Corneille n’avait qu’à transfigurer légèrement les grandes dames qu’il avait sous les yeux pour créer ses héroïnes au caractère impérieux, fait de fierté, d’assurance et de fermeté mâle ; et l’on comprend, que les Sévigné, les femmes qui avaient été jeunes dans l’époque tumultueuse de la Fronde, aient toujours préféré à Racine (chez qui l’homme bien souvent prend sa revanche) celui qu’elles appelaient « leur vieil ami ». […] Il a créé la mère amie et sœur aînée de sa fille92. « Je n’ai point d’ordres à vous donner, ma fille, dit Mme Argante ; je suis votre amie, et vous êtes la mienne ; et si vous me traitez autrement, je n’ai plus rien à vous dire. » Il est donc convenu que les deux amies n’ont plus de secret l’une pour l’autre ; la plus âgée met seulement son expérience au service de la plus jeune, et comme celle-ci hésite à lui confier ses peines : « Ah !
* * * — Toute la valeur du romantisme, ça été d’avoir infusé du sang, de la couleur dans la langue française, en train de mourir d’anémie, — quant à l’humanité qu’elle a créée, c’est une humanité de dessus de pendule. […] À la suite de cette attaque, il se sauva d’auprès de sa femme, se réfugia dans une petite ville, où on créait exprès pour lui un collège.
Napoléon faisait la guerre, Pitt la créait. […] Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.
A l’égard de nous autres, hommes, Je ferais notre lot infiniment plus fort ; Nous aurions un double trésor : L’un, cette âme pareille en tous, tant que nous sommes, Sages, fous, enfants, idiots, Hôtes de l’univers, sous le nom d’animaux ; L’autre, encore une autre âme, entre nous et les anges Commune en un certain degré ; Et ce trésor à part créé Suivrait, parmi les airs, les célestes phalanges, Entrerait dans un point sans en être pressé, Ne finirait jamais, quoique ayant commencé. […] C’est Horace qui l’a dit ; non pas le premier, car les philosophes grecs l’ont souvent dit, mais c’est Horace qui l’a dit d’une façon immortelle lorsqu’il a créé cette expression : Aurea mediocritas que nous répétons encore.
Chez ce petit saint calviniste, le rêve prend une forme tout à fait singulière, mais où fermente l’ardeur commune à tous ces jeunes soldats de créer une France plus belle. […] L’existence, nous dit-elle, peut être un dégagement constant, un acheminement, un déploiement qui commence ici-bas et se continue quand l’être « en partant pour le ciel » épanouit ce qu’il avait créé dans son intérieur.
Il faut cette simultanéité dans l’instant pour 1° noter la simultanéité d’un phénomène et d’un moment d’horloge, 2° pointer, tout le long de notre propre durée, les simultanéités de ces moments avec des moments de notre durée qui sont créés par l’acte de pointage lui-même. […] La mesure d’une chose est parfois révélatrice de sa nature, et l’expression mathématique se trouve justement ici avoir une vertu magique : créée par nous ou surgie à notre appel, elle fait plus que nous ne lui demandions ; car nous ne pouvons convertir en espace le temps déjà écoulé sans traiter de même le Temps tout entier : l’acte par lequel nous introduisons le passé et le présent dans l’espace y étale, sans nous consulter, l’avenir.
À quoi pensait Corneille quand il créait Rodogune ?
Souvent, le soir, regardant quelque coin de ciel, des toits lointains, çà et là un rare feuillage, je me suis dit qu’un tableau qui retracerait exactement cette vue si simple serait divin ; puis j’ai compris que cette fidélité entière était impossible à saisir directement ; que mon émotion résultait du tableau en lui-même et de ma disposition sentimentale à le réfléchir ; que, de l’observation directe de l’objet, et aussi de la réflexion modifiée de cet objet au sein du miroir intérieur, l’art devait tirer une troisième image créée qui n’était tout à fait ni la copie de la nature, ni la traduction aux yeux de l’impression insaisissable, mais qui avait d’autant plus de prix et de vérité, qu’elle participait davantage de l’une et de l’autre19.
Si l’enfant est fort en retard, il dit : « Maman m’a retenu ; elle avait besoin de moi. » Il crée un conflit de devoirs : ici apparaît une question générale.
Le danger du genre qu’il a créé, et dans lequel nul jusqu’ici n’a pu le suivre, c’est que la thèse ne détruise le drame.
Les nouveaux venus, trop fiers pour acheter à coups de bassesses et de servilisme la place qu’on leur refusait, trop pressés d’agir pour se mettre à la file et attendre que la vieillesse ou la mort leur eût ménagé des vides, résolurent de marcher au combat avec leurs propres armes, créées de toutes pièces.
Vous créerez des signes de convention, je le veux bien, mais alors à quoi bon ?
Il les accusait d’enchérir sur la Loi, d’inventer des préceptes impossibles pour créer aux hommes des occasions de péché : « Aveugles, conducteurs d’aveugles, disait-il, prenez garde de tomber dans la fosse. » — « Race de vipères, ajoutait-il en secret, ils ne parlent que du bien, mais au dedans ils sont mauvais ; ils font mentir le proverbe : « La bouche ne verse que le trop-plein du cœur 645. » Il ne connaissait pas assez les gentils pour songer à fonder sur leur conversion quelque chose de solide.
Malgré la confusion créée par ces lents crépuscules, il est relativement facile de distinguer les grandes périodes de notre vie intellectuelle.
Il imagine un peintre qui cessa de peindre pour une raison noble et subtile : la couleur, pense ce pauvre homme, est dans l’univers en quantité limitée ; celle qu’on perd à fabriquer de l’artificiel, on la vole à la nature que nos larcins condamnent à créer une vie plus pâle.
Au contraire, un poëte capable par son génie de donner l’être à de nouvelles idées, est capable en même-temps de produire des figures nouvelles, et de créer des tours nouveaux pour les exprimer.
Voilà ce qui fit dire à La Bruyere que Despreaux paroissoit créer les pensées d’autrui.
Toutes les règles subtiles d’un style ont là leur origine : en même temps elles éloignent, elles créent la distance, elles défendent l’entrée ; en même temps elles ouvrent les oreilles de ceux qui nous sont parents par l’oreille. » A la vérité, ce travail de Protée des auteurs difficiles, ce noli me tangere, noli me intelligere, est assez vain, puisqu’ils seront compris, adoptés, du moins « touchés » par ceux précisément, en majorité, par qui ils redoutent d’être entendus et dont ils craignent le contact, c’est-à-dire par les sots ; et ce sont ceux qui comprennent peu qui courent tout droit aux choses les plus difficiles à comprendre.
Intrépide analyste, travailleur infatigable, grand remueur d’idées, il a créé la critique d’érudition, et c’est l’homme de France qui connaît le mieux son histoire de la littérature.
C’est là, sans doute une délicatesse… mais il est évident aussi que des délicats de cette espèce ne sont pas faits pour traiter largement un mâle sujet littéraire et nous l’ouvrir jusqu’aux entrailles ; il est évident qu’ils n’ont pas été créés et mis au monde pour ne rien comprendre aux énergiques trivialités des grands écrivains, et qu’il leur faut renoncer à écrire la biographie intellectuelle du Génie, aussi bien qu’à peigner, la crinière des lions !
Magnier a été plus long, et il devait l’être, sur le livre immense dont la beauté intellectuelle a créé au profit de la personne morale du Dante une si grandiose illusion ; c’est là que le jeune critique a ramassé tout son effort pour être juge, et il a jugé le livre.
Les Allemands, ces Indiens de l’Europe, épanchent parfois de ces vastes nappes d’ennui dans leurs œuvres, belles, comme les vers de M. de l’Isle, par beaucoup de côtés d’exécution, mais de la beauté qui ennuie ; terrible variété de la beauté, telle que la créent les hommes dans ce monde imparfait et borné !
D’abord elle voulut que les géants qui erraient dans les montagnes, effrayés des premiers orages qui eurent lieu après le déluge, cherchassent un refuge dans les cavernes, que malgré leur orgueil ils s’humiliassent devant la divinité qu’ils se créaient, et s’assujettissent à une force supérieure qu’ils appelèrent Jupiter.
Le vrai moraliste serait donc celui qui créerait des motifs à la vertu en général. […] Voilà quel serait le grand-œuvre du moraliste : créer l’affection, et par l’affection une nouvelle âme. […] Gaster sans aureilles fut créé. […] Il crée lui-même ses expressions selon le besoin ; ce sont des figures hardies, mais familières. […] Qui veut nous dominer doit, ou créer des faits nouveaux, ou mettre à notre portée les faits connus.
Tout ce qui paraît au-dessous n’est qu’un bas sédiment de l’esprit, un limon stérile dont elle ne peut créer les nobles images qu’elle forme et qu’elle anime. […] C’est pourquoi cette grande épopée, recommandable par tant de raisons, l’est surtout par la coordonnance des mœurs idéales que Milton y a créées. […] J’avais créé sa religion et ses lois philosophiques après l’avoir créé lui-même ; il me fallut encore créer les localités de son empire. […] Telles sont les beautés qui demeurent toujours originales, et qu’il faut savoir ou créer ou reproduire avec art dans la poésie épique. […] Il se plonge d’abord dans les enfers, il y fonde un empire, il y bâtit un Pandémonium, il y crée des êtres fantastiques dont les mouvements attachent la curiosité, et se fraie des routes imaginaires au sein d’un orageux chaos.
Cela n’a pas été créé par l’humanisme. […] Il a créé « l’école réaliste ». […] La génération nouvelle s’écarte de cette direction et cherche, ou à croire, ou à créer une nouvelle métaphysique, en tout cas à rouvrir la porte du suprasensible. […] Je me dis : Voilà un homme qui sait son métier de psychologue et de créateur ; il connaît les hommes et il en crée qui sont véritables. […] Elle les empêche d’inventer, de créer et comme de produire.
Elle est un art, elle crée. Oui, elle crée ! […] Comme on crée toujours : par le désir et l’amour. […] Sardou l’exécuta, ce jour-là, il créa la géographie philosophique. […] La médecine crée plus de maladies qu’elle n’en guérit.
À chaque minute, la pensée, pour exprimer les nouveaux rapports qu’elle saisit, pour peindre les nouveaux aspects qu’elle découvre, crée de nouvelles combinaisons de style, de nouvelles images, de nouveaux tours, de nouveaux mots, bons ou mauvais, mais qui ont d’abord le relief et les arêtes vives d’une monnaie toute neuve. […] la science et l’industrie ne créent que des difformités, des monstres ! […] Elle crée même l’aspect des choses, et, sans tomber dans les puérilités des effets de sonorité, ni dans l’étroite imitation des bruits réels, elle nous fait voir, à travers un voile vaporeux qui les agrandit et les divinise, les objets extérieurs où elle transporte notre imagination. […] A ce propos, il est permis de se demander si Mozart, qui a composé pour d’autres publics ces merveilles que l’on appelle les Noces de Figaro et Don Juan, n’aurait pas créé, s’il eût écrit une fois ou deux en vue du public français, quelque œuvre, je ne dis pas plus parfaite, mais autrement parfaite, et d’un genre de beauté différent. […] Car, dans l’œuvre d’un homme de génie, — soit musicale, soit littéraire, soit d’un art quelconque, — outre l’homme lui-même, outre l’idiosyncrasie naturelle et héréditaire qui constitue sa personnalité, et outre les connaissances et l’expérience accumulées de toute sa vie antérieure jusqu’à la minute où il crée cette œuvre nouvelle, où il sent l’étincelle morale, il y a, ne l’oublions pas, toute la collectivité des idées, des sentiments et des instincts de son époque, dans laquelle encore toutes les précédentes se condensent incessamment ; il y a l’énorme pression à la fois de toute l’expérience morale antérieure et de toute la sensibilité actuelle de sa nation et de l’humanité entière, aboutissant, à un moment donné, dans une crise individuelle : tout cela ensemble forme en quelque sorte un immense courant magnétique qui emporte cet homme de génie, ajoutant à ses forces personnelles toutes ces autres forces, multipliées les unes par les autres à l’infini.
Car découvrir, c’est créer. […] Il est certain que la première tend de plus en plus à niveler, tandis que la seconde tend de plus en plus à créer des différences. […] C’est aussi celui qui permet le mieux de saisir la nouveauté du genre repris ou mieux créé par l’auteur. […] Tantôt c’est la conception d’un idéal raffiné qui crée la passion. […] L’esprit n’habite-t-il pas la phrase qu’il est parvenu à créer ?
Il serait contraire à la providence de Dieu de créer exprès leurs âmes pour cette vie, et au même instant de les en ôter. » « Enfin si l’âme n’a pas vécu déjà avant de naître, il s’ensuit que Dieu la crée dans des circonstances déshonorantes pour lui, par exemple au moment d’un viol ou d’un adultère. […] Il faut avoir cette puissance d’illusion pour créer des âmes12. […] Ce n’est pas ainsi que l’artiste crée. […] Ils ne créent pas ; ils prouvent, développent et plaident ; ce sont les orateurs du christianisme. — Il en est de même en philosophie. […] Il a fallu tout créer dans ce désert, et ils ont tout créé.
Vous semble-t-il étrange que pour figurer la vigueur et la sublimité de l’esprit, on crée un cheval volant ? […] Au sujet de ce vœu, l’auteur crée une fiction frappante, vive et morale. […] Les modèles parurent et devancèrent les règles écrites : en déduirait-on que le génie les créa sans se faire des règles ou sans les prendre de la nature ? […] Telle fut créée la comédie mixte, qui est la plus parfaite espèce comprise dans le genre, et dont le Tartuffe est le plus beau modèle. […] Ce n’est pas tout qu’un fait créé ou trouvé soit la base d’un ouvrage, si l’auteur ne le choisit selon la forme que doit avoir son drame.
Un magistrat a une femme vertueuse et dévote ; cette vertu et cette piété l’ennuient ; il se crée, dans un autre quartier de Paris, un autre ménage, et tout l’intérêt, toute la sympathie du roman, est pour cette Agar parisienne. […] Madame Pipelet avait eu les honneurs d’une popularité proverbiale ; M. de Balzac créa madame Cibot, afin de montrer ce que pouvait être ce personnage de la portière parisienne entre les mains d’un vrai réaliste ; et le public, qui s’était amusé de madame Pipelet, laissa passer madame Cibot sans la regarder. […] Les partis se transforment ou se morcellent ; le temps crée, à chaque génération nouvelle, de nouveaux aspects qui s’éloignent et disparaissent à leur tour : les opinions des hommes subissent les conditions de l’inconstance et de la mobilité humaines. […] Ce fut alors qu’on vit des hommes nouveaux, presque tous sortis de la bourgeoisie ou du peuple, se créer, par les grâces ou les hardiesses de leur esprit, une puissance anonyme qui remplaça toutes les autres, et, chose plus étrange ! […] Le titre de citoyen romain, répandu sur tous les points de l’Empire, perdait, par cette diffusion même, son antique importance, et créait des peuples nouveaux, sans liens, sans solidarité, sans rapports de mœurs et d’affection avec la mère patrie.
Ce rôle s’associait très bien avec une certaine célébrité littéraire, modeste et à demi-jour, qui ne demandait rien à personne, mais qui se créait elle-même, et qui savait attendre sa sanction de la postérité. […] Je le voyais souvent chez Mme la duchesse de Broglie, fille de Mme de Staël, et femme dont la beauté, la vertu, l’enivrement mystique et la piété céleste, devaient ravir le poète irlandais et faire croire à la sœur des anges que Vigny voulait créer pour type idéal des amours sacrés. […] * * * « Voilà le sentiment et le vœu qui m’a fait écrire ce drame ; je ne descendrai pas de cette question à celle de la forme d’art que j’ai créée. […] Et j’ai aussi votre orgueil, mon père, qui fait que je ne le dis pas. — Mais vous qui étiez vieux et qui saviez qu’il faut de l’argent pour vivre, et que vous n’en aviez pas à me donner, pourquoi m’avez-vous créé ?
« Je crois que Dieu a créé des êtres d’une beauté tellement harmonieuse et idéale qu’ils échappent à toute analyse et à toute description. De ce nombre privilégié était lord Byron, dont la beauté absolue, dans les limites d’une beauté créée, n’a jamais pu être saisie ni par le pinceau ni par le ciseau de l’artiste. […] la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et son poète ? […] … Oui, le prodige ; car celui-là avait tout créé en lui, jusqu’à la parole et au geste, ou plutôt il se passait du geste et de la voix à force de talent.
Ceux qui admettent que chaque être a été créé tel que nous le voyons aujourd’hui, ne doivent-ils pas s’étonner de rencontrer parfois des animaux dont l’organisation et les habitudes sont en mutuel désaccord ? […] Il est bien certainement faux que de nouveaux organes apparaissent soudainement en une classe d’êtres quelconques, comme s’ils étaient créés à dessein pour quelque emploi spécial. […] Pourquoi toutes les parties de l’organisation chez tant d’êtres indépendants, et supposés créés chacun séparément pour occuper sa place particulière dans la nature, seraient-elles si communément reliées les unes aux autres par des transitions graduelles ? […] Ils ont soutenu, au contraire, qu’un grand nombre de particularités ont été créées dans le seul but de plaire aux yeux de l’homme, ou seulement pour multiplier les formes de la vie.
Seulement elle n’en aura pas pour longtemps ; et au bout de quelques mois de séjour, tout le parti qu’on peut tirer d’une petite île pour y créer le mécanisme de la civilisation étant épuisé, il n’y aura plus qu’à y mourir d’ennui ou à en sortir par une héroïque aventure.
Grâce à ce rôle nouveau qu’une semblable interprétation créait à Virgile, et que la vague tradition favorisa, on comprend mieux comment le divin et pieux poëte (le poëte pourtant de Corydon et de Didon) a pu être pris sous le patronage de deux religions si différentes et si contraires, comment le Christianisme du moyen-âge s’est accoutumé peu à peu à l’accepter pour magicien et pour devin, et comment Dante, le poëte théologien, n’hésitera point à se le choisir pour guide dans les sphères de la foi chrétienne.
Il y a dans le rôle de très beaux moments, dont mademoiselle Mars tire le parti qu’elle sait toujours tirer et quelquefois créer : je ne fais que rappeler le Vous mentez !
Cela doit même être admis dans les idées du théisme ancien, puisque, suivant cette manière de concevoir le système des choses, Dieu est regardé comme ne créant plus dans le temps, mais ayant tout créé à l’origine.
C’est lui qui l’a créé.
Elle doit porter sur les idées, les sentiments, les tendances des personnages mis en scène ; elle est en ce sens interne ; mais, comme ces personnages sont ou bien créés de toutes pièces par l’auteur ou en tout cas interprétés et en une certaine mesure formés ou déformés par lui, comme ils servent de la sorte à exprimer la nature même et les conceptions particulières de l’auteur, l’analyse est en ce sens-là externe.
En effet, au-delà de cette barrière de feu qu’on appelle la rampe du théâtre, et qui sépare le monde réel du monde idéal, créer et faire vivre, dans les conditions combinées de l’art et de la nature, des caractères, c’est-à-dire, et nous le répétons, des hommes ; dans ces hommes, dans ces caractères, jeter des passions qui développent ceux-ci et modifient ceux-là ; et enfin, du choc de ces caractères et de ces passions avec les grandes lois providentielles, faire sortir la vie humaine, c’est-à-dire des événements grands, petits, douloureux, comiques, terribles, qui contiennent pour le cœur ce plaisir qu’on appelle l’intérêt, et pour l’esprit cette leçon qu’on appelle la morale : tel est le but du drame.
Il leur paroît étrange que la faveur déclarée d’un grand prince, d’un ministre tel que Mécène, ne puisse aider au talent, le faire sortir, & le créer en quelque sorte.
Elle ignore s’il a sa raison d’être, s’il existe créé par l’opinion seule ou indépendant de cette opinion que Pascal appelait la reine du monde ; s’il est enfin la transgression d’une loi d’ordre et d’harmonie ou simplement une grimace, un faux pli de l’organisation humaine, une faute ou une infirmité.
L’humanité, depuis qu’elle existe, a toujours roulé entre trois systèmes et l’esprit humain n’en conçoit pas un quatrième : la polyandrie, le plus mauvais de tous, car il crée l’amazonat sous toutes les formes, le massacre des enfants et la pulvérisation sociale ; la polygamie, qui ruinerait l’État, si le sabre de Mahomet n’y mettait ordre, et enfin la monogamie, ce diamant divin d’une eau si pure, qui est l’exclusion de tous les inconvénients, qui agrandit la tête, épure le cœur et équilibre toutes les facultés.
Ce grand homme mort, l’empereur chinois reprenait son pli, ses préjugés, ses défiances, et le Christianisme, qui a besoin d’être soutenu dans un pays où l’autorité du souverain crée l’opinion, retombait.
Monselet, qui doit aimer la supériorité et regarder par en haut, comme les têtes créées pour la lumière, s’est fait le Saint Vincent de Paul de tous les enfants perdus du xviiie siècle, et il en a fait inutilement des enfants trouvés.
En rééditant leurs histoires avec un impayable sérieux, en les accompagnant d’une introduction animée, d’un enthousiasme presque tendre, en devenant mélancolique lorsque son livre finit et qu’il est obligé de renoncer à cette douce familiarité avec des hommes l’orgueil, à juste titre, de la littérature, Livet, qui a quêté partout des annotations pour la plus grande gloire de l’Académie, a cru évidemment que cette assemblée discoureuse, fondée pour discourir et ouvrir ou fermer la porte aux mots nouveaux qui se risqueraient dans la langue, enfin que cet hôtel de Rambouillet sans femmes avait le privilège de créer véritablement des grands hommes, parce qu’il pouvait, pour le récompenser de son zèle, le faire un jour académicien, lui, Livet !
Il imite plutôt qu’il ne crée, comme presque tous les Allemands, du reste, cette race de Trublets compilateurs !
Les courtisanes tiennent leur empire d’une corruption qu’elles n’ont pas créée, mais qu’elles augmentent.
le grand Goethe, l’auteur du Comte d’Egmont, pour avoir, dans ce drame, créé une maîtresse comme Clara, quand il avait, tout fait, dans l’Histoire, un type d’épouse comme Sabine.
Un doute pesait pour nous sur Pellico, et ce doute, ce n’était pas lui qui l’avait créé : c’étaient ses amis.
— Saint-René Taillandier, qui ne les avait pas, s’est contenté de quelques bribes de correspondances qui n’étanchent pas du tout la soif que nous avions créée en nous, en rêvant ces sorbets : — Lettres inédites de Madame de Staël et de Madame de Souza !!
Elle, elle fut tragédienne, mais lui ne fut jamais qu’un Arlequin, quoiqu’il eût été certainement créé pour être mieux que cela.
Jules Simon et Saisset ne lurent que sages et ne créèrent rien.
Un doute pesait pour nous sur Pellico, et ce doute, ce n’était pas lui qui l’avait créé, c’étaient ses amis.
La Bible et l’Évangile ont été les deux mamelles auxquelles il a bu longtemps en silence, et qui l’ont fait de force à créer ces trois choses, dont une seule suffît pour l’immortalité d’un homme : — une religion, un peuple, un empire !
Fou comme le Tasse, sans que l’amour y fût pour rien et sans avoir créé Armide et Clorinde, la folie de Gérard ne fut pas une force égarée.
Sincère ou de parti pris, volontaire ou inspirée, la poésie des Odes funambulesques arrive-t-elle, n’importe à quel prix, à l’émotion et à l’illusion que toute poésie doit créer dans nos âmes ?
Ici, comme il est aisé de le distinguer, le sentiment qui a créé le poète des Ballades, que M.
On eût senti l’esprit qui crée là où l’on ne sent que le talent qui traduit ou imite, quoique imiter et traduire n’impliquent pas nécessairement qu’on ne puisse très bien inventer.
La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.
Une observation a échappé aux grammairiens, aux politiques et aux jurisconsultes, c’est que dans la lutte des plébéiens contre les patriciens pour obtenir le consulat, ces derniers voulant satisfaire le peuple sans établir de précédents relativement au partage de l’empire, créèrent des tribuns militaires en partie plébéiens, cum consulari potestate, et non point cum imperio consulari.
Le droit de conseil créait le droit d’intervention militaire réciproque ; de ce droit d’intervention réciproque découlait et découle encore le droit de guerre perpétuel entre voisins : c’est le contraire du droit de civilisation, qui est l’indépendance des peuples chez eux. […] D’autres États européens se créent des marines et leur disputent le commerce de l’Orient ; les Vénitiens cherchent à se fortifier par une alliance avec la Hollande ; ils penchent vers le protestantisme. […] C’est cette popularité des consuls tribuns du peuple qui créa, dès ces temps-là, la renommée des grandes familles de Gênes, les Doria, les Spinola, les Fornaro, les Negri, les Serra, familles héroïques dont la guerre et le commerce perpétuèrent l’ascendant jusqu’à nos jours.
On sent qu’il est fier d’avoir créé cette cervelle. […] Et il ajoute que Judith s’est créé, qu’elle s’est faite toute seule, qu’elle a été élevée comme un petit chien qu’on laisse courir sur la table, que personne, pour ainsi dire, ne lui a appris à écrire. […] Samedi 10 août Joli royaume pour un conteur fantastique, que ce royaume, qui a pour roi, ce toqué solitaire et taciturne, vivant dans un monde imaginaire, créé autour de lui à grand renfort de millions.
Fin d’avril À l’heure qu’il est, en littérature, le tout n’est pas de créer des personnages, que le public ne salue pas comme de vieilles connaissances, le tout n’est pas de découvrir une forme originale de style, le tout est d’inventer une lorgnette avec laquelle vous faites voir les êtres et les choses à travers des verres qui n’ont point encore servi, vous montrez des tableaux sous un angle de jour inconnu jusqu’alors, vous créez une optique nouvelle. […] Ce parent, était le représentant de la grande bourgeoisie française, qui souffre des poèmes créés par le poète, des victoires gagnées par le général, des découvertes mises au jour par le savant.
Essentiellement, le mot convient à deux emplois ; il désigne, assez mal, les objets, il décrit, — et il crée des idées, il idéalise. […] Que l’on considère d’ailleurs qu’il n’y a pas de théoricien du réalisme qui ait osé prescrire l’imitation exacte, précise du réel comme un principe d’art ; on comprend aussitôt qu’on aboutirait simplement de la sorte, si un parvenait en effet à tout copier parfaitement, à créer des doubles des choses et des gens qu’il n’y aurait aucun intérêt à leur substituer. […] L’idéalisme romantique, en France, — car en Allemagne et en Angleterre il en est autrement, — a des visées toutes différentes, et crée des œuvres plus émerveillantes que belles.
C’est pour avoir trop souvent frappé son front au lieu de son cœur qu’il n’a été qu’une grande espérance, au lieu d’être un grand monument, et qu’il a créé cette école des poètes actuels de l’esprit au lieu de créer l’école des prophètes du cœur. […] La plus faible de vous, quand Dieu vous a créées, A voulu traverser les plaines éthérées, Pour chercher le soleil, son immortel amant.
Quelle contradiction et quelle folie ne serait-ce pas de se plaire à regarder les simples copies de ces êtres en admirant l’art ingénieux qui les a reproduits en peinture ou en sculpture et de ne point se passionner encore plus vivement pour la réalité de ces êtres que crée la nature et dont il nous est donné de pouvoir découvrir les causes ! […] C’est au fond l’âme qui crée le corps, comme c’est l’attrait de la perfection divine qui crée le progrès dans la nature et peut-être la nature elle-même.
Grâce au souvenir que notre conscience a organisé de leur ensemble, elles se conservent, puis elles s’alignent : bref, nous créons pour elles une quatrième dimension de l’espace, que nous appelons le temps homogène, et qui permet au mouvement pendulaire, quoique se produisant sur place, de se juxtaposer indéfiniment à lui-même. — Que si maintenant nous essayons, dans ce processus très complexe, de faire la part exacte du réel et de l’imaginaire, voici ce que nous trouvons. […] C’est que la durée et le mouvement sont des synthèses mentales, et non pas des choses ; c’est que, si le mobile occupe tour à tour les points d’une ligne, le mouvement n’a rien de commun avec cette ligne même ; c’est enfin que, si les positions occupées par le mobile varient avec les différents moments de la durée, s’il crée même des moments distincts par cela seul qu’il occupe des positions différentes, la durée proprement dite n’a pas de moments identiques ni extérieurs les uns aux autres, étant essentiellement hétérogène à elle-même, indistincte, et sans analogie avec le nombre. […] La durée qu’ils créent ainsi est une durée dont les moments ne constituent pas une multiplicité numérique : caractériser ces moments en disant qu’ils empiètent les uns sur les autres, ce serait encore les distinguer.
Taine, la première qualité du romancier était de créer des personnages vivants. […] Cette première tentative l’eût conduit à une seconde, et, je n’en doute pas, il eût créé un type nouveau de fiction, comme il a créé depuis un type nouveau d’histoire. […] C’est que Beyle a réellement créé un type de roman bien à lui, qui n’a pas été fait avant lui, qui n’a plus été fait après lui. […] En a-t-il créé un qui ne soit médiocre et banal auprès de Napoléon ? […] Cette épreuve amère achevait de créer en lui l’écrivain, l’être de sensation profonde, de personnalité suraiguë.
S’il crée l’intéressante figure de Marguerite, il se gardera pourtant de nous la montrer sous une forme trop angélique. […] Nous avons dit que la nouveauté de cette forme créée par Goethe consistait dans l’association du monde métaphysique et du monde extérieur. […] Créé grand-maréchal, il s’enfle, il se promène avec orgueil dans les salons, puis tout à coup il est disgracié. […] … quand il se prolonge, quand elle s’enflamme, ils créent et détruisent… Courage ! […] Avec cette faible part, que je créerais de bonheur !
Une fois ce point accordé, peut-on dire que Dieu a créé les choses sans raison ? […] Dieu est la substance des vérités incréées, comme il est la cause des existences créées. […] Le génie, c’est surtout, c’est essentiellement la puissance de faire, d’inventer, de créer. […] Si le génie crée, il n’imite pas. […] L’éducation les développe, elle ne les crée pas.
Car, ne l’oublions pas, Goethe ne s’est jamais donné pour un pur artiste : il prétend, au contraire, nous aider à gouverner notre vie, soit par l’exemple des personnages fictifs qu’il a créés à son image, soit par le sien propre. […] Pallmann en conclusion de son étude, ce que le Gœtz de Berlichingen authentique est à la caricature que la précédente critique en a créée, et nous verrons que le portrait du brave chevalier, animé d’un inépuisable amour de la liberté, tel que Goethe nous l’a donné, n’est point un portrait de fantaisie. […] Les Muses lui dispensèrent tous les dons, et la nature a créé l’art en elle. […] L’écrivain qui ne sait pas se créer le loisir de vivre — ne fût-ce que dans les retraites intimes de son cœur — ne sera jamais qu’un rhéteur ; car l’art, quel qu’il soit, dépend de la vie : il est sa fleur et son fruit, c’est par elle qu’il s’épanouit, qu’il se dore, qu’il mûrit. […] Il avait trop pensé, trop lu, trop agi, trop observé, trop créé, trop collectionné.
Quand les vapeurs de la vallée s’élèvent devant moi, qu’au-dessus de ma tête le soleil lance d’aplomb ses feux sur l’impénétrable voûte de l’obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire ; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d’un ruisseau, je découvre dans l’épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues ; que mon cœur sent de plus près l’existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et d’insectes de toutes les formes, que je sens la présence du Tout-Puissant qui nous a créés à son image, et le souffle du Tout-Aimant qui nous porte et nous soutient flottants sur une mer d’éternelles délices ; mon ami, quand le monde infini commence ainsi à poindre devant mes yeux et que je réfléchis le ciel dans mon cœur comme l’image d’une bien-aimée, alors je soupire et m’écrie en moi-même : « Ah ! […] L’ordre, la précision et la promptitude sont des qualités dont je tâche tous les jours d’acquérir un peu. » Au milieu de cela, des voyages en Suisse, en Italie, l’étude dans toutes les directions, la comparaison étendue dans toutes les branches des beaux-arts et des littératures ; bientôt les sciences naturelles qui vont s’y joindre ; une vie noble, assise, bien distribuée et ordonnée, occupée et non affairée, à la fois pratique et à demi contemplative (« Je demeure hors de la ville, dans une très belle vallée où le printemps crée dans ce moment son chef-d’œuvre ») ; tout ce qui, enfin, devait faire de cette riche organisation de Goethe le modèle et le type vivant de la critique intelligente et universelle.
« …..Vous êtes ingénieux à cacher les fautes ou à leur créer des excuses, et j’en ai pleuré de reconnaissance, car tout ce que j’écris doit être, en effet, monstrueux d’incohérence, de mots impropres et mal placés. […] Plus fort que moi, il est aussi moins pliant au malheur, et quoiqu’il soit ingénieux à se créer des occupations qui raniment un peu sa solitude, cette solitude stérile le dévore, et il a des fièvres accablantes… « Je ne fais aujourd’hui que vous serrer à tous les mains bien affectueusement, en suspendant l’envoi du petit paquet prêt à partir depuis trois jours.
Mais enfin, le signal ayant été donné, même quand le moment n’était pas choisi, et que certaines conjonctures pouvaient sembler contrariantes, il y avait sans doute pour tous ceux qui étaient appelés à concourir à l’œuvre et à la rendre exécutoire, il y avait à entrer dans la nouvelle situation soudainement créée, à s’y faire de bon cœur dès qu’on l’acceptait, à y répondre d’une manière plus prompte, moins indécise et avec une largeur de concession qui eût paru de meilleure grâce. […] Ce pays est si prompt, si mobile, si tourné à espérer, qu’il se créa pendant quelques jours comme un courant rapide de vues, de projets, d’entreprises pacifiques et politiques.
C’est la cour qui crée et distribue les places. […] J’y fis ce jour-là même une attention particulière, et, sur le pilastre, je vis pour ornement un bouclier, suspendu à une chaîne mince que le sculpteur avait attachée à un petit mufle de lion, comme on voit à des marteaux de porte ou à des robinets de fontaine ». — Sensations perverties, conceptions délirantes, ce seraient là pour un médecin des symptômes d’aliénation mentale ; et nous ne sommes encore qu’aux premiers mois de 1789 Dans des têtes si excitables et tellement surexcitées, la magie souveraine des mots va créer des fantômes, les uns hideux, l’aristocrate et le tyran, les autres adorables, l’ami du peuple et le patriote incorruptible, figures démesurées et forgées par le rêve, mais qui prendront la place des figures réelles et que l’halluciné va combler de ses hommages ou poursuivre de ses fureurs.
Solitude qu’un rêve crée ! […] Mendès ne craint pas de se mêler à la multitude qu’il a créée, insultant les uns, louant les autres, consolant, bravant et cravachant.
Il y a des plus grands noms que celui de La Fontaine : ce sont les noms de fondateurs qui ont créé à la fois un art et une langue. […] Faire de la fable « une comédie à cent actes divers », c’était la créer.