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1645. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

D’après quelques vers de la Muse historique de Loret, Mlle de La Vergne en voulut un instant à sa mère de lui avoir donné un beau-père. […] C’est une réflexion qu’on devrait faire dans toutes les actions de sa vie et d’après laquelle j’entreprends ce portrait. » Francueil était aussi tendre qu’inconstant. […] « Le comédien, insiste Diderot, qui jouera de réflexion, d’étude de la nature humaine, d’imitation constante d’après quelque modèle idéal, d’imagination, de mémoire, sera un, le même à toutes les représentations, toujours également parfait : tout a été mesuré, combiné, appris, ordonné dans sa tête ; il n’y a dans sa déclamation ni monotonie, ni dissonance… » Voilà pourquoi le comédien, véritable artiste, sait graduer les mouvements de son jeu qui ne risque pas d’être journalier.

1646. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Le lendemain du dimanche d’après pâques fut la seconde férie ; ainsi des autres. […] Boileau sur un sujet pareil a fait d’après Horace une espèce de périphrase qui tire tout son prix de la peinture dont elle ocupe l’imagination du lecteur. […] Ainsi il me paroit qu’après qu’on a aquis un grand nombre de conoissances particulières dans quelque art ou dans quelque science que ce soit, on ne sauroit rien faire de plus utile pour soi même, que de se former des principes d’après ces conoissances particulières, et de mettre par cette voie, de la néteté, de l’ordre, et de l’arangement dans ses pensées.

1647. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La botanique, afin de mieux définir l’immense règne végétal, compose même de la foule des plantes et des fleurs une quantité de familles qu’elle range d’après leurs attributs, pour les mieux remarquer. […] Nous suivrons leurs séries dans cette décomposition, en commençant par la tragédie, et nous reprendrons successivement les autres d’après l’ordre de notre classification. […] Il n’en fait une, apparemment, que d’après des exemples particuliers à sa nation, et dont la connaissance ne nous est pas parvenue. […] Quand nous détaillerons les ressorts de cette terrible tragédie, vous désapprouverez, je crois, le ton d’ironie dédaigneuse que prend La Harpe en en parlant, et en la jugeant d’après son intelligence imbue des opinions de nos jours, et moins étendue que son érudition.

1648. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Enfin, et c’est ici le dernier écueil de l’empirisme91, n’y a-t-il en nous que l’idée d’une beauté imparfaite et finie, et en même temps que nous admirons les beautés réelles que nous présente la nature, ne nous élevons-nous pas à l’idée d’une beauté supérieure, que Platon appelle excellemment l’Idée du beau, et que, d’après lui, tous les hommes d’un goût délicat, tous les vrais artistes appellent l’idéal ? […] J’en parle ainsi d’après les gravures : car Les Sept Sacrements ne sont plus en France.

1649. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Il veut peindre, lui, d’après nature, et que dans ses portraits « on reconnaisse les gens de son siècle » ; et, de la considération de son art, c’est ainsi qu’insensiblement il passe à l’observation de la société qui l’entoure.

1650. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

De même que, sans avoir vu le personnage qui a posé pour un portrait, on peut, d’après la façon dont il est peint, « sentir » ce portrait ressemblant, on peut aussi sentir que la traduction de M.  […] Le roman prend bien un peu sa place dans cet ouvrage, mais il ne sert que d’armature à un revêtement de scènes vraies, de cadre à une suite de tableaux et de croquis faits d’après nature. […] Lenotre vient d’écrire un volume bien intéressant, d’après des documents inédits.

1651. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Quand l’acteur est sur l’avant-scène il est à son plan ; mais à mesure qu’il s’avance vers le fond de la scène, il monte, et, par conséquent, loin de diminuer dans la proportion exigée par la perspective du décor, il semble au contraire grandir et n’est plus en rapport avec les objets dont les dimensions sont calculées d’après le plan qu’ils occupent dans la perspective fuyante de la scène. […] Or, d’où le public tiendrait-il cette compétence que vous lui reconnaissez, s’il ne devait formuler son jugement que d’après l’observation personnelle et directe du phénomène ? […] Mais, à en juger d’après l’Egmont de Gœthe, le génie allemand accorde à la musique une puissance idéale et imaginative qu’elle ne peut avoir que dans l’opéra où le poète y ajoute un sens littéraire. […] C’est une succession de tableaux de genre, faits d’après nature, à tous les degrés de la vie sociale, depuis ses bas-fonds jusqu’aux couches supérieures.

1652. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ils sourirent avec indulgence aux pages délicieuses où Weiss analysant les diverses sortes d’amour, a répudié ces passions tumultueuses et enfiévrées dont les romans nous entretiennent et a fait, d’après Goethe, l’éloge de l’amour honnête et sain, qui ne va qu’au mariage. […] Les uns, qui se croyaient les gardiens de la tradition classique, n’admettaient l’épopée qu’avec des rois ou des demi-dieux ; il leur fallait le merveilleux, l’exposition pompeuse, l’invocation préalable aux Muses, et, jugée d’après ces règles, Hermann et Dorothée dut leur paraître une œuvre où les beautés de détail ne rachetaient pas ce que l’ensemble avait de défectueux. […] Si le héros, en guide modeste, s’efface trop souvent derrière le tableau qu’il nous montre, si d’autres personnages l’écrasent de leurs qualités plus brillantes, plus héroïques, plus fortement trempées que les siennes, s’il n’est pas acteur, s’il est à peine témoin dans quelques-unes des situations les plus tendues, celles, qui sollicitent le plus énergiquement notre intérêt et devant lesquelles pâlissent les incidents assez peu romanesques de sa propre existence, c’est un défaut sans doute, et un défaut capital, à juger d’après les règles rigoureuses de la composition ; mais, pour l’objet même que se propose l’auteur, nous révéler les mœurs d’un peuple dans ce qu’elles ont de plus intime et son caractère dans ce qu’il a de plus national, n’est-ce pas là une qualité ou tout au moins un avantage ? […] — Ni culotte ni habit, répondit Ehrenthal d’un ton décidé. — Alors vous me donnerez l’habit et la culotte dans quatre semaines lorsque mon temps d’apprentissage sera fini. » D’après le cours de la Bourse aux fripiers, cela équivalait à un cadeau de trois ou quatre thalers.

1653. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Comte, ç’a été, je l’avoue, un inconvénient littéraire : toutes ces idées générales qu’il déduit d’après le penseur solitaire et dont il lui fait honneur me paraissent le plus souvent vraies ou plausibles, et même grandes, quand il me les traduit et me les interprète ; mais les citations textuelles, toutes les fois qu’il en introduit, répandent du sombre et du terne à travers ses pages.

1654. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

D’après cette persuasion, j’ai cru pouvoir vous confier ma peine : peut-être vous touchera-t-elle, et je craindrais de vous offenser en en doutant.

1655. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Mais la passion personnelle et les préoccupations absorbantes qui ordinairement maîtrisent la main de ses pareils lui ont manqué ; il n’a point trouvé en lui-même le plan d’un édifice nouveau ; il a bâti d’après tous les autres ; il a simplement choisi parmi les formes les plus élégantes, les mieux ornées, les plus exquises.

1656. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Recomposons-le d’après lui vers à vers : « Son visage, sa démarche, avaient quelque chose de surhumain ; sa taille était délicate et souple, ses yeux tendres et éblouissants à la fois, ses sourcils étaient noirs comme de l’ébène, ses cheveux colorés d’or se répandaient sur la neige de ses épaules ; l’or de cette chevelure paraissait filé et tissé par la nature ; son cou était rond, modelé et éclatant de blancheur ; son teint était animé par le coloris d’un sang rapide sous ses veines ; quand ses lèvres s’entrouvraient, on entrevoyait des perles dans des alvéoles de rose ; ses pieds étaient moulés, ses mains d’ivoire, son maintien révélait la pudeur et la convenance modeste et majestueuse de la femme qui respecte en elle les dons parfaits de Dieu ; sa voix pénétrait et ébranlait le cœur ; son regard était enjoué et attrayant, mais si pur et si honnête au fond de ses yeux, qu’il commandait la vertu.

1657. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Le peintre David, qui régnait alors en France comme réformateur de la peinture, permit au jeune apprenti de venir dessiner d’après ses tableaux froids et automatiques dans son atelier.

1658. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Arioste fut le maître et le modèle du Tasse ; l’Armide est d’après l’Alcine.… Je n’avais pas osé autrefois le compter parmi les poètes épiques ; je ne l’avais regardé que comme le premier des comiques ; mais en le relisant je l’ai trouvé aussi sublime que plaisant, et je lui fais très humblement réparation.

1659. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

« Mais je ne le vois pas, je l’augure d’après tes lettres, et quelques mots de Félicité.

1660. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Le 24 mars 1784, il annonçait à Charles-Édouard le résultat de ses démarches ; on devine aisément, d’après la réponse du prince, les révélations et les conseils que renfermait cette lettre.

1661. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

L’homme, malgré son infimité, peut se faire quelque idée de Dieu, d’après la personnalité dont il a été doué lui-même par son créateur.

1662. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il avait calculé, d’après les années qu’il faut à l’homme pour arriver à l’état parfait, que sa vie devait aller à cent ans et plus ; pour atteindre le plus, il prenait des soins extraordinaires et veillait sans cesse à établir ce qu’il appelait l’équilibre des forces vitales.

1663. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

La société l’a détruit ailleurs, en lui seulement opprimé : de sorte que le modèle d’après lequel l’homme civil et l’état civil doivent être restaurés, c’est Jean-Jacques Rousseau lui-même.

1664. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Louis Payen L’article qui a motivé votre enquête et dans lequel on traitait de « stupide » le xixe  siècle, est visiblement inspiré par des raisons politiques et tous les écrivains n’y sont admirés ou houspillés que d’après la qualité de leurs opinions.

1665. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

La critique historique a fait, de nos jours, une belle conquête : c’est cette vue d’après laquelle l’unité de la France, depuis l’origine de la monarchie, n’aurait fait que des progrès et des pas en avant.

1666. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

J’en doute, le dernier portrait n’étant pas plus favorable au prélat que le premier ; mais le dernier peint l’homme d’après les témoignages.

1667. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On aurait trop raison contre Diderot, si on lui demandait compte des deux modèles de comédie sérieuse qu’il composa d’après sa théorie.

1668. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il n’entend pourtant pas rivaliser avec les peintres ; il critique même les images qu’ils hasardent de la Vierge, « lesquelles ressemblent, dit-il, à leurs idées, et non à elle. » Il n’eût pas dit cela des vierges de Raphaël ; car c’est d’après le même modèle, gravé au fond de leur cœur par la foi et le génie, que le prédicateur par la beauté de ses paroles, l’artiste par les grâces de son pinceau, ont su représenter l’idéal de la plus touchante des croyances catholiques.

1669. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Le portrait lui-même est fait d’après lui ; tour d’esprit et méthode, caractère et conduite, chaque trait essentiel se reconnaît dans ses ouvrages et dans sa vie.

1670. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

L’orientation des motifs a été faite d’après les affinités musicales, avant toute interprétation et avec les difficultés et les inexactitudes auxquelles nous exposaient la réduction au piano et l’absence des timbres instrumentaux qui à eux seuls ont souvent la signification de motifs entiers.

1671. (1909) De la poésie scientifique

C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le Symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements. » C’est-à-dire que Mallarmé, interdisant avec raison à l’art descriptif et purement extérieur l’accès du poème, hiératise exclusivement un art qui évoque, qui suggère d’images de plus en plus spiritualisées et de valeurs analogiques très proches, telles pensées choisies d’après de premiers rapports d’émotivité.

1672. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Le roman actuel se fait avec des documents racontés, ou relevés d’après nature, comme l’histoire se fait avec des documents écrits.

1673. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il y a toutefois pour ces gens qui ne connaissent la Révolution que d’après Ponsard, une certaine stupeur devant cette Révolution de vérité et d’histoire sur le vif.

1674. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

On a dit que c’était peut-être Moïse ; mais Moïse, d’après la Bible elle-même, n’était ni éloquent, ni poète ; il était surtout homme d’État, historien, législateur.

1675. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Ce poète, sans blesser personne, gourmande les cupides bassesses de ces foules du lendemain qui se précipitent sur tout ce qui tombe, et flétrit les faciles victoires de ces fanfarons d’après coup qui outragent tout ce qui est désarmé.

1676. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

” « Mais ni je ne pleurai, ni je ne répondis pendant toute cette journée et pendant toute la nuit d’après, jusqu’au moment où l’autre soleil se leva de nouveau sur l’horizon.

1677. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les nuages, obéissant aux lois de la pesanteur, tomberaient perpendiculairement sur la terre ou monteraient en pyramides dans les airs ; l’instant d’après, l’atmosphère serait trop épaisse ou trop raréfiée pour les organes de la respiration ; la lune, trop près ou trop loin de nous, tour à tour serait invisible, tour à tour se montrerait sanglante, couverte de taches énormes, ou remplissant seule de son orbe démesuré le dôme céleste.

1678. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

L’intelligence, d’après lui, résout l’unité superficielle de l’individu en qualités diverses, dont chacune, isolée de l’individu qui la limitait, devient, par là même, représentative d’un genre.

1679. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Or, le plus petit intervalle de temps vide dont nous ayons conscience est égal, d’après Exner, à 2 millièmes de seconde ; encore est-il douteux que nous puissions percevoir de suite plusieurs intervalles aussi courts.

1680. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Écritures folles ou ingénieuses, dessins charmants ou caricatures échevelées, peinture à l’aquarelle ou à la colle, maquettes de tout genre, études de fleurs d’après nature, à la lampe, croquis de chic ou souvenirs de la promenade du matin, préparations entomologiques, cartonnage, copie de musique, prose épistolaire de l’un, vers burlesques de l’autre, amas de laines et de soies de toutes couleurs pour la broderie, appliques de décors pour un théâtre de marionnettes, costumes ad hoc, parties d’échecs ou de piquet, que sais-je ? […] Ce n’est pas le drame de Faust tel que nous le concevrions aujourd’hui, et tel que Goethe l’avait rêvé sans doute avant d’y mettre la main : c’est l’histoire du cerveau de Goethe esquissée moitié d’après nature, moitié d’après sa fantaisie ; c’est l’histoire du siècle dernier, c’est l’existence de Voltaire et de son école ; c’est le résultat des systèmes de Descartes, de Leibnizi et de Spinozaj, dont Goethe est le lyrique et l’admirable vulgarisateur ; et voici comment je résumerais Faust : — Le culte idolâtre de la nature déifiée (comme l’entendait le xviiie  siècle), troublant un cerveau puissant jusqu’à le dégoûter de la condition humaine, et lui rendant impossible le sentiment des affections et des devoirs humains. — Pour châtiment terrible à cette aberration de la science et de la philosophie qui divinise la matière et oublie la cause pour l’effet, le principe pour le résultat, Goethe, poussé par un instinct prophétique qu’il n’a pas compris lui-même, a infligé au disciple de Spinoza un horrible ennui, un lent désespoir, contre lequel échouent la raillerie voltairienne, l’orgueil scientifique et la puissante sérénité de la propre organisation de Goethe. […] Je ne le juge d’après aucune de ses biographies, je sais le cas qu’on doit faire des biographies des vivants ou des morts de la veille. […] Il semble qu’il les ait pris en grippe à un moment donné ; mais c’est bien plutôt parce qu’il sent peser sur lui la réalité poignante de l’ensemble des choses humaines, soumis à cette fatalité de son génie qui lui commande de peindre d’après nature ; il craint de s’attacher trop à ses créations et de gâter, comme on dit, ses enfants. […] Comme tous les commençants, j’étais très porté à imiter la manière d’autrui : quand, d’après son conseil, j’avais lu un ouvrage, j’écrivais quelques pages d’essai que je lui apportais.

1681. (1895) Hommes et livres

n’est-ce pas plutôt que le genre, ou mieux l’exercice de la tragédie, tel qu’il le concevait d’après ses maîtres, ne comportait aucun emploi de l’observation psychologique ? […] Il reprit l’ébauche de Molière et en fit d’après nature un dessin très poussé ; il rechercha tous les détails que le maître avait éliminés de ses larges études, accusant les moindres traits et les plus fines ombres.

1682. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Nous donnons, d’après M.  […] Le livre de l’Importance des Idées religieuses, qui parut en 1788 : il voulait le réfuter, d’après ses idées religieuses ou antireligieuses à lui.

1683. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

J’ai vu tel d’entre eux, d’après une armure, un costume, un recueil d’ameublements, entrer dans le moyen âge plus profondément que trois savants mis bout à bout. […] Anecdote écrite en 1602, d’après l’acteur Tooley.

1684. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

On n’est pas obligé de deviner l’ensemble d’après un morceau ; son emplacement le proportionne aux sens de l’homme. — Pour qu’il ne manque rien à la netteté de l’impression, ils lui donnent des dimensions moyennes ou petites. […] Il y a un lien entre toutes les formes et toutes les dimensions d’un temple comme entre tous les organes d’un corps vivant, et ils ont trouvé ce lien ; ils ont fixé le module architectural, qui, d’après le diamètre d’une colonne, détermine sa hauteur, par suite son ordre, par suite sa hase, son chapiteau, par suite la distance des colonnes et l’économie générale de l’édifice.

1685. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Les Réflexions sur quelques poètes, que nous publions aujourd’hui, contiennent des études choisies, revues et mises en ordre d’après ses propres instructions. […] Son pinceau maigre, quoique étincelant, joue d’ordinaire sur un fond abstrait ; il ne prend guère de splendeur large que lorsque le poète songe à Buffon et retrace d’après lui la nature. […] Il avait composé son Hamlet d’après la traduction de la Place, et il disait avec simplicité : — Je n’entends point l’anglais, et j’ai osé faire paraître Hamlet sur la scène française.

1686. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Il voulut d’ailleurs choisir ce couvent, où j’avais vécu, loin de lui, et un peu contre sa volonté, pour y enfermer la jeune fille déçue par l’amour, de son œuvre ; il en donna même, d’après mes indications, une description assez développée, dans le livre. […] Catherine croyait, sans doute d’après une aventure analogue qu’elle connaissait, que son père s’était remarié et qu’elle avait une belle-mère qui la détestait et l’enfermait au couvent, pour lui prendre sa fortune. […] N’ayant pas de preuves suffisantes, mon père n’osait pas écrire ce qu’il pensait, mais il le disait ; d’après lui, Gérard de Nerval n’avait matériellement pas pu se pendre là où il était accroché ; on l’avait assassiné, pour lui voler le prix d’un travail, qu’il avait touché la veille.

1687. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

C’est à Gournay qu’il commence vraiment à peindre d’après nature. […] Il s’est installé avec sa femme à Saint-Raphaël, travaille toute la journée à des études d’après nature, à des dessins, à des analyses de la lumière méditerranéenne, qu’il est, peut-être, le premier à avoir sentie blanche et non jaune. […] Dominique, roman de classe moyenne, reste le meilleur des romans qui figurent en France, d’après un vieux rythme humain, une jeunesse qui se dépouille et une classe moyenne qui s’établit.

1688. (1900) Molière pp. -283

Quand on a fait ce premier travail préalable, il faut étudier les procédés du génie ; c’est ce que nous ferons aujourd’hui ; il faut prendre ensuite les trois ou quatre grandes œuvres capitales, pour les considérer en elles-mêmes, et non plus d’après leurs caractères généraux ; ce sera la troisième partie de ces études, puis, il faut essayer d’apprécier le rôle historique joué par l’homme, son rôle de moraliste, de moraliste influent ; ce sera le complément de ces études sur Molière. […] Ce premier sens que je ne partage pas, et qui tendrait à substituer cette sorte de Dieu-Humanité au Dieu-Providence, ce qui est fort loin de mon idée, ce sens-là on ne peut refuser de le voir dans la scène du Pauvre, d’après tout ce qui précède. « Je n’ai pas voulu donner pour l’amour de Dieu, je donne pour l’amour des hommes. » Mais l’autre sens y est aussi, parce que, arrivé à cette limite extrême du grand seigneur effréné, Dom Juan est jeté, d’un mouvement en arrière, dans la conception la plus contraire à tout ce qui a inspiré sa vie jusque-là, dans ce grand sens du mot humanité où l’emploient tous les grands publicistes de notre temps. […] Il arrivait à un Romain de tuer sa femme, parce qu’elle avait bu quelques gouttes de vin pur sans sa permission ; il pouvait, d’après le vieux droit de la République, sans dire pourquoi, l’étrangler en conseil de famille.

1689. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

. — Don Carlos, drame d’après Schiller, par M.  […] D’après cet imbécile, Lucienne est irrémissiblement condamnée au vice, parce qu’elle est la fille d’une femme galante. […] Lucienne glisse à des sottises, parce que, le premier feu de son amour pour Jean une fois tombé, elle se souvient à tout moment qu’elle est fille de fille, et ce que cela signifie d’après son nigaud d’oncle. […] D’après tout cela, il faut avouer qu’un roi qui a du goût est une espèce de prodige. » Tout cela qui devait être vrai des rois d’autrefois, ne doit pas être entièrement faux de ceux d’aujourd’hui.

1690. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Et « comme ils composaient leurs pièces d’après ces principes et qu’ils y conformaient leurs discours, peu à peu ils enlevèrent à la multitude toute bienséance et toute retenue, et elle en vint à se croire en état de juger par elle-même… ». […] Son dessein général Ainsi orienté, ainsi poussé par les tendances maîtresses que j’ai dites et tempéré et contenu par son aptitude à comprendre ce qu’il n’aimait pas, après de longues années de voyages, d’observations, de comparaisons et de réflexions, vers quarante ans, d’après les meilleures conjectures des historiens, Platon songea à enseigner et à écrire. […] Mais dès que la foule veut commander, d’après les théories de Calliclès, de ce moment même elle en a le droit, parce qu’elle est une force qui se sent force, par conséquent une force vraie. […] Celui qui veut gouverner selon l’injustice et d’après la force brutale peut triompher, cela se voit tous les jours ; mais en triomphant il affaiblit la patrie, parce qu’il contrevient à cette loi qui est que la cité ne vit que de justice ; et en affaiblissant la patrie, il s’affaiblit lui-même très rapidement, et dès lors de deux choses l’une encore : ou il affaiblit tellement la patrie qu’elle disparaît devant un peuple meilleur, et alors il s’applaudit en disant : « Nous vaincus, la patrie elle-même a disparu ; si elle avait pu être sauvée, elle l’eût été par cette main » ; il s’applaudit ; seulement ce parti-là est un imbécile et la justice est prouvée par la défaite de ce parti ; — ou il s’affaiblit lui-même par le discrédit où il tombe, sans aller jusqu’à affaiblir la patrie au point qu’elle soit ruinée, et il est remplacé au pouvoir par un parti qui, tout au moins tant que le précédent régnait, représentait la justice et peut-être même la désirait. […] D’après ce que nous avons dit, nous ne sommes pas loin de le savoir.

1691. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Nous relevons, à l’heure où nous sommes, les Sertorius, les Nicomède, et même les Veuve et Galerie du Palais de Corneille ; mais nous ne disconvenons nullement que le « choix » fait par les hommes du dix-huitième siècle, ou d’après leur goût, pour constituer le théâtre classique, ou plutôt le théâtre scolaire de Corneille, ne fût, tout compte fait, très judicieux. […] Voilà ce que j’ai su de lui, quand il vivait, d’après les rapports, que j’ai lieu de croire exacts, qu’on m’en a faits. […] Mendès, celle d’après laquelle on le mettra à son rang parmi les tragiques français. […] Le fils Perraud a vingt-six ans, au moins, d’après le texte.

1692. (1876) Romanciers contemporains

Un dessinateur le retracerait d’après le roman, qu’il le reproduirait tel qu’il existe en réalité. […] Ce qui, d’après Chamfort, advint à Voltaire, pourrait plus justement encore atteindre ceux qui écrivent des romans historiques. […] Les petites villes semblent construites d’après ce système. […] Tel on se le représente d’après ses livres, tel il est, et, en l’apercevant, on le devine. […] Peindre la société sous des couleurs horribles, poursuivre l’idéal du mal comme d’autres recherchent l’idéal du bien, accumuler les monstruosités de façon à faire souhaiter que la population relativement honnête du bagne vienne remplacer les criminels épouvantables qui, d’après ce romancier, circulent librement dans le monde, proclamer l’ubiquité et l’impunité du crime, tel a été le but poursuivi sérieusement par Frédéric Soulié dans plusieurs de ses romans, et notamment dans les Mémoires du Diable.

1693. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

C’est sous cette vûe de préposition inséparable qui forme un sens avec un autre mot, que l’on doit regarder ce mot dans ces façons de parlet ; ce portrait est fait d’après nature ; comme on dit en peinture & en sculpture, dessiner d’après l’antique ; modeler d’après l’antique ; ce portrait est fait d’après nature ; ce tableau est fait d’après Raphaël, &c. […] Selon Platon, le monde fut fait d’après l’idée la plus parfaite que Dieu en conçut.

1694. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Lessing composait d’après la méthode française, et presque avec les personnages de Molière, les premières comédies que nous avons de lui ; Elias Schlegel lui empruntait l’idée et jusqu’aux bons mots de ses pièces. […] Vous pensez d’après vous-même, mais, pour le reste, vous vous conformez à l’usage ; il faut (c’est la maxime que vous répétez sans cesse), il faut bien faire comme tout le monde ! […] Perrin des fouilles profondes exécutées par les archivistes dans la poudre des vieux documents ; voilà le costumes du temps, voilà la musique de Lulli ; voilà les ballets tels qu’on a pu, à défaut d’indications précises, les restituer d’après les airs qui y furent adaptés ; voilà tout l’extérieur du spectacle dont on a joui sous Louis XIV ; tout cela est exquis, charmant, délicieux, admirable, étonnant, prodigieux ; entassez, tant qu’il vous plaira, toutes les épithètes de Mme de Sévigné.

1695. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Puisque c’est précisément en sens contraire de ce que la morale conseille que la société est organisée, ne faudrait-il pas organiser la société d’après la morale ? […] Ce qu’est l’Église pour lui, ce qu’est ce grand pouvoir spirituel dont nous parlions tout à l’heure d’après lui, c’est une barrière aux empiétements du pouvoir civil sur les âmes, sur les pensées, sur les libertés, et, à vrai dire, c’est une barrière opposée à toutes les prétentions de l’État, quelles qu’elles soient. […] D’après les dates, on peut le tenir pour le premier qui ait essayé de sonner le réveil religieux dans notre pays ; par sa nature, essentiellement original, solitaire, et creusant patiemment son puits, comme il a dit lui-même, il est de ceux qui n’obéissent guère à un engouement, et qui quelquefois contribuent à en former un. […] Il semble d’après cela que les révolutions soutenues d’un esprit religieux soient les seules qui n’usent pas les forces humaines9. » Tel était Quinet dans cette période qui va de 1842 à 1865.

1696. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Cet examen de conscience ne vaut-il pas mieux que les interminables buveries et fumeries d’après dîner, l’abrutissante partie de dominos, les flâneries au café-concert et autres plaisirs de garnison ? […] Je tiens à dire, pour l’honneur de mon pays, qu’on se tromperait gravement si l’on jugeait de la France tout entière d’après la petite écume de polissons de lettres, de « cercleux » sans scrupules, de rastaquouères effrontés, et de politiciens-forbans qui flotte à sa surface.

1697. (1924) Critiques et romanciers

Son visage, d’après ces calomniateurs, serait une chose « d’une platitude et d’une vulgarité odieuse ». […] Et Filon, qui déteste la politique, malfaisante et la « pire ennemie » de la littérature, son roman Sous la tyrannie ne la refuse pas et fait bien de ne pas la refuser, quand il s’agit de copier d’après nature certains gaillards, dont l’un se console et, mieux, se pourlèche, durant l’autre guerre : « Bismarck pourrait nous consoler de Blücher ; les Prussiens nous ont apporté la monarchie en 1815, pourquoi ne nous apporteraient-ils pas la République en 1870 ?  […] Sur le Plateau de laque, voici de « brefs épisodes observés sur la vie ou inventés d’après elle, et qui n’ont d’autre prétention que de divertir par leurs figurines ou d’amuser par leur arabesque ». […] Durant trois ans, on lui apprit l’art du clair-obscur, la mise en relief du trait, l’étude du caractère d’après l’extérieur de l’être.

1698. (1894) Études littéraires : seizième siècle

D’après vos principes, qu’êtes-vous pour cela ? […] S’il avait deux volontés, il serait deux Dieux, celui d’avant son changement et celui d’après. […] Donc Dieu, d’après vos principes mêmes, n’était pas infini. […] Il faut semer, encore que ce soit Dieu qui fasse lever la graine. » — Mais n’est-ce pas là un partage entre l’homme et Dieu, et ne voilà-t-il pas l’homme qui redevient quelque chose, et Dieu qui cesse d’être tout, et Dieu qui cesse d’être infini, d’après vos principes mêmes ?

1699. (1896) Études et portraits littéraires

Tout cela, on le sent, est vu, dessiné d’après nature, non inventé comme les fantaisies berrichonnes de George Sand. […] Dans leur pensée, ces études d’après nature n’étaient que matière à mise en œuvre, de quoi essayer quelque chose. […] Qu’est-ce que ce premier jet, ce « d’après nature » attrapé avec cette aisance, sinon de l’impressionnisme exquis ?

1700. (1911) Études pp. 9-261

  Tous les livres de la première période, qu’ils soient poétiques ou idéologiques, sont ainsi dessinés d’après les mouvements intérieurs. […] , 1909 Oscar Wilde, Librairie du Mercure de France, 1910 * Nouveaux Prétextes, Librairie du Mercure de France, 1911 * Isabelle, récit, Edition de la Nouvelle Revue Française, Edit. in-8 couronne, 1911 Isabelle, récit, Edition de la Nouvelle Revue Française, Edit. in-8 tellière, 1911 Charles-Louis Philippe, conférence prononcée au Salon d’Automne, Librairie Eugène Figuière, 1911 Dostoïevski d’après sa correspondance, Grande Revue du 25 mai, 1908 Librairie Eugène Figuière, 1911 1.

1701. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Il ne projetait donc rien moins, à cette époque, qu’une Histoire générale d’après ce système.

1702. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Dans la préface en prose de cette canzone, Leopardi rappelait le mot de Pétrarque : Ed io son di quei che’l pianger giova (Et moi aussi je suis de ceux qui se plaisent à la plainte) : « Je ne dirai pas, ajoute-t-il, que la plainte soit ma nature propre, mais une nécessité des temps et de la fortune. » Et en effet on ne peut douter, rien que d’après ces débuts, de la nature avant tout mâle et antique de Leopardi ; elle continuera de se dessiner de plus en plus.

1703. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Et d’après ses discours, je me répondis : C’est le droit de chasser. » Il me semble qu’on commence à la connaître ; voilà son esprit qui se dessine, mais son cœur… Elle le mit à la raison autant qu’elle put, et, impétueux qu’elle le sentait, travailla de bien bonne heure à le contenir.

1704. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Loin de là, il pose tout d’abord la différence qu’il y a entre les lettrés d’ordinaires mélancoliques et songearts, et les hommes d’action et de gouvernement auxquels sont dévolues des qualités toutes contraires : Paucis ad bonam mentem opus est litteris, répétait-il d’après Sénèque.

1705. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Quelques femmes qui, d’après leur langage et leurs vêtements, paraissaient être des personnes d’un rang élevé, reçurent autour d’un grand feu ce groupe d’officiers français que, par crainte autant que par politesse, on se serait bien gardé de mal accueillir.

1706. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

On peut, d’après ce qui précède, le deviner presque sans peine.

1707. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Eh bien, rien n’est aussi éloigné de cet idéal que la conception de la vie moderne en général, conception d’après laquelle la vie animale tend toujours davantage à gouverner la vie raisonnable.

1708. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La politique, rabaissée dans le voyage de Lilliput aux débats d’une fourmilière, disparaît devant la calme sagesse des habitants de Brobdingnag et de ce roi philosophe qui, prenant dans sa main et caressant doucement le panégyriste éloquent des institutions et des mœurs de l’Angleterre, lui dit, sans émotion, que d’après ses propres peintures, « la plupart de ses compatriotes sont la plus pernicieuse vermine à qui la nature ait jamais permis de ramper sur la surface de la terre ».

1709. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Tel est le cas du minéralogiste qui, pour reconnaître si une masse de matière peut être appropriée à un certain usage, en examine le mode de cristallisation, la couleur, la texture, la dureté, le clivage, la fracture, le degré de transparence, l’éclat, le poids spécifique, le goût, l’odeur, la fusibilité, les propriétés électriques et magnétiques, et dirige sa conduite d’après toutes ces choses prises ensemble. » La correspondance entre l’être et son milieu s’est donc constituée pleinement par des conquêtes successives ; il ne reste plus qu’à coordonner ces divers éléments.

1710. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Mais une chose si simple n’aurait pas suffi à son avidité de se montrer chrétien et fastueusement chrétien, et il a écrit, d’après les livres sacrés, l’histoire théologique de saint Michel lui-même.

1711. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Fechner est parti d’une loi découverte par Weber et d’après laquelle, étant donnée une certaine excitation provoquant une certaine sensation, la quantité d’excitation qu’il faut ajouter à la première pour que la conscience s’aperçoive d’un changement sera dans un rapport constant avec elle.

1712. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

D’après Platon, le Beau se confond avec le Bien, ou la Perfection, qui est supérieure à la vérité et à la science.

1713. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

l’imitation sans particularité, sans l’image iconique de la personnalité, l’homme et pas un homme, l’imitation d’après un modèle collectif de perfections ? […] Leurs modèles ont, dans l’histoire, des dates connues, des allures connues, des livrées connues : on se vêt comme eux, on parle, on écrit leur langage et les vivants de cette heure chimérique ont des profils de médailles, — je veux dire arrangés d’après les médailles, et copient, à s’y tromper eux-mêmes, les personnages historiques. — Il semble, en effet, que ce siècle, dans sa première moitié, n’ait eu qu’une vie historique, et voyez, — serait-ce le mot de l’énigme ?  […] Sans foi, ils se plongent dans des études que la Foi seule autorise et féconde : aussi, dans l’instant, les prendriez-vous pour des ascètes et des Pères de l’Église et ils savent de Théologie autant qu’Origène ou saint Thomas : mais écoutez-les, l’instant d’après, « expliquer » l’extase par l’hypnotisme et le miracle par l’hallucination !

1714. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

(Il tient, je vous le rappelle, soixante pages sur quatre-vingts, et il remplit notamment tout le quatrième acte, ce quatrième acte où, d’après Sarcey, doit être le point culminant de l’action dans les pièces qui en ont cinq. […] Le sujet de Henri III étant donné, il y avait, d’après M.  […] C’étaient, — chose inouïe, — les lettres de son frère et les siennes ; je dis les siennes, puisque, d’après la Préface, si Jules a tenu la plume, il n’a jamais exprimé que la pensée des deux Goncourt. […] il souffre de la faim ; il est poursuivi par une idée fixe qui, d’après une loi connue, tend à se réaliser sans que sa volonté y soit presque pour rien.

1715. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Avant-propos Les dix Leçons qui suivent, professées à l’École normale supérieure, pendant les mois de novembre — et de décembre 1889, ont été rédigées d’après ses notes de cours, par M.  […] Mais, comme il ne paraît pas que Chapelain ait connu les textes anglais, je ne vous les signale ici que pour mémoire, et j’arrive aux espagnols, lesquels, d’après sa Correspondance ne lui étaient guère moins familiers que les italiens. […] Je vous en recommande cependant le premier volume, où vous trouverez, sur l’art dramatique en particulier, des observations ingénieuses, et, pour mieux dire encore, des observations plus « modernes » que vous ne le croiriez d’après la date du livre et le nom de l’auteur. […] D’après le sens littéral de cette explication, il semble que le Paradis perdu serait un poème classique, et la Henriade une œuvre romantique.

1716. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Qui ne se souvient d’avoir connu quantité de sous-lieutenants d’après Georges Brown, dont toute la personne semblait fredonner Et l’on ne dira pas que je fais des folies ! […] Mais ici, elle suppose encore une âme et une intelligence qui, en se soumettant à elle raisonnent du moins d’après elle. […] Il semble qu’il doive lui jeter aussitôt Eugénie à la tête, de peur que, l’instant d’après, celui-ci ne se dédise. […] Et si telle est, d’après M. 

1717. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

monsieur le duc, un mot, je vous cherchais. » Tout cela dit l’un sur l’autre, et moi, resté planté là pour reverdir, si bien que ce matin, l’avant rencontré, je l’ai abordé en lui disant : « Fort bien, monsieur, et prêt à vous servir. » Il ne savait ce que je lui voulais dire, et je l’ai fait ressouvenir qu’il m’avait quitté la veille en me demandant comment je me portais, et que je n’avais pas pu lui répondre plus tôt. » Ce sont ces légers travers, ces enivrements du poëte qui se croit arrivé et qui nage en pleine gloire, ces airs de petit-maître enfin, qui choquaient Piron et lui faisaient porter un jugement trop définitif d’après ce qui n’était qu’une impression très-juste et prompte, mais d’un seul moment.

1718. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il ne pousse à bout aucun principe ; il les accepte tous, tels qu’on les trouve dans le domaine public, d’après leur bonté visible, ne tirant que leurs premières conséquences, évitant la puissante pression logique qui gâte tout, parce qu’elle exprime trop.

1719. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

« — Ma pensée, répondis-je en me levant et en prenant le marbre de la cheminée pour le marbre de la tribune, je ne vous la disais pas et je désirais ne pas avoir à vous la dire, parce qu’elle est sinistre d’après la résolution que je vois déjà toute prise dans ce conseil de gouvernement. » On se récria, on me demanda de m’expliquer ; je le fis franchement, longuement, énergiquement, sans ménagement pour l’avis des membres du cabinet que je venais d’entendre.

1720. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Mme Récamier, M. de Chateaubriand, vos deux amis du passé, étant morts, vous ne deviez rien à personne ; il nous fallait un grand critique, plus qu’un critique, un moraliste littéraire qui ne se bornât pas à la langue, mais qui étudiât l’homme et l’humanité dans l’écrivain, un La Harpe d’après, mais très supérieur à La Harpe d’avant, homme de collège, qui n’apprit que les mots, quand Sainte-Beuve apprécie les choses.

1721. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

D’après cela, consulte-toi promptement, et dis-moi à qui, du cheval ou d’Artybius lui-même, tu préfères adresser tes coups ? 

1722. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Certes il est permis à un bon catholique et il lui est même recommandé d’être, s’il peut, un bon politique, de se servir avec habileté des circonstances, voire de s’y plier dans l’intérêt de sa foi, mais à une condition : c’est qu’il ne paraisse jamais réduire ou limiter le domaine où cette foi doit s’exercer et qui est, par définition, universel, ni faire à ses adversaires l’abandon de ses propres principes et se diriger d’après les leurs.

1723. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il n’arrangeait pas son poème d’après ces règles, et il ne s’avisa jamais de leur rien sacrifier de la nature des choses ; mais, en méditant fortement son sujet et en y réunissant toutes les vraisemblances, il rencontrait les unités.

1724. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

 » Il lui sembla, d’après l’expression de Shakespeare, que la roue du temps était sortie de son ornière : la notion de la vie moderne s’effaça chez lui… Une main invisible avait retourné le sablier de l’éternité, et les siècles, tombés grain à grain comme des heures dans la solitude et la nuit, recommençaient leur chute… » (pp. 35, 36, 37.)

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