Des fissures s’y montrèrent d’où jaillirent au dehors des parcelles de vie prisonnière. […] En quatre siècles, l’esprit nouveau s’incarna sous trois formes principales : la Renaissance, une aube de vie païenne ; la Réforme, une aube de libre pensée ; la Révolution, une aube de vie sociale. […] La vie individuelle, la vie religieuse, la vie sociale de l’humanité sont entrées, depuis l’ère moderne, dans une nouvelle phase. […] La Révolution enfin est venue renouveler la vie sociale de l’humanité en posant les bases du droit. […] Bien que pour l’immense majorité, la vie individuelle n’existe pas ou à peine, que la vie religieuse n’ait pas changé, et que la vie sociale ne soit encore qu’un espoir, il n’en est pas moins vrai qu’un esprit nouveau a déterminé l’évolution des cinq derniers siècles, ayant pour caractéristique première la rentrée de l’homme dans l’ordre naturel.
C’est cette Vie de Shakespeare dont nous voulons parler exclusivement aujourd’hui. […] Mais s’il n’est pas apte, de nature, à traduire Shakespeare, Guizot l’historien, qui a fait sa fortune par l’histoire, est apte au moins à nous écrire une Vie de Shakespeare, — une Vie de Shakespeare comme il nous a écrit une Vie de Washington, car il y a des hommes si grands que leur vie seule, leur simple biographie est de l’histoire dans le sens le plus majestueux du mot. Or, une Vie de Shakespeare est autrement difficile à faire qu’une Vie de Washington, qui eut, lui, la vie publique de la place publique, du champ de bataille, de la tente, des congrès, de la correspondance, et qui éclate partout comme le soleil du nouveau monde, et plus beau, car ce n’est qu’un astre ! […] Sa Vie de Shakespeare est comme sa traduction. […] — sans qu’on puisse savoir de quelle mort… Voilà les faits certains, et qui seuls n’ont pas fléchi, de la vie de William Shakespeare.
et toute vie Jalouse du néant ! […] En effet, y a-t-il quelque chose de plus monstrueux que d’appeler à la vie (et quelle vie !) […] La mort nourrissant la vie, et la vie nourrissant la mort ! […] Une goutte d’existence évaporée à un rayon de soleil de cet océan de vie ! […] Non, je ne crains pas d’affirmer, après les avoir étudiées dans tous les états et dans tous les pays, que la vie ne vaut pas le prix de travail, de misère, de peines, de supplices par lequel on achète la vie, et que, si on mettait, au dernier jour, dans les deux bassins d’une balance, d’un côté la vie physique, et de l’autre ce que coûte le pain qui a alimenté la vie physique, le prix que l’existence physique coûte ne parût supérieur à ce qu’elle vaut, et qu’à fin de compte ce ne fût la peine qui fût redevable à la vie !
Il semble en effet qu’elle ait sa source en un sentiment profond de la nature humaine, et, pour cette raison, elle peut nous révéler quelque chose d’important touchant le mécanisme de la vie. […] C’est que ces hommes sont menés par une croyance majeure qui est le ressort de leur activité : sous des noms plus ou moins symboliques et concrets ils croient à la véritéet tout leur effort se propose de réduire à cette conception idéologique les modes de la vie, d’imposer à la vie phénoménale ce joug : le joug de la vérité. […] Elle consiste à appliquer aux modes de la vie phénoménale une conception qui exclut la vie phénoménale, la loi d’un autre état que nous ne pouvons imaginer et décrire qu’en niant à son sujet faut ce que nous savons de la vie ordinaire, — en niant qu’il soit soumis aux conditions du temps, de l’espace, de la cause et que la diversité y ait place. […] Une force est ainsi ; engendrée sans fin, que. la vie phénoménale tourné à son profit. […] Avec cette conception de la vérité, telle qu’elle vient d’être analysée, on touche au ressort le plus important du mécanisme de la vie.
La vie d’imagination, disait-elle, avait été toute sa vie d’enfant. […] Elle avait résolu de s’abstenir autant que possible de la vie ; elle avait même passé du dégoût de la vie au désir de la mort. […] La réflexion a fait son œuvre, la vie aussi. […] La vie de famille l’envahit. […] La vie n’en sort pas.
Il est apparu comme la loi même et comme la condition de la vie phénoménale. On ne saurait donc le considérer comme une maladie sans considérer, du même coup, comme une maladie la vie phénoménale tout entière, c’est-à-dire la vie telle qu’elle nous est donnée. […] Mais le fait que la vie phénoménale persiste, l’ardeur dont témoigne l’humanité à la conserver et à la perfectionner interdisent de reconnaître la valeur d’une loi générale au vœu de cette sensibilité épuisée qui, pensant abolir la vie, n’abolit avec elle-même, dans l’effort de renoncement où elle se rétracte, qu’une maladie de la vie ! […] L’être métaphysique se conçoit autre qu’il n’est, le moi psychologique se conçoit autre qu’il n’est, voici les fondements de la vie phénoménale. […] Cette fausse conception, que toutes les choses vivant d’une vie consciente prennent d’elles-mêmes, doit être tenue pour la loi même de toute vie phénoménale.
Leur rapport à la vie. — III. La lutte pour la vie n’est-elle qu’une lutte pour la préservation. […] Leur rapport à la vie. […] La sélection extérieure présuppose évidemment un ressort interne, nécessité ou spontanéité, qui produit, avec la vie, l’élan vers une vie supérieure, l’élan de révolution. […] La jouissance est le sentiment du cours facile et progressif de la vie, mais, comme la vie est effort, « la douleur doit précéder toute jouissance ».
Ce livre de La vie et la mort d’un clown l’atteste. […] Il a bénéficié des quarante ans passés sur ces vieilles œuvres mortes de la jeunesse de Victor Hugo, qu’il a ressuscitée dans une œuvre du même genre, mais à laquelle il a communiqué la vie du moment (notre vie !) […] — une œuvre à laquelle il a communiqué la vie du moment. […] Cette vie et cette mort d’un clown est assurément plus intéressante, parce qu’elle est plus près de nous, que la vie sauvage de Han d’Islande et la vengeance du nègre Bug-Jargal ; mais regardée en dehors de la lueur que Victor Hugo y projette, ce roman de La Vie et la mort d’un clown n’est point, de construction, une œuvre d’art et une composition savante. […] … III Il l’obtient, comme Hugo, qu’il rappelle partout et sans cesse, au prix de l’invraisemblable, du faux, de l’impossible, de tout ce qui n’est plus la vie, même la vie intense, la vie passionnée, la vie montée à sa plus haute puissance, soit dans le mal, soit dans le bien !