolori: Un verde praticel, pien di bei fiori, Un rivolo che l’herba intorno bagni, Un angeletto che d’amor si lagni, Acqueta molto meglio i nostri ardori: L’ombrose selve, i sassi, e gli alti monti, Gli antri oscuri, e le fere fuggitive, Qualche leggiadra ninfa paurosa ; Quivi veggo io con pensier vaghi e pronti, Le belle luci, come fossin vive.
Maintenant que nous n’avons plus celui qui fut le premier auteur d’un travail d’érudit, mon ardeur à écrire s’éteint, et je n’ai presque plus ce grand bonheur que me donnait l’étude des anciens ; cependant, si vous avez un si vif désir de connaître mon malheur, et comment s’est montré ce grand homme dans les derniers actes de sa vie, bien que je sois empêché par mes larmes, et que mon esprit recule même devant un souvenir qui doit renouveler ma douleur, je cède cependant à vos si vives et si honnêtes instances ; et je ne veux pas manquer à l’amitié qui nous unit.
Mais rien d’éminent, en somme, et qui dépasse les qualités moyennes d’une narration vive et limpide : le génie manque et cette forme impérieuse, qui détermine une littérature pour longtemps. […] Aussi lui sera-t-il beaucoup pardonné, pour avoir écrit çà et là quelques vives pages, où le conteur de choses folles a montré quelque sens de la vie réelle et quelque intuition de ce qui se passe dans les âmes moyennes.
En sa jeunesse, elle est vive et gaie, et donne prise par là aux médisants ; cela s’amortit un peu avec l’âge, mais on retrouve encore la rieuse jeune fille dans la grand’mère. […] Mme de la Fayette361, que La Rochefoucauld estimait la femme la plus vraie qu’il eût connue, était une fine et adroite personne, très intelligente et point sentimentale, dont le style est, avec celui de Bussy, et mieux encore, la perfection du style mondain : elle a un style aisé, vif, sans affectation, sobre et net, lumineux plutôt qu’outré, sans passion ni grands éclats ni ampleur de geste, avec une pointe sèche de gaieté, et une malice aiguë, parfois meurtrière.
Avant lui, on se demandait s’il était facile d’écrire des poèmes en russe, et toute une école de critiques autorisés soutenait, « par vives raisons », qu’on devait employer pour la poésie la langue slavone, c’est-à-dire celle dans laquelle sont traduits les livres saints, la langue de la liturgie et de la chaire. […] Pouchkine fut dans cette polémique un peu moins vif que Lucien, mais plus aigre que la chose ne le méritait.
Par le dogme de la chute, il amena l’homme à se regarder hors de sa condition extérieure hors du temps et du lieu où il vit ; il lui découvrit tous les mystères de son intérieur, et tout ce fonds de malaise qui couve en lui, sous quelque forme de société qu’il vive, irréparable contre-coup d’une première chute. […] Il faut comprendre dans ce mot la science des rapports de l’homme avec Dieu dans la religion, de l’homme avec son semblable dans la société chrétienne ; l’étude des sources mêmes de cette science, les livres saints, pénétrés par le plus subtil des docteurs, et interprétés par le plus clair des écrivains ; tant d’explications si hautes de la parole de Dieu, de ses prophètes, de la doctrine des Pères ; toute l’antiquité chrétienne rendue familière à tout le monde, dans son histoire que Calvin raconte avec un détail plein d’intérêt, dans sa morale dont il sonde la profondeur ; enfin, la suite de l’histoire de l’Église, d’après les autorités, toujours bien connues, lors même qu’elles sont interprétées faussement ; et toutes ces critiques, souvent éloquentes, toujours vives et précises, des abus de l’Église d’alors, que Calvin étale sans charité, mais qu’il sait exagérer sans déclamation.
Nouvelles sources de peines intellectuelles excessivement vives, et auxquelles je suis actuellement en proie ; car c’est pour moi un supplice de me spécialiser, et, de plus, nulle spécialité ne cadre parfaitement avec les divisions de mon esprit. […] Je classe ainsi les orthodoxes : Esprits vifs, non dénués de finesse, mais superficiels.
Les associations simultanées (ou synchroniques) prédominent chez les personnes douées d’une vive sensibilité organique ; parce que c’est un fait reconnu que toutes les sensations ou idées éprouvées, sous une impression vive, s’associent étroitement entre elles.
Les plaisirs vifs donnent des secousses ; et plus on les ressent, moins les intervalles où ils nous échappent sont supportables. […] Ici Mirabeau se lève et l’interrompt : Madame, je ne puis plus respirer… vos alarmes sont trop vives… M. de Monnier ne saura rien : votre portrait, vos lettres vous seront rendus ; elles ne resteront point dans des mains infâmes qui les souillent.
Quelques tableaux s’animent de détails plus vifs ; je remarque dans une suite de vers insipides ces deux vers coquets : Ses blonds cheveux, bouclés par la nature, D’un front d’ivoire agaçaient la blancheur. […] Le cachet pourtant qu’on y remarque, quand on sait la suite et le lendemain de cette carrière, c’est la modération relative, Saint-Just, parlant des cruautés qui souillèrent la prise de la Bastille, disait : Le peuple n’avait point de mœurs, mais il était vif.
Que si, malgré l’expérience, vous tenez à votre théorie routinière de l’exemple, alors rendez-nous le seizième siècle, soyez vraiment formidables, rendez-nous la variété des supplices, rendez-nous Farinacci, rendez-nous les tourmenteurs-jurés, rendez-nous le gibet, la roue, le bûcher, l’estrapade, l’essorillement, l’écartèlement, la fosse à enfouir vif, la cuve à bouillir vif ; rendez-nous, dans tous les carrefours de Paris, comme une boutique de plus ouverte parmi les autres, le hideux étal du bourreau, sans cesse garni de chair fraîche.
Une musique qui ne serait formée presque entièrement que de simples blanches ou de simples noires, serait certainement plus monotone, et par conséquent moins agréable, que si dans cette même musique, sans y rien changer d’ailleurs, on entremêlait avec intelligence et avec goût les noires et les blanches, et s’il résultait de là une mesure plus vive, plus marquée, et plus variée dans ses parties. […] Les Italiens trouvent, et avec raison, que les étrangers l’écorchent ; un Français ou un Anglais qui chantent devant eux leur musique, leur font grincer les dents ; cependant ces étrangers, tout en écorchant la musique italienne, y éprouvent un certain degré de plaisir, et même assez vif pour affecter beaucoup ceux d’entre eux qui ne sont dénués ni de sentiment ni d’oreille.
Si, au lieu d’un pédagogue, je prends un homme du monde, un intelligent, et si je le transporte dans une contrée lointaine, je suis sûr que, si les étonnements du débarquement sont grands, si l’accoutumance est plus ou moins longue, plus ou moins laborieuse, la sympathie sera tôt ou tard si vive, si pénétrante, qu’elle créera en lui un monde nouveau d’idées, monde qui fera partie intégrante de lui-même, et qui l’accompagnera, sous la forme de souvenirs, jusqu’à la mort. […] Sans analyser ici le but qu’ils poursuivirent, sans en vérifier la légitimité, sans examiner s’ils ne l’ont pas outrepassé, constatons simplement qu’ils avaient un but, un grand but de réaction contre de trop vives et de trop aimables frivolités que je ne veux pas non plus apprécier ni caractériser ; — que ce but ils le visèrent avec persévérance, et qu’ils marchèrent à la lumière de leur soleil artificiel avec une franchise, une décision et un ensemble dignes de véritables hommes de parti.
J’étais ému d’admiration, la première fois que je lisais dans Platon ce témoignage sur l’omniprésence de Dieu et sur sa providence inévitable : « Quand vous seriez caché dans les plus profondes cavernes de la terre, quand vous prendriez des ailes et que vous vous envoleriez au haut des cieux, quand vous fuiriez aux confins du monde, quand vous descendriez au fond des enfers ou dans quelque lieu plus formidable encore, la providence divine y serait près de vous. » Cela me frappait d’une secousse plus vive que l’imagination d’Homère décrivant la marche de ses dieux, « en trois pas, au bout du monde » ; j’y sentais une grandeur morale qui dépasse toute force matérielle. […] Elles sont éparses ailleurs, et jusque dans le récit historique, témoin, au chapitre xxxii du Deutéronome, ce chant de Moïse où Dieu semble plaider contre son peuple, l’accuser, lui répondre, entre la vive expression des images présentes et la vue prophétique d’un avenir non moins éclatant aux yeux.
Nul historien de nos jours n’a, ce nous semble, un sentiment aussi vif, une intelligence aussi naïve de son art.
C’est lui qui, dans une vive discussion sur l’entreprise d’Égypte, répond à Bonaparte, qui prononce le mot de démission : « Je suis loin de vouloir qu’on vous la donne ; mais si vous l’offrez, je suis d’avis qu’on l’accepte. » Enfin, s’il succombe lui-même au 30 prairial, si les Conseils, prenant la revanche du 18 fructidor, l’expulsent par violence d’un poste où il défend intrépidement une Constitution dont on ne veut plus, ce n’est pas à la peur ni aux prières qu’il cède, c’est à la conviction de son impuissance, au vœu trop manifeste de ses concitoyens, et, en se retirant, pauvre, à pied, dans sa petite maison d’Andilly, il emporte avec lui la dignité et la force du Directoire.
Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait.
Dans un voyage qu’il fit à travers la Bourgogne et les provinces du Midi, il est touchant de le voir « rôder par les champs et dénicher les habitants dans leurs chaumières, regarder dans leur pot-au-feu, manger leur pain, se coucher sur leurs lits sous prétexte de se reposer, mais, dans le fait, pour s’assurer s’ils sont assez doux. » De retour en Amérique, après des adieux bien vifs à la France, pour laquelle il garda toujours une prédilection vraiment tendre, Jefferson suivit jusqu’au bout les vicissitudes et les progrès de ce grand et bon peuple, qu’il considérait comme l’initiateur du vieux monde.
Desmarest l’a très bien posé, rougissait désormais du rôle d’aventurier et d’assassin par ordre ; il tenait cette fois (et il l’a lui-même proclamé dans son interrogatoire) à réunir des conjurés d’élite, à attaquer le premier Consul de vive force, mais avec des armes égales à celles des gardes de son escorte, à le frapper enfin de l’épée dans un choc militaire, comme un vaillant, et non sous les formes clandestines du meurtre.
Nous fûmes vifs, parce que chaque minute était précieuse, parce que, la méfiance une lois revenue, la dissolution morale une lois rentrée au cœur de l’État, il nous semblait que les difficultés devenaient presque insurmontables dans les conditions sociales où l’on était encore.
En Allemagne, un homme tel que Hegel unit et concilie avec une profondeur dogmatique incomparable, la plus grande largeur historique et la sensibilité d’un goût aussi délicat, aussi vif que celui de Goethe.
N’ayant pas rapporté chaque partie au tout et aux autres parties, il ne taillera point chacune de ses pensées à la convenance du sujet, il leur laissera trop de largeur ou trop peu : il n’y touchera pas avec précision le point par lequel elles tiennent à sa matière ; elles garderont du vague et de l’incertitude : elles resteront plus ou moins à l’état de simulacres flottants et sans consistance, de silhouettes lumineuses parfois et vives, mais où l’on ne sentira point le solide soutien des muscles et des os.
Le vif mouvement de curiosité qu’ils avaient éveillé, à leurs débuts, n’avait été qu’un feu de paille.
Ces pensées, qui assiégeaient Jésus à sa sortie de Jérusalem, trouvèrent leur vive expression dans une anecdote qui a été conservée sur son retour.
Toutefois, dans le cours de ces soixante-quinze ans si pleins d’ardeur, d’élan, de foi en l’avenir, animés d’un si vif désir de changer les bases de la société existante, il y a un instant où les esprits conçoivent des pensées nouvelles et les cœurs des sentiments nouveaux.
Et d’où vient en effet cet intérêt si vif & si tendre qu’on prend à Zaïre ?
Déjà, de feux moins vifs éclairant l’univers, Septembre loin de nous s’enfuit, et décolore Cet éclat dont l’année un moment brille encore.
Ce jugement des oies a donné lieu à une scène assez vive entre Marmontel et un jeune poëte appellé Chamfort, d’une figure très-aimable, avec assez de talent, les plus belles apparences de modestie et la suffisance la mieux conditionnée.
Seulement il fait quelquefois des phrases comme celle-ci, qui ne sont pas de tout le monde : « La France fit de son échine adulatrice le premier degré de cette unité de foi où le monarque voyait pour lui l’échelle du ciel. » Quand on veut être insolent pour Louis XIV, il ne faut pas être grotesque, ou l’on manque l’insolence… Le sens d’historien, qui est très vif chez de Lescure, le fait entrer en plein dans l’histoire, et sur La Grange-Chancel il en a partagé les émotions.
Il eût fallu entrer dans le vif de ce talent, bien plus senti qu’il n’est jugé, caractériser ce prestigieux écrivain, le plus piquant du xviie siècle, qui, à force de style, s’est fait croire un grand moraliste, quoique son observation aille plus au costume qu’à la personne, à la convention sociale qu’au tréfonds de la nature humaine, — en cela inférieur à La Rochefoucauld, qui n’a pas tout dit non plus, mais qui a vu plus loin que La Bruyère dans la misère constitutive de l’homme, et, comme le Pouilleux de Murillo, a mieux écrasé notre vermine au soleil.
Esprit petit, vif, mais étroit, antithétique et pointu, qui passe sa vie à faire des oppositions et des parallèles, cette vieille rubrique des orateurs vides du xviiie siècle, ce n’est toujours que l’homme du contentieux, comme on l’avait appelé spirituellement sous Louis-Philippe, et il a, comme écrivain, — je ne m’en doutais pas, je l’avoue, — l’imagination la plus commune, la plus faite à coups de mémoire et de livres.
Ces Mémoires qui révèlent la Russie à elle-même, et qui sont , dit l’introduction avec l’enflure des joues d’un sonneur de trompe, un de ces ouvrages hardis et venus à propos qui agissent fortement sur les idées d’un peuple et prennent date dans son histoire , méritent fort peu ce grand fracas, et s’ils prennent date quelque part, ce ne sera pas dans l’histoire des mœurs et des institutions de la Russie, mais dans la belle histoire aux pages vastes et vides de la littérature Russe ; car ces Mémoires étincellent d’un talent très vif, et le talent littéraire, comme on le sait, ne neige point là-bas14… Seulement, hors cela, — le talent littéraire que nous allons tout à l’heure mesurer, — il n’y a réellement pas dans le livre d’Yvan Tourgueneff de quoi justifier les illusions de son enthousiaste traducteur.
Swift29 I C’est le traducteur de Burns qui traduisit pour la première fois les Opuscules humoristiques de Swift, et quoique nous eussions mieux aimé qu’il eût traduit les œuvres complètes, cependant son travail mérite d’arrêter l’attention de la Critique ; car ce travail donne une idée, très vive et très nette, de l’esprit de Swift.
prenez-en aujourd’hui toutes les forces vives, et demandez-vous ce qu’elles deviennent avec ce panthéisme charnel que M.
Par l’aube éternelle guidée, Entrevoyant d’autres beautés, L’âme, au sort commun décidée, S’acclimate aux vives clartés Et se fait à la grande idée, Voit la terre avec d’autres yeux, Se prépare au voyage étrange, Laisse à tout d’intimes adieux, S’observe, s’écoute, se range, Se tourne souvent vers les cieux ; Se concentre dans elle-même Laissant déborder par moments Dans l’amitié de ceux qu’elle aime Les précurseurs épanchements De la fin prochaine et suprême !
Deltuf, — celle qu’il a intitulée La Confession d’Antoinette, et celle qu’il a tout simplement appelée Scepticisme, — on trouve, avec la grâce vive et subtile de Marivaux, une couleur aussi éveillée que cette grâce.
Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité.
Plusieurs consécrations de ce genre passeront dans la loi des douze tables : quiconque violait la personne d’un tribun du peuple était dévoué, consacré à Jupiter ; le fils dénaturé, aux dieux paternels ; à Cérès, celui qui avait mis le feu à la moisson de son voisin ; ce dernier était brûlé vif.
La science donne au savant une joie sereine, aussi vive et aussi noble que pas un sentiment humain, et dont l’expression devient lyrique sans effort. […] Rien ne vaut telle impression rare fixée toute vive par l’artiste au moment même où il en a été frappé. […] Des sensations nettes et vives se noient tout à coup dans un demi-effacement. […] Il y avait comme un nuage épandu sur la table où le dessert dressait ses colombes en sucre et les couleurs vives des confiseries. […] J’espère qu’ils amuseront, étant exactement pris sur le vif.
Julien Pichon, l’un de mes auditeurs, à qui c’est mon premier devoir, et un plaisir en même temps, que d’en adresser ici tous mes bien vifs remerciements. […] Mais surtout — puisque, comme vous le savez, c’est le point vif de la controverse, —à quels signes reconnaît-on la perfection ou la maturité du genre ? […] Pierre, le receveur des finances, qui avait donné le signal des hostilités, dès 1678, s’était attiré de Racine une assez vive riposte, dans la préface de son Iphigénie. […] Son style est approximatif, trop voisin de celui de la conversation, — où nous savons qu’elle excellait, — et, comme tel, trop vague en son contour, vif d’ailleurs et spirituel, mais un peu négligé. […] Elles s’introduisent dans la critique avec Sainte-Beuve ; et il ne paraît pas qu’elles soient près de cesser d’en faire l’un des plus vifs attraits.
Se produisant dans un moment de détente intellectuelle, elle ne sera pas vive, mais plutôt méditative, songeuse, et comme teintée elle-même de rêverie. […] Elle sera très forte chez les personnes douées d’une imagination active, d’une vive sensibilité, qui vivent surtout de la vie intérieure, et qui ont le loisir de s’y adonner. […] Ceux-là nous semblent en effet avoir une sorte de poésie propre, qui émanerait d’eux comme d’une source vive. […] Ils sont moins vifs mais plus poétiques que ceux qui impliquent la présence effective de l’objet. […] L’auteur ne sait d’avance où il va ; il s’engage dans des impasses ; d’ordinaire il commence bien, parce que l’inspiration est encore fraîche et vive ; puis tout se gâte.
* Je ne puis trop admirer la simplicité du peuple criant de la même voix : Vive la République ! […] « Vive la République ! […] C’était assez pour échauffer une tête vive, où, comme la rime chez les poètes, les mots suscitaient les idées ; c’était trop peu pour opérer des conversions politiques. […] C’est ainsi que ses derniers jours l’ont trouvé, employant les restes de son esprit à ignorer son vrai mérite, triste, soucieux, et, dans de si vives clartés sur tant d’hommes et de choses, restant dans l’obscurité sur lui-même. […] Ce ne sont pas des portraits maximes, mais des vivants saisis au moment le plus vif de leurs qualités ou de leurs travers.
Ainsi, quand on dit que les figures embélissent le discours, on veut dire seulement, que dans les ocasions où les figures ne seroient point déplacées, le même fonds de pensée sera exprimé d’une maniére ou plus vive ou plus noble, ou plus agréable par le secours des figures, que si on l’exprimoit sans figure. […] Qui nous en feroit des descriptions aussi vives et aussi riantes que celles que vous en faites ? […] « les esprits vifs, etc. », dit M. de La Bruyère. […] Je me contenterai d’observer ici qu’on ne doit se servir de périphrases que quand elles rendent le discours plus noble ou plus vif par le secours des images. […] C’est une inutilité desagréable qu’une périphrase à la suite d’une pensée vive, claire, solide et noble.
Où est-elle cette vive lumière qui illumine tout homme venant en ce monde ? […] Plus l’objet est beau, plus la jouissance qu’il donne à l’âme est vive et l’amour profond sans être passionné. […] On a cherché un tel principe dans le plaisir, et le premier des arts a paru celui qui donne les jouissances les plus vives. […] On ne désire guère une couleur plus vive, et l’expression est divine. […] Ce mouvement de l’âme, plus ou moins vif, c’est le désir.
» Un souffle vaste, puissant et vif, fit frémir les dômes orgueilleux. […] Elle essaya de se consoler en lisant Sénèque ; inutile de dire que le remède fut inefficace ; chaque jour ramenait pour elle une douleur plus vive. […] Il faut que tout le monde vive. […] Donc, jusque-là, malgré le détail de ses souffrances en prison, Blanqui ne me semblait pas devoir inspirer un vif intérêt. […] En ce moment, il se fait un bruit terrible autour de moi, je crie : “Vive la République !”
Et tout cela se tenait. » Durtal a un sens artistique des plus vifs. […] Il a un très vif sentiment de l’extérieur. […] Mais il est laborieux, il a des idées ou le vif désir d’en avoir, il a de la bonne volonté, de fortes rancunes, de l’imagination, de la vigueur de style. […] Comme il arrive, ce rire nerveux et cette impassibilité moqueuse cachent ou abritent une sensibilité très vive. […] Il faut qu’il vive maintenant à sa place.
Puis viennent les portraits des dames riantes, Richesse, Franchise, Gaieté, et par contraste, ceux des personnages tristes, Danger, Travail, tous abondants, minutieux, avec le détail des traits, des vêtements, des gestes ; on s’y promène, comme le long d’une tapisserie ; parmi des paysages, des danses, des châteaux, entre des groupes d’allégories, toutes en vives couleurs chatoyantes, toutes étalées, opposées, incessamment renouvelées et variées pour le plaisir des yeux. […] Quelquefois la jolie veine devient si abondante qu’elle fournit toute une comédie, grivoise si l’on veut, mais combien franche et vive ! […] Cette ironie si vive est déjà dans Jean de Meung. […] Il détrempe une vive couleur dans une strophe monotone.
Sa sensibilité est devenue trop vive ; ce qui ne fait qu’effleurer les autres le blesse jusqu’au sang ; les affections et les tendresses de sa vie sont écrasantes et disproportionnées ; ses enthousiasmes excessifs l’égarent ; ses sympathies sont trop vraies ; ceux qu’il plaint souffrent moins que lui, et il se meurt des peines des autres. […] « Il crie à la multitude : C’est à vous que je parle, faites que je vive ! […] Il leur crie : Écoutez-moi, et faites que je vive ! […] — C’est au législateur à guérir cette plaie, l’une des plus vives et des plus profondes de notre corps social ; c’est à lui qu’il appartient de réaliser dans le présent une partie des jugements meilleurs de l’avenir, en assurant quelques années d’existence seulement à tout homme qui aurait donné un seul gage du talent divin.
un peu trop prodigués, deux ou trois images de convention (lauriers, cyprès, par exemple) qui sont comme égarées dans ce style simple, ne sauraient faire oublier, je ne dis pas à l’homme impartial et sensé, mais à l’homme de goût, tant de pages vives, courantes, du français le plus net, le plus heureux, d’une langue fine, légère, déliée, éminemment spirituelle, voisine de la pensée et capable d’en égaler toutes les vitesses.
Asselineau, avec lui, a été l’un des ouvriers les plus actifs de cette tour immense à tant d’étages qui n’est pas une Babel : esprit net et vif, plume dégagée, il a su apporter dans l’exercice de son rôle critique une conscience, un soin qui est déjà une bienveillance et qui est fait pour toucher le cœur des vieux poëtes : demandez plutôt à notre vieil ami, Ulric Guttinguer.
On l’a encore appelé « le Vénitien du feuilleton », ou « le Don Juan de la phrase. » Mais n’allez pas là-dessus vous figurer que, parce qu’il a cette qualité dominante qui frappe d’abord, il ne soit pas un critique, qu’il n’ait pas un jugement, surtout un sentiment vif d’attrait ou d’aversion, et qu’il sait très-bien rendre sans marchander.
Il arrive assez fréquemment de l’étranger des diatribes fort vives contre notre littérature actuelle, nos drames, nos romans, etc., etc.
Le petit nombre d’hommes éclairés qu’offrait la Grèce à l’admiration du reste du monde, la difficulté des voyages ; l’ignorance où l’on était de la plupart des faits recueillis par les écrivains, la rareté de leurs manuscrits, tout contribuait à inspirer la plus vive curiosité pour les ouvrages célèbres.
Cette nature si vive qui les environne, excite en eux plus de mouvements que de pensées.
Tout est fixe dans le présent, tout est indéfini dans l’avenir ; enfin, l’âme éprouve une sorte de bien-être jamais plus vif, mais toujours calme ; elle est environnée d’un atmosphère qui l’éclaire au moins dans les ténèbres s’il n’est pas aussi éclatant que le jour, et cet état la dérobant au malheur, sauve après tout plus des deux tiers de la vie.
Voltaire n’a pas tout à fait tort de trouver que les vifs dégoûts littéraires sont le prix des plus délicieuses jouissances littéraires, et que, pour bien aimer certaines choses, il faut savoir haïr vigoureusement leurs contraires.
Je pose la question seulement et n’ai garde de la trancher, ni de suivre de près cette ligne légère, sensible pourtant, qui, chez les illustres les plus sûrs d’eux-mêmes, sépare déjà le mort du vif.
Et la femme retirée, toute sanglotante après avoir jeté un regard d’ineffable tendresse sur l’apparent dormeur, — Kuranosuké se lève, sans aucune trace d’ivresse dans les manières et avec des traits exprimant la plus vive émotion.
Cela dit, ou même simplement senti, le gentilhomme prend la chose au vif, décuple sa livrée, achète des chevaux, enrichit des femmes, ordonne des fêtes, paie des orgies, jette, donne, vend, achète, hypothèque, compromet, dévore, se livre aux usuriers et met le feu aux quatre coins de son bien.
C’est qu’il faut un goût plus original, un sentiment plus vif du vrai pour tirer parti de ces sortes de sujets.
La même constitution qui le fait peintre ou poëte, le dispose aux passions les plus vives.
— on le pria, si je m’en souviens bien, de nous dire des vers au dessert, et on s’attendait à quelque chose comme les Petites blanchisseuses ou toute autre gaîté un peu vive de cet esprit qui traite parfois la grâce comme lui-même… en la grisant, et qui lui fait faire… (voulez-vous que je dise : trop souvent ?
De ce manque de vif dans leur œuvre, de cette insignifiance qui étonne, est-ce Pélisson, est-ce d’Olivet qu’il faut accuser, ou leur temps, moins apte à creuser que le nôtre dans les œuvres et dans les amours-propres, ou enfin leur position intéressée vis-à-vis de l’Académie ?
Il y avait en cet ouvrage une belle floraison de jeunesse vigoureuse, un amour de la justice qui révélait éloquemment, malgré les préjugés de l’éducation, cette vive droiture des âmes respectées encore par la vie et que le monde doit plus tard gauchir.
Camille Desmoulins, cet homme du talent le plus vif peut-être qu’on ait vu depuis Beaumarchais et Voltaire, ne pouvait pas plus échapper qu’un autre à la loi qui régit ces écrits d’un jour, qui nous donnent, sans monter plus haut pour les juger, la passion du moment et ses illusions, son enthousiasme et ses badauderies.
… Les lettres, cette causerie par écrit, l’écho prolongé et soutenu de cette autre causerie de vive voix dont il ne reste plus rien quand elle est finie ; les lettres, cette immortalité de la causerie, sont d’ordinaire le triomphe des femmes, et même des femmes les moins faites, à ce qu’il semble, pour triompher… Presque toutes — c’est affaire de sexe et d’organisation sans doute — montrent dans leurs correspondances des grâces d’esprit, humbles ou fières, des aisances, des spontanéités, des finesses, des manières de dire ou de sous-entendre, que sur place bien souvent elles n’ont pas dans la conversation.
… Sa vive imagination s’était éprise de ce projet et il commence des recherches, qui, du reste, n’aboutirent pas.
Il a publié un volume qu’il intitule, avec assez de fatuité : Poésies complètes 18, et dans lequel l’esprit de l’auteur et ses forces vives se sentent mieux.
Mais vive l’audace !
On se reprend d’un amour plus vif pour ces adorables mélodistes, aux flûtes fêlées.
Mais l’accompagnement parle d’un autre ton : Comme il est vif, joyeux !
Là surtout, dans de pareils milieux, est le conte, la vive racine du conte, qu’on l’écrive, du reste, pour les enfants ou pour les hommes.
La loi des douze tables condamne à être brûlé vif celui qui met le feu à la moisson de son voisin ; elle ordonne que le faux témoin soit précipité de la Roche Tarpéienne ; enfin que le débiteur insolvable soit mis en quartiers. — Les peines s’adoucissent sous la démocratie.
Plus on pénètre le sens des écrits d’Hippocrate, et plus l’on s’identifie avec le fond et la forme de ses pensées, plus aussi on comprend l’affinité qu’il a avec les grands esprits ses contemporains, et plus l’on est persuadé qu’il porte comme eux la vive empreinte du génie grec. » Et plus loin, je détache, avec le regret de l’abréger, une belle et bien bonne page encore : « Celse a vanté la probité scientifique d’Hippocrate dans une phrase brillante qui est gravée dans tous les souvenirs : (« Hippocrate, a-t-il dit, a témoigné qu’il s’était trompé dans un cas de fracture du crâne, et il a fait cet aveu avec la candeur propre aux grands hommes, aux riches qui ont pleine conscience du grand fonds qu’ils portent en eux »)… C’est le même sentiment de probité qui lui inspire la plus vive répugnance pour tout ce qui sent le charlatanisme… La haine qu’Hippocrate ressentait et exprimait à l’égard des charlatans est très comparable à la haine qui animait Socrate, son contemporain, contre les sophistes. […] Letronne était des plus vifs pour M.
Au milieu de la nuit je vis s’avancer au grand trot, sous la porte de France, une centaine de dragons dont plusieurs portaient des torches ; ils passèrent avec un roulement et des piétinements terribles : leurs lumières serpentaient sur la façade des maisons comme de la flamme, et de toutes les croisées on entendait partir des cris sans fin : « Vive l’empereur ! vive l’Empereur ! […] Le froid était si vif, qu’on sentait comme des aiguilles dans l’air, et qu’on se recoquillait malgré soi jusqu’à la plante des pieds.
Vive Noël ! […] Sur les biens d’une autre vie, Laisse prêcher Massillon ; Vive la philosophie Du bon curé de Meudon ! […] Vive Noël !
Si d’autre part on songe qu’ils ont créé des mœurs et une civilisation qui, à travers mille changements superficiels, sont encore les nôtres ; que l’épanouissement de leurs œuvres a coïncidé avec la période la plus brillante de notre histoire, avec le moment où les forces vives de notre pays ont atteint leur maximum d’intensité et leur parfait équilibre, on avouera que nous pouvons assez glorieusement nous réclamer de tels ancêtres intellectuels. […] Sous prétexte qu’il y avait des abus, que le pays était malade, que la bourgeoisie, gorgée de richesses et de bien-être, s’amollissait et se dépravait, ils ont tranché dans le vif, ils ont coupé au hasard le bon avec le mauvais. […] Ils s’opposent à ces tentatives de nivellement systématique qui tuent toutes les forces vives du pays ; ils veulent résister à la coalition terrible des faibles et des médiocres, à l’envahissement de plus en plus redoutable des « primaires », — produits arrogants et présomptueux d’une éducation superficielle.
Il le peint au vif. […] Le sentiment de la nature était si vif chez ce valet de ferme, qu’il a fait de lui presque un égal de Théocrite et de Virgile. […] Personne n’eut un sentiment plus vif des convenances et ne se montra plus scrupuleux sur le chapitre des confidences autobiographiques. […] Je n’ai vu chez personne un sentiment plus vif des valeurs littéraires, si peu de parti-pris dans le jugement, un don d’appréciation si exempt de paradoxe. […] Ces après-midi passées dans le cabinet de travail de la rue Alboni sont un des plus vifs souvenirs de ma modeste vie littéraire.
Ce qui me fâche un peu, c’est qu’il ait vanté par deux fois l’exécrable Père Garasse, à qui il n’a pas tenu que Théophile ne fût brûlé vif. […] C’est Hélène qui est censée faire elle-même de vive voix son autobiographie pour sa jeune suivante Erato. […] Mais ses Sept Médailles amoureuses s’inspirent surtout d’un érotisme assez vif et tout latin… Au total, un volume charmant et varié, où tous les amateurs de poésie trouveront de vifs plaisirs. […] Certains parlent de moi, chétif, avec tant de haine qu’ils me feraient sans doute l’honneur de me brûler vif, si c’était encore la mode. […] Elle eut sans doute une vive inclination pour ce jeune gars normand, vigoureux et alors assez beau, lui aussi.
S’il a fait de vives épigrammes à l’adresse de César, c’est que son esprit mordant trouvait là une matière à s’exercer. […] Leconte de Liste abrège ce vif et caractéristique langage, et, lui enlevant avec soin son cachet original, il le scande de sa déclamation lente et de son éternelle solennité. […] Et pourquoi l’Allemagne haïrait-elle la France, cette vive et spirituelle interprète, à qui elle doit la vulgarisation de ses idées ? […] L’imagination est plus vive dans son histoire de France racontée aux enfants que dans les sévères ouvrages de sa jeunesse et de sa maturité, mais la raison et le jugement sont restés les mêmes. […] « Werther m’a un peu attristé et assombri, mais vive cette tristesse-là !
L’exécution est vive, brillante, spirituelle. […] Il y en a qu’on cite de vive voix, mais qu’on n’écrit pas, et ce sont peut-être les meilleurs. […] Elle est jolie, intelligente, vive, sincère et bonne. […] Vive la « vérité ! » et vive le grand art !
Tantôt c’est une vallée riche en arbres fruitiers et baignée d’eaux vives, tantôt un val profond entre deux montagnes, tantôt une enceinte de hautes murailles. […] Koszul qui l’a finement étudié, indique à plusieurs reprises un contraste assez vif entre l’expression intime et l’expression publique de sa pensée. […] Berret, à ma vive surprise, semble méconnaître en le taxant de « sentimentalité fruste ou banale ». […] Seulement chez lui l’intelligence n’est pas une force : ce n’est qu’une froide lumière répandue sur une sensibilité longtemps amoureuse d’elle-même et maintenant à vif. […] L’air de Bourgogne a pour lui des douceurs vives et une vertu délectable qu’il ne respire nulle part ailleurs.
Vous êtes trop vif… CAPULET. […] — Roméo est un torchon de cuisine auprès de lui… Un aigle, madame, — n’a pas l’œil aussi vert, aussi vif, aussi perçant — que Paris. […] L’imagination trop vive épuise la volonté par l’énergie des images qu’elle entasse et par la fureur d’attention qui l’absorbe. […] Au moment où la sympathie est trop vive, on se dit qu’ils ne sont qu’un songe. […] À chaque phrase, on suit les regards de ces yeux si vifs, les plis de cette bouche rieuse, les brusques mouvements de cette taille svelte.
Les applaudissements redoublèrent dès qu’on l’aperçut lui-même à la porte de la loge ; mais ils devinrent plus vifs que jamais, quand, contraignant le bonhomme Ducis à prendre place sur le devant, il se tint modestement derrière ce patriarche de la littérature de l’époque, quoiqu’il y eut place aussi là pour lui. » Lorsque le général prépara l’expédition d’Egypte, Ducis fut l’un des premiers auxquels il pensa pour l’emmener avec son Institut de voyage et de conquête ; il voulait un poète au milieu de ses savants. […] Quand il parle, sa figure s’anime, et il peint par son geste tout ce que lui représente son imagination… Il est toujours animé de l’enthousiasme qui caractérise les vrais poètes, et la sensibilité la plus vive et la plus aimable règne dans tout ce qu’il dit.
Mon intention est d’en ôter simplement les scrupules dont beaucoup d’esprits sont cruellement gênés, et d’adoucir les peines que se donnent là-dessus des personnes qui porteraient bien plus loin leurs méditations, si ce qu’ils ont de plus vive chaleur ne se perdait par la longueur de l’expression et n’était comme éteint par la crainte d’y commettre quelque faute. […] Tout cela est bien et irréprochable pour le fond : mais lui-même, on ne saurait en disconvenir, il a une manière de dire bien peu propre à persuader ; il abonde en termes et locutions déjà hors d’usage et dont le français ne veut plus ; il dit translations pour métaphores, allégations grecques et latines pour citations ; il dira encore en style tout latin : « La lecture est l’aliment de l’Oraison », Quoiqu’il contînt, on le voit, de bonnes idées, bien du sens et de la doctrine, ce traité de l’Éloquence de La Mothe-Le-Vayer péchait donc de bien des manières, et surtout en ce qu’il naissait arriéré, sans à-propos, sans rien de vif ni qui pût saisir les esprits.
Tout cela est fin, habile, élégant, insinuant, d’un tour vif, d’un arrêt net, d’une grâce courante et légère. […] Un jour, M. de Cormenin ayant présenté au suffrage de l’Académie, pour un prix Montyon, les Entretiens de village, signés Timon, c’est-à-dire de ce même pseudonyme dont il signait ses pamphlets, une vive opposition s’éleva non contre l’ouvrage qui remplissait les conditions demandées, mais à cause de ce nom masqué qui semblait une armure de guerre.
Le mois passé (et de spirituelles indiscrétions l’ont déjà ébruité par mille endroits), quelques auditeurs heureux ont goûté une de ces vives jouissances d’imagination et de cœur qui suffisent à embellir et à marquer, comme d’une fête singulière, toute une année de la vie. […] Nous craignons, en mêlant trop du nôtre aux confidences du poète, de les altérer ; en les offrant vives, telles qu’elles se sont gravées en nous, de les trahir.
Cela est cause « que ses portraits ressembleront toujours ; mais il est à craindre que « les vôtres ne perdent quelque chose de ce vif et de ce brillant qu’on « y remarque, quand on ne pourra plus les comparer avec ceux sur « qui vous les avez tirés. » On voit que si La Bruyère tirait ses portraits, M. […] M. de Feletz, bon juge et vif interprète des traditions pures, a écrit : « La Bruyère qui possède si bien sa langue, qui la maîtrise, qui l’orne, qui l’enrichit, l’altère aussi quelquefois et en viole les règles. » (Jugements historiques et littéraires sur quelques Écrivains… 1840, page 250.)
Le Roy de Saint-Arnaud, qui avait la parole à l’ouverture de la séance, ayant, dans un discours plus vif et plus incisif qu’aucun des précédents, provoqué une réponse directe et presque personnelle de M. le ministre d’État, celui-ci monta immédiatement après lui à la tribune et prononça une de ces improvisations animées et puissantes qui émeuvent et enlèvent les assemblées. […] Messieurs, on a donc bien peur que l’esprit français soit trop vif, que, tandis que les autres nations se fortifient et s’accroissent dans leurs qualités originales, nous continuions à nous aiguiser dans la nôtre !
On peut dater de Law ce grand essor des entreprises, du négoce, de la spéculation et des fortunes ; arrêté par la guerre, il reprend plus vif et plus fort à chaque intervalle de paix, après le traité d’Aix-la-Chapelle en 1748, après le traité de Paris en 1763, et surtout à partir du règne de Louis XVI. […] » — Mettons fin « à ce crime social, à ce long parricide qu’une classe s’honore de commettre journellement contre les autres… Ne demandez plus quelle place enfin les privilégiés doivent occuper dans l’ordre social ; c’est demander quelle place on veut assigner dans le corps d’un malade à l’humeur maligne qui le mine et le tourmente, … à la maladie affreuse qui dévore sa chair vive ». — La conséquence sort d’elle-même : extirpons l’ulcère, ou tout au moins balayons la vermine.
Ce nous est une joie bien vive d’enregistrer ici les ovations faites au maître par un public enthousiaste. […] Je l’ai entendu parler de Tannhæuser avec une vive admiration, louer les fragments de Lohengrin dont il a connaissance : enfin, il y a environ un mois environ, il applaudissait la marche funèbre de Siegfried au concert Lamoureux.
Entraîné par l'amour de la gloire à tous les genres, &, par une vive sensibilité, à toutes les passions, ces deux mobiles sont devenus le ressort principal de ses talens, & la regle du différent usage qu'il en a fait, Modeste, s'il eût été universellement encensé ; doux, s'il n'eût point été contredit ; religieux, & zélateur du Culte dans lequel il est né, pour peu que ce chemin eût pu le conduire à la fortune ou à la célébrite : on l'eût vu le modèle & le défenseur des vrais principes, en tout genre, si l'intérêt de sa vanité eût pu s'accorder avec aucune espece de dépendance. […] Qu'on rapproche ce qu'il dit dans de certaines occasions, de ce qu'il débite dans d'autres ; qu'on rapproche ses sentimens d'humanité, du mépris qu'il témoigne pour l'humanité en général ; ses déclamations contre les vices, des peintures séduisantes qu'il en fait ; son enthousiasme pour les vertus, du ridicule qu'il leur donne ; ses élans affectueux pour la tolérance, de ses rigueurs impitoyables contre les abus : & on sera à portée de juger, que s'il a été quelquefois réellement pénétré des belles maximes qu'il énonce, il ne l'a pas moins été des maximes qui leur sont contraires, puisque celles-ci paroissent aussi senties, aussi vives, & qu'elles sont aussi fortement énoncées & plus souvent répétées que les autres.
Corinthe brûlée vive dans l’incendie qui fondit en un métal unique, le peuple de statues d’or et d’argent, de cuivre et de bronze, qui la remplissaient ; Jérusalem écrasée par les légions de Titus ; Anvers saccagée par les miquelets du duc d’Albe, diffèrent peu d’Ilion détruite par les guerriers de Néoptolème et d’Agamemnon. […] Mais dans les Sept Chefs, c’est la Nénie toute vive et toute haletante, à l’état d’explosion et d’effervescence, dardée du cœur comme un jet de sang d’une blessure, improvisée en face de deux corps fraîchement égorgés.
Nous savons de lui que sa mère était aussi vive, aussi impatiente à quatre-vingt-cinq ans qu’il le pouvait être lui-même ; il la perdit seulement dans l’été de 1784. […] Mais la reine ne cessa d’y prendre le plus vif intérêt ; c’était sa tragédie d’adoption.
De même que, pour le mathématicien, notre monde est pauvre en combinaisons de lignes et de nombres, et que les dimensions de notre espace ne sont qu’une réalisation partielle de possibilités infinies ; de même que, pour le chimiste, les équivalents qui se combinent dans la nature ne sont que des cas des mariages innombrables entre les éléments des choses, ainsi, pour le vrai poète, tel caractère qu’il saisit sur le vif, tel individu qu’il observe n’est pas un but, mais un moyen, — un moyen de deviner les combinaisons indéfinies que peut tenter la nature. […] Nous sommes un peuple à imagination vive et à sympathie facile, un peuple éminemment ouvert de pensée et sociable de sentiment.
Il n’y a pas de conversion dans le critique, il y a de l’élargissement, de la franchise d’ailes, de l’élan par en haut, enfin tout le bénéfice des années, naturel dans un homme qui n’a pas la métaphysique de sa critique, mais qui s’en passe quelquefois, à force d’instinct sûr et de vive sensibilité. […] Pour cet esprit divinateur en tant de choses, le génie qu’il a essayé de pénétrer, quoique mollement éclairé dans sa partie centrale et profonde, a cependant des côtés mis heureusement en plus vive lumière, et l’un des plus frappants c’est le vieux Latin dans le doux Virgile, que Sainte-Beuve a très bien su voir.
Les Lettres de la Marquise de…. nous détaillent les effets d’une passion très vive, & très vivement peinte. […] Son style, quoiqu’en général assez pur, n’a point cette couleur vive & fraîche qu’exigent les ouvrages d’imagination.
Peut-être les vives peintures du Cantique des Cantiques, ces images d’une poésie si sensuelle que l’ancienne synagogue en interdisait la lecture, furent-elles ce qui d’abord intéressa l’esprit grec. […] Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion.
Ces trois rimes féminines qui se suivent permettent d’exprimer tour à tour ce qu’il y a de sémillant et de vif dans les allures du lutin, d’éblouissant dans ses nuances, et de frémissant dans son murmure.
Aussi, quand de l’armée arrivèrent les détails de sa mort, quand affluèrent les renseignements des témoins oculaires, Mme de Sévigné, lisant, écoutant tout avec émotion, coordonnant les détails dans son esprit si net, dressant toutes les circonstances dans son imagination si vive, ne fit que décrire à sa fille la vision intérieure qu’elle avait du fait en ses moindres particularités.
Il a des pages de sensualité vive, en bon français, pas tout à fait moderne, ni très à lui, ni même à Maupassant qui l’avait pris un peu partout, en bon français de l’Exposition de 1878.
La seconde lettre de Balzac est intitulée : Suite d’un entretien de vive voix, ou de la Conversation des Romains, à madame la marquise de Rambouillet.
Mademoiselle de Montpensier rapporte à la page déjà citée que peu après les propos dont elle réprimanda Montespan, « madame de Montausier étant dans un passage derrière la chambre de la reine, où l’on met ordinairement un flambeau en plein jour, elle vit une grande femme qui venait droit à elle, et qui, lorsqu’elle en fut proche, disparut à ses yeux, ce qui lui fit une si vive impression dans la tête et une si grande crainte qu’elle en tomba malade. » Le duc de Saint-Simon raconte ce fait singulier et mystérieux d’une manière plus significative.
Cependant, ce n’est ni cette histoire écrite à ce point de vue qu’en France n’accepterait personne, ni cette curieuse rencontre de Joseph de Maistre jugeant confidentiellement Napoléon, qui sont l’intérêt le plus vif de cette piquante publication.
ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur.
je me garderai bien de manquer à ces publications, d’un intérêt si vif et d’une érudition si piquante.
Campaux a divisé son livre en trois parties, correspondant aux trois parties de l’œuvre de Villon, et il en a signalé les qualités avec un sentiment très vif.
Homme de goût, — de ce goût qu’il a défini : « Un discernement vif et une sensation délicate, c’est le cœur éclairé » ; s’il l’avait sévère, ce goût, du moins il ne l’avait point étroit.
Seulement, si complet qu’il continue d’être, nous ne croyons pas que la seconde partie, qui nous est inconnue, ait pour personne l’intérêt si vif et si incessamment attisé de la première, et cela en vertu d’une foule de raisons.
Et pourtant ce serait à elle, la Philosophie, si on croyait ses prétentions à l’indépendance, à l’acuité de l’observation, au sentiment de la réalité en toutes choses, ce serait à elle plus qu’à personne à toucher le préjugé populaire pour le détruire et le diminuer, à entreprendre et à parachever cette étude hardie du cœur humain, cette dissection sur le vif par la réflexion , comme disait Rivarol, dans laquelle le scalpel immatériel, plus heureux que le scalpel qui fouille nos cadavres, trouve toujours où plonger et où interroger en des sentiments immortalisés par les hasards ou par les justices de l’Histoire !
Déjà plusieurs éditions, à diverses dates, avaient été faites des lettres de Madame Du Deffand, et toutes plus ou moins incorrectes, mais toutes excitant la curiosité et ne la lassant pas ; car Madame Du Deffand n’est pas un esprit dont on puisse se blaser jamais, quoique ce soit l’esprit le plus blasé qui se soit jamais dégoûté jusque de lui-même, dans un corps qui ait plus vécu… Cette Sévigné du xviiie siècle, qui ne prenait goût à presque rien, quand celle du xviie trouvait un goût si vif à presque tout, est la réfutation la plus éloquente que je connaisse de la maxime proverbiale qui dit que « les gens les plus ennuyés sont aussi les plus ennuyeux ».
Il donnerait un plaisir bien plus vif encore que celui qu’il donne, si Joubert n’avait pas existé.
Et pourtant ce serait à elle, la Philosophie, si on croyait ses prétentions à l’indépendance, à l’acuité de l’observation, au sentiment de la réalité en toutes choses, ce serait à elle plus qu’à personne à toucher le préjugé populaire pour le détruire et le diminuer, à entreprendre et à parachever cette étude hardie du cœur humain, cette dissection sur le vif par la réflexion , comme disait Rivarol, dans laquelle le scalpel immatériel, plus heureux que le scalpel qui fouille nos cadavres, trouve toujours où plonger et où interroger en des sentiments immortalisés par les hasards ou par les justices de l’Histoire !
ou crie : Vive le Roi !
Il ne sied pas à cet esprit viril, qui n’hésite jamais devant un fait, et pour les formes détachées duquel nous nous sentons une vive sympathie, de demander ainsi presque pardon aux préjugés actuels du mordant de sa plume ou de son sujet.
Alphonse Duchesne, du Figaro), car le monde est si comiquement fait, que c’est presque une hardiesse, à cette heure, de se livrer au mouvement d’une critique vive et franche sur un livre de M.
Il n’y a que dans un temps comme le nôtre, épris et raffolant d’égalité, qu’un livre intitulé : les Mémoires d’une femme de chambre pouvait promettre et donner les jouissances démocratiques les plus vives aux esprits qui sont friands de ce genre de jouissances… Il n’y avait que dans un pareil livre qu’on pouvait rabattre — joliment et bien !
Au fond de chacun de nous repose la France entière, désireuse de s’épancher en œuvres vives.
Les grâces dans le même temps avaient, au rapport des anciens, embelli l’esprit, le caractère et l’âme de Socrate ; il allait quelquefois les étudier chez Aspasie : il en inspirait le goût aux artistes, il les enseignait à ses disciples, et probablement Xénophon et Platon les reçurent de lui ; mais Platon, né avec une imagination vaste, leur donna un caractère plus élevé, et associa pour ainsi dire à leur simplicité un air de grandeur ; Xénophon leur laissa cette douceur et cette élégante pureté de la nature qui enchante sans le savoir, qui fait que la grâce glisse légèrement sur les objets et les éclaire comme d’un demi-jour ; qui fait que peut-être on ne la sent pas, on ne la voit pas d’abord, mais qu’elle gagne peu à peu, s’empare de l’âme par degrés et y laisse à la fin le plus doux des sentiments : à peu près comme ces amitiés qui n’ont d’abord rien de tumultueux, ni de vif, mais qui, sans agitation et sans secousses, pénètrent l’âme, offrent plus l’image du bonheur que d’une passion, et dont le charme insensible augmente à mesure qu’on s’y habitue.
Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses.
Le sentiment, quand il est vif, commande à l’expression, et lui communique sa chaleur et sa force ; mais l’âme de La Rue n’est point en général assez passionnée pour soutenir toujours et colorer son langage.
Urbain Grandier est condamné comme magicien et brûlé vif en 1634 : son premier crime était d’avoir disputé, dans des écoles de théologie, le rang à l’abbé Duplessis-Richelieu.
Ce sont précisément ces différences et ces hostilités qui me font prendre un vif intérêt à les associer ici. […] Elle paraît n’avoir rien eu d’original ni de vif, n’avoir prêté à Madeleine qu’un crayon bien frêle et bien incomplet. […] Et l’expérimentation réussit : « J’en conclus avec la plus vive satisfaction que j’avais en main deux instruments distincts. […] « Il aurait voulu que tout se vît sans offusquer la vue, sans blesser le goût ; que le trait fût vif, sans insistance de main ; que le coloris fût léger plutôt qu’épais ; souvent que l’émotion tînt lieu de l’image. […] Ce qu’elle aime en Dominique ce n’est pas Dominique, c’est l’homme qui l’aime : un homme peut brûler d’amour et détester l’amour, mais toute femme, qu’elle vive sans amour ou qu’elle meure d’amour, aime l’amour.
Son héros est trois fois amoureux ; trois fois ses plus vives tendresses sont brisées par l’impérieux vouloir de ses sens. […] Je ne veux pas dire qu’il n’a ému personne, qu’il n’a converti âme qui vive ; non ; mais il n’a pas ému son siècle, il ne l’a pas modifié. […] Sainte-Beuve trace le portrait du marquis de Couaën : « Noble figure, déjà labourée, un front sourcilleux, une bouche bienveillante, mais gardienne des projets de l’âme, le nez aquilin d’une élégante finesse ; quelques minces rides vers la naissance des tempes, de ces rides que ne gravent ni la fatigue des marches ni le poids du soleil, mais qu’on sent nées du dedans, à leurs racines attendries et à leur vive transparence. […] De loin, ce style est tout or, tout bruit, tout azur, toute lumière ; de près, cet or paraît faux, cette vive lumière fatigue les yeux, ce grand fracas fait saigner les oreilles. […] Il est enveloppé d’une grande robe de chambre de nanquin, avec une grosse étoffe de soie bien chaude pour ceinture ; le tout surmonté de sa figure pâle, éclairée par des lunettes et coiffée d’un énorme chapeau de paille couvert de taffetas noir ; cet accoutrement fait de notre savant compatriote un objet de curiosité très vive pour les naturels du pays, lesquels, en toute rencontre, lui rendent avec usure l’attention indiscrète et quelque peu niaise que nous accordons à leurs pareils dans les rues de nos villes d’Europe.
La société bourgeoise d’à présent est dans ce cas ; le comte Tolstoï en est un exemple frappant, malgré le vif désir qu’il a de s’en dégager. […] Schopenhauer, dans sa théorie de l’art, a jeté sur ce point la lumière la plus vive et formulé des vues qui me semblent avoir définitivement épuisé la matière. […] Brahms se permet de vous adresser par la présente ses plus vifs remercîments pour votre envoi : il vous remercie pour la flatteuse distinction qu’il en éprouve et pour les importantes incitations qu’il vous doit. […] Ses paradoxales contradictions ne sont pas toutefois sans offrir un vif intérêt. […] Il allait de soi qu’un rythme en 4/4 devait avoir une allure plus assise, plus posée qu’un rythme à 2/4, nécessairement plus léger et plus vif.
Vive la mort ! […] … Qui vive ? […] Tu es vif comme la flamme, — ce qui n’a, du reste, rien d’étonnant. […] Et cette eau vive ne tarira point tant que tu croiras en elle. […] Mon ami Jacques a l’esprit vif ; il aime le paradoxe.
Ce triple aspect humain, orgueil, émotion, sensualité, le poème en dialogue, appelé Un Jour, le développe, en couleurs vives et douces ; quatre scènes où la poésie vole au-dessus d’une vie monotone et presque triste, quatre images très simples, et même, si l’on veut, naïves, mais d’une naïveté qui se connaît et qui connaît sa beauté. […] La question ne se pose d’ailleurs pas à propos des Ballades Françaises, lesquelles sont bien d’un bout à l’autre en vers, ici très pittoresques, très vifs, là très sobres, très beaux ; et non pas même en vers libres (sauf quelques pages) ; en ce vieux vers « nombreux », mais dégagé heureusement de la tyrannie des muettes, ces princesses qu’on ne sait comment saluer. […] Tel de ses patients, toujours au vif, crie encore aussi haut qu’à l’heure où on lui enlevait sa tendre robe de chair ; l’homme est tout nu et à travers la transparence de sa seconde peau on voit le double cloaque d’un cœur putréfié : privés de leur hypocrisie, les hommes ainsi pelés apparaissent vraiment comme des fruits trop mûrs ; l’heure est passée des vendanges, on ne peut plus en faire que du fumier. […] Barrès ne s’est jamais abstenu, est-elle vraiment méthodique, ou faut-il l’attribuer à une très vive mobilité d’esprit ? […] Charbonnel s’en est fait le critique exact et ironique, et il a très bien senti courir et murmurer sous la mélancolie dominante, un peu affligée, un second air plus vif qui disait les joies de l’idéalisme, de la liberté retrouvée, de l’idée reconquise.
Devant cette assemblée nombreuse et vive, je parlais de l’évolution de la poésie française au dix-neuvième siècle. […] Ils avaient presque peur des images trop vives, des métaphores trop poussées ; les choses n’avaient pas besoin d’être embellies, puisqu’elles étaient parfaitement dignes d’attention dans leur naturel. […] Plus la saveur était originale et plus la réaction, chaque fois, fut vive. […] Sa robe qu’aucun lien ne resserre et qui la pare sans la gêner, brille de couleurs plus diverses et plus vives que celles dont Phoebus peint la nue, quand il s’y joue avec tous ses rayons. […] Bien que la révolte contre toute action extérieure, un certain enivrement d’indépendance, voire même une pointe de volupté sensuelle, entrent dans sa psychologie plus profondément peut-être qu’il ne croit, c’est à autre chose qu’il aspire : il attend la venue de la passion, qui le transportera dans un monde de joies intenses, et de plus vives douleurs.
Cependant, son principal souci fut d’abord de peindre, et tels sonnets des Flamandes constituent plutôt des tableautins, d’un coloris vif, chaleureux, très ardent. […] On n’entend plus le pimpant concert des basses-cours ; le vif vernis des plumages n’éclate pas dans les branches ; les moutons gris ne courent pas sur les routes, comme des flocons de poussière. […] Ainsi l’on comprendrait sa vive haine contre tous les jougs despotiques, la révolte vibrante de ses strophes, sa jeunesse étrange, tumultueuse et ballottée. […] Chez Verlaine, qui méconnut toujours les sensations compliquées, les facultés de sentir restèrent incultes et vives, vierges de tout intempestif jardinage.
Il devait arriver que cette âme profonde et délicieuse, que la vie a tourmentée sans qu’elle cesse de lui sourire, projetât sa vive et exquise lumière sur d’autres que ses amis de lettres. […] Il a déployé une adresse et un soin de métier extrêmes pour sauvegarder la possession et l’expression complètes de ses initiatives, prises sur le vif et sur le fait. […] En 1915, il publie deux volumes importants : « Fraternité » et « A l’Europe », qui contiennent de vifs appels à une vie nouvelle et à une humanité qui cherche son chemin. […] Je la savais d’avance devoir contrarier au vif ces admirateurs de Moréas ne le tenant pour grand qu’au titre de poète rallié au classicisme […]. » L’article en question est « Jean Moréas.
Tenez ferme, tirez-nous de là et vous aurez des autels. » — Lamartine monta avec son monsieur dans une citadine près la rue du Grand-Chantier ; je le quittai et j’allais devant, lorsque à la hauteur de la rue Sainte-Avoie je fus arrêté, et la citadine qui venait derrière aussi, par la légion du quartier du Temple qui défilait en revenant de l’Hôtel de Ville et qui criait à tue tête : Vive la république !
A lire les dernières pages des Soirées de Rothaval, je crois voir un homme qui a entendu durant plus de deux heures une discussion vive, animée, étincelante de saillies et même d’invectives, soutenue par le plus intrépide des contradicteurs, et qui, prenant son voisin sous le bras, l’emmène dans l’embrasure d’une croisée, pour lui dire à voix basse : « Vous allez peut-être me juger bien hardi, mais je trouve que cet homme va un peu loin. » — L’épigraphe qui devrait se lire en toutes lettres au frontispice des écrits de M. de Maistre est assurément celle-ci : A bon entendeur salut !
Elle écrivait à madame de Guittaut, après la mort de madame de La Fayette, que leur amitié de quarante ans n’avait jamais eu le moindre nuage, que son goût pour madame de La Fayette avait toujours été vif et nouveau.
Supposez toutes les religions disparaissant tout à coup, il se fera certainement un grand vide dans l’âme humaine, et il y aura, si j’ose le dire, une perte effroyable de force vive dans l’ordre moral ; ce que l’on gagnerait en lumière ne compenserait que très-imparfaitement ce que l’on perdrait en énergie et en vitalité morale.
Peut-être que les bruits de guerre de Thesée, les sourdines d’Armide, et plusieurs autres symphonies du même auteur auroient produit de ces effets qui nous paroissoient fabuleux dans le récit des auteurs anciens, si l’on les avoit fait entendre à des hommes d’un naturel aussi vif que des atheniens, et cela dans des spectacles où ils eussent été émus déja par l’action d’une tragédie.
Malgré la jalousie du bel esprit, presque aussi vive de nation à nation que de particulier à particulier, ils mettent quelques-unes de ces traductions au-dessus des ouvrages du même genre qui se composent dans leur patrie.
Si l’on veut estimer la « valeur d’art », il ne suffit point de noter la qualité ou la quantité des émotions accessoires que suscite l’œuvre, et il ne s’agit pas seulement de savoir si elle provoque en nous un sentiment de vive sympathie ou d’ardent patriotisme ; il faut étudier la langue même de l’émotion, le rapport choisi entre les perceptions qui en sont l’instrument, la « mise en œuvre ».
Grandement compris, excusé en ce qu’il a de vrai, saisi sur le vif de la nature humaine elle-même, le point d’honneur, cette opinion plus forte que les institutions au Moyen Âge, aurait mis sa lumière au sein des faits incohérents.
C’était moins neuf, ceci, que l’histoire par l’art et toutes ses manifestations ; car on ne pouvait tirer d’une autre source que de celle-là l’histoire des mœurs d’une société morte et qu’on n’a pas observée soi-même sur le vif.
Écorce de citron qu’on presse, mais qui n’a pas le vif du citron.
S’il n’est pas poète, comme Lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.
Flourens, il n’y aurait que cette ressemblance, que ce rapport avec Fontenelle, que ce serait assez pour exciter en nous la plus vive sympathie.
Elle vient de ce que les premiers sont des philosophes et les seconds des hommes politiques, et que la politique est maintenant la seule passion qui vive dans ce siècle tari, épuisé, mourant de faiblesse intellectuelle entre la négation et le doute, moins viril encore que la négation !
Je n’aurais jamais cru d’avance à cette virilité et à cette hauteur d’appréciation, à cette profondeur de judiciaire, à ce calme dans les plus vifs sentiments contenus, de la part d’un écrivain qui, jusque-là, avait montré du talent littéraire, mais sans rien de tranché et de péremptoire comme l’est la supériorité.
Certainement, l’intelligence très vive de Cousin, qui a des promptitudes de moineau, s’est accouplée à beaucoup d’idées et de systèmes, mais elle n’en est pas moins restée stérile.
Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste !
mais rusé comme un maquignon quoique poète et qui essaierait de blesser à vif la Critique pour l’intéresser à parler de lui, — fût-ce en mal, — ou bien donc une vanité truculente, comme celles des Scudéry et des Cyrano de Bergerac, ces fameux Gascons littéraires.
Et cependant, à voir partout La feuillaison qui le décore, On eût dit que, vif et debout, L’ormeau resplendissait encore !
Ici, non plus, nulle passion de ce passionné n’est touchée, racontée, creusée au vif, comme si les sentiments du génie n’intéressaient pas tous les cœurs saisis par ce génie !
Joséphin Soulary a beaucoup de Sonnets pareils dans cette délicieuse nuance, et que nous sommes aux regrets de ne pouvoir citer, mais ce n’est pas là le vif de son originalité de poète, quoiqu’elle y soit encore.
Doué de cette faculté d’analyse que j’ai appelée la moitié du critique, il avait cette imagination à couleur vive qui fait l’écrivain.
Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !
Ils sont le verre d’eau à la fleur d’orange qu’on boit, le soir, après les karricks indiens et le porto gingembre d’un dîner vif.
Il est, au contraire, surchargé et enluminé, mais, pour peindre avec le bleu et le rouge de Toppfer, il n’a pas la naïveté vive de son enluminure.
S’il n’est pas poëte, comme lord Byron, par l’instrument, le rhythme, la langue ailée, le charme inouï et mystérieux des mots cadencés qui rendent fous de sensations vives les esprits vraiment organisés pour les vers, il l’est par l’image, le sentiment, le frémissement intérieur qu’il éprouve et qu’il cause, et ces dons immenses doivent un jour en lui s’approfondir et se modifier ; mais pour le moment ils n’y sont point purs et sans écume.
D’ailleurs, l’oppression, le malheur, les guerres renaissantes, les haines si actives entre des voisins jaloux, haines d’autant plus vives, qu’ils avaient moins de forces pour se nuire, mettaient partout des barrières, et empêchaient la communication.
Ce tableau, dont les couleurs ne sont peut-être pas assez vives, a surtout le mérite de la vérité.
Loin d’avoir abandonné le monde, l’enthousiasme, l’ardeur de l’âme, autrefois dispersés sur les intérêts nombreux de la vie publique et souvent corrompus par les mauvaises passions qui s’y mêlent, s’étaient épurés, et brillaient d’une flamme plus vive dans le foyer caché du sanctuaire.
C’est dans son Instruction sur les états d’oraison, qui est de 1697, que sont en quelque sorte enfouies quelques-unes de ses plus belles pages ; et il n’a rien écrit qui soit d’un style plus vif et plus pressant que la Relation sur le quiétisme, qui est de 1698. […] Non seulement il peint d’après nature ; mais c’est véritablement de « l’actualité » qu’il s’inspire, et toute son ambition n’est que de représenter au vif « les mœurs de son temps ». […] Tel est bien le cas de Dancourt, qui n’a point de génie, dont le talent est mince, le comique peu profond, la plaisanterie souvent grossière, mais dont le théâtre abonde en détails de mœurs, en bouts de dialogues pris sur le fait, rendus au vif, et je n’ose pas dire en portraits, ce serait trop d’honneur, mais en silhouettes au moins de personnages qui s’habillent et qui parlent, qui marchent ou qui s’agitent, qui sentent et qui pensent à la mode de l’an 1700. […] Alleaume, I, 135] ; — pour le sentiment très vif qu’elles respirent de la nature [La Lettre à son frère (en vers) II, 178] ; — pour une certaine grâce sensuelle ou épicurienne [La Solitude, t. […] On ne peut après cela se dispenser d’ajouter : — que, si le style de Fénelon n’est pas « l’homme — et s’il ne lui ressemble qu’en ce qu’ils ont tous les deux de merveilleusement ondoyant ; — un charme très vif s’en dégage ; — une sorte d’optimisme social ; — et un sentiment très vif aussi de ce que l’on appellera l’humanité. — Fénelon est en effet très bon ; — pour tous ceux qui reconnaissent sa supériorité ; — et il est aussi très sensible. — Ce sont évidemment les caractères qui lui ont valu sa réputation de philosophe ou même de philanthrope [Cf.
Mais Jordan Brun, comme on disait alors, avait été brûlé vif à Rome en 1600 ; Vanini, à Toulouse en 1619 ; Théophile avait été condamné à Paris en 1625, etc… La prudence s’imposait. […] Le patriotisme de Voltaire est non seulement très réel et très vif, mais très analogue au nôtre. […] On ne peut crier « Vive le roi ! Vive la Ligue ! […] Sans lui, nous serions tous brûlés vifs ».
Il est certain que les comédies et les drames qui nous mettent sous les yeux des mœurs ou des histoires d’aujourd’hui nous causent des plaisirs plus vifs ou des émotions plus fortes. […] J’ai pris le plus vif plaisir à la représentation de Souvent homme varie. […] Et nous revoyons cette société un peu étourdie de plaisir, vive et spirituelle et qui avait inventé la « blague ». […] J’y ai pris un plaisir très délicat et très vif, gâté par un peu de trouble et d’incertitude. […] Pour moi, ce rien de romanesque, mêlé à une vive esquisse de mœurs contemporaines, n’a rien qui me déplaise.
Ajoutons qu’un éditeur de Dresde, qui avait publié Numa Roumestan, n’avait pas manqué, pour faire une belle réclame au livre, de révéler que, Roumestan, c’était Gambetta pris sur le vif. […] Dorothée tenait un flambeau dont la coulure limpide lui tombait des mains ; Cécile portait une couronne d’argent d’où ruisselaient des perles vives : Agathe, sur sa gorge mordue par les tenailles, était cuirassée d’une armure de cristal. […] Il était dix heures, une claire matinée de la fin de l’hiver, un temps vif, avec un ciel blanc, tout égayé de soleil. […] André Theuriet qui, sous le titre de l’Affaire Froideville, nous a peint un charmant tableau de genre pris sur le vif de l’intérieur de l’un de nos ministères. […] Son fils, un de nos crevés pris sur le vif, se compromet dangereusement.
Pour qu’il y ait une crise, et une crise importante, il est nécessaire que des passions soient en présence, très nettes, très vives, et des caractères très marqués. […] Il n’avait jamais témoigné d’une foi bien vive à l’égard de cette conception optimiste, l’amour dans le mariage. […] Il faut que tout cela vive ou que tu meures. » M. de Riverolles avait vingt-deux ou vingt-trois ans alors. […] Mon goût est vif pour ces sortes d’ouvrages. […] La seconde, la réelle, n’atteint pas le vif de cet être, arraché à lui-même par la chimère.
Et soudain voici s’échapper le geste vif et secret qu’il épiait, la détente intérieure. […] Elle est vive pourtant. […] Que je vive ainsi ! […] Elle commence vive et pure, ainsi que l’enfant qui fait quelques pas rapides et joint les mains. […] Elle est vive et reste totale comme un lac avec tous ses flots.
Equilibre — et non pas juste milieu, point mort… — et non pas au prix d’un recul, d’une reprise d’haleine… Equilibre dans le choc même de deux vives forces contraires ; équilibre de haute lutte ; équilibre dans l’action. […] Et vive donc le classicisme ! […] Du moins nous aura-t-il donné l’occasion de mettre au jour une vérité par trop oubliée : c’est que la barbarie n’est pas forcément inculture ; c’est que, de l’excès de culture, une autre barbarie peut naître, irrémédiable celle-là, par défaut de matière vive et d’autant plus dangereuse qu’elle porte le masque méditerranéen de la beauté. […] Une lecture attentive nous montrerait ici autant de barbarismes, d’inversions saugrenues, de néologismes créés pour les besoins immédiats de la mesure ou de la rime, que dans les drames précédents : le mouvement, plus vif, seul, nous illusionne. […] Le malheur a voulu que le grand vers de notre langue, celui qui a primé trois à quatre cents ans, ne fût pas le plus vif, le plus léger, ni le moins lent, qu’il ne fût pas précisément un vers lyrique.
Du reste, ce n’est pas sans un vif plaisir que les purs enthousiastes d’Eugène Delacroix reliront un article du Constitutionnel de 1822, tiré du Salon de M. […] Decamps, le soleil brûlait véritablement les murs blancs et les sables crayeux ; tous les objets colorés avaient une transparence vive et animée. […] Je n’ai jamais rien vu d’aussi poétiquement brutal, même dans les orgies les plus flamandes. — Voici en six points les différentes impressions du passant devant ce tableau : I° vive curiosité ; 2° quelle horreur ! […] Alfred Dedreux a cela pour lui qu’il sait peindre, et que ses peintures ont l’aspect vif et frais des décorations de théâtre. […] Versailles abrite son peuple de statues sous des ombrages qui leur servent de fond, ou sous des bosquets d’eaux vives qui déversent sur elles les mille diamants de la lumière.
II Cette aventure fit, malgré sa simplicité, une vive et douce impression sur le Tasse. […] Quand le temps est contraire, nous passons les journées et les longues heures du soir à écouter de la musique et des canzones ; car un de ses plus vifs plaisirs est d’entendre nos improvisateurs rustiques, dont il envie la facilité à versifier, la nature, à ce qu’il prétend, ayant été moins prodigue envers lui à cet égard. […] La foi était si jeune et si vive en ce siècle à Rome, qu’aucun doute n’en altérait la sécurité, et qu’on passait de cette vie à l’autre, comme si du sein des ténèbres mortelles on eût vu luire les splendeurs visibles du ciel chrétien.
Puis le temps de la moisson donne à cette place la plus vive animation. […] Goethe a fait une magnifique analyse de ses écrits, lui a prodigué les louanges les plus vives et a proclamé hautement ses mérites. […] Mais il est déjà alors plus qu’à la moitié de sa carrière ; cet élan vers la lumière, qu’il a prolongé pendant de longues années, a épuisé ses forces les plus vives, et les efforts qu’il fait pour se montrer encore puissant en s’élargissant ne peuvent plus complètement réussir.
Arrivé là, il me semble voir clairement que chaque art demande, dès qu’il est aux limites de sa puissance, à donner la main à l’art voisin ; et en vue de son idéal, je trouvai un vif intérêt à suivre cette tendance dans chaque art particulier ; il me parut que je pouvais la démontrer de la manière la plus frappante dans les rapports de la poésie à la musique, en présence surtout de l’importance extraordinaire qu’a prise la musique moderne. […] La description wagnérienne est aussi un moyen à d’autres objets ; le Maître a vu que l’émotion n’était jamais en nous homogène, ni constante ; sans cesse, en nos douleurs les plus vives, des idées surviennent, tel souci étranger ; et, par des thèmes presque matériels, descriptifs, Wagner a coupé la musique lyrique, pour faire comprendre que l’idée reparaît, coupe l’émotion. […] Monodat, publiée dans la Revue politique et littéraire du 17 février 1883, Wagner écrivait : « Quant à une vive agitation en Allemagne, je n’y crois pas. » Le célèbre professeur d’anatomie de l’université de Barcelone tâche de s’expliquer cette phrase du Maître.
Le vif intérêt que j’y pris finit par augmenter mon attente jusque l’impatience ; dans une heure de bonne humeur, j’ébauchai moi même le plan d’une pièce telle que je devais à peu près en désirer une, et ; en peu de jours, je la poussai si loin, — comme une interruption gaie à des travaux sérieux, — que je pus la remettre à un jeune musicien, qui alors habitait chez moi, pour qu’il essayât d’en faire la musique. […] Mais c’est, d’avantage, en les deux, la contemplation incessante (et, parce que seuls ils l’exercent, plus troublante) des vives âmes, les lois psychiques perçues, et menant au souci ce leurs aboutissements métaphysiques. […] vogue, ô la vague, vibre en la vive !
Avec quelle transparente harmonie ces nymphes rieuses et dansantes répètent les bruits et simulent les tournoiements des eaux vives ! […] Lorsque Prométhée se tait, sa frénésie la reprend, la mouche se remet à la torturer, son dard enflammé fouille ses plaies vives. — « Hélas ! […] L’enchaînement facile des idées, la dextérité des arguments, la clarté nuancée du discours, tous ces dons natifs de l’Hellène coulent de ses lèvres comme d’une source vive.
En général, je discerne la sensation croissante et la sensation évanouissante, parce que les images des sensations successives, les unes de plus en plus vives, les autres de plus en plus faibles, subsistent dans ma mémoire en formant des séries inverses. […] C’est donc, en somme, des résidus laissés dans la conscience par la succession combinée avec l’intensité et la clarté, que se tire la représentation du temps : supposez que je regarde un phare tournant qui ramène à intervalles réguliers un feu blanc et un feu rouge ; au bout de plusieurs tours il y aura à la fois, dans un même état général de conscience, une image faible et indistincte du rouge à l’état évanouissant, une image vive et distincte du blanc, et une image faible du rouge à l’état naissant, c’est-à-dire trois degrés et trois espèces de représentations différemment orientées ; mais, pour avoir le sentiment même du temps, il faut agir, vouloir et mouvoir. […] C’est de la psychologie faite non sur le vif, mais sur des concepts abstraits, tels qu’ils existent chez l’homme adulte et civilisé.
Nous aimions ces Bourbons à cause de leurs malheurs et de leurs services ; nous avions dans les veines un sang qui avait coulé pour eux ; on nous avait appris leur histoire comme un catéchisme de famille ; nous avions dans l’âme un vif instinct de liberté presque républicaine qui trouvait sa satisfaction dans la presse démuselée, dans la tribune éclatante dans l’opinion cosouveraine avec la royauté ; nous faisions des vœux d’honnête jeunesse pour que les incitations du parti militaire d’alors ne parvinssent jamais à semer la zizanie entre les Bourbons légitimes et la liberté, plus légitime encore par son droit que les Bourbons ne l’étaient par nos sentiments. […] Vive l’armée ! […] Béranger n’agit pas ainsi, soit par amour évangélique des classes laborieuses, avec lesquelles il lui plaisait de se confondre par la langue et par les préjugés comme par le cœur ; soit pour poser son levier d’opinion sur les masses plus résistantes, afin d’y trouver plus de force contre le trône des Bourbons ; soit enfin pour complaire à ses amis, et pour servir par une action plus vive la triple opposition monarchique, républicaine et militaire, qui le couronnait alors d’une triple popularité.
Le mot est vif. […] Mais, disons-le pourtant, à côté de cette préoccupation qui n’est pas singulière du tout et qui est d’un bon fils qui voit partout la politique de papa, comme cette pauvre servante de curé voyait jusque dans la lune les humbles culottes de son maître, j’ai trouvé dans cette introduction nouvelle de François Hugo une indépendance et un détachement de-son auteur qui m’ont fort étonné dans mon jeune Bouddhiste shakespearien et qui m’ont causé un plaisir encore plus vif que la surprise. […] Taine, — qui ne voit, lui, que de la politique où l’autre ne voit que de la physiologie, — François-Victor Hugo met en vive saillie dans son introduction, ainsi que nous pourrions le faire nous-même, le contraste frappant du Henri V de Shakespeare avec le Henri V de l’Histoire.
Les endroits quelque peu vifs de passion et de tendre amorce sont dominés, traversés et comme assainis par des courants d’une chasteté purifiante ; un sentiment d’ineffable beauté plane toujours et pacifie l’âme pudique qui lit. […] Dans la région où Jocelyn habite, à la hauteur de Valneige, le mal cesse par degrés ; les miasmes des villes expirent et se dissipent dans cet air vif des sapins et des mélèzes.
Quand l’homme est heureux de son loisir et de son travail, il chante ; c’est l’enthousiasme du bien-être qui lui donne alors la mélodie et le diapason ; c’est Dieu lui-même qui a composé cette musique universelle qui cherche ses notes dans les émotions inarticulées de l’air écrit dans le cœur, et c’est le cœur qui bat la mesure avec ses vives ou lentes palpitations. […] Son idiotisme d’attitude, démenti par la lucidité et par l’intelligence vive et claire de ses yeux, n’était que la bonté de son cœur serviable à tous.
Le grincement des roues des charrues, qui fendent la glèbe fumante des champs au penchant des collines ; les mugissements des troupeaux sortant des étables ; le sifflet des bergers enfants, qui gazouille à l’orée des bois ; la clochette qui tinte au cou des chèvres sur les rochers ; les branles sonores de la cloche, qui appellent les femmes du hameau à l’église ; le roulis des sabots de bois des paysannes sur la roche vive des sentiers qui descendent des deux flancs de montagnes vers le cimetière ; la fumée du feu du matin, qui s’élève çà et là à travers les châtaigniers, comme autant de drapeaux bleuâtres arborés par les toits disséminés des chaumières ; les ombres et les éclats du jour, qui se combattent, se déplient et se replient alternativement, au gré des légers brouillards de rosée, depuis le faîte des sapins noyés dans l’aurore jusqu’au creux des prairies noyé dans la brume blanche du matin : voilà les bruits et les aspects qui tintent à l’oreille ou qui éclaboussent les yeux des hôtes, au réveil du château. […] Les jeunes femmes et les jeunes filles, assises en silence autour du groupe de chênes voisins, ne goûtaient pas ces froides dissertations ; elles exprimaient, par des gestes d’impatience et par des chuchotements dont je comprenais le sens, le vif désir d’entendre, de la bouche de ce jeune et pâle poète, quelques-uns de ces vers qu’elles ne connaissaient encore que par mon admiration : « Vous voyez ?
» Tous applaudirent, et tous se déclarèrent éclairés et satisfaits, évacuèrent les escaliers et remplirent la place de Grève de cris de : Vive Lamartine ! […] Mais il fut entendu par les spectateurs les plus rapprochés, qui, ne respectant pas mon incognito nécessaire, crièrent à l’instant : Vive Lamartine !
« Quand, par la mort successive de la majeure partie de mes serviteurs et légataires annuels, les fonds de mon héritage permettront d’accroître la somme de 600 écus déterminée plus haut mon héritier fiduciaire pourra (sans pourtant y être positivement obligé de verser dans la caisse de la Sacrée Congrégation la nouvelle augmentation qu’il jugera pouvoir remettre, après avoir satisfait aux charges accessoires et aux dispositions reçues de vive voix. […] « Je déclare en outre que la susdite Congrégation ne pourra jamais obliger l’héritier fiduciaire, ou celui qui lui succédera, à donner la fidéjussion ; comme aussi elle ne pourra le contraindre à rendre compte de sa gestion, ni à révéler les dispositions reçues de vive voix ou par écrit de moi, confirmant même dans ce feuillet ce que j’ai plus amplement dit sur ce sujet dans mon testament.
Mais s’il perce dans tous ses écrits précédents un goût de prédilection pour une contrée de l’Europe, à coup sûr c’est pour l’Italie : dans vingt passages de ses ouvrages, il témoigne pour elle le plus vif enthousiasme ; il ne cesse d’y exalter cette terre du soleil, du génie et de la beauté : Délicieux vallons, où passa tour à tour Tout ce qui fut grand dans le monde ! […] Elle en conçut une très vive pour ma femme et pour moi.
Mais, dans les branches du savoir humain qui se partagent à proportions presque égales entre la science et la littérature, plus fréquent et plus utile est le rôle de ces vives intuitions qui précèdent les investigations méthodiques et lentes. […] Mais je ne voudrais pas contrister ceux qui leur ont dû quelques vives impressions d’enfance et leur gardent dès lors un souvenir reconnaissant.
Mais jamais auparavant la nature librement humaine et cependant idéale n’a pu être représentée d’une façon aussi vive et parfaite, et unie plus intimement à la pure expression de l’esprit chrétien que, aujourd’hui, dans l’art de l’Aryen Richard Wagner, dans cette grande œuvre d’ensemble dont Parsifal est l’acte final. […] La dernière séance, organisée par l’Association Wagnérienne Universelle, dans l’atelier du peintre Constantin Meunier, a eu un très vif succès.
Dans cette solitude où régnait le silence On n’entendait plus que la voix De la source où vibrait un gazouillis d’eau vive, Une chanson captive Parmi la mousse ; et puis aussi — Murmure adouci Par la brise et l’espace — Les clochettes d’un lent troupeau Conduit par le berger qui passe En effleurant du doigt sa flûte de sureau. […] Et je pense alors, poète, que c’est votre âme qui tourne ainsi autour de moi, jouant à cache-cache, ayant de lancinants regrets de s’éloigner et de vifs désirs, aussitôt exaucés, de revenir vite… » Je voudrais bien aussi vous faire admirer — mais on n’enferme pas un chêne dans un herbier — le morceau merveilleux : C’était « un de ces fols », n’ayant pas de demeure Et faisant peine à voir comme un pauvre qui pleure.
À vrai dire les nuances les moins vives lui sont encore trop brutales : … Sans me prendre au charme des couleurs C’est grâce à leurs parfums que j’ai chéri les fleurs. […] Charles-Brun, d’un geste qui de sa part semble un peu vif, se jette à genoux en poussant ce cri d’amour : Ô femme, toi qui n’es qu’une senteur perverse !
Son imagination néglige le plus souvent de puiser immédiatement aux sources vives de l’invention poétique et verse dans le faux et le banal. […] L’opinion commune sur les gens à parole facile, les improvisateurs, les avocats, les bavards, les écrivains de premier jet, démontre en quelque façon que chez les discoureurs abondants on a remarqué une activité intellectuelle moins intense et moins vive relativement.
Le mouvement et le courant de son esprit empêchèrent l’ennui de germer dans les eaux vives de l’intelligence française. […] D’une prison sur moi les murs pèsent en vain, J’ai les ailes de l’espérance : Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel Philomèle chante et s’élance.
Vives glaneuses de novembre, Les grives, sur la grappe en deuil, Ont oublié ces beaux grains d’ambre Qu’enfant nous convoitions de l’œil. […] Le matin, tout est vif et gai ; à midi, tout baisse ; au soir, tout recommence un moment, mais plus triste et plus court ; puis tout tombe et tout finit.
Seulement, comment s’expliquer qu’un esprit accoutumé aux mâles recherches, sur lesquelles s’élève l’histoire, en écrivant sur l’adultère, ne nous ait donné qu’une étude à vif sur une âme de petit calibre d’ailleurs, et n’ait pas vu plus haut que le niveau du cœur déchiré de son misérable héros ? […] Fanny a eu le sien, et nous n’y serions pas revenus si Daniel ne nous y ramenait de vive force, Daniel qui pouvait confirmer la gloire exagérée faite à Fanny et qui pourrait bien l’effacer !
Vive la France ! […] Vive la France !
Voici enfin l’article du Globe (il est temps d’y arriver) qu’il écrivit sur les deux traductions de Lucrèce en vers et en prose, par M. de Pongerville (nº du 13 avril 1830) : « La gloire de Lucrèce, respectée de génération en génération, avait traversé dix-sept siècles, et brillait encore du plus vif éclat sous le règne de Louis XIV
Dans ses descriptions de la nature, le poëte a souvent de l’éclat, des traits vifs et nouveaux : mais parfois, pour vouloir trop rajeunir la peinture éternelle, il tombe dans une manière étrange.
Ce n’était pas seulement le souvenir si vif de la dernière séance et de ses piquantes péripéties qui avait attiré cette fois une affluence plus considérable encore, s’il se peut, sous la coupole désormais trop étroite de l’Institut : le sujet lui-même était bien fait pour exciter une curiosité si empressée, et il l’a justifiée complètement.
Il est associé intérieurement à la force vitale qui lui est étrangère ; il tient extérieurement aux organes de relation qui ne lui sont pas moins étrangers ; il vit pourtant ; il vit en lui-même par la pensée, comme si la pensée pouvait dans la réalité se séparer jamais d’un mouvement et d’un sentiment ; il vit quoique frappé de mort dans sa sensibilité intestine et dans son expansion rayonnante ; il vit comme un arbre qu’on aurait séché dans ses racines ; et qu’on mutilerait ensuite dans ses ramures ; il vit dans le château fort de l’âme, comme une garnison assiégée à qui l’assiégeant aurait coupé la source intérieure, le puits profond d’eau vive, et qui, n’osant sortir de la poterne pour descendre au fleuve, n’aurait plus d’espoir qu’en la manne mystique et céleste.
Les luttes au-dedans qui ont succédé à la victoire, bien que vives à leur tour et réelles, n’ont jamais soulevé une sérieuse discorde civile ni changé l’enceinte législative en arène.
Mais la lenteur du préambule, le grand nombre de personnages trop mollement dessinés, et une teinte romanesque à la Montolieu répandue sur l’ensemble, empêchent l’effet d’être vif et réel, bien que la facilité, la grâce et une certaine onction ne manquent pas.
Tout cela réuni produisit sur Levine une impression si vive qu’il se prit à rire et à pleurer de joie.
Brunetière de ma vive gratitude.
Enfin l’esprit de nos philosophes, de Montesquieu, de Voltaire, imprègne ces vives intelligences italiennes ; un Français, Condillac, est appelé à instruire le prince de Parme, et l’on peut dire que les premiers pays où des essais de gouvernement libéral et bienfaisant fassent passer dans les faits un peu des rêves de notre philosophie humanitaire sont de petits États d’Italie.
Questions sociales, religieuses, sont autant de saignées faites à la force vive de la patrie Titius : Oui, on meurt par le fait de trop vivre, comme par le fait de ne pas vivre assez Voltinius : Albe, je crois, mourra par le gâchis Titius : On va bien loin avec cette maladie. » Nous sommes maintenant dans le vestibule du temple de Diane.
Leur départ excita de vifs regrets.
Ils semblent se douter que leur réputation est pour beaucoup plus dans les éloges de Bouhours que le vif sentiment de leurs qualités, et pour peu qu’il vienne à broncher, un demi-désaveu lui apprend qu’entre eux et lui l’amitié n’est que de pure civilité.
C’est dire qu’il arrive, par un plus long détour, à peu près à la même conclusion que l’individualisme stirnérien : à un pyrrhonisme sentimental comme à un pyrrhonisme intellectuel, à un isolement misanthropique et antisocial dont les motifs, l’expression et le degré d’âpreté varient avec les différents individus, suivant que leur sensibilité était plus ou moins vive et a été plus ou moins douloureusement éprouvée au contact des réalités sociales.
Jésus ne sera plus seulement un délicieux moraliste, aspirant à, renfermer en quelques aphorismes vifs et courts des leçons sublimes ; c’est le révolutionnaire transcendant, qui essaye de renouveler le monde par ses bases mêmes et de fonder sur terre l’idéal qu’il a conçu. « Attendre le royaume de Dieu » sera synonyme d’être disciple de Jésus 341.
Des jours viendront où l’époux leur sera enlevé ; ils jeûneront alors 530. » Sa douce gaieté s’exprimait sans cesse par des réflexions vives, d’aimables plaisanteries. « À qui, disait-il, sont semblables les hommes de cette génération, et à qui les comparerai-je ?
Une fois surtout, il se laissa aller, dans la synagogue de Capharnahum, à un mouvement hardi, qui lui coûta plusieurs de ses disciples. « Oui, oui, je vous le dis, ce n’est pas Moïse, c’est mon Père qui vous a donné le pain du ciel 856. » Et il ajoutait : « C’est moi qui suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif 857. » Ces paroles excitèrent un vif murmure : « Qu’entend-il, se disait-on, par ces mots : Je suis le pain de vie ?
« Au fond le plus sage de beaucoup c’est d’accepter le fait inexplicable, sans théorie sur le comment ; et quand nous sommes obligés d’en parler en termes qui impliquent quelque théorie, il faut le faire avec plus de réserve. » III Cette théorie de l’esprit et de la matière, qui dépasse à quelques égards la psychologie purement expérimentale, paraît avoir soulevé de vives discussions en Angleterre, si l’on en juge par le grand nombre de livres, brochures, articles de journaux et de revues que M.
ce mot suppose qu’elle avait été en bonne intelligence avec lui ; l’indifférence ne se brouille point. « Elle me dit sur tout cela de très mauvaises raisons et nous eûmes une conversation assez vive, mais pourtant fort honnête de part et d’autre.
Il ne se sentait « l’imagination ni assez vive ni assez riche » pour « les égaler dans la peinture des choses matérielles, dans la description de la nature et de l’homme ».
Mais elle devint plus vive.
Si jamais Maupertuis, disent ses adversaires, passe à la postérité, ce fera par cet ouvrage, qui est une critique très vive, & malheureusement trop juste de tous des siens.
Cette dispute alloit devenir plus vive.
Si je viens à ressentir une grande douleur morale dans le moment où je suis occupé d’un travail intellectuel, je deviens incapable de le continuer, et si je veux m’y forcer, je ne sens mes idées ni si vives, ni si faciles, ni si suivies qu’auparavant.
Sans doute cette lutte, si vive et si profonde qu’elle soit dans le fond des consciences, éclate rarement au dehors32 car il est de l’essence du catholicisme de couvrir les dissidences réelles par l’apparence de l’unanimité.
« Quant à mademoiselle Mars, est-il besoin de vous dire… oui, certes, il est besoin de répéter que, d’un bout à l’autre de son rôle, mademoiselle Mars était charmante, alerte, animée, agaçante, éloquente ; c’était merveille de l’entendre, et merveille de la voir attentive à toutes choses, vive à la repartie, hardie à l’attaque, railleuse toujours, passionnée quelquefois, forte contre tous, faible seulement contre Alceste : jamais la comédie n’a été jouée avec cette inimitable et incroyable perfection.
Cette amitié-là n’est pas bien vive, ce n’est pas comme celle des deux amis du Monomotapa, livre 8, Fable II.
Il est vrai que quelques musiciens modernes ont cru pouvoir trouver le secret d’enseigner autrement que de vive voix, la durée que devoit avoir un air, et d’apprendre par consequent même à la posterité le mouvement dont il falloit le joüer, mais c’étoit en se servant de l’horlogerie que ces musiciens prétendoient venir à bout de leur projet.
Qu’on empêche un homme vif de gesticuler en parlant, son expression devient languissante, et le feu de son éloquence s’éteint ?
les choux et la salade tant aimés étalaient jusque sous la fenêtre leurs vives couleurs appétissantes.
Retombé dans une morne mélancolie, Chamfort en fut tiré par M. de Choisisseul-Gouffier, qui l’emmena avec lui en Hollande ; le comte de Narbonne était du voyage ; son esprit vif et étincelant puisait de nouvelles saillies dans celui de Chamfort.
Telles sont, en somme, les forces vives de Mme de Chandeneux ; telle, dans sa mesure, cette nouvelle venue qui va peut-être accaparer quelques-uns des feuilletons de Mme Henry Gréville (que celle-ci se tienne bien !)
Ils croiraient laisser passer un bout de jupe compromettant à travers les déchirures du vêtement masculin qu’ils veulent porter et qu’ils crèvent, en y faisant entrer de vive force, des beautés faites pour un vêtement tout à la fois plus voluptueux et plus chaste.
Ce ne fut pas, du reste, dans son premier ouvrage que Daumas montra, dans toute leur plénitude, les vives qualités d’écrivain qui allaient distinguer sa manière.
Guizot, qui a bien d’autres motifs d’être heureux et tranquille, semblait depuis longtemps l’avoir aussi oublié que le public, quand le succès, très vif et très mérité, de François-Victor Hugo a réveillé tout à coup cette antique prétention de traduction et de critique, qu’on croyait morte et qui n’était qu’endormie.
Au lieu de cela, j’ai trouvé un écrivain vif, clair, court-vêtu de phrases, preste, leste, alerte et nerveux, d’un sobre et solide langage prenant la pensée de très près, ayant dans son bronze, çà et là, des pointes et des reluisances d’or.
Que si, au contraire, l’oubli a eu raison de s’étendre sur les plateaux pyrénéens, si ces peuplades intermédiaires — Catalans, Aragonais, Navarrais, Béarnais et Basques, — ne sont placées aux frontières de France et d’Espagne que pour appointer des forces respectives et jeter dans la balance des intérêts de ces deux pays le poids de leurs atomes orageux ; si, enfin, toute cette paille d’hommes hachés par les événements et par la guerre n’est là — comme on pourrait le croire — que pour faire fumier aux grandes nations qui résument l’Europe, et par l’Europe le genre humain, à quoi bon remuer, avec un tel détail, ce monde de faits sans signification vive et profonde, et sous lesquels le lecteur périt accablé ?
De bouillant devenu pacifique, il rapporta, comme une consolation, de ses guerres de Sicile, un goût plus vif pour les lettres et les arts qu’il avait cultivés toute sa vie, au milieu de la politique et des armes.
L’hôtel de Rambouillet, cette caserne du bel esprit que Molière fit crouler, Jéricho ridicule, sous le son vif de son sifflet, était de fondation féminine ; et la Fronde, cette bataille de dames, cette guerre où les femmes tiraient le canon comme on l’a vu tirer à des serins et à des colombes, était une guerre enrubannée et galante où les villes se prenaient pour les beaux yeux des belles, comme disait le maréchal d’Hocquincourt.
III Nous voilà enfin arrivés à l’une des deux places de son volume où l’auteur de ces délicieuses bribes d’histoire, enlevées comme des bulles de savon et aussi colorées, se métamorphose et se permet la fantaisie d’être profond… C’est justement quand, dans l’ordre de ses Notices, il arrive à madame de Maintenon, et que lui, l’amoureux de madame de Sévigné, il passe à l’ennemi, si on peut dire l’ennemi d’une femme qui, pour avoir la raison la plus haute qu’une tête féminine ait jamais possédée, avait autant d’agrément à sa manière que la vive et brillante Sévigné.
Sigismond Sklower, avait, en 1842, publié sur Gœthe un livre intéressant, à la fin duquel il traduisit avec beaucoup de vivacité Eckermann, qui a si grand besoin qu’on soit vif pour lui, le pauvre homme !
Inconnu hier encore, l’auteur, qui a les instincts les plus vifs de l’érudition et qui entend la chasse aux faits comme un véritable Mohican intellectuel, sera peut-être célèbre dans deux jours, de cette bonne et fière célébrité qui vient à un homme dans l’injure et qui sied mieux aux lutteurs, amants de la foudre, comme dirait Pindare, qu’une renommée flatteuse et tranquille.
il n’avait pas pour rien vécu si longtemps en Orient, cet homme qui a fait des livres comme le plus vif, le plus fringant, le plus spirituel des Occidentaux.
La Révolution, si souvent comparée à Saturne, qui dévorait ses enfants, les mange aussi bien morts que vifs.
dit-il, vive la famille !
Il n’avait pas l’esprit svelte, musical et artiste, de Beaumarchais, mais il en avait la pétulance de répartie, l’attaque vive, le raccourci dans le coup qui le pousse plus avant, et l’imagination dans l’invective qui, comme le voile de pourpre dans les yeux du taureau, fait écumer l’adversaire.
qu’une de ces fortes théories scientifiques bâties avec la pierre vive de l’idée et le ciment tenace du raisonnement.
Le monde est ainsi fait qu’à ses yeux un poète, par exemple, ne peut jamais être un homme d’État, — et Chateaubriand, en son temps, s’est assez plaint de cette sottise, — et qu’une femme raisonnable aussi, parce qu’elle est une femme raisonnable, ne peut pas avoir l’âme vive et tendre.
Reynaud sont plus vives et plus fortes que ses facultés.
Il a laissé, presque dès son début, des traces trop vives et trop profondes dans l’opinion contemporaine, pour qu’on pût oublier de réunir les écrits dus à cette plume brillante que la mort a si tôt brisée, et qu’il eût brisée lui-même, s’il avait vécu davantage, tant elle satisfaisait peu son âme sainte !
Flourens a voulu nous peindre, consacrant à l’homme un talent très vif de biographe et au savant une science qui a l’accroissement de presque un siècle de plus.
Saint-Bonnet a ajouté la vigueur de l’idée chrétienne aux forces vives de son esprit ; et c’est ainsi qu’il est arrivé, non à la vérité par éclairs, mais au plein jour de la vérité.
qu’une de ces fortes théories scientifiques, bâties avec la pierre vive de l’idée et le ciment tenace du raisonnement.
On l’entend, en effet, plus qu’on ne le voit, dans ce livre, qui exprime bien tout ce qu’était cet esprit de vif argent dans le remuement incessant de ses infatigables facultés.
Nul d’entre eux ne s’avise de nier la majesté de ce sujet grandiose, qui renferme plus qu’aucun autre, à quelque place qu’on la choisisse, tout ce qui constitue le jeu des forces vives de l’humanité.
Comme ils étaient vifs !
De cette édition-ci, qui a barré la rivière et arrêté au passage tous les petits papiers qui s’en allaient silencieusement à l’oubli, sortira-t-il un Agrippa d’Aubigné plus grand que l’entre-aperçu des Tragiques, d’un si vif éclair dans sa nuit ?
Le Romantisme, rectifié et purifié en lui par la plus charmante des natures, lui a laissé ce qu’il avait de bon : le sentiment de l’idéal, les tendresses vives ou rêveuses, les touches chrétiennes, ici et là, adorables à plusieurs places dans son livre (voir ses Fleurs de Missel), et la race de son esprit a ajouté à tout cela la verve joyeuse, l’observation inattendue et piquante, la bonhomie et le comique enfin.
Limayrac est une imagination vive et nuancée, c’est un esprit de perçant sourire, une plume qui n’appuie pas, comme le diamant qui fend la vitre, et qui, comme ce diamant qui coupe, étincelle ; il promettait donc, par quelques-unes de ses analogies avec Beyle, une notice piquante et profonde sous des airs légers, — la plus jolie manière d’être profond.
II De donnée, du reste, le livre est si simple que j’incline vers le souvenir personnel, ou, du moins, vers une de ces observations faites sur le vif à côté de soi.
Balzac, ce colossal, a été obligé de se courber sous cette fourche caudine, et le feuilleton a quelquefois eu l’insolence de ne pas trouver amusants (c’est le mot dont on se sert) les chefs-d’œuvre que Balzac, l’Antonio de ce nouveau Shylock, donnait à couper dans la chair vive de son génie.
Brucker alluma dans sa tête ce système, asphyxiant pour les imaginations vives, le Fouriérisme, et c’est ainsi que le suicide de sa vie, il ne l’accomplit que sur sa raison… C’est dans cette orageuse période de sa jeunesse qu’il écrivit avec un talent haletant et convulsé le livre intitulé Mensonge, où la Critique put remarquer un effrayant chapitre intitulé Le Fond des âmes, enlevé dans l’amère et ironique manière d’Henri Heine, un des plus grands poètes qui aient paru depuis Byron, mais une fleur de poésie mortelle aux âmes qu’elle touche, comme le laurier-rose, dont elle a les suavités de teinte et les poisons.
Dans l’espèce de roman dont il est victime, dans ce roman à tiroirs et à double fond, dans lequel il renferme des facultés assez vives pour faire sauter tout cela (le feront-elles un jour ?)
Qu’il le veuille ou non, Wey procède par surprise, et cette surprise est d’autant plus vive qu’elle est plus lente à venir.
., etc. » Cette voix, cette langue, cette allure, cette coupe de phrase, à laquelle notre langue à nous du xixe siècle a jeté une couleur plus vive, et, si l’on veut (qu’est-ce que cela me fait ?)
J’imagine devant les Caprices un homme, un curieux, un amateur, n’ayant aucune notion des faits historiques auxquels plusieurs de ces planches font allusion , un simple esprit d’artiste qui ne sache ce que c’est ni que Godoï, ni le roi Charles, ni la reine ; il éprouvera toutefois au fond de son cerveau une commotion vive, à cause de la manière originale, de la plénitude et de la certitude des moyens de l’artiste, et aussi de cette atmosphère fantastique qui baigne tous ses sujets.
Ce mélange d’imagination et de philosophie, de sensibilité et de force, ces expressions, tantôt si énergiques et tantôt si simples, ces invocations si passionnées, ce désordre, ces élans, et ensuite ces silences, et, pour ainsi dire, ces repos ; enfin cette conversation avec son lecteur, quelquefois si douce, et d’autrefois si impétueuse, tout cela s’empare de l’imagination d’une manière puissante, et laisse l’âme à la fin dans une émotion vive et profonde.
Ici, Mesdames et Messieurs, ne vous étonnez point que ma physionomie exprime la plus vive satisfaction. […] Maintenant (car je crains toujours qu’en ces matières mes plus vives et mes plus sincères impressions ne soient injustes), on peut commettre une pièce médiocre et rester visiblement un esprit distingué, et je pense que c’est le cas de M. […] Sa vive intelligence, son talent, et certains coins de générosité intacte ne permettent point de le confondre avec les petits bandits vulgaires qui ont, paraît-il, depuis trente ans, envahi le journalisme. […] Et tout le peuple athénien, qui l’aime pour son héroïsme et parce qu’il est né d’une Athénienne, monte au couvent en criant : « Vive Almério ! […] Et puis : « Vive la France !
Jean-Gabriel Borkman est un financier de vive imagination à qui il est arrivé malheur. […] La bonne Ella dit : « Puisque ce garçon veut vivre sa vie, qu’il la vive ! […] Car la douleur de ce pauvre homme derrière cette bière, avec l’atroce vision de sa femme brûlée vive, est évidemment pire que ne sera pour lui la découverte d’une faute dont l’aveu sera déjà un sérieux commencement d’expiation. […] » Et peu à peu, au son poignant de cette voix, aux sanglots, à la mimique passionnée de ce fantôme, Aubenas s’aperçoit que Simone vit ; et, bien qu’elle vive, il lui pardonne, en très peu d’instants, une seconde fois. […] Une critique un peu vive de nos écrits nous fait souffrir davantage, nous ulcère plus à fond que ne ferait un jugement défavorable porté sur notre caractère, et se pardonne bien plus malaisément.
Le plaisir de découvrir le monde n’en est que plus vif et plus fécond. […] Au milieu, l’azur semblait noir, tant la clarté était vive. […] Qu’il vive un siècle ou quelques courtes années, ce spectacle sera toujours le même. […] Il trouve à cette occupation une jouissance très vive. […] qu’il est loin de nous par ce vif élan de piété pour des autels abolis !
Nous ne souffrons pas de ne pas faire le bien ; mais nous éprouvons un plaisir et très vif à le faire. […] Or nous éprouvons un plaisir extrêmement vif à nous combattre, à nous maîtriser, à nous vaincre. […] Quand nous avons l’idée du bien, nous en avons le désir, et quand nous en avons le désir, il est si vif que nous en avons la volonté. […] C’est un attrait qui n’est pas très noble ; mais c’est un attrait vif et qui, même, en ses dernières conséquences, peut avoir son utilité, donc un attrait qui peut être sain. […] Pour moi, la force, c’est précisément l’idée de justice assez vive pour devenir la passion de la justice.
On reconnaît que tout le talent d’écrire se ramène à l’art du détail, et en même temps que cet art du détail n’est complet que s’il se dissimule, c’est-à-dire s’il n’y a ni saillie trop vive du mot, ni soulignement trop marqué de l’expression. […] Plus d’images vives et naturelles, partant nul éclat ; plus de termes propres, partant nul pittoresque ; plus de rimes imprévues et riches, plus de variété dans la césure, partant une terne, une grise monotonie de versification. […] J’ai bien souvent remarqué au cours de mes entretiens avec lui, — un des plus vifs plaisirs d’intelligence que j’aie goûtés, — cette surprenante identité de sa phrase écrite et de sa phrase causée. […] Je ne reconnais qu’un mot d’ordre ici-bas : Vive la vie ! […] Vous direz que nous percevons sous cette forme des états d’épuisement nerveux auxquels aboutissant certaines sensations trop vives.
Une émotion très vive devient une passion. […] Devient-elle plus forte, plus vive, c’est une passion. […] Cette ressemblance peut être assez vive pour que l’esprit s’y trompe. […] Certainement, elle est plus vive pour les sensations visuelles. […] Le plaisir devient donc de moins en moins vif, la sensibilité s’émousse.
Je n’en veux à âme qui vive, je ne jalouse personne, je n’aspire à aucune position, je ne sers aucun intérêt, je ne relève d’aucune coterie mais j’appartiens à une rude maîtresse, la vérité et comme je vais droit devant moi et que chacun lui tourne volontiers le dos, je cours le risque de renverser, ou tout au moins de heurter bien des gens dans mes courses à fond de train à travers la critique. […] À six mois d’intervalle et dans deux feuilletons du Constitutionnel, l’un à la date du 4 avril de cette année, l’autre publié mardi dernier, le spirituel critique a témoigné, en termes dont la portée ne pourrait qu’être affaiblie par l’analyse, de sa vive admiration pour le talent de la Frezzolini. […] Ce sont là de purs commérages, le dernier surtout, bien qu’on ait invoqué un précédent pour lui donner créance : les attaques fort vives dont Duprez fut l’objet de la part du Journal des Débats, à la suite de son refus de continuer à paraître dans le Benvenuto Cellini du feuilletoniste. […] Maurice Bourges, et lui paraît une causerie vive, fringante, alerte, et quant au finale tout entier, il le trouve beau sans restriction. […] Dans un rôle où il lui reste bien des horizons à découvrir, madame Plessy a triomphé par la grâce, et dans les deux scènes de la déclaration, par un vif élan de sensibilité.
De telles occupations répugnèrent bientôt à un génie qui ne s’ignorait pas entièrement ; aussi ne tarda-t-il pas à témoigner le plus vif désir de s’instruire. […] Cet homme joignait aux avantages extérieurs un esprit vif et pénétrant, une grande force d’âme ; tout était noble en lui, excepté la naissance. […] Nous disons l’amitié, car ce n’était peut-être d’abord que ce sentiment ; mais il fit bientôt place à une affection plus vive, et qui, chez mademoiselle De Brie, était presque aussi durable. […] L’aveuglement de l’amour lui laissa croire que, mari de quarante ans, sérieux, passionné et jaloux, il saurait captiver et fixer une femme de dix-sept ans, vive, légère et coquette. […] Plus tard il éprouva de vifs regrets de s’être éloigné de son bienfaiteur, les exprima, et se rendit à la première invitation qu’il lui fit de revenir.
Vive donc la France ! […] « Toujours vive et triste », dit-elle d’elle-même. […] Vive et gaie en sa jeunesse, où elle voit le bonheur devant elle et croit l’atteindre ; vive et triste dans son âge mûr, avec l’éternel élan vers le bonheur et l’éternel désenchantement de ne le point saisir. […] Si tous les hommes avaient cette idée, inébranlable et vive en leur âme comme une foi, dès aujourd’hui tous les hommes seraient heureux. […] Elle entrait dans l’Allemagne poussée par un vif désir d’échapper au monde de la force brutale, du calcul froid, et aussi de la légèreté moqueuse.
Il n’était pas à cette époque ce jeune enthousiaste que nous connaissons, aux passions vives ou au moins à l’imagination forte, exaltant la folie dans les œuvres de l’art, soit par un mouvement instinctif de sympathie, soit seulement par une idée fixe de théoricien, et rempli d’un mépris trop naturel ou simplement systématique pour la littérature sage, pour les poètes honnêtes, pour Walter Scott, pour Pope, pour Boileau humilié et tancé, sans miséricorde, de son peu de penchant à la volupté et de son prénom de Nicolas. […] Esprit général de la critique littéraire Ainsi, une littérature, un poème, quelquefois même un morceau faisant tache, comme ce passage d’une comédie de Plaute où Sosie embouche la trompette héroïque, sont l’expression vive et fidèle d’une société ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme l’Iphigénie de Racine, lorsqu’elle exprime des sentiments nationaux, quelle que soit l’antiquité du vêtement dont elle s’affuble ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme Le Médecin de son honneur de Caldéron, lorsqu’elle exprime des passions nationales, quelque absurdes que ces passions puissent paraître au jugement faible des étrangers ; mais une œuvre d’art qui n’exprime pas un état social actuel et présent, ne plaît qu’à une élite de lettrés, comme l’Iphigénie de Goethe, ou ne plaît qu’à l’auteur et à sa famille, comme l’Alarcos de Frédéric Schlegel ; et il n’est point certain que l’Iphigénie allemande eût fait plaisir aux Grecs, ni l’Alarcos aux Espagnols, parce que l’artiste ne peut pas s’isoler, s’abstraire de la race d’où il sort, du milieu où il vit, du moment où il fait son poème, au point de devenir vraiment grec ou vraiment espagnol, quand il est moderne et allemand. […] Valet de chambre du roi, faisant le lit du roi, sans cesse sur ce terrain de cour qui était un champ de bataille, à l’affût de la vive occasion ailée, légère et sans retour, fixant, pour ainsi dire, tout ce qu’il regardait, il attrapait le présent de minute en minute, et devinait le lendemain457. […] Il apercevait le tragique de la comédie humaine ; il avait en lui-même, dans son âme délicate et fière, dans son cœur sensible, dans son corps malade, une source vive de souffrances.
Il ne put repasser les ponts, arrêté par le peuple criant : « Vive la ligne ! […] Ce que c’est que le vrai sur le vif, sur l’amputé, sur le mourant de mort violente en pleine vie, sur cela, décrit par de la rhétorique, depuis le commencement du monde. […] C’est l’autobiographie d’un malheureux qui, à trois ans, devient bossu par devant et par derrière, puis dartreux à vif, et que des charlatans brûlent avec de l’eau-forte, puis boiteux, puis cul-de-jatte, le récit sans récrimination, et terrible par cela même, d’un martyr de la fatalité, — morceau de papier, qui est encore la plus grande objection, que j’ai rencontrée dans ma vie contre la Providence et la bonté de Dieu. […] 16 décembre La princesse, arrivée à cinq heures de Compiègne, parle de l’Empereur : … « Qu’est-ce que vous voulez… cet homme, il n’est ni vif ni impressionnable !
Une poignée de main vive, des paroles animées, des gestes de passion. […] C’est ainsi qu’il conte, en épais universitaire au ton léger, cette vieille histoire des Cent nouvelles, la belle jeune fille de la peste de Grenoble, se repentant, au lit de mort, d’avoir désespéré l’amour de sept ou huit soupirants, et leur en demandant un pardon si vif, qu’ils en meurent et qu’elle en guérit. […] » Et chez elle, c’est une compréhension si vive, que l’a traduction est immédiate, intelligente toujours, quelquefois sublime. […] C’est un tas d’observations, une suite de coupures dans le vif de votre phrase, de votre idée : c’est énervant à la longue comme une amputation faite à coups de canif.
« Si nous sentons un plaisir singulier à écouter ceux qui retournent de quelque lointain voyage, racontant les choses qu’ils ont vues en pays étranges, les mœurs des hommes, la nature des lieux et si nous sommes quelquefois si ravis d’aise et de joie que nous ne sentons point le cours des heures en oyant deviser un sage, disert et éloquent vieillard, quand il va récitant les aventures qu’il a eues en ses verts et jeunes ans combien plus devons-nous sentir d’aise et de ravissement de voir en une belle, riche et véritable peinture, les cas humains représentés au vif. » Ainsi s’exprime-t-il dans la préface de ses Vies parallèles ; et on ne saurait mieux indiquer ce que ses Vies contiennent d’enseignements, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de « documents » sur l’homme. […] son expression mérite qu’on la retienne : ce sont bien là des cas humains représentés au vif dont la description a enrichi notre connaissance de l’humanité. […] Scaliger, Poetices libri septem, livre I, ch. 5, 6, 8, 9, 11, 16] ; — Le choix des sujets. — La règle des unités. — Jean et Jacques de La Taille. — De l’unité de ton dans la tragédie de la Renaissance. — De l’avantage que l’on trouve à traiter des sujets connus, et même déjà traités. — L’emploi de l’histoire dans la tragédie. — D’un mot d’Amyot sur les « cas humains représentés au vif ». — L’orientation de la tragédie classique est déterminée dès 1570. […] Moralistes français] sur les citations de Montaigne et l’impossibilité de les détacher du contexte. — Mais il a oublié que l’édition de 1595 contenait plus de « six cents » additions au texte de 1588 ; — et, d’une manière générale, que le caractère des Essais se définit précisément par leur composition successive. — L’idée n’en doit pas remonter au-delà de 1572 [Cf. livre I, chap. xx]. — L’édition de 1580 ; — et pourquoi de bous juges y voient le portrait le plus ressemblant de Montaigne ; — elle contient moins de citations et, par suite, l’apparence en est moins pédantesque ; — les raisonnements, étant interrompus par moins de digressions, y sont plus faciles à suivre ; — et l’allure en a quelque chose de plus vif. — Comparaison du chapitre de l’Institution des enfants dans la première et la seconde éditions. — Comment le texte de Montaigne s’enrichit, et souvent s’encombre de la diversité de ses lectures ; — que Montaigne retranche rarement, qu’il corrige toujours ; — et qu’il ajoute beaucoup. — Comparaison de l’Apologie de Raymond de Sebonde dans les éditions de 1580 et de 1588 ; — Absence entière de plan et de composition. — Les scrupules du styliste. — Dans quelle mesure il convient d’adopter les additions de l’édition de 1595.
PAUL POREL d irecteur du Théâtre National de l’Odéon c omme un témoignage de vive reconnaissance et de sincère amitié, je dédie le recueil de ces quinze conférences. […] Ils parlent bien un peu le même langage, mais ils ne disent pas les mêmes choses ; l’un est plus vif et plus bouillant, l’autre plus timide et plus mélancolique ; dans ces deux rôles élégants, il ne dépend que des acteurs de mettre, s’ils le veulent, ce que Corneille s’est contenté seulement d’indiquer. […] si c’est, comme nous l’allons voir, la tragédie qui change véritablement de nature ; un sang plus jeune, plus vif qui s’insinue, pour ainsi parler, dans ses veines ; et l’art même qui, d’une abstraction sublime ou d’une fresque d’histoire, devient ainsi la peinture de la vie et de la réalité. […] Sous le nom d’Agathe, vous transformez Agnès en une délurée de comédie, plus vive, plus gaillarde, plus libre en ses propos qu’un capitaine de dragons. […] Il n’y a jamais de place pour tous les genres à la fois dans l’histoire de la littérature ; et, comme dans la nature même, plus les genres sont voisins, plus la concurrence qu’ils se font entre eux est vive, acharnée, sans relâche, et se termine toujours par la défaite ou la retraite de l’un d’eux.
S’il fait sa cour aux princes, soyez sûr que ce n’est point à genoux : une âme si vive ne s’affaisse point sous le respect ; l’esprit le met de niveau avec les plus grands ; sous prétexte d’amuser le roi, il lui dit des vérités vraies542. […] Un cordonnier dit dans Etheredge : « Il n’y a personne dans la ville qui vive plus en gentilhomme que moi avec sa femme. […] J’apprends qu’il paye plus d’annuités que la tontine irlandaise, et que, toutes les fois qu’il est malade, ils font dire des prières pour sa guérison dans leurs synagogues. — Et personne qui vive avec plus de splendeur. […] il a fait beaucoup de vilaines choses, cela est certain. — Mais pourtant, comme il est votre frère… — Nous vous dirons tout à une autre occasion693. » Voilà comme il a acéré, multiplié, enfoncé jusqu’au vif les épigrammes mesurées de Molière. […] Rarement la laideur et la corruption de la nature brutale ou mondaine ont été étalées plus à vif.
Dans le domaine des arts plastiques, l’effort des impressionnistes et celui de Rodin ne l’étaient pas moins — et celui de Gustave Moreau (qui ne devait pas avoir des conséquences aussi vives) exerçait une influence efficace. […] Elles naissent comme celle-ci de sensations extrêmement vives que traduit un travail intellectuel vigoureusement conduit. […] Le sens très vif qu’il a de la poésie contenue dans les choses fait de lui un peintre incomparable de paysages et de natures mortes. […] Ces personnages sans pareils sont-ils peints sur le vif ou émanent-ils tout entiers de l’invention de l’auteur, on ne le saurait dire et d’ailleurs il n’importe. […] Moins hypocrite ou moins compréhensif, notre public n’a pas des réactions si vives.
Le Vive la République ! […] Le jour où Goethe déclara que quelque chose était changé dans l’histoire du monde est celui où des Allemands entendirent, à Valmy, ces Français qui se battaient contre eux depuis des siècles au cri de Vive le Roi ! pousser cette clameur insolite : Vive la Nation ! […] Et « Vive la France, mais la France A », ne signifie pas nécessairement : « À bas la France B ». […] Le conflit de tendances entre l’action politique et l’action syndicale a été très vif pendant la première décade du xxe siècle.
On en voit encore de vives traces dans le parlement d’Angleterre ; on a quelques harangues qui y furent prononcées en 1739, quand il s’agissoit de déclarer la guerre à l’Espagne. […] Corneille dit souvent un beau feu, pour un amour vertueux & noble : un homme a du feu dans la conversation, cela ne veut pas dire qu’il a des idées brillantes & lumineuses, mais des expressions vives, animées par les gestes. […] C’est ce qui fait que l’amour qui est si vif dans Racine, est languissant dans Campistron son imitateur. […] Rien n’est si vif, si animé que ces vers du Cid, va, je ne te hais point.... tu le dois.... je ne puis. […] L’auteur qui n’est froid que parce qu’il est vif à contre-tems, peut corriger ce défaut d’une imagination trop abondante.
Mais je m’aperçois que je suis entré dans le vif du sujet sans nommer l’ouvrage même qui est en cause. […] J’y verrais aussi assez volontiers un excès d’optimisme, une foi extrêmement naïve en la bonté de Dieu, le sentiment vif de l’imperfection de la création. […] Un chien et un homme ressentent tout à coup une vive douleur interne. […] Lent ou vif, un mouvement qui ne se lasse point entraîne tout dans une farandole dont les deux bouts ne peuvent se rejoindre. […] Il faut lui savoir gré de ne pas l’avoir fait écorcher vive.
« Vive Jéhovah ! vive mon rocher !
Où on n’apercevait la veille qu’une masse informe de verdure, on découvre le lendemain un arbre en fleur, une cime, un dôme paré de vives couleurs et créé, pour ainsi dire, par la baguette d’un magicien. […] En comparaison de ce feuillage d’une beauté et d’une variété incomparables, de ces vives couleurs, de la richesse, de l’exubérance qui éclatent partout, le plus splendide paysage forestier du nord de l’Europe n’est plus qu’un désert stérile.
Elle, de son côté, sachant que le jeune était plein d’égards et d’obéissance pour le vieux, soit en portant le plus qu’il pouvait le poids de la chaîne commune, soit en faisant double tâche pour diminuer la fatigue du vieillard affaibli par les années, avait conçu involontairement une vive reconnaissance pour le jeune galérien ; elle le regardait, à cause des soins pour son père, plutôt comme son frère que comme un criminel réprouvé du monde. […] Car, pourvu que Hyeronimo vive, qu’importe que je meure !
pressez-le, nous disait-il les mains jointes, pressez-le de faire ce qu’il a promis pour que je vive en paix mes derniers jours, et que je n’emporte pas mon désespoir dans l’autre vie ! […] — Quand il sera libre, continua la voix, tu revêtiras le froc et le capuchon des pénitents noirs qu’il aura laissés tomber de la fenêtre en s’enfuyant, et tu reviendras dans son cachot, avant le jour, prendre sa place, pour que les sbires te mènent au supplice, en croyant que c’est lui qu’ils vont fusiller pour venger le capitaine ; tu marcheras en silence devant eux, suivie des pénitents noirs ou blancs de toute la ville qui prieront pour toi ; et quand tu seras arrivée au lieu du supplice, tu mourras en prononçant son nom, heureuse de mourir pour qu’il vive !
L’un et l’autre se séparaient au moins du scepticisme ou de l’athéisme régnant par une foi vive dans la Divinité, dans la Providence et dans la destinée immortelle de l’âme. […] Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât.
D’abord il frappe l’écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants, il saute du grave à l’aigu, du doux au fort ; il fait des pauses, il est lent, il est vif : c’est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l’amour. […] Un roi qui craint de perdre sa couronne par une révolution subite, ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes, à chaque accident qui menaçait les débris de mon rameau.
C’est comme dans les lais, virelais, ballades et pastourelles de Froissart : les jolies pièces abondent ; c’est quelque chose de fin, de vif, de charmant, une fantaisie discrète, une forme sobre ; mais une ingénuité d’opéra-comique dans les paysanneries, et partout une fausse naïveté, une adroite contrefaçon du sentiment, une grâce qui inquiète comme expression d’une incurable frivolité et puérilité d’esprit. […] Il y a encore de la gaucherie, de l’inégalité dans sa démarche : mais il suffit de lire dans son unique plaidoyer la vive et dramatique narration de la procession des écoliers bousculés par les gens du sire de Savoisy, pour reconnaître qu’en nommant Cicéron, il indique son maître et son modèle.
On eût dit, en feuilletant cette prose, qu’il vous partait des étincelles sous les doigts… Et néanmoins, je ne sais comment, dans ses plus vives audaces, Daudet savait se garder, soit du « précieux », soit du charabia impressionniste ; il conservait un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue. […] Je reviens à son âme, qui était gracieuse et noble, et qui alla toujours s’embellissant. — Il faut se souvenir ici que les pages les plus douloureuses peut-être et les plus imprégnées de l’amour de la terre natale qui aient été écrites sur l’« année terrible » sont d’Alphonse Daudet. — Il ne faut pas oublier non plus que cet homme dont la sensibilité et l’imagination furent si vives et l’observation si hardie, n’a pas laissé une seule page impure ; qu’en ce temps de littérature luxurieuse, et même lorsqu’il traitait les sujets les plus scabreux, une fière délicatesse retint sa plume, et que l’auteur de Sapho est peut-être le plus chaste de nos grands romanciers.
René Boylesve Le goût du théâtre ne me semble être qu’une manifestation, entr’autres, du goût de sociabilité qui est si vif chez les Français. […] C’est-à-dire qu’ils ou elles s’habillent — ce qui ne laisse pas de leur donner un assez vif plaisir — ils ou elles s’habillent « pour sortir ». « Nous sortons ce soir. » Cela signifie : « Nous allons voir Guitry ou Lavallière ou Polaire. » Car ce qui intéresse nos contemporains, cher ami, ce n’est pas le théâtre, ce sont les acteurs et les actrices, leurs relations et leurs meubles, leurs amants et leurs maîtresses, leurs jupons et leurs chaussettes.
Mais cette impression si vive et si prompte s’affaiblit par degrés. […] Quel tribut stérile, quel faible retour que les louanges pour toutes ces impressions si vives, si variées, ces frémissemens, ces transports qu’excitent en nous ces chefs-d’oeuvre !
Ils sont la matière à laquelle s’appliquent les forces vives de la société, mais ils ne dégagent par eux-mêmes aucune force vive.
Il a donc fait volontairement de lui ce qu’Apollon lit de Marsyas ; il s’est écorché vif. — Et il ne lui est resté que des muscles, les muscles du savant qui saisit les faits puissamment et qui dédaigne tout ce qui n’est pas le fait retrouvé, appréhendé, entassé, accumulé et jeté, comme une écrasante avalanche, sur la tête d’une époque qui se vante, comme d’une très belle chose, de ne plus croire qu’à la souveraineté, des faits. […] Paris, qui nous cachait la France avec ses échafauds, n’est qu’un dîner d’une gaieté un peu vive, par des épicuriens politiques friands ; mais le souper des affamés, mais l’orgie, mais la saoulerie de sang, c’est toute la France, qui égorge par haine, par fureur, tout ce qui est au-dessus d’elle, pour faire de l’égalité inutile, puisque son gouvernement vient de proclamer cette égalité !
Mais au milieu de ces oublis trop naturels à la jeunesse de tous les temps, ils avaient une pensée, un culte, l’amour de l’art, la curiosité passionnée d’une expression vive, d’un tour neuf, d’une image choisie, d’une rime brillante ; ils voulaient à chacun de leurs cadres un clou d’or : enfants si vous le voulez, mais enfants des muses, et qui ne sacrifièrent jamais à la grâce vulgaire.
Ce sens-là d’ailleurs, en particulier, ce sens olfactif si cher aux délicats, lui était d’autant plus précieux qu’il était pour elle une vigilante sentinelle et toujours sur le qui vive pour l’avertir des moindres périls.
J’ai été consolé de ma blessure en entendant mes chasseurs crier : Vive notre général !
Le recueil est très vif, spirituel et malin.
Mainte pièce du recueil décèle chez lui des sources de tendresse élégiaque plus abondantes et plus vives qu’il n’en avait découvert jusqu’ici, quoique, même en cela, le grave et le sombre dominent.
Le talent de romancier, qui se manifeste dans Steven, est très vif, et, à ne prendre les choses que par le dehors, on peut regretter, pour le succès de lecture, que ce roman n’ait pas précédé l’autre.
Les littérateurs hantent les peintres, les sculpteurs, les architectes ; les uns et les autres font échange de pensées, de goût, d’idéal606 Les littérateurs même seront au premier rang dans les vives polémiques auxquelles donneront lieu les Bouffons d’abord, et plus tard la rivalité de Gluck et de Piccinni.
Tandis que d’autres travaillaient sur les langues, sur l’histoire, sur la religion, sur la science de l’antiquité, le comte de Caylus614, un original de vif esprit et de puissante curiosité, faisait de l’archéologie son domaine.
Là viendront s’alimenter les essais de vulgarisation, les articles des revues mondaines, dont le premier devoir est d’être légères, vives, agréables.
Le front, très haut, se gonfle au-dessus des yeux en deux bosses qui ne font guère défaut dans les têtes des hommes de génie ; les sourcils bien fournis sont très rapprochés des yeux, et ces yeux vifs, perçants, impérieux et spirituels sont comme embusqués au fond de deux cavernes sombres, d’où, avec impartialité, ils regardent passer tous les dieux.
Dans La Chasse, l’exposition, l’ouverture de la pièce est vive et originale.
Gouy eut l’idée d’y regarder de plus près et il vit, ou crut voir, que cette explication est insoutenable, que les mouvements deviennent d’autant plus vifs que les particules sont plus petites, mais qu’ils ne sont pas influencés par le mode d’éclairage.
Préface L’année 1848 fit sur moi une impression extrêmement vive.
« Grâce à ces moyens, ajoute-t-il, le ciel brillera pour vous d’un éclat plus vif, et le plaisir fera battre votre cœur.
Le goût des anciens habitants de la Phénicie et de la Palestine pour les monuments monolithes taillés sur la roche vive, semblait revivre en ces singuliers tombeaux découpés dans le rocher, et où les ordres grecs sont si bizarrement appliqués à une architecture de troglodytes.
Bernardin de Saint-Pierre est, comme lui, victime d’une sensibilité trop vive, et il le sait si bien qu’il fait cet aveu significatif : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » Il s’en plaint comme d’une infirmité qui lui a longtemps rendu insupportable le commerce des autres hommes : « Il m’était, dit-il, impossible de rester dans un appartement où il y avait du monde, surtout si les portes en étaient fermées.
Pour peu qu’il vive à l’une des époques décisives de la civilisation, l’âme de ce qu’on appelle le poëte est nécessairement mêlée à tout, au naturalisme, à l’histoire, à la philosophie, aux hommes et aux événements, et doit toujours être prête à aborder les questions pratiques comme les autres.
Son geste étoit vif, ses mouvemens étoient empressez, et il hazardoit beaucoup de choses capables de faire siffler un autre que lui.
Les charmes, il faut savoir les goûter ; il faut savoir écouter longtemps ; il faut savoir suivre le penseur dans tous les détours et même dans toutes les hésitations de sa pensée ; il faut sentir l’objection se lever doucement dans notre esprit, mais la prier de ne pas éclater et d’attendre le moment où peut-être l’auteur se la sera faite lui-même, et le plaisir est très vif alors ; car d’abord nous sommes sûrs d’être bien en commerce intellectuel avec l’auteur, puisque nous l’avons prévenu, c’est-à-dire compris d’avance, et ensuite nous nous disons avec satisfaction que nous ne sommes pas indignement inférieurs à lui, puisque l’objection qu’il s’est faite, nous la lui faisions, c’est-à-dire puisque nous circulions dans sa pensée presque aussi largement, presque aussi aisément que lui-même.
Je me suis replongé dans les premières sensations intellectuelles et les premières admirations de ma vie ; mais ces sensations retrouvées, je ne les ai pas dues à celle de qui j’en attendais de plus vives et de plus complètes.
Mystérieuse et impénétrable puissance, protégée par son climat et aussi par deux Génies au doigt sur la bouche, comme le Silence antique, — le Génie de la police et celui de la diplomatie, — la mystique et schismatique Russie, que Ballanche appellerait l’Isis des peuples, et dont le glaive va lever le voile, est plus grande encore par l’opinion qu’on a d’elle que par tout ce qui fait en réalité les forces vives et cohérentes d’un pays.
Voici un livre d’observateur sur le vif, de voyageur en dehors des livres, d’homme qui a fait le sien à la sueur de son front et à la poussière de ses sandales, qui a vécu dix ans dans le pays dont il parle, plongé dans les difficultés de la langue de ce pays et dans le secret de ses mœurs, et qui, de la plus haute moralité, — de cette moralité de prêtre qui donne à la parole humaine, toujours suspecte quand elle nous revient de si loin, l’autorité qu’elle doit avoir pour être acceptée, — nous apporte sur la Chine un de ces renseignements, éclairés et complets, tels qu’on n’en avait pas revu depuis la publication des Lettres édifiantes.
Quelques-uns de ces esprits qui sentent le style se récrièrent, dans le premier mouvement d’une sensation très vive, mais ce fut tout.
Ce qui avait fait toujours horreur à ce prote, à cet homme presque de Genève, c’était la personnalité de l’écrivain quand elle était très vive ; ce que sa nature lourdaude et terne haïssait comme le bœuf hait l’écarlate, c’était l’éclat, la fantaisie, la grâce, tout ce qui fait du talent une chose qui flamboie, scintille et remue comme la lumière des astres.
Or, en la posant, cette question, on sort du vague des mots et des idées, on entre dans le vif des faits, on met la main sur la clef de l’Économique de l’époque, on ressuscite le peuple et tout va facilement s’expliquer… La Ligue, ce n’est plus un parti, c’est le peuple, c’est la défense jusqu’à la mort de son patrimoine menacé, de l’héritage de ses enfants, de ce patrimoine sans lequel il se sent spolié dans ses pratiques, ses salaires, ses achats, ses plaisirs, et déshonoré comme vassal industriel des falsificateurs qui, au nom d’un principe nouveau, viennent rompre les cadres de ses robustes catégories.
La Critique, cette dissection sur le vif, comme disait Rivarol, nous a trop appris la physiologie littéraire pour que nous ne voyions pas très bien, sous les lignes de la composition, quel a dû être le procédé de l’auteur.
— autour de la pensée du romancier et presque toujours au moment où on le voudrait sérieux et sincère, — par exemple, quand il s’agit des détails de l’éducation religieuse de sa Mme Bovary, l’ouvrage n’offre à l’esprit qu’une aridité désolante, malgré le vif de sa douleur et de son style.
En passant des Grecs aux Romains, nous éprouvons à peu près le même sentiment qu’un voyageur, qui, après avoir parcouru les îles de l’Archipel et le climat voluptueux de l’ancienne Ionie, serait tout à coup transporté au milieu des Alpes ou des Apennins, d’où il découvrirait un horizon vaste et une nature peut-être plus majestueuse et plus grande, mais sous un ciel moins pur, et qui ne porterait point à ses sens cette impression vive et légère qu’il éprouvait sous le ciel et dans la douce température de la Grèce.
les Dandin s’y accoutumeront s’ils veulent ; car pour moi je vous déclare que mon dessein n’est pas de renoncer au monde et de m’enterrer toute vive avec un mari. […] C’est une chose merveilleuse que cette tyrannie de Messieurs les maris, et je les trouve bons de vouloir qu’on soit morte à tous les divertissements et qu’on ne vive que pour eux ! […] Mais Rousseau dirait ici que cette invention de Molière n’est qu’une excuse qu’il cherche et qu’il trouve pour Angélique, dans son désir perpétuel de rendre les coquins sympathiques et tant ce désir est vif chez lui. […] La vertu a toujours quelque chose de comique et le « bon sens » est partagé — inégalement du reste — entre un secret penchant à la respecter et un assez vif désir de se moquer d’elle. […] … Ne dirait-on pas la propre caricature de Léonor et que Molière se moque de Léonor avec l’impitoyable verve qu’on lui connaît et qui jamais ne fut plus vive ?
Cet étonnement se changeait en enthousiasme, ou bien en une antipathie plus vive encore, quand il se mettait à causer. […] C’est un succès d’homme d’action, de la politique sur le vif, de l’influence de langage, de manières, de tenue… » Toujours Midas ! […] Son regret était plus vif, parce qu’il avait plus longtemps poursuivi leur commune chimère. […] Ainsi préservé, il ne tarit pas, dans les précoces amusements de Paris, cette source vive de sensibilité qui s’était amassée dans son cœur. […] D’autres furent aussi malheureux qui ont su prémunir leur intelligence contre les surprises de leur sensibilité trop vive et garder la rectitude de leur jugement dans le désordre de leur fièvre intérieure.
… Vive le feuilleton ! […] … Vive le feuilleton, ce monocle intelligent, ce creuset de tout ce qui s’appelle génie, talent, esprit, gloire, fantaisie ! […] Elles vous procure une satisfaction assez vive, mais très passagère, et qui n’est qu’une détente, un soulagement des nerfs. […] Maman dit qu’il faudrait l’enterrer toute vive pour son châtiment. […] » il est évident que c’est là une variation géniale sur le thème fameux : « Vive la Pologne, Monsieur !
» Oui, pour Gérard d’Houville, et c’est elle que l’on se représente aujourd’hui le plus volontiers tapie au pied de ces passants ombreux, tels les enfants qui, de leur vif éclat, animent le premier plan des grandes toiles de Véronèse. […] … Quelle vive et gracieuse introduction des plus parfaites pensées ! […] … Qu’ils sont habiles, qu’ils sont vifs, ces purs ouvriers des délices du temps perdu ! […] Car en cette âme — provisoirement désaffectée — si l’amour jette une flamme si vive, c’est que l’amour lui est alors un absolu, qu’Aimée lui tient lieu de Dieu, — oh ! […] Le doute, c’est le refus de regarder en face, c’est le clin d’yeux de l’homme qui s’abrite avec son bras d’un éclat trop vif, c’est la digression et le détourhw ».
La légèreté française est faite d’intelligence vive et vite fatiguée par la contemplation du même objet ; de sensibilité vive et vite fatiguée de la possession du même objet. […] La foi vive ne s’attachera jamais qu’à une Église qui ne sera pas le gouvernement. […] et le cri de « Vive la liberté ! […] Il semble qu’il vive de cela. […] Je veux qu’elle vive en moi, de ma pensée qu’elle épousera et de ma volonté à laquelle elle s’associera.
Sa mère, jolie, vive, lettrée et musicienne, très entourée, semble avoir fait innocemment scandale dans la ville de Calvin. […] Il y revient au livre VI, où il parle aussi de « vapeurs », des « pleurs qu’il versait souvent sans raison de pleurer », de ses « frayeurs vives au bruit d’une feuille ou d’un oiseau ». […] De tous les remords que j’ai sentis en ma vie, voilà le plus vif et le plus permanent. […] Ce reproche devint si vif qu’il l’emporta à la fin. […] L’un n’a que des ondes vives et courtes dont le perpétuel tranchant agite, émeut, submerge quelquefois, sans jamais former de long cours.
Sa plus vive aversion est pour les affirmations sans preuves qu’il appelle préjugés, pour la croyance immédiate qu’il appelle crédulité, pour l’assentiment du cœur qu’il appelle faiblesse d’esprit. […] Les traits généraux sont vagues, et pour maîtriser l’attention du lecteur, la Bruyère, comme Balzac, est obligé de le toucher au vif par des traits particuliers, tirés de la vie réelle et des circonstances vulgaires. […] Le zèle des Mormons était si vif, qu’ils voulurent avant de partir accomplir à tout prix une prophétie de leur prophète, achever le grand temple de Nauvoo, et y officier au moins une fois. […] D’autre part, l’enthousiasme vieillira, et si l’on regarde les religions précédentes, on n’en trouve guère dont la foi vive et la ferveur pieuse aient duré plus de cent ans. […] « Vous me dites de pourvoir par sa mort à la sûreté de mes enfants ; qu’ils périssent donc si Avidius mérite plus qu’eux d’être aimé, si le bien de l’État exige que Cassius vive plutôt que les enfants de Marc-Aurèle ».
C’est que nous en faisons autant de moyens de dégager notre Moi des contingences et c’est qu’aussi, par là même et dès qu’il échappe aux contingences, le Moi humain recourt — comme une vive branche ployée reprend l’attitude verticale dès qu’on l’abandonne à sa liberté naturelle — au foyer de l’Absolu, au lieu métaphysique des Idées, à Dieu15. […] Elle est belle, cette curiosité du passé, mais ce n’est qu’une belle chose morte, l’œuvre qu’on fonde sur les ruines des temps révolus, quand une vive foi en l’avenir ne la fait pas rayonner comme un phare, pour illuminer les ténèbres futures. […] À la fois, Baudelaire a trouvé le vers moderne et retrempé le génie français dans ses sources vives, sans plus lui tolérer les libertés illogiques où il se dépravait. […] C’est celui de nos Maîtres qui a sur l’avenir la plus vive et la plus heureuse influence70. » Ce n’est pas assez de dire que M. […] Observations plus importantes : je ne fais point difficulté de convenir que la musique est bien l’art qui, après la poésie, donne à quelques poëtes de cette heure les plus vives jouissances, — mais cela, qu’on le remarque bien, à une heure où la musique elle-même s’est rapprochée de la poésie en général et de la peinture en particulier.
M. de Pressensé a bien montré que Manning est devenu catholique après avoir été aussi protestant qu’on peut l’être, et parce qu’il était protestant dans la forme la plus vive et la plus aiguë du protestantisme. […] Plus grand et de plus vif intérêt est encore le mouvement philosophique et religieux de l’Angleterre depuis 1848, et c’est une esquisse un peu étendue de ce mouvement qui manque dans le bel ouvrage que je viens de lire. […] La vieille tante répète souvent : « Pourvu que je vive assez pour le voir tomber ! […] Évidemment ceci, qui a son intérêt, devait être résumé, indiqué en quelques traits vifs, avec maîtrise, non étalé aussi surabondamment. […] Je veux bien tenir compte de ce sentiment de curiosité, de ce besoin d’amusement et de distraction qui est si vif chez nous.
Il n’était point tous les jours d’humeur égale et je déclinai de publier des pamphlets très courts et très vifs qu’il eut aimé décocher à qui de droit, c’est-à-dire à Mme Verlaine. […] point que n’élucidait qu’avec un mystère une rougeur indécise, pénétrante et charmeuse, teinte dernière de ce visage, ne contrariant pas, tout au contraire, l’humide brume brunâtre des vifs yeux, presque tendrement réservés sous leurs longs cils soyeux. […] La loi, c’est l’énergie des êtres, c’est la notion vive, libre, substantielle qui, dans le sensible et l’invisible, émeut, anime, immobilise ou transforme la totalité des devenirs. […] Et toute cette vieille extériorité, maligne, compliquée, inflexible — qui te guette pour se nourrir de la volition vive de ton entité — te sèmera bientôt, poussière précieuse et consciente, en ses chimismes et ses contingences, avec la main décisive de la mort. […] Il a vu et décrit les eaux rougeâtres, les fleurs vives, les coins des Venises du nord ; il a interprété des bousculades de nuages, et tenté de fixer les formes terrestres qu’ils affectent un instant (p. 179).
Il y a manié les passions, le comique ; il a trouvé dans son opéra quelques peintures vives et riantes, dans sa tragédie quelques accents nobles ou attendrissants ; il est sorti du raisonnement et de la dissertation pure ; il s’est acquis l’art de rendre la morale sensible et la vérité parlante ; il a su donner une physionomie aux idées, et une physionomie attachante. […] Sa conversation n’est pas assez vive ; les promptes allures, les faciles changements de ton, le sourire aisé, vite effacé et vite repris, ne s’y rencontrent guère. […] Ses personnages sont pris sur le vif, dans les mœurs et les conditions du temps, longuement et minutieusement décrits dans toutes les parties de leur éducation et de leur entourage, avec la précision de l’observation positive, extraordinairement réels et anglais.
Son imagination est si vive, qu’elle entraîne tout avec elle dans la voie qu’elle se choisit. […] Vous avez l’imagination trop vive, et vous ne l’avez pas assez vaste. […] Les hommes sont raffinés aujourd’hui, ils ont lu beaucoup de poésies élégiaques ; leur sensibilité est plus vive ; on ne peut plus les tromper avec la grossière impudence de Tartufe.
En France, crier : « Vive quelqu’un » implique l’idée : « À bas Machin. » C’est absurde et bon pour des politiciens. […] Donc : Vive à jamais le Père Hugo. […] Vive le grand homme. » C’est toujours la légende propagée par les parnassiens et les autres pasticheurs d’Hugo.
Quel torrent d’eau vive ! […] Biélinsky, lui aussi, a donné dans ce travers ; il le corrige du moins par un vif amour des choses de l’esprit, par un grand fonds d’intelligence, d’érudition et d’équité. […] L’amas de chaumières blanches brille d’un éclat plus vif aux rayons de la lune ; leurs murailles basses surgissent éblouissantes des ténèbres. […] Dans ces études de caractères, un trait d’observation domine, et il est saisi sur le vif du tempérament national ; l’homme est irrésolu, la femme est décidée ; c’est elle qui force la destinée, sait et fait ce qu’elle veut. […] Assia est une jeune fille russe, une enfant effarouchée, fantasque, vive comme une fauvette ; impossible d’oublier après l’avoir lu le portrait de cette étrange fille.
Petite, avec le nez pointu, des cheveux noirs et des yeux vifs dont l’éclat s’était conservé dans ses vieux jours, Marpha Timoféevna marchait vite, se tenait droite, parlait distinctement et rapidement, d’une voix aiguë et vibrante. […] Honteux, furieux, il jura de se venger de son père ; la même nuit, il se mit en embuscade pour arrêter au passage le chariot qui emportait Malanïa ; il l’arracha de vive force à son escorte, courut avec elle à la ville voisine et l’épousa. […] Les étoiles semblaient noyées dans une vapeur lumineuse, et la lune brillait d’un vif éclat. […] Ce banc avait noirci et s’était recourbé ; mais il le reconnut, et son âme éprouva ce sentiment que rien n’égale, ni dans sa douceur, ni dans sa tristesse, ce sentiment de vif regret qu’inspire la jeunesse passée, le bonheur dont on a joui autrefois.
— Mais, ces tentatives, je les envisage avec la plus assidue et la plus vive sympathie ! […] … Et le Blé lunaire, cette ballade à la Lune, sans le vif esprit de celle de Musset, combien n’est-elle pas plus exquise ! […] Vive Robert de Montesquiou ! […] » Je crois que le vers libre triomphera, et qu’il triomphe déjà… Je crois que, pour les curieux de poésie, la sélection entre les vrais poètes et les adaptateurs sera plus facile à faire parce que, quand le vers libre n’est pas manié par une personnalité vive, il devient de la mauvaise prose assonancée.
Et comme il veut écrire son article pour la France, il ôte son pince-nez, et, prenant la plume, penche ses yeux vifs sur le papier. […] Robert de Traz Les Suisses romands, pour la plupart, tiennent de leur race et de leur religion un goût très vif de l’analyse. […] Le premier est une succession de ces histoires pleines de poésie et d’humour, que l’on entend au fond des granges lorsque le moment est venu, dans les Landes, de décortiquer le mais ; vous y surprendrez aussi un chasseur qui livre de vives impressions d’ouvertures. […] Si la publication de la Victoire 111 a provoqué un intérêt des plus vifs et une discussion agressive, assez confuse, d’autres livres du même auteur, et moins connus, semble-t-il, sont dignes de retenir une attention plus calme mais aussi profonde. […] Il y a même des situations identiques dans Ni ange ni bête et dans Ariel ou la vie de Shelley : Philippe Vinés qui porte à son ami Lucien une tendresse intellectuelle très vive, voit sa confiance trahie pour les mêmes raisons que Shelley, dont Hogg désire la femme.
On contait d’abord de telles histoires de vive voix, et si elles avaient plu, on les imprimait ensuite. […] Le caractère du héros, versatile et médiocre, est essentiellement Gaulois, et en cela, vive Dieu, ils ont raison ! […] Stendhal étudiait le mécanisme psychologique et le processus des idées, les Goncourt, élèves du même maître, réussissent à copier avec de vives couleurs la réalité sensible. […] Une tournure ou une phrase saute aux yeux du lecteur, se grave dans sa rétine et transmet au cerveau la vive image que l’artiste voulut lui montrer clairement. […] La méthode des Goncourt s’essaie à obtenir des résultats analogues : ils écrivent de telle sorte que les mots produisent de vives sensations chromatiques et c’est en cela que consiste leur indiscutable originalité.
Or il n’y a pas en ce moment dans l’Europe de peuple qui, au même degré que la Belgique, travaille à la fois son âme et sa terre, qui vive davantage de l’école, du foyer et de la forge. […] Ainsi, les littérateurs de Belgique, particulièrement ceux des provinces flamandes, se désintéressent volontiers de l’ordonnance d’un livre ; l’expression vive de ce qu’ils sentent, la peinture de ce qu’ils voient, souvent éclatante, même brutale, les exaltent plus sûrement. […] Jamais le commerce ni l’industrie ne connurent un aussi vif éclat, jamais l’art ne s’imposa plus splendidement qu’à l’époque de Philippe le Bon, où Bruges dardait avec orgueil la tour altière et fière de son beffroi. […] Tantôt il évoque, en des récits simples, naïfs, aux dialogues vifs et colorés, les existences claires ou tristes des gens de son village ; il nous parle de leurs amours, de leurs infortunes ; il comprend si bien les petits, les humbles, leurs misères et jusqu’à leurs vices ! […] Je le tiens, avec celui sur « Le Tragique quotidien » dans Le Trésor des Humbles, pour l’expression la plus juste et la plus vive de la philosophie de Maeterlinck.
Ils s’arrêtent avec un vif plaisir devant les chromos d’après les tableautins de Munich représentant des scènes de brasseries et d’estaminets rustiques, et passent sans un regard devant les peintres du plein air. […] Ils commettent avec la plus grande tranquillité et la plus vive satisfaction des crimes et des délits, pour contenter un instinct, une inclination, un caprice momentanés, et ne comprennent pas que d’autres s’en formalisent. […] Cela explique que les aperceptions dont le substratum anatomique est situé dans le voisinage immédiat des cellules d’abord frappées par l’excitation, sont les plus vives ; que celles nées dans les cellules plus éloignées ont un peu moins de netteté, et que cette netteté décroît de plus en plus, jusqu’à ce que la conscience finisse par ne plus les percevoir et qu’elles tombent, pour employer l’expression scientifique, au-dessous du seuil de la conscience. […] En conséquence, l’aperception la plus vive sera celle qu’éveille la perception immédiate ; un peu plus faible déjà sera la représentation qu’éveille la première aperception par l’association d’idées ; plus faible encore celle qu’amène de son côté la représentation associée. […] Il aimerait brûler vifs le critique qui ne partage pas ses vues ou le philistin obtus qui passe sans recueillement devant les œuvres d’art.
J’avoue éprouver un goût très vif pour cette sorte d’étude, quand elle est réussie. […] Il n’est qu’un moyen de jeter une lumière plus vive sur les énergies que le peintre des mœurs s’est proposé de définir et de caractériser. […] Enrichissement par l’action, ensuite : à cette lutte contre les barbares, l’analyste a pris un sens plus vif de sa force. […] Les truculents paradoxes, auxquels il se complaisait volontiers à cette date, étaient les défenses d’une sensibilité d’autant plus vive qu’il la cachait davantage. […] La vive réaction d’aujourd’hui tient du réflexe de défense.
Considérez-la, non pas en général et d’après une notion vague, mais sur le vif, à sa naissance, dans les textes, en prenant pour exemple une de celles qui maintenant règnent sur le monde, christianisme, brahmanisme, loi de Mahomet ou de Bouddha. […] Si nous n’intervenions pas, si nous ne leur imposions pas de contrainte, si nous laissions toutes ces sources vives couler sur leur pente, si nous ne les emprisonnions pas dans nos conduits artificiels et sales, nous ne les verrions jamais écumer ni se ternir.
Pour nous figurer cette conversation hardie et charmante, il nous faut prendre les correspondances, les petits traités, les dialogues de Diderot et de Voltaire, ce qu’il y a de plus vif, de plus fin, de plus piquant et de plus profond dans la littérature du siècle ; encore n’est-ce là qu’un résidu, un débris mort. […] Notez les cris qui l’accueillent : « Vive l’auteur de la Henriade, le défenseur des Calas, l’auteur de la Pucelle !
« J’admirais sous ces habits une femme d’une haute stature ; ses yeux grands et vifs s’arrêtaient autour d’elle avec douceur et bonté. […] Il y a dans le désert des hommes tellement instruits par leur observation assidue de la nature, par leur vive intelligence et leur habitude de réfléchir, qu’on ne peut lutter de science avec eux : d’autres, à une grande ignorance, allient un bon sens et une sagacité qui étonnent.
Avec des sens plus délicats, plus impressionnables, plus raffinés ; avec des sensations plus vives et plus pénétrantes ; avec un goût plus délicat, que tous les objets dont il est entouré blesseraient ou ne pourraient satisfaire ; obligé de vivre toujours dans une sphère qui répugnerait à la perfection de ses organes, il vivrait de souffrance, ou périrait de désir ». […] Il s’en référait pour les détails aux explications que le messager donnerait de vive voix à Cornélia.
Ils ont bien tort de dire que le peuple est ingrat ; un accident l’a enlevée il y a trente ans et plus à ses bonnes œuvres ; eh bien, elle est aussi présente dans toutes les familles de dix lieues à la ronde que quand elle passait à pas vifs sur la bruyère de cette montagne, pour aller porter secours à un pauvre homme qui venait de se casser la jambe en tombant d’un noyer ! […] Voilà la mare creusée dans le roc vif au pied du toit pour recueillir l’eau des pluies et arroser le jardin l’été !
Voltaire disait encore qu’il estimerait moins les Provinciales si elles avaient été écrites après les comédies de Molière : on comprendra ce jugement paradoxal, si l’on regarde avec quelle puissance expressive, quel sens du comique, et quel sûr instinct de la vie, sont dessinées les physionomies des personnages que Pascal introduit ; deux pères jésuites surtout, subtils et naïfs, celui dont l’ample figure occupe la scène de la 5e à la 10e lettre, et celui dont la vive esquisse illumine la 4e Provinciale. […] Gilberte Pascal (1620-1687) épousa en 1641 Florin Périer, conseiller à la cour des Aides de Clermont ; Marguerile Périer, la miraculée, et Etienne Périer, l’auteur de la Préface de 1670, sont ses enfants. — Jacqueline Pascal (1625-1661), esprit vif, imagination de feu, fut comme une enfant prodige, obtint à treize ans un prix de poésie.
Mainte pièce du recueil décèle chez lui des sources de tendresse élégiaque plus abondantes et plus vives qu’il n’en avait découvert jusqu’ici, quoique, même en cela, le grave et le sombre dominent. […] Un souffle lyrique y circule, les larmes y coulent comme la source vive.
Le troisième champion des modernes, Lamotte, reprit la thèse de Perrault, et ce dut être un vif dépit pour Boileau de voir Perrault ressuscité ; et, pour comble, de ne pouvoir s’en fâcher. […] La science qui explique la nature et la marche des corps célestes pourra trouver des expressions plus grandes, mais non plus vives, pour graver dans notre esprit les deux plus grandes idées, après celle de Dieu, l’ordre universel et l’infini.
Octave Maus, sont une très vive et noble impression de Parsifal et surtout de Tristan. […] J’ai lu et relu cette page étrange ; je l’ai écoutée avec l’attention la plus profonde et un vif désir d’en découvrir le sens ; eh bien !
tant mieux pour l’Allemagne ; et vive cet art, puisqu’il est un art ! […] Comme au premier tableau, les lignes verticales et horizontales se contrebalancent, sauf en certains moments d’élévation solennelle et pieuse quand Parsifal s’agenouille devant la lance, quand Kundry, debout profile son ombre noire sur le fond, et plus tard, quand les trois silhouettes de Parsifal et Gumenanz, puis de Kundry, s’avancent lentement toutes sombres devant le rayonnement passionnément vif de la prairie illuminée du soleil, d’où monte comme une hymne de couleurs, de lumières douces et resplendissantes à la fois.
Pourquoi nous-mêmes, malgré de vives sympathies pour l’auteur, demeurons-nous hésitants et froids devant son œuvre ? […] Il a été trop exigeant envers lui-même, en se refusant ces vives et larges peintures ; il n’a pris que le côté abstrait de son sujet.
Roederer, poussé par son goût pour la vérité nue et la réalité, a mieux fait pourtant : il a copié aussi des scènes qu’il avait sous les yeux, de vraies conversations de son temps, toutes naturelles, toutes vives.
J’ai laissé ce récit dans son admiration un peu naïve, comme étant celui d’un témoin qui s’est peut-être exagéré le péril, mais qui rend du moins une vive impression personnelle.
Ces camarades, qu’il ne nomme pas, outre Varignon, l’ardent géomètre, c’était quelquefois l’abbé de Vertot, Normand aussi et d’une imagination vive, qui venait les visiter et loger sous leur toit ; c’était ce penseur fin et neuf, et alors très hardi, Fontenelle : J’étais leur compatriote, nous dit celui-ci, et j’allais les voir assez souvent, et quelquefois passer deux ou trois jours avec eux : il y avait encore de la place pour un survenant… Nous nous rassemblions avec un extrême plaisir, jeunes, pleins de la première ardeur du savoir, fort unis et, ce que nous ne comptions peut-être pas alors pour un assez grand bien, peu connus.
Le Retour est d’un bel élan au début, d’un jet vif et bien lancé : Ah !
Elle doit désirer que son œuvre du moins subsiste, que cette meilleure part d’elle-même où elle a mis le plus vif de sa pensée et toute sa flamme, entre dorénavant dans l’héritage commun, dans le résultat général du travail humain, dans la conscience de l’humanité : c’est par là qu’elle se rachète et qu’elle peut vivre.
Sully Prudhomme, à son tour, s’adresse à Musset ; il le prend sur un tout autre ton avec toutes les cérémonies et tous les respects, mais ce n’est que pour mieux marquer sa dissidence et pour faire acte de séparation : on ne dira pas du moins qu’il ne l’a pas senti et loué comme il faut : Toi qui naissais à point dans la crise où nous sommes, Ni trop tôt pour savoir, ni, pour chanter, trop tard, Pouvant poser partout sur les œuvres des hommes Ton étude et ton goût, deux abeilles de l’art ; Toi dont la muse vive, élégante et sensée, Reine de la jeunesse, en a dû soutenir Comme un sacré dépôt l’amour et la pensée, Tu te plains de la vie et ris de l’avenir !
» Mais on ne s’en tenait pas là, et il devenait trop clair que, pour une raison ou pour une autre, tout ce qui avait une plume et savait s’en servir d’une manière vive, acérée, spirituelle, venait se ranger dans des cadres opposés, et prenait plus ou moins parti contre vous.
Avec ce vif sentiment de la réalité que nous avons déjà vu en lui, il voit le tableau, et le fait voir : Avant de déclamer, et tout en déclamant, il nous met sous les yeux la peinture ou il accroche ses réflexions ou ses effusions : en cinq lignes, en une demi-page, il nous en donne la sensation.
Les acteurs français ne pouvaient lutter avec ces étrangers : « La comédie telle que ceux-ci la jouaient, dit Brantôme, était chose que l’on n’avait encore vue et rare en France, car, par avant, on ne parlait que des farceurs, des conards de Rouen, des joueurs de la Bazoche et autres sortes de badins. » Ce qui devait offrir surtout un vif attrait, c’était la présence d’actrices élégantes jouant les rôles féminins, tandis que les rôles de femmes étaient tenus chez nous par des hommes.
D’après la thèse individualiste, l’art aurait son origine dans l’inspiration personnelle de certains hommes doués d’une sensibilité plus vive que les autres et capables d’exprimer plus fortement leurs émotions.
Ceux chez qui l’antinomie arrive à son point culminant de sensibilité douloureuse sont des âmes complexes et délicates, ayant à la fois un besoin profond d’idéal, des aspirations vers une sociabilité supérieure, et un vif sentiment de l’individualité, un esprit d’indépendance qui les prédispose à souffrir des contraintes, des tyrannies et des hypocrisies inséparables de toute vie sociale (Vigny par exemple).
La civilisation, par l’extrême délimitation des droits qu’elle introduit dans la société et par les entraves qu’elle impose à la liberté individuelle, devient à la longue une chaîne fort pénible et ôte beaucoup à l’homme du sentiment vif de son indépendance.
Les mouvements vifs, au contraire, causent une grande excitation des nerfs.
Tels sont les motifs entre lesquels a lieu le conflit : tantôt c’est entre deux motifs actuels qu’a lieu la lutte, tantôt entre un motif actuel et une idée, et celle-ci restera victorieuse, si le souvenir est assez vif pour que l’idéal remporte sur le réel, comme chez les gens très préoccupés de leur santé.
Je les avais presque toujours lus avant qu’ils n’en parlassent et j’écoutais ces messieurs avec un très vif intérêt.
Or, Jules Janin, tête sans métaphysique supérieure, ayant le bon sens et le discernement mais sans haute portée et sans grande profondeur, se vengeant de cette médiocrité par une imagination adorablement colorée et par la plus vive sensibilité d’écrivain, n’avait ni cette fermeté de jugement, ni cette connaissance des lois de l’esprit, ni ces principes qui constituent la Critique et son mâle génie.
L’espèce de chronique qu’Amédée Renée nous entrouvre ne manque donc ni de vif, ni de risqué, ni même de scandaleux ; mais l’historien se possède si parfaitement qu’il est impossible d’indiquer avec plus de sûreté et moins d’insistance à la fois les vices de cette société, dont la corruption très réelle et très foncée ne nous frappe plus parce que le vermillon effronté de la Régence et du règne de Louis XV l’a décolorée par le contraste.
Pour beaucoup de raisons, dont nous dirons quelques-unes, la correspondance de Stendhal, quand elle parut, dut exciter un vif intérêt de curiosité, s’il y a encore un sentiment de ce nom au service des choses de la pensée, dans ce monde matérialisé.
Pour beaucoup de raisons, dont nous dirons quelques-unes, la Correspondance de Stendhal, quand elle parut, dut exciter un vif intérêt de curiosité, s’il y a encore un sentiment de ce nom au service des choses de la pensée, dans ce monde matérialisé.
Et pour rendre la leçon plus complète et plus vive, il en fait une petite scène.
Je relève seulement les erreurs qui portent soit sur la méthode, soit sur les points vifs du sujet.
Il semble que cette nation spirituelle et vive, dans un climat doux et voluptueux, livrée à tout ce qui peut amuser l’imagination et enchanter les sens, s’occupe plutôt à jouir des impressions qu’elle reçoit qu’à les transmettre, et dans l’expression des arts même, cherche encore plus à intéresser les sens que l’âme et l’esprit.
ne voit-on pas dans Homère un Conseil des héros, βουλή, où l’on délibérait de vive voix sur les lois, et un Conseil du peuple, ἀγορά, où on les publiait de la même manière.
Sa bouche avait été mille fois souillée ou par des discours de passion ou par des libertés criminelles, elle la purifie par les marques les plus vives d’une plus sainte tendresse : Et osculabatur pedes ejus. […] Il y a bien du mensonge poétique aussi ; et de danser avec son peuple autour de l’arche sainte, l’Ecriture même nous est témoin que ce n’a pas toujours été pour David « un plaisir assez vif ». […] Le succès ne fut donc pas si vif ! […] Son désespoir fut aussi profond de quitter Paris que son désenchantement, jadis, avait été vif d’y débarquer. […] Il n’est pas douteux, à vrai dire, que sa pénétration soit vive et son observation souvent profonde.
La pièce est claire du reste et souvent comique ; Elle a de la verve et une allure vive et alerte. […] Elle n’eut aucun succès et n’en pouvait avoir un qui fût bien vif. […] Il faut le piquer plus au vif. […] C’est un homme sans aucune instruction, qui a été élevé par une mère très pieuse et du reste assez bornée et qui n’a eu qu’une passion vraiment vive, la peur des peines éternelles. […] Il est infiniment susceptible, et la vanité d’artiste, la plus vive peut-être qui soit, lui fait oublier toute prudence, et l’auteur en lui l’emporte sur l’intrigant, trait extrêmement caractéristique, lorsque sa vanité a reçu une piqûre.
Jules Renard sont la netteté, la précision, la verdeur ; ses tableaux de vie, parisienne ou champêtre, ont l’aspect de pointes sèches, parfois un peu décharnées, mais bien circonscrites, bien claires et vives. […] C’est la vie : écoutez, la source vive chante L’éternelle chanson sur la tête gluante D’un dieu marin tirant ses membres nus et verts Sur le lit de la Morgue… et les yeux grands ouverts. […] L’auteur d’Ancilla, de Mortuis ignotis et de Tables vives apparaîtrait ce qu’il est vraiment, hors de tout travesti, — un bon poète. Voici une partie de Tables vives, dont le titre est obscur, mais dont les vers sont de belle clarté, malgré le son trop connu de quelques rimes trop parnassiennes et quelques incertitudes verbales : … Apprenez à l’enfant à prier les flots bleus, Car c’est le ciel d’en bas dont la nue est l’écume, Le reflet du soleil qui sur la mer s’allume Est plus doux à fixer pour nos yeux nébuleux.
« On se trouvait alors dans une période, pendant laquelle la vie des peuples ainsi que la vie des individus semblait se précipiter avec un courant plus vif et plus rapide. […] Ses contemporains ne voyaient pas que dans une âme ardente, dans une imagination aussi vive et aussi riche que la sienne, la négation devenait une affirmation passionnée, une fureur de destruction et de vengeance qui touchait de plus près qu’on ne le croit à la réhabilitation de la religion dans le sentiment naturel. […] À la connaissance approfondie des chefs-d’œuvre de la littérature allemande, qu’elle n’aurait pas eu le temps d’acquérir pendant le séjour de deux ans qu’elle fit en Allemagne, Mme de Staël suppléait par une intelligence pénétrante et vive qui lui faisait tout comprendre à demi-mot. […] Quant à la nature, à ses suaves harmonies, à ses fraîches et vives inspirations, la poésie française paraissait les ignorer. […] Il exprime, en effet, plus que toute autre cet esprit, vif, railleur, entreprenant, aimant l’action, et par-dessus tout grand parleur, peritus dicendi, qui est, ainsi qu’en jugeait déjà César, l’esprit national de la race gauloise.
C’est de Massillon, si j’ai bonne mémoire ; mais on en peut dire autant de Bernardin de Saint-Pierre ; et dans ses Études de la nature, sous la sentimentalité de sa manière, qui va quelquefois jusqu’à la fadeur, il y a toujours quelque chose de vif, de pénétrant, et presque de passionné. […] Biré en a tiré des renseignements du plus vif intérêt. […] Il faut encore que le dialogue y ait quelque chose de plus vif et de plus large à la fois ; de plus décisif et de plus « coupant », si je puis ainsi dire. […] Ai-je besoin de résumer l’Histoire de Sibylle, de rappeler ce qu’elle excita d’émotion en son temps, ce qu’elle provoqua de vives controverses ? […] Vive Renaudot !
un amour timide et irréprochable, mais encore assez vif et tendre. […] C’est très simple, mais c’est très net, très précis, très vif. […] Racine leur répliqua dans une seconde lettre, aussi spirituelle et, je crois, encore plus brillante et vive que la première. […] Il se déclara hautement pour la pièce ; et toute la cour après lui : si bien que Britannicus, tombé d’abord à Paris, y fut repris peu après avec un succès assez vif. […] Des sept personnes (en comptant Nicolas Cornet) dont Bossuet a fait l’oraison funèbre, elle est la seule pour qui il ait eu une affection personnelle et vive, et l’on peut dire de la tendresse.
Le secret a été admirablement gardé, et, quand Landrol, après le succès qui fut très vif, vint dire aux spectateurs : “Mesdames et messieurs, je vous donne ma parole d’honneur que nous ne connaissons pas l’auteur de la pièce que nous venons de représenter devant vous”, il ne mentait pas. […] pouvoir entrer en elle, et que mon rêve s’emmielle à leurs âmes, et que je vive en elles comme un autre ange gardien ! […] « Je sentis d’abord courir dans ma poitrine une vive flamme ; ma face se fleurit, et mon âme, dans un frémissement suave, s’enivra de beautés de toutes sortes. […] Bien monté, rien ne lui était plus facile que de se retirer ; mais il songea d’abord à ses hommes et sauva jusqu’au dernier en les prenant, sans descendre de cheval, avec une seule main, par la nuque, puis en les jetant avec leurs armes par-dessus une haie vive, épaisse, qui les remparait. […] Ordre des marches, leur durée ; lieux de convergence ou de réunion des colonnes ; surprises, attaques de vive force ; mouvements divers et fautes de l’ennemi ; tout, dans cette dictée si subite, était prévu !
« Les fils d’archal… dit le père en donnant un soufflet à son fils, lequel soufflet communiqua un vif ébranlement à la sonnette. […] Bonde en traînant Casimir plus mort que vif. […] C’est dans la conversation qu’on est le plus vif, le plus varié, le plus profond et le plus amusant en effet. […] Réalisme est mort, vive le Réalisme ! […] Couleur exacte, surtout et vive !
Le personnage du « brigand honnête », à beaux sentiments, un peu trop vif à redresser les torts du prochain, mais toujours animé des meilleures intentions, qui régnait sur le théâtre au commencement de ce siècle, était sans doute exagéré ; mais il avait du vrai : avec beaucoup d’atténuations il se retrouve dans la vie. […] Ceux d’entre eux qui auront les plus vifs besoins d’adoration brûleront quelque encens en l’honneur de Renan, comme jadis le bon Ficin en l’honneur de Platon ; les moins zélés se contenteront de le traduire en des langues futures. […] Or, tout récemment, dans un article qui a soulevé de vives discussions, il se faisait l’apologiste de la « critique objective ». […] Mais, entourés que nous sommes par les diverses formes du mal, qui exposent notre corps et notre âme à de continuels dangers, nous pouvons, selon que nous en avons le sentiment plus ou moins vif, échapper à leur tyrannie. […] Mais son observation se dirige toujours de préférence sur les autres, sur ceux qui sont ses frères d’esprit, sur les anxieux qui ont au degré le plus vif la conscience de leur misère et, par conséquent, le désir d’y échapper.
Ce n’est pas avec de tels instincts qu’on atteint vite à la culture ; pour la trouver naturelle et prompte, il faut aller la chercher dans les sobres et vives populations du Midi. […] Beaucoup d’entre eux sont assassinés par leurs thanes ; tel thane est brûlé vif ; les frères s’égorgent en trahison. […] » Si peu nombreux que soient les chants qui nous restent, ils reviennent sur ce sujet : l’homme exilé pense en rêve à son seigneur47 ; « il lui semble dans son esprit — qu’il le baise et l’embrasse, — et qu’il pose sur ses genoux — ses mains et sa tête, — comme jadis parfois, — dans les anciens jours, — lorsqu’il jouissait de ses dons. — Alors il se réveille, — le mortel sans amis. — Il voit devant lui — les routes désertes, — les oiseaux de la mer qui se baignent, — étendant leurs ailes, — le givre et la neige qui descendent, mêlés de grêle. — Alors sont plus pesantes — les blessures de son cœur. » — « Bien souvent, dit un autre, nous étions convenus tous deux — que rien ne nous séparerait, — sauf la mort seule. — Maintenant ceci est changé, — et notre amitié est — comme si elle n’avait jamais été. — Il faut que j’habite ici — bien loin de mon ami bien-aimé, — que j’endure des inimitiés. — On me contraint à demeurer — sous les feuillages de la forêt, — sous le chêne, dans cette caverne souterraine. — Froide est cette maison de terre. — J’en suis tout lassé. — Obscurs sont les vallons — et hautes les collines, — triste enceinte de rameaux — couverte de ronces, — séjour sans joie… — Mes amis sont dans la terre. — Ceux que j’aimais dans leur, vie, — le tombeau les garde. — Et moi ici avant l’aube, — je marche seul — sous le chêne, — parmi ces caves souterraines… — Bien souvent ici le départ de mon seigneur — m’a accablé d’une lourde peine. » Parmi les mœurs périlleuses et le perpétuel recours aux armes, il n’y a pas ici de sentiment plus vif que l’amitié, ni de vertu plus efficace que la loyauté.Ainsi appuyée sur l’affection puissante et sur la foi gardée, toute société est saine.
vous qui êtes nos pères, nos bienfaiteurs, — commença-t-il à crier d’une voix haute et traînante, et en donnant à sa physionomie une expression d’attendrissement si vif qu’il semblait au moment de verser un torrent de larmes, — vous avez donc daigné venir nous visiter ! […] Le temps était beau quoiqu’on fût déjà en plein automne ; un ciel pâle, mais limpide se montrait gaiement à travers les branches d’une rangée de tilleuls entièrement dépouillés de verdure, qui avaient encore gardé ça et là quelques dernières feuilles d’un jaune vif que le vent agitait par moment. […] À un tel peuple, il ne faut pas de longs ouvrages, il lui faut des scènes vives, courtes, simples et touchantes tout à la fois : les poëmes presque pastoraux de la vie russe.
Les montagnes dont il sort sont de roche vive, assez égales et assez unies, entr’ouvertes çà et là par des ventouses ou soupiraux pour donner passage aux vents, comme l’on en voit aux murs des bastions en quelques pays. […] Il s’en approcha pour le redresser, et il trouva le chamelier dedans avec la dame: de quoi étant également surpris et outré, il les fit enterrer tous deux tout vifs sur-le-champ. […] Il leur dit « qu’il ne doutait pas qu’ils ne l’eussent tous appris d’eux de la même sorte, et qu’ainsi ils auraient connu comment leur défunt monarque avait rendu l’esprit, sans avoir déclaré par écrit ni de vive voix auquel de ses deux fils il laissait le sceptre, et que, par cela, il était de leur devoir de procéder à cette élection au plus tôt, tant pour ne laisser davantage dans une condition privée celui des princes à qui la Providence avait destiné la couronne, que pour mettre l’État en sûreté, qui courait toujours fortune tandis qu’il n’aurait point de maître, vu qu’il en était des monarchies comme des corps animés, qu’un corps cesse de vivre au moment qu’il demeure sans tête, un royaume tombait dans le désordre au moment qu’il n’avait plus de roi ; que, pour éviter ce malheur, il fallait, avant de se séparer, élire de la sacrée race imamique un rejeton glorieux qui s’assît au trône qu’Abas II venait de quitter pour aller prendre place dans le ciel ; que ce monarque, de triomphante mémoire, avait laissé deux fils, comme il s’assurait que personne de ceux devant qui il parlait ne le révoquait en doute, l’un, Sefie-Mirza, qui était venu au monde il y avait environ vingt ans, et avait été laissé dans le palais de la Grandeur en la garde d’Aga-Nazir ; l’autre, Hamzeh-Mirza, âgé de quelque sept ans, qui se trouvait ici près d’eux à la cour, sous la garde d’Aga-Mubarik, présent en leur assemblée ; que, de ces deux, après avoir invoqué le nom très-haut, ils choisissent celui que le vrai roi avait préparé pour le lieutenant du successeur à attendre. » Par ce successeur à attendre, les Perses veulent dire le dernier des imaans (îmâm), qui est dans leur opinion comme leur Messie, dont ils attendent à tout moment le retour.
Nous avons eu peu, dans notre vie, de joies aussi vives. […] Et elle semble entourée des petites infantes du maître, assises à côté d’elle, de ces petites senoritas, la raie de côté, les cheveux piqués du rouge d’un ruban ou d’une fleur de grenadier, le sourcil tressaillant, le front bossué, le teint chaudement pâle avec la tache de fard de leurs joues, un vermillonnement à la Goya. — Je les voyais tout à l’heure dans le jardin, les petites senoritas, vives comme le vif-argent, et déjà jambées de mollets de danseuses, petites-filles des fameuses saltatrices gaditanes. […] Il s’y faisait bâtir une maison, et servir par une espèce de jardinier, qui lui fricotait son petit repas du matin et du soir, et sans vouloir recevoir âme qui vive, il restait sept ans en cravate blanche, sur cette hauteur, à prendre son vol pour l’éternité.
XVII L’année précédente j’avais satisfait presque aussi malheureusement ma passion, bien plus vive encore, d’apercevoir madame de Staël et de graver cette Sapho du siècle dans un souvenir immortel de mes yeux. […] … Vive L*** ! […] Vive la république démocratique et sociale !
Et je revois la joie de ses yeux, je revois la joie de ses mains, de ses vives et souples mains qui touchaient aux fleurs avec cette grâce respectueuse et caressante, avec cette jouissance tactile qu’elles avaient lorsqu’il tirait de ses vitrines, pour nous le montrer, un fragile et incomparable bibelot. […] Non qu’il fût ce qu’on appelle un misogyne — il se plaisait infiniment dans la société des femmes, et il savait s’y montrer charmant, — mais il ne voulait pas sacrifier à un plaisir, quelque vif qu’il fût, ce qu’il considérait comme le devoir, si douloureux fût-il parfois. […] Et son intelligence demeure intacte, plus vive que jamais, peut-être, dans ce corps livré à tous les assauts, à tous les ébranlements de la souffrance. […] Les deux autres que j’aime, L’Holocauste pour sa sensibilité aiguë et son lyrisme passionné, Sagesse et destinée pour la vive, calme et pacifiante lumière qui allume dans les âmes, viendront ensuite. […] Dans Monna Vanna, les êtres et les choses se concrètent, se dessinent, nettement, en traits vifs, sur des fonds de réalité.
Il faut que les réserves de leur cerveau soient très riches en éléments ; cela suppose un apport constant de la sensation ; cela suppose donc une sensibilité très vive et une capacité de sentir incessamment renouvelée. […] L’inventaire des contradictions d’autrui n’est pas moins difficile, s’il s’agit d’un homme en particulier ; on se heurte à l’hypocrisie qui a précisément pour rôle social d’être le voile qui dissimule l’éclat trop vif des convictions bariolées. […] C’est, en somme, une amitié passionnée, aussi vive et aussi jalouse que l’amour physique, mais dégagée de l’idée de plaisir charnel, comme cette dernière idée s’était dégagée de l’idée de génération. […] Chailley — Bert, etc., ont obtenu partout, et notamment à la Haye et à Amsterdam, un succès très vif et très mérité. […] Cette innovation hardie a provoqué une vive opposition de la part des défenseurs de la vieille méthode des traductions.
Lamartine avait risqué une allusion un peu vive au conventionnel Égalité. […] Aujourd’hui l’adhésion si vive des jeunes lettrés provoquerait peut-être une réaction en faveur de cette œuvre inspirée. […] Sa figure s’animait, sa parole devenait prompte et son geste extrêmement vif. […] Homme bienfaisant dans sa vie privée, vif dans ses ressentiments, mais plus d’une fois généreux et capable d’affections tenaces, il se fût élevé plus haut dans la sphère morale, s’il eût déployé plus tôt la vaillance des opinions. […] Et pourtant le génie d’Edgar Quinet est si naturellement poétique, si riche son imagination, sa pensée si élevée et si noble, sa sensibilité si vive et si frémissante, que les beaux vers s’élancent en grand nombre.
Il est aperçu, lueur trop vive, à travers la joliesse rose d’un écran. […] Des draperies de lierre et de vigne vierge empourprée voilaient sa base ; puis, au-dessus des plantes grimpantes aux larges jets flexibles, éclatait la fanfare des couleurs plus vives. […] Bergère, elle convertit des élégantes et les fait s’écrier : « Vive la nature ! […] Ce succès me comble d’une joie d’autant plus vive que l’aimable garçon, malgré son surnom, n’est nullement égoïste : Sans-Souci se soucie beaucoup des malheurs de sa famille, et des défaites de la France. […] Son imagination est vive.
Prédisposé au mysticisme par le sentiment très vif qu’il avait de la nature, de la vie qui l’anime, des relations qui nous unissent à elle ainsi que les mondes aux mondes, subjugué par l’intuition foudroyante de l’immanence universelle, son imagination fut de bonne heure séduite par le déploiement splendide de la philosophie allemande. […] Jamais tant de problèmes n’ont attendu de solutions plus pressantes, jamais l’inquiétude générale des peuples n’a été si vive, jamais le fléchissement des consciences et la désorientation des âmes n’ont été si universels, jamais un avenir plus sombre n’a entr’ouvert des perspectives plus redoutables qu’à l’époque où nous sommes parvenus. […] Privée par là des forces vives du pays, leur politique reflétera fidèlement les inconséquences et les caprices des volontés populaires, et le fruit de cette première injustice sera l’avilissement du prestige national. […] Il n’est pas d’exemple plus bienfaisant ni d’une portée plus considérable, que celui de ce philosophe septuagénaire dont l’existence s’est écoulée tout entière dans la méditation des choses de l’esprit, et qui a su garder intacte la flamme vive de son cœur, et déposer les plus hautes spéculations de son intelligence sur l’autel de la charité. […] Et l’Apôtre, malgré les tribulations de son ministère, malgré les dénuements de son pèlerinage, était, sans doute, moins pauvre que les enfants d’un siècle riche de tous les trésors du inonde, mais qui sent tarir ses forces vives et touche le fond de sa vitalité.
Vive le travail ! […] Il faut inventer des catachrèses qui empalent, des métonymies qui grillent les pieds, des synecdoques qui arrachent les ongles, des ironies qui déchirent les sinuosités du râble, des litotes qui écorchent vif, des périphrases qui émasculent et des hyperboles de plomb fondu. […] En d’autres temps, l’Église étant toute vive et très forte, un assez grand nombre de coupe-jarrets lui faisaient la guerre. […] Une telle façon de sentir, évidemment, n’est pas de nature à produire une critique extrêmement vive dans le sens vulgaire et malveillant que l’on veut absolument donner à ce mot. […] Les Poètes, ces Tantales de l’infini, peuvent bien conseiller ou même verser l’ivresse aux altérés qui leur ressemblent, mais s’ils ne rencontrent pas la source vive, toute la pauvre terre mourante de soif ne donnerait pas un breuvage assez capiteux pour les enivrer eux-mêmes.
À bas Satan qui n’est qu’un… Et vive la bonne littérature ! Doncques vive Paul Verlaine, — en outre ! […] Virgile eut toujours un goût très vif pour les jeunes Romains. […] Les deux côtés de la route, bordée de belles haies vives, étaient pour ainsi dire semés de gras moutons et de poulains agiles, vaquant en liberté. […] La mort l’a surpris laissant inachevée une pièce en trois actes, en vers, plutôt littéraire que théâtrale ; le premier acte est un long monologue de Louis XVII au Temple Cette pièce dont nous n’avons qu’un acte et demi devait s’appeler Louis XVII, puis Vive le Roy.
Son âme vive, mais tempérée, avait des goûts, mais point de jalousie ; il ne demanda jamais compte à Juliette de ses préférences ; il ne chercha ni à l’arracher à l’amour, ni à l’entraîner à la dévotion ; son affection ne mêle pas à l’encens du monde l’odeur de l’encens des cathédrales ; c’est un gentilhomme, ce n’est point un mystique ; son amour ne rougissait pas d’aimer. […] Quant à lui, plus mort que vif, il allait partir pour la campagne, où il resterait jusqu’à ce que la réponse de l’Empereur fut connue.
IV Je glisse sur les premières années de ce rejeton des Nelli et des Machiavelli ; son intelligence vive, étendue, profonde et éloquente comme la passion, le fit remarquer avant l’âge. […] Nation légère comme la Grèce sa mère, superstitieuse comme l’Espagne sa nourrice, héroïque par accès comme les Normands ses conquérants, intelligente et vive comme des Français de l’Italie, à la fois servile et frémissante envers les papes ses voisins, qui la revendiquaient comme un fief de Rome, cette nation, par la souplesse de son caractère et par la promptitude de son esprit, était admirablement apte à modifier ses institutions selon le caractère de ses dynasties passagères.
Puis Cicéron, l’homme d’État malheureux, se réfugiant dans la nature, conserve dans son cœur, en proie aux passions politiques, un goût vif pour la nature et l’amour de la solitude. […] « La connaissance des œuvres de Virgile et d’Horace est si généralement répandue parmi toutes les personnes un peu initiées à la littérature latine, qu’il serait superflu d’en extraire des passages pour rappeler le vif et tendre sentiment de la nature qui anime quelques-unes de leurs compositions.
Elle tire sa valeur surtout de son style qui est d’une qualité rare, et du tact avec lequel Corneille a déterminé quelques-unes des conditions du genre : il fixe la comédie dans son juste ton, entre le bouffon et le tragique ; il marque le mouvement du dialogue, vif, naturel et agissant ; et, bien qu’il n’ait pas précisément dessiné de caractères, il place dans la forme morale du personnage principal la source des effets d’où jaillit le rire. […] la lourdeur du provincial, l’ignorance pédante des médecins, que d’autres détails encore sont pris dans le vif de la société contemporaine !
« Vive le mélodrame où Margot a pleuré. » Il n’eut donc souci que de dire les joies et les tristesses de son âme. […] Mais des rythmes de chanson, très habilement choisis en vérité : des rythmes nets, vifs, qui saisissent l’oreille, que le vers impose presque à la simple lecture, par sa coupe précise et arrêtée.
Malgré tout, nous ne haïssons point ces livres qui nous offrent tant de sensations emmagasinées et tant d’humanité toute vive et toute proche de nous. […] On dirait souvent qu’ils nous livrent le travail préparatoire de leur style, non leur style même, parce que l’impression de l’artiste se fait sentir plus immédiate et plus vive dans l’ébauche intempérante que dans la page définitive, et qu’ils craignent, en châtiant et terminant l’ébauche, d’en amortir l’effet.
Notre vulgarité d’aperçus nous permet à peine d’imaginer combien un tel état différait du nôtre, quelle prodigieuse activité recélaient ces organisations neuves et vives, ces consciences obscures et puissantes, laissant un plein jeu libre à toute l’énergie native de leur ressort. […] Le vulgaire ne voit que de vives couleurs et des formes élégantes.
Mes chers amis, Édouard Thierry (ceci est confidentiel) m’a exprimé un vif désir de connaître votre pièce. […] Aussi est-ce à un point de vue non officiel et absolument amical qu’il vous prie de faire connaître votre pièce à l’homme de lettres Édouard Thierry, à qui elle inspire une vive curiosité.
L’impatience du public était si vive, que Rosa ou la Fille mendiante, de Mme Bennett, se traduisait à Paris à mesure que les feuilles de l’original s’imprimaient à Londres (Décade, 20 brumaire an VI). […] Une œuvre littéraire, alors même qu’elle n’aurait aucune valeur artistique, acquiert une haute valeur historique, du moment que le succès l’a consacrée ; le critique matérialiste peut l’étudier avec la certitude de saisir sur le vif les impressions et les opinions des contemporains.
On conçoit quelle vive impression de la littérature de pareilles scènes, de pareils sites, de telles lectures et de tels entretiens devaient donner à l’esprit d’un enfant. […] Que je vive dans la mémoire de Dieu, je me ris de celle des hommes !
Cet enfant fait briller à mes yeux le germe d’une grandeur héroïque, semblable à une vive étincelle qui doit bientôt s’étendre en un vaste incendie. […] Voyez-le vous-même : ce regard vif, animé, parlant, n’est-il pas celui de Sita ?
Bien qu’il y ait toujours une certaine concurrence entre les individus des diverses espèces, si peu nombreuses qu’elles soient, qui occupent un étang, cependant, comme ces espèces sont en petit nombre en comparaison de celles qui vivent sur la terre, la concurrence est probablement moins vive entre les espèces aquatiques qu’entre les espèces terrestres. […] D’après la longueur du temps écoulé depuis que de nouveaux habitants se sont établis dans une région quelconque ; d’après la nature et la facilité des communications qui permirent à certaines formes de s’y introduire en plus ou moins grand nombre, à l’exclusion de toutes les autres ; selon que ces divers colons se firent entre eux une concurrence plus ou moins vive, qu’ils eurent à la soutenir contre les indigènes, ou que les immigrants furent susceptibles de varier plus ou moins rapidement, il dut s’ensuivre en chaque différente région, et indépendamment de ses conditions physiques, des conditions de vie infiniment diverses, et un ensemble presque infini d’actions et de réactions.
Une vive lumière éclairera alors l’origine de l’homme et son histoire. […] Dans l’hypothèse où tous les êtres seraient sortis d’un germe unique, il n’est pas douteux que, jusqu’à ce que ce type primitif se fût multiplié de manière à peupler tout le globe, il n’y aurait point eu de variations accumulées dans une direction définie, la concurrence vitale, et la sélection qui s’ensuit, n’existant pas ; mais aussi il n’y aurait eu ni sélection naturelle ni hérédité pour empêcher toutes les déviations possibles du type primitif, de sorte que les variétés eussent pu se produire et se multiplier sans empêchement Si, au contraire, les germes primitifs ont été produits en nombre immense à la surface du globe, ces êtres très simples, très semblables entre eux et probablement doués d’une grande puissance de reproduction comme tous les êtres inférieurs, durent se faire une concurrence assez vive dès le principe ; et, comme on l’a déjà vu autre part, la variabilité n’ayant pas à lutter contre les tendances héréditaires, si puissantes de nos jours, de nombreuses variétés durent se former en divergeant rapidement de caractères, de manière à s’adapter à toutes les conditions de vie alors possibles ; de sorte que, dès l’époque silurienne, tous les principaux types de l’organisation étaient déjà produits et fixés.
Ce mouvement, purement utilitaire, qui couvre le monde entier d’un réseau de chemins de fer, qui pousse sur tous les océans des flottes de navires à hélice, qui bâtit de vastes usines, qui substitue chrétiennement la force de l’association à la faiblesse individuelle, qui brise les vieux liens qui nouaient l’essor de la société, qui détruit les hiérarchies conventionnelles, qui se préoccupe surtout des classes déshéritées et qui cherche à donner à chacun une somme de bien-être plus grand, de vertus plus hautes, d’intelligence plus rayonnante, ce mouvement a besoin d’être dirigé ; pourquoi la littérature ne se chargerait-elle pas de cette mission qui se rattache aux œuvres vives du corps social actuel ? […] Qu’il oublie le fatras des choses éteintes et qu’il vive avec son temps et pour lui.
Il est nécessaire que l’homme vive en société, et s’astreigne par conséquent à une règle. […] — Écoutez, je vais vous confier un secret que je n’ai encore révélé à âme qui vive.
Une jouissance vive et continue tend à épuiser le fond de l’activité nerveuse, de même qu’un affaiblissement de cette activité causé par un certain état pathologique amène une éclipse de la sensibilité. […] Mais le spiritualisme le plus décidé ne peut nier que cette merveilleuse flamme de la vie morale ne brille d’un éclat plus vif que pour s’éteindre enfin dans la ruine de l’être physique, et que la loi de corrélation des forces finit toujours par triompher.
Pourtant ici encore la personnalité humaine, individuelle ou collective, est seule en scène ; elle y paraît avec la gravité que l’impassible génie de l’historien sait communiquer à tout ce qu’il touche, tandis que la naïve sensibilité et la vive imagination d’Hérodote répandent leurs charmes sur les choses et les hommes dont il parle. […] Henri Martin, n’est-elle pas aussi tout entière dans la vive et brillante histoire de France de M.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile.
Les premiers paysages qu’il retrace, et qui sont les plus cités dans les cours de littérature, sont ceux de la vallée de Campan et des rives de l’Adour : Je ne peindrai point cette belle vallée qui voit naître (l’Adour), cette vallée si connue, si célébrée, si digne de l’être ; ces maisons si jolies et si propres, chacune entourée de sa prairie, accompagnée de son jardin, ombragée de sa touffe d’arbres ; les méandres de l’Adour, plus vifs qu’impétueux, impatient de ses rives, mais en respectant la verdure ; les molles inflexions du sol, ondé comme des vagues qui se balancent sous un vent doux et léger : la gaieté des troupeaux et la richesse du berger ; ces bourgs opulents formés, comme fortuitement, là où les habitations répandues dans la vallée ont redoublé de proximité… Il finit cette description riante par des présages menaçants qui font contraste, et qui furent trop réalisés l’année suivante (1788) par l’affreux débordement qui dévasta ces beaux lieux.
Ce que voulait Montluc, c’était de s’illustrer par une belle, par une incomparable défense, dont il fût à tout jamais parlé ; et comme il l’a dit du marquis de Marignan : « Il servait son maître, et moi le mien ; il m’attaquait pour son honneur, et je soutenais le mien ; il voulait acquérir de la réputation, et moi aussi. » Entre le marquis de Marignan et lui, c’était donc un pur duel d’honneur, et il s’agissait d’y engager les Siennois, qui jouaient un plus gros jeu, et de s’en faire assister jusqu’à l’extrémité moyennant toute sorte de talent et d’art ; en les séduisant, en les rassurant tour à tour, et surtout en évitant, peuple élégant et vif, de les heurter par la violence ; c’eût été feu contre feu.
Le roi nous a dit qu’il n’avait jamais vu une si belle relation, et qu’il nous la ferait lire. » Les éditeurs ont eu l’heureuse idée de nous faire le même plaisir que Louis XIV à ses courtisans, c’est-à-dire de nous donner le texte même de la relation de M. de Luxembourg, conservée au Dépôt de la guerre, et de laquelle s’étaient amplement servis les historiens militaires du règne ; mais dans sa première forme et dans son tour direct, elle a quelque chose de vif, de spirituel, de brillant et de poli qui justifie bien l’éloge de Louis XIV, et qui en fait de tout point une page des plus françaises.
Vauvenargues a eu ses orages et ses enthousiasmes, mais il ne paraît pas qu’il les ait eus en ce sens ; il y faut renoncer, et ne voir définitivement dans les morceaux tant discutés, et jusqu’ici restés énigmatiques, que les essais d’un écolier généreux, sincère en tant qu’apprenti, mais non les convictions vives de l’homme.
Plus, au contraire, on a une idée délicate et fine du bien et du mieux, plus il est naturel qu’on ait l’ironie prompte et vive, parce qu’on est blessé à chaque pas.
C’est trop, et votre confesseur (je ne me permettrais jamais de m’immiscer dans ces choses, si vous n’étiez tout le premier à nous en parler), — votre confesseur lui-même vous l’a dit : « Vous êtes trop vif, trop aisément irrité. » Mais ce serait à vous de vous le dire.
D’où nous vient-il pourtant ce fonds commun de contes merveilleux, d’ogres, de géants, de Belles au bois dormant, de Petits-Poucets aux bottes de sept lieues, tous ces récits d’un attrait si vif et d’une terreur charmante aux approches du sommeil, qui se répètent et se balbutient avec tant de variantes, des confins de l’Asie aux extrémités du Nord et du Midi de l’Europe ?
Biot eut, dans ses dernières années, une satisfaction des plus vives, une des jouissances les plus sensibles à l’esprit d’un savant.
Ce sont, hommes et femmes, des marionnettes incapables de vivre ; elles ont des proportions habilement conçues, mais, sur leur charpente de bois ou d’acier, ces poupées n’ont absolument que du rembourrage ; l’auteur les fait manœuvrer sans pitié, les tourne et les disloque dans les positions les plus bizarres, les torture, les fustige, déchire leur âme et leur corps, et met sans pitié en pièces et en morceaux ce qui, il est vrai, n’a aucune chair véritable : — et tout cela est l’œuvre d’un homme qui montre de grandes qualités d’historien éloquent, et auquel on ne peut refuser une vive puissance d’imagination, sans laquelle il lui serait impossible de produire de pareilles abominations. » — Vous qui parlez sans cesse de liberté, qui la voulez dans l’art et en tout, soyez conséquents ; sachez admettre et supporter les manières de sentir, même les plus opposées à la vôtre, quand elles sont sincères.
Il avait un goût vif pour les lettres ; il prit grand plaisir de bonne heure à voir les représentations de celui qu’il appelait « le grand Lope de Rueda », batteur d’or de son métier, fameux acteur et auteur de pastorales qui se jouaient avec une extrême simplicité sur des tréteaux.
J’ai pourtant hésité un peu avant de donner cette curieuse épître dans toute son étendue, car elle n’est héroïque qu’à demi ; le commencement en est vif et sent le style de bivouac, à ce point que j’ai dû laisser en blanc deux ou trois mots ; mais le reste se délaye, s’étend, tombe dans le commérage ; on est noyé dans l’abondance des trivialités.
En regard de ces misérables billets écrits en zigzag après boire, et signés Tourlourirette, mettez donc le portrait de cette Louise-Bénédicte, dont Mlle de Launay, qui ne la flatte pas, disait : « Personne n’a jamais parlé avec plus de justesse, de netteté et de rapidité, ni d’une manière plus noble et plus naturelle… Sa plaisanterie est noble, vive et légère. » — Et sans remonter aux autres petites Cours d’une date antérieure, si l’on compare seulement Berny à ses rivales contemporaines, à la Cour du prince de Conti à l’Isle-Adam, à celle du duc d’Orléans à Villers-Cotterets, quelle différence encore, quelle distance !
C’est ne plus voir qu’une idée, lui rapporter tout, et n’apercevoir que ce qui peut s’y réunir : il y a une sorte de fatigue à l’action de comparer, de balancer, de modifier, d’excepter, dont l’esprit de parti délivre entièrement ; les violents exercices du corps, l’attaque impétueuse qui n’exige aucune retenue, donne une sensation physique très vive et très enivrante : il en est de même au moral de cet emportement de la pensée qui, délivrée de tous ses liens, voulant seulement aller en avant, s’élance sans réflexion aux opinions les plus extrêmes.
Vive la nature brute et sauvage qui revit si bien dans les vers de M. de Vigny, Jules Lefèvre, V.
La forêt vaste éclate en voix vers les prairies D’où les papillons lourds proviennent brûler l’or De leur vol nocturne autour des torches fleurie ; Et des rires, abeilles dont l’essaim vif mord Et harcèle ceux qui les voulurent captives, M’assaillent dans la nuit si l’une échappe encor ; Toutes ont défié les folles tentatives De mains à saisir l’ombre inerte où fuit l’odeur De leurs cheveux épars et des chairs évasives.
On pense bien, toutefois, qu’à ce moment où il entrait dans la carrière du théâtre, Molière avait prêté une vive attention aux Italiens, ses trop heureux concurrents.
., lui en prêtèrent du plus vif et du meilleur.
Chénier à qui l’on doit, réparation tardive, élever une statue, Chénier, l’un des plus grands prosateurs français (comme Lamartine est un de nos plus beaux orateurs), a marqué dans ses quelques pièces de vers un sentiment autrement vif de la beauté grecque.
Petit, voûté, les yeux vifs, d’un bleu d’acier pâle, ce Breton vivait, reclus, en compagnie de sa femme, dans son domaine de Kéroman, où il mourut le 14 juillet 1885, au moment même où s’épanouissait l’idée symboliste qui, pour une part, relève de lui.
Notre puissance de sentir, qui est limitée, s’use et s’épuise par la sensation même, et cela d’autant que la sensation est plus vive et plus durable.
Ceci explique pourquoi l’idée d’un mouvement, quand elle devient très vive, entraîne le mouvement spontanément, d’elle-même, sans intervention de notre volonté, le courant nerveux excité étant aussi intense que dans le cas d’une impression réelle venant du dehors.
Or, maintenant, dans l’état actuel des renseignements historiques sur Marie-Antoinette, en se rendant compte des vrais témoignages, et en se souvenant aussi de ce qu’on a ouï raconter à des contemporains assez bien informés, il est très permis de penser qu’en effet cette personne affectueuse et vive, tout entière à ses impressions, amie des manières élégantes et des formes chevaleresques, ayant besoin tout simplement aussi d’épanchement et de protection, a pu avoir durant ces quinze années de sa jeunesse quelque préférence de cœur : ce serait plutôt le contraire qui serait bien étrange.
Il sentait qu’on ne faisait pas fond en lui, qu’on ne le prenait que par une nécessité d’occasion ; il eût été homme à ressentir un procédé tout généreux de la reine et même de Mazarin, et un de ses plus vifs griefs contre ce dernier était qu’avec beaucoup d’esprit, il manquait absolument de générosité et d’âme, et que, supposant les autres à son image, il ne croyait jamais qu’on pût lui donner un conseil à bonne intention.
Il avoit un génie heureux, le travail facile, la plaisanterie vive.
Il se courbe, et les yeux fixement attachez sur Jesus-Christ, il est devoré d’une jalousie morne pour un choix dont il ne se plaindra point, mais dont il conservera long-tems un vif ressentiment : enfin on reconnoît là Judas aussi distinctement, qu’à le voir pendu au figuier une bourse renversée au col.
Comme les pantomimes étoient dispensez de rien prononcer, et comme ils n’avoient que des gestes à faire, on conçoit aisément que toutes leurs démonstrations étoient plus vives, et que leur action étoit beaucoup plus animée que celle des comédiens ordinaires.
Il cristallise sur ces deux registres, et aussi sur un troisième, celui dont témoignent les Mémoires d’un touriste, les Promenades dans Rome, le Journal, celui des idées : penser, apercevoir des rapports, lui donne une joie aussi vive peut-être que découvrir des perfections nouvelles chez sa maîtresse ou descendre au fil voluptueux d’une musique italienne.
C’est par le nombre de ses idées que l’âme vit, qu’elle existe : en lisant l’ouvrage le plus court, elle peut donc avoir un sentiment plus vif et plus répété d’elle-même, qu’en parcourant des volumes entiers.
Il arriva à Naples, descendit, bien entendu, à l’Hôtel Suisse, tenu d’ailleurs par des Français, les Monnier, qui avaient, avec une petite fille, un garçon de onze ans, mince et vif, du nom de Marc. […] Amiel se souvint toute sa vie de ce départ ébloui sur l’impériale, du sang riche de son corps, des idées nues dans l’air vif, de la jeune verdure vaudoise entre les cerisiers en fleur, des lilas de la Bourgogne qui, le long de la route de Paris, lui jetaient au visage leur odeur. […] Mais regardons maintenant l’autre secteur du monde littéraire, la jeune Genève brillante et vive, point embarrassée de théologie, qui a pris plus ou moins la succession de Töpffer. […] L’excitation relative du 6 octobre 1860 produit en lui de la pensée. « L’intérêt vif de l’expérience est essentiellement intellectuel ; je puis enfin raisonner sur la femme, sciemment… Je vois le sexe entier avec le calme d’un mari… La jolie veuve a été comme je l’attendais ; et je puis encore mieux me mettre à la place d’une femme. […] Voilà le verre grossissant qui nous fait voir à vif le danger que courait Amiel à se déraciner.
Aujourd’hui, nous ne disons plus : dans un poème, il y a de vives peintures, des pensées ou des sentiments sublimes, il y a ceci, il y a cela, puis de l’ineffable ; nous disons ; il y a d’abord et surtout de l’ineffable étroitement uni, d’ailleurs, à ceci et à cela. […] La prose, une phosphorescence vive et voltigeante, qui nous attire loin de nous-mêmes. […] Voyez plutôt : aujourd’hui, nous ne disons plus : dans un poème, il y a de vives peintures, des « pensées » ou des sentiments sublimes ; il y a ceci, il y a cela, puis de l’ineffable. […] N’est-elle pas, elle aussi, un don gracieux, mais qu’il faut que nous arrachions de vive force, violenti rapiunt, à qui nous l’offre ?
Ai-je besoin d’ajouter, puisqu’on en retrouvera le témoignage, que mon Enquête m’a laissé aussi des impressions de sympathie et d’admiration d’autant plus vives qu’elles ont été plus rares. […] Cependant je crois que notre époque réclame une plus vive synthèse, plus de concentration ardente. […] Qu’on adopte des simplifications de tournures pour faire plus clair, plus vif, mais qu’on se borne là. […] Notre ami est un merveilleux joueur de lyre, il a une oreille impeccable, un sens très vif de la couleur à la manière franche, il est incapable de se tromper dans le choix des mots. […] Ce duel de la viande vive et de la pensée nue !
Il y a eu entre eux une intimité assez vive : elle l’interrogeait avec une curiosité audacieuse sur la vie qu’il menait ; et il lui faisait une cour si hardie qu’elle a été obligée de se défendre, un jour, en le menaçant d’un pistolet. […] C’est donc pour rien que la malheureuse Julie a enterré au cloître sa jeunesse toute vive ! […] Il est tout naturel qu’il vive dans la maison du père Lemell avec sa sœur et son beau-frère. […] Certains traits en sont vifs, je l’avoue ; mais quelle verve éclatante et drue ! […] Vive le point d’honneur quand l’honneur agonise !
Tout ceci est pour dire que, comme Shakspeare et Cervantes, comme trois ou quatre génies supérieurs dans la suite des âges, Molière est peintre de la nature humaine au fond, sans acception ni préoccupation de culte, de dogme fixe, d’interprétation formelle ; qu’en s’attaquant à la société de son temps, il a représenté la vie qui est partout celle du grand nombre, et qu’au sein de mœurs déterminées qu’il châtiait au vif, il s’est trouvé avoir écrit pour tous les hommes. […] Les Précieuses ridicules, jouées en 1659, attaquèrent les mœurs modernes au vif. […] Il y a toute une classe de dramatiques véritables qui ont quelque chose de lyrique en un sens, ou de presque aveugle dans leur inspiration, un échauffement qui naît d’un vif sentiment actuel et qu’ils communiquent directement à leurs personnages.
C’est à l’époque de l’inflammation du moignon et des troncs nerveux qu’elles sont les plus vives ; les malades accusent alors de très fortes douleurs dans tout le membre qu’ils ont perdu. […] « Au moment de la section des nerfs dans une amputation, dit Mueller, les douleurs les plus vives se font sentir en apparence dans les parties qu’on retranche et auxquelles se rendent les nerfs que coupe l’instrument. […] D’ordinaire, aussitôt après l’opération, le jour trop vif l’oblige à les fermer et à contracter sa pupille. — Voilà deux sensations musculaires dont il connaît l’emplacement et qui sans doute contribuent à lui faire situer sa nouvelle sensation nouvelle contre le globe de l’œil.
Je vois chez nous, dans un salon de gens d’esprit ou dans un atelier d’artistes, vingt personnes vives : elles ont besoin de s’amuser, c’est là leur fond. […] Du reste, comme l’aimable enfant a beaucoup de goût, l’imagination vive, une inclination poétique pour le changement, elle tient sa femme de chambre Pincott à l’ouvrage nuit et jour. […] Le personnage, moins complet, est moins vivant ; l’intérêt, moins concentré, est moins vif.
Et, en la mémoire vague de mes yeux, je revoyais sur un long corps, une figure maigre, au grand nez décharné, aux étroits petits favoris en côtelettes, aux vifs et spirituels yeux noirs : les pruneaux de M. de Goncourt, ainsi qu’on les appelait ; aux cheveux coupés en brosse, et où les sept coups de sabre, que le jeune lieutenant recevait au combat de Pordenone, avaient laissé comme des sillons, sous des épis révoltés : — une figure, où à travers le tiraillement et la fatigue de traits, jeunes encore, survivait la batailleuse énergie de ces physionomies guerrières, jetées dans une brutale esquisse, par la brosse du peintre Gros, sur une toile au fond non recouvert. […] C’est le vieux peintre Decan, ami de Corot, qui demeure dans la maison de Gavarni, et qui redescend, quelques instants après, avec la blouse, que Corot mettait pour peindre, et qui est l’assemblage de deux tabliers de cuisine d’un bleu passé, avec dans le derrière, un morceau neuf d’un bleu vif, morceau remplaçant le bas de la blouse, brûlé contre un poêle. […] Néanmoins Henri Heine, malgré ses souffrances, avait conservé le vif et aigu esprit, qu’il garda jusqu’au dernier jour.
L’intérêt véritable est là ; on tient le nœud ; l’action se resserre, elle est vive, pressante, à la fois naturelle et merveilleuse, unissant les combinaisons mythologiques et les peintures du cœur humain. […] On a eu dans Rufin le baiser naturel et païen au plus vif ; on a ici le baiser adouci selon Pétrarque, mais pas trop fade encore.
L’homme compatit aux maux dont il est le témoin ; il faut l’absence pour en émousser la vive impression ; le cœur en est touché quand l’œil les contemple. […] Les vieux paysans avec qui j’ai causé autrefois dans le pays ont gardé la vive impression de ces vexations et de ces ravages Dans le Clermontois, ils racontent que les gardes du prince de Condé au printemps prenaient des portées de loups et nourrissaient les jeunes loups dans les fossés du château.
Et, de fait, quoique produite par un contact en apparence faible, elle est produite par un contact effectivement excessif ; la barbe de plume ou le bout de fil qui, promené lentement sur la joue ou le nez, effleure imperceptiblement l’extrémité d’une papille nerveuse, provoque visiblement un ébranlement considérable dans la molécule terminale de la papille ; car la sensation est très vive et survit plusieurs secondes à l’attouchement. […] Elle est surtout vive et distincte au moment où, l’adhérence cessant, la peau, d’abord tiraillée, revient brusquement sur elle-même.
L’air en était sain et vif ; quelques chênes verts y donnaient de l’ombre du haut des rochers ; une eau courante murmurait dans le verger et dans les cours ; le petit temple de Vacuna, semblable à une église de village de nos jours, y faisait perspective du côté du couchant ; on y voyait les paysans de la Sabine monter et descendre en portant leurs offrandes à la déesse ou en y traînant des victimes couronnées de verdure. […] dit-il : un domaine rustique d’une étendue aussi bornée que mes désirs, une source d’eau vive auprès de la maison, un toit ombragé par un petit bocage.
« Dans cinq autres livres de dissertations, les Tusculanes, j’ai recherché quelles étaient, pour l’homme, les principales conditions du bonheur : le premier traite du mépris de la mort ; le second, du courage à supporter la douleur ; le troisième, des moyens d’adoucir les peines ; le quatrième, des autres passions de l’âme ; et le cinquième enfin développe cette maxime, qui jette un si vif éclat sur l’ensemble de la philosophie, que la vertu seule suffit au bonheur. […] « Il n’est pas d’État à qui je refuse plus péremptoirement le beau nom de république (chose publique) qu’à celui où la multitude est souverainement maîtresse. » XVI Les deuxième, troisième, quatrième et cinquième livres, déchirés par les vers, ne nous présentent que des lambeaux ; mais chacun de ces lambeaux éclate de quelque vérité lumineuse ou de quelque expression vive qui fait reconnaître le génie d’un sage et d’un politique.
« Le don de révéler par la parole ce qu’on ressent au fond du cœur est très-rare ; il y a pourtant de la poésie dans tous les êtres capables d’affections vives et profondes ; l’expression manque à ceux qui ne sont pas exercés à la trouver. […] Rousseau dans ses Odes religieuses, Racine dans Athalie, se sont montrés poëtes lyriques ; ils étaient nourris des psaumes et pénétrés d’une foi vive ; néanmoins les difficultés de la langue et de la versification française s’opposent presque toujours à l’abandon de l’enthousiasme.
Voici déjà, cependant, que Haydn prenait des motifs de danse populaires, vifs et pleins d’âme : souvent il les empruntait, aisément reconnaissables, aux danses des paysans hongrois, ses voisins. […] C’est que cette symphonie en Ut mineur nous retient comme l’une des rares conceptions du maître où une émotion, vive et cruelle, de souffrance, est le point de départ, et se développe, graduellement, à travers la consolation, l’élévation de l’âme, jusque le plein éclat de la joie dans la conscience du triomphe.
Un bruit sans durée appréciable, une décharge électrique traversant notre corps, une vive lumière éblouissant nos yeux, tout cela offre analogie avec un choc ou un coup, et nous exprimons le phénomène par les mêmes mots : « Je suis frappé. » Enfin le choc, à son tour, se ramène à la conscience de la résistance. […] » — Nous nions que la conscience même, dans la sensation du blanc, n’aperçoive qu’une sensation ; elle a au contraire, si elle réfléchit assez sur soi-même, la sensation d’une pluralité. 1° Elle sent une pluralité de degrés dans une sensation vive de lumière blanche ; elle apprécie que cette sensation est une somme de sensations semblables ; 2° elle saisit aussi une pluralité d’éléments qualitatifs, les uns communs à toutes les sensations de lumière, les autres propres ; nous reconnaissons très bien dans le blanc, non pas la sensation du bleu et du rouge, mais la sensation de lumière, qui se retrouve dans les autres couleurs ; cette sensation de lumière nous apparaît seulement ici comme spécifiée, compliquée, particularisée.
pour que la fange vive, Ai-je troublé la paix de l’éternel sommeil ? […] Il est doux de mourir lentement à la vie, de se refroidir au milieu d’un air tiède et lumineux, de sentir toutes choses s’éloigner de soi : une sourdine est mise à tous les bruits de l’univers, un voile jeté sur tout ce qu’il y a de trop éblouissant dans son éclat ; la pensée se fond en un rêve impalpable, en un nuage léger que nulle lueur trop vive ne déchire, et où l’on se cache pour mourir en paix.
Alfred de Musset I Vive la jeunesse ! […] II Nous avons dit tout à l’heure : « Vive la jeunesse, à condition qu’elle ne dure pas toute la vie !
Nous venons de trouver, ce qui nous a fait le plus vif plaisir, un portrait de femme de M. […] Corot, ne fût-ce que dans le métier, c’est qu’il sait être coloriste avec une gamme de tons peu variée — et qu’il est toujours harmoniste même avec des tons assez crus et assez vifs. — Il compose toujours parfaitement bien. — Ainsi dans Homère et les Bergers, rien n’est inutile, rien n’est à retrancher ; pas même les deux petites figures qui s’en vont causant dans le sentier. — Les trois petits bergers avec leur chien sont ravissants, comme ces bouts d’excellents bas-reliefs qu’on retrouve dans certains piédestaux des statues antiques. — Homère ressemble peut-être trop à Bélisaire. — Un autre tableau plein de charme est Daphnis et Chloé — et dont la composition a comme toutes les bonnes compositions — c’est une remarque que nous avons souvent faite — le mérite de l’inattendu.
Pourtant, plume en main (si tant est que lui-même il tînt la plume), ou en se disant qu’il allait dicter et composer, il était quelque peu gêné dans l’expression de ses pensées, et, bien qu’il en produisît le principal, il n’en donnait et n’en fixait qu’une partie : de vive voix, dans les occasions et en présence des gens, il était, on doit le croire, bien autrement large et abondant.
La tête est fort belle, la physionomie vive, animée, parlante, la figure assez longue ; on n’y prend nullement l’idée que donnerait de M. de Meilhan le duc de Lévis, lorsqu’il a dit : « Sa figure, quoique expressive, était désagréable ; il était même complètement laid, ce qui ne l’empêchait pas d’ambitionner la réputation d’homme à bonnes fortunes. » Cette idée de laideur ne vient pas à la vue de ce portrait ; mais on y reconnaît avant tout ce bel œil perçant, plein de feu, ces « yeux d’aigle pénétrants » dont le prince de Ligne était si frappé.
Il faut donc faire là comme en tant d’autres points de l’histoire : étudier, creuser, recourir aux sources, se former une opinion directe ; après quoi l’on se trouvera revenu, par bien des détours et avec des motifs plus approfondis, à ce que les contemporains judicieux et vifs avaient exprimé d’une manière plus légère.
L’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabulin vient de reparaître, annotée avec le plus grand soin et la plus vive curiosité par M.
On se prend à regretter, malgré l’utilité des articles et des notes assez nombreuses qu’il a donnés à cet estimable recueil, qu’il n’ait pas vécu dans le voisinage d’une revue un peu plus vive, qui l’eût stimulé et l’eût forcé d’accoucher plus souvent.
Il apparaît, il est sur l’autel sans qu’on l’y ait vu monter : Alors levant les yeux, il (le songeur) aperçut sur l’autel un personnage dont l’aspect imposant et doux le frappa d’étonnement et de respect : son vêtement était populaire et semblable à celui d’un artisan, mais son regard était céleste ; son maintien modeste, grave et moins apprêté que celui même de son prédécesseur (Socrate), avait je ne sais quoi de sublime, où la simplicité s’alliait à la grandeur, et l’on ne pouvait l’envisager sans se sentir pénétré d’une émotion vive et délicieuse qui n’avait sa source dans aucun sentiment connu des hommes, « Ô mes enfants, dit-il d’un ton de tendresse qui pénétrait l’âme, je viens expier et guérir vos erreurs ; aimez celui qui vous aime et connaissez celui qui est !
— « C’est une planche pour traverser le ruisseau », disait en goguenardant Béranger aux amis plus vifs qui lui reprochaient d’avoir adhéré.
« Pour celui qui parle et même pour ceux qui écoutent, dit-il quelque part, les impressions de la tribune sont si vives qu’on est tenté de les croire décisives.
Écoutez le sage Fleury, son sous-précepteur : « C’était, nous dit-il, un esprit du premier ordre : il avait la pénétration facile, la mémoire vaste et sure, le jugement droit et fin, le raisonnement juste et suivi, l’imagination vive et féconde (que de choses !).
Au moment même où je loue le poète et où je le goûte, suis-je bien en position de lui donner un conseil un peu vif, celui de remettre son poème sur le métier pour le perfectionner, de le resserrer et d’y retrancher en plus d’un endroit ?
Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil !
Ma conclusion, c’est que les caractères, dans cette Histoire de Sibylle, ne sont pas vrais, consistants, humainement possibles ; ils n’ont pas été assez étudiés d’après nature et sur le vif.
S’il n’a pas retrouvé dans ses publications lyriques d’une date postérieure la même veine et le même jet, c’est aussi que ce moment de 1819 était unique pour célébrer cette simple douleur patriotique de la défaite, et qu’à moins d’entrer au vif dans la chanson antidynastique avec Béranger, à moins d’oser la satire personnelle avec les auteurs de la Villéliade, on n’avait à exprimer, dans le sentiment libéral, que des thèmes généraux plus spécieux que féconds.
Le café n’avait pas passé de mode, malgré la prédiction de madame de Sévigné ; bien au contraire, il devait exercer une assez grande influence sur le xviiie siècle, sur cette époque si vive et si hardie, nerveuse, irritable, toute de saillies, de conversations, de verve artificielle, d’enthousiasme après quatre heures du soir ; j’en prends à témoin Voltaire et son amour du Moka.
Les questions théologiques, dans leur temps, avaient été l’objet d’un intérêt aussi vif, d’une analyse aussi profonde, parce que les querelles qu’elles faisaient naître étaient animées par l’avidité du pouvoir et la crainte de la persécution.
C’est, sans doute, une jouissance enivrante que de remplir l’univers de son nom, d’exister tellement au-delà de soi, qu’il soit possible de se faire illusion, et sur l’espace et sur la durée de la vie, et de se croire quelques-uns des attributs métaphysiques de l’infini ; l’âme se remplit d’un orgueilleux plaisir par le sentiment habituel, que toutes les pensées d’un grand nombre d’hommes sont dirigées sur vous ; que vous existez en présence de leur espoir ; que chaque méditation de votre esprit peut influer sur beaucoup de destinées ; que de grands événements se développent au-dedans de soi, et commandent, au nom du peuple, qui compte sur vos lumières, la plus vive attention à vos propres pensées ; les acclamations de la foule remuent l’âme, et par les réflexions qu’elles font naître, et par les commotions qu’elles excitent ; toutes ces formes animées, enfin, sous lesquelles la gloire se présente, doivent transporter la jeunesse d’espérance et l’enflammer d’émulation.
La terre, humide et très bonne, produirait à volonté des haies vives ; pourtant on clôt les champs avec des haies sèches contre les bestiaux « et cette charge, suivant le rapport des fermiers, est évaluée au tiers du produit des fonds » Ce domaine, tel qu’on vient de le décrire, est évalué comme il suit : 1.
Pareillement, les yeux fermés et sans être prévenu, vous voyez un flamboiement, en même temps vous entendez un son, et enfin vous avez dans le bras la sensation d’un coup de bâton ; essayez l’expérience sur un ignorant ou sur un enfant ; il croira qu’on l’a frappé, que quelqu’un a sifflé, qu’une vive lumière est entrée dans la chambre ; et cependant les trois faits différents n’en sont qu’un seul, le passage d’un courant électrique. — Il a fallu faire l’acoustique pour montrer que l’événement qui éveille en nous, par nos nerfs tactiles, les sensations de vibration et de chatouillement, est le même qui, par nos nerfs acoustiques, éveille en nous les sensations de son.
Le tronçon postérieur reste appuyé sur les quatre pattes, résiste aux impulsions par lesquelles on cherche à le renverser, se relève et reprend son équilibre si l’on force cette résistance, et, en même temps, témoigne, par la trépidation des élytres et des ailes, d’un vif sentiment de colère, comme il le faisait pendant l’intégrité de l’animal, quand on l’agaçait par des attouchements ou des menaces… On peut poursuivre l’expérience d’une façon plus parlante.
La septième pièce, dans les Œuvres, est un discours non prononcé, un vif et fort pamphlet, que Du Vair fit courir au commencement de 1594, sous le titre de Réponse d’un bourgeois de Paris à un écrit publié sous lu nom de M. le cardinal de Sega.
Le fait est que l’on parcourt avec un plaisir très vif les Maximes de la vie de la comtesse Diane.
C’est d’abord une passion très vive, à la fois sincère et étudiée, pour certaines formes particulièrement élégantes de l’esprit français et pour les périodes où cet esprit a montré le plus de finesse et de grâce et aussi le plus de générosité.
Ces jouissances sont beaucoup plus assurées et beaucoup moins rapides que celles de l’amour ; par un bienfait de Dieu, elles sont presque aussi vives, et tout aussi matérielles, et tout aussi grossières ; et elles sont permises !
Elle ne doit pas représenter, comme on le croit trop souvent, la littérature, mais toutes les forces vives d’un pays, quelles qu’elles soient.
Les derniers temps de la comédie italienne en France La comédie italienne, pendant son premier séjour à l’Hôtel de Bourgogne, jeta un vif éclat.
Il ne trouve pas de traits vifs pour peindre des intrigues où il s’était vu si tiraillé, et il n’a du cardinal de Retz ni l’imagination qui ressuscite les choses passées, ni la vanité qui ranime les souvenirs personnels.
Le servant du lieu était un jeune garçon d’une vingtaine d’années, blond, au vif regard bleu, qui portait, sans faiblir, à la satisfaction de Moréas, le glorieux prénom d’Amand et qui s’était installé dans la bonne grâce des poètes par l’empressement qu’il mettait à les servir au détriment des autres consommateurs.
Quelquefois une finesse remarquable, ce que nous appelons de l’esprit, relevait ses aphorismes ; d’autres fois, leur forme vive tenait à l’heureux emploi de proverbes populaires. « Comment peux-tu dire à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?
Il fait ailleurs une vive apostrophe à l’Empereur, qu’il appelle César tudesque, le conjurant de ne pas oublier son Italie, le jardin de l’Empire, pour les glaçons de l’Autriche, et l’invitant à venir enfourcher les arçons de cette belle monture qui attend son maître depuis si longtemps.
Il vient une saison dans la vie, où, tous les voyages étant faits, toutes les expériences achevées, on n’a pas de plus vives jouissances que d’étudier et d’approfondir les choses qu’on sait, de savourer ce qu’on sent, comme de voir et de revoir les gens qu’on aime : pures délices du cœur et du goût dans la maturité.
Quel vif et pur sentiment de foi à l’immortalité dans ce mot : doucement à l’avenir !
Les idées de Lombroso furent en particulier diffusées en France par Georges Sorel, tout en faisant l’objet de vives critiques de la part de criminologues comme Alexandre Lacassagne, ou Gabriel Tarde, à l’époque de la naissance de l’anthropologie criminelle française.
Les fleurs rares et étranges dont le duc Jean garnit son vestibule, ne lui présentent que des images de charnier et d’hôpital : « Elles, affectaient cette fois une apparence de peau factice sillonnée de fausses veines ; et la plupart comme rongées par des syphilis et des lèpres, tendaient des chairs livides, marbrées de roséoles, damassées de dartres ; d’autres avaient le teint rose vif des cicatrices qui se ferment, ou la teinte brune des croûtes qui se forment ; d’autres étaient bouillonnées par des cautères, soulevées par des brûlures ; d’autres encore montraient des épidermes poilus, creusés par des ulcères et repoussés par des chancres ; quelques-unes enfin paraissaient couvertes de pansements, plaquées d’axonge noire mercurielle, d’onguents verts de belladone, piquées de grains de poussière, par les micas jaunes de la poudre d’iodoforme.
De là cette terreur de la mort dont la foi la plus vive ne parvient pas toujours à triompher, car la vie dans des conditions absolument inconnues nous est encore comme une espèce de mort, et le néant lui-même semble moins effrayant pour l’imagination que cette transformation radicale où le moi actuel continuerait à subsister dans un autre moi.
L’auteur saisit le moment d’une émotion si vive pour vous cacher le défaut de son sujet.
Aussi fut-elle la production du prince De Condé le dernier mort, je ne dirai pas le prince, mais l’homme de son tems né avec la conception la plus vive et l’imagination la plus brillante.
Edmond About, votre camarade d’École normale, écrit La Grèce contemporaine et Le Roi des montagnes d’une plume vive et alerte ; Fortunio et Mademoiselle de Maupin de Th.
On voit qu’une des plus vives jouissances de réflexion dans la lecture des poètes dramatiques est de reconnaître ce qu’ils mettent eux-mêmes dans leurs œuvres.
Nous ne nous plairions point aujourd’hui à voir pour la première fois de tels égarements d’une imagination vive et railleuse, qui se joue en même temps et des préjugés et des affections des peuples ; nous avons pénétré trop avant dans le sérieux de la pensée.
C’est surtout dans ses paysages qu’elle rappelle le mieux Jean-Jacques, dans le flot duquel elle noie la couleur plus vive de Bernardin.
Elle avait été très vive et très profonde.
Mais la femme aussi de ce même roman, qui peint les mœurs modernes au vif, a l’originalité, non moindre, de n’être pas une adultère.
Ce rythme a de la cadence, une allure vive et sautillante, et, bien que la place, toujours la même, imposée aux césures, nécessite de nombreux enjambements, l’usage judicieux de ce mètre peut rendre de vrais services.
Que cette peinture est vive !
Vive Goethe ! […] Qui s’étonnerait dès lors que l’homme vive dans l’erreur ou revienne toujours à l’erreur qui fut son berceau et qui devait l’être, qui ne pouvait pas ne pas l’être ? […] — Si cela est le mal, je serais assez tenté de crier : Vive le mal ! comme Proudhon criait : Vive Satan ! […] » Mais encore il connaît les nuances, les mesures et les espèces, et il sait qu’il y a une clarté décevante et un clair-obscur suggestif et qu’il y a des cas où sied un peu de pénombre et d’autres où convient un coup de clarté vif, mais rapide.
Quiconque se trouve sous le coup d’une sensation un peu vive, — quelle qu’elle soit, — ne songera guère à aligner des alexandrins ou à polir des périodes en prose. […] Ils devinent le déterminisme du monde, et quelques-unes des lois brutales qui le dirigent, non point par la lente expérience des faits, accumulés et coordonnés, mais par la répercussion très vive dans leur âme de cette brutalité latente sous l’apparence des choses. […] Au-dessus, plane cette affreuse religion de Moloch qui exige comme offrande au dieu le sacrifice d’enfants bridés vifs, ou ce culte ambigu de Tânit, la déesse servie par des courtisanes et par des prêtres émasculés. […] Dans cette décourageante peinture de la société contemporaine, intéressante au seul point de vue de la psychologie, tout a été pris sur le vif sans doute, tout aurait pu arriver sans invraisemblance. […] On la sent tranquille, molle et inconsistante comme le milieu de béatitude dans lequel elle a grandi : elle n’a ni arêtes vives, ni traits biens définis, ni lignes fortement marquées.
Dans la morne porcherie de Zola, il semblait qu’eût poussé une auge à part, contenant un animal aussi sommaire, mais, plus vif. […] » La Providence a permis que je le visse de près (car il fréquentait chez mon père et dans notre milieu), à l’âge où les impressions sont vives et souvent justes. […] Par contre, j’ai connu beaucoup de savants, chez qui la passion politique et antireligieuse était vive et avouée. […] Mort ou vif, je voudrais bien avoir de ses nouvelles, et savoir si ses doctes travaux ont rejoint, dans la barathre aux pseudo-découvertes, ceux de ses illustres émules français. […] Il m’apparaît plutôt que le soleil pastorien . se refroidit, que la foi dans les microbes, et dans la cuisine antimicrobienne est moins vive, et, conséquemment, que les remèdes issus de cette foi et porteurs de cette foi, deviennent moins efficaces.
Nous remarquons, en passant, que les conduits salivaires sont généralement doués d’une sensibilité assez vive, et particulièrement vers le conduit parotidien. […] À dater de ce jour, les excréments n’eurent plus la même apparence, ils devinrent plus colorés qu’ils ne l’étaient précédemment, ils continrent beaucoup moins de graisse, et le chien parut plus vif qu’à l’ordinaire. […] Le chien était devenu plus vif et commençait à manger. […] Le chien devint moins vorace, plus vif, et reprit l’embonpoint qu’il avait perdu momentanément. […] Souvent alors elle s’obstruait par des particules de mucus concret, et il en résultait une douleur vive quand la malade venait à manger, par suite de l’emprisonnement du liquide qui ne pouvait s’échapper.
Il a habitué les hommes à l’idée d’égalité, en leur représentant sans cesse, en leur montrant sans cesse en une vive lumière l’égalité de tous les hommes devant la mort. […] On lui en fit des reproches qui durent être vifs. […] Il est probable que la timidité et la parole difficile étaient les raisons véritables de cette abstention. — Sans être pieux, il avait une religion naturelle qui était très vive, une croyance en Dieu très forte et profonde. […] L’homme est un composé de forces actives, vives, vigoureuses, qu’on appelle les passions. […] Si l’intérêt des hommes est d’accord avec une au moins, et importante, de leurs passions ; si l’intérêt personnel et l’altruisme concourent, pour peu qu’ils voient clair, à désirer que l’humanité vive d’ensemble, sans guerre, sans rivalité et sans concurrences, comment se fait-il qu’il soit si difficile d’établir cet état d’accord général ?
Guizot alors ministre et qui le connaissait si bien, de débiter de vive voix ou de lire par cahiers ce qu’il hésitait à considérer comme définitivement écrit et comme digne d’être imprimé en corps d’ouvrage. […] Fauriel sur ces origines des langues modernes, et en tant qu’ils s’appliquaient à la langue et à la littérature des trouvères, nous ont été présentés d’une manière plus nette et plus vive, par un des anciens maîtres de cette école, M.
” Le doigt sur la bouche, vive comme une locustelle sur un cep, vis-à-vis de la branche où elle juche, elle indiquait du bras… “Un nid… que nous allons voir ! […] dans la cachette grand et vif était l’émoi.
« Prenez du bois de sapin, choisissez des branches sèches, afin que la flamme, plus vive, se précipite dans le conduit. […] « Elle me lisait ses poésies, et se réjouissait de mon approbation comme si j’avais été un grand public ; c’est qu’aussi je témoignais un vif désir de les entendre : non pas que je comprisse ce que j’entendais ; c’était plutôt pour moi un élément inconnu, et ses doux vers agissaient sur moi comme l’harmonie d’une langue étrangère qui vous flatte sans qu’on puisse la traduire.
C’est un vif chagrin pour leurs ennemis, pour leurs amis une grande joie, et pour eux-mêmes surtout une bonne renommée.” […] « J’aime à vous voir évoquer sous nos yeux la grande figure du poète créateur qui enchanta ma jeunesse, et me guida dans l’Orient au vif éclat de sa lumière ; j’aime également à retrouver dans son dernier historien la voix du chantre de ces Méditations qui, dès leur berceau, m’apparurent sous le même ciel, et m’apportèrent, aux rives de Scio et de Smyrne, de douces et mélancoliques jouissances.
De là cette sympathie instinctive qui rassemble les hommes, et donne tant de charmes à la vie commune, même dans le large cercle d’une nationalité ; de là aussi cette sympathie bien autrement vive, parce qu’elle est plus éclairée, qui forme ces liens particuliers qu’on appelle des amitiés. […] Le souvenir de la plupart de ses pensées et de ses intentions, même les plus vives, périt à chaque instant en lui.
La femme d’un fermier général, Mme d’Épinay, qui possédait le château de la Chevrote, mit à la disposition de Jean-Jacques un pavillon de cinq ou six pièces avec un potager et une source vive, qu’elle avait au bout de son parc. […] Il avait en face d’elle la plus délicate sensiblité, et d’elle il a tiré les plus vives, les plus pures joies de son âme.
Sa curiosité, le vif intérêt qu’il prend à toute combinaison nouvelle viennent de sa foi au merveilleux. […] Car le spontané, si vif, si gracieux dans sa naïveté, ne souffre pas d’être remanié.
Ma plus vive peine est de songer que tous ne peuvent partager mon bonheur. […] Le scrutin de la bataille en vaut bien un autre ; car, à celui-là, on ne compte que les forces vives, ou plutôt on soupèse l’énergie que l’opinion prête à ses partisans : excellent critérium !
Ayant appris que le territoire où siégeait son camp portait le nom de « Neuf-Voies », il y fit enterrer vifs neuf jeunes garçons et neuf jeunes filles du pays. […] Comme les neuf jeunes filles que Xerxès, passant le Strymon, fit enterrer vives au carrefour des « Neuf Voies », les Neuf Muses, écrasées par l’oppression barbare, seraient restées ensevelies sous les débris de leur temple.
cette agonie monotone et sans événement, écrite sur le vif des souffrances, ce serait une bien belle étude que personne ne fera, parce qu’un rien de succès, l’éditeur trouvé, quelques cents francs gagnés, quelques articles à cinq ou six sous la ligne, votre nom connu par un millier de personnes que vous ne connaissez pas, deux ou trois connaissances, un peu de réclame, vous guérissent du passé et vous versent l’oubli… Elles vous semblent si loin, ces larmes dévorées, ces misères, aussi loin que votre jeunesse. […] Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9.
C’est dans son œuvre, cet adoucissement du caractère de l’humanité de son pays, qui amena un jour entre Flaubert et moi, la plus vive discussion que nous ayons jamais eue, me soutenant que cette rudesse était une exigence de mon imagination, et que les Russes devaient être tels qu’il les avait représentés. […] Gustave Geffroy, qui vient de réveillonner chez Rollinat, racontait que le curé de l’endroit, qui leur a donné à déjeuner le lendemain de Noël, quand il se mettait à dire, ce curé singulier, quelque chose d’un peu vif, d’un peu audacieusement philosophique, jetait au commencement de sa phrase : « Si j’étais un homme !
Cette scène a dû m’impressionner cependant avec une certaine force, puisqu’elle se retrouve si complète et si vive après trente ans dans mon imagination ; mais je ne la percevais que par mes sens et par le seul instinct, car mon esprit était absorbé par la contemplation intérieure d’une tout autre nature. […] La hardiesse est d’arrêter chez soi, au passage, ces pensées fugitives ; de percer leur nuage, de saisir au vif les beautés qu’elles recèlent ; de les fixer, enfin, en les enchaînant, en y mettant l’ordre, en les forçant de se produire par les œuvres.
Pourquoi, dans ce récit d’une vive souffrance, Ne veux-tu voir qu’un rêve et qu’un amour trompé ? […] Roule libre et paisible entre tes larges rives, Rhin, Nil de l’Occident, coupe des nations, Et des peuples assis qui boivent tes eaux vives Emporte les défis et les ambitions.
On le retrouve en 1986 aux éditions Pauvert avec d’autres écrits surréalistes de Crevel réunis par Michel Carassou et Jean-Claude Zylberstein, précédé d’une présentation remarquable d’Annie Le Brun : « Un palmier rose vif ». […] Tressant la métaphore des remparts barrésiens, des eaux vives devenues Aigues-Mortes à la responsabilité de Barrès dans cette décomposition fangeuse de la littérature, Crevel ne manque pas de vanter l’antidote — la libération du verbe surréaliste : « ils ont fait craquer les cadres, envoyé au diable les murs, les poivrières des faux remparts » ; les isotopies métaphoriques jouent sur plusieurs réseaux ; le mot « esprit » martelé, de citations en locutions, opposé à « fond », « forme », « raison », « intelligence », émergeant au cœur d’un paysage de Camargue ou dans une réminiscence du dernier recueil de Saint-John Perse, nous rappellent que le détour n’est pas gratuit.
Fils d’un chirurgien, il avait pour frère aîné Jean Eudes qui fut de l’Oratoire et en sortit pour fonder la congrégation des Eudistes, homme d’une piété vive et zélée, qui excellait à enfoncer l’aiguillon de l’amour divin, même au cœur des tièdes.
Ceux qui l’ont connu me le dépeignent d’une taille qui n’était pas au-dessus de la moyenne, d’une physionomie agréable et forte, la tête brune, l’œil vif, le nez aquilin et noble, le teint assez coloré, le cou plein et puissant.
Nous autres, nous avons à revenir sans cesse sur ce que nous avons déjà traité, à revenir vite, il est vrai, mais toujours par un coin plus ou moins vif.
Prenez raison dans le sens le plus vif et le plus lumineux, la pure flamme dégagée des sens.
Le Seigneur veut que je vive encore : sa volonté soit faite !
Qu’il me soit donc permis, Seigneur, de finir ici en le félicitant de votre protection divine, et en lui disant à lui-même ce qu’un de vos prophètes dit à un prince bien moins digne d’un tel souhait : « Rex, in aeternum vive !
Il est mort fort résigné, dans des sentiments également vifs, touchants et chrétiens, demandant publiquement pardon du scandale qu’il avait pu causer par sa conduite, peu conforme à son état.
Le fait est que dans les discours, dans les apologies, dans les lettres, dans ce qui se rapproche de la parole vive et parlée (où il devait exceller), le style de Rohan est bien meilleur que dans la narration, qui reste chargée sous sa plume et parfois assez obscure.
Si maltraité et tyrannisé par son père, il avait pour sa mère, la reine Sophie, un attachement respectueux et tendre ; il aimait ses sœurs, et particulièrement celle qui devint margrave de Baireuth, et à qui il avait voué une amitié vive et passionnée.
Toute femme qu’elle est (notez-le bien), elle n’a pas de nerfs, de vapeurs, ni de ces nuages qui passent ; elle n’a pas cette imagination qui grossit les objets : sur un fond de santé forte, d’humeur heureuse et peut-être d’indifférence, il y a un esprit ferme, adroit et actif, de vives qualités disponibles, dressées de bonne heure à la grande vie, au train des cours, et qui cherchent leur aliment et leur plaisir dans le démêlé des intérêts, dans le maniement des ressorts, dans l’influence et la représentation continue.
La plupart des premières et des plus anciennes, qui remontent jusqu’à 1818, sont écrites à de bonnes et pieuses demoiselles, Mlle de Lucinière, Mlle de Tremereuc, que Lamennais avait connues aux Feuillantines, dans une espèce de petit couvent dirigé par le respectable abbé Carron : il avait inspiré à ces dignes personnes une vive amitié, qu’il leur garda de son côté très-fidèlement, au milieu de toutes ses traverses et de ses vicissitudes.
Il s’ensuivit, depuis 1700, une guerre déclarée, une querelle par thèses et pamphlets virulents entre les défenseurs des deux sortes de vins : la querelle des Anciens et des Modernes n’était pas plus vive.
Il le supposait né dans une condition pareille, de parents tailleurs, à Weimar ou à Iéna, soumis à des traverses plus ou moins analogues, et il se demandait « quels fruits aurait portés ce même arbre, croissant dans un tel terrain, dans une autre atmosphère. » Gœthe rendait donc toute justice à l’air vif de Paris.
Il peut y avoir dans un ouvrage de l’habileté, des parties passables et même assez bonnes, qui font dire : Ce n’est pas trop mal, des situations touchantes, des dialogues assez vifs et assez naturels, d’heureuses reparties et d’heureuses rencontres, des hasards ou des commencements de talent plus, ou moins de main d’œuvre et de métier (la plupart de nos mélodrames actuels ont de tout cela), sans qu’il y ait véritablement beauté.
Vous m’avez dit souvent dans nos promenades solitaires : « Que ne suis-je encore dans ce jardin d’une maison de Jésuites, dans cette retraite pieuse et champêtre, à genoux, au pied du vieux sycomore, où j’adressais à Dieu les élans d’une première ferveur et d’un vif amour !
. — Pour les objections faites à ce livre et les réponses, j’ai remarqué, au moment de la publication, quelques articles bons à noter, une discussion fine et vive de M.
Il l’a même étudié à part dans un ouvrage développé, les Empereurs romains 56, qui est d’un vif et grave intérêt.
Chabanon était un créole spirituel et d’une jolie figure, qui unissait des études sérieuses à des talents d’agrément, helléniste et bon violon, lisant en grec Homère, que Suard n’avait jamais pu lire en entier, même en français ; homme de société et sensible, d’un tour romanesque, qui ressentit et inspira de vives tendresses et des sympathies délicates ; qui fut cher à d’Alembert et à Chamfort.
Et qu’on lise aussi dans le Bibliophile français (n° du 1er août 1868) deux lettres de Talleyrand dans sa jeunesse, du Talleyrand d’avant la Révolution, d’avant l’épiscopat adressées en 1787 à son ami Choiseul-Goufïier, ambassadeur à Constantinople : c’est vif, court, agréable, aimable, en même temps qu’on y sent un premier souffle de libéralisme sincère, un souci des intérêts populaires qui semble, en vérité, venir du cœur autant que de l’esprit.
… Et ici, en beaux et grands vers que chacun a pu lire, revient l’utopie immense, trop immense, mais enfin bornée (il était temps) par une vive peinture de vie heureuse dans une bastide du Midi.
Au moment où, par le sujet et par la manière, il a l’air de se ressouvenir le moins des modèles enseignés, tout d’un coup il les rejoint et les touche au vif sur un point, parce que, ainsi qu’eux, il a visé droit à la nature.
La Fontaine lui rendit un caractère primitif d’expression vive et discrète ; il la débarrassa de tout ce qu’elle pouvait avoir contracté de banal ou de sensuel ; Platon, par ce côté, lui fut bon à quelque chose comme il l’avait été à Pétrarque ; et quand le poëte s’écrie dans une de ses fables délicieuses : Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête ?
Ce sentiment délicat et amer, rendu avec une subtilité vive, et multiplié dans des tableaux attachants, lui a valu des admirateurs individuels très-empressés, très-sincères, parmi cette foule de jeunes talents plus ou moins blessés dont il épousait la cause et dont il caressait la souffrance.
Les crises de tabès, d’une parfaite orthodoxie clinique, décrites dans En rade, ne sont pas peintures d’atelier, mais études sur le vif, nous assura très obligeamment M.
La démocratie inspire une émulation vive et presque universelle ; mais l’aristocratie excite davantage à perfectionner ce qu’on entreprend.
L’aperçu fin et juste du petit côté d’un grand caractère, des faiblesses d’un beau talent, trouble jusqu’à cette confiance en ses propres forces, dont le génie a souvent besoin ; et la plus légère piqûre d’une raillerie froide et indifférente peut faire mourir dans un cœur généreux la vive espérance qui l’encourageait à l’enthousiasme de la gloire et de la vertu.
Or, si vous voulez soumettre ces exceptions aux mêmes lois, si vous voulez inspirer la morale à chaque individu en particulier, dans quelque situation qu’il puisse être, vous ne pouvez trouver que dans un sentiment la source vive et constante qui se renouvelle chaque jour, pour chaque homme, dans chaque moment La morale est la seule des pensées humaines qui ait encore besoin d’un autre régulateur que le calcul de la raison.
. — Grands ou petits prophètes, maîtres ou élèves, savants spéciaux ou simples amateurs, ils puisent tous directement ou indirectement à la source vive qui vient de s’ouvrir.
Une sympathie trop vive l’attachait à tout ce qui est, pour qu’il ne favorisât pas tout ce qui voulait être.
Mallarmé semblait donc résigné au désastre définitif lorsque le livre de Huysmans : À Rebours (1884) dont le succès fut très vif vint décider de sa fortune.
Ce regret ne se remarque pas chez les premiers sceptiques (les philosophes du XVIIIe siècle par exemple), lesquels détruisaient avec une joie merveilleuse et sans éprouver le besoin d’aucune croyance, préoccupés qu’ils étaient de leur œuvre de destruction et du vif sentiment de l’exertion de leur force.
En admettant que cette réponse ne souffre aucune objection, il faut admettre pourtant qu’elle entame à peine le problème, puisque la vraie difficulté est celle-ci : Pourquoi quand nous éprouvons un vif plaisir, quand nous sommes frappés d’un contraste inattendu entre des idées, se produit-il une contraction particulière des muscles de la face et de certains muscles de la poitrine et de l’abdomen ?
C’est Rousseau qui célèbre à nouveau l’amour passionné et détrône la galanterie ; ce sont les ardentes leçons de Herder qui arrachent la jeunesse allemande à l’imitation inféconde de notre littérature ; c’est Goethe auquel cet admirable chef-d’œuvre, la cathédrale de Strasbourg, révèle l’art gothique ; c’est Chateaubriand qui découvre dans le christianisme autre chose qu’un ensemble de dogmes : une source vive de poésie ; c’est la mélancolie de Lamartine qui chasse le libertinage de Parny ; ce sont les romans de Walter Scott qu’on imite partout et qui ressuscitent tout un monde oublié.
La scène du matin entre le roi et le duc nous est rendue au vif.
Ces lettres, pleines de sentiment, de grâce, de vive estime pour un mérite personnel si rare qu’outrageait la fortune, font honneur au cœur autant qu’à l’imagination de Chaulieu.
Rien qu’à l’accent, il est évident qu’avec ce fonds d’humeur républicaine et cette conscience d’homme libre qui se retrouve à nu dès qu’on le presse trop au vif, Mallet du Pan en prend son parti ; il est à bout à la vue de tant de fautes, de sottises, et d’une partie d’échecs si mal jouée : « C’est un bonheur insigne, s’écrie-t-il ; de n’être rien qu’indépendant dans des conjonctures si désespérées, au milieu d’hommes qui ruineraient, par leur façon de faire, les conjonctures les plus favorables. » On voit à présent, sans qu’il y ait doute, quelle franche et particulière nature d’avocat consultant et de conseiller royaliste c’était que Mallet du Pan, ce paysan du Danube de l’émigration.
Ce petit colloque qui se prolongeait, mit en émoi quelques-unes des têtes les plus vives de l’Académie.
Pourtant, il ne sera jamais indifférent à l’honneur d’un pouvoir établi d’avoir ou de n’avoir pas le sentiment de ce qui peut se rencontrer encore du côté de la littérature, et dans les âmes vraiment littéraires, de ressorts vifs et généreux.
Cette réponse piquante, et plus vive de ton que ne le sont d’ordinaire ses discours officiels, s’adressait particulièrement à des objections et à des attaques dirigées de Londres par M. de Montlosier.
Fortoul, a fait tout ce qu’on pouvait attendre d’un homme dont la jeunesse a été nourrie des vives leçons de cet enseignement littéraire élevé.
Vers la fin de sa vie, Marguerite, devenue à son tour une antique, n’avait plus du tout de cheveux bruns et faisait une grande dépense de perruques blondes : « Pour cela elle avait de grands valets de pied blonds que l’on tondait de temps en temps. » Mais dans sa jeunesse, quand elle osait être brune, au naturel, cela ne la déparait point, car elle n’en avait pas moins un teint d’un vif éclat, « un beau visage blanc qui ressemblait un ciel en sa plus grande et blanche sérénité », — « un beau front d’ivoire blanchissant », disent les contemporains et les poètes, qui en ceci paraissent n’avoir point menti.
Un homme peut avoir une mémoire prodigieuse, et même une imagination très vive, et être destitué complètement d’intelligence.
Il aura une tendance générale à faire beaucoup d’espèces, parce que, comme l’amateur de Pigeons ou d’autres volatiles dont j’ai déjà parlé, il sera sous l’impression de la différence des formes qu’il a constamment sous les yeux ; et il n’aura par contre, pour corriger cette première impression, qu’une connaissance superficielle et un sentiment moins vif des variations analogues des autres groupes en d’autres contrées.
La lecture est pour lui un plaisir passif, pour mieux parler un plaisir uni, sans accidents, sans montées et sans descentes, sans grandes émotions, sans transports d’admiration et sans irritations vives, sans émotions, pour tout dire d’un mot.
Un peuple léger, frondeur, impatient, sans prévoyance de ce que peut produire une démarche inconsidérée ; un peuple passionné, toujours disposé à vivre dans le présent, et à ne pas tenir compte des circonstances antérieures qui ont pu influer sur la conduite des hommes soumis à son éloge ou à sa critique ; un peuple enfin qui, avec un sentiment très vif de la justice, peut être si souvent entraîné à l’injustice par la violence et la spontanéité de ses passions, ou même par l’ascendant de ses caprices ; qui, avec le tact le plus exquis de la mesure et des convenances, est trop souvent jeté hors de toute mesure et de toute convenance par je ne sais quel besoin de plaisanterie, je ne sais quel attrait de frivolité : un tel peuple devrait plus qu’aucun autre être contenu dans les voies de la décence et de la modération, car il est toujours près d’en sortir.
Les chroniqueurs d’habitude se marquent, en ce fourmillement de faits, par l’absence de jugement supérieur sur les événements et les choses, de repli d’âme, de réflexion sur ces faits qu’on n’a souci que de raconter en les peignant de couleurs vives.
Je la crois très vraie, très observée sur le vif, réelle enfin, mais la manière de l’auteur y est inférieure, enfantine et lakiste.
Tous, ou presque tous, ont commencé à aiguiser sur cette pierre vive de la poésie l’instrument dont ils devaient se servir puissamment plus tard dans la prose.
Dans de pareilles âmes, les dogmes déracinés arrachent et emportent avec eux les parties les plus vives et les plus sensibles du cœur.
Les mêmes métiers se prolongent dans les mêmes conditions primitives ; la librairie au temps de Rutebeuf est celle qui vendait, toutes fraîches et vives, les odes d’Horace. […] L’art est né, comme le mensonge, d’une vive conscience des sensations et des émotions ; il affirme un état de sensibilité extrême, en même temps qu’une tendance à repousser ce réel dont les sens d’un homme furent blessés. […] Plus la décision se fait attendre, plus l’état devient désagréable et plus l’esprit est malsain : mais aussi plus est vive l’illusion de la liberté. […] La femme aime à juger ; son esprit est vif ; elle est prompte aux décisions. […] Au moindre contact, la sensitive va se replier ; la lumière même, si elle est trop vive, resserre ses fibres.
Des discussions récentes et assez vives ont renouvelé la seconde, qu’il serait temps aussi bien d’élargir, et surtout d’élever au-dessus de celle de savoir si Pascal a plus ou moins littéralement rendu le latin d’Escobar et de Filliutius. […] Au regard de Voltaire lui-même — en qui, comme l’on sait, quelque timidité ou quelque respect humain se mêle à beaucoup de hardiesse, et la superstition du siècle de Louis XIV à un pressentiment si vif de l’avenir, — Descartes n’est qu’un esprit rare et singulier » ; mais, pour Diderot et pour les encyclopédistes, l’auteur du Discours de la méthode n’est proprement qu’un faiseur de systèmes, dont les « tourbillons » et les « idées innées » n’ont pas plus de valeur à leurs yeux que les « universaux » ou les « quiddités » de la scolastique. […] D’un antre côté, de bons juges, des juges délicats et subtils, ont pu soutenir, non sans quelque raison, que le vers de Molière, en général, n’avait pas l’élégance et l’aisance, la grâce de facilité de celui de Regnard ; que son style, plus cossu peut-être, selon l’heureuse expression de Sainte-Beuve, était cependant moins vif, moins alerte, moins spirituel ; son allure moins libre et moins cavalière. […] Si le Dépit amoureux et l’Étourdi ne sont que des canevas à l’italienne, sur lesquels Molière s’est contenté de faire courir les arabesques de sa fantaisie — plus brillante, plus gaie, plus spirituelle aussi peut-être, à cette heure où la jeunesse ne l’avait pas encore quitté, que dans la cérémonie du Bourgeois gentilhomme ou dans celle du Malade imaginaire, — déjà les Précieuses ridicules, et déjà l’École des maris sont une vive attaque, une attaque en règle à tous ceux qui prétendent, comme nous l’avons dit, masquer ou farder la nature. […] Si Molière n’a pas été moins vif et moins passionné contre les médecins que contre les pédants et que contre les hypocrites, les raisons qu’il en a eues sont les mêmes, ou plutôt elles n’en font qu’une.
C’est surtout avec Croiset que les échanges furent vifs. […] Oui, de l’esprit pour entretenir et déployer l’illusion de forces vives héréditairement stérilisées par le fanatisme intérieur. […] C’est sans doute que la perception même des idées est fort vive chez la femme ; aussi font-elles d’excellents critiques spontanés. […] Après Rousseau, Senancour, Constant, Mme de Staël, Chateaubriand, le Romantisme a dit son dernier mot, le plus vif, le plus pathétique, le plus exaspéré, en fait de désordre sentimental. […] Ce n’est pas, comme la tienne, René, celle des ruines ; la nôtre est plus vive et plus cuisante.
» objectait-on, quelques mois avant août 1830, à l’une des plumes les plus vives et les plus fermes de l’opposition antidynastique d’alors. — « Eh bien ! […] Esprit fin, poli, conversation souvent piquante, anecdotique ; et, plus au fond encore, pour les plus intimes, peinture vive et déshabillée des personnages célèbres, révélations et propos redits sans façon, qui sentaient leur xviiie siècle, quelque chose de ce que les charmantes lettres à sa femme, aujourd’hui publiées, donnent au lecteur à entrevoir, et de ce que le rôle purement officiel ne portait pas à soupçonner. […] » De Hambourg, du Holstein, de la Hollande, où successivement il séjourne avant sa rentrée en France, toutes ses lettres si vives, si généreuses, et respirant, pour ainsi dire, une seconde jeunesse, expriment en cent façons, à travers leur sève, les dispositions mûres et les opinions rassises qu’on a droit d’attendre de l’expérience d’une vie de quarante ans.
Ainsi dès les premiers tems les abstractions ont donné lieu à des disputes, qui pour être frivoles n’en ont point été moins vives. […] D’ailleurs ces termes fixent l’esprit ; ils nous servent à mettre de l’ordre & de la précision dans nos pensées ; ils donnent plus de grace & de force au discours ; ils le rendent plus vif, plus serré, & plus énergique : mais on doit en connoître la juste valeur. […] Gentilhomme est un homme d’extraction noble ; un homme gentil est un homme gai, vif, joli, mignon.
Il avait ce qui manquait à celui-ci, le sentiment vif de la tradition française, et il ne péchait pas comme lui par une surabondance de générosité. […] Puis, la lumière vive et vraie ainsi déclenchée sur un point, il reste à l’amener dans tout le tableau, à la faire courir. […] Autre péril plus grave, car il attaque le reporter dans ses œuvres vives, dans son art même. […] Ils étaient assis sur leur banc. « Ce banc est à moi, dit l’un. — Il est à moi, dit l’autre. — Mais oui, il est à vous. » Et le fait est que notre désaccord n’était pas bien vif. […] Les racines des personnalités originales soutiennent, étagent en terrasses, disposent pour la production et la culture, œuvres de patience, ces terres qui sur les pentes vives s’ébouleraient avec les eaux et comme elles.
L’une était une petite brune, à l’œil vif et noir, toute gracieuse et enjouée ; on me la nomma Mme de Pontécoulant. […] Lucas, c’est un homme de 28 à 30 ans, à l’œil brun et vif ; un peu voûté, et dont la mise est assez négligée. lime parut avoir des gants de soie, ce qui est assez inusité dans le monde qu’on rencontre à l’Opéra. […] Les marches couvertes de parures, d’écharpes, de plumes, de fleurs, de rubans ; les marches étincelantes de bijoux, de regards, de sourires, d’épaules qui se cachent, ressemblaient à ces larges gradins de nos serres-chaudes, où sont échelonnées mille plantes précieuses, des couleurs les plus vives et de l’aspect le plus éblouissant. […] Gozlan est petit, brun, vif, mais médiocrement distingué : son œil brûle quand il darde, sa toilette est convenable, mais n’atteint pas à l’élégance.
À la fin, — comme il fallait lever le rideau, — l’Asiatique prend un parti vif et animé. […] *** Un ancien député des chambres de Louis-Philippe, ami du père Saint-Alme, lui disait un jour en faisant allusion à quelques anecdotes un peu vives publiées par le Corsaire : — Mon cher ami, votre journal est bien amusant, malheureusement on ne peut pas le laisser lire à ses filles. […] La jardinière dégageait ses plus subtils parfums. — Les rideaux glissaient d’eux-mêmes sur leurs tringles, et épaississaient leurs plis soyeux. — La lampe adoucissait sa clarté trop vive, et ne répandait plus dans le boudoir que le clair-obscur discret, — favorable aux confidences infimes. — On bâtissait, au coin du feu, des châteaux de félicité, sur les sables du mot toujours. — On disait un peu de mal des absents, excepté du mari. — Jamais de querelles, jamais d’ennuis. — C’était charmant, délicieux. — À minuit le mari rentrait. — L’amant s’en allait et rentrait chez lui, et l’on recommençait le lendemain, pour recommencer le surlendemain. […] Il fit prévenir la rebelle qu’il aurait l’honneur de l’accompagner au spectacle, et qu’il irait la prendre le soir même chez elle. — L’actrice répondit qu’elle acceptait. — Son billet fut placé dans les archives du personnage, qui, le soir même, allait prendre sa conquête dans une voiture attelée de deux coursiers rapides. — On n’était pas en route depuis cinq minutes que le cavalier, — faisant trêve aux madrigaux et séductions de langage de son répertoire ordinaire, — change la stratégie du siége et passe subitement de la parole à une pantomime expressive. — Surprise à l’improviste, et tout moyen de défense paralysé, celle qui était l’objet de cette vive démonstration se décidait déjà à parlementer, lorsqu’il lui vint subitement une idée. — Elle s’empara du chapeau de son assaillant, le passa rapidement au travers de la portière et cria vivement à l’ennemi : — Je ne veux pas appeler et faire du scandale, — mais si vous ne me lâchez pas, je lâche votre chapeau. […] Le bonheur forcé est si vif qu’on en voit qui changent de couleur.
L’Amour est mort, vive l’Amour ! […] Plus de ces vives études caricaturales, de ces fourmillantes exhibitions de grotesques qui avaient coutume, dans la plupart de ses pièces, de précéder l’explosion du drame. […] Or, cela ne l’empêche point de faire la cour la plus vive à la femme de son meilleur ami. […] Les plus vives jouissances d’amour-propre en tout genre sont pour les hommes à menton bleu. […] Elle consiste à prendre aux choses un vif intérêt intellectuel, sans jamais s’en émouvoir outre-mesure.
Morillot, des impressions plus vives et plus libres que celles qu’il lui était permis de rendre. […] N’y cherchez pas non plus d’impressions un peu vives, ni cette curiosité du passé, qui le ressuscite en l’aimant. […] C’était, en somme, le comique de Gil-Pérès, un comique sournois, bizarre et lugubre, de clown anglais, mais avec de l’esprit, de l’observation et un vif sentiment du pittoresque. […] Il y a, du reste, dans l’espèce de philosophie nihiliste où ces constatations nous mènent, un vif plaisir de révolte, de négation. […] Il condamne tranquillement à être brûlée vive (que voulez-vous ?
Un de ses amis habitant Nevers, Dalègre, petit homme assez jeune, vif, souriant, sociable, à l’oreille rouge, au teint frais, du tempérament le plus opposé à celui de son ami, est un jour prié par lui de rechercher dans sa ville et dans les environs les débris épars d’une ancienne fabrique célèbre, qui doivent encore s’y trouver ; niais, en cherchant d’abord indifféremment, puis peu à peu avec plus de zèle, pour le compte d’autrui, Dalègre, un matin, se sent mordu lui-même ; il prend la maladie, et, pour son début, il est plus âpre, plus enragé encore que Gardilanne.
I Je voyais l’autre jour, à l’Odéon, Macbeth si bien rendu, si bien exprimé et resserré au vif par notre ami Jules Lacroix, ce mouleur habile et consciencieux du groupe sophocléen, l’Œdipe roi : j’admirais, même dans les conditions inégales où elle nous est produite, cette pièce effrayante, effarée, sauvage, pleine d’hallucinations, de secondes vues ; où l’on voit naître, grandir et marcher le crime, le remords ; où l’horreur d’un bout à l’autre plane à faire dresser les cheveux ; où le cœur humain s’ouvre à tout instant devant nous par des autopsies sanglantes ; sillonnée de mots tragiques immortels ; où le poignard, l’éclair, le spectre, sont des moyens d’habitude et devenus vraisemblables ; où la faiblesse est forte, où le héros est faible et misérable ; où tout s’enchaîne et s’entraîne, où la destinée se précipite tantôt vers la grandeur, tantôt vers l’abîme ; où l’homme est montré comme le jouet de la fatalité, une paille dans le tourbillon ; où Shakespeare nous dit son dernier mot philosophique par la bouche de son Macbeth s’écriant : « Hors d’ici, éteins-toi, flambeau rapide !
Ils étaient tous, dans cette forte et puissante génération, fins, délicats, polis et vifs de langage, et aucun, à proprement parler, ne devançait l’autre.
ces heures sont encore des heures heureuses, et l’on ne se quitte point sans un vif désir de se retrouver. « J’ai toujours pensé, dit Michel, que les querelles étaient arrangées par la Providence pour les raccommodements. » Et puis, le lendemain de ces journées de bonheur, tout est changé tout d’un coup sans qu’on sache pourquoi.
La parole vive, en effet, a toujours ses familiarités, ses négligences aimables et ses grâces.
Comme il est dans un âge où il n’a point encore acquis tout le pouvoir sur lui qu’il aura sans doute avec le temps, il lui échappe quelquefois de dire de certaines choses dont Madame Royale est informée, par le soin qu’on a de veiller continuellement sur ses actions et sur ses paroles… Ce qui doit augmenter l’inquiétude de Madame Royale, c’est qu’on voit que M. le duc de Savoie est vif, impatient et sensible, et que, dans les premières années de sa régence, elle l’a traité avec une sévérité dont à peine elle s’est relâchée depuis quelques mois… » Le jeune prince en était dès lors à éprouver pour sa mère un sentiment de répulsion et presque d’aversion.
Chaucer, Spenser, Cowley, Milton, Shakespeare même, il parle d’eux tous à ravir, et il touche le point vif de chaque talent avec goût et impartialité.
Pourtant le sentiment individuel, bien que très en peine et comme chassé de poste en poste, résista ; il y eut de vives protestations en sens contraire et en faveur d’une certaine unité préexistante.
« Je m’en vais renoncer aux habitants des planètes, s’écrie à un moment la trop vive marquise à qui il vient de rappeler la non-certitude absolue des preuves ; car je ne sais plus en quel rang les mettre dans mon esprit, ces habitants ; ils ne sont pas tout à fait certains, ils sont plus que vraisemblables ; cela m’embarrasse trop. » — « Ah !
L’histoire peut faire aisément la digne et la fière en se tenant aux documents et pièces d’État dont elle dispose ; mais la littérature anecdotique, quand elle s’appuie sur des faits circonstanciés et des particularités prises sur le vif, a aussi ses droits devant l’histoire.
Il est heureux pour Louis XV qu’il n’ait pas eu le sang plus chaud ni plus vif : à une telle nouvelle il aurait rougi comme d’un affront, il aurait bondi et serait entré dans une sainte et royale colère.
Théophile Gautier qui vient à eux cette fois, non plus seulement comme un curieux et comme un érudit, mais comme un franc auxiliaire ; il entre dans la question flamberge au vent et enseignes déployées, ou, pour parler son pittoresque langage, il y entre « comme un jeune romantique à tous crins de l’an de grâce mil huit cent trente. » Un tel point de vue, hardiment choisi, est bien fait pour éveiller l’intérêt, quand on sait à quelle plume vive, à quelle plume effilée, intrépide et sans gêne on a affaire.
Toutes les âmes jeunes, vives, nationales, naturellement françaises, y trouvèrent l’expression éloquente et harmonieuse de leurs douleurs, de leurs regrets, de leurs vœux ; tout y est honnête, avouable, et respire la fleur des bons sentiments : Casimir Delavigne s’y montra tout d’abord l’organe de ces opinions mixtes, sensées, aisément communicables, et si bien baptisées par un grand écrivain, le mieux fait pour les comprendre et les décorer, par M. de Chateaubriand, de ce nom de libérales qui leur est resté.
Il n’y aurait guère d’inconvénient au premier abord, car l’article de M.Arnould Fremy, intitulé André Chénier et les Poëtes grecs, qui a paru dans la Revue indépendante du 10 mai, ne semble pas destiné, quel qu’en puisse être le mérite, à exercer une vive séduction ni à obtenir un grand retentissement.
Mais le grand poète, d’après ce que je viens de dire, ne doit pas être doué seulement d’une mémoire vaste, d’une imagination riche, d’une sensibilité vive, d’un jugement sûr, d’une expression forte, d’un sens musical aussi harmonieux que cadencé ; il faut qu’il soit un suprême philosophe, car la sagesse est l’âme et la base de ses chants ; il faut qu’il soit législateur, car il doit comprendre les lois qui régissent les rapports des hommes entre eux, lois qui sont aux sociétés humaines et aux nations ce que le ciment est aux édifices ; il doit être guerrier, car il chante souvent les batailles rangées, les prises de villes, les invasions ou les défenses de territoires par les armées ; il doit avoir le cœur d’un héros, car il célèbre les grands exploits et les grands dévouements de l’héroïsme ; il doit être historien, car ses chants sont des récits ; il doit être éloquent, car il fait discuter et haranguer ses personnages ; il doit être voyageur, car il décrit la terre, la mer, les montagnes, les productions, les monuments, les mœurs des différents peuples ; il doit connaître la nature animée et inanimée, la géographie, l’astronomie, la navigation, l’agriculture, les arts, les métiers même les plus vulgaires de son temps, car il parcourt dans ses chants le ciel, la terre, l’océan, et il prend ses comparaisons, ses tableaux, ses images, dans la marche des astres, dans la manœuvre des vaisseaux, dans les formes et dans les habitudes des animaux les plus doux ou les plus féroces ; matelot avec les matelots, pasteur avec les pasteurs, laboureur avec les laboureurs, forgeron avec les forgerons, tisserand avec ceux qui filent les toisons des troupeaux ou qui tissent les toiles, mendiant même avec les mendiants aux portes des chaumières ou des palais.
Il esquissait largement ce parallèle, donnant et reprenant l’avantage tour à tour aux anciens et aux modernes, avec un vif amour pour ceux-là, une large sympathie pour ceux-ci.
Elle a été dotée de toutes les épithètes, de tous les verbes qui indiquent les qualités et les actions des objets sensibles : elle a été élevée, basse, elle a eu des idées étendues, étroites, des sentiments vifs ou lents, ardents ou froids.
Elle « ôte ses bas, devant Félicien, d’une main vive » (page 124).
Rousseau veut peindre cette espèce d’obsession de l’artiste à l’approche du génie, ces longs travaux qui précèdent la création, ces fureurs, ces transports pour arriver aux traits de vive flamme : M.
Bergeret, vous les prenez donc pour « des énergies précieuses », les basses avidités ouvertes vers les misérables et fangeux royaumes qui sont de ce monde — Votre intelligence vive, alerte, capable de tout comprendre successivement, inégale à la vue synthétique qui seule donne la sérénité, hésite entre Spinoza qui put tirer de ses richesses intérieures un univers harmonieux et le pauvre Napoléon dont l’Europe conquise ne remplissait pas le vide décidément incurable.
C’est pour lui qu’il détrousse les gloires, qu’il assassine les réputations, qu’il biographie les gens tout vifs, d’une plume taillée en stylet.
Une pensée ferme et vive emporte nécessairement avec elle son expression.
Quant au texte, j’ai dit qu’il est pour la première fois exact et fidèle ; on a rétabli bien des traits fermes, bien des phrases énergiques et vives que la prudence ou la pruderie littéraire des premiers éditeurs avait effacées ou adoucies.
En jugeant un homme qui s’était formé seul à l’étude dans la vie des camps, Carrel, pour en donner la clef, n’avait qu’à s’interroger lui-même : mais, au milieu de tous les rapports d’originalité et d’indépendance qu’il pouvait se sentir avec Courier, il y avait un point sur lequel le désaccord était trop vif pour qu’il s’interdît de l’indiquer.
Et il y a mieux : quand on lit les Mémoires de Richelieu, on s’aperçoit à tout moment qu’au milieu des choses les plus éloignées et les plus anciennes qu’il raconte, il parle tout à coup au temps présent ; il est à croire que, de très bonne heure, il avait pris des notes sur les choses et sur les événements, et ces notes, tantôt vives, tantôt un peu longues, passèrent ensuite à peu près intégralement dans le corps de son ouvrage.
Par exemple, les organes de la reproduction et la langue sont le siège de plaisirs vifs, qui sont nécessaires pour la préservation de la race et pour celle de l’individu.
Rien n’est comparable à l’état, à la fois stupide et heureux, que vous donne une journée de jardinage, à l’air vif et froid de ce premier mois de l’hiver.
Nous ne confondrons point le vif génie de Banville avec le pesant talent de Boileau ; ce sera la noblesse perpétuelle du maître de Florise, ses reproches à Hugo de n’avoir point brisé les barrières, ses dits, qu’on est encore timide quand on se croit le plus audacieux, l’hésitation, le doute sur lequel il conclut sa prosodie, sa vision que la rythmique romantique n’était pas éternelle.
On voit, dit-il, sur le visage de cette femme, abatuë déja et dans les simptômes d’une mort prochaine, les sentimens les plus vifs et les soins les plus empressez de la tendresse maternelle.
Il n’est pas de foi un peu vive, si laïque soit-elle, qui n’ait ses fétiches où la même disproportion éclate.
Son esprit, aussi judicieux que vif, ne peut être longtemps dupe de ce qui n’est pas fondé sur la raison et avoué par le goût ; et l’heureux génie de sa langue, qui a mérité qu’on dît, Ce qui n’est pas clair n’est pas français, ne tarde jamais à repousser l’obscurité ambitieuse, l’impropriété affectée et l’orgueilleuse incorrection.
Intérieur et extérieur, également embrassés, de l’ouvrage qu’il veut faire connaître, influences subies ou repoussées, époques reproduites à grands traits, individualités pénétrées, manière toute-puissante et presque magique de grouper les faits dans laquelle il est passé maître, vues ingénieuses et profondes, preuves historiques resplendissant d’exemples à l’appui de ses opinions, et, quand il n’est pas dans la vérité absolue, mirages historiques si bien faits que les plus savants peuvent y être pris, voilà les forces vives du genre de critique qui est la gloire de Macaulay !
On s’imaginait tout connaître de cette intelligence profonde et grave, et dont l’éclat est d’autant plus vif et plus dardant que son bloc, comme celui du diamant, est plus massif et plus solide, quand, bien du temps après sa mort, on s’est avisé de publier sa Correspondance avec sa fille, qui étonna tout à la fois et qui ravit, et modifia, pour la plupart des lecteurs, qui n’ont pas vu le lion quand il aime, la physionomie de ce lion-ci, qui avait la grâce au même degré que la force, car il ne pouvait pas l’avoir davantage !
Mon impression fut excessivement vive quand je lus le livre d’enfilée, et l’enthousiasme me prit au point que j’eus besoin de réflexion et d’une seconde lecture pour en apercevoir les défauts.
L’autre dira : — Je suis tout étourdi par cet air si vif ; nous autres Parisiens, vous comprenez… Les plus ingénieux envelopperont leur certificat d’origine civilisée dans un compliment pour la campagne ou la mer.
Vous vous croyiez parmi les arbres ; la représentation était si vive, que vous l’avez prise pour l’original.
« Il avait, dit-il lui-même, une pente naturelle vers les choses d’observation intérieure »… Il suivait « une lumière intérieure, un esprit de vérité qui luit dans les profondeurs de l’âme et dirige l’homme méditatif appelé à visiter ces galeries souterraines… Cette lumière n’est pas faite pour le monde, car elle n’est appropriée ni au sens externe ni à l’imagination ; elle s’éclipse ou s’éteint même tout à fait devant cette autre espèce de clarté des sensations et des images ; clarté vive et souvent trompeuse qui s’évanouit à son tour en présence de l’esprit de vérité. » Ainsi occupé, et ses regards concentrés sur lui-même, il avait fini, comme les philosophes indiens, par isoler et constituer à part, du moins à ses propres yeux, son être intérieur et sa volonté active.
Si le rapprochement était indiqué avec brièveté, je ne le blâmerais pas, et même j’insisterais sur l’ingénieuse opposition des deux termes que le poète a choisis ; encadré dans une multitude de rapprochements du même ordre, je ne puis l’accepter, et je déclare en toute franchise, malgré la vive admiration que je professe pour André Chénier, qu’il me paraît avoir complètement méconnu le genre d’images qui convenait au serment du jeu de paume. […] Le dialogue des deux bergers se compose de phrases courtes et vives ; mais chacune de ces phrases porte coup. […] Bien des livres empreints d’un talent d’écrivain très supérieur à celui de Prévost seront oubliés avant dix ans, et dans cent ans comme aujourd’hui Manon Lescaut sera relue avec une vive sympathie par tous ceux qui se plaisent à étudier le jeu des passions humaines. […] La lecture des Feuilles d’automne est féconde en leçons, et projette une vive lumière sur toutes les œuvres de l’auteur. […] Philippe, au lieu de céder devant cette démonstration énergique du saint-siège, exerça de vives représailles contre le clergé qui s’était soumis aux ordres d’Innocent III.
Ils parlent à la curiosité comme les Saxons parlaient à l’enthousiasme, et détrempent dans leurs longues narrations claires et coulantes les vives couleurs des traditions germaines et bretonnes : des batailles, des surprises, des combats singuliers, des ambassades, des discours, des processions, des cérémonies, des chasses, une variété d’événements amusants, voilà ce que demande leur imagination agile et voyageuse. […] — Je crois qu’il m’est venu du ciel. — Mon amour a quitté toutes les autres femmes — et s’est posé sur Alison. » — « Avec ton amour, dit un autre, ma douce bien-aimée, tu ferais mon bonheur, — un doux baiser de ta bouche serait ma guérison119. » N’est-ce point là la vive et chaude imagination du Midi ? […] William Sawtre, premier lollard brûlé vif.
Les sources vives dans ce cœur étaient trop pleines et dégorgeaient impétueusement le bien, le mal au moindre choc. […] Il en a employé les ressorts moteurs à sa façon, pour son but propre, de sorte qu’aucun d’eux ne reste le même, et c’est pour cette raison surtout que je ne saurais trop admirer son génie. » En effet, l’œuvre était originale. « Je n’ai jamais lu le Faust de Gœthe, écrivait Byron, car je ne sais pas l’allemand ; mais Matthew Monk Lewis, en 1816, à Coligny, m’en traduisit la plus grande partie de vive voix, et naturellement j’en fus très-frappé. […] Jamais on n’a vu dans un si clair miroir la naissance d’une vive pensée, le tumulte d’un grand génie, le dedans d’un vrai poëte, toujours passionné, inépuisablement fécond et créateur, en qui éclosent subitement coup sur coup, achevées et parées, toutes les émotions et toutes les idées humaines, les tristes, les gaies, les hautes, les basses, se froissant, s’encombrant comme des essaims d’insectes qui s’en vont bourdonner et pâturer dans la fange et dans les fleurs.
La conscience française est courte et vive ; la conscience allemande est longue, tenace et profonde. […] Va-t-elle se remettre sur la pente d’affaiblissement national et de matérialisme politique où elle était engagée avant la guerre de 1870, ou bien va-t-elle réagir énergiquement contre la conquête étrangère, répondre à l’aiguillon qui l’a piquée au vif, et, comme l’Allemagne de 1807, prendre dans sa défaite le point de départ d’une ère de rénovation ? […] Former par les universités une tête de société rationaliste, régnant par la science, fière de cette science et peu disposée à laisser périr son privilège au profit d’une foule ignorante ; mettre (qu’on me permette, cette forme paradoxale d’exprimer ma pensée ) le pédantisme en honneur, combattre ainsi l’influence trop grande des femmes, des gens du monde, des Revues, qui absorbent tant de force vives ou ne leur offrent qu’une application superficielle ; donner plus à la spécialité, à la science, à ce que les Allemands appellent le Fach, moins à la littérature, au talent d’écrire et de parler ; compléter ce faite solide de l’édifice social par une cour et une capitale brillantes, d’où l’éclat d’un esprit aristocratique n’exclut pas la solidité et la forte culture de la raison ; en même temps, élever le peuple, raviver ’ses facultés un peu affaiblies, lui inspirer, avec l’aide d’un bon clergé dévoue à la patrie, l’acceptation d’une société supérieure, le respect de la science et de la vertu, l’esprit de sacrifice et de dévouement ; voilà ce qui serait l’idéal ; il sera beau du moins de chercher à en approcher.
La sensation du poète ne vibre pas dans son vers, et il ne semble pas qu’il ait essayé de la fixer toute vive. Ou plutôt il n’a rien senti que d’une émotion purement intellectuelle : et sachant ce qu’il voulait dire, c’est alors seulement que, pour le mieux dire, d’une manière plus vive, qui frappe davantage et qu’on retienne mieux, il a cherché de quelle image il pourrait revêtir sa pensée. […] De, tous les écrivains de son temps, on en trouverait donc malaisément un autre dont l’œuvre éclaire d’une lumière plus vive toute une période assez mal connue de l’histoire des idées au xviie siècle. […] La manière discursive en est d’un homme pour qui le xviie siècle ne serait pas intervenu ; qui continuerait sous Louis XIV de s’habiller comme on faisait au temps de Henri IV ; dont l’allure, quoique vive, serait cependant plus vieille que son visage, ou, si l’on veut enfin, la langue plus âgée que les idées qu’elle exprime. […] « Petite, point belle, mais les yeux vifs et fins, et une conversation si charmante qu’on ne pouvait la quitter », elle avait eu pourtant son heure, et, quand Marais la connut, aux environs de 1706, « elle gardait dans le cœur une passion pour un homme qui avait été tué à la guerre ».
Ne se laisse-t-il jamais emporter au-delà des limites de l’exactitude par sa manière forte et vive de sentir ? […] Panétius lui répondit : Oui, le sage. » Lettre CXXI : « L’accomplissement de vos désirs les plus vifs a souvent été la source de vos plus grandes peines… » En effet, combien il m’est arrivé de fois de soupirer après le malheur ! […] Les Questions naturelles XCV Cet ouvrage est dédié à Néron. « Vous avez, lui dit Sénèque, un goût pour la vérité aussi vif que pour les autres vertus… » Mais de quelles vertus s’agit-il ici ? […] J’ai pris la liberté de contredire de vive voix et par écrit M. de Voltaire, avec les égards que je devais aux années et à la supériorité de ce grand homme, mais aussi avec le ton de franchise qui me convenait, et cela sans l’offenser, sans en avoir entendu de réponses désobligeantes.
Deux actes de comédie sont consacrés à nous présenter, dans un décor aux couleurs vives et gaies, le milieu où se passera l’action, les personnages qui y seront mêlés. […] Ils ont un très vif sentiment des choses d’art. […] Chassagnol, Anatole, sont des figures prises sur le vif, attrapées d’un coup de crayon qui serre la réalité de tout près. […] Zola, de ces personnages de second plan dont la physionomie est indiquée d’un trait pris sur le vif. […] Cette histoire de la décadence progressive d’un ménage d’ouvriers est prise sur le vif.
Je tiens pour une vérité vraie que, de toutes les joies que l’esprit peut goûter, celle de savourer les grandes œuvres d’art est la plus douce et la plus vive. […] Elle avait tout ce qui constitue le véritable esprit, l’imagination toujours prête à peindre et à colorer les objets de sa pensée, le vif sentiment des choses et des êtres, la bonne foi virile, la gaieté candide. […] Une vive fantaisie le traverse et le soutient : c’est l’amour inextinguible du vieux Satan pour la belle Ève. […] FRAGMENT DE LETTRE DE LORD BYRON À SON ÉDITEUR Juin 1820 Je n’ai jamais lu son Faust, car je ne sais pas l’allemand ; mais Matthew Lewis, en 1816, à Coligny, m’en traduisit la plus grande partie de vive voix, et j’en fus naturellement très frappé ; mais c’est le Steinbach, la Jungfrau et quelques autres montagnes, bien plutôt que Faust, qui m’ont inspiré Manfred. […] Il en pourrait être ainsi, mais il en est rarement ainsi, car la durée de la foi et la conservation des forces vives sont subordonnées à des influences extérieures que l’homme ne peut pas toujours vaincre, ne fût-ce que dans l’ordre physique !
Coleridge a tracé son rôle avec une délicate subtilité, avec une vive pénétration, et la scène, dans laquelle Démétrius découvre qu’il n’est point le fils d’Ivan et n’a aucun droit au nom qu’il réclame, est extrêmement forte et dramatique. […] Elle tient plus d’Homère que de Virgile, et le lecteur ordinaire ne se douterait guère, d’après le rythme égal et entraînant de ses vers, à l’allure si vive, que Virgile était un artiste ayant conscience de lui-même, le poète-lauréat d’une cour cultivée. […] Parfois on est tenté de désirer que cette faculté artistique si vive que les femmes possèdent, à n’en pas douter, se développe un peu plus dans le sens de la prose, un peu moins dans le sens des vers. […] Tant de lumières étaient allumées sous le toit, qu’il paraissait embrasé d’une flamme moins vive le jour où les Romains y avaient brûlé des fagots pour le détruire par le feu, dans la hâte du matin de la bataille. […] Pater, — car il exige une seconde lecture, — on revient à l’œuvre du poète avec un nouveau sentiment d’admiration, une sorte d’attente vive et passionnée.
Je les considérais tous deux, l’un comme un grand galion espagnol, et l’autre comme un vaisseau de guerre anglais ; maître Jonson, comme le galion, était exhaussé en savoir, solide, mais lent dans ses évolutions ; Shakspeare, comme le vaisseau de guerre anglais, moindre pour la masse, mais plus léger voilier, pouvait tourner à toute marée, virer de bord, et tirer avantage de tous les vents par la promptitude de son esprit et de son invention. » Au physique et au moral, voilà tout Jonson, et ses portraits ne font qu’achever cette esquisse si juste et si vive : un personnage vigoureux, pesant et rude ; un large et long visage, déformé de bonne heure par le scorbut, une solide mâchoire, de vastes joues, les organes des passions animales aussi développés que ceux de l’intelligence, le regard dur d’un homme en colère, ou voisin de la colère ; ajoutez-y un corps d’athlète, et vers quarante ans, « une démarche lourde et disgracieuse, un ventre en forme de montagne109. » Voilà les dehors, le dedans y est conforme. […] Mais que Jonson rencontre des passions âpres, visiblement méchantes et viles, il trouvera dans son énergie et dans sa colère le talent de les rendre odieuses et visibles, et produira le Volpone, œuvre sublime, la plus vive peinture des mœurs du siècle, où s’étale la pleine beauté des convoitises méchantes, où la luxure, la cruauté, l’amour de l’or, l’impudeur du vice, déploient une poésie sinistre et splendide, digne d’une bacchanale du Titien138.
J’allai voir aussitôt mon fourneau, où le métal avait formé une espèce de pâté ; mais j’envoyai chercher du bois de chêne, qui fait un feu plus vif que les autres ; j’en remplis la fournaise, et bientôt je vis ce pâté s’amollir. […] C’est alors que la duchesse me dit de m’en rapporter à elle ; ce que je refusai pour mon malheur. » Cette série de vicissitudes était couronnée par le bonheur de famille que la Providence avait réservé pour les jours avancés de Benvenuto, en récompense des soins si tendres qu’il avait lui-même témoignés à son vieux père, et de la vive affection qu’il avait nourrie pour ses sœurs.
Après de si amères souffrances la joie de la Reine fut vive. […] L’intérêt y est soutenu, vif, croissant ; la dernière scène, celle du massacre mutuel des deux armées dans la salle d’Etzel est comparable aux scènes les plus funèbres d’Homère dans le palais de Pénélope ; la vengeance d’une seule femme, Kriemhilt, égale la pudeur vengeresse de l’épouse d’Ulysse.
Il est amusant quelquefois de saisir sur le vif ce bon procédé de remplissage, qu’ont pratiqué si avantageusement Richebourg, Montépin et leurs disciples. […] C’est le meilleur moment de ma vie ou plutôt c’est le seul instant où je vive réellement, où je m’appartiens… Le concours ouvert par la Revue me suggère une idée que je prends la liberté de vous soumettre dans l’espoir qu’en la tournant et retournant, en la faisant vôtre, vous pourrez en tirer quelque utilité pour l’éducation populaire.
Les Grecs, après les clameurs et les peines des initiales batailles, avaient formé une race de raisonneurs, épris des notions claires et des enchaînements harmonieux, ils n’avaient point des sensations vives et n’étaient guère portés à l’émotion : nulle fougue passionnée ne secoue l’ordonnance tranquille de leurs discours, non plus que la froide sérénité de leurs faces. […] Le promoteur véritable de la littérature moderne, le seul père intellectuel de nos âges, est le philosophe René Descartes, jamais un homme n’a exercé sur son temps une influence aussi vive que l’a fait sur les pensées et les mœurs du XVIIe siècle cet écrivain peu bruyant.
Reprenons la description des étables, et voyez encore si elles sont moins vives à vos yeux que celle du palais. […] dit notre mère. — Non assurément, répondîmes-nous tous ; la description est si vive que le vers d’Homère, dans ce passage, sent la fumée de la broche. » On reprit ; on lut l’énumération à la fois touchante et orgueilleuse des anciennes richesses en troupeaux de son maître, faites par le gardeur de pourceaux au mendiant attentif.
Ainsi les espèces de Mollusques qui sont confinées dans des mers tropicales ou dans des mers peu profondes ont généralement des couleurs plus vives que celles qui vivent dans des mers froides ou profondes. […] On conçoit aisément, en effet, que de rares individus de la Bathyscia aveugle des cavernes aient pu accidentellement en sortir par quelque fissure, et qu’ils se soient multipliés au dehors, dans des endroits sombres qui leur rappellent un peu les conditions de vie de leurs ancêtres, et où ils sont exposés à une concurrence moins vive de la part de rivaux ou d’ennemis clairvoyants.
On a beau alors leur attribuer le même Temps mathématique, comme on l’avait toujours fait jusqu’à Lorentz et Einstein, il est impossible de démontrer strictement que les observateurs placés respectivement dans ces deux systèmes vivent la même durée intérieure et que par conséquent les deux systèmes aient le même Temps réel ; il est même très difficile alors de définir avec précision cette identité de durée ; tout ce qu’on peut dire est qu’on ne voit aucune raison pour qu’un observateur se transportant de l’un à l’autre système ne réagisse pas psychologiquement de la même manière, ne vive pas la même durée intérieure, pour des portions supposées égales d’un même Temps mathématique universel. […] Ce passage nous fait prendre sur le vif une équivoque qui a été cause de bien des malentendus.
Turgot, dans des vers satiriques anonymes qui coururent tout Paris, et qui étalaient au vif les désastres flétrissants dont la guerre de Sept Ans affligeait la France, s’écriait : Bernis, est-ce assez de victimes ?
Un autre suffrage, d’un tout autre genre, mais très vif également et moins suspect de pure politesse, celui de Sophie Arnould, vieillie, souffrante et pauvre, venait tendrement remercier Daru, qui lui avait rappelé par l’abbé Delille quelques-uns des beaux jours de sa jeunesse.
[1re éd.] mais leur correspondance directe ne fut jamais très vive ;
Si j’imitais pourtant M. de Pontmartin, qui tranche dans le vif quand il s’agit de nos admirations et de nos amours, je dirais hardiment qu’il a, en littérature, des opinions de position encore plus que de conviction : quand il écrit à la Revue des Deux Mondes, par exemple, ce n’est plus le même homme que quand il écrit dans l’Union ou dans le Correspondant.
Ces vives, ces générales, ces sincères acclamations firent taire pour longtemps ses ennemis, ses jaloux et ces atrabilaires qui, souvent sans savoir pourquoi, ou croyant se faire valoir, crient sans cesse contre les gens en place et trouvent plus ou moins à mordre en tout ce qui excelle. » Cette page, que j’ai tenu à donner dans toute son étendue, est le revers de la Pyramide de tout à l’heure.
Les premiers volumes furent accueillis dans toute l’Europe avec un succès assez vif ; l’apparition de chaque tome nouveau était attendue, désirée des lecteurs libéraux et sérieux de tous les pays.
Mais il fut et il parut, dans toutes ces charges et conditions de rencontre et de circonstance, avec les qualités de bon sens, de modération et d’humanité qu’on lui connaît, avec un excellent esprit et un zèle qui, dans ses intermittences, avait des accès assez vifs, bien que ne se soutenant pas.
En présence de cette pièce extraordinaire et tout en éclats, il releva et mit en ligne de compte les invraisemblances, les inexactitudes : on aurait voulu des demi-partis, des biais, comme si le beau du Cid n’était pas précisément d’être beau en plein et dans le vif.
Il est mieux de passer sans transition d’un récit à l’autre ; ce sont des changements à vue, et le lecteur y reçoit presque la même impression au vif qu’un témoin et un contemporain : « Il m’écrivit de Berlin, nous dit Malouet, qu’il avait grande envie de passer du nord de l’Allemagne au midi de la France, et que probablement il viendrait à Toulon, où il arriva un mois après.
L’inquiétude qui nous dévore finira par un sentiment vif et décidé, dont les grands écrivains doivent se saisir d’avance.
Nous nous réunissions, au retour de la promenade, auprès d’un bassin d’eau vive, placé au milieu d’un gazon dans le potager : madame Joubert, madame de Beaumont et moi, nous nous asseyions sur un banc ; le fils de madame Joubert se roulait à nos pieds sur la pelouse ; cet enfant a déjà disparu.
Les « Lettres persanes » Les Lettres persanes 520 parurent en 1721, avec le succès que pouvaient avoir, sous la Régence, de vives satires entrecoupées de descriptions voluptueuses.
Enfin, le travail des champs garde toujours une noblesse : il est si naturel, si nécessaire pour que l’humanité vive, qu’il en devient auguste ; c’est le travail antique, connu des patriarches et des rois.
Vous trouverez chez lui, assez souvent, un vif ressouvenir de la foi catholique de son enfance.
Il faut donc simplement traduire : « Mais mon royaume n’est pas de ce monde. » — Une autre discussion des plus importantes et des plus vives de toute l’exégèse biblique (Isaïe, chap.
Il ne dévore plus des chairs vives, il ne broie plus des os sous ses dents, pour en extraire un filet de moelle : ce qu’il y a de carnassier dans la viande, le feu l’amollit et le purifie ; les miasmes contagieux de férocité qu’elle recèle s’évaporent avec la cuisson.
Jérôme Pichon), antiquaire distingué et très vif dans son culte du passé : d’autre part, le petit-fils d’une des plus compromises parmi ces anciennes beautés, laquelle avait déjà été nommée en toutes lettres dans l’édition de 1822, n’a pas estimé qu’il y avait lieu à prescription et n’a pas cru devoir être de l’avis de Boileau : Mais qui m’assurera qu’en ce long cercle d’ans À leurs fameux époux vos aïeules fidèles Aux douceurs des galants furent toujours rebelles ?
Si ce détail, consigné dans le grave journal, est exact, ce fut là la plus vive espièglerie de Mme de Motteville.
Je me suis arrêté avec plaisir sur cette figure naturelle et vive, qui est celle d’un Gil Blas supérieur, d’un Figaro sans mauvais goût et sans charge, venu avant que la philosophie et la littérature s’en soient mêlées.
Dans le dialogue original et vif qu’on supposerait de l’un à l’autre, ils ne seraient d’accord que sur le Jupiter Olympien et contre Napoléon ; tous deux hommes d’humeur et ne voyant qu’un côté des choses ; mais Quatremère de Quincy plus élevé, et, au nom même de l’art antique et de la religion du goût, faisant honte à Courier de sa popularité politique, de mettre ainsi un talent d’Athénien au service des gens de La Minerve, et d’avoir pu dire sérieusement, dans une lettre adressée au Drapeau blanc : « Le peuple m’aime ; et savez-vous, monsieur, ce que vaut cette amitié ?
Mais, quels que soient les motifs qui m’ont conduit, je n’ai point traversé cette Voie douloureuse sans éprouver une vive émotion et sans m’élever à de religieuses pensées.
Il y a des incorrections, par exemple : « La plus grande peine n’est pas de se divertir, c’est de le paraître. » Mais Montesquieu, sur le style, a des idées fort dégagées : « Un homme qui écrit bien, pense-t-il, n’écrit pas comme on écrit, mais comme il écrit ; et c’est souvent en parlant mal qu’il parle bien. » Il écrit donc à sa manière, et cette manière, toujours fine et vive, devient forte et fière et grandit avec les sujets.
Il y reviendra, après ses premières licences, d’une manière sincère et touchante : je ne sais aucun déiste qui témoigne un sentiment de foi plus vif que Franklin ; il paraît croire, en toute occasion, à une Providence véritablement présente et sensible ; mais là encore, qu’est-ce qui a le plus contribué à le ramener ?
(Bibliothèque du roi) ; elle est ou de Richelieu ou rédigée sous ses yeux, d’un latin raffiné et aigu, mais pleine de vives et fortes pensées : Abiturus e vita loquor veritatem eo momento quo nemo mentitur… Electus in primarium Regis mei ministrum, id primum intendi ut Regem meum facerem primum Regem : volui Christianissimum esse et potentissimum ; volui primogenitum esse Ecclesiae et Europae ; volui esse justum ut sua orbi restitueret, et orbem sibi.
C’est surtout sur la poésie tragique que le débat entre les deux écoles avait été vif et prolongé, et voici la théorie qui s’était peu à peu formée et répandue.
L’enterré vif.
Facultés contrastantes, électriques, multiformes, elle est vive comme de Staël, mais non triste, car les êtres faits pour la lumière sont très gais, telle nous la voyons aujourd’hui dans ses Horizons prochains et à travers son anonyme.
Mais les lois qui n’en suivent pas les dérèglements ont cru imiter Dieu en en faisant un peuple à part, exclus de tout nom, de toute succession, de toute faculté de tester, et, par conséquent, de faire souche et lignée ; en un mot, un peuple dévoué à l’obscurité la plus profonde, sans consistance, sans existence, la plus vive image du néant.
Le perçant, le vif, le fier y manquent ; nulle grande manière dans la peinture des caractères et dans le récit des événements.
… Encore une fois, c’est moins un livre qu’un assemblage de forces vives, qui prouvent qu’il y a un homme sous cet Homme.
Il l’eût prise sur le vif en assistant au réglage des horloges.
Cette renommée d’Archiloque, alors toute vive et toute sanglante, pour ainsi dire, ne pouvait tenter l’âme élevée du poëte thébain.
Il n’est pas de grand écrivain sans une grande sensibilité ; capables de joies très vives, ils le sont aussi de peines excessives. […] Son sentiment de la beauté de la nature était vif. […] Il y a des nuances vives ou douces, de flamme ou de brouillard. […] Au second nous voyons les genres distinguer entre le vif et l’inanimé. […] Pensées renfermées dans un tour vif. — Voltaire.
À la longue, et sous l’empreinte incessante des siècles, le corps flegmatique, repu de grosse nourriture et de boissons fortes, s’est rouillé ; les nerfs sont devenus moins excitables, les muscles moins alertes, les désirs moins voisins de l’action, la vie plus terne et plus lente, l’âme plus endurcie et plus indifférente aux chocs corporels ; la boue, la pluie, la neige, l’abondance des spectacles déplaisants et mornes, le manque des vifs et délicats chatouillements sensibles maintiennent l’homme dans une attitude militante. […] Outre cela six seront brûlés vifs, et les enfants de l’un d’eux, John Scrivener, sont obligés de mettre eux-mêmes le feu au bûcher de leur père. […] On le saura bientôt ; car le propre de ces anxiétés intérieures, c’est de s’accroître sous la contrainte et l’oppression ; comme une source vive qu’on essaye en vain d’écraser sous les pierres, elles bouillonnent, et s’entassent, et regorgent, jusqu’à ce que leur trop-plein déborde, disjoignant ou crevant la maçonnerie régulière sous laquelle on a voulu les enterrer. […] Que je vive toujours saintement, justement, sagement ; et quand je mourrai, reçois mon âme382… » V Ce n’était là pourtant qu’une demi-réforme, et la religion officielle était trop liée au monde pour entreprendre de le nettoyer jusqu’au fond ; si elle réprimait les débordements du vice, elle n’en attaquait pas la source, et le paganisme de la Renaissance, suivant sa pente, aboutissait déjà, sous Jacques Ier, à la corruption, à l’orgie, aux mœurs de mignons et d’ivrognes, à la sensualité provocante et grossière383 qui, plus tard, sous la Restauration, étala son égout au soleil.
Ces deux volumes sont d’un vif agrément et, par endroits, d’une chaleur de coeur communicative. […] Un matin qui s’éveille étincelant de joie… Sur une plage : Et d’un sable brillant une frange plus vive Y serpente partout entre l’onde et la rive Pour amollir le lit des eaux. […] Par contre, il arrive fort souvent, chez Victor Hugo, que l’image ait un tel relief, une telle précision, et qu’elle vive si bien par elle-même, et comme détachée de ce qu’elle exprime, que nous ne voyons plus qu’elle (de quoi, d’ailleurs, nous ne nous plaignons pas trop), et que nous avons besoin de quelque effort pour en ressaisir la signification. […] En vain Jocelyn lui révèle sa vive amitié pour Laurence ; l’évêque le presse de renoncer à cette affection terrestre et d’être tout à l’Église.
On sent très bien qu’il y a là une vive lumière jetée par Corneille sur Corneille lui-même, et qu’en effet, il y a chez Corneille un goût de l’extraordinaire qui tend évidemment vers l’invraisemblable, et dont, tout compte fait, il se fait à lui-même un mérite plutôt qu’une erreur. […] À ces mots, prononcés avec l’énergie que vous lui connaissez, la société se lève, l’entoure, veut le calmer ; mais il se livre de nouveau à toute sa colère, et les plus vives représentations ne purent le modérer. […] Tout cela est limpide, vif, sinon rapide, et très fort. […] Après L’Éducation, qui mit son nom en vive lumière et qui, vraiment, n’est pas mauvaise, vint Le Mari à bonnes fortunes, en 1824, qui fit beaucoup de plaisir. […] Il est vif, l’intrigue en est ingénieuse et claire, et le portrait central est très nettement dessiné.
Voici donc le texte d’une déclaration dont on s’étonne qu’elle ait prêté à la moindre équivoque : « En lisant attentivement le tableau de la société, moulée pour ainsi dire sur le vif, avec tout son bien et tout son mal, il en résulte cet enseignement que, si la pensée, ou la passion qui comprend la pensée et le sentiment, est l’élément social, elle est aussi l’élément destructeur. […] L’éducation par les congrégations, qu’ils combattent avec une si furieuse inintelligence des forces vives du pays, était précisément celle que Balzac réclamait. […] Taine sur le christianisme, en se rendant compte qu’il a rencontré le fait religieux, au cours de son analyse des forces vives de notre pays, d’une manière tout objective et non pas, comme la plupart de nous, à travers ses émotions individuelles. […] L’hostilité intellectuelle se prolonge dans leurs causeries sur leur art, sur l’Idéal à poursuivre, sur les tableaux vus dans la journée, sur le livre reçu de Paris la veille, et comme tous deux ont à leur service un don merveilleux d’analyste, chacun prononce dans ces discussions de ces paroles qui touchent au plus vif l’amour-propre de l’autre. […] De toutes les blessures dont avait été frappé ce noble écrivain, celle-là lui était la plus vive : la méconnaissance de sa sincérité religieuse et politique.
Nul d’ailleurs n’écrit mieux que lui, d’un style plus vif, plus souple et plus inattendu : il joue avec les mots, il en fait ce qu’il veut, il en jongle… Et j’estime aussi M. […] Desjardins, qui, pour être moins vifs, ne sont pas moins décisifs. […] C’est que le théâtre vit d’action, et qu’il faut qu’il en vive, ou que, tôt ou tard, perdant sa raison d’être, il se confonde avec le roman. […] Je n’ai pas besoin, quant à moi, d’un plus bel éloge de la rhétorique ; et plus j’y ai songé, plus il m’a semblé qu’en même temps que la raison cachée des attaques si vives qu’on dirige contre elle, c’était là précisément son fort. […] Rien que de renverser l’ordre des mots d’une phrase, on la rend claire d’obscure qu’elle était ; vive et légère celle qui était lourde ; nombreuse et harmonieuse, de rude et de cacophonique.
Ils veulent que l’on porte une flamme plus vive sous les murs de la citadelle pourrie, afin de la détruire plus vite. […] Prétendriez-vous que je vive avant de connaître la loi et le but de la vie ? […] Né le 5 août 1810, au Cayla (Tarn), dans un château rustique, Maurice grandit à la campagne, et les impressions qui frappent sa sensibilité déjà vive ne s’effaceront plus désormais. […] Il répand une lumière vive sur l’esprit du narrateur, et ne nous apprend rien sur les autres personnages, que ne puisse savoir celui-là. […] L’amour, « à quoi tout le monde est bon », lui cause une horreur d’autant plus vive qu’il se voit près d’y céder.
Cette marche de l’esprit donne une autorité singulière à ce « tableau de la société, moulée sur le vif avec tout son bien et tout son mal », ce sont ses propres expressions. […] L’Angleterre n’avait pas de candidat déclaré, mais elle était si hostile que Wellington à Toulouse interdisait les cris de « Vive le Roi ». […] Il en différait par un sentiment plus vif de la littérature. […] Envahir la Belgique, ce n’était pas seulement manquer à un engagement d’honneur, c’était atteindre la Grande-Bretagne au plus vif de sa sensibilité nationale et la jeter dans le conflit. […] L’édition qu’il vient d’en donner d’après notre manuscrit mérite les plus vifs éloges.
À chacune il ne suffit pas d’être quelque chose, mais elle se veut le tout, le plein et le vif de la critique. […] Mais nulle part elle n’avait été vive, féconde, pénétrante, et, si je puis dire, elle n’avait pas trouvé son âme. […] Mais ce ressentiment bien vif qui est naturellement en moy, a esté diversement manié par diversité de formes… premièrement une fluidité gaye et ingénieuse, depuis une subtilité aiguë et relevée ; enfin une force neuve et constante. […] De là l’échec de Brunetière, mais un échec instructif, un échec qui ne pouvait advenir qu’à un grand critique, qui nous met sur la voie d’une vérité plus souple et plus vive, et qui doit nous exciter à reprendre d’après de nouveaux termes le problème éternel des genres, comme on reprend aujourd’hui dans tous les domaines, les autres problèmes de l’évolution. […] En faisant couler dans les veines du sentiment un sang plus riche, en lui donnant un air plus vif à respirer, il l’a rendu plus apte sinon à juger le sentiment, du moins à le reconnaître, à le relayer, à vibrer avec lui ou à son occasion.
Cet homme qui est un ancien officier réformé pour accident s’est trouvé, une fois guéri, repris d’un goût si vif pour le métier militaire que le voilà à Saïda, se destinant fiévreusement au caporalat. […] Mais si longtemps que vive un homme, il finit bien par mourir. […] Il y a même un couple assez vif.
Il a su faire de toutes ses notions, de ses préjugés, de ses hardiesses, de ses dictons, de ses centons, de ses inconséquences, un amas très vif et très remuant.
Il nous dit de la sorte, d’une manière vive et qui se communique : J’ai cherché d’où j’aimais Don Quichotte et à le relire vingt fois dans ma vie, ainsi que plusieurs autres romans : c’est que j’aime les mœurs qu’ils dépeignent.
Toujours, quand il sera question de la rapidité et de la fuite des générations des hommes qui ressemblent, a dit le vieil Homère, aux feuilles des forêts ; toujours, quand on considérera la brièveté et le terme si court assigné aux plus nobles et aux plus triomphantes destinées : Stat sua quaeque dies, breve et irreparabile tempus Omnibus est vitae… mais surtout lorsque la pensée se reportera à ces images riantes et fugitives de la beauté évanouie, depuis Hélène jusqu’à Ninon, à ces groupes passagers qui semblent tour à tour emportés dans l’abîme par une danse légère, à ces femmes du Décaméron, de l’Heptaméron à celles des fêtes de Venise ou de la cour de Ferrare, à ces cortèges de Diane, — de la Diane de Henri II, — qui animaient les chasses galantes d’Anet, de Chambord ou de Fontainebleau ; quand on évoquera en souvenir les fières, les pompeuses ou tendres rivales qui faisaient guirlande autour de la jeunesse de Louis XIV : Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs ; quand, plus près encore, mais déjà bien loin, on repassera ces noms qui résonnaient si vifs et si frais dans notre jeunesse, les reines des élégances d’alors, les Juliette, les Hortense, ensuite les Delphine, les Elvire même et jusqu’aux Lisette des poètes, et quand on se demandera avec un retour de tristesse : « Où sont-elles ?
De plus, tout en étant facile et clair, il a trop peu de ces traits vifs qui réveillent.
La lutte la plus mémorable qu’engagea M. de Serre au sein de cette Chambre de 1815, où il eut à en soutenir de si vives, une lutte pour laquelle, à l’avance, il s’était concerté de près avec M.
C’a été le cas pour Roger de Collerye qui a profité plus qu’aucun autre de cette espèce d’ardeur systématique rétrospective dont quelques estimables érudits à imagination vive sont possédés.
Après La Fontaine, après nos vieux conteurs, après les fabliaux, Gavarni a fait, sans réminiscence aucune, sa série toute moderne, saisie sur le vif, d’après nature.
Je me garderai bien de m’embarquer dans de telles questions44 ; mais j’en ai dit assez pour indiquer le point juste et le point vif où M.
Rousseau est le plus grand original et qui ne se modèle sur personne, qui ne s’inspire que de lui : aussi deviendra-t-il vite un modèle, et il mordra d’autant plus au vif sur la fibre humaine moderne qu’il est un pur moderne lui-même.
Entendons-nous bien encore : je crois qu’en France on sera toujours sensible au bien dire, à un tour vif, sémillant, spirituel, à une manière fine et piquante de présenter les choses ; on sait et l’on saura assurément toujours la distinguer.
Un autre peintre qui n’est ni sobre ni élégant, qui est souvent barbouilleur, mais qui rencontre parfois des mots qui touchent au vif, le marquis d’Argenson, après avoir parlé du manque de génie et de vigueur de nos officiers petits-maîtres à cette date, a dit : « C’est donc le besoin des affaires qui nous a réduits à nous servir d’étrangers : les Allemands et ceux du Nord ont mieux conservé aujourd’hui le véritable esprit de la guerre ; nous tirons de leurs pays des hommes et des chevaux (c’est poli) plus robustes et plus nerveux que les nôtres.
Ce fut une des plus vives actions d’infanterie qu’on eût encore vues.
Ce moment inspira sans doute un vif intérêt à tous ceux qui aiment la Constitution, et qui ont étudié les causes de la Révolution à qui nous en sommes redevables.
« Avant-hier, dans la nuit, j’ai eu le bonheur de rêver à toi et de t’embrasser avec une effusion d’amitié et de joie si vive, que je m’en suis réveillée. — Nous allions au-devant l’une de l’autre les bras ouverts.
sur certaines questions courantes et vives, à n’avoir plus pour sentinelle hardie que l’esprit et le caprice de M.
Le long de la muraille obscure Tu cherches vainement des fleurs : Chaque captif de ses malheurs Y trace la vive peinture.
Avec les années, il deviendra peut-être plus calme, plus reposé, plus mûr ; mais aussi il perdra en naïveté d’expression, et se fera un voile qu’on devra percer pour arriver à lui : la fraîcheur du sentiment intime se sera effacée de son front ; l’âme prendra garde de s’y trahir : une contenance plus étudiée ou du moins plus machinale aura remplacé la première attitude si libre et si vive.
On se séparait aux cris de : “Vive la république !
L’initiation entre eux tous fut prompte et vive, la petite société de la Rue-Neuve-du-Luxembourg naquit à l’instant dans toute sa grâce.
Les alchimistes avaient des recettes pour faire de l’or, ils les aimaient et avaient foi en elles, et pourtant ce sont nos recettes qui sont les bonnes, bien que notre foi soit moins vive, parce qu’elles réussissent.
On sentait dans ces attaques, dont l’outrance soulignait l’enfantillage, un besoin de piquer au vif l’opinion ; Cabrion se plaît à scandaliser Pipelet.
Son âme si agile et si vive, sa Psyché ailée est sortie d’une chrysalide de rites et de règles aussi épaisse qu’une momie de Memphis.
Cette méthode, qui n’est pas du tout celle de l’écrivain, me paraît, au contraire, assez naturelle et très utile à l’orateur, qui, ayant à parler à des foules et à improviser à chaque instant, doit avoir des amas de toute sorte, et à qui l’on ne demande jamais compte de ces répétitions, quand elles sont bien placées et qu’elles sont relevées par des traits d’un vif et soudain à-propos.
Cette discrétion faisait, dans mes récits, l’admiration de ma mère. » On voit le ton et quel vif sentiment domestique anime toutes ces premières pages.
Sur tout le reste son goût était fin, vif, pénétrant, et, bien qu’il ne résistât point assez à une teinte de recherche et d’apprêt, on peut classer Rivarol au premier rang des juges littéraires éminents de la fin du dernier siècle.
Rollin n’est pas dénué de finesse et d’esprit quand il parle en son nom ; mais il faut chercher ces rares endroits où son expression s’anime et s’évertue d’elle-même Après avoir cité quelques passages des Éloges de Fontenelle et les avoir loués, il y remarque un défaut : S’il était permis, dit-il, de chercher quelque tache parmi tant de beautés, on pourrait peut-être en soupçonner quelqu’une dans un certain tour de pensées un peu trop uniforme, quoique les pensées soient fort diversifiées, qui termine la plupart des articles par un trait court et vif en forme de sentence, et qui semble avoir ordre de s’emparer de la fin des périodes comme d’un poste qui lui appartient à l’exclusion de tout autre.
Il y a donc de la sobriété et un tour très net dans ce Voyage, écrit sous forme de lettres à un ami ; ce sont de vives esquisses, plutôt que des tableaux.
Parlant des auteurs de mémoires personnels, il a un morceau très vif contre Jean-Jacques Rousseau et Les Confessions, qu’il estime un livre dangereux et funeste : S’il existait, s’écrie-t-il, un livre où un homme regardé comme vertueux, et presque érigé en patron de secte, se fût peint comme très malheureux ; si cet homme, confessant sa vie, citait de lui un grand nombre de traits d’avilissement, d’infidélité, d’ingratitude ; s’il nous donnait de lui l’idée d’un caractère chagrin, orgueilleux, jaloux ; si, non content de révéler ses fautes qui lui appartiennent, il révélait celles d’autrui qui ne lui appartiennent pas ; si cet homme, doué d’ailleurs de talent comme orateur et comme écrivain, avait acquis une autorité comme philosophe ; s’il n’avait usé de l’un et de l’autre que pour prêcher l’ignorance et ramener l’homme à l’état de brute, et si une secte renouvelée d’Omar ou du Vieux de la Montagne se fût saisie de son nom pour appuyer son nouveau Coran et jeter un manteau de vertu sur la personne du crime, peut-être serait-il difficile, dans cette trop véridique histoire, de trouver un coin d’utilité… Volney, en parlant de la sorte, obéissait à ses premières impressions contre Rousseau, prises dans le monde de d’Holbach ; il parlait aussi avec la conviction d’un homme qui venait de voir l’abus que des fanatiques avaient fait du nom et des doctrines de Rousseau pendant la Révolution, et tout récemment pendant la Terreur.
« Le char de l’Etat est entravé dans les flots d’une mer orageuse », cela fut dit à la tribune, tandis que la phrase où ce même char « navigue sur un volcan » est une invention d’Henry Monnier : on voit combien elle était inutile. « C’est en vain, crie un orateur, que nous ferons une bonne constitution, si la clef de la voie sociale nous manque. » Cormenin, qui avait de la verve et aucun sens littéraire, écrivait ainsi : « Par la trempe étendue et souple de son esprit, il jette de vives lumières sur toutes les questions », ou bien : « J’ai modéré le feu de mes pinceaux. » Il fit un tel abus des « lambris dorés » qu’on lui attribua cette petite création ridicule225.
Il y a de la poésie dans la rue par laquelle je passe tous les jours et dont j’ai, pour ainsi dire, compté chaque pavé, mais il est beaucoup plus difficile de me la faire sentir que celle d’une petite rue italienne ou espagnole, de quelque coin de pays exotique. » Il s’agit de rendre de la fraîcheur à des sensations fanées, « de trouver du nouveau dans ce qui est vieux comme la vie de tous les jours, de faire sortir l’imprévu de l’habituel ; » et pour cela le seul vrai moyen est d’approfondir le réel, d’aller par-delà les surfaces auxquelles s’arrêtent d’habitude nos regards, d’apercevoir quelque chose de nouveau là où tous avaient regardé auparavant. « La vie réelle et commune, c’est le rocher d’Aaron, rocher aride, qui fatigue le regard ; il y a pourtant un point où l’on peut, en frappant, faire jaillir une source fraîche, douce à la vue et aux membres, espoir de tout un peuple : il faut frapper à ce point, et non à côté ; il faut sentir le frisson de l’eau vive à travers la pierre dure et ingrate. » Guyau passe en revue et analyse finement les divers moyens d’échapper air trivial, d’embellir pour nous la réalité sans la fausser ; et ces moyens constituent « une sorte d’idéalisme à la disposition du naturalisme même ».
Grâce à ces signes, tout le dedans de nous-mêmes, qui primitivement ne pouvait transparaître au dehors que dans les cas d’émotion vive, peut constamment se faire jour.
La critique qui regne dans les Remarques est moins vive que dans le livre des Doutes.
Le père et la mère appellés par quelques soupirs aussi involontaires qu’indiscrets, reconnaîtraient-ils aux couleurs vives de leur fille, au mouvement de sa gorge, au désordre de sa couche, à la mollesse d’un de ses bras, à la position de l’autre qu’il ne faut pas différer à la marier ?
C’est de la Critique dans un sens, puisqu’il s’agit d’appréciations et de choses de littérature, mais c’est bien plus étonnant qu’une Critique complète qui aurait dit le mot suprême, qui aurait brusquement tranché, pour n’y plus revenir, dans le vif des choses et de l’amour-propre.
De tous les hommes, il semblait certainement le plus incapable de ce mélancolique plongeon… Y avait-il un esprit, de prétention critique, d’une sensation plus vive que la sienne, plus aiguë et plus haute ?
Elle est dans Le Soir de la jeunesse, qui est la méfiance de l’amour ; dans La Contredanse, ce dialogue de la tristesse au sein du plaisir ; dans la Promenade, qui est la caractérisation la plus vive et la plus pénétrante de la manière de ce poète pathologique, que M.
Mes sens fleurissent d’une flamme vive, Mon âme chante des psaumes allégresse, Mon sang projette des hymnes, Mes membres se gonflent de force pour tout travail.
L’Index va frapper son livre d’interdiction, et il part à Rome pour le défendre, ne doutant pas un seul instant de son triomphe auprès du pape « dont il était convaincu d’avoir exprimé simplement les idées95. » Mais la désillusion commence aussitôt pour lui, plus vive encore qu’à Lourdes.
« La cité, conclut Fustel 28, était la seule force vive ; rien au-dessus, rien au-dessous » : — ni humanité, ni individualité.
Surtout leur sensibilité inquiète doit redouter une sorte d’éloquence impétueuse et vive, qui, dans sa marche, suivrait l’impulsion trop rapide de la vérité.
Il favorise trop la cupidité, il flatte trop l’orgueil, pour n’être pas recherché avec la plus vive ardeur. […] L’autre qui étoit poëte éleva la voix, & dit avec ingénuité, j’ai sans doute des jouissances plus vives que les mathématiciens ; mais ils n’ont pas mes chagrins. […] ne savez-vous pas qu’à Paris on se rit de tout, & que vous ferez peut-être avant peu vos enterremens en couleur de rose, avec une symphonie qui exprimera la plus vive alégresse ? […] Cette mousse, qu’on redoute maintenant comme devant attaquer les nerfs ; ce cliquetis, qui naît du pétillement le plus vif & le plus agréable ; tout cela formoit des chansonniers, tandis que l’eau, dont on fait maintenant le plus grand usage, n’engendre que des croassemens. […] Encore si l’on pouvoit l’apprivoiser ; peut-être en quittant Paris, d’où il n’est jamais sorti, deviendroit-il plus traitable ; ou il reviendroit chez lui mécontent de tout ce qu’il auroit vu, & faisant le procès à l’espece humaine, qu’il ne peut souffrir… Il me paroît qu’il y a de quoi tailler ici dans le vif, dis-je à voix haute, & qu’il n’y a que la façon qui puisse être dispendieuse.
Mais il était d’un éclat trop vif, on s’ingénia à le ternir et on y réussit. […] Mais si l’amour est le terrain favori de la jalousie, toutes les passions, tous les sentiments un peu vifs peuvent la voir naître. […] Voici ce qui se passe : Un homme, bien portant en apparence, d’habitudes correctes, de sens rassis, honnête, sans passions vives, disparaît tout d’un coup. […] Un homme est d’autant plus sensible que son imagination est plus vive. […] Cependant si le fait pressenti est un fait très agréable ou très désagréable, un fait dont la réalisation nous causerait une émotion vive, nous verrions que c’est la non-réalisation qui est la règle, parce que notre désir ou notre peur ont fortement troublé nos facultés.
Bourget, la sensibilité n’est pas seulement très vive, mais elle est presque maladive et souffrante. […] Mis en relations par les nécessités du métier avec le personnel des journaux du boulevard, il y prend sur le vif les types d’hommes et de femmes de Bel Ami. […] Il est amusé par tous les spectacles de Paris, sans en excepter ceux qu’on voit au Moulin-Rouge et à la Foire de Neuilly ; et, bien qu’il soit par tempérament assez peu descriptif, il a donné de quelques « paysages de Paris » des descriptions d’un ton très juste et d’une note très vive. […] Il n’admet même pas qu’on puisse goûter également, aimer d’un aussi vif et sincère amour des formes d’art différentes ou opposées, l’architecture gothique et l’architecture grecque, la tragédie de Corneille et les Mystères. […] Aux teintes atténuées, il préfère les couleurs vives et crues.
Je n’ai parlé non plus ni de la philosophie sociale, ni de la philosophie religieuse, ni de l’éloquence politique, ni de l’éloquence de la chaire, qui pourtant, à un certain moment, ont brillé d’un vif éclat. […] De toutes les passions qu’aiment à peindre le roman et le théâtre, l’amour est sans contredit la plus vive, la plus féconde en péripéties. […] Mais la logique pure tient-elle contre les vives impressions de l’imagination ? […] Repoussé par la société, le bâtard s’est mis en révolte ouverte contre la société, et s’est fait chef de brigands ; le pauvre s’est insurgé contre les lois arbitraires décrétées par les riches, et ne trouvant point sa part faite en ce monde, il s’est mis en devoir de se la faire de vive force : « La société… Eh ! […] Non seulement la vie a perdu son caractère sérieux en perdant son but élevé, le devoir ; mais les sentiments même les plus vifs, les plus spontanés du cœur humain semblent avoir perdu aussi de leur naïveté et de leur parfum.
C’est une causerie vive, soutenue, alerte, où le charme de la sincérité remplace le souci du nombre. […] Rien ne ressemblait moins à cette créature éplorée que l’héroïne de l’Alhambra, adulée et élégante, vive et coquette, parisienne et mondaine. […] Et il fallait que ce sentiment fût bien vif chez lui pour que, devenu veuf en 1847, il crût devoir demander madame Récamier en mariage. […] Il a été désolé par une tendresse qui a absorbé toutes les forces vives de son âme. […] C’est de la chair toute vive.
Je reçois le prix de mon dévouement, et le jugement des dieux immortels, le témoignage du sénat, l’accord unanime de toute l’Italie, la déclaration même de mes ennemis et votre inappréciable bienfait, qui sont ma récompense, ont rempli mon âme de la joie la plus vive. […] Mais nous avons au dedans de nous je ne sais quel pressentiment des siècles futurs, et c’est dans les esprits les plus sublimes, c’est dans les âmes les plus élevées, que ce sentiment est le plus vif et qu’il éclate davantage.
D’abord, il n’avait aucune illusion sur l’amour. « Tout ce que j’ai pu observer de cette fameuse passion de l’amour tant célébrée, me persuade que sa forme la plus fréquente et la plus saisissable est la jalousie … L’amour est, au fond, un très vif sentiment d’adoration pour soi-même … » Il croyait d’autre part que, si on lisait moins de romans, il y aurait, heureusement, moins d’amoureux. […] Je ne vous signalerai donc plus que les vifs croquis des notables de Chignac, tracés, je l’avoue, du temps de Paul de Kock, mais vingt ans avant Madame Bovary.
Desboutin a attaqué, avec la pointe, le cuivre à vif, passant à tout moment l’envers de son petit doigt, chargé de noir, pour se rendre compte de son travail, cherchant en même temps, ainsi qu’il le disait, la couleur et le dessin, et laissant transpirer son mépris pour l’eau-forte, qu’il appelle de la gravure dans un cataplasme. […] Ces fêtes de l’intelligence sont assez mal organisées, et par un froid très vif, on fait queue, un long temps, entre des sergents de ville maussades, et des troubades étonnés de la bousculade entre les belles dames à équipages et des messieurs à rosettes d’officiers.
Agassiz et quelques autres n’avaient appelé une vive attention sur la Période Glaciaire, qui, ainsi que nous allons le voir, nous fournit une explication très simple de ces faits étranges149. […] À mesure que ces plantes et ces animaux émigrèrent vers le sud, ils durent se mélanger en Amérique avec les productions américaines indigènes, et en Europe avec les espèces européennes ; de sorte qu’une vive concurrence dut s’établir entre les anciens habitants de ces deux grandes régions et les nouveaux immigrants.
La scène pourrait être très vive sous une plume française ; mais Gœthe n’est jamais acéré. […] Je trouve très beau que l’artiste vive dans son rêve.
Même lorsque Leibnitz eut substitué à ce principe celui de la conservation de la force vive, on ne pouvait considérer la loi ainsi formulée comme tout à fait générale, puisqu’elle admettait une exception évidente dans le cas du choc central de deux corps inélastiques. […] Mais rien ne dit que l’étude des phénomènes physiologiques en général, et nerveux en particulier, ne nous révélera pas à côté de la force vive ou énergie cinétique dont parlait Leibnitz, à côté de l’énergie potentielle qu’on a dû y joindre plus tard, quelque énergie d’un genre nouveau, qui se distingue des deux autres en ce qu’elle ne se prête plus au calcul.
La poétesse s’enferme avec elle-même, s’observe et observe les choses avec une minutieuse attention : elle voit mieux les aspects des paysages et s’amuse à peindre des petites eaux-fortes intimes, qui ne manquent pas d’art : Le jardin où la terre est morte, Sur la rougeur vive des soirs Pour moi seule accuse l’eau-forte De ses légers branchages noirs ; Cadre de mon âme profonde Qui s’apprête à boire la nuit, À l’heure où la lune, sans bruit, Au prochain arbre, et toute ronde, Revient se pendre comme un fruit… C’est avec une piété, une piété grave, qu’elle parle de la femme, depuis qu’elle est femme : Complexe chair offerte à la virilité, Femme, amphore profonde et douce où dort la joie, Toi que l’amour renverse et meurtrit, blanche proie, Œuf douloureux où gît notre pérennité… Mais voici que l’amour humain seul ne peut plus apaiser ce cœur si pesant « de jeunesse et de joie », elle veut à nouveau jaillir d’elle-même et se répandre sur la nature. […] c’est au galop, Mater une bête rétive, C’est sentir au soleil trop chaud Suer et brûler sa chair vive. […] Ardeur vive de l’Être !
Non seulement aucun motif rationnel, indépendant de toute exploration extérieure, ne nous indique d’abord l’invariabilité des relations physiques ; mais il est incontestable, au contraire, que l’esprit humain éprouve, pendant sa longue enfance, un très vif penchant à la méconnaître, là même où une observation impartiale la lui manifesterait déjà, s’il n’était pas alors entraîné par sa tendance nécessaire à rapporter tous les événements quelconques, et surtout les plus importants, à des volontés arbitraires. […] Afin de mieux marquer cette tendance nécessaire, une intime conviction, d’abord instinctive, puis systématique, m’a déterminé, depuis longtemps, à représenter toujours l’enseignement exposé dans ce Traité comme s’adressant surtout à la classe la plus nombreuse, que notre situation laisse dépourvue de toute instruction régulière, par suite de la désuétude croissante de l’instruction purement théologique, qui, provisoirement remplacée, pour les seuls lettrés, par une certaine instruction métaphysique et littéraire, n’a pu recevoir, surtout en France, aucun pareil équivalent pour la masse populaire. l’importance et la nouveauté d’une telle disposition constante, mon vif désir qu’elle soit convenablement appréciée, et même, si j’ose le dire, imitée, m’obligent à indiquer ici les principaux motifs de ce contact spirituel que doit ainsi spécialement instituer aujourd’hui avec les prolétaires la nouvelle école philosophique, sans toutefois que son enseignement doive jamais exclure aucune classe quelconque. […] L’école positive y devra donc trouver naturellement un accès plus facile pour son enseignement universel, et une plus vive sympathie pour sa rénovation philosophique, quand elle pourra convenablement pénétrer dans ce vaste milieu social.
Ceci sera plutôt un peu plus biographique qu’autrement, et pour entrer vite dans le sujet et dans son vif, sachez que, à la fin des vacances 1871, vacances que j’avais passées à la campagne dans le Pas-de-Calais, chez de proches parents, je trouvai, en rentrant à Paris, une lettre signée Arthur Rimbaud et contenant les Effarés, les Premières Communions, d’autres poèmes encore, qui me frappèrent par, comment dirais-je, sinon bourgeoisement parlant, par leur extrême originalité ? […] Le manque d’espace m’empêche, à mon vif regret, de citer quelques fragments de ce volume qu’il faut lire pour le relire souvent. […] Aussi, quels cris unanimes et mille fois répétés de vive Hugo !
En Angleterre, ce volume a été le sujet d’une vive et utile controverse qui dure encore11. […] Elle s’est manifestée pourtant, et vous en avez eu la conscience plus ou moins vive. […] Jeunes gens, passionnés pour la littérature, et qui prenez une si vive part aux nobles luttes qu’elle vous offre en ce moment93, permettez-moi une comparaison. […] Mais, outre ce motif général, des causes spéciales, plus actives et plus puissantes, devraient donner, au dix-huitième siècle, une vive impulsion à l’histoire de la philosophie. […] Remarquez que l’histoire n’est pas chose facile, qu’elle exige des travaux longs et pénibles, dans lesquels on ne s’engage pas sans un grave motif ; et ce motif est par-dessus tout le vif intérêt que cette science nous inspire.
Marais le réfute par lettre, discute pied à pied avec lui et conclut juste en disant (juin 1725) : « Je sais bien ce qui arrivera de cette grande lettre (de l’abbé) de 600 pages : il y aura peut-être 600 fautes corrigées ou plus, et ce sera 600 endroits qu’on relira avec grand plaisir, parce que ces fautes de fait seront environnées de traits éloquents, vifs, agréables, et qui feront toujours admirer l’esprit et la pénétration de l’auteur critiqué.
Et, quelques jours après, dans une lettre du 9 juillet, il réitère et confirme l’aveu, même en l’adoucissant : « On m’a fait entendre, et, je crois, avec raison, que ma dernière lettre était trop vive.
Sue s’aperçoit qu’il est allé trop loin en un sens, vite il fait chanter les oiseaux de Rigolette. » — Je ne prétends pas que l’homme de talent, une fois lancé dans l’exploitation de cette veine socialiste et humanitaire, n’ait pas trouvé en effet des scènes dramatiques et pathétiques, n’ait pas touché avec l’habileté dont il est capable quelque fibre vive et saignante ; cela seul peut expliquer l’étendue de son succès.
» Mais dans ces paroles mêmes si vives, si poignantes, il y a encore trop de l’homme de ce temps-ci, du Pascal tel que chacun le porte et l’agite en soi, du Pascal d’après Werther et René65.
Si l’âme doit être considérée seulement comme une impulsion, cette impulsion est plus vive quand la passion l’excite ; s’il faut aux hommes sans passions, l’intérêt d’un grand spectacle, s’ils veulent que les gladiateurs s’entredétruisent à leurs yeux, tandis qu’ils ne seront que les témoins de ces affreux combats, sans doute il faut enflammer de toutes les manières ces êtres infortunés, dont les sentiments impétueux animent, ou renversent le théâtre du monde ; mais quel bien en résultera-t-il pour eux, quel bonheur général peut-on obtenir par ces encouragements donnés aux passions de l’âme ?
. — Vous penchez sa tête un peu en arrière et vous redressez son échine, « aussitôt sa contenance prend l’expression de l’orgueil le plus vif, et son esprit en est manifestement possédé… » En cet instant, « courbez sa tête en avant, fléchissez doucement son tronc et ses membres, et la plus profonde humilité succède à l’orgueil ».
Le grand Corneille obscurcissait parfois son grand et droit sens de la vie, sa sûre et vive science des caractères, par l’ambition de faire grand ou fin, et par condescendance pour le goût d’un public à qui la nature ne suffisait pas encore.
Tout est excellent, tout est neuf dans le chapitre de l’Histoire : il veut qu’une histoire soit philosophique par l’explication des causes, par l’étude des institutions et de leurs transformations, dramatique par la peinture des mœurs, des caractères, par la vraie et vive couleur du récit.
On me dira qu’il faut bien que tout le monde vive ; cependant, Alfred Jarry est mort de misère à la Charité, Léon Deubel s’est dû jeter à la Seine (etc…) ; et Gérard de Nerval, et Louis Bertrand (etc…) ?
Les livres qui traitent de la politique, de l’histoire, des gouvernements, où nous sommes la plupart ignorants ou prévenus, ne doivent pas nous laisser la décision ; car ce qui nous reste de telles lectures, c’est la vanité d’être institués juges de telles choses, et le penchant à critiquer d’autant plus vif qu’on sait moins ce qu’on critique.
Du côté du roi, un goût très vif pour les lettres, une admiration vraie pour Voltaire, le besoin d’une main à la fois exercée et discrète pour corriger ses vers ; du côté de Voltaire, la vanité chatouillée par un commerce d’esprit avec un roi et un grand homme : tels étaient les attraits, non les liens, qui firent de ces deux hommes deux amis de tête, et de Voltaire le commensal de Frédéric à Berlin.
Les jugements sur les époques et sur les principaux noms ne provoquent ni assentiment vif ni contradiction.
Un autre Prophete qui auroit ajouté : « Et alors, les mots signifieront chose contraire à ce qu’ils avoient signifié auparavant ; les actions produiront un effet opposé à celui qu’elles doivent produire ; quand on prêchera la licence, on croira qu’il s’agit de subordination ; quand on armera le fort contre le foible, le fripon contre l’honnête homme, le valet contre son maître, on criera vive la justice ; quand on bouleversera tout, qu’on encouragera tous les vices, qu’on brisera tous les liens de la Société, chacun s’écriera, voilà le rétablissement de l’ordre, tous les hommes vont être heureux ».
Des publications récentes ont éclairé d’un jour vif ce point intéressant39.
. ; il l’applaudit, il la gourmande, il essaie de la contenir dans les voies de la morale et de la raison ; il se donne du moins à lui-même et à tous les honnêtes gens la satisfaction d’exprimer tout haut ses sentiments sincères, et, à certains moments plus vifs, il est entraîné, il s’avance et se compromet auprès des principaux personnages, jusqu’à mériter pour un temps prochain leur désignation et leur vengeance.
Que l’on suppose Mme Bovary transportée en réalité dans le milieu qu’on lui voit rêver, qu’au lieu d’être la fille du père Rouault, le fermier des Aubrays, elle soit issue de parents aristocrates et millionnaires, qu’au lieu d’être l’épouse d’un officier de santé dans un petit village normand, elle soit la femme d’un grand seigneur, et vive dans une atmosphère de fêtes, de luxe et de galanterie et la voici, toujours la même prenant en aversion ces réalités voisines, méprisant ces joies, artificielles, dont la vanité fait le fond, ces passions libertines, auxquelles le cœur n’a point de part, harassée de ces plaisirs forcés et de la contrainte d’un perpétuel apparat, rêvant de quelque vie cachée au fond d’une province, et des joies simples d’une intimité heureuse.
Ici il ne mange plus, — car nous dînions, — sa voix devient amoureuse, son œil, plus vif, prend de la fixité, et avec sa haute parole, il nous emporte comme dans un monde de rêves et d’idées, où il fait jaillir, sous des mots, des éclairs qui nous montrent des sommets.