Ce n’est la faute de personne, c’est celle de la nature, elle a plus de surface que de sommités dans ses créations ; il se forme ce qu’on appelle en géométrie une moyenne d’intelligence et de volonté qui est la résultante du nombre des êtres doués de pensée et de volonté dans le corps, et cette moyenne est toujours à égale distance du génie et de l’imbécillité ; c’est ce qu’on appelle médiocrité. […] Non, la révolution française n’est point un accident ; c’est la méconnaître et la rétrécir, que d’appeler hasard ou malheur ce qui fut réflexion et volonté en elle.
C’était toute l’Histoire ouverte à l’imagination du poète, qui plane sur tout, s’abat sur tout, et va librement et impétueusement où il a fantaisie ou volonté d’aller ! […] Il l’y tourne de volonté, comme Darius tournait la tête de son cheval du côté du soleil… La poésie vraie, la poésie sincère de Hugo est bien plutôt du côté contraire. […] Et l’énormité est encore plus que sa vie, c’est sa volonté, c’est son idéal.
Voici en effet comment, dans le traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même, il conclut son raisonnement sur ce sujet : « Ainsi on peut dire que le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté ; et c’est pourquoi Platon définissait l’homme en cette sorte : « L’homme est une âme se servant de corps. […] Cela, aussi bien, serait inutile. » Sentez-vous cette roideur de volonté, ce tempérament violent, ce despotisme ? […] Ici, en effet, folie et génie sont presque synonymes, à force de se rapprocher et de se confondre. » Comment donc ne pas voir dans cette sorte d’éréthisme cérébral les phénomènes qui caractérisent le délire qu’on appelle excitation maniaque, à savoir : défaut de conscience, absence de volonté, etc. ? […] Il est vrai que, parmi les éléments que nous venons d’énumérer, celui que nous appelons la puissance innée est hors de la volonté et avant elle ; mais toujours est-il que la puissance innée ne saurait être identifiée avec la maladie innée. […] Mais, en fin de compte, Bossuet en vient jusqu’à mettre la volonté dans toutes, même dans celles qu’il avoue qu’on fait sans le savoir !
Le drame, comme l’indique le nom même, vit par l’action, et une action forte est la mise en dehors d’une volonté très personnelle. […] L’abondance des points de vue, cette richesse de l’intelligence, est la ruine de la volonté, car elle produit le dilettantisme et l’impuissance énervée des êtres trop compréhensifs. […] Une lamentation continue s’élève de son œuvre, racontant les décombres dont la pensée a jonché son cœur et sa volonté. […] C’est ainsi que, s’appliquant surtout à la transcription des milieux, ils ont supprimé de plus en plus de leurs livres l’étude de la volonté. […] Et comme notre époque est atteinte d’une maladie de la volonté, de là cette vogue d’une littérature dont la psychologie convient si bien aux affaiblissements progressifs du ressort intérieur.
Ainsi que dans un camp22, les dépenses, l’habillement ; la nourriture de chaque classe sont fixés et restreints ; nul homme ne peut vaguer hors de son district, être oisif, vivre à sa volonté. […] » Et sur cela il se donne carrière, il veut tout savoir, tout avoir : un livre où il puisse contempler toutes les herbes et tous les arbres qui croissent sur la terre ; un autre où soient marquées toutes les constellations et les planètes ; un autre qui lui apporte de l’or quand il voudra, et aussi les plus belles des femmes ; un autre, qui évoque des hommes armés pour exécuter ses ordres, et qui déchaîne à sa volonté les tonnerres et les tempêtes. […] Le trop-plein de la volonté crispe leurs mains violentes, et leur passion accumulée éclate en foudres qui déchirent et ravagent tout autour d’eux et dans leur propre cœur. […] Les actions extrêmes de l’homme proviennent, non de sa volonté, mais de sa nature99 ; pour comprendre les grandes tensions de toute sa machine, c’est sa machine entière qu’il faut regarder, j’entends son tempérament, la façon dont son sang coule, dont ses nerfs vibrent, et dont ses muscles se bandent ; le moral traduit le physique, et les qualités humaines ont leur racine dans l’espèce animale. […] Swift aussi disait que « la mort et l’amour sont les deux choses où l’homme soit foncièrement déraisonnable. » En effet, c’est l’espèce et l’instinct qui s’y manifestent, non la volonté et l’individu.
Non, il lui fallait un tragique, un tragique digne d’elle, un tragique aussi riche d’imagination que Shakespeare, aussi grandiose et aussi forcené que Corneille, aussi surnaturel que Goethe, aussi tendre que Schiller, et de plus il fallait que toutes ces supériorités de poète se rencontrassent confondues avec une supériorité de caractère et de volonté, que cet homme à la fois littéraire et politique allumât la torche de ses actions à l’étincelle de son génie, et fît glorieusement agir l’Italie après l’avoir fascinée ! […] Mais en ceci mon naturel me servait mieux encore que ma volonté. […] Quelle fantaisie risible l’amoureux prend pour le sublime de la volonté ! […] Que si j’y remarquai aussi des erreurs ou des déclamations, ce sont filles d’inexpérience et non de mauvaise volonté que je voulus également y laisser.
S’il était vrai, comme le pense Aristote 163 que, de même que l’âme est destinée à commander et le corps à obéir, de même il y a, dans la société, des hommes qui ont leur raison en eux-mêmes, et d’autres qui, ayant leur raison hors d’eux-mêmes, ne sont bons qu’à exécuter pour eux la volonté des autres, ceux-ci seraient naturellement esclaves ; il serait juste et utile d’obéir, leur révolte serait un malheur et un crime aussi grand que si le corps se révoltait contre l’âme. […] Il n’est pas moins superficiel de supposer que le gouvernement n’est que l’expression de la volonté du plus grand nombre, en sorte que le suffrage universel serait de droit naturel et que, ce suffrage étant acquis, il n’y aurait qu’à laisser la volonté du peuple s’exprimer. […] Un despote qui réaliserait cette amélioration contre la volonté du plus grand nombre serait parfaitement dans son droit.
À table, la Païva expose une théorie de la volonté à faire peur… et que tout arrive par la volonté… et qu’il n’y a pas de circonstances… et qu’on les fait quand on veut… et que les malheureux ne le sont, que parce qu’ils ne veulent plus l’être. […] On pense avec plus de volonté à faire des œuvres pour soi. […] » Et, de temps en temps, dans une récrimination amère, où il nous répète et se répète à lui-même qu’il n’a que vingt-huit ans, éclate vibrante, une note de volonté âcre et d’énergie rageuse.