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1674. (1883) Le roman naturaliste

Zola, de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil mathématique qui conduit d’un homme à un autre homme. […] Zola est un écrivain consciencieux ; qui produit peu, ce dont on ne saurait trop le louer ; qui conduit habilement une intrigue ; qui sait poser et suivre un caractère ; qui doit dépenser à ses tableaux une peine infinie d’observation ; qui possède enfin des qualités d’invention et de force. […] S’il commence un chapitre par une description de la rue Monsieur-le-Prince, — que vous n’attendiez pas du tout, — laissez-vous néanmoins conduire ; il s’agit de vous faire comprendre son Elysée Méraut ; et comment, par quelle influence ou quelle réaction du milieu qui l’environne cet homme à la parole éloquente, aux convictions enflammées, au caractère âpre et loyal, est demeuré jusqu’à la quarantaine le bohème qu’il est et qu’il sera jusqu’à la mort. […] Évidemment, ses procédés matérialistes ne peuvent pas le conduire au-delà de cette région vague où le sentiment est encore engagé dans la sensation, où la volonté se confond avec le désir ; et tout un monde lui demeure fermé. […] Il est bien entendu qu’il ne rime à rien ni ne conduit à rien.

1675. (1888) Poètes et romanciers

Rappelez-vous aussi ce beau poème mystique, Éloa naissant d’une larme de Jésus, la vierge étonnée un jour d’apprendre qu’il y a des malheureux, la pitié la plus divine devenant pour ce cœur angélique un piège, le vol inquiet d’Éloa vers les régions maudites, sa rencontre avec le Réprouvé, tout le drame de sa chute, et ce dialogue sublime qui le termine : « Où me conduisez-vous, bel ange ? […] Il nous conduit jusqu’au seuil du monde chrétien et nous y laisse. […] Jamais le parti pris d’étonner le lecteur, jamais la résolution de conduire son public à travers les régions troublées du rêve, ne s’étaient plus clairement manifestés que dans cette dernière œuvre, qui semble être comme un suprême défi à la pauvre et chétive raison. […] Souvent elle me conduisait aux théâtres du boulevard, ou à quelques bals ou à des parties de campagne.

1676. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Un tel parti, qui est celui de l’immense majorité des Français, est trop superficiel, trop borné pour pouvoir conduire les destinées d’un pays. […] Sa revanche serait alors un jour d’avoir devancé le monde dans la route qui conduit à la fin de toute noblesse, de toute vertu.

1677. (1886) Le naturalisme

Après l’avènement du Romantisme, ce devint un libertin misanthrope que les muses tourmentaient au lieu de le consoler et qui ne marchait, ne mangeait et ne se conduisait en rien comme le reste du genre humain, toujours entouré d’aventures, de passions, de tristesses profondes et mystérieuses. […] Quoique l’auteur de Salammbô nous conduise à Carthage et dans les chaînes de la Libye, au temple de Tanit et aux pieds de la monstrueuse statue de Moloch, Salammbô est dans son genre une étude aussi réaliste que Madame Bovary. […] Il est vrai qu’ils ne procèdent ni comme Balzac, ni comme Zola, qui ont créé des personnages logiques, agissant conformément à des antécédents indiqués par le romancier, et allant où les conduisent la fatalité de leur complexion et la tyrannie des circonstances.

1678. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Dujardin la conduisit par deux chemins qui devaient se rejoindre un peu plus tard, d’un côté vers Ibsen, de l’autre vers le symbolisme français. […] Cela nous est d’ailleurs certifié par la tendresse mélancolique du poème qui scelle les Vergers illusoires : J’entre dans le verger natal loin des allées Qui conduisent aux bassins des rêves trompeurs Par la clairière où l’air s’adoucit des vapeurs Odorantes de buissons fleuris d’azalées… Les joies qu’il n’a pas trouvées dans le monde extérieur, il les implore avec certitudes du bercail dont la porte ouverte attendit longtemps, et non pas en vain, l’aventurier. […] Le troisième acte devient admirable, lorsque, connaissant son mal et son sort, le lépreux attend dans la maison de son père le cortège funèbre qui va le conduire à la maison des morts, et l’impression finale est qu’on vient de jouir d’une oeuvre entièrement originale et d’une parfaite harmonie.

1679. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Et quant au « mépris des fadaises de l’école » c’est sans doute le nom qu’il donne à l’étroit utilitarisme de Locke : « Il n’y a de connaissances vraiment dignes de ce nom que celles qui conduisent à quelque invention nouvelle et utile, et qui nous apprennent à faire quelque chose mieux, plus vite, ou plus facilement qu’auparavant » [Cf.  […] Candide et l’Histoire d’un bon Bramin] ; — il n’en considère pas moins « qu’on peut les dresser à la raison comme à la folie » ; — et qu’en cela même doivent consister l’œuvre de la civilisation [Cf. ses Remarques sur les pensées de Pascal] ; — et l’objet de la société [Cf. l’A, B, C]. — C’est ce qui le sépare profondément de Rousseau ; — et bien mieux que l’opposition de leurs intérêts ; — c’est ce qui explique la violence de leurs disputes ; — Voltaire ayant toujours vu la condition des seuls progrès dont les hommes soient capables, — dans ce qui est aux yeux de Rousseau la cause de leur « dépravation ». — Cette première idée le conduit à une autre, qui est de poursuivre à outrance, — et malheureusement par tous les moyens, — tout ce qu’il trouve d’irrationnel, ou seulement de déraisonnable dans l’organisation de la société ; — et de là ses attaques à une « justice » — dont il avait lui-même éprouvé l’injustice ; — de là ses déclamations contre la guerre, — qu’il impute sans hésitation ni réflexion à des mobiles toujours bas et intéressés ; — de là ses attaques à la religion, qu’il considère à la fois comme inhumaine, irrationnelle, et « bonne pour la canaille » [Cf. à cet égard Dieu et les hommes, l’Examen de Mylord Bolingbroke, et dix autres pamphlets]. — Mais après cela, comme il est Voltaire, — c’est-à-dire trop perspicace pour ne pas savoir ce que vaut une religion comme « principe réprimant », — il croit à l’existence d’un « Dieu rémunérateur et vengeur », — qui implique la croyance à l’immortalité de l’âme ; — ainsi qu’à la Providence ; — et généralement à tout ce qui constitue la « religion naturelle » ; — y compris la confiance au « Dieu des bonnes gens » ; — avec cette arrière-pensée que, de tous les mortels, ce Dieu n’en regarde aucun avec plus de bienveillance que les amis des lumières ; — quand surtout ils écrivent en vers ; — et qu’ils font des tragédies. […] La philosophie de Bernardin de Saint-Pierre ; — et qu’elle se réduit presque entièrement à l’idée de finalité. — Ses exagérations à cet égard ; — déjà dans les Études ; — mais surtout dans les Harmonies ; — lesquelles à la vérité n’ont paru qu’après sa mort. — Du principe de ces exagérations ; — et qu’en même temps que d’une connaissance plus intime de la nature, — elles procèdent de l’intention de réagir contre la philosophie du xviiie  siècle. — Comment elles ont conduit Bernardin de Saint-Pierre à s’inscrire en faux contre la science de son temps ; — à subordonner la science à la morale ; — et la morale elle-même à l’esthétique. — Qu’à cet égard comme à plusieurs autres, c’est par Bernardin de Saint-Pierre que Chateaubriand se rattache à Rousseau ; — le Génie du christianisme à la Profession de foi du vicaire savoyard ; — et la rénovation de l’idée chrétienne à la crise du sentimentalisme dans la seconde moitié du xviiie  siècle.

1680. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Je prie Dina de me conduire par la ville ; ce n’est pas une ville, mais comme le parc d’un château. […] Je me retourne et je vois… Un cochon blanc et rose, qu’on conduit en laisse… À sept heures nous descendons dans la laiterie, c’est charmant. […] L’enfant a passé toute la soirée en retraite, et demain B. le conduira à l’église faire sa première communion.

1681. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Ayant été conduit à Rouen par son père, le jeune Bernardin à qui on faisait regarder les tours de la cathédrale : « Mon Dieu !

1682. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

» Maxime qui conduirait le peuple à l’ubiquité de temps, de lieu, de fonction, d’aptitude, ou à la servitude et à l’anéantissement !

1683. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Elle saura bien changer son gouvernement comme un vêtement à sa taille, retirer à soi le pouvoir quand il lui paraîtra la conduire hors de sa voie ; redevenir république quand il lui faudra la force unanime et irrésistible du peuple pour opérer ces grands changements devant lesquels la monarchie, conservatrice de sa nature, faiblit ou recule ; reprendre la monarchie quand elle redoutera le radicalisme, qui compromet tout en exagérant tout ; le gouvernement représentatif quand il faudra délibérer et transiger ; la dictature quand il faudra pacifier ; le gouvernement militaire quand il faudra combattre.

1684. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Chateaubriand, secrétaire de légation auprès de la cour pontificale, attendait son amie à Florence ; il la conduisit à Rome et ne la quitta plus.

1685. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Aussi Maynard fut-il naturellement conduit à détacher la strophe comme le vers, en sorte que ses odes s’égrènent comme des chapelets, et sont comme des collections de petites pièces sous un titre commun : naturellement aussi il devait se plaire et exceller aux rondeaux, aux sonnets, aux épigrammes, à tous ces genres qui sont le triomphe du martelage et du trait.

1686. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le théâtre antique se conduit tout à l’inverse.

1687. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Une estampe y représentait Homère conduit par Mercure, et mettant sa lyre aux mains de Lamotte.

1688. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Après chaque représentation, si vous n’êtes pas trop fatigué, si vous êtes transportable, des trains de plaisir wagnériens vous conduisent dans toutes les directions.

1689. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Sa musique transubstantie l’esprit, le conduit, l’élève si haut qu’il en résulte presque un phénomène physique… M. 

1690. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Oui, Paris a eu ce spectacle : trois cents imbéciles, conduits par une trentaine de voyous, ont pu insulter des Français tout à leur aise.

1691. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

… Non, Monsieur, je le dirai encore, je ne croirai jamais que votre Lettre soit l'expression de vos vrais sentimens ; vous sentez trop que la foiblesse ne conduit jamais à cette paix, dont vous paroissez si jaloux, encore moins quand on lui sacrifie des Amis, qui vous respectent & vous aiment véritablement, pour d'autres prétendus Amis, qui n'ont que l'odieux mérite de se faire craindre.

1692. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Il me semble reconnaître un souverain. » Le Caprice, sous la forme d’un enfant ailé, conduit le quadrige ; sa main phosphorique répand sur son sillage une traînée de largesse, du luxe, de fertilité. « Voyez, il me suffit de claquer des doigts, et sur-le-champ des lueurs et des étincelles jaillissent autour du char.

1693. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

De Hartmann sépare artificiellement ce qui est uni et continu dans la conscience, puis il invoque l’inconscient pour pouvoir souder les fragments qu’il avait séparés : « Puisque, dit-il en termes platoniciens, toute âme d’homme ou d’animal possède en réalité l’idée de la similitude et de l’égalité, il ne reste plus qu’à admettre que l’ensemble d’opérations qui y aboutit se déroule, en sa partie essentielle, hors de la conscience ; et que le résultat auquel il conduit, la notion d’égalité et le jugement que A et B sont égaux, tombe seul sous le regard de la conscience. » Cette mythologie, par laquelle le métaphysicien allemand se tire d’embarras, est aussi peu scientifique que l’hypothèse platonicienne de la réminiscence.

1694. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Mais elle est aussi, la Muse de Magre, comme Carmen, souvent en loques et pieds nus, bêtement sentimentale, et cependant lorsqu’elle danse avec du cuivre imitant l’or dans ses cheveux, elle domine les amants et les conduit jusqu’à la mort.

1695. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

On sait des fous dans des asiles qui conduisent leur folie avec la même logique et qui ne sont pas dépourvus d’intelligence, de culture, de finesse et de sens critique.

1696. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

» Et vers Dieu par la main il conduira, ce frère !

1697. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Il n’a conduit son clown qu’à la porte du Cirque, de cet Enfer qui fut un jour, pour lui, le Paradis.

1698. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

C’est donc le comique, sous ses diverses formes, qu’il faut définir d’abord, en retrouvant (ce qui est déjà assez difficile) le fil qui conduit d’une forme à l’autre.

1699. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je ne vois pas du tout Dante, Pétrarque ou Lamartine commettant des assassinats pour Béatrice, Laure ou Elvire, ou conduits par elles à la maison de santé. […] Non nobis, Pallas Athéné, non nobis… « Ô maîtresse, dit le courrier à la reine Atossa, c’est un dieu vengeur qui a tout conduit. » Le merveilleux récit de la bataille (en est-il un plus beau ? […] Répondant à ceux qui le traitaient de « libelliste » et d’« homme de parti » : « Tous les honnêtes gens, écrit Geoffroy savent bien qu’un bon critique est toujours, pour les mauvais auteurs, un libelliste ; qu’un écrivain courageux, attaché aux vrais principes, est toujours, aux yeux des brouillons, un homme de parti ; comme si l’on pouvait appeler un parti le bon goût, la saine morale, et les bases éternelles de l’ordre social. » En outre, le souci des rapports de la littérature avec les mœurs conduit Geoffroy à étudier surtout, dans les pièces soumises à son jugement, ce qu’elles contiennent de vraiment intéressant, de sérieux, d’humain : caractères, passions, esprit ou tendances philosophiques, et à considérer les œuvres par l’intérieur : en sorte que sa critique est rarement insignifiante. — Enfin, les relations des mœurs avec la littérature à travers les siècles enveloppant les rapports des diverses formes littéraires avec les sociétés qui les ont produites et goûtées, la théorie favorite de Geoffroy insinue en lui, peu à peu, des commencements d’intelligence historique, ce que M.  […] Brieux n’ait pas été conduit par la seule force de la vérité. […] Les mots qu’il prononçait jadis d’une bouche savante, il les sentirait maintenant avec son cœur. — Il y aurait été conduit par sa sensibilité nerveuse, par l’image horrible du sang qu’ont fait répandre ses premiers essais de bienfaisance scientifique et léonine. — Puis il se dirait (car nous l’avons toujours vu éminemment scrupuleux) qu’il n’a pas encore expié le crime de son enfance, et que cette bienfaisance, qui consiste à aider les autres en ne songeant qu’à soi, ne saurait vraiment être considérée comme une expiation.

1700. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Vous l’avez retrouvée dans Halvard Solness cette Hilda Wangel : c’est elle qui réclame son royaume au vieux constructeur, et, puisque symbolisme il y a, nous pourrions bien supposer dans cette réclamation une sorte de mythe, la Liberté venant trouver Ibsen, le laborieux architecte de tours d’abord, de maisons ensuite, de tours-maisons en dernier lieu, c’est-à-dire de demeures successivement imaginaires, réelles, mêlées de réel et de rêve, et lui demandant où désormais il veut la conduire et quelle place il lui assignera. […] Même fondu sentimental, même poursuite du drame intérieur unique auquel tout concorde et conduit. […] Enfin le démon parle, plus intérieur que cornu et fourchu, et remet au voyageur la boussole merveilleuse, l’axiome qui le conduira à travers les Remous : …………… L’acte en soi n’est rien ; les conséquences Ne sont rien.

1701. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Par la loi même du genre adopté par lui, genre où l’avait conduit, du reste, le penchant naturel de son esprit, Augier ne pouvait pas être touchant et se défendait d’être ému. […] Et cela est conduit, j’entends jusqu’à la fin du II, avec une maîtrise extraordinaire, une rapidité dans la clarté qui nous ramène aux meilleures époques de notre théâtre. […] Si vous voulez me suivre à l’île de Cythère, Sous l’ombrage enchanté de ses petits vallons, Je saurais vous conduire au seuil du doux mystère Par les chemins les plus fleuris… et les plus longs. […] La preuve, messieurs de la noblesse et du tiers, que nous avons raison, c’est qu’une scène aérolithique d’abord est mauvaise en soi, mais ensuite conduit l’auteur à en faire d’autres qui sont plus mauvaises.

1702. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

C’est ainsi que dans certaines intelligences, on commence à comprendre que l’Esprit Nouveau nous conduit directement à une Renaissance classique. […] L’excessive acuité de sa douleur ne l’a pas conduit au chaos, sa mélancolie prend la grandeur de celle du monde, ainsi qu’on peut le constater dans cet admirable Soir d’Octobre.

1703. (1925) Dissociations

Donc, pour prendre un exemple, d’ailleurs périodique comme les phases de la lune, la foule (et dans la foule il y a pas mal d’hommes qui font figure dans le monde), la foule, guidée par les maîtres qui sont dignes de la conduire, s’obstine à unir dans un même concept, dans une même vision, l’art et la morale. […] Cimetières Le hasard, ou plutôt une curiosité légitime, mais qui ne m’était pas tout d’abord personnelle, me conduisit hier au Père-Lachaise, vers le tombeau d’Oscar Wilde, qu’un zèle maladroit a transformé en une sorte de but de pèlerinage.

1704. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Pour rompre l’uniformité des surfaces, le dessinateur y trace quelques figures géométriques, cercles, étoiles, polygones, ou même de simples traits qu’il conduit et entrelace suivant une loi régulière. […] Graveurs, ils conduiront méthodiquement leur burin suivant le principe des tailles enveloppantes, puisqu’il est reconnu que c’est ainsi qu’on indique les formes, et pourtant nous ne les voyons pas ressortir. […] Il vous sera impossible d’y découvrir un système quelconque, un parti pris de conduire des traits dans un sens ou dans l’autre, pas même, comme on le dit quelquefois, « dans le sens de la forme ». […] La valeur d’art de ces figures est grande ; leur groupement fournit une ligne harmonieuse, qui de la base du monument jusqu’au buste qui le couronne conduit par degrés le regard et ramène l’attention vers la figure principale. […] Sur le premier plan, de grands cygnes colorent de leur duvet blanc les ondes noires et bleuâtres d’un bassin ; c’est à la fois étrange et séduisant, et d’un coloriste très délicat qui ne pouvait pas sans doute conduire son rêve jusqu’au bout et en faire une réalité picturale.

1705. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

J’ai donc voulu, puisqu’il était question de la comédie et de ses alentours dans les chapitres de ce livre, raconter, par des exemples, les derniers moments de mademoiselle Mars ; j’ai voulu rattacher son souvenir au souvenir de toutes les œuvres qui l’entouraient, et conduire avec tant de soin cette barque funèbre, à travers tant d’écueils, ou pour mieux dire à travers tant de comédies oubliées, que tout parût s’arrêter un instant à la retraite et à la mort de mademoiselle Mars. […] — Tel qu’on lui avait conduit qui se croyait Homère ou Talma, il le renvoyait, au bout de six mois, persuadé qu’il s’appelait Boniface ou Bernard, qu’il était bon tout au plus à jouer le rôle d’Arbate ou à publier des poésies fugitives. […] Philaminte, Armande, Bélise, ne sont plus que d’affreuses mégères, Trissotin et Vadius se conduisent comme les plus vils scélérats, Chrysale, cette faible digue à tant de passions mauvaises, leur abandonne, en toute liberté, le bonheur et l’honorabilité de sa maison, et cette pauvre Henriette, que devient-elle, hélas ! […] On appelle un certain grison qui promet d’être exact, de venir, sur le minuit, chez Moncade, et de lui bander les yeux avec un mouchoir, sous prétexte de le conduire à une bonne fortune, ces dames feront le reste. […] Il se laisse bander les yeux, et conduire à ce rendez-vous, comme un enfant.

1706. (1925) Comment on devient écrivain

Je lui expliquai les raisons qui devaient le forcer à réfléchir et à se mieux conduire. […] Bossuet lutte avec gloire contre la difficulté de son sujet ; et d’abord il se hâte d’imprimer un respect religieux à son auditoire. « Écoutez, s’écrie-t-il, et prenez garde surtout « de n’écouter point avec mépris l’ordre des avertissements divins et la conduite de la grâce. « Dieu, qui fait entendre ses vérités sous telles « figures qu’il lui plaît, continue à instruire la « princesse comme autrefois Joseph et Salomon ; « et durant l’assoupissement que l’accablement lui causa, il lui mit dans l’esprit cette parabole, si semblable à celle de l’Évangile : elle voit paraître ce que Jésus-Christ n’a pas dédaigné de nous donner comme une image de sa tendresse, « une poule devenue mère, empressée autour de ses petits, qu’elle conduisait. » « Voyez avec quel art admirable l’orateur rapproche toutes ces allégories d’une imagination riche et brillante, l’intervention de la Divinité, la préparation oratoire d’un sommeil mystérieux, le songe de Joseph, celui de Salomon, la parabole de l’Evangile. […] Après que vous aurez tout rangé dans la salle, conduisez les femmes hors de la demeure, entre le dôme et le mur de la cour, et frappez-les de vos longues épées aiguës, jusqu’à ce qu’elles aient toutes rendu l’âme, et oublié Aphrodite, qu’elles goûtaient en se livrant en secret aux prétendants. » « Commencez maintenant à emporter les cadavres et ordonnez aux femmes de les emporter ; puis ensuite songez à purifier les sièges très beaux et les tables avec de l’eau et des éponges aux-trous-nombreux. […] Puis, ayant tout rangé dans la salle, ils conduisirent les servantes hors de la demeure, entre le dôme et le mur de la cour, les renfermant dans ce lieu étroit d’où on ne pouvait s’enfuir.

1707. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Mais aussitôt le sérieux de la situation ramène les dîneurs à se demander, comment vont se conduire les Prussiens à notre égard. […] Ce dire conduit, je ne sais par quel chemin, la conversation à une grande discussion sur les matières colorantes, et sur le rose turc, d’où elle revient au point de départ. […] L’on va sans but à travers le parc, dans une promenade qui conduit à la fin sous un plein soleil, à la ferme, où l’on cause de la Commune.

1708. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Pour moi, je me suis laissé conduire à ma matiere ; il m’a paru qu’elle me donnoit lieu à des reflexions judicieuses sur la critique. […] Ajoûtez qu’elle a vû à la tête de mon livre une estampe où Homere lui-même conduit par Mercure, me met sa lyre entre les mains. […] Cette franchise me conduira à m’approuver moi-même sur plusieurs points : ainsi il importe de remarquer comment et jusqu’où cela est permis à un auteur, et de bien distinguer l’orgüeil, de la justice qu’on se peut rendre à soi-même.

1709. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Quelle triste chose alors que de découvrir tardivement dans cet ami des défauts, des imperfections ; d’être conduit peut-être à rompre ces relations commencées, pour en former de nouvelles qui ne sauraient plus avoir ni l’attrait ni la fraîcheur des premières !

1710. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

« Je voudrais réunir tous les droits d’un père, d’un frère, d’un ami, obtenir votre amitié, votre confiance entière, pour une seule chose au monde, pour vous persuader votre propre bonheur et vous voir entrer dans la seule voie qui puisse vous y conduire, la seule digne de votre cœur, de votre esprit, de la sublime mission à laquelle vous êtes appelée, en un mot pour vous faire prendre une résolution forte ; car tout est là.

1711. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Doué d’un grand courage et d’une haute ambition, il ne pouvait se conduire autrement.

1712. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Comment s’y conduire, soit pour les éviter, soit pour ne pas les envenimer ; par quelles illusions nous confondons la vérité avec notre intérêt ; par quel sophisme de la vanité, croyant ne faire que redresser notre prochain, nous l’opprimons ; dans quelle mesure doit-on résister ou déférer aux opinions établies, respecter les personnes d’autorité ou ceux qu’elles, accréditent, prétendre à la créance des autres ; quels sacrifices nous conseille notre intérêt bien entendu, et nous commande la charité chrétienne : voilà les points que touche Nicole, et sur lesquels il n’est pas d’esprit droit qui ne soit d’accord avec lui.

1713. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Toutefois il est des moyens sûrs qui peuvent nous conduire de l’actuel au primitif, et, si l’expérimentation directe de ce dernier état nous est impossible, l’induction s’exerçant sur le présent peut nous faire remonter à l’état qui l’a précédé et dont il n’est que l’épanouissement.

1714. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Quel dommage que les hasards de la vie ne l’aient pas conduit en Galilée !

1715. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Les uns purent échapper aux réquisitions militaires en se cachant dans les administrations, les autres durent émigrer ; ceux qui furent incorporés dans les armées républicaines se conduisirent bravement, gagnèrent des épaulettes, des titres et des terres ; quelques-uns, en très petit nombre, désertèrent.

1716. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

« L’œil n’est qu’un faux cristal voilé d’une paupière « Qu’un éclair éblouit, qu’aveugle une poussière ; « L’oreille, qu’un tympan sur un nerf étendu, « Que frappe un son charnel par l’esprit entendu ; « La bouche, qu’un conduit par où le ver de terre « De la terre et de l’eau vit ou se désaltère ; « La main, qu’un muscle adroit, doué d’un tact subtil ; « Mais quand il ne tient pas, ce muscle, que sait-il ?

1717. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Il vous racontera les histoires imposantes des mondes planétaires, il vous décrira en phrases magnifiques le déchirement de la voie lactée ; il vous dira les aventures des étoiles disparues et les destinées des étoiles qui doivent apparaître, il vous montrera les splendeurs des végétations tropicales, il vous fera gravir les Cordillères les plus hautes, les Chimborazo les plus élevés, et vous décrira les flores singulières qui vont se dégradant et s’amoindrissant depuis le palmier jusqu’au lichen ; comme un Moïse nouveau, il ouvrira les océans devant vous et vous conduira jusque dans ces forêts de fucus crespelés où les polypiers industrieux travaillent incessamment à combler les détroits et à rapprocher les continents.

1718. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Telle est la dialectique instinctive, à peine consciente, par laquelle nous sommes conduits, d’élimination en élimination, à faire du Souvenir un affaiblissement de l’image.

1719. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

On aurait à dire, comme de coutume, que cette remarque ouvre la porte au mauvais goût, si elle pouvait lui être fermée. » Ces citations ne font-elles pas entrevoir comment les hommes du mouvement politique et républicain étaient conduits peu à peu à devenir les organes du mouvement littéraire, si le développement spontané qui se faisait en eux n’avait été brisé avec toutes leurs espérances par les secousses despotiques qui suivirent ? […] Sur cette terre en vain, splendidement servie, Le même astre immortel règne sans se couvrir ; En vain, depuis les nuits des hautes origines, Un ciel inaltérable y luit d’un fixe azur, Et, comme un dais sans plis au front des Sept Collines, S’étend des monts Sabins jusqu’à la tour d’Astur : Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l’écho du passé, pas de voix qui réponde ; Le souvenir vous gagne, et le présent n’est pas.

1720. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

La douce perfidie et la ruse subtile            Auraient conduit mes jeux Dans les jardins secrets où l’ardeur juvénile           Jette un soupir joyeux. […] Quand m’y conduirez-vous, nostalgique rameur ?

1721. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Quel art à conduire, varier et conclure la période. […] Leslie les réunit tous en lui ; tantôt il n’a pas de chance, tantôt il se conduit comme un écervelé, et le plus souvent comme un niais. […] Il allait même jusqu’à reprendre à son compte les derniers vers : Ainsi que tu voudras tu pourras te conduire ; Je ne m’explique pas, et cela c’est tout dire. […] Quels éclats de rire Féraudy a excités quand il a dit d’un air persuadé : « Voilà trois de mes enfants dont il m’a fait l’honneur de conduire la maladie, qui sont morts en moins de quatre jours, et qui, entre les mains d’un autre, auraient langui plus de trois mois !  […] Tendre, sans être romanesque, son bon sens a conduit son cœur ; si Clitandre s’exalte en lui parlant d’amour, elle le ramène au vrai : L’amour dans ses transports parle toujours ainsi ; Des retours importuns, évitons le souci.

1722. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Tout cela ; dit-il en substance, ne saurait conduire à l’immortalité, Tandis que cette terre que je grave Est telle qu’elle brave De sa beauté passive Le temps qui guette ; Et — que je meure ou que je vive, Ou que l’Hellade esclave S’efface et tombe dans l’oubli —  Dans mille fois mille ans sur telle plaine Où sera morte Athènes, Où-aura péri Thèbes, Un soc lèvera ma coupe demi-pleine Des cendres des arrière-neveux mêlés à la lie Des cendres qu’ils y boiront dans mille années. […] Ces travaux d’approche nous ont conduits au centre de la vision du poète. […] Vénérons au contraire cette flamme intérieure qui nous éclaire à toute heure et qui nous conduit sans défaillance, l’instinct. […] Cette tendance de notre intelligence conduit à l’injustice envers les auteurs, dont l’activité trop riche se dépense ici et là en des travaux qui, d’ordinaire, sont fournis par des familles d’esprits très différentes.

1723. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

En résumé, Nodier, par rapport à la nouvelle école qu’il aurait pu songer à se rattacher et à conduire, et qu’il ne voulut qu’aider et aimer, Nodier sans prétention, sans morgue, sans regret, ne fut aux poëtes survenants que le frère aîné, comme je l’ai dit, et le premier camarade, un camarade bon, charmant, enthousiaste, encourageant, désintéressé, redevenu bien souvent le plus jeune de tous par le cœur et le plus sensible.

1724. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Arrivés là, nous donnons à leur total le nom de cent, et ce nouveau total forme une unité du troisième ordre, capable à son tour d’être répétée jusqu’à dix fois, ce qui nous conduit à dix fois cent, ou mille, unité du quatrième ordre. — La première opération, répétée sur cette nouvelle unité, nous mène jusqu’à dix mille, puis de là à cent mille, puis de là à un million, et ainsi de suite, en sorte qu’avec onze noms, rangés dans un certain ordre, nous pouvons représenter exactement tel groupe énorme, par exemple la collection de deux millions trois cent vingt-sept mille six cent quarante-huit unités.

1725. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il les conduit jusqu’à la sépulture, marque le lieu, écrit l’épitaphe avec le style et l’orthographe du pays.

1726. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Le fils du prince de Condé, le duc d’Enghien, jeune prince de grande race militaire et de haute espérance, se trouve à sa portée, quoique sur un territoire étranger et inviolable ; il le fait arrêter, conduire à Paris, juger par une commission, fusiller dans le fossé de Vincennes, les pieds sur sa tombe.

1727. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Pour jouir de cet orgueil maternel elle conduisit, un jour, son enfant à Versailles, à ce spectacle de la cour qu’on appelait le Grand Couvert.

1728. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Il est difficile de juger au vrai si c’est le bon ou le mauvais esprit qui vous pousse à désirer ceci ou cela, ou si c’est un mouvement de votre esprit ; plusieurs ont été trompés à la fin, qui semblaient d’abord conduits par le bon esprit.

1729. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

J’en profitai au printemps, et je revins lentement à petites journées par cette belle route de Terni et de Narni, tout ondoyante de forêts et toute ruisselante de cascatelles, qui conduit en Étrurie comme dans un jardin du monde planté, taillé et arrosé pour le peuple-roi.

1730. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Il faut y avoir été conduit, il faut les avoir découverts ou devinés d’avance sur les lèvres de celui qui les expose.

1731. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Elles doivent conduire « à mieux connaître et à mieux servir Dieu. » Elles deviennent dès lors « les bonnes lettres », comme on disait au temps de la Restauration.

1732. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Un pareil sentiment avait conduit, jadis, Spinoza, dans sa conscience de lui-même, à tailler des verres de lunettes, pour obtenir, par ce travail, le moyen d’entretenir sa vie.

1733. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

« Nous n’admettons pas d’abord, dit-il, des idées d’où sortent des jugements, puis des raisonnements ; mais la pensée pour nous commence par des raisonnements, qui conduisent aux jugements, qui eux-mêmes forment des idées. » La seule forme d’activité mentale, ajoute Wundt, qui ait le pouvoir de lier, d’unifier, c’est le raisonnement ; il est l’origine de toute synthèse, conséquemment de toute pensée ; c’est le raisonnement qui établit l’unité de composition de la pensée : la sensation est donc un composé d’états inconscients réunis par une synthèse inconsciente.

1734. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Inspirez du courage à l’être intelligent, donnez-lui de l’énergie ; qu’il ose enfin s’aimer, s’estimer, sentir sa dignité ; qu’il ose s’affranchir, qu’il soit heureux et libre ; qu’il ne soit jamais l’esclave que de vos lois ; qu’il perfectionne son sort ; qu’il chérisse ses semblables… Qu’il apprenne à se soumettre à la nécessité ; conduisez-le sans alarmes au terme de tous les êtres ; apprenez-lui qu’il n’est fait ni pour l’éviter ni pour le craindre. » Telle était la « prière de l’athée » au dix-huitième siècle.

1735. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Ils ont reconnu que la raison ne conçoit que ce qu’elle produit elle-même d’après ses propres plans, qu’elle doit prendre les devans avec ses propres principes, et forcer la nature de répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme à la lisière.

1736. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

), nos fautes nous placent souvent à rebours de nos facultés, comme ces condamnés du Moyen Âge dont on tournait le visage du côté de la queue de l’âne qui les conduisait au supplice.

1737. (1739) Vie de Molière

Mais Cottin était bien loin de pouvoir se soutenir contre de telles attaques : on dit qu’il fut si accablé de ce dernier coup, qu’il tomba dans une mélancolie qui le conduisit au tombeau.

1738. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Le vieux beau se conduit galamment : il prend la querelle à son compte et il se battra sans rien dire pour ce fils par qui il a été si durement traité et qu’il adore toujours. — Et c’est le quatrième acte. […] Un homme qui a dépensé trente ans de sa vie et cinq ou six millions uniquement à « faire la fête », à détourner des femmes mariées (on nous dit que c’est la spécialité du comte), à jouer, à conduire des mails, à souper ou, quand son estomac se gâte, à faire souper, etc., et qui continue après la cinquantaine ; un homme qui trouve plaisant que son fils ait une maîtresse à quinze ans, qui vit avec lui de pair à compagnon et qui lui conte ses bonnes fortunes… cet homme-là est un pauvre être tout à fait misérable et qui offense à la fois, à journée faite, la nature et la loi chrétienne. […] Ces jeunes Israélites que conduit, si j’ose dire, la claquette de sœur Josabeth, ce sont déjà des jeunes filles chrétiennes ; d’avance, elles ont cette pureté mystique, cette nuance particulière d’innocence et de piété que, seul, rendra possible l’avènement de Celui dont le grand-prêtre Joad prépare les voies… C’est une très heureuse innovation que d’avoir fait jouer le rôle de Joas, non plus par une femme, mais par un enfant. […] C’est ce trouble qui a conduit la pécheresse au sermon du Père Vignal.

1739. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

qui conduit l’artiste ou le poète non seulement à s’isoler de ses semblables, mais à s’opposer lui tout seul à eux tous ! […] Mais l’art a perdu cette spontanéité intuitive, ou plutôt il l’a épuisée, c’est à la science de lui rappeler le sens de ses traditions oubliées, qu’il fera revivre dans les formes qui lui sont propres. » Et c’est ainsi qu’après s’être rendu maître de ces « formes » pour composer ses Poèmes antiques, il s’est trouvé conduit à ne leur rien faire exprimer que d’« objectif » ou d’impersonnel comme elles, « et dans ses Poèmes barbares, à réaliser d’une manière inattendue, par l’alliance de la science et de la poésie, un idéal plus contemporain, si l’on peut ainsi dire, que celui des plus déterminés partisans de la « modernité dans l’art ». […] Par une conséquence assez naturelle, — ou nécessaire même, comme on pourrait le montrer, — cette préoccupation de la nature, ainsi définie, le conduisait à s’occuper particulièrement des religions, comme n’étant, en réalité, que l’expression des rapports de l’homme et de la nature ambiante. […] Mais la Terre promise, venant après les Sensations d’Italie, nous le montre décidément engagé dans une route où l’on ne croyait pas que dût le conduire un jour le dilettantisme de ses premiers débuts.

1740. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Quand il se fut promené tout à son aise à travers les rayons et les ombres de sa Bible brabançonne, le jeune Nozière fut conduit par sa bonne au Jardin des Plantes. […] Elle a cheminé, à travers la neige glacée des steppes, sur des traîneaux que conduisaient à fond de train, des isvoschiks en houppelande. […] Le président, lorsqu’il entrait en séance, avait l’air de conduire un deuil. […] … » Germaine nous conduit au milieu des Celtes de l’Irlande, de pauvres Celtes, imaginatifs et excitables, pas pratiques pour un penny, et si peu individualistes ! […] Théophile Gautier, en 1840, eut à peine le temps de remarquer (bien qu’il eût de fort bons yeux) le chapeau pointu, la veste brune, les guêtres de peau et la ceinture rouge du mayoral qui conduisait la voiture de Bayonne à Madrid.

1741. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Voyez où conduit l’intempérance d’une telle méthode : M.  […] Souvenons-nous bien pour cela, malgré l’école indépendante, que la forme ne fait qu’un avec le fond et que c’est uniquement la forme qui embaume les œuvres, les sauve, les consacre et les conduit à la postérité. […] Or les romans sont précisément les livres qui nous parlent le plus de l’amour ; c’est là que les femmes façonnent leur âme à l’amour ; c’est là qu’elles se créent un idéal a priori et qu’elles apprennent l’art de rêver, qui ôte si vite l’art de se conduire. […] Voyez l’avortement où la mauvaise direction du talent a conduit. […] Il est fâcheux que les exigences de la vie matérielle aient conduit un si beau talent dans la voie de la littérature à jet continu.

1742. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Nous essayâmes encore quelques recherches, toujours infructueuses, et Delphine prétendit que Balzac avait imaginé cette ressource de Quinola pour se faire conduire en voiture à Auteuil, où il avait affaire, et se procurer d’agréables compagnons de route  Il faut croire, cependant, que Balzac trouva seul cette madame Fontaine que nous cherchions de concert, car dans les Comédiens sans le savoir, il l’a représentée entre sa poule Bibouche et son crapaud Astaroth avec une effrayante vérité fantastique, si ces deux mots peuvent s’allier ensemble. […] Notre retour fut des plus bizarres ; on nous avait donné une petite lionne à conduire en France, et elle arriva cour des Messageries sur l’impériale de la diligence, où elle avait paisiblement dormi à l’abri de notre burnous. […] Lorsque j’eus tout regardé, l’on me conduisit à la chambre du malade ; j’aperçus couché dans un grand fauteuil un jeune homme d’une physionomie régulière et fine, avec des yeux étincelants, les joues empourprées de ce ton maladif qui donne aux poitrinaires je ne sais quelle perfide apparence de santé. […] Si l’obélisque, que tu verras du reste à Paris, t’intéresse, je te dirai qu’il va à merveille, et que si tous ses antiques magots hiéroglyphiques n’ont pas plus le mal de mer dans la traversée qui va les conduire au Havre qu’ils ne l’ont eu jusqu’ici, il n’y aura pas trop d’avaries pour qu’ils puissent montrer leurs grotesques faces de granit sur une de nos places de Paris.

1743. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Et c’est à Yédogawa, endroit célèbre par sa fraîcheur et d’où vient dans un conduit l’eau excellente baptisée eau pour le thé, des pêcheurs dans leurs barques. […] Toutefois, au commencement de cette année, j’ai dû le faire prendre par son père Yanagawa Shighenobou et conduire dans la province de Montzou (une province du Nord) mais il est bien capable de s’être échappé en route. […] Un bœuf sur lequel est un abri en roseaux et que conduit par la bride une femme fumant sa pipette.

1744. (1929) Dialogues critiques

Paul Ce sont des jugements fort académiques, et qui pourraient le conduire au secrétariat perpétuel.

1745. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Feuillet de Conches, son ami, la maison de son père, où il naquit, est en dehors du village sur le chemin qui conduit au Locle.

1746. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Il me conduisit au soleil couchant dans un jardin bien exposé au midi et à la brise de mer ; les aloès et les palmiers y germent et y fructifient en pleine terre.

1747. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

VI On sortait de la cuisine par un long corridor enfumé qui conduisait à la salle à manger, où la nappe n’était guère mise que les jours de cérémonie et quand on avait des hôtes à la maison ; les autres jours, on prenait les repas avec les domestiques, qui dînaient debout ou à l’extrémité de la nappe écrue.

1748. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

pour arrêter mon amie et la conduire en prison.

1749. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Connaître les hommes pour les conduire et les dominer, ne se connaître soi-même que comme une force en lutte avec d’autres forces, tel est l’objet de la première.

1750. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Certes, ce n’est pas le télescope qui lui a révélé l’infini ; mais c’est le télescope qui l’a conduit aux limites extrêmes, au-delà desquelles est encore l’infini des mondes.

1751. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Remarquez, je vous prie, la fatalité qui a conduit les choses à ce point et qui a rivé chacun des anneaux de la chaîne, et ne croyez pas avoir tout dit quand vous avez déclamé contre tel ou tel.

1752. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

… Il s’agit bien de montrer ici un homme qui passe ; là un pâtre qui conduit ses bestiaux ; ailleurs un voyageur qui se repose ; en un autre endroit, un pêcheur, la ligne à la main et les yeux attachés sur les eaux ?

1753. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

C’est, comme si j’allais en un rêve, conduit par mon frère sur une eau morte, dans un paysage de l’autre monde.

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