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1777. (1898) La cité antique

Nous ne manquons guère de nous tromper sur ces peuples anciens quand nous les regardons à travers les opinions et les faits de notre temps. […] On se tromperait beaucoup si l’on croyait que ce repas funèbre n’était qu’une sorte de commémoration. […] Or c’est se tromper gravement que de placer ainsi la force à l’origine du droit. […] Il ne faut pas s’y tromper : le vrai héros du poème n’est pas Énée : ce sont les dieux de Troie, ces mêmes dieux qui doivent être un jour ceux de Rome. […] Il est hors de toute que cette manière de procéder fut fort avantageuse à l’aristocratie romaine ; mais on se tromperait si l’on ne voyait en tout cela qu’une ruse imaginée par elle.

1778. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Car il ne nous trompe plus. […] Il ne se laisse plus tromper. […] Également dangereux peut-être, qui rendent malheureux tout le monde, également les uns et les autres, qui involontairement trompent tout le monde, également les uns et les autres, qui font, qui involontairement font de fausses ententes, de faux accords, de fausses pénétrations, de fausses intelligences, tout ce qu’il faut pour aller mal, des mastics enfin. […] Écoutons, suivons cet avertissement qui ne trompe pas, ce saisissement qui ne trompe jamais.

1779. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Dans les planches parues séparément, un jeu de jeune fille où l’on prononce des noms d’animaux et où l’on pince le dessus de la main de celle qui se trompe, — et des branches d’arbustes fleuris sur un papier ressemblant à notre basin, — et une curieuse nature morte rappelant un peu la simplicité des sujets traités par Chardin : sur des feuilles de bambou une tranche de saumon et une tranche de katsouô, un autre poisson très estimé des Japonais. […] Le prince veut le disgracier, mais l’officier qui le protège, devenu premier ministre, fait observer au prince que c’est lui qui l’a choisi, ce qui serait un aveu public qu’il s’est trompé sur sa capacité. […] Une chute de cascade, dans laquelle remontent deux carpes, avec des parties visibles et des parties noyées par la chute d’eau, dont le rejaillissement de l’écume est fait, à s’y tromper, au moyen de gouttelettes éclatées de gouache.

1780. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Son but était, en les présentant ainsi dépouillées de leur vêtement poétique, d’en faire voir toute l’horreur : il s’est trompé, il en a montré toute la beauté. […] Et cependant, disait-il, on entendra très bien : La post’s’est trompée. […] Un « ignorant absolu » ne peut pas plus se tromper linguistiquement qu’un oiseau qui chante ou qu’un chat qui miaule. […] Ainsi vous aurez beaucoup de chances de ne pas vous tromper. Mais, en tout cas, vous vous tromperez moins qu’en les supposant absolument différentes.

1781. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Nous le trouvons à Marseille employé de commerce, parce qu’une petite actrice dont il est l’amant, et qui, bien entendu, le trompe, y a un engagement. […] Monod, écrivait, il y a quelques années : « De la première ébauche de sa thèse sur les Sensations au dernier chapitre de ses Origines, Taine reste semblable à lui-même et la préface du Tite-Live, la conclusion des Philosophes français, l’introduction à la Littérature anglaise, le livre De l’Intelligence marquent les points de repère d’un système plutôt que les étapes d’une pensée qui évolue. » Parce qu’il n’a cessé d’appliquer à tous les sujets, qu’il s’agît de Tite-Live ou de Napoléon, le même appareil critique, on s’y est trompé. […] Toute œuvre porte la marque et reflète les qualités particulières de l’esprit qui l’a élaborée ; les savants ne s’y trompent pas et distinguent aisément le pays d’origine d’un travail scientifique. […] Où, le mari de tuer la femme qui l’a trompé ? […] Elle se tromperait en prenant pour guide un Verlaine.

1782. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

. — Grain à grain, c’est une moisson qui ne trompe pas.

1783. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

« Les autres, au contraire, trouvent ce traité fort utile, parce qu’il découvre aux hommes les fausses idées qu’ils ont d’eux-mêmes, et leur fait voir que, sans la religion, ils sont incapables de faire aucun bien : qu’il est toujours bon de se connoître tel qu’on est, quand même il n’y auroit que cet avantage de n’être point trompé dans la connoissance qu’on peut avoir de soi-même.

1784. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

La philosophie a besoin d’un écrivain qui se donne pour premier emploi le soin de la répandre, qui ne puisse la contenir en lui-même, qui l’épanche hors de soi à la façon d’une fontaine regorgeante, qui la verse à tous, tous les jours et sous toutes les formes, à larges flots, en fines gouttelettes, sans jamais tarir ni se ralentir, par tous les orifices et tous les canaux, prose, poésie, grands et petits vers, théâtre, histoire, romans, pamphlets, plaidoyers, traités, brochures, dictionnaire, correspondance, en public, en secret, pour qu’elle pénètre à toute profondeur et dans tous les terrains : c’est Voltaire  « J’ai fait plus en mon temps, dit-il quelque part, que Luther et Calvin », et en cela il se trompe.

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