Volonté générale, intérêt général, solidarité, ce sont là autant de fantômes idéologiques qui hantent et dominent l’individu de leur ombre redoutable, semblables au spectre Religion dont parle Lucrèce. […] La volonté de Jéhovah est remplacée par celle du groupe. […] Elle suppose comme les anciennes métamorales un postulat métaphysique, c’est-à-dire subjectif, qui est ici le primat de la volonté collective sur la volonté individuelle et l’annihilation de cette dernière au profit de la première. À l’antique précepte théologique : « obéis à la volonté de Dieu » succède le précepte sociocratique, non moins métaphysique que l’autre : « obéis à la volonté du groupe ». […] Delbos : « La science objective des mœurs ne peut produire aucune règle définie qui prescrive à la volonté des fins à choisir — sinon par addition arbitraire. » (Cité par M.
C’est là, évidemment, une idée toute problématique, mais qui n’en agit pas moins sur notre intelligence et notre volonté. […] Nous nous paraissons à nous-mêmes un seul moi, doué d’attributs qui se distinguent par leurs effets : intelligence, sensibilité, volonté. […] D’autre part, les partisans de l’idéalisme ont raison de dire qu’on ne peut engendrer la conscience même avec des éléments sans pensée, ou du moins sans volonté, et qu’en ce sens l’intelligence, ou plutôt la volonté, doit être innée à elle-même. […] La volonté ne peut concevoir autre chose que ce qu’elle trouve en elle-même : or, que trouve-t-elle ? […] De même qu’en nous rien n’est étranger à la pensée et à la volonté, puisque rien n’existe pour nous que ce qui tombe sous notre conscience et sous notre activité volontaire, de même, au dehors de nous, rien ne doit être étranger à la pensée et à la volonté, et tout en doit envelopper le germe.
On y chercherait aussi vainement une étude des appétits et des instincts, et le chapitre sur la volonté s’en ressent. […] L’étude sur la volonté, très suffisante à beaucoup d’égards, vaut surtout par les questions qu’elle entrevoit et la méthode qu’elle inaugure. A notre avis, quand on compare deux analyses de la volonté écrites dans un même esprit, mais à quelque trente ans de distance, celle de M. […] Il a compris combien est fausse l’idée d’une volonté naissant pour ainsi dire armée de toutes pièces, dont le premier acte serait de commander impérieusement et d’être instantanément obéie. […] L’auteur nous dit qu’une fausse conception de l’idée de cause a fort obscurci la controverse, sur cet état de l’esprit que nous appelons volonté.
Et, dans l’ordre moral, que nous enseigne la doctrine de la Négation de la Volonté ? […] La Volonté. […] Trois théorèmes servent à définir la doctrine de la Volonté. […] Pourquoi ce mot, Volonté ? […] Pourquoi la Volonté unique se divise-t-elle ?
Parce qu’il a une volonté libre et une raison. […] Le sentiment de sa libre volonté lui fait une obligation, une loi de cette poursuite. […] Quand la volonté obéit à la raison, elle est libre, alors même que cette obéissance, en devenant constante, prend le caractère d’une loi. Quand la volonté obéit à la passion, au penchant, elle est encore libre, alors même que cette faiblesse serait passée en habitude. […] L’entière et constante soumission de la volonté à la raison est la loi du sage.
C’est la connaissance de son Créateur, c’est l’adoration de son Dieu, c’est la conformité de ses lois avec la volonté de Dieu, qui est en même temps la loi suprême ; c’est le dévouement de chacun à tous, c’est le sacrifice ; En un mot, c’est la vertu. […] C’est, selon la meilleure de ces innombrables définitions, la volonté universelle des êtres associés. Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ? […] Plus les lois renferment de justice, c’est-à-dire de conscience et de révélation des volontés de Dieu par l’instinct, plus elles sont vraies, utiles, obéies par les peuples qui les adoptent pour règle. […] L’homme mort, sa volonté ne meurt pas : elle revit dans l’aîné, ou dans le plus chéri, ou dans le plus capable de sa race.
Comment cette idée devient un centre pour la volonté, pour l’intelligence, pour la sensibilité. Volonté de soi, affirmation de soi. satisfaction de soi. — Moi actuel et moi futur ; moi réel et moi idéal. […] Aussi a-t-elle une triple action : elle devient un centre pour la volonté, pour l’intelligence, pour la sensibilité ; elle se manifeste par la volonté de soi, par l’affirmation de soi, par la satisfaction de soi. […] L’être qui se veut et a conscience de se vouloir est supérieur, même sous le rapport de la puissance, à l’être dont la volonté n’est pas ramenée à un centre. […] Sans cette intégration, les idées de Patrie ou d’Humanité n’agiraient plus en moi comme elles agissent ; elles demeureraient des entités abstraites, de simples signes logiques, tandis qu’elles deviennent des éléments et des facteurs réels de ma volonté par leur pénétration dans mon moi.
Selon nous, métaphysiquement parlant, cette liberté bien définie, c’est la révolte naturelle de l’égoïsme individuel contre la volonté générale de la société ou de la nation. Or, si cette révolte de la nature irréfléchie, de l’égoïsme individuel dont ces philosophes font un prétendu droit dans ce qu’ils appellent les droits de l’homme, existait, la société cesserait à l’instant d’exister, car la société ne se maintient que par la toute-puissance et la toute légitimité de la volonté générale sur la volonté égoïste de l’individu. […] Il n’y en a pas, ou bien il n’y en a pas d’autre que le mot par lequel je vous l’ai définie tout à l’heure : révolte de l’égoïsme individuel contre la volonté de l’ensemble. […] Cette chose, qui n’est nullement la liberté, mais qui est dignité morale dans le jeu du commandement et de l’obéissance dont se compose tout gouvernement, c’est la participation plus ou moins grande que chaque individu, esclave, sujet ou citoyen, apporte à la formation du gouvernement et des lois ; c’est le concours plus ou moins complet, plus ou moins direct de beaucoup ou de toutes les volontés individuelles dans la volonté générale, à laquelle on donne le droit du commandement et le devoir d’obéissance. […] Elle sent la nécessité de l’autorité politique qui donne à tous ces instincts épars l’unité de volonté par laquelle chacun a la force de tous, et tous ont le droit de chacun.