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1505. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Mistress Lennox donne à Shakespeare cette patoche : Ce poëte altère la vérité historique. […] Or, c’est là une vérité que nous avons indiquée déjà et que les penseurs savent, l’imagination est profondeur. […] La naïveté est le visage de la vérité.

1506. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

A la vérité, la méthode expérimentale ne date pas d’hier en physiologie. […] A la vérité, tous les organes peuvent exercer les uns sur les autres le rôle d’excitants, ce qui semblerait donner à l’organisme vivant, considéré dans son ensemble, une sorte d’indépendance et de spontanéité générale ; ce n’est cependant qu’une apparence. […] La vérité est qu’il y a dans l’homme deux domaines intimement unis sans doute, mais essentiellement différents : le domaine du subjectif et celui de l’objectif, pour employer une distinction si aimée des Allemands et par elle-même si importante.

1507. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom.  […] Il est certain, d’ailleurs, qu’un culte qui n’admet qu’un seul Dieu doit s’unir étroitement à la morale, parce qu’il est uni à la vérité, tandis qu’un culte qui reconnaît la pluralité des dieux, s’écarte nécessairement de la morale, en se rapprochant de l’erreur. […] Que si les justes sont le spectacle de Dieu, il veut aussi à son tour être leur spectacle : comme il se plaît à les voir, il veut aussi qu’ils le voient : il les ravit par la claire vue de son éternelle beauté, et leur montre à découvert sa vérité même dans une lumière si pure qu’elle dissipe toutes les ténèbres et tous les nuages.

1508. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

C’est conserver sur la toile aux objets imités la couleur des êtres de la nature dans toute sa force, dans toute sa vérité, dans tous ses accidens. […] C’est un souffle, mais c’est le souffle de la nature et de la vérité. […] Quelle vérité !

1509. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

De là ce quelque chose de factice et d’artificiel, qui vient frapper de froideur même l’expression des sentiments vrais ; de là cette nature et ces mœurs convenues, qui ne sont ni dans la vérité ni dans l’idéal ; de là enfin cette perfection de détails, ce fini d’exécution, qui annoncent le travail et non l’inspiration. […] Les sujets historiques furent d’abord pris hors de notre histoire, ce qui était un hommage rendu à la vérité du sentiment qui avait dicté les préceptes anciens. […] « L’absence du merveilleux, dit Thucydide, sera cause peut-être que les événements que je décris plairont moins à la lecture. » Le même écrivain dit encore : « Les anciens historiens ont plus songé à plaire à la lecture, qu’ils n’ont songé à dire la vérité. » Ces deux phrases sont remarquables en ce qu’elles indiquent bien les deux genres d’altérations que les premiers historiens ont apportées dans leurs rédactions en prose, altérations dont on leur a su gré, et qui ont cependant conduit à l’arbitraire.

1510. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Ce sont des vérités vulgaires, mais des vérités. […] Un dessin de Charlet est rarement une vérité ; c’est presque toujours une câlinerie adressée à la caste préférée.

1511. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Entre ces noms célèbres, un seul nous paraît, plus que Monti, représenter la gloire poétique de l’Italie, et avoir donné par la noblesse de l’âme une vérité durable à l’éclat du talent. […] « Dieu de vérité, dit-il, sous d’autres climats j’ai vu de faux sages, osant fouiller tes mystères, insulter ta providence et pousser à l’impiété les malheureux humains. […] que l’astre de l’éternelle vérité t’illumine et que le ruisseau de la céleste grâce nourrisse ton immense racine !

1512. (1900) Molière pp. -283

Peut-on nier, cependant, qu’elles aient un coin de vérité ? […] Toutes les suppositions sont un peu vérité. […] Chez Molière, l’intrigue est nulle, le sujet matériel presque toujours emprunté, le dénouement forcé ; mais les caractères sont d’une vérité que le temps n’a pas encore altérée. […] C’est cette marche de la passion, que Molière voit et peint en visionnaire, qui est la vérité absolue de son œuvre. Pour revenir à Monsieur de Pourceaugnac, plus on médite ce type, plus on admire l’effrayante vérité de tous les détails.

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