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1489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Après le monde moral, le monde, en tant que représentation de vie, sera — pour « l’halluciné de la forêt des Ombres » errant aux dédales de la ville toute de palais noirs, de tours d’effroi, errant par les brouillards, errant à travers les fumées — l’ombre d’une ombre.

1490. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il est arrivé dans le choix des mots et des tours discrets à une telle subtilité qu’avec moins de trois mille mots, j’en suis sûr, il n’est pas de nuance d’émotion et d’ironie qu’il ne rende sensible aux initiés.

1491. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

J’omets d’abord une possession absolue de la syntaxe même en ses tours rares, la gouverne d’un vocabulaire énorme.

1492. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Leurs aînés s’étaient montrés assez durs pour qu’ils pussent les traiter à leur tour, en ennemis, sans avoir à s’embarrasser d’aucun scrupule.

1493. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Ma rame bat avec langueur Sur la mesure de ton cœur ; Puis, las d’amour, j’aurai la joie, Avec un simple tour de reins, De faire voir aux riverains Comme une maîtresse se noie !

1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Pétri de la plus vive sensibilité, emporté par un tempérament plein de bile & de feu, aigri par les contradictions, les circonstances de sa vie ont été la source de sa misanthropie, & cette misanthropie est devenue, à son tour, le véhicule de ses talens, En adoptant ces réflexions, il ne sera pas impossible d’expliquer pourquoi, avec des lumieres si supérieures, cet Ecrivain a avancé avec tant de sécurité tous les paradoxes qui se sont trouvés d’accord avec les dispositions de son humeur & la tournure de ses idées ; pourquoi le pour & le contre sont traités, dans ses Ecrits, avec la même force.

1495. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

M. de Voltaire passe pour avoir innové à son tour ; mais la pratique qu’il suit & qu’il est parvenu à rendre assez commune, avoit été proposée avant lui.

1496. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Je l’ai placé vis-à-vis celui de Van Loo à qui il jouait un mauvais tour.

1497. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Platon après avoir dit que les poëtes qui vouloient composer des tragedies et des comedies n’y réussissoient pas également, ajoute : que le genre tragique et le genre comique demandent chacun un tour d’esprit particulier, et il allegue même : que les acteurs qui déclament les tragedies ne sont pas les mêmes que ceux qui recitent les comedies. on voit par plusieurs autres passages des écrivains de l’antiquité, que la profession de joüer des tragedies et celle de joüer des comedies, étoient deux professions distinctes, et qu’il étoit rare que le même homme se mêlât de toutes les deux.

1498. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

L’ère de Charlemagne, à son tour, vient de finir.

1499. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Les Philippiques de la Grange-Chancel35 I Voici une publication curieusement entreprise et de nature à faire trembler sur la destinée de toute gloire faite, en un tour de main, par les engoûments de haine ou d’amour d’une époque qui dispensent de tout, même de talent.

1500. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Tous, comme lui, apprenaient d’abord à danser, pour danser aux menuets du roi, puis à faire danser leurs chevaux dans les carrousels, puis à manier le mousquet et la pique, pour faire danser l’ennemi à son tour !

1501. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Pontmartin, à son tour, qui se croit, entre amis, un Sainte-Beuve chrétien, — qui est bien chrétien, mais qui n’est pas Sainte-Beuve, — aurait, lui, en sa qualité de chrétien, une doctrine… s’il savait fermement s’en servir.

1502. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Écrivain qui n’est pas toujours correct, je l’en avertis, mais qui est brusque et familier dans le tour et dans l’expression, ce dont je le loue, qui a des besoins de force, mais qui n’a pas la force venue, la force qu’il aura plus tard, son mérite n’est pas actuellement dans son style, mais dans la fermeté avec laquelle il attache son jeune regard auquel les cils, je crois, poussent encore, sur ce flamboiement de l’enfer et sur cette lumière du paradis qui s’appellent également le Dante.

1503. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Mais Swift, lui, est un ironique de certitude, car si son livre aux domestiques, incroyable même quand on l’a expliqué, n’était pas la plus grosse, la plus colossale et la plus sanglante ironie, il ferait vomir de dégoût… Règle générale, du reste : si vous supprimez l’ironie dans le doyen Swift, ce bon prêtre anglican, ce digne homme, comme dit peut-être ironiquement à son tour le bon Walter Scott, il n’y aurait plus là qu’un cynique bon à jeter à la porte de toutes les maisons honnêtes pour sa peine d’en corrompre si abominablement les serviteurs.

1504. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Mézières n’a rien ajouté dans son introduction à ce que le livre de Lessing nous apprend, avec le mouvement et le tour de la pensée de Lessing.

1505. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Saint-René Taillandier qui publie à son tour, un volume d’histoire et de philosophie — religieuse aussi : c’est comme un écho !

1506. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Roger de Beauvoir »

j’en veux donner un à mon tour, non à Pontmartin, mais à Roger de Beauvoir.

1507. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Bouilhet, la longue chevelure des Samsons du Romantisme d’il y a trente ans fait l’effet à son tour de cette fameuse perruque qu’on croyait voir alors sur la tête de M. 

1508. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Paul Bourget, qui, en beaucoup d’endroits, rappelle Alfred de Musset sans l’imiter, a peut-être été appelé « Byronnet » à son tour, par ceux-là qui veillent que la poésie ne soit que l’expression des réalités ambiantes, reproduites avec la scrupuleuse exactitude de la plus attentive impassibilité.

1509. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

La mort d’un homme juste est un objet sublime par lui-même ; mais si ce juste est opprimé, si l’erreur traîne la vérité au supplice, si la vertu souffre la peine du crime, si en mourant elle n’a pour elle-même que Dieu et quelques amis qui l’entourent, si cependant elle pardonne à la haine, si de l’enceinte obscure de la prison où elle meurt, ses regards se tournent avec tranquillité vers le ciel, si, prête à abandonner les hommes, elle emploie encore ses derniers moments à les instruire, si enfin, au moment où elle n’est plus, ce soit le crime qui l’a condamnée qui paraisse malheureux et non pas elle, alors je ne connais point d’objet plus grand dans la nature : et tel est le spectacle que nous présente Platon, en décrivant la mort de Socrate ; il y joint tous ces détails qui donnent de l’intérêt à une mort célèbre et qui en reçoivent à leur tour.

1510. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Au reste, dans sa manière d’écrire, il ressemble plus à Sénèque et à Pline, qu’à Cicéron ; quelquefois même il a des tours et un peu de la manière de Tacite : ses expressions ont alors quelque chose de hardi, de vague et de profond qui ne déplaît pas.

1511. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre IV. De la méthode » pp. 81-92

Les preuves philosophiques que nous avons placées d’abord, confirment par la raison l’autorité des preuves philologiques, qui à leur tour prêtent aux premières l’appui de leur autorité (axiome 10.)

1512. (1898) Essai sur Goethe

la « poésie » qui, à son tour, a exercé sur la « vie » une fâcheuse action : fâcheuse, disons-nous, parce qu’ici le mot poésie n’a plus le sens élevé, noble, réparateur, qu’on s’efforce de lui donner : il signifie simplement fiction artificielle, parti pris romanesque, convention littéraire. […] Et maintenant que je vois combien de mal m’ont fait de leur trou les maîtres des règles, et combien d’âmes libres sont encore courbées sous leur joug, mon cœur crèverait si je ne leur déclarais la guerre et ne cherchais chaque jour à renverser leurs tours. […] Une fois de plus, quand on a examiné les pièces du procès, on est forcé de conclure que le génie est un grand magicien et que souvent, en admirant ses tours, il faut renoncer à les expliquer. […] Le sort me brisera peut-être au milieu de mon œuvre, et la tour babylonienne restera grossièrement inachevée. […] Pourquoi ne nous demanderions-nous pas, à notre tour, ce qu’il y verrait ?

1513. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Miserey se hasarda de nouveau hors de l’infirmerie, fit tout le tour de la carrière, passa devant le manège, derrière les écuries du deuxième, traversa la cour d’honneur en biais. […] Et enfin émerge à son tour le petit piquet de fleurs d’argent, le chignon d’ébène, la robe perle et la ceinture mauve… de Mlle Jasmin, ma fiancée ! […] Des artilleurs s’étendirent contre la gauche de l’infanterie de marine ; un escadron de gendarmes prit à son tour la gauche des artilleurs ; et ainsi réunis, formant trois côtés de carré, dont l’un, celui du milieu, regardait le poteau, ils simulaient trois plates-bandes : la première dominée de jaune, la deuxième de rouge, et la dernière de blanc. […] Dans le demi-jour verdâtre, d’une calme fraîcheur, les deux tours ne laissaient descendre que les sonneries de leurs cloches. […] Je m’arrête à regret, mais je veux terminer par cette belle et patriotique page où le poète, indigné, prend le vers des Châtiments pour flageller à leur tour ceux qui, pendant la folie des jours de la Commune, avaient, sous les regards et à la joie de l’ennemi, brisé sur le pavé la colonne de la place Vendôme : Semblable au moissonneur foulant des gerbes mûres Cette colonne avait pour socle un tas d’armures.

1514. (1923) Nouvelles études et autres figures

Cette unique et sombre tour au milieu de ce paysage désolé répond encore fort bien à l’idée que nous pouvons nous faire d’Hésiode. […] Ce fut au tour des meurtriers d’être précipités dans les flots. […] Mais je crains de donner au passage que j’analyse un tour littéraire qu’il n’a pas. […] Une humilité aussi inattendue et aussi invraisemblable est un des plus beaux tours que lui ait joué son orgueil. […] Elle s’y trahit, et ils la trahissent à leur tour.

1515. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Une tour s’est élevée soudain aux accents passionnés de la foule. […] Il faut laisser cela et s’enfermer dans une opinion comme dans une tour. […] Nul monument depuis les cathédrales, et peut-être depuis les pyramides, n’a remué comme la tour Eiffel la sensibilité esthétique de l’humanité. […] » Cela vous remet à votre place, dans le bel isolement d’où l’inutile activité vous avait fait sortir : reintégrer la Tour et jouer du violon pour les araignées qui — elles — sont sensibles à la musique. […] « N’être pas compris », cela vous remet à votre place : réintégrer la Tour et jouer du violon pour les araignées !

1516. (1900) La culture des idées

N’importe, j’ai eu tort de donner à croire aux méchants que le tour de mon esprit est le paradoxe. […] La question est si complexe qu’on ne sait par où l’aborder ; elle a tant de pointes et c’est un tel buisson de ronces et d’épines qu’au lieu de s’y jeter on en fait le tour ; et c’est prudent. […] On ne refond pas, on refait et il est si triste de faire deux fois la même chose que j’approuve ceux qui lancent la pierre au premier tour de la fronde. […] Au lieu de la guerre, je propose la paix ; je laisse la vie à celui qui me la laisse, — et à celui qui m’a retiré de l’abîme et qui en m’en retirant y est tombé lui-même, je jette à mon tour la corde du salut. […] Quand on parle du dix-huitième siècle, il faut toujours mettre à part, dans sa tour de Montbard, le grandiose et solitaire Buffon, qui fut, au sens moderne de ces mots, un savant, un philosophe et un poète.

1517. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ce n’est plus le style des Gens de Lettres, c’est mieux, c’est le leur ; il attache, il fait rêver ; on se demande comment on est ému par un homme qui n’a point de réputation, qui n’est d’aucune Académie, qui ne se sert ni des mots ni des tours de phrase usités. […] L’étranger vient à son tour, & s’empare du livre ; il se multiplie dans l’Europe ; il est dans toutes les mains, & l’Auteur le plus souvent n’a rien touché du produit qui devoit lui appartenir. […] L’inflexible langue ne présente aucun tour que la rebelle rime ne répudie. […] Il ne faut pas pour cela mettre le feu à cette nouvelle tour de Babylone : car les trois quarts & demi de ces livres sont utiles en ce qu’ils servent à rappeler constamment à l’esprit de l’homme quelles furent, pendant tant de siècles, sa sottise, son absurdité, sa démence, son impéritie, &c. […] J’aime l’innovateur, en fait de style ; il remplit la langue de termes & de tours vigoureux.

1518. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il étalait des tours de prestidigitation. […] Après son court temps de Rome il fait en vingt jours le tour de la Sicile. […] Il trouvera plus tard son optimum de voyageur dans son pays même : les courses de montagne, les pensions de famille de Gryon, le tour du lac et l’inépuisable visage de Savoie et de Vaud. […] les productions d’Amiel faisaient à peine le tour de Genève. […] On fait ainsi un tour en paradis », Seriosa lui dit : « Il y a quinze ans que je vous étudie et que je crois vous connaître.

1519. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Le dialogue surtout est très bien approprié à ce tour d’esprit. […] Vous prouvez Dieu uniquement par la présence du mal sur la terre ; c’est le fin du fin sans doute, et comme un logicien dilettante goûte ce tour ou ce détour-là ! […] C’est le but évident de tous les tours de force dialectiques de Bonald. […] Il ne doit que prouver que tous les libres penseurs ont tort, et quand il s’agit d’affirmer à son tour, n’affirmer que l’Écriture. […] Enfin, il paraît plus assuré que les littératures expriment le tour d’esprit des nations, et si elles l’expriment, il n’est pas douteux qu’elles ne le créent, comme par un contre-coup.

1520. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Tour à tour elle a servi de proie la Hollande, à Cromwell, à Richelieu, à Mazarin, à Louis XIV ; à chaque guerre ; elle perd une province ; on lui enlève ses villes au pas de course. […] A ce titre, et pour que chacun puisse s’enrichir à son tour, on ne les donne que pour trois et cinq ans. […] Poinsot lui avait fait faire le tour des mathématiques et expliqué l’analyse. […] J’ai fait quatre fois le tour complet de la France, outre quantité de moindres voyages, et j’ai causé partout avec les ouvriers, encore davantage avec les paysans ; j’ai vécu pendant des mois entiers en divers villages : toujours et chez tous, j’ai vu les mêmes idées. […] Le contraste est frappant, si l’on observe autour de lui l’empire établi des convenances, la diction correcte et régulière, les images rares et banales, les tours, les transitions et les constructions qui semblent sortir du même moule, le vernis uniforme d’élégance obligatoire et apprise.

1521. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Evidemment, puisque, très probablement, ce qui est ennuyeux, c’est ce qui est document sur l’esprit d’un temps passé, sur son tour d’idées, sur son tour de sentiments, sur ses mœurs. […] Mais, à son tour, M.  […] C’est un très nouveau tour. […] Chacun lisait à son tour trois ou quatre pages. […] Et Démosthène est exilé à son tour.

1522. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

M. de Ryons est à son tour un grand philosophe. […] Mais, chaque fois qu’il est le plus fort, il nous domine à son tour. […] Jugez, par la finesse de cette minutieuse critique, si je ne deviens pas à mon tour un pur balzacien. […] Son esprit avait pris dans leur fréquentation un tour pédagogique très prononcé. […] Mais ils nous ont semblé piquants et d’un tour agréable.

1523. (1903) La pensée et le mouvant

De ce qu’elle aura fait pour ces problèmes elle bénéficiera alors à son tour. […] Il nous en rendra certains à notre tour dans la mesure où il saura nous communiquer l’intuition où il puise sa force. […] La tour est inséparablement liée à l’édifice, qui est non moins inséparablement lié au sol, à l’entourage, à Paris tout entier, etc. Il faut commencer par la détacher ; on ne notera de l’ensemble qu’un certain aspect, qui est cette tour de Notre-Dame. Maintenant, la tour est constituée en réalité par des pierres dont le groupement particulier est ce qui lui donne sa forme ; mais le dessinateur ne s’intéresse pas aux pierres, il ne note que la silhouette de la tour.

1524. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Les auditeurs, à leur tour maîtrisés, acceptent l’autorité du prophète. […] « Idée ingénieuse », — « mot profond », — « tour spirituel », etc. […] « Est-ce que ce ne sont pas les gens qui ont fait le tour des idées qui sont les plus propres à gouverner les hommes ? […] Telles sont dans Racine les conversations ordinaires, si éloignées des pesantes flatteries que les héros de Corneille s’assènent entre eux consciencieusement et à tour de rôle. […] Bientôt cet espace, si simplifié qu’il soit, disparaît à son tour, et il n’en reste plus devant ses yeux que l’idée infinie, j’entends l’intelligence infinie.

1525. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Quatre-vingt-six tours et trois palais décorent la ville. […] Mais il se leva vivement, et le guerrier hardi saisit le javelot qu’elle lui avait lancé à travers son bouclier, et sa forte main le brandit à son tour. […] Certes, j’ai bien sujet de porter haut mon orgueil. » « Dame Brunhilt dit à son tour : « Quelque gracieux, quelque loyal et quelque beau que soit ton mari, tu dois mettre avant lui Gunther le héros, ton noble frère. […] « Kriemhilt parla à son tour : « Je ne veux point passer pour voleuse. […] La dot de la veuve remplit ses tours et son palais.

1526. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

On peut d’ailleurs expliquer l’illusion du sens commun : le souvenir immédiat, comme le souvenir après intervalle, est en raison directe de l’état dont il y a souvenir [§ 10] ; si donc les concomitants faibles précèdent le signe, ils font peu d’impression ; quand le signe arrive à son tour et complète le groupe, alors seulement l’esprit se trouve en présence d’un état bien distinct qui le satisfait et l’intéresse ; le groupe n’est pas vraiment remarqué avant que le signe l’ait rejoint et ait paru en prendre le commandement ; et, dès lors, la moindre réflexion sur l’ensemble, l’analyse la plus fugitive, donneront au signe le premier rang, parce qu’il est l’élément le plus fort et le plus distinct ; il sera noté le premier, le sens ensuite, l’esprit, dans toutes ses opérations, allant naturellement du clair à l’obscur, du plus facile au plus difficile, et l’instant durant lequel l’idée attendait son expression n’ayant laissé qu’une faible trace dans la mémoire. […] Tant que le signe n’est pas impartial, cette division n’est pas rigoureuse, car il existe des intermédiaires entre l’état le plus vif et les états les moins intenses ; mais la transition du signe analogique au signe arbitraire par les signes métaphoriques se fait à son tour, et elle complète la séparation commencée dès les origines de la pensée. […] Dans ce dernier cas, qui est rare, et surtout difficile à bien constater, nous retrouvons les rapports ordinaires de la parole et de la pensée durant l’état de veille ; et, dans les cas de moindre distraction, il ne serait pas exact d’affirmer que les mots n’éveillent à aucun degré les pensées correspondantes : sans doute, alors, l’intensité des idées relatives aux mots prononcés tend vers zéro, et elle se rapproche de cette limite à mesure qu’une autre série d’idées s’empare peu à peu de la conscience ; mais elle ne devient absolument nulle que lorsque cette nouvelle série a pris la parole à son tour et rétabli ainsi, dans la succession des faits psychiques, ce dualisme du mot et de l’idée qui est la loi de notre existence. […] Souvent, dans la société, un bon mot éveille un rire général ; un des assistants reste impassible ; le silence rétabli, il se met à rire à son tour ; on se moque de lui ; « J’étais distrait, répond-il ; mon esprit était ailleurs. » La succession de faits que nous venons de décrire s’est produite dans son esprit ; le rire de ses compagnons l’a invité à se remémorer la phrase qu’il avait entendue sans l’écouter, et alors seulement il l’a comprise [ch. […] L’antécédent est une sensation distincte, mais non pas remarquée spécialement (la vue d’une herbe touffue) ; cette sensation provoque une idée interprétative très faible (l’idée d’une source probable), qui provoque à son tour un mouvement musculaire, par lequel l’idée, tout à l’heure inaperçue, est révélée.

1527. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Car le meurtre engendre le meurtre ; et ses frères, les meurtriers de Sigurd, attirés chez Atli, vont tomber à leur tour dans un piége pareil à celui qu’ils ont tendu. […] Beowulf, le grand guerrier, s’offre pour le combattre seul, corps à corps, vie pour vie, sans épée ni cotte de mailles, « car la peau du maudit ne s’inquiète pas des armes », demandant seulement que si la mort le prend, on emporte son corps sanglant, on l’enterre, on marque « sa demeure humide52 », et qu’on renvoie à son chef Hygelac « la meilleure de ses chemises d’acier. » Il s’est couché dans la salle, « confiant dans sa force hautaine », et quand les brouillards de la nuit se sont levés, voici venir Grendel, qui arrache avec ses mains la porte, et saisissant un guerrier, « le déchire à l’improviste, mord son corps, boit le sang de ses veines, l’avale par morceaux coup sur coup. » Mais Beowulf à son tour l’a saisi, « se levant sur son coude. » « La salle royale tonnait. —  La bière était répandue… —  Ils étaient tous deux de furieux,  — d’âpres et forts combattants. —  La maison résonnait. —  Alors ce fut une grande merveille — que la salle à boire — pût résister aux deux taureaux de la guerre,  — et qu’il ne croulât point à terre — le beau palais. […] Poëmes païens. —  Genre et force des sentiments. —  Tour de l’esprit et du langage. —  Véhémence de l’impression et aspérité de l’expression. […] Étranges tours de force littéraires, qui transforment les poëtes en artisans ; ils témoignent de la contrariété qui opposait alors la culture et la nature et gâtait à la fois la forme latine et l’esprit saxon.

1528. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Puis vient la police de l’île, l’organisation de la petite armée, de la petite marine ; les embellissements de la ville capitale auront ensuite leur tour, puis la réparation ou la construction des routes, l’exploitation des carrières de marbre et des mines de fer.

1529. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

« C’est ainsi, dit à son tour M. 

1530. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

« Par une déplorable fatalité, la monarchie nous ramenait une suite de quatre vieux rois : Louis XVII, Charles X, le duc d’Angoulême quand son tour serait arrivé, et le duc de Berry, s’il avait vécu.

1531. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Les autres œuvres françaises, d’un tour moins oratoire, représentent plus au naturel peut-être le vrai génie de Calvin.

1532. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Gustave Larroumet Il n’y a pas une pièce de Scribe qui ne soit supérieure comme conduite et tour de main aux meilleures comédies de Musset.

1533. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

« Il avait, dit Rachilde, l’aspect d’un gentil Arlequin, narines retroussées, lèvres goulues et rouges, cheveux furieux, pas de moustaches, toute sa finesse dans sa main, une main longue et fluette, une petite batte. » Ses chansons plaisaient par leur persiflage léger, leur malice sans fiel et leur tour d’esprit bien parisien.

1534. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

En province même, des revues bataillent pour elle, telle la Revue de la littérature moderne de Chauvigné à Tours et le Faune de Marius André à Avignon.

1535. (1890) L’avenir de la science « I »

À peine a-t-il réalisé une face de la vie que mille autres non moins belles se révèlent à lui, le déçoivent et l’entraînent à leur tour, jusqu’au jour où il faut finir et où, jetant un regard en arrière, il peut enfin dire avec consolation : « J’ai beaucoup vécu. » C’est le premier jour où il trouve sa récompense.

1536. (1890) L’avenir de la science « IX »

Les gens du monde ont quelque raison de ne voir en ce rôle qu’un tour de force de mémoire, bon pour ceux qui n’ont reçu en partage que des qualités secondaires.

1537. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Il ne lui manque qu’un peu plus de nombre & de variété dans les tours ; car ses vers tombent presque un à un, deux à deux, sans former cet enchaînement si flatteur dans les Ouvrages de son pere.

1538. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Telle est la mission du génie ; ses élus sont ces sentinelles laissées par le Seigneur sur les tours de Jérusalem, et qui ne se tairont ni jour, ni nuit.

1539. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

A Babylone, une femme que le dieu Bélus avoit choisie passoit toutes les nuits dans le huitième & dernier étage de la tour du temple.

1540. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

& point d’autre tour.

1541. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Il y a dans les tours & dans les images une variété ingénieuse qui frappe les esprits les moins attentifs.

1542. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Elle devait être impatiente d’agir, et elle a agi à son tour.

1543. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Et, tous les deux, voici qu’ils font la preuve, à leur tour, que la Diplomatie, dont le plus grand mérite pendant l’action est presque toujours le silence, après l’action, devrait aussi le garder… Talleyrand, qui fut le plus silencieux des diplomates, Talleyrand qui n’écrivait que des billets, ne disait que des mots, et dont toute la puissance ne fut guères que dans des monosyllabes et des airs, avait-il conscience de cela quand il prescrivait de ne publier ses Mémoires que trente ans après sa mort ?

1544. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Peut-être Livet (c’est presque d’Olivet, par le nom du moins,) attend-il d’être académicien à son tour pour reprendre l’histoire de l’Académie de 1700 jusqu’à nos jours ; mais, s’il attend cela, nous n’aurons qu’une histoire dans le genre et le goût de celles qu’il a rééditées, c’est-à-dire sans vue, sans profondeur et sans vérité.

1545. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Prenez, en effet, les événements, les péripéties, les grands chocs, les causes mystérieuses ou visibles, absolues ou secondaires, les empêchements, les choses, comme disent les esprits vagues, la fatalité des circonstances, comme disent les esprits hébétés, les idées, enfin, comme répètent à leur tour les mystiques brouillons d’un panthéisme confus, c’est-à-dire prenez tout ce qui constitue l’Histoire, et cherchez résolument si tout cela cache rien de plus, sous un mouvement gigantesque ou une ruine immense, que la toute petite créature qui s’appelle l’homme, que cette vieillerie du cœur humain dont le programme est toujours à reprendre et qu’on ne connaît jamais assez !

1546. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire !

1547. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Tel est, pourtant, le tour de force et de souplesse que Francis Wey a fait faire à cette vénérable Empêchée.

1548. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire.

1549. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Dernièrement un journal, en rendant compte des Mémoires nouveaux qu’on publie, a raconté vingt traits de courage de Vaublanc qui ne voulait pas mourir, à une époque où l’héroïsme était de se laisser égorger comme des moutons et de se coucher sous la guillotine ; mais il a oublié le bon sens qui, chez Vaublanc, doublait le courage, et en l’oubliant il a, à son tour, mutilé l’homme de ces intéressants mémoires, mutilés !

1550. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

Ou bien, en y réfléchissant et en s’y appliquant à son tour, devait-il trouver diminuée cette horrible difficulté d’écrire l’histoire, qu’il signalait presque avec désespoir ?

1551. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Mais, plus qu’eux deux peut-être, Louis-Philippe eut aussi, à son tour, cette ambition obstinée et peureuse jusqu’à l’hypocrisie, et même il n’y a qu’elle qui puisse nous expliquer sa vie, et comment, arrivé, à travers toutes ces circonstances, au moment de s’emparer du trône, au lieu de le prendre résolument, comme Guillaume d’Orange prit le sien, il l’a timidement escobardé !

1552. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Nous croyons ce tour de force et de finesse beaucoup plus embarrassant que de concentrer en quelques pages les progrès de la philosophie, — politique ou autre.

1553. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

D’ailleurs, rien ne donne plus d’aplomb à la pensée d’un homme que les certificats de l’histoire ; l’aplomb de la pensée donne à son tour la justesse du coup d’œil, comme la solidité du corps produit la justesse de la main, et c’est ce qui est arrivé à F. 

1554. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Sans doute, tu lui dis… Ce « sans doute tu lui dis » est Augier tout entier dans un seul mot et donne, sans plus nous faire attendre, une idée de son tour poétique et des ressources de la langue qu’il parle.

1555. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Cette vieille légende dont on se moque, à son tour se moque des moqueurs et leur rejette à la figure les oripeaux de mascarade dans lesquels ils trouvaient habile de l’entortiller.

1556. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Avec son volume d’aujourd’hui, il a prouvé que la notion des livres bien faits existait encore dans certains esprits, malgré le train et l’effacé du siècle, et que l’éditeur, après l’écrivain, après le poète, pouvait être un habile artiste à son tour.

1557. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Didier d’une façon toute boccacienne (le mot y est, nous ne l’inventons pas), ce Décaméron (le mot y est encore) raconté en un tour de soleil, à huit mille pieds au-dessus de la mer. » Or, que veulent dire ces huit mille pieds au-dessus du niveau de la mer, sur lesquels, à plusieurs places de son volume, le nouveau Boccace de l’Italie au dix-neuvième siècle revient avec une véritable puérilité d’insistance ?

1558. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

Il n’y a, de fait, que Balzac, dans ces contes inouïs qui ne sont pas pour les enfants et qui ont tout, excepté l’innocence ; il n’y a que Balzac qui ait parlé depuis Rabelais cette langue phénoménale que Feuillet rappelle en plus d’un endroit de son livre par la propriété pittoresque de l’expression, l’opulence des vocables, le mouvement ému, les contours renflés, la grâce du tour, et particulièrement ce coloris qui étend sur toutes choses ses clartés rougissantes et qui nous fait nous demander, à nous, vieux critiques, accoutumés au feu de la phrase quand elle en a : « Mais dans quel baquet de pourpre s’est-il plongé, ce diplomate, pour en être ressorti avec cet éclat et cette vie qu’un artiste de profession lui envierait ? 

1559. (1890) Dramaturges et romanciers

Je fais allusion ici au saut périlleux que Maxime exécute du haut de la tour. […] Après le saut périlleux de la tour, que peuvent signifier pour une fille sensée les commérages de Mlle Hélouin ? […] ce tour de force, il l’a accompli ; aussi n’a-t-il jamais, à notre avis, donné une preuve plus irrécusable de talent. […] Son intelligence, habile aux adresses ingénieuses, répugne à tout tour de force d’acrobatisme littéraire. […] dirons-nous à notre tour, que voilà une parole déplaisante et qui sonne mal !

1560. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Je ne pense pas avoir fait le tour complet du poète, mais je crois bien, en le présentant comme parnassien, comme romantique somptueux, comme symboliste, n’avoir oublié aucun des aspects dont sa poésie aime s’embellir. […] Tandis que nous passions en revue les acquisitions lyriques de ceux-là, nous fûmes amenés à faire le tour de cet état d’âme complexe qui a nom symbolisme ; car un état d’âme puise sa vie intuitive dans une série d’impressions, d’émotions et de sentiments, bref d’éléments ou mieux de processus qu’il importe d’analyser avant que de les synthétiser en soi. […] Rien que la lecture des titres est significative : L’assassinat du Silence ; Avoir bu les Étoiles ; L’Avril voulu ; La béatitude des Pierres ; Le cœur du Temps ; La Lune aveugle ; Les Tours douloureuses 54. […] Tour à tour le matin lumineux, les chaleurs lourdes de l’après-midi, la douceur du crépuscule, le mystère des nuits bleutées teignent de leur nuance psychique particulière les émotions de l’artiste. […] Or le tour de la poésie populaire, comporte précisément cette simplicité émouvante, que certains artistes, soi-disant traditionnels, ont odieusement pastichée.

1561. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ford Maddox Ford, il est presque certain que je n’aurais jamais eu l’idée d’écrire à mon tour ce petit livre. […] Le passage délicieux des Contes drolatiques où il nous montre Tours comme une belle fille baignant ses pieds dans la Loire, pourrait entrer dans une anthologie. […] Rien du charlatan, du faiseur de tours littéraires, d’acrobaties verbales. […] Jérôme et Jean Tharaud ont réussi ce tour de force d’unir la documentation de l’école naturaliste à l’écriture de Barrès. […] … Ainsi donc, c’est une hypothèse acceptable que le renouveau littéraire actuel, s’il n’est pas, pour le roman, tout ce qu’on peut désirer, peut provoquer un renouveau du théâtre — et qu’alors celui-ci, à son tour ?

1562. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Quelqu’un le voyant faire à son tour, malgré son grand âge, le diacre d’office dans l’église de l’Oratoire, s’écria : Voilà Epicure, bon mot imité d’un ancien, qui, appercevant Epicure dans un temple, dit que Jupiter n’avoit jamais été plus honoré. […] Quoique la balance entr’eux ne soit peut-être pas égale, on peut les faire contraster, mettre Bouchardon, Pigale, Adam, Falconet, Vassé, en regard avec Carles-Vanloo, Boucher, de la Tour. […] Les picpusses ont joué pareillement, & jouent encore de mauvais tours aux capucins. […] Ce ne fut qu’à force de se relever les uns les autres, que les jésuites vinrent à bout de l’indomptable Lémos, le réduisirent à se trouver mal à son tour & à disparoître quelque temps. […] Paul V voulut que les jésuites fussent aggresseurs à leur tour, & montrassent les côtés foibles de la prémotion physique : cet ordre fut exécuté parfaitement.

1563. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Le tour de sa pensée, le son de sa voix, ses gestes me sont présents, à la minute où j’écris ces lignes, jusqu’à l’hallucination. […] Le Curé de Tours peut en être cité comme un type. […] André Bellessort de nous avoir donné à son tour un portrait si exact, si intelligent et si vivant de ce grand portraitiste. […] C’est l’Anatole France d’avant la gloire dont je voudrais, à mon tour, tracer ici un « crayon ». […] Les trois petits tours des marionnettes humaines qui provoquaient ce sourire désabusé dont je parlais tout à l’heure provoquent maintenant le ricanement.

1564. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Ils commencèrent, à leur tour, à jouir des facilités et des faveurs de la société nouvelle, dès le Moyen-Age florissant, dans cette patrie de la gaie science, dans cette contrée des troubadours. […] C’est donc un portrait chargé qu’on va lire ; tout à l’heure chacun sera en mesure de le rectifier, en ayant sous les yeux les pages mêmes de la Correspondance, avant que l’humeur de Rousseau ait eu le temps d’aigrir et de gâter ses plus innocents souvenirs : « Cette liaison commença, dit-il, par être orageuse, comme toutes celles que je faisais malgré moi ; il n’y régna même jamais un vrai calme : le tour d’esprit de Mme de Verdelin était par trop antipathique avec le mien. […] quelle délicatesse de tour, et quelle propriété de termes, pour marquer les moindres degrés !

1565. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

« Je n’ai jamais joué une partie d’échecs, dit-il, sans l’avoir rejouée seul quatre ou cinq fois la nuit, dans mon lit, la tête sur l’oreiller… Dans l’insomnie, lorsque j’ai des chagrins, je me mets à jouer ainsi aux échecs en inventant une partie de toutes pièces, et cela m’occupe ; je chasse ainsi quelquefois les pensées qui m’obsèdent. » — Ce ne sont pas les plus profonds joueurs qui poussent le plus loin ce tour de force. […] Il était défendu d’en donner copie, et l’on crut le maître de chapelle infidèle, tant le tour de force était grand14. […] « Les actes de conception et d’imagination19, dit très bien Dugald Stewart, sont toujours accompagnés d’une croyance (au moins momentanée) à l’existence réelle de l’objet qui les occupe… Il y a très peu d’hommes qui puissent regarder en bas du haut d’une tour très élevée sans éprouver un sentiment de crainte.

1566. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il fulmine contre cette idée à son tour. […] Peu à peu je me suis mis à mépriser la terre ; elle n’a que neuf mille lieues de tour. — Fi donc ! […] Il fallait de plus accepter, après l’avoir sollicité, un de ces royaumes arrachés par le conquérant à une autre maison régnante pour en gratifier la maison de Savoie devenue usurpatrice à son tour.

1567. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Joubert a disparu à son tour ; le château a changé de maître ; toute la famille de Serilly est dispersée. […] « Son arrivée a ranimé ma vie », écrit à son tour madame Récamier à sa nièce absente. […] « Je vous dirai, à mon tour de compliment, que votre livre m’est enfin parvenu, après avoir fait le voyage complet des petits Cantons dans la poche de votre courrier.

1568. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Son tour d’esprit est arrêté : un gentilhomme du voisinage, M. de Conzié, qui le vit souvent vers 1738 ou 1739, nous signale en lui un « goût décidé pour la solitude, … un mépris inné pour les hommes, un penchant déterminé à blâmer leurs défauts, leurs faibles, … une défiance constante en leur probité ». […] L’intelligence aura son tour : mais on ne peut rien faire de mieux pour elle que de lui préparer d’abord de bons organes, qui puissent lui fournir toutes les impressions, exécuter toutes les actions dont elle aura besoin. […] Quant aux expériences machinées, ici encore regardons plutôt le mécanisme en lui-même que les applications fournies par le tour d’esprit romanesque de Rousseau.

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