Un scelerat qui subit sa destinée ordinaire dans un poëme, n’excite pas aussi notre compassion ; son supplice, si nous le voïions réellement, exciteroit bien en nous une compassion machinale : mais comme l’émotion que les imitations produisent n’est pas aussi tyrannique que celle que l’objet même exciteroit, l’idée des crimes qu’un personnage de tragedie a commis nous empêche de sentir pour lui une pareille compassion.
Elle dépend de la nature de l’ouvrage et de la capacité du public devant lequel il est produit.
Il a la double aptitude, la double face, ce quelque chose d’hybride, — disent les pédants, — d’harmonieux et de fondu, — disent les artistes, — qui produit les œuvres d’ordre composite en littérature.
Les réimpressions sont les gâteries ou les adoptions des époques impuissantes à produire.
Les réimpressions sont les gâteries ou les adoptions des époques impuissantes à produire.
« Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau.
Tel fut l’effet que produisirent ces fameux jugements exercés en Égypte sur les morts, et qui n’ont été depuis imités par aucun peuple.
Cette morale des nations superstitieuses et farouches du paganisme produisit chez elles l’usage de sacrifier aux dieux des victimes humaines.
Rominagrobis et dit à ses confrères : « Entendez-vous le tintement métallique que produit la prose de M. un tel ? […] Ce n’est pas le seul ; il s’en est produit un second, à la vérité, de moindre importance. […] L’ardeur militante de l’apôtre est produite en lui par un vieux levain de révolte, et, à son insu, le doute pose ce dilemme effrayant à sa foi frémissante : — Combattre l’impie pour ne pas se tourner vers Dieu ! […] Ils s’épuisent, mais ils ne produisent pas. […] Je ne sais si l’on ne doit pas féliciter l’infatigable maestro des difficultés qu’il a éprouvées jusqu’ici à se produire sur d’autres scènes.
« Trente conseillers dans une première formation ne produiraient que désordre et qu’anarchie. […] C’est ainsi qu’il distingua avec bonheur et produisit la précocité brillante de M. […] Villemain avait été chargé d’un Éloge de Duroc qui devait le produire près de l’Empereur. […] En même temps qu’il proclamait cette victoire définitive de l’esprit, Napoléon méconnaissait l’esprit dans sa propre essence, et il croyait que, pour le produire, il suffit de le commander. […] Chaque passion, chaque parti, peuvent produire de longs écrits pour égarer l’opinion ; mais un ouvrage tel que Velly, tel que l’Abrégé chronologique du président Hénault, ne doit avoir qu’un seul continuateur.
Faut-il rappeler quelques-uns des jugements extrêmes portés sur ce produit singulier : La Femme de Lettres ? […] Plus sûrement qu’Amphitrite, dans cette âme obstinément païenne, l’amour humain devait produire le résultat attendu. […] Chose curieuse, on en conviendra, que précisément la plante de serre chaude ait produit à la lumière du jour les fruits les plus savoureux ! Il n’est pas habituel que les plantes de serre chaude produisent le moindre fruit. […] Il s’étonne qu’une même poussée de sève ait produit ces fleurs rares à la lumière du jour.
Seulement l’art, dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d’accompli, de définitif, qui crée à un moment donné et dont le produit ne meurt plus ; qui ne varie pas avec les niveaux ; qui n’expire ni ne grossit avec les vagues ; qui ne se mesure ni au poids ni à la brasse, et qui, au sein des courants les plus mobiles, organise une certaine quantité de touts, grands et petits, dont les plus choisis et les mieux venus, une fois extraits de la masse flottante, n’y peuvent jamais rentrer. […] Partout il y a moyen pour eux de produire quelque chose ; peu ou beaucoup, l’essentiel est que ce quelque chose soit le mieux, et porte en soi, précieusement gravée à l’un des coins, la marque éternelle. […] Diderot, bon qu’il était par nature, prodigue parce qu’il se sentait opulent, tout à tous, se laissait aller à cette façon de vivre ; content de produire des idées, et se souciant peu de leur usage, il se livrait à son penchant intellectuel et ne tarissait pas.
La maturité de ces écrivains répond ou au commencement ou aux plus belles années du règne auquel on les rapporte, mais elle se produisait en vertu d’une force et d’une nourriture antérieures. […] L’heureux et sage La Bruyère n’était point tel en son temps ; il traduisait à son loisir Théophraste et produisait chaque pensée essentielle à son heure. […] Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire, plus incertain de la réussite que l’auteur, entreprit l’édition ; mais à peine l’eut-il exposée en vente qu’elle fut enlevée, et qu’il fut obligé de réimprimer plusieurs fois ce livre, qui lui valut deux ou trois cent mille francs.
Et ce progrès est régulier, soutenu. « On peut compter, dit Necker en 1781, que le produit de tous les droits de consommation augmente de deux millions par an. » — Dans ce grand effort d’invention, de labeur et de génie, Paris, qui grossit sans cesse, est l’atelier central. […] Ajoutez-en des milliers d’autres : en premier lieu, les financiers qui font au gouvernement des avances de fonds, avances indispensables, puisque, de temps immémorial, il mange son blé en herbe, et que toujours l’année courante ronge d’avance le produit des années suivantes : il y a 80 millions d’anticipations en 1759, et 170 en 1783. […] Effet qu’elle produit sur lui. — Formation des passions révolutionnaires
Le public ravi y fut un moment trompé ; il crut que la religion chrétienne avait produit son fruit littéraire, et que l’homme du christianisme allait faire oublier l’Homère de l’Olympe, mais cette séduction du talent ne fut pas longue ; on reconnut bientôt que l’enfer sans terreur et le paradis sans espérance n’étaient que des parodies sans réalité des enfers et du paradis païens, mille fois moins intéressants que ceux de Virgile et d’Homère, car ils étaient sans foi ; cela ressemblait à tous ces enfers et à tous ces cieux dont les peintres modernes barbouillaient les dômes des églises en imitant ridiculement Michel Ange, et où la perfection des contours ne produisait pas même l’illusion de la réalité. […] On s’étonnait qu’un si vaste résultat fût produit par une si mince machine poétique, et que le prophète du dix-huitième siècle n’eût pas inventé pour changer le monde quelque chose de plus neuf et de plus grand que la rêverie d’un enfant de chœur, en l’honneur de la croix de son Dieu, au bruit des cantiques sacrés et au parfum de l’encens évaporé du saint sacrifice.
On leur avait donc permis, ordonné même d’arranger ce qui précède la catastrophe, de manière à produire l’illusion la plus complète, l’émotion la plus vive. […] Par hasard resterait-il dans l’esprit des spectateurs romantiques assez de traces de ces superstitions surannées, pour que le drame diabolique de Faust et ceux qui lui ressemblent, produisent encore de véritables émotions ? […] S’il veut peindre une âme dépravée, il ose en exposer à nos yeux jusqu’à l’ignoble enveloppe ; et, sauf quelques adoucissements, son Richard III vient de se produire, difforme et terrible, infâme et non ridicule, sur notre théâtre même.
Boileau s’est moqué de l’anneau royal d’Astrate, c’est-à-dire des ressorts artificiels et puérils qui meuvent l’action et produisent les situations. […] Racine produit toujours ses caractères en travail, jamais dans un état purement sentimental : il semble que ce soit une nécessité dans le théâtre français, de ne rien montrer qui ne soit action. […] Il n’y a rien de proprement chrétien dans les caractères qu’il dessine (Esther et Athalie écartées), sinon en tant que le christianisme est un des éléments principaux de la civilisation dont les types étudiés sont le produit.
* * * Dans une discussion sur l’enseignement secondaire qui se produisit à la Chambre en 1896, M. […] Et il a paru persuadé qu’un mouvement comme celui qui se produit aujourd’hui pour réformer l’enseignement devait nécessairement avoir des racines politiques. […] Donc s’il est établi, comme nous en sommes convaincus, que les études classiques sont nécessaires pour produire des esprits supérieurs ou simplement distingués, aucune objection d’ordre politique ne vaut contre ces études, et bien loin de pouvoir raisonnablement les supprimer, la République démocratique est, par son principe même, plus étroitement obligée qu’aucun autre régime de les maintenir et de les honorer.
Enfin, il refuse le don de faire un livre à cet homme, « qui, pour avoir écrit, dit-il, moins de lettres qu’un banquier n’en dépêche pour un ordinaire, a déjà épuisé tous les panégyriques13. »« Après tout, dit-il ailleurs, il fait voler de malheureux tronçons avortés par force de son esprit, que je juge incapable de produire jamais un ouvrage en perfection14. » Goulu avait prédit juste. […] De toutes les critiques du père Goulu, la plus sensible avait été ce défi de produire une œuvre de longue haleine. […] Le bon effet d’ailleurs était produit, et le mauvais commençait.
Le dix-septième siècle en a produit beaucoup. […] Quel siècle enfin que celui qui, après avoir enfanté tant de grands hommes, et, pour toutes les fonctions de la guerre et de la paix, des hommes de génie, produisait dans sa vieillesse, et jusque dans sa décrépitude, une tête de société si forte et si capable ! Grand enseignement d’ailleurs pour les gouvernements, qu’un pays si fécond encore après avoir tant produit, et où la décadence ne venait que du mauvais emploi de forces inépuisables.
L’invention mélodique dans Lohengrin est, en grande partie, celle de la mélodie absolue (III, 311 ; IV, 212), se rapprochant de la mélodie italienne et contraire au principe du motif musical dramatique ; ces formes peuvent se produire comme épisodes, — tels le chant d’amour de Siegmund, les adieux de Wotan, — elles ne sauraient servir de charpente à une construction symphonique, Wagner l’a démontré. […] De là, la fréquence des prolongations, des retards, de tous les artifices qui produisent les dissonances ; de là, l’altération continuelle des notes, et en particulier de la dominante dans l’accord parfait, c’est-à-dire une prédilection marquée pour les intervalles augmentés ou diminués ; de là, l’emploi presque immodéré des accords de septièmes sur tonique et des pédales, moyens ingénieux pour fondre ensemble les sons en apparence les plus discordants ; de là, la pratique de l’enharmonie, et une facilité telle à se mouvoir entre divers tons, que parfois, renonçant lui-même à définir la tonalité, il supprime à la clef tous les accidents… tout en continuant à ne pas écrire en ut. […] Nous avons une foule de petits concerts bons, mauvais, et médiocres mais on ne veut entendre vers Noël presque rien que le Messie ou les nouvelles cantates produites à Birmingham.
voilà un bien grand mot ; mais ce qui me paraît certain, et ce qui le serait, je le crois, pour tous ceux qui auraient jeté les yeux sur cette suite de pensées neuves et hardies, produites par lui dès sa première jeunesse, c’est qu’il y avait en Sieyès du Descartes, c’est-à-dire de l’homme qui fait volontiers table rase de tout ce qui a précédé, et qui recommence en toute matière, sociale, économique et politique, une organisation nouvelle et une. […] Nous avons de beaux arts, nous produisons des effets sensitifs, nous communiquons des émotions vagues ou particularisées, mais nous ignorons l’art d’éclairer un parti, et de pousser à le prendre… Les discours qui se tiennent au Parlement d’Angleterre ont un but ; ils ne ressemblent point à notre style oratoire ; il n’y a point cette emphase, ce ton de dignité… Ce sont des gens qui ont des affaires ; nous sommes oiseux et nous nous arrêtons à faire les beaux. […] Chez Sieyès, à cette date, il y avait tout autre chose qu’un homme délicat et dégoûté, aimant les aises de la vie et la bonne chère ; il y avait le philosophe artiste, ardemment préoccupé de son œuvre, de son plan chéri, et qui ne pouvait résister bientôt à le produire, eût-il dû être un peu gêné et retardé un moment par une grâce du ministre.
Il semble même que le danger qu’il présenté ait été dénoncé avec trop de force, que l’on se soit mis en garde contre lui avec une crainte exagérée, Cette attitude doit être attribuée sans doute à la prodigieuse accélération qui s’est produite dans la marche de l’évolution, depuis, quelque cent ans, durant lesquels le progrès de l’invention scientifique a métamorphosé le décor du monde plus fortement que ne l’avaient fait de longues périodes antérieures. […] Si Ibsen a exprimé la crainte qu’inspire à quelques esprits contemporains cette fausse conception que les hommes du temps présent risquent de prendre d’eux-mêmes en subissant la fascination du passé, le beau livre de Fustel de Coulanges, La Cité Antique, nous montre avec des documents précis comment et sous quelles formes ce Bovarysme s’est produit dans l’histoire. […] C’est sous cette forme détachée de la mentalité qui les avait produites et qui ne permettait plus d’en vérifier les titres qu’elles purent être proposées à des mentalités nouvelles, à des hommes en proie à des besoins différents.
C’est l’investigation scientifique, c’est le raisonnement expérimental qui combat une à une les hypothèses des idéalistes, et qui remplace les romans de pure imagination par les romans d’observation et d’expérimentation… C’est là ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue. […] « J’ai tâché d’expliquer, a-t-il dit, l’évolution évidente qui se produit dans notre littérature, en établissant que désormais le sujet d’étude, l’homme métaphysique, se trouve remplacé par l’homme physiologique14 ». […] La science s’est reproduite trop identique à elle-même à travers ce puissant cerveau ; le produit de cette fécondation n’apparaît pas suffisamment nourri de la richesse propre de l’individu fécondé.
Le conte n’est pas tombé si bas, qu’il n’ait produit d’excellentes pages. […] mais songez donc à tout ce qu’elle occupe, à tout ce qu’elle produit ! […] Sans doute il aura eu peur de tout ce qu’il fallait produire ! […] Mais c’est la plus indigeste compilation qui se puisse produire ! […] Il était tout pour le jeune homme impatient de se produire, de devenir enfin quelqu’un à son tour !
De plus, quand on peut la mettre à exécution, elle produit des effets puissants. […] Des événements analogues produisent toujours des effets analogues. […] Léon Daudet et celles que nous a laissées son père, on croirait que des catastrophes se sont produites. […] La cause demeure et l’effet se produit le même. […] Un tel agrandissement ne saurait se produire sans qu’il y ait dualité dans l’écrivain.
Comme écrivain de marque, M. de Maistre ne se produisit qu’après l’âge de quarante ans. […] Jusqu’ici il nous a suffi de le faire connaître graduellement et de le produire, non absolu encore, par des extraits, par des analyses, en nous effaçant. […] Celui qui domine, cette idée de gouvernement providentiel dont nous parlons, qui s’y Jessine en deux ou trois grands chapitres, et que l’auteur reprendra plus tard avec prédilection et raffinement, ne se produit ici que justifié par la grandeur même de la catastrophe : la voix de Dieu s’élance toute majestueuse du milieu des orages du Sinaï. […] Sous la question, toute civile et politique en apparence qu’elle était devenue, il découvre le caractère religieux, le sens théologique si vérifié par ce qui s’est produit à nos yeux depuis quarante ans, et lors de la grande réaction de 1800, et dans ce mouvement actuel, persistant et encore inépuisé des esprits. […] Qu’on se figure l’effet que durent produire et les événements religieux de 1800-1804, et les événements politiques de 1814, sur celui même qui les avait si pleinement conjecturés.
Il y a tel sujet qui commande tel style : si vous résistez, vous détruisez votre œuvre, trop heureux quand, dans l’ensemble déformé, le hasard produit et conserve de beaux morceaux. […] Ce n’était point une épopée divine qu’il pouvait produire, mais une épopée humaine. […] Au temps du Christ, chaque imagination produisait une hiérarchie d’êtres surnaturels et une histoire du monde ; au temps de Milton, chaque cœur racontait la suite de ses tressaillements et l’histoire de la grâce. […] Dans la première, lyrique et philosophe, possesseur d’une liberté poétique plus large et créateur d’une illusion poétique plus forte, il produit des odes et des chœurs presque parfaits. […] Quand il mourut, il ne laissa en tout que 1500 liv., y compris le produit de sa bibliothèque.
L’odeur des soucis bruns et rouges produit surtout un effet magique sur ma personne. […] L’effet produit sur l’âme du spectateur est analogue aux moyens de l’artiste. […] « Dans les scènes touchantes produites par les passions, le grand peintre des temps modernes, si jamais il paraît, donnera à chacune de ses personnes la beauté idéale tirée du tempérament fait pour sentir le plus vivement l’effet de cette passion. […] Il mêle quatre procédés différents qui ne produisent qu’un effet noir, une négation. […] En général, l’influence ingriste ne peut pas produire de résultats satisfaisants dans le paysage.
Ne pourront être admis aux débats critiques que les gens qui sont en état de produire. […] Il n’y a pas, je crois, d’exemple d’une œuvre produite avec une telle indépendance, un tel mépris des formes et des règles reçues. […] Ce développement, pourtant, entravé par les dépenses de correction et le besoin de produire qui le faisait travailler quelquefois seize heures par jour, est encore incomplet, et, dit M. […] Aussi quel effet a dû produire la lettre de M. […] Ils voudraient employer en littérature le même procédé que certains coloristes en peinture : produire des effets par des tons criards et opposés.
Mais cette intervention était nouvelle, et aucune nouveauté ne va sans engouement, sans indiscrétion, sans applications intempestives ; celles-ci n’ont pas manqué de se produire. […] De cette collectivité se dégage un esprit qui n’est pas la somme de tous les esprits individuels, mais qui en est le produit, différent tout à la fois et de chacun d’eux et d’eux tous. […] Il y a en outre ici quelque chose de physiologique ; il se produit une électrisation par le contact ; même, on a observé qu’elle se produit avec moins d’intensité dans une foule assise ; la foule n’est tout à fait elle-même que lorsqu’elle est debout et en marche. […] De là vient qu’à l’inverse de ce qui se produit dans la foule le niveau intellectuel de la corporation est fréquemment supérieur à celui des individus qui la composent. […] Puisque, les mêmes conditions se trouvant réunies, les mêmes causes produiraient les mêmes effets.
On dirait volontiers de ses travaux, de ses articles, et de l’effet qu’ils produisent : « si l’on s’attend à les trouver pesants, on les trouve fins ; et si l’on est très-averti que c’est fin, on les trouve un peu ternes ou même pesants. » En somme, malgré la distinction et le soin du détail, nous le concevons très-bien d’après l’article, rien de ce qu’a écrit ou pensé le docte écrivain ne passe une certaine médiocrité.
Nous retrouvons, en tête des Souvenirs de madame la comtesse Merlin, ces douze premières années de ma vie qui avaient autrefois débuté timidement, loin du public, et que leur succès dans l’intimité a naturellement encouragés à se prolonger et à se produire.
Les ballades sur les aventures merveilleuses des sires de Joux y sont produites dans leur naïveté même.
La Nature n’en produit pas souvent de cette trempe.
Elles peuvent être mises au nombre de ces maux qui produisent quelquefois un grand bien.
Il a volé à la nature son secret : tout ce qu’elle produit, il peut le répéter.
Ils y font voir encore des païsages artistement mis en perspective par une diminution de traits, lesquels étant non-seulement plus petits, mais encore moins marquez, et se confondant même dans l’éloignement, produisent à peu près le même effet en sculpture, que la dégradation des couleurs fait dans un tableau.
Vendredi 4 janvier Il y a des lâchetés qui se produisent chez un homme, absolument par la détente du système nerveux. […] Je crois que dans la poterie de tous les peuples, depuis le commencement du monde, il n’y a jamais eu un produit si laid, si bête, si démonstrateur de l’état antiartistique d’une société, réduite à manger dans ces assiettes la cuisine de la Cuisinière républicaine, qui se réduit uniquement en 1793, à l’Art d’accommoder les pommes de terre. […] * * * — Il y a chez moi un ennui produit par ceci : c’est que l’imagination, l’invention littéraire n’a point baissé chez moi, mais que je n’ai plus la puissance du long travail, la force physique avec laquelle on fait un volume écrit. […] Malheureusement ce fameux clos du Chapitre ne produit que quatre ou cinq pièces de vin. […] Alors l’idée un peu méphistophélique de jeter de l’imprévu, dans les combinaisons arrêtées d’avance du corps savant, nous prend d’improviser cette candidature, qui va produire le même effet qu’un pied posé dans une fourmilière, et cela est aussi mêlé de la pensée ironique du désarroi, que ça va mettre dans la hiérarchie maritime, cette anomalie d’un lieutenant de vaisseau, académicien.
Les deux extrêmes se manifestent dans l’homme qui produit, tout jeune, une œuvre remarquable, puis s’abstient ; et dans l’homme qui offre pendant des soixante ans, le spectacle d’un labeur médiocre, inutile et continu. […] La justice est le point mort de la série des actes, le point idéal où les forces contraires se neutralisent pour produire l’inertie. […] De Racine à Vigny, la France ne produisit aucun grand poète. […] Ceci est absurde pour la raison, qui serait forcée d’y contempler un effet identique à la cause qui la produit et aussi puissant ; elle ne doit pas intervenir. […] Aujourd’hui l’on va jusqu’à produire, presque en justice, le reçu du Pauvre, avec timbre de quittance.
Comment se produisit cette pénétration de nous par l’esprit d’Italie, héritier de Rome et d’Athènes ? […] L’heure vient, — heure sonnée par le tocsin d’une rouge aurore, — où rien ne se produisit de semblable à quelque chose que l’on aurait pu prévoir. […] Une confusion s’est produite, grâce à laquelle on a joint, dans une même étroitesse de dogme artistique, leur maturité glorieuse et nos hasardeuses jeunesses. […] Il se produit, en la chimère de celui-ci, une matérialisation de l’idéal, sans que la hauteur ni la beauté de l’idéal en soient diminuées. […] Eh bien, ne serait-il pas logique qu’un phénomène analogue se produisît dans l’ordre littéraire, que deux littératures, ennemies hélas !
Une lente évolution a produit les plantes et les animaux. […] » Une panique se produisit. […] À l’origine, elles ne produisent que des œuvres collectives. […] Elle y a produit la plus belle société du monde. […] De vrais acteurs n’eussent point produit cet effet.
Lady Macbeth est bien précisément la femme d’un tel homme, le produit d’un même état de civilisation, d’une même habitude de passions. […] Elle n’a pas vu si loin ; elle n’avait pas même deviné, en entrant dans la chambre de Duncan égorgé, l’effet que produirait sur elle un pareil spectacle. […] Flavius est bien capable de réconcilier avec les hommes ceux en qui la lecture de Timon d’Athènes pourrait produire la méfiance et la misanthropie. […] Le prince, qui veut être la Providence mystérieuse de ses sujets, est un de ces rôles qui produisent toujours de l’effet au théâtre. […] Si le poëte n’a pas donné à l’usurpateur cette physionomie odieuse qui produit la haine et les passions dramatiques, il suffit de lire l’histoire pour en comprendre la cause.
Et l’on se demande l’effet produit dans les hautes et sages régions littéraires, par ce démasquement inattendu dans Le Figaro d’une petite levée de plumes, railleuses, blagueuses, batailleuses. […] Je pensais aux petits hasards curieux qui produisent de grands événements. […] La lecture produit un grand effet. […] Là-dessus, Daudet se met à parler des gens de valeur, que des circonstances, la paresse, n’ont jamais laissé se produire, et qui meurent tout entiers, faute d’un Eckermann, et le nom d’un ami lui vient à la bouche, comme celui d’un de ces hommes, tout plein de choses délicates, et qui aura passé dans la vie, sans laisser de trace. […] … » Ma pièce, ainsi qu’elle est faite, et avec l’apeurement produit par la presse dans la gent bourgeoise, ne peut vivre que par la curiosité sympathique du Paris lettré.
La fin du xie siècle avait déjà produit quelques poèmes, dont le Roland, typique, et le Pèlerinage de Charlemagne, si particulier. […] Pour l’épopée, toutes les recettes et tous les efforts aboutissent à un fiasco. — 3º le roman par contre, méprisé par les théoriciens, délaissé par les artistes purs, se développe en dépit de tous les obstacles ; il produit non seulement, en quantité, des œuvres de valeur relative, mais aussi de celles qu’on relit aujourd’hui avec plaisir ; il est le grand succès du siècle, et je pourrais le prouver par des textes nombreux. […] Le déterminisme nous a par trop habitués à considérer chaque auteur comme le produit fatal de son époque et de son milieu ; il est temps de rendre toute sa valeur à la personnalité, en conflit avec son temps et son milieu. […] Le hasard ne produit que des accidents ou des chances ; il ne saurait faire ni défaire une nation. […] Les « documents » sont indispensables, comme explication et contrôle ; mais leur nombre même déroute souvent, sans compter les lacunes et les falsifications ; c’est en outre une matière dont la signification réelle pour le moment où le fait se produisit est fort difficile à évaluer ; puisque même les statistiques exactes de nos jours sont trompeuses, que dire alors des « faits » du passé ?
Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies ! […] Le Génie du Christianisme, dit-il, comme toutes les œuvres remarquables, fort loué, fort attaqué, produisait une impression profonde parce qu’il exprimait un sentiment vrai et très général alors dans la société française : c’était ce regret singulier, indéfinissable, de ce qui n’est plus, de ce qu’on a dédaigné ou détruit quand on l’avait, de ce qu’on désire avec tristesse quand on l’a perdu. […] Thiers ici ne peint pas d’un mot, comme Tacite, mais il produit par un autre procédé le même effet que l’historien romain : il décompose si bien les différents mobiles de toutes ces abjections de caractère et de toutes ces apostasies de principes, dans les républicains assouplis de la Convention, qu’il rassasie son lecteur d’indignation, de dégoût et de mépris, ce supplice de l’histoire. Qu’importe le procédé, pourvu que l’effet soit produit ?
Cette naïveté originale de ce style gaulois aurait produit sans doute des chefs-d’œuvre de grâce, de finesse, de câlinerie de langue, si l’on peut se servir de ce mot ; mais cette langue et ce style seraient restés entachés et comme noués d’une certaine puérilité irrémédiable, qui aurait enlevé au génie français la maturité, la majesté, la force dont ce génie avait besoin pour parler plus tard à l’univers, soit dans sa chaire sacrée, soit dans ses tribunes politiques, soit sur son théâtre, soit dans ses poèmes. […] Le pays qui a produit Athalie, n’eût-il produit que ces quinze cents vers, serait encore le premier pays littéraire parmi les nations de l’Europe. […] Les rhéteurs n’ont jamais pu l’enseigner ni le surprendre, pas plus que les chimistes n’ont pu saisir le principe de vie qui fuit sous leurs doigts dans les éléments qu’ils élaborent : on sait ce qu’il produit, on ne sait pas ce qu’il est.
Mais pourquoi l’étendue du lieu ne produit-elle pas le même effet sur tous les tableaux indistinctement ? […] C’est un effet merveilleux produit sans effort. […] Le détail dans une description produit à peu près le même effet que la trituration ; un corps remplit dix fois, cent fois moins d’espace ou de volume en masse qu’en molécules ; M. de Réaumur ne s’en est pas douté, mais faites-vous lire quelques pages de son traité des insectes, et vous y démêlerez le même ridicule qu’à mes descriptions. […] Vous produirez ainsi deux effets ; vous me ramènerez d’autant plus loin dans l’enfoncement des temps, et vous m’inspirerez d’autant plus de vénération et de regret pour un peuple qui avait possédé les beaux arts à un si haut degré de perfection.
Biot qui rentrait en France, et s’étant rendu à l’île de Majorque pour y terminer l’opération entreprise, il y subit bientôt le contrecoup de l’effet produit par l’entrée de l’armée française en Espagne. […] répandaient des torrents de larmes ; aucun cri plaintif ne s’échappait de sa bouche ; elle fit sur nous cet effet que produit toujours une personne qui, frappée subitement d’un irréparable malheur, se résigne et ne manifeste ses profondes angoisses que par des pleurs silencieux.
Son imagination se perd, je dirai, dans ce travail matériel, et il n’est plus capable de rien produire d’original. […] En lisant attentivement la suite des lettres comme je viens de le faire, il y a place pour toutes les suppositions, pour celle qui attribue son désespoir final à une grande passion vainement combattue, comme pour celle qui y voit avant tout, et nonobstant les divers prétextes, une maladie d’artiste arrivé au terme, inquiet de sa propre renommée, jaloux de la soutenir, tourmenté du besoin de l’approbation d’autrui, et se croyant désormais impuissant à produire.
Quoi qu’il en soit, ce dilettante brillant et incrédule dut à quelque chose de fier et de hardi qu’il avait dans l’imagination, et qui tenait sans doute à ses origines méridionales, d’être le premier chez nous à parler dignement de Dante, et même de le juger très finement sur des beautés de détail et d’exécution qui semblaient être du ressort des seuls Italiens : Il faut surtout varier ses inversions, disait-il en pensant au travail imposé aux traducteurs ; le Dante dessine quelquefois l’attitude de ses personnages par la coupe de ses phrases ; il a des brusqueries de style qui produisent de grands effets ; et souvent, dans la peinture de ses supplices, il emploie une fatigue de mots qui rend merveilleusement celle des tourmentés. — Quand il est beau, disait-il encore, rien ne lui est comparable. […] Pour produire tout son effet et pour donner à ses jugements toute leur portée, il faut se dire et dire aux autres qu’on retourne les points de vue, si on les retourne en effet.
On n’est pas encore remis de la commotion violente produite par ces deux talents, et de l’imitation forcée qu’elle entraîne, que viendra Lamartine, cet autre enchanteur et fascinateur, suivi de bien d’autres : les Lamennais, les Sand, les Michelet… Ce n’est pas un crime que je leur fais, mais tout grand talent est presque nécessairement perturbateur d’atticisme. […] Jamais le roman ne s’est produit dans la réalité comme alors.
Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût. […] Mais, quels qu’aient pu être les faits antérieurs, et quand même les graves allégations de M. d’Allonville ne seraient pas tout à fait imaginaires, il n’est pas moins vrai qu’une fois l’éclat produit avec un prince du sang, la conduite que Buffon prescrivit à son fils est un modèle de dignité.
Casimir Perier mort, la gravité de la conjoncture fait ajourner les rivalités et contient les ambitions déjà produites ; chacun y met du sien, on se serre les coudes, on se cotise, et tous les chefs politiques (excepté M. […] Guizot ne se soit pas rendu compte de l’effet singulier que produirait ce morceau de diplomatie rétrospective, par comparaison surtout et après la guerre de Crimée.
Prevost-Paradol fit ses débuts ; il choisit pour premier sujet l’étude des écrivains moralistes : on y pouvait voir une sorte d’à-propos et de convenance heureuse par rapport à la cité qui a produit Vauvenargues. […] Un talent déclaré, incontestable, qui se produit, n’est jamais pour moi un motif de présumer qu’on n’en a pas un autre à côté, ou plusieurs autres : ce serait plutôt le signe et l’indice du contraire.
Mais la nature humaine est moins simple, l’histoire des nations est d’une formation plus dure et plus rebelle, le bien et le mal y sont moins aisés à démêler, à produire ou à corriger, que cette théorie ne le suppose ; et si fâcheux souvent qu’ils soient, si à charge ; qu’on les trouve pour les inconvénients dont ils font payer leurs qualités, on n’est pas, encore arrivé, dans notre Europe du moins, à rendre inutiles pour le gouvernement des États les grands caractères et les grands hommes. […] Un jour, dans une discussion entre sa mère et l’Impératrice, l’un des courtisans qui vient d’y assister, rencontrant Catherine avec le grand-duc, assis sur une fenêtre dans une pièce voisine et en train de rire, leur dit en passant : « Cette grande joie va cesser tout à l’heure » ; et s’adressant à elle : « Vous n’avez qu’à faire vos paquets, vous allez repartir tout de suite pour vous en retourner chez vous. » Catherine, en commentant ce propos avec le grand-duc, s’aperçoit du peu d’effet qu’il a produit sur lui : « Je vis clairement qu’il m’aurait quittée sans regret.
On se mit donc à l’œuvre avec émulation et zèle ; l’honneur de l’Imprimerie Impériale était en jeu ; chacun le sentait ; chacun, dans cette sphère laborieuse où le ressort est intact comme dans une armée, fit son devoir à l’envi, depuis le chef des travaux typographiques jusqu’au dernier pressier, et l’on arriva à temps sans que l’œuvre produite accusât en rien la précipitation et sans qu’elle éveillât chez les connaisseurs en telle matière d’autre sentiment que celui d’une approbation sans réserve pour une exécution si parfaite. […] On peut dire que le jour où un tel discours fut proféré du haut d’une colline de la Galilée, il s’était produit et révélé quelque chose de nouveau et d’imprévu dans l’enseignement moral de l’homme.
Hippocrate a dit, dans une remarque féconde en conséquences : « En général tout ce que la terre produit est conforme à la terre elle-même. » M. […] J’avais deux coups, l’étranger un seul ; sa figure me paraissait effrayante, mais la mienne pouvait lui produire la même impression.
Mon vieux guide voulut en vain me détromper ; sous cette impression de plus en plus vive, puisque j’en venais, dans mon imagination, à croire que tels panneaux de vitraux produisaient des sons graves, tels autres des sons aigus, je fus saisi d’une si belle terreur qu’il fallut me faire sortir… » J’en conclus seulement que M. […] Et pourtant on dit que comme Agatharcus le peintre était tout fier de ce qu’il faisait des animaux très vite et facilement, Zeuxis, qui l’entendait se vanter, lui dit : « Mais moi, c’est avec bien du temps que j’en viens à bout. » Car la facilité dans le faire et la promptitude ne donnent pas à l’œuvre un poids stable ni la perfection de la beauté : au contraire, le temps qu’on emprunte d’avance pour la création se retrouvera ensuite en force et en santé dans l’œuvre produite.
Sainte-Beuve au Temps occasionna plus d’un débat et produisit plus d’une rupture. […] Il se produisit alors une difficulté que M.
Hâtons-nous d’effacer et de couvrir, par cette éclatante citation, les taches nombreuses qu’il nous a coûté de relever si sévèrement : Et toi qu’on veut flétrir, Jeunesse ardente et pure De guerriers, d’orateurs, toi, généreux Essaim, Qui sens fermenter dans ton sein Les germes dévorants de ta gloire future, Penché sur le cercueil que tes bras ont porté, De ta reconnaissance offre l’exemple au monde : Honorer la vertu, c’est la rendre féconde, Et la vertu produit la liberté. […] Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers.
S’il se rencontre surtout dans une nature aimable, facile, qui n’a en rien l’ambition de ce rôle et qui ignore absolument qu’elle le remplit ; s’il se produit en œuvres légères, courtes, inachevées, mais sorties et senties du cœur ; s’il se termine en une brève jeunesse, il devient tout à fait intéressant. […] Ayant commencé très-jeune à produire et à publier, dans un temps où le peu de concurrence des talents et un goût vif des Lettres renaissantes mettaient l’encouragement à la mode, il a subi l’inconvénient d’achever et de doubler, en quelque sorte, sa rhétorique, en public, dans les concours d’académie.
Ces oscillations cessent avec les passions qui les produisent ; mais on vit au milieu d’elles, et leur choc, qui ne peut rien sur le jugement de la postérité, détruit le bonheur présent qui est exposé de tous les coups. […] Mais non, pourrait-on dire, le jugement de la multitude est impartial, puisqu’aucune passion envieuse et personnelle ne l’inspire ; son impulsion toujours vraie, doit être juste ; mais par cela même que ces mouvements sont naturels et spontanés, ils appartiennent à l’imagination ; un ridicule détruit à ses yeux l’éclat d’une vertu ; un soupçon peut la dominer par la terreur ; des promesses exagérées l’emportent sur des services prudents, les plaintes d’un seul, l’émeuvent plus fortement que la silencieuse reconnaissance du grand nombre ; enfin, mobile, parce qu’elle est passionnée ; passionnée, parce que les hommes réunis ne se communiquent qu’à l’aide de cette électricité, et ne mettent en commun que leurs sentiments ; ce ne sont pas les lumières de chacun, mais l’impulsion générale qui produit un résultat, et cette impulsion, c’est l’individu le plus exalté qui la donne.
Les troubles des minorités sembleront réveiller l’éloquence politique : ils seront trop vite apaisés pour qu’elle ait le temps de renouer sa tradition et de produire des chefs-d’œuvre ; nous ne la retrouverons qu’au bout de deux siècles, quand la royauté absolue croulera. […] Le chef-d’œuvre du genre est l’Apologie pour Hérodote que j’ai déjà nommée ; Henri Estienne, pour défendre Hérodote dont la véracité était soupçonnée, imagina de démontrer que la sottise et la malice des hommes de son temps produisaient des effets aussi étonnants que les invraisemblables contes de l’historien grec ; et mettant ses haines huguenotes au service de ses goûts littéraires, il se prit à conter tant de graveleux et scandaleux exemples de la corruption catholique, à dauber fidèles et clergé avec une verdeur si rabelaisienne, que l’austère Genève crut entendre un accent d’impiété dans la trop pétulante gaieté de son champion.
Puisque le rapport est étroit entre la littérature et les mœurs, cette différence devra produire en Allemagne et en France des littératures tout à fait dissemblables. […] Le rêve de Mme de Staël, c’est une littérature européenne, un concert où chaque nation apporterait sa note originale, un commerce aussi où chaque nation s’enrichirait de ce qu’elle ne saurait produire.
Une sorte de réveil de religiosité s’est produit, où l’on aurait tort de voir une tentative de restauration catholique renouvelée de Chateaubriand. […] Margueritte971, enfin, un révolté du naturalisme, a su garder la scrupuleuse étude des réalités, en y joignant l’intuition de la vie intérieure et une large pitié philosophique : il a donné deux ou trois œuvres qui ont chance d’être actuellement ce que notre art français soumis aux influences d’Eliot et de Tolstoï a produit de meilleur972 .
2º Depuis le jour où, à peine fondée, elle s’en prenait à Corneille, à propos du Cid, l’Académie a montré qu’elle se proposait moins de provoquer des révolutions dans l’art que de s’opposer à celles qui se produiraient. […] C’est pourquoi un Flaubert, un Baudelaire, ou tout autre auteur dont les œuvres scandalisent les salons, ne peuvent entrer à l’Académie que par un coup heureux du hasard comme il ne s’en produit guère.
raison produite avec éclat ; Esprit ? […] Les vrais et souverains génies triomphent de ces difficultés où d’autres échouent ; Dante, Shakespeare et Milton ont su atteindre à toute leur hauteur et produire leurs œuvres impérissables, en dépit des obstacles, des oppressions et des orages.
* * * Cependant, sur le tard, la quarantaine passée, comme si tout ce que d’épars ils avaient produit n’eût été que pour se faire prendre patience à eux-mêmes, tant ils sentaient le mal de leurs poésies sans lien en même temps qu’ils n’acceptaient de sortir du malaise Baudelairien par aussi quelque facile acceptation du néant : esprits très rares, MM. […] Sully-Prudhomme, Mallarmé et Kahn, voilà donc ce que produit la conscience non déguisée que la Poésie, en d’autres temps logique telle qu’on la conçoit, ne peut plus être la même en les temps nouveaux peu à peu découverts : une pensée malgré tout religieuse, des principes à priori et rêveries paradoxales, erreurs pédantes de raisonnement et d’expérience scientifique.
Elle est le produit dernier et la preuve de cette faculté réceptive que nous avons constatée ; elle est la sensation même absorbée, élaborée dans l’intelligence, et projetée au dehors telle quelle. […] Cette phrase est précédée d’une intéressante liste d’auteurs latins de l’agonie de l’empire, et d’une énumération d’auteurs français dans laquelle se coudoient curieusement des écrivains catholiques qui n’ont d’intérêt que pour des antiquaires en idées et en style, quelques poètes réellement décadents comme Paul Verlaine dont certains volumes ont les subtilités métriques et le niais bavardage des derniers hymnographes byzantins, et une bonne partie de ce que la littérature contemporaine a produit de supérieur et de raffiné.
Il est inutile de mentionner les livres si connus de Descartes16, de Pascal17, de Newton18; mais je rappellerai quelques ouvrages du xviiie siècle, peu lus aujourd’hui, et où nos logiciens pourront trouver des détails intéressants : par exemple, la Logique 19 de Mariotte, le célèbre et ingénieux physicien, le premier ouvrage français de ce genre où la méthode expérimentale ait pris la place qui lui appartient (encore n’y est-elle pas très-nettement distinguée de la méthode géométrique) ; le Traité de l’expérience, du docteur Zimmermann, célèbre médecin du xviiie siècle, né en Suisse et connu surtout par son beau livre sur la Solitude ; l’Essai sur l’art d’observer, de Jean Sénebier, ministre protestant de Genève, traducteur de Spallanzani, et lui-même naturaliste distingué de cette grande école de Genève qui a produit les Réaumur, les Trembley, les Bonnet, les de Saussure, les de Gandolle et tant d’autres hommes supérieurs ; les Fragments de Lesage, de Genève20, personnage original, doué d’un esprit méditatif et profond, connu surtout comme l’auteur d’une hypothèse sur la cause mécanique de la gravitation ; enfin le Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de W. […] Et, pour le dire en passant, combien il est difficile d’admettre que l’esprit ne soit qu’un produit mécanique de la nature, même dans les questions qu’il lui fait, lorsque nous le voyons diriger son interrogatoire comme le juge celui d’un témoin, et penser les choses avant de les rencontrer réalisées devant lui !
En un mot, on peut résumer ainsi les deux doctrines : pour Kant, le moi est un produit de la pensée ; pour Biran, la pensée est un produit du moi.
Cette méthode produit nécessairement deux effets ; elle facilite l’attention du spectateur, parce que les choses, plus liées entre elles, se lient aussi plus facilement dans son esprit ; et elle augmente d’ailleurs son émotion, parce qu’il est frappé plus continûment par le même endroit. […] Enfin, les sujets mixtes sont ceux qui produisent en même temps la surprise des incidents et le trouble des passions.
Que m’importe que vous sachiez faire de la chair, du satin, du velours comme Roslin ; ordonner, dessiner, éclairer une scène, produire un effet pittoresque, comme Vien ? […] Vous possédez les règles de la composition ; vous connaissez tous les accords et leurs renversemens ; les modulations s’enchaînent à votre gré sous vos doigts ; vous avez l’art de lier, de rapprocher les cordes les plus disparates ; vous produisez, quand il vous plaît, les effets d’harmonie les plus rares et les plus piquans ; c’est beaucoup.
Quoique le plus souvent plusieurs idées soient conçues en même temps, et dussent marcher de front, cependant l’imperfection de nos organes et des moyens qui nous ont été donnés pour exprimer ces idées nous oblige à ne les produire que successivement. […] « Dieu, comme dit Moïse, a fait le soleil, la lune, les astres, pour le service de toutes les nations qui vivent sous le ciel. » Mais n’oublions pas que si chaque chose produit une révélation, les sociétés humaines sont les dépositaires naturelles et impérissables de ces révélations successives et continues.
L’émotion qu’il avait causée était indéniable, c’était un fait comme un coup de marteau sur une enclume est un fait, mais on lui chicana la vérité intime du sentiment qui la produisait. […] Il y en a une surtout, parmi les pièces laissées dans ce sombre volume et qui y font tache : La Belle Fromagère, qui a produit sur certaines âmes, et c’était ces âmes-là auxquelles le poète des Névroses aurait dû tenir le plus, un effet de dégoût si profond et si invincible, que ces âmes poétiques, dignes d’apprécier les beautés et les hardiesses du livre, l’ont fermé pour ne plus jamais le rouvrir.
Sans doute, l’écrivain aura le choix de son milieu, de ses personnages, de l’intrigue et du dénouement de son drame, mais toujours son récit devra donner quelque figure de la réalité, en produire l’illusion. […] Toute son ambition de peintre, d’ailleurs très haute et très périlleuse, tend à éveiller dans une autre âme l’impression qu’a produite sur lui-même le spectacle de la forêt, — sur lui-même, observons-le bien, qui ne cherchait que la beauté, et appliquait à cette contemplation ses sens et son esprit.
Que l’ébranlement cérébral contienne virtuellement la représentation du monde extérieur, cela peut sembler intelligible dans une doctrine qui fait du mouvement quelque chose de sous-jacent à la représentation que nous en avons, un pouvoir mystérieux dont nous n’apercevons que l’effet produit sur nous. […] Les objets extérieurs et le cerveau étant en présence, la représentation se produit.
— Dans la disette où nous sommes, un petit fait qui se produit depuis quelque temps et qui rentre aussi dans nos symptômes.
Or, voici deux fragments que je n’avais pas jugé à propos de produire, et qui me justifieront peut-être si je n’ai pas fait d’Hégésippe Moreau un plus grand caractère politique et un plus grand citoyen.