Une consonance, une rime la font changer de route !
Il craindrait qu’on ne s’en lassât ; ou plutôt, il en change par plaisir.
Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338).
Cette modification avait pour but — sans rien changer à l’esprit général et à l’organisation pratique de l’Association — de donner à l’Association un caractère légal qui lui permît d’établir ensuite une « Fondation-Wagner » et de recevoir des legs.
Wagner imagine une mise en scène particulière : c’est le décor qui change alors que les personnages marchent sur place.
J’enlève le cadran, tout l’extérieur, rien ne change ; j’arrête le pendule, tout s’arrête ; je le remets en mouvement, tout reprend ; je tire un poids avec force, je vois les aiguilles courir, les sons se précipiter.
Mais dans le mariage, qui est l’état commun, le point de vue change : le mariage est un grand fardeau, mais c’est aussi une méthode d’espérer, « une belle invention, a-t-on dit, pour nous intéresser au futur comme au présent ».
Croire que l’homme qui, dès 1772, réformait solitairement la société et préparait en silence ce qu’il appelait ses « délinéaments » politiques, aurait subitement changé de vue et de marche à l’aurore de 1789, et se serait retourné de fond en comble au gré de la Cour, c’est une méprise qui tient à l’ignorance complète du fond.
Aujourd’hui, nous avons changé cela : ce sont les lettres qui ont pris cette libre misanthropie de l’art.
Je ne suis rassuré qu’à moitié, il ne faut, pour changer cela, qu’un caprice de gouvernant ou un article d’un grand journal.
Sous l’influence de souci (soucier), le mot changea de genre.
Les opinions religieuses qui lui servaient de principe changèrent de forme.
Si ma parole intérieure répète une phrase que j’ai entendue, sans y rien changer, il n’y a là, évidemment, qu’un simple fait de mémoire.
C’est enfin ce monde écœurant que nous savons par cœur, dans lequel rien ne change et où tout le monde a la même phrase pour les mêmes situations.
L’avenir du naturalisme La situation d’Emile Zola vis-à-vis de la jeunesse littéraire française, a, depuis peu, changé brusquement4.
Le Destin a changé les cris d’allégresse en muet silence.
Le têtard, qui n’est pas carnivore, ayant besoin d’un très long canal pour digérer sa pâture, a l’intestin dix fois plus long que le corps ; changé en grenouille carnivore, son intestin n’a plus que deux fois la distance de la bouche à l’anus. […] Voilà un premier intermédiaire explicatif, inclus dans les caractères du corps refroidi, et que l’induction met à part. — À présent, d’autres inductions établissent qu’un corps solide, liquide ou gazeux est un système de molécules espacées et douées les unes par rapport aux autres de forces attractives et répulsives ; que, au fur et à mesure de leur rapprochement mutuel, la proportion mutuelle des forces répulsives et attractives change et se renverse ; que, pendant une première période qui est l’état gazeux, les forces attractives peuvent être considérées comme annulées par l’énormité des forces répulsives, ce qui explique la force de tension des vapeurs et des gaz ; qu’au bout de cette période, lorsque les molécules sont assez rapprochées, il arrive une époque d’équilibre entre les forces répulsives et les forces attractives, époque différente suivant la constitution différente des différents corps ; que, pendant ce stade, la répulsion et l’attraction étant à peu près neutralisées l’une par l’autre, les molécules, qui ne se repoussent ni ne s’attirent mutuellement, se laissent très aisément disjoindre, n’exercent point d’effort contre leur contenant, se groupent selon une surface parallèle à l’horizon, bref sont coulantes et présentent les caractères sensibles qui constituent l’état liquide, au lieu des caractères sensibles qui constituent l’état gazeux ; que plus bas, au-delà de cette seconde période, lorsque les molécules se sont encore rapprochées davantage, il se déclare une époque où les forces attractives ont, non plus l’égalité, mais l’ascendant marqué, époque différente, suivant la constitution différente des différents corps ; que, pendant ce troisième stade, les molécules groupées résistent plus ou moins énergiquement aux forces qui veulent les détacher du système, et, au lieu des caractères sensibles qui constituent l’état liquide, présentent les caractères sensibles qui constituent l’état solide.
Samedi 21 février C’est vraiment amusant de voir ses imaginations, prendre une consistance en chair et en os, sa prose, se changer en mouvement, en de l’action, — enfin le froid imprimé, dont on est l’auteur, devenir de la vie. […] Ces drames de la vie, offerts à ses oreilles, avec les paroles de la vie réelle, ça l’étonne, ça change ses habitudes.
. — Obstination chez lui de l’idée qu’on le vole, que son domestique lui a soustrait six mille francs : six mille francs qui, au bout de quelques jours, se changent en soixante mille francs. […] » Et l’émotion, la suée de Lafontaine fut telle, qu’il soutient que la couleur de ses gants avait changé.
Que la phrase poétique, sans rien perdre de sa logique et de son expression, puisse se prêter ainsi aux exigences du vers, qu’elle change de pied quand il le faut, retombe avec tant de grâce sur le rythme voulu, c’est un jeu difficile, un véritable tour de force dont les initiés savent apprécier le mérite. […] « Il nous semble, dit Guyau, qu’un vrai poète devrait trembler à la pensée qu’un seul jour, dans un seul de ses vers, il ait pu changer ou dénaturer sa pensée en vue de la sonorité ; quelle misérable chose que de se dire : Cette larme-là ou ce sanglot vient pour la rime riche ! […] Helmholtz, Optique physiologique, 2e partie, § 17) Cette faculté a dû avoir une influence sur la genèse des images dans ses contes merveilleux : ainsi, dans le Nouveau Paris, ces trois pommes rouge, jaune et verte, transparentes comme des pierres précieuses, qui se changent en petites dames qui voltigent sur le bout de ses doigts ; ainsi encore, dans les Entretiens d’émigrés allemands, le beau serpent vert qui avale de l’or et devient lumineux et transparent, ou qui se change en un pont d’émeraude, de chrysoprase et de chrysolithe.
Je comprends que les Belges soient fiers d’une histoire qui a si complètement changé les choses, si bien que l’on peut dire que nulle part en Europe l’homme n’a plus radicalement transformé les conditions de sa vie sociale. […] Depuis qu’elle a pénétré le mystère, l’Éden change d’aspect et se vide de bonheur. […] La nature offrant un renouvellement perpétuel d’impressions fugitives, l’âme du poète doit s’assouplir et changer comme la nature. […] Mais aujourd’hui, je te reviens, l’âme meilleure, Sachant quel bonheur sûr mon cœur a négligé, En arrachant sa vie aux soins de ta demeure ; Je t’apporte mon être étrangement changé Et pour vivre avec toi, une femme nouvelle157.
Et ce portrait de la République : Elle a bien changé, la République ! […] L’expérience me ramenait à mon point de départ un peu dédaigneusement abandonné dans la bourrasque que déchaînent les courants d’air de mon temps : sur le chemin de retour où je marchais, ne discernais-je pas ces grandes voix, organes mystérieux, échos d’instruments inconnus, dont le timbre n’a pas d’équivalent parmi ceux de ce monde, dont la musique célébrait la dignité de mon origine, la sainteté de ma destinée, et entre ces deux relais, l’humble beauté de ce que nous ne pouvons pas changer. […] Le voyageur a laissé en Europe un amour auquel il croit tenir, mais quand le décor de sa vie a changé, ses sentiments ne demeurent pas longtemps les mêmes. […] Comme Adolphe, Félix reconnaît avec terreur dans sa liaison « la chose qui ne changera jamais ».
Elle a été écrite en vue de l’impression, et chaque page du manuscrit a fourni, sans y rien changer, une page du livre. […] Avec la même avidité qu’il a pu mettre à dévorer les contes de Crébillon fils et toute cette littérature érotique du règne de Louis XV, répudiée avec une sorte d’horreur par l’idéalisme élevé des grandes âmes romantiques, il passe brusquement, comme pour changer d’air, à la lecture de Joseph de Maistre, et manifeste une salubre joie à voir passer le flot puissant, pénétré de fraîcheur, de ce torrent d’apologétique chrétienne. […] Rien n’a changé. […] Il descendait sur cette pente-là, quand la rencontre de Mathilde Mautté, la demi-sœur de son ami, le compositeur de musique Charles de Sivry, changea, pour quelque temps, l’allure et le sens de sa vie.
Ils auront ce certain goût propre de la pensée sur lequel rien ne donne le change et qui divise les hommes en barbares et en cultivés. […] C’est-à-dire aussi l’agent de change. […] Le changement de duellum en bellum (le v s’étant changé en b et le d initial étant tombé) est pareil à celui de duonus en bonus. […] C’est le climat qui aura changé et ce ne sera point le cabinet météorologique, la station climatique ou climatérique. […] Il peut aller plus ou moins loin dans sa route, mais il ne peut pas changer de route.
L’écrivain n’avait pas changé, mais le public. […] Et après être revenu à son genre préféré, avec Dora et les Bourgeois de Pont-Arcy, il change brusquement sa manière et s’efforce de discuter sur la scène une grande question de morale religieuse. […] Et donc, j’avoue que l’attitude prise par le survivant des deux auteurs et, si l’on veut, l’évolution de son talent, peuvent donner le change. […] La pièce d’or changée en feuille morte138. » Ce n’est pas d’avoir les carnets de Daudet qui est difficile, mais c’est d’en tirer ses livres. […] Du jour au lendemain, une métamorphose complète s’était opérée : la direction des esprits avait été changée du tout au tout, l’élan s’était arrêté net, l’imagination desséchée, le cœur refroidi, la foi, l’enthousiasme, le besoin d’idéal avaient disparu, et en leur place c’est le positivisme qui s’était installé : une seule nuit y avait suffi.
Quand il revit Paris dix années après son départ, le monde avait changé, et, en se rencontrant l’un l’autre, ils ne se reconnurent plus.
avoir le cœur séparé de soi-mesme, estre maintenant en paix, ores en guerre, ores en trefve ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-mesme ; prusler de loin, geler de près ; un parler interrompu, un silence venant tout à coup, ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ?
Il n’est pas exagéré de dire que, chez les modernes, l’ivresse elle-même a changé de caractère, et qu’elle n’engendre plus la même disposition d’oubli d’autrefois.
C’est un grand fléau que toute cette maltôte-là, et, pour s’en sauver, on aime mieux laisser les terres en friche… Débarrassez-nous d’abord des maltôtiers et des gabelous ; nous souffrons beaucoup de toutes ces inventions-là ; voici le moment de les changer ; tant que nous les aurons, nous ne serons jamais heureux.
Le père parut avoir changé d’idée.
Il voulut bien en réciter les premiers vers, dignes de Théocrite ou d’André Chénier : Le matin, rougissant dans sa fraîcheur première, Change les pleurs de l’aube en gouttes de lumière ; Et la forêt joyeuse, au bruit des flots chanteurs, Exhale, à son réveil, ses humides senteurs.
Ici le poète change de ton, et, saisi de ces frissons lyriques qui sortent des sources et des bois sur les hauts lieux, il fait chanter un hymne à son cœur de philosophe de l’espérance.
Cependant rien au dehors n’est changé, c’est donc moi au dedans.
Elles filent d’elles-mêmes, pourvu que les jeunes filles et les vieilles femmes leur apportent, quatre fois par jour, les feuilles de mûrier dans leur tablier, et qu’on leur change souvent la nappe verte sur la table, comme à des ouvriers délicats qui préfèrent la propreté à la nourriture.
les poètes nés dans le Midi qui ont cru pouvoir rendre en français les émotions de leur nature provençale ont changé leur flûte pour un violon étranger.
C’est l’homme considérant son semblable d’un regard désintéressé, au lieu de le gouverner d’une main tyrannique, ou de lui donner le change par d’amusantes folies ; cherchant à se démêler, et, comme dit Montaigne, « affamé de se cognoistre. » C’est l’homme à la fois observateur et sujet d’observation ; c’est enfin Montaigne lui-même, un des plus excellents esprits qui aient été, éprouvant à sa conscience, comme à une pierre de touche, tous les traits attribués à l’homme par toutes les philosophies et toutes les histoires.
Il leur apprend, par le détail approfondi et le tableau expressif des fautes qui minaient le gouvernement aristocratique à Rome, qu’il faut ne pas s’entêter ni s’opiniâtrer ; savoir ne garder du passé que ce qui en est vivant, et rompre avec ce qui en est caduc ; apercevoir de loin à l’horizon les intérêts nouveaux, et, le moment venu, leur faire leur juste part ; se convaincre enfin qu’au milieu des idées qui changent, des mœurs qui se renouvellent, des souffrances et des espérances qui travaillent les sociétés humaines, un gouvernement est tenu de ne pas vieillir.
Munich est la ville connue du wagnérisme ; c’est là qu’on va de France pour entendre du Wagner, et Dresde aura beaucoup à taire encore pour changer cette habitude.
Et tous, tandis qu’une odieuse bruine attriste les jours, se préparent, consciencieusement, à changer d’année.
IX Mais si nous considérons l’institution littéraire de l’Académie française à un autre point de vue, c’est-à-dire au point de vue de l’autorité morale, de l’indépendance et de la dignité de la pensée en France, l’institution de l’Académie change d’aspect et mérite la plus sérieuse considération dans l’esprit public.
Il y aura pour eux, relativement à nous, quelque chose de changé dans ce que nous appelons la totalisation de l’expérience humaine.
La beauté de l’objet, la honte de changer, Le succès incertain, l’infaillible danger, Tout met à ces projets d’invincibles obstacles.
Les fous les plus intrépides n’oseraient pas… Le Pape dort, et il se rêve le Pape comme Hugo entend qu’on soit Pape, (ce qui le change diablement).
Émile Zola a changé son prêtre.
Aujourd’hui les choses ont changé, et c’est par nos compatriotes qu’est poursuivie avec le plus de persévérance et de bonheur l’étude de la psychologie15. » On peut croire que l’illustre philosophe anglais ne cède pas sans raison à un mouvement d’orgueil national, quand on pense aux travaux d’hommes comme Alexandre Bain, Herbert Spencer et Stuart Mill lui-même.
Huit ou dix impromptus mignards, que l’on cite encore, ne sauraient nous faire changer d’avis ; et partout, même chez les moins vils, jusque sous les allégories, jusque parmi les didactismes idylliques ou bucoliques, éclate, ressouvenir de l’abominable Pucelle, cet impardonnable mépris non seulement de la Virginité, de la Beauté et de l’Amour, mais aussi de la sensitivité féminine qui, d’une pudeur que désormais on ne lui permet même pas de feindre, voudrait, d’un instant du moins, retarder le baiser. […] La Maréchale d’Alfred de Vigny aurait parfaitement le droit d’être toutes les sortes de femmes qu’il nous montre en elle ; mais il aurait fallu qu’elle les fût, toujours, toutes à la fois, ou que du moins, même aux instants où elle n’est qu’une seule de ces femmes, elle nous apparût capable de les être toutes ; ce ne sont pas les diversités que je blâme, ce sont les changes ; offerte comme complexe, le tort eût été qu’elle cessât de l’être ; mais elle se manifeste simple en chacune de ses manifestations ; elle n’est pas un mélange, elle est une division en morceaux espacés, et, de bref, elle présente, non pas un caractère fait de différences et les unifiant en une seule personnalité, mais une succession de caractères selon le caprice de l’auteur résolu successivement à tel ou tel effet tragique. […] Presque rien de changé. […] Et il me semble bien que le Livre d’images, où abondent en brefs tableaux saisissants aux changes pittoresques de cinématographie versicolore, la grandeur et les familiarités de l’épopée, l’ingéniosité et la grâce du conte, est destiné à se maintenir dans les bibliothèques où l’on place les ouvrages qu’on relit ; M. […] Elle va nonchalante ; elle fait, avec de beaux rêves et de belles images, comme si ce n’étaient pas de beaux rêves et de belles images. » Et je n’ai pas changé d’avis.
. — Le temps a marché, — et il a changé bien des choses. […] Alexandre Dumas fils, cassant brusquement le fil de toutes les traditions, a renouvelé le théâtre et changé les conditions de la scène. […] Ce travestissement malhabile ne suffit pas à me donner le change sur la pensée de l’écrivain, pas plus que le milieu tout arbitraire d’incidents et de faits domestiques ou sociaux où il lui plaît de jeter ses personnages.
Une société où l’on rit haut, que peut-elle avoir de commun avec l’idée de changer un pays ? […] Et Amiel remarque quelque part que le 15 octobre est une grande date de l’année : c’est le jour où change l’horaire des bateaux et où reprennent les cours académiques. […] Il ne l’est plus pour lui, il n’en donne jamais l’idée à autrui ; mais bien celle du contraire de la marionnette, d’une force, d’une action qui n’est rien qu’à défaut d’être tout, et qui maintient dans ce rien le visage singulier de tout. « Si cet homme avait changé l’objet de ses méditations fermées, s’il eût tourné contre le monde la prévoyance régulière de son esprit, rien ne lui eût résisté. » Jamais ce Si ne viendra à l’idée devant Amiel.
Mais elles réapparaissent soudain lorsqu’une circonstance change autour d’elles. […] Comme lui, plus qu’à mon tour je change. […] Le paysage est changé : ruisselets et ramures chantantes, insectes d’or dans la lumière, frais jardins de jacinthes, pâles et hautes, et de fleurs comme des âmes blanches ; et les Saintes s’y tiennent, belles dans leurs robes pures, et celle-ci est le Pardon, et celle-là encore est l’Amour, et l’autre est le Sacrifice. […] Après avoir, plus vivement qu’un autre à cause de sa sensibilité très aiguë, senti la gêne de la poésie personnelle et l’erreur d’art qu’elle est toujours sur le point de commettre, Henri de Régnier avec les Episodes, très décidément et volontairement, change de manière. […] Mais combien est changée la chanson !
Il y a des regards de femme, n’est-il pas vrai, qu’on ne changerait pas contre toute la femme ? […] Il y a chez ces êtres une habitude de changer de peau, qui ne laisse pas en eux un bonhomme sur lequel on puisse mettre la main.
Comme tout est changé, vieux maître ! […] Vous en changez souvent. […] AUBADE Voici la chanson de la bien-aimée, Que l’aube m’apporte et que je redis, La douce chanson toute parfumée Qui change mon cœur en un paradis. […] Regardez de plus près : vous changerez d’avis quelquefois.
Il y a une phrase qui reparaît dans les Commentaires de César avec l’insistance d’un leitmotiv, celle-ci : « Les Gaulois changent aisément de volonté ; ils sont légers et mobiles ; ils aiment les révolutions. » Bien avant César, le vieux Caton avait enregistré ces deux traits essentiels : « Les Gaulois pour la plupart poursuivent deux choses avec ardeur : la guerre et le beau langage. » Ces deux notations contemporaines, à défaut de plus amples renseignements, suffiraient à fixer la psychologie de nos aïeux. […] L’histoire nous offre le spectacle d’un peuple qui a tout perdu et tout acquis, qui a radicalement et sans transition changé ses mœurs, sa politique, sa religion, son droit, sa vie sociale, sa langue, qui a vécu d’une vie étrangère pendant quatre siècles et demi. […] Alors, semble-t-il, la situation a changé du tout au tout. […] Les choses ne sont changées qu’en apparence.
Le fait est que les allusions ne venaient que de pur hasard et de coïncidence, la pièce se trouvant achevée depuis plus de trois ans et l’auteur n’y ayant rien changé.
. — Cela se voit très aisément pour d’autres mots ultérieurs, par exemple pour le mot kaka ; elle le répète encore souvent hors de propos, sans intention, en façon de ramage, dix fois de suite, au grand déplaisir de sa mère, comme un geste vocal intéressant, pour exercer une faculté nouvelle ; mais souvent aussi elle le dit avec intention, quand elle a besoin ; de plus, il est clair qu’elle en a changé ou élargi le sens, comme pour le mot bébé ; hier, dans le jardin, voyant deux petites places humides, deux traînées d’arrosoir sur le sable, elle a répété son mot, avec un sens, visible et voulu ; elle désigne par ce mot ce qui mouille.
L’élégie se transfigure en hymne, la harpe change de mode ; l’infirme, qui se sent apparemment soulagé, lance en trois strophes sa reconnaissance à Dieu, la menace et l’insulte aux ennemis de celui qui l’a guéri.
CXXVII Cependant, peu de temps avant le malheur du châtaignier blessé, du troupeau tué, du plomb sur mes bras et du coup de fusil tiré innocemment par Hyeronimo pour me défendre contre les sbires, je commençais à changer sans savoir pourquoi, à n’être plus si bonne, si gaie et si prévenante qu’à l’ordinaire avec le pauvre garçon, à l’éviter sans raison, à trembler comme d’un frisson quand j’entendais son pas ou sa voix, à rentrer à la maison pour filer à côté de ma tante quand j’aurais pourtant mieux aimé à être dehors au soleil ou à l’ombre auprès de lui, à me retirer toute seule avec mes chèvres et mes moutons dans les bruyères les plus écartées, à me cacher derrière les oseraies au bord de l’eau courante et à regarder sans voir je ne sais quoi dans le ruisseau le jour, ou dans le firmament le soir.
tu ne reconnais pas Fior d’Aliza, lui dis-je à demi-voix, parce qu’elle a changé d’habits et qu’elle a coupé ses cheveux pour te rejoindre !
Cependant, douces et calmes au milieu des outrages, leurs gardiens se virent obligés de changer sans cesse les soldats apostés pour les garder ; on choisissait avec soin, pour cette fonction, les caractères les plus endurcis, de peur qu’individuellement la reine et sa famille ne reconquissent la nation qu’on voulait aliéner d’elles.
L’univers connaît cette chapelle du Vatican, dont les murs et les voûtes, animées et colorées par le pinceau d’un seul homme, semblent avoir été changés par un Verbe créateur en monde des vivants et en monde des morts, comparaissant dans toutes les attitudes de la terre, de l’enfer et du ciel, sous les regards de la Trinité divine qui évoque son œuvre pour la juger.
Nos chansons de geste n’eurent, pas même fortune, et parce que leur forme insuffisamment belle n’imposait pas le respect, et parce que public et rédacteurs n’étaient aptes à voir que la matière : il ne leur paraissait pas importer que les mois fussent changés, si les choses subsistaient et même s’enrichissaient.
Les choses désormais ne changeront plus qu’à la Renaissance.
Louis XI meurt, le vent change : il avait été trop puissant pour rester en crédit et même en repos.
On peut se lasser de tout, même du pittoresque, qui change avec le temps, mais le fond du théâtre de Racine est éternel ou, ce qui revient au même, contemporain du génie de notre race dans tout son développement, et la forme est celle qu’a revêtue ce génie à son moment le plus heureux.
Le commencement du dix-huitième siècle vit paraître un auteur qui était d’ambition à tout changer, et qui avait assez de talent pour produire des nouveautés durables : c’est Crébillon.
Chronique : Chronique musicale J’entendais le deuxième acte d’un opéra nouveau, — le Cid : une rue sombre, une scène de duel, un chœur, des récits, un requiem ; et les lieux communs des émotions insignifiantes défilaient en une suite de formules rabâchées ; un duel de pantins, un chœur de momies, des récits de Capitan-Matamore, un requiem de contrebandiers déguisés, et, finalement, la grande scène dramatique où l’éternelle « tragédienne lyrique » réitère les éternels bras crispés, yeux hagards, sanglots étouffés qui de toute antiquité expriment le désespoir… Et, sur les visages des spectateurs, parmi les flots d’applaudisseurs loués, l’invincible ennui… Puis, le décor changea ; ce fut un horizon élargi de paysages espagnols, dans un chatoiement d’ors et de lumières ; des cortèges passaient, puis les danseuses apparurent ; des rondes se nouaient, nouant les multiples évolutions des gracieuses et fugitives filles, tandis que les guidaient des sons très cadencés d’orchestres vifs, voluptueux.
Son règne dura quelques années, si l’on peut appeler un règne cet esclavage de bazar qui change de maître à chaque instant, cette captivité dans le plaisir où le dégoût veille au seuil de l’orgie, comme le nègre hideux à la porte du harem.
Cette rhétorique sera changée.
C’est de la littérature non triée, la perspective change du tout au tout. […] Il nous a habitués à penser la vie littéraire sous la forme d’une opposition, d’un contraste entre deux mondes qui furent autrefois le classique et le romantique, et qui ont pu changer de nom sans changer de rôle et de direction.
Il semblerait parfois que la vérité soit sur le point d’y être cruelle et désolante ; mais non, les auteurs ne sont pas gens à nous la surfaire, et prestement, comme leur Boisgommeux, ils « changent de point de vue ». […] La jalousie, au degré où nous la voyons chez la jeune Mme Darcel, est une passion qui ne se guérit point, et dont l’objet peut seulement changer. […] Maigrie, vieillie, toute changée, la pauvre femme plaide humblement sa cause. […] Quand tu la tiendras, la petite, tu n’auras plus envie de changer ! […] Il lui demande si elle a la foi. « Je l’avais, dit-elle, quand j’ai fait ma première communion. » Il lui insinue que, pour la retrouver, il ne serait pas mal de changer de vie. « On ne m’avait jamais parlé ainsi », murmure-t-elle en faisant des yeux blancs.
Leur terre peut changer de face ; l’harmonie n’est pas rompue. […] C’était pour rapprocher ces deux êtres prédestinés, si éloignés l’un de l’autre par leur âge et leur condition, que « le moissonneur de l’éternel été » avait fait la nuit si tranquille, si lumineuse, si embaumée, si nuptiale, prologue d’un mystère qui, depuis dix-neuf cents ans, hante l’imagination des hommes et a changé le ciel des âmes. […] Il semble bien qu’aujourd’hui il n’ait pleinement pour lui que le monde officiel, ce monde qui cependant n’a guère changé depuis l’Empire et qu’une page cruellement ironique de J. […] Il est capable de toutes les faiblesses ; mais comme il n’essaie pas de se donner le change et qu’il se juge tel qu’il est, nous sommes plus frappés de son intelligence que des abandons de sa volonté. […] Qu’importe que le spectacle change, si la manière de voir et de sentir reste toujours la même ?
Je tâche de me donner le change à moi-même par des sympathies que je me suggère et par l’intelligence rapide de toute chose. […] Le personnage de Volmar ne le contente pas, à cause de sa détestable philosophie : « J’avoue, mon cher Rousseau, que je ne vois aucune bonne raison qui ait pu vous déterminer à faire de l’excellent Volmar un athée déterminé ou du moins à ne l’avoir pas fait changer de système à la fin du roman. » Et Jean-Jacques de lui répondre : « Vos griefs contre Volmar me montrent que j’ai mal rempli l’objet du livre ou que vous ne l’avez pas bien saisi. […] Ils croient que ça va changer. » Comme les impressions me sont restées vives de ce voyage que nous fîmes ensemble à Bruxelles dans l’été de 1893 !
Son cœur fut changé, et il ne le fut pas à demi ; c’est en ceci qu’elle se montra un grand cœur.
rien n’est changé ; pourquoi mes sentiments le seraient-ils ?
L’esprit était très-éveillé aux idées nouvelles de science en 1784 ; la chimie, la physique, allaient changer de face par les travaux des Laplace et des Lavoisier.
D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ?
Sa vie et ses œuvres (3e partie) I Suivons maintenant la comtesse d’Albany : Le lendemain de la mort d’Alfieri, rien ne change dans la demeure du poète.
Marie Stuart parut changer de cœur en le voyant et donner son âme avec sa couronne.
La mort presque soudaine de la marquise du Châtelet, qui mourut en couches à quarante-deux ans, changea en deuil ce bonheur, et dispersa ce cénacle de plaisirs et d’études.
Ce que j’ai écrit depuis ne valait pas mieux, mais le temps avait changé ; la poésie était revenue en France avec la liberté, avec la pensée, avec la vie morale que nous rendit la restauration.
Elle n’est que le premier état de l’esprit mondain qui, sans changer son idéal, modifie sans cesse et rectifie ses apparences.