/ 3717
1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Quand il s’agit de Henri IV, fût-ce même à ce titre principal d’écrivain de courts billets et d’auteur de vives harangues, il n’est point possible de ne pas parler un peu du roi et de l’homme. […] Je ne suis point auteur des nominations ; les maux étaient introduits auparavant que je fusse venu. […] En quelques endroits, il m’a semblé que l’auteur n’était pas encore assez rompu à cette langue française, qu’il manie d’ailleurs avec une ingénieuse finesse. […] L’auteur ou les auteurs de cette notice, au moment de la terminer, ayant conscience d’être allés trop loin, ne peuvent s’empêcher de dire : « En admettant même que nous eussions un peu trop ombré le tableau, notre portrait ne serait-il pas-encore plus fidèle que celui qu’a tracé Scipion Dupleix ?

1466. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

On peut être critique de bien des sortes : 1° sur des écrivains d’autrefois, sur d’anciens sujets qu’on traite et qu’on rajeunit sans les altérer et sans les fausser ; 2° sur des auteurs modernes et des sujets à l’ordre du jour. 3° On peut être un critique polémique encore, soutenant des luttes, débattant des questions contre des adversaires. 4° On peut être aussi critique dissertateur et moraliste, essayant de tirer de chaque sujet d’observation qui s’offre une moralité pratique, une leçon. […] Sur les anciens auteurs, Horace, Homère, est-il besoin de le dire ? […] Lorsqu’il s’agit d’auteurs anciens, mais surlesquels la tradition ne se prononce pas parce qu’ils sont de second ou de troisième ordre, il est moins sûr, et il peut se tromper ou donner dans l’à-peu-près. […] Chargé en 1848 de conférences de rhétorique à Louis-le-Grand et ayant à expliquer un auteur français, il avait pris pour texte Victor Hugo, rien que lui, et, dans ses œuvres, rien que ses drames ; il s’était mis à y relever les fautes, les exagérations : il se faisait la partie belle et s’en amusait ; il triompha ainsi pendant près d’une année à huis clos. […] Cet autre article dans lequel il est question de Robert Emmet, roman anonyme d’une belle dame37, et où l’on a le pour et le contre sur le sexe probable de l’auteur, est-il assez tourmenté, assez tiré par les cheveux !

1467. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Ces deux formes si inégales ont éprouvé chez nous des destinées bien différentes : la dernière, une des plus nobles formes de l’art, une des créations choisies de l’esprit humain, a fourni d’immortels chefs-d’œuvre et a mis pour jamais en lumière les noms les plus glorieux de notre littérature et de notre poésie ; l’autre forme, au contraire, n’a promu à la célébrité (au moins chez nous) aucun nom d’auteur et de poëte, et n’a laissé, quoi qu’on s’efforce de faire aujourd’hui pour être juste, que des œuvres sans élévation, sans action durable et féconde. […] La scène représente d’abord le Paradis, et le livret donne à cet égard des indications précises : « Que le Paradis soit établi sur un lieu élevé, nous dit l’auteur ou l’ordonnateur du jeu dans le cas prévu où nous voudrions monter la pièce ; qu’on tende tout autour des courtines et des étoffes de soie à une hauteur telle que les personnages qui seront dans le Paradis ne puissent être vus qu’à partir et au-dessus des épaules. […] Et ici, ce grand nom de Milton prononcé, laissons-nous reporter, comme contraste, au souvenir de ces premiers chants du Paradis qui assiègent notre pensée, depuis que nous lisons ces balbutiements informes du vieil auteur dramatique inconnu. […] Ainsi, dans la seconde partie ou, comme nous dirions, dans l’acte suivant, lorsque Abel est tué par Caïn, notre vieil auteur lui avait compris que le premier crime, effet de la chute, étant celui de Caïn, il en devait faire son second tableau, a manqué cette idée si naturelle dans un drame d’Adam où l’on met en scène le meurtre d’Abel, de nous montrer notre premier père auprès du cadavre de son fils et contemplant avec effroi ce que c’est que cette mort que sa désobéissance a introduite dans sa race. Le vieil auteur, en étant si près d’un grand effet dramatique sans le saisir, a prouvé qu’il ne savait pas encore son métier.

1468. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

1841 Ces deux écrits, l’un d’histoire érudite et sévère, l’autre d’observation pittoresque et d’imagination, composés presque en même temps, montrent, chez l’auteur à qui on les doit, une alliance et comme un faisceau aussi brillant que serré de qualités diverses et rares. […] L’auteur put sourire tout bas : ce n’était pas, en effet, pour ce public ordinaire qu’il prétendait faire ses preuves dans le moment. […] L’auteur n’aurait voulu véritablement que faire épreuve de son application historique, et la soumettre aux personnes compétentes. […] Mais il fallait finir ; le but était atteint, la Corse était peinte ; l’auteur n’a pas craint de se trahir dans le dernier trait et de laisser voir le jeu. […] Il est aussi une certaine atmosphère intellectuelle, soit pour les sociétés, soit pour les individus ; notre auteur en tient trop peu de compte et, dans les traits précis où il est maître, il s’en passe volontiers.

1469. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Le nôtre est plus simple : nous avons quelques principes d’art et de critique littéraire, que nous essayons d’appliquer, sans violence toutefois et à l’amiable, aux auteurs illustres des deux siècles précédents. […] Ces petites pièces, avec le Songe de Vaux, sont les premières productions originales que nous ayons de La Fontaine : elles se rapportent tout à fait au goût d’alors, à celui de Saint-Évremond et de Benserade, au marotisme de Sarasin et de Voiture, et le je ne sais quoi de mollesse et de rêverie voluptueuse qui n’appartient qu’à notre délicieux auteur, y perce bien déjà, mais y est encore trop chargé de fadeurs et de bel esprit. […] Notre poëte visitait souvent le bon vieux rimeur en sa maison du faubourg Saint-Marceau, et courtisait Claudine tout en devisant, à souper, des auteurs du xvie  siècle avec le mari, qui put lui donner là-dessus d’utiles conseils et lui révéler des richesses dont il profita. […] Des auteurs d’esprit s’y sont trompés ; ils ont mis en action, selon le précepte, des animaux, des arbres, des hommes, ont caché un sens fin, une morale saine sous ces petits drames, et se sont étonnés ensuite d’être jugés si inférieurs à leur illustre devancier : c’est que La Fontaine entendait autrement la fable. […] C’est chez elle que l’auteur de Joconde, touché enfin de repentir, revêtit le cilice qui ne le quitta plus.

1470. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Maître François Rabelais, l’auteur, a quarante ans ou environ : c’est un de ces tard-instruits dont nous avons parlé ; et même il lui a fallu plus d’ardeur, plus de volonté qu’à personne pour étudier, puisqu’une erreur du sort l’avait fait moine, et moine mendiant. […] On ne saurait trop dire que les cinq livres de Rabelais forment non pas un, mais cinq ouvrages, qui s’échelonnent pendant trente ans à des moments très divers de notre Renaissance, et qu’à vouloir les juger tous en bloc comme formant une seule œuvre, on risquerait de n’en pas apprécier exactement la valeur… et de s’égarer sur le caractère de l’auteur. […] La doctrine de Rabelais La doctrine de Rabelais avait de quoi le mener plus loin que Marot, aussi loin que Dolet ou Servet, jusques au feu, inclusivement, s’il eût fait la moindre étourderie ; le temps et l’intolérance des sectes la pouvaient rendre mortelle pour l’auteur. […] De plus, comme il arrive souvent aux constructeurs des morales les moins morales, l’auteur répare par la rectitude de sa nature l’insuffisance de son système : comme il sent en lui la bonne volonté, la chaude sympathie, des formes affectueuses d’égoïsme, il érige son instinct en loi générale de l’humanité, et il se fait d’optimistes illusions sur le penchant inné des hommes à « faire tous ce qu’à un seul voyaient plaire ». […] Sa légende avec toutes les anecdotes qui la composent s’est formée d’après son livre ; elle tend à faire l’auteur à la ressemblance de son œuvre, ou plutôt de la forme extérieure de cette œuvre.

1471. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Dans Descartes, l’âme se révèle d’abord à elle-même, puis reconnaît Dieu, son auteur ; après quoi, regardant son enveloppe, elle la distingue de soi, mais sans l’affirmer, tant il lui est impossible d’être assurée d’une autre existence que la sienne. […] Il avait sous la plume le mot nature ; s’il écrit « l’auteur de la nature », c’est qu’à ce moment-là, l’explication des beautés de l’ordre suprême par une force aveugle et impersonnelle ne satisfait pas son esprit. […] « Quand vous avez un sujet à traiter, dit-il, n’ouvrez aucun livre, tirez tout de votre tête. » Descartes n’eût pas conseillé autre chose, ni Pascal, si ravi de trouver un homme où il croyait rencontrer un auteur. Les défauts, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas le style, ces traits saillants qu’on veut mettre partout, ces mots « qui nous éblouissent un moment pour nous laisser ensuite dans les ténèbres, ces pensées fines, déliées, sans consistance, qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité » ; la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; les phrases arrangées, les mots détournés de leurs acceptions, les traits irréguliers, les figures discordantes ; — d’où tout cela vient-il, sinon de ce qu’on écrit hors de soi, à côté de soi, et qu’il y a un auteur au lieu d’un homme ? […] Et quand il ajoute : « Si l’on écrit comme l’on pense (mettez : si l’on parle), si l’on est convaincu de ce qu’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres et la vérité du style (mettez : du langage), lui fera produire tout son effet… » le précepte s’adresse-t-il aux auteurs seulement ou à tout honnête homme qui veut amener les autres à son opinion ?

1472. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Je relève seulement une pensée à laquelle l’auteur doit tenir puisque, après l’avoir exprimée page 46, il la répète page 116 : Dreyfus est innocent du crime pour lequel on le condamna ; mais son supplice expie quelque autre faute inconnue. […] Toutes les tendances combattaient et hurlaient dans ces fournaises et ceux qui aimaient l’auteur, fermant les yeux aux raisons de craindre, criaient à eux-mêmes et aux autres les raisons d’espérer. […] Le Malauve de l’Astre noir n’est point blâmé de ses ignominies ; elles apparaissent comme des nécessités de son génie et l’auteur n’ose pas détester ici nettement ce qu’il appellera ailleurs “abominable supériorité intellectuelle”. […] Tout en refusant encore de voir, je m’irritais et je reprochais à l’auteur d’obéir à une mode6 : « Une conversion est considérée depuis quelque temps, comme le plus élégant des dénouements : au lieu de marier ses héros ou de les tuer, on les agenouille. […] Il continue ce précieux père Mestre qui nous permit de passer le bachot sans ouvrir « nos auteurs ».

1473. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Depuis quelques années déjà, l’auteur de l’Ami des femmes exerce la morale comme une chirurgie ; il lui prête l’impudeur tranchante d’une science expérimentale qui a le droit de tout éventrer et de tout décrire. […] Une Visite de Noces dépasse en audace tout ce que l’auteur avait risqué jusqu’ici. […] Mais l’auteur ne l’a pas voulu ; il tient son cadavre et ne le lâche pas. […] Mais le tort de l’auteur a été de poser en type un petit monstre à mettre sous verre, dans un cabinet de raretés morales. « Les hommes ne sont pas jaloux parce qu’ils sont amoureux ; ils sont amoureux parce qu’ils sont jaloux. » Tel est, en effet, le proverbe de la pièce et son mot final. […] La talent n’est pas en cause ; rarement l’auteur a montré une dextérité plus précise, un esprit plus net et plus acéré.

1474. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Quelques auteurs emploient le mot de variation, en sens technique, comme impliquant une modification directement due aux conditions physiques de la vie ; et les variations en ce sens ne sont pas supposées transmissibles par voie d’héritage : mais qui peut affirmer que les proportions naines des coquillages dans les eaux saumâtres de la Baltique et des plantes sur les sommets alpestres, ou l’épaisse fourrure des animaux de la zone polaire, ne sont pas, en bien des occasions, transmissibles au moins pendant quelques générations ? […] Ces variétés, au surplus, sont souvent rangées par quelques auteurs comme des espèces. […] Cependant un auteur allemand fait plus d’une douzaine d’espèces d’autant de formes presque universellement considérées comme des variétés, et l’on pourrait s’appuyer tour à tour sur les plus hautes autorités botaniques ou sur les praticiens les plus expérimentés de l’Angleterre pour établir que le Chêne à fleurs pédonculées et le Chêne sessiliflore sont deux espèces bien distinctes selon les uns, deux simples variétés selon les autres. […] L’auteur a supprimé ici un paragraphe qui se trouve dans les trois premières éditions anglaises et dans notre première édition française. […] Il serait difficile de choisir un meilleur exemple de deux formes spécifiquement distinctes ; pourtant elles sont reliées par un grand nombre de formes intermédiaires dont on ne saurait affirmer l’origine hybride ; et de nombreuses preuves expérimentales établissent qu’elles descendent l’une et l’autre de parents communs, et, par conséquent, qu’elles doivent être rangées comme deux variétés. » D’autres passages de l’ouvrage faisant allusion à ce paragraphe ont également été supprimés ou modifiés par l’auteur.

1475. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

La Fontaine n’a pas été mise en librairie ; elle est destinée par l’auteur uniquement à ses amis. […] Plus tard Sénèque apporta le charme d’une pensée étrangement spirituelle et légère ; maints auteurs composaient, sous le titre de poèmes, histoires ou récits, des romans médiocres, dont l’attrait nous demeure aboli. […] Claude, le héros, est un peintre falot ; l’auteur nous répète qu’il a du génie, mais n’a jamais songé à nous le prouver par l’analyse des idées. […] Puis l’on peut se défier d’une analyse qui trop souvent consiste en des interrogations au lecteur : le lecteur doit apprendre de l’auteur pourquoi se produit tel ou tel phénomène moral, et non entendre l’auteur le lui demander. […] Comme les romanciers russes, et plus profondément, l’auteur de ce roman dialogué est un aristocrate.

1476. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Paragraphe ajouté par l’auteur depuis la troisième édition anglaise et inséré dans la seconde édition allemande. […] Paragraphe modifié par l’auteur depuis la troisième édition anglaise. […] Paragraphe ajouté par l’auteur depuis la troisième édition anglaise et inséré dans la seconde édition allemande. […] Ce passage a été modifié par l’auteur. […] Ce dernier paragraphe a été ajouté par l’auteur.

1477. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Donnay est l’auteur de deux jolies piécettes : Phryné et Ailleurs, représentées sur le théâtricule d’Ombres-Parisiennes du Chat-Noir. […] Ce début de l’auteur sur une grande scène parisienne était donc attendu avec curiosité, et nos meilleurs souhaits l’y accompagnaient.

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

Pierre Quillard Remy de Gourmont, l’auteur de Sixtine , l’un des plus rares et des plus raffinés écrivains que je connaisse. […] L’art de l’auteur nous permet de retrouver leur véritable caractère derrière les phrases qu’ils écrivent.

1479. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

En voyant cet Auteur remonter à la source de tous les systêmes, développer la progression des idées humaines, produire, si l’on peut s’exprimer de la sorte, la généalogie des vérités & des erreurs, on ne peut s’empêcher de convenir que la Philosophie moderne n’a fait que répéter ce qui avoit été dit & redit dans tous les siecles & presque chez tous les peuples. […] Cet Ouvrage, composé avec autant de méthode que de clarté, écrit avec autant de simplicité que de précision, est précédé d’une Préface, où l’Auteur expose ses idées sur le mérite des Anciens & des Modernes, avec une impartialité & une modestie qui donnent du poids à sa critique.

1480. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 285-289

On a de cet Auteur un grand nombre de Vers Grecs, Latins, Italiens, & François. […] M. de Baillet l’avoit maltraité dans cet Ouvrage ; notre Auteur voulut s’en venger.

1481. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 236-239

Victor, ainsi que tous les honnêtes gens, contre l’Auteur anonyme du Santoliana, imprimé en Hollande. […] Voici, dirent les Auteurs du Journal des Savans, en annonçant la premiere édition du Santoliana, « voici un de ces Livres où l’on n’apprend rien, & que l’on n’ouvre guere deux fois.

1482. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

C’est, ajoute l’auteur anglois, un sentiment qui n’est pas dans la nature, une des affectations extravagantes que le mauvais goût du siecle a mis à la mode. […] C’est le vraisemblable qui nous émeut, et qui nous fait faire cas d’un ouvrage et de son auteur.

1483. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

l’idée de traiter poétiquement les solennités diverses de la religion, de les traduire en hymnes, est de l’invention de l’auteur, et ouvre une ère nouvelle à l’art ? […] Que le poétique traducteur étende le cercle des auteurs et des morceaux qu’il juge bons à produire, qu’il resserre à la fois de plus en plus sa correction élégante et, s’il se peut, sa littérale exactitude ; nous lui devrons accès en une littérature jusqu’ici close, et qui, probablement, ne nous ouvrirait pas cette porte sans lui. […] L’auteur de ce recueil n’est pas non plus Français d’origine ni de naissance ; sorti des vallées vaudoises du Piémont, il appartient à cette antique tribu persécutée, qui a su garder sa primitive croyance.

1484. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Paul Margueritte5 est un beau livre et (je prie l’auteur de prendre cela pour un compliment plus grand encore) un bon livre. […] Je voudrais abréger les quatre-vingts premières pages, celles où l’auteur nous fait connaître son héros, son caractère indécis et fier, son ennui, son désespoir, sa tentative de suicide… Ce sont là choses connues et qu’il était peu utile de répéter. […] Ils le voyaient à l’évidence, comme ils voyaient cette mer bleue qui les entourait… » Ainsi le récit patient, d’observation minutieuse, se trouve soulevé, vers la fin, par un souffle de vaillance et d’énergique espoir ; et il nous plaît de retrouver et de reconnaître chez l’artiste raffiné, chez l’auteur de Pierrot assassin de sa femme, un peu de l’âme du soldat excellent dont il est le fils.

1485. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Les mêmes littérateurs, qui, en 1885, n’avaient pas assez de respectueuse admiration pour l’auteur des Essais et de Crime d’amour, s’en vont aujourd’hui le dénigrant parmi les salles de rédaction. […] Certes, La Terre promise ne vaut ni moins ni plus que les antérieurs romans du même auteur. […] Loisible, certes, le roman de problèmes, le roman qui veut faire penser, mais à condition que l’auteur ne glace pas dès l’abord par l’allure de moraliste en action.

1486. (1865) Du sentiment de l’admiration

Celui-là, ne connaissant ni lassitude, ni dégoût, ne se croira jamais pour quelques mots plus ou moins retenus dégagé de sa dette studieuse envers les grands auteurs dont les magnificences lui sont libéralement dévoilés. […] Une explication d’Horace au célèbre Port-Royal mettait en feu toute une classe, poursuivait les écoliers jusque dans leurs promenades, dans leurs récréations, dans leurs sorties ; et les vacances n’étaient pour ces disciples de Lancelot et de Nicole qu’un prétexte pour reprendre avec plus de recueillement et d’intimité les auteurs étudiés pendant dix mois. […] des esprits toujours en exploration, ardents aux longues lectures à travers les grands auteurs, curieux des investigations philosophiques, enflammés pour le grec, idolâtres des vers latins, en un mot ne faisant la part de l’utile que pour réserver plus sûrement et plus largement la part du Beau !

1487. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Les auteurs de médecine anciens sont trop substantiels ou trop forts pour des étudiants ; chaque ligne est un résultat d’une longue pratique ; peu de spéculations, beaucoup de préceptes et de faits. Les auteurs modernes, au contraire, spéculent et discourent beaucoup. […] Les auteurs qui ont écrit de la médecine sont par milliers.

1488. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

C’est à quoi ceux qui traduisent ou qui commentent les auteurs anciens doivent avoir égard, aussi-bien qu’à évaluer la somme dont parle leur auteur, métail par métail, parce que la proportion entre l’or et l’argent n’est plus la même à beaucoup près qu’elle l’étoit du temps de la république romaine. […] Pline rapporte que ce prince fut l’auteur d’une nouvelle méthode pour se fortifier la voix.

1489. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Pour réaliser cette combinaison que je viens de signaler, d’un Rousseau doublé d’un Richelieu, il ne faut être qu’un bas-bleu, comme l’auteur des Enchantements de Prudence. […] Sainte-Beuve, qui aimait à conduire ces eaux corrompues dans les détours sinueux des coteaux modérés de sa littérature, en avait filtré quelques gouttes dans son livre sur Chateaubriand, écrit — pour déshonorer l’auteur des Martyrs — après sa mort, bien entendu. Il tenait de l’enchanteresse Prudence ces détails qui l’enchantèrent, mais qui m’attristent, moi… quand ils me montrent l’auteur du Génie du christianisme, sur le tard de sa vie, en bonne fortune de cabaret, avec une maîtresse, et y chantant le Dieu des bonnes gens, de Béranger !

1490. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Rien, en ces deux derniers volumes, n’a modifié le jugement que j’ai déjà porté sur l’auteur des deux premiers et sur sa manière de considérer les choses historiques59. […] Le Protestantisme combattit pour Dieu, contre Dieu… Aux supplices atroces de Philippe II, les atroces supplices d’Élisabeth d’Angleterre répliquaient… L’auteur politique de l’histoire actuelle de Philippe II n’a pas regardé assez avant dans ce fanatisme religieux pour plonger au fond et voir clairement ce qu’il signifiait. […] IV Et c’est ce qu’il faut rappeler, eu finissant, à l’auteur de cette Histoire de Philippe II60 qui n’aime pas plus que nous les Démocraties.

1491. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

L’auteur y apprécie très bien l’administrateur en Napoléon, mais il n’y voit pas à fond l’homme politique. […] Il a manqué deux fois de goût avec le bombast de son titre, et il en a été puni par l’effet que produit rétroactivement ce titre, d’une prétention si accusée, quand on a lu un ouvrage qui, au contraire, devait conseiller toutes les modesties de l’auteur. […] Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons.

1492. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont, qui joue à l’affamé, ne fera jamais comparer aux connaisseurs l’auteur du Myosotis et l’auteur des Véroniques, si ce n’est pour noter les différences de leurs deux génies. […] Si nous en croyons le volume que l’auteur des Poésies et Chansons appelle les Études littéraires et qu’il nous donne comme les essais de sa muse juvénile, on voit que M. 

1493. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

L’auteur de l’Histoire des Girondins nommé par toute la France comme modéré, comme auteur du discours contre le drapeau rouge, gouvernant avec les modérés, il n’y a rien de plus naturel, de plus logique et même de plus obligatoire. […] L’auteur dirait sans doute : « Toujours en halte, c’est comme sans halte. » Identité des contradictoires. […] L’auteur donne comme son nom : Aurel. […] Sont-ils auteurs ? […] Je n’en citerai que deux, l’une et l’autre d’auteurs dramatiques.

1494. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Les noms de ces écrivains ne doivent jamais être cités par un auteur, qui se respecte !  […] Il est en train de traduire un roman complètement inconnu de l’auteur de Robinson Crusoé : roman qu’il me dit avoir quelque ressemblance avec Germinie Lacerteux. […] — Il y a vingt ans, on l’aurait vendu trente-cinq francs… mais aujourd’hui on ne veut plus d’auteurs latins. […] À l’heure présente, il a exécuté un nombre infini de médaillons, et une série de presque tous les auteurs, et acteurs, et actrices du Théâtre-Libre. […] Plusieurs de ces volumes portent des envois d’auteur.

1495. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

J’ai bien osé écrire la vérité sur l’auteur du Génie du christianisme : pourquoi ne la dirais-je pas sur l’auteur du Beau, du Bien et du Vrai ? […] J’accorde en effet que ce livre classe M. de Lamartine encore au-dessus de l’auteur des Mystères de Paris. […] Celle-ci au contraire se pose ainsi la question : « Le volume de M. ou de Mme N… est assez bon aujourd’hui que certains procédés de couleur et de rhythme sont vulgaires ; mais l’auteur l’aurait-il fait, il y a dix ans ? […] Dubois fit un article plus chaleureux que l’auteur ne l’avait attendu, et presque enthousiaste, de l’ode intitulée Les Deux Îles. […] Dubois mon article, en lui disant que je n’avais pas trouvé l’auteur si barbare.

1496. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

Il a pour titre : Flûtes, et pour auteur Franc-Nohain. […] L’auteur a signé de mon nom la préface de ce livre.

1497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Nous avons d’abord cru que cette primauté étoit pour suivre l’ordre alphabétique ; mais le Compilateur assure très-positivement que c’est par ordre de mérite & de distinction : c’est parce que je crois , dit-il très-sérieusement, pouvoir assigner à cet Auteur estimable la premiere place parmi les Philosophes de nos jours, non seulement de ma Nation, mais de toutes celles de l’Europe . […] On peut s’en convaincre par la lecture du Nitar, Auteur du neuvieme siecle, qui, dans son Histoire des guerres entre les fils de Louis le Débonnaire, rapporte plusieurs passages écrits en Langue Romance, qui ne different en rien du langage usité aujourd’hui chez les Languedociens.

1498. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé. […] Cette maniere de procéder présageoit bien des murmures ; mais les murmures de ceux que l'Auteur attaque n'effrayent point son zele.

1499. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XX. Des Livres de facéties, des recueils d’anecdotes & de bons mots. » pp. 381-385

On prétend que l’auteur avoit un but en composant ses extravagances, & qu’il avoit pris le masque de la folie pour cacher la satyre qu’il vouloit faire du Pape, des Cardinaux & de l’Eglise. […] Ce livre est proprement (comme l’auteur l’appelle) le Dictionnaire de la Conversation.

1500. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Qui donc jamais naquit plus brillamment doué que l’auteur des Contes d’Espagne et d’Italie ? […] à cause de l’impuissance personnelle des auteurs ? […] Jean du Boys qui était, paraît-il, l’auteur réel de la préface. […] Je dirai toute ma pensée : La vérité me semble que l’auteur de l’Après-midi d’un Faune est ce qu’on appelle au collège un « auteur difficile ». […] B. — Les messieurs dont l’Auteur semble parler sont morts pendant que nous mettions sa nouvelle sous presse.

1501. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

Fernand Gregh, de son côté, y publia (nº du 1er février 1896) et sous le titre : Paul Verlaine, quelques pages au cours desquelles il reproduisait, en indiquant bien qu’il en était l’auteur, le court poème intitulé : Menuet, et qu’on trouvera après ces lignes. […] Fernand Gregh rassembla ses vers, les uns épars dans des revues, les autres épars en cartons, et nous offrit cette Maison de l’enfance d’un ton à la fois juvénile et grave, et qui, en révélant chez son auteur une grande habileté, donnait beaucoup d’espoir.

1502. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

Philippe Gille L’auteur de Rome vaincue , M.  […] Parodi qu’à l’auteur des Contemplations .

1503. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

Strada en sera pour sa crampe, car son Épopée est d’une médiocrité qui surprend de la part de l’auteur jadis estimé de l’Ultimum Organum. […] Et, pourtant, quel étrange et quel puissant génie que celui de l’auteur de l’Épopée humaine  !

1504. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Cet Auteur est peu connu, & cependant mériteroit de l’être, par la bonté de ses Ouvrages. […] Au fond des pensées, l’Auteur joint les agrémens d’un style pur, net & facile.

1505. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

César Cantu4 Etre un puissant raisonneur historique, c’est un reproche que l’on n’adressera pas à César Cantu, dont Amédée Renée, l’auteur de Louis XVI et le continuateur de Sismondi, vient de traduire et traduit encore son Histoire de Cent ans 5. […] Sans la position incroyable de considération intellectuelle dont jouit l’auteur en Italie, et sans l’éminent talent du traducteur qu’il vient de rencontrer en France, il n’y aurait qu’à laisser mourir cette histoire, de sa propre faiblesse, dans l’obscurité.

1506. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Elle a dernièrement reproché à l’auteur des Œuvres et des Hommes d’avoir oublié, dans ses volumes précédents, des personnalités très considérables. […] Elle n’avait pas lu la préface générale, placée à la tête du premier volume des Œuvres et des Hommes (le volume des Philosophes et des Écrivains religieux), ou si elle l’avait lue, elle ne s’en souvenait plus, car il est dit positivement dans cette préface, que pour être plus dans le mouvement de son temps, l’auteur laisserait là toute exposition artificielle ou chronologique, et ne partirait jamais, tout en embrassant le siècle tout entier, dans un nombre indéterminé de volumes, que des publications contemporaines ou des réimpressions par lesquelles on atteint à tous les moments du passé et à tous les hommes qui y ont laissé une place durable ou éphémère… Avec ce système, il y a des attentes, il n’y a pas d’oublis !

1507. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

—  Non, mon ami : l’auteur de Lohengrin n’existe plus, il y a longtemps qu’il est mort ! […] Quoi qu’il arrive je persévérerai dans ma conviction que Lohengrin n’a pas un Parisien pour auteur. […] Pasdeloup, on demandait le retrait de sa subvention, on voulut même d’abord qu’il ne jouât pas d’ouvrages de jeunes auteurs : M.  […] Or, quelqu’un s’étant demandé quel était le Gallus, auteur de cette imbécile niaiserie où triomphait, en face de Wagner, M.  […] L’auteur souhaitait que M. 

1508. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Pol Lœwengard fait précéder ses Fastes de Babylone d’une lettre de l’auteur sémite à Maurice Barrès, nationaliste. […] La Maison de l’Enfance, la Beauté de Vivre, les Clartés Humaines, l’Or des Minutes, réalisent heureusement le noble programme de l’auteur. […] Ernest Raynaud ont placé l’auteur de ces recueils parmi les meilleurs31. […] L’auteur de Nerto et des Isclo d’or, celui de La Migrano ont pesé sur la vision de Paul Souchon. […] L’auteur de la Domination est un exemple à prendre.

1509. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

La faute ou le crime littéraire, voilà ce que nous voulons prendre exclusivement à partie dans l’auteur des Contemplations. […] Nous citerons tout à l’heure des exemples de ce développement, effrayant dans le faux, qui fait de l’auteur des Contemplations, non plus un poète, comme celui des Orientales et des Feuilles d’automne, ayant ses défauts très-grands et très-nombreux, mais un phénomène à embarrasser tout le monde, le critique, le physiologiste, le moraliste et le médecin. […] Hugo redevient le bucculent sonneur de mots, la trompe littéraire qui vomit le vent par sa conque, nous avons en ces premières Contemplations un effort d’affectation et un naturel de niaiserie tout ensemble, qu’on avait déjà entrevus dans les pièces amoureuses des autres recueils de l’auteur, mais jamais dans cet achèvement prodigieux. […] L’auteur des Contemplations a rappelé la partie solide et artistement ciselée du poète charmant qui fut digne d’être Grec ; mais, quoique M.  […] Il l’a chanté, il est vrai, dans les conditions de son organisme, qui est un organisme de sensation et de vanité, car, même quand il pleure de vraies larmes, l’auteur des Contemplations les contemple, et il veut qu’elles soient contemplées.

1510. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Remarquons que l’auteur comique a soin alors de personnifier les deux partis contraires. […] Ainsi procèdent souvent les auteurs contemporains. […] La preuve en est que l’auteur doit constamment s’ingénier à ramener notre attention sur ce double fait, l’indépendance et la coïncidence. […] Elle fait si bien rire que quelques auteurs ont pu définir le comique par l’exagération, comme d’autres l’avaient défini par la dégradation. […] Plusieurs auteurs, Jean-Paul entre autres, ont remarqué que l’humour affectionne les termes concrets, les détails techniques, les faits précis.

1511. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Pour nous, au reste, qui avons à l’envisager surtout comme auteur d’un délicieux ouvrage, elle est assez complète, et l’inachèvement même de sa destinée devient un tour romanesque de plus. […] Mais son premier regard, aussitôt sa vie morale renaissante, se reportait vers l’auteur de Paul et Virginie (de Virginie qui sera un jour pour Valérie une sœur), et vers Paris. […] Valérie parut en l’an XII (1804), sans nom d’auteur, à Paris201. […] Mme de Staël goûtait Mme de Krüdner auteur de Valérie, mais elle était d’un esprit politique et historique trop prononcé pour entrer dans son exaltation prophétique, et elle en souriait plutôt. […] Il y a ici une incorrection de langage (assistant ne se prenant point dans un sens absolu) ; l’auteur de Valérie, en se faisant instrument divin et prophétesse, soignait beaucoup moins son expression.

1512. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Avant d’entrer dans cette exposition, indiquons une vue originale sur le « spectre psychologique » que l’auteur propose aux méditations du lecteur. […] L’auteur en se plaçant surtout à un point de vue physiologique, examine la question des perceptions latentes ou insensibles, fort discutée depuis Leibniz, mais qui paraît dans ces derniers temps presque universellement acceptée. […] Nous terminons ici l’exposé sommaire des opinions de notre auteur, sur la doctrine courante des actions réflexes. […] La question de l’hérédité se complique encore quand on recherche s’il est vrai, comme l’ont avancé certains auteurs, que le père donne les organes de la vie animale, et la mère les organes de la vie végétative. […] Je reconnais, dit l’auteur, que le passage du mouvement à la sensation, que la transformation de l’un en l’autre est inintelligible.

1513. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

On l’ignore, et l’auteur a bien fait de ne pas nous le dire. […] et quand on pense qu’il faut remercier l’auteur d’avoir flatté ce portrait ! […] J’insisterais moins sur cet incident, si l’auteur n’en avait fait le principal ressort de l’intrigue, puisqu’il détermine le duel d’Olivier avec M. de Nanjac. […] Ici, le paradoxe est flagrant : l’auteur avait besoin de déshonorer Jean Giraud, cela rentrait dans le plan et dans la moralité de sa comédie, et il n’a reculé devant aucune extrémité pour le perdre. […] Ce ne sont ni les fièvres ni les angoisses de l’argent que l’auteur a peintes, mais ses gênes, ses embarras, ses petites misères et ses cas de conscience.

1514. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Ce qu’on appelle « être toujours en scène », c’est ceci : c’est le don particulier, de la part de l’auteur, de présenter les choses de manière que nous ayons bien la sensation que nous les voyons, et non pas qu’on nous les récite. […] Un auteur n’est que trop facile à s’engouer. […] F. de ces auteurs enchaînés par les règles, Qui, venant sur nos mœurs fondre comme des aigles. […] Quelquefois il suffit d’une seule pièce qui sera inconnue dix ans plus tard pour que la verve satirique d’un auteur s’éveille et pour qu’il porte contre tout un genre littéraire de son temps une accusation qui ne s’applique qu’à cette pièce-là. […] Tous les auteurs de théâtre de second ordre, à cette époque, ont ces qualités de belle ordonnance, de politesse, de tenue et de correction, soit parmi les tragiques, soit parmi les comiques.

1515. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Roederer analysant l’opinion de Sieyès, et pour mieux faire valoir quelques-unes des vues de l’auteur, avait parlé d’une manière un peu dégagée de son humeur, de ses préventions ; en un mot, il avait fait assez lestement les honneurs de sa personne. […] Et elle se justifie aussi sur les obscurités qu’on lui a reprochées ; puis elle revient au point essentiel et qui la pique : Mais je crois que l’ouvrage ne manque pas de style, c’est-à-dire de vie et de couleur, et qu’il y a, dans ce qu’on peut remarquer, autant d’expressions que d’idées… En vérité, ajoute-t-elle, comme pour s’excuser de sa louange, je me crois sûre que l’auteur et moi nous sommes deux ; femme jeune et sensible, ce n’est pas encore dans l’amour-propre qu’on vit. […] Dans le journal rouge 56 faites une analyse si vous m’en trouvez digne ; mais, s’il se peut, le lendemain du jour où vous recevrez cette lettre, louez-moi tout bonnement dans le journal qui a une véritable dictature sur l’opinion publique57 ; louez le livre de manière à empêcher de persécuter l’auteur. […] La composition et la première édition d’un tel ouvrage ne pouvaient être mieux faites qu’en Suisse : c’est à Paris que les amis du goût et de la philosophie sollicitent l’auteur de faire la seconde. […] II, p. 175) ; il examine les droits de Chénier à l’exercice de la censure, ce que pourrait être la satire en des temps de calamité générale, et ce qui fait qu’à de pareilles époques l’arme de l’épigramme et du ridicule est fort émoussée : il n’y parle pas le moins du monde en auteur irrité, mais en homme public qui, sans se défendre l’amertume, s’attache à dire avant tout des choses graves et justes.

1516. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

L’intention première de l’auteur était de publier trois autres voyages : l’un à la campagne d’Horace, l’autre à Préneste, et le troisième à Antium, avec une description des ruines sous-marines, de ces jetées massives qui règnent le long des côtes, et qui faisaient dire à Horace que les poissons se sentaient à l’étroit dans la mer : Contracta pisces aequora sentiunt, Jadis in altum molibus… Bonstetten les avait fait dessiner par Gmelin. […] Un livre qui réussit est une belle médaille d’or ; l’auteur même n’est jamais que le minerai informe. […] Voici comment il en parlait, dans une lettre écrite sur la fin de sa vie à une dame russe : Il ne faut pas s’étonner si les Russes préfèrent les modèles étrangers tout faits aux essais des auteurs indigènes. […] Cela sera plus difficile qu’on ne croit, parce que en Russie on est engoué du français, et que chacun, se croyant capable d’écrire sa langue, refuse de reconnaître la supériorité d’un auteur qui sait s’en servir avec talent. […] C’est là que tous les matins on trouvait, un livre à la main et le sourire sur les lèvres, L’auteur du Latium et de La Scandinavie.

1517. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Benoît, auteur estimé d’un Essai sur Ménandre et d’un Éloge de Chateaubriand. […] Il prouvait la forme de Vergilius par les marbres et les inscriptions, par les manuscrits les plus anciens et les plus authentiques, tant les manuscrits de Virgile même que ceux des auteurs qui l’ont cité. […] Ce sont les Anglais qui en fourniraient la meilleure partie : leurs hommes d’État osent montrer en toute rencontre qu’ils ont été nourris dans le commerce des grands auteurs de l’Antiquité. […] Mais je ne voudrais à aucun prix être privé de son édition, non plus que de celle de Burmann : elles sont absolument essentielles, à mon jugement, non seulement pour un examen critique, mais encore pour une intelligence élégante de ce parfait et délicieux auteur. » (Lettre à Fox, du 22 avril 1801.) […] Sur ces entrefaites, lord Carteret, nommé vice-roi d’Irlande, arriva à Dublin (octobre 1724), et son premier acte fut de publier une proclamation promettant 300 liv. st. à celui qui lui nommerait l’auteur des Lettres d’un Drapier, que tout Dublin connaissait : l’imprimeur avait déjà été arrêté.

1518. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Daunou, qui en rendit compte dans le Journal des Savants (mai 1822), reconnaissait que les vues par lesquelles l’auteur avait étendu son sujet et en avait éclairci les préliminaires « supposaient une étude profonde de l’histoire de France ; » il trouvait que l’ouvrage « se recommandait moins par l’exactitude rigoureuse des détails que par l’importance et la justesse des considérations générales ; » mais il insistait sur cette importance des résultats généraux, et notait « la profondeur et quelquefois la hardiesse des pensées, la précision et souvent l’énergie du style. » Nous aimons à reproduire les propres paroles du plus scrupuleux des critiques, de celui qui, en rédigeant ses jugements, en pesait le plus chaque mot. […] L’auteur n’a jamais fait réimprimer son premier écrit, auquel il ne rend peut-être pas toute la justice qui lui est due ; il en a repris depuis et rectifié plusieurs des idées principales dans le mémoire sur la Formation territoriale et politique de la France, lu à l’Académie des Sciences morales en 1838. […] On se l’explique à merveille : l’auteur portait, pour la première fois, l’ordre et la loi dans des récits qui jusque-là, sous d’autres plumes, n’avaient offert qu’anarchie et confusion comme leurs objets mêmes. […] De nouveaux documents arrivés d’Espagne, et relatifs au rôle de Philippe II dans le meurtre d’Escovedo, permettent à l’auteur de préparer une prochaine édition plus complète, et dans laquelle ses premières conjectures se trouveront confirmées. […] Le mémoire lu en 1839, sur la Conversion de la Germanie au Christianisme et à la Civilisation pendant les viiie et ixe  siècles, offre une des plus légitimes, des plus belles applications de la méthode scientifique, telle que l’esprit de l’auteur se plaît à la déployer et à la gouverner au sein des masses de l’histoire.

1519. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Je suis convaincu, au demeurant, que s’il existe parmi nous, il saura très bien se manifester et que le public d’aujourd’hui est aussi doué pour goûter une intelligence de cette qualité que l’était celui qui fit fête à l’auteur des Lundis. […] Les auteurs eux-mêmes préfèrent la réclame à un jugement dangereux pour leur vanité ou leur amour-propre. Car la plupart des auteurs sont devenus des commerçants, et ils se ligueront demain avec les fabricants de pièces de théâtre pour écarter ce préjudice matériel que peut leur causer la fantaisie de ces juges sans mandat que sont les critiques littéraires. […] Le critique doit se pencher sur les livres et leurs auteurs avec les mêmes facultés et émotions non seulement de découverte mais de création que le poète sur les fleurs, les insectes, les petites filles… ou les grands sujets nationaux. […] D’où vient donc que le public, plus « gros », ne suive pas toujours les meilleurs auteurs, qu’il flotte parfois, parfois s’égare ?

1520. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

L’auteur de la Cité de Dieu explique la grandeur romaine par le dévouement. […] Voltaire a raison de compter Montesquieu parmi les auteurs du dix-septième siècle ; il y est né en effet, et il en a retenu la langue. […] On ne lit pas Montesquieu sans être très attentif à son style, et il faut dire qu’il ne nous aide pas à oublier l’auteur. […] Son mot : « Mon livre sera plus apprécié que lu84 », est d’un auteur qui craint de demander trop au public. […] D’Alembert défend les obscurités de Montesquieu comme volontaires, comme n’en étant pas pour « ceux que l’auteur a en vue. » (Éloge de Montesquieu.)

1521. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

L’auteur invoque l’intervention d’un dieu pour trancher cette situation insoluble. […] Ce qui étonne encore, dans toute la donnée de la pièce, c’est sa contradiction flagrante avec les doctrines, dix fois proclamées, de l’auteur. […] L’habileté de l’auteur ne parvient pas à relier les fils décousus de l’intrigue. […] Cette fois, le public, aguerri pourtant aux coups d’audace de l’auteur, s’est résolument défendu : il a sifflé la pièce, et, le premier soir, il l’a fait tomber. […] Sachant quelle bizarre énigme vivante il allait montrer au public, l’auteur a voulu la déchiffrer d’avance par l’hérédité.

1522. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

L’auteur avait déjà flétri en lui la fleur de l’idéal, et même celle de la volupté, s’il l’avait jamais connue. […] Vers la fin, il semble par moments que l’auteur se forme. […] Il emprunte son épigraphe à Montesquieu, dont on le croirait l’élève, et dont il affecte un peu la concision et le décousu dans de fréquents et sentencieux chapitres : Je n’ai rien à dire de ce faible essai, écrit-il modestement dans son avant-propos ; je prie qu’on le juge comme si l’on n’était ni Français ni Européen ; mais, qui que vous soyez, puissiez-vous, en le lisant, aimer le cœur de son auteur ! […] L’auteur ne s’est point encore tiré à clair lui-même. […] Je n’ai jamais considéré, d’ailleurs, la Révolution française au point de vue de cet auteur, adversaire à outrance, qui a pu compulser et produire bien des documents et les interpréter dans le sens de ses systèmes, mais qui n’a pas la tradition des choses dont il parle : la tradition, cette voix divine, comme disaient les anciens, et qui maintient et remet le chanteur dans le ton juste.

1523. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Autrefois, disait Duclos dans son livre des Considérations, les gens de lettres livrés à l’étude et séparés du monde, en travaillant pour leurs contemporains, ne songeaient qu’à la postérité : leurs mœurs, pleines de candeur et de rudesse, n’avaient guère de rapport avec celles de la société ; et les gens du monde, moins instruits qu’aujourd’hui, admiraient les ouvrages, ou plutôt le nom des auteurs, et ne se croyaient pas trop capables de vivre avec eux. […] Arrêtons-nous un instant et repassons, après tant d’autres critiques, sur cette figure originale de causeur mordant, peu lu aujourd’hui à titre d’auteur, et qui a été justement considérable dans le xviiie  siècle. […] Quant aux Confessions du comte de…, ce sont les mémoires d’un roué, d’un jeune colonel du commencement du xviiie  siècle, et qui présente une première ébauche de ces autres héros fictifs ou réels, les Valmont et les Lauzun : on y parcourt une liste de bonnes fortunes, à travers lesquelles l’auteur a la prétention de peindre une collection de caractères de femmes, la femme de qualité, l’Anglaise, l’Espagnole, la coquette, la dévote, la caillette, la marchande, la financière ; mais les esquisses sont si rapides et si peu gracieuses, les teintes si monotones, qu’on fait bientôt comme le héros qui les confond et qui les oublie. […] Ce qu’il y a de mieux et de plus piquant est l’Épître au public qui sert de préface, épître impertinente où le public parisien est traité à peu près comme le vieillard Démos dans la comédie athénienne : Un auteur instruit de ses devoirs doit vous rendre compte de son travail ; je vais donc y satisfaire. […] Le premier mot, qui est emphatique, promet plus qu’il ne tient : « J’ai vécu, je voudrais être utile à ceux qui ont à vivre. » L’auteur, après quelques généralités assez vagues, s’attache, dans son examen des mœurs, à celles de notre nation, et particulièrement à celles de la société de Paris : « C’est dans Paris qu’il faut considérer le Français parce qu’il y est plus Français qu’ailleurs. » Il va parler de ce qu’il sait le mieux et de ce qui lui donnera le moins de peine.

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Cette poésie touchante, familière et pure, a aussi tenté, de nos jours, quelques hommes de talent en France, et je suis loin de ne pas les estimer à leur prix : toutefois la veine principale et la source vive ont été surtout en Angleterre, et j’aimerais à ce que nos auteurs en fussent mieux informés, non point pour aller l’imiter et la vouloir directement transporter chez nous, mais pour se mieux pénétrer des conditions nécessaires à ce genre d’inspirations et pour s’y placer, s’il se peut, à l’avenir. Afin d’éviter les considérations générales et trop vagues, je m’attacherai tout d’abord à des noms connus, et prenant Saint-Lambert, l’auteur des Saisons, je me rendrai compte de son insuffisance autrement encore que par le talent ; puis je toucherai rapidement à Delille, et seulement par ce côté ; choisissant, au contraire, chez nos voisins, le poète qui, non pas le premier, mais avec le plus de suite, de force originale et de continuité, a défriché ce champ poétique de la vie privée, William Cowper, j’aurai occasion, chemin faisant, de rencontrer toutes les remarques essentielles et instructives. […] L’auteur y travaillait depuis quinze ou vingt ans. […] L’auteur, dans ce second chapitre, fait parler en un dialogue le médecin philosophe Bernier et Ninon de Lenclos : « J’avais besoin d’une femme d’esprit qui n’eût pas conservé cette retenue et cette dissimulation que les mœurs imposent à son sexe ; il me fallait une femme qui eût beaucoup pensé, beaucoup vu, et qui osât tout dire. » Et, en effet, il s’y dit froidement beaucoup de choses qui rappellent la conversation des dîners de Mlle Quinault. […] Les habitudes d’attention forte, les têtes qui pensent deviennent plus rares à mesure que la dissipation se répand, jusqu’à ce que les auteurs entendent autour d’eux ce cri général : Amuse-nous, amuse-nous à tout prix, ou nous mourons !

1525. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Ce qu’il y avait à découvrir, l’auteur du présent livre nous l’apprend dans les premières pages. […] Ce ne sont là que propos et rumeurs ; les auteurs de Mémoires trop souvent en vivent. […] Les historiens spéciaux de l’administration de la guerre (Audouin, par exemple), en lui accordant d’avoir été le plus grand administrateur militaire, en le proclamant « créateur d’un système d’approvisionnements, auteur des règlements de discipline et d’avancement, fondateur d’une école de cadets et de l’hôtel des Invalides », n’expliquaient pas avec détail en quoi consistaient toutes ces créations et n’insistaient guère que sur le chapitre des vivres et subsistances : le reste ne figure qu’en abrégé, et le peu qu’on en dit n’est pas d’une entière exactitude. […] Cette histoire, telle qu’il a su l’établir et la bâtir, est tout à fait le contraire de ces histoires générales, systématiques, où l’auteur prête de ses intentions et de son parti pris aux personnages et aux événements eux-mêmes, tellement qu’en les lisant le vulgaire des esprits qui aime à être mené croit tout comprendre et se déclare charmé, tandis que tout esprit politique et qui a tâté des affaires humaines sent aussitôt que ce n’est pas ainsi que les choses ont dû se passer. […] je m’en vais. » Il en est ainsi de la critique : elle tourne court et s’en va quand elle est d’accord avec l’auteur.

1526. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Né de lui-même, formé par des lectures personnelles, par des comparaisons directes, incessantes, et par une rude expérience première des choses de la vie, l’auteur dont nous parlons s’est de bonne heure tracé une route et a obéi à une vocation dont il n’a jamais dévié. […] L’auteur a tourné et retourné en tous sens le problème (car c’en est un) de ces frères Le Nain, de tout temps assez peu connus. […] Comme il n’y a rien de tel en littérature que de lire, et en art que de regarder et d’observer, je décrirai encore deux de leurs tableaux d’intérieur dont j’ai vu les originaux chez l’auteur du présent livre, et je les rendrai sous l’impression exacte qu’ils m’ont laissée. […] Une préface, intéressante par la quantité du faits et de renseignements que l’auteur y a ramassés, nous montre bien quelle est la difficulté d’avoir, en telle matière, du vieux et du naïf authentique. […] L’auteur a moins de théorie et moins de connaissances comparées que plusieurs des savants qui ont traité de ce genre si réhabilité aujourd’hui ; mais il est praticien autant qu’aucun, et il a le sens de cette sorte d’investigation et de cueillette en pays de France.

1527. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Puis je me suis mis à songer, non sans tristesse, à ce qu’il a fallu d’efforts, de bégayements, pour amener et rendre possible sur notre scène cette reproduction à peu près fidèle ; je repassais dans mon esprit et ces anciens combats et ces discussions si animées, si ferventes, dont rien ne peut rendre l’idée aujourd’hui ; ces-études graduelles qui faisaient l’éducation de la jeunesse lettrée, et par où l’on se flattait de marcher bientôt à une pleine et originale conquête ; je me redisais les noms de ces anciens critiques si méritants, si modestes et presque oubliés, de ces précepteurs du public qui, tandis que les brillants Villemain plaidaient de leur côté dans leur chaire, eux, expliquaient dans leurs articles et serraient de près leur auteur, le commentaient, pied à pied avec détail ; les Desclozeaux, les Magnin nous parlant dans le Globe, dès 1826 ou 1828, de ces pièces admirables dont bientôt nous pûmes juger nous-mêmes sous l’impression du jeu de Kean, de Macready, de miss Smithson, et nous en parlant si bien, dans une note si juste, si précise à la fois et si sentie. […] L’auteur s’y montre encore plus insensé que son héros. » — « Cet ouvrage obtient pourtant un grand succès. » — « Ouvrage détestable !  […] C’est un de ces hommes comme il y en a eu de tout temps, qui n’ont pas assez de force pour être auteurs, mais qui valent mieux que la plupart des auteurs. […] et il était l’auteur de la célèbre romance sentimentale : Je l’ai planté, je l’ai vu naître, dont Rousseau a fait la musique.

1528. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote a pris résolument son parti : à ses yeux, il n’y avait rien à faire pour l’histoire dans de telles époques et dans les fictions de tout genre qui les remplissent ; il s’est contenté de les exposer en détail comme se les figuraient les Grecs et comme les premiers auteurs les ont transmises. […] Sans doute avant Wolf, il s’était élevé plus d’un doute sur l’origine et la forme première de l’Iliade ou de l’Odyssée, sur l’unité de composition ou d’auteur applicable à des longs poëmes venus de si loin et transmis dans l’obscurité des âges ; mais ce n’avait été que des aperçus, des mots dits en passant, des boutades de gens d’esprit sans autorité, comme l’abbé d’Aubignac, — une phrase sagace et perçante de Bentley, — une conception philosophique de Vico ; Wolf, le premier, donna à la question tout son poids, se livra, en la serrant de près, à une démonstration méthodique, et mit le siège en règle devant la place. […] Les contradictions, les légères discordances qu’on y dénonce, ne sont pas de celles qui semblent incompatibles avec l’unité d’auteur. […] Ce serait le poëte de cette pensée, cet Homéride de génie qui serait le véritable auteur de l’Illiade. […] Giguet, auteur d’une traduction d’Homère, et l’un des esprits les plus aiguisés et les mieux avisés sur la question, une lettre très-vive dont je citerai la partie essentielle : « Monsieur, veuillez ouvrir votre Iliade et lire : chant IV, les vers 512 et 513, — chant V, les vers 787 à 791, — chant VII, les vers 220 et 230 : — vous reconnaîtrez qu’entre les IIe et VIIIe chants, la colère d’Achille ne cesse pas un instant d’être le nœud du poëme. — Quant à l’ambassade conseillée (chant IX) par Nestor, rapprochez-la des vers de 105 à 110, chant XIII, et réfléchissez à ce qui fût arrivé si Agamemnon n’eût point montré de la bonne volonté, après la première défaite des Achéens.

1529. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Mais l’âme ardente, la faculté d’indignation généreuse et de dévouement, l’énergie de sentir, voilà surtout ce qu’elles avaient de commun, et ce par quoi l’auteur d’Édouard était sœur au fond, sœur germaine de l’auteur de Delphine. […] Ce fut par hasard en effet si elle devint auteur. […] L’auteur de ces touchants récits aime à exprimer l’impossible et à y briser les cœurs qu’il préfère, les êtres chéris qu’il a formés : le ciel seulement s’ouvre à la fin pour verser quelque rosée qui rafraîchit. […] à conjurer ces fantômes : je ne savais pas qu’il n’y a de repos qu’en vous ; » quand on entend ce simple élan interrompre le récit, on sent que l’auteur lui-même s’y échappe et s’y confond, et qu’il dit sa propre pensée par la bouche de cette martyre.

1530. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Il est sorti d’un sermon apocryphe de saint Augustin sur cette idée fondamentale que l’Ancien Testament est tout entier une figure et une préparation du Nouveau : l’auteur du sermon traduisit cette idée en évoquant treize témoins prophétiques, qu’il faisait déposer en faveur de la mission de Jésus-Christ. […] Que non seulement lui, mais que tous les personnages soient instruits à parler posément, et à faire les gestes convenables pour les choses qu’ils disent ; qu’ils n’ajoutent ni ne retranchent aucune syllabe dans la mesure des vers, mais que tous prononcent d’une façon ferme, et qu’on dise dans l’ordre tout ce qui est à dire. » Cela est d’un auteur ou d’un metteur en scène qui a le sens et l’amour-propre de son art. […] Nous collaborons avec l’auteur de tout le raffinement de nos imaginations, nous jouissons subtilement de cette simplicité non voulue : mais enfin pourquoi tant d’autres pages aussi sèches, d’un art aussi insuffisant, ne se laissent-elles point compléter de même ? […] Cette partie descriptive se prolonge comme si le goût de l’auteur et du public en faisait le principal agrément de la pièce. […] Il semble que l’auteur ait visé à la fois la lecture, la récitation par un jongleur unique, et la représentation par personnages.

1531. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Ainsi font les éditeurs et collecteurs de Pensées, Pensées choisies, Esprit d’un auteur ou d’un ouvrage, qui vous massacrent bravement vingt, cinquante ou cent volumes pour en extraire un. […] Comme elles sont échappées à l’auteur à l’occasion de ce qui arrivait à ses héros et à ses héroïnes, elles ont souvent la vertu de rappeler quelque joie ou quelque douleur de la vie ; et il y en a qui résument si bien une situation dramatique, que malgré soi on se laisse aller à rêver sur la scène de roman qui a dû les inspirer : l’imagination ne s’arrête pas longtemps à ce jeu qui serait bientôt un travail, mais cette excitation n’en a pas moins du charme. […] Delécluze avait creusé davantage dans son sujet, il se serait demandé par quel procédé de style l’auteur du Roi Lear et du Songe d’une nuit d’été fait ainsi travailler l’imagination de ses lecteurs. […] Qui ne se rappelle de quelle étrangeté parurent toutes ces formes symboliques que l’auteur de René et d’Atala introduisait presque le premier dans notre langue avec tant d’audace et de magnificence ? […] Or l’auteur de la Chaumière indienne commence déjà cette révolution dans le style.

1532. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Charles Perrault est, comme on sait, l’auteur, le rédacteur de ces sept ou huit jolis contes vieux comme le monde, qui ont charmé notre enfance, et qui charmeront celle encore, je l’espère, des générations à venir, aussi longtemps qu’il restera quelques fées du moins pour le premier âge, et que l’on n’en viendra pas à enseigner la chimie et les mathématiques aux enfants dès le berceau ; mais Charles Perrault n’est pas seulement auteur de ces jolis contes, il a été de son temps un homme à idées neuves, à inventions, fertile en projets et en entreprises, tourné vers l’avenir, confiant au génie moderne, et, dans sa querelle avec les plus illustres partisans de l’Antiquité, il n’a été qu’à demi battu. […] Nous lûmes presque toute la Bible et presque tout Tertullien, l’Histoire de France de La Serre (ou plutôt de Jean de Serres) et de Davila ; nous traduisîmes le traité de Tertullien, De l’habillement des femmes ; nous lûmes Virgile, Horace, Tacite, et la plupart des autres auteurs classiques, dont nous fîmes des extraits que j’ai encore. […] Ces Tuileries ouvertes et publiques, qu’on dut à Perrault dès ce temps-là, cadrent bien avec l’idée aimable qu’on se fait de l’ami et de l’enchanteur des enfants, de l’auteur des Contes de fées. […] L’auteur y mêlait, par une diversité agréable et judicieuse, les princes, les cardinaux, les ministres d’État, les hommes de guerre, les savants, les poètes, les ingénieurs, les artistes, ceux qu’on appelait encore à cette date les artisans.

1533. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

… Quoi qu’il en soit de ces points de vue divers, la grande question qui domine les Esquisses morales et la pensée de leur auteur est l’émancipation de la femme, et c’est sur cette question que la Critique doit particulièrement insister. […] C’est là ce que je trouve dans Mme Daniel Stern, l’auteur de l’Histoire des commencements de la République aux Pays-Bas ! […] VIII Le livre, en effet, cette histoire, est manifestement un livre de femme, malgré toutes les peines que l’auteur se donne. […] Mme Stern est morte avant que le souhait de l’auteur ait étéaccompli et Mme Sand aussi.(Note de l’Auteur.

1534. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Si pour Byron la première douleur de l’existence ne fut bientôt que ce rêve inouï qu’il a si divinement chanté ; pour Brizeux, le rêve lui-même était la vie, et quand, éphémère comme tous nos songes, le rêve douloureux s’en alla, la vie qu’il était, la vie poétique de l’auteur de Marie, s’en fut avec lui ! […] IV Ainsi le lettré, le bel esprit, l’homme d’école et d’imitation remplaça ce qu’il y avait de timidement poète, — mais de poète après tout, — dans le rougissant auteur de Marie, et le Breton se naturalisa Parisien. […] Pointillé à nous impatienter les yeux, l’auteur du Vieux Pauvre du Cumberland, de Lucy Gray, de l’Enfant aveugle, ose des recherches d’originalité, souvent heureuses, et au milieu des infiniment petits du détail, il sait ouvrir de l’horizon. […] Le portrait que MM. ses éditeurs publient à la tête de ses Œuvres doit être ressemblant, mais il trompera l’imagination de plus d’un ou de plus d’une, qui a rêvé de l’auteur de Marie. […] Le poème de Marie, qui fut publié là pour la première fois et qui est resté le chef-d’œuvre de son auteur dans l’opinion générale, ne fut qu’un succès de nuances.

1535. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Mais, cette remarque essentielle et inévitable une fois faite, que de droiture, d’honnêteté, de scrupule et d’ingénuité dans l’érudition et dans l’esprit du digne auteur ! […] Je suis étonné de trouver au bas d’une page (page xv) l’abbé Faydit, cet auteur méprisable, allégué comme autorité. […] Malgré tout ce que dit l’abbé Ledieu, il est moins nourri alors des auteurs profanes que des sacrés. […] L’auteur de Jocelyn, dans ce Cours familier de littérature qui contient tant de parties supérieures et toujours aimables, a tenté autrefois ce portrait ; idée heureuse !

1536. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

J’aime ces extraits qui font voyager les pensées d’un auteur là où elles n’iraient jamais autrement, et qui sèment jusque dans les camps opposés le respect, parfois même un peu d’affection pour ceux que l’on combat ; cela civilise les guerres : « Il y a peu d’années, disait le Père Lacordaire, s’adressant à son jeune ami qu’il désigne sous le nom symbolique d’Emmanuel, les Martyrs de M. de Chateaubriand me tombèrent sous la main ; je ne les avais pas lus depuis ma première jeunesse. […] Écartons les querelles de mots et les confusions : pour qui lit ces lettres, comme pour qui a assisté aux conférences du Père, il est clair que la raison est subordonnée ; qu’elle a tort, selon lui, dès qu’elle n’est pas entièrement d’accord avec ce que l’auteur ou l’orateur déclare être la foi, et qui n’est, philosophiquement parlant, qu’un premier parti pris sur toutes les grandes solutions. […] Il érige volontiers l’absence de toute critique en précepte et en dogme ; il dira par exemple à un jeune homme qui, selon lui, lit trop, et qui s’adresse à des auteurs de tout bord et de toute opinion, comme il sied à un estomac viril et à tout esprit émancipé : « Je n’ai pas grand plaisir à vous voir lire des livres tels que ceux dont vous me parlez. […] Mais le peintre, le poète, le légendaire, l’auteur de mystères se soucient bien de la critique !

1537. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Les vers d’un auteur qui se présente pour la première fois au public devraient être servis à plus petite dose, pour qu’on les puisse déguster et qu’on en saisisse à loisir la saveur particulière. […] L’auteur nous l’avoue, il aime trop de choses à la fois, mais il nous le dit en poëte : LES CHAINES. […] L’auteur semble préoccupé d’une idée qui revient souvent dans ses vers : c’est qu’il est plus poëte en dedans qu’en dehors ; il se méfie de sa force et de son art, il craint de ne point donner à son rêve tout l’éclat et la solidité d’une création. […] Sully Prudhomme soient fiers de lui, et que l’un d’eux nous écrive à son sujet : « Ou je me trompe fort et l’amitié m’égare, ou vous serez frappé de ce volume ; il révèle, si je ne m’abuse, un nouveau mouvement dans la poésie et comme le frémissement d’une aurore encore incertaine. » Je m’explique aussi que l’auteur, à la fin comme au début de son recueil, s’excuse de n’avoir su tout exprimer et tout rendre de ce qu’il voulait étreindre et de ce qu’il sentait : Je me croyais poëte, et j’ai pu me méprendre ; D’autres ont fait la lyre et je subis leur loi ; Mais si mon âme est juste, impétueuse et tendre,     Qui le sait mieux que moi ?

1538. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dans la vie de mérite et de dignité que l’auteur s’est faite, l’Ange Gardien a été et a dû rester son chef-d’œuvre. […] Il y a des moments aussi où l’on sent sous l’emblème la personne même de l’auteur, et la plainte naturelle de cette muse forcée trop souvent de quitter la robe d’azur de la poésie pour le rude vêtement de la prose. […] La précision même des détails nuit peut-être à une plus libre intelligence ; l’auteur suit trop pas à pas son chemin ; on s’aperçoit bien qu’on n’a point avec lui affaire à une pure fantaisie, mais on ne sait trop où il en veut venir. […] (Mon désir d’être exact me fait ajouter un seul mot : ce portrait, jugé par des personnes qui voient de près l’auteur, leur a paru présenter l’idée d’une personne plus agitée ou plus résignée que ne l’est, que n’a besoin de l’être une âme si calme, si réglée, si bien établie dans les affections douces et dans les études solides.

1539. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

« Les interruptions, les repos, les sections, dit excellemment Buffon, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur ; il ne peut faire impression sur l’esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme, que toute interruption détruit et fait languir. » La constitution essentielle du sujet marque à l’écrivain les reposoirs naturels, où il peut reprendre haleine, et son lecteur avec lui ; elle délimite les portions où le regard peut successivement s’arrêter, quand le champ total est trop vaste et ne se laisse pas embrasser d’une seule vue. […] Justifiant une plaisanterie d’une de ses comédies, qu’on ne trouvait guère fine, il disait qu’elle n’était plaisante que par réflexion au personnage : « l’auteur n’a pas mis cela pour être de soi un bon mot, mais seulement pour une chose qui caractérise l’homme, et peint d’autant mieux son extravagance ». […] Un écrit qui vide l’esprit de son auteur est, à l’ordinaire, étriqué et stérile : il n’est pas suggestif, il ne fait pas penser. […] Il se rencontre à chaque moment comme une foule d’amorces qui nous font pénétrer dans la pensée inexprimée de l’auteur et poussent notre esprit dans une féconde recherche.

1540. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Quelques jésuites ont vanté l’antiquité de Confucius, et ont prétendu avoir lu des livres imprimés avant Jésus-Christ ; mais d’autres auteurs mieux informés ne placent Confucius que cinq cents ans avant notre ère, et assurent que les Chinois n’ont trouvé l’imprimerie que deux siècles avant les Européens. […] C’est trois siècles avant l’époque adoptée par les chronologistes ; mais ont-ils le droit de s’en étonner, eux qui varient de quatre cent soixante ans sur le temps où vécut Homère, l’auteur le plus voisin de ces événements. […] Nous y plaçons Hésiode, Hérodote et Hippocrate. — Les chronologistes déclarent sans hésiter qu’Hésiode vivait trente ans avant Homère, quoiqu’ils diffèrent de quatre siècles et demi sur le temps où il faut placer l’auteur de l’Iliade. […] Quant aux trépieds consacrés par ce dernier en mémoire de sa victoire sur Homère, ce sont des monuments tels qu’en fabriquent de nos jours les faiseurs de médailles, qui vivent de la simplicité des curieux. — Si nous considérons, d’un côté, que la vie d’Hippocrate est toute fabuleuse, et que, de l’autre, il est l’auteur incontestable d’ouvrages écrits en prose et en caractères vulgaires, nous rapporterons son existence au temps d’Hérodote qui écrivit de même en prose et dont l’histoire est pleine de fables.

1541. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Cet homme s’appelle La Fayette, et il est le dernier des anciens hommes de l’Europe en qui vit encore l’esprit de sacrifice ; débris de l’esprit chrétien. » Dans le livre de M. de Carné, bien que le fond et le tissu en soient véritablement historiques et politiques, l’idée religieuse domine et rabat souvent les autres considérations à un ordre tout secondaire. « Plus les événements marcheront, dit-il, et mieux on comprendra que la question purement politique perd chaque jour de son importance, qu’elle s’amoindrit à vue d’œil, à mesure que se dessine et grandit la question de la régénération morale. » L’auteur s’est attaché surtout à démontrer que la réforme de 89 fut chrétienne dans son principe, bien qu’elle ne dût malheureusement s’accomplir qu’à travers une apostasie, au moins temporaire, du dogme religieux. […] M. de Villèle se trouve personnellement traité par l’auteur avec une indulgence qu’expliquent jusqu’à un certain point l’ineptie, les frénésies ou les fourberies de ses successeurs avant et après Juillet ; mais M. de Carné, n’étant pas de ceux qui suppriment la morale et le témoignage de la conscience publique en histoire, n’a pu parler que par une étrange inadvertance de cette page honorable qui serait réservée dans les annales de ce temps au ministre le plus effrontément madré et le plus corrupteur. […] L’auteur, n’étant pas astreint par la nature de son sujet à un cadre rigoureux, intervient en quelques digressions avec chaleur et d’un ton ému, presque lyrique, qui va à l’éloquence.

1542. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

L’auteur, appelé par les devoirs de sa haute charge domestique à assister à la dernière maladie de Louis XV, en note tous les détails et les alentours avec cette vérité entière et inexorable qui ne fait grâce de rien ; le sentiment qui l’anime n’est pas une curiosité pure, et, dans ce qui semblerait même repoussant, sa probité s’inspire à une source plus haute : témoin de l’agonie d’un monarque et d’une monarchie, il veut flétrir ce qui en a corrompu la sève et ce qui en pourrit le tronc. […] Je voyais bien que l’auteur en portait tout bas le même jugement. […] L’auteur, qui avait eu l’occasion de voir continuellement Louis XV dans ses chasses dont il était lieutenant, parle de ce roi d’un ton de vérité plutôt bienveillante ; mais il insiste autant que personne sur sa timidité ; sa défiance de lui-même, son impuissance totale de s’appliquer, et cette inertie, cette apathie incurable qui ne fit que croître avec les années.

1543. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Brunetière, que les meilleurs auteurs, contiennent des banalités, des incorrections, des clichés, toutes les négligences possibles, et pis, si l’on veut ; et nous avons dit aussi, comme M. […] Il sait mieux que personne qu’à peu près tous les bons auteurs, non seulement ont recommandé le travail, mais en ont fait personnellement leur grand moyen de perfection ; il connaît la question des manuscrits, des corrections et des refontes. […] Brunetière, après avoir méprisé la théorie du travail, contraint de prendre son plus bel exemple de style chez l’auteur le plus notoirement célèbre par son labeur, ses refontes et ses ratures, chez un écrivain qui recherchait l’harmonie jusqu’à fuir la moindre assonance, qui poussait jusqu’à la manie la haine des répétitions, qui exigeait la suite la plus rigoureuse dans les métaphores, qui supprimait les qui et les que et prétendait qu’avec de l’application et du goût on peut arriver à avoir du talent ?‌

1544. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Quoique Destailleur ait le sentiment fort juste des beautés de détail de son auteur, nous sommes sûr qu’il pouvait, en s’abandonnant à une admiration plus courageuse, trouver mieux, pour les mettre en saillie, que des interjections qui ressemblent à des étiquettes, que les parfait ! […] Ainsi, qu’il nous permette de le lui dire en toute bienveillance, les notes historiques et littéraires dont Destailleur a accompagné son édition sont insuffisantes, autant pour lui, commentateur, que pour l’auteur, qui méritait bien cette rampe allumée d’un commentaire et qui n’en craignait pas le jour hardi, à pleins bords et à fond. […] Destailleur, qui est un esprit distingué et juste, s’est-il rappelé le mot de Voltaire, ou l’aurait-il subi, non seulement en passant aussi vite qu’il l’a fait sur la personnalité de son auteur, dont il ne nous dit que ce que dit l’histoire, mais en négligeant de nous donner la clef de ses divers Caractères, sortis, tous, de l’étude de quelque personnalité ?

/ 3717