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1235. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Un tableau est une machine dont tous les systèmes sont intelligibles pour un œil exercé ; où tout a sa raison d’être, si le tableau est bon ; où un ton est toujours destiné à en faire valoir un autre ; où une faute occasionnelle de dessin est quelquefois nécessaire pour ne pas sacrifier quelque chose de plus important. […] Bien des réputations précoces qui leur ont été substituées ne valent pas encore la leur. […] C’est en vain que l’artiste, pour obvier à ce défaut capital, a choisi, parmi les contes les moins fantastiques de tous, Maître Martin et ses apprentis, dont Hoffmann lui-même disait : « C’est le plus médiocre de mes ouvrages ; il n’y a ni terrible ni grotesque, qui sont les deux choses par où je vaux le plus !  […] Faute ridicule pour deux raisons : d’abord la poésie n’est pas le but immédiat du peintre ; quand elle se trouve mêlée à la peinture, l’œuvre n’en vaut que mieux, mais elle ne peut pas en déguiser les faiblesses. […] C’est pourquoi il eût mieux valu dans l’intérêt de leur salut, et même de leur bonheur, que les tièdes eussent été soumis à la férule d’une foi vigoureuse ; car les forts sont rares, et il faut être aujourd’hui Delacroix ou Ingres pour surnager et paraître dans le chaos d’une liberté épuisante et stérile.

1236. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Et il vaut peut-être mieux, pour réussir, se figurer que les choses se sont passées de la première manière. […] Autant vaudrait croire que c’est le volant qui fait tourner la machine. […] Des prescriptions ou des interdictions qui valent par elles-mêmes sont celles qui visent positivement la conservation ou le bien-être de la société. […] Oeil pour oeil, dent pour dent, le dommage subi devra toujours être égal au dommage causé. — Mais un oeil vaut-il toujours un oeil, une dent toujours une dent ? […] Elle vaut pour le passé ; il est rare qu’elle puisse orienter notre choix pour l’avenir.

1237. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Il n’y a pas de poésie sans une certaine musique verbale, d’ailleurs si particulière que peut-être vaudrait-il mieux l’appeler d’un autre nom ; et dès que cette musique frappe des oreilles faites pour l’entendre, il y a poésie. […] Mieux vaut, en effet, qu’on ignore là-bas la vraie pensée de l’illustre critique du temps sur le mysticisme, sur tout mysticisme. […] Les autres inspirés, quand ils veulent traduire vaille que vaille leur inspiration, sont bien obligés de se résigner à l’impur. […] Les humbles font grande la poésie parfois lamentable qui les enchante : ils la recouvrent, pour ainsi dire, ils la transfigurent de leur poésie à eux, qui vaut certes bien la nôtre, mais qui ne cristallise pas autour des mêmes points. […] « intellectuel », qui n’est pas bon non plus, vaudrait pourtant mieux.

1238. (1888) Poètes et romanciers

Le résultat ne vaut pas l’effort. […] Mais quelle éducation vaudra jamais cette force de réflexion personnelle, cette persévérance de soin et d’attention, cette étude des sources de la langue, ce scrupule dans l’emploi raisonné des formes diverses adaptées à chaque genre ? […] Béranger est lui-même : cela vaut mieux pour lui d’abord, et pour la poésie française, qu’il a dotée d’un genre nouveau. […] Mais rien ne vaut le refrain. […] Il vaut mieux, pour finir, entrer dans cet aimable entretien que Béranger offre à son lecteur et où il exprime, dans une série de pièces charmantes, ses regrets et ses rêves, sa mélancolie égayée par une douce espérance.

1239. (1881) Le naturalisme au théatre

Les livres ne valent jamais rien pour l’éducation de l’artiste. […] Il veut d’abord faire valoir ses droits de père. […] s’il n’y a que ça, il vaut mieux que le théâtre disparaisse. […] Donc, les documents vrais ne valent pas les fables inventées. […] Cela ne vaut pas un compte rendu.

1240. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Autant valait rechercher, dans les catacombes romaines, les divers ossements qui avaient appartenu au même cadavre ; poussières confondues en mille poussières. […] Vie enchantée, à vingt ans ; le bonhomme Scarron, dans un livre qui ne vaut pas le bruit qu’il a fait dans son temps, a livré aux sarcasmes du bourgeois ce qu’il appelait Le Roman comique ; un grand poète, en revanche, a écrit, de nos jours, ce poème de la vie errante, et Wilhelm Meister et Mignon nous ont fait oublier La Caverne et la Rancune. […] Toutefois, un amoureux sans argent vaudra toujours mieux que ce diable d’homme qui a les poches toujours pleines d’arguments irrésistibles. […] Pendant ces quatre actes, si remplis, Monrose ne s’arrêtait pas un seul instant, il était imperturbable ; il voyait toutes choses d’un coup d’œil ; pas un mot qu’il ne fit valoir, pas une intention qu’il ne devinât ; il oubliait même, sous cette belle livrée, sa recherche habituelle, tant il se sentait vivement pressé et entraîné par ce flamboyant esprit. […] Or, cette comédie du Mariage forcé, écrite par ordre du roi, jouée devant Sa Majesté en plein Louvre, et applaudie à son exemple par les plus nobles esprits de ce temps-là, valait à elle seule tous les livres qu’on pouvait écrire en faveur de Descartes.

1241. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Il me semble que je vaux bien Verrou, et ces messieurs, que vous recevez depuis si longtemps, me devraient bien une politesse. […] Cependant, une politesse en vaut une autre, — et quand je saurai son adresse, j’irai lui porter ma carte. […] cher… cela ne vaut pas la peine… et puis cela pourrait fatiguer ces messieurs. […] Les signes du zodiaque, appelés et interrogés à leur tour, ont été moins clairs dans leurs explications, ce qui leur a valu une assez forte semonce. […] Après lui avoir offert des bonbons, l’artiste s’informa du motif qui lui valait cette visite.

1242. (1887) George Sand

Elles avaient valu à Mme Sand un regain de succès et une popularité qui avait monté pendant quelque temps jusqu’au ton de l’enthousiasme ; on avait pu craindre un instant qu’elle ne se s’attardât dans ces paysanneries qui l’avaient si heureusement affranchie de la haineuse politique. […] Par malheur, Valvèdre ne vaut pas Jacques. […] J’ai trouvé l’explication de cet effet si simple, et pourtant si rare, dans ces lignes jetées au bas d’une page perdue : « Il est certain, dit Mme Sand, que ce qu’on voit ne vaut pas toujours ce qu’on rêve. […] Fuyez-les comme la peste, ils sont les vibrions de la littérature20. » C’est là, on en conviendra, une mâle et fière rhétorique qui vaut toutes les rhétoriques de l’école. […] Cela, en effet, ne vaut rien.

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